Kadhafi. 1,7 million de dollars pour sa capture mort ou vif
Alors que les loyalistes n'ont pas dit leur dernier mot, les rebelles ont offert, hier, une récompense de 1,7million de dollars pour la capture de Mouammar Kadhafi, mort ou vif.
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Des combats nourris faisaient toujours rage, hier, à Tripoli. Des snipers loyalistes, disséminés dans la ville, harcelaient les insurgés. Et, de fait, la victoire n'était pas totale, le «Guide» étant toujours dans la nature. Les rebelles offrent désormais une récompense de près de 1,7million de dollars pour sa capture, mort ou vif. Des hommes d'affaires libyens ont indiqué financer cette prime. Les rebelles s'engagent à ce que «les membres du cercle rapproché (de Mouammar Kadhafi) qui le tueront ou le captureront auront l'amnistie garantie par le peuple», a indiqué le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil.
Kadhafi reste menaçant
«Le régime de Mouammar Kadhafi ne sera pas fini tant qu'il ne sera pas capturé vivant ou mort», a-t-il dit, en soulignant que «son comportement nous fait redouter une catastrophe». Le dirigeant libyen a, quant à lui, défié une nouvelle fois la rébellion dans deux messages sonores. Dans le premier, il a affirmé qu'il s'était retiré de son QG pour des «raisons tactiques». Dans le second, il a affirmé s'être «promené incognito» dans Tripoli.
Quatre journalistes italiens enlevés
Selon un colonel rebelle, Abdallah Abou Afra, le territoire libyen est désormais «à 90% ou 95% sous le contrôle de la rébellion». Sur le terrain, la situation paraît plus compliquée. À l'est, surtout, où les forces loyalistes entravent la progression des rebelles vers le fief kadhafiste de Syrte. Mais aussi autour de la capitale. Ainsi, quatre journalistes italiens ont été enlevés, hier, sur la route entre Zawiyah et Tripoli. Un groupe de combattants loyaux à Mouammar Kadhafi aurait arrêté leur véhicule et tué leur chauffeur. Par ailleurs, deux journalistes français, un cameraman de France 2 et un photographe de Paris Match, ont été blessés par balle dans les combats, à Tripoli. Les reporters ont été soignés et devraient être rapatriés. De leur côté, la trentaine de journalistes étrangers qui étaient retenus dans un hôtel du centre de la capitale ont été relâchés, hier. Sur le plan diplomatique, une conférence des «amis de la Libye» se tiendra le 1erseptembre à Paris. Nicolas Sarkozy a précisé qu'il s'agirait d'«une grande conférence internationale pour aider la Libye libre de demain».
Derrière la transition, la rivalité franco-italienne
De notre correspondante à Rome.
Quarante ans de relations entre la Libye et l'Italie, cela ne se jette pas facilement à la poubelle. Une relation parfois humiliante, Silvio Berlusconi ayant dû baiser la main de Mouammar Kadhafi, en 2008, pour s'excuser des dégâts commis pendant la colonisation. Et signer dans la foulée, quelques chèques à triples zéros en signe de bonne volonté pour participer au développement du pays. En échange, les contrats juteux signés avec 130 entreprises implantées en Libye ont été renforcés.
Protéger les intérêts de l'Italiedel'appétitfrançais
Mais ce contexte financier favorable aux Italiens risque de disparaître. Du moins selon Silvio Berlusconi, qui a souvent évoqué, depuis le début des frappes de l'Otan, téléguidées par la France et le Royaume Uni, «les dents longues du couple franco-britannique». Pour donner un coup de griffe à Nicolas Sarkozy, qui aligne déjà les pions des entreprises tricolores en arguant les efforts militaires soutenus en Libye, le Cavaliere a mobilisé tous ses sherpas. Et aussi les services secrets. Selon la presse italienne, l'Aise-les services secrets extérieurs-aurait organisé une opération coup-de-poing, la semaine dernière, pour prélever Abdessalam Jalloud, l'ancien bras droit de Mouammar Kadhafi.
Berlusconi met de son côté un homme fort de Kadhafi
Cet ancien Premier ministre étroitement lié aux services secrets libyens, qui géraient les intérêts du colonel en Italie - souvent de façon peu orthodoxe, représente une carte importante pour le gouvernement Berlusconi. Selon Rome, l'homme, qui s'est rallié à la cause des rebelles, pourrait obtenir un fauteuil important au sein du prochain gouvernement libyen. Et par conséquent, veiller au grain pour le compte des Italiens. Les discussions entre Abdessalam Jalloud et le Cavaliere ont déjà débouché sur un fait important pour la péninsule. Ce matin, Silvio Berlusconi rencontrera le leader du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdel Jalil, à Milan. Ce sera l'occasion pour le président du Conseil italien de parler de l'avenir, à savoir les fameux puits de pétrole exploités par la compagnie pétrolière italienne ENI, et sur lesquels l'Élysée, selon le Cavaliere, voudrait faire main basse.