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La Cour pénale vise Kadhafi, Obama durcit le ton

Mise à jour le jeudi 3 mars 2011 à 22 h 33

La Cour pénale vise Kadhafi, Obama durcit le ton

Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a confirmé jeudi que le colonel Mouammar Kadhafi, trois de ses fils, et quatre hauts responsables libyens sont spécifiquement visés par son enquête sur de possibles crimes contre l'humanité en Libye.

La morgue de l'hôpital de Benghazi s'est remplie de corps lors de l'insurrection de la mi-février.

Photo: La Presse Canadienne /AP/Hussein Malla

La morgue de l'hôpital de Benghazi s'est remplie de corps lors de l'insurrection de la mi-février.

M. Moreno-Ocampo avait confirmé mercredi l'ouverture d'une enquête sur des crimes qui auraient été commis depuis le début de l'insurrection, le 15 février, sans préciser les personnes visées ni les chefs d'accusation envisagés.

« Nous avons identifié certains individus qui jouissent d'une autorité de facto, qui auraient une autorité sur les forces de sécurité qui auraient commis ces crimes », a expliqué le procureur Moreno-Ocampo.

« Il s'agit de Mouammar Kadhafi, de son cercle rapproché y compris ses fils, qui avaient un pouvoir de facto », a-t-il ajouté. « Mais nous avons également identifié des individus qui jouissent d'une autorité formelle » et qui « pourraient être tenus pour responsables aux yeux de la loi ».

Les trois fils de Kadhafi visés par la CPI sont Seif Al-Islam, porte-parole officieux du régime et successeur présumé de son père, Khamis, qui commande une brigade de l'armée, et Moatassim, qui agit à titre de conseiller au sein du Conseil national de sécurité.

Le procureur argentin a aussi mis en cause le ministre des Affaires étrangères, Moussa Koussa, le chef du service de la sécurité du régime et du renseignement militaire, Mansour Dhaw al-Khossi, le chef de la sécurité personnelle de M. Kadhafi, Abdelkader Youssef Dibri, et le chef de l'organisation de sécurité interne, Abou Zeyd Omar Dorda.

« Nous voulons saisir cette occasion pour notifier que si les forces dont ils ont le commandement commettent des crimes, ils pourraient être tenus pour responsables pénalement », a ajouté M. Moreno-Ocampo.

Le procureur de la CPI a dit s'attendre à ce que des mandats d'arrêt soient délivrés par les juges de la CPI « dans quelques mois » dans ce dossier.

Les combats en Libye ont fait des centaines des morts depuis le début de l'insurrection, le 15 février. La Ligue libyenne des droits de l'homme a cependant avancé mercredi un bilan de 6000 morts, dont 3000 dans la capitale, Tripoli, et 2000 à Benghazi.

Le procureur Luis Moreno-Ocampo a décidé d'enquêter après avoir effectué une étude préliminaire à partir des informations dont il dispose, et qui font état de civils attaqués par des forces loyales au colonel Kadhafi.

Cette enquête préliminaire a été entreprise après que les Nations unies eurent demandé samedi à la CPI d'enquêter.

Annonçant de l'aide, Obama maintient la ligne dure contre Kadhafi

Les États-Unis ont approuvé jeudi l'envoi de moyens pour participer aux opérations humanitaires dans le cadre de la crise libyenne, en particulier pour contribuer au pont aérien pour les réfugiés.

« J'ai approuvé l'usage d'appareils militaires américains pour aider des Égyptiens qui ont fui vers la frontière tunisienne à rentrer chez eux », a déclaré le président américain Barack Obama, lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche. « Et nous soutenons également les efforts des organisations internationales pour évacuer des personnes ».

Auparavant, Barack Obama avait déclaré que le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi avait perdu toute légitimité et l'a enjoint à partir. Il avait ajouté que les conseillers du numéro un libyen seraient également tenus pour responsables des violences commises contre les civils.

Interrogé sur la possibilité d'une intervention militaire américaine pour mettre fin à la crise, le président a dit qu'il faisait en sorte d'avoir « toute la gamme des options ». Il a cependant affirmé que les décisions prendraient en considération « ce qui est le mieux pour le peuple libyen ».

Navires étrangers en mer Méditerranée

Dans le cadre des efforts des pays occidentaux pour accroître les pressions diplomatiques et militaires sur le régime du colonel Kadhafi, plusieurs pays ont déployé des navires de guerre en direction des côtes de la Libye.

Canada : La frégate canadienne NCSM Charlottetown a quitté le port d'Halifax mercredi avant-midi, avec à son bord 240 membres d'équipage et un hélicoptère Sea King. Le navire, destiné à offrir une aide humanitaire, devrait arriver en mer Méditerranée d'ici 12 jours, si les conditions météorologiques sont bonnes.

États-Unis : Deux bâtiments de guerre américains, l'USS Kearsarge et l'USS Ponce, ont franchi le canal de Suez mercredi après-midi et doivent se rendre au large des côtes libyennes. Le contre-torpilleur USS Barry avait déjà franchi le canal lundi.

Grande-Bretagne : La frégate HMS Westminster de la marine britannique va relever la HMS York qui a transporté du matériel médical envoyé par la Suède à la ville de Benghazi, contrôlée par l'opposition.

France : La France a décidé de dépêcher le porte-hélicoptères Mistral et une frégate pour évacuer des travailleurs égyptiens bloqués en Libye.

Italie : Des navires devraient partir de l'Italie « d'ici 24 ou 48 heures ».

Corée du Sud : Un navire de guerre sud-coréen, le Choi Young, qui était au large de la Somalie, doit arriver dans la nuit de mercredi à jeudi au large de la Libye pour aider à l'évacuation.

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse, Associated Press et Reuters

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