UNIVERSITテ Grenoble 1 窶 Joseph Fourier
テ韻OLE DOCTORALE
EDISCE
Doctorat
Didactique des disciplines scientifiques
Richard MONVOISIN
Pour une didactique de l窶册sprit critique
Zテゥtテゥtique & utilisation des interstices pseudoscientifiques dans les mテゥdias
Thティse co-dirigテゥe par les Prs.
P. Lテゥvy
&
H. Broch
Soutenue le 25 octobre 2007
Jury :
Pr. Henri Broch (directeur)
Pr. Patrick Lテゥvy (directeur)
Pr. Claudine Kahane (prテゥsidente)
Pr. Jean Bricmont (rapporteur)
Pr. Guillaume Lecointre (rapporteur)
2
Rテゥsumテゥ
Richard Monvoisin
Cette thティse s窶兮ppuie sur le constat dテゥjテ connu que les capacitテゥs critiques mobilisables par un
individu pour distinguer entre science et pseudoscience ne sont pas corrテゥlテゥes テ son niveau
d窶凖ゥtudes. L窶冑ypothティse dテゥfendue est que le rテエle jouテゥ par les mテゥdias dans la transformation et la
scテゥnarisation des savoirs est autant un rテエle de fabrication de la culture scientifique moyenne
qu窶冰n rテエle de marqueur des ambiguテッtテゥs les plus courantes sur la question de la dテゥmarche
scientifique. Partant de la notion d窶冓nterstice pseudoscientifique dans la transposition des savoirs,
la dテゥmarche zテゥtテゥtique a テゥtテゥ grandement mise テ contribution pour テゥlaborer une panoplie d窶冩utils
exploitables auprティs d窶凖ゥtudiants sur la base des supports mテゥdiatiques les plus accessibles.
S窶冓l a テゥtテゥ question dans la premiティre partie de prendre les prテゥcautions philosophiques et
テゥpistテゥmologiques incontournables de la dテゥmarche scientifique 窶 matテゥrialisme, rationalisme et
scepticisme notamment 窶 et de les rendre enseignables, la deuxiティme partie a approfondi les
spテゥcificitテゥs des champs dits pseudoscientifiques et 窶湾aranormaux窶 qui fournissent aussi bien des
mises en scティne fantasmatiques courantes de la connaissance que, poussテゥes テ leur extrテェme, de
tragiques aliテゥnations.
La troisiティme partie s窶册st essayテゥ テ donner quelques テゥlテゥments de comprテゥhension des enjeux de la
vulgarisation scientifique dans un contexte mテゥdiatique marchand, avec la description de quelques-
unes des contraintes mテゥdiatiques s窶册xerテァant sur le savoir savant qui vont jusqu窶凖 parfois dテゥnaturer
ce dernier. Enfin la quatriティme partie, prenant pour base les supports de vulgarisation les plus
communs, dresse une sテゥmiologie d窶冩utils spテゥcifiques pour prテゥvenir les interstices
pseudoscientifiques, qu窶冓ls prennent des formes lexicales, rhテゥtoriques, argumentatives ou
scテゥnaristiques.
Ces outils ont la spテゥcificitテゥ, outre d窶凖ェtre des objets conceptuels zテゥtテゥtiques, d窶兮voir テゥtテゥ enseignテゥs et
remaniテゥs
in situ
, durant quatre annテゥes d窶册nseignements テ l窶册sprit critique dans l窶册nceinte de
l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier, Grenoble 1, sur les trois cycles universitaires de plusieurs filiティres. Ils
fournissent une gamme de sテゥquences didactiques exploitables facilement pour tout enseignant
percevant tant la nテゥcessitテゥ scientifique que sanitaire et ツォ citoyenne ツサ d窶凖ゥlaborer chez les テゥtudiants
des modes d窶兮utodテゥfense intellectuelle vis-テ-vis des sollicitations pseudoscientifiques,
pseudomテゥdicales et spiritualistes qui ne manqueront pas de leur テゥchoir.
*******
Thティse soutenue le 25 octobre 2007 devant un jury composテゥ de Henri Broch, professeur de physique et directeur du
laboratoire de zテゥtテゥtique テ l窶儷niversitテゥ de Nice-Sophia Antipolis (co-directeur de thティse) ; de Patrick Lテゥvy,
professeur de mテゥdecine, directeur de recherche テ lツエInstitut du Sommeil et de la Vigilance et directeur du laboratoire
Hypoxie-Physiopathologie (HP2) de l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier, Grenoble 1 (co-directeur de thティse) ; de Claudine
Kahane, professeur d窶兮strophysique molテゥculaire テ l窶儖bservatoire de Grenoble de l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier,
Grenoble 1 ; de Jean Bricmont, professeur de physique thテゥorique de l'Unitテゥ de physique thテゥorique et de physique
mathテゥmatique テ l'Universitテゥ Catholique de Louvain (rapporteur) ; de Guillaume Lecointre, professeur du
dテゥpartement "Systテゥmatique et Evolution" au Musテゥum national d'Histoire Naturelle, Paris (rapporteur).
Mots clテゥs :
Esprit critique
Zテゥtテゥtique
Pseudosciences
Mテゥdias
Didactique
Scepticisme
Interstices
3
Abstract
Richard Monvoisin
This work is based on the already well known report that critical skills that may be solicited by an
individual to distinguish between science and pseudosciences, are not correlated on his level of
studies.
The defended assumption is that the part played by the media in the transformation and the
scenarisation of the knowledge is as much a role of manufacture of the average scientific culture
as a role of marker of the most current ambigテシities about the question of the scientific method.
On the basis of the concept of pseudoscientific pitfall in the transposition of the scientific
knowledge, the zetetic method was largely put at contribution to work out a panoply of
exploitable tools with students, on the simple basis of the most accessible mediatic supports.
If there was some discussion in the first part about taking the inescapable philosophical and
epistemological precautions of the scientific method 窶 materialism, rationalism and skepticism
especially 窶 and making them teachable, the second part went deeper into specificities of the
paranormal claims and fields known as pseudoscientific which as well provide current fantastical
settings in scene of knowledge as, pushed to extreme, horrendous alienations.
The third part was tried to give some elements of comprehension of the stakes of the scientific
popularization in a commercial media context, with the description of some of the media
constraints being exerted on the knowledge which go until sometimes denaturing it.
Finally the fourth part, based on the most common popularization supports, draws up a
semiology of specific tools to prevent those pseudoscientific pitfalls, whenever they take of the
lexical, rhetoric, argumentative or scenaristic form.
In addition to being critical conceptual objects, these tools have the specificity of being taught
and revised
in situ
, during four years of critical thinking teachings in the University Joseph
Fourier, Grenoble 1, to students from the three university cycles, and from various fields.
They provide a range of didactic sequences easily workable for any teacher aware of as well the
scientific, medical and citizen necessity to spread among student modes of an intellectual self-
defence toward pseudoscientific, pseudomedical and spiritualistic enticements that may befall
them.
Keywords : Critical thinking
Zetetics
Pseudosciences
Medias
Didactics
Scepticism
Pitfalls
4
Remerciements
Dans une aventure de plus de quatre annテゥes comme celle-ci, il y a forcテゥment un grand nombre de personnages qui s窶册ntremテェlent. Des individus
qui viennent jouer un rテエle dont on se dit, plus tard, d窶冰ne faテァon panglossienne, qu窶冓l fut dテゥterminant pour le rテゥsultat final. Quel que soit sa qualitテゥ,
d窶兮illeurs : le caractティre pratique dans ces raisonnements テ rebours, c窶册st qu窶冓ls restent valides, cela que le rテゥsultat final soit de bonne qualitテゥ ou
calamiteux.
Il y a les clefs. Ce sont ceux qui vous facilitent la vie, dans l窶冩mbre ; des petites mains, parmi ce personnel universitaire souvent tancテゥ, qui, au
dテゥtour d窶冰n sourire, vous dテゥbloquent une situation. Je tire mon chapeau aux trois meilleurs appariteurs de la planティte, Mohamed Bouhadji, son
comparse Luis Gonzales, du campus de pharma-mテゥdecine, et Victor Formuso, du DSLT, qui m窶冩nt dテゥpatouillテゥ des dテゥfaillances techniques les
plus ツォ paranormales ツサ. Ma pensテゥe va テゥgalement aux secrテゥtaires Nathalie Varesano, Souad Amraoui et leur テゥquipe, dont les yeux rieurs ont manquテゥ
maintes fois me faire arriver en retard dans mon amphithテゥテ「tre. テ Rテゥgine Herbelles, Michelle Vuillet et leur petit cafテゥ des matins de stage CIES. テ
Martine Fougerouse et Fatma Vaudey, qui n窶冩nt jamais refusテゥ de faire mes polycopiテゥs alors que je n窶兮i jamais rテゥussi テ les leur donner dans les
dテゥlais. テ Taoufik Lachkar le gardien qui m窶兮 souvent ouvert la porte quand je me retrouvai enfermテゥ テ trop discuter aprティs les cours. J窶兮i テゥgalement
une pensテゥe empreinte de sollicitude pour Laurent Rochas, charcutier-boucher, qui m窶兮 fourni, heureusement sans trop me poser de questions, de
quoi mimer en amphithテゥテ「tre mes sanguinolentes ツォ opテゥrations chirurgicales テ mains nues ツサ. Mais mes plus grands mercis vont テ la fテゥe Caroline
Messina Dos Santos. Elle sait pourquoi.
Il y a les cobayes. Ce sont ceux que j窶兮i titillテゥs jusqu窶凖 la mナ斗le osseuse, les pauvres, avec mes questions, mes contre-arguments, mes effets
zテゥtテゥtiques : que les brassテゥes d窶凖ゥtudiants que j窶兮i eus en cours et que j窶兮i contraints テ exposer publiquement leur dテゥmarche me pardonnent mes
exigences. Il y a テゥgalement quelques amis que j窶兮i usテゥs jusqu窶兮u trognon, au premier rang desquels, en survivant, se tient mon vieux larron Thomas
Antoine. Que l窶
Invisible Pink Unicorn
le protティge au creux de son aisselle invisible mais rose.
Il y a les meules. Ceux qui vous relisent, ceux qui vous critiquent, ceux qui vous ツォ zテゥtテゥtiquent ツサ, qui poussent plus loin votre cerveau que vous ne
l窶兮uriez souhaitテゥ. En cela, l窶兮ssociation Observatoire Zテゥtテゥtique fut un vivier sans fond. テ un テ「ge oテケ il est bien plus aisテゥ d窶凖ェtre mysticoテッde, une
poellテゥe de jeunes gens diffusent de l窶冓nformation critique sans se lasser. Tous m窶冩nt obligテゥ テ revoir mes analyses, テ affiner mes arguments, テ
rテゥaffテサter mes propos テ leur rテゥmoulure. Ils firent encore plus : ils crテゥティrent un statut de salariテゥ associatif pour que je puisse poursuivre les cours que
je ne pouvais endosser comme vacataire. Qu窶冓ls en soient remerciテゥs. Parmi eux, certains ont jouテゥ des rテエles importants lors de l窶凖ゥlaboration de mes
cours, je pense テ l窶册xcellent Patrick Masson, テ l窶凖ゥrudit Pierre Bienvenu, au truculent Jean-Louis Racca, au
sniper
Fabrice Neyret, et テ l窶凖ゥternel Manu
Riguet. Et surtout, surtout, au lテゥgendaire Florent Martin, qui a tant de fois mouillテゥ la chemise pour moi.
Et puis il y a les fous. Dans un contexte oテケ l窶冰niversitテゥ se rend compテゥtitive, libテゥrale, coupe les fonds pour les domaines intellectuels non rentables,
exploitent des vacataires miteux, des ATER famテゥliques, des thテゥsards テゥlimテゥs, il y a des individus forcenテゥs qui se mettent テ croire qu窶冓l est possible
allumer des petits contre-feux de pensテゥe critique dans les contenus d窶册nseignement. Ils sont suffisamment peu nombreux pour que je les cite tous,
ces incroyables. Marie Joyeux-Faure, qui m窶兮 ツォ offert ツサ ses tuteurs de pharmacie en pテ「ture, Anne Goube de l窶僮UFM de Grenoble, Claudine Kahane
qui m窶兮 donnテゥ le meilleur cadre d窶册nseignement qu窶冓l m窶兮it テゥtテゥ donnテゥ d窶兮voir. Didier Retour. Le bon Francis Troullier. Et parmi eux, les suprテェmes
fous, avec la tテェte dans les テゥtoiles et les mains dans le cambouis. Pierre Aldebert le magnifique, qui avait bテェchテゥ le terrain. Gテゥraldine Fabre, la
compagnonne de tous les combats, sans qui bien peu de choses auraient fonctionnテゥ. Et enfin Christel Routaboul, celle qui a essuyテゥ toutes mes
frasques et endossテゥ toutes mes initiatives. Sans elle, c窶册st simple, n窶兮urait existテゥ aucun des cours que j窶兮i pu donner.
Il y a les テ「tres. La ツォ famille ツサ. Le ツォ crew ツサ. Ceux qui vous encouragent, qui vous redonnent confiance, qui vous secouent. Qui vous apportent la
petite goutte qui rテゥchauffe, qui vous font siffler le cafテゥ et dテゥborder la soupe, qui craquent une cigarette avec vous les soirs oテケ le doute est moins
un art qu窶冰n couperet. Il en est parmi eux テ qui je dois de ne pas avoir arrテェtテゥ, lorsque la tテ「che devenait trop pesante, trop coテサteuse, trop
テゥtouffante. Ils ne le savent pas. Qu窶冓ls l窶兮pprennent : Franテァois Blaire, Nicolas Gaillard, Charline Cherchirlian et sans conteste possible Lテゥa Cartier.
Il y a Sandra ツォ K ツサ Giupponi. Du beau monde. Il y a les テゥchappatoires, aussi. Ceux qui vous donnent un prテゥtexte au bon moment. テ瑛iane Pasquero
fut un charmant chemin vicinal. Samuel Ghiles Meilhac une caution vespテゥrale. Eric Bテゥvillard un dテゥlicieux alibi. Benoテョt Le Fort un mテ「t de cocagne.
Il y a mes cohabitants. Que celles et ceux qui ont partagテゥ mon huis pardonnent mes allers-retours avec mon ibric de cafテゥ テ la main, excusent mes
essais de tour de magie ratテゥs, pardonnent mes radotages. Parmi ces martyrs, Louise-Michティle You, Rafaテォl Gentiloni窶鉄ilveiri et mon fantテエme des
deux heures du matin, Blandine Perrin-Mermoz. Il y a mes compagnons. Brice Quillon, Franテァois Magnol, Jim Rannou, Armelle et Martin
Quinson. Il y a les entrailles. Vincent Henry, Julien Viguier, Guillaume Desprテゥs. Il y a mon テ「me damnテゥe, Mircea Cテョrstea. Il y a ma maman Michティle
et mon
padre
Guy, dont je suis fier bien au-delテ des mots.
Il y a des multicartes. Des gens qui sont tout cela テ la fois. Des テ「tres, des clテゥs, des meules, des テゥpaules sur lesquelles s窶兮ppuyer. Que Stanislas
Antczak jouisse toute sa vie d窶冰ne aura multicolore. Que Julien Lテゥvy en devienne phosphorescent de saintetテゥ. Que Samuel Foutoyet soit le nom
d窶冰ne constellation. Que Guillemette Reviron se nimbe d窶冰n halo テゥcarlate et flotte dans les airs. Que Nicolas Vivant sache que son amitiテゥ est l窶冰ne
des meilleures choses qui existent sur cette planティte. Que Thomas Antoine brテサle en enfer pour m窶兮voir contraint テ tester zテゥtテゥtiquement
l窶冰rinothテゥrapie. Et qu窶僊naテッs Goffre sache qu窶册lle est la seule personne au monde qui fait vaciller mon rationalisme.
Enfin, il y a les ogres, ces monstres intellectuels tapis dans l窶冩mbre, qui ont commis les livres que vous emportez dans votre lit, qui vous fascinent
par leur prテゥcision, par leur clartテゥ. Certains mangent dテゥjテ les pissenlits par la racine, comme Bacon, comme Voltaire, comme Russell. Mais d窶兮utres
sont lテ, tout proches et encore bien vivants. Vous sentez leur haleine sur les poils de votre nuque, vous ne pouvez pas leur テゥchapper. Quoi que
vous テゥcriviez, vous vous dテョtes sacrebleu, s窶冓ls le lisent, je suis fait ! Que Guillaume Lecointre sache que sa limpiditテゥ intellectuelle m窶兮 fait テ moitiテゥ
regretter de ne pas avoir テゥtudiテゥ la biologie テゥvolutive (l窶兮utre moitiテゥ de ce regret, je la dois テ Cyrille Barrette). Que Jean Bricmont apprenne que lire
Impostures intellectuelles
sur un fond sonore de rock un peu テゥpais est l窶冰ne des rares raisons pour lesquelles je suis content d窶凖ェtre nテゥ テ la fin du 20
e, et que
s
es textes sont pratiquement les seules choses que je n窶凖ゥchangerai pas contre une plaque de chocolat
Milka
. Que Henri Broch sache le profond
respect qu窶冓l m窶冓nspire, sur le plan professionnel comme sur le plan humain. Je lui sais grテゥ d窶兮voir acceptテゥ de diriger mon travail. La somme de
connaissances qu窶冓l concentre dans son seul cerveau laisse pantois, et couplテゥe テ sa bontテゥ, ferait presque croire en l窶僮ntelligent Design. Je dois lui
avouer que son labo est le seul endroit que j窶兮i trouvテゥ oテケ l窶册sprit encyclopテゥdique des Lumiティres redevient palpable (et frappe trois coups). Que
Patrick Lテゥvy soit profondテゥment remerciテゥ de m窶兮voir donnテゥ sa confiance et permis une telle odyssテゥe, en me laissant une libertテゥ que m窶兮urait enviテゥe
H. D. Thoreau テ Walden. Pour finir, puisse Claudine Kahane savoir le plaisir qu窶册lle me donne en prテゥsidant un jury tel que celui-ci.
Je dテゥdie cette thティse テ mon frティre, qui ne la lira jamais. Puisque c窶册st lui qui m窶兮 appris テ aimer les fantテエmes, les squelettes, les films d窶冑orreur, les
blagues pourries, et テ fouiller les maisons en ruine. Tout ceci est un peu de sa faute.
Grテ「ce soit rendue au musicien Will Oldham ainsi qu窶兮ux travailleurs exploitテゥs qui ont produit le tabac Golden Virginia et le cafテゥ colombien que
j窶兮i consommテゥ en quatre ans.
RM, 8 octobre 2007
5
Table des matiティres
Avant-propos....................................................................................................................... 12
Introduction gテゥnテゥrale ......................................................................................................... 16
1
Science, pseudosciences et esprit critique ................................................................ 18
6
1.3.3
La pensテゥe est au cerveau ce que la contraction est au muscle...................................................50
1.3.4
Le
comment
relティve de la science, le
pourquoi
vous appartient............................................50
1.3.5
La raison comme outil..........................................................................................................52
1.3.7
La morgue du post-modernisme (POMO) ............................................................................55
2
Science et pseudosciences ......................................................................................... 61
2.1.2
La dテゥmarche zテゥtテゥtique forcテゥment athテゥe ? ...............................................................................63
................................................................................................63
2.2.1
La notion de champ social....................................................................................................65
2.2.3
Contraintes externes et demande sociale ................................................................................67
2.2.4
Paranormal : le sous-cape, l窶凖ゥsotテゥrique et la rhテゥtorique...........................................................70
2.2.5
Catテゥgories du 窶湾aranormal窶...................................................................................................71
2.3.1
Mises au point.....................................................................................................................77
2.3.2
Les pseudosciences ................................................................................................................80
7
3
Pseudosciences et mテゥdias ........................................................................................111
3.3.1
La manufacture de l窶冓nformation ........................................................................................114
3.3.2
Le cercle vicieux de la vulgarisation ....................................................................................115
3.4.1
ツォ Symbole テゥcrit-analyse テゥtayテゥe ツサ contre ツォ image-visuelle-sensation immテゥdiate ツサ ......................118
3.4.2
ツォ Effort ツサ contre ツォ simplicitテゥ ツサ : la becquテゥe du profane.........................................................119
3.4.3
La fabrication de l窶凖ゥvテゥnementiel ..........................................................................................119
Hypothティses de travail : la critique des mテゥdias comme prophylaxie des pseudosciences ....129
4
Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique .........................................................131
Ips de type 1 : Ips Lexicaux ou la gamme des
8
Accentuation linguistique : faux dilemme, plurium interrogationum窶ヲ ........................ 176
................................................................................... 180
Outils Z : validation des mots, des chiffres, des mテゥtaphores, des questions ................ 190
L窶兮une du statut : Blouse blanche et technique de la photo de classe............................ 216
Principe de la preuve sociale,
............................... 221
................................................................ 224
L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ,
9
............................................................ 241
L窶兮rgument exotique, ou argument ツォ du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique ツサ ....... 242
............................................... 245
Forme conjointe, indirecte ou collatテゥrale : le
.............................. 251
Nテゥcessitテゥ mais insuffisance de la cause : le tour de force de Pettenkaufer ................... 252
Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou
............................................. 255
Pangloss version ツォ archテゥofiction ツサ et ses sous-divisions versions ツォ E.T. ツサ et miracles 260
4.4.2
Scテゥnarios, carpaccios et fabrication factice d窶冓ntテゥrテェt...............................................................271
Variante : scテゥnario sテゥcuritaire
10
Annexes............................................................................................................................. 328
Fiche pテゥdagogique Nツー1 : Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante
........................................................................................................................................... 329
Fiche pテゥdagogique Nツー2 : Scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ + technique Peau de
chagrin .............................................................................................................................. 344
Fiche pテゥdagogique Nツー3 窶 Rasoir d窶儖ccam, l窶兮lternative est fテゥconde ............................. 351
Fiche pテゥdagogique Nツー4 窶 Le raisonnement panglossien ................................................ 353
Fiche pテゥdagogique Nツー5 窶 Les psychomテゥdecines ............................................................ 356
Fiche pテゥdagogique Nツー6 窶 Le magnテゥtisme et les fluides.................................................. 369
Fiche pテゥdagogique Nツー7 窶 Argument d窶兮utoritテゥ, DHMO, alerte, jargon, un tsunami dans
un verre d窶册au.................................................................................................................... 372
11
Fiche pテゥdagogique Nツー8 窶 Le sophisme du procureur ..................................................... 374
Fiche pテゥdagogique Nツー9 窶 Le jeu des 20 piティges, ou comment テゥviter les arguments
d窶兮utoritテゥ ?......................................................................................................................... 376
Fiche pテゥdagogique Nツー10 窶 La dent en or de Fontenelle.................................................. 379
Fiche pテゥdagogique Nツー11 窶 ID : mテゥfiance quand la science devient un combat ............. 380
Fiche pテゥdagogique Nツー12 窶 Fabrication du hテゥros et/ou du gテゥnie hテゥroテッque .................... 384
Fiche pテゥdagogique Nツー13 窶 TP : brティches dans l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-
colonialiste ........................................................................................................................ 387
Fiche pテゥdagogique Nツー14 窶 Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et Nouvel テHe....................... 389
Fiche pテゥdagogique Nツー15 窶 Effet paillasson sur la notion de ツォ sens ツサ et de ツォ direction ツサ 390
Fiche pテゥdagogique Nツー16 窶 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger.................................................. 392
Fiche pテゥdagogique Nツー17 窶 Scテゥnario du Graal et de la recherche scientifique de Dieu .. 400
Fiche pテゥdagogique Nツー18 窶 TP : technique du liquide vaisselle ...................................... 410
Fiche pテゥdagogique Nツー19 窶 Technique de la peau de chagrin ..........................................411
Fiche pテゥdagogique Nツー20 窶 Quelques notes sur le principe anthropique........................ 413
Fiche pテゥdagogique Nツー21 窶 TP : テゥpluchage de tテェtes de gondole ..................................... 415
Fiche pテゥdagogique Nツー22 窶 Exemple de protocole Z : test du magnテゥtiseur.................... 418
12
Avant-propos
ツォ [...] nombre des scientifiques, il n窶凉 a pas si longtemps, ont pris une part active dans la vie culturelle des
classes laborieuses, cherchant テ attテゥnuer le caractティre socialement marquテゥ (
class character
) de la culture savante
en concevant des programmes d窶凖ゥducation destinテゥs aux travailleurs ou en テゥcrivant des ouvrages de
mathテゥmatiques et de science conテァus pour un large public. Il n窶凉 eut pas seulement des intellectuels de
gauche pour s窶冓nvestir dans cette cause, mais je suis frappテゥ de voir qu窶兮ujourd窶冑ui leurs homologues tentent
de priver ce mテェme public non seulement des joies de comprendre et d窶册xercer son intellect, mais テゥgalement
des outils de son テゥmancipation, en professant l窶冓dテゥe que ツォ le projet des Lumiティres est bel et bien mort ツサ et
que nous devons abandonner les ツォ illusions ツサ attachテゥes テ la science et テ la rationalitテゥ. Ce message ne peut
que rテゥjouir les gardiens du pouvoir, qui pourront ainsi rテゥserver テ leur propre usage la maテョtrise et le
monopole de ces instruments. Ces derniers ne seront pas moins rテゥjouis d窶册ntendre que ツォ la science [...] est
un systティme qui, en lui mテェme, lテゥgitime l窶兮utoritテゥ des chefs ツサ, et que tout dテゥfi テ cette autoritテゥ doit se
comprendre comme un dテゥfi テ la rationalitテゥ. On assiste lテ テ un retournement remarquable de la position qui,
autrefois, associait テゥducation et テゥmancipation. Cela me rappelle le temps oテケ l窶凖曳lise テゥvangテゥlique prテェchait
l窶冓gnorance comme moyen de salut aux populations indisciplinテゥes, ou, plus prティs de nous, ce que leurs
descendants enseignent aujourd窶冑ui aux paysans d窶僊mテゥrique centrale et que E. P. Thompson nomme
l窶卍ォ
encadrement psychique des contre-rテゥvolutions
ツサ. ツサ
Noam Chomsky
, le Vrai visage du postmodernisme, 1998
ツォ テ Richard Monvoisin, doctorant en zテゥtテゥtique, si tant est que la zテゥtテゥtique existe ! ツサ
Rテゥmy Chauvin, parapsychologue,
dテゥdicace, janvier 2004
ツォ Quand un scientifique du niveau de D窶僞spagnat m窶凖ゥcrit que ce livre est le GPS de la science actuelle (!!!)
c窶册st savoureux de voir un テゥtudiant en zテゥtテゥtique dire que c窶册st de la pseudo-science. ツサ
Jean Staune, penseur
, communication personnelle, 13 juin 2007
La situation de cette thティse est paradoxale. Aprティs avoir passテゥ plusieurs annテゥes au dテゥcorticage de la
mise en forme des connaissances, il y a quelque chose de mordant テ en mettre en forme soi-
mテェme le rテゥsultat. Un peu comme de faire la publicitテゥ d窶冰n livre dテゥnonテァant la publicitテゥ, ou de
lancer un disque de musique pacifiste テ la tテェte de son interlocuteur.
Dans le processus de publication de la connaissance scientifique, il y a une sorte de don et contre
don permanent : le style universitaire imposテゥ et la course テ la publication nous encouragent テ
prテゥsenter nos travaux sous le meilleur jour possible, ceci afin de convaincre un テゥventuel mテゥdia de
le publier, 窶 et par la mテェme gテゥnテゥrer pour ledit mテゥdia un profit pテゥcuniaire relatif テ la vente du
numテゥro. Le doctorant, le chercheur se plient テ d窶冓ncroyables contraintes liテゥes テ l窶
habitus
du monde
des sciences, allant parfois jusqu窶凖 biaiser et lisser leurs donnテゥes pour avoir une chance de
ツォ monter sur scティne ツサ, et par consテゥquent d窶册xister 窶 partant du principe de Berkeley que celui qui
n窶册st pas vu sur ladite scティne n窶册xiste pas. En テゥchange, le mテゥdia s窶兮rrange pour modeler les goテサts
et faテァonner la fameuse ツォ opinion publique ツサ afin qu窶册lle accepte, s窶冑abitue, puis rテゥclame ces
contraintes. C窶册st du
win-win
, comme on dit en entreprise. Du gagnant-gagnant. La diffテゥrence
avec les connivences entre politiques et journalistes, comme racontテゥes par Halimi (1997 ; 2005)
ou par Carles (1995 ; 1998 ; 2002), est tテゥnue.
Dans ce cercle vicieux production/publication, il est tentant pour nous d窶凖ゥcrire trティs
soigneusement que l窶冩bjectif de cette thティse de doctorat est d窶卍ォ ouvrir tout enseignant, formateur,
13
pテゥdagogue, didacticien ou individu lambda テ la question de l窶册sprit critique et de sa
transmission ツサ.
Il s窶兮girait d窶冰ne introduction テ large spectre, interpellant d窶冰ne seule brassテゥe une bonne frange de
professionnels テ peu de frais, et surtout ne prテゥsentant aucun risque : ツォ
ouvrir テ la rテゥflexion
ツサ, par
exemple, est suffisamment vague et non mesurable pour que, quel que soit le sentiment final du
lecteur nous puissions penser qu窶冓l s窶册st effectivement ouvert テ la rテゥflexion. Nous retrouvons une
technique classique des symptomatologies de mテゥdecines dites alternatives : se maintenir dans le
flou テゥvite une テゥvaluation prテゥcise. De mテェme qu窶冩n ne mesure pas le bien-テェtre, on ne mesure pas
l窶冩uverture d窶冰n esprit, du moins tant que, comme dit Randi, il ne s窶兮git pas d窶冰n trou dans
l窶册ncテゥphale. Et si d窶兮venture nous n窶冩uvrions qu窶冰ne seule personne テ la rテゥflexion, nous
pourrions toujours compter sur le
biais de confirmation
et le fait qu窶凖 l窶冓nverse des frites McCain (oテケ
ceux qui en parlent le moins en mangent le plus), seuls les gens pour qui ツォ テァa a marchテゥ ツサ en
parlent.
Nous pourrions alors prテゥsenter un corpus de tテゥmoignages en guise de preuve, du genre :
Mme K tテゥmoigne.
M. Q est formel.
ツォ
Mme K. : oui, cette thティse m窶兮 beaucoup ouvert l窶册sprit, je suis formelle. D窶兮illeurs je sens un courant d窶兮ir dans
mon front.
M. Q. : effectivement, lire ce travail a テゥtテゥ salutaire pour moi. La preuve, le lendemain, j窶兮i retrouvテゥ l窶兮mour.
ツサ
Nous pourrions aussi tisser des liens suffisamment tテゥnus avec les collティgues des sciences de
l窶凖ゥducation, de l窶冓nformation, de la didactique, de toutes les sciences possibles. Les citer le plus
souvent possible afin que ce travail se retrouve lui-aussi citテゥ, et donc reconnu, en une validation
par les pairs gage de valeur. Le fer dans les テゥpinards doit en quelque sorte sa carriティre テ cette
technique.
Peut テェtre nous faudrait-il aussi miser sur le relativisme cognitif en vogue en France pour faire
passer notre contribution. テ テゥcouter la frange universitaire Latourienne ou Maffesolienne, la
distinction entre le vraisemblable et le faux n窶册st qu窶冰ne question de construction sociale. Et
puisque c窶册st une marque de sclテゥrose sociologique occidentale de la pensテゥe que de se raccrocher
aux preuves, il faut s窶兮ffranchir du diktat de la preuve. De fait, si d窶兮venture la thティse exposテゥe ici
ne remporte pas l窶兮dhテゥsion sur des bases rationnelles, nous pourrons toujours dire que c窶册st
moins de notre faute que dテサ テ l窶冓ncapacitテゥ du lecteur, trop engonテァテゥ dans son rationalisme, ou
pire, dans les us intellectuels de son milieu social.
Si le jury trouve cette thティse mauvaise, nous pourrons toujours lui dire qu窶冓l fallait la lire sous un
angle moins scientifique, plus mテゥtaphorique, briser les barriティres mentales occidentales, voire se
14
servir de son cerveau gauche, plus intuitif.
Car enfin, mon bon monsieur, ma brave dame, dans le domaine de la didactique, on ne peut pas
tout rテゥduire テ la science froide, mテゥcaniste, et encore moins au matテゥrialisme, qui est comme vous
le savez d窶冰ne rigiditテゥ quasi-cadavテゥrique typique et symbole d窶冰ne impasse morale. Et qu窶冓mporte,
en fait, si les idテゥes de cette thティse ne reテァoivent pas un bon accueil ? C窶册st vraisemblablement parce
qu窶册lles dテゥrangent, et parce que l窶僮nstitution a les yeux cillテゥs. Leur auteur, drapテゥ dans une toge
d窶冑テゥrテゥtique, rejoindra alors la longue marche des grands incompris, quelque part entre Galilテゥe et
Sommelweiss.
Scrupulus
en latin est le petit caillou qui se coince sous le pied dans la chaussure. Nous avons
quelques scrupules テ user de stratテゥgies mテゥdiatiques claudiquantes du mテェme acabit que celles que
nous dissテゥquerons dans notre travail. Alors il va falloir redevenir modeste. D窶冩bjectif, nous
parlerons simplement de dテゥmarche, de souhait, d窶冑ypothティse de travail, et de limites. Nous
souhaitons contribuer テ la didactique des sciences, sur l窶兮ngle de l窶册sprit critique et de son
テゥlaboration.
Il y a peu de chance que cela rテゥvolutionne la face du monde, mais au fond, l窶冓dテゥe est d窶册ssayer
d窶兮pporter sa contribution. C窶册st ce qui aide テ vivre aussi. Ce qui fait sens, de ce sens qui est
comme le dira plus loin Dubessy, une question purement politique et qu窶冓l n窶册st pas question de
laisser aux soins aliテゥnants des promoteurs de l窶
Intelligent Design
.
Enfin, pour テゥviter de donner de la matiティre テ creuser pour les テゥpistテゥmologues postmodernes,
prテゥcisons テ tout hasard que l窶兮uteur a テゥtテゥ construit selon le genre homme, blanc europテゥen de
l窶儖uest, post-colonial, de classe moyenne, de culture franテァaise, aux opinions politiques athテゥistes
et libertaires. Le fait d窶凖ェtre un homme m窶兮 certainement facilitテゥ la tテ「che pour franchir divers sas
de pouvoir dans l窶冩rganigramme des sciences qui, s窶冓l n窶册st pas machiste, est au moins fortement
masculiniste ; テェtre blanc europテゥen de l窶儖uest n窶兮 eu pour effet que de me faire naテョtre avec une
grande probabilitテゥ dans un pays en moyenne riche, et donc m窶兮 permis d窶凖ェtre nourri de maniティre
suffisante durant mes テゥtudes, ceci sur le dos de nos politiques extテゥrieures spoliantes ; de classe
moyenne n窶兮 eu d窶兮utre effet que de me donner accティs dテゥcomplexテゥ テ la culture et de m窶兮voir fait
effectuer de longues テゥtudes puisque c窶凖ゥtait gratifiant dans mon milieu social, et, comme dirait
Dawkins, devait permettre テ mes gティnes de mieux se transmettre. D窶凖ェtre franテァais m窶兮 simplement
amenテゥ テ テゥcrire en franテァais, a prテゥcipitテゥ mon dテゥni des doctrines religieuses, mais m窶兮 prテゥcipitテゥ
adolescent dans ce goテサt du Nouvel テHe.
Je dテゥdie donc ce texte aux gens complexテゥs des classes dites infテゥrieures テ qui on a fait comprendre
que la connaissance ne serait pas pour eux. Qu窶冓ls me pardonnent du jargon, et qu窶冓ls se forcent.
Rien de ce qui est racontテゥ ici n窶册st inaccessible.
Je dテゥdie ce texte aux cousins non-blancs, qui, par ce qui a テゥtテゥ spテエliテゥ テ leurs ancテェtres, m窶冩nt
indirectement permis de faire les テゥtudes qu窶册ux ne feront probablement pas, テ moins de se glisser
dans un train d窶兮tterrissage d窶冰n avion de la Sabena.
Je dテゥdie ce texte テ mon pティre, qui m窶兮 transmis son dテゥgoテサt du jテゥsuitisme et ce prテゥvisible mais
inestimable goテサt du livre qu窶冩n a longtemps rテゥservテゥ aux hommes ; et テ ma mティre, qui m窶兮 transmis
ce prテゥvisible mais inestimable et paradoxal sentiment テゥmotif, longtemps circonscris aux femmes.
Il est amusant de voir que c窶册st ce goテサt de la bibliographie qui me procure ce sentiment テゥmotif.
Ou l窶冓nverse.
Enfin, mon goテサt libertaire consiste essentiellement テ contester les autoritarismes, les aliテゥnations
et la manipulation de l窶冓nformation. En ce sens seul, ce travail est politiquement marquテゥ, et j窶册n
suis heureux.
15
Mise en garde
Nous prendrons quatre petites libertテゥs.
窶「
Nous prテゥfテゥrerons aux rigoureux
scenarii
et
processi
les mots
scテゥnarios et processus
, moins
pompeux.
窶「
Nous avons abandonnテゥ le
cf.
(
confer
) signifiant
en toute rigueur ツォ comparer avec ツサ et non ツォ
voir ツサ 窶馬ous avons donc utilisテゥ
voir
pour les renvois.
窶「
Nous renonテァons テ la notion de
profane
, chティre テ la vulgarisation scientifique, pour celle
d窶冓ndividu
lambda
, un peu moins condテゥscendante.
窶「
Nous avons laissテゥ Opinion Publique avec des majuscules pour garder テ l窶册sprit que cette
expression est tendancieuse : elle rテゥsume et moyenne les opinions des gens pour
entretenir l窶冓llusion d窶冰ne foule homogティne, prテゥsentant une seule opinion frontale et
consistante sur le plan psychosociologique. Il y a un tel nombre d窶冓mplicites dans une telle
expression que nous souhaitons par ces majuscules maintenir la vigilance sur ce qu窶冩n
prテェte テ ce pseudo-objet.
Enfin, ce n窶册st que par souci de lisibilitテゥ que nous n窶兮vons pas fテゥminisテゥ le texte. Rien n窶凖ゥtayant en
science que le ツォ
masculin l窶册mporte sur le fテゥminin
ツサ, il n窶凉 a aucune raison valable pour que la
grammaire s窶册mpare de ce principe et l窶凖ゥrige en rティgle, hormis celle de proroger une idテゥologie aussi
peu charitable que non scientifique. Nous nous テゥtions promis de le faire remarquer.
Sigles utilisテゥs :
AAAS : American Association for the Advancement of Science
ADFI : Association de Dテゥfense de la Famille et de l窶僮ndividu
AFIS :
Association Franテァaise pour l窶僮nformation Scientifique
ATILF : Analyse et Traitement Informatique de la Langue
Franテァaise
BUP :
Bulletin de l窶儷nion des Physiciens
CIA :
Central Intelligence Agency
CICNS : Centre d窶僮nformation et de Conseils aux Nouvelles
Spiritualitテゥs
CIES :
Centre d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur
CHS :
Combustion Humaine Spontanテゥe
CSI
:
Committee for Skeptical Inquiry (anciennement
CSICOP)
CSICOP : Committee for the Scientific Investigation of Claims of
the Paranormal
CV :
Curseur Vraisemblance
DEA :
Diplテエme d窶凖液udes Approfondies
DLST : Direction des Licences Sciences & techniques (ancien
DSU)
EPP :
Extraits de Pテゥpin de Pamplemousse
EMI :
Expテゥrience de Mort Imminente
GEIMI
:
Groupe テ液udiant de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique
International
GRIP
:
Groupe de Rテゥflexion Interdisciplinaire sur les
Programmes.
HCE :
Haut Conseil de l窶凖嬰ucation
HS :
Hors Sテゥrie
ID :
Intelligent Design (ou Dessein Intelligent)
IMI :
Institut Mテゥtapsychique International
INSERM : Institut National de la Santテゥ et de la Recherche
Mテゥdicale
Ips :
Interstice pseudoscientifique
IUFM : Institut Universitaire de Formation des Maテョtres
JT :
Journal Tテゥlテゥvisテゥ
M2R :
Master 2 Recherche
MT :
Mテゥditation Transcendantale
NDE :
Near Death Experience
NMR :
Nouveaux Mouvements Religieux
NMS :
Nouveaux Mouvements Sociaux
OBE :
Out of Body Experience
OVNI : Objet Volant Non Identifiテゥ
OZ:
Observatoire Zテゥtテゥtique
PAF (ou FAP) : Principe Anthropique Final
PANE : Phテゥnomティne Aテゥrien Non Expliquテゥ
PAR :
Prophテゥtie Auto-Rテゥalisatrice
POMO : Post-modernisme (au sens de Sokal & Bricmont 1997)
S&Av : Sciences & Avenir
S&V :
Science & Vie
SIDA :
Syndrome d窶僮mmuno-dテゥficience Acquise
SNES : Syndicat National des Enseignants du Second degrテゥ
SOFRES : Sociテゥtテゥ franテァaise d'テゥtudes par sondages
TCI :
TransCommunication Instrumentale
TLFi :
Trテゥsor de la Langue Franテァaise Informatisテゥ
UIP :
Universitテゥ Interdisciplinaire de Paris
VS :
Vulgarisation Scientifique
ouv.citテゥ
:
ouvrage citテゥ (テゥquivalent de
op.cit
.,
de opere
citato
)
ibid.
:
ibidem
, au mテェme endroit
et al./& al.)
:
et alii
, et d'autres
etc.
:
et cテヲtera
, et les autres choses
et sq. :
et sequiturque
, et suivantes
sic :
ainsi (indique au lecteur que l窶冩rthographe,
la phrase citテゥe ou le raisonnement
retranscris a pour objectif d窶凖ェtre retranscris
ou lu tel quel et ne doit pas テェtre corrigテゥ)
ツァ :
paragraphe
16
Introduction gテゥnテゥrale
Je voudrais demander au lecteur d窶册nvisager favorablement une doctrine qui peut, je le crains, paraテョtre extrテェmement
paradoxale et subversive. La doctrine en question est la suivante : il n窶册st pas dテゥsirable de croire en une proposition
lorsqu窶冓l n窶凉 a aucune raison de penser qu窶册lle est vraie.
Bertrand Russell
La dテゥmarche qui nous a animテゥe a テゥtテゥ fortement motivテゥe par la dテゥcouverte trティs contre-intuitive
que la transmission des connaissances en sciences ne suffit pas テ forger un esprit critique
suffisant. Depuis les annテゥes 70, un certain panel d窶凖ゥtudes sociologiques a montrテゥ que niveau
d窶凖ゥtudes et niveau d窶兮dhテゥsions テ des thティses pseudoscientifiques ne sont pas, comme l窶兮urait laissテゥ
croire le bon sens, inversement corrテゥlテゥs. La transmission de connaissances scientifiques ne se fait
pas sans heurts.
Nous avons d窶兮bord suggerテゥ que la part de transmission liテゥe aux mテゥdias semblait fortement
parasitテゥe par toute une panoplie de contraintes faisant indirectement le lit de croyances pseudo-
scientifiques, lesquelles sont テ l窶册xact opposテゥ de l窶冩bjectif テゥducatif annoncテゥ. Dテゥcrire ces
contraintes aux テゥtudiants permettrait alors peut テェtre d窶兮ttテゥnuer une part des nuisances
occasionnテゥes.
Puis l窶冓dテゥe nous est venu de prendre le problティme テ l窶册nvers : partir d窶兮bord des mテゥdias eux-
mテェmes et remonter vers l窶凖ゥpistテゥmologie des sciences. Cela permettrait alors d窶凖ェtre dティs le dテゥbut
dans le vif du sujet, dans la mode, et d窶兮ccrocher l窶兮pprenant. Cela permettrait aussi d窶冓llustrer
facilement et
in vivo
les contraintes en question, en particulier avec la mテゥthode zテゥtテゥtique, aussi
efficace qu窶凖ゥmoustillante. Avec le soutien de H. Broch et de plusieurs collティgues grenoblois, nous
entreprテョmes alors la crテゥation de cours spテゥcifiques de didactique de l窶册sprit critique, avec l窶冩bjectif
de tester des moyens d窶冓nstiller ce regard critique vis-テ-vis des
mass-media
lorsque ceux-ci offrent
du contenu scientifique.
Le rテェve que nous avons nourri ensuite fut de mettre progressivement テ disposition une sorte de
creuset mテゥthodologique dans lequel un enseignant universitaire souhaitant stimuler les
compテゥtences critiques chez ses テゥtudiants puisse puiser sans trop de difficultテゥ. Il s窶兮vティre avec le
recul qu窶冓l s窶兮gissait d窶冰ne entreprise bien complexe テ plusieurs points de vue.
Complexe tout d窶兮bord en raison de l窶冩bjet cognitif en lui-mテェme : l窶册sprit critique. Qu窶册n dire ?
Quelles compテゥtences, quelles habilitテゥs, quels savoir-faire dテゥvelopper, quels savoir-テェtre mettre en
jeu ? Peut-on, テ l窶冓nstar d窶冰n outillage mathテゥmatique ou physique, prテゥtendre que quelqu窶冰n a
ツォ acquis ツサ de l窶册sprit critique ? O. Chenevez en fait le constat en introduction テ son
Cahier
Pテゥdagogique
:
ツォ On n窶册nseigne pas l窶册sprit critique, il n窶册xiste aucune mテゥthode d窶卍ォ esprit critique en
cinquante leテァons ツサ, テ dテゥlivrer selon une posologie savante. Aucune mesure, aucune テゥvaluation
prテゥcise ne permet de dテゥlivrer un brevet ツォ d窶册sprit critique ツサ. L窶册sprit critique s窶兮cquiert, petit テ
petit, par l窶册xpテゥrience, l窶冑abitude de faire appel transversalement aux savoirs et de les
questionner ツサ (Chenevez 2000).
Les questionner. C窶册st le point qui a mobilisテゥ notre attention. Quelles techniques pouvons-nous
mettre en place pour questionner ces savoirs, les tテ「ter, les soupeser, se les approprier et
テゥventuellement les rejeter ? Il n窶册xiste qu窶冰ne littテゥrature trティs テゥparse sur la question. テ cela
plusieurs raisons peuvent テェtre invoquテゥes.
17
D窶兮bord, les contenus d窶册nseignement du supテゥrieur en sciences ne sont pas dテゥcrits. Ensuite, leur
transmission y est extrテェmement formelle. Il est dispensテゥ majoritairement de la connaissance
brute, noble, ツォ efficace ツサ. Tout ce qui en dテゥborde est perテァu comme une perte de temps ou
d窶兮rgent d窶冓nvestissement, comme les derniティres dテゥcisions politiques concernant les universitテゥs
finissent de nous en convaincre. C窶册st ainsi que la mテゥthodologie scientifique, l窶凖ゥpistテゥmologie, la
psychologie sociale, la philosophie, l窶冑istoire et la sociologie des sciences, テゥpargnant une grande
majoritテゥ des テゥtudiants, risquent la mise sur la sellette.
Enfin, cette connaissance brute rテゥpond moins volontiers テ la crテゥation d窶册sprits larges qu窶凖 la
demande mercatique. De fait, enseigner l窶册sprit critique est non nテゥcessaire pour une adaptabilitテゥ
au marchテゥ de l窶册mploi. On nous l窶兮 rテゥpテゥtテゥ plusieurs fois.
Corrテゥlation ou causalitテゥ, il existe trティs peu de sテゥquences d窶册nseignement spテゥcifiques dテゥvolues テ
l窶册sprit critique dans les cursus scientifiques. Lorsqu窶册lles existent, elles sont extrテェmement
sensibles aux bourrasques politiques intra-universitテゥ, et aux suppressions de crテゥdits dテゥjテ fort
discrets. C窶册st le suivi des sテゥquences, pourtant plusieurs fois menacテゥes, de Henri Broch, qui nous
fit comprendre qu窶冰ne bonne partie du travail avait, fort heureusement pour nous, dテゥjテ テゥtテゥ
entrepris.
Le plan que nous avons choisi est le suivant :
Dans la premiティre partie,
Science, pseudosciences et esprit critique
, nous prテゥciserons les
cadres de travail dans lequel nous nous inscrivons, et nous prendrons un certain temps テ exposer
un terrain conceptuel qui n窶册st pas テゥvident. Cette partie ne devait pas テェtre aussi longue, mais nous
avons constatテゥ dans nos enseignements que la mise au point prテゥalable de certains aspects
conceptuels permettait l窶凖ゥconomie de bon nombre d窶冓ncomprテゥhensions. Nous avons compris que
la dテゥfinition simple des cadres de travail participe dテゥjテ d窶冰ne construction de l窶册sprit critique, et
dティs lors les prテゥambules de nos enseignements y sont dテゥvolus.
Dans la deuxiティme partie,
Sciences et pseudosciences
, nous tenterons de brosser quelques
points caractテゥristiques de ces constructions intellectuelles que l窶冩n dit pseudoscientifiques, et
quelques outils permettant de les analyser au moins sommairement. Tous les points choisis sont
des points ayant テゥtテゥ testテゥs dans des sテゥquences pテゥdagogiques.
Dans la troisiティme partie,
Pseudosciences et mテゥdias
, nous aborderons le rapport ambigテシ
qu窶册ntretiennent les mテゥdias テ teneur scientifique avec le contenu qu窶冓ls prテゥsentent. Nous
tenterons de montrer que certaines de ces transformations font le lit de croyances
pseudoscientifiques.
Dans la quatriティme partie,
Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique
, nous tenterons テ
l窶兮ide de l窶冩utillage zテゥtテゥtique de brosser quelques maniティres d窶冰tiliser ces mテゥdias et leur analyse
dans une visテゥe d窶凖ゥlaboration de l窶册sprit critique chez l窶凖ゥtudiant. Nous ne prテゥsenterons que des
outils que nous avons dテゥjテ nous-mテェme テゥprouvテゥ dans nos enseignements.
Les
annexes
prテゥsenteront, quant テ elles, des fiches pテゥdagogiques qui servent d窶兮ppoint aux divers
outils テゥlaborテゥs, et ont dテゥjテ servi de fiches de cours.
18
1
Science, pseudosciences et esprit critique
Notre thティse va s窶兮rticuler tant autour de la constitution d窶冰n outillage spテゥcifique zテゥtテゥtique que sur
la prテゥparation prテゥalable du ツォ terrain ツサ pテゥdagogique sur lequel semer cet outillage. Partant du
constat que de s窶冓mmiscer dans le domaine des croyances gテゥnティre des rテゥactions affectives parfois
mordantes, prテゥparer l窶册sprit de l窶兮pprenant en dテゥsamorテァant les principaux noeuds rhテゥtoriques et
en balisant les principales impasses cognitives facilite grandement la tテ「che et augure d窶冰ne
meilleure rテゥussite dans l窶兮pprentissage. Aussi consacrerons-nous le premier chapitre テ prテゥciser les
cadres didactique, テゥpistテゥmologique et philosophique de notre dテゥmarche, ainsi que quelques
moyens simples et pテゥdagogiques d窶册n transmettre les points importants.
Pour dテゥfinir notre cadre de travail, il nous faut d窶兮bord dテゥfinir le cadre didactique dans lequel
nous nous plaテァons, puis le cadre テゥpistテゥmologique dans lequel celui-ci s窶冓nscrit. Enfin, nous
tenterons de placer le tout dans un cadre philosophique prテゥcis.
1.1
Cadre didactique : la zテゥtテゥtique comme didactique de l窶册sprit
critique
Cette thティse traite du transfert d窶冩utils intellectuels nテゥcessaires テ l窶兮nalyse critique des informations
de type scientifique, que ce soit auprティs des テゥtudiants ou du grand public. Nous parlons pour cela
d窶冩utillage de
pensテゥe critique,
pour rappeler le syntagme anglo-saxon de
critical thinking
, ou plus
largement d窶
テゥducation テ l窶册sprit critique
et de
zテゥtテゥtique
pris comme synonymes (voir 1.1.2,
La zテゥtテゥtique
& 1.1.3,
La zテゥtテゥtique moderne
).
Transmettre cet esprit critique semble テェtre テ premiティre vue un problティme insurmontable. Il y a une
forte tendance テ croire qu窶凖 chaque champ de connaissance appartient une palette de techniques
critiques diffテゥrentes. Nous prテゥtendons qu窶凖 partir du moment oテケ, dans un champ de
connaissance, il y a une volontテゥ de ツォ coller ツサ au rテゥel, de peser des hypothティses, d窶兮sseoir les faits et
de les analyser objectivement, alors la posture critique emprunte les mテェmes outils, que nous
soyions en histoire, en sociologie ou en biologie テゥvolutive.
Chapitre
1
19
Seuls les objets d窶凖ゥtude diffティrent : un objet d窶兮nthropologie par exemple n窶冩ffre pas les mテェmes
prises qu窶冰n objet de physique ; un processus non reproductible comme la disparition des
dinosaures ne se traite pas exactement de la mテェme faテァon qu窶冰n processus reproductible comme
une テゥmulsion de mayonnaise. Pourtant, le noyau dur de la dテゥmarche critique est transversal テ tous
ces champs, et en cela, notre dテゥmarche est volontairement moniste (vLe monisme
mテゥthodologique
). Bien entendu, certains champs non scientifiques ne revendiquent pas ce noyau
dur, comme entre autres les champs de croyance, les rテゥvテゥlations, les mテゥthodes d窶冓ntrospection ou
de mテゥditation. Cela n窶册nlティve rien テ l窶冓ntテゥrテェt que l窶冩n peut leur porter, mais celui-ci ne pourra pas
テェtre scientifique.
En clair, dティs qu窶冰ne discipline tente de dテゥcrire au plus juste テ quoi ressemble la rテゥalitテゥ, l窶兮nalyse de
ce qu窶册lle テゥnonce suit
grosso modo
les mテェmes chemins.
Le titre de
critical thinker
ou de
zテゥtテゥticien
n窶册st
donc pas propre テ un champ disciplinaire, et ne se dテゥcerne pas : il dテゥsigne tout individu
soupesant la valeur d窶冰ne assertion de type scientifique en prenant en compte un maximum de
biais, d窶冓nfluences, de travers potentiels connus pouvant altテゥrer cette assertion. テ英istテゥmologues,
logiciens, historiens, critiques des mテゥdias ou de la publicitテゥ, mais テゥgalement toute personne
faisant preuve de scepticisme dans une situation ambiguテォ peut ainsi se revendiquer de la pensテゥe
critique.
1.1.1
Histoire
Il est pratiquement impossible de tracer une histoire, mテェme brティve, du
critical thinking
, justement
par sa transversalitテゥ disciplinaire. En forテァant le trait, on peut dire que dティs que le premier individu
de l窶冑istoire a doutテゥ de ce qu窶冰n proche lui rapportait sur la simple base qu窶冰n tテゥmoignage n窶册st
pas toujours fiable, il participa du
critical thinking.
Si nous acceptons de nous cantonner aux テゥcrits accessibles et proposant un semblant de
dテゥmarche formalisテゥe, nous pouvons situer les deux premiティres pratiques テゥducatives de type
critique l窶冰ne dans les テゥcrits de Platon sur Socrate, l窶兮utre chez les sceptiques pyrrhoniens.
Chez Platon, la maテッeutique socratique consiste テ pousser par questionnement les raisonnements
jusqu窶凖 une テゥventuelle contradiction interne, et le personnage de Socrate, qu窶冓l ait existテゥ ou non,
s窶册st rテゥvテゥlテゥ trティs efficace テ dテゥmontrer que, derriティre des discours parfois pompeux, la trame
argumentative est parfois fort maigre.
Les pyrrhoniens, quant テ eux, bテ「tirent autour de Pyrrhon d窶僞lis une テゥcole doctrinale テ part
entiティre, dite ツォ sceptique ツサ, (du grec
skeptikos
, qui examine), selon laquelle la pensテゥe humaine ne
peut vraisemblablement parvenir テ aucune certitude, ni sur la vテゥritテゥ d窶冰ne assertion, ni sur sa
probabilitテゥ. Brochard en donne la dテゥfinition suivante :
ツォ Le scepticisme consiste テ comparer et テ opposer entre elles, de toutes les maniティres
possibles, les choses que les sens perテァoivent, et celles que l'intelligence conテァoit. Trouvant
que les raisons ainsi opposテゥes ont un poids テゥgal, le sceptique est conduit テ la suspension du
jugement et テ l'ataraxie ツサ (Brochard 2002, IV, 2).
Si la suspension du jugement proposテゥ par les sceptiques pyrrhoniens 窶
l窶凖ゥpochティ
窶
est
pratiquement stテゥrile en terme de production de connaissance, la comparaison des hypothティses et
le frein au jugement hテ「tif en toute circonstance sont les deux mamelles de ce que nous
dテゥsignerons par la suite
scepticisme moderne
, par rapport au
scepticisme ancien
de Pyrrhon. テ titre
informatif, les rares テゥcrits sceptiques contemporains de Pyrrhon auxquels on doit le terme
zテゥtテゥtique
sont le fait de Timon de Phlionte. Il faudra attendre plus de quatre siティcles pour
qu窶僊grippa et surtout Sextus Empiricus reprennent en une version テ peine plus テゥlaborテゥe la
doctrine sceptique.
20
Du propre aveu de Sextus Empiricus :
ツォ Le scepticisme est la facultテゥ de mettre face テ face les choses qui apparaissent aussi bien
que celles qui sont pensテゥes, de quelque maniティre que ce soit, capacitテゥ par laquelle, du fait de
la force テゥgale qu'il y a dans les objets et les raisonnements opposテゥs, nous arriverons d'abord
テ la suspension de l'assentiment, et aprティs cela テ la tranquillitテゥ ツサ (Sextus Empiricus 1997, I,
8)
Comme on peut le constater, le scepticisme ancien avait des visテゥes un peu lテゥnitives, qui tranche
avec le scepticisme moderne, volontairement actif, voir activiste : l窶冩bjectif テゥtait non la
connaissance la plus juste, mais la tranquillitテゥ.
Au Moyen-テHe, les premiers contreforts formels de la pensテゥe critique sont entre autres de
Thomas d窶僊quin, dans sa
Somme Thテゥologique
. D窶僊quin insista notamment sur l窶冓mportance de la
critique des thティses, mテェme des siennes, et encouragea テ cultiver le raisonnement. La forme des
articles de sa
Somme
est un exemple d窶兮pplication du principe de charitテゥ 窶 les objections
prテゥsentテゥes par d窶兮utres テゥtant montrテゥes sous un jour favorable et mesurテゥ avant d窶凖ェtre dテゥmolies.
Durant la Renaissance, des noms comme テ詠asme ou Thomas More contribuent テ l窶凖ゥlaboration
d窶冰n scepticisme un peu rテゥnovテゥ et raisonnable (Chomarat 1991), et c窶册st surtout Francis Bacon,
par son opposition argumentテゥe テ la scolastique, qui posera les bases d窶冰n empirisme de facture
moderne et d窶冰n vテゥritable scepticisme mテゥthodologique : dans la prテゥsentation des causes d窶册rreurs,
il construit la thテゥorie des
idoles
ou
fantテエmes
qui obsティdent et troublent l窶册sprit, qu窶冓l divise en quatre
espティces curieusement proches des catテゥgories que nous dテゥvelopperons dans cette thティse.
Poursuivant son entreprise, il stigmatise la
fausse philosophie
, dans laquelle il range la sophistique, la
superstition et la pensテゥe basテゥe sur des prテゥjugテゥs (Drティze 2000)
. Descartes viendra poser la seconde
brique formelle テ l窶凖ゥdifice, avec l窶冓nachevテゥ
Rティgles pour la direction de l'esprit
, et Machiavel, Hobbes
puis Locke donnティrent la dimension morale et politique テ cette pensテゥe critique. Vinrent ensuite les
critiques prテゥcises et purement scientifiques, avec Boyle surtout et Newton dans une certaine
mesure
,
avant l窶凖ゥrection de la raison comme outil majeur de discipline de la pensテゥe avec parmi
bien d窶兮utres Montesquieu, de Voltaire
et Diderot. L窶冩util ツォ raison ツサ dテゥbordera ensuite avec
Comte et Spencer dans la vie sociale selon un certain moralisme, avec parfois de sinistres
dテゥvoiements
D窶冰n point de vue purement テゥducatif ou didactique, la revendication de l窶册sprit critique et du
refus des actes de foi dans l窶册nseignement se retrouve trティs tテエt, chez le frティre morave Comテゥnius
(Prテゥvot 1981) d窶兮bord, chez Jean-Jacques Rousseau ensuite avec autant d窶兮udience que
d窶兮mbiguテッtテゥs. Elles furent plus tard reprises dans les rテゥflexions libertaires, dont les prテゥmices de
propositions テゥducatives critiques rationnelles remontent au philosophe William Godwin
1
Pour une rencontre avec le scepticisme antique, outre
Esquisses pyrrhoniennes
, nous recommandons
Contre les professeurs
(2002).
2
La stimulante doctrine des Idoles est dテゥveloppテゥe dans le
Novum Organum
, Aphorismes 1. Par ailleurs une lecture de
l窶冓mpact des idテゥes de Bacon est donnテゥe par Drテゥze (2000).
3
La contribution de Voltaire, thテゥiste est parfois regardテゥe avec circonspection par certains zテゥtテゥticiens.
4
Nous pensons bien sテサr au darwinisme social de Spencer. C窶册st l窶冩ccasion de dire que le spectre de cette thテゥorie,
perテァue テ raison comme le fondement de la doctrine biologico-politique du nazisme, est toujours invoquテゥ de nos
jours par les dテゥfenseurs de l窶僮ntelligent Design (ID) et du crテゥationnisme, mais aussi dans certains groupes
New Age
pour condamner les dテゥfenseurs de la thテゥorie matテゥrialiste de l窶凖ゥvolution. Sur l窶冓mpasse du darwinisme social, lire
Bernardini (1997).
5
Accessoirement, la phrase
ツォ Man is a rational being
ツサ est de son fait et provient de l窶册ssai 5 dans Godwin W.,
Thoughts
on man, his nature, productions and discoveries
, Vol. I,
Of the rebelliousness of man
. (1831) L窶卩砥vre est disponible en ligne dans
les
Anarchy Archives
du professeur d窶凖ゥtudes politiques D. Ward.
21
Max Stirner, fustigeant solennellement la
cervelle hantテゥe
et le
gendarme dans la poitrine
Les penseurs anarchistes frayティrent ensuite avec l窶冓dテゥe rousseauiste qu窶冓l faut refuser la
transmission de contenus culturels acceptテゥs et tenus comme valables sans distance critique.
Tolstoテッ, qui se fit le relais de cette opinion, l窶凖ゥcrira ainsi :
ツォ Mon activisme social a d窶兮bord concernテゥ l窶凖ゥcole et l窶册nseignement et quarante ans plus
tard, je suis plus que jamais convaincu que ce n窶册st que par l窶凖ゥducation, par l窶凖ゥducation libre,
que nous parviendrons テ nous arracher テ l窶冑orrible ordre des choses qui prテゥvaut
actuellement et テ le remplacer par un ordre rationnel ツサ (Smith 1983, citテゥ par Baillargeon
2005b, p. 57).
L窶冰n des premiers appels テ l窶册nseignement de l窶册sprit critique proprement dit sera donnテゥ par W.
G. Sumner, dテゥnonciateur de l窶冩rthodoxie de l窶册nseignement et son encouragement テ une
テゥducation critique. Il テゥcrit en 1906 :
ツォ Schools make persons all on one pattern, orthodoxy. School education, unless it is
regulated by the best knowledge and good sense, will produce men and women who are all
of one pattern, as if turned in a lathe... An orthodoxy is produced in regard to all the great
doctrines of life. It consists of the most worn and commonplace opinions which are
common in the masses. The popular opinions always contain broad fallacies, half-truths,
and glib generalizations (窶ヲ) Criticism is the examination and test of propositions of any
kind which are offered for acceptance, in order to find out whether they correspond to
reality or not. The critical faculty is a product of education and training. It is a mental habit
and power. It is a prime condition of human welfare that men and women should be
trained in it. It is our only guarantee against delusion, deception, superstition, and
misapprehension of ourselves and our earthly circumstances. Education is good just so far
as it produces well-developed critical faculty. ...A teacher of any subject who insists on
accuracy and a rational control of all processes and methods, and who holds everything
open to unlimited verification and revision is cultivating that method as a habit in the
pupils. Men educated in it cannot be stampeded...They are slow to believe. They can hold
things as possible or probable in all degrees, without certainty and without pain. They can
wait for evidence and weigh evidence...They can resist appeals to their dearest
prejudices...Education in the critical faculty is the only education of which it can be truly
said that it makes good citizens. ツサ (Paul &
al.
1997).
Nous n窶册ntrerons pas dans le dテゥtail des tentatives d窶凖ゥducation pテゥdagogiques libertaires, comme
celles de Sテゥbastien Faure ou de Francisco Ferrer qui, sous bien des aspects, devanテァaient une part
de la tテ「che qui nous incombe. Gardons simplement テ l窶册sprit que Ferrer テゥcrivait dテゥjテ il y a un
siティcle que :
ツォ La mission de l窶凖営ole moderne est de s窶兮ssurer que les filles et les garテァons qui lui sont
confiテゥs deviennent instruits, honnテェtes, justes et libres de tout prテゥjugテゥ. テ cette fin, la
mテゥthode rationnelle des sciences naturelles sera substituテゥe aux anciens enseignements
dogmatiques. ツサ (Baillargeon,
ouv.citテゥ
, p. 63).
Et que les discussions allaient bon train lors du Congrティs de la Fテゥdテゥration de l窶僞nseignement,
comme cet extrait d窶冓ntervention de F. Bernard en 1923, テ Brest :
ツォ Et nous constatons, avec regret peut-テェtre, qu窶冓l est des vテゥritテゥs profondes, dont nous
6
Ces images proviennent de
L窶冰nique et sa propriテゥtテゥ
, (Stirner, 1900, 1, II, 2 ツァ2 Les Possテゥdテゥs).
Par la suite, la pensテゥe
anarchiste fournira beaucoup de thテゥoriciens de l窶凖ゥducation, de Proudhon et Bakounine テ Kropotkine, Robin, Tolstoテッ,
etc. Une bonne introduction テ ces considテゥrations est donnテゥe par Baillargeon (2005b) au contenu duquel il est
possible d窶兮ccテゥder ici :
http://luxediteur.com/pdf/feuille_87.pdf
22
sommes intimement pテゥnテゥtrテゥs, mais qui n窶冩nt pas, qui ne peuvent pas avoir le caractティre de
certitude scientifique indispensable aux connaissances sur lesquelles doit se baser une
テゥducation rationnelle. Et nous ne nous reconnaissons pas le droit d窶冓nculquer aux enfants
des notions qu窶冓ls ne sont pas aptes テ reconnaテョtre eux-mテェmes comme テゥvidentes, ou que
nous ne pouvons pas dテゥmontrer d窶冰ne faテァon simple et claire. Nous ne pouvons pas acculer
nos jeunes disciples テ des actes de foi. Sur toutes les questions encore controversテゥes parmi
les hommes, nous pensons qu窶冓l faut laisser planer le doute. Nous sommes persuadテゥs qu窶冰n
esprit ainsi habituテゥ テ n窶兮dmettre comme vrai que ce qu窶冓l constate ou comprend, テ refuser
tout ce qui ne s窶冓mpose pas de soi-mテェme テ la libre intelligence est armテゥ dテゥsormais pour la
conquテェte de toute vテゥritテゥ. ツサ (
Ibid.
).
1.1.2
La zテゥtテゥtique
Le terme
zテゥtテゥtique
, au sens moderne, dテゥsigne la mテゥthode, la dテゥmarche critique proprement dite, lテ
oテケ le scepticisme offre la posture テゥpistテゥmologique. D窶冰ne maniティre un peu simpliste, nous
tendons テ dire que le scepticisme est la posture philosophique dont la zテゥtテゥtique est le bras outillテゥ.
Dテゥrivant du verbe grec
zeteテョn
(chercher), la zテゥtテゥtique ツォ primitive ツサ dテゥsigne chez Pyrrhon et Timon
au IIIe siティcle av. EC le
refus de toute affirmation dogmatique
.
On le prテェte, semble-t-il テ tort, テ de Montaigne
, quoique sa dテゥmarche soit typiquement sceptique :
ツォ Pyrrho et autres Skeptiques ou Epechistes [窶ヲ] disent qu'ils sont encore en cherche de la
veritテゥ. Ceux-ci jugent que ceux qui pensent l'avoir trouvテゥe, se trompent infiniement ; et qu'il
y a encore de la vanitテゥ trop hardie en ce second degrテゥ qui asseure que les forces humaines
ne sont pas capables d'y atteindre. Car cela, d'establir la mesure de nostre puissance, de
connoistre et juger la difficultテゥ des choses, c'est une grande et extreme science, de laquelle
ils doubtent que l'homme soit capable ツサ. (Montaigne 1988, II, 12, A, p. 502)
On retrouve la suspension de jugement des pyrrhonniens :
ツォ Si noz facultez intellectuelles et sensibles sont sans fondement et sans pied, si elles ne font
que floter et vanter, pour neant laissons nous emporter nostre jugement テ aucune partie de
leur operation, quelque apparence qu'elle nous semble presenter. (窶ヲ) L'ignorance qui se
sテァait, qui se juge, et qui se condamne, ce n'est pas une entiere ignorance : Pour l'estre, il faut
qu'elle s'ignore soy-mesme. De faテァon que la profession des Pyrrhoniens est, de bransler,
doubter, et enquerir, ne s'asseurer de rien, de rien ne se respondre ツサ (
ibid.
, p. 562).
Le mot resurgit rテゥguliティrement dans l窶冑istoire des idテゥes. Il est notamment employテゥ par F. Viティte,
qui utilisa le terme zテゥtテゥtique dans sa
logistique spテゥcieuse
(de
specios
, symbole) pour dテゥsigner une phase
de ses ツォ
mathテゥmatiques poristiques
ツサ consistant テ poser les symboles sur les grandeurs et les poser en
テゥquations algテゥbriques (Viティte 1591 ; Vaulテゥzard 1986). D窶冰ne maniティre qui laisse entrevoir les
rテゥprobations modernes, le pティre Mersenne exprime son mテゥcontentement :
ツォ C'est en luy [Dieu] seul, que se trouve, et se termine la vraye joテシyssance, toutes les autres
n'estans rien en comparaison. 窶ヲ Et neantmoins il yen a qui prennent un si grand
contentement テ l'honneur, et loテシange qu'ils reテァoivent, テ leur ambition, lors qu'ils ont atteint
テ une speculation de Philosophie, ou de Mathematique, lors qu'ils ont trouvテゥ quelque
nouvelle proposition, ou quelque argument subtil, qu'ils sont tous transportez d'aise, et
7
Nous n窶兮vons pas retrouvテゥ dans les
Essais
le terme zテゥtテゥtique テ proprement parler, bien que de nombreux exテゥgティtes
utilisent le syntagme ツォ zテゥtテゥtique inventive ツサ pour dテゥsigner la dテゥmarche du penseur bordelais. Par exemple Foglia,
La
formation du jugement chez Montaigne, De l'importance de la conduite du jugement
(2005) ou Tournon,
Suspense philosophique et
ironie: la zテゥtテゥtique de l窶册ssai
(2000).
23
contens comme s'ils estoient bien-heureux. Quelle folie dans la teste de ces personnes, de
voir un Algebriste prendre un si grand contentement テ la zetetique, aux aequations, et テ tout
ce qui s'en ensuit 窶ヲ ツサ. (Mersenne 1623 ; 2002).
Corneille (Thomas, le frティre du dramaturge Pierre) le cite dans le
Dictionnaire des Arts et des Sciences
Figure 1 :
Corneille T.,
Dictionnaire des Arts et des sciences,
1694, II,
p.
615.
24
Figure 2 : Dテゥfinition de Zテゥtテゥtique dans le Littrテゥ, 1876.
On le retrouve ensuite dans le dictionnaire
Littrテゥ
de 1872 (Figure 3) en ces termes :
ツォ
Terme didactique. Qui concerne les recherches. La mテゥthode zテゥtテゥtique, ou,
substantivement, la zテゥtテゥtique, mテゥthode dont on se sert pour rテゥsoudre un problティme de
mathテゥmatique ; et, en gテゥnテゥral, celle dont on se sert pour pテゥnテゥtrer la raison des choses.
Philosophes zテゥtテゥtiques, anciens philosophes qui doutaient de tout. ツサ
puis dans le dictionnaire Larousse de 1876 :
ツォ Le nom de zテゥtテゥtiques, qui signifie chercheurs, indique une nuance assez originale du
scepticisme : c'est le scepticisme provisoire, c'est presque l'idテゥe de Descartes considテゥrant le
doute comme un moyen, non comme une fin, comme un procテゥdテゥ prテゥliminaire, non comme
un rテゥsultat dテゥfinitif. Si tous les sceptiques avaient テゥtテゥ rテゥellement zテゥtテゥtiques et seulement
zテゥtテゥtiques, ils auraient dit avec Pyrrhon : "nous arrivons non au doute, mais テ la suspension
du jugement" (...) sceptiques signifie littテゥralement examinateurs, gens qui pティsent,
rテゥflテゥchissent, テゥtudient attentivement ; mais il a pris テ la longue un sens plus nテゥgatif que
dubitatif, et a signifiテゥ ceux qui sous prテゥtexte d'examiner toujours ne dテゥcident jamais. (...) le
mot zテゥtテゥtiques n'est pas fait pour trancher le dテゥbat entre les deux acceptions de tous ces
termes (...) Le nom de zテゥtテゥtiques est restテゥ, d'ailleurs, dans l'enceinte de l'テゥcole qui l'a crテゥテゥ ;
et, malgrテゥ sa trティs large extension, qui eテサt permis d'en faire le terme gテゥnテゥral dテゥsignant tous
les chercheurs de la vテゥritテゥ dans tous les domaines, il est exclusivement appliquテゥ aux
sceptiques, et on peut mテェme dire aux sceptiques grecs ou pyrrhoniens. ツサ (Larousse, 1876, p.
1479).
Suite テ une surprenante rテゥsurgence dans le mouvement moderne des dテゥfenseurs de la Thテゥorie de
la Terre Plate, emmenテゥs par Samuel B. Rowbotham
, le terme zテゥtテゥtique fut dテゥtournテゥ vers une
pseudoscience et prテェta son nom テ l窶
Universal Zetetic Society
, qui publia la revue
The Earth Not a
Globe Review
. L窶儷ZS sera renommテゥe
International Flat Earth Society
en 1956. De retour vers des
thティses moins discutables, en 1959, Tykociner, de l窶儷niversitテゥ d窶僮llinois, qualifie de
zetetic
une
maniティre d窶冩rganiser les connaissances et de dテゥsigner les
processii
crテゥatifs de connaissance, en
proposant une mテゥthode de classification libraire assez complexe (De Grolier 1970 ; Tykociner
1959 ; 1964)
Enfin, vers la fin des annテゥes 1970, un courant universitaire sceptique parvint quelque peu se
fテゥdテゥrer. Des enseignants テゥtayティrent la harangue de Sumner en montrant que l窶册sprit critique est bel
et bien une aptitude qui s窶兮cquiert aprティs un apprentissage spテゥcifique : analysant pテゥdagogiquement
8
Le premier texte de cette communautテゥ fut
Zetetic Astronomy: A Description of Several Experiments which Prove that the
Surface of the Sea Is a Perfect Plane and that the Earth Is Not a Globe
!
,
pamphlet de 16 pages signテゥ
Parallax
, qui n窶凖ゥtait autre
que Rowbotham. Voir aussi Rowbotham, S. B.,
Zetetic Astronomy: Earth Not a Globe Note
, 1881. Un des rares articles
zテゥtテゥtiques portant sur cette ツォ astronomie zテゥtテゥtique ツサ est celui de Schadewald R.J.,
Scientific Creationism, Geocentricity, and
the Flat Earth
(1981).
9
Quelques explications sont disponibles dans Davis & Davis,
Current Relevance of Zetetics to Library Research and Library
Instruction
(1996).
25
des pseudo-phテゥnomティnes, ils montrティrent qu窶冰ne reproduction physico-chimique de ces
phテゥnomティnes テゥtait gテゥnテゥralement possible, rendant
de facto
l窶冑ypothティse physique cognitivement
moins coテサteuse qu窶冰ne hypothティse de type surnaturel. Une telle mテゥthode permettait, テ dテゥfaut, de
cibler les
vrais
phテゥnomティnes テゥtranges parmi la cohorte d窶兮rtテゥfacts et d窶兮nomalies, mais surtout
d窶冩ffrir une pテゥdagogie sテゥduisante. テ l窶冓mage du paysage franテァais avec par exemple l窶儷nion
Rationaliste, la critique des pseudosciences テゥtait restテゥe trティs テゥlitiste et テ「pre テ l窶兮pprentissage. De
fait, elle devient d窶兮pproche plus accessible. L窶冓dテゥe de rテゥutiliser le terme
zテゥtテゥtique
vint de Truzzi,
sociologue de la East Michigan University, qui fonda pour le
Committee for the Scientific Investigation
of Claims of the Paranormal
The Zetetic
. Fait intテゥressant, Truzzi quitta peu
aprティs l窶兮ssociation, en dテゥnonテァant la contestation systテゥmatique
a priori
des phテゥnomティnes
extraordinaires, relevant selon lui d窶冰n pseudo-scepticisme et revendiquant un statut plus modテゥrテゥ
de
skeptical seeker
(nous y reviendrons au chapitre 1.2.4). Scepticisme version raisonnable et
ツォ douce ツサ). Il fonda alors la revue
Zetetic scholar
, au comitテゥ de rテゥdaction plus ツォ ouvert ツサ que
The
Zetetic
(figure 3) devenu depuis le
Skeptical Inquirer
.
Zetetic scholar
sortira テゥpisodiquement jusqu窶册n
Figure 4 : The Zetetic nツー1, mai 1976.
En France, la dテゥmarche a テゥtテゥ formalisテゥe par le Pr. Henri Broch, physicien de l窶儷niversitテゥ de
Nice-Sofia Antipolis avec pour antienne l窶兮pplication テ toutes les formes d窶冓llusions
pseudoscientifiques d窶冰ne ツォ hygiティne prテゥventive du jugement ツサ 窶 empruntテゥ テ cette injonction de
Jean Rostand :
ツォ S窶冓l est quelque espoir de venir, un jour, テ bout de l窶冓llusion mテゥtapsychique, et, plus
gテゥnテゥralement, des illusions qui nourrissent les fausses sciences, c窶册st moins par l窶冩pposition
directe que par le moyen d窶冰ne テゥducation convenable, d窶冰ne hygiティne prテゥventive du
jugement. Enseigner aux jeunes l窶册sprit critique, les prテゥmunir contre les mensonges de la
parole et de l窶冓mprimテゥ, crテゥer en eux un terrain spirituel oテケ la crテゥdulitテゥ ne puisse prendre
racine, leur enseigner ce que c窶册st que coテッncidence, probabilitテゥ, raisonnement de
justification, logique affective, rテゥsistance inconsciente au vrai, leur faire comprendre ce que
c窶册st qu窶冰n fait et ce que c窶册st qu窶冰ne preuve, 窶 et surtout les mettre en garde contre le
10
Le CSICOP est devenu en 2006 le CSI -
Committee for Skeptical Inquiry
.
11
La bibliographie de
Zetetic Scholar
est disponible en ligne :
http://tricksterbook.com/truzzi/ZSBibliographies.html
26
tテゥmoignage humain, en leur faisant apprendre par cナ砥r l窶冑istoire de la ツォ dent d窶冩r ツサ et en les
faisant rテゥflテゥchir sur celle des rayons N... ツサ (Rostand 1958)
1.1.3
La zテゥtテゥtique moderne
Si la zテゥtテゥtique est d窶兮bord pour Broch
la mテゥthode d窶冓nvestigation scientifique des phテゥnomティnes rテゥputテゥs
paranormaux
, elle se transforme assez rapidement en une didactique de l窶册sprit critique, en un
panel d窶冩utils pテゥdagogiques simples voulu comme une ツォ
prophylaxie des pseudosciences
ツサ.
Ainsi le terme moderne
zテゥtテゥtique
revテェt-il dテゥsormais deux aspects :
- l窶冰n fonctionnel : elle est
la dテゥmarche scientifique
d窶冓nvestigation des phテゥnomティnes extraordinaires, des
prテゥtentions テゥtranges et des thテゥories discutables, analysテゥes selon un scepticisme mテゥthodologique ouvert et une
philosophie rationaliste matテゥrialiste
.
- l窶冰n didactique : elle est
la panoplie de tous les moyens intellectuels mis en ナ砥vre pour amener
l窶兮pprenant テ dテゥvelopper l窶册sprit critique vis-テ-vis de toute thティse de type scientifique.
C窶册st en ce dernier sens que Broch parle d窶 ツォ art du doute ツサ, avec
art
pris au sens mテゥdiテゥval du
terme d窶冩utillage (et orthographiテゥ parfois ツォ ars ツサ). テ ce titre, elle englobe une large gamme
d窶兮spects socio-psychologiques du fait que, trティs engageantes affectivement, les adhテゥsions aux
thティses de type 窶湾aranormal窶 ou テゥtrange ne se ツォ manipulent ツサ ni ne se dテゥconstruisent sans
dommage. La zテゥtテゥtique didactique recouvre donc exactement ce que nous appelions au prテゥalable
pensテゥe critique,
et corrobore parfaitement l窶册ncouragement de N. Chomsky テ ツォ l窶兮utodテゥfense
1.1.4
La dテゥmarche scientifique est zテゥtテゥtique
Si nous posons la science comme un processus d窶凖ゥlaboration de connaissances efficientes sur le
monde, selon un mode testable, rテゥfutable, テ l窶兮ide d窶冰ne テゥpistテゥmologie logique et rationnelle et
dans le cadre d窶冰n monisme mテゥthodologique matテゥrialiste excluant toute intervention dualiste
d窶册ntitテゥs immatテゥrielles dans le champ considテゥrテゥ (voir
1.2
Cadre テゥpistテゥmologique
, & 1.3
, Cadre
philosophique
), alors la dテゥmarche scientifique en son ensemble est zテゥtテゥtique. Plus prテゥcisテゥment, la
zテゥtテゥtique n窶册st
rien d窶兮utre
que la mテゥthode scientifique, mais appliquテゥe テ des champs de
connaissance soulevant une telle charge affective qu窶册lle nテゥcessite d窶冓ntテゥgrer les impasses
intellectuelles et les biais cognitifs relevant de la croyance, de l窶兮dhテゥsion ou de l窶册ngagement.
Devant ce qui est considテゥrテゥ comme ツォ extraordinaire ツサ 窶 au sens de hors de l窶冩rdinaire, ou du
normal
窶
la demande sociale est si forte que chaque テゥtape d窶冓nvestigation est potentiellement
vectrice de fantasmes. C窶册st cette approche scientifique interdisciplinaire qui fait le corps de la
mテゥthode zテゥtテゥtique
.
Notons que nous ne sortons finalement pas, avec la zテゥtテゥtique, des grandes lignes
enseignementales du programme officiel de l窶凖ゥducation nationale franテァaise car, comme on peut le
12
L窶冓njonction de Rostand est applicable テ la lettre : les rayons N de Blondlot sont un excellent exemple de biais
perceptif advenant chez des gens avertis, ainsi que de la lecture parfois ツォ politique ツサ de la science (voir 4.4.5
scテゥnarios
politiques
) ; la ツォ dent en or ツサ de Fontenelle offre un exemple illustrant l窶冓nutilitテゥ de l窶凖ゥlaboration d窶冑ypothティses
thテゥoriques ou de scテゥnario sans avoir au prテゥalable avテゥrテゥ le fait. Lire Fontenelle,
La dent d窶冩r
, Histoire des Oracles,
1686, voir. Annexe 窶
fiche pテゥdagogiqueNツー10 窶 la dent d窶冩r de Fontenelle
.
13
Voir le documentaire d窶僊chbar et Wintonick,
Chomsky, les mテゥdias ou les illusions nテゥcessaires
, 1993. ツォ Autodテゥfense
intellectuelle ツサ a テゥtテゥ repris rテゥcemment avec succティs par N. Baillargeon dans
Petit cours d窶兮utodテゥfense intellectuelle
(2005a).
27
lire dans le Programme Officiel des sciences physiques
Figure 5 : Extrait du
Programme Officiel des sciences physiques
.
Pourtant, les テゥtudes tentant de jauger le niveau d窶兮dhテゥsion aux thティses 窶湾aranormales窶 et
pseudoscientifiques montrent que les enseignants (surtout du primaire) sont l窶冰ne des catテゥgories
les plus reprテゥsentテゥes. On pourrait donc penser, avant que de s窶兮tteler テ la tテ「che d窶兮pprendre la
dテゥmarche critique aux テゥtudiants, qu窶冓l y a urgence テ former les enseignants eux-mテェmes, en
formation continue ou au sortir de leurs instituts. Lテs, les initiatives sont bien rares en France, et
hormis un numテゥro des
Cahiers pテゥdagogiques
et quelques entrefilets dans des revues comme le
Bulletin de l窶儷nion des Physiciens
(BUP), trop peu de matiティre est disponible en franテァais dans les
1.1.5
La didactique des sciences
La didactique des sciences est l'テゥtude des questions posテゥes par l'enseignement et l'acquisition des
14
P.O. Article premier. Dテゥcret nツー98-1280 du 15 Juin 1998
15
L窶兮ccueil est gテゥnテゥralement assez froid chez les inspecteurs pテゥdagogiques rテゥgionaux (IPR) en science, la frange la
plus installテゥe invoquant que leurs テゥtudiants sont dテゥjテ assez ツォ critiques ツサ - ce qui au vu des chiffres est un vナ砥 pieux 窶
Voir notamment les vingt ans de mesures de Boy (2002), ツォ
Les Franテァais et les parasciences
ツサ, ainsi que la recherche
d窶僊ubry
& al
. auprティs des テゥtudiants grenoblois. Lors d窶冰ne rテゥcente rencontre avec les IPR de Rhテエne-Alpes avec nos
collティgues S. Antczak, P. Aldebert et F. Troullier, nous nous entendテョmes conseiller de ツォ ne pas trop donner d窶册sprit
critique aux テゥlティves ツサ sous prテゥtexte que ツォ les cours ne seraient plus gテゥrables ツサ. Nous en savons d窶兮utant plus grテゥ テ
certains francs tireurs de l窶僮UFM de Grenoble, ainsi qu窶兮ux Centres d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur de Lyon
et de Grenoble, d窶兮voir prテゥfテゥrテゥ l窶兮ffinage critique au confort et d窶兮voir ouvert des enseignements spテゥcifiques de
zテゥtテゥtique. Le bref historique de ces cours est dテゥclinテゥ en conclusion.
ツォ L'enseignement des sciences physiques en premiティre et deuxiティme annテゥes de
l'enseignement secondaire vise テ :
*Contribuer au dテゥveloppement de la personnalitテゥ de l'テゥlティve, テ la formation de son esprit
et テ l'テゥpanouissement de ses capacitテゥs intellectuelles.
*Permettre テ l'テゥlティve d'acquテゥrir les connaissances nテゥcessaires au dテゥveloppement d'une
attitude scientifique vis テ vis de son environnement naturel, culturel et technique.
Au niveau des troisiティme et quatriティme annテゥes de l'enseignement secondaire,
l'enseignement des sciences physiques vise テ :
Dテゥvelopper chez les テゥlティves :
*Les facultテゥs intellectuelles: le sens de la rigueur et de la prテゥcision, l'aptitude テ l'analyse
et テ la synthティse, l'imagination crテゥatrice, la curiositテゥ, l'objectivitテゥ et l'esprit critique.
*La maテョtrise des diverses techniques spテゥcifiques: reprテゥsentation graphique, テゥvaluation
des incertitudes.
*La dextテゥritテゥ manuelle prテゥsupposant la compテゥtence opテゥratoire et expテゥrimentale tel que
l'emploi テ bon escient d'instruments d'observation et de mesure.
* Faire dテゥcouvrir テ l'テゥlティve la vertu du travail pour l'observation, la recherche, le tri des
informations l'expテゥrimentation et l'interprテゥtation des rテゥsultats ツサ
28
connaissances en sciences expテゥrimentales. Elle se distingue de la pテゥdagogie par le rテエle central des
contenus disciplinaires et des savoirs transmis, et par sa dimension テゥpistテゥmologique, notamment
sur la nature des connaissances テ enseigner, des savoir-faire aux savoir-テェtre. Elle se caractテゥrise
hテゥlas par ses contenus souvent obscurs, certains concepts pompeux, un jargon qui laisse un
certain nombre de futurs enseignants pantois, et des sテゥquences enseignementales parfois
dテゥcorrテゥlテゥes de la rテゥalitテゥ : les interactions entre la Classe, le Savoir, l窶凖瑛ティve et l窶僞nseignant par
exemple sont rテゥguliティrement simplifiテゥs en un
triangle didactique
(figure 5)
formテゥ d窶冰n savoir
clairement dテゥfini avec des cartes conceptuelles テゥvidentes, un テゥlティve qui n窶兮 que des obstacles
テゥpistテゥmologiques テ franchir, et un enseignant ne laissant aucunement filtrer ses propres
affects/biais cognitifs, le tout dans une classe sans souci. Pas ou peu de contenu sur les croyances
et les adhテゥsions, dans une population jeune pourtant labile.
Figure 6 : Modティle simple de triangle didactique.
Figure 7 : Modティle compliquテゥ de triangle didactique (Lefort 2002).
16
テ l窶冩rigine de ce triangle et de la notion de transposition didactique, le mathテゥmaticien Chevallard (Chevallard,
1984). Pour un soupテァon de critique de ce triangle, voir Cournu & Vergnioux, (1992, particuliティrement p. 120), ainsi
que Bkouche (2000), et Gauthier & Martineau (1998).
29
Figure 8 : Modティle trティs compliquテゥ de Triangle didactique (J-C. Regnier)
La lourdeur et la souplesse pachydermiques d窶冰ne bonne partie des notions didactiques (figures 6
& 7) entraテョnent souvent un rejet de la part des テゥtudiants
. Pourtant, ces futurs enseignants, en
une sorte de soumission librement consentie, continuent テ majoritairement se plier aux
contraintes de cette matiティre dans les Instituts de Formation IUFM, et cela pour deux raisons qui,
comble du cocasse, font partie des contenus mテェmes de la didactique. D窶兮bord テ cause d窶冰ne
テゥvaluation normative
窶 la note 窶 qui conditionnera leur poste ; ensuite d窶冰n
contrat didactique
avec
leurs enseignants, aux contours plus ou moins clairs, qui lテゥgitime les statuts, les rテエles, les attentes
de rテエle, de chacun vis-テ-vis de l窶兮utre, テ condition que, comme le prテゥcise Brousseau, il n窶凉 ait pas
ツォ
tromperie sur la marchandise
ツサ ou ツォ
erreur d窶冓nterprテゥtation
ツサ (Brousseau 1996). Balacheff, qui fut l窶冰n de
nos enseignants, テゥcrit テ juste titre ceci :
ツォ Certaines rティgles de fonctionnement social de la classe, par leur caractティre lテゥgislatif trティs
gテゥnテゥral, ne nous paraissent pas relever d'un processus contractuel mais d'un ordre テ la fois
plus profond et plus permanent. (窶ヲ) Un bon modティle nous paraテョt テェtre celui de l'opposition
entre sociテゥtテゥ coutumiティre et sociテゥtテゥ de droit.
La classe est une sociテゥtテゥ coutumiティre. Nous entendons par coutume un ensemble de
pratiques obligatoires, de faテァons d'agir テゥtablies par l'usage ; le plus souvent implicitement.
La coutume se caractテゥrise d'abord comme テゥtant le produit de pratiques sociales. (...)
Certaines des propriテゥtテゥs テゥnoncテゥes pour le contrat didactique peuvent テェtre reformulテゥes en
rテゥfテゥrence テ la coutume.
Peut-テェtre cette diffテゥrenciation du contrat (auquel nous voyons un caractティre local) et de la
coutume (qui rテゥgule le fonctionnement social de la classe dans la durテゥe), permettra-t-elle de
mettre un terme aux "malheurs du concept" de contrat didactique. ツサ (Balacheff 1988)
17
Suite テ un troisiティme cycle en didactique des sciences, nous nous sentions bien solitaire dans cette critique de la
didactique dite d窶卍ォ IUFM ツサ, jusqu窶兮u jour oテケ nous sommes tombテゥs sur Lombard (1999).
30
Coutume contre
contrat, il eut テゥtテゥ intテゥressant que Balacheff propose une telle dichotomie sur son
propre cours et celui d窶冰n bon nombre de ses collティgues.
Cette critique sort du cadre confidentiel depuis peu, テ en lire les journaux. Ainsi E. Desplanques,
dans
Tテゥlテゥrama
du 30 aoテサt 2007 :
ツォ Crテゥテゥs en 1989 par Lionel Jospin, les IUFM seraient souvent perテァus par les enseignants
comme une profonde perte de temps. ツォ
On subit cette annテゥe de formation comme le service militaire
ツサ, tテゥmoigne un rescapテゥ dans le film de Canal+. Beaucoup raillent le poids des pseudo-
sciences de l窶凖ゥducation qu窶冩n y enseigne, avec leur ツォ mテゥtalangage absurde ツサ (oテケ l窶冩n dit ツォ
rテゥfテゥrent bondissant ツサ plutテエt que ツォ ballon ツサ). De la thテゥorie fumeuse, aucune pratique. ツサ
Une analyse de la
coutume
qui lie les テゥtudiants d窶僮UFM テ leurs enseignants de didactique et les fait
subir, comme ce fut notre cas, une pテゥdagogie souvent inapplicable et une terminologie indigeste
durant plusieurs mois aurait la saveur douce-amティre d窶冰ne critique de la tテゥlテゥvision テ la tテゥlテゥvision
par Bourdieu
Si la dテゥmarche zテゥtテゥtique recouvre la transmission de connaissances (et de misconceptions
science, nous avons longtemps rechignテゥ テ aller l窶册nsevelir dans le domaine didactique, ne serait-ce
que par le caractティre trティs idテゥal des テゥnoncテゥs qui y sont faits, et les rares raccords avec les enjeux de
sociテゥtテゥ. Comment par exemple comprendre que lors d窶冰n DEA/M2R de didactique des sciences,
on encourage テ la compulsation de dizaines de publications sur les obstacles d窶兮pprentissage des
circuits テゥlectriques en 4
ティme
, et que rien n窶册st proposテゥ テ la lecture sur la maniティre de rテゥveiller la
motivation chez les テゥlティves (pourtant citテゥs comme premier problティme pour les enseignants
Comment expliquer que la classe des enseignants, ayant pourtant reテァu des contenus didactiques
fouillテゥs, reste la catテゥgorie sociale la plus reprテゥsentテゥe dans les adhテゥsions aux croyances
pseudoscientifiques (Boy,
ouv.citテゥ
), les consテゥquences desquelles テゥtant pourtant bien plus graves au
plan sociテゥtal que la comprテゥhension du fonctionnement d窶冰n oscilloscope ?
Nous avons finalement choisi de faire de la zテゥtテゥtique une
didactique de l窶册sprit critique
, d窶兮bord parce
que c窶册n est la dテゥfinition mテェme ; ensuite afin de secouer le cadre rigide de cette mテェme didactique
en rテゥutilisant le terme. Puisse cette dテゥmarche permettre la dテゥconstruction de certains テゥcrits
pompeux et la dテゥnonciation de certains emprunts sテゥmantiques malheureux (comme la
Noosphティre
,
Concept nomade
).
テ la dテゥcharge de la didactique des sciences toutefois, certains concepts s窶兮vティrent pour notre
dテゥmarche : nous lui emprunterons la notion de
constructivisme
ainsi que celle, テゥclairante, de
transposition de connaissance
.
18
Une courte contre-enquテェte montre toutefois que si le mテゥtalangage didactique existe bien, l窶册xemple de ツォ rテゥfテゥrentiel
bondissant ツサ tant de fois ressassテゥ comme exemple de langage abscons participe de la lテゥgende urbaine 窶 les テゥtudiants
STAPS ne rapportant pas ce terme et ses seules occurrences sur
Internet
venant des critiques narquoises. Merci テ A.
Goffre (communication personnelle).
19
Voir l窶凖ゥmission d窶僊rrテェt sur Images du 20 janvier 1996, puis se rテゥfテゥrer テ Bourdieu (1996). Voir aussi le dテゥbat entre
Pierre Bourdieu et Daniel Schneidermann dans les colonnes du Monde diplomatique, Bourdieu (avril 1996) et
Schneidermann (mai 1996).
20
Le terme
misconception
, anglicisme, remplace efficacement l窶兮ncien terme ツォ reprテゥsentation ツサ cher aux didacticiens, et
son avatar plus rテゥcent, la ツォ conception ツサ, qui peut laisser prise テ un relativisme dangereux 窶 laisser accroire par
exemple, qu窶冓l n窶凉 a pas de conception juste, seulement des relatives. Nous ne savons pas s窶冓l existe des conceptions
justes, mais il en est des plus efficientes que d窶兮utres et surtout certaines manifestement fausses (d窶冩テケ le terme
misconception
, pour ツォ conception erronnテゥe ツサ). Sur le terme en soi, voir par exemple Novak,
Proceedings of the Second
International Seminar on Misconceptions and Educational Strategies in Science and Mathematics
, 1987, et Wandersee, Mintzes &
Novak,
Research on alternative conceptions in science
. In
Handbook of Research on Science Teaching and Learning
, pp. 177-210.
21
Sondage sur 600 Enseignants, SOFRES pour le SNES, 2002, accessible sur :
http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/120402_enseignants_r.htm
31
1.1.6
Le constructivisme et le socioconstructivisme
Le constructivisme est une thテゥorie de l窶兮pprentissage dテゥveloppテゥe en particulier par Piaget, selon
laquelle les connaissances de l窶冓ndividu ne sont pas une simple copie de la rテゥalitテゥ, mais une
reconstruction de celle-ci, テ partir de reprテゥsentations plus anciennes d窶凖ゥvテゥnements passテゥs, que le
sujet a ツォ emmagasinテゥes ツサ dans son vテゥcu et va restructurer en les re-conceptualisant. Piaget avait
テゥlaborテゥ cette lecture psychologique en rテゥaction au behaviorisme comme celui de Skinner qui
tendait テ grimer l'apprentissage en un processus de rテゥponses テ des
stimuli
. L窶冓dテゥe centrale est celle-
ci : ツォ
on suppose que l窶兮pprentissage rテゥsulte de constructions mentales de l窶兮pprenant
ツサ (Resnick,
in
Joshua &
Dupin 1993, p. 92), et pour l窶兮mテゥliorer, prioritテゥ est donnテゥe aux sテゥquences didactiques qui
favoriseront l'テゥtablissement d'un nouveau rapport au savoir chez les apprenants, et au cours
desquelles les connaissances construites sont questionnテゥes par les テゥlティves. ツォ
Toute leテァon doit テェtre une
rテゥponse テ des questions que les テゥlティves se posent rテゥellement
ツサ, テゥcrit Dewey (Dewey,
in
Pantanella 1997, p. 48).
D窶冰ne traduction tardive, L. Vygotski avait proposテゥ le socioconstructivisme, mettant en avant
l窶兮ctivitテゥ de reconstruction chティre テ Piaget et prテエnant la confrontation sociale comme motivation :
rテゥsoudre un problティme cognitif en confrontant les points de vue entre deux personnes qui partent
de conceptions
a priori
opposテゥes
favoriserait l'テゥmergence d'un processus de nテゥgociation au plan
cognitif, mais aussi relationnel, afin qu窶凖 l'issue de ce conflit sociocognitif les acteurs s'approprient
vテゥritablement une solution テゥlaborテゥe en commun - il est par ailleurs dテゥcrit depuis que l窶冩pposition
n窶册st pas forcテゥment nテゥcessaire pour obtenir une co-construction (Gilly,
in
Gaonac窶冑 & Golder
1995, p. 149).
Dans la mesure oテケ les questions soulevテゥes en zテゥtテゥtique sont des questions que se posent
rテゥellement les apprenants, qui crテゥent des conflits cognitifs sur des points scientifiques importants,
et qu窶冓l est possible de les rテゥsoudre par des techniques de confrontation sociale, nous pouvons
sans trop d窶兮mbages nous revendiquer du socioconstructivisme.
1.1.7
La transposition de connaissances en sciences expテゥrimentales
Dans la thテゥorie didactique, il est dit que le savoir savant pris en rテゥfテゥrence est d'une part un savoir
dテゥcontextualisテゥ et souvent coupテゥ de son histoire. On le dit dテゥ-historicisテゥ. Ce savoir savant fait
alors l'objet d'une
transposition
(c'est-テ-dire une recontextualisation, une reproblテゥmatisation, voire
une redテゥfinition) pour テェtre enseignテゥ テ un niveau donnテゥ. Cette premiティre transposition faisant
passer d'un
savoir savant
テ
un savoir テ enseigner
, est suivie par une seconde transposition, celle-lテ
mテェme qui, par sa mise en acte par les enseignants (mais aussi l'inspection, les テゥditeurs, etc.)
conduit テ un
savoir enseignテゥ
ayant ses spテゥcificitテゥs (Chevallard,
ouv.citテゥ
).
Quoique primordial, le concept de
transposition
est trティs poussif, et assez grossier dans sa dテゥcoupe
des savoirs. Comme nous le verrons (voir
partie
3 Pseudosciences & Mテゥdias
), une connaissance est
effectivement transformテゥe plusieurs fois avant d窶凖ェtre transmise テ la population, que ce soit sous
forme enseignementale ou sous forme mテゥdiatique :
-
entre son invention et sa ツォ sortie ツサ marketing des laboratoires (c'est-テ-dire comment le
laboratoire ou le chercheur va communiquer son ナ砥vre)
-
entre son marketing et la rテゥception par les テゥditions (c'est-テ-dire comment les revues
spテゥcialisテゥes vont publier ce rテゥsultat)
-
entre la rテゥception des テゥditions et la transformation en un produit (c'est-テ-dire comment
les mテゥdias vont s窶册mparer de la publication)
32
-
entre ce produit et la rテゥception par l窶冓ndividu
(c'est-テ-dire comment l窶冓ndividu va
comprendre la diffusion mテゥdiatique).
Nous pensons, comme nous le verrons plus loin, que ce travail de manufacture de l窶冓nformation
scientifique joue un rテエle fondamental, et parfois supテゥrieur, テ celui des reliquats d窶册nseignement
dans la perception moyenne des connaissances scientifiques de
lambda
.
L窶兮pprenant lui-mテェme, テゥtudiant, テゥlティve, n窶册st pas soumis テ la seule acquisition d窶冰n savoir
enseignテゥ, mais テゥgalement d窶冰ne sorte de bruit de fond mテゥdiatique, produit d窶冰ne manufacture qui
rテゥpond bien souvent テ un objectif plus mercatique que pテゥdagogique. Le dilemme est lテ : entre
une avancテゥe des connaissances scientifiques de moins en moins comprテゥhensibles car trop
complexes et la facilitテゥ avec laquelle ces mテェmes connaissances sont modelテゥes pour テェtre rendues
allテゥchantes dans les revues et les テゥmissions tテゥlテゥvisテゥes, l窶冑onnテェte
lambda
est pris dans une tenaille.
C窶册st la conclusion テ laquelle aboutit l窶凖ゥtude de Losh
& al
. :
ツォ We propose that the higher the societal level of scientific and technological achievement
and the more seemingly miraculous the attainments, the greater the onus on our
educational system to help produce citizens who can tell the difference between fact and
fancy. (窶ヲ)
This perspective underscores the urgency of educators to help students learn to confront
purveyors of pseudoscience. How can effectiveness in combating pseudoscience be
increased? Some argue that primary and secondary schools must focus more on process
than factual memorization, so that pupils better learn how to tell false science from true.
We believe that when students learn effective ways to assess information, they are better
prepared later in life when understanding information more informally through media.
Some scholars suggest discussing pseudoscience topics during science classes. By talking
about why people believe in ghosts or ESP, students can learn how scientific processes and
evidence differ from those of pseudoscience. Preemptive arguments against pseudoscience
assertions then can provide an inoculation process, one sorely needed to prepare
enlightened citizens to participate in modern society ツサ. (Losh
& al.
2003 ; Goode 2002)
1.1.8
La zテゥtテゥtique comme ars du doute
Broch parle d窶
art du doute
, formule jolie mais parfois mal comprise. Il ne s窶兮git pas de vanter un
quelconque subjectivisme artistique de la dテゥmarche zテゥtテゥtique, bien au contraire.
Art
est ici
employテゥ au sens mテゥdiテゥval
ars
d窶冑abiletテゥ, de mテゥtier ou de connaissance technique, en clair, de
ツォ savoir-faire ツサ didactique qui permet la rテゥflexion et l窶册nquテェte critiques. Il テゥmet le constat qu窶
ツォ On peut se rendre compte [...] qu窶冰n besoin existe : un besoin de ツォ moyens ツサ pratiques
d窶册nquテェte critique.
C窶册st ici que peut se situer un rテゥel intテゥrテェt des pseudo-sciences
En effet, par un juste
retour des choses, les phテゥnomティnes ツォ paranormaux ツサ offrent un support motivant qui peut
permettre de focaliser l窶兮ttention et, par les cas quelquefois outrテゥs qu窶冓ls prテゥsentent, de bien
faire comprendre certains points de la mテゥthodologie scientifique. ツサ (Broch 1989, p. 179)
Effectivement, le fantasme テゥtant un grand moteur d窶冓ntテゥrテェt, il est plus facile de motiver des
22
Nous prテゥfテゥrons appeler Individu
lambda
celui ou celle que les didacticiens appellent couramment le profane 窶 sous-
entendant une dichotomie scientifique / ignorant quasi-irrテゥductible. N窶冩ublions pas qu窶册st profane tout ce qui n'est
pas sacrテゥ et que la science n窶册st justement pas sacrテゥe, puisqu窶册lle donne テ tout
lambda
la capacitテゥ potentielle de suivre
le cheminement de toute connaissance.
33
テゥtudiants sur une dテゥmarche scientifique portant sur les auto-combustions humaines
rテゥactions chimiques en milieu aqueux, la motivation テゥtant, nous l窶兮vons vu, l窶冰n des principaux
problティmes enseignementaux rapportテゥ par les テゥtudiants.
1.1.9
Outils
Broch s窶册st donc attelテゥ テ la tテ「che de formaliser :
-
les faux raisonnements et les sophismes les plus courants rencontrテゥs lors des
confrontations テ des thティses pseudo-scientifiques.
-
quelques modes de fourvoiement, certains types de rテゥactions et de certaines manナ砥vres
dilatoires de leurs dテゥfenseurs devant la prテゥsentation des conceptions erronテゥes.
-
des exemples d窶兮nalyse et de dテゥconstruction du traitement mテゥdiatique de ces thティses, qui
leur donne une forte caisse de rテゥsonance.
Sont distinguテゥs par l窶兮uteur ce qu窶冓l a appelテゥ les
effets
, qui reprテゥsentent des biais formalisテゥs, qu窶冓l
appuie sur des
facettes
, qui sont des sortes de prテゥceptes テ garder テ l窶册sprit, de proverbes de
vigilance dans le style cartテゥsien des
Rティgles pour la direction de l'esprit
. Dans le chapitre 3 du livre ツォ Le
paranormal ツサ, Broch offre cette :
ツォ liste d窶册ffets-type qui vont (nous) servir de trame de fond pour une dテゥmarche zテゥtテゥtique
face un phテゥnomティne ツォ paranormal ツサ, devant un discours sur le ツォ paranormal ツサ (quel qu窶册n
soit le fond), comme d窶兮illeurs devant tout autre type de phテゥnomティne ou de discours (窶ヲ) ツサ.
La panoplie critique de Broch a triple mテゥrite :
- d窶凖ェtre fonctionnelle de faテァon trティs satisfaisante dans un grand nombre d窶冩ccurrences de
type pseudoscientifique.
- d窶冩ffrir une formalisation avenante et facilement appropriable dans un cadre
enseignemental.
- d窶冰tiliser une dテゥmarche pテゥdagogique trティs stimulante : Broch prテゥsente un exemple de thティse
pseudoscientifique, le dテゥveloppe complティtement, puis le soumet テ l窶兮nalyse critique : il pointe
ensuite le hiatus non rationnel ou non logique, le nomme, et enfin demande aux テゥtudiants de
retrouver cette catテゥgorie de hiatus dans d窶兮utres champs.
Toutefois l窶 ツォ art ツサ de Broch souffre テ notre avis de trois dテゥfauts :
-
テゥpistテゥmologiquement, les outils sont inhomogティnes. Certains empruntent テ
l窶凖ゥpistテゥmologie, d窶兮utres テ la psychologie ou テ la logique.
-
quelques biais mテゥritent d窶凖ェtre prテゥcisテゥs, d窶兮utres dテゥtaillテゥs.
-
enfin, bien qu窶冓l soit sous-jacent, le cadre philosophico-テゥpistテゥmologique dans lequel la
dテゥmarche zテゥtテゥtique s窶冓nscrit n窶册st donnテゥ que par touches.
Ces trois points nous ont amenテゥ テ renoncer テ prテゥsenter ces outils les uns aprティs les autres en
prolテゥgomティnes テ notre travail. Ils apparaテョtront, lorsque nテゥcessaire, au grテゥ de la construction de
notre outillage.
23
Appelテゥes improprement Combustions Humaines Spontanテゥes (CHS) bien qu窶册lles n窶兮ient rien de
spontanテゥ
au sens
thermodynamique du terme. Merci テ Routaboul (communication personnelle).
34
1.2
Cadre テゥpistテゥmologique
Insテゥrer la zテゥtテゥtique et la didactique de l窶册sprit critique dans un cadre テゥpistテゥmologique pourrait テェtre
une tテ「che inquiテゥtante : les テゥpistテゥmologues ayant toujours eu grand mal テ dテゥfinir ce qu窶册st la
science, dテゥfinir ce qu窶册st une pseudoscience et, テ plus forte raison, dテゥcrire les fondamentaux
テゥpistテゥmologiques d窶冰ne lecture critique de ces pseudosciences pourrait laisser croire qu窶册lle
dテゥpend du positionnement de dテゥpart de celui qui parle. Ainsi lira-t-on cette erreur chez Garnier,
dont ツォ l窶凖ゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence ツサ est mテゥtapsychique :
ツォ Nous soupテァonnons ainsi qu窶冰ne テゥducation テ l窶册sprit critique par une テゥducation
scientifique va dテゥpendre de l窶凖ゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence de l窶册nseignant ツサ (Garnier 2004)
Pour intテゥressants qu窶冓ls soient, nous pensons que les soupテァons de Garnier ne sont pas valables. Si
les comportements et les champs scientifiques sont trティs divers, les principes mテゥthodologiques de
la science sont clairs dans une entreprise, la science, dont la principale activitテゥ est le tri des choses
qui semblent ツォ plus vraies que d窶兮utres ツサ. テ moins de souscrire au relativisme cognitif (voir 1.3.6
La chienlit du relativisme cognitif
), il n窶凉 a pas loisir, pour l窶册nseignant, de choisir une テゥpistテゥmologie de
rテゥfテゥrence si tant est que cette expression ait rテゥellement un sens, ou d窶冩pter entre deux
ツォ paradigmes ツサ pour reprendre les termes de Garnier (2004). Le fonctionnement de la science est
par essence critique, et se dテゥclarer
テゥpistテゥmologiquement sceptique
est quasiment un plテゥonasme
Nous n窶册nvisagerons cette テゥpistテゥmologie sceptique qu窶册n quelques points simples, sans entrer
dans de complexes dテゥveloppements. Nous pensons qu窶冓l est possible, dans une dテゥmarche
enseignementale du niveau premiティre annテゥe universitaire, de dテゥcrire le noyau dur de la dテゥmarche
scientifique et de le rendre accessible sans travestissement テ des individus sans bagage intellectuel
spテゥcifique, ceci afin de faire toucher du doigt les problテゥmatiques pseudoscientifiques. Bien sテサr, la
version simplifiテゥe que nous prテゥsentons fera l窶冓mpasse sur un grand nombre d窶兮spects palpitants
de l窶凖ゥpistテゥmologie des sciences, et nous renvoyons テ un certain nombre d窶冩uvrages dテゥjテ
disponibles (Sokal & Bricmont 1997 ; Sokal 2005 ; Bunge 2005 ; Deleporte 2004)
1.2.1
La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain
Commenテァons par nous entendre sur le mot ツォ science ツサ tel que nous l窶册ntendons et la dテゥfendons.
Cette テゥtape prテゥalable de dテゥfinition du terme est tout sauf un luxe, et permet, nous le verrons, de
dissoudre un certain nombre de difficultテゥs prテゥalables.
Nous rendons grテ「ce aux テゥclaircissements de Sokal & Bricmont (1997, p. 122), Lecointre (
in
Debussy & Lecointre 2001,
introduction
) et Sokal (2005, p. 41) dans la distinction de quatre
significations diffテゥrentes qui sont rテゥguliティrement prテェtテゥes au terme ツォ science ツサ.
24
テ英istテゥmologie du paranormal et テゥducation critique : le conflit paradigmatique
, est un mテゥmoire de DEA de Sciences de
l窶凖ゥducation effectuテゥ par Garnier, ancien membre du Groupe テ液udiant de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International
(GEIMI) et est un contributeur rテゥgulier de l窶僮MI. Le milieu ツォ mテゥtapsychique ツサ a pour caractテゥristique de prendre pour
acquise l窶册xistence de pouvoirs endogティnes de l窶册sprit qui sortent des connaissances connues, regroupテゥs sous le nom
de capacitテゥs
psi
.
25
C窶册st ce qui d窶兮illeurs fait テ nos yeux que les thティses mテゥtapsychiques sont trティs souvent (mais pas toujours,
heureusement) relativistes au sens ツォ postmoderne ツサ. La trituration de certaines donnテゥes pour en extraire des rテゥsultats,
la martyrisation des faits au moyen d窶冑ypothティses
ad hoc
, et l窶冓nvocation d窶凖ゥventuels autres outils d窶兮nalyse que la
rationalitテゥ font pencher dangereusement la parapsychologie vers la pseudoscience, mais aussi vers le spiritualisme
surtout lorsqu窶冩n nous suggティre que le PSI, non matテゥriel, n窶册st pas une matiティre analysable comme les autres.
26
Pour une introduction テ la pensテゥe de Bunge, Deleporte est un excellent viatique dans Debussy
& al
.
les
Matテゥrialismes (et leurs dテゥtracteurs)
(2004).
35
Le mot ツォ science ツサ peut dテゥsigner :
-
sens 1 :
une dテゥmarche intellectuelle contraignante visant une comprテゥhension rationnelle du monde naturel
et social
-
sens 2 :
un corpus de savoirs substantiels communテゥment acceptテゥs, テゥvaluテゥs comme objectifs et considテゥrテゥs テ
un moment donnテゥ
-
sens 3 :
les sciences appliquテゥes et la technologie, avec ce point important qui est la genティse sociopolitique
des axes de recherche, des dテゥveloppements technologiques et des flux financiers
-
sens 4 :
la communautテゥ scientifique avec ses mナ砥rs, ses rites et ses luttes de pouvoir (la sociologie interne
du champ scientifique)
Nous ajoutons テ ces quatre significations la suivante, miroir dテゥformant de la derniティre :
-
sens 5 :
la communautテゥ scientifique avec ses mナ砥rs, ses rites et ses luttes de pouvoir, mais perテァue de
l窶册xtテゥrieure (sorte de sociologie de la reprテゥsentation sociale de la communautテゥ scientifique de l窶卩妬l de
l窶冓ndividu lambda).
Cette cinquiティme acception nous テ paru nテゥcessaire, car la reprテゥsentation
lambda
du monde
scientifique est souvent fantasmagorique, voire paranoテッaque, et amティne une fraction non
nテゥgligeable d窶冓ndividus テ rテゥcuser la science comme dテゥmarche au nom du rejet de l窶冓mage qu窶冓ls se
font d窶冰ne communautテゥ scientifique nimbテゥe de secrets d窶凖ゥtats et de mensonges. De ce fait, le
rejet de la science テゥmane souvent d窶冰n courant non rテゥellement anti-science, mais anti-
ツォ scientifique ツサ. Ce phテゥnomティne est comprテゥhensible : tout d窶兮bord si le scientifique se trompe
souvent dans son quotidien, la dテゥsyncrテゥtisation de son savoir et de ses pratiques qui a cours dans
les mテゥdias ne permet pas de le faire savoir. En dテゥcoule alors une vision trティs idテゥalisテゥe de la
pratique. Ensuite la parole ツォ d窶凖ゥvangile ツサ des scientifiques est rテゥguliティrement exploitテゥe, aussi bien
par des journalistes offrant une tribune aux experts sur des sujets qui ne sont parfois pas les leurs,
que par les sphティres politiques, avec les dテゥrives que l窶冩n connaテョt : pensons aux consテゥquences de
Tchernobyl
ou aux Armes de Destruction Massive irakiennes (Ramonet 2003, Wolfowitz
. Enfin, la perception des ratios bテゥnテゥfices/risques d窶冰ne technologie n窶册st pas trティs claire
pour l窶冓ndividu
lambda
, qui n窶册st de toute maniティre pas consultテゥ テ ce sujet. Quand s窶凉 greffent des
affaires comme celle du sang contaminテゥ, de l窶兮miante ou des mテゥdicaments テ effets secondaires
graves comme le cas du Vioxx
, difficile de faire comprendre テ l窶冓nterlocuteur conspuant la
ツォ science ツサ au sens 5 que bien peu des choses qu窶冓l croit qu窶冩n lui cache le sont rテゥellement,
qu窶册lles lui sont potentiellement accessibles et que la critique qui テゥmane de ces drames n窶冓nfirme
en rien la dテゥmarche scientifique au sens 1 et glisse dessus comme sur les plumes d窶冰n canard.
Paraphrasant un exercice de Lecointre (
ouv.citテゥ
, p. 32), le rejet croissant de la science par le public
et le succティs de certaines mouvances spiritualistes viennent d窶冰ne confusion entre ces cinq
dテゥfinitions : テ titre d窶册xemple, la science comme dテゥmarche rationnelle d窶冓nvestigation du monde
(sens 1) sera rejetテゥe parce que le clonage fait peur (sens 3), parce que le club nuclテゥocrate prend
toutes ses dテゥcisions en bafouant la dテゥmocratie (sens 5), parce que des bombes atomiques ont
explosテゥ (sens 3), parce que des querelles de pouvoir s窶册xercent lors des congrティs scientifiques (sens
4) ou encore parce qu窶冰n rテゥsultat que l窶冩n tenait pour certain s窶兮vティre faux (sens 2). Lecointre
prテゥcise ailleurs :
27
Le communiquテゥ du 2 mai 1986 du Pr. Pellerin, de la direction de SCPRI, lors de l窶兮ccident de Tchernobyl est
considテゥrテゥ comme un mensonge d窶凖ゥtat.
28
Les aveux de Wolfovitz sont disponibles sur
Press Release : US Department of Defense, Wolfowitz Interview with Vanity
Fair窶冱 Tannenhaus,
http://www.defenselink.mil/transcripts/transcript.aspx?transcriptid=2594
29
Sur l窶兮ffaire des Coxibs et la dテゥsinformation, on pourra lire le rapport du Sテゥnat franテァais Le retrait du Vioxx :
http://www.senat.fr/rap/r04-185/r04-18578.html
36
ツォ Une attitude en vogue depuis que l窶冩n parle de ツォ dテゥpolitisation ツサ des masses est
d窶兮ttribuer la responsabilitテゥ de toutes les misティres du monde テ la dテゥmarche rationnelle de la
dテゥcouverte de ce monde Cette attitude explique en partie l窶兮fflux de dテゥboussolテゥs en
direction des sectes, dont le nombre d窶兮deptes a crテサ de 60% entre 1982 et 1995
les mテゥdecines irrationnelles. Elle est mテェme ancrテゥe au cナ砥r des questions que se pose la
SOFRES au public lorsque le ministティre de l窶凖ゥducation nationale et l窶
Usine nouvelle
lui
demandent de rテゥaliser un sondage sur ツォ les attitudes des franテァais テ l窶凖ゥgard de la science en
2001 ツサ, lequel public semble alors rテゥpondre que ツォ la modernisation et la technicisation de
la sociテゥtテゥ s窶兮ccompagne d窶冰n pテゥril テゥthique ツサ. Le sondage conclut que, selon les Franテァais, la
science aurait des effets nテゥgatifs dans la sphティre morale, que ツォ la modernisation de la
sociテゥtテゥ s窶兮ccompagne d窶冰ne perte de sens moral, d窶冓nテゥgalitテゥs croissantes ou de rapports
dテゥnaturテゥs
entre les gens ツサ, et que les Franテァais regrettent cet ツォ テ「ge d窶冩r oテケ les relations
humaines テゥtaient plus sereines, la civilitテゥ plus commune, les comportements altruistes
plus frテゥquents ツサ ツサ (Lecointre,
Charlie Hebdo
, 2001)
Nous ne disserterons pas sur la portテゥe fortement conservatrice des idテゥes auxquelles la science au
sens 1 sert de bouc テゥmissaire. Toutefois nous ne pouvons cacher le fait que de tels glissements
anti-expertise
->
anti-science
trouvent pignon sur rue au moment de la rテゥdaction de cette thティse,
notamment dans le pullulement de thテゥories pseudoscientifiques complotistes sur l窶册ffondrement
des
Twin Towers
, au nom du fait que la CIA nous cache beaucoup de choses 窶 ce qui semble
hテゥlas certainement vrai mais est argumentativement un procティs d窶冓ntention
franテァaises d窶冩bscurcissement des dテゥbats テ cause d窶凖ゥquivoques sur la notion de ツォ science ツサ
trouvent テゥcho dans certaines peurs non rationnelles liテゥes aux Organismes Gテゥnテゥtiquement
Modifiテゥs (OGM) ou aux Nanotechnologies
, et transforment une critique rationnelle valable qui
devrait テェtre purement politique en une posture non rationnelle anti-science scabreuse. Afin de se
dテゥtourner des scientifiques jugテゥs responsables de dテゥveloppements de technologies dangereuses
ou perテァues comme telles, une population non nテゥgligeable d窶冓ndividus retournent soit vers des
mテゥthodes d窶冓nterrogation du rテゥel introspectives, contemplatives ou intuitives 窶 au grand
bテゥnテゥfice, soit dit en passant, du marchテゥ du
Nouvel テHe
et des thテゥrapies alternatives
rites plus ou moins paテッens et des vテゥritテゥs rテゥvテゥlテゥes, 窶 assurant ainsi un succティs grandissant テ une
cohorte de Nouveaux Mouvements Religieux (NMR)
Nous faisons nテエtre cette conclusion de Lecointre :
ツォ La manipulation est grave, parce qu窶册n utilisant le seul mot science sans prテゥciser dans quel
30
Pour en savoir plus, on plongera dans la lecture de Pecker, Krivine, Thomas, 1997.
31
NdR : le questionnaire n窶册st pas rigoureux au sens ou la perte de sens moral est un concept nテゥbuleux, pour ne pas
dire clテゥrical, les inテゥgalitテゥs en question mテゥriteraient d窶凖ェtre qualifiテゥes (civiques, lテゥgales) et les rapports dテゥnaturテゥs,
rappelant certaines discussions mテゥdiテゥvales, mテゥriteraient une dテゥfinition heureusement impossible de la ツォ nature ツサ des
rapports humains.
32
Lecointre, La science a bon dos,
Charlie Hebdo
nツー461, 18 avril 2001.
33
Le procティs d窶冓ntention consiste テ condamner les actes ou les thテゥories d'un individu en lui prテェtant des intentions
condamnables. Le raisonnement est invalide dans la mesure oテケ les intentions ne peuvent テェtre prouvテゥes 窶 ce qui en
fait une fausse prテゥmisse.
34
Ce qui ne veut pas dire que toutes les craintes exprimテゥes sont non rationnelles, loin de lテ. Pour une introduction テ
la question actuelle des ツォ nanos ツサ, voir les travaux de Piティces et Main d窶儖euvre, travaux aussi nテゥcessaires que corrodテゥs
par une confusion de plusieurs dテゥfinitions de la science et par une forme rhテゥtorique souvent rebutante.
http://pmo.erreur404.org
35
Pour une bonne introduction テ cette problテゥmatique, se reporter テ Besnier & Mahric (1999).
36
Pour une salutaire ナ砥vre sur les NMR, on pourra lire la riche thティse de Mazenq (2001) (orthographiテゥ parfois
Mazenc).
37
sens on l窶册ntend (il devrait テェtre compris au sens premier mais semble compris par le public
au sens quatriティme [NdR :
ou cinquiティme dans notre exemple
], on laisse courir le malentendu selon
lequel la dテゥmarche rationnelle de la dテゥcouverte du monde mティne tout droit aux nテゥfastes
consテゥquences sociales du libテゥralisme テゥconomique [...] ツサ. (Lecointre,
in
Dubessy & Lecointre,
ouv.citテゥ
, pp. 33-4)
Nous verrons plus loin que bien des sujets souffrent d窶冰ne telle ambiguテッtテゥ, le darwinisme テゥtant
certainement le concept ayant le plus subi ce manque de nettetテゥ des dテゥbats. Nous insistons sur ce
que nous souhaiterions テェtre un lieu commun : ce n窶册st pas parce que la science aux sens 4 et 5
crテゥe une eau limoneuse dans la baignoire qu窶冓l faut jeter le bテゥbテゥ qui s窶凉 baigne. Au contraire 窶 et
toute la dテゥmarche critique est lテ 窶 il serait important de faire savoir que la rテゥappropriation de la
science comme dテゥmarche permettra une critique rationnelle bien plus efficace qu窶冰n
dテゥtournement pur et simple. Nous nous cantonnons donc テ revendiquer la science au sens 1.
Comme l窶凖ゥcrit Broch, ツォ
c窶册st la mテゥthode, plus que le rテゥsultat qui, en fait, caractテゥrise l窶册sprit de la science
ツサ.
(Broch,
ouv.citテゥ
, p. 175)
1.2.2
Science et clafoutis
De mテェme que Bridgeman qui dテゥclarait qu窶冓l y a ツォ
beaucoup de chichis autour de la mテゥthode scientifique
ツサ
(
in
Haack 2003), ou qu窶僞instein qui prテゥcisait dans un article que ツォ
toute la science n窶册st rien de plus
qu窶冰n raffinement de la pensテゥe de tous les jours
ツサ (Einstein 1936), nous dテゥfendons la simplicitテゥ du noyau
dur de la dテゥmarche scientifique. Dans les enseignements et les confテゥrences publiques qui ont
servi de laboratoires pratiques de notre thティse, nous avons expテゥrimentテゥ une prテゥsentation
dテゥcomplexante de la science qui se rテゥvティle efficace : la science que nous revendiquons n窶册st rien de
plus, finalement, que la mテゥthode permettant de faire des assertions vテゥrifiables et reproductibles
que ce soit sur des ondes ou sur le clafoutis aux cerises. Tous ceux qui testent des recettes font de
la science au sens 1, ceux qui rテゥdigent des livres de cuisine de la science au sens 2, et ceux qui
font de la cuisine en suivant l窶冰ne des recettes executent de la science au sens 3.
La bonne santテゥ de l窶兮rt culinaire et le marchテゥ des livres de science que sont les recueils de recettes
montrent que ce noyau dur de la dテゥmarche scientifique est omniprテゥsent et appropriable par tous,
tout comme l窶兮rt de cuire au mieux les pテ「tes ou l窶卩砥f frit a テゥtテゥ rendu appropriable テ tout un
chacun par le chimiste This (1995 ; 2002).
Une telle dテゥfinition s窶兮vティre largement suffisante pour s窶兮dosser au travail d窶兮nalyse des
pseudosciences avec des テゥtudiants, テ l窶冩ral
. テ l窶凖ゥcrit, nous prテゥfテゥrons soustraire テ Bricmont cette
dテゥfinition aussi limpide que simple :
ツォ [la science] se caractテゥrise avant toute chose par l窶册sprit critique, テ savoir l窶册ngagement テ
soumettre ses assertions テ la discussion publique, テ en tester systテゥmatiquement la validitテゥ
par l窶冩bservation ou l窶册xpテゥrience, et テ rテゥviser ou テ abandonner les thテゥories qui ne rテゥsistent
pas テ cet examen ou テ ces tests. ツサ (Bricmont 2001a).
En clair, il s窶兮git d窶凖ゥpuiser toutes les raisons connues pouvant infirmer la validitテゥ d窶冰ne nouvelle
hypothティse avant d窶冩pter pour cette validitテゥ et d窶冩btenir un consensus interne dans la
communautテゥ de chercheurs travaillant sur le champ concernテゥ (voir 2.4.
). Nous voyons bien que l窶 ツォ テゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence ツサ, si ce terme テ un
37
Le seul contre argument qui nous a テゥtテゥ objectテゥ est celui de la parapsychologie, qui invoque couramment que la
science telle que nous la dテゥfinissons n窶册st pas adaptテゥe aux phテゥnomティnes テゥvanescents, ou ツォ jaloux ツサ. Nous y
reviendrons lorsque nous aborderons les hypothティses
ad hoc
.
38
sens, ne peut テェtre que sceptique raisonnable (voir 1.2.4.
Scepticisme version raisonnable et ツォ douce ツサ
).
1.2.3
Vrai versus vraisemblable
Un des rares emprunts que nous pouvons encore faire aux sceptiques antiques est la mise en
balance du terme ツォ vテゥritテゥ ツサ : s窶冓l faut comprendre ツォ vテゥritテゥ ツサ comme une hypothティse テゥtablie et
acceptテゥe pour ツォ vraie ツサ intemporellement, alors la vテゥritテゥ est ailleurs que dans le cadre de la science
窶 ce qui rassurera les テゥtudiants ou le grand public qui reprochent テ la science (aux sens 4 ou 5)
un certain ツォ impテゥrialisme ツサ de la pensテゥe, 窶 テ l窶冓nstar, en leur temps, de Feyerabend (1998), ou
plus rテゥcemment Thuillier (1979). Cette notion de
vテゥritテゥ
est le deuxiティme des piティges sテゥmantiques,
aprティs celui de
science
, dテゥjテ abordテゥ plus haut, dont devrait s窶兮ffranchir l窶册nseignant de science et de
zテゥtテゥtique. Cela n窶兮 pas テゥchappテゥ テ la vigilance de Deleporte qui avertit que le flou sur cette notion
permet un appel テ un concordisme science-religion des plus dテゥmagogique, mais テエ combien
dテゥlテゥtティre. On retrouvera ce si sテゥducteur concordisme tant dans les projets tテゥlテゥologiques des
dテゥfenseurs de l窶僮ntelligent Design (ID) de l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris (UIP) qu窶兮u
Vatican. L窶册xemple qu窶冓l donne est d窶兮illeurs celui du Cardinal Poupard, dont le nivellement
science et foi comme deux quテェtes complテゥmentaires de la vテゥritテゥ est caractテゥristique, et lui fait テゥcrire
que ツォ la passion pour la vテゥritテゥ, cナ砥r de toute entreprise scientifique, anime テ nouveau le dialogue
entre science, culture et thテゥologie ツサ (Poupard 1994,
in
Deleporte 2001, p. 318).
ツォ [...] le tour de passe-passe, le jeu de mot, est assez subtil ツサ, explique Deleporte. ツォ Ainsi
donc le religieux chercherait la vテゥritテゥ, d窶冰n point de vue religieux, tandis que le scientifique
[...] chercherait, lui, la vテゥritテゥ d窶冰n point de vue scientifique窶ヲ donc religieux et scientifique
poursuivraient le mテェme but par des approches diffテゥrentes, et seraient テ la recherche de la
mテェme vテゥritテゥ globale des choses, en lui donnant simplement l窶凖ゥclairage diffテゥrent de
ツォ disciplines ツサ complテゥmentaires. Ici, l窶册scroquerie intellectuelle [...] consiste テ admettre
implicitement qu窶冰ne ツォ vテゥritテゥ religieuse ツサ serait du mテェme ordre qu窶冰ne ツォ vテゥritテゥ scientifique ツサ,
au point de converger et de se fondre en une sorte de notion de vテゥritテゥ gテゥnテゥrale. (窶ヲ) il suffit
d窶兮ppeler les choses par leur nom, d窶冰ne part les thテゥories explicatives et les hypothティses
scientifiques, d窶兮utre part les professions de foi et les dogmes religieux, pour que ce pseudo-
raisonnement s窶凖ゥcroule ツサ. (
Ibid.
pp. 318-320).
Jusqu窶凖 certains sceptiques de haute volテゥe se sont fait prendre テ ce piティge sテゥduisant, comme le
biologiste S. J. Gould
. Le caractティre intellectuellement construit des connaissances scientifiques
doit テェtre manifeste, et doit suggテゥrer la nテゥcessaire rテゥfutation/confrontation aux faits que les vテゥritテゥs
mテゥtaphysiques, quant テ elles, ne proposent pas. Il faut insister sur le fait que la mise sur un mテェme
plan des vテゥritテゥs scientifiques et des vテゥritテゥs scripturaires ou rテゥvテゥlテゥes est un leurre, de mテェme que
celle, plus sournoise encore, de ツォ sens ツサ : croire deviner l窶冓nanitテゥ des choses ou le sens d窶冰ne
existence dans les dテゥcouvertes scientifiques est une mテゥta-erreur du mテェme type que de vouloir
chasser un souvenir en lanテァant une pierre
38
Lire sur ce sujet l窶册xcellente critique de Dubessy J.,
Le NOMA de Stephen J. Gould
,
in
Dubessy, Lecointre, Silberstein
2004, pp. 555-578.
39
Dubessy a rテゥcemment rテゥsumテゥ notre sentiment profond en une seule phrase : ツォ
La question du sens que se pose chaque
citoyen relティve du politique, et il ne faut pas tout mテゥlanger
ツサ, France Culture,
Du grain テ moudre
, 4 mai 2007. Il complテゥta
quelques jours plus tard sa pensテゥe, que nous jugeons bon de reproduire
in extenso
:
ツォ Ce que je voulais dire テゥtait ceci. Arnould fait rテゥfテゥrence en permanence au sens en mテゥlangeant テ dessein le "sens" de l'テゥvolution et le
"sens" que l'Homme veut donner テ sa vie. Le premier aspect est bien sテサr anti-scientifique et n'en possティde que le vernis des mots dans la
bouche d'Arnould et des partisans de l'ID. En outre, il possティde l'avantage pour ses partisans que si l'テゥvolution biologique avait un sens,
possテゥdait un concepteur intelligent, on ne verrait pas pourquoi la sociテゥtテゥ ne devrait pas テェtre organisテゥe selon les principes de la cause finale et
du concepteur intelligent, bref que les religions et leurs テゥglises devraient テェtre テ la tテェte de la sociテゥtテゥ, ce qui serait la justification d'une sociテゥtテゥ
39
Alors que faire ? Afin d窶凖ゥviter toute invocation d窶冰ne transcendance dans la connaissance, toute
notion axiomatique de la nature et tout amalgame avec les vテゥritテゥs dites rテゥvテゥlテゥes, il serait tentant
de remplacer ツォ vテゥritテゥ ツサ par des termes moins connotテゥs comme
vテゥracitテゥ
ou de
vraisemblance
, voire le
meilleur mais complexe
vテゥrisimilitude
, proposテゥ par Kremer Marietti, dテゥsignant
ツォ dans quelle mesure une hypothティse approche de la vテゥritテゥ. Le premier abord de la notion,
qui est dテサ テ Popper, identifie celle-ci avec la proportion テ laquelle une thテゥorie capture toute
la vテゥritテゥ [...]. ツサ. (Kremer Marietti 2002)
Il ne s窶兮git pas d窶冰ne simple querelle de mots : il est question d窶凖ゥviter de saper les fondements de
la dテゥmarche scientifique en permettant un mテゥlange des ツォ vテゥritテゥs ツサ mテェme involontaire. Il importe
de choisir un terme qui contienne cette dimension temporelle et construite des savoirs
scientifiques qui les diffテゥrencie des dogmes, immuables et reテァus, car comme l窶凖ゥcrit Sokal :
ツォ L窶册sprit critique a pour corollaire le faillibilisme, c'est-テ-dire la conscience du fait que
l窶册nsemble de notre savoir empirique est provisoire, incomplet, et susceptible d窶凖ェtre rテゥvisテゥ テ
la lumiティre de preuves nouvelles ou de nouveaux arguments. ツサ (Sokal,
ouv.citテゥ
, p.46).
En rテゥsumテゥ, quoiqu窶冓l soit assurテゥment nテゥcessaire de faire de plus longs dテゥveloppements, nous
pensons qu窶冰n important pas pテゥdagogique est franchi lorsque nous montrons en diapositive
l窶册ncart suivant (figure 8) et que le public テゥtudiant acquiesce.
Figure 9 : Encart de diapositive, cours de zテゥtテゥtique, Monvoisin.
Pour l窶冓llustrer, nous nous contraignons テ une sorte d窶兮scティse, pas toujours nテゥcessaire, mais
scrupuleuse, consistant テ troquer des phrases comme :
ツォ La thテゥorie du
big bang
est vraie ツサ
par :
ツォ La thテゥorie du
big bang
est la plus vraisemblable テ l窶冓nstant oテケ nous parlons ツサ.
Cela permet de faire d窶冰ne pierre pテゥdagogique trois coups :
-
l窶册nseignant transmet une テゥnonciation テゥpistテゥmologiquement plus juste
-
prテゥvient certaines intrusions spiritualistes commenテァant par ツォ quテェte de vテゥritテゥ ツサ ou de
ツォ quテェte de sens ツサ ; lorsque dans le titre d窶冰ne confテゥrence ou d窶冰n livre ツォ scientifique ツサ,
thテゥocratique dont l'histoire a montrテゥ le degrテゥ zテゥro de la dテゥmocratie.
En revanche, donner un sens テ sa vie dans la sociテゥtテゥ, le droit au bonheur, n'a d'autre issue, テ moins de rechercher l'isolement total, que de
s'assembler avec les autres individus, et dテゥlibテゥrer par la mテゥdiation de la Rテゥpublique (nテゥcessairement laテッque pour pouvoir le faire) afin
d'organiser la sociテゥtテゥ. Ce champ est celui qui relティve du politique. En utilisant la dテゥshテゥrence sociale, le dテゥsespoir dans lesquels notre sociテゥtテゥ
actuelle, organisテゥe officiellement sous le vernis des principes rテゥpublicains, plonge une partie croissante de la population en ne respectant pas
et mテェme en dテゥtruisant et niant de fait l'テゥgalitテゥ des droits sociaux des citoyens pour vivre dignement, il est clair qu'Arnould (tout comme
Rテゥgis Debray) utilise cette situation pour pouvoir nier le champ politique dont le citoyen doit se saisir pour pouvoir imposer une
Rテゥpublique sociale qui rテゥponde テ ses besoins. Ainsi, l'envahissement du champ Politique, de l'Espace Public par les religions et テゥglises,
serait "justifiテゥ" テ la fois comme rテゥsultant du "sens" de l'テゥvolution et de cette situation sociale abominable qui scellerait la faillite de la
Rテゥpublique. D'ailleurs, Arnould, テ la fin de son livre 'Dieu versus Darwin', bien que critiquant l'ID, lui trouve de nombreuses vertus
dans les questions qu'il pose...
ツサ (Communication personnelle).
40
Au sens de justesse, bien sテサr, non de justice.
La
vraisemblance /vテゥrisimilitude /conformitテゥ テ la rテゥalitテゥ
est une affaire de science.
La
vテゥritテゥ
est une affaire personnelle et l窶册xistence n窶兮 que le sens qu窶冩n veut bien lui donner.
40
nous entendons le terme
Vテゥritテゥ
, nous enlevons le cran de sテゥcuritテゥ de notre
Browning
-
et anticipe les remarques sur la soi-disant volontテゥ impテゥrialiste et morale de pouvoir et
d窶凖ゥdiction de ce qui est ツォ vrai ツサ par la science.
De mテェme pour les savoirs dテゥpassテゥs mais enseignテゥs, nous troquerions :
ツォ
Les lois de Newton sont vraies
ツサ
par :
ツォ
Les lois de Newton sont une excellente approximation de ce qui se passe
ツサ
D窶兮utres exemples sont abordテゥs dans le chapitre 4.3.5 prテゥsentant les raisonnements panglossiens.
1.2.4
Scepticisme version raisonnable et ツォ douce ツサ
Le cadre テゥpistテゥmologique de cette thティse est le scepticisme dit ツォ raisonnable ツサ, par opposition au
scepticisme antique de Pyrrhon, considテゥrテゥ comme radical. Cette version raisonnable, ou modテゥrテゥe,
dテゥfend qu窶冓l est possible de bテ「tir des connaissances vraisemblables, en tous les cas plus
vraisemblables que d窶兮utres テ un instant
t
, et de repousser les plus invraisemblables 窶 se
rapprochant par lテ du rテゥfutationnisme
. Elle dテゥfend en outre le doute ツォ ouvert ツサ avant enquテェte,
par opposition テ la nテゥgation simple des assertions allテゥguテゥes, et reprend テ son compte, en la
nuanテァant un peu, la critique de M. Truzzi, fondateur de la version moderne de la zテゥtテゥtique,
adressテゥe aux pseudo-sceptiques :
ツォ Parfois les usagers du terme ont distinguテゥ ce qu'on appelle des sceptiques "modテゥrテゥs" par
opposition テ des sceptiques "durs", et j'ai en partie ravivテゥ le terme de "zテゥtテゥtique" テ cause de
cette mauvaise utilisation du terme. Mais je pense que les problティmes gテゥnテゥrテゥs dテゥpassent
aujourd'hui la simple terminologie et que les choses doivent テェtre mises au clair. Le
"scepticisme" faisant prテゥcisテゥment rテゥfテゥrence au doute plutテエt qu'テ la dテゥnテゥgation 窶
l'incrテゥdulitテゥ plutテエt que la croyance 窶 les critiques adoptant une position nテゥgative plutテエt
qu'agnostique mais continuant テ se qualifier de "sceptiques" sont en fait des pseudo-
sceptiques et ont, je pense, acquis un faux avantage en usurpant cet terme. ツサ (Truzzi,
1987a)
Effectivement, la nテゥgation pure et simple des faits qui
a priori
semblent テゥmarger du champ de la
science relティve tout autant de l窶
acte de foi
, et n窶册st que la stricte contraposテゥe de la croyance
inconditionnelle dans le phテゥnomティne considテゥrテゥ. C窶册st ce qui par exemple en France a eu l窶兮ir de
renvoyer rテゥguliティrement dos テ dos les partisans du
psi
de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International
(IMI) et leurs dテゥtracteurs
. Le scepticisme raisonnable que nous dテゥfendons tente donc de prテゥvoir
41
De la cテゥlティbre phrase prononcテゥe par le personnage Thiemann tirテゥe de la piティce du nazi Johst (1984, Act. 1 science.
1). Cette rテゥactivitテゥ au terme de Vテゥritテゥ nous a permis de repテゥrer une table ronde trティs discutable de l窶儷IP appelテゥe
ツォ
Science & vテゥritテゥ
ツサ dans l窶僊nnテゥe Mondiale de la Physique, sur le campus de Grenoble, en mars 2005. Lire
Tentative
d'intrusions spiritualistes dans l'Annテゥe mondiale de la physique
,
Observatoire Zテゥtテゥtique Newsletter Nツー09, 17 mars 2005.
42
Nous employons ce terme en lieu et place de
falsificationnisme
popperien, terme pouvant テェtre perテァu comme
pテゥjoratif, sous-entendant qu窶冓l y a ruse ou contrefaテァon de la connaissance 窶 sens que n窶兮 pas ce terme en anglais par
exemple. Il s窶兮git d窶冰ne erreur de traduction.
43
Truzzi M.,
On Pseudo-Skepticism
est traduit sur le site de J. Beau, ici :
http://rr0.org/data/1987/Truzzi_OnPseudoSkepticism/index_fr.html
44
Nous avons obtenu un テゥclaircissement sur ce point par P. Macias, contributeur de l窶僮MI : il ne faut pas
comprendre la devise de l窶僮MI ツォ
Le paranormal, nous n窶凉 croyons pas, nous l窶凖ゥtudions
ツサ comme une phrase sceptique, mais
bien au contraire comme l窶凖ゥquivalent de ツォ
Nous n窶凉 croyions plus, nous avons la certitude et nous l窶凖ゥtudions
ツサ. Phrase ambiguテォ
41
deux types d窶凖ゥcueils majeurs :
-
ne pas se positionner en terme de croyance ツォ j窶凉 crois/je n窶凉 crois pas ツサ, et de troquer ses
impressions contre une dテゥmarche heuristique.
-
prendre en considテゥration l窶兮ffect et l窶册ngagement des individus mテェlテゥs aux pseudosciences
qui sont analysテゥes, ceci pour テゥpargner les conflits cognitifs gratuits et テゥviter ou
contourner un large panel de dissonances dテゥfensives (scepticisme ツォ doux ツサ).
En ce sens, il y a peu, et de moins en moins, de sceptiques pratiquants la ツォ contre-explication
post
hoc
ツサ en France en ce dテゥbut du 21
ティme
siティcle. Il s窶兮git bien souvent d窶冰n simple problティme de forme
et, malheureusement, de ton
1.2.5
Le Syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain
Premier point nuanテァant les propos du dテゥfunt Truzzi, le rejet de certaines allテゥgations par les
sceptiques est rarement un rejet ツォ pur et simple ツサ ou ツォ de principe ツサ. Il a bien souvent une
motivation rationnelle, et souvent une histoire.
La motivation rationnelle repose sur le fait que la science, et plus particuliティrement son bras outillテゥ
dans le champ des pseudosciences et des allテゥgations extraordinaires, ne peut malheureusement
pas, au grand dam d窶冰n certain nombre de Galilテゥe auto-proclamテゥs, se pencher sur toutes les
allテゥgations possibles imaginables avec le mテェme intテゥrテェt sans vouer progressivement son objet, la
connaissance vraisemblable, aux gテゥmonies. Remettre l窶冩uvrage cent fois sur le mテゥtier est
harassant, テ plus forte raison lorsque certains domaines pseudoscientifiques sont atteints du
syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain
(ICB).
Cette image provient vraisemblablement du sceptique テゥtatsunien James Randi. Elle dテゥsigne la
tendance qu窶冩nt certaines assertions, hypothティses ou thテゥories, テ persister テ rテゥapparaテョtre テ la surface
(des mテゥdias, des esprits, des discussions) malgrテゥ une ou plusieurs dテゥconstructions en rティgle.
Unsinkable Rubber Duck
n.
1. A claim that, after repeatedly disproved, continues to 窶徘op窶 back into the beliefs of a
group of people.
2. An utterly annoying phenomenon; eg. creationism.
3. A cute bath toy made of buoyant rubber. (Schmieg,
urducks.wordpress.com
)
Le philosophe Kurtz le donne ainsi :
ツォ Namely, although skeptical investigators may thoroughly refute a claim in one generation,
it may come back to haunt us in the next-as a hydra-headed monster-with new intensity and
attraction
ツサ (Kurtz 2001).
Dテゥcrit comme un syndrome affectant des dテゥfenseurs de thテゥories fausses, l窶僮CB est une bonne
mテゥtaphore d窶冰ne vaste gamme de dissonances cognitives (Festinger
& al.
1993 ; Tarvis &
Aronson 2007). Il dテゥcrit tout aussi bien la rテゥsistance intellectuelle de l窶冓ndividu en butte テ des faits
contrevenant テ son adhテゥsion que cette appテゥtence des mテゥdias テ faire du rテゥchauffテゥ sur des sujets
qui mテゥriterait d窶凖ェtre テゥclaircie (communication personnelle, Ultimate Z 2, Universitテゥ d窶凖ゥtテゥ de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique,
juillet 2007).
45
Certaines formes de critiques frisent l窶册ssentialisme. Sur ce point, voir une petite introduction dans Monvoisin,
Zテゥtテゥtique, sociologie au rテ「teau et hausse du prix de l窶
Essence, POZ Nツー26.
42
enterrテゥs depuis longtemps (voir 4.4.3.15
Technique du liquide vaisselle
). S窶冓l y a peu d窶册spoir pour
dテゥtourner les gens engoncテゥs dans cette persistance, travailler sur les mテゥdia et leurs
consommateurs est bien plus envisageable. Encore faut-il s窶册n sentir le courage : l窶僮CB est
dテゥcourageant, et explique une partie des refus d窶冓nvestigations de certains sujets zテゥtテゥtiques 窶
pensons par exemple au Triangle des Bermudes, dont le mystティre n窶册n est pas un depuis bien
longtemps.
1.2.6
La mテゥtaphore de l窶兮rchテゥologue
La
mテゥtaphore de l窶兮rchテゥologue
que nous avons construite s窶册st rテゥvテゥlテゥe trティs utile dans les dテゥbats avec
les テゥtudiants. Elle se contente de dire ce qui semble テェtre un lieu commun : maximiser ses chances
de dテゥcouvertes implique de chercher dans des endroits pour lesquels il y a une prテゥsomption. Un
archテゥologue cherchera plus volontiers une momie de pharaon aux alentours de la Vallテゥe des Rois
que dans une dune quelconque du Sinaテッ, parce qu窶冓l s窶兮ppuiera sur ce que la science sait dテゥjテ
(qu窶冰ne majoritテゥ des momies テゥgyptiennes ont テゥtテゥ retrouvテゥes dans la Vallテゥe des Rois). Par
テゥconomie de temps et d窶册ffort, l窶兮rchテゥologue procティdera par テゥconomie cognitive, et ira par
induction vers le plus vraisemblable des lieux. Il en est de mテェme pour le scientifique : il est des
champs d窶冓nvestigation qui sont moins (ce qui ne veut pas dire pas du tout) propices テ la
dテゥcouverte que d窶兮utres parce qu窶冓ls sont en pure contradiction avec les connaissances actuelles.
De la thテゥorie gテゥologique de la sphティre creuse テ la guテゥrison du cancer par l窶冓mposition des mains, il
est des cas oテケ la contradiction avec les faits connus en matiティre gテゥologique ou mテゥdicale est
manifeste. Ajoutons テ cela la lassitude lテゥgitime de l窶兮rchテゥologue qui fouille depuis des annテゥes dans
un site qui s窶兮vティre ツォ salテゥ ツサ artificiellement, et l窶冩n comprendra テゥgalement pourquoi certains
sceptiques renoncent, テ tort peut テェtre, テ analyser les nouvelles donnテゥes venant d窶冰n champ
d窶冓nvestigation entachテゥ de fraudes rテゥcurrentes
1.2.7
Le pseudo-dテゥsintテゥrテェt des scientifiques
Cela n窶册mpテェche bien sテサr pas certains dテゥfenseurs de thテゥories ou de faits extra-ordinaires d窶兮ccuser
la science (sans prテゥcision de l窶兮cception, voir
La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain
pencher sur leur sujet, sans parfois se rendre compte que la terre y a テゥtテゥ battue et rebattue
plusieurs fois, comme l窶冩rigine idテゥomotrice des mouvements du pendule de radiesthテゥsie pourtant
montrテゥe par Chevreul dティs 1833 (Chevreul, 1833, pp. 258-266, et Chevreul 1854). Un bricolage
cognitif (voir 4.3.2.23
Disgression : soumission テ l窶兮utoritテゥ
) les amティne alors gテゥnテゥralement テ dire que les
scientifiques ont
peur
d窶兮ller chercher, lテ oテケ l窶册ntreprise de creuser a dテゥjテ テゥtテゥ menテゥe plusieurs fois
(voir 4.4.3.9
Le carpaccio ツォ bravade d窶冓nterdit ツサ ou Terra Incognitae
). La possibilitテゥ que ce soit leur
thテゥorie qui soit fausse glisse sur eux sans les テゥmouvoir. On entendra alors ce raisonnement
ad hoc
si courant dテゥclarant que la science actuelle n窶兮 pas les outils adaptテゥs pour dテゥcouvrir le phテゥnomティne
(voir 2.4.
Critティres de dテゥmarcation, quelques outils pテゥdagogiques
proponants
de recourir au renfort de
cas particuliers de l窶冑istoire テゥrigテゥs en rティgle, de ces incompris que furent Ohm ou Sommelweiss en
passant par Boltzmann, Wegener ou Tesla, sans concevoir cette facette Z de Broch qui
avertit pourtant que
possible n窶册st pas toujours possible
. Surtout lorsque ce
possible
est improbable.
1.2.8
Complexe de la perle rare, possible
Comme le souligne Broch, c窶册st parce que l窶冓mprobabilitテゥ de la dテゥcouverte dans ces champs est
46
Comprテゥhensible mais regrettable, les positions de H. Broch sur la parapsychologie en sont arrivテゥes テ ce stade.
43
immense que la gloire qui y serait potentiellement associテゥe est grande ; sorte de
complexe de la perle
rare
, trティs bien dテゥcrit par les psychologues sociaux (Cialdini 2003), et qui assure encore les
demandes de brevetage de mouvemenplus l窶冓ntテゥrテェt suscitテゥ 窶 et la gloire associテゥe 窶 sera grande (figure 9).
On revendique alors la possibilitテゥ d窶冰ne thテゥorie ou d窶冰ne hypothティse, sans voir que ce qui est
extraordinaire est certes, possible au sens des probabilitテゥs, mais souvent quasi-improbable.
Certaines quテェtes ressemblent alors テ des causes perdues, telles le Loto, dont les probabilitテゥs de
gagner sont
grosso modo
inversement corrテゥlテゥes テ la taille du gain potentiel.
Figure 10 :
Couverture de Sciences & Avenir, oct. 2001. Fabrication du scoop autour d窶冰ne ツォ perle rare ツサ, en
l窶冩ccurrence la transgression de lois censテゥes テェtre immuables.
Par ailleurs la possibilitテゥ et l窶冓mpossibilitテゥ sont inhテゥrentes テ un niveau テゥpistテゥmologique prテゥcis.
Saut テゥpistテゥmologique parfois nテゥcessaire : entre porte qui ne peut テェtre que fermテゥe ou ouverte et
porte tournante, il y a un hiatus. Dans
Quand la science dit
,
c窶册st impossible
, Farouki
& al.
(1999)
expliquent que si, pour s'opposer テ une nouvelle thテゥorie scientifique perテァue comme dテゥplaisante,
un chef d'Etat tranche le cou du (de la) thテゥoricien(ne), on ne pourra considテゥrer le coup d'テゥpテゥe
comme un argument que si l'on change les rティgles テゥpistテゥmologiques. ツォ
Tous les impossibles ne se valent
pas
ツサ dit Farouki (
ibid.
, p. 1999).
Ce qui fait dire テ Broch cette facette Z : ツォ
possible n窶册st pas toujours possible
ツサ, bien que le triple sens
sur ツォ possible ツサ nous fasse テゥgalement profテゥrer la facette sous cette forme : ツォ
possible n窶册st pas toujours
probable
ツサ.
Broch insiste d窶兮illeurs avec cette autre facette : ツォ
La non-impossibilitテゥ n'est pas un argument
d'existence
ツサ.
Les mテゥdias nous le verrons jouent beaucoup avec ce thティme du scoop rare, de la dテゥcouverte qui
chamboule et du chercheur hテゥrテゥtique qui ツォ bouscule les fondements de la science ツサ.
47
Le dテゥpテエt de dossier sur le mouvement perpテゥtuel est refusテゥ テ l窶僊cadテゥmie des sciences depuis 1775, ce qui
n窶册mpテェche pas les tentatives actuelles, plテゥthores sur internet. Une dテゥsinence moderne du fantasme du mouvement
perpテゥtuel se trouve dans les rテゥflexions sur l窶凖ゥnergie libre. Voir par exemple le site
Quanthomme
:
http://membres.lycos.fr/quanthomme
44
Notons que les gens vivant ce complesouffrent souvent d窶冰ne forme de messianisme martyrisテゥ. Outre Galilテゥe, est rテゥguliティrement
invoquテゥ des analogies avec la liste de noms d窶兮nti-conformistes brillants dテゥjテ entrevue (Harvey,
Tesla, Einstein, Wegener, etc.) qui donnent l窶冓mpression d窶冰ne causalitテゥ
anti-conformisme
->
dテゥcouverte
rテゥvolutionnaire
, テ la condition d窶冩ublier l窶冓mmense majoritテゥ des anti-conformistes dont les thティses
ont rejoint les poubelles de l窶冑istoire des sciences (voir 2.4.4, biais de confirmation, in
Exclusivitテゥ
de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ
, 4.3.4.
Faisceau de preuves
).
1.2.9
L窶兮ppel テ l窶冓gnorance, ou inversion de la charge de la preuve
Autre biais, non des moindres, qui accentue ce complexe de la perle rare : l窶兮ppel テ l窶冓gnorance, ou
ad ignorantiam
. Cette forme de faux dilemme consiste テ poser que puisque l窶冓nexistence d窶冰ne
chose n窶册st pas prouvテゥe, on peut dテゥclarer qu窶册lle est vraie. Ceci est non seulement en
contradiction avec un scepticisme raisonnable, mais est par ailleurs un cas flagrant de
renversement du poids de la preuve : alors que c窶册st テ celui qui affirme de dテゥmontrer son propos,
l窶冓nterlocuteur, en affirmant qu窶册lle est vraie, sous-entend ツォ et prouvez-moi que c窶册st faux ツサ. On
retrouve ce sophisme dans les phrases type : ツォ Prouvez-moi que l窶冑omテゥopathie ne marche pas ツサ.
En cours, nous utilisons plusieurs stratagティmes faciles pour montrer l窶冓nanitテゥ d窶冰ne telle posture.
En voici un, que nous appelons le
coup des claquements de doigts
:
ツォ Si je vous dテゥclare qu窶册ntre ces deux claquements de doigts (clac, clac) je me suis mis nu
et ai fait trois fois le tour de l窶兮mphithテゥテ「tre テ cloche-pied, puis me suis rhabillテゥ mais vous
n窶兮vez rien vu puisque j窶凖ゥtais dans l窶冑yperespace ; si j窶兮joute ツォ prouvez-moi le contraire ツサ,
vous comprenez bien que vous テェtes (faussement) coincテゥs dans votre argumentaire. Car
c窶册st テ moi de faire la preuve de ce que j窶兮vance. ツサ.
D窶兮utres seront テゥvoquテゥs dans 2.4.2
Invocation abusive d窶冑ypothティses.
1.2.10
Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact
Shermer rテゥsume ici une excellente facette Z :
Heresy does not equal correctness
, que l窶冩n pourrait
traduire par ツォ
hテゥrテゥtique n窶册st pas toujours exact
ツサ.
ツォ They laughed at Copernicus. They laughed at the Wright brothers. Yes well, they laughed
at the Marx brothers. Beeing laughed at does not mean you are right. Wilhelm Reich
compared himself to Peer Gynt, the unconventional genius out of step with society, and
misunderstood and ridiculed as a heretic until proven right. ツサ (Shermer 2002, p. 50).
En guise d窶冓llustration, Shermer テゥpingle une citation souvent revendiquテゥe par les hテゥrテゥtiques
diplテエmテゥs, celle de Schopenhauer :
ツォ
Toute vテゥritテゥ franchit trois テゥtapes. D窶兮bord elle est ridiculisテゥe. Ensuite, elle subit une forte
opposition. Puis, elle est considテゥrテゥe comme ayant toujours テゥtテゥ une テゥvidence ツサ.
Cette phrase, accommodテゥe テ toutes les sauces, mテェme les plus nausテゥabondes (elle fut reprise dans
Journal of Historical Review
, journal nテゥgationniste dans l窶凖ゥdition de Janvier 窶 fテゥvrier 1996), est une
phrase creuse, et Shermer prテゥcise :
ツォ But "all truth" does not pass through these stages. Lots of true ideas are accepted without
ridicule or opposition, violent or otherwise. Einstein's theory of relativity was largely
ignored until 1919, when experimental evidence proved him right. He was not ridiculed,
and no one violently opposed his ideas. The Schopenhauer quote is just a rationalization, a
45
fancy way for those who are ridiculed or violently opposed to say, "See, I must be right."
Not so.窶 ツサ
(Ibid.
).
L窶冓llusion ツォ hテゥrテゥtique ツサ tire son ferment dans plusieurs biais connus de la zテゥtテゥtique :
- le tri des situations (voir 4.3.5.
Faisceau de preuves
) et le biais de confirmation (voir 2.4.4, Biais de
confirmation
,
in
Exclusivitテゥ de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ
,
)
Shermer :
ツォ History is replete with tales of the lone scientist working in spite of his peers and flying in
the face of the doctrines of his or her own field of study. Most of them turned out to be
wrong and we do not remember their names. For every Galileo shown the instruments of
torture for advocating a scientific truth, there are a thousand (or ten thousand) unknowns
whose "truths" never pass muster with other scientists. ツサ
(Ibid.
).
- La dテゥ-historicisation (voir
3.4.3.1,
Caractティre
ex nihilo
et dテゥsyncrテゥtisation
) et les baignoires
d窶僊rchimティde (voir
Annexe, fiche pテゥdagogique 窶 les psychomテゥdecines
) : prテゥsenter les hypothティses sans les
contextualiser ou retracer l窶冑istoire de leur controverse amティne テ la crテゥation de mythes
scientifiques qu窶儖rtoli et Witkowski (1998) ont appelテゥ les
baignoires d窶僊rchimティde
, ces mythes dont
la vulgarisation scientifique se nourrit, entre les meubles de Palissy, le serpent de Kekulテゥ, la
pomme de Newton, le Nombre d'Or窶ヲ.
Shermer enfonce le clou :
ツォ The scientific community cannot be expected to test every fantastic claim that comes
along, especially when so many are logically inconsistent. If you want to do science, you
have to learn to play the game of science. This involves getting to know the scientists in
your field, exchanging data and ideas with colleagues informally, and formally presenting
results in conference papers, peer-reviewed journals, books, and the like ツサ
(ibid.
).
Conclusion qui rejoint celle sur l窶僮CB.
1.2.11
La grille de mots croisテゥs de Susan Haack
Autre maniティre d窶册xpliquer ce scepticisme raisonnable qui, parce qu窶冓l refuse de se pencher sur
certains sujets, n窶册n est pas pour autant du pseudo-scepticisme truzzien : la mテゥtaphore de Haack,
posant la recherche scientifique comme une immense grille de mots croisテゥs. Vouloir imposer un
phテゥnomティne nouveau et incongru dans le paysage scientifique connu revient テ forcer un mot dans
une grille dテゥjテ en partie remplie. Cela impose de changer les entrテゥes qui croisaient ce mot
auparavant, et ceci a un coテサt qui ne peut テェtre payテゥ que par un statut de preuve suffisant. Cette
mテゥtaphore vaut une reproduction presque
in extenso
:
ツォ Reprテゥsentez-vous un scientifique comme quelqu窶冰n qui travaille sur sa section dans une
テゥnorme grille de mots croisテゥs : s窶兮ppuyant sur l窶冓nformation dont il dispose, il devine la
rテゥponse, vテゥrifiant encore et encore si celle-ci concorde avec l窶冓ndice et les entrテゥes dテゥjテ
complテゥtテゥes qui la croisent et si ces derniティres concordent aussi avec leurs indices de mテェme
que les autres entrテゥes, soupesant la probabilitテゥ que certaines de celles-ci soient erronテゥes,
puis essayant de nouvelles entrテゥes テ la lumiティre de celle-lテ, et ainsi de suite. La grille est en
grande partie vide, mais beaucoup d窶册ntrテゥes sont dテゥjテ complテゥtテゥes, certaines テ l窶册ncre quasi
indテゥlテゥbile, d窶兮utres テ l窶册ncre ordinaire, d窶兮utres encore au crayon plus ou moins appuyテゥ, au
point parfois de s窶册ffacer. Certaines sont en anglais, d窶兮utres en swahili, en flamand, en
espテゥranto, etc., etc. Dans certaines sections, plusieurs longues entrテゥes ont テゥtテゥ テゥcrites テ
46
l窶册ncre d窶冰ne main ferme ; ailleurs, il y en a peu ou pas. Certaines entrテゥes ont テゥtテゥ complテゥtテゥes
des centaines d窶兮nnテゥes auparavant par des scientifiques morts depuis longtemps, d窶兮utres la
semaine derniティre. テ certaines テゥpoques, en certains lieux, sous peine de renvoi ou pire
encore, seuls les mots du novlangue peuvent テェtre utilisテゥs ; ailleurs, des pressions s窶册xercent
pour que telles entrテゥes soient remplies d窶冰ne certaine faテァon テ l窶册xclusion d窶冰ne autre, ou
pour qu窶冩n se penche sur une section complティtement vide plutテエt que de travailler sur une
partie plus facile et dテゥjテ partiellement remplie 窶 ou pour qu窶冩n ne travaille pas du tout sur
certaines sections. Des テゥquipes rivales se querellent au sujet de certaines entrテゥes, les
repassant au crayon ou mテェme テ l窶册ncre puis gommant tout, peut-テェtre dans une douzaine de
langues et dans un dテゥlai dテゥterminテゥ. D窶兮utres テゥquipes coopティrent en vue de mettre au point
une procテゥdure pour dテゥbiter toutes les anagrammes d窶冰n indice long comme un chapitre ou
un appareil capable d窶兮grandir un indice si minuscule qu窶冓l en est illisible, ou elles veulent
lancer un appel aux テゥquipes travaillant sur d窶兮utres parties de la grille afin de voir si elles
n窶兮uraient pas quelque chose qui puisse テェtre adaptテゥ ou pour demander si elles sont bien
sテサres qu窶冓l faut mettre un ツォ s ツサ ici. Quelqu窶冰n prテゥtend avoir remarquテゥ un dテゥtail dans tel ou
tel indice que personne n窶兮 jamais vu ; d窶兮utres conテァoivent des tests pour vテゥrifier si celui-ci
est un observateur particuliティrement talentueux ou s窶冓l imagine des choses ; d窶兮utres encore
travaillent pour mettre au point des instruments afin d窶凉 voir de plus prティs. De temps en
temps, des accusations sont portテゥes au sujet d窶冓ndices qu窶冩n aurait altテゥrテゥs ou de cases qu窶冩n
aurait noircies. Parfois, on entend ceux qui travaillent sur une partie de la grille se plaindre
que leur point de vue sur ce qui se fait ailleurs n窶册st pas pris en compte. Ici et lテ, une longue
entrテゥe, qui en croise de nombreuses autres, est effacテゥe par un groupe de jeunes Turcs qui
affirment avec insistance que cette partie de la grille doit テェtre refaite, et en turc cette fois,
naturellement ; d窶兮utres encore tentent, lettre テ lettre, de voir si le gallois original ne pourrait
pas テェtre prテゥservテゥ窶ヲ Je ne cherche pas ici テ vous refiler une mテゥtaphore en guise d窶兮rgument.
Mais je cherche テ suggテゥrer, par cette histoire de mots croisテゥs, que la quテェte scientifique est
plus brouillonne, moins mテゥthodique que les vieux dテゥfテゥrencialistes ne l窶冓maginent, et
pourtant davantage contrainte par les テゥlテゥments de preuve que ne le pensent les nouveaux
cyniques. (窶ヲ)ツサ (Haack 2003).
Trois petites maximes, que Broch (
ouv.citテゥ
, p. 179) appelle des ツォ facettes ツサ, rテゥsument assez bien les
points importants de cette mテゥtaphore :
-
Une allテゥgation extra-ordinaire nテゥcessite une preuve plus qu'ordinaire
.
-
L窶兮nomalie n窶册st pas un fondement
, au sens oテケ il faut s窶兮ffranchir des artテゥfacts ou des
anomalies statistiques.
-
Attention au curseur vraisemblance
(relatif テ un outil que nous aborderons plus loin
et qui
permet un dテゥbut de dichotomie efficace, voir 2.4.1 Curseur Vraisemblance, in
Isolement
ou incommensurabilitテゥ
).
1.2.12
Le monisme mテゥthodologique
テ la dテゥfinition de la science qui nous prテゥoccupe, il nous faut prテゥciser que la dテゥmarche scientifique
ne se limite pas aux sciences dites ツォ de la nature ツサ.
Sokal le dit pour nous :
(窶ヲ) je souligne que le terme ツォ science ツサ, au sens oテケ je l窶册mploie, ne se limite pas aux
sciences de la nature, il inclut toute recherche visant テ acquテゥrir un savoir exact de
47
phテゥnomティnes factuels se rapportant テ n窶冓mporte quel aspect du monde en utilisant des
mテゥthodes rationnelles et empiriques analogues テ celles des sciences de la nature (NdA : je
souligne la limitation aux phテゥnomティnes factuels. J窶册xclus donc dテゥlibテゥrテゥment de mon champ
d窶凖ゥtude les questions d窶凖ゥthique, d窶册sthテゥtique, de fins ultimes, etc.). La pratique de la ツォ
science ツサ au sens oテケ je l窶册ntends est donc commune non seulement aux physiciens, aux
chimistes et aux biologistes, mais aussi aux historiens, aux dテゥtectives, aux plombiers, et テ
tous les テェtres humains dans certains aspects de leur vie quotidienne ツサ (Sokal, ouv.citテゥ, pp.
42-3 ; voir aussi Haack 2000, pp. 96-7).
Il emprunte ainsi cette remarque de la philosophe Haack :
ツォ [...] il n窶凉 a pas de raison de penser que [la science] soit en possession d窶冰ne mテゥthode de
recherche spテゥciale qui ne soit pas テ la disposition des historiens, ou des dテゥtectives, ou du
commun des mortels ツサ. (Haack 1993, p. 137)
Ces remarques sont fondamentales pour battre en brティche l窶凖ゥternel dテゥbat gテゥnテゥralement stテゥrile
entre les Humanitテゥs et les Sciences Expテゥrimentales. Il ne s窶兮git pas, comme il est souvent dテゥclarテゥ
lors d窶兮ttaques anti-rテゥductionnistes, de prテエner une dテゥmarche ツォ mテゥtaphysique matテゥrialiste ツサ, un
ツォ catテゥchisme scientiste ツサ (Mテゥheust 2004)
ou un ツォ rテゥductionnisme テ outrance ツサ
ツォ plat pays ツサ par exemple est rテゥsumable テ la somme de l窶兮nalyse des propriテゥtテゥs des composants de
Jacques Brel, mais de tテゥmoigner d窶冰ne convergence de moyens et de mテゥthodes, ce quel que soit
l窶冩bjet considテゥrテゥ. Prテゥcisons d窶兮illeurs qu窶冰ne bonne part du rejet anti-rテゥductionniste simpliste
prend sa source dans un refus d窶兮nalyse mテゥthodologique de certains champs humains qui
s窶兮pparente moins テ de l窶凖ゥpistテゥmologie qu窶凖 de la pudibonderie. De mテェme qu窶冓l semble
inconcevable pour une majoritテゥ d窶冓ndividus d窶冓ntテゥgrer qu窶僊. Hitler eut pu テェtre un jour aimable ou
sensible, il semble outrancier pour une frange des chercheurs en sciences humaines de considテゥrer
l窶僣umain et certaines de ses caractテゥristiques comme un objet parmi d窶兮utres.
Bricmont pointait bien avant nous cette resucテゥe molle de spiritualisme :
ツォ Il faut souligner que certains secteurs des sciences humaines sont dominテゥs par l窶冓dテゥe que
l窶兌H]omme est テ ce point diffテゥrent du reste de la nature que seules des mテゥthodes
radicalement non scientifiques peuvent permettre de le comprendre (ce qui est liテゥ テ
l窶册xtraordinaire rテゥsistance offerte par ces mテェmes secteurs face テ toute approche biologique
de l窶凖ェtre humain, du moins lorsqu窶冓l s窶兮git de la psychologie et de la sociテゥtテゥ, c窶册st-テ-dire de
l窶凖ゥtude de l窶兌h]omme au-dessus du cou) ツサ
Chomsky encourage テゥgalement テ une mテゥthodologie semblable, autant sur les sujets de
connaissances que sur les questions politiques.
ツォ Il est テゥgalement vrai que la ツォ raison sテゥpare le 窶徨テゥel窶 (ou le 窶彡onnaissable窶) de ce qui n窶册st
pas 窶徨テゥel窶 ツサ, ou du moins tente-t-elle de le faire (sans nテゥcessairement, d窶兮illeurs, identifier le
rテゥel au rationnel). Mais c窶册st encore un ツォ dテゥfaut ツサ テ porter テ son crテゥdit. Pour ma part,
j窶册ssaye de pratiquer cette distinction, aussi bien lorsque j窶凖ゥtudie des questions difficiles 窶
comme par exemple les origines de la connaissance, que lorsque j窶兮borde des problティmes
plus simples 窶 tels que les manナ砥vres de la politique extテゥrieure des テ液ats-Unis.
48
Cette expression est de Mテゥheust ツォ catテゥchisme scientiste qu窶冩n aurait pu テゥcrire en 1890 ツサ. テ propos de Broch,
Charpak, Radio Ici & Maintenant! !
20 juin 2004
r
etranscrite ici :
http://rimarchives.free.fr/DdP-CHARPAK-Meheust-MTB-200604.pdf
49
Le terme de ツォ mテゥtaphysique matテゥrialiste ツサ est un oxymore de fait. Ce genre de dテゥnonciation a eu cours chez Atlan,
qui tenta dans
テ tort ou テ raison
(1986) de distinguer
rテゥductionnisme fort
et
rテゥductionnisme faible
, l窶冰n dit de thテゥorie, l窶兮utre
dit de mテゥthode, en y intercalant la notion d窶凖ゥmergence. Voir sur ce point Athanテゥ, Guinet, Silberstein,
Emergence et
rテゥduction
(2007).
50
Nous avons simplement ajoutテゥ un H テ homme, par anti-sexisme lexical.
48
Dans ce dernier cas, par exemple, j窶册ssaye (et j窶册ngage vivement d窶兮utres テ essayer) de faire
la diffテゥrence entre les facteurs rテゥellement opテゥratoires de cette politique et les histoires
fabriquテゥes de toutes piティces dans l窶冓ntテゥrテェt du gouvernement. Si c窶册st une erreur, alors je
plaide coupable, mais j窶兮ggraverai ma faute en incitant mes semblables テ se tromper de
mテェme ツサ (Chomsky 1998, p. 55).
Nous prenons bonne note. Nous promouvons donc l窶兮ssise テゥpistテゥmologique donnテゥe par
Bricmont sous le nom de
monisme mテゥthodologique
:
ツォ Le matテゥrialisme scientifique se rテゥduit sans doute テ cela : comprendre et dテゥfendre
l窶兮pproche scientifique de la rテゥalitテゥ テ tous les niveaux, qu窶冓l s窶兮gisse des テゥtoiles, des animaux
ou des hommes et de leur sociテゥtテゥs. Peut-テェtre faudrait-il parler de "monisme
mテゥthodologique"ツサ (Bricmont,
ouv.citテゥ
Peut テェtre bien. Ce monisme mテゥthodologique se retrouve dテゥjテ chez Popper qui prテゥcisait que s'il y
a bien plusieurs sciences, il n'y a qu'une seule maniティre de prテゥtendre テ la validitテゥ scientifique et une
seule gamme de rテゥfutations d窶冰ne thテゥorie, quel que soit l窶冩bjet sur lequel elle porte, et qui
reposerait sur trois bテゥquilles :
-
le principe
faillibiliste
, partant de l'hypothティse que tout テゥnoncテゥ est faillible et qu'aucune
connaissance n'est dテゥfinitive ;
-
le principe
criticiste
, vantant le recours テ la critique permanente, les sciences progressant
par テゥlimination des erreurs ;
-
le principe
falsificationniste
窶 auquel nous prテゥfテゥrons le terme
rテゥfutationnisme
窶 , qui enjoint
les thテゥories テ proposer les テゥlテゥments de leur propre rテゥfutation pour テゥviter leur
incontradictibilitテゥ.
Ce dernier principe popperien fera couler beaucoup d窶册ncre et de critiques, non seulement dans
certains champs particuliers comme la psychanalyse
mais sur le plan plus large d窶冰ne
テゥpistテゥmologie complティte, les critティres de Popper ne permettant hテゥlas ni la corroboration des
thテゥories, ni un tri efficace des thテゥories. En effet, le principe
falsificationniste
fonctionnant comme
un tamis テ deux modes : mode large, tout passe, mode serrテゥ, il retient tout
En guise de remarque, nous verrons plus loin qu窶冓l n窶册st pas nテゥcessaire qu窶冰ne thテゥorie soit vraie
pour テェtre scientifique, et qu窶冰ne thテゥorie fausse n窶册st pas forcテゥment pseudoscientifique.
ツォ La distinction entre science et pseudoscience ne concerne pas leur objet, mais bien plutテエt
la mテゥthode employテゥe et la fiabilitテゥ du savoir (ou du prテゥtendu savoir) obtenu ツサ (Sokal,
ouv.citテゥ,
p. 43).
51
Prテゥcision : il ne faut pas confondre cette notion avec le monisme mテゥthodologique de Quine, dテゥveloppテゥ dans
Les
deux dogmes de l'empirisme
, W. V. Quine,
Les deux dogmes de l'empirisme
,
Du point de vue logique : Neuf essais logico-philosophiques
(2004).
52
La controverse Popper-Grテシnbaum est テ ce titre un cas d窶凖ゥcole. Voir une introduction intテゥressante chez Van Den
Reysen,
Adolf Grunbaum contre Karl R. Popper, au sujet de la rテゥfutabilitテゥ de la psychanalyse
(un trティs bref aperテァu de la
controverse)disponible ici :
http://vdrp.chez-alice.fr/Popper_Grunbaum.html
53
Tout comme nous l窶兮vons dit dans l窶冰ne des notes prテゥcテゥdentes, il faudrait pour テェtre complet discuter des thテゥories
de Quine, ce dont nous n窶兮vons ni la capacitテゥ, ni l窶冓ntテゥrテェt dans le cadre de ce travail.
49
1.3
Cadre philosophique
D窶冰ne maniティre plus gテゥnテゥrale, il est nテゥcessaire, mテェme briティvement, de parler un peu des prテゥrequis
philosophiques qui animent notre dテゥmarche.
1.3.1
Le matテゥrialisme
Nous ne pourrons hテゥlas donner un aperテァu, mテェme fragmentaire, de l窶凖ゥtendue des rテゥflexions sur
le(s) matテゥrialisme(s). La premiティre synthティse grand public franテァaise fut rテゥalisテゥe en 2004 et compte テ
peine moins de 800 pages, en petite police (Dubessy
& al
2004).
Ce n窶册st de toute faテァon pas notre propos. Nous avons tentテゥ de trouver des stratテゥgies pour faire
saisir aux テゥtudiants en quoi une dテゥmarche matテゥrialiste テゥtait une condition
sine qua none
de la
science, et un principe heuristique nテゥcessaire, au nom de la menace de Bunge :
ツォ Les scientifiques qui ne mettent pas テ jour leur philosophie contaminent leur science avec
des philosophie moribondes ツサ (Bunge 2003, p.465).
Et si, comme l窶冓ntroduction du livre
Les Matテゥrialismes (et leurs dテゥtracteurs)
nous le susurre, nous
sommes effectivement sur un bateau de Neurath, 窶 c'est-テ-dire en pleine mer ツォ
dans l窶冓ncapacitテゥ de
nous placer en cale sティche (le lieu d窶冩テケ il serait possible de fonder la science ab initio) tout en テゥtant sans cesse dans la
contrainte de rテゥparer l窶册mbarcation, de l窶兮mテゥliorer, avec les matテゥriaux disponibles, en les reconfigurant au mieux,
compte tenu des moyens et des besoins
ツサ (Dubessy
& al.
ouv.citテゥ, pp.6-7 ; Neurath 1985)
devons rendre accessibles simplement nos fondations ontologiques que sont les principes
matテゥrialistes, et les matテゥriaux d窶兮ssemblage qu窶兮pporte le rationalisme.
Voici les points principaux que nous prテゥsentons aux テゥtudiants, et qui nous sont nテゥcessaires pour
poser les fondements de notre thティse.
1.3.2
Tout ce qui est rテゥel est matiティre (quel que soit son degrテゥ
d窶冩rganisation)
ツォ Le matテゥrialisme est (窶ヲ) une doctrine ontologique stipulant que les entitテゥs existantes,
constitutives du monde, sont matテゥrielles, ou, autrement dit, qu窶冓l n窶册xiste pas d窶册ntitテゥs
immatテゥrielles en tant que constituants ツサ. (Dubessy
& al.
,
ouv.citテゥ
, introduction)
Dans l窶兮bsolu, il s窶兮git d窶冰n axiome, c'est-テ-dire qu窶册lle est non prouvable en soi. Mais c窶册st un
axiome de pragmatisme, au sens oテケ, comme le prテゥcise Dubessy
& al
.,
ツォ Aucune expテゥrience digne de ce nom n窶兮 jamais montrテゥ l窶册xistence de telles entitテゥs
immatテゥrielles et aucune thテゥorie ne semble pouvoir en rendre compte de faテァon intテゥressante
en terme de cohテゥrence, de parcimonie, ou de protocoles expテゥrimentaux (窶ヲ) ツサ.
Le progrティs des neurosciences lui-mテェme tend テ confirmer le matテゥrialisme mテェme au cナ砥r de
54
Dans Dubessy
& al
., Introduction, note 4. ツォ Il n窶凉 a aucun moyen pour faire
ト
テゥnoncテゥs protocolaires parfaitement
assurテゥs et propres le point de dテゥpart des sciences. Il n窶册xiste pas de
tabula rasa
. Nous sommes comme des marins qui
doivent reconstruire leur navire au grand large, sans jamais pouvoir le dテゥcomposer en cale sティche, afin de le
reconstruire テ partir des meilleurs composants ツサ, Neurath O.,
Enoncテゥs protocolaires
,
in
Soulez A.,
Manifeste du Cercle de
Vienne
55
In
Les Matテゥrialismes,
Introduction
. Il va de soi que cette dテゥfinition est problテゥmatique si nous ne disposons pas d窶冰ne
dテゥfinition de la matiティre elle-mテェme.
50
l窶册sprit humain. Si le travail de distinction
acte de foi
/
remport d窶兮dhテゥsion
a テゥtテゥ bien menテゥ (
voir
2.1.1
Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ
) il est alors aisテゥ d窶兮ider l窶兮pprenant テ renvoyer ses
croyances en des entitテゥs immatテゥrielles vers la catテゥgorie de l窶兮cte de foi, donc
de facto
non
analysables par la science. Le choix du matテゥrialisme s窶冓mpose alors presque aisテゥment dans l窶册sprit
des テゥtudiants
. Et nous pourrions テ la rigueur utiliser cet aphorisme de Wilde sans soulever le
courroux : ツォ
Une religion meurt quand il est prouvテゥ qu窶册lle テゥtait vraie. La science est le recueil des religions
dテゥfuntes
.ツサ
Quant aux rares contestations de ce matテゥrialisme, elles portent essentiellement sur des objets
ツォ sacrテゥs ツサ comme la pensテゥe ou les sentiments socio-construits 窶 comme l窶兮mour. Ce sont nous
semble-t-il des reliquats tristement logiques de la philosophie chrテゥtienne, dualiste, sテゥparant corps
et テ「me. Pourtant ce dualisme est ツォ
fondamentalement antiscientifique
ツサ, テゥcrit Dennett (Dennett 1993,
, puisqu窶冓l sape l窶册ntreprise scientifique. Nous utilisons alors l窶兮nalogie qui sert de titre
au paragraphe suivant.
1.3.3
La pensテゥe est au cerveau ce que la contraction est au muscle
Cette analogie est redoutablement efficace テ ce stade-lテ de l窶兮pprentissage. Nous la devons テ
Deleporte
les entitテゥs telles que les symboles, les idテゥes, les pensテゥes sont occurrentes si et
seulement si un substrat matテゥriel leur prテゥexiste
. ツサ (Dubessy
& al, ouv.citテゥ
, p. 10).
Une fois ce stade atteint, les テゥlテゥments de notre cadre テゥpistテゥmologique trouvent leur cadre
ontologique. Pour paraphraser Bunge et Bricmont, le matテゥrialisme est effectif s窶冓l est moniste
(une et une seule ツォ substance ツサ, ce qui rテゥsout la pudibonderie テゥvoquテゥe plus haut qui tend テ
extraire l窶僣umain et sa pensテゥe du cadre mテゥthodologique scientifique), rテゥaliste (ce qui est matテゥriel
est rテゥel, ce qui est rテゥel est matテゥriel) (Quiniou,
in
Dubessy
& al, ouv.citテゥ
, pp. 41-60), et scientifique.
Pour complexe qu窶册lle soit, cette ontologie matテゥrialiste est nテゥcessaire pour notre entreprise, car
elle est le garde-fou des intrusions spiritualistes en science.
1.3.4
Le
comment
relティve de la science, le
pourquoi
vous appartient
D窶冰ne maniティre pテゥdagogique sommaire, nous insistons sur le fait que la science ne sait que dテゥcrire
des phテゥnomティnes, les mettre en relation et les rendre prテゥvisibles, mais n窶兮 en aucune faテァon pour
dessein de dテゥcrire le ツォ pourquoi ツサ des choses : pourquoi le monde existe, pourquoi deux masses
s窶兮ttirent, sont des questions qui rejoignent la question du ツォ sens ツサ (voir plus haut) et relティvent de
la mテゥtaphysique, donc d窶册ntitテゥs de pensテゥe non matテゥrielles. La science tente de rテゥpondre aux
ツォ comments ツサ et a dテゥjテ beaucoup テ faire, le ツォ pourquoi ツサ, question intテゥressante au demeurant,
テゥtant laissテゥ テ discrテゥtion de chacun faute d窶冩util pour l窶兮nalyser
56
Sauf テ recycler des lieux communs comme le fit Koestler, en disant dans
Janus
que ツォ le modティle d窶冑orlogerie
universelle conテァu par la science du XXe siティcle agonise et, puisque les physiciens ont dテゥmatテゥrialisテゥ mテェme le concept
de matiティre, le matテゥrialisme ne peut plus prテゥtendre テェtre une philosophie scientifique ツサ (Koestler, 1978, p. 250). Nous
remarquons que des gens comme Yayah, l窶兮uteur de ツォ l窶僊tlas de la crテゥation ツサ offert テ toutes les テゥcoles publiques en
2006, reprennent cette phrase de Koestler et s窶册n dテゥlectent.
http://www.harunyahya.fr/articles/article07_materialisme.php
57
Dennett, grand dテゥconstructeur du POMO, テゥcrit entre autres qu窶卍ォ
accepter le dualisme, c窶册st renoncer
ツサ.
58
Deleporte P.,
Les limites de la science
, 1 juin 2006, Confテゥrence donnテゥe テ l窶僞DISCE, Grenoble, dont la vidテゥo est en
ligne ici :
http://www.observatoire-zetetique.org/page/doc.php?publication=1&ecritId=36#31mai06
59
Nous gardons テ l窶册sprit cette remarque que l窶凖ゥcrivain M. Rio prテェte テ son hテゥros Malone :
ツォ J窶兮i beaucoup de respect pour
ces questions, mais beaucoup de mal avec les rテゥponses
ツサ (de mテゥmoire, source perdue).
51
Figure 11 : Hubert Reeves nous dit ツォ pourquoi ツサ en couverture de S&Av. Une analyse de ce numテゥro est
disponible en Annexe
窶 Fiche pテゥdagogique Nツー14: Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et Nouvel テHe
Pourtant, le crテゥneau est propice テ la notoriテゥtテゥ, 窶 ce qu窶兮 bien saisi Hubert Reeves, figure
paternaliste et patriarcale テゥrigテゥe en expert テ l窶兮une des couvertures mテゥdiatiques qu窶冓l remplit
(figure 9). Son physique, calibrテゥ pour coller テ l窶冓mage du rassurant savant bonhomme, incarne
l窶兮strophysique en France ; on le tutoie pour lui demander le
pourquoi
des choses lテ oテケ le
comment
serait suffisant, en un dテゥbut de chevauchement science - spiritualitテゥ trティs dテゥmagogique et souvent
tendancieux (voir 4.3.2.13
La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias
). L窶冓dテゥe que cela ne soit dテサ qu窶凖
une construction mテゥdiatique s窶凖ゥvapore lorsqu窶冩n lit ses ouvrages qui recyclent des lectures
spiritualisantes plaisantes, et qu窶冩n regarde ses terrains d窶册xpression, notamment certains
colloques oテケ il se retrouve en compagnie de concordistes cテゥlティbres. Derniティre consテゥquence : il
occulte tous les autres astrophysiciens dans les mテゥdias 窶 テ l窶册xception de Xuan Thuan, hテゥlas
figure notoire de l窶儷IP (voir 4.3.2
Arguments d窶兮utoritテゥ
).
Effectivement, la distinction pourquoi / comment n窶册st pas formelle, mais elle prテゥmunit contre
des lectures mテゥtaphysiques des phテゥnomティnes. L窶冰ne de nos premiティres diapositives de
l窶册nseignement ツォ Zテゥtテゥtique & Approche scientifique du
paranormal
ツサ le prテゥsente : le
pourquoi
, le
ツォ sens ツサ des maladies, le ツォ dessein ツサ de l窶凖ゥvolution, tout comme la transcendance des religions,
sont laissテゥs テ discrテゥtion des テゥtudiants puisque inanalysables par la dテゥmarche scientifique.
Ce n窶册st que lorsqu窶兮u nom de la science il y a tentative de faire ツォ sens ツサ テ partir d窶冰n phテゥnomティne
prテゥtendu miraculeux ou d窶冰n contre-exemple prテゥsumテゥ テ la thテゥorie de l窶凖ゥvolution que le paravent
matテゥrialiste est nテゥcessaire. Car si sens, dessein intelligent, finalisme il y a, il y a volontテゥ
immanente, et donc entitテゥ non matテゥrielle, ce qui nous arrache brutalement テ la sphティre des
sciences (voir 2.4.2
Invocation abusive
d窶冑ypothティses). Dans le cadre d窶冰ne confrontation aux
phテゥnomティnes rテゥputテゥs テゥtranges ou para-normaux, une ascティse matテゥrialiste nous prテゥmunit contre les
lectures spiritualistes du monde encouragテゥes par ces phテゥnomティnes 窶 qui sont d窶兮illeurs parfois
crテゥes テ cette fin, les pseudo-miracles de Mティre Teresa ou plus rテゥcemment de Jean-Paul II servant
entre autres テ cela (Hitchens 1995)
60
Sur les miracles de Mティre Teresa, lire Hitchens,
Le mythe de mティre Teresa, ou comment devenir une sainte grテ「ce テ un bon plan
mテゥdiatique
(1995). Sur Le miracle de Jean-Paul 2, on relティvera la doucereuse leテァon de sテゥmantique de l窶凖ゥglise catholique
52
champ du 窶湾aranormal窶
).
Tout comme la dテゥmarche zテゥtテゥtique qui en est un bras outillテゥ, le matテゥrialisme est faiblement
prescriptif au sens oテケ il n窶冓ndique que les entitテゥs dテサment テゥliminables, au regard des thテゥories
robustes de la science en marche et non pas les entitテゥs テ rechercher :
ツォ Alors que le spiritualisme oscille entre la prescription de rechercher les manifestations de
ses entitテゥs les plus enfouies dans la ツォ surnature ツサ, comme les avatars de l窶册ntテゥlテゥchie ou de
l窶册sprit, ou de les dテゥclarer inabordables テ tout processus de connaissance. ツサ (Dubessy
& al.
ouv.citテゥ
, p. 29).
Le matテゥrialisme s窶冓mpose contre les spiritualismes car :
ツォ Si le but qu窶冩n se fixe, en ontologie et en science, est de connaテョtre [alors] le spiritualisme
et ses multiples formes affiliテゥes ne peuvent prテゥtendre テェtre des moyens de connaテョtre テ partir
du moment oテケ ils stipulent des inconnaissables de principe, au nom d窶冰n mystティre
primordial, c'est-テ-dire テゥchappant aux moyens rationnels et immanents de la juridiction du
vrai, du faux, du possible, de l窶冓mpossible ツサ. (
Ibid.
)
Le scepticisme raisonnable que nous avons exposテゥ dテゥcoule directement du matテゥrialisme, au sens
oテケ, comme le susurrait Wittgenstein, ツォ
le doute ne peut exister que lテ oテケ il y a une question ; une question
que lテ oテケ il y a une rテゥponse, et celle-ci que lテ oテケ quelque chose peut テェtre dit
ツサ (Wittgenstein 1986, p. 105). Il
ne signe pas la faillite des idテゥalismes spiritualistes, mais montre combien ces ツォ nihilismes
テゥpistテゥmologiques ツサ sont :
ツォ l窶冰ne des plus grandes faillites de la pensテゥe et l窶冓dテゥe que proposent certaines formes de
spiritualisme selon laquelle la science est la voie d窶兮ccティs テ la preuve de l窶册xistence de Dieu
n窶册st qu窶冰n leurre tactique ツサ (Dubessy
& al. ouv.citテゥ
, pp. 30-1).
1.3.5
La raison comme outil
Nous entendons la raison comme la facultテゥ humaine dont la mise en ナ砥vre permet de fixer des
critティres de justesse et d'erreur et de mettre en ナ砥vre des moyens adaptテゥs テ une fin donnテゥe. Elle
se dテゥcoupe en plusieurs catテゥgories, comme le principe d窶冓dentitテゥ, du tiers exclus, de non-
contradiction et de causalitテゥ.
Nos compテゥtences sont trop faibles pour entrer dans une large explication du recours テ la raison,
et la bibliographie est consistante sur la question. Nous nous cantonnerons テ dテゥclarer notre
entreprise zテゥtテゥtique rationaliste en tant que la raison est l窶冩util le plus puissant pour aborder et
choisir les テゥnoncテゥs vraisemblables, surtout rapportテゥ aux autres maniティres de crテゥation de
connaissance, comme les rテゥvテゥlations de la foi, l窶冓ntrospection, la tradition, la pensテゥe magique, etc.
Broch rテゥsume la zテゥtテゥtique ainsi : ツォ
Le droit au rテェve a pour pendant le devoir de vigilance
ツサ. Cette vigilance,
cette autodテゥfense intellectuelle est rationnelle, et dテゥpasse le cadre des pseudosciences.
Sokal avance que :
ツォ Si la croyance du grand public テ la voyance et テ d窶兮utres phテゥnomティnes du mテェme type me
prテゥoccupe, c窶册st parce que je soupテァonne la crテゥdulitテゥ dans les domaines mineurs de prテゥparer
dans
Libテゥration
du 30 mars 2007 : ツォ
Il faudrait [...] que ツォ le phテゥnomティne prodigieux examinテゥ soit inexplicable dans l窶凖ゥtat actuel des
connaissances scientifiques, et qu窶冓l apparaisse en lien avec les priティres adressテゥes テ Dieu par l窶冓ntercession du Serviteur ou de la Servante de
Dieu
ツサ. Comment le dテゥmontre-t-on ? On ne le dテゥmontre pas : on y croit ou pas. ツォ
Il est important de faire la distinction
entre la guテゥrison et le miracle, qui relティve de la foi
ツサ, explique Mgr Claude Feidt, archevテェque d窶僊ix-en-Provence et d窶僊rles. ツサ
Pour une petite introduction, voir l窶凖ゥbauche de recherche balbutiante effectuテゥe par les テゥtudiants Chevallier
& al.
,
Cours de zテゥtテゥtique, 2007
.
53
la crテゥdulitテゥ dans des domaines plus graves. テ l窶冓nverse, je me demande si le type d窶册sprit
critique qui aide テ distinguer la science de la pseudoscience pourrait aussi s窶兮vテゥrer utile
lorsqu窶冓l s窶兮git de distinguer la vテゥritテゥ du mensonge dans les affaires publiques 窶 je ne dis
pas qu窶冓l s窶兮git d窶冰ne panacテゥe, absolument pas, mais que cela pourrait テェtre utile. ツサ (Sokal,
ouv.citテゥ
Et nous avons trouvテゥ chez Chomsky l窶册ssentiel de ce que nous souhaitons exprimer sur ce point :
ツォ Certaines rティgles du jeu me sont plus familiティres : celles de l窶冓nvestigation rationnelle. Elles
ne sont pas toujours テゥvidentes et elles font l窶冩bjet d窶冓ncessants efforts de clarification ; mais,
dans leur テゥtat actuel, elles me suffisent pour avancer et balayer un large champ. Ce qui
semble テェtre en discussion ici est la question de savoir si nous devons nous conformer ou
non テ ces rティgles (en essayant, comme nous le faisons, de les perfectionner). Si la rテゥponse est
que nous devons faire avec, alors la discussion est close : nous reconnaissons implicitement
la lテゥgitimitテゥ de l窶冓nvestigation rationnelle. Si la rテゥponse est que nous devons les abandonner,
alors nous ne pouvons avancer avant d窶兮voir dテゥcouvert les principes susceptibles de
remplacer la cohテゥrence, le respect des faits et autres notions surannテゥes. テ dテゥfaut de cela,
nous en serons rテゥduits au cri primal ツサ (Chomsky,
ouv.citテゥ
, p. 50).
Quitte テ faire une pirouette stylistique, quand bien mテェme une autre mテゥthode d窶凖ゥnonciation
d窶冑ypothティses se rテゥvテゥlerait efficace, テ quelle aune son efficacitテゥ serait-elle テゥvaluテゥe sinon テ l窶兮une de
la raison ? Si quelqu窶冰n venait avec un autre ツォ systティme ツサ que le systティme rationnel (fantasme
rテゥcurrent des discours orientalistes, vantant la spiritualitテゥ asiatique contre le rationalisme
occidental), comment pourrait-il asseoir la force et l窶册fficacitテゥ de son systティme sinon en l窶凖ゥvaluant
rationnellement ? Il s窶兮git pour ainsi dire du seul fiable de tous les gouvernails disponibles pour
voguer avec le bateau de Neurath dans l窶冩cテゥan des phテゥnomティnes et des faits.
Pourtant les sollicitations vers d窶
autres
cadres de rationalitテゥ, ou mieux, en dehors de la rationalitテゥ
ne manquent pas pour sテゥduire le grand public, depuis les charmes de type Nouvel テHe ou
chamaniques
dans les rayonnements des libraires jusqu窶兮ux tentatives テゥpistテゥmologiques de
sabordage du frテェle esquif テ grands coups de hache anti-raison, qui occupent une bonne part des
petits rayons
Science
. Chomsky, encore, l窶册xprime d窶冰ne maniティre si drテエle que sa reproduction ne
nous semble pas vaine :
ツォ Poursuivant ma quテェte d窶冰ne aide dans la prise en charge des problティmes auxquels j窶兮i vouテゥ
le plus clair de mon temps, j窶兮i lu que je devrais ツォ reconnaテョtre qu窶冓l y a des limites テ ce que
nous pouvons savoir ツサ (chose dont la vieille tradition rationaliste m窶兮vait convaincu depuis
longtemps) ; que je devrais ツォ dテゥpasser la rationalitテゥ panoptique ツサ (ce que je serais ravi de
faire si je savais de quoi il s窶兮gissait) ; enfin, que je ne devrais pas ツォ faire entrer Dieu dans
l窶冩rdre du connaissable ツサ (merci). Puisque ツォ il est maintenant テゥvident qu窶冰ne vision テゥtroite et
superficielle de la rationalitテゥ a minテゥ de l窶冓ntテゥrieur la pensテゥe occidentale ツサ, je devrais ツォ
adopter un nouveau systティme de notation qui tienne compte de la morale et de l窶冑istoire,
dans le cadre d窶冰ne rationalitテゥ テゥtendue ツサ (merci encore). Je devrais m窶册n tenir テ des ツォ
axiomes rテゥfutables ツサ, c窶册st-テ-dire テ des ツォ hypothティses ouvertes テ la discussion ツサ (テ moins qu窶冓l
61
テ l窶兮ppui de cette idテゥe, Sokal cite toute une sテゥrie de sondages relatifs aux croyances des テゥtats-uniens, qui
concernent des thティmes ツォ traditionnels ツサ, tels que l窶兮strologie ou le crテゥationnisme, mais aussi ce que l窶冩n pourrait
appeler des ツォ croyances relatives テ des faits d窶兮ctualitテゥ ツサ, comme l窶册xistence de liens avテゥrテゥs entre Saddam Hussein et
Al-Qaテッda ou l窶冓dテゥe que les troupes amテゥricaines auraient effectivement trouvテゥ des armes de destruction massive en
Irak (Kindo, 2005).
62
Parmi les lectures qui nous bercティrent de leurs ツォ cadres de rationalitテゥ ツサ diffテゥrents, citons Castaneda, Rampa -
Hoskins, Redfield, et les grands poncifs de la littテゥrature Nouvel テ「ge.
54
s窶兮gisse de se dテゥfaire de la plupart des axiomes de l窶兮rithmテゥtique, cette pratique est, que je
sache, adoptテゥe spontanテゥment par la plupart des scientifiques).
Je devrais テゥgalement suivre le chemin tracテゥ par ceux qui affirment que ツォ l窶冑omme, les
animaux, les vテゥgテゥtaux et les minテゥraux partagent une conscience commune ; conscience qui
est au coeur de toute pensテゥe comme de toute matiティre ツサ. Cette proposition, si j窶兮vais la
moindre idテゥe de ce qu窶册lle signifie, devrait primer sur mes propres efforts pour
comprendre, depuis tant d窶兮nnテゥes, ce que Hume nommait les ツォ ressorts secrets dont l窶册sprit
humain est animテゥ dans ses opテゥrations ツサ. Je suis テゥgalement enjoint d窶兮ccepter l窶冓dテゥe que les
nombres sont de simples constructions historiques et que le thテゥorティme d窶冓ncomplテゥtude de
Goedel (
sic
) est le signe de notre impuissance conceptuelle, en ce XXe siティcle.
Je devrais regarder ツォ la vテゥritテゥ ツサ, non pas comme ツォ une essence ツサ, mais comme ツォ une
construction sociale (issue d窶冰n accord intersubjectif) qui ne fait sens qu窶凖 l窶冓ntテゥrieur d窶冰n
rテゥcit. ツサ Je devrais テゥgalement reconnaテョtre que ツォ les conquテェtes de la science sont aussi de
l窶冩rdre du rテゥcit et du mythe ツサ et que ツォ la physique moderne peut bien prテゥtendre テ plus de
fondement et plus de rigueur que l窶兮strologie, vue sous cet angle, elle lui est テゥquivalente ツサ.
Ces recommandations apportent effectivement une solution radicale テ mes problティmes et テ
mes doutes. Si je ne peux que raconter des histoires sur des questions auxquelles je
m窶兮ffronte depuis tant d窶兮nnテゥes, alors, en effet, ma vie se voit soulagテゥe d窶冰n certain poids ;
cette faテァon de penser ayant ツォ tous les avantages du vol libre sur l窶冑onnテェte labeur ツサ, comme
le disait Bertrand Russell dans un contexte similaire. ツサ (
Ibid
., p. 56-7).
Le socle テゥpistテゥmologique commun de ces sollicitations sテゥditieuses anti-rationalistes est le
relativisme cognitif
adossテゥ テ la philosophie
postmoderne
(POMO).
1.3.6
La chienlit du relativisme cognitif
テ l窶冓nstar de Sokal & Bricmont, nous entendrons par ツォ relativisme ツサ toute philosophie qui prテゥtend
que la validitテゥ d窶冰ne affirmation est relative テ un individu et/ou テ un groupe social (Sokal &
Bricmont 1997, p. 53).
Si l窶冩n peut distinguer plusieurs types de relativisme selon la nature de l窶凖ゥnoncテゥ, 窶 relativisme
テゥthique, moral, esthテゥtique 窶 celui qui nous concerne est le relativisme cognitif.
Comme Bricmont l窶凖ゥcrivit dans le
Monde
:
ツォ Pour une bonne partie de l'intelligentsia amテゥricaine, la science est devenue un discours ou
une "
narration
" parmi d'autres, qui ne nous donne pas une vision du monde plus objective
que d'autres "
mythes
". C'est pourquoi Sokal commence son article en dテゥclarant que des
テゥtudes d'histoire et de philosophie des sciences (Thomas Kuhn, Paul Feyerabend
Latour et d'autres), ainsi que des critiques fテゥministes ont montrテゥ que la rテゥalitテゥ physique est
au fond une construction linguistique et sociale, et que la connaissance scientifique, loin
d'テェtre objective, reflティte les idテゥologies dominantes de la culture qui l'a produite. C'est
テゥvidemment passテゥ comme une lettre テ la poste, parce que cette faテァon de parler est devenue
extrテェmement courante. Pourtant, c'est insensテゥ : l'immense univers dans lequel nous nous
trouvons n'existe ni pour nous, ni テ cause de nous. Evidemment, nos
thテゥories scientifiques
sont, dans un sens, des constructions sociales. Mais elles sont basテゥes sur des arguments
empiriques, ce qu'on oublie trop souvent. Comment peut-on soutenir sテゥrieusement qu'il n'y
63
Feyerabend reste テゥvidemment l窶凖ゥpistテゥmologue relativiste le plus influent. Certains de ses テゥcrits ont un caractティre
tragique : ツォ
L窶冓dテゥe que la science peut, et doit, テェtre organisテゥe selon des rティgles fixes et universelles est テ la fois utopique et pernicieuse
ツサ,
Feyerabend,
ouv.citテゥ
, p. 332.
55
a aucune raison empirique de croire que le sang circule, que la Terre tourne ou que les
espティces ont テゥvoluテゥ et que les controverses テ ce sujet ont テゥtテゥ closes, au moins en partie,
parce que c'est ainsi que le monde est ? Et si ce n'est pas ce qu'on veut dire, n'est-il pas
souhaitable de s'exprimer plus clairement ? ツサ (Bricmont, 14 janv. 1997, p. 15)
La question du relativisme cognitif a テゥtテゥ largement mieux traitテゥe que nous ne pourrons jamais le
faire chez Sokal & Bricmont 1997, Bricmont 2001
abc
, Bouveresse 1998 et Sokal 2005.
Remarquons que le scepticisme ツォ de faテァade ツサ des relativistes peut テェtre lui-mテェme pris テ son propre
piティge : pour paraphraser Karhausen, il rテゥfute sa propre affirmation puisqu'il suppose que son
pseudo-scepticisme est absolument vrai (Karhausen & Jacob 1999).
1.3.7
La morgue du post-modernisme (POMO)
La revendication du rationalisme sert テ mettre テ mal la philosophie Post-moderne (POMO) au
sens donnテゥ par Bricmont & Sokal lors de l窶兮ffaire Sokal, du nom de cette mouvance qui tire
partie des conclusions de la science moderne, de versions mal comprises de la thテゥorie de la
relativitテゥ, de celle du chaos et de la mテゥcanique quantique notamment, pour parler pompeusement
de l窶冓ndテゥtermination de la rテゥalitテゥ et son inaccessibilitテゥ テ notre totale comprテゥhension. La
consテゥquence ? Conclure que toute connaissance est impossible en soi, et que tout exercice de la
raison est vain. Ainsi, par l窶兮ssimilation de l窶册xercice de la raison テ un rationalisme tyrannique,
voire テ une nouvelle religion, le POMO se veut conciliant, libertaire et interdisciplinaire, et
l窶册xprime en allant faire feu de tout bois dans les concepts scientifiques : l窶冓ncomplテゥtude
Gテカdelienne est-elle utile テ une lecture politique, on mテゥlange, la thテゥorie du chaos est-elle utile テ
une lecture sociologique, on touille. Les consテゥquences sont de deux types : les scientifiques ne
comprennent rien テ ce qu窶册st devenu leur concept ; et les collティgues de sciences humaines ne
comprennent rien テ ce que dit leur collティgue, qui mテェle joyeusement nテゥvrose et nombres
complexes, ou Chaos et politique sans aucune rigueur.
C窶册st pour dテゥnoncer cela que Sokal entreprit son fameux canular, une publication dans une revue
cotテゥe d窶冰n texte aussi abscons que creux, avec pour ambition de s窶兮ttaquer テ ツォla rテゥputation qu'ont
ces textes d'テェtre difficiles parce que profonds ツサ. La conclusion est sans appel, et ツォ
le roi est
dテゥculottテゥ : s'ils sont incomprテゥhensibles, c'est pour la bonne raison qu'ils ne veulent rien dire
ツサ, appuient les
auteurs d窶
Impostures intellectuelles
. De rares philosophes applaudissent, comme Bouveresse, qui
montre brillamment en quoi ces stratテゥgies langagiティres non seulement sont de la pensテゥe pauvrette,
mais テゥgalement une maniティre d窶兮sseoir une autoritテゥ par l窶册mploi de termes scientifiques hors
champ.
On parle dテゥsormais d窶兮bus ou d窶冓mposture intellectuelle lorsqu窶冩n rencontre les caractテゥristiques
suivantes, donnテゥes par Bricmont et Sokal (1997) :
-
Parler abondamment de thテゥories scientifiques dont on n窶兮, au mieux, qu窶冰ne trティs vague idテゥe. Dans la
plupart des cas, les auteurs visテゥs par ce travail ne font qu窶冰tiliser une terminologie scientifique (ou
apparemment scientifique) sans trop se soucier de la vテゥritable signification des mots.
-
Importer des notions de sciences exactes dans les sciences humaines sans donner la moindre justification
empirique ou conceptuelle テ cette dテゥmarche. Un biologiste qui voudrait utiliser dans son domaine de
recherche des notions テゥlテゥmentaires de topologie (telles que le tore), de la thテゥorie des ensembles ou encore de
la gテゥomテゥtrie diffテゥrentielle, serait priテゥ de donner quelques explications. Une vague analogie ne serait pas
prise trティs au sテゥrieux par ses collティgues. Ici, par contre, on apprend avec Lacan que la structure du
64
Bricmont J., La vraie signification de l'affaire Sokal,
Le Monde,
14 janvier 1997, page 15.
56
nテゥvrosテゥ est exactement le tore, avec Kristeva que le langage poテゥtique relティve de la puissance du continu et
avec Baudrillard que les guerres modernes se dテゥroulent dans un espace non-euclidien.
-
Exhiber une テゥrudition superficielle en jetant sans vergogne des mots savants テ la tテェte du lecteur, dans un
contexte oテケ ils n窶冩nt aucune pertinence. Le but est sans doute d窶冓mpressionner et surtout d窶冓ntimider le
lecteur non scientifique. Certains commentateurs s窶凉 laissent d窶兮illeurs prendre : Roland Barthes fait
l窶凖ゥloge de l窶册xactitude du travail de Kristeva et Le Monde admire l窶凖ゥrudition de Paul Virilio.
-
Manipuler des phrases dテゥnuテゥes de sens et se livrer テ des jeux de mots. Il s窶兮git d窶冰ne vテゥritable
intoxication verbale, combinテゥe テ une superbe indiffテゥrence pour la signification des termes utilisテゥs.
Ces auteurs parlent avec une assurance que leur compテゥtence ne justifie nullement, prテゥcisent les
auteurs. Jacques Lacan se vante d窶冰tiliser ツォ
le plus rテゥcent dテゥveloppement de la topologie
ツサ et Bruno Latour
se demande s窶冓l n窶兮 pas appris quelque chose テ Einstein. Ils pensent sans doute pouvoir utiliser le
prestige des sciences exactes pour donner un vernis de rigueur テ leur discours. De plus, ils
semblent assurテゥs que personne ne remarquera leur usage abusif de concepts scientifiques (figure
11).
Figure 12 : Exemple de phrase absconse extraite de Virilio (1995, p. 26) citテゥ par Sokal & Bricmont,
ouv.citテゥ
p. 155
C窶册st un magistral coup de balai dans de vieilles toiles d窶兮raignテゥe que proposent Sokal et
Bricmont, qui en profitent pour dテゥnoncer le POMO comme mysticisme laテッque,
ツォ mysticisme parce que le discours cherche テ produire des effets mentaux qui ne sont pas
purement esthテゥtiques, tout en ne s窶兮dressant nullement テ la raison ; laテッque parce que les
rテゥfテゥrences culturelles [...] n窶冩nt rien テ voir avec les religions traditionnelles et permettent
d窶兮ttirer le lecteur moderne. ツサ (Sokal & Bricmont,
ouv.citテゥ
, p. 39)
La brティche ouverte amティne parfois des individus テ enfin ツォ lテ「cher ツサ la plume contre cet
autoritarisme, comme Trigaux, qui テゥcrit dans
La Recherche
:
ツォ Il n窶册st que des philosophes, ou bien parasites, les uns accrochテゥs テ la peau d窶冑istoriens ou
de mathテゥmaticiens ou de biologistes, etc., qui se nourrissent des productions et des
dテゥlicatesses テゥpistテゥmologiques de leurs disciplines, les autres infiltrテゥs dans les ナ砥vres de
leurs congテゥnティres dテゥfunts, toujours trop obscures aux regards des mortels du commun, ou
bien mouches vrombissantes dans les remous de l窶兮ctualitテゥ. ツサ (Trigaux 1998, p. 9)
Il ne s窶兮git bien sテサr pas de condamner le transfert interdisciplinaire de concepts, ou le droit テ la
mテゥtaphore 窶 comme cela a trop souvent テゥtテゥ dit, mテェme dans des bouches averties
Chomsky le dit lui aussi assez clairement :
ツォ Mes yeux n窶冩nt cessテゥ de ツォ se faire vitreux ツサ au contact de discours oテケ il テゥtait question de
post-structuralisme ou de postmodernisme. Le peu que j窶册n comprenais n窶凖ゥtait que truismes
ou erreurs et ne reprテゥsentait qu窶冰ne faible part de ce qui テゥtait dit. Bien entendu, je ne
65
Nous pensons bien sテサr テ Lテゥvy-Leblond, et テ la mollesse de ses rテゥponses テ l窶兮ffaire Sokal. Voir ses textes sur la
revue de presse de P. Peccatte,
http://peccatte.karefil.com/SBPresse/
ツォ On ne peut mieux dテゥcrire la logique macroscopique des techniques du TEMPS
REEL de cette soudaine ツォ commutation tテゥlテゥtopique ツサ qui complティte et parachティve le
caractティre jusqu窶冓ci fonciティrement ツォ topique ツサ de la Citテゥs des hommes ツサ
57
prテゥtends pas tout comprendre en matiティre de discours. Quantitテゥ d窶冓dテゥes dテゥveloppテゥes dans
des articles de mathテゥmatiques ou de physique, par exemple, m窶凖ゥchappent. Mais il y a une
diffテゥrence entre les mathテゥmatiques et le postmodernisme. Dans le premier cas, je sais ce qui
me fait dテゥfaut pour comprendre et je connais des personnes qui pourraient me donner des
explications plus en rapport avec mon niveau. En y mettant les moyens, je peux donc
espテゥrer gagner en comprテゥhension. Par contre, personne ne semble en mesure de
m窶册xpliquer ce que le dernier post-ceci ou post-cela est, hormis un mテゥlange de truismes et
d窶册rreurs emballテゥ dans un charabia indescriptible. Mais peut-テェtre est-ce lテ le fait d窶冰ne
incompatibilitテゥ personnelle ou d窶冰ne sorte de surditテゥ sテゥlective ? Je ne pense pas que la
question mテゥrite d窶凖ェtre soulevテゥe ici. ツサ (Chomsky,
ouv.citテゥ
, pp. 55-6)
En clair, la philosophie POMO encourage au rejet des valeurs intellectuelles des Lumiティres, au
rang desquelles la clartテゥ, la rationalitテゥ, la cohテゥrence et la vraisemblance objective. En plus d窶凖ェtre
incomprテゥhensible et creuse, elle est ツォ
antiphilosophique, テゥtant entendu que la rationalitテゥ est une condition
nテゥcessaire pour une philosophie authentique
[...] ツサ (Bunge 2003).
Pour rendre plus claire les enjeux, il nous est arrivテゥ de mettre en opposition POMO et la
philosophie matテゥrialiste selon la mテゥtaphore suivante :
Ce POMO n窶册st pas une vue de l窶册sprit. L窶冩uvrage
Impostures intellectuelles
dissテゥquant le canular
sokalien テゥpingle des noms illustres, depuis Lacan, Kristeva, テ Deleuze et Guattari. Il fait
converger vers le domaine des sciences (le champ du ツォ
テァa marche
ツサ, du ツォ
テァa fonctionne
ツサ, ツォ
mais
si, je te
jure
ツサ) autant de thテゥories fumeuses, pseudoscientifiques, d窶冓mpostures et d窶册scroqueries
intellectuelles que de charrettes d窶册nfants au pays des jouets dans
Pinocchio
de Collodi (2003, ch.
33). Difficile pour
lambda
de ne pas s窶凉 perdre, et de ne pas voir au bout de quelques temps des
oreilles d窶凖「ne lui pousser.
On a ainsi vu Stengers faire front commun avec Mテゥheust, Kristen et Starhawk (Nathan, Ralet,
Stengers 2002), ce qui nous confirme une certaine convergence de vue dans la lテゥgitimation
relativisme cognitif 窶 mテゥtapsychique 窶 voyance 窶 pseudo-fテゥminisme essentialiste 窶 mysticisme New Age
. On a
テゥgalement lu Stengers, dテゥcochant ses fragiles flティches anti-raison, parlant par exemple テ propos de
la non-localitテゥ en mテゥcanique quantique d窶卍ォ
opposition entre notre Occident mテゥcaniste, accrochテゥ テ ses
explications, et la mystique orientale qui ツォ sait ツサ l窶冓nsテゥparabilitテゥ des choses
ツサ (voir 4.4.4.8
Pseudo-テゥpistテゥmologies
anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-colonial
). Dualisme fort satisfaisant, assez primitiviste et rテゥducteur,
comme si l窶儖ccident (dont les contours posent dテゥjテ problティme テ l窶册st au niveau de la Turquie),
n窶兮vait pas sa cohorte de mystiques, et comme si l窶儖rient, perテァu comme un grand tout
homogティne, rテゥparait les usines chinoises et les voitures japonaises par des procテゥdテゥs magiques issu
de sa (au singulier) mystique (on relティvera ツォ LA mystique orientale ツサ, テ clouer au mテェme pilori que
l窶冩rdre allemand, le romantisme franテァais, la sagesse chinoise et la paresse nティgre).
Un certain nombre de sociologues joue sur cette fibre rテゥconciliatrice et dテゥmagogique. Le
champion toutes catテゥgories est sans conteste Maffesoli qui ne se doute pas du nombre de
thテゥrapies chamaniques, de techniques de dテゥveloppement personnel テ caractティre sectaire auquel
son recours simpliste l窶卍ォ enrichissement de la raison ツサ par l窶冩nirisme et l窶冓maginaire fait la part
belle. Non seulement l窶兮nalogie Dテゥesse/Raison est une resucテゥe simplette et caduque de
Feyerabend, mais nous ne connaissons pas beaucoup de rationalistes estimant que l窶冓maginaire
Lテ oテケ le matテゥrialisme indique trティs prテゥcisテゥment comment se rendre dans de simples petites
chaumiティres en construction, le POMO propose de splendides chテ「teaux en Espagne, sans
donner d窶冓ndication pour y aller - prテゥtextant que tout indication gテゥographique, tout panneau de
signalisation est une contrainte intellectuelle (hテゥritテゥe du patriarcat, du colonialisme, de
l窶冓mpテゥrialisme, etc.)
58
soit dangereux. Est bien plus catastrophique ce mテゥlange des genres, typiquement post-moderne
au sens de Sokal et Bricmont
, dont les revues Nouvel テHe comme
Nouvelles Clテゥs
raffolent (figure
12).
Figure 13 : Extrait l窶冓nterview de M Maffesoli publiテゥe par la revue
Nouvelles Clテゥs.
67
On a ainsi regardテゥ, confondant anarchiste et anarchique, Feyerabend tenter de dテゥfoncer le
gouvernail de l窶册ntreprise scientifique et Stengers, Hottois
ou Latour s窶册n prendre aux voiles
avec les dents, sans qu窶兮ucun ne se rende compte qu窶冓ls vouaient le grand public テ la dテゥrive sans
direction, sans aucun moyen intellectuel de trier entre une thテゥorie fausse et une thテゥorie vraie,
entre plusieurs hypothティses scientifiques, entre plusieurs choix thテゥrapeutiques, en clair テ la merci
d窶冰n certain nombre de rテゥcifs. Qu窶冓ls soient pseudoscientifiques ou politiques, ces rテゥcifs sont
funestes pour qui n窶兮 plus de barre pour gouverner. Comment par exemple dテゥcrテゥdibiliser des
reliques intellectuelles comme le racisme ou le fanatisme scripturaire, comment montrer que la
guテゥrison par la priティre et la kinテゥsiologie ne fonctionnent pas, sans utiliser la raison ? Dテゥcrテゥdibiliser
la raison, c窶册st non seulement se tirer une balle dans le pied, mais tirer une balle dans le pied des
gens qui lisent.
Bouveresse pointe le lien entre POMO et relativisme cognitif, au sens oテケ ツォ
le relativisme cognitif
autorise le manque de rigueur et, rテゥciproquement, une pensテゥe peu rigoureuse nテゥcessite l'ツォ aide ツサ du relativisme pour
s'auto-justifier
ツサ. Et Bricmont & Sokal (1999) de le citer :
ツォ Si la science n'est, aprティs tout, qu'une espティce particuliティre de littテゥrature qui ne bテゥnテゥficie
d'aucun privilティge spテゥcial par rapport aux autres [...], on ne voit pas ce qui pourrait empテェcher
ses instruments les plus techniques de se prテェter sans rテゥsistance テ des manipulations et テ des
dテゥformations littテゥraires de l'espティce la plus diverse ツサ (Bouveresse 1999, p. 40-41).
66
Mテェme si le sens que donne Maffesoli テ ce terme est un soupテァon diffテゥrent.
67
L窶册xtrait encartテゥ est tirテゥ de Une sociテゥtテゥ テゥquilibrテゥe intティgre notre part d窶冩mbre, M. Maffesoli, entretien avec P. Van
Eersel,
Nouvelles Clテゥs
, en ligne ici
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=612
68
Sur Stengers, voir Sokal & Bricmont 1997 mais aussi le rテゥcent Mulet-Marquis (2007)
Postmodernisme antirationnel chez
Isabelle Stengers
, p. 311 et sq. Une critique de l窶冩uvrage de Hottois
La science entre valeurs modernes et postmodernitテゥ
, (2005)
est テ paraテョtre sous la plume de Bienvenu P., Observatoire Zテゥtテゥtique.
Nouvelles Clテゥs : Sociologue, professeur titulaire de la chaire テ盈ile Durkheim テ la Sorbonne,
vous nous dites vous intテゥresser aux religions orientales...
M. Maffesoli : Ce que je lis d窶册lles depuis deux ou trois ans me convainc qu窶冓l y a lテ de quoi
complテゥter notre vision unilatテゥrale qui est somme toute - on revient toujours テ cette idテゥe -
trop rationaliste. L窶冓magination, que Descartes ou Malebranche appellent la folle du logis, ne
permet pas le bon fonctionnement de la dテゥesse Raison. Il y a une homologie entre les
prophティtes luttant contre les icテエnes et la transcription philosophique qu窶册n fait le
rationalisme : l窶冓mage, l窶冓magination, l窶冓maginaire sont dangereux. (
sic
) [...] l窶冓magination
perturbe le bon fonctionnement du cerveau. La postmodernitテゥ me semble beaucoup plus
incarnテゥe. Elle fait appel テ la raison sensible, qui ne fait pas plus abstraction de l窶册sprit que du
corps. Il ne s窶兮git pas d窶兮bolir la raison mais de l窶册nrichir- ce que Fourrier appelait
l窶冑yperrationalisme, qui consiste テ intテゥgrer dans la raison des paramティtres humains tels que
l窶冩nirisme, le ludique, l窶冓maginaire. Il s窶兮git donc pour nous d窶冓ntテゥgrer non pas l窶冓rrationnel
mais le non-rationnel, c窶册st-テ-dire quelque chose qui ne s窶冓nscrit pas dans le rationalisme
occidental mais qui possティde cependant sa raison propre, interne. (窶ヲ)
59
Le terreau postmoderne, par son infiltration dans les couches dites ツォ intellectuelles ツサ, a un impact
considテゥrable sur la population. Les thティmes concordistes ont du succティs par leur caractティre pseudo-
libテゥral (rテゥconciliation science-religion, chamanisme
窶
mテゥdecine scientifique, etc.) et entraテョnent
avec eux l窶冓mmense gamme des intrusions spiritualistes en sciences, l窶僮ntelligent Design en tテェte,
comme autant de chevaux de Troie :
ツォ Entrer au cナ砥r de la science pour, ensuite, mieux la soumettre et en faire la servante d窶冰n
projet de primautテゥ de la foi en une entitテゥ surnaturelle, organisatrice de la nature. Nos
modernes spiritualistes ou vitalistes, toujours en quテェte de l窶册ntテゥlテゥchie, (窶ヲ) mais ne
parvenant pas テ nous apporter la preuve de l窶册xistence d窶冰ne telle entitテゥ, ou d窶冰n Dessein
transcendant, se prテゥcipitent alors pour accumuler les cas oテケ la position matテゥrialiste
(darwinienne, en biologie) est prise en dテゥfaut, sans se soucier de ce que la connaissance est
dans une large mesure progressive et qu窶冓l est normal que tout systティme thテゥorique soit
lacunaire. ツサ (Dubessy
& al. ouv.citテゥ
, p. 28)
Le matテゥrialisme est un rempart efficace aux intrusions spiritualistes, mais il n窶册st pas sテゥduisant
d窶冰n point de vue mテゥtaphysique, et pour cause. En outre, le niveau de connaissances nテゥcessaire
pour en critiquer les fondements est テゥlevテゥ, voire trティs テゥlevテゥ. La seule solution que nous ayons
trouvテゥ pour travailler pテゥdagogiquement ces questions est une approche ascendante : nous partons
des connaissances basales et des lieux communs classiques de l窶冓ndividu
lambda
, qui sont souvent
la collection mosaテッque des impacts mテゥdiatiques scientifiques qu窶冓l a reテァus. Partir des
revendications crテゥationnistes en France, ou des argumentaires tenus par les divers acteurs du
CICNS (Centre d窶僮nformation et de Conseils des Nouvelles Spiritualitテゥs), sont un excellent
support, tant elles paraissent encore saugrenues pour la plupart des テゥtudiants. En pointant
l窶冓rrテゥductible antagonisme entre science et religion vantテゥ par Bricmont, et la distinction nテゥcessaire
entre
acte de foi
et
adhテゥsion
(voir 2.1.1
Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ
)
Un travail de fond est engagテゥ, mテェme si, nous le verrons plus loin, l窶册sprit humain tend hテゥlas テ
bricoler ses dissonances, ce quels que puissent テェtre les arguments, pour conserver ces
mテゥtaphysiques aux oripeaux souvent fanテゥs et succomber aux sirティnes spiritualistes.
60
Note de fin de chapitre
Pour anticiper certaines critiques sur l窶冓mmoralitテゥ matテゥrialiste, nous pensons テ la suite de Merton
que la mテゥthode scientifique ne fonctionne pas dans un vide moral. On lit de ci de lテ que certains
sujets devraient テェtre proscrits de la recherche scientifique parce que trop dangereux 窶 pensons
aux relations gテゥnテゥtiques 窶 races ou appテゥtences sexuelles par exemple, qui signeraient le dテゥbut de
dテゥrives eugテゥnistes. Connaテョtre au mieux ces relations ne conditionne en rien les directions
politiques ou morales qui doivent テェtre prises. Au contraire, nous dテゥfendons l窶冓dテゥe que seul les
choix テゥclairテゥs en toute connaissance de cause peuvent amener un individu douテゥ de raison テ tirer
des consテゥquences morales de dテゥcouvertes scientifiques. Mテェme si l窶冩n montrait une quelconque
responsabilitテゥ gテゥnテゥtique dans une tare donnテゥe, il resterait d窶兮bord テ considテゥrer ce que la sociテゥtテゥ
concernテゥe entend moralement par tare avant d窶册ffectuer des choix rationnels sur ce sujet. La
question du ツォ gティne homosexuel ツサ (qui est dテゥjテ une fausse question, aucun gティne ne pouvant en lui-
mテェme テェtre responsable d窶冰n comportement aussi complexe), outre qu窶册lle fait rire les テゥtudiants
qui se demandent comment un gティne de l窶冑omosexualitテゥ se serait transmis, n窶兮 de raison d窶凖ェtre
テゥvaluテゥ moralement que lorsqu窶冩n considティre l窶冑omosexualitテゥ comme une dテゥviance. Les travaux
scientifiques de sociologues comme Becker sur la dテゥviance sont テゥclairants
philosophes sauront dテゥfendre une pratique, comme ils furent capables de conduire テ la
destruction d窶兮utres : l窶册sclavage par exemple est indテゥfendable rationnellement, ce quel que soit
l窶凖ゥtat des donnテゥes sur les populations noires et blanches.
Merton (1973) dit que la science a tout de mテェme des fondamentaux テゥthiques, au rang desquels il
cite l窶冰niversalisme, le dテゥsintテゥressement, le communisme テゥpistテゥmique (le partage des mテゥthodes et
des rテゥsultats) et le scepticisme organisテゥ
. Fondamentaux qu窶冩nt en commun des franges
politiques qui ne sont pas des exemples d窶冓mmoralitテゥ.
69
Becker H.,
Outsiders
,
テゥtude sociologique de la dテゥviance
, 1985.
70
Les propos de Merton sont rapportテゥs par Bunge,
La philosophie derriティre la pseudoscience
, 2006. Note : nous avons
changテゥ la traduction de
communautarisme テゥpistテゥmique
de J. Gunther en
Communisme テゥpistテゥmique
, traduction directe de
Bunge. Pour une rテゥflexion sur cette diffテゥrence pas si anodine que cela, voir Racca J-L.,
Communisme ou
communautarisme ?
Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー20, 2 fテゥvrier 2007.
61
2
Science et pseudosciences
Dans ce chapitre nous allons apporter quelques テゥlテゥments pテゥdagogiques permettant d窶冓ntroduire
en douceur quelques critティres de distinction entre science et pseudoscience. Nous tenterons
d窶兮ssortir le plus souvent possible des conseils aux enseignants souhaitant approcher ces thティmes
en テゥvitant les difficultテゥs courantes sur ce type de sujet.
2.1
Mises en garde prテゥalables
2.1.1
Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ
Dans notre dテゥmarche zテゥtテゥtique, nous allons nous consacrer aux croyances de type
pseudoscientifique, テ la maniティre de les apprテゥhender et テ quelques moyens de s窶册n servir テ des fins
pテゥdagogiques. Pour cela, employer une lexicologie prテゥcise s窶兮vティre incontournable. Pourtant,
premiティre constatation : la langue franテァaise ne permet pas de faire la distinction entre la croyance
comme acte de foi (
faith
) et la croyance de type adhテゥsion (
belief
). Le recouvrement des deux
acceptions du mテェme terme crテゥe ce que les zテゥtテゥticiens appellent un effet paillasson (voir 4.2
Ips de
type 1 窶 Ips lexicaux ou la gamme des effets paillasson
).
Pour sortir de ce glissement sテゥmantique, nous avons proposテゥ la notion de remport d窶兮dhテゥsion,
qui se rapproche de la dテゥfinition anglo-saxonne de
rationnal belief
, c'est-テ-dire d窶冰ne croyance
produite par une dテゥmarche d窶凖ゥnonciation de vテゥritテゥ susceptible d窶凖ェtre inflテゥchie par le
raisonnement ou l窶册xpテゥrience.
Nous appelons
remport d窶兮dhテゥsion
le mテゥcanisme complexe et multifactoriel qui amティne un individu テ
penser que son adhテゥsion テ une thティse, une hypothティse ou テ une thテゥorie est mue par une chaテョne de
raisonnements rationnels テゥtayテゥs par des faits, ce テ tort ou テ raison. Lorsque c窶册st テ tort, c'est-テ-
dire que cette adhテゥsion est de type simili-rationnelle, remportテゥe sur des critティres non suffisants ou
sur la base d窶冰ne forte appテゥtence ou d窶冰n engagement (au sens psychologique) pour ladite thティse
ou thテゥorie, nous parlerons d窶兮dhテゥsion pseudoscientifique.
Si la croyance comme
adhテゥsion remportテゥe
relティve des thテゥories de la connaissance, de la psychologie
cognitive, de l'ethnologie, en clair des sciences de l窶僣umain, l窶兮cte de foi, lui, fait intervenir une
transcendance et de ce fait se situe sur un magistティre totalement disjoint des sciences.
Chose pratique, cette distinction est テゥgalement revendiquテゥe par un bon nombre d窶册xperts de la
foi (par exemple Erny 1995).
Chapitre
2
62
Si ces deux types de croyance peuvent potentiellement テェtre objets d窶兮nalyse critique, la mテゥthode
scientifique, redoutablement efficace pour les secondes, ne l窶册st que dans certaines consテゥquences
ou interprテゥtations corollaires de la premiティre. En effet, l窶兮cte de foi ne nテゥcessitant ni
raisonnement, ni preuve 窶 puisque basテゥ sur des concepts transcendantaux 窶, son objet sort du
matテゥrialisme et la science prise au sens mテゥthodologique n窶兮 aucune prise sur lui : un regard
scientifique critique pourra テゥventuellement s窶册xercer sur l窶冑istoricitテゥ et les fondements des
dogmes forgeant l窶兮cte de foi (l窶册xistence historique de Jテゥsus, par exemple, ou le caractティre sacrテゥ
des textes scripturaires), ou sur certaines prescriptions scientifiques ou mテゥdicales effectuテゥs au
nom de cet acte de foi (la maladie comme punition divine, par exemple, ou la nテゥgation de
l窶册xistence du SIDA). Mais l窶兮nalyse de l窶兮cte de foi en lui-mテェme ne peut se faire pratiquement
qu窶兮ux plans moral et politique. テ l窶冩pposテゥ, テゥtayer un acte de foi sur des faits 窶 stigmates, traces,
signes, suaires, miracles 窶 devient un non-sens. Nous simplifions テ outrance un des plus vastes
champs de rテゥflexion de la philosophie classique en テゥcrivant qu窶
ツォ Une diffテゥrence fondamentale [entre les deux acceptions du terme croyance] est テ opテゥrer
pour un zテゥtテゥticien : lテ oテケ la premiティre est un remport d窶兮dhテゥsion souvent hテ「tif, la seconde
acception, elle, de facture religieuse, repose sur un acte de foi. En d窶兮utres termes, si
l窶兮dhテゥsion テ une thテゥorie peut テェtre critiquテゥe zテゥtテゥtiquement, un acte de foi n窶册st pas discutable
puisqu窶冓l ne se base sur rien de tangible. Les deux acceptions buttent sur ce que Bricmont
appelle un
irrテゥductible antagonisme
. La zテゥtテゥtique ne peut traiter la question de dieu ; celle du
suaire de son fils, si ! ツサ (Monvoisin 2005a).
Nous avons pris le parti pテゥdagogique de toujours commencer les enseignements
zテゥtテゥtique/esprit
critique/critique des
pseudosciences
par ce distinguo, ceci non seulement pour テゥpargner les choix
moraux personnels des interlocuteurs/テゥtudiants 窶 et ne pas soulever de rテゥactions
ツォ テゥpidermiques ツサ pouvant interfテゥrer avec notre enseignement -, mais aussi pour conserver テ la
science son assise (voir 1.3.
). C窶册st loin de n窶凖ェtre qu窶冰ne prテゥcaution oratoire
lorsque, comme nous l窶册ntreverrons, les sollicitations ツォ spiritualistes ツサ sont nombreuses.
Dans un contexte mテゥdiatique oテケ le mテゥlange des genres est rテゥcurrent, nous donnons
prテゥfテゥrentiellement trois exemples aux テゥtudiants :
窶「
Le crテゥationisme
La revendication de l窶册nseignement conjoint de la thテゥorie de l窶凖ゥvolution et du crテゥationnisme dans
un certain nombre d窶凖ゥtats amテゥricains et ocテゥaniens. Manifestement, la sテゥrie d窶兮rguments apportテゥs
en guise de ツォ preuve ツサ d窶冰n dessein cosmique a suffit, dans une certaine mesure
, pour faire valoir
une テゥquivalence factice entre l窶册nseignement de la thテゥorie de l窶凖ゥvolution, scientifique, et celui du
crテゥationnisme, ou de son avatar pseudoscientifique, l窶僮D 窶 cela sur un fond dテゥmagogique de
libテゥralisme intellectuel propre テ la laテッcitテゥ au sens テゥtats-unien (voir 4.4.5
Le mode politique
).
窶「
Le ツォ Suaire ツサ de Turin
Le prテゥtendu ツォ suaire ツサ de Turin, prテゥsentテゥ comme une preuve de la qualitテゥ divine de Jテゥsus dont la
toile de lin aurait enseveli le corps. Le non-sens est manifeste puisque si la qualitテゥ divine se
prouvait 窶 et avait attendu les テゥtudes sur la toile de lin pour l窶凖ェtre 窶 alors la croyance au divin
serait une question scientifique.
窶「
La physique quantique et son utilisation pour テゥtayer la possible existence d窶冰ne autre
rテゥalitテゥ
Les exemples sont plテゥthore. Le dernier en date au moment de rテゥdiger date du 1er juin 2007, dans
71
Fin 2005, fort heureusement, le juge Jones a tranchテゥ en dテゥfaveur de l窶僮D. Goodstein L.,
Judge Rejects Teaching
Intelligent Design
,
New York Times
, 21 dテゥc. 2005. Voir aussi la Fiche pテゥdagogique Nツー11, en annexe.
63
le
Figaro
:
ツォ (窶ヲ) la physique quantique ne prouve en rien l'existence de Dieu. Elle テゥlargit le ツォ champ
des possibles ツサ. La physique dテゥmontre l'existence d'un niveau de rテゥalitテゥ dont on ne peut
rien prテゥjuger. Rien de cet autre niveau de rテゥalitテゥ ne nous amティne テ l'idテゥe qu'il existe un Dieu
plein d'amour pour nous. Mais l'existence de cet autre niveau de rテゥalitテゥ, avec lequel
l'homme peut sans doute テェtre en contact, rappelle les intuitions majeures de toutes les
grandes religions 窶 y compris les religions sans dieu comme le bouddhisme ou le taoテッsme
窶 fondテゥes sur deux principes : l'existence, prテゥcisテゥment, d'un autre niveau de rテゥalitテゥ et la
possibilitテゥ d'un lien entre l'esprit humain et cette autre instance. Ces principes deviennent
beaucoup plus crテゥdibles qu'ils ne l'テゥtaient avant les dテゥcouvertes de la mテゥcanique quantique
(窶ヲ) ツサ (Staune & Comte-Sponville, 2 juin 2007).
Mテェme s窶冓l ne s窶兮git pas de ツォ prouver Dieu ツサ comme les titres le rテゥsument rテゥguliティrement, postuler
qu窶冓l existe une autre rテゥalitテゥ corroborant une intuition religieuse prテゥcipite derechef dans l窶兮cte de
foi. Relevons au passage le non-sens d窶冰ne telle assertion, aussi stimulante que paradoxalement
non testable : si on montre scientifiquement (avec la mテゥcanique quantique ou autre) que quelque
chose existe, alors ce quelque chose fait partie de la rテゥalitテゥ, puisqu窶冓l existe. Prouver rテゥellement
qu窶冓l existe une autre rテゥalitテゥ participe de l窶冩xymore.
2.1.2
La dテゥmarche zテゥtテゥtique forcテゥment athテゥe ?
テ la question des implications philosophiques et politiques de la zテゥtテゥtique comme mテゥthode
d窶冓nvestigation des pseudosciences 窶 et particuliティrement l窶兮thテゥisme qu窶冩n lui prテェte bien souvent
窶 nous avons dテゥjテ テゥcrit :
ツォ (窶ヲ) la zテゥtテゥtique ne participe d窶冰ne lutte anticlテゥricale qu窶凖 partir du moment oテケ une
obテゥdience impose des assertions non prouvテゥes ; d窶冰ne lutte pour la laテッcitテゥ que dans la
mesure oテケ, cantonnテゥe au champ scientifique, elle contribue テ en dessiner les contours et
lutte contre un factieux concordisme avec la religion ; d窶冰n athテゥisme que dans la mesure oテケ
il lui semble raisonnable d窶兮ffirmer que la nature n窶兮 vraisemblablement pas de dessein,
l窶凖ゥvolution pas de but, et la tテゥlテゥonomie pas d窶冓ssue. ツサ (Monvoisin,
ouv.citテゥ
).
Il s窶兮git d窶冰ne mise au point nテゥcessaire aussi bien dans ce travail que dans une interaction avec le
public, pour qui le glissement sur le mot croyance n窶册st pas forcテゥment テゥvident.
Nous nous cantonnerons donc テ l窶凖ゥtude de ce qui relティve du remport d窶兮dhテゥsion
pseudoscientifique. テ cette fin, nous devons faire un petit intermティde テ vocation sociologique sur
ce qu窶册st le champ 窶湾aranormal窶
qui a fait naテョtre la dテゥmarche zテゥtテゥtique.
2.2
Intermezzo
: le champ du
paranormal
Est considテゥrテゥ comme
窶湾aranormal窶
tout fait qui sort, テ premiティre vue, du cadre d窶冓nterprテゥtation
courant du rテゥel, c'est-テ-dire tout phテゥnomティne, pseudo-phテゥnomティne, thテゥorie ou pseudo-thテゥorie qui
ne trouve pas de description ou d窶册xplication dans le champ des connaissances du moment, et qui
de facto
impose l窶冓ntroduction d窶册ntitテゥs ou de concepts hors-champ scientifique.
Garnier, dans son mテゥmoire, テゥcrit テ raison que ツォ
Le terme paranormal est assez vague et peut englober des
domaines aussi divers que les extraterrestres, le monstre du Loch Ness, les maisons hantテゥes
ツサ. (Garnier,
ouv.
citテゥ). Nos propres sondages en classe montrent une variテゥtテゥ incroyable de thティmes qui
surgissent テ l窶凖ゥvocation du mot, qui dテゥbordent dテゥsormais des francs-maテァons aux thテゥrapies du
64
bien テェtre.
Dans le trティs mテゥdiocre
Que sais
-
je ? Le paranormal
,
Wallon (2002) indique que sont paranormales les
observations qui relient une pensテゥe et un fait, par le moyen d窶冰ne signification, avec comme
exemples : la voyance, la tテゥlテゥpathie, la psychokinティse, les
poltergeisten
(les ツォ esprits frappeurs ツォ), テゥtant
exclu tout ce qui relティve du strictement matテゥriel comme les soucoupes volantes
72
.
Il y a trois テゥcueils dテサs au terme lui-mテェme, qu窶冓l convient de baliser :
-
テ営ueil テゥpistテゥmologique : para-normal.
-
テ営ueil probabiliste : paranormal = extraordinaire.
-
テ営ueil langagier : paranormal = qu窶冩n explique pas (encore).
Comme le souligne Doury (1997), il existe un grand nombre de disciplines, thテゥories ou pseudo-
thテゥories, doctrines qualifiテゥes de
paranormales
,
para-scientifiques
, ou de
sciences parallティles
, ce qui
implique qu窶 ツォ
il ne va pas de soi qu窶册lles aient suffisamment de points communs pour qu窶冰ne dテゥnomination
commune soit lテゥgitime [...]
ツサ. Il suffit pour s窶册n rendre compte de taper
paranormal
sur un moteur de
recherche
Internet
; l窶册xpテゥrience montre au 15 aoテサt 2005 que, pour les premiers sites rテゥfテゥrencテゥs sur
Google,
Sur
paranormal
dテゥsigne :
la cryptozoologie 窶 l窶凖ゥsotテゥrisme 窶 les apparitions / esprits 窶 les conspirations 窶 les extra-
terrestres & OVNI 窶 les frontiティres de la science 窶 la spiritualitテゥ ;
Sur
paranormal
dテゥsigne :
l窶僣ermテゥtisme 窶 le Spiritisme 窶 la Rテゥincarnation 窶 les NDE 窶 l窶僊strologie 窶 le Psy 窶 la
Numテゥrologie 窶 les Rose-Croix 窶 la Franc-Maテァonnerie 窶 le Mysticisme 窶 les Religions 窶 la
Spiritualitテゥ 窶 le Yoga 窶 l窶凖ゥlテゥvation 窶 la Mythologie (dieux gテゥnies anges) 窶 la Magie 窶 le
Surnaturel 窶 les OVNIS 窶 l窶僣ypnotisme 窶 le Magnテゥtisme 窶 les Thテゥrapies 窶 le bien-テェtre 窶
l窶冑abitat 窶 la Mテゥtaphysique 窶 la Parapsychologie 窶斗窶僊lchimie 窶 l窶儖ccultisme ;
Sur
http://reguite.free.fr/Paranormal/paranormal.html
paranormal
dテゥsigne :
les combustions humaines spontanテゥes 窶 le oui-jテ 窶 les fantテエmes 窶 la lune 窶 les Wiccas 窶
les magnテゥtiseurs 窶 les exorcistes 窶 les EMI ;
D窶冰n point de vue scientifique, l窶冓ncohテゥrence est grande : sont regroupテゥes dans un amas
particuliティrement hテゥtテゥroclite
- des religions, des doctrines ou des spiritualitテゥs (spiritisme, occultisme, hermテゥtisme, magie,
mysticisme, Wicca, alchimie, etc.)
- des mancies ou techniques de divination (astrologie, numテゥrologie, etc.)
- des simili-thテゥrapies et des pseudosciences (magnテゥtisme, hypnotisme, etc.)
- des phテゥnomティnes scientifiquement expliquテゥs (auto-combustions humaines, effet Kirlian-Corona)
ou qui tendent テ テェtre dテゥcrits (paralysies du sommeil, Old hag syndrom, Out of Body Experiences,
etc.)
- des simili-phテゥnomティnes (NDE, fantテエmes, etc.)
72
Nous insistons sur le fait que cet ouvrage est une trティs mauvaise source. Voir Genge (2001) et sa recension du livre
Le paranormal
de Philippe Wallon.
65
- la parapsychologie
- des histoires テゥtranges
- des complots.
Nous allons modestement nous attacher テ dテゥcrire le
窶湾aranormal窶
comme un champ de
connaissance tout du moins perテァu comme tel par les individus qui y adhティrent. Il est bien entendu
hors cadre de cette thティse de discuter la position du
窶湾aranormal窶
dans le cadre d窶冰ne vテゥritable
sociologie critique. Nous pouvons nous contenter d窶兮border le
窶湾aranormal窶
comme un champ, et
d窶册n regarder les limites.
Socialement parlant, la notion de champ trouve une expression satisfaisante pour notre sujet dans
les travaux de Bourdieu
73
. Devant les contours protテゥiformes du domaine, trouver un socle
conceptuel du champ 窶湾aranormal窶 devra se faire non d窶冰n point de vue des thテゥmatiques
abordテゥes, mais des implications psycho-affectives, des rhテゥtoriques, et des considテゥrations
spirituelles qui sont engendrテゥes : ainsi insistons-nous dans nos enseignement sur le fait que,
lorsque nous parlerons de champ du 窶湾aranormal窶, il sera sous-entendu ツォ
champ
sociolinguistique ツサ.
2.2.1
La notion de champ social
A l窶冓nstar de toutes les productions culturelles, selon Bourdieu, la science est tiraillテゥe entre deux
positions extrテェmes : on retrouve, comme en philosophie ou en art, ツォ
la mテェme opposition, le mテェme
antagonisme, souvent considテゥrテゥs comme irrテゥductibles (窶ヲ) entre les interprテゥtations qu窶冩n peut appeler internalistes
ou internes et les interprテゥtations qu窶冩n peut appeler externalistes ou externes
ツサ (Bourdieu 1999, p. 13).
Bourdieu trace ainsi, en schテゥmatisant, les termes rテゥcurrents de la controverse :
ツォ
Grosso modo
, il y a d窶冰n cテエtテゥ ceux qui soutiennent que pour comprendre la littテゥrature ou
la philosophie, il suffit de lire les textes. Pour les tenants de ce fテゥtichisme du texte
autonomisテゥ, qui a fleuri en France avec la sテゥmiologie et qui refleurit aujourd'hui partout
dans le monde avec ce que l窶冩n appelle le postmodernisme, le texte est l窶兮lpha et l窶冩mテゥga
et il n窶凉 rien de plus テ connaテョtre, s窶兮gissant de comprendre un texte philosophique, un
code juridique ou un poティme, que la lettre du texte. [窶ヲ]
テ l窶冩pposテゥ, une autre tradition, souvent reprテゥsentテゥe par des gens qui se rテゥclament du
marxisme, veut rapporter le texte au contexte et se propose d窶冓nterprテゥter les ナ砥vres en les
mettant en relation avec le monde social ou le monde テゥconomique. [窶ヲ] ツサ (
Ibid.
)
La science comme objet social s窶冓nscrit dans le mテェme tiraillement, bien qu窶冰ne forte tradition
d窶冑istoire des sciences ツォ
dテゥcrit le processus de perpテゥtuation de la science comme une sorte de parthテゥnogenティse, la
science s窶册ngendrant elle-mテェme en dehors de toute intervention du monde social
ツサ (
Ibid.
). Pour sortir de
ツォ
l窶兮lternative de la ツォ science pure ツサ, totalement affranchie de toute nテゥcessitテゥ sociale, et de la ツォ science serve ツサ,
asservie テ toutes les demandes politico-テゥconomiques
ツサ (
Ibid.
p. 15), Bourdieu propose alors la notion de
champ : il ne suffit plus de se rテゥfテゥrer au contenu textuel de la production, ni davantage de se
73
Nous spテゥcifions bien que sur la question, c窶册st sur la dテゥfinition seulement que nous revendiquons Bourdieu : si la
portテゥe politique de ses テゥcrits ne peut que nous plaire, le relativisme latent de certains de ses テゥcritsne nous permettent
pas de nous revendiquer de son cadre テゥpistテゥmologique dans son ensemble.
66
rテゥfテゥrer de faテァon directe au contexte social 窶 ce qu窶冓l appelle ツォ l窶册rreur du court-circuit ツサ 窶 mais
de considテゥrer
ツォ
un univers intermテゥdiaire, [窶ヲ]le champ [窶ヲ]scientifique, c'est-テ-dire l窶冰nivers dans lequel sont insテゥrテゥs les
agents et les institutions qui produisent, reproduisent ou diffusent [窶ヲ] la science. Cet univers est un
monde social comme les autres, mais qui obテゥit テ des lois sociales plus ou moins spテゥcifiques.
ツサ (
Ibid.
p. 14)
En ce sens, le
窶湾aranormal窶
devient un champ social spテゥcifique, c'est-テ-dire qu窶冓l n窶册st pas suffisant
de le rテゥduire au contenu textuel des connaissances ou des pseudo-connaissances qui le
composent, ni au contexte social de son テゥmergence, mais qu窶冓l faut le considテゥrer comme un
univers テ part entiティre d窶兮cteurs, d窶兮gents et de valeurs qui produisent, reproduisent ou diffusent
des informations sur ledit 窶湾aranormal窶.
2.2.2
L窶兮utonomie du champ social
L窶兮utonomie d窶冰n champ vis-テ-vis des contraintes sociales ou internes se traduit notamment par
sa capacitテゥ テ rテゥfracter, en les retraduisant sous une forme spテゥcifique, les contraintes ou les
demandes externes qui s窶册xercent sur lui. Plus un champ est autonome, plus sa capacitテゥ de
rテゥfraction sera grande, et par consテゥquent les contraintes externes transformテゥes.
ツォ Le degrテゥ d窶兮utonomie d窶冰n champ a donc pour indicateur principal son pouvoir de
rテゥfraction [...] Inversement, l窶冑テゥtテゥronomie d窶冰n champ se manifeste essentiellement dans
le fait que les problティmes extテゥrieurs, notamment les problティmes politiques, s窶凉 expriment
directement. C窶册st dire que la ツォ politisation ツサ d窶冰ne discipline n窶册st pas l窶冓ndice d窶冰ne
grande autonomie. ツサ (
Ibid.
p. 16)
ツォ Rien n窶册st plus funeste en effet que la ツォ politisation ツサ au sens ordinaire du terme, du
champ scientifique et des luttes qui s窶凉 dテゥroulent, c'est-テ-dire l窶冓mportation des modティles
politiques dans le champ scientifique [...]. La ツォ politisation ツサ est presque toujours le fait de
ceux qui, qu窶冓l s窶兮gisse de dominants temporels (et temporaires) ou de dominテゥs, sont les
plus faibles selon les normes spテゥcifiques, et ont donc intテゥrテェt テ l窶冑テゥtテゥronomie (窶ヲ)ツサ
(
Ibid.
p.
61)
Et Bourdieu d窶冓nvoquer la
loi de Jdanov
, selon laquelle plus un producteur culturel est tournテゥ vers
un marchテゥ, une audience restreinte, plus il sera enclin テ la rテゥsistance, テ l窶兮utonomie ; au contraire,
plus il destine ses produits au marchテゥ de grande production ou d窶兮udimat, plus il est enclin テ
collaborer
avec les pouvoirs externes テ son champ, politiques comme stratテゥgico-commerciaux
(Bourdieu 1996).
Sur un plan テゥpistテゥmologique, il insiste :
ツォ Plus un champ est autonome, au contraire, et proche d窶冰ne concurrence pure et parfaite,
plus la censure est purement scientifique, et exclut l窶冓ntervention de forces purement
sociales (arguments d窶兮utoritテゥs, sanctions de carriティre, etc.), les contraintes sociales prenant
la forme de contraintes logiques, et rテゥciproquement : pour s窶凉 faire valoir, il faut y faire
valoir des raisons, pour y triompher, il faut y faire triompher des arguments, des
dテゥmonstrations et des rテゥfutations. ツサ (Bourdieu 1999,
ouv.citテゥ
, p. 26).
Il est donc tout テ fait souhaitable que le champ sur lequel nous nous penchons soit autonome.
Est-ce le cas ?
67
2.2.3
Contraintes externes et demande sociale
ツォ Mais ce qui fait la spテゥcificitテゥ du champ scientifique, c窶册st que les concurrents s窶兮ccordent
sur des principes de vテゥrification de la conformitテゥ au ツォ rテゥel ツサ, sur des mテゥthodes communes
de validation des thティses et des hypothティses, bref sur le contrat tacite, inspテゥrablement
politique et cognitif, qui fonde et rテゥgit le travail d窶冩bjectivation. ツサ (
Ibid.
, p. 27)
Sous cet angle, force est de constater que le champ 窶湾aranormal窶 est ostensiblement labile : non
seulement sa propension au laxisme dans les mテゥthodes mais surtout sa soumission aux modes,
aux effets d窶兮nnonce (voir la mise en forme テゥvテゥnementielle, chapitre 3), aux impacts mテゥdiatiques,
aux effets rhテゥtoriques sophistiques ou autoritaires sont autant de marques du manque
d窶兮utonomie du champ 窶湾aranormal窶. Il est caractテゥristique par exemple qu窶凖 chaque prテゥtention de
type
窶湾aranormal窶
, son promoteur soit テ mテェme de prテゥtendre mettre en vacille tout le rテゥseau des
fondements scientifiques d窶冰ne discipline donnテゥe.
Ajoutons que la gratification qui dテゥcoule de l窶册xpertise du champ 窶湾aranormal窶 est d窶兮utant plus
forte pour les experts en question que la reprテゥsentation sociale la plus courante concernant le
窶湾aranormal窶 est que les ツォ scientifiques ツサ s窶册n dテゥtournent 窶 que ce soit par dテゥsintテゥrテェt, par goテサt,
par peur (voir 1.2.8
Complexe de la perle rare
). Ainsi le
窶湾aranormal窶
est une formidable rテゥserve non
point de capital scientifique, mais de capital social. Pour paraphraser Bourdieu, les agents font les
faits scientifiques et mテェme, pour une part, le champ scientifique, c'est-テ-dire dテゥterminent ce
qu窶册st l窶册nsemble des sujets qui ツォ payent ツサ et dont dテゥcoulent les plus grandes gratifications
sociales, ce que Bourdieu nomme le ツォ capital social ツサ. Il faut entendre par lテ pour テェtre prテゥcis un
type de capital symbolique fondテゥ sur des actes de connaissances ou de reconnaissance, qui
reprテゥsente en quelque sorte le crテゥdit accordテゥ par l窶册nsemble des pairs/concurrents au sein du
champ : l窶册xemple le plus illustratif est le
Citation index
, mais rentrent dans cette dテゥfinition tout
honneur, toute consテゥcration, tout titre scientifique. Ou, tierce voie, la tribune mテゥdiatique.
(Bourdieu 1975, Bourdieu 1999, p. 21 et Shinn 1988)
Mais les trompettes de la renommテゥe テゥtant bien mal embouchテゥes, et lorsqu窶冩n sait que
ツォ tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes scientifiques possibles si la logique
de la concurrence purement scientifique fondテゥe sur la seule force des raisons et des
arguments n窶凖ゥtait pas contrecarrテゥe, voire en certains cas annulテゥe, par des forces et des
contraintes externes (comme on le voit dans le cas des sciences qui sont encore テ mi-
chemin dans le processus d窶兮utonomisation et oテケ l窶冩n peut toujours dテゥguiser des censures
sociales en censures scientifiques et habiller de raisons scientifiques des abus de pouvoir
social spテゥcifique, comme l窶兮utoritテゥ administrative ou le pouvoir de nomination テ travers
les jurys de concours). ツサ (Bourdieu 1999,
ouv.citテゥ
, p. 27)
La vテゥritable action des acteurs du champ de la science se fait
ツォ テ partir d窶冰ne place qu窶冓ls n窶冩nt pas faite [...] pour si versテゥ qu窶冓l puisse テェtre dans la
ツォ gestion des rテゥseaux ツサ [...] les chances qu窶冰n agent singulier a de plier les forces du champ
テ ses dテゥsirs sont proportionnテゥs テ sa force sur le champ, c'est-テ-dire テ son capital de crテゥdit
scientifique ou, plus prテゥcisテゥment, テ sa position dans la structure de la distribution du
capital ツサ (
Ibid.
p. 20).
74
Il poursuit p. 68 : ツォ [...]
une part テゥnorme des problティmes dits sociaux sont en rテゥalitテゥ produits dans une sorte de circulation circulaire
entre les journalistes, qui pour une bonne part sortent de Sciences-Po, les profs de Science-Po appointテゥs par des instituts de sondages, qui
transforment les questions de Science-Po en questions pour les sondages, dont les rテゥsultats sont dissテゥquテゥs et commentテゥs par des analystes et
des journalistes, qui ont eux-mテェmes fait Science-Po, etc. Et c窶册st ainsi que se constituent les problテゥmatiques doxiques, cet ensemble de
problティmes qui n窶冩nt テ peu prティs rien de pertinent, mais que bon grテゥ, mal grテゥ, nous avons tous dans la tテェte
ツサ.
68
ツォ Le capital scientifique d窶冓nstitution s窶兮cquiert essentiellement par des stratテゥgies politiques
(spテゥcifiques) qui ont toutes en commun de demander du temps 窶 participation テ des
commissions, des jurys (de thティse, de concours), des colloques plus ou moins fictifs sur le
plan scientifique, des cテゥrテゥmonies, des rテゥunions, etc. 窶 en sorte qu窶冓l est difficile de dire si,
comme le professent volontiers ses dテゥtenteurs, son accumulation est le principe (au titre
de compensation) ou le rテゥsultat d窶冰ne moindre rテゥussite dans l窶兮ccumulation de la forme la
plus spテゥcifique, et la plus lテゥgitime, de capital scientifique ツサ. (
Ibid.
p. 30).
D窶冩テケ l窶冓ntテゥrテェt des acteurs du champ du
窶湾aranormal窶
de se crテゥer, parfois de faテァon factice des
positions d窶册xperts, quitte テ crテゥer de toutes piティces voire inventer des laboratoires universitaires,
des chaires de parapsychologie, autant de trテゥteaux du haut desquels un discours, quelle que soit sa
teneur, s窶册mpティse d窶冰ne lテゥgitimitテゥ illusoire. D窶兮utant que si volontテゥ d窶冓nvestiguer les phテゥnomティnes
dits paranormaux ou parapsychologiques sous un angle scientifique est rテゥelle, il est nテゥcessaire, au
prorata de ce que nous avons dテゥchiffrテゥ chapitre 1, d窶冰tiliser la zテゥtテゥtique : toute crテゥation de statut テ
portテゥe universitaire qui ne soit pas zテゥtテゥtique dans le champ en question devient par consテゥquent
inquiテゥtante.
Selon la mテェme grille de lecture, nous ne pouvons que constater que la demande sociale sur le
sujet est goulue, et rテゥclame des ツォ 3ティmes hommes ツサ 窶 c'est-テ-dire des passeurs de la connaissance
窶 si possible aisテゥment identifiables. Faut-il donc テェtre surpris de l窶冩mniprテゥsence dans les mテゥdias
papier des
go between
Lignon, Chauvin, Van Cauwelaert, Sheldrake, テ la tテゥlテゥvision des Varvoglis,
Kristen, Bogdanoff et mテェme, d窶冰ne autre maniティre, Reeves et Coppens ? Si l窶冩n excepte la carriティre
de Coppens, un lointain passテゥ d窶兮strophysicien pour Reeves, et un champ d窶册xpertise テゥthologique
pour Chauvin, tous les autres sont mテゥdiatiquement prテゥsents largement au-delテ de ce que leur
contribution scientifique laisserait prテゥsumer (qui est parfois nulle pour certains, comme pour Van
Cauwelaert, pourtant invitテゥ comme expert sur les plateaux TV lors du rebondissement de l窶兮ffaire
du Suaire de Turin de Juin 2005). テ croire qu窶冓ls relティvent de la catテゥgorie ツォ
de ces auteurs qui, ne
pouvant parvenir テ la consテゥcration selon les normes spテゥcifiques du champ littテゥraire, se font テゥlire テ l窶僊cadテゥmie
Franテァaise et passent leur temps テ テゥcrire dans les journaux ou se montrer テ la tテゥlテゥvision. Nombre de consテゥcrations
temporelles dans l窶冩rdre spirituel ont une telle fonction compensatoire
. ツサ (
Ibid.
p. 25).
Bourdieu ajoute :
ツォ Ceci est vrai sauf dans les cas, tout テ fait exceptionnels , oテケ, par une dテゥcouverte
rテゥvolutionnaire, propre テ mettre en question les fondements mテェme de l窶冩rdre scientifique
テゥtabli, un scientifique redテゥfinit les principes mテェmes de la distribution du capital, les rティgles
mテェmes du jeu. ツサ
D窶冩テケ l窶冓mmense intテゥrテェt de prテゥtendre テ une telle dテゥcouverte 窶把eci expliquant la fテ「cheuse et
rテゥcurrente tendance des fondateurs de pseudodisciplines, arguant d窶冰ne dテゥcouverte fondamentale
qui serait niテゥe par le champ scientifique parce que gテゥnテゥrant trop d窶册njeu, ou remettant trop en
cause les fondements d窶冰ne science ツォ normale ツサ, ou ツォ テゥtablie ツサ. S窶册nsuit alors gテゥnテゥralement une
mテゥgalomanie, conduisant logiquement au rejet d窶冰ne science fermテゥe, d窶冰ne allopathie, d窶冰ne
surface de rテゥpulsion, et テ l窶冰tilisation d窶兮nalogies avec des テゥpisodes de l窶冑istoire des sciences oテケ la
science, balbutiante, passa テ cテエtテゥ d窶冰ne dテゥcouverte. テ la suite de Puech, nous dテゥsignons cette
attitude par le terme de ツォ
syndrome galilテゥen
ツサ.
69
Extrait de Puech L. (1999)
Treize arguments non valables pour dテゥfendre les parasciences
La zテゥtテゥtique comme coupe-vent
ツォ Mais ce qui fait la spテゥcificitテゥ du champ scientifique, c窶册st que les concurrents
s窶兮ccordent sur des principes de vテゥrification de la conformitテゥ au ツォ rテゥel ツサ, sur des mテゥthodes
communes de validation des thティses et des hypothティses, bref sur le contrat tacite,
insテゥparablement politique et cognitif, qui fonde et rテゥgit le
travail d窶冩bjectivation
. ツサ (Bourdieu
1999,
ouv.citテゥ
, p. 27).
Bourdieu ajoute que le monde de la science, テ l窶冓mage du monde テゥconomique, est le lieu de
rapports de force et de concentration de capital et de pouvoir, entraテョnant des rapports sociaux de
domination.
ツォ Il connaテョt aussi des luttes ayant en partie pour enjeu la maテョtrise des moyens de
production et de reproduction spテゥcifiques, propres au sous-univers considテゥrテゥ. S窶冓l en est
ainsi, c窶册st, entre autres raisons, que l窶凖ゥconomie anti-テゥconomique [...] de l窶冩rdre
proprement scientifique reste enracinテゥe dans l窶凖ゥconomie et qu窶凖 travers elle, elle donne
prise au pouvoir テゥconomique (ou politique) et aux stratテゥgies proprement politiques visant
テ le conquテゥrir ou テ le conserver ツサ car ツォ l窶兮ctivitテゥ scientifique implique un coテサt テゥconomique
et le degrテゥ d窶兮utonomie d窶冰ne science dテゥpend pour une part du degrテゥ auquel elle a besoin
de ressources テゥconomiques pour s窶兮ccomplir. Mais il dテゥpend aussi du degrテゥ auquel le
champ scientifique est protテゥgテゥ contre les intrusions (窶ヲ) et auquel il est capable d窶冓mposer
ses sanctions positives ou nテゥgatives. ツサ (
Ibid.
p. 28)
Entreprendre de limiter les intrusions externes dans le champ de la science, l窶冑istoire le montre,
est primordial : depuis le cas テゥculテゥ du lyssenkisme dans la biologie de la Russie stalinienne
jusqu窶兮ux thティses galtoniennes, lorsque la
bien-pensance
subjective pテゥnティtre la sphティre scientifique,
moralisme conservateur, racisme, sexisme, rテゥvisionnisme scientifique ne sont pas loin.
Le drame des constructions politico-mテゥdiatiques se situe ici : elles prennent facilement un tour de
prophテゥtie auto-rテゥalisatrice. テ la revendication d窶凖ゥmissions de vulgarisation scientifique moins
scテゥnarisテゥes est rテゥpondu que la demande sociale, elle, est lテ, ce qui prouve par un
feed back
tragique
que c窶册st le public qui rテゥclame ce qu窶冩n lui donne. Au final, les consommateurs de ces テゥmissions,
habituテゥs テ leur mise en scティne spectaculaire, bテ「tissent une reprテゥsentation sociale de la science
d窶兮utant plus テゥloignテゥe de la rテゥalitテゥ des pratiques, ce qui inflテゥchit leur maniティre d窶兮gir sur les axes de
Le syndrome galilテゥen
Ma ツォ science ツサ est victime de critiques comme l窶兮 テゥtテゥ celle de Galilテゥe, qui avait raison
avant tout le monde... Sous-entendu : donc ma ツォ science ツサ est aussi valable que la
thテゥorie de Galilテゥe ! Rappelons au passage que Galilテゥe fut persテゥcutテゥ par le clergテゥ, et
non par des scientifiques... Selon cet argument, il y aurait un persテゥcuteur (la science
ツォ officielle ツサ) et une victime (la parascience). Il est vrai que certaines dテゥcouvertes ont
テゥtテゥ accueillies avec scepticisme, et que le temps leur donna raison. Mais il est aussi vrai
que dans leur immense majoritテゥ, les hypothティses accueillies avec scepticisme se sont
rテゥvテゥlテゥes inexactes. L窶兮ccueil nテゥgatif d窶冰ne idテゥe nouvelle ne lui confティre aucune valeur.
Mais en se posant en tant que victime, une parascience s窶兮ttire de la sympathie. Loin
d窶凖ェtre une quelconque dテゥmonstration de la valeur de la thテゥorie, le syndrome galilテゥen
est d窶兮bord un acte de communication.
70
recherche, par exemple en privilテゥgiant des thテゥmatiques sテゥcuritaires au prorata du nombre
d窶冓nformations scテゥnarisテゥes de faテァon alarmiste テ chaque fait divers. C窶册st un effet ツォ Loft story ツサ :
on donne du sucrテゥ aux gens, de la guimauve, du sexe, on lui donne du gテゥnie hテゥroテッque scientifique
et de la peur par intermittence (voir 4.4
Ips de type III
). Aprティs un rテゥgime de ce genre de plusieurs
annテゥes テ cela, le goテサt est modelテゥ.
ツォ [...] les savants, quels qu窶冓ls soient, devraient, me semble-t-il, sinon travailler eux-mテェmes
テ la divulgation des rテゥsultats de leur travail, travailler au moins テ contrテエler, autant que
possible, ce processus de divulgation ; intervention qui s窶冓mpose テ eux de maniティre
d窶兮utant plus impテゥrative que ces rテゥsultats peuvent entrer dans un dテゥbat bien ou mal
engagテゥ. [...] la fonction la plus utile [pour tous les savants] serait de dissoudre les faux
problティmes ou les problティmes mal posテゥs. Evidemment, si vous テェtes dans cette disposition,
vous n窶兮vez rien テ faire テ la tテゥlテゥvision, puisque le prテゥsupposテゥ qu窶冓l faut accepter quand on
est interviewテゥ テ la tテゥlテゥvision, c窶册st de prendre au sテゥrieux ces faux problティmes. ツサ (
Ibid.
p. 70).
La zテゥtテゥtique promouvant une dテゥmarche critique d窶冓nvestigation scientifique rigoureuse, il est
quasiment impossible d窶册n dテゥtourner politiquement le propos ni le ton, テ moins que ses praticiens
ne se prテェtent au jeu des mテゥdias. La mテゥthode zテゥtテゥtique matテゥrialiste sceptique est, テ cause de la
clartテゥ de ses critティres de scientificitテゥ, son ontologie et son テゥpistテゥmologie claires, trティs peu mallテゥable
et offre au champ du
窶湾aranormal窶
une stabilitテゥ qu窶冓l n窶兮vait pas.
Sociologiquement, la zテゥtテゥtique et son cadre philosophique sont une garantie intテゥressante d窶冰ne
ツォ apolitisation ツサ, au sens de Bourdieu, du champ de
窶湾aranormal窶
On peut donc pour conclure poser que le
窶湾aranormal窶
est champ social テ cheval sur le champ
scientifique, d窶冰ne hテゥtテゥrogテゥnテゥitテゥ telle que son autonomie vis-テ-vis des contraintes externes la rend
en grande partie dテゥpendante de contraintes non テゥpistテゥmologiques et non logiques, notamment
mテゥdiatique et soumise テ une pseudo-demande sociale, ce qui est autant de vent qui souffle sur les
crテ「nes chenus des chercheurs. La zテゥtテゥtique est un excellent coupe-vent improvisテゥ.
2.2.4
Paranormal
: le sous-cape, l窶凖ゥsotテゥrique et la rhテゥtorique
Trois ingrテゥdients rendent le terme
窶湾aranormal窶
cohテゥrent au regard d窶冰ne description en terme de
champ :
- le
hors-cadre
,
postulテゥ dans le terme, vis-テ-vis du
normal
. Le champ du 窶湾aranormal窶, par
ツォ l窶凖ゥtrange ツサ, ツォ le bizarre ツサ et
ツォ l窶冓mprobable ツサ qu窶冓l intティgre se dテゥcrit d窶兮bord par son extテゥrioritテゥ テ
une normalitテゥ, ce qui est fantasmatique. Cette normalitテゥ peut テェtre invoquテゥe sous la forme d窶冰ne
orthodoxie,
mテゥdicale ou scientifique, d窶冰n manque d窶冩uverture d窶册sprit voire, pour les plus lyriques
et paranoテッaques des acteurs du champ, un lobby scientifique
- la
scテゥnarisation
テゥsotテゥrique
, dans laquelle le
窶湾aranormal窶
est maintenu aussi bien par les mテゥdias
que par les acteurs de ce champ, participe de la cohテゥrence du champ, que ce soit par le registre de
langue, le jargon ou les rhテゥtoriques. Le transfert de connaissance ツォ sous le manteau ツサ, de faテァon
peu ou prou rテゥvテゥlテゥe sur un ton de connivence, et le systティme plus ou moins marquテゥ de cooptation
dans les domaines abordテゥs crテゥe une catテゥgorie テゥminemment gratifiante テ peu de frais, celle des
75
Il n窶册st pas question de nier un テゥventuel lobby scientifique. Mais la rigueur sテゥmantique s窶冓mpose : les lobbies
actuels sont d窶冩rdre pテゥtro-industrialo-militaires, et s窶册xercent dans la sphティre politico-financiティre. Un テゥventuel lobby
scientifique dans le champ du paranormal dテゥsignerait une science normale, paradigmatique, テ tendance lyssenkiste,
c'est-テ-dire en quelque sorte un
lobby
テゥpistテゥmologique. Ce
lobby
n窶册xiste vraisemblablement pas, mais se nourrit d窶冰n
glissement sテゥmantique entre plusieurs acceptions trティs diffテゥrentes du mot ツォ science ツサ que nous avons dテゥjテ abordテゥ.
71
ツォ initiテゥs ツサ ;
- les
pseudo-argumentaires
sont communs テ tous les domaines de ce champ.
2.2.5
Catテゥgories du 窶湾aranormal窶
La catテゥgorisation du
窶湾aranormal窶
par le biais de sa dテゥfinition est dテゥlicate : comme le souligne
Doury (1997) outre le caractティre nテゥcessairement parcellaire de la dテゥfinition -il est impossible d窶凖ェtre
exhaustif dans le listage des disciplines en question-, ツォ
les dテゥfinitions qu窶冩n y trouve ne s窶冩rganisent pas en
un champ lexical cohテゥrent, qui permettrait de comprendre ce que ces termes peuvent avoir en commun, ou au
contraire, en quoi ils sont fondamentalement diffテゥrents ツサ
(p. 28).
Doury propose alors une catテゥgorisation notionnelle qui lui permet de mettre en exergue des
fonctionnements argumentatifs spテゥcifiques. Etant donnテゥ que nous envisageons le 窶湾aranormal窶
sous sa reprテゥsentation sociale, il nous semble adaptテゥ テ notre travail de reprendre son dテゥcoupage.
Elle propose ainsi trois grandes catテゥgories :
- les ツォ mancies ツサ
- le 窶湾aranormal窶 (テ proprement parler), ou le surnaturel
- les pseudo-mテゥdecines
窶「
Mancies
Reprenons la dテゥfinition de Doury :
ツォ Le terme de ツォ mancies ツサ dテゥsigne les systティmes d窶冓nterprテゥtations qui, テ partir de donnテゥes
observables (visages, main, nombres窶ヲ) proposent une grille de lecture qui permettrait de
tirer des infテゥrences portant soit sur des テゥvテゥnements prテゥcis, soit sur la personnalitテゥ d窶冰n
individu ツサ
Le choix d窶冰tilisation du mot ツォ mancie ツサ, suffixe, en lieu de mantique ou d窶兮rt divinatoire, est
notamment motivテゥ par ツォ
la volontテゥ de bloquer les connotations qui y sont attachテゥes (particuliティrement le
caractティre archaテッque des disciplines ainsi dテゥsignテゥes)
ツサ.
Une mancie est caractテゥrisテゥe par quatre composantes :
- une technique : thティme astral, carte de la main, gテゥniosociogramme, marc de cafテゥ, lignes dans le
sable窶ヲ
- un systティme d窶冓nterprテゥtation d窶兮cquisition rapide : il concourt テ l窶冓nterprテゥtation des rテゥsultats de la
technique. Il s窶兮git de la constitution d窶冰n observable considテゥrテゥ comme un systティme de signes テ
interprテゥter selon une grille de lecture donnテゥe, pour en tirer des dテゥductions :
De type テゥvテゥnementiel 窶 c'est-テ-dire sur la pテゥriode, passテゥe ou future, sur laquelle porte la
pratique en question. On parlera de mancie
rテゥtroactive
lorsque elle porte sur des faits
rテゥvolus, et de mancie
prテゥdictive
lorsqu窶册lle produit un pronostic sur des テゥvテゥnements テ venir.
De type caractテゥrologique, c'est-テ-dire sur l窶冓nterprテゥtation des テゥlテゥments de la personnalitテゥ テ
travers la technique employテゥe.
Ce systティme est gテゥnテゥralement fortement imbriquテゥ dans une tradition. Technique et systティme
interprテゥtatif peuvent テェtre soit appris, soit テゥmaner d窶冰n don, d窶冰ne
douance
, ou d窶冰ne forte intuition.
Si l窶冓dテゥe d窶冰n don est gratifiante, par le statut テ part et la connaissance テゥsotテゥrique qu窶册lle
implテゥmente, ツォ
on considテゥrera que la technique est premiティre. Du point de vue de l窶冓mplantation socio-テゥconomique
72
des mancies, l窶册xistence d窶冰ne technique suppose la possibilitテゥ d窶冰n apprentissage : d窶冩テケ une profusion de sテゥminaires
et de manuels mettant la mancie テ la portテゥe de chacun.
ツサ
Et gテゥnテゥrant par lテ un fond de commerce important.
- Une tradition ancienne : la technique et son systティme d窶冓nterprテゥtation テゥmanent dans la plupart
des mancies d窶冰ne tradition, plus ou moins テゥsotテゥrique, parfois initiatique, plus ou moins greffテゥe テ
une mystique, et revendiquテゥe comme d窶兮utant plus valide :
qu窶册lle est ancienne (argument de l窶兮nciennetテゥ)
qu窶册lle a toujours テゥtテゥ populaire (
vox populi, vox asini
)
- Un corpus de tテゥmoignages en guise de preuve.
窶「
Le surnaturel
Nous entendrons cette fois le 窶湾aranormal窶 non comme champ social global et hテゥtテゥrogティne mais
au sens テゥtymologique du terme, comme
au-delテ du normal
. En cela il recouvre la notion de
surnaturel, au-dessus du naturel, encore qu窶冓l faille faire abstraction du naturalisme essentialiste
qu窶冓l y a dans l窶册mploi du mot
nature
, et de l窶冩rdre moral induit par l窶
au-dessus
.
テ l窶冓nverse des mancies, caractテゥrisテゥes par une technique, le 窶湾aranormal窶/surnaturel est caractテゥrisテゥ
par des
phテゥnomティnes.
ツォ Ces phテゥnomティnes peuvent テェtre de natures trティs variテゥes, mais prテゥsenteraient tous un
caractティre commun : celui, justement, d窶凖ェtre ツォ para-normaux ツサ ou ツォ extra-ordinaires ツサ 窶
c'est-テ-dire de n窶凖ェtre pas explicables par les thテゥories scientifiques (et particuliティrement
physiques ou chimiques) existantes ツサ (Doury,
ibid.
).
On distinguera avec Doury deux catテゥgories de phテゥnomティnes prテゥtendus paranormaux, que nous
nommerons ainsi.
-
le 窶湾aranormal窶/surnaturel exogティne
: ツォ Les phテゥnomティnes se produiraient de faテァon autonome,
sans que leur apparition soit maテョtrisable par un individu : apparition d窶儖VNIs,
manifestations d窶 ツォ esprits ツサ dans les maisons ツォ hantテゥes ツサ, objets qui se dテゥplacent eux-
mテェmes, production de bruit sans source identifiable, etc. Ces phテゥnomティnes font l窶冩bjet de
rテゥcits par des tテゥmoins. Les tテゥmoignages comportent quantitテゥ de procテゥdテゥs de
crテゥdibilisation, d窶兮utant plus cruciaux que le rテゥcit est le seul moyen d窶兮ttester des faits,
puisque ceux-ci ne sont pas reproductibles テ volontテゥ ツサ.
-
le 窶湾aranormal窶/surnaturel endogティne
, c'est-テ-dire qui pourrait テゥmaner d窶冰n individu, sous forme
d窶冰ne capacitテゥ extrasensorielle, d窶冰ne facultテゥ extraordinaire, de ce que les
parapsychologues appellent le pouvoir ツォ psi ツサ. ツォ
Un tel don, par dテゥfinition, ne pourrait
s窶兮pprendre : il serait propre テ l窶冓ndividu, ou transmis de faテァon hテゥrテゥditaire
ツサ
ツォ Le domaine du 窶湾aranormal窶 se caractテゥrise par le rテエle fondamental qu窶凉 jouent les rテゥcits
(tテゥmoignages ou comptes-rendus d窶册xpテゥrimentations pour les phテゥnomティnes paranormaux),
qui cherchent テ fonder l窶册xistence des faits paranormaux. C窶册st essentiellement sur ce point
(テゥtablissement ou non du phテゥnomティne) que se focalise la controverse sur le paranormal. Alors
que pour les mancies, le dテゥbat tourne autour de l窶兮ffirmation ツォ テァa marche ツサ, dans le domaine
du paranormal, l窶兮ssertion discutテゥe est ツォ テァa existe ツサ (et, dans certains cas, ツォ
テァa m窶册st arrivテゥ
ツサ).ツサ
(
Ibid.
p. 30).
Nous noterons que le don alleguテゥ des praticiens de mancie appartient au
窶湾aranormal窶
endogティne,
73
puisque certains voyants ou techniciens de mancie affirment que des images s窶冓mposent テ eux
sans qu窶冓ls n窶兮ient cherchテゥ テ ツォ voir ツサ quoi que ce soit.
窶「
Pseudomテゥdecines
La troisiティme catテゥgorie du champ
窶湾aranormal窶
est celle regroupant ce qui est couramment appelテゥ
mテゥdecines
parallティles
,
alternatives
, ou
douces
que nous regroupons sous le terme de
pseudomテゥdecines
, bien
qu窶冓l y ait plusieurs catテゥgories (archテゥothテゥrapies, thテゥrapies ascテゥtiques, thテゥrapies fluidiques, etc.)
Doury prテゥcise que contrairement au domaine du 窶湾aranormal窶 ou des mancies, celui-ci a dテゥjテ fait
l窶冩bjet de tentatives de classification, dont au moins deux nous semblent inadテゥquates ;
- une classification lテゥgaliste, que nous devons テ Legrand & Prayez (1986) :
ツォ テ notre sens, les mテゥdecines diffテゥrentes relティvent d窶冰ne opposition dialectique entre deux
types de praticiens : le soignant exerテァant dans le cadre de la mテゥdecine lテゥgale d窶冰ne part, le
thテゥrapeute-guテゥrisseur (illテゥgal) d窶兮utre part. Le premier fonde sa lテゥgitimitテゥ sur la loi et se
rテゥfティre テ cette derniティre dans son exercice. Le second bテゥnテゥficie d窶冰ne position
charismatique qui repose sur la reconnaissance par des patients, disciples ou adeptes, de la
qualitテゥ extra-ordinaire (hors de l窶冩rdinaire, hors du commun) d窶冰ne personne et de sa
valeur exemplaire. ツサ (pp. 12-21)
Le pivot est selon Legrand & Prayez le lテゥgalisme de la pratique. Les limites de cette description
sont de trois ordres :
-
la contingence du lテゥgalisme :
Devant l窶凖ゥvolution perpテゥtuelle des critティres de lテゥgalitテゥ, en particulier en matiティre de santテゥ, se baser
sur le lテゥgalisme revient テ s窶兮streindre テ une certaine contingence : la chiropraxie テゥtant en 2005
lテゥgalisテゥe en Grande-Bretagne, non en France, la catテゥgorisation fluctue avec le lieu, et qui plus est
avec le temps puisque une pratique lテゥgalisテゥe peut テェtre ensuite rejetテゥe, ou inversement, au grテゥ des
mois. L窶兮rgument ツォ lテゥgaliste ツサ comme outil de critテゥration est donc テゥminemment tendancieux. Luc
Witgens テゥcrit :
ツォ Comme construction humaine le code serait donc contingent, exprimant d窶冰ne certaine
sorte ツォ l窶兮ir du temps ツサ. C窶册st d窶兮illeurs la critique marxiste qui dテゥnonce cet aspect
contingent en dテゥclarant que le code exprime les intテゥrテェts de la classe bourgeoise. ツサ
Considテゥrer la loi, et le droit qui l窶凖ゥrige, comme un ensemble de rティgles de comportement,
imposant des obligations aux justiciables, en l窶冩ccurrence les mテゥdecins, conduit selon Moor
(1997) :
ツォ テ une difficultテゥ, qui est de distinguer le droit d'autres systティmes normatifs. Il faut donc
recourir テ un テゥlテゥment supplテゥmentaire, qui est celui de la sanction; cet テゥlテゥment pose aussi
problティme, parce que le droit n'est pas seul テ instituer des rテゥgimes de sanction. Il faut donc
parler de sanction lテゥgitime, et, pour ce faire, introduire l'idテゥe d'un monopole sur la
compテゥtence d'テゥdicter des rティgles sanctionnatrices et celle de les appliquer, monopole exercテゥ
aujourd'hui par l'テ液at : est dティs lors du droit ce qui est dテゥcidテゥ comme tel, selon des procテゥdures
dテゥfinies par le droit lui-mテェme. On est ainsi passテゥ du droit naturel au positivisme. ツォ Recht ist
Macht ツサ, disait le juriste Walther Burckhardt ; vu d'un autre cテエtテゥ, on dira, comme Bourdieu,
que "les juristes sont les gardiens hypocrites [d'un] ordre hypocrite". ツサ (Moor 1997, pp. 33-55)
.
74
-
le poids de la demande sociale :
Les phテゥnomティnes culturels, lorsqu窶冓ls sont plテゥbiscitテゥs, influent sur la lテゥgalitテゥ. Deux exemples
rテゥcents font office de preuve.
La psychanalyse en 2005, qu窶冓l est difficile en France de critiquer de faテァon mテゥdiatique. Des
rapports de l窶僮NSERM sont occultテゥs dans l窶兮ssentiment gテゥnテゥral par le ministre de la Santテゥ.
-
le cumul des qualitテゥs :
Il existe de nombreux pseudothテゥrapeuthes qui sont tout de mテェme mテゥdecins, qui cumulent un
savoir scientifique et un savoir pseudoscientifique.
En clair, le critティre lテゥgaliste/illテゥgaliste est insuffisant. Il a alors テゥtテゥ proposテゥ la dichotomie ruralitテゥ-
urbanitテゥ :
ツォ Dos Santos (1885) propose, lui, d窶冩pposer les mテゥdecines populaires ou traditionnelles
(pratiquテゥes en milieu rural, prodiguant des soins de faテァon ponctuelle, テ tradition orale et テ
テゥvolution lente) aux mテゥdecines parallティles ou savantes (pratiquテゥes en milieu urbain,
modernes, テ caractティre savant et professionnalisテゥ, reposant sur un systティme qui revendique
une certaine cohテゥrence ツサ (Doury,
ouv.citテゥ,
p. 32).
Dans le cadre purement franテァais, si l窶兮rgument de l窶凖ゥvolution lente de la pratique est, nous le
verrons, utile, le clivage entre milieu rural et milieu urbain est caduc.
Doury prテゥcise enfin ceci :
ツォ Le dテゥbat sur les mテゥdecines parallティles se concentre principalement sur la question de leur
efficacitテゥ, comme pour les mancies : l窶兮ssertion en discussion est donc, encore une fois
ツォテァa marcheツサ, ou, plus prテゥcisテゥment, ツォ テァa guテゥrit ツサ. Mais la discussion passe principalement,
comme pour le paranormal, par le recours テ des tテゥmoignages attestant de guテゥrisons (ou
plus rarement, d窶凖ゥchecs), テ la suite de traitements par des thテゥrapeutiques parallティles, ou テ
diverses expテゥriences テゥtablissant, selon un protocole scientifique, leur efficacitテゥ ou leur
inefficacitテゥ. ツサ (
ibid.
).
Nous n窶冩pterons pour aucune de ces dテゥnominations pour les raisons suivantes :
- ces
mテゥdecines
ne sont pas
parallティles
テ des thテゥrapeutiques scientifiques, puisqu窶册lles
n窶册mpruntent pas de mテゥthode empirique expテゥrimentale.
- ces
mテゥdecines
sont rarement des alternatives efficaces.
- ces
mテゥdecines
ne sont pas
douces
: il arrive que certains patients en sortent lテゥsテゥs, voire en
meurent.
- le terme
mテゥdecine
lui-mテェme peut テェtre discutテゥ : elles sont des techniques de soin,
majoritairement non テゥprouvテゥes, et non des corpus de connaissances scientifiques et テゥvolutifs.
Excusable dans le cadre de l窶凖ゥtude rhテゥtorique de Doury puisque les
mテゥdecines parallティles
sont
dテゥnommテゥes ainsi par les agents du champ
窶湾aranormal窶
, le terme prテゥsente donc
un double biais, en
instillant une sorte d窶凖ゥquivalence implicite, un parallテゥlisme somme toute factice, et un statut de
corps de savoir scientifique (une mテゥdecine) que les disciplines en question ne possティdent pas. Il
nous semble prテゥfテゥrable de parler, au lieu de mテゥdecines, de
thテゥrapies
窶 c'est-テ-dire des mテゥthodes
de soin, sans rテゥfテゥrence テ leur efficacitテゥ 窶 auxquelles nous adjoignons l窶兮djectif
pseudoscientifiques
puisque leurs prテゥtentions ne sont pas prouvテゥes par une dテゥmarche scientifique hypothテゥtico-
dテゥductive. La tentation d窶冰tiliser
parascientifiques
est forcluse pour la mテェme raison d窶冓nstillation
d窶冰n parallテゥlisme illusoire. L窶凖ゥtude sテゥmantique de cet adjectif a dテゥjテ テゥtテゥ effectuテゥe par Doury :
ツォ Le
Petit Robert
dテゥfinit
para-
de la faテァon suivante :
75
Para- :
1)
Elテゥment, du grec
para,
ツォ テ cテエtテゥ de ツサ.
2)
Elテゥment, tirテゥ de mots empruntテゥs (
parasol, paravent
) qui exprime l窶冓dテゥe de ツォ protection
contre ツサ
On peut exclure que le sens 2) soit manifestテゥ dans le terme
parasciences.
Mテェme si certains
acteurs de la polテゥmiques considティrent les parasciences comme une protestation contre une
certaine forme de science, jugテゥe dangereuse (intellectuellement, philosophiquement ou
matテゥriellement), dテゥfinir les parasciences comme une protection contre la science ne peut テェtre
que mテゥtaphorique. Quant au sens 1), s窶冓l suggティre que les parasciences, テゥtant ツォ テ cテエtテゥ de ツサ la
science, ne sont pas
dedans
窶 et pose donc une certaine altテゥritテゥ entre la science et les
parasciences 窶 , il ne permet pas de prテゥciser la nature de cette relation ツサ (Doury,
ouv.citテゥ
, p.
34).
Elle prテゥcise alors qu窶僞dgar Morin, cherchant テ caractテゥriser la revue
Planティte
, propose le prテゥfixe
pテゥri-
(du grec
peri
, ツォ autour ツサ) comme alternative テ
para-
:
ツォ
Planティte
n窶册st テゥvidemment pas une revue scientifique (c'est-テ-dire de recherches) ni une
revue de vulgarisation scientifique (bien qu窶册lle vulgarise partiellement) : c窶册st une revue
pテゥri-scientifique, para-scientifique. ツサ (Pecker 1982, p. 30,
in
Doury,
ouv.citテゥ
, p. 34).
Mais nous lui prテゥfテゥrons le prテゥfixe
pseudo-
:
Dans le
Petit Robert
, le prテゥfixe pseudo- est dテゥfini comme suit :
PSEUD(O)- : テゥlement du gr.
Pseudテェs
ツォ menteur ツサ (V. Faux)
- FAUX, 1, I, 3ツー : Qui テゥvoque mais qui n窶册st pas ce que l窶冩n nomme (
Faux
s窶册mploie
devant un grand nombre de noms de choses pour marquer une dテゥsignation impropre ou
approximative).
V. Pseudo-.
Faux acacia, fausse oronge (窶ヲ)
L窶凖ゥtymologie (ツォ menteur ツサ) implique une intention de se situer hors du champ scientifique tout en
revendiquant une efficacitテゥ de type scientifique, ce qui est exactement le nナ砥d テゥpistテゥmologique
dans lequel se logent ces pratiques.
Nous parlerons donc dテゥsormais de
thテゥrapie pseudoscientifique
, ou, ce qui revient au mテェme, de
pseudomテゥdecine, corroborant ainsi le travail dテゥjテ entamテゥ par Brissonnet (2003).
Indiquons テ titre d窶兮necdote que le terme ツォ mテゥdecine complテゥmentaire ツサ est dテゥlicat : l窶兮rt de la
prise en charge psychoaffective du patient relティve de la mテゥdecine complテゥmentaire, sans テェtre une
pseudomテゥdecine. En outre, certaines pseudomテゥdecines, par l窶册ffet placebo qu窶册lles sont テ mテェme
de susciter, peuvent テェtre des complテゥments valables テ une thテゥrapie. Cela est idテゥalement non
souhaitable puisque, nous le verrons, le recours テ des pseudomテゥdecines テゥmaille les remparts
critiques vis-テ-vis de dテゥrives possibles. Mais l窶冓dテゥal en mテゥdecine n窶册st pas toujours rテゥalisable.
窶「
Les pseudosciences
Les pseudosciences forment une catテゥgorie qui recouvre les pseudomテゥdecines, qui chevauche le
domaine des mancies puisqu窶册lles se basent sur une technique, un corps de savoir et celui du
窶湾aranormal窶, puisqu窶册lle suppose parfois l窶册xistence d窶冰n don.
76
La cohテゥrence de la catテゥgorie des pseudomテゥdecines tient aux points suivants :
-
un rejet romantique d窶冰ne hypothテゥtique science ou mテゥdecine officielle, normale ou
paradigmatique,
-
Une rhテゥtorique peu ou prou paranoテッaque, vis-テ-vis d窶冰ne sphティre scientifique, officielle,
allopathe, immanquablement complotiste.
-
Une tradition forte, axテゥe sur l窶冑テゥritage d窶冰n seul maテョtre original, qui implique parfois un
culte passテゥiste, mais aussi une inertie scientifique de la discipline.
-
Un naturalisme prテゥsent, exposテゥ sous forme de retour vers un テゥtat ツォ naturel ツサ, forcテゥment
plus sain, plus pur, plus proche des ツォ origines ツサ.
-
Un jargon consacrテゥ, partageant son origine entre des termes scientifiques parfois dテゥvoyテゥs,
parfois mal compris, et des termes exotiques souvent empruntテゥs aux sagesses orientales.
-
Un trティs grand corpus de tテゥmoignages en guise de preuve
-
Un systティme de formation trティs rapide, onテゥreux, et autoprescriptif
-
Un recours テ des notions simples et intuitives, souvent relevant de la pensテゥe magique
2.3
Pseudoscience : dテゥfinition et mises au point
La distinction entre sciences et pseudosciences est une entreprise dテゥlicate,
primo
par la nテゥcessitテゥ
de dテゥfinir la science comme un monde cohテゥrent, un ツォ arbre privilテゥgiテゥ de connaissance ツサ,
secundo
parce que le relativisme de la mouvance postmoderne (voir 1.3.7
la morgue du Post-modernisme
)
prテゥtend saper cette distinction. Selon cette lecture sociologique relativiste (Latour, Bloor,
Lagrange
), la construction sociale de la science (au sens 4 de communautテゥ d窶冓ndividus 窶 voir
La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain
) crテゥe facticement une hテゥgテゥmonie de la science sur les autres
modes de connaissance du rテゥel, qui se double d窶冰ne sorte de droit d窶兮ccティs codifiテゥ テ un statut
d窶凖ゥdicteur du vrai (Still & Dryden 2004, p. 286). La contestation politique que le relativisme
prテゥtend (faussement テ notre avis) apporter en conspuant la science et son diktat quasi-mテゥtallique
sテゥduit et ツォ ratisse large ツサ. Dans la foulテゥe pseudo-anarchisante de l窶凖ゥpistテゥmologue Feyerabend, qui
dテゥnonce la science comme une pure construction sociale impテゥrialiste, voire comme une religion
窶 et allant mテェme jusqu窶凖 proposer de la sテゥparer de l窶凖液at テ l窶冓nstar de テゥglises -, le relativisme
donne une coloration dissidente faussement libertaire, qui sert toute une mテゥnagerie de
monstruositテゥs intellectuelles. S窶册ngouffrent dans cette brティche tous les groupes sociaux ayant un
intテゥrテェt テ rejeter la dテゥmarche scientifique : spiritualistes, exテゥgティtes des Rテゥvテゥlations, adeptes du
Nouvel テHe, une fraction de l窶册xtrテェme gauche anti-impテゥrialiste, une part des テゥcologistes
conservateurs de la Nouvelle Droite, psychanalystes, テゥpistテゥmo-fテゥministes et テゥpistテゥmo-
anticolonialistes, shamans, suivi d窶冰ne cohorte de vendeurs de thテゥories pseudoscientifiques.
Comme l窶凖ゥcrit Laudan :
ツォ [...] je vise nos contemporains qui, prenant leurs dテゥsirs pour des rテゥalitテゥs, se sont
appropriテゥs des conclusions issues de la philosophie des sciences et les ont mises au service
de toute une sテゥrie de causes socio-politiques qui n窶冩nt rien テ voir. Des fテゥministes, des
champions de la religion (notamment ceux qui pratiquent l窶凖ゥtude ツォ scientifique ツサ de la
76
Se reporter entre autres テ Latour & Woolgar,
La vie de laboratoire : La production des faits scientifiques
(1988).
77
Crテゥation), des militants de la contre-culture, des nテゥoconservateurs, et tout un convoi de
compagnons de route テゥtranges ont trouvテゥ un filon inestimable dans les idテゥes
d窶冓ncommensurabilitテゥ et de sous-dテゥtermination des thテゥories scientifiques. Le remplacement
de l窶冓dテゥe que les faits et les preuves comptent par la thティse selon laquelle tout se rテゥsume テ
une question d窶冓ntテゥrテェts et de perspectives subjectives est la manifestation la plus patente et
la plus pernicieuse 窶 hormis les campagnes politiques amテゥricaines 窶, de l窶兮nti-
intellectualisme テ l窶冑eure actuelle ツサ (Laudan 1990, p. X).
En se rテゥjouissant de chasser le vilain chat par la porte, on permet テ des dizaines de rongeurs de
venir manger les cordages du Bateau de Neurath.
Ne nous trompons pas : il ne s窶兮git pas, comme le soutient Lagrange, de hurler avec les loups テ la
montテゥe de l窶冓rrationnel, ou au tsunami anti-savoir, et de participer, comme il le prテゥtend, テ une
forme complotiste du mテェme type que les complotismes pseudoscientifiques
que dテゥnier le caractティre particulier de l窶兮rbre de la connaissance scientifique par rapport au reste de
la forテェt des discours revient テ nier le fait que les codes d窶兮ccティs au statut de scientificitテゥ sont prテゥcis
et ne sont pas le fruit du hasard, puisqu窶冓ls ont テゥtテゥ テゥlaborテゥs pour rテゥsister au maximum de
subjectivisme. Il est donc possible de dテゥfinir au moins sommairement les pseudosciences,
contrairement テ ce que dit Lagrange, par exemple. Comme l窶凖ゥcrit Sokal :
ツォ [...] en abaissant ce filtre 窶 par exemple en niant la
possibilitテゥ mテェme
d窶冰ne テゥvaluation
raisonnablement objective de ce niveau de justification 窶, non seulement on laisse
s窶凖ゥchapper la science traditionnelle, mais on ouvre la porte テ la pseudoscience. De plus, en
amoindrissant le rテエle des critティres cognitifs dans l窶凖ゥvaluation des thテゥories, on permet テ des
considテゥrations sociales, politiques et psychologiques de prendre la premiティre place ツサ (Sokal,
ouv.citテゥ
, p. 128) (voir 4.4.5
Le mode politique
) .
2.3.1
Mises au point
Nous avons cinq mises au point principales que nous conseillons aux enseignants d窶册ffectuer,
sous peine de ツォ complications ツサ. Ces mises au points prテゥsentテゥes ici sont celles qui ont le plus
portテゥ leurs fruits. Ce travail, effectuテゥ en amont, garantit une kyrielle de biais de comprテゥhension
en moins.
2.3.1.1
Axiomes incontournables テ la connaissance
Impossible de prouver que l窶冰nivers, le monde, la rテゥalitテゥ ne sont pas un rテェve de mon esprit
durant un sommeil. Impossible de prouver que ce mテェme univers n窶册st pas un rテェve de quelqu窶冰n
d窶兮utre, ou d窶冰n dragon.
Impossible de prouver que les autres existent vraiment, puisque je ne peux en faire que des
expテゥriences indirectes. Je pourrais dテゥcrテゥter le solipsisme, et dire que les autres n窶册xistent que
lorsque je les regarde, dans une posture テ la Berkeley, par exemple (Charles 2003). Le hic consiste
en ce que non seulement je ne peux plus bテ「tir la moindre connaissance sur rien, et qu窶册n outre
tout autre individu peut dテゥcider la mテェme chose sans que je puisse lui montrer son erreur. Comme
77
Lagrange テゥcrit par exemple ツォ [...]
la croyance de nombreux rationalistes dans cette idテゥe d窶冰ne lutte acharnテゥe de la science contre un
complot visant テ l窶兮nテゥantir et テ faire triompher l窶冓rrationnel remonte テ l窶冓nvention du mythe galilテゥen ; l窶冓dテゥe que Galilテゥe eut テ lutter contre
une テゥglise qui faisait tout pour テゥtouffer la vテゥritテゥ scientifique (窶ヲ) Il existe une amusante, ou inquiテゥtante, symテゥtrie entre les amateurs de
complot d窶冰n cテエtテゥ et, de l窶兮utre ; ceux qui les combattent, entre les ツォ irrationalistes ツサ et les ツォ rationalistes ツサ. Les rationalistes ont beoin de
la thテゥorie du complot pour expliquer que d窶兮utres croient si fort テ des complots auxquels eux-mテェmes ne croient pas
ツサ. P. Lagrange,
Une
autre vision de la thテゥorie du complot,
in
OVNIS : ce qu窶冓ls ne veulent pas que vous sachiez
, 2007, pp. 164-165.
78
l窶凖ゥcrivent Sokal et Bricmont, ツォ
si quelqu窶冰n s窶兮charnait テ prテゥtendre qu窶冓l est un clavecin qui joue tout seul, il
n窶凉 aurait aucun moyen de le convaincre de son erreur
ツサ (Sokal & Bricmont,
ouv.citテゥ
, Intermezzo, p. 55)
la question ツォ
comment savons-nous qu窶冓l existe quelque chose en dehors de nos sensations ?
ツサ, la rテゥponse est
que nous n窶册n avons aucune preuve ; c窶册st simplement une hypothティse parfaitement raisonnable.
Pour rテゥsumer, si on veut commencer une entreprise intellectuelle de description vraisemblable du
rテゥel, il nous faut trois axiomes :
-
postuler ma propre existence
-
postuler une rテゥalitテゥ en dehors de moi, qui ne soit pas ma projection.
-
postuler que mon esprit soit capable de dire des choses plus vraies que d窶兮utres sur cette
rテゥalitテゥ.
Ces trois axiomes sont improuvables, mais sans eux, il n窶册st plus possible de soutenir que quoi
que ce soi soit vrai ou faux.
2.3.1.2
Rassurer sur la non-hテゥgテゥmonie de la science
Nous le rテゥsumons en cours ainsi : la science n窶册st pas la seule maniティre d窶冓nvestiguer le rテゥel.
Effectivement, tout un chacun a la possibilitテゥ de s窶册n remettre テ l窶冓ntrospection, テ la lecture de
Rテゥvテゥlations, テ l窶兮rt テ la mテゥditation ou テ la gamme des mancies pour choisir et dテゥcider. La science,
bien moins trテゥpidante テ premiティre vue, a ceci d窶冓ntテゥressant qu窶册lle est construite pour テェtre la
ツォ maniティre efficace ツサ de dテゥcrire le rテゥel. Tout y est fait pour テゥviter les biais subjectifs, et pour que les
descriptions soient assorties de tous les bテゥmols possibles, de l窶凖ゥcart type des rテゥsultats テ la fiabilitテゥ,
leur reproductibilitテゥ, etc. Il ne faut pas compter sur la science pour vous dire ce qui est ツォ beau ツサ
dans une toile de Modigliani, ou pour apprテゥcier la lecture des Chants de Maldoror. Par contre, si
l窶冩n veut savoir si quelque chose ツォ marche ツサ, fonctionne, est efficace ou assure le plus de chances
de rテゥussite, la science est tout simplement faite pour テァa.
テ la question rテゥcurrente sur l窶冑テゥgテゥmonie de la science ou de la ツォ rationalitテゥ ツサ, Bricmont avait
rテゥpondu quelque chose comme :
ツォ Que l窶冩n me trouve une autre maniティre de faire rouler des voitures, de soigner des gens
ou de faire fonctionner des machines aussi efficacement par une autre mテゥthode, et je m窶凉
mets ツサ
2.3.1.3
La science et le ツォ テァa marche ツサ
ツォ
Dire que テァa marche, c窶册st se projeter dans le champ de la science
ツサ. Ainsi annonce notre diaporama sur
l窶冓ntroduction du cours d窶兮pproche scientifique du
paranormal
. De ce fait, dティs lors que quelqu窶冰n a
une prテゥtention du type ツォ テァa marche ツサ, il amティne la question sur le terrain scientifique, et la science
a toute lテゥgitimitテゥ pour dテゥrouler son attirail. Cela est aussi vrai pour la mテゥdecine scientifique :
ツォ (窶ヲ) La prテゥtention thテゥrapeutique est ce que le produit proposテゥ prテゥtend pouvoir faire.
Trティs grossiティrement, le produit nous dit dans sa notice : ツォ Je peux, trois fois sur quatre, avec
telle dose et telle posologie, vous permettre de rテゥsoudre ceci ou cela, en tel laps de temps ツサ.
Nous nous retrouvons alors avec une ツォ prテゥtention d窶册fficacitテゥ ツサ, de type scientifique donc,
relevant du premier sens du terme mテゥdecine [le champ thテゥrapeutique scientifique, avec ses
78
Comme ils le disent, l窶冓mage est empruntテゥe テ Diderot : ツォ
Il y a un moment de dテゥlire oテケ le clavecin sensible a pensテゥ テェtre le seul
clavecin qu窶冓l y eテサt au monde et que toute l'harmonie de l'univers se passait en lu i. ツサ
Diderot, 1998, p. 620.
79
Bricmont J., discussion informelle. 2004
79
techniques, ses mテゥdicaments, ses statistiques, son efficacitテゥ, sa froideur, ses suppositoires].
Le produit revendique une efficacitテゥ, gテゥnテゥralement supテゥrieure aux autres produits 窶 sinon,
au fond, pourquoi choisir celui-lテ ? 窶 qu窶冓l revient au fabricant de prouver, en vertu du fait
que logiquement la preuve incombe テ celui qui prテゥtend ツサ (Monvoisin 2006b).
Cette mise au point est primordiale aussi bien sur la critique des prテゥtentions publicitaires, par
exemple que sur les assertions ツォ paranormalistes ツサ. Dire que l窶冓mposition des mains ツォ
marche
ツサ, ou
que le
Danone essensis
ツォ
vous rend la peau plus belle de l窶冓ntテゥrieur
ツサ (
sic
implique le dテゥroulement d窶冰n
protocole expテゥrimental.
Indiquons テ titre informatif que nous consacrons un cours entier au montage de protocole
expテゥrimental. La distinction des variables est travaillテゥe dans une sテゥquence appelテゥe ツォ
Mystification-
dテゥmystification
ツサ, qu窶冓l n窶册st pas notre propos de dテゥtailler ici. Puis nous exposons deux protocoles
dテゥroulテゥs complティtement (voir
Annexe Fiche - Protocole Magnテゥtiseur M
).
2.3.1.4
La preuve incombe テ celui qui prテゥtend (テ une efficacitテゥ)
On retrouve ce principe dans le Code Civil :
Actori incumbit probatio
, ou
Actori incumbit onus probandi
,
article 1315. L窶冓dテゥe est de faire comprendre aux テゥtudiants que ce principe n窶册st pas une morgue
quelconque des scientifiques, mais une nテゥcessitテゥ. L窶册xemple que nous prenons est le suivant :
(aprティs deux claquements de doigts successifs)
ツォ Si je vous dis qu窶册ntre ces deux claquements, je me suis mis tout nu, et ai fait trois fois le
tour de l窶兮mphithテゥテ「tre テ cloche-pied, mais que vous ne pouviez le percevoir car j窶凖ゥtais dans
l窶冑yperespace, pouvez-vous me prouver que ce n窶册st pas vrai ? C窶册st effectivement
impossible de me contredire, et pourtant, ce que j窶兮vance est fortement improbable. Cela
contredit tout ce que l窶冩n sait actuellement 窶 (voir 1.2.11
La grille de mots croisテゥs de Susan
Haack
). Si je veux vous convaincre, c窶册st テ moi de vous fournir les preuves de ce que
j窶兮vance, et ces preuves devront テェtre aussi convaincantes que mon assertion semble
improbable 窶 d窶冩テケ la facette Z de Broch : ツォ
Une allテゥgation extraordinaire nテゥcessite une preuve plus
qu窶冩rdinaire
2.3.1.5
Dire qu窶冩n ne peut pas prouver que quelque chose ツォ n窶册xiste pas ツサ
Si l窶冩n peut montrer qu窶冓l est fort probable que la tisane de tilleul n窶兮 pas plus d窶册fficacitテゥ que la
tisane bouchon de liティge sur le sommeil, on n窶册st pas テ l窶兮bri du contre-argument classique ツォ peut
テェtre que la science n窶兮 pas les outils adaptテゥs pour percevoir oテケ se niche ladite efficacitテゥ ツサ. Peut
テェtre qu窶册ffectivement, un jour viendra テゥclairer de ses rayons la mise en テゥvidence d窶冰ne causalitテゥ
entre le tilleul et le sommeil. Le scepticisme nous conseille alors d窶兮ttendre ce jour avant de faire
des ツォ plans sur la comティte ツサ. Comme le dit Vivant aux zテゥtテゥticiens montant un protocole
expテゥrimental, ツォ
il faut テゥviter de partir (ou de laisser partir le sujet testテゥ) sur les テゥventuelles implications
thテゥoriques du phテゥnomティne que l窶冩n entend mettre en テゥvidence. D窶兮bord, le mettre en テゥvidence. Ensuite, disserter
ツサ
De mテェme, ajoutons que s窶冓l est possible de montrer un jour l窶册xistence テゥventuelle d窶冰n fantテエme, il
est impossible de dテゥmontrer leur inexistence 窶 il faudrait pour cela avoir テゥtテゥ partout, tout le
80
Martins Gomes A., Clarisse Lamy C.,
Danone Essensis, Comment devenir belle avec un yaourt
, cours de Monvoisin R.,
Analyse critique du message scientifique, Pharmacie, Grenoble 1, avril 2007.
http://esprit.critique.free.fr/#ACMS
81
Cette facette est la trame de rテゥflexion de l窶冩uvrage 窶
enquテェte
de Dテゥguillaume, Maillot & Rossoni (2007), disponible
en ligne ici :
www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=37
82
Vivant N., communication intra-OZ.
80
temps, et nous nous retrouvons avec la critique classique de Popper. Le piティge cognitif du faux
dilemme est une menace permanente テ ce stade de rテゥflexion. Ce n窶册st pas parce qu窶冩n ne peut
montrer l窶冓mpossibilitテゥ que la chose est statistiquement possible. Broch le rテゥsume ainsi : ツォ
la non-
impossibilitテゥ n窶册st pas un argument d窶册xistence
ツサ (Broch,
ouv.citテゥ
, p. 179)
En allant plus loin, ツォ ce n窶册st pas parce qu窶冰ne chose est possible qu窶册lle est probable ツサ. Broch y
dテゥdia テゥgalement une facette : ツォ
possible n窶册st pas toujours possible
ツサ, en prenant soin d窶册xpliquer en
cours qu窶冓l est important de distinguer la possibilitテゥ logique de la possibilitテゥ physique.
ツォ Dテゥclarer ツォ テ l窶冓nstant oテケ je vous parle, je suis テ Nice et テ Grenoble ツサ est une impossibilitテゥ
sur le plan physique ; tandis qu窶冰ne phrase type ツォ l窶冑umain n窶册st pas un mammifティre ツサ est
une phrase impossible sur le plan logique. ツサ
Remarquons que ce glissement sテゥmantique peut jouer des tours, mテェme テ des confテゥrenciers
avertis. Pensons テ Barrette, qui nous confiait que lors d窶冰n dテゥbat テ l窶冰niversitテゥ avec Raテォl, Raテォl lui
posa la question suivante : ツォ
Pensez-vous qu窶冓l soit impossible que j窶兮ie テゥtテゥ enlevテゥ par des extra-terrestres ?
ツサ.
Barrette, en toute rigueur, rテゥpondit ツォ
non, je ne peux pas dire cela
ツサ 窶 et, selon son propre aveu,
ツォ perdit ツサ le dテゥbat aux yeux du public
2.3.2
Les pseudosciences
2.3.2.1
Un peu d窶冑istoire
Il ne s窶兮git pas de retracer l窶冑istoire complティte des pseudosciences, loin de lテ. Simplement de
stipuler que le premier cas recensテゥ de l窶册mploi du terme pseudo-science (de la racine grecque
pseudテェs
signifiant faux, menteur, mensonger) est celui de Magendie, qui qualifia ainsi en 1843 la
. On retrouve テゥgalement le terme
pseudoscience
dans le
Northern Journal of Medicine
, dティs
1844, sous ces termes :
ツォ That opposite kind of innovation which pronounces what has been recognized as a
branch of science, to have been a pseudoscience, composed merely of so-called facts,
connected together by misapprehensions under the disguise of principles ツサ. (p. 387)
Lakatos a dテゥjテ exprimテゥ le fait que l窶兮ccusation de pseudoscientificitテゥ a テゥtテゥ faite テ tort et テ travers
au cours des テ「ges. La thテゥorie de Copernic par exemple fut bannie par l窶凖ゥglise catholique en 1616
parce qu窶册lle テゥtait prテゥtendue pseudoscientifique, puis fut retirテゥe de la mise テ l窶僮ndex en 1820, lui
ツォ rendant ツサ de fait son statut scientifique. Le Comitテゥ Central du Parti Communiste soviテゥtique
dテゥcrテゥta de mテェme la gテゥnテゥtique mendテゥlienne comme pseudoscientifique, entraテョnant la dテゥportation
et le meurtre de dテゥfenseurs cテゥlティbres, comme Vavilov. Lakatos alla plus loin :
ツォ The new liberal Establishment of the West also exercises the right to deny freedom of
speech to what it regards as pseudoscience, as we have seen in the case of the debate
concerning race and intelligence. All these judgments were inevitably based on some sort of
demarcation criterion. And this is why the problem of demarcation between science and
pseudoscience is not a pseudo-problem of armchair philosophers: it has grave ethical and
political implications ツサ (Lakatos 1973).
Il ne s窶兮git donc pas d窶冰n simple label sans consテゥquence.
83
C窶凖ゥtait le 23 janvier 1996, テ l窶冰niversitテゥ Laval, Quテゥbec. Communication personnelle.
84
A pseudo-science of the present day
,
in
Magendie, p. 150.
81
2.3.2.2
Pseudoscientifique = non-scientifique + spテゥciositテゥ
Nous partirons de cette dテゥfinition donnテゥe par Cover & Curd (1998):
ツォ A field, practice, or body of knowledge might reasonably be called pseudoscientific when
(1) it is presented as consistent with the accepted norms of scientific research; but
(2) it demonstrably fails to meet these norms, most importantly, in misuse of scientific
method ツサ.
La spテゥciositテゥ des prテゥtentions pseudoscientifiques est une caractテゥristique nテゥcessaire qui les
distingue de la simple non-science ou de l窶册rreur pure et simple. ツォ Non scientifique ツサ signifie
simplement qu'une thテゥorie, une croyance ou une connaissance ne relティve pas ou plus du domaine
de la science, mais n'a pas la prテゥtention d'en relever. Le monde d窶僣arry Potter est non
scientifique, et tout le monde s窶册n porte bien ; de mテェme, un individu qui effectue des tirages de
Yi
King
sans prテゥtention autre que l窶冓ntrospection personnelle, ou qui prie pour la guテゥrison d窶冰n
proche sans revendiquer une efficacitテゥ testable, ne fait pas de la pseudoscience. Que Coppens
dテゥfende la thテゥorie dite
East Side Story
et qu窶册lle se rテゥvティle fausse n窶兮ppartient pas non plus aux
pseudosciences. C窶册st de la science ツォ fausse ツサ, ou infirmテゥe. Notons qu窶冩n enseigne souvent de la
science fausse, lorsqu窶冩n prテゥsente la physique newtonienne, dテゥpassテゥe, ou l窶兮tome de Bohr, lui
aussi dテゥsuet. Faussetテゥ relative, certes, mais approximation suffisante.
ツォ Pseudo-scientifique ツサ, que l'on doit traduire par ツォ prテゥtendument scientifique ツサ, implique une
revendication fallacieuse, volontaire ou non.
Ce qui est pseudoscientifique n窶册st pas seulement l窶兮dhテゥsion en une cure miraculeuse du cancer
comme celle de Breuテ par exemple, mais le fait qu窶冩n prテゥtende qu窶册lle ツォ marche ツサ, c'est-テ-dire que
sa portテゥe est universalisable et scientifique. Habituellement, la rhテゥtorique de dテゥfenseurs de
pseudosciences botte en touche sur le fait que les critティres de scientificitテゥ doivent テェtre revus ou
doivent changer de cadre 窶 (voir 1.3.5.
C窶册st ce point que ツォ noie ツサ l窶兮ppellation
parascience
, que nous trouvons malheureuse (chez
Lagrange par exemple) car elle laisse テ penser qu窶冓l y a une science parallティle, avec d窶兮utres critティres,
une autre ツォ rationalitテゥ ツサ. Choses amusante, la spテゥciositテゥ dont nous parlons se traduit souvent par
une forme de fascination (du statut scientifique) / rejet (des critティres) qui est un parfait exemple
d窶册ffet bi-standard (voir Annexe 窶
Fiche pテゥdagogique Nツー5 Les psychomテゥdecines, encart E
).
2.4
Critティres de dテゥmarcation, quelques outils pテゥdagogiques
Il y a d窶冓mmenses dテゥbats sur ces critティres, mais trティs peu de choses accessibles sur la maniティre
pテゥdagogique de les transmettre. En langue franテァaise, il n窶凉 a guティre que Broch (
Le paranormal
,
1989 ;
Au cナ砥r de l窶册xtraodrinaire
2002), Baillargeon (Petit cours d窶兮utodテゥfense intellectuelle, 2005)
et テ la rigueur De Pracontal (L窶冓mposture scientifique en dix leテァons, 2001) dont les ouvrages
peuvent テェtre considテゥrテゥs comme grand public et qui abordent ces points-ci.
Malheureusement, ces critティres ne sont qu窶冓ndicatifs, et remplissent le mテェme usage qu窶冰n sorte de
bilan de santテゥ : si un bilan de santテゥ ne peut stipuler que tout va bien, il peut au moins faire le jour
sur une situation critique
85
Il s窶兮git d窶冰n emprunt テ une mテゥtaphore sanitaire de la zテゥtテゥtique contre les ツォ pathologies ツサ irrationnelles. On la
82
Enfin, ces critティres seront empruntテゥes tant au champ テゥpistテゥmologique qu窶兮u champ social : la
crテゥation d窶冰ne communautテゥ marginale ou d窶冰n jargon type, par exemple. Nous serons toutefois
mテゥfiants vis-テ-vis d窶冰ne sociologisation テ outrance : pour prendre un exemple trivial, si l窶冩n
considティre que la science moderne (au sens 2 & 4) dテゥpend grandement de la relecture et de la
communication avec les pairs, il pourrait sembler suffisant de dテゥcrテゥter pseudoscientifique tout
domaine de recherche テゥmanant d窶兮cteurs isolテゥs 窶 ce que plusieurs contre-cas infirment bien sテサr,
bien que comme nous l窶兮vons vu,
Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact
(voir 1.2.10
Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact
).
Nous n窶兮borderons pas tous les critティres possibles. Nous nous cantonerons テ ceux qui ont fait
l窶冩bjet d窶冰n enseignement de notre part.
2.4.1
Isolement ou incommensurabilitテゥ
Un bon indicateur de
pseudoscience est l窶冓nvraisemblance (ou la vテゥrisimilaritテゥ) de la thティse
rapportテゥe aux connaissances connues. Gテゥnテゥralement, la pseudoscience ne s窶冓ntティgre pas テ la
grille
de mots croisテゥs
des connaissances scientifiques sur la question (voir 1.2.11
La grille de mots croisテゥs de
Susan Haack
).
Bunge テゥcrivait dテゥjテ en 1984 :
ツォ Pseudosciences are isolated from relevant areas of science that they ought to learn from
and contribute to. Bogus sciences have little interaction with and are often proud of their
isolation from authentic sciences whose findings bear on their claims. Pseudosciences avoid
contact with disciplines with which they ought to interact on a regular basis. ツサ (p. 36)
Il prテゥcisait au passage dans un テゥcrit philosophique qu窶卍ォ
on glisse facilement de la science テ la pseudo-
science quand on oublie la norme qui commande la vテゥrification empirique, ou quand on oublie que toute discipline
doit テェtre compatible avec ses voisines
. ツサ (Bunge 1986, p. 349)
Et le regrettテゥ Beyerstein le rテゥsumait ainsi :
ツォ A major strength of science is that its various branches are interrelated and mutually
suportive. If all the different sub-disciplines do not actively cross-fertilize one another on a
day-to-day basis, at least they are not mutally contradictory. Not so with pseudosciences.
Pseudosciences are typically isolated from mainstream research organizations and from
workers in relevant academic fields. Their proponents do not value or promote close links
with data and theory from other applicable areas of inquiry. (窶ヲ) As a result of their
insularity, when pseudoscientists debate their critics, they seem surprisingly ignorant of
basic concepts in academic fields that ought to inform their work. ツサ (Beyerstein 1995, pp.
27-28)
Dans un autre travail, Beyerstein expliquait :
ツォ Applied kinesiology, radionics, craniosacral manipulation, homeopathy, are examples of
dubious practices that clash with scientific knowledge. Similarly, naturopaths, who pride
themselves on being specialists in nutrition typically espouse the unfounded claims
propagated by the "health-food" industry. Scientifically trained dietitians have documented
retrouve chez Rostand (hygiティne prテゥventive du jugement), chez Broch (prophylaxie) qui peut テェtre critiquテゥe, テ moins
d窶凖ゥventuellement penser les objets de connaissance comme des
mティmes
, c'est-テ-dire des テゥquivalents mentaux des gティnes.
Sur la thテゥorie des mティmes, qui balbutie en France malgrテゥ ses trente ans, voir テゥvidement Dawkins,
Le Gティne テゥgoテッste
,
2003, mais aussi Jouxtel,
Comment les systティmes pondent
, 2005.
86
Beyerstein
Distinguish science from pseudoscience,
accessible ici :
www.sfu.ca/~beyerste/research/articles/02SciencevsPseudoscience.pdf
Nous apprenons au moment de la rテゥdaction
de cette thティse le dテゥcティs de Beyerstein, le 26 juin 2007.
83
the isolation of naturopathy from mainstream science in this regard ツサ (Beyerstein & Downie
1998, pp. 10-18 ; Beyerstein 1997, pp. 29-34).
L窶兮uteur ajoutait que cet insularisme mティne droit vers l窶兮uto-validation des travaux, dans des
revues propres (voir 2.4.7
L窶冑abit du moine
). Bien entendu, la probabilitテゥ qu窶冰n groupe d窶冓ndividus
vienne un jour bouleverser quasi
ex nihilo
les connaissances n窶册st pas nulle. De ce fait, le critティre
d窶冓solement est insuffisant. Mais dans ce cas il faudra un corpus de faits solides et des preuves
extrテェmement sテゥvティres en vertu de du principe zテゥtテゥtique : ツォ une allテゥgation extra-ordinaire nテゥcessite
une preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ (voir 2.4.1
Isolement ou incommensurabilitテゥ
).
Voici quelques exemples :
窶「
La
mテゥmoire
de l窶册au postulテゥe par l窶冑omテゥopathie ne s窶冓ntティgre pas du tout dans les
connaissances chimiques actuelles
窶「
Il n窶凉 a rien actuellement qui permette d窶兮ccrテゥditer les ツォ vibrations ツサ curatives prテェtテゥes aux
essences florales utilisテゥes dans les テゥlixirs de E. Bach.
窶「
Le ツォ don ツサ de sourcellerie, la psychokinティse de Uri Geller, le
therapeutic touch
ne sont reliテゥs テ
aucun champ connu de la science.
窶「
L窶冑ypothティse d窶儖smanagic (figure 13) d窶冰ne pyramide de 12000 ans enfouie sous la colline
de Visoko, en Bosnie soulティve moyens et nationalismes sans apporter un soupテァon de
preuve
Figure 14 : Osmanagic, ツォ pティre ツサ de l窶冑ypothティse Pyramide Bosnienne.
Cette isolement permet d窶冰tiliser des scテゥnarios revendicateurs, annonテァant sans rougir un
chamboulement de la physique, de la gテゥnテゥtique, de la chimie, du rティgne animal, etc. (voir 4.4
Ips
Scテゥnaristiques)
Consテゥquences :
- une mauvaise connaissance des travaux scientifiques reconnus ;
- une validation des travaux interne au champ ;
- un jargon empruntテゥ テ la science et dテゥtournテゥ selon des dテゥfinitions propres (voir
4.2.7
Distinction effet puits-effet Barnum
) ;
87
Lire テ ce sujet, Monvoisin R., Hoffmann M.,
Prendre un scテゥnario pour une thテゥorie : distorsion sur les pyramides bosniennes
,
Newsletter Nツー15, 2006
http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=21
84
- des trames argumentatives proches du procティs d窶冓ntention (voir 4.4.3.4
Scテゥnario テゥmotif 窶
appel テ l窶凖ゥmotion
& 4.4.5.2
Manナ砥vres dilatoires : ad hitlerum, chauvinisme, etc.)
;
- la crテゥation d窶冰ne contre-culture d窶冩pposition (voir
pseudo-contestation
,
in
4.4.3.4
Scテゥnario
テゥmotif 窶 appel テ l窶凖ゥmotion
) par rapport テ la ツォ science/mテゥdecine officielle / occidentale ツサ, au
matテゥrialisme, etc. C窶册st le le versant sociologique de la rhテゥtorique du repoussoir.
Il est d窶兮illeurs frテゥquent que les dテゥfenseurs de la thテゥorie griment la critique scientifique en
opposition doctrinale - l窶兮rgument classique est celui de la ツォ attaque doctrinaire ツサ, du type ツォ les
scientifiques refusent parce que テァa les dテゥrange ツサ - ou en lecture d窶冓ntテゥrテェt vテゥnal 窶 argument ツォ テァa
ne rapporterait pas aux industries pharmaceutiques / aux mテゥdecins / aux politiciens ツサ. Prテゥcisons
que ces argumentaires peuvent テェtre vrais sans pour autant accrテゥditer la thテゥorie sur un plan
scientifique.
窶「
Le curseur Vraisemblance et la maxime de Hume
Facette Z :
Attention au curseur vraisemblance
Entre une science テゥtablie et une pseudoscience, Gardner propose une テゥchelle de confirmation par
l窶凖ゥvidence (des faits) :
ツォ One [continuum] is a scale of the degree to which a scientific theory is confirmed by
evidence. At one end of this scale are theories almost certainly false, such as the dianetic
view that a one-day-old embryo can make sound recording of its mother窶冱 conversation.
Toward the middle of the scale are theories advanced as working hypotheses, but highly
debatable because of the lack of sufficient data 窶 for example, the theory that universe is
expanding. Finally, at the other extreme of the scale, are theories almost certainly true,
such as the belief that earth is round or that men and beasts are distant cousins. ツサ
(Gardner 1957, p. 7).
Gardner prテゥcise surtout :
ツォ The problem of determining the degree to which a theory is confirmed is extremely
difficult and technical, and, as a matter of fact, there are no known methods for giving
precise 窶徘robability values窶 to hypotheses. This problem, however, need not trouble us. We
shall be concerned, except for a few cases, only with theories so close to 窶彗lmost certainly
false窶 that there is no reasonable doubt about their worthlessness ツサ (
ibid.
).
85
Figure 15 : Continuum Science - pseudoscience,
in
Sokal,
ouv.citテゥ
, p. 45
Sokal poursuit sur cette idテゥe de curseur et propose une reprテゥsentation schテゥmatique et qualitative
de ce continuum (figure 14). Cette テゥchelle et ce continuum peuvent テェtre trティs facilement
schテゥmatisテゥs par le pratique
Curseur Vraisemblance
(CV) de Broch. Sommaire, certes, le CV permet
d窶兮mener l窶凖ゥtudiant テ situer les hypothティses les unes par rapport aux autres, et rテゥaliser la tテ「che
cognitive de soupeser la vraisemblance.
Encore faut-il expliquer les prテゥcautions langagiティres prises sur la vraisemblance, et テゥviter les
テゥcueils culturels ; nous parlons de vraisemblance rationnelle, テゥvaluテゥe ツォ en connaissance de cause ツサ,
c'est-テ-dire avec toutes les connaissances attenantes nテゥcessaires pour juger. Car la vraisemblance
non テゥclairテゥe par l窶冓nformation contradictoire se rapproche dangereusement du prテゥjugテゥ, et faseye
au grテゥ des vents culturels. Ainsi est-il beaucoup plus vraisemblable qu窶冰n chinois pratique mieux
la mテゥdecine テゥnergテゥtique chinoise qu窶冰n angolais, qu窶冰n enseignant japonais d窶兮rts martiaux est
prテゥsumテゥ plus compテゥtent qu窶冰n mexicain, et qu窶冓l semble plus vraisemblable aux franテァais
d窶冓maginer un tibテゥtain qui lテゥvite qu窶冰n auvergnat (figure 15).
Figures 16& 16 : attention aux piティges culturels
(15) Moine tibテゥtain (Gen Lobsang Tashi) qui ne lテゥvite pas ;
(16) Fonctionnaire amテゥricaine (Rachel E. Neuman, Ohio) qui ツォ lテゥvite ツサ 窶 nous n窶兮vons pas trouvテゥ
d窶兮uvergnat.
86
Le CV devient trティs pertinent pour un premier tri rapide. Les テゥtudiants se l窶兮pproprient assez vite
(voir figure 17).
Figure 177 : curseur de vraisemblance, tel qu窶册mployテゥ par Perruchon
& al.
, テゥtudiants de zテゥtテゥtique (mai 2007)
窶「
Maxime de Hume et ツォ preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ
Broch utilise depuis un certain nombre d窶兮nnテゥes la facette Z suivante : ツォ
Une allテゥgation extra-
ordinaire nテゥcessite une preuve plus qu窶冩rdinaire
ツサ. Son utilitテゥ est テゥvidente : si une allテゥgation ne s窶冓ntティgre
en rien de connu 窶 dans le rテゥseau de mots croisテゥs de Haack (voir 1.2.11) 窶, il faut une preuve
suffisamment forte pour faire pencher le
Curseur Vraisemblance
du cテエtテゥ vraisemblable.
Nous recyclons sous forme de tableau une illustration que l窶冩n prテェte テ Isaac Asimov, revisitテゥe par
nos soins (Tableau 1).
Ordinaritテゥ Exemple Intテゥrテェt
Curseur
vraisemblance
Niveau de
preuve requis
Assertion
triviale
J窶兮i vu une grenouille.
Tout le
monde s窶册n
fout
Proche de 100% (varie
selon la qualitテゥ coutumiティre
de mes tテゥmoignages)
Trティs faible
Assertion
テゥtonnante
J窶兮i vu une grenouille
rouge dans une forテェt
franテァaise.
Fort intテゥrテェt
Assez proche de 0%
Normal
Assertion
incroyable
J窶兮i vu galoper un
dinosaure.
Perle rare
Quasiment 0%
Extraordinaire
Tableau 1 : Caractテゥristiques de diffテゥrentes allテゥgations en fonction de leur ordinaritテゥ.
Pour dテゥterminer l'hypothティse la plus vraisemblable, on peut en premier lieu se fier テ
notre raisonnement et se demander quelles sont les hypothティses que l'on va テゥcarter
car elle nous coテサte trop cher cognitivement.
窶「
Comme nous l窶兮vons vu dans la partie prテゥcテゥdente pendant trティs longtemps le
feu follet テゥtait considテゥrテゥ comme une entitテゥ pensante que ce soit un esprit, une
テ「me errante, un farfadet ou tout autre crテゥature imaginaire.
Invraisemblable
Vraisemblable
Cette hypothティse parait peut vraisemblable car reposant sur un acte de foi.
窶「
Il existe une thテゥorie qui explique les feux follets par le dテゥgagement et
l窶冓nflammation de gaz issu de la dテゥcomposition de matiティre. La dテゥcomposition
des plantes crテゥe du gaz que l'on appelle le mテゥthane. La dテゥcomposition des
animaux engendre un autre gaz : la phosphine. La phosphine a la particularitテゥ
de s'enflammer au contact de l'air tandis que le mテゥthane est un combustible.
Lorsque la phosphine et le mテゥthane rassemblテゥs remontent en surface, la
phosphine s'enflamme et provoque la combustion du mテゥthane.
87
Cette proportionnalitテゥ du poids de la preuve a テゥtテゥ rendue cテゥlティbre par Carl Sagan sous cette
forme :
ツォ Extraordinary claims require extraordinary evidence ツサ (des prテゥtentions extraordinaires
nテゥcテゥssitent une preuve extraordinaire) (Sagan 1980, p. 339)
Toutefois, l窶冑istoire de cette phrase se rテゥvティle plus longue et plus enracinテゥe dans l窶僣istoire qu窶册lle
ne le laisse penser.On la retrouve d窶兮bord chez Truzzi :
ツォ Des allテゥgations extra-ordinaires nテゥcessitent une preuve extraordinaire ツサ
Et bien plus tテエt, on trouve en trace chez le marquis de Laplace, dans son
Essai philosophique sur les
probabilitテゥs
de 1814 :
ツォ Nous sommes si テゥloignテゥs de connaテョtre tous les agents de la nature et leurs divers modes
d窶兮ction qu窶冓l ne serait pas philosophique de nier les phテゥnomティnes uniquement parce qu窶冓ls
sont inexplicables dans l窶凖ゥtat actuel de nos connaissances. Seulement, nous devons les
examiner avec une attention d窶兮utant plus scrupuleuse qu窶冓l paraテョt plus difficile de les
admettre ツサ (Laplace 1814, p. 110).
Il arrive que dans la littテゥrature, on en vienne jusqu窶凖 parler de ツォ principe de Laplace ツサ. Pourtant,
on peut trouver trace de ce ツォ principe ツサ dテゥjテ chez le philosophe David Hume, qui dit d窶兮bord au
lecteur qu窶 ツォ
A wise man, therefore, proportions his belief to the evidence
ツサ, traduite en ツォ
Un homme sage, donc,
proportionne sa croyance aux preuves
ツサ. Ce conseil ouvre sur sa cテゥlティbre maxime sur les miracles,
extraite du chapitre X d窶
Enquテェte sur l窶册ntendement humain
:
ツォ Pour que quelque chose soit considテゥrテゥ comme un miracle, il faut qu'il n'arrive jamais dans
le cours habituel de la nature. Ce n'est pas un miracle qu'un homme, apparemment en
bonne santテゥ, meure soudainement, parce que ce genre de mort, bien que plus inhabituelle
que d'autres, a pourtant テゥtテゥ vu arriver frテゥquemment. Mais c'est un miracle qu'un homme
mort revienne テ la vie, parce que cet テゥvテゥnement n'a jamais テゥtテゥ observテゥ, テ aucune テゥpoque,
dans aucun pays. Il faut donc qu'il y ait une expテゥrience uniforme contre tout テゥvテゥnement
miraculeux, autrement, l'テゥvテゥnement ne mテゥrite pas cette appellation de miracle. Et comme
une expテゥrience uniforme テゥquivaut テ une preuve, il y a dans ce cas une
preuve
directe et
entiティre, venant de la nature des faits, contre l'existence d'un quelconque miracle. Une telle
preuve ne peut テェtre dテゥtruite et le miracle rendu croyable, sinon par une preuve contraire qui
lui soit supテゥrieure.
La consテゥquence テゥvidente (et c'est une maxime gテゥnテゥrale qui mテゥrite notre attention) est :
"
Aucun tテゥmoignage n'est suffisant pour テゥtablir un miracle テ moins que le
tテゥmoignage soit d'un genre tel que sa faussetテゥ serait plus miraculeuse que le fait
qu'il veut テゥtablir
; et mテェme dans ce cas, il y a une destruction rテゥciproque des arguments,
et c'est seulement l'argument supテゥrieur qui nous donne une assurance adaptテゥe テ ce degrテゥ de
force qui demeure, dテゥduction faite de la force de l'argument infテゥrieur." Quand quelqu'un
me dit qu'il a vu un mort revenu テ la vie, je considティre immテゥdiatement en moi-mテェme s'il est
plus probable que cette personne me trompe ou soit trompテゥe, ou que le fait qu'elle relate ait
88
Voir aussi
Broca's Brain
, Ballantine, New York, 1980, p. 73
89
La premiティre mention retrouvテゥe vient de l窶凖ゥdito de The Zetetic, vol. 1, no. 1, Fall/Winter 1976. Merci テ M.
Pigliucci,
Do extraordinary claims really require extraordinary evidence?,
Skept. Inq. 2005. Plus tard, Truzzi テゥcrira : ツォ
In science,
the burden of proof falls upon the claimant; and the more extraordinary a claim, the heavier is the burden of proof demanded
窶, テゥcrit
Truzzi dans
On Some Unfair Practices towards Claims of the Paranormal
, 1987 et dans
Oxymoron: Annual Thematic Anthology
of the Arts and Sciences,
1998. Disponible sur
http://www.skepticalinvestigations.org/anomalistics/practices.htm
90
Le gras est de notre fait, et traduit :
No testimony is sufficient to establish a miracle, unless the testimony be of such a kind, that
its falsehood would be more miraculous than the fact which it endeavors to establish.
88
rテゥellement eu lieu. Je soupティse les deux miracles, et selon la supテゥrioritテゥ que je dテゥcouvre, je
rends ma dテゥcision et rejette toujours le plus grand miracle. Si la faussetテゥ de son tテゥmoignage
テゥtait plus miraculeuse que l'テゥvテゥnement qu'elle relate, alors, et alors seulement, cette
personne pourrait prテゥtendre commander ma croyance et mon opinion. ツサ (Hume 1993, pp.
188-190)
Bricmont en prテエne une utilisation sans modテゥration.
ツォ [...] l窶兮rgument est le suivant : si vous observez vous-mテェme un miracle, c窶册st テ vous de voir
si vous テゥtiez sobre, sain d窶册sprit, etc. テ ce moment-lテ. Mais si la plupart des gens qui croient
aux miracles ont cette croyance, ce n窶册st pas parce qu窶冓ls en ont observテゥ un, c窶册st parce que
le ツォ fait ツサ leur a テゥtテゥ rapportテゥ par d窶兮utres. Or, observe Hume, un miracle (une rテゥsurrection
par exemple) peut テェtre considテゥrテゥ comme une violation des lois naturelles ; notre confiance
dans la validitテゥ de ces lois est entiティrement fondテゥe sur l窶册xpテゥrience et, par consテゥquent, est
faillible. Mais le tテゥmoignage qui atteste de leur violation est テゥgalement entiティrement fondテゥ
sur l窶册xpテゥrience. Eh bien ! Nous avons tous eu l窶册xpテゥrience du fait que des gens se
trompent ou nous trompent (si vous n窶凖ェtes pas convaincus, achetez une voiture d窶冩ccasion).
Nous devons donc comparer la probabilitテゥ de deux テゥvテゥnements : d窶冰ne part, la suspension
momentanテゥe des lois naturelles, d窶兮utre part le fait que quelqu窶冰n dans la chaテョne des
tテゥmoignages qui nous rapportent le miracle (chaテョne qui, en ce qui concerne les miracles de
l窶凖ゥpoque biblique, est assez longue) se trompe ou nous trompe. La probabilitテゥ penche
toujours en faveur de la seconde hypothティse, pour la simple raison que notre expテゥrience
personnelle nous a amplement dテゥmontrテゥ l窶册xistence de ce phテゥnomティne alors qu窶册lle ne nous
a jamais montrテゥ que les lois naturelles peuvent テェtre violテゥes. Une autre faテァon de dire la
mテェme chose, c窶册st que le ツォ fait brut ツサ テ expliquer, celui auquel vous avez directement accティs,
n窶册st pas le miracle lui-mテェme, mais le tテゥmoignage (souvent indirect) concernant le miracle.
Et celui-lテ est facile テ expliquer, au moyen de la psychologie humaine et sans invoquer de
violation des lois naturelles.
(窶ヲ) je prテゥtends qu窶冩n peut le gテゥnテゥraliser et qu窶冓l a alors une portテゥe absolument dテゥvastatrice
pour toutes sortes de croyances ; il faut en effet poser la question suivante aux scientifiques
tout autant qu窶兮ux diseuses de bonne aventure, aux astrologues et aux homテゥopathes :
quelles raisons me donnez-vous de croire que la vテゥracitテゥ de ce que vous avancez est plus
probable que le fait que vous vous trompiez ou que vous me trompiez ? ツサ (Bricmont
2002)
Nous avons tentテゥ d窶冓llustrer ce principe d窶冰ne maniティre figurative dans le dessin suivant (figure
18).
91
Hume,
Enquテェte
sur l窶册ntendement humain, chap X
http://perso.orange.fr/philotra/enquet.htm#section10
La mise
ne gras est de notre fait.
92
Voir aussi Gracely,
Why Extraordinary Claims Demand Extraordinary Proof
December 1998, publiテゥ dans
Phactum
,
newsletter de Philadelphia Association for Critical Thinking (PhACT).
89
Figure 18 : Illustration figurative du principe de proportionnalitテゥ du poids de la preuve.
Figure 19 :
contenu du plateau de gauche : R : confiance dans le rapporteur 窶 R* テゥtat d窶凖ゥbriテゥtテゥ du rapporteur 窶
F : qualitテゥ de la transmission du fait 窶 M テゥcoute du rテゥcテゥpteur, son テゥtat.
Ce point de mテゥthodologie soulティve bien des dテゥbats dans les milieux sceptiques, dans la mesure oテケ
l窶卍ォ extraordinaritテゥ ツサ d窶冰ne allテゥgation est difficile テ テゥvaluer, et oテケ l窶 ツォ extraordinaritテゥ ツサ d窶冰ne preuve
peut テェtre discutテゥe (d窶冰ne maniティre probabiliste) : W. C Harvey (2005), rテゥpondant テ Pigliucci,
pointe du doigt le fait que la fusion froide par exemple, ne nテゥcessite pour exister qu窶冰ne
bonne
preuve thermodynamique qui n窶兮 rien d窶册xtraordinaire. La mテゥprise relティve ici de l窶册ffet
paillasson
: la
preuve n窶兮 besoin d窶凖ェtre extraordinaire qu窶兮u sens de rigueur maximale.
90
2.4.2
Invocation d窶冑ypothティses 窶 thテゥiティre de Russell et rasoir
Il s窶兮git d窶冰n critティre (le nツー5) dテゥjテ prテゥvu par Langmuir dans la description de sa cテゥlティbre 窶 et
nテゥanmoins discutable 窶
Pathological Science
ツォ Criticisms are met by
ad hoc
excuses thought up on the spur of the moment ツサ (Langmuir
Bunge l窶册xprime ainsi :
ツォ Pseudosciences exhibit a general outlook that countenances immaterial entities and
processes and untestable hypotheses that are accepted on authority (voir 4.3.2.
Les arguments
d窶兮utoritテゥ
) rather than on the basis of logic and empirical evidence.Radionics, polarity
therapy, and therapeutic touch are a few of the naturopathic standbys that postulate
immaterial "energy" fields that legitimate scientists cannot detect. Homeopathy, too, posits
subtle "vibrations" to explain how pure water can "remember" in order to produce the
effects of molecules it no longer contains. As we have seen, naturopathy is thoroughly
vitalistic (voir Annexe
窶 Fiche pテゥdagogique Nツー6 Le magnテゥtisme et les fluides
), riddled with unique
but undetectable forces and concepts of flow and balance that cannot be empirically tested.
Naturopathic "mission statements" we encountered typically repeatedly the "spiritual"
nature of healing ツサ
Il faut bien distinguer :
- les
hypothティses
ad hoc
matテゥrielles
, qui invoquent parfois des entitテゥs dont l窶册xistence est
ou sera testable, donc potentiellement テゥventuellement rテゥfutable. Elles doivent se justifier selon le
principe de parcimonie (voir plus bas
, Rasoir d窶儖ccam et principe de parcimonie
). Pour illustrer ce
genre d窶冑ypothティse, imaginons une case vide du tableau de Mendテゥleiev.
-
les
hypothティses
ad hoc
immatテゥrielles,
donc non expテゥrimentables. Anges, dテゥmons, テ「me,
esprits des dテゥfunts, fantテエmes, au-delテ, voyage astral, autre rテゥalitテゥ, 6
ティme
sens, 10% du cerveau
seulement utilisテゥs, relティvent de l窶兮cte de foi. Nous sortons du cadre matテゥrialiste pour entrer dans la
foi, le ressenti subjectif, la poテゥsie ou la littテゥrature, et la science ne peut donc pas se saisir de
l窶冑ypothティse pour la tester.
Voici quelques exemples
utilisテゥs en cours :
窶「
Le Pティre Brune et la TCI
Le pティre Brune, dans l窶凖ゥmission
Y a pas Photo
de Bataille et Fontaine, explique que les voix captテゥes
par TCI sont des voies de dテゥfunts. Ces voies sont mテゥtalliques et peu comprテゥhensibles. Brune
rテゥpond que c窶册st normal, puisque les morts n窶冩nt pas de larynx. Ces voix n窶凖ゥmanent que
d窶兮ppareils テゥlectriques (lecteur k7, poste de tテゥlテゥvision anciens modティles). Rien de surprenant,
rテゥpond Brune, il semble que les dテゥfunts n窶兮ient pas assez d窶凖ゥnergie (
sic
) pour interfテゥrer de maniティre
plus notable. Tout ceci venant factieusement appuyer sa thティse ツォ
les dテゥfunts nous parlent
ツサ, que le pティre
Brune prend dテゥjテ pour prテゥmisses de ses hypothティses
ad hoc.
Nous voici dans un merveilleux cercle
93
Nous テゥmテゥttons des reserves sur la notion-mテェme de science pathologique. Le terme vテゥhicule l窶冓dテゥe implicite d窶冰ne
sorte d窶凖ゥtat particulier de la science ツォ normale ツサ, au mテェme titre que l窶冩n distingue un テゥtat normal, ou sain, d窶冰n テゥtat
pathologique en mテゥdecine 窶 sachant que ces notions sont trティs discutables - voir Canguilhem (2005) ainsi que
Kremer Marietti (1996).
94
Ces critティres sont dテゥsormais connus comme insuffisants. Rhodes a montrテゥ par exemple que les critティres de
Langmuir auraient tout テ fait correspondu テ la dテゥcouverte des prions par Prusiner. Voir Rhodes (1997), p. 54.
91
vicieux, que personne dans l窶凖ゥmission ne rテゥlevera
窶「
Richard C. Hoagland et le visage de Mars
Figure 20 : Richard C. Hoagland et l窶卍ォ テゥternel ツサ visage sur Mars. Excellent outil pテゥdagogique tant pour
dテゥnoncer le complotisme que pour illustrer les dテゥvoiements pareidoliques.
La thテゥorie de Richard C. Hoagland (figure 20) concernant la vie sur Mars est la suivante :
Hoagland prテゥtend que si aucune preuve de vie martienne n窶册st obtenu, c窶册st parce que la NASA
s窶冩bstine テ effacer les traces qu窶册lle trouve
ad hoc
peut parfois faire le corps de
thテゥories complotistes.
L窶册xemple de
ad hoc
immatテゥriel le plus stimulant chez les zテゥtテゥticiens est ce que le
debunker
ufologue Schaeffer (1998) appelle le
phテゥnomティne jaloux
(c'est-テ-dire le phテゥnomティne rテゥtif テ se produire
devant n窶冓mporte qui) expliquテゥ gテゥnテゥralement par des ツォ ondes nテゥgatives ツサ sceptiques aussi
ad hoc
qu窶冰tiles en cas d窶兮bsence de phテゥnomティne. Si le test scientifique テゥchoue, c窶册st dテサ aux ツォ ondes
nテゥgatives ツサ. R.T. Carroll dans son
Skeptic窶冱 Dictionnary
:
ツォ Ad hoc hypotheses are common in paranormal research and in the work of
pseudoscientists. For example, ESP researchers have been known to blame the hostile
thoughts of onlookers for unconsciously influencing pointer readings on sensitive
instruments. The hostile vibes, they say, made it impossible for them to duplicate a positive
ESP experimentツサ
L窶冓dテゥe d窶册xpテゥrimentations s窶兮ffranchissant au maximum des biais subjectifs et inter-subjectifs des
sujets et des expテゥrimentateurs trouve sa justification ici : plus la rigueur est de mise, moins de
paramティtres non contrテエlテゥs comme des ツォ ondes nテゥgatives ツサ pourront interfテゥrer avec les mesures,
surtout lorsque ces ツォ ondes ツサ sont invoquテゥes
a posteriori
non pour expliquer une action quelconque
mesurable mais pour justifier un テゥchec lors d窶冰n test expテゥrimental zテゥtテゥtique. Broch, sur la
question de la torsion de mテゥtal par ツォ pouvoir psi ツサ, a trouvテゥ une solution soignant la jalousie des
95
Transcommunication Instrumentale, テゥmission
Y a pas Photo
, 15 fテゥvrier 1999. Blanc-Garin J., Compte-rendu de
l窶兮ssociation Infinitudes, Messager Nツー26. Y est dテゥcrit un superbe bi-standard dans l窶凖ゥvaluation de la prestation
tテゥlテゥvisテゥe.
96
Hoagland relate tous ces points sur son site
http://www.enterprisemission.com/
. Pour une dテゥconstruction de ses
arguments, voir Plait,
Richard Hoagland's Nonsense
, sur
http://www.badastronomy.com/bad/misc/hoagland/index.html
97
Source :
http://skepdic.com/adhoc.html
92
phテゥnomティnes jaloux : une cuiller, placテゥe dans un tube en verre scellテゥ ensuite, est remis au
prテゥtendant, qui peut tenter d窶冓nflテゥchir le mテゥtal par l窶册sprit aussi loin du laboratoire zテゥtテゥtique et de
ses ondes nテゥgatives que possible.
Nous entrons lテ dans un problティme intテゥressant en テゥpistテゥmologie : qu窶册n serait-il des mesures si
l窶冩bjet テ テゥtudier テゥtait justement capable de dテゥformer les mesures ?
Un bテゥmol toutefois, parfois soulevテゥ par les テゥtudiants fテゥrus de scテゥnarios complexes. Concテゥdons
aux tenants du
Psi
qu窶冓l puisse (
possible n窶凖ゥtant pas toujours possible
) y avoir des moyens d窶兮ction non
mesurables actuellement qui テゥventuellement interfテゥreraient avec les mesures. C窶册st le corps des
hypothティses de type ツォ psi-missing ツサ :
ツォ il est possible que le phテゥnomティne ESP, s窶冓l existe, comporte une テゥventualitテゥ paradoxale
telle que de nombreux sujets puissent manifester une forme d窶僞SP ツォ テ rebours ツサ, consistant
en ceci que leur choix se porterait systテゥmatiquement sur une ツォ fausse cible ツサ (un leurre, quel
qu窶冓l soit) par refus inconscient du phテゥnomティne ツサ (Auriol,
Cabinet.Auriol
).
Il faut bien se rendre compte que thテゥoriser sur un prテゥtendu phテゥnomティne avant d窶兮voir caractテゥrisテゥ
celui-ci revient non seulement テ vendre la peau de l窶冩urs avant de l窶兮voir tuテゥ, mais
テ vendre la peau
de l窶冑ypothテゥtique Yテゥti avant de l窶兮voir vu
. Nombre de parapsychologues effectuent ici un
effet Cerceau
,
(voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
) prテゥsumant que la difficultテゥ テ caractテゥriser le PSI vient des
carcatテゥristiques dudit PSI, et que les テゥchecs des tests ESP s窶册xpliquent par les sournoiseries d窶冰n
PSI non encore prouvテゥ. Il est dテゥjテ trティs souvent arrivテゥ que l窶冩bjet d窶凖ゥtude influe sur sa propre
テゥtude 窶 la lumiティre, les trous noirs, les ondes acoustiques des chauves souris 窶 sans que cela
pose de problティmes autres que protocolaires.
Il est possible (et non probable) qu窶冰ne capacitテゥ PSI influe sur un cerveau de telle maniティre qu窶册lle
fasse テゥchouer ce cerveau aux test PSI. Certes. Mais ouvrir cette porte protocolaire revient テ
l窶冩uvrir テ toutes les hypothティses
ad hoc
imaginables, ainsi qu窶凖 tous les appels テ l窶冓gnorance.
L窶冰n des derniers exemples en date est le ツォ Collapse du Psi ツサ selon lequel la conscience de
l窶冩bservateur agit sur la mesure quantique, en l窶冩ccurrence celle du Chat de Schrテカdinger :
ツォ Richard Mattuck affirme que ツォ c窶册st l窶冓nteraction du systティme matテゥriel et de la conscience
qui provoque l窶册ffondrement de la fonction d窶冩nde (Mattuck, science et conscience). Par
ツォ systティme matテゥriel ツサ, Mattuck entend l窶册nsemble formテゥ par le chat, la boテョte, la fiole de
poison, le parteau et le dispositif dテゥclencheur. (窶ヲ ) Mattuck et Costa de Beauregard
rテゥpondent que l窶冓nteraction entre votre conscience et la fonction d窶冩nde remonte le temps :
une observation faite aujourd窶冑ui テ 10heures provoque le collapse du psi deux jours plus
tテエt ! ツサ (Pracontal 2001, Mattuck 1982).
Pour fermer cette boテョte de Pandore, nous utilisons trois exemples absurdes trティs simples :
窶「
Le rテゥpulsif anti-girafe :
ツォ - Que fais-tu avec cet aテゥrosol ?
- Eh ben, c'est un antigirafe.
- Mais il n'y pas de girafe par ici.
- C'est bien la preuve que テァa marche ! ツサ
Aussi ridicule soit cet exemple, il n窶册n reste pas moins trティs proche de la rテゥalitテゥ. Broch cite dans
son livre
Au cナ砥r de l窶册xtra-ordinaire
(2001) une lettre tout テ fait illustrative :
93
ツォ Savez-vous que mon garde-chasse repティre avec le pendule la prテゥsence de sangliers dans
une forテェt ? J窶兮i mテェme dテゥcouvert un fait nouveau et extrテェmement intテゥressant, c窶册st que les
sangliers sont sensibles au fluide radiesthテゥsique. Et la meilleure preuve c窶册st que, quand je
vais テ l窶册ndroit indiquテゥ par le garde-chasse, les sangliers se sont mテゥfiテゥs et sont toujours
partis. ツサ (Canac 1956,
in
Broch, ouv.citテゥ, p. 246)
窶「
La thテゥiティre de Russell (Russell窶冱 teapot)
En 1952, dans un texte que la revue
Illustrated
commanda puis refusa, Russell dテゥveloppa la
mテゥtaphore suivante : soit une minuscule thテゥiティre chinoise qui suit une orbite elliptique entre la
Terre et Mars. Elle est trop petite pour テェtre observable, mテェme nos meilleurs tテゥlescopes n窶凉
parviennent pas. Il serait logique de douter de cette affirmation, 窶 qui ne peut テェtre infirmテゥe et
procティde d窶冰ne inversion de la charge de la preuve 窶 et de considテゥrer que ce sont des
sottises. Comme le prテゥcise rテゥcemment Dawkins, personne ne se dirait テ ce propos ツォ
agnosticothテゥiテゥristique ツサ et tout le monde se dira athテゥirテゥriste. Mais si l窶册xistence d窶冰ne telle thテゥiティre,
nous dit Russell, a テゥtテゥ prテゥdite dans dans livres anciens, a テゥtテゥ enseignテゥe comme une vテゥritテゥ sacrテゥe
tous les dimanches, et instillテゥe dans l窶册sprit des enfants テ l窶凖ゥcole, rテゥchigner テ croire en son
existence serait une marque d窶册xcentricitテゥ et nous destinerait soit テ la psychiatrie, soit テ
l窶僮nquisition
Cette mテゥtaphore, peu connue en France, a テゥtテゥ reprise tout rテゥテァemment par Dawkins dans son
livre
The God Delusion
. (ch 2). Dawkins prテゥcise, en un
contre effet
Bof
:
ツォ Nous devons テェtre tout aussi agnostique envers la thテゥorie selon laquelle il y a une thテゥiティre
en orbite autour de la planティte Pluton. On ne peut pas prouver le contraire. Mais cela ne
veut pas dire que la thテゥorie selon laquelle il y a une thテゥiティre est au mテェme niveau que la
thテゥorie selon laquelle il n'y en a pas. ツサ (Dawkins 2005)
テ titre d窶兮necdote, cela rappelle cet argument aussi puissant que difficile テ sourcer :
ツォ
Atheism is a religion like not collecting stamps is a hobby and bald is a hair colour
ツサ (L'athテゥisme est
une religion comme ne pas collectionner de timbres est un hobby et chauve est une couleur
de cheveux) (Randi 2006, Schnitzius 1993)
窶「
La licorne invisible et rose (IPU 窶 Invisible Pink Unicorn) (figure 21)
98
Le texte d窶冩rigine est le suivant : ツォ
If I were to suggest that between the Earth and Mars there is a china teapot revolving about
the sun in an elliptical orbit, nobody would be able to disprove my assertion provided I were careful to add that the teapot is too small to be
revealed even by our most powerful telescopes. But if I were to go on to say that, since my assertion cannot be disproved, it is an intolerable
presumption on the part of human reason to doubt it, I should rightly be thought to be talking nonsense. If, however, the existence of such
a teapot were affirmed in ancient books, taught as the sacred truth every Sunday, and instilled into the minds of children at school,
hesitation to believe in its existence would become a mark of eccentricity and entitle the doubter to the attentions of the psychiatrist in an
enlightened age or of the Inquisitor in an earlier time
. ツサ B. Russell
Is there a God ?
http://www.cfpf.org.uk/articles/religion/br/br_god.html
99
Il semble que l窶兮uteur soit anonyme ; elle est prテゥtテゥe テ Randi, car celui-ci l窶兮 relayテゥe dans sa newsletter
Swift
de
janvier 2006
http://www.randi.org/jr/2006-01/010613fool.html#i7
; la version ツォ
chauve ツサ
provient
vraisemblablement de Mark Schnitzius, sur Usenet, en 1993 :
http://groups.google.com.au/group/alt.atheism/msg/ef4ed06dfeb9804a?hl=en&
94
Figure 21 : logo du culte de la IPU, par Tim Ahrentlテクvpar
Le culte de la Licorne, nテゥ sur les forums Usenet des annテゥes 1990, est invoquテゥ pour mettre en
lumiティre les failles dans les arguments thテゥologiques, par exemple en troquant Dieu par ツォ la Licorne
rose invisible ツサ. L'effet recherchテゥ est que l'interlocuteur objecte que les propriテゥtテゥs de la Licorne
sont contradictoires, ce テ quoi le sceptique rテゥpondra que bien des propriテゥtテゥs attribuテゥes aux
divinitテゥs le sont aussi, et que son テゥnoncテゥ n'est pas plus absurde que l'original. C窶册st alors au
croyant de dテゥmontrer que la version de sa religion est plus plausible que celle faisant rテゥfテゥrence テ
la Licorne. On peut テゥgalement faire remarquer qu'il est impossible de dテゥmontrer son inexistence,
et d'en dテゥduire qu'elle existe bel et bien, 窶 ce qui en fait un parfait outil de dテゥconstruction et de
satire du
Pour l窶冑istoire, Sagan dテゥveloppa une mテゥtaphore du mテェme type avec son ツォ dragon ツサ vivant dans
son garage, qui souffle un feu sans chaleur, mais est invisible, ne fait aucun bruit et ne laisse
aucune empreinte de pas
窶「
Parcimonie et rasoir d窶儖ccam
Ce petit texte (figure 22) rテゥsume notre propos (il est placテゥ
in extenso
en annexe 窶
fiche pテゥdagogique
Nツー3
). Le principe de parcimonie permet de limiter la profusion d窶册ntitテゥs invoquテゥes dans une
thテゥorie 窶 et donc les hypothティses
ad hoc
dテゥveloppテゥes pour combler le manque de preuves d窶冰n
phテゥnomティne ツォ paranormal ツサ particulier, comme nous l窶兮vons dテゥjテ テゥcrit.
Prテゥcisons tout de mテェme que toute hypothティse
ad hoc
ne participe pas de l窶凖ゥmoussage du rasoir
d窶儖ccam.
Certaines rテゥponses
ad hoc
peuvent テェtre produites avec un certain succティs. Sans rentrer dans le dテゥtail
de l窶凖ゥpistテゥmologie de Imre Lakatos, mテェme le
ad hoc
peut テゥventuellement participer d窶冰n
programme de recherche sain, en particulier de ce que Lakatos (1978) appelle l窶冑euristique
positive. En clair, le critティre
ad hoc
d窶冰ne hypothティse n窶册st pas la signature de la pseudoscience.
100
Dawkins テゥcrit encore ceci : ツォ
Russell's teapot, of course, stands for an infinite number of things whose existence is conceivable and
cannot be disproved. [...] A philosophical favorite is the invisible, intangible, inaudible unicorn
ツサ. Nous apprenons avec tristesse
qu窶冰n certain Wes Schrader a tentテゥ un schisme d窶兮vec la Licorne, en crテゥant le Culte du Trティs Furtif Pテゥgase Marron. Ce
fut ツォ un テゥchec quasi-total ツサ (
sic
)
101
Le texte est accessible ici :
http://www.godlessgeeks.com/LINKS/Dragon.htm
et traduit lテ
http://laicite-liberte-
atheisme.over-blog.com/article-11610927.html
95
Figure 22 : Monvoisin,
La leテァon de ChOZ du Professeur Z - Peut-on aiguiser le rasoir d窶儖ccam
sous une pyramide ?
(2007)
Thagard (1978) par exemple explique que lorsque Wegener proposa la ツォ dテゥrive des continents ツサ,
devenue plus justement la ツォ tectonique des plaques ツサ, aucun mテゥcanisme n窶凖ゥtait connu : ce qui
aurait pu passer pour une hypothティse
ad hoc
superflue テゥtait valide (Wegener, 1912, pp. 185-195
notamment). De mテェme pour le lien entre la cigarette et le cancer, テゥtabli statistiquement bien que
les dテゥtails de la cancテゥrogテゥnティse restaient テ dテゥcouvrir (U.S. Department of Health 1964). De ce fait,
ツォ [Le Rasoir d窶儖ccam], qui ne coupe que les fils de raisonnements biaisテゥs, est en fait un principe de raisonnement dit ツォ
de parcimonie ツサ, ou ツォ d窶凖ゥconomie ツサ, antテゥrieur au Franciscain Guillaume d窶儖ccam mais テゥnoncテゥ par lui au 14ティme siティcle.
テa dit en substance :
Pluralitas non est ponenda sine necessitate
En moins nテゥbuleux :
Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem
En moderne :
Les entitテゥs ne doivent pas テェtre multipliテゥes par delテ ce qui est nテゥcessaire
et en comprテゥhensible :
Pourquoi faire compliquテゥ quand on peut faire simple ?
En gros, ce que dit ce rasoir, c窶册st que lorsqu窶冓l y a plusieurs hypothティses en compテゥtition, il vaut mieux prendre les
moins ツォ coテサteuses ツサ cognitivement. Je vous donne le meilleur exemple que je connaisse, profテゥrテゥ par le sage Stanislas
Baba Antczak : je mets un chat et une souris dans une boテョte, je ferme, je secoue, et j窶冩uvre : il ne reste plus que le chat.
Hypothティse 1 : des extraterrestres de la planティte Mテサ ont voulu dテゥsintテゥgrer la souris, mais elle s窶册st transformテゥe en chat.
Le chat, de frayeur, est passテゥ dans une autre dimension par effet Tunnel.
Hypothティse 2 : le chat a mangテゥ la souris (sans dire bon appテゥtit, ce qui est mal).
Vous m窶兮ccorderez que l窶冑ypothティse 2 est beaucoup moins coテサteuse intellectuellement que la Nツー1. Elle ne postule rien
d窶兮utre que la prテゥdation de la souris par le chat, qui est au moins aussi connue que Johnny Hallyday, tandis que la
premiティre postule une planティte Mテサ, des extraterrestres qui viennent, qui savent dテゥsintテゥgrer un chat ce qui n窶册st pas donnテゥ
テ tout le monde, une souris qui se transforme en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller et un effet tunnel
pour objet macroscopique. Ca fait beaucoup. Dans le doute, on choisira la 2.
Ce n窶册st pas autre chose que ce que Henri Broch s窶册st テゥchinテゥ テ faire comprendre avec la facette zテゥtテゥtique : la
parcimonie est de rティgle, qui mティne d窶兮illeurs assez rapidement テ cette autre facette non moins puissante : l窶兮ltテゥrnative est
fテゥconde, qui consiste, devant un phテゥnomティne "hors-normes", "surnaturel", テ se poser la question : Existe-t-il une autre
explication possible, une explication "naturelle" qui - dans les mテェmes conditions - donnerait un rテゥsultat identique, avec
toutes les caractテゥristiques de ce phテゥnomティne "surnaturel" ? L'hypothティse naturelle, moins coテサteuse, est alors prテゥfテゥrテゥe et
l'hypothティse surnaturelle, coテサteuse parce que trimballant en elle des entitテゥs non connues, devient superflue.
C窶册st exactement cela qui fait dire テ H. Broch que les caractテゥristiques du linge de Turin, ou celles de la liquテゥfaction du
liquide de St Janvier テ Naples n窶冩utrepassent pas une explication ツォ naturelle ツサ, au sens de physico-chimique.
C窶册st exactement ce qui fait dire テ James Randi que les rテゥalisations d窶儷ri Geller n窶冩nt pas besoin de chercher leur
explication dans un quelconque don ツォ paranormal ツサ, puisqu窶册lles ne dテゥpassent pas les capacitテゥs d窶冰n prestidigitateur.
C窶册st exactement ce qui fait dire テ Nicolas Gaillard que rien ne permet de penser que les sphティres du Costa Rica soient
d窶冩rigine extraterrestre, puisque Don Mundo, artisan costaricain, refait exactement les mテェmes.
C窶册st exactement ce qui donne son piment au travail de Wally Wallington, charpentier テ la retraite et ツォ champion du
moindre effort ツサ, qui parvient テ reproduire son propre Stonehenge par d窶冓ngテゥnieux systティmes de leviers, sans aucun
fluide mystique pour l窶兮ider.
J窶兮ime beaucoup la mテゥtaphore des mots croisテゥs de l窶凖ゥpistテゥmologue Susan Haack. Elle suggティre que la
science fonctionne テ la maniティre d窶冰n mot croisテゥ, avec la connaissance disponible pour arriティre-plan et les
observations expテゥrimentales pour indices. Surtout elle prテゥcise que ツォ la validitテゥ d窶冰ne entrテゥe dテゥpend non
seulement de la force des indices, mais aussi de toutes les autres entrテゥes dテゥjテ テゥcrites qui font intersection
avec elle ツサ*. En clair, si tu dテゥbarques un matin avec une hypothティse qui bouscule toute la grille de mots
croisテゥs que les savant se cassent le coccyx テ remplir depuis des siティcles, elle a intテゥrテェt テ テェtre solidement
テゥtayテゥe par des preuves (et on retombe sur la facette ツォ Une prテゥtention extra-ordinaire nテゥcessite une preuve
plus qu窶冩rdinaire ツサ). Si tel n窶册st pas le cas, le rasoir d窶儖ccam, qui ne s窶凖ゥmousse jamais et qui a une triple
lame, t窶册ncourage テ te retenir d窶凖ゥcrire ton mot dans la grille, bref, テ テェtre sceptique. Alors, comme le temps
son vol, petit scarabテゥe, l窶册space d窶冰n instant suspends ton jugement.
96
Thagard montre que la critique de pseudoscientificitテゥ de l窶兮strologie faite sur la seule base du
ad
hoc
par Bok, Jerome et Kurtz ne sont pas recevables en tant que telle (Bok 1975, Bok, Jerome &
Kurtz 1975). Pour se sortir de ce problティme, Broch prテゥcise, faussement naテッf, dans une de ses
facettes : ツォ
Une thテゥorie scientifique est testable, rテゥfutable
ツサ. Nous ajoutons volontiers : ツォ une hyopthティse
ad hoc
doit l窶凖ェtre aussi ツサ.
Consテゥquences :
窶「
Sans parcimonie des hypothティses, impossible de trier rationnellement entre un
scテゥnario saugrenu et une hypothティse recevable.
窶「
Rejet des contradictions scientifiques de la thテゥorie, puisque les outils scientifiques
ne peuvent apprテゥhender ces entitテゥs ;
窶「
Extraction du champ de l窶册xpテゥrimentation ou de l窶凖ゥvaluation rationnelle des
hypothティses
窶「
Appel テ l窶冓gnorance (argumentum ad ignorantiam) : on voit naテョtre des arguments
qui tentent d窶册xpliquer que lesdites entitテゥs existent car nous n窶兮vons aucune
preuve qu窶册lles n窶册xistent pas. (on rejoint alors les sophismes
Argument from personal
incredulity
, inversion de la charge de la preuve, etc.
) ;
窶「
Corroboration (souvent trティs bien) des postures philosophiques non matテゥrialistes,
ce qui prテェte テ penser que ce pourrait テェtre la posture qui rテゥgit le choix des entitテゥs
surajoutテゥes et non l窶冓nverse (le cas des anges, des esprits frappeurs, ou celui du
pティre Brune, qui crテゥe les hypothティses pour conforter sa position philosophique) ;
窶「
Caractティre incongru de l窶兮llテゥgation est souvent ツォ vendu ツサ dans les mテゥdias comme
une ツォ dテゥcouverte qui dテゥrange ツサ, qui est semblable テ l窶兮ttaque doctrinaire et mティne
invariablement vers la rhテゥtorique dite du syndrome galilテゥen, (voir 2.2.3
Contrainte
externe et demande sociale
) ;
窶「
Contournement fallacieux de l窶凖ゥpreuve des faits par l窶冑ypothティse
ad hoc
. Si un
phテゥnomティne n窶兮dvient pas (plus), un petit
ad hoc
nivelle la dissonance cognitive テ
peu de frais.
2.4.3
Pouvoir explicatif dテゥmesurテゥ
Signe rテゥcurrent de la pseudoscience : une thティse extrテェmement simple, qui s窶卍ォ universalise ツサ trティs vite
dans les discours mテェme lorsque les preuves manquent. Le pouvoir explicatif, gテゥnテゥralement
immense, est inversテゥment correlテゥ aux effets observables, テ la soliditテゥ des preuves.
Nous parlons, pour faire une image pテゥdagogique, de ツォ folie des grandeurs ツサ pour dテゥcrire de
dテゥcalage souvent immense entre le tテゥnu des effets allテゥguテゥs dans un certain nombre de
pseudosciences et les implications majeures sur tous les plans qu窶冩n leur prテェte, tout cela, bien sテサr,
sur une trame de fond sans preuve 窶 car s窶冓l existe bien entendu des effets tテゥnus aux
implications majeures, ils sont テゥtayテゥs par des preuves expテゥrimentales indubitables (pensons par
exemple aux forces de Van der Waals).
Langmuir, dans ses fameux critティres de science pathologique, avait pris pour critティre Nツー2 ツォ effet
tテゥnu テ faible significativitテゥ ツサ :
ツォ The maximum effect that is observed is produced by a causative agent of barely
detectable intensity, and the magnitude of the effect is substantially independent of the
intensity of the cause. The effect is of a magnitude that remains close to the limit of
97
detectability; or, many measurements are necessary because of the very low statistical
significance of the results ツサ. (Langmuir,
ouv.citテゥ
)
Nテゥanmoins certains dテゥveloppements de la physique des hautes テゥnergies par exemple montrent
que le caractティre tテゥnu de certains phテゥnomティnes n窶册st pas forcテゥment la signature d窶冰ne science
ツォ pathologique ツサ, bien que ceux-ci soient ツォ d窶冰ne magnitude qui reste proche des limites de
dテゥtectabilitテゥ ツサ. Ce n窶册st donc pas le tテゥnu d窶冰n phテゥnomティne qui doit テェtre テゥvaluテゥ, mais le dテゥcalage
entre ce tテゥnu et la largeur du champ phテゥnomテゥnologique prテゥtendument couvert.
Voici quelques exemples :
窶「
Le mythe de la simplicitテゥ
L窶冓dテゥe centrale de pratiquement toutes les pseudomテゥdecines est d窶冰ne diabolique simplicitテゥ : tout
est dテサ テ l窶冓nterrelation forme / fonction de l窶冩rgane (ostテゥopathie), au rapport organes-squelette
(chiropraxie), au calque d窶冰ne partie du corps rapportテゥ au corps entier (rテゥflexologie), テ la
mテゥmoire des cellules (kinテゥsiologie, biologie totale, etc.), aux vies antテゥrieures (karmathテゥrapie), au
traumatisme de la naissance (
Rebirth
,
attachment therapy
), au conflits ancestraux (psychogテゥnテゥalogie),
etc. alors que le faisceau de preuve テ l窶兮ppui de la thティse est incroyablement faible.
窶「
PK = f(t)
(figure 23)
La psychokinティse, action de l窶册sprit sur la matiティre, est le domaine typique de ce biais. Broch a
schテゥmatisテゥ une autre corrテゥlation : celle de la chute qualitative de la prテゥtention au cours du
temps/au cours des progrティs technologiques de mesure (des cours de psychokinティse existent
pourtant, par exemple chez J.P. Girard)
Figure 23 : Broch PK = f(t)
(tirテゥ de Broch, 1989)
Broch remarque que cette regression se produit ツォ parallティlement テ la sophistication accrue des
moyens de contrテエle ツサ. Et de Pracontal enfonce le clou :
ツォ Ce qui confirme la reflexion de Rhine selon laquelle les esprits frappeurs cessent leurs
activitテゥs dティs qu窶冩n cherche テ les observer. Tt se passe comme si une mystテゥrieuse interaction
entre l窶冩bservateur et le phテゥnomティne observテゥ provoquait un effondrement du psi. Comment
se fier テ des phテゥnomティnes aussi susceptibles et capricieux ? ツサ (De Pracontal,
ouv.citテゥ
, p. 247).
102
Pour se faire une idテゥe, un ツォ cours de parapsychologie appliquテゥe ツサ donnテゥ par Girard est disponible en ligne :
http://www.girard.fr/textes/videos-telecharger.htm
98
窶「
Le gティne causal
Pratiquement chaque dテゥcouverte de gティne entraテョne une scテゥnarisation rテゥductionniste du type ツォ le
gティne de
telle caractテゥristique
a テゥtテゥ dテゥcouvert ツサ jouant sur un causalisme trティs simplificateur (voir 4.3.6
Les causalitテゥs douteuses
) qui s窶册stompe au fil de l窶兮rticle (voir 4.4.3.13
Technique peau de chagrin
, et
Annexe 窶
fiche pテゥdagogique Nツー19 Technique de la peau de chagrin
). Pour ne prendre que des exemples
les plus rテゥcents :
Le gティne du gaucher a テゥtテゥ dテゥcouvert
, Nouvel Observateur, 2 aoテサt 2007
Dティs le sous-titre, on peut lire : ツォ
Une テゥquipe mondiale de scientifiques a dテゥcouvert un gティne qui renforcerait
"les chances d'テェtre gaucher", le LRRTM1
ツサ, ce qui n窶册st plus tout テ fait la mテェme chose.
Un gティne du glaucome a テゥtテゥ dテゥcouvert
, Le Figaro, 11 aoテサt 2007
Il vaut la peine de s窶兮ppesantir un peu sur les consテゥquences de cette ツォ simplicitテゥ ツサ :
-
la simplicitテゥ de la thティse est sテゥduisante, et facilement appropriable par le public. Comme
l窶凖ゥcrit Brissonnet, ツォ
le mythe de la solution simple et unique
ツサ fait florティs, aussi bien pour
l窶冓ridologie que pour l窶冑omテゥopathie (Brissonnet 2006).
-
Cette simplicitテゥ est souvent ultra exploitテゥe par les mテゥdia, qui extrapolent テ l窶册xtrテェme la
thティse テ partir de l窶冓nsignifiance de l窶册ffet de dテゥpart (l窶兮ffaire de la mテゥmoire de l窶册au est
un bon exemple). C窶册st l窶冰ne des raisons qui font aimer l窶冓mage du papillon de Lorentz
qui, dans sa version vulgarisテゥe et publicitarisテゥe, colle テ l窶冓dテゥe d窶冰n monde interconnectテゥ
oテケ la moindre action peut avoir des rテゥpercussions dテゥsastreuses (voir Annexe - Fiche
pテゥdagogique Nツー1
Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante
).
テ
Mallテゥabilitテゥ de la mテゥmoire : scテゥnario thテゥrapeutique simple et archテゥothテゥrapies
Nous n窶冰tilisons pas vテゥritablement d窶冩utils appropriテゥs テ ce critティre. Nous avons simplement
rajoutテゥ deux facettes Z テ la liste.
Facette Z :
Attention
aux scテゥnarios thテゥrapeutiques simples
Les rhテゥtoriques pseudomテゥdicales gravitent souvent autour de la dテゥnonciation du rテゥductionnisme
mテゥdical, cherchant la cause directe sans chercher le terrain, utilisant une ツォ allopathie ツサ honnie !
Il est paradoxal de constater qu窶冓nvoquer que toutes les pathologies proviennent d窶冰ne mテェme
cause simple tombe exactement dans le travers qui est dテゥnoncテゥ. On s窶兮perテァoit d窶冰n phテゥnomティne
social qu窶冓l serait intテゥressant de creuser : on flatte la population en lui vantant une dテゥmarche
globale, holistique, personnalisテゥ et non rテゥductionniste, puis on lui fournit une explication
simpliste (ツォ tout est la faute du lait et du lobby du lait ツサ) aussi facilement appropriable qu窶冰n rituel
quelconque. Holistique et multi paramテゥtrテゥ, certes, mais quand mテェme simple テ comprendre.
103
Dans l窶凖ゥmission scientifique de E. Lange ツォ
La tテェte au carrテゥ
ツサ sur France Inter, le 11 septembre 2007, nous
entendテョmes dans l窶凖ゥmission Homテゥopathie l窶冑omテゥopathe J. Boulet dテゥclarer : ツォ
On ne doit pas dire allopathie mais
"antipathie" car on vend des anti-coagulants, des anti-machins et des anti-trucs.
ツサ (sic).
99
Facette Z :
Gare aux archテゥothテゥrapies, aux faux souvenirs et テ la quテェte de sens
C窶册st une facette qui est pragmatique. Nous l窶兮vons dit, la mテゥdecine scientifique explique et
dテゥcrit, mais ne trouve pas de
raisons
autres que fonctionnelles ou comportementales aux
pathologies.
Cette recherche de sens prend pour prテゥmisse qu窶冓l y a forcテゥment une cause, psychologisante ou
thテゥiste テ la maladie comme chez les premiers chrテゥtiens. Cela ne va pas de soi, mais semble
logique aprティs quelques exemples ciblテゥs comme les pathologies liテゥes au stress ou au manque de
sommeil, qui proviennent d窶冰n mal テェtre qui relティve du ツォ sens ツサ de l窶册xistence. Ajoutons テ cela les
conseils relevant de l窶冑ygiティne, qui prennent une forme souvent moralisante chez le mテゥdecin.
Exemple : votre tension artテゥrielle est haute, votre cナ砥r bat vite -> devriez arrテェter de fumer ->
fumer n窶册st pas bon -> fumer n窶册st pas bien -> cela cache forcテゥment un mal-テェtre
Il suffit ensuite qu窶冰n psychanalyste de la mouvance de la psychanalyste Klein vienne expliquer
que la succion du pouce et la fumテゥe de cigarette est une consテゥquence des fantasmes de sucer, de
ツォ mordre et de dテゥvorer la verge de son pティre et les seins de sa mティre, et voilテ le patient aussi
dテゥmuni que dテゥpendant de cette interprテゥtation. Les dテゥgテ「ts sont parfois pires lorsque les
thテゥrapeutes se revendiquent de la
mテゥmoire retrouvテゥe
, comme l窶册xplique le magazine de l窶儷NADFI
(Union Nationale des Associations de Dテゥfense de la Famille et de l窶僮ndividu),
Bulles
:
ツォ Pour aider les patients テ retrouver leurs souvenirs, la thテゥrapeute Susan Forward explique
dans son livre
ツォ Betrayal of Innocence ツサ
(trahison de l'innocence) sa mテゥthode lorsqu'elle se
trouve face テ une patiente. Elle leur dit:
" Vous savez, d'aprティs mon expテゥrience beaucoup de gens, qui
ont des problティmes semblables aux vテエtres, ont eu une mauvaise expテゥrience dans leur enfance ; ils ont テゥtテゥ par
exemple molestテゥs ou battus. Peut-テェtre quelque chose de semblable vous est-il arrivテゥ ? ".
D'autres
praticiens proposent d'intervenir directement en disant, par exemple,
ツォ J'ai l'impression, テ vous
entendre, que vous avez テゥtテゥ abusテゥ sexuellement dans votre enfance ツサ.
Les psychothテゥrapeutes Maltz et
Holman, auteurs de
ツォ Incest and Sexuality ツサ
, donneraient le conseil suivant テ leurs collティgues :
ツォ
Lorsque des patientes ne peuvent pas se rappeler leur enfance, ou n'en ont que des souvenirs flous, il faut
toujours considテゥrer l'inceste comme une possibilitテゥ ツサ.
De mテェme, le psychothテゥrapeute Beverly Engel
explique テ ses patients :
ツォ Si vous avez le moindre doute, si vous en avez un souvenir mテェme trティs vague,
alors cela s'est probablement passテゥ ツサ.
Aussi, Bass et Davis confirment la thテゥorie :
ツォ Si vous pensez
que vous avez テゥtテゥ abusテゥe et si votre vie en montre les symptテエmes, c'est que vous l'avez テゥtテゥ ツサ
. ツサ
テ
Suggestibilitテゥ et faux souvenirs : Petit-dテゥjeuner, Bugs Bunny, la grange et la
cuillティre de Wiseman
104
Lire sur ce grave sujet Guテゥrard 2001, disponible ici
http://www.prevensectes.com/psycho2.htm
. Les livres
dテゥlテゥtティres sont Forward S., Buck C.,
Betrayal of Innocence: Incest and Its Devastation
(1988), Engel B.,
The Emotionally
Abused Woman : Overcoming Destructive Patterns and Reclaiming Yourself
, (1992), Bass E., Davis L.,
The Courage to Heal - A
Guide for Women Survivors of Child Sexual Abuse
, (1994) et Maltz W., Holman B.,
Incest and Sexuality: A Guide to
Understanding and Healing
, (1991).
100
Pour illustrer ces risques, la meilleure technique que nous ayons テゥprouvテゥe est celle qui suit,
dテゥcoupテゥe en deux phases.
Phase 1
: les faux souvenirs
Nous recommandons l窶冰tilisation des travaux de Loftus sur le
syndrome des faux souvenirs
et la
mallテゥabilitテゥ de la mテゥmoire pour bien faire toucher du doigt la facilitテゥ de fabrication de la
mテゥmoire, puis de les illustrer. Nous avons pour l窶冓nstant renoncテゥ テ la tentation de tester nous-
mテェmes la crテゥation d窶冰n faux souvenir chez les テゥtudiants ou chez un de leur proche, comme
Loftus le fait elle-mテェme (Loftus, Ketcham, 1998, Loftus 1996), simplement car nous ne savons
pas les conditions テゥthiques que doit remplir un tel exercice pテゥdagogique. Nous usons
gテゥnテゥralement :
-
du procテゥdテゥ de Broch dit ツォ du petit dテゥjeuner ツサ
-
de l窶册xpテゥrience ツォ Bugs Bunny ツサ
-
de la grange
-
de la voiture accidentテゥe
-
de l窶册xpテゥrience de Wiseman
-
Le procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner :
Le procテゥdテゥ ツォ du petit dテゥjeuner ツサ est trティs simple, rapide, et s窶冓nspire d窶冰n fait connu depuis
Bartlett, dont les テゥtudes, datテゥes de 1932, montrティrent que la mテゥmoire est une ツォ reconstruction
imaginative, ou une construction, bテ「tie sur notre attitude devant une masse active et organisテゥe de
rテゥactions passテゥes et d'aventures. ツサ (Bratlett 1995).
Broch l窶冰tilise depuis les dテゥbuts des cours de zテゥtテゥtique en France (figure 24).
Figure 24 : Introduction au procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner, Broch & Charpak
2002, p. 39
Laissant un temps de rテゥflexion aux テゥtudiants, et les encourageant テ faire cet effort, Broch
poursuit :
101
Figure 25 : Illustration d窶冰ne reconstruction de souvenir par le procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner Broch & Charpak
2002
pp. 41-2
窶「
L窶册xpテゥrience de Bugs Bunny
Le remaniement actif du souvenir n窶册st pas seulement visuel. Pickrell et Loftus de l窶儷niversitテゥ de
Washington ont montrテゥ qu窶册nviron un tiers des gens テ qui on a montrテゥ une fausse publicitテゥ
dテゥcrivant une visite テ Disneyland racontent ensuite comment ils ont rencontrテゥ et serrテゥ la main de
Bugs Bunny, disent qu窶冓ls s窶册n souviennent ou affirment que cela leur est bien arrivテゥ. Or il est
impossible que le scテゥnario dテゥcrit par l窶兮nnonce se soit produit puisque Bugs Bunny est un
personnage de dessin animテゥ de la Warner Bros que l窶冩n ne risque pas de croiser dans une
propriテゥtテゥ de Walt Disney (Pickrell & Loftus,
Science Daily
, 2001).
窶「
Le procテゥdテゥ de la grange
Mテゥlange d窶兮utoritテゥ et de suggestibilitテゥ, cette reconstruction de la mテゥmoire rappellera les tests de
contrat didactique de Baruk sur l窶凖「ge du capitaine (Baruk 2002).
Loftus montra テ un テゥchantillon d窶凖ゥtudiants un film dont l窶冰ne des scティnes montrait une voiture
traversant un paysage. Elle demanda テ la moitiテゥ des tテゥmoins d窶册stimer la vitesse du vテゥhicule ツォ au
moment oテケ il dテゥpasse la grange ツサ. Une semaine plus tard, 17% de ces tテゥmoins rapportent avoir
vu une grange dans le film, contre 3% pour le groupe test窶ヲ alors qu窶冓l n窶凉 avait pas de grange
dans le film (Loftus & Pickrell 1995, pp. 720-725)
窶「
Procテゥdテゥ de la voiture accidentテゥe
Reproduite par des テゥtudiants de Nice avec un succティs relatif, cette expテゥrience consista pour Loftus
& Palmer テ montrer des images d窶冰n vテゥhicule accidentテゥ puis テ demander テ des sujets d窶凖ゥvaluer la
vitesse du vテゥhicule lorsqu窶冓l a テゥtテゥ ツォ accrochテゥ ツサ. Elle constata que la vitesse estimテゥe croissait au grテゥ
de la violence du terme employテゥ テ la place ツォ d窶兮ccrochテゥ ツサ (en l窶冩ccurrence
smashed, collided, bumped,
102
contacted
et
hit
), montrant que la formulation d窶冰ne phrase, et le choix d窶冰n mot influent fortement
sur une テゥvaluation pourtant peu complexe (Loftus & Palmer 1974, pp. 585-589)
窶「
La cuillティre de Wiseman & Greening
La dテゥsormais cテゥlティbre テゥtude des sceptiques anglais Wiseman et Greening consiste en ceci : Une
vidテゥo est montrテゥe テ des テゥtudiants. Prテゥtextant des capacitテゥs paranormales, un expテゥrimentateur y
effectue une torsion de cuiller dans le style Geller. Devant le groupe standard, il effectue la
torsion puis dテゥpose simplement la cuiller tordue sur la table et la laisse 60 secondes sous l窶卩妬l de
la camテゥra, tandis que devant le groupe test, il la pose, tandis qu窶冰n commentaire du magicien est
rajoutテゥ テ la bande son et prテゥcise que la cuiller continue テ se tordre. Dans le questionnaire qui
s窶册nsuit, テ la question ツォ la cuiller continue-t-elle テ se tordre sur la table ツサ, si le groupe standard
rテゥpond oui テ 2%, c窶册st テ prティs de 40% que s窶凖ゥlティve le taux de rテゥponses oui dans le groupe test. La
diffテゥrence reposant sur le seul commentaire de suggestion rajoutテゥ テ la vidテゥo, la diffテゥrence de
rテゥsultat est テゥdifiante (Wiseman & Greening 2005)
Remarquons que ces expテゥriences peuvent テェtre utilisテゥes テゥgalement pour discuter spテゥcifiquement
des reconstructions de souvenirs hors champ mテゥdical 窶 par exemple les tテゥmoignages
d窶兮bductions, d窶儖BE (Out of Body Experiences) ou de souvenirs visuels d窶儖VNI (Objet Volant
Non Identifiテゥ)
窶 mais aussi des arguments d窶兮utoritテゥs (voir 4.3.2
Arguments d窶兮utoritテゥ
).
Phase 2
: pour montrer les risques thテゥrapeutiques, nous utilisons en cours un document tirテゥ de
l窶凖ゥmission de Canal +
90 minutes
, ツォ les charlatans de l窶冓nconscient ツサ
journaliste passant pour patiente chez un thテゥrapeute et munie d窶冰ne camテゥra cachテゥe, constate
qu窶兮u bout d窶冰ne poignテゥe de minutes le thテゥrapeute tente de faire renaテョtre en elle des faux
souvenirs d窶兮bus sexuels incestueux.
Certes, la tentation est grande d窶兮ller chercher ainsi quel pourrait テェtre le sens de chacune des
pathologies que nous vivons. Ce procテゥdテゥ assure une ツォ accroche ツサ du thテゥrapeute sur son patient :
s窶冓l parvient テ faire naテョtre ce besoin de sens chez un malade 窶 ce qui n窶册st pas difficile, et qu窶冓l se
pose en exテゥgティte, en dテゥcrypteur des signes de ce sens, la dテゥpendance est faite, et la dテゥrive sectaire
n窶册st pas loin. Nous parlons テ ce propos d窶兮rchテゥothテゥrapies, et nous encourageons テ retenir cette
phrase :
ツォ
Tout ce qui fait sens テ la maladie raccourcit les chemins qui mティnent テ la servitude
. ツサ
105
Cette expテゥrience et bien d窶兮utres sont narrテゥes dans Loftus E.,
Leading Questions and the Eyewitness Report,
Cognitive
Psychology, 1975, disponible ici :
http://www.indiana.edu/~educy520/readings/loftus75.pdf
106
Le travail de Wiseman & Greening, 窶露t窶冱 still bending窶 (窶ヲ) est disponible ici :
http://www.psy.herts.ac.uk/wiseman/papers/BJP-key.pdf
107
Pour une introduction テ cette question, lire par exemple Lecomte 1991, pp. 110-111. Disponible テゥgalement dans
Quebec Sceptique
, Nツー22, juin 1992, p. 30. Ici :
http://www.sceptiques.qc.ca/ressources/revue/articles/qs22p30
108
Les charlatans de l窶冓nconscient
, 5 janvier 2004, Canal+. Attention, ce document souffre par ailleurs de nombreux
aspects criticables. Nous en avons extrait cette scティne en camテゥra cachテゥe.
109
Hommage テ Albert Camus, qui aurait テゥcrit ツォ
Tout ce qui dテゥgrade la culture raccourcit les chemins qui mティnent テ la servitude
ツサ,
vraisemblablement dans la revue
Caliban
.
103
2.4.4
Exclusivitテゥ de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ
L窶冓rrテゥfutabilitテゥ des pseudosciences fut le premier critティre (non suffisant) de dテゥmarcation science /
pseudoscience : toute thテゥorie scientifique doit テェtre en mesure d窶凖ェtre potentiellement rテゥfutテゥe. Ce
critティre de rテゥfutabilitテゥ テゥternellement associテゥ テ Popper a dテゥjテ テゥtテゥ introduit (voir 1.1.2,
Cadre
テゥpistテゥmologique
). Bien que soulevant un certain nombre de problティmes テゥpistテゥmologiques, (Voir 1.2.4,
note 46), il se rテゥvティle utile dans un grand nombre de confrontations avec les pseudosciences
(Popper 1990a, pp. 8-11). Il permet entre autres d窶凖ゥviter le Biais de Confirmation d窶僣ypothティse
(BCH), travers psycho-cognitif qui fait que tout individu cherche activement et accorde un poids
plus grand aux preuves qui confirment ses hypothティses, et par consテゥquent est capable d窶冩cculter
les contre-exemples qui contredisent sa thテゥorie.. Il permet aussi d窶凖ゥtayer テゥpistテゥmologiquement
notre refus d窶兮nalyse les actes de foi, puisque une assertion du type ツォ Dieu a crテゥe l窶冰nivers ツサ n窶册st
pas rテゥfutable (1990b, pp. 104-110). Broch l窶册ntendait ainsi avec sa facette Z :
une hypothティse est
testable, rテゥfutable
La nテゥcessitテゥ d窶冰n tel tri science rテゥfutable / scテゥnario irrテゥfutable a dテゥjテ テゥtテゥ montrテゥ
au moyen de la thテゥiティre de Russell et du culte de la
Licorne Invisible
. Il devient alors possible de
distinguer assez efficacement entre les ツォ champs de croyance ツサ des ツォ champs de recherche ツサ en
regardant lesquels peuvent se soumettre テ une scrutation scientifique sテゥrieuse.
テ
Un scテゥnario n窶册st pas une preuve et l窶兮lternative est fテゥconde
Facette Z :
Un scテゥnario n窶册st pas une thテゥorie
Facette Z :
L窶兮lternative est fテゥconde
Bien que tout テ fait reprテゥsentatif, nous utilisons le dessin suivant (figure 26) seulement avec un
public trティs averti, et non avec de jeunes テゥtudiants. Il s窶兮git simplement de ne pas faire dテゥriver le
propos trop vite vers la religion.
104
Figure 26 : Reprテゥsentation des schテゥmas de raisonnement Science/Foi.
2.4.5
Stagnation de la thテゥorie et enfermement dogmatique
Un autre critティre, et peut テェtre le plus important, mais テ retardement est celui de la stagnation de la
thテゥorie : une pseudoscience se distingue d窶冰ne science par le fait qu窶册lle a tendance テ rester
immuable dans le temps, ses dテゥfenseurs ne fournissant pas d窶凖ゥvolution et se drapant dans un
traditionalisme (voir 4.3.3
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ
窶 テゥloge de l窶兮nciennetテゥ
) dテゥfテゥrent vis-テ-vis du ou des
fondateurs. Pis, elle prテゥsente une absence de correction interne (
lack of self correction
) : un signe de
pseudoscience est la non prise en compte des contradictions ou des faits allant son encontre, テ
l窶冓mage de la rテゥsistance intellectuelle aux idテゥes contraires chez un individu.
Thagard (
ouv.citテゥ,
pp. 227-8) parle de
lack of progress
, ou Absence de progrティs.
ツォ We can now propose the following principle of demarcation: A theory or discipline which
purports to be scientific is pseudoscientific if and only if: it has been less progressive than
alternative theories over a long period of time, and faces many unsolved problems; but the
community of practitioners makes little attempt to develop the theory towards solutions of
the problems, shows no concern for attempts to evaluate the theory in relation to others,
and is selective in considering confirmations and disconfirmations.ツサ
Ce critティre de stagnation est plus puissant que le 6
ティme
celui de la
Chute du
110
Voir aussi Hines,
Pseudoscience and the Paranormal: A Critical Examination of the Evidence
(1988).
111
Certaines de ces critiques justifiテゥes se retrouvent chez des auteurs proponants comme Bauer (2002).
105
taux de supporteurs
qui disait
en substance
:
ツォ
Ratio of supporters to critics rises up to somewhere near 50%
and then falls gradually to oblivion
ツサ (le taux supporteurs / critiques grimpe aux environs de 50 %
pour redescendre graduellement jusqu窶凖 l窶冩ubli) (Langmuir,
ouv.citテゥ
)
.
Empruntant テ la mテゥtaphore
de l窶凖ゥpidテゥmie avec une croissance rapide puis une dテゥcroissance un peu plus lente, cette
mテゥtaphore est limitテゥe 窶 ne serait-ce que parce que certaines テゥpidテゥmies sont rテゥsurgentes par
intervalles. Prテゥcisons que le traitement mテゥdiatique テ outrance des thテゥories pseudoscientifiques
orchestre en grande partie ces pics dans les taux de supporteurs, et qu窶冰ne simple テゥmission de
tテゥlテゥvision peut crテゥer un pic d窶兮dhテゥsion populaire テ des faits relevant par exemple de la sphティre
窶湾aranormal窶 (exemple du chテ「teau de Veauce et de l窶凖ゥmission
Mystティre
qui lui fut consacrテゥ, du film
Da Vinci Code, le reportage de Fitzke
La terre est une planティte en expansion
sur ARTE, etc.).
Le problティme de la
stagnation
comme critティre de dテゥmarcation est qu窶冓l est exploitable seulement
pour de vieilles disciplines. Son テゥvaluation pour de nouvelles pseudosciences comme la
psychogテゥnテゥalogie de A. A. Schテシtzenberger, par exemple, sera rテゥservテゥe au public du futur.
Bunge insiste テゥgalement sur le caractティre cosmテゥtique des remaniements de thテゥories dans les
pseudosciences. Les vieilles pseudosciences se remaquillent et font peau neuve souvent en
changeant de nom ou en se ツォ mテゥtissant ツサ :
ツォ (窶ヲ) les pseudosciences n窶凖ゥvoluent pas, ou, si elles le font, elles ne changent pas comme
suite テ une recherche. Elles sont isolテゥes des autres disciplines, mテェme si parfois elles se
mテゥtissent avec d窶兮utres fausses sciences, comme le montre l窶兮strologie psychanalytique. Et
loin d窶兮ccepter la critique, elles tentent de geler les croyances (Bunge 2006 ; 2007)
.
Les exemples sont nombreux, de l窶兮strologie humaniste テ la psychanalyse tantrique, de la
kinテゥsiologie テ la synesthテゥsie. Le recyclage de grands ツォ classiques ツサ peu connus du grand public est
une pratique courante, comme la marche sur le feu ou l窶册ffet Kirlian, par exemple, sont repris l窶冰n
par le
coaching
d窶册ntreprise, l窶兮utre par la kinテゥsiologie et la thテゥorie des enfants Indigo.
Autre exemple de stagnation relevant de l窶册nfermement dogmatique, celui de la psychanalyse,
dont les fondements restent rテゥsolument freudiens, sans que les rテゥsultats rテゥcents puissent y
changer quoi que ce soit. Comme l窶凖ゥcrit Van Rillテヲr (1980):
ツォ Si le langage a テゥvoluテゥ, les idテゥes et les thテゥories sont sagement demeurテゥes fidティles au maテョtre,
et ce, malgrテゥ les dテゥcouvertes et les progrティs de l窶册xploration et de la comprテゥhension des
rテゥalitテゥs psychologiques, biologiques, neurologiques ツサ.
Bauer, 窶榔athological Science窶 is not Scientific Misconduct (nor is it pathological). Voir aussi Bauer (1984),
Beyond
Velikovsky: The History of a Public Controversy
, pp. 145-146.
106
Figure 27 : Parfums de Bach, une nouveautテゥ 2007. On relティvera l窶册ffet Vitrine (voir 4.3.2.15).
Il arrive mテェme que cette stagnation soit un argument d窶兮uthenticitテゥ. On retrouve une telle
stratテゥgie dans les テゥlixirs floraux de Bach (EFB), par exemple (figure 27). Il y a un fort attachement
(ainsi qu窶冰n enjeu テゥconomique manifeste) テ revendiquer la mテゥthode traditionnelle du Dr Bach
dans la fabrication des テゥlixirs floraux テゥponymes. C窶册st d窶兮utant plus simple qu窶册lle est restテゥe figテゥe
en l窶凖ゥtat depuis son dテゥcティs en 1938. Les seules テゥvolutions apportテゥes テ la pseudo-thテゥorie ne sont
pas qualitatives mais quantitatives : sont dテゥsormais crテゥes des テゥlixirs de plantes qui n窶兮ppartiennent
pas aux 38 de base
. Seule innovation : la crテゥation de parfums.
L窶兮ttachement テ une tradition (peu longue dans les EFB) contient テゥgalement un autre aspect
intテゥressant :
trouver une justification テ l窶凖ゥchec dans le non respect de cette tradition.
ツォ La fabrication d窶凖ゥlixir agglomティre pratiquement toutes les pratiques et le lexique des
tenants du Nouvel テHe : d'aucuns prテゥtendent qu'il est nテゥcessaire de se recueillir et
demander la permission de la Nature ; d'autres enjoignent テ se munir d'un pendule, ou de
faire des danses mystiques. Certains encore proposent de partir avec un livre de photos des
plantes, de s'imprテゥgner de leur image, puis de fermer le livre et de ramasser celles qui vous
conviennent le mieux, qui ont la plus grande aura. Au final, les plus scrupuleux arguent du
fait qu'il faut se laver soigneusement, mettre des vテェtements propres, et s'efforcer
d'entretenir les pensテゥes les plus pures possibles. En bref, la litanie des choses テ faire pour
obtenir un テゥlixir fonctionnel de la plus pure tradition comporte un tel nombre de
possibilitテゥs d窶册rreur que rテゥussir テ en rテゥaliser dans les rティgles de l窶兮rt puis テ le prendre dans les
conditions adテゥquates relティve du miracle, comme dirait Hume, et permet テ la pseudo-thテゥorie
de justifier a priori de son テゥchec potentiel. ツサ (Monvoisin 2006b).
112
Pour en savoir plus, lire Monvoisin
, テ瑛ixirs floraux de Bach, quintessence d窶冰ne illusion,
Observatoire Zテゥtテゥtique,
Laboratoire Zテゥtテゥtique, disponible sur :
http://www.observatoire-zetetique.org/divers/Bach_ElixirsFloraux.pdf
107
Figure 28 : Prospectus de soin, prテゥlevテゥ dans une boutique テゥsotテゥrique grenobloise le 9 nov. 2006.
ツォ
La Mテゥtakinテゥbiologie : aprティs recherche, en voici la dテゥfinition : ツォ Avant tout une mテゥthode
テゥducative qui donne accティs avec une extrテェme rapiditテゥ aux mテゥmoires conscientes, subconscientes,
inconscientes, cellulaires et holographiques du corps grテ「ce テ un test neuromusculaire de
prテゥcision
ツサ. Il s窶兮git d窶冰ne des nombreuses variantes de la Kinテゥsiologie appliquテゥe, pratique pseudomテゥdicale trティs
ramifiテゥe
(Projet K, テゥtudiants Pharmacie, 2007, テ paraテョtre)
ツサ
Ce cramponnement aux textes originels et aux fondements (figure 28) se retourne dans la culture
populaire en argument autoritaire fort, au sens oテケ ce qui est traditionnel, qui plus est ancien, est
forcテゥment meilleur puisque gage d窶冰ne survie dans le temps et tテゥmoin de la sagesse ancestrale
(voir 4.3.3
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ
窶 テゥloge de l窶兮nciennetテゥ
). Toute critique en devient une attaque non
contre l窶冓nefficacitテゥ d窶冰ne thテゥrapie, mais contre toute la sagesse indienne ou chinoise, en une
rhテゥtorique caricaturale type
Homme de paille
(
Straw man
2.4.6
Analyse non globale
Il s窶兮git lテ de la pierre d窶兮choppement principale des pseudosciences : le tri des donnテゥes, des
situations ou des informations, pour quelque raison que ce soit.
Le meilleur conseil que l窶冩n puisse donner est de commencer, comme le disait Gauch,
113
Homme de paille ou
strawman
, technique rhテゥtorique dilatoire consistant テ prテゥsenter la position de son adversaire
de faテァon volontairement erronテゥe, tronquテゥe, affaiblie ou caricaturale : rテゥfuter ensuite cette position (plus faible) fait
croire que c窶册st la position elle-mテェme de l窶兮dversaire qui a テゥtテゥ rテゥfutテゥe.
108
ツォ par la reproductibilitテゥ des rテゥsultats et la vテゥrification intersubjective des hypothティses
avancテゥes, moyennant un テゥvitement des biais mテゥthodologiques connus, comme le tri
statistique des donnテゥes ou les テゥtudes sans double aveugle ツサ (2003, 3,5).
C窶册st une nテゥcessitテゥ pour テゥtablir une connaissance ayant une portテゥe extra-subjective. Mais c窶册st un
exercice difficile, qui peut テェtre corrompu de nombreuses maniティres :
-
volontairement, comme le lissage des donnテゥes lors des TP 窶 nous donnons en classe
l窶册xemple de la loi d窶儖hm, du programme de seconde : qui n窶兮 pas, malgrテゥ des mesures テ
l窶冩scilloscope un peu ツォ oscillantes ツサ, lテゥgティrement jouテゥ de la gomme sur ses donnテゥes pour
obtenir la droite que le professeur attend sur papier millimテゥtrテゥ ?
-
volontairement, comme lorsqu窶冰n chercheur a une idテゥe trop prテゥcise de ce qu窶冓l va/veut
trouver (pensons テ Mendel et ses pois, ou テ Faraday et ses expテゥriences) ;
-
volontairement lorsque, pour テェtre publiテゥ, il faut fournir des rテゥsultats bouleversants. Lisser
les courbes ou escamoter les cas rテゥtifs devient alors presque forcテゥ.
-
ou involontairement, comme certains biais de confirmation, certaines illusions statistiques,
certaines validations subjectives, ou lorsque l窶冩n prテェte crテゥdit au flot de tテゥmoignages.
Comme nous le voyons, la frontiティre est tテゥnue entre l窶兮ccomodation, l窶冓llusion et la fraude. Partant
du principe qu窶冓l vaut mieux prテゥvenir que guテゥrir, nous introduisons la notion de faisceau de
preuve.
Nous introduirons au chapitre 4.3.4 le sophisme dit du ツォ faisceau de preuve ツサ en expliquant
qu窶冰ne preuve ne se solde pas, et que l窶兮ccumulation de preuves de qualitテゥ mテゥdiocre n窶兮 jamais
contribuテゥ テ la construction d窶冰ne connaissance scientifique sテゥrieuse, que ce soit un amas de faits
non homogティnes, de tテゥmoignages hテゥtテゥroclites ou des mテゥta-analyses statistiques d窶凖ゥtudes aux
conditions non semblables.
2.4.7
L窶冑abit du moine
ツォ Une pseudoscience [le plus souvent, mais pas toujours] prテゥtend テェtre scientifique, et [...]
prテゥtend relier ses assertions テ la science vテゥritable, en particulier aux dテゥcouvertes
scientifiques d窶兮vant-garde. De cette faテァon, les pseudosciences tentent de revテェtir le manteau
des sciences vテゥritables dans le but テゥvident de s窶兮ttirer une partie du respect テゥpistテゥmique que
le grand public [...] accorde gテゥnテゥralement テ la science ツサ (Sokal,
ouv.citテゥ
, p. 44).
Il y a une sorte de paradoxe dans le rapport entre les pseudosciences et la science. Lorsque la
science critique ou invalide les fondements du champ considテゥrテゥ, ses praticiens rejetteront la
dテゥmarche scientifique, la science, les scientifiques et utiliseront des rhテゥtoriques de repoussoir. Par
contre, si d窶兮venture la science peut offrir quoi que ce soit pouvant テェtre ツォ recyclテゥ ツサ par la
pseudoscience, l窶兮bsorption se fait rapidement. Broch a coutume d窶兮ppeler ce faux paradoxe
l窶册ffet bi-standard (voir
Annexe 窶 Fiche pテゥdagogique Les psychomテゥdecines, encart E
). Faux paradoxe car il
s窶兮git en fait d窶冰ne stratテゥgie plus ou moins consciente de tri des situations pragmatique : tout ce
114
C窶册st l窶冩ccasion de montrer la signature statistique d窶冰ne fraude naテッve : les テゥcarts テ la moyenne suivant une courbe
de Gauss, un recentrage sur une droite idテゥale laissera des marques (un resserrement) sur la gaussienne. Pis, si les
scrupules sont trop grands, la valeur moyenne sur la droite テゥtant テゥvitテゥe, on repティre un ツォ trou ツサ dans cette gaussienne
exactement sur la valeur moyenne. Le mimer sur la loi d窶儖hm est trティs simple et fait rire (jaune) les テゥtudiants. Il suffit
de leur montrer ensuite que les expテゥriences de Davenas sur la ツォ mテゥmoire ツサ de l窶册au ont exactement ces mテェmes
stigmates, et la conviction de fraude l窶册mporte.
109
qui en science peut servir le propos est utilisテゥ, tout ce qui le dessert est テゥvacuテゥ.
Dans la longue sテゥrie des ツォ objets ツサ de la science qui sont recyclテゥs, il y a :
-
les termes empruntテゥs テ divers champs disciplinaires (voir 4.2
Ips de type 1
).
-
Le vernis mathテゥmatique, comme l窶兮bus des chiffres l窶冰tilisation de graphiques
complexes en astrologie par exemple.
-
La notion de publication, fort malmenテゥe : lテ oテケ dans une science bien menテゥe, la
nouvelle connaissance est soumise aux pairs avant d窶凖ェtre validテゥe pour publication, la
publication pour beaucoup d窶兮cteurs des champs pseudoscientifiques se rテゥvティle n窶凖ェtre
qu窶冰ne publication simple, allant de l窶兮rticle de presse ou la simple lettre jusqu窶凖 la
publication dans des revues crテゥテゥes de toute piティce pour cela.
Nous sommes pratiquement dans l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ (voir 4.3.2.,
Les arguments d窶兮utoritテゥ
).
窶「
Outils Z
Concernant les termes employテゥs, le meilleur moyen est d窶册ncourager les テゥtudiants テ vテゥrifier la
dテゥfinition exacte sur le plan scientifique du lexique consacrテゥ. Nous nous appesantirons sur ce
point dans 4 Ips de type 1). Relativement テ l窶兮bus des chiffres, nous dテゥveloppons un cours
spテゥcifique aux tris de donnテゥes (comme le sophisme du Procureur, voir Annexe 窶
fiche pテゥdagogique
Nツー8 Le sophisme du Procureur
).
Quant aux prテゥtendues capacitテゥs
para-normales
, (qu窶册lles soient la psychokinティse ou la dテゥmonstration
d窶冰ne ツォ mテゥmoire ツサ de l窶册au), le meilleur outil sur ce sujet est la vテゥrification des informations et le
don aux テゥtudiants du goテサt d窶兮ller voir au-delテ des prテゥtentions et des faits allテゥguテゥs.
Ils s窶兮percevront certainement que le terme
publication
est un effet paillasson 窶 c窶册st-テ-dire qu窶冓l
possティde deux sens bien diffテゥrents et allティgrement confondus : sens 1 de publication dans une
revue scientifique テ comitテゥ de lecture, sens 2 de publication dans n窶冓mporte quel support テゥcrit.
Nous abordons ce point en dans le paragraphe 4.2.3 ツォ argument du
lu dans la presse
ツサ.
2.4.8
Motivations relevant de l窶兮cte de foi 窶 posture philosophique
spiritualiste sous-jacente
Nous avions tentテゥ une テゥbauche de taxinomie de toutes les postures philosophiques et
テゥpistテゥmologiques non matテゥrialistes qui sous-tendent les discours pseudoscientifiques. Aprティs
l窶兮voir maniテゥ et remaniテゥ, nous pensons que cette grosse partie est encore mal dテゥgrossie. Nous
espテゥrons effectuer correctement ce travail ultテゥrieurement.
2.5
Cheminement classique de la naissance d窶冰ne pseudoscience
Si la naissance et l窶凖ゥvolution des pseudosciences ne suivent pas toutes exactement le mテェme
chemin, nous avons repテゥrテゥ quelques rテゥgularitテゥs que nous retraテァons sommairement.
Etape O : un
a priori
: Acte de foi
110
Idテゥe
a priori
de ce qu窶冩n veut trouver, ou acte de foi qu窶冩n veut テゥtayer. Il y a toujours une posture
philosophique sous-jacente テ l窶凖ゥlaboration d窶冰ne pseudo-thテゥorie
Etape 1 : une amorce qui permet la catalyse
Une corrテゥlation prise comme causalitテゥ, une coテッncidence, une intuition forte corroborテゥe une fois,
un artefact de nos sens montテゥ en sauce : la thテゥorie peut s窶凖ゥbaucher.
Etape 2 : un tri des donnテゥes ou biais de confirmation
(qui n窶册st pas toujours le fait du pseudoscientifique : cela peut テェtre l窶卩砥vre des mテゥdias) Seuls les
faits / les tテゥmoignages corroborant l窶冓dテゥe initiale sont recensテゥs, crテゥant l窶冓llusion d窶冰n
amoncellement de preuves.
Etape 3 : un petit coup de Pangloss 窶 raisonnement テ rebours, effet bipティde
On clame qu窶冰n tel arrangement de faits, qu窶冰ne telle sテゥrie de (semi-)preuves ne peuvent テェtre
expliquテゥs actuellement autrement que par l窶冓dテゥe
a priori
qu窶冩n souhaitait dテゥmontrer (voir 4.3.6.10-
15
Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou
c窶册st テゥtudiテゥ pour). Remarque : l窶册ffet
Cerceau
n窶册st pas loin
(voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
).
Etape 4 : un repoussoir
Devant les critiques des scientifiques, la dissonance cognitive ne se rテゥsout qu窶册n repoussant les
scientifiques 窶 et la dテゥmarche qui va avec. La science et ses suppテエts sont vite diabolisテゥs.
Etape 5 : une entitテゥ 窶 on crテゥe l窶册ntitテゥ (ou l窶冑ypothティse
ad hoc
) nテゥcessaire pour colmater
les brティches
Esprits, anges, テゥnergies, fluides 窶 versions plus ou moins laテッques du Dieu des trous 窶 viennent
combler les lacunes de la pseudo-thテゥorie.
Etape 6 : une chapelle
Par rテゥaction テ l窶冓solement, se crテゥe de bric et de broc une chapelle spテゥcifique de recherche, avec
ses concepts, ses figures, son histoire rebricolテゥe, et son jargon qui emprunte parfois テ l窶兮cte de foi
de dテゥpart. Remarque : le complot de l窶册xtテゥrieur n窶册st pas loin
Ce dテゥcoupage en 6 テゥtapes +1
permet de soulever 6 questions d窶册nquテェte pertinentes sur le
domaine considテゥrテゥ.
-
Question 1 : quel est le germe de dテゥpart de la (pseudo)thテゥorie ?
-
Question 2 : comment les faits / les tテゥmoignages ont-ils テゥtテゥ collectテゥs ?
-
Question 3 : y avait-il d窶兮utres interprテゥtations possibles de ces collections de faits ?
-
Question 4 : y a-t-il un moment oテケ la rテゥfutation des critiques est devenue non rationnelle ?
-
Question 5 : les nouvelles entitテゥs invoquテゥes sont-elles nテゥcessaires ?
-
Question 6 : quelles sont les trames argumentatives et les signes de la communautテゥ
d窶兮dhテゥrents テ cette (pseudo)thテゥorie ?
-
Question 0 : y avait-il un acte de foi prテゥalable ?
115
Il y en a aussi certainement chez un bon nombre de scientifiques, mais lテ n窶册st pas notre propos.
116
Et non sept, pour une raison de coquetterie : ne pas tomber dans la scテゥnarisation ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ, voir
4.4.3.10
Le Carpaccio ツォ 7 travaux d窶僣ercule
111
3
Pseudosciences et mテゥdias
Mais certainement, on peut penser sans rien se reprテゥsenter. La pensテゥe n窶兮 absolument rien テ voir avec les
reprテゥsentations. Elle ne se rテゥalise pas en images, mais en concepts et en formules. C窶册st exactement lテ oテケ
les images prennent fin que commence la philosophie. C窶册st lテ-dessus que nous avons si souvent discutテゥ
テゥtant jeunes gens. Pour toi, le monde consistait en images, pour moi en concepts. Je te disais toujours que
tu n窶凖ゥtais bon テ rien comme penseur, et j窶兮joutais que ce n窶凖ゥtait pas une tare, puisque tu テゥtais par contre
souverain dans le monde des images. Attention ! Je vais t窶册xpliquer cela. Si, au lieu de courir le monde
comme tu le fis alors, tu テゥtais devenu un intellectuel, tu aurais pu faire du mal ; tu aurais テゥtテゥ en effet un
mystique. Les mystiques, pour m窶册xprimer briティvement et un peu grossiティrement, sont des penseurs qui ne
peuvent pas se libテゥrer des reprテゥsentations, en somme, qui ne sont pas des penseurs. Ce sont des artistes
manquテゥs : des poティtes sans vers, des peintres sans pinceaux, des musiciens sans sons. Il eut pu en テェtre ainsi
de toi. Au lieu de cela, tu es, Dieu merci, devenu un artiste et tu t窶册s soumis au monde d窶冓mages oテケ tu peux
テェtre un crテゥateur et un maテョtre au lieu de rester comme penseur, empテェtrテゥ dans la mテゥdiocritテゥ.
Narcisse テ Goldmund,
Hermann Hesse
, Narcisse et Goldmund p. 225
Nous entreprenons, dans ce chapitre et le suivant, la partie vテゥritablement technique de notre
outillage critique. Nous avons voulu montrer qu窶冓l est possible d窶凖ゥbaucher une didactique
zテゥtテゥtique テ partir du matテゥriau le plus commun qui soit, la revue scientifique grand public,
l窶凖ゥmission TV, etc. Elle suit la structure que nous utilisons dans nos cours consacrテゥs aux mテゥdias,
et テ la question des incrustations pseudoscientifiques qui les constellent. Nous avons procテゥdテゥ de
faテァon テ ce que ce chapitre 3 puisse fournir la trame introductive テ tout enseignant souhaitant
initier des テゥtudiants テ la sarabande mテゥdias & pseudosciences. Broch (1989,
ouv.citテゥ
) テゥcrivait il y a
une vingtaine d窶兮nnテゥes le constat suivant :
ツォ Le but de l窶凖ゥducation au sens large doit [...] テェtre de former des personnes aptes テ la
rテゥflexion, rテゥceptives aux nouvelles idテゥes et capables d窶兮voir une attitude ツォ sceptique ツサ. Nous
ne devons pas nous borner テ la transmission nテゥcessairement finie d窶冰ne matiティre d窶冰n sujet
ou d窶冰ne discipline. La relation ツォ informateurs-informテゥs ツサ, enseignants-enseignテゥs, ne prend
sa pleine signification que si elle stimule un processus dynamique de recherche
d窶冓nformations ツサ.
Chapitre
3
112
Vナ砥 pieux. Notre inquiテゥtude est situテゥe bien en-deテァテ : avant mテェme d窶册nvisager un processus
dynamique de recherche d窶冓nformations, encore faut-il s窶兮ssurer que la transmission de la
ツォ matiティre premiティre ツサ est bien assurテゥe.
3.1
Mテゥdias reflets, mais aussi gテゥnテゥrateurs de misconceptions
Lorsque nous avons entrepris ce travail, nous pensions dテゥcouvrir que les mテゥdias n窶凖ゥtaient qu窶冰n
reflet des adhテゥsions pseudoscientifiques et paranormales : le pテゥtrissage sensationnaliste de
l窶冓nformation scientifique nous semblait テェtre une caractテゥristique simplement publicitaire, apテゥritive,
juste nテゥcessaire pour mettre en bouche le client potentiel et l窶册ncourager テ consommer cette
information 窶 en vertu de cette fameuse ツォ soif ツサ d窶冓rrationnel, cette aviditテゥ prテゥsentテゥe comme
non rテゥductible et quasi-instinctive chez l窶冑umain.
Nous avons progressivement constatテゥ que le problティme se rテゥvティle plus complexe que cela : nous
sommes dテゥsormais amenテゥs テ penser que les mテゥdias utilisent les misconceptions
pseudoscientifiques et paranormales
qu窶冓ls ont eux-mテェmes
avivテゥes, soit en leur offrant tribune, soit
en les crテゥant de toute piティce pour attirer le chaland. Sans aller jusqu窶凖 dire que la VS est
responsable de toutes les misconceptions en science, la transposition mテゥdiatique de la
connaissance scientifique est une manufacture qui appテ「te avec de la pseudoscience, et crテゥe une
partie non nテゥgligeable de cette pseudoscience. Il ne s窶兮git pas que d窶冰n problティme de forme.
Prenons un exemple :
(a)
(b)
Figure 29 : Mise en scティne du phテゥnomティne OVNI dans Science & Vie
(a) apテゥritive (S&V Nツー873, Juin 1990) ;
(b) crテゥation du scoop + accentuation par l窶冓mage (S&V Nツー976, janvier 1999)
Lorsque
Science &Vie
Nツー873 (figures 29 a & b) titre ツォ
un ツォ Ovni ツサ dテゥmasquテゥ
ツサ en prテゥsentant un
chasseur テ rテゥaction F-117, le lecteur est certes un peu dテゥテァu, puisque le produit de l窶兮rticle n窶册st
pas le produit annoncテゥ (voir 4.4.3.13
Technique de la Peau de chagrin
, et Annexe 窶
fiche pテゥdagogique
Nツー19
). Il s窶兮git d窶冰ne simple mise en scティne apテゥritive de l窶冓nformation. Aussi dテゥsagrテゥable que ce
113
soit, cela ne porte pas テ consテゥquence.
Quand, par contre, le mテェme
Science &Vie
Nツー976 scテゥnarise l窶冓nformation ツォ
OVNIS, pourquoi la
science s窶凉 intテゥresse enfin
ツサ, avec une couverture de science-fiction, il y a trois idテゥes qui filtrent de la
seule couverture :
-
que les OVNIS sont des soucoupes volantes comme sur l窶冓mage ;
-
que la ツォ science ツサ (acception non prテゥcisテゥe, voir 1.2.
Cadre テゥpistテゥmologique
) dテゥdaignait les
OVNIS/par consテゥquent les soucoupes volantes/par consテゥquent les Extra-
terrestres (voir 4.3.6.,
Les causalitテゥs douteuses
) ;
-
que tout le monde, テ la traテョne de Science &Vie, avait saisi l窶冓ntテゥrテェt du sujet depuis
longtemps.
La couverture de la revue, prテゥcisons-le, est souvent reproduite sur les prテゥsentoirs, et est bien plus
lue ou percue que l窶兮rticle affテゥrent. Ici, en une seule maquette de prテゥsentation sera fait l窶兮malgame
classique Phテゥnomティnes Aテゥriens Non Expliquテゥs/Soucoupes/ET, et prテゥsenter la science comme
une institution fermテゥe et rテゥtive, en tout cas en butte テ l窶卍ォ Opinion Publique ツサ 窶拝ui elle, savait
depuis longtemps, par intuition plus que par vテゥritable connaissance du sujet. Fabrication de
pseudoscience, troc de la connaissance par l窶冓ntuition,
Argumentum ad populum
et raisonnement
panglossien (ツォ le peuple le savait 窶 le peuple l窶兮vait bien compris ツサ 窶 on notera au passage l窶册ffet
bi-standard
potentiel, permettant, en cas de non dテゥcouverte, de s窶兮bstenir de dire que le peuple
s窶册st bien trompテゥ) (voir 4.3.6.10
Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou
c窶册st テゥtudiテゥ pour)
Au passage, ce travail de sape テゥpistテゥmologique est doublテゥ d窶冰ne incompテゥtence journalistique :
dans sa propre revue,
S&V
, nous avons retrouvテゥ eu entre 1951 et 2004 au minimum 88 articles
portant sur la question, avec une kyrielle d窶冓nvitテゥs scientifiques pour en parler 窶 le premier en
date datant d窶兮vril 1951
la science s窶凉 intテゥresse enfin
est une caricature. En faire un
scoop frise la dテゥsinformation. テ la dテゥcharge des journalistes eux-mテェmes, indiquons toutefois que
maquette de couverture et article ne sont pas faits par les mテェmes individus. C窶册st un hiatus entre
les deux professions qui crテゥe, dans le cas prテゥsent, la misconception.
3.2
L窶兮ccティs テ l窶冓nformation scientifique : premiティres inquiテゥtudes
Il n窶凉 a aucune raison pour que lors d窶冰n choix d窶册fficacitテゥ テ faire, un individu en pleine
possession de ses moyens intellectuels ne choisisse pas les solutions scientifiques dテゥcrites comme
les plus adaptテゥes ou les plus efficaces du moment. S窶冓l ne le fait pas, c窶册st soit parce qu窶冓l n窶兮 pas
accティs テ l窶冓nformation ou parce que cet accティs est compromis ou dテゥvoyテゥ (1), soit parce qu窶冓l rejette
l窶冓nformation scientifique qu窶冩n lui donne (2), soit parce que l窶冓nformation scientifique qu窶冓l reテァoit
est biaisテゥe (3).
Nous ne pouvons テゥvidemment pas nous consacrer au point (1) et テ toutes les raisons qui font
qu窶冰n individu peut avoir du mal テ accテゥder テ l窶冓nformation en gテゥnテゥral, テ l窶冓nformation scientifique
en particulier. Contentons-nous de dire qu窶冰n certain nombre de blocages ツォ de classe ツサ ont テゥtテゥ
dテゥcrits en sociologie, qui font que des individus seront parfois complexテゥs テ la simple idテゥe d窶兮ller テ
une confテゥrence, de rentrer sur un campus ou de visiter un musテゥe. Une fois qu窶冩n a saisi le fait
117
Une liste des articles (
S&V
et
S&V Junior
) est disponible sur le site de l窶冰fologue P. Gross,
http://ufologie.net
窶
mテェme si elle sert un tout autre propos que le notre sur cette question.
118
Science &Vie Nツー 403,
Les soucoupes volantes, vテゥritテゥs, possibilitテゥs, illusions
Avril 1951 403, pp. 216-220 Puis
Les soucoupes
volantes - Propos autour d'un problティme et hypothティses sur une formule.
pp. 220-226.
114
que la multiplicitテゥ des accティs aux sources d窶冓nformation est une richesse qui n窶兮ppartient pas テ tous
les hテゥritages culturels, qu窶兮llumer une radio culturelle n窶册st pas un lieu commun, qu窶冩uvrir un
journal n窶册st pas un rテゥflexe (en ouvrir deux encore moins) et que l窶兮pprentissage du recoupage
des sources est un savoir-faire peu rテゥpandu, on ne peut qu窶凖ェtre inquiet, face テ cette ツォ demande ツサ
peu dテゥveloppテゥe et quasi-privilティge, que l窶 ツォ offre ツサ soit elle aussi des plus discutables : le
capitalisme journalistique a opテゥrテゥ en quelques dテゥcennies un incroyable resserrement des sources
d窶冓nformation dans un petit nombre de mains, qui plus est des mains assez susceptibles, comme
celles des groupes
Bouygues
,
Vivendi
,
Hachette-Filipachi Media
,
Dassault-Socpresse
,
Le Monde PVC
ou
Lagardティre
. Difficile dans ce cas de garantir un accティs テ des sources contradictoires lorsque ces
sources テゥmanent toutes d窶冰ne mテェme imprimerie, s窶冑armonisent entre elles et lissent l窶冓nformation
en fonction des intテゥrテェts de leur propriテゥtaire d窶冰ne part, d窶兮utre part en fonction de ce qui assurera
le plus d窶兮udience ou de lectorat. Ainsi, entre un accティs ardu aux capacitテゥs d窶兮nalyse et une offre テ
tendance lobbyiste, il y a effectivement de quoi テェtre alarmテゥ
Les deux autres raisons, par contre, nous concernent en premier chef. Pis, nous pensons qu窶册lles
participent du mテェme problティme, et que (2) est la cause de (3), c'est-テ-dire que si un individu se
dテゥtourne de l窶冓nformation scientifique, c窶册st parce qu窶凖 l窶冓nstar des gens confondant science au
sens 1 et au sens 5, l窶冓mage
a priori
qu窶冓l a de cette ツォ information scientifique ツサ est dテゥvoyテゥe.
3.3
Manufacture de l窶冓nformation et cercle vicieux de la
Vulgarisation scientifique
3.3.1
La manufacture de l窶冓nformation
L窶冓nformation scientifique est, comme toute information, un produit fabriquテゥ. Pour utiliser le
langage didactique, le savoir de dテゥpart, dit
savant
est transposテゥ en vue d窶冰ne mise テ l窶凖ゥtal : dans le
cadre enseignemental, on parle de transposition didactique, lors de laquelle il va falloir
tronテァonner, faire maigrir, apprテェter la connaissance en vue d窶冰ne acquisition par l窶兮pprenant. Dans
le cadre mテゥdiatique, on parle de transposition mテゥdiatique (TM), et cette TM aura pour but dans la
vulgarisation scientifique classique de susciter l窶冓ntテゥrテェt de l窶兮pprenant-client potentiel. Toute la
question rテゥside dans la maniティre de manufacturer le savoir de dテゥpart afin de le rendre digeste et
assimilable pour le ツォ profane ツサ, et donc rentable pour le producteur du produit final.
La puce テ l窶冩reille nous a テゥtテゥ mise deux fois : par I. & G. Bogdanoff, lors d窶冰ne discussion, et par
Y. Coppens lors de la lecture d窶冰ne de ses interviews.
Les frティres Bogdanoff, aprティs avoir parlテゥ en des termes fort dテゥmagogiques du temps primordial テ
un public peu averti, s窶册xcusティrent auprティs de nous que bien sテサr, les connaissances qu窶冓ls venaient
de prテゥsenter n窶凖ゥtaient pas trティs rigoureuses, mais il n窶凉 a que sous cette forme qu窶册lles テゥtaient le
plus comprテゥhensibles pour le public
. Coppens, suite aux critiques qui suivirent la sortie du
docu-fiction
L窶冩dyssテゥe de l窶册spティce
, rテゥtorqua au journaliste quelque chose du mテェme acabit.
119
Cela n窶册mpテェche pas qu窶册sprit critique et accティs テ l窶冓nformation sont de grands poncifs dテゥmagogiques annテエnテゥs par
les dテゥcideurs, mais fort peu suivis d窶册ffets. Le contraste est aussi flagrant entre le vナ砥 d窶冓nformation pluraliste,
rationnelle et contradictoire et le paysage mテゥdiatique franテァais actuel qu窶册ntre les pテゥroraisons de 1986 posant TF1
instituteur de la France
et la qualitテゥ des programmations de cette chaテョne depuis vingt ans. Pour aller plus loin sur ce
point, voir Halimi 2005, Rufin 2003, les analyses de l窶儖bservatoire Franテァais des Mテゥdias :
http://www.observatoire-medias.info
et d窶僊ction Critique Mテゥdia (ACRIMED).Pour une introduction trティs douce テ
ce problティme, nous conseillons aux テゥtudiants la lecture du court et peu onテゥreux
La manipulation de l窶冓nformation
, de
Aubenas et Benasayag (ce dernier pourtant psychanalyste) - puis nous les enjoignons, s窶冓ls ne sont pas rassasiテゥs, テ
s窶兮ttaquer テ Chomsky,
De la propagande,
2003.
120
Forum
Sciences Frontiティres
2004, communication personnelle.
115
Nous nous rendテョmes compte que la stratテゥgie de vulgarisation scientifique de ces personnages en
vue n窶凖ゥtait pas tant de transmettre un contenu scientifique correct, mais d窶冩ffrir ツォ
le contenu simili
scientifique que les gens voulaient entendre
ツサ. テ bien y regarder, il s窶兮gissait d窶冩ffrir plus exactement ツォ
le
contenu simili scientifique que eux, Bogdanoff, Coppens, croyaient que les gens voulaient entendre
ツサ. En clair, il
n窶凉 avait aucun mal テ travestir les faits si cela devait faciliter leur acquisition.
Dans un marchテゥ autre que celui de l窶冓nformation, une telle pratique ferait テ la longue tiquer le
public 窶 imaginons qu窶冰n restaurant テ 10 000 km de la France propose aux clients affamテゥs un
ツォ authentique cassoulet ツサ, dont les haricots blancs auraient テゥtテゥ remplacテゥs par des frites, et les
saucisses par un steak sur la simple base de ツォ le rendre plus sテゥduisant ツサ ou ツォ plus appropriable ツサ
par les gens locaux. Le cuisinier viendrait alors nous expliquer que bien sテサr, ce steak frites n窶册st
plus un cassoulet authentique, mais qu窶冓mporte : la chose importante テゥtant que les gens le croient,
et qu窶冓ls achティtent.
Dans le marchテゥ de l窶冓nformation, par contre, la rテゥaction tarde テ venir. Il y a longtemps que le scan
des journaux tテゥlテゥvisテゥs ou des flashs d窶冓nformation radio mテェlant politique internationale
prテゥmテ「chテゥe,
people
, football et faits divers ne choque plus, et que la libテゥration des radios n窶兮 テゥtテゥ
qu窶冰ne libテゥralisation. Toutefois une critique efficace existe, mテェme si elle est peu lue. Le
dテゥvoiement de l窶冓nformation scientifique par contre ne gテゥnティre pas ou trティs peu de rテゥaction
critique. テ営orner le statut
essentialisテゥ
du vulgarisateur est trティs semblable テ l窶凖ゥcornage du statut
d窶冑umanitaire : on prテェte un caractティre bon
per se
テ ces professions. Y toucher frise l窶冓conoclastie.
Nous n窶兮vons pu comprendre ce stoテッcisme du public face テ cette information retravaillテゥe qu窶冩n
lui livre qu窶册n テゥmettant deux hypothティses de type sociologique :
-
une grande majoritテゥ des individus
lamnbda
ne peut pas se plaindre de la qualitテゥ de
l窶冓nformation, car elle n窶兮 pas, ou pense ne pas avoir le bagage scientifique suffisant
pour le faire (ce dernier point テゥtant, nous le verrons, discutable) ;
-
l窶冓mportant est d窶册ntrevoir plus que de savoir, d窶 ツォ avoir une vague idテゥe ツサ, puisque cette
vague idテゥe est valorisテゥe socialement comme un accessit culturel, テ la maniティre d窶冰n
abonnement テ Tテゥlテゥrama. Et quitte テ avoir une vague idテゥe, autant qu窶册lle soit simple テ
comprendre et riche en sensations. (Mythe de la solution simple, voir 2.4.3,
Pouvoir
explicatif
).
3.3.2
Le cercle vicieux de la vulgarisation
Nous nous retrouvons donc avec une sorte de boucle de rテゥtroaction dans laquelle :
1)
le journaliste/personnage public va choisir dans une large gamme les テゥvティnements qui vont,
pense-t-il, gテゥnテゥrer l窶册ngouement public, crテゥer le scoop 窶 le scoop consistant non en une
information exclusive mais en la crテゥation de la sensation chez le consommateur d窶凖ェtre
dテゥpositaire de cette information exclusive : un fait prテゥsumテゥ en science cognitive, une nouvelle
donnテゥe sur le CERN de Genティve, une tテ「che sombre sur Mars, une dent trouvテゥe テ 100 km de
Toumaテッ, une plante bizarre, une avancテゥe sur le cancer.
2)
Puis il va simplifier l窶冓nformation, la transformer un peu, la vertテゥbrer d窶冰ne trame narrative,
ajouter des images plus ou moins en lien, mais qui ツォ flashent ツサ, et mettre un titre allテゥchant qui
rende un peu le non acheteur coupable de refus de s窶冓nstruire : dテゥcouverte aux frontiティres de
l窶册sprit, du nouveau sur les trous noirs, Il y avait de l窶册au sur Mars, avons-nous un nouvel
ancテェtre ? une plante qui dテゥfie les lois de la gテゥnテゥtique, va-t-on enfin soigner le cancer ? Puis il
achalandera le produit.
3)
L窶冓ndividu
lambda
reconnaテョt ces thティmes, comme autant de questions prテゥ-emballテゥes, et l窶册nvie
116
honnテェte d窶凖ェtre テ la page aidant, il achティtera le produit, sans se rendre compte que la couverture
de ses
Science & Vie
(
S&V
)
, Effervesciences, Sciences & Avenir
(
S&Av
)
, Psychologies, Cerveau &
Psycho
n窶册st pas forcテゥment le reflet des derniers テゥvテゥnements scientifiques (voir 4.3.2.17
Principe
de la preuve
sociale,
Effet Panurge
). Il se forgera pourtant sa culture scientifique dessus.
4)
La culture scientifique commune est une denrテゥe qui se transmet, comme les rhumes.
L窶儖pinion Publique, si cela existe, comme moyenne de toutes les cultures scientifiques,
s窶凖ゥmerveille des ressources incroyables de l窶册sprit, a peur des trous noirs, souhaite que le plus
vieil ancテェtre soit franテァais, s窶冓nquiティte des dテゥrives de la gテゥnテゥtique et nourrit l窶册spoir de guテゥrir le
cancer de grand papa.
5)
le journaliste/personnage public va choisir dans une large gamme les テゥvテゥnements qui vont,
pense-t-il, gテゥnテゥrer l窶册ngouement public : un fait prテゥsumテゥ en science cognitive, une nouvelle
donnテゥe sur le CERN de Genティve, une tテ「che sombre sur Mars, une dent trouvテゥe テ cent
kilomティtres de Toumaテッ, une plante bizarre, une avancテゥe sur le cancer.
Illustrons notre propos. Le magasine
Times
aime attirer le chaland avec la posture du lotus en
couverture (figure 30 a, b, c, d & e). Trois fois en moins de trois ans : avril 2001, janvier et aoテサt
2003. En bas テ droite, couverture d'octobre 1975, montrant Maharishi, leader de la
Mテゥditation
Transcendantale
. Les observateurs avertis auront remarquテゥ les sous-titres :
-
The science of yoga (a)
-
The science of meditation (b)
-
How your mind can heal your body (c)
Et ce savant mテゥlange science/orientalisme, avec un soupテァon de 窶湾aranormal窶 en invoquant
guテゥrison psychique et lテゥvitation, comme celle sur la page interne du numテゥro d窶兮oテサt 2003 (d)
(a)
Avril 2001
(b)
Janvier 2003
(c)
Aoテサt 2003
117
(d)
Aoテサt 2003
(e) octobre 1975
Figure 30 : battage du
Times
autour d窶冰ne notion floue ツォ yogo-mテゥdito-transcendantalo-lテゥvito guテゥrisseuse.
Cette rテゥcurrence ne date pas d窶冑ier. En 1975, par un effet paillasson mテゥditation/mテゥditation
transcendantale,
Time
faisait la part belle au gourou Maharishi
the answer
to all your problems
(e). Nous nous retrouvons avec le cercle vicieux prテゥdessinテゥ dans les pages
prテゥcテゥdentes, schテゥmatisテゥ ci-dessous (figure 31) :
Figure 31 : Le cercle vicieux de la vulgarisation scientifique
L窶冩bjectif premier du mテゥdia est de gagner un client et de le garder. Pour cela, il semble que la
dテゥmarche va テェtre de contraindre le consommateur de se tenir テ la page d窶冓ncessants scoops et de
121
Sur Maharishi et l窶冓mpact de l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ dテサ テ des cテゥlテゥbritテゥs (notamment les Beatles), voir ce petit travail
Chroniques zテゥtテゥtico-musicales nツー2
, Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー23, 13 mai 2007
:
http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=29
[on croit que] le public
recherche en majoritテゥ des
テゥvenements gratifiants テ
connaテョtre, simples テ
comprendre, scテゥnarisテゥs.
Le journaliste trie les
informations en fonction
du goテサt prテゥsumテゥ de
l窶冩pinion publique :
テゥvenement gratifiant テ
connaテョtre, simple テ
comprendre, scテゥnarisテゥ.
Le public n窶兮yant que des
dテゥsinences du mテェme
produit, se voit gratifiテゥ
pour ce produit. Il n窶兮
aucune raison de ne pas
prendre ce produit
Les journalistes ayant tous
la mテェme trame rテゥsument
l窶冩ffre de VS テ des
dテゥsinences du mテェme
produit, gratifiant テ
connaテョtre, simple テ
comprendre, scテゥnarisテゥ.
118
vivre cet actualisation permanente comme un accessit social (l窶僣onnテェte Homme, informテゥ, テゥlite テ
la pointe de l窶冓nformation), lequel rテゥclamera alors des ツォ consommables ツサ rapides, abstracts,
condensテゥs, brティves, dテゥpテェches, et obligera le journaliste テ trouver le meilleur mode テゥvテゥnementiel de
prテゥsentation de l窶冓nformation, voire テ ne garder que les informations en mesure d窶凖ェtre
テゥvenementialisables
, ceci ne serait-ce que pour garder sa place, le travail de pigiste テゥtant prテゥcaire
(figure 31).
Le mythe de l窶冩bjectivitテゥ journalistique, dテゥjテ largement mis テ mal ailleurs (Accardo, 1999 ; Le
Bohec 2000 ; Bourdieu 1996), s窶凖ゥcroule mテェme dans les mテゥdias scientifiques puisque le choix des
テゥvテゥnements テ mettre en avant est effectuテゥ en fonction d窶冰ne grille d窶冓nterprテゥtation des envies du
client potentiel, en bref, une
publicitarisation
de la science.
3.4
La publicitarisation de la science
Nous relevons trois points rテゥcurrents de cette publicitarisation :
-
Le remplacement de la raison par la sensation
-
La sテゥduction par la simplicitテゥ
-
La crテゥation de l窶 ツォ テゥvテゥnementiel ツサ
3.4.1
ツォ Symbole テゥcrit-analyse テゥtayテゥe ツサ contre ツォ image-visuelle-sensation
immテゥdiate ツサ
Nous avons fait nテエtre ce constat donnテゥ par Broch il y a dテゥjテ plus de vingt ans :
ツォ [...] nous sommes actuellement dans une phase de modification des processus
d窶兮cquisition des connaissances et que, de plus, l窶册xpansion de l窶冓nformation est
essentiellement caractテゥrisテゥe par une substitution de l窶冓mage visuelle et de la sensation
immテゥdiate au symbole テゥcrit et テ l窶兮nalyse テゥtayテゥe. ツサ
En effet, en tant que moyen de communication, le symbole テゥcrit (le livre, par exemple)
permet, pour une information, l窶兮nalyse dテゥtaillテゥe, construite, critique, et disponible sur un
intervalle de temps consテゥquent, alors que les mテゥdias actuels font une place grandissante テ
l窶冓mage instantanテゥe et aux stimuli qu窶册lle dテゥclenche (窶ヲ) Ce troc ツォ symbole テゥcrit-analyse
テゥtayテゥe ツサ par ツォ image-visuelle-sensation immテゥdiate ツサ (indテゥpendamment du sujet traitテゥ) est
essentiellement due au dテゥveloppement des mテゥdias テゥlectroniques. C'est-テ-dire qu窶册lle est, en
partie, le rテゥsultat du
support
de l窶冓nformation et non point du
contenu
de cette mテェme
information ; raison pour laquelle ce remplacement fondamental passe relativement
inaperテァu.
Ce problティme du progressif et sournois
remplacement de la raison par la sensation
mテゥriterait d窶凖ェtre
largement pris en considテゥration et テゥtudiテゥ de maniティre globale. En ce qui nous concerne ici,
c窶册st une de ses consテゥquences qui m窶冓ntテゥresse particuliティrement, テ savoir : ce remplacement
conforte de maniティre テゥvidente le type de pensテゥe qui sous-tend le paranormal et donc
augmente l窶兮udience de ce dernier. ツサ (Broch,
ouv.citテゥ
, p. 174).
Nous verrons dans la partie 4 un certain nombre d窶册xemples de remplacements de la raison par la
sensation, notamment au travers des scテゥnarios de type record, aux mテゥtaphores sportives,
(4.4.3.11
Autres : record 窶 gテゥnie hテゥroテッque 窶 dテゥfi 窶 dテゥboulonnage d窶冓dole
) mais テゥgalement dans ce besoin
119
attisテゥ d窶册nchanter le monde et de faire ツォ sens ツサ, que ce soit en donnant du sens mテゥtaphysique aux
phテゥnomティnes naturels ou en fabriquant du sens pour les afflictions comme les maladies ou les
drames personnels.
3.4.2
ツォ Effort ツサ contre ツォ simplicitテゥ ツサ : la becquテゥe du profane
Deuxiティme volet de la publicitarisation de l窶冓nformation scientifique : le mythe de la simplicitテゥ. La
VS dans son ensemble tend テ faire croire que grテ「ce テ elle, la connaissance savante sera apportテゥe
au profane, par son entremise, et cela sur un plateau. Nous ne nous appesantirons pas sur le
caractティre assujettissant d窶冰ne telle dテゥmarche, le profane attendant la becquテゥe que le vulgarisateur,
tel l窶凖ゥvangテゥlisateur du XIXe siティcle en Afrique sahテゥlienne, viendra aimablement lui dテゥlivrer : celui
qui ne ツォ sait ツサ pas est campテゥ dans un rテエle de quテゥmandeur d窶兮umテエne, et il n窶凉 aura pas grand
monde pour l窶册ncourager テ s窶兮venturer sur les chemins rocailleux de la formation scientifique et テ
rテゥellement se former, en reprenant des テゥtudes par exemple. La VS entretient aimablement ce
mythe de la simplicitテゥ, en persistant テ faire croire aux exclus de la connaissance scientifique que
par son entrefaite, par quelque docufiction ou quelques pages imagテゥes dans une revue, l窶冓ndividu
avide aura テ peu de frais la substance de la connaissance en question. Le problティme est qu窶册n guise
de substance, il y a au mieux un aperテァu, au mテゥdian une caricature, au pire une misconception.
Dans un ocテゥan de vulgarisation simplifiante, l窶兮ccueil rテゥservテゥ un rテゥel dテゥveloppement analytique
est dテゥsormais perテァu comme au mieux soporifique, au pire complexe, テゥlitiste, voire snob, et des
postures anti-intellectualistes naテョssent.
Au vu du nombre d窶冓ndividus, テゥtudiants ou non, qui lors des cours, des confテゥrences ou sur les
forums Internet, restituent des lieux communs sur la mテゥcanique quantique par exemple, il y a
quelque inquiテゥtude テ nourrir sur une ツォ sciencesetavenirisation ツサ de la connaissance scientifique
populaire. Dans l窶冓dテゥal, il faudrait rompre avec cette idテゥe reテァue que la science et l窶冓nformation
scientifique sont simples : elles sont difficiles, exigeantes et pleines de piティges. Quiconque
souhaitant se forger une opinion sur la relativitテゥ restreinte, l窶兮lgティbre, la thテゥorie du chaos ou le
nテゥo-darwinisme ne pourra テゥviter de compulser les bases, le vocabulaire, les rティgles, au mテェme titre
que celui qui voudra apprendre une langue テゥtrangティre devra passer par les fondamentaux. Il y a
gテゥnテゥralement autant de diffテゥrence entre un champ scientifique et sa vulgarisation qu窶册ntre une
pratique maテョtrisテゥe d窶冰ne langue et le petit lexique de voyage des Guides du Routard. Nous ne
disons pas que ces lexiques ne sont pas utiles, ou que cette VS simplifiante ne devrait pas exister :
nous demandons テ ce qu窶冓l soit prテゥcisテゥ テ ses consommateurs que cette connaissance est simplifiテゥe
テ outrance, non suffisante pour avoir une opinion テゥclairテゥe, et crテゥe du ツォ sens ツサ ou du ツォ rテェve ツサ bon
marchテゥ. Aussi sympathique soit-elle, ce n窶册st pas avec une fausse cape de Superman achetテゥe en
supermarchテゥ qu窶冩n parviendra テ voler.
3.4.3
La fabrication de l窶凖ゥvテゥnementiel
Troisiティme grand volet de la publicitarisation, la fabrication de l窶凖ゥvテゥnement. Nous reprenons テ
notre compte la description opテゥrテゥe par Brune dans sa critique de la publicitテゥ, qui se rテゥvティle
parfaitement efficace pour la VS 窶 ce qui ne laisse pas d窶冓nquiテゥter.
Selon Brune, la description de ce qu窶册st un ツォ テゥvテゥnement ツサ comprend cinq caractテゥristiques.
窶「
le caractティre
ex nihilo
et la dテゥsyncrテゥtisation
窶「
le
Deus ex machina
窶「
l窶冑istoricitテゥ
120
窶「
la sテゥlection et l窶冓mmテゥdiatetテゥ
窶「
la crテゥation d窶冰n public
3.4.3.1
Caractティre
ex nihilo
et dテゥsyncrテゥtisation
テ l窶冓nstar de celui de Brune, notre regard critique se pose sur deux aspects : le fait, la rテゥalitテゥ ツォ en
soi ツサ qu窶冩n grime en テゥvテゥnement et l窶兮cte qui la nomme ainsi.
窶「
Le fait :
Brune dテゥcrit l窶凖ゥvテゥnement ainsi :
ツォ L窶凖ゥvテゥnement, c窶册st ce qui advient, ce qui se produit en dehors de toute prテゥvisibilitテゥ. C窶册st
la dテゥfinition テゥtymologique. Ce qui advient (
evenit
) ne prテゥvient pas. Cela semble surgir tout テ
coup, comme un effet sans cause. Il faut mテェme que l窶冩n soit surpris. Lorsque ツォ ce qui se
passe est devenu habituel, on a l窶冓mpression qu窶冓l ne se passe rien窶ヲ plus est brutale
l窶冓nformation qui ツォ テゥclate ツサ soudain dans le champ mテゥdiatique, plus elle semble mテゥriter le
nom d窶凖ゥvテゥnement [...] ツサ (Brune 2004, p. 120)
Le tri implicite des faits par le journaliste scientifique se fait sur le ツォ surgissement ツサ d窶冰ne
nouvelle, qu窶册lle soit d窶兮illeurs nouvelle ou non. En voici quelques exemples (figures 32a, b, c, d
& e).
(a) Pour la Science, jan 2006 (b) S&V, mars 2006 (c) Dauphinテゥ Libテゥrテゥ, juin 2006
121
(d) S&V juin 2003
(e)S&Av aoテサt 1997
Figure 32 : diverses mテゥthodes ツォ scoopesques ツサ dans un テゥchantillon de presse de vulgarisation scientifique.
窶「
L窶兮cte :
Il est nテゥcessaire de regarder l窶兮cte qui la nomme
テゥvテゥnement
, ou la dramatise comme tel, et qui
dテゥnote d窶冰n choix de prテゥsentation de cette rテゥalitテゥ avant tout sous cet aspect phテゥnomテゥnal.
D窶兮bord parce que c窶册st la subjectivitテゥ d窶冰ne rテゥdaction, d窶冰n journaliste qui opテゥrera l窶兮cte, ensuite
parce que l窶卍ォ テゥvenementialisation ツサ d窶冰n fait le dテゥsyncrテゥtise, le dテゥnude de la nテゥcessitテゥ de justifier la
multitude de causes et d窶册ffets テ l窶冩rigine du fait ou du phテゥnomティne, comme par exemple une
routine de recherche de trente annテゥes comme prテゥalable テ la dテゥcouverte.
ツォ [...] s窶册mpresser de nommer un fait ツォ テゥvテゥnement ツサ, c窶册st privilテゥgier une modalitテゥ de
perception et de reprテゥsentation qui l窶册nferme dans son surgissement, par opposition テ
d窶兮utres formes de saisie du rテゥel. On se laisse aller テ ce bon vieux prテゥsupposテゥ idテゥologique
selon lequel toute chose n窶册st en ce monde que le fruit d窶冰ne gテゥnテゥration spontanテゥe, テ mille
lieux de l窶兮pproche analytique qui tente de saisir l窶冓ntelligence des choses et de leurs
interrelations. ツサ (
Ibid.
).
Nous retrouvons des mテゥcanismes comme :
ツォ L窶册ffet de surprise, le frisson soudain
, [qui]
deviennent le critティre essentiel de l窶凖ゥvテゥnement,
et conduisent le journaliste テ ne chercher dans le rテゥel que ce qui va produire ce frisson, テェtre
spectaculaire, photogテゥnique, tテゥlテゥgテゥnique, etc. ツサ (
Ibid.
).
qui rappellent ce que les didacticiens (Astolfi & Develay 1989) appellent eux aussi la
dテゥsyncrテゥtisation du savoir
.
Sテ。nchez Gテウmez & Martテュn qui s窶册n inquiティtent aussi la dテゥcrivent ainsi :
ツォ (窶ヲ) there is a process of didactic transposition from the 窶忤ise knowledge窶 (savoir savant)
of the scientific practice to the 窶徼aught knowledge窶 (savoir enseignテゥ) of science education.
This process is seen as a natural consequence of the system of formal education, which
creates its own epistemological and cultural referents (curricula, syllabuses, textbooks,
classroom discourse and interaction, exams, etc.) to which scientific knowledge is reduced
by the didactic transposition. Astolfi and Develay have elaborated this line of thought,
presenting an analysis of the changes experienced by scientific knowledge when translated
into the educational context. According to them, the passing from a 窶忤ise knowledge窶 to a
窶徼aught knowledge窶 is a complex process which implies the decontextualisation,
depersonalisation, desyncretisation, programming (i.e. the adaptation into a didactic
program), reformulation, dogmatisation, and operationalisation of the scientific discourse.
In other words, school (or college) science is a processed product, with its own distinctive
features, and with relations with proper science which are far from being obvious ツサ. (2003,
pp. 131-148)
Le savoir est :
-
scientifique
, en vertu du principe qu窶冰n savoir savant est indテゥpendant du contexte de sa
crテゥation.
-
dテゥ-historicisテゥ
c'est-テ-dire en l窶册xpurgeant de toute la dテゥmarche amenant テ son テゥlaboration
-
dテゥpersonnalisテゥ
, en dテゥtachant le savoir de ses auteurs
-
dテゥsyncrテゥtisテゥ
, c'est-テ-dire en le morcelant afin de le rendre enseignable, et plus digeste.
122
Nous ne rentrerons pas dans le dテゥbat de savoir, pour chaque savoir, quelle est la transposition
correcte, si tant est qu窶册lle existe. Nous nous bornons テ indiquer que la science comme dテゥmarche,
faite d窶册ssais, d窶册rreurs, de rテゥfutation d窶冑ypothティses, de protocoles 窶 ce qui distingue une thテゥorie
d窶冰n scテゥnario par exemple 窶 n窶兮pparaテョt plus dans le savoir tel qu窶冓l est objectivテゥ et transposテゥ en
enseignement et テ plus forte raison dans les mテゥdias. Nous pensons que l窶冰ne des sources de
confusion entre science et pseudo-science se situe exactement lテ.
Une image pテゥdagogique que nous avons construite pour l窶冩ccasion, trティs limitテゥe certes, mais utile,
est celle de
la grotte et ses deux stalactites
(figure 33).
Figure 33 : La mテゥtaphore des deux stalactites
Sテ。nchez Gテウmez et Martテュn ajoutent, テ propos de la physique :
ツォ Science education, if a mirror of science, is a distorting one. By including history into the
scientific subjects what we get is a new didactic transposition process. The resulting subject
is another idiosyncratic cultural artefact which does not have to be closer to the
propersciences than a non-historical approach. It is more correct to say that they both are
related to the proper science in different ways. Under this perspective, Bevilacqua and
Bordoni窶冱 (1998) statement: 窶彈窶ヲ]
teaching physics and the history of physics are fellow subjects. We
are not interested in adding the history of physics to teaching physics, as an optional subject: the history of
physics is 窶亙nside窶 physics窶
(p. 451) seems to us rather unsatisfactory. The amount of history
窶彿nside窶 any academic subject would depend on the way it has been transposed. It is very
much under the control of the instances in charge of designing and putting into practice the
curriculum ツサ (
ibid.
) (Bevilacqa & Bordni 1998, p. 451)
.
Brune souligne au passage que cette dテゥsyncrテゥtisation de l窶凖ゥvテゥnement, au mテェme titre que la
falsification ou la mise en scティne de celui-ci, participe aussi d窶冰ne dテゥpolitisation.
Imaginons deux stalactites dans une grotte.
L窶冰ne d窶册ntre elles est le produit de milliers d窶兮nnテゥes de concrテゥtion calcaire, par exemple par
prテゥcipitation de bicarbonate de calcium. L窶兮utre est le produit d窶冰ne vile contrefaテァon de ma part,
fabriquテゥe exprティs en glaise avec mes mains juste avant votre arrivテゥe. De fait, les deux stalactites
sont :
- bien dans la grotte
- de forme semblable
Avant de vous extasier, vous demandez au gardien de la grotte l窶冑istoire de chacune, et le gardien
me dテゥnonce : l窶冰ne est produite par une physico-chimie lente et descriptible, l窶兮utre par le scテゥnario
d窶冰n illuminテゥ (moi). D窶冰n coup, l窶冓ntテゥrテェt que vous portiez テゥgalement sur les deux s窶凖ゥmoussera sur la
mienne, qui n窶册st qu窶冰ne copie.
Ces stalactites sont テ l窶冓mage de certaines constructions thテゥoriques. Certaines ont rテゥsistテゥ au temps
et aux intempテゥries, d窶兮utres ne sont que des scテゥnarios. Connaテョtre l窶冑istoricitテゥ des テゥdifices thテゥoriques
mテェme rテゥcents est essentiel pour en テゥvaluer leur portテゥe et pour distinguer une thテゥorie et un scテゥnario.
Si ces テゥdifices sont dテゥsyncrテゥtisテゥs de leur histoire et prテゥsentテゥs au public, celui-ci risque de prendres
des vessies pour des lanternes, des rテェves pour la rテゥalitテゥ, et de la glaise pour du bicarbonate
millテゥnaire.
123
ツォ C窶册st donc la dテゥnaturer, la ツォ dテゥpolitiser ツサ, s窶冓nterdire de l窶兮pprテゥhender sur le mode de
l窶兮nalyse rationnelle. Et priver simultanテゥment de cette approche ceux que l窶冩n ツォ informe ツサ.
L窶兮rbitraire de l窶凖ゥvテゥnement, qui rティgne sur l窶僮nformation moderne et rテゥgit ceux qui l窶冩nt en
charge, c窶册st cette terrible rテゥduction idテゥologique, cette imposture qui ne cesse de rテゥduire le
Rテゥel テ l窶僊ction, de ne saisir les faits que comme des ツォ nouvelles ツサ, bref, de ツォ nommer ツサ le
monde selon la grille テゥvテゥnementielle en faisant croire pテゥremptoirement que c窶册st-テァa-le-
monde. ツサ (
Ibid.
, p. 126-7).
3.4.3.2
Deus ex machina
De la dテゥsyncrテゥtisation dテゥcrite ci-dessus, du fait que le phテゥnomティne apparaテョt sans cause apparente,
celui-ci est trティs facilement interprテゥtable en terme de destin, de fatalisme, de faveur ou de dテゥfaveur
des dieux. La prテゥsentation de l窶凖ゥvテゥnement comme le fruit, dans le thテゥテ「tre du monde, d窶冰n
Deus ex
machina
qui conduit tout en fonction de ses desseins secrets.
ツォ
Mais dans la perspective mテゥtaphysique dans laquelle les mテゥdias se placent
majoritairement, cette recherche s窶兮pparente surtout テ une quテェte de coupables, propre テ
nourrir l窶凖ゥcoeurement de la foule en ツォ trompant ツサ sa faim de causalitテゥ. Car ce ne sont pas de
vraies explications qui lui sont offertes, ce sont des sacrifices expiatoires. ツサ (Brune,
Ibid.
, p.
121)
Ce
deus ex machina
se retrouve rテゥguliティrement dans la perception des catastrophes sanitaires ou
テゥcologiques (figure 34), mais テゥgalement dans les archテゥothテゥrapies, branche des pseudomテゥdecines
qui fouillent le passテゥ, la naissance et les ancテェtres pour faire de la pathologie une consテゥquence
テゥvidente d窶冰n
fatum.
Les ツォ mティres-rテゥfrigテゥrateurs ツサ, par exemple, mises largement en cause de
maniティre totalement pseudoscientifiques dans les origines de l窶兮utisme, chez Kanner, chez
Figure 34 : deus ex machina, dテゥbut d窶兮nimisme et question ツォ forcテゥe ツサ dans cette couverture de
S&Av
Nツー708,
janvier 2006
122
Voir le concept de
Good-enough Mother
, dans Winnicott,
La mティre suffisamment bonne
, 2006.
123
Bettelheim テゥtait convaincu, alors mテェme que les preuves s'accumulaient contre sa thテゥorie, que l'autisme n'avait pas
de bases organiques mais テゥtait dテサ テ un environnement affectif et familial pathologique. Voir Bettelheim,
la forteresse
vide, l'autisme des enfants et la naissance du moi
, 1969. Pour un dテゥbut de critique, voir Hacking,
Philosophie et histoire des
concepts scientifiques
, sur le site du Collティge de France, p. 391. Pour aller plus loin, lire Pollack,
Bruno Bettelheim ou la
fabrication d'un mythe
(2003). Un autre trop rare livre critique de Bettelheim est テゥgalement paru sous la plume de
Peeters,
La forteresse テゥclatテゥe
(1998).
124
3.4.3.3
Historicitテゥ
Quoique dテゥ-historicisテゥs de leur base causale, ces テゥvテゥnements deviennent des ツォ dates ツサ, puisqu窶冓ls
ツォ font date ツサ : aprティs eux, ツォ plus rien ne sera comme avant ツサ. La scテゥnarisation du record participe
de cela (voir 4.4.3.11
Autres - record窶ヲ
). Brune sur ce point テゥclaire ainsi :
ツォ [...] ce sens n窶册n reste pas moins tributaire du caractティre テゥpiphテゥnomテゥnal des prテゥcテゥdents,
bien qu窶冓l semble le contredire. En se centrant sur telle ツォ date clef ツサ, en associant l窶冑istoricitテゥ
du fait signalテゥ テ son dテゥroulement souvent spectaculaire, l窶冑istorien qui l窶凖ゥrige en テゥvテゥnement
ne se dテゥpartit pas de cette vision du monde qui confond le symptテエme et la cause. Il tombe
sous le coup de cette sentence de Montesquieu : ツォ
Si le hasard d窶冰ne bataille, c'est-テ-dire une cause
particuliティre, a ruinテゥ un テ液at, il y avait une cause gテゥnテゥrale qui faisait que cet テ液at devait pテゥrir par une seule
bataille
ツサ. (
Ibid
., p. 122)
3.4.3.4
La sテゥlection et l窶僮mmテゥdiatetテゥ
Devant la masse d窶凖ゥvテゥnements potentiels se dテゥroulant chaque jour, il devient nテゥcessaire pour qui
envisage de crテゥer une vitrine d窶冰n domaine prテゥcis, science, politique, テゥconomie, etc. d窶册ffectuer
un tri. C窶册st leur propre modティle テゥvテゥnementiel, intテゥriorisテゥ, qui les conduit dans ce tri テ ne lire que
les ツォ テゥvテゥnements ツサ confirmant l窶冓dテゥe prテゥconテァue qu窶冓ls se font du monde. Ce tri est donc fait selon
une subjectivitテゥ souvent ignorテゥe ou non assumテゥe, puis selon une dテゥsyncrテゥtisation des causes qui
produisent les テゥvテゥnements triテゥs, afin de faire ressortir leur caractティre souhaitテゥ
ex nihilo
. Sachant
cela, il devient difficile d窶兮grテゥer le concept d窶
actualitテゥ
.
Brune sur ce point affirme :
ツォ Le concept mテェme d窶兮ctualitテゥ est un coup de force quotidien : d窶冰ne part parce qu窶冩n
pourrait chaque jour faire la liste d窶冰ne multitudes d窶兮ctualitテゥs qui sont exclues de l窶僊ctualitテゥ
avec un grand A, d窶兮utre part parce que cette derniティre est une vue de l窶册sprit, une promesse
dテゥmiurgique et totalitaire, comme l窶冓ndique d窶兮illeurs la lettre mテェme du slogan de France-
Info : ツォ le monde en direct, 24 heures sur 24 ツサ. On pourrait en dire autant de journaux qui
se donnent comme titre :
l窶凖益テゥnement, Le Monde, Le Temps
窶ヲ Quelle forfanterie ! ツサ (
Ibid
., p.
127)
Dテゥnonciation de la vision テゥvテゥnementialiste :
ツォ N窶册n dテゥplaise aux mテゥdias dominants, ツォ l窶冑istoire テゥvテゥnementielle ツサ n窶册st pas l窶冑istoire
vテゥritable. Mテェme dans son acception historique, l窶卍ォ テゥvテゥnement ツサ n窶册xiste que dans la vision
テゥvテゥnementialiste de celui qui la nomme comme tel. ツサ (
Ibid
.)
Nous reviendrons sur cette tendance commune aux produits vaisselle capables de mousser mテェme
en petite quantitテゥ (voir 4.4.3.15
Technique du Liquide vaisselle
), qui a permis et permet encore de
faire de certains sujets de science des marronniers s窶兮uto-contredisant 窶播epuis le dテゥcryptage du
gテゥnome humain, annoncテゥ comme effectuテゥ de nombreuses fois en six ans テ l窶冓ncessante
dテゥcouverte de l窶册au sur Mars.
3.4.3.5
Crテゥation d窶冰n public
ツォ L窶凖ゥvテゥnement n窶册xiste que dans le regard du public ; mais aussi, le public n窶册xiste que dans
sa saisie de l窶凖ゥvテゥnement ツサ. (
Ibid
., p. 123)
En effet, la cohテゥsion d窶冰n public se fait dans cette captation de l窶凖ゥvテゥnement. C窶册st pour cela que
l窶冩n a pu dire que la connaissance des grands titres de presse, tout comme la connaissance des
grands thティmes de recherche scientifique passテゥes テ la moulinette des mテゥdias forme chacune une
125
classe ツォ cultivテゥe ツサ, qui se reconnaテョt par des rテゥfテゥrences communes, au plus prティs de la novation, et
qui sont gratifiantes et gratifiテゥes continuellement 窶 par exemple dans les jeux tテゥlテゥvisテゥs. Classe
cultivテゥe qui, justement gratifiテゥe par cela, rテゥpond テ l窶兮ffirmative lorsque lui est posテゥe la question de
l窶冓mportance de ces pseudo-connaissances.
Brune toujours :
ツォ D窶冩テケ le besoin qu窶冩nt les professionnels des mテゥdias de l窶兮pprobation du public, comme
pour croire eux-mテェmes テ l窶冓mportance objective de ce qu窶冓ls prテゥsentent comme
テゥvテゥnements ; ce protocole de ratification se reproduit maintes fois : on se prテゥcipite vers les
sondages, on recueille テ la va-vite l窶兮vis des personnalitテゥs qui adorent opiner dans les
mテゥdias, on court les rues pour rテゥcolter quelques micro-trottoirs, on met en scティne les
rテゥactions des gens窶ヲ et l窶冩n en dテゥduit gravement, puisque la rue rテゥagit テ l窶凖ゥvテゥnement, que
l窶凖ゥvテゥnement テゥtait bien un テゥvテゥnement !
Un million de morts de faim, en Afrique, en prテゥsence d窶冰n seul tテゥmoin, c窶册st une rテゥalitテゥ
affligeante ; un enfant qui meurt テ la tテゥlテゥvision, devant un million de spectateurs, c窶册st un
テゥvテゥnement. ツサ (
Ibid.
, p. 124)
La vulgarisation scientifique a effectivement son public consacrテゥ, maintenu dans sa soif
inextinguible d窶凖ゥvテゥnements テゥdulcorテゥs et apprテェtテゥs. Elle gテゥnティre sa sphティre de gratification : on est ce
brave homme, cette honnテェte femme qui lit
Science&Vie
et le laisse bien en vue sur la table en
rotin, et achティte l窶
Encyclopedia Universalis
en vingt volumes qui trテエnera, imposante, en prenant la
poussiティre.
3.5
Le succティs des pseudosciences sur fond de maffesolisme
Les pseudosciences sont des テョlots d窶兮dhテゥsion qui sont autant de stigmates, de marqueurs d窶冰ne
utilisation de mauvaise qualitテゥ de la science. En cela, la valeur pテゥdagogique de leur analyse n窶册st
plus テ faire, et la sテゥduction qu窶册lles exercent est un
scanning
assez juste des distorsions dans la
comprテゥhension de la science par la population.
En effet, chaque champ pseudoscientifique テ succティs est un triple indicateur : d窶兮bord sur les
piティges inhテゥrents テ la pratique scientifique (la tentation de lire des artefacts comme des
phテゥnomティnes, par exemple) ; ensuite sur la fraction de la population qui n窶册st pas en mesure de se
prテゥmunir vis-テ-vis de ces piティges. Enfin, sur la proportion de praticiens des sciences susceptibles
de tomber dans ces travers, et notamment sur la fraction ツォ jaune ツサ
d窶冓ntellectuels qui font le terrain de ces pseudosciences en flattant dテゥmagogiquement les zones
テゥrogティnes de l窶 ツォ Opinion Publique ツサ. Ce point est primordial pour comprendre l窶兮cceptation tacite
de certaines thティses par la population. Comme nous l窶兮vons dテゥjテ abordテゥ (voir 1.3.7
La morgue du
Post-modernisme
)
Sokal a rテゥcemment dテゥmontrテゥ comme les notions POMO, c'est-テ-dire le
relativisme mテゥthodologique et les concepts nomades, faisaient l窶册au boueuse dans laquelle
prospティre un bon nombre d窶冓mpostures intellectuelles et de pseudosciences (voir 4.2.5
Concept
nomade
) . Il devient urgent de dテゥnoncer la facilitテゥ de certains penseurs universitaires テ surfer sur
un relativisme pseudo-libertaire, pseudo-permissif, hテゥritテゥ entre autres de Feyerabend, et qui
sテゥduit les gens assoiffテゥes de concordisme et d窶冰niversalisme.
124
Le terme sociologue ツォ jaune ツサ est empruntテゥ bien sテサr テ Bourdieu 窶 voir P. Carles,
La sociologie est un sport de combat
,
(2001)
126
Pour illustrer ce travail de sape テゥpistテゥmologique, prenons par exemple ce ツォ besoin d窶冓rrationnel ツサ
prテゥsentテゥ comme universel, et qui donne un blanc-seing テ toutes sortes d窶冓ncrustations
pseudoscientifiques dans le tramage de la science : ce besoin n窶册st non seulement pas
uniformテゥment rテゥparti, n窶册st pas bien nommテゥ (puisque le maillage des adhテゥsions aux
pseudosciences est souvent simili-rationnel) et n窶册st vraisemblablement un besoin que parce
qu窶冩n se complait テ nous le faire croire. On pourrait se demander si cette impテゥrieuse nテゥcessitテゥ
accolテゥe テ l窶册sprit humain n窶册st pas une sorte de prテゥdiction auto-rテゥalisatrice, advenant par le simple
fait de s窶册n テェtre convaincu. Que l窶冑umain ait un goテサt archaテッque intuitif pour les pensテゥes magiques
et les introspections est un fait, et il n窶册st pas question de nier l窶冓ntテゥrテェt de faire une socio-
anthropologie de ces champs, dans la lignテゥe des Frazer (
ouv.citテゥ
), Mauss(
ouv.citテゥ
), Weber (1999), et
テゥventuellement Durand (1993) : mais poser ce goテサt comme indテゥpassable, comme constitutif,
avoir une lecture ツォ essentialiste ツサ de l窶冓rrationalisme rappelle les lectures ツォ mテゥchantes ツサ ou
ツォ bestiales ツサ de l窶僣umain, simplistes, rテゥductrices et niant toute entreprise de dテゥpasser ces stades.
Elles ne font d窶兮illeurs pas que flatter les intuitions, elles sabordent l窶册ntreprise scientifique
d窶兮bord en se soumettant テ cette fatalitテゥ, puis en rテゥhabilitant au nom de cette fatalitテゥ des
mテゥthodes d窶凖ゥlaborations pseudoscientifiques des connaissances, sur fond de relativisme cognitif.
Le cas de la thティse de l窶兮strologue E. Teissier en est une sorte de sombre apothテゥose, et risque de
rester dans les annales de la sociologie comme la consテゥquence poussテゥe テ l窶册xtrテェme de ce
relativisme テ ventre mou qu窶兮ura テゥtテゥ la pensテゥe maffesolienne. Nous nous rangeons テ quelques
dテゥtails prテェts, テ la critique faite dans
Esprit
ツォ Ce que disent en commun E. Teissier et le courant dans la mouvance de Michel Maffesoli,
c窶册st que la rationalitテゥ qui se veut exhaustive dans nos sociテゥtテゥs est critiquable, que l窶冑omme
ne se rテゥduit pas テ une approche conceptuelle mais qu窶冓l doit テェtre apprテゥhendテゥ par des rテゥalitテゥs
autres : ses テゥmotions qui le constituent socialement dans des groupes d窶兮ffinitテゥs (Michel
Maffesoli) ou son destin tels que les astres en disposent (E. Teissier). Le refus commun
d窶冰ne rationalitテゥ trop stricte a fait se rencontrer deux pensテゥes : E. Teissier s窶册st incrustテゥe
dans un courant qui lui apportait une caution intellectuelle et un vocabulaire pour penser
son refus de la rationalitテゥ trop sure d窶册lle-mテェme. Elle a dissimulテゥ sa thティse de la vテゥritテゥ de
l窶兮strologie sous un vernis d窶册xplications sociales de la fascination de l窶兮strologie. (窶ヲ) trop
content de voir apporter des arguments qui vont dans le sens de la montテゥe de l窶冓rrationnel,
le jury situテゥ dans la mouvance de Michel Maffesoli fait semblant de se satisfaire des
explications sociales de la fascination face テ l窶兮strologie en les considテゥrant comme des
explications sociologiques. On a peut-テェtre lテ la vテゥritテゥ de ce courant : rejet d窶冰ne modernitテゥ
rationnelle et fascination devant l窶凖ゥmotion constitutive de social, ce qui pourrait テェtre un bon
point de dテゥpart, mais aussi rejet d窶冰ne rationalisation de l窶冓rrationnel et arrテェt au seuil de la
distanciation, car la mテゥthode rationnelle qui distancie ne peut, テ ses yeux, rendre compte du
social fusionnel. ツサ (2001)
125
Le texte dont est extrait cette citation est Cibois,
La thティse d窶僞lizabeth Teissier : lecture d窶冰n sociologue
, ESPRIT, 2001,
est disponible sur le site de l窶僊FIS.
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article393
Nous avons tronquテゥ ce
passage dans l窶兮rticle de Cibois : ツォ
On pourrait dire qu窶册lle a "trichテゥ" pour arriver テ ses fins. Ce mot de tricherie ne serait pas
utilisable si ce n窶凖ゥtait le sien propre : en effet d窶冰ne maniティre trティs explicite, elle explique que pour faire une thティse sur l窶兮strologie, il est
nテゥcessaire de choisir un sujet de thティse "limitrophe de la Sociologie, de la Philosophie ou de l窶僣istoire des Religions et de se placer
officiellement sous l窶凖ゥgide de ces disciplines : on est obligテゥ de camoufler, de tricher, de contourner les institutions" (815-816). Tricherie
assumテゥe donc, et des deux cテエtテゥs : trop content de voir apporter des arguments qui vont dans le sens de la montテゥe de l窶冓rrationnel, le jury
situテゥ dans la mouvance de Michel Maffesoli fait semblant de se satisfaire des explications sociales de la fascination face テ l窶兮strologie en les
considテゥrant comme des explications sociologiques.
ツサ
Nous pensons que ces deux ツォ triches ツサ ne sont pas du tout semblables. Teissier a l窶冓mpression (feinte ?) de creuser
une faille d窶冰n systティme scolastique, tandis que les maffesoliens font feu de tout bois. Nous trouvons la manナ砥vre
bien plus grave chez les sociologues de chez Maffesoli que chez la riche astrologue.
127
Voici un exemple caractテゥristique : la ツォ montテゥe ツサ de l窶冓rrationnel.
Pour illustrer notre propos, voici un exemple de littテゥrature bon marchテゥ, rafraテョchie chaque
semaine dans les kiosques, et qui fabrique cette impテゥrieuse nテゥcessitテゥ dans l窶冓rrationnel, sur un ton
de rテゥvテゥlation. Nous avons テゥvitテゥ de prendre un cas flagrant, et choisi un auteur pourtant vantテゥ
pour la scientificitテゥ de ses thティses : F. Lenoir, ツォ
Philosophe, sociologue et historien des religions, [...]
chercheur associテゥ au Centre d窶僞tudes Interdisciplinaires du Fait Religieux テ l窶僞cole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales (EHESS/ CNRS). Il a publiテゥ de nombreux essais et dirigテゥ plusieurs encyclopテゥdies sur les
questions spirituelles et religieuses
ツサ, lit-on sur la biographie de son blog personnel (
fredericlenoir.com
).
Un article l窶冓nterviewant est paru dans
Psychologies
de mai 2003, texte テ portテゥe scientifique au
milieu d窶兮rticles oscillant entre le Nouvel テHe et la psychanalyse formant le corps du dossier
ツォ
notre besoin d窶冓rrationnel
ツサ. Il fait suite テ un texte introductif oテケ l窶冩n peut lire :
ツォ L窶冩cculte, l窶凖ゥtrange, le mystテゥrieux en agacent beaucoup. Selon un sondage CSA pour 窶廰e
Monde窶 et 窶廰a Vie窶 (17 avril 2003), une majoritテゥ d窶册ntre nous se mテゥfie de l窶冓rrationnel et
craint que notre テゥpoque rテゥgresse dans l窶冩bscurantisme. ツサ
Le glissement sテゥmantique est captivant :
テゥtrange
,
mystテゥrieux
, jouxtent
occulte
, puis
irrationnel
, puis
obscurantisme
. Consテゥquence non des moindres, on テゥlude le fait que les positions les plus
obscurantistes (au sens d窶冩pposition テ la diffusion des connaissances et au remplacement de
connaissances solides contre des connaissances moins ツォ vraisemblables ツサ) sont bien plus le fait
d窶兮dhテゥsions テ des thティses simili-rationnelles 窶田omme l窶僮D, que des thティses pleinement
irrationnelles. Il y a bien plus テ craindre du vernis rationnel que de la poテゥsie ou de la mテゥditation,
par exemple.
Figure 35 : Frテゥdテゥric Lenoir : ツォ Nous rテゥenchantons le monde ツサ.
Psychologies Magazine.
Dans cet extrait (figure 35), ceux qui ont lu les chapitres suivants de cette thティses relティveront au
moins les biais suivants :
-
Mauvaise テゥpistテゥmologie, et glissement sテゥmantique sur le terme ツォ irrationnel ツサ, qui signifie simplement
ツォ qui n窶册st pas rationnel ツサ. ツォ ne pas テェtre compris, テゥchapper テ la raison et ne pas テェtre expliquテゥ par la science
sont trois choses diffテゥrentes. Tout ce qui
テゥchappe テ la raison
n窶册st pas forcテゥment
irrationnel
, encore moins
Psychologies : Aujourd窶冑ui, qu窶册ntend-on par irrationnel ?
Ce que l窶冩n ne comprend pas ! En fait, ce mot revテェt encore souvent une connotation pテゥjorative. C窶册st un hテゥritage
du rationalisme du XIXe siティcle, oテケ tout ce qui テゥchappait テ la raison テゥtait disqualifiテゥ, oテケ ce qui n窶凖ゥtait pas
explicable par la science テゥtait considテゥrテゥ comme faux ou illusoire. Or, c窶册st cette vision scientiste qui est totalement
illusoire !
D窶兮bord, parce que bien des choses qui nous apparaissent aujourd窶冑ui comme irrationnelles 窶 la transmission de
pensテゥe, la voyance, les guテゥrisons par le magnテゥtisme, etc. 窶 trouveront peut-テェtre demain une explication logique.
Ensuite, et surtout, parce que l窶冑omme et le monde sont テ la fois rationnels et irrationnels. La sexualitテゥ, le
dテゥsir, l窶兮mour, l窶凖ゥmotion artistique demeurent en grande partie indテゥchiffrables. S窶兮git-il pour autant
d窶册xpテゥriences ou de sentiments illusoires ?
Descartes avouait sans honte avoir reテァu en rテェve sa fameuse "mテゥthode" qui a fondテゥ philosophiquement la science
moderne ! Mテェme si c窶册st encore mal perテァu, de nombreux philosophes et anthropologues, depuis une trentaine
d窶兮nnテゥes, ont rテゥhabilitテゥ l窶冓maginaire, la pensテゥe mythique, comme autant d窶凖ゥlテゥments constitutifs de l窶冑omme.
Iriez-vous jusqu窶凖 parler d窶冰ne poussテゥe de l窶冓rrationnel dans nos sociテゥtテゥs
europテゥennes ?
Certainement ! Et, en cela, nous cessons d窶凖ェtre l窶册xception d窶冰ne humanitテゥ qui a toujours laissテゥ s窶册xprimer sa
part irrationnelle. (窶ヲ) nous assistons depuis une trentaine d窶兮nnテゥes テ une remise en cause du scientisme 窶 la
science devient beaucoup plus modeste et s窶冩uvre テ l窶兮lテゥatoire 窶 et テ une perte d窶册mprise du magistティre religieux,
qui libティrent des pulsions irrationnelles longtemps refoulテゥes. Une sorte de retour du balancier, donc.
(窶ヲ)
128
faux
ou
illusoire
.
-
Discrテゥdit du rationalisme et postmodernisme : le rationalisme est fait ツォ censeur ツサ. Vision simpliste,
historiquement fausse puisque tous les rationalistes du XIXe n窶冩nt pas disqualifiテゥ le non rationnel, qui
plus est inexacte dans son amalgame avec le scientisme, et enfin relativiste ツォ cognitif ツサ. Briser le
rationalisme brise le socle mテェme de la connaissance scientifique.
-
Possible n窶册st pas toujours possible.
-
Erreur manifeste : la transmission de pensテゥe, voyance ne sont pas irrationnelles.
-
Paillasson : irrationnel
竕
sans explication logique.
-
Effet Impact : ツォ Poussテゥe de l窶冓rrationnel ツサ
-
Affirmation grave et non テゥtayテゥe.
-
Syndrome franテァais : dテゥcoupage dualiste et sophistique entre l窶儖rient, qui laisse s窶册xprimer sa part
irrationnelle ( ?) et l窶僞urope, l窶册xception, trop rationaliste.
-
Dテゥcoupage facile ツォ part irrationnelle / part rationnelle ツサ
-
Effet Paillasson sur ツォ science ツサ
-
Remise en cause du scientisme
竕
modestie de la science
-
Incomprテゥhension du scientisme
-
Dテゥbut d窶冓mposture intellectuelle avec ツォ s窶冩uvre テ l窶兮lテゥatoire ツサ
-
Lecture psychanalytique et ツォ pandorienne ツサ
-
ツォ libティrent des pulsions irrationnelles longtemps refoulテゥes ツサ.
-
Retour de quel balancier ? ツォ juste retour des choses ? Quelle est la balance, le
logos
sous-jacent pour
Lenoir ?
-
Effet puits : ツォ L窶冑omme et le monde sont テ la fois rationnels et irrationnels ツサ est une phrase pauvre de
sens. Si l窶冩n peut encore comprendre pour l窶冑omme (sans la femme, bizarrement), faire une telle
dテゥclaration sur le ツォ monde ツサ est de la philosophie bon marchテゥ.
-
Effet Paillasson : Irrationnel
竕
indテゥchiffrable
竕
illusoire
-
Technique de l窶凖ゥpouvantail : dテゥconstruction d窶冰n argument plus faible que la thティse dテゥfendue
-
Recours au mythe. Gテゥnテゥralisation abusive (sur un cas, vraisemblablement hagiographique) et argument
d窶兮utoritテゥ.
-
Thテゥisme : ツォ avoir reテァu en rテェve ツサ : de qui ?
-
Scテゥnario de la confession
Nous aurions pu prendre un autre exemple, pris dans la branche mystique essentialiste du
fテゥminisme (voir 4.4.5.3
Pseudo-テゥmistテゥmologie窶ヲ
) qui fait rテゥguliティrement tribune dans les colonnes du
magazine Nouvel テHe
Soleil Levant
:
ツォ Vivre l窶册xpression de notre fテゥminin implique que nous nous tournions vers notre intテゥrioritテゥ ce qui nous
permet de rテゥtablir le lien naturel avec notre intuition, notre Soi, notre dimension Sacrテゥe
.
Cela nous amティne
dans un テゥtat d窶册sprit fluide oテケ nous pouvons accテゥder テ une conception et テ une vision
globale de la vie. Notre besoin d窶冓rrationnel s窶册n trouve nourri ツサ
En guise de mテゥtaphore, mais avec beaucoup de prテゥcautions
, nous pourrions comparer une
126
Mielczareck,
L窶僞ternel Fテゥminin, La naissance d窶冰ne nouvelle vision de soi, de l窶兮utre et du monde
, revue Soleil Levant,
http://www.soleil-levant.org/presse/article.php3?id_article=133
127
テ ceci prティs que l窶册sprit humain n窶册st pas un organisme, bien entendu, et qu窶冓l est des croyances
129
pseudoscience テ un virus : le virus exploite les failles des systティmes organiques, parvient テ
convaincre les systティmes de dテゥfense de ne pas le combattre, et met en danger intellectuellement
une certaine frange de population. L窶冓mmunodテゥficience se fait progressivement, par cette forme
sociologisante relativiste 窶 que nous appelons maffesolienne non en rapport avec son ナ砥vre,
mais avec sa caution テ la thティse de Teissier 窶 et qui, comme l窶兮 montrテゥ Sokal, rend meuble et
rテゥceptif le cerveau du quidam moyen テ un certain nombre de pseudosciences.
Pour s窶册n convaincre, les discours de Maffesoli sont tellement ツォ mous ツサ テゥpistテゥmologiquement
qu窶冰ne interview vidテゥo de Maffesoli a pu utilisテゥe par le CICNS (Centre d窶僮nformation et de
Conseils des Nouvelles Spiritualitテゥs), fer de lance de la lutte contre une discrimination des
minoritテゥs spirituelles 窶賭ui font tribunes テ J.C. Guyard, par exemple, co-responsable de
l窶冓ntroduction de la pseudoscience Kinテゥsiologie en France
, ou テ des Tテゥmoins de Jテゥhovah dont
les aliテゥnations sont bien documentテゥes
C窶册st en utilisant une mテゥtaphore proche que Baillargeon a テゥcrit son
Manuel d窶僊utodテゥfense
Intellectuelle
. Nous disons que les discours relativistes maffesoliens ne sont pas dangereux
per se
,
mais tout comme certaines activitテゥs du corps, abaissent les dテゥfenses et dテゥsarment l窶冓ndividu face
aux sollicitations pseudoscientifiques. Comment, lorsque de grands noms universitaires comme
Maffesoli ou Lenoir incrustent l窶
irrationnel
, lorsque Prigogine vante le
changement de paradigme
prochain et la
fin des certitudes
, lorsque Stengers piテゥtine la science et lui dテゥnie toute spテゥcificitテゥ vis-テ-
vis des mテゥthodes intuitives, des transes chamaniques, comment expliquer ensuite leur erreur aux
individus qui se commettent, commettent leur santテゥ ou celle de leur famille et corrodent leur
compte bancaire en souscrivant テ des pseudosciences ou des pseudomテゥdecines ? On se retrouve
dans un cas de figure trティs proche des injonctions papales テ l窶兮bstinence plutテエt qu窶凖 la
contraception : l窶冓njonction est assez mal justifiテゥe, et les consテゥquences sur la population sont
tragiques.
3.6
Hypothティses de travail
: la critique des mテゥdias comme
prophylaxie des pseudosciences
L窶冩bjectif, rappelons-le, n窶册st pas de conspuer la vulgarisation scientifique, ni d窶凖ゥdicter des rティgles
d窶冩rthodoxie de transmission de l窶冓nformation. Il est de sortir de la critique frontale des
pseudosciences, et de remonter テ leurs sources, dont l窶冰ne est cette transposition plus
dテゥmagogique que didactique. Nous aimerions que tout individu souhaitant prendre de
l窶冓nformation scientifique puisse le faire en connaissance de cause. Et pour cela, il nous semble
essentiel qu窶冓l テゥvente de la main cette sensation trompeuse que la vitrine mテゥdiatique est le monde
et que l窶凖ゥvテゥnementiel mテゥdiatique qu窶冓l dテゥvore est un produit fabriquテゥ pour テァa. Nous aimerions
que le consommateur de vulgarisation scientifique puisse saisir que si l窶冩bjectivitテゥ scientifique
n窶册st pas un mythe, l窶冩bjectivitテゥ mテゥdiatique en est un, somme de choix subjectifs quasi-
publicitaires et dテゥmagogiques dont on ne lui parle jamais. Nous aimerions qu窶冓l sache que certains
espoirs qu窶冩n lui crテゥe, certaines peurs auxquelles on le soumet, sont apprテェtテゥs. Sous prテゥtexte de lui
donner du bagage, de
l窶册mpowerment
comme dit Piette (1996), c'est-テ-dire une plus grande maテョtrise
de l窶册nvironnement mテゥdiatique, on le rend d窶冰ne maniティre pavlovienne rテゥactif aux scテゥnarios les
plus convenus, aux rhテゥtoriques les plus sテゥduisantes, aux appels テ la frayeur les plus basiques.
pseudoscientifiques qui parviennent, tels des saprophytes, テ nourrir, voire テ faire survivre l窶册sprit-hテエte qui cherche
par exemple une consolation.
128
Voir projet K, dossier d窶凖ゥtudiants de pharmacie consacrテゥ テ la kinテゥsiologie, テ paraテョtre.
129
La vidテゥo est disponible ici :
http://www.sectes-infos.net/Michel_Maffesoli.htm
130
Nous aimerions partager notre effroi de voir que la culture scientifique moyenne gravite
essentiellement autour d窶冰ne poignテゥe de sujets, souvent liテゥs テ des intテゥrテェts テゥconomiques, et que les
mテゥdias n窶凉 sont pas pour rien. Nous aimerions sortir le client de cette テゥternelle attente de
sensations
scoopesques
, inextinguible par essence parce qu窶冩n テゥtanche pas une soif avec des
boissons sucrテゥes.
Pour テゥbaucher cela,
nous martelons l窶冓dテゥe que c窶册st une mauvaise comprテゥhension doublテゥe d窶冰ne
mテゥdiocre utilisation de la dテゥmarche scientifique et des connaissances qu窶册lle procure qui fait le lit
des choix pseudoscientifiques. Or nous constatons que l窶冓mpact des mテゥdias, de par leurs produits
manufacturテゥs au parfum prテゥsumテゥ de l窶儖pinion Publique, constitue une part non nテゥgligeable,
voire principale de la culture scientifique pour qui n窶兮 pas suivi d窶册nseignement spテゥcifique.
Nos hypothティses de travail sont les suivantes :
窶「
Hypothティse nツー1 : Les processus de fabrication de l窶冓nformation scientifique
mテゥdiatique sont poreux, piquテゥs d窶僮nterstices Pseudoscientifiques (Ips) qui
sont autant de brティches pour des postures non scientifiques
窶「
Hypothティse nツー2 : Utiliser ces Ips et leur critique permet de dテゥvelopper une
pテゥdagogie zテゥtテゥtique et la fabrication chez l窶凖ゥtudiant d窶冰ne autodテゥfense
intellectuelle sceptique.
131
4
Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique
4.1
Interstices pseudoscientifiques et enseignement
Constatant (chapitre 1) que la qualitテゥ de la pensテゥe critique n窶凖ゥtait pas corrテゥlテゥe au niveau d窶凖ゥtude, il
a fallu constater que l窶 ツォ esprit critique ツサ 窶 qui est finalement un ツォ esprit ツサ au sens de dテゥmarche,
ou d窶兮rt (voir 1.1.8.
La zテゥtテゥtique comme ツォ art ツサ du doute
) 窶 n窶册st pas directement enseignテゥ ou
vulgarisテゥ, et que malgrテゥ un savoir scolaire ou une culture consテゥquente, des systティmes de croyances
et d窶兮dhテゥsions filtraient dans les productions des mテゥdiateurs de la science. Nous dテゥfendons la
thティse que ces adhテゥsions, parfois en flagrante contradiction avec la connaissance thテゥorique et
factuelle accumulテゥe, se bテ「tissaient non pas dans la transmission des connaissances, mais テ travers
elle. C窶册st surtout devant l窶兮ssurance d窶冰ne grande proportion des vulgarisateurs et enseignants de
ne transmettre que des thテゥories, des faits et des technologies que nous est venue l窶冓dテゥe d窶冰tiliser la
mテゥtaphore, aussi dテゥrangeante qu窶冰tile d窶冰ne
porositテゥ
, d窶冰n mauvais recouvrement, d窶冰ne jointure
laxe. En clair, rendre l窶冓dテゥe assez dテゥsagrテゥable de prime abord que la connaissance scientifique
globale telle qu窶册lle est transmise mテゥnage des interstices de connaissance, que l窶冓ndividu aura
tendance テ aller combler tant bien que mal dans des champs pseudoscientifiques (figure 36).
Notre mテゥtaphore rejoint celle de Drummond du ツォ Dieu des trous ツサ (
God of the gaps
), selon
laquelle, pour nombre de spiritualistes, les trous que notre connaissance scientifique ne remplit
pas ne peuvent テェtre comblテゥs que par du divin (Drummond 1904, Bube 1971, pp. 203-220).
Chapitre
4
132
Figure 36 : dieu des trous, image figurative employテゥe en cours
Pour テゥviter ce que Bricmont (2001b) appelle la
rテゥification
de notre ignorance et toute manipulation
aliテゥnante qui pourrait s窶册n suivre, il nous a semblテゥ important de pister des Ips, d窶册n chercher les
causes dans les messages scientifiques qui arrivent テ l窶冓ndividu, et d窶凖ゥtudier comment circonscrire
le problティme. Car nous pensons que les adhテゥsions pseudoscientifiques ne rテゥpondent pas tant テ un
besoin inhテゥrent de l窶册sprit humain (voir le ツォ pseudo-besoin d窶冓rrationnel ツサ, chapitre prテゥcテゥdent)
qu窶凖 un bouchage des interstices que l窶冓nformation mテゥnage en nous en construisant notre
carapace cognitive.
4.1.1
Dテゥfinition des Ips
Nous avons bテ「ti la notion d窶
Ips
pour permettre un travail pテゥdagogique en amont des remports
d窶兮dhテゥsion qui, une fois inscrits dans le temps et dans les actes d窶冰n individu forment des
blocs
cognitifs
beaucoup plus difficiles テ dテゥconstruire, ne serait-ce que par les mテゥcanismes de maintein de
la consonance cognitive (Festinger
&al.,
ouv.citテゥ,
Cialdini
ouv.citテゥ
). Le ciblage des Ips sur la
transposition mテゥdiatique des connaissances en science nous semble adaptテゥ du fait de la profusion
des supports exploitables (magazines, revues, journaux, テゥmissions radio ou tテゥlテゥvisuelles, Internet)
et de leur ancrage dans la vie de tous les jours (contrairement aux concepts enseignテゥs classiques :
il est rarement discutテゥ de thermodynamique dans les lieux publics, mais la question des sourciers
est une grande ツォ classique ツサ des repas de famille). Dans l窶兮bsolu, notre ambition, en tant
qu窶册nseignant, serait d窶凖ェtre en mesure d窶冓mproviser un cours de lecture critique du message
scientifique en ne se servant que de la presse du jour. Si l窶冩n parvient テ amener l窶兮pprenant テ
pointer les failles dans la transposition de la connaissance directement sur un support motivant
et
populaire 窶 une テゥmission de
, par exemple 窶, non seulement nous pourrons テゥlaborer
une critique formelle, mais テゥgalement encourager テ l窶冰tilisation de cette critique sur tout autre
support du mテェme type. Pour ce faire, il nous fallait nommer ces brティches. Le terme
Interstices
, par
l窶冓dテゥe d窶冰ne lテゥzarde sテゥparant deux bordures, nous a semblテゥ le plus adaptテゥ. Il suffit d窶冓maginer
deux
entre lesquels est maintenu, sciemment ou non, une riviティre
pseudoscientifique tumultueuse. Il suffit ensuite d窶冰ne scテゥnarisation fantasmatique pour que, tel
le joueur de flテサte de Hamelin, les moins attentifs au fond et les plus sensibles テ la joliesse de la
forme suivent le dテゥratiseur jusqu窶凖 la riviティre Weser
130
Mystティres, sテゥrie d窶凖ゥmissions de Philip Plaisance, diffusテゥes en France sur TF1 de 1992 テ 1995 et ayant marquテゥ un
grand nombre de jeunes de cette gテゥnテゥration.
131
La paternitテゥ de cette notion, que nous avons quelque peu dテゥtournテゥ, revient au professeur (et prテェtre jテゥsuite)
Fourez. Voir par exemple Fourez,
Qu窶册ntendre par ツォ テ四ot de rationalitテゥ窶 ? et par ツォ テ四ot interdisciplinaire de rationalitテゥ窶 ?
(1997).
Voir aussi Larochelle & Dテゥsautels 2002, et Maingain
& al.
2002.
132
Ou dans une grotte, comme le narrent les frティres Grimm, dans
Der Rattenfテ、nger von Hameln
.
133
Figure 37 : Illustration figurative de l窶僮ps, faille dans un テゥdifice scientifique.
Nous parlons d窶僮nterstices pseudoscientifiques (Ips) pour dテゥsigner
les biais potentiels ou avテゥrテゥs dans la
transposition mテゥdiatique des hypothティses ou des rテゥsultats scientifique, biais pouvant amener le rテゥcipiendaire テ
adhテゥrer, par des procテゥdテゥs autres que logico-dテゥductifs, テ une thティse insuffisamment テゥtayテゥe ou テ croire accrテゥditテゥe une
hypothティse non prouvテゥe.
4.1.2
Obstacles テゥpistテゥmologiques, Interstices pseudoscientifiques
Les Ips empruntent certains caractティres テゥpistテゥmologiques aux
obstacles
de Bachelard.
ツォ Quand on cherche les conditions psychologiques des progrティs de la science, on arrive
bientテエt テ cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problティme de la
connaissance scientifique. (窶ヲ) c'est dans l'acte mテェme de connaテョtre, intimement,
qu'apparaissent, par une sorte de nテゥcessitテゥ fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est
lテ que nous montrerons des causes de stagnation et mテェme de rテゥgression, c'est lテ que nous
dテゥcティlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles テゥpistテゥmologiques. (窶ヲ)
En fait, on connaテョt contre une connaissance antテゥrieure, en dテゥtruisant des connaissances mal
faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit mテェme, fait obstacle テ la spiritualisation ツサ
(Bachelard 1983, pp. 13-16).
Nous pensons que, de la mテェme faテァon que les obstacles テゥpistテゥmologiques bachelardiens sont テ
franchir, les Ips sont autant d窶凖ゥcueils テ テゥviter.
Lテ oテケ l窶冩bstacle テゥpistテゥmologique reprテゥsente un mur conceptuel permettant de passer d窶冰ne
interprテゥtation moins テゥlaborテゥe scientifiquement テ une autre plus juste, l窶僮ps est un trou ramenant
l窶兮pprenant ou le consommateur de VS テ un stade conceptuel infテゥrieur テ scientificitテゥ moins
grande.
Comme nous
allons le prテゥsenter, les Ips sont multiformes, et s窶冓l n窶册st pas possible d窶册n faire une
liste exhaustive, nous avons envisagテゥ d窶册n faire une sテゥmiologie pratique associテゥe テ l窶冩utillage Z
permettant de s窶册n prテゥmunir. Cet outillage nous paraテョt devoir rテゥpondre テ 4 critティres.
Trois critティres pテゥdagogiques :
-
cet outillage doit テェtre peu complexe, en tous cas moins complexe que les objets テ analyser
-
afin de permettre une appropriation rapide par l窶兮pprenant, il doit fournir des images
134
mentales claires et des dテゥfinitions simples.
-
il est nテゥcessaire d窶兮ccrテゥditer chaque outil d窶册xemples marquants, afin que l窶兮pprenant intティgre
non seulement le principe de l窶冩util, mais aussi ses limites.
-
Un critティre philosophico-テゥpistテゥmologique :
-
Ces outils doivent n窶册ncourager aucune posture philosophique spiritualiste et se contenir
dans les cadres テゥpistテゥmologique et philosophique dテゥcrits au chapitre 1, c'est-テ-dire le
monisme mテゥthodologique, le scepticisme et le matテゥrialisme scientifique.
テ ce titre, nous avons refait, simplifiテゥ plusieurs fois notre sテゥmiologie, afin d窶册n faire un systティme
d窶兮nalyse le plus simple et le plus pratique possible.
Nous avons distinguテゥ trois types d窶僮ps.
-
les Ips lexicaux
-
les Ips logico-argumentatifs
-
les Ips scテゥnaristiques.
4.2
Ips de type 1 : Ips Lexicaux ou la gamme des
effets paillasson
Mais par l'habitude d'employer un mot dans un sens figurテゥ, l'esprit finit par s'y arrテェter uniquement, par faire abstraction du
premier sens; et ce sens, d'abord figurテゥ, devient peu テ peu le sens ordinaire et propre du mテェme mot. Les prテェtres, qui
conservティrent le premier langage allテゥgorique, l'employティrent avec le peuple qui ne pouvait plus en saisir le vテゥritable sens, et qui,
accoutumテゥ テ prendre les mots dans une seule acceptation, devenue leur acception propre, entendait je ne sais quelles fables
absurdes, lorsque les mテェmes expressions ne prテゥsentaient テ l'esprit des prテェtres qu'une vテゥritテゥ trティs simple.
A. de Condorcet,
Esquisse d'un tableau historique des progrティs de l'esprit humain
, 1794, p. 42.
Malgrテゥ leur efficacitテゥ, les langues naturelles sont ambiguテォs et imprテゥcises. Elles produisent des テゥnoncテゥs aux sens multiples. La
polysテゥmie d窶冰n grand nombre de mots permets les images, les mテゥtaphores, les calembours et autres jeux de langage. Nous nous
servons du flou sテゥmantique pour faire de l窶冑umour ou pour exprimer des sentiments et des テゥmotions complexes. Mais ce qui
est un atout dans la communication courante deviennent un obstacle lorsqu窶冩n cherche テ dテゥfinir un objet ou un concept de
laniティre prテゥcise et sans テゥquivoque, ce qui est le cas en mathテゥmatiques, en physique, ou en philosophie ツサ.
Michel De Pracontal,
L窶冓mposture scientifique en 10 leテァons
, p. 279.
Sans prテゥtendre avoir fait une テゥtude sテゥmantique complティte de la lexicographie des transferts de
connaissances en sciences, nous soutenons que le choix des mots dans la vulgarisation
scientifique est une des sources majeures d窶僮ps, et que prテゥvenir ce problティme est possible. Nous
nous contenterons de dire que nommer une chose n窶册st pas un acte anodin : cela revient テ
ツォ choisir ツサ le signifiテゥ, l窶冓soler, le rテゥifier pour le rendre ツォ appropriable ツサ. Toute langue qui s窶凖ゥlabore
forme un systティme de mots qui semble reflテゥter les structures du rテゥel mais qui, en vテゥritテゥ, n窶册n
constitue qu窶冰ne trame, une rテゥsille, une version partielle et partiale en fonction des connaissances,
des mナ砥rs et des champs de validation du moment et du lieu.
Brune, critique des discours idテゥologiques, テゥcrit notamment :
ツォ tout langage est infiniment lacunaire et approximatif, si l窶冩n en juge par la complexitテゥ du
135
monde, mais il n窶册n forme pas moins un systティme d窶冓nterprテゥtation du Rテゥel qui, si pratique et
si riche qu窶冓l soit [...], doit tout de mテェme テェtre considテゥrテゥ pour ce qu窶冓l est : une grille
idテゥologique.
L窶冓llusion des usagers d窶冰ne langue, c窶册st alors de prendre cette nomination sテゥlective pour
un reflet objectif des choses, et de croire qu窶冓ls ツォ possティdent ツサ la rテゥalitテゥ du monde テ travers le
rテゥseau des mots. Or, cette illusion est dominante en nous. Elle nous devient ツォ naturelle ツサ
avec la pratique du langage. On dit couramment qu窶冓l faut ツォ appeler les choses par leur
nom ツサ, oubliant que la nomination ne les saisit que par le petit bout de nos lorgnettes
savantes, qu窶册lle les ordonne selon des concepts bien arbitraires, et impose テ chaque
locuteur une perception prテゥ-construite, donc tronquテゥe, du rテゥel. ツサ (Brune,
ouv.citテゥ
, p. 121-2)
Plus loin :
ツォ [...] si l窶兮cte de nomination du monde est en mテェme temps prise de pouvoir sur la
conscience de ceux que l窶冩n conditionne テ voir le monde tel qu窶冩n le nomme, alors on
comprend la propension du discours mテゥdiatique テ rテゥduire le monde au mode テゥvテゥnementiel
et テ se donner sur la foule le pouvoir de ceux qui ont ツォ les clefs de l窶兮ctualitテゥ ツサ. Ce faisant,
les maテョtres des mテゥdias se font maテョtres窶ヲ ou plutテエt ツォ prテェtres ツサ de l窶凖ゥpoque, dont ils cテゥlティbrent
テ toute heure du jour et de la nuit les divines manifestations テゥvテゥnementielles ツサ. (
Ibid.
, p. 129)
Dans la mesure oテケ ツォ l窶兮ccroche ツサ du rテゥcipiendaire de toute presse et de tout mテゥdia se fait en
grande partie sur les titres et les テゥnoncテゥs, censテゥs saisir la globalitテゥ des faits prテゥsentテゥs, il est
prテゥvisible que cette confusion entre rテゥel et transposition du rテゥel y soit maximale et que les mots
ainsi employテゥs soient la signature de la subjectivitテゥ de l窶兮uteur, voire de l窶冓dテゥologie テ l窶卩砥vre. Or la
science, comme accumulation progressive des connaissances, tente thテゥoriquement de rテゥduire au
maximum la subjectivitテゥ dans la lecture des faits ou des phテゥnomティnes. En clair, le systティme
langagier est non seulement une reprテゥsentation du rテゥel forcテゥment incomplティte car le signifiant
n'テゥpuise jamais vraiment le signifiテゥ, mais une reprテゥsentation nテゥcessairement empreinte de
l窶冓dテゥologie du moment. Tout discours scientifique, qui tente de s窶兮ffranchir de la subjectivitテゥ des
テゥnonciateurs, doit faire un choix scrupuleux de son lexique. Ce vナ砥 anti-subjectiviste se heurte テ
la technologie des mテゥdias, qui a la nテゥcessitテゥ mercatique de plaire, de parler テ la subjectivitテゥ du
rテゥcepteur afin qu窶冓l devienne un client. テ partir de cela, le hiatus entre les faits scientifiques rテゥels
et la faテァon de les relater induit, nous allons le voir, une cohorte de biais de perception des choses,
de mテゥlange des genres テゥpistテゥmologique et de mise en scティne, afin d窶兮ttiser la soif du
consommateur pour le curieux, le mystテゥrieux, le troublant, 窶 pain bテゥnit, bien sテサr, pour les thティses
de type 窶湾aranormal窶, pour les thテゥories pseudoscientifiques, etc.
4.2.1
Dテゥfinition 窶 types 窶 multiacception
Lorsque ces hiatus, dans lesquels est susceptible de s窶册ngouffrer le lecteur, proviennent du choix
des mots lui-mテェme, nous parlerons d窶
Interstice Pseudoscientifique lexical
, ou
Ips lexical
.
Les
Ips lexicaux
dテゥsignent les occurrences d窶册mploi laxiste des terminologies scientifiques, et
l窶冓ncertitude gテゥnテゥrテゥe dans la comprテゥhension d窶冰n concept par le chevauchement des divers sens
que le terme qui le dテゥsigne peut prendre.
En thテゥorie, les termes scientifiques ont une vocation monosテゥmantique. Les Ips lexicaux ne
devraient donc idテゥalement pas exister puisque chaque terme scientifique ayant sa signification,
celle-ci ne se discuterait que lorsque l窶兮vancテゥe des connaissances remettrait en cause le signifiテゥ
mテェme du terme (comme dans l窶册xemple du
phlogistique
ou de l
窶凖ゥther
en sciences physiques, celui de
corps composテゥs en chimie ou la notion de
psore
en mテゥdecine).
136
Or le langage, mテェme scientifique, est un objet dynamique, et croire en une construction
langagiティre scientifique non amphibole serait faire fi d窶冰ne part de l窶冑テゥritage historique des
disciplines, et surtout de la genティse sociale du discours scientifique et des contraintes sociテゥtales qui
s窶册xercent sur la diffusion de celui-ci.
4.2.1.1
Types
Nous allons テゥbaucher une catテゥgorisation des Ips lexicaux en fonction des misconceptions qu窶冓ls
gテゥnティrent, et lorsque nous le pourrons, nous proposerons des solutions. Il ne s窶兮git pas d窶冰ne
volontテゥ de crテゥer une terminologie ツォ テゥpistテゥmologiquement correcte ツサ, pour reprendre la formule
de Lテゥvy-Leblond, mais de tendre vers une terminologie ツォ テゥpistテゥmologiquement juste ツサ.
L窶冩bjectif est triple : reconnaテョtre la dynamique de la langue et l窶冑istoricitテゥ des termes scientifiques
plutテエt que la nier, pointer les risques pseudoscientifiques de certains termes et s窶兮ssurer que
l窶册mploi qui est fait de ceux-ci ne souffre pas d窶兮mbiguテッtテゥ, afin qu窶冰ne domination langagiティre ne
s窶冓nstaure pas entre celui qui se sert d窶冰ne ou plusieurs acceptions d窶冰n terme et son
public/lectorat.
Nous avons distinguテゥ deux grands types d窶僮ps lexicaux : ceux portant sur le choix du terme lui-
mテェme, et ceux portant sur la place et l窶册mploi qui en est fait.
4.2.1.2
Mutiacception
Une acception est une nuance sテゥmantique d'un mot, suivant ses conditions d'emploi ou
d'interprテゥtation.
Nous parlons de
multiacception
lorsqu窶冰n terme prテゥsente plusieurs interprテゥtations possibles, et
d窶
テゥquivoque
lorsque deux ou plusieurs sens d窶冰n terme se chevauchent, et que rien dans le contexte
ne permet d窶冓ndiquer quelle acception est utilisテゥe dans le contexte en question. En ce sens,
l窶凖ゥquivoque, du au recouvrement des divers sens, est une consテゥquence possible de la
multiacception.
Nous avons discernテゥ quatre variantes d窶凖ゥquivoques possibles engendrテゥes par la multiacception
d窶冰n terme. Elles sont classテゥes selon une テゥchelle pragmatique de ツォ gravitテゥ ツサ de l窶凖ゥquivoque,
テゥvaluテゥe sommairement テ la distance entre les acceptions, leur impact sur l窶冓maginaire et au prorata
de leur rテゥcurrence dans les mテゥdias ou les propos communs.
窶「
Variante 1 : effet paillasson commun 窶 ツォ essuyez vos pieds ツサ, ou recouvrement
acception
scientifique / acception commune
窶「
Variante 2 : effet vieux paillasson 窶 ツォ essuyez vos godillots ツサ, ou recouvrement
acception
sens historique / sens actuel
窶「
Variante 3 : effet paillasson de l窶册space 窶 ツォ essuyez vos tentacules ツサ, ou recouvrement
acception sens scientifique / sens pseudoscientifique
窶「
Variante 4 : concept nomade 窶 ツォ essuyez vos pieds sur le nテゥnuphar ツサ - recouvrement
acception
sens scientifique / sens mテゥtaphorique non maテョtrisテゥ
4.2.2
Effet paillasson commun, ou ツォ essuyez vos pieds ツサ
C窶册st le cas le plus courant. Il est gテゥnテゥralement dテゥcrit en zテゥtテゥtique sous le terme d窶册ffet paillasson.
ツォ [L'Effet Paillasson] consiste テ dテゥsigner une chose ou un objet par un mot qui se rapporte
137
テ autre chose ; il permet de tirer des implications sans aucune commune mesure avec celles
que l'on serait en droit de tirer ; cet effet est assez rテゥpandu dans la vie de tous les jours et
c窶册st ce qui le rend si opテゥrant. ツサ (Broch,
ouv.citテゥ
, pp. 191-2)
Il recouvre en linguistique la notion de mテゥtonymie et dont la dテゥfinition est donnテゥe par le
Dictionnaire TLFi :
ツォ Figure de rhテゥtorique dans laquelle un concept est dテゥnommテゥ au moyen d窶冰n terme
dテゥsignant un autre concept, lequel entretient avec le premier une relation d窶凖ゥquivalence ou
de contiguテッtテゥ (la cause pour l窶册ffet, la partie pour le tout, le contenant pour le contenu,
etc.) ツサ
L窶册xemple typique est celui du paillasson (figure 38) qui enjoint ツォ essuyez vos pieds ツサ :
ツォ Un paillasson porte par exemple l窶冓nscription ツォ
Essuyez vos pieds SVP
ツサ. Pourtant,
personne ne s窶册st jamais enlevテゥ les chaussures et les chaussettes pour s窶册xテゥcuter ! ツサ
(Broch,
ouv.citテゥ
, p. 191)
Figure 38 : effet paillasson (crテゥdit Franテァois-b)
Boire un
verre
au lieu du vin contenu dans le verre, recevoir des
lauriers
pour la gloire, lire un
Zola
au lieu d窶冰n livre de Zola sont テゥgalement des exemples de mテゥtonymies. D窶册xpテゥrience, il est
テゥvidemment plus facile de retenir l窶册xpression ツォ effet paillasson ツサ que mテゥtonymie.
Comme l窶册xplique Broch, l窶册ffet paillasson commun, avec ses vala vie quotidienne et c窶册st ce qui le rend si opテゥrant. L窶册ffet paillasson commun peut consister en :
-
un glissement sテゥmantique populaire -> science, d窶冰n terme du langage courant, importテゥ
par les scientifiques dans leur champ de recherche. S窶冓l garde dans le champ scientifique
un sens constant, il est susceptible d窶凖ェtre mal interprテゥtテゥ par les non-scientifiques qui
courent le risque de lui confテゥrer une charge affective liテゥe au premier sens. Les mテゥdias et
certains confテゥrenciers apprテゥcient particuliティrement ce type de terme, qui permet des
scテゥnarisations テ peu de frais et d窶兮ttirer le non-scientifique avec une vulgarisation
souvent simplifiante, rテゥguliティrement pontifiante (et parfois abusive, voir 1.3.7
La morgue
du Post-modernisme
)
.
-
un glissement sテゥmantique science -> populaire, d窶冰n concept scientifique tellement
vulgarisテゥ que le construit social autour du terme est テゥloignテゥ du sens premier. Il y a alors
ce que Joshua et Dupin appellent une dテゥsyncrテゥtisation :
le savoir est extrait de son
environnement テゥpistテゥmologique, oテケ il s窶册st initialement ancrテゥ
(Joshua & Dupin,
ouv.citテゥ
, p. 195). Le
133
Le dictionnaire ATILF est un dictionnaire en ligne (voir netographie).
134
En fonction de l窶册mprunt, on pourrait distinguer un certain nombre de figures de style (l窶冑ypallage, la mテゥtalepse,
窶ヲ), mais l窶冰tilitテゥ pテゥdagogique est somme toute assez restreinte au vu de la complexitテゥ des noms de ces figures.
Citons par exemple
la synecdoque, ou prendre le tout pour la partie (Metz a gagnテゥ la finale - pour ツォ les joueurs de
l'テゥquipe de foot de Metz ツサ...) ; ou la partie pour le tout (Les voiles prennent le dテゥpart - pour ツォ les bateaux テ voiles ツサ).
138
terme perd en quelque sort son histoire テゥpistテゥmologique (
dテゥ-historisation
) et les jalons de
son テゥlaboration (voir 3.4.3.1
caractティre
ex nihilo
et dテゥsyncrテゥtisation
).
(Le glissement sテゥmantique
science-pseudoscience
est abordテゥ dans les variantes nツー3 et 4).
Il est assez simple de montrer aux テゥtudiants plusieurs types d窶册ffets paillasson :
-
ceux qui servent テ accepter comme acquise l窶冑ypothティse que l窶冩n entend prouver (voir
4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
)
-
ceux qui servent ou ont servi テ rテゥaliser des fraudes ou des escroqueries
-
ceux qui servent テ obtenir du lecteur / spectateur / public un assentiment plus テゥlevテゥ
que ce que la qualitテゥ du sujet prテゥsentテゥ laissait rテゥsumer : on parlera alors de manipulation
de l窶冓nformation
-
ceux qui, involontaires, entraテョnent une mauvaise comprテゥhension d窶冰n champ de
connaissance, ou l窶册ntraテョne vers des interprテゥtations paranormales, spiritualistes ou
mystiques (voir Variantes nツー3 et 4)
Exemples d窶兮cceptation
a priori
de l窶冑ypothティse :
窶「
Le ツォ sang ツサ de saint Janvier : Il est prテゥsentテゥ comme tel (parfois sans guillemets) alors que
rien en vient テゥtayer l窶冑ypothティse d窶冰n sang, qui plus est humain.
窶「
Le ツォ suaire ツサ de Turin :
Idem
pour le ツォ saint suaire ツサ de Turin, qui est plus que
vraisemblablement une テゥtoffe de lin de la fin du 14
ティme
siティcle et qui n窶册st un suaire (テ plus
forte raison saint, et テ plus forte raison celui du Christ) que dans l窶册sprit de certains
catテゥchumティnes sindonologues (Broch,
ouv.citテゥ
, pp. 43-64 et Broch 2001,
ouv.citテゥ
, pp303-329)
窶「
Le ツォ monstre ツサ du Loch Ness : De nombreux titres de presse jouent sur connotation /
dテゥnotation du terme monstre. Alors que le fameux Nessie ツォ le monstre du Loch Ness ツサ,
n窶册st, au-delテ de tout doute raisonnable, qu窶冰ne vue de l窶册sprit doublテゥe d窶冰ne manナ砥vre
commerciale (Moller 1994, Ellis 2000).
窶「
Avant J.C. : Le meilleur exemple reste sans conteste notre mテゥthode d窶冩rdonnancement
historique, prenant sa source テ la naissance de Jテゥsus Christ. Sachant :
1)
que sa date de naissance est situテゥe communテゥment en 4 aprティs JC
2)
que l窶册xistence historique de Jテゥsus est fortement discutテゥe, il y a de quoi rester dubitatif sur
la graduation d窶冰ne テゥchelle scientifique テ partir d窶冰n pseudo-テゥvenement probable
Ces ツォ paillassons ツサ communs font qu窶凖 simplement les dテゥsigner, on accrテゥdite et on ancre dans les
esprits une hypothティse non テゥtayテゥe. Or, rien ne dit par exemple pour le ツォ suaire ツサ de Turin qu窶冓l
s窶兮gisse d窶冰n suaire (on sait d窶兮illeurs qu窶冓l s窶兮git d窶冰n linge ツォ habilement peint ツサ), encore moins
qu窶冓l s窶兮git du suaire du Christ. Pourtant, les mテゥdias ne prennent pas de prテゥcautions :
-
Saint suaire : la science aveuglテゥe par la passion
,
S&V
窶 juillet 2005
-
L
e saint suaire de la discorde
,
S&Av
, Nツー669 2002
-
Shroud of Turin: Old as Jesus?,
New York Times
, 27 January 2005
135
En tout テゥtat de cause, nous pouvons lテゥgitimement, dans le cadre d窶冰n enseignement laテッque, choisir de dater non
plus par rapport テ J.C. mais par rapport テ E.C., テre Chrテゥtienne, datテゥe arbitrairement en 0 et qui, elle, a existテゥ et
persiste.
139
(ce dernier titre ne manquant pas de piquant, vue l窶冓ncertitude sur l窶册xistence physique de Jテゥsus
lui-mテェme).
Exemples de fraudes et escroqueries :
窶「
Eusappia Palladino, qui prテゥtendait dテゥclencher dans le noir des dテゥplacements d窶冩bjet sans
dテゥplacer ses membres. Sachant dテゥsormais ses modes de triche, il est cocasse de constater
que l窶冑uissier croyait contrテエler ツォ son pied ツサ alors qu窶冓l ne contrテエlait que窶ヲ la chaussure
(Broch 2001,
ouv.citテゥ
, p. 249).
窶「
Chris : Le mテゥdium Chris, venu au laboratoire de zテゥtテゥtique tester une transmission de
pensテゥe, utilisa テ titre promotionnel la phrase ツォ testテゥ au Laboratoire de zテゥtテゥtique ツサ sans
spテゥcifiテゥ que le test avait テゥchouテゥ.
Exemple d窶册mbellissement de la rテゥalitテゥ :
窶「
L窶兮ffaire de la ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ : Le titre de la publication,
Human basophil degranulation
triggered by very dilute antiserum against IgE,
est en lui-mテェme une mテゥtonymie. En effet,
Benveniste, et son テゥquipe テゥcrivent que la dテゥgranulation des basophiles a テゥtテゥ ツォ
テゥtablie en
comptant les cellules ayant des propriテゥtテゥs mテゥtachromatiques
ツサ (1988). Or, en toute rigueur faudrait-
il parler de dテゥcoloration, non de dテゥgranulation, car si la dテゥgranulation implique une
modification des propriテゥtテゥs de coloration, cela ne veut pas du tout dire que l'inverse soit
vrai. C窶册st donc bien la ツォ dテゥcoloration ツサ et non la ツォ dテゥgranulation ツサ qu窶冓l aurait fallu テゥcrire.
Comme le fait remarquer Broch, ツォ
テ益idemment, le titre de l'article eテサt テゥtテゥ moins percutant !
ツサ
(Broch
, ibid.,
pp. 153-172). Lテゥvy-Leblond rajoute d窶兮illeurs :
ツォ Imagine-t-on un seul instant d窶兮illeurs que ces textes auraient eu le mテェme impact
s窶冓ls avaient テゥtテゥ intitulテゥs ツォ effet de rテゥsonance structurelle dans l窶冑ydrure
d窶儖xygティne ?
ツサ (Lテゥvy-Leblond 2003).
Voici quelques exemples plus complexes utilisテゥs en travaux dirigテゥs.
窶「
La Bible contre Darwin
テ l'issue de deux mois de procティs, le juge fテゥdテゥral de Pennsylvanie, John Jones, a dテゥclarテゥ le 20
dテゥcembre 2005 qu'il テゥtait ツォ inconstitutionnel d'enseigner le dessein intelligent [*] comme une
alternative テ l'テゥvolution, dans une classe des sciences d'une テゥcole publique ツサ, l窶僮D n'テゥtant selon
Jones ツォ
rien d'autre que la progテゥniture du crテゥationnisme
ツサ et ツォ
une alternative religieuse dテゥguisテゥe en thテゥorie
scientifique
ツサ. Le thティme est typiquement zテゥtテゥtique et la couverture (du nテゥanmoins excellent numテゥro
du
Nouvel Observateur HS
de dテゥcembre 2005) nous est utile pour illustrer de multiples effets
paillasson ainsi que la scテゥnarisation sportive et l窶兮ccentuation lapidaire (figure 39).
140
Figure 39 : Couverture numテゥro du
Nouvel Observateur HS
de dテゥcembre 2005.
Il ne s窶兮git pas de la Bible, mais :
-
de lecteurs de la Bible
-
de certains lecteurs de la Bible
-
du scテゥnario tテゥlテゥologique de certains lecteurs de la Bible
-
de l窶册nseignement dans les テゥcoles publiques amテゥricaines du scテゥnario tテゥlテゥologique de certains
lecteurs de la Bible
Il ne s窶兮git pas de Darwin, mais :
-
de la thテゥorie de Darwin
-
de la thテゥorie darwinienne
-
de la thテゥorie nテゥo-darwinienne
-
de l窶册nseignement de la thテゥorie nテゥo-darwinienne dans les テゥcoles publiques amテゥricaines.
Bien sテサr, la contrainte de place rend nテゥcessaire la brievetテゥ d窶冰n titre. Ce que nous tentons de
mettre en テゥvidence est que c窶册st courramment le mテェme type d窶兮brテゥviation du titre qui est テ
l窶卩砥vre, et que toute la saveur de la controverse est aplanie par un tel titrage (voir 4.4
scテゥnarios
).
Relevons quatre autres choses :
-
Il ne s窶兮git pas d窶冰n combat politique : si les tenants du scテゥnario ID ont effectivement des
vellテゥitテゥs politiques, ce n窶册st pas le cas des dテゥfenseurs de l窶册nseignement de la thテゥorie nテゥo-
darwinienne.
-
Tous les テゥvangテゥliques ne partent pas テ l窶兮ssaut de la sociテゥtテゥ amテゥricaine ; seuls certains partent
テ l窶兮ssaut des programmes d窶册nseignement de certains Etats des EU.
-
Les dテゥrives en France sont de type Dessein Intelligent, et non crテゥationnistes, justement.
141
-
La reproduction d窶冰n singe caresse l窶册rreur classique de l窶僣umain qui descend du singe, ou
qui est un singe en puissance, tandis qu窶册n toute prテゥcision Humain et Singes ont des ancテェtres
communs, ce qui n窶册st pas la mテェme chose.
Il y a des exemples bien plus tテゥnus, comme par exemple celui tirテゥ du courrier des lecteurs de
S&V
de Juin 2005 :
Forum : ツォ la vaccination contre l窶冑テゥpatite B en question ツサ.
Il s窶兮git d窶冰n courrier des lecteurs signテゥ Odile
Blakoe. On peut y lire ceci :
ツォ (窶ヲ) Vous resservez aussi des clichテゥs テゥculテゥs du genre l窶册xception ツォ franco-franテァaise ツサ alors
qu窶冓l suffit d窶兮ller sur n窶冓mporte quel moteur de recherche pour constater l窶凖ゥtendue de la
recherche internationale sur les effets secondaires du vaccin contre l窶冑テゥpatite B. ツサ (p. 9)
Il s窶兮git d窶冰n double effet paillasson :
-
Sur un moteur, on ne constate pas
l窶凖ゥtendue de la recherche internationale
, mais
l窶兮mpleur mテゥdiatique
de la recherche internationale.
La nuance est de taille, et revient テ confondre nombre de passages
tテゥlテゥvisテゥs et qualitテゥ des travaux. Confondre les deux, c窶册st intervertir la carte et le terrain, c窶册st
ne contempler que la vitrine. C窶册st une sorte de pensテゥe magique de similitude.
-
Qui dit
テゥtendue de la recherche internationale
ne confirme pas la
validitテゥ de cette recherche internationale.
Un exemple : il y eut un trティs grand nombre de recherches lancテゥes テ la suite des travaux de
Fleishmann et Pons sur la
fusion froide
, trティs grand nombre de recherches qui n窶冩nt abouti テ
aucun rテゥsultat de type fusion froide. Autre exemple : il y a un grand テゥventails de publications
sur les テゥlixirs floraux de Bach disponibles en ligne, et seules deux d窶册ntre elles sont valides
expテゥrimentalement (et concluent テ leur inefficacitテゥ).
窶「
L窶凖ゥnergie noire aux portes de notre galaxie
Une autre illustration est donnテゥe en page 16 dans la rubrique
Actualitテゥs Recherche
: ツォ
L窶凖ゥnergie noire se
trouve aussi aux portes de notre galaxie
ツサ (article signテゥ M. Moraguティs) (figure 40).
142
Figure 40 : Article ツォ L窶凖ゥnergie noire se trouve aussi aux portes de notre galaxie ! ツサ extrait de S&V
de Juin
2005, page 16.
Entre un certain nombre d窶兮utres points critiquables, on lit :
ツォ (窶ヲ) l窶凖ゥnergie sombre vient d窶凖ェtre mise en テゥvidence (窶ヲ) cette mystテゥrieuse force (窶ヲ) ツサ
Effet Paillasson : テゥnergie noire, テゥnergie sombre et ツォ mystテゥrieuse force ツサ sont allティgrement
mテゥlangテゥs par l窶兮uteur, qui fait fi de la rigueur scientifique rテゥclamテゥe テ un bachelier (force et テゥnergie
テゥtant deux concepts distincts, l窶凖ゥnergie テゥtant le travail de la force).
ツォ Car cette mystテゥrieuse force qui accテゥlティre l窶册xpansion de l窶儷nivers ツサ
Il n窶册st pas justifiテゥ ici de qualifier de mystテゥrieuse la force テ laquelle doit l窶冰nivers son expansion.
IL s窶兮git d窶冰ne scテゥnarisation publicitaire de type ツォ mystテゥrieuse ツサ, qui est censテゥe faire frテゥmir d窶兮ise
les assoiffテゥs d窶凖ゥtrange. Cette sauce ツォ mystテゥrifiante ツサ quasi-systテゥmatique en cosmologie laisserait
presque croire qu窶册lle est nテゥcessaire pour intテゥresser le lecteur ; cela peut signifier deux choses :
soit
S&V
considティre que le public ne s窶冓ntテゥressera pas au sujet de son propre chef sans cette mise
en scティne (ce qui est dテゥsobligeant pour le lecteur), soit que cette rhテゥtorique consacrテゥe n窶册st lテ que
pour accroitre l窶兮ccroche publicitaire (ce qui est dテゥsobligeant pour la revue).
窶「
Remarques : l窶册nseignement classique des sciences n窶册st pas dテゥpourvu d窶册ffets paillasson :
-
la confusion テゥnergie/puissance/force, par exemple, en but avec les acceptions
populaires de ces termes.
-
la phrase rテゥguliティrement employテゥe au lycテゥe ツォ
テ衛uilibrez la rテゥaction chimique
ツサ : ce n窶册st bien
entendu pas la rテゥaction (toujours テゥquilibrテゥe テ tout instant) mais l窶凖ゥquation qu窶冓l faut
テゥquilibrer. テ益iter ce glissement amテゥliorerait certainement la comprテゥhension des
テゥquilibres chimiques chez les テゥlティves.
143
Cette accumulation a pour objectif de montrer qu窶冓l suffit d窶冰ne seule revue pour ツォ travailler ツサ les
imprテゥcisions de langage de la vulgarisation scientifique.
Nous renvoyons le lecteur テ un autre travail dirigテゥ en annexe (voir Annexe 窶
fiche pテゥdagogique Nツー1
).
4.2.3
Effet vieux paillasson : essuyez vos arpions
Ce glissement sテゥmantique consacre les recouvrements d窶兮cception entre le sens historique et le
sens actuel d窶冰n mot.
Certains mots subissent des glissements sテゥmantiques au cours de leur histoire, et occasionnent
des テゥquivoques quant au sens テ leur prテェter. Ces glissements peuvent se faire du sens actuel vers
un (ou des) sens plus ancien(s), ou inversement.
L窶册ffet
Vieux paillasson
:
-
donne une patine historique, un cachet en utilisant la charge affective du terme (nous
sommes trティs proches de
l窶册ffet Impact
, (voir 4.2.6
Effets Impact
), mais aussi de l窶册ffet
Vieux
pot
(voir 4.3.3
Arguments d窶冑istoricitテゥ
).
-
entraテョne テ faire une lecture テ rebours de l窶冑istoire (voir 4.3.5.10
Raisonnement panglossien,
effet Bipティde ou
c窶册st テゥtudiテゥ pour).
-
en faisant se chevaucher des dテゥcouvertes actuelles et de vieux concepts, certains
journalistes crテゥent une trame narrative du type ツォ Machin avait raison ツサ, ou ツォ l窶冓ntuition
du XIIe siティcle テゥtait la bonne ツサ, permettant d窶冰tiliser la figure du gテゥnie avant-gardiste
(voir 4.4.3.11
Autres窶ヲ
)
Exemples de ツォ patine ツサ historique donnテゥe par un choix lexical idoine
窶「
テ瑛ixir
(tirテゥ d窶冰n TD du cours Analyse critique du message scientifique, Pharmacie, Univ.
Grenoble 1).
Les pharmacies franテァaises et surtout les magasins ツォ bio ツサ prテゥsentent des dテゥpliants parfois
テゥtranges. En voici un (figure 41) rテゥcoltテゥ テ Grenoble au printemps 2005, sur lesquels on peut lire :
Figure 41 : Prospectus Biosoin, Santテゥ Guテゥrison
Le dテゥcoupage de ce type de texte est un exercice analytique assez simple テ effectuer en cours :
136
Ce document est accessible ici
http://biosoin.free.fr/Spagyrie/Spagy1a.html
ツォ
L'Elixir spagyrique est une quintessence vテゥgテゥtale qui a mテサri jusqu'テ テェtre rテゥellement bio-disponible. テ ce titre,
il est bien supテゥrieur aux simples teintures ou composテゥs aromatiques car il rassemble en lui tous les principes actifs
de la plante :
- Les principes actifs et ciblテゥs des huiles essentielles.
- Les vertus purifiテゥes et subtiles des teintures vテゥgテゥtales.
- La force de cohテゥsion, de structuration et d'テゥquilibre des oligo-テゥlテゥments et minテゥraux propres au vテゥgテゥtal choisi. Le
tout dans une bonne cohテゥsion naturelle
ツサ
144
ツォ
L'Elixir
Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique
spagyrique
c'est-テ-dire dont les principaux constituants ont テゥtテゥ sテゥparテゥs et combinテゥs par des
mテゥthodes alchimiques
est une Quintessence vテゥgテゥtale
Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique
qui a mテサri
Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique
jusqu'テ テェtre rテゥellement bio-disponible.
C'est-テ-dire en mesure d窶凖ェtre absorbテゥ et d窶兮tteindre les membranes cellulaires des
organismes vivants. Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique
テ ce titre, il est bien supテゥrieur
L窶凖ゥvaluation et son テゥchelle ne sont pas
テゥtayテゥes
aux simples teintures ou composテゥs aromatiques car il rassemble en lui tous les principes
actifs de la plante :
Tous les principes actifs de la plante sont dテゥjテ prテゥsents dans la plante.
- Les principes actifs et ciblテゥs des huiles essentielles.
ツォ
Ciblテゥs ツサ mテゥriterait d窶凖ェtre prテゥcisテゥ
- Les vertus purifiテゥes et subtiles des teintures vテゥgテゥtales.
La notion de
vertu
, fortement morale et totalement galvaudテゥe, n窶册st pas
scientifique. Celle de
subtilitテゥ
non plus.
- La force de cohテゥsion [des oligo-テゥlテゥments]
Il n窶凉 a pas de force de cohテゥsion des oligo-テゥlテゥments (si on excepte la cohテゥsion de
leur noyau atomique, triviale et inappropriable dans un cadre thテゥrapeutique).
[la force] de structuration et d'テゥquilibre des oligo-テゥlテゥments
Mテェme remarque. Il n窶册xiste pas de force d窶凖ゥquilibre dans la science connue 窶 ce
concept est un concept mystique (dont l窶冰n des テゥquivalents hindouistes est appelテゥ
Sattva)
[des oligo-テゥlテゥments] et minテゥraux
Les oligo-テゥlテゥments sont tous des minテゥraux
propres au vテゥgテゥtal choisi. Le tout dans une bonne cohテゥsion naturelle
ツサ
La cohテゥsion naturelle n窶兮 pas de dテゥfinition claire (et elle emprunte au concept
holistique et naturaliste essentialiste d窶凖ゥquilibre naturel).
Nous avons テゥcrit sur ce point :
ツォ Le terme テゥlixir rappelle populairement la pratique alchimique : irrテゥmテゥdiablement associテゥ
aux phテゥnomティnes magiques (テゥlixirs de jouvence, philtres d'amour, テゥlixirs tempテゥrants,
envoテサtement, sorcellerie) et テ la symbolique alchimique (le final de l'ナ砥vre alchimique テゥtant
l'Elixir Vitae, la Pierre Philosophale), il vテゥhicule par son nom les fantasmes de l窶冓magerie
sociale. Le mot quintessence, la cinquiティme essence des opテゥrations alchimiques, renforce
encore sa charge magique. ツサ (Monvoisin 2006a)
145
窶「
Alchimie
Le terme alchimie est trティs souvent maltraitテゥ lui aussi.
ツォ Au coeur des テゥtoiles, les noyaux d'hydrogティne se combinent pour former des noyaux plus
lourds, en libテゥrant une formidable テゥnergie. C'est cette alchimie que souhaitent reproduire
les physiciens, en faisant s'assembler des noyaux de deux isotopes de l'hydrogティne, le
deutテゥrium et le tritium, dont la fusion produit de l'hテゥlium, des neutrons et de l'テゥnergie. ツサ
テゥcrit P. Le Hir dans
Le Monde
(5 septembre 2007).
On peut lire テゥgalement des emplois trティs nテゥbuleux du terme sur Rue89 :
ツォ Quand on voit en effet l窶冰sage qui est fait dans le dテゥbat politico-mテゥdiatique du savoir
scientifique et mテゥdical, une conclusion s窶冓mpose: la science est la nouvelle alchimie, dont
personne ne paraテョt douter qu窶册lle dテゥtient des secrets occultes テゥchappant au commun des
mortels, qui permet de guテゥrir les criminels sexuels テ travers l窶冓ncantation judiciaire, afin de
redonner テ la sociテゥtテゥ humaniste dont nous rテェvons sa puretテゥ originelle. ツサ (de Maillard, 28
aoテサt 2007)
テ plus ou moins grande dテゥcharge, nous constaterons qu窶冓l est des habitudes langagiティres qui
tiennent de l窶冑istoire des sciences et restent tenaces mテェme lorsque les thテゥories qui les
promouvaient sont tombテゥes en dテゥsuテゥtude. Pour ne prendre qu窶冰n cas simple, Klein テゥcrit par
exemple :
ツォ On peut croire longtemps テ des choses fausses. Depuis Euclide jusqu窶册n l窶兮n Mil, on
expliqua la vision soit テ l窶兮ide de la notion de simulacre テゥmis par l窶冩bjet observテゥ, soit par
l窶冓dテゥe de rayon visuel issu de l窶卩妬l窶ヲ Il fallut attendre qu窶冰n opticien arabe du Xツー, Alhazen
remplace ces notions par celles de rayons lumineux issus des objets eux-mテェmes. Jeter un
regard = non sens ツサ (Klein 1991, p. 21).
4.2.4
Effet paillasson de l窶册space ツォ essuyez vos tentacules ツサ
Il s窶兮git ici de dテゥsigner les recouvrements entre une acception de sens scientifique et une autre de
sens pseudoscientifique
Cette fois, le glissement de sens s窶册ffectue entre un champ lexical scientifique et un champ lexical
pseudoscientifique. Une majoritテゥ des adhテゥsions 窶湾aranormalistes窶 et pseudoscientifiques prennent
leur source ici. Par consテゥquent nous allons donner une bonne gamme d窶册xemples utilisables.
Certaines dテゥrives sectaires se sont fait une spテゥcialitテゥ de ces ツォ paillassons de l窶册space ツサ, comme la
Scientologie de L.R. Hubbard. Le collectif
Prevensectes
met en ligne ce texte tirテゥ de la revue
Bulles
:
ツォ (窶ヲ) Le procテゥdテゥ de la redテゥfinition des mots est assimilable au modティle biologique du
parasite. Un parasite est un "organisme vivant qui utilise un autre organisme vivant, appelテゥ
l'hテエte, テ la fois comme habitat et comme source d'テゥnergie". Le parasite vit aux dテゥpens d'un
autre. Les sectes, tels leurs homologues biologiques, infiltrent les mots de leurs concepts et
notions (c'est-テ-dire leur doctrine) pour les pervertir de leur sens premier. Leur but est que
ces mots deviennent porteurs de leur doctrine, que le mot devienne l'habitat du parasite.
Les sectes utilisent la "notoriテゥtテゥ" de certains mots pour leurs propres fins.
Le fait que le mot dテゥtournテゥ soit connu et reconnu par le public constitue la source d'テゥnergie
des sectes parasites. Cela leur permet de faire l'テゥconomie de nテゥologismes, plus difficile テ
faire (re)connaテョtre au public. Ainsi, par le parasitage des mots, les sectes parviennent テ
146
parasiter la pensテゥe de leurs adeptes et テ parasiter ainsi la sociテゥtテゥ. C'est pourquoi l'on dit
souvent que les sectes avancent "masquテゥes" : le parasitage permet d'infiltrer un milieu sans
y テェtre reconnu puisque le parasite emprunte l'apparence (le corps) de son hテエte (...) ツサ
La mテゥtaphore, quoique limitテゥe, est trティs illustrative.
Cette variante d窶册ffet paillasson peut テェtre :
-
soit issu d窶冰ne faille テゥpistテゥmologique (voir 4.2.9
Origines de ces dテゥvoiements de langage
).
-
soit un travail de vernisseur. Souhaitant ツォ vernir ツサ un discours pseudoscientifique, on
peut emprunter aux connaissances scientifiques des termes consacrテゥs et les transposer
dans un champ autre. (comme nous le verrons dans la variante Nツー4, c窶册st une technique
employテゥ autant par les vendeurs d窶儖rviテゥtan que par les chefs d窶冩rchestre des
impostures intellectuelles dテゥcrites par Sokal & Bricmont (voir 1.3.6
La chienlit du
relativisme
).
Nous en donnons quelques exemples ci-dessous.
窶「
Magnテゥtisme
Figure 42 : Couverture du ツォ guide pratique de magnテゥtisme et de sophromagnテゥtisme ツサ de C. Samson (1999)
Les rayons des librairies mテゥlangent inlassablement le magnテゥtisme scientifique et le magnテゥtisme
ツォ animal ツサ, thテゥrapeutique, qui recouvre aussi bien la vision anthropo-cosmologique de Mesmer
que le somnambulisme magnテゥtique de Puysテゥgur
fiche pテゥdagogique Nツー6 Le
magnテゥtisme et les fluides
) (figure 42).
窶「
テ穎ergie
Le terme テゥnergie est certainement l窶冰n des plus galvaudテゥs. Il s窶兮git lテ d窶冰ne sorte de
chewing gum
conceptuel, satisfaisant intellectuellement pour expliquer toute transport d窶冓nformation
137
Goliath contre David,
La scientologie en guerre contre la psychiatrie
, BULLES nツー 76, 4ティme trimestre 2002
138
Le contributeur de l窶僮MI Mテゥheust s窶册ssaye テ une テゥpistテゥmologie du magnテゥtisme animal dans ツォ
Sous le magnテゥtisme des
romanciers, le magnテゥtisme "rテゥel"
ツサ, article publiテゥ initialement dans l窶冩uvrage
Traces du mesmテゥrisme dans la littテゥrature europテゥenne
du XIXツー siティcle
, ouvrage collectif dirigテゥ par Lテゥonardy (2001). Disponible ici :
http://www.metapsychique.org/Sous-le-
magnetisme-des-romanciers.html
147
immatテゥriel prテゥsumテゥ. Les revues テ teneur scientifique jouent elles-mテェmes rテゥguliティrement sur cet
effet paillasson.
S&V
de Juin 2003 fait sa couverture sur la nouvelle fracassante : ツォ
Le vide est plein d窶凖ゥnergie
ツサ (figure
43). Le caractティre dテゥmiurgique de cette couverture ne fait aucun doute lorsqu窶冩n lit le sous-titre
ツォ tout devient possible テ partir de rien ツサ, qui est aussi vague que scientifiquement faux 窶 le vide
n窶凖ゥtant pas rien, et l窶凖ゥnergie du vide ne rendant pas ツォ tout ツサ possible ツサ (nous avons lテ une
accentuation lapidaire (voir 4.2.6.2
Accentuation lapidaire
).
Atlan a trティs bien dテゥcrit ce glissement :
ツォ[Le LSD] en plus de ses effets dits psychテゥdテゥliques sur les perceptions sensorielles et autres
テゥtats modifiテゥs de la conscience, produit toujours des effets neuro-vテゥgテゥtatifs, perテァus
agrテゥablement ou non selon le contexte, tels que sueurs, palpitations, vasodilatation et
vasoconstriction, fatigue, etc. Ces phテゥnomティnes sont ressentis comme des flux de chaleur se
rテゥpandant dans le corps qu窶冰n mテゥdecin reconnaテョt aisテゥment et attribue naturellement ces
effets neuro-vテゥgテゥtatifs. Mais pour tous les hippies, il s窶兮git lテ des flux d窶 ツォ テゥnergie
cosmique ツサ dont le dテゥversement accompagne tout naturellement l窶凖ゥlargissement des limites
de la perception qui caractテゥrise le ツォ trip ツサ, de la mテェme faテァon que le LSD nous rend sensible
aux ツォ vibrations ツサ que chacun produit sur son entourage, bonnes ou mauvaises (
good and bad
vibes
), capables de produire extases amoureuses ou crises de fureur. Dialogue de sourd,
テゥvidemment, ou presque, avec le mテゥdecin-physicien armテゥ de sa grille d窶冓nterprテゥtation
physiologique et physique oテケ l窶凖ゥnergie et les vibrations n窶冩nt rien テ voir avec les effets
ツォ rテゥels ツサ du LSD. Dialogue de sourds car l窶册ffet (reproductible !) du LSD est justement de
transformer la perception du rテゥel de telle sorte que l窶冑allucination, tout en テゥtant perテァue
comme diffテゥrente des perceptions habituelles, s窶兮ccompagne d窶冰n sentiment de rテゥalitテゥ
habituel rapportテゥ au rテゥel en dehors du ツォ trip ツサ [窶ヲ] il est bien difficile d窶兮dmettre pour le
scientifique de passage qu窶冓l s窶兮git lテ d窶冰n usage correct des notions d窶凖ゥnergie et de
vibration, alors qu窶冓l fait lui-mテェme l窶册xpテゥrience de cette perception transformテゥe de la rテゥalitテゥ.
Et, s窶冓l est convaincu par cette expテゥrience que ces notions l窶册xpriment mieux que celles plus
prosaテッques d窶册ffets neuro-vテゥgテゥtatifs et de sympathie-antipathie, que reste-t-il alors de sa
science et de son esprit critique au sortir de ces aventures ? Enfin, pour couronner le tout,
comment va-t-il rテゥagir aux dissertations savantes de ses collティgues psychanalystes sur
l窶凖ゥnergie psychique, sa circulation, ses investissements et dテゥsinvestissements, toutes
propriテゥtテゥs de l窶凖ゥnergie physique et de sa loi de conservation transposテゥes ici alors qu窶冓l ne
s窶兮git d窶兮ucune des formes connues d窶凖ゥnergie physique (calorifique, mテゥcanique, テゥlectrique,
chimique) ? Troisiティme usage ツォ scientifique ( ?) ツサ du mot ツォ テゥnergie ツサ qui n窶兮 pas grand chose
テ voir avec les deux autres窶ヲ sans compter l窶冰sage de tous les jours (ツォ il s窶册st levテゥ plein
d窶凖ゥnergie ツサ) ツサ (Atlan 1986, pp. 37-8).
148
Figure 43 : Couverture fracassante de S&V
Juin 2003
Le vide est plein d窶凖ゥnergie, tout devient possible テ
partir de rien (ci-contre, la page introductive du dossier)
窶「
Ether
La notion d窶凖ゥther, pourtant enterrテゥe depuis l窶册xpテゥrience de Michelson-Morley, est un des grands
classiques des notions pseudomテゥdicales. Dans
l窶僊yurveda, science de la vie 33
, on peut lire :
ツォ Le corps humain dテゥpend de l'テゥnergie cosmique, le PRANA qui est reliテゥ au monde par les
5 sens grossiers [dont] l窶凖ゥther ツサ.
Dans la couverture de
S&V
prテゥcテゥdente, on lit en introduction テ l窶兮rticle ツォ le vide est plein
d窶凖ゥnergie ツサ ceci : ツォ
si la physique savait que le vide n窶册st pas inerte, elle vテゥrifie aujourd'hui qu窶冓l s窶兮git d窶冰n
テゥtrange
ツォ テゥther ツサ
recelant de formidables fluctuations テゥlectromagnテゥtiques ツサ. Le manque de rigueur テゥpistテゥmologique
est manifeste
.
窶「
Mテゥridien
Produit d窶冰ne analogie trompeuse entre la ligne cartographique et des soi-disant canaux de
transmission de Chi
, cette notion sert tout autant de support aux
resucテゥes du fluide vital que de lien avec la gテゥobiologie. On prend la notion de mテゥridien
cartographique terrestre, on la transpose sur le corps humain, puis, on ツォ renverse ツサ l窶兮nalogie sur
la planティte, crテゥant ainsi les notions de nナ砥ds telluriques, de rテゥseaux Hartmann qui sont テ la base
de la radiesthテゥsie, du Feng Shui, et nourrissent les cosmologies anthroposophiques propres au
Nouvel テ「ge.
Le comble est atteint lorsque les mテゥridiens, sans existence avテゥrテゥe, sont pris comme base pour une
thテゥrapie, comme le Qi Gong. Ainsi dans Libテゥration rテゥcemment, un article intitulテゥ ツォ
Le Qi Gong,
preuve d'テゥnergie
ツサ :
139
Pour en savoir plus sur le
Chi
, voir Hustonn (1995) pp. 38-42, et Tang, Zhan & Ernst (1999), Many
randomised
trials of traditional Chinese medicine exist but are of poor quality
, Review of randomised controlled trials of traditional
Chinese medicine pp. 160-161.
140
Voir pour des complテゥments sur ces questions Broch,
ouv.citテゥ
, 2001, pp. 143-151, mais aussi Brissonnet,
ouv.citテゥ,
notamment le chapitre 4
Des mテゥridiens qui extrapolent
, Skrabanek,
acupuncture : past, present and future
, in
examining holistic
medicine
, in Stalker & Glymour (1985) et Abgrall (1998).
149
ツォ Sur la base des mテゥridiens et points d'acuponcture (sic), le Qi gong stimule le
fonctionnement organique et mobilise l'テゥnergie. ツサ
(
Le Qi Gong, preuve d'テゥnergie
, Libテゥration, 17
juin 2006).
Un lecteur averti notera d窶兮illeurs une tautologie : le Qi gong stimule sur la base de mテゥridiens
dont l窶册xistence n窶册st pas avテゥrテゥe, et de fait est ツォ preuve d窶凖ゥnergie ツサ. Outre que cela galvaude la
notion de preuve (recouvrement sens scientifique / sens commun de la notion de preuve), nous
avons un exemple d窶册ffet cerceau (voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
).
窶「
Dualitテゥ onde-corpuscule
La
dualitテゥ onde-corpuscule
en mテゥcanique quantique, qui n窶册st qu窶冰ne dualitテゥ d窶冓nterprテゥtation, et non
une dualitテゥ ontologique. Pourtant, cette pseudo-dualitテゥ est rテゥguliティrement invoquテゥe dans les
tentatives de conciliation physique-spiritualitテゥ orientale, comme dans la
Bio-cibernテゥtique quantique
hologrammique
(sic) de Carles Aldea Bueno
Une illustration classique de cette erreur est la figure suivante (figure 44) : selon un angle, l窶冩bjet
(le cylindre) peut テェtre perテァu soit comme un cercle, soit comme un carrテゥ. Est-ce une raison
suffisante pour parler de dualitテゥ cercle-carrテゥ du cylindre ?
Figure 44 : Illustration pテゥdagogique de la dualitテゥ d窶冓nterprテゥtation dans le cas du cylindre.
窶「
Thテゥorie des catastrophes
L窶册mploi de la thテゥorie des catastrophes テ toute sauce rテゥsumテゥe par
S&Av
ツォ
toute pensテゥe est prテゥcaire
ツサ
est un autre exemple manifeste de mテゥsemploi du syntagme, qui doit beaucoup テ un effet
paillasson sur le terme catastrophes : le public fut amenテゥ テ confondre thテゥorie mathテゥmatique des
catastrophes 窶 qui eut gagnテゥ en pertinence/perdu en audience テ s窶兮ppeler thテゥorie des
discontinuitテゥs -
et sciences cyndiniques (science des dangers). On rapporte rテゥguliティrement des
discussions oテケ ツォ jamais deux sans trois ツサ est imputテゥ テ la thテゥorie des catastrophes, donnant un
fatalisme superstitieux テ une thテゥorie qui n窶册n demandait pas tant.
Sokal prテゥleva le transfert politique suivant, par exemple :
ツォ La thテゥorie des catastrophes est le type de mathテゥmatiques qui pourra mener テ une
libテゥration sociale et テゥconomique ツサ (
Montrer que le roi est nu
, Libテゥration
,
3 dテゥcembre 1996).
Il est intテゥressant de noter ce petit complテゥment apportテゥ par le mathテゥmaticien Chaperon sur la
responsabilitテゥ relative de Thom dans ce dテゥvoiement :
ツォ (窶ヲ) sous prテゥtexte que beaucoup de gテゥnies ont テゥtテゥ incompris, des individus plus ou
moins talentueux produisaient une ナ砥vre incomprテゥhensible qui les propulsait jusqu窶兮u
141
Textes accessibles sur
http://www.qhbiocybernetics.com/francais/index.html
150
statut de gテゥnies officiels subventionnテゥs par la Rテゥpublique. [窶ヲ] Je ne suis
malheureusement pas certain que [Ce goテサt de la ツォ transcendance ツサ et son corollaire,
l窶兮bdication (parfois) de tout sens critique] ait テゥtテゥ テゥtrangティre au succティs mテゥdiatique fulgurant
des idテゥes de Thom. Bien sテサr, en tant que mathテゥmaticien, il テゥtait lumineux [...]. Le
problティme est que cette pensテゥe si concise et parfois si elliptique, dont la comprテゥhension
demandait dテゥjテ aux mathテゥmaticiens un gros effort, n窶凖ゥtait テゥvidemment pas テ la portテゥe du
grand public. Celui-ci ne pouvait donc certainement rien comprendre テ
Stabilitテゥ structurelle
et morphogenティse
[...] et, mテェme pour ceux qui, comme moi, avaient テゥtテゥ formテゥs pour en saisir
une bonne partie, l窶册nsemble restait trティs mystテゥrieux. Thom adhテゥrait d窶兮illeurs peut-テェtre,
par culture littテゥraire, au point de vue de Jacques Lacan selon lequel l窶冩bscuritテゥ d窶冰n texte
l窶册nrichit des multiples interprテゥtations qu窶冓l appelle.
Malgrテゥ cette trティs grande part de mystティre ou テ cause d窶册lle, le succティs de l窶冩uvrage fut
fulgurant. Il faut dire que le mathテゥmaticien britannique E. Christopher Zeeman n窶兮vait
pas lテゥsinテゥ sur la propagande, poussant les
mass media
テ proclamer : ツォ Le nouveau Newton
est franテァais ツサ (
L窶册xpress
octobre 1974) ! (窶ヲ) La thテゥorie des catastrophes テゥtait devenue une
mode
, rテゥfテゥrence (rテゥvテゥrence ?) dテゥsormais obligテゥe du discours de l窶兮vant-garde
subventionnテゥe au mテェme titre que le marxisme et la psychanalyse. Mテェme le vieux Dali en
fit un des thティmes dominants de ses derniティres ナ砥vres. On alla jusqu窶凖 commettre un livre
sur la question portant ce sous-titre テゥdifiant :
How to avoid personal disaster
! ツサ (Chaperon
2005).
Kervern et Rubise concluent テ notre place :
ツォ La thテゥorie des catastrophes est une des illustrations du paradoxe de Canada Dry : elle a
la couleur d窶冰ne thテゥorie, elle a la saveur d窶冰ne thテゥorie ; elle a le goテサt des catastrophes mais
elle n窶册st ni une thテゥorie ni une catastrophe au sens que nous attribuons テ ce mot lorsque
nous ouvrons nos journeaux quotidiens ツサ (Kervern & Rubise 1999, p. 49).
窶「
Le Sens
Exemple plus difficile que celui de la notion de sens, dテゥjテ abordテゥe. La confusion est souvent faite
entre le sens au sens vectoriel et le sens au sens mテゥtaphysique
(voir 1.2.3
Vrai
vs
vraisemblable
,
note sur Dubessy). La fraction de chercheurs dテゥfendants l窶僮ntelligent Design jouent allティgrement
sur ce terme (les ouvrages
Science et quティte de sens
, 2005 et
Notre existence a-t-elle un sens ?
, 2007 de
Staune, par exemple) et trouvent du pain bテゥnit dans certaines couvertures mテゥdiatiques, comme
celle de
S&V
nツー1059 de dテゥcembre 2005
: l窶凖ゥvolution a-t-elle un sens
? ouvrant un article sur les
thティses pseudoscientifiques de D窶僊mbricourt-Malassテゥ
(figure 45). Jusqu窶凖 la reprテゥsentation de la
couverture crテゥe une illusion picturale progressiste dans l窶凖ゥvolution.
142
Une critique de cet article tient de la plume d窶僊. Lenoire,
L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?
, AFIS,
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article444
Le site athテゥisme a fait テゥgalement une veille sur cet article :
http://atheisme.free.fr/Revue_presse/Science_et_vie_1059_evolution.htm
151
Figure 45 : Couverture de S&V nツー1059 de dテゥcembre 2005
: l窶凖ゥvolution a-t-elle un sens
? dont mテェme
l窶冓conographie est ツォ vectorielle ツサ.
L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?
est テゥgalement le titre du volumineux ouvrage de M. Denton (1997),
cテゥlティbre dテゥfenseur de l窶僮D et membre du
Discovery Institute
(et accessoirement le titre de nombreux
articles spiritualistes, comme celui de
Nouvelles Clテゥs
d窶兮utomne 1997, signテゥ Lentin
Remarquons que pour se dテゥbarrasser de tous ses effets paillasson potentiels, la thテゥorie de
l窶凖ゥvolution mテゥriterait テ elle seule une visite chez St Maclou. Pensons au terme ツォ sテゥlection ツサ, qui
n窶册st pas une sテゥlection au sens propre du terme (car nテゥcessiterait un sテゥlectionneur, hypothティse
spiritualiste s窶冓l en est) mais plutテエt un tamisage
. Ceci テゥtant dit, bon nombre de controverses de
type politique, sur le caractティre capitaliste du darwinisme ou sur l窶冩pposition
Ni Dieu ni Darwin
,
s窶凖ゥcroulent
. Ce genre de transfert pseudoscientifique et pseudo-politique ne fait qu窶冩bscurcir le
dテゥbat et permet de relativiser les hypothティses spiritualistes de la mテェme faテァon que les protestants
テゥtats-uniens, opposant par principe Crテゥation et テ益olution, ont gテゥnテゥrテゥ un immense et populaire
effet
bof
. Pensons テゥgalement ツォ programme gテゥnテゥtique ツサ : du fait mテェme qu窶冓l prテゥsume un
programmateur, ce terme stimule une lecture tテゥlテゥologique du gテゥnome humain. Comme le montre
Abrougui :
ツォ Les journalistes ne commencent que trティs timidement テ diffuser ces nouvelles approches
de la complexitテゥ qui contestent l窶冓dテゥologie rテゥductionniste du tout-gテゥnテゥtique (
voir par
exemple le hors sテゥrie de Sciences et Avenir, 136, 2003
). Mais les programmes et manuels
scolaires sont jusqu窶冓ci restテゥs plus timides, continuant par exemple テ enseigner la notion
pourtant trティs contestテゥe de ツォ programme gテゥnテゥtique ツサ (Abrougui, Clテゥment 1997).
窶「
Miracle
Le terme miracle souffre de plusieurs acceptions, qui entretiennent des incomprテゥhensions lors
des confテゥrences zテゥtテゥtiques. Baillargeon rapporte ainsi un exemple que nous avons vテゥcu plusieurs
fois :
ツォ Si vous acceptez sans difficultテゥ les miracles de la science : pourquoi devenez-vous
soudainement si critiques quand il s窶兮git de ceux de la Bible ? ツサ (Baillargeon,
ouv.citテゥ
, p. 35).
143
Lentin J-P.,
L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?
Nouvelles Clテゥs, 1997 :
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=267
144
Un trティs bon article テ ce propos, tirテゥ de la littテゥrature anti-spテゥciste, est celui de Olivier,
La nature ne choixit pas,
in
Bonnardel
& al.
(2001).
145
Voir notre dテゥbut de controverse avec le Gerog Henein Grup,
Ni Dieu, Ni Darwin / Nテゥodarwinisme, capitalisme et
billevesテゥes
, rapportテゥ ici
http://endehors.org/news/ni-dieu-ni-darwin-neodarwinisme-capitalisme-et-billevesees
152
Nous avons rテゥactualisテゥ rテゥguliティrement : au 18 septembre 2007, sur l窶兮lerte ツォ actualitテゥs ツサ du moteur
, ツォ miracle ツサ donnait :
L窶兮テァaテッ, un fruit-
miracle
venu du Brテゥsil - Cyberpresse - 18 sep 2007
Le soja, aliment
miracle
? - NaturaVox - 18 sep 2007
Dテゥcret sur le ツォ
miracle
ツサ dテサ テ la priティre du P. Moreau - ZENIT.org - 17 sep 2007
Un
miracle
signテゥ Genesis - Cyberpresse - 15 sep 2007
Un vrai
miracle
! La Grティce a rテゥussi l窶冓mpossible lors du dernier quart de finale de l窶僞uro
Le Figaro - 14 sep 2007
Le
miracle
de Dawson - Armテゥ comme il テゥtait, c窶册st un
miracle
que Gill n窶兮it rテゥussi テ tuer
qu窶冰ne seule personne. Cyberpresse - 12 sep 2007
Par quel
miracle
? Avec quels moyens mes テゥlティves de seconde 6 cumulant le handicap de
vivre dans une banlieue ouvriティre
Libテゥration - 9 sep 2007
Miracle comme exploit, miracle comme fait statistiquement extraordinaire, miracle comme
rテゥussite technologique avec un fort impact affectif ou miracle religieux. Le mot se promティne dans
des champs par trop divers (figure 46).
Figure 46 : Sciences et Avenir Nツー660, fテゥvrier 2002 : Les miraculテゥs du coma. Il y a confusion manifeste entre
un miracle religieux et un fait statistiquement extra-ordinaire.
Le sous-titre fait sourire, tant par l窶冓ncongruitテゥ de la question lorsqu窶冩n connaテョt les テゥtudes sur les
EMI, que par la notion de localisation de la conscience (voir Deleporte, 1.3.3
La pensテゥe est au
cerveau ce que la contraction est au muscle
).
窶「
Matテゥrialisme
Le terme
matテゥrialisme
lui-mテェme entraテョne une confusion entre l窶冩ntologie que nous dテゥfendons et le
caractティre ladre ou avare qu窶冩n dテゥnonce chez les individus qui aiment amasser des biens, appelテゥs
ツォ matテゥrialistes ツサ. C窶册st un discours rテゥcurrent テ l窶儷IP, notamment dans les テゥcrits de Staune (2005
2007).
窶「
Observable
153
Exemple plus fin utilisテゥ dans les argumentaires mテェlant 窶湾aranormal窶 et mテゥcanique quantique : la
notion d窶
observable
,
qui dテゥsigne dans le langage courant un objet susceptible d窶凖ェtre observテゥ. Nous
pourrions infテゥrer que la notion d窶
observable
en physique quantique dテゥsignerait sensiblement la
mテェme caractテゥristique. Or, ce n窶册st pas le cas :
ツォ Ainsi le terme d窶 ツォ observable ツサ en vint-il テ se substituer テ celui de grandeur, ou de
propriテゥtテゥ physique. Mais cette terminologie est fort trompeuse puisqu窶册lle s窶兮pplique
finalement テ toutes les grandeurs formellement dテゥfinies (reprテゥsentテゥes par un opテゥrateur
hermitien dans le formalisme hilbertien), bien que trティs peu d窶册ntre elles soient en fait
accessibles テ l窶冩bservation窶 sans parler du fait que nous manquons, mテェme dans les cas
les plus simples de grandeurs effectivement observables (テゥnergie, position), d窶冰ne analyse
consテゥquente du complexe processus concret de mesure. ツサ (Lテゥvy-Leblond 1999, p. 1139)
Lテゥvy-Leblond pointe la
faiblesse テゥpistテゥmologique
de ce terme en rappelant les conditions de son
apparition, et plus prテゥcisテゥment le fait que, dテゥclarant chercher テ テゥtablir la base de la thテゥorie
quantique sur des relations entre des quantitテゥs qui seraient en principe observables, Heisenberg
lui-mテェme en exclut la position de l窶凖ゥlectron (Heisenberg 1925), 窶 ツォ
autrement dit, la plus simple et la
plus courante des ツォ observables ツサ d窶兮ujourd'hui ツサ
(Lテゥvy-Leblond
, ouv.citテゥ
, p. 1140)
.
Nous mettons en garde contre la rテゥcupテゥration du couplage observable-observateur qui, mysticisテゥ
par la vulgarisation scientifique, donne du grain テ moudre tant pour certains spiritualismes
(ツォ
puisqu窶冰ne part de l窶冓nterprテゥtation dテゥpend de l窶冩bservateur, tout n窶册st pas rテゥductible テ la matiティre
ツサ) que pour
les relativistes POMO (ツォ
puisqu窶冰ne part de l窶冓nterprテゥtation dテゥpend de l窶冩bservateur, l窶凖ゥdiction des vテゥritテゥs
scientifiques n窶册st qu窶冰n phテゥnomティne sociopolitique
ツサ). Une utilisation est テゥgalement faite par Mattuck (voir
2.4.2
Invocation abusive d窶冑ypothティses
).
窶「
ツォ Principe ツサ
d窶冓ncertitude de Heisenberg
Cette fois, l窶册xemple est traitテゥ par le journaliste de Pracontal :
ツォ Le fameux principe d窶冓ncertitude de Heisenberg en fournit un bel exemple : en physique,
l窶冓ncertitude dテゥfinit la marge d窶册rreur, l窶冓ntervalle テ l窶冓ntテゥrieur duquel se situe la valeur d窶冰ne
grandeur que l窶冩n ne peut mesurer exactement ; cela n窶兮 donc rien テ voir avec l窶冓dテゥe de
doute ou d窶冓nquiテゥtude qui se rattache au sens ordinaire du mot ツォ incertitude ツサ (c窶册st
pourquoi il vaudrait mieux parler de principe d窶冓ndテゥtermination de Heisenberg).
L窶兮mbiguテッtテゥ du terme explique que selon une certaine conception mondaine de la physique
quantique, le principe de Heisenberg soit censテゥ traduire un sentiment des physiciens face テ
l窶冰nivers, au lieu d窶册xprimer l窶冓ncertitude mathテゥmatique sur les mesures. ツサ (
ouv.citテゥ,
p. 281).
窶「
テ英idテゥmie d窶冩bテゥsitテゥ
Le terme ツォ テゥpidテゥmie ツサ employテゥ pour l窶冩bテゥsitテゥ est un excellent cache des racines sociales et
comportementales du problティme, relテゥguant ainsi cette pathologie au rang des flテゥaux divins,
frappant aveuglement les gens tel une maladie contagieuse. La Tテゥlテゥvision Suisse Romande titra
par exemple son テゥmission du 14 septembre 2004 : ツォ テ英idテゥmie d'obテゥsitテゥ: pourquoi est-elle lテ et
comment en rテゥchapper ? ツサ
窶「
Chaos
La notion de
Chaos
est un exemple d窶僮ps lexical dテゥroulant une telle cohorte de ツォ concepts
154
fiche pテゥdagogique
Nツー1 Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait
sテゥduisante
.)
Nous le retrouverons dans la variante 4 de l窶册ffet Paillasson, (voir 4.2.5
Concept nomade
) ainsi que
dans la catテゥgorie
Effets Impact
(voir 4.2.6
Effets Impact
).
窶「
L窶册xpテゥrience
D窶冰n point de vue テゥpistテゥmologique, la notion d窶
expテゥrience
est テゥgalement problテゥmatique : elle
combine l窶兮cception scientifique d窶 ツォ
テゥpreuve destinテゥe テ vテゥrifier une hypothティse ou テ テゥtudier des phテゥnomティnes
ツサ
et celle, beaucoup moins prテゥcise, de ツォ
fait d'acquテゥrir, volontairement ou non, ou de dテゥvelopper la
connaissance des テェtres et des choses par leur pratique et par une confrontation plus ou moins longue de soi avec le
monde
ツサ (dictionnaire TLFI). Est comprise dans cette seconde dテゥfinition les parties du vテゥcu
subjectif d'une personne, pouvant aller de l窶册xpテゥrience mystique jusqu'au traumatisme, en passant
par des thテゥmatiques semi scientifiques comme les expテゥriences de mort imminente (EMI).
Distinguer entre le statut テゥpistテゥmologique de l窶册xpテゥrience de Michelson-Morley, par exemple, ou
de celle de Milgram et celle de l窶 ツォ expテゥrience ツサ mystique ou des fameuses ツォ expテゥriences ツサ de mort
imminente est difficile pour les テゥtudiants. Il n窶册st pas vain de prendre des prテゥcautions prテゥalables
窶「
La crテゥation
(figure 47).
Figure 47 : S&Av, mars 2005 p. 94 : ツォ
Au cナ砥r de la crテゥation
ツサ sous-entend qu窶冓l y a eu un crテゥateur,
146
Nous empruntons ce concept テ Stengers,
les concepts nomades,
bien que nous rテゥcusions totalement le relativisme
mテゥthodologique dans lequel elle s窶冓nscrit.
147
Les expテゥriences de Mort Imminentes sont toutefois un sujet de recherche. Voir sur ce sujet les publications de
Van Lommel
& al.
,
Near-death experience in survivors of cardiac arrest: a prospective study in the Netherlands
(2001), et Greyson,
Incidence and correlates of near-death experiences in a cardiac care unit
(2003).
155
comme dans le scテゥnario crテゥationniste. Notons dans le sous-titre ツォ [l]es origines mystテゥrieuses ツサ de la planティte.
4.2.5
Concept nomade : essuyez vos pieds sur le nテゥnuphar
Nous hテゥsitons, vu son origine, テ utiliser le terme
concept nomade
, car il est peu clair, mais la
mテゥtaphore dite ツォ du nテゥnuphar ツサ nous est bien utile. Il s窶兮git ici de dテゥcrire les recouvrements entre
une acception de sens scientifique et une autre de sens mテゥtaphorique non maテョtrisテゥ ou non justifiテゥ.
C窶册st une catテゥgorie d窶册ffet paillasson qui trouve ses meilleurs illustrations dans la fameuse
affaire
Sokal
, dテゥjテ abordテゥe, et comme l窶凖ゥcrit Bricmont,
ツォ Le rテエle d'une mテゥtaphore est gテゥnテゥralement d'テゥclairer un concept peu familier en le reliant
テ un concept qui l'est davantage, pas l'inverse. Si, dans un sテゥminaire de physique
thテゥorique, nous essayions d'expliquer un concept trティs technique en thテゥorie quantique des
champs en le comparant au concept d'aporie dans la thテゥorie littテゥraire de Jacques Derrida,
nos auditeurs physiciens se demanderaient avec raison quel est le but de cette mテゥtaphore
(qu'elle soit raisonnable ou non) si ce n'est tout simplement d'テゥtaler notre テゥrudition. De la
mテェme faテァon, nous voyons mal l'utilitテゥ qu'il pourrait y avoir テ invoquer, mテェme
mテゥtaphoriquement, des notions scientifiques qu'on maテョtrise trティs mal テ l'intention d'un
public non spテゥcialisテゥ. Ne s'agirait-il pas plutテエt de faire passer pour profonde une
affirmation philosophique ou sociologique banale en l'habillant d'une terminologie
savante ? ツサ (Bricmont,
Res Publica
, juin 2001).
Nous faisons donc notre cette image empruntテゥe テ Pollit :
ツォ L窶兮spect comique de l'incident Sokal est qu'il suggティre que mテェme les postmodernes ne
comprennent pas rテゥellement ce qu'テゥcrivent leurs collティgues, et qu'ils se dテゥplacent テ travers
les textes en passant d'un nom ou d窶冰n mot familier テ un autre, comme une grenouille qui
traverse un テゥtang boueux en sautant sur les nテゥnuphars ツサ. (Pollit,
in
Bricmont,
ibid.
).
Nous ne reprendrons pas d窶册xemples approfondis de ces concepts nomades, puisqu窶冓ls ont dテゥjテ
テゥtテゥ excellemment traitテゥs entre autres par Sokal, Bricmont, et Bouveresse. Nous en aborderons
que quelques exemples illustratifs.
窶「
La mテゥmoire de l窶册au
Nous avons dテゥjテ vu l窶册ffet paillasson dans le titre de la publication de Benveniste
& al
. Cette fois,
c窶册st テ la transposition mテゥdiatique de la dテゥcouverte que nous nous intテゥressons : en un
tournemain, le titre original de la publication de Benveniste
Human Basophil Triggered by very dilute antiserum against IgE
(Dテゥgranulation de basophiles
humains provoquテゥe par de hautes dilutions d'antisテゥrum anti-IgE) (
In
Nature
, 30 juin 1988)
devenait, avant mテェme la parution de l窶兮rticle,
Une dテゥcouverte franテァaise pourrait bouleverser les fondements de la physique : la mテゥmoire de l'eau
(
Le
Monde
, 29 juin 1988).
La ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ est un syntagme qui ツォ parle ツサ テ l窶冓ndividu
lambda
窶 ce qui n窶册st pas le cas
de ツォ dテゥgranulation des basophiles ツサ 窶 et lui rappelle toute une gamme de concepts typiques de la
pensテゥe Nouvel テHe, comme les font fleurir aussi bien la thテゥorie d窶僞moto (figures 48 a, b, c) que
les notions mille fois remテ「chテゥes d窶
eau sacrテゥe chargテゥe d窶冓nformation
telle que, par exemple, celle de D.
156
Melchizedek.
La charge affective est d窶兮utant plus grande que cette mテェme ツォ mテゥmoire ツサ est scテゥnarisテゥe comme
une menace de bouleversement des fondements de la physique (voir 4.4.3.6
carpaccio rテゥvolution
).
Figure 48 : trois exemples de livres d窶僞moto (a) 2004, b) 2005, c) 2006), pティre d窶冰ne ツォ thテゥorie ツサ cristalline
d窶册au テ mテゥmoire.
Remarquons que maintenant que la notion de ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ a テゥtテゥ publicitarisテゥe, elle sert,
dans sa version vulgaire, nombre d窶册ntreprises commerciales. Emoto, dテゥjテ citテゥ, mais テゥgalement
les structures commerciales semi pyramidales type
Ploscher
ou
Nikken
, qui vendent de l窶
eau Pi
remagnテゥtisテゥe
,
reclusterisテゥe
et
vorticisテゥe
ツォ comme l窶册au des cascades que buvaient nos ancテェtres ツサ (figure
50)
Figure 49 : Pi Mag Optimizer Nikken, avec vortex et anneau magnテゥtique en cテゥramique Pi. Autant
d窶册ffets
Impact
pour un produit coテサtant 250 euros sans la moindre efficacitテゥ autre que servir de l窶册au.
窶「
La particule de Dieu (The God Particle) 窶 le casque de Dieu (The God Helmet)
Le terme de ツォ particule de Dieu ツサ nous rappelle cette injonction テ la prudence de Bricmont :
ツォ Imaginons qu窶冰n physicien dテゥcouvre une nouvelle particule qu窶冓l appelle, pour
plaisanter, dieu ou l窶凖「me. Du coup, ces choses-lテ " existent ". On dira sans doute que ce
n窶册st pas ce que ces mots-lテ veulent dire. Mais prテゥcisテゥment un des problティmes des
doctrines religieuses est que le sens qu窶册lles donnent テ ces mots est loin d窶凖ェtre clair. ツサ
148
Lire par exemple
La Terre Mティre 窶 la nouvelle conscience & l窶册au sacrテゥe
, Intervention de Drunvalo Melchizedek, ler Mai
1999, Mont Shasta, Californie,
http://silus.club.fr/eau-sacree.html
149
Cette phrase, rテゥelle, nous fut rテゥvテゥlテゥe par une membre du groupe Nikken lors d窶冰ne confテゥrence-recrutement, en
2005 テ Grenoble.
157
(Brcimont 2001b
, ouv.citテゥ
).
La
particule de Dieu
est un excellentissime exemple, que nous reverrons au chapitre des scテゥnarios
(voir 4.4.3.8
carpaccio Graal
, & Annexe 窶
fiche pテゥdagogique Nツー17 Scテゥnario du Graal et recherche de Dieu
).
Le
casque de Dieu
, quant テ lui, n窶册xiste pour l窶冓nstant que dans sa version anglaise, le
Helmet God
.
Dテゥsignant ainsi le casque lui servant テ stimuler les zones pariテゥtales de ses sujets, Persinger a
annoncテゥ pouvoir recrテゥer des sensations enthテゥogティnes chez ses congテゥnティres. Immテゥdiatement, les
mテゥdias s窶册mparティrent d窶冰n si charmant marronnier pour titrer :
Wired, 7 nov. 1999 :
This Is Your Brain on God
;
Saturday Night magazine, oct. 2002
The God Helmet
;
BBC, 17 avr. 2003 :
God on the Brain
- programme summary ;
Clinically Psyched, 2004 :
Neurotheology - With God In Mind
;
Nature, 9 dテゥc. 2004 :
Electrical brainstorms busted as source of ghosts
;
The Guardian, 17 juin 2006 :
Bring me a God helmet, and bring it now
;
L窶册ffet crテゥe sur le lecteur est, on le devine, sテゥducteur.
Figure 50 :
extrait de l窶兮rticle de Hercz
the Helmet God
, Saturdaynight Magazine, October 2002, pp. 40-46.
窶「
La gテカdelite
Certains concepts nomades infectent テ tel point certains discours qu窶冓ls sont qualifiテゥs de quasi-
pathologie. Ainsi en est-il de la
gテカdelite
, c'est-テ-dire le recours non justifiテゥ au thテゥorティme de Gテカdel テ
l窶兮ppui d窶冰ne thティse n窶兮ppartenant pas au champ de la logique formelle. Le logicien Girard テゥcrivit テ
ce sujet que ツォ
la gテカdelite est une maladie non reconnue par la sテゥcuritテゥ sociale, mais dont les ravages sont
certains
ツサ (
in S&Av
, janvier 2000)
150
Voir sur ce sujet les dテゥveloppements de Bouveresse (1999) テ partir de l窶兮ffaire Sokal, notamment le chapitre 5
Les
158
En voici deux exemples, dont le premier est pris chez J-F. Lambert. Pour Lambert,
ツォ il apparaテョt テ l窶凖ゥvidence que tant l窶凖ゥtude du langage (Wittgenstein) ou celle de la logique
(Gテカdel) que celle de la structure de la matiティre (Heisenberg) ou de l窶冓nconscient (Lacan)
dテゥbouchent sur le mテェme constat d窶冓ncomplテゥtude, le mテェme horizon d窶冓ndテゥcidabilitテゥ. La
mテェme impossibilitテゥ テ limiter le vrai テ la totalitテゥ de ce qui peut テェtre dit, formellement
dテゥmontrテゥ ou immテゥdiatement mesurテゥ. Tout ce qui prテゥcティde conduit au mテェme constat : テァa
テゥchappe. ツサ (Lambert,
in
Staune 2007, p. 442).
Le second exemple est prテゥlevテゥ chez de Pracontal, sur le cas de John Briggs et F. David Peat qui
annoncent la fin de la raison, thティme POMO s窶冓l en est.
ツォ Dans la rhテゥtorique dテゥmente de Briggs et Peat, le thテゥorティme de Gテカdel devient un
procテゥdテゥ surrテゥaliste pour テゥlever des lapins : ツォ
Pour l窶冑omme de sciences ou le mathテゥmaticien dotテゥs
d窶冰ne formation classique,
[le thテゥorティme de Gテカdel]
revenait テ dire que si on mettait un couple de
lapins dans un enclos isolテゥ et qu窶冩n les laissait se reproduire, il pourrait y avoir plusieurs gテゥnテゥrations de
lapereaux qui seraient frティres et sナ砥rs d窶兮utres lapins de l窶册nclos, mais n窶兮uraient aucun lien de parentテゥ
avec le couple original. Certains de ceux qui ont mテゥditテゥ la preuve de Gテカdel sont convaincus qu窶冓l s窶兮git lテ
d窶冰n des nombreux faits annonテァant la fin de la science rationnelle.
ツサ
Comment Briggs et Peat en arrivent-ils テ cette conclusion ? Dans leur mテゥtaphore, le
couple de lapins initial reprテゥsente les axiomes d窶冰ne thテゥorie : les descendants sont les
thテゥorティmes et propositions que l窶冩n peut dテゥduire de ces axiomes ; et les lapereaux sans lien
de parentテゥ avec le couple initial, les propositions indテゥcidables. On voit tout de suite ce qui
cloche : si la naissance d窶冰n lapereau est テゥquivalent テ la dテゥmonstration d窶冰n thテゥorティme, ce
lapereau est forcテゥment issu du couple initial ou de ses descendants ; les ツォ lapereaux
indテゥcidables ツサ ne peuvent pas avoir テゥtテゥ engendrテゥs par le mテェme processus, et il ne peuvent
pas テェtre les frティres et sナ砥rs d窶兮utres lapins de l窶册nclos. Ils viennent forcテゥment d窶冰n autre
enclos. Ou alors ils ne sont pas encore nテゥs. Evidemment, テ propos de ce qui n窶册xiste pas,
on peut dire n窶冓mporte quoi. Bref, Briggs et Peat nous fournissent un nouvel exemple
d窶兮bus de mテゥtaphore, mais ils ne nous montrent pas en quoi le thテゥorティme de Gテカdel
montre la fin de la raison ツサ (De Pracontal,
ouv.citテゥ
, p. 308-310).
Par la difficultテゥ du concept lui-mテェme, il est malheureusement difficile de faire travailler des
テゥtudiants sur cette gテカdelite (voir aussi 4.3.2
Arguments d窶僊utoritテゥ 窶 hijack
). D窶兮utres exemples plus
simples sont plus aisテゥs テ utiliser.
窶「
La relativitテゥ/relativisme
Comme nous le reverrons plus loin (voir 4.3.2
Les arguments d窶兮utoritテゥ
) la relativitテゥ est un concept
on ne peut plus galvaudテゥ dans le littテゥrarisme pseudo-intellectuel.
Dティs les annテゥes 20, tandis que la relativitテゥ d窶僞instein commenテァait テ peine テ sortir des cercles
scientifiques, on pouvait lire :
ツォ La relativitテゥ des choses, des actes et des mesures, qu窶僞instein est venu nous enseigner
parait テ beaucoup, nous le savons, assez incomprテゥhensible. Cependant, sans prテゥtendre
malheurs de Gテカdel ou l'art d'accommoder un thテゥorティme fameux テ la sauce prテゥfテゥrテゥe des philosophes
. Voir テゥgalement la confテゥrence de
Bouveresse Qu'appellent-ils "penser"? Quelques remarques テ propos de "l'affaire Sokal" et de ses suites, Confテゥrence
du 17 juin 1998 テ l'Universitテゥ de Genティve accessible ici
http://un2sg4.unige.ch/athena/bouveresse/bou_pens.html
Girard, pastichant Hofstadter, a fournit cette petite piティce de thテゥatre sur le sujet : Girard J.-Y., Le thテゥorティme de Gテカdel
ou une soirテゥe avec M. Homais,
Sciences & Avenir
, Janvier 2000, disponible ici :
http://iml.univ-mrs.fr/~girard/godel.pdf.gz
159
escalader les hauteurs de la thテゥorie einsteinienne, inaccessible テ ce qui ne constitue pas
l窶凖ゥlite des mathテゥmaticiens, il est facile de saisir le rapport existant entre de bonnes
finances et l窶凖ゥconomie, d窶兮percevoir la relativitテゥ des dテゥpenses qu窶兮utorise une situation
prospティre ou une situation prテゥcaire ツサ Journal La France, 1922
Nous verrons que la rテゥcupテゥration de cette
relativite aigテシe
peut テェtre politique, mテゥlangeant
rテゥguliティrement relativitテゥ et relativisme moral et libテゥralitテゥ dans les idテゥes opposテゥe au dogmatisme
(voir 4.4.5
Le mode politique
).
Il arrive parfois que le nomadisme du concept fasse simplement sourire, comme ici lors de la
visite en France d窶僊. Einstein en 1922 :
ツォ
Tout est relatif, on le voit, mテェme l'heure d窶兮rrivテゥe du protagoniste du relativisme
ツサ (Journal
L窶僮ntransigeant
,
in
Kemmeter,
S&Av
HS, dテゥcembre 1999).
On peut aussi hテゥlas en faire un scテゥnario politique, comme le fait Kemmeter :
ツォ Toute la science moderne a pour base le relativisme absolu. Il n窶凉 a pas de vテゥritテゥ
テゥternelle : tout est relatif (窶ヲ) Darwin dテゥtruit l窶兮bsolu des espティces en fondant le
transformisme biologique. Karl Marx accomplit une tテ「che encore plus difficile. Il fonde le
transformisme social et テゥconomique. Il frappe au cナ砥r des privilティges sociaux qui se
croient テゥternels. Tout se modifie. Tout テゥvolue. Rien d窶凖ゥternel. Rien d窶兮bsolu. Tout
change. Tout est relatif (窶ヲ) Et le mテゥrite immortel d窶僞instein, qui a renouvelテゥ la figure du
monde, c窶册st d窶兮voir cherchテゥ et trouvテゥ une base mathテゥmatique et physique テ cette
philosophie du monde qui fut dans l窶册sprit de tous les crテゥateurs de la pensテゥe antique et
moderne ツサ. (Kemmeter,
ibid.
).
窶「
Le chaos
Nous relevons avec Ortoli & Witkowski que :
ツォ Deux grands types de chaos sont utilisテゥs tels quels comme points de dテゥpart pour les
supputations les plus hasardeuses, en particulier dans le domaine des sciences sociales : le
chaos des physiciens, bien que le rapport entre systティme social et systティme physique soit mal
テゥlucidテゥ, et celui, moins assurテゥ, mis au jour par les biologistes dans nos rythmes cardiaques,
ou dans les neurones du bulbe olfactif du lapin. Lテ aussi, l窶兮nalogie directe est de rティgle,
entre l窶冓ndividu et le neurone ou la sociテゥtテゥ et le systティme solaire, sans que le moindre effort
d窶兮daptation vienne enrichir une traduction aussi platement littテゥrale ツサ (
ouv.citテゥ,
p. 136-137).
Le cas est trティs connu. Relevons seulement la rテゥsurgence de la
thテゥorie du chaos
dans
Libテゥration
du 11
aoテサt 2007 sous la plume de Losson :
ツォ Comment est-on passテゥ, en une semaine, テ une situation oテケ les plus grands banquiers
centraux (窶ヲ), parlaient
ツォde normalisationツサ,
テ l窶冓njection, par les banques centrales d窶僞urope,
d窶僊mテゥrique et d窶僊sie de 325 milliards de dollars [窶ヲ] sur le marchテゥ monテゥtaire. (窶ヲ.). C窶册st
un peu la thテゥorie du chaos revisitテゥe par la finance planテゥtaire テ l窶冑eure de l窶冑ypercapitalisme
globalisテゥ. ツサ
Ou dans la ツォ
thテゥorie du chaos de George W Bush
ツサ, prテゥsentテゥe par M. Abdel Azim dans
NewEuropeans
Magazine
, quelques mois plus tテエt :
ツォ Pour montrer ce テ quoi fait rテゥfテゥrence la thテゥorie de Bush du chaos, un petit dテゥtour
historique dテゥcrit quels テゥtaient les signes en lien avec cette thテゥorie (窶ヲ) La thテゥorie du chaos
nous enseigne qu'il est possible, テ travers le dテゥsordre apparent, d'extraire les signes qui nous
permettront de redessiner un nouvel ordre mondial ou rテゥgional (窶ヲ) La thテゥorie du chaos
160
montre que l'excティs d'ordre conduit au dテゥsordre, donc テ un テゥtat de dテゥsテゥquilibre. Washington
se doit donc de revoir son scテゥnario et son nouveau projet visant le point d'テゥquilibre [...] ツサ
(22 mai 2007)
Et enfin cette constatation de Javary dans
Nouvelles Clテゥs
Nツー40 :
ツォ Gardons simplement l窶冓dテゥe que la conception chinoise du hasard, qui donne toute sa
validitテゥ au
Yi Jing
, trouve avec la thテゥorie du Chaos une intensitテゥ nouvelle qui, ne faisant plus
obstacle テ la raison, encourage non seulement テ son utilisation, mais aussi ouvre テ la
rテゥflexion des horizons insoupテァonnテゥs il y a encore quelques annテゥes et qui devraient avoir
une influence profonde sur toute notre vie. ツサ
Nous revenons sur la notion de Chaos en Annexe (voir Annexe 窶
Fiche pテゥdagogique Nツー1 Chaos,
papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante)
.
窶「
Attracteur テゥtrange
L窶册xemple de l窶兮ttracteur テゥtrange, comme celui du Chaos, est abordテゥ en Annexe Nツー1 窶 fiche
Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait
sテゥduisante
窶「
L窶兮lchimie
Nous l窶兮vons dテゥjテ vu bien maltraitテゥ. C窶册st l窶冰n des mots prテゥfテゥrテゥs de la presse politique, au vu de
la frテゥquence de son emploi.
ツォ
Pas d窶兮lchimie politique sur la fusion GDF-Suez
ツサ titre
le Figaro
le 3 septembre 2007
ツォ
Une テゥquipe, c窶册st une alchimie. Il est naturel qu窶冰n nouveau directeur de cabinet procティde テ une
recomposition
ツサ dテゥclare Guillaume Didier, porte-parole de R. Dati, dans
Libテゥration
, 5
septembre 2007.
Rappelons-nous pour mテゥmoire le titre du livre du financier George Soros, intitulテゥ
L'Alchimie de la
Finance
(1998).
窶「
La noosphティre
Il s窶兮git d窶冰n concept que les didacticiens des sciences, suite テ Chevallard, ont repris du jテゥsuite P.
Teilhard de Chardin, lui-mテェme l窶兮yant, avec Vernadsky, empruntテゥ vers 1922 aux cours du
bergsonnien Edouard le Roy
Comme nous pouvons le dテゥplorer, la diffテゥrence de dテゥfinition est immense :
Sens 1 dit
cosmique rテゥaliste
de Vernadsky, 1945
ツォ In the twentieth century, man, for the first time in the history of earth, knew and
embraced the whole biosphere, completed the geographic map of the planet earth, and
colonized its whole surface. Mankind became a single totality in the life on earth... The
noosphere is the last of many stages in the evolution of the biosphere in geological history
ツサ.
Sens 2 dit
cosmique mystique
, Teilhard de Chardin, 1959
151
L窶冩rigine du terme est sitテゥe dans les cours de mテゥtaphysique de Le Roy, puis dans Le Roy,
L'Exigence Idテゥaliste et le
Fait de l'テ益olution
(1927).
161
ツォ Nous テゥlargissions nos vues jusqu窶凖 envisager la formation actuelle, sous nos yeux, テ la
faveur des facteurs hominisants, d窶冰ne entitテゥ biologique spテゥciale, telle qu窶冓l n窶凉 en a jamais
eu encore sur Terre, 窶 la formation, veux-je dire, テ partir et au-dessus de la Biosphティre,
d窶冰ne enveloppe planテゥtaire de plus, l窶册nveloppe de substance pensante テ laquelle j窶兮i donnテゥ,
par commoditテゥ et symテゥtrie, le nom de Noosphティre [De
Noos,
esprit : sphティre terrestre de la
substance pensante]. ツサ (T. de Chardin 1959, pp. 201 テ 203)
Sens 3 dit ツォ dactique ツサ, Chevallard, 1985
ツォ 窶ヲテ la pテゥriphテゥrie du systティme d窶册nseignement, il faut faire sa place テ une instance
essentielle au fonctionnement didactique, sorte de coulisses du systティme d窶册nseignement, et
vテゥritable sas par oテケ s窶冩pティre l窶冓nteraction entre ce systティme et l窶册nvironnement sociテゥtal. Lテ se
trouvent tous ceux qui, aux avant-postes du fonctionnement didactique, s窶兮ffrontent aux
problティmes qui naissent de la rencontre avec la sociテゥtテゥ et ses exigences ; lテ se dテゥveloppent
les conflits, lテ se mティnent les nテゥgociations, lテ mテサrissent les solutions. Toute une activitテゥ
ordinaire s窶凉 dテゥploie, en-dehors mテェme des pテゥriodes de crises (oテケ elles s窶兮ccentuent), sous
forme de doctrines proposテゥes, dテゥfendues et discutテゥes, de production et de dテゥbat d窶冓dテゥes 窶
sur ce qui pourrait テェtre changテゥ et sur ce qu窶冓l convient de faire. Bref, on est ici dans la
sphティre oテケ l窶冩n pense 窶 selon des modalitテゥs parfois fort diffテゥrentes 窶 le fonctionnement
didactique. Pour cela, j窶兮i avancテゥ pour elle le nom parodique de noosphティre ツサ
Si l窶冩n ouvre deux dictionnaires diffテゥrents, on ne trouvera que le sens 2 du terme :
Le
Grand Larousse Universel
, par exemple, donne :
ツォ テ営lairテゥs d'une vision synthテゥtique du dテゥroulement universel de l'テゥvolution, [L]es テゥcrits
thテゥologiques et philosophiques [de Teilhard de Chardin] mettent en valeur le phテゥnomティne
de complexification cテゥrテゥbrale du phylum humain, aboutissant au surgissement de la
conscience de soi (ツォ pas ツサde la rテゥflexion), puis テ un rテゥseau mondial de communication des
pensテゥes humaines, la
noosphティre
, au cナ砥r duquel agit le ツォ Christ テ益oluteur ツサ et qui conduit
l'humanitテゥ de faテァon immanente et transcendante tout テ la fois, vers le ツォ point Omテゥga ツサ
(royaume de Dieu) ツサ (1988, p. 1009)
Quant au Trテゥsor de la Langue Franテァaise TLFI :
PHILOS.
[Chez Teilhard de Chardin], Couche pensante (humaine) de la Terre, constituant
un rティgne nouveau, un tout spテゥcifique et organique`` (C.
CUテ丑OT,
Nouv. Lex. Teilhard de
Chardin,
Paris, テゥd. du Seuil, 1968).
Malgrテゥ ses liaisons organiques, (...) la biosphティre ne formait encore
qu'un assemblage de lignes divergentes, libres aux extrテゥmitテゥs. Sous l'effet de la Rテゥflexion (...) les chaテョnes se
ferment; et la Noosphティre tend テ se constituer en un seul systティme clos, oテケ chaque テゥlテゥment pour soi voit,
sent, dテゥsire, souffre les mテェmes choses que tous les autres テ la fois. Une collectivitテゥ harmonisテゥe des consciences,
テゥquivalente テ une sorte de super-conscience
(T. de Chardin
1955, p. 279).
Aussi surprenant que cela puisse paraテョtre, le terme
Noosphティre
est souvent accolテゥ テ la trティs
New Age
Conscience Transhumaine
, et porte, dans la foulテゥe de Bergson, la notion nテゥo-lamarckienne
d窶冩rthogenティse, ou de ツォ force complexifiante ツサ, qui fait le rテゥgal des tendances
Intelligent Design
en
. Ainsi, fille d窶冰ne philosophie idテゥaliste (Le Roy est le successeur de Bergson au Collティge
de France), d窶冰ne pensテゥe spiritualisante mystique et d窶冰ne pensテゥe Nouvel テHe, la
noosphティre
dテゥsigne
dテゥsormais ツォ
la sphティre oテケ l窶冩n pense le fonctionnement didactique
ツサ, ce qui laisse perplexe, mテェme lorsque
152
Chevallard revendique cette paternitテゥ dans Chevallard Y. La transposition didactique - du savoir savant au savoir
enseignテゥ, テゥd. La Pensテゥe Sauvage, Grenoble. 1985, 2ティme テゥdition 1991.
153
Notamment celui de de Duve. テ notre grande joie, Tassy a produit trティs rテゥcemment un travail テゥclairant sur le
caractティre mテゥtaphysique de la science teilhardienne, dans Tassy,
Teilhard de Chardin, l窶兮rbre phylogテゥnテゥtique et l窶冩rthogテゥnティse
,
in
Matテゥriologies Nツー2, 2007, pp. 289-310.
162
Chevallard prテゥcise que c窶册st parodique.
Le mot, tout comme celui par exemple de
paradigme
, fait pourtant une carriティre honorable de
concept fourre-tout, bien que/ou テ cause de son air abscons. Si on ajoute qu窶冰n teilhardisme naテッf
habite un certain nombre de nos collティgues de la facultテゥ de mテゥdecine-pharmacie de l窶儷niversitテゥ
Grenoble 1, et que ce concept de noosphティre est un excellent palliatif テ une lecture plus politique
du fonctionnement didactique, son succティs devient rテゥellement inquiテゥtant
4.2.6
Effets impact
Nous sommes partis de la notion d窶
effet Impac
t dテゥveloppテゥe par Broch.
ツォ Aprティs l窶冓mportance du
choix
des mots dont l窶册ffet Paillasson est une illustration concrティte, il
faut, lorsque les mots choisis semblent corrects, tenir compte du
poids
des mots, c'est-テ-dire
de leurs possibles connotations, de leur impact rテゥel. Dans le domaine du 窶湾aranormal窶, la
connotation des mots est trティs souvent utilisテゥe, inconsciemment ou non, pour induire une
idテゥe quelque peu diffテゥrente de celle qu窶冓ls prテゥtendent reprテゥsenter ツサ (Broch 1989,
ouv.citテゥ
, p.
193).
Figure 51 :
EPP, le plus puissant antibiotique naturel
a fait l窶冩bjet d窶冰ne analyse en mai 2007 par des
テゥtudiants ; Publicitテゥ extraite de Soleil levant nツー129, Avril 2006, p32.
L'effet Impact consiste テ utiliser la connotation, le
poids
des mots pour induire une idテゥe peu ou
prou diffテゥrente de celle que les mots prテゥtendent reprテゥsenter, mテェme lorsqu窶冓l n窶凉 a pas d窶册ffet
paillasson (exemple de l窶僞PP, figure 51). C窶册st jouer sur l窶凖ゥcart entre connotation et dテゥnotation,
sachant que, comme le rappelle Baillargeon, deux mots peuvent dテゥnoter la mテェme chose mais
avoir des connotations diffテゥrentes, positives ou nテゥgatives selon les cas (Baillargeon,
ouv.citテゥ
, p.
25).Cet effet Impact se renforce encore lorsqu窶冰n registre lexical complet est dテゥveloppテゥ (pensons
154
Pour une critique ne risquant pas de passer pour athテゥe militante, voir la critique de Teilhard de Chardin par le
dominicain J. Arnould dans
Dieu, le singe et le big bang
(2000). Puis, pour pousser le vice / la vis, on se reportera
テゥgalement avec beaucoup d窶冓ntテゥrテェt sur une critique d窶僊rnould par Deleporte & Pierre,
Jacques Arnould et le recul
テゥlastique du dogme
, in Debussy
& al.
(2005),
ouv.citテゥ,
pp. 545-554.
163
テ la ツォ traque ツサ du boson de Higgs, par exemple appelテゥe aussi ツォ particule de Dieu ツサ), テ tel point
que, comme l窶凖ゥcrit Blociszewski (1993), ツォ
le lien logique entre le produit et le message n窶兮 cessテゥ de faiblir
ツサ.
Nous avons trティs sommairement discernテゥ quatre maniティres d窶兮ccentuer l窶冓mpact produit par un
mot ou un syntagme.
4.2.6.1
L窶兮ccentuation imaginaire
User d窶冰n terme ayant une acception テ forte charge imaginaire est un procテゥdテゥ trティs connu en
rhテゥtorique, notamment dans le discours politique. L窶册ffet attendu est une association quasi-
pavlovienne, c'est-テ-dire le dテゥclenchement chez le lecteur ou l'auditeur de rテゥflexes conditionnテゥs
qui prテゥcティdent toute analyse rationnelle du texte ou du discours qui lui est soumis. Il a テゥtテゥ montrテゥ
par exemple que des mots comme
enfant
,
famille
,
amour
, sont perテァus comme ツォ positifs ツサ, tandis que
crime
,
cancer
,
mort
, sont perテァus nテゥgativement. Tous ont une puissance テゥmotionnelle si forte qu窶冓ls
sont perテァus plus rapidement que des mots qui ne sont pas chargテゥs de la mテェme dテゥnotation
positive ou nテゥgative (Rampton & Stauber 2001). Le seul fait d'associer un de ces termes テ la
chose ou テ la personne que l'on dテゥcrit modifie de faテァon significative la faテァon dont elle est perテァue
par le rテゥcepteur du message. Breton, qui s窶册st consacrテゥ テ cette analyse, cite l窶册xemple d窶僊lain
Juppテゥ qui, テ la tribune de la rテゥunion des dテゥputテゥs de la majoritテゥ du 22 avril 1997, dテゥfinit le
programme du parti socialiste en parlant de 'rテゥcidive'.
ツォ Les socialistes, dit le Premier Ministre ont, du temps oテケ ils gouvernaient, augmentテゥ
considテゥrablement les dテゥficits publics et ils n'aspirent qu'テ la 'rテゥcidive'. ツサ (Breton 2000, p.
113 et sq.)
La manipulation du sens de rテゥcidive active tout notre imaginaire judiciaire par ce simple terme,
braquage, ツォ dテゥlinquance ツサ, voyou qui recommence, etc. Breton donne des exemples dans les
discours d窶册xtrテェme-droite fustigeant l窶 ツォ acharnement intテゥgrationniste ツサ au moyen de figures de
style sans contenu : ツォ [Le Pen]
oppose par exemple les ツォ Franテァais de cナ砥r ツサ aux ツォ Franテァais de ventre ツサ, qui
ツォ ont des papiers franテァais mais n窶冩nt ni le cナ砥r ni l窶凖「me ni l窶册sprit franテァais ツサ et qu窶冓l propose de raccompagner テ la
frontiティre
ツサ (Breton,
ouv.citテゥ
, p. 84, et Breton 1996, p. 93 et sq.).
Nous avons relevテゥ pour notre archivage des registres de scテゥnarisation complets liテゥs テ un seul
terme : un exemple flagrant fut celui de la ツォ capture ツサ de Saddam Hussein. Le seul mot ツォ capture ツサ
donne une connotation, gibier, traque, planque, rets et filets, piティges de chasse窶ヲ Ce mot fut
pratiquement un marqueur en tant que tel des mテゥdias alignテゥs テ la politique amテゥricaine en Irak.
Refaisant le test
, nous obtenions au 16 septembre 2007 :
ツォ Capture de Saddam Hussein ツサ :
10800 rテゥsultats
ツォ Arrestation de Saddam Hussein ツサ :
987 rテゥsultats
テ titre comparatif, nous avons refait le test sur 3 arrestations rテゥcentes :
Cesare Battisti
, arrテェtテゥ cachテゥ au Brテゥsil le 18 mars 2007 au Brテゥsil
ツォ Capture de Cesare Battisti ツサ :
8
ツォ Arrestation de Cesare Battisti ツサ :
823
Yvan Colonna
, arrテェtテゥ cachテゥ dans une bergerie de Haute Corse le 5 juillet 2003
155
Outre les travaux de Breton, nous recomandons テゥgalement, sur de telles lectures politiques Hazan,
LQR la
propagande du quotidien
(2006).
164
ツォ Capture d窶兀van Colonna ツサ :
43
ツォ Arrestation d窶兀van Colonna ツサ :
1260
ツォ Don Diego ツサ Montoya
, cテゥlティbre narcotrafiquant arrテェtテゥ dans la vallテゥe montagneuse
del Cauca
le 10
septembre 2007
ツォ Capture de Diego Montoya ツサ :
0
ツォ Arrestation de Diego Montoya ツサ : 28100
Un autre exemple, significatif, est donnテゥ par Baillargeon sur le vocabulaire employテゥ pour parler
de l窶兮vortement.
ツォ Les protagonistes de ce dテゥbat se dテゥsignent eux-mテェmes comme テゥtant pro-vie ou pro-choix.
Ce n窶册st pas un hasard : qui voudrait テェtre anti-vie ou anti-choix ? Le fait que les militants
parlerons plus volontiers, selon le cas, de fナ鍍us ou de bテゥbテゥ, n窶册st pas un hasard non plus ツサ
(
ouv.citテゥ
Prenons maintenant quelques exemples spテゥcifiques des champs fantasmagoriques de la science.
窶「
Les OVNIs
L窶册xemple est de Broch.
ツォ Lorsqu窶冩n nous pose la question : ツォ Que pensez-vous des OVNI ? ツサ, on entend presque
automatiquement : ツォ pensez-vous que des テェtres intelligents extra-terrestres visitent notre
planティte ? ツサ ce qui est une question au contenu beaucoup plus large que la premiティre. Bien
sテサr, l窶冓nterprテゥtation de la question posテゥe se fait en fonction de l窶冓mage que beaucoup de
mテゥdia vテゥhiculent テ propos des ツォ soucoupes volantes ツサ mais l窶卍ォ テゥlargissement ツサ constatテゥ
rテゥside テゥgalement dans les termes utilisテゥs ou plutテエt dans la connotation que l窶冩n s窶兮ccorde テ
leur donner en gテゥnテゥral ツサ
OVNI signifie Objet Volant Non Identifiテゥ.
Le mot ツォ objet ツサ possティde une connotation trティs forte de quelque chose de bien ツォ rテゥel ツサ, de
concret, de ツォ palpable ツサ et qui, de plus, possティde une frontiティre bien dテゥfinie. (窶ヲ) Qualifie-t-
on souvent d窶冩bjet un nuage ?
L窶兮djectif ツォ volant ツサ porte lui aussi, bien que moins fortement, une connotation qui induit
dans l窶册sprit quelque chose qui peut se soutenir, se mouvoir dans l窶兮ir par lui-mテェme. On dit
d窶冰n oiseau qu窶冓l vole, on ne le dit point d窶冰n nuage ou du faisceau de lumiティre テゥmis par le
phare d窶冰ne voiture
(窶ヲ) le terme ツォ identifiテゥ ツサ porte lui aussi quelques connotations. On ツォ identifie ツサ un planeur,
un avion テ rテゥaction ou un ballon-sonde, on ツォ identifie rarement quelque chose de moins
ツォ palpable ツサ comme du gaz ionisテゥ par exemple. (窶ヲ)
Aurions-nous la mテェme tendance テ テゥlargir la question initiale si elle テゥtait posテゥe par exemple
comme suit : ツォ que pensez-vous des PANE, Phテゥnomティnes Aテゥriens Non Expliquテゥs ?ツサ.
(
ouv.citテゥ
, pp. 193-4)
156
D窶兮utres exemples sont donnテゥs dans la sphティre politique, repris テ Kahane H.,
logic and contemporary rhetoric, the use of
reason in everyday life
, p. 137.
157
Rテゥfテゥrence est ici faite テ Standen,
The semantic of UFOS, paranormal bordelands of science
(1981) p. 464.
165
Notons que mテェme parmi les individus convaincus de la venue d窶儖VNI d窶冩rigine Extra-terrestre,
le terme est dテゥcriテゥ (entre autres chez Pinker 1999, p. 28, Raimer 1999, pp. 53-57).
Nous en profitons pour prテゥciser aux テゥtudiants que nous nous penchons sur les OVNI-et. テ la
question qui ne manque pas de venir sur le
窶摘T
, nous prenons soin d窶册xpliquer que ce sont les
OVNI d窶冩rigine Extra-Terrestre qui nous intテゥressent 窶 et non une quelconque mouette prise en
flou sur une pellicule, qui de fait est littテゥralement un objet volant non identifiテゥ. Cette mise au
point peut テェtre faite de maniティre assez facilement amusante (figure 52).
テ
テ
la question
la question
ツォ
ツォ
que pensez
que pensez
-
-
vous des OVNI
vous des OVNI
?
?
ツサ
ツサ
Les gens entendent
Les gens entendent
ツォ
ツォ
pensez
pensez
-
-
vous que des テェtres
vous que des テェtres
intelligents extra
intelligents extra
-
-
terrestres
terrestres
visitent notre plan
visitent notre plan
ティ
ティ
te
te
?
?
ツサ
ツサ
.
.
Effet Impact
Effet Impact
-
-
les
les
OVNI s
OVNI s
Les mots sont importants
Les mots sont importants
Bar le Duc, 11 juin 2005
Objet Volant Non Identifiテゥ
ツォ Objet ツサ
ツォ Volant ツサ
ツォ Non Identifiテゥ ツサ
Connotation tr
Connotation tr
ティ
ティ
s forte
s forte
objet = chose de bien r
objet = chose de bien r
テゥ
テゥ
el,
el,
concret,
concret,
ツォ
ツォ
palpable
palpable
ツサ
ツサ
, et
, et
qui poss
qui poss
ティ
ティ
de une fronti
de une front i
ティ
ティ
re
re
Ex : cuill
Ex : cuill
ティ
ティ
re
re
#
#
rond de fum
rond de fum
テゥ
テゥ
e
e
Qualifie
Qualifie
-
-
t
t
-
-
on souvent d
on souvent d
窶
窶
objet
objet
un nuage
un nuage
?
?
induit quelque chose
induit quelque chose
qui peut se soutenir,
qui peut se soutenir,
se mouvoir dans l
se mouvoir dans l
窶
窶
air
air
par lui
par lui
-
-
mテェme.
mテェme.
Un oiseau vole
Un oiseau vole
#
#
un
un
nuage ou un faisceau de
nuage ou un faisceau de
lumi
lumi
ティ
ティ
re de phare, non.
re de phare, non.
On
On
ツォ
ツォ
identifie
identifie
ツサ
ツサ
un
un
planeur, un avion
planeur, un avion
テ
テ
r
r
テゥ
テゥ
action ou un ballon
action ou un ballon
-
-
sonde, on
sonde, on
ツォ
ツォ
identifie
identifie
ツサ
ツサ
rarement du gaz ionis
rarement du gaz ionis
テゥ
テゥ
par exemple.
par exemple.
Forte connotation militaire
Forte connotation militaire
Les mots sont importants
Les mots sont importants
Les mots sont importants
Les mots sont importants
Devient
Devient
ツォ
ツォ
que pensez
que pensez
-
-
vous de s PANE ?
vous de s PANE ?
ツサ
ツサ
Ph
Ph
テゥ
テゥ
nom
nom
ティ
ティ
nes
n es
A
A
テゥ
テゥ
riens
rien s
Non Expliqu
Non Expliqu
テゥ
テゥ
s
s
Aura
Aura
-
-
t
t
-
-
on le
on le
mテェme
mテェme
impact
impact
si
si
la question
la question
ツォ
ツォ
que pensez
que pensez
-
-
vous des OVNI
vous des OVNI
?
?
ツサ
ツサ
Objets
Objets
Volants
Volants
Non Identifi
Non Identifi
テゥ
テゥ
s
s
Figure 52 : diapositives illustrant le principe ツォ Les mots sont importants ツサ (Cours Zテゥtテゥtique & approche
scientifique du 窶湾aranormal窶, cours Nツー3)
窶「
Oncologie
Autre exemple, l窶冩ncologie, qui a euphテゥmisテゥ la sinistre cancテゥrologie. Certaines maladies portent
une telle charge affective que des euphテゥmismes se crテゥent :
malaria
est plus effrayant que
paludisme
,
phtisie
plus que
tuberculose
. Dans les cas de cancer ou de SIDA, une forme de pensテゥe magique se
crテゥe au point de parfois ne plus vouloir prononcer le terme : on voit alors dans les annonces
nテゥcrologiques fleurir spテゥcifiant ツォ
dテゥcティs des suites d窶冰ne longue maladie
ツサ. En Guinテゥe maritime,
quelqu窶冰n dテゥcテゥdテゥ du SIDA est dテゥclarテゥ ツォ mort de maladie ツサ, tout simplement 窶 ce qui rend
d窶兮utant plus aisテゥ la tテ「che des guテゥrisseurs auto-proclamテゥs du SIDA sur place, comme
Mohammed Tahirou Barry
窶「
Freud, Einstein
158
Sur cette affaire, lire les テゥchos de la Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー26, 13 aoテサt 2007 :
http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=32
166
L窶冓nvocation de noms trティs chargテゥs affectivement, comme Einstein ou Freud, relティve de ce registre,
mais nous les classons dans l窶
argument d窶兮utoritテゥ
(voir 4.3.2) et l窶
accentuation iconique
(voir 4.2.6.3) 窶
lorsque le simple visage du personnage suffit テ accrテゥditer le propos. Nous avons dテゥcidテゥ de ne pas
les approfondir ici, l窶兮ccentuation imaginaire テゥtant directement corrテゥlテゥe テ l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ
qu窶册lle tisse. Citons simplement pour mテゥmoire que sa seule invocation est un gage de
(pseudo)scientificitテゥ mテェme en politique, lorsqu窶冩n lit par exemple trティs rテゥcemment dans
le
Monde
(24 aoテサt 2007) des analogies qui ferait rテ「ler Freud lui-mテェme dans sa tombe.
ツォ C'est une des strates de lecture des attentats du 11 septembre 2001 qui ont animテゥ les
pages Dテゥbats du
Monde
. Certains auteurs ont pris des prテゥcautions infinies pour ne pas
tomber sous le reproche d'envenimer le choc des civilisations et pour distinguer
nettement entre les terroristes, les islamistes fondamentalistes et l'ensemble des
musulmans, des prテゥcautions infinies qui faisaient penser parfois テ la dテゥnテゥgation chez
Freud. ツサ (Vernet,
Le Monde
, 24 aoテサt 2007).
Nous pourrions presque parler cette fois de
freudelite
.
4.2.6.2
L窶兮ccentuation lapidaire
Nous entendons par accentuation lapidaire l窶冰tilisation de mots chargテゥs affectivement, comme
dans l窶兮ccentuation imaginaire, mais dans le but de rテゥsumer une thテゥorie, un fait ou une idテゥe plus
complexe. C窶册st l窶兮rt du titre caricatural, qui va chercher le lecteur par la main en lui donnant
l窶冓llusion d窶冰ne connivence, en flattant une idテゥe reテァue, un proverbe, une expression. La gamme est
immense. Nous n窶兮vons gardテゥ que quatre exemples pris dans des champs diffテゥrents.
窶「
Adieu Lucy
(figure 53)
Figure 53 : quels que soient les ツォ bouleversements ツサ de la gテゥnテゥalogie de l窶僣umain, la place du squelette de Lucy
gardera une place dans l窶凖ゥvolution humaine.
Adieu Lucy
est non seulement lapidaire, mais tout simplement faux.
On notera le visage tragique que l窶冩n prテェte テ Lucy (accentuation iconique). Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ.
窶「
Sleep less, Live longer
Le 15 fテゥvrier 2002, Kripke
& al.
publient dans
Archives of General Psychiatry
, une テゥtude de 6 ans sur
1,1 million d窶兮mテゥricains et la corrテゥlation entre leur sommeil et leur mortalitテゥ. La conclusion en est
que les ツォ gros ツサ dormeurs (8 heures et plus de sommeil par nuit) ainsi que ceux qui dorment
moins de 4 h par nuit auraient un ratio de mortalitテゥ plus テゥlevテゥ de 15 % dans les 6 annテゥes suivant
l窶凖ゥtude. Les auteurs de cette テゥtude n窶兮vancent aucune raison explicative, mais Kripke annonce que
"
individuals who now average 6.5 hours of sleep a night, can be reassured that this is a safe amount of sleep. From
a health standpoint, there is no reason to sleep longer
."
167
Nous avons, dans une テゥtude pour le laboratoire HP2, テゥmis un certain nombre de critiques (figure
54).
Figure 54 : extrait de
Petite revue non exhaustive des misconceptions et idテゥes reテァues en hygiティne
du sommeil
,
travail pour le laboratoire HP2, non publiテゥ.
窶「
Le temps n窶册xiste pas
Exemple trivial mais qui dテゥtend le lecteur et ne manquera pas de faire sourire : ツォ
Le temps n窶册xiste
pas
ツサ (figure 55), sur fond de tourbillon, avec une introduction : ツォ
Une expテゥrience quantique le prouve
ツサ.
a)
Etablir une corrテゥlation entre la mortalitテゥ et le temps de sommeil est un fait. Tirer une causalitテゥ lテ oテケ il serait
prテゥfテゥrable d窶冓nfテゥrer une relation plus ou moins directe est un ツォ effet cigogne ツサ
b)
Le soupテァon d窶冰ne corrテゥlation simple vient des multiples explications possibles de la mortalitテゥ des patients.
Quelques exemples : des ouvriers travaillant テゥnormテゥment, contraints テ dormir peu, rentrent dans la statistique, mais
leur mortalitテゥ peut テェtre en partie expliquテゥe par des conditions de travail pテゥnibles ; de mテェme, les personnes alitテゥes et
les comateux biaisent la statistique. Tamakoshi, Ohno
& al.
ont d窶兮illeurs, dans une recherche complテゥmentaire
rテゥcente, テゥliminテゥ les malades en phase terminale ainsi que les patients テ hauts risques de mortalitテゥ (テゥpisodes
cardiaques, problティmes psychologiques etc.)
c)
La causalitテゥ prテゥtendue pourrait テェtre tout aussi bien inversテゥe : en effet, cette テゥtude pourrait signifier qu窶冰n
caractティre apnテゥique ou qu窶冰ne mauvaise santテゥ (テ laquelle incomberait plus directement la mortalitテゥ) provoque un
besoin de sommeil plus grand. La zテゥtテゥtique prテゥvoit ce genre de biais causal inversテゥ sous le nom d窶册ffet Lotus .
d)
A la question du nombre d窶冑eures de sommeil, il ne serait pas surprenant que les sujets aient tendance テ
relater les heures passテゥes au lit, ce qui fait une diffテゥrence notable.
e)
Kripke tombe dans le [sophisme] テゥcologique (窶ヲ) : il est risquテゥ de transposer テ l窶冓ndividu ce qui relティve d窶冰ne
moyenne de nombreux cas.
Que Kripke et ses collティgues aient orchestrテゥ eux-mテェmes le flot mテゥdiatique est tout sauf certain. Mais la consテゥquence
fut immテゥdiate : dティs la parution de l窶凖ゥtude, les journaux s窶册mpressティrent de la relater sous la formule lapidaire ツォ
Sleep
less, Live longer
ツサ, qui travestit de faテァon dramatique la portテゥe des travaux mais qui la rend appropriable par les mテゥdias.
La formule fit donc le tour du monde, du Shangai Star au Tribune India , en passant par le Washington Post , le
Daily News et jusqu窶兮u magazine Nature. Mテェme le site de l窶儷niversitテゥ de San Diego titre de la mテェme faテァon -
moyennant un point d窶冓nterrogation. En France, depuis les Forums
Doctissimo
, mais aussi Msn, NRJ Antilles et ce
jusqu窶凖 France 3 sous le titre sテゥduisant ツォ Dormez moins et vivez longtemps ツサ . On trouve par exemple des choses
comme ツォ le sommeil qui tue ツサ dans Jeune Afrique le 4 mars 2002.
Cette formule, issue de la transposition mテゥdiatique de l窶凖ゥtude de Kripke
& al.
perd une bonne part de l窶冓nformation
en jeu et en devient du coup dangereuse : テ supposer que la corrテゥlation mortalitテゥ 窶 sommeil soit directe, que les
heures de sommeil soient seules gages de sa qualitテゥ et que la conclusion soit transposable aux individus, prテゥtendre
que dormir moins fait vivre plus est faux : c窶册st dormir moins [que 8 heures, mais pas moins que 6h30, pic de l窶凖ゥtude]
qui est corrテゥlテゥ, et simplement corrテゥlテゥ au fait de vivre plus.
ツサ
168
Figure 55 : Le temps n窶册xiste pas ! Des physiciens sont parvenus テ l窶兮rrテェter, S&V Janvier 2003
Un ナ妬l averti remarquera cette technique d窶兮maigrissement de la prテゥtention que nous avons
dテゥcrite comme ツォ technique de la peau de chagrin ツサ (voir 4.4.3.13). Entre ツォ
Le temps n窶册xiste pas
ツサ et
le sous-titre ツォ
Des physiciens sont parvenus テ l窶兮rrテェter
ツサ, non seulement la prテゥtention a fondu, mais la
science est bien malmenテゥe (テ commencer par la question triviale : comment arrテェter le temps s窶冓l
n窶册xiste pas ?).
窶「
La pensテゥe (de Sciences & Avenir) est limitテゥe
La revue
S&Av Hors Sテゥrie
propose un condensテゥ calamiteux des grandes idテゥes du siティcle, en
ツォ hijackant ツサ un bon nombre d窶兮utoritテゥs (figure 56). Nous ne dテゥtaillerons pas chacune de ces
phrases, mais il suffit de lire l窶卩砥vre de Lorenz rテゥsumテゥe par
ツォ le futur est imprテゥvisibile
ツサ pour
comprendre le succティs moderne des mancies, et de lire le ツォ
tout est relatif
ツサ totalement vide de sens
qu窶僞instein n窶兮 certainement jamais dit ou encore ツォ
la nature est inconnaissable
ツサ d窶僣eisenberg pour
ne plus rien comprendre du tout.
Figure 56 : les grandes idテゥes du siティcle, telles que comprises par S&Av.
4.2.6.3
Accentuation iconique 窶 images, caractティres, icテエnes
Cette accentuation est un cas particulier de la prテゥcテゥdente. Il s窶兮git cette fois de miser sur
l窶兮ccompagnement d窶冰ne image ou d窶冰n personnage pour y greffer un cachet, souvent autoritaire
窶田omme nous l窶兮vons entraperテァu avec Freud et Einstein, plus haut)
L窶冓mage prテゥsentテゥe prテゥcテゥdemment de la couverture ツォ
Ovnis, pourquoi la science s窶凉 intテゥresse enfin
ツサ
(figure 57(b)) est un exemple flagrant d窶冰tilisation d窶冰ne accentuation par l窶冓mage, avec cette
soucoupe collant aux reprテゥsentations courantes sur les OVNI-ET.
169
Figures 57 : deux accentuations iconiques intテゥressantes sur un plan pテゥdagogique
(a)
une figuration fausse et cosmogonique d窶冰n trou noir ;
(b) : une figuration d窶冰ne soucoupe volante en guise d窶冩bjet volant non identifiテゥ
La page 7 de
S&V
de janvier 2004, outre l窶兮nthropomorphisme flagrant, propose une image
fallacieuse (celle d窶冰n trou noir, ce qui est difficile / rayonnements Infrarouges reprテゥsentテゥs ici de
faテァon trティs fantaisiste) mais trティs sテゥduisante (figure 58). Le graphisme des revues scientifiques a des
codes. Lorsqu窶冓l s窶兮git d窶册xprimer un ツォ espace vide tumultueux ツサ, on opte pour cette marテゥe rouge.
Ci-contre, elle exprime l窶 ツォ テゥnergie sombre ツサ 窶 qui en tout テゥtat de cause, est aux portes de notre
galaxie 窶 voir page suivante, et reprテゥsente une ツォ menace fantテエme ツサ ! (Voir 4.4.3.1
scテゥnario alerte
).
Voici encore quelques exemples, cette fois axテゥs sur le grossissement de certains mots sur les
couvertures de revues. Il s窶兮git des
S&V
de Juillet 2003, de Fテゥvrier 2005, d窶兮oテサt 2002 et de
S&Av
de 1999.
170
Figure 58 : image n窶冓llustrant窶ヲrien, S&V
en Juillet 2003.
(a) Cannibale
(b) Dieu
(c) Dieu
(d) Ovnis (e) Conscience
Figures 59 : autant de mots-clテゥs テゥpaissis pour une stimulation iconique trテゥpidante (on notera au passage les types
d窶冓llustrations les accompagnant)
.
On s窶册n rend compte qu窶册n petit format, un mot ressort pour chaque couverture (figures 59 a, b,
c, d & e).
-
Insectes
, pour l窶冰n, mot trティs chargテゥ affectivement, dont l窶册ffet de peur est accentuテゥ par le
sous-titre ツォ pourquoi ils vont conquテゥrir le monde ツサ, et jouxtant une fourmi en gros plan
avanテァant vers la lumiティre 窶 et potentiellement vers votre jardin.
-
Cannibale
pour le deuxiティme, avec un arriティre窶吐ond vortical apocalyptique bordテゥ d窶冰ne
marテゥe rouge, d窶冰ne mouture trティs proche de l窶册xemple de la page prテゥcテゥdente (ou cette
fois, c窶凖ゥtait un
trou noir
, et non
notre galaxie
, qui テゥtait diabolisテゥ)
-
Dieu
pour le troisiティme et le quatriティme, avec des allテゥgories de Dieu (Ciel et lumiティre pour
l窶冰n et
Crテゥation d窶僊dam
revisitテゥe de Michel Angelo) trティs europテゥennes.
-
Ovnis
et
Conscience
pour les deux derniers.
171
Le risque rテゥside dans le fait que la proposition suggティre autre chose que ce dont il est traitテゥ : en
vulgarisation, on retrouve ce type de pratique pour achalander le lecteur potentiel et crテゥer un
effet
d窶兮nnonce artificiel
, quitte テ le dテゥcevoir ou テ lui offrir une version travestie du savoir exposテゥ. Si la
premiティre couverture, exemple d窶兮ppel テ la peur ne corrompt pas la thティse prテゥsentテゥe テ l窶冓ntテゥrieur 窶
malgrテゥ un splendide effet peau de chagrin (voir 4.4.3.13), la deuxiティme joue, par un
anthropomorphisme dテゥlirant, sur des notions (le cannibalisme chez les galaxies) qui n窶册xistent
pas. La troisiティme et la quatriティme (et de nombreuses autres) mettent en avant un terme (Dieu) qui
est テゥtranger au champ de la science en tant que tel et flatte un concordisme pourtant
irrテゥductiblement antagoniste (voir 4.4.4.1
Concordisme et Overlapping Magisteria
).
Il peut テゥgalement s窶兮gir de personnages connus du grand public 窶 et l窶兮nalyse des composants
sociologiques qui crテゥe le plテゥbiscite sur la personne est tout テ fait intテゥressant dans un cours
d窶册sprit critique. Parmi ces nombreuses figures, citons :
窶「
Einstein
L窶冓cテエne scientifique majeure est Einstein. Son image se suffit tellement テ elle-mテェme pour incarner
le mythe du gテゥnie et l窶兮utoritテゥ qu窶册lle permet parfois テ certains maquettistes de ne placer que sa
photo, voir qu窶冰ne de ses mティches ! Ainsi en couverture du
Times
, le 3 janvier 2000 (テ gauche) ou
sur le livre de S.I. Rispens,
Einstein Im Nederlands
(テ droite) (figures 60 a, b, c, d, e & f).
(a) Times, 3 janvier 2000 (b) Ouvrage de S. I. Rispens (c) Ciel & Espace HS
(d) Ciel & Espace HS
(e) Physics World
(f)
S&V
Figures 60 : Utilisation de l窶冓cテエne d窶僞instein de sa langue ou de sa mティche) en couverture de diffテゥrents magazines
et ouvrages scientifiques.
172
Nos enfants ont テゥgalement assistテゥ テ un extraordinaire exemple d窶冰tilisation de la multiacception
du terme ツォ rテゥvolution ツサ dans la couverture de
S&V
Junior HS Nツー59 (figure 61) avec un choix
pictural dテゥvoyant complティtement la notion
kuhnienne
窶 dテゥjテ discutable 窶 de
rテゥvolution
scientifique
en un mauvais effet paillasson.
Figure 61 : Couverture de S&V
Junior
HS Nツー59 reprenant テゥgalement la figure d窶僞instein.
Il est relativement simple de montrer aux テゥtudiants combien le recours テ une telle icテエne permet
les titres les plus pテゥremptoires.
窶「
Autres icテエnes ツォ momifiテゥes ツサ
Parmi les personnages dテゥsormais entrテゥs dans l窶僣istoire, il y a
Isaac Newton
bien sテサr, bien qu窶冓l
ne paraisse pas trティs pratique テ simple but illustratif, sans photographie
invoquテゥ pour orchestrer une rテゥconciliation science 窶 alchimie, et pour incarner l窶冓dテゥe du gテゥnie
qui frappe comme la foudre (la pomme de Newton, pourtant fait probablement lテゥgendaire, テゥtant
l窶兮rchテゥtype des
Baignoires d窶僊rchimティde
au sens d窶儖rtoli et Witomski,
ouv.citテゥ
) (figure 62).
Figure 62 : variations テ l窶冓nfini sur le thティme de Newton et de sa pomme chez le dessinateur Gotlib (2003)
Renテゥ Descartes
est aussi rテゥguliティrement secouテゥ comme テゥpouvantail rationaliste, garant d窶冰n
cartテゥsianisme dit
テ la franテァaise
(voir 4.3.2.21
L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise
) qu窶冓l faudrait peut テェtre
159
Le dessinateur Gotlib a remテゥdiテゥ au problティme en le dessinant dans ses
Rubriques テ Brac
.
173
revoir テ l窶兮une de certaines des bテェtises qu窶冓l a profテゥrテゥes
du scテゥnario ツォ dテゥboulonnage d窶冓dole ツサ (voir 4.4.3.11
Autres scテゥnarios...
) (figure 63).
Figure 63 : Article publiテゥ dans S&Av en janvier 2000. Faut-il brテサler Descartes, ou les choix maquettistes de
la revue ?
On retrouve aussi
Galilテゥe
, gテゥnテゥralement sur la scテゥnarisation fausse du martyr de la science, lテ oテケ
il ne fut ni martyr, ni de la science (ressort parfois l窶册xpテゥrience de la Tour de Pise, qu窶冓l n窶兮 pas
menテゥe).
Mais derriティre Einstein, la deuxiティme figure majeure est
Freud
. Si l窶冓mportance sociale des idテゥes de
Freud est sans conteste, la scientificitテゥ de sa doctrine, la psychanalyse, est plus que controversテゥ, et
se calque テ un bon nombre des critティres de pseudoscientificitテゥ que nous avons dテゥnombrテゥ (figures
64, 65 & 66).
Figure 64 : Couverture de S&Av Juillet 2001. L窶僣ypothティse de l窶冓nconscient, prテゥcテゥdテゥ en plus petits caractティres de
ツォ la psychanalyse est-elle une science ? ツサ 窶 cette hypothティse est pratiquement intestable, et ressemble テ une hypothティse
ad hoc immatテゥrielle.
160
On se documentera de maniティre profitable chez le trティs accessible Lentin (1979), avec certaines rテゥserves dues aux
habitudes de l窶兮uteur (
Nouvelles Clテゥs
, notamment).
174
Figure 65 : Magazine Littテゥraire, janvier 2006 : l窶冓conographie sert fortement la psychanalyse et donne l窶冓mage
trompeuse d窶冰ne テゥpidテゥmiologie mondiale de la psychanalyse 窶 ce qui est faux, les deux derniers bastions de ce
champ thテゥorique dテゥliquescent テゥtant la France et l窶僊rgentine.
(a) SPS (b) Sciences Humaines HS Nツー30 (c) S&V juin 1995) (d) affiche de l窶儖Z
Figure 66 : Diffテゥrentes couvertures de magazines mettant en scティne Freud.
Il est donc aussi inquiテゥtant qu窶兮musant de voir que l窶冓cテエne majeure des sciences humaines est
l窶冓ncarnation d窶冰ne thテゥorie stagnante et essentiellement non-scientifique. Ses yeux suffisent,
comme dans le
Sciences Humaines
HS Nツー30 de dテゥcembre 2000 (figure 66b). Trティs rares sont les
articles ou les テゥmissions qui peuvent se permettre d窶凖ェtre critiques envers Freud, au risque de voir
d窶冓nfluents テゥpistテゥmologues de la psychanalyse comme E. Roudinesco opテゥrer de violentes
reductio
ad hitlerum
sur les contradicteurs (voir 4.4.5.2
Reductio ad hitlerum
). Les rares occasions critiques
misent aussi sur l窶冓cテエne Freud, comme ce numテゥro de
SPS
(figure 66a) ou l窶兮ffiche de la
confテゥrence de Van Rillテヲr concoctテゥe par l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique 窶 dont nous fテサmes partie
prenante (figure 66d).
Habilement, quelques numテゥros optent le scテゥnario ツォ
Freud avait raison
ツサ, tranchant avec le silence
qu窶冓l put y avoir auparavant sur les critiques (Figure 67c). Le sous-titre ajoute : ツォ
Des expテゥriences le
prouvent
ツサ, ce qui donne au lecteur
lambda
une illusion de tradition expテゥrimentale qui n窶兮 jamais
existテゥ que de maniティre bricolテゥe dans la discipline. La stratテゥgie est simple et digne de l窶兮utruche : ne
parler de ce qui coince que lorsqu窶冩n pense le problティme rテゥglテゥ (
S&V
, juin 1995) L窶凖ゥpistテゥmologie
est un peu malmenテゥe.
175
Voici quelques exemples d窶冓cテエnes vivantes de la science, en France (figures 67 a, b, c, d, e & f).
(a) S. Hawking
(b) H. Reeves
(c) T. X. Thuan
(d) Y. Coppens
(e) N. Hulot
(f) J.-M. Pelt
Figures 67 : Personnages, icテエnes de la science en France.
(Figure 67a) Stephen Hawking, que nous retrouverons dans la scテゥnarisation du gテゥnie
(voir 4.4
Ips
de type III
) ; (figure 67d) Yves Coppens, qui ツォ incarne ツサ Lucy en France alors qu窶冓l ne fut que co-
dテゥcouvreur 窶 occasion de pointer un chauvinisme quasi-sportif (figure 67b) Hubert Reeves,
(figure 67e) Nicolas Hulot, (figure 67f) Jean-Marie Pelt, テ propos desquels nous parlerons plus
loin de Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias, et (figure 67c) Trinh Xuan Thuan, qui reprテゥsente
le mariage concordiste UIPien Science-religion orientale.
Nous retrouvons par exemple Coppens ツォ mis en scティne ツサ comme l窶冰n des angles de l窶僣umanitテゥ,
prティs de miss France et de Honrk (probablement fils de Crao), sur la couverture de
S&Av
nツー650
(figure 67).
176
Figure 68 : Couverture de S&Av nツー650 mettant en scティne Yves Coppens.
Derniティre technique d窶兮ccentuation iconique,
le matraquage d窶冓mage.
Outre Reeves et Xuan Thuan,
champions incontestables, voici un exemple qui n窶兮 dテゥquivalent que dans les complaisances de la
presse quotidienne rテゥgionale vis-テ-vis des テゥdiles locaux.
Dans le numテゥro HS Ciel & Espace, Jean Seidengart, professeur de philosophie, se voit reproduit
quatre fois en cinq pages 窶 trois fois un quart de la page 窶 dont une dans une posture
テゥquilibriste, ainsi qu窶冰ne pleine page sur son visage les yeux vers le ciel (figure 69). Il est permis de
se demander le sens que souhaite fabriquer la revue autour de cette icテエne quasi-messianique.
Figure 69 : matraquage de Seidengart, dans Ciel & Espace, HS, octobre 2006
4.2.6.4
Accentuation linguistique : faux dilemme, plurium interrogationum窶ヲ
Nous avons hテゥsitテゥ テ prテゥsenter une catテゥgorie ツォ accentuation linguistique ツサ, car il nous semblait
difficile de regrouper sous un mテェme chapeau des procテゥdテゥs divers. Nテゥanmoins, la stratテゥgie est
souvent la mテェme, alors nous prenons le risque de dテゥsigner ainsi les cas oテケ la forme de la question,
l窶兮jout de certains adverbes ou certaines formes passives, ou le simple ajout d窶冰n adverbe ou mot
grossi dans le titre confティrent テ la phrase un sens plus fermテゥ, et donc manipule la comprテゥhension.
L窶册xemple du capitaine sobre est le plus connu : ツォ
Le capitaine テゥtait sobre
aujourd窶冑ui
ツサ signifie, par
une emphase, que le capitaine est coutumiティrement ivre.
Dans les revues, nous avons croisテゥ des exemples de ce genre :
-
l窶冑omテゥopathie est
bien
un placebo
(sous entendu il ne l窶凖ゥtait peut テェtre pas), JT
France 2
20h,
aoテサt 2005
177
-
Big bang
, il n窶兮
peut テェtre
jamais eu lieu
,
S&V
1063, avril 2006. (voir 4.4.3.12
Technique de
la peau de chagrin
)
-
le gテゥnome
enfin
dテゥcryptテゥ,
donne l窶冓llusion d窶冰ne attente fテゥbrile et populaire.
Lorsque le titre est une question ambiguテォ, on parle de
Plurium Interrogationum
, dont l窶冰ne des
consテゥquences ou des sources est bien souvent le
faux dilemme
.
Le faux dilemme, que l窶冩n appelle aussi fausse dichotomie est un raisonnement fallacieux
consistant テ prテゥsenter deux conclusions テ un problティme donnテゥ, comme si elles テゥtaient les deux
seules options テ ce problティme. L'erreur ou la manipulation se situe dans une mise en contradiction
factice des alternatives qui n'a pas lieu d'テェtre. Lorsque le faux dilemme n'est pas repテゥrテゥ, le piティge se
referme alors avec la maniティre de sテゥlectionner l'une des deux alternatives.
Exemple trivial de
plurium interrogationum
:
ツォ Avez-vous arrテェtテゥ de frapper votre femme ? ツサ
.
Si vous n'avez pas d'テゥpouse, ou que vous ne l'avez jamais frappテゥe, la rテゥponse ツォ oui ツサ est erronテゥe
car elle implique que vous avez une femme et que vous aviez l'habitude de la frapper. La rテゥponse
ツォ non ツサ est pire car elle sous entend que vous avez une femme et que vous continuez テ la frapper.
En voici quelques formes.
窶「
Les phrases interro-nテゥgatives
Toute la gamme des phrases interro-nテゥgatives, notamment du type ツォ
vous n窶兮llez tout de mテェme pas me
dire que窶ヲ
La planティte est-elle
vraiment
malade
? demande
S&V
spテゥcial Terre
de septembre 2002 (figure 71).
Cette question est un
faux dilemme
, puisque non seulement elle nous fige une question dont la
forme est ツォ fermテゥe ツサ, mais cette question n窶兮 que deux rテゥponses possibles : oui ou non.
Seulement, il y aurait moyen d窶凖ェtre critique, d窶兮bord sur l窶兮nthropomorphisation de la planティte,
thティme rテゥcurrent du Nouvel テHe et des scテゥnarios de vulgarisation scientifique ; mais aussi sur la
rテゥduction de la planティte テ une entitテゥ, prテゥsument d窶冰n テゥquilibre interne qui est idテゥalisテゥ (テ raison
pour un but テゥcologique politique 窶 un peu moins au strict sens scientifique). En bref, la question
est mal posテゥe, et flatte une posture philosophique populiste.
Figure 70 : Exemple de
Plurium interrogationum
dans la couverture de S&V, spテゥcial Terre, septembre
2002.
161
Un des champions de cette technique insidieuse est Daniel Schneidermann, l窶兮nimateur de l窶凖ゥmission simili-
critique de France 5 Arrテェt Sur Image. Voir par exemple celle portant sur
Clearstream
, avec Denis Robert pour invitテゥ. 7
mai 2006, France 5.
178
Faux dilemme encore sur ツォ
Le hasard est-il
vraiment
le maテョtre du monde ?
ツサ dans
Science &Vie
d窶兮vril
2001 (figure 71). Projection de lumiティre, dテゥs reprテゥsentant le hasard, si la rテゥfテゥrence テ la cテゥlティbre
phrase trティs souvent dテゥtournテゥe ツォ
Dieu ne joue pas aux dテゥs
ツサ d窶Einstein
rappelle テゥtrangement. En toute rigueur, la rテゥponse adテゥquate est la rテゥponse ツォ
mu
ツサ.
Figure 71 : faux dilemme et
plurium interrogationum
dans S&V avril 2001
En travaux dirigテゥs, nous utilisons prテゥfテゥrentiellement cet exemple-ci, qui recティle d窶冰n certain
nombre d窶兮ccentuations intテゥressantes, au service d窶冰ne lecture mテゥtaphysique de l窶冰nivers.
Figure 72 : Einstein et le
big bang
, on connaテョt enfin le destin de l窶儷nivers, S&V de mars 1999.
La couverture de
S&V
de mars 1999 est construite savamment (figure 72) : Einstein comme
effet impact,
Big bang
comme accentuation imaginaire, le visage du savant comme accentuation
iconique, le
enfin
comme stimulation de l窶兮ttente populaire et crテゥation de l窶凖ゥvテゥnement: la
construction est suffisamment aguicheuse pour glisser un sous-titre trティs problテゥmatique
entremテェlant destin 窶 notion non scientifique mais tテゥlテゥologique 窶 et univers.
Nous aimerions que nos craintes ne soient pas justifiテゥes, et pourtant : nous avons repテゥrテゥ ce titre
recommandテゥ dans la sテゥlection documentaire
Ciel & Espace
du Centre de Recherche
Documentaire et Pテゥdagogique (CRDP) juste テ cテエtテゥ du livre du membre de l窶儷IP T. Xuan Thuan,
162
Cette expression aurait テゥtテゥ dite par Einstein lors du congrティs Solvay, en 1927 : ツォ
Gott wテシrfelt nicht
ツサ. La phrase a テゥtテゥ
consacrテゥ ensuite en livre par Laborit,
Dieu ne joue pas aux dテゥs
, 1987.
179
Le Chaos et l'harmonie
. Nous avons de bonnes raisons de croire que nombre d窶册nseignants ne
savent pas se prテゥmunir de ce genre d窶冓ntrusion spiritualiste, surtout si cette intrusion prend des
formes similaires aux couvertures des revues les plus
grand public
.
窶「
L窶兮mphibole
L窶兮mphibole, rare, dテゥsigne les cas oテケ c窶册st l窶凖ゥnoncテゥ lui-mテェme qui mティne テ plusieurs interprテゥtations.
Baillargeon (
ouv.citテゥ
, p. 36) donne des exemples tirテゥs des petites annonces :
Chien テ donner. Mange de tout et adore les enfants
Armoire pour dames aux pattes courbテゥes
En voici quelques autres, tirテゥs de la publicitテゥ :
Customers who think our waiters are rude should see the manager
.
Try our hot pies. You'll never get better!
Don't let worry kill you off - let the Church help.
Et M. Vos Savant donne l窶册xemple dテゥsopilant :
The anthropologists went to a remote area and took photographs of some native women, but they weren窶冲
developed
(Vos Savant 1996, p. 76)
Les amphibologies paraissent テゥloignテゥes de toute volontテゥ de manipulation de l窶冓nformation
dテゥlivrテゥe. Deux exemples en montrent les risques :
窶「
Exemple de Crテゥsus et La Pythie
Baillargeon rapporte cet テゥcrit d窶僣テゥrodote dans lequel le roi Crテゥsus, consultant l窶儖racle de
Delphes avant une guerre contre les Perses, de l窶兮utre cテエtテゥ du fleuve Halys, reテァoit cette
prテゥdiction :
ツォ Si Crテゥsus travers l窶僣alys, il dテゥtruira un empire ツサ
Crテゥsus partit donc en guerre, et perdit. Fait prisonnier, il envoya des messagers se plaindre テ
l窶儖racle, qui lui fit cette rテゥponse :
ツォ Crテゥsus rテゥcrimine sans raison.
Loxias
lui prテゥdisait que, s窶冓l entrait en guerre contre les
Perses il dテゥtruirait un grand empire. En face de cette rテゥponse il aurait dテサ envoyer demander
au dieu de quel empire il parlait, du sien ou de celui de Cyrus. Il n窶兮 pas compris ce qu窶冩n
lui avait dit, il n窶兮 pas interrogテゥ de nouveau : qu窶冓l s窶册n fasse grief テ lui-mテェme. ツサ
窶「
Teissier et le 11 septembre
Sommes-nous loin de la prテゥdiction d窶僞. Teissier le jour du 11 septembre 2001, テゥcrivant dans
Votre Horoscope 2001
, テ la rubrique "Prテゥvisions mondiales" :
ツォ "Voyage, transports" : le 11 septembre est un jour positif ("jour lumiティre"). ツサ
Devant l窶冓nterrogation sur le plateau de l窶凖ゥmission
Tout le monde en parle
sur France 2, le 10
163
Xuan Thuan,
Le Chaos et l'harmonie, la fabrication du Rテゥel
(2000) :
http://www.cndp.fr/secondaire/tpe/selecdoc/thema/espace/espace5.htm
164
Hテゥrodote,
Histoires I
, 91, rapportテゥ par Baillargeon,
ouv.citテゥ
, p.37. Loxias (ツォ l窶冩blique ツサ) dテゥsigne Apollon.
180
novembre, l窶兮strologue rテゥpondit :
ツォ Le 11 septembre est un jour positif pour les transports car la trティs large majoritテゥ des personnes voyageant
sont arrivテゥes テ bon port. ツサ
Amphibologie, donc, mais aussi effet bi-standard (voir Annexe
窶 Fiche pテゥdagogique Nツー5 Les
psychomテゥdecines, encart E
). Nous retrouverons un autre aspect de ces accentuations dans 4.2.8,
les
mots-fouines
.
4.2.6.5
Outils Z : technique Mu, et
compテゥtitif
Trティs succinctement, deux outils peuvent テェtre facilement utilisテゥs テ profit pour les テゥtudiants dans
certains cas d窶兮ccentuation.
窶「
La technique Mu
Cette technique consiste, face テ de faux dilemmes, des questions doxiques et des
plurium
interrogationum
, テ refuser l窶冑ameテァonnage et テ dテゥnoncer la question. Une recommandation du
moine unshen est de dテゥclarer ツォ
Mu
ツサ, en rテゥfテゥrence au maテョtre zen Zhテozh
ナ
u C
ナ
ngsh
ト
n, qui au IXe
siティcle rテゥtorquait cela aux questions qui lui paraissaient ne pas avoir de sens
Mu
signifiant
pour nous ツォ
On ne peut correctement rテゥpondre テ votre question car elle se fonde sur des prテゥdicats erronテゥs
ツサ.
窶「
Compテゥtitif n窶册st pas forcテゥment contradictoire
L窶册xemple de Broch donnテゥ en enseignement est tout テ fait explicite : si deux individus se fテ「chent
sur la question de savoir si les extraterrestres viennent de Mars ou de Vテゥnus, ce n窶册st pas parce
que l窶冰n d窶册ux montrera par exemple qu窶冓ls ne viennent pas de Mars qu窶冓l aura forcテゥment montrテゥ
qu窶冓ls viennent de Vテゥnus. Il se peut qu窶冓ls viennent d窶兮illeurs encore, ne soient jamais venus ou,
pire, n窶册xistent pas (voir Broch,
ouv.citテゥ
, pp. 182-182).
4.2.7
Distinction Effet puits / effet Barnum
Une catテゥgorie particuliティre de biais zテゥtテゥtiques se retrouve sous le terme d窶册ffet puits.
Broch テゥcrit :
ツォ Plus un discours est ツォ profond ツサ (dans le sens de... creux), plus les auditeurs peuvent se
reconnaテョtre, et se reconnaテョtre majoritairement, dans ce discours ツサ (
Ibid.
pp. 194-195).
L'
effet Puits
, donnテゥ comme テゥquivalent du fameux
effet Barnum
, offre ainsi une succession de
phrases creuses qui peuvent テェtre acceptテゥe comme fonciティrement vraies par toute personne car
cette personne y ajoutera elle-mテェme les circonstances qui, seules, en font des phrases ayant un
sens. Il y a donc deux choses dans l窶册ffet Puits selon Broch : le caractティre creux, et le caractティre
appropriable par tous, que nous avons souhaitテゥ sテゥparer.
165
Rapportテゥ par Prevensectes -
http://www.prevensectes.com/teissier1.htm
166
テ la question
Un chien a-t-il l'essence d'un Bouddha ?
Zhテozh
ナ
u C
ナ
ngsh
ト
n (en japonais Joshu Jonshin) aurait rテゥpondu
ツォ Wテコ ツサ (mu en japonais, c窶册st-テ-dire
rien
). Voir le koan ツォ le chien de Joshu ツサ, dans le recueil
la barriティre sans porte
, du
moine Wumen, XIIIe siティcle, reproduit ici : ツォ
Un moine demanda テ Joshu : Un chien a-t-il la nature de Bouddha ? Mu ! rテゥpondit
Joshu.
ツサ Cette rテゥponse a テゥtテゥ reprise par les hackers du groupe canularo-sectaire ツォ discordiste ツサ, dans leur
jargon
, afin de
rテゥpondre aux questions trop insidieuses.
181
Nous entendrons par
effet puits
(ou
phrase puits
) cette sensation vertigineuse que l窶冓ndividu non
averti ressentira devant un texte constellテゥe de mots chargテゥs affectivement (Impacts) parfois pris
dans des sens trティs diffテゥrents de leur sens scientifique (Paillassons), mais dont l窶兮ccumulation
donne au texte ou au propos une facture soit totalement nテゥbuleuse mais sテゥduisante, soit qui a l窶兮ir
trティs documentテゥe, trティs ツォ calテゥe ツサ (voir 4.3.2
Les Arguments d窶兮utoritテゥ
) alors que, pris tronテァon par
tronテァon, chaque partie n窶兮 pas forcテゥment de sens.
L窶册ffet puits dテゥsignera la vacuitテゥ, souhaitテゥe ou non, derriティre un discours pompeux saupoudrテゥ de
mots テ effet impact, sans regard sur l窶兮ction psychologique type
Barnum
.
5
1
4
2
3
Figure 73 : dissociation des deux aspects de l窶册ffet Puits
Tentons d窶凖ゥclaircir ce schテゥma (figure 73) :
1.
effets impact et paillasson, manque de sテゥrieux et de rigueur langagiティre, nomadisme
des concepts crテゥent une masse informe de termes non dテゥfinis (paradigme, par
exemple.) dont le doublon vulgarisテゥ est trティs adaptable テ toute forme de discours.
2.
Certains de ces discours en sont tellement parsemテゥs qu窶冓ls en deviennent profonds au
sens de creux. On est pris de vertige dans l窶册ffet puits (texte de Lacan, par exemple).
Ces discours gテゥnティrent plusieurs formes de rテゥactions (voir 3).
3.
Naテョt un sentiment d窶冓nfテゥrioritテゥ, devant un tel テゥtalage de culture et de mots savants.
Une pseudo-autoritテゥ se crテゥe.
4.
Le dテゥploiement de jargon, s窶冓l est typテゥ Nouvel Age ou caractテゥristique d窶冰n
mouvement idテゥologique, aggrave le sentiment d窶兮utoritテゥ de l窶凖ゥnonciateur (ex : textes
de la scientologie, certains textes rose-croix).
5.
Si un individu se crテゥe une rテゥputation au travers de ses textes et valide les critティres
d窶冓nsertion du champ, l窶冓mposture intellectuelle n窶册st pas loin.
Cet effet puits n窶册st semble-t-il pas toujours volontaire. Elle semble gテゥnテゥralement テェtre pure
Effet Puits au sens
de Broch
Effet Puits au sens de
Monvoisin
Effet Barnum
Impact
Paillassons
Impact
Impact
Impostures
intellectuelles
Nouvel テHe
Idテゥologies sectaires
Pseudo-
psychologie
Pseudo-autoritテゥ
Prテゥdictions
mancies
Concepts
nomades
Dテゥpendance
affective
182
dテゥmarche autoritaire, une poudre aux yeux lancテゥe aux yeux de l窶冓nterlocuteur, mais nous avons
dテゥjテ rencontrテゥ des formes d窶兮uto-aveuglement : nous connaissons des cas ou l窶兮ccumulation de
termes abscons prテゥlevテゥs de-ci de-lテ dans une vulgarisation mal comprise noie totalement certains
esprits, par exemple l窶兮uteur du site
Exemples : quelques exemples de phrases puits. Il y a d窶册xcellents spテゥcimens disponibles chez les
ツォ grands noms ツサ
窶「
Chez Bachelard.
ツォ Il conviendrait de fonder une ontologie un peu moins テ「prement dialectique que la
mテゥtaphysique du contradictoire ツサ (Bachelard 1983)
窶「
Chez Badiou
Comme nous le dit Bouveresse, une citation tirテゥe d'un livre d'Alain Badiou ne peut que nous
mener テ la prudence en terme d'analogie car l'usurpation et la tartuferie ne sont jamais loin :
ツォ La vテゥritテゥ de l'hypothティse du continu ferait loi de ce que l'excティs dans le multiple n'a pas
d'autres assignations que l'occupation de la place vide, que l'existence de l'inexistant propre
du multiple initial. Il y aurait cette filiation maintenue de la cohテゥrence, que ce qui excティde
intテゥrieurement le tout, ne va pas plus loin qu'テ nommer le point limite de ce tout. Mais
l'hypothティse du continu n'est pas dテゥmontrable. Triomphe mathテゥmaticien de la politique sur
le rテゥalisme syndical ツサ (Badiou 1982, pp. 282-283).
窶「
Chez Lacan
ツォ L窶冓nterprテゥtation doit テェtre preste pour satisfaire テ l窶册ntreprテェt. De ce qui perdure de perte pure
テ ce qui ne parle que du pティre au pire ツサ (Lacan 1974, p. 77) (Figure 74)
Figure 74 : cette phrase est un extrait de Lacan, Tテゥlテゥvision, p. 72, scannテゥ par Liliane Fainsilsber
169
167
http://perso.orange.fr/casar/CASAR.htm
168
Citテゥ de mテゥmoire, tant la phrase テゥtait effrayante. Il faut lui concテゥder un certain sens, rapportテゥ au contexte, dans la
formation de l窶册sprit scientifique. Mais quelle complexitテゥ !
169
Lacan J., Tテゥlテゥvision
http://perso.orange.fr/liliane.fainsilber/pages/television.htm
183
窶「
Textes puits
Certains textes sont des exercices de style en effet puits. テ tel point que d窶兮ucuns se sont amusテゥs
テ crテゥer des Gテゥnテゥrateurs Automatiques de Textes, qui sont d窶册xcellents supports pテゥdagogiques,
comme celui-ci-dessous (figure 75)
Figure 75 : Gテゥnテゥrateur de texte : on peut fabriquer un discours tout テ fait acceptable en lisant une case de la
colonne 1, puis n窶冓mporte laquelle de la colonne 2, etc., puis revenir テ la 1.
Un exemple cher テ Broch est celui-ci, crテゥe テ partir du tableau ci-contre :
ツォ Dティs lors, sachez que je me battrai pour faire admettre que le particularisme dテサ テ notre
histoire unique doit prendre en compte les prテゥoccupations de la population de base dans
l'テゥlaboration de solutions rapides correspondant aux grands axes sociaux prioritaires ツサ
170
dont une petite liste est recensテゥe ici
http://www.charabia.net/gen/full-list.php
171
Texte original, テ peine retouchテゥ de J. Poustis,
la fテゥe l窶兮 dit
, janvier 1998, repris par Broch & Charpak (2002), p. 37.
184
Les gテゥnテゥrateurs automatiques d窶 ツォ onanisme littテゥraire ツサ, comme ils sont parfois appelテゥs, sont un
bon outil de mise en garde contre l窶册ffet puits. Une fiche pテゥdagogique a テゥtテゥ mise au point テ
destination des collテゥgiens sur ce sujet par la coordination franテァaise pour la
Dテゥcennie internationale de
la promotion d'une culture de non-violence et de paix
Plus prティs du champ des mancies, le cas de Nostradamus est typique. J. Randi (1982) en a fait une
analyse radicale, montrant que les textes des
Centuries
de Nostradamus permettent toutes les post-
dictions (prテゥdictions aprティs coup), mテェme celles du 11 septembre 2001 qui hテゥlas, ne sont comprises
qu窶兮prティs coup et qui lui font テゥcrire cette moralitテゥ : ツォ
Moralitテゥ : utilisez des mots vagues et construisez des
phrases obscures : il se trouvera toujours quelqu窶冰n pour y lire quelque chose et s窶册xtasier de vos dons
ツサ.
窶「
Puits dans la vulgarisation scientifique
Les exemples sont certes moins truculents, mais leur vacuitテゥ est du mテェme ordre.
On lira par exemple dans l窶兮rticle attenant テ cet effet d窶兮nnonce sテゥpulcral ツォ
Exclusif, le mテゥdicament
qui stoppe le cance
r ツサ (figure 76) :
ツォ Mテェme tempテゥrテゥ, l窶册spoir existe raisonnablement. Une denrテゥe
qui reste rare dans le
domaine de l窶冩ncologie, oテケ malheureusement on a perdu l窶冑abitude de croire aux bonnes
nouvelles窶ヲ ツサ (Figure79).
Figure 76 :
Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
,
S&Av
juillet 1995
窶「
Titres-puits
Nous verrons que dans certaines mises en scティne de l窶冓nformation scientifique, les scテゥnarisations
choisies, couplテゥes テ des accentuations lapidaires, mティnent テ des titres qui sont de quasi-effets puits.
Prenons l窶册xemple du scテゥnario dit mystティre.
Tout rテゥsultat X, quel que soit l窶冓nformation qu窶冓l contient, qu窶冓l porte sur une dテゥcouverte
gigantesque ou un dテゥtail insignifiant, peut テェtre scテゥnarisテゥ en ツォ mystティre ツサ sous la forme :
-
le mystティre de X
172
Fiche pテゥdagogique nツー 08 :
apprentissage de la communication - Exprimer des messages clairs et prテゥcis,
Dテゥcennie
internationale de la promotion d'une culture de non-violence et de paix
:
http://www.decennie.org/documents/educ/communicationFP08.pdf
185
-
X nous livre un de ses mystティres
-
X garde ses mystティres, mais pour combien de temps ?
-
etc.
Nous appelons テァa la technique du carpaccio (voir 4.4.2.1,
La technique du
carpaccio). Les titres et
les effets d窶兮nnonce gテゥnテゥrテゥs sont aussi clinquants que creux, et quoi que courts,
ils frテエlent l窶册ffet
puits.
D窶兮utres effets de style type carpaccio se trouvent un peu partout. La mテゥtaphore
Terra incognita
par exemple est un procテゥdテゥ trティs simple : quelle que soit la chose dont puisse parler le rテゥdacteur, il
est possible d窶凖ゥcrire :
ツォ
Les dテゥveloppements ultテゥrieurs nous permettront d窶册xplorer une nouvelle
Terra
incognita
.
ツサ.
4.2.8
Les mots -fouines
Il est une catテゥgorie de mots pour laquelle nous ne trouvions pas de nom correct. Il s窶兮git de ces
mots qui par leur seule prテゥsence, vident complティtement de sa substance la phrase qui l窶冑テゥberge.
C窶册st Baillargeon qui exhume pour nous le concept de mot-fouine, ou
weasel words
:
ツォ Ce charmant animal, la fouine, s窶兮ttaque aux ナ砥fs dans le nid des oiseaux selon une
mテゥthode trティs particuliティre : elle les perce et les gobe, avant de les laisser lテ. La maman
oiseau croit apercevoir son ナ砥f : mais ce n窶册st plus qu窶冰ne coquille vidテゥe de son prテゥcieux
contenu.
Les mots-fouines font la mテェme chose, mais avec des propositions ツサ (
ouv.citテゥ
, pp. 40-41).
Et Baillargeon de donner quelques exemples, qu窶冩n retrouve aussi bien dans la publicitテゥ que da la
vulgarisation scientifique (voir 4.4.3.12
Technique de la peau de chagrin
, et 4.4.3.13
Technique de la peau
d窶冩urs
).
Un produit
peut
produire te ou tel effet.
Un produit diminue ou augmente telle chose
jusqu窶凖 tel ou tel niveau.
Un produit
aide
テ窶ヲ
Un produit
contribue
テ窶ヲ
Un produit est une composante de窶ヲ
Un produit vous fait sentir
comme
窶ヲ
Un produit est
comme
窶ヲ
Un produit est
en quelque sorte
窶ヲ
Des
chercheurs
affirment que窶ヲ
Des recherches
suggティrent
que窶ヲ
Des recherches
tendent
テ montrer窶ヲ
On
prテゥtend que窶ヲ
Un produit est
presque窶ヲ
Comme le suggティre l窶兮uteur, le penseur critique doit savoir repテゥrer de loin ces mots, afin de ne pas
mテゥsinterprテゥter le message.
186
4.2.9
Origines de ces dテゥvoiements du langage
L窶册xactitude du vocabulaire en science et l窶冓nexactitude de ses emplois gテゥnティrent plusieurs types de
dテゥrives. Il n窶册st pas dans notre propos de trancher sur une notion morale comme l窶冑onnテェtetテゥ ou
la malhonnテェtetテゥ des auteurs crテゥant des Ips lexicaux, mais de permettre テ l窶凖ゥtudiant d窶兮cquテゥrir un
regard critique sur la formulation des savoirs.
Les effets
paillasson
et
impact
, dans leur immense variテゥtテゥ, ne proviennent pas tous des mテェmes
travers de la vulgarisation scientifique. Il nous a semblテゥ sinon nテゥcessaire, du moins intテゥressant,
d窶册n soulever plusieurs origines, mテェme putatives, afin de susciter l窶册nvie de prendre テ bras le
corps le problティme テ sa source. Le travail pテゥdagogique est d窶兮utant plus facile テ mener que la
presse scientifique grand public et le paysage audiovisuel franテァais nous gratifient chaque mois
d窶冰ne nouvelle cargaison de matテゥriel exploitable.
4.2.9.1
L窶冑abitude et le manque d窶冓nventivitテゥ langagiティre
Il faut admettre que le langage consacrテゥ des acteurs des champs scientifiques テゥvolue lentement ;
les termes deviennent fort rテゥtifs テ la disparition, parce que consacrテゥs par l窶冰sage, et parce qu窶冓ls
ont une certaine rテゥsistance テ l窶冓nventivitテゥ.
Nous nous rangeons cette fois
テ l窶兮vis de Lテゥvy-Leblond pour qui
ツォ [...] la crテゥation de mots nouveaux est un processus constitutif de la connaissance
scientifique, qui doit accompagner l窶凖ゥmergence de ses notions neuves. Tel a テゥtテゥ le cas
pendant presque toute l窶冑istoire de la science, hormis au cours du siティcle finissant, oテケ
l窶冓nventivitテゥ langagiティre a connu une rテゥgression drastique, tout au moins en physique
ツサ.
(Lテゥvy-Leblond 1993, p. 1134).
Il poursuit ainsi :
ツォ Il y a un paradoxe double テ constater que jamais les physiciens n窶冩nt produit autant
d窶冓dテゥes et crテゥe si peu de mots, et qu窶冓ls ont recouru テ des mots d窶兮utant plus concrets et
communs que leurs idテゥes テゥtaient plus テゥsotテゥriques et abstraites (voir les ツォ couleurs ツサ,
ツォ saveurs ツサ, ツォ charme ツサ et ツォ beautテゥ ツサ des ツォ quarks ツサ [...]) ツサ (
Ibid.
).
Cette lexicologie, parfois poussiテゥreux, parfois publicitaire apparaテョt vite comme une vテゥritable
jargon, c'est-テ-dire comme un parler de type sociolectal propre aux reprテゥsentants d'une
profession ou d'une activitテゥ,
non crテゥe テ des fins d窶册xclusions mais opテゥrant bien souvent en ce sens
.
F. Gadet nous explique que
ツォ La communautテゥ devient communautテゥ d窶兮ppartenance lorsque les usagers rテゥpartissent les
locuteurs en
ツォ
nous/eux
ツサ
, selon une emblテゥmatisation des groupes (emblティme pour les uns,
stigmate pour les autres), qui leur permet de se reconnaテョtre en se distinguant des autres
(diffテゥrentiation par traテァage de frontiティres et exclusion externe). Aussi peut-on dテゥfinir la
communautテゥ comme ensemble de locuteurs qui partagent les mテェmes normes apprテゥciatives,
positives ou nテゥgatives, quel que soit l窶冰sage particulier ツサ (Gadet 2003, p. 63).
Il n窶册st pas テゥtonnant que ce jargon paraisse comme doublement autoritaire, d窶兮bord parce que
rテゥservテゥ aux initiテゥs d窶冰n groupe sociテゥtal identifiテゥ, ensuite parce que rappelant un passテゥ
173
Nous prテゥcisons ツォ cette fois ツサ, dans la mesure oテケ Lテゥvy-Leblond, pour limpides que soient ses divers テゥcrits, s窶册st
rテゥcemment naufragテゥ dans l窶兮ffaire Sokal, optant pour le versant mou de la controverse en une sテゥrie d窶兮rticles ambigテシs
et tortillants.
174
Pour plus de dテゥtails sur le jargon et les marchテゥs linguistiques, voir Bourdieu :
Vous avez dit ツォ populaire ツサ ?,
In : Actes
de la recherche en science-sociales (1983), p. 103.
187
(テゥvidemment fort sage, de cette sagesse des anciens qui fait tout pardonner aux vieilles disciplines,
voir 4.3.4.2 effet
Vieux sage de l窶僊ntiquitテゥ
). Avec des terminologies excluantes, nous flirtons
dangereusement avec le piティge du sens nツー4 du mot
science
(voir 1.2.1) et nous prテェtons un flanc
fragilisテゥ aux attaques de type POMO.
La mathテゥmatisation テ outrance des publications scientifiques dans les ツォ humanitテゥs ツサ participe de
ce phテゥnomティne. Que ce soit au nom d窶冰n monisme mテゥthodologique ou d窶冰n complexe de
sciences ツォ テ objet mou ツサ vis-テ-vis des sciences ツォ テ objets durs ツサ
, une mathテゥmatisation テゥlevテゥe
donne un vernis au propos tenu, テ mi-chemin entre jargon et imposture intellectuelle
Les arguments d窶兮utoritテゥ
).
4.2.9.2
L窶冑istoricitテゥ et les failles テゥpistテゥmologiques
Nous avons dテゥjテ tテ「tテゥ (ツァ prテゥcテゥdent) de l窶冑istoricitテゥ propre au jargon scientifique. Nombre de
termes crテゥant la confusion proviennent テゥgalement des balbutiements des disciplines, de leurs
mテゥthodes caduques et du cimetiティre des thテゥories dテゥsuティtes. Ils rテゥapparaissent souvent dans
l窶凖ゥtymologie de certains termes employテゥs.
Nous entendons par
failles テゥpistテゥmologiques
ces occurrences dans l窶冑istoire des sciences lors
desquelles des champs disciplinaires se sont scindテゥs en deux domaines distincts, un champ テ
tendance scientifique et un champ semi-scientifique, prテゥscientifique ou carrテゥment
pseudoscientifique. Un exemple parmi les plus テゥvidents est la scission entre le magnテゥtisme de H.
S. テ腕stedt, qui alimentera la thテゥorie テゥlectromagnテゥtique de Maxwell, et le magnテゥtisme animal
dit mesmテゥrien, qui quoique pseudoscientifique, drainera les taxons du magnテゥtisme jusqu窶凖 nos
jours dans des avatars toujours plus nombreux de notions fluidiques, ectoplasmiques, en
particulier dans les thテゥrapies fantasmagoriques (
Qi qong
,
therapeutic touch
, magnテゥtisme guテゥrisseur,
acupuncture) axテゥes conceptuellement sur de l窶凖ゥchange de pseudo-fluide (
Qi
,
prana
,
mana
, etc.).
Un autre exemple, plus datテゥ, est la faille テゥpistテゥmologique chimie-alchimie : les terminaisons
alchimiques sont parfois accommodテゥes テ des sauces modernes, donnant une certaine patine au
propos, mais permettant des sauts sテゥmantiques au dessus de la faille, de la partie scientifique (la
chimie) テ la partie mystico-philosophique (l窶兮lchimie). Accessoirement, la figure sans cesse
rテゥcupテゥrテゥe de Newton sert de pivot fort commode. Les rテゥfテゥrences aux anciennes mテゥdecines et
pharmacologies et l窶册mploi de leur lexicographie datテゥe sont de bons arguments de vente
pharmaceutique (voir 4.3.3
Arguments d窶冑istoricitテゥ
).
Un dernier exemple peut テェtre formulテゥ sur la scission ツォ mテゥcanique quantique scientifique ツサ et
ツォ mテゥcanique quantique mystique ツサ dテゥcoulant des premiティres interprテゥtations philosophiques de
l窶凖営ole de Copenhague. De nombreux auteurs utilisent le lexique de la mテゥcanique quantique pour
accrテゥditer des thティses spiritualistes, en particulier sur la notion de variable cachテゥe et de non
sテゥparabilitテゥ des espaces de phase qui accrテゥditerait l窶冓dテゥe d窶冰ne pseudo-dimension spirituelle de
l窶冰nivers
. Bricmont s窶册st dテゥjテ chargテゥ de mettre au clair certains des transferts les plus
175
Nous nous approprions cette remarque de Broch sur les objets mous ou durs, sciences
molles
et
sciences dures
laissant penser qu窶冓l y a des critティres de scientificitテゥ plus ou moins mollissants en fonction des domaines.
176
Comme l窶凖ゥcrit Norbert Elias, Le ツォ
transfert non-critique, et souvent dogmatique
ツサ d窶冩utils conceptuels d窶冰n domaine テ
l窶兮utre nテゥglige la nature trティs diffテゥrente des problティmes rencontrテゥs. Cet emploi d窶冰ne mテゥthodologie issue des sciences
dures donnerait pour lui le ツォ
vernis d窶冰n haut degrテゥ de distanciation ou d窶 "objectivitテゥ"
ツサ qui manque aux sciences humaines.
In Jullien,
Traitテゥ de l窶册fficacitテゥ
(2002), pp. 30-33.
177
Nous employons le syntagme ツォ mテゥcanique
quantique
ツサ, conscient de l窶僮ps lexical que cette terminologie stimule 窶
cette mテゥcanique テゥtant テゥgalement ondulatoire.
178
Lire aussi Bricmont,
Determinism, Chaos and Quantum Mechanics
, disponible sur Dogma
:
188
Nous assistons テ la naissance de ツォ doublons ツサ langagiers
ツォ ... Les acquisitions de la science arrivent dテゥjテ dans la tテェte des simples mortels sous un
aspect si bien arrangテゥ que seule une certaine ressemblance de langage avec le matテゥriau initial
tテゥmoigne de leur origine. On les envisage autrement que dans le milieu scientifique. Leur
rテエle devient テゥgalement diffテゥrent. On assiste, テ proprement parler, テ la naissance de sortes de
doubles, parallティlement aux concepts et aux propositions de la science. (...) Toutes les
sciences n'ont pas l'honneur de produire des doubles idテゥologiques ; seules les plus propices
y ont droit. C'est ainsi qu'un thテゥorティme bien connu sur le caractティre incomplet de certains
systティmes formels, et qui possティde un sens en logique, devient une vテゥritテゥ banale sur
l'impossibilitテゥ de formaliser entiティrement une science, une sorte de "lapalissade", alors
qu'une autre vテゥritテゥ sur l'existence de certains problティmes insolubles par essence fut テゥpargnテゥe
par le sort, quoiqu'on puisse en extraire bien plus de sentences de toutes sortes. Lテ aussi, il
y a des disgrテ「ces et des avancements, des rテゥhabilitations et des gratifications. En apparence,
tout cela s'effectue dans le cadre de la science. En effet, dans le cas prテゥsent, l'idテゥologie
aspire テ porter des habits scientifiques. ツサ (Zinoviev 1977,
in
Bouveresse 1998,
ouv.citテゥ
)
Beyerstein ajoutait :
ツォ Pseudosciences tend to sport a great number of idiosyncratic terms and definitions.
Neologisms and non-standard techniques rarely participate in the learned societies devoted
to subject matters of mutual interest. In fact, many of them are openly antagonistic to the
history of previous research in areas that impinge upon their own. Rather than standing on
the shoulders of giants as Newton claimed to have done, many pseudoscientists prefer to
stand in their faces. ツサ (Beyerstein,
ouv.citテゥ
)
L窶册xpression est belle ; nous l窶兮vons retravaillテゥe en :
ツォ Si tu rechignes テ grimper sur les テゥpaules des prテゥdテゥcesseurs, tu es condamnテゥ テ rester par
terre ツサ
4.2.9.3
La pure forfanterie, le littテゥrarisme et l窶冓mposture
Outre que l窶僮ps lexical est un テゥcueil pテゥdagogique, c窶册st aussi une stratテゥgie de vernissage
intellectuel notamment au travers des concepts nomades (voir 3.5
&
4.2.5).
Reprenons la notion de doublons donnテゥe prテゥcテゥdemment :
ツォ Les littテゥraires, et en particulier les philosophes, qui font partie des intermテゥdiaires patentテゥs
qui assurent la communication entre le monde de la science et le public profane, trouvent
absolument normal, lorsqu'ils veulent parler de la science, de commencer par en construire
un double littテゥraire, qui est, テ leurs yeux, beaucoup plus intテゥressant que l'original. ツサ (
Ibid.
)
ce qu窶冓l appelle le
littテゥrarisme
.
Rebondissant sur le cas Debray, Bouveresse, lui-mテェme philosophe, conclut :
ツォ La question cruciale est justement de savoir s'il est admissible que, dテゥjテ chez un
philosophe, il n'y ait plus rien d'autre qu'une certaine ressemblance de langage avec le
matテゥriau scientifique initial pour tテゥmoigner de l'origine de ce dont il parle ou si l'on est en
droit d'attendre de lui une faテァon un peu plus sテゥrieuse de traiter un rテゥsultat scientifique qu'il
cherche テ transposer et テ gテゥnテゥraliser. ツサ (
Ibid.
)
Il semble テゥvident que plus les テゥquivoques seront nombreuses dans la lexicographie d窶冰ne science,
http://dogma.free.fr/txt/JB-Determinism.pdf
189
moins la comprテゥhension de celle-ci sera facile et plus les risques seront テゥlevテゥs de voir des pseudo-
concepts vampiriser les multiacceptions et les glissements sテゥmantiques, et par ce moyen non
seulement de donner un apprテェt scientifique テ des disciplines dont les fondements ne le sont pas,
mais de se donner un air scientifique テ peu de frais et une autoritテゥ factice.
Nous frisons l窶冓mposture intellectuelle au sens de Sokal & Bricmont.
4.2.9.4
La ツォ publicitarisation ツサ de la science et la pression mercatique
Nous l窶兮vons dテゥjテ dit, nous pensons que la tendance テ l窶册mprunt de termes du langage courant
n窶册st pas fortuite. Comme le dit Lテゥvy-Leblond,
ツォ c窶册st sans doute la mainmise de la mテゥdiatisation publicitaire sur la communication
scientifique proprement dite qui explique le recours simpliste テ des expressions imagテゥes
mais trompeuses, comme ツォ big bang ツサ ou ツォ chaos ツサ.ツサ (I
bid.
, pp. 1135-1135).
Il faut avouer que ce travail de
publicitarisation
de la science (et non de publicisation, voir 3.4
La
publicitarisation de la science
) est remarquablement effectuテゥ par les mテゥdias de vulgarisation
scientifique et par la presse : transposer le savoir savant en un savoir accrocheur, et donc vendeur,
est rテゥalisテゥ constamment, en particulier au niveau des sous titres de presse (
Manuel de lecture critique
de la presse,
ACRIMED). Simplification, テゥbarbage, テゥvenementialisation. Comme nous l窶兮vons vu
pour la ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ, l窶僮ps lexical est pseudoscientifique en ce sens qu窶冓l proroge une
pseudoconnaissance, pain bテゥnit pour toute entreprise dテゥveloppant un argument de vente sur
cette pseudo-connaissance. Nous pourrions presque parler d窶冰tilisation frauduleuse et publicitaire
de termes scientifiques.
Ce genre de glissement peut se rテゥvテゥler trティs utile : il permet, pour les scientifiques qui en sont les
auteurs, d窶兮voir une chance de captiver les mテゥdias en jouant sur des termes fort mal compris du
grand public. Les frティres Bogdanov en sont, nous l窶兮vons dit, un exemple truculent. En greffant
un objet scientifique テ un nom courant, qui plus est dotテゥ d窶冰ne charge affective, on crテゥe une
illusion de connaissance, une passerelle テ peu de frais entre la connaissance profane et la
connaissance savante. Et ce type de passerelle, rテゥpondant テ la demande sociale, permet de gテゥnテゥrer
de nouveaux subsides.
User d窶冰n terme appropriable par tous, quitte テ ce que ce terme tronque ou fausse le concept
dテゥsignテゥ, crテゥe la demande sociale et dテゥclenche la manne commerciale. Elle gテゥnティre en mテェme temps
une culture scientifique biaisテゥe, et donc manipulable : ces semi-connaissances, comme supports
publicitaires, sont autant d窶僮ps par lesquels s窶册ngouffre la culture gテゥnテゥrale, souvent ravie d窶兮voir
l窶冓mpression de comprendre ce qui en thテゥorie est abscons.
Il arrive mテェme que la charge affective d窶冰n terme soit trop テゥlevテゥe : il peut alors s窶冩pテゥrer un vrai
ツォ retour de bテ「ton ツサ lorsque, テ cause d窶冰n terme lourdement chargテゥ 窶 comme
big bang
窶 des
recherches sont compromises parce que trop anxiogティnes (l窶兮ffaire du mini-trou noir en
laboratoire, par exemple, au LHC), voire des connaissances scientifiques fausses sont induites
chez le public
lambda
窶 comme ce fut le cas テ propos des OGMs et de la notion de gティne
Une tentative d窶册xplication tient テ la pression mercatique : puisqu窶冓l faut que le support se vende,
la tentation est grande pour que, dans une profession journalistique, qui plus est en proie テ une
prテゥcarisation accrue, le pigiste soit amenテゥ テ emprunter les mots les plus frappants et porteurs de
179
Dans le communiquテゥ de Presse de Bruxelles du 27 avril 2000, Questions et attentes sur les Biosciences -La
Commission favorise le dテゥbat, on apprend que l'affirmation ツォ
les tomates ordinaires ne contiennent pas de gティnes, alors que les
tomates modifiテゥes gテゥnテゥtiquement en contiennent
ツサ est jugテゥe vraie par 35% des personnes sondテゥes
:
http://ec.europa.eu/research/press/2000/pr2704fr-ann.html
190
la charge affective maximale 窶 donc les plus vendeurs 窶 afin d窶凖ェtre publiテゥ. Tout comme dans le
tamis de l窶凖ゥvolution, ne survivront dans cet univers impitoyable de la presse que les journalistes et
les journaux ツォ adaptテゥs ツサ, c'est-テ-dire qui font de l窶兮udience. Et dans ce marテゥcage, ne surnageront
que les mots-tiroirs, sur-employテゥs, et les nテゥnuphars peu stables.
4.2.9.5
Outils Z : validation des mots, des chiffres, des mテゥtaphores, des questions
Facette Z :
Un mot n窶册st pas auto-validant
Broch l窶册xprime ainsi :
ツォ L窶冓mpact de la chose テゥcrite est beaucoup plus profond que ce qu窶冰ne analyse superficielle
pourrait laisser supposer. Encore faudrait-il que l窶凖ゥcrit soit choisi, qu窶冓l dテゥsigne
effectivement quelque chose et ne rテゥifie pas un concept nテゥbuleux, ne souffre pas
d窶凖ゥquivoque et ne soit pas accentuテゥ selon des volontテゥs non prテゥcisテゥes. ツサ
Pour resignifier l窶冓mportance des mots, il est possible de rappeler l窶册xpテゥrience de Loftus & Palmer
(1974) sur le vテゥhicule accidentテゥ, ou d窶冰tiliser la notion de mots-tiroirs du
manuel de lecture critique
des mテゥdias
d窶僊CRIMED.
Pour percer les boursouflures POMO, il y a nテゥcessitテゥ d窶册xiger le plus souvent possible des
dテゥnotations pour les objets signifiテゥs.
ツォ La dテゥnotation ou la rテゥfテゥrence d窶冰n terme est ce qui est dテゥsignテゥ par le terme, en rテゥfテゥrence テ
une entitテゥ existante. Un mot peut avoir une signification mais pas de dテゥnotation s窶冓l ne
dテゥsigne pas une entitテゥ existante. Exemples : ツォ eau ツサ et ツォ H20 ツサ ont la mテェme dテゥnotation ;
ツォ Pテゥgase ツサ et ツォ fantテエme ツサ n窶冩nt pas de dテゥnotation, tout en テゥtant pourvus de signification ツサ
(Dubessy
& al. ouv.citテゥ
, p. 14, note 13).
Comme Dubessy
& al
. le prテゥcisent,
ツォ En physique, en chimie, en zoologie, ce passage des significations aux dテゥnotations est
assez aisテゥ ; il l窶册st beaucoup moins dans les sciences humaines ツサ. Mais il ツォ permettrait de
continuer, pour ces sciences davantage ツォ narratives ツサ que dテゥductive-nomologiques, テ utiliser
pertinemment des termes non-dテゥnotants, mais テ la condition d窶冰ne pleine conscience d窶冰n
tel statut pour les entitテゥs dテゥsignテゥes. Il incombe alors テ ces sciences, quand le moment
テゥpistテゥmologique idoine sera venu, de procテゥder テ l窶凖ゥlagage de leurs entitテゥs, au profit d窶册ntitテゥs
dテゥnotantes (窶ヲ)ツサ. (
Ibid.
)
Entreprise qu窶冓l serait souhaitable de voir テゥmerger dans des champs comme celui de la
psychanalyse par exemple.
Facette Z :
Un nombre non plus (n窶册st pas auto-validant) :
Demander des comptes sur les chiffres
Le mテゥsemploi des nombres est lui aussi tragiquement rテゥpandu, et fonctionne de la mテェme
maniティre. Parce qu窶冓l y a
chiffre
, il y a
sテゥrieux,
ou en tout cas
impression de sテゥrieux
. Le lecteur/auditeur
191
est pourtant en droit de demander des comptes, surtout lorsque ces chiffres servent des postures
philosophiques ou politiques sous-jacentes.
Comme l窶冓ntime Romeyer-Dherbey :
ツォ L'illusion et la persuasion テゥtaient dans l'Antiquitテゥ l'ナ砥vre de la rhテゥtorique ; or la
rhテゥtorique actuelle n'est-elle pas plutテエt テ trouver dans la statistique, rhテゥtorique un peu sティche
peut-テェtre, mais combien ツォ ouvriティre de persuasion ツサ dans la bouche du technocrate, image
moderne de celui qui sait. La rhテゥtorique du nombre, en envahissant les mass-media, signifie
le triomphe de l'abstraction, qui ne se contente plus de rテゥgner dans les jargons spテゥcialisテゥs,
qui ne se cantonne plus dans la particularitテゥ des techniques, mais gagne la conscience
commune, langage massif devenant aussi le langage des masses. ツサ (Romeyer-Dherbey 1976)
Facette Z :
une mテゥtaphore est une lampe : elle ne sert テ rien si elle n窶凖ゥclaire pas
C窶册st un principe de vigilance essentiel : rテゥclamer les limites d窶冰ne mテゥtaphore oblige テ l窶册ffort de
rテゥfutation de la mテゥtaphore, par la recherche de contre-exemples. Il faut toutefois le tempテゥrer,
hテゥlas, par le fait que toute notre structure langagiティre est construite mテゥtaphoriquement 窶 le livre
de Johnson et Lakoff (1985) en est une dテゥmonstration magistrale. Dans cette phrase, par
exemple,
tempテゥrer
le principe, faire l窶
effort
de rテゥfutation, faire preuve de
vigilance
ou faire une
dテゥmonstration
claire
sont des phrases mテゥtaphoriques, qui ne se dテゥconstruisent qu窶兮u prix d窶冰n
effort pテゥnible.
Facette Z (dite du loquet de la porte
Si non vis intelligi, debes negligi
(si tu ne veux pas テェtre compris, il n'y a pas テ tenir compte de ce que tu dis)
Cette locution latine nous vient de Locke dans son
Essai sur l窶册ntendement humain
. Sa pertinence
nous sauta aux yeux lorsque Deleporte l窶册xprima dans son propre style :
ツォ Une imposture intellectuelle se construit テ deux. Si vous ne comprenez rien テ ce qu窶冰n
livre ou un orateur vous raconte, posez le livre ou partez ツサ
Nous estimons que tout comme la charge de la preuve incombe テ celui qui prテゥtend, la charge de
la clartテゥ est テ celui qui explique. On sait que le niveau de comprテゥhension des termes scientifiques
est plutテエt bas dans le public :
ツォ Some scholars, as Morris Shamos, declare that even well-educated citizens cannot
understand scientific terms and constructs at a level sufficient to read a daily paper or
180
Ce terme vient d窶冰n moyen mnテゥmotechnique reprenant les deux sources d窶冓nspiration de cette facette, Locke et
Deleporte 窶 de mauvaise facture, certes, mais terriblement efficace.
181
Locke J.,
An Essay Concerning Human Understanding
, 3, IX,
on the imperfection of words
, 10. Le texte est retranscrit
entiティrement ici :
http://www.rbjones.com/rbjpub/philos/classics/locke/ctb3c09.htm
182
Nous avons un doute sur la date de la confテゥrence en question : テゥtait-ce celle du 31 mai 2006,
les limites de la science,
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=36
ou celle dテゥveloppテゥe la veille pour
l窶凖ゥcole doctorale EDISCE, Grenoble, le 1
er
juin :
Les limites de la science : comment les reconnaテョtre, pour mieux rテゥsister aux
intrusions confusionnistes ?
www.sante.ujf-grenoble.fr/edisce/documents/jed/jed2006-programme.pdf
192
magazine and to understand the competing arguments on disputes or controversies ツサ
(Losh
& al.
2003, p. 35, Shamos 1995)
Il importe donc que tout consommateur d窶冓nformation dite grand public se dテゥcomplexe : il n窶凉 a
pas de honte テ ne pas savoir. C窶册st テ l窶凖ゥmetteur de donner les jalons pour que
lambda
s窶冓l le
souhaite, se hisse dans la complexitテゥ des connaissances, sans lui mentir sur l窶册ffort テ fournir (voir
3.4.2).
La technique
Mu
du moine zen Zhテozh
ナ
u est du mテェme type (voir 4.2.6.2) : rテゥpondre テ une
question non claire ou insidieuse revient テ l窶兮ccepter.
4.3
Ips de type II : Ips logico-argumentatifs
C窶册st assurテゥment la partie la plus complexe de notre travail que de pointer quelques arguments
sophistiques et quelques-uns seulement des biais logiques majeurs de la vulgarisation scientifique.
Nous aurions aimテゥ un terme テゥquivalent en franテァais de ce que les anglo-saxons appellent les
fallacies
. Fausserie テゥtait peu laid. Nous avons gardテゥ indiffテゥrement
biais
et
sophisme
.
Nous allons tenter dans ce chapitre de dテゥcrire les formes argumentatives fallacieuses que l窶冩n
retrouve couramment dans la transposition des connaissances en science.
Afin de ne pas s窶凉 perdre, il aurait certainement fallu faire un petit dテゥtour sur le fondement des
trames classiques du discours, et distinguer ce qui relティve de la rhテゥtorique sophistique proprement
dite. C窶册st un travail auquel nous avons renoncテゥ, par manque de formation linguistique d窶兮bord,
par modestie ensuite : il n窶册st pas question de dire quels devraient テェtre les テゥnoncテゥs scientifiques
idテゥaux. Nous nous contenterons, dans ce qui est certainement la partie la plus faible de notre
travail, de dテゥcrire quelques uns des biais argumentatifs dans lesquels, durant les cinq derniティres
annテゥes テ pratiquer l窶兮scティse d窶冰ne テゥpistテゥmologie sceptique, nous sommes quasi-immanquablement
tombテゥs, puis extraits, parfois non sans mal.
4.3.1
Le texte argumentatif
Quelques dテゥfinitions prテゥalables : le texte argumentatif a pour but de soutenir une thティse et
gテゥnテゥralement d'invalider la thティse adverse. Dans l'un et l'autre cas, les thティses s'articulent autour
d'un certain nombre d'arguments de type didactique, eux-mテェmes soutenus par des exemples, et
colorテゥs d窶冰n registre.
Nous pouvons distinguer les
argumentaires expテゥrientiels
, liテゥs テ l窶册xpテゥrience, et
les argumentaires logiques
,
fondテゥs sur la logique (Blacburn 1994, Warburton 2000) :
-
les premiers tirent leur validitテゥ du rテゥel et persuadent le lecteur ou l窶兮uditeur par les テゥlテゥments
rテゥfテゥrentiels qu'il peut connaテョtre et confirmer, comme c窶册st le cas de
l'argument d'autoritテゥ
, qui
s'appuie sur sur une opinion dont on souligne la valeur (parfois fausse) communテゥment
admise. C'est テゥgalement le cas de
l'exemple argumentatif
, qui donne テ l'exemple une portテゥe
gテゥnテゥrale.
-
les seconds, fondテゥs sur la logique rationnelle, tirent leur validitテゥ de leur aspect rationnel et
convainquent le lecteur par remport d窶兮dhテゥsion. C'est le cas de
l'argument par dテゥduction
, qui
tente de tirer une consテゥquence logique d'une cause gテゥnテゥrale. テ l窶冓nverse, l'argument par
induction effectue la dテゥmarche dans l窶兮utre sens, remontant de la manifestation concrティte au
principe gテゥnテゥral. C'est encore le cas de
l'argument par analogie
, qui, pour テゥtablir un
193
phテゥnomティne, le rapproche d'un autre qui lui est apparentテゥ.
Un sophisme est un raisonnement qui apparaテョt comme rigoureux et logique, mais qui s窶兮vティre
faux, indテゥpendamment de la vテゥracitテゥ ou la vraisemblabilitテゥ des postulats et de la conclusion.
On parle parfois de
logique fallacieuse
, ce qui est un oxymore : en tout テゥtat de cause, nous lui
aurions prテゥfテゥrテゥ le syntagme ツォ pseudo-logique fallacieuse ツサ, mais il est trop compliquテゥ. Les
sophismes peuvent gテゥnテゥralement テェtre dテゥcrits sur le mode du syllogisme et les plus courants sont
traditionnellement affublテゥs d窶冰n nom latin que nous tenterons de fournir autant que faire se peut.
4.3.2
Les arguments d窶兮utoritテゥ
On appelle
argument d'autoritテゥ
(AA) le fait de remplacer la valeur d窶冰n raisonnement par une
rテゥfテゥrence aux simples propos d'une personne perテァue comme autoritテゥ sur un sujet. Cet argument
est considテゥrテゥ comme un sophisme lorsque le recours テ des noms, citations, ouvrages, en clair, des
ツォ autoritテゥs ツサ remplace la trame argumentative, et si paraphraser une テゥminence est justifiテゥe pour
テゥtayer une discussion d窶冰ne rテゥfテゥrence テ son nom simplement pour s窶兮ffranchir d窶冰ne explication
ou pour contourner une objection relティve du sophisme argumentaire.
L窶兮ppel テ une autoritテゥ est valide en terme de prテゥsomption, 窶 si le plus grand spテゥcialiste de X
pense que X=b, alors il est logique de prテゥsumer que X a de plus grands chances d窶凖ェtre vrai que si
c窶册st mon crテゥmier qui le pense 窶, il n窶册st qu窶冰n indicateur ツォ inductif ツサ et, contrairement テ ce qui
est gテゥnテゥralement ressenti, ne forme pas pour autant une preuve ; ceci au moins pour cinq raisons.
-
Une autoritテゥ n窶册n est parfois pas une.
-
Lorsqu窶册lle en est une, elle ne l窶册st pas forcテゥment dans le champ prテゥcis du sujet.
-
Lorsqu窶册lle en est une dans le champ prテゥcis du sujet, il faut au moins s窶兮ssurer si son
opinion est テゥmise comme quasi-certitude rテゥsultant de travaux prテゥcis, ou si elle est テゥmise
avec humour et/ou テゥbriテゥtテゥ, テ titre personnel, テ titre d'hypothティse.
-
Lorsqu窶册lle en est une dans le champ prテゥcis du sujet, et que son opinion est テゥmise
comme quasi-certitude rテゥsultant de travaux prテゥcis, l窶兮utoritテゥ peut tout de mテェme dire des
テ「neries (il faut en particulier テゥvaluer ce qu'en pensent ses pairs, pour situer la position
en question)
-
Lorsque les propos de l窶兮utoritテゥ en question sont transmis, il est nテゥcessaire de vテゥrifier
que celui qui la cite la livre
in extenso
, sans dテゥformation, et qu窶冓l ait compris ce qui テゥtait
dit.
Bien qu窶冓l semble
a priori
sain, lorsqu'on s'exprime sur un sujet, de savoir ce qu'en pensent les
spテゥcialistes, la problティme de l窶僊A est ailleurs. Il consiste テ faire reposer l窶兮ccrテゥditation d窶冰ne thティse
sur le seul prestige de l窶兮utoritテゥ invoquテゥe. Troquant alors la rテゥflexion logique contre une forme de
motivation, ce procテゥdテゥ pティse lourdement dans les convictions, et explique une partie des remports
d窶兮dhテゥsions traitテゥs en zテゥtテゥtique.
Nous pouvons distinguer plusieurs variantes de l窶僊A.
窶「
L窶兮rgument d窶兮utoritテゥ ツォ classique ツサ ou
Argumentum ad Verecundiam
.
窶「
Une forme ツォ dテゥtournテゥe ツサ de l窶僊A : le hijack.
窶「
Une forme ツォ diluテゥe ツサ de l窶僊A : l窶僊dUA et l窶册ffet ツォ boule de neige ツサ.
窶「
L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ et ses formes multiples.
194
窶「
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ.
窶「
L窶兮rgument d窶兮utoritテゥ ツォ classique ツサ ou
Argumentum ad Verecundiam
.
Les exemples sont innombrables et d窶冰ne grande variテゥtテゥ. Ils font l窶冩bjet d窶冰n dテゥveloppement
assez consテゥquent dans nos sテゥquences d窶册nseignement. Nous en avons choisis dans divers
champs, afin de coller au mieux adaptテゥs aux champs disciplinaires des テゥtudiants auxquels nous
enseignons.
4.3.2.1
Forme ツォ classique ツサ
Forme classique de l窶僊A :
1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet X
2. La personne A fait des dテゥclarations X=b テ propos du sujet X
3. Donc X=b
Le sophisme repose sur le passage 2->3, qui est fallacieux. Si une haute autoritテゥ
s窶册xprime sur un
sujet qu窶册lle maテョtrise, l窶兮ppel テ l窶兮utoritテゥ est lテゥgitime, mais pas suffisant : il permet une
prテゥsomption mais il n窶册st pas pour autant certain que son opinion soit valide. Seule une preuve
expテゥrimentale reproductible permet de dire dテゥfinitivement que X=b.
Attention : il arrive que X soit effectivement dテゥmontrテゥ ultテゥrieurement comme テゥgal テ b. Le
raisonnement n窶册n reste pas moins fallacieux.
窶「
Exemple de Jean Staune et de sa quテェte de sens
Parmi les critiques majeures qui peuvent テェtre adressテゥes テ J. Staune, secrテゥtaire de l窶儷IP, la plus
lancinante est certainement le recours permanent テ l窶僊A, aussi bien dans ses ouvrages que dans
ses courriers. Un exemple ressassテゥ trティs souvent est celui de la caution de Nobels. Dans la prテゥface
de ツォ science et quテェte de sens ツサ, par exemple, l窶兮uteur invoque テ l窶兮ppui de sa thティse (l窶僮ntelligent
Design) le fait que ツォ
tous les auteurs en sont (
sic
) des scientifiques de haut niveau : quatre d窶册ntre eux ont reテァu
le Prix Nobel
(窶ヲ) ツサ (Staune 2004,
ouv.citテゥ
). En rien cela n窶兮ccrテゥdite une position quelconque, qu窶册lle
relティve d窶冰n goテサt culinaire ou musical ou, comme c窶册st le cas ici, d窶冰ne posture mテゥtaphysique
thテゥiste.
Extrait d窶冰n courrier personnel de Staune :
ツォ Quand un scientifique du niveau de D窶册spagnat m窶凖ゥcrit que ce livre est le GPS de la science
actuelle (!!!) c窶册st savoureux de voir un テゥtudiant en zテゥtテゥtique dire que c窶册st de la pseudo-
science. ツサ
4.3.2.2
Syndrome du poulpe, F1, Jules Verne & effet Matthieu
Nous prテゥsentons quatre corollaires trティs courants de ce recours テ l窶兮utoritテゥ, auxquels nous avons
choisis les noms les plus figuratifs pour un meilleur apprentissage.
Le syndrome du poulpe
Une consテゥquence dテゥrivテゥe de cet AA est cette forte inertie dans les grands changements
thテゥoriques : les tenants d窶冰ne thテゥorie caduque, jouissant d窶冰ne haute autoritテゥ, vivent gテゥnテゥralement
183
Communication personnelle, 13 juin 2007.
195
une forte dissonance cognitive
qui les amティnent テ nier les テゥlテゥments allant テ l窶册ncontre des travaux
dont ils ont la paternitテゥ. Nous parlons en ces occasions de
syndrome du poulpe,
au nom d窶冰ne image
comique de cette ツォ tendance テ s'accrocher bec, ongles et tentacules テ sa thテゥorie ツサ.
Un exemple notoire en est donnテゥ par Marcellin Berthelot qui fut un anti-atomiste forcenテゥ, au
grand malheur de la chimie franテァaise
, ou celui de Halton Arp, テゥvincテゥ de l窶冰sage de tテゥlescopes
aux テ液ats-Unis pour avoir persistテゥ テ penser que le dテゥcalage vers le rouge (
red-shift
) テゥtait un dogme
(Arp 1987 ; Marshall 1990 pp. 14-16).
Effet Matthieu et effet de Halo
L窶册ffet Matthieu fut ainsi nommテゥ par Merton, par emprunt テ l窶凖ゥvangile selon Saint Matthieu oテケ il
est テゥcrit :
ツォ Car on donnera テ celui qui a, et il sera dans l窶兮bondance, mais テ celui qui n窶兮 pas, on テエtera
mテェme ce qu窶冓l a ツサ.
Il a trouvテゥ son assise par la dテゥcouverte par Cole dans les annテゥes 70 qu窶冰n nombre relativement
petit de physiciens fournissait de faテァon disproportionnテゥe une テゥnorme part des articles les plus
importants publiテゥs en physique (Cole 1972 pp. 368-374). Broad et Wade, dans leur ouvrage
entiティrement onsacrテゥ テ la fraude scientifique, parlent d窶册ffet de Halo :
ツォ Ces physiciens souvent citテゥs semblent appartenir テ l窶凖ゥlite de la physique dans la mesure oテケ
ils tendent テ se retrouver concentrテゥs dans les neuf plus grands dテゥpartements de physique
des Etats-Unis, et faire partie de la National Academy of Sciences. Il y a donc quelques
membres au moins de l窶凖ゥlite au pouvoir dans la communautテゥ scientifique qui en font partie
テ cause de leur mテゥrite (窶ヲ). Mais il peut y avoir un ツォ effet de Halo ツサ 窶 le simple fait, pour
un scientifique, d窶兮ppartenir テ un dテゥpartement de physique de tout premier plan mettrait
plus en vue son travail, qui serait alors plus souvent citテゥ ツサ. (Broad & Wade 1994, pp. 123-
124)
Merton prテゥsente cet
effet Matthieu
comme un ツォ
phテゥnomティne complexe de dテゥtournement de la paternitテゥ du
travail scientifique
ツサ par lequel des scientifiques dテゥjテ テゥminents tendent テ se voir attribuer la paternitテゥ
d窶冰ne idテゥe aux dテゥpens de scientifiques jeunes ou inconnus. On retrouve cet effet dans les
ツォ systティmes de copinage ツサ et le nテゥpotisme latents dans le monde de la science (au sens 3 !), ne
serait-ce que dans la faテァon qu窶冩nt les
referees
de recevoir de faテァon plus clテゥmente un article d窶冰ne
テゥminence que celui d窶冰n obscur et jeune chercheur (Merton 1968, pp. 439-459)
Cela rappellera certainement l窶冑istoire d窶儖hm qui, lorsqu窶冓l dテゥcrivit la loi テゥponyme, resta
ツォ tout
d窶兮bord ignorテゥ par les scientifiques des universitテゥs allemandes, qui pensティrent que le travail d窶冰n professeur de
mathテゥmatique du collティge de Jテゥsuites de Cologne ne mテゥritait guティre d窶兮ttention
ツサ (Broad & Wade
, ouv.citテゥ
, p.
124).
Syndrome Formule 1
テ l窶冓nstar des accidents de Formule 1 (rares, les pilotes テゥtant experts) et de leurs issues
184
Au 19
e
siティcle, la polテゥmique opposa les partisans de la thテゥorie atomique et ceux de la thテゥorie, plus ancienne, des
"テゥquivalents". L'hostilitテゥ de Berthelot テ la thテゥorie atomique est un gros impact car que le personnage テゥtait influent :
inspecteur gテゥnテゥral de l'Enseignement supテゥrieur et membre du Conseil supテゥrieur de l'Instruction publique, il s窶冩pposa
テ la soutenance de certains travaux, il pesa sur les programmes scolaires et fut mis en cause dans l'introduction
tardive de la thテゥorie atomique dans les programmes d'enseignement en France alors que la notion d'atomes et de
molテゥcules fut enseignテゥe bien plus tテエt en Allemagne et en Angleterre.
185
On pourra sur ce point avantageusement se reporter テ Bourdieu,
Science de la science et reflexivitテゥ
(2001).
196
(pratiquement toujours) tragiques, si les chances qu窶冰ne autoritテゥ compテゥtente se trompe sont
faibles, l窶册rreur lorsqu窶册lle arrive est gテゥnテゥralement de forte ampleur. Dit autrement, lorsqu窶冰n
scientifique puissant sort de la route, il termine sa course bien loin dans le dテゥcor. La mテゥtaphore
(que nous nous savons depuis devoir, dans une forme moins moderne, テ Francis Bacon) s窶册st
rテゥvテゥlテゥe trティs efficace pour nuancer la non corrテゥlation entre croyances pseudoscientifiques et
niveau d窶凖ゥtudes :
Skrabanek & McCormick l窶册xpriment ainsi :
ツォ Plus le niveau d窶冓ntelligence des personnes qui font autoritテゥ est テゥlevテゥ, plus leur profession
de foi risque d窶凖ェtre dテゥnuテゥe de sens. Francis Bacon a explicitテゥ ce paradoxe : selon lui, lorsque
cette sorte d窶冓ndividus se lancent dans la mauvaise direction, leur agilitテゥ d窶册sprit et leur
talent les amティneront テ dテゥriver d窶兮utant plus loin. Un exemple classique d窶兮rgument
d窶兮utoritテゥ est l窶兮ccueil favorable qu窶冩nt reテァu les preuves de Newton selon lesquelles les
prophテゥties de l窶僊pocalypse s窶凖ゥtaient rテゥalisテゥes. Dans ses observations sur les prophテゥties de
Daniel et l窶僊pocalypse de St Jean, publiテゥes en 1733, Isaac Newton a calculテゥ que l窶僞glise de
Rome テゥtait devenue la onziティme corne du quatriティme monstre de la vision de Daniel. En
テゥtablissant qu窶 ツォ une fois et une fois encore l窶冓ntervalle de temps ツサ テゥquivaut テ 1260 annテゥes
solaires ; Newton a prテゥdit la chute de la papautテゥ entre les annテゥes 2035 et 2054 (窶ヲ en
homme de science il a donnテゥ un intervalle de confiance). ツサ (Skrabaneck & McCormick
1997, p. 45)
Les cas sont relativement nombreux dans l窶冑istoire, dans les テゥpoques oテケ les fondements de la
science n窶凖ゥtaient pas modernes. Dans les cas les plus rテゥcents, parmi les scientifiques de la matiティre,
nous pouvons citer Blondlot sur les rayons N (Ashmore 1993, pp. 67-106) ; Sir Arthur
Eddington, dont la ツォ thテゥorie fondamentale ツサ cosmologique fut un
ツォ non-sens numテゥrologique
ツサ (Slater
1957) ; celui de C.G. Barkla, prix Nobel 1917, sur le phテゥnomティne J (Wynne 1976, pp. 307-347;
Wallis 1985, pp. 585-601 ; Wallis 1979, pp. 52-55) ; Parmi les sciences de la vie, celui d窶僊lexis
Carrel et de son rapport sur le miracle de Lourdes (Carrel 1949)
Les cas de fourvoiement d窶兀. Rocard en radiesthテゥsie et de J.B. Rhine dans l窶兮ffaire de la jument
Lady Wonder
sont certainement les plus テゥclairants : ce sont ceux que nous utilisons en
enseignement 窶 le premier sur la partie statistique absolument consternante des travaux
, le
second pour introduire ce que Rouzテゥ, fondateur de la revue rationaliste
SPS
appelait ツォ
l窶凖ゥtrange
inhibition de l窶册sprit critique qu窶册ntraテョne l窶兮ttitude de vouloir croire
ツサ :
ツォ La personnalitテゥ de Rhine combine ces deux facteurs : d窶冰ne part, la mテゥticulositテゥ de
l窶冑omme de laboratoire, rompu aux contre-テゥpreuves et aux vテゥrifications expテゥrimentales ;
d窶兮utre part, une certitude absolue, hors du rationnel, de la rテゥalitテゥ du psi ツサ (Rouzテゥ, la vテゥritテゥ
historique du ツォ pティre ツサ de la parapsychologie,
S&V
Nツー755, aoテサt 1980).
Sur un plan pテゥdagogique, l窶册xemple de Rocard permet :
-
d窶冓llustrer
la facette zテゥtテゥtique ツォ
la force d窶冰ne croyance peut テェtre immense
ツサ, ainsi que la nテゥcessitテゥ du
double-aveugle en expテゥrimentation, le problティme des gestes idテゥomoteurs et le rテエle critique de
186
Le texte d窶冩rigine est Daniel 3 :25, accessible en ligne lテ
http://biblia.com/bible/daniel3.htm
187
Carrel,
Le voyage de Lourdes, fragments de journal et de mテゥditations
(1949). Une critique est disponible chez Krantz,
テ
propos du 窶藁iracle de Lourdes dテゥcrit par Alexis Carrel
, Mテゥdecine et hygiティne, Genティve,
in,
Broch,
ouv.citテゥ
, pp. 297-301
188
Sur l窶兮ffaire Lady Wonder, voir Broch,
ouv.citテゥ
, p. 193-4, ainsi que Randi (1995),
An Encyclopedia of Claims, Frauds,
and Hoaxes of the Occult and Supernatural
, p. 143, et plus gテゥnテゥralement Nickell (2002),
Psychic pets and pet psychics -
Investigative Files
.
189
Nous nous rテゥfテゥrons aux pages 188 テ 192 de Rocard Y.,
La science et les sourciers, baguettes, pendules, biomagnテゥtisme
,
Dunod (1991). Voir sur cette affaire Broch,
ouv.citテゥ
, pp. 238-247.
197
-
de montrer une scテゥnarisation rテゥcurrente. Ces savants dテゥvoyテゥs sont souvent prテゥsentテゥs comme
des ツォ martyrs de la science ツサ, des individus en butte au dogmatisme latent : autant d窶册xemples
pour テゥtayer l窶冓dテゥe devenue fantaisiste d窶冰ne science officielle, (voir 4.4.5.3
Pseudo-テゥpistテゥmologies
anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-coloniale
)
qui vouerait aux gテゥmonies les grands savants incompris
ayant osテゥ aller fouiller dans les recoins de la connaissance (
syndrome galilテゥen
, voir 2.2.3
Contrainte externe et demande sociale
, 4.4.3.11
syndrome hテゥroテッque
et 4.4.3.9
Terra Incognita
).
窶「
Le syndrome du manteau de l窶册mpereur
Parfois, l窶僊A s窶卍ォ emballe ツサ et par contagion de proche en proche, prend des allures de lテゥgende
urbaine. Parce qu窶冰ne autoritテゥ dテゥclare quelque chose puis est reprise par une autre, il arrive que
des faits qui n窶册xistent pas prennent des allures de rテゥsultats scientifiques. Les cristaux de
magnテゥtite des articulations de sourcier chez Rocard en sont un exemple, l窶册ffet Kirlian un autre.
En 1971, Gross publia un article dans le
New England Journal of Medecine
concernant une
pathologie qu'il baptisa
syndrome des habits de l'empereur
, en rテゥfテゥrence au conte テゥponyme d'Andersen
(1835). Il dテゥcrit comment un diagnostic erronテゥ peut-テェtre confirmテゥ par plusieurs mテゥdecins par
ツォ contamination ツサ du diagnostic prテゥcテゥdent.
ツォ Sa frテゥquence est maximale chez les テゥtudiants, テ mi-parcours de leurs テゥtudes. Son
テゥpidテゥmiologie se concentre sans ambiguテッtテゥ dans les unitテゥs de soins intensifs coronariens,
dans les cliniques spテゥcialisテゥes et les consultations de cardiologies qui constituent des zones
テ haut risque. Le prestige et l窶兮utoritテゥ du responsable de ce syndrome est un facteur
principal d窶册xtension de cette maladie. Dans un syndrome non cardiaque typique, le chef de
service fait sa visite dans l窶冰nitテゥ clinique, accompagnテゥ de quatre assistants et de trois
internes. Il テゥcoute et entend un souffle cardiaque. Personne d窶兮utre que lui ne l窶册ntend, mais
aprティs lui, le principal assistant dit : ツォ je l窶册ntends ツサ. Il plante ainsi le dテゥcor de maniティre
parfaite pour une mini-テゥpidテゥmie. Du haut en bas de la hiテゥrarchie, se succテゥdant rapidement,
les membres du groupe se retrouvent infectテゥs. Le diagnostic est facile テ faire sur ce signe
pathognomonique : ツォ je l窶册ntends ツサ. C窶册st lテ qu窶兮pparaissent frテゥquemment les ツォ formes
frustes ツサ, surtout au niveau supテゥrieur de formation. Le diagnostic est portテゥ dans les termes
suivants : ツォ il est trティs doux ツサ, ツォ il est intermittent ツサ ou ツォ on ne l窶册ntend qu窶册n dテゥcubitus
latテゥral ou dorsal ツサ (c窶册st-テ-dire le malade couchテゥ sur le cテエtテゥ ou sur le dos)ツサ (Skrabanek &
McCormick,
ouv.citテゥ,
.
On apprend entre autres que certains cas de faux diagnostics, dus テ des erreurs d窶册xamen des
prテゥlティvements et テ un jugement clinique imparfait, ont pris l窶兮mpleur d窶凖ゥpidテゥmies : une vingtaine
de cas furent par exemple rapportテゥs par le
Center for Disease Control
non-
grippe
porcine en 1976, qui valut la vaccination de 46 millions de personnes et quelques dテゥcティs sans que
n窶兮pparaisse un seul vrai cas
Skrabanek et Mccormick (
ouv.citテゥ
), qui rapportent ce phテゥnomティne, dテゥnoncent テゥgalement un lieu
commun des pseudomテゥdecines qui est le peu de fiabilitテゥ des signes physiques utilisテゥs pour les
190
L窶冑istoire narrテゥe par le dテゥtracteur de l窶兮ffaire
Lady Wonder
, lui-mテェme prestidigitateur, est riche d窶册nseignement :
Christopher,
ESP, seers & psychics
(1970). Certaines sテゥquences dites ツォ mystification-dテゥmystification ツサ agissant sur les
mテェmes facultテゥs critiques ont テゥtテゥ dテゥveloppテゥes par S. Antczak et reprises par R. Monvoisin.
191
Skrabaneck & McCormick citent pour テゥtayer leur travail Gross & Levitt,
Higher Superstition
(1994).
192
Pour plus de dテゥtails sur ces ツォ non-テゥpidテゥmies ツサ, lire Weinstein & Stamm,
Pseudoepidemics in hospital
, in
Lancet
(1977),
II, pp. 862-864.
193
Sur ce cas, lire l窶凖ゥditorial du
Lancet
,
Impact of swine non-flu
, (1982), II, p. 1029.
198
diagnostics (pouls filant, pouls pテゥdieux, degrテゥ de matitテゥ lors d窶冰ne percussion, etc.) qui mettent
les ツォ suiveurs ツサ テ la merci d窶冰ne autoritテゥ digne du
mテゥdecin malgrテゥ lui
.
Une vigilance peut alors テェtre suscitテゥe sur des disciplines pseudothテゥrapeutiques procテゥdant plutテエt
de la vue de l窶册sprit 窶 la kinテゥsiologie et son ツォ langage du corps ツサ, la mテゥdecine テゥnergテゥtique et ses
ツォ ajustements ツサ,
la microkinテゥsithテゥrapie et ses ツォ dテゥsテゥquilibres ツサ, les テゥlixirs floraux de Bach et la liste
des ツォ テゥtats psychologiques nテゥgatifsツサ (comme tendance mティre-poule) etc. Nous sommes
typiquement dans des termes souvent paillasson, テ fort effet Impact (voir 4.2.6
Effets impact
).
Sur l窶冑omテゥopathie par exemple, Aulas テゥcrivait dテゥjテ il y a vingt ans :
ツォ Toute la symptomatologie pathogテゥnテゥtique de tous les remティdes expテゥrimentテゥs par les
homテゥopathes depuis Hahnemann (La
Materia Medica Pura
)
doit tout juste tenir dans les 20
volumes de l窶
Encyclopaedia Universalis
(tendance pleurnicharde, difficile テ contenter, troubles
survenant aprティs une peur, de la jalousie, de la fureur, une vexation, une mauvaise
nouvelle窶ヲ). Si on ne garde que les symptテエmes dont on ait une certitude scientifique, ne
restent テ peine qu窶冰ne cinquantaine de pages, vraisemblablement double interligne, et
encore窶ヲ ツサ (Aulas 1985).
Un exemple dテゥcontractant est celui des
femmes d窶僊ristote
. L窶冓nfluence d窶僊ristote n窶兮 pratiquement
pas d窶凖ゥquivalence dans l窶冑istoire de la pensテゥe humaine. De larges pans de son dogme furent
imposテゥs durant plus d窶冰n millテゥnaire, sans vテゥritable remise en question possible. Pourtant il eut テゥtテゥ
facile de le prendre en dテゥfaut. Russell raconte cette histoire :
ツォ Aristote maintenait que les femmes avaient moins de dents que les hommes ; mais bien
qu窶冓l se soit marriテゥ deux fois, il ne lui est jamais venu テ l窶册sprit de vテゥrifier ce fait en allant
examiner lui-mテェme la bouche de ses compagnes ツサ (Russell 1985).
Des historiettes du mテェme type portent sur les deux monuments de l窶僊ntiquitテゥ que sont
Hippocrate et Galien. Certaines de leurs sottises furent rテゥpテゥtテゥes pendant des siティcles, faute d窶兮ller
les vテゥrifier 窶 pensons aux humeurs hippocratiques, qui font encore fortune aujourd窶冑ui, ou aux
lobes du foie ou au
res mirabilis
, rテゥseau miraculeux oテケ circulaient les
pneuma
de Galien, qui eurent
un succティs sテゥculaire.
Syndrome Jules Verne
Nous appelons le syndrome Jules Verne une
relecture テ rebours de l窶僣istoire et des faits au profit
d窶冰ne figure que l窶冩n souhaite affubler d窶冰n regard visionnaire. C窶册st une variante du
raisonnement paglossien (voir 4.3.6.15
Le raisonnement panglossien version ツォ relecture de l窶僣istoire ツサ
).
L窶册xemple classique est celui de Jules Verne ツォ grand visionnaire ツサ, pain bテゥnit pour les
argumentaires pseudoscientifiques et archテゥofictifs comme ceux de Tarade (1969) :
ツォ Les auteurs sont en quelque sorte les ツォ mテゥdiums ツサ et les interprティtes de forces cachテゥes qui
cherchent テ communiquer avec nous par des systティmes qui ne tombent pas sous nos sens
actuels. Ces informations, Jules Verne, Jonathan Swift et Robert Garves les ont reテァues. Ils
ont テゥcrit des messages venant d窶兮illeurs, ou tout simplement ont テゥtテゥ en contact avec des
テェtres venus d窶冰n autre monde.
Tout le monde s窶兮ccorde actuellement pour dire que Jules verne テゥtait un extraordinaire
voyant. Son ナ砥vre renferme de nombreuses anticipations que le gテゥnie humain rテゥalisa
depuis. L窶冑omme dans l窶册space, la conquテェte de la Lune, le sous-marin窶ヲ il avait tout prテゥvu,
tout devinテゥ ツサ (
in
Broch 1989, p. 16)
199
Broch テゥpingle cette relecture dithyrambique de l窶僣istoire : ツォ (窶ヲ)
on assiste テ la prテゥsentation de Jules
Verne comme un ツォ savant universel ツサ, un ツォ extraordinaire voyant ツサ qui a anticipテゥ de nombreuses rテゥalisations du
gテゥnie humain
(窶ヲ)
or il faut tout de mテェme ramener les choses テ leur rテゥalitテゥ.
ツサ Et rappelant les travaux du
cryptozoologue Heuvelmans, Broch dテゥconstruit le mythe Verne, en rendant テ Cテゥsar ce qui est テ
Cテゥsar, le premier sous-marin テ Drebbel en 1624, et l窶冓ntuition du Nautilus テ Fulton en 1797, soit
soixante-dix ans avant
Vingt mille lieux sous les mers
de Verne.
Heuvelmans テゥcrivait d窶兮illeurs :
ツォ Se donne-t-on la peine de consulter la littテゥrature scientifique qui existait テ l窶凖ゥpoque ou
Verne テゥcrivit ses Voyages extraordinaires, on s窶兮perテァoit que le romancier n窶兮 vraiment rien
inventテゥ et que ses vues d窶兮venir ne sont que de naテッves extrapolations, presque toujours
irrテゥalisables
ツサ (Heuvelmans 1974,
in
Broch,
ibid.
).
Prテゥcisons trois choses en complテゥment.
- Le scテゥnario : ce travail de rテゥvisionnisme panテゥgyrique de l窶冑istoire participe de la scテゥnarisation
trティs populaire du ツォ gテゥnie visionnaire ツサ (voir 4.4.3.11
Autres scテゥnarios窶ヲ
). Ce fard de l窶冑istoire
s窶兮pplique souvent テ l窶冓nsu de l窶冓ntテゥressテゥ, dans la mesure oテケ il est gテゥnテゥralement passテゥ de vie テ
trテゥpas depuis un certain temps
- Le liquide vaisselle (voir 4.4.3.14) : il est toujours possible, mテェme aprティs la mise テ jour du mythe
Jules Verne, de faire encore mousser le sujet, d窶冰ne maniティre ou d窶冰ne autre - l窶冰n des derniers
exemples en date est celui de Serres (Serres 2003)
. Jules Verne est entrテゥ dans le Panthテゥon des
grands visionnaires, des De Vinci et des Archimティde, et tout recours テ son nom est couronnテゥ de
dテゥfテゥrence dans les mテゥdias courants.
- Enfn, la validation subjective : nous prテゥcisons aux テゥtudiants qu窶冓l y a une tendance テ regarder les
prテゥdictions scientifiques s窶凖ゥtant rテゥvテゥlテゥes confirmテゥes/les carriティres s窶凖ゥtant rテゥvテゥlテゥes prestigieuses
de maniティre bien plus clテゥmente qu窶冰ne lecture
a priori
ne le laisserait penser. Cet embellissement,
grand classique des obsティques populaires, fera passer une ordure pour un type correct, un type
correct pour un bienfaiteur, un bon scientifique pour une grande テ「me et un narrateur des
dテゥcouvertes qui lui テゥtaient contemporaines, comme Jules Verne, se voir classテゥ visionnaire ou
avant-gardiste.
Nous aimons illustrer cette pensテゥe sテゥlective et embテゥlissante par l窶册xtrait du sketch d窶僊. Dupontel
ツォ
Le bac de philo
ツサ :
ツォ Oui, vers 3 ans 4 ans [Sartre] a pas fait grand chose d窶冓ntテゥressant alors par contre aprティs il a
fait l窶凖ゥcole. テ l窶凖ゥcole テァa se passe bien窶ヲ Faut dire que les profs savaient qui c窶凖ゥtait ! ツサ
194
Il semblerait que Verne lui-mテェme ait テゥtテゥ lucide sur ce point. Poivre d窶僊rvor pティre et fils citent cette phrase qui lui
est imputテゥe : ツォ
Quand je les ai dテゥcrites comme des rテゥalitテゥs, ces choses テゥtaient dテゥjテ テ moitiテゥ dテゥcouvertes. J'ai simplement tirテゥ une fiction
qui est devenue ultテゥrieurement un fait, et mon but, en le faisant, n'テゥtait pas de prophテゥtiser, mais de rテゥpandre dans la jeunesse un savoir en
matiティre de gテゥographie sous une apparence aussi intテゥressante que je pouvais la composer
ツサ. Tirテゥ de Poivre d'Arvor,
Le Monde selon
Jules Verne
(2005).
195
Serres,
Jules Verne, la science et l窶冑omme contemporain, Conversations avec Jean-Paul Dekiss
, (2003). Gohau en fait un dテゥbut
de critique dans sa note de lecture,
SPS
nツー 267, mai 2005.
196
On fera un parallティle timide avec l窶兮nalyse de certaines luttes sociales reconnues
a posteriori
comme pleines de
noblesse, ce qui expliquerait autant le nombre de fans de Verne que le nombre de supporteurs de la rテゥsistance
franテァaise une fois la guerre terminテゥe.
197
Visionnage possible ici :
www.dailymotion.com/video/xz0dq_albert-dupontel-lepreuve-de-philo
200
4.3.2.3
Forme ツォ dテゥtournテゥe ツサ : le
hijack
Forme ツォ hijacked ツサ du AA :
1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet X
2. La personne A fait des dテゥclarations sur le sujet X
3 Une personne B transpose les dテゥclarations sur le sujet X テ d窶兮utres sujets, en citant A
Volontaire ou pas, il s窶兮git de dテゥcrire ici de vテゥritables dテゥtournements intellectuels, puisqu窶冩n
utilise des assertions hors champ en invoquant celui qui les a テゥmises dans un autre champ. Ces
Hijacks
(du terme anglais
hijack
pour ツォ dテゥtournement ツサ) sont le produit :
-
soit d窶冰ne transposition mテゥdiatique naテッve ou manipulatoire : le journaliste croit avoir
compris ce qu窶兮 dit l窶兮utoritテゥ, et le transpose hors champ.
-
soit d窶冰ne imposture intellectuelle au sens de Sokal & Bricmont : le penseur transpose
un concept mal compris d窶冰n domaine テ l窶兮utre, sans se soucier ni de la valeur du
transfert, ni de la maniティre dont ce transfert テゥclaire le discours.
En voici quelques exemples
窶「
Einstein, Dieu et les dテゥs
Nous l窶兮vons dテゥjテ vu plus haut, Einstein a dテゥclarテゥ un jour, sur une question bien prテゥcise et
technique de mテゥcanique quantique, que ツォ
Dieu ne joue pas aux dテゥs
ツサ (
Gott wテシrfelt nicht
). Il s窶兮gissait
d窶冰ne version tronquテゥe de ce qu窶冓l disait, et qui n窶凖ゥtait d窶兮illeurs selon ses propres dires qu'une
conviction personnelle et non le rテゥsultat de ses travaux. Il serait pour le moins abusif de s'abriter
derriティre l窶兮utoritテゥ d窶僞instein pour dテゥcontextualiser sa phrase et affirmer que le hasard n'existe pas
ou que Dieu existe : c窶册st pourtant un lieu commun d窶兮uteurs pro-ID, faisant fi des dテゥclarations,
contextuelles et non tronquテゥes d窶僞instein sur son athテゥisme
窶「
La Gテカdelite (encore)
Nous l窶兮vons dテゥjテ vu, (voir 4.2.5
Concept nomade
), l窶冓ncomplテゥtude des systティmes formels dテゥmontrテゥe
par K. Gテカdel a テゥtテゥ utilisテゥe abusivement dans un certain nombre de contextes. Comme le souligne
Bouveresse, un peu cynique :
ツォ Tout le monde peut se rendre compte au premier coup d'oeil que ce n'est certainement
pas en parlant du thテゥorティme de Gテカdel comme on devrait le faire, c'est-テ-dire comme l'ont
fait Gテカdel lui-mテェme, Kreisel, van Heijenoort ou Dummett (tout cela est, comme on dit,
beaucoup trop "anglo-saxon"), mais plutテエt en en parlant comme l'ont fait Derrida,
Lyotard, Serres, Julia Kristeva, Bernard-Henri Lテゥvy, Debray et beaucoup d'autres, que l'on
devient cテゥlティbre en France et rテゥussit テ faire parler de soi dans les journaux. ツサ (Bouveresse,
198
Stephen Jay Gould avait テゥmis une observation sur le fait que la thテゥorie de l'テゥvolution テゥnoncテゥe par Charles Darwin
テゥtait sans doute encore incomplティte et que quelques テゥlテゥments manquaient encore. On nous a rapportテゥ que des mテゥdias
annoncティrent alors que ツォ
Stephen Jay Gould met en cause la thテゥorie de Darwin
ツサ. Toutefois, nous n窶兮vons pu retrouver la
rテゥfテゥrence exacte, aussi ne plaテァons-nous cet exemple qu窶凖 titre indicatif.
199
ツォ
It was, of course, a lie what you read about my religious convictions, a lie which is being systematically repeated. I do not believe in a
personal God and I have never denied this but have expressed it clearly. If something is in me which can be called religious then it is the
unbounded admiration for the structure of the world so far as our science can reveal it.
ツサ Albert Einstein, Lettre du 24 mars 1954
in
Einstein,
The Human Side, new glimpses from his archives
(1981).
201
ouv.citテゥ
Et le philosophe de citer un exemple de la plume du personnage franテァais vraisemblablement le
plus atteint de ツォ gテカdelite ツサ, Rテゥgis Debray :
ツォ L'テゥmancipation du genre humain", on sait de science certaine, en vertu d'un axiome,
l'incomplテゥtude, que c'est un leurre, テゥternel et nテゥcessaire, mais il vaut mieux, somme toute,
que la rテゥsignation au cynisme sec du chacun pour soi ツサ (Debray, Le rire et les larmes,
Libテゥration
, 14-15 septembre 1991).
On excusera alors J. Staune, si prompt テ rechercher des AA, lorsqu窶冓l テゥcrit qu窶卍ォ
[e]n mathテゥmatiques,
le thテゥorティme de Gテカdel nous montre que tout systティme logique contient une faille logique
(窶ヲ) ツサ
cohテゥrence, il tombe lui-mテェme dans une faille logique.
On l窶册xcusera d窶兮utant plus volontiers quand on constate la qualitテゥ scientifique discutable de
certaines couvertures de revues de vulgarisation scientifique, qui faテァonnent les opinions テ grands
renforts de titres comme ceux-ci (figure 77) :
Figure 77 : Sommaire du S&Av
ツォ
Les grandes idテゥes du siティcle ツサ
Cette couverture de
S&Av
HS ci-dessus a dテゥjテ テゥtテゥ rencontrテゥe lors des accentuations lapidaires,
en cumule un certain nombre dont le trop cテゥlティbre ツォ
la pensテゥe est limitテゥe
Preuve des hiatus entre maquettistes de couverture et journalistes scientifiques, on trouve dans le
mテェme magazine en sous-titre de l窶兮rticle consacrテゥ テ la fameuse incomplテゥtude (figure 78) :
Figure 78 : sous-titre de l窶兮rticle ツォ la pensテゥe est limitテゥe ツサ, S&Av
ツォ
Les grandes idテゥes du siティcle ツサ
.
200
Le livre de Bouveresse
Prodiges et vertiges de l窶兮nalogie
traite d窶冰ne maniティre prodigieuse ces questions de mテゥtaphores
douteuses et de recours テ l窶兮utoritarisme-littテゥrarisme (1999).
201
Staune,
Qu窶册st-ce que l窶冩bscurantisme
, sur
http://www.staune.fr/Qu-est-ce-que-l-obscurantisme.html
202
La pensテゥe est limitテゥe, certes. Le journaliste le prouve mieux avec son titrage qu窶兮vec Kurt Gテカdel.
202
Soulignant une pleine page alignant des reproductions de visages de Gテカdel (
sic
), la page suivante
indique :
ツォ
De l窶冓ncomplテゥtude de Gテカdel テ l窶冓mpossibilitテゥ de la rテゥflexivitテゥ
. Comment a-t-on pu
passer de l窶冓ncomplテゥtude mathテゥmatique テゥnonテァant l窶冓mpossibilitテゥ pour un systティme formel de
contenir sa propre justification テ l窶兮ffirmation de l窶冓nadテゥquation de la pensテゥe elle-mテェme ? ツサ
Nous avons une hypothティse : en partie テ cause de la mテゥdiocritテゥ des titres que la revue donne aux
propos de J.Y Girard.
4.3.2.4
Forme ツォ diluテゥe ツサ: l窶僊dUA et l窶册ffet
boule de neige
ou l窶僊mi D窶儷n Ami est la suivante :
1. Un ami d窶冰n ami rapporte que X
(Variante : j窶兮i entendu dire plusieurs fois que X)
2. donc X est vrai
Cette fois, l窶兮utoritテゥ, rテゥelle ou non, est quasi-anonyme, et floute le nテゥcessaire sourテァage des
informations dont on se fait relais.
Une variante en est l窶册ffet boule de neige :
1. Un ami entend X
2. Il dit テ son ami X窶
3. L窶兮mi entend X窶吮 et me le rテゥpティte
4. J窶册ntends X窶吮吮
4. donc X窶吮吮 vrai
Le tテゥmoignage de n-iティme main offre une quantitテゥ de dテゥrives possibles regroupテゥes par Broch
sous
ce terme d窶
effet Boule de neige
:
ツォ Untel dテゥclare que Machin a dit que Chose avait appris chez Truc que... Tテゥmoignage de n-
iティme main oテケ chaque intermテゥdiaire rajoute un テゥlテゥment de son cru テ l'histoire de dテゥpart ツサ
(Broch,
ouv.citテゥ,
p. 96)
Le bouche-テ-oreille, comme les mテゥdias, goテサte les nouvelles sensationnalistes et se font caisse de
rテゥsonance, avec des distorsions parfois importants.
Cela crテゥe deux biais importants :
-
on entend beaucoup parler de choses sans fondements
-
cela donne l窶冓llusion que ces choses sont de plus ou plus courantes (biais de
confirmation)
-
le bruit de fond gテゥnテゥrテゥ est donc important. J.H. Brunvand, spテゥcialiste des lテゥgendes
urbaines, explique que le caractティre principal des bonnes histoires est moins la vテゥritテゥ que
203
Nous avons empruntテゥ au folkloriste Brunvand son FOAF (friend of a friend), qu窶冓l avait vraisemblablement
empruntテゥ lui-mテェme テ Rodney Dale dans
The Tumour in the Whale
(1978).
203
sa capacitテゥ テ coller テ un fantasme. Brunvand a ce constat semi-dテゥsabusテゥ :
ツォ Si les bonnes histoires veulent trouver leur place dans le folklore moderne, leur vテゥracitテゥ
est moins importante que la possibilitテゥ d'テェtre crues ; elles n'ont mテェme pas besoin d'テェtre
forcテゥment vraisemblables, pourvu qu'elles soient ironiques, haletantes ou amusantes. Rティgle
Nツー1 : la vテゥritテゥ n'est pas la condition d'une bonne histoire ツサ (Brunvand 1986, p. 205)
Ainsi lorsque le fantasme s窶册mpare d窶冰ne information susceptible d窶凖ェtre relayテゥe, le fluage peut
devenir important :
-
une communication テ l窶僊cadテゥmie des Sciences, c'est-テ-dire une lettre simplement postテゥe
lテ-bas devient une caution (exemple de De Vernejoul et Darras sur les mテゥridiens
d窶兮cupuncture, voir 4.3.2.6
le sophisme du sonneur
) (Broch 2001, pp. 143-152)
-
une expテゥrience non reproductible devient une dテゥcouverte (exemple de la fusion froide et
de la mテゥmoire de l窶册au).
-
un dテゥpressif devient Piano Man (voir plus loin),
autant de ツォ baudruches ツサ mテゥdiatiques difficiles, voire impossibles テ dテゥsenfler ensuite.
Voici quelques exemples que nous aimons テゥtudier en cours :
窶「
L窶册ffet Backster
On lit chez Lyall Watson (1974) que la ツォ perception primaire ツサ chez les plantes a テゥtテゥ
dテゥcouverte
par
Cleve Backster en 1966. Comme Broch l窶兮 montrテゥ, Backster est prテゥsentテゥ sous la plume de Serhei
Ivanov en ツォ
chercheur amテゥricain
(qui)
s窶册mploya
テ perfectionner l窶册nregistreur テゥlectronique de rテゥactions
cutigalvaniques, qui servent d窶冓ndice de changements dans le domaine affectif
ツサ (Ivanov 1977,
in
Broch 1989,
p. 11).
Charroux en France, テゥcrira :
ツォ 窶ヲce n窶凖ゥtait pas une preuve dテゥcisive, mais dテゥjテ se dessinaient des notions de biologie
vテゥgテゥtale qui allaient rテゥvolutionner le monde dit savant (窶ヲ) テ dater de ce jour, toute une
テゥquipe de chercheurs se mit テ テゥtudier l窶册ffet Backster (窶ヲ) c窶凖ゥtait un fait incontestable dont
tテゥmoignaient les appareils enregistreurs de tous les laboratoires et on l窶兮ttribua テ une facultテゥ
extra-sensorielle analogue テ l窶冓nstinct, テ la voyance ou テ la prテゥmonition. (窶ヲ) car
expテゥrimentalement, c窶凖ゥtait vrai : le dracテゥna, l窶冩ignon et le citronnier devinaient et
expertisaient les pensテゥes humaines. ツサ (Charroux 1974,
in
Broch,
ibid.
)
Mais le ツォ
fait incontestable dont tテゥmoignaient les appareils enregistreurs de tous les laboratoires
ツサ, que louange
l窶兮uteur Watson, n窶兮 jamais pu テゥtテゥ observテゥ. L窶冰nique source テ laquelle puisent ces auteurs est non
un travail scientifique, mais un reportage, qui conduisit テ une unique publication de mauvaise
qualitテゥ dans l窶
International Journal of Parapsychology
(Backster 1968, p. 329,
in
Broch,
ibid.
). Le seul
travail scientifique publiテゥ portant sur la reproduction du phテゥnomティne dans les conditions
expテゥrimentales de Backster, dans la revue
Science
conclura sur la non mise en テゥvidence d窶冰ne
quelconque perception primaire chez les plantes (Horowitz
& al.
1975, p. 478,
in
Broch,
ibid.
).
Broch conclue ainsi :
ツォ L窶冑istoire du philodendron tテゥlテゥpathe (窶ヲ) nous fait toucher du doigt le danger de ce que
l窶冩n peut appeler ツォ l窶册ffet ツォ boule de neige ツサ, effet dans lequel chaque ツォ rapporteur ツサ ajoute
un embellissement entiティrement personnel au ツォ fait ツサ qui sert de point de dテゥpart. ツサ (
Ibid.
204
Pour une critique plus rテゥcente de ladite perception primaire des plantes et l窶册ffet Backster, voir l窶册xcellent travail
204
窶「
Einstein et l窶兮strologie
Einstein fut (encore) victime d窶冰n Hijack lorsqu窶冓l fut invoquテゥ テ la rescousse de l窶兮strologie par
Elizabeth Teissier. Citテゥ dans sa thティse de doctorat controversテゥe, Einstein aurait fait cette
dテゥclaration aussi surprenante窶ヲ que fausse :
ツォ L窶兮strologie est une science en soi, illuminatrice. J窶兮i beaucoup appris grテ「ce テ elle et je lui
dois beaucoup. Les connaissances gテゥophysiques mettent en relief le pouvoir des テゥtoiles et
des planティtes sur le destin terrestre. テ son tour, en un certain sens, l窶兮strologie le renforce.
C窶册st pourquoi c窶册st une espティce d窶凖ゥlixir de vie pour l窶冑umanitテゥ. ツサ (Hanselmann-Teissier
2001, p. 17)
Phrase incongrue pour Einstein
, elle テゥtait dテゥjテ prテゥsente plusieurs fois dans le livre de Teissier et
Laborit
テ液oiles et molテゥcules
(1992, notamment p. 13). Hamel (2005, p. 16) a dテゥsormais montrテゥ que
cette phrase テゥtait l窶冓nvention de Carl Heinrich Huter, dans son
Huters
astrologischer Kalender
de
1960, (1959 p. 4). Reprise ensuite par l窶兮strologue Hirsig puis par un grand nombre d窶兮utres
auteurs, elle テゥchoua dans la thティse de Teissier malgrテゥ les mises en garde prテゥalables de Cuniot
(1989, pp. 45-47).
窶「
Piano Man
C窶册st un exemple trティs apprテゥciテゥ des テゥtudiants dans la mesure oテケ il leur est contemporain.
L窶册ffet Boule de neige se rテゥalise テ plein dans le cas de ce jeune homme retrouvテゥ en 2005 en
smoking, errant amnテゥsique et dテゥtrempテゥ sur une plage du Kent, prティs de Sheerness (figure 79).
ツォ Dans l'espoir qu'il テゥcrive son nom, le personnel hospitalier lui donne un crayon et une
feuille. L'homme dessine alors un immense piano テ queue, trティs dテゥtaillテゥ, dテゥmontrant sa
connaissance profonde de l'instrument. Pour le tester, le personnel l'emmティne dans la
chapelle de l'テゥtablissement de soins, oテケ se trouve un piano. Pendant prティs de quatre heures,
le patient se lance dans un vテゥritable rテゥcital de musique classique. Michael Camp, la
personne qui s'occupe de son cas, racontait テ la BBC en mai : "
C'est extraordinaire. La premiティre
fois que nous l'avons emmenテゥ au piano, il a jouテゥ pendant plusieurs heures, non-stop.
" Son talent est
テゥvident. Quand il ne joue pas, il compose. "
Il revient テ la vie
", explique Michael Camp. La
photo mテゥlancolique de l'homme, avec le soleil qui brille dans ses cheveux, les yeux perdus,
les テゥpaules rentrテゥes, ajoute au romantisme qui entoure son cas. ツサ (
Le Temps
, 23 aoテサt 2005).
de Fabre,
La perception primaire des plantes
, Observatoire Zテゥtテゥtique,
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=13
205
Hanselmann-Teissier,
Situation テゥpistテゥmologique de l'astrologie テ travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociテゥtテゥs
postmodernes
, p. 17. Accessible ici :
http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=3/TTL=1/SHW?FRST=1
206
Dans l窶冓ntroduction qu窶冓l rテゥdigea pour le livre de Baumgardt (1951),
La biographie et テ la correspondance de Kepler
, il
テゥcrivit plutテエt : ツォ
L'astrologie est un ennemi intテゥrieur neutralisテゥ mais non complティtement mort
ツサ. p. 13. Merci テ Denis Hamel.
205
Figure 79 : Le jeune homme baptisテゥ par les mテゥdias ツォ Piano Man ツサ, des partitions テ la main, テゥtテゥ 2005.
Passe et repasse le sujet dans les mテゥdias, de TF1 テ ATS.
ツォ Il s窶凉 installe et interprティte avec virtuositテゥ (selon les tテゥmoins) une sテゥrie de piティces musicales,
allant d窶册xtraits du
Lac des Cygnes
de Tchaテッkovsky テ des airs contemporains comme
Across the
Universe
de Lennon et McCartney. Aprティs quatre heures de ce rテゥcital impromptu, il tombe
d窶凖ゥpuisement ツサ. (
Times
, Piano man窶 still not identified, 17 mai 2005).
Nous avons accumulテゥ un certain nombre de communiquテゥs sur la question, dont la prテゥsentation
va crescendo au grテゥ des mois. Hテゥlas, l窶冑omme ne savait pas jouer un seul morceau, et tout ce
battage s窶册st agglomテゥrテゥ autour d窶冰n seul tテゥmoignage de dテゥpart.En guise d窶冓llustration sur la
maniティre des mテゥdias d窶凖ゥcraser les baudruches mテゥdiatiques sous la fesse, deux articles du mテェme
journal,
Libテゥration
:
23 mai 2005 : ツォ
Depuis le dテゥbut de son sテゥjour, Mister X ne cessait de fixer ses interlocuteurs, comme
pour s'en protテゥger. Au piano, il les a oubliテゥs. Michael Camp en a eu le ツォ souffle coupテゥ ツサ. Mais il n'est
pas ツォ grand spテゥcialiste de musique classique ツサ. Ses collティgues ont d'abord reconnu le Lac des cygnes de
Tchaテッkovski. Puis, quatre heures durant, il a jouテゥ des compositions incertaines. En boucle.
ツサ
(Thorval
A., Fugue en moi majeur,
Libテゥration
).
22 aoテサt 2005 : ツォ
Selon le quotidien anglais, le jeune homme, qui passait pour un gテゥnie du clavier,
pourrait en fait difficilement tirer une note d'un piano
. ツサ (Anonyme, La mテゥmoire est revenue テ ツォ
Piano Man ツサ,
Libテゥration
).
Soulignons au travers de cet exemple de Piano Man le peu de scrupule des mテゥdias テ faire grand
battage d窶冰ne ツォ lanterne ツサ sensationnelle, et テ enterrer l窶兮ffaire lorsqu窶册lle se rテゥvティle n窶凖ェtre qu窶冰ne
ツォ vessie ツサ. Le manque de rテゥfutation des allテゥgations fausses, mテェme dans des revues prestigieuses et
des テゥmissions taxテゥes de sテゥrieuses, est l窶冰ne des principales causes de la rテゥsurgence de sujets
maintes fois pliテゥs (voir 1.2.5
Le syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain
) (voir 4.4.3.10 & 11,
Effets
vitrine
).
206
4.3.2.5
Forme ツォ lu dans une revue ツサ - syndrome Popeye
L窶兮rgument ツォ lu dans une revue ツサ a la forme suivante :
1. je l窶兮i lu plusieurs fois dans le journal / la presse / une revue
2. donc c窶册st vrai
Il s窶兮git aussi d窶冰ne forme de sophisme, ne serait-ce que par l窶册ffet paillasson que permet le terme
presse scientifique
. Nombreux sont les lecteurs qui pensent que
S&Av
est une revue scientifique, lテ
oテケ les habituテゥs et les professionnels y voient une revue de vulgarisation scientifique et rテゥservent
le terme de
presse scientifique
テ une presse de haut niveau (notamment テ des revues テ comitテゥ de
lecture).
Nous voulons montrer que le fait que si une revue テ teneur scientifique publie quelque chose,
c窶册st qu窶冓l y a une prテゥsomption correcte, mais en aucun cas une preuve, de qualitテゥ scientifique.
Constat dテゥsespテゥrant certes, sauf テ bien considテゥrer que c窶册st le ressac du temps qui se chargera de
prテゥciser cette prテゥsomption ou de la faire s窶凖ゥvaporer. Dans le champ mテゥdical, acheter des pages de
publicitテゥ dans des journaux et magazines テ grands tirages, si possible sテゥrieux et/ou mテゥdicaux, peu
regardant sur la vテゥracitテゥ des produits vendus, permet ensuite d窶冓nclure la mention "vu sur X
Magazine" ou "lu sur Y journal" dans d'autres publicitテゥs. Ainsi, quoiqu窶冰n mot テゥcrit ne soit pas
censテゥ テェtre auto-validant (Broch
ouv.citテゥ
, p. 181), une chose rapportテゥe, rテゥpテゥtテゥe, citテゥe et re-citテゥe,
bテゥnテゥficiant d窶冰ne vitrine quelconque peut progressivement devenir vraie pour une majoritテゥ de
gens, et parfois servir テ des fins idテゥologiques.
En voici trois exemples qui font partie de nos essais pテゥdagogiques.
窶「
Le Syndrome Popeye
L窶册xemple le plus connu est celui du taux テゥlevテゥ en fer des テゥpinards, dテゥmystifiテゥ par Hamblin : une
virgule mal placテゥe avait multipliテゥ par dix l窶册stimation de la concentration en fer de la plante
potagティre.
ツォ The discovery that spinach was as valuable a source of iron as red meat was made in the
1890s, and it proved a useful propaganda weapon for the meatless days of the second world
war. A statue of Popeye in Crystal City, Texas, commemorates the fact that single-handedly
he raised the consumption of spinach by 33%...Unfortunately the propaganda was
fraudulent; German chemists reinvestigating the iron content of spinach had shown in the
1930s that the original workers had put the decimal point in the wrong place and made a
tenfold overestimate of its value
ツサ (1981, p. 1671) .
Ajoutons テ cela l窶冰tilisation politique donnテゥe テ cette erreur (encouragement des mテゥnages テ la
consommation de lテゥgumes d窶兮ppoint), tout comme dans le cas du crテ「ne de Piltdown (voir4.4.5
Le
mode politique
) ou de certaines テゥtudes de phrテゥnologie, et nous obtenons une idテゥe reテァue qui perdure
pendant prティs d窶冰n siティcle.
窶「
La saoulerie d窶僣awking
ツォ
D窶兮prティs les interviews des journaux et le rテゥcent documentaire par Hugh Downs sur ABC-TV, quand
vous avez appris le diagnostic, vous avez simplement renoncテゥ et bu pendant des mois pour oublier
ツサ,
Hawking rテゥplique : ツォ
C窶册st une bonne histoire, mais ce n窶册st pas vrai [...] J窶兮i テゥcoutテゥ du Wagner, mais
207
Voir Monvoisin R.,
テ瑛ixirs floraux de Bach, quintessence d窶冰ne illusion
, Observatoire Zテゥtテゥtique, Laboratoire Zテゥtテゥtique.
207
les commentaires disant que je me suis saoulテゥ sont une exagテゥration. Le problティme c窶册st qu窶冰n article l窶兮 dit et
les autres le copient parce que cela fait une bonne histoire. Tout ce qui est imprimテゥ de nombreuses fois ne doit
pas テェtre obligatoirement vrai
ツサ (Mialet, ouv.citテゥ, p. 83).
Nous avons ici un trティs bel effet boule de neige. Hawking se rテゥappropriera lui-mテェme par la suite
ce scテゥnario digne d窶僊rchimティde.
窶「
Les coliques de plomb d窶僣ippocrate
ツォ De nombreuses autoritテゥs dans le domaine de la mテゥdecine du travail, se citant les unes les
autres, ont continuテゥ d窶兮ffirmer qu窶僣ippocrate avait テゥtテゥ le premier テ dテゥcrire cette affection.
Waldron a montrテゥ qu窶僣ippocrate n窶兮vait rien テゥcrit de semblable. Cependant, comme on
peut supposer que peu de futurs auteurs d窶兮rticles sur les coliques de plomb seront au
courant de la lettre de Waldron テ la revue mテゥdicale
Lancet
ou familiers des テゥcrits
hippocratiques, ils continueront de commencer leur savant traitテゥ par la phrase suivante :
ツォ
c窶册st テ Hippocrate qu窶冓l faut attribuer la premiティre description de la colique de plomb
.ツサ (Waldron 1973,
p. 626,
in
Skrabanek & McCormick,
ouv.citテゥ
, pp. 42-43)
Or on lit encore quarante ans plus tard que les coliques de plomb furent mentionnテゥes pour la
premiティre fois par Hippocrate :
- sur le site de la Direction du Travail de Languedoc Roussillon
- sur le site de l窶儷niversitテゥ de Mテゥdecine de Rennes.
窶「
Le koro, le tarentisme
Exemple qui rappelera les non-テゥpidテゥmies dues au
syndrome des habits de l窶册mpereur (
voir plus haut) :
en 1975, l窶僊gence France-Presse diffusa le rapport suivant :
ツォ Des rumeurs selon lesquelles l窶兮bsorption
de thon est responsable d窶冰ne maladie entraテョnant une atrophie des organes sexuels ont provoquテゥ un effondrement du
commerce du poisson dans le port de Palem Bang テ Sumatra ツサ.
Skrabanek et son collティgue McCormick
racontent :
ツォ La maladie en question s窶兮ppelle koro, terme javanais dテゥsignant la tテェte de tortue. C窶册st un
cas trティs curieux et troublant de non-maladie. Elle est trティs connue en Malaisie et en Chine du
Sud, oテケ elle est appelテゥe Shook Yang, ツォ pテゥnis ratatinテゥ ツサ. Les experts locaux tinrent un
sテゥminaire lors d窶冰ne テゥpidテゥmie de koro en 1967. Selon eux, cette maladie relティve de la peur,
des ragots, des conditions climatiques et d窶冰n dテゥsテゥquilibre entre le cナ砥r et le rein
sic
) Les
malades touchテゥs vivent dans la peur constante de mourir et tentent d窶册mpテェcher la
disparition finale de leur pテゥnis dans l窶兮bdomen en le retenant テ l窶兮ide de ツォ clamps, baguettes,
pinces テ linge, etc. ツサ et mテェme ツォ d窶凖ゥpingles de sテサretテゥ ツサ. Dans certains cas, les divers membres
de la famille se relaient pour ツォ tenir ツサ le pテゥnis, et parfois on demande テ leur テゥpouse de le
garder dans sa bouche afin d窶兮ttテゥnuer la peur du malade
. Un autre traitement, テ peine
moins exotique, consiste テ brテサler les caleテァons d窶冰ne personne de sexe opposテゥ et テ utiliser
les cendres d窶冰ne maniティre non prテゥcisテゥe.
De nombreux cas de koro ont テゥtテゥ rapportテゥ chez les sujets non chinois, y compris des
208
Consulter
http://www.sdtefp-languedocroussillon.travail.gouv.fr/sdtefp/actualite/sante/sante-2005-diaporama-plomb.pdf
209
Compulser
www.med.univ-rennes1.fr/resped/s/medtra/plomb/plomb.htm
210
La source est Gwee,
Koro-its origin and nature as a disease entity
(1968), pp. 3-6.
211
Voir
Chung Tung Mun : epidemic koro in Singapore
(1968), p. 640, et Gwee,
Koro 窶 a cultural disease
(1963).
208
テゥpidテゥmies qui ont ornテゥ les pages du
Lancet
, du
British Journal of Psychiatry
et d窶兮utres revues
mテゥdicales renommテゥes (窶ヲ). ツサ (Skrabanek & McCormick
, ouv.citテゥ
, pp. 88-89)
Ces derniers exemples sont plus complexes et permettent d窶冓ntroduire auprティs des テゥtudiants de
mテゥdecine-pharmacie une rテゥflexion sur le statut de la maladie et de ces syndromes qui flottent
entre syndromes localisテゥs (
culture-bound syndromes
) et syndromes iatrogティnes, crテゥes de toute piティce
par le thテゥrapeute. Pour le pittoresque, nous citons テゥgalement le tarentisme, dans le sud de l'Italie,
auquel nous devons certaines tarentelles de Berlioz, ou l窶凖ゥternelle notion d窶卍ォ hystテゥrie ツサ, battue et
rebattue, toujours prテゥsente dans l窶冓maginaire franテァais malgrテゥ son テゥtymologie hippocratique et sa
connotation souvent sexiste
. Le rテエle des mテゥdias par l窶兮udience donnテゥe テ de telles notions est
テゥgalement sujet テ travail pテゥdagogique sur les bulles mテゥdiatiques (voir Monvoisin, Acrimed, 2006).
4.3.2.6
Source, compテゥtence et sophisme du sonneur
Broch, d窶冰ne maniティre qui peut sembler naテッve
a priori
et se rテゥvティle primordiale, insiste sur les deux
facettes Zテゥtテゥtiques : ツォ
l窶冩rigine de l窶冓nformation est fondamentale
ツサ et ツォ
la compテゥtence de l窶冓nformateur est
テゥgalement fondamentale
ツサ. Non que les tテゥmoignages soient テ exclure
encouragements テ l窶册nquテェte, et non des faits.
Nous enjoignons les テゥtudiants テ vテゥrifier ces argumentaires, surtout dans la presse mテゥdicale :
vテゥrifier qui a financテゥ l窶凖ゥtude. Est-ce que l窶兮rticle relate bien le dテゥtail de la publication d窶冩rigine ?
Est-ce que la publication d窶冩rigine n窶册xtrapole pas ?
Nous les encourageons テゥgalement テ dテゥtecter le ツォ sophisme du sonneur ツサ : Skrabanek &
McCormick utilisent ce terme en hommage テ Lewis Carroll :
ツォ Dans
la chasse au snarck
de Lewis Carroll, le sonneur dit : ツォ
Ce que je vous dis trois fois est
vrai
ツサ. C窶册st lテ une forme dテゥgradテゥe du sophisme du faisceau [de preuve], insistant sur le
fait qu窶冰ne テ「nerie rテゥpテゥtテゥe plusieurs fois devient ツォ acquise ツサ. (Skrabanek & McCormick
,
ouv.citテゥ
, pp. 42-43)
C窶册st tout l窶冩bjet du cours d窶
Analyse critique du message scientifique
, donnテゥ aux pharmaciens, テ l窶兮ide
d窶册xemples de recherches menテゥes par nous ou par d窶兮utres テゥtudiants.
Nous avons par exemple amenテゥ les テゥtudiants テ fouiller les origines de choses aussi diverses que :
-
la ツォ publication ツサ dテゥjテ rencontrテゥe des docteurs De Vernejoul, Albarティde et Darras sur les
mテゥridiens 1985 qui n窶册st qu窶冰ne simple ツォ communication ツサ テ l窶僊cadテゥmie des sciences
(figure 80).
212
Exemple rテゥcent de l窶冰tilisation du terme surannテゥ ツォ hystテゥrie ツサ, dans le
Nouvel Observateur
rテゥcemment :
ツォ
Aux テ液ats-
Unis, les frasques des stars provoquent une hystテゥrie sans prテゥcテゥdent, allant jusqu'テ テゥclipser la guerre en Irak
ツサ, 17 aoテサt 2006.
213
Pensons テ l窶冑omme qui a appelテゥ la police de Londres pour annoncer qu窶冰ne baleine テ bec nageait dans la Tamise
le 20 janvier 2006.
209
Figure 80 : extrait de Brissonnet,
Des aiguilles et des hommes,
in
Les pseudomテゥdecines, 2003
-
les recherches prテゥtendement menテゥe par le
Governmental Radiation Protection Center
de
Finlande accrテゥditant la casquette Handy Fashions d窶冰ne capacitテゥ テ protテゥger la tテェte des
micro-ondes de tテゥlテゥphones portables. En guise de publication, il n窶凉 avait qu窶冰n article
dans un quotidien populaire
Helsingin Sanomat
, en janvier 2003
-
les recherches montrant que le
Danone Essensis
a effectivement une action bテゥnテゥfique
pour la peau, que la sympathicothテゥrapie est une thテゥrapie efficace, etc. montrant que ces
pseudo-recherches, quand elles sont rテゥellement menテゥes, sont fabriquテゥes par des
laboratoires internes テ l窶冓ndustrie
窶 occasion de parler des conflits d窶冓ntテゥrテェts.
-
que les テゥtudes des Dr Harisch et Sachs faisant de l窶册xtrait de pテゥpin de pamplemousse un
ツォ antibiotique ツサ naturel, n窶册xistent tout simplement pas, et bien d窶兮utres (voir figure
81)
214
Danone Essensis, comment devenir belle avec un yaourt,
Aurテゥlie Martins Gomes, Clarisse Lamy, Cours Analyse critique du
message scientifique, L2 Pharmacie, 2007
Comment テェtre branchテゥ et protテゥgテゥ de son tテゥlテゥphone ?
Le cas de la casquette Handy-Fashions, Sara Planes, Emilie Piallat, Cours
Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie, 2007
La sympathicothテゥrapie, alternative thテゥrapeutique crテゥdible ou dangereuse illusion ?
Guillaume Chovelon, Bruno Revol, Cours
Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie, 2007
215
L窶册xtrait de pテゥpin de pamplemousse : produit miracle ou produit dopテゥ ?,
Marion Miramond, Amテゥlie Perret, Nathalie Chu,
Cours Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie. Toutes ces テゥtudes, lus ou moins approfondies, sont
disponibles ici :
http://esprit.critique.free.fr/#ACMS
Le 5 novembre 1985, le journal de 20 h sur TF1 rテゥvティle, テ grand fracas, que trois mテゥdecins de l'hテエpital Necker les Drs
J.C.Darras, P.Albarティde et P.de Vernejoul ont visualisテゥ un mテゥridien grテ「ce テ l'utilisation d'un isotope radioactif, le
technテゥcium 99.
L'opテゥration a テゥtテゥ minutieusement orchestrテゥe, puisque les auteurs ont simultanテゥment, publiテゥ un ouvrage de
vulgarisation et prテゥsentテゥ leur travail sous forme d'une communication テ l'Acadテゥmie de mテゥdecine, sous le titre
:"Etude des mテゥridiens d'acupuncture par des traceurs radioactifs". Evidemment, les grands mテゥdias, friands de ce
genre d'テゥvテゥnement, se font immテゥdiatement le relais de l'annonce de la "merveilleuse dテゥcouverte".
S&V
, l'un des
rares journaux テ conserver, テ cette テゥpoque, le sens critique, publie dans son numテゥro 819, sur la plume du Dr
J.M.Bader, un テゥcho intitulテゥ : "Acupuncture : des preuves qui n'en sont pas". L'auteur y met en cause la mテゥthodologie
employテゥe et annonce que "des scientifiques d'un organisme de recherche vont refaire l'expテゥrience sur l'animal, dans
les normes". Une polテゥmique s'en suivra(
S&V
Nツー823) qui prendra fin lorsqu'en 1988, le Pr.Y.Lazorthes chef de
service de neurochirurgie du CHU de Rangueil テ Toulouse, reprenant les expテゥriences incriminテゥes, montrera que la
migration du marqueur ne dテゥpend pas du point d'injection et suit en rテゥalitテゥ un trajet veineux.
210
Figure 81 : Huiles essentielles, de nouveaux ツォ antibiotiques ? ツサ Santテゥ magazine, aoテサt 2005
Forme interrogative et guillemets ne suffisent pas テ tempテゥrer l窶冓dテゥe maintes fois ressassテゥe d窶兮ntibiotiques naturels.
La revue joue ici sur les peurs liテゥes aux antibiotiques, malgrテゥ leur quasi-nテゥcessitテゥ selon les affections. Il suffira que
le lecteur lise trois fois cela (テ propos des テゥlixirs de pテゥpins de pamplemousse par exemple) pour tomber dans le
sophisme du sonneur.
Nous encourageons テ consulter les facteurs d窶冓mpact des revues lorsque la publication existe
vraiment (au sens 1). C窶册st ainsi qu窶冩n dテゥcouvre avec consternation qu窶冰ne publication largement
ressassテゥe trティs souvent concernant les pliures des blテゥs dans les agroglyphes est un travail bien peu
sテゥrieux d窶冰n certain Eltjo Haselhoff (2000, pp. 124)
4.3.2.7
Publication scientifique = sテゥrieux ?
C窶册st un argument rテゥcurrent, mテェme chez les zテゥtテゥticiens : ツォ
Y a-t-il une publication scientifique sur la
question ?
ツサ. Cette question nテゥcessaire mais non suffisante, souffre de quelques limites, テ
commencer par la notion de
sテゥriositテゥ
qui est invoquテゥe.
-
il y a un continuum de qualitテゥ dans les revues de science, allant de l窶册xcellent au trティs
mテゥdiocre.
-
Les revues classテゥes excellentes sont celles qui ont un comitテゥ de lecture et un Impact
216
Dobremez
& al.
,
Crop Circles : quand les scientifiques s窶册n mテェlent
, cours Initiation テ l窶册sprit critique, Pharmacie L3.
211
Factor important, ce qui est un ツォ effet vitrine ツサ malgrテゥ tout.
-
Il y a un fort biais sテゥlectif des publications ツォ positives ツサ 窶 ce qui est la seule chose
pertinente du mテゥmoire de Musseau (
ouv.citテゥ
). Les publications nテゥgatives ne se font guティre
publier
-
Il y a un lissage de donnテゥes assez important pour justement, paraテョtre plus ツォ positif ツサ afin
d窶凖ェtre publiテゥ.
-
Il arrive que les revues excellentes se fourvoient, en faisant le scoop. Il faut d窶兮utant
plus scrupuleusement lire ce qu窶册lles diffusent que la thティse dテゥfendue est extraordinaire.
Nous dテゥveloppons un cours complet sur l窶兮ffaire de la publication de Benvテゥniste dans Nature
1988, inspirテゥ de celui de Broch, afin de montrer que les affres mercatiques sont aussi テ l窶卩砥vre
dans les revues qui, rappelons-le, sont gテゥnテゥralement des entreprises privテゥes. D窶兮utres exemples
(Targ & Puthoff, Fusion froide窶ヲ) sont dテゥveloppテゥs en cours.
4.3.2.8
Prテゥdictions auto-rテゥalisatrices, effets Rosenthal, Baskerville窶ヲ
Le bruit mテゥdiatique autour de certains sujets pseudoscientifiques assurent leur pテゥrennitテゥ, prenant
parfois un tour un peu surprenant, comme les Prophテゥties Auto-Rテゥalisatrices (PAR) qui inclinent
テ agir plus ou moins consciemment pour faire en sorte de confirmer ou d窶冓nfirmer une prテゥdiction
ou une idテゥe reテァue et d窶冓nterprテゥter les テゥvテゥnements qui surviennent ensuite d窶冰ne maniティre sテゥlective.
Ainsi en est-il des fameuses influences de la lune sur les grossesses, les menstruations, les crises
d窶凖ゥpilepsie et les actes criminels, qu窶冰ne simple analyse statistique テ la portテゥe de tout テゥtudiant peut
テゥventer
mis en
テゥvidence par Phillips
& al.
sur le nombre d窶兮ccidents cardiaques accrus chez les patients japonais
et chinois des hテエpitaux californiens les 4 du mois, le 4 テゥtant homophone du mot
ツォ mort ツサ dans
diverses langues et テゥtant rテゥputテゥ porter malheur (Phillips
& al.
, 2001, pp. 1443-6)
multiples surgeons du mテェme problティme d窶冓nfluence sur les
rテゥsultats, que sont les effets Rosenthal ou Pygmalion
dans les miliobserver-expectancy effect
, que nous avons
abordテゥ en cours
pour les questions de Kinテゥsiologie et de Communication Facilitテゥe.
Nous pensons utile au passage de rappeler cette citation de Filefield, qui peut s窶兮vテゥrer テ double
tranchant :
ツォ Il peut paraテョtre aujourd窶冑ui incroyable que la prestigieuse revue scientifique
Nature
ait pu
refuser, sur la foi de personnes faisant autoritテゥ, de publier le travail de Hans Krebs sur le
cycle de l窶兮cide citrique, les travaux de H. C. Urey sur l窶冑ydrogティne lourd et la recherche
217
Voir par exemple l窶册xcellent dossier rテゥalisテゥ en cours par Mlles Montet, Blanchard, Gaspar et Dutkowski ツォ les
influences de la Lune ツサ disponible ici
http://esprit.critique.free.fr
218
Prテゥcisons toutefois que cette テゥtude a quelques biais mテゥthodologiques qui la font encore discuter actuellement.
219
Rosenthal,
Covert Communication in Classrooms, Clinics, and Courtrooms
(1998) pp. 18-22.
220
Sur l窶册ffet Hawthorne, se rテゥfテゥrer テ Mayo,
The human problems of an industrial civilization
(1933), notamment le ch. 3.
Un bon rテゥsumテゥ est disponible ici grace テ Draper,
The Hawthorne, Pygmalion, placebo and other effects of expectation: some notes
disponible ici :
http://www.psy.gla.ac.uk/~steve/hawth.html#Finding
221
Le thテゥorティme de Thomas, grand classique de la sociologie, tel que dテゥcrit par Thomas :
if men define situations as real,
they are real in their consequences.
Voir
The child in America: Behavior problems and programs
, pp. 571-572
222
Voir par exemple Wiseman (1997) sur l窶册ffet expテゥrimentateur, qui ressemble テゥtrangement テ une hypothティse
ad hoc
non testable.
212
d窶僞nrico Fermi sur la dテゥsintテゥgration bテェta. Plus tard, Krebs, Urey et Fermi ont tous les trois
reテァu le prix Nobel pour leurs dテゥcouvertes. Plus rテゥcemment encore, Rosalyn Yallow, prix
Nobel, a rテゥvテゥlテゥ que Science avait refusテゥ une de ses communications, oテケ elle dテゥcrivait pour
la premiティre fois les principes de dosage radio-immunologique, mテゥthode aujourd'hui utilisテゥe
dans tous les laboratoires hospitaliers. ツサ (Filefield 1969, pp. 230-232,
in
Skrabaneck &
McCormick,
ouv.citテゥ
, p. 44).
Nous tentons de prテゥparer les テゥtudiants テ prテゥvoir que les objections de nombre de tenants de
pseudosciences consistent テ relire l窶冑istoire de ce genre de cas que la ツォ science ツサ a manquテゥ,
comme autant de pseudo-Galilテゥe : lテ oテケ une lecture テ rebours discrテゥditerait la ツォ science
officielle ツサ, il s窶兮git de bien comprendre que le mテゥcanisme de la dテゥmarche scientifique est
justement auto-correctif avec le temps, lテ oテケ l窶冑umain, parfois se trompe. Ainsi en fut-il de
l窶兮ffaire du crテ「ne de Piltdown, des Rayons N de Blondlot et tout rテゥcemment des cellules de
Hwang Soo-Huk. Toutefois, faire une lecture politique poussテゥe du systティme de publication de
l窶冓nformation en science aurait de quoi faire frテゥmir.
4.3.2.9
L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ
L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ est le mテェme sophisme que l窶僊A classique, テ ceci prティs qu窶册n plus,
l窶兮utoritテゥ en question est discutable dans le champ considテゥrテゥ.
Argument de pseudo-autoritテゥ :
1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet Y
2. La personne A fait des dテゥclarations X=b テ propos du sujet X
3. Donc X=b
Figure 82 : Couverture du DVD Einstein. La question テ laquelle rテゥpond Einstein est volontairement gテゥnテゥrale,
ツォ universelle ツサ 窶 et sous certains aspects bien peu scientifique. A-t-il lテゥgitimitテゥ pour qu窶冩n lui fasse (posthume)
parler de sa vision du monde simplement parce qu窶冓l fut lテゥgitime en physique ?
Il convient de remarquer qu窶凖 partir du moment oテケ un individu devient une autoritテゥ scientifique,
les sollicitations mテゥdiatiques qu窶冓l reテァoit pour rテゥpondre テ des questions de tout ordre ne
manquent pas (figure 82). Paradoxalement, il semble que si la probitテゥ intellectuelle l窶冩blige テ
dテゥclarer sans honte son incompテゥtence dans un domaine qui n窶册st pas le sien, il n窶册n est pas tout テ
fait de mテェme lorsque les questions sont de type politique ou, plus saugrenu encore,
mテゥtaphysique.
ツォ Un sociologue soviテゥtique raconte qu窶冰n mathテゥmaticien cテゥlティbre, interrogテゥ sur sa discipline,
a rテゥpondu ツォ je ne sais pas ツサ テ 90 % des questions. Le mテェme savant n窶兮 pas de moindre
doute pour rテゥpondre fermement ツォ oui ツサ ou ツォ non ツサ テ toutes les questions relevant des
213
sciences sociales. Combien de gens comme ce mathテゥmaticien sont venus テ la sociologie et
se livrent テ des analyses ツォ savantes ツサ ツサ (Lagneau-Markiewicz 1986, p. 226).
Alors que le point de vue sur Dieu de certains Nobel fait la couverture de revues et rend テゥgrillard
J. Staune, l窶冓ndividu
lambda
qui le consulte ne se rend pas toujours compte qu窶冓l est victime d窶冰n
argument de pseudo-autoritテゥ.
Voici les quelques exemples stimulants donnテゥs en cours et dans lesquels nous mettons en lumiティre
ce fait tragique mais quasi-indiscutable : ce n窶册st pas parce qu窶冩n est expert dans un domaine
qu窶冩n l窶册st dans un autre.
窶「
Michel Chasles
Polytechnicien de la promotion de 1812, collaborateur de la Correspondance mathテゥmatique et
physique de Bruxelles, membre de l'Acadテゥmie royale de Belgique, de l'Institut de France,
professeur de gテゥodテゥsie テ l'Ecole polytechnique, Chasles s窶兮vテゥra piティtre amateur d窶兮rchテゥologie et se
fit vendre par un escroc du nom de Vrain-Lucas des fausses lettres de Pascal, Boyle, des
autographes de Cassini, de Galilテゥe, de Huyghens, de Leibniz, d'Antoine de L'Hテエpital, des lettres
d'Alexandre le Grand テ Aristote, d窶僊rchimティde テ Nテゥron, un billet doux de Pythagore テ Sapho, de
Clテゥopテ「tre, un placet de Lazare le Ressuscitテゥ テ saint Pierre, un fragment des Mテゥmoires de
Vercingテゥtorix, etc. pour un montant total de 150 000 francs or
窶「
Linus Pauling, double prix nobel
En 1970, Pauling annonテァa dans l窶冩uvrage
Vitamin C and the Common Cold
que prendre 1000 mg de
vitamine C par jour rテゥduirait l'incidence des rhumes de 45% pour la plupart des gens (sachant que
la RDA,
Recommended Dietary Allowance
pour la vitamine C est 60 mg.) La nouvelle テゥdition de 1976
de son livre, rテゥ-intitulテゥ
Vitamin C, the Common Cold and the Flu
, suggテゥra des doses encore plus
テゥlevテゥes, avant qu窶冰n troisiティme livre,
Vitamin C and Cancer
n窶兮vance que des doses テゥlevテゥes de
vitamine C peuvent テェtre efficaces contre le cancer. En 1976 puis 1978, deux publications co-
signテゥes par Pauling prテゥsentaient les expテゥrimentations de Cameron sur l窶册ffet de l窶兮dminstration
d窶兮cide ascorbique chez des patients cancテゥreux (Cameron & Pauling 1976). Sans compter sur un
autre livre,
How to Feel Better and Live Longer
, qui prテゥtendit enfin que de fortes doses de vitamins
"
can improve your general health . . . to increase your enjoyment of life and can help in controlling heart disease,
cancer, and other diseases and in slowing down the process of aging.
" (Pauling 1986). Pauling lui-mテェme
prenait selon ses dires au moins 12 000 mg de vitamine C par jour et avait coutume d窶兮ugmenter
la dose テ 40 000 mg s'il commenテァait un rhume. Malheureusement, des テゥtudes pourtant
contemporaines de Pauling ne montrティrent aucun intテゥrテェt significatif de cette vitamine C dans le
traitement ni du rhume, ni du cancer (entre autres Creagan
& al.
1979 et Moertel
& al.
1985).
窶「
Sir William Whitla
Professeur de mテゥdecine テ la
Queen窶冱 University
de Belfast, vice-prテゥsident de l窶冰niversitテゥ et prテゥsident
de la
British Medical Association
, Whitla テゥcrivit (1922) dans une introduction テ une rテゥテゥdition des
Observations
de Newton que parmi ceux qui rejettent les miracles de la bible, ツォ
certains refusent encore
223
Vrain Lucas, le Balzac du faux
, Revue de la BNF Nツー 13 Autour du faux, 窶 2003. Lenotre,
L窶兮ffaire Chasles ou l窶兮rnaque
vrain-lucas, Comment escroquer un membre de l窶僮nstitut de France
, La Petite Histoire (voir Nテゥtographie). L窶兮ffaire a テゥtテゥ jugテゥe
par le Tribunal correctionnel de la Seine en 1870. Pour voir une
Lettre de Pascal テ Galilテゥe
, BNF, dテゥpartement des
Manuscrits, NAF 709. f. 133 rツー et vツー
214
les dテゥcouvertes modernes comme celles de la lテゥvitation
ツサ.
窶「
Albert Jacquard
Lemmenicier donne un excellent exemple contemporain avec Jacquard. Le quatriティme de
couverture de son livre
J窶兮ccuse l窶凖ゥconomie triomphante
, paru chez Calman Levy en 1995 fut :
ツォ Le scientifique Jacquard dテゥmonte la pseudo science des ayatollahs de l窶凖ゥconomie ツサ.
Il n窶册st pas question de critiquer les テゥventuelles qualitテゥs d窶兮nalyste テゥconomique de Jacquard, mais
bien le recours テ son statut de grand gテゥnテゥticien connu comme appui テ ses テゥventuelles qualitテゥs.
Lemmenicier ajoute trティs justement :
ツォ Il n窶册xiste pas de label qui protティge les テゥconomistes contre ceux qui font de l窶凖ゥconomie
sans l窶兮voir maテョtrisテゥe... contrairement aux mテゥdecins ou aux juristes qui peuvent interdire テ
d窶兮utres l窶册xercice de leur profession s窶冓ls n窶冩nt pas obtenu les diplテエmes validant leur
connaissance et leur compテゥtence dans ce domaine, sous le prテゥtexte que ces gens
pourraient commettre des fautes entraテョnant de graves dommages テ ceux qu窶冓ls soignent ou
qu窶冓ls conseillent. ツサ
窶「
Brian Josephson
Prix nobel de physique en 1973, avec Esaki et Giaever, pour avoir dテゥcouvert l'effet qui porte
dテゥsormais son nom (un effet tunnel dans des courants supraconducteurs), Josephson donna une
grande audience テ son initiation avec Maharishi Mahesh, leader de la Mテゥditation Transcendantale
(MT), sur la seule base de son statut (Champion 1998, pp. 58-61)
Dans le domaine du Psi, le psychologue Alcock cite テゥgalement quelques cas lors desquels c窶册st le
pedigree
scientifique des pratiquants qui a assis des champs テ forte consonance pseudoscientifique,
en l窶冩ccurrence le spiritisme et la parapsychologie classique.
ツォ For more than a century, there has been careful and deliberate investigation of psi
phenomena by people trained in the methods of science. In the past fifty years, much of
this research has been laboratoy-based and carried out in university settings. Currently,
parapsychological research is being conducted at such prestigiuous academic institutions as
the University of Edinburgh and Princeton University.
Throughout the last century and continuing to the present, a number of
very prominent
natural and social scientists have been proponents and supporters of paraspychological
research, including Physicists Sir William Crookes, Lord Rayleigh (Nobel Prize 1904)
Wolfgang Pauli (Nobel Prize 1945) Brian Josephson (Nobel Prize 1973) and David Bohm.
Naturalist Alfred Wallace ;
Chemist Robert Hare ; physiologist Charles richet (Nobel Prize
1913) ; psychologists William James, William McDougall, Carl Jung, Sir Cyril Burt, and
Hans Eysenck ; anthropologist Margaret Mead ; mathematician John Taylor (who became
convinced of the reality of psi phenomena on the basis of Uri Geller窶冱 purported feats
(Taylor 75), only subsequently to repudiate his belief in such phenomena (Taylor and
Balanovski 1979) ; and Robert Jahn of the engineering Department at Princeton U.
224
Lemmenicier,
Sophismes
, accessible en ligne (voir nテゥtographie).
225
Voir aussi Champion,
Religieux flottant, テゥclectisme et syncrテゥtismes
,
in
Delumeau,
Le Fait religieux
, 1993. Nous avons eu
l窶冩ccasion d窶凖ゥcrire nous-mテェme sur Maharishi dans la Newsletter Nツー23, 13 mai 2007, Observatoire Zテゥtテゥtique,
http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=29
226
Prテゥcisons nテゥanmoins une chose : l窶册xistence du psi est toujours controversテゥe, et fait l窶冩bjet de dテゥbats, notamment
215
(Alcock 1990, pp. 10-11).
Il y a toutefois plusieurs types de pseudo-compテゥtence. En voici d窶兮utres aspects.
4.3.2.10
La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des titres
Brandir les mテゥdailles comme mesure de la pertinence de ce que dit un individu est une erreur,
dans la mesure oテケ, comme tout champ social, le champ scientifique est soumis テ des rティgles de
validation des pairs qui ne parviennent pas テ s窶兮ffranchir de considテゥrations plus politiques. Cela
n窶册mpテェche pas l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris (UIP) de faire un gros recours テ cette
ツォ mテゥdaillite ツサ :
Comme l窶凖ゥcrit Lecointre,
ツォ Les mテゥdailles sont souvent alテゥatoires, sinon sollicitテゥes, tout le monde scientifique le
sait (窶ヲ) Et prテゥcisテゥment, pour la communication, les mテゥdailles fonctionnent テ plein (窶ヲ) la
communication est plus forte que la science, que le public n'est pas formテゥ aux matiティres
manipulテゥes, et n'a que les テゥtiquettes pour savoir テ quel saint se vouer. ツサ
Cette fois encore, poussテゥe テ l窶册xtrテェme, cette tendance テ brandir des mテゥdailles テゥmarge dans le
champ publicitaire et crテゥer l窶兮vティnement de titres du genre ツォ numテゥro 1 des ventes ツサ. Grandemange
l窶凖ゥcrit comme suit :
ツォ "numテゥro 1 de ceci ou de cela" ou "premiティre sociテゥtテゥ Europテゥenne de..." ou
"Trophテゥe du
meilleur ..." peut faire mouche et provoquer un rテゥflexe conditionnテゥ de confiance (et
d'achat) chez le consommateur pourtant usurpテゥ. Pourtant, n'importe qui dans n'importe
quel domaine peut, テ loisir, se dテゥclarer "le meilleur", "numテゥro 1, "premier spテゥcialiste de",
etc... rien, aucune obligation lテゥgale ni aucun diplテエme, ne venant sanctionner une telle
dテゥclaration. Si cette vantardise peut faire plaisir aux charlatans, elle ne confirme rien dans
les faits quant テ l'expression utilisテゥe et placardテゥe, il ne s'agit que de belles paroles.
Concテゥdons tout de mテェme que si un vendeur d'attrape-nigauds produit un chiffre d'affaire
supテゥrieur テ ses concurrents dans le mテェme crテゥneau de l'arnaque, il puisse s'octroyer le titre
de "numテゥro un (Franテァais, Europテゥen ou Mondial) ツサ.
Cette pseudo-compテゥtence qui feint l窶兮utoritテゥ peut se matテゥrialiser par une revendication de titres
galvaudテゥs ou par une omniprテゥsence mテゥdiatique sans aucune commune mesure avec la
compテゥtence du personnage. L窶册xemple zテゥtテゥtique classique porte sur le cas de Backster, que nous
avons dテゥjテ entrevu, pティre du fameux (et inexistant) effet Backster, prテゥsentテゥ dans les mテゥdias par
une cohorte de fonctions inexistantes.
Tempテゥrons toutefois ces remarques : s窶冓l est vrai que le diplテエme est censテゥ valider des
compテゥtences, et que le possテゥder est de meilleur augure que de ne pas l窶兮voir, il n窶册st en rien une
condition suffisante pour l窶册xpertise compテゥtente. Plusieurs raisons テ cela, dont les deux
suivantes :
entre l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International et l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique. Constatons toutefois que les meilleurs
papiers sur le psi, - テ en croire l窶僮MI -, datent de moins de dix ans (notamment Honorton, Radin et テゥventuellement
Sheldrake, malgrテゥ ses protocoles peu rigoureux). Si nous suspendons en bon sceptique notre jugement sur ces
derniers travaux, nous nous permettons de soumettre テ critique les grands noms qui adhテゥrティrent trop rapidement テ
l窶冑ypothティse psi, surtout lorsque l窶兮dhテゥsion se fit sur les dテゥmonstrations du prテゥstidigitateur-escroc Uri Geller, ou
comme c窶册st le cas pour l窶冓slandais Haraldsson, sur les fraudes du guru Sathya Saテッ Baba. Sur ce dernier point, voir
Haraldsson 窶 Premanand, Controversy : on modern miracles 窶 reply to Haraldsson 窶 Sathya sai baba is a fraud !
Indian Skeptic,
http://www.indian-skeptic.org/html/is_v01/1-7-3.htm
227
Lecointre,
Dテゥplacement de cible
, disponible sur :
http://jerome-segal.de/Assomat/textes.htm
228
Se rテゥfテゥrer テ la page
http://attrape.nigauds.free.fr/lois.shtml#11
216
-
on peut テェtre un diplテエmテゥ ignare
-
on peut テェtre non diplテエmテゥ autodidacte compテゥtent (mテェme si c窶册st rare)
Nous insistons sur ce point : un argument rテゥcurrent dans la critique des sciences par les
dテゥfenseurs de pseudo-thテゥories est l窶册xpertise テゥcrasante assortie de morgue des scientifiques. C窶册st
dans une dテゥmarche de rテゥappropriation de la connaissance, qui peut s窶兮rgumenter, que ces
personnes s窶冩pposent テ l窶册xpertise (sens 3 du mot science) et rejettent テ tort la mテゥthode. Par
consテゥquent, s窶冓l est intテゥressant de savoir que le parapsychologue Yves Lignon n窶册st pas directeur
de laboratoire universitaire ni professeur de statistiques de l窶儷niversitテゥ de Toulouse-Le Mirail, ce
n窶册st pas une garantie pour invalider les propos qu窶冓l tient. Cela n窶册st utile que pour accroテョtre
l窶册xigence, mais non pour discrテゥditer
a priori
les faits allテゥguテゥs. Renoncer テ regarder les thティses d窶冰n
individu qui a ツォ gonflテゥ ツサ ses titres ressemble テ l窶
argumentum ad personam
, s窶兮ttaquant テ la
personnalitテゥ de l窶冓ndividu plutテエt qu窶凖 ce qu窶冓l a rテゥellement dit ou テゥcrit.
4.3.2.11
L窶兮une du statut : Blouse blanche et technique de la photo de classe
Le statut est souvent invoquテゥ comme une raison suffisante de croire l窶兮ppel テ une autoritテゥ titrテゥe.
Le meilleur exemple est celui du champ mテゥdical qu窶冩n appelle gテゥnテゥralement
l窶册ffet Blouse blanche
:
un malade demande l'avis d'un mテゥdecin afin d'obtenir une explication plus crテゥdible que celle de
ses amis ou de ses relations. Il arrive que le thテゥrapeute revテェte dans l窶册sprit des patients une
posture quasi-clテゥricale.
Technique de la photo de classe
テ titre d窶冓nformation, il existe une variante, appelテゥe ツォ technique de la photo de classe ツサ, dont
l窶儷IP, mais テゥgalement un festival comme celui de ツォ Sciences frontiティres ツサ de J-Y. Casgha se sont
faits experts. Elle consiste テ inviter pour une confテゥrence un grand scientifique, qui reviendra peut
テェtre dテゥpitテゥ , mais dont le nom pourra servir ensuite テ dテゥmarcher窶ヲle prochain grand savant, et
ainsi de suite. L窶儷IP par exemple a coutume de prテゥsenter en ligne la liste des intervenants qui, lue
d窶冰n coup, accumule un certain nombre de ツォ pointures ツサ des sciences. On relativisera quand on
saura que certains scientifiques, alertテゥs par leurs collティgues ou par des associations sceptiques, ont
demandテゥ le non-emploi de leur nom テ de telles fins prosテゥlytes. Nテゥanmoins, chaque annテゥe
apporte son lot de ツォ piテゥgテゥs ツサ : par exemple
Sciences Frontiティres
2006 avec le rationaliste Pascal Picq.
229
Il peut bien entendu テェtre discutテゥ du bien fondテゥ ou non de la prテゥsence d窶冰n chercheur テ une tribune. Le cas s窶册st
posテゥ pour nous d窶兮ller prテゥsenter des travaux テ la tテゥlテゥvision, par exemple, chose que nous avons dans un premier
temps refusテゥ, sachant le travail de sape des テゥmissions et l窶冰tilisation de la caricature comme fer de lance argumentaire.
Mais nous comprenons que d窶兮utres ne soient pas d窶兮ccord avec cela, et persistent テ croire qu窶冓l ne faut pas refuser le
dテゥbat. Trois biais mテゥritent pourtant d窶凖ェtres analysテゥs :
- comment peut-on garantir la non-coupe des propos ? (En France, c窶册st actuellement impossible, テ moins d窶凖ェtre
proche du rテゥalisateur)
- comment テゥviter la technique de la photo de classe ?
- comment テゥviter les piティges de la rhテゥtorique populiste dテゥmagogique ?
Pour un dテゥbut d窶兮nalyse des rhテゥtoriques テ l窶卩砥vre lors des dテゥbats tテゥlテゥvisテゥs, voir Doury (
ouv.citテゥ
), avec pourtant le
bテゥmol suivant : Doury analyse les テゥmissions tels des entitテゥs non montテゥes, alors que le travail de coupe est immense
Facette Z
Les faits, rien que les faits, quelle que soit la personne qui les rapporte.
217
4.3.2.12
La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des donnテゥes truquテゥes
C窶册st le champ de la fraude. L窶冰surpation porte gテゥnテゥralement sur des donnテゥes truquテゥes ou
inventテゥes : l'affaire Poisson (Lapointe 1994), l'affaire Bezwoda (Armand 2000 pp. 363
-
364),
l'affaire Darsee (L窶兮ffaire John Darsee, Project II 1983, pp. 74-75), et encore plus rテゥcemment
l窶兮ffaire Wodonnテゥes chiffrテゥes テ l窶兮ppui d窶冰ne hypothティse. En psychologie, les cas de Cyril Burt (Fletcher 1991)
et de Sigmund Freud (Benesteau 2002, Clテゥment
& al
. 2006), quoique plus vieux sont テゥgalement
exploitables テ des fins d窶册nseignement, mais la facilitテゥ d窶兮daptation テ l窶册xplication en cours revient
trティs certainement au moine Mendel et ses petits pois (voir
4.3.4,
Le faisceau de preuve
).
De nombreux complテゥments sont disponibles chez
Savage (1994) ainsi que chez Broad & Wade
(
ouv.citテゥ
).
4.3.2.13
La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias : ツォ vu テ la tテゥlテゥvision ツサ
Croire que c窶册st テ la prテゥsence dans les mテゥdias que l窶冩n mesure la valeur scientifique d窶冰n individu
est une confusion classique, proche de la pensテゥe magique confondant carte et terrain.
Il y a confusion entre reconnaissance sociale et reconnaissance scientifique, et il est utile de
rappeler que les meilleures ventes d窶冰n ouvrage ne signifient pas qu窶冓l est bon, mais qu窶冓l plait.
Figure 83 : Rencontre exclusive, certes, mais prテゥvisible, de ces deux ツォ crテゥatures tテゥlテゥvisテゥes ツサ. La scテゥnarisation en
appel テ la peur (SOS) tranche un peu avec leur bonhommie souriante autour du globe terrestre, mais l窶兮nnonce est
claire : ツサ leur appel pour sauver la Terre et les hommes ツサ. Les sauver de quoi ? la rテゥponse est implicite et crテゥe une
connivence avec le lecteur. Reste une question en suspens : et les femmes ?
Or, certains personnages plaisent. Nous l窶兮vons vu, coller テ la reprテゥsentation imaginaire sociale
du grand savant, hirsute et dテゥgarni, dテゥbonnaire et un peu fou, est une bonne option pour le
et parfois fort dテゥlテゥtティre. Les conclusions sont donc aiguisテゥes テ la meule du travail de montage. Merci テ H. Broch pour
avoir soulevテゥ ce problティme qui invalide en partie le travail de Doury.
230
Voir Bo-Mi,
University: Hwang Lied About Stem Cells Lim
, ABC News international, 30 avril 2006, ainsi que
Kennedy,
Editorial retraction
,
Science
. DOI:10.1126.
218
tテゥlテゥmarketing. Cela ne signifie pas que l窶冓ndividu en question soit mテゥdiocre, loin de lテ : il s窶兮git de
pointer le fait que sa lテゥgitimitテゥ est basテゥe sur une autoritテゥ scientifique surannテゥe ajoutテゥe テ une
pseudo-autoritテゥ liテゥe テ son omniprテゥsence mテゥdiatique, ce qui a pour corollaire non nテゥgligeable de
ne pas permettre l窶兮ccティs テ la tribune aux autres chercheurs du champ 窶 ce que nous pourrions
appelテゥ la force du
Numテゥro 1 oblige
(figure 83).
Plus grave est l窶冓mportation dans le dテゥbat テゥcologique d窶冰n personnage comme Nicolas Hulot, qui
n窶兮 d窶兮utre crテゥdit que d窶凖ェtre un personnage apprテゥciテゥ des franテァais et ツォ proche de la nature ツサ. Nous
tombons dans l窶兮rgument du ツォ vu テ la tテゥlテゥ ツサ (figures 84 & 86).
Figure 84 : quelques slogans, gages factices de qualitテゥ.
Collins & Pinch l窶凖ゥcrivaient bien avant nous :
ツォ Dans la course テ la reconnaissance scientifique, la prテゥsentation des dテゥcouvertes est tout
aussi importante que leur matiティre. La communautテゥ des savants a son cテゥrテゥmonial et ses
traditions hテゥraldiques particuliティres. Les symboles diffティrent peut テェtre 窶 la chevelure en
bataille d窶僞instein et l窶兮ccent de Brooklyn de Richard Feynman remplacent les lions
rampants et les licornes du Sinople ツサ (2001, p. 29).
Voici quelques exemples simples sur lesquels bテ「tir une sテゥquence pテゥdagogique.
窶「
Hubert Reeves
Encore une fois, aussi sympathique soit-il, H. Reeves n'est pas le ツォ grand savant ツサ que les gens de
mテゥdia voudraient voir en lui, bien qu窶冓l soit rテゥguliティrement dテゥsignテゥ comme ツォ un grand
astrophysicien ツサ (derniティre テゥmission de la
Nuit des テ液oiles
). Ses contributions scientifiques sont
vieilles et passablement dテゥpassテゥes, mais son style ツォ einsteinien ツサ dans l窶兮pparence a servi テ asseoir
sa prテゥsence incontournable dans les mテゥdias. Qu窶冓l soit un bon vulgarisateur est un fait, qu窶冓l soit
un VRP de la science plus qu窶冰n chercheur en est un autre. Cela lui vaut un certain nombre de
couvertures mテゥdiatiques dont voici quelques exemplaires (figure 85).
219
Figures 85 : La science et ses meilleurs VRP en France.
Figure 86 : Le docu-fiction
L窶冩dyssテゥ de l窶册spティce
et sa pastille ツォ vu sur France 3 ツサ
4.3.2.14
Effet star
Poussテゥ テ l窶册xtrテェme, cette erreur se rapproche de l窶册ffet Star
: il arrive frテゥquemment que non
seulement des scientifiques non spテゥcialistes du sujet, mais テゥgalement des individus non
scientifiques et non spテゥcialistes du sujet comme certains stars du Show-Biz ou du football, soient
interrogテゥes sur leurs choix et que ces choix soient accrテゥditテゥs simplement sur le fait que ce sont
220
des personnes publiques, cテゥlティbres, par consテゥquent point trop idiotes.
Forme dテゥgradテゥe de l窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ, tellement hors champ que cela en devient un
effet vitrine : l窶册ffet ツォ
star
ツサ.
Franテァois Grandemange le dテゥcrit ainsi dans ses ツォ
diffテゥrentes lois des
marchands d'attrape-nigauds
ツサ :
ツォ Faire venir une star ou une cテゥlテゥbritテゥ sur un plateau tテゥlテゥ pour une pub, lors d'un tテゥlテゥ-achat
ou sur un flyer est toujours trティs vendeur. L'erreur logique (quand il ne s'agit pas uniquement
d'une simple identification テ la star), et l'utilisation mercantile vient ici de ce qu'une
personne cテゥlティbre ou un spテゥcialiste dans un domaine donnテゥ, est parfois considテゥrテゥ aussi
comme spテゥcialiste dans d'autres domaines oテケ pourtant elle n'y connaテョt strictement rien.
Ainsi, prendre un joueur de football professionnel, excellant dans son domaine sportif,
pour vendre des produits contre la chute des cheveux ne rend pas ce sportif spテゥcialiste en
chimie/physique, en dermatologie ni en biologie pour autant (surtout s'il est chauve !).
Utiliser une actrice pour vendre une crティme minceur n'en fait pas une biologiste テゥmテゥrite.
Dire que telle cテゥlテゥbritテゥ a recours テ une ostテゥopathe ou un acupuncteur ne valide par pour
autant ces deux pseudo-mテゥdecines. ツサ
窶「
Le Prince Charles
ツォ The Prince of Wales--a longtime advocate of "alternative" medicine--caused quite a stir
with an anecdote he told in a speech to some 200 healthcare professionals. Prince Charles is
the president of the Foundation for Integrated Health, an outfit devoted to promoting the
use of therapies considered quackery by many skeptics.
"'I know of one patient who turned to Gerson Therapy
said the Prince,
"having been told
she was suffering from terminal cancer and would not survive another course of
chemotherapy. Happily, seven years later, she is alive and well. So it is vital that, rather than
dismissing such experiences, we should further investigate the beneficial nature of these
treatments." ツサ (Carroll 2004)
Peuvent テェtre abordテゥs George Harrison, David Lynch et la Mテゥditation Transcendantale
Cruise, Chick Korea et l窶凖ゥglise de scientologie, Madonna et la
cabbale
窶ヲ
4.3.2.15
L窶册ffet ツォ vitrine ツサ
L窶册ffet vitrine consiste テ croire que quelque chose est vrai parce que la source d'information fait
autoritテゥ, ou parce que le lieu oテケ on le trouve est reconnu comme sテゥrieux. Cela doit テェtre vrai parce
que je l'ai lu dans le journal, vu テ la tテゥlテゥvision, parce que la Presse Mテゥdicale l'a publiテゥ ou parce que
le produit est vendu en pharmacie. Il y en a plusieurs variantes.
4.3.2.16
L窶册ffet ツォ vitrine ツサ d窶冩fficine
Il s窶兮git de dテゥsigner lテ cette tendance テ confテゥrer du sテゥrieux テ une assertion (un produit) sous le
prテゥtexte fallacieux que le lieu d窶冩テケ est テゥmise l窶兮ssertion (le produit).
Cet aspect de l窶册ffet ツォ vitrine ツサ
s窶兮pplique tout particuliティrement aux pharmacies, et au classique ツォ vendu en pharmacie ツサ.
231
La thテゥrapie de Max Gerson, basテゥe sur la purge de toxines censテゥes causer le cancer et le diabティte par l窶冓ngestion
massive de fruits est interdite au EU. La patientティle se rend テ Tijuana, テ la
Baja Nutri Care Clinic
, pour la modique
somme de 15000 $ les trois semaines de cure.
232
Pour en savoir plus, Monvoisin,
Chroniques zテゥtテゥtico-musicales
, Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー23 mai
2007.
221
L窶冩fficine pharmaceutique テゥtant un puissant marqueur d窶兮utoritテゥ en テゥtant entre autres le lieu de
vente de mテゥdicaments prescrits par le mテゥdecin (l'autoritテゥ), tout produit souhaitant prendre une
portion du terrain thテゥrapeutique devra s窶凉 ancrer pour avoir un semblant de crテゥdibilitテゥ. En France
tout du moins, cet effet ツォ vitrine de pharmacie ツサ fonctionne d窶兮utant mieux que le consommateur
faisant difficilement la part entre le mテゥtier de pharmacien, de prテゥparateur en pharmacie, et celui
de commerテァant. Or le "commerテァant pharmacien", lui, peut vendre ce que bon lui semble dティs lors
que sa marge commerciale n'ait pas trop テ en souffrir, ou parce que les produits qu'il vend, sans
ordonnance mais contaminテゥs par le sテゥrieux du lieu, restent en conformitテゥ avec sa profession de
foi.
L窶冰n des rares autres lieux oテケ un dテゥbut l窶册ffet ツォ vitrine ツサ se fait sentir est le magasin bio. La
nテゥgation du rテエle d窶册xpert en mテゥdecine, associテゥ テ celui des experts scientifiques tant sur les risques
sanitaires qu窶凖ゥcologiques, fait des magasins bio en France des succursales quasiment acquises
d窶册mblテゥe テ toute forme de mテゥdecine dite alternatives 窶 et
de facto
d窶册xcellentes portes d窶册ntrテゥes
pour toutes les dテゥrives de type sectaire.
Citons quelques exemples :
窶「
Isis 窶 Urania perle de thym
(figure 87)
Figure 87 : ツォ テ base d'huiles essentielles de thym, aneth citron.
Le thym est harmonisant douceur. Ce lait irrigue les tissus adjacents, accテゥlティre le processus naturel de cicatrisation
Favorise la circulation sanguine, saveur naturelle 窶 trティs harmonisant. Harmonise les vibrations physique et
psychiques par son action psychosensorielle profonde. Offre promotionnelle distributeurs ツサ
(minimum 10 piティces a
la commande 窶 vendu en pharmacie 29.90 CHF)
4.3.2.17
Principe de la preuve sociale,
effet Panurge
ou
argumentum ad populum
Le
principe de la preuve sociale
dテゥsigne cette tendance テ croire que si la plupart des gens croient en
quelque chose ou agissent d窶冰ne certaine maniティre, mieux vaut se conformer テ cela en vertu de
l窶冓dテゥe
qu窶兮utant de gens ne peuvent tous se tromper
(Lee-Haley 1997)
.
Ce n窶册st plus la cテゥlテゥbritテゥ ou
l窶兮utoritテゥ qui fait poids, mais la masse, et une chose devient acceptable parce qu'elle est supposテゥe
vraie/crue par un certain nombre de gens. Plus formellement, le fait qu窶冰ne masse de gens
nourrissent un sentiment favorable テ l窶凖ゥgard d窶冰ne proposition ou d窶冰ne action se substitue テ la
preuve テゥtayant cette proposition.
Dans le cadre de notre didactique zテゥtテゥtique, nous employons le terme d窶册ffet
Panurge
, en souvenir
du personnage de Franテァois Rabelais, compagnon de Pantagruel pendant leur voyage au ツォ Pays des
222
Lanternes ツサ
(Quart Livre, ch. VIII) :
ツォ Malfaisant, pipeur, buveur, Panurge sait et entend tout faire, notamment des farces ; par
exemple il fait plonger les moutons de Dindonneau dans la mer en y jetant le premier, que
les autres suivent bテェtement. ツサ
Effet Panurge
1. Un grand nombre de gens pensent que X=b
2. Donc X=b
Figure 88 : ツォ
c'est idiot mais puisque tout le monde le fait
... ツサ
(L窶兮ssiette au beurre 316, 20 avr 1907)
Cialdini (2004) montre l窶兮mbivalence de cet effet que les anglo-saxons
bandwagon
, en utilisant une
mテゥtaphore de chemin vicinal :
ツォ
Habituellement, quand un grand nombre de gens fait quelque chose, c窶册st que c窶册st la
meilleure chose テ faire. Cette vテゥrification par les faits est テ la fois la force et la faiblesse du
principe de la preuve sociale. (...) La preuve sociale reprテゥsente un raccourci commode,
mais elle rend en mテェme temps celui qui l窶册mprunte vulnテゥrable aux assauts des profiteurs
embusquテゥs sur le chemin. ツサ (pp. 127-180)
Ce sophisme est trティs commun et extrテェmement puissant. Puisqu窶冰ne majoritテゥ de gens sont enclins
テ se conformer avec les vues de la majoritテゥ, convaincre une personne en lui disant que la majoritテゥ
approuve l窶兮ssertion en question est un excellent moyen de le lui faire accepter, soit par
mimテゥtisme, soit par peur de l窶冩stracisme.
Dans la ligne directe des rires prテゥenregistrテゥs qui accompagnent les sテゥries tテゥlテゥvisテゥes afin de
provoquer l'hilaritテゥ des tテゥlテゥspectateurs au moment voulu, le comportement individuel a une forte
propension テ se calquer sur celui de la sociテゥtテゥ. Et de la mテェme faテァon que l'introduction des rires
prテゥenregistrテゥs dans un programme qui plus est mテゥdiocre n'est pas laissテゥe au hasard et s'appuie sur
une connaissance scientifique de leur influence sur la rテゥception du public (Nosanchuk &
Lightstone 1974, pp. 153-156), les stimulations marketing sont elles aussi テゥtudiテゥes de prティs et
jouent sur l窶凖ゥtude des mouvements de troupeau : arguments de grande vente, 100 000
exemplaires vendus, hits des meilleurs ventes de disques, etc. sont passテゥs au peigne fin par des
professionnels de l窶冰n des rares dテゥbouchテゥs des テゥtudes franテァaises de sociologie. On a pu montrer
trティs rテゥcemment, comme Salganik et ses collティgues, que les gens achティtent la musique qu窶冓ls
savent ou
croient savoir que les autres apprテゥcient
(Salganik
& al.
Ainsi, cette tendance テ
233
Salganik
& al.
ont montrテゥ l窶册ffet Panurge par un site internet proposant des musiques テ 14 000 adolescents テゥtats-
uniens.
223
l'uniformisation musicale s'opティre principalement grテ「ce aux (ou テ cause de) radios/tテゥlテゥvision qui, les unes aprティs les
autres, reprennent souvent les mテェmes morceaux favorisant, par effet de mimテゥtisme, leurs ventes au dテゥtriment
d'autres morceaux ignorテゥs
. ツサ, ajoute Grandemange, auteur du site
Charlatans
De lテ テ la fabrication du consentement politique, il n窶凉 a qu窶冰n pas, qui a テゥtテゥ formalisテゥ depuis
sous le nom de
Bandwagon effect
窶 en souvenir du clown Dan Rice qui contribua テ la propagande
politique de Zachary Taylor en faisant processionner sa carriole chargテゥe de monde. La technique
fut reprise bien des fois, avec le slogan ツォ jump on the bandwagon ツサ.
Les テゥtudes les plus rテゥcentes montrent ce comportement de troupeau (herd behaviour) lors des
choix politiques, notamment Nadeau
& al.
sur l窶兮vortement et sur la constitution quテゥbecoise
(Nadeau
& al.
1993), Goidel
& al.
(1994), Mehrabian sur l窶冓nfluence des sondages sur les votants
(Mehrabian 1998) 窶 amenant mテェme Morwitz
& al
. テ se demander si les sondages reflティtent
l窶冩pinion ou si l窶冩pinion reflティte les sondages (Morwitz 1996).
Illustrer l窶册ffet Panurge au moyen de supports tirテゥs des mテゥdias est chose aisテゥe.
-
les classements de meilleurs ventes de livres/disques/logiciels, avec parfois la mention
ツォ
x clients satisfaits
ツサ 窶 occasion de montrer un effet cigogne retors que celui consistant テ
faire croire qu窶冰n produit achetテゥ non rapportテゥ a satisfait son acheteur ;
-
les classements des meilleures frテゥquentations ;
-
les labels sur certains produits ;
-
les ツォ avis de consommateurs ツサ et les slogans type ツォ
テゥlu produit/voiture/saveur de l'annテゥe
ツサ ;
C窶册st テゥgalement l窶冩ccasion de glisser quelques exemples tirテゥs du vテゥcu, que les テゥtudiants ont
certainement dテゥjテ rencontrテゥ. En voici trois que nous utilisons en cours.
-
L窶册xemple des boテョtes de nuit laissant s窶册ntasser devant la porte les clients mテェme lorsque
la boテョte est vide juste pour crテゥer l窶冓llusion d窶冰ne demande accrue mise sur l窶册ffet
Panurge (Cialdini
ouv.citテゥ
, p. 131).
-
L窶册xemple du dilemme des restaurants, ou テ deux restaurants テゥquivalents dont l窶冰n
contient dテゥjテ un client, l窶兮utre non, le passant sera attirテゥ par le premier (
Ibid.
).
-
L窶册xemple plus dramatique : lors d窶冰n テゥvenement grave, les individus vont d窶兮bord
chercher des signes, des indications dans l'attitude de leurs semblables afin de choisir
l'action appropriテゥe 窶 ce qui expliquerait cette fameuse ツォ dilution de responsabilitテゥ ツサ
appelテゥe ツォ effet spectateur ツサ ou ツォ bystander apathy ツサ lors des agressions devant tテゥmoins :
l窶冓mpassibilitテゥ se transmettant et se rationalisant peut amener un individu テ ne plus
rテゥagir テ un danger lテ oテケ seul il aurait rテゥagi (Latane & Darley 1968 1969).
Cet effet se situe テ la convergence de plusieurs autres outils zテゥtテゥtiques, notamment :
- le scテゥnario
appel テ l窶凖ゥmotion
, et la peur de cet ostracisme qu窶册ncourt qui ne se plie pas テ la ツォ peer
pressure ツサ (voir 4.4
Ips de type III
) ;
234
http://charlatans.info/preuve-sociale.shtml
. Pour une illustration musicale de ce matraquage musical, nous ne
rテゥsistons pas テ indiquer le clip du groupe nテゥo-mテゥtal Korn,
Ya窶冤l want a single,
dテゥnonテァant de maniティre virulente cette
industrie de l窶冰niformisation du goテサt musical : accessible ici
http://miniurl.org/0pO
.
224
- le
faisceau de preuve
, par le fait qu窶冓l se base sur la rテゥunion de nombreuses ツォ mauvaises preuves ツサ :
Labossiティre le dテゥcrit ainsi dans son
Fallacy Tutorial
:
ツォ The fact that most people have favorable emotions associated with the claim is
substituted in place of actual evidence for the claim. A person falls prey to this fallacy if he
accepts a claim as being true simply because most other people approve of the claim ツサ.
- le dテゥtournement d窶兮ttention, ou la technique dilatoire du
hareng fテサmテゥ
, consistant テ amener
l窶冓nterlocuteur テ traiter d窶冰n autre sujet que celui dont il est question (Baillargeon,
ouv.citテゥ
, pp. 64-
65).
Nous allons voir que parmi les nombreuses formes que peut prendre l窶册ffet
Panurge
, nous n窶册n
garderons que cinq :
窶「
L窶兮rgument de majoritテゥ,
argumentum ad numerum
窶「
L窶兮rgument du
gratin
,
argumentum ad gratinum
窶「
L窶兮rgument du bon sens du peuple, ou argument gluant
窶「
L窶兮ppel au tテゥmoignage
窶「
L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise
4.3.2.18
L窶兮rgument de majoritテゥ,
argumentum ad numerum
Une premiティre variante de l窶册ffet Panurge est le sophisme de
l窶
argument de majoritテゥ
ou
Argumentum ad
numerum
. La proposition est prテゥtendue vraie parce qu'elle est supposテゥe vraie/crue par une grande
proportion de gens, selon le principe implicite que beaucoup de gens ne peuvent avoir
complティtement tort (figure 89).
Figure 89
: ツォ 窶ヲopinions contraires テ celles de la majoritテゥ, individu dangereux窶ヲ ツサ (
L窶兮ssiette au
beurre, ouv.citテゥ)
Sophisme de l窶兮rgument de majoritテゥ :
1. Une majoritテゥ de gens pensent que X=b, contre une minoritテゥ qui pensent autre chose
2. Donc X=b
225
Ce sophisme est ambigu, et permet un effet bi-standard : si la thティse est majoritaire, on demande
sa reconnaissance au nom de la libertテゥ et de la reprテゥsentativitテゥ. Si la thティse est minoritaire 窶 mais
consテゥquente tout de mテェme 窶, on rテゥclamera テゥgalement une reconnaissance, pour les mテェmes
raisons. Il y a migration de la migration scientifique vers une sorte de dテゥmocratie reprテゥsentative :
on entre dans alors dans une rhテゥtorique pseudo-politique,
laissant penser qu窶冰ne opinion ou une
thテゥorie a une certaine validitテゥ parce qu窶册lle recueil un certain suffrage, et que donner pignon sur
rue テ cette opinion ou thテゥorie respecte la libertテゥ d窶册xpression (voir Annexe
窶 Fiche pテゥdagogique Nツー5
Les psychomテゥdecines, encart E
).
Cette variante est d窶兮utant plus retorse que les mテゥdias de vulgarisation scientifique prテゥsentent
couramment les controverses scientifiques comme des dテゥbats ou des scrutins, テ savoir qui
remportera l窶兮dhテゥsion. De ce fait, ce sont les thティses les plus ツォ populistes ツサ (au sens de collant le
mieux テ la reprテゥsentation sociale des gens), et
cela entretient une vision politisテゥe de la discipline,
dテゥpendant du suffrage, ce qui sape les fondements de la dテゥmarche scientifique, qui se borne テ
dテゥcrire les faits tels qu窶冓ls sont 窶 et non tels qu窶冓l nous plairait qu窶冓ls soient.
En voici quelques exemples.
窶「
Le crテゥationnisme
La presse crテゥationniste est friande de cet argument, tout comme les mouvements テ forte
consonance sectaire comme Raテォl qui misent sur une version amテゥricaine de la laテッcitテゥ pour
revendiquer droit au chapitre
au mテェme titre que les autres minoritテゥs spirituelles
.
窶「
Le Falun gong
Ce mouvement revendique en Chine demande droit au chapitre. Mais la rテゥpression sur les
pratiquants a renforcテゥ le sentiment de sympathie que les franテァais テゥprouvent vis-テ-vis des victimes,
et par consテゥquent, de leur pratique 窶 d窶冰ne maniティre trティs similaire テ celle du bouddhisme tibテゥtain
窶賭ui doit beaucoup テ la politique extテゥrieure de la Chine.
Dans le mテェme genre d窶兮ppel テ la pitiテゥ, le journaliste Liu Xiaoren mテェle Falun Gong et Feng shui et
テゥcrit par exemple que
ツォ Depuis la fondation de la Chine nouvelle en 1949, le
Fengshui
a toujours テゥtテゥ condamnテゥ, et
ses adeptes ont subi le mテェme sort, allant jusqu窶凖 テェtre supprimテゥs. ツサ (Yangtse Evening Post,
dテゥc. 2005).
窶「
Barrette versus Raテォl
Nous utilisons des ressources vidテゥo pour montrer cela, notamment des formes de dテゥbat du type
de celui dont nous avons dテゥjテ parlテゥ opposant C. Barrette, collティgue sceptique canadien テ
Raテォl : ces
formes tendent テ lテゥgitimer la thティse raテォlienne en lui offrant une tribune et un pavois テゥquivalent テ
celui du scientifique, et ce quelle que soit l窶冓ssue du dテゥbat.
Dans le genre, une ressource presque inテゥpuisable fut l窶凖ゥmission
l窶僊rティne de France
de S. Berne,
proposant des thティmes dテゥbattus par deux parties ツォ pour/contre ツサ caricaturales et permettant a
public de voter ensuite qui a remportテゥ son adhテゥsion. L窶冰ne de ces テゥmissions portant sur les
phテゥnomティnes ツォ paranormaux ツサ a テゥtテゥ l窶冩bjet d窶冰n travail テゥtudiant dans notre cours ツォ Zテゥtテゥtique &
226
approche scientifique du
paranormal
ツサ
Nous renvoyons テゥgalement au scテゥnario ツォ combat ツサ, (voir 4.4
Ips de type III
) qui dテゥcrit de type de
dテゥbat immobile et sclテゥrosant. Voici une remarque que nous adressions lors du rendu de justice de
Jones sur l窶僮D en dテゥcembre 2005 テ propos duquel
Le Monde
avait titrテゥ sous la plume d'Alain
Sallティs : ツォ
Darwin bat les nテゥocrテゥationnistes au tribunal
ツサ (Le Monde, 22 dテゥcembre 2005 p. 7).
ツォ On nous dit que le lecteur moyen, considテゥrテゥ par les journalistes comme un crテゥtin, n'est
pas intテゥressテゥ si les controverses scientifiques n'opposent pas des adversaires identifiables,
faciles テ cerner, si possible avec des gentils, des mテゥchants et beaucoup d'images. Alors la
scテゥnarisation du combat ou du match (Darwin 1 : Dieu 0 par exemple) qu'on retrouve aussi
lors des scrutins politiques, se rテゥvティle pratique pour crテゥer une soif partisane. Le problティme,
c'est que la
victoire
d'une thテゥorie ne se fait pas au prorata du nombre de coups portテゥs, ou du
nombre d'adhテゥrents de chaque camp. Et quand bien mテェme combat il y aurait, encore
faudrait-il deux adversaires de mテェme catテゥgorie. (窶ヲ) Si l'テゥvolution est une thテゥorie, l'ID (tout
comme le crテゥationnisme) est un scテゥnario. Pas la mテェme cour, donc. L'un passe son temps テ
collecter des faits et des preuves, tandis que l'autre pテゥrore du haut de son perchoir, assis
entre le conte et le fabliau. Les opposer, c'est saper les fondements de l'un et lテゥgitimer
l'autre. [Et quand bien mテェme les deux parties eurent テゥtテゥ de la mテェme catテゥgorie] il en va de la
biensテゥance de dテゥcrire correctement chaque adversaire. Le journal Le Monde oppose les
nテゥocrテゥationnistes, assez nombreux aux テ液ats-Unis et lourdement financテゥs, テ... Darwin,
vraisemblablement un reste de squelette テ l'heure qu'il est (et peu financテゥ). D'abord, il ne
s'agit pas du procティs des nテゥocrテゥationnistes, ou du nテゥocrテゥationnisme mais de l'ID, contre non
pas Darwin, ni le darwinisme ni mテェme la thテゥorie de l'テゥvolution... simplement de l'ID
comme alternative テ l'テゥvolution en classe de science. [Il s窶兮git pour l窶冩ccasion d窶冰n]
Quadruple effet paillasson dans un seul titre (窶ヲ). ツサ
Pour illustrer le caractティre non-dテゥmocratique de la validitテゥ d窶冰ne thテゥorie, nous utilisons en cours la
facette suivante.
Facette Z :
La vテゥracitテゥ d窶冰ne proposition ne dテゥpend pas du nombre de gens qui la
soutient
David Mesher cloue le problティme :
ツォ
Your mother has probably said it to you more times than you can remember: "If
everyone else jumped off a bridge, would you jump off the bridge, too?" Well, mothers
can be great critical thinkers, and this is one of the best replies to a fallacious appeal to
common practice, in which an action is justified because "everyone is doing it.窶敖サ (Mesher
1999).
4.3.2.19
Argument du gratin, argumentum ad gratinum
235
Bellet
& al.
, Critique de l窶凖ゥmission ツォ L窶僊rティne de France : faut-il croire aux phテゥnomティnes inexpliquテゥs ? ツサ,
http://esprit.critique.free.fr/
La question a テゥtテゥ d窶兮illeurs posテゥe par les テゥtudiants et par nous-mテェme : pourquoi Broch
continue-t-il テ se rendre dans ce genre d窶凖ゥmission ?
236
Monvoisin,
ID : Mテゥfiance quand la science devient un combat
, Observatoire Zテゥtテゥtique, Newsletter Nツー12, 2 janvier 2006.
227
Argument du gratin
1. La catテゥgorie de gens テ laquelle je m窶冓dentifie ou que je prends pour modティle pensent que
X=b
2. Donc X=b
Si le gratin en question est la sphティre des hautes autoritテゥs en science, nous retrouvons l窶册ffet
Panurge doublテゥ de l窶僊A classique.
Quelques exemples :
窶「
L窶儷IP
Nous l窶兮vons vu, une bonne part des argumentaires de l窶儷IP fonctionnent sur ce mode, arguant
du fait que l窶僮ntelligent Design mテゥritent audience car des Nobel comme De Duve s窶凉 intテゥressent
窶「
Rテゥmy Chauvin
Chantre de la parapsychologie, Chauvin dテゥclare テ propos de l窶冑ypothティse
psi
:
ツォ Des hommes de sciences ne peuvent pas tous se tromper pendant des dテゥcennies ツサ
(1997a, p. 37)
窶「
Adriana Karembeu
Un exemple mテゥdiatique trティs significatif, 窶 quoiqu窶冰n peu dテゥcalテゥ 窶, nous sert d窶冩util
pテゥdagogique efficace : celui d窶僊driana Karembeu et de sa campagne Croix Rouge
. La publicitテゥ
utilisテゥe montre le mimテゥtisme flattテゥ entre le mannequin et les nombreux anonymes qui se prテェtent
テ l窶兮ction, coiffテゥs d窶冰ne chevelure blonde. Intテゥressant テ plus d窶冰n titre, puisqu窶冩n retrouve
l窶
argument de pseudo-autoritテゥ
doublテゥ de l窶
effet Star
et l窶册ffet Panurge version
gratin
. La question qui est
alors posテゥe de faテァon ouverte aux テゥtudiants est : ツォ si une thテゥorie pseudoscientifique ou une
thテゥrapie dite alternative テゥtait vantテゥe de cette faテァon, cela influerait-il sur votre choix ? ツサ.
4.3.2.20
L窶兮rgument du bon sens du peuple ou argument gluant
Ici, la proposition est prテゥtendue vraie parce qu'elle est supposテゥe pleine de bon sens, la preuve en
テゥtant l窶兮dhテゥsion d窶冰n certain nombre de braves gens qui, semble-t-il par essence, ツォ ne peuvent pas
se tromper ツサ.
Sophisme de l窶兮rgument du bon sens du peuple :
1. X=b est plein de bon sens
2. Donc X=b
ou
1. Je suis テゥtonnテゥ que quelqu窶冰n comme vous puisse douter que X=b
2. donc X=b
Mettons-nous bien en garde : cette variante n窶册st gテゥnテゥralement pas directe mais cachテゥe dans la
rhテゥtorique : ツォ
il va de soi que..
ツサ, ツォ vous savez bien que窶ヲ ツサ, ツォ
quelqu窶冰n comme vous ne peut tout de mテェme
pas penser que..
ツサ, ツォ
tout le monde sait..
ツサ sont des stratテゥgies englobantes テ bien peu de frais, dont il est
tellement difficile de se dテゥfaire que nous les appellons en classe les rhテゥtoriques
gluantes
.
237
Dont le spot publicitaire est ici :
http://minilien.com/?jxD6mlMpLH
228
Une stratテゥgie plus fourbe consiste テ dire : ツォ
Une personne comme vous ne peut pas adhテゥrer テ...
ツサ
Les exemples pleuvent chaque jour dans les mテゥdias.
窶「
Salva et l窶冑omテゥopathie
JT de 20h sur France 2 25 aoテサt 2005. Rテゥaction de J-J. Salva, prテゥsident de la Fテゥdテゥration des
mテゥdecins homテゥopathes テ l窶兮nnoncede la mテゥta-analyse nテゥgative du
Lancet
sur l窶冑omテゥopathie :
ツォ テa fait 30 ans (窶ヲ), 12 000 patients, un nombre incalculable de consultations. (窶ヲ) テァa
veut dire qu窶冓l y a au moins 12 000 personnes qui sont complティtement stupides ツサ
窶「
Lettre ouverte de Raymond Solano, ostテゥopathe crテ「nien
ツォ Mais pensez-vous que cet art [l窶冩stテゥopahtie] qui soulage l窶冑umanitテゥ de certains maux
rテゥversibles pourrait perdurer autant de temps s窶冓l n窶凖ゥtait universellement reconnu et
apprテゥciテゥ ? On peut tromper une personne, on ne trompe pas constamment 20 millions de
Franテァais et plusieurs millions de patients en Europe et dans le monde qui font confiance テ
notre mテゥdecine manuelle, mテェme si le MRP [
NdR : mテゥcanisme respiratoire primaire, mouvement
dテゥcrit comme expansion/rテゥtroaction au niveau crテ「nien d窶冰ne dizaine de cycles par minute
objectivement et scientifiquement prouvテゥ ! Ou alors, en dehors des scientifiques, tous nos
patients sont stupides au point de se laisser leurrer par nos pratiques ! Non, cette thテゥorie ne
tient pas la rhテゥtorique ! Dans l窶冑istoire de chacun de nos pays et de nos continents
beaucoup trop d窶兮vant-gardistes, ont テゥtテゥ brテサlテゥs, torturテゥs, condamnテゥs, emprisonnテゥs pour
テェtre des prテゥcurseurs d窶冓dテゥes nouvelles ou inventeurs de gテゥnie. Quel gテ「chis ! ツサ (Solano 2007)
On peut y greffer un argument de type ツォ traditionaliste ツサ (voir 4.3.3
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ
) :
argument classique des utilisateurs de mテゥdecine chinoise :
ツォ Si des milliers de chinois durant des millテゥnaires se sont soignテゥs comme テァa, c窶册st bien parce
qu窶冓l y a une raison ツサ.
Nous avons bテ「ti avec nos テゥtudiants ce petit exercice simple.
Si des milliers de chinois durant des millテゥnaires se sont soignテゥs comme テァa, c窶册st bien
parce qu窶冓l y a une raison.
1) Des gens peuvent se tromper.
Ne serait-ce que parce que nos sens ou nos raisonnement causaux peuvent se tromper.
Facette Z : nos sens peuvent nous tromper.
Facette Z : la bonne foi n窶册st pas un argument.
2) Des chinois (qui sont des gens) peuvent se tromper.
Simple dテゥduction de 1) - dテゥconstruire l窶兮rgument ツォ exotique ツサ.
3) Des milliers de gens peuvent se tromper.
238
Aucune preuve ne vient テゥtayer le MRP, pourtant susceptible d窶凖ェtre expテゥrimentテゥ. Certains ostテゥopathes eux-mテェmes
contestent ce qui ressemble fort テ un culte du fondateur Sutherland, lire par exemple Herniou,
Le Mテゥcanisme
Respiratoire Primaire n'existe pas
(1998). Sur une critique plus gテゥnテゥrale de l窶冩stテゥopathie, de reporter テ l窶冰n des rares
travaux critiques sur la question : Brissonnet,
L'ostテゥopathie,, mテゥdecine holistique ou outil thテゥrapeutique
, 2000.
229
Effet Panurge 窶 si besoin, utiliser les exemples d窶冑allucinations collectives comme la danse du soleil lors
des ツォ miracles ツサ de Fatima de 1917, rapportテゥs par des milliers de gens.
4) Des milliers de chinois peuvent se tromper.
Dテゥduction de 2) et 3).
5) Des milliers de gens peuvent se tromper longtemps.
テ plus forte raison si le ツォ longtemps ツサ est tellement long que les gens ne sont pas les mテェmes au fil des
gテゥnテゥrations. Exemples des humeurs d窶僣ippocrate, des
Pneuma
de Galien, et de certaines conceptions
d窶僊ristote qui sont parmi les erreurs les plus durables dans l窶僣istoire.
6) Des gens peuvent se soigner avec des pseudomテゥdecines et en テェtre contents.
Post hoc ergo propter hoc 窶 sophisme du pragmatisme.
7) Des gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines et en テェtre contents.
Le succティs des saignテゥes, des clystティres et des sangsues en tテゥmoigne.
8) Des milliers de gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines et en テェtre
contents
9) テ moins d窶冓nfテゥrer une sagesse intrinsティque aux chinois (que leur politique extテゥrieure semble
dテゥmentir), des milliers de chinois gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines
et en テェtre contents
Baillargeon donne cet exemple similaire, qui s窶兮pparente テ un sophisme du pragmatisme :
ツォ L窶兮strologie est pratiquテゥe depuis toujours, dans toutes les sociテゥtテゥs et des gens de toutes les
classes sociales y ont recours ツサ (Baillargeon,
ouv.citテゥ
, p. 73).
L窶兮ppel au bon sens est parfois inversテゥ, sous forme de conseil.
Yu Xixian par exemple dテゥclare fin 2005 :
ツォ Certes, dans le
Fengshui
, il y a aussi des choses qui ne correspondent ni テ la loi du ciel ni テ
la nature humaine. C窶册st テ nous de sテゥparer le bon grain de l窶冓vraie. ツサ
Le problティme rテゥside dans ce que Xixian mise sur un ツォ bon sens ツサ dont on ne connaテョt pas la teneur,
rテゥparti テゥquitablement entre tous. C窶册st une forme pernicieuse trティs utilisテゥe pour clore le dテゥbat avec
un semblant de prテゥvention, et beaucoup d窶兮utoritテゥ, comme lorsque quelqu窶冰n vous laisse テ
l窶册ntrテゥe d窶冰ne immense jungle et vous disant : ツォ
et mテゥfiez vous des bテェtes malfaisantes
! ツサ. Il s窶兮git plus
d窶冰n soulagement de conscience qu窶冰n vrai souci de l窶冓ndividu.
4.3.2.21
L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise
C窶册st une variante de l窶
ad populum
puisqu窶冓l y a appel au nombre de ツォ
tous-les-autres-pays-qui-le-font-
sauf-nous
ツサ. Cette variante est dilatoire et sert テ transformer le dテゥbat sur la scientificitテゥ d窶冰ne
discipline en un argumentaire lテゥgaliste, montrant que ce n窶册st qu窶冰ne question d窶冓nstance officielle
et de frontiティres si la discipline n窶册st pas reconnue. テ ce titre, nous aurions pu la placer dans les
techniques de dテゥviation du sujet.
Nous l窶冓llustrons en cours avec une petite image du village d窶僊stテゥrix.
239
De mauvaises langues font circuler un aphorisme expテゥditif :
Des milliards de mouches ne peuvent pas se tromper, mangez
de la m窶ヲ !
230
Argument de l窶册xception franテァaise
1. Partout, on reconnait que X=b, sauf en France
2. Donc X=b
(modulable : remplacer France par n窶冓mporte quel pays)
L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise est un levier, souvent employテゥ de faテァon nテゥgative, pour
brocarder un manque d窶冩uverture sur les idテゥes novatrices. Souvent corrテゥlテゥ テ une dテゥnonciation
trティs subjective de la mainmise du cartテゥsianisme et du rationalisme en France, il est invoquテゥ en
particulier par les tenants de la parapsychologie et certaines pseudomテゥdecines, souhaitant de ce
fait crテゥer un contraste factice entre une France rテゥtrograde et ツォ la majoritテゥ des autres pays du
monde ツサ, prテゥtendument dotテゥs de laboratoires de parapsychologie, de chaires consacrテゥes テ des
disciplines reniテゥes en France, voire consacrant d窶冓mportants moyens テ des domaines que ツォ l窶册sprit
franテァais obtus ツサ considティre comme pseudoscientifique. Cela permet de renvoyer テ une notion de
ツォ science nationale ツサ ou de ツォ science officielle ツサ pourtant dテゥsuティte depuis le lyssenkisme, et fermテゥe
テ toute innovation, ou encore de stigmatiser le cartテゥsianisme mortifティre de notre pays 窶 ce qui ne
manque pas de piment lorsqu窶冩n テゥtudie de prティs les erreurs commises par Descartes par simple
refus d窶冓nvestigation.
Une variante trティs semblable est celle de la dテゥnonciation faite des scientifiques ツォ officiels ツサ franテァais
qui refusent de se pencher sur des questions qui, toujours, pourraient faire ツォ vaciller leurs
fondements ツサ.
C窶册st un argument autoritaire du fait que c窶册st en vertu du nombre de pays reconnaissant un
domaine, la France, l窶凖液at franテァais, l窶儷niversitテゥ devrait ツォ se rendre compte qu窶冓l s窶兮git d窶冰n champ
de recherche d窶冰ne grande richesse ツサ. L窶册ffet Panurge ツォ international ツサ n窶册st pas loin : si tous les
pays le font (comme reconnaテョtre une thテゥrapie), la France se doit de le faire aussi.
C窶册st un argument de
victimisation
, au sens oテケ le dテゥfenseur de la thテゥorie 窶 et par lui la France 窶
et pa serait victime d窶冰n ツォ obscurantisme dテゥcadent ツサ, d窶冰ne cabale de dテゥsinformation. Cela permet
テ peu de frais de faire passer pour sympathique parce que victime une thティse non scientifique (voir
syndrome galilテゥen, 2.2.3
Contraintes externes
).
C窶册st enfin un argument souvent
lテゥgaliste
: est frテゥquemment invoquテゥe la reconnaissance lテゥgale
d窶冰ne discipline dans d窶兮utres pays comme gage du sテゥrieux de celle-ci.
Les experts de cet argument en France sont sans conteste le biologiste parapsyphile R. Chauvin et
l窶凖ゥpistテゥmologue mテゥtapsychique B. Mテゥheust.
Chauvin dans le
Figaro Magazine
spテゥcial Voyance, le 12 mars 2006 :
ツォ Je ne connais aucun autre pays au monde oテケ ceux qui se prテゥtendent ツォ rationalistes ツサ
s'opposent avec autant de hargne テ ce que les scientifiques テゥtudient ce qu'ils ne
comprennent pas (窶ヲ) Et c'est aussi テ ces inquisiteurs des temps modernes que la France
doit d'テェtre le seul pays industrialisテゥ テ n'abriter aucun laboratoire universitaire ni aucune
chaire consacrテゥs テ l'テゥtude des capacitテゥs extrasensorielles [...] ツサ
En plus d窶凖ェtre un exemple pour l窶兮rgument de l窶册xception franテァaise, cette derniティre phrase de
Chauvin est une erreur. D窶兮prティs le site de l窶僮MI, les laboratoires et chaires en parapsychologie
sont au nombre de six en Europe : deux aux Pays-Bas, un en テ営osse, deux en Angleterre et un en
231
Allemagne... ce qui reprテゥsente trois pays (sauf テ considテゥrer que l'テ営osse est un pays)
Mテゥheust de l窶僮MI, テゥcrit par exemple en avertissement aux lecteurs de son livre :
ツォ En France, en ce dテゥbut du XXIツー siティcle, ce n窶册st pas seulement la rテゥalitテゥ des phテゥnomティnes
dits paranormaux qui est niテゥe, c窶册st la possibilitテゥ de dテゥbattre テ leur propos qui est refusテゥe,
c窶册st la lテゥgitimitテゥ mテェme de ce dテゥbat qui est rテゥcusテゥe. Pour justifier cette fermeture, qui
s窶兮ccorde assez mal, テ premiティre vue, avec les principes dont se rテゥclame la dテゥmocratie, on
invoque une situation d窶册xception, on met en avant les dangers que la mテゥtapsychique
ferait planer sur notre sociテゥtテゥ ツサ (Mテゥheust 2004).
Un tour de passe passe qui permet de transformer la scientificitテゥ en affaire de dテゥni de la
dテゥmocratie. Cet argument est purement rhテゥtorique et n窶兮 pratiquement aucune portテゥe. Cinq
points peuvent テェtre dテゥveloppテゥs.
C窶册st une dテゥsinence de l窶兮rgument de la majoritテゥ. La reconnaissance dans de nombreux pays
n窶兮ugure en rien de la validitテゥ d窶冰n champ de recherche. C窶册st lorsque le monde scientifique ne s窶凉
plonge pas de faテァon homogティne qu窶冓l est des craintes テ nourrir.
L窶冑istoire de la phrテゥnologie peut テェtre adテゥquatement utilisテゥe テ titre pテゥdagogique : initiテゥe par Franz
Joseph Gall, cette pseudothテゥorie consistait テ postuler de faテァon assez novatrice des
organes
du
cerveau, c'est-テ-dire des siティges de spテゥcialisation des fonctions mentales les plus dテゥveloppテゥs. Gall
prテゥtendit alors, dans ce qu窶冓l appela d窶兮bord
organologie
que ces organes
augmentent de volume
quand ils se dテゥveloppent et font pression sur la boテョte crテ「nienne, crテゥant ainsi proテゥminences et
affaissements au prorata du dテゥveloppement des facultテゥs qui formeraient une vテゥritable signature
en relief. Crテゥant une collection de crテ「nes de gテゥnies et de malades mentaux ou de criminels, il
pensa discerner 27 facultテゥs allant de l窶兮mour pour les enfants au penchant au meurtre. Son
disciple Gaspard Spurzheim rompit avec lui et crテゥa le nom de phrテゥnologie : en peu de temps, 29
sociテゥtテゥs phrテゥnologiques テゥclorent en Grand Bretagne, oテケ il s窶凖ゥtait installテゥ. Puis, sous l窶冓mpulsion
des frティres Fowler, la phrテゥnologie devint un phテゥnomティne de masse en Amテゥrique du Nord :
consultation par correspondance, almanachs, manuels, brochures traitティrent de cartes
craniologiques et de diverses bosses, dont celle des maths. Pendant prティs d窶冰n siティcle, une
discipline sans fondements expテゥrimental valable a occupテゥ la devanture scientifique de tout un
continent.
Le cas de la phrテゥnologie est encore intテゥressant sur ce point. Croire テ l窶冰tilitテゥ morale et sociale
d窶冰ne discipline, aussi peu テゥtayテゥe soit-elle, permet son ancrage populaire. On peut lire dans le
240
Il y a d窶兮illeurs une rテゥponse du zテゥtテゥticien N. Vivant sur ce point ici :
http://www.zetetique.info/archives/00000016.html
Facette Z
La reconnaissance dans de nombreux pays n窶兮ugure en rien de la validitテゥ d窶冰n
champ de recherche
Facette Z
Ce n窶册st pas parce qu窶冰ne pratique est reconnue quelque part que sa validation
scientifique est faite.
232
Grand Dictionnaire Universel
de 1876 que cette pseudoscience doit permettre de repテゥrer dテァs
l窶册nfance les qualitテゥs et les dテゥfauts innテゥs, ツォ
de sorte qu窶冩n pourrait assigner テ chacun la place et le genre de
vie qui lui conviendraient, en supprimant par lテ l窶冰ne des plus grandes causes de troubles qui subsistent dans
l窶冩rdre social
ツサ. En clair, comme l窶凖ゥcrit Lentin : ツォ
une berlue scientifique peut dテゥsormais devenir un phテゥnomティne
de mode et de masse, si elle fait rテゥsonner les fantasmes qu窶冓l faut
ツサ (Lentin,
ouv.citテゥ
, p. 102).
Prテゥtendre la science ツォ en retard ツサ sur certaines questions (la plupart du temps des questions
ツォ paranormales ツサ) flatte une lecture ツォ progressiste ツサ de l窶冑istoire dont nous avons dテゥjテ vu quelques
dテゥgテ「ts. Dans la majoritテゥ des cas, ce genre de victimisation est factice : soit parce que ツォ la majoritテゥ
des autres pays du monde ツサ n窶册st窶ヲ pas a majoritテゥ des pays du monde. Soit parce qu窶冓l y a
effectivement des recherches sur les sujets soi-disant テゥtiquetテゥs ツォ interdits ツサ, ツォ dangereux ツサ,
ツォ rテゥvolutionnaires ツサ (voir 4.4
Ips scテゥnaristiques
). Soit parce qu窶冓l n窶凉 a tout simplement pas de
recherches ツォ interdites ツサ.
La premiティre hypothティse peut テェtre illustrテゥ par l窶兮rgument ツォ
tous les pays ont des laboratoires de
parapsychologie, sauf, la France
ツサ. Or, il n窶册xiste que quatre laboratoires officiels de parapsychologie.
En clair, tous les pays sauf quatre n窶册n ont pas.
La deuxiティme est facilement infirmable : les pouvoirs psi firent l窶冩bjet de recherches aux USA
(projet Alpha), et se poursuivent en Europe, notamment en Grande-Bretagne. Quant aux
pseudomテゥdecines, il suffit de voir le nombre de publications qui paraissent sur l窶冑omテゥopathie
pour se rendre compte テ quel point il ne s窶兮git pas d窶冰n champ interdit. Le fait de prテゥtendre, ou
de croire qu窶冓l y ait des sujets dangereux comme l窶冑omテゥopathie revient テ dテゥtourner l窶兮ttention sur
le flot de publications nテゥgatives parues sur le sujet. L窶僮nsubmersible Canard de Bain n窶册st pas
loin.
La troisiティme hypothティse est la plus probable, car il semble que cette notion de science interdite ne
soit qu窶冰ne pure crテゥation scテゥnaristique (voir 4.4.3.9
Carpaccio ツォ bravade de l窶冓nterdit ツサ
). S窶凉 greffe un
bi-standard classique : si l窶册xception franテァaise est dテゥnoncテゥe activement lorsqu窶冓l s窶兮git du
dテゥlaissement d窶冰n champ pseudoscientifique, elle n窶册st pas discutテゥe lorsqu窶冰ne pratique est
presqu窶册xclusivement franテァaise. Le cas de la psychanalyse comme thテゥrapeutique, largement limitテゥ
テ la France et テ l窶僊rgentine, ou de l窶冑omテゥopathie, テゥgalement centrテゥ sur l窶兮xe France-Suisse-
Allemagne, ne semble jamais invoquテゥ de la sorte 窶 hormis pour signifier l窶凖ゥtat avancテゥ des
recherches en France dans ce domaine (voir
Annexe 窶 Fiche pテゥdagogique Les psychomテゥdecines, encart E
).
Le meilleur prテゥcepte テ donner aux テゥtudiants souhaitant se confronter テ ce genre de
clichテゥ
est d窶兮ller
tout simplement vテゥrifier. Nous sommes dans un cas semblable aux lテゥgendes urbaines. Tout le
monde le rテゥpティte, personne ne le vテゥrifie, mais de toute faテァon, l窶冑istoire est trop belle.
4.3.2.22
L窶兮ppel au tテゥmoignage
Ce biais est trティs rテゥpandu dans la littテゥrature, les mテゥdias et les discussions. Nous le classons dans les
effets de type ツォ preuve sociale ツサ non parce qu窶冓l repose sur un grand nombre d窶冓mpacts de
tテゥmoignages, mais parce qu窶冰n cas suffit テ emporter l窶兮dhテゥsion テ l窶冓mage du premier mouton de
Panurge, et que la rumeur et le fantasme amplifient suffisamment le ou les tテゥmoignages pour en
faire un objet argumentaire qu窶冩n se transmet de proche en proche, crテゥant autant de demi-
preuves ou de quart de preuves qui, rテゥunies, font un faisceau de preuve illusoire.
L窶兮ppel au tテゥmoignage :
1. On m窶兮 rapportテゥ le cas de Mme L qui a dit que X=b
2. Donc X=b
233
Le nombre d窶册xemples est incommensurable.
窶「
L窶兮cupuncture US
Le succティs de l窶兮cupuncture en Occident, notamment aux Etats-Unis, est en grande partie dテサ テ un
seul tテゥmoignage de rテゥduction de douleur post-opテゥration par acupuncture en Chine par un
journaliste du New York Times, James B. Reston. テ tel point que W. Prensky president du
National Academy of Acupuncture and Oriental Medicine de New York, テゥcrivit lors de la
nテゥcrologie de Reston :
ツォ The role of the New York Times columnist James B. Reston in introducing acupuncture
to this country must not be underestimated ツサ (
New York Times
, 14 december 1995).
窶「
Madame L., Monsieur B
Le moindre prospectus vantant un type de guテゥrison hors norme prテゥsente les テゥternels ツォ Monsieur
B. ou Mme L. ツサ servant d窶册xemple pour ne pas dire d窶兮ppテ「t テ l窶兮dhテゥsion (figures 90 et 91).
Figure 90 : Extrait de
Alternative L窶冓mpatient
, mars 2003, テゥdito.
Figure 91 : ツォ
Tテゥmoignages. Maladies graves : l'approche complテゥmentaire
ツサ titre le Hors Sテゥrie
Alternatives, novembre 2002.
窶「
La Cure Breuテ aux victoires de la musique
L窶册xemple le plus riche sur un plan pテゥdagogique que nous ayons trouvテゥ est assez rテゥcent et offre
un support vidテゥo court.
Lors des Victoires de la musique 2007, le 10 mars, un individu a forcテゥ le tour de chant d窶冰ne
artiste et est intervenu pour dテゥclarer qu窶 ツォ
on nous ment sur les chiffres du cancer
ツサ, et tテゥmoigner de
faテァon impromptue, mais touchante, de sa propre guテゥrison du cancer par des mテゥthodes naturelles,
Hypnose thテゥrapeutique - Une thテゥrapie mal connue
Il y a quelques annテゥes, Manon a entrepris des dテゥmarches pour combler les vides dans son
histoire personnelle. C'est テ la tテゥlテゥvision qu'elle a pour la premiティre fois entendu parler
d'hypnothテゥrapie. テ demi convaincue, elle a tout de mテェme dテゥcidテゥ de prendre un rendez-vous,
pour voir. ツォMais je demeurais sur mes gardes. Je n'allais pas lテ pour qu'il me fasse faire la
poule!ツサ Mテェme chose pour Nicole, qui a dテゥcidテゥ de consulter un thテゥrapeute テ la suite d'une
rupture. ツォPlus terre テ terre que moi, tu meurs! J'テゥtais prテェte テ essayer, mais la premiティre chose
que j'ai dite テ l'hypnologue en entrant dans son bureau, c'est que je n'allais pas le nourrir
pendant 6 mois!ツサ
ツォ La mテゥdecine alternative prテゥsentテゥe dans le dossier de ce mois pourrait bien テェtre pour
beaucoup une dテゥcouverte. La chiropratique, fraテョchement reconnue (mars 2002), peut, en
dテゥbloquant les articulations vertテゥbrales et en agissant sur le systティme nerveux, amテゥliorer,
sinon rテゥsoudre, des problティmes d'ordre psychologique (dテゥprime, dテゥpression, anxiテゥtテゥ, etc.). En
un mot quand テァa "dテゥbloque" cテエtテゥ psy, on peut parfois dテゥcoincer la situation en passant par
le physique. Plusieurs patients en tテゥmoignent.
234
窶 en l窶冩ccurrence la mテゥthode Breuテ (Figure 92).
Figure 92 : trublion ventant sincティrement la cure Breuテ lors des victoires de la musique, le 10 mars 2007.
Ce document tテゥlテゥvisuel
est trティs efficace pour montrer divers outils Z :
Le Post hoc ergo propter hoc.
La prudence dans l窶冓nterprテゥtation du rテゥsultat
, テ plus forte raison si le rテゥsultat est sa propre santテゥ.
La gテゥnテゥralisation hテ「tive,
sur la base d窶冰n seul cas, tirer des conclusions gテゥnテゥrales.
La complotite,
invoquant que l窶卍ォ on nous ment ツサ.
La pensテゥe magique
(Breuテ disait que ツォ
comme le cancer ne vit que d'aliments solide et que l'homme
peut vivre exclusivement de jus de lテゥgumes, on peut affamer le cancer en suivant ce rテゥgime
ツサ).
Et surtout :
L窶兮ppel au tテゥmoignage
: non seulement le monsieur vient tテゥmoigner de son seul cas, mais
Breuテ prテゥtendait, sur la base d'"innombrables lettres de remerciements", que sa cure
guテゥrissait 96 cancテゥreux sur 100.
Nous avions テゥcrit テ ce sujet ce qui fait le paradoxe de beaucoup de pratiques de ce genre :
ツォ (窶ヲ) Voici l窶冓llustration de ce qui peut s窶兮pparenter テ un drame moderne. Quelqu窶冰n, en
toute bonne foi, tテゥmoigne d窶冰n テゥvテゥnement trティs positif pour lui : mais en l窶凖ゥlargissant au
reste de la population par son appel populaire, et en criant テ l窶冩ccultation des preuves, il
fait courir テ d窶兮utres malades le risque atroce de substituer leurs traitements validテゥs par
des traitements non fondテゥs par une thテゥrapie douteuse. Bien sテサr, il s窶兮git d窶冰ne piste
intテゥressante : peut テェtre qu窶册ffectivement le cテゥleri, ou le radis noir ont un intテゥrテェt dans le
soin de la leucテゥmie. Peut テェtre... C窶册st lテ que la dテゥmarche scientifique a son intテゥrテェt : si テァa ツォ
marche ツサ, on peut le montrer. Or pour l窶冓nstant, en guise de travail expテゥrimental, il n窶凉 a
que cette affirmation sans source de 45 000 personnes guテゥries, et ce type qui vient
tテゥmoigner au micro.
J窶册ncourage les gens ayant entendu cet appel テ attendre qu窶冰n protocole expテゥrimental de
la mテゥthode Breuss montre son efficacitテゥ avant de se mettre テ faire la cure, et テ se rappeler
que non seulement ツォ un tテゥmoignage, mテェme touchant, ne fait pas office de preuve ツサ, mais
surtout que ツォ la bonne foi n窶册st malheureusement pas un argument ツサ
241
Accessible ici :
http://miniurl.org/vRX
242
Monvoisin,
La mテゥthode Breuss s窶冓nvite aux victoires de la musique
, Journal de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique (2007).
235
Facette Z :
L窶册nfer est pavテゥ de bonnes intentions, et tapissテゥ de bonne foi
4.3.2.23
Disgression : la soumission テ l窶兮utoritテゥ
Bien que ce ne soit pas directement notre sujet, nous prenons soin en classe d窶冓nsister sur les
mテゥthodes de manipulation mentale classiques qui, couplテゥes テ un contenu テ caractティre scientifique
ou pseudoscientifique, font le lit des dテゥviances sectaires. Elles fonctionnent pratiquement toutes
sur le registre d窶冰ne soumission テ l窶兮utoritテゥ.
Nous utilisons pour cela des outils spテゥcifiques, dテゥveloppテゥs dans deux cours intitulテゥs ツォ
De la
manipulation des テ「mes en milieu alpin
ツサ comprenant :
-
des descriptions de renforcement de position par escalade d窶册ngagement (comme le jeu
des enchティres de Shubik que nous dテゥveloppons en situation dans l窶兮mhithテゥテ「tre, voir
Merテカ 2000).
-
les descriptions de dilemmes type ツォ prisonnier ツサ (Merテカ
ibid.
, Eber 2006) テゥlargies aux
considテゥrations テゥcologique (introduction テ Dawkins et le gティne テゥgoテッste, 2003) et politique
(lois anti-trust, stratテゥgies ツォ ナ妬l pour ナ妬l ツサ lors des guerres (Axelrod 2006).
-
les descriptions de dテゥcisions absurdes (Morel 2004) et de piティges abscons.
-
les techniques de dテゥfense face aux procテゥdテゥs de pieds-dans-la-porte, porte-au-nez,
crainte-puis-soulagement ((Joule
in
Beauvois et al. 2001, pp. 273-310 ; Joule & Bernard
in
Sasportes & Carvais 2000, pp. 487-497 ; Joule et Beauvois (2002 ; Lewin
in
Swanson
& al.
1947 ; Wicker 1969) avec des liens sur les stratテゥgies publicitaires type dテゥmarcheur
pharmaceutique auprティs des mテゥdecins (Baluch
& al.
2001 ; Carducci & Deuser 1984, pp.
75-81).
-
la notion de soumission librement consentie (Joule & Beauvois 1998) assortis de
documents sur l窶册ngagement sectaire (comme le documentaire
Sectes tueuses, le miroir aux
alouettes
, Arte, et des extraits des livres d窶僊bgrall 1998 ; 2003).
-
les critティres d窶冓nfluences : raretテゥ, persistance, rテゥcence du message, etc. (Cialdini 2004),
Abgrall 2003, Beauvois & Joule 1998).
-
nous utilisons des extraits de techniques connues de vente au porte テ porte (comme des
extraits du film ツォ Les portes de la gloire ツサ de Merret-Palmair).
Puis, lorsque ces bases sont posテゥes, nous forcissons un peu le trait avec :
-
la thテゥorie de la dissonance cognitive de Festinger
& al.
(1993) et de la fabrication du
consentement (documents de Chomsky, extraits de presse sur l窶兮ffaire des Armes de
Destruction Massive irakiennes)
-
La soumission テ l窶兮utoritテゥ (expテゥrience de Milgram 1963, puis l窶册xpテゥrience de Stanford
1971) : nous utilisons pour cela des extraits du film ツォ I comme Icare ツサ de Verneuil et de
ツォ Das Experiment ツサ de Hisrchbiegel (2001).
236
-
Enfin nous utilisons en une sテゥquence ツォ non prテゥvenue ツサ le
mockumentary
de W. Karel
Opテゥration lune
, dont les thティses pseudoscientifiques, trティs ツォ autoritaires ツサ, sont montrテゥes
aux テゥtudiants sans les prテゥvenir du caractティre canular du document.
Nous rappelons テゥgalement au passage l窶册xpテゥrience de Wiseman & Greening (2005) que nous
avons dテゥjテ prテゥsentテゥe pour introduire les notions de ツォ manque de fiabilitテゥ de nos sens ツサ (voir
2.4.3), mais aussi la notion de suggestibilitテゥ, qui est fortement corrテゥlテゥe テ l窶兮utoritテゥ dテゥgagテゥe par
celui qui ツォ manipule ツサ. C窶册st l窶冩ccasion d窶冓ntroduire la notion d窶凖ゥtat ツォ agentique ツサ dテゥveloppテゥ par
Milgram, qualifiant l'individu qui se considティre comme l'agent exテゥcutif d'une volontテゥ テゥtrangティre par
opposition テ l'テゥtat autonome dans lequel il estime テェtre l'auteur de ses actes. Le pont peut テェtre
tentテゥ avec la soumission テ l窶凖ゥcole et テ l窶册nseignement, et certains pテゥdagogues s窶凉 sont tentテゥs.
Trabal par exemple, explique volontiers que la premiティre autoritテゥ rencontrテゥe est l窶册nseignant :
ツォ L'enseignant n'hテゥsitant pas テ utiliser l'argument d'autoritテゥ. Il affirmera qu'en
mathテゥmatique, il faut dテゥmontrer, dテゥvalorisera le sens commun qui est cependant un mode
de connaissance trティs utile et trティs efficace テ l'テゥlティve (comme tout un chacun) dans la vie
quotidienne. En ne transigeant pas sur ce que sont les mathテゥmatiques et les sciences, il est
fidティle テ sa mission mais gテゥnティre des tensions que l'on retrouve toutes les fois qu'un rapport
autoritaire est テゥtabli. Il ne faudra alors pas s'テゥtonner que les テゥlティves considティrent qu'en
mathテゥmatiques, "il n'y a rien a comprendre, il suffit d'appliquer" ou qu'encore テ l'instar de
Stendhal qui nous raconte sa relation aux mathテゥmatiques, n'hテゥsite pas テ affirmer : "
j'en fus
rテゥduit テ ce que je me dis encore : il faut bien que 窶 par 窶 donne + soit vrai, puisque テゥvidemment, en
employant, テ chaque instant cette rティgle dans le calcul on arrive テ des rテゥsultats vrais et indubitables
"
[
Les rapports autoritaires テ l窶册nseignement peuvent テゥgalement テェtre analysテゥes de faテァon plus
poussテゥe encore, selon un angle libertaire, avec Catherine Baker par exemple (2006).
Nous avons placテゥ en annexe une fiche d窶冰ne redoutable efficacitテゥ en cours et entiティrement
consacrテゥe テ ce point
(fiche pテゥdagogique Nツー9
Le jeu des 20 piティges - Comment テゥviter les arguments
d窶兮utoritテゥ ?
)
4.3.3
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ - テゥloge de l窶兮nciennetテゥ
Le seul charme du passテゥ, c'est qu'il est le passテゥ.
Oscar Wilde
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ joue sur l窶冓dテゥe que l窶凖「ge d窶冰ne thテゥorie ou d窶冰ne assertion テゥtaye sa vテゥracitテゥ.
Cet argument est fallacieux au sens oテケ de nombreuses thテゥories anciennes se sont rテゥvテゥlテゥes fausses,
au mテェme titre que de nombreuses annonces de nouveautテゥs sont restテゥes lettre morte.
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ,
ou argumentum ad antiquitatem
:
1. X=b est une idテゥe ancienne, dont les traces remontent テ loin dans le temps.
2. Donc X=b
243
Stendhal. (1890),
Vie de Henry Brulard,
Edition Gallimard (1973), Paris
244
Trabal renvoit テ l窶冓nstructive lecture de Jodelet,
Les reprテゥsentations sociales
(1989).
237
Il est possible de distinguer deux types d窶兮rguments d窶冑istoricitテゥ : le premier recoupe une sorte
d窶凖ゥloge de l窶兮nciennetテゥ, couplテゥe dans la plupart des reprテゥsentations sociales テ une certaine sagesse
ancestrale, et entraテョne des formes de tradition. De cette maniティre, il peut テェtre perテァu comme un AA
テ part entiティre, l窶兮utoritテゥ テゥmanant d窶冰n concept diffus mテゥlangeant vieux sages et savants anciens
antテゥ-scientifiques. Le second se noue sur une vision progressiste des sciences, sur l窶兮ttrait de la
nouveautテゥ et sur l窶册nvie scテゥnaristique d窶冰n dテゥboulonnage d窶冓doles.
Cet argument consiste テ prテゥtendre que quelque chose est bon, juste ou vrai simplement parce que
c窶册st ancien, ou parce que ツォ c窶册st ainsi que テァa a toujours テゥtテゥ ツサ (
appeal to the Old
, ou
Old Ways are
Best
)
Nous distinguerons plusieurs variantes.
4.3.3.1
L窶册ffet ツォ Cave テ vin ツサ, ou argument du vieux pot
Nous dテゥsignons par Effet
Cave テ vin
l窶兮rgument consistant テ dire qu窶冰ne idテゥe ancienne, dテゥjテ
prテゥsente dans divers vieux テゥcrits faisant ou ayant fait autoritテゥ ne peut テェtre fausse, puisque des
anciens l窶冩nt テゥcrit. Il s窶兮git d窶冰n savant mテゥlange entre un
argumentum ad gratinum
et un
ad
antiquitatem.
L窶冓mage vient de ce que l窶冩n prテゥsumera plus volontiers de la qualitテゥ d窶冰n vin que la cave qui
l窶兮ccueille est empoussiテゥrテゥe, que son テゥtiquette est effacテゥe par le temps et que le bon vin se bonifie
avec l窶凖「ge. Quant au vieux pot, le diction proverbial dテゥclame que c窶册st dans les vieux pots que l窶冩n
fait les meilleures soupes, ce qui est doublement faux : on peut faire d窶册xcellentes soupes dans des
pots neufs, ainsi que d窶冓mmondes soupes dans des vieux.
L窶兮rgument du vieux pot :
1. On peut lire sur un vieux Papyrus テゥgyptien que X=b
2. Donc X=b
窶「
La rテゥflexologie plantaire テゥgyptienne
C窶册st intテゥressant de constater que lorsqu窶冰ne thテゥrapie テゥtrange cherche un substrat historico-
traditionnel, elle est capable de remonter loin et de prendre tout ce qui se prテゥsente pour テゥtayer
son ancestralitテゥ.
Figure 93 : parchemin de Saqqarah ツォ signant ツサ l窶兮ncestralitテゥ de la reflexologie palmaire.
Les diverses rテゥflexologies par exemple sont toujours prテゥsentテゥes comme un art traditionnel ancien
sont trティs peu anciennes (plantaire : Fitzgerald 1913 ; palmaire : Ingam, 1930 ; auriculaire, Nogier
1951 ; iridologie : von Peczely, 1881, dentaire, Voll, 1950 ; symathicothテゥrapie Gilet 1930). Les
238
rテゥflexologues plantaires invoquent pourtant pour paternitテゥ la Haute テ曳ypte, notamment un
parchemin de la tombe d窶僊nkhmahor テ Saqqarah ツォ
analysテゥs par Ed et Ellen Case en 1979
ツサ (Kunz &
kunz 2005) (figure 93). ツォ
En テ曳ypte des peintures dテゥcouvertes テ Saqqara
(sic
) datant de 2300 avant J-C
montrent une sテゥance de rテゥflexologie
ツサ enseigne-t-on aux テゥtudiants, par exemple au Ontario College of
Reflexology.
窶「
Le Feng Shui
Yu Xixian, dテゥjテ rencontrテゥ, professeur de sciences urbaines et environnementales テ l窶儷niversitテゥ de
Beijing, テゥcrit : ツォ
Les vestiges de la culture de Yangshao, dans la province du Henan, nous montrent qu窶冓l y a 6
000 ans, nos ancテェtres avaient dテゥjテ l窶冓dテゥe de l窶冩rientation et des rapports entre le ciel, l窶冑omme et la terre.
ツサ (Yu
Xixian,
ouv.citテゥ
)
Il y a bien sテサr des contre-exemples テ ce sophisme. Il est des cas oテケ l窶兮nciennetテゥ d窶冰ne chose est
corrテゥlテゥe テ son intテゥrテェt scientifique. Quelques exemples :
- donner plus d窶冓mportance テ un corps momifiテゥ de plusieurs milliers d窶兮nnテゥes qu窶凖 une dテゥpouille
d窶冓l y a un siティcle n窶册st pas un argument du vieux pot.
- Si un individu prテゥtend que tel vin se bonnifie avec le temps (en prテゥcisant qu窶冓l ne s窶兮git pas
forcテゥment d窶冰ne relation linテゥaire, et certainement pas aux grandes テゥchelles de temps), il ne s窶兮git
bien sテサr pas d窶冰n argument du vieux pot.
- Enfin, l窶兮nciennetテゥ d窶冰ne thテゥorie (l窶凖ゥlテゥctromagnテゥtisme de Maxwell, ou la thテゥorie de la matiティre
composテゥe de particules subatomiques) fait son intテゥrテェt non parce que son テゥlaboration est vieille,
mais parce qu窶册lle a accumulテゥ un nombre consテゥquent de prテゥdictions valides et dテゥsarmテゥ un
nombre non moins consテゥquent de remises en question, et qu窶冓l est raisonnable de la croire テゥtayテゥe,
non pas son テ「ge, donc, mais par son ツォ poids d窶凖ゥvidence ツサ.
4.3.3.2
L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ,
argumentum ad veterum
Nous nommons ツォ effet vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ l窶冓dテゥe qu窶冰ne assertion ancienne est forcテゥment
vraie puisqu窶冓l est (faussement) notoire que les anciens ont souvent eu raison. C窶册st non
seulement faire fi de tous les anciens qui ont profテゥrテゥ des bテェtises (bien plus nombreux que les
ツォ sages ツサ), mais encore oublier que les idテゥes ayant fait leur chemin jusqu窶凖 aujourd窶冑ui テゥtaient
parfois fortement rejetテゥes de leurs temps 窶 ce qui laisse accroire que l窶冩n choisit le vieux sage
qui nous arrange en fonction de la thティse テ dテゥfendre.
Cette idテゥe est le produit de ce que Broch appelle une ツォ exposition sテゥlective ツサ, ou un tri statistique
des faits qui vont dans le sens de ce que l窶冩n veut テゥtayer. Suffit alors de citer quelques-uns de ces
anciens et d窶兮vancer qu窶冓l est peu vraisemblable que l窶冩n se soit trompテゥ si longtemps sans s窶册n
apercevoir, et l窶兮rgument est posテゥ. Il s窶兮git d窶冰n pur AA.
L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ :
1. Hippocrate disait dテゥjテ que X=b
2. Donc X=b
* fonctionne aussi avec Aristote, Galien, Descartes窶ヲ
Nous avons dテゥjテ rencontrテゥ des exemples dans les AA. Signalons que la presse Nouvel テHe tient
239
lテ un de ses meilleurs thティmes d窶冩uvrage : la redテゥcouverte d窶冰ne sagesse ancienne de l窶兮ntiquitテゥ
(tibテゥtaine, gauloise, druidique, celte, aborigティne, maya, indienne, chinoise, japonaise, indonテゥsienne,
etc.)
4.3.3.3
Argument de ツォ la nuit des temps ツサ ou sophisme de la tradition
Le sophisme de la tradition est sensiblement le mテェme que l窶册ffet Cave テ vin, テ la nuance prティs que
la source est souvent imprテゥcise, et qu窶冓l n窶凉 a pas de nom d窶兮nciens pour en faire un effet ツォ vieux
sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ. C窶册st la seule tradition qui importe, au nom de ce que le mot ツォ tradition ツサ
aurait quelque chose de consubstantiel avec une certaine
authenticitテゥ
: par opposition aux choses
nouvelles qui n'ont pas la patine que donne le temps aux traditions, et ce d窶兮utant plus que
l'origine de la tradition est gテゥnテゥralement projetテゥe hors du temps (cet argument est appelテゥ chez les
anglo-saxons
Sacred Cows 窶
vaches sacrテゥes).
En tant que tel, nous le rangeons dans les arguments d窶冑istoricitテゥ, quoique sa forme rappelle
plテサtot l窶册ffet Panurge.
Sophisme de la tradition :
1. X=b est traditionnel et/ou remonte テ la nuit des temps
2. Donc X=b
La principale critique テ opposer テ cet argument est qu窶冓l n窶凉 a que de fausses traditions, ou des
traditions en vision externe. Les traditions ツォ vraies ツサ et vテゥcues comme telles ne sont pas des
traditions, mais des techniques. Cette critique est remarquablement illustrテゥe par Olivier :
(窶ヲ) il existe aussi des ツォ fausses traditions ツサ. De quoi s'agit-il, en quoi diffティrent-elles des
vraies ? En voici un exemple テ peine imaginaire. Les Indiens Dakatins pratiquent depuis la
nuit des temps la danse pour faire venir la pluie. Jusqu'テ ces derniティres dテゥcennies, ils la
pratiquaient sincティrement, dans le but effectif de faire venir la pluie. C'テゥtait alors une vraie
tradition. Aujourd'hui, ils la pratiquent plutテエt pour faire pleuvoir les billets de dix dollars,
sans plus croire テ son efficacitテゥ mテゥtテゥorologique, dont ils ne voudraient de toute faテァon pas
vu l'influence nテゥgative de l'humiditテゥ sur le tourisme. Leur pratique de la danse pour la pluie
n'est plus
authentique
. Elle est devenue une
fausse
danse pour la pluie, bien que tous les
mouvements soient les mテェmes ; (窶ヲ) Cependant,
toute tradition est, par dテゥfinition, une copie
. Une
tradition est la
reproduction
d'une activitテゥ ancestrale. Elle est tradition dans la mesure mテェme
oテケ elle est copie ; dans la mesure oテケ elle est ツォ vraie ツサ, c'est-テ-dire est motivテゥe par autre
chose que la simple volontテゥ de copier, elle n'est en fait pas une tradition, mais une
technique
.
[vis-テ-vis des gestes techniques auxquels nous sommes habituテゥs] je n'attache aucun
impテゥratif テ l'imitation du geste qu'on m'a montrテゥ. Si on me montre plus tard une autre
technique, plus efficace encore, pour faire la mテェme chose, je l'adopterai sans sentiment de
dテゥroger テ une tradition.
De l'extテゥrieur
on dira peut-テェtre que j'agis selon une tradition. (窶ヲ)
Une tradition n'est jamais une ツォ vraie ツサ tradition que perテァue de l'extテゥrieur, tant que les
personnes qui la pratiquent ne la ressentent pas elles-mテェmes comme une tradition. ツサ
(Olivier 2000).
Olivier argumente ainsi テ l窶册ncontre des dテゥclarations traditionalistes qui テゥmaillent le dテゥbat sur
l窶兮ntispテゥcisme et sur la cohorte d窶兮rguments fallacieux prテゥsentテゥs pour une pseudo-dテゥfense de la
consommation d窶兮utres animaux. Aussi rテゥsistantes que soient nos consonances cognitives, la
dテゥconstruction est efficace. Il conclut ainsi :
240
ツォ Il me semble logiquement contradictoire de dire ツォ je le fais par tradition ツサ, tout comme ツォ je
crois テ ce mythe ツサ. Ce sont lテ des phrases cohテゥrentes テ la seconde ou troisiティme personne,
mais pas テ la premiティre. Cependant, dans les faits, on l'a vu, les traditions sont invoquテゥes en
dテゥfense de certaines pratiques, et en particulier des pratiques spテゥcistes
implique d'emblテゥe chez les personnes qui disent ainsi ツォ je le fais par tradition ツサ une
conscience divisテゥe, une mauvaise foi. Elles veulent continuer leurs pratiques, mais se savent
dテゥpourvues d'arguments, autres que celui des traditions. (窶ヲ) ツサ (Olivier,
ibid.
)
Nous disions que la tradition est gテゥnテゥralement projetテゥe hors du temps. C窶册st pour pointer ceci
que nous parlons d窶兮rgument de ツォ la nuit des temps ツサ : la nuit des temps, souvent, ne remonte pas
si loin que cela (voir exemple du Qi gong). En outre, parler de ツォ nuit des temps ツサ signifie qu窶冓l
existe un jour lumineux des temps, analogie factice du mテェme type que celle de l窶冩bscuritテゥ du
Moyen-テHe qui faisait dire テ Luciano de Crescenzo, ツォ
mais qui a donc テゥteint la lumiティre ?
ツサ (De
Crescenzo 2000). Parler de nuit des temps est comme parler des Anciens : cela s窶兮pparente テ un
procテゥdテゥ rhテゥtorique simpliste permettant de faire une cテゥsure de dテゥmarquage faussement claire
avec les Modernes, en oubliant que les Modernes d窶兮ujourd'hui seront les Anciens de demain.
Il arrive que soit critiquテゥe la tradition scientifique, au sens d窶 ツォ us et coutumes ツサ non-rationnel テ
des notations, concepts, thテゥories telles qu窶册lles leur furent enseignテゥes. Certains cas comme les
changements de nomenclature ou les remaniements de programme scolaire montre que cet
attachement テ des usages consacrテゥs s窶兮pparente simplement テ une escalade d窶册ngagement dont il
sera d窶兮utant plus difficile de se dテゥfaire que la personne a adoptテゥ les notations (pensons aux
soubressauts qu窶冓mprime Lecointre テ la classification phylogテゥnテゥtique en remettant par exemple en
cause la notion de ツォ poisson ツサ, Lecointre 2006).
Comme l窶冓ndique Coker, la pseudoscience reste indiffテゥrente aux faits : ツォ
L窶凖ゥdition d窶冰n livre
pseudoscientifique est toujours la derniティre, mテェme quand celle-ci date de plusieurs dテゥcennies ou siティcles ツサ
. Cela
rejoint l窶冓dテゥe d窶冓mpossibilitテゥ d窶册xistence de la ツォ science privテゥe ツサ de Gingras :
ツォ Dans cette perspective fondamentalement sociologique, il n'y a aucune place pour une
science "privテゥe". Cesser d'テゥchanger des arguments ou de produire de nouvelles donnテゥes
(expテゥrimentales ou thテゥoriques) dans le champ scientifique テゥquivaut テ cesser de faire de la
science. Un scientifique peut demeurer convaincu pour le restant de ses jours qu'il a
raison, mais ses opinions n'auront aucune existence sociale テ l'intテゥrieur du champ
scientifique si elles ne sont pas reprises par d'autres agents, critiquテゥes, reformulテゥes.
ツサ
(Gingras 1995, p. 15)
L窶兮rgument de ツォ l窶凖ゥpreuve du temps ツサ n窶册st pas suffisant. L窶冓dテゥe que si une thテゥorie a perdurテゥ
longtemps, c窶册st qu窶册lle a forcテゥment quelque chose de vrai est incomplティte. Hテゥlテs, l窶冑istoire des
sciences et des idテゥes regorge d窶册xemples tous peu ou prou dramatiques d窶冓dテゥes fausses perdurant
窶 souvent par AA. Les cas les plus frappants sont l窶僊ristotテゥlicisme, les mテゥdecines hippocratique
et galテゥnique et la cosmologie ptolテゥmテゥenne.
245
Nous indiquons au passage que au-delテ de la pertinence de chacun des combats, aucun champ de discussion n窶兮
vu autant de dテゥploiement d窶兮rgument d窶兮utoritテゥ de tout type que le fテゥminisme, les mテゥdecines dites alternatives et
l窶兮nti-spテゥcisme, avec un nombre de similitudes surprenant dans les rhテゥtoriques.
Facette Z
Il ne faut pas confondre ツォ l窶凖ゥpreuve du temps ツサ et ツォ l窶凖ゥpreuve des faits (qui dure
longtemps)
241
On relティvera テ titre de remarque que l窶兮rgument de tradition a l窶冑eur de sテゥduire jusque dans les
tribunaux, et engendrent parfois des ordres moraux assez particuliers. Un exemple rテゥcent en est
donnテゥ par la tradition tauromachique.
ツォ Le fait, sans nテゥcessitテゥ, publiquement ou non, d'exercer des sテゥvices
graves ou de commettre un acte de cruautテゥ envers un animal domestique, ou apprivoisテゥ, ou tenu en captivitテゥ, est
puni de six mois d'emprisonnement et de 50 000F d'amende.
ツサ Mais les dispositions de cet article du Code
pテゥnal
ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition ininterrompue peut テェtre invoquテゥe
.
ツサ Ainsi, la loi autorise les corridas au nom des traditions dans le mテェme mouvement oテケ elle les
dテゥsigne implicitement comme constituant, selon ses propres termes, des sテゥvices graves et/ou des
actes de cruautテゥ commis sans nテゥcessitテゥ.
4.3.3.4
Appel テ l窶冰sage (It-Ought Fallacy)
Il s窶兮git d窶冰ne variante du sophisme de la tradition, qui se rapproche du principe de la preuve
sociale (et donc du Ad populum)
Sophisme de l窶兮ppel テ l窶冰sage :
1. X est une action commune
2. Donc X est correcte/juste/justifiテゥe/raisonnable/morale
La contraposテゥe est aussi utilisテゥe.
1. Y est une action qui n窶册st pas commune
2. Donc Y n窶册st pas correcte/juste/justifiテゥe/raisonnable/morale
Trティs courant, ce sophisme continue d窶凖ゥtayer les pratiques les plus discutables, de la sテゥgrテゥgation
ethnique テ l窶册xcision, en passant par les condamnations religieuses ou sectaires de certaines
pratiques qualifiテゥes de dテゥviantes.
Les mテゥdecines dites alternatives familiales sont souvent ancrテゥes sur cet argumentaire, au principe
que puisqu窶冩n l窶兮 toujours fait, ce ne peut pas テェtre fonciティrement mauvais. Des remティdes de bonne
fame aux mutilations rituelles, chaque pratique peut trouver un semblant de lテゥgitimitテゥ.
4.3.3.5
L窶兮ppel テ la nouveautテゥ, ou
argumentum ad novitatem
L窶兮ppel テ la nouveautテゥ est un sophisme qui arrive lorsqu窶冓l est prテゥtendu que quelque chose est
correct ou meilleur simplement parce que ce quelque chose est nouveau.
Appel テ la nouveautテゥ :
1. X=b est nouveau
2. Donc X=b est mieux, ou plus juste
Les raisons du succティs d窶冰n argument aussi pauvre repose sur une tendance テ croire que les
nouveautテゥs vont toujours plus loin, plus fort, plus efficace. Tendance progressiste bien ancrテゥe
246
Art. 521-1, paragraphe 1 (chapitre ツォ Des sテゥvices graves ou actes de cruautテゥ envers les animaux ツサ).
247
Ibid.
paragraphe 3.
242
dans notre pays, mais テゥgalement ultra-flattテゥe par les mテゥcanismes publicitaires, pour qui le
nouveau produit/concept/idテゥe, etc. est vendu comme forcテゥment meilleur que le prテゥcテゥdent 窶
sinon, pourquoi l窶兮cquテゥrir ?
Il va de soi que l窶凖「ge de certaines choses importent dans certains cas : vanter le fait qu窶冓l vaut
mieux manger un sandwich d窶兮ujourd窶冑ui qu窶冰n d窶冓l y a deux mois ne relティve pas de l窶兮ppel テ la
nouveautテゥ, tout simplement parce la rテゥcence de la chose est un paramティtre pertinent, 窶琶ci
directement corrテゥlテゥe テ sa qualitテゥ.
Il y a tellement d窶册xemples qu窶冰ne simple traversテゥe de grande surface suffira テ テゥquiper n窶冓mporte
quel didacticien des sciences pour traiter ce sophisme. Prテゥcisons テ toute fin utile que cet appel テ la
nouveautテゥ s窶兮ssortit souvent d窶冰ne scテゥnarisation de type
Scoop
et parfois du ツォ
dテゥboulonnage d窶冓dole
ツサ
visant テ prテゥsenter une avancテゥe de la science ou une nouveautテゥ comme un dテゥpassement, dテゥfi,
camouflet, dテゥboulonnage d窶兮nciens renommテゥs. Ainsi voit-on rテゥguliティrement dテゥboulonnテゥ Einstein,
Newton, Maxwell, Darwin窶ヲ (voir 4.4.3.11
Scテゥnarios record 窶 gテゥnie hテゥroテッque 窶 dテゥfi 窶 dテゥboulonnage
d窶冓dテエle
).
4.3.3.6
L窶兮rgument exotique, ou argument ツォ du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique ツサ
L窶兮rgument exotique consiste テ asseoir une thティse dans la mesure oテケ elle est dテゥfendue par un
reprテゥsentant d窶冰n peuple ancien auquel l窶冓maginaire franテァais confティre des caractテゥristiques,
gテゥnテゥralement celle d窶凖ェtre proche de la nature et de la forテェt ou d窶兮voir une tradition chamanique.
Argument du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique :
1. Les moines tibテゥtains aborigティnes du Mexique pensent que X=b
2. Donc X=b
Il s窶兮git d窶冰ne combinaison de l窶册ffet
Cave テ vin
et de l窶册ffet
vieux sages de l窶兮ntiquitテゥ,
mテ「tinテゥ
d窶兮nthropo-fiction primitiviste.
Tout comme l窶兮rchテゥo-fiction, l窶兮nthropo-fiction a recours テ l窶冓maginaire collectif sur la primitivitテゥ,
imaginaire dans lequel, au moyen d窶冰n euphテゥmisme, le prテゥsident franテァais J. Chirac est rテゥcemment
tombテゥ (Musテゥe des arts premiers). Sans aborder la lecture archテゥtypale d窶冰ne ツォ bonne histoire ツサ, en
France le thティme des aborigティnes, des indiens, des chamanes, d窶冩テケ qu窶冓ls soient, Inuits et moins
tibテゥtains, sont d窶冓nテゥpuisables sources de phantasme. Pour rテゥsumer de faテァon sommaire, disons
que :
- leur anciennetテゥ passe pour un gage de connaissances importantes, ツォ
sinon ils n窶兮uraient pu survivre
ツサ
(voir 4.3.6.3
sophisme du pragmatisme
). Il s窶兮git lテ d窶冰n Effet cave テ vin, doublテゥ d窶冰ne conclusion
sans rapport. On peut par ce moyen テゥtayer テ l窶册nvie toute thテゥorie mテゥdicinale ancestrale, toute
pharmacopテゥe empirique tribale.
- Leur primitivitテゥ / proximitテゥ (ツォ symbiose ツサ, lit-on parfois) avec la Nature les rend plus aptes テ
dテゥvelopper des dons oubliテゥs chez les occidentaux / des capacitテゥs intuitives ツォ animales ツサ, puisque
leur proximitテゥ avec la Nature laisse non troublテゥs certains sens, comme テェtre loin des villes assure
un ciel limpide la nuit.. Passons sur le naturalisme tendance Nouvel テHe et sur le primitivisme
digne des plus grands anthropologues primitivistes du 19
ティme
248
Hテゥlas, un tel primitivisme n窶兮 jamais disparu, et a par exemple resurgi au moins deux fois ces cinq derniティres
243
privilテゥgie leurs rapports avec les animaux / les esprits / les puissances extraterrestres.
L窶兮nthropo-fiction est un excellent exutoire : plutテエt que de vivre dehors ou d窶凖ゥteindre la
tテゥlテゥvision, on fera pousser des plantes indiennes, on achティtera un attrape-rテェves et des masques
africains ou mieux, on fera un stage de danse mystique et on s窶冓nitiera aux sagesses de
Krishnamurti rテゥsumテゥes par les テゥditions de Lagardティre aprティs une journテゥe au labeur. On fera entrer
un peu d窶 ツォ Afrique ツサ, d窶僊mazonie ou d窶儖rient dans son salon, pour reprendre des slogans
classiques, sans pour autant renoncer au confort, pusiqu窶凖 quoi bon, au nom d窶冰n essentialisme
un peu raciste, on sait qu窶冩n ne sera jamais tibテゥtain, trop ancrテゥs que nous sommes dans une
vision occidentale cartテゥsienne.
La littテゥrature abonde en succティs littテゥraires de ce qui s窶兮pparente テ des mascarades
anthropologiques. Pour ne citer que ceux qui nous sテゥduisirent テ une テゥpoque :
-
Le 3
ティme
ナ妬l
, de Lobsang Rampa.
-
Le message des hommes vrais au monde mutant
, de Marlo Morgan.
-
La prophテゥtie des Andes,
de James Redfield.
-
L窶冑erbe du diable et la petite fumテゥe
, de Carlos Castaneda.
-
Sans parler des テゥmerveillements sur les Incas, les テゥgyptiens, les aztティques, dont se sont
fait une spテゥcialitテゥ les Tarade, Charroux, Von Dテ、niken (sur ce dernier, voir Omohundro
1976).
Pour dテゥmontrer en cours l窶冓mportance des reprテゥsentations, nous nous rapporterons aux
remarques liテゥes au Curseur Vraisemblance.
L窶兮rgument exotique est d窶兮utant plus dangereux qu窶冓l permet de plusieurs faテァons de botter en
touche les contradictions,
-
soit au nom d窶冰n autre cadre de rationalitテゥ / d窶冰ne vision ツォ orientale ツサ / d窶冰ne vision
holistique moins rテゥductionniste, (argumentaire qui deviendra recevable le jour oテケ on
pourra rテゥaliser un clafoutis aux cerises et faire un ordinateur de faテァon ツォ orientale ツサ non
rテゥductionniste)
-
soit par un argumentaire, valide jusqu窶凖 un certain point, de
regard anthropologique sur un
milieu
, mテェme si dテゥviant, sur l窶冩bjet. Cet argumentaire nテゥcessite de multiples pincettes : si
toute analyse socio-anthropologique d窶冰n groupe social implique une distorsion
culturelle de celui qui regarde (argument souvent transposテゥ aux sciences physiques au
nom d窶冰ne connaissance mテゥdiocre de la mテゥcanique quantique et d窶冰ne version limitテゥe
du Chat de Schrテカdinger), il y a toutefois des テゥnoncテゥs socio-anthropologiques qui sont
plus ツォ justes ツサ que d窶兮utres, et il arrive テゥgalement des impostures.
-
soit par un argumentaire de type ツォ テゥpistテゥmologie anti-coloniale ツサ selon lequel par une
sorte de dテゥni colonialiste, la science rテゥcuserait les connaissances empiriques locales (voir
4.4.4.3
Pseudo-テゥpistテゥmologies
& Annexe 窶 fiche pテゥdagogique Nツー13
TP brティches dans
l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-colonialiste
).
annテゥes dans le paysage mテゥdiatique franテァais : dans les argumentaires tenus par Smith dans son livre
Nテゥgrologie
,
pourtant encensテゥ par la critique, et dans ceux de certains opposants politiques テ l窶兮dhテゥsion de la Turquie テ l窶儷nion
Europテゥenne. Pour une dテゥconstruction des premiers, voir Diop, Tobner & Verschave,
Nテゥgrophobie
(2005).
244
4.3.4
La notion de faisceau de preuve
Utiliser un tテゥmoignage comme argument relティve de la pseudo-preuve. Penser que la notoriテゥtテゥ de
l窶兮uteur du tテゥmoignage accrテゥdite celui-ci est s窶册xposer テ de gros risques de dテゥvoiement. Croire
que l窶兮nciennetテゥ d窶冰n tテゥmoignage ou d窶冰ne thティse lui confティre une force argumentative est un
leurre. La caractテゥristique principale qui relie les Ips logico-argumentatifs que nous avons
rencontrテゥs est que chacun d窶册ux forme un semblant de morceau de preuve. Assemblテゥs, ils
donnent l窶冓llusion d窶冰ne preuve complティte et franche appellテゥ le sophisme du ツォ faisceau de
preuves ツサ. Rテゥunir un grand nombre de tテゥmoignages ou d窶僊A participe de ce :
ツォ sophisme consistant テ croire que la rテゥunion de plusieurs arguments, dont chacun pris テ
part est faible, constitue une preuve solide. En fait, un faisceau de preuves incertaines
demeure incertain. ツサ (Skrabanek & McCormick,
ouv.citテゥ
, p. 40).
Nous avons dテゥjテ croisテゥ ce sophisme dans l窶
analyse non globale des faits
(introduite au 2.4.6.).
Faisceau de preuves :
1. on a rapportテゥ mille fois qu窶冓l semblerait que X=b
2. Donc X = b
Broch rappelle volontiers dans ses cours la facette zテゥtテゥtique suivante : un tテゥmoignage n窶册st pas
une preuve, et Shermer ajoute, non moins allティgrement : mille non plus. Ce sophisme ne se
cantonne pas aux arguments argumentatifs. Il arrive par exemple que dans le champ mテゥdical
soient accumulテゥes un certain nombre d窶凖ゥtudes, dont aucune n窶兮 mis en テゥvidence de rテゥsultats
significatifs mais qui, une fois associテゥes, apportent la ツォ preuve ツサ d窶冰ne diffテゥrence significative.
ツォ Ce genre de pratique doit テェtre considテゥrテゥ avec mテゥfiance pour deux raisons. Premiティrement,
elle ne saurait テェtre valide que si chacune des テゥtudes considテゥrテゥes est valide par elle-mテェme.
Deuxiティmement, il est certain que si dans テゥtudes effectuテゥes sur un trティs large テゥchelle sont
nテゥcessaires pour mettre en テゥvidence, celle-ci a de fortes chances d窶凖ェtre nテゥgligeable dans la
rテゥalitテゥ. ツサ (
ibid.
)
ツォ Juger de la validitテゥ d窶冰ne proposition au poids d窶冰ne preuve complテゥmentaire rappelle ce
slogan de tailleur : ツォ Qu窶冓mporte la qualitテゥ, voyez l窶兮mpleur ツサ.
Peser de la sorte les arguments consiste テ accumuler toutes les preuves en faveur de
l窶冩pinion choisi sur l窶冰n des plateaux de la balance et テ montrer que leur nombre et leur
masse l窶册mportent sur les preuves inverses, placテゥes sur l窶兮utre plateau. Non seulement cette
maniティre d窶凖ゥtablir la vテゥritテゥ n窶册st pas scientifique, mais elle est テゥgalement dangereuse, car cette
forme de raisonnement peut conduire テ des actions prテゥjudiciables pour la vie de nombreux
individus (surtout dans le domaine de la mテゥdecine prテゥventive). Il n窶册st d窶兮ucune utilitテゥ pour
la recherche de la vテゥritテゥ d窶兮ccumuler des arguments concordants, en collectionnant les
cygnes blancs. ツサ (
ibid.
)
Nous profテゥrons テゥgalement aux テゥtudiants cette facette Z disant : ツォ
Deux demi preuves n窶册n font pas une
ツサ, que nous complテゥtons avec la facette Z de Broch : ツォ
Quantitテゥ n窶册st pas qualitテゥ
ツサ.
Facettes Z :
Quantitテゥ n窶册st pas qualitテゥ
245
4.3.5
Les causalitテゥs douteuses - non causa pro causa
Il s窶兮git de la catテゥgorie de sophismes rhテゥtoriques la plus complexe テ nos yeux, car la plus difficile
テ dテゥceler. Elle est de la forme suivante :
Causalitテゥ douteuse :
1. X et Y sont associテゥs d窶冰ne faテァon paraissant rテゥguliティre
2. donc X est cause de Y (ou inversement)
L窶册rreur rテゥside dans le fait de conclure qu窶冰ne causalitテゥ existe forcテゥment lテ oテケ il y a une variation
commune de deux choses ensemble. D窶冰n point de vue strictement logique, on ne peut conclure
テ une causalitテゥ テ partir d窶冰ne simple corrテゥlation. Disons qu窶冰ne corrテゥlation peut suggテゥrer un lien
causal, mais il appartient テ la preuve expテゥrimentale d窶兮sseoir ce lien.
Protテゥiforme, la classe des
questionable causes
sテゥvit dans une gamme immense de raisonnement, et
une description formelle ne permet malheureusement pas, mテェme chez l窶冓ndividu averti, de
dテゥjouer ces causalitテゥs biaisテゥes, ne serait-ce que dans la majoritテゥ des comportements sociaux, bテ「tir
un protocole expテゥrimental complet avant de conclure est socialement trop coテサteux, et que
certaines des causalitテゥs douteuses prテゥsumテゥes sont finalement salutaires dans bien des cas. Un
exemple trivial pourrait テェtre celui de la relation de causalitテゥ entre le coテッt et la grossesse, qui
quoique fort plaisante, est impossible テ tester en tant que tel ; ou celui de l窶兮ssociation chute du
30
ティme
テゥtage d窶冰n immeuble-dテゥcティs, 窶廃rivant l窶冓nvestigateur de la joie de sa conclusion.
Si entre X et Y existe une relation, cette relation peut テェtre de ordres :
1.
X est la cause de Y. On parlera de causalitテゥ
2.
Y est la cause de X. On parlera de causalitテゥ inverse
3.
X et Y peuvent avoir une cause commune Z. On parlera de causalitテゥ indirecte.
4.
X cause en partie Y. On parlera de causalitテゥ complexe
5.
X cause, mais pas seul, Y. On parlera de causalitテゥ nテゥcessaire non suffisante
6.
X et Y sont associテゥ par hasard. On parlera de coテッncidence
Nous donnerons ensuite quelques pistes psychologiques qui tendent テ faire valider des causalitテゥs
lテ oテケ il n窶凉 en a pas
4.3.5.1
Forme classique : le
Post hoc ergo propter hoc
, ou
effet atchoum
La locution latine
Post hoc ergo propter hoc
signifie littテゥralement
aprティs ceci, donc consテゥquence de ceci.
Skrabanek & McCormick la dテゥcrivent ainsi :
ツォ Depuis des temps immテゥmoriaux, mテゥdecins et autres guテゥrisseurs ont prospテゥrテゥ car ni leurs
Proverbe Z :
Les preuves sont comme les poires : deux poires mテゥdiocres ne font pas une
bonne poire (テ la rigueur une compote)
246
malades ni eux-mテェmes n窶凖ゥtaient capables de distinguer clairement entre association et
relation de cause テ effet. La saignテゥe, la purge, l窶册xtraction de dents afin d窶凖ゥliminer les
ツォ
foyers toxiques
ツサ, la polymテゥdicamentation non raisonnテゥe ont des テゥquivalents
contemporains, テゥtant donnテゥ que les mテゥdecins et les malades ne sont toujours pas [pas
toujours, du moins, NdA] capables de distinguer association et cause. Consテゥquence de cette
incapacitテゥ : l窶册xpテゥrience risque de n窶兮pprendre qu窶凖 commettre les mテェmes erreurs avec de
plus en plus d窶兮ssurance. Les logiciens appellent ce sophisme Post hoc ergo propter hoc :
j窶兮i テゥtテゥ malade, je suis maintenant guテゥri, donc le traitement que j窶兮i reテァu a テゥtテゥ la cause de ma
guテゥrison ツサ (
ouv.citテゥ
, p. 30)
Post hoc ergo propter hoc, dit effet
Atchoum
:
1. Y arrive juste aprティs X
2. donc X est la cause de Y
Il s窶兮git d窶冰ne version de la gテゥnテゥralisation hテ「tive. L窶冓mportance de schティmes de pensテゥe prテゥalables,
de type magique, revテェt toute son importance : il faut, pour rテゥaliser un vテゥritable
Post hoc
, que
l窶兮ssociation causale crテゥe un sens pour l窶冓ndividu concernテゥ. Prenons l窶册xemple des rテェves
ツォ prテゥmonitoires ツサ : vous rテェvez d窶冰ne personne, qui dテゥcティde la mテェme nuit. L窶冓ncongruitテゥ (fausse) de
la corrテゥlation incite テ croire en un don. Paradoxalement, si vous テゥternuez テ Nice et que dans
l窶冑eure, un tremblement de terre dテゥvaste l窶僮ran, il est peu probable, テ moins d窶凖ェtre vraiment trティs
enrhumテゥ, que vous bテ「tissiez une relation de type causale.
Dans le cas du rテェve prテゥmonitoire, une vaste littテゥrature vante ces questions, aux frontiティres de la
mテゥtapsychique et de la parapsychologie. Dans le cas de l窶凖ゥternuement, テ moins d窶冓nvoquer en
toute mauvaise foi un effet papillon (voir Annexe 窶
Fiche pテゥdagogique Nツー1Chaos, papillon, attracteur 窶
quand la science se fait sテゥduisante
), l窶兮ssociation causale ne rテゥpond テ aucun schティme.
C窶册st la raison pour laquelle nous avons optテゥ pour le nom d窶册ffet Atchoum, afin de remplacer la
locution latine trop lourde.
Nous テゥcrivions テ ce sujet :
ツォ Lorsqu窶冰n individu souffrant d窶冰ne pathologie prend ses gouttes d窶凖ゥlixirs et se voit guテゥri,
se pose la double question :
- a-t-il guテゥri directement grテ「ce テ l窶凖ゥlixir, ou y a-t-il d窶兮utres paramティtres pouvant expliquer
cette guテゥrison 窶 notamment un traitement en parallティle pouvant テェtre responsable de la
guテゥrison ?
et
- la pathologie du patient テゥtait-elle une pathologie avテゥrテゥe, et si oui, la guテゥrison est-elle
テゥgalement avテゥrテゥe ?
Ces questions ont l窶兮ir stupide, et pourtant. L窶冑umain a une forte tendance テ voir des liens
causaux directs entre les choses qu窶冓l aime voir liテゥes. Les linguistes parlent テ ce propos de
Post Hoc ergo propter hoc 窶 ツォ juste aprティs, donc consテゥquence de ツサ. En zテゥtテゥtique, nous
prテゥfテゥrons parler du plus mテゥmorable effet atchoum : imaginons la tテェte de l窶冓ndividu qui
habitant Toulouse le 21 septembre 2001, テゥternue テ 10h17, relティve son nez humide et voit
l窶冰sine AZF et ses alentours soufflテゥs par l窶册xplosion. Conclure テ un lien de cause テ effet
entre l窶凖ゥternuement et l窶册xplosion est un post hoc ergo propter hoc. Si ridicule que cela
paraisse, nous faisons un certain nombre d窶册ffets Atchoum dans nos actes thテゥrapeutiques.
Le leurre consiste en ce que huit テ neuf pathologies sur dix affectant l窶冑umain disparaissent
spontanテゥment, quoi que nous fassions, au bout d窶冰n certain temps. Faire une danse de la
247
pluie, recevoir des passes magnテゥtiques ou se faire faire un lavement, et guテゥrir tout de suite
aprティs est extrテェmement convaincant テ premiティre vue. Comprenons ainsi qu窶冰n rhume, par
exemple, non traitテゥ dure sept jours, et qu窶冰n rhume traitテゥ par les テゥlixirs de Bach dure窶ヲ une
semaine. Dans le premier cas, on attribuera la guテゥrison テ sa propre capacitテゥ curative. Dans
le second, テ Edward Bach. テ tort. Si vous ne guテゥrissez pas, par contre, c窶册st que vous avez
dテサ prendre le mauvais テゥlixir ツサ. (Monvoisin 2006b,
ouv.citテゥ
)
Prテゥcisons toutefois que la causalitテゥ est peut テェtre bel et bien prテゥsente : c窶册st le fait de la dテゥduire
d窶冰ne coテッncidence qui engendre le sophisme du
post hoc
.
Voici quelques exemples utiles :
窶「
Superstitions
la perpテゥtuation des comportements superstitieux est basテゥe sur ce principe : passer sous une
テゥchelle enclint la personne superstitieuse テ voir une causalitテゥ dans tout incident advenant ensuite.
窶「
Coupeurs de feu et autres
les exemples mテゥdicaux et, malheureusement, pseudo-mテゥdicaux sont テゥgalement propices au
Post
Hoc
, et son aggravテゥs par le biais de la validation subjective. Dans notre cours, des テゥtudiantes de
pharmacie ont montrテゥ que dans le cas des
coupeurs de feu
, il s窶兮git d窶冰n raisonnement de type Post
窶「
Le cyclone Katrina
des exemples plus (im)moraux ont trouvテゥ leur illustration chez certains tテゥlテゥ-テゥvangテゥlistes
テゥtatsuniens comme Pat Robertson, dテゥcrivant le cyclone dテゥvastant le Sud des EU en 2005 comme
la consテゥquence de l窶冓nsalubritテゥ morale de certaines personnes 窶 notamment la tenue d窶冰ne
rave-
party
.
窶「
Kinテゥsiologie
Prenons un individu qui ツォ croit ツサ en la kinテゥsiologie, et qui vient pour une pathologie quelconque
bテゥnigne. Puisque 8 テ 9 pathologies sur 10 disparaテョssent spontanテゥment chez l窶冓ndividu, et si l窶冩n
ajoute テ cela que, dans la majoritテゥ des cas, c窶册st le kinテゥsiologue qui ツォ invente ツサ la pathologie, 窶 il
n窶册st pas rare que l窶冓ndividu, juste aprティs le traitement, se sente mieux, et vienne ainsi confirmer
son goテサt pour cette pseudo-thテゥrapie. Prenons cette fois un individu qui n窶凉 croit pas 窶 mais qui
sait que d窶兮utres y croit, sinon il y a peu de chances qu窶冓l vienne consulter un kinテゥsiologue : selon
les mテェmes principes, une corrテゥlation traitement-guテゥrison peut テェtre perテァue, qui fera non seulement
un patient de plus, mais un ardent dテゥfenseur (selon le principe de la dissonance cognitive).
4.3.5.2
Variante : le culte du Cargo, de Feynman
Nous citons le culte du cargo テ titre anecdotique, ne serait-ce parce qu窶冓l est un des outils
classiques dans le scepticisme.
ツォ In the South Seas there is a cargo cult of people. During the war they saw airplanes with
lots of good materials, and they want the same thing to happen now. So they've arranged to
make things like runways, to put fires along the sides of the runways, to make a wooden hut
for a man to sit in, with two wooden pieces on his head to headphones and bars of bamboo
249
Voir le travail (incomplet) de Bousquet & Charaix
les coupeurs de feu 窶 faiseurs de miracles
, mai 2007, cours Monvoisin
Zテゥtテゥtique & approche scientifique du 窶湾aranormal窶.
248
sticking out like antennas 窶 he's the controller 窶 and they wait for the airplanes to land.
They're doing everything right. The form is perfect. It looks exactly the way it looked
before. But it doesn't work. No airplanes land. So I call these things cargo cult science,
because they follow all the apparent precepts and forms of scientific investigation, but
they're missing something essential, because the planes don't land.ツサ. (Feynman 1997)
4.3.5.3
Sophisme du pragmatisme et paradoxe d窶僊sher
On tombe dans le sophisme du pragmatisme lorsqu'on prテゥtend que quelque chose est vrai ou est
efficace parce que
テァa marche
. Par exemple, l'astrologie
marche
, la kinテゥsiologie
marche
.
Le dictionnaire sceptique nous explique que
ツォ Ce que ツォ marcher ツサ signifie ici n'est pas clair. Au minimum, cela signifie qu'on perテァoit un
bテゥnテゥfice concret テ croire que cela est vrai, malgrテゥ le fait que l'utilitテゥ d'une croyance soit
indテゥpendant de sa vテゥracitテゥ. テ ce niveau, ツォ marcher ツサ paraテョt signifier ツォ J'en suis satisfait, ツサ
ce qui veut peut-テェtre dire ツォ Je me sens mieux ツサ ou ツォ テa m'explique des choses. ツサ Au
mieux, ツォ marcher ツサ signifie ツォ a des effets bテゥnテゥfiques ツサ mテェme si les preuves sont trティs
minces pour テゥtablir la causalitテゥ. ツサ
La sur-representation de ce sophisme, basテゥ sur un raisonnement de type
Post Hoc ergo propter hoc
,
dans les prテゥtentions des pseudothテゥrapies est un des テゥcueils majeurs テ la construction d窶冰ne
critique.
Plus retors encore, et introduisant la notion de suggestibilitテゥ mテゥdicale, le paradoxe dit d窶僊sher, du
nom du mテゥdecin londonien Richard Asher, qui souligna que le succティs d窶冰n traitement dテゥpend
autant de l窶冩ptimisme du thテゥrapeute que de la confiance du malade.
ツォ Si vous pouvez croire avec ferveur テ votre traitement, mテェme si des テゥtudes contrテエlテゥes
ont dテゥmontrテゥ qu窶冓l est pratiquement sans effet, alors vous obtiendrez de bien meilleurs
rテゥsultats, vos malades iront beaucoup mieux, et vos revenus aussi. Cela explique le succティs
remarquable de certains de nos confrティres les moins douテゥs mais les plus crテゥdules, ainsi que
le rejet violent des statistiques et des テゥtudes contrテエlテゥes par les mテゥdecins テ la mode. ツサ
(Asher 1972, p. 47,
in
Skrabanek & McCormick,
ouv.citテゥ
, p. 14).
4.3.5.4
Forme extrapolテゥe : l窶册ffet ツォ cigogne ツサ
Parce que deux テゥvテゥnements suivent une テゥvolution comparable dans le temps, l'un est supposテゥ
テェtre la cause de l'autre
L'effet Cigogne consiste テ confondre corrテゥlation et causalitテゥ dans l窶凖ゥvolution linテゥaire de deux
variables.
L窶册ffet ツォ cigogne ツサ :
250
ツォ
Dans les Mers du Sud il y a des gens qui pratiquent un culte de l'avion cargo. Pendant la guerre, ils ont vu des avions atterrir avec
beaucoup de bonnes choses, et ils veulent que la mテェme chose arrive maintenant. Donc, ils ont fait des choses qui ressemblent テ des pistes
d'envol, mis des feux le long des cテエtテゥs des pistes, fait une hutte en bois oテケ un homme s'assoit, avec deux morceaux de bois sur sa tテェte en
guise de casque et des bテ「tons de bambou dressテゥs pour faire des antennes 窶 c'est le contrテエleur 窶 et ils attendent que les avions
atterrissent. Ils font tout comme il faut. La maniティre est parfaite. Cela ressemble prテゥcisテゥment テ ce que c'テゥtait. Mais テァa ne marche pas.
Aucun avion n'atterrit. J'appelle donc ces choses ツォ science culte de l'avion cargo ツサ, parce qu'elles suivent tous les prテゥceptes apparents et les
formes de la recherche scientifique, mais il leur manque quelque chose d'essentiel, parce que les avions n'atterrissent pas
. ツサ Discours de
fin d'テゥtudes de Caltech en 1974; extrait du livre "
Vous voulez rire, M. Feynman
" (InterEditions, 1997) traduit par
Klingbeil.
249
1. X et Y varient ensemble en fonction du temps
2. donc X cause Y
N窶冓mporte quel couple de variables indテゥpendantes qui se modifient de faテァon linテゥaire avec le
temps montre une corrテゥlation parfaite, ツォ
par exemple le prix de la biティre et le salaire des prテェtres テ Chicago
ツサ.
(Gibbons & Davis 1984, pp1183-1194,
in
Skrabanek & McCormick,
ouv.
citテゥ, p. 35)
Sont prテゥsentテゥs ici une sテゥrie d窶册xemples profitables テ fin pテゥdagogique :
窶「
Mテゥdecine
ツォ Rテゥcemment, on a comparテゥ le nombre de malades psychiatriques hospitalisテゥs テ celui des
prisonniers en Angleterre et au pays de Galles, entre 1950 et 1985. Cette comparaison a mis
en テゥvidence une forte corrテゥlation nテゥgative : tandis que le nombre de malades psychiatriques
hospitalisテゥs diminuaient, celui des prisonniers augmentait proportionnellement. Les auteurs
ont admis que cette association ne signifiait pas nテゥcessairement l窶册xistence d窶冰ne relation de
cause テ effet selon laquelle les sujets auparavant internテゥs auraient ensuite テゥtテゥ incarcテゥrテゥs.
Mais ils n窶冩nt pu s窶册mpテェcher de conclure qu窶冓l existait ツォ
de bonnes raisons de mettre en doute le
succティs des politiques municipales et, chez les psychiatres, un certain refus d窶兮dmettre les sujets dangereux
mentalement anormaux
ツサ ツサ. (Weller & Weller 1986, pp. 55-56
in
Skrabanek & McCormick,
ibid
.).
窶「
Idテゥologies
Il arrive que, lorsqu窶冰n moteur idテゥologique est テ l窶卩砥vre ou lorsque un individu cherche テ valider
une hypothティse テ tout prix, les donnテゥes disponibles soient ツォ torturテゥes ツサ, au point de crテゥer l窶冓llusion
d窶冰ne corrテゥlation. Le cas de l窶冰tilisation raciste de la notion pseudo-scientifique de Quotient
Intellectuel est テ ce titre テゥclairant : les recherches sur le QI et les ツォ races ツサ d窶僊rthur Jensen,
William Shockley, Herrnstein & Murray et d窶兮utres n窶冩nt pas montrテゥ de corrテゥlation significatives
entre ツォ race ツサ et intelligence. Utilisant le QI (marqueur variable d窶冰n pays テ l窶兮utre, d窶冰ne テゥpoque テ
l窶兮utre, et variant d窶冰n individu habituテゥ/scolarisテゥ ou non) ils parvinrent de faテァon factice テ テゥtayer
leur thティse raciste selon laquelle certaines ツォ races ツサ sont intellectuellement infテゥrieures テ d窶兮utres 窶
et qu窶冰n individu de telle race est vraisemblablement moins intelligent que tel autre : ce dernier
biais s窶兮ppelle le
sophisme テゥcologique
, voir 4.3.6.9
Sophisme テゥcologique
).
窶「
Religion et espテゥrance de vie
L窶册ffet cigogne est des plus rテゥussis sur cette couverture de
S&V
d窶兮oテサt 2005 (figure 94).
250
Figure 94 : Couverture de S&V nツー1055 aoテサt 2005 : Pourquoi Dieu ne disparaitra jamais.
4.3.5.5
Forme inversテゥe : effet Lotus ou inversion de causalitテゥ
Aussi appelテゥ
sophisme unidirectionnel
,
ou
Wrong Direction fallacy
, l'effet Lotus consiste テ supposer une
corrテゥlation directe et テ en tirer une fausse causalitテゥ, alors que l'on est en prテゥsence d'une
corrテゥlation inverse. Nous le devons テ Broch (
ouv.citテゥ
)
L窶册ffet Lotus :
1. X et Y varient ensemble en fonction du temps
2. donc X cause Y
Un exemple sous-tend toute cette thティse : les mテゥdias prテゥtendent que la prテゥsence d窶凖ゥmissions/de
magazines spテゥcial ツォ paranormal ツサ (et l窶兮bsence d窶凖ゥmissions critiques) rテゥpond au goテサt des
lecteurs/tテゥlテゥspectateurs, alors que nous pensons que la corrテゥlation est au moins en partie
inversテゥe : c窶册st l窶冩mniprテゥsence de telles テゥmissions/magazines qui entretient le goテサt des
lecteurs/tテゥlテゥspectateurs. Le mテェme type de raisonnement biaisテゥ est invoquテゥ vis-テ-vis de la violence
dans les mテゥdias, ou dans la musique : rテゥpond-t-elle au besoin/テ la demande des consommateurs,
ou crテゥe-t-elle ce goテサt ?
Voici trois exemples pris dans le champ mテゥdical citテゥs par Skrabanek & McCormick :
-
la sensation d窶兮voir froid
prテゥcティde gテゥnテゥralement une affection fテゥbrile, mais
contrairement テ une opinion rテゥpandue, le fait d窶凖ェtre assis sur des bancs de pierre froide,
de marcher avec des chaussettes mouillテゥes ou de sortir aprティs s窶凖ェtre lavテゥ les cheveux
n窶册ntraテョne pas la sensation de froid ou la fiティvre. La sensation de froid constitue le
premier symptテエme de la fiティvre.
-
une association a テゥtテゥ dテゥcrite entre le paracテゥtamol, antalgique courant, et les ulcティres de
l窶册stomac. De nombreux mテゥdicaments couramment employテゥs pour soulager la douleur,
comme l窶兮spirine, sont connus pour aggraver les symptテエmes d窶冰n ulcティre. テ premiティre
vue, il pourrait sembler lテゥgitime de conclure que le paracテゥtamol a le mテェme type d窶册ffet.
Il existe cependant une autre possibilitテゥ : on conseille テ ceux qui souffrent d窶冰lcティre
d窶凖ゥviter l窶兮spirine ou des mテゥdicaments apparentテゥs et de prendre plutテエt du paracテゥtamol.
Couverture trティs riche de
S&V
- Question doxique, crテゥation de la
question
- Raisonnement panglossien
- Accentuation fantasmagorique +
rテゥductionnisme molテゥculaire
- Multiple effet cigogne : ツォ la religion
augmente l窶册spテゥrance de vie ツサ
251
Il est donc possible que l窶册xistence d窶冰n ulcティre gastrique soit ツォ cause ツサ de la prise de
paracテゥtamol, et non l窶冓nverse.
-
si des symptテエmes de sevrage apparaissent aprティs un certain temps de prise de
mテゥdicaments, ce n窶册st pas le mテゥdicament, mais son absence qui en est responsable. Cet
exemple ne semble trivial que parce que nous en connaissons aujourd窶冑ui la cause.
Prenons le cas d窶冰n malade diabテゥtique sous insuline et inconscient : ce serait une erreur
fatale de prテゥsumer que, puisque le manque d窶冓nsuline est responsable d窶冰n coma, le
traitement correct est l窶冓nsuline. Un coma chez un diabテゥtique peut テェtre dテサ aussi bien テ
un manque qu窶凖 un excティs d窶冓nsuline. Comme il est parfois difficile de distinguer au
premier abord ces deux situations, le premier geste appropriテゥ d窶冰rgence consiste テ
administrer du sucre, parce que l窶册xcティs d窶冓nsuline est plus immテゥdiatement dangereux et
plus difficilement rテゥversible. (
ouv.citテゥ
, p. 33)
Des exemples graves d窶冓nversion de causalitテゥ ont trouvテゥ racine dans les conceptions religieuses
conservatrices : plusieurs テゥglises protestantes amテゥricaines ont par exemple dテゥclarテゥ que
l窶兮ugmentation des cas de SIDA テゥtant causテゥs par le dテゥveloppement de l窶凖ゥducation sexuelle, celle-
ci テゥtait proprement condamnable.
4.3.5.6
Forme conjointe, indirecte ou collatテゥrale : le
Cum hoc ergo propter hoc
Ce biais consiste テ supposer une chose テェtre la cause d窶冰ne autre, alors qu窶冓l s窶兮git de deux
consテゥquences d窶冰ne cause sous-jacente.
Forme classique du Cum hoc ergo propter hoc :
1. X varie en mテェme temps que Y (parce que Z est cause de X et Y)
2. donc X est cause de Y
Sont fournis ici quelques exemples exploitテゥs en enseignement :
- le niveau en mathテゥmatiques des テゥlティves de collティge en France est corrテゥlテゥ テ la taille de leurs
pieds. Est-ce テゥtonnant puisque les テゥlティves, au grテゥ des diverses classes, vieillissent ?
- Le cancer du col de l窶冰tテゥrus est plus frテゥquent chez les gens pauvres. ツォ
Il n窶册st donc pas
テゥtonnant qu窶冰n テゥpidテゥmiologiste a mis en テゥvidence une association significative entre ce cancer et la pratique
d窶冰n premier rapport sexuel テ mテェme le sol plutテエt que dans un lit
. (Rotkin 1967, pp. 815-829).
- ツォ
En Irlande, lors d窶冰n dテゥbat sur un dテゥcret de planning familial, un certain nombre de mテゥdecins
テゥminents ont soutenu que la vente libre de prテゥservatifs accroテョtrait la promiscuitテゥ et les maladies
sexuellement transmissibles. Leur conviction sur la relation de cause テ effet entre ces phテゥnomティnes テゥtait
fondテゥe sur une association indirecte. Dans certains pays, la vente libre des contraceptifs est associテゥe テ une
attitude libテゥrale vis-テ-vis des relations sexuelles. Mais le fait que le public demande テ avoir libre accティs aux
contraceptifs et la modification du comportement sexuel peuvent tous deux rテゥsulter d窶冰ne テゥvolution des
mナ砥rs
. ツサ (Skrabanek & McCormick,
ouv.citテゥ
, p. 33).
- Les ツォ boutons de fiティvre ツサ sont prテゥsentテゥs comme la consテゥquence d窶冰ne fiティvre. Dans le
cas d窶冰ne varicelle, c窶册st manifestement faux, les deux phテゥnomティnes テゥtant dテサ テ une
pathologie bien prテゥcise.
Les exemples sociテゥtaux ne manquent pas, comme en テゥconomie : entendre que nous vivons
252
actuellement une pテゥriode de grand chテエmage
forcテゥment dテサ
テ une baisse de la consommation par
exemple. Il est recevable de se pencher sur l窶冓dテゥe que les deux phテゥnomティnes peuvent テェtre causテゥs
par des taux d窶冓ntテゥrテェt exorbitants.
窶「
Politique
L窶冰n des ceux portant le plus テ consテゥquence est certainement celui-ci. Ce n窶册st pas l窶兮ppartenance
テ un groupe ethnique qui fait le taux de prテゥsence dans les prisons, mais la misティre sociale rテゥservテゥe
au groupe ethnique dans le pays considテゥrテゥ. F. J. Davis, en 1952, a publiテゥ une テゥtude sur les infos
concernant les dテゥlits publiテゥs par les journaux du Colorado : ツォ
Il n窶兮 trouvテゥ qu窶冰ne relation trティs lテ「che
entre le nombre de dテゥlits dont rendent compte ces journaux et les variations du nombre effectif de dテゥlits commis dans
le Colorado ; de plus, l窶凖ゥvaluation par l窶冩pinion publique des progrティs de la dテゥlinquance dans cet Etat テゥtait liテゥe non
aux variations effectives,
mais テ l窶兮ugmentation du nombre d窶冓nformations sur les dテゥlits
ツサ.(soulignテゥ
par nous) (Davis 1952 pp. 325-330,
in
Becker 1951, pp. 36-37)
Quelques mises en garde toutefois :
-
le Cum hoc peut テェtre longuement discutテゥ dans certains cas. Prenons l窶册xemple d窶冰n mテゥdecin
dテゥcelant chez un patient faible un taux de bactテゥries supテゥrieur テ la normale, et concluant que
ce taux est responsable de la faiblesse en question. Or il pourrait s窶兮vテゥrer que les bactテゥries en
question soient quasi- inoffensives, et que ce soit un virus qui soit responsable de la faiblesse
du patient. Par consテゥquent, ce serait le virus qui serait l窶兮gent causal de la pathologie et du
dテゥveloppement bactテゥrien 窶 les bactテゥries profitant de la faiblesse du corps du patient pour
croテョtre.
-
il arrive parfois que la consテゥquence Y soit elle-mテェme cause de Y, par une boucle de rテゥtroaction
窶 les exemples de catalyse, par exemple, ou les phテゥnomティnes sociaux de rumeur (Froissart
2002).
4.3.5.7
Nテゥcessitテゥ mais insuffisance de la cause : le tour de force de Pettenkaufer
Mテェme si la corrテゥlation entre X et Y est de type causal, il ne s窶册nsuit pas automatiquement que
tout X entraテョne Y. En d窶兮utres termes, une cause nテゥcessaire n窶册st pas toujours suffisante.
Insuffisance de la cause :
1. X est l窶une de(s) cause(s) de Y
2. donc X est la cause de Y
Il y a des exemples extrテェmement parlants テ notre disposition :
窶「
Le platane
Pour poser le biais, nous utilisons en cours l窶册xemple suivant : un automobiliste fin ivre, au volant
d窶冰n vテゥhicule avec des pneus lisses, tous phares テゥteints, sort de la route et percute un platane. Si
la prテゥsence du platane テゥtait nテゥcessaire, peut-on raisonnablement penser qu窶冓l en est pleinement la
cause ?
窶「
Grippe
ツォ
Tous les sujets exposテゥs au virus de la grippe ne dテゥveloppent pas cette maladie. Donc l窶册xposition au virus n窶册st
pas en elle-mテェme une cause suffisante, bien qu窶册lle soit nテゥcessaire.
ツサ (Skrabanek & McCormick,
ibid.
). On
253
ajoutera que la corrテゥlation avec le froid est l窶冰ne des idテゥes reテァues les mieux ancrテゥes de notre
temps.
窶「
Tabac
ツォ
Tous les fumeurs ne meurent pas de cancer du poumon et tous ceux qui meurent de cancer du poumon ne sont pas
des fumeurs. Donc le tabac n窶册st une cause ni nテゥcessaire ni suffisante.
ツサ
(Skrabanek & McCormick,
ouv.citテゥ
,
pp. 33-34)
窶「
Pettenkaufer
Le cas le plus テゥclairant テ notre avis est celui du ツォ tour de force ツサ de Pettenkaufer :
ツォ l窶冰n des postulats de Koch, qui doit テェtre vテゥrifiテゥ pour dテゥterminer la cause d窶冰ne maladie
infectieuse, veut qu窶冰ne culture pure de l窶冩rganisme infectant, administrテゥ テ l窶兌H]omme ou
l窶兮nimal, provoque toujours la maladie. Cette nテゥcessitテゥ thテゥorique et apparemment sensテゥe
ignore en fait la distinction entre cause nテゥcessaire et cause suffisante. Le savant allemand
Max von Pettenkaufer, pionnier dans le domaine de l窶冑ygiティne et de l窶凖ゥpidテゥmiologie, a
dテゥmontrテゥ de maniティre テゥclatante que Vibrio cholerae n窶册st pas une cause suffisante du
cholテゥra. En 1892, devant un public fascinテゥ, il avala 1 ml d窶冰ne culture sティche provenant des
selles d窶冰n malade en train de mourir du cholテゥra. Il resta indemne, au grand dテゥsespoir des
disciples de Koch. Pettenkaufer ne mettait pas en doute que le vibrion テゥtait la cause
nテゥcessaire du cholテゥra, il voulait dテゥmontrer qu窶冓l n窶凖ゥtait pas une cause suffisante.(窶ヲ) Pour
pouvoir surmonter la difficultテゥ introduite par Pettenkaufer, les postulats de Koch ont テゥtテゥ
corrigテゥs par l窶兮dditif suivant : ツォ chez les hテエtes rテゥceptifs ツサ. Il en est rテゥsultテゥ une tautologie
puisque la ツォ rテゥceptivitテゥ ツサ dテゥpend de la prテゥsence de la maladie et la ツォ non-rテゥceptivitテゥ ツサ de son
absence : un organisme entraテョne une maladie, sauf quand il ne le fait pas ツサ (
ibid.)
(voir
4.3.6.16
Tautologie & effet cerceau
).
Encore une mise en garde :
ce type de causalitテゥ nテゥcessaire non suffisante s窶凖ゥtaye sur un unique
tour de force, bien entendu. Encore faut-il que ce soit un tour de force sans trucage ou sans
テゥlision de l窶冓nformation. L窶兮ffaire Willner est un exemple nテゥgatif : les
ツォ nテゥgationnistes ツサ du SIDA,
du moins dans leur version douce (la sテゥropositivitテゥ existe, mais n窶册st pas responsable du SIDA)
ont invoquテゥ rテゥcemment sur divers forums, dont celui de l窶儖Z, le cas d窶冰n professeur ayant lors
d窶冰ne テゥmission TV grand public prテゥlevテゥ dans une seringue le sang d窶冰n de ses amis diagnostiquテゥ
comme contaminテゥ par le VIH, puis se l窶凖ゥtant ensuite injectテゥ sans dommage. La vテゥritテゥ est assez
diffテゥrente, comme nous l窶apprend N. Vivant
4.3.5.8
Cause rテゥelle mais nテゥgligeable
Ce biais consiste テ supposer une chose cause d窶冰ne autre, et c'est effectivement le cas, mais son
importance, additive (テ l窶冓nverse de cas prテゥcテゥdent) est nテゥgligeable comparテゥe テ d'autres facteurs
Argument de la cause rテゥelle mais nテゥgligeable :
1. X, Y et Z causent A
2. donc X cause A
Bien entendu, ce sophisme est allテゥgテゥ si tous les concours de la cause sont テゥgalement responsables
du phテゥnomティne. Mais ce qui est dテゥnoncテゥ ici est l窶兮ssociation, abusive, entre une variable parmi
251
Vivant N., Le Dr Willner s'est-il inoculテゥ du sang contaminテゥ ?, Journal de l窶儖Z :
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=15
254
d窶兮utres, et le corollaire.
Trois exemples classiques sont utilisテゥs テ profit :
窶「
La calテゥfaction
Le phテゥnomティne de calテゥfaction est souvent invoquテゥ dans les milieux sceptiques comme la cause de
non brテサlure dans les marches sur tisons ardents, ce qui est nテゥgligeable devant les faibles capacitテゥ
calorifique et conductivitテゥ thermique du charbon (Broch 2001).
窶「
Les vitraux
Un exemple dans lequel nous sommes nous mテェme tombテゥ
: l窶兮rgument de la structure semi-
liquide du verre, expliquant le renflement テ la base des vitraux, est incomparablement faible
devant le procテゥdテゥ de coulure par centrifugation, qui explique quasi-totalement le phテゥnomティne.
窶「
La fumテゥe
Un autre exemple est donnテゥ en cours : la fumテゥe de cigarette contribue effectivement テ la
pollution de l窶兮ir de Grenoble.
Attention : dans la catテゥgorie du dernier cas, on pourrait voir un appel テ argument qui
dテゥresponsabiliserait l窶冓ndividu de certains actes. S窶冓l est un fait que la fumテゥe de cigarette contribue
effectivement bien peu テ la pollution de l窶兮ir, la causalitテゥ biaisテゥe n窶册st pas une excuse morale
valable : certains actes, dans le champ moral ou politique, ont un effet テゥmargeant du cadre
scientifique pour atteindre le champ symbolique et ainsi テゥventuellement gテゥnテゥrer des phテゥnomティnes
sociaux テ plus grande テゥchelle (le fait de renoncer テ sa voiture, par exemple).
Remarquons que, dans la recherche des phテゥnomティnes テゥtranges, nous nous retrouvons テ tester les
hypothティses une par une. Il est parfois rageant de se rendre compte que les hypothティses テゥtaient plus
dテゥlicates que le problティme lui-mテェme. Prenons l窶册xemple de la ツォ rumeur des vipティres lテ「chテゥes par
hテゥlicoptティre ツサ pour le bテゥnefice de l窶僮nstitut Pasteur. Les rumorologues se sont acharnテゥs rテゥcuser les
arguments les uns aprティs les autres, sur une base scientifique tout テ fait correcte : dテゥcテゥlテゥration,
thermorテゥgulation, nombre de vipティres au mティtre carrテゥ. Au final, les points composants la rumeur
furent cassテゥs un par un. Notons au passage que lorsque une vipティre est recensテゥe par un
herpテゥtologue (souvent amateur), on noircit une carte de rテゥpartition des reptiles de 5 fois 3,5 km,
ce qui est dテゥmesurテゥment grand mais fournit, comme rテゥcimine Rテゥmy, des bases statistiques
ツォ solides ツサ (Rテゥmy 1992 ; 1993).
4.3.5.9
Sophisme テゥcologique, ou corrテゥlation テゥcologique
Ce sophisme consiste テ transposer テ des individus des relations テゥtablies pour des populations
entiティres.
Sophisme テゥcologique :
1. Une population donne en moyenne X=b
2. Donc pour chaque individu X = b
Quelques exemples :
252
Sur le groupe de discussion
Zテゥtテゥticiens
. Merci テ D. Biette, du laboratoire zテゥtテゥtique.
255
-
Soient trois populations diffテゥrentes, chacune se caractテゥrisant par une frテゥquence diffテゥrente
de cancer du poumon et diffテゥrentes habitudes en matiティre de port de chapeau. Il est
テゥvident que l窶册xistence d窶冰ne corrテゥlation parfaite entre le port du chapeau et le cancer du
poumon n窶兮 aucune influence sur la probabilitテゥ qu窶冰n individu portant un chapeau
contracte un cancer du poumon (Rosen, Nystrom & Wall 1985 pp. 293-299).
-
Les Africains ont tendance テ manger plus de fibres que les Europテゥens, ils ont des selles
plus consistantes ; ils semblent テゥgalement moins exposテゥs テ certaines maladies frテゥquentes
dans les pays riches. Cette constatation a amenテゥ Burkitt et d窶兮utres テ recommander une
modification de notre rテゥgime alimentaire (Burkitt
& al.
,
Lancet
, 1972 pp. 1408-11).
-
Les テゥpidテゥmiologistes ont mis en テゥvidence une corrテゥlation trティs forte entre l窶兮bsorption de
graisses saturテゥes et la frテゥquence de cancer du sein. Ce type d窶兮rguments ne justifie pas
qu窶冩n donne テ un individu dテゥterminテゥ des conseils diテゥtテゥtiques censテゥs diminuer la mortalitテゥ
par cancer du sein du groupe tout entier.
Skrabanek et McCormick, auxquels nous devons ces exemples (
ouv.citテゥ
, pp. 38-40), insistent
sur l窶冓mportance que prend ce sophisme dans des domaines comme la prテゥvention des
cardiopathies ischテゥmiques. La mortalitテゥ due テ cette affection a テゥtテゥ corrテゥlテゥe テ de trティs
nombreuses variables, parfois diffテゥrentes d窶冰n pays テ l窶兮utre. De nombreux mテゥdecins ont
ainsi テゥtテゥ conditionnテゥs テ recommander des modifications de rテゥgime et de style de vie sans
l窶兮ppui dテゥmonstratif de donnテゥes expテゥrimentales. ツォ
Fait テゥtonnant
, ajoutent-ils,
le taux de mortalitテゥ
infantile et le nombre de mテゥdecins sont parallティles dans dix-huit pays dテゥveloppテゥs
(
Lancet
, 1978, p. 978).
Ce
serait cependant pousser le bouchon un peu loin que de recommander, sur la foi de cette observation, de limiter
le nombre de mテゥdecins.
ツサ
On retrouve ce sophisme agrテゥmentテゥ de l窶兮rgument exotique dans des thテゥrapies Nouvel-テHe :
parce que nos anciens/les bushmen du Kalahari/les aborigティnes ont telle aptitude, il est conseillテゥ
d窶册mprunter un テゥlテゥment de leur rテゥgime qui corrobore la pseudo-thテゥorie mテゥdicale. De tels
argumentaires sont vantテゥs dans les thテゥrapies ayurvテゥdiques et dans le mouvement, テ tendance
sectaire, du crudivorisme en France.
4.3.5.10
Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou
c窶册st テゥtudiテゥ pour
Appelテゥ aussi
Argument from Desgin
,
ce raisonnement fallacieux doit son nom テ l窶凖ゥtrange prテゥcepteur
de Candide, Pangloss, personnage de Voltaire qui enseignait la mテゥtaphysico-thテゥologo-
cosmolonigologie. Il arguait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce
meilleur des mondes possibles, le chテ「teau de monseigneur le baron テゥtait le plus beau des chテ「teaux
et madame la meilleure des baronnes possibles. ツォ
Il est dテゥmontrテゥ, disait-il, que les choses ne peuvent テェtre
autrement : car, tout テゥtant fait pour une fin, tout est nテゥcessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les
nez ont テゥtテゥ faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes.
ツサ.
Nous parlons de raisonnement panglossien lorsqu窶冰n individu raisonne テ rebours, vers une cause
possible parmi d窶兮utres, vers un scテゥnario prテゥ-conテァu ou vers une hypothティse
Broch parle テ ce titre d窶册ffet
bipティde,
partant de l窶冓dテゥe que
"l'existence
des pantalons prouve que Dieu a
voulu que nous soyons des bipティdes
" (Broch 1989, p. 202). Toutefois, nous avons expテゥrimentテゥ que cet
effet, l窶冰n des plus difficiles テ relever, n窶册st pas mテゥmorisテゥ par les テゥtudiants. Pangloss rテゥsiste
mieux, peut テェtre par sa prテゥsence incontournable dans les programmes scolaires de franテァais au
lycテゥe. En voici un exemple tirテゥ de la presse de vulgarisation scientifique (figures 95 et 96).
256
Figure 95 : rテゥvテゥlations sur l窶僣omme, promet S&V de mai 2005, moyennant un certain nombre de
tremaniements de l窶冓nformation.
Figure 96 : S&Av Nツー712 de juin 2006 utilise le mテェme schティme, pourtant anti-darwinien.
Il existe des variantes de ce raisonnement. Elles sont explicitテゥes dans les sous-parties suivantes.
4.3.5.11
Pangloss version gnostique ou theilardiste
Le raisonnement panglossien gnostique vante l窶凖ゥtat actuel comme produit d窶冰ne sorte de
volontテゥ
ツォ Nous sommes nテゥs pour courir ツサ
ツォ Programmテゥs pour VIVRE
LONGTEMPS
Raisonnement panglossien. Est-ce le
programmateur que le bテゥbテゥ regarde,
tournテゥ vers la lumiティre ?
Phrase-puits : ツォ la mort est ressentie
comme l窶凖ゥchec de la mテゥdecine ツサ
Argument d窶兮utoritテゥ : Axel Kahn
テ英idテゥmie d窶冩bテゥsitテゥ :
deus ex machina
+
effet paillasson sur テゥpidテゥmie
ツォ
Un mutant dテゥfie les lois de la
gテゥnテゥtique ツサ
Scテゥnario juridique
ツォ Exclusif : rテゥvテゥlations ツサ crテゥation du
scoop
Scテゥnario alerte + anthropomorphisme
ツォ
Monstres de l窶册space, les magnテゥtars
sortent de l窶冩mbre
257
immanente programmante
, quelle qu窶册lle soit
Dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur la cosmologie テゥtalテゥs en librairie, est mis en
avant de faテァon plus ou moins discrティte le caractティre abouti de l窶僣umain, fruit de la Crテゥation, du
Dessein Divin, d窶冰ne Volontテゥ Cosmique, du Plan de Dieu, du Principe Anthropique etc窶ヲ. Ce
finalisme panglossien, assez poテゥtique et bigrement satisfaisant intellectuellement, 窶 quoiqu窶凖
charge spテゥculative trティs grande 窶 se retrouve テ diverses doses dans l窶卩砥vre de T. Xuan Thuan, C.
de Duve, A. Dambricourt, Jean-Marie Pelt, Rテゥmy Chauvin et mテェme Hubert Reeves テ qui il arrive
de saupoudrer son propos de petits fragments panglossiens
Actuellement, la frange la plus dテゥcidテゥe sur le plan des thティses de type Dessein Intelligent est nテゥo-
theilardiste et, nous l窶兮vons dテゥjテ dit, prテゥsentテゥe par l窶儷IP. Pour une illustration humoristique et
dテゥconstructive de l窶僮ntelligent Design, il existe dテゥsormais un rテゥseau de Cultes de Desseins
recouvrant les mテェmes aspects que les assertions ID : citons le culte du
Flying Spaghetti Monster
,
celui de la
Invisible Pink Unicorn
et la version franテァaise, toute rテゥcente, du
BBLLOOBB
.
窶「
Exemple du nombre d窶儖r
Le fait de retrouver le nombre d窶冩r dans la nature et de lui prテェter des propriテゥtテゥs magiques ou
harmonieuses procティde de plusieurs biais.
-
Un
raisonnement panglossien
: on ne trouve pas le nombre d窶冩r dans la nature, on cherche un
rapport rテゥcurrent qu窶冩n appelle nombre d窶冩r.
-
Un manque de prテゥcision : contre toute attente, le rapport des rayons du Nautile, par
exemple, ne fait pas 1,618 mais plutテエt 1,3
-
Une mystique pythagoricienne, trティs proche de la numテゥrologie, et flattant les ツォ codes
secrets ツサ de la Nature.
-
Il faut rappeler que le dテゥbut de la carriティre mythique du nombre d窶冩r, qu窶冩n appelait
ツォ partage en moyenne et estrテェme raison ツサ, date seulement des annテゥes 1930, et est le fait
d窶冰n diplomate roumain, Ghyka qui la propagea (accompagnテゥ de phrases inquiテゥtantes du
type ツォ c窶册st la gテゥomatrie qui a donnテゥ テ la race blanche sa suprテゥmatie technique et
politique ツサ)
4.3.5.12
Pangloss version ツォ anti-hasard ツサ et sa sous-division ツォ anti-テゥvolution ツサ
Impossible que ceci (l窶冑umain, la femme, l窶卩妬l, la beautテゥ des choses, la complexitテゥ d窶冰ne abeille, le
ツォ suaire ツサ de Turin) soit simplement le produit du hasard / de l窶凖ゥvolution. Il y a forcテゥment une
volontテゥ transcendante.
253
La plupart de ces personnes participent ou participティrent テ l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris.
254
Voir Falbo C. The Golden Ratio 窶 A Contrary Viewpoint College mathematics Journal, 36, 13, 2005,
www.sonoma.edu/Math/faculty/falbo/cmj123-134
255
Ghyka M., e nombre d'or - Rites et rythmes pythagoriciens dans le dテゥveloppement de la civilisation occidentale.,
Fallimard, 1931. Le mythe fut テゥventテゥ trティs tテエt mais sans テゥcho par S. Reinach (le mテェme que pour l窶兮ffaire Glozel). Voir
Le mythe du nombre d窶冩r, la Recherche Nツー278, juillet 1995, pp. 810-816.
Et Rittaud B, ツォ Marguerite Neveux : ツォ le nombre d窶冩r est une affabulation ツサ, La Recherche Nツー387, juin 2005, pp. 26-
27. Ainsi qu窶冰n petit travail pテゥdagogique intテゥressant pour テゥlティves sur le nombre d窶冩r, par Bonnard
http://www.ac-orleans-tours.fr/maths-
lp/Professeur/Spirale/Spirale_Menu/recherche_spirale/Spiral_Htm/Articles_Math_Sciences/Sp5_16/SP5_16.html
258
窶「
Exemples
version
faible
L窶卩妬l est
fait
pour voir, pour ne prendre que le plus simple. Certains argumentaires pro-
OGM s窶册n rapprochent : ツォ
Lorsqu窶冩n affirme que les espティces actuelles, parce qu窶册lles sont l窶兮boutissement
d窶冰ne longue テゥvolution naturelle, sont parfaitement adaptテゥes et en parfait テゥquilibre avec leur environnement, on veut
signifier qu窶册n consテゥquent il ne faudrait en aucun cas y toucher, sauf テ risquer de perturber un ordre naturel, voire
transcendantal
ツサ テゥcrit trティs simplement Lafon (2004, p. 24).
Dans son article sur le principe anthropique テゥcrit pour le Dictionnaire culturel des sciences Lテゥvy-
Leblond, bien que fort critique de ce principe, reprend sans rテゥserve ce postulat sur le caractティre
extraordinaire de notre Univers en expliquant :
ツォ Les sciences physiques contemporaines ont montrテゥ que si l窶兮pparition de la vie dans un
univers テゥvolutif est plausible dans certaines conditions, ces conditions mテェmes sont assez
particuliティres ツサ (
in
Witkowski 2001).
Il ajoute que les experts se sont aperテァus que ツォ
seuls de trティs fins ajustements des paramティtres
ツサ dテゥfinissant
l窶冰nivers et son contenu de matiティre-テゥnergie ont permis le fonctionnement des mテゥcanismes ayant
conduit テ la formation des テゥtoiles et des planティtes et テ la crテゥation des atomes dont notre chair est
composテゥe.
窶「
Exemple
version
forte
R. Chauvin
:
ツォ Les forces en action dans l窶冰nivers sont trティs prテゥcisテゥment calculテゥes pour permettre
l窶兮pparition de l窶冑omme (entre autres, ajouterais-je) puisqu窶冰ne infime diffテゥrence dans les
テゥquilibres en jeu aboutirait fatalement テ rendre la vie impossible [...] la possibilitテゥ ou
mテェme la nテゥcessitテゥ de la conscience テゥtait inscrite dans les premiers signes de vie (窶ヲ)
Qu窶冩n me dise oテケ j窶兮i fait moi-mテェme une faute de logique ? ツサ. (Chauvin 1997, p. 35).
En toute malice, Deleporte rテゥpondra :
ツォ Eh bien c窶册st facile monsieur Chauvin : vous confondez la probabilitテゥ des テゥvテゥnements テ
venir avec la ツォ probabilitテゥ ツサ des テゥvテゥnements ayant dテゥjテ eu lieu. ツサ (Deleporte 2001, p. 313).
窶「
Exemple
version discrティte
: le programme gテゥnテゥtique
Lafon : ツォ l窶冰sage de la mテゥtaphore du programme gテゥnテゥtique n窶册st pas neutre. Elle est
dangereuse pour deux raisons : elle suggティre un concepteur et souffre donc du pテゥchテゥ
capital de finalisme ; elle テゥvoque un ordinatuer et implique テ tort un dテゥterminisme absolu.
En fait, pour un テェtre vivant donnテゥ, l窶冓nformation est le rテゥsultat d窶冰ne longue テゥvolution de
ses ancテェtres, transmise de gテゥnテゥrations テ gテゥnテゥrations. Le programme n窶兮 rien テ voir avec
celui d窶冰n ordinateur car ici, il n窶吮册st pas apportテゥ de l窶册xtテゥrieur et aucune intention ne l窶兮
conテァu. De plus, pour テェtre lu et executテゥ 窶ヲ il a besoin des produits de sa propre lecture, les
protテゥines ! D窶冩テケ le cテゥlティbre cercle vicieux : qui est premier, de l窶僊DN ou des protテゥines ? ツサ
(
ouv.citテゥ
, p. 58)
Pour reprendre l窶册xemple de Chauvin, Deleporte explique que la possibilitテゥ de l窶册xistence de
ツォ
phテゥnomティnes internes
ツサ au gテゥnome par exemple, provoquant des ツォ
tendances テゥvolutives
ツサ n窶册st pas
256
C窶册st Magnan qui pointe cette incongruテッtテゥ : Magnan,
La comsologie est-elle une science ?
(voir nテゥtographie).
259
exclue, mais elle doit テェtre テゥtayテゥe, prouvテゥe, et quand bien mテェme, ツォ
ne constituerait en rien une preuve de
l窶兮ction de forces occultes
[...] ツサ
Pour テゥviter ces dテゥvoiements, Deleporte fait quelques recommandations trティs proches de nos
remarques sur les Ips lexicaux :
ツォ Je voudrais quand mテェme adresser un petit message aux collティgues : si on est biologiste et
qu窶冩n ne pense pas un instant que l窶凖ゥvolution se dテゥroule selon un programme prテゥテゥtabli
pour le dテゥmiurge, alors mieux vaut peut-テェtre テゥviter d窶册mployer le terme de ツォ causes
finales ツサ qui prテゥcisテゥment dテゥsigne la tテゥlテゥologie, surtout quand on s窶兮dresse au grand public
qui n窶册st pas forcテゥment au fait de ces subtilitテゥs du jargon scientifique.
テ益idemment, il est plus rapide de dire, par exemple, de maniティre approximative, que
l窶 ツォ ナ妬l est fait pour voir ツサ que de dire ツォ tel individu possティde un ナ妬l qui lui permet de voir
parce qu窶冓l l窶兮 hテゥritテゥ de ses ancテェtres, via le code gテゥnテゥtique, et les performances de cet ナ妬l,
elles-mテェmes codテゥes gテゥnテゥtiquement, sont prテゥsentes parce que les mutations
correspondantes sont apparues dans le gテゥnome de certains de ses ancテェtres et qu窶册lles ont
rテゥsistテゥ aux filtres de la dテゥrive gテゥnテゥtique et de la sテゥlテゥction naturelle dans les populations
qui contenaient ces mテェmes ancテェtres ツサ (
ouv.citテゥ
, pp. 314-316)
Lafon et bien d窶兮utres font lemテェme genre de mise en garde, en pointant dans les raisonnements
finalistes un effet cigogne avec inversion de causalitテゥ :
ツォ Oui, il faut combattre le finalisme ! Indテゥracinable, et pour cause, est la vision du monde
au travers du prisme dテゥformant de notre consciene テゥgocentrique ! Nous avons des
projets, nous prテゥvoyons ce que sera demain, notre futur souhaitテゥ oriente notre action
prテゥsente, nous imaginons des divinitテゥs窶ヲ et nous projetons tout cela sur la Nature.
L窶卩妬l
est fait pour voir, l窶兮ile a pour but de voler, les animaux inventent des ruses pour survivre ; la nature ne
fait rien en vain ; la sexualitテゥ a テゥtテゥ sテゥlテゥctionnテゥe dans le but de crテゥer de la diversitテゥ ; l窶冑omme est
l窶兮boutissement de l窶凖ゥvolution ; il y a dans l窶僊DN le plan et le projet du futur organisme
. Toutes ces
expressions prテェtent une intention テ la Nature et considティrent que l窶凖ゥtat final (les causes
finales d窶僊ristote) dテゥtermine le processus biologique. [...] en prテェtant une intention テ la
nature, [le finalisme] la dテゥifie [...]. テ cette finalitテゥ de fait, apparente, non intentionnelle,
inconsciente et aveugle, Jacques Monod prテゥfテゥrait le terme de ツォ tテゥlテゥonomie ツサ. L窶卩妬l permet
bien la vision (mテェme si bien d窶兮utres テゥlテゥments sont tout aussi indispensables) ; l窶兮ile
permet bien le vol, mais en rテゥalitテゥ
la fonction n窶册st pas le but
! Seule la persistance テ notre insu
de la vieille conception dualiste opposant l窶册sprit au cerveau, l窶凖「me au corps, la vie テ la
matiティre, nous fait commettre l窶册rreur de sテゥparer structure et fonction, qui ne sont en fait
que deux faテァons diffテゥrentes d窶兮border une mテェme rテゥalitテゥ (窶ヲ) se poser la question de
savoir si les oiseaux volent parce qu窶冓ls ont des ailes ou s窶冓ls ont des ailes parce qu窶冓ls
volent, est sans fondement. De mテェme pour l窶卩妬l et la vision (..) Il faut aussi en finir avec
la vieille notion de
prテゥadaptation
selon laquelle l窶兮cquisition des structures prテゥcティde leur
utilisation. La patte porteuse des animaux terrestres serait apparue dans l窶册au,
prテゥparant la
rテゥussite ultテゥrieure sur la terre ferme
. Si un caractティre est sテゥlectionnテゥ, c窶册st uniquement pour des
raisons immテゥdiates, jamais pour les avantages qu窶冓l peut avoir dans le futur. ツサ (Lafon,
ouv.citテゥ
, pp. 113-115)
257
Comme le sait trティs bien Deleporte, cette version devrait テェtre encore plus ツォ dテゥconstruite ツサ, le terme
sテゥlテゥction
et le
terme
code
contenant eux aussi une dimension tテゥlテゥologique. Voir Olivier
in
Bonnardel
& al.
, (2001).
260
4.3.5.13
Pangloss version ツォ archテゥofiction ツサ et ses sous-divisions versions ツォ E.T. ツサ et
miracles
La forme argumentative est la suivante : impossible que ceci (pyramide bosnienne / pyramide de
khテゥops / Statues de Pテ「ques窶ヲ) ne soit pas le produit de mon scテゥnario.
Sous-division テゥgalement, le raisonnement panglossien
version ツォ E.T. ツサ
: impossible que ceci (crop
circles / gテゥoglyphes de Nazca / sol de plage indurテゥ de Bimini / Stone circles) soit le fait de la
nature ou des humains ; ou encore la version
dテゥmiurge
: impossible que ce ne soit pas un miracle
de Dieu :
Le 28 mai 1898, ツォ Secundo Pia rテゥussit dans sa deuxiティme tentative pour photographier le
ツォ suaire ツサ, suspendu sous verre au-dessus du grand autel de la cathテゥdrale de Turin. Le
rテゥsultat est saisissant. Alors que l窶冓mage que porte le ツォ suaire ツサ paraテョt floue et peu contrastテゥe,
que sa teinte sテゥpia se distingue テ peine de celle de l窶凖ゥtoffe elle-mテェme, le nテゥgatif
photographique rテゥvティle tout autre chose : la reprテゥsnetation nette, vue de face et de dos, d窶冰n
homme aux traits longilignes, テゥvoquant fortement le personnage du Christ tel que l窶冩nt
figurテゥ les artistes, et portant sur son corps les traces de la Passion selon l窶凖益angile de saint
Jean.
C窶册st de cette date que se rテゥpand dans les mテゥdias la nouvelle extraordinaire : le ツォ saint-
suaire ツサ est un nテゥgatif, ce qui semble テゥliminer sans contestation possible toute mystification,
puisque son existence est attestテゥe bien avant l窶冓nvention de la photographie ツサ.
En octobre 1981, un symposium rテゥunit テ New London (Connecticut) les chercheurs [du
STURP - Shroud of Turin Research Project] (窶ヲ) leurs opinions divergent sur plus d窶冰n
point, mais semblent marquer un accord sur le ツォ fait ツサ que l窶冓mage du ツォ suaire ツサ n窶兮 pas pu
テェtre fabriquテゥe artificiellement ツサ (Broch 1989, pp. 48-50).
4.3.5.14
Pangloss version ツォ flティche dans l窶册au ツサ
Lors d窶冰ne confテゥrence sur la parapsychologie en Suisse en 2005, un confテゥrencier (3) nous montre
une rテゥpartition statistique classique et nous explique contre toute attente, obtenir une telle
rテゥpartition est forcテゥment la consテゥquence d窶冰n phテゥnomティne inexpliquテゥ, tant est infime la chance de
voir cette statistique sortir toute seule, par hasard. Un peu comme si je tire テ l窶兮rc une flティche, les
yeux fermテゥs, que celle-ci se plante quelque part, et qu窶兮u vu de l窶册ndroit je m窶凖ゥcrie : ツォ
bon sang, c窶册st
exactement ce que je visais
ツサ. Disons que le chemin qui remonte vers une cause possible n窶册st pas trティs
escarpテゥ, et qu窶册ntre Effet bipティde et mauvaise foi, la frontiティre est parfois ourlテゥe.
4.3.5.15
Pangloss version ツォ relecture de l窶冑istoire ツサ
Voici le raisonnement panglossien version
ツォ
relecture de l窶冑istoire
ツサ et ses trois techniques :
窶「
le syndrome Jules Verne (dテゥjテ aperテァu au chapitre 4.3.2.2
Syndrome du poulpe, F1, Jules Verne
& effet Matthieu
).
窶「
la technique du rebrousse-poil
ツォ テ la mテェme テゥpoque, le philosophe grec Dテゥmocrite considテゥrait dテゥjテ que la matiティre
テゥtait constituテゥe d'atomes qui se dテゥplaテァaient dans le vide de faテァon mテゥcaniste. Son
intuition ne sera reconnue que 2200 ans plus tard par Lavoisier... Cette similitude
entre les thテゥories grecques et contemporaines est テゥtonnante et l'on retrouve dans le
258
Voir aussi Schafersman,
Science, the public and the shroud of Turin
(1982), p. 15.
261
ツォ
Timテゥe
ツサ de Platon plusieurs expressions qui supportent la comparaison avec nos
thテゥories actu窶「
la transmutation de la vocation en destin
テ propos de Edward Bach, nous テゥcrivions :
ツォ
C'est un exercice trティs gratifiant de raisonner テ rebours : sauter de faテァon cavaliティre de la
vocation au destin est un raisonnement panglossien. Souffrons un petit apartテゥ : s'il s'agit
vraiment d'un destin tracテゥ, Bach n'a plus aucun mテゥrite.) ツサ
窶「
la fabrication de mythes
Nous offrons ici quelques grands classiques zテゥtテゥtiques sur ce point :
-
Frayeur et suicides de l窶兮n Mil.
-
La papesse Jehanne.
-
Les ceintures de chastetテゥ : le British Musテゥum a retirテゥ la ceinture de chastetテゥ qui テゥtait
exposテゥe depuis 1846, car elles n窶冩nt jamais existテゥ テ l窶凖ゥpoque mテゥdiテゥvale. Elles sont des
inventions du 19
e
siティcle, contrairement au mythe crテゥe par sociテゥtテゥ victorienne. (Nouvel
Observateur, 27 juin 96).
-
Le droit de cuissage (Bourreau 1995).
Ceci est un exemple que nous utilisons en TD :
ツォ Voici un extrait de l窶卩砥vre du maテョtre incontestテゥ de la mテゥdecine romaine du dテゥbut du 1
er
millテゥnaire, Galien.
Retrouvez dans ce texte le plus grand nombre possible de raisonnements panglossiens. ツサ
Les poils qui poussent au menton non seulement protティgent les joues et le menton, mais
encore contribuent テ l窶册sthテゥtique. En effet le mテ「le paraテョt plus majestueux, surtout en avanテァant
en テ「ge, si de toutes parts les poils en question encadrent son visage. Et c窶册st pour cette raison
que la nature a laissテゥ glabres et sans poils ce qu窶冩n appelle les pommettes et le nez. En effet,
le visage ainsi serait dans son ensemble sauvage et bestial, ne convenant nullement テ un テェtre
policテゥ et vivant en sociテゥtテゥ. [窶ヲ] Et chez la femme qui a un corps mou, qui garde toujours
quelque chose d窶册nfantin, qui n窶兮 pas de poils, mテェme la pilositテゥ du visage ne devait pas テェtre
inesthテゥtique, et d窶兮illeurs cet テェtre n窶兮 pas un caractティre aussi respectable que le mテェle, de sorte
qu窶冓l n窶兮vait pas besoin non plus d窶冰ne apparence respectable. [窶ヲ] Mais la gent fテゥminine
n窶兮vait pas besoin d窶冰ne espティce de protection comme dテゥfense contre le froid, elle qui vit la
plus grande partie de son temps テ la maison ツサ
Conclusion de Galien : ツォ
Rien de ce qui sert テ la vie, qui contribue テ une meilleure qualitテゥ de vie, ne
pourrait テェtre mieux agencテゥ en テゥtant autrement qu窶冓l n窶册st actuellement
ツサ
Exemples
in situ
(figures 97, 98 & 99):
259
http://www.astrosurf.com/lombry/quantique-champ.htm
260
Galien de Pergame
, De l窶冰tilitテゥ des parties du corps humain -
De usu partium corporis humani
, p. 899, citテゥ par D
Gourevitch,
la mテゥdecine dans le monde romain
,
in
Grmek
& al
.,
Histoire de la pensテゥe mテゥdicale en Occident
(1995), p. 114.
Relevons que ce raisonnement se retrouve aussi dans les considテゥrations sociales de type naturaliste : il serait de la
nature de la femme d窶凖ェtre au foyer, de la petite fille d窶凖ェtre docile, du noir d窶凖ェtre infテゥrieur, etc. Pour plus de dテゥtails, on
lira avec profit A. Accardo,
introduction テ une sociologie critique, lire Bourdieu
(1997).
261
Galien de Pergame
, ibid.
IV p. 142, citテゥ par Gourevitch,
ibid. p.
113.
262
Figure 97 : Science et Vie, Juin 2005 p. 16 テ英istテゥmologie : ツォ Trois siティcles avant Galilテゥe, Dante contait la
relativitテゥ ツサ.
Voici un exemple d窶兮rticle pseudo-テゥpistテゥmologique. Regardons d窶冰n peu plus prティs.
Dante Alighieri (1265-1321), dans la cテゥlティbre
Divine
Comテゥdie, dテゥcrit sa chute aux Enfers et dテゥcrit
le fait qu窶冓l ne s窶兮perテァoit pas qu窶冓l descend : ツォ
Elle (la bテェte) s窶册n va en nageant lentement, lentement ; elle
tourne et descend, mais je ne m窶册n aperテァoit point si ce n窶册st au souffle qui d窶册n bas me frappe le visage ツサ.
On peut
lire ensuite l窶兮nalyse de Leonardo Ricci :
ツォ Dante souligne ici que, hormis l窶册ffet du vent, la sensation de voler ne diffティre pas de celle de
rester immobile
ツサ,
puis
ツォ Ce que Galilテゥe a dテゥmontrテゥ par l窶冩bservation et l窶册xpテゥrimentation, Dante l窶兮 exprimテゥ テ
partir de simples sensations ツサ.
Cette thテゥmatique a テゥtテゥ l窶冩bjet d窶冰ne publication dans la revue
Nature
(7 avril 2005), puis d窶冰n
article du
Washington Post
le 10 avril 2005.
Oテケ est l窶冓nformation ? S窶兮git-il de laisser croire que Dante avait l窶冓ntuition de la chose ? Outre la
scテゥnarisation du ツォ gテゥnie intuitif ツサ, on sent poindre le
raisonnement panglossien
, (voir 4.3.6.10
Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou
c窶册st テゥtudiテゥ pour)
テ rebours vers la cause 窶 possible 窶 qui fera le scoop. La suite confirme nos craintes :
On parle dテゥsormais non plus de
sensations
mais de
vision
, avec un effet paillasson
potentiel
(
action de voir
ou
chose surnaturelle perテァue
), et
qui plus est une
vision
qui
illustre
(sic) le principe de
relativitテゥ. Le clou est enfoncテゥ テ la toute fin :
ツォ la divine comテゥdie (窶ヲ) ne serait pas qu窶冰n poティme テゥpique mais aussi l窶冓llustration窶ヲ d窶冰ne loi
fondamentale de la cinテゥmatique ツサ.
263
Rappelons le titre de l窶兮rticle : ツォ
Trois siティcles avant Galilテゥe, Dante contait la relativitテゥ
ツサ.
Ce genre de prose est trティs dテゥlicat テ manier car テ vrai dire, rien n窶凉 est rigoureusement faux. C窶册st
insidieusement qu窶冩n nous amティne comme une テゥvidence le fait que Dante aurait dans son gテゥnie
prテゥ-vu
avec trois siティcles d窶兮vance la relativitテゥ. Cette pseudo-テゥvidence soulティve trois problティmes :
-
il y aurait des visionnaires de la science qui lui feraient faire des
bonds
(mythe du gテゥnie
prテゥcurseur)
-
l窶冑istoire aurait une rythmique intrinsティque, puisque ces rares cas en seraient des
arythmies. Perception historiciste de marche naturelle du temps, chティre aux philosophes
hテゥgテゥliens, mais qui est source de nombreuses dテゥrives (lecture arythmique de l窶冑istoire)
-
la poテゥsie et la littテゥrature pourraient devancer la science pour テゥdicter des connaissances
窶 ce qui est un non-sens, la poテゥsie et la littテゥrature ne procテゥdant pas des mテェmes
mテゥthodes (voir 1.2) (concordisme entre science et d窶兮utres modes de description).
Notons que c窶册st exactement le mテェme genre de procテゥdテゥ (la technique du rebrousse-poil)
qu窶冓nvoquent les dテゥfenseurs des
Codes secrets de la Bible
ou les pratiquants du dテゥchiffrage
numテゥrologique des livres saints. Il s窶兮git d窶冰ne variante de raisonnemennt panglossien.
Enfin, mテゥfions-nous des analogies littテゥraires : elles peuvent テェtre des supports pテゥdagogiques
efficaces. Emprunter des concepts scientifiques pour en faire une sauce sociologico-politique
absconse relティve de l窶冓mposture intellectuelle (voir 1.3.7
la morgue du Post-modernisme
). Prendre une
image littテゥraire pour une dテゥmonstration est au fond aussi dangereux que de vouloir s窶兮sseoir sur
un nuage.
264
Figure 98 : Exemple : l窶兮rt des mosquテゥes a devancテゥ la science, titre Science &Vie dans cet encart de la page 22
du nツー de mai 2007
262
.
262
L窶兮rticle fait rテゥfテゥrence テ Lu & Steinhardt
,
Decagonal and Quasi-Crystalline Tilings in Medieval Islamic Architecture
,
Science, 2007.
265
On y lit :
ツォ Les figures gテゥomテゥtriques ornementales de certaines mosquテゥes mテゥdiテゥvales reposeraient
sur des mathテゥmatiques dテゥcouvertes en Occident窶ヲ il y a seulement une trentaine
d窶兮nnテゥes ! ツサ
et la photo est sous-titrテゥe
ツォ Les figures des mosquテゥes mテゥdiテゥvales sont basテゥes sur des mathテゥmatiques rテゥcentes ! ツサ.
Le point d窶册xclamation est テ l窶冓mage de cette mise en scティne de l窶冓nformation assez retorse. En
plus d窶凖ゥnormitテゥs europテゥanocentrテゥes comme l窶冩pposition Islam / Occident, qui ferait sourire plus
d窶冰n gテゥographe ; nous retrouvons les trois ingrテゥdients de cette relecture manufacturテゥe de
l窶冑istoire.
- le mythe du gテゥnie prテゥcurseur : les dessinateurs musulmans de ツォ girih ツサ auraient anticipテゥ les
mathテゥmatiques de Penrose de 1973.
- La lecture arythmique de l窶冑istoire : on s窶册xtasie sur des crテゥations du 12
e
dont la description
mathテゥmatique ne fut faite que fin 20
e
.
- Le concordisme entre science et d窶兮utres modes de description, ici l窶兮rt mテゥdiテゥval musulman.
Ce dernier point est le plus inquiテゥtant. Il n窶凉 a qu窶冰n pas pour que dans cet exemple, le
concordisme science-art devienne science-religion.
Pas テ moitiテゥ franchi sur le thティme science-culture par le journal
El Watan
, qui テゥcrit : ツォ
Cet exemple
signifie en tout cas qu窶冰ne culture, テ qui on ne donnait que peu de crテゥdit, テゥtait bien plus avancテゥe qu窶冩n ne le
pensait.
ツサ. De quelle culture parle-t-on ? La
culture
des dessinateurs de mosquテゥes n窶册xiste pas, tant
le paysage des mosquテゥes est vaste au XIIe. Le journal scテゥnarise une information dテゥjテ scテゥnarisテゥe
en jouant sur le pivot
culture musulmane
(dテゥjテ par trop simpliste), avec un ton larmoyant et
historiquement faux : mテェme テ rテゥduire la culture musulmane テ la culture arabe, les connaissances
mテゥdiテゥvales arabes ont toujours reテァu du crテゥdit. Et ce n窶册st pas le fait que les
girih
soient dテゥcrites
par des mathテゥmatiques complexes qui fait l窶兮vance de cette culture qui, テ proprement parler, en
recoupe plusieurs.
Un ナ妬l avisテゥ remarquera que la photo qui accompagne l窶兮rticle d窶
El Watan
est celle d窶冰n homme
qui prie.
On remarquera trティs vite l窶册ssoufflement de ce genre de relecture de l窶冑istoire. Qu窶册st ce qui nous
empテェche de dire que parce qu窶冰n logiciel du 21
e
a dテゥcrit la marche bipティde, ツォ
Les usages
d窶僊ustralopithecus ont devancテゥ la science
ツサ ?
Parvenir テ reproduir un bruit de tortue par synthテゥtiseur engendrerait vraisemblablement un des
deux titres suivants :
窶「
(Relecture de l窶冑istoire) ツォ
La tortue a devancテゥ la science de 200 millions d窶兮nnテゥes
ツサ
窶「
(Scテゥnario mystティre percテゥ) ツォ
Un synthテゥtiseur perce le secret multimillテゥnaire d窶冰n fossile vivant ツサ
Nous touchons ici du doigt ce qui fait l窶册ssence de la
technique du carpaccio
(voir 4.4.2.1
Technique du
carpaccio
).
266
Figure 99 : S&V Juin 1995 : Freud avait raison (des expテゥriences le prouvent)
Le sous-titre a dテサ faire grincer quelques-uns des auteurs du Livre noir de la psychanalyse.
4.3.5.16
Tautologie 窶 effet cerceau
Broch appelle
effet Cerceau
l窶册rreur logique qui consiste テ ツォ admettre au dテゥpart ce que l'on entend
prouver par la dテゥmonstration que l'on va faire ツサ. Le point de dテゥpart est quelquefois sous-entendu
et l'Effet devient ainsi un type de raisonnement circulaire difficile テ dテゥtecter.
Sont prテゥsentテゥs ici quelques exemples :
窶「
La reconstitution tridimensionnelle du Saint suaire
Broch dテゥconstruit ici l窶冰n des plus beaux effets Cerceau qu窶冓l ait テゥtテゥ donnテゥ de voir dans le champ
zテゥtテゥtique. Il est dテサ テ Jackson et Jumper sur le ツォ suaire ツサ dit de Turin :
ツォ Jackson & Jumper ont recouvert d窶冰n drap un volontaire choisi pour sa ressemblance
avec l窶冓mage du ツォ linceul ツサ), puis ils ont mesurテゥ les distances corps-tissu en de nombreux
points ; ces donnテゥes ont ensuite テゥtテゥ mises en relation avec les diffテゥrences de densitテゥ
relevテゥes sur l窶冓mage du ツォ saint-suaire ツサ. Les premiers essais pour reconstituer une
reprテゥsentation en volume de l窶 ツサhomme du suaire ツサ montraient une figure humaine assez
distordue. Pour en amテゥliorer l窶兮spect, la disposition de drap sur le volontaire a テゥtテゥ
changテゥe de maniティre テ affiner le rテゥsultat (l窶兮rgument テゥtait sans doute : aprティs tout, personne
ne sait comment ce suaire a テゥtテゥ drapテゥ sur un coprps dans une tombe en Palestine, il y a
presque 2000 ans !). On modifia テゥgalement, de faテァon
ad hoc
, d窶兮utres paramティtres de cette
fameuse analyse, jusqu窶凖 obtenir une figure offrant un aspect humain, exceptテゥ pour une
chose : si le visage est ajustテゥ pour un relief normal, le corps apparaテョt en bas-relief. ツォ
Ce que
Jackson et Jumper ont dテゥmontrテゥ, c窶册st qu窶冓ls peuvent obtenir une bonne corrテゥlation entre la densitテゥ de
l窶冓mage sur le suaire et la distance linge-corps correspondante qu窶冓ls obtiennent quand un modティle humain
de la taille appropriテゥe est recouvert d窶冰n linge drapテゥ de maniティre テ optimiser le rテゥsultat.
ツサ (Mueller MM.,
1982,
The shroud of turin : a critical appraisal
, Skept Inq. 6 (3) p. 92). (窶ヲ) la ツォ demonstration ツサ
de J & J pティche par un cテエtテゥ :
elle exige que l窶冩n admette au dテゥpart ce qu窶册lle entend prouver
ツサ (Broch
1989, pp. 57-58).
窶「
La torsion de barres
Blanrue raconte :
ツォ Les sempternelles dテゥclarations, dans toute expテゥrience sur un ツォ sujet psi ツサ, visant テ faire
prendre en compte le fait que le sujet ait テゥchouテゥ lors de tests destinテゥs テ dテゥterminer si
l窶冑abiletテゥ ou la force nテゥcessaire au trucage テゥtaient prテゥsentes chez lui. Pour tout bon
267
tordeur (de petites cuilllティres ou autres ustensiles) dont on veut dテゥmontrer l窶冑onnテェtetテゥ, on
trouve des tests de ce type :
a. on admet que M. Tordant ne triche pas (cette ツォ hypothティse ツサ est trティs souvent sous-
entendue !)
b. le pauvre ツォ sujet psi ツサ n窶兮 pas rテゥussi テ tordre par sa seule force physique les barres de
mテゥtal qu窶冩n lui prテゥsentait テ cet effet,
c. ces barres, par contre, ツォ se ツサ sont tordues lorsqu窶冓l s窶册st simplement concentrテゥ dessus,
d. conclusion : ces barres n窶冩nt
donc
pu テェtre tordues
que
par son pouvoir ツォ psi ツサ.
e. re-conclusion : M. Tordant n窶册st pas un tricheur. ツサ (Blanrue,
in
Broch 2001,
ouv.citテゥ,
pp.
窶「
Mテゥta-analyse psi
La dテゥmonstration de Broch mテゥrite d窶凖ェtre exposテゥe en son ensemble.
ツォ La
"mテゥta-analyse"
, voilテ le nouveau credo. En analysant, avec un peu de recul, avec un
peu de "hauteur", les donnテゥes de plusieurs expテゥriences sur les pouvoirs-psi (et, notez-le
bien, aussi ahurissant que cela paraisse mテゥthodologiquement parlant : pas forcテゥment sur
le
mテェme
type d'expテゥriences !) des parapsychologues clament qu'ils ont fait la preuve de
l'existence desdits pouvoirs.
Leur argumentation est la suivante : il est impossible que, par pur hasard, l'on obtienne
autant d'expテゥriences positives en faveur du psi et l'argument des sceptiques disant que "de
nombreuses expテゥriences ayant donnテゥ des rテゥsultats nテゥgatifs n'ont, elles, pas テゥtテゥ publiテゥes"
n'est pas recevable car la mテゥta-analyse permet de dテゥmontrer 窶
dixerunt
toujours les
parapsychologues 窶 que ces expテゥriences nテゥgatives devraient テェtre en nombre trティs trティs
important, ce qui ne peut objectivement テェtre le cas.
Avant de se lancer dans de savants 窶 et forts longs ! 窶 calculs de statistiques pour
vテゥrifier une affirmation ou une autre, il est bon de rテゥflテゥchir quelques instants et de faire
travailler nos neurones.
Les parapsychologues se livrant テ la mテゥta-analyse posent la question ainsi : "
Quel est le
nombre N d'expテゥriences non publiテゥes, donnant une valeur moyenne m, qui devraient exister pour que les
n expテゥriences rテゥussies publiテゥes et reprテゥsentant un テゥcart significatif テ cette moyenne m (et prises comme
preuves de la validitテゥ de pouvoirs-psi) soient dues uniquement au hasard avec une bonne probabilitテゥ ?"
.
Aprティs de savants calculs qui en jettent plein la vue au public テゥbahi et aux
parapsychologues provinciaux, ils en arrivent テ la conclusion suivante : ce nombre N
serait littテゥralement immense et donc cela dテゥmontre qu'un tel nombre d'expテゥriences non
publiテゥes n'est pas rテゥaliste et n'existe donc pas.
Re-conclusion : les pouvoirs-psi sont テゥgalement dテゥmontrテゥs par la mテゥta-analyse des
donnテゥes disponibles, mテゥta-analyse qui montre que ces rテゥsultats ne peuvent pas テェtre dus
au hasard. (窶ヲ)
Pour que le raisonnement soit correct, il faut procテゥder diffテゥremment. Il ne faut
pas
chercher le "nombre N d'expテゥriences non publiテゥes, de moyenne
m
, qui devraient exister"
263
. Les intテゥressテゥs feront le lien entre M. Tordant et le mテゥdium Jean-Pierre Girard. Se rテゥfテゥrer テ Broch (2002)
ouv.citテゥ,
pp. 215-233.
268
car
cela reviendrait ipso facto テ dire
, avant tout calcul et toute interprテゥtation du rテゥsultat de ce
calcul, que les
n rテゥsultats positifs publiテゥs que l'on veut tester sont dテゥjテ hors de la population que l'on
テゥtudie et donc dテゥjテ "hors-normes", dテゥjテ "extraordinaires" !
ツサ.
En effet, cela signifierait que
sans
les prendre en compte le rテゥsultat moyen est
m
. C'est une
grave erreur de raisonnement, un vテゥritable Effet cerceau (voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet
cerceau
) dans lequel on impose ainsi tout simplement au dテゥpart ce que l'on entend
dテゥmontrer. En effet, si l'on veut tester si les
n
rテゥsultats positifs publiテゥs sont des rテゥsultats
obtenus par hasard au sein d'une population donnテゥe, il faut bien テゥvidemment (je dis bien
"il faut" ; cela est une obligation et non un simple souhait ou une simple possibilitテゥ) que
ce soit la moyenne de cette population totale qui soit テゥgale テ
m
et non le seul sous-
ensemble des rテゥsultats non publiテゥs.
Il faut que, lorsque l'on regroupe toutes les expテゥriences (c'est-テ-dire N expテゥriences non
publiテゥes +
n
expテゥriences rテゥussies publiテゥes), l'on obtienne alors 窶 et alors seulement 窶
une moyenne de valeur
m
.
En d'autres termes, le nombre N d'expテゥriences que l'on cherche ne doit concerner que
des expテゥriences dont le rテゥsultat est une valeur
infテゥrieure
テ la moyenne
m
!
(Du "psi-missing" 窶 pour reprendre la ridicule position de repli de parapsychologues en
dテゥroute 窶 en quelque sorte !)
Et dans ce cas-lテ, le nombre N recherchテゥ est テゥvidemment beaucoup plus restreint et
l'existence d'un tel nombre d'expテゥriences nテゥgatives deviendra ainsi beaucoup plus
probable !
Il semblerait que les grands mテゥta-analystes parapsychologues de service aient oubliテゥ ce
trティs lテゥger dテゥtail.
Et tant qu'ils n'auront pas menテゥ leurs chティres テゥtudes mテゥta-analytiques de cette
seule correcte
faテァon 窶 ce qui n'est, pour l'instant, pas le cas 窶 il est tout テ fait inutile de discuter ne
serait-ce que d'un iota de leurs rテゥsultats. ツサ
窶「
Statut de l窶兮strologie, dans la thティse d窶僞lizabeth Teissier
Comme le souligne encore Broch, une prテゥsupposition est constante dans tout le discours de
l窶兮strologue : ツォ
Vous n'テェtes pas astrologue donc vous ne pouvez pas parler avec compテゥtence d'astrologie
ツサ. Broch
poursuit en prテゥcisant qu窶 ツォ
avant de dテゥfinir la compテゥtence d'une personne en un domaine scientifique, encore
faut-il que ce domaine en soit un, ce qui n'est pas le cas de l'astrologie !
ツサ.
Ses tournures de phrases prテゥsupposent nテゥcessairement la validitテゥ de l'astrologie. Nous sommes
ainsi face テ un magnifique "effet cerceau" global dans lequel on suppose au dテゥpart ce que l'on
entend dテゥmontrer ensuite (voir 4.3.5.16
Tautologie 窶 effet cerceau
).
4.4
Ips de type III : Ips scテゥnaristiques
Dernier type d窶僮ps que nous souhaitons aborder : les scテゥnarisations de la connaissance.
Nous entendons par
scテゥnario
la mise en scティne de la connaissance selon une trame narrative
264
Broch,
la mテゥta-analyse en parapsychologie ?
,
http://www.unice.fr/zetetique/articles/HB_meta_analyse.html
269
particuliティre, et
Ips scテゥnaristique
la mise en scティne promouvant une reprテゥsentation de type
pseudoscientifique, non-scientifique ou philosophique non matテゥrialiste d窶冰ne connaissance
prテゥsentテゥe au public.
Si scテゥnariser la science, par le caractティre affectivement stimulant, facilite beaucoup l窶兮ppropriation
des faits prテゥsentテゥs, cela contribue aussi テ ancrer les misconceptions, voire テ dテゥvoyer l窶册ntreprise
d窶凖ゥducation scientifique (figure 100). Les scテゥnarios dテゥveloppテゥs sont, contre toute attente, trティs
souvent les mテェmes pour un champ de connaissance donnテゥ, et ツォ figent ツサ les objets (trou noir =
ogre tapi dans l窶冩mbre, par exemple). Outre le problティme des dテゥviations pseudoscientifiques que
nous allons aborder ci-dessous, la rテゥgularitテゥ scテゥnaristique que nous avons dテゥcouverte pose le
problティme du stテゥrテゥotypage et de la fabrication des prテゥjugテゥs sur la science et son テゥpistテゥmologie.
Prテゥcisons qu窶冓l ne s窶兮git pas ici de stigmatiser une profession ou une classe professionnelle en
particulier, mais de pointer que dans la longue chaテョne d窶兮cteurs allant de la production du savoir テ
l窶兮ppropriation de celui-ci par la population, existe une grande dilution de la responsabilitテゥ.
Figure 100 : Transposition du savoir savant テ sa rテゥcテゥption.
Nous allons tout d窶兮bord brosser briティvement quelques-uns des registres majeurs de scテゥnarisation
mテゥdiatique de la connaissance. Puis nous aborderons la notion de
carpaccio
et une partie des
diverses scテゥnarisations qu窶冩ffre le paysage mテゥdiatique des sciences.
4.4.1
Registres
L'intention de communication et l'action exercテゥe sur le rテゥcepteur permettent de classer les
registres (ou tons) du texte argumentatif, qui, contrairement au texte lui-mテェme, dテゥsigne la nature
particuliティre de l'テゥmotion que le texte vise テ communiquer indテゥpendamment du ツォ genre ツサ dans
lequel il s'inscrit. Nous souhaitons pointer du doigt le fait qu窶冰tiliser un registre permet d窶冓ncliner
affectivement plutテエt que de convaincre par l窶兮rgumentaire, de la mテェme maniティre que les
accentuations des Ips lexicaux pouvaient le faire.
Cette volontテゥ de persuader s'accompagne d'une action plus ou moins explicite sur la sensibilitテゥ du
lecteur qu'elle s'efforce de gagner par le pouvoir de suggestion des images, quelles soient mentales
ou photographiques (ce que Broch appelle, plagiant Paris-Match,
le poids des mots, le choc des photos
).
Voici quelques variantes de registres que nous avons croisテゥes dans les mテゥdias de type scientifique,
et pouvant distordre le message par un appel テ la sensibilitテゥ plutテエt qu窶兮u fait.
4.4.1.1
Le registre laudatif
Appartenant au genre テゥpidictique, le registre laudatif se caractテゥrise par l'abondance des
qualificatifs mテゥlioratifs et des exclamations admiratives. C'est le ton de l'テゥloge, du panテゥgyrique, de
l'oraison funティbre, et l窶冩n y retrouve ainsi les procテゥdテゥs rhテゥtoriques capables de provoquer
l'adhテゥsion morale du public aux vertus qu'on entreprend de prテエner : modalisateurs de la certitude,
exclamations admiratives, テゥnumテゥrations de qualitテゥs et avantages. Pratiquement toutes les
Production du
savoir savant
Lissage et
apprテェt de la
connaissance
pour la
publication
Choix
mテゥdiatique et
mise en scティne
de ce savoir
Rテゥception du
savoir
270
publicitテゥs テ consonance scientifique 窶田'est-テ-dire qui vantent un produit selon un argumentaire de
preuve ou d窶册fficacitテゥ 窶 fonctionnent sur ce registre.
Nous retrouvons le registre laudatif employテゥ テ des fins de distorsion volontaire du message :
-
dans la prテゥsentation de personnages ツォ experts ツサ テ la tテゥlテゥvision : exemple utilisテゥ en cours,
celui du pティre Brune, spテゥcialiste de la TCI avec les dテゥfunts, dans l窶凖ゥmission
Y a pas photo
.
-
dans l窶兮chalandage d'un produit : prテゥsenter la crティme hydratante Yves Rocher テ l窶僊DN
vテゥgテゥtal sous des dehors non seulement complexes (ADN vテゥgテゥtal), mais proches de la
nature (images vertes, palmeraie, jungle) comme une avancテゥe importante du cosmテゥtique
est un exemple de mise en scティne laudative sans fondement
-
Dans la prテゥsentation d窶冓dテゥologies pseudo-thテゥrapeutiques ou pseudo-psychologiques :
les articles de
Psychologies
, par exemple, vantent toute pseudo-thテゥrapie corroborant un
quelconque cachet non-scientifique, en employant naturellement un lexique mテゥlioratif
et des images valorisantes (voir 4.4.3.11
Autres scテゥnarios
).
-
dans la prテゥsentation テゥlテゥgiaque des mテゥrites d'un personnage lors d窶冰n テゥloge funティbre. La
tendance est, lorsqu窶冰ne personne est dテゥcテゥdテゥe, テ trouver toutes les excuses, les
pretextes et les qualificatifs laudatifs pour bテ「tir une image embellie. (voir 4.3.3
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ
). Ce procテゥdテゥ est aussi テ l窶卩砥vre dans la prテゥsentation des fameux
ツォ martyrs de la science ツサ, ou ツォ gテゥnies incompris ツサ, qui sont parfois on ne peut plus
vivant au moment de l窶凖ゥloge.
4.4.1.2
Le registre polテゥmique / ironique
Celui-ci (du grec
polemos
guerre) se caractテゥrise par une modalisation trティs nette de la certitude et
des テゥvaluatifs pテゥjoratifs. C'est le ton du pamphlet, de la satire, dont l'arme essentielle est l'ironie,
que l窶冩n trouve assez peu dans la presse scientifique. On le retrouve par contre assez souvent テ la
tテゥlテゥvision, dans les dテゥbats, en des stratテゥgies ツォ gluantes ツサ, car elle place le rテゥcepteur dans une
relation de complicitテゥ et qu'elle le contraint テ faire la moitiテゥ du chemin dans l'adhテゥsion テ la thティse.
Celle-ci se dissimule en effet derriティre une formulation strictement inverse et le lecteur doit テェtre
sensible aux indices qui le lui signalent.
Phrase-type : ツォ
Vous allez me dire que tous ceux qui prennent de l窶冑omテゥopathie sont des imbテゥciles !
ツサ.
Les magazines
Psychologies
et
Alternatives Santテゥ
, entre autres, sont friands de ce genre d窶册xclamations
lorsqu窶冓l est question de la science ou de la contestation de la psychanalyse.
4.4.1.3
Le registre injonctif
Il se caractテゥrise par une volontテゥ de mobilisation du rテゥcepteur : impテゥratifs, apostrophes,
interrogations oratoires qui suggティrent les rテゥponses. C'est le ton du discours publicitaire ou
propagandiste. Nombre de publicitテゥs fonctionnent sur ce registre aussi. Les tテゥlテゥ-テゥvangテゥlistes
amテゥricains misent beaucoup sur ce registre pour galvaniser les foules.
265
Puisque ADN vテゥgテゥtal et animal sont indissociables, l窶僊DN テゥtant une macromolテゥcule qui, dans un cosmテゥtique, ne
peut passer lテゥgalement l窶凖ゥpiderme ; des テゥtudiants de pharmacie ont montrテゥ que le prix du produit est
faramineusement plus テゥlevテゥ que son vテゥritable contenu ne le laisserait accroire. Voir
Le Miracle de l窶僊DN vテゥgテゥtal
, de
Aude Le Roy, Hテゥloテッse Debeaux, Anne-Laure Betegnie, Cours Monvoisin, Pharmacie L2, 2006.
271
4.4.1.4
Le registre lyrique
On trouvera dans ce registre tout le vocabulaire de l'テゥmotion en relation avec les grands thティmes
lyriques : amour, mテゥlancolie, nostalgie, bonheur, extase, communion avec la nature... La fonction
expressive est テゥvidemment dominante et alterne avec la fonction impressive qui mobilise le
rテゥcepteur et l'invite テ partager la ferveur.
La littテゥrature Nouvel テHe comme celle de Jacques Salomテゥ, spirito-introspectionnelle, comme
Nouvelles Clテゥs
, affectionnent ce registre.
4.4.1.5
Le registre テゥpique
Il consiste en la cテゥlテゥbration des prouesses et des exploits. Le lexique y est guerrier, hテゥroテッque,
militaire. L'exaltation des vertus hテゥroテッques s'inscrira aussi dans le vocabulaire mテゥlioratif des
qualitテゥs morales (sacrifice, テゥnergie, honneur, hauteur stoテッque) que l窶冩n attend de l窶兮rchテゥtype du
hテゥros civilisateur. Parce qu'il est confrontテゥ テ des obstacles surhumains ou des dテゥchaテョnements
cosmiques, le hテゥros テゥpique est souvent accompagnテゥ d'un vocabulaire mythologique et panthテゥiste.
La forme vise テ susciter l'admiration et concoure donc, par les ressources de la description, テ
amplifier les forces en prテゥsence. Dressテゥes l'une contre l'autre de maniティre manichテゥenne, elles sont
violemment mises en valeur par l'ampleur des phrases, les verbes de mouvement en cascade, les
rythmes (anaphores). Les images sont choisies parmi celles de l'amplification (hyperboles,
gradations) et de l'analogie (personnifications, allテゥgories mythologiques).
La description des fondateurs mythiques de disciplines pseudoscientifiques passent par ce
registre, tout comme les descriptions de courants pseudo-thテゥrapeutiques se revendiquant テ
contre-courant de la science : Hahnemann, Peczely, Burger, Bach, etc.
En gテゥnテゥral, s窶凉 greffent un fort passテゥisme et un テゥloge de l窶兮nciennetテゥ.
4.4.1.6
Le registre fantastique
L'atmosphティre fantastique est destinテゥe テ susciter l'inquiテゥtude, et le vocabulaire saura pour cela
maintenir l'ambiguテッtテゥ (termes テ double sens, lexique de l'incertitude) et caractテゥriser constamment
le trouble du personnage, confrontテゥ テ des phテゥnomティnes inexplicables, par le lexique de l'テゥtrange et
le champ lexical de l窶兮ppel テ la peur.
D窶兮utres registres existent, mais nous ont semblテゥ moins reprテゥsentテゥs. Dテゥceler le registre
prテゥdominant d窶冰n article de presse est un exercice intテゥressant sur un plan pテゥdagogique, et trティs
facile テ mener. Nous ne mettrons pas d窶册xemple.
4.4.2
Scテゥnarios, carpaccios et fabrication factice d窶冓ntテゥrテェt
Nous entendons par scテゥnario la mise en scティne de la connaissance selon une trame narrative
particuliティre. Si scテゥnariser la science facilite beaucoup l窶兮ppropriation des faits prテゥsentテゥs, les
scテゥnarii dテゥveloppテゥs sont, contre toute attente, trティs souvent les mテェmes pour un champ de
connaissance donnテゥ, et supportent rテゥguliティrement des postures philosophiques implicites :
anthropomorphisme et animisme pour les phテゥnomティnes テゥcologiques et pour l窶兮strophysique,
tテゥlテゥologie pour la cosmologie et l窶凖ゥvolution, etc.
272
4.4.2.1
La technique du Carpaccio
Nous empruntons la notion de
carpaccio
employテゥe par Burnier et Rambaud pour illustrer la
fabrication de l窶冓nformation journalistique.
Le carpaccio sert テ embellir les menus : une salade de tomates en rondelles est un
carpaccio de tomates.
ツォ A l'origine, au Harry's bar de Venise, le carpaccio remplaテァait テ l'italienne le steak tartare
que rテゥclamaient les clients : il s'agit d'un filet de bナ砥f cru tranchテゥ en lamelles trティs fines
qui, de rouge, devient brun sous l'effet oxydant du citron. Il prend alors cette teinte
distinctive du peintre Victor Carpaccio (1450-1525) d'oテケ son nom. Par suite, les
restaurateurs qui voulaient faire "joli" dテゥtournティrent le terme pour l'appliquer au saumon
cru, puis テ tout ce qui se coupe se tranche. Champignons, courgettes, tomates, foie gras,
etc. ツサ (Brunier & Rambaud 1999)
Aussi bien en sテゥquence d窶册nseignement que par la suite, nous parlerons de
carpaccio
pour dテゥsigner
les processus d窶册xposition de connaissance dont le seul intテゥrテェt rテゥside dans leur scテゥnarisation, bien souvent
stテゥrテゥotypale
. Un carpaccio est テ la connaissance scientifique ce que le lieu commun est テ
l窶冓nformation classique, ce que la romance est au film hollywoodien : un apparat sテゥduisant, mais
vide, qui faテァonne テ la longue le goテサt des consommateurs de vulgarisation scientifique. Le
carpaccio a semble-t-il des vertus apテゥritives, pour ne pas dire publicitaires.
Bien qu窶冓ls ne soient pas forcテゥment spテゥcifiques de chaque mode, les carpaccios s窶冓nscrivent dans
les trois grands modes de scテゥnarisation que nous avons distinguテゥs :
窶「
Le mode テゥvテゥnementiel, que l窶冩n pourrait qualifier de dテゥmagogique
窶「
Le mode mテゥtaphysique
窶「
Le mode politique
Nous n窶兮borderons les modes mテゥtaphysiques et politiques que de maniティre succincte, par souci de
place : en effet leur traitement exhaustif nテゥcessiterait une thティse テ part entiティre, et c窶册st テ regret que
nous nous contenterons ici de survoler ces aspects certainement parmi les plus dテゥlテゥtティres de la
communication des sciences.
4.4.3
Le mode テゥvテゥnementiel : l窶兮rt de crテゥer le scoop
Nous avons dテゥjテ abordテゥ la fabrication de l窶凖ゥvenementiel au chapitre 3. Nous allons dans cette
partie survoler quelques-uns seulement des scテゥnarios qui prテゥsident テ cette fabrication. Nous ne
les abordons pas tous ici, faute de place, mais nous テゥnumテゥrerons les plus importants テ prテゥsenter
dans un cadre enseignemental.
4.4.3.1
Scテゥnario sテゥcuritaire 窶 appel テ la peur
L窶兮ppel テ la peur est l窶冰n des stratagティmes les plus faciles テ exploiter pour attirer l窶兮ttention. Il
suffit de jouer sur une peur communテゥment rテゥpandue (peur alimentaire, peur des catastrophes
naturelles, peur des insectes, peur des maladies) pour gテゥnテゥrer l窶冓ntテゥrテェt. La trame est gテゥnテゥralement
sテゥcuritaire, de la forme
ツォ X catastrophe / menace annoncテゥe ->la solution pour la prテゥvenir ツサ
273
solution liテゥe bien entendu テ l窶兮chat du mテゥdia. Annoncテゥe sous forme de scoop, ce genre de
montage narratif donne le sentiment au consommateur d窶凖ェtre non seulement alertテゥ, mais d窶兮voir
une chance d窶凖ェtre prテゥmuni puisque faisant partie des ツォ initiテゥs ツサ avertis テ temps. Qui veut savoir de
quoi il en retourne doit ensuite consommer le mテゥdia.
Prenons quelques exemples brossテゥs rapidement :
窶「
Hormones et antibiotiques dans votre assiette
Figure 101 : scテゥnario sテゥcuritaire alimentaire dans S&Av, septembre 1997
Cet extrait de la couverture de
S&Av
de Septembre 1997 utilise un scテゥnario sテゥcuritaire (figure
101). Celui-ci se dテゥcompose en un certain nombre d窶凖ゥlテゥments.
Les stテゥrテゥotypes culturels
:
le rejet des hormones et des antibiotiques (qu窶冓l soit justifiテゥ ou non)
La simplification et la diabolisation
:
hormones et antibiotiques jouissent d窶冰ne mauvaise rテゥputation univoque, extrテェmement
simplifiante. Les gens qui ont choisi cet article sテゥcrティtent (nous l窶册spテゥrons) des hormones,
et テァa leur est gテゥnテゥralement bien utile. De mテェme pour le traitements antibiotiques dans une
certaine classe de pathologies bactテゥriennes.
La double pensテゥe magique essentialiste
:
l窶兮nimal mange des hormones -> viande contaminテゥe -> consommation de cette viande ->
individu contaminテゥ
On rテゥsume l窶凖ェtre qui a produit la viande (le bナ砥f par exemple) au produit consommテゥ par
cet テェtre qui a produit cette viande, puis on laisse accroire que la consommation de cette
viande transmet le produit et donc contaminerait le consommateur (nous, puisque il est
volontairement prテゥcisテゥ que c窶册st notre assiette). Fort heureusement, si c窶册st parfois le cas
(certaines radioactivitテゥs, certaines substances comme le mercure, certaines hormones)
consommer la viande d窶冰n animal ayant absorbテゥ un produit ne se rテゥsume pas
systテゥmatiquement テ consommer soi-mテェme ce produit. Manger du bナ砥f qui broute parfois
malencontreusement des insectes ne revient pas テ manger des insectes.
Un effet impact visuel
:
274
la
pensテゥe magique
est renforcテゥ par l窶凖ゥcriture dans l窶兮ssiette du terme danger, classique de
la pensテゥe magique de
similitude
Un complotisme
:
la trame sous-jacente de ce slogan de couverture est qu窶冩n ツォ vous ツサ place ces produits
dans ツォ votre ツサ assiette テ ツォ votre ツサ insu.
窶「
Alerte テ l'astテゥroテッde
Figure 102 : Alerte テ l窶兮stテゥroテッde, AFP, 25 juillet 2002
La
menace テ l窶兮stテゥroテッde
(figure 102) est un marronnier : si l窶冩n cherche sur un moteur Internet avec
les mots clテゥs
menace
et
astテゥroテッde
, on trouve immテゥdiatement des alertes pour 2009, 2014, 2023 et
2036, suffisamment pour faire encore quelques bonnes dテゥpテェches AFP.
Figure 103 : Deux exemples misant sur le complot et le ツォ on nous cache tout ツサ.
266
Nous consacrons une sテゥquence d窶册nseignement la pensテゥe magique. Frazer,
the golden Bough
, et Mauss, bien
entendu,
Esquisse d'une thテゥorie gテゥnテゥrale de la magie
(1902), mais surtout les rテゥcents dテゥveloppements de Paul Rozin, dont
sa fameuse exテゥprience de la mouche. Voir par exemple Rozin, P., & Nemeroff, C.J. (1990).
The laws of sympathetic
magic: A psychological analysis of similarity and contagion
. In J. Stigler, G. Herdt & R.A. Shweder (Eds.),
Cultural Psychology:
Essays on comparative human development
(pp. 205-232).
Alerte テ l'astテゥroテッde le 1er fテゥvrier 2019
LONDRES (AFP)
- Un astテゥroテッde susceptible de
provoquer des dテゥgテ「ts sans prテゥcテゥdent a une chance sur 60.000 de frapper la Terre le 1er
fテゥvrier 2019, selon des テゥtudes de scientifiques amテゥricains et britanniques.
275
Figures 104 a & b : impossible de trouver une Vulgarisation sur les trous noirs sans un anthropomorphisme
naテッf et recourant テ l窶兮ppel テ la peur ; テ croire que les trous noirs n窶冓ntテゥressent le public que lorsqu窶冓ls se font croque-
mitaines ou ogres.
Figure 105 : notre galaxie est une cannibale, S&Av d窶冩ctobre 2001.
La scテゥnarisation sur les trous noirs (figures 104 & 105) n窶册st pas anodine puisqu窶册lle est窶ヲ
toujours la mテェme. L窶兮nthropomorphisme est immanquablement prテゥsent, et mテェme lorsqu窶冓l est
ツォ gテ「teux ツサ (figure 104 b), le trou noir est ツォ excentrique et cruel ツサ, comme dans ce
S&Av
d窶冩ctobre
2001. Quant aux magnテゥtars, ils sont les vテゥritables croquemitaines de l窶冰nivers :
Monstres de l窶册space
窶 les magnテゥtars sortent de l窶冩mbre
est un titre classique.
L窶兮strophysique et la cosmologie sont un parfait creuset pour ces scテゥnarios inquiテゥtants. En
suscitant la peur, elles gテゥnティrent des rテゥactions affectives parfois surprenantes (comme l窶冑istoire du
LHC et de son trou noir laborantin, ayant terrifiテゥ l窶儖pinion Publique).
Relevons cette construction intテゥressante que cette couverture (figure 106 a), qui pose une
question de type
Plurium interrogationum
(voir 4.2.6.4). Le glissement entre mテゥdicaments et
industries est aussi frappant que facile, et permet une dテゥpolitisation flagrante du problティme : rien
d窶凖ゥtonnant テ ce que les opposants aux comportements inadmissibles de certaines industries
optent pour la non-prise de mテゥdicaments, en un
faux dilemme
(voir 4.2.6.4) entretenu
rテゥguliティrement par la presse sur fond d窶兮ppel テ la peur.
276
a)
b)
c)
d)
Figures 106 : テ en croire S&V, nous devrions fuir. Mais oテケ ?
Quelle que soit la discipline, la transformation en un scテゥnario alertant le lecteur est monnaie
courante et trティs simple テ rテゥaliser, par une extrapolation テ l窶册xtrテェme (figures 106 a, b, c & d). Que
la validitテゥ de l窶兮lerte soit faite ou non, c窶册st une prise en tenaille morale pour l窶冓ndividu, la stratテゥgie
テゥtant de jouer sur la peur et テゥventuellement la culpabilitテゥ d ne pas se prテゥmunir. Chaque substance
comsommable テゥtant trティs simplement diabolisable, il est trティs simple de crテゥer un scテゥnario alerte sur
un produit controversテゥ. La liste est longue, depuis le lait, les tテゥlテゥphones portables, le wi-fi, le
cholテゥsterol, les colorants alimentaires, les OGM, etc.
Une excellente mテゥthode pour se ツォ prテゥmunir ツサ de ces scテゥnarisations est de relire de vieux numテゥros
d窶冓l y a dix, quinze ou vingt ans. Non seulement on se rend compte de la rテゥcurrence des thティmes,
mais en outre on ツォ dテゥgonfle ツサ les baudruches lorsqu窶冩n voit le nombre d窶兮lertes qui ne se sont
jamais rテゥalisテゥes.
4.4.3.2
Carpaccio ツォ alerte ツサ
Le carpaccio est de la forme ツォ
Alerte : catastrophe / menace annoncテゥe
ツサ.
Sous-entendu : ツォ
La solution, lisez vite !
ツサ
277
C窶册st un carpaccio puisqu窶冓l suffit gテゥnテゥralement d窶册xtrapoler l窶冓nformation dans ses consテゥquences
les plus graves, ou de rattacher l窶冓nformation テ un risque potentiel pour quelque chose ou
quelqu窶冰n d窶冓ntime pour avoir matiティre テ scテゥnarisation.
Donnons-en quelques illustrations :
Figure 107 : climat fou et テゥquilibre rompu, les deux grands marronniers テゥcologiques.
Science&Vie
fait sa couverture sur une alerte : Climat, l窶凖ゥquilibre est rompu (figure 107).
S&Av
,
du mテェme mois, fait テゥgalement son alerte en un
deus ex machina
et un anthropomorphisme
simpliste (ツォ Climat fou ツサ). La question qui est posテゥe est un
faux dilemme
(voir 4.2.6.4).
Figure 108 : ツォ Dieu contre Darwin, la thテゥorie de l窶凖ゥvolution est-elle menacテゥe ? ツサ.
La Recherche
titre en mars 2006 : ツォ
Dieu contre Darwin, la thテゥorie de l窶凖ゥvolution est-elle menacテゥe ?
ツサ (figure
108).
Relevons au passage :
- une question doxique ;
278
- un faux dilemme ;
- un carpaccio alerte ;
- un scテゥnario ツォ combat ツサ, plaテァant le scテゥnario thテゥiste sur un mテェme plan que la thテゥorie de
l窶凖ゥvolution ;
- une accentuation lapidaire (Dieu, Darwin) ;
- un transformation d窶冰n enjeu politique (l窶册nseignement de la Crテゥation) en controverse
scientifique.
Remarquons qu窶冓l est trティs simple d窶冓llustrer ce carpaccio tant chaque jour se renouvelle le lot.
Dans la presse francophone, en ne se contentant que des alertes ツォ scientifiques ツサ, nous
recensons テ l窶冑eure d窶冓mprimer :
Tanzanie : une
alerte
au virus Ebola pour les zones frontaliティres
(Xinhua, 19 sept 2007)
L窶
alerte
vient du Grand Nord
(テ propos d窶冰n glacier qui fond) (Riskassur, Quotidien des
Risques et des Assurances, 20 sept 2007)
L'Afrique en テゥtat d'
alerte
テ cause d'inondations
(AFP, 18 sept 2007)
CSA International diffuse une
alerte
de sテゥcuritテゥ
(CNW, 20 sept 2007)
Les cテエtes pacifiques sud-amテゥricaines seront frappテゥes par un tsunami
(Le Monde, 20 sept 2007)
Indonテゥsie: le systティme d'
alerte
aux tsunamis reste incomplet
(AFP, 20 sept 2007)
Outil pratique テ utiliser, nous renvoyons テ la fiche ツォ DHMO, alerte, jargon ツサ (voir Annexe 窶 fiche
pテゥdagogique Nツー7).
4.4.3.3
Variante : scテゥnario sテゥcuritaire
ad baculum
ou
repoussoir
Nous retrouvons dans cette variante une trame narrative calquテゥe sur
l窶兮rgumentum ad baculum
Scテゥnario sテゥcuritaire :
ツォ X catastrophe / menace annoncテゥe->la solution pour la prテゥvenir est Y ツサ
La thティse que l窶冩n veut dテゥfendre (ici Y) n窶册st pas prテゥalablement prテゥsentテゥe. C窶册st la thティse connue
comme opposテゥe テ la premiティre qui va テェtre mise テ mal, en n窶册n prテゥsentant que les aspects
choquants ou en la poussant dans ses consテゥquences extrテェmes.
Jouant sur des oppositions traditionnelles pas toujours justifiテゥe entre les deux
(homテゥopathie/allopathie, antibiotiques/remティdes naturels, occident/orient窶ヲ), les consテゥquences
de la thティse mise テ mal sont prテゥsentテゥes dans un scテゥnario catastrophe dont on apporte
implicitement ou explicitement la solution ou l窶兮lternative. Il arrive mテェme que cette mテゥta-solution
soit la ligne テゥditoriale du mテゥdia : courants テゥcologisants, Nouvel テHe, pro-mテゥdecines dites
ツォ alternatives ツサ et mouvements politiques sテゥcuritaires sont assez consommateurs de cette
scテゥnarisation.
Voici un exemple de la construction de ce scテゥnario :
1. Je veux dテゥfendre les ツォ mテゥdecines douces ツサ
2. Je sais que la population oppose traditionnellement ツォ mテゥdecines douces ツサ et ツォ mテゥdecine
scientifique ツサ
3. Alerte :
catastrophe / menace annoncテゥe, les mテゥdicaments font mourir
4/ La solution ? Lisez vite, la solution est dans le magasine (Bio contact,
Alternatives Santテゥ
)
279
Figure 109 : publicitテゥ Pfizer effrayante, encartテゥe dans S&V en 2004
Cette publicitテゥ Pfizer (figure 109) qui se grime en alerte santテゥ fabrique un chantage moral sur le
lecteur, テ la maniティre des alicaments ou, テ une autre テゥchelle, des prテゥdictiosn millテゥnaristes (figure
110).
Figure 110 : Pour savoir ce que sera la fin du monde, achetez ce numテゥro.
280
Figures 111a & b : Alternative Santテゥ, Nツー319, fテゥvrier 2005.
L窶册xemple ci-dessus (figure 111) est celui que nous employons le plus volontiers en cours :
-
テ cause du glissement entre ツォ mテゥdicaments ツサ et ツォ industries pharmaceutiques ツサ
-
テ cause du gonflement du chiffre (rare cas d窶册ffet peau de chagrin テ l窶册nvers)
-
テ cause de l窶兮rgumentaire
ad baculum
avec la technique du repoussoir et le faux dilemme
(soit pour les alternatives, soit pour les industries pharmaceutiques criminelles)
Relevons que le mテゥdicament tenu par la femme de la 2
nde
image est, moyennant grossissement, du
Prozac (voir 4.2.6.3
Accentuation iconique
).
Figure 112 : les champs magnテゥtiques perturbent notre santテゥ (avec une liste de pathologies disparates en
introduction) dans S&Av de mai 2000.
Dans la figure 112,
S&Av
, crテゥe dans la foulテゥe la peur et l窶兮ntidote : ツォ
les seuils de risques, les
solutions
ツサ. C窶册st une forme de chantage moral, テ plus forte raison lorsque la corrテゥlation entre
problティmes de santテゥ et ces champs magnテゥtiques n窶册st pas causale 窶 pour l窶冓nstant du moins).
Dans ce scテゥnario, la solution X=a n窶册st pas forcテゥment fausse. Ce qui est dテゥnoncテゥ est l窶凖ゥchange
entre une raison rationnelle de croire (une テゥvidence) et une raison prudente de croire, qui relティve
de facteurs extテゥrieurs (menaces, peur, culture du risque) et crテゥe au lieu d窶冰ne vテゥritable raison une
motivation affective. C窶册st en s窶兮ppuyant sur un repoussoir de ce genre que l窶冩n テゥtaye
281
fallacieusement une thティse faussement alternative du genre ツォ ce n窶册st pas parce que je prouve que
tu es moche que テァa me rend beau ツサ, qui se traite, rappelons-le, en usant de la facette Zテゥtテゥtique
ツォ
compテゥtitif ne veut pas dire contradictoire
ツサ.
Dans ce scテゥnario, trティs difficile テ dテゥceler, on joue ainsi sur trois registres : le scoop, la peur, et
l窶册spoir, ce qui en fait un grand classique de l窶兮rgumentaire politique populiste.
4.4.3.4
Scテゥnario テゥmotif 窶 appel テ l窶凖ゥmotion
Cette mise en scティne, extrテェmement frテゥquente, consiste テ orienter la prテゥsentation de propos de telle
faテァon que ce soit l窶凖ゥmotion, et non la raison, qui induise le remport d窶兮dhテゥsion. Nous l窶兮vons vu,
un certain nombre d窶兮utres Ips, notamment lexicaux, fonctionnent sur ce mode. Les attaques (
Ad
Hominem
en particulier) aussi, de mテェme que par exemple ツォ l窶册ffet mouton de Panurge ツサ, qui suscite
une forte テゥmotion. Puisque la gamme des テゥmotions est vaste, cette catテゥgorie scテゥnaristique n窶册n
est pas vraiment une : il s窶兮git plutテエt d窶冰n terme gテゥnテゥrique.
Recours テ l窶凖ゥmotion :
1. des テゥmotions stimulantes sont associテゥes テ X=b
2. donc X=b
Variante
1.
seuls les fous et les imbテゥciles peuvent adhテゥrer テ X=a
2.
donc X=b
Prテゥcisons que, comme l窶冩nt bien compris les professionnels de la communication, il s窶兮git moins
de vendre un produit que de proposer un mode de vie et des sentiments テ travers ce produit. Or
laisser associer sa gratification personnelle et ses remports d窶兮dhテゥsion crテゥe chez l窶冓ndividu un
テゥdifice intellectuel extrテェmement difficile テ dテゥconstruire.
Ce scテゥnario prend de trティs nombreuses formes, aussi bien dans le champ publicitaire que dans le
champ politique, dont certains professionnels sont devenus experts.
Figure 113 : les gymnastiques du bien テェtre, dans le Nouvel Observateur
282
Dans le champ mテゥdical, nous pouvons illustrer le recours テ l窶凖ゥmotion par l窶兮ppel au ツォ naturel ツサ
rテゥcurrent dans les mテゥdecines dites alternatives (figure 113). Ce ツォ naturalisme ツサ est fortement liテゥ テ
un discours semi-politique テゥcologisant, mテェlant trティs souvent un mysticisme lテゥger, un animisme
discret (ツォ la volontテゥ des arbres ツサ, ツォ les plantes qui vous veulent du bien ツサ), un discours trティs
souvent relativiste et une culture pseudo-contestataire voulue comme socialement progressiste
alors qu窶册lle contient un certain nombre d窶凖ゥlテゥments rテゥactionnaires, depuis l窶兮ppel テ la tradition, un
certain ordre moral jusqu窶凖 des discours de type
dessein intelligent
, qui
redonne du sens
adopter la panoplie du parfait petit テゥcologiste naテッf, l窶兮dhテゥrent absorbe toute la sphティre des
mテゥdecines plus ou moins magiques, plus ou moins alternatives, mais toujours opposテゥe テ la
ツォ mテゥdecine officielle ツサ, et offre ainsi une cible de choix aux dテゥrives de type sectaire. Des
magazines, mais aussi des magasins flattent ce genre de mixte, et en ce dテゥbut de 21
e
siティcle, nous
avons assistテゥ en France テ l窶兮bsorption d窶冰ne part importante du mouvement テゥcolo-alter-
mondialiste et d窶冰ne partie du mouvement libertaire dans la sphティre Nouvel テHe.
Ce recours テ l窶凖ゥmotion est parfois grossier : les テゥtudiants du cours d窶僮nitiation テ l窶册sprit critique
2006 ont ainsi travaillテゥ sur le concept fumeux d窶僊DN vテゥgテゥtal, dテゥveloppテゥ par Yves Rocher テ
grand renfort d窶冓mages mercatiques naturalistes.
On peut aller jusqu窶凖 prendre des exemples dans les meilleurs lectures sceptiques : Henri Broch
lui-mテェme est tombテゥ au moins deux fois dans ce type de recours テ l窶凖ゥmotion dans son livre
Au
cナ砥r de l窶册xtra-ordinaire
(ouv.citテゥ).
1) テ propos du mテゥdecin qui photographie l窶兮ura des doigts pour diagnostiquer un cancer du sein,
il テゥcrit par exemple :
窶弉ui souhaiterait rテゥellement テェtre ツォ soignテゥ ツサ par ce mテゥdecin ? (窶ヲ) On pourrait donner
quantitテゥ d窶兮utres exemples de telles pratiques avec quelque fois mテェme un haut-le-cナ砥r
justifiテゥ (窶ヲ) ツサ
Il n窶册st malheureusement pas difficile de trouver des clients potentiels テ ce monsieur. Cet
argument est donc un recours simple テ l窶凖ゥmotion, auquel s窶兮djoint un
argumentum ad populum
(voir
4.3.2.17
Principe de la preuve sociale, effet Panurge ou argumentum ad populum
). Nous sommes convaincus
par les テゥtudes sur la dissonance cognitive, que devant une attaque aussi dure des fondements
factice d窶冰ne adhテゥsion, les individus prテゥfテゥreront avoir tort contre des arguments valables lancテゥs
vertement que de les adopter et donner raison テ un recours テ l窶凖ゥmotion. De fait, ce genre de
propos ne fait semble-t-il qu窶册nferrer les gens dans leur persテゥvテゥrance 窶 qui est, selon Morel, le
signe principal des dテゥcisions absurdes (Morel,
ouv.citテゥ
). Comme le dit plus loin Broch, si les
ツォ rテゥactions [sur les chapitres sur l窶兮cupuncture et l窶冑omテゥopathie] seront trティs certainement
originaires des
viscティres
que de
l窶册ncテゥphale
ツサ, la question se pose de savoir si le haut-le cナ砥r est une
rテゥaction encテゥphalique.
2) Il s窶兮git cette fois-ci d窶冰n subtil chantage, certainement imputable テ un effet de plume :
ツォ L窶册xpテゥrience テ rテゥaliser [sur la mテゥmoire de l窶册au, avec J. Dry] est trティs trティs simple et
pourtant les 1,5 millions de francs (窶ヲ) sont toujours lテ. Ce qui est rテゥellement dommage et
attristant car, si le Dr. Benveniste ne veut pas faire sa dテゥmonstration pour de l窶兮rgent, il a
pourtant toujours l窶冩pportunitテゥ de se rendre encore plus sympathique en offrant la
267
Pour une critique des leaders charismatiques de cette mouvance, voir les travaux de Mazenq sur entre autres
Pierre Rhabi
in
Mazenq 2001.
268
テ la dテゥcharge de Broch, certaines pratiques sont effectivement peu ragoutantes. Nous renvoyons aux ツォ Dテゥlires
excrテゥmentiels ツサ dテゥnoncテゥs par le regrettテゥ Jallut O.
mテゥdecines parallティles et cancers, modes d窶册mploi et de non-emploi
, (1992) p.
136.
283
somme par exemple テ un laboratoire de pointe travaillant sur le cancer ou le sida,
laboratoire, je peux l窶册n assurer, ne refusera pas cette vitale aumテエne ツサ. (Broch,
ouv.citテゥ
, pp.
183-184)
Il s窶兮git d窶冰n pseudo-argument rテゥtorsif qui, quoique moralement recevable, entre dans le champ
des appels テ l窶凖ゥmotion. Ce n窶册st pas rテゥprテゥhensible d窶兮ssortir son argumentation d窶凖ゥmotion, bien
entendu, tant qu窶兮ux yeux du rテゥcipiendaire la distinction entre ce qui inspire l窶凖ゥmotion et ce qui
justifie une adhテゥsion est claire et bien tracテゥe. Pour le coup, beaucoup de docu-fictions
transgressent ces limites, et joue sur un mテゥlange science et fiction inattaquable : ツォ
ce n窶册st pas trティs
scientifique ? C窶册st pour la trame narrative
ツサ.
4.4.3.5
Carpaccio ツォ espoir ツサ
L窶兮ppel テ l窶册spoir est le scテゥnario le plus dテゥveloppテゥ dans le champ de la mテゥdecine. Trティs peu de
nouvelles de type mテゥdical s窶凖ゥpargnent le lien avec une guテゥrison potentielle d窶冰ne pathologie
grave, et en cela, mテゥdecine scientifique comme pseudomテゥdecines autoproclamテゥes y ont recours.
窶「
Exemples
(figures 76, 114 & 115)
Figure 76 (reproduite) :
Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
,
S&Av
juillet 1995
Carpaccio espoir + fabrication du scoop
(ツォ Exclusif ツサ)
Relevテゥ au passage : effet cigogne
Relevテゥ au passage :
Appel テ la peur + scテゥnario conquテェte.
Accentuation iconique, avec cette
fourmi disproportionnテゥe englobant le
monde
284
Figure 114 : Effervesciences, 2007
Des allテゥgations comme ツォ
Les cancテゥrologues les plus scrupuleux l窶兮dmettent* : la thテゥorie purement gテゥnique ne
tient pas
ツサ (figure 114) accrテゥditent toutes le lectures du cancer type ツォ mテゥdecine nouvelle du Dr
Hamer ou ツォ biologie totale ツサ de Claude Sabbah. Un ナ妬l averti relティvera que
les cancテゥrologues les plus
scrupuleux
implique
pas les autres cancテゥrologues
窶 technique de repoussoir assez flagrante (voir 4.4.3.3
Scテゥnario sテゥcuritaire ad baculum ou repoussoir
).
Un dernier ツォ espoir ツサ vendu テ l窶凖ゥtal comme certaines peaux d窶冩urs, est proposテゥ par
S&V
(figure
115).
Figure 115 : Vision 窶 vous pouvez dire adieu テ vos lunettes. Espテゥrons que depuis cette couverture de S&V de
2002, les lecteurs ne l窶冩nt pas fait.
285
4.4.3.6
Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ
La technique carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ consiste テ vanter le rテゥsultat prテゥsentテゥ comme augurant d窶冰ne
rテゥvolution conceptuelle ou technologique sans prテゥcテゥdent (figures 116 & 117). Elle emprunte テ
l窶冓dテゥe vaguement empruntテゥe テ Kuhn de grands mouvements rテゥvolutionnaires en sciences qui
secoueraient テゥpisodiquement le champ scientifique. Dans le registre テゥpique, elle permet d窶冰tiliser
aussi le syndrテエme hテゥroテッque (voir plus loin).
Ci-dessous, en voici quelques illustrations :
Figure 116 : Couverture de Klein,
Il テゥtait sept fois la rテゥvolution, 2007.
Figure 117 : Science &Vie junior HS nツー59: Nous avons dテゥjテ rencontrテゥ ce mテゥlange d窶册ffet paillasson
(Rテゥvolution), et d窶兮ccentuation iconique.
Accentuation imaginaire テゥpique 窶 le titre rappelant le
film de Sergio Leone
Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ avec mise sur un mテェme
plan de sept contributions scientifiques
Effet 7 travaux
Scテゥnario du gテゥnie hテゥroテッque
286
Tout comme nous, Michel de Pracontal se rit du
ツォ
mythe de la rテゥvolution scientifique
, accomplie sans coup fテゥrir par un gテゥnie qui se lティve un beau
matin en se disant : "aujourd'hui, je vais bouleverser les fondements de la physique!". Il serait
agrテゥable que la science progresse de cette maniティre, mais la rテゥalitテゥ est plus complexe.
Seulement l'histoire des science est mal connue du public et, lテ encore, les mテゥdias rectifient
rarement le tir ツサ (
ouv.citテゥ
, p. 96).
4.4.3.7
Carpaccio ツォ odyssテゥe ツサ
Figure 118 : la grande odyssテゥe, thティme rテゥcurrent chez Coppens et Reeves.
Ce type de scテゥnario met en scティne la dテゥcouverte d窶冰n champ, d窶冰n domaine, ou d窶冰ne partie du
rテゥel considテゥrテゥ comme une
Terra Incognita
sous la forme d窶冰ne odyssテゥe, d窶冰ne conquテェte.
Cette scテゥnarisation permet non seulement de rendre mystテゥrieux le domaine considテゥrテゥ (テ grand
recours d窶兮djectifs intriguants) mテェme quand il ne l窶册st pas, mais aussi confティre par retour un
hテゥroテッsme aux ツォ explorateurs ツサ, mテェme s窶冓ls ne le sont pas. On fabrique du Vasco de Gama, du
Christophe Colomb (souvent en revisitant l窶冑istoire de ces individus) (figures 118 & 119).
Le registre est bien souvent maritime (toutes voiles dehors, cap sur, etc). Pourtant, faire de la
recherche une テゥpopテゥe idテゥalise, mais aussi dテゥsyncrテゥtise le fonctionnement de cette activitテゥ, qui
fonctionne malheureusement plus bien sテサr par la recherche appliquテゥe (surtout industrialo-
militaire) et par le glanage de crテゥdits sur des projets en adテゥquation avec les visテゥes politiques des
pays que par la quテェte d窶冰n quelconque Graal (voir ci-dessous 4.4.3.8
Carpaccio Gral
).
Dans
Science&Vie
d窶兮oテサt 2001, Cuvellier テゥcrit par exemple :
ツォ Tout comme Christophe Colomb, parti テ la recherche des Indes et qui dテゥcouvre
l'Amテゥrique, les chercheurs ne sauraient dテゥcrテゥter テ l'avance la nature du monde qu'ils sont
en train d'explorer. Et, tout comme Christophe Colomb, ils ne peuvent partir テ sa
dテゥcouverte que s'ils sont animテゥs de grandioses idテゥes prテゥconテァues ツサ (Cuvellier,
Les jeunes
loups de la physique
,
S&V
nツー1007, aoテサt 2001).
287
Figure 119 : 2001 l窶冩dyssテゥe de l窶册sprit, de Ganascia.
Le gテゥnie hテゥroテッque n窶册st pas loin. La comparaison avec Colomb est un grand classique, qui peut
servir de carpaccio. Il suffit de prendre n窶冓mporte quel chercheur X qui explore (terme fortement
connotテゥ sur le plan imaginaire) un domaine D pour en faire un sujet : ツォ
X, Colomb du domaine D
ツサ.
Quel que soit le domaine considテゥrテゥ, la mテゥtaphore fonctionne. Elle permet de recouvrir toute
entreprise scientifique, mテェme la plus sordide, de l窶凖ゥtoffe dont on fait les grandes explorations,
tout en cachant les motivations politiques, テゥconomiques et sociales des recherches occasionnテゥes.
La pauvretテゥ de cette mテゥtaphore rテゥside d窶兮bord dans le fait que tout rテゥsultat scientifique, mテェme
minime, peut par ce moyen テェtre dテゥcrit comme une conquテェte de la science, et テゥblouir ainsi le
lecteur.
Reste que dans leur quotidien une bonne partie des chercheurs doit consacrer une part de son
temps テ la recherche d窶兮rgent, テ la rテゥdaction de publication. Loin de nous l窶冓dテゥe de dテゥbattre ici de
ce qui est bien ou moins bien : nous voulons juste attirer le regard sur le fait que la recherche ne
participe pas souvent d窶冰n hテゥroテッsme de chanson de geste.
Exemples exploitテゥs en cours :
窶「
La conquテェte spatiale
C窶册st le champ de l窶儖dyssテゥe par excellence. Le registre テゥpique est omniprテゥsent, passant des
caravelles de l窶册space テ la dテゥcouverte de Terres Inconnues, et a テゥtテゥ immortalisテゥ dans ツォ
2001,
l窶冩dyssテゥe de l窶册space
ツサ de Kubrick. Il y a de quoi テェtre suspicieux lorsqu窶冩n sait que cette scテゥnarisation,
trティs puissante car faisant appel テ des soifs de puissance et des rテゥfテゥrences culturelles trティs marquテゥes,
a テゥtテゥ le cache-sexe idテゥologique de la guerre froide (figure 120).
288
Figure 120 : S&Av, Septembre 97, p. 84.
Figure 120, lテ encore une fois, le registre est marin, de type ツォ Magellan ツサ (Cap, voguera, odyssテゥe).
Notons la fabrication du ツォ mystティre ツサ des lunes et des anneaux
窶「
Les neurosciences
Sonder l窶凖「me humaine est une odyssテゥe. Aussi bien les neuroscientifiques que les psychiatres
s窶兮rrachent ce scテゥnario. C窶册st toutefois la psychanalyse qui est le plus friand, ayant un
ツォ Christophe Colomb ツサ bien テ elle.
Figure 121 : Freud, Christophe Colomb des neurosciences, titre de l窶冩uvrage de Naccache
Cette fois, (figure 121) le scテゥnario est contenu dans le sous-titre. ツォ
Freud, Christophe Colomb des
neurosciences
ツサ 窶 toutefois l窶兮nalogie Freud-Colomb, citテゥ テゥgalement par Mテゥheust (1998) n窶册st pas
de Naccache. Il faut aller chercher chez Van Rillテヲr le correctif :
ツォ Contrairement テ ce que croit le grand public, Freud n窶册st pas le Christophe Colomb
d窶冰n nouveau continent, l窶僮nconscient, qu窶兮vaient ツォ refoulテゥ ツサ tous les hommes qui avaient
vテゥcu avant lui. Comme l窶冩nt bien montrテゥ Ellenberger et Sulloway, il s窶兮git d窶冰ne lテゥgende
destinテゥe テ faire que Freud est ツォ le ツサ gテゥnie de l窶冑istoire de la psychologie ツサ (Van Rillaer
1994, p. 154)
Quand bien mテェme le mythe de Freud s窶册ffondrerait, il est probable que la psychanalyse garderait
volontiers ce scテゥnario pratique, quitte テ chager de mテ「itre penseur. Ainsi le titre de
Hテゥtテゥritテゥ
nツー2
Revue de psychanalyse
:
L窶儖dyssテゥe lacanienne
.
289
窶「
L窶凖ゥvolution humaine
Contentons-nous d窶冰n exemple, celui de ツォ
L窶冩dyssテゥe de l窶册spティce
ツサ, docufiction au style hybride et
truffテゥ de mauvaise science ツォ au nom de la beautテゥ du scテゥnario ツサ.
Dテゥjテ abordテゥ, la pastille ツォ Vu sur France 3 ツサ en bas テ droite, (figure 122), argument sophistique que
nous avons dテゥjテ vu (voir 4.3.2.13
La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias : ツォ vu テ la tテゥlテゥvision ツサ
).
Figure 122 : L窶儖dyssテゥe de l窶册spティce, dirigテゥe par Coppens. Petite pastille ツォ vu sur France 3 ツサ, devant certainement
incarner un label de qualitテゥ que la maltraitance de la biologie de l窶凖ゥvolution dans ce docufiction infirme largement.
窶「
La lecture du gテゥnome humain
ツォ Le dテゥcryptage de l窶冓nformation gテゥnテゥtique humaine a テゥtテゥ une rude テゥpopテゥe窶ヲPourtant
l窶兮venture de fait que commencer ツサ.
nous dit
Pour la science
de septembre 2000 Nツー275 (pp. 40-47). Est-ce exagテゥrテゥ de dテゥnoncer le terme
dテゥcryptage, qui テ l窶冓nstar de programme ou de sテゥlテゥction, implique un cryptage, donc un crypteur,
dans une lecture digne des philosophe de la Nature ? De mテェme, cette phrase, qui n窶册st
qu窶兮pテゥritive et qui frテエle l窶册ffet puits ツォ
Pourtant l窶兮venture de fait que commencer
ツサ : a-t-on vraiment
besoin de cela pour s窶冓ntテゥresser au gテゥnome humain ?
Variante : il arrive parfois que ce ne soit pas l窶僣umain qui anime cette テゥpopテゥe, mais certaines
espティces, en un anthropomorphisme parfois trティs discutable (figure 124). L窶
appel テ la peur
est
souvent dテゥclenchテゥ.
290
Figure 123 : Pas besoin d窶冑umain pour fabriquer une
odyssテゥe
dans les revues.
4.4.3.8
Le carpaccio ツォ Graal ツサ
Le registre テゥpique
est テゥgalement un poncif de la vulgarisation. Il suffit de convaincre le lecteur
que la recherche dont il est question s窶兮pparente テ la quテェte d窶冰n ツォ Graal ツサ (registre de la Toison
d窶儖r).
Nous renvoyons le lecteur テ une fiche entiティrement consacrテゥe テ ce carpaccio 窶
Fiche pテゥdagogique
Nツー17 Scテゥnario du Graal et de la recherche de Dieu
(voir
Annexes
).
4.4.3.9
Le carpaccio ツォ bravade de l窶冓nterdit ツサ ou
terra incognita
Carpacio lテ encore, on utilise le fantasme d窶冰ne limite, d窶冰ne frontiティre indテゥpassable, que d窶兮ucuns
(des hテゥros, des gテゥnies) franchiraient. Le registre sテゥmantique est gテゥnテゥralement sportif ou テゥpique.
Forger l窶冓dテゥe de pans de connaissance totalement occultテゥs par la recherche, qu窶
enfin
des
chercheurs dテゥvoilent comme l窶冩n dテゥcouvrirait un continent perdu crテゥent deux interstices, l窶冰n
exogティne, l窶兮utre endogティne.
Primo
, (exogティne) que ces champs prテゥexistent テ leur ツォ dテゥcouverte ツサ (puisqu窶冩n dテゥcouvre quelque
chose de couvert). On retrouve alors la posture idテゥaliste, qui revient, テ l窶冓mage des Idテゥes de
Platon, que les axiomes de la Nature, cachテゥs, sont テ dテゥcouvrir.
Secundo
(endogティne) qu窶兮border une vraie
terra incognita
revient テ entrer dans l窶冓nconnu, テ plonger
sur une vaste テゥtendue immaculテゥe, une ツォ face cachテゥe ツサ (figure 124).
Figure 124 : La face cachテゥe de l窶冑omテゥopathie nous est proposテゥe par S&Av Nツー693, novembre 2004.
291
En clair, prospecter un terrain vierge, ce qui revient d窶冰n seul coup テ nier tous les travaux
antテゥrieurs sur la question et テ vendre le programme de recherche comme une exploration de
contrテゥe vierge. Tout rテゥsultat peut テェtre agrテゥmentテゥ d窶冰ne phrase type : ツォ
les dテゥveloppements ultテゥrieurs
nous permettront d窶册xplorer une nouvelle
terra incognita. ツサ (Figure 125).
Figure 125 : Quand VSD voyage au cナ砥r des sciences qu窶册lle a dテゥcidテゥ interdites, juillet 2003.
On pourrait penser que cette mテゥtaphore
Terra Incognita
n窶册st qu窶冰n piment pour la connaissance,
qui rテゥhausse le goテサt. Le problティme est que cette faテァon de prテゥsenter les choses rend poreuses les
frontiティres, incertaines les connaissances en physique quantique et de ce fait, laisse la porte ouverte
au champ des possibles, mテェme quand ils sont peu probables.
Ces possibles peuvent テェtre :
- des lectures spiritualistes (J. Staune) ;
- des phテゥnomティnes paranormaux.
Quelques exemples listテゥs :
-
S&V
nツー993 de Juin 2000 titre ツォ
La dテゥcouverte du continent quantique
ツサ ;
- l窶兮rticle du CNRS de fテゥvrier 2005 ツォ
Les frontiティres incertaines du monde quantique
ツサ (figure 126) lui,
commence ainsi :
ツォ Personne ne comprend vraiment la physique quantique ツサ (窶ヲ) cette phrase de Richard
Feynman poursuit encore les physiciens. La thテゥorie quantique a beau se targuer d窶冰ne
description prテゥdictive des phテゥnomティnes qui se passent テ l窶凖ゥchelle atomique (窶ヲ), personne
ne peut prテゥtendre aujourd窶冑ui la comprendre (
sic
)
269
Merci au passage pour les physiciens.
292
Figure 126 : Journal du CNRS mars 2005 p. 22
Si tant est qu窶冓l faille absolument comprendre la physique quantique, ce qui lui est demandテゥ est
une description correcte du rテゥel. En cela, elle remplit son office. La question
marronniティre
parmi les
questions quantiques est celle-ci : pourquoi le monde dans lequel nous vivons n窶册st-il pas
quantique ? En d窶兮utres termes, pourquoi les objets que nous utilisons, et mテェme les テェtres vivants,
ne se comportent-ils pas comme les atomes, テゥlectrons ou autres particules テゥlテゥmentaires dont ils
sont constituテゥs ? Lテ encore, les rテゥponses sont mystテゥrieuses :
ツォ Pour le chercheur, c窶册st une observation directe de la dテゥcohテゥrence, qui semble テェtre en
accord avec la thテゥorie. ツォ
La dテゥcohテゥrence n窶册st donc pas un phテゥnomティne fondamental
, affirme
Philippe Grangier, du laboratoire Charles Fabry de l窶僮nstitut d窶冩ptique.
Rien n窶冓nterdirait au
chat, ou plutテエt テ un systティme physique convenablement conテァu, d窶凖ェtre vivant et mort テ la fois s窶冓l n窶凉 avait
pas d窶册nvironnement
ツサ (note : certanes thテゥories affirment que la dテゥcohテゥrence existerait mテェme
en l窶兮bsence d窶册nvironnement. D窶兮utres font encore appel テ l窶册xistence de mondes
multiples (ce qu窶冩n ne peut ni infirmer ni confirmer) ! Mテェme si on trouve le chat mort en
ouvrant la boテョte, il continuerait d窶凖ェtre vivant dans un autre monde ツサ
Dans le mテェme numテゥro, pp. 24-25, on peut lire l窶冓nterview de notre collティgue grenoblois A. Barrau
(figure 127) :
ツォ On ne peut exclure qu窶冓l s窶兮gisse d窶兮ntimondes テゥloignテゥs qui abritent des antiテゥtoiles et des
antiplanティtes. Sur certaines d窶册ntre elles 窶 pourquoi pas ? 窶 des antiscientifiques
s窶兮ntinterrogent sur ce qu窶冓ls observent ツサ.
Imaginer l窶册ffet de ce genre de phrases prテゥlevテゥes par des individus ne connaissant que la partie
vulgarisテゥe de ces questions n窶册st pas trティs difficile. Impossible de s窶凖ゥtonner ensuite de la naissance
dans une quelconque cave d窶冰n ツォ
thテゥorティme de dテゥcohテゥrence macroquantique
ツサ expliquant les phテゥnomティnes
paranormaux, comme le fait F. Gatti, sur le site
270
Constater par soi-mテェme sur
http://perso.orange.fr/casar/CASAR.htm
293
Ce site tテゥmoigne d窶兮illeurs que la construction des opinions de son auteur s窶册st faite sur des
vulgarisations scientifiques non correctes scientifiquement mais relayテゥes par les journaux.
Figure 127 : テ la recherche des anti-mondes, un programme allティchant pour A. Barrau.
La mテゥtaphore de la frontiティre se retrouve :
- chez de bons didacticiens, comme Trabal :
ツォ on doit admettre que la ツォ ligne de front ツサ sテゥparant le scientifique du non-scientifique
テゥvolue sans cesse, et que l窶凖ゥtude de cette dynamique des ツォ lieux mixtes ツサ garantis une
valeur heuristique alors que les approches que les scientifiques proposent habituellement
nient cette dynamique en posant comme indiscutable la frontiティre ツサ (
ouv.citテゥ
, p. 98).
Le problティme est que les scientifiques n窶冩nt pas d窶兮pproche
a priori
niant cette dynamique. Cette
idテゥe est un repoussoir cognitif.
- chez un sociologue ツォ relativisteツサ comme P. Lagrange :
ツォ 窶ヲ. Bien au contraire, plus on s窶冓ntテゥresse テ la science, plus on croit au paranormal et テ
l窶兮strologie. On s窶冓ntテゥresse tellement テ la science qu窶冩n voudrait en voir les limites
repoussテゥes. Pour ces ツォ croyants ツサ, les parasciences reprテゥsentent alors ce qui se situe au-
delテ de la ツォ science officielle ツサ, et ce qui est considテゥrテゥ actuellement comme parascience
deviendra certainement science de demain. Ainsi, prティs de la moitiテゥ des Franテァais estiment
que la science admettra un jour la rテゥalitテゥ de la transmission de pensテゥe, de l窶冓nfluence des
astres sur le caractティre et des OVNI窶ヲ ツサ (Lagrange 1993, pp. 311-315 ; voir aussi Lagrange,
ouv.citテゥ
pp. 428-458).
- chez des scientifiques thテゥistes
Pour illustrer son ツォprincipe Nomaツサ (Non-Overlapping Magisteria), Stephen Jay Gould utilise la
mテゥtaphore de l窶册au et de l窶冑uile: les deux テゥlテゥments ne se mテゥlangent pas, mais leur contact est
intime. Les contours de leur sテゥparation ont une forme complexe et mouvante, puisque l窶冑uile
peut ツォse dテゥplacerツサ dans un espace momentanテゥment occupテゥ par l窶册au, et inversement.(Gould
2000). Cette lecture ツォ de phase ツサ est utilisテゥe テ des fins de concordisme entre science et religion,
comme l窶兮 trティs bien montrテゥ Deleporte (
ouv.citテゥ
, p. 319).
294
4.4.3.10
Le Carpaccio ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ
Nous l窶兮ppelons aussi ツォ 12 merveilles du monde ツサ. Cet effet met en avant la tendance qu窶冩nt
certains scテゥnaristes de la connaissance テ user et abuser des nombres 7 et 12, en hommage plus ou
moins avouテゥ aux 7 pテゥchテゥs, aux 7 archanges, aux 7 vertus, aux 7 sages de la Grティce Antique, aux 7
patriarches, aux 7 piliers, aux 7 mテゥtaux, aux 7 chakras, aux 7 nains窶ヲ aux 12 apテエtres, aux 12
prophティtes mineurs de l窶僊ncien Testament, aux 12 fils d窶僮smaテォl, aux 12 flテゥaux, aux 12 travaux, 12
signes du zodiaque, etc. (figure 128 & 129).
En sous-jacence, nous y lisons cette volontテゥ de rテゥductionnisme essentialiste de ramener tout テ
peu de lois, de principes, de mystティres.
Primo
, parce que c窶册st facilement appropriable par le lecteur
en lui donnant l窶冓llusion d窶兮voir une lecture globale des choses.
Secundo
, parce que cela colle テ une
posture philosophique axiomatique de la nature, qu窶冩n rテェve rテゥsumテゥe テ quelques axiomes qu窶冓l faut
trouver (
Natテシrphilosophie
).
Figures 128 & 129: les nombres mystiques font florティs dans la presse, mテェme la plus pointue. Doit-on y voir un
avatar de la Thテゥorie du Tout, rテゥduit テ ces axiomes fondamentaux, comme dans la Natテシrphilosophie allemande et
anglaise du 19
e
et dテゥbut 20
e
?
Mテェme des sceptiques avertis utilisent, volontairement ou non, ce mini-scテゥnario : notons par
exemple Robert L. Park qui distingue
The Seven Warning Signs of Bogus Science
. Le risque est grand,
mテェme pour Park, d窶册n oublier.
Autres exemples trouvテゥs en ligne en juin 2007 :
窶「
Les 7 principes fondateurs de la Croix Rouge
窶「
Sept exテゥpriences qui pourraient changer le monde
窶「
Les 7 dテゥcouvertes qui dテゥfient la mテゥdecine
窶「
Les 7 dテゥfis scientifiques et technologiques de l窶僮NRIA
窶「
Les sept dテゥfis retenus par Perspectives STS
窶「
Management stratテゥgique : les sept dテゥfis テ relever d'ici テ 2016
窶「
La radio du futur: Les sept dテゥfis de la radio commerciale en France
窶「
Pティlerin.info : Les 7 dテゥfis du nouveau pape
窶「
Les sept dテゥfis d窶冰n projet catテゥchテゥtique
295
窶「
Les sept dテゥfis de la Rテゥpublique dテゥmocratique du Congo face aux enjeux gテゥostratテゥgiques
internationaux
窶「
Les sept dテゥfios de l窶僮fremer
窶「
les sept dテゥfis identifiテゥs lors du 2e Forum mondial de l'eau
窶「
les sept dテゥfis clテゥs de la Stratテゥgie europテゥenne de dテゥveloppement durable
窶「
Les sept dテゥfis pour que le comitテゥ A21 soit mieux adaptテゥ aux objectifs de l窶僊21L
窶「
les sept dテゥfis du programme des TIC
窶「
Les sept dテゥfis de l''Europe
窶「
Les sept dテゥfis capitaux de Hu Jintao par Wang Jiann-Yuh
4.4.3.11
Scテゥnarios rテゥcurrents : record, gテゥnie hテゥroテッque, dテゥfi, dテゥboulonnage d窶冓dテエle
Il n窶册st pas possible, dans un espace acceptable, de traiter tous les scテゥnarios qui existent. Pourtant,
leur nombre n窶册st manifestement pas si テゥlevテゥ.
Citons accessoirement :
窶「
Le carpaccio ツォ record ツサ
L窶冓nformation est souvent prテゥsentテゥe comme une mテゥtaphore sportive. Il est tellement テゥvident que
les progrティs de la science faisant, on en est plus loin aujourd窶冑ui qu窶冑ier. De fait, battre des records
est le lieu commun de la recherche scientifique, qui dテゥcouvre de nouveaux objets ou amテゥliore sa
prテゥdictibilitテゥ. Cela en fait l窶冰n des carpaccios les plus simples テ rテゥaliser, puisqu窶冓l suffit de vendre
ツォ une grande premiティre ツサ ou d窶凖ゥcrire cette phrase puits : ツォ
Rien ne sera plus comme avant
ツサ.
窶「
Le scテゥnario テゥpique ツォ gテゥnie hテゥroテッque ツサ
Il s窶兮git de l窶冰tilisation du mythe du hテゥros mテゥdiテゥval, que l窶冩n retrouve souvent dans les scテゥnarios
ツォ rテゥvolution ツサ et ツォ odyssテゥe ツサ (voir prテゥcテゥdemment). L窶冑agiographie fonctionne trティs bien avec tout
individu pティre d窶冰ne thテゥorie fumeuse ou non. Il ne manque gテゥnテゥralement que la musique (figure
130).
Nous テゥcrivions テ propos de la vie d窶僞dward Bach que fabriquティrent ses descendants.
ツォ Le hテゥros est trティs souvent un enfant humble, abandonnテゥ par sa famille dティs sa naissance,
incompris ou rejetテゥ par son clan. Il est dotテゥ d'un certain pouvoir, d'un certain talent, qui
dans un premier temps en fait la risテゥe de son entourage. Un jour, il sent en lui un appel,
transcendant ou pas, qui le pousse テ quitter son environnement habituel pour aller
accomplir un exploit, une quテェte, un destin. Destin qui, bien entendu, est semテゥ
d'embテサches. Il devra utiliser son pouvoir, son talent, moquテゥ jusque lテ, pour triompher
d'un ennemi. Cet ennemi est rarement un ennemi personnel, c'est souvent une force
hostile au groupe. Le hテゥros se sent chargテゥ d'une mission : celle de dテゥbarrasser la
collectivitテゥ de cette force hostile. La valeur de cette mission se mesure pratiquement テ
l'intテゥrテェt collectif dans l'テゥradication de cette force hostile. Bien entendu, cela transforme
l'exploit individuel qu'il tentera de rテゥaliser en une gageure quasiment perdue d'avance.
C'est lテ que l'abnテゥgation du hテゥros fait テゥtoffe : il est prテェt au sacrifice de lui-mテェme. Les
Dieux sont souvent avec lui et l'aident テ accomplir son exploit, ce qui confirme bien qu'il
est l'テゥlu de cette destinテゥe. Le triomphe du hテゥros, qui plonge dans les entrailles de l'enfer,
296
doit toujours avoir quelque chose de magique, c'est lテ que se loge la preuve de
l'immanence de la quテェte. Une fois l'ennemi anテゥanti, le hテゥros revient dans son clan oテケ il est
reconnu et acclamテゥ. Une variante triste existe, sur le mode tragique grec : le hテゥros
succombe テ ses blessures aprティs avoir vaincu la force hostile. Bref, un bon hテゥros
romantique vient de la boue, a un destin et sent la sueur. ツサ
Nous avons montrテゥ que l窶冑agiographie de Bach avait beaucoup empruntテゥ テ ce scテゥnario
(Monvoisin 2004).
Figure 130 :
Galilテゥe, un gテゥnie redテゥcouvert
. Avait-il テゥtテゥ oubliテゥ ?
Dernier exemple, radiophonique celui-ci, provient des ondes de
France Inter
: dans l窶凖ゥmission
scientifique ツォ
La tテェte au carrテゥ
ツサ du 11 septembre 2007, l窶冑istoire de Benvテゥniste pris un tour
hテゥroテッque-fantasy sous la description de l窶冑omテゥopathe Boulet.
S窶凉 greffe gテゥnテゥralement une soif du gテゥnie avant-gardiste, que nous avons dテゥjテ aperテァue dans les
relectures de l窶僣istoire et le
syndrome Jules Verne
. Il est dティs lors peu テゥtonnant qu窶冩n lise par
exemple sans
S&Av
de Juin 2007 ce type d窶兮ffirmation, ツォ rテゥsumant ツサ la pensテゥe nostradamienne
de Lee Smolin : ツォ
La physique thテゥorique a besoin de visionnaires
ツサ (figure 131). Si visionnaire est celui ou
celle qui a des visions, il y a encore du souci テ se faire.
297
Figure 131 :
La physique thテゥorique a besoin de visionnaires
, dテゥclare Lee Smolin dans S&Av en juin
2007.
Montrons テ la volテゥe cette variante intテゥressante : le ツォ savant maudit ツサ, qui a beaucoup de succティs
dans les publications alternatives (figure 132). L窶冓dテゥe de malテゥdiction, bien peu scientifique, est
sous-tendue par ツォ la solitude et l窶册xclusion ツサ, et dテゥsyncrテゥtise les problティmes de non-rテゥception des
thテゥories des savants en question.
Figure 132 : ne peut-on テェtre exclus sans malテゥdiction ? Savants maudits, dans les Cahiers de S&V Nツー62, avril
2001.
298
窶「
Le carpaccio ツォ dテゥfi ツサ
Lorsque la science achoppe sur quelque chose qu窶册lle ne connaテョt pas encore trティs bien, les
magazines de science scテゥnarisent la chose en un ツォ
nouveau dテゥfi pour la science
ツサ. Il s窶兮git d窶冰ne part
d窶冰ne scテゥnarisation hテゥroテッque, puisqu窶冓l faudra bien quelqu窶冰n 窶 un hテゥros 窶 capable de relever
ce dテゥfi. On se demande d窶兮utre part, s窶冓l y a dテゥfi, qui a bien pu le lancer (figure 133 & 134).
Court exemple, dans
S&V
d窶兮oテサt 2003 :
ツォ [...] l窶凖ゥnergie du vide serait cette ツォ force sombre ツサ qui accテゥlティre actuellement l窶册xpnsion de
l窶儷nivers. Et mテェme (sic) la thテゥorie pourrait テェtre unifiテゥe par le vide, ce nouveau dテゥfi de la
science ツサ.
Figures 133 & 134: quel que soit l窶兮spect de la recherche, il y aura toujours un dテゥfi テ relever, comme dans
La
Recherche
nツー 397de mai 2006 et dans l窶冩uvrage
Le Dテゥfi de l'Univers ou l'infiniment petit et le Big-
Bang expliquテゥs par 13 des plus grands scientifiques de notre temps
.
La dテゥtection du boson de Higgs, par exemple, est LE dテゥfi actuel de la physique des particules et
fait l'objet d'une compテゥtition acharnテゥe (on parlera d窶兮illeurs de Graal, voir plus haut).
窶「
Le carpaccio ツォ dテゥboulonnage d窶冓dテエle ツサ
Ce carpaccio est intテゥressant car il est une consテゥquence directe de la crテゥation d窶冓dテエles que les
mテゥdias affectionnent. Crテゥer des hテゥros franc-tireurs, テゥriger le gテゥnie ou relire テ rebours l窶冑istoire
d窶冰n ツォ prテゥcurseur ツサ fournit la trame suffisante pour ensuite hasarder des titres raccoleurs du genre
ツォ
une expテゥrience qui contredit Darwin ?
ツサ, ou ツォ
un fait qui dテゥboulonne Einstein ?
ツサ 窶 le point
d窶冓nterrogation permettant de se couvrir si l窶兮nnonce est une
peau d窶冩urs
(voir 4.4.3.14
Technique de
la peau d窶冩urs
).
テ titre d窶册xemple,
Einstein, Galilテゥe, Newton dテゥpassテゥs
, titrait
S&Av
, octobre 2001 (figure 135). C窶册st
certes vrai, et fort heureusement, テ moins de prテゥsumer que les scientifiques ont chテエmテゥ ces
derniers siティcles.
Ci-dessous,
S&Av
nous explique dans le sous-titre que
Galilテゥe n窶册st plus intouchable
. (窶ヲ)
pas plus que
Newton ou Einstein.
Remarquons que cette ツォ touchabilitテゥ ツサ fallacieusement nouvelle est due テ une
expテゥrience qui n窶兮 pas テゥtテゥ encore faite (voir 4.4.3.14).
299
Figure 135 :
Einstein, Galilテゥe, Newton dテゥpassテゥs
,
couverture de cet article de
S&Av octobre 2001.
Prティs de la tour, l窶册ncart : ツォ
En 1632, Galilテゥe observe que du bois et un boulet de canon arrivent en mテェme
temps au pied de la tour de Pise
ツサ. Malgrテゥ l窶兮ppui pictural de la Tour de Pise, ce passage tテゥmoigne de
l窶冓nculture du journaliste car cette expテゥrience, comme la montrテゥ Koyrテゥ, n窶兮 jamais テゥtテゥ rテゥalisテゥe par
Galilテゥe (Koyrテゥ 1939).
4.4.3.12
Autres scテゥnarios
Bien d窶兮utres scテゥnarios fantastiques sont dテゥveloppテゥs dans les transmissions mテゥdiatiques de
science. Pensons :
窶「
au carpaccio ツォ テゥnigme テ rテゥsoudre ツサ (figures 136) :
300
Figures 136 : les テゥnigmes de l窶冰nivers, enquテェtes sur des mondes inconnus
,
S&V
HS Nツー221, dテゥcembre 2002
窶「
Au carpaccio ツォ mystティre ツサ et ツォ secret ツサ (figures 137):
Figures 137 : ultime secret, dossiers confidentiels et vraie nature rテゥvテゥlテゥe, le carpaccio mystティre est facile テ crテゥer de
toute piティce.
窶「
Au ツォ titillement par l窶凖ゥtrange ツサ (figure 138) :
301
Figures 138 : テゥtranges effets, dテゥmons de la science, mystティres. Le titillement par l窶凖ゥtrange fait recette.
L窶册xplication de la prolifテゥration de ces scテゥnarisations ツォ mystテゥrieuses ツサ tient テ une hypothティse
donnテゥe par le philosophe Kurtz : ツォ redonner le droit de croire ツサ. Nous aurions un pied dans le
mode mテゥtaphysique. Kurtz explique que les enjeux mystテゥrieux ont une plus large portテゥe que les
simples phnomティnes dits paranormaux :
ツォ Une partie de cet intテゥrテェt scientifique テゥtait motivテゥ par un authentique dテゥsir de prouver
l窶册xistence des phテゥnomティnes paranormaux. L窶
Origine des espティces
, publiテゥ en 1859, avait dテゥlogテゥ
l窶册spティce humaine du centre de l窶冰nivers et cela テゥtait considテゥrテゥ avec inquiテゥtude comme un
coup portテゥ テ la spiritualitテゥ. S窶冓l pouvait テェtre dテゥmontrテゥ que la nature humaine avait d窶兮utres
dimensions psychiques et spirituelles et que celles-ci transcendent les limites imposテゥes par
la s cience matiテゥrialiste, quelle aubaine pour la foi religieuse. On pourrait avoir de
nouveau ツォ le droit de croire ツサ, et sur des fondements prouvテゥs, scientifiques ツサ. (Kurtz,
in
de
Pracontal,
ouv.citテゥ
, p. 241).
Citons テゥgalement le scテゥnario
combat
, dテゥjテ abordテゥ. Nous montrons dans la fiche
Annexe
Nツー11
que
ce carpaccio est trティs utile pour flatter un concordisme science-religion (voir Annexe 窶 fiche
pテゥdagogique Nツー12
ID : mテゥfiance quand la science devient un combat
).
4.4.3.13
Technique de la peau de chagrin
Cette technique dテゥsigne la propension des mテゥdia テ ツォ gonfler la marchandise ツサ, quitte テ ce que la
conclusion de l窶兮rticle n窶兮it plus aucune commune mesure avec le titre d窶兮ccroche de dテゥpart.
Cet effet utilise diverses techniques comme l窶册xtrapolation, la gテゥnテゥralisation hテ「tive, l窶兮ttaque, les
scテゥnarios テゥpiques, etc. Le lecteur de l窶冓nformation constate ensuite qu窶兮u grテゥ de la lecture, les
prテゥtentions dテゥcroissent sensiblement, テ tel point qu窶冓l n窶凉 a presque plus commune mesure avec le
titre. Ce nom a テゥtテゥ bien sテサr empruntテゥ au roman de H. de Balzac,
la peau de chagrin
, 1831.
窶「
Hypnose
on lit au sommaire que l窶冑ypnose ツォ guテゥrit ツサ.
-
p 52, on lit que ツォ l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies ツサ
-
p 55, on lit que ツォ l窶冑ypnose rテゥduit le recours aux anesthテゥsies gテゥnテゥrales ツサ
302
-
p 56, on lit que ツォ l窶冑ypnose limite le recours テ l窶兮nesthテゥsie gテゥnテゥrale ツサ
-
puis on apprend que ツォ l窶册ffet de l窶冑ypnose est renforcテゥ par une lテゥgティre sテゥdation et une
anesthテゥsie locale de la plaie ツサ.
Que l窶冑ypnose dテゥcrite ici, qui, malgrテゥ ce qui est dit, ressemble plus テ du dテゥtournement d窶兮ttention
et de la suggestion qu窶凖 un ツォ テゥtat de conscience intermテゥdiaire ツサ (p 56, l. 46) soit utile lors
d窶冩pテゥrations n窶册st guティre surprenant, et ne forme un scoop que parce que le mot
hypnose
, qui porte
foison de fantasmes, est utilisテゥ. Mais le procテゥdテゥ journalistique qui consiste テ appテ「ter la proie est
flagrant ici. On part voir une montagne, on se retrouve avec une souris.
窶「
Le singe bientテエt humain
Nous renvoyons en annexe ce petit traitement d窶冰n article de
S&Av
mettant en scティne Cyrulnik
(voir Annexe
Fiche pテゥdagogique Nツー19 Technique de la Peau de chagrin 窶 le singe bientテエt humain
).
窶「
Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
Dernier exemple, assorti d窶冰n appel テ l窶凖ゥmotion ! Dans
S&Av
de juillet 1995, une annonce
fracassante est faite.
Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
. Selon Judah Folkman, l窶僊GM-1470
1.
ツォ stoppe le cancer ツサ
2.
ツォ stoppe l窶凖ゥvolution des cancers ツサ
3.
ツォ est au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers ツサ
4.
ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du
poumon et des fibrosarcomes ツサ
5.
ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du
poumon et des fibrosarcomes ツサ
6.
ツォ paraテョt efficace, couplテゥ aux thテゥrapies normales au stade expテゥrimental pour stopper
l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du poumon et des fibrosarcomes ツサ
L窶兮nnonce du
New York Times
du dimanche 3 mai 1998 est effectivement excitante :
ツォ D'ici un an, si tout va bien, le premier patient se verra injecter deux nouvelles molテゥcules
qui peuvent テゥradiquer n'importe quel type de cancer, sans effet secondaire テゥvident, ni
rテゥsistances mテゥdicamenteuses chez la souris ツサ.
En 2007, nous attendons encore.
4.4.3.14
Technique de la peau d窶冩urs
La technique de la
peau d窶冩urs
consiste テ vendre l窶冓nformation avant de l窶兮voir vテゥrifiテゥe ou faite
valider par les pairs :
ツォ Selon une conception idテゥale de la science, [l]e travail [de vテゥrification] devrait se faire
avant la divulgation des rテゥsultats, surtout lorsqu'ils sont inhabituels ツサ (de Pracontal,
ouv.
citテゥツクp. 110).
Le terme s窶冓nspire bien sテサr de la fable de La Fontaine
l窶儖urs et les deux compagnons
, moralisant ainsi :
[...] il ne faut jamais. Vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre. ツサ
303
Les exemples sont innombrables, et devraient pourtant, comme la technique de la peau de
chagrin, relever de l窶册scroquerie :
窶「
Le Boson de Higgs
ツォ
La particule qui va rテゥvolutionner la physique
ツサ titrait
La Recherche
en mai 2003. Ne devrions-nous pas
attendre qu窶册lle la rテゥvolutionne effectivement ? (En arriティre-plan, une lutte politique entre deux
grands laboratoires, occultテゥes par cette quテェte totalement construite pour l窶儖pinion Publique.
窶「
Max Frei et le ツォ suaire ツサ
Ce criminologiste retraitテゥ prテゥleva les テゥchantillons de pollen de la surface du ツォ Suaire ツサ de Turin
qu窶卍ォ
aucun autre scientifique, avec deux ensembles additionnels d窶凖ゥchantillons sur ruban adhテゥsif, n窶兮 vu
ツサ (Broch
1989,
ouv.citテゥ
, p. 57) : il fit connaテョtre aux mテゥdias ses rテゥsultats d窶兮nalyse, corroborant l窶冓tinテゥraire
thテゥorique du suaire テゥdictテゥ par Wilson (Jテゥrusalem, Edesse, Constantinople et Lirey, en France)
immテゥdiatement, sans avis ni contre-expertise, et mourrut en 1983. ツォ (窶ヲ) ses rテゥsultats n窶冩nt
jamais
テゥtテゥ publiテゥs
dans une revue scientifique aprティs ツォ 9 ans d窶册nquテェtes ツサ (窶ヲ)ツサ (
Ibid.
p. 56).
窶「
Le gティne Gay
Maissons la parole テ de Pracontal :
ツォ (窶ヲ) " le "gティne gay" de Dean Hamer a fait la une des journaux en mテェme temps que
l'article de
Science
テゥtait publiテゥ. Dテゥrive supplテゥmentaire : la revue scientifique elle-mテェme
incitait la grande presse テ l'extrapolation hテ「tive.
Science
comporte, テ cテエtテゥ des articles
scientifiques proprement dits, des pages qui dテゥcrivent les dテゥcouvertes rテゥcentes en termes
accessibles. Dans le nツー de juillet 93 oテケ figurait l'article de Hamer, ces pages trティs publiques
contenaient une interview- commentaire du chercheur intitulテゥ "
テゥvidence en faveur d'un gティne de
l'homosexualitテゥ
". On y lisait, entre autres affirmations hasardeuses : "
d'aprティs Dean Hamer, il
semble vraisemblable que l'homosexualitテゥ dテゥcoule de causes diverses, gテゥnテゥtiques et peut テェtre
environnementales
". Le titre original de l'article テゥtait moins affriolant : "
une liaison gテゥnテゥtique
entre des marqueurs d'ADN sur le chromosome X et l'orientation sexuelle masculine
". On est frappテゥ,
comme le souligne Bertrand Jordan, par "
l'incroyable glissement effectuテゥ depuis un article
scientifique qui suggティre, avec maintes prテゥcaution, la localisation d'une contribution gテゥnテゥtique テ ce
comportement, jusqu'テ un テゥcho paru dans le mテェme nツー qui affirme l'existence d'un "gティne de
l'homosexualitテゥ
". (
ouv.citテゥ,
pp. 113-114).
窶「
D窶兮utres Terres
(figure 139).
304
Figure 139 : テ la recherche d窶兮utres terre, avec effets d窶兮nnonce テ la clテゥ et vraisemblablement des enjeux
technologiques dテゥpolitisテゥs par ce scテゥnario.
Outre le carpaccio ツォ odyssテゥe ツサ, le plus frappant dans cette image est l窶兮rt de vendre une
information hypothテゥtique. Par une technique de la peau de l窶冩urs, on ツォ appテ「te ツサ le lecteur en lui
offrant non seulement d窶兮utres planティtes (des milliards qui plus est) mais surtout d窶兮utres
ツォ Terres ツサ. Un seul conditionnel dans les slogans laisse songeur, surtout lorsque nous nous
rappelons qu窶冩n pouvait lire la mテェme chose trois ans avant (voir chapitre suivant).
4.4.3.15
Technique du liquide vaisselle
Notre dテゥnonciation de cette technique est nテゥe de la fatigue consテゥcutive テ voir ressassテゥs les
mテェmes scoops ツォ classiques ツサ d窶冰ne annテゥe sur l窶兮utre, d窶冰n mテゥdia テ l窶兮utre. Nous l窶兮vons appelテゥ
technique du liquide vaisselle en hommage au slogan du liquide vaiselle
Paic Citron
: ツォ
quand il n窶凉
en a plus, il y en a encore
ツサ. Car il est des thティmes qui ont テゥtテゥ annoncテゥs plusieurs fois テ grands fracas,
et qui semblent inテゥpuisables.
窶「
Le dテゥcryptage du gテゥnome humain
, par exemple, a テゥtテゥ annoncテゥ de nombreuses fois (voir
Annexe 窶 fiche pテゥdagogique Nツー 20
Technique de la peau de chagrin
).
窶「
Les exoplanティtes
(voirplus haut), notamment les exoplanティtes semblables テ la Terre, ont テゥtテゥ
annoncテゥes un grand nombre de fois
窶「
L窶册au sur mars
remporte la palme du meilleur liquide vaisselle, au prorata du nombre de
couvertures mテゥdiatiques qu窶册lle a suscitテゥ.
L窶冓mage donnテゥe テ cette technique est suffisamment claire pour ne pas nテゥcessiter beaucoup de
dテゥveloppements.
4.4.4
Le mode mテゥtaphysique
Dans le mode scテゥnaristique mテゥtaphysique, l窶冩bjectif est de faire ツォ flirter ツサ la connaissance avec des
postures philosophiques non matテゥrialistes, et des mテゥtaphysiques souvent thテゥistes. En jouant sur
la soif du public sur les questions de Dieu, on vent sous couvert d窶冓nformation scientifique de la
non-science et parfois de la pseudoscience, comme avec l窶僮D. Nous avons abordテゥ ce point dans
le dテゥbut de la thティse, lors du dessin des cadres de travail.
Nous ne ferons que survoler, par quelques exemples, les themes rテゥcurrents de scテゥnarisation
prテェtant le flanc テ des mテゥtaphysiques injustifiables, avec l窶册spoir de pouvoir ultテゥrieurement les
dテゥvelopper plus longement.
4.4.4.1
Concordisme et
Overlapping Magisteria
Reproche rテゥguliティrement opposテゥ テ la science, la science serait dテゥsincarnテゥe et n窶冩ffrirait qu窶冰n
aspect rテゥductionniste de l窶冓ndividu, occultant toute transcendance, rejettant le sacrテゥ, le
sensible
, le
spirituel
et par la mテェme occasion tout ce qui est ツォ non mesurable ツサ. Entre les deux sナ砥rs terribles,
le scテゥnario de reconciliation fait fortune, au nom d窶冰n libテゥralisme souriant : pourquoi ne rテゥserver
qu窶凖 la science le droit d窶凖ゥdicter des vテゥritテゥs ? s窶册xclame le lecteur ou l窶冓nternaute. Pourquoi ne pas
rテゥconcilier ces deux maniティres de lire le monde ? L窶冓dテゥe est de vendre une science et une
305
spiritualitテゥ qui s窶册n vont bras dessus, bras dessous, enfin bons amis. Nous parlons テ ce propos de
concordisme, non plus seulement pour les cas oテケ les religieux tentent de faire concorder les
nouvelles dテゥcouvertes aux textes sacrテゥs, mais aussi pour les cas oテケ chaque bテゥance d窶冰ne thテゥorie
est interprテゥtテゥe comme un
non mesurable
, une force immanente : en clair, une version plus large du
Dieu des trous
(voir 4.1
Ips et enseignement
).
Cet appel au concordisme recouvre une vテゥritable stratテゥgie politique. L窶冩bjectif est de :
ツォ fテゥdテゥrer crテゥationnistes durs et テゥvolutionnistes dテゥistes sur une plate forme commune qui
consiste テ (1) faire passer la biologie contemporaine pour victime d窶冰n prテゥjugテゥ
mテゥtaphysique matテゥrialiste
; (2) opposer テ celle-ci un programme de recherche
symテゥtriquement fondテゥ sur [un] prテゥsupposテゥ mテゥtaphysique spiritualiste (3) puisque ces deux
sciences qui s窶冩pposent dテゥcoulent de prテゥsupposテゥs mテゥtaphysiques diffテゥrents, faire jouer la
libertテゥ de croyance pour imposer que le programme de recherches de l窶
Intelligent Design
soit
enseignテゥ テ part テゥgale avec l窶册nseignement de la biologie darwinienne dans les テゥcoles
amテゥricaines ; (4) lutter contre l窶兮vortement et l窶冑omosexualitテゥ qui sont vues comme des
pratiques contraires au dessein de la transcendance ; et donc doter les thティses conservatrices
d窶冰n socle prテゥtendument scientifique. On voit comment le mテゥlange entre spiritualisme et
science sert de cheval de bataille d窶冰ne droite amテゥricaine prosテゥlyte et soucieuse de faire
voter des lois conservatrices ツサ (Dubessy
& al
., 2005,
ouv.citテゥ
, p. 33).
C窶册st l窶凖曳lise qui a besoin de ce dialogue entre science et religions pour lテゥgitimer la place de la
religion et donc de l窶僞glise
sur le plan politique
, c'est-テ-dire dans la sphティre publique, lit-on. Ce
besoin de dialogue n窶兮 pas de ressorts テゥpistテゥmologiques, mais bien des ressorts politiques. La
science, dont la mテゥthodologie relevant du matテゥrialisme a fait ses preuves sur le terrain de la
connaissance objective, sappe sa dテゥfinition mテェme lors d窶冰n tel dialogue : un peu comme si on
proposait une rテゥconciliation Football - Basketball pour justifier un but de football marquテゥ de la
main.
Voici quelques exemples :
窶「
Et si la Bible disait vrai窶ヲ
C窶册st effectivement la couverture de
S&V
de mai 2002. On mテゥlange ici de maniティre trティs
sommaire un scテゥnario et une thテゥorie, sans souci ni de l窶兮ntagonisme d窶册ssence entre science et
textes scripturaires, ni sur ce que signifie ici le mot ツォ vrai ツサ. Le conditionnel permet de se couvrir
de tous cテエtテゥs (que l窶兮rticle prouve que la Bible disait vrai ou pas) et le sous-titre aggrave encore le
mテゥlange des genres :
Les 10 plaies d窶凖ゥgypte expliquテゥes par la science
(figure 140)
.
Figure 140 :
Les 10 plaies d窶凖ゥgypte expliquテゥes par la science,
mai 2002. Difficile de faire faire aux
テゥtudiants la distinction entre acte de foi et remport d窶兮dhテゥsion.
窶「
Question spiritualiste
306
Un an plus tard,
S&V
pose une question totalement non scientifique et purement tテゥlテゥologique :
Qui a inventテゥ l窶冑omme ?
(figure 141)(sans majuscule テ ツォ homme ツサ, テ se demander si les origines de la
femme sont une question intテゥressante). En posant une question de ce genre, on ツォ force ツサ le
lecteur テ adhテゥrer テ l窶冓dテゥe qu窶冓l y a forcテゥment quelque窶冰n ou quelque chose qui a inventテゥ l窶冑umain,
et テ rejeter toute autre analyse scientifique. Nous sommes dans une variante de
Plurium
Interogationum
. Sous-titre :
pourquoi la science ne parvient pas テ percer le mystティre de nos origines ?
Serait-ce
parce que ce que l窶兮uteur sous-entend n窶册st pas scientifique, ou simplement parce que nos
origines n窶冩nt pas vテゥritablement de mystティre ?
Figure 141 : S&V de mai 2003. Pourquoi la science ne parvient pas テ percer le mystティre de nos origines ?
Certainement parce que ce mystティre n窶册st pas d窶冩rdre scientifique.
窶「
Quand nテゥcessitテゥ fait loi
Figure 142 : ツォ cosmos & destiny ツサ la nテゥcessitテゥ dans Scientific American d窶兮vril 2002
La nテゥcessitテゥ se cache parfois dans les dテゥtails. Le terme Cosmos contient (par rapport テ chaos)
l窶冓dテゥe d窶冰n ordre sous-jacent, d窶冰ne main invisible. Sur le cテエtテゥ de la 2
ティme
page du
Scientific American
,
un ナ妬l averti lira : ツォ destiny ツサ, tout ceci sur une accentuation iconique digne des meilleures
307
reprテゥsentations de la Crテゥation divine.
4.4.4.2
Le problティme du clou, ou mテゥta-attaque sur l窶冓ntelligibilitテゥ / la rationalitテゥ du
monde
La mテゥta-attaque prend cette forme :
- l窶冰nivers est dテゥcrit par la rationalitテゥ
ou
l窶冰nivers est rationnel ;
ou
l窶冰nivers est comprテゥhensible ;
竊
donc l窶冰nivers est rationnel ;
竊
donc connaテョtre l窶冰nivers revient テ dテゥcouvrir la rationalitテゥ qui prテゥテゥxiste テ la dテゥcouverte ;
竊
donc une rationalitテゥ prテゥテゥxiste, qui a forcテゥment un but.
On retrouve cette ligne argumentaire chez Gould, mais aussi chez des porte-parole de l窶凖ゥglise
catholique comme Artigas qui テゥcrit par exemple :
ツォ La nature n窶册st pas chaotique (窶ヲ) cette rationalitテゥ de la nature constitue un pont entre la
science et les questions ultimes concernant le sens ツサ (
in
Poupard 1994).
Dubessy donne l窶冩util nテゥcessaire pour s窶册xtraire de cette impasse, en pointant chez Gould :
ツォ La confusion テゥpistテゥmologique majeure mais hテゥlas courante, et qui consiste テ confondre
les propriテゥtテゥs de nos outils d窶冓nvestigation (ici la rationalitテゥ de l窶冩bservateur) avec celles des
objets テゥtudiテゥs. Pour prendre un autre exemple, il est courant de voir les non-scientifiques
(et mテェme parfois les scientifiques) se mテゥprendre sur le sens de l窶冰tilisation du principe
d窶凖ゥconomie d窶冑ypothティse (ou parcimonie) (voir 2.4.2
Rasoir d窶儖ccam
). La parcimonie (comme
la rationalitテゥ d窶兮illeurs) est un opテゥrateur qui maximise la cohテゥrence des thテゥories ; elle ne dit
rien des propriテゥtテゥs du monde. Par exemple, le fait d窶兮ccepter le scテゥnario le plus
parcimonieux de dテゥrive des continents n窶冓mplique aucunement que la tectonique des
plaques s窶册fforce de minimiser le mouvement des continents. Le fait qu窶冰n phylogテゥnテゥticien
accepte l窶兮rbre phylogテゥnテゥtique le plus parcimonieux ne signifie pas que l窶凖ゥvolution des
espティces a テゥtテゥ parcimonieuse. Le fait que l窶僣omme utilise la rationalitテゥ n窶冓mplique
aucunement que la nature soit agencテゥe rationnellement ツサ (Dubessy
& al., ouv.citテゥ,
p. 565)
Il テゥcrit ailleurs (Dubessy & Lecointre,
ouv.citテゥ
, p. 89) que le postulat de la rationalitテゥ de la nature
posテゥ par l窶凖曳lise lui permet d窶兮ffirmer (pseudo)logiquement qu窶册lle conduit aux ツォ
questions ultimes
concernant le sens
ツサ, moyennant un glissement intテゥressant. Si l窶凖曳lise qualifiait la nature de mystique,
elle ne permettrait pas de crテゥer les conditions nテゥcessaires selon elle テ l窶凖ゥtablissement d窶冰n dialogue
avec les scientifiques. En revanche, le qualificatif ツォ rationnel ツサ appliquテゥ non pas aux Hommes qui
produisent la connaissance scientifique ou テ la connaissance objective elle-mテェme mais テ l窶冩bjet de
la connaissance conduit en fait テ justifier l窶册xistence d窶冰ne entitテゥ transcendante, dont on ne voit
pas qui cela pourrait テェtre, sinon Dieu.
Un tour de passe passe permet ainsi de rendre Dieu rationnel. Nous nous sommes inspirテゥs de
cette citation prテェtテゥe テ Abraham Maslow (pourtant figure incontournable du Nouvel テHe) qui est
digne d窶凖ェtre une facette Z :
n窶兮voir テ disposition qu窶冰n marteau ne fait pas de tous les problティmes des clous
Il convient de ne pas confondre les propriテゥtテゥs de nos outils d窶冓nvestigation avec celles des objets
テゥtudiテゥs
271
La citation est exactement : ツォ
If the only tool you have is a hammer, you tend to see every problem as a nail
. ツサ
308
Soulignons au passage que certains raccourcis langagiers utilisテゥs dans l窶册nseignement comme celui
de Spinoza ツォ
La Nature a horreur du vide
ツサ, par exemple, en plus d窶凖ェtre inexact, flatte la lecture
anthropomorphique ツォ gaテッesque ツサ de la Nature en la personnifiant. Il est bon de rappeler de temps
テ autres que la Nature non seulement se fiche du vide, mais se fiche de tout, car elle n窶
est
pas テ
proprement parler. Cela n窶册mpテェche pas la rテゥcupテゥration du concept en politique, comme on peut
le voir ici :
ツォ
Nouvel organigramme de l'テゥducation: La Nature a horreur du Vide !
ツサ (C. Ould Nenni,
Nouakchott Info
, 13 janvier 2003)
4.4.4.3
L窶册ffet Cerceau 窶湾aranormal窶 窶 parapsychologie et anti-matテゥrialisme
La trame argumentative de l窶册ffet Cerceau 窶湾aranormal窶 est la suivante :
1. un phテゥnomティne (poltergeist, visions, pouvoir psi, guテゥrison vue comme miraculeuse, etc.)
sort du champ de la science.
2. C窶册st parce que ce phテゥnomティne n窶册st pas matテゥriel.
3. Donc le matテゥrialisme est faux
En voici quelques briティves illustrations :
窶「
P. Janin, dans la revue
Parapsychologie
ツォ En apparence comme en profondeur, le psi contredit la vision matテゥrialiste 窶
couramment dite "scientifique" en Occident 窶 essentiellement parce qu'il rテゥintroduit le
psychisme comme dimension テ part entiティre dans l'univers ツサ (
in
Michel
& al.
1986).
窶「
F. Dessart
ツォ On pourrait aborder bien d窶兮utres テゥvティnements paranormaux tels que bilocations et
dテゥcorporations, inテゥdie ou absence totale de nourriture, guテゥrisons et chirurgie
paranormale, qui attestent la toute puissance de l窶僞sprit et l窶冩mniprテゥsence de l窶僞nergie-
Conscience. (窶ヲ) Par ce cheminement on accティde テ sa nature rテゥelle et on rテゥalise que le
matテゥrialisme qui corrompt tout corrompt tout et テゥloigne l窶冑omme du Rテゥel n窶册st qu窶冰ne
fatale illusion. ツサ
Deux non-sens se cachent dans ce raisonnement et en font une tautologie.
Primo
, pour テェtre classテゥ
phテゥnomティne, un fait doit テェtre dテゥcrit.
Secundo
, pour dire qu窶冓l sort du champ de la science, c窶册st qu窶冓l
n窶兮 pas テゥtテゥ observテゥ. Par consテゥquent il ne peut テェtre classテゥ phテゥnomティne.
Le seul moyen que ce raisonnement soit un tantinet acceptable serait de mettre en テゥvidence
qu窶冰ne entitテゥ a une action sur le rテゥel sans テェtre matテゥrielle : un ange, par exemple, un fantテエme, une
テ「me ou une projection astrale qui agiraient sur un objet ou iraient chercher une information.
Mテェme lテ, si la science le prテゥvoit, il ne sort pas du champ scientifique
272
Dossier complet sur les recherches en parapsychologie, Bibliothティque Alpha, F. Dessart, disponible ici,
http://www.sciences-occultes.org/Dossier/Dossier%20complet%20sur%20parapsychologie.pdf
.
Prテゥcision : Dessart
テゥtait membre de la secte
Ecovie
, d窶冩テケ trティs certainement le ton lテゥgerement messianique.
Facette Z (de Maslow)
N窶兮voir テ disposition qu窶冰n marteau ne fait pas de tous les problティmes des
clous
309
Nous sommes dans le cas prテゥsent trティs proches du sophisme de la
pテゥtition de principe
.
4.4.4.4
Mテゥta-attaques de l窶冑orloger
Nous renvoyons le lecteur テ la fiche pテゥdagogique dテゥtaillテゥe sur cette question 窶 Annexe
fiche
pテゥdagogique Nツー16 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger.
4.4.4.5
La TdT ou thテゥorie du tout
ツォ
Tout l窶儷nivers dans une テゥquation
ツサ ou ツォ
la thテゥorie de tout
ツサ est une scテゥnarisation donnant l窶冓mpression
d窶兮ller regarder le crテゥateur dans les yeux. La posture philosophique holitisque qui la sous-tend
mテゥrite une analyse poussテゥe, que nous avons seulement テゥbauchテゥe. Contentons-nous de dire que la
TdT (en anglais TOE, theory of everything) est un grand ツォ classique ツサ de la vulgarisation
scientifique (figure 143).
Figure 143 : ツォ tout l窶冰nivers dans une テゥquation ツサ annonce S&Av HS nツー145, mai-juin 1999, avec テ l窶兮ppui
la figure ツォ gテゥniale ツサ de S. Hawking.
Figure 144 (ci-dessous) : rテゥductionnisme hasardeux (la molテゥcule de la foi identifiテゥe ?),
interrogation insinuant que cette molテゥcule existe, raisonnement panglossien (notre Cerveau est
programmテゥ pour croire) et effet cigogne classique (la religion augmente l窶册spテゥrance de vie)
expliquent
Pourquoi Dieu ne disparaテョtra jamais
.
Trois argumentaires pseudo-scientifiques au moins se nourrissent de cette catテゥgorie d窶兮llテゥgation :
-
l窶冰n naturaliste (nous n窶凉 pouvons rien, c窶册st gテゥnテゥtique/molテゥculaire) ;
-
le second tテゥlテゥologique (nous n窶凉 pouvons rien, nous sommes faits pour テァa) ;
-
le troisiティme utilitariste (cela augmente notre epテゥrance de vie).
ツォ
Tout l窶冰nivers dans une
テゥquation ツサ.
Rテゥductionnisme
fort.
Accentuation iconique entre le
corps perclus et malade
d窶僣awking et son gテゥnie, en
mesure d窶凖ゥcrire une TdT (au
moins dans l窶冓maginaire de
S&Av
).
310
Figure 144 : Science &Vie aoテサt 2005
Le Point
de dテゥcembre
2005
(figure 145) appuie le registre mテゥtaphysique sur les questions de
cosmologie : faux dilemme, mise sur le mテェme rang du scテゥnario divin et de la thテゥorie des
multivers, scテゥnario du combat (entre religieux et scientifiques qui s窶兮ffrontent), carpaccio
ツォ rテゥvolution ツサ et question ouverte usant de la technique de la peau d窶冩urs (le
big bang
n窶凖ゥtant pas
encore dテゥpassテゥ).
Figure 145 : ツォ Dieu, la science et l窶冩rigine du monde ツサ, tout un programme avec Le Point
4.4.5
Le mode politique
La mise en scティne politique de la science est un stratagティme pratique pour permettre テ la
contestation des divers sens du mot
science
de s窶册n prendre テ la dテゥmarche 窶 et de lテゥgitimer ainsi
tant certaines contestations anti-matテゥrialistes que des pseudosciences de facture simple. La
dテゥmonstration de l窶册ssence commune de ce front commun a テゥtテゥ brillamment effectuテゥe par Sokal
(2005). Nous ne donnerons que quelques angles de lecture de ce mode de scテゥnarisation politique,
car nous lui rテゥservons un travail ultテゥrieur, plus fouillテゥ mais certainement moins estudiantin, tant
la question est dテゥlicate テ traiter et テ aborder dans un cours de science.
311
4.4.5.1
La mテゥtaphore juridique
La mテゥtaphore juridique
est un grand classique du relativisme cognitif, car elle laisse accroire que
la science fonctionne selon des juges et des parties qui remportent l窶兮dhテゥsion par une sorte de
consensus dテゥmocratique, au nom d窶冰n libテゥralisme un peu galvaudテゥ. Une テゥviction de
pseudoscience y est vテゥcue comme un dテゥni du pluralisme ツォ politique ツサ que devrait reprテゥsenter la
science. Nous sommes directement projetテゥs dans le relativisme de Feyerabend qui dテゥclarait en
des phrases aussi cテゥlティbres que fausses :
ツォ L窶冰nanimitテゥ dans l'opinion peut convenir テ une テ曳lise, aux victimes terrorisテゥes ou
ambitieuses de quelque mythe (ancien ou nouveau) ou aux adeptes faibles et soumis de
quelque tyran. Mais la variテゥtテゥ des opinions est indispensable テ une connaissance objective.
Et une mテゥthode qui encourage la variテゥtテゥ est aussi la seule mテゥthode compatible avec des
idテゥes humanistes ツサ (Feyerabend,
ouv.citテゥ
, p. 46 et p. 348).
C窶册st une mテゥtaphore frテゥquemment utilisテゥe, notamment dans les cas de pseudo-mテゥdecines. Elle
dテゥnature totalement la dテゥmarche scientifique, qui valide une thテゥorie non sur la majoritテゥ des avis,
mais sur l窶兮dテゥquation des rテゥsultats avec la prテゥdiction.
ツォ Le terme ツォ loi ツサ est la jauge de cette mテゥtaphore, puisqu窶冓l entremテェle dans la culture
franテァaise l窶兮cception ツォ loi physique ツサ, immuable, axiomatiquede la Nature et ツォ loi ツサ humaine,
construite dans le cadre d窶冰n groupe social, et renテゥgociable. La mテゥtaphore est extrテェmement
dangereuse. Des auteurs cテゥlティbres du POMO comme Stengers jouent sur ce registre en
encourageant テ ツォ enfreindre la loi ツサ, テ passer les ツォ infractions ツサ et テ se dテゥpartir des
ツォ jugements ツサ quasi-pテゥnaux des physiciens (Stengers,
ouv.citテゥ
, p. 105), ceci non pour flatter
une sympathique dテゥsobテゥissance civile mais pour montrer que les savoirs scientifiques ne
sont que des conventions humaines, ツォ relevant quasi exclusivement de luttes de pouvoir,
dans lesquelles la pertinence des thテゥories scientifiques dテゥbattues n窶兮urait que peu
d窶冓mportance (窶ヲ)Une science qui se targue de possテゥder la seule mテゥthode correcte et les
seuls rテゥsultats acceptables est une idテゥologie, et doit テェtre sテゥparテゥe de l'テ液at et particuliティrement
de l'テゥducation. On peut l'enseigner, mais uniquement テ ceux qui ont dテゥcidテゥ d'adopter cette
superstition particuliティre. ツサ (Mulet Marquis,
ouv.citテゥ
, p. 318).
Nous sommes dans l窶兮nti-rationalisme et le relativisme cognitif le plus granuleux.
Malheureusement, ces menaces テゥchappent gテゥnテゥralement aux concepteurs de mテゥdias. Un simple
exemple peut テェtre pris par l窶冰ne des ces annonces jouant sur les deux registres :
la rテゥsistance
テゥlectrique abolie
, lit-on (figures 147). La vraie question est : par quelle cour de justice ?
312
Figures 146 : la rテゥsistance abolie, (gros plan) dans
La Recherche
. Par quelle cour de justice ?
4.4.5.2
Manナ砥vres dilatoires :
ad hitlerum
, chauvinisme, etc.
Certaines manナ砥vres dilatoires sont permises par cette mテゥtaphore juridique, en particulier les
attaques
ad hominem
et
ad personam
. Lutter contre ce relativisme cognitif et テゥpingler les imposteurs
intellectuels souvent classテゥs ツォ de gauche ツサ leur a valu des caractテゥrisations politiques surprenantes
dans les mテゥdias.
La contestation de la science en gテゥnテゥral, du recours テ la raison en particulier, a donnテゥ lieu テ un
immense dテゥbat rテゥsumテゥ sous le nom de
Science wars
. Selon Gross & Levitt (1994) et テ notre grande
surprise, cette contestation テゥtait 窶 est 窶 portテゥe par la gauche acadテゥmique amテゥricaine comme
une ツォ superstition haut de gamme ツサ.
Le cas le plus extrテェme est la
reductio ab hitlerum
qui consiste, comme l窶凖ゥcrit De Benoist, テ la
ツォ mテゥthode du chef de gare ツサ :
ツォ On rattache le wagon ツォ droite ツサ au wagon ツォ extrテェme droite ツサ, le wagon ツォ extrテェme droite ツサ
au wagon ツォ fascisme ツサ, on y adjoint le wagon ツォ nazisme ツサ tirテゥ par la locomotive ツォ Auschwitz
ツサ. Aprティs quoi, il ne reste plus qu'テ faire circuler le train en rase campagne sous le feu des
tireurs embusquテゥs. ツサ (De Benoist 1994).
Voici quelques exemples (rテゥcents) :
窶「
Roudinesco et sa ツォ haine ツサ
テ en croire l窶凖ゥpistテゥmologue de la psychanalyse E. Roudinesco, il est difficile de comprendre la
vindicte sur Freud autrement que par une volontテゥ antisテゥmite. Il ne semble pas l窶册ffleurer qu窶册lle
puisse transfrormer en
haine
ce qui n窶册st que contestation scientifique
窶「
Maud Kristen et le KKK
Dans l窶凖ゥmission de S. Bern l窶
Arティne de France
ツォ Faut-il croire aux phテゥnomティnes inexpliquテゥs ? ツサ du 4
octobre 2006, la voyante Maud Kristen s窶册n prend テ Broch テ partir d窶冰ne caricature d窶冰n
personnage goudronnテゥ et plumテゥ dans le livre ツォ Au cナ砥r de l窶册xtraordinaire ツサ, qualifiant ces
mテゥthodes de dignes du Ku Klux Klan
273
Nous devons l窶册xpression
reductio ad hitlerum
au philosophe Lテゥo Strauss.
274
Voir sur ce point l窶册xcellente introduction de Racca J.L.,
Peut-on critiquer la psychanalyse ?
テ液ude de l'argumentation du
livre ツォ Pourquoi tant de haine ? ツサ d'Elisabeth Roudinesco, rテゥaction au ツォ Livre Noir de la psychanalyse ツサ
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=26
275
Bellet A., Joannin L.
& al
.
ouv.citテゥ
Cours Zテゥtテゥtique & Approche scientifique du paranormal, dテゥc. 2006
313
Si l窶冓nvocation des opinions politiques d窶冰n interlocuteur dans une discussion ne se justifie pas
quand la question est de type purement scientifique, elle se pose lorsqu窶冓l s窶兮git justement de la
transmission de cette connaissance. On assiste alors テ d窶冓ntテゥressantes distorsions de contenus,
chauvines ou revanchistes :
-
テ grande テゥchelle, comme sur l窶兮ffaire de Piltdown, grandement motivテゥ par une jalousie
vis-テ-vis de Cro-Magnon et Nテゥande-
テ petite テゥchelle, comme lors des prテゥsentations de dテゥcouvertes archテゥologiques : soit on ne
prテゥsente que les co-dテゥcouvreurs franテァais en occultant les autres (cas Lucy, avec Yves
Coppens) soit on transforme en record la dテゥcouverte : ツォ le plus vieux ceci ツサ, ツォ la plus
ancienne cela ツサ, si tant est que la dテゥcouverte flatte un sentiment rテゥgionaliste ou
nationaliste 窶 avec les dテゥrives que l窶冩n prテゥsume (l窶兮ffaire Osmanagi
ト
et les pyramides
bosniennes, que nous avons dテゥjテ abordテゥ). La faテァon de prテゥsenter ce genre d窶冓nformation
ressemble alors de prティs aux prテゥsentations sportives : les tテゥlテゥvisions franテァaises
retransmettent prテゥfテゥrentiellement les disciplines dans lesquelles un-e franテァais-e a une
chance de mテゥdaille, et lorsqu窶冓ls annonent les rテゥsultats, cite le 33
ティme
franテァais sans mテェme
parfois parler du vainqueur. (voir 4.4.3.11
Autres scテゥnarios 窶 record窶ヲ
).
4.4.5.3
Pseudo-テゥpistテゥmologies anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-colonial
Critiques courantes adressテゥes テ la science, celle de son ツォ impテゥrialisme ツサ テゥcrasant, de son
ツォ machisme ツサ inhテゥrent et de sa morgue face テ des connaissances empiriques non-ツォ occidentales ツサ
au sens de non-eurpテゥennes/Amテゥricaines du Nord. Dans une confusion pourtant vite テゥvaporテゥe
avec les prテゥcautions du chapitre 1, le mテゥlange des genres malmティne fortement l窶凖ゥpistテゥmologie, au
point de crテゥer le terreau propice テ l窶兮cceptation de pseudosciences au simple titre qu窶册lles seraient
un pied-de-nez テ la barbe de la raison
occidentale blanche masculine
. Ce discours est trティs rテゥpandu en
France dans les milieux テゥcologisants et alternatifs politiques qui tendent テ dテゥnoncer la science et
ses applications. Des analyses discutables de Thuiller sur ツォ l窶冓mpテゥrialisme ツサ de la pensテゥe
occidentale et de la science par exemple sont reprises sur des sites politiques de dテゥcroissance
窶「
Chez Settle :
ツォ Le programme explicatif du matテゥrialisme commenテァa par faire de belles promesses,
comme lors d窶冰ne campagne テゥlテゥctorale : la science parviendrait テ faire bien mieux que la
religion, religion qui explique tout de maniティre
ad hoc
par l窶冓ntervention crテゥatrice de Dieu ; la
science allait dテゥcouvrir les lois de la nature et expliquer toutes choses au moyen de ces lois.
L窶冓mmense succティs de la physique newtonnienne gagna bon nombre d窶凖ゥlテゥcteurs テ la cause de
la science, conテァue comme un programme pleinement rationel. Mais ce programme recティle le
monstre de l窶冓mpテゥrialisme ; or la biologie, prテゥcisテゥment, exige maintenant de la communautテゥ
scientifique qu窶册lle l窶兮nテゥantisse. Le matテゥrialisme, crテゥateur en tant que programme de
recheche ; est mortellement impテゥrialiste en tant qu窶冩ntologie ツサ (Settle 1989, pp. 317-318, in
Debussy
& al
, 2004,
ouv.citテゥ
, p. 7).
窶「
Sous la plume du prテゥsident de l窶
Association Franテァaise de Transpersonnel
, Marc-Alain
Descamps :
ツォ Les deux premiers tiers de ce siティcle ont テゥtテゥ, テ la suite des prテゥcテゥdents, marquテゥs par le
matテゥrialisme scientifique et ses consテゥquences : l'impテゥrialisme テゥconomique, les violences et
276
Voir la chronologie de l窶兮ffaire dans Turritti,
The piltdown man forgery 1953-2005
:
http://www-tc.pbs.org/wgbh/nova/teachers/activities/pdf/3202_hoax.pdf
277
Thuiller,
Gentille science et vilaines applications
,
http://decroissance.apinc.org/Gentille-science-et-vilaines
314
les guerres destructrices. La science s'est lentement construite avec les dogmes de la seule
quantification par Galilテゥe, du mテゥcanisme de Descartes et de la physique close de
Newton ツサ.
Bourdieu a bien tentテゥ de clarifier, malgrテゥ un texte un peu tortueux, cette critique anti-coloniale de
l窶冓mpテゥrialisme occidental :
[...] Il vient du fond des pays islamiques une question trティs profonde テ l'テゥgard du faux
universalisme occidental, de ce que j'appelle l'impテゥrialisme de l'universel
rationalisme scientiste, celui des modティles mathテゥmatiques qui inspirent la politique du FMI
ou de la Banque Mondiale, celui des
laws firms
, grandes multinationales juridiques qui
imposent les traditions du droit amテゥricain テ la planティte entiティre, celui des thテゥories de l'action
rationnelle, ect..., ce rationalisme est テ la fois l'expression et la caution d'une arrogance
occidentale, qui conduit テ agir comme si certains hommes
(sic)
avaient le monopole de la
raison, et pouvaient s'instituer, comme on le dit communテゥment, en gendarmes du monde,
c'est テ dire en dテゥtenteurs autoproclamテゥs du monopole de la violence lテゥgitime, capable de
mettre la force des armes au service de la justice universelle. La violence terroriste, テ travers
l'irrationalisme du dテゥsespoir dans lequel elle s'enracine presque toujours, renvoie テ la
violence inerte des pouvoirs qui invoquent la raison. La coercition テゥconomique s'habille
souvent de raisons juridiques.
L'impテゥrialisme se couvre de la lテゥgitimitテゥ d'instances internationales. Et, par hypocrisie
mテェme des rationalisations destinテゥes テ masquer ses
doubles standards
, il tend テ susciter ou テ
justifier au sein des peuples arabes, sud-amテゥricains, africains, une rテゥvolte trテゥs profonde
contre la raison qui ne peut pas テェtre sテゥparテゥe des abus de pouvoir qui s'arment ou
s'autorisent de la raison (テゥconomique, scientifique ou autre). Ces "irrationnalismes" sont en
partie le produit de notre rationalisme, impテゥrialiste, envahissant, conquテゥrant ou mテゥdiocre,
テゥtriquテゥ, dテゥfensif, rテゥgressif, selon les lieux et les moments.
C'est encore dテゥfendre la raison que de combattre ceux qui masquent sous les dehors de la
raison leur abus de pouvoir ou qui se servent des armes de la raison pour asseoir ou justifier
un empire arbitraire. ツサ
Sur la question du fテゥminisme scientifique, Gross & Levitt tテゥmoignent :
ツォ feminist science-critics... are governed by the impulse to take language very seriously, even
when it is clearly metaphorical or simply whimsical... The tendency to construe
colloquialisms as tokens of deep epistemological error has been a ceaseless element of
feminist criticism, and one of the most fatuous." (窶ヲ) Objecting to the statement that
"metaphor plays a central role in the construction of mathematics", they write:
"No! It does not. . . One of us [Levitt], speaking as a mathematician who has seen an awful
lot of mathematics 'constructed' and has constructed some himself, can testify to the
uselessness of metaphor in mathematical invention, although analogy 窶 a rather different
notion 窶 can be of some help. Mathematical intuition is something much more mysterious
than metaphor. ツサ (Gross & Levitt,
ouv.citテゥ
, pp.116 et 123)
278
In
Descamps,
La Renaissance des valeurs
:
http://www.europsy.org/aft/pg136.html
L窶僊FT, テゥmulation de la psychhologie transpersonnelle de Maslow et Grof, est directement liテゥe au New Age, et aux
pratiques pseudomテゥdicales de type respiration holotropique et
rebirth
.
279
Bourdieu,
Deux impテゥrialismes de l'universel
in
Faurテゥ & Bishop (テゥds)
l'Amテゥrique des franテァais
(1992) pp. 149-155.
280
Intervention lors de la discussion publique organisテゥe par le Parlement international des テゥcrivains - foire
internationale de Francfort 15 oct. 1995 - Publiテゥe dans
Contre-Feux
(1998).
315
Rien d窶凖ゥtonnant テ ce qu窶册nsuite des pseudo-fテゥministes sapent le combat fテゥministe en
l窶册ssentialisant, par des voies fortes comme celle de Starhawk et des reprテゥsentants des cultes nテゥo-
sorciers. Ces voix rテゥsonent aussi bien dans les cultures politiques contestataires que dans les
revues
Bien-テォtre, Bio
, et ツォ fテゥminines ツサ, テ l窶冓mage de ce genre d窶凖ゥcrit commis par Mielczareck dans la
Revue
Soleil Levant
, gratuit テ grand tirage dans les magasins bio :
ツォ En l窶冰nissant テ sa polaritテゥ masculine, d窶凖ゥnergie plus conquテゥrante, chaque personne peut
retrouver sa capacitテゥ d窶兮ction et son aptitude テ concrテゥtiser ses aspirations. Pour que nous
puissions davantage manifester le fテゥminin, il nous faudra dompter l窶凖ゥtat d窶册sprit de notre
pensテゥe rationnelle influencテゥ par une culture patriarcale
.
Ainsi, nous pourrons accueillir et
incarner en toute confiance notre intelligence intuitive Sacrテゥe pour lui donner sa juste
place dans notre rテゥflexion et dans nos prises de dテゥcisions au quotidien ツサ.
La pseudo-テゥpistテゥmologie ant-coloniale テ quant テ elle trティs bien テゥtテゥ abordテゥe par Sokal (
ouv.citテゥ
,
2005), au point qu窶冰ne fiche de lecture sur son livre mテゥrite, par sa clartテゥ, d窶凖ェtre transcrite ici, ne
serait-ce, comme dit Kindo, ツォ
interpeller des milieux de gauche et テゥcologistes sensibles aux pseudo-sciences et テ
la rhテゥtorique antiscientifique du postmodernisme
ツサ.
ツォ Cet exemple nous vient d窶僮nde, et Sokal le dテゥveloppe en s窶兮ppuyant sur les travaux d窶冰ne
philosophe et sociologue des sciences nommテゥe Meera Nanda.
L窶兮ffaire dテゥmarre en 1981 lorsqu窶冰n groupe d窶冓ntellectuels et de scientifiques indiens publie
une Dテゥclaration sur la mentalitテゥ scientifique directement puisテゥe aux sources des Lumiティres,
puisqu窶册lle critiquait la persistance en Inde de l窶冓llettrisme, des superstitions et des
hiテゥrarchies sociales fondテゥes sur la religion. Ce texte dテゥclenche alors les foudres
d窶冓ntellectuels nテゥo-gandhiens, qui, selon une optique typique du postmodernisme, voient au
contraire dans la science un instrument d窶冩ppression au service des puissances coloniales.
Ainsi, Ashis Nandy pouvait テゥcrire :
ツォ dans un monde oテケ des autoritテゥs arbitraires dテゥpossティdent
constamment l窶冓ndividu de son droit テ contrテエler sa propre destinテゥe, une situation dont la science et la
technologie modernes sont partiellement responsables, l窶兮strologie tient lieu pour les pauvres de dテゥfense
psychologique. C窶册st une tentative de trouver le sens d窶冰n prテゥsent qui n窶册st qu窶冩ppression dans un avenir
maテョtrisable (...). En somme, l窶兮strologie est le mythe des faibles, la science moderne est celui des forts ツサ
.
Vandana Shiva, dテゥjテ テゥvoquテゥe, est elle aussi reprテゥsentative de cet obscurantisme
antiscientifique drapテゥ dans les habits de la rテゥsistance テ l窶冩ppression :
ツォ Les "faits" de la science
rテゥductionniste sont des catテゥgories socialement construites et qui portent les marques culturelles du systティme
occidental, bourgeois et patriarcal, lequel constitue le contexte de leur dテゥcouverte et de leur justification. ツサ
.
L窶冓ntテゥrテェt de cet exemple indien est que cette polテゥmique a dテゥbordテゥ le champ de la querelle
philosophique pour s窶冓ncarner concrティtement sur le plan politique. En voulant
ツォ dテゥcoloniser ツサ les consciences et en expliquant qu窶冓l n窶凉 a pas de ツォ science ツサ mais des
ツォ ethnosciences ツサ qui ne se comprennent que dans un systティme culturel donnテゥ, ces
intellectuels de gauche ont radicalement dテゥblayテゥ le terrain philosophique pour un parti
nationaliste hindou, le BJP, qui a accテゥdテゥ au pouvoir entre 1998 et 2004, et qui, autour de la
notion d窶卍ォ hindouitテゥ ツサ, a appliquテゥ son programme de restauration des croyances
traditionnelles en expurgeant les manuels d窶冑istoire des contributions des musulmans et en
instaurant テ l窶冰niversitテゥ l窶册nseignement de toutes une sテゥrie de pseudosciences, dont
l窶兮strologie vテゥdique. Le jugement de Nanda est implacable :
ツォ Les humanistes de gauche ayant
adoptテゥ un programme nativiste et antirationaliste fondテゥ sur des thテゥories postmodernes prテゥtentieuses, il ne
reste quasiment plus aucune rテゥsistance organisテゥe aux nationalistes hindous. (...) Il nous manque une
conception du monde laテッque convaincante capable de mobiliser l窶冩pinion populaire et qui ne craigne pas de
contredire la prテゥtendue ツォ sagesse ツサ des traditions populaires. ツサ
Et Sokal de renchテゥrir :
ツォ Les attaques du postmodernisme contre l窶冰niversalisme et l窶冩bjectivitテゥ, tout
316
comme sa dテゥfense des "savoirs locaux", s窶兮daptent particuliティrement bien aux idテゥologies nationalistes de tout
genre. La plupart des postmodernes contemporains sont des intellectuels progressistes qui se soucient
sincティrement du sort des pauvres et des opprimテゥs. Malheureusement, les idテゥes ont la fテ「cheuse manie
d窶凖ゥchapper aux intentions initiales de leurs crテゥateurs ツサ
. テ ceux qui, aprティs cet exemple テゥdifiant, se
posent encore la question que pose Sokal lui-mテェme :
ツォ Quelle importance ? ツサ
, les deux auteurs
prテゥsentテゥs ici donnent, par delテ leurs diffテゥrences, des rテゥponses qui vont dans le mテェme sens.
Selon Taverne,
ツォ La Raison est l窶冰n des fondements de la dテゥmocratie. Si l窶冓rrationalitテゥ prテゥvaut et si le
respect de la preuve est rejetテゥ, comment pouvons-nous rテゥsister au fondamentalisme religieux, au chauvinisme,
au racisme et テ toutes les autres menaces qui pティsent sur une sociテゥtテゥ civilisテゥe ? ツサ
. Selon Sokal,
ツォ Si la
croyance du grand public テ la voyance et テ d窶兮utres phテゥnomティnes du mテェme type me prテゥoccupe, c窶册st parce que
je soupテァonne la crテゥdulitテゥ dans les domaines mineurs de prテゥparer la crテゥdulitテゥ dans des domaines plus graves.
テ l窶冓nverse, je me demande si le type d窶册sprit critique qui aide テ distinguer la science de la pseudoscience
pourrait aussi s窶兮vテゥrer utile lorsqu窶冓l s窶兮git de distinguer la vテゥritテゥ du mensonge dans les affaires publiques 窶
je ne dis pas qu窶冓l s窶兮git d窶冰ne panacテゥe, absolument pas, mais que cela pourrait テェtre utile
ツサ (Kindo 2005).
Gross & Levitt pointaient dテゥjテ le fait que ツォ
Serious and difficult issues concern attempts by Afro-centrists to
re-write the history of science
ツサ. Discutant la ツォ dテゥcouverte ツサ dogon de Sirius B, ils テゥcrivent :
ツォ Somehow, the condescending belief has taken hold that black children can persuaded to
take an interest in science only if they are fed an educational diet of fairy tales. ツサ (
ibid.
p.
208)
Chomsky aura ces mots trティs clairs :
ツォ On pourrait ranger dans une premiティre catテゥgorie les arguments suivants : X est dominテゥ par
ツォ les mテ「les de race blanche ツサ (
white male gender
). Par consテゥquent, X est ツォ limitテゥ par des biais
culturels, raciaux et sexistes ツサ qui ツォ reproduisent et perpテゥtuent l窶冩rdre social, en ses divisions
et ses modes de domination ツサ. ツォ Dans les pays du Sud, la majoritテゥ des gens attendent depuis
cinq cent ans que les bienfaits de X leur soient dispensテゥs et ceci indテゥpendamment du
processus dテゥmocratique ツサ. C窶册st que X ツォ est intimement liテゥ au capitalisme et au
colonialisme, et qu窶冓l n窶册st pas exclusif du racisme et du totalitarisme ツサ. X a テゥtテゥ invoquテゥ par
les commissaires politiques de l窶儷nion Soviテゥtique pour ツォ amener des millions de personnes
テ embrasser la cause d窶冰n rテゥgime impitoyable et criminel ツサ (soit dit en passant, personne ne
mentionne le fait que les nazis ont fait de mテェme). La suprテゥmatie de X ツォ est demeurテゥe
incontestテゥe ツサ. Pire, ツォ elle a permis de crテゥer de nouvelles formes de contrテエle politique et
テゥconomique テ l窶凖ゥchelle des テ液ats et du monde ツサ.
En conclusion, il y a quelque chose d窶卍ォ intrinsティquement mauvais ツサ en X. Nous devons le
rejeter, le dテゥpasser ou le remplacer par autre chose. Et nous devons テゥgalement inciter les
pauvres et les opprimテゥs de la Terre テ en faire autant. Il s窶册n suit que nous devons
abandonner la littテゥrature et les arts, qui, comme les sciences, satisfont テゥgalement aux
critティres de X. Finalement, nous devrions faire voeu de silence, puisque ツォ le langage possティde
les mテェmes propriテゥtテゥs que X ツサ. Ce sont lテ des faits trop connus pour テェtre discutテゥs.
Si l窶冩n suit ce raisonnement, la technologie ainsi que la plupart des mテゥtiers devraient テェtre
abolis. Or, fait surprenant, nombre des critiques formulテゥes テ l窶册ncontre de X semblent louer
la ツォ pensテゥe pratique ツサ des ツォ technologues ツサ (
technologists
) qui abordent ツォ la mテゥcanique des
choses ツサ au moyen d窶冰ne ツォ
T-Knowledge
ツサ enchテ「ssテゥe dans la pratique et enracinテゥe dans
l窶册xpテゥrience ツサ. Les dテゥtracteurs de X ignorent-ils que ce qu窶冓ls nomment ツォ
T-Knowledge
ツサ est,
depuis toujours, ce qui sert テ l窶卍ォ homme blanc ツサ テ fabriquer les outils de destruction et
d窶冩ppression qui lui ont permis de dominer d窶兮utres hommes ? Une telle incohテゥrence est
317
pour le moins surprenante (テ moins que l窶冩n admette que la cohテゥrence est un de ces
principes dテゥsuets qu窶冓l nous faut abandonner). ツサ (Chomsky,
ouv.citテゥ
., pp. 51-52).
Chomsky enfonce ensuite le clou :
ツォ [...] il m窶册st pテゥnible de constater que nombres d窶兮mis et de collティgues qui ne sont pas issus
du ツォ monde des blancs ツサ suivent le conseil qui leur est fait ici de ne pas emboテョter le pas テ la
science ツォ occidentale ツサ et de lui prテゥfテゥrer d窶兮utres ツォ histoires ツサ, d窶兮utres ツォ mythes ツサ. C窶册st テ
croire qu窶冓ls trouvent, dans un tel conseil, une aide prテゥcieuse pour rテゥsoudre leurs problティmes
et ceux du monde ツォ non-blanc ツサ en gテゥnテゥral. Pour ma part, ma sympathie va aux volontaires
de Tecnica [Organisation composテゥe de volontaires de l窶兮ide technique et scientifique,
d窶兮bord basテゥe au Nicaragua (d窶冩テケ son nom tec-Nica), puis installテゥe dans divers pays
d窶僊frique]. En fait, l窶冓dテゥe de ツォ science de l窶冑omme blanc ツサ (
white male science
), me fait penser,
je m窶册n excuse, テ l窶册xpression ツォ physique juive ツサ, de triste mテゥmoire. Peut-テェtre est-ce lテ
encore le fait de mon incompテゥtence, mais lorsque je lis un article scientifique, je ne me pose
pas la question de savoir si son auteur est blanc et si c窶册st un mテ「le. C窶册st la mテェme chose
dans le cadre de mes relations de travail, et partout ailleurs en gテゥnテゥral. Enfin, je doute que
les collティgues et テゥtudiants non-blancs et non-mテ「les avec lesquels je travaille soient trティs
impressionnテゥs par la doctrine selon laquelle leur pensテゥe et leur entendement diffテゥreraient de
ceux des ツォ scientifiques blancs et mテ「les ツサ, pour des raisons de ツォ culture, de genre ou de race
ツサ. Je pense que le terme de ツォ surprise ツサ ne serait pas tout テ fait propre テ dテゥfinir leur
rテゥaction. ツサ (
Ibid.
pp. 57-58).
La science est une demarche a morale, rappelons-le. Elle est la mテゥthode la plus efficace pour
jauger la rテゥalitテゥ qui est prテゥsentテゥe テ notre existence. Cette efficacitテゥ et sa rutilance lui ont valu
d窶凖ェtre convoitテゥe par un certain nombre d窶冩bテゥdiences politiques : rテゥcupテゥration raciste (QI,
phrテゥnologie, etc.), sexiste, homophobe (corrテゥlation maladie-jugement de Dieu). Si nous
souhaitons テゥviter ce genre de dテゥvoiement, il est nテゥcessaire de combler les interstices crテゥes par les
vulgarisations imprudentes, surtout si ces vulgarisations sont effectuテゥes dans des conetxetes
pseudo-dテゥmocratisants. Il est d窶冰n autre テ「ge, nous l窶册spテゥrons, de rテゥclamer l窶册nseignement de la
distinction des races humaines sous prテゥtexte qu窶冓l y des gens qui y adhティrent et que ツォ tout se
vaut ツサ. La distinction des races est pseudoscientifique, de mテェme que le crテゥationnisme. Ne
bradons pas le terme dテゥmocratisation des dテゥbats lテ oテケ il ne s窶兮git bien souvent que de dテゥmagogie.
Nous pensons テゥgalement qu窶冓l est important de ne pas laisser le fテゥminisme se construire sur des
bases scabreuses : en corrテゥlant une construction fortement masculine de la science avec une
volontテゥ de pouvoir technopolitique, le fテゥminisme stigmatise un phテゥnomティne social rテゥel. Qu窶冓l
revendique en reprテゥsailles une fテゥminisation des pratiques, avec invocation d窶冰ne ツォ intuitivitテゥ ツサ
toute ツォ fテゥminine ツサ, genrテゥe et naturalisant la femme, ramティne la lutte テ son point de dテゥpart :
l窶冓nstrumentalisation du phテゥnomティne social. Car comment, en acceptant cette revendication de
l窶冓ntuitivitテゥ, faire taire les voix sexistes effectuant la mテェme corrテゥlation femme-soumission ? Nous
pensons que le fテゥminisme trouvera son avティnement dans les テゥtudes de la construction de genre,
problティme de sociologie, purement scientifique et テエ combien utile.
D窶冰ne faテァon similaire, il n窶册st pas besoin d窶凖ゥcrire quelque-chose du type : ツォ
Regardez comme ces
indigティnes ont une pharmacopテゥe dテゥveloppテゥe 窶 quoique bien sテサr pas autant que la nテエtre, mais tout de mテェme digne
d窶冓ntテゥrテェt et largement au-delテ de ce qu窶冩n pourrait escompter par pure chance. Reconnaissons-leur une science
indigティne, et ce sera enfin un pas vers la fin d窶冰n ordre moral prテゥsent de puis toujours
281
Voir Annexe -
Fiche pテゥdagogique Nツー13 Brティches dans l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-colonial
.
318
conscience que ce regard attendri et plein de mansuテゥtude, non seulement n窶册st pas nテゥcessaire,
mais en outre doit absolument s窶凖ゥloigner de ce genre de bricolage hテ「tif type ツォ
regardez comme ils sont
malins, ils ont rテゥussi テ trouver des choses justes avec des concepts faux, ou tout du moins discutables, sans le
savoir
窶ヲ ツサ et en conclure qu窶冩n peut parler de science テ ce propos. Cela permet enfin de noyer le
problティme du colonialisme dans une revendication factice de scientificitテゥ de leurs pratiques, alors
que le rテゥel problティme est que la science ne se dテゥveloppe pas dans les pays les plus dテゥfavorisテゥs
justement parce qu窶冓ls sont dテゥfavorisテゥs. Par les autres.
319
Conclusion
(La coutume voulant qu窶冰n
nous
pudique soit de rigueur dans ce genre de travail, je me suis pliテゥ テ l窶册mployer durant
tout ce travail : coquetterie faussement modeste que l窶冩n donne テ son テゥcrit, ce
nous
est finalement apparu comme trティs
pratique puisqu窶冓l a ツォ mouillテゥ ツサ mes directeurs dans chacune de mes phrases, diluant d窶兮utant ma propre
responsabilitテゥ. Pour cette conclusion, qu窶冓l me soit permis de ne pas les impliquer. J窶册n profite pour relativiser cette
pratique de grammaire qui, coutumiティre et traditionnelle, mテゥrite d窶凖ェtre passテゥe au tamis des arguments d窶冑istoricitテゥ,
voir 4.3.3).
Ce travail est le produit direct de quatre annテゥes d窶册nseignement de l窶册sprit critique テ l窶儷niversitテゥ
Joseph Fourier, テ Grenoble. Chacune de ses parties a テゥtテゥ le fruit de tests, d窶册ssais et d窶册rreurs
pour trouver les meilleurs moyens de rendre une discipline aussi martiale que la zテゥtテゥtique
appropriable et stimulante, et pour incruster un peu d窶册sprit critique aux テゥtudiants. Six modules
d窶册nseignement, nテゥs parfois de haute lutte, ont servi de cadre opテゥratoire pour cette entreprise
didactique. Il s窶兮git de :
L窶冩ption Tutorat
analyse critique du message scientifique
, pour les Licences 2 de pharmacie.
L窶儷E
Initiation テ l窶册sprit critique
, pour les Licences 3 et Maテョtrises 1 de pharmacie.
L窶儷E
Zテゥtテゥtique & approche scientifique du
窶
paranormal窶
, pour les Licences toutes disciplines.
Les deux stages d窶
Initiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur
, pour les doctorants toutes disciplines,
intitulテゥs :
Zテゥtテゥtique & esprit critique
Mテゥdias & pseudosciences, quand la science se met en scティne
et proposテゥs par le Centre d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur (CIES) de Grenoble.
Les cours ponctuels de
didactique de l窶册sprit critique
, テ l窶僮nstitut Universitaire de Formation
des Maテョtres de Grenoble.
Accessoirement, le stage
Zテゥtテゥtique
du CIES de l窶冰niversitテゥ Lyon 1, auquel je ne suis
intervienu que ponctuellement.
Premiティre constatation importante, l窶册fficacitテゥ de la pテゥdagogie zテゥtテゥtique est d窶兮utant accrue qu窶册lle
utilise : des images simples et marquantes pour les esprits, une terminologie mnテゥmotechnique
permettant de repテゥrer puis de nommer un sophisme ou un biais de raisonnement lorsqu窶冓l est
rencontrテゥ, et surtout des objets d窶凖ゥtudes qui captivent tant par leur caractティre fantasmatique que
par le fait que les connaissances mises en jeu peuvent aisテゥment sortir du cadre enseignemental. Il
est utile pour le rテゥinvestissement des connaissances des テゥtudiants que de leur offrir du matテゥriau
quotidien テ discuter hors-classe, des thティmes ツォ extra-ordinaires ツサ テ se mettre sous la dent en
famille, ce que tous les objets d窶册nseignement ne permettent pas facilement. L窶冓dテゥe sous-jacente
caressテゥe par l窶册nseignant de zテゥtテゥtique est d窶兮mener l窶兮pprenant テ pratiquer la dテゥmarche
scientifique dans sa vie ツォ citoyenne ツサ presque comme un reflexe intellectuel. Cela m窶兮mティne テ la
deuxiティme constatation qui me semble importante : la presse et le paysage audio-visuel en France
fournissent chaque mois, voire chaque semaine largement assez d窶 ツォ objets ツサ テ analyser pour
illustrer les principales misconceptions. Un enseignant motivテゥ peut ainsi chaque mois faire ses
emplettes, enregistrer suffisamment d窶凖ゥmissions pour bテ「tir un nouveau ツォ set ツサ critique. C窶册st un
constat qui peut テェtre perテァu comme un tantinet dテゥprimant, mais qui se rテゥvティle trティs intテゥressant d窶冰n
point de vue pテゥdagogique, tout d窶兮bord dans l窶凖ゥlaboration de nouvelles sテゥquences, puis dans le
fait que les テゥtudiants auront automatiquement de quoi rテゥinvestir leur esprit critique dans les jours
suivants.
320
Toutefois, sur un plan purement mテゥdiatique, la conclusion テ laquelle je parviens est inquiテゥtante.
D窶兮bord, la conjonction entre la crテゥation artificielle de scoops et la mテゥconnaissance importante
de la mテゥthode scientifique dans le public fait du matテゥriau scientifique un matテゥriau trティs malmenテゥ.
Je pensais que l窶冓nformation scientifique reprテゥsentait un ilテエt de stabilitテゥ objective au milieu d窶冰ne
mer d窶冓nterprテゥtations. Je suis arrivテゥ au constat que le matテゥriau scientifique est finalement aussi
faテァonnable, aussi mallテゥable que le matテゥriau plus ツォ politique ツサ. On peut dテゥsubstancier,
dテゥcontextualiser, scテゥnariser un contenu scientifique et le faire coller テ un (prテゥtendu) goテサt du
public, avec deux arguments massues テ l窶兮ppui : si le public n窶兮imait pas, il ne consommerait pas
(effet cigogne), et de toute faテァon, si ce n窶册st pas mon mテゥdia qui scテゥnarise de cette maniティre,
d窶兮utres le feront (ce qui ressemble テ une rテゥsolution hテ「tive de dissonance cognitive). Au grテゥ d窶冰ne
culture technologique croissante dans la population, l窶冓nformation scientifique est devenue un
enjeu commercial, mais aussi un outil idテゥologique trティs puissant. Il est indテゥniable que son
traitement s窶册st alors pliテゥ aux rティgles commerciales, prテゥsentant son ventre mou テ tous les テゥtals ; sa
diffusion s窶册st mise テ rテゥpondre soit テ des enjeux mテゥtaphysiques, 窶 ce qui conduit テ un non-sens
テゥpistテゥmologique 窶, soit テ des enjeux politiques, ce qui est une faute de goテサt ; car c窶册st le fait
scientifique et non sa diffusion dテゥformテゥe qui doit nourrir les choix sociテゥtaux.
Le deuxiティme aspect de ma conclusion sur les mテゥdias porte sur le mythe entretenu de la simplicitテゥ
de la connaissance. テ en lire les journaux, on saura tout sur la mテゥcanique quantique en lisant le
hors-sテゥrie
Science & Vie
, on saura tous les aspects reclos de la vie des grands singes en un laテッus
lapidaire dans la rubrique Sciences du
Monde
ou dans une rubrique de quelques minutes de M-O.
Monchicourt sur
France Info
. Cette simplicitテゥ est un leurre, qui non seulement maltraite l窶冑istoire
de la construction d窶冰n savoir scientifique en le dテゥsyncrテゥtisant, mais en outre sert テ flatter l窶册nvie
latente chez l窶冑onnテェte individu de devenir un テェtre cultivテゥ/un expert/un thテゥrapeute テ peu de frais.
Je ne suis guティre テゥtonnテゥ d窶兮pprendre que certains de mes proches ツォ deviennent ツサ thテゥrapeutes テ
l窶冓ssu d窶冰n ou deux stages de formation en psycho-affectologie basse-gamme si, dans les revues
prテゥsentテゥes comme scientifiques (
Psychologies
par exemple), chaque dossier flatte l窶冓dテゥe que
qui
veut窶ヲ peut, vite et sans effort
. Il suffit d窶冰n concept central expliquant tout (chakra, tension
msuculaire, dテゥblocage d窶凖ゥnergie, image du corps dans l窶冩reille窶ヲ), de quelques jours de formation,
et voilテ un quidam qui, pensant faire le bien de l窶冑umanitテゥ, se substituera テ un mテゥdecin dont les
sept テ dix ans d窶凖ゥtudes lui suffisent テ peine pour rテゥpondre テ une minoritテゥ des souffrances
humaines.
Autre point que je considティre comme extrテェmement dテゥletティre : le pseudo-besoin d窶冓rrationnel.
Passons sur le fait que la plupart des pseudosciences, qui sont le corps de notre critique, ne sont
pas irrationnelles 窶 leur prテゥmisse est gテゥnテゥralement fausse, mais le dテゥveloppement est
gテゥnテゥralement rationnel. Ce qui est alarmant, c窶册st qu窶凖 l窶冓nstar des ツォ besoins de violence ツサ ou des
ツォ besoins de Loft-story ツサ, invoquer un besoin revient テ naturaliser, テ essentialiser un phテゥnomティne
social comme inhテゥrent テ la condition humaine alors qu窶冓l s窶兮git peut テェtre du simple produit d窶冰n
matraquage mテゥdiatique. Plusieurs journalistes m窶冩nt dテゥjテ dit テェtre en paix avec eux-mテェmes en
distribuant de la boue intellectuelle dans la mesure oテケ c窶册st le public qui la rテゥclame : et s窶冓l la
rテゥclame, c窶册st qu窶冓l l窶兮ime ; et s窶冓l l窶兮ime, c窶册st qu窶册lle correspond テ sa nature. La dテゥpolitisation du
problティme est totale. Il n窶册st pas souvent envisagテゥ que la raison de la consommation de cette lie
est peut テェtre tout simplement liテゥe au fait que les consommateurs de ces テゥmissions, de ces mテゥdias,
habituテゥs テ leur mise en scティne doucテゥreuse, bテ「tissent une reprテゥsentation sociale de la science et des
sujets scientifiques trティs テゥloignテゥe de la rテゥalitテゥ des pratiques. Cela inflテゥchit non seulement leur
consommation, mais aussi leur maniティre d窶兮gir citoyennement sur les axes de recherche, 窶 par
exemple en privilテゥgiant des thテゥmatiques sテゥcuritaires au prorata du nombre d窶冓nformations
scテゥnarisテゥes de faテァon alarmiste テ chaque fait divers. Comme je l窶兮i テゥcrit au chapitre 2.2.4
Contraintes
externes et demande
sociale,
321
ツォ C窶册st un effet ツォ Loft story ツサ : on donne du sucrテゥ aux gens, de la guimauve, du sexe, on
lui donne du gテゥnie hテゥroテッque scientifique et de la peur par intermittence. Aprティs un rテゥgime
de ce genre de plusieurs annテゥes テ cela, le goテサt est modelテゥ. ツサ
Je ne peux m窶册mpテェcher de considテゥrer qu窶冓l s窶兮git lテ d窶冰ne facette assez carctテゥristique de la
fabrication du consentement et de la soumission テ l窶册xpertise journalistique. Or, et ce sera le
dernier point de ma conclusion ツォ mテゥdiatique ツサ, la vulgarisation scientifique jouit d窶冰ne aura dont
peu de champs professionnels bテゥnテゥficient : il y a peu de critique de contenu sur la vulgarisation
scientifique, tant le vulgarisateur est une personne bonne
per se
, dans la lignテゥe de cette image de
facilitateur, de ツォ 3
ティme
homme ツサ qui vient distribuer la becquテゥe au profane. Cela me rappelle
immanquablement l窶冰nanimitテゥ populaire dont jouissent les ツォ humanitaires ツサ, テ croire que tout ce
qui est humanitaire est dans sa substance bon, gテゥnテゥreux. Si dans le cas de l窶冑umanitariat, les faits
rattrapent doucement le fantasme 窶 sur l窶冰tilitテゥ de ces programmes en terme de nテゥ-colonialisme
et de blanc-seing aux pires entreprises de spoliation des pays concernテゥs 窶, ce n窶册st pas du tout le
cas de la vulgarisation scientifique. Il semble impossible de critiquer les figures de Hulot, Reeves テ
moins de paraテョtre aigri ou jaloux. Il n窶册st pas simple de montrer que si la Lune et la vulgarisation
de la course テ la Lune a servi d窶兮libi テ plusieurs programmes d窶兮rmements, d窶兮utres alibis sont
encore dテゥveloppテゥs actuellement. Il est mal vu de pointer que les revues qui ツォ テゥduquent le peuple ツサ
font de la retape, ou de la publicitテゥ dテゥguisテゥe (pour des viaducs, pour des autoroutes, pour des
programmes nuclテゥaires, pour des avions, etc.). Il est scabreux de dire qu窶冰ne page sur cinq de
Science & Vie
est une publicitテゥ, et qu窶冓l est difficile de croire en l窶冓ndテゥpendance et au non conflit
d窶冓ntテゥrテェt de la revue face aux annonceurs. En France, le vulgarisateur est ツォ bon ツサ, quelle que soit
la qualitテゥ de sa production, du moins tant qu窶册lle semble coller aux aspirations prテゥsumテゥes du
lectorat ou de l窶兮udimat. Je pense qu窶冓l est temps que l窶冑onnテェte peuple devienne exigeant avec ses
vulgarisateurs, tout comme il convient d窶凖ェtre exigeant avec les intercesseurs de Dieu et les
exテゥgティtes.
Sur le plan technique, cette thティse souffre de plusieurs insuffisances majeures qu窶冓l ne faut pas
minorer et qui sont autant de pistes de dテゥveloppement du sujet. D窶兮bord, il aurait certainement
fallu approfondir les raisons sociテゥtales qui font l窶兮bsence d窶册nseignement critique spテゥcifique テ
l窶凖ゥcole et テ l窶冰niversitテゥ franテァaise. Est-ce mテサrement souhaitテゥ ? Les autres systティmes scolaires テ
l窶凖ゥtranger ont-ils la mテェme configuration ? En quoi consistent les rテゥsistances peu ou prou
politiques que rencontre chacune des crテゥations de cours de zテゥtテゥtique ? Peut-on rapprocher
certaines de ces obstructions avec celles que rencontrent parfois les revendications laテッques ? Dans
cette volontテゥ de rテゥpandre les outils critiques dans notre systティme, on ne pourra faire abstraction
d窶冰ne analyse des rテゥsistances テ l窶卩砥vre.
De mテェme, l窶冓nflexion des contenus dans les mテゥdias scientifiques prend sa source dans la
prテゥcarisation lente du mテゥtier de journaliste/pigiste. Si elle est hors-cadre, l窶凖ゥtude sociopolitique de
ce fait et son degrテゥ d窶冓nfluence sur les contenus mテゥriteraient une susbtancielle enquティte.
Ensuite, comme l窶兮 en partie montrテゥ Sokal, pseudosciences et pseudomテゥdecines naissent d窶冰n
terreau double-couche : une couche mテゥtaphysique, une autre politique. Chacune de ces couches
crテゥe des postures intellectuelles plus ou moins saillantes, mais qui mettent l窶冓ndividu concernテゥ テ
son insu テ la merci des sollicitations correspondant テ sa ou ses postures. Je crois qu窶冩n ne peut
pas envisager par exemple de remettre en cause la contestation de la mテゥdecine classique par
certains milieux libertaires sans tenter une analyse de cette contestation : de ses racines anti-
autoritaires, de ses influences plus ou moins anti-psychiatriques, de la lutte contre la libテゥralisation
des services publiques, notamment de santテゥ, etc. Il me semble improbable de sortir du dialogue
de sourds si, en voulant critiquer les postures Nouvel テHe テゥcologisantes, nous faisions l窶凖ゥconomie
de l窶兮nalyse des pensテゥes politiques テゥcologiques, du combat (peut テェtre discutable) menテゥ par ces
322
gens, et des formes mythologiques qui les nourrissent. Mテェme dans les cas de dテゥrive grave, comme
dans le cas de l窶儖rdre du Temple Solaire ou dans l窶兮ffaire Kerywann en kinテゥsiologie, je pense qu窶冓l
faut dテゥpasser le stade primaire qu窶册st la rテゥvolte pour aller fouiller les moteurs internes de ces
bulles intellectuelles empoisonnテゥes (extrテェme-droite et templiテゥrisme dans le premier cas,
contestation du systティme de santテゥ et causalitテゥ prテゥtendue directe et rテゥversible entre les souffrances
affectives et les pathologies
. En bref, il faudrait ne plus rester au seuil des biais et des Ips, mais
descendre vers leurs fondements, travailler le ツォ terrain ツサ. Cette tテ「che est difficile et recquiティre des
lectures analytiques pluridisciplinaires. Elle est survolテゥe par touches dans ce travail, et
nテゥcessiterait de bien plus amples dテゥveloppements, notamment pour saisir les raisons des succティs
de certaines dテゥrives de type sectaire.
Plus prosaテッquement, je pointe encore trois insuffisances techniques.
Primo,
si l窶冩utillage prテゥsentテゥ a テゥtテゥ utilisテゥ, testテゥ et amテゥliorテゥ en cours, il n窶册n reste pas moins que la
validation des rテゥussites pテゥdagogiques et l窶兮nalyse de ce qui a テゥchouテゥ dans mes enseignements sont
en partie subjectives puisque le seul moyen d窶凖ゥvaluation テ ma disposition reste l窶兮ide テ
l窶凖ゥlaboration, puis la lecture et la soutenance orale des rapports de travaux d窶凖ゥtudiants, eux-
mテェmes mis en ligne rテゥguliティrement sur le site
http://esprit.critique.free.fr
indique que la voie suivie est bonne, mテェme si chaque erreur, chaque sophisme non dテゥcelテゥs dans
un dossier forcent テ une sテゥvティre remise en question. Je pense que l窶凖ゥtape suivante de ce travail
consistera テ テゥvaluer leur impact sur l窶兮pprentissage des compテゥtences critiques des テゥtudiants et leur
persistance dans le temps. C窶册st un domaine oテケ la didactique des sciences a dテゥjテ fourbi des outils
qu窶冓l reste テ adapter.
Secundo
, une ampleur plus grande aurait pu テェtre donnテゥe テ cette analyse des Ips en faisant des
comparaisons avec d窶兮utres paysages mテゥdiatiques dans d窶兮utres pays. Le paysage mテゥdiatique et
audiovisuel franテァais est-il reprテゥsentatif, ou spテゥcifique
? Une telle analyse n窶凖ゥtait pas
raisonnablement rテゥalisable dans le cadre de cette thティse dテゥjテ chargテゥe. Qui plus est, je me rends
compte qu窶冓l faut une bonne maテョtrise des finesses d窶冰ne langue pour saisir la composition des Ips
lexicaux, des effets paillasson et la mouture de certains scテゥnarios.
Tertio
, beaucoup de nos exemples sont pris sur des couvertures de magazines, alors que ces
couvertures ne sont pas le produit des journalistes, mais des maquettistes. Bien sテサr, il aurait テゥtテゥ
instructif de multiplier les comparaisons entre la tenue du traitement d窶冰ne information sur la
couverture puis dans l窶兮rticle, mais ce n窶册st pas exactement ce que nous cherchions : plutテエt que
de dテゥsigner d窶凖ゥventuels coupables, nous avons voulu nous situer exactement テ l窶冓nterface entre
l窶冓ndividu consommateur et la ツォ surface ツサ de l窶冓nformation telle qu窶册lle est proposテゥe. En cela, la
couverture est le phテゥnomティne principal, puisque c窶册st elle qui sテゥduit, encourage ou rebute. Elle est
construite pour coller au goテサt, pour servir de publicitテゥ. Cette insuffisance n窶册n est finalement pas
une. Prテゥcisons encore une chose : d窶兮ucuns nous ont dit テェtre parfois dubitatifs sur notre maniティre
de mettre sur un mテェme plan des articles de
Nature
et des tracts pour des produits-miracles ou des
marabouts. Si la diffテゥrence de degrテゥ de scientificitテゥ est claire, la diffテゥrence d窶冓mpact n窶册st peut テェtre
pas si テゥvidente : un article de haute volテゥe accrテゥditant Uri Geller touchera profondテゥment un petit
public influent. Une couverture de
Psychologies Mag
touchera doucement un trティs large public peu
282
Je pense par exemple inutiles et contre-productives les dテゥclarations du type
Non au moratoire sur les OGM
lancテゥ par
la fine fleur de l窶僊FIS en 2007. Que la question des OGM gテゥnティre des fantasmes sur toutes ses coutures est un fait.
Nier la possibilitテゥ d窶冰n moratoire revient テ nier le fait qu窶冰ne fraction de la population a peur des implications desdits
OGM, et que ce sont ces peurs qu窶冓l faut dテゥcortiquer et analyser avant de dテゥbattre des choix politiques. La position
de ces membres de l窶僊FIS peut テェtre juste ou fausse, elle ne fait qu窶册nterriner l窶冓mage d窶冰ne ツォ science ツサ froide,
autoritaire et mettant en coupe reglテゥe tous les aspects de la vie, les uns aprティs les autres.
323
influent mais sans dテゥfense spテゥcifique. Trティs sincティrement, je ne sais pas des deux quel est celui qui
a le plus d窶冓mpact mortifティre, mais qualitativement, le travail de sappe est du mテェme acabit. C窶册st la
raison pour laquelle j窶兮i tentテゥ de choisir des exemples grand public, d窶冩テケ la reprテゥsentation
appuyテゥe des deux magazines de vulgarisation scientifique franテァais les plus vendus,
Science & Vie
et
Sciences & Avenir.
Enfin, je ne peux pas faire silence sur la rテゥussite d窶兮utres programmes d窶册nseignement, dispensテゥs
aux Etats-Unis, au Canada, au Sテゥnテゥgal. Un comparatif des outils dテゥveloppテゥs de par le monde ne
pourrait qu窶凖ェtre une ナ砥vre salutaire, un brテゥviaire des skeptical skills et des moyens de les
transmettre. Ne serait-ce qu窶册n France, j窶兮i par exemple une pensテゥe テゥmue pour certaines sテゥances
pテゥdagogiques non dテゥcrites ici hテゥlas, car leur lien avec les problテゥmatiques mテゥdiatiques est plus
lointain : je pense en particulier テ la sテゥance pテゥdagogique de
Mystification 窶 dテゥmystification
qui m窶兮 テゥtテゥ
enseignテゥe par Stanislas Antczak et qui est une crテゥation didactique extrテェmement pertinente.
S窶冓l m窶册st loisible de poursuivre ce travail de recherche, je me consacrerai テ la crテゥation d窶冰n petit
kit de ツォ premiers secours テゥpistテゥmologiques ツサ qui, テ l窶冓nstar des Premiers Secours sanitaires,
pourrait s窶兮pprendre et s窶册nseigner テ tous les niveaux et sans bagage spテゥcifique : une sorte de
mallette d窶凖ゥducation populaire visant テ hisser autant que faire se peut l窶册xigence du peuple face
aux nourritures intellectuelles qu窶冩n tente parfois de lui faire avaler de force.
****
Il n窶册st pas exclu qu窶凖 l窶冓ssue de cette thティse, lors de laquelle nous avons critiquテゥ le modelage de
l窶冓nformation, il nous soit reprochテゥ un certain nombre de choses, テ commencer par cette critique
des mテゥdias テ laquelle mes collティgues et moi-mテェme encourageons. Cette critique est parfois
considテゥrテゥe comme ascテゥtique. On nous reprochera d窶凖ェtre rテゥtifs テ la fantaisie, fermテゥs テ
l窶冓magination, et d窶凖ェtre responsables, par cette vigilance accrue sur les transpositions mテゥdiatiques
des sciences, d窶冰n ツォ dテゥsenchantement des sciences ツサ. Certes, le sophisme du pragmatisme est un
piティge, et l窶册ngouement public n窶册st pas une preuve de valeur, mais le succティs de ces enseignements
et la crテゥativitテゥ des travaux rendus montrent au moins que la mテゥticulositテゥ demandテゥe dans les
enquティtes zテゥtテゥtiques ne rebute pas, vraiment, et que la soif de recherche est bien prテゥsente.
La deuxiティme objection que j窶兮i reテァue est un grand classique : la revendication d窶冰n
droit au rテェve
.
Chaque rationaliste, chaque matテゥrialiste, chaque zテゥtテゥticien-ne a entendu au moins une fois cette
rテゥflexion mi-courroucテゥe, mi-paniquテゥe :
mais tout de mテェme, ne cassez pas tout. Il faut laisser aux gens le
droit de rテェver.
Le comique de la situation est テ plusieurs niveaux : tout d窶兮bord, les individus qui font cette
remarque sont gテゥnテゥralement des gens avertis, dテゥjテ assez critiques. Profテゥrer ce genre de phrase
revient テ faire un petit entrechat de cテエtテゥ, se distancier un peu de la masse bテェlante des gens qui
ツォ croient ツサ, et de se poser en protecteur un brin condescendant du petit peuple qui rテェve. Nous
n窶兮vons jamais entendu quelqu窶冰n dire cette phrase pour lui-mテェme ; le droit au rテェve, oui, mais
pour les autres, un peu comme le pティre Noテォl auquel on fait croire aux enfants, sachant
pertinemment que l窶冩n n窶兮imerait pas qu窶冩n nous fasse la mテェme chose. Il y a un テ「ge テ tout.
Le second niveau nテゥcessite une mテゥtaphore. Imaginons qu窶冩n vante テ l窶冰n de vos proches les
mテゥrites d窶冰ne montre, sa prテゥcision, sa rテゥsistance テ l窶册au, la durテゥe de la pile, etc. Votre ami, qui
ツォ rテェvait ツサ d窶冰ne montre pareille, sort sa bourse et s窶兮pprテェte テ payer. Seulement, vous-mテェme avez
dテゥjテ achetテゥ trois montres semblables, mテェme modティle, au mテェme vendeur, et chaque fois, votre
324
montre s窶册st mise テ retarder de dix minutes par jour avant d窶兮goniser テ la premiティre pluie. Vous
vous テェtes renseignテゥ sur ces montres, et avez dテゥcouvert que les labels de qualitテゥ n窶凖ゥtaient pas
respectテゥs par l窶册ntreprise qui les fabrique.
Normalement, en tout テゥtat de cause, vous vous pencherez sur l窶凖ゥpaule de votre affidテゥ et lui
glisserez テ l窶冩reille qu窶冓l vaut mieux s窶册n aller, car l窶册fficacitテゥ de ces montres est plutテエt discutable.
Et votre ami, c窶册st prテゥvisible, rangera alors sa bourse et vous emboテョtera le pas. Il se dira que
plusieurs テゥchantillons valent mieux qu窶冰n, que la prテゥcision de ces montres doit テェtre testテゥe テ
grande テゥchelle en laboratoire, et que finalement, c窶册st bien de possテゥder l窶冓nformation
contradictoire. Il ne se fera pas avoir par l窶冑ypothテゥtique individu qui viendra lui dire : ツォ
Mais si,
regardez, avec cette montre, le mois dernier, j窶兮i テゥtテゥ テ mon rendez-vous テ l窶冑eure, cela prouve bien que テァa
marche
ツサ car s窶冓l fait le calcul, il saura qu窶冰ne montre qui retarde de dix minutes par jour donne
l窶冑eure exacte窶ヲ tous les cent quarante quatre jours
. Mテェme une montre arrテェtテゥe donne deux fois
par jour l窶冑eure exacte. C窶册st dire.
Je pense que jamais votre ami ne vous fera la rテゥflexion ツォ
bon sang, tu as piテゥtinテゥ mon rテェve
ツサ et nous ne
pensons pas qu窶冓l revendiquera un quelconque
droit au rテェve
pour acheter tout de mテェme la misテゥrable
tocante dont il rテェvait pourtant. Au contraire.
Or, rien n窶册st plus important que la santテゥ, annテエnent les anciens. Mテェme pas une montre.
Paradoxalement, si lorsqu窶冰n ami vous annonce qu窶冓l va consulter un kinテゥsiologue vous suivez la
mテェme dテゥmarche en le mettant en garde contre l窶兮bsence de rテゥsultat et les critティres d窶凖ゥvaluation
non fiables, cette fois, la rテゥaction risque fort d窶凖ェtre violente. Alors que l窶册njeu est infiniment plus
grand, la rテゥaction est infiniment moins agrテゥable, et vous passerez窶ヲ pour un tueur de rテェves.
Sauver la vie de quelqu窶冰n en le prテゥvenant des mauvais freins lors de l窶兮chat d窶冰ne voiture fait le
hテゥros. Sauver la vie de quelqu窶冰n en le prテゥvenant que la thテゥrapie anti-cancテゥreuse qu窶冓l a choisie ne
fonctionne pas fait l窶册mmerdeur.
Le droit au rテェve est bien souvent une tenaille morale, une sorte de fausse causalitテゥ. Nous ne
pensons pas que dテゥnoncer des contrats d窶兮ssurance illテゥgaux, des garagistes escrocs et des
commerテァants de produits frelatテゥs revienne テ
dテゥsenchanter le monde
, au contraire. Nous ne voyons
pas la part de
rテェve
テ sauver face テ un vendeur de mテゥdicaments inefficaces. Il s窶兮git plutテエt d窶冰n
droit
au cauchemar.
Ce travail m窶兮 donc amenテゥ テ critiquer un aspect de la vulgarisation scientifique ; テ faire toucher du
doigt cette manufacture afin que dans son accティs au
rテェve
, on ne soit pas obligテゥ d窶兮valer des
couleuvres. M窶兮gace surtout le fait que sous couvert d窶冓nstruire, on abテェtit ; sous couvert de faire
rテェver, on instille des schティmes de pensテゥe archaテッques ; sous couvert d窶冩ffrir de la connaissance, on
vent une marchandise. De la mテェme faテァon que de servir de l窶冑omテゥopathie en pharmacie est un
sacrテゥ dテゥni du mテゥtier de pharmacien, une n-iティme scテゥnarisation d窶冰n ツォ
mテゥchant trou noir tapi dans
l窶册space prティs テ manger tout ce qui passe テ sa portテゥe
ツサ est un dテゥni du travail de vulgarisateur scientifique.
Les revues gonflent et apprテェtent le scoop, 窶 comme les ingテゥnieurs agroalimentaires gonflent
d窶册au ou d窶兮ir leurs mousses pour utiliser moins de matiティre puis l窶册nrobent de sucre glace pour les
rendre mangeables. Je ne pense pas qu窶兮pprendre テ un テゥtudiant テ reconnaテョtre une mousse au
chocolat maison d窶冰ne mousse industrielle gorgテゥe d窶册au revienne テ avoir une dent contre la
mousse au chocolat.
Il y a aussi un appel テ la modestie qui me semble nテゥcessaire. Je me dis souvent qu窶冓l ne viendrait テ
l窶冓dテゥe de personne de vulgariser une langue, le mandarin par exemple. Soit on prend un petit
lexique, et on se contente d窶兮rticuler quelques maigres phrases. Soit on apprend vraiment, et c窶册st
283
Tous les soixante-douze jours s窶冓l s窶兮git d窶冰ne montre テ aiguilles.
325
coテサteux. Celui qui lit le lexique n窶兮 bien sテサr pas la prテゥtention de connaテョtre le mandarin. En
science, le problティme est le mテェme, mais les comportements sont trティs diffテゥrents : rares sont ceux
qui entreprennent d窶兮pprendre la biologie テゥvolutive, ou la chimie, par simple intテゥrテェt. Par contre,
trティs nombreux sont ceux qui, テ la moindre lecture d窶冰n vague article de
Sciences & Avenir
sur le
sujet, croient avoir tout saisi de la mテゥcanique quantique. La vulgarisation scientifique flatte ses
consommateurs comme les mテゥdecines ツォ alternatives ツサ flattent leurs patients : leur est vantテゥ un
accティs rapide, au prix d窶冰ne formation simple, テ un statut reconnu, que ce soit thテゥrapeute ou
honnテェte gent cultivテゥ en science. Il y a quelques deuils テ faire : je serai テゥternellement abruti en
biochimie, mauvais en algティbre et ignare en gテゥologie. J窶兮pprendrai donc テ faire mon deuil, et
surtout テ me taire avant de bテ「tir des chテ「teaux en Espagne.
Derniティre objection : on m窶兮 souvent rテゥpテゥtテゥ d窶冰n air sentencieux, que les croyances
pseudoscientifiques sont un mal nテゥcessaire qui ne pourra jamais テェtre guテゥri. On m窶兮ssティne que, de
toutes les faテァons, テ toutes テゥpoques,
Mundus vult decipi
, comme disait Pテゥtrone 窶
le monde aime テェtre
trompテゥ
et il en sera toujours ainsi. Cette seule phrase cumule en elle un tel nombre de sophismes
qu窶册lle prテェte テ sourire. Ce qui intテゥresse les zテゥtテゥticiens, c窶册st de donner des outils suffisants pour
que les individus, le
monde
, puisse faire des choix テゥclairテゥs, en toute connaissance de cause. Si par la
suite le
monde
ne le fait pas, c窶册st son problティme. Mais comment savoir si par essence le monde
aime テェtre trompテゥ lorsque si peu d窶册fforts ont テゥtテゥ effectuテゥs pour lui donner des outils
d窶兮utodテゥfense intellectuelle ?
テ chaque fois que mes collティgues enseignants et moi avons expliquテゥ aux inspecteurs pテゥdagogiques
l窶冓ntテゥrテェt de la dテゥmarche zテゥtテゥtique aussi bien comme prophylaxie des pseudosciences que comme
bagage intellectuel civique, une moue apparut, surtout chez les plus anciens. ツォ
Nos enseignants sont
dテゥjテ suffisamment formテゥs et critiques
ツサ, nous dit-on. Quant aux テゥlティves, ツォ
Il ne faut pas trop [leur] donner
d窶册sprit critique tout de mテェme
ツサ. Enfin, le rテゥcurrent ツォ
Avec quels crテゥdits ?
ツサ 窶 nerf de guerre, je vous le
concティde, bien テゥloignテゥ des idテゥaux encyclopテゥdistes des Lumiティres.
L窶册nseignement est un champ social avec ses usages, ses habitudes, et ses politiques
dinosauriennes. La moindre initiative non orthodoxe y est perテァue comme une menace, mテェme
quand il s窶兮git de simplement prendre en compte les rapports dテゥsarmants qui fleurissent sur
l窶凖ゥcole publique. Lorsque fin 2005 le mathテゥmaticien Lafforgue a demandテゥ au Haut Conseil de
l窶僞nseignement (HCE) d窶兮rrテェter les ツォ expertises d窶册xperts ツサ totalement dテゥconnectテゥs du rテゥel et de
prテェter l窶冩reille テ des gens de ツォ terrain ツサ comme M. Le Bris ou L. Lurテァat, le HCE a procテゥdテゥ テ une
spectaculaire テゥviction窶ヲ de Lafforgue
. Cela ressemble テ s窶凉 mテゥprendre au syndrome du poulpe
(voir 4.3.2.2). Je ne sais pas s窶冓l sera un jour possible de faire de l窶册sprit critique et de la zテゥtテゥtique
des enjeux sociテゥtaux et une prテゥoccupation vraiment scolaire. M窶册st avis, devant les drames
occasionnテゥs par les diverses croyances pseudoscientifiques, que le
monde
y aurait pourtant un
certain intテゥrテェt.
****
284
L窶凖ゥviction de Lafforgue le 21 novembre 2005 a suscitテゥ un tollテゥ lテゥgitime. Voir par exemple le communiquテゥ de
presse du collectif GRIP,
Sauver les Lettres, & Reconstruire l'テ営ole
, ici :
http://michel.delord.free.fr/llaff.html
Les deux professeurs citテゥs sont テゥgalement auteurs : Lurテァat L.,
La destruction de l'enseignement テゥlテゥmentaire et ses penseurs : la
premiティre cause de l'テゥchec テ l'テゥcole
(2004) ; Le Bris M.,
Et vos enfants ne sauront pas lire...ni compter
(2004).
326
****
J窶兮i eu en quelque sorte de la chance. Je suis nテゥ trop tard pour テェtre dテゥmoralisテゥ par les prテゥtentions
des radios libres, par les revendications contestataires aujourd窶冑ui disparues du journal
Libテゥration
et par la privatisation de TF1 qui devait devenir ツォ
l窶冓nstituteur de la France
ツサ (
sic)
. Je n窶兮i donc pas
connu la fin des idテゥaux des annテゥes 70, la construction des empires mテゥdiatiques Berlusconi, des
monticules Tapie : j窶兮i grandi dans les annテゥes 80, dans les dテゥbuts de l窶凖ゥlテゥctronique ludique et du
libテゥralisme テゥconomique galopant, et je me contre-fichais des informations qu窶冩n me dテゥlivrait.
Puis j窶兮i, comme tous mes camarades d窶凖ゥcole, abondamment bu au mythe de l窶冩bjectivitテゥ
journalistique, テ la sテゥparation du journalisme et des enjeux テゥtatiques, テ la cテゥsure entre
l窶冓nformation et les contraintes du marchテゥ. C窶册st alors qu窶册st venue la chute du Mur de Berlin, que
je n窶兮vais pas eu le temps d窶兮ttendre ; la rテゥvolte estudiantine chinoise ; la fin du rテゥgime Ceausescu.
J窶兮vais treize ans, et je me suis retrouvテゥ brutalement confrontテゥ au mensonge des charniers de
Timi
ナ
oar
ト
. La brティche se fit テ ce moment-lテ : on venait de me mentir en direct, avec l窶兮ssentiment
gテゥnテゥral, sans voix discordante. Ce n窶凖ゥtait que la premiティre d窶冰ne longue sテゥrie de manipulations de
l窶冓nformation. La chance que j窶兮i eue est d窶兮voir d窶兮bord totalement cru en cette pensテゥe magique
qui nous fait accepter que le petit テゥcran est le terrain et que la voix dans le poste est la voix des
nations. Il a fallu que je dテゥconstruise テァa, petit テ petit, gifle mテゥdiatique aprティs gifle mテゥdiatique. C窶册st
テ cette dテゥconstruction lente que je dois toute ma dテゥmarche.
Lorsque j窶兮i entrepris cette thティse, treize ans plus tard, j窶凖ゥtais dテゥjテ en mesure de dテゥcortiquer avec
un peu d窶兮ide une bonne partie des mテゥdiamensonges du quotidien : pour le moins la mise en
scティne des informations sur la chaテョne franテァaise TF1, la bonhommie calculテゥe de Jean-Pierre
Pernod, l窶冩rdonnancement des titres sur la radio
France Info
, le relais des informations
gテゥopolitiques sur CNN et la complicitテゥ retorse du journal
Le Monde
avec le pouvoir. J窶兮vais
commencテゥ テ dテゥcouvrir ツォ les lois ツサ du marchテゥ de l窶冓nformation, et je commenテァais テ toucher du
doigt comment on peut instiller des positions idテゥologiques au grand public par simple voie de
presse, de radio et de tテゥlテゥvision.
J窶兮i compris des rティgles qui m窶凖ゥtaient restテゥes cachテゥes longtemps. J窶兮i テゥtudiテゥ ce qu窶凖ゥcrivaient
Aubenas et Benasayag :
ツォLa plus cテゥlティbre [rティgle テゥdictable] reste sans doute cette antique loi de la proximitテゥ, vieille
comme la presse et dont l'テゥquation s'applique dans toutes les rテゥdactions du monde : il faut
diviser le nombre de morts par la distance en kilomティtre entre le lieu de l'テゥvテゥnement et le
siティge du journal pour trouver la taille de l'article finalement publiテゥ (窶ヲ)
Un journaliste qui proposerait une enquテェte sur le Costa Rica, court en effet de hauts
risques de se faire envoyer son ordre de mission au travers du bureau. ツォ Tout le monde se
fout du Costa Rica ツサ (窶ヲ) l窶兮utre possibilitテゥ pour un reporter vraiment obstinテゥ serait de
convaincre sa rテゥdaction qu窶冓l est l窶冑eure de prendre position sur le Costa Rica.
Il lui faut alors transformer ce pays en quelque chose qui puisse s'emboテョter dans un des
modティles du monde de la presse. Il peut ainsi テェtre transformテゥ en "fait" :
une rテゥcolte record a eu
lieu au Costa Rica.
Ou alors en menace : "
les cartels de la drogue arrivent au Costa Rica
". Un
dテゥbat reste テゥgalement un bon moyen : "
faut-il supprimer le Costa Rica ?
" ツサ
(窶ヲ) la seule faテァon d'aborder l'Algテゥrie resterait les massacres, comme penser le Honduras
aujourd'hui ce serait penser le cyclone. ツサ (Aunbenas & Benasayag,
ouv.citテゥ
,
pp. 34, 40 et
52).
Le cheminement que je suivis dans le monde dit
窶湾aranormal窶
fut sensiblement le mテェme. Mon
adolescence se passa テ adhテゥrer テ toutes les gnoses et les spiritualismes chamaniques qui passaient,
テ explorer les capacitテゥs extra-sensorielles et les dons d窶兮uto-guテゥrison. Je voyais bien que quelque-
chose ツォ clochait ツサ dans toute cette nテゥbuleuse
New Age
, mais comme beaucoup d窶兮lternatifs
327
politiques, je me disais qu窶冰ne autre rテゥalitテゥ valait le coup d窶凖ェtre cherchテゥe devant l窶冓nnommable
rテゥalitテゥ du quotidien. Devant la guerre en Yougoslavie. Je me revois en train de dテゥchiffrer en vain
La gnose de Princeton,
de Ruyer en 1993, encore lycテゥen, sans ne rien savoir du gテゥnocide rwandais
qui se prテゥparait.
Il a fallu un sテゥjour de deux ans en Guinテゥe Conakry pour sortir de l窶冓mpasse. Alors que j窶兮llais,
selon un schティme trティs post-colonial, tenter d窶凖ゥtudier l窶兮nimisme latent dans la transmission des
sciences, il a bien fallu que j窶兮dmette que les croyances en France sont au moins aussi fortes que
dans les mangroves guinテゥennes, et qu窶兮vant d窶兮ller dテゥcrotter les pauvres noirs de leurs systティmes
de pensテゥe archaテッques, encore fallait-il que je me retire moi-mテェme mes propres boues
pseudoscientifiques hテゥritテゥes de mes lectures castanediennes, coelhiennes, koestleriennes. Avant
de retirer la paille dans l窶卩妬l du
karamokho
sousou ou peulh, il valait peut テェtre mieux que je retire la
poutre de mon troisティme ナ妬l テ moi.
Je rentrai donc en France et contactai H. Broch avec une hypothティse de travail : de la mテェme faテァon
qu窶冓ls en ont une dans les misconceptions politiques, les mテゥdias n窶兮uraient-ils pas une
responsabilitテゥ majeure dans la construction des pseudosciences ? テ quoi rテゥpondent ces mises en
scティnes rテゥcurrentes et faussement テゥvテゥnementielles ?
J窶兮i finalement eu cette seconde chance : une dテゥconstruction lente et pテゥdagogique des
mテゥcanismes de croyances pseudoscientifiques, comme je l窶兮vais eu sur l窶冓nformation politique. Je
suis grテゥ テ cette lenteur de me rappeler des obstacles cognitifs que j窶兮i moi-mテェme rencontrテゥs, et de
les prendre en compte テ l窶兮vance chez la plupart de mes interlocuteurs.
Je dois テ cette dテゥconstruction douce de m窶兮voir fait comprendre que les croyances
pseudoscientifiques ou spiritualistes sont voulues, instillテゥes, et nourries, soit par des franges
politiques conservatrices et traditionalistes, soit par les sacro-saintes logiques de marchテゥ. Elles
sont la partie rテゥactionnaire de l窶冓maginaire humain, et les mテゥdias nous prテゥparent le goテサt pour
elles, en accomodant l窶冓nformation scientifique comme ils accomodent les autres informations :
en tamisant, en modelant, en mettant en scティne et en recouvrant de paillettes.
Il est erronテゥ de penser que les テゥnoncテゥs scientifiques テゥtant objectifs, ils ne peuvent laisser aucune
prise テ la moulinette mテゥdiatique. Par contre, les mテゥcanismes テ l窶卩砥vre sont finalement assez
simples, et j窶册spティre avoir rテゥussi テ en テゥventer quelques-uns.
N窶冩ublions pas que la phrase de Pテゥtrone complティte est
Mundus vult decipi, ergo decipiatur
. ツォ Le monde
aime テェtre trompテゥ, qu窶冓l le soit donc ツサ. C窶册st un constat d窶凖ゥchec
a priori
. On accepte. On se soumet.
Deus ex machina
. Pour moi, peu importe la validitテゥ de ce constat : je trouve du sens テ tenter de
mettre en dテゥfaut cette prテゥdiction, en partant du principe de l窶冓nformaticien Kay, que la meilleure
maniティre de prテゥdire l'avenir reste de l'inventer.
Si cet outillage, une fois synthテゥtisテゥ dans les tissus intellectuels des テゥtudiants, s窶凖ゥchappe du champ
de la science pour dテゥborder sur le champ politique, grand bien nous fasse テ tous. Chaque fois
qu窶冰ne distorsion de l窶冓nformation est mise テ nu, c窶册st l窶兮sservissement intellectuel qui recule.
Puisse cette contribution et les publications techniques テ paraテョtre donner l窶册nvie aux enseignants
de tenter des sテゥquences spテゥcifiques zテゥtテゥtiques, de les tester, de les remanier. Il est possible de
faire de l窶册sprit critique une denrテゥe comme le secourisme : une vigilance qui ne se dテゥclenche que
dans les cas graves, et qui donne de bons reflexes pour pointer les manufactures du
consentement auxquelles notre sociテゥtテゥ tend lentement テ nous habituer. Le reste du temps, il nous
restera le
rテェve
, le vrai, ce sentiment d窶凖ゥternitテゥ lorsque avec Rimbaud et trente ou quarante chopes
l窶冩n
ツォ pisse vers les cieux bruns, trティs haut et trティs loin, avec l'assentiment des grands hテゥliotropes ツサ.
Ce sentiment
ne nテゥcessite aucune analyse, aucune recherche de faits ni de preuves, mais se dテゥguste loin des
servitudes. En cela, il est politique.
328
Annexes
22 fiches pテゥdagogiques.
Mise en garde : bon nombre de dテゥfinitions donnテゥes dans le corps de la thティse ne
sont pas reproduites dans les fiches.
329
Fiche pテゥdagogique Nツー1 : Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la
science se fait sテゥduisante
Fiche d窶册nseignant
Prテゥalables
En italique, sont indiquテゥs les objectifs pテゥdagogiques & les indications pour le discours oral.
En bleu sont notテゥs les liens vers les Ips correspondants (qui n窶兮pparaissent pas sur le document テゥtudiant).
窶「
Le chaos
Dans la mythologie grecque, le Chaos (en grec ancien
ホァホアホソマ
, Khaos, littテゥralement ツォ faille, bテゥance
ツサ) est le tout テゥnorme et indiffテゥrenciテゥ contenant toutes choses prテゥsentes ou テ venir. Dans la
tradition judテゥo-chrテゥtienne, le chaos est un テゥtat vague et vide de la terre avant l'intervention
crテゥatrice de Dieu. Par un amalgame avec le concept grec, il reprテゥsente la confusion initiale,
indiffテゥrenciテゥe et informelle de la matiティre et des テゥlテゥments, antテゥrieure テ l'organisation du monde
par l'intervention de Dieu. On retrouve dans le taoテッsme une notion trティs similaire, en opposition テ
la notion rテゥcurrente d窶冑armonie dont le Tao est テゥtymologiquement la
voie
.
Le sens scientifique, lui, est bien diffテゥrent : la thテゥorie du chaos traite des systティmes dynamiques
rigoureusement dテゥterministes, mais qui prテゥsentent un phテゥnomティne fondamental d'instabilitテゥ
Chaos mythologique
ツセ
Tout indiffテゥrenciテゥ ------------------------------->
holisme
ツセ
Etat prテゥcテゥdent la Crテゥation divine ------------->
tテゥlテゥologie implicite
ツセ
Opposition avec l窶僣armonie ------------------>
dualisme, harmonisme
1) Chaos, dテゥfinition
2)
Ips lexicaux
ツセ
Le Chaos comme concept ツォ fourre-tout ツサ
ツセ
Genティse d窶冰ne image.
A Effet Papillon
B Attracteur テゥtrange
3) Ips rhテゥtoriques
ツセ
Nouvelle science, scテゥnarisation du changement de paradigme
ツセ
Impostures intellectuelles
4)
Postures non-matテゥrialistes
ツセ
Holisme 窶 tout est reliテゥ, tout a une influence sur tout
ツセ
Dテゥterministe imprテゥvisible
vs
Indテゥterminisme spiritualiste
330
appelテゥ ツォ sensibilitテゥ aux conditions initiales ツサ qui,
modulo
une propriテゥtテゥ supplテゥmentaire de
rテゥcurrence, les rend non prテゥdictibles en pratique sur le ツォ long ツサ terme.
Enfin, l窶兮cception commune recouvre une lecture assez catastrophiste du mot : テ travers le terme
chaos, on retrouve une sort de mythe scientifique nテゥbuleux de la notion scientifique, mテゥlangeant
la mテゥtaphore de
l窶册ffet papillon
, et la notion rテゥutilisテゥe テ de nombreuses sauces parfois proches de
l窶冓mposture intellectuelle
d窶
sous couvert de holisme et d窶冓ndテゥterminisme parfois
spiritualiste en contradiction avec le caractティre dテゥterministe des systティmes chaotiques : holistique
par la sensation factieuse que cette sensibilitテゥ est la preuve que ツォ tout est en corrテゥlation organique
dans l窶冰nivers ツサ ; spiritualiste par l窶冓dテゥe que la sensibilitテゥ aux conditions initiales amティne
invariablement テ un Dessein Intelligent.
Il n窶凉 a plus grand-chose テ voir, donc, entre
chaos
au sens commun et
chaos
au sens scientifique,
mais la confusion entretenue n窶册st pas sans consテゥquences. Witkowski l窶凖ゥcrit ainsi :
ツォ
L'ampleur de ce phテゥnomティne mテゥdiatique, qui dテゥborde largement le cadre scientifique, montre テ l'テゥvidence
que le concept de chaos fait vibrer quelque fibre mythique ou テ tout le moins qu'il entre en rテゥsonance avec
des prテゥoccupations essentielles
窶「
Ips lexicaux
ツセ
Le Chaos comme concept ツォ fourre-tout ツサ
Voici la couverture de l窶冰n des best-sellers sur la question du chaos au sens scientifique, signテゥ par
J. Gleick
285
ツォ
Certains chercheurs en sciences sociales comme ailleurs et de nombreux adeptes du New Age brandissent ainsi la banniティre chaotique
en テゥvoquant, pour les plus sages, un changement de paradigme, et pour les plus hardis, une rテゥvolution qui marque la fin de l'utopie
matテゥrialiste. Bien que les テゥquations non linテゥaires qui rテゥgissent la sociテゥtテゥ n'aient pas encore テゥtテゥ trouvテゥes, anthropologues et sociologues la
considティrent comme un systティme "loin de l'テゥquilibre", qu'ils prテゥconisent de maintenir "au bord du chaos" entre la sclテゥrose autoritariste et le
dテゥsordre anarchiste
ツサ (
In
Witomski & Ortoli 1995). Et Witomski de donner un exemple de ツォ rテゥcupテゥration ツサ dans
H. Sabelli et L. Carlson-Sabelli,
Sociodynamics : the application of process methods to the social sciences
, communication au
colloque
Chaos et sociテゥtテゥ
, Universitテゥ du Quテゥbec テ Hull, juin 1994.
286
Witomski N.,
La chasse テ l'effet papillon
, Alliage, numテゥro 22, 1995
287
Gleick J.,
Chaos, making a new science
, Viking, New York, 1988.
Chaos scientifique
ツセ
Dテゥterminisme non prテゥdictible
ツセ
Sensibilitテゥ aux conditions initiales
331
et son avatar franテァais
288
Nous avons trouvテゥ en janvier 2006 dans les rayons
science
s des
grandes librairies grenobloises le livre de Gleick sur le mテェme
rayonnage que celui de Xuan Thuan,
le chaos et l窶冑armonie
dont voici la couverture.
Or, Xuan Thuan, l窶冰n des scientifiques les plus connus
mテゥdiatiquement en France, est un des membres de
l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris, association spiritualiste
dont l窶冩bjectif, 窶 la rテゥconciliation science窶途eligion 窶, est
l窶兮rchテゥtype
d窶冰n irrテゥductible antagonisme menant テ un
spiritualisme totalement antinomique de la dテゥmarche
scientifique.
On peut lire dans son ouvrage des passages comme celui-ci :
Chapitre 3 :
du chaos dans la machinerie cosmique, de l窶冓ncertitude dans le dテゥterminisme
ツォ
(窶ヲ) La relativitテゥ avait pour domaine le monde de l窶冓nfiniment grand (窶ヲ) la mテゥcanique quantique
opテゥrait テ l窶兮utre extrテェme, dans le monde de l窶冓nfiniment petit (窶ヲ). Le chaos, lui, a un air de familiaritテゥ
qui nous rassure.
(窶ヲ)
Qui ne s窶册st pas plaint du ツォ chaos ツサ une fois dans sa vie ? ツサ
Et T. Xuan Thuan de relier le chaos テ une conception holistique du monde, en usant d窶冰ne
rhテゥtorique rテゥsolument messianique amenant le lecteur テ adhテゥrer au principe anthropique et テ ses
thティses de thテゥologico-tテゥlテゥologiques de ツォ rテゥenchantement du monde ツサ profondテゥment intrusives en
science
Pour le profane en science, il n窶册xiste aucun moyen concret de faire une distinction entre ces
deux ouvrages, de facture et de pavois philosophiques complティtement diffテゥrents (dont l窶冰n est un
exemple typique d窶冓ntrusion spiritualiste ツォ douce ツサ
) mais usant pourtant du terme de
chaos
comme argument publicitaire. テ ce titre, ce ne sont pas les seuls exemples.
Si l窶冩n ajoute dans le mテェme rayonnage des livres テ succティs comme
Tao of Chaos, DNA & the I
288
Gleick J,
La Thテゥorie du Chaos
, Champs Flammarion, Paris, 1991
289
Xuan Thuan T.,
Le chaos et l窶冑armonie, la fabrication du rテゥel
, Folio Essai, 2000
290
Bien sテサr au sens non jungien.
291
Xuan Thuan,
ouv.citテゥ,
p. 97.
292
Pour plus de dテゥtails, se rapporter テ Silberstein M., Tテゥlテゥologie, thテゥologie, harmonie : le silence des angelots,
in
Dubessy
& al
,
ouv.citテゥ,
en particulier pp. 175-176.
293
Dubessy, Lecointre
& al
. 2001
332
, de Katia Walter, mテェlant mancie pseudoscientifique et considテゥrations holistiques,
ou
The tao of chaos
,
Essence and the Enneagram
, de
Stephen Wolinsky, lequel prテゥcise volontiers qu窶冓l
est phD (AA), il devient difficile de comprendre
ce qui est scientifique de ce qui ne l窶册st pas.
Objectifs : effets paillassons, glissements sテゥmantiques ; publicitarisation de la science
Effet papillon & attracteur テゥtrange : baignoires d窶僊rchimティde de la science
ツセ
Genティse d窶冰ne image.
A Effet Papillon
Partant du principe que la description de la genティse du mythe participe de sa dテゥconstruction,
penchons-nous sur la genティse et l窶凖ゥvolution de la mテゥtaphore.
1
ティre
テゥtape : le cyclone
L窶兮ffaire commence en 1908 avec Poincarテゥ
:
ツォ
Une cause trティs petite qui nous テゥchappe dテゥtermine un effet considテゥrable que nous ne pouvons pas ne pas voir, et alors nous
disons que cet effet est dテサ au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et la situation de l'Univers テ
l'instant initial, nous pourrions prテゥdire exactement la situation de ce mテェme univers テ un instant ultテゥrieur. Mais, lors mテェme que
les lois naturelles n'auraient plus de secret pour nous, nous ne pourrions connaテョtre la situation initiale qu'approximativement.
Si cela nous permet de prテゥvoir la situation ultテゥrieure avec la mテェme approximation, c'est tout ce qu'il nous faut, nous disons que
le phテゥnomティne a テゥtテゥ prテゥvu, qu'il est rテゥgi par des lois; mais il n窶册n est pas toujours ainsi, il peut arriver que de petites diffテゥrences
dans les conditions initiales en engendrent de trティs grandes dans les phテゥnomティnes finaux : une petite erreur sur les premiティres
produirait une erreur テゥnorme sur les derniers. La prテゥdiction devient impossible et nous avons le phテゥnomティne fortuit.
(窶ヲ)
Pourquoi les mテゥtテゥorologistes ont-ils tant de peine テ prテゥvoir le temps avec quelque certitude ? Pourquoi les chutes de pluie, les
tempテェtes elles-mテェmes nous semblent-elles arriver au hasard, de sorte que bien des gens trouvent tout naturel de prier pour avoir
la pluie ou le beau temps, alors qu窶冓ls trouveraient ridicule de demander une テゥclipse par une priティre ? Nous voyons que les
grandes perturbations se produisent gテゥnテゥralement dans les rテゥgions oテケ l窶兮tmosphティre est en テゥquilibre instable. Les mテゥtテゥorologues
voient bien que cet テゥquilibre est instable, qu窶冰n cyclone va naテョtre quelque part ; mais oテケ ? Ils sont hors d窶凖ゥtat de le dire ;
un
dixiティme de degrテゥ en plus ou en moins en un point quelconque, le cyclone テゥclate ici et non pas lテ, il
テゥtend ses ravages sur des contrテゥes qu窶冓l aurait テゥpargnテゥes
. Si l窶冩n avait connu ce dixiティme de degrテゥ, on aurait pu
le savoir d窶兮vance, mais les observations n窶凖ゥtaient ni assez serrテゥes ni assez prテゥcises, et c窶册st pour cela que tout semble dテサ テ
l窶冓ntervention du hasard.
ツサ
(Poincarテゥ 1908)
Objectifs pテゥdagogiques : un peu d窶凖ゥpistテゥmologie ; matテゥrialisme & dテゥterminisme
294
Walter K.,
Tao of Chaos
,
DNA & the I ching
, Element 1994
295
Poincarテゥ H.,
Science et mテゥthod
e 1908
333
2ティme テゥtape : la mouette
La littテゥrature sur le chaos attribue l'effet papillon テ Edward Lorenz, le mテゥtテゥorologue du MIT. On
parle mテェme du ツォ papillon de Lorenz ツサ. Or Edward Lorenz n'est en aucune faテァon テ l'origine du
papillon. Il affirme avoir jusqu窶册n 1972 utilisテゥ l'image窶ヲ d'une mouette.
3
ティme
テゥtape : le papillon
1972 Lorenz donne une confテゥrence intitulテゥe, bien malgrテゥ lui : ツォ
Le battement des ailes d'un papillon au
Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?
ツォ
L'auteur de cette surprenante accroche est un autre mテゥtテゥorologue, Philip Merilees, l'organisateur de la session, qui n'a pas eu
le temps de la soumettre テ Lorenz avant sa communication. Il se peut aussi que l'attracteur "atmosphテゥrique" souvent baptisテゥ
"papillon de Lorenz" pour des raisons テゥvidentes soit intervenu dans la genティse de la mテゥtaphore, comme d'ailleurs le best-seller du
journaliste James Gleick,
La thテゥorie du chaos
, dont un des chapitres s'intitule L'effet papillon
ツサ (窶ヲ)
Sous ses multiples
avatars, l'effet papillon fait fureur dans la littテゥrature de vulgarisation. On y trouve une grande variテゥtテゥ de papillons, voire de
lテゥpidoptティres, de libellules ou de colテゥoptティres, battant des ailes窶ヲ
ツサ
(Witomski 1995).
Effectivement
, le dixiティme de degrテゥ [de Poincarテゥ], il faut bien le reconnaテョtre, est moins テゥvocateur qu'un fragile
papillon.
4
ティme
テゥtape : la tornade
窶ヲ.
dans les rテゥgions les plus exotiques.
ツサ. En fait, pour que l窶冓mage soit forte, il faut qu窶册lle heurte un
lieu familier. D窶兮prティs Witomski
,
forテェt amazonienne et Chine sont les rテゥgions les plus citテゥes,
ツォ Mais on remarque deux autres lieux attirant テゥtrangement les papillons chaotiques : la baie de Sidney et la muraille de
Chine. On trouve mテェme un papillon parisien modifiant le climat テ Paris, ce qui est doublement atypique, puisque le schテゥma
habituel veut qu'un papillon trティs exotique, batifolant aux antipodes, gテゥnティre une catastrophe climatique dans un lieu aussi
familier que possible. ツサ
Mais si l'on excepte ce papillon franco-franテァais, on observe que ce schテゥma idテゥal est trティs rarement respectテゥ, sauf chez les
Amテゥricains. L'examen d'une quarantaine d'effets papillons attrapテゥs au vol dans la littテゥrature scientifique franテァaise et anglo-
saxonne montre que tous les auteurs amテゥricains citent les Etats-Unis, et que seul un auteur franテァais sur six cite la France.
L'effet papillon est donc perテァu comme typiquement amテゥricain, de mテェme d'ailleurs que la thテゥorie du chaos (窶ヲ)
296
Does the flap of a butterfly窶冱 wings in Brazil set off a tornado in Texas?,
139th meeting of the AAAS, 1972
Oテケ un battement d窶兮ile de papillon crテゥe-t-il une
tornade ?
Brテゥsil - Texas (tornade)
E. Lorenz, AAAS, 29.12.72
Brテゥsil - Floride (tornade)
Le Figaro 3.94
Notre Dame de Paris Paris
C. Allティgre, Le Point 18.6.94
Amazonie - Chicago (tempテェte)
R. Lewin, La Complexitテゥ, 94
Sumatra - Angleterre (ouragan) J. Schwartz, The Creative Moment, 92
Le jardin de ma tante - Manille (cyclone) S&V Junior
Baie de Sidney - Jamaテッque (cyclone) Les Echos, 18.4.90
Californie - Normandie (tornade) Ca m'intテゥresse, 87
Pテゥkin - Cテエte ouest des Etats-Unis La Recherche, 10.90
Rio - Australie (tempテェte)
Explora, 12.88
Pテゥkin - New York (tempテェte)
J. Gleick, La Thテゥorie du Chaos, 87
Pテゥkin - New York
M. Crichton, Le parc jurassique, 92
Mer de Chine
Caraテッbes (ouragan)
Havana - Sidney (libellule)
Pollack
Brテゥsil - ??
E. Brテゥzin, Pour la Science, avril 92
Rio
-
San
Francisco
H. Reeves, Derniティres nouvelles du
cosmos, 94
Amazonie - Bangladesh (cyclone) R. Chaboud, France-Inter, 6.93
Rio - Japon (tornade)
Explora 89
Muraille de Chine
Paris Actuel, 90
Amazonie - Mexique (raz-de-marテゥe) J. E. Hallier, Le Nouvel Ob, 6.94
Philippines - Californie
J. F. Kahn, 94
Tokyo Brテゥsil
I. Stewart, The Collapse of Chaos, 93
Brテゥsil - ??
Pour la science, 93
Tokyo 窶 Chicago
B. Appleyard, Understanding the Present, 94
Australie - Limousin (ouragan) S&Av, 9.94
Brテゥsil - Alaska (tempテェte de neige) J. L. Casti, Complexification, 94
Citテゥ impテゥriale de Pテゥkin - Jamaテッque La Recherche 10.90
Antilles 窶 Ocテゥanie
S. Deligeorges, France- Culture, 6.92
Chine - Floride (cyclone)
Libテゥration 3.3.94
Pテゥkin - New York
Le Nouvel Observateur, 4.4.91
Baie de Sidney - Jamaテッque (cyclone) Le Quotidien du mテゥdecin, 6.6.91
Rio - Paris
Pour la science, 10.91
Shangaテッ - New York (orage)
Libテゥration, 23.3.92
Brテゥsil - Londres (orage)
Sunday Times, 31.1.93
Pテゥkin - New York
Libテゥration, 7.7.93
Brテゥsil - Texas
A. Boutot, L'invention des formes, 94
Rio - Chicago
S. Kaufmann, Scientific American, 8.91
Martinique - Chine
L'Evテゥnement du Jeudi,24.2.94
Pテゥkin - New York
G. Mテゥlenchon
Afrique - Jamaテッque
P. Tambourin, France-Culture, 9.11.94
Australie - Brテゥsil
S&Av, 12.94
Australie 窶 Bermudes
Ben, Lettre aux peuples inquiets nツー6, 2.95
334
Derniティres trouvailles en ligne au 27 juin 2006
窶「
ツォ Il suffit, disaient les Chinois
(sic),
d窶冰n battement d窶兮ile de papillon dans les mers du Sud pour
dテゥclencher un typhon en mer de Chine
窶「
ツォ
C窶册st d窶兮illeurs sans compter sur les ondes du battement d窶兮ile du papillon qui d窶冰n bout テ l窶兮utre de la
planティte donnent テ l窶僣istoire de fluctuantes et d窶冓nconstantes テゥvolutions.
ツォ Voilテ sans doute pourquoi, aprティs avoir soigneusement oubliテゥ de citer tous les travaux europテゥens ou russes
sur la question du chaos,
(dテゥsyncrテゥtisation)
les chercheurs et journalistes amテゥricains il fallait s'y attendre se
sont concoctテゥ un papillon gテゥnテゥrant des catastrophes exclusivement amテゥricaines. テ y regarder de plus prティs, la
dissテゥmination du chaos partage un autre point commun avec celle de l'effet papillon : l'absence d'adaptation.
On note en effet deux grands types trティs majoritaires d'effets papillons. Ceux qui, suivant la mテゥtaphore
originale de Lorenz-Merilees, partent du Brテゥsil et arrivent aux Etats-Unis, et ceux qui, suivant James
Gleick, partent de Chine et arrivent aux Etats-Unis. Plutテエt que d'adapter la mテゥtaphore テ leur propos, les
auteurs prテゥfティrent utiliser telle quelle la version made in USA, sacrifiant ainsi la pertinence テ ce qu'ils croient
テェtre une lテゥgitimation scientifique
(argument d窶兮utoritテゥ). Witomski & Ortoli 1995.
5
ティme
テゥtape : retour aux sources
Cette image existait-elle dテゥjテ ?
ツォ Comme on trouve toujours, テ condition de chercher, des antテゥcテゥdents テ tout,
(voir chapitre
Pangloss, syndrome Jules Verne
)
certains amateurs de science fiction ont trティs justement fait remarquer que le papillon de Lorenz-Merilees-Gleick avait un
ancテェtre littテゥraire dans une nouvelle de Ray Bradbury
A sound of Thunder
, parue en 1948. Elle met en scティne un safari un
peu particulier : une chasse au tyrannosaure organisテゥe en 2055 par une sociテゥtテゥ exploitant une machine テ remonter le temps.
Afin de ne pas perturber le passテゥ ce qui pourrait avoir des consテゥquences redoutables dans le futur , les chasseurs doivent
impテゥrativement rester sur une passerelle mテゥtallique... mais le hテゥros, Eckels, en tombe et fait quelques pas dans la boue. De
retour en 2055, il constate que son pays est gouvernテゥ par un abominable dictateur. Terriblement anxieux, Eckels observe ses
semelles :
...enchテ「ssテゥ dans la boue, jetant des テゥclairs verts, or et noirs, il y avait un papillon admirable et, bel et bien,
mort.
Pas une petite bテェte pareille, pas un papillon ! s'テゥcria Eckels ツサ (Witomski 1995 ; Bradbury 1992)
6
ティme
テゥtape : limites
Effet papillon renversテゥ
Pour テゥviter les テゥchauffements d窶册sprit au sujet de l窶册ffet papillon, Zwirn (pourtant trティs proche de
l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris) suggティre ceci :
ツォ
Le danger est de l窶冓nterprテゥter comme le fait que c窶册st le courant d窶兮ir causテゥ par le battement des ailes du papillon qui est
amplifiテゥ au point de se transformer en tempテェte ! Une prテゥsentation テ l窶册nvers serait peut-テェtre meilleure : elle consiste テ dire que le
battement des ailes du papillon a engendrテゥ une modification des conditions initiales telle que, lテ oテケ devait se produire une
tempテェte, il a rテゥgnテゥ un temps clテゥment. L窶冓mage perd une partie de sa force suggestive, mais elle ne risque plus d窶凖ェtre interprテゥtテゥe テ
contresens
Effet papillon non causal
297
Jean-Paul Marthoz
, Ca c窶册st passテゥ loin de chez vous et テァa vous concerne窶ヲ
, Infosud 23 juin 2006
http://www.infosud.org/showArticle.php?article=914
298
Regis Duffour, Des cナ砥rs noirs, Bellaciao, 31 mai 2006,
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=28716
299
Zwirn,
in
D窶僞spagnat B., Implications philosophiques de la science contemporaine, Complexitテゥ, vie, conscience
Le chaos, le temps, le principe anthropique, dテゥbat, Collection
Cahiers Academie sc. morales et politiq.
Numテゥro 17, p.
2 - 2003
http://www.asmp.fr/travaux/gpw/philosc/rapport1/chaos-debat.pdf
335
L窶册ffet papillon est souvent interprテゥtテゥe de faテァon causale, ce qui est erronテゥ : ce serait le battement
d'aile du papillon qui dテゥclencherait la tempテェte. Lorenz mis les choses au point lui-mテェme :
ツォ
De crainte que le seul fait de demander, suivant le titre de cet article,
"un battement d'aile de papillon au
Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?",
fasse douter de mon sテゥrieux, sans mテェme parler d'une
rテゥponse affirmative, je mettrai cette question en perspective en avanテァant les deux propositions suivantes :
窶「
Si un seul battement d'ailes d'un papillon peut avoir pour effet le dテゥclenchement d'une tornade, alors, il en
va ainsi テゥgalement de tous les battements prテゥcテゥdents et subsテゥquents de ses ailes, comme de ceux de millions
d'autres papillons, pour ne pas mentionner les activitテゥs d'innombrables crテゥatures plus puissantes, en
particulier de notre propre espティce.
窶「
Si le battement d'ailes d'un papillon peut dテゥclencher une tornade, il peut aussi l'empテェcher.
Effet anti-papillon
ツォ
On observe mテェme parfois des ツォ effets antipapillon ツサ puisqu窶冓l n窶册st pas rare de trouve, en Angleterre surtout, des colonies
テゥgarテゥes de Monarques (Danaus plexippus), trティs communs au Mexique. Les mテゥtテゥorologues expliquent que ces papillons arrivent
par la voie des airs, transportテゥs par des vents d窶兮ltitude d窶冰ne queue de cyclone. D窶冩テケ il ressort qu窶冰n cyclone au Mexique peut
provoquer un battement d窶兮iles de papillon en Angleterre !
B Attracteur テゥtrange
Nous ne dテゥcrirons pas cette fois la fabrication de l窶冓mage d窶兮ttracteur テゥtrange : donnons juste une
dテゥfinition de cet objet :
(modulable si public non physicien ou mathテゥmaticien)
Un sous-ensemble bornテゥ
A
de l'espace est un attracteur テゥtrange et chaotique pour une
transformation
T
de l'espace s'il existe un voisinage
R
de
A
(c'est テ dire que pour
300
Edward N. Lorenz ;
Un battement d'aile de papillon au Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?
, Alliage 22 (1993),
42-45. Traduction franテァaise du texte de la confテゥrence de 1972, publiテゥ (en anglais) dans :
The essence of chaos
,
The Jessie
and John Danz Lecture Series
, University of Washington Press, 1993.
301
Ortoli & Witkowski,
ouv.citテゥ
p. 137 note 17
Attracteur テゥtrange de Lorenz, 1963 - Crテゥdit wikipテゥdia
336
tout point de
A
il existe une boule contenant ce point et contenue dans
R
) vテゥrifiant les propriテゥtテゥs
suivantes :
1) Attraction :
R
est une zone de capture, ce qui signifie que toute orbite par
T
dont le
point initial est dans
R
, est entiティrement contenue dans
R
. De plus, toute orbite de ce type devient
et reste aussi proche de
A
que l'on veut.
2) Sensibilitテゥ aux Conditions Initiales : les orbites dont le point initial est dans
R
sont
extrテェmement sensibles aux conditions initiales ; ceci traduit un comportement chaotique.
3) Fractal :
A
est un objet fractal, ce qui justifie l'adjectif テゥtrange.
4) Mテゥlange : pour tout point de
A
, il existe des orbites dテゥmarrテゥes dans
R
, et qui passent
aussi prティs que l'on veut de ce point.
Un attracteur est la
reprテゥsentation du comportement chaotique de ces systティmes dissipatifs
: il reprテゥsente
une partie de l'espace des phases. La notion d'attracteur implique une convergence de la
trajectoire obtenue vers un ou plusieurs points de l'espace. Aussi, quelles que soient les
conditions initiales appliquテゥes au systティme et aprティs un temps suffisamment long, la trajectoire se
concentre dans une partie de l'espace de volume nul.
Il n窶凖ゥchappe テ pas grand monde que l窶兮ttracteur テゥtrange de Lorenz ressemble fort テ deux ailes de
papillon, ce qui donne l窶冓llusion テ peu de frais d窶兮voir saisi une vision d窶册nsemble de la thテゥorie du
chaos.
Or les dテゥvoiements pseudoscientifiques peuvent テェtre graves. Voici テ titre indicatif l窶冰n des
exemples les plus rテゥcents : l窶兮ttracteur harmonique de Dambricourt-Malassテゥ.
L窶兮uteur (qui fut membre de l窶儷IP) a notテゥ des tendances dans l窶凖ゥvolution de certains os du crテ「ne,
notamment la ツォ contraction crテ「nialo-faciale ツサ, qu窶册lle pose comme une tendance imprimテゥe par
une nテゥcessitテゥ, par un dessein : l窶僣umain serait en route vers une harmonie tテゥlテゥologique car, dit-
elle, un seuil est atteint, au-delテ duquel
l窶凖ゥquilibre correspond テ une forme [...]inテゥdite autour de laquelle les
individus vont se mettre テ fluctuer, pour certains de faテァon alテゥatoire et chaotique , pour d窶兮utres et d窶冰ne faテァon plus
subtile, d窶冰ne faテァon harmonique
Kerszberg : ツォ Attracteur harmonique ツサ
窶 ce terme nouveau n窶册st pas introduit innocemment : il semble issu
de la physique mathテゥmatique. Notre auteur
[NdR : A. D窶兮mbricourt]
pourtant, ne le dテゥfinit nulle part.
(voir
TP ci-aprティs)
Ceux qui croient naテッvement que l窶冰sage d窶冰n mot suppose sa dテゥfinition 窶 et qu窶凖 plus forte raison
un terme mathテゥmatiquerテゥclame une dテゥfinition mathテゥmatique 窶兎n seront ici pour leurs frais. Le seul contenu de
l窶 ツォ attracteur harmonique ツサ est donc テゥmotionnel
De crテ「ne fractal en cellules de convection, il s窶兮vティre que la thテゥorie de Dambricourt est un
scテゥnario fumeux qui lui permet, par un raisonnement de type panglossien, d窶凖ゥtayer sa thテゥorie
religieuse (en l窶冩ccurrence une adhテゥsion sans rテゥserve au teilhardisme). Cette thテゥorie aura pourtant
eu les honneurs d窶僊rte (dans un reportage trティs discutable :
Homo sapiens - une nouvelle histoire de
l'homme
de Thomas Johnson).
2) Ips scテゥnaristiques
窶「
Nouvelle science, scテゥnarisation du changement de paradigme
Le sous-titre du best-seller de Gleick est ツォ vers une nouvelle science ツサ (
making a new science
).
302
Pour une analyse plus dテゥtaillテゥe, Kerszberg M., Anne Dambricourt, ou le jargon scientifique comme outil de
propagande,
in Intrusions spiritualistes en sciences
, p. 300.
303
Ibid.
337
Sokal & Bricmont : ツォ
Dans le discours postmoderne, on rencontre frテゥquemment l窶冓dテゥe que des dテゥveloppement,
tous scientifiques plus ou moins rテゥcents ont non seulement modifiテゥ notre vision du monde, mais テゥgalement apportテゥ
des changements philosophiques et テゥpistテゥmologiques profonds et que, d窶冰ne certaine faテァon, la science a changテゥ de
nature
ツサ (Sokal & Bricmont, 1997, p. 123).
Il s窶兮git d窶冰ne scテゥnarisation bien particuliティre, qui fait florティs dans tous les champs de
connaissance : le scテゥnario du
changement de paradigme
.
Il permet de :
-
flatter les idテゥes Nouvel テHe, dont la rhテゥtorique est entiティrement axテゥe sur l窶冓dテゥe d窶冰ne ティre
nouvelle (en l窶冩ccurrence celle du Verseau), faisant table rase des anciennes conceptions
(surtout matテゥrialistes) et porteuse d窶册spoir. Pour cela, elle procティde d窶冰ne dテゥsyncrテゥtisation
de la connaissance en question :
Un objet ne peut devenir mythique que s'il est neuf, dテゥbarrassテゥ de
son encombrante charge historique : le chaos comme l'effet papillon doivent impテゥrativement se faire une
virginitテゥ en oubliant leur lointaine origine. Poincarテゥ, Kolmogorov, Krylov
et les autres ne peuvent テェtre
inclus dans la genティse du chaos. Comment la "nouvelle science" de Gleick pourrait-elle avoir des
antテゥcテゥdents aussi lointains ?
-
faire de la pseudo-iconoclastie : iconoclastie parce qu窶冩n annonce la chute d窶冰ne idole, ou
d窶冰ne idテゥologie (rhテゥtorique messianique) ; pseudo-iconoclastie car il arrive qu窶册n guise
d窶冓cテエne, ce soit une vulgaire image de plテ「tre qui soit foulテゥe aux pieds. Ainsi, テ en croire
Prigogine & Stengers, dans
La Nouvelle Alliance
, on peut lire ce genre de phrase bon
marchテゥ : ツォ
la notion de chaos nous amティne テ repenser la notion de
-
jouer sur un certain scテゥnario ツォ limitiste ツサ
ツォ
On affirme parfois que le chaos signale les limites de la science. Mais on ne se trouve pas dans un cul-de-
sac ou devant un テゥcriteau portant la mention ツォ interdit d窶兮ller plus loin ツサ. La thテゥorie du chaos ouvre une
foule de possibilitテゥ et dテゥcouvre un tas d窶冩bjets nouveaux. Par ailleurs tout le monde a toujours su, ou
admis, que la science ne pouvait pas ツォ tout ツサ prテゥdire ou ツォ tout ツサ calculer. Apprendre qu窶冰n objet
spテゥcifique (le temps dans quelques semaines) テゥchappe inテゥvitablement テ nos prテゥdictions est peut-テェtre
dテゥplaisant, mais n窶兮rrテェte nullement le dテゥveloppement de la science. Par exemple, au dix-neuviティme siティcle, on
savait parfaitement qu窶冓l テゥtait impossible de connaテョtre les positions de toutes les molテゥcules d窶冰n gaz. On est
nテゥanmoins parvenu テ dテゥvelopper les mテゥthodes de la physique statistique qui permettent d窶凖ゥtudier beaucoup
de propriテゥtテゥs des systティmes composテゥs d窶冰n grand nombre de constituants, tels que les gaz
ツサ (Sokal &
Bricmont 1997, p. 128)
-
proroger un concordisme science-tテゥlテゥologie :
ツォ (窶ヲ)
parfois la thテゥorie du chaos, nous offre[nt] une image rテゥenchantテゥe du monde, indique[nt] les
"limites" de la science et suggティrent un au-delテ. Un exemple typique de ce genre de raisonnement est basテゥ
sur le "principe anthropique" : des physiciens ont calculテゥ que, si certaines constantes physiques avaient テゥtテゥ
trティs lテゥgティrement diffテゥrentes de ce qu'elles sont, l'univers aurait テゥtテゥ radicalement diffテゥrent de ce qu'il est et, en
particulier, que la vie et l'homme auraient テゥtテゥ impossibles. Il y a donc lテ quelque chose que nous ne
comprenons pas ; l'Univers semble avoir テゥtテゥ fait de faテァon trティs prテゥcise afin que nous puissions en faire
partie. En fait, il s'agit d'une nouvelle version de ce que les anglo-saxons appellent "the argument from
design", テ savoir que l'univers semble avoir テゥtテゥ fait en fonction d'une certaine finalitテゥ et que cette finalitテゥ
304
Witkowski
ouv.citテゥ
. Il renvoit vers les articles de Simon Diner et de Giorgio Israテォl dans
Chaos et dテゥterminisme
, Seuil,
Points Sciences, 1992.
305
Several of those claims, especially the most recent ones, are rather radical: ツォ the notion of chaos leads us to rethink the notion of 窶詫aw of
nature窶
. Prigogine I., Stengers I., (1986)
La Nouvelle Alliance
, Folio, Gallimard, p. 15.
338
elle-mテェme tテゥmoigne de l'existence d'un Grand Architecte
ツサ. (Bricmont 2000)
Impostures intellectuelles
La thテゥorie du chaos se prテェte merveilleusement テ cet art de l窶冓mposture
Ortoli & Witkowski illustrent trティs bien ce glissement mテゥdiatique :
ツォ [le chaos]
a aussi envahi la littテゥrature et le cinテゥma 窶 non par le biais de la dynamique non linテゥaire, mais
grテ「ce テ une mテゥtaphore テ succティs qui en est devenue l窶册mblティme. Pour illustrer le fait qu窶冓l suffit d窶冰ne toute petite
perturbation pour rendre un systティme chaotique (窶ヲ) Lorenz donna une confテゥrence intitulテゥe (bien malgrテゥ lui) : ツォ le
battement des ailes d窶冰n papillon au Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ? ツサ. En fait de tornade, ce
papillon brテゥsilien a dテゥclenchテゥ une tempテェte mテゥdiatique, tant il est vrai qu窶冰ne bonne image vaut mieux qu窶冰n long
calcul. L窶 ツォ effet papillon ツサ est devenu l窶冓ngrテゥdient obligテゥ de toute tentative de vulgarisation, que ce soit au sein d窶冰n
article scientifique ou dans le scテゥnario d窶冰n film テ succティs.ツサ
Witkowski prテゥcise qu窶 ツォ elle tend テ supplanter, voire テ effacer, la thテゥorie qu'elle est censテゥe illustrer. Nombre de
journalistes, mais aussi de sociologues et de politiciens, s'en tiennent ainsi テ cette notion de la petite cause qui a de
grands effets, ou du petit ruisseau qui fait la grande riviティre
ツサ.
(窶ヲ)
l'analogie directe est de rティgle, entre l'individu et le neurone ou la sociテゥtテゥ et le systティme solaire, sans que le
moindre effort d'adaptation vienne enrichir une traduction aussi platement littテゥrale.
(Witomski 1995)
Exemples
Voici un exemple d窶兮bus parmi de nombreux possibles dans chacun des champs traditionnels de
l窶冓mposture ツォ chaotique ツサ
: la mテゥtaphysique, la politique, la sociテゥtテゥ, l窶冑istoire, la linguistique, la
psychanalyse et la pensテゥe Nouvel テHe. Nous nous cantonnerons au concept (nomade)
d窶 ツォ attracteur テゥtrange ツサ, sachant que Effet papillon, non-linテゥaritテゥ etc. ne sont souvent pas loin.
L窶冰tilisation mテゥtaphysique spiritualiste
窶「
Jean Staune (UIP) : ツォ
Pourquoi, テ la disparition des grands reptiles, a-t-on vu les mammifティres
s窶冓mposer, et pas les grenouilles
(窶ヲ).
L窶凖ゥvolution a un sens. Ce que Teilhard de Chardin appelait la
306
Pour テゥviter toute accusation de partisanisme, nous avons tentテゥ de prendre des exemples dans notre propre frange,
en l窶冩ccurrence libertaire ou vantant un libertarisme discutable (comme nombre de thティses relativistes).
Nous dテゥsignons par
imposture intellectuelle
l窶兮bus rテゥitテゥrテゥ de concepts et de termes provenant des
sciences physico-mathテゥmatiques, abus ayant les trois caractテゥristiques suivantes テゥdictテゥes par Sokal &
Bricmont :
1)
parler abondamment de thテゥories scientifiques dont on n窶兮, au mieux, qu窶冰ne trティs vague idテゥe.
Dans la plupart des cas, ces auteurs ne font qu窶冰tiliser une terminologie scientifique (ou
apparemment scientifique) sans trop se soucier de ce qu窶册lle signifie.
2)
Importer des notions des sciences exactes dans les sciences humaines sans doner la moindre
justification empirique ou conceptuelle テ cette dテゥmarche. (窶ヲ)
3)
Exhiber une テゥrudition superficielle en jetant sans vergogne des mots savants テ la tテェte du
lecteur, dans un contexte oテケ ils n窶冩nt aucune pertinence. Le but est sans doute
d窶冓mpressionner et surtout d窶冓ntimider le lecteur non scientifique. (窶ヲ)
339
"tension vers omテゥga". (窶ヲ)
En appliquant les thテゥories du chaos, Anne Dambricourt aboutit テ l窶冓dテゥe
qu窶凖 l窶冓ntテゥrieur de chaque grande sテゥquence du vivant, il y a fluctuation chaotique : l窶凖ゥvolution peut
テゥventuellement partir dans tous les sens (
imposture
). Mais il y aurait toujours un "attracteur
テゥtrange"(
imposture
), pour finalement ramener le flux vivant vers une certaine destination.
ツサ
L窶冰tilisation politique
窶「
Bibette : ツォ
Dans le domaine des systティmes dynamiques non linテゥaires, trティs sensibles aux conditions
initiales, un battement d'ailes de papillon テ Hong-Kong peut crテゥer une tempテェte au-dessus de New York.
Philosophiquement, la thテゥorie du chaos signifie que l'action d'un individu donnテゥ peut avoir des
consテゥquences fortes au niveau d'un univers social complexe qui n'est pas linテゥaire
(sic).
C'est tout テ fait
rテゥconfortant pour ceux qui investissent sur chaque personne humaine espテゥrant qu'un individu soit capable,
テ lui seul, de faire "bouger" son propre milieu.
(窶ヲ.) ツサ.
Et l窶兮uteur, Rテゥgis Bibette, de poursuivre immanquablement sur l窶
attracteur テゥtrange
:
(Voir le tome 2 de l'Encyclopテゥdie des Ressources Humaines, Tテゥrence,
L'Homme, ressource
stratテゥgique
, Les Editions d'Organisation 1993). On ne peut prテゥvoir le tracテゥ prテゥcis de la "trajectoire"
figurant le mouvement du systティme テゥtudiテゥ, on sait seulement que le point final va se trouver "quelle que
part" sur un attracteur テゥtrange ! Ainsi, dans nos modティles de reprテゥsentation du monde, le dテゥterminisme
chaotique non linテゥaire est venu complテゥter rテゥcemment le dテゥterminisme causal linテゥaire de la science
traditionnelle
Tout derniティrement :
窶「
Jean-Paul de Belmont : [...] ツォ
C窶册st sans compter avec un facteur incontrテエlable : le hasard. Celui qui
fait qu窶冰n battement d窶兮ile de papillon dテゥclenche un cyclone テ l窶兮utre bout de la planティte窶ヲ ou un conflit
majeur.Certains appellent cela, justement, l窶册ffet papillon. Mais on pourrait tout aussi bien parler de la
65e case de l窶凖ゥchiquier
ツサ (sic !)
窶「
Le Brテゥsil, attracteur テゥtrange
, Alain Nicolas, L窶僣umanitテゥ, 7 juillet 2005.
[N窶冓mporte quel moteur de recherche vous aidera テ renouveler les exemples.]
L窶冰tilisation sociテゥtale
窶「
Bensayag :
ツォ Chaos ツサ, ツォ indiscernable ツサ, ツォ incapacitテゥ de prテゥvoir ツサ, ツォ fin du dテゥterminisme ツサ..., autant de
mots, concepts, idテゥes et parfois rテゥcits, qui hantent le discours courant de notre テゥpoque. Des gens en
provenance des horizons les plus divers se mettent テ parler en termes de ツォ pari ツサ, ツォ hasard ツサ, ツォ
probabilitテゥs ツサ, et plus personne ne prテゥtend dテゥsormais que la raison puisse, depuis sa tour d'ivoire,
programmer le dテゥroulement des diffテゥrentes situations du monde et encore moins imaginer ou crテゥer des
mondes nouveaux.
L'irruption dans le discours et dans la rテゥalitテゥ, des テゥlテゥments incertains (qui テゥchappaient aux champs du
dテゥterminisme) a テゥtテゥ vテゥcue par nos contemporains comme la douloureuse rupture d'un bel appareil de
connaissance et de transformation du monde sur lequel les gテゥnテゥrations des quelques siティcles passテゥs avaient mis
tous leurs espoirs. Une telle rupture, malgrテゥ ce que certains peuvent prテゥtendre ou souhaiter, est loin de se
307
Nouvelle science, nouvelle spiritualitテゥ - Entretien avec Jean Staune de Patrice Van Eersel
http://www.nouvellescles.com/dossier/Science_Spi/Staune.htm
308
Ribette, R.,
L'entreprise se construit en marchant sur les chemins de la complexitテゥ
,
http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-local/articleff50.html?id_article=14
Exposテゥ fait lors d'un "petit-dテゥjeuner" de GAGNER le 8 mars 2001, revue Dirigeants du CJD
309
Jean-Paul de Belmont, Alexandre Adler,
La 65e case
, Primo-Europe, 19 juin 2006
http://www.primo-europe.org/impression.php?numdoc=Tr-15761594
340
cantonner au territoire toujours un peu lointain des sciences et de la philosophie oテケ l'incertitude existe comme
vテゥritable catastrophe (mais non pas dテゥsastre) depuis la fin du siティcle dernier quand des critiques rigoureuses sont
venues assombrir l'horizon jusqu'alors incontestテゥ des mathテゥmatiques et de la philosophie. ツサ
Et le psychanalyste Benasayag de parfaire la bi-acception sens scientifique/sens commun, en
utilisant la scテゥnarisation du ツォ changement de paradigme ツサ :
ツォ Il s'agit en effet aujourd'hui de constater que l'irruption de l'incertitude en tant que rupture des modティles,
paradigmes et principes jusque-lテ dominants, est devenue un vテゥritable vテゥcu quotidien pour l'homme et la
femme de la rue ツサ.
L窶冰tilisation historique
窶「
Jean Baudrillard : ツォ
c窶册st tout le problティme du discours sur la fin (celle de l窶冑istoire en particulier)que
d窶兮voir テ parler en mテェme temps de l窶兮u-delテ de la finet de l窶冓mpossibilitテゥ d窶册n finir. Ce paradoxe rテゥsulte
du fait que dans un espace non linテゥaire
(imposture
), dans un espace non euclidien de l窶冑istoire
(
imposture
), la fin est irrepテゥrable. La fin n窶册st en effet concevable que dans un ordre logique de la
causalitテゥ et de la continuitテゥ. Or ce sont les テゥvテゥnements eux-mテェmes qui, par leur production artificielle, leur
テゥchテゥance programmテゥe ou l窶兮nticipation de leurs effets, sans compter leur transfiguration mテゥdiatique,
annulent la relation de cause テ effet et donc toute continuitテゥ historique. Cette distorsion des effets et des
causes, cette mystテゥrieuse autonomie des effets, cette reversibilitテゥ de l窶册ffet sur la cause engendrant un
dテゥsordre, ou un ordre chaotique (
imposture
), (窶ヲ) n窶册st pas sans テゥvoquer la thテゥorie du Chaos
(
imposture
), et la disproportion entre le battement d窶兮ile d窶冰n papillon et l窶冩uragan qu窶冓l dテゥchaテョne テ
l窶兮utre bout du monde (
imposture
),. Elle n窶册st pas sans テゥvoquer non plus l窶冑ypothティse paradoxale de
Jacques Benvテゥniste sur la mテゥmoire de l窶册au (
imposture
L窶冰tilisation linguistique
窶「
Hakim Bey : ツォ
Les grammaires pourraient テェtre les ツォ attracteurs テゥtranges ツサ, comme le motif cachテゥ qui est
la ツォ cause ツサ de l窶兮nagramme 窶 des motifs qui sont rテゥels mais n窶兮yant d窶卍ォ existence ツサ que par la
manifestation des sous-motifs. Si le sens est insaisissable, c窶册st peut-テェtre parce que la conscience elle-mテェme,
et donc le langage, est
fractale
.
ツサ
L窶冰tilisation psychanalytique
窶「
Jacques Dufour : ツォ
Quel analyste n窶兮-t-il pas テゥprouvテゥ, テ un moment ou テ un autre de son travail, une
impression de chaos テ la mesure de son incapacitテゥ テ contenir un envahissement d窶兮ngoisses sans nom dans
le transfert, dテゥbordant ses facultテゥs reprテゥsentatives au point de lui faire craindre l窶册xpression d窶冰n noyau
psychotique ? Le caractティre expansif de cette destructivitテゥ, qui altティre en un cercle vicieux les liens de pensテゥe
et les liens relationnels, m窶兮 conduit テ une analogie de pensテゥe avec la thテゥorie du chaos telle qu窶册lle fut
introduite comme mテゥtaphore dans la rテゥflexion psychanalytique par Sylvie et Georges Pragier
. La
phrase-clテゥ qui la condense, ツォ Pテゥriode trois テゥgale Chaos ツサ, signifie que tout dテゥsordre chaotique observテゥ dans
l窶冰nivers reprテゥsente une テゥvolution temporelle sous dテゥpendance d窶冰ne ツォ hypersensitivitテゥ テ un テゥtat initial
qui dテゥclenche un dテゥsordre provoquテゥ par un ツォ attracteur テゥtrange ツサ, oテケ se mテェlent, se fragmentent et
s窶兮mplifient les flux ondulatoires affテゥrents dテゥs qu窶兮u nombre de trois. Dans une perspective analytique
310
Benasayag M., Akdag H. & Secroun C., TITI est-il X-tolテゥrant ?, Nouveau millテゥnaire, Dテゥfis libertaires", actes Sujet,
Thテゥorie et Praxis, adaptation de Benasayag M., Akdag H. & Secroun C., "Peut-on penser le monde ? Hasard et
Incertitude", Les テゥditions du Fテゥlin, Paris 1997.
http://www.lutecium.org/stp/akdag.html
311
Baudrillard J.,
L窶冓llusion de la fin
, Paris, Galilテゥe, 1992, pp. 155-156.
312
La linguistique du Chaos
,
T.A.Z. Zone Autonome Temporaire,
annexe I, テ嬰itions de l窶凖営lat,1997, pp. 75-77.
313
Pragier G. et S. Un siティcle aprティs l窶僞squisse : Nouvelles mテゥtaphores ? Mテゥtaphores du nouveau.
Rev. Franテァ.
Psychanal
.. T.L.I.V 6/1990, pp.1395-1500.
314
Ruelle D.
Hasard et chaos
. Odile Jacob 1991, pp.75-105.
341
l窶兮ttracteur テゥtrange se prテゥsente donc comme un complexe d窶僊nti-ナ壇ipe qui engendrerait une destructivitテゥ
psychique en croissance exponentielle
Sokal & Bricmont rテゥsument la chose ainsi : ツォ
Une
[autre] confusion majeure est crテゥテゥe lorsqu窶冩n mテゥlange la
thテゥorie mathテゥmatique du chaos avec la sagesse populaire sur les petites causes qui peuvent avoir de grands effets :
ツォ si le nez de Clテゥopテ「tre avait テゥtテゥ plus court窶ヲ ツサ. On n窶兮rrテェte pas d窶册ntendre des discours sur le chaos ツォ appliquテゥ ツサ
テ l窶冑istoire ou テ la sociテゥtテゥ. Mais, lorsqu窶冩n parle de la sociテゥtテゥ ou de l窶冑istoire, on se trouve (probablement) en face de
systティmes comportant un grand nombre de variables et, surtout, pour lesquels on est incapable d窶凖ゥcrire des テゥquations.
Parler de chaos pour ces systティmes ne nous mティne pas beaucoup plus loin que l窶冓ntuition dテゥjテ contenue dans la sagesse
populaire
Autres impostures
窶「
L窶冰tilisation Nouvel テHe
Roger Bautier :
ツォ
Lawrence Hagerty, par exemple, considティre que l'internet se comporte comme un attracteur テゥtrange au
sens de la thテゥorie du chaos (Hagerty 2000)
: par cette propriテゥtテゥ, l'internet entraテョnerait les esprits les plus
crテゥatifs dans une synergie capable d'engendrer une nouvelle forme de conscience humaine, processus qui
correspond, selon lui, テ la rテゥalisation de la noosphティre teilhardienne.
ツサ
Il y a テゥgalement des impostures nouテゥes autour de la triple acception du terme ツォ linテゥaire ツサ,
mテゥlangeant
-
la notion mathテゥmatique de fonction linテゥaire,
-
la notion mathテゥmatique d窶冩rdre linテゥaire
-
la notion
postmoderne
de pensテゥe linテゥaire, stigmatisant la pensテゥe logique et rationnelle
hテゥritテゥe des Lumiティres et de la science dite ツォ classique ツサ et s窶册n servant de tremplin pour
vanter une pensテゥe non-linテゥaire, souvent intuitive et subjective, toujours relativiste,
テゥmargeant des sphティres postmodernes et prテゥtendument rテゥvolutionnaire contre la
mテゥcanique newtonienne. La mテゥcanique quantique est par exemple souvent invoquテゥe
comme thテゥorie non linテゥaire. Il ne reste qu窶凖 exploser de rire quand on sait qu窶册lle utilise
des テゥquations linテゥaires comme celle de Schrテカdinger, tandis que la mテゥcanique newtonienne
offre, quant テ elle, des テゥquations non linテゥaires
Exemple empruntテゥ テ la revendication dite ツォ fテゥministe ツサ donnテゥ par Sokal & Bricmont :
ツォ
Ces pratiques [scientifiques] テゥtaient enracinテゥes dans une logique binaire de sujets et d窶冩bjets hermテゥtiques
et dans une rationalitテゥ linテゥaire et tテゥlテゥologique [窶ヲ]la linテゥaritテゥ et la tテゥlテゥologie sont en train d窶凖ェtre
supplantテゥs par des modティles de non-linテゥaritテゥ en thテゥorie du chaos et par une emphase sur la contingence
315
Dufour Jacques,
L窶册xpansion destructrice des identifications de dテゥni
, Sociテゥtテゥ Psychanalytique de Paris,
Revue franテァaise de psychanalyse 2004 - Tome 68 - Nツー Spテゥcial Congrティs, pp. 1709-1718
http://www.spp.asso.fr/Main/PropositionsTheoriques/Items/Identifications/index.htm
316
Sokal, Bricmont,
ouv.citテゥ
, p. 133.
317
Hagerty, Lawrence. The spirit of the Internet, 2000, consultテゥ sur Internet, http://www.matrixmasters.com.
318
Roger Bautier, L'internet comme cerveau mondial, Esprit Critique ( !), Automne 2003 - Vol.05, No.04, dossier
Thテゥmatique, p. 11.
http://tuxcafe.org/~renee/textes/esprit_critique1.pdf
319
Pour plus de dテゥtails, voir Sokal & Bricmont,
ouv.citテゥ
, p. 130-132 et notes.
342
historique
ツサ (Lather 1991)
3)
Posture spiritualiste non-matテゥrialiste
ツセ
Dテゥterministe imprテゥvisible
vs
Indテゥterminisme spiritualiste
Nombre d窶冓ncomprテゥhensions gテゥnテゥrテゥes par la thテゥorie du chaos reposent sur l窶冓dテゥe de la fin du
dテゥterminisme, par le fait que l窶冓mprテゥdictibilitテゥ serait la preuve de l窶冓ndテゥterminisme (
glissement
sテゥmantique
).
Comme le suggティrent Sokal & Bricmont, il est essentiel de distinguer dテゥterminisme, qui dテゥpend de
ce que la nature fait indテゥpendamment de nous, et prテゥdictibilitテゥ, qui dテゥpend elle en partie de nous.
Pour s窶册n convaincre, imaginons un phテゥnomティne parfaitement prテゥdictible 窶 le mouvement d窶冰ne horloge, par
exemple 窶 qui est cependant situテゥ dans un endroit qui nous est inaccessible (par exemple au sommet d窶冰ne
montagne). Le mouvement devient imprテゥvisible
pour nous
, car nous n窶兮vons aucune possibilitテゥ de connaテョtre les
conditions initiales. Mais il serait ridicule de dire qu窶冓l cesse d窶凖ェtre dテゥterministe
De fait, la thテゥorie du chaos n窶册st pas indテゥterministe. Mais le prテゥtendre permet d窶冓ntroduire le
fameux ツォ Dieu des trous ツサ et toute une gamme de tテゥlテゥologies spiritualistes. Comme le remarquait
Laszlo :
ツォ
Les formalismes unificateurs, transdisciplinaires, deviennent ainsi pandテゥmiques. Leur emprise s窶册st faite
totalitaire, au dテゥtriment d窶冰ne influence durable et profonde. Ces vingt derniティres annテゥes ont vu se succテゥder ainsi
percolation, thテゥorie des catastrophes, bifurcations et fractales. Nous sommes assujettis テ la mode oxymoronique
Travaux Pratiques
Voici deux extraits d窶冓nterviews d窶僊nne Dambricourt-Malassテゥ, chercheur au CNRS, ancien membre de l窶儷IP,
mティre d窶冰ne pseudo-thテゥorie scientifique archテゥoanthropologique.
Pointez les Ips lexicaux, rhテゥtoriques, argumentatifs et les postures philosophiques sous jacentes.
Extrait Nツー1
320
Lather P.,
Getting smart : feminist research and pedagogy with/in the postmodern,
New York-London : Routlege, 1991, pp.
104-105.
321
Pierre Laszlo,
Cristallisation et recristallisation
,
Littテゥrature
, nツー 82, 1991, p.72.
(窶ヲ) C'est trティs prテゥcisテゥment ce que nous apprennent les thテゥories actuelles du chaos. Ce sont la multiplicitテゥ et la diversitテゥ
mテェmes qui maintiennent la cohテゥrence. Il y a une infinitテゥ de chemins possibles diffテゥrents, mais chacun d'eux s'inscrit
dans les limites trティs strictes de ce que l'on appelle un "attracteur". (窶ヲ)
J'ai donc テゥtテゥ amenテゥe テ dテゥpasser la notion d'attracteur chaotique, et テ en proposer une autre, celle d'attracteur
harmonique. J'ai cherchテゥ ce nom sans succティs pendant assez longtemps, et comme je ne le trouvais pas, j'ai fini par
laisser tomber en me disant que cela viendrait tout seul. Ce faisant, j'allume la radio; il y avait de la musique, et alors tac
! J'ai comme entendu ce mot: "harmonique". Or cela me convient parfaitement, attracteur harmonique... Car cela
exprime l'idテゥe qu'il ne dissipe pas la mテゥmoire, et qu'il maintient corrテゥlテゥes des parties qui l'ont toujours テゥtテゥ.
Andante Grazioso, Dambricourt-Malassテゥ A., entretien avec, Les Humains associテゥs, Revue Intemporelle, No8, Des
idテゥes et des テ「mes
343
Extrait Nツー2
Bibliographie
窶「
Sokal A., Bricmont J., (1997)
Impostures intellectuelles
, Odile Jacob.
窶「
Sokal A., (2005)
Pseudosciences et postmodernisme : adversaires ou compagnons de route ?,
Sciences, Odile Jacob.
窶「
Dubessy J., Lecointre G., (Dirs) (2001)
Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en science,
Syllepse.
窶「
Witkowski N., Ortoli S., (1998)
La Baignoire d'Archimティde, petite mythologie de la science
,
Points Science, Seuil.
窶「
Weinberg S., (1997)
Le rテェve d'une thテゥorie ultime
, Paris, Odile Jacob.
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Bradbury R., (1992)
Un coup de tonnerre
, Folio Junior.
窶「
Ruelle D. ,(1991)
Hasard et chaos
, Science, Odile Jacob.
窶「
Bricmont J., (1995) Science of Chaos or Chaos in Science?
Physicalia Magazine
, 17, 3-4, pp.159-208.
窶「
Bricmont J. (2000) Science et religion : l'irrテゥductible antagonisme,
DOGMA
窶「
http://atheisme.free.fr/Contributions/Science_religion_1.htm
N.C : Que pensez-vous de la Thテゥorie de la Rテゥsonnance Morphique de Rupert Sheldrake ?
A.D : Il ne faut pas la rejeter a priori. Le problティme est de savoir si l窶冩n se trouve toujours dans la science, ou
dans une extrapolation. Mais je prテゥfティre certainement la notion de champ morphogテゥnテゥtique テ celle de chaos
dテゥterministe comme concept intelligible pour l窶凖ゥmergence du sens ! Il faut oser pour avancer.
N.C : Pourtant, on ne peut nier que ce 窶彡haos crテゥateur窶 qui enchante Ilya Prigogine et tous les tenants
de l窶兮uto-organisation, soit porteur de tendances fortes et explique beaucoup de phテゥnomティnes.
Pourquoi notre cナ砥r bat-il de maniティre chaotique, pourquoi la lune tourne-t-elle chaotiquement autour
de la terre, pourquoi la mテゥtテゥo est-elle chaotique et les cours de Wall Street ?
A.D : Je ne nie pas la rテゥalitテゥ du chaos. Je dテゥnonce sa gテゥnテゥralisation abusive. Car qu窶册st-ce qui fait que vos
cellules cardiaques, qui pulsent chaotiquement, se trouvent tout de mテェme corrテゥlテゥes dans un tout qui s窶兮ppelle un
cナ砥r et remplit une fonction vitale ? Ce qui est important, c窶册st la reproductibilitテゥ de la fonction, au delテ du
hasard. En matiティre d窶凖ゥvolution, on voit trティs bien quand le chaos dテゥterministe, qui est trティs frテゥquent, intervient.
C窶册st par exemple quand apparaテョt le Nテゥanderthalien (窶ヲ) Le chaos s窶册st introduit dans le jeu. Le Neanderthalien
disparaテョtra sans descendance et sans sortir du plan d窶冩rganisation des hommes archaテッques.
N.C : Une fluctuation chaotique.
A.D : Oui, mais remarquez bien : chaotique par rapport テ une logique qui, elle, est prテゥdictible. En effet, on
pouvait prテゥvoir que si une ontogenティse nouvelle (un nouveau plan) devait テゥmerger, elle aurait une contraction
cranio-faciale intensifiテゥe, un front haut au stade adulte, des lobes frontaux plus dテゥveloppテゥs, des mテゥninges mieux
oxygテゥnテゥes, un appareil phonatoir favorisテゥ par la verticalisation de l窶册nsemble, une meilleure capacitテゥ テ
prononcer des phrases (ce qui consomme beaucoup d窶冩xygティne), une conscience symbolique plus テゥlevテゥe, une
meilleure maテョtrise de son milieu... Voilテ ce qu窶冩n aurait prテゥdit. Et c窶册st ce qui est arrivテゥ - notre ancテェtre Cro-
Magnon テゥtait donc attendu. Chaque fois que l窶冩n franchit une テゥtape au cours de l窶凖ゥvolution, c窶册st que l窶册mbryon
a su intテゥgrer un flot d窶冓nstabilitテゥ de faテァon harmonieuse et non chaotique, en conservant la logique de la refonte
embryonnaire. (窶ヲ)
N.C : Teilhard parlait de point Omテゥga. Voyez-vous cela comme une sorte d窶兮ttracteur テゥtrange
(Prigogine se sert beaucoup de ce concept inventテゥ par Lorenz dans sa thテゥorie de l窶兮uto-organisation) ?
A.D : Il y a plusieurs sortes d窶兮ttracteurs. Vous avez le pendule isolテゥ qui s窶凖ゥpuise. Ou bien l窶冩scillateur cyclique,
qui reテァoit de l窶凖ゥnergie extテゥrieure et revient proche de sa position de dテゥpart, テ l窶冓ntテゥrieur d窶冰n mテェme bassin
d窶兮ttraction. L窶兮ttracteur テゥtrange, lui, amティne irrテゥversiblement un systティme aux limites de son bassin d窶兮ttraction,
sans que l窶冩n puisse prテゥvoir dans quel autre bassin il risque de basculer. De bassin en bassin, on se retrouve
alors dans le chaos dテゥterministe. Mes recherches montrent l窶册xistence d窶兮ttracteurs harmoniques. Pourquoi
窶徂armoniques窶 ? Parce qu窶兮u-delテ du seuil de bifurcation, si la forme change, la dynamique et sa logique, elles,
ne changent pas. Les systティmes qu窶册lles influencent mテゥmorisent les nouvelles corrテゥlations, acquises quand on
passe d窶冰n plan d窶冩rganisation テ un autre. Le point Omテゥga, c窶册st LE grand attracteur harmonique de cette
テゥvolution. (窶ヲ)
N.C : Et que pensez-vous du fait que Teilhard de Chardin soit devenu une star du New Age ?
A.D : On critique beaucoup ce mouvement, mais s窶冓l n窶册xistait pas, on le regretterait. Dans ce monde oテケ tout est
brisテゥ, oテケ les traditions disparaissent, oテケ l窶冓nterdisciplinaritテゥ continue テ テェtre difficile, le Nouvel テHe constitue
visiblement une quテェte lテゥgitime de spiritualitテゥ. C窶册st comme un enfant coupテゥ de sa mティre et qui cherche partout
une rテゥponse... (窶ヲ)
van Eersel P.,
La logique de l窶凖ゥvolution
, Entretien avec Anne Dambricourt ,
http://www.nouvellescles.com/Entretien/Dambricourt/Dambricourt.htm
344
Fiche pテゥdagogique Nツー2 : Scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ +
technique Peau de chagrin
Nous allons テゥtudier en qqs points un exemple de scテゥnario
dテゥboulonnement d窶冓dテエle
.
S&Av oct. 2001, couverture & article de D. Larousserie.
Accentuation iconographique, avec scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ, qui permet la crテゥation
du scoop. Notons les figures autoritaires d窶僞instein sur la couverture, de Galilテゥe reprテゥsentテゥ plus
loin, sur fond de maelstrom cosmique figuratif.
Enfin, l窶冓ntroduction du texte, qui est comme suit :
p. 17
Pseudo-scoop : ツォ
la nouvelle est tombテゥe fin aoテサt
(窶ヲ) ツサ
Scテゥnario ツォ rテゥvolution ツサ, bouleversement des fondements de la science. On mise sur une
rhテゥtorique messianique.
Technique de la peau d窶冩urs : ツォ
les constantes de la physique
(窶ヲ)
ne sont plus constantes !
ツサ
ツォ
Ces valeurs
(窶ヲ)
que l窶冩n croyait gravテゥes dans le marbre varient avec le temps. La vitesse de la lumiティre ?
Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ? Inconstantes. Et celles de la mテゥcanique
quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron ne valent pas hier ce qu窶册lles valent
aujourd'hui.
ツサ (窶ヲ)
Le dossier, qui fait 9 pages, rテゥpティte sur chaque page le signet : ツォ
les 4
forces de la nature chamboulテゥes
ツサ, en haut テ gauche.
Ce ツォ
chamboulement
ツサ est la
trame narrative de l窶兮rticle
p 16
Encore une fois
Vulgaire variable
テ
prテゥstigieuse constante
345
Mテゥtaphore juridique : ツォ
Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour
expliquer comment ces paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus
probablement, de nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.
ツサ
Devant une telle annonce, il est normal que le lecteur frテゥmisse. Poursuivant la lecture p. 77, on lit
ceci :
*
Coluche : ツォ quand on n窶册n sait pas plus que cela, on n窶兮 qu窶凖 fermer sa g窶ヲ ツサ
Mais qui a dテゥclenchテゥ une telle
pagaille ?
Scテゥnario bouleversement
de fondement
Leur conclusion est presque sans appel : les
constantes bougent. Pas テゥnormテゥment certes,
seulement de quelque 0,0007% entre 3,5 et
13 milliards d窶兮nnテゥes aprティs le Big Bang mais
suffisamment pour s窶冓nterroger sテゥrieusement.
Sans appel
est une mテゥtaphore
juridique inadテゥquate. Mais
ツォ presque ツサ sans appel ?
Suffisamment pour s窶冓nterroger
ツォ sテゥrieusement ツサ ? Ce sont des
phrases-puits
Si nous avons raison, c窶册st potentiellement
rテゥvolutionnaire, s窶册nflamme Michaテォl Murphy
Scテゥnario rテゥvolutionnaire
Technique peau d窶冩urs. Attendons
d窶兮voir raison avant de crier
ツォ rテゥvolution ツサ
L窶兮ffaire est donc loin d窶凖ェtre
close (窶ヲ) Voilテ prティs de 70
ans en fait que l窶冓nconstance des
constantes est dans l窶兮ir du
temps.
Air du temps ?
Nテゥcessitarisme ?
(窶ヲ) Mais les efforts les plus
sテゥrieux sont beaucoup plus
rテゥcents et font partie de cette
longue marche de la physique
vers l窶冰nification des forces.
Fantasme Thテゥorie du
Tout, extrapolation,
vente du fantasme.
Scテゥnario hテゥroテッque
ツォ longue marche ツサ
Personnalisation de l窶册njeu
:
stratテゥgie
rhテゥtorique utile pour une identification au dテゥbat.
Ce sont thテゥoriquement les faits qui viennent
semer le trouble, non les individus. Cette stratテゥgie
se retrouve par exemple chez
New Scientist
* :
ツォEinstein would have absolutely hated this,"
said
Paul Davies
.
*Hazel Muir,
Black hole theory suggests light is slowing
,
08 August 2002
Nous sommes un peu comme Newton et sa
pomme : nous avons l窶冓ndice qu窶冓l y a quelque
chose de plus fondamental que nous ne
connaissons pas.
Baignoire d窶僊rchimティde utilisテゥe テ
mauvais escient
Analogie flatteuse mais douteuse
Pseudo-scoop テ + effet puits : ce
n窶册st pas une information de dire
qu窶冓l y a quelque chose de plus
fondamental qu窶冩n ne connaテョt pas.
Par contre, c窶册st une scテゥnarisation
mystティre
Tout est dans le ツォ
si
ツサ et le
potentiellement ツサ, car la prudence est encore
de rigueur. D窶兮utres rテゥsultats devront venir
d窶兮utres テゥquipes et surtout d窶兮utres tテゥlテゥscopes,
voire d窶册xpテゥriences tout テ fait diffテゥrentes. ツォ Je
suis encore un peu sceptique. Ces mesures
sont dテゥlicates et les sources d窶册rreurs sont
nombreuses ツサ tempティre Franテァoise Combes.
Technique Peau de Chagrin :
Conditionnel テゥtrange, lorsqu窶冩n a lu
les titres. ツォ Potentiellement ツサ ne
signifie rien*.
Paul Dirac, avait dテゥjテ osテゥ
toucher テ certaines de ces
constantes
Scテゥnario hテゥroテッque
346
Reprenons les annonces de dテゥpart :
ツォ
Les 4 forces de la nature chamboulテゥes
ツサ
ツォ
Galilテゥe, Newton, Einstein dテゥpassテゥs
ツサ
ツォ
Les constantes de la physique
(窶ヲ)
ne sont plus constantes !
ツサ
ツォ
Ces valeurs
(窶ヲ)
que l窶冩n croyait gravテゥes dans le marbre varient avec le temps. La vitesse de la lumiティre ?
Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ? Inconstantes. Et celles de la
mテゥcanique quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron ne valent pas hier ce
qu窶册lles valent aujourd'hui.
ツサ (窶ヲ)
ツォ
Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour expliquer comment ces
paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus probablement, de
nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.
ツサ
Quelques remarques :
1)
ツォ
Galilテゥe, Newton et Einstein, dテゥpassテゥes
ツサ : les travaux de Galilテゥe et de Newton, aussi intテゥressants
et importants soient-ils, sont fort heureusement dテゥpassテゥs thテゥoriquement depuis un bon
moment dテゥjテ (テ moins que les physiciens aient roupillテゥ pendant les derniers siティcles)窶 et si le
Leur conclusion est presque sans appel
Si nous avons raison, (...) rテゥvolutionnaire
Nous n窶兮vons pas trouvテゥ une nouvelle loi (窶ヲ) mais l窶冓ndice
qu窶冓l y a quelque chose de plus fondamental
Tout est dans le ツォ si ツサ et le ツォ potentiellement ツサ,
car la prudence est encore de rigueur. D窶兮utres
rテゥsultats devront venir (窶ヲ)
ツォ Je suis encore un peu
sceptique ツサ.
Ces mesures sont
dテゥlicates et les sources d窶册rreurs sont
nombreuses
ツサ tempティre Franテァoise
Combes (窶ヲ)
Effet Peau de Chagrin
Il nous reste donc encore
beaucoup テ apprendre
ツォ potentiellement ツサ, car
la prudence est encore de
rigueur. D窶兮utres
rテゥsultats devront venir
(窶ヲ)
347
principe de relativitテゥ et la mテゥcanique newtonienne sont encore enseignテゥes, c窶册st parce que
l窶兮pproximation qu窶册lles fournissent sur les mouvements des corps solides est suffisamment
justes pour les objets macrophysiques. Il en est de mテェme d窶僞instein : dテゥcテゥdテゥ il y a plus de 50
ans, la physique ne s窶册n est pas arrテェtテゥe pour autant, et si le corps de la thテゥorie reste
globalement inchangテゥ, de nombreux remaniements et テゥlargissements ont テゥtテゥ apportテゥs. La
grande nouvelle ツォ
Galilテゥe, Newton, Einstein dテゥpassテゥs
ツサ n窶册n est donc pas une. Le scoop est
manifestement injustifiテゥ.
2)
ツォ
Les 4 forces de la nature chamboulテゥes
ツサ : le lien direct entre les trois figures de la science
prテゥsentテゥes et les quatre forces est bien fripon. Ces quatre grandes forces (force テゥlectro-
magnテゥtique, force gravitationnelle, interaction forte et interaction faible) sont dues
respectivement テ Maxwell, Newton, Murray Gell-Mann, et Glashow, Salam, Weinberg.
Galilテゥe et Einstein n窶凉 apparaissent pas directement.
3)
ツォ
les constantes de la physique
(窶ヲ)
ne sont plus constantes !
ツサ : cette fois, nous passons allティgrement
des quatre forces aux constantes, ce qui n窶册st pas un saut direct.
4)
ツォ
les constantes de la physique
(窶ヲ)
ne sont plus constantes !
Ces valeurs
(窶ヲ)
que l窶冩n croyait gravテゥes dans le
marbre varient avec le temps.
ツサ : Or on lit plus loin :
les constantes bougent. Pas テゥnormテゥment certes,
seulement de quelque 0,0007% entre 3,5 et 13 milliards d窶兮nnテゥes aprティs le
Big Bang.
Valeurs gravテゥes dans le marbre, comme les lois dans la table. La mテゥtaphore juridique est sous-
jacente.
5)
La vitesse de la lumiティre ? Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ?
Inconstantes. Et celles de la mテゥcanique quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron
ne valent pas hier ce qu窶册lles valent aujourd'hui.
ツサ (窶ヲ) A notre grande surprise, nous lisons :
L窶册xpテゥrience de John Webb prend lテ tout son sens. En fait, elle n窶兮 pas directement mesurテゥ les constantes les
plus connues comme la vitesse de la lumiティre, la charge de l窶凖ゥlectron ou la constante de gravitation. C窶册st テ un
mテゥlange de toutes ces forces familiティres que les dテゥtecteurs ont テゥtテゥ sensibles. Plus prテゥcisテゥment テ la constante dite de
structure fine, qui est attachテゥe テ la force テゥlectromagnテゥtique.
ツサ
Cette constante intervient dans la dテゥfinition des niveaux d'テゥnergie des テゥlectrons dans les atomes,
en particulier dans leurs structures fines et hyperfines dues テ des effets relativistes de couplages
magnテゥtiques. Si
ホア
varie dans le temps, e,
h et c varient テゥgalement. Ainsi, l'テゥnergie de liaison des
テゥlectrons varie en fonction du temps, par consテゥquent la masse テゥgalement.
Mais nulle trace de la constante de gravitation, de celle de la thermodynamique (que nous
prテゥsumons テェtre celle de Boltzmann), encore moins la masse de l窶凖ゥlectron.
6)
De toute faテァon, ce n窶册st pas sテサr : ツォ
Si nous avons raison, c窶册st potentiellement rテゥvolutionnaire (窶ヲ) Tout
est dans le ツォ si ツサ et le ツォ potentiellement ツサ, car la prudence est encore de rigueur.
ツサ Rigueur qui ne semble
pas テェtre le fort de
S&Av
, au vu de son titre et de sa couverture.
Ainsi, c窶册st
ホア
, une des constantes qui serait variable : elle
s'テゥcrit
ホア
=
qツイ / h c et vaut
1/137.03599976...
avec : qツイ =
eツイ/4pe
0
, e = charge de l'テゥlectron, e
0
= permittivitテゥ du vide,
h = constante rテゥduite de Planck, c = vitesse de la lumiティre.
Elle est sans dimension, indテゥpendante du systティme d'unitテゥs.
348
La question qui se pose est donc : テ part le bon sens, qu窶册st ce qui a テゥtテゥ chamboulテゥ ?
7)
ツォ
Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour expliquer comment ces
paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus probablement, de
nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.
ツサ
ツォ
Nous n窶兮vons pas trouvテゥ une nouvelle loi de la physique
ツサ, prテゥcise Michaテォl Murphy.
Nous assistons donc テ un peu savant et quadruple glissement entre les 3 figures, les 4 forces, les
constantes et les lois de la physique (dテゥcrites テ tort comme
lois de la nature
, comme dans la
philosophie naturelle), autour du thティme du chamboulement de ces 4 mテェmes forces qui finalement
ne sont pas chamboulテゥes, mais qui le seraient テゥventuellement si les travaux de Webb sur l窶冰ne des
constantes テゥtaient corroborテゥs. Ce qui est loin d窶凖ェtre sテサr, puisque les sources d窶册rreurs sont
nombreuses, et les テゥtudes ultテゥrieures sont contradictoires (voir plus loin).
8)
Mise en perspective : resituons historiquement cet article de
S&Av
:
1937: P. Dirac
avait dテゥjテ envisagテゥ une variation des constantes fondamentales
1996 : Mine d'Oklo au Gabon
(T. Damour et
al
) : il s'agit des restes d'un rテゥacteur naturel
d'uranium, qui a テゥtテゥ actif pendant 200000 ans il y a 2 Ga*, alors que le taux d'
235
U テゥtait supテゥrieur
au seuil critique. L'テゥtude des divers isotopes trouvテゥs montre que :
D a / a < 10
-7
depuis 2 Ga*.
2001 : Lumiティre des quasars
(J. Webb et al
,) : la lumiティre des quasars lointains est absorbテゥe par
le milieu intergalactique, テ des distances variables de l'observateur et donc テ des dates diverses du
passテゥ. On peut alors テゥvaluer la variation dans le temps de la structure fine des raies d'absorption,
en particulier pour des mテゥtaux comme Mg, Al, Si, Cr, Fe, Ni, Zn. L'analyse de spectres en
provenance de 13 quasars au Keck de 10 m テ Hawaテッ (0.5 < z < 3.5) a montrテゥ que :
D a / a = (-
0.72 ツア 0.18) 10
-5
entre 6 et 11 Ga* dans le
passテゥ.
Mais ces observations ont テゥtテゥ
effectuテゥes テ la limite des instruments, avec
beaucoup de perturbations possibles des
mesures.
15 aoテサt :
Un article d窶
USA today
s窶册nsuivit,
relayテゥ par AP :
Speed of light may not have been
constant after all
窶 le titre テゥtant encore un
effet paillasson puisqu窶冓l ne s窶兮git pas de la
vitesse c directement, mais d窶
ホア
, constante
de structure fine. Effet paillasson non faux,
bien sテサr, mais significatif qu窶冓l est plus
spectaculaire de prテゥsenter
c
comme variable
que l窶冩bscur
ホア
.
19 aoテサt :
article du New York Times du 19
aoテサt.
2002 : Mテゥtテゥorites
:
l'analyse de la
dテゥsintテゥgration de certains isotopes dans les
mテゥtテゥorites amティne テ penser que :
322
J.K. Webb
& al.
,
Journal-ref, Phys.Rev.Lett
. 87 (2001).
349
D a / a < 10
-7
depuis la formation du systティme solaire, il y a 4.6
Ga
*
New Scientist
titre :
Black hole theory suggests light is slowing
.
Mais dテゥjテ, les premiers doutes surgirent :
voici les arguments prテゥsentテゥs テ l窶凖ゥpoque par John Bahcall, de l窶僮nstitute for Advanced Studies,
partagテゥs par Ned Wright sur sa page de recherche
窶「
ツォ
The measurement requires 1 part per million accuracy in measuring the wavelength of absorption lines in
faint quasars.
窶「
Averaging over 49 quasar absorption line systems gives only a 4 standard deviation result, which is barely
statistically significant.
窶「
Previous work by the same team
also gave a 4 standard deviation result but with larger errors. Thus
improved accuracy did not give improved statistical significance, but rather a smaller effect.
窶「
A similar measurement that compares the redshifted wavelength of the 21 cm line of atomic hydrogen to
redshifted wavelengths of optical lines does not show this effect. Here
is a larger version of the graph showing
the claimed detection of a variable alpha versus
redshift
as the red points while the blue points show the 21
cm results with no apparent variation in the physical constants.
Cela n窶册mpテェche pas
Pour la Science
de titrer au mois de juillet :
Les constantes varient-elles ?
2003 : Fontaines atomiques :
La comparaison pendant 5 ans des frテゥquences hyperfines des
atomes de
133
Cs et de
87
Rb a permis テ une テゥquipe de l'Observatoire de Paris de trouver
D a / a <
7 10
-16
par an, soit D a / a < 0.7 10
-5
en 10 Ga*
2004 : Lumiティre des quasars
(Srianand, Petitjean et al) L'utilisation du VLT et de son
spectrographe UVES, sur 18 quasars lointains (0.4 <z < 2.3) a permis de trouver :
D a / a = ( -
0.06 ツア 0.06) 10
-5
La variation des constantes en 10 Ga* n'est pas テゥvidente avec ces derniers rテゥsultats, plus prテゥcis
que les prテゥcテゥdents. Sur la figure ci-contre, les 2 mesures noires sont celles d'Oklo et les lignes
pointillテゥes celles de J. Webb. Par contre, suite テ une autre analyse des spectres de 6 quasars, on
annonce テゥgalement une possible variabilitテゥ du rapport
ツオ= masse du proton/masse de
l'テゥlectron
(= 1836)
qui pourrait atteindre :
D ツオ / ツオ = (2.97 ツア 0.74) 10
-5
sur 12 Ga*
Ce rテゥsultat prテゥliminaire reste テ
confirmer.
323
Hazel Muir,
Black hole theory suggests light is slowing
,
New Scientist
08 August 2002
324
http://www.astro.ucla.edu/~wright/old_new_cosmo.html#15Aug01
325
En l窶冩ccurrence, John K. Webb
&
al.
,
A Search for Time Variation of the Fine Structure Constant, Phys.Rev.Lett
. 82
(1999) pp. 884-887.
326
http://www.astro.ucla.edu/~wright/Dalpha.gif
327
JP. Uzan,
Pour la Science
, juillet 2002
350
New Scientist
rapporta alors les travaux de l窶冓nstitut de Paris
ツォ One of the fundamental constants that underpins physics has not changed as the
Universe has evolved, according to a new analysis. The result is in sharp contrast to
similar recent research suggesting the constant was growing窶.
"We really disagree," says Patrick Petitjean, an astronomer at the Astrophysical Institute of Paris and a
member of the team that did the new research. (窶ヲ)
Et Murphy lui-mテェme de s窶册xprimer : "
The
VLT
[Very Large Telescope]
data is of higher quality," he says. The Keck result was based on more
clouds - 143 - but individual observations were done more quickly, and the quasars were on average
fainter, making the spectral lines in the newer VLT measurements nearly twice as clear.
ツサ
Un autre article du
New Scientist
va dans le mテェme sens :
ツォ
How Theodor Hテ、nsch at the Max Planck Institute for Quantum Optics in Garching, Germany, and
his colleagues have ruled out any such change to within 1 part in 10
15
Cela n窶册mpテェchera pas le mテェme journal de titrer deux mois plus tard un article sur le thティme des
fameuses constants devenues variables : (
Speed of light may have changed recently
,
New Scientist
, 30 juin
2004).
Conclusion
L窶冰ne des conclusions donnテゥes par
Cosmo-Information
dans son article
Quelles variations pour les
constantes fondamentales ?
est la suivante : ツォ
La variabilitテゥ de la constante de structure fine sur trティs longue
pテゥriode n'est pas テゥvidente et on s'orienterait plutテエt vers sa fixitテゥ
ツサ
On assiste donc テ un pseudoscoop. La raison principale en est que la prテゥsentation des constantes
en physique est toujours faite sous un angle ツォ sacro-saint ツサ
: on ne touche pas aux constantes窶ヲ
Il est テゥvident qu窶册n terme de notoriテゥtテゥ, il est plus gratifiant de dテゥboulonner une chose sacro-
sainte que de la conforter.
De toute maniティre, on pourra toujours mimer de menacer la vitesse de la lumiティre pour publier un
papier.
328
R. Srianand
& al.
,
Limits on the time variation of the electromagnetic fine-structure constant in the low energy limit from absorption
lines in the spectra of distant quasars, Phys.Rev.Lett.
92 (2004) 121302.
329
M. McKee,
Disputed 'building block' of physics is constant
,
New Scientist
02 April 2004.
330
J. Mullins,
Fundamental physics constants stay put
, 25 June 2004
331
New Scientist
par exemple テゥcrit dans sa premiティre phrase :
The speed of light, one of the most sacrosanct of the universal
physical constants
ツク Speed of light may have changed recently, 30 June 2004. Le terme sacrosaint montre l窶册ffet
paillasson sur le mot
loi.
351
Fiche pテゥdagogique Nツー3 窶 Rasoir d窶儖ccam, l窶兮lternative est
fテゥconde
Si on vous dit ツォ
Je vais te trancher la gorge avec le Rasoir d窶儖ccam
ツサ, n窶兮yez crainte, ce rasoir ne coupe que les fils de
raisonnement biaisテゥs. C窶册st en fait un principe de raisonnement dit ツォ de parcimonie ツサ, ou ツォ d窶凖ゥconomie ツサ, antテゥrieur au
Franciscain Guillaume d窶儖ccam mais テゥnoncテゥ par lui au 14
ティme
siティcle.
テa dit en substance :
Pluralitas non est ponenda sine necessitate
En moins nテゥbuleux,
Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem
En moderne
Les entitテゥs ne doivent pas テェtre multipliテゥes par delテ ce qui est nテゥcessaire
Et en comprテゥhensible
Pourquoi faire compliquテゥ quand on peut faire simple ?
En gros, ce que dit ce rasoir, c窶册st que lorsqu窶冓l y a plusieurs hypothティses en compテゥtition, il vaut mieux prendre les
moins ツォ coテサteuses ツサ cognitivement. Je vous donne le meilleur exemple que je connaisse (窶ヲ) : je mets un chat et une
souris dans une boテョte, je ferme, je secoue, et j窶冩uvre : il ne reste plus que le chat (voir
diapos cours Nツー1
)
Hypothティse 1
: des extraterrestres de la planティte Mテサ ont voulu dテゥsintテゥgrer la souris, mais elle s窶册st transformテゥe
en chat. Le chat, de frayeur, est passテゥ dans une autre dimension par effet Tunnel.
Hypothティse 2
: le chat a mangテゥ la souris (sans dire bon appテゥtit, ce qui est mal).
Vous m窶兮ccorderez que l窶冑ypothティse 2 est beaucoup moins coテサteuse intellectuellement que la Nツー1. Elle ne postule
rien d窶兮utre que la prテゥdation de la souris par le chat, qui est au moins aussi connue que Johnny Hallyday, tandis que la
premiティre postule une planティte Mテサ, des extraterrestres qui viennent, qui savent dテゥsintテゥgrer un chat ce qui n窶册st pas
donnテゥ テ tout le monde, une souris qui se transforme en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller et un effet
tunnel pour objet macroscopique. Ca fait beaucoup. Dans le doute, on choisira la 2.
Ce n窶册st pas autre chose que ce que Henri Broch s窶册st テゥchinテゥ テ faire comprendre avec la facette zテゥtテゥtique :
la
parcimonie est de rティgle
,
qui mティne d窶兮illeurs assez rapidement テ cette autre facette non moins puissante :
l窶兮lternative est fテゥconde
, qui consiste, devant un phテゥnomティne "hors norme", "surnaturel", テ se poser la question :
Existe-t-il une autre explication possible, une explication "naturelle" qui 窶 dans les mテェmes conditions 窶 donnerait un rテゥsultat
identique, avec toutes les caractテゥristiques de ce phテゥnomティne "surnaturel" ?
L'hypothティse naturelle, moins coテサteuse, est alors
prテゥfテゥrテゥe et l'hypothティse
sur
naturelle, coテサteuse parce que trimballant en elle des entitテゥs non connues, devient
superflue
.
C窶册st exactement cela qui fait dire テ H. Broch que les caractテゥristiques du linge de Turin, ou celles de la liquテゥfaction du
liquide de St Janvier テ Naples n窶冩utrepassent pas une explication ツォ naturelle ツサ, au sens de physico-chimique.
C窶册st exactement ce qui fait dire テ James Randi que les rテゥalisations d窶儷ri Geller n窶冩nt pas besoin de chercher leur
explication dans un quelconque don 窶湾aranormal窶, puisqu窶册lles ne dテゥpassent pas les capacitテゥs d窶冰n prestidigitateur
moyen.
C窶册st exactement ce qui fait dire テ Nicolas Gaillard que rien ne permet de penser que les sphティres du Costa Rica soient
d窶冩rigine extraterrestre, puisque Don Mundo, artisan Costaricain, refait exactement les mテェmes
C窶册st exactement ce qui donne son piment au travail de Wally Wallington, charpentier テ la retraite et ツォ champion du
moindre effort ツサ, qui parvient テ reproduire son propre Stonehenge par d窶冓ngテゥnieux systティmes de leviers, sans aucun
fluide mystique pour l窶兮ider.
Building Stonehenge 窶 This Man can Move Anything
J窶兮ime beaucoup la mテゥtaphore des mots croisテゥs de l窶凖ゥpistテゥmologue Susan Haack. Elle suggティre que la science
fonctionne テ la maniティre d窶冰n mot croisテゥ, avec la connaissance disponible pour arriティre-plan et les observations
expテゥrimentales pour indices. Surtout elle prテゥcise que
ツォ la validitテゥ d窶冰ne entrテゥe dテゥpend non seulement de la force des indices, mais
aussi de toutes les autres entrテゥes dテゥjテ テゥcrites qui font intersection avec elle
. En clair, si tu dテゥbarques un matin avec une
332
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=5
333
http://www.youtube.com/watch?v=lRRDzFROMx0
334
Haack S.,
Manifesto of a Passionate Moderate
, p. 95. Une belle introduction テ cette mテゥtaphore se trouve ici :
Le bras
long du sens commun en guise de thテゥorie de la mテゥthode scientifique
, Philosophiques, Volume 30, numテゥro 2, Automne 2003
http://www.erudit.org/revue/philoso/2003/v30/n2/008668ar.html
352
hypothティse qui bouscule toute la grille de mots croisテゥs que les savant se cassent le coccyx テ remplir depuis des siティcles,
elle a intテゥrテェt テ テェtre solidement テゥtayテゥe par des preuves (et on retombe sur la facette ツォ Une prテゥtention extra-ordinaire
nテゥcessite une preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ). Si tel n窶册st pas le cas, le rasoir d窶儖ccam, qui ne s窶凖ゥmousse jamais et qui a
une triple lame, t窶册ncourage テ te retenir d窶凖ゥcrire ton mot dans la grille, bref, テ テェtre sceptique. Alors, comme le temps
son vol, petit scarabテゥe, l窶册space d窶冰n instant suspends ton jugement.
RM, 2007
353
Fiche pテゥdagogique Nツー4 窶 Le raisonnement panglossien
Autre nom : effet bipティde. C窶册st un des biais les plus complexes テ cerner.
Dテゥfinition :
Consiste テ raisonner テ rebours vers une cause possible.
Ce biais de raisonnement revient テ
considテゥrer le rテゥsultat d窶冰ne somme de faits comme テゥtant le produit d窶冰n processus cachテゥ ou d窶冰ne
variable invisible, improuvables en tant que tels ou choisis de faテァon arbitraire parmi d窶兮utres processus possibles, mais prテゥtendant
expliquer causalement le rテゥsultat en question.
Origine du terme
Pangloss est l窶凖ゥtrange percepteur de Candide, dans le conte de Voltaire du mテェme nom. Il enseignait la mテゥtaphysico-
thテゥologo-cosmolonigologie, et arguait
admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce monde qui est le meilleur
des mondes possibles, le chテ「teau de monseigneur le baron テゥtait le plus beau des chテ「teaux et madame la meilleure des baronnes possibles.
ツォ
Il est dテゥmontrテゥ, disait-il, que les choses ne peuvent テェtre autrement : car, tout テゥtant fait pour une fin, tout est nテゥcessairement
pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont テゥtテゥ faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les
jambes sont visiblement instituテゥes pour テェtre chaussテゥes, et nous avons des chausses. Les pierres ont テゥtテゥ formテゥes pour テェtre taillテゥes,
et pour en faire des chテ「teaux, aussi monseigneur a un trティs beau chテ「teau ; le plus grand baron de la province doit テェtre le mieux
logテゥ ; et, les cochons テゥtant faits pour テェtre mangテゥs, nous mangeons du porc toute l'annテゥe : par consテゥquent, ceux qui ont avancテゥ
que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux.
ツサ窶ヲ.
Henri Broch, dans son livre
Le paranormal
, rテゥsume ce raisonnement ainsi : l'existence des pantalons ne prouve
テゥvidemment pas que Dieu ait voulu que nous soyons bipティdes
. La seconde dテゥnomination, effet
bipティde
, vient de lテ.
Variantes
Il existe quatre variantes de raisonnements panglossiens, fonctions du processus invoquテゥ :
A.
La main invisible, le dessein
Le processus ou la variable
cachテゥe prend la forme d窶冰ne
main invisible
ou d窶冰ne
intention
, 窶 テ l窶冓mage d窶冰n テェtre
plテゥnipotentiaire qui tirerait les ficelles. On greffe une
raison transcendante
, un
dessein
ツォ voulu ツサ par une sorte d窶册sprit
immanent qui non seulement donne le sens, mais en outre oriente vers le but du processus, comme si celui-ci テゥtait
dテゥjテ prテゥvu テ l窶兮vance. On parle alors de posture
finaliste
, une finalitテゥ テゥtant postulテゥe aux phテゥnomティnes physiques.
De nos jours, la manifestation la plus grave se retrouve dans le courant dit du Dessein Intelligent (
Intelligent Design
ou
ID
) dont l窶兮rgument est le suivant : le modティle scientifique traditionnel de l'テゥvolution des espティces ne suffisant pas テ
rendre compte de la beautテゥ/diversitテゥ/complexitテゥ de la vie sur Terre, celle-ci, et
a fortiori
l窶僣umanitテゥ et sa conscience
ont テゥtテゥ crテゥテゥs dテゥlibテゥrテゥment par un ou plusieurs agents causaux intelligents, soit divins窶 bien souvent l窶冰n des dieux
des religions monothテゥistes 窶 soit extraterrestres.
Illustration :
La mテゥtaphore de la flティche.
Imaginons que, muni d窶冰n arc, je dテゥcoche une flティche les yeux bandテゥs. Elle va se planter forcテゥment
quelque part. C窶册st alors que j窶册nlティve mon bandeau, considティre gravement la flティche, et d窶冰n air dテゥtachテゥ
dテゥclare : ツォ
Sacrebleu,
c窶册st exactement ce que je visais !
ツサ.
Risques :
Cette variante est la porte d窶册ntrテゥe de ce que Dubessy, Lecointre
& al.
dテゥfinissent comme une
intrusion
spiritualiste
:
-
spiritualiste
dans le sens ou un esprit supテゥrieur immanent est postulテゥ ;
335
Voltaire, Candide et autres contes, Livre de poche 1998 ch. 5
336
Broch H.,
le paranormal
, coll. Points Sciences 1989 rテゥテゥd. 2001, pp. 202-203
354
-
intrusion
au sens oテケ un ツォ sens ツサ, une raison transcendante est postulテゥe qui ne souffre aucune analyse
descriptive de type scientifique mais procティde d窶冰n acte de foi. Si tant est que la question d窶冰n sens cachテゥ aux
processus scientifiques ne manque pas d窶冓ntテゥrテェt, elle sort
de facto
du champ de la science puisqu窶册lle ne puise
pas ses fondements dans le corps de la dテゥmarche expテゥrimentale, et parce que le choix dudit
sens
est
indテゥpendant du niveau de preuve qui l窶凖ゥtaye
B. La providence ou la prテゥvision
La probabilitテゥ qu窶冰n tirage du loto tombe sur une combinaison prテゥcise est extrテェmement faible. Par contre, la
probabilitテゥ qu窶冓l y ait une combinaison gagnante, elle, est sテサre (テ la fin de la soirテゥe, il y aura forcテゥment une
combinaison gagnante). Rapportテゥ au nombre de gens qui jouent un soir donnテゥ, la probabilitテゥ qu窶冰n individu
quelconque gagne est テゥlevテゥe. Par contre, la proibabilitテゥ qu窶冰n individu prテゥcis gagne est trティs faible. L窶冓ndividu qui a
gagnテゥ a souvent tendance テ raisonner ainsi : j窶兮i dテゥcouvert les bons numテゥros par intuition / par chance. Or il s窶兮git
d窶冰n raisonnement panglossien : l窶冓ndividu va considテゥrer que l窶凖ゥtat des choses actuels (son gain) est le rテゥsultat de
quelque chose (providence, chance, prテゥdiction, etc.) alors qu窶冓l s窶兮git d窶冰n ツォ tri implicite des donnテゥes ツサ (voir
Cours
Nツー3, Z & app pN
). S窶冓l ne considティre que sa victoire sans la rapporter au grand nombre de perdants autour, il pourra
la percevoir comme dテゥcoulant d窶冰n destin, d窶冰ne chance ou d窶冰ne capacitテゥ de prテゥdiction.
C. La Nature
Le processus ou la variable
cachテゥe revテェt l窶兮spect d窶冰ne force de la Nature, ordonnテゥe, テゥquilibrテゥe, progressiste et dans
la plupart des cas fondamentalement bonne puisque ツォ naturelle ツサ. La planティte テゥtant d窶兮illeurs rテゥguliティrement
anthropomorphisテゥe dans les mテゥdias, il devient facile de greffer テ une planティte ツォ vivante ツサ l窶冓dテゥe d窶冰ne puissance
naturelle, originelle, テゥquilibrテゥe et vivifiante, que l窶兮ctivitテゥ humaine aurait dテゥsaxテゥe et qu窶冓l s窶兮girait, par diverses ascティses,
de rテゥtablir. L窶冑ypothティse, puis la thテゥorie Gaテッa font exactement cela, en souhaitant par homテゥostasie ou homテゥorhテゥsie,
maintenir un テゥventuel テゥquilibre
.
La diffテゥrence notable avec la variante prテゥcテゥdente est dans le fait que si l窶凖ゥlan est toujours lテ, le dessein intelligent ne
l窶册st pas forcテゥment : la force de la Nature, mテェme anthropomorphisテゥe, imprime moins une direction qu窶冰n prテゥtendu
テゥquilibre.
Risque
La
Nature
cティde gテゥnテゥralement bien vite le pas aux notions d窶
テゥquilibre naturel
, ou d窶
ordre des choses
, qu窶冩n retrouve dans
nombre d窶兮phorismes creux et souvent rテゥactionnaires :
c窶册st dans l窶冩rdre des choses
,
c窶册st ainsi
,
un chat est un chat
, etc.
Il arrive aussi que de
Nature
(avec un grand
N
, nature
animisテゥe
), on glisse vers la
nature
(avec un petit
n
, l窶册ssence) des
choses. Ainsi entendra-t-on rテゥguliティrement les pseudo-raisonnements du type suivant, panglossiens テ part entiティre,
puisque raisonnant テ rebours sans preuve suffisante vers une cause possible :
-
les femmes sont plus intuitives car c窶册st dans leur nature : elles sentent mieux les choses.
-
les africains sont fainテゥants car c窶册st dans leur nature : regardez l窶凖ゥtat de l窶僊frique.
-
les arabes sont plus
dテゥviants
que les autres car c窶册st dans leur nature : regardez leur reprテゥsentativitテゥ en
prison.
Comme on le constate, il s窶兮git de raisonnements simplifiテゥs (faisant souvent l窶冓mpasse sur des dテゥterminismes sociaux
peu plaisants テ reconnaテョtre), mais テゥgalement de tautologies : les femmes sont-elles plus intuitives parce que c窶册st dans
leur nature, ou l窶冓nverse ? La sociologie critique s窶兮ttache テ dテゥconstruire ce
.
Notons que la tentative de
justification expテゥrimentale de ces pseudo-raisonnements arrive toujours dans une seconde phase et, tentant de faire
coller les faits scientifiques aux prテゥsupposテゥs parfois purement moraux, fait le lit d窶冰n bon champ de pseudosciences
(phrテゥnologie de F. A. Gall
, sテゥgrテゥgation des tテ「ches sociales selon le sexe de D. Kimura
, courbes d窶冓ntelligence
337
Lecointre
in
Dubessy & Lecointre 2001, pp. 24-6
338
Pour une description de l窶冑ypthティse Gaテッa, James Lovelock
& al
.,
La Terre est un テェtre vivant. L'hypothティse Gaテッa
, Ed. du
Rocher, 1990. La thテゥorie Gaテッa, que ne cautionne pas J. Lovelock, est le fait notamment de Lynn Margulis. Lire par
exemple
L'Univers bactテゥriel : Les Nouveaux Rapports de l'homme et de la nature
, Albin Michel, 1989.
339
Voir en particulier Alain Accardo,
Introduction テ une soclologie critique : lire Bourdieu
, Le Mascaret, 1997.
340
Frantz Joseph Gall,
Sur les fonctions du cerveau, Sur l'origine des qualitテゥs morales
, L窶僣armattan, 2004
341
Doreen Kimura,
Cerveau d'homme, cerveau de femme ? ,
Odile Jacob, 2001
355
de Murray & Hernstein
, etc.).
D. Les sociテゥtテゥs secrティtes et les complots
La variable cachテゥe est le fait cette fois de groupes de pression occultes, voire extraterrestres. Il est assez frテゥquent que
les raisonnements テ rebours teintテゥs de paranoテッa mettent en cause des sociテゥtテゥs secrティtes qui, en ricanant, tireraient dans
l窶冩mbre les ficelles. Bien que rares en science, テ l窶册xception notable des champs de l窶兮rchテゥologie et de l窶冰fologie, cette
complotite
aigue se retrouve dans pratiquement toutes les visions politiques simplistes.
Le schテゥma est sensiblement le suivant :
1- Les テゥvテゥnements (sociopolitiques souvent) cachent leur cause.
2- Pour dテゥcouvrir ces causes, il faut apprendre テ dテゥcrypter.
3- Le dテゥcryptage se fait par une initiation de type テゥsotテゥrique, c'est-テ-dire rテゥservテゥe テ une テゥlite.
4 - Le fait de ne connaテョtre aucun moyen de pテゥnテゥtrer ces coulisses (qui parfois n窶册xistent pas) entraテョne un
agacement variable.
5-cet agacement aboutit souvent テ un exutoire : il faut dテゥsigner un groupe social, rテゥel ou non, comme bouc
テゥmissaire.
Ainsi en est-il des Ummites, de la CIA, de la maffia russe, du lobby gay et lesbien, de la mondialisation, d窶
Al Qaテッda
,
des Sages de Sion窶ヲ
Que faire ?
窶「
La reconnaissance d窶冰n raisonnement panglossien
Deux outils sont utilisables :
1)
Vテゥrifier que l窶冑ypothティse proposテゥe repose sur le corpus de preuve le plus solide.
2)
S窶兮ssurer qu窶册lle ne contient pas en son sein une composante basテゥe sur un acte de foi, donc improuvable,
ou sur un scテゥnario plaisant
3)
S窶兮ssurer que cette hypothティse ツォ dテゥcrit ツサ le phテゥnomティne considテゥrテゥ, et non ツォ explique ツサ, au sens de ツォ lui donne
un sens ツサ. Il n窶册st pas du ressort de la science de donner du sens aux phテゥnomティnes : elle a pour seul objet de
faire des descriptions les plus prテゥcises possible, et de rendre ces descriptions prテゥdictives.
En cela, il convient de garder toujours テ l窶册sprit la facette Z :
un scテゥnario (mテェme plaisant) n窶册st pas une thテゥorie.
窶「
Le tri
L窶册rreur provient de la confusion entre une hypothティse et une cause efficiente.
Il faut garder peut y avoir plusieurs hypothティses pour dテゥcrire le processus rテゥgissant un phテゥnomティne. Pour choisir, deux
outils sont utilisテゥs :
-
le recouvrement
: la science procティde par choix de l窶冑ypothティse qui recouvre le plus de phテゥnomティnes du mテェme
type.
-
l窶凖ゥconomie
: テ recouvrement テゥgal, il convient d窶冩pter rationnellement pour l窶冑ypothティse la moins coテサteuse
cognitivement, c'est-テ-dire celle qui met en jeu le moins d窶凖ゥlテゥments de construction dans la description d窶冰n
phテゥnomティne.
Cette fois, il peut se rテゥvテゥler utile de garder en tテェte la facette Z :
l窶兮lternative est fテゥconde
(voir fiche
Rasoir d窶儖ccam 窶
l窶兮lternative est fテゥconde
).
342
Review of Steven Fraser (ed),
The Bell Curve Wars: Race, Intelligence and the Future of America
. Basic Books, 1995.
343
Pour une critique de certaines thティses physio-anthropologiques テ tendance raciste, lire Stephen Jay Gould,
la Mal-
Mesure de l窶冑omme : l'intelligence sous la toise des savants
, Le livre de poche, collection biblio essais, 1983.
356
Fiche pテゥdagogique Nツー5 窶 Les psychomテゥdecines
Rien de tel que du scepticisme pratique et de la zテゥtテゥtique appliquテゥe.
Voici la dissection d窶冰n article paru il y a quelques temps, et qui soulティve des points captivants.
Je vais tenter de mettre テ jour, dans l窶冓ntroduction du dossier, quelques interstices qui sont certainement mテゥnagテゥs
involontairement, mais qui font, selon moi, le terrain de croyances ou d窶兮ctes de foi forts. Chacun des exemples tirテゥs
du dossier ne permet pas テ lui seul d窶凖ゥtablir une relation nette avec telle ou telle conception, telle ou telle posture,
mais a pour vocation d窶兮ttirer notre regard sur le fait que la science s窶凖ゥcrit comme elle se pense, qu窶册lle gテゥnティre ses
chimティres et ses mテゥtaphores, et que la vulgarisation est un mテゥdia astreint aux mテェmes rティgles que les autres, notamment
mercatiques.
Crテゥer l窶凖ゥvテゥnement 窶 et le besoin, en bテ「tissant de toute piティce la question que doit se poser le lecteur pour recevoir la
rテゥponse vendue par la revue est une technique de
marketing
que le monde de la mode connaテョt depuis bien longtemps.
Contre toute attente, je ne critiquerai pas en profondeur le contenu scientifique lui-mテェme : il faudrait pour cela
approfondir les publications d窶冩rigine, ce dont je n窶兮i ni le temps, ni la compテゥtence. Mais nous verrons que pour
notre propos, il n窶册st pas nテゥcessaire d窶凖ェtre expert pour テェtre critique.
Les
scans
sont de facture moyenne, mais cela ne devrait pas gテェner la progression de l窶凖ゥtude.
La couverture
Le gros titre est
Psycho-mテゥdecine, les 7 expテゥriences qui dテゥfient la science
(et en plus petit)
Quand le mental sauve
le corps.
Fig. 1
On voit sur la page de garde (Fig. 1) des vignettes photo de maladies qui traversent la tテェte d窶冰n homme type
ツォ homme nouveau ツサ, chauve et de type eurasien, laissant prテゥsumer que le mental du monsieur ツォ sauve son corps ツサ des
trois maladies 窶 vignettes en question : en l窶冩ccurrence le Cancer, l窶僊sthme et l窶僣ypertension.
357
Cette assertion implicite engage 窶 ou devrait engager 窶 l窶冩rgane de presse.
Car si c窶册st vrai, c窶册st un quasi-scoop.
Mais si c窶册st faux, la revue est (ou devrait テェtre) rテゥprテゥhensible d窶冰n point de vue moral, pour marketing de fausses
nouvelles et vente d窶册spoir bon marchテゥ. Il semble donc trティs dテゥlicat de jouer avec ces questions. Mais poursuivons.
L窶兮vant-propos
Si on tourne la page, on arrive テ l窶兮vant-propos, page 3, qui nテゥcessite un bon nombre de commentaires.
Fig. 2
Mais avant de dissテゥquer le texte en rティgle, il convient de relever 2 vテゥritables prouesses qui mテゥritent notre intテゥrテェt :
1. Une ツォ baignoire d窶僊rchimティde ツサ
La premiティre est une superbe idテゥe reテァue.
ツォ
Quand, en 1610, Galilテゥe invente sa cテゥlティbre
lunette, il dテゥcouvre, en un an
(窶ヲ) ツサ
Le hic rテゥside dans le fait que, contrairement
テ ce qu窶冩n entend souvent, Galilテゥe n窶兮 pas
inventテゥ sa lunette. L窶冓nvention venait de voir
le jour l窶兮nnテゥe prテゥcテゥdente, en Hollande, et
Encart A
Baignoire d窶僊rchimティde :
mythe dont l窶冓maginaire collectif se
nourrit, entre les meubles de Palissy, le cerveau d窶僞instein, le
serpent de Kekulテゥ, la pomme de Newton, le nombre d'or, l'effet
papillon ou la thテゥorie du chaos. On ne sait plus si c'est la presse
de vulgarisation qui a donnテゥ ce grain テ moudre au public
"profane " en science, ou si c'est le public qui l'a rテゥclamテゥ, mais
ces テゥternels Loch Ness de la culture ont toujours un franc succティs
dans les discussions. Ils ont des caractテゥristiques proches de la
lテゥgende, notamment celles de coller テ l窶冓ntuition et de corroborer
les mythes du hテゥros scientifique et du gテゥnie.
358
Galilテゥe en fut informテゥ en mai 1609 par le franテァais Jacques Baudouティre. Dティs le 21 aoテサt, il en rapporta une de Venise,
puis la perfectionna grandement, grテ「ce テ ses relations avec les verriers de Murano, mais ne l窶冓nventa pas - bien qu窶冩n
dise qu窶冓l s窶册n soit vraisemblablement vantテゥ.
Passons vite sur cette erreur triviale, qui est ce que j窶兮ppelle, テ la suite d窶儖rtoli et Witkovski
une ツォ baignoire
d窶僊rchimティde ツサ (voir
encart A
) et convenons que si rencontrer des lieux communs au grテゥ des discussions n窶册st pas
choquant, les lire dans la revue ツォ phare ツサ de la vulgarisation scientifique franテァaise ne laisse pas d窶冓nquiテゥter.
2. Une analogie capricante
La seconde prouesse concerne non plus la lunette, mais Galilテゥe lui-mテェme. Voici le contenu schテゥmatisテゥ de l窶兮vant-
propos :
analogue テ
Il s窶兮git d窶冰ne analogie (et annoncテゥe comme telle dans le texte) extrテェmement maigre. Mais Galilテゥe est une valeur sテサre
dans les analogies : un syndrome porte d窶兮illeurs son nom
(voir
Encart B
).
Passons maintenant au texte proprement dit. Voici l窶兮vant-propos annotテゥ par mes soins (en vert).
ツォ
C窶册st souvent en observant le monde avec un regard neuf que la science fait avancer le savoir.
[
Lieu
commun, information nulle. Broch
appelle cela un effet
puits
(voir
encart C
)].
Quand, en 1610, Galilテゥe invente sa cテゥlティbre lunette,
[faux, il la bricole !]
il dテゥcouvre, en un an, plus que n窶冩nt
jamais dテゥcouvert des gテゥnテゥrations d窶兮stronomes depuis les Assyriens.
[
Vrai, mais comparaison pauvre et
spテゥcieuse. Chaque jour, je brosse mes dents mieux que des gテゥnテゥrations d窶僊ssyriens et d窶僊llobroges rテゥunis, mais je ne
vois pas quel argument je peux en tirer
].
Au passage, c窶册st par ses observations que resurgissent des idテゥes
datant de prティs de 3 siティcles av JC : l窶冑テゥliocentrisme dテゥfendu par de rares penseurs grecs comme l窶兮stronome
alexandrin Aristarque de Samos.
[
Vrai,
mais lテゥgティrement hors champ : c窶册st un tremplin pour introduire la suite窶ヲ
]
Bien que l窶册sprit humain soit capable d窶凖ゥtablir des thテゥories qui rendent compte de l窶凖ゥtat du monde par le
seul jeu de sa pensテゥe, ce n窶册st qu窶册n fournissant la preuve expテゥrimentale de ses dires qu窶冓l peut prテゥtendre
dテゥtenir une bribe de vテゥritテゥ
[
Vrai, quoique la notion de vテゥritテゥ devrait テェtre bannie des sciences, puisque toute vテゥritテゥ
344
Ortoli S., Witkowski N., La baignoire d'Archimティde - petite mythologie de la science, Seuil 1998.
345
Puech L.,
Treize arguments non valables pour dテゥfendre les parasciences
, in Revue AFIS Science & pseudo-sciences Nツー240.
Accessible sur
http://www.pseudo-sciences.org/13arguments.htm
346
Broch H.,
le paranormal
, coll. Points Sciences 1989 rテゥテゥd. 2001.
Encart C
Effet
puits :
Plus un discours est "profond" (dans le sens de... creux), plus les
auditeurs peuvent se reconnaテョtre, et se reconnaテョtre majoritairement, dans ce
discours. L'effet Puits offre ainsi une succession de phrases creuses qui peuvent テェtre
acceptテゥe comme fonciティrement vraies par toute personne car cette personne y
ajoutera elle-mテェme les circonstances qui, seules, en font des phrases ayant un sens.
A) Dans le monde de l窶兮stronomie,
Galilテゥe dテゥcouvre plein de choses,
rapidement, que n窶兮vaient vu des
gテゥnテゥrations de savants.
B) Dans le monde des relations
psychosomatiques, on dテゥcouvre plein de
choses troublantes (qui, nous le verrons,
sont dテゥjテ connues ou sont embellies).
Encart B
Syndrome Galilテゥe
: toute personne prテゥtendant テ une pseudo-thテゥorie la considティre
presque toujours comme rテゥvolutionnaire, et en outre s'estime persテゥcutテゥe. Elle revテェt
alors la froque de Galilテゥe, se dテゥclare martyre de l'Inquisition Scientifique et
condamne l'Humanitテゥ テ ne reconnaテョtre son gテゥnie que de maniティre posthume.
359
scientifique est momentanテゥe : le nier ou l窶冩cculter revient テ masquer le travail correctif permanent de la science et sa
contextualisation sociale
]
. Nous voulons voir, avant de croire
.
[
Assertion douteuse : une grande proportion de gens croit
sans voir : il suffit pour s窶册n assurer de constater la prテゥgnance des actes de foi religieux
].
Or, voilテ qu窶冓l se produit
en matiティre de corps et d窶册sprit un phテゥnomティne analogue.
[
L窶兮nalogie est clairement annoncテゥe
]
Car les
mテゥdecins ont toujours utilisテゥ la persuasion pour accテゥlテゥrer la guテゥrison des malades
[
affirmation pテゥremptoire :
comment vテゥrifier ? C窶册st une sorte d窶册ffet
Puits
]
, et, bien avant
ツケ
eux les sages
ツイ
de toutes les civilisations
ツウ
[ツケ
bien avant
signifie
trティs longtemps avant
: or l窶册xistence de ツォ sages ツサ, au sens de clerc ou de vieil expテゥrimentテゥ, est
certainement aussi vieille que l窶册xistence de mテゥdecins, au sens de prodigueurs de soins.
[ツイ
Le concept de
sage
est un concept-paillasson, trティs propice aux utilisations opportunistes Voir
Encart D
]
[ツウ
On peut en outre faire dire ce qu窶冩n veut テ tous les sages connus ou inconnus de toutes les civilisations de tous
temps. Affirmation-puits, recherchant un agrテゥment intuitif du lecteur sur un point difficilement contestable sans
risquer de heurter un pseudo-bon sens, et qui plus est doublテゥe d窶冰ne affirmation invテゥrifiable
.]
ont perテァu que la santテゥ pouvait gagner テ se recueillir,
[
Construire la santテゥ comme un objet scientifique ツォ un ツサ,
comme un tout, est une conception hippocratique un peu usテゥe. Elle laisse percer en sous-jacence, volontairement
ou non, la vision holiste de l窶凖ェtre, typique de la tendance philosophique Nouvel Age. En outre, il semble difficile
pour un objet de se
recueillir
, action humaine par excellence. Il s窶兮git lテ d窶冰ne anthropomorphisation
]
テ calmer la
tempテェte de nos テゥmotions nテゥgatives
[
Vision fluidique des テゥmotions, remontant テ la thテゥorie humorale de
Hippocrate et Galien, テ laquelle nombre de mテゥdecines dites complテゥmentaires ou alternatives font de nos jours
rテゥfテゥrence. Notons que ces テゥmotions sont implicitement moralisテゥes : il y a des テゥmotions ツォ nテゥgatives ツサ, par
consテゥquent des テゥmotions positives. Pourtant aucune テゥmotion n窶册st positive ou nテゥgative en soi, de nature. Il s窶兮git
d窶冰ne illusion naturaliste, trティs bien dテゥcrite par Bourdieu, et trティs rテゥpandue puisqu窶册lle permet l窶冓njonction morale]
;
du stress, dit-on de nos jours.
[
Cela signifie donc : tempテェte des テゥmotions nテゥgatives = stress, ce qui est une sorte
de saute-mouton, de glissement sテゥmantique, qui cautionne un effet
Puits
: tout le monde se retrouve dans une
description tempestive de ses テゥmotions pas agrテゥables, et dans un appel テ l窶兮cception populaire de stress qui,
contrairement テ l窶兮cception scientifique du terme, est pテゥjorative
]
Seulement, nul n窶凖ゥtait capable d窶兮pporter les
preuves que la pensテゥe peut effectivement transformer le corps et orienter ses rテゥactions.
[
Termes peu
appropriテゥs : la pensテゥe peut transformer le corps. Par exemple, je peux dテゥcrテゥter de me couper un bras
immテゥdiatement. De mテェme, l窶冓dテゥe que la pensテゥe peut orienter ses rテゥactions date de la premiティre fois qu窶冰n animal du
genre
homo
a dテゥcidテゥ d窶凖ゥviter le rocher devant lui, et qu窶冓l y a pensテゥ par la suite. En clair, il s窶兮git lテ encore d窶冰n effet
paillasson
: remplaテァons le mot
pensテゥe
par le mot
mental
: une phrase telle que
nul n窶凖ゥtait capable d窶兮pporter les
preuves que le mental peut effectivement transformer le corps et orienter ses rテゥactions sous des aspects
surprenantes
devient de fait comprテゥhensible.
]
Rien n窶冓ndiquait qu窶冓l y eut un lien tangible
[
tangible
?
]
entre ce
principe テゥvanescent
[
principe ?
テゥvanescent
? effet
puits
!
]
et la palpitante
[
palpitante ?
]
matiティre de nos organes.
[
Opposition テゥvanescence 窶 palpitante, qui emprunte au dualisme philosophique cher aux Grecs de l窶僊ntiquitテゥ : un
monde plus ou moins テゥthテゥrテゥ en toise un autre matテゥriel. Cette conception, somme toute intテゥressante, participe d窶冰n
acte de foi sous-jacent qui devrait テェtre テゥvitテゥ dans une revue de Vulgarisation Scientifique
]
D窶兮utant moins que
lesdits sages
[
mテェme remarque sur le mot sage ; notons que cette fois, il y a une sorte de remise en cause
dテゥprテゥciative de ce statut. On pourrait facilement y lire une sorte d窶册ffet bi-standard, voir
Encart E
]
soutenaient la
nature divine de l窶册sprit
[
Dテゥnonciation maladroite du dualisme, d窶兮utant plus tragique que tout le dossier, nous le
verrons, est bテ「ti sur cette opposition duale : esprit-matiティre
]
. Jusqu窶凖 ce que la science commence テ observer les
effets des manipulations de l窶册sprit sur le corps
[
manipulation : action faite avec la main. La mテゥtaphore ici est
fumeuse, mais comprテゥhensible. Gardons tout de mテェme テ l窶册sprit la leテァon de Sokal & Bricmont
mテゥtaphores qui obscurcissent plutテエt qu窶凖ゥclairer le propos relティvent d窶冰ne forme d窶冓mposture intellectuelle.
]
en
chaussant les lunettes de l窶册xpテゥrimentation clinique,
[
mテゥtaphore hasardeuse
]
des outils de l窶冓magerie
cテゥrテゥbrale et des techniques ultrasophistiquテゥes
[
sophistiquテゥes, OK. Pourquoi ツォ ultra ツサsophistiquテゥes ? Effet
puits
?
]
de la biochimie. Elle assiste alors テ l窶兮ccomplissement de l窶卩砥vre de l窶册sprit sur la matiティre.
[
Anthropomorphisation de l窶册sprit : laisse accroire l窶冓dテゥe d窶冰ne intentionnalitテゥ
]
Le spectacle, comme en tテゥmoigne
notre dossier, est troublant.
[
Mテゥtaphore artistique pouvant テェtre inquiテゥtante : nous cherchons de l窶冓nfo, on aura du
spectacle. Mais que signifie ツォ troublant ツサ ?
]
347
Sokal A., Bricmont J.,
Impostures intellectuelles
, Odile Jacob, 1997.
Encart D
Effet
paillasson :
effet qui consiste テ prendre un mot pour un autre ou superposer deux
acceptions diffテゥrentes du mテェme terme. L窶册xemple typique est celui du paillasson, qui
enjoint ツォ essuyez vos pieds ツサ alors qu窶冓l viendra テ l窶册sprit de tout le monde d窶册ssuyer non ses
pieds, mais ses chaussures. Si le cas est ici anecdotique, il peut se rテゥvテゥler dramatique en
science, oテケ les termes ont des dテゥfinitions souvent uniques.
360
Fatiguant, hein ? Pour la suite, nous irons plus vite. Glissons quand mテェme l窶冰ltime non-sens de cet avant-propos : le
titre, en trティs gros, lacテゥ en bas de page :
ツォ l窶册sprit de la science
ツサ. Qu窶册st-ce テ dire ? Ca n窶兮 rien テ voir avec le contenu
du texte, sauf si on invoque un effet paillasson entre esprit (opposテゥ テ corps) et esprit (inhテゥrent テ la science, c'est-テ-
dire l窶册nsemble des postures scientifiques nテゥcessaires テ la crテゥation de connaissance).
Sommaire
L窶兮nnonce est faite : ツォ
hypnose, mテゥditation窶ヲ
ツサ ce sont les deux seuls
domaines nommテゥs (choix spectaculaire). Ensuite on lit :
ツォ d窶凖ゥtonnantes expテゥriences scientifiques prouvent de
maniティre irrテゥfutable que l窶册sprit agit sur le corps, au point de le soigner ! Des rテゥsultats qui laissent enfin
entrevoir ce qui lie psychisme et organisme ツサ
.
L窶冓ncomprテゥhension est lテ : soit
S&V
veut nous prouver que l窶册sprit agit sur le corps, ce qui, pris テ la lettre, est une
chose aisテゥe, auquel cas, on referme la revue et on rentre chez soi 窶 non sans avoir souri sur le plテゥonasme des
preuves
irrテゥfutables
(une preuve テゥtant par dテゥfinition non rテゥfutable) ;
Soit
S&V
apporte テ notre lecture des preuves que le ツォ mental ツサ agit sur le corps, au point
de le soigner. Encore faut-il
dテゥfinir ce que la revue entend par ツォ le soigner ツサ ? Y apporter un soin, ou le guテゥrir ? Les deux sens sont couverts par le
mテェme mot. Et si d窶兮venture c窶册st au sens de guテゥrir qu窶冓l est employテゥ, nous avons lテ un dossier qui nous prテゥpare le
scoop, surtout quand au programme se trouvent l窶冑ypnose et la mテゥditation.
En passant : que penser de
ツォ Loin des idテゥes reテァues ツサ
? Habituellement, une ナ砥vre intellectuelle ne vante pas son
propre intテゥrテェt. D窶冰ne part il est malsテゥant d窶凖ェtre juge et partie, et d窶兮utre part, la lecture suffit seule. C窶册st au lecteur
d窶兮pprテゥcier ou non. Le fait de vendre les qualitテゥs d窶冰n produit ou d窶冰ne ナ砥vre s窶兮ppelle une ツォ rテゥclame ツサ.
Grosso modo
,
la revue
nous rassure : nous en aurons pour nos 3 euros 90.
Encart E
Effet
bi-standard :
consiste テ modifier les rティgles du jeu ou du contrat implicite en
fonction des rテゥponses (et/ou des joueurs) pendant le cours du jeu ou du contrat. Si
la science prouve ma thティse, alors j'ai raison (implicite: la science est efficace,
puisqu'elle corrobore mon point de vue). Si la science infirme ma thティse, alors la
science, dテゥcidテゥment, ne comprend rien et n'est qu'un ramassis de scientifiques
chenus et rassis (implicite : la science n'est pas efficace, puisqu'elle ne corrobore pas
mon point de vue).
361
Ouvrons vite la p. 50.
P 50-51
encore un sommaire, avec de l窶冓conographie tape-テ-l窶卩妬l sur les ツセ de la surface.
Le procテゥdテゥ de mテゥtaphore employテゥ dans l窶册ncart est l窶冰n des plus courants en vulgarisation de la science : la
terra
incognita.
La mテゥtaphore champ-de-recherche /continent inconnu
. Appelons-le pour notre propos
l窶册ffet Mテサ
: il
consiste テ forger l窶冓dテゥe de pans de connaissance totalement occultテゥs par la recherche, qu窶
enfin
des chercheurs
dテゥvoilent comme l窶冩n dテゥcouvrirait un continent perdu crテゥent deux interstices, l窶冰n exogティne, l窶兮utre endogティne :
primo
,
(exogティne) que ces champs prテゥexistent テ leur ツォ dテゥcouverte ツサ (puisqu窶冩n dテゥcouvre quelque chose de couvert). On
retrouve alors la posture idテゥaliste, qui revient, テ l窶冓mage des Idテゥes de Platon, que les axiomes de la Nature, cachテゥs,
sont テ dテゥcouvrir.
Secundo
(endogティne) qu窶兮border une
vraie (sic) terra incognita
revient テ entrer dans l窶冓nconnu, テ plonger sur une vaste
テゥtendue immaculテゥe. En clair, prospecter un terrain vierge. Ce qui revient d窶冰n seul coup テ nier tous les travaux
antテゥrieurs sur la question et テ vendre le programme de recherche comme une exploration テ la Crocodile Dundee. Il
s窶兮git en quelque sorte d窶冰n effet puits spテゥcial rテゥsultats : tout rテゥsultat peut テェtre agrテゥmentテゥ d窶冰ne phrase puits du
type : ツォ les dテゥveloppements ultテゥrieurs nous permettront d窶册xplorer une nouvelle
terra incognita
. ツサ. C窶册st trティs pratique.
Pour un autre exemple, p. 62 : cette fois la
terra incognita
est la greffe des cellules fナ鍍ales.
362
p. 52-53 Dossier
: Ne nous appesantissons pas sur l窶冓conographie, qui reste la mテェme que sur la couverture.
Je me consacrerai seulement au contenu du programme.
Tout d窶兮bord, on retrouve souvent en vulgarisation
la technique de la peau de chagrin
: les prテゥtentions diminuent.
Nous rapprochant du contenu, les auteurs sont plus prudents. On ne parle d窶兮illeurs plus de l窶册sprit, mais du mental.
Tiens tiens,
l窶册ffet ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ
!
Appelテゥ parfois ツォ 12 merveilles du monde ツサ, cet
effet met en avant la fテ「cheuse tendance qu窶冩nt
eu certains personnages テ user et abuser des
nombres 7 et 12, en hommage plus ou moins
franc aux 7 pテゥchテゥs, aux 7 archanges, aux 7
vertus, aux 7 sages de la Grティce Antique, aux 7
patriarches, aux 7 piliers, aux 7 mテゥtaux,
aux 7 chakras, aux 7 nains窶ヲ aux 12 apテエtres,
aux 12 prophティtes mineurs de l窶僊ncien
Testament, aux 12 fils d窶僮smaテォl, aux 12 flテゥaux,
aux 12 travaux, 12 signes du zodiaque, etc. On
notera au passage la prテゥsentation 窶湾aranormal窶冓ste
(
les pouvoirs de l窶册sprit, les テゥtonnants effets
) ainsi
que le mテゥlange des genres : le cancer
(maladie protテゥiforme), l窶兮sthme (maladie テ
fort paramティtre psychosomatique) et la
douleur notion subjective).
Emprunter une piste, d窶兮ccord. Mais une piste qui ツォ lティve le voile ツサ sur des rテゥsultats ?
A trop vouloir en faire窶ヲRelevons la
technique du dテゥfi
: les chercheurs peuvent potentiellement
Relever un dテゥfi sur n窶冓mporte quoi. Mais la question est : puisqu窶冰n dテゥfi se relティve, qui donc l窶兮 posテゥ ?
Splendide effet Mテサ.
Paradoxe entre les 7 expテゥriences annoncテゥes et les
multiples
テゥvoquテゥes ici. Mais surtout bouffテゥe dテゥlirante :
(窶ヲ) au point que l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies
( ?)
la mテゥditation fait chuter
l窶冑ypertension, etc.
363
Le dossier proprement dit
Je n窶册ntrerai dans le dテゥtail que pour cette page.
Quelques effets
9
Le titre ツォ
Les 7 expテゥriences qui dテゥfient la science
ツサ contient
l窶册ffet ツォ 12 merveilles
ツサ, doublテゥ de la
technique du
dテゥfi
(voir ci-dessus). On retrouve le dテゥfi lignes 73-74 : ツォ
des expテゥriences (窶ヲ) mais toutes posent un vrai dテゥfi テ la
science
ツサ.
9
Effet paillasson sur le terme ツォ guテゥrir ツサ
(voir plus haut) :
[le mental] parvient テ guテゥrir [l窶冩rganisme]
(Intro, ligne
4)
9
Effet paillasson
sur ツォ esprit ツサ
(lignes 5-6) : ツォ
ツォ l窶册sprit ツォ a la capacitテゥ de transformer le corps et exerce un vテゥritable
pouvoir sur le mテゥtabolisme
ツサ. Le flou est d窶兮illeurs entretenu par les guillemets.
Le mot esprit est trティs pratique :
des gens dit ツォ d窶册sprit ツサ テ l窶册sprit d窶冓nitiative, en passant par l窶册sprit des Lois, le nouvel esprit scientifique et
le saint-esprit, on peut ratisser large. On fera d窶兮illeurs de dテゥlicieux sauts entre la pensテゥe, le mental et
l窶册sprit, voire le psychisme (voir ci-dessous).
9
Effet paillasson sur ツォ psychisme ツサ :
lテ oテケ on devrait utiliser psychologie, on trouve rテゥguliティrement
ツォ psychisme ツサ, ce qui n窶册st pas du meilleur effet. Superbe exemple plus loin, p. 66, dans le sous-titre.
Quelques mテゥtaphores et scテゥnarisations
9
ツォ une vテゥritable conquテェte de la science ツサ
: la mテゥtaphore テゥpique
est テゥgalement un poncif de la vulgarisation,
comme s窶冓l fallait convaincre le lecteur que la recherche est une quテェte d窶冰n quelconque Graal. La pauvretテゥ
de cette mテゥtaphore rテゥside dans le fait que tout rテゥsultat scientifique, mテェme minime, peut par ce moyen テェtre
dテゥcrit comme une conquテェte de la science, et テゥblouir ainsi le profane. On retrouve ce que Broch appelle
l窶册ffet Impact. En outre, la recherche scientifique fonctionne malheureusement plus bien sテサr par la
recherche appliquテゥe (surtout industrialo-militaire) et par le glanage de crテゥdits sur des projets en adテゥquation
avec les visテゥes politiques des pays que par la quテェte d窶冰n quelconque Graal. Reste que certains chercheurs,
effectivement, trouvent stimulante cette テゥpopテゥe. Mais une bonne proportion se consacre plus volontiers テ
la recherche d窶兮rgent, de gloire ou de publications. Loin de moi l窶冓dテゥe de dテゥbattre ici de ce qui est bien ou
moins bien : je veux juste attirer le regard sur le fait que la recherche ne participe pas souvent d窶冰n hテゥroテッsme
de chanson de geste.
L窶册ffet Mテサ participe aussi d窶兮illeurs de cette mテゥtaphore テゥpique. Exemple : ツォ
dテゥfrichant des territoires mテゥconnus
ツサ
(l.68-69). On trouvera テゥgalement le terme ツォ pionnier ツサ p. 56
9
Dans le sous-titre, on parle de ツォ verdict ツサ des surprenantes expテゥriences. Cette
mテゥtaphore juridique
est
assez dテゥlicate, car elle laisse accroire que la science fonctionne selon des juges et des parties qui remportent
l窶兮dhテゥsion par une sorte de consensus dテゥmocratique. Ce n窶册st pas flagrant ici, mais c窶册st une mテゥtaphore
frテゥquemment utilisテゥe, notamment dans les cas de pseudo-mテゥdecines. Elle dテゥnature quelque peu la
dテゥmarche scientifique, qui valide une thテゥorie non sur la majoritテゥ des avis, mais sur l窶兮dテゥquation des rテゥsultats
avec la prテゥdiction.
9
Scテゥnarisation ツォ mテゥtapsychique ツサ :
ツォ
Les preuves s窶兮ccumulent en effet sous leurs yeux quand le seul jeu de la pensテゥe
dテゥplace des millions de molテゥcules, sculpte de nouvelles formes dans le cerveau, structure des interactions cellulaires et molテゥculaires
inテゥdites, renforce des liens tテゥnus et insoupテァonnテゥs entre nos pensテゥes et les rテゥactions de notre organisme
ツサ (lignes 9-18) ou
encore ツォ Autant
de phテゥnomティnes scientifiquement dテゥmontrテゥs qui tテゥmoignent de maniティre troublante que l窶册sprit a bel et bien
une action sur la matiティre
ツサ (17-21)
Cette scテゥnarisation est agrテゥmentテゥe de tout un champ sテゥmantique, qui la renforce :
Etrange, Surprenantes
expテゥriences
(Intro l.2),
tテゥmoignent de maniティre troublante
(l.19),
fascinante emprise
(l.65),
phテゥnomティnes テゥtranges
(l.77),
jeter
quelque lumiティre sur ce lien mystテゥrieux, longtemps restテゥ dans l窶冩mbre
(Encart l.8-10)
9
(titre de paragraphe) ツォ le cerveau sテゥcrティte la pensテゥe ツサ. (l.27, empruntテゥ テ Cabanis)
. Le cerveau perテァu comme
une glande
est une vision rテゥductionniste qui a ses limites, puisqu窶册lle rテゥsume le phテゥnomティne テ un seul lien
causal. Tristement, la critique la plus fテゥroce de cette vision, et de cette phrase en particulier, vient du monde
de la psychanalyse, Roudinesco en particulier.
Quelques postures philosophiques
9
Les arcanes :
ツォ
A force de fouiller les arcanes du vivant ツサ
(ligne 8), puis
ツォ La science n窶册n finit pas d窶兮vancer dans sa
connaissance des arcanes du vivant
ツサ
(encart 7).
La posture
philosophique romantique (Natテシrphilosophie)
promeut l'idテゥe que l'テ「me humaine est en
mesure d'aller chercher les
clテゥs de la Nature
, au prix d'une certaine ascティse. Il s'agit d'un double courant aux
sources lointaines, mais aux effets encore prテゥgnants, notamment chez les scientifiques spiritualistes comme
365
Xuan Thuan, Nicolescu ou Charon. Double parce que de deux origines :
- Aristote, prテゥvoyant une analogie profonde entre les opテゥrations de la Nature et celles de l窶册sprit, nourrit le
courant philosophique romantique allemand, dont le plus テゥminent reprテゥsentant fut J. W. Von Goethe. Ce
dernier, par exemple, dテゥfendait l'idテゥe d窶冰ne ツォ physique spテゥculative ツサ qui, d窶冰n mテェme mouvement grandiose,
constituerait une philosophie de la Nature et de l窶册sprit, car il テゥtait convaincu "que l窶册sprit porte en lui les
clテゥs des opテゥrations de la Nature et peut aller jusqu窶兮u seuil de ses
ateliers secrets
"
. C窶est une forme de
thテゥologie scientifique
- Platon, un peu plus modeste que son テゥlティve, pensait qu'on ne pouvait remonter que jusqu'aux axiomes de la
Nature, aux "lois" fondamentales. Cela inspira le courant anglais appelテゥ
Natural Philosophy
, portテゥ entre autres
par John F. W. Herschel, lテゥgティrement plus tard qu'en Allemagne, mais prolongテゥ jusqu窶册n pleines 30's avec
Whitehead.
9
ツォ L
窶册sprit a bel et bien une action sur la matiティre. Et que rien ne les sテゥpare, quoiqu窶冩n en pense
ツサ (l.20-21) forme de
Holisme,
chティre テ la tendance Nouvel テHe
: il convient de s'intテゥresser テ l'individu comme un "tout", faisant
foin du dualisme platonicien vantテゥ ailleurs, englobテゥ dans l'entitテゥ "monde". Ce qui est pratique avec le
holisme, c窶册st qu窶冩n peut facilement dire tout et son contraire. Exemple un peu plus loin, avec ツォ
(窶ヲ) les voies
qu窶册mprunte l窶册sprit pour parler au corps. Voies qui ont ainsi cessテゥ d窶凖ェtre impテゥnテゥtrables. テ tel point que le dialogue
esprit/corps
窶ヲツサ
(l.46-48) ou encore ツォ
3 siティcles plus tard, les neurosciences ont dテゥfinitivement aboli
(mテゥtaphore
juridique)
la trop vertueuse
(moralisme)
frontiティre entre corps et
L窶册sprit et la matiティre sont distincts, mais
dialoguent, ou sont une seule et mテェme chose, qui se rescinde parfois. Le Yin et le Yang en quelque sorte.
On lira avec appテゥtit l窶册ncart p. 66, qui commence ainsi : ツォ
parvenir テ テゥlucider les mテゥcanismes et les chemins qui relient
l窶册sprit et le corps est l窶冩ccasion d窶兮ccテゥder enfin テ une comprテゥhension globale de la machine humaine.
ツサ
9
Historicisme
hテゥgテゥlien
:
ツォ
Ce dont le siティcle des Lumiティres eut d窶兮illeurs l窶冓ntuition
ツサ (l.22-23). Relire テ rebours
l窶冑istoire comme possテゥdant un sens, un but cachテゥ, et des テゥlテゥments qui permettent aux esprits テゥclairテゥs de
prテゥdire le futur, est un procテゥdテゥ douteux, tant sur le plan logique (effet Bipティde, voir
Encart F
) que sur le
plan philosophique (ce type d窶冑istoricisme a drainテゥ les visions rテゥactionnaires, de la nテゥcessitテゥ de la naissance
des sciences テ l窶兮vティnement du surhomme). Le mythe テ la ツォ Moテッse ツサ, qui ouvre le chemin, ou テ la Jules Verne,
Vinci et autres visionnaires est sous-jacent. Une autre occurrence se trouve dans
sacrilティges en leur temps (
Kant ?
Fut-il sacrilティge ?
) ces prテゥcurseurs ont pourtant montrテゥ le chemin
(l.39-41)
Quelques sophismes
9
La notion de preuve est assez malmenテゥe :
Pouvoirs (窶ヲ) irrテゥfutables
(Intro 1),
Expテゥriences rigoureuses テ l窶兮ppui
(7-8),
Les preuves s窶兮ccumulent en effet sous leurs yeux
(9-
10),
Autant de phテゥnomティnes scientifiquement dテゥmontrテゥs
(17-18),
qui tテゥmoignent de maniティre troublante
(17-20) (ridicule : si les
phテゥnomティnes sont dテゥmontrテゥs, alors le tテゥmoignage n窶册st pas troublant. Il est. Point.) Ce sera la mテェme chose pour
tous les articles du dossier (ex : p. 57 est invoquテゥe une ツォ preuve flagrante de l窶册fficacitテゥ de l窶冑ypnose ツサ.
3 siティcles plus tard, les neurosciences ont dテゥfinitivement aboli la trop vertueuse frontiティre entre corps et
esprit (41-43)
elles livrent des
rテゥsultats rigoureusement constatテゥs et テゥvaluテゥs
(74-75).
Il reste テ expliquer les phテゥnomティnes テゥtranges dont elles tテゥmoignent
(74-78)
(notons pour cette derniティre que des phテゥnomティnes ne tテゥmoignent pas, et quand bien mテェme, un corpus de
tテゥmoignages ne remplacera jamais une preuve ; mテェme remarque pour ツォ
Autant de phテゥnomティnes scientifiquement
dテゥmontrテゥs qui tテゥmoignent de maniティre troublante
(17-20)
9
de quoi faire テゥvoluer les mentalitテゥs puisque mテゥdecine et psychologie pourraient enfin cesse de se regarder de travers
(86-89)
Mテゥthode cavalerie
: on crテゥe un problティme qui n窶册xiste pas (mテゥdecine et psychologie ne se sont jamais regardテゥ
de travers) pour le rテゥsoudre ensuite (voir point suivant)
348
Johann Wolfgang Von Goethe,
Dichtung und Wahrheit
, 1812, trad. Poテゥsie et vテゥritテゥ - souvenirs de ma vie, Ed. Aubier
1991.
Encart F
Effet bipティde, ou raisonnement panglossien
:
L'effet Bipティde consiste テ raisonner
テ rebours vers une cause possible. Exemple dont cet effet tire son nom : "l'existence
des pantalons prouve que Dieu a voulu que nous soyons des bipティdes". Pour plus de
clartテゥ, je lui prテゥfティre le terme de "raisonnement Panglossien", du nom de ce
prテゥcepteur de Candide crテゥe par Voltaire qui affirmait que si nous avons un nez, c'est
bien テゥvidemment pour porter des lunettes.
366
9
(窶ヲ)
mais les sナ砥rs ennemies,
(voir point prテゥcテゥdent)
confrontテゥes aux limites de leur art
(la psychologie serait donc un
art ?)
, sont maintenant contraintes
(par qui ?)
d窶兮llier leurs forces et leur raison
( ?)
pour mieux prendre en charge les souffrances
humaines
(posture clテゥricale et moralisante 窶 un prテェtre pourrait dire テァa). (87-97)
9
Au-delテ des prテゥjugテゥs et des idテゥes reテァues.
(Voir ツォ rテゥclame ツサ, sommaire).
9
Rejet en 2 camps : ツォ
sans doute certains crieront-ils テ l窶凖ゥvidence sauf que cette fois, ce sont les scientifiques qui le constatent
ツサ (l. 5-
6). Resterait テ dテゥfinir les 2 camps dans ce genre de dialectique.
9
Derniティre touche : ツォ
les pratiques les plus anciennes comme la mテゥditation transcendantale
ツサ. C窶册st
l窶册ffet Momie :
plus c窶册st
vieux, mieux c窶册st.
L窶兮rgument traditionaliste
est caduc en soi, テ moins d窶兮imer les cavernes. Pour le coup, il
s窶兮git ici d窶冰ne phrase abusive : si je suis d窶兮ccord pour la mテゥditation, la mテゥditation transcendantale, elle est
rテゥcente. Elle fut fondテゥe par Manesh Prada Warna, dit Maharishi Mahesh Yogi en 1958, afin de ツォ
faire connaテョtre テ
l窶冩ccident malade les forces salvatrices de l窶兮uto-rテゥalisation de soi par la mテゥditation
ツサ (Circulaire aux professeurs de M.T.
1971).
Conclusion : et les allテゥgations ?
Je ne vais pas dテゥcouper tout l窶兮rticle, qui fait encore 20 pages. Nテゥanmoins je voudrais illustrer encore 3 choses.
1) la peau de chagrin :
- au sommaire, on lit que l窶冑ypnose ツォ guテゥrit ツサ.
- p. 52, on lit que ツォ l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies ツサ
- p. 55, on lit que ツォ l窶冑ypnose rテゥduit le recours aux anesthテゥsies gテゥnテゥrales ツサ
- p. 56, on lit que ツォ l窶冑ypnose limite le recours テ l窶兮nesthテゥsie gテゥnテゥrale ツサ
- puis on apprend que ツォ l窶册ffet de l窶冑ypnose est renforcテゥ par une lテゥgティre sテゥdation et une anesthテゥsie locale de la plaie ツサ.
Que l窶冑ypnose dテゥcrite ici, qui ressemble plus テ du dテゥtournement d窶兮ttention et de la suggestion qu窶凖 un ツォ テゥtat de
conscience intermテゥdiaire ツサ (p 56, l. 46) soit utile lors d窶冩pテゥrations n窶册st guティre surprenant, et ne forme un scoop que
parce que le mot hypnose, qui porte foison de fantasmes, est utilisテゥ. Mais le procテゥdテゥ journalistique qui consiste テ
appテ「ter la proie est flagrant ici. On part voir une montagne, on se retrouve avec une souris.
2) Paillasson sur les biorythmes :
Il est des effets paillassons plus graves que d窶兮utres. Ainsi pp. 55 et 64, l窶兮uteur titre sur les biorythmes, censテゥs
soigner l窶兮sthme.
Il faut savoir que les biorythmes, lテゥgティrement passテゥs de mode en France, firent la trame d窶冰ne pseudo-science, basテゥe
367
sur l窶凖ゥtude de simili rythmes de la personnalitテゥ, pseudo-science テ mi-chemin entre le rテェve Nouvel テHe des pulsations
cosmiques auxquels nous serions soumis et la mancie type numテゥrologie. Or, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je
lus dティs la 3
ティme
ligne p. 64 qu窶册n guise de biorythmes, il s窶兮git des窶ヲ rythmes cardiaques, qui n窶冩nt strictement rien テ
voir avec les biorythmes. Erreur assez difficilement pardonnable lorsqu窶冩n sait le nombre de gens qui se sont
fourvoyテゥs dans le domaine des biorythmes : confondre rythmes biologiques et biorythmes est soi involontaire 窶
dans ce cas, la compテゥtence du journaliste est discutable. Soit elle est volontaire. Je n窶冩se conclure.
Note : on pourrait objecter la mテェme chose sur la notion de biofeedback, introduite テ plusieurs reprises dans l窶兮rticle ;
ou sur la question des Etats Modifiテゥs de Conscience : sommeil paradoxal, coma, somnambulisme pour les uns, crise
chamanique, transe et transmission de pensテゥe pour d窶兮utres. Attention aux mots que l窶冩n emploie. Voir p. 68).
3) prodiges et vertiges de l窶兮nalogie
Plus bas, on trouve la page 67 : 3 dessins, juste annotテゥs.
Quand le cerveau modifie ses テゥtats de conscience.
Le cerveau se reconfigure tout au long de la vie.
Le cerveau discute en permanence avec le systティme immunitaire.
Lorgnons les deux derniers : une analogie classique avec l窶冩rdinateur, puis une analogie faite entre cerveau/ systティme
immunitaire et deux personnes qui discutent comme de bons amis. L窶冰ne et l窶兮utre ont leur champ de validitテゥ, mais
349
Allusion au titre de l窶册xcellent livre de Jacques Bouveresse, Editions Raisons d窶兮gir, 2002.
368
aussi leur limite, voire leurs contradictions. Ces contradictions doivent テェtre pointテゥes, surtout lorsqu窶册lles ciblent des
sujets fortement affectifs comme la guテゥrison. Pour les cas prテゥsents, si le cerveau discute avec le systティme immunitaire,
pourquoi suis-je malade ? Le dialogue ne se fait-il pas bien ? Pour quelle raison ? Et lテ, aucune rテゥponse. Alors le
client-patient va chercher un sens, et il peut se retrouver テ la merci des marchands d窶冓llusion qui, sur un fond de
culpabilitテゥ latent qui fit l窶冑eur des prテェtres-mテゥdecins des premiers siティcles de l窶僞re Chrテゥtienne, lui vendront les clテゥs
tordues de ce dialogue cerveau/systティme immunitaire. ツォ
Un scientifique qui exploite une analogie caractテゥristique entre deux
domaines テ premiティre vue trティs diffテゥrents se sent normalement obligテゥ d窶冓ndiquer les limites de son application, les aspects sous lesquels les
deux catテゥgories de phテゥnomティnes concernテゥes peuvent テェtre assimilテゥes l窶冰ne テ l窶兮utre et ceux sous lesquels elles ne le peuvent pas
ツサ, テゥcrit
Bouveresse (2002, p. 35).
Pour corroborer ceci, je dirai qu窶冓l devient de plus en plus nテゥcessaire de crテゥer la ツォ pratique illテゥgitime de l窶兮nalogie ツサ,
ainsi qu窶冰ne certaine forme ツォ mise en danger de la connaissance d窶兮utrui ツサ.
****
Les pages prテゥsentテゥes sont extraites du dossier
S&V
, co-signテゥ Bensaテッd, Beuzard, Chambon, Mayo, Revoy, Tourbe,
sous la direction d窶僊. Sari.
S&V
Novembre 2004.
369
Fiche pテゥdagogique Nツー6 窶 Le magnテゥtisme et les fluides
Nous n窶冓ndiquerons dans cette fiche que la trame narrative employテゥe. Les rテゥfテゥrences employテゥes
sont indiquテゥes.
1
ティre
partie : construction conceptuelle & historique
L窶冑istoire des sciences a son importance, テゥcrit Broch. Voici donc une trame possible d窶册xplication
des fondements de la pensテゥe fluidique et magnテゥtique au fil des テ「ges. Nous ne dテゥtaillons que les
premiティres analogies de base.
1)
Analogies de base
Analogie 1 : santテゥ & fluides
ツォ
Hippocrate fit de ses humeurs des fluides : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. Il dテゥcrivit alors la santテゥ comme un cocktail
bien dosテゥ : les 4 humeurs doivent テェtre harmonieusement mテェlテゥes dans l'organisme et se trouvent sous forme cuite par mテゥlange et par chaleur
vitale ! Voilテ. Pour rテゥsumer, en cas de fatigue ou d'excティs de bouffe, une humeur serait produite en excティs, ce qui entraテョnerait une guerre
entre humeurs, qui, une fois sテゥparテゥes, redeviendraient "crues", c'est-テ-dire acides et irritantes. Passe le stade de l'effervescence, et elles
finissent viciテゥes.
ツサ. Or, ツォ
Si le sang et la bile jaune existent bien, le phlegme par contre, qu'il appelait aussi "pituite" et qui dテゥsignait tout
liquide transparent ou blanchテ「tre (salive, morve, larmes, lymphe, plasma sanguin, sperme et mテェme matiティre grise du cerveau) est une
catテゥgorie plus douteuse. Quant テ la bile noire, l'"atrabile", porteuse de mテゥlancolie d'instabilitテゥ, et soi-disant responsable du cancer, elle
relティve purement du fantasme.
(窶ヲ)
Galien ajouta aux 4 humeurs d'Hippocrate les pneumas, ou esprits animaux : dans le
res mirabilis
,
merveilleux rテゥseau enchevテェtrテゥ de notre cou, circuleraient ces pneumas, sortes de fluides gazeux qui "animeraient" notre carcasse. Le thティme
des pneumas sera dテゥclinテゥ ensuite jusqu'テ plus soif, en de nombreux avatars, depuis l'テゥther jusqu'テ l'テ「me, mテェme si, confrontテゥ テ
l'expテゥrimentation, force est de constater que le pneuma tique
ツサ.(窶ヲ)
Petit テ petit, la notion de magnテゥtisme recouvrant tous les aspects d'action テ distance, les vieux savants postulティrent logiquement l'existence
d'un intermテゥdiaire, quel qu'il soit, dans les chaテョnes d'actions. Et lorsqu'une action s'exerce dans un "champ d'action", justement, il n'est
pas surprenant de voir naテョtre l'analogie avec le comportement d'un "effluve", fluide, qui suinte, qui corrode, qui s'immisce. Et ce fut la
naissance d'une vraie collection de ce genre de fluide, entre autres le phlogistique pour justifier le combustions, le calorique, pour expliquer
les transferts de chaleur, l'テゥther pour trimbaler les ondes
,
et surtout le lテゥgendaire fluide vital. Certains de ces fluides furent des contes テ
dormir debout (alors qu'on recherchait des causes alitテゥes...)
Analogie 2 : humain & aimant
ツォ
Chaque corps organisテゥ serait un aimant, qui aurait ses pテエles ; il y circule un fluide magnテゥtique, en sorte qu'en prテゥsentant l'un テ l'autre
les pテエles opposテゥs un テェtre vivant peut agir sur un autre テェtre vivant. On assimile le magnテゥtisme テ la force qui テゥmane d'un personnage, force
qui fait naテョtre des sensations ou des sentiments comme la haine, la bontテゥ ou l'amour
2)
Origines : Hippocrate & Galien
3)
Lecture fluidique de la santテゥ
4)
Conceptions qui perdurent presque 1600 ans
5)
De l窶兮mbre テ Galvani
6)
Le vitalisme
7)
Magnテゥtisme animal, somnambulisme
-
la thテゥorie de Mesmer, rテゥguliティrement invoquテゥe par les magnテゥtiseurs modernes.
-
Le somnambulisme
8)
Version moderne : rhabilleux, rebouteux, toucher thテゥrapeutique de Krieger, magnテゥtisme
350
Monvoisin R., Magnテゥtisme (I) disponible sur
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=11
351
voir Jagot P-C,
comment dテゥvelopper votre magnテゥtisme personnel
, Dangles Editions, 1962
370
de Crテゥola
9)
Postmodernisme : anti-rationalitテゥ, holisme. ツォ il se peut fort bien que le toucher
thテゥrapeutique, comme les techniques de guテゥrisons chamanique, テゥchappe テ nos
ツォ paradigmes ツサ de pensテゥe ツサ (Thompson 2000, pp. 60-61)
(Pour la suite, voir Monvoisin,
Monvoisin R., Magnテゥtisme (I) - Histoire de l'テゥlectromagnテゥtisme, Origines d'un fantasme,
document disponible sur
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=11
Rテゥfテゥrences:
Glazer, S., ツォ therapeutic touch and postmodernism in nurering ツサ,
Nursing philosophy
2, 2001, pp.
196-212
Thomspon J.L., ツォ Which postmodernism ? a critical response to ツォ therapeutic touch and
postmodernism in nurering ツサ,
Nursing philosophy
3, 2002, pp. 58-62
Glazer, S., ツォ response to critique of 窶徼herapeutic touch and postmodernism in nursering窶 ツサ,
Nursing philosophy
3, 2002, pp. 63-65
Schmitz O.,
Soigner par l'invisible. Enquテェte sur les guテゥrisseurs aujourd'hui
, Paris: Imago. 2006
2
ティme
partie : dテゥmarche critique
1)
Le rapport Bailly de l窶僊cadテゥmie des sciences 窶 ses limites
Rテゥfテゥrences :
Bailly J.S., Rapport des commissaires chargテゥs par le Roi de l'examen du magnテゥtisme animal, Paris,
1784.
http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/?cote=86663&p=1&do=page
Bailly J.S. - Exposテゥ des expテゥriences qui ont テゥtテゥ faites pour l'examen du magnテゥtisme animal.
http://194.254.96.21/livanc/?p=3&cote=40742x01&do=page
Riguet E., Magnテゥtisme (II) - Le magnテゥtisme animal, document disponible sur
http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=12
Figuier L.,
Histoire du Merveilleux dans les temps modernes
, Tome 3,
1860
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k226951
,notamment pp. 195-228
2)
Sokal : critique テゥpistテゥmologique
Sokal A.,
Pseudosciences & postmodernisme
, Odile Jacob, 2005, pp. 56 窶 87
3)
critique mテゥdiatique : Faille テゥpistテゥmologique : magnテゥtisme / magnテゥtisme animal, et partage
du mテェme lexique - Recherche du lexique ambigテシ dans les mテゥdia
352
Crテゥola G.,
Le magnテゥtisme テ portテゥe de tous, guテゥrir par les mains
, Le Hameau 1985
http://www.creola-gilbert.fr/Le%20Magne1.htm
371
4)
introduction aux protocoles expテゥrimentaux modernes :
o
Rosa L, Rosa E., Sarner L, Barrett S.,
A close look at therapeutic touch
,
JAMA
, 279
(13), p. 1005-1010, 1998
o
Protocole de Mr Z, Observatoire Zテゥtテゥtique 2004
zetetique.org/divers/oz-
magnetisme.pdf?PHPSESSID=435f0c3a6555002708179936947fae28
5) Risques : rテエle social des guテゥrisseurs magnテゥtiseurs / danger des reprテゥsentations sanitaires
fluidiques (exemples de sectes : scientologie, purges, テゥliminations de toxines)
Primo
, l'Histoire des Sciences permet de comprendre pourquoi les explications par les "fluides"
sont si satisfaisantes intellectuellement. Notre prテゥhension du monde porte le lourd poids des
scientifiques ventrus qui firent au cours de l'Histoire notre systティme interprテゥtatif : il n'est donc pas
テゥtonnant de voir que le magnテゥtisme
enseignテゥ
et le magnテゥtisme
animal, personnel, etc.
窶ヲ co-existent
encore, mテェme chez certains scientifiques. L'un est prテゥdictif mais complexe, l'autre est archaテッque et
jusqu'テ prテゥsent faux, mais intuitif : rien d'テゥtonnant que, lorsque la vie nous confronte テ un
phテゥnomティne テゥtrange, l'interprテゥtation fantasmatique et intuitive prenne le pas.
L'テゥpisode Mesmer est テゥdifiant テ cet テゥgard, et s'il y aurait テ redire des protocoles de l'テゥpoque, les
conclusions auxquelles parviennent les commissions chargテゥes d'investiguer sont transposables
actuellement.
Secundo
, l'hypothティse du fluide vital ou du magnテゥtisme fait florティs dans toutes les interprテゥtations de
guテゥrisons pseudo-naturelles. Elle se dテゥcline en diverses explications plus ou moins
"テゥnergテゥtiques", mテゥlangeant au grand dam des physiciens les notions de
force
, de
champ
, de
puissance
,
d'
テゥnergie
en un vrac Nouvel テHe incomprテゥhensible, mais fort propice テ dire tout et n'importe quoi.
Pourtant aucun phテゥnomティne magnテゥtique n'a encore jamais テゥtテゥ mis en テゥvidence dans les procテゥdテゥs
de soin des guテゥrisseurs et des rebouteux.
Les ouvrages d'Yves Rocard, grand physicien mais piティtre expテゥrimentateur en sourcellerie, ont
ravivテゥ la croyance de phテゥnomティnes magnテゥtiques en ce domaine (notamment par le truchement
des fameux cristaux de magnテゥtite dont tout pテゥquin moyen serait dotテゥ aux articulations). Les
expテゥriences ayant tentテゥ d'habiliter ces thティses ont fait chou blanc, et les protocoles de tests
rigoureux en
double aveugle
infirment les hypothティses magnテゥtiques dans les mains des magnテゥtiseurs.
Sont abordテゥs les outils critiques suivants :
-
l窶兮nalogie n窶册st pas une preuve
-
une analogie donnテゥe sans limite est comme un rテゥsultat sans incertitude de mesure
-
une notion intuitive peut s窶兮vテゥrer fausse, et crテゥer des reprテゥsentations fausses (vision
fluidique de la santテゥ)
-
l窶册ffet ツォ canard de bain en plastique ツサ et le manque de mテゥmoire de l窶冑istoire
-
l窶冰tilisation de termes テゥquivoques permet toute une gamme d窶册ffets paillasson.
-
La notion de protocole
372
Fiche pテゥdagogique Nツー7 窶 Argument d窶兮utoritテゥ, DHMO, alerte,
jargon, un tsunami dans un verre d窶册au
Qu'est-ce que le monoxyde de dihydrogティne?
Le monoxyde de dihydrogティne (en anglais ツォDihydrogen Monoxideツサ - DHMO)
(1) est un composテゥ chimique incolore et inodore, テゥgalement dテゥnommテゥ par
certains oxyde de dihydrogティne, hydroxyde d'hydrogティne, hydroxyde
d'hydronium, ou simplement acide hydrique. Son constituant de base est le
radical instable hydroxyl, qu'on retrouve dans de nombreux composテゥs
caustiques, explosifs et toxiques tels que l'acide sulfurique, la nitroglycテゥrine et
l'alcool テゥthylique.
Pour une information plus dテゥtaillテゥe, comprenant des indications sur les prテゥcautions テ prendre, les
rティgles d'emploi et de stockage, veuillez vous reporter テ la
Material Safety Data Sheet
(MSDS) (en
anglais) sur le monoxyde de dihydrogティne
Dois-je me sentir concernテゥ par le monoxyde de dihydrogティne?
Oui, vous devez l'テェtre! Bien que le gouvernement des テ液ats-Unis et les ツォCenters for Disease
Controlツサ (CDC) n'imposent pas de restrictions sur le monoxyde de dihydrogティne (alors qu'ils en
ont imposテゥes テ des substances plus familiティres telles que l'acide chlorhydrique et la saccharine), le
monoxyde de dihydrogティne est un constituant de substances toxiques, d'agents provoquant ou
favorisant des maladies et de menaces pour l'environnement aussi nombreux que connus, et peut
mテェme テェtre lテゥthal
(sic
) テ un テェtre humain テ des doses aussi faibles que quelques gouttes.
Des recherches entreprises par un scientifique amテゥricain renommテゥ, Nathan Zohner, (2)
ont conclu qu'environ 86 pour cent de la population des テ液ats-Unis est favorable テ une
interdiction du monoxyde de dihydrogティne. Bien que ses rテゥsultats soient prテゥliminaires, Zohner
pense que la population doit accorder plus d'attention aux informations qui lui sont donnテゥes
concernant le monoxyde de dihydrogティne. Il ajoute que si davantage de personnes connaissait la
vテゥritテゥ sur le monoxyde de dihydrogティne, des テゥtudes telles que celle qu'il a menテゥe ne seraient pas
nテゥcessaires.
353
http://en.wikipedia.org/wiki/Dihydrogen_monoxide_hoax
* la substance est un テゥlテゥment principal des pluies acides ;
* elle contribue テ l窶凖ゥrosion des sols ;
* elle provoque la corrosion et la destruction des mテゥtaux et des appareils テゥlectriques ;
* une ingestion excessive peut causer de nombreux effets secondaires dテゥplaisants, pouvant aller jusqu'テ entraテョner la mort ;
* le contact prolongテゥ avec sa forme solide provoque des lテゥsions des tissus ;
* sa prテゥsence dans les poumons, mテェme en faible quantitテゥ, peut causer la mort par asphyxie ;
* sa forme gazeuse peut causer de graves brテサlures ;
* il a テゥtテゥ retrouvテゥ dans les tumeurs de malades du cancer en phase terminale ;
* mテェme aprティs rinテァage prolongテゥ, il en reste toujours des traces ;
* en dテゥpit de tout cela, les gouvernements et les sociテゥtテゥs continuent de l窶冰tiliser テ grande テゥchelle, nテゥgligeant dテゥlibテゥrテゥment ses dangers.
373
Une enquテェte similaire dirigテゥe par les chercheurs amテゥricains Patrick K. McCluskey et Matthew
Kulick ont テゥgalement dテゥcouvert que prティs de 90 pour cent des sujets interrogテゥs テゥtaient prテェts テ
signer une pテゥtition en faveur d'une interdiction complティte de l'usage du monoxyde de dihydrogティne
aux テ液ats-Unis.
Monoxyde de dihydrogティne 窶 FAQ
Liquide pur troublテゥ par du monoxyde de dihydrogティne liquide
Soulignons que
(1) le DHMO s'テゥcrit H
2
O
(2) que Nathan Zohner テゥtait en 1997 un adolescent de 14 ans d窶僮daho
Falls, dans l窶僮daho, qui parvint pour son travail de recherche en science
intitulテゥ ツォ "How Gullible Are We? ツサ テ glaner 43 votes pour bannir le
DHMO, sur 50 personnes interrogテゥes parmi ses camarades
Le canular a vraisemblablement テゥtテゥ crテゥe par Eric Lechner en 1990, puis revu par Craig Jackson
en 1994, avant d窶兮tteindre la notoriテゥtテゥ par le travail de Zohner
Cet exemple est moins anodin qu窶冓l n窶凉 paraテョt. Outre les Ips lexicaux qui le constellent, il est
suffisamment bien apprテェtテゥ pour avoir suscitテゥ des rテゥactions pour le moins intテゥressantes. L窶冰ne
d窶册lles remonte テ 2005, oテケ une dテゥpテェche AP annonce :
ツォ City officials were so concerned about the potentially dangerous properties of
dihydrogen monoxide that they considered banning foam cups after they learned the
chemical was used in their production窶.
Le Magazine de la Recherche Europテゥenne テゥcrivit テゥgalement fin 2005 :
ツォ La plaisanterie ne fut pas toujours apprテゥciテゥe テ sa juste valeur, lorsqu'elle engendra dans
une province テゥtasunienne un mini mouvement de panique qui irrita les pouvoirs publics.
Dans le contexte du Terrorist-Act, un superintendant parla d'une condamnable
subversion テ l'ordre public
354
http://www.dhmo.org/translations/french/facts.html
355
Publication originale en ligne,
http://www.lhup.edu/~dsimanek/dhmo.htm
356
La primeur de ce canular revient tout de mテェme テ Alfred Jarry : ツォ
Quand ne sera-t-il plus besoin de rappeler que les
antialcooliques sont des malades en proie テ ce poison, l窶册au, si dissolvant et corrosif qu窶冩n l窶兮 choisi entre toutes substances pour les
ablutions et lessives, et qu窶冰ne goutte versテゥe dans un liquide pur, l窶兮bsinthe par exemple, le trouble? ツサ
(窶ヲ) ツォ Des chercheurs, anonymes mais dignes de foi, nous communiquent, テ propos du rテゥcent article sur le poison eau, leurs observations
touchant le pouvoir destructeur de cet agent appliquテゥ テ diverses substances alimentaires. Le sucre, paraテョt-il, serait rongテゥ et anテゥanti en peu
d窶冓nstants. Les loisirs nous ont manquテゥ pour contrテエler cette expテゥrience
. ツサ
357
Local officials nearly fall for H2O hoax, Web pranksters warn of dangers of 'dihydrogen monoxide'
, AP March 15, 2004
358
Magazine de la Recherche Europテゥenne
, Nツー Spテゥcial, Novembre 2005
http://ec.europa.eu/research/rtdinfo/special_comm/05/article_3237_fr.html
374
Fiche pテゥdagogique Nツー8 窶 Le sophisme du procureur
Appelテゥ aussi
erreur des probabilitテゥs
conditionnelles, c窶册st un paradoxe trティs dテゥlicat et assez complexe,
que nous nous contenterons de rテゥsumer, et qui consiste テ confondre ツォ
la probabilitテゥ qu窶冰n テゥvティnement
survienne
ツサ avec ツォ
la probabilitテゥ qu窶冰n テゥvティnement soit survenu dans un cas テゥtudiテゥ
ツサ.
Forme standard :
Il s窶兮git de penser que
P
(
A
|
B
) est テ peu prティs テゥgal
P
(
B
|
A
). Or le thテゥorティme de Bayes nous donne
Qui ne donne sensiblement pas le mテェme rテゥsultat.
Impossible d窶册xpliquer ce sophisme テ un public non statisticien sans exemple.
Le crime et l窶僊DN
Imaginons qu窶冰n dテゥcティs soit constatテゥ et que le crime soit suspectテゥ. Pour テゥvaluer la probabilitテゥ
d窶冓nnocence d窶冰n accusテゥ, il faut chercher le nombre de fois qu窶冰n tel テゥvティnement rarissime (un
dテゥcティs naturel dans les mテェmes conditions de ce crime) se produise dans une population trティs
restreinte (celle de ceux qui ont subi un dテゥcティs) et surtout pas le nombre de fois qu窶冓l se produit au
sein de la population totale.
Imaginons que soit procテゥdテゥ sur le suspect Nツー1 un test ADN, sur la base d窶冰ne chance de deux
profils ADN identiques d窶册nviron de 1/10 000.
Si le profil ADN du suspect est exactement celui trouvテゥ sur la victime, l窶冓ntuition nous intime que
nous n窶兮vons qu窶冰ne chance sur 10 000 de se tromper en l窶兮ccusant, ce qui est .. faux !
Facette Z :
le contexte est important
En effet il faut connaテョtre le contexte pour pouvoir dire quelque chose. En fait cette donnテゥe
permet de restreindre les suspects, mais non de pouvoir accuser avec certitude.
Faisons le calcul 窶ヲ Supposons que pour parvenir テ trouver le suspect, on ait dテサ comparer le
profil ADN trouvテゥ sur la victime avec 20 000 profils (issus d窶冰n fichier de la police scientifique).
Avec la probabilitテゥ donnテゥe, il y a en fait
86%
de chances de trouver au moins un profil identique
et il y a
27%
de chances de trouver exactement un profil identique
20 000x (1-1/10 000)19 999 x 1/10 000
竕
0.27.
ce qui est bien plus grand que 1/10000.
Il ne faut pas en dテゥduire que les tests ADN ne servent テ rien, ni qu窶冩n ne peut rien dire テ partir
d窶册ux. Si par exemple la victime reconnaテョt son agresseur et qu窶
ensuite
on effectue un test ADN
qui est positif, alors les calculs prテゥcテゥdents ne s窶兮ppliquent pas : il faudrait pouvoir remplacer 1/10
000 par la probabilitテゥ pour que
simultanテゥment
une victime ait cru reconnaテョtre son agresseur et
359
Defense attorney's fallacy" a テゥtテゥ dテゥcrit par William C. Thompson & Edward Schumann dans l窶兮rticle
Interpretation
of Statistical Evidence in Criminal Trials: The Prosecutor's Fallacy and the Defense Attorney's Fallacy,
Law and Human Behavior
,
Vol. 11, No. 3 (Sep., 1987), pp. 167-187. Autre exmple historique, celui du procティs
The People of the State of California v.
Collins
, en 1968 en Californie
People v. Collins
, 438 P. 2d 33 (68 Cal. 2d 319 1968).
360
Pour plus de dテゥtails, se reporter au livre de John Allen Paulos,
Innumeracy
.
375
que le profil des deux, agresseur et faux agresseur, coテッncident. Une telle statistique est difficile テ
テゥtablir car le nombre de cas d窶凖ゥtude est trティs faible.
Le miracle de l窶僊DN n窶册n est pas un
Un biologiste, Frank Salisbury, テゥcrivait ceci :
ツォ Une protテゥine moyenne pourrait contenir environ 300 acides aminテゥs. Le gティne d'ADN
contrテエlant ceci aurait une chaテョne d'environ 1.000 nuclテゥotides. Puisqu'il y a quatre genres
de nuclテゥotides dans une chaテョne d'ADN, une chaテョne ayant 1.000 liens pourrait exister sous
4
1000
formes diffテゥrentes. En utilisant un peu d'algティbre (logarithmes), nous pouvons voir
que 4
1000
=10
600
. Dix multipliテゥ par soi-mテェme 600 fois テゥquivaut テ 1 suivi de 600 zテゥros! Ce
nombre est complティtement au-delテ de notre comprテゥPain bテゥnit pour un crテゥationniste comme le dテゥsormApplication pテゥdagogique : le problティme des anniversaires.
Lancer dans la classe le pari :
quelle est la probabilitテゥ pour que, dans une salle de 50 individus, au moins deux soient nテゥs le
mテェme jour ?
Le bizarre (statistique) est probable
ツ
Calcul de probabilitテゥ
ツ
Quelle est la probabilitテゥ pour que, dans
un groupe de 50 personnes, deux soient
nテゥes le mテェme jour ?
Le plus simple pour obtenir le r
Le plus simple pour obtenir le r
テゥ
テゥ
sultat annonc
sultat annonc
テゥ
テゥ
est de calculer la probabilit
est de calculer la probabilit
テゥ
テゥ
que chaque
que chaque
personne ait un jour anniv ersaire diff
personne ait un jour anniv ersaire diff
テゥ
テゥ
rent de celui des autres. On v a proc
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テゥ
テゥ
der par
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d
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テゥ
テゥ
nombrement, c'est
nombrement, c'est
-
-
テ
テ
-
-
dire, que nous allons compter le nombre de cas o
dire, que nous allons compter le nombre de cas o
テケ
テケ
n
n
personnes
personnes
ont des jours d'anniv ersaires diff
ont des jours d'anniv ersaires diff
テゥ
テゥ
rents et nous div iserons par le nombre de possibilit
rents et nous div iserons par le nombre de possibilit
テゥ
テゥ
s.
s.
Il y a
Il y a
n
n
personnes, pour chacune il y a 365 jours possibles,
personnes, pour chacune il y a 365 jours possibles,
donc au t otal si on ne se fixe aucune contrainte, il a 365
donc au total si on ne se fixe aucune contrainte, il a 365
n
n
possibilit
possibilit
テゥ
テゥ
s. Si maintenant on veut des jours diff
s. Si maintenant on veut des jours diff
テゥ
テゥ
rents, nous
rents, nous
obtenons un
obtenons un
arrangement
arrangement
de
de
n
n
parmi 365, soit
parmi 365, soit
:
:
Or l'
Or l'
テゥ
テゥ
v
v
テゥ
テゥ
nement
nement
ツォ
ツォ
un jour anniversaire
un jour anniversaire
different
different
par personne
par personne
ツサ
ツサ
est le compl
est le compl
テゥ
テゥ
mentaire
mentaire
de
de
ツォ
ツォ
au m oins deux identiques
au m oins deux identiques
ツサ
ツサ
. Donc la probabilit
. Donc la probabilit
テゥ
テゥ
recherch
recherch
テゥ
テゥ
e est :
e est :
On a donc
On a donc
Cours Nツー3 Zテゥtテゥtique & approche scientifique du
窶湾aranormal窶 -
Outils zテゥtテゥtique
361
Frank B. Salisbury,
Doubts about the Modern Synthetic Theory of Evolution
,
American Biology Teacher
, Septembre 1971, p.
336
362
La Molテゥcule Miraculeuse : L'ADN 窶 Harun Yahya
http://www.harunyahya.com/fr/article08_adn.php
nb probabilitテゥ
10 12
%
20 41%
30 70%
50 97%
100 99.99996%
200 99,
9999999999999999999999999998%
300
376
Fiche pテゥdagogique Nツー9 窶 Le jeu des 20 piティges, ou comment
テゥviter les arguments d窶兮utoritテゥ ?
"Quand un テェtre humain obtient un Ph. D., il se produit dans son cerveau une mutation qui l'empテェche de prononcer les deux phrases : "je ne sais
pas" et "je me suis trompテゥ".
J. Randi
Voici le texte de base de notre fiche :
Copain
vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit avoir lu dans
Moisi
que le cテゥlティbre
Duschmoll
, professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe,
mテゥdaille
Michel Fields
, auteur prolifique de centaines de publications scientifiques, rテゥputテゥ pour ses apparitions
rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ oOn a tout distordu ツサ et auteur du livre ツォ Du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de
300.000 exemplaires en vente chez tous les bons marchands, a dテゥclarテゥ rテゥcemment : ツォ je dis que
blablaabla
! ツサ ; ce qui
Version 1 : confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne visionnaire
Oum l窶僊ncien
, -qui le
subodorait
dテゥjテ sur un
vieux
parchemin
-
,
et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris il y a des
siティcles.
Version 2 : vient bouleverser les lois de la physique et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe
テ Einstein, un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic. Espテゥrons que les scientifiques, refusant
traditionnellement la thティse du
blablabla
, ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur
arrogance.
Reprenons l窶兮ssertion en la tronテァonnant :
(1)
Copain
(2) vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit
(3) avoir lu dans
Moisi
(4) que le cテゥlティbre
Duschmoll
,
(5) professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe, mテゥdaille Michel Fields,
(6) auteur prolifique de centaines de publications scientifiques,
(7) rテゥputテゥ pour ses apparitions rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ on a tout distordu ツサ
(8) auteur du livre ツォ du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de 300.000 exemplaires
(9) en vente chez tous les bons marchands,
(10) a dテゥclarテゥ rテゥcemment ツォ je dis que
blablaabla
ツサ
Version 1 :
(11) Ce qui confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne
(12) visionnaire
Oum l窶僊ncien
,
(13) -qui le
subodorait
dテゥjテ sur un
vieux parchemin
-
,
(14) et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris
(15) il y a des siティcles.
Version 2 :
(16) Ce qui vient bouleverser les lois de la physique
(17) et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe テ Einstein,
(18) un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic.
(19) Espテゥrons que les scientifiques, refusant traditionnellement la thティse du
blablabla
,
(20) ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur arrogance.
377
(1)
Copain
Qui est-il ? Est-il compテゥtent sur le sujet ?
Tient-il テ vous plaire / テ vous dテゥplaire ? Y a-t-il une relation de supテゥrioritテゥ/infテゥrioritテゥ entre vous ?
Facette Z :
la compテゥtence de l'informateur est fondamentale ; prendre en compte l窶兮ffect interpersonnel.
(2)
vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit
L窶僊mi est-il une source gテゥnテゥralement fiable ? (Attention : c窶册st insuffisant)
Facette Z :
un, mille tテゥmoignages ne sont pas une preuve - Faisceau de preuve.*
Effet boule de neige possible 窶 syndrome de l窶僊DUA
.
Facette Z :
l窶冩rigine de l'information est fondamentale
Utiliser l窶兮rgument de Hume.
(3)
avoir lu dans
Moisi
Vテゥrifiez ce qu窶册st Moisi.
Effet vitrine version ツォ lu dans le journal ツサ
Ultra-mテゥfiance sur les journaux et les magazines : la science est gテゥnテゥralement publicitarisテゥe
Super - mテゥfiance sur les revues scientifiques sans comitテゥ de lecture
Grande mテゥfiance sur les revues au facteur d窶冓mpact faible.
Mテゥfiance encore mテェme dans les grandes revues scientifiques. Affaire Targ & Puthoff, Affaire mテゥmoire de l窶册au,
affaires Pande, shukla, Sekariah (voir Broad & Wade,
La souris truquテゥe
).
Masquarade
des
Zuckerman,
et biais de confirmation (Mahoney)
Facette Z :
l窶冩rigine de l'information est fondamentale
(4)
que le cテゥlティbre
Duschmoll,
Effet
vitrine mテゥdiatique. Effet star
Affaire John Long, affaire Nogushi
(5)
professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe, mテゥdaille Michel Fields,
Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une du titre
Pseudo-compテゥtence
テ l窶兮une des mテゥdailles
Vテゥrifier
si
l窶僮nstitut
Bテゥtombe
- existe et fonctionne (comme l窶僮nstitut Ecologique Europテゥen, ou le laboratoire de Marcello Bacci
テ Grossetto, sur les Transcommunications 窶 voir Cours Nツー2)
- est universitaire (Institut Stanford, Universitテゥ Interdisciplinaire de Paris, Laboratoire de
parapychologie de Toulouse-Le Mirail)
(6)
auteur prolifique de centaines de publications scientifiques,
Attention : on peut テゥcrire des centaines de mauvais articles
On peut aussi plagier des centaines de mauvais articles sur d窶兮utres (affaire Alsabti) ou sur des テゥtudiants
(effet Matthieu), voire sur son fils (Bernoulli)
(7)
rテゥputテゥ pour ses apparitions rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ on a tout distordu ツサ
Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias (Hubert Reeves, Yves Coppens, Nicolas Hulot)
Sensationnalisme
(les
mテゥdias prテゥfティrent l窶冓conoclastie)
(8)
auteur du livre ツォ du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de 300.000 exemplaires
Effet
vitrine
Effet
Panurge
378
Double cigogne (qu窶冓l ait テゥtテゥ vendu ne signifie pas qu窶冓l ait plu ; qu窶冓l ait plu ne veut pas dire qu窶冓l soit bon)
(9)
en vente chez tous les bons marchands,
Effet vitrine de librairie, tテェte de gondole
(10)
a dテゥclarテゥ rテゥcemment ツォ je dis que
blablabla ツサ
A-t-il effectivement dit cela ? Vテゥrifier que le journaliste a bien retranscrit. Attention aux coupes et aux
テゥductions : il est arrivテゥ que la vraie dテゥclaration ツォ
je dis que blablabla est une foutaise
ツサ se transforme en ツォ
je dis que
blablabla
ツサ.
Version 1 :
(11)
Ce qui confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne
Effet vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ
Lecture
テ
rebours
Argument
exotique
(12)
visionnaire
Oum l窶僊ncien,
Syndrome
Jules
Verne
(13)
-qui le
subodorait dテゥjテ sur un vieux parchemin-,
Effet
vieux
pot
(14)
et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris
Argument
ad populum
Passテゥisme,
argument d窶冑istoricitテゥ
(15)
il y a des siティcles.
Argument de la nuit des temps
Version 2 :
(16)
Ce qui vient bouleverser les lois de la physique
Argument
ad novitatem
Scテゥnarisations Scoop / rテゥvolution
Prudence dans l窶冓nterprテゥtation : blablabla est-il confirmテゥ par d窶兮utres chercheurs ?
(17)
et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe テ Einstein,
Accentuation
lapidaire
(18)
un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic.
Scテゥnario du dテゥfi
Baignoire d窶僊rchimティde
Analogie
(19)
Espテゥrons que les scientifiques, refusant traditionnellement la thティse du
blablabla,
Description paranoテッaque : scテゥnario de la thティse qui dテゥrange les scientifiques.
Distorsion テゥpistテゥmologique : hormis dans le contexte de Berthelot (syndrome du poulpe) ou dans celui de
Lyssenko (ツォ science officielle ツサ), la science n窶兮 pas de tradition de ce type. Garder テ l窶册sprit que :
ツォ Quand les experts sont unanimes, l'avis opposテゥ ne peut テェtre considテゥrテゥ comme certain ; quand les experts
ne sont pas d'accord, aucun avis ne peut テェtre considテゥrテゥ comme certain ; quand les experts se disent
perplexes, le non-spテゥcialiste sera sans doute bien avisテゥ de suspendre son jugement ツサ. (Bertrand Russell)
(20)
ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur arrogance.
Syndrome galilテゥen
. Galilテゥe n窶兮 pas テゥtテゥ brテサlテゥ, et n窶兮 pas テゥtテゥ un martyr de la science 窶 ni martyr, ni de
la science, mais du clergテゥ.
379
Fiche pテゥdagogique Nツー10 窶 La dent en or de Fontenelle
Facette Z
: avant de bテ「tir des chテ「teaux de sable en Espagne, assurons-nous qu窶冓l y a bien du
sable.
Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiテゥter de la cause. Il est vrai que cette mテゥthode est bien lente
pour la plupart des gens qui courent naturellement テ la cause, et passent par-dessus la vテゥritテゥ du fait ; mais enfin
nous テゥviterons le ridicule d窶兮voir trouvテゥ la cause de ce qui n窶册st point.
Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siティcle passテゥ テ quelques savants d窶僊llemagne, que je ne puis
m窶册mpテェcher d窶册n parler ici.
ツォ
En 1593, le bruit courut que, les dents テゥtant tombテゥes テ un enfant de Silテゥsie テ「gテゥ de sept ans, il lui
en テゥtait venu une d窶冩r テ la place d窶冰ne de ses grosses dents. Horstius, professeur en mテゥdecine
dans l窶冰niversitテゥ de Helmstad, テゥcrivit, en 1595, l窶冑istoire de cette dent, et prテゥtendit qu窶册lle テゥtait en
partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu窶册lle avait テゥtテゥ envoyテゥe de Dieu テ cet enfant pour
consoler les chrテゥtiens affligテゥs par les Turcs ! Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de
cette dent aux chrテゥtiens ni aux Turcs ! En la mテェme annテゥe, afin que cette dent d窶冩r ne manquテ「t
pas d窶冑istoriens, Rullandus en テゥcrit l窶冑istoire. Deux ans aprティs, Ingolsteterus, autre savant, テゥcrit
contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d窶冩r, et Rullandus fait aussitテエt une belle et
docte rテゥplique. Un autre grand homme, nommテゥ Libavius, ramasse tout ce qui avait テゥtテゥ dit de la
dent, et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose テ tant de beaux ouvrages,
sinon qu窶冓l fテサt vrai que la dent テゥtait d窶冩r. Quand un orfティvre l窶册ut examinテゥe, il se trouva que c窶凖ゥtait
une feuille d窶冩r appliquテゥe テ la dent, avec beaucoup d窶兮dresse : mais on commenテァa par faire des
livres, et puis on consulta l窶冩rfティvre
. ツサ
Rien n窶册st plus naturel que d窶册n faire autant sur toutes sortes de matiティres. Je ne suis pas si convaincu de notre
ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous
trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n窶兮vons pas les principes qui mティnent au vrai, mais que
nous en avons d窶兮utres qui s窶兮ccommodent trティs bien avec le faux.
Fontenelle Bernard le Boyer, de, Histoire des oracles, chapitre IV.
380
Fiche pテゥdagogique Nツー11 窶 ID : mテゥfiance quand la science
devient un combat
テ l'issue de deux mois de procティs, le juge fテゥdテゥral de Pennsylvanie, John Jones III, a dテゥclarテゥ mardi
20 dテゥcembre 2005 qu'il テゥtait ツォ
inconstitutionnel d'enseigner le Dessein Intelligent
[*]
comme une alternative テ
l'テゥvolution, dans une classe des sciences d'une テゥcole publique
ツサ. Une bonne chose, l'ID n'テゥtant selon Jones ツォ
rien d'autre que la progテゥniture du crテゥationnisme ツサ et ツォ
une alternative religieuse dテゥguisテゥe en thテゥorie
scientifique
ツサ. C'est toutefois sur le travail dテゥsinformatif des mテゥdias dans les questions de science
que je plonge mon regard noyテゥ d'un scepticisme mテゥlancolique.
Le Monde
titre le 22 dテゥcembre 2005 p. 7 sous la plume d'Alain Sallティs ツォ
Darwin bat les nテゥocrテゥationnistes
au tribunal
ツサ.
Ce combat-ci est le plus prisテゥ depuis fin 2005.
ツォ
Dieu contre Darwin
ツサ est テゥgalement le titre d窶冰n reportage de Claude Sauve et Jean-Louis
Boudou (Radio-Canada), production : Laure Speziali.
ツォ
Affaire Dieu contre Darwin : une cour du Kansas tranchera ツサ,
La Tribune de Genティve
, paru le
week-end du 7-8 mai 2005
ツォ
Dieu contre Darwin
ツサ Le Monde 2 Nツー86
ツォ
Darwin contre Dieu, match nul aux Etats-Unis
ツサ Libテゥration 29 aoテサt 2005 Libテゥration :, Pascal
Riche
ツォ Glaubenskrieg um die Evolution ツサ (la guerre des croyances 窶 notons au passage l窶册ffet
paillasson
sur les deux sens du mot ツォ croyance ツサ) Der Spiegel Nツー52
Quatre remarques.
1.
Les questions de sciences ne sont pas des combats, des joutes dont on sort victorieux. Ce
ne sont mテェme pas des opinions : on ne peut pas テェtre
pour
la gravitation, par exemple, ou
contre
l'テゥvolution : ce sont simplement les meilleures descriptions du rテゥel du moment.
Par consテゥquent, si dテゥbattre sur la base de preuves, de faits, d'expテゥrimentations fait
テゥmerger la thテゥorie la plus exacte, dテゥbattre sur un plan rhテゥtorique, en vue de remporter
l'adhテゥsion fait gagner la thテゥorie non la plus exacte mais la plus dテゥmagogique/populiste.
381
Qui plus est, attendre le verdict de Justicia et de son glaive fテゥroce porte aux nues la
thテゥorie qui colle le mieux aux principes de justice du lieu du combat. De fait, une thテゥorie
scientifique ne gagne pas au tribunal. Le seul trテゥbuchet auquel elle peut se soupeser est
celui des fait, des faits et encore des faits.
2.
On nous dit que le lecteur moyen, considテゥrテゥ par les journalistes comme un crテゥtin, n'est
pas intテゥressテゥ si les controverses scientifiques n'opposent pas des adversaires identifiables,
faciles テ cerner, si possible avec des gentils, des mテゥchants et beaucoup d'images. Alors la
scテゥnarisation du combat ou du match (Darwin 1 : Dieu 0 par exemple) qu'on retrouve
aussi lors des scrutins politiques, se rテゥvティle pratique pour crテゥer une soif partisane. Le
problティme, c'est que la
victoire
d'une thテゥorie ne se fait pas au prorata du nombre de coups
portテゥs, ou du nombre d'adhテゥrents de chaque camp.
3.
Quand bien mテェme combat il y aurait, encore faudrait-il deux adversaires de mテェme
catテゥgorie. Pas besoin d'aimer les rongeurs pour trouver inique un catch entre Hulk Hogan
et un hamster. Si l'テゥvolution est une thテゥorie, l'ID (tout comme le crテゥationnisme) est un
scテゥnario. Pas la mテェme cour, donc. L'un passe son temps テ collecter des faits et des
preuves, tandis que l'autre pテゥrore du haut de son perchoir, assis entre le conte et le
fabliau. Les opposer, c'est saper les fondements de l'un et lテゥgitimer l'autre.
4.
Allez, jouons le jeu, admettons que les deux parties soient de la mテェme catテゥgorie, que Hulk
Hogan ait de grosses incisives et que le Hamster fasse 120 kg. Auquel cas il en va de la
biensテゥance de dテゥcrire correctement chaque adversaire. Le journal
Le Monde
oppose les
nテゥocrテゥationnistes, assez nombreux aux テ液ats-Unis et lourdement financテゥs, テ... Darwin,
vraisemblablement un reste de squelette テ l'heure qu'il est (et peu financテゥ). D'abord, il ne
s'agit pas du procティs des nテゥocrテゥationnistes, ou du nテゥocrテゥationnisme mais de l'ID, contre
non pas Darwin, ni le darwinisme ni mテェme la thテゥorie de l'テゥvolution... simplement de l'ID
comme alternative テ l'テゥvolution en classe de science. Quadruple effet paillasson dans un
seul titre, c'est remarquable, Darwin applaudirait des cubitus.
Le Nouvel Obs du 21 dテゥcembre :
Le ツォ dessein intelligent ツサ jugテゥ contraire テ la Constitution
Il y a pas mal de choses contraires テ certaines constitutions, amテゥricaine, qatari, iranienne mais
aussi franテァaise que je trouve valides. Il s'agit d'un jugement moral, テゥmargeant de considテゥrations
morales personnelles. Si la science comme processus technopolitique peut s'テゥvaluer moralement,
et donc en termes de justice dans l'endroit oテケ je me trouve, la science comme テゥdiction de la
meilleure description possible du monde au moment oテケ l'on parle ne le peut pas. De la mテェme
faテァon que ce n'est pas テ la loi d'テゥcrire l'Histoire, ce n'est pas テ la loi de faire la science et de dテゥfinir
les thテゥories valides ou non. C窶册st par contre テ la loi de trancher ce qui est enseignable, sachant
qu窶冩n a les lois qu窶冩n mテゥrite.
Je rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, il テゥtait moralement inacceptable de laisser vivantes des
femmes soupテァonnテゥes de sorcellerie, et la justice dテゥpテェchait des Bernardo Gui pour alimenter les
brasiers. Ce n'テゥtait pourtant dテゥjテ plus le Moyen-テHe. Dans certains lieux, certaines femmes n'ont
pas ou peu de droits. Dans certaines villes du Nigテゥria, par exemple, ou encore テ Roissy ou
rテゥguliティrement des gens meurent dans les locaux de la Police Aテゥrienne des Frontiティres, sinon en
accord avec la constitution, du moins avec la bテゥnテゥdiction des cours de justice.
Que l'ID soit jugテゥ en accord ou contraire テ la Consitution namibienne, nous nous en fichons. Car
les constitutions se forgent avec des テゥlテゥments de morale et je crois que le problティme avec la
morale, c'est comme avec les yaourts : テァa se pテゥrime trティs vite. L窶僮D comme thテゥorie scientifique est
pテゥrimテゥ par contre depuis bien longtemps.
[*]rテゥsumテゥ : ID, le monde est si beau/complexe/merveilleux, ou inspirテゥ d'avoir crテゥテゥ l'ADN/l'oeil
humain/le prテゥsident de l'Observatoire zテゥtテゥtique qu'il ne peut avoir テゥtテゥ conテァu que par une
382
intelligence supテゥrieure, animテゥe d'un dessein, d'une volontテゥ. Raisonnement panglossien typique,
non que l'ADN ou le prテゥsident de l'Observatoire zテゥtテゥtique ne soient pas des rテゥussites, mais parce
que rien n'indique que le cosmos ait oeuvrテゥ des millテゥnaires pour crテゥer ces deux merveilles.
Pour aller plus loin :
Le carpaccio du combat comme faux dilemme pour accrテゥditer des pseudothテゥories
Ce scテゥnario trティs adaptable prend la forme suivante :
X contre Y
Cela a pour corrolaire :
- de sテゥduire les consommateurs des deux camps ;
- de niveller les positions, mテェme quand il y a une diffテゥrence irrテゥductible ;
- de crテゥer un
faux dilemme
et de resserrer le champ du dテゥbat ;
- de faire de scテゥnarios intellectuels parfois fantasmagoriques des alternatives aux thテゥories
scientifiques les mieux テゥtayテゥes ;
- de ce fait c窶册st une excellente porte d窶册ntrテゥe pour lテゥgitimation de pseudo-thテゥorie.
Exemples テ utiliser
383
Le Point, Dieu face テ la science, des scientifiques amテゥricains en guerre contre Darwin, 15
dテゥcembre 2005, p. 63
384
Fiche pテゥdagogique Nツー12 窶 Fabrication du hテゥros et/ou du gテゥnie
hテゥroテッque
La fabrication du hテゥros est un procテゥdテゥ ツォ carpaccique ツサ souvent テ l窶卩砥vre dans les pseudosciences.
Quel que soit la vie ou la carriティre de l窶冓ndividu Duschmoll, il existe plusieurs maniティres d窶册n faire
un hテゥros.
S窶冓l est ancien, il suffit de faire de Duschmoll un prテゥcurseur, en fabriquant de toutes piティces un lien
entre ses travaux avec une dテゥcouverte actuelle. Dテゥmocrite en est l窶册xemple, avec ses atomes. Cela
permet ensuite d窶册xpliquer en quoi celui, Y, qui corrobore la thティse de Dテゥmocrite est lui aussi
brillant, par apposition des deux noms. Les erreurs commises par Duschmoll sont excusテゥes par
l窶凖ゥpoque.
S窶冓l est contemporain (qu窶冓l soit reconnu ou rejetテゥ) faire de X un visionnaire
Exemple : Pour la Science Nツー326, dテゥc 2004, spテゥcial Einstein.
ツォ
il n窶册mpテェche, un fois par siティcle environ,un scientifique visionnaire bouleverse notre savoir, un Galilテゥe, un Newton,
un Darwin. Einstein appartient テ ce Panthテゥon des panthテゥons
ツサ
Sachant que Le Panthテゥon (
マホアホス
, pテ」n, signifie ツォ tout ツサ et
ホクホオマ狐
, theos, ツォ dieu ツサ) est un temple que les
Grecs et les Romains consacraient テ certains de leurs dieux, il ne serait guティre surprennent que,
empruntant テ la mテゥtaphore テゥpique, cette rhテゥtorique flatte la posture contestataire, par rテゥaction.
Que dire, en outre, s窶冓l s窶兮git du Panthテゥon des panthテゥons
S窶冓l est contemporain et reconnu, faire une projection sur ツォ comment on le percevra plus tard ツサ.
S窶冓l est contemporain et rejetテゥ, en faire un Galilテゥe ou un gテゥnie incompris.
363
D窶冩テケ la chanson ツォ
Mon panthテゥon est dテゥcousu, si テァa continue faudra qu窶冕窶决emonte mon panthテゥon
ツサ. Juste pour voir si certains
lisent les notes de bas de page que je m窶凖ゥchine テ faire.
ツォ Fabriquer ツサ le gテゥnie
Duschmoll
Ancien ?
Contemporain ?
En faire un prテゥcurseur
(1)
En faire un ツォ avancテゥ sur
son temps ツサ (2)
Contemporain
reconnu ?
En faire un futur
ツォ visionnaire ツサ
Contemporain
controversテゥ ?
En faire un gテゥnie
incompris car en avance
Revendiquer une vision
non-occidentale
En faire un Galilテゥe
En faire une victime des
lobbies
385
Autre technique :
incarner le pur cerveau
, テ l窶冓nstar d窶僣awking qui ツォ incarne aux yeux du public, le
pur sujet cテゥrテゥbral, coupテゥ du monde extテゥrieur, rテゥsolvant les テゥnigmes de l窶儷nivers ツサ
demander, comme le fit Rio dans un de ses romans, si ce ne serait pas grテ「ce et non malgrテゥ, son
corps qu窶僣awking est devenu cテゥlティbre ?
Une vision trティs romantique se greffe alors au handicap, qui est perテァu comme la cause de son
ツォ gテゥnie ツサ : ツォ
A cause de sa condition physique, le savant, nous dit-on, n窶册st plus distrait par les occupations
quotidiennes et mondaines que partage la commune humanitテゥ, c窶册ts la raison pour laquelle il peut s窶兮donner
pleinement テ la pensテゥe. Il devient un テェtre purement cテゥrテゥbral communiquant avec le ツォ grand tout ツサ
toutes les bテェtises possibles et imaginables :
- Le charabia : ツォ
La quテェte de Hawking d窶冰n univers intellegible est aussi la quテェte de la raison contre les
illusions, de diversitテゥ et de devenir, contre tout ce qui enracine le corps dans un monde opaque テ l窶冓ntelligibilitテゥ
mathテゥmatique
ツサ, clame Stengers
- L窶冓ntrusion spiritualiste : ツォ
Hawking est mieux placテゥ que personne pour juger de la prテゥcaritテゥ de la condition
humaine face テ l窶冓mmensitテゥ cosmique. La force intellectuelle qui l窶兮nime illustre puissamment qu窶冓l y a dans la
connaissance le signe d窶冰ne transcendance
ツサ, テゥcrit Luminet
- Pire, l窶冓ntrusion spiritualiste et l窶兮nalogie fumeuse : ツォ
Le triomphe de Hawking sur son propre corps rテゥtif
est le modティle du triompohe de la physique qu窶冓l annonce, celle d窶冰ne thテゥorie unifiテゥe complティte qui nous dirait ce qu窶册st
l窶冰nivers et nous mティnerait enfin テ connaテョtre la pensテゥe de Dieu
Son historiographie s窶册n ressent : impossible de parler de lui sans relater qu窶冓l est nテゥ exactement
300 ans aprティs la mort de Galilテゥe, qu窶冓l a ツォ la chaire de Newton ツサ, ce qui n窶册st pas tout テ fait
exact
. Il n窶凉 est lui-mテェme pas pour rien, jouant テゥnormテゥment テ faire des liens entre son handicap
et ses dテゥcouvertes. Mialet remarque que dans l窶冓ntroduction d窶 ツサune brティve histoire du temps ツサ il
souligne que bien qu窶兮yant eu la malchance d窶兮voir cette maladie, il a eu de la chance partout
ailleurs, et notamment dans son choix de la physique thテゥorique ツォ
parce que tout est dans la tテェte
ツサ. テ la
question d窶冰n journaliste : ツォ
est-ce que cette maladie a jouテゥ dans le choix de votre travail ?
ツサ il rテゥpond ツォ
pas
vraiment, j窶兮vais dテゥcidテゥ de travailler dans ce champ avant que je ne le sache
ツサ. Tandis que deux ans plus tard,
テ une question similaire : ツォ
pourquoi avez-vous choisi la physique thテゥrique comme champ de recherche ?
ツサ il
rテゥtorque : ツォ
A cause de ma maladie. J窶兮i choisi mon champ parce que je savais que j窶兮vais une sclテゥrose
amyotrophique latテゥrale
ツサ.
Alors qu窶兮uparavant, personne ne racontait cela, pas mテェme ses biographes (comme Boslough
en 1987 il raconte lors d窶冰ne confテゥrence :
ツォ Peu de temps aprティs la naissance de ma fille Lucy, le soir j窶兮i commencテゥ テ penser au trou
noir avantd窶兮ller me coucher. Mon handicap en faisait un processus assez lent de sorte
que j窶兮vais tout mon temps. Soudain j窶兮i rテゥalisテゥ que la rテゥgion de l窶冑orizon d窶凖ゥvenements
364
Mialet H.,
Le ツォ phテゥnomティne Hawking窶, le mythe de pur esprit
, HS S&av juil 1997 p. 80
365
Mialet, ibid.
366
Stengers,
ibid. p. 82
367
Ibid
, p. 81
368
Ibid p. 82
369
Il s窶兮git de la chaire de professeur lucasien, qui tient son nom du Rテゥvテゥrend Henry Lucas, membre du Parlement de
l'Universitテゥ qui octroya un don en 1663 afin de financer un poste de mathテゥmatiques appliquテゥes. Hawking est le 17
ティme
sur cette chaire, Newton fut le deuxiティme.
370
Boslough J.,
Beyond the black hole
, S. Hawking窶冱 universe, Collins, 1985.
386
s窶兮ccroテョt toujours avec le temps. J窶凖ゥtais tellement excitテゥ par ma dテゥcouverte que je n窶兮i pas
beaucoup dormi cette nuit-lテ. ツサ
Et hop : cela deviendra la version officielle des faits, dティs la sortie du livre
Une brティve histoire du temps
.
On voit l窶冑agiographie en marche, par exemple chez Mc Evoy et Zarate, qui rテゥ-テゥcrivent les
paroles d窶僣awking en 1995 :
ツォ Un soir, peu de temps aprティs la naissancede ma fille Lucy, j窶兮i commencテゥ テ penser au
trou noir avant d窶兮ller me coucher.Mon handicap en faisait un processus assez lent de
sorte que j窶兮vais tout mon temps ツサ. Et le journaliste d窶兮jouter : ツォ il vit en un テゥclair que la
surfacede la rテゥgion d窶冰n trou noir ne peu jamais dテゥcroテョtre. Il n窶册ut besoin ni de papier ni
de stylo, ni d窶冰n ordinateur 窶 les images テゥtaient dans sa
tテェte ツサ
371
.
Professeur Simon Wright, l窶冰n des rares ツォ purs cerveaux ツサ ; sテゥrie
Capitaine Flam.
Hawking n窶册st pas dupe : テ la question d窶冰n テゥtudiant
ツォ qu窶册st ce que cela vous fait d窶凖ェtre considテゥrテゥ comme par la
personne la plus intelligente du monde ? Hawking テゥpelle
ツォ
Battage mテゥdiatique
ツサ puis rテゥpond ツォ
c窶册st trティs
embarassant. C窶册st de la foutaise, juste du battage
publicitaire. Ils veulent un hテゥros, et je joue le rテエle du modティle du gテゥnie handicapテゥ. Au mieux, je
suis un infirme mais je ne suis pas un gテゥnie ツサ. ツォ Dテゥclaration prononcテゥe devant un public de
handicapテゥs qui se trouvent テゥlevテゥs au rang de ツォ gテゥnies potentiels ツサ, tandis que, dans un mテェme
mouvement, le savant est grandi (..) si Hawking ne contrテエle plus son corps, nous voyons
comment il contrテエle son image [...] ツサ, prテゥcise Mialet. N窶冩ublions pas que 窶彜cientists
are either
described as heroic figures, that bring "God窶冱 formula" down to earth ツサ
371
McEvoy J-P., Zarate O.,
Stephen Hawking for beginners
, Icon Books, 1995, Cambridge.
372
God窶冱 Formula and Devil窶冱 Contribution
: Science in the Press Schnabel Public Understanding of Science, 2003 ; 12:
pp. 255-259.
387
Fiche pテゥdagogique Nツー13 窶 TP : brティches dans l窶兮rgumentaire
テゥpistテゥmologique anti-colonialiste
(attention, TP complexe テ mener)
Voici un texte tirテゥ d窶冰n des plus importantes revues sceptiques mondiales. Cela ne l窶册xempte pas
de certains travers.
[ツォ (窶ヲ)
Across cultures ; traditional healers wittingly or unwittingly classify medicinal plants on the basis
of smell and taste, but without knowing that the odours and tastes of various plants often correspond to
families of chemical compounds. Thus, what may appear as fortuitous trial-and-error success in instance
where healers correctly identify efficacious medicinal plants may actually represent a legitimate form of
indigenous science
] (1)
.
[
The healer窶冱 ability to correctly select from a broad variety of botanical candidates
an efficacious herb or root or bark is derived from his or her cumulative cultural knowledge, built upon
years of empirical observations, inductive reasoning, and systematic and relational ordering of information.
](2)[
While the traditional healer窶冱 set of symbols may be different from those of Western bioscience, and
his or her interpretation of the meanings may vary, the healer窶冱 codification of empirical data generally
reflects a consistent logical method.
](3)
Although indigenous knowledge and Western Bioscience represent divergent systems of thought,
all medical systems share the goal of alleviating physical and psychological pain, distress and suffering..
Western and non-Western systems do not share beliefs about the cause of disease, or systems of
classification, as much as they share a common recognition of patient窶冱 clinical signs and symptoms. (窶ヲ)
Inductive reasoning, the set of thought processes associated with formal operations, including
the logico-mathematical methods used in scientific discovery is normally thought to represent the cognitive
pinnacle of Western science. But even mainstream Western scientists concede that intuition often plays an
indispensable role in the process of scientific discovery. All sc that attempts to order and explain the
natural world, including ethnomedical science (both Western and non-Western), is founded on the use of
induction and on what Stephen Jay Gould (1980, Darwin窶冱 middle road, the panda窶冱 thumb) has termed
窶廢ureka ツサ 窶 the flash insights that lead to scientific breakthroughs and on occasion to paradigm shifts.
Although traditional healers, as a distinct genre of indigenous scientists, recognize, identify, categorize, and
ultimately interrelate general and discrete criteria, their successes and discoveries have historically not been
accepted as evidence of their intellectual abilities
ツサ.
Oubrテゥ Alondra, Plants, property, and people, should indigenous peoples be compensated for
their medicinal plant knowledge?,
Skeptic
, Vol4. No.2, 1996 p. 75-76.
Trame d窶兮nalyse
Across cultures; traditional healers wittingly or unwittingly classify medicinal plants on the basis of smell and taste,
but without knowing that the odours and tastes of various plants often correspond to families of chemical
compounds. Thus, what may appear as fortuitous trial-and-error success in instance where healers correctly identify
efficacious medicinal plants may actually represent a legitimate form of indigenous science.
Cela n窶册st vrai que si l窶冩n considティre la science comme la simple adテゥquation entre un presupposテゥ
et une assertion scientifique. Prenons par exemple l窶兮ssertion scientifique : ツォ tout corps lourd
tombera ツサ, sous-tendue par le presupposテゥ ツォ car les corps lourds ont テゥtテゥ crテゥe par Dieu, et Dieu
veut qu窶冓ls tombent ツサ. Je lテ「che un objet lourd, et effectivement, il choit sur le sol. L窶兮llテゥgation est
vテゥrifiテゥe et pourtant, peut-on parler de science ? De la mテェme faテァon, si des
indigティnes
(mot テ effet
impact) trouvent des plantes mテゥdicinales テ l窶冩deur, peut-on s窶册xtasier ? Le paramティtre commun
(odeur) peut テェtre ou non un テゥlテゥment de la substance recherchテゥe. Il s窶兮git d窶冰ne version d窶
effet
cigogne
particuliティrement retorse, enrubanテゥ d窶冰n
syndrome Jules verne
. Quel exploit d窶兮voir trouvテゥ ces
388
corrテゥlations sans le savoir !
(窶ヲ)
窶弋he healer窶冱 ability to correctly select from a broad variety of botanical candidates an efficacious herb or root
or bark is derived from his or her cumulative cultural knowledge, built upon years of empirical observations,
inductive reasoning, and systematic and relational ordering of information. ツサ
Typiquement, l窶兮uteur a raison. Et pourtant. Parler de ツォ
connaissance culturelle, construite sur des annテゥes
d窶冩bservations empiriques, de raisonnement inductif et d窶冰n ordonnancement relationnel et systテゥmatique de
l窶冓nformation
ツサ est aller vite en besogne :
(窶ヲ) Cela crテゥe d窶兮illeurs l窶冩ccasion de vanter la connaissance culturelle (en quoi est-elle culturelle
si elle est empirique ?) テ plus forte raison non-occidentale :
窶弩hile the traditional healer窶冱 set of symbols may be different from those of Western bioscience, (窶ヲ) ツサ
Cette opposition classique Occident/Orient (窶ヲ)
Although indigenous knowledge and Western Bioscience represent divergent systems of thought
Est un poncif de l窶兮rgumentation窶ヲ
Personne ne remet en cause que le
窶 the healer窶冱 codification of empirical data generally reflects a consistent
logical method. ツサ
Mais que cette logique s窶兮pplique sur des prテゥmisses fausses.
. But even mainstream Western scientists concede that intuition often plays an indispensable role in the process of
scientific discovery.
Eloge de l窶冓ntuition. Il ne s窶兮git toutefois pas d窶册ssai-erreur, il s窶兮git d窶册ssai-
post hoc ergo
... puisque
l窶凖ゥvaluation de l窶册rreur ne peut se faire
389
Fiche pテゥdagogique Nツー14 窶 Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et
Nouvel テHe
Personnification stテゥrテゥotypale de la connaissance
(vieux, barbe, chauve, bonhomme, bienveillant)
Crテゥation de la familiaritテゥ sur un registre
(grand)paternel (tutoiement per ex.)
Culte de la personnalitテゥ :
En 6 pages
-
Hubert Reeves テゥcrit 8 fois
-
Hubert 2 fois
-
8 photos de lui, 7 vignettes et une demi
page, + la pleine couverture, de plain-pied
ツォ pourquoi ツサ est une question テ forte consonance
mテゥtaphysique, et trティs infantilisante.
Sur les questions en tant que telles :
- ツォ l窶冓nfini est infini ? ツサ. Que rテゥpondre sans sourire ?
Comme dans les questions de type Plurium
interrogationum, la rテゥponse adテゥquate est ツォ Mu ツサ
- ツォ l窶册ffet de serre est-il indispensable テ la vie ? ツサ Question
hors- champ d窶册xpertise de vieil astrophysicien. Pseudo-
autoritテゥ
- ツォ les テゥtoiles chantent ? ツサ
Mise sur le mテェme plan de questions disparates, accentuant le caractティre
universaliste du savant.
- question simili-ontologique : ツォ dis pourquoi l窶冓nfini est infini ? ツサ.
- question biologique : ツォ dis pourquoi l窶册ffet de serre est indispensable テ la
vie ? ツサ
- question mysticoテッde : ツォ dis, pourquoi les テゥtoiles chantent ? ツサ mテゥtaphore
animiste trティs apprテゥciテゥe des adhテゥrents au New Age. Y a-t-il besoin d窶冰ne
question aussi bテェtifiante et appauvrissante sur le plan scientifique, sinon pour
accentuer la figure paternelle 窶 et son corollaire, l窶冓nfantilisation du lecteur ?
Il ne s窶兮git pas d窶冰n chant. Il n窶凉 a donc pas de mテゥlodie,
encore moins de mテゥlode secrティte. Difficile de ne pas faire un
lien entre les propos de Reeves et ceux de l窶兮utre habituテゥ de
Sciences & Avenir
qu窶册st l窶儷IPien T. X. Thuan, dont un des
livres s窶兮ppelle justement ツォ la mテゥlodie secrティte ツサ. Il y a flatterie
du lectorat New Age et pro-ID.
Relevons au passage l窶冓mage de Stanford Univ. (la boule jaune)
qui sert que d窶兮ccentuation picturale et ne fait que donner une
patine scientifique au propos (pas de lテゥgende, pas de lien clair
avec le propos pour le non-averti)
390
Fiche pテゥdagogique Nツー15 窶 Effet paillasson sur la notion de ツォ sens
ツサ et de ツォ direction ツサ
Cet argument prend la forme suivante :
1. L窶凖ゥvolution a un sens (directionalitテゥ)
2. La question du sens est une question spirituelle
3. Donc il faut regarder l窶凖ゥvolution sous un angle spiritualiste
Il s窶兮git d窶冰n effet paillasson plus ou moins volontaire sur le mot
sens.
C窶册st ce raisonnement qui est テ l窶卩砥vre par exemple :
- chez le pape Benoテョt XVI quand il dテゥclare lors de la premiティre messe de son pontificat, en avril
2005 que les humains ne sont pas
ツォ le produit accidentel et dテゥpourvu de sens de l'テゥvolution ツサ,
en prテゥcisant
que
ツォ chacun de nous est le fruit d'une pensテゥe de Dieu ツサ
.
- Dans le titre
Le sens de l'テゥvolution chez Jaurティs et Teilhard
, de De La Garanderie
- Dans le livre de J. Staune ツォ
Science et quティte de sens
ツサ.
Variante : la directionnalitテゥ des processus naturels
- le dynamisme naturel est caractテゥrisテゥ par une directionnalitテゥ (Artigas par exemple) ;
- cette directionnalitテゥ renvoit テ une intelligence consciente ;
- donc la tテゥlテゥologie de la nature oriente vers l窶兮ction d窶冰n Dieu (qui fournit la rationalitテゥ
de la nature, voir 4.4.2
Le problティme du clou, ou mテゥta-attaque sur l窶冓ntelligibilitテゥ) ;
La critique de ces raisonnements est la mテェme. Il y a une confusion manifeste, voulue ou non,
entre la
directionnalitテゥ
thermodynamique ou テゥvolutive des phテゥnomティnes naturels et la
directionnalitテゥ
tテゥlテゥologique, entre le sens de l窶凖ゥvolution des espティces qui va des unicellulaires aux marsouins et le
ツォ sens ツサ mテゥtaphysique qui y est donnテゥ (voir principe anthropique).
Il est probable que le public perテァoive cet encard de couverture de
S&V
Juin 1997 comme une
question mテゥtaphysique.
373
Yannou H.,
Benoテョt XVI plonge dans le dテゥbat sur la crテゥation et l'テゥvolution
, Figaro 1 sept 2006.
374
Le sens de l'テゥvolution chez Jaurティs et Teilhard, de De La Garanderie
, Antoine de Aubin , Saint-Etienne collection Science et
spiritualitテゥ 2007.
391
Or, si on ouvre pp. 60-61, on lit :
Effet paillasson.
Facette Z :
le sens est aux processus physiques ce que la pente est au cours d窶册au : une contingence.
Facette Z plus humoristique : ツォ
Tout comme les ronds-points, les processus scientifiques ont un sens, mais pas
de design
ツサ
Fracassante dテゥcouverte de deux astrophysiciens amテゥricains :
l窶儷nivers aurait un haut et un bas, ou une gauche et une droite.
Du coup il faudrait corriger la thテゥorie du Big Bang.. En rテゥalitテゥ,
ces conclusions iconoclastes sont largement contestテゥes.
-
pseudo-scoop
-
effet peau de chagrin
-
extrapolation hasardeuse
-
iconoclastie
-
effet paillasson sur ツォ sens ツサ
392
Fiche pテゥdagogique Nツー16 窶 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger
Cette mテゥta-attaque fonctionne sur l窶兮rgumentaire analogique suivant :
1) si l窶冩n regarde une montre, on comprend trティs vite que la finesse de cette fabrication a nテゥcessitテゥ
quelqu窶冰n pour la penser, 窶 en l窶冩ccurrence un horloger ;
2) Si l窶冩n regarde un phテゥnomティne naturel :
a) la finesse des constantes cosmologiques (
fine-tuning universe
)
b) l窶兮pparition de la vie
c) l窶兮pparition de l窶僣umain
d) l窶兮pparition du Pr. Patrick Lテゥvy
d) l窶兮pparition d窶冰ne fonction organique
e) l窶兮pparition de la conscience
f) la synthティse des protテゥines
g) l窶冓rrテゥductible complexitテゥ
on est contraint de penser que la finesse / complexitテゥ / beautテゥ de ce phテゥnomティne a nテゥcessitテゥ
quelqu窶冰n pour la penser, un crテゥateur intelligent ou un dessein cosmique.
3) donc un crテゥateur ou un dessein existe
L窶冓dテゥe que le monde naturel est trop complexe pour avoir テゥtテゥ forgテゥ par des processus aveugles de
variation-sテゥlテゥction, et que cette complexitテゥ ne peut テェtre que l窶卩砥vre d窶冰n (du) grand architecte est
ancienne : on la trouve chez Cicテゥron
, chez Descartes, Boyle, Hooke
, et mテェme chez Voltaire
(quoique de maniティre plus nuancテゥ)
, mais surtout chez William Paley テ qui nous devons la
mテゥtaphore de l窶冑orloger
Toute cette gamme d窶兮rguments, qui fait le corps des thティses dテゥfendues par l窶儷IP par exemple,
n窶册st qu窶冰n テゥventail des variantes ツォ
mises テ jour et renflouテゥ(e)s
de la mテゥtaphore de Paley, qui
compose un argument probabiliste : connaissant un nombre d窶冰nivers observables テゥgal テ 1 (No =
1) et connaissant un univers contenant la vie / l窶僣umain / l窶卩妬l / Patrick Lテゥvy 窶ヲ テゥgal テ 1
(NPLテゥvy = 1) alors la probabilitテゥ qu窶冰n univers renferme la vie est de 100%. N窶册n dテゥplaise テ
Patrick Lテゥvy, on relevera la pauvretテゥ de l窶凖ゥchantillon et l窶凖ゥcart-type, et nous expliquerons aux
テゥtudiants que la probabilitテゥ pour qu窶冰n tirage donne le rテゥsultat qu窶冓l a donnテゥ est de 1.
Facette Z (dite
du Loto
) :
100% des gagnants auront tentテゥ leur chance
Il s窶兮git d窶冰ne utilisation panglossienne (voir
pangloss
) des rテゥsultats scientifiques.
375
De natura deorum
ii 34
376
Micrographia(1664)
377
Version 2 de Traitテゥ de mテゥtaphysique, Ch 2
378
Natural Theology, 1802
)
379
"Here is the cosmological proof of the existence of God--the design argument of Paley--updated and refurbished.
The fine tuning of the universe provides prima facie evidence of deistic design. Take your choice: blind chance that
requires multitudes of universes or design that requires only one."
Edward Harrison,
Masks of the Universe,
(New York: Collier Books, Macmillan, 1985), p. 252, citテゥ par Stenger V.J.
Natural explanations for the anthropic coincidences, 2000 disponible ici :
www.colorado.edu/philosophy/vstenger/Cosmo/anthro_philo.pdf
393
Dテゥtaillons un peu la variante ツォ fine-tuning ツサ :
L窶兮rgument du rテゥglage des constantes cosmologiques est rテゥsumテゥ ainsi par le sceptique amテゥricain
V.J. Stenger :
ツォ As the argument goes, the chance that any initially random set of constants would
correspond to the set of values that we find in our universe is very small and the universe
is exceedingly unlikely to be the result of mindless chance. Rather, an intelligent,
purposeful Creator must have arranged the constants to support life ツサ.
On en trouve un exemple dans la littテゥrature thテゥologique de W. L. Craig :
ツォ The universe appears, in fact, to have been incredibly fine-tuned from the moment of its
inception for the production of intelligent life on Earth at this point in cosmic history. ツサ
Exemples :
- La revue
Science
d窶兮oテサt 1997 titre sous l窶凖ゥternelle forme interrogative 窶
Science and God: A Warming
Trend?
". On peut y lire ceci :
ツォ The fact that the universe exhibits many features that foster organic life 窶 such as
precisely those physical constants that result in planets and long-lived stars 窶 also has led
some scientists to speculate that some divine influence may be present. ツサ
- Ajoutons テ cela des occurrences chez les noms les plus connus du grand public, par exemple
chez Stephen Hawking, qui テゥcrit dans ツォ
Une brティve histoire du temps
ツサ :
ツォ The remarkable fact is that the values of these numbers (
i.e.
the constants of physics)
seem to have been very finely adjusted to make possible the development of life ツサ.
Tel quel ce n窶册st pas bien grave. Mais plus loin, on lit qu窶冓l considティre comme possible
ツォ a divine purpose in Creation and the choice of the laws of science" (
ibid
. p. 125).
- Jusqu窶兮ux positions du cテゥlティbre vulgarisateur franテァais H.Reeves, qui sont discutables. Lorsqu窶冩n
lit que ツォ
L'Univers a les propriテゥtテゥs requises pour amener la matiティre テ gravir les テゥchelons de la complexitテゥ
ツサ
ne s窶冓nquiティte pas. Dティs lors qu窶冩n le retrouve aux cテエtテゥs de Staune, de Duve, Magnin etc. au
colloque ツォ
Science et quテェte de sens
ツサ organisテゥ par l窶儷IP en avril 2002, il y a de quoi テェtre circonspect.
Remarquons que dans la conclusion du cours du Diplテエme d'テ液udes Approfondies de l'Universitテゥ
de Nantes intitulテゥ
Physique Subatomique et Applications
, on peut lire sous la plume malencontreuse
de Schutz :
ツォ Et qui a dテゥcidテゥ que les constantes fondamentales (vitesse de la lumiティre, couplage des
interactions,...) ont les valeurs qu'elles ont... aujourd'hui
? ツサ
Dans un contexte de forte offensive du spiritualisme tendance ID en France, poser une question
de ce genre crテゥe une brティche spiritualiste chez les テゥtudiants.
380
Is The Universe Fine-Tuned For Us?
Victor J. Stenger, University of Colorado
381
The teleological argument and the anthropic principle
, Dr. William Lane Craig, 2005
http://www.leaderu.com/offices/billcraig/docs/teleo.html
382
H. Reeves,
L'heure de s'enivrer
, Le Seuil, 1986.
383
Schutz Y.,
http://www-subatech.in2p3.fr/~photons/subatech/physics/collisionneurs/node69.html
394
Fort heureusement, des scientifiques restent rigoureux sur ces questions, et s窶凖ゥlティvent comme
Magnan ツォ
contre la vacuitテゥ et le caractティre arbitraire et irrationnel de l窶兮rgument
ツサ. Le hic, c窶册st que ces
prテゥcisions techniques sont cachテゥs au fond d窶冰n article dont le titre, dans la revue grand public
Ciel & Espace, est : ツォ
Notre Univers a-t-il テゥtテゥ rテゥglテゥ de faテァon incroyablement prテゥcise ?
ツサ
derriティre une couverture prテゥsentテゥe ci-contre.
Il y a fort テ parier que l窶册ffet vitrine donnテゥ par la revue テ de telles questions qui sont autant d窶僮ps
ne saura テェtre balancテゥ par une conclusion certes claire, mais enfouie au milieu d窶冰n article du
numテゥro.
Les argumentaires tenus sur l窶兮pparition de la vie, des protテゥテッnes, de l窶卩妬l humain, du panda ou du
ver de terre de chez Moulinot sont du mテェme acabit.
Quelques exemples :
- Sur la vie
: Strobel
Strobel テゥcrit par exemple
ツォ (窶ヲ) the origin of life from non-life is so improbable, it would take a miracle for it to occur ツサ
Les propos de Fred Hoyle sont テゥgalement souvent repris :
ツォ Si rテゥellement un principe fondamental poussant les systティmes organiques テ la vie existait
テ l'intテゥrieur de la matiティre, il aurait pu テェtre facilement dテゥmontrテゥ dans des laboratoires. Par
exemple, un chercheur aurait pu utiliser une piscine pour simuler la soupe primitive.
Remplissez une telle piscine avec toutes sortes de matiティres chimiques inertes. Envoyez
toutes sortes de gaz ou soumettez-la テ toutes sortes de radiations. Menez cette expテゥrience
pendant un an et contrテエlez combien des 2000 enzymes (nテゥcessaires テ la vie) se sont
synthテゥtisテゥes. Je vais vous donner dティs maintenant la rテゥponse pour vous テゥviter de perdre
votre temps avec cette expテゥrience: avec certitude vous ne trouverez rien du tout, exceptテゥs,
peut-テェtre, quelques acides aminテゥs et des structures chimiques テゥlテゥmentaires ツサ
384
Magnan C., Notre Univers a-t-il テゥtテゥ rテゥglテゥ de faテァon incroyablement prテゥcise ?
in
HS Ciel & espace Nツー16 Novembre
2006 Disponible ici :
http://www.lacosmo.com/reglage_fin.html
385
Strobel, Lee (2004),
The Case for a Creator
, Grand Rapids: Zondervan, 37-42
386
Hoyle, The Intelligent Universe, Michael Joseph, Londres, 1983, pp. 20-21
-
5 questions doxiques
-
Anthropomorphisation de l窶冰nivers (qui n窶兮 pas de besoin)
-
Tテゥmoignages en guise de preuve (13 scientifiques tテゥmoignent)
-
Effet 7 travaux d窶僣ercule (pourquoi 13 ?)
-
Mテゥlange acte de foi / adhテゥsion (Croire en Dieu ? est une question qui n窶兮
absolument rien テ faire lテ)
-
Lieu commun avec l窶兮ffaire Galilテゥe, qui n窶兮 pas grand-chose テ faire lテ.
-
Principe anthropique fort (
L窶僣omme est-il le but ultime de l窶冰nivers ?
)
-
Confusion thテゥorie 窶 dogme (
le
big bang
est-il une nouvelle religion ?
)
395
Ne prend-on pas de risque en posant dans
S&V
Junior la question ツォ la vie viole-t窶册lle les lois de
la physique ? ツサ
Titre de page de
S&V
Junior HS octobre 2001, p. 83
- Sur la vie multicellulaire complexe
:
Ward et Browlee ont publiテゥ le livre
Rare Earth: Why Complex Life Is Uncommon in the Universe
A titre d窶冓llustration, nous donnons l窶兮rgument rテゥguliティrement rapportテゥ par les テゥtudiants
ツォ
L窶凖ゥvolution viole la deuxiティme loi de la thermodynamique
ツサ
Qui est parfois transformテゥ en :
ツォ
L窶凖ゥvolution viole la loi de conservation de l窶冓nformation, ou de conservation de l窶凖ゥnergie
ツサ
Les arguments peuvent テェtre zテゥtテゥtiquement contrテゥs :
Mauvaise science : la deuxiティme loi de la thermodynamique ne s窶兮pplique que sur des systティmes
fermテゥs, ce qui n窶册st pas le cas pour tout テェtre hors des boテョtes de conserve (et encore)
Glissement : il n窶凉 a pas de loi de conservation de l窶冓nformation en biologie. Il s窶兮git d窶冰ne
confusion information / entropie crテゥテゥe de toute piティce avec la 窶徑oi de l窶冓nfodynamique ツサqui
n窶册xiste que chez Dembski
- Sur Johann Sebastian Bach
:
"The laws of physics provide a selective filter..." that has been fine-tuned to the extremely
tight tolerance of 1 in 10^123 to produce Johann Sebastian Bach ツサ.
Scientific American january 1999
- Sur le panda et sa pseudo-non adaptation
387
ツォ No Free Lunch, Why ツサ. Pour une critique, voir
Not a Free Lunch But a Box of Chocolates, A critique of William
Dembski's book No Free Lunch
, de Richard Wein, 2002 en ligne ici
http://www.talkorigins.org/design/faqs/nfl
Par ailleurs, une revue critique du livre par Shallit
http://www.cs.uwaterloo.ca/~shallit/nflr3.pdf
396
- Sur l窶卩妬l
:
ツォ L窶卩妬l humain, structure complexe par excellence, est souvent citテゥ par les adeptes du
design intelligent comme exemple d窶冰n organe irrテゥductiblement complexe. Or, les
biologistes connaissent aujourd窶冑ui plusieurs exemples de formes intermテゥdiaires de l窶卩妬l,
en plus d窶兮voir de nombreuses テゥvidences que cette structure particuliティre a テゥvoluテゥ
plusieurs fois indテゥpendamment durant l窶冑istoire du vivant. Ainsi, l窶卩妬l de la pieuvre
montre beaucoup de similaritテゥ avec celui de l窶凖ェtre humain bien que la pieuvre soit d窶冰ne
lignテゥe complティtement diffテゥrente. テ la boutade crテゥationniste classique ツォ テ quoi bon la
moitiテゥ d窶冰n ナ妬l ? ツサ, on peut donc rテゥpondre : ツォ parce que c窶册st mieux que pas d窶卩妬l du tout
ツサ窶ヲ ツサ
- Sur la synthティse de l窶僊DN et son irrテゥductible complexitテゥ
Behe 1996 we wouldn窶冲 expect such systems to arise via evolutionary means, since
random chance would have to bring all the parts together at once for the system to be
functional; the existence of the system can窶冲 be accounted for via a step-wise evolutionary
process
Prof. Ali Demirsoy, un テゥvolutionniste, fut obligテゥ d'admettre, テ ce sujet:
En fait, la probabilitテゥ de la formation alテゥatoire d'une protテゥine et d'un acide nuclテゥique
(ADN-ARN) est inconcevablement petite. Les chances contre l'apparition d'une seule
chaテョne particuliティre de protテゥine sont astronomiques.
388
http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_05/a_05_s/a_05_s_her/a_05_s_her.html
389
Citテゥ par Morton B., Is Intelligent Design science ? Dissecting the Dover decision
http://philsci-archive.pitt.edu/archive/00002592/01/Methodological_Naturalism_Dover_3.doc
397
Le champion pour voir des miracles dans la nature est sans conteste Harun Yahya
Outillage
Notre objectif est de remplir la mallette d窶冩utils critiques pour l窶兮pprenant. Voici les principales
dテゥconstructions zテゥtテゥtiques des allテゥgations de type ツォ horlogティre ツサ
Le raisonnement panglossien
L窶兮rgument de l窶冑orloger et ses variantes reテァoivent la critique propre aux raisonnements
panglossiens.
Facette de Stenger :
L窶冰nivers n窶册st pas bien ajustテゥ pour l窶僣umanitテゥ. C窶册st l窶僣umanitテゥ qui est bien ajustテゥe
pour l窶冰nivers.
Attention : une rテゥaction d窶凖ゥtudiant fut celle-ci
ツォ Tout de mテェme, c窶册st incroyable que la montre donne l窶冑eure ツサ
- ツォ mais elle a テゥtテゥ faite pour cela ツサ
- ツォ donc il y a bien tテゥlテゥologie ツサ
Le raisonnement de l窶凖ゥtudiant est faussテゥ par deux choses :
- par l窶冰tilisation d窶冰ne montre qui est un objet fabriquテゥ
- par la rテゥpartition des rテエles dans l窶兮nalogie. Rappelons que
398
Mテゥtaphore du promeneur
Horloger Dieu
ou
Dessein
Cosmique
Montre Univers
Heure Humain
Dans cette mテゥtaphore, ce n窶册st pas l窶冑umain qui s窶册xtasie devant l窶冑eure que la montre donne,
mais l窶冑eure elle-mテェme.
Enfin, on se retrouve avec un effet cerceau : on veut montrer que la montre est un objet fabriquテゥ
parce qu窶册lle est窶ヲun objet fabriquテゥ (voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
).
L窶册scamotage des situations
Par un tri des situations idoine, on se retrouve テ raisonner sur un univers parmi plein d窶兮utres
possibles avec autant de constantes cosmologiques diffテゥrentes (thテゥorie des multivers, infalsifiable
scientifiquement
), en prenant soin de ne considテゥrer que celui auquel nous appartenons,
construisant derechef une probabilitテゥ illusoire trティs faible de hasard. Nous nous retrouvons
victimes de la technique classique d窶 ツォ escamotage des situations ツサ : on crテゥe un score trティs faible
par rapport au hasard en cachant le tri des situations prテゥalables. Comme le dit Weinberg,
Even a
universe that is completely chaotic, without any laws or regularities at all, could be supposed to have been designed
by an idiot.
L窶册rreur du procureur
(prosecutor窶冱 fallacy)
392
qui est un テゥlargissement de l窶冩util
prテゥcテゥdent (voir sophisme du procureur)
Le principe de mテゥdiocritテゥ
(ou principe de Copernic) : il semblerait que la Terre et les
Humains qu窶册lle porte n窶冩nt rien d窶册xceptionnel 窶 dans la continuitテゥ du travail d窶册xcentration de
la Terre qu窶册ntreprit Copernic, puis des gens comme Gamow. C窶册st une forme de modestie,
comparテゥe テ l窶兮rrogance cosmique de l窶僮D par exemple, ou de la Rare Earth Hypothesis . Replacテゥe
dans un univers encore plus grand que prテゥvu, encore plus peuplテゥ que prテゥvu (voir le vertigineux
Hubble Ultra Deep Field
de 2004, par exemple), la Terre n窶册st qu窶冰n pale point bleu (voir
Pale blue
Dot
1990) anecdotique, portant parmi des millions d窶兮utres une espティce dont le gテゥnome ne
contient que 240 000 gティnes et dont la fonction du cerveau est la conscience
Attention : cet argument est parfois retournテゥ contre celui qui l窶凖ゥmet, avec le paradoxe de Fermi-
Hart : si l窶冰nivers est si grand, et la terre si anecdotique, oテケ sont les si probables autres
extraterrestres ? L窶兮bsence de preuve permet au contradicteur de rテゥsoudre dle paradoxe et
390
Pour plus de dテゥtails, des tentatives d窶册xpications matテゥrialistes sont tenテゥes par Smolin, et la Cosmological Natural
Selection (CNS), mais aussi par Khoury, Ovrut, Steinhardt & Turok, 2001.
391
A Designer Universe?
par Steven Weinberg, Avril 1999, Conference on Cosmic Design of the American Association
for the Advancement of Science テ Washington.
392
Pour pousser plus loin l窶兮pproche probabiliste, nous vous renvoyons テ Ikeda M et Jeffreys B, The Anthropic
Principle Does Not Support Supernaturalism
, http://quasar.as.utexas.edu/anthropic.html
393
Ce principe de mテゥdiocritテゥ a テゥtテゥ dテゥfendu entre autres par Drake et Sagan. Anecdotique mais intテゥressant : テ l窶兮ppui
de ce principe, Drake formula la cテゥlティbre テゥquation portant son nom donnant une probabilitテゥ de prテゥsence de vie extra-
terrestre テゥlevテゥe. Le manque de donnテゥes ET est parfois utilisテゥ fallacieusement テ l窶兮ppui de l窶冑ypothティse de la Terre
Rare comme prテゥtendant rテゥsoudre le paradoxe de Fermi.
399
d窶兮puyer la Rare Earth Hypothesis.
La vテゥrification de sources (technique du puisatier)
Auquel on peut ajouter le commentaire de A. Rousset ツォ le rテゥglage des constantes fondamentales
de la physique n窶册st pas aussi prテゥcis que ce que proclament les partisans du principe
anthropique ツサ.
Suboptimalitテゥ du vivant
ツォ Est 窶徭uboptimal ツサ ce qui n窶册st pas tout テ fait optimal, ou dont certaines parties seulement sont
optimales, sans tenir compte du portrait d窶册nsemble.
A bien regarder, l窶冑umain est incapable de synthテゥtiser de l窶兮cide ascorbique, alors que les primates
le peuvent.
Les dauphins et les cテゥtacテゥs sont obligテゥs de remonter テ la surface par manque de branchies.
Le lobe de l窶冩reille ne sert テ rien
Les pandas tirent leur alimentation テ 99% du bambou. Or, cette plante est peu nutritive, si bien
qu窶冓ls passent la majoritテゥ de leur temps テ manger. De plus, elle est complexe テ digテゥrer, ce qui
fatigue les pandas
En clair, ツォ
Les systティmes organisテゥs relティvent souvent plus du bric-テ-brac et raboutage que de l窶冓ngテゥnierie cテゥleste
. ツサ,
comme l窶凖ゥcrit le
think tank
athテゥiste Libresansdieu.org.
394
Rousset A.,
テ la recherche de Dieu. L窶兮pproche d窶冰n physicien
, Paris, Payot 1997.
395
Sur ces questions, nous renvoyons aux excellents ouvrages de C. Barrette (2002, 2006)
400
Fiche pテゥdagogique Nツー17 窶 Scテゥnario du Graal et de la recherche
scientifique de Dieu
ツォ Recherche ツサ de dieu
- dans le fantasme de la Thテゥorie du Tout (TdT) (en anglais Theory of Everything, TOE), qui
expliquerait l窶儷nivers 窶 donc Dieu
C窶册st un fantasme syncrテゥtiste
- dans le fantasme d窶冰n テゥlテゥment-principe, primordial, qui expliquerait tout
C窶册st un fantasme rテゥductionniste fort
Exemples :
"Science Finds the Light"
The New Republic
Has science killed God ?,
Aish Australia 6 Sept 2005
Has Science Killed God? ツサ, Podhoretz. Wall Street Journal, Fテゥvrier 2000
"Science Finds God,"
Newsweek
, 20 juillet 1998
Source Surinder Jain,
www.mosman.com/DefiningGod/index.htm
Bon scテゥnario + effet peau d窶冩urs = Argent + compテゥtition
- prenez un objet qui colle テ l窶冓mage d窶冰n テゥlテゥment primordial dans un scテゥnario テゥpique ou
odyssテゥen ;
- donnez lui un pouvoir explicatif immense (TdT) avec une portテゥe spirituelle, mテゥtaphysique ou
morale 窶 faテョtes-en un Graal ;
396
Science Finds the Light
,
The New Republic
, Greg Easterbrook.
,
October 12, 1998, pp. 24-29.
397
Science finds god, Newsweek
, Sharon Begley, July 20, 1998, pp. 46-51.
401
- laissez les mテゥdias en faire un marronnier (surtout s窶冓l y a une compテゥtition pour la trouver) ;
= Jackpot
Illustrations
Le boson de Higgs
le boson de Higgs est posテゥ comme la clテゥ de voテサte de la comprテゥhension de l窶儷nivers, mais il reste introuvable. Il faut
le traquer.
Grテ「ce au boson de Higgs, Graal des physiciens, on comprendrait tout et on ferait la thテゥorie unificatrice. On va
l窶兮ppeler la Particule de Dieu
Le boson de Higgs, bientテエt sur vos テゥcrans, et si possible par le CERN et non le Fermilab :
La particule qui va rテゥvolutionner la physique,
La Recherche, mai 2003
Le Graal de la Physique des particules est テ portテゥe de main,
Science presse Quテゥbec 10 janvier 2007
Higgs boson: Glimpses of the God particle,
New Scientist 2 mars 2007
God particle' may have been seen,
BBC, 10 mars 2004
La particule de Dieu,
Libテゥration, 17 octobre 2000
Le CERN traque son Graal
, TCR
Quatre cathテゥdrales de fer pour la ツォparticule de Dieu ツサ.(窶ヲ) Objectif : traquer le boson de Higgs, particule qui
expliquerait tout. (窶ヲ) C'est lテ que les physiciens vont traquer leur Graal, la particule de Dieu.
Le Temps, 8
mai 2007
Le CERN traque le boson de Higgs, qui pourrait expliquer le monde
, RSR
Traquer le chaテョnon manquant de la matiティre
, Libテゥration 5 mai 2007 (nous relevons l窶兮nalogie)
Un accテゥlテゥrateur pour テゥclairer le big bang,
Le Figaro 窶 10 fテゥv 2007
ツォ Alors que le tout nouvel accテゥlテゥrateur du Cern, le LHC, n'a pas encore fait tourner ses premiers
protons, les physiciens des particules se sont dテゥjテ mis d'accord sur la conception de la machine
qui lui succテゥdera, au plus tテエt en 2016... ツサ
Leon Lederman, prix Nobel. L窶册ffet Vitrine est テゥnorme. Mテェme chez Stenger qui est pourtant opposテゥ テ cette
lecture tテゥlテゥonomique
398
Lederman justifie l窶冰ne des raisons du pourquoi de ce terme :
the publisher wouldn't let us call it the Goddamn Particle,
though that might be a more appropriate title, given its villainous nature and the expense it is causing.
Leon Lederman,
The God
Particle
. Ch 2
402
Effet peau d窶冩urs
Le CERN veut inventer le supercalculateur virtuel,
Les テ営hos 窶 05 avril 2007
Une sテゥrie d'expテゥriences pour valider la thテゥorie des cordes, Interstars 窶
3 fテゥvrier 2007
ツォ
Des chercheurs amテゥricains ont dテゥclarテゥ avoir mis au point une sテゥrie d'expテゥriences destinテゥes テ
estimer la validitテゥ de la thテゥorie des cordes.Des expテゥriences qui pourront テェtre mises en route dティs
l'inauguration de l'accテゥlテゥrateur de particules LHC.
ツサ
Alors que le tout nouvel accテゥlテゥrateur du Cern, le LHC, n'a pas encore fait tourner ses premiers protons, les
physiciens des particules se sont dテゥjテ mis d'accord sur la conception de la machine qui lui succテゥdera, au plus tテエt en
2016...
Le Figaro 窶 10 fテゥv 2007
Le Cern se prテゥpare テ une avalanche de donnテゥes Le
Figaro 窶
23 avril 2007
CERN: les premiティres collisions dans le LHC auront lieu en
novembre Edicom.ch 窶 17 fev 2007
ツォ Cette machine va nous permettre une vテゥritable exploration d'un nouveau monde, pour l'instant
inaccessible. Nous en espテゥrons des pistes pour rテゥsoudre les mystティres soulevテゥs par l'observation
de l'Univers et les incohテゥrences de nos thテゥories physiques (窶ヲ)
L
e LHC pourrait-il dテゥclencher une rテゥvolution scientifique ?
C'est presque une nテゥcessitテゥ au vu de la situation trティs テゥtrange de la physique en ce dテゥbut de
siティcle (窶ヲ) ツサ Libテゥration, 5 mai 2007
Les raisons
Il suffit d窶冰n grain de sable dans le scテゥnario idテゥal pour qu窶冩n lティve le voile sur les motivations
d窶冰ne telle fabrique de propagande.
Pour le coup, en juin 2007, nous vivons la lutte acharnテゥe entre le Fermilab et le Cern sur ce
fameux boson de Higgs, qui viendrait テ point nommテゥ pour justifier ce projet de LHC qui a
dテゥmarrテゥ en 1985 et テゥtait prテゥvu pour 2005, qui engloutit 2,4 milliards d窶册uros de l窶僞urope ainsi
qu窶凖ゥnormテゥment de fonds privテゥs
Boson de Higgs. Les Amテゥricains pourraient brテサler la prioritテゥ aux Europテゥens
! Onversity, Maquinテゥ 19
janvier 2007
La tension monte au CERN dans la course au boson de Higgs
, Le Monde, 24 Mars 2007
Le futur accテゥlテゥrateur de particules du CERN n'entrera en service qu'en 2008 -
Le Monde, 5 Juin 2007 :
ツォ C'est notamment pour s'assurer de cette dテゥcouverte que le CERN ne tenait pas テ laisser dテゥriver
le calendrier, mテェme si la date de dテゥbut des activitテゥs avait plusieurs fois reculテゥ au sein de l'annテゥe
2007. En effet, il existe encore un collisionneur en activitテゥ qui pourrait profiter des retards du
LHC pour dテゥnicher le boson de Higgs, et
Cochons d'amテゥricains
, dimanche, avril 01, 2007 (Blog Matthieu, dans la Revue de Presse du LHC)
399
Fenoglio J.,
Le Monde
, 5 Juin 2007 :
Le futur accテゥlテゥrateur de particules du CERN n'entrera en service qu'en 2008
.
403
ツォ Via Physicsweb, j'apprends que le Large Hadron Collider, le fameux LHC en
construction テ Genティve, fait face テ un nouveau problティme. Aprティs les retards, les surcoテサts,
les hypothテゥtiques blips du Boson de Higgs (le graal de la physique moderne, objectif
principal du LHC) chez ses concurrents du FermiLab amテゥricain, voilテ maintenant que les
tests prテゥliminaires テ sa mise en route ont テゥchouテゥs. Les tests en question consistaient テ
tester les conditions extrテェmes (mais pas si rares) auxquelles les aimants qui guident la
course des particules pourraient テェtre confrontテゥs. Il peut s'agir, par exemple, de la perte de
contrテエle du faisceau, qui frappe alors un des aimants : ce dernier est soudainement soumis
テ des efforts mテゥcaniques et thermiques importants. Lorsque ces tests ont テゥtテゥ rテゥalisテゥs
"grandeur nature", les aimants se sont fracturテゥs ! Plus テゥtonnant encore, ces tests n'avait
pas テゥtテゥ conduits durant le cycle de dテゥveloppement de ces piティces, qui a tout de mテェme
commencテゥ en 1998. Et, テゥvidement, qui テゥtait chargテゥ de crテゥer ces piティces ? Le FermiLab !
Ach, Sabotach ! ツサ
Les blogs font partie de cette bibliographie et pour cause. Pour la premiティre fois, des fuites
scientifiques sont nテゥes de blogs de participants au projet. Une rumeur est nテゥe qui a ainsi bluffテゥ le
New Scientist
en mars 2007.
The tale of the blogs' boson
Mai 2007
Articles claiming that the Higgs may have been seen were almost certainly wide of the mark.
Martin Griffiths explains how the story came about
Popularly known as the God particle, the Higgs boson is the most sought-after particle in
physics. (窶ヲ) It is not hard then to see why
New Scientist
magazine should have devoted a long
news story and a leader article in its issue of 2 March to a possible sighting of the particle. And
why other publications, including
The Economist
, should then have carried enthusiastic articles of
their own on the subject.
The story was given extra spice because the supposed discovery took place at the aging Tevatron
accelerator at Fermilab near Chicago, which is pulling out all the stops to find the Higgs before
the much more powerful Large Hadron Collider (LHC) switches on at CERN in Geneva either
this year or next
But many at Fermilab are unhappy. (窶ヲ) it only became known to the media when it was
discussed in Web logs, or blogs, by individual members of the group. Judged against the generally
accepted standards within particle physics, the events seen at the Tevatron constituted very poor
evidence for the Higgs, but that doubt was not made clear in the newspaper and magazine
articles. So should physicists be more cautious about discussing science in blogs? (窶ヲ)
Richard Cox, vendant 窶廨od Particle ツサ
404
Carpaccio de la quティte du Graal
La recherche du Graal aboutit テ la rテゥvテゥlation personnelle de la lumiティre du Christ en lieu et place
du Chaos initial, le tohu-bohu.
Au sens moderne, elle dテゥcrit un objectif difficilement rテゥalisable, mais qui apportera au monde un
principe gテゥnテゥral faisant ツォ sens ツサ.
Les exemples sont plテゥthoriques :
Graal des physiciens
窶「
la thテゥorie de grande unification (Thテゥorie du tout)
窶「
ツォ L'unification de la mテゥcanique quantique et de la thテゥorie de la relativitテゥ gテゥnテゥrale est
devenue le vテゥritable Saint Graal des physiciens ツサ TDT Info
窶「
le boson de Higgs (Science presse, Janvier 2007
窶「
l窶冰nification des 4 grandes forces
Graal des astrophysiciens
窶「
ツォ La matiティre noire ツサ
窶「
ツォ L窶凖ゥnergie noire ツサ
窶「
L窶册au (sur Mars) L'Express, Objectif Mars, 07/01/1999
Graal des cosmologistes
窶「
ツォ la gravitation quantique ツサ
Graal des mathテゥmaticiens
窶「
L窶冑ypothティse de Riemmann, qui ツォ serait le Graal des mathテゥmaticiens ツサ, la recherche, HS 20
2005
Graal des chimistes
窶「
ツォ une drogue analgテゥsique non addictive ツサ, Andrew Preston, Histoire de la mテゥthadone,
JUICE Nツー1
Graal des biologistes
-
ツォ la Recherche de marqueurs microsatellites chez les champignons ツサ C. Dutech
-
ツォ L窶凖ゥtude du " protテゥome humain ツサ Le Monde 25 janvier 2002, CCSTI Grenoble
-
Le clonage,
S&V
Nツー956, Mai 97, page 88
Graal des mテゥdecins
窶「
le Diagnostic prテゥ-implantatoire, Futuribles International, Table Ronde 7 dテゥc 2006
400
http://ec.europa.eu/research/rtdinfo/special_eiroforum/01/print_article_3308_fr.html
401
http://www.sciencepresse.qc.ca/node/15657
402
http://www.astrofiles.net/astronomie-10-questions-a-daniel-kunth-sur-la-theorie-du-big-bang-62.html
403
http://www.asud.org/produits/methadone.php
404
http://jjchevaugeon.cirad.fr/jjc2006/resumescommunications/poptaxo/poptaxo_com_dutech.htm
405
窶「
le sテゥquenテァage du gテゥnome, Futuribles International, Table Ronde 7 dテゥc 2006
Graal des astronomes
窶「
la Vie dans l'Univers (Ciel et Espace, mars 2000)
窶「
une autre terre (Science Actualitテゥ, 27 avril 2007
Graal des scientifiques
-
l窶 ツォ Approche biogテゥologique de la Planテゥte Rouge ツサ Association Gテゥologique Auboise
-
ツォ [selon Jung] un savoir absolu ou une prテゥsence inexplicable qui テゥchappe aux lois de la
causalitテゥ et qui est indテゥpendant du temps et de l窶册space ツサ qui ツォ serait comme le Saint-
Graal des scientifiques ツサ Giuseppe Melillo A la recherche du savoir absolu, Polyrama
Nツー120
-
la fusion nuclテゥaire
Graal de la Rテゥpublique
窶「
la ツォ science, promue nouveau Graal de la raison bureaucratique ツサ (exemple de ツォ concept
nomade ツサ chez Ihl, Sciences politiques Grenoble
Graal des gテゥnテゥticiens
窶「
le gテゥnome humain
窶「
le sテゥquencage du gテゥnome humain
窶「
ツォ Le ciblage de la recombinaison ツサ, juin 2003, Bulletin des BioTechnologies nツー207
窶「
le rテエle du gテゥnテエme dans la forme des organes, wikipテゥdia
窶「
ツォ le gティne lui-mテェme ツサ comme explicatif de la dysharmonie humaine ツサ, Libテゥration
窶「
ツォ LE GRAAL, pour les gテゥnテゥticiens des plantes, consisterait テ crテゥer des vテゥgテゥtaux capables
de se passer d'engrais, テ partir de gティnes empruntテゥs テ d'autres vテゥgテゥtaux, et non テ des
micro-organismes ou テ des animaux - chimティres contre-nature ! ツサ Le Monde, 21 mai 2004,
H. Morin
Analyse pテゥdagogique du Graal gテゥnテゥtique qu窶册st l窶僊DN des gティnes.
Regard philosophique
Nous pensons avec Atlan que c窶册st la fabrication de la notion tテゥlテゥolonomique de ツォ programme
gテゥnテゥtique ツサ qui a stimulテゥ la reprテゥsentation ツォ vitaliste ツサ de l窶僊DN et du gティne (voir Tテゥlテゥonomie
dans les mots ex : sテゥlテゥction naturelle)
405
http://www.futuribles.com/TablesRondes/CR20061207_Salomon.pdf
406
http://www.cite-
ciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=7923
407
Association Gテゥologique Auboise, nツー 63 1997 4ティme trimestre
http://perso.orange.fr/asso.geol.aube/association/pagesass/publicat/feuillet.htm
408
http://polyrama.epfl.ch/art_P120_Savoir_absolu.html
409
http://www.hydrogenium.nl/hydrogenium_missie_fr.htm
410
Pilote scientifique du cluster 12 Dynamiques sociales et territoriales,
http://tinyurl.com/22u6ao
411
http://www.igmors.u-psud.fr/BBT/BBT03/BBT-6-03.pdf
406
La mテゥtaphore du programme gテゥnテゥtique conduit, comme le dit Testart
les propriテゥtテゥs qu'on attribuait autrefois au germe et qu'on appelait la Vie. Et citant Atlan :
ツォ Derriティre la mテゥtaphore du programme apparaテョt alors ツォl'essence de la vieツサ et celle-ci est
bien vite transformテゥe en sanctuaire et en patrimoine ツサ
Pourtant, les donnテゥes sont nombreuses pour affirmer que les ツォ rティgles gouvernant la rテゥgulation
physiologique et les niveaux d'organisation cellulaire et supracellulaire ne sont pas localisテゥes dans
le gテゥnome mais dans des rテゥseaux テゥpigテゥnテゥtiques interactifs qui organisent eux-mテェmes la rテゥponse
du gテゥnome aux signaux de l'environnement ツサ
Analyse zテゥtテゥtique
- Ips lexical : effet paillasson sur le terme Graal, gテゥnテゥrant une teneur mテゥtaphysique ou morale テ
l窶冩bjet de recherche
- Ips concordiste : utilisation d窶冰ne mテゥtaphore mystico-religieuse.
- Ips tテゥlテゥonomique : utilisation d窶冰ne mテゥtaphore ID
- posture テゥpistテゥmologique ツォ rテゥductionniste forte ツサ et ツォ vitaliste ツサ
Exemple de rテゥductionnisme fort sur le gテゥnテエme, dans Science&Vie Junior HS oct 2001
Discussion politique
Testart テゥcrit :
ツォ Ces rテゥactions critiques contre ツォ la lテゥgende du Graal biologique ツサ sont amplifiテゥes par le
412
Testart J.,
Gテゥnテゥtique : puissance et illusions
, Transversales Nツー44
http://www.globenet.org/transversales/generique/44/science.html
413
Henri Atlan,
ADN : programme ou donnテゥes
?, Transversales Science Culture nツー33, Mai-juin 1995.
414
Bio/Technology nツー12, fテゥvrier 1994, citテゥ par Testard J., ouv.citテゥ.
407
gテゥnテゥticien Richard Lewontin qui ironise sur ツォ
l'inanitテゥ de la lテゥgende : l'ADN est donc devenu
l'objet d'un vテゥritable fテゥtichisme, imputable au prosテゥlytisme ardent et テゥvangテゥlique des Templiers modernes,
et テ l'innocence naテッve de leurs acolytes, les journalistes, qui ont avalテゥ sans discrimination le catテゥchisme
dispensテゥ. On peut テゥgalement soupテァonner le rテエle d'une prテゥdisposition idテゥologique certaine...
d'insister sur la portテゥe d'une telle usurpation du phテゥnomティne vital, que les fテゥtichistes de
l'ADN assignent テ cette molテゥcule inerte. En rテゥalitテゥ, les dテゥterminations du vivant
impliquent un rテゥseau complexe d'interactions entre les gティnes et les protテゥines, et entre les
gティnes, les protテゥines et l'environnement. Ramener cette complexitテゥ interactive テ l'exテゥcution
d'un programme (mテゥtaphores usuelles de la ツォpartition d'orchestreツサ ou de la ツォlecture d'un
livreツサ) c'est faire croire que l'ADN recティle les secrets de la vie, de l'identitテゥ, des dテゥviances
ou des pathologies. ツサ
Des pathologies. Au moment oテケ nous rテゥdigeons, une polテゥmique a secouテゥ la France, suite テ la
dテゥclaration de N. Sarkozy qui ツォ incline テ penser qu'on naテョt pテゥdophile ツサ.
ツォ L'idテゥe d'une pテゥdophilie prテゥdictible et gテゥnテゥtique, c'est purement renouer avec le
chromosome du crime de Cesare Lambroso", dテゥclare テ l窶僊FP le Pr Golse
C窶册st un dテゥbat complexe qui s窶冩uvre alors, qu窶冓l est pourtant facile d窶凖ゥclaircir :
ツォ Jamais un gティne de commande テ lui tout seul quoi que ce soit, il modifie la rテゥactivitテゥ au
milieu au sens large du terme (窶ヲ) Il n窶凉 a pas de gティne de comportement ツサ
Kahn au Magazine de la santテゥ, sur France 5, 10/4/07
Cette forme d窶册ssentialisation, de naturalisation, au sens de ツォ greffe d窶冰n naturel propre テ une
classe, un sexe, une espティce ツサ a toujours fait le jeu des structures sociales de domination, qu窶册lles
soient de l窶僣omme sur la Femme, du Blanc sur le Noir, de l窶僣umain sur l窶僊nimal. Elle permet de
faire de la femme une mテゥnagティre ツォ par essence ツサ, le noir un corvテゥable par essence, et l窶兮nimal un
consommable ツォ par essence ツサ
Pour essentialiser une catテゥgorie, rien de tel qu窶冰n テゥlテゥment, un principe
per se
, que l窶冩n pourrait
classer. Taille du cerveau, tests de QI rテゥpondent テ ce fantasme assez sordide de la classification et
permet d窶兮illeurs d窶凖ゥloigner la responsabilitテゥ des genティses sociales 窶 ce qui hテゥlas correspond テ une
lecture politique bien particuliティre.
L'Observatoire de la gテゥnテゥtique s窶册xprime ainsi :
ツォ L窶僊DN est-il vraiment le Saint-Graal de la lutte contre le crime, comme on tente de
nous en convaincre? Le pouvoir de la police de prテゥlever des テゥchantillons d窶僊DN auprティs
de citoyens et de conserver le profil gテゥnテゥtique de ces derniers soulティve des problティmes
テゥthiques et peut avoir des consテゥquences nテゥgatives ツサ.
Ce fichage est devenu obligatoire depuis peu en France.
De la mテェme faテァon que pour le CERN et le boson de Higgs, les projets de dテゥcryptage du gテゥnome
humain ne sont-ils pas comme l窶凖ゥcrit Lewontin ツォ des projets scientifiques mais plutテエt des
415
Lewontin R.,
Le rテェve du gテゥnテエme humain
, テ営ologie politique nツー5, hiver 1993
416
Gティnes: les propos de Sarkozy "pas scientifiquement fondテゥs", pour les experts
, Hautefeuille A., AFP, 9 avril 2007
417
Kahn A.,
Le Magazine de la santテゥ
, France 5, 10/4/07 visible ici
http://www.dailymotion.com/rated/raph66/video/x1oe07_axel-kahn-les-genes-et-sarkozy
418
Pour ces stimulants parallティles, nous vous renvoyons テ Bonnardel窶ヲ
419
McCartney C.,
Gテゥnテゥtique mテゥdicolテゥgale: la face cachテゥe du St-Graal
, L'Observatoire de la gテゥnテゥtique, nツー 28 - juin-aoテサt 2006
http://www.ircm.qc.ca/bioethique/obsgenetique/zoom/zoom_06/z_no28_06/z_no28_06_01.html
408
Prテゥcision : il est arrivテゥ que la recherche d窶冰n gティne ツォ de comportement ツサ fut mテサ par une volontテゥ
politique non conservatrice. Aussi pardoxal que cela puisse paraテョtre, la quテェte du gティne Gay de
Dean Hamer fut une tentative de ツォ pathologisation ツサ, non pour stigmatiser la population gay et
lesbienne, mais pour voir classテゥes ツォ pathologie ツサ l窶冑omosexualitテゥ afin d窶凖ゥviter les menaces
juridiques majeures pesant dans certains テゥtats des EU : invoquer la pathologie aurait adouci les
peines.
ツォ (窶ヲ) Le "gティne gay" de Dean Hamer a fait la une des journaux en mテェme temps que
l'article de
Science
テゥtait publiテゥ. Dテゥrive supplテゥmentaire : la revue scientifique elle-mテェme
incitait la grande presse テ l'extrapolation hテ「tive.
Science
comporte, テ cテエtテゥ des articles
scientifiques proprement dits, des pages qui dテゥcrivent les dテゥcouvertes rテゥcentes en termes
accessibles. Dans le nツー de juillet 93 oテケ figurait l'article de Hamer, ces pages trティs publiques
contenaient une interview - commentaire du chercheur intitulテゥ "
テゥvidence en faveur d'un gティne de
l'homosexualitテゥ
". On y lisait, entre autres affirmations hasardeuses : "
d'aprティs Dean Hamer, il
semble vraisemblable que l'homosexualitテゥ dテゥcoule de causes diverses, gテゥnテゥtiques et peut テェtre
environnementales
". Le titre original de l'article テゥtait moins affriolant : "
une liaison gテゥnテゥtique
entre des marqueurs d'ADN sur le chromosome X et l'orientation sexuelle masculine
". On est frappテゥ,
comme le souligne Bertrand Jordan, par "
l'incroyable glissement effectuテゥ depuis un article
scientifique qui suggティre, avec maintes prテゥcaution, la localisation d'une contribution gテゥnテゥtique テ ce
comportement, jusqu'テ un テゥcho paru dans le mテェme nツー qui affirme l'existence d'un "gティne de
l'homosexualitテゥ
". (BJ.
Les imposteurs de la science
) ツサ
Et que dire du Tテゥlテゥthon, qui draine chaque annテゥe des sommes importantes sur la base d'une
reprテゥsentation mテゥdiatique naテッve de la gテゥnテゥtique prテゥsentテゥe comme la panacテゥe ? Rappelons que, au
dテゥpart, l'objectif du Tテゥlテゥthon テゥtait de guテゥrir la myopathie. Dire qu'on en est loin est un
euphテゥmisme. Qui plus est, il est surprenant d'observer que la popularitテゥ du Tテゥlテゥthon contraste
avec la mテゥfiance vis-テ-vis des OGM : pourtant les recherches que finance le Tテゥlテゥthon visent テ
manipuler les gティnes humains, alors que les manipulations qui produisent les OGM ne touchent
que des plantes ou des animaux窶ヲ
"La conception selon laquelle il s'agirait de simples dテゥrapages, d'exceptions テ la "bonne
rティgle" est illusoire. La concurrence entre les テゥquipes scientifiques, la nテゥcessitテゥ de "publier
ou pテゥrir" , incite les chercheurs テ utiliser tous les moyens dont ils peuvent disposer pour
accroテョtre leur influence. En outre, l'activitテゥ scientifique est de + en + en prise directe avec
la sociテゥtテゥ. Si l'on soutient les recherches sur le vaccin contre le Sida ou sur l'effet de serre,
c'est qu'elles sont supposテゥes rテゥpondre テ une demande sociale. Le savant peut, de moins
en moins, se prテゥvaloir d'une attitude de recherche dテゥsintテゥressテゥe de la connaissance : il doit
rendre des comptes. Assez logiquement, les chercheurs les plus entreprenants, ou les
moins scrupuleux, prennent les devants. Pour qui sait s'en servir, les mテゥdias sont un
fantastique outil de pouvoir.
La consテゥquence directe de cet テゥtat de fait est que le systティme d'autorテゥgulation de la science
moderne, qui s'est mis progressivement en place au cours des 2 derniers siティcles, est de +
en + frテゥquemment mis en テゥchec. La tradition qui voulait qu'un rテゥsultat scientifique ne soit
pas divulguテゥ sans prテゥcautions est malmenテゥe. Non seulement on ne prend plus le temps de
la vテゥrification, mais une fois qu'un rテゥsultat sensationnel ou atypique est donnテゥ en pテ「ture
aux grands mテゥdias, il devient impossible de maテョtriser le contenu des messages. Morrison
aurait pu ajouter une 4ツー phase aux 3 qu'il dテゥcrit dans la progression d'un rテゥsultat faux.
Cette phase 4 serait celle oテケ, lancテゥ dans l'espace mテゥdiatique, le message テゥchappe
dテゥsormais テ toute テゥvaluation critique. Dix ans aprティs, la fusion froide fait toujours recette.
420
Lewontin,
ouv.citテゥ
409
Peut テェtre pas dans les labos de physique ou d'テゥlectrochimie, mais dans la littテゥrature
fantastique ou sur les sites Internet consacrテゥs テ la physique atypique. (窶ヲ) On peut aussi
se fテゥliciter de voir la science "sortir de sa tour d'Ivoire" 窶 comme dirait John Sladek 窶
et se mettre テ la portテゥe du grand public, fut-ce en diffusant des idテゥes fausses. Une chose
est sテサre : la nouvelle donne de l'information offre テ l'imposture de formidables
perspectiveS. Les mテゥdias sont l'Eldorado de l'imposteur, parce que le tri de l'information
et le jugement critique y sont dテゥfavorisテゥs. L'annonce d'une dテゥcouverte sensationnelle aura
toujours plus d'impact que sa rテゥfutation mテゥthodique. Il suffit de deux mots pour faire
vivre la fusion froide, alors que de longs dテゥveloppements sont nテゥcessaires pour expliquer
pourquoi elle ne marche pas.
La capacitテゥ dテゥs mテゥdias テ produire du mensonge qui passe pour vrai n'est pas nouvelle. Le
30 octobre 1938, Orson Welles sティme la panique テ travers les EU. Sa version
radiophonique de
la guerre des mondes
est si convaincante que les auditeurs croient
rテゥellement テ l'invasion des Martiens. Depuis cette dテゥmonstration, le principal changement
a テゥtテゥ la montテゥe en puissance de mテゥdias plus rapides, touchant un public plus nombreux et
dotテゥs d'un redoutable pouvoir de rテゥinvention de la rテゥalitテゥ." (De pracontal M. L窶冓mposture
scientifique en 10 leテァons, La dテゥcouverte 1997 p. 113- 114).
410
Fiche pテゥdagogique Nツー18 窶 TP : technique du liquide vaisselle
Le dテゥcryptage du gテゥnome humain
Le terme
dテゥcryptage
est un Ips lexical テ consonace tテゥlテゥologique, puisqu窶冓l sous-tend un cryptage
prテゥalable, et pose la question indirecte ツォ qui a donc cryptテゥ ? ツサ.
Objectif : annoncer que le dテゥcryptage du gテゥnome humain donnerait les
clテゥs de l窶僣umain
(pour
quelle serrure, et surtout テ qui ?) et serait Le ツォ
grand livre de la vie
enfin rテゥvテゥlテゥ
ツサ (Radio Canada). Nous
sommes en plein dans la philosophie naturelle.
L窶册njeu, construit de toute piティce, est de taille : on a fabriquテゥ l窶冩pinion pour attendre ce
dテゥcryptage. Pour le coup, on a pu faire non pas un ou deux mais des scoops, dans la mesure oテケ
ツォ mテェme quand y en a plus, y en a encore ツサ.
Nous ne dテゥtaillerons pas les effets d窶兮nnonce qui suivirent de la lutte entre le consortium public
international et Celera Genomics, privテゥe, gテゥrテゥe par Craig Venter et qui promettait de trouver le
gテゥnome en trois ans, et comptait volontiers le vendre テ des sociテゥtテゥs pharmaceutiques (les
clテゥs de
l窶僣umain
ont donc un prix).
26 juin 2000 : fin du sテゥquenテァage brute du gテゥnome annoncテゥ par Bill Clinton
Fテゥvrier 2001 : le Consortium International et Celera publient officiellement leurs deux sテゥquences "brutes ツサ (Celera
ayant recopiテゥ une partie de celles du consortium rendues publiques.
9 novembre 2006 : Le gテゥnome humain plus imprテゥvisible que prテゥvu
ツォ
On le croyait enfin codテゥ et l窶兮ffaire dテゥfinitivement classsテゥe. Mais voilテ que le gテゥnome humain est plus fantaisiste qu窶冩n ne l窶兮vait imaginテゥ
et varie d窶冰n individu テ un autre...
ツサ SCIENCE Presse,
http://www.sciencepresse.qc.ca/node/15228
Ce calendrier a amenテゥ de Pracontal テ テゥcrire :
"
Au dテゥbut d'avril 2000, la sociテゥtテゥ de biotechnologies Celera Genomics, crテゥテゥe par l'amテゥricain Craig Venter, faisait savoir
qu'elle avait テゥtabli une 1ツー sテゥquence complティte des gティnes d'un テェtre humain (prテゥcisテゥment il s'agissait d'un draft, une sorte de
"brouillon") ; trois mois plus tard, fin juin, on apprenait une 2ツー fois que le sテゥquenテァage テゥtait achevテゥ, cette fois par les chercheurs
d'un consortium public テ dominante amテゥricano-britannique, dirigテゥ par Francis Collins. Confテゥrence tテゥlテゥvisテゥe テ la Maison-
Blanche, avec roulements de tambour et poignテゥe de main de Bill Clinton aux chercheurs ; la nouvelle fit le tour du monde et l'on
put lire partout dans la gde presse que le gテゥnome humain テゥtait "dテゥcryptテゥ".Moyennant quoi il fallut ensuite expliquer que le
gテゥnome テゥtait si bien dテゥcryptテゥ que le dテゥcryptage effectif demanderait encore bien des annテゥes de travail窶ヲ
Quant テ la sテゥquence de Venter, la 1ツー annoncテゥe, elle n'テゥtait toujours pas publiテゥe テ la fin de l'テゥtテゥ, du fait des impテゥratifs du secret
industriel
" (de Pracontal 1997, p. 112 窶 113)
Ce genre de technique permet :
- d窶册ntretenir le lecteur dans une attente constante ;
- de se mテゥnager la possibilitテゥ de faire d窶兮utres ツォ papiers ツサ ;
- de justifier que les impテエts du lecteur soient investis dans ce projet ;
- de justifier l窶兮rgent investi ensuite ;
Autres exemples :
Le gティne du cancer - La thテゥorie ultime - Une autre Terre - Le clonage humain.
Notons qu窶冓l est difficile de ne pas faire le parallティle avec certaines stratテゥgies politiques cherchant テ
justifier l窶冓nvestissement financier aux yeux du contribuable en y mテェlant des questions morales.
Les Armes de destruction massive en Irak est de ce point de vue un des cas les plus manifestes de
la notion chomskienne de ツォ fabrication de l窶冩pinion ツサ. Pensons テゥgalement テ la conquテェte de
l窶册space, qui servit de paravent acceptables aux armements massifs de la guerre froide.
411
Fiche pテゥdagogique Nツー19 窶 Technique de la peau de chagrin
le singe bientテエt Humain ?
Sciences & avenir
dテゥcembre 2003
421
Expression tirテゥe d窶冰n des rares articles critiques sur cette star des mテゥdias. Le bouledogue rouge,
Faux-Amis, Boris
Cyrulnik
,
in CQFD
Nツー22, 15 avril 2005.
ツォ
la plus grande crise d窶冓dentitテゥ de son
histoire
ツサ
Crテゥation de scoop
Autoritテゥ + rテゥcupテゥration
ツォ psychanalytique ツサ. Cyrulnik est un
habituテゥ de la presse Nouvel テHe
(Nouvelles Clテゥs) et psychanalysto-
populaires (Psychologies).
ツォ Normopathe ツサ de l窶 ツォ obligation
au bonheur ツサ
ツォ
L窶凖ゥthologie a opテゥrテゥ une rテゥvolution
majeure dont on n窶兮 pas pris toute la
mesure
ツサ
Scテゥnario rテゥvolution
412
Scoop + effet peau de chagrin
Il est assez dテゥsespテゥrant de constater que non seulement le magazine nous vend un titre qui est
totalement ツォ gonflテゥ ツサ par rapport テ la problテゥmatique finale, qui est la distinction Humain Animal,
mais qu窶册n outre cette problティmatique n窶兮vait mテェme pas besoin de ce fait (la cale du chimpanzテゥ)
pour テェtre discutable sous un angle sociopolitique 窶 ce que s窶凖ゥchinent テ faire un certain nombre
de penseurs antispテゥcistes depuis des annテゥes
On enfonce une porte ouverte. Notons que le titre laisse s窶凖ゥvaporer toute la teneur de l窶册njeu : il
s窶兮git de discuter de la distinction Humain-Animal, non fondテゥe, pas de la distinction Humain-
Singe, ni du ravalement de l窶僣umain au singe et encore moins de savoir si certains singes
deviendront humains 窶 si oui, ce serait en droit, et nous nous retrouvons avec une discussion
morale.
Autre exemple : Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
Dernier exemple, assorti d窶冰n appel テ l窶凖ゥmotion ! Dans
S&Av
de juillet 1995, une annonce
fracassante estfaite.
Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer
. Selon Judah Folkman,
l窶僊GM-1470
1.
ツォ stoppe le cancer ツサ
2.
ツォ stoppe l窶凖ゥvolution des cancers ツサ
3.
ツォ est au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers ツサ
4.
ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du
poumon et des fibrosarcomes ツサ
5.
ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du
poumon et des fibrosarcomes ツサ
6.
ツォ paraテョt efficace, couplテゥ aux thテゥrapies normales au stade expテゥrimental pour stopper
l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du poumon et des fibrosarcomes ツサ
422
Voir Bonnardel
& al.
, 2001.
ツォ
Dテゥcouverte en Cテエte d窶僮voire
Singes bientテエt humains ?
ツサ
On croit qu窶冰ne espティce de singe est
en train de devenir humaine
Le Singe bientテエt
humain ?
On croit que ツォ le singe ツサ va
devenir humain
Un chimpanzテゥ
ivoirien a utilisテゥ une
cale, un mテゥta-outil
Or le mテゥta-outil
テゥtait l窶兮pange de
l窶僣umain
Donc il faut
repenser la
distinction
Humain-animal
Dテゥcouverte en Cテエte
d窶僮voire Singes bientテエt
humains ?
Repenser la distinction
Homme Animal
Un chimpanzテゥ un
utilisテゥ une cale
Peau de
chagrin
Enfonceme
nt de porte
ouverte
413
Fiche pテゥdagogique Nツー20 窶 Quelques notes sur le principe
anthropique
En 1974, Carter a introduit la notion de principe anthropique
, que Barrow et Tipler ont ensuite
- Le principe anthropique faible (ou WAP pour Weak Anthropic Principle) dit simplement que si
l窶冰nivers n窶凖ゥtait pas ainsi fait, nous ne serions pas lテ pour en parler. Les consテゥquences
philosophiques sont proches de 0.
- Le principe anthropique fort (ou SAP pour Strong Anthropic Principle)
Argument thテゥiste : il existe un univers possible effectuテゥ avec le but de gテゥnテゥrer des observateurs
Argument solipsiste Nouvel テHe : les Observateurs sont nテゥcessaires テ l窶儷nivers pour テェtre (pour
que quelqu窶冰n puisse le 窶徘enser ツサ)
un ensemble d窶兮utres univers est nテゥcessaire pour l窶册xistence du nテエtre
Poussテゥes テ l窶册xtrテェme, ce pcp mティne directement テ la tテゥlテゥonomie, テ Dieu et テ une ribambelle de
considerations 窶湾aranormalistes窶 テ success : par exemple,
Tipler reprendra dans son livre
The Physics of Immortality: Modern Cosmology, God and the Resurrection of
the Dead
un thティme cher テ Teilhard de Chardin que nous renaテョtrons un jour comme des テゥmulations
du Dieu 窶 Point Omテゥga qui テゥmergera du rテゥseau d窶冩rdinateurs actuel
- Le principe anthropique final (PAF ou FAP pour
Final Anthropic Principle
Notons au passage que J. Staune a crテゥテゥ le concept du ツォ Principe Anthropique super fort ツサ qui
s窶凖ゥnoncerait ainsi ツォ L窶冰nivers n窶册st pas seulement rテゥglテゥ pour notre apparition mais pour
l窶兮pparition de civilisations bien plus テゥvoluテゥes que nous. Et il contient des ツォ gardes fous ツォ pour
empテェcher de telles civilisations de dテゥtruire sa cohテゥrence ツサ ツサ
La version forte a テゥtテゥ largement dテゥconstruite par Gould, qui la considティre comme un
effet Cerceau
(voir 4.3.6.16
Tautologie 窶 effet cerceau
) :
ツォ Selon [le Principe anthropique fort], puisque la vie humaine ne pourrait exister si
les lois de la nature テゥtaient un tant soit peu diffテゥrentes, ces lois seraient ce qu窶册lles sont
parce qu窶冰n dioeu crテゥateur souhaitait notre prテゥsence. Ce raisonnement n窶册st qu窶冰ne pure
absurditテゥ, fondテゥe sur le postulat (窶ヲ) que l窶冑omme est apparu pour de bonnes et
nテゥcessaires raisons (窶ヲ). Sans ce postulat (que je considティre comme stupide, arrogant et
dテゥpourvu du moindre dテゥbut de preuve), le principe anthropique fortvient s窶凖ゥchouer sur
l窶凖ゥgale plausibilitテゥ de l窶冓nterprテゥtation inverse : ツォ si les lois de la Nature テゥtaient un tant soit
peu diffテゥrentes, nous ne serions pas ici. D窶兮ccord, il y aurait une autre configuration de la
matiティre et de l窶凖ゥnergie, et la structure de l窶儷nivers n窶册n serait pas moins intテゥressante,
toutes ses parties obテゥissant aux lois qui rテゥgiraient cette Nature diffテゥrente. Certes, nous ne
serions pas lテ pour tenir des raisonnements ineptes sur cet univers alternatif. Non, nous
ne serions pas lテ. Et alors ? (Au fait, je suis heureux que nous soyons lテ 窶 mais je ne vois
pas en quoi mon contentement pourrait servir d窶兮rgument en faveur de l窶册xistence de
423
Brandon Carter,
Large Number Coincidences and the Anthropic Principle in Cosmology, in
M. S. Longair, ed.,
Confrontation
of Cosmological Theory with Astronomical Data,
1974 pp. 291-298.
424
John D. Barrow & Frank J. Tipler,
The Anthropic Cosmological Principle
, 1986, p. 21.
425
Frank J. Tipler,
The Physics of Immortality: Modern Cosmology and the Resurrection of the Dead,
1994.
426
Barrow
& al.
,
ibid.
414
Dieu).
Outil : la double vanne de Russell
ツォ Pourquoi les テゥtoiles se sont-elles formテゥes ? Pourquoi le soleil a-t窶冓l donnテゥ naissance aux
planティtes ? Pourquoi la terre s窶册st-elle refroidie et a-t窶册lle finalement donnテゥ naissance テ la
vie ? Parce qu窶册n fin de compte, quelque chose d窶兮dmirable allait en rテゥsulter. Quoi ? Je
n窶册n suis pas tout テ fait sテサr, mais je pense qu窶冓l s窶兮git des thテゥologiens scientifiques et des
savants テ tendance religieuse ツサ
ツォ N窶凉 a t-il pas quelque chose d窶冰n peu grotesque dans le spectacle d窶凖ェtres humains
tendant un miroir devant eux, et trouvant ce qu窶冓ls y voient assez parfait pour dテゥmontrer
qu窶冰n Dessein Cosmique y tendait dティs l窶冩rigine ? (..) que dire des lions et des tigres ? Ils
dテゥtruisent moins de vies animales que nous, et sont beaucoup plus beaux que nous (..) les
adeptes du Dessein Cosmique font grand cas de notre soi-disant intelligence, mais leurs
テゥcrits en font douter. Si je recevais la toute-puissance, avec des millions d窶兮nnテゥes pour
expテゥrimenter, je ne penserais pas me vanter de l窶僣omme comme rテゥsultat de mes
efforts ツサ.
Silberstein :
ツォ Quant テ la pテゥrennitテゥ, テ vrai dire absconse, de cette ツォ spiritualisation ツサ du monde, peut-
テェtre faut-il en dテゥceler le ferment et le moteur intense dans cette propension de l窶册sprit,
admirablement dテゥcrite par Renan :
Il ne faut pas demander de logique aux solutions que l窶冑omme
imagine pour se rendre quelque raison du sort テゥtrange qui lui est テゥchu. Invinciblement portテゥ テ croire テ la
justice et jetテゥ dans un monde qui est et sera toujours l窶冓njustice mテェme, ayant besoin de l窶凖ゥternitテゥ pour ses
revendications et brusquement arrテェtテゥ par le fossテゥ de la mort, que voulez-vous qu窶冓l fasse ? Il se rテゥvolte
contre le cercueil, il rend la chair テ l窶冩s dテゥcharnテゥ, la vie au cerveau plein de pourriture, la lumiティre テ l窶卩妬l
テゥteint ; il imagine des sophismes dont il rirait chez un enfant, pour ne pas avouer que la nature a pu
pousser l窶冓ronie jusqu窶凖 lui imposer le fardeau du devoir sans compensation.
Certes, mais l窶僮D ne se donne pas comme un crテゥationnisme naテッf, dont on rirait chez un
enfant, mais se veut une authentique ascension vers la ツォ vraie science ツサ. La naテッvetテゥ n窶册st
plus ici de mise quand il s窶兮git d窶冰ne telle entreprise d窶册scroquerie intellectuelle ツサ
427
Gould S. J.,
Et Dieu dit ツォ que Darwin soit ツサ
, 2000.
428
Russell B.,
Science et religion
, 2000.
429
Russell,
ibid
, p. 164.
430
Le(s) crテゥationnisme(s) : avatars ツォ savants ツサ d窶冰ne idテゥe benoテョte
, M. Silberstein, Hors-sテゥrie du
Nouvel Observateur
Nツー 61 de
dテゥcembre 2005 / janvier 2006, intitulテゥ ツォ
La Bible contre Darwin
ツサ
http://www.assomat.info/Le-s-creationisme-s-avatars
415
Fiche pテゥdagogique Nツー21 窶 TP : テゥpluchage de tテェtes de gondole
Voici cinq mois de rubriques de
Science & Vie
, avec leurs titres et leurs accroches sommaires.
1) Pouvez-vous analyser les diffテゥrentes techniques de fabrication de l窶凖ゥvテゥnement ?
2) Quels sont les scテゥnarios et les registres les plus reprテゥsentテゥs ? Sont-ils propres テ certains
domaines ?
3) Comment les expliquez-vous ? Rテゥpondent-ils テ d窶兮utres attentes que la transmission de
connaissance ?
Juin 2004
Recherche
Les plus vieux bijoux du monde sont des coquillages
>
Un mammifティre a テゥtテゥ autofテゥcondテゥ !
>
On a peut
テェtre datテゥ la conquテェte du feu
>
L'intuition cartographiテゥe
>
Santテゥ & Mテゥdecine
L'Alzheimer peut テェtre dテゥpistテゥ jusqu'テ
cinq ans plus tテエt
>
Une テゥtude lティve le voile sur le sort des prテゥmaturテゥs
>
Cadre de vie & Environnement
L'Atlantique
Nord est bel et bien en perte de vitesse
>
200 テゥpaves du Dテゥbarquement sortent de l'oubli
A la une
Cancer
En vingt
ans, le nombre de cancers a augmentテゥ de 63% ! Comment expliquer un chiffre aussi alarmant ? Ce "mal du siティcle" est
en fait une vテゥritable テゥpidテゥmie dont les multiples facteurs ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Enquテェte.
En
progrティs
Ils repoussent les limites du monde quantique
Pour comprendre le comportement ondulatoire des
corpuscules, des physiciens ont rテゥussi l'exploit de maintenir et d'observer une molテゥcule massive dans un テゥtat
quantique.
Serpents : on sait enfin oテケ ils sont nテゥs !
En comparant les gティnes de 64 espティces de reptiles, deux
biologistes ont rテゥussi テ mettre un terme dテゥfinitif テ l'hypothティse plus que centenaire de l'origine marine des serpents.
En pratique
Crise de recherche : ce qu'ils en pensent hors de France
Loin de critiquer la fronde des chercheurs
franテァais, la presse internationale la soutient. Morceaux choisis.
Terrorisme : les avions de ligne vont s'テゥquiper
contre les missiles !
Casse-tテェte
Mort des テゥtoiles : テァa se complique......
Contrairement テ la thテゥorie, elles adoptent
une incroyable diversitテゥ des formes : les nテゥbuleuses planテゥtaires n'en finissent pas de plonger les astrophysiciens dans
la perplexitテゥ. Les compagnies envisagent d'embarquer テ bord des avions des systティmes capables de neutraliser un
missile tirテゥ depuis le sol.
Le point sur...
Le parfum
Contexte : La fin d'une テゥpoque - Faits & chiffres : 172000 flacons
vendus chaque jour ! - Classification : Un orgue de 4000 molテゥcules de synthティse - Fabrication : Un art ancestral que la
chimie a rテゥvolutionnテゥ
-
Histoire : Une pratique qui remonte テ l'Antiquitテゥ - Perception : Il n'existe pas de nez absolu
Questions-Rテゥponses
Comment un galet peut-il ricocher テ la surface de l'eau ?
Et aussi : Pourquoi le rouge rend-
il le taureau agressif ?
-
Qu'est-ce qui provoque le hoquet ? - Le ciel du mois, spテゥcial transit de Vテゥnus
Comment テァa
marche
Le CD-RW
Ils l'ont fait
Le tテゥlテゥphone holographique
Et aussi : La combinaison qui parvient テ imiter la
peau de requin
>
La webcam qui suit chacun de vos mouvements Le panneau de pub odorant....
Voyage au coeur
des palimpsestes
Effacテゥs puis recouverts par d'autres textes, les palimpsestes suscitent un incroyable engouement.
Grテ「ce テ de nouvelles techniques d'imagerie numテゥrique, ce sont des pans entiers de notre mテゥmoire antique qui
surgissent des vieux manuscrits.
Mai 2004
Recherche
Le gテゥnome du rat vient d'テェtre dテゥchiffrテゥ
>
Le mystティre des spirales martiennes enfin テゥclairci
>
Paris expose
la prテゥhistoire chinoise
>
Une lentille liquide pour la photo
Santテゥ & Mテゥdecine
La France ne vaccinera pas tout le
monde contre la varicelle
>
On va traiter les allergies テ la carte
Cadre de vie & Environnement
3000 km de fibres
vont surveiller le Pacifique Nord
>
Voici peut-テェtre l'arme fatale contre les lテゥgionelles
A la une
Alchimie
Transmuter
le plomb en or, l'hydrogティne en hテゥlium... 15 ans aprティs une tentative trティs controversテゥe de fusion froide, les physiciens
commencent テ croire en l'"alchimie nuclテゥaire" pour obtenir une rテゥaction テ tempテゥrature ambiante. Une rテゥvolution.
En progrティs
Premiティres galaxies : la plongテゥe historique
Scrutant le cosmos テ 13 milliards d'annテゥes-lumiティre, des
tテゥlescopes ont dテゥvoilテゥ des galaxies des premiers テ「ges de l'Univers !
Le miracle du "ver du pテェcheur"
>
L'hテゥmoglobine d'un simple ver de sable pourrait bien devenir la solution pour transfuser sans risque du sang
artificiel.
Il a franchi Mach 7 !
>
Propulsテゥ par un moteur atmosphテゥrique, le X-43A de la Nasa a battu le record de
vitesse en vol pendant... 10 secondes.
Le pont au-dessus des sテゥismes
>
Reposant sur d'テゥnormes embases qui
glissent, le pont grec Antirion-Rion peut rテゥsister テ des sテゥismes de magnitude 7.
En pratique
Toutes les mテゥthodes
pour arrテェter de fumer ne se valent pas
Patch, mテゥdicaments, hypnose, acupuncture, volontテゥ : quelle est la bonne
technique ? Un dossier complet sur les diverses mテゥthodes existantes, qui viennent d'テェtre テゥvaluテゥes.
Casse-tテェte
Et si
l'homme テゥtait devenu intelligent par gourmandise ?
C'est en cuisant ses aliments que l'homme aurait dテゥveloppテゥ
son cerveau. Un anthropologue ouvre un dテゥbat passionnテゥ.
Extinction des dinosaures : la polテゥmique
>
On
pensait qu'une mテゥtテゥorite avait causテゥ leur fin. Mais l'impact aurait eu lieu bien plus tテエt que leur disparition !
Le point
sur...
Les volcans
>Contexte : Un dテゥfi toujours crucial >Faits & chiffres : 1 500 sites sont aujourd'hui actifs
>Mテゥcanismes : Ainsi s'テゥvacue la chaleur de la Terre >Impact climatique : Quand les テゥruptions jettent le froid
>Prテゥvisions : Tout commence par des signes avant-coureurs >Prテゥvention : Un seul objectif, sauver les gens
416
Questions-Rテゥponses
Comment la clテゥ fait-elle tenir la voテサte ?
Et aussi : Peut-on cloner l'homme de Neandertal ?
Le ciel du mois
Comment テァa marche
La voiture hybride
Ils l'ont fait
Le couteau suisse avec clテゥ USB
>Et aussi :
Le rテゥtroviseur qui テゥlimine les angles morts >L'urinoir sans chasse d'eau ; Un テゥcran LCD recto verso >Le stylo
grossissant...
La citテゥ oubliテゥe aux sテゥpultures gテゥantes
Dans le Sud de l'Arabie, une mission archテゥologique a enfin
pu explorer Hテゥgra, la mystテゥrieuse citテゥ du royaume nabatテゥen. Abandonnテゥe depuis 2000 ans, elle abrite de
gigantesques sテゥpultures taillテゥes テ mテェme le flan de falaises. Exclusif.
Avril 2004
Recherche
L'intelligence collective des plantes pour respirer
>
D'immenses perspectives mテゥdicales pour le premier
embryon clonテゥ
>
On a peut-テェtre retrouvテゥ le vaisseau de Darwin
Santテゥ & Mテゥdecine
Toutes les psy ne se valent pas
>
La greffe du visage attend le feu vert
>
L'effet placebo diminue bien la douleur
Cadre de vie & Environnement
Canicules et inondations vont devenir le lot de l'Europe
>
Une peinture miracle contre les oxydes d'azote
DOSSIER SPテ韻IAL
MICROBILLES
Elles ne traiteront que les cellules malades -
BIOPLASTIQUE
Le vivant prend la relティve
RFID
Le code テ barres ultime ! -
CONDENSATS
La rテゥvolution du laser atomique -
SMA
Vers une nouvelle intelligence
artificielle -
LIAISONS RADIO
L'avティnement du trティs haut dテゥbit -
NANOTUBES
Ils font rテェver les ingテゥnieurs -
SIMULATION MENTALE
Elle soigne dテゥjテ les douleurs fantテエmes -
PANNEAUX SOLAIRES
Ils
s'affranchissent enfin du silicium -
OPTIQUE ADAPTATIVE
Objectif planティtes extrasolaires ! -
Le point sur...
La
forテェt franテァaise 窶
Contexte : En pleine mutation ! - Faits & chiffres : L'テ液at ne dテゥtient que 10 % des surfaces boisテゥes
- Histoire : Six mille ans sous la coupe de l'homme - Ressources : Un milieu aux multiples atouts et... gratuit -
Menaces : Un patrimoine qui reste fragile - Recherche : L'arbre de demain se prテゥpare dテゥjテ - Guide : Tour de France
de sept forテェts incontournables
Questions-Rテゥponses
Comment perテァoit-on les saveurs ?
Et aussi : Comment peut-
on affirmer qu'une mテゥtテゥorite vient de Mars ? A quoi est due l'ivresse des profondeurs ? Le ciel du mois
Comment テァa
marche
Le four テ micro-ondes
Ils l'ont fait
L'innovation fait salon
A l'occasion du deuxiティme salon "Mondial
Image Photo Son", qui se tient テ Paris du 25 au 29 mars, panorama des tendances et principales innovations.
Il y a...
50 ans
Ukagir, le mammouth de tous les espoirs
Pris depuis 20 000 ans dans le sol gelテゥ de Sibテゥrie, un
mammouth vient d'テェtre exhumテゥ par une expテゥdition, テ laquelle participait
S&V
. Son テゥtat de conservation
exceptionnel va permettre d'テゥlucider bien des mystティres sur sa vie.
Mars 04
Recherche
Le calcium aiderait les cellules テ s'orienter
>
L'enseignement supテゥrieur en France est trop cloisonnテゥ"
>
Un gティne serait テ l'origine de la taille de notre cerveau...
Santテゥ & Mテゥdecine
Contre la surditテゥ, des テゥlectrodes cテゥrテゥbrales
>
"Affaires des saumons" : la France rテゥcuse les テ液ats-Unis...
Cadre de vie & Environnement
Le tour du monde en
avion en 80 heures et sans escale
>
Dテゥsormais, les Franテァais seront recensテゥs par sondages... テ
la une
La matiティre
noire
Les astrophysiciens le savent aujourd'hui : 90 % de l'Univers est constituテゥ d'une matiティre invisible... dont la
nature nous est inconnue ! Son secret rテゥside-t-il dans une "particule fantテエme" ou dans une modification des lois de
Newton ? Le dテゥfi est lancテゥ...
En progrティs
Les cellules souches embryonnaires vont tenir leurs promesses
Leur
fantastique potentiel pour rテゥgテゥnテゥrer n'importe quel type d'organes ne cesse de se confirmer. Explications.
Cube
magique : la perfection mathテゥmatique a テゥtテゥ atteinte !
>
En crテゥant un cube magique parfait d'ordre 5, deux
chercheurs sont venus テ bout d'un dテゥfi qui remonte テ 1640 !
En pratique
Nuclテゥaire : quand EDF prend ses dテゥsirs
pour des rテゥalitテゥs
EDF veut rallonger de dix ans la durテゥe d'exploitation de ses centrales de dix ans. Sans savoir si
c'est possible. Dossier.
Essence versus diesel : le plus polluant n'est pas celui qu'on croit
>
A force
d'innovations technologiques, le diesel s'est mテゥtamorphosテゥ. Pot catalytique ou "Fap" en font mテェme aujourd'hui un
acteur pour relancer la course テ la dテゥpollution.
Casse-tテェte
Langues indo-europテゥennes : mais quelle est donc leur
origine ?
La langue mティre vient-elle de guerriers steppes orientales il y a 6 000 ans ou d'agriculteurs anatoliens 2 000
ans plus tテエt ? Dテゥbat.
L'テ液range disparition des vautours en Inde
>
Alors qu'ils pullulaient en Inde, personne ne
sait pourquoi 96 % d'entre eux ont disparu en quelques annテゥes !
Le point sur...
La mesure du temps
Contexte :
Jusqu'テ quelle prテゥcision aujourd'hui ? Histoire : Une quテェte aussi vieille que l'humanitテゥ - Outil : Le dテゥfi du temps
universel - Applications : Une source de progrティs tous azimuts - Recherche : Repousser les limites de la prテゥcision -
Thテゥorie : Une notion de plus en plus difficile テ cerner
Questions-Rテゥponses
Qu'est-ce qui distingue un virus
d'une bactテゥrie ?
Et aussi : Pourquoi les animaux hibernent-ils
>
Le ciel du mois
Comment テァa marche
La lampe
halogティne
Ils l'ont fait
Le mini-robot espion des mers
Et aussi : le microscope qui peut filmer
>
Le pneu de vテゥlo
indテゥgonflable ; Une montre テ mテゥmoire flash...
>
Il y a...
30 ans Mars : objectif atteint !
Les sondes amテゥricaines
Spirit
et
Opportunity
et l'europテゥenne
Mars Express
ont commencテゥ テ percer les secrets de la planティte rouge. Le dテゥbut
d'une formidable moisson de donnテゥes qui aideront テ mieux comprendre son histoire...
Fテゥv 04
Recherche
Les vents solaires agressent la Terre plus qu'on le croyait
>
C'est テ cause de Neptune si Pluton est lテ oテケ
elle est
>
Le "son Stradivarius" viendrait du froid...
Santテゥ & Mテゥdecine
L'air viciテゥ des bureaux ne rテゥsiste pas aux
ultraviolets
>
Les hテエpitaux sont de plus en plus la proie des bactテゥries...
Cadre de vie & Environnement
La neige
dテゥserte peu テ peu les stations de basse altitude
>
La perruche aime le climat de Marseille... テ
la une
La planティte
417
bleue
Au fond des mers, non seulement une vie totalement inテゥdite prolifティre autour de sources chauffテゥes par le
magma, mais des volcans ouvrent un passage vers l'intimitテゥ de la Terre. Plongテゥe dans les mystティres que n'en finit pas
de livrer la Planティte bleue.
En progrティs
Il existait une Pompテゥi avant Pompテゥi !
Des fouilles ont rテゥvテゥlテゥ un
insoupテァonnテゥ テ「ge d'or de la citテゥ.
Les fractales prテゥdisent les fractures
Dテゥpister les risques de l'ostテゥoporose est
possible...
via
les maths.
Lemmings : on sait de quoi ils meurent
Quinze annテゥes d'enquテェte et une modテゥlisation
sont venues テ bout du systティme : ces rongeurs ne se suicident pas en masse !
En pratique
Du passテゥ, EDF veut faire
table rase
La dテゥcision est prise : les vieilles centrales seront dテゥmantelテゥes.
L'テゥcologie franテァaise mise sur l'テゥcotron
Pour percer les secrets de la nature, la France veut voir grand.
Casse-tテェte
Combien テゥtaient nos ancテェtres ?
Pour le
savoir, les mテゥthodes sont multiples... mais rivalisent.
La matiティre est plus que jamais complexe
La dテゥcouverte de
deux particules met la thテゥorie au dテゥfi.
Le prion テゥchappe toujours au dテゥpistage
Alors que la maladie de la vache
folle semble progresser, aucun test de dテゥpistage sanguin n'a encore vu le jour...
Le point sur...
Le diabティte
Contexte :
Une テゥpidテゥmie silencieuse - Faits & chiffres : Il y aura 370 millions de diabテゥtiques en 2030 - Mテゥcanisme : Tout vient
d'une mauvaise gestion des sucres - Histoire : La dテゥcouverte de l'insuline fut dテゥcisive -Traitements : Des remティdes
efficaces... mais contraignants - Recherche : Vers de toutes nouvelles armes thテゥrapeutiques
Questions-Rテゥponses
Comment meurent les テゥtoiles ?
Et aussi : Que se passe-t-il lorsqu'on s'テゥvanouit - Dans quel but les animaux
muent-ils ? Le ciel du mois
Comment テァa marche
Le pot catalytique
Ils l'ont fait
La moto version 4x4
Il y a...
65
ans Au palais des merveilles anatomiques
Au cナ砥r de la Facultテゥ de mテゥdecine de Paris, le musテゥe Orfila recティle des
milliers de piティces anatomiques en cire. Fascinant.
Les mouettes tridactyles de Bretagne
Depuis 25 ans, un
biologiste collecte des donnテゥes sur les mouettes de la pointe du Raz. Un travail unique au monde.
Jan 04
Recherche
Le trou noir de notre galaxie surpris en "plein repas"
>
Arles retrouve sa premiティre cathテゥdrale
>
Le paon
lティve le voile sur son secret...
Santテゥ & Mテゥdecine
Un remティde efficace contre l'athテゥrosclテゥrose
>
"La toxicitテゥ du prion est
rテゥversible
>
La pollution favorise l'infarctus..
Cadre de vie & Environnement
Les vieux sous-marins russes vont
enfin テェtre dテゥmantelテゥs
>
2002 a vu naテョtre 2 milliards de Gigaoctets d'informations... テ
la une
L'avenir de l'homme
Quel visage aura
Homo futuris
? Vers quel destin s'achemine l'humanitテゥ qui, affranchie de la Nature, dテゥtient dテゥsormais
les clテゥs de son テゥvolution ? Toutes les rテゥponses de la palテゥo-anthropologie, des neurosciences, de la biologie
molテゥculaire...
En progrティs
Le secret des hallucinations a テゥtテゥ テゥlucidテゥ
Une enquテェte qui a durテゥ 25 ans vient de
conclure qu'elles n'テゥtaient finalement que le reflet de notre cortex primaire !
On sait pourquoi le fナ鍍us n'est pas
rejetテゥ
Contrairement テ ce que l'on croyait, la mティre ne "tolティre" pas l'embryon, c'est lui qui assure sa survie. Une
rテゥvテゥlation.
Les palmes sont une sorte d'idテゥal
>
Effort minimal et efficacitテゥ maximale : on ignorait jusque-lテ
combien les pattes palmテゥes テゥtaient un modティle de propulsion.
En pratique
Cancer : le dテゥpistage prテゥcoce est-il si
utile ?
Nombre d'examens peuvent traquer le cancer. Pourtant, rien ne dit que le dテゥpistage prテゥcoce amテゥliore le
pronostic...
Le Mont-Saint-Michel enfin dテゥsensablテゥ
>
Les travaux d'un grand barrage ont dテゥmarrテゥ. Il テゥtait temps
!
Voile : le pari de la coque テ redan
>
Inspirテゥ de la technologie des hydravions, le nouveau multicoque d'Yves
Parlier ambitionne de "planer" sur les eaux.
Casse-tテェte
Pourquoi crテゥer du hasard reste...alテゥatoire
Indispensable
aux calculs complexes, le hasard reste difficile テ apprivoiser. Le lancer de dテゥs dテゥfie toujours la science...
Oテケ est passテゥ
Voyager 1 pendant 6 mois ?
>
Fin 2002, la sonde enregistrait un flux anormal de particules. Le signe qu'elle s'est
aventurテゥe hors du systティme solaire ?...
Le point sur...
La prise de dテゥcision
Contexte : L'heure est テ sa redテゥfinition
-
Mテゥcanismes : Il s'agit d'une propriテゥtテゥ de notre systティme nerveux テ液hologie : Une facultテゥ propre テ l'homme ? - Thテゥorie
: En fait, nos テゥmotions guident nos choix
Questions-Rテゥponses
D'oテケ vient le vent
Et aussi : Pour quelle raison l'or
ne s'oxyde-t-il pas ? -Pourquoi les enfants ont-ils des dents de lait ? Le ciel du mois
Comment テァa marche
L'テゥchographie -
Ils l'ont fait
La console de poche "on-line" -
Et aussi : Un テゥcran plasma テ 1 milliard de couleurs
- Un gyroscope pour se faire les muscles - Des enceintes futuristes plus plates que plates...
Il y a...
35 ans Hubble :
la dテゥcennie prodigieuse
Depuis dix ans, le tテゥlescope spatial ne cesse de rテゥaliser des exploits... astronomiques. La
preuve en images.
Millau : l'art du gigantisme discret
Miracle de grテ「ce et de lテゥgティretテゥ, le viaduc de Millau enjambe
le Tarn sur plus de 2 km. Un dテゥfi technologique.
418
Fiche pテゥdagogique Nツー22 窶 Exemple de protocole Z : test du
magnテゥtiseur
Le protocole distribuテゥ aux テゥtudiants est disponible en ligne en format
テ cette adresse :
http://www.observatoire-zetetique.org/divers/oz-magnetisme.pdf
419
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