Une proposition de loi et une charte pour lutter contre l'anorexie

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Deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende : c'est la peine qui pourrait être infligée pour incitation à la maigreur excessive, selon une proposition de loi examinée à partir du 15 avril à l'Assemblée nationale. A l'initiative de cette proposition, Valérie Boyer, députée UMP, compte ainsi lutter contre l'anorexie, une maladie qui touche entre 30 000 et 40 000 personnes chaque année en France.

"Il s'agit d'un réel problème de santé publique", écrit Mme Boyer dans la présentation de sa proposition. "Soulignons que le taux de mortalité serait l'un des plus importants parmi les troubles psychiatriques", poursuit-elle. Et selon sa proposition de loi, si la personne anorexique venait à mourir, les peines seraient portées à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.

En ligne de mire : ceux qui "incitent directement ou par le biais de différents moyens de communication – tels que les magazines, les sites Internet et les blogs, etc. – les personnes à se priver de nourriture pour se faire maigrir de manière excessive, voire font ouvertement l'apologie de l'anorexie, tels le 'mouvement pro-ana'", précise la députée.

"DIVERSITÉ CORPORELLE"

Parallèlement à cette démarche, "une charte d'engagement volontaire sur l'image du corps et contre l'anorexie" a été signée, mercredi 9 avril, par des professionnels de la mode, de la publicité et des médias, et la ministre de la santé, Roselyne Bachelot. A l'origine de ce texte : un groupe de travail, "Anorexie et image du corps", mis en place en janvier 2007 et coprésidé par le pédopsychiatre Marcel Rufo et le sociologue Jean-Pierre Poulain.

Les signataires – Bureau de vérification de la publicité, Fédération française de prêt-à-porter féminin ou encore Syndicat des agences de mannequins – s'engagent "à ne pas accepter la diffusion d'images de personnes, notamment si elles sont jeunes, pouvant contribuer à promouvoir un modèle d'extrême maigreur". Ils s'engagent à "sensibiliser le public à l'acceptation de la diversité corporelle", "en évitant toute forme de stéréotypie qui peut favoriser la constitution d'un archétype esthétique potentiellement dangereux pour les populations fragiles".

Pour Philippe Jeammet, psychanalyste et coauteur de Soigner l'anorexie et la boulimie, cette proposition de loi et cette charte pourraient être l'occasion de lancer un grand débat sur les limites au droit à se faire du mal, et sur les dérives de notre société compassionnelle qui aboutissent à un "total laissez-faire".

Philippe Jeammet

Après la mort, en 2006, de trois jeunes mannequins sous-alimentées, plusieurs pays ont pris des mesures contre la maigreur excessive des top-modèles. Depuis septembre 2006, l'Espagne interdit ainsi les mannequins en dessous d'un certain indice de masse corporelle (56 kg pour 1 m 75).

Constance Baudry
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Le concepteur de la campagne pour la marque de vêtements No-l-ita, rendu célèbre pour ses affiches provocantes pour Benetton, cherche ici à faire prendre conscience des dangers de l'anorexie.
AFP/ANDREAS SOLARO
Le concepteur de la campagne pour la marque de vêtements No-l-ita, rendu célèbre pour ses affiches provocantes pour Benetton, cherche ici à faire prendre conscience des dangers de l'anorexie.