LA PLUVIOMETRIE AU PEROU PENDANT
LES PHASES ENSO ET LNSO
Sandra ROME-GASPALDY (1) et Josyane RONCHAIL (1, 2). (1) Université Paris 7 - Denis Diderot,
UFR GHSS, Case courrier 7001,2 place Jussieu, 75251 PARIS CEDEX 05. (2) LMD-CNRS, Ecole
Polytechnique, 91128 PALAISEAU.
Résumé: Les données mensuelles (1960-1990) de précipitations de 21 stations situées
dans les trois domaines physiques du PĂ©rou (cĂŽte, Andes et plaine amazonienne) sont
analysĂ©es lors des phases ENSO et LNSO de lâOscillation Australe du Pacifique. Ce nâest
quâĂ Piura, dans la rĂ©gion cĂŽtiĂšre du Nord, que les excĂ©dents sont significatifs en phase
ENSO (test de Kolmogorov-Smirnov) mais les volumes prĂ©cipitĂ©s sont trĂšs diffĂ©rents dâun
Ă©vĂ©nement Ă lâautre. Ailleurs, nâapparaĂźt pas de diffĂ©rence significative entre les pluies des
phases ENSO (ou LNSO) et celles des périodes normales.
Toutefois, la pluviométrie est souvent déficitaire dans les Andes en phase ENSO ; en
période LNSO, elle est également déficitaire au Sud des Andes, mais plus souvent
excédentaire au Nord. Dans la plaine amazonienne, la variabilité spatio-temporelle est
trop importante lors des deux phases pour que soit esquissé un comportement général.
Mots clés: OA, ENSO, LNSO, précipitations, Pérou
LA PLUVIOMETRIA EN EL PERU DURANTE LAS FASES ENSO Y LNSO
Resumen: Los datos mensuales (1960-1990) de precipitacion de 21 estaciones ubicadas
en la Costa, la Sierra y la Selva de Peru son estudiados durante las fasis ENSO y LNSO
de la Oscilacion del Sur del Pacifico. Las lluvias de Piura, en el norte de la Costa, son las
unicas que presentan excessos significativos (test de Kolmogorov-Smirnov) durante la
fase ENSO ; pero los volumenes cambian mucho de un evento a otro. No hay, en otros
lugares, diferencia significativa entre las lluvias de las fases ENSO (o LNSO) y las lluvias
de años normales.
Pero, muchas veces, la pluviosidad es deficitaria en los Andes durante los ENSO ;
durante los eventos LNSO, las lluvias son tambien deficitarias en los Andes del Sur, pero
mas veces hay excessos en el Norte. En la Selva, la variabilidad espacio-temporal es
demasiado grande para dibujar un comportamiento general.
Palabras claves: OA, ENSO, LNSO, precipitacion, PerĂč
RAINFALL IN PERU DURING THE ENSO AND LNSO PHASES
Abstract
:
Monthly rainfall data (1960-1990) taken from 21 stations in three separate
areas of Peru (the coast, the Andes and the Amazonian Plain) are analysed during the
ENSO and LNSO phases of the Pacific Southern Oscillation. Only at Piura, in the
Northern coastal region of Peru, are high rainfall amounts significant during the ENSO
phase (using the Kolmogorov-Smirnov test) but the rainfall amounts are very different
from one event to another. In other areas, the differences between the ENSO (and the
LNSO) phases and the normal periods are not significant.
Nevertheless, rainfall is often lower in the Andes during the ENSO. It is equally lower
during the LNSO period in the Southern Andes but more often higher in the north. On the
Amazonian Plain, the spatio-temporal variability is too important to allow us to identify a
general pattern.
Key Words: Southern Oscillation, ENSO, LNSO, rainfall, Peru.
1. INTRODUCTION â OBJECTIFS
Dans le cadre dâun travail plus gĂ©nĂ©ral consacrĂ© Ă lâanalyse des relations entre la variabilitĂ©
pluviométrique et les fluctuations de la production agricole au Pérou, on recherche les liens entre
lâOscillation Australe (OA) du Pacifique et les prĂ©cipitations dans les trois domaines physiques du PĂ©rou :
cĂŽte, Andes et plaine amazonienne.
On sait que la phase El Niño Southern Oscillation (ENSO) est associée à des précipitations anormalement
intenses sur la cĂŽte Nord du PĂ©rou (Caviedes, 1975, 1976 ; Aceituno, 1988; Aceituno et al., 1995),
provoquant la crue des fleuves (Caviedes et al., 1987) tandis que lâaltiplano pĂ©ruano-bolivien est
caractérisé par des anomalies négatives de précipitations (Thompson et al., 1986 ; Francou et al., 1986 ;
Tapley et al., 1990 ; Aceituno et al., 1995).
Les effets de la phase positive de lâOA ou phase LNSO (La Niña-Southern Oscillation) sur les
prĂ©cipitations au PĂ©rou sont moins Ă©tudiĂ©s que ceux de lâENSO. NĂ©anmoins, Aceituno et al. (1995) ne
mesurent pas de différences significatives du niveau du Lac Titicaca entre les phases LNSO et les années
normales.
Des informations manquent quant aux relations entre les deux phases de lâOA et les prĂ©cipitations sur
l'Amazonie péruvienne.
Aussi, nous proposons-nous dâanalyser les relations entre prĂ©cipitations dans les trois domaines du PĂ©rou
et les deux phases de lâOA. On utilise dâune part, les donnĂ©es mensuelles de prĂ©cipitations (1960-90) de 9
stations cĂŽtiĂšres, 7 stations andines et 5 stations de plaine amazonienne (Fig. 1 et Tab. 1) pour essayer de
reconstituer les prĂ©cipitations dâĂ©vĂ©nements ENSO et LNSO moyens par analyse composite.
Figure 1.- RĂ©seau pluviomĂ©trique. Les rĂ©gions dâaltitude supĂ©rieure Ă 2000 mĂštres sur le versant
Pacifique et 2500 mÚtres sur le flanc oriental des Andes sont grisées.
Dâautre part, on utilise les donnĂ©es annuelles hydrologiques (de septembre de lâannĂ©e A, annĂ©e de dĂ©but
de lâĂ©vĂ©nement, Ă aoĂ»t de lâannĂ©e A+1) des 21 stations pour reprĂ©senter la variabilitĂ© des prĂ©cipitations
entre les événements.
2. RECONSTITUTION DâEVENEMENTS ENSO ET LNSO MOYENS
Les stations sont regroupées en 6 domaines caractérisés par des volumes et des régimes pluviométriques
similaires (Fig. 2). La saison des pluies de la cĂŽte Nord a lieu de janvier Ă avril (maximum en mars et
février), alors que plus au Sud, les traces de pluie sont relevées en août et septembre. Les régimes
pluviomĂ©triques sont sensiblement les mĂȘmes dans les Andes et dans la plaine. Les pluies maximales dans
les Andes sont enregistrées entre décembre et avril, avec un maximum de mars au Nord, de février au Sud
et sur lâaltiplano. Les prĂ©cipitations amazoniennes les plus intenses se produisent gĂ©nĂ©ralement de
septembre Ă avril avec un maximum dâautomne austral (mars- avril) au Nord et dâĂ©tĂ© (dĂ©cembre Ă fĂ©vrier)
au Sud. Les volumes de précipitations vont en diminuant de la plaine amazonienne à la cÎte Pacifique.
Les Ă©pisodes ENSO et LNSO sont dĂ©terminĂ©s par Rome-Gaspaldy et Ronchail (1996) aprĂšs calcul dâun
indice dâoscillation austral (IOA) qui est la diffĂ©rence trimestrielle de pression de surface entre Tahiti et
Darwin pour la période 1960-1993. On parle de phases ENSO (LNSO) lorsque la différence de pression
trimestrielle est supérieure (inférieure) ou égale à un écart-type_(soit environ 10 hPa) pendant au moins
deux trimestres consécutifs.
Tableau 1.- Altitude et Localisation des stations.
Stations
Latitude
Longitude
Altitude
TALARA
-4,57
-81,25
85 m
C
PIURA
-5,18
-80,6
49 m
CHICLAYO
-6,78
-79,83
28 m
O
TRUJILLO
-8,1
-79,03
26 m
CHIMBOTE
-9,17
-78,52
20 m
T
LIMA-CALLAO/AE
-12,1
-77
13 m
PISCO
-13,75
-76,28
6 m
E
SAN JUAN
-15-38
-75.17
59 m
TACNA
-18,07
-70,3
452 m
CHACHAPOYAS
-6,22
-77,83
2435 m
A
CAJAMARCA
-7,13
-78,47
2620 m
N
HUANUCO
-9,9
-75,75
1859 m
D
AYACUCHO
-13,13
-74,22
2740 m
E
CUZCO
-13,55
-71,98
3248 m
S
JULIACA
-15,48
-70,15
3826 m
AREQUIPA
-16,32
-71,55
2524 m
F
IQUITOS
-3,75
-73,25
125 m
O
YURIMAGUAS
-5,9
-76,08
179 m
R
TARAPOTO
-6,45
-76,38
281 m
E
PUCALLPA
-8,42
-74,6
148 m
T
PUERTO MALDONADO
-12,63
-69,2
265 m
Ainsi, on dĂ©nombre de 1960 Ă 1990, 5 Ă©vĂ©nements ENSO qui sont ceux de juillet 65 Ă mars 66, avril 72 Ă
mars 73, avril 77 Ă mars 78, avril 82 Ă mars 83 et octobre 86- septembre 87. LâĂ©vĂ©nement de 1968-69
nâest pas retenu car lâindice calculĂ© est infĂ©rieur au seuil retenu (un Ă©cart-type). On compte 4 Ă©pisodes
LNSO : octobre 70 à décembre 71, juillet 73 à mars 74, juillet 75 à mars 76 et juillet 88 à juin 89. Ces
périodes ENSO et LNSO d'inégales durées et intensités correspondent, à un ou deux mois prÚs, à celles
retenues par d'autres auteurs (Rogers, 1988 ; Ropelewski et al., 1987 ; Waylen et al., 1994).
Les donnĂ©es mensuelles des prĂ©cipitations sont compositĂ©es de janvier de lâannĂ©e A de dĂ©but de
lâĂ©vĂ©nement Ă dĂ©cembre de lâannĂ©e A+1 ; les pluies centrĂ©es et rĂ©duites de tous les Ă©vĂ©nements de chaque
signe et de toutes les stations sont moyennées par domaine. Les précipitations des stations amazoniennes
du Nord et du Sud sont compositées dans un seul ensemble faute de données suffisantes pour le sud du
bassin. Les données de la cÎte aux distributions trÚs dissymétriques ne sont pas compositées, mais on
calcule la fréquence des précipitations mensuelles (de septembre A à août A+1), dans les deux régions
(cĂŽte Nord et cĂŽte Sud), lors des deux phases de lâOA et en annĂ©es normales (sans ENSO ni LNSO).
Figure 2.- Les régions climatiques du Pérou.
3. LES PRECIPITATIONS MENSUELLES LORS DES PHASES CHAUDE ET
FROIDE DE LâOA
3.1 Les précipitations mensuelles en phase ENSO
Lâanalyse composite des prĂ©cipitations mensuelles centrĂ©es rĂ©duites recueillies lors des Ă©vĂ©nements ENSO
(Fig. 3) montre que les pluies de février A+1 et mars A+1 des stations andines du Nord et du Sud (Fig. 3a
et 3b) sont légÚrement déficitaires (-0,4 à -0,6 écart-type) en années ENSO. Dans la plaine amazonienne
(Fig. 3c) les anomalies sont similaires mais encore plus faibles.
Mais dans ces deux domaines, les précipitations en phase ENSO ne sont pas significativement différentes
(Test de Student) des pluies enregistrées en années normales (ni ENSO, ni LNSO).
Les histogrammes de frĂ©quence des prĂ©cipitations de la cĂŽte indiquent quâau Nord (Fig. 4b) les pluies sont
dans la plupart des cas inférieures à 50 mm ou nulles ; dans 8 % des cas les précipitations sont supérieures
à 200 mm et dans 8 autres % elles dépassent 500 mm. En revanche, sur la cÎte Sud (Fig. 4e), les pluies
annuelles sont toujours inférieures à 50 mm.
Cependant, il nâexiste pas de diffĂ©rence significative (test de Kolmogorov-Smirnov) entre les
prĂ©cipitations des annĂ©es ENSO et celles des annĂ©es normales (Fig. 4a et 4d), sauf Ă Piura oĂč les
fréquences de fortes précipitations (supérieures à 100mm) sont significativement différentes, avec un
risque dâerreur de 5%, des frĂ©quences Ă©quivalentes en pĂ©riodes normales (Fig. 5). On relĂšve que ces fortes
valeurs sont toutes mesurées en 82-83 (3 cas) et 86-87 (1 cas).
Figure 3.- PrĂ©cipitations mensuelles centrĂ©es rĂ©duites compositĂ©es, de janvier de lâannĂ©e A de
dĂ©but de lâĂ©vĂ©nement Ă dĂ©cembre de lâannĂ©e A+1 de fin de lâĂ©vĂ©nement, en pĂ©riodes ENSO
(1965-66, 1972-73, 1977-78, 1982-83, 1986-87) pour a) les stations des Andes du Nord, b) les
stations des Andes du Sud, c) les stations de plaine amazonienne et en périodes LNSO (1970-
71, 1973-74, 1975-76, 1988-89), pour d) les stations des Andes du Nord, e) les stations des
Andes du Sud, f) les stations de la plaine amazonienne.
Lâanalyse des prĂ©cipitations annuelles (septembre A - aoĂ»t A+1) qui intĂšgrent les diffĂ©rences de rĂ©gimes
entre stations, est rĂ©alisĂ©e Ă©vĂ©nement par Ă©vĂ©nement (Fig. 6). Elle montre quâil pleut gĂ©nĂ©ralement sur la
cĂŽte Nord en phase ENSO mais les diffĂ©rences de volumes annuels dâun Ă©vĂ©nement Ă lâautre sont
extrĂȘmement fortes. En effet, les prĂ©cipitations enregistrĂ©es Ă Talara ont Ă©tĂ© nulles en 1965-66 et 1977-78,
de 46 et 60 mm respectivement en 1972-73 et 1986-87 ; elles ont atteint 977 mm lors de lâĂ©vĂ©nement de
1982-83.
Dans la partie méridionale de la cÎte Pacifique, les précipitations des années ENSO sont trÚs faibles
(inférieures à 10 mm) ou inexistantes sauf en 1972-1973.
Dans les Andes, les pluies sont généralement déficitaires, sauf en 1972-1973, et dans le Nord en 1982-
1983, mais encore une fois les dĂ©ficits sont variables dâun Ă©vĂ©nement Ă lâautre ; ainsi, par exemple, le
déficit est trÚs faible à Cuzco en 1977-1978 (677 mm pour une moyenne annuelle de 707 mm) mais fort
en 1982-1983 (582 mm soit un déficit de 18 %) ou en 1986-1987 (521 mm, soit 26 % de pluies en moins).
Ces dĂ©ficits sont aussi trĂšs variables dans lâespace au sein dâun mĂȘme Ă©vĂ©nement : Ă Juliaca, au sud-est de
Cuzco, le pourcentage de pluies manquantes nâest que de 11 % en 1986-1987. Arequipa, station de vallĂ©e,
voisine de la cÎte a un comportement atypique, avec des excédents trois fois sur cinq.
Figure 4.- Distribution des précipitations mensuelles, de septembre A à août A+1, dans les
stations de la cĂŽte nord (Talara, Piura, Chiclayo, Trujillo et Chimbote), a) tous mois normaux
confondus, b) tous ENSO confondus, c) tous LNSO confondus ; dans les stations de la cĂŽte sud
(Lima, Pisco, San Juan et Tacna) d) tous mois normaux confondus, e) tous ENSO confondus, f)
tous LNSO confondus.
Dans la plaine, la variabilité spatio-temporelle est importante. On relÚve les fortes et uniformes anomalies
positives de 1972-1973, avec des excédents de 5 à 30% selon les lieux. En 1982-83, par contre, des
anomalies nĂ©gatives prĂ©dominent dans le Nord, avec 21 % de dĂ©ficit Ă Tarapoto, mais seulement 13 % Ă
Yurimaguas ce qui représente néanmoins 272mm de moins que la moyenne.
3.2 Les précipitations mensuelles en phase LNSO
Lâanalyse des Ă©vĂ©nements LNSO montre encore une fois que les prĂ©cipitations rĂ©gionales en phase LNSO
ne sont pas significativement différentes des pluies enregistrées en années normales (ni ENSO, ni LNSO).
On observe cependant que les Andes du Nord bénéficient de pluies excédentaires (supérieures à un demi
Ă©cart-type) en janvier et en mars (Fig. 3d) ce qui nâest pas le cas dans les Andes du Sud (Fig. 3e).
Dans les stations amazoniennes les Ă©carts Ă la moyenne sont trĂšs faibles et changent de signe chaque mois
(Fig. 3f).
Sur la cÎte (Fig. 4c et 4f), les précipitations mensuelles sont généralement faibles,
ne dépassant jamais 50
mm dâeau, comme en phase normale.
Les précipitations annuelles hydrologiques (septembre à août) lors de chaque épisode LNSO (Fig. 7) sont
trĂšs variables dans le temps et dans lâespace. Sur la cĂŽte elles sont globalement faibles comme on pouvait
sây attendre et toujours infĂ©rieures Ă 100 mm y compris dans le Nord, mais elles ne sont pas nulles (sauf
en 1975-1976 oĂč la sĂ©cheresse est presque gĂ©nĂ©rale sur la cĂŽte).
Les précipitations des Andes septentrionales sont globalement excédentaires en 1970-71, 1973-74 et
1988-89 ; Cajamarca reçoit environ 270 mm dâeau de plus que la moyenne en 1988-89. Les pluies sont
dĂ©ficitaires en 1975-76 ; le dĂ©ficit pluviomĂ©trique est fort Ă Chachapoyas (moins 35 %) mais trĂšs faible Ă
Cajamarca et à Huanuco (inférieur à 6 %).
Les Andes du Sud ont des précipitations souvent déficitaires, notamment en 1970-1971 et en 1988-89.
Cependant en 1973-74 les pluies sont excédentaires dans toutes les stations.
Dans la plaine on observe une trĂšs forte variabilitĂ© des pluies entre les Ă©vĂ©nements, et dans lâespace au
sein de chaque événement.
Figure 5.- Distribution des précipitations mensuelles, de septembre A à août A+1, à Piura, a)
tous mois normaux confondus, b) tous mois ENSO confondus.
4. CONCLUSIONS
La variabilitĂ© spatio-temporelle de la pluviomĂ©trie au PĂ©rou en phases positive et nĂ©gative de lâOA est
telle quâil semble difficile de parler dâeffets pluviomĂ©triques de cette oscillation. En effet, aucune
diffĂ©rence significative nâexiste entre pluviomĂ©trie des phases ENSO et LNSO et pluviomĂ©trie des
périodes normales, sauf à Piura au Nord de la cÎte, en phase ENSO.
Rappelons que Tapley et al., 1990 et Aceituno et al., 1992 mentionnaient dĂ©jĂ lâinstabilitĂ© de la relation
entre pluie et OA, au Pérou et en Amérique du Sud.
Cependant, certains excÚs ou déficits plus fréquents ou spectaculaires se dégagent.
Comme lâont soulignĂ© les auteurs (Caviedes, 1976 ; Caviedes et Waylen, 1987), il apparaĂźt que les fortes
et surtout les trÚs fortes précipitations annuelles (supérieures à 500 mm) se sont produites en phase ENSO
sur la cĂŽte Nord du PĂ©rou pendant lâĂ©vĂ©nement exceptionnel de 1982-1983, et pendant lâĂ©vĂ©nement en
cours de 1997-98 ; elles ne caractérisent pas tous les épisodes ENSO. Ces trÚs fortes précipitations, durant
les trente ans Ă©tudiĂ©s, ne se sont jamais produites en phase LNSO ou en pĂ©riode ânormale â.
Figure 6.- Précipitations en années ENSO.
Au contraire, les phases chaudes de lâOA sâaccompagnent, en gĂ©nĂ©ral, dâune sĂ©cheresse dâĂ©tĂ© dans les
Andes pĂ©ruviennes, pas uniquement sur lâAltiplano pĂ©ruano-bolivien mais du Nord au Sud des Andes.
Contrairement à ce qui était attendu, les phases LNSO aussi sont souvent associées à des déficits,
notamment dans les Andes du Sud (trois fois sur quatre à Juliaca et Arequipa), alors que les précipitations
des Andes septentrionales sont généralement renforcées en phase LNSO.
La rĂ©gion amazonienne ne semble pas rĂ©agir directement aux phases de lâOscillation Australe du
Pacifique, mais la faible densité des stations rend les conclusions difficiles. Dans ce domaine, le manque
de données disponibles et de bonne qualité est, comme dans les Andes, un handicap à un travail plus
approfondi. Lâutilisation de donnĂ©es issues de modĂšles ou de satellites devraient permettre dâaffiner ces
résultats.
Enfin, on sâinterroge sur les excĂ©dents gĂ©nĂ©ralisĂ©s qui se produisent au dĂ©but des annĂ©es 1970, aussi bien
en phase ENSO (1972-1973) quâen phase LNSO (1973-1974).
Figure 7.- Précipitations en années LNSO.
Remerciements : Nous tenons Ă remercier LĂ©na Sanders (CNRS, Ă©quipe P.A.R.I.S.) de ses
suggestions en statistiques et Bertand Duchiron, Ă©tudiant en thĂšse Ă Paris 7, de son aide pour
lâextraction des donnĂ©es pluviomĂ©triques pĂ©ruviennes du site Web du CDIAC/ORNL et pour la
cartographie.
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