Attentat du 11 septembre sur le Pentagone

L'incroyable imposture signée Thierry Meyssan

Histoire du dérapage du Réseau Voltaire, réputé jusqu'alors sérieux.


Cette page fait partie de la rubrique Autres thèmes que les sectes.
Le sujet traité n'a rien à voir avec le phénomène sectaire.

Cette page reproduit des articles parus dans la presse ou sur le web, au sujet des théories paranoïaques de Thierry Meyssan. Dans l'interview de Claude Moniquet, j'ai ajouté en encadrés quelques commentaires personnels. Mickael Tussier.

 

M. Meyssan persiste et signe :

Les sites
Les théories conspirationnistes autour du 11 septembre,
9-11 Loose Change Second Edition Viewer Guide (*),
911Myths s - Reading between the lies (*),
et Debunking 9/11 Conspiracy theories and Controlled Demolition Myths (*)
apportent de nombreux contre-arguments à la thèse conspirationniste.

(*) Les bonnes volontés pour traduire et publier une version française des sites anglophones sont bienvenues...

Comment faire son beurre avec les rumeurs

(Le Canard Enchaîné, 3 avril 2002)

Bon sang mais c'est bien sûr, il a raison, Thierry Meyssan, le gars qui affirme qu'aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone ! Et Thierry Ardisson a raison de l'avoir laissé exposer sa thèse en long et en large, dans « Tout le monde en parle » du 16 mars (« Le Canard », 20/3), sans un bémol, sans esprit critique, sans question gênante, gobant tout tel un Jacques Pradel des familles (« Je suis troublé »). Service public avant tout!

Et les plus de 100 000 gogos qui, en une semaine, se sont précipités sur son bouquin, écrit en gros caractères, lu en une heure, plein d'annexes, de discours officiels de Bush, mal fichu, ont raison eux aussi.

Car voici l'argument qui tue, et d'ailleurs Meyssan le clame haut et fort: on peut tout vérifier sur Internet ! En effet, à chaque page Meyssan cite des sites, des sites, et encore des sites: voilà donc le premier bouquin d'enquête sans enquête, mais entièrement compilé sur Internet. Et comme chacun le sait, Internet c'est rien que du sérieux !

La preuve, on peut y apprendre que :

Et caetera...

Quant au 11 septembre, Internet dégorge de révélations plus étonnantes les unes que les autres : aucun des 4 000 Juifs travaillant au WTC n'est allé au travail ce jour-là ; aucun des chauffeurs de taxi musulmans de New York n'était dans le quartier ce jour-là; on a vu des ovnis dans le secteur au moment des attentats; et une immense image de Lucifer dans les nuées de l'incendie...

C'est donc un coup des Juifs, des musulmans, des extraterrestres et de Lucifer! Futurs auteurs de best-sellers, voici donc la recette imparable : identifiez un événement qui a frappé (imagination des foules, décortiquez les mensonges officiels (car il y a toujours, évidemment, dans les vérités officielles, des lacunes, des arrangements, des paradoxes, des dissimulations), et remplacez-les par un gros bobard que vous aurez trouvé sur Internet.

C'est facile, il n'y a qu'à se baisser !


Interview de Renaud Marhic

Source :

Propos recueillis le 5 avril 2002

Renaud Marhic. Agé de 37 ans. Écrivain et journaliste indépendant, il a publié plusieurs ouvrages sur les pseudo-sciences et les sectes. Il rédige chaque mois dans Le Vrai Papier Journal une rubrique consacrée aux rumeurs. Dans le cadre de ses activités, il a collaboré à plusieurs reprises avec le Réseau Voltaire.

Renaud Marhic est journaliste, il a été le premier à nous contacter pour nous prévenir de la rumeur qui circulait sur le net. Après avoir longuement enquêté sur le sujet, il revient point par point sur les hypothèses de Thierry Meyssan et y apporte un regard neuf.

Rédaction : Renaud, la rubrique Rumeurs du Vrai Papier Journal, est en partie consacrée à la rumeur lancée par le Réseau Voltaire et L'Asile Utopique, peux-tu nous expliquer ce qui t'a poussé à la réfuter si rapidement ?

Renaud Marhic : La rumeur du 11 septembre n'est pas apparue, à l'origine, sous la signature du Réseau Voltaire. Il s'agissait d'une infographie du site L'Asile Utopique et d'un article de Technikart. Ces documents étaient signés Raphaël Meyssan. Tous deux étaient présentés sur un mode ironique, le premier s'intitulant Pentagone : le jeu des 7 erreurs, le second Comme un avion sans ailes. L'argumentation, provocante à souhait mais particulièrement inconsistante, pouvait être immédiatement réfutée par un rapide surf sur le web et la consultation d'un ingénieur en aéronautique. Je m'y suis employé pour Le Vrai Papier Journal, sans imaginer les suites que connaîtrait l'affaire avec la parution du livre de Thierry Meyssan. Mais puisqu'aussi bien l'argumentation soutenant la rumeur est là, il n'est pas inutile de rappeler en quoi elle est irrecevable.

Argumentation de Raphaël Meyssan
(Asile Utopique)
Réfutation
"Expliquez pourquoi le Boeing 757-200, pesant près de 100 tonnes et s'écrasant à une vitesse minimum de 400 km/h, n'a abîmé que la façade du Pentagone." Les photos aériennes montrent clairement que le Pentagone a été endommagé au-delà de son "premier anneau" (façade). Par ailleurs, dès le 23 septembre, le Washington Post expliquait de façon crédible comment la structure renforcée du Pentagone a résisté au choc : www.washingtonpost.com

"Expliquez comment un Boeing de 13,6 m de haut, 47,32 m de long, 38 m d'envergure et un habitacle de 3,5 m, a pu s'écraser au rez-de-chaussée de ce bâtiment."

La trajectoire de l'avion ne défie aucune loi de la physique et donc de l'aéronautique, aucun obstacle n'étant susceptible de la rendre impossible. L'avion a sectionné au moins un poteau lors de son approche : amigaphil.planetinternet.be

"L'avion n'ayant pénétré que le premier anneau du bâtiment et s'étant écrasé au rez-de-chaussée, trouvez sur cette image les débris du Boeing." Si les photos présentées par Raphaël Meyssan ne présentent aucun débris, ceux-ci apparaissent sur d'autres clichés : cfapp.rockymountainnews.com
Par ailleurs, la plus grosse partie des débris a pu être recouverte par l'effondrement du béton. D'autres morceaux de l'appareil ont été projetés à des centaines de mètres, hors du champs des photos présentées.

"Expliquez pourquoi le ministère de la Défense a jugé utile de recouvrir de cailloux et de sable la pelouse, pourtant intacte après l'attentat."

Tout simplement pour faciliter le déplacement des engins de chantiers, procédé on ne peut plus banal.

"Expliquez ce que sont devenues les ailes de l'avion et pourquoi elles n'ont pas causé de dégâts." L'avion était plein d'un carburant logé... dans les ailes ! En toute logique, celles-ci ont été pulvérisées par l'explosion. On ne risquait pas de les retrouver sur la pelouse du Pentagone.

"Expliquez pourquoi le chef des pompiers ne peut pas dire où se trouve l'avion." Le chef des pompiers ne fait qu'indiquer qu'il n'a pas assisté au crash. Il existe bien des témoins, nombreux, ayant vu l'avion : www.washingtonpost.com
www.criticalthrash.com

"Trouvez dans ces images le lieu de l'impact de l'avion."

La question paraît surréaliste aux vues de la façade du Pentagone :

Et encore faut-il ajouter que l'argumentation de Raphaël Meyssan fait l'impasse sur cette question cruciale : si le vol le Vol AA 77 ne s'est pas écrasé sur le Pentagone, où sont passés ses 58 passagers, ses 4 membres d'équipage et ses 2 pilotes ?

Rédaction : Au-delà des simples faits, as-tu d'autres bonnes raisons de penser qu'il s'agisse d'une rumeur parfaitement bidon ? Et si oui lesquelles ?

Renaud Marhic : On comprend bien, à travers ce qui précède, que nous ne sommes pas en présence d'une enquête avec ce que cela comprend de recoupements, de vérifications. Il s'agit de vaines cogitations. Raphaël Meyssan raisonne juste... sur la base d'informations fausses. C'est le propre de la logique paranoïaque. Néanmoins, la chose a sans doute une explication plus prosaïque encore : le webmaster de L'Asile Utopique ne s'est pas donné la peine d'interroger le moindre spécialiste. Un pilote lui aurait indiqué que l'approche de l'appareil n'est en rien étonnante... Un ingénieur en aéronautique lui aurait expliqué que les ailes de l'appareil, pleines de carburant, s'étaient forcément désintégrées... Un pompier l'aurait renseigné sur l'épandage de sable nécessaire au déplacement des engins de chantier... Je compile les rumeurs depuis 1983. Force est de reconnaître qu'elles naissent souvent sur la base de ce genre d'intuitions que l'on ne prend pas la peine de confronter à l'avis des experts ad hoc.

Rédaction : Tu connais bien le Réseau Voltaire, es-tu surpris par la tournure des événements et surtout penses-tu que ce puisse être un magistral coup de marketing viral par Thierry Meyssan ?

Renaud Marhic : Des intuitions de Raphaël Meyssan au livre de son père, Thierry Meyssan, il y a un gouffre. Là, c'est beaucoup plus difficile à comprendre. Rappelons que le Réseau Voltaire, que préside Thierry Meyssan, est à l'origine de dossiers particulièrement solides concernant l'extrême droite. Faut-il le rappeler, l'enquête du Réseau sur le DPS, service d'ordre du FN, a motivé une commission d'enquête parlementaire sur le sujet. Et il n'est qu'à consulter la bibliothèque électronique du site de ce Réseau pour comprendre que nous ne sommes pas en présence de plaisantins. Si L'Effroyable imposture de Meyssan relève d'un coup de marketing, il est suicidaire. Ce livre constitue en effet un véritable suicide intellectuel... et politique ! La rumeur du Pentagone faite best-seller, c'est un coup de pouce, involontaire peut-être mais un coup de pouce quand même, aux théories plus scabreuses. Je pense à une forme très particulière d'antiaméricanisme qui correspond pour moi à une pensée d'extrême droite. Je pense aussi au négationnisme qui se nourrit de la même argumentation : "C'est techniquement impossible, donc ça n'a pas existé..." Or, il s'agit là de valeurs aux antipodes de celles du Réseau Voltaire. Plus largement, ce dérapage pose le problème de certaines publications en ligne. Avec peu de moyen et beaucoup de temps libre, on crée l'illusion d'une véritable cyber-presse. C'est oublier que, derrière les artifices de mise en page, il n'y a pas toujours de véritable infrastructure journalistique. Les publications en ligne se résument parfois à un seul et unique rédacteur, sans le garde fou que constitue une véritable rédaction.

Rédaction : D'après toi, Thierry Meyssan a t-il mené l'enquête avec une équipe restreinte (comme il le prétend) ou a t-il obtenu ses informations directement de sources qu'il ne veut (ou ne peut) pas dévoiler ?

Renaud Marhic : On touche là au fond du problème et, partant, à l'origine de la rumeur. Je pense que Thierry Meyssan a bien reçu des informations en provenance des États-Unis. Des informations provenant de milieux réputés "autorisés", peut-être même de l'appareil militaire américain. Le problème, c'est qu'il n'a pas réalisé qu'on lui resservait une rumeur de 15 ans d'âge, relookée pour la circonstance : "L'Horrible vérité". Selon celle-ci, le pouvoir, aux États-Unis, serait entre les mains d'une sorte de gouvernement parallèle nommé MJ12, comité secret charger de gérer... les suites du crash d'une soucoupe volante à Roswell ! Le MJ12 conspirerait dans le but d'obtenir des extraterrestres une technologie utilisable aux fins militaires, quand bien même faut-il pour cela sacrifier des citoyens américains. Ce scénario fait un tabac chez les conspirationnistes, notamment au sein des Milices patriotes, cercles paramilitaires d'extrême droite. Là, le MJ12 est assimilé à un Nouvel Ordre Mondial oeuvrant à la domination de la planète. L'Horrible vérité emprunte, de fait, de nombreux éléments au mythe du "complot judéo-maçonnique". De même, L'Effroyable imposture s'inspire visiblement de l'Horrible vérité. On retrouve dans l'une et l'autre rumeur un gouvernement parallèle, des citoyens sacrifiés, la recherche d'une technologie militaire spatiale... Quand il s'agit d'expliquer l'Histoire par des complots, les scénarios se suivent et se ressemblent. Comment des militants de gauche peuvent-ils adhérer au conspirationnisme ? Force est de constater que la théorie du complot mondial, chère aux droites extrêmes, séduit aujourd'hui une certaine gauche, sans doute à la faveur du combat anti-mondialisation.

Le site de Renaud Marhic : http://membres.lycos.fr/marhic


Interview de Claude Moniquet

Source :

Propos recueillis le 5 avril 2002

Claude Moniquet
Journaliste depuis 1981 (Quotidien de Paris, L'Express, La Marche du Siècle, Le Journal du Dimanche, Valeurs Actuelles etc...), en poste en Europe de l'est, il a effectué des dizaines de reportages dans cette zone ainsi qu'au Moyen Orient. A couvert la guerre du Liban en 1982, toutes les guerres yougoslaves entre 1990 et 2001 ainsi que les évènements en Algérie après 1992, le "Putsch" de Moscou en 1991, la chute du Mur de Berlin en 1989, etc.

Spécialisé dans les affaires de renseignement et de terrorisme

Auteur de nombreux livres concernant l'espionnage et le terrorisme :

Claude Moniquet est un expert international en terrorisme. Journaliste d'investigation, il a par le passé évolué dans les mouvances extrémistes (Fraction Armée Rouge). Il connaît le sujet sur le bout des doigts pour l'avoir vécu de l'intérieur et suivi depuis plus de 25 ans. Ses propos sont éloquents et contribuent à eux seuls à répondre à l'ensemble des questions soulevées par Thierry Meyssan, compte-tenu de la pertinence et du sérieux de ses dires, nous vous les livrons in extenso.

Rédaction : Claude, comment avez-vous abordé "l'affaire du Pentagone" et quels arguments opposez-vous à la thèse de l'absence d'avion ?

Claude Moniquet :
Le piège de "l'affaire du Pentagone" tient en une réalité difficilement contournable : il suffit de 10 secondes pour énoncer la thèse (en hyper résumé: "pas d'avion parce que pas de débris". Mais ceux qui veulent s'y opposer avec sérieux, doivent développer un argumentaire long et fastidieux. Pour ce faire, j'ai travaillé, sur cet aspect des choses avec des ingénieurs (aéronautique, physique des incendies etc...), des architectes (résistance des matériaux) et des médecins légistes.

Rédaction : Avez-vous obtenu des éléments scientifiquement indéniables permettant d'expliquer que l'avion se soit " volatilisé " ?

Claude Moniquet :
Il faut comprendre que la majeure partie de l'appareil s'est désintégrée. Le choc a, en effet, été d'une violence inouïe. Pour rappel, le Pentagone est formé de cinq anneaux concentriques de bâtiments. Trois de ces anneaux (donc, six épaisseurs de murs de bétons, de pierres d'aciers et tout ce qu'il y a entre ces murs) ont été traversés par l'avion. Celui-ci a, fatalement été pulvérisé au moment du crash.

L'envergure totale d'un Boeing 757 est de 38 mètres. Les ailes ont très probablement été arrachées du fuselage au moment du choc contre la façade : une aile d'avion est souple et en résumé, constitue une sorte d'enveloppe renfermant du vide comblé par le kérosène; sa souplesse lui permet de résister aux turbulences les plus fortes mais elle se brise évidemment au choc, sa résistance pouvant, à ce moment, se comparer à celle du balsa.

Seul le fuselage a, donc, pénétré en profondeur dans le bâtiment. Une brèche de 10 à 20 mètres (Mr. Meyssan lui-même affirme, en page 20 que la brèche est de 19 mètres) a été ouverte dans la façade.

Une partie de la façade du bâtiment s'est effondrée dans l'heure qui a suivi l'impact. Et on peut clairement comprendre, en examinant les photos prises dans les heures et les jours qui suivent que les décombres de l'immeuble ne peuvent que recouvrir les restes de l'appareil qui seraient demeurés au pied de la façade, entre autres des fragments d'ailes (voir entre autres la photo de Stephen Jaffe, AFP, publiée dans l'édition spéciale de "Newsweek" sortie quelques jours après les attentats).

Par la suite, le kérosène a déclenché un feu intense qui a duré 24 heures (le foyer a été définitivement éteint dans la matinée du 12 septembre). Suivant ce qui l'a provoqué, les matériaux qui l'alimentent, son exposition à l'oxygène et sa durée, un incendie de cet ordre peut dégager une chaleur de 1 700 à 2500°. On sait qu'au Pentagone, du verre a fondu, ce qui nécessite une chaleur de plus de 1000°.

Pour l'essentiel, un fuselage et de nombreuses pièces d'avion sont constitués d'Aluminium
Prenons le point de fusion de trois métaux:
ALUMINIUM : 660°
NICKEL : 1453°
TITANE : 1660°

La chaleur dégagée par l'incendie durant 24 heures permet donc de comprendre que la majeure partie des restes de l'avion ait été détruite.

 

M. Meyssan aurait pu se demander pourquoi les avions crashés sur les tours du WTC semblent, eux aussi, avoir disparu. Mais il se garde bien de mettre en doute l'origine de cette double-catastrophe pour la simple raison que les nombreuses videos parlent d'elles-mêmes, en particulier lors du crash sur la 2ème tour.

Le bâtiment du Pentagone ne suscitait pas autant d'intérêt de la part des cameramen au moment des faits. L'absence de video susceptible de le contredire de façon flagrante laisse libre cours à M. Meyssan pour émettre des hypothèses fantaisistes.

Mickael Tussier.

Rédaction : Thierry Meyssan s'étonne qu'on ne retrouve pas les corps, que pouvez-vous lui répondre ?

Claude Moniquet :
L'argument sur l'absence des corps est encore plus facile à démonter. En crématorium, un corps est incinéré entre 90 et 120 minutes à une température allant de 875 ° à 1095°. Au bout de deux heures, il ne reste que de petits fragments d'os à broyer et des cendres. Les corps se trouvant prisonniers de l'épave de l'avion à l'intérieur du "four" constitué par le bâtiment effondré sont restés exposés environ 24 HEURES à une chaleur de 1700° à 2500°. CQFD.

Rédaction : L'éventualité d'une bombe placée dans l'enceinte du Pentagone est-elle plausible ?

Claude Moniquet :
Comme d'autres spécialistes, j'ai pu ces vingt dernières années, examiner de près les ruines de dizaines de bâtiments frappés par des véhicules piégés ou des bombes placées à l'intérieur des lieux ou encore détruits par bombardement. A l'examen, les ruines du Pentagone offrent un aspect cohérent avec la version dite "officielle" et ne correspondent, en tous cas, pas à un immeuble soufflé par un véhicule piégée ou par une explosion intérieure. Le souffle a été quasi nul! Même un enfant pourrait s'en rendre compte, on est en présence d'un immeuble qui a subi un impact et non un souffle ("blast"), il n'est qu'à voir les vitres restées intactes sur la façade du bâtiment. Du reste, si l'explosion avait eu lieu dans le bâtiment ou au pied de celui-ci, les dégâts seraient totalement différents, étant donnée la structure de l'immeuble et la résistance aux contraintes du béton. Le kérosène a en revanche la particularité de ne pas dégager d'effet de souffle en cas d'ignition...

Rédaction : Que dire de l'absence de témoignages crédibles, de la possibilité pour le gouvernement US d'avoir manipulé l'opinion ?

Claude Moniquet :
C'est absolument faux, plusieurs dizaines de personnes qui se trouvaient dans les bâtiments du Pentagone ou à proximité de celui-ci ont vu l'avion s'approcher puis s'écraser. A 09H43, par exemple, Mike Slater qui se trouve à l'état major voit l'avion approcher et dit à ses voisins: "Ca y est, on est les suivants". On peut très facilement retrouver leurs témoignages dans l'ensemble des médias.

Rédaction : Concernant le vol AA 77 supposé s'être volatilisé au-dessus des Etats-Unis sans laisser de traces, qu'avez-vous pu recueillir ?

Claude Moniquet :
On dispose d'un témoignage "de l'intérieur" de l'avion. A deux reprises, aux alentours de 09H35, la journaliste Barbara Olson qui se trouve à bord du vol 77 téléphone depuis son portable à son mari, le procureur général Théodor Olson et lui dit: "Nous avons été détournés, tous les passagers ont été regroupés au fond de l'appareil. Devons-nous tenter quelque chose?"

Pas vraiment gêné, Meyssan écrit lui (page 24): "Qu'est devenu le vol 77 d'American Airlines? Ses passagers sont-ils morts? Si oui qui les a tués et pourquoi? Sinon où sont-ils? Autant de questions auxquelles l'administration américaine doit répondre".

Excellente question en effet. Si Meyssan a raison, où est l'avion? Où se trouvent les 58 passagers (dont des gamins qui se rendaient en classe nature, qui se trouvaient à son bord? Où sont les six membres d'équipage?

Pour y répondre, il aurait suffi à l'auteur de rechercher les familles ou certaines des familles des victimes. Elles ont témoigné dans la presse américaine et il est très facile de retrouver leurs coordonnées, pourquoi ne l'a t-il pas fait ?


Rédaction : De nombreux internautes s'interrogent sur le fait que l'avion détourné n'ait pas été descendu par l'armée et il s'agit d'ailleurs d'une des pierres d'achoppement du livre de Thierry Meyssan, que pouvez-vous leur répondre ?

Claude Moniquet :
En effet, entre les pages 12 et 15, l'auteur met en cause la "passivité" de l'armée qui tarde à faire décoller ses chasseurs et les contradictions des premières déclarations. Les deux s'expliquent évidemment purement et simplement par le choc et la panique qui règnent alors. Les hommes ne sont pas des machines.

Imaginons la scène et l'ambiance. Entre 08h45 et 08h52, le premier avion s'écrase sur New-York. On peut croire à l'accident. A 09h03, le deuxième avion s'écrase et il désormais évident qu'il s'agit d'un attentat. Il faut alors que la machine réagisse, que chaque niveau de commandement fonctionne sans raté, que les décideurs soient joints et prennent leurs responsabilités. Dix à quinze minutes semblent être un délai raisonnable. Il est à peu près 09h20, au plus tôt, quand l'appareil d'état commence à bouger. Les premiers avions décollent aux alentours de 10h00 du matin. Trop tard, le Pentagone sera touché vers 09H37.


Rédaction : Des terroristes armés jusqu'au dents de cutters, n'est-ce pas un peu faible avant d'envoyer un avion rempli de passagers s'écraser sur un bâtiment ?

Claude Moniquet :
C'est précisément là l'un des traits de génie de l'opération. Contrairement à ce que dit Meyssan dans son livre (p. 31), aucune arme à feu n'est indétectable (rayons X, fouilles à corps, chiens, etc...), en porter aurait fait courir le risque aux terroristes de complètement manquer leur mission.

Rédaction : Au-delà de " l'affaire du Pentagone ", Thierry Meyssan va beaucoup plus loin en supposant que les tours du WTC aient pu être minées de l'intérieur, favorisant leur effondrement, est-ce crédible ?

Claude Moniquet :
L'effondrement des tours, selon Meyssan, aurait été provoqué par des charges posées au rez-de-chaussée des tours. Malheureusement, on dispose (outre les témoignages des personnes présentes) des images tournées par les frères Naudet dans les tours. Ils s'y trouvent au moment où elles s'effondrent... Ni ces témoignages ni ces images n'accréditent la thèse des explosion au rez-de-chaussée...

 

Les séquences videos de l'effondrement des tours du WTC montrent l'absurdité de la thèse, selon Meyssan, des charges posées au rez-de-chaussée : pour chacune des tours, seule la partie supérieure commence à s'effondrer, car celle-ci n'est plus supportée par les étages fragilisés par l'incendie. Dans sa chute, le haut de la tour génère un nuage de poussières en pulvérisant sous son poids les étages inférieurs (pour plus de détails, voir Dynamique de l'effondrement des Twin Towers).

Dans le cas d'une tour détruite par une entreprise de démolition, le scénario se produit différemment : les charges explosives posées au rez-de-chaussée provoquent la chute simultanée de tous les étages. Les images de l'effondrement donnent l'illusion d'un enfoncement de la tour dans le sol, avec apparition du nuage de poussières uniquement à sa base.

Sur le site de CNN, l'animation 3D de l'effondrement des Twin Towers présente une erreur grossière faisant croire à l'hypothèse d'une explosion à la base des bâtiments. Cette erreur est d'autant plus regrettable qu'elle tendrait à accréditer la thèse de M. Meyssan. Heureusement que les nombreuses videos le contredisent.

Mickael Tussier.

Rédaction : Dans son livre, Thierry Meyssan prétend que : "L'existence d'une balise dans le World Trade Center est attestée par des radio-amateurs qui ont enregistré son signal. Elle a été détectée parce qu'elle interférait avec les émissions des antennes de télévision placées sur les tours. Il est probable que le signal a été activé au dernier moment pour éviter qu'on ne le découvre et ne le détruise...." que pouvez-vous lui répondre ?

Claude Moniquet :
L'auteur cite "des radios amateurs" Qui? Où? Comment? Pourquoi aucun média sérieux n'a-t-il fait écho à leurs déclarations? S'ils existent, pourquoi les témoins de Thierry Meyssan seraient-ils plus crédibles que ceux qui disent avoir vu un avion s'écraser sur le Pentagone? Une des failles de Thierry Meyssan est de ne jamais citer aucun nom concernant ses sources, contrairement à tous ses détracteurs.

Rédaction : Y a t-il d'autres points du livre " l'effroyable imposture " que vous pourriez démentir formellement et si oui, comment ?

Claude Moniquet :
L'ensemble du livre est bâti sur des incohérences, des rumeurs, tout ceci est démontable point par point :

LE PERSONNEL DE LA SOCIETE "ODIGO" AURAIT ETE PREVENU PAR E-MAIL DE L'IMMINENCE DE L'ATTENTAT (PAGE 37)

Tellement absurde qu'on peut se passer de réponse. Imagine-t-on sérieusement des comploteurs avertir certaines victimes potentielles avant une action de cette ampleur ?

Meyssan ne semble, d'ailleurs, pas avoir peur du ridicule puisqu'il affirme par ailleurs (sans, bien entendu, citer aucune source) qu'au moins cinq services de renseignement étaient au courant de l'attentat avant que celui-ci se produise.


MECONNAISSANCE TOTALE DE LA REALITE TERRORISTE

En pages 52 et suivantes Meyssan revient sur l'existence des "réseaux dormants" et ironise: "...rien ne permettrait à leurs amis et voisins de soupçonner leurs intentions ni aux polices occidentales de les repérer..."

L'ironie et l'ignorance ne changent rien au fait que de nombreuses enquêtes menées depuis trente ans dans des contextes terroristes très différents accréditent l'existence de tels réseaux qui, effectivement, et c'est le propre de leur fonctionnement, échappent aux "soupçons de leurs voisins" et à "ceux de la police..."

MECONNAISSANCE DES PRATIQUES ELEMENTAIRES DE L'ENQUETE CRIMINELLE

Page 53: "...les policiers auraient dû échafauder une multiplicité d'hypothèse et conduire chaque piste à son terme....".

Une enquête (et, en vingt ans, j'en ai suivi des centaines) ne consiste pas à "échafauder des hypothèses" mais à isoler le plus rapidement possible des faits et/ou éléments signifiants et à tenter de relier ces faits à d'autres puis, de cette base, à dévider l'écheveau qui conduit aux auteurs d'un fait criminel. C'est précisément ce que le FBI a fait...

"LES ISLAMISTES NE COMMETTENTE PAS D'ATTENTATS SUICIDES..."(SIC!)

Page 54: "Si les pirates de l'air sont des kamikazes, alors ce ne sont pas des islamistes... Le Coran prohibe le suicide...": stupéfiant de mauvaise foi (on ne peut ici parler d'ignorance). Au Liban dans les années quatre-vingt, et en Israël depuis des mois et des mois, les attentats suicides attribués aux islamistes ou revendiqués par eux se sont multipliés....

Pour se justifier, Meyssan cite l'écrivain Salman Rushdie. Excellent auteur certes, mais ce romancier est tout sauf un spécialiste du terrorisme islamique (et n'a d'ailleurs jamais prétendu l'être).

A PLUSIEURS REPRISES, MEYSSAN MET EN DOUTE L'IMPLICATION DE BEN LADEN OU MET EN EXERGUE LES LIENS DE CELUI-CI AVEC LA CIA

De multiples preuves des liens des terroristes du 11 .09 avec la mouvance AL-QAÏDA existent.

De même les preuves sont multiples du fait que cette mouvance préparait des attentats en Europe en liaison avec les attentats du 11 septembre. Rien qu'en Europe? depuis le 11 septembre, plus de 100 personnes ont été arrêtées en France, Belgique, Italie, Espagne, aux Pays-Bas, etc... Il est incontestable que ces personnes préparaient des attentats contre des intérêts américains et tout aussi incontestable qu'elles étaient liées, de manière générale à ce qu'il convient d'appeler la "mouvance Ben Laden". Comme l'étaient les assassins d'Ahmed Shah Massoud.

Enfin, si il y a eu "collaboration" dans les années 80 entre Ben Laden et la CIA, cette phase appartient au passé.

On se référera aux multiples enquêtes judiciaires en cours dans plus de vingt pays (dont la France). Je résume cet aspect des choses (y compris une bio précise de Ben Laden) dans les quatre derniers chapitres de mon livre.


Rédaction : Claude, pour finir, quel sentiment vous laisse toute cette histoire ? Rumeur possiblement fondée ? Ou effroyable imposture ?

Claude Moniquet :
Admettons une seconde la thèse de Meyssan. Tout cela n'est qu'un horrible complot de la CIA ou des cercles militaires américains. Soit, donc, ces braves gens ont assassiné, de manière délibérée, entre 3000 et 4000 personnes dans les attaques terroristes les plus spectaculaires et sanglantes de l'histoire. Ce sont donc des génies du crime doublés de génies de la manipulation et de la mise en scène. Ils n'ont oublié qu'une chose: laisser quelques débris d'avion au Pentagone. C'est bête d'être distrait à ce point là...

D'un point de vue journalistique, depuis six mois, nous sommes des centaines de journalistes, appartenant à des dizaines d'entreprises différentes, à enquêter sur le 11 septembre.

La presse américaine à elle seule a mis en place des moyens considérables. Et l'on sait qu'elle est la plus libre, la plus pugnace et la plus puissante du monde. Elle a quand même fait tomber Nixon, dévoilé des dizaines de scandales politico-militaires (entre autres durant la guerre du Vietnam, alors que la sécurité nationale était en cause....). Seulement voilà, aucun de ces journalistes, dont je suis n'a découvert cette vérité qui crève les yeux de Monsieur Meyssan. Nous sommes tous (très) bêtes ou (c'est mieux), vendus à la CIA...


Interview de Serge Roche

Source :

Propos recueillis le 5 avril 2002

Serge Roche

Ancien pilote de ligne, Serge Roche est aujourd'hui spécialisé dans les enquêtes sur les accidents d'avions inexpliqués ou insuffisamment élucidés. Il travaille actuellement sur la rédaction d'un ouvrage concernant les principaux crash survenus ces dernières années. Son regard est particulièrement axé sur les conséquences qu'aurait le crash d'un avion sur le Pentagone.

Rédaction : Serge, en tant qu'expert en accidents aéronautiques, vous avez suivi les évènements du 11 septembre avec un regard particulier. Etes-vous en mesure de répondre avec ce regard aux questions qu'a soulevé la thèse de Thierry Meyssant ?

Serge Roche :
Bien entendu il existe des réponses pour toute question mais il y a un paramètre que je ne détiens pas c'est celui du temps mis par les sauveteurs pour éteindre l'incendie et accéder à l'intérieur du bâtiment. (Ndlr : il a duré 24 heures)

Rédaction : Beaucoup d'internautes s'interrogent sur l'absence de débris, notamment concernant des pièces très résistantes comme les trains d'atterrissage, ou les moteurs, qu'en pensez-vous ?

Serge Roche :
En règle générale les trains d'atterrissage sont réalisés en alliage. Cet alliage n'est pas prévu pour résister à une température élevée, à savoir environ 800°. On peut raisonnablement penser que la température est montée très au dessus de ce niveau de résistance. D'autant plus que les pneus ont brûlé très longtemps en faisant des points de chaleur intense.
Pour les moteurs il en est de même, dans tous les accidents d'avion les pièces restées à une très haute température sont, en règle générale, impossible à identifier et on fini par les retrouver plus par déduction que par identification visuelle.


Rédaction : Pourquoi le chef des pompiers, les enquêteurs, n'ont-ils à aucun moment évoqué l'avion et d'éventuelles traces dudit avion ?

Serge Roche :
Il faut distinguer accident d'avion et attentat. Lors d'un accident, les enquêteurs mettent un soin particulier à retrouver des pièces d'avions pour reconstituer le crash. Dans le cas des trois avions (NY et Washington) les sauveteurs se sont surtout attachés à retrouver des restes humains en faisant fi des débris "matériels". Le motif du crash était connu (détournement et suicide) il n'y avait absolument aucune raison de trier les pièces métalliques pour retrouver des parties d'avion en vue d'une reconstitution. Celles-ci étant connues il n'y a aucune raison d'enquêter sur ce domaine , cela peut paraître étrange mais c'est finalement logique.

Rédaction : Un avion qui s'écrase contre le Pentagone et qui ne laisse pas de traces sur les parois du bâtiment, étrange ou explicable ?

Serge Roche :
L'avion s'est désintégré contre le bâtiment qui s'est effondré ensuite dessus, ce genre de choses ont relativement peu d'importance pour un investigateur, on n'a rien à prouver et à rechercher. Il faut bien comprendre la logique des recherches le 11 septembre, du fait de savoir ce qui s'est passé le seul but était de rechercher d'éventuels survivants et rien d'autre, éventuellement les boîtes noires mais sans plus.

Rédaction : A propos des boites noires... Comment expliquer qu'elles soient inutilisables ?

Serge Roche :
Le fait que les boîtes noires soient inutilisables démontre on ne peut plus simplement la puissance du choc, or les boîtes noires sont sans aucun doute les éléments les plus résistants de tout l'appareil...

Rédaction : Quid du débris retrouvé sur la pelouse devant le Pentagone ?

Serge Roche :
La fameuse pièce retrouvée devant l'immeuble du Pentagone est assurément une pièce aéronautique. Qu'elle appartienne à l'avion ou à un hélicoptère, je n'ai pas cette réponse et seules les analyses pourront le dire avec certitude, mais dans cela il n'y a rien de secret, il faut poser la question au NTSB ou à FOIA qui sont des organismes officiels de la FAA (ntsb.gov, tous les liens y sont) ils sont tenus de répondre, certes en prenant leur temps mais ils le font.


Le sociologue Pierre Lagrange décrypte les mécanismes de «l'Effroyable imposture» :
«La même rhétorique que le négationnisme»

Source :

Samedi 30 mars 2002
Par Béatrice Vallaeys

Sociologue, Pierre Lagrange (1) étudie depuis longtemps les phénomènes récurrents déclenchés par ceux qu'il appelle «les adeptes du complot». Il décrypte les raisons du succès remporté par les thèses de Thierry Meyssan.

Le livre de Thierry Meyssan remporte un succès inattendu. Pourquoi ?

Les événements du 11 septembre nous ont confrontés à une réalité tellement proche de la science-fiction que les interprétations paranoïaques, habituellement limitées à certains réseaux, ont pu se déployer au-delà. Elles ont dépassé le cadre d'Internet, qui n'était pas parvenu depuis le mois d'octobre à lancer le phénomène. Il manquait un livre qui, grâce à l'émission de Thierry Ardisson, a permis à ces thèses de décoller.

Pourquoi l'opinion est-elle aussi sensible à de telles opérations ?

Ce phénomène n'est pas typique des Français. Soupçonner le gouvernement de cacher des choses est un sport national américain. Souvenons-nous de l'affaire de Roswell, cet accident supposé d'un ovni dans le désert du Nouveau-Mexique en 1947. Sans parler de toutes les théories sur l'assassinat de Kennedy ou sur l'idée que l'homme n'a jamais mis le pied sur la Lune. D'ailleurs, l'éditeur de Thierry Meyssan a aussi publié des livres sur les «mensonges officiels» au sujet des ovnis et du débarquement sur la Lune. Ce genre de controverses permet à tout un chacun de quitter sa place de spectateur et de devenir acteur et «expert».

Le grand argument, c'est : regardez les photos et constatez par vous-même. Avec cette idée très forte que les photos restitueraient une réalité immédiatement accessible à notre regard. Cette affaire s'accroche sur une formidable ambiguïté entre le fait que la réalité nécessite l'intervention d'experts et d'instruments pour être mise en évidence et une certaine vulgate qui enseigne que nous pouvons tous constater les choses par nous-mêmes. Les discussions autour du film amateur de l'assassinat de Kennedy ou le film de l'autopsie de Roswell diffusé en 1995 utilisent cet argument à fond, alors que ces deux films permettent d'accrocher toutes les interprétations possibles.

Sur quoi repose le «conspirationnisme» ?

Il repose sur l'opposition entre deux conceptions de l'histoire entre lesquelles nous hésitons constamment : l'histoire arrive «par accident», dans un contexte x ou y avec des événements qui s'enchaînent, ou l'histoire est dirigée en sous-main par des acteurs puissants et secrets. C'est le thème classique des «sociétés secrètes qui mènent le monde». Meyssan s'appuie sur une évidence : le FBI et le Pentagone nous cachent des choses. Vu le contexte, le contraire serait étonnant. La presse a eu l'occasion de s'interroger sur les versions des autorités américaines au sujet de la découverte du passeport de Mohammed Atta dans les ruines du World Trade Center ou de la cassette vidéo de Ben Laden. Mais Meyssan fait un saut supplémentaire, et derrière ces «mensonges de la vie quotidienne» des services secrets américains auxquels on est tellement habitués, il dévoile une «autre» réalité : en fait, prétend-il, ce que vous avez cru est totalement faux, il n'y a même pas eu d'avion, les coupables ne sont pas ceux que l'on croit, etc.

Les négationnistes fonctionnent de la même manière.

C'est en effet la même rhétorique : discussion de témoignages, de photos, avec cette idée que le moindre défaut implique qu'il n'y a rien eu. C'est comme de nier la réalité du débarquement sur la Lune à cause d'ombres sur des clichés. Que fait-on alors de tous les acteurs, depuis les boulons des fusées jusqu'aux téléspectateurs, en passant par les chercheurs, les contrats, etc., qui ont participé à la construction de ces événements ? On commet souvent deux erreurs au sujet de ce genre de thèses. La première serait de croire que ces «critiques» sont irrationnels. Pas du tout, ils sont au contraire hyperrationnalistes. En fait, ils utilisent et retournent des raisonnements qui ont longtemps servi pour dénigrer par exemple les amateurs de soucoupes volantes. A force de dire aux «soucoupistes» qu'ils n'avaient pas de preuves, certains d'entre eux ont fini par répondre qu'on les leur cachait.

La seconde erreur est d'associer cette manie des complots avec l'extrême droite. Ce n'est pas faux, mais c'est insuffisant. Thierry Meyssan n'est pas d'extrême droite, il est même connu pour son militantisme d'extrême gauche contre l'extrême droite. De la même manière, les thèses de Faurisson sur l'inexistence des chambres à gaz ont été diffusées par la Vieille Taupe, groupe d'extrême gauche. Cela dit, en face de Meyssan, il y a les groupes d'extrême droite à tendance ésotérique qui expliquent que les événements du 11 septembre se placent dans un grand complot historique qui porte sur le destin de cette région du monde. A nouveau, les raisons qu'on nous donne officiellement ne sont pas les vraies raisons des événements, et ce qui se passe n'est pas ce que l'on croit.

En revanche, ce qui est constant, c'est la quasi-impossibilité d'engager une véritable controverse. D'abord, parce que les partisans du complot refusent de payer le prix qu'exige le débat (acquérir le statut d'expert et engager autre chose que des débats d'opinion). Ensuite, parce que le contradicteur est rapidement dénoncé comme un agent du complot.

De quel complot s'agit-il aujourd'hui ?

Celui d'un groupe puissant au sein du plus puissant des Etats, qui contrôle la vérité (c'est la thèse de la série télé X-Files). Meyssan et les amateurs de complot ont des arguments, car, d'une part, ces rumeurs circulent souvent au sein de nombreux réseaux (pompiers, pilotes, etc.) et d'agences officielles (combien de «révélations» faites par d'anciens de la CIA ou de l'armée sur Kennedy ou Roswell...). Ensuite, parce que, parmi les agents de la CIA, il y a des tas de types qui voudraient être capables de faire ça. Les paranoïaques sont dans les deux camps.

(1) Membre associé du laboratoire d'anthropologie et d'histoire institut culturel (Lahic). Auteur de La Rumeur de Roswell, éd. La Découverte, collection «Enquêtes», 1996.


L'effroyable mensonge
Thèse et foutaises sur les attentats du 11 septembre

Editions La découverte
Juin 2002
ISBN : 2707138258

Un petit livre contre un grand mensonge. Le mensonge, c'est celui de Thierry Meyssan : dans son livre « L'effroyable imposture », il prétend qu'aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone, le 11 septembre 2001, et que l’explosion serait en réalité un attentat de militaires américains d'extrême droite poursuivant de sombres desseins antidémocratiques.

C'est pour en finir avec cette rumeur nauséabonde, pour empêcher qu'une contrevérité habilement portée par un illuminé devienne une certitude dans l’esprit du plus grand nombre, que Guillaume Dasquié et Jean Guisnel ont écrit ce livre. Au terme d'une enquête fouillée, ils réduisent en cendres la thèse délirante de « L'effroyable imposture ». Témoignages et faits à l'appui, ils montrent qu’un Boeing s'est bien abattu sur le Pentagone, ce 11 septembre 2001, dans la ville d'Arlington, devant des milliers de gens. Et que tout le reste du livre est à l'avenant.

Surtout, ils dévoilent les noms des étonnants « experts » qui ont épaulé Thierry Meyssan dans son entreprise de mystification, et révèlent de curieux rapprochement avec d’autres fabricants de conspirations, notamment avec des professionnels du combat contre le prétendu complot « judéo-maçonnique ».

Un ouvrage salutaire, pour éclairer l'opinion et éviter que la « rumeur de Roswell » ou « X-Files » ne deviennent les nouvelles références de l'enquête journalistique…

Guillaume Dasquié, né en 1996, est rédacteur en chef de la lettre géopolitique Intelligence Online et enseignant à l’université de Marne-La-Vallée. Il est l'auteur de Secrètes affaires. Les services secrets infiltrent les entreprises (Flammarion, 1999) et co-auteur avec Jean-Charles Brisard de Ben Laden, la vérité interdite (Denoël, 2001).

Jean Guisnel, né en 1951, est grand reporter au Point et professeur associé à l'Ecole spéciale militaire et aux écoles de Coëtquidan. Spécialiste des questions de défense et de renseignements, il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont, à La Découverte, Services secrets (avec Bernard Violet, 1998), Les généraux (1990), Guerres dans le cyberespace (1995), et Libération, La biographie (1999).


Les nouveaux imposteurs

par Antoine Vitkine

Editions La Martinière
Février 2005
ISBN : 9782846751513

Et si une main cachée tirait toutes les ficelles ? Le succès du livre de Thierry Meyssan, attribuant les attentats du 11 septembre au gouvernement américain, n'était qu'un début.

Quatre ans après, le constat s'impose : la théorie du complot a gagné les esprits. Le terrorisme, les tensions internationales, la réélection de Bush lui assurent une voie royale. Une part croissante de l'opinion croit en l'existence d'une vaste conspiration visant à conquérir le monde.Ses bras armés : les Américains, les Israéliens, mais aussi la haute finance ou encore le FMI. Derrière ces fantasmes, se dessine bien vite le visage d'un anti-américanisme primaire et d'un antisémitisme résurgent.

Des protocoles des Sages de Sion à ceux de Washington, le mythe du complot est donc de retour. Mais l'enquête d'Antoine Vitkine ne s'en tient pas là.

La théorie du complot a changé de main. Jadis monopole de l'extrême droite, elle séduit maintenant une partie de l'extrême gauche, prospère dans le monde arabe, sur Internet et, plus inquiétant encore, des personnalités médiatiques en vue, des Guignols de l'Info à Thierry Ardisson, sans oublier le populaire Michael Moore, mais aussi des journalistes réputés, la relaient auprès du grand public français.

Car la théorie de complot se vend bien. Derrière la paranoïa ambiante, c'est la démocratie qui est en jeu.


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Conspirationnite aigue :

La conspirationnite est la croyance obsessionnelle en de supposés conspirations ou bidonnages fomentés par des pouvoirs plus ou moins occultes, que les sujets atteints croient voir partout. Leurs théories ont en commun ces mêmes ingrédients : délire paranoïaque, amalgames grossiers, raisonnements simplistes, pseudo-clairvoyance (les autres étant par définition "aveugles"), croyance en la science infuse. Le principal vecteur de propagation de la conspirationnite est Internet, les médias traditionnels étant perçus comme "complices" de ces fameuses conspirations.

A l'image du héros de série télévisée David Vincent, les conspis (abréviation de "conspirationnistes") se donnent pour mission de convaincre un monde incrédule afin de "sauver l'humanité" de tous ces conspirateurs, parfois "au péril de leur vie" disent-ils. Plus ou moins fanatisés, certains conspis vont jusqu'à taxer de complicité et diffamer les internautes qui "osent" contredire leurs théories.

Les principaux fantasmes aggravant les symptômes de la conspirationnite sont les suivants :


Conspirationnite aigüe
envoyé par skullsnbones

Paranoïa conspirationniste :

Ils sont partout ! Qui donc ? Les francs-maçons et les satanistes pardi ! Voici les "preuves" en images, accompagnées du Requiem de Mozart (franc-maçon lui aussi !) :


Paranoïa conspirationniste
envoyé par skullsnbones

Loose Change = reportage bidon !

Vous avez adoré le premier documentaire Loose Change sur le 11 septembre ? Vous adorerez ce complément d'enquête :


LOOSE CHANGE=BIDON!!
envoyé par tristao



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