« généreux », définition dans le dictionnaire Littré

généreux

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

généreux, euse

(jé-né-reû, reû-z') adj.
  • 1Qui est d'un naturel noble, qui a un grand cœur (sens dérivé directement du sens étymologique qui est : de bonne race). Je vous assure que je ne suis pas moins généreux à ressentir cette faveur, que vous l'avez été à me la faire, Voiture, Lett. 45. Maudite ambition, détestable manie, Dont les plus généreux souffrent la tyrannie, Corneille, Cid, II, 3. Et si l'on n'est barbare, on n'est point généreux, Corneille, Hor. IV, 4. Suis l'exemple, et fais voir qu'une âme généreuse Trouve dans sa vertu de quoi se rendre heureuse, Corneille, Pulch. II, 5. Notre généreuse malade s'est regardée comme une victime destinée au sacrifice ; elle a vu venir le coup sans demander grâce, Fléchier, Mme de Montausier. Souvent ces gens qui ont l'âme si noble, ne sont pas les meilleurs cœurs du monde ; ils s'entêtent trop de la gloire et du plaisir d'être généreux et négligent par là bien des petits devoirs, Marivaux, Marianne, 4e part. Généreux Beaumont, les siècles à venir sauront que, le fanatisme en robe ayant assassiné juridiquement un père de famille, la philosophie et l'éloquence ont vengé et honoré sa mémoire, Voltaire, Dict. phil. Avocats. Un mortel généreux connaît mal l'imposture, Ducis, Macbeth, I, 1. Le Français, généreux et sensible à la gloire, Respecte la vertu même en ses ennemis, Masson, Helvétiens, II.

    Il se dit de certains animaux. Un généreux coursier. Ces hommes auparavant si timides [les apôtres]… sortent de leur retraite comme des lions généreux, Massillon, Confér. Zèle contre les scandales.

  • 2Il se dit aussi des choses qui décèlent une noble nature. Il semble en leurs discours hautains et généreux…, Régnier, Sat. IX. Il suffit de vous dire qu'il y a une noblesse d'esprit plus glorieuse que celle du sang, qui inspire des sentiments généreux et une louable émulation, et qui fait descendre par une heureuse suite d'exemples les vertus des pères dans les enfants, Fléchier, Mme de Montausier. Quoi ! faut-il qu'un dessein si grand, si généreux, Passe pour le transport d'un esprit amoureux ? Racine, Andr. I, 4. Vous, seigneur, importun ? vous, cet ami fidèle Qu'un soin si généreux intéresse pour elle, Racine, Bérén. I, 1. Un généreux dépit succède à sa fureur, Racine, ib. v, 2. J'aime, je l'avouerai, cet orgueil généreux Qui n'a jamais fléchi sous le joug amoureux, Racine, Phèdre, II, 1. L'éloquence de Tertullien était mâle et généreuse, L'Abbé Hauteville, dans DESFONTAINES. Qui, si elles vous voient faire une action généreuse, la regardent comme une étourderie dont elles s'applaudissent de n'être pas capables, Marivaux, Marianne, 9e part. La résolution de cette assemblée [des notables de Moscou] fut généreuse et digne d'une si grande nation ; le détail importe peu ; on sait assez qu'il est partout le même ; que tout dans le monde perd à être vu de trop près ; qu'enfin les peuples doivent être jugés par masses et par résultats, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 1.
  • 3Qui donne d'une main libérale. Cette princesse est si bonne, si généreuse, Si, pauvre et généreux, son cœur vient de souffrir Aux cris d'un indigent qu'il n'a pu secourir, Chénier, Élég. XX.

    Ironiquement. Il est généreux comme l'épée qu'il porte, se dit d'un avare, d'un ladre.

    Don généreux, don fait avec générosité, surtout en parlant d'un don un peu considérable.

    Fig. Nous devons ajouter que les aimants les plus puissants ne sont pas toujours les plus généreux ; en sorte que quelquefois ces aimants plus puissants ne communiquent pas au fer autant de leur vertu attractive que les aimants plus faibles, Buffon, Min. t. IX, p. 136, dans POUGENS.

  • 4Courageux. Ces généreux martyrs. Un généreux et vaillant soldat.
  • 5Sol généreux, terre généreuse, sol, terre qui a une grande force productive.

    Vin généreux, vin bon et d'une certaine force, qui réconforte. Te voici dans mon ermitage ; Versons-nous d'un vin généreux, Béranger, Voyageur.

  • 6 Substantivement. Un généreux, une généreuse, un homme généreux, une femme généreuse. En vain d'un sort si triste on veut les garantir, Ces cruels généreux n'y peuvent consentir, Corneille, Hor. III, 2. Et peu de généreux vont jusqu'à dédaigner, Après un sceptre acquis, la douceur de régner, Corneille, Cinna, II, 1. C'est une confiance de généreux à généreux, de Romain à Romain, Corneille, Sertor. Au lecteur. Usez en généreux de tous vos avantages, Molière, D. Garc. v, 5. Est-il donc permis à un sujet d'avoir de la force contre son prince, et, pensant en faire un généreux, n'en ferons-nous point un rebelle ? Bossuet, Panég. St Thomas de Cant. 2.

    Familièrement. Faire le généreux, se montrer magnanime, libéral. Ne va point sottement faire le généreux, Boileau, Sat. VIII.

HISTORIQUE

XVIe s. Cil n'a rien de genereux, qui peut recevoir plaisir où il n'en donne point, Montaigne, III, 383.

ÉTYMOLOGIE

Bourguign. generou ; provenç. generos ; espagn. et ital. generoso ; du latin generosus, qui est d'une bonne race, de genus, race, genre.