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UNIVERSITテ Grenoble 1 窶 Joseph Fourier 

テ韻OLE DOCTORALE 

EDISCE 

 

Doctorat 

Didactique des disciplines scientifiques 

 
 
 
 

Richard MONVOISIN 

 

 

 
 

Pour une didactique de l窶册sprit critique 

 

Zテゥtテゥtique & utilisation des interstices pseudoscientifiques dans les mテゥdias  

 

 

 

Thティse co-dirigテゥe par les Prs. 

P. Lテゥvy

 & 

H. Broch

 

 

Soutenue le 25 octobre 2007 

 

 

Jury : 

Pr. Henri Broch (directeur)  
Pr. Patrick Lテゥvy (directeur) 
Pr. Claudine Kahane (prテゥsidente) 
Pr. Jean Bricmont (rapporteur) 
Pr. Guillaume Lecointre (rapporteur) 

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2

 

Rテゥsumテゥ 

 

 

 

 

 

 

 

Richard Monvoisin 

 
Cette thティse s窶兮ppuie sur le constat dテゥjテ connu que les capacitテゥs critiques mobilisables par un 
individu pour distinguer entre science et pseudoscience ne sont pas corrテゥlテゥes テ son niveau 
d窶凖ゥtudes. L窶冑ypothティse dテゥfendue est que le rテエle jouテゥ par les mテゥdias dans la transformation et la 
scテゥnarisation des savoirs est autant un rテエle de fabrication de la culture scientifique moyenne 
qu窶冰n rテエle de marqueur des ambiguテッtテゥs les plus courantes sur la question de la dテゥmarche 
scientifique. Partant de la notion d窶冓nterstice pseudoscientifique dans la transposition des savoirs, 
la dテゥmarche zテゥtテゥtique a テゥtテゥ grandement mise テ contribution pour テゥlaborer une panoplie d窶冩utils 
exploitables auprティs d窶凖ゥtudiants sur la base des supports mテゥdiatiques les plus accessibles.  
S窶冓l a テゥtテゥ question dans la premiティre partie de prendre les prテゥcautions philosophiques et 
テゥpistテゥmologiques incontournables de la dテゥmarche scientifique 窶 matテゥrialisme, rationalisme et 
scepticisme notamment 窶 et de les rendre enseignables, la deuxiティme partie a approfondi les 
spテゥcificitテゥs des champs dits pseudoscientifiques et 窶湾aranormaux窶 qui fournissent aussi bien des 
mises en scティne fantasmatiques courantes de la connaissance que, poussテゥes テ leur extrテェme, de 
tragiques aliテゥnations. 
La troisiティme partie s窶册st essayテゥ テ donner quelques テゥlテゥments de comprテゥhension des enjeux de la 
vulgarisation scientifique dans un contexte mテゥdiatique marchand, avec la description de quelques-
unes des contraintes mテゥdiatiques s窶册xerテァant sur le savoir savant qui vont jusqu窶凖 parfois dテゥnaturer 
ce dernier. Enfin la quatriティme partie, prenant pour base les supports de vulgarisation les plus 
communs, dresse une sテゥmiologie d窶冩utils spテゥcifiques pour prテゥvenir les interstices 
pseudoscientifiques, qu窶冓ls prennent des formes lexicales, rhテゥtoriques, argumentatives ou 
scテゥnaristiques.  
Ces outils ont la spテゥcificitテゥ, outre d窶凖ェtre des objets conceptuels zテゥtテゥtiques, d窶兮voir テゥtテゥ enseignテゥs et 
remaniテゥs 

in situ

, durant quatre annテゥes d窶册nseignements テ l窶册sprit critique dans l窶册nceinte de 

l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier, Grenoble 1, sur les trois cycles universitaires de plusieurs filiティres. Ils 
fournissent une gamme de sテゥquences didactiques exploitables facilement pour tout enseignant 
percevant tant la nテゥcessitテゥ scientifique que sanitaire et ツォ citoyenne ツサ d窶凖ゥlaborer chez les テゥtudiants 
des modes d窶兮utodテゥfense intellectuelle vis-テ-vis des sollicitations pseudoscientifiques, 
pseudomテゥdicales et spiritualistes qui ne manqueront pas de leur テゥchoir. 

******* 

Thティse soutenue le 25 octobre 2007 devant un jury composテゥ de Henri Broch, professeur de physique et directeur du 
laboratoire de zテゥtテゥtique テ l窶儷niversitテゥ de Nice-Sophia Antipolis (co-directeur de thティse) ; de Patrick Lテゥvy, 
professeur de mテゥdecine, directeur de recherche テ lツエInstitut du Sommeil et de la Vigilance et directeur du laboratoire 
Hypoxie-Physiopathologie (HP2) de l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier, Grenoble 1 (co-directeur de thティse) ; de Claudine 
Kahane, professeur d窶兮strophysique molテゥculaire テ l窶儖bservatoire de Grenoble de l窶儷niversitテゥ Joseph Fourier, 
Grenoble 1 ; de Jean Bricmont, professeur de physique thテゥorique de l'Unitテゥ de physique thテゥorique et de physique 
mathテゥmatique テ l'Universitテゥ Catholique de Louvain (rapporteur) ; de Guillaume Lecointre, professeur du 
dテゥpartement "Systテゥmatique et Evolution" au Musテゥum national d'Histoire Naturelle, Paris (rapporteur). 

 

Mots clテゥs :  

Esprit critique 

  Zテゥtテゥtique 

  Pseudosciences 

  Mテゥdias 

  Didactique 

  Scepticisme 

 

  Interstices 

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Abstract 

 

 

 

 

 

 

 

Richard Monvoisin 

 

This work is based on the already well known report that critical skills that may be solicited by an 
individual to distinguish between science and pseudosciences, are not correlated on his level of 
studies. 
The defended assumption is that the part played by the media in the transformation and the 
scenarisation of the knowledge is as much a role of manufacture of the average scientific culture 
as a role of marker of the most current ambigテシities about the question of the scientific method. 
On the basis of the concept of pseudoscientific pitfall in the transposition of the scientific 
knowledge, the zetetic method was largely put at contribution to work out a panoply of 
exploitable tools with students, on the simple basis of the most accessible mediatic supports. 
If there was some discussion in the first part about taking the inescapable philosophical and 
epistemological precautions of the scientific method 窶 materialism, rationalism and skepticism 
especially 窶 and making them teachable, the second part went deeper into specificities of the 
paranormal claims and fields known as pseudoscientific which as well provide current fantastical 
settings in scene of knowledge as, pushed to extreme, horrendous alienations. 
The third part was tried to give some elements of comprehension of the stakes of the scientific 
popularization in a commercial media context, with the description of some of the media 
constraints being exerted on the knowledge which go until sometimes denaturing it. 
Finally the fourth part, based on the most common popularization supports, draws up a 
semiology of specific tools to prevent those pseudoscientific pitfalls, whenever they take of the 
lexical, rhetoric, argumentative or scenaristic form. 
In addition to being critical conceptual objects, these tools have the specificity of being taught 
and revised 

in situ

, during four years of critical thinking teachings in the University Joseph 

Fourier, Grenoble 1, to students from the three university cycles, and from various fields.  
They provide a range of didactic sequences easily workable for any teacher aware of as well the 
scientific, medical and citizen necessity to spread among student modes of an intellectual self-
defence toward pseudoscientific, pseudomedical and spiritualistic enticements that may befall 
them. 

 
 
 
 
 
Keywords :   Critical thinking 
  Zetetics 
  Pseudosciences 

 

  Medias 
  Didactics 

 

  Scepticism 
  Pitfalls 

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4

 

Remerciements  

Dans une aventure de plus de quatre annテゥes comme celle-ci, il y a forcテゥment un grand nombre de personnages qui s窶册ntremテェlent. Des individus 
qui viennent jouer un rテエle dont on se dit, plus tard, d窶冰ne faテァon panglossienne, qu窶冓l fut dテゥterminant pour le rテゥsultat final. Quel que soit sa qualitテゥ, 
d窶兮illeurs : le caractティre pratique dans ces raisonnements テ rebours, c窶册st qu窶冓ls restent valides, cela que le rテゥsultat final soit de bonne qualitテゥ ou 
calamiteux.  
 
Il y a les clefs. Ce sont ceux qui vous facilitent la vie, dans l窶冩mbre ; des petites mains, parmi ce personnel universitaire souvent tancテゥ, qui, au 
dテゥtour d窶冰n sourire, vous dテゥbloquent une situation. Je tire mon chapeau aux trois meilleurs appariteurs de la planティte, Mohamed Bouhadji, son 
comparse Luis Gonzales, du campus de pharma-mテゥdecine, et Victor Formuso, du DSLT, qui m窶冩nt dテゥpatouillテゥ des dテゥfaillances techniques les 
plus ツォ paranormales ツサ. Ma pensテゥe va テゥgalement aux secrテゥtaires Nathalie Varesano, Souad Amraoui et leur テゥquipe, dont les yeux rieurs ont manquテゥ 
maintes fois me faire arriver en retard dans mon amphithテゥテ「tre. テ Rテゥgine Herbelles, Michelle Vuillet et leur petit cafテゥ des matins de stage CIES. テ 
Martine Fougerouse et Fatma Vaudey, qui n窶冩nt jamais refusテゥ de faire mes polycopiテゥs alors que je n窶兮i jamais rテゥussi テ les leur donner dans les 
dテゥlais. テ Taoufik Lachkar le gardien qui m窶兮 souvent ouvert la porte quand je me retrouvai enfermテゥ テ trop discuter aprティs les cours. J窶兮i テゥgalement 
une pensテゥe empreinte de sollicitude pour Laurent Rochas, charcutier-boucher, qui m窶兮 fourni, heureusement sans trop me poser de questions, de 
quoi mimer en amphithテゥテ「tre mes sanguinolentes ツォ opテゥrations chirurgicales テ mains nues ツサ. Mais mes plus grands mercis vont テ la fテゥe Caroline 
Messina Dos Santos. Elle sait pourquoi. 
 
Il y a les cobayes. Ce sont ceux que j窶兮i titillテゥs jusqu窶凖 la mナ斗le osseuse, les pauvres, avec mes questions, mes contre-arguments, mes effets 
zテゥtテゥtiques : que les brassテゥes d窶凖ゥtudiants que j窶兮i eus en cours et que j窶兮i contraints テ exposer publiquement leur dテゥmarche me pardonnent mes 
exigences. Il y a テゥgalement quelques amis que j窶兮i usテゥs jusqu窶兮u trognon, au premier rang desquels, en survivant, se tient mon vieux larron Thomas 
Antoine. Que l窶

Invisible Pink Unicorn 

le protティge au creux de son aisselle invisible mais rose. 

 
Il y a les meules. Ceux qui vous relisent, ceux qui vous critiquent, ceux qui vous ツォ zテゥtテゥtiquent ツサ, qui poussent plus loin votre cerveau que vous ne 
l窶兮uriez souhaitテゥ. En cela, l窶兮ssociation Observatoire Zテゥtテゥtique fut un vivier sans fond. テ un テ「ge oテケ il est bien plus aisテゥ d窶凖ェtre mysticoテッde, une 
poellテゥe de jeunes gens diffusent de l窶冓nformation critique sans se lasser. Tous m窶冩nt obligテゥ テ revoir mes analyses, テ affiner mes arguments, テ 
rテゥaffテサter mes propos テ leur rテゥmoulure. Ils firent encore plus : ils crテゥティrent un statut de salariテゥ associatif pour que je puisse poursuivre les cours que 
je ne pouvais endosser comme vacataire. Qu窶冓ls en soient remerciテゥs. Parmi eux, certains ont jouテゥ des rテエles importants lors de l窶凖ゥlaboration de mes 
cours, je pense テ l窶册xcellent Patrick Masson, テ l窶凖ゥrudit Pierre Bienvenu, au truculent Jean-Louis Racca, au 

sniper

 Fabrice Neyret, et テ l窶凖ゥternel Manu 

Riguet. Et surtout, surtout, au lテゥgendaire Florent Martin, qui a tant de fois mouillテゥ la chemise pour moi. 
 
Et puis il y a les fous. Dans un contexte oテケ l窶冰niversitテゥ se rend compテゥtitive, libテゥrale, coupe les fonds pour les domaines intellectuels non rentables, 
exploitent des vacataires miteux, des ATER famテゥliques, des thテゥsards テゥlimテゥs, il y a des individus forcenテゥs qui se mettent テ croire qu窶冓l est possible 
allumer des petits contre-feux de pensテゥe critique dans les contenus d窶册nseignement. Ils sont suffisamment peu nombreux pour que je les cite tous, 
ces incroyables. Marie Joyeux-Faure, qui m窶兮 ツォ offert ツサ ses tuteurs de pharmacie en pテ「ture, Anne Goube de l窶僮UFM de Grenoble, Claudine Kahane 
qui m窶兮 donnテゥ le meilleur cadre d窶册nseignement qu窶冓l m窶兮it テゥtテゥ donnテゥ d窶兮voir. Didier Retour. Le bon Francis Troullier. Et parmi eux, les suprテェmes 
fous, avec la tテェte dans les テゥtoiles et les mains dans le cambouis. Pierre Aldebert le magnifique, qui avait bテェchテゥ le terrain. Gテゥraldine Fabre, la 
compagnonne de tous les combats, sans qui bien peu de choses auraient fonctionnテゥ. Et enfin Christel Routaboul, celle qui a essuyテゥ toutes mes 
frasques et endossテゥ toutes mes initiatives. Sans elle, c窶册st simple, n窶兮urait existテゥ aucun des cours que j窶兮i pu donner.  
 
Il y a les テ「tres. La ツォ famille ツサ. Le ツォ crew ツサ. Ceux qui vous encouragent, qui vous redonnent confiance, qui vous secouent. Qui vous apportent la 
petite goutte qui rテゥchauffe, qui vous font siffler le cafテゥ et dテゥborder la soupe, qui craquent une cigarette avec vous les soirs oテケ le doute est moins 
un art qu窶冰n couperet. Il en est parmi eux テ qui je dois de ne pas avoir arrテェtテゥ, lorsque la tテ「che devenait trop pesante, trop coテサteuse, trop 
テゥtouffante. Ils ne le savent pas. Qu窶冓ls l窶兮pprennent : Franテァois Blaire, Nicolas Gaillard, Charline Cherchirlian et sans conteste possible Lテゥa Cartier. 
Il y a Sandra ツォ K ツサ Giupponi. Du beau monde. Il y a les テゥchappatoires, aussi. Ceux qui vous donnent un prテゥtexte au bon moment. テ瑛iane Pasquero 
fut un charmant chemin vicinal. Samuel Ghiles Meilhac une caution vespテゥrale. Eric Bテゥvillard un dテゥlicieux alibi. Benoテョt Le Fort un mテ「t de cocagne. 
Il y a mes cohabitants. Que celles et ceux qui ont partagテゥ mon huis pardonnent mes allers-retours avec mon ibric de cafテゥ テ la main, excusent mes 
essais de tour de magie ratテゥs, pardonnent mes radotages. Parmi ces martyrs, Louise-Michティle You, Rafaテォl Gentiloni窶鉄ilveiri et mon fantテエme des 
deux heures du matin, Blandine Perrin-Mermoz. Il y a mes compagnons. Brice Quillon, Franテァois Magnol, Jim Rannou, Armelle et Martin 
Quinson. Il y a les entrailles. Vincent Henry, Julien Viguier, Guillaume Desprテゥs. Il y a mon テ「me damnテゥe, Mircea Cテョrstea. Il y a ma maman Michティle 
et mon 

padre

 Guy, dont je suis fier bien au-delテ des mots. 

 
Il y a des multicartes. Des gens qui sont tout cela テ la fois. Des テ「tres, des clテゥs, des meules, des テゥpaules sur lesquelles s窶兮ppuyer. Que Stanislas 
Antczak jouisse toute sa vie d窶冰ne aura multicolore. Que Julien Lテゥvy en devienne phosphorescent de saintetテゥ. Que Samuel Foutoyet soit le nom 
d窶冰ne constellation. Que Guillemette Reviron se nimbe d窶冰n halo テゥcarlate et flotte dans les airs. Que Nicolas Vivant sache que son amitiテゥ est l窶冰ne 
des meilleures choses qui existent sur cette planティte. Que Thomas Antoine brテサle en enfer pour m窶兮voir contraint テ tester zテゥtテゥtiquement 
l窶冰rinothテゥrapie. Et qu窶僊naテッs Goffre sache qu窶册lle est la seule personne au monde qui fait vaciller mon rationalisme. 
 
Enfin, il y a les ogres, ces monstres intellectuels tapis dans l窶冩mbre, qui ont commis les livres que vous emportez dans votre lit, qui vous fascinent 
par leur prテゥcision, par leur clartテゥ. Certains mangent dテゥjテ les pissenlits par la racine, comme Bacon, comme Voltaire, comme Russell. Mais d窶兮utres 
sont lテ, tout proches et encore bien vivants. Vous sentez leur haleine sur les poils de votre nuque, vous ne pouvez pas leur テゥchapper. Quoi que 
vous テゥcriviez, vous vous dテョtes sacrebleu, s窶冓ls le lisent, je suis fait ! Que Guillaume Lecointre sache que sa limpiditテゥ intellectuelle m窶兮 fait テ moitiテゥ 
regretter de ne pas avoir テゥtudiテゥ la biologie テゥvolutive (l窶兮utre moitiテゥ de ce regret, je la dois テ Cyrille Barrette). Que Jean Bricmont apprenne que lire 

Impostures intellectuelles 

sur un fond sonore de rock un peu テゥpais est l窶冰ne des rares raisons pour lesquelles je suis content d窶凖ェtre nテゥ テ la fin du 20

e, et que 

s

es textes sont pratiquement les seules choses que je n窶凖ゥchangerai pas contre une plaque de chocolat 

Milka

. Que Henri Broch sache le profond 

respect qu窶冓l m窶冓nspire, sur le plan professionnel comme sur le plan humain. Je lui sais grテゥ d窶兮voir acceptテゥ de diriger mon travail. La somme de 
connaissances qu窶冓l concentre dans son seul cerveau laisse pantois, et couplテゥe テ sa bontテゥ, ferait presque croire en l窶僮ntelligent Design. Je dois lui 
avouer que son labo est le seul endroit que j窶兮i trouvテゥ oテケ l窶册sprit encyclopテゥdique des Lumiティres redevient palpable (et frappe trois coups). Que 
Patrick Lテゥvy soit profondテゥment remerciテゥ de m窶兮voir donnテゥ sa confiance et permis une telle odyssテゥe, en me laissant une libertテゥ que m窶兮urait enviテゥe 
H. D. Thoreau テ Walden. Pour finir, puisse Claudine Kahane savoir le plaisir qu窶册lle me donne en prテゥsidant un jury tel que celui-ci. 
 
Je dテゥdie cette thティse テ mon frティre, qui ne la lira jamais. Puisque c窶册st lui qui m窶兮 appris テ aimer les fantテエmes, les squelettes, les films d窶冑orreur, les 
blagues pourries, et テ fouiller les maisons en ruine. Tout ceci est un peu de sa faute. 
Grテ「ce soit rendue au musicien Will Oldham ainsi qu窶兮ux travailleurs exploitテゥs qui ont produit le tabac Golden Virginia et le cafテゥ colombien que 
j窶兮i consommテゥ en quatre ans.  

 

RM, 8 octobre 2007

 

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Table des matiティres 

 

Avant-propos....................................................................................................................... 12

Mise en garde...................................................................................................................... 15

 

Introduction gテゥnテゥrale ......................................................................................................... 16

 

1

 

Science, pseudosciences et esprit critique ................................................................ 18

 

1.1.1

Histoire ...............................................................................................................................19

1.1.3

La zテゥtテゥtique moderne ...........................................................................................................26

1.1.4

La dテゥmarche scientifique est zテゥtテゥtique ...................................................................................26

1.1.5

La didactique des sciences.....................................................................................................27

1.1.7

La transposition de connaissances en sciences expテゥrimentales..................................................31

1.1.8

La zテゥtテゥtique comme ars du doute..........................................................................................32

1.1.9

Outils..................................................................................................................................33

1.2.1

La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain ......................................................................................34

1.2.2

Science et clafoutis ................................................................................................................37

1.2.3

Vrai versus vraisemblable ....................................................................................................38

1.2.5

Le Syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain..................................................................41

1.2.6

La mテゥtaphore de l窶兮rchテゥologue ..............................................................................................42

1.2.7

Le pseudo-dテゥsintテゥrテェt des scientifiques.....................................................................................42

1.2.9

L窶兮ppel テ l窶冓gnorance, ou inversion de la charge de la preuve ..................................................44

1.2.10

Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact .....................................................................................................44

1.2.11

La grille de mots croisテゥs de Susan Haack.............................................................................45

1.3.1

Le matテゥrialisme ...................................................................................................................49

1.3.2

Tout ce qui est rテゥel est matiティre (quel que soit son degrテゥ d窶冩rganisation) ...................................49

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6

 

1.3.3

 

La pensテゥe est au cerveau ce que la contraction est au muscle...................................................50

 

1.3.4

 

Le 

comment

 relティve de la science, le 

pourquoi

 vous appartient............................................50

 

1.3.5

 

La raison comme outil..........................................................................................................52

 

1.3.6

 

La chienlit du relativisme cognitif .........................................................................................54

 

1.3.7

 

La morgue du post-modernisme (POMO) ............................................................................55

 

2

 

Science et pseudosciences ......................................................................................... 61

 

2.1

 

Mises en garde prテゥalables ...............................................................................................................61

 

2.1.1

 

Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ ......................................................................61

 

2.1.2

 

La dテゥmarche zテゥtテゥtique forcテゥment athテゥe ? ...............................................................................63

 

2.2

 

Intermezzo

 : le champ du 

paranormal

................................................................................................63

 

2.2.1

 

La notion de champ social....................................................................................................65

 

2.2.2

 

L窶兮utonomie du champ social ...............................................................................................66

 

2.2.3

 

Contraintes externes et demande sociale ................................................................................67

 

2.2.4

 

Paranormal : le sous-cape, l窶凖ゥsotテゥrique et la rhテゥtorique...........................................................70

 

2.2.5

 

Catテゥgories du 窶湾aranormal窶...................................................................................................71

 

2.3

 

Pseudoscience : dテゥfinition et mises au point ...............................................................................76

 

2.3.1

 

Mises au point.....................................................................................................................77

 

2.3.1.1

 

Axiomes incontournables テ la connaissance .........................................................................77

 

2.3.1.2

 

Rassurer sur la non-hテゥgテゥmonie de la science ........................................................................78

 

2.3.1.3

 

La science et le ツォ テァa marche ツサ...................................................................................................78

 

2.3.1.4

 

La preuve incombe テ celui qui prテゥtend (テ une efficacitテゥ)....................................................79

 

2.3.1.5

 

Dire qu窶冩n ne peut pas prouver que quelque chose ツォ n窶册xiste pas ツサ .................................79

 

2.3.2

 

Les pseudosciences ................................................................................................................80

 

2.3.2.1

 

Un peu d窶冑istoire .......................................................................................................................80

 

2.3.2.2

 

Pseudoscientifique = non-scientifique + spテゥciositテゥ ............................................................81

 

2.4

 

Critティres de dテゥmarcation, quelques outils pテゥdagogiques.............................................................81

 

2.4.1

 

Isolement ou incommensurabilitテゥ...........................................................................................82

 

2.4.2

 

Invocation d窶冑ypothティses 窶 thテゥiティre de Russell et rasoir .............................................................90

 

2.4.3

 

Pouvoir explicatif dテゥmesurテゥ...................................................................................................96

 

2.4.4

 

Exclusivitテゥ de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ ....................................103

 

2.4.5

 

Stagnation de la thテゥorie et enfermement dogmatique.............................................................104

 

2.4.6

 

Analyse non globale ...........................................................................................................107

 

2.4.7

 

L窶冑abit du moine...............................................................................................................108

 

2.4.8

 

Motivations relevant de l窶兮cte de foi 窶 posture philosophique spiritualiste sous-jacente ...........109

 

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2.5

 

Cheminement classique de la naissance d窶冰ne pseudoscience ................................................109

 

3

 

Pseudosciences et mテゥdias ........................................................................................111

 

3.1

 

Mテゥdias reflets, mais aussi gテゥnテゥrateurs de misconceptions.......................................................112

 

3.2

 

L窶兮ccティs テ l窶冓nformation scientifique : premiティres inquiテゥtudes ...................................................113

 

3.3

 

Manufacture de l窶冓nformation et cercle vicieux de la Vulgarisation scientifique ..................114

 

3.3.1

 

La manufacture de l窶冓nformation ........................................................................................114

 

3.3.2

 

Le cercle vicieux de la vulgarisation ....................................................................................115

 

3.4

 

La publicitarisation de la science .................................................................................................118

 

3.4.1

 

ツォ Symbole テゥcrit-analyse テゥtayテゥe ツサ contre ツォ image-visuelle-sensation immテゥdiate ツサ ......................118

 

3.4.2

 

ツォ Effort ツサ contre ツォ simplicitテゥ ツサ : la becquテゥe du profane.........................................................119

 

3.4.3

 

La fabrication de l窶凖ゥvテゥnementiel ..........................................................................................119

 

3.4.3.1

 

Caractティre 

ex nihilo

 et dテゥsyncrテゥtisation.................................................................................. 120

 

3.4.3.2

 

Deus ex machina

......................................................................................................................... 123

 

3.4.3.3

 

Historicitテゥ................................................................................................................................. 124

 

3.4.3.4

 

La sテゥlection et l窶僮mmテゥdiatetテゥ ................................................................................................ 124

 

3.4.3.5

 

Crテゥation d窶冰n public............................................................................................................... 124

 

3.5

 

Le succティs des pseudosciences sur fond de maffesolisme ........................................................125

 

3.6

 

Hypothティses de travail : la critique des mテゥdias comme prophylaxie des pseudosciences ....129

 

4

 

Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique .........................................................131

 

4.1

 

Interstices pseudoscientifiques et enseignement.......................................................................131

 

4.1.1

 

Dテゥfinition des Ips...............................................................................................................132

 

4.1.2

 

Obstacles テゥpistテゥmologiques, Interstices pseudoscientifiques.....................................................133

 

4.2

 

Ips de type 1 : Ips Lexicaux ou la gamme des 

effets paillasson

...................................................134

 

4.2.1

 

Dテゥfinition 窶 types 窶 multiacception.....................................................................................135

 

4.2.1.1

 

Types......................................................................................................................................... 136

 

4.2.1.2

 

Mutiacception.......................................................................................................................... 136

 

4.2.2

 

Effet paillasson commun, ou ツォ essuyez vos pieds ツサ...............................................................136

 

4.2.3

 

Effet vieux paillasson : essuyez vos arpions.........................................................................143

 

4.2.4

 

Effet paillasson de l窶册space ツォ essuyez vos tentacules ツサ ...........................................................145

 

4.2.5

 

Concept nomade : essuyez vos pieds sur le nテゥnuphar ............................................................155

 

4.2.6

 

Effets impact .....................................................................................................................162

 

4.2.6.1

 

L窶兮ccentuation imaginaire...................................................................................................... 163

 

4.2.6.2

 

L窶兮ccentuation lapidaire ......................................................................................................... 166

 

4.2.6.3

 

Accentuation iconique 窶 images, caractティres, icテエnes.......................................................... 168

 

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8

 

4.2.6.4

 

Accentuation linguistique : faux dilemme, plurium interrogationum窶ヲ ........................ 176

 

4.2.6.5

 

Outils Z : technique Mu, et 

compテゥtitif

................................................................................... 180

 

4.2.7

 

Distinction Effet puits / effet Barnum................................................................................180

 

4.2.8

 

Les mots -fouines ...............................................................................................................185

 

4.2.9

 

Origines de ces dテゥvoiements du langage ................................................................................186

 

4.2.9.1

 

L窶冑abitude et le manque d窶冓nventivitテゥ langagiティre............................................................... 186

 

4.2.9.2

 

L窶冑istoricitテゥ et les failles テゥpistテゥmologiques......................................................................... 187

 

4.2.9.3

 

La pure forfanterie, le littテゥrarisme et l窶冓mposture .............................................................. 188

 

4.2.9.4

 

La ツォ publicitarisation ツサ de la science et la pression mercatique ....................................... 189

 

4.2.9.5

 

Outils Z : validation des mots, des chiffres, des mテゥtaphores, des questions ................ 190

 

4.3

 

Ips de type II : Ips logico-argumentatifs....................................................................................192

 

4.3.1

 

Le texte argumentatif.........................................................................................................192

 

4.3.2

 

Les arguments d窶兮utoritテゥ ....................................................................................................193

 

4.3.2.1

 

Forme ツォ classique ツサ................................................................................................................. 194

 

4.3.2.2

 

Syndrome du poulpe, F1, Jules Verne & effet Matthieu.................................................. 194

 

4.3.2.6

 

Source, compテゥtence et sophisme du sonneur.................................................................... 208

 

4.3.2.7

 

Publication scientifique = sテゥrieux ? ..................................................................................... 210

 

4.3.2.8

 

Prテゥdictions auto-rテゥalisatrices, effets Rosenthal, Baskerville窶ヲ........................................ 211

 

4.3.2.9

 

L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ ............................................................................................ 212

 

4.3.2.10

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des titres .......................................................................... 215

 

4.3.2.11

 

L窶兮une du statut : Blouse blanche et technique de la photo de classe............................ 216

 

4.3.2.12

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des donnテゥes truquテゥes .................................................... 217

 

4.3.2.13

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias : ツォ vu テ la tテゥlテゥvision ツサ................................. 217

 

4.3.2.14

 

Effet star .................................................................................................................................. 219

 

4.3.2.15

 

L窶册ffet ツォ vitrine ツサ ..................................................................................................................... 220

 

4.3.2.16

 

L窶册ffet ツォ vitrine ツサ d窶冩fficine ................................................................................................... 220

 

4.3.2.17

 

Principe de la preuve sociale, 

effet Panurge

 ou 

argumentum ad populum

............................... 221

 

4.3.2.18

 

L窶兮rgument de majoritテゥ, 

argumentum ad numerum

................................................................ 224

 

4.3.2.19

 

Argument du gratin, argumentum ad gratinum ................................................................. 226

 

4.3.2.20

 

L窶兮rgument du bon sens du peuple ou argument gluant.................................................. 227

 

4.3.2.21

 

L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise .................................................................................... 229

 

4.3.2.22

 

L窶兮ppel au tテゥmoignage ........................................................................................................... 232

 

4.3.2.23

 

Disgression : la soumission テ l窶兮utoritテゥ ............................................................................... 235

 

4.3.3

 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ - テゥloge de l窶兮nciennetテゥ.....................................................................236

 

4.3.3.2

 

L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ, 

argumentum ad veterum

................................................ 238

 

4.3.3.3

 

Argument de ツォ la nuit des temps ツサ ou sophisme de la tradition...................................... 239

 

4.3.3.4

 

Appel テ l窶冰sage (It-Ought Fallacy) ....................................................................................... 241

 

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4.3.3.5

 

L窶兮ppel テ la nouveautテゥ, ou 

argumentum ad novitatem

............................................................ 241

 

4.3.3.6

 

L窶兮rgument exotique, ou argument ツォ du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique ツサ ....... 242

 

4.3.4

 

La notion de faisceau de preuve ..........................................................................................244

 

4.3.5

 

Les causalitテゥs douteuses - non causa pro causa ....................................................................245

 

4.3.5.1

 

Forme classique : le 

Post hoc ergo propter hoc

, ou 

effet atchoum

............................................... 245

 

4.3.5.2

 

Variante : le culte du Cargo, de Feynman........................................................................... 247

 

4.3.5.3

 

Sophisme du pragmatisme et paradoxe d窶僊sher................................................................ 248

 

4.3.5.4

 

Forme extrapolテゥe : l窶册ffet ツォ cigogne ツサ .................................................................................. 248

 

4.3.5.5

 

Forme inversテゥe : effet Lotus ou inversion de causalitテゥ .................................................... 250

 

4.3.5.6

 

Forme conjointe, indirecte ou collatテゥrale : le 

Cum hoc ergo propter hoc

.............................. 251

 

4.3.5.7

 

Nテゥcessitテゥ mais insuffisance de la cause : le tour de force de Pettenkaufer ................... 252

 

4.3.5.8

 

Cause rテゥelle mais nテゥgligeable ................................................................................................ 253

 

4.3.5.9

 

Sophisme テゥcologique, ou corrテゥlation テゥcologique .............................................................. 254

 

4.3.5.10

 

Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour

............................................. 255

 

4.3.5.11

 

Pangloss version gnostique ou theilardiste......................................................................... 256

 

4.3.5.12

 

Pangloss version ツォ anti-hasard ツサ et sa sous-division ツォ anti-テゥvolution ツサ .......................... 257

 

4.3.5.13

 

Pangloss version ツォ archテゥofiction ツサ et ses sous-divisions versions ツォ E.T. ツサ et miracles 260

 

4.3.5.14

 

Pangloss version ツォ flティche dans l窶册au ツサ.................................................................................. 260

 

4.3.5.15

 

Pangloss version ツォ relecture de l窶冑istoire ツサ.......................................................................... 260

 

4.3.5.16

 

Tautologie 窶 effet cerceau ..................................................................................................... 266

 

4.4

 

Ips de type III : Ips scテゥnaristiques ..............................................................................................268

 

4.4.1

 

Registres ............................................................................................................................269

 

4.4.1.1

 

Le registre laudatif .................................................................................................................. 269

 

4.4.1.2

 

Le registre polテゥmique / ironique.......................................................................................... 270

 

4.4.1.3

 

Le registre injonctif................................................................................................................. 270

 

4.4.1.4

 

Le registre lyrique ................................................................................................................... 271

 

4.4.1.5

 

Le registre テゥpique.................................................................................................................... 271

 

4.4.1.6

 

Le registre fantastique ............................................................................................................ 271

 

4.4.2

 

Scテゥnarios, carpaccios et fabrication factice d窶冓ntテゥrテェt...............................................................271

 

4.4.2.1

 

La technique du Carpaccio.................................................................................................... 272

 

4.4.3

 

Le mode テゥvテゥnementiel : l窶兮rt de crテゥer le scoop .......................................................................272

 

4.4.3.1

 

Scテゥnario sテゥcuritaire 窶 appel テ la peur................................................................................... 272

 

4.4.3.2

 

Carpaccio ツォ alerte ツサ ................................................................................................................. 276

 

4.4.3.3

 

Variante : scテゥnario sテゥcuritaire 

ad baculum

 ou 

repoussoir

....................................................... 278

 

4.4.3.4

 

Scテゥnario テゥmotif 窶 appel テ l窶凖ゥmotion .................................................................................... 281

 

4.4.3.5

 

Carpaccio ツォ espoir ツサ................................................................................................................ 283

 

4.4.3.6

 

Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ ........................................................................................................ 285

 

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10

 

4.4.4

Le mode mテゥtaphysique .......................................................................................................304

Annexes............................................................................................................................. 328

 

Fiche pテゥdagogique Nツー1 : Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante

........................................................................................................................................... 329

 

Fiche pテゥdagogique Nツー2 : Scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ + technique Peau de 
chagrin .............................................................................................................................. 344

 

Fiche pテゥdagogique Nツー3 窶 Rasoir d窶儖ccam, l窶兮lternative est fテゥconde ............................. 351

 

Fiche pテゥdagogique Nツー4 窶 Le raisonnement panglossien ................................................ 353

 

Fiche pテゥdagogique Nツー5 窶 Les psychomテゥdecines ............................................................ 356

 

Fiche pテゥdagogique Nツー6 窶 Le magnテゥtisme et les fluides.................................................. 369

 

Fiche pテゥdagogique Nツー7 窶 Argument d窶兮utoritテゥ, DHMO, alerte, jargon, un tsunami dans 
un verre d窶册au.................................................................................................................... 372

 

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11 

 

Fiche pテゥdagogique Nツー8 窶 Le sophisme du procureur ..................................................... 374

 

Fiche pテゥdagogique Nツー9 窶 Le jeu des 20 piティges, ou comment テゥviter les arguments 
d窶兮utoritテゥ ?......................................................................................................................... 376

 

Fiche pテゥdagogique Nツー10 窶 La dent en or de Fontenelle.................................................. 379

 

Fiche pテゥdagogique Nツー11 窶 ID : mテゥfiance quand la science devient un combat ............. 380

 

Fiche pテゥdagogique Nツー12 窶 Fabrication du hテゥros et/ou du gテゥnie hテゥroテッque .................... 384

 

Fiche pテゥdagogique Nツー13 窶 TP : brティches dans l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-
colonialiste ........................................................................................................................ 387

 

Fiche pテゥdagogique Nツー14 窶 Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et Nouvel テHe....................... 389

 

Fiche pテゥdagogique Nツー15 窶 Effet paillasson sur la notion de ツォ sens ツサ et de ツォ direction ツサ 390

 

Fiche pテゥdagogique Nツー16 窶 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger.................................................. 392

 

Fiche pテゥdagogique Nツー17 窶 Scテゥnario du Graal et de la recherche scientifique de Dieu .. 400

 

Fiche pテゥdagogique Nツー18 窶 TP : technique du liquide vaisselle ...................................... 410

 

Fiche pテゥdagogique Nツー19 窶 Technique de la peau de chagrin ..........................................411

 

Fiche pテゥdagogique Nツー20 窶 Quelques notes sur le principe anthropique........................ 413

 

Fiche pテゥdagogique Nツー21 窶 TP : テゥpluchage de tテェtes de gondole ..................................... 415

 

Fiche pテゥdagogique Nツー22 窶 Exemple de protocole Z : test du magnテゥtiseur.................... 418

 

 
 

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12

 

Avant-propos 

 

ツォ [...] nombre des scientifiques, il n窶凉 a pas si longtemps, ont pris une part active dans la vie culturelle des 

classes laborieuses, cherchant テ attテゥnuer le caractティre socialement marquテゥ (

class character

) de la culture savante 

en concevant des programmes d窶凖ゥducation destinテゥs aux travailleurs ou en テゥcrivant des ouvrages de 

mathテゥmatiques et de science conテァus pour un large public. Il n窶凉 eut pas seulement des intellectuels de 

gauche pour s窶冓nvestir dans cette cause, mais je suis frappテゥ de voir qu窶兮ujourd窶冑ui leurs homologues tentent 

de priver ce mテェme public non seulement des joies de comprendre et d窶册xercer son intellect, mais テゥgalement 

des outils de son テゥmancipation, en professant l窶冓dテゥe que ツォ le projet des Lumiティres est bel et bien mort ツサ et 

que nous devons abandonner les ツォ illusions ツサ attachテゥes テ la science et テ la rationalitテゥ. Ce message ne peut 

que rテゥjouir les gardiens du pouvoir, qui pourront ainsi rテゥserver テ leur propre usage la maテョtrise et le 

monopole de ces instruments. Ces derniers ne seront pas moins rテゥjouis d窶册ntendre que ツォ la science [...] est 

un systティme qui, en lui mテェme, lテゥgitime l窶兮utoritテゥ des chefs ツサ, et que tout dテゥfi テ cette autoritテゥ doit se 

comprendre comme un dテゥfi テ la rationalitテゥ. On assiste lテ テ un retournement remarquable de la position qui, 

autrefois, associait テゥducation et テゥmancipation. Cela me rappelle le temps oテケ l窶凖曳lise テゥvangテゥlique prテェchait 

l窶冓gnorance comme moyen de salut aux populations indisciplinテゥes, ou, plus prティs de nous, ce que leurs 

descendants enseignent aujourd窶冑ui aux paysans d窶僊mテゥrique centrale et que E. P. Thompson nomme 

l窶卍ォ

encadrement psychique des contre-rテゥvolutions

 ツサ. ツサ 

Noam Chomsky

, le Vrai visage du postmodernisme, 1998 

 

ツォ テ Richard Monvoisin, doctorant en zテゥtテゥtique, si tant est que la zテゥtテゥtique existe ! ツサ 

 

Rテゥmy Chauvin, parapsychologue, 

dテゥdicace, janvier 2004 

 
 

ツォ Quand un scientifique du niveau de D窶僞spagnat m窶凖ゥcrit que ce livre est le GPS de la science actuelle (!!!) 

c窶册st savoureux de voir un テゥtudiant en zテゥtテゥtique dire que c窶册st de la pseudo-science. ツサ

 

Jean Staune, penseur

, communication personnelle, 13 juin 2007 

 

 

La situation de cette thティse est paradoxale. Aprティs avoir passテゥ plusieurs annテゥes au dテゥcorticage de la 
mise en forme des connaissances, il y a quelque chose de mordant テ en mettre en forme soi-
mテェme le rテゥsultat. Un peu comme de faire la publicitテゥ d窶冰n livre dテゥnonテァant la publicitテゥ, ou de 
lancer un disque de musique pacifiste テ la tテェte de son interlocuteur.  
Dans le processus de publication de la connaissance scientifique, il y a une sorte de don et contre 
don permanent : le style universitaire imposテゥ et la course テ la publication nous encouragent テ 
prテゥsenter nos travaux sous le meilleur jour possible, ceci afin de convaincre un テゥventuel mテゥdia de 
le publier, 窶 et par la mテェme gテゥnテゥrer pour ledit mテゥdia un profit pテゥcuniaire relatif テ la vente du 
numテゥro. Le doctorant, le chercheur se plient テ d窶冓ncroyables contraintes liテゥes テ l窶

habitus

 du monde 

des sciences, allant parfois jusqu窶凖 biaiser et lisser leurs donnテゥes pour avoir une chance de 
ツォ monter sur scティne ツサ, et par consテゥquent d窶册xister 窶 partant du principe de Berkeley que celui qui 
n窶册st pas vu sur ladite scティne n窶册xiste pas. En テゥchange, le mテゥdia s窶兮rrange pour modeler les goテサts 
et faテァonner la fameuse ツォ opinion publique ツサ afin qu窶册lle accepte, s窶冑abitue, puis rテゥclame ces 
contraintes. C窶册st du 

win-win

, comme on dit en entreprise. Du gagnant-gagnant. La diffテゥrence 

avec les connivences entre politiques et journalistes, comme racontテゥes par Halimi (1997 ; 2005) 
ou par Carles (1995 ; 1998 ; 2002), est tテゥnue.  
 
Dans ce cercle vicieux production/publication, il est tentant pour nous d窶凖ゥcrire trティs 
soigneusement que l窶冩bjectif de cette thティse de doctorat est d窶卍ォ ouvrir tout enseignant, formateur, 

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13 

 

pテゥdagogue, didacticien ou individu lambda テ la question de l窶册sprit critique et de sa 
transmission ツサ.  
Il s窶兮girait d窶冰ne introduction テ large spectre, interpellant d窶冰ne seule brassテゥe une bonne frange de 
professionnels テ peu de frais, et surtout ne prテゥsentant aucun risque : ツォ 

ouvrir テ la rテゥflexion

 ツサ,  par 

exemple, est suffisamment vague et non mesurable pour que, quel que soit le sentiment final du 
lecteur nous puissions penser qu窶冓l s窶册st effectivement ouvert テ la rテゥflexion. Nous retrouvons une 
technique classique des symptomatologies de mテゥdecines dites alternatives : se maintenir dans le 
flou テゥvite une テゥvaluation prテゥcise. De mテェme qu窶冩n ne mesure pas le bien-テェtre, on ne mesure pas 
l窶冩uverture d窶冰n esprit, du moins tant que, comme dit Randi, il ne s窶兮git pas d窶冰n trou dans 
l窶册ncテゥphale. Et si d窶兮venture nous n窶冩uvrions qu窶冰ne seule personne テ la rテゥflexion, nous 
pourrions toujours compter sur le 

biais de confirmation

 et le fait qu窶凖 l窶冓nverse des frites McCain (oテケ 

ceux qui en parlent le moins en mangent le plus), seuls les gens pour qui ツォ テァa a marchテゥ ツサ en 
parlent.  
Nous pourrions alors prテゥsenter un corpus de tテゥmoignages en guise de preuve, du genre :  

 

 

 

            

 

 

 

 

Mme K tテゥmoigne.   

M. Q est formel.  

ツォ 

Mme K. : oui, cette thティse m窶兮 beaucoup ouvert l窶册sprit, je suis formelle. D窶兮illeurs je sens un courant d窶兮ir dans 

mon front. 
M. Q. : effectivement, lire ce travail a テゥtテゥ salutaire pour moi. La preuve, le lendemain, j窶兮i retrouvテゥ l窶兮mour.

 ツサ 

 
Nous pourrions aussi tisser des liens suffisamment tテゥnus avec les collティgues des sciences de 
l窶凖ゥducation, de l窶冓nformation, de la didactique, de toutes les sciences possibles. Les citer le plus 
souvent possible afin que ce travail se retrouve lui-aussi citテゥ, et donc reconnu, en une validation 
par les pairs gage de valeur. Le fer dans les テゥpinards doit en quelque sorte sa carriティre テ cette 
technique.  
Peut テェtre nous faudrait-il aussi miser sur le relativisme cognitif en vogue en France pour faire 
passer notre contribution. テ テゥcouter la frange universitaire Latourienne ou Maffesolienne, la 
distinction entre le vraisemblable et le faux n窶册st qu窶冰ne question de construction sociale. Et 
puisque c窶册st une marque de sclテゥrose sociologique occidentale de la pensテゥe que de se raccrocher 
aux preuves, il faut s窶兮ffranchir du diktat de la preuve. De fait, si d窶兮venture la thティse exposテゥe ici 
ne remporte pas l窶兮dhテゥsion sur des bases rationnelles, nous pourrons toujours dire que c窶册st 
moins de notre faute que dテサ テ l窶冓ncapacitテゥ du lecteur, trop engonテァテゥ dans son rationalisme, ou 
pire, dans les us intellectuels de son milieu social.  
Si le jury trouve cette thティse mauvaise, nous pourrons toujours lui dire qu窶冓l fallait la lire sous un 
angle moins scientifique, plus mテゥtaphorique, briser les barriティres mentales occidentales, voire se 

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14

 

servir de son cerveau gauche, plus intuitif.  
Car enfin, mon bon monsieur, ma brave dame, dans le domaine de la didactique, on ne peut pas 
tout rテゥduire テ la science froide, mテゥcaniste, et encore moins au matテゥrialisme, qui est comme vous 
le savez d窶冰ne rigiditテゥ quasi-cadavテゥrique typique et symbole d窶冰ne impasse morale. Et qu窶冓mporte, 
en fait, si les idテゥes de cette thティse ne reテァoivent pas un bon accueil ? C窶册st vraisemblablement parce 
qu窶册lles dテゥrangent, et parce que l窶僮nstitution a les yeux cillテゥs. Leur auteur, drapテゥ dans une toge 
d窶冑テゥrテゥtique, rejoindra alors la longue marche des grands incompris, quelque part entre Galilテゥe et 
Sommelweiss. 

Scrupulus

 en latin est le petit caillou qui se coince sous le pied dans la chaussure. Nous avons 

quelques scrupules テ user de stratテゥgies mテゥdiatiques claudiquantes du mテェme acabit que celles que 
nous dissテゥquerons dans notre travail. Alors il va falloir redevenir modeste. D窶冩bjectif, nous 
parlerons simplement de dテゥmarche, de souhait, d窶冑ypothティse de travail, et de limites. Nous 
souhaitons contribuer テ la didactique des sciences, sur l窶兮ngle de l窶册sprit critique et de son 
テゥlaboration.  
Il y a peu de chance que cela rテゥvolutionne la face du monde, mais au fond, l窶冓dテゥe est d窶册ssayer 
d窶兮pporter sa contribution. C窶册st ce qui aide テ vivre aussi. Ce qui fait sens, de ce sens qui est 
comme le dira plus loin Dubessy, une question purement politique et qu窶冓l n窶册st pas question de 
laisser aux soins aliテゥnants des promoteurs de l窶

Intelligent Design

.  

Enfin, pour テゥviter de donner de la matiティre テ creuser pour les テゥpistテゥmologues postmodernes, 
prテゥcisons テ tout hasard que l窶兮uteur a テゥtテゥ construit selon le genre homme, blanc europテゥen de 
l窶儖uest, post-colonial, de classe moyenne, de culture franテァaise, aux opinions politiques athテゥistes 
et libertaires. Le fait d窶凖ェtre un homme m窶兮 certainement facilitテゥ la tテ「che pour franchir divers sas 
de pouvoir dans l窶冩rganigramme des sciences qui, s窶冓l n窶册st pas machiste, est au moins fortement 
masculiniste ; テェtre blanc europテゥen de l窶儖uest n窶兮 eu pour effet que de me faire naテョtre avec une 
grande probabilitテゥ dans un pays en moyenne riche, et donc m窶兮 permis d窶凖ェtre nourri de maniティre 
suffisante durant mes テゥtudes, ceci sur le dos de nos politiques extテゥrieures spoliantes ; de classe 
moyenne n窶兮 eu d窶兮utre effet que de me donner accティs dテゥcomplexテゥ テ la culture et de m窶兮voir fait 
effectuer de longues テゥtudes puisque c窶凖ゥtait gratifiant dans mon milieu social, et, comme dirait 
Dawkins, devait permettre テ mes gティnes de mieux se transmettre. D窶凖ェtre franテァais m窶兮 simplement 
amenテゥ テ テゥcrire en franテァais, a prテゥcipitテゥ mon dテゥni des doctrines religieuses, mais m窶兮 prテゥcipitテゥ 
adolescent dans ce goテサt du Nouvel テHe.  
Je dテゥdie donc ce texte aux gens complexテゥs des classes dites infテゥrieures テ qui on a fait comprendre 
que la connaissance ne serait pas pour eux. Qu窶冓ls me pardonnent du jargon, et qu窶冓ls se forcent. 
Rien de ce qui est racontテゥ ici n窶册st inaccessible. 
Je dテゥdie ce texte aux cousins non-blancs, qui, par ce qui a テゥtテゥ spテエliテゥ テ leurs ancテェtres, m窶冩nt 
indirectement permis de faire les テゥtudes qu窶册ux ne feront probablement pas, テ moins de se glisser 
dans un train d窶兮tterrissage d窶冰n avion de la Sabena. 
Je dテゥdie ce texte テ mon pティre, qui m窶兮 transmis son dテゥgoテサt du jテゥsuitisme et ce prテゥvisible mais 
inestimable goテサt du livre qu窶冩n a longtemps rテゥservテゥ aux hommes ; et テ ma mティre, qui m窶兮 transmis 
ce prテゥvisible mais inestimable et paradoxal sentiment テゥmotif, longtemps circonscris aux femmes. 
Il est amusant de voir que c窶册st ce goテサt de la bibliographie qui me procure ce sentiment テゥmotif. 
Ou l窶冓nverse. 
Enfin, mon goテサt libertaire consiste essentiellement テ contester les autoritarismes, les aliテゥnations 
et la manipulation de l窶冓nformation. En ce sens seul, ce travail est politiquement marquテゥ, et j窶册n 
suis heureux.

background image

 

 

   

 

15 

 

Mise en garde 

Nous prendrons quatre petites libertテゥs.  

窶「

 

Nous prテゥfテゥrerons aux rigoureux 

scenarii

 et 

processi 

les mots 

scテゥnarios et processus

, moins 

pompeux.  

窶「

 

Nous avons abandonnテゥ le 

cf.

 (

confer

) signifiant 

en toute rigueur ツォ comparer avec ツサ et non ツォ 

voir ツサ 窶馬ous avons donc utilisテゥ 

voir

 pour les renvois.

 

窶「

 

Nous renonテァons テ la notion de 

profane

, chティre テ la vulgarisation scientifique, pour celle 

d窶冓ndividu 

lambda

, un peu moins condテゥscendante.  

窶「

 

Nous avons laissテゥ Opinion Publique avec des majuscules pour garder テ l窶册sprit que cette 
expression est tendancieuse : elle rテゥsume et moyenne les opinions des gens pour 
entretenir l窶冓llusion d窶冰ne foule homogティne, prテゥsentant une seule opinion frontale et 
consistante sur le plan psychosociologique. Il y a un tel nombre d窶冓mplicites dans une telle 
expression que nous souhaitons par ces majuscules maintenir la vigilance sur ce qu窶冩n 
prテェte テ ce pseudo-objet. 

Enfin, ce n窶册st que par souci de lisibilitテゥ que nous n窶兮vons pas fテゥminisテゥ le texte. Rien n窶凖ゥtayant en 
science que le ツォ 

masculin l窶册mporte sur le fテゥminin

 ツサ, il n窶凉 a aucune raison valable pour que la 

grammaire s窶册mpare de ce principe et l窶凖ゥrige en rティgle, hormis celle de proroger une idテゥologie aussi 
peu charitable que non scientifique. Nous nous テゥtions promis de le faire remarquer. 

 
Sigles utilisテゥs : 

 

AAAS :   American Association for the Advancement of Science 
ADFI :   Association de Dテゥfense de la Famille et de l窶僮ndividu 
AFIS :  

Association Franテァaise pour l窶僮nformation Scientifique 

ATILF :   Analyse et Traitement Informatique de la Langue 

Franテァaise  

BUP :  

Bulletin de l窶儷nion des Physiciens 

CIA :  

Central Intelligence Agency 

CICNS :   Centre  d窶僮nformation  et de Conseils aux Nouvelles 

Spiritualitテゥs 

CIES :  

Centre d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur 

CHS :  

Combustion Humaine Spontanテゥe 

CSI 

 

Committee for Skeptical Inquiry (anciennement 
CSICOP) 

CSICOP :  Committee for the Scientific Investigation of Claims of 

the Paranormal 

CV :  

Curseur Vraisemblance 

DEA :  

Diplテエme d窶凖液udes Approfondies 

DLST :  Direction des Licences Sciences & techniques (ancien 

DSU) 

EPP :  

Extraits de Pテゥpin de Pamplemousse 

EMI :  

Expテゥrience de Mort Imminente 

GEIMI 

 

Groupe テ液udiant de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique 
International 

GRIP 

  Groupe de Rテゥflexion Interdisciplinaire sur les 

Programmes. 

HCE :  

Haut Conseil de l窶凖嬰ucation 

HS :  

Hors Sテゥrie 

ID :  

Intelligent Design (ou Dessein Intelligent)  

IMI :  

Institut Mテゥtapsychique International 

INSERM : Institut National de la Santテゥ et de la Recherche 

Mテゥdicale 

Ips :  

Interstice pseudoscientifique 

IUFM :   Institut Universitaire de Formation des Maテョtres 
JT : 

Journal Tテゥlテゥvisテゥ 

M2R :  

Master 2 Recherche  

MT :  

Mテゥditation Transcendantale 

NDE :  

Near Death Experience 

NMR :  

Nouveaux Mouvements Religieux  

NMS :  

Nouveaux Mouvements Sociaux 

OBE :  

Out of Body Experience 

OVNI :   Objet Volant Non Identifiテゥ 
OZ:  

Observatoire Zテゥtテゥtique 

PAF (ou FAP) : Principe Anthropique Final 
PANE :   Phテゥnomティne Aテゥrien Non Expliquテゥ 
PAR :  

Prophテゥtie Auto-Rテゥalisatrice 

POMO :   Post-modernisme (au sens de Sokal & Bricmont 1997) 
S&Av :   Sciences & Avenir 
S&V :  

Science & Vie 

SIDA :  

Syndrome d窶僮mmuno-dテゥficience Acquise 

SNES :   Syndicat National des Enseignants du Second degrテゥ 
SOFRES : Sociテゥtテゥ franテァaise d'テゥtudes par sondages 
TCI :  

TransCommunication Instrumentale 

TLFi : 

Trテゥsor de la Langue Franテァaise Informatisテゥ  

UIP :  

Universitテゥ Interdisciplinaire de Paris 

VS :  

Vulgarisation Scientifique 

 

ouv.citテゥ

 :    

ouvrage citテゥ (テゥquivalent de 

op.cit

., 

de opere 

citato

ibid.

 :  

 

ibidem

, au mテェme endroit 

et al./& al.)

 :  

et alii

, et d'autres 

etc.

 :  

 

et cテヲtera

, et les autres choses 

et sq. :  

 

et sequiturque

, et suivantes 

sic :  

ainsi (indique au lecteur que l窶冩rthographe, 
la phrase citテゥe ou le raisonnement 
retranscris a pour objectif d窶凖ェtre retranscris 
ou lu tel quel et ne doit pas テェtre corrigテゥ) 

ツァ :  

paragraphe

background image

 

 

   

 

16

 

Introduction gテゥnテゥrale 

 

Je voudrais demander au lecteur d窶册nvisager favorablement une doctrine qui peut, je le crains, paraテョtre extrテェmement 

paradoxale et subversive. La doctrine en question est la suivante : il n窶册st pas dテゥsirable de croire en une proposition 

lorsqu窶冓l n窶凉 a aucune raison de penser qu窶册lle est vraie. 

Bertrand Russell 

 

La dテゥmarche qui nous a animテゥe a テゥtテゥ fortement motivテゥe par la dテゥcouverte trティs contre-intuitive 
que la transmission des connaissances en sciences ne suffit pas テ forger un esprit critique 
suffisant. Depuis les annテゥes 70, un certain panel d窶凖ゥtudes sociologiques a montrテゥ que niveau 
d窶凖ゥtudes et niveau d窶兮dhテゥsions テ des thティses pseudoscientifiques ne sont pas, comme l窶兮urait laissテゥ 
croire le bon sens, inversement corrテゥlテゥs. La transmission de connaissances scientifiques ne se fait 
pas sans heurts. 
Nous avons d窶兮bord suggerテゥ que la part de transmission liテゥe aux mテゥdias semblait fortement 
parasitテゥe par toute une panoplie de contraintes faisant indirectement le lit de croyances pseudo-
scientifiques, lesquelles sont テ l窶册xact opposテゥ de l窶冩bjectif テゥducatif annoncテゥ. Dテゥcrire ces 
contraintes aux テゥtudiants permettrait alors peut テェtre d窶兮ttテゥnuer une part des nuisances 
occasionnテゥes. 
Puis l窶冓dテゥe nous est venu de prendre le problティme テ l窶册nvers : partir d窶兮bord des mテゥdias eux-
mテェmes et remonter vers l窶凖ゥpistテゥmologie des sciences. Cela permettrait alors d窶凖ェtre dティs le dテゥbut 
dans le vif du sujet, dans la mode, et d窶兮ccrocher l窶兮pprenant. Cela permettrait aussi d窶冓llustrer 
facilement et 

in vivo 

les contraintes en question, en particulier avec la mテゥthode zテゥtテゥtique, aussi 

efficace qu窶凖ゥmoustillante. Avec le soutien de H. Broch et de plusieurs collティgues grenoblois, nous 
entreprテョmes alors la crテゥation de cours spテゥcifiques de didactique de l窶册sprit critique, avec l窶冩bjectif 
de tester des moyens d窶冓nstiller ce regard critique vis-テ-vis des 

mass-media

 lorsque ceux-ci offrent 

du contenu scientifique. 
Le rテェve que nous avons nourri ensuite fut de mettre progressivement テ disposition une sorte de 
creuset mテゥthodologique dans lequel un enseignant universitaire souhaitant stimuler les 
compテゥtences critiques chez ses テゥtudiants puisse puiser sans trop de difficultテゥ. Il s窶兮vティre avec le 
recul qu窶冓l s窶兮gissait d窶冰ne entreprise bien complexe テ plusieurs points de vue.  
 
Complexe tout d窶兮bord en raison de l窶冩bjet cognitif en lui-mテェme : l窶册sprit critique. Qu窶册n dire ? 
Quelles compテゥtences, quelles habilitテゥs, quels savoir-faire dテゥvelopper, quels savoir-テェtre mettre en 
jeu ? Peut-on, テ l窶冓nstar d窶冰n outillage mathテゥmatique ou physique, prテゥtendre que quelqu窶冰n a 
ツォ acquis ツサ de l窶册sprit critique ? O. Chenevez en fait le constat en introduction テ son 

Cahier 

Pテゥdagogique 

:  

ツォ On n窶册nseigne pas l窶册sprit critique, il n窶册xiste aucune mテゥthode d窶卍ォ esprit critique en 
cinquante leテァons ツサ, テ dテゥlivrer selon une posologie savante. Aucune mesure, aucune テゥvaluation 
prテゥcise ne permet de dテゥlivrer un brevet ツォ d窶册sprit critique ツサ. L窶册sprit critique s窶兮cquiert, petit テ 
petit, par l窶册xpテゥrience, l窶冑abitude de faire appel transversalement aux savoirs et de les 
questionner ツサ (Chenevez 2000). 

Les questionner. C窶册st le point qui a mobilisテゥ notre attention. Quelles techniques pouvons-nous 
mettre en place pour questionner ces savoirs, les tテ「ter, les soupeser, se les approprier et 
テゥventuellement les rejeter ? Il n窶册xiste qu窶冰ne littテゥrature trティs テゥparse sur la question. テ cela 
plusieurs raisons peuvent テェtre invoquテゥes. 

background image

 

 

   

 

17 

 

D窶兮bord, les contenus d窶册nseignement du supテゥrieur en sciences ne sont pas dテゥcrits. Ensuite, leur 
transmission y est extrテェmement formelle. Il est dispensテゥ majoritairement de la connaissance 
brute, noble, ツォ efficace ツサ. Tout ce qui en dテゥborde est perテァu comme une perte de temps ou 
d窶兮rgent d窶冓nvestissement, comme les derniティres dテゥcisions politiques concernant les universitテゥs 
finissent de nous en convaincre. C窶册st ainsi que la mテゥthodologie scientifique, l窶凖ゥpistテゥmologie, la 
psychologie sociale, la philosophie, l窶冑istoire et la sociologie des sciences, テゥpargnant une grande 
majoritテゥ des テゥtudiants, risquent la mise sur la sellette.  
Enfin, cette connaissance brute rテゥpond moins volontiers テ la crテゥation d窶册sprits larges qu窶凖 la 
demande mercatique. De fait, enseigner l窶册sprit critique est non nテゥcessaire pour une adaptabilitテゥ 
au marchテゥ de l窶册mploi. On nous l窶兮 rテゥpテゥtテゥ plusieurs fois.  
Corrテゥlation ou causalitテゥ, il existe trティs peu de sテゥquences d窶册nseignement spテゥcifiques dテゥvolues テ 
l窶册sprit critique dans les cursus scientifiques. Lorsqu窶册lles existent, elles sont extrテェmement 
sensibles aux bourrasques politiques intra-universitテゥ, et aux suppressions de crテゥdits dテゥjテ fort 
discrets. C窶册st le suivi des sテゥquences, pourtant plusieurs fois menacテゥes, de Henri Broch, qui nous 
fit comprendre qu窶冰ne bonne partie du travail avait, fort heureusement pour nous, dテゥjテ テゥtテゥ 
entrepris.  
 
Le plan que nous avons choisi est le suivant :  
Dans la premiティre partie, 

Science, pseudosciences et esprit critique

, nous prテゥciserons les 

cadres de travail dans lequel nous nous inscrivons, et nous prendrons un certain temps テ exposer 
un terrain conceptuel qui n窶册st pas テゥvident. Cette partie ne devait pas テェtre aussi longue, mais nous 
avons constatテゥ dans nos enseignements que la mise au point prテゥalable de certains aspects 
conceptuels permettait l窶凖ゥconomie de bon nombre d窶冓ncomprテゥhensions. Nous avons compris que 
la dテゥfinition simple des cadres de travail participe dテゥjテ d窶冰ne construction de l窶册sprit critique, et 
dティs lors les prテゥambules de nos enseignements y sont dテゥvolus. 
Dans la deuxiティme partie, 

Sciences et pseudosciences

, nous tenterons de brosser quelques 

points caractテゥristiques de ces constructions intellectuelles que l窶冩n dit pseudoscientifiques, et 
quelques outils permettant de les analyser au moins sommairement. Tous les points choisis sont 
des points ayant テゥtテゥ testテゥs dans des sテゥquences pテゥdagogiques. 
Dans la troisiティme partie, 

Pseudosciences et mテゥdias

, nous aborderons le rapport ambigテシ 

qu窶册ntretiennent les mテゥdias テ teneur scientifique avec le contenu qu窶冓ls prテゥsentent. Nous 
tenterons de montrer que certaines de ces transformations font le lit de croyances 
pseudoscientifiques. 
 Dans la quatriティme partie, 

Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique

, nous tenterons テ 

l窶兮ide de l窶冩utillage zテゥtテゥtique de brosser quelques maniティres d窶冰tiliser ces mテゥdias et leur analyse 
dans une visテゥe d窶凖ゥlaboration de l窶册sprit critique chez l窶凖ゥtudiant. Nous ne prテゥsenterons que des 
outils que nous avons dテゥjテ nous-mテェme テゥprouvテゥ dans nos enseignements. 
Les 

annexes

 prテゥsenteront, quant テ elles, des fiches pテゥdagogiques qui servent d窶兮ppoint aux divers 

outils テゥlaborテゥs, et ont dテゥjテ servi de fiches de cours. 

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18

 

 
 
 
 

1

 

Science, pseudosciences et esprit critique 

 
Notre thティse va s窶兮rticuler tant autour de la constitution d窶冰n outillage spテゥcifique zテゥtテゥtique que sur 
la prテゥparation prテゥalable du ツォ terrain ツサ pテゥdagogique sur lequel semer cet outillage. Partant du 
constat que de s窶冓mmiscer dans le domaine des croyances gテゥnティre des rテゥactions affectives parfois 
mordantes, prテゥparer l窶册sprit de l窶兮pprenant en dテゥsamorテァant les principaux noeuds rhテゥtoriques et 
en balisant les principales impasses cognitives facilite grandement la tテ「che et augure d窶冰ne 
meilleure rテゥussite dans l窶兮pprentissage. Aussi consacrerons-nous le premier chapitre テ prテゥciser les 
cadres didactique, テゥpistテゥmologique et philosophique de notre dテゥmarche, ainsi que quelques 
moyens simples et pテゥdagogiques d窶册n transmettre les points importants. 
Pour dテゥfinir notre cadre de travail, il nous faut d窶兮bord dテゥfinir le cadre didactique dans lequel 
nous nous plaテァons, puis le cadre テゥpistテゥmologique dans lequel celui-ci s窶冓nscrit. Enfin, nous 
tenterons de placer le tout dans un cadre philosophique prテゥcis. 
 

1.1

 

Cadre didactique : la zテゥtテゥtique comme didactique de l窶册sprit 

critique 

 
Cette thティse traite du transfert d窶冩utils intellectuels nテゥcessaires テ l窶兮nalyse critique des informations 
de type scientifique, que ce soit auprティs des テゥtudiants ou du grand public. Nous parlons pour cela 
d窶冩utillage de 

pensテゥe critique,

 pour rappeler le syntagme anglo-saxon de 

critical thinking

, ou plus 

largement d窶

テゥducation テ l窶册sprit critique

 et de 

zテゥtテゥtique

 pris comme synonymes (voir 1.1.2, 

La zテゥtテゥtique 

& 1.1.3, 

La zテゥtテゥtique moderne

).  

Transmettre cet esprit critique semble テェtre テ premiティre vue un problティme insurmontable. Il y a une 
forte tendance テ croire qu窶凖 chaque champ de connaissance appartient une palette de techniques 
critiques diffテゥrentes. Nous prテゥtendons qu窶凖 partir du moment oテケ, dans un champ de 
connaissance, il y a une volontテゥ de ツォ coller ツサ au rテゥel, de peser des hypothティses, d窶兮sseoir les faits et 
de les analyser objectivement, alors la posture critique emprunte les mテェmes outils, que nous 
soyions en histoire, en sociologie ou en biologie テゥvolutive.  

Chapitre

1

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19 

 

Seuls les objets d窶凖ゥtude diffティrent : un objet d窶兮nthropologie par exemple n窶冩ffre pas les mテェmes 
prises qu窶冰n objet de physique ; un processus non reproductible comme la disparition des 
dinosaures ne se traite pas exactement de la mテェme faテァon qu窶冰n processus reproductible comme 
une テゥmulsion de mayonnaise. Pourtant, le noyau dur de la dテゥmarche critique est transversal テ tous 
ces champs, et en cela, notre dテゥmarche est volontairement moniste (vLe monisme 

mテゥthodologique

). Bien entendu, certains champs non scientifiques ne revendiquent pas ce noyau 

dur, comme entre autres les champs de croyance, les rテゥvテゥlations, les mテゥthodes d窶冓ntrospection ou 
de mテゥditation. Cela n窶册nlティve rien テ l窶冓ntテゥrテェt que l窶冩n peut leur porter, mais celui-ci ne pourra pas 
テェtre scientifique. 
En clair, dティs qu窶冰ne discipline tente de dテゥcrire au plus juste テ quoi ressemble la rテゥalitテゥ, l窶兮nalyse de 
ce qu窶册lle テゥnonce suit 

grosso modo

 les mテェmes chemins.

 

Le titre de 

critical thinker

 ou de 

zテゥtテゥticien

 n窶册st 

donc pas propre テ un champ disciplinaire, et ne se dテゥcerne pas : il dテゥsigne tout individu 
soupesant la valeur d窶冰ne assertion de type scientifique en prenant en compte un maximum de 
biais, d窶冓nfluences, de travers potentiels connus pouvant altテゥrer cette assertion. テ英istテゥmologues, 
logiciens, historiens, critiques des mテゥdias ou de la publicitテゥ, mais テゥgalement toute personne 
faisant preuve de scepticisme dans une situation ambiguテォ peut ainsi se revendiquer de la pensテゥe 
critique.  
 

1.1.1

 

Histoire  

 

Il est pratiquement impossible de tracer une histoire, mテェme brティve, du 

critical thinking

, justement 

par sa transversalitテゥ disciplinaire. En forテァant le trait, on peut dire que dティs que le premier individu 
de l窶冑istoire a doutテゥ de ce qu窶冰n proche lui rapportait sur la simple base qu窶冰n tテゥmoignage n窶册st 
pas toujours fiable, il participa du 

critical thinking. 

Si nous acceptons de nous cantonner aux テゥcrits accessibles et proposant un semblant de 
dテゥmarche formalisテゥe, nous pouvons situer les deux premiティres pratiques テゥducatives de type 
critique l窶冰ne dans les テゥcrits de Platon sur Socrate, l窶兮utre chez les sceptiques pyrrhoniens.  
Chez Platon, la maテッeutique socratique consiste テ pousser par questionnement les raisonnements 
jusqu窶凖 une テゥventuelle contradiction interne, et le personnage de Socrate, qu窶冓l ait existテゥ ou non, 
s窶册st rテゥvテゥlテゥ trティs efficace テ dテゥmontrer que, derriティre des discours parfois pompeux, la trame 
argumentative est parfois fort maigre.  
Les pyrrhoniens, quant テ eux, bテ「tirent autour de Pyrrhon d窶僞lis une テゥcole doctrinale テ part 
entiティre, dite ツォ sceptique ツサ, (du grec 

skeptikos

, qui examine), selon laquelle la pensテゥe humaine ne 

peut vraisemblablement parvenir テ aucune certitude, ni sur la vテゥritテゥ d窶冰ne assertion, ni sur sa 
probabilitテゥ. Brochard en donne la dテゥfinition suivante :  

ツォ Le scepticisme consiste テ comparer et テ opposer entre elles, de toutes les maniティres 
possibles, les choses que les sens perテァoivent, et celles que l'intelligence conテァoit. Trouvant 
que les raisons ainsi opposテゥes ont un poids テゥgal, le sceptique est conduit テ la suspension du 
jugement et テ l'ataraxie ツサ (Brochard 2002, IV, 2).  

Si la suspension du jugement proposテゥ par les sceptiques pyrrhoniens 窶 

l窶凖ゥpochティ 

 est 

pratiquement stテゥrile en terme de production de connaissance, la comparaison des hypothティses et 
le frein au jugement hテ「tif en toute circonstance sont les deux mamelles de ce que nous 
dテゥsignerons par la suite 

scepticisme moderne

, par rapport au 

scepticisme ancien

 de Pyrrhon. テ titre 

informatif, les rares テゥcrits sceptiques contemporains de Pyrrhon auxquels on doit le terme 

zテゥtテゥtique

 sont le fait de Timon de Phlionte. Il faudra attendre plus de quatre siティcles pour 

qu窶僊grippa et surtout Sextus Empiricus reprennent en une version テ peine plus テゥlaborテゥe la 
doctrine sceptique.  

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20

 

Du propre aveu de Sextus Empiricus :  

ツォ Le scepticisme est la facultテゥ de mettre face テ face les choses qui apparaissent aussi bien 
que celles qui sont pensテゥes, de quelque maniティre que ce soit, capacitテゥ par laquelle, du fait de 
la force テゥgale qu'il y a dans les objets et les raisonnements opposテゥs, nous arriverons d'abord 
テ la suspension de l'assentiment, et aprティs cela テ la tranquillitテゥ ツサ (Sextus Empiricus 1997, I, 
8)

1

Comme on peut le constater, le scepticisme ancien avait des visテゥes un peu lテゥnitives, qui tranche 
avec le scepticisme moderne, volontairement actif, voir activiste : l窶冩bjectif テゥtait non la 
connaissance la plus juste, mais la tranquillitテゥ.  
Au Moyen-テHe, les premiers contreforts formels de la pensテゥe critique sont entre autres de 
Thomas d窶僊quin, dans sa 

Somme Thテゥologique

. D窶僊quin insista notamment sur l窶冓mportance de la 

critique des thティses, mテェme des siennes, et encouragea テ cultiver le raisonnement. La forme des 
articles de sa 

Somme

 est un exemple d窶兮pplication du principe de charitテゥ 窶 les objections 

prテゥsentテゥes par d窶兮utres テゥtant montrテゥes sous un jour favorable et mesurテゥ avant d窶凖ェtre dテゥmolies. 
Durant la Renaissance, des noms comme テ詠asme ou Thomas More contribuent テ l窶凖ゥlaboration 
d窶冰n scepticisme un peu rテゥnovテゥ et raisonnable (Chomarat 1991), et c窶册st surtout Francis Bacon, 
par son opposition argumentテゥe テ la scolastique, qui posera les bases d窶冰n empirisme de facture 
moderne et d窶冰n vテゥritable scepticisme mテゥthodologique : dans la prテゥsentation des causes d窶册rreurs, 
il construit la thテゥorie des 

idoles

 ou 

fantテエmes

 qui obsティdent et troublent l窶册sprit, qu窶冓l divise en quatre 

espティces curieusement proches des catテゥgories que nous dテゥvelopperons dans cette thティse. 
Poursuivant son entreprise, il stigmatise la 

fausse philosophie

, dans laquelle il range la sophistique, la 

superstition et la pensテゥe basテゥe sur des prテゥjugテゥs (Drティze 2000)

2

. Descartes viendra poser la seconde 

brique formelle テ l窶凖ゥdifice, avec l窶冓nachevテゥ 

Rティgles pour la direction de l'esprit

, et Machiavel, Hobbes 

puis Locke donnティrent la dimension morale et politique テ cette pensテゥe critique. Vinrent ensuite les 
critiques prテゥcises et purement scientifiques, avec Boyle surtout et Newton dans une certaine 
mesure

avant l窶凖ゥrection de la raison comme outil majeur de discipline de la pensテゥe avec parmi 

bien d窶兮utres Montesquieu, de Voltaire

3

 et Diderot. L窶冩util ツォ raison ツサ dテゥbordera ensuite avec 

Comte et Spencer dans la vie sociale selon un certain moralisme, avec parfois de sinistres 
dテゥvoiements

4

.  

D窶冰n point de vue purement テゥducatif ou didactique, la revendication de l窶册sprit critique et du 
refus des actes de foi dans l窶册nseignement se retrouve trティs tテエt, chez le frティre morave Comテゥnius 
(Prテゥvot 1981) d窶兮bord, chez Jean-Jacques Rousseau ensuite avec autant d窶兮udience que 
d窶兮mbiguテッtテゥs. Elles furent plus tard reprises dans les rテゥflexions libertaires, dont les prテゥmices de 
propositions テゥducatives critiques rationnelles remontent au philosophe William Godwin

5

, puis テ 

                                                 

1

 Pour une rencontre avec le scepticisme antique, outre 

Esquisses pyrrhoniennes

, nous recommandons 

Contre les professeurs

 

(2002).  

2

 La stimulante doctrine des Idoles est dテゥveloppテゥe dans le 

Novum Organum

, Aphorismes 1. Par ailleurs une lecture de 

l窶冓mpact des idテゥes de Bacon est donnテゥe par Drテゥze (2000). 

3

 La contribution de Voltaire, thテゥiste est parfois regardテゥe avec circonspection par certains zテゥtテゥticiens. 

4

 Nous pensons bien sテサr au darwinisme social de Spencer. C窶册st l窶冩ccasion de dire que le spectre de cette thテゥorie, 

perテァue テ raison comme le fondement de la doctrine biologico-politique du nazisme, est toujours invoquテゥ de nos 
jours par les dテゥfenseurs de l窶僮ntelligent Design (ID) et du crテゥationnisme, mais aussi dans certains groupes 

New Age

 

pour condamner les dテゥfenseurs de la thテゥorie matテゥrialiste de l窶凖ゥvolution. Sur l窶冓mpasse du darwinisme social, lire 
Bernardini (1997). 

5

 Accessoirement, la phrase 

ツォ Man is a rational being 

ツサ est de son fait et provient de l窶册ssai 5 dans Godwin W., 

Thoughts 

on man, his nature, productions and discoveries

, Vol. I, 

Of the rebelliousness of man

. (1831) L窶卩砥vre est disponible en ligne dans 

les 

Anarchy Archives

 du professeur d窶凖ゥtudes politiques D. Ward. 

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21 

 

Max Stirner, fustigeant solennellement la 

cervelle hantテゥe

 et le 

gendarme dans la poitrine

6

.  

Les penseurs anarchistes frayティrent ensuite avec l窶冓dテゥe rousseauiste qu窶冓l faut refuser la 
transmission de contenus culturels acceptテゥs et tenus comme valables sans distance critique. 
Tolstoテッ, qui se fit le relais de cette opinion, l窶凖ゥcrira ainsi :  

ツォ Mon activisme social a d窶兮bord concernテゥ l窶凖ゥcole et l窶册nseignement et quarante ans plus 
tard, je suis plus que jamais convaincu que ce n窶册st que par l窶凖ゥducation, par l窶凖ゥducation libre, 
que nous parviendrons テ nous arracher テ l窶冑orrible ordre des choses qui prテゥvaut 
actuellement et テ le remplacer par un ordre rationnel ツサ (Smith 1983, citテゥ par Baillargeon 
2005b, p. 57). 

L窶冰n des premiers appels テ l窶册nseignement de l窶册sprit critique proprement dit sera donnテゥ par W. 
G. Sumner, dテゥnonciateur de l窶冩rthodoxie de l窶册nseignement et son encouragement テ une 
テゥducation critique. Il テゥcrit en 1906 :  

ツォ Schools make persons all on one pattern, orthodoxy. School education, unless it is 
regulated by the best knowledge and good sense, will produce men and women who are all 
of one pattern, as if turned in a lathe... An orthodoxy is produced in regard to all the great 
doctrines of life. It consists of the most worn and commonplace opinions which are 
common in the masses. The popular opinions always contain broad fallacies, half-truths, 
and glib generalizations (窶ヲ) Criticism is the examination and test of propositions of any 
kind which are offered for acceptance, in order to find out whether they correspond to 
reality or not. The critical faculty is a product of education and training. It is a mental habit 
and power. It is a prime condition of human welfare that men and women should be 
trained in it. It is our only guarantee against delusion, deception, superstition, and 
misapprehension of ourselves and our earthly circumstances. Education is good just so far 
as it produces well-developed critical faculty. ...A teacher of any subject who insists on 
accuracy and a rational control of all processes and methods, and who holds everything 
open to unlimited verification and revision is cultivating that method as a habit in the 
pupils. Men educated in it cannot be stampeded...They are slow to believe. They can hold 
things as possible or probable in all degrees, without certainty and without pain. They can 
wait for evidence and weigh evidence...They can resist appeals to their dearest 
prejudices...Education in the critical faculty is the only education of which it can be truly 
said that it makes good citizens. ツサ (Paul & 

al.

 1997). 

Nous n窶册ntrerons pas dans le dテゥtail des tentatives d窶凖ゥducation pテゥdagogiques libertaires, comme 
celles de Sテゥbastien Faure ou de Francisco Ferrer qui, sous bien des aspects, devanテァaient une part 
de la tテ「che qui nous incombe. Gardons simplement テ l窶册sprit que Ferrer テゥcrivait dテゥjテ il y a un 
siティcle que :  

ツォ La mission de l窶凖営ole moderne est de s窶兮ssurer que les filles et les garテァons qui lui sont 
confiテゥs deviennent instruits, honnテェtes, justes et libres de tout prテゥjugテゥ. テ cette fin, la 
mテゥthode rationnelle des sciences naturelles sera substituテゥe aux anciens enseignements 
dogmatiques. ツサ (Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, p. 63). 

Et que les discussions allaient bon train lors du Congrティs de la Fテゥdテゥration de l窶僞nseignement, 
comme cet extrait d窶冓ntervention de F. Bernard en 1923, テ Brest :  

ツォ Et nous constatons, avec regret peut-テェtre, qu窶冓l est des vテゥritテゥs profondes, dont nous 

                                                 

6

 Ces images proviennent de 

L窶冰nique et sa propriテゥtテゥ

, (Stirner, 1900, 1, II, 2 ツァ2 Les Possテゥdテゥs).

 

Par la suite, la pensテゥe 

anarchiste fournira beaucoup de thテゥoriciens de l窶凖ゥducation, de Proudhon et Bakounine テ Kropotkine, Robin, Tolstoテッ, 

etc. Une bonne introduction テ ces considテゥrations est donnテゥe par Baillargeon (2005b) au contenu duquel il est 
possible d窶兮ccテゥder ici : 

http://luxediteur.com/pdf/feuille_87.pdf

  

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22

 

sommes intimement pテゥnテゥtrテゥs, mais qui n窶冩nt pas, qui ne peuvent pas avoir le caractティre de 
certitude scientifique indispensable aux connaissances sur lesquelles doit se baser une 
テゥducation rationnelle. Et nous ne nous reconnaissons pas le droit d窶冓nculquer aux enfants 
des notions qu窶冓ls ne sont pas aptes テ reconnaテョtre eux-mテェmes comme テゥvidentes, ou que 
nous ne pouvons pas dテゥmontrer d窶冰ne faテァon simple et claire. Nous ne pouvons pas acculer 
nos jeunes disciples テ des actes de foi. Sur toutes les questions encore controversテゥes parmi 
les hommes, nous pensons qu窶冓l faut laisser planer le doute. Nous sommes persuadテゥs qu窶冰n 
esprit ainsi habituテゥ テ n窶兮dmettre comme vrai que ce qu窶冓l constate ou comprend, テ refuser 
tout ce qui ne s窶冓mpose pas de soi-mテェme テ la libre intelligence est armテゥ dテゥsormais pour la 
conquテェte de toute vテゥritテゥ. ツサ (

Ibid.

). 

 

1.1.2

 

La zテゥtテゥtique 

Le terme 

zテゥtテゥtique

, au sens moderne, dテゥsigne la mテゥthode, la dテゥmarche critique proprement dite, lテ 

oテケ le scepticisme offre la posture テゥpistテゥmologique. D窶冰ne maniティre un peu simpliste, nous 
tendons テ dire que le scepticisme est la posture philosophique dont la zテゥtテゥtique est le bras outillテゥ. 
Dテゥrivant du verbe grec 

zeteテョn 

(chercher), la zテゥtテゥtique ツォ primitive ツサ dテゥsigne chez Pyrrhon et Timon 

au IIIe siティcle av. EC le 

refus de toute affirmation dogmatique

On le prテェte, semble-t-il テ tort, テ de Montaigne

7

, quoique sa dテゥmarche soit typiquement sceptique :  

ツォ Pyrrho et autres Skeptiques ou Epechistes [窶ヲ] disent qu'ils sont encore en cherche de la 
veritテゥ. Ceux-ci jugent que ceux qui pensent l'avoir trouvテゥe, se trompent infiniement ; et qu'il 
y a encore de la vanitテゥ trop hardie en ce second degrテゥ qui asseure que les forces humaines 
ne sont pas capables d'y atteindre. Car cela, d'establir la mesure de nostre puissance, de 
connoistre et juger la difficultテゥ des choses, c'est une grande et extreme science, de laquelle 
ils doubtent que l'homme soit capable ツサ. (Montaigne 1988, II, 12, A, p. 502)  

On retrouve la suspension de jugement des pyrrhonniens :  

 

ツォ Si noz facultez intellectuelles et sensibles sont sans fondement et sans pied, si elles ne font 
que floter et vanter, pour neant laissons nous emporter nostre jugement テ aucune partie de 
leur operation, quelque apparence qu'elle nous semble presenter. (窶ヲ) L'ignorance qui se 
sテァait, qui se juge, et qui se condamne, ce n'est pas une entiere ignorance : Pour l'estre, il faut 
qu'elle s'ignore soy-mesme. De faテァon que la profession des Pyrrhoniens est, de bransler, 
doubter, et enquerir, ne s'asseurer de rien, de rien ne se respondre ツサ (

ibid.

, p. 562). 

Le mot resurgit rテゥguliティrement dans l窶冑istoire des idテゥes. Il est notamment employテゥ par F. Viティte, 
qui utilisa le terme zテゥtテゥtique dans sa 

logistique spテゥcieuse

 (de 

specios

, symbole) pour dテゥsigner une phase 

de ses ツォ 

mathテゥmatiques poristiques

 ツサ consistant テ poser les symboles sur les grandeurs et les poser en 

テゥquations algテゥbriques (Viティte 1591 ; Vaulテゥzard 1986). D窶冰ne maniティre qui laisse entrevoir les 
rテゥprobations modernes, le pティre Mersenne exprime son mテゥcontentement :  

ツォ C'est en luy [Dieu] seul, que se trouve, et se termine la vraye joテシyssance, toutes les autres 
n'estans rien en comparaison. 窶ヲ Et neantmoins il yen a qui prennent un si grand 
contentement テ l'honneur, et loテシange qu'ils reテァoivent, テ leur ambition, lors qu'ils ont atteint 
テ une speculation de Philosophie, ou de Mathematique, lors qu'ils ont trouvテゥ quelque 
nouvelle proposition, ou quelque argument subtil, qu'ils sont tous transportez d'aise, et 

                                                 

7

 Nous n窶兮vons pas retrouvテゥ dans les 

Essais

 le terme zテゥtテゥtique テ proprement parler, bien que de nombreux exテゥgティtes 

utilisent le syntagme ツォ zテゥtテゥtique inventive ツサ pour dテゥsigner la dテゥmarche du penseur bordelais. Par exemple Foglia, 

La 

formation du jugement chez Montaigne, De l'importance de la conduite du jugement 

(2005) ou Tournon, 

Suspense philosophique et 

ironie: la zテゥtテゥtique de l窶册ssai

 (2000). 

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23 

 

contens comme s'ils estoient bien-heureux. Quelle folie dans la teste de ces personnes, de 
voir un Algebriste prendre un si grand contentement テ la zetetique, aux aequations, et テ tout 
ce qui s'en ensuit 窶ヲ ツサ. (Mersenne 1623 ; 2002). 

Corneille (Thomas, le frティre du dramaturge Pierre) le cite dans le 

Dictionnaire des Arts et des Sciences

 

 

Figure 1 : 

Corneille T., 

Dictionnaire des Arts et des sciences,

 1694, II,

 p. 

615.

 

 
 

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24

 

 

Figure 2 : Dテゥfinition de Zテゥtテゥtique dans le Littrテゥ, 1876. 

 
On le retrouve ensuite dans le dictionnaire 

Littrテゥ

 de 1872 (Figure 3) en ces termes :  

ツォ 

Terme didactique. Qui concerne les recherches. La mテゥthode zテゥtテゥtique, ou, 

substantivement, la zテゥtテゥtique, mテゥthode dont on se sert pour rテゥsoudre un problティme de 
mathテゥmatique ; et, en gテゥnテゥral, celle dont on se sert pour pテゥnテゥtrer la raison des choses. 
Philosophes zテゥtテゥtiques, anciens philosophes qui doutaient de tout. ツサ 

puis dans le dictionnaire Larousse de 1876 :  

ツォ Le nom de zテゥtテゥtiques, qui signifie chercheurs, indique une nuance assez originale du 
scepticisme : c'est le scepticisme provisoire, c'est presque l'idテゥe de Descartes considテゥrant le 
doute comme un moyen, non comme une fin, comme un procテゥdテゥ prテゥliminaire, non comme 
un rテゥsultat dテゥfinitif. Si tous les sceptiques avaient テゥtテゥ rテゥellement zテゥtテゥtiques et seulement 
zテゥtテゥtiques, ils auraient dit avec Pyrrhon : "nous arrivons non au doute, mais テ la suspension 
du jugement" (...) sceptiques signifie littテゥralement examinateurs, gens qui pティsent, 
rテゥflテゥchissent, テゥtudient attentivement ; mais il a pris テ la longue un sens plus nテゥgatif que 
dubitatif, et a signifiテゥ ceux qui sous prテゥtexte d'examiner toujours ne dテゥcident jamais. (...) le 
mot zテゥtテゥtiques n'est pas fait pour trancher le dテゥbat entre les deux acceptions de tous ces 
termes (...) Le nom de zテゥtテゥtiques est restテゥ, d'ailleurs, dans l'enceinte de l'テゥcole qui l'a crテゥテゥ ; 
et, malgrテゥ sa trティs large extension, qui eテサt permis d'en faire le terme gテゥnテゥral dテゥsignant tous 
les chercheurs de la vテゥritテゥ dans tous les domaines, il est exclusivement appliquテゥ aux 
sceptiques, et on peut mテェme dire aux sceptiques grecs ou pyrrhoniens. ツサ (Larousse, 1876, p. 
1479). 

Suite テ une surprenante rテゥsurgence dans le mouvement moderne des dテゥfenseurs de la Thテゥorie de 
la Terre Plate, emmenテゥs par Samuel B. Rowbotham

8

, le terme zテゥtテゥtique fut dテゥtournテゥ vers une 

pseudoscience et prテェta son nom テ l窶

Universal Zetetic Society

, qui publia la revue 

The Earth Not a 

Globe Review

. L窶儷ZS sera renommテゥe 

International Flat Earth Society 

en 1956. De retour vers des 

thティses moins discutables, en 1959, Tykociner, de l窶儷niversitテゥ d窶僮llinois, qualifie de 

zetetic

 une 

maniティre d窶冩rganiser les connaissances et de dテゥsigner les 

processii

 crテゥatifs de connaissance, en 

proposant une mテゥthode de classification libraire assez complexe (De Grolier 1970 ; Tykociner 
1959 ; 1964)

9

Enfin, vers la fin des annテゥes 1970, un courant universitaire sceptique parvint quelque peu se 
fテゥdテゥrer. Des enseignants テゥtayティrent la harangue de Sumner en montrant que l窶册sprit critique est bel 
et bien une aptitude qui s窶兮cquiert aprティs un apprentissage spテゥcifique : analysant pテゥdagogiquement 
                                                 

8

 Le premier texte de cette communautテゥ fut 

Zetetic Astronomy: A Description of Several Experiments which Prove that the 

Surface of the Sea Is a Perfect Plane and that the Earth Is Not a Globe

!

pamphlet de 16 pages signテゥ 

Parallax

, qui n窶凖ゥtait autre 

que Rowbotham. Voir aussi Rowbotham, S. B., 

Zetetic Astronomy: Earth Not a Globe Note

, 1881. Un des rares articles 

zテゥtテゥtiques portant sur cette ツォ astronomie zテゥtテゥtique ツサ est celui de Schadewald R.J., 

Scientific Creationism, Geocentricity, and 

the Flat Earth

 (1981). 

9

 Quelques explications sont disponibles dans Davis & Davis, 

Current Relevance of Zetetics to Library Research and Library 

Instruction

 (1996). 

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25 

 

des pseudo-phテゥnomティnes, ils montrティrent qu窶冰ne reproduction physico-chimique de ces 
phテゥnomティnes テゥtait gテゥnテゥralement possible, rendant 

de facto

 l窶冑ypothティse physique cognitivement 

moins coテサteuse qu窶冰ne hypothティse de type surnaturel. Une telle mテゥthode permettait, テ dテゥfaut, de 
cibler les 

vrais 

phテゥnomティnes テゥtranges parmi la cohorte d窶兮rtテゥfacts et d窶兮nomalies, mais surtout 

d窶冩ffrir une pテゥdagogie sテゥduisante. テ l窶冓mage du paysage franテァais avec par exemple l窶儷nion 
Rationaliste, la critique des pseudosciences テゥtait restテゥe trティs テゥlitiste et テ「pre テ l窶兮pprentissage. De 
fait, elle devient d窶兮pproche plus accessible. L窶冓dテゥe de rテゥutiliser le terme 

zテゥtテゥtique

 vint de Truzzi, 

sociologue de la East Michigan University, qui fonda pour le 

Committee for the Scientific Investigation 

of Claims of the Paranormal

, ou CSICOP

10

 la revue 

The Zetetic

. Fait intテゥressant, Truzzi quitta peu 

aprティs l窶兮ssociation, en dテゥnonテァant la contestation systテゥmatique

 a priori

 des phテゥnomティnes 

extraordinaires, relevant selon lui d窶冰n pseudo-scepticisme et revendiquant un statut plus modテゥrテゥ 
de 

skeptical seeker

 (nous y reviendrons au chapitre 1.2.4). Scepticisme version raisonnable et 

ツォ douce ツサ). Il fonda alors la revue 

Zetetic scholar

, au comitテゥ de rテゥdaction plus ツォ ouvert ツサ que 

The 

Zetetic

 (figure 3) devenu depuis le 

Skeptical Inquirer

Zetetic scholar

 sortira テゥpisodiquement jusqu窶册n 

1987

11

 

 

Figure 4 : The Zetetic nツー1, mai 1976. 

 
En France, la dテゥmarche a テゥtテゥ formalisテゥe par le Pr. Henri Broch, physicien de l窶儷niversitテゥ de 
Nice-Sofia Antipolis avec pour antienne l窶兮pplication テ toutes les formes d窶冓llusions 
pseudoscientifiques d窶冰ne ツォ hygiティne prテゥventive du jugement ツサ 窶 empruntテゥ テ cette injonction de 
Jean Rostand :  

 ツォ S窶冓l est quelque espoir de venir, un jour, テ bout de l窶冓llusion mテゥtapsychique, et, plus 
gテゥnテゥralement, des illusions qui nourrissent les fausses sciences, c窶册st moins par l窶冩pposition 
directe que par le moyen d窶冰ne テゥducation convenable, d窶冰ne hygiティne prテゥventive du 
jugement. Enseigner aux jeunes l窶册sprit critique, les prテゥmunir contre les mensonges de la 
parole et de l窶冓mprimテゥ, crテゥer en eux un terrain spirituel oテケ la crテゥdulitテゥ ne puisse prendre 
racine, leur enseigner ce que c窶册st que coテッncidence, probabilitテゥ, raisonnement de 
justification, logique affective, rテゥsistance inconsciente au vrai, leur faire comprendre ce que 
c窶册st qu窶冰n fait et ce que c窶册st qu窶冰ne preuve, 窶 et surtout les mettre en garde contre le 

                                                 

10

 Le CSICOP est devenu en 2006 le CSI - 

Committee for Skeptical Inquiry

11

 La bibliographie de 

Zetetic Scholar

 est disponible en ligne : 

http://tricksterbook.com/truzzi/ZSBibliographies.html

  

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26

 

tテゥmoignage humain, en leur faisant apprendre par cナ砥r l窶冑istoire de la ツォ dent d窶冩r ツサ et en les 
faisant rテゥflテゥchir sur celle des rayons N... ツサ (Rostand 1958)

12

 

1.1.3

 

La zテゥtテゥtique moderne 

Si la zテゥtテゥtique est d窶兮bord pour Broch 

la mテゥthode d窶冓nvestigation scientifique des phテゥnomティnes rテゥputテゥs 

paranormaux

, elle se transforme assez rapidement en une didactique de l窶册sprit critique, en un 

panel d窶冩utils pテゥdagogiques simples voulu comme une ツォ 

prophylaxie des pseudosciences

 ツサ. 

Ainsi le terme moderne 

zテゥtテゥtique

 revテェt-il dテゥsormais deux aspects :  

- l窶冰n fonctionnel : elle est 

la dテゥmarche scientifique

 

d窶冓nvestigation des phテゥnomティnes extraordinaires, des 

prテゥtentions テゥtranges et des thテゥories discutables, analysテゥes selon un scepticisme mテゥthodologique ouvert et une 
philosophie rationaliste matテゥrialiste

.  

- l窶冰n didactique : elle est 

la panoplie de tous les moyens intellectuels mis en ナ砥vre pour amener 

l窶兮pprenant テ dテゥvelopper l窶册sprit critique vis-テ-vis de toute thティse de type scientifique.  

C窶册st en ce dernier sens que Broch parle d窶 ツォ art du doute ツサ, avec 

art

 pris au sens mテゥdiテゥval du 

terme d窶冩utillage (et orthographiテゥ parfois ツォ ars ツサ). テ ce titre, elle englobe une large gamme 
d窶兮spects socio-psychologiques du fait que, trティs engageantes affectivement, les adhテゥsions aux 
thティses de type 窶湾aranormal窶 ou テゥtrange ne se ツォ manipulent ツサ ni ne se dテゥconstruisent sans 
dommage. La zテゥtテゥtique didactique recouvre donc exactement ce que nous appelions au prテゥalable 

pensテゥe critique, 

et corrobore parfaitement l窶册ncouragement de N. Chomsky テ ツォ l窶兮utodテゥfense 

intellectuelle ツサ

13

 

1.1.4

 

La dテゥmarche scientifique est zテゥtテゥtique 

Si nous posons la science comme un processus d窶凖ゥlaboration de connaissances efficientes sur le 
monde, selon un mode testable, rテゥfutable, テ l窶兮ide d窶冰ne テゥpistテゥmologie logique et rationnelle et 
dans le cadre d窶冰n monisme mテゥthodologique matテゥrialiste excluant toute intervention dualiste 
d窶册ntitテゥs immatテゥrielles dans le champ considテゥrテゥ (voir

 

1.2 

Cadre テゥpistテゥmologique

, & 1.3

, Cadre 

philosophique

), alors la dテゥmarche scientifique en son ensemble est zテゥtテゥtique. Plus prテゥcisテゥment, la 

zテゥtテゥtique n窶册st 

rien d窶兮utre

 que la mテゥthode scientifique, mais appliquテゥe テ des champs de 

connaissance soulevant une telle charge affective qu窶册lle nテゥcessite d窶冓ntテゥgrer les impasses 
intellectuelles et les biais cognitifs relevant de la croyance, de l窶兮dhテゥsion ou de l窶册ngagement. 
Devant ce qui est considテゥrテゥ comme ツォ extraordinaire ツサ 窶 au sens de hors de l窶冩rdinaire, ou du 

normal

  窶

 

la demande sociale est si forte que chaque テゥtape d窶冓nvestigation est potentiellement 

vectrice de fantasmes. C窶册st cette approche scientifique interdisciplinaire qui fait le corps de la 
mテゥthode zテゥtテゥtique

Notons que nous ne sortons finalement pas, avec la zテゥtテゥtique, des grandes lignes 
enseignementales du programme officiel de l窶凖ゥducation nationale franテァaise car, comme on peut le 

                                                 

12

 L窶冓njonction de Rostand est applicable テ la lettre : les rayons N de Blondlot sont un excellent exemple de biais 

perceptif advenant chez des gens avertis, ainsi que de la lecture parfois ツォ politique ツサ de la science (voir 4.4.5 

scテゥnarios 

politiques

) ; la ツォ dent en or ツサ de Fontenelle offre un exemple illustrant l窶冓nutilitテゥ de l窶凖ゥlaboration d窶冑ypothティses 

thテゥoriques ou de scテゥnario sans avoir au prテゥalable avテゥrテゥ le fait. Lire Fontenelle, 

La dent d窶冩r

, Histoire des Oracles, 

1686, voir. Annexe 窶 

fiche pテゥdagogiqueNツー10 窶 la dent d窶冩r de Fontenelle

.  

13

 Voir le documentaire d窶僊chbar et Wintonick, 

Chomsky, les mテゥdias ou les illusions nテゥcessaires

, 1993. ツォ Autodテゥfense 

intellectuelle ツサ a テゥtテゥ repris rテゥcemment avec succティs par N. Baillargeon dans 

Petit cours d窶兮utodテゥfense intellectuelle

 (2005a). 

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27 

 

lire dans le Programme Officiel des sciences physiques

14

 (Figure 4) :  

 

 

 
 
 
 
 

Figure 5 : Extrait du 

Programme Officiel des sciences physiques

.  

 
Pourtant, les テゥtudes tentant de jauger le niveau d窶兮dhテゥsion aux thティses 窶湾aranormales窶 et 
pseudoscientifiques montrent que les enseignants (surtout du primaire) sont l窶冰ne des catテゥgories 
les plus reprテゥsentテゥes. On pourrait donc penser, avant que de s窶兮tteler テ la tテ「che d窶兮pprendre la 
dテゥmarche critique aux テゥtudiants, qu窶冓l y a urgence テ former les enseignants eux-mテェmes, en 
formation continue ou au sortir de leurs instituts. Lテs, les initiatives sont bien rares en France, et 
hormis un numテゥro des 

Cahiers pテゥdagogiques

 et quelques entrefilets dans des revues comme le 

Bulletin de l窶儷nion des Physiciens

 (BUP), trop peu de matiティre est disponible en franテァais dans les 

revues pテゥdago-didactiques

15

.  

 

1.1.5

 

La didactique des sciences 

La didactique des sciences est l'テゥtude des questions posテゥes par l'enseignement et l'acquisition des 

                                                 

14

 P.O. Article premier. Dテゥcret nツー98-1280 du 15 Juin 1998 

15

 L窶兮ccueil est gテゥnテゥralement assez froid chez les inspecteurs pテゥdagogiques rテゥgionaux (IPR) en science, la frange la 

plus installテゥe invoquant que leurs テゥtudiants sont dテゥjテ assez ツォ critiques ツサ - ce qui au vu des chiffres est un vナ砥 pieux 窶 
Voir notamment les vingt ans de mesures de Boy (2002), ツォ 

Les Franテァais et les parasciences

 ツサ, ainsi que la recherche 

d窶僊ubry 

& al

. auprティs des テゥtudiants grenoblois. Lors d窶冰ne rテゥcente rencontre avec les IPR de Rhテエne-Alpes avec nos 

collティgues S. Antczak, P. Aldebert et F. Troullier, nous nous entendテョmes conseiller de ツォ ne pas trop donner d窶册sprit 

critique aux テゥlティves ツサ sous prテゥtexte que ツォ les cours ne seraient plus gテゥrables ツサ. Nous en savons d窶兮utant plus grテゥ テ 
certains francs tireurs de l窶僮UFM de Grenoble, ainsi qu窶兮ux Centres d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur de Lyon 

et de Grenoble, d窶兮voir prテゥfテゥrテゥ l窶兮ffinage critique au confort et d窶兮voir ouvert des enseignements spテゥcifiques de 
zテゥtテゥtique. Le bref historique de ces cours est dテゥclinテゥ en conclusion.  

ツォ L'enseignement des sciences physiques en premiティre et deuxiティme annテゥes de 
l'enseignement secondaire vise テ : 
*Contribuer au dテゥveloppement de la personnalitテゥ de l'テゥlティve, テ la formation de son esprit 
et テ l'テゥpanouissement de ses capacitテゥs intellectuelles. 
*Permettre テ l'テゥlティve d'acquテゥrir les connaissances nテゥcessaires au dテゥveloppement d'une 
attitude scientifique vis テ vis de son environnement naturel, culturel et technique. 
Au niveau des troisiティme et quatriティme annテゥes de l'enseignement secondaire, 
l'enseignement des sciences physiques vise テ : 
Dテゥvelopper chez les テゥlティves : 
*Les facultテゥs intellectuelles: le sens de la rigueur et de la prテゥcision, l'aptitude テ l'analyse 
et テ la synthティse, l'imagination crテゥatrice, la curiositテゥ, l'objectivitテゥ et l'esprit critique. 
*La maテョtrise des diverses techniques spテゥcifiques: reprテゥsentation graphique, テゥvaluation 
des incertitudes. 
*La dextテゥritテゥ manuelle prテゥsupposant la compテゥtence opテゥratoire et expテゥrimentale tel que 
l'emploi テ bon escient d'instruments d'observation et de mesure. 
* Faire dテゥcouvrir テ l'テゥlティve la vertu du travail pour l'observation, la recherche, le tri des 

informations l'expテゥrimentation et l'interprテゥtation des rテゥsultats ツサ 

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28

 

connaissances en sciences expテゥrimentales. Elle se distingue de la pテゥdagogie par le rテエle central des 
contenus disciplinaires et des savoirs transmis, et par sa dimension テゥpistテゥmologique, notamment 
sur la nature des connaissances テ enseigner, des savoir-faire aux savoir-テェtre. Elle se caractテゥrise 
hテゥlas par ses contenus souvent obscurs, certains concepts pompeux, un jargon qui laisse un 
certain nombre de futurs enseignants pantois, et des sテゥquences enseignementales parfois 
dテゥcorrテゥlテゥes de la rテゥalitテゥ : les interactions entre la Classe, le Savoir, l窶凖瑛ティve et l窶僞nseignant par 
exemple sont rテゥguliティrement simplifiテゥs en un 

triangle didactique

16

 

(figure 5)

 

formテゥ d窶冰n savoir 

clairement dテゥfini avec des cartes conceptuelles テゥvidentes, un テゥlティve qui n窶兮 que des obstacles 
テゥpistテゥmologiques テ franchir, et un enseignant ne laissant aucunement filtrer ses propres 
affects/biais cognitifs, le tout dans une classe sans souci. Pas ou peu de contenu sur les croyances 
et les adhテゥsions, dans une population jeune pourtant labile. 

 

Figure 6 : Modティle simple de triangle didactique.  

 

Figure 7 : Modティle compliquテゥ de triangle didactique (Lefort 2002). 

                                                 

16

 テ l窶冩rigine de ce triangle et de la notion de transposition didactique, le mathテゥmaticien Chevallard (Chevallard, 

1984). Pour un soupテァon de critique de ce triangle, voir Cournu & Vergnioux, (1992, particuliティrement p. 120), ainsi 
que Bkouche (2000), et Gauthier & Martineau (1998).  

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29 

 

 

 

Figure 8 : Modティle trティs compliquテゥ de Triangle didactique (J-C. Regnier) 

 
La lourdeur et la souplesse pachydermiques d窶冰ne bonne partie des notions didactiques (figures 6 
& 7) entraテョnent souvent un rejet de la part des テゥtudiants

17

. Pourtant, ces futurs enseignants, en 

une sorte de soumission librement consentie, continuent テ majoritairement se plier aux 
contraintes de cette matiティre dans les Instituts de Formation IUFM, et cela pour deux raisons qui, 
comble du cocasse, font partie des contenus mテェmes de la didactique. D窶兮bord テ cause d窶冰ne 

テゥvaluation normative

 窶 la note 窶 qui conditionnera leur poste ; ensuite d窶冰n 

contrat didactique

 avec 

leurs enseignants, aux contours plus ou moins clairs, qui lテゥgitime les statuts, les rテエles, les attentes 
de rテエle, de chacun vis-テ-vis de l窶兮utre, テ condition que, comme le prテゥcise Brousseau, il n窶凉 ait pas 
ツォ 

tromperie sur la marchandise 

ツサ ou ツォ 

erreur d窶冓nterprテゥtation

 ツサ (Brousseau 1996). Balacheff, qui fut l窶冰n de 

nos enseignants, テゥcrit テ juste titre ceci :  

ツォ Certaines rティgles de fonctionnement social de la classe, par leur caractティre lテゥgislatif trティs 
gテゥnテゥral, ne nous paraissent pas relever d'un processus contractuel mais d'un ordre テ la fois 
plus profond et plus permanent. (窶ヲ) Un bon modティle nous paraテョt テェtre celui de l'opposition 
entre sociテゥtテゥ coutumiティre et sociテゥtテゥ de droit.  
La classe est une sociテゥtテゥ coutumiティre. Nous entendons par coutume un ensemble de 
pratiques obligatoires, de faテァons d'agir テゥtablies par l'usage ; le plus souvent implicitement. 
La coutume se caractテゥrise d'abord comme テゥtant le produit de pratiques sociales. (...) 
Certaines des propriテゥtテゥs テゥnoncテゥes pour le contrat didactique peuvent テェtre reformulテゥes en 
rテゥfテゥrence テ la coutume. 
Peut-テェtre cette diffテゥrenciation du contrat (auquel nous voyons un caractティre local) et de la 
coutume (qui rテゥgule le fonctionnement social de la classe dans la durテゥe), permettra-t-elle de 
mettre un terme aux "malheurs du concept" de contrat didactique. ツサ (Balacheff 1988) 

                                                 

17

 Suite テ un troisiティme cycle en didactique des sciences, nous nous sentions bien solitaire dans cette critique de la 

didactique dite d窶卍ォ IUFM ツサ, jusqu窶兮u jour oテケ nous sommes tombテゥs sur Lombard (1999). 

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30

 

Coutume contre

 

contrat, il eut テゥtテゥ intテゥressant que Balacheff propose une telle dichotomie sur son 

propre cours et celui d窶冰n bon nombre de ses collティgues.  
Cette critique sort du cadre confidentiel depuis peu, テ en lire les journaux. Ainsi E. Desplanques, 
dans 

Tテゥlテゥrama

 du 30 aoテサt 2007 :  

ツォ Crテゥテゥs en 1989 par Lionel Jospin, les IUFM seraient souvent perテァus par les enseignants 
comme une profonde perte de temps. ツォ 

On subit cette annテゥe de formation comme le service militaire

 

ツサ, tテゥmoigne un rescapテゥ dans le film de Canal+. Beaucoup raillent le poids des pseudo-
sciences de l窶凖ゥducation qu窶冩n y enseigne, avec leur ツォ mテゥtalangage absurde ツサ (oテケ l窶冩n dit ツォ 
rテゥfテゥrent bondissant ツサ plutテエt que ツォ ballon ツサ). De la thテゥorie fumeuse, aucune pratique. ツサ

18

 

Une analyse de la 

coutume

 qui lie les テゥtudiants d窶僮UFM テ leurs enseignants de didactique et les fait 

subir, comme ce fut notre cas, une pテゥdagogie souvent inapplicable et une terminologie indigeste 
durant plusieurs mois aurait la saveur douce-amティre d窶冰ne critique de la tテゥlテゥvision テ la tテゥlテゥvision 
par Bourdieu

19

Si la dテゥmarche zテゥtテゥtique recouvre la transmission de connaissances (et de misconceptions

20

) en 

science, nous avons longtemps rechignテゥ テ aller l窶册nsevelir dans le domaine didactique, ne serait-ce 
que par le caractティre trティs idテゥal des テゥnoncテゥs qui y sont faits, et les rares raccords avec les enjeux de 
sociテゥtテゥ. Comment par exemple comprendre que lors d窶冰n DEA/M2R de didactique des sciences, 
on encourage テ la compulsation de dizaines de publications sur les obstacles d窶兮pprentissage des 
circuits テゥlectriques en 4

ティme

, et que rien n窶册st proposテゥ テ la lecture sur la maniティre de rテゥveiller la 

motivation chez les テゥlティves (pourtant citテゥs comme premier problティme pour les enseignants

21

) ? 

Comment expliquer que la classe des enseignants, ayant pourtant reテァu des contenus didactiques 
fouillテゥs, reste la catテゥgorie sociale la plus reprテゥsentテゥe dans les adhテゥsions aux croyances 
pseudoscientifiques (Boy, 

ouv.citテゥ

), les consテゥquences desquelles テゥtant pourtant bien plus graves au 

plan sociテゥtal que la comprテゥhension du fonctionnement d窶冰n oscilloscope ? 
Nous avons finalement choisi de faire de la zテゥtテゥtique une 

didactique de l窶册sprit critique

, d窶兮bord parce 

que c窶册n est la dテゥfinition mテェme ; ensuite afin de secouer le cadre rigide de cette mテェme didactique 
en rテゥutilisant le terme. Puisse cette dテゥmarche permettre la dテゥconstruction de certains テゥcrits 
pompeux et la dテゥnonciation de certains emprunts sテゥmantiques malheureux (comme la 

Noosphティre

voir 4.2.5, 

Concept nomade

). 

テ la dテゥcharge de la didactique des sciences toutefois, certains concepts s窶兮vティrent pour notre 
dテゥmarche : nous lui emprunterons la notion de 

constructivisme

 ainsi que celle, テゥclairante, de 

transposition de connaissance

                                                 

18

 Une courte contre-enquテェte montre toutefois que si le mテゥtalangage didactique existe bien, l窶册xemple de ツォ rテゥfテゥrentiel 

bondissant ツサ tant de fois ressassテゥ comme exemple de langage abscons participe de la lテゥgende urbaine 窶 les テゥtudiants 

STAPS ne rapportant pas ce terme et ses seules occurrences sur 

Internet

 venant des critiques narquoises. Merci テ A. 

Goffre (communication personnelle). 

19

 Voir l窶凖ゥmission d窶僊rrテェt sur Images du 20 janvier 1996, puis se rテゥfテゥrer テ Bourdieu (1996). Voir aussi le dテゥbat entre 

Pierre Bourdieu et Daniel Schneidermann dans les colonnes du Monde diplomatique, Bourdieu (avril 1996) et 
Schneidermann (mai 1996). 

20

 Le terme 

misconception

, anglicisme, remplace efficacement l窶兮ncien terme ツォ reprテゥsentation ツサ cher aux didacticiens, et 

son avatar plus rテゥcent, la ツォ conception ツサ, qui peut laisser prise テ un relativisme dangereux 窶 laisser accroire par 
exemple, qu窶冓l n窶凉 a pas de conception juste, seulement des relatives. Nous ne savons pas s窶冓l existe des conceptions 

justes, mais il en est des plus efficientes que d窶兮utres et surtout certaines manifestement fausses (d窶冩テケ le terme 

misconception

, pour ツォ conception erronnテゥe ツサ). Sur le terme en soi, voir par exemple Novak, 

Proceedings of the Second 

International Seminar on Misconceptions and Educational Strategies in Science and Mathematics

, 1987, et Wandersee, Mintzes & 

Novak, 

Research on alternative conceptions in science

. In 

Handbook of Research on Science Teaching and Learning

, pp. 177-210. 

21

 Sondage sur 600 Enseignants, SOFRES pour le SNES, 2002, accessible sur :  

http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/120402_enseignants_r.htm

  

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31 

 

  

1.1.6

 

Le constructivisme et le socioconstructivisme 

Le constructivisme est une thテゥorie de l窶兮pprentissage dテゥveloppテゥe en particulier par Piaget, selon 
laquelle les connaissances de l窶冓ndividu ne sont pas une simple copie de la rテゥalitテゥ, mais une 
reconstruction de celle-ci, テ partir de reprテゥsentations plus anciennes d窶凖ゥvテゥnements passテゥs, que le 
sujet a ツォ emmagasinテゥes ツサ dans son vテゥcu et va restructurer en les re-conceptualisant. Piaget avait 
テゥlaborテゥ cette lecture psychologique en rテゥaction au behaviorisme comme celui de Skinner qui 
tendait テ grimer l'apprentissage en un processus de rテゥponses テ des 

stimuli

. L窶冓dテゥe centrale est celle-

ci : ツォ 

on suppose que l窶兮pprentissage rテゥsulte de constructions mentales de l窶兮pprenant

 ツサ (Resnick, 

in 

Joshua & 

Dupin 1993, p. 92), et pour l窶兮mテゥliorer, prioritテゥ est donnテゥe aux sテゥquences didactiques qui 
favoriseront l'テゥtablissement d'un nouveau rapport au savoir chez les apprenants, et au cours 
desquelles les connaissances construites sont questionnテゥes par les テゥlティves. ツォ 

Toute leテァon doit テェtre une 

rテゥponse テ des questions que les テゥlティves se posent rテゥellement 

ツサ, テゥcrit Dewey (Dewey, 

in 

Pantanella 1997, p. 48).  

D窶冰ne traduction tardive, L. Vygotski avait proposテゥ le socioconstructivisme, mettant en avant 
l窶兮ctivitテゥ de reconstruction chティre テ Piaget et prテエnant la confrontation sociale comme motivation : 
rテゥsoudre un problティme cognitif en confrontant les points de vue entre deux personnes qui partent 
de conceptions 

a priori 

opposテゥes

 

favoriserait l'テゥmergence d'un processus de nテゥgociation au plan 

cognitif, mais aussi relationnel, afin qu窶凖 l'issue de ce conflit sociocognitif les acteurs s'approprient 
vテゥritablement une solution テゥlaborテゥe en commun - il est par ailleurs dテゥcrit depuis que l窶冩pposition 
n窶册st pas forcテゥment nテゥcessaire pour obtenir une co-construction (Gilly, 

in 

Gaonac窶冑 & Golder 

1995, p. 149). 
Dans la mesure oテケ les questions soulevテゥes en zテゥtテゥtique sont des questions que se posent 
rテゥellement les apprenants, qui crテゥent des conflits cognitifs sur des points scientifiques importants, 
et qu窶冓l est possible de les rテゥsoudre par des techniques de confrontation sociale, nous pouvons 
sans trop d窶兮mbages nous revendiquer du socioconstructivisme. 
 

1.1.7

 

La transposition de connaissances en sciences expテゥrimentales 

Dans la thテゥorie didactique, il est dit que le savoir savant pris en rテゥfテゥrence est d'une part un savoir 
dテゥcontextualisテゥ et souvent coupテゥ de son histoire. On le dit dテゥ-historicisテゥ. Ce savoir savant fait 
alors l'objet d'une 

transposition

 (c'est-テ-dire une recontextualisation, une reproblテゥmatisation, voire 

une redテゥfinition) pour テェtre enseignテゥ テ un niveau donnテゥ. Cette premiティre transposition faisant 
passer d'un 

savoir savant

 テ 

un savoir テ enseigner

, est suivie par une seconde transposition, celle-lテ 

mテェme qui, par sa mise en acte par les enseignants (mais aussi l'inspection, les テゥditeurs, etc.) 
conduit テ un 

savoir enseignテゥ

 ayant ses spテゥcificitテゥs (Chevallard, 

ouv.citテゥ

).  

Quoique primordial, le concept de 

transposition

 est trティs poussif, et assez grossier dans sa dテゥcoupe 

des savoirs. Comme nous le verrons (voir

 

partie 

3 Pseudosciences & Mテゥdias

), une connaissance est 

effectivement transformテゥe plusieurs fois avant d窶凖ェtre transmise テ la population, que ce soit sous 
forme enseignementale ou sous forme mテゥdiatique :  

-

 

entre son invention et sa ツォ sortie ツサ marketing des laboratoires (c'est-テ-dire comment le 

laboratoire ou le chercheur va communiquer son ナ砥vre) 

-

 

entre son marketing et la rテゥception par les テゥditions (c'est-テ-dire comment les revues 

spテゥcialisテゥes vont publier ce rテゥsultat)  

-

 

entre la rテゥception des テゥditions et la transformation en un produit (c'est-テ-dire comment 

les mテゥdias vont s窶册mparer de la publication) 

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32

 

-

 

entre ce produit et la rテゥception par l窶冓ndividu 

lambda

22

 (c'est-テ-dire comment l窶冓ndividu va 

comprendre la diffusion mテゥdiatique). 

 
Nous pensons, comme nous le verrons plus loin, que ce travail de manufacture de l窶冓nformation 
scientifique joue un rテエle fondamental, et parfois supテゥrieur, テ celui des reliquats d窶册nseignement 
dans la perception moyenne des connaissances scientifiques de 

lambda

.  

L窶兮pprenant lui-mテェme, テゥtudiant, テゥlティve, n窶册st pas soumis テ la seule acquisition d窶冰n savoir 
enseignテゥ, mais テゥgalement d窶冰ne sorte de bruit de fond mテゥdiatique, produit d窶冰ne manufacture qui 
rテゥpond bien souvent テ un objectif plus mercatique que pテゥdagogique. Le dilemme est lテ : entre 
une avancテゥe des connaissances scientifiques de moins en moins comprテゥhensibles car trop 
complexes et la facilitテゥ avec laquelle ces mテェmes connaissances sont modelテゥes pour テェtre rendues 
allテゥchantes dans les revues et les テゥmissions tテゥlテゥvisテゥes, l窶冑onnテェte 

lambda

 est pris dans une tenaille. 

C窶册st la conclusion テ laquelle aboutit l窶凖ゥtude de Losh 

& al

. :  

ツォ We propose that the higher the societal level of scientific and technological achievement 
and the more seemingly miraculous the attainments, the greater the onus on our 
educational system to help produce citizens who can tell the difference between fact and 
fancy. (窶ヲ)  
This perspective underscores the urgency of educators to help students learn to confront 
purveyors of pseudoscience. How can effectiveness in combating pseudoscience be 
increased? Some argue that primary and secondary schools must focus more on process 
than factual memorization, so that pupils better learn how to tell false science from true. 
We believe that when students learn effective ways to assess information, they are better 
prepared later in life when understanding information more informally through media. 
Some scholars suggest discussing pseudoscience topics during science classes. By talking 
about why people believe in ghosts or ESP, students can learn how scientific processes and 
evidence differ from those of pseudoscience. Preemptive arguments against pseudoscience 
assertions then can provide an inoculation process, one sorely needed to prepare 
enlightened citizens to participate in modern society ツサ. (Losh 

& al.

 2003 ; Goode 2002) 

 

1.1.8

 

La zテゥtテゥtique comme ars du doute 

Broch parle d窶

art du doute

, formule jolie mais parfois mal comprise. Il ne s窶兮git pas de vanter un 

quelconque subjectivisme artistique de la dテゥmarche zテゥtテゥtique, bien au contraire. 

Art

 est ici 

employテゥ au sens mテゥdiテゥval 

ars

 d窶冑abiletテゥ, de mテゥtier ou de connaissance technique, en clair, de 

ツォ savoir-faire ツサ didactique qui permet la rテゥflexion et l窶册nquテェte critiques. Il テゥmet le constat qu窶  

ツォ On peut se rendre compte [...] qu窶冰n besoin existe : un besoin de ツォ moyens ツサ pratiques 
d窶册nquテェte critique. 

C窶册st ici que peut se situer un rテゥel intテゥrテェt des pseudo-sciences

 En effet, par un juste 

retour des choses, les phテゥnomティnes ツォ paranormaux ツサ offrent un support motivant qui peut 
permettre de focaliser l窶兮ttention et, par les cas quelquefois outrテゥs qu窶冓ls prテゥsentent, de bien 
faire comprendre certains points de la mテゥthodologie scientifique. ツサ (Broch 1989, p. 179) 

Effectivement, le fantasme テゥtant un grand moteur d窶冓ntテゥrテェt, il est plus facile de motiver des 

                                                 

22

 Nous prテゥfテゥrons appeler Individu 

lambda

 celui ou celle que les didacticiens appellent couramment le profane 窶 sous-

entendant une dichotomie scientifique / ignorant quasi-irrテゥductible. N窶冩ublions pas qu窶册st profane tout ce qui n'est 

pas sacrテゥ et que la science n窶册st justement pas sacrテゥe, puisqu窶册lle donne テ tout 

lambda

 la capacitテゥ potentielle de suivre 

le cheminement de toute connaissance.  

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33 

 

テゥtudiants sur une dテゥmarche scientifique portant sur les auto-combustions humaines

23

 que sur les 

rテゥactions chimiques en milieu aqueux, la motivation テゥtant, nous l窶兮vons vu, l窶冰n des principaux 
problティmes enseignementaux rapportテゥ par les テゥtudiants. 
 

1.1.9

 

Outils 

Broch s窶册st donc attelテゥ テ la tテ「che de formaliser :  

-

 

les faux raisonnements et les sophismes les plus courants rencontrテゥs lors des 

confrontations テ des thティses pseudo-scientifiques. 

-

 

quelques modes de fourvoiement, certains types de rテゥactions et de certaines manナ砥vres 

dilatoires de leurs dテゥfenseurs devant la prテゥsentation des conceptions erronテゥes. 

-

 

des exemples d窶兮nalyse et de dテゥconstruction du traitement mテゥdiatique de ces thティses, qui 

leur donne une forte caisse de rテゥsonance. 

Sont distinguテゥs par l窶兮uteur ce qu窶冓l a appelテゥ les 

effets

, qui reprテゥsentent des biais formalisテゥs, qu窶冓l 

appuie sur des 

facettes

, qui sont des sortes de prテゥceptes テ garder テ l窶册sprit, de proverbes de 

vigilance dans le style cartテゥsien des 

Rティgles pour la direction de l'esprit

. Dans le chapitre 3 du livre ツォ Le 

paranormal ツサ, Broch offre cette : 

ツォ liste d窶册ffets-type qui vont (nous) servir de trame de fond pour une dテゥmarche zテゥtテゥtique 
face un phテゥnomティne ツォ paranormal ツサ, devant un discours sur le ツォ paranormal ツサ (quel qu窶册n 
soit le fond), comme d窶兮illeurs devant tout autre type de phテゥnomティne ou de discours (窶ヲ) ツサ.  

La panoplie critique de Broch a triple mテゥrite :  

- d窶凖ェtre fonctionnelle de faテァon trティs satisfaisante dans un grand nombre d窶冩ccurrences de 

type pseudoscientifique. 

- d窶冩ffrir une formalisation avenante et facilement appropriable dans un cadre 

enseignemental.  

- d窶冰tiliser une dテゥmarche pテゥdagogique trティs stimulante : Broch prテゥsente un exemple de thティse 

pseudoscientifique, le dテゥveloppe complティtement, puis le soumet テ l窶兮nalyse critique : il pointe 
ensuite le hiatus non rationnel ou non logique, le nomme, et enfin demande aux テゥtudiants de 
retrouver cette catテゥgorie de hiatus dans d窶兮utres champs. 
Toutefois l窶 ツォ art ツサ de Broch souffre テ notre avis de trois dテゥfauts : 

-

 

テゥpistテゥmologiquement, les outils sont inhomogティnes. Certains empruntent テ 

l窶凖ゥpistテゥmologie, d窶兮utres テ la psychologie ou テ la logique.  

-

 

quelques biais mテゥritent d窶凖ェtre prテゥcisテゥs, d窶兮utres dテゥtaillテゥs.  

-

 

enfin, bien qu窶冓l soit sous-jacent, le cadre philosophico-テゥpistテゥmologique dans lequel la 

dテゥmarche zテゥtテゥtique s窶冓nscrit n窶册st donnテゥ que par touches. 

Ces trois points nous ont amenテゥ テ renoncer テ prテゥsenter ces outils les uns aprティs les autres en 
prolテゥgomティnes テ notre travail. Ils apparaテョtront, lorsque nテゥcessaire, au grテゥ de la construction de 
notre outillage. 
 

                                                 

23

 Appelテゥes improprement Combustions Humaines Spontanテゥes (CHS) bien qu窶册lles n窶兮ient rien de 

spontanテゥ

 au sens 

thermodynamique du terme. Merci テ Routaboul (communication personnelle). 

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34

 

1.2

 

Cadre テゥpistテゥmologique 

 
Insテゥrer la zテゥtテゥtique et la didactique de l窶册sprit critique dans un cadre テゥpistテゥmologique pourrait テェtre 
une tテ「che inquiテゥtante : les テゥpistテゥmologues ayant toujours eu grand mal テ dテゥfinir ce qu窶册st la 
science, dテゥfinir ce qu窶册st une pseudoscience et, テ plus forte raison, dテゥcrire les fondamentaux 
テゥpistテゥmologiques d窶冰ne lecture critique de ces pseudosciences pourrait laisser croire qu窶册lle 
dテゥpend du positionnement de dテゥpart de celui qui parle. Ainsi lira-t-on cette erreur chez Garnier, 
dont ツォ l窶凖ゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence ツサ est mテゥtapsychique :  

ツォ Nous soupテァonnons ainsi qu窶冰ne テゥducation テ l窶册sprit critique par une テゥducation 
scientifique va dテゥpendre de l窶凖ゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence de l窶册nseignant ツサ (Garnier 2004)

24

Pour intテゥressants qu窶冓ls soient, nous pensons que les soupテァons de Garnier ne sont pas valables. Si 
les comportements et les champs scientifiques sont trティs divers, les principes mテゥthodologiques de 
la science sont clairs dans une entreprise, la science, dont la principale activitテゥ est le tri des choses 
qui semblent ツォ plus vraies que d窶兮utres ツサ. テ moins de souscrire au relativisme cognitif (voir 1.3.6 

La chienlit du relativisme cognitif

), il n窶凉 a pas loisir, pour l窶册nseignant, de choisir une テゥpistテゥmologie de 

rテゥfテゥrence si tant est que cette expression ait rテゥellement un sens, ou d窶冩pter entre deux 
ツォ paradigmes ツサ pour reprendre les termes de Garnier (2004). Le fonctionnement de la science est 
par essence critique, et se dテゥclarer 

テゥpistテゥmologiquement sceptique

 est quasiment un plテゥonasme

25

Nous n窶册nvisagerons cette テゥpistテゥmologie sceptique qu窶册n quelques points simples, sans entrer 
dans de complexes dテゥveloppements. Nous pensons qu窶冓l est possible, dans une dテゥmarche 
enseignementale du niveau premiティre annテゥe universitaire, de dテゥcrire le noyau dur de la dテゥmarche 
scientifique et de le rendre accessible sans travestissement テ des individus sans bagage intellectuel 
spテゥcifique, ceci afin de faire toucher du doigt les problテゥmatiques pseudoscientifiques. Bien sテサr, la 
version simplifiテゥe que nous prテゥsentons fera l窶冓mpasse sur un grand nombre d窶兮spects palpitants 
de l窶凖ゥpistテゥmologie des sciences, et nous renvoyons テ un certain nombre d窶冩uvrages dテゥjテ 
disponibles (Sokal & Bricmont 1997 ; Sokal 2005 ; Bunge 2005 ; Deleporte 2004)

26

 

1.2.1

 

La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain  

Commenテァons par nous entendre sur le mot ツォ science ツサ tel que nous l窶册ntendons et la dテゥfendons. 
Cette テゥtape prテゥalable de dテゥfinition du terme est tout sauf un luxe, et permet, nous le verrons, de 
dissoudre un certain nombre de difficultテゥs prテゥalables. 
Nous rendons grテ「ce aux テゥclaircissements de Sokal & Bricmont (1997, p. 122), Lecointre (

in 

Debussy & Lecointre 2001, 

introduction

) et Sokal (2005, p. 41) dans la distinction de quatre 

significations diffテゥrentes qui sont rテゥguliティrement prテェtテゥes au terme ツォ science ツサ. 

                                                 

24

 

テ英istテゥmologie du paranormal et テゥducation critique : le conflit paradigmatique

, est un mテゥmoire de DEA de Sciences de 

l窶凖ゥducation effectuテゥ par Garnier, ancien membre du Groupe テ液udiant de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International 

(GEIMI) et est un contributeur rテゥgulier de l窶僮MI. Le milieu ツォ mテゥtapsychique ツサ a pour caractテゥristique de prendre pour 
acquise l窶册xistence de pouvoirs endogティnes de l窶册sprit qui sortent des connaissances connues, regroupテゥs sous le nom 

de capacitテゥs 

psi

25

 C窶册st ce qui d窶兮illeurs fait テ nos yeux que les thティses mテゥtapsychiques sont trティs souvent (mais pas toujours, 

heureusement) relativistes au sens ツォ postmoderne ツサ. La trituration de certaines donnテゥes pour en extraire des rテゥsultats, 

la martyrisation des faits au moyen d窶冑ypothティses 

ad hoc

, et l窶冓nvocation d窶凖ゥventuels autres outils d窶兮nalyse que la 

rationalitテゥ font pencher dangereusement la parapsychologie vers la pseudoscience, mais aussi vers le spiritualisme 

surtout lorsqu窶冩n nous suggティre que le PSI, non matテゥriel, n窶册st pas une matiティre analysable comme les autres.  

26

 Pour une introduction テ la pensテゥe de Bunge, Deleporte est un excellent viatique dans Debussy 

& al

les 

Matテゥrialismes (et leurs dテゥtracteurs)

 (2004). 

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35 

 

Le mot ツォ science ツサ peut dテゥsigner : 

-

 

sens 1 : 

une dテゥmarche intellectuelle contraignante visant une comprテゥhension rationnelle du monde naturel 

et social

  

-

 

sens 2 : 

un corpus de savoirs substantiels communテゥment acceptテゥs, テゥvaluテゥs comme objectifs et considテゥrテゥs テ 

un moment donnテゥ

  

-

 

sens 3 : 

les sciences appliquテゥes et la technologie, avec ce point important qui est la genティse sociopolitique 

des axes de recherche, des dテゥveloppements technologiques et des flux financiers

  

-

 

sens 4 : 

la communautテゥ scientifique avec ses mナ砥rs, ses rites et ses luttes de pouvoir (la sociologie interne 

du champ scientifique) 

Nous ajoutons テ ces quatre significations la suivante, miroir dテゥformant de la derniティre :  

-

 

sens 5 : 

la communautテゥ scientifique avec ses mナ砥rs, ses rites et ses luttes de pouvoir, mais perテァue de 

l窶册xtテゥrieure (sorte de sociologie de la reprテゥsentation sociale de la communautテゥ scientifique de l窶卩妬l de 
l窶冓ndividu lambda). 

Cette cinquiティme acception nous テ paru nテゥcessaire, car la reprテゥsentation 

lambda

 du monde 

scientifique est souvent fantasmagorique, voire paranoテッaque, et amティne une fraction non 
nテゥgligeable d窶冓ndividus テ rテゥcuser la science comme dテゥmarche au nom du rejet de l窶冓mage qu窶冓ls se 
font d窶冰ne communautテゥ scientifique nimbテゥe de secrets d窶凖ゥtats et de mensonges. De ce fait, le 
rejet de la science テゥmane souvent d窶冰n courant non rテゥellement anti-science, mais anti-
ツォ scientifique ツサ. Ce phテゥnomティne est comprテゥhensible : tout d窶兮bord si le scientifique se trompe 
souvent dans son quotidien, la dテゥsyncrテゥtisation de son savoir et de ses pratiques qui a cours dans 
les mテゥdias ne permet pas de le faire savoir. En dテゥcoule alors une vision trティs idテゥalisテゥe de la 
pratique. Ensuite la parole ツォ d窶凖ゥvangile ツサ des scientifiques est rテゥguliティrement exploitテゥe, aussi bien 
par des journalistes offrant une tribune aux experts sur des sujets qui ne sont parfois pas les leurs, 
que par les sphティres politiques, avec les dテゥrives que l窶冩n connaテョt : pensons aux consテゥquences de 
Tchernobyl

27

 ou aux Armes de Destruction Massive irakiennes (Ramonet 2003, Wolfowitz 

2003)

28

. Enfin, la perception des ratios bテゥnテゥfices/risques d窶冰ne technologie n窶册st pas trティs claire 

pour l窶冓ndividu 

lambda

, qui n窶册st de toute maniティre pas consultテゥ テ ce sujet. Quand s窶凉 greffent des 

affaires comme celle du sang contaminテゥ, de l窶兮miante ou des mテゥdicaments テ effets secondaires 
graves comme le cas du Vioxx

29

, difficile de faire comprendre テ l窶冓nterlocuteur conspuant la 

ツォ science ツサ au sens 5 que bien peu des choses qu窶冓l croit qu窶冩n lui cache le sont rテゥellement, 
qu窶册lles lui sont potentiellement accessibles et que la critique qui テゥmane de ces drames n窶冓nfirme 
en rien la dテゥmarche scientifique au sens 1 et glisse dessus comme sur les plumes d窶冰n canard.  
Paraphrasant un exercice de Lecointre (

ouv.citテゥ

, p. 32), le rejet croissant de la science par le public 

et le succティs de certaines mouvances spiritualistes viennent d窶冰ne confusion entre ces cinq 
dテゥfinitions : テ titre d窶册xemple, la science comme dテゥmarche rationnelle d窶冓nvestigation du monde 
(sens 1) sera rejetテゥe parce que le clonage fait peur (sens 3), parce que le club nuclテゥocrate prend 
toutes ses dテゥcisions en bafouant la dテゥmocratie (sens 5), parce que des bombes atomiques ont 
explosテゥ (sens 3), parce que des querelles de pouvoir s窶册xercent lors des congrティs scientifiques (sens 
4) ou encore parce qu窶冰n rテゥsultat que l窶冩n tenait pour certain s窶兮vティre faux (sens 2). Lecointre 
prテゥcise ailleurs :  
                                                 

27

 Le communiquテゥ du 2 mai 1986 du Pr. Pellerin, de la direction de SCPRI, lors de l窶兮ccident de Tchernobyl est 

considテゥrテゥ comme un mensonge d窶凖ゥtat.  

28

 Les aveux de Wolfovitz sont disponibles sur 

Press Release : US Department of Defense, Wolfowitz Interview with Vanity 

Fair窶冱 Tannenhaus, 

 

http://www.defenselink.mil/transcripts/transcript.aspx?transcriptid=2594

  

29

 Sur l窶兮ffaire des Coxibs et la dテゥsinformation, on pourra lire le rapport du Sテゥnat franテァais Le retrait du Vioxx : 

http://www.senat.fr/rap/r04-185/r04-18578.html

  

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36

 

ツォ Une attitude en vogue depuis que l窶冩n parle de ツォ dテゥpolitisation ツサ des masses est 
d窶兮ttribuer la responsabilitテゥ de toutes les misティres du monde テ la dテゥmarche rationnelle de la 
dテゥcouverte de ce monde Cette attitude explique en partie l窶兮fflux de dテゥboussolテゥs en 
direction des sectes, dont le nombre d窶兮deptes a crテサ de 60% entre 1982 et 1995

30

 et vers 

les mテゥdecines irrationnelles. Elle est mテェme ancrテゥe au cナ砥r des questions que se pose la 
SOFRES au public lorsque le ministティre de l窶凖ゥducation nationale et l窶

Usine nouvelle

 lui 

demandent de rテゥaliser un sondage sur ツォ les attitudes des franテァais テ l窶凖ゥgard de la science en 
2001 ツサ, lequel public semble alors rテゥpondre que ツォ la modernisation et la technicisation de 
la sociテゥtテゥ s窶兮ccompagne d窶冰n pテゥril テゥthique ツサ. Le sondage conclut que, selon les Franテァais, la 
science aurait des effets nテゥgatifs dans la sphティre morale, que ツォ la modernisation de la 
sociテゥtテゥ s窶兮ccompagne d窶冰ne perte de sens moral, d窶冓nテゥgalitテゥs croissantes ou de rapports 
dテゥnaturテゥs

31

 entre les gens ツサ, et que les Franテァais regrettent cet ツォ テ「ge d窶冩r oテケ les relations 

humaines テゥtaient plus sereines, la civilitテゥ plus commune, les comportements altruistes 
plus frテゥquents ツサ ツサ (Lecointre, 

Charlie Hebdo

, 2001)

32

 
Nous ne disserterons pas sur la portテゥe fortement conservatrice des idテゥes auxquelles la science au 
sens 1 sert de bouc テゥmissaire. Toutefois nous ne pouvons cacher le fait que de tels glissements 

anti-expertise

 -> 

anti-science

 trouvent pignon sur rue au moment de la rテゥdaction de cette thティse, 

notamment dans le pullulement de thテゥories pseudoscientifiques complotistes sur l窶册ffondrement 
des 

Twin Towers

, au nom du fait que la CIA nous cache beaucoup de choses 窶 ce qui semble 

hテゥlas certainement vrai mais est argumentativement un procティs d窶冓ntention

33

. Des formes plus 

franテァaises d窶冩bscurcissement des dテゥbats テ cause d窶凖ゥquivoques sur la notion de ツォ science ツサ 
trouvent テゥcho dans certaines peurs non rationnelles liテゥes aux Organismes Gテゥnテゥtiquement 
Modifiテゥs (OGM) ou aux Nanotechnologies

34

, et transforment une critique rationnelle valable qui 

devrait テェtre purement politique en une posture non rationnelle anti-science scabreuse. Afin de se 
dテゥtourner des scientifiques jugテゥs responsables de dテゥveloppements de technologies dangereuses 
ou perテァues comme telles, une population non nテゥgligeable d窶冓ndividus retournent soit vers des 
mテゥthodes d窶冓nterrogation du rテゥel introspectives, contemplatives ou intuitives 窶 au grand 
bテゥnテゥfice, soit dit en passant, du marchテゥ du 

Nouvel テHe

 et des thテゥrapies alternatives

35

, soit vers de

rites plus ou moins paテッens et des vテゥritテゥs rテゥvテゥlテゥes, 窶 assurant ainsi un succティs grandissant テ une 
cohorte de Nouveaux Mouvements Religieux (NMR)

36

.  

Nous faisons nテエtre cette conclusion de Lecointre :  

ツォ La manipulation est grave, parce qu窶册n utilisant le seul mot science sans prテゥciser dans quel 

                                                 

30

 Pour en savoir plus, on plongera dans la lecture de Pecker, Krivine, Thomas, 1997. 

31

 NdR : le questionnaire n窶册st pas rigoureux au sens ou la perte de sens moral est un concept nテゥbuleux, pour ne pas 

dire clテゥrical, les inテゥgalitテゥs en question mテゥriteraient d窶凖ェtre qualifiテゥes (civiques, lテゥgales) et les rapports dテゥnaturテゥs, 
rappelant certaines discussions mテゥdiテゥvales, mテゥriteraient une dテゥfinition heureusement impossible de la ツォ nature ツサ des 

rapports humains. 

32

 Lecointre, La science a bon dos, 

Charlie Hebdo

 nツー461, 18 avril 2001. 

33

 Le procティs d窶冓ntention consiste テ condamner les actes ou les thテゥories d'un individu en lui prテェtant des intentions 

condamnables. Le raisonnement est invalide dans la mesure oテケ les intentions ne peuvent テェtre prouvテゥes 窶 ce qui en 

fait une fausse prテゥmisse.  

34

 Ce qui ne veut pas dire que toutes les craintes exprimテゥes sont non rationnelles, loin de lテ. Pour une introduction テ 

la question actuelle des ツォ nanos ツサ, voir les travaux de Piティces et Main d窶儖euvre, travaux aussi nテゥcessaires que corrodテゥs 
par une confusion de plusieurs dテゥfinitions de la science et par une forme rhテゥtorique souvent rebutante. 

http://pmo.erreur404.org

  

35

 Pour une bonne introduction テ cette problテゥmatique, se reporter テ Besnier & Mahric (1999). 

36

 Pour une salutaire ナ砥vre sur les NMR, on pourra lire la riche thティse de Mazenq (2001) (orthographiテゥ parfois 

Mazenc). 

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37 

 

sens on l窶册ntend (il devrait テェtre compris au sens premier mais semble compris par le public 
au sens quatriティme [NdR : 

ou cinquiティme dans notre exemple

], on laisse courir le malentendu selon 

lequel la dテゥmarche rationnelle de la dテゥcouverte du monde mティne tout droit aux nテゥfastes 
consテゥquences sociales du libテゥralisme テゥconomique [...] ツサ. (Lecointre, 

in 

Dubessy & Lecointre, 

ouv.citテゥ

, pp. 33-4) 

 
Nous verrons plus loin que bien des sujets souffrent d窶冰ne telle ambiguテッtテゥ, le darwinisme テゥtant 
certainement le concept ayant le plus subi ce manque de nettetテゥ des dテゥbats. Nous insistons sur ce 
que nous souhaiterions テェtre un lieu commun : ce n窶册st pas parce que la science aux sens 4 et 5 
crテゥe une eau limoneuse dans la baignoire qu窶冓l faut jeter le bテゥbテゥ qui s窶凉 baigne. Au contraire 窶 et 
toute la dテゥmarche critique est lテ 窶 il serait important de faire savoir que la rテゥappropriation de la 
science comme dテゥmarche permettra une critique rationnelle bien plus efficace qu窶冰n 
dテゥtournement pur et simple. Nous nous cantonnons donc テ revendiquer la science au sens 1. 
Comme l窶凖ゥcrit Broch, ツォ 

c窶册st la mテゥthode, plus que le rテゥsultat qui, en fait, caractテゥrise l窶册sprit de la science

 ツサ. 

(Broch, 

ouv.citテゥ

, p. 175) 

 

1.2.2

 

Science et clafoutis 

De mテェme que Bridgeman qui dテゥclarait qu窶冓l y a ツォ 

beaucoup de chichis autour de la mテゥthode scientifique 

ツサ 

(

in 

Haack 2003), ou qu窶僞instein qui prテゥcisait dans un article que ツォ 

toute la science n窶册st rien de plus 

qu窶冰n raffinement de la pensテゥe de tous les jours 

ツサ (Einstein 1936), nous dテゥfendons la simplicitテゥ du noyau 

dur de la dテゥmarche scientifique. Dans les enseignements et les confテゥrences publiques qui ont 
servi de laboratoires pratiques de notre thティse, nous avons expテゥrimentテゥ une prテゥsentation 
dテゥcomplexante de la science qui se rテゥvティle efficace : la science que nous revendiquons n窶册st rien de 
plus, finalement, que la mテゥthode permettant de faire des assertions vテゥrifiables et reproductibles 
que ce soit sur des ondes ou sur le clafoutis aux cerises. Tous ceux qui testent des recettes font de 
la science au sens 1, ceux qui rテゥdigent des livres de cuisine de la science au sens 2, et ceux qui 
font de la cuisine en suivant l窶冰ne des recettes executent de la science au sens 3. 
La bonne santテゥ de l窶兮rt culinaire et le marchテゥ des livres de science que sont les recueils de recettes 
montrent que ce noyau dur de la dテゥmarche scientifique est omniprテゥsent et appropriable par tous, 
tout comme l窶兮rt de cuire au mieux les pテ「tes ou l窶卩砥f frit a テゥtテゥ rendu appropriable テ tout un 
chacun par le chimiste This (1995 ; 2002).  
Une telle dテゥfinition s窶兮vティre largement suffisante pour s窶兮dosser au travail d窶兮nalyse des 
pseudosciences avec des テゥtudiants, テ l窶冩ral

37

. テ l窶凖ゥcrit, nous prテゥfテゥrons soustraire テ Bricmont cette 

dテゥfinition aussi limpide que simple :  

ツォ [la science] se caractテゥrise avant toute chose par l窶册sprit critique, テ savoir l窶册ngagement テ 
soumettre ses assertions テ la discussion publique, テ en tester systテゥmatiquement la validitテゥ 
par l窶冩bservation ou l窶册xpテゥrience, et テ rテゥviser ou テ abandonner les thテゥories qui ne rテゥsistent 
pas テ cet examen ou テ ces tests. ツサ (Bricmont 2001a).  

En clair, il s窶兮git d窶凖ゥpuiser toutes les raisons connues pouvant infirmer la validitテゥ d窶冰ne nouvelle 
hypothティse avant d窶冩pter pour cette validitテゥ et d窶冩btenir un consensus interne dans la 
communautテゥ de chercheurs travaillant sur le champ concernテゥ (voir 2.4. 

Critティres de dテゥmarcation, 

quelques outils pテゥdagogiques

). Nous voyons bien que l窶 ツォ テゥpistテゥmologie de rテゥfテゥrence ツサ, si ce terme テ un 

                                                 

37

 Le seul contre argument qui nous a テゥtテゥ objectテゥ est celui de la parapsychologie, qui invoque couramment que la 

science telle que nous la dテゥfinissons n窶册st pas adaptテゥe aux phテゥnomティnes テゥvanescents, ou ツォ jaloux ツサ. Nous y 
reviendrons lorsque nous aborderons les hypothティses 

ad hoc

background image

 

 

   

 

38

 

sens, ne peut テェtre que sceptique raisonnable (voir 1.2.4. 

Scepticisme version raisonnable et ツォ douce ツサ

). 

 

1.2.3

 

Vrai versus vraisemblable 

Un des rares emprunts que nous pouvons encore faire aux sceptiques antiques est la mise en 
balance du terme ツォ vテゥritテゥ ツサ : s窶冓l faut comprendre  ツォ vテゥritテゥ ツサ  comme  une hypothティse テゥtablie et 
acceptテゥe pour ツォ vraie ツサ intemporellement, alors la vテゥritテゥ est ailleurs que dans le cadre de la science 
窶 ce qui rassurera les テゥtudiants ou le grand public qui reprochent テ la science (aux sens 4 ou 5) 
un certain ツォ impテゥrialisme ツサ de la pensテゥe, 窶 テ l窶冓nstar, en leur temps, de Feyerabend (1998), ou 
plus rテゥcemment Thuillier (1979). Cette notion de 

vテゥritテゥ

 est le deuxiティme des piティges sテゥmantiques, 

aprティs celui de 

science

, dテゥjテ abordテゥ plus haut, dont devrait s窶兮ffranchir l窶册nseignant de science et de 

zテゥtテゥtique. Cela n窶兮 pas テゥchappテゥ テ la vigilance de Deleporte qui avertit que le flou sur cette notion 
permet un appel テ un concordisme science-religion des plus dテゥmagogique, mais テエ combien 
dテゥlテゥtティre. On retrouvera ce si sテゥducteur concordisme tant dans les projets tテゥlテゥologiques des 
dテゥfenseurs de l窶僮ntelligent Design (ID) de l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris (UIP) qu窶兮u 
Vatican. L窶册xemple qu窶冓l donne est d窶兮illeurs celui du Cardinal Poupard, dont le nivellement 
science et foi comme deux quテェtes complテゥmentaires de la vテゥritテゥ est caractテゥristique, et lui fait テゥcrire 
que ツォ la passion pour la vテゥritテゥ, cナ砥r de toute entreprise scientifique, anime テ nouveau le dialogue 
entre science, culture et thテゥologie ツサ (Poupard 1994, 

in 

Deleporte 2001, p. 318).  

ツォ [...] le tour de passe-passe, le jeu de mot, est assez subtil ツサ, explique Deleporte. ツォ Ainsi 
donc le religieux chercherait la vテゥritテゥ, d窶冰n point de vue religieux, tandis que le scientifique 
[...] chercherait, lui, la vテゥritテゥ d窶冰n point de vue scientifique窶ヲ donc religieux et scientifique 
poursuivraient le mテェme but par des approches diffテゥrentes, et seraient テ la recherche de la 
mテェme vテゥritテゥ globale des choses, en lui donnant simplement l窶凖ゥclairage diffテゥrent de 
ツォ disciplines ツサ  complテゥmentaires.  Ici,  l窶册scroquerie intellectuelle [...] consiste テ admettre 
implicitement qu窶冰ne ツォ vテゥritテゥ religieuse ツサ serait du mテェme ordre qu窶冰ne ツォ vテゥritテゥ scientifique ツサ, 
au point de converger et de se fondre en une sorte de notion de vテゥritテゥ gテゥnテゥrale. (窶ヲ) il suffit 
d窶兮ppeler les choses par leur nom, d窶冰ne part les thテゥories explicatives et les hypothティses 
scientifiques, d窶兮utre part les professions de foi et les dogmes religieux, pour que ce pseudo-
raisonnement s窶凖ゥcroule ツサ. (

Ibid. 

pp. 318-320). 

Jusqu窶凖 certains sceptiques de haute volテゥe se sont fait prendre テ ce piティge sテゥduisant, comme le 
biologiste S. J. Gould

38

. Le caractティre intellectuellement construit des connaissances scientifiques 

doit テェtre manifeste, et doit suggテゥrer la nテゥcessaire rテゥfutation/confrontation aux faits que les vテゥritテゥs 
mテゥtaphysiques, quant テ elles, ne proposent pas. Il faut insister sur le fait que la mise sur un mテェme 
plan des vテゥritテゥs scientifiques et des vテゥritテゥs scripturaires ou rテゥvテゥlテゥes est un leurre, de mテェme que 
celle, plus sournoise encore, de ツォ sens ツサ : croire deviner l窶冓nanitテゥ des choses ou le sens d窶冰ne 
existence dans les dテゥcouvertes scientifiques est une mテゥta-erreur du mテェme type que de vouloir 
chasser un souvenir en lanテァant une pierre

39

.  

                                                 

38

 Lire sur ce sujet l窶册xcellente critique de Dubessy J., 

Le NOMA de Stephen J. Gould

in 

Dubessy, Lecointre, Silberstein 

2004, pp. 555-578. 

39

 Dubessy a rテゥcemment rテゥsumテゥ notre sentiment profond en une seule phrase : ツォ 

La question du sens que se pose chaque 

citoyen relティve du politique, et il ne faut pas tout mテゥlanger 

ツサ, France Culture, 

Du grain テ moudre

, 4 mai 2007. Il complテゥta 

quelques jours plus tard sa pensテゥe, que nous jugeons bon de reproduire 

in extenso

 :  

ツォ Ce que je voulais dire テゥtait ceci. Arnould fait rテゥfテゥrence en permanence au sens en mテゥlangeant テ dessein le "sens" de l'テゥvolution et le 

"sens" que l'Homme veut donner テ sa vie. Le premier aspect est bien sテサr anti-scientifique et n'en possティde que le vernis des mots dans la 
bouche d'Arnould et des partisans de l'ID. En outre, il possティde l'avantage pour ses partisans que si l'テゥvolution biologique avait un sens, 

possテゥdait un concepteur intelligent, on ne verrait pas pourquoi la sociテゥtテゥ ne devrait pas テェtre organisテゥe selon les principes de la cause finale et 
du concepteur intelligent, bref que les religions et leurs テゥglises devraient テェtre テ la tテェte de la sociテゥtテゥ, ce qui serait la justification d'une sociテゥtテゥ 

background image

 

 

   

 

39 

 

Alors que faire ? Afin d窶凖ゥviter toute invocation d窶冰ne transcendance dans la connaissance, toute 
notion axiomatique de la nature et tout amalgame avec les vテゥritテゥs dites rテゥvテゥlテゥes, il serait tentant 
de remplacer ツォ vテゥritテゥ ツサ par des termes moins connotテゥs comme 

vテゥracitテゥ

 ou de 

vraisemblance

, voire le 

meilleur mais complexe 

vテゥrisimilitude

, proposテゥ par Kremer Marietti, dテゥsignant  

ツォ dans quelle mesure une hypothティse approche de la vテゥritテゥ. Le premier abord de la notion, 
qui est dテサ テ Popper, identifie celle-ci avec la proportion テ laquelle une thテゥorie capture toute 
la vテゥritテゥ [...]. ツサ. (Kremer Marietti 2002)  

Il ne s窶兮git pas d窶冰ne simple querelle de mots : il est question d窶凖ゥviter de saper les fondements de 
la dテゥmarche scientifique en permettant un mテゥlange des ツォ vテゥritテゥs ツサ mテェme involontaire. Il importe 
de choisir un terme qui contienne cette dimension temporelle et construite des savoirs 
scientifiques qui les diffテゥrencie des dogmes, immuables et reテァus, car comme l窶凖ゥcrit Sokal :  

 ツォ L窶册sprit critique a pour corollaire le faillibilisme, c'est-テ-dire la conscience du fait que 
l窶册nsemble de notre savoir empirique est provisoire, incomplet, et susceptible d窶凖ェtre rテゥvisテゥ テ 
la lumiティre de preuves nouvelles ou de nouveaux arguments. ツサ (Sokal, 

ouv.citテゥ

, p.46).  

En rテゥsumテゥ, quoiqu窶冓l soit assurテゥment nテゥcessaire de faire de plus longs dテゥveloppements, nous 
pensons qu窶冰n important pas pテゥdagogique est franchi lorsque nous montrons en diapositive 
l窶册ncart suivant (figure 8) et que le public テゥtudiant acquiesce. 
 
 
 

Figure 9 : Encart de diapositive, cours de zテゥtテゥtique, Monvoisin. 

 
Pour l窶冓llustrer, nous nous contraignons テ une sorte d窶兮scティse, pas toujours nテゥcessaire, mais 
scrupuleuse, consistant テ troquer des phrases comme :  

ツォ La thテゥorie du 

big bang

 est vraie ツサ

  

par :  

 

ツォ La thテゥorie du 

big bang

 est la plus vraisemblable テ l窶冓nstant oテケ nous parlons ツサ.

  

Cela permet de faire d窶冰ne pierre pテゥdagogique trois coups :  

-

 

l窶册nseignant transmet une テゥnonciation テゥpistテゥmologiquement plus juste

40

 ; 

-

 

prテゥvient certaines intrusions spiritualistes commenテァant par ツォ quテェte de vテゥritテゥ ツサ ou de 
ツォ quテェte de sens ツサ ; lorsque dans le titre d窶冰ne confテゥrence ou d窶冰n livre ツォ scientifique ツサ, 

                                                                                                                                                         

thテゥocratique dont l'histoire a montrテゥ le degrテゥ zテゥro de la dテゥmocratie.  
En revanche, donner un sens テ sa vie dans la sociテゥtテゥ, le droit au bonheur, n'a d'autre issue, テ moins de rechercher l'isolement total, que de 
s'assembler avec les autres individus, et dテゥlibテゥrer par la mテゥdiation de la Rテゥpublique (nテゥcessairement laテッque pour pouvoir le faire) afin 

d'organiser la sociテゥtテゥ. Ce champ est celui qui relティve du politique. En utilisant la dテゥshテゥrence sociale, le dテゥsespoir dans lesquels notre sociテゥtテゥ 
actuelle, organisテゥe officiellement sous le vernis des principes rテゥpublicains, plonge une partie croissante de la population en ne respectant pas 

et mテェme en dテゥtruisant et niant de fait l'テゥgalitテゥ des droits sociaux des citoyens pour vivre dignement, il est clair qu'Arnould (tout comme 
Rテゥgis Debray) utilise cette situation pour pouvoir nier le champ politique dont le citoyen doit se saisir pour pouvoir imposer une 

Rテゥpublique sociale qui rテゥponde テ ses besoins. Ainsi, l'envahissement du champ Politique, de l'Espace Public par les religions et テゥglises, 
serait "justifiテゥ" テ la fois comme rテゥsultant du "sens" de l'テゥvolution et de cette situation sociale abominable qui scellerait la faillite de la 

Rテゥpublique. D'ailleurs, Arnould, テ la fin de son livre 'Dieu versus Darwin', bien que critiquant l'ID, lui trouve de nombreuses vertus 
dans les questions qu'il pose...

 ツサ (Communication personnelle). 

40

 Au sens de justesse, bien sテサr, non de justice. 

La 

vraisemblance /vテゥrisimilitude /conformitテゥ テ la rテゥalitテゥ

 est une affaire de science. 

La 

vテゥritテゥ

 est une affaire personnelle et l窶册xistence n窶兮 que le sens qu窶冩n veut bien lui donner. 

background image

 

 

   

 

40

 

nous entendons le terme 

Vテゥritテゥ

, nous enlevons le cran de sテゥcuritテゥ de notre 

Browning

41

-

 

et anticipe les remarques sur la soi-disant volontテゥ impテゥrialiste et morale de pouvoir et 
d窶凖ゥdiction de ce qui est ツォ vrai ツサ par la science.  

De mテェme pour les savoirs dテゥpassテゥs mais enseignテゥs, nous troquerions :  

ツォ 

Les lois de Newton sont vraies

 ツサ 

par :  

ツォ 

Les lois de Newton sont une excellente approximation de ce qui se passe

 ツサ 

D窶兮utres exemples sont abordテゥs dans le chapitre 4.3.5 prテゥsentant les raisonnements panglossiens. 
 

1.2.4

 

Scepticisme version raisonnable et ツォ douce ツサ 

Le cadre テゥpistテゥmologique de cette thティse est le scepticisme dit ツォ raisonnable ツサ, par opposition au 
scepticisme antique de Pyrrhon, considテゥrテゥ comme radical. Cette version raisonnable, ou modテゥrテゥe, 
dテゥfend qu窶冓l est possible de bテ「tir des connaissances vraisemblables, en tous les cas plus 
vraisemblables que d窶兮utres テ un instant 

t

, et de repousser les plus invraisemblables 窶 se 

rapprochant par lテ du rテゥfutationnisme

42

. Elle dテゥfend en outre le doute ツォ ouvert ツサ avant enquテェte, 

par opposition テ la nテゥgation simple des assertions allテゥguテゥes, et reprend テ son compte, en la 
nuanテァant un peu, la critique de M. Truzzi, fondateur de la version moderne de la zテゥtテゥtique, 
adressテゥe aux pseudo-sceptiques :  

ツォ Parfois les usagers du terme ont distinguテゥ ce qu'on appelle des sceptiques "modテゥrテゥs" par 
opposition テ des sceptiques "durs", et j'ai en partie ravivテゥ le terme de "zテゥtテゥtique" テ cause de 
cette mauvaise utilisation du terme. Mais je pense que les problティmes gテゥnテゥrテゥs dテゥpassent 
aujourd'hui la simple terminologie et que les choses doivent テェtre mises au clair. Le 
"scepticisme" faisant prテゥcisテゥment rテゥfテゥrence au doute plutテエt qu'テ la dテゥnテゥgation 窶 
l'incrテゥdulitテゥ plutテエt que la croyance 窶 les critiques adoptant une position nテゥgative plutテエt 
qu'agnostique mais continuant テ se qualifier de "sceptiques" sont en fait des pseudo-
sceptiques et ont, je pense, acquis un faux avantage en usurpant cet terme. ツサ (Truzzi, 
1987a)

43

  

 Effectivement, la nテゥgation pure et simple des faits qui 

a priori 

semblent テゥmarger du champ de la 

science relティve tout autant de l窶

acte de foi

, et n窶册st que la stricte contraposテゥe de la croyance 

inconditionnelle dans le phテゥnomティne considテゥrテゥ. C窶册st ce qui par exemple en France a eu l窶兮ir de 
renvoyer rテゥguliティrement dos テ dos les partisans du 

psi

 de l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International 

(IMI) et leurs dテゥtracteurs

44

. Le scepticisme raisonnable que nous dテゥfendons tente donc de prテゥvoir 

                                                 

41

 De la cテゥlティbre phrase prononcテゥe par le personnage Thiemann tirテゥe de la piティce du nazi Johst (1984, Act. 1 science. 

1). Cette rテゥactivitテゥ au terme de Vテゥritテゥ nous a permis de repテゥrer une table ronde trティs discutable de l窶儷IP appelテゥe 

ツォ 

Science & vテゥritテゥ

 ツサ dans l窶僊nnテゥe Mondiale de la Physique, sur le campus de Grenoble, en mars 2005. Lire 

Tentative 

d'intrusions spiritualistes dans l'Annテゥe mondiale de la physique

,

 

Observatoire Zテゥtテゥtique Newsletter Nツー09, 17 mars 2005.  

42

 Nous employons ce terme en lieu et place de 

falsificationnisme

 popperien, terme pouvant テェtre perテァu comme 

pテゥjoratif, sous-entendant qu窶冓l y a ruse ou contrefaテァon de la connaissance 窶 sens que n窶兮 pas ce terme en anglais par 

exemple. Il s窶兮git d窶冰ne erreur de traduction. 

43

 Truzzi M., 

On Pseudo-Skepticism

 est traduit sur le site de J. Beau, ici :  

 

http://rr0.org/data/1987/Truzzi_OnPseudoSkepticism/index_fr.html

  

44

 Nous avons obtenu un テゥclaircissement sur ce point par P. Macias, contributeur de l窶僮MI : il ne faut pas 

comprendre la devise de l窶僮MI ツォ 

Le paranormal, nous n窶凉 croyons pas, nous l窶凖ゥtudions

 ツサ comme une phrase sceptique, mais 

bien au contraire comme l窶凖ゥquivalent de ツォ 

Nous n窶凉 croyions plus, nous avons la certitude et nous l窶凖ゥtudions

 ツサ. Phrase ambiguテォ 

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41 

 

deux types d窶凖ゥcueils majeurs :  

-

 

ne pas se positionner en terme de croyance ツォ j窶凉 crois/je n窶凉 crois pas ツサ, et de troquer ses 

impressions contre une dテゥmarche heuristique. 

-

 

prendre en considテゥration l窶兮ffect et l窶册ngagement des individus mテェlテゥs aux pseudosciences 

qui sont analysテゥes, ceci pour テゥpargner les conflits cognitifs gratuits et テゥviter ou 
contourner un large panel de dissonances dテゥfensives (scepticisme ツォ doux ツサ). 

En ce sens, il y a peu, et de moins en moins, de sceptiques pratiquants la ツォ contre-explication 

post 

hoc

 ツサ en France en ce dテゥbut du 21

ティme

 siティcle. Il s窶兮git bien souvent d窶冰n simple problティme de forme 

et, malheureusement, de ton

 

1.2.5

 

Le Syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain 

Premier point nuanテァant les propos du dテゥfunt Truzzi, le rejet de certaines allテゥgations par les 

sceptiques est rarement un rejet ツォ pur et simple ツサ ou ツォ de principe ツサ. Il a bien souvent une 
motivation rationnelle, et souvent une histoire.  
La motivation rationnelle repose sur le fait que la science, et plus particuliティrement son bras outillテゥ 
dans le champ des pseudosciences et des allテゥgations extraordinaires, ne peut malheureusement 
pas, au grand dam d窶冰n certain nombre de Galilテゥe auto-proclamテゥs, se pencher sur toutes les 
allテゥgations possibles imaginables avec le mテェme intテゥrテェt sans vouer progressivement son objet, la 
connaissance vraisemblable, aux gテゥmonies. Remettre l窶冩uvrage cent fois sur le mテゥtier est 
harassant, テ plus forte raison lorsque certains domaines pseudoscientifiques sont atteints du 

syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain

 (ICB). 

Cette image provient vraisemblablement du sceptique テゥtatsunien James Randi. Elle dテゥsigne la 
tendance qu窶冩nt certaines assertions, hypothティses ou thテゥories, テ persister テ rテゥapparaテョtre テ la surface 
(des mテゥdias, des esprits, des discussions) malgrテゥ une ou plusieurs dテゥconstructions en rティgle.  

Unsinkable Rubber Duck 
n.

 1. A claim that, after repeatedly disproved, continues to 窶徘op窶 back into the beliefs of a 

group of people. 
2. An utterly annoying phenomenon; eg. creationism. 
3. A cute bath toy made of buoyant rubber. (Schmieg, 

urducks.wordpress.com

)  

 
Le philosophe Kurtz le donne ainsi :  

ツォ Namely, although skeptical investigators may thoroughly refute a claim in one generation, 
it may come back to haunt us in the next-as a hydra-headed monster-with new intensity and 
attraction

 

ツサ (Kurtz 2001). 

Dテゥcrit comme un syndrome affectant des dテゥfenseurs de thテゥories fausses, l窶僮CB est une bonne 
mテゥtaphore d窶冰ne vaste gamme de dissonances cognitives (Festinger 

& al. 

1993 ; Tarvis & 

Aronson 2007). Il dテゥcrit tout aussi bien la rテゥsistance intellectuelle de l窶冓ndividu en butte テ des faits 
contrevenant テ son adhテゥsion que cette appテゥtence des mテゥdias テ faire du rテゥchauffテゥ sur des sujets 
                                                                                                                                                         

qui mテゥriterait d窶凖ェtre テゥclaircie (communication personnelle, Ultimate Z 2, Universitテゥ d窶凖ゥtテゥ de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique, 

juillet 2007). 

45

 Certaines formes de critiques frisent l窶册ssentialisme. Sur ce point, voir une petite introduction dans Monvoisin, 

Zテゥtテゥtique, sociologie au rテ「teau et hausse du prix de l窶

Essence, POZ Nツー26. 

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42

 

enterrテゥs depuis longtemps (voir 4.4.3.15 

Technique du liquide vaisselle

). S窶冓l y a peu d窶册spoir pour 

dテゥtourner les gens engoncテゥs dans cette persistance, travailler sur les mテゥdia et leurs 
consommateurs est bien plus envisageable. Encore faut-il s窶册n sentir le courage : l窶僮CB est 
dテゥcourageant, et explique une partie des refus d窶冓nvestigations de certains sujets zテゥtテゥtiques 窶 
pensons par exemple au Triangle des Bermudes, dont le mystティre n窶册n est pas un depuis bien 
longtemps. 
 

1.2.6

 

La mテゥtaphore de l窶兮rchテゥologue 

La 

mテゥtaphore de l窶兮rchテゥologue

 que nous avons construite s窶册st rテゥvテゥlテゥe trティs utile dans les dテゥbats avec 

les テゥtudiants. Elle se contente de dire ce qui semble テェtre un lieu commun : maximiser ses chances 
de dテゥcouvertes implique de chercher dans des endroits pour lesquels il y a une prテゥsomption. Un 
archテゥologue cherchera plus volontiers une momie de pharaon aux alentours de la Vallテゥe des Rois 
que dans une dune quelconque du Sinaテッ, parce qu窶冓l s窶兮ppuiera sur ce que la science sait dテゥjテ 
(qu窶冰ne majoritテゥ des momies テゥgyptiennes ont テゥtテゥ retrouvテゥes dans la Vallテゥe des Rois). Par 
テゥconomie de temps et d窶册ffort, l窶兮rchテゥologue procティdera par テゥconomie cognitive, et ira par 
induction vers le plus vraisemblable des lieux. Il en est de mテェme pour le scientifique : il est des 
champs d窶冓nvestigation qui sont moins (ce qui ne veut pas dire pas du tout) propices テ la 
dテゥcouverte que d窶兮utres parce qu窶冓ls sont en pure contradiction avec les connaissances actuelles. 
De la thテゥorie gテゥologique de la sphティre creuse テ la guテゥrison du cancer par l窶冓mposition des mains, il 
est des cas oテケ la contradiction avec les faits connus en matiティre gテゥologique ou mテゥdicale est 
manifeste. Ajoutons テ cela la lassitude lテゥgitime de l窶兮rchテゥologue qui fouille depuis des annテゥes dans 
un site qui s窶兮vティre ツォ salテゥ ツサ artificiellement, et l窶冩n comprendra テゥgalement pourquoi certains 
sceptiques renoncent, テ tort peut テェtre, テ analyser les nouvelles donnテゥes venant d窶冰n champ 
d窶冓nvestigation entachテゥ de fraudes rテゥcurrentes

46

 

1.2.7

 

Le pseudo-dテゥsintテゥrテェt des scientifiques  

Cela n窶册mpテェche bien sテサr pas certains dテゥfenseurs de thテゥories ou de faits extra-ordinaires d窶兮ccuser 
la science (sans prテゥcision de l窶兮cception, voir

 

1.2.1. 

La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain

) de ne pas se 

pencher sur leur sujet, sans parfois se rendre compte que la terre y a テゥtテゥ battue et rebattue 
plusieurs fois, comme l窶冩rigine idテゥomotrice des mouvements du pendule de radiesthテゥsie pourtant 
montrテゥe par Chevreul dティs 1833 (Chevreul, 1833, pp. 258-266, et Chevreul 1854). Un bricolage 
cognitif (voir 4.3.2.23 

Disgression : soumission テ l窶兮utoritテゥ

) les amティne alors gテゥnテゥralement テ dire que les 

scientifiques ont 

peur

 d窶兮ller chercher, lテ oテケ l窶册ntreprise de creuser a dテゥjテ テゥtテゥ menテゥe plusieurs fois 

(voir 4.4.3.9 

Le carpaccio ツォ bravade d窶冓nterdit ツサ ou Terra Incognitae

). La possibilitテゥ que ce soit leur 

thテゥorie qui soit fausse glisse sur eux sans les テゥmouvoir. On entendra alors ce raisonnement 

ad hoc 

si courant dテゥclarant que la science actuelle n窶兮 pas les outils adaptテゥs pour dテゥcouvrir le phテゥnomティne 
(voir 2.4. 

Critティres de dテゥmarcation, quelques outils pテゥdagogiques

). Et les 

proponants

 de recourir au renfort de 

cas particuliers de l窶冑istoire テゥrigテゥs en rティgle, de ces incompris que furent Ohm ou Sommelweiss en 
passant par Boltzmann, Wegener ou Tesla, sans concevoir cette facette Z de Broch qui 
avertit pourtant que 

possible n窶册st pas toujours possible

. Surtout lorsque ce 

possible 

est improbable.  

 

1.2.8

 

Complexe de la perle rare, possible 

Comme le souligne Broch, c窶册st parce que l窶冓mprobabilitテゥ de la dテゥcouverte dans ces champs est 
                                                 

46

 Comprテゥhensible mais regrettable, les positions de H. Broch sur la parapsychologie en sont arrivテゥes テ ce stade.  

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43 

 

immense que la gloire qui y serait potentiellement associテゥe est grande ; sorte de 

complexe de la perle 

rare

, trティs bien dテゥcrit par les psychologues sociaux (Cialdini 2003), et qui assure encore les 

demandes de brevetage de mouvemenplus l窶冓ntテゥrテェt suscitテゥ 窶 et la gloire associテゥe 窶 sera grande (figure 9).  
On revendique alors la possibilitテゥ d窶冰ne thテゥorie ou d窶冰ne hypothティse, sans voir que ce qui est 
extraordinaire est certes, possible au sens des probabilitテゥs, mais souvent quasi-improbable. 
Certaines quテェtes ressemblent alors テ des causes perdues, telles le Loto, dont les probabilitテゥs de 
gagner sont 

grosso modo 

inversement corrテゥlテゥes テ la taille du gain potentiel. 

 

 

Figure 10 : 

Couverture de Sciences & Avenir, oct. 2001. Fabrication du scoop autour d窶冰ne ツォ perle rare ツサ, en 

l窶冩ccurrence la transgression de lois censテゥes テェtre immuables. 

  
Par ailleurs la possibilitテゥ et l窶冓mpossibilitテゥ sont inhテゥrentes テ un niveau テゥpistテゥmologique prテゥcis. 
Saut テゥpistテゥmologique parfois nテゥcessaire : entre porte qui ne peut テェtre que fermテゥe ou ouverte et 
porte tournante, il y a un hiatus. Dans 

Quand la science dit

c窶册st impossible

, Farouki 

& al.

 (1999) 

expliquent que si, pour s'opposer テ une nouvelle thテゥorie scientifique perテァue comme dテゥplaisante, 
un chef d'Etat tranche le cou du (de la) thテゥoricien(ne), on ne pourra considテゥrer le coup d'テゥpテゥe 
comme un argument que si l'on change les rティgles テゥpistテゥmologiques. ツォ 

Tous les impossibles ne se valent 

pas

 ツサ dit Farouki (

ibid.

, p. 1999).  

Ce qui fait dire テ Broch cette facette Z : ツォ 

possible n窶册st pas toujours possible

 ツサ, bien que le triple sens 

sur ツォ possible ツサ nous fasse テゥgalement profテゥrer la facette sous cette forme : ツォ 

possible n窶册st pas toujours 

probable

 ツサ.  

Broch insiste d窶兮illeurs avec cette autre facette : ツォ 

La non-impossibilitテゥ n'est pas un argument 

d'existence

 ツサ. 

Les mテゥdias nous le verrons jouent beaucoup avec ce thティme du scoop rare, de la dテゥcouverte qui 
chamboule et du chercheur hテゥrテゥtique qui ツォ bouscule les fondements de la science ツサ.  

                                                 

47

 Le dテゥpテエt de dossier sur le mouvement perpテゥtuel est refusテゥ テ l窶僊cadテゥmie des sciences depuis 1775, ce qui 

n窶册mpテェche pas les tentatives actuelles, plテゥthores sur internet. Une dテゥsinence moderne du fantasme du mouvement 

perpテゥtuel se trouve dans les rテゥflexions sur l窶凖ゥnergie libre. Voir par exemple le site 

Quanthomme

 : 

http://membres.lycos.fr/quanthomme

  

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44

 

Notons que les gens vivant ce complesouffrent souvent d窶冰ne forme de messianisme martyrisテゥ. Outre Galilテゥe, est rテゥguliティrement 
invoquテゥ des analogies avec la liste de noms d窶兮nti-conformistes brillants dテゥjテ entrevue (Harvey, 
Tesla, Einstein, Wegener, etc.) qui donnent l窶冓mpression d窶冰ne causalitテゥ 

anti-conformisme

->

dテゥcouverte 

rテゥvolutionnaire

, テ la condition d窶冩ublier l窶冓mmense majoritテゥ des anti-conformistes dont les thティses 

ont rejoint les poubelles de l窶冑istoire des sciences (voir 2.4.4, biais de confirmation, in 

Exclusivitテゥ 

de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ

, 4.3.4. 

Faisceau de preuves

). 

 

1.2.9

 

L窶兮ppel テ l窶冓gnorance, ou inversion de la charge de la preuve 

Autre biais, non des moindres, qui accentue ce complexe de la perle rare : l窶兮ppel テ l窶冓gnorance, ou 

ad ignorantiam

. Cette forme de faux dilemme consiste テ poser que puisque l窶冓nexistence d窶冰ne 

chose n窶册st pas prouvテゥe, on peut dテゥclarer qu窶册lle est vraie. Ceci est non seulement en 
contradiction avec un scepticisme raisonnable, mais est par ailleurs un cas flagrant de 
renversement du poids de la preuve : alors que c窶册st テ celui qui affirme de dテゥmontrer son propos, 
l窶冓nterlocuteur, en affirmant qu窶册lle est vraie, sous-entend ツォ et prouvez-moi que c窶册st faux ツサ. On 
retrouve ce sophisme dans les phrases type : ツォ Prouvez-moi que l窶冑omテゥopathie ne marche pas ツサ. 
En cours, nous utilisons plusieurs stratagティmes faciles pour montrer l窶冓nanitテゥ d窶冰ne telle posture. 
En voici un, que nous appelons le 

coup des claquements de doigts 

:  

ツォ Si je vous dテゥclare qu窶册ntre ces deux claquements de doigts (clac, clac) je me suis mis nu 
et ai fait trois fois le tour de l窶兮mphithテゥテ「tre テ cloche-pied, puis me suis rhabillテゥ mais vous 
n窶兮vez rien vu puisque j窶凖ゥtais dans l窶冑yperespace ; si j窶兮joute ツォ prouvez-moi le contraire ツサ, 
vous comprenez bien que vous テェtes (faussement) coincテゥs dans votre argumentaire. Car 
c窶册st テ moi de faire la preuve de ce que j窶兮vance. ツサ.  

D窶兮utres seront テゥvoquテゥs dans 2.4.2 

Invocation abusive d窶冑ypothティses.

 

 

1.2.10

 

Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact  

Shermer rテゥsume ici une excellente facette Z : 

Heresy does not equal correctness

, que l窶冩n pourrait 

traduire par ツォ 

hテゥrテゥtique n窶册st pas toujours exact

 ツサ.  

ツォ They laughed at Copernicus. They laughed at the Wright brothers. Yes well, they laughed 

at the Marx brothers. Beeing laughed at does not mean you are right. Wilhelm Reich 
compared himself to Peer Gynt, the unconventional genius out of step with society, and 
misunderstood and ridiculed as a heretic until proven right. ツサ (Shermer 2002, p. 50). 

En guise d窶冓llustration, Shermer テゥpingle une citation souvent revendiquテゥe par les hテゥrテゥtiques 
diplテエmテゥs, celle de Schopenhauer :  

ツォ 

Toute vテゥritテゥ franchit trois テゥtapes. D窶兮bord elle est ridiculisテゥe. Ensuite, elle subit une forte 

opposition. Puis, elle est considテゥrテゥe comme ayant toujours テゥtテゥ une テゥvidence ツサ. 

Cette phrase, accommodテゥe テ toutes les sauces, mテェme les plus nausテゥabondes (elle fut reprise dans 

Journal of Historical Review

, journal nテゥgationniste dans l窶凖ゥdition de Janvier 窶 fテゥvrier 1996), est une 

phrase creuse, et Shermer prテゥcise :  

ツォ But "all truth" does not pass through these stages. Lots of true ideas are accepted without 

ridicule or opposition, violent or otherwise. Einstein's theory of relativity was largely 
ignored until 1919, when experimental evidence proved him right. He was not ridiculed, 
and no one violently opposed his ideas. The Schopenhauer quote is just a rationalization, a 

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45 

 

fancy way for those who are ridiculed or violently opposed to say, "See, I must be right." 
Not so.窶 ツサ 

(Ibid.

). 

L窶冓llusion ツォ hテゥrテゥtique ツサ tire son ferment dans plusieurs biais connus de la zテゥtテゥtique :  
- le tri des situations (voir 4.3.5. 

Faisceau de preuves

) et le biais de confirmation (voir 2.4.4, Biais de 

confirmation

in

 Exclusivitテゥ de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ

,

)

 

Shermer :  

ツォ History is replete with tales of the lone scientist working in spite of his peers and flying in 
the face of the doctrines of his or her own field of study. Most of them turned out to be 
wrong and we do not remember their names. For every Galileo shown the instruments of 
torture for advocating a scientific truth, there are a thousand (or ten thousand) unknowns 
whose "truths" never pass muster with other scientists. ツサ 

(Ibid.

). 

 

- La dテゥ-historicisation (voir

 

3.4.3.1, 

Caractティre 

ex nihilo

 et dテゥsyncrテゥtisation

) et les baignoires 

d窶僊rchimティde (voir 

Annexe, fiche pテゥdagogique 窶 les psychomテゥdecines

) : prテゥsenter les hypothティses sans les 

contextualiser ou retracer l窶冑istoire de leur controverse amティne テ la crテゥation de mythes 
scientifiques qu窶儖rtoli et Witkowski (1998) ont appelテゥ les 

baignoires d窶僊rchimティde

, ces mythes dont 

la vulgarisation scientifique se nourrit, entre les meubles de Palissy, le serpent de Kekulテゥ, la 
pomme de Newton, le Nombre d'Or窶ヲ.  
Shermer enfonce le clou :  

ツォ The scientific community cannot be expected to test every fantastic claim that comes 
along, especially when so many are logically inconsistent. If you want to do science, you 
have to learn to play the game of science. This involves getting to know the scientists in 
your field, exchanging data and ideas with colleagues informally, and formally presenting 
results in conference papers, peer-reviewed journals, books, and the like ツサ 

(ibid.

). 

Conclusion qui rejoint celle sur l窶僮CB. 
 

1.2.11

 

La grille de mots croisテゥs de Susan Haack 

Autre maniティre d窶册xpliquer ce scepticisme raisonnable qui, parce qu窶冓l refuse de se pencher sur 
certains sujets, n窶册n est pas pour autant du pseudo-scepticisme truzzien : la mテゥtaphore de Haack, 
posant la recherche scientifique comme une immense grille de mots croisテゥs. Vouloir imposer un 
phテゥnomティne nouveau et incongru dans le paysage scientifique connu revient テ forcer un mot dans 
une grille dテゥjテ en partie remplie. Cela impose de changer les entrテゥes qui croisaient ce mot 
auparavant, et ceci a un coテサt qui ne peut テェtre payテゥ que par un statut de preuve suffisant. Cette 
mテゥtaphore vaut une reproduction presque 

in extenso 

ツォ Reprテゥsentez-vous un scientifique comme quelqu窶冰n qui travaille sur sa section dans une 
テゥnorme grille de mots croisテゥs : s窶兮ppuyant sur l窶冓nformation dont il dispose, il devine la 
rテゥponse, vテゥrifiant encore et encore si celle-ci concorde avec l窶冓ndice et les entrテゥes dテゥjテ 
complテゥtテゥes qui la croisent et si ces derniティres concordent aussi avec leurs indices de mテェme 
que les autres entrテゥes, soupesant la probabilitテゥ que certaines de celles-ci soient erronテゥes, 
puis essayant de nouvelles entrテゥes テ la lumiティre de celle-lテ, et ainsi de suite. La grille est en 
grande partie vide, mais beaucoup d窶册ntrテゥes sont dテゥjテ complテゥtテゥes, certaines テ l窶册ncre quasi 
indテゥlテゥbile, d窶兮utres テ l窶册ncre ordinaire, d窶兮utres encore au crayon plus ou moins appuyテゥ, au 
point parfois de s窶册ffacer. Certaines sont en anglais, d窶兮utres en swahili, en flamand, en 
espテゥranto, etc., etc. Dans certaines sections, plusieurs longues entrテゥes ont テゥtテゥ テゥcrites テ 

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46

 

l窶册ncre d窶冰ne main ferme ; ailleurs, il y en a peu ou pas. Certaines entrテゥes ont テゥtテゥ complテゥtテゥes 
des centaines d窶兮nnテゥes auparavant par des scientifiques morts depuis longtemps, d窶兮utres la 
semaine derniティre. テ certaines テゥpoques, en certains lieux, sous peine de renvoi ou pire 
encore, seuls les mots du novlangue peuvent テェtre utilisテゥs ; ailleurs, des pressions s窶册xercent 
pour que telles entrテゥes soient remplies d窶冰ne certaine faテァon テ l窶册xclusion d窶冰ne autre, ou 
pour qu窶冩n se penche sur une section complティtement vide plutテエt que de travailler sur une 
partie plus facile et dテゥjテ partiellement remplie 窶 ou pour qu窶冩n ne travaille pas du tout sur 
certaines sections. Des テゥquipes rivales se querellent au sujet de certaines entrテゥes, les 
repassant au crayon ou mテェme テ l窶册ncre puis gommant tout, peut-テェtre dans une douzaine de 
langues et dans un dテゥlai dテゥterminテゥ. D窶兮utres テゥquipes coopティrent en vue de mettre au point 
une procテゥdure pour dテゥbiter toutes les anagrammes d窶冰n indice long comme un chapitre ou 
un appareil capable d窶兮grandir un indice si minuscule qu窶冓l en est illisible, ou elles veulent 
lancer un appel aux テゥquipes travaillant sur d窶兮utres parties de la grille afin de voir si elles 
n窶兮uraient pas quelque chose qui puisse テェtre adaptテゥ ou pour demander si elles sont bien 
sテサres qu窶冓l faut mettre un ツォ s ツサ ici. Quelqu窶冰n prテゥtend avoir remarquテゥ un dテゥtail dans tel ou 
tel indice que personne n窶兮 jamais vu ; d窶兮utres conテァoivent des tests pour vテゥrifier si celui-ci 
est un observateur particuliティrement talentueux ou s窶冓l imagine des choses ; d窶兮utres encore 
travaillent pour mettre au point des instruments afin d窶凉 voir de plus prティs. De temps en 
temps, des accusations sont portテゥes au sujet d窶冓ndices qu窶冩n aurait altテゥrテゥs ou de cases qu窶冩n 
aurait noircies. Parfois, on entend ceux qui travaillent sur une partie de la grille se plaindre 
que leur point de vue sur ce qui se fait ailleurs n窶册st pas pris en compte. Ici et lテ, une longue 
entrテゥe, qui en croise de nombreuses autres, est effacテゥe par un groupe de jeunes Turcs qui 
affirment avec insistance que cette partie de la grille doit テェtre refaite, et en turc cette fois, 
naturellement ; d窶兮utres encore tentent, lettre テ lettre, de voir si le gallois original ne pourrait 
pas テェtre prテゥservテゥ窶ヲ Je ne cherche pas ici テ vous refiler une mテゥtaphore en guise d窶兮rgument. 
Mais je cherche テ suggテゥrer, par cette histoire de mots croisテゥs, que la quテェte scientifique est 
plus brouillonne, moins mテゥthodique que les vieux dテゥfテゥrencialistes ne l窶冓maginent, et 
pourtant davantage contrainte par les テゥlテゥments de preuve que ne le pensent les nouveaux 
cyniques. (窶ヲ)ツサ (Haack 2003). 

 
Trois petites maximes, que Broch (

ouv.citテゥ

, p. 179) appelle des ツォ facettes ツサ, rテゥsument assez bien les 

points importants de cette mテゥtaphore :  

-

 

Une allテゥgation extra-ordinaire nテゥcessite une preuve plus qu'ordinaire

-

 

L窶兮nomalie n窶册st pas un fondement

, au sens oテケ il faut s窶兮ffranchir des artテゥfacts ou des 

anomalies statistiques. 

-

 

Attention au curseur vraisemblance 

(relatif テ un outil que nous aborderons plus loin

 

et qui 

permet un dテゥbut de dichotomie efficace, voir 2.4.1 Curseur Vraisemblance, in 

Isolement 

ou incommensurabilitテゥ

).  

 

1.2.12

 

Le monisme mテゥthodologique  

テ la dテゥfinition de la science qui nous prテゥoccupe, il nous faut prテゥciser que la dテゥmarche scientifique 
ne se limite pas aux sciences dites ツォ de la nature ツサ.  
Sokal le dit pour nous :  

(窶ヲ) je souligne que le terme ツォ science ツサ, au sens oテケ je l窶册mploie, ne se limite pas aux 
sciences de la nature, il inclut toute recherche visant テ acquテゥrir un savoir exact de 

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47 

 

phテゥnomティnes factuels se rapportant テ n窶冓mporte quel aspect du monde en utilisant des 
mテゥthodes rationnelles et empiriques analogues テ celles des sciences de la nature (NdA : je 
souligne la limitation aux phテゥnomティnes factuels. J窶册xclus donc dテゥlibテゥrテゥment de mon champ 
d窶凖ゥtude les questions d窶凖ゥthique, d窶册sthテゥtique, de fins ultimes, etc.). La pratique de la ツォ 
science ツサ au sens oテケ je l窶册ntends est donc commune non seulement aux physiciens, aux 
chimistes et aux biologistes, mais aussi aux historiens, aux dテゥtectives, aux plombiers, et テ 
tous les テェtres humains dans certains aspects de leur vie quotidienne ツサ (Sokal, ouv.citテゥ, pp. 
42-3 ; voir aussi Haack 2000, pp. 96-7).  

Il emprunte ainsi cette remarque de la philosophe Haack :  

ツォ [...] il n窶凉 a pas de raison de penser que [la science] soit en possession d窶冰ne mテゥthode de 
recherche spテゥciale qui ne soit pas テ la disposition des historiens, ou des dテゥtectives, ou du 
commun des mortels ツサ. (Haack 1993, p. 137) 

Ces remarques sont fondamentales pour battre en brティche l窶凖ゥternel dテゥbat gテゥnテゥralement stテゥrile 
entre les Humanitテゥs et les Sciences Expテゥrimentales. Il ne s窶兮git pas, comme il est souvent dテゥclarテゥ 
lors d窶兮ttaques anti-rテゥductionnistes, de prテエner une dテゥmarche ツォ mテゥtaphysique matテゥrialiste ツサ, un 
ツォ catテゥchisme scientiste ツサ (Mテゥheust 2004)

48

 ou un ツォ rテゥductionnisme テ outrance ツサ

49

 postulant que le 

ツォ plat pays ツサ par exemple est rテゥsumable テ la somme de l窶兮nalyse des propriテゥtテゥs des composants de 
Jacques Brel, mais de tテゥmoigner d窶冰ne convergence de moyens et de mテゥthodes, ce quel que soit 
l窶冩bjet considテゥrテゥ. Prテゥcisons d窶兮illeurs qu窶冰ne bonne part du rejet anti-rテゥductionniste simpliste 
prend sa source dans un refus d窶兮nalyse mテゥthodologique de certains champs humains qui 
s窶兮pparente moins テ de l窶凖ゥpistテゥmologie qu窶凖 de la pudibonderie. De mテェme qu窶冓l semble 
inconcevable pour une majoritテゥ d窶冓ndividus d窶冓ntテゥgrer qu窶僊. Hitler eut pu テェtre un jour aimable ou 
sensible, il semble outrancier pour une frange des chercheurs en sciences humaines de considテゥrer 
l窶僣umain et certaines de ses caractテゥristiques comme un objet parmi d窶兮utres.  
Bricmont pointait bien avant nous cette resucテゥe molle de spiritualisme :  

ツォ Il faut souligner que certains secteurs des sciences humaines sont dominテゥs par l窶冓dテゥe que 
l窶兌H]omme  est  テ  ce  point  diffテゥrent  du  reste  de  la  nature  que  seules  des  mテゥthodes 
radicalement non scientifiques peuvent permettre de le comprendre (ce qui est liテゥ テ 
l窶册xtraordinaire rテゥsistance offerte par ces mテェmes secteurs face テ toute approche biologique 
de l窶凖ェtre humain, du moins lorsqu窶冓l s窶兮git de la psychologie et de la sociテゥtテゥ, c窶册st-テ-dire de 
l窶凖ゥtude de l窶兌h]omme au-dessus du cou) ツサ

 50

. (Bricmont 2001b.). 

Chomsky encourage テゥgalement テ une mテゥthodologie semblable, autant sur les sujets de 
connaissances que sur les questions politiques.  

ツォ Il est テゥgalement vrai que la ツォ raison sテゥpare le 窶徨テゥel窶 (ou le 窶彡onnaissable窶) de ce qui n窶册st 
pas 窶徨テゥel窶 ツサ, ou du moins tente-t-elle de le faire (sans nテゥcessairement, d窶兮illeurs, identifier le 
rテゥel au rationnel). Mais c窶册st encore un ツォ dテゥfaut ツサ テ porter テ son crテゥdit. Pour ma part, 
j窶册ssaye de pratiquer cette distinction, aussi bien lorsque j窶凖ゥtudie des questions difficiles 窶
comme par exemple les origines de la connaissance, que lorsque j窶兮borde des problティmes 
plus simples 窶 tels que les manナ砥vres de la politique extテゥrieure des テ液ats-Unis. 

                                                 

48

 Cette expression est de Mテゥheust ツォ catテゥchisme scientiste qu窶冩n aurait pu テゥcrire en 1890 ツサ. テ propos de Broch, 

Charpak, Radio Ici & Maintenant! ! 

20 juin 2004

 r

etranscrite ici :  

http://rimarchives.free.fr/DdP-CHARPAK-Meheust-MTB-200604.pdf

  

49

 Le terme de ツォ mテゥtaphysique matテゥrialiste ツサ est un oxymore de fait. Ce genre de dテゥnonciation a eu cours chez Atlan, 

qui tenta dans 

テ tort ou テ raison

 (1986) de distinguer 

rテゥductionnisme fort

 et 

rテゥductionnisme faible

, l窶冰n dit de thテゥorie, l窶兮utre 

dit de mテゥthode, en y intercalant la notion d窶凖ゥmergence. Voir sur ce point Athanテゥ, Guinet, Silberstein, 

Emergence et 

rテゥduction

 (2007). 

50

 Nous avons simplement ajoutテゥ un H テ homme, par anti-sexisme lexical. 

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48

 

Dans ce dernier cas, par exemple, j窶册ssaye (et j窶册ngage vivement d窶兮utres テ essayer) de faire 
la diffテゥrence entre les facteurs rテゥellement opテゥratoires de cette politique et les histoires 
fabriquテゥes de toutes piティces dans l窶冓ntテゥrテェt du gouvernement. Si c窶册st une erreur, alors je 
plaide coupable, mais j窶兮ggraverai ma faute en incitant mes semblables テ se tromper de 
mテェme ツサ (Chomsky 1998, p. 55). 
 

Nous prenons bonne note. Nous promouvons donc l窶兮ssise テゥpistテゥmologique donnテゥe par 
Bricmont sous le nom de 

monisme mテゥthodologique

 :  

ツォ Le matテゥrialisme scientifique se rテゥduit sans doute テ cela : comprendre et dテゥfendre 
l窶兮pproche scientifique de la rテゥalitテゥ テ tous les niveaux, qu窶冓l s窶兮gisse des テゥtoiles, des animaux 
ou des hommes et de leur sociテゥtテゥs. Peut-テェtre faudrait-il parler de "monisme 
mテゥthodologique"ツサ (Bricmont, 

ouv.citテゥ

, p. 160)

51

 
Peut テェtre bien. Ce monisme mテゥthodologique se retrouve dテゥjテ chez Popper qui prテゥcisait que s'il y 
a bien plusieurs sciences, il n'y a qu'une seule maniティre de prテゥtendre テ la validitテゥ scientifique et une 
seule gamme de rテゥfutations d窶冰ne thテゥorie, quel que soit l窶冩bjet sur lequel elle porte, et qui 
reposerait sur trois bテゥquilles :  

-

 

le principe 

faillibiliste

, partant de l'hypothティse que tout テゥnoncテゥ est faillible et qu'aucune 

connaissance n'est dテゥfinitive ; 

-

 

le principe 

criticiste

, vantant le recours テ la critique permanente, les sciences progressant 

par テゥlimination des erreurs ;  

-

 

le principe 

falsificationniste

 窶 auquel nous prテゥfテゥrons le terme 

rテゥfutationnisme

 窶 , qui enjoint 

les thテゥories テ proposer les テゥlテゥments de leur propre rテゥfutation pour テゥviter leur 
incontradictibilitテゥ. 

 
Ce dernier principe popperien fera couler beaucoup d窶册ncre et de critiques, non seulement dans 
certains champs particuliers comme la psychanalyse

52

 mais sur le plan plus large d窶冰ne 

テゥpistテゥmologie complティte, les critティres de Popper ne permettant hテゥlas ni la corroboration des 
thテゥories, ni un tri efficace des thテゥories. En effet, le principe 

falsificationniste

 fonctionnant comme 

un tamis テ deux modes : mode large, tout passe, mode serrテゥ, il retient tout

53

.  

En guise de remarque, nous verrons plus loin qu窶冓l n窶册st pas nテゥcessaire qu窶冰ne thテゥorie soit vraie 
pour テェtre scientifique, et qu窶冰ne thテゥorie fausse n窶册st pas forcテゥment pseudoscientifique.  

ツォ La distinction entre science et pseudoscience ne concerne pas leur objet, mais bien plutテエt 
la mテゥthode employテゥe et la fiabilitテゥ du savoir (ou du prテゥtendu savoir) obtenu ツサ (Sokal, 

ouv.citテゥ, 

p. 43). 

 

                                                 

51

 Prテゥcision : il ne faut pas confondre cette notion avec le monisme mテゥthodologique de Quine, dテゥveloppテゥ dans 

Les 

deux dogmes de l'empirisme

, W. V. Quine, 

Les deux dogmes de l'empirisme

Du point de vue logique : Neuf essais logico-philosophiques

 

(2004). 

52

 La controverse Popper-Grテシnbaum est テ ce titre un cas d窶凖ゥcole. Voir une introduction intテゥressante chez Van Den 

Reysen, 

Adolf Grunbaum contre Karl R. Popper, au sujet de la rテゥfutabilitテゥ de la psychanalyse

 (un trティs bref aperテァu de la 

controverse)disponible ici : 

http://vdrp.chez-alice.fr/Popper_Grunbaum.html

  

53

 Tout comme nous l窶兮vons dit dans l窶冰ne des notes prテゥcテゥdentes, il faudrait pour テェtre complet discuter des thテゥories 

de Quine, ce dont nous n窶兮vons ni la capacitテゥ, ni l窶冓ntテゥrテェt dans le cadre de ce travail. 

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49 

 

1.3

 

Cadre philosophique 

 
D窶冰ne maniティre plus gテゥnテゥrale, il est nテゥcessaire, mテェme briティvement, de parler un peu des prテゥrequis 
philosophiques qui animent notre dテゥmarche. 
 

1.3.1

 

Le matテゥrialisme 

Nous ne pourrons hテゥlas donner un aperテァu, mテェme fragmentaire, de l窶凖ゥtendue des rテゥflexions sur 
le(s) matテゥrialisme(s). La premiティre synthティse grand public franテァaise fut rテゥalisテゥe en 2004 et compte テ 
peine moins de 800 pages, en petite police (Dubessy 

& al

 2004).  

Ce n窶册st de toute faテァon pas notre propos. Nous avons tentテゥ de trouver des stratテゥgies pour faire 
saisir aux テゥtudiants en quoi une dテゥmarche matテゥrialiste テゥtait une condition 

sine qua none

 de la 

science, et un principe heuristique nテゥcessaire, au nom de la menace de Bunge :  

ツォ Les scientifiques qui ne mettent pas テ jour leur philosophie contaminent leur science avec 
des philosophie moribondes ツサ (Bunge 2003, p.465).  

Et si, comme l窶冓ntroduction du livre 

Les Matテゥrialismes (et leurs dテゥtracteurs)

 nous le susurre, nous 

sommes effectivement sur un bateau de Neurath, 窶 c'est-テ-dire en pleine mer ツォ 

dans l窶冓ncapacitテゥ de 

nous placer en cale sティche (le lieu d窶冩テケ il serait possible de fonder la science ab initio) tout en テゥtant sans cesse dans la 
contrainte de rテゥparer l窶册mbarcation, de l窶兮mテゥliorer, avec les matテゥriaux disponibles, en les reconfigurant au mieux, 
compte tenu des moyens et des besoins 

ツサ (Dubessy 

& al.

 ouv.citテゥ, pp.6-7 ; Neurath 1985)

54

 窶 nous 

devons rendre accessibles simplement nos fondations ontologiques que sont les principes 
matテゥrialistes, et les matテゥriaux d窶兮ssemblage qu窶兮pporte le rationalisme. 
Voici les points principaux que nous prテゥsentons aux テゥtudiants, et qui nous sont nテゥcessaires pour 
poser les fondements de notre thティse.  
 

1.3.2

 

Tout ce qui est rテゥel est matiティre (quel que soit son degrテゥ 

d窶冩rganisation) 

ツォ Le matテゥrialisme est (窶ヲ) une doctrine ontologique stipulant que les entitテゥs existantes, 

constitutives du monde, sont matテゥrielles, ou, autrement dit, qu窶冓l n窶册xiste pas d窶册ntitテゥs 
immatテゥrielles en tant que constituants ツサ. (Dubessy 

& al.

ouv.citテゥ

, introduction)

55

 

Dans l窶兮bsolu, il s窶兮git d窶冰n axiome, c'est-テ-dire qu窶册lle est non prouvable en soi. Mais c窶册st un 
axiome de pragmatisme, au sens oテケ, comme le prテゥcise Dubessy 

& al

.,  

ツォ Aucune expテゥrience digne de ce nom n窶兮 jamais montrテゥ l窶册xistence de telles entitテゥs 
immatテゥrielles et aucune thテゥorie ne semble pouvoir en rendre compte de faテァon intテゥressante 
en terme de cohテゥrence, de parcimonie, ou de protocoles expテゥrimentaux (窶ヲ) ツサ.  

Le progrティs des neurosciences lui-mテェme tend テ confirmer le matテゥrialisme mテェme au cナ砥r de 

                                                 

54

 Dans Dubessy 

& al

., Introduction, note 4. ツォ Il n窶凉 a aucun moyen pour faire 

テゥnoncテゥs protocolaires parfaitement 

assurテゥs et propres le point de dテゥpart des sciences. Il n窶册xiste pas de 

tabula rasa

. Nous sommes comme des marins qui 

doivent reconstruire leur navire au grand large, sans jamais pouvoir le dテゥcomposer en cale sティche, afin de le 
reconstruire テ partir des meilleurs composants ツサ, Neurath O., 

Enoncテゥs protocolaires

in

 Soulez A., 

Manifeste du Cercle de 

Vienne 

55

 

In 

Les Matテゥrialismes, 

Introduction

. Il va de soi que cette dテゥfinition est problテゥmatique si nous ne disposons pas d窶冰ne 

dテゥfinition de la matiティre elle-mテェme.  

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50

 

l窶册sprit humain. Si le travail de distinction 

acte de foi

 / 

remport d窶兮dhテゥsion

 a テゥtテゥ bien menテゥ (

voir 

2.1.1 

Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ

) il est alors aisテゥ d窶兮ider l窶兮pprenant テ renvoyer ses 

croyances en des entitテゥs immatテゥrielles vers la catテゥgorie de l窶兮cte de foi, donc 

de facto

 non 

analysables par la science. Le choix du matテゥrialisme s窶冓mpose alors presque aisテゥment dans l窶册sprit 
des テゥtudiants

56

. Et nous pourrions テ la rigueur utiliser cet aphorisme de Wilde sans soulever le 

courroux : ツォ 

Une religion meurt quand il est prouvテゥ qu窶册lle テゥtait vraie. La science est le recueil des religions 

dテゥfuntes

.ツサ  

Quant aux rares contestations de ce matテゥrialisme, elles portent essentiellement sur des objets 
ツォ sacrテゥs ツサ comme la pensテゥe ou les sentiments socio-construits 窶 comme l窶兮mour. Ce sont nous 
semble-t-il des reliquats tristement logiques de la philosophie chrテゥtienne, dualiste, sテゥparant corps 
et テ「me. Pourtant ce dualisme est ツォ 

fondamentalement antiscientifique

 ツサ, テゥcrit Dennett (Dennett 1993, 

pp. 54-5)

57

, puisqu窶冓l sape l窶册ntreprise scientifique. Nous utilisons alors l窶兮nalogie qui sert de titre 

au paragraphe suivant. 
 

1.3.3

 

La pensテゥe est au cerveau ce que la contraction est au muscle 

Cette analogie est redoutablement efficace テ ce stade-lテ de l窶兮pprentissage. Nous la devons テ 
Deleporte

58

 et signifie que ツォ 

les entitテゥs telles que les symboles, les idテゥes, les pensテゥes sont occurrentes si et 

seulement si un substrat matテゥriel leur prテゥexiste

. ツサ (Dubessy 

& al, ouv.citテゥ

, p. 10). 

Une fois ce stade atteint, les テゥlテゥments de notre cadre テゥpistテゥmologique trouvent leur cadre 
ontologique. Pour paraphraser Bunge et Bricmont, le matテゥrialisme est effectif s窶冓l est moniste 
(une et une seule ツォ substance ツサ, ce qui rテゥsout la pudibonderie テゥvoquテゥe plus haut qui tend テ 
extraire l窶僣umain et sa pensテゥe du cadre mテゥthodologique scientifique), rテゥaliste (ce qui est matテゥriel 
est rテゥel, ce qui est rテゥel est matテゥriel) (Quiniou, 

in 

Dubessy 

& al, ouv.citテゥ

, pp. 41-60), et scientifique. 

Pour complexe qu窶册lle soit, cette ontologie matテゥrialiste est nテゥcessaire pour notre entreprise, car 
elle est le garde-fou des intrusions spiritualistes en science. 
 

1.3.4

 

Le 

comment

 relティve de la science, le 

pourquoi

 vous appartient 

D窶冰ne maniティre pテゥdagogique sommaire, nous insistons sur le fait que la science ne sait que dテゥcrire 
des phテゥnomティnes, les mettre en relation et les rendre prテゥvisibles, mais n窶兮 en aucune faテァon pour 
dessein de dテゥcrire le ツォ pourquoi ツサ des choses : pourquoi le monde existe, pourquoi deux masses 
s窶兮ttirent, sont des questions qui rejoignent la question du ツォ sens ツサ (voir plus haut) et relティvent de 
la mテゥtaphysique, donc d窶册ntitテゥs de pensテゥe non matテゥrielles. La science tente de rテゥpondre aux 
ツォ comments ツサ et a dテゥjテ beaucoup テ faire, le ツォ pourquoi ツサ, question intテゥressante au demeurant, 
テゥtant laissテゥ テ discrテゥtion de chacun faute d窶冩util pour l窶兮nalyser

59

.  

 
                                                 

56

 Sauf テ recycler des lieux communs comme le fit Koestler, en disant dans 

Janus

 que ツォ le modティle d窶冑orlogerie 

universelle conテァu par la science du XXe siティcle agonise et, puisque les physiciens ont dテゥmatテゥrialisテゥ mテェme le concept 

de matiティre, le matテゥrialisme ne peut plus prテゥtendre テェtre une philosophie scientifique ツサ (Koestler, 1978, p. 250). Nous 
remarquons que des gens comme Yayah, l窶兮uteur de ツォ l窶僊tlas de la crテゥation ツサ offert テ toutes les テゥcoles publiques en 

2006, reprennent cette phrase de Koestler et s窶册n dテゥlectent.  

http://www.harunyahya.fr/articles/article07_materialisme.php

  

57

 Dennett, grand dテゥconstructeur du POMO, テゥcrit entre autres qu窶卍ォ 

accepter le dualisme, c窶册st renoncer

 ツサ.  

58

 Deleporte P., 

Les limites de la science

, 1 juin 2006, Confテゥrence donnテゥe テ l窶僞DISCE, Grenoble, dont la vidテゥo est en 

ligne ici : 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/doc.php?publication=1&ecritId=36#31mai06

 

59

 Nous gardons テ l窶册sprit cette remarque que l窶凖ゥcrivain M. Rio prテェte テ son hテゥros Malone : 

ツォ J窶兮i beaucoup de respect pour 

ces questions, mais beaucoup de mal avec les rテゥponses

 ツサ (de mテゥmoire, source perdue). 

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51 

 

 

Figure 11 : Hubert Reeves nous dit ツォ pourquoi ツサ en couverture de S&Av. Une analyse de ce numテゥro est 

disponible en Annexe 

窶 Fiche pテゥdagogique Nツー14: Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et Nouvel テHe 

 
Pourtant, le crテゥneau est propice テ la notoriテゥtテゥ, 窶 ce qu窶兮 bien saisi Hubert Reeves, figure 
paternaliste et patriarcale テゥrigテゥe en expert テ l窶兮une des couvertures mテゥdiatiques qu窶冓l remplit 
(figure 9). Son physique, calibrテゥ pour coller テ l窶冓mage du rassurant savant bonhomme, incarne 
l窶兮strophysique en France ; on le tutoie pour lui demander le 

pourquoi

 des choses lテ oテケ le 

comment

 

serait suffisant, en un dテゥbut de chevauchement science - spiritualitテゥ trティs dテゥmagogique et souvent 
tendancieux (voir 4.3.2.13 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias

). L窶冓dテゥe que cela ne soit dテサ qu窶凖 

une construction mテゥdiatique s窶凖ゥvapore lorsqu窶冩n lit ses ouvrages qui recyclent des lectures 
spiritualisantes plaisantes, et qu窶冩n regarde ses terrains d窶册xpression, notamment certains 
colloques oテケ il se retrouve en compagnie de concordistes cテゥlティbres. Derniティre consテゥquence : il 
occulte tous les autres astrophysiciens dans les mテゥdias 窶 テ l窶册xception de Xuan Thuan, hテゥlas 
figure notoire de l窶儷IP (voir 4.3.2 

Arguments d窶兮utoritテゥ

).  

Effectivement, la distinction pourquoi / comment n窶册st pas formelle, mais elle prテゥmunit contre 
des lectures mテゥtaphysiques des phテゥnomティnes. L窶冰ne de nos premiティres diapositives de 
l窶册nseignement ツォ Zテゥtテゥtique & Approche scientifique du 

paranormal

 ツサ le prテゥsente : le 

pourquoi

, le 

ツォ sens ツサ des maladies, le ツォ dessein ツサ de l窶凖ゥvolution, tout comme la transcendance des religions, 
sont laissテゥs テ discrテゥtion des テゥtudiants puisque inanalysables par la dテゥmarche scientifique. 
 
Ce n窶册st que lorsqu窶兮u nom de la science il y a tentative de faire ツォ sens ツサ テ partir d窶冰n phテゥnomティne 
prテゥtendu miraculeux ou d窶冰n contre-exemple prテゥsumテゥ テ la thテゥorie de l窶凖ゥvolution que le paravent 
matテゥrialiste est nテゥcessaire. Car si sens, dessein intelligent, finalisme il y a, il y a volontテゥ 
immanente, et donc entitテゥ non matテゥrielle, ce qui nous arrache brutalement テ la sphティre des 
sciences (voir 2.4.2 

Invocation abusive 

d窶冑ypothティses). Dans le cadre d窶冰ne confrontation aux 

phテゥnomティnes rテゥputテゥs テゥtranges ou para-normaux, une ascティse matテゥrialiste nous prテゥmunit contre les 
lectures spiritualistes du monde encouragテゥes par ces phテゥnomティnes 窶 qui sont d窶兮illeurs parfois 
crテゥes テ cette fin, les pseudo-miracles de Mティre Teresa ou plus rテゥcemment de Jean-Paul II servant 
entre autres テ cela (Hitchens 1995)

ntermezzo : le 

                                                 

60

 Sur les miracles de Mティre Teresa, lire Hitchens, 

Le mythe de mティre Teresa, ou comment devenir une sainte grテ「ce テ un bon plan 

mテゥdiatique

 (1995). Sur Le miracle de Jean-Paul 2, on relティvera la doucereuse leテァon de sテゥmantique de l窶凖ゥglise catholique 

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52

 

champ du 窶湾aranormal窶

). 

Tout comme la dテゥmarche zテゥtテゥtique qui en est un bras outillテゥ, le matテゥrialisme est faiblement 
prescriptif au sens oテケ il n窶冓ndique que les entitテゥs dテサment テゥliminables, au regard des thテゥories 
robustes de la science en marche et non pas les entitテゥs テ rechercher :  

ツォ Alors que le spiritualisme oscille entre la prescription de rechercher les manifestations de 
ses entitテゥs les plus enfouies dans la ツォ surnature ツサ, comme les avatars de l窶册ntテゥlテゥchie ou de 
l窶册sprit, ou de les dテゥclarer inabordables テ tout processus de connaissance. ツサ (Dubessy 

& al. 

ouv.citテゥ

, p. 29). 

Le matテゥrialisme s窶冓mpose contre les spiritualismes car :  

ツォ Si le but qu窶冩n se fixe, en ontologie et en science, est de connaテョtre [alors] le spiritualisme 
et ses multiples formes affiliテゥes ne peuvent prテゥtendre テェtre des moyens de connaテョtre テ partir 
du moment oテケ ils stipulent des inconnaissables de principe, au nom d窶冰n mystティre 
primordial, c'est-テ-dire テゥchappant aux moyens rationnels et immanents de la juridiction du 
vrai, du faux, du possible, de l窶冓mpossible ツサ. (

Ibid.

Le scepticisme raisonnable que nous avons exposテゥ dテゥcoule directement du matテゥrialisme, au sens 
oテケ, comme le susurrait Wittgenstein, ツォ 

le doute ne peut exister que lテ oテケ il y a une question ; une question 

que lテ oテケ il y a une rテゥponse, et celle-ci que lテ oテケ quelque chose peut テェtre dit

 ツサ (Wittgenstein 1986, p. 105). Il 

ne signe pas la faillite des idテゥalismes spiritualistes, mais montre combien ces ツォ nihilismes 
テゥpistテゥmologiques ツサ sont :  

ツォ l窶冰ne des plus grandes faillites de la pensテゥe et l窶冓dテゥe que proposent certaines formes de 
spiritualisme selon laquelle la science est la voie d窶兮ccティs テ la preuve de l窶册xistence de Dieu 
n窶册st qu窶冰n leurre tactique ツサ (Dubessy 

& al. ouv.citテゥ

, pp. 30-1). 

 

1.3.5

 

La raison comme outil  

Nous entendons la raison comme la facultテゥ humaine dont la mise en ナ砥vre permet de fixer des 
critティres de justesse et d'erreur et de mettre en ナ砥vre des moyens adaptテゥs テ une fin donnテゥe. Elle 
se dテゥcoupe en plusieurs catテゥgories, comme le principe d窶冓dentitテゥ, du tiers exclus, de non-
contradiction et de causalitテゥ. 
Nos compテゥtences sont trop faibles pour entrer dans une large explication du recours テ la raison, 
et la bibliographie est consistante sur la question. Nous nous cantonnerons テ dテゥclarer notre 
entreprise zテゥtテゥtique rationaliste en tant que la raison est l窶冩util le plus puissant pour aborder et 
choisir les テゥnoncテゥs vraisemblables, surtout rapportテゥ aux autres maniティres de crテゥation de 
connaissance, comme les rテゥvテゥlations de la foi, l窶冓ntrospection, la tradition, la pensテゥe magique, etc.  
Broch rテゥsume la zテゥtテゥtique ainsi : ツォ 

Le droit au rテェve a pour pendant le devoir de vigilance

 ツサ. Cette vigilance, 

cette autodテゥfense intellectuelle est rationnelle, et dテゥpasse le cadre des pseudosciences. 
Sokal avance que :  

ツォ Si la croyance du grand public テ la voyance et テ d窶兮utres phテゥnomティnes du mテェme type me 
prテゥoccupe, c窶册st parce que je soupテァonne la crテゥdulitテゥ dans les domaines mineurs de prテゥparer 

                                                                                                                                                         

dans 

Libテゥration

 du 30 mars 2007 : ツォ 

Il faudrait [...] que ツォ le phテゥnomティne prodigieux examinテゥ soit inexplicable dans l窶凖ゥtat actuel des 

connaissances scientifiques, et qu窶冓l apparaisse en lien avec les priティres adressテゥes テ Dieu par l窶冓ntercession du Serviteur ou de la Servante de 
Dieu

 ツサ. Comment le dテゥmontre-t-on ? On ne le dテゥmontre pas : on y croit ou pas. ツォ 

Il est important de faire la distinction 

entre la guテゥrison et le miracle, qui relティve de la foi

 ツサ, explique Mgr Claude Feidt, archevテェque d窶僊ix-en-Provence et d窶僊rles. ツサ  

Pour une petite introduction, voir l窶凖ゥbauche de recherche balbutiante effectuテゥe par les テゥtudiants Chevallier 

& al.

Cours de zテゥtテゥtique, 2007

.

  

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53 

 

la crテゥdulitテゥ dans des domaines plus graves. テ l窶冓nverse, je me demande si le type d窶册sprit 
critique qui aide テ distinguer la science de la pseudoscience pourrait aussi s窶兮vテゥrer utile 
lorsqu窶冓l s窶兮git de distinguer la vテゥritテゥ du mensonge dans les affaires publiques 窶 je ne dis 
pas qu窶冓l s窶兮git d窶冰ne panacテゥe, absolument pas, mais que cela pourrait テェtre utile. ツサ (Sokal, 

ouv.citテゥ

)

61

 

Et nous avons trouvテゥ chez Chomsky l窶册ssentiel de ce que nous souhaitons exprimer sur ce point :  

ツォ Certaines rティgles du jeu me sont plus familiティres : celles de l窶冓nvestigation rationnelle. Elles 
ne sont pas toujours テゥvidentes et elles font l窶冩bjet d窶冓ncessants efforts de clarification ; mais, 
dans leur テゥtat actuel, elles me suffisent pour avancer et balayer un large champ. Ce qui 
semble テェtre en discussion ici est la question de savoir si nous devons nous conformer ou 
non テ ces rティgles (en essayant, comme nous le faisons, de les perfectionner). Si la rテゥponse est 
que nous devons faire avec, alors la discussion est close : nous reconnaissons implicitement 
la lテゥgitimitテゥ de l窶冓nvestigation rationnelle. Si la rテゥponse est que nous devons les abandonner, 
alors nous ne pouvons avancer avant d窶兮voir dテゥcouvert les principes susceptibles de 
remplacer la cohテゥrence, le respect des faits et autres notions surannテゥes. テ dテゥfaut de cela, 
nous en serons rテゥduits au cri primal ツサ (Chomsky, 

ouv.citテゥ

, p. 50). 

Quitte テ faire une pirouette stylistique, quand bien mテェme une autre mテゥthode d窶凖ゥnonciation 
d窶冑ypothティses se rテゥvテゥlerait efficace, テ quelle aune son efficacitテゥ serait-elle テゥvaluテゥe sinon テ l窶兮une de 
la raison ? Si quelqu窶冰n venait avec un autre ツォ systティme ツサ que le systティme rationnel (fantasme 
rテゥcurrent des discours orientalistes, vantant la spiritualitテゥ asiatique contre le rationalisme 
occidental), comment pourrait-il asseoir la force et l窶册fficacitテゥ de son systティme sinon en l窶凖ゥvaluant 
rationnellement ? Il s窶兮git pour ainsi dire du seul fiable de tous les gouvernails disponibles pour 
voguer avec le bateau de Neurath dans l窶冩cテゥan des phテゥnomティnes et des faits.  
 
Pourtant les sollicitations vers d窶

autres

 cadres de rationalitテゥ, ou mieux, en dehors de la rationalitテゥ 

ne manquent pas pour sテゥduire le grand public, depuis les charmes de type Nouvel テHe ou 
chamaniques

62

 dans les rayonnements des libraires jusqu窶兮ux tentatives テゥpistテゥmologiques de 

sabordage du frテェle esquif テ grands coups de hache anti-raison, qui occupent une bonne part des 
petits rayons 

Science

. Chomsky, encore, l窶册xprime d窶冰ne maniティre si drテエle que sa reproduction ne 

nous semble pas vaine :  

ツォ Poursuivant ma quテェte d窶冰ne aide dans la prise en charge des problティmes auxquels j窶兮i vouテゥ 
le plus clair de mon temps, j窶兮i lu que je devrais ツォ reconnaテョtre qu窶冓l y a des limites テ ce que 
nous pouvons savoir ツサ (chose dont la vieille tradition rationaliste m窶兮vait convaincu depuis 
longtemps) ; que je devrais ツォ dテゥpasser la rationalitテゥ panoptique ツサ (ce que je serais ravi de 
faire si je savais de quoi il s窶兮gissait) ; enfin, que je ne devrais pas ツォ faire entrer Dieu dans 
l窶冩rdre du connaissable ツサ (merci). Puisque ツォ il est maintenant テゥvident qu窶冰ne vision テゥtroite et 
superficielle de la rationalitテゥ a minテゥ de l窶冓ntテゥrieur la pensテゥe occidentale ツサ, je devrais ツォ 
adopter un nouveau systティme de notation qui tienne compte de la morale et de l窶冑istoire, 
dans le cadre d窶冰ne rationalitテゥ テゥtendue ツサ (merci encore). Je devrais m窶册n tenir テ des ツォ 
axiomes rテゥfutables ツサ, c窶册st-テ-dire テ des ツォ hypothティses ouvertes テ la discussion ツサ (テ moins qu窶冓l 

                                                 

61

 テ l窶兮ppui de cette idテゥe, Sokal cite toute une sテゥrie de sondages relatifs aux croyances des テゥtats-uniens, qui 

concernent des thティmes ツォ traditionnels ツサ, tels que l窶兮strologie ou le crテゥationnisme, mais aussi ce que l窶冩n pourrait 

appeler des ツォ croyances relatives テ des faits d窶兮ctualitテゥ ツサ, comme l窶册xistence de liens avテゥrテゥs entre Saddam Hussein et 
Al-Qaテッda ou l窶冓dテゥe que les troupes amテゥricaines auraient effectivement trouvテゥ des armes de destruction massive en 

Irak (Kindo, 2005). 

62

 Parmi les lectures qui nous bercティrent de leurs ツォ cadres de rationalitテゥ ツサ diffテゥrents, citons Castaneda, Rampa - 

Hoskins, Redfield, et les grands poncifs de la littテゥrature Nouvel テ「ge. 

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54

 

s窶兮gisse de se dテゥfaire de la plupart des axiomes de l窶兮rithmテゥtique, cette pratique est, que je 
sache, adoptテゥe spontanテゥment par la plupart des scientifiques).  
Je devrais テゥgalement suivre le chemin tracテゥ par ceux qui affirment que ツォ l窶冑omme, les 
animaux, les vテゥgテゥtaux et les minテゥraux partagent une conscience commune ; conscience qui 
est au coeur de toute pensテゥe comme de toute matiティre ツサ. Cette proposition, si j窶兮vais la 
moindre idテゥe de ce qu窶册lle signifie, devrait primer sur mes propres efforts pour 
comprendre, depuis tant d窶兮nnテゥes, ce que Hume nommait les ツォ ressorts secrets dont l窶册sprit 
humain est animテゥ dans ses opテゥrations ツサ. Je suis テゥgalement enjoint d窶兮ccepter l窶冓dテゥe que les 
nombres sont de simples constructions historiques et que le thテゥorティme d窶冓ncomplテゥtude de 
Goedel (

sic

) est le signe de notre impuissance conceptuelle, en ce XXe siティcle. 

Je devrais regarder ツォ la vテゥritテゥ ツサ, non pas comme ツォ une essence ツサ, mais comme ツォ une 
construction sociale (issue d窶冰n accord intersubjectif) qui ne fait sens qu窶凖 l窶冓ntテゥrieur d窶冰n 
rテゥcit. ツサ Je devrais テゥgalement reconnaテョtre que ツォ les conquテェtes de la science sont aussi de 
l窶冩rdre du rテゥcit et du mythe ツサ et que ツォ la physique moderne peut bien prテゥtendre テ plus de 
fondement et plus de rigueur que l窶兮strologie, vue sous cet angle, elle lui est テゥquivalente ツサ. 
Ces recommandations apportent effectivement une solution radicale テ mes problティmes et テ 
mes doutes. Si je ne peux que raconter des histoires sur des questions auxquelles je 
m窶兮ffronte depuis tant d窶兮nnテゥes, alors, en effet, ma vie se voit soulagテゥe d窶冰n certain poids ; 
cette faテァon de penser ayant ツォ tous les avantages du vol libre sur l窶冑onnテェte labeur ツサ, comme 
le disait Bertrand Russell dans un contexte similaire. ツサ (

Ibid

., p. 56-7). 

Le socle テゥpistテゥmologique commun de ces sollicitations sテゥditieuses anti-rationalistes est le 

relativisme cognitif 

adossテゥ テ la philosophie

 postmoderne

 (POMO).  

 

1.3.6

 

La chienlit du relativisme cognitif 

テ l窶冓nstar de Sokal & Bricmont, nous entendrons par ツォ relativisme ツサ toute philosophie qui prテゥtend 
que la validitテゥ d窶冰ne affirmation est relative テ un individu et/ou テ un groupe social (Sokal & 
Bricmont 1997, p. 53). 
Si l窶冩n peut distinguer plusieurs types de relativisme selon la nature de l窶凖ゥnoncテゥ, 窶 relativisme 
テゥthique, moral, esthテゥtique 窶 celui qui nous concerne est le relativisme cognitif. 
Comme Bricmont l窶凖ゥcrivit dans le 

Monde

 :  

ツォ Pour une bonne partie de l'intelligentsia amテゥricaine, la science est devenue un discours ou 
une "

narration

" parmi d'autres, qui ne nous donne pas une vision du monde plus objective 

que d'autres "

mythes

". C'est pourquoi Sokal commence son article en dテゥclarant que des 

テゥtudes d'histoire et de philosophie des sciences (Thomas Kuhn, Paul Feyerabend

63

, Bruno 

Latour et d'autres), ainsi que des critiques fテゥministes ont montrテゥ que la rテゥalitテゥ physique est 
au fond une construction linguistique et sociale, et que la connaissance scientifique, loin 
d'テェtre objective, reflティte les idテゥologies dominantes de la culture qui l'a produite. C'est 
テゥvidemment passテゥ comme une lettre テ la poste, parce que cette faテァon de parler est devenue 
extrテェmement courante. Pourtant, c'est insensテゥ : l'immense univers dans lequel nous nous 
trouvons n'existe ni pour nous, ni テ cause de nous. Evidemment, nos 

thテゥories scientifiques

 

sont, dans un sens, des constructions sociales. Mais elles sont basテゥes sur des arguments 
empiriques, ce qu'on oublie trop souvent. Comment peut-on soutenir sテゥrieusement qu'il n'y 

                                                 

63

 Feyerabend reste テゥvidemment l窶凖ゥpistテゥmologue relativiste le plus influent. Certains de ses テゥcrits ont un caractティre 

tragique : ツォ 

L窶冓dテゥe que la science peut, et doit, テェtre organisテゥe selon des rティgles fixes et universelles est テ la fois utopique et pernicieuse

 ツサ, 

Feyerabend, 

ouv.citテゥ

, p. 332.  

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55 

 

a aucune raison empirique de croire que le sang circule, que la Terre tourne ou que les 
espティces ont テゥvoluテゥ et que les controverses テ ce sujet ont テゥtテゥ closes, au moins en partie, 
parce que c'est ainsi que le monde est ? Et si ce n'est pas ce qu'on veut dire, n'est-il pas 
souhaitable de s'exprimer plus clairement ? ツサ (Bricmont, 14 janv. 1997, p. 15)

64

 

La question du relativisme cognitif a テゥtテゥ largement mieux traitテゥe que nous ne pourrons jamais le 
faire chez Sokal & Bricmont 1997, Bricmont 2001

abc

, Bouveresse 1998 et Sokal 2005. 

Remarquons que le scepticisme ツォ de faテァade ツサ des relativistes peut テェtre lui-mテェme pris テ son propre 
piティge : pour paraphraser Karhausen, il rテゥfute sa propre affirmation puisqu'il suppose que son 
pseudo-scepticisme est absolument vrai (Karhausen & Jacob 1999). 
 

1.3.7

 

La morgue du post-modernisme (POMO) 

La revendication du rationalisme sert テ mettre テ mal la philosophie Post-moderne (POMO) au 
sens donnテゥ par Bricmont & Sokal lors de l窶兮ffaire Sokal, du nom de cette mouvance qui tire 
partie des conclusions de la science moderne, de versions mal comprises de la thテゥorie de la 
relativitテゥ, de celle du chaos et de la mテゥcanique quantique notamment, pour parler pompeusement 
de l窶冓ndテゥtermination de la rテゥalitテゥ et son inaccessibilitテゥ テ notre totale comprテゥhension. La 
consテゥquence ? Conclure que toute connaissance est impossible en soi, et que tout exercice de la 
raison est vain. Ainsi, par l窶兮ssimilation de l窶册xercice de la raison テ un rationalisme tyrannique, 
voire テ une nouvelle religion, le POMO se veut conciliant, libertaire et interdisciplinaire, et 
l窶册xprime en allant faire feu de tout bois dans les concepts scientifiques : l窶冓ncomplテゥtude 
Gテカdelienne est-elle utile テ une lecture politique, on mテゥlange, la thテゥorie du chaos est-elle utile テ 
une lecture sociologique, on touille. Les consテゥquences sont de deux types : les scientifiques ne 
comprennent rien テ ce qu窶册st devenu leur concept ; et les collティgues de sciences humaines ne 
comprennent rien テ ce que dit leur collティgue, qui mテェle joyeusement nテゥvrose et nombres 
complexes, ou Chaos et politique sans aucune rigueur.  
C窶册st pour dテゥnoncer cela que Sokal entreprit son fameux canular, une publication dans une revue 
cotテゥe d窶冰n texte aussi abscons que creux, avec pour ambition de s窶兮ttaquer テ ツォla rテゥputation qu'ont 
ces textes d'テェtre difficiles parce que profonds ツサ. La conclusion est sans appel, et ツォ 

le roi est 

dテゥculottテゥ : s'ils sont incomprテゥhensibles, c'est pour la bonne raison qu'ils ne veulent rien dire

 ツサ, appuient les 

auteurs d窶

Impostures intellectuelles

. De rares philosophes applaudissent, comme Bouveresse, qui 

montre brillamment en quoi ces stratテゥgies langagiティres non seulement sont de la pensテゥe pauvrette, 
mais テゥgalement une maniティre d窶兮sseoir une autoritテゥ par l窶册mploi de termes scientifiques hors 
champ.  
On parle dテゥsormais d窶兮bus ou d窶冓mposture intellectuelle lorsqu窶冩n rencontre les caractテゥristiques 
suivantes, donnテゥes par Bricmont et Sokal (1997) :  

-

 

Parler abondamment de thテゥories scientifiques dont on n窶兮, au mieux, qu窶冰ne trティs vague idテゥe. Dans la 
plupart des cas, les auteurs visテゥs par ce travail ne font qu窶冰tiliser une terminologie scientifique (ou 
apparemment scientifique) sans trop se soucier de la vテゥritable signification des mots. 

-

 

Importer des notions de sciences exactes dans les sciences humaines sans donner la moindre justification 
empirique ou conceptuelle テ cette dテゥmarche. Un biologiste qui voudrait utiliser dans son domaine de 
recherche des notions テゥlテゥmentaires de topologie (telles que le tore), de la thテゥorie des ensembles ou encore de 
la gテゥomテゥtrie diffテゥrentielle, serait priテゥ de donner quelques explications. Une vague analogie ne serait pas 
prise trティs au sテゥrieux par ses collティgues. Ici, par contre, on apprend avec Lacan que la structure du 

                                                 

64

 Bricmont J., La vraie signification de l'affaire Sokal, 

Le Monde, 

14 janvier 1997, page 15.  

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56

 

nテゥvrosテゥ est exactement le tore, avec Kristeva que le langage poテゥtique relティve de la puissance du continu et 
avec Baudrillard que les guerres modernes se dテゥroulent dans un espace non-euclidien. 

-

 

Exhiber une テゥrudition superficielle en jetant sans vergogne des mots savants テ la tテェte du lecteur, dans un 
contexte oテケ ils n窶冩nt aucune pertinence. Le but est sans doute d窶冓mpressionner et surtout d窶冓ntimider le 
lecteur non scientifique. Certains commentateurs s窶凉 laissent d窶兮illeurs prendre : Roland Barthes fait 
l窶凖ゥloge de l窶册xactitude du travail de Kristeva et Le Monde admire l窶凖ゥrudition de Paul Virilio. 

-

 

Manipuler des phrases dテゥnuテゥes de sens et se livrer テ des jeux de mots. Il s窶兮git d窶冰ne vテゥritable 
intoxication verbale, combinテゥe テ une superbe indiffテゥrence pour la signification des termes utilisテゥs. 

Ces auteurs parlent avec une assurance que leur compテゥtence ne justifie nullement, prテゥcisent les 
auteurs. Jacques Lacan se vante d窶冰tiliser ツォ 

le plus rテゥcent dテゥveloppement de la topologie

 ツサ et Bruno Latour 

se demande s窶冓l n窶兮 pas appris quelque chose テ Einstein. Ils pensent sans doute pouvoir utiliser le 
prestige des sciences exactes pour donner un vernis de rigueur テ leur discours. De plus, ils 
semblent assurテゥs que personne ne remarquera leur usage abusif de concepts scientifiques (figure 
11).  

 
 
 
 

Figure 12 : Exemple de phrase absconse extraite de Virilio (1995, p. 26) citテゥ par Sokal & Bricmont, 

ouv.citテゥ

 p. 155 

C窶册st un magistral coup de balai dans de vieilles toiles d窶兮raignテゥe que proposent Sokal et 
Bricmont, qui en profitent pour dテゥnoncer le POMO comme mysticisme laテッque,  

ツォ mysticisme parce que le discours cherche テ produire des effets mentaux qui ne sont pas 
purement esthテゥtiques, tout en ne s窶兮dressant nullement テ la raison ; laテッque parce que les 
rテゥfテゥrences culturelles [...] n窶冩nt rien テ voir avec les religions traditionnelles et permettent 
d窶兮ttirer le lecteur moderne. ツサ (Sokal & Bricmont, 

ouv.citテゥ

, p. 39) 

 
La brティche ouverte amティne parfois des individus テ enfin ツォ lテ「cher ツサ la plume contre cet 
autoritarisme, comme Trigaux, qui テゥcrit dans 

La Recherche

 :  

ツォ Il n窶册st que des philosophes, ou bien parasites, les uns accrochテゥs テ la peau d窶冑istoriens ou 
de mathテゥmaticiens ou de biologistes, etc., qui se nourrissent des productions et des 
dテゥlicatesses テゥpistテゥmologiques de leurs disciplines, les autres infiltrテゥs dans les ナ砥vres de 
leurs congテゥnティres dテゥfunts, toujours trop obscures aux regards des mortels du commun, ou 
bien mouches vrombissantes dans les remous de l窶兮ctualitテゥ. ツサ (Trigaux 1998, p. 9) 

Il ne s窶兮git bien sテサr pas de condamner le transfert interdisciplinaire de concepts, ou le droit テ la 
mテゥtaphore 窶 comme cela a trop souvent テゥtテゥ dit, mテェme dans des bouches averties

65

Chomsky le dit lui aussi assez clairement :  

ツォ Mes yeux n窶冩nt cessテゥ de ツォ se faire vitreux ツサ au contact de discours oテケ il テゥtait question de 
post-structuralisme ou de postmodernisme. Le peu que j窶册n comprenais n窶凖ゥtait que truismes 
ou erreurs et ne reprテゥsentait qu窶冰ne faible part de ce qui テゥtait dit. Bien entendu, je ne 

                                                 

65

 Nous pensons bien sテサr テ Lテゥvy-Leblond, et テ la mollesse de ses rテゥponses テ l窶兮ffaire Sokal. Voir ses textes sur la 

revue de presse de P. Peccatte, 

http://peccatte.karefil.com/SBPresse/

  

ツォ On ne peut mieux dテゥcrire la logique macroscopique des techniques du TEMPS 
REEL de cette soudaine ツォ commutation tテゥlテゥtopique ツサ qui complティte et parachティve le 
caractティre jusqu窶冓ci fonciティrement ツォ topique ツサ de la Citテゥs des hommes ツサ 

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57 

 

prテゥtends pas tout comprendre en matiティre de discours. Quantitテゥ d窶冓dテゥes dテゥveloppテゥes dans 
des articles de mathテゥmatiques ou de physique, par exemple, m窶凖ゥchappent. Mais il y a une 
diffテゥrence entre les mathテゥmatiques et le postmodernisme. Dans le premier cas, je sais ce qui 
me fait dテゥfaut pour comprendre et je connais des personnes qui pourraient me donner des 
explications plus en rapport avec mon niveau. En y mettant les moyens, je peux donc 
espテゥrer gagner en comprテゥhension. Par contre, personne ne semble en mesure de 
m窶册xpliquer ce que le dernier post-ceci ou post-cela est, hormis un mテゥlange de truismes et 
d窶册rreurs emballテゥ dans un charabia indescriptible. Mais peut-テェtre est-ce lテ le fait d窶冰ne 
incompatibilitテゥ personnelle ou d窶冰ne sorte de surditテゥ sテゥlective ? Je ne pense pas que la 
question mテゥrite d窶凖ェtre soulevテゥe ici. ツサ (Chomsky, 

ouv.citテゥ

, pp. 55-6)  

En clair, la philosophie POMO encourage au rejet des valeurs intellectuelles des Lumiティres, au 
rang desquelles la clartテゥ, la rationalitテゥ, la cohテゥrence et la vraisemblance objective. En plus d窶凖ェtre 
incomprテゥhensible et creuse, elle est ツォ 

antiphilosophique, テゥtant entendu que la rationalitテゥ est une condition 

nテゥcessaire pour une philosophie authentique

 [...] ツサ (Bunge 2003).  

Pour rendre plus claire les enjeux, il nous est arrivテゥ de mettre en opposition POMO et la 
philosophie matテゥrialiste selon la mテゥtaphore suivante :  
 
 
 
 
 
Ce POMO n窶册st pas une vue de l窶册sprit. L窶冩uvrage 

Impostures intellectuelles

 dissテゥquant le canular 

sokalien テゥpingle des noms illustres, depuis Lacan, Kristeva, テ Deleuze et Guattari. Il fait 
converger vers le domaine des sciences (le champ du ツォ 

テァa marche

 ツサ, du ツォ 

テァa fonctionne

 ツサ, ツォ 

mais

 

si, je te 

jure 

ツサ) autant de thテゥories fumeuses, pseudoscientifiques, d窶冓mpostures et d窶册scroqueries 

intellectuelles que de charrettes d窶册nfants au pays des jouets dans 

Pinocchio 

de Collodi (2003, ch. 

33). Difficile pour 

lambda

 de ne pas s窶凉 perdre, et de ne pas voir au bout de quelques temps des 

oreilles d窶凖「ne lui pousser.  
On a ainsi vu Stengers faire front commun avec Mテゥheust, Kristen et Starhawk (Nathan, Ralet, 
Stengers 2002), ce qui nous confirme une certaine convergence de vue dans la lテゥgitimation 

relativisme cognitif 窶 mテゥtapsychique 窶 voyance 窶 pseudo-fテゥminisme essentialiste 窶 mysticisme New Age

. On a 

テゥgalement lu Stengers, dテゥcochant ses fragiles flティches anti-raison, parlant par exemple テ propos de 
la non-localitテゥ en mテゥcanique quantique d窶卍ォ 

opposition entre notre Occident mテゥcaniste, accrochテゥ テ ses 

explications, et la mystique orientale qui ツォ sait ツサ l窶冓nsテゥparabilitテゥ des choses

 ツサ (voir 4.4.4.8 

Pseudo-テゥpistテゥmologies 

anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-colonial

). Dualisme fort satisfaisant, assez primitiviste et rテゥducteur, 

comme si l窶儖ccident (dont les contours posent dテゥjテ problティme テ l窶册st au niveau de la Turquie), 
n窶兮vait pas sa cohorte de mystiques, et comme si l窶儖rient, perテァu comme un grand tout 
homogティne, rテゥparait les usines chinoises et les voitures japonaises par des procテゥdテゥs magiques issu 
de sa (au singulier) mystique (on relティvera ツォ LA mystique orientale ツサ, テ clouer au mテェme pilori que 
l窶冩rdre allemand, le romantisme franテァais, la sagesse chinoise et la paresse nティgre). 
Un certain nombre de sociologues joue sur cette fibre rテゥconciliatrice et dテゥmagogique. Le 
champion toutes catテゥgories est sans conteste Maffesoli qui ne se doute pas du nombre de 
thテゥrapies chamaniques, de techniques de dテゥveloppement personnel テ caractティre sectaire auquel 
son recours simpliste l窶卍ォ enrichissement de la raison ツサ par l窶冩nirisme et l窶冓maginaire fait la part 
belle. Non seulement l窶兮nalogie Dテゥesse/Raison est une resucテゥe simplette et caduque de 
Feyerabend, mais nous ne connaissons pas beaucoup de rationalistes estimant que l窶冓maginaire 

Lテ oテケ le matテゥrialisme indique trティs prテゥcisテゥment comment se rendre dans de simples petites 

chaumiティres en construction, le POMO propose de splendides chテ「teaux en Espagne, sans 

donner d窶冓ndication pour y aller - prテゥtextant que tout indication gテゥographique, tout panneau de 

signalisation est une contrainte intellectuelle (hテゥritテゥe du patriarcat, du colonialisme, de 

l窶冓mpテゥrialisme, etc.) 

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58

 

soit dangereux. Est bien plus catastrophique ce mテゥlange des genres, typiquement post-moderne 
au sens de Sokal et Bricmont

66

, dont les revues Nouvel テHe comme 

Nouvelles Clテゥs

 raffolent (figure 

12).  

 

Figure 13 : Extrait l窶冓nterview de M Maffesoli publiテゥe par la revue 

Nouvelles Clテゥs.

67

 

 
On a ainsi regardテゥ, confondant anarchiste et anarchique, Feyerabend tenter de dテゥfoncer le 
gouvernail de l窶册ntreprise scientifique et Stengers, Hottois

68

 ou Latour s窶册n prendre aux voiles 

avec les dents, sans qu窶兮ucun ne se rende compte qu窶冓ls vouaient le grand public テ la dテゥrive sans 
direction, sans aucun moyen intellectuel de trier entre une thテゥorie fausse et une thテゥorie vraie, 
entre plusieurs hypothティses scientifiques, entre plusieurs choix thテゥrapeutiques, en clair テ la merci 
d窶冰n certain nombre de rテゥcifs. Qu窶冓ls soient pseudoscientifiques ou politiques, ces rテゥcifs sont 
funestes pour qui n窶兮 plus de barre pour gouverner. Comment par exemple dテゥcrテゥdibiliser des 
reliques intellectuelles comme le racisme ou le fanatisme scripturaire, comment montrer que la 
guテゥrison par la priティre et la kinテゥsiologie ne fonctionnent pas, sans utiliser la raison ? Dテゥcrテゥdibiliser 
la raison, c窶册st non seulement se tirer une balle dans le pied, mais tirer une balle dans le pied des 
gens qui lisent.  
Bouveresse pointe le lien entre POMO et relativisme cognitif, au sens oテケ ツォ 

le relativisme cognitif 

autorise le manque de rigueur et, rテゥciproquement, une pensテゥe peu rigoureuse nテゥcessite l'ツォ aide ツサ du relativisme pour 
s'auto-justifier

 ツサ. Et Bricmont & Sokal (1999) de le citer :  

ツォ Si la science n'est, aprティs tout, qu'une espティce particuliティre de littテゥrature qui ne bテゥnテゥficie 
d'aucun privilティge spテゥcial par rapport aux autres [...], on ne voit pas ce qui pourrait empテェcher 
ses instruments les plus techniques de se prテェter sans rテゥsistance テ des manipulations et テ des 
dテゥformations littテゥraires de l'espティce la plus diverse ツサ (Bouveresse 1999, p. 40-41).  

                                                 

66

 Mテェme si le sens que donne Maffesoli テ ce terme est un soupテァon diffテゥrent. 

67

 L窶册xtrait encartテゥ est tirテゥ de Une sociテゥtテゥ テゥquilibrテゥe intティgre notre part d窶冩mbre, M. Maffesoli, entretien avec P. Van 

Eersel, 

Nouvelles Clテゥs

, en ligne ici 

http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=612

  

68

 Sur Stengers, voir Sokal & Bricmont 1997 mais aussi le rテゥcent Mulet-Marquis (2007) 

Postmodernisme antirationnel chez 

Isabelle Stengers

, p. 311 et sq. Une critique de l窶冩uvrage de Hottois 

La science entre valeurs modernes et postmodernitテゥ

, (2005) 

est テ paraテョtre sous la plume de Bienvenu P., Observatoire Zテゥtテゥtique. 

Nouvelles Clテゥs : Sociologue, professeur titulaire de la chaire テ盈ile Durkheim テ la Sorbonne, 
vous nous dites vous intテゥresser aux religions orientales... 

 

M. Maffesoli : Ce que je lis d窶册lles depuis deux ou trois ans me convainc qu窶冓l y a lテ de quoi 
complテゥter notre vision unilatテゥrale qui est somme toute - on revient toujours テ cette idテゥe - 
trop rationaliste. L窶冓magination, que Descartes ou Malebranche appellent la folle du logis, ne 
permet pas le bon fonctionnement de la dテゥesse Raison. Il y a une homologie entre les 
prophティtes luttant contre les icテエnes et la transcription philosophique qu窶册n fait le 
rationalisme : l窶冓mage, l窶冓magination, l窶冓maginaire sont dangereux. (

sic

) [...] l窶冓magination 

perturbe le bon fonctionnement du cerveau. La postmodernitテゥ me semble beaucoup plus 
incarnテゥe. Elle fait appel テ la raison sensible, qui ne fait pas plus abstraction de l窶册sprit que du 
corps. Il ne s窶兮git pas d窶兮bolir la raison mais de l窶册nrichir- ce que Fourrier appelait 
l窶冑yperrationalisme, qui consiste テ intテゥgrer dans la raison des paramティtres humains tels que 
l窶冩nirisme, le ludique, l窶冓maginaire. Il s窶兮git donc pour nous d窶冓ntテゥgrer non pas l窶冓rrationnel 
mais le non-rationnel, c窶册st-テ-dire quelque chose qui ne s窶冓nscrit pas dans le rationalisme 
occidental mais qui possティde cependant sa raison propre, interne. (窶ヲ) 

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59 

 

Le terreau postmoderne, par son infiltration dans les couches dites ツォ intellectuelles ツサ, a un impact 
considテゥrable sur la population. Les thティmes concordistes ont du succティs par leur caractティre pseudo-
libテゥral (rテゥconciliation science-religion, chamanisme 

 mテゥdecine scientifique, etc.) et entraテョnent 

avec eux l窶冓mmense gamme des intrusions spiritualistes en sciences, l窶僮ntelligent Design en tテェte, 
comme autant de chevaux de Troie :  

ツォ Entrer au cナ砥r de la science pour, ensuite, mieux la soumettre et en faire la servante d窶冰n 
projet  de  primautテゥ  de  la  foi  en  une  entitテゥ  surnaturelle, organisatrice de la nature. Nos 
modernes spiritualistes ou vitalistes, toujours en quテェte de l窶册ntテゥlテゥchie, (窶ヲ) mais ne 
parvenant pas テ nous apporter la preuve de l窶册xistence d窶冰ne telle entitテゥ, ou d窶冰n Dessein 
transcendant, se prテゥcipitent alors pour accumuler les cas oテケ la position matテゥrialiste 
(darwinienne, en biologie) est prise en dテゥfaut, sans se soucier de ce que la connaissance est 
dans une large mesure progressive et qu窶冓l est normal que tout systティme thテゥorique soit 
lacunaire. ツサ (Dubessy 

& al. ouv.citテゥ

, p. 28) 

 Le matテゥrialisme est un rempart efficace aux intrusions spiritualistes, mais il n窶册st pas sテゥduisant 
d窶冰n point de vue mテゥtaphysique, et pour cause. En outre, le niveau de connaissances nテゥcessaire 
pour en critiquer les fondements est テゥlevテゥ, voire trティs テゥlevテゥ. La seule solution que nous ayons 
trouvテゥ pour travailler pテゥdagogiquement ces questions est une approche ascendante : nous partons 
des connaissances basales et des lieux communs classiques de l窶冓ndividu 

lambda

, qui sont souvent 

la collection mosaテッque des impacts mテゥdiatiques scientifiques qu窶冓l a reテァus. Partir des 
revendications crテゥationnistes en France, ou des argumentaires tenus par les divers acteurs du 
CICNS (Centre d窶僮nformation et de Conseils des Nouvelles Spiritualitテゥs), sont un excellent 
support, tant elles paraissent encore saugrenues pour la plupart des テゥtudiants. En pointant 
l窶冓rrテゥductible antagonisme entre science et religion vantテゥ par Bricmont, et la distinction nテゥcessaire 
entre 

acte de foi

 et 

adhテゥsion 

(voir 2.1.1 

Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ

)  

Un travail de fond est engagテゥ, mテェme si, nous le verrons plus loin, l窶册sprit humain tend hテゥlas テ 
bricoler ses dissonances, ce quels que puissent テェtre les arguments, pour conserver ces 
mテゥtaphysiques aux oripeaux souvent fanテゥs et succomber aux sirティnes spiritualistes.  

 

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60

 

Note de fin de chapitre 

 
Pour anticiper certaines critiques sur l窶冓mmoralitテゥ matテゥrialiste, nous pensons テ la suite de Merton 
que la mテゥthode scientifique ne fonctionne pas dans un vide moral. On lit de ci de lテ que certains 
sujets devraient テェtre proscrits de la recherche scientifique parce que trop dangereux 窶 pensons 
aux relations gテゥnテゥtiques 窶 races ou appテゥtences sexuelles par exemple, qui signeraient le dテゥbut de 
dテゥrives eugテゥnistes. Connaテョtre au mieux ces relations ne conditionne en rien les directions 
politiques ou morales qui doivent テェtre prises. Au contraire, nous dテゥfendons l窶冓dテゥe que seul les 
choix テゥclairテゥs en toute connaissance de cause peuvent amener un individu douテゥ de raison テ tirer 
des consテゥquences morales de dテゥcouvertes scientifiques. Mテェme si l窶冩n montrait une quelconque 
responsabilitテゥ gテゥnテゥtique dans une tare donnテゥe, il resterait d窶兮bord テ considテゥrer ce que la sociテゥtテゥ 
concernテゥe entend moralement par tare avant d窶册ffectuer des choix rationnels sur ce sujet. La 
question du ツォ gティne homosexuel ツサ (qui est dテゥjテ une fausse question, aucun gティne ne pouvant en lui-
mテェme テェtre responsable d窶冰n comportement aussi complexe), outre qu窶册lle fait rire les テゥtudiants 
qui se demandent comment un gティne de l窶冑omosexualitテゥ se serait transmis, n窶兮 de raison d窶凖ェtre 
テゥvaluテゥ moralement que lorsqu窶冩n considティre l窶冑omosexualitテゥ comme une dテゥviance. Les travaux 
scientifiques de sociologues comme Becker sur la dテゥviance sont テゥclairants

69

, et de nombreux 

philosophes sauront dテゥfendre une pratique, comme ils furent capables de conduire テ la 
destruction d窶兮utres : l窶册sclavage par exemple est indテゥfendable rationnellement, ce quel que soit 
l窶凖ゥtat des donnテゥes sur les populations noires et blanches.  
Merton (1973) dit que la science a tout de mテェme des fondamentaux テゥthiques, au rang desquels il 
cite l窶冰niversalisme, le dテゥsintテゥressement, le communisme テゥpistテゥmique (le partage des mテゥthodes et 
des rテゥsultats) et le scepticisme organisテゥ

70

. Fondamentaux qu窶冩nt en commun des franges 

politiques qui ne sont pas des exemples d窶冓mmoralitテゥ.

                                                 

69

 Becker H., 

Outsiders

テゥtude sociologique de la dテゥviance

, 1985. 

70

 Les propos de Merton sont rapportテゥs par Bunge, 

La philosophie derriティre la pseudoscience

, 2006. Note : nous avons 

changテゥ  la  traduction  de 

communautarisme テゥpistテゥmique

 de J. Gunther en 

Communisme テゥpistテゥmique

, traduction directe de 

Bunge. Pour une rテゥflexion sur cette diffテゥrence pas si anodine que cela, voir Racca J-L., 

Communisme ou 

communautarisme ?

 Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー20, 2 fテゥvrier 2007. 

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61 

 

 
 

2

 

Science et pseudosciences 

 
Dans ce chapitre nous allons apporter quelques テゥlテゥments pテゥdagogiques permettant d窶冓ntroduire 
en douceur quelques critティres de distinction entre science et pseudoscience. Nous tenterons 
d窶兮ssortir le plus souvent possible des conseils aux enseignants souhaitant approcher ces thティmes 
en テゥvitant les difficultテゥs courantes sur ce type de sujet.  

2.1

 

Mises en garde prテゥalables 

2.1.1

 

Notion pテゥdagogique de ツォ remport d窶兮dhテゥsion ツサ 

Dans notre dテゥmarche zテゥtテゥtique, nous allons nous consacrer aux croyances de type 
pseudoscientifique, テ la maniティre de les apprテゥhender et テ quelques moyens de s窶册n servir テ des fins 
pテゥdagogiques. Pour cela, employer une lexicologie prテゥcise s窶兮vティre incontournable. Pourtant, 
premiティre constatation : la langue franテァaise ne permet pas de faire la distinction entre la croyance 
comme acte de foi (

faith

) et la croyance de type adhテゥsion (

belief

). Le recouvrement des deux 

acceptions du mテェme terme crテゥe ce que les zテゥtテゥticiens appellent un effet paillasson (voir 4.2 

Ips de 

type 1 窶 Ips lexicaux ou la gamme des effets paillasson

). 

Pour sortir de ce glissement sテゥmantique, nous avons proposテゥ la notion de remport d窶兮dhテゥsion, 
qui se rapproche de la dテゥfinition anglo-saxonne de 

rationnal belief

, c'est-テ-dire d窶冰ne croyance 

produite par une dテゥmarche d窶凖ゥnonciation de vテゥritテゥ susceptible d窶凖ェtre inflテゥchie par le 
raisonnement ou l窶册xpテゥrience. 
Nous appelons 

remport d窶兮dhテゥsion

 le mテゥcanisme complexe et multifactoriel qui amティne un individu テ 

penser que son adhテゥsion テ une thティse, une hypothティse ou テ une thテゥorie est mue par une chaテョne de 
raisonnements rationnels テゥtayテゥs par des faits, ce テ tort ou テ raison. Lorsque c窶册st テ tort, c'est-テ-
dire que cette adhテゥsion est de type simili-rationnelle, remportテゥe sur des critティres non suffisants ou 
sur la base d窶冰ne forte appテゥtence ou d窶冰n engagement (au sens psychologique) pour ladite thティse 
ou thテゥorie, nous parlerons d窶兮dhテゥsion pseudoscientifique. 
Si la croyance comme 

adhテゥsion remportテゥe

 relティve des thテゥories de la connaissance, de la psychologie 

cognitive, de l'ethnologie, en clair des sciences de l窶僣umain, l窶兮cte de foi, lui, fait intervenir une 
transcendance et de ce fait se situe sur un magistティre totalement disjoint des sciences. 
Chose pratique, cette distinction est テゥgalement revendiquテゥe par un bon nombre d窶册xperts de la 
foi (par exemple Erny 1995). 

Chapitre

2

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62

 

Si ces deux types de croyance peuvent potentiellement テェtre objets d窶兮nalyse critique, la mテゥthode 
scientifique, redoutablement efficace pour les secondes, ne l窶册st que dans certaines consテゥquences 
ou interprテゥtations corollaires de la premiティre. En effet, l窶兮cte de foi ne nテゥcessitant ni 
raisonnement, ni preuve 窶 puisque basテゥ sur des concepts transcendantaux 窶, son objet sort du 
matテゥrialisme et la science prise au sens mテゥthodologique n窶兮 aucune prise sur lui : un regard 
scientifique critique pourra テゥventuellement s窶册xercer sur l窶冑istoricitテゥ et les fondements des 
dogmes forgeant l窶兮cte de foi (l窶册xistence historique de Jテゥsus, par exemple, ou le caractティre sacrテゥ 
des textes scripturaires), ou sur certaines prescriptions scientifiques ou mテゥdicales effectuテゥs au 
nom de cet acte de foi (la maladie comme punition divine, par exemple, ou la nテゥgation de 
l窶册xistence du SIDA). Mais l窶兮nalyse de l窶兮cte de foi en lui-mテェme ne peut se faire pratiquement 
qu窶兮ux plans moral et politique. テ l窶冩pposテゥ, テゥtayer un acte de foi sur des faits 窶 stigmates, traces, 
signes, suaires, miracles 窶 devient un non-sens. Nous simplifions テ outrance un des plus vastes 
champs de rテゥflexion de la philosophie classique en テゥcrivant qu窶 

 ツォ Une diffテゥrence fondamentale [entre les deux acceptions du terme croyance] est テ opテゥrer 
pour un zテゥtテゥticien : lテ oテケ la premiティre est un remport d窶兮dhテゥsion souvent hテ「tif, la seconde 
acception, elle, de facture religieuse, repose sur un acte de foi. En d窶兮utres termes, si 
l窶兮dhテゥsion テ une thテゥorie peut テェtre critiquテゥe zテゥtテゥtiquement, un acte de foi n窶册st pas discutable 
puisqu窶冓l ne se base sur rien de tangible. Les deux acceptions buttent sur ce que Bricmont 
appelle un 

irrテゥductible antagonisme

. La zテゥtテゥtique ne peut traiter la question de dieu ; celle du 

suaire de son fils, si ! ツサ (Monvoisin 2005a). 

Nous avons pris le parti pテゥdagogique de toujours commencer les enseignements 

zテゥtテゥtique/esprit 

critique/critique des

 

pseudosciences

 par ce distinguo, ceci non seulement pour テゥpargner les choix 

moraux personnels des interlocuteurs/テゥtudiants 窶 et ne pas soulever de rテゥactions 
ツォ テゥpidermiques ツサ pouvant interfテゥrer avec notre enseignement -, mais aussi pour conserver テ la 
science son assise (voir 1.3. 

Cadre philosophique

). C窶册st loin de n窶凖ェtre qu窶冰ne prテゥcaution oratoire 

lorsque, comme nous l窶册ntreverrons, les sollicitations ツォ spiritualistes ツサ sont nombreuses.  
Dans un contexte mテゥdiatique oテケ le mテゥlange des genres est rテゥcurrent, nous donnons 
prテゥfテゥrentiellement trois exemples aux テゥtudiants :  

窶「

 

Le crテゥationisme 

La revendication de l窶册nseignement conjoint de la thテゥorie de l窶凖ゥvolution et du crテゥationnisme dans 
un certain nombre d窶凖ゥtats amテゥricains et ocテゥaniens. Manifestement, la sテゥrie d窶兮rguments apportテゥs 
en guise de ツォ preuve ツサ d窶冰n dessein cosmique a suffit, dans une certaine mesure

71

, pour faire valoir 

une テゥquivalence factice entre l窶册nseignement de la thテゥorie de l窶凖ゥvolution, scientifique, et celui du 
crテゥationnisme, ou de son avatar pseudoscientifique, l窶僮D 窶 cela sur un fond dテゥmagogique de 
libテゥralisme intellectuel propre テ la laテッcitテゥ au sens テゥtats-unien (voir 4.4.5 

Le mode politique

). 

窶「

 

Le ツォ Suaire ツサ de Turin 

Le prテゥtendu ツォ suaire ツサ de Turin, prテゥsentテゥ comme une preuve de la qualitテゥ divine de Jテゥsus dont la 
toile de lin aurait enseveli le corps. Le non-sens est manifeste puisque si la qualitテゥ divine se 
prouvait 窶 et avait attendu les テゥtudes sur la toile de lin pour l窶凖ェtre 窶 alors la croyance au divin 
serait une question scientifique. 

窶「

 

La physique quantique  et son utilisation pour テゥtayer la possible existence d窶冰ne autre 

rテゥalitテゥ  

Les exemples sont plテゥthore. Le dernier en date au moment de rテゥdiger date du 1er juin 2007, dans 
                                                 

71

 Fin 2005, fort heureusement, le juge Jones a tranchテゥ en dテゥfaveur de l窶僮D. Goodstein L., 

Judge Rejects Teaching 

Intelligent Design

New York Times

, 21 dテゥc. 2005. Voir aussi la Fiche pテゥdagogique Nツー11, en annexe. 

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63 

 

le 

Figaro

 :  

ツォ (窶ヲ) la physique quantique ne prouve en rien l'existence de Dieu. Elle テゥlargit le ツォ champ 
des possibles ツサ. La physique dテゥmontre l'existence d'un niveau de rテゥalitテゥ dont on ne peut 
rien prテゥjuger. Rien de cet autre niveau de rテゥalitテゥ ne nous amティne テ l'idテゥe qu'il existe un Dieu 
plein d'amour pour nous. Mais l'existence de cet autre niveau de rテゥalitテゥ, avec lequel 
l'homme peut sans doute テェtre en contact, rappelle les intuitions majeures de toutes les 
grandes religions 窶 y compris les religions sans dieu comme le bouddhisme ou le taoテッsme 
窶 fondテゥes sur deux principes : l'existence, prテゥcisテゥment, d'un autre niveau de rテゥalitテゥ et la 
possibilitテゥ d'un lien entre l'esprit humain et cette autre instance. Ces principes deviennent 
beaucoup plus crテゥdibles qu'ils ne l'テゥtaient avant les dテゥcouvertes de la mテゥcanique quantique 
(窶ヲ) ツサ (Staune & Comte-Sponville, 2 juin 2007). 

Mテェme s窶冓l ne s窶兮git pas de ツォ prouver Dieu ツサ comme les titres le rテゥsument rテゥguliティrement, postuler 
qu窶冓l existe une autre rテゥalitテゥ corroborant une intuition religieuse prテゥcipite derechef dans l窶兮cte de 
foi. Relevons au passage le non-sens d窶冰ne telle assertion, aussi stimulante que paradoxalement 
non testable : si on montre scientifiquement (avec la mテゥcanique quantique ou autre) que quelque 
chose existe, alors ce quelque chose fait partie de la rテゥalitテゥ, puisqu窶冓l existe. Prouver rテゥellement 
qu窶冓l existe une autre rテゥalitテゥ participe de l窶冩xymore. 
 

2.1.2

 

La dテゥmarche zテゥtテゥtique forcテゥment athテゥe ? 

テ la question des implications philosophiques et politiques de la zテゥtテゥtique comme mテゥthode 
d窶冓nvestigation des pseudosciences 窶 et particuliティrement l窶兮thテゥisme qu窶冩n lui prテェte bien souvent 
窶 nous avons dテゥjテ テゥcrit : 

ツォ (窶ヲ) la zテゥtテゥtique ne participe d窶冰ne lutte anticlテゥricale qu窶凖 partir du moment oテケ une 
obテゥdience impose des assertions non prouvテゥes ; d窶冰ne lutte pour la laテッcitテゥ que dans la 
mesure oテケ, cantonnテゥe au champ scientifique, elle contribue テ en dessiner les contours et 
lutte contre un factieux concordisme avec la religion ; d窶冰n athテゥisme que dans la mesure oテケ 
il lui semble raisonnable d窶兮ffirmer que la nature n窶兮 vraisemblablement pas de dessein, 
l窶凖ゥvolution pas de but, et la tテゥlテゥonomie pas d窶冓ssue. ツサ (Monvoisin, 

ouv.citテゥ

). 

Il s窶兮git d窶冰ne mise au point nテゥcessaire aussi bien dans ce travail que dans une interaction avec le 
public, pour qui le glissement sur le mot croyance n窶册st pas forcテゥment テゥvident. 
Nous nous cantonnerons donc テ l窶凖ゥtude de ce qui relティve du remport d窶兮dhテゥsion 
pseudoscientifique. テ cette fin, nous devons faire un petit intermティde テ vocation sociologique sur 
ce qu窶册st le champ 窶湾aranormal窶

 

qui a fait naテョtre la dテゥmarche zテゥtテゥtique. 

 

2.2

 

Intermezzo

 : le champ du 

paranormal

 

 
Est considテゥrテゥ comme 

窶湾aranormal窶

 tout fait qui sort, テ premiティre vue, du cadre d窶冓nterprテゥtation 

courant du rテゥel, c'est-テ-dire tout phテゥnomティne, pseudo-phテゥnomティne, thテゥorie ou pseudo-thテゥorie qui 
ne trouve pas de description ou d窶册xplication dans le champ des connaissances du moment, et qui 

de facto 

impose l窶冓ntroduction d窶册ntitテゥs ou de concepts hors-champ scientifique. 

Garnier, dans son mテゥmoire, テゥcrit テ raison que ツォ 

Le terme paranormal est assez vague et peut englober des 

domaines aussi divers que les extraterrestres, le monstre du Loch Ness, les maisons hantテゥes

 ツサ.  (Garnier, 

ouv.

citテゥ). Nos propres sondages en classe montrent une variテゥtテゥ incroyable de thティmes qui 

surgissent テ l窶凖ゥvocation du mot, qui dテゥbordent dテゥsormais des francs-maテァons aux thテゥrapies du 

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64

 

bien テェtre.  
Dans le trティs mテゥdiocre 

Que sais

-

je ? Le paranormal

,

 

Wallon (2002) indique que sont paranormales les 

observations qui relient une pensテゥe et un fait, par le moyen d窶冰ne signification, avec comme 
exemples : la voyance, la tテゥlテゥpathie, la psychokinティse, les 

poltergeisten 

(les ツォ esprits frappeurs ツォ), テゥtant 

exclu tout ce qui relティve du strictement matテゥriel comme les soucoupes volantes

72

Il y a trois テゥcueils dテサs au terme lui-mテェme, qu窶冓l convient de baliser :  

-

 

テ営ueil テゥpistテゥmologique : para-normal. 

-

 

テ営ueil probabiliste : paranormal = extraordinaire. 

-

 

テ営ueil langagier : paranormal = qu窶冩n explique pas (encore). 

Comme le souligne Doury (1997), il existe un grand nombre de disciplines, thテゥories ou pseudo-
thテゥories, doctrines qualifiテゥes de 

paranormales

para-scientifiques

, ou de 

sciences parallティles

, ce qui 

implique qu窶 ツォ 

il ne va pas de soi qu窶册lles aient suffisamment de points communs pour qu窶冰ne dテゥnomination 

commune soit lテゥgitime [...]

 ツサ. Il suffit pour s窶册n rendre compte de taper 

paranormal

 sur un moteur de 

recherche 

Internet

 ; l窶册xpテゥrience montre au 15 aoテサt 2005 que, pour les premiers sites rテゥfテゥrencテゥs sur 

Google,  
Sur 

www.paranormal-fr.net/

paranormal 

dテゥsigne : 

la cryptozoologie 窶 l窶凖ゥsotテゥrisme 窶 les apparitions / esprits 窶 les conspirations 窶 les extra-
terrestres & OVNI 窶 les frontiティres de la science 窶 la spiritualitテゥ ; 

Sur 

www.alehoe.com/ 

paranormal 

dテゥsigne : 

l窶僣ermテゥtisme 窶 le Spiritisme 窶 la Rテゥincarnation 窶 les NDE 窶 l窶僊strologie 窶 le Psy 窶 la 
Numテゥrologie 窶 les Rose-Croix 窶 la Franc-Maテァonnerie 窶 le Mysticisme 窶 les Religions 窶 la 
Spiritualitテゥ 窶 le Yoga 窶 l窶凖ゥlテゥvation 窶 la Mythologie (dieux gテゥnies anges) 窶 la Magie 窶 le 
Surnaturel 窶 les OVNIS 窶 l窶僣ypnotisme 窶 le Magnテゥtisme 窶 les Thテゥrapies 窶 le bien-テェtre 窶 
l窶冑abitat 窶 la Mテゥtaphysique 窶 la Parapsychologie 窶斗窶僊lchimie 窶 l窶儖ccultisme ; 

Sur 

http://reguite.free.fr/Paranormal/paranormal.html

 

paranormal 

dテゥsigne : 

les combustions humaines spontanテゥes 窶 le oui-jテ 窶 les fantテエmes 窶 la lune 窶 les Wiccas 窶 
les magnテゥtiseurs 窶 les exorcistes 窶 les EMI ; 

 
D窶冰n point de vue scientifique, l窶冓ncohテゥrence est grande : sont regroupテゥes dans un amas 
particuliティrement hテゥtテゥroclite 
- des religions, des doctrines ou des spiritualitテゥs (spiritisme, occultisme, hermテゥtisme, magie, 
mysticisme, Wicca, alchimie, etc.) 
- des mancies ou techniques de divination (astrologie, numテゥrologie, etc.) 
- des simili-thテゥrapies et des pseudosciences (magnテゥtisme, hypnotisme, etc.) 
- des phテゥnomティnes scientifiquement expliquテゥs (auto-combustions humaines, effet Kirlian-Corona) 
ou qui tendent テ テェtre dテゥcrits (paralysies du sommeil, Old hag syndrom, Out of Body Experiences, 
etc.) 
- des simili-phテゥnomティnes (NDE, fantテエmes, etc.) 

                                                 

72

 Nous insistons sur le fait que cet ouvrage est une trティs mauvaise source. Voir Genge (2001) et sa recension du livre 

Le paranormal

 de Philippe Wallon. 

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65 

 

- la parapsychologie 
- des histoires テゥtranges 
- des complots. 
 
Nous allons modestement nous attacher テ dテゥcrire le 

窶湾aranormal窶

 comme un champ de 

connaissance tout du moins perテァu comme tel par les individus qui y adhティrent. Il est bien entendu 
hors cadre de cette thティse de discuter la position du 

窶湾aranormal窶

 dans le cadre d窶冰ne vテゥritable 

sociologie critique. Nous pouvons nous contenter d窶兮border le 

窶湾aranormal窶

 comme un champ, et 

d窶册n regarder les limites.  
Socialement parlant, la notion de champ trouve une expression satisfaisante pour notre sujet dans 
les travaux de Bourdieu

73

. Devant les contours protテゥiformes du domaine, trouver un socle 

conceptuel du champ 窶湾aranormal窶 devra se faire non d窶冰n point de vue des thテゥmatiques 
abordテゥes, mais des implications psycho-affectives, des rhテゥtoriques, et des considテゥrations 
spirituelles qui sont engendrテゥes : ainsi insistons-nous dans nos enseignement sur le fait que, 
lorsque nous parlerons de champ du 窶湾aranormal窶, il sera sous-entendu ツォ 

champ 

sociolinguistique ツサ.  
 
 

2.2.1

 

La notion de champ social 

A l窶冓nstar de toutes les productions culturelles, selon Bourdieu, la science est tiraillテゥe entre deux 
positions extrテェmes : on retrouve, comme en philosophie ou en art, ツォ 

la mテェme opposition, le mテェme 

antagonisme, souvent considテゥrテゥs comme irrテゥductibles (窶ヲ) entre les interprテゥtations qu窶冩n peut appeler internalistes 
ou internes et les interprテゥtations qu窶冩n peut appeler externalistes ou externes

 ツサ (Bourdieu 1999, p. 13). 

Bourdieu trace ainsi, en schテゥmatisant, les termes rテゥcurrents de la controverse :  

ツォ 

Grosso modo

, il y a d窶冰n cテエtテゥ ceux qui soutiennent que pour comprendre la littテゥrature ou 

la philosophie, il suffit de lire les textes. Pour les tenants de ce fテゥtichisme du texte 
autonomisテゥ, qui a fleuri en France avec la sテゥmiologie et qui refleurit aujourd'hui partout 
dans le monde avec ce que l窶冩n appelle le postmodernisme, le texte est l窶兮lpha et l窶冩mテゥga 
et il n窶凉 rien de plus テ connaテョtre, s窶兮gissant de comprendre un texte philosophique, un 
code juridique ou un poティme, que la lettre du texte. [窶ヲ] 
テ l窶冩pposテゥ, une autre tradition, souvent reprテゥsentテゥe par des gens qui se rテゥclament du 
marxisme, veut rapporter le texte au contexte et se propose d窶冓nterprテゥter les ナ砥vres en les 
mettant en relation avec le monde social ou le monde テゥconomique. [窶ヲ] ツサ (

Ibid.

 

La science comme objet social s窶冓nscrit dans le mテェme tiraillement, bien qu窶冰ne forte tradition 
d窶冑istoire des sciences ツォ 

dテゥcrit le processus de perpテゥtuation de la science comme une sorte de parthテゥnogenティse, la 

science s窶册ngendrant elle-mテェme en dehors de toute intervention du monde social

 ツサ  (

Ibid.

).  Pour  sortir  de 

ツォ 

l窶兮lternative de la ツォ science pure ツサ, totalement affranchie de toute nテゥcessitテゥ sociale, et de la ツォ science serve ツサ, 

asservie テ toutes les demandes politico-テゥconomiques

 ツサ  (

Ibid.

 p. 15), Bourdieu propose alors la notion de 

champ : il ne suffit plus de se rテゥfテゥrer au contenu textuel de la production, ni davantage de se 
                                                 

73

 Nous spテゥcifions bien que sur la question, c窶册st sur la dテゥfinition seulement que nous revendiquons Bourdieu : si la 

portテゥe politique de ses テゥcrits ne peut que nous plaire, le relativisme latent de certains de ses テゥcritsne nous permettent 

pas de nous revendiquer de son cadre テゥpistテゥmologique dans son ensemble. 

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66

 

rテゥfテゥrer de faテァon directe au contexte social 窶 ce qu窶冓l appelle ツォ l窶册rreur du court-circuit ツサ 窶 mais 
de considテゥrer  

ツォ 

un univers intermテゥdiaire, [窶ヲ]le champ [窶ヲ]scientifique, c'est-テ-dire l窶冰nivers dans lequel sont insテゥrテゥs les 

agents et les institutions qui produisent, reproduisent ou diffusent [窶ヲ] la science. Cet univers est un 
monde social comme les autres, mais qui obテゥit テ des lois sociales plus ou moins spテゥcifiques.

 ツサ (

Ibid.

 p. 14) 

En ce sens, le 

窶湾aranormal窶

 devient un champ social spテゥcifique, c'est-テ-dire qu窶冓l n窶册st pas suffisant 

de le rテゥduire au contenu textuel des connaissances ou des pseudo-connaissances qui le 
composent, ni au contexte social de son テゥmergence, mais qu窶冓l faut le considテゥrer comme un 
univers テ part entiティre d窶兮cteurs, d窶兮gents et de valeurs qui produisent, reproduisent ou diffusent 
des informations sur ledit 窶湾aranormal窶.  

 

2.2.2

 

L窶兮utonomie du champ social 

L窶兮utonomie d窶冰n champ vis-テ-vis des contraintes sociales ou internes se traduit notamment par 
sa capacitテゥ テ rテゥfracter, en les retraduisant sous une forme spテゥcifique, les contraintes ou les 
demandes externes qui s窶册xercent sur lui. Plus un champ est autonome, plus sa capacitテゥ de 
rテゥfraction sera grande, et par consテゥquent les contraintes externes transformテゥes.  

ツォ Le degrテゥ d窶兮utonomie d窶冰n champ a donc pour indicateur principal son pouvoir de 
rテゥfraction [...] Inversement, l窶冑テゥtテゥronomie d窶冰n champ se manifeste essentiellement dans 
le fait que les problティmes extテゥrieurs, notamment les problティmes politiques, s窶凉 expriment 
directement. C窶册st dire que la ツォ politisation ツサ d窶冰ne discipline n窶册st pas l窶冓ndice d窶冰ne 
grande autonomie. ツサ (

Ibid.

 p. 16) 

ツォ Rien n窶册st plus funeste en effet que la ツォ politisation ツサ au sens ordinaire du terme, du 
champ scientifique et des luttes qui s窶凉 dテゥroulent, c'est-テ-dire l窶冓mportation des modティles 
politiques dans le champ scientifique [...]. La ツォ politisation ツサ est presque toujours le fait de 
ceux qui, qu窶冓l s窶兮gisse de dominants temporels (et temporaires) ou de dominテゥs, sont les 
plus faibles selon les normes spテゥcifiques, et ont donc intテゥrテェt テ l窶冑テゥtテゥronomie (窶ヲ)ツサ

 

(

Ibid.

 p. 

61) 

 
Et Bourdieu d窶冓nvoquer la 

loi de Jdanov

, selon laquelle plus un producteur culturel est tournテゥ vers 

un marchテゥ, une audience restreinte, plus il sera enclin テ la rテゥsistance, テ l窶兮utonomie ; au contraire, 
plus il destine ses produits au marchテゥ de grande production ou d窶兮udimat, plus il est enclin テ 

collaborer

 avec les pouvoirs externes テ son champ, politiques comme stratテゥgico-commerciaux 

(Bourdieu 1996).  
Sur un plan テゥpistテゥmologique, il insiste :  

ツォ Plus un champ est autonome, au contraire, et proche d窶冰ne concurrence pure et parfaite, 
plus la censure est purement scientifique, et exclut l窶冓ntervention de forces purement 
sociales (arguments d窶兮utoritテゥs, sanctions de carriティre, etc.), les contraintes sociales prenant 
la forme de contraintes logiques, et rテゥciproquement : pour s窶凉 faire valoir, il faut y faire 
valoir des raisons, pour y triompher, il faut y faire triompher des arguments, des 
dテゥmonstrations et des rテゥfutations. ツサ (Bourdieu 1999, 

ouv.citテゥ

, p. 26). 

 
Il est donc tout テ fait souhaitable que le champ sur lequel nous nous penchons soit autonome. 
Est-ce le cas ? 

 

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67 

 

2.2.3

 

Contraintes externes et demande sociale 

ツォ Mais ce qui fait la spテゥcificitテゥ du champ scientifique, c窶册st que les concurrents s窶兮ccordent 
sur des principes de vテゥrification de la conformitテゥ au ツォ rテゥel ツサ, sur des mテゥthodes communes 
de validation des thティses et des hypothティses, bref sur le contrat tacite, inspテゥrablement 
politique et cognitif, qui fonde et rテゥgit le travail d窶冩bjectivation. ツサ (

Ibid.

, p. 27) 

Sous cet angle, force est de constater que le champ 窶湾aranormal窶 est ostensiblement labile : non 
seulement sa propension au laxisme dans les mテゥthodes mais surtout sa soumission aux modes, 
aux effets d窶兮nnonce (voir la mise en forme テゥvテゥnementielle, chapitre 3), aux impacts mテゥdiatiques, 
aux effets rhテゥtoriques sophistiques ou autoritaires sont autant de marques du manque 
d窶兮utonomie du champ 窶湾aranormal窶. Il est caractテゥristique par exemple qu窶凖 chaque prテゥtention de 
type 

窶湾aranormal窶

, son promoteur soit テ mテェme de prテゥtendre mettre en vacille tout le rテゥseau des 

fondements scientifiques d窶冰ne discipline donnテゥe. 
Ajoutons que la gratification qui dテゥcoule de l窶册xpertise du champ 窶湾aranormal窶 est d窶兮utant plus 
forte pour les experts en question que la reprテゥsentation sociale la plus courante concernant le 
窶湾aranormal窶 est que les ツォ scientifiques ツサ s窶册n dテゥtournent 窶 que ce soit par dテゥsintテゥrテェt, par goテサt, 
par peur (voir 1.2.8 

Complexe de la perle rare

). Ainsi le 

窶湾aranormal窶

 est une formidable rテゥserve non 

point de capital scientifique, mais de capital social. Pour paraphraser Bourdieu, les agents font les 
faits scientifiques et mテェme, pour une part, le champ scientifique, c'est-テ-dire dテゥterminent ce 
qu窶册st l窶册nsemble des sujets qui ツォ payent ツサ et dont dテゥcoulent les plus grandes gratifications 
sociales, ce que Bourdieu nomme le ツォ capital social ツサ. Il faut entendre par lテ pour テェtre prテゥcis un 
type de capital symbolique fondテゥ sur des actes de connaissances ou de reconnaissance, qui 
reprテゥsente en quelque sorte le crテゥdit accordテゥ par l窶册nsemble des pairs/concurrents au sein du 
champ : l窶册xemple le plus illustratif est le 

Citation index

, mais rentrent dans cette dテゥfinition tout 

honneur, toute consテゥcration, tout titre scientifique. Ou, tierce voie, la tribune mテゥdiatique. 
(Bourdieu 1975, Bourdieu 1999, p. 21 et Shinn 1988) 
 
Mais les trompettes de la renommテゥe テゥtant bien mal embouchテゥes, et lorsqu窶冩n sait que  

ツォ tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes scientifiques possibles si la logique 
de la concurrence purement scientifique fondテゥe sur la seule force des raisons et des 
arguments n窶凖ゥtait pas contrecarrテゥe, voire en certains cas annulテゥe, par des forces et des 
contraintes externes (comme on le voit dans le cas des sciences qui sont encore テ mi-
chemin dans le processus d窶兮utonomisation et oテケ l窶冩n peut toujours dテゥguiser des censures 
sociales en censures scientifiques et habiller de raisons scientifiques des abus de pouvoir 
social spテゥcifique, comme l窶兮utoritテゥ administrative ou le pouvoir de nomination テ travers 
les jurys de concours). ツサ (Bourdieu 1999, 

ouv.citテゥ

, p. 27)

74

 

La vテゥritable action des acteurs du champ de la science se fait  

ツォ テ partir d窶冰ne place qu窶冓ls n窶冩nt pas faite [...] pour si versテゥ qu窶冓l puisse テェtre dans la 
ツォ gestion des rテゥseaux ツサ [...] les chances qu窶冰n agent singulier a de plier les forces du champ 
テ ses dテゥsirs sont proportionnテゥs テ sa force sur le champ, c'est-テ-dire テ son capital de crテゥdit 
scientifique ou, plus prテゥcisテゥment, テ sa position dans la structure de la distribution du 
capital ツサ (

Ibid.

 p. 20). 

                                                 

74

 Il poursuit p. 68 : ツォ [...] 

une part テゥnorme des problティmes dits sociaux sont en rテゥalitテゥ produits dans une sorte de circulation circulaire 

entre les journalistes, qui pour une bonne part sortent de Sciences-Po, les profs de Science-Po appointテゥs par des instituts de sondages, qui 
transforment les questions de Science-Po en questions pour les sondages, dont les rテゥsultats sont dissテゥquテゥs et commentテゥs par des analystes et 

des journalistes, qui ont eux-mテェmes fait Science-Po, etc. Et c窶册st ainsi que se constituent les problテゥmatiques doxiques, cet ensemble de 
problティmes qui n窶冩nt テ peu prティs rien de pertinent, mais que bon grテゥ, mal grテゥ, nous avons tous dans la tテェte

 ツサ. 

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68

 

ツォ Le capital scientifique d窶冓nstitution s窶兮cquiert essentiellement par des stratテゥgies politiques 
(spテゥcifiques) qui ont toutes en commun de demander du temps 窶 participation テ des 
commissions, des jurys (de thティse, de concours), des colloques plus ou moins fictifs sur le 
plan scientifique, des cテゥrテゥmonies, des rテゥunions, etc. 窶 en sorte qu窶冓l est difficile de dire si, 
comme le professent volontiers ses dテゥtenteurs, son accumulation est le principe (au titre 
de compensation) ou le rテゥsultat d窶冰ne moindre rテゥussite dans l窶兮ccumulation de la forme la 
plus spテゥcifique, et la plus lテゥgitime, de capital scientifique ツサ. (

Ibid.

 p. 30). 

 
 
D窶冩テケ l窶冓ntテゥrテェt des acteurs du champ du 

窶湾aranormal窶

 de se crテゥer, parfois de faテァon factice des 

positions d窶册xperts, quitte テ crテゥer de toutes piティces voire inventer des laboratoires universitaires, 
des chaires de parapsychologie, autant de trテゥteaux du haut desquels un discours, quelle que soit sa 
teneur, s窶册mpティse d窶冰ne lテゥgitimitテゥ illusoire. D窶兮utant que si volontテゥ d窶冓nvestiguer les phテゥnomティnes 
dits paranormaux ou parapsychologiques sous un angle scientifique est rテゥelle, il est nテゥcessaire, au 
prorata de ce que nous avons dテゥchiffrテゥ chapitre 1, d窶冰tiliser la zテゥtテゥtique : toute crテゥation de statut テ 
portテゥe universitaire qui ne soit pas zテゥtテゥtique dans le champ en question devient par consテゥquent 
inquiテゥtante.  
Selon la mテェme grille de lecture, nous ne pouvons que constater que la demande sociale sur le 
sujet est goulue, et rテゥclame des ツォ 3ティmes hommes ツサ 窶 c'est-テ-dire des passeurs de la connaissance 
窶 si possible aisテゥment identifiables. Faut-il donc テェtre surpris de l窶冩mniprテゥsence dans les mテゥdias 
papier des 

go between

 Lignon, Chauvin, Van Cauwelaert, Sheldrake, テ la tテゥlテゥvision des Varvoglis, 

Kristen, Bogdanoff et mテェme, d窶冰ne autre maniティre, Reeves et Coppens ? Si l窶冩n excepte la carriティre 
de Coppens, un lointain passテゥ d窶兮strophysicien pour Reeves, et un champ d窶册xpertise テゥthologique 
pour Chauvin, tous les autres sont mテゥdiatiquement prテゥsents largement au-delテ de ce que leur 
contribution scientifique laisserait prテゥsumer (qui est parfois nulle pour certains, comme pour Van 
Cauwelaert, pourtant invitテゥ comme expert sur les plateaux TV lors du rebondissement de l窶兮ffaire 
du Suaire de Turin de Juin 2005). テ croire qu窶冓ls relティvent de la catテゥgorie ツォ 

de ces auteurs qui, ne 

pouvant parvenir テ la consテゥcration selon les normes spテゥcifiques du champ littテゥraire, se font テゥlire テ l窶僊cadテゥmie 
Franテァaise et passent leur temps テ テゥcrire dans les journaux ou se montrer テ la tテゥlテゥvision. Nombre de consテゥcrations 
temporelles dans l窶冩rdre spirituel ont une telle fonction compensatoire

. ツサ (

Ibid.

 p. 25). 

Bourdieu ajoute :  

ツォ Ceci est vrai sauf dans les cas, tout テ fait exceptionnels , oテケ, par une dテゥcouverte 
rテゥvolutionnaire, propre テ mettre en question les fondements mテェme de l窶冩rdre scientifique 
テゥtabli, un scientifique redテゥfinit les principes mテェmes de la distribution du capital, les rティgles 
mテェmes du jeu. ツサ  

 
D窶冩テケ l窶冓mmense intテゥrテェt de prテゥtendre テ une telle dテゥcouverte 窶把eci expliquant la fテ「cheuse et 
rテゥcurrente tendance des fondateurs de pseudodisciplines, arguant d窶冰ne dテゥcouverte fondamentale 
qui serait niテゥe par le champ scientifique parce que gテゥnテゥrant trop d窶册njeu, ou remettant trop en 
cause les fondements d窶冰ne science ツォ normale ツサ, ou ツォ テゥtablie ツサ. S窶册nsuit alors gテゥnテゥralement une 
mテゥgalomanie, conduisant logiquement au rejet d窶冰ne science fermテゥe, d窶冰ne allopathie, d窶冰ne 
surface de rテゥpulsion, et テ l窶冰tilisation d窶兮nalogies avec des テゥpisodes de l窶冑istoire des sciences oテケ la 
science, balbutiante, passa テ cテエtテゥ d窶冰ne dテゥcouverte. テ la suite de Puech, nous dテゥsignons cette 
attitude par le terme de ツォ 

syndrome galilテゥen

 ツサ.  

 
 

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69 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

Extrait de Puech L. (1999) 

Treize arguments non valables pour dテゥfendre les parasciences

 

 

La zテゥtテゥtique comme coupe-vent 

 ツォ Mais ce qui fait la spテゥcificitテゥ du champ scientifique, c窶册st que les concurrents 
s窶兮ccordent sur des principes de vテゥrification de la conformitテゥ au ツォ rテゥel ツサ, sur des mテゥthodes 
communes de validation des thティses et des hypothティses, bref sur le contrat tacite, 
insテゥparablement politique et cognitif, qui fonde et rテゥgit le 

travail d窶冩bjectivation

. ツサ (Bourdieu 

1999, 

ouv.citテゥ

, p. 27). 

Bourdieu ajoute que le monde de la science, テ l窶冓mage du monde テゥconomique, est le lieu de 
rapports de force et de concentration de capital et de pouvoir, entraテョnant des rapports sociaux de 
domination.  

ツォ Il connaテョt aussi des luttes ayant en partie pour enjeu la maテョtrise des moyens de 
production et de reproduction spテゥcifiques, propres au sous-univers considテゥrテゥ. S窶冓l en est 
ainsi, c窶册st, entre autres raisons, que l窶凖ゥconomie anti-テゥconomique [...] de l窶冩rdre 
proprement scientifique reste enracinテゥe dans l窶凖ゥconomie et qu窶凖 travers elle, elle donne 
prise au pouvoir テゥconomique (ou politique) et aux stratテゥgies proprement politiques visant 
テ le conquテゥrir ou テ le conserver ツサ car ツォ l窶兮ctivitテゥ scientifique implique un coテサt テゥconomique 
et le degrテゥ d窶兮utonomie d窶冰ne science dテゥpend pour une part du degrテゥ auquel elle a besoin 
de ressources テゥconomiques pour s窶兮ccomplir. Mais il dテゥpend aussi du degrテゥ auquel le 
champ scientifique est protテゥgテゥ contre les intrusions (窶ヲ) et auquel il est capable d窶冓mposer 
ses sanctions positives ou nテゥgatives. ツサ (

Ibid. 

p. 28) 

Entreprendre de limiter les intrusions externes dans le champ de la science, l窶冑istoire le montre, 
est primordial : depuis le cas テゥculテゥ du lyssenkisme dans la biologie de la Russie stalinienne 
jusqu窶兮ux thティses galtoniennes, lorsque la 

bien-pensance 

subjective pテゥnティtre la sphティre scientifique, 

moralisme conservateur, racisme, sexisme, rテゥvisionnisme scientifique ne sont pas loin.  
Le drame des constructions politico-mテゥdiatiques se situe ici : elles prennent facilement un tour de 
prophテゥtie auto-rテゥalisatrice. テ la revendication d窶凖ゥmissions de vulgarisation scientifique moins 
scテゥnarisテゥes est rテゥpondu que la demande sociale, elle, est lテ, ce qui prouve par un 

feed back

 tragique 

que c窶册st le public qui rテゥclame ce qu窶冩n lui donne. Au final, les consommateurs de ces テゥmissions, 
habituテゥs テ leur mise en scティne spectaculaire, bテ「tissent une reprテゥsentation sociale de la science 
d窶兮utant plus テゥloignテゥe de la rテゥalitテゥ des pratiques, ce qui inflテゥchit leur maniティre d窶兮gir sur les axes de 

Le syndrome galilテゥen 

Ma ツォ science ツサ est victime de critiques comme l窶兮 テゥtテゥ celle de Galilテゥe, qui avait raison 
avant tout le monde... Sous-entendu : donc ma ツォ science ツサ est aussi valable que la 
thテゥorie de Galilテゥe ! Rappelons au passage que Galilテゥe fut persテゥcutテゥ par le clergテゥ, et 
non par des scientifiques... Selon cet argument, il y aurait un persテゥcuteur (la science 
ツォ officielle ツサ) et une victime (la parascience). Il est vrai que certaines dテゥcouvertes ont 
テゥtテゥ accueillies avec scepticisme, et que le temps leur donna raison. Mais il est aussi vrai 
que dans leur immense majoritテゥ, les hypothティses accueillies avec scepticisme se sont 
rテゥvテゥlテゥes inexactes. L窶兮ccueil nテゥgatif d窶冰ne idテゥe nouvelle ne lui confティre aucune valeur. 
Mais en se posant en tant que victime, une parascience s窶兮ttire de la sympathie. Loin 
d窶凖ェtre une quelconque dテゥmonstration de la valeur de la thテゥorie, le syndrome galilテゥen 
est d窶兮bord un acte de communication. 

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70

 

recherche, par exemple en privilテゥgiant des thテゥmatiques sテゥcuritaires au prorata du nombre 
d窶冓nformations scテゥnarisテゥes de faテァon alarmiste テ chaque fait divers. C窶册st un effet ツォ Loft story ツサ : 
on donne du sucrテゥ aux gens, de la guimauve, du sexe, on lui donne du gテゥnie hテゥroテッque scientifique 
et de la peur par intermittence (voir 4.4 

Ips de type III

). Aprティs un rテゥgime de ce genre de plusieurs 

annテゥes テ cela, le goテサt est modelテゥ. 

ツォ [...] les savants, quels qu窶冓ls soient, devraient, me semble-t-il, sinon travailler eux-mテェmes 
テ la divulgation des rテゥsultats de leur travail, travailler au moins テ contrテエler, autant que 
possible, ce processus de divulgation ; intervention qui s窶冓mpose テ eux de maniティre 
d窶兮utant plus impテゥrative que ces rテゥsultats peuvent entrer dans un dテゥbat bien ou mal 
engagテゥ. [...] la fonction la plus utile [pour tous les savants] serait de dissoudre les faux 
problティmes ou les problティmes mal posテゥs. Evidemment, si vous テェtes dans cette disposition, 
vous n窶兮vez rien テ faire テ la tテゥlテゥvision, puisque le prテゥsupposテゥ qu窶冓l faut accepter quand on 
est interviewテゥ テ la tテゥlテゥvision, c窶册st de prendre au sテゥrieux ces faux problティmes. ツサ (

Ibid.

 p. 70). 

 
La zテゥtテゥtique promouvant une dテゥmarche critique d窶冓nvestigation scientifique rigoureuse, il est 
quasiment impossible d窶册n dテゥtourner politiquement le propos ni le ton, テ moins que ses praticiens 
ne se prテェtent au jeu des mテゥdias. La mテゥthode zテゥtテゥtique matテゥrialiste sceptique est, テ cause de la 
clartテゥ de ses critティres de scientificitテゥ, son ontologie et son テゥpistテゥmologie claires, trティs peu mallテゥable 
et offre au champ du 

窶湾aranormal窶

 une stabilitテゥ qu窶冓l n窶兮vait pas. 

Sociologiquement, la zテゥtテゥtique et son cadre philosophique sont une garantie intテゥressante d窶冰ne 
ツォ apolitisation ツサ, au sens de Bourdieu, du champ de 

窶湾aranormal窶

 

On peut donc pour conclure poser que le 

窶湾aranormal窶

 est champ social テ cheval sur le champ 

scientifique, d窶冰ne hテゥtテゥrogテゥnテゥitテゥ telle que son autonomie vis-テ-vis des contraintes externes la rend 
en grande partie dテゥpendante de contraintes non テゥpistテゥmologiques et non logiques, notamment 
mテゥdiatique et soumise テ une pseudo-demande sociale, ce qui est autant de vent qui souffle sur les 
crテ「nes chenus des chercheurs. La zテゥtテゥtique est un excellent coupe-vent improvisテゥ. 
 

2.2.4

 

Paranormal

 : le sous-cape, l窶凖ゥsotテゥrique et la rhテゥtorique  

Trois ingrテゥdients rendent le terme 

窶湾aranormal窶 

cohテゥrent au regard d窶冰ne description en terme de 

champ :  
- le 

hors-cadre

,

 

postulテゥ dans le terme, vis-テ-vis du 

normal

. Le champ du 窶湾aranormal窶, par 

ツォ l窶凖ゥtrange ツサ, ツォ le bizarre ツサ et

 

ツォ l窶冓mprobable ツサ qu窶冓l intティgre se dテゥcrit d窶兮bord par son extテゥrioritテゥ テ 

une normalitテゥ, ce qui est fantasmatique. Cette normalitテゥ peut テェtre invoquテゥe sous la forme d窶冰ne 

orthodoxie, 

mテゥdicale ou scientifique, d窶冰n manque d窶冩uverture d窶册sprit voire, pour les plus lyriques 

et paranoテッaques des acteurs du champ, un lobby scientifique

75

 ; 

- la 

scテゥnarisation 

テゥsotテゥrique

, dans laquelle le 

窶湾aranormal窶

 est maintenu aussi bien par les mテゥdias 

que par les acteurs de ce champ, participe de la cohテゥrence du champ, que ce soit par le registre de 
langue, le jargon ou les rhテゥtoriques. Le transfert de connaissance ツォ sous le manteau ツサ, de faテァon 
peu ou prou rテゥvテゥlテゥe sur un ton de connivence, et le systティme plus ou moins marquテゥ de cooptation 
dans les domaines abordテゥs crテゥe une catテゥgorie テゥminemment gratifiante テ peu de frais, celle des 
                                                 

75

 Il n窶册st pas question de nier un テゥventuel lobby scientifique. Mais la rigueur sテゥmantique s窶冓mpose : les lobbies 

actuels sont d窶冩rdre pテゥtro-industrialo-militaires, et s窶册xercent dans la sphティre politico-financiティre. Un テゥventuel lobby 
scientifique dans le champ du paranormal dテゥsignerait une science normale, paradigmatique, テ tendance lyssenkiste, 

c'est-テ-dire en quelque sorte un 

lobby

 テゥpistテゥmologique. Ce 

lobby

 n窶册xiste vraisemblablement pas, mais se nourrit d窶冰n 

glissement sテゥmantique entre plusieurs acceptions trティs diffテゥrentes du mot ツォ science ツサ que nous avons dテゥjテ abordテゥ. 

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71 

 

ツォ initiテゥs ツサ ; 
- les 

pseudo-argumentaires

 sont communs テ tous les domaines de ce champ. 

 

2.2.5

 

Catテゥgories du 窶湾aranormal窶  

La catテゥgorisation du 

窶湾aranormal窶

 par le biais de sa dテゥfinition est dテゥlicate : comme le souligne 

Doury (1997) outre le caractティre nテゥcessairement parcellaire de la dテゥfinition -il est impossible d窶凖ェtre 
exhaustif dans le listage des disciplines en question-, ツォ 

les dテゥfinitions qu窶冩n y trouve ne s窶冩rganisent pas en 

un champ lexical cohテゥrent, qui permettrait de comprendre ce que ces termes peuvent avoir en commun, ou au 
contraire, en quoi ils sont fondamentalement diffテゥrents ツサ 

(p. 28). 

Doury propose alors une catテゥgorisation notionnelle qui lui permet de mettre en exergue des 
fonctionnements argumentatifs spテゥcifiques. Etant donnテゥ que nous envisageons le 窶湾aranormal窶 
sous sa reprテゥsentation sociale, il nous semble adaptテゥ テ notre travail de reprendre son dテゥcoupage. 
Elle propose ainsi trois grandes catテゥgories :  
- les ツォ mancies ツサ 
- le 窶湾aranormal窶 (テ proprement parler), ou le surnaturel 
- les pseudo-mテゥdecines 
 

窶「

 

Mancies 

Reprenons la dテゥfinition de Doury :  

ツォ Le terme de ツォ mancies ツサ dテゥsigne les systティmes d窶冓nterprテゥtations qui, テ partir de donnテゥes 
observables (visages, main, nombres窶ヲ) proposent une grille de lecture qui permettrait de 
tirer des infテゥrences portant soit sur des テゥvテゥnements prテゥcis, soit sur la personnalitテゥ d窶冰n 
individu ツサ 

Le choix d窶冰tilisation du mot ツォ mancie ツサ, suffixe, en lieu de mantique ou d窶兮rt divinatoire, est 
notamment motivテゥ par ツォ 

la volontテゥ de bloquer les connotations qui y sont attachテゥes (particuliティrement le 

caractティre archaテッque des disciplines ainsi dテゥsignテゥes)

 ツサ. 

Une mancie est caractテゥrisテゥe par quatre composantes :  
- une technique : thティme astral, carte de la main, gテゥniosociogramme, marc de cafテゥ, lignes dans le 
sable窶ヲ  
- un systティme d窶冓nterprテゥtation d窶兮cquisition rapide : il concourt テ l窶冓nterprテゥtation des rテゥsultats de la 
technique. Il s窶兮git de la constitution d窶冰n observable considテゥrテゥ comme un systティme de signes テ 
interprテゥter selon une grille de lecture donnテゥe, pour en tirer des dテゥductions :  

De type テゥvテゥnementiel 窶 c'est-テ-dire sur la pテゥriode, passテゥe ou future, sur laquelle porte la 
pratique en question. On parlera de mancie 

rテゥtroactive 

lorsque elle porte sur des faits 

rテゥvolus, et de mancie 

prテゥdictive 

lorsqu窶册lle produit un pronostic sur des テゥvテゥnements テ venir. 

De type caractテゥrologique, c'est-テ-dire sur l窶冓nterprテゥtation des テゥlテゥments de la personnalitテゥ テ 
travers la technique employテゥe. 

Ce systティme est gテゥnテゥralement fortement imbriquテゥ dans une tradition. Technique et systティme 
interprテゥtatif peuvent テェtre soit appris, soit テゥmaner d窶冰n don, d窶冰ne 

douance

, ou d窶冰ne forte intuition. 

Si l窶冓dテゥe d窶冰n don est gratifiante, par le statut テ part et la connaissance テゥsotテゥrique qu窶册lle 
implテゥmente, ツォ 

on considテゥrera que la technique est premiティre. Du point de vue de l窶冓mplantation socio-テゥconomique 

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72

 

des mancies, l窶册xistence d窶冰ne technique suppose la possibilitテゥ d窶冰n apprentissage : d窶冩テケ une profusion de sテゥminaires 
et de manuels mettant la mancie テ la portテゥe de chacun.

 ツサ 

Et gテゥnテゥrant par lテ un fond de commerce important. 
- Une tradition ancienne : la technique et son systティme d窶冓nterprテゥtation テゥmanent dans la plupart 
des mancies d窶冰ne tradition, plus ou moins テゥsotテゥrique, parfois initiatique, plus ou moins greffテゥe テ 
une mystique, et revendiquテゥe comme d窶兮utant plus valide :  

qu窶册lle est ancienne (argument de l窶兮nciennetテゥ) 
qu窶册lle a toujours テゥtテゥ populaire (

vox populi, vox asini

- Un corpus de tテゥmoignages en guise de preuve. 

 

窶「

 

Le surnaturel 

Nous entendrons cette fois le 窶湾aranormal窶 non comme champ social global et hテゥtテゥrogティne mais 
au sens テゥtymologique du terme, comme 

au-delテ du normal

. En cela il recouvre la notion de 

surnaturel, au-dessus du naturel, encore qu窶冓l faille faire abstraction du naturalisme essentialiste 
qu窶冓l y a dans l窶册mploi du mot 

nature

, et de l窶冩rdre moral induit par l窶

au-dessus

 
テ l窶冓nverse des mancies, caractテゥrisテゥes par une technique, le 窶湾aranormal窶/surnaturel est caractテゥrisテゥ 
par des 

phテゥnomティnes.  

ツォ Ces phテゥnomティnes peuvent テェtre de natures trティs variテゥes, mais prテゥsenteraient tous un 
caractティre commun : celui, justement, d窶凖ェtre ツォ para-normaux ツサ  ou  ツォ extra-ordinaires ツサ  窶 
c'est-テ-dire de n窶凖ェtre pas explicables par les thテゥories scientifiques (et particuliティrement 
physiques ou chimiques) existantes ツサ (Doury, 

ibid.

). 

On distinguera avec Doury deux catテゥgories de phテゥnomティnes prテゥtendus paranormaux, que nous 
nommerons ainsi. 

-

 

le 窶湾aranormal窶/surnaturel exogティne

 : ツォ Les phテゥnomティnes se produiraient de faテァon autonome, 

sans que leur apparition soit maテョtrisable par un individu : apparition d窶儖VNIs, 
manifestations  d窶 ツォ esprits ツサ  dans  les  maisons ツォ hantテゥes ツサ, objets qui se dテゥplacent eux-
mテェmes, production de bruit sans source identifiable, etc. Ces phテゥnomティnes font l窶冩bjet de 
rテゥcits par des tテゥmoins. Les tテゥmoignages comportent quantitテゥ de procテゥdテゥs de 
crテゥdibilisation, d窶兮utant plus cruciaux que le rテゥcit est le seul moyen d窶兮ttester des faits, 
puisque ceux-ci ne sont pas reproductibles テ volontテゥ ツサ. 

-

 

le 窶湾aranormal窶/surnaturel endogティne

, c'est-テ-dire qui pourrait テゥmaner d窶冰n individu, sous forme 

d窶冰ne capacitテゥ extrasensorielle, d窶冰ne facultテゥ extraordinaire, de ce que les 
parapsychologues appellent le pouvoir ツォ psi ツサ. ツォ 

Un tel don, par dテゥfinition, ne pourrait 

s窶兮pprendre : il serait propre テ l窶冓ndividu, ou transmis de faテァon hテゥrテゥditaire

 ツサ 

ツォ Le domaine du 窶湾aranormal窶 se caractテゥrise par le rテエle fondamental qu窶凉 jouent les rテゥcits 
(tテゥmoignages ou comptes-rendus d窶册xpテゥrimentations pour les phテゥnomティnes paranormaux), 
qui cherchent テ fonder l窶册xistence des faits paranormaux. C窶册st essentiellement sur ce point 
(テゥtablissement ou non du phテゥnomティne) que se focalise la controverse sur le paranormal. Alors 
que pour les mancies, le dテゥbat tourne autour de l窶兮ffirmation ツォ テァa marche ツサ, dans le domaine 
du paranormal, l窶兮ssertion discutテゥe est ツォ テァa existe ツサ (et, dans certains cas, ツォ 

テァa m窶册st arrivテゥ

 ツサ).ツサ 

(

Ibid.

 p. 30). 

Nous noterons que le don alleguテゥ des praticiens de mancie appartient au 

窶湾aranormal窶

 endogティne, 

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73 

 

puisque certains voyants ou techniciens de mancie affirment que des images s窶冓mposent テ eux 
sans qu窶冓ls n窶兮ient cherchテゥ テ ツォ voir ツサ quoi que ce soit. 

 

窶「

 

Pseudomテゥdecines 

La troisiティme catテゥgorie du champ 

窶湾aranormal窶

 est celle regroupant ce qui est couramment appelテゥ 

mテゥdecines

 

parallティles

alternatives

, ou 

douces

 que nous regroupons sous le terme de 

pseudomテゥdecines

, bien 

qu窶冓l y ait plusieurs catテゥgories (archテゥothテゥrapies, thテゥrapies ascテゥtiques, thテゥrapies fluidiques, etc.) 
Doury prテゥcise que contrairement au domaine du 窶湾aranormal窶 ou des mancies, celui-ci a dテゥjテ fait 
l窶冩bjet de tentatives de classification, dont au moins deux nous semblent inadテゥquates ;  
- une classification lテゥgaliste, que nous devons テ Legrand & Prayez (1986) :  

ツォ テ notre sens, les mテゥdecines diffテゥrentes relティvent d窶冰ne opposition dialectique entre deux 
types de praticiens : le soignant exerテァant dans le cadre de la mテゥdecine lテゥgale d窶冰ne part, le 
thテゥrapeute-guテゥrisseur (illテゥgal) d窶兮utre part. Le premier fonde sa lテゥgitimitテゥ sur la loi et se 
rテゥfティre テ cette derniティre dans son exercice. Le second bテゥnテゥficie d窶冰ne position 
charismatique qui repose sur la reconnaissance par des patients, disciples ou adeptes, de la 
qualitテゥ extra-ordinaire (hors de l窶冩rdinaire, hors du commun) d窶冰ne personne et de sa 
valeur exemplaire. ツサ (pp. 12-21) 

 
Le pivot est selon Legrand & Prayez le lテゥgalisme de la pratique. Les limites de cette description 
sont de trois ordres :  

-

 

la contingence du lテゥgalisme :

  

Devant l窶凖ゥvolution perpテゥtuelle des critティres de lテゥgalitテゥ, en particulier en matiティre de santテゥ, se baser 
sur le lテゥgalisme revient テ s窶兮streindre テ une certaine contingence : la chiropraxie テゥtant en 2005 
lテゥgalisテゥe en Grande-Bretagne, non en France, la catテゥgorisation fluctue avec le lieu, et qui plus est 
avec le temps puisque une pratique lテゥgalisテゥe peut テェtre ensuite rejetテゥe, ou inversement, au grテゥ des 
mois. L窶兮rgument ツォ lテゥgaliste ツサ comme outil de critテゥration est donc テゥminemment tendancieux. Luc 
Witgens テゥcrit :  

ツォ Comme construction humaine le code serait donc contingent, exprimant d窶冰ne certaine 
sorte ツォ l窶兮ir du temps ツサ. C窶册st d窶兮illeurs la critique marxiste qui dテゥnonce cet aspect 
contingent en dテゥclarant que le code exprime les intテゥrテェts de la classe bourgeoise. ツサ  

Considテゥrer la loi, et le droit qui l窶凖ゥrige, comme un ensemble de rティgles de comportement, 
imposant des obligations aux justiciables, en l窶冩ccurrence les mテゥdecins, conduit selon Moor 
(1997) : 

ツォ テ une difficultテゥ, qui est de distinguer le droit d'autres systティmes normatifs. Il faut donc 
recourir テ un テゥlテゥment supplテゥmentaire, qui est celui de la sanction; cet テゥlテゥment pose aussi 
problティme, parce que le droit n'est pas seul テ instituer des rテゥgimes de sanction. Il faut donc 
parler de sanction lテゥgitime, et, pour ce faire, introduire l'idテゥe d'un monopole sur la 
compテゥtence d'テゥdicter des rティgles sanctionnatrices et celle de les appliquer, monopole exercテゥ 
aujourd'hui par l'テ液at : est dティs lors du droit ce qui est dテゥcidテゥ comme tel, selon des procテゥdures 
dテゥfinies par le droit lui-mテェme. On est ainsi passテゥ du droit naturel au positivisme. ツォ Recht ist 
Macht ツサ, disait le juriste Walther Burckhardt ; vu d'un autre cテエtテゥ, on dira, comme Bourdieu, 
que "les juristes sont les gardiens hypocrites [d'un] ordre hypocrite". ツサ (Moor 1997, pp. 33-55)

.

 

 

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74

 

-

 

le poids de la demande sociale :  

Les phテゥnomティnes culturels, lorsqu窶冓ls sont plテゥbiscitテゥs, influent sur la lテゥgalitテゥ. Deux exemples 
rテゥcents font office de preuve. 
La psychanalyse en 2005, qu窶冓l est difficile en France de critiquer de faテァon mテゥdiatique. Des 
rapports de l窶僮NSERM sont occultテゥs dans l窶兮ssentiment gテゥnテゥral par le ministre de la Santテゥ. 

-

 

le cumul des qualitテゥs :  

Il existe de nombreux pseudothテゥrapeuthes qui sont tout de mテェme mテゥdecins, qui cumulent un 
savoir scientifique et un savoir pseudoscientifique. 
En clair, le critティre lテゥgaliste/illテゥgaliste est insuffisant. Il a alors テゥtテゥ proposテゥ la dichotomie ruralitテゥ-
urbanitテゥ :

 

ツォ Dos Santos (1885) propose, lui, d窶冩pposer les mテゥdecines populaires ou traditionnelles 
(pratiquテゥes en milieu rural, prodiguant des soins de faテァon ponctuelle, テ tradition orale et テ 
テゥvolution lente) aux mテゥdecines parallティles ou savantes (pratiquテゥes en milieu urbain, 
modernes, テ caractティre savant et professionnalisテゥ, reposant sur un systティme qui revendique 
une certaine cohテゥrence ツサ (Doury, 

ouv.citテゥ, 

p. 32). 

Dans le cadre purement franテァais, si l窶兮rgument de l窶凖ゥvolution lente de la pratique est, nous le 
verrons, utile, le clivage entre milieu rural et milieu urbain est caduc. 
 Doury prテゥcise enfin ceci :  

ツォ Le dテゥbat sur les mテゥdecines parallティles se concentre principalement sur la question de leur 
efficacitテゥ, comme pour les mancies : l窶兮ssertion en discussion est donc, encore une fois 
ツォテァa marcheツサ, ou, plus prテゥcisテゥment, ツォ テァa guテゥrit ツサ. Mais la discussion passe principalement, 
comme pour le paranormal, par le recours テ des tテゥmoignages attestant de guテゥrisons (ou 
plus rarement, d窶凖ゥchecs), テ la suite de traitements par des thテゥrapeutiques parallティles, ou テ 
diverses expテゥriences テゥtablissant, selon un protocole scientifique, leur efficacitテゥ ou leur 
inefficacitテゥ. ツサ (

ibid.

). 

Nous n窶冩pterons pour aucune de ces dテゥnominations pour les raisons suivantes :  

- ces 

mテゥdecines

 ne sont pas 

parallティles

 テ des thテゥrapeutiques scientifiques, puisqu窶册lles 

n窶册mpruntent pas de mテゥthode empirique expテゥrimentale. 
- ces 

mテゥdecines 

sont rarement des alternatives efficaces. 

- ces 

mテゥdecines

 ne sont pas 

douces

 : il arrive que certains patients en sortent lテゥsテゥs, voire en 

meurent. 
- le terme 

mテゥdecine

 lui-mテェme peut テェtre discutテゥ : elles sont des techniques de soin, 

majoritairement non テゥprouvテゥes, et non des corpus de connaissances scientifiques et テゥvolutifs. 

Excusable dans le cadre de l窶凖ゥtude rhテゥtorique de Doury puisque les 

mテゥdecines parallティles

 sont 

dテゥnommテゥes ainsi par les agents du champ 

窶湾aranormal窶

, le terme prテゥsente donc

 

un double biais, en 

instillant une sorte d窶凖ゥquivalence implicite, un parallテゥlisme somme toute factice, et un statut de 
corps de savoir scientifique (une mテゥdecine) que les disciplines en question ne possティdent pas. Il 
nous semble prテゥfテゥrable de parler, au lieu de mテゥdecines, de 

thテゥrapies

 窶 c'est-テ-dire des mテゥthodes 

de soin, sans rテゥfテゥrence テ leur efficacitテゥ 窶 auxquelles nous adjoignons l窶兮djectif 

pseudoscientifiques

 

puisque leurs prテゥtentions ne sont pas prouvテゥes par une dテゥmarche scientifique hypothテゥtico-
dテゥductive. La tentation d窶冰tiliser 

parascientifiques

 est forcluse pour la mテェme raison d窶冓nstillation 

d窶冰n parallテゥlisme illusoire. L窶凖ゥtude sテゥmantique de cet adjectif a dテゥjテ テゥtテゥ effectuテゥe par Doury :  

ツォ Le 

Petit Robert 

dテゥfinit 

para- 

de la faテァon suivante : 

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75 

 

Para- : 
1)

 

Elテゥment, du grec 

para, 

ツォ テ cテエtテゥ de ツサ. 

2)

 

Elテゥment, tirテゥ de mots empruntテゥs (

parasol, paravent

) qui exprime l窶冓dテゥe de ツォ protection 

contre ツサ 

On peut exclure que le sens 2) soit manifestテゥ dans le terme 

parasciences. 

Mテェme si certains 

acteurs de la polテゥmiques considティrent les parasciences comme une protestation contre une 
certaine forme de science, jugテゥe dangereuse (intellectuellement, philosophiquement ou 
matテゥriellement), dテゥfinir les parasciences comme une protection contre la science ne peut テェtre 
que mテゥtaphorique. Quant au sens 1), s窶冓l suggティre que les parasciences, テゥtant ツォ テ cテエtテゥ de ツサ la 
science, ne sont pas 

dedans

 窶 et pose donc une certaine altテゥritテゥ entre la science et les 

parasciences 窶 , il ne permet pas de prテゥciser la nature de cette relation ツサ (Doury, 

ouv.citテゥ

, p. 

34).

 

Elle prテゥcise alors qu窶僞dgar Morin, cherchant テ caractテゥriser la revue 

Planティte

, propose le prテゥfixe 

pテゥri- 

(du grec 

peri

, ツォ autour ツサ) comme alternative テ 

para- 

:  

ツォ 

Planティte

 n窶册st テゥvidemment pas une revue scientifique (c'est-テ-dire de recherches) ni une 

revue de vulgarisation scientifique (bien qu窶册lle vulgarise partiellement) : c窶册st une revue 
pテゥri-scientifique, para-scientifique. ツサ (Pecker 1982, p. 30, 

in

 Doury, 

ouv.citテゥ

, p. 34). 

 
Mais nous lui prテゥfテゥrons le prテゥfixe 

pseudo- 

:  

Dans le 

Petit Robert

, le prテゥfixe pseudo- est dテゥfini comme suit :  

PSEUD(O)- : テゥlement du gr. 

Pseudテェs 

ツォ menteur ツサ (V. Faux) 

- FAUX, 1, I, 3ツー : Qui テゥvoque mais qui n窶册st pas ce que l窶冩n nomme (

Faux

 s窶册mploie 

devant un grand nombre de noms de choses pour marquer une dテゥsignation impropre ou 
approximative). 
V. Pseudo-.

 

Faux acacia, fausse oronge (窶ヲ) 

L窶凖ゥtymologie (ツォ menteur ツサ) implique une intention de se situer hors du champ scientifique tout en 
revendiquant une efficacitテゥ de type scientifique, ce qui est exactement le nナ砥d テゥpistテゥmologique 
dans lequel se logent ces pratiques. 
Nous parlerons donc dテゥsormais de 

thテゥrapie pseudoscientifique

, ou, ce qui revient au mテェme, de 

pseudomテゥdecine, corroborant ainsi le travail dテゥjテ entamテゥ par Brissonnet (2003).  
Indiquons テ titre d窶兮necdote que le terme ツォ mテゥdecine complテゥmentaire ツサ est dテゥlicat : l窶兮rt de la 
prise en charge psychoaffective du patient relティve de la mテゥdecine complテゥmentaire, sans テェtre une 
pseudomテゥdecine. En outre, certaines pseudomテゥdecines, par l窶册ffet placebo qu窶册lles sont テ mテェme 
de susciter, peuvent テェtre des complテゥments valables テ une thテゥrapie. Cela est idテゥalement non 
souhaitable puisque, nous le verrons, le recours テ des pseudomテゥdecines テゥmaille les remparts 
critiques vis-テ-vis de dテゥrives possibles. Mais l窶冓dテゥal en mテゥdecine n窶册st pas toujours rテゥalisable. 

 

窶「

 

Les pseudosciences 

Les pseudosciences forment une catテゥgorie qui recouvre les pseudomテゥdecines, qui chevauche le 
domaine des mancies puisqu窶册lles se basent sur une technique, un corps de savoir et celui du 
窶湾aranormal窶, puisqu窶册lle suppose parfois l窶册xistence d窶冰n don.  
 

background image

 

 

   

 

76

 

La cohテゥrence de la catテゥgorie des pseudomテゥdecines tient aux points suivants : 

-

 

un rejet romantique d窶冰ne hypothテゥtique science ou mテゥdecine officielle, normale ou 
paradigmatique, 

-

 

Une rhテゥtorique peu ou prou paranoテッaque, vis-テ-vis d窶冰ne sphティre scientifique, officielle, 
allopathe, immanquablement complotiste. 

-

 

Une tradition forte, axテゥe sur l窶冑テゥritage d窶冰n seul maテョtre original, qui implique parfois un 
culte passテゥiste, mais aussi une inertie scientifique de la discipline. 

-

 

Un naturalisme prテゥsent, exposテゥ sous forme de retour vers un テゥtat ツォ naturel ツサ, forcテゥment 
plus sain, plus pur, plus proche des ツォ origines ツサ. 

-

 

Un jargon consacrテゥ, partageant son origine entre des termes scientifiques parfois dテゥvoyテゥs, 
parfois mal compris, et des termes exotiques souvent empruntテゥs aux sagesses orientales. 

-

 

Un trティs grand corpus de tテゥmoignages en guise de preuve 

-

 

Un systティme de formation trティs rapide, onテゥreux, et autoprescriptif 

-

 

Un recours テ des notions simples et intuitives, souvent relevant de la pensテゥe magique  

 
 

2.3

 

Pseudoscience : dテゥfinition et mises au point 

 
La distinction entre sciences et pseudosciences est une entreprise dテゥlicate, 

primo

 par la nテゥcessitテゥ 

de dテゥfinir la science comme un monde cohテゥrent, un ツォ arbre privilテゥgiテゥ de connaissance ツサ, 

secundo

 

parce que le relativisme de la mouvance postmoderne (voir 1.3.7 

la morgue du Post-modernisme

prテゥtend saper cette distinction. Selon cette lecture sociologique relativiste (Latour, Bloor, 
Lagrange

76

), la construction sociale de la science (au sens 4 de communautテゥ d窶冓ndividus 窶 voir 

1.2.1.

 La science : le bテゥbテゥ et l窶册au du bain

) crテゥe facticement une hテゥgテゥmonie de la science sur les autres 

modes de connaissance du rテゥel, qui se double d窶冰ne sorte de droit d窶兮ccティs codifiテゥ テ un statut 
d窶凖ゥdicteur du vrai (Still & Dryden 2004, p. 286). La contestation politique que le relativisme 
prテゥtend (faussement テ notre avis) apporter en conspuant la science et son diktat quasi-mテゥtallique 
sテゥduit et ツォ ratisse large ツサ. Dans la foulテゥe pseudo-anarchisante de l窶凖ゥpistテゥmologue Feyerabend, qui 
dテゥnonce la science comme une pure construction sociale impテゥrialiste, voire comme une religion 
窶 et allant mテェme jusqu窶凖 proposer de la sテゥparer de l窶凖液at テ l窶冓nstar de テゥglises -, le relativisme 
donne une coloration dissidente faussement libertaire, qui sert toute une mテゥnagerie de 
monstruositテゥs intellectuelles. S窶册ngouffrent dans cette brティche tous les groupes sociaux ayant un 
intテゥrテェt テ rejeter la dテゥmarche scientifique : spiritualistes, exテゥgティtes des Rテゥvテゥlations, adeptes du 
Nouvel テHe, une fraction de l窶册xtrテェme gauche anti-impテゥrialiste, une part des テゥcologistes 
conservateurs de la Nouvelle Droite, psychanalystes, テゥpistテゥmo-fテゥministes et テゥpistテゥmo-
anticolonialistes, shamans, suivi d窶冰ne cohorte de vendeurs de thテゥories pseudoscientifiques. 
Comme l窶凖ゥcrit Laudan :  

ツォ [...] je vise nos contemporains qui, prenant leurs dテゥsirs pour des rテゥalitテゥs, se sont 
appropriテゥs des conclusions issues de la philosophie des sciences et les ont mises au service 
de toute une sテゥrie de causes socio-politiques qui n窶冩nt rien テ voir. Des fテゥministes, des 
champions de la religion (notamment ceux qui pratiquent l窶凖ゥtude ツォ scientifique ツサ de la 

                                                 

76

 Se reporter entre autres テ Latour & Woolgar, 

La vie de laboratoire : La production des faits scientifiques

 (1988). 

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77 

 

Crテゥation), des militants de la contre-culture, des nテゥoconservateurs, et tout un convoi de 
compagnons de route テゥtranges ont trouvテゥ un filon inestimable dans les idテゥes 
d窶冓ncommensurabilitテゥ et de sous-dテゥtermination des thテゥories scientifiques. Le remplacement 
de l窶冓dテゥe que les faits et les preuves comptent par la thティse selon laquelle tout se rテゥsume テ 
une question d窶冓ntテゥrテェts et de perspectives subjectives est la manifestation la plus patente et 
la plus pernicieuse 窶 hormis les campagnes politiques amテゥricaines 窶, de l窶兮nti-
intellectualisme テ l窶冑eure actuelle ツサ (Laudan 1990, p. X). 

En se rテゥjouissant de chasser le vilain chat par la porte, on permet テ des dizaines de rongeurs de 
venir manger les cordages du Bateau de Neurath.  
Ne nous trompons pas : il ne s窶兮git pas, comme le soutient Lagrange, de hurler avec les loups テ la 
montテゥe de l窶冓rrationnel, ou au tsunami anti-savoir, et de participer, comme il le prテゥtend, テ une 
forme complotiste du mテェme type que les complotismes pseudoscientifiques

77

. Il s窶兮git d窶册xpliquer 

que dテゥnier le caractティre particulier de l窶兮rbre de la connaissance scientifique par rapport au reste de 
la forテェt des discours revient テ nier le fait que les codes d窶兮ccティs au statut de scientificitテゥ sont prテゥcis 
et ne sont pas le fruit du hasard, puisqu窶冓ls ont テゥtテゥ テゥlaborテゥs pour rテゥsister au maximum de 
subjectivisme. Il est donc possible de dテゥfinir au moins sommairement les pseudosciences, 
contrairement テ ce que dit Lagrange, par exemple. Comme l窶凖ゥcrit Sokal :  

ツォ [...] en abaissant ce filtre 窶 par exemple en niant la 

possibilitテゥ mテェme 

d窶冰ne テゥvaluation 

raisonnablement objective de ce niveau de justification 窶, non seulement on laisse 
s窶凖ゥchapper la science traditionnelle, mais on ouvre la porte テ la pseudoscience. De plus, en 
amoindrissant le rテエle des critティres cognitifs dans l窶凖ゥvaluation des thテゥories, on permet テ des 
considテゥrations sociales, politiques et psychologiques de prendre la premiティre place ツサ (Sokal, 

ouv.citテゥ

, p. 128) (voir 4.4.5 

Le mode politique

) . 

 

2.3.1

 

Mises au point 

Nous avons cinq mises au point principales que nous conseillons aux enseignants d窶册ffectuer, 
sous peine de ツォ complications ツサ. Ces mises au points prテゥsentテゥes ici sont celles qui ont le plus 
portテゥ leurs fruits. Ce travail, effectuテゥ en amont, garantit une kyrielle de biais de comprテゥhension 
en moins.  
 

2.3.1.1

 

Axiomes incontournables テ la connaissance 

Impossible de prouver que l窶冰nivers, le monde, la rテゥalitテゥ ne sont pas un rテェve de mon esprit 
durant un sommeil. Impossible de prouver que ce mテェme univers n窶册st pas un rテェve de quelqu窶冰n 
d窶兮utre, ou d窶冰n dragon.  
Impossible de prouver que les autres existent vraiment, puisque je ne peux en faire que des 
expテゥriences indirectes. Je pourrais dテゥcrテゥter le solipsisme, et dire que les autres n窶册xistent que 
lorsque je les regarde, dans une posture テ la Berkeley, par exemple (Charles 2003). Le hic consiste 
en ce que non seulement je ne peux plus bテ「tir la moindre connaissance sur rien, et qu窶册n outre 
tout autre individu peut dテゥcider la mテェme chose sans que je puisse lui montrer son erreur. Comme 

                                                 

77

 Lagrange テゥcrit par exemple ツォ [...] 

la croyance de nombreux rationalistes dans cette idテゥe d窶冰ne lutte acharnテゥe de la science contre un 

complot visant テ l窶兮nテゥantir et テ faire triompher l窶冓rrationnel remonte テ l窶冓nvention du mythe galilテゥen ; l窶冓dテゥe que Galilテゥe eut テ lutter contre 

une テゥglise qui faisait tout pour テゥtouffer la vテゥritテゥ scientifique (窶ヲ) Il existe une amusante, ou inquiテゥtante, symテゥtrie entre les amateurs de 
complot d窶冰n cテエtテゥ et, de l窶兮utre ; ceux qui les combattent, entre les ツォ irrationalistes ツサ et les ツォ rationalistes ツサ. Les rationalistes ont beoin de 

la thテゥorie du complot pour expliquer que d窶兮utres croient si fort テ des complots auxquels eux-mテェmes ne croient pas

 ツサ. P. Lagrange, 

Une 

autre vision de la thテゥorie du complot, 

in 

OVNIS : ce qu窶冓ls ne veulent pas que vous sachiez

, 2007, pp. 164-165. 

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78

 

l窶凖ゥcrivent Sokal et Bricmont, ツォ 

si quelqu窶冰n s窶兮charnait テ prテゥtendre qu窶冓l est un clavecin qui joue tout seul, il 

n窶凉 aurait aucun moyen de le convaincre de son erreur 

ツサ (Sokal & Bricmont, 

ouv.citテゥ

, Intermezzo, p. 55)

78

. テ 

la question ツォ 

comment savons-nous qu窶冓l existe quelque chose en dehors de nos sensations ?

 ツサ, la rテゥponse est 

que nous n窶册n avons aucune preuve ; c窶册st simplement une hypothティse parfaitement raisonnable. 
Pour rテゥsumer, si on veut commencer une entreprise intellectuelle de description vraisemblable du 
rテゥel, il nous faut trois axiomes :  

-

 

postuler ma propre existence 

-

 

postuler une rテゥalitテゥ en dehors de moi, qui ne soit pas ma projection. 

-

 

postuler que mon esprit soit capable de dire des choses plus vraies que d窶兮utres sur cette 

rテゥalitテゥ.  

Ces trois axiomes sont improuvables, mais sans eux, il n窶册st plus possible de soutenir que quoi 
que ce soi soit vrai ou faux.  
 

2.3.1.2

 

Rassurer sur la non-hテゥgテゥmonie de la science 

Nous le rテゥsumons en cours ainsi : la science n窶册st pas la seule maniティre d窶冓nvestiguer le rテゥel. 
Effectivement, tout un chacun a la possibilitテゥ de s窶册n remettre テ l窶冓ntrospection, テ la lecture de 
Rテゥvテゥlations, テ l窶兮rt テ la mテゥditation ou テ la gamme des mancies pour choisir et dテゥcider. La science, 
bien moins trテゥpidante テ premiティre vue, a ceci d窶冓ntテゥressant qu窶册lle est construite pour テェtre la 
ツォ maniティre efficace ツサ de dテゥcrire le rテゥel. Tout y est fait pour テゥviter les biais subjectifs, et pour que les 
descriptions soient assorties de tous les bテゥmols possibles, de l窶凖ゥcart type des rテゥsultats テ la fiabilitテゥ, 
leur reproductibilitテゥ, etc. Il ne faut pas compter sur la science pour vous dire ce qui est ツォ beau ツサ 
dans une toile de Modigliani, ou pour apprテゥcier la lecture des Chants de Maldoror. Par contre, si 
l窶冩n veut savoir si quelque chose ツォ marche ツサ, fonctionne, est efficace ou assure le plus de chances 
de rテゥussite, la science est tout simplement faite pour テァa. 
テ la question rテゥcurrente sur l窶冑テゥgテゥmonie de la science ou de la ツォ rationalitテゥ ツサ, Bricmont avait 
rテゥpondu quelque chose comme :  

ツォ Que l窶冩n me trouve une autre maniティre de faire rouler des voitures, de soigner des gens 
ou de faire fonctionner des machines aussi efficacement par une autre mテゥthode, et je m窶凉 
mets ツサ

79

 

2.3.1.3

 

La science et le ツォ テァa marche ツサ 

ツォ 

Dire que テァa marche, c窶册st se projeter dans le champ de la science 

ツサ. Ainsi annonce notre diaporama sur 

l窶冓ntroduction du cours d窶兮pproche scientifique du 

paranormal

. De ce fait, dティs lors que quelqu窶冰n a 

une prテゥtention du type ツォ テァa marche ツサ, il amティne la question sur le terrain scientifique, et la science 
a toute lテゥgitimitテゥ pour dテゥrouler son attirail. Cela est aussi vrai pour la mテゥdecine scientifique :  

 ツォ (窶ヲ) La prテゥtention thテゥrapeutique est ce que le produit proposテゥ prテゥtend pouvoir faire. 
Trティs grossiティrement, le produit nous dit dans sa notice : ツォ Je peux, trois fois sur quatre, avec 
telle dose et telle posologie, vous permettre de rテゥsoudre ceci ou cela, en tel laps de temps ツサ. 
Nous nous retrouvons alors avec une ツォ prテゥtention d窶册fficacitテゥ ツサ, de type scientifique donc, 
relevant du premier sens du terme mテゥdecine [le champ thテゥrapeutique scientifique, avec ses 

                                                 

78

 Comme ils le disent, l窶冓mage est empruntテゥe テ Diderot : ツォ 

Il y a un moment de dテゥlire oテケ le clavecin sensible a pensテゥ テェtre le seul 

clavecin qu窶冓l y eテサt au monde et que toute l'harmonie de l'univers se passait en lu i. ツサ 

Diderot, 1998, p. 620. 

79

 Bricmont J., discussion informelle. 2004 

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79 

 

techniques, ses mテゥdicaments, ses statistiques, son efficacitテゥ, sa froideur, ses suppositoires]. 
Le produit revendique une efficacitテゥ, gテゥnテゥralement supテゥrieure aux autres produits 窶 sinon, 
au fond, pourquoi choisir celui-lテ ? 窶 qu窶冓l revient au fabricant de prouver, en vertu du fait 
que logiquement la preuve incombe テ celui qui prテゥtend ツサ (Monvoisin 2006b). 

Cette mise au point est primordiale aussi bien sur la critique des prテゥtentions publicitaires, par 
exemple que sur les assertions ツォ paranormalistes ツサ. Dire que l窶冓mposition des mains ツォ 

marche

 ツサ, ou 

que le 

Danone essensis

 ツォ 

vous rend la peau plus belle de l窶冓ntテゥrieur

 ツサ (

sic

)

80

 implique le dテゥroulement d窶冰n 

protocole expテゥrimental.  
 
Indiquons テ titre informatif que nous consacrons un cours entier au montage de protocole 
expテゥrimental. La distinction des variables est travaillテゥe dans une sテゥquence appelテゥe ツォ 

Mystification-

dテゥmystification

 ツサ, qu窶冓l n窶册st pas notre propos de dテゥtailler ici. Puis nous exposons deux protocoles 

dテゥroulテゥs complティtement (voir 

Annexe Fiche - Protocole Magnテゥtiseur M

).  

 

2.3.1.4

 

La preuve incombe テ celui qui prテゥtend (テ une efficacitテゥ) 

On retrouve ce principe dans le Code Civil : 

Actori incumbit probatio

, ou 

Actori incumbit onus probandi

article 1315. L窶冓dテゥe est de faire comprendre aux テゥtudiants que ce principe n窶册st pas une morgue 
quelconque des scientifiques, mais une nテゥcessitテゥ. L窶册xemple que nous prenons est le suivant :  

(aprティs deux claquements de doigts successifs)  
ツォ Si je vous dis qu窶册ntre ces deux claquements, je me suis mis tout nu, et ai fait trois fois le 
tour de l窶兮mphithテゥテ「tre テ cloche-pied, mais que vous ne pouviez le percevoir car j窶凖ゥtais dans 
l窶冑yperespace, pouvez-vous me prouver que ce n窶册st pas vrai ? C窶册st effectivement 
impossible de me contredire, et pourtant, ce que j窶兮vance est fortement improbable. Cela 
contredit tout ce que l窶冩n sait actuellement 窶 (voir 1.2.11 

La grille de mots croisテゥs de Susan 

Haack

). Si je veux vous convaincre, c窶册st テ moi de vous fournir les preuves de ce que 

j窶兮vance, et ces preuves devront テェtre aussi convaincantes que mon assertion semble 
improbable 窶 d窶冩テケ la facette Z de Broch : ツォ 

Une allテゥgation extraordinaire nテゥcessite une preuve plus 

qu窶冩rdinaire 

ツサ

81

 

2.3.1.5

 

Dire qu窶冩n ne peut pas prouver que quelque chose ツォ n窶册xiste pas ツサ 

Si l窶冩n peut montrer qu窶冓l est fort probable que la tisane de tilleul n窶兮 pas plus d窶册fficacitテゥ que la 
tisane bouchon de liティge sur le sommeil, on n窶册st pas テ l窶兮bri du contre-argument classique ツォ peut 
テェtre que la science n窶兮 pas les outils adaptテゥs pour percevoir oテケ se niche ladite efficacitテゥ ツサ. Peut 
テェtre qu窶册ffectivement, un jour viendra テゥclairer de ses rayons la mise en テゥvidence d窶冰ne causalitテゥ 
entre le tilleul et le sommeil. Le scepticisme nous conseille alors d窶兮ttendre ce jour avant de faire 
des ツォ plans sur la comティte ツサ. Comme le dit Vivant aux zテゥtテゥticiens montant un protocole 
expテゥrimental, ツォ 

il faut テゥviter de partir (ou de laisser partir le sujet testテゥ) sur les テゥventuelles implications 

thテゥoriques du phテゥnomティne que l窶冩n entend mettre en テゥvidence. D窶兮bord, le mettre en テゥvidence. Ensuite, disserter

 ツサ

82

De mテェme, ajoutons que s窶冓l est possible de montrer un jour l窶册xistence テゥventuelle d窶冰n fantテエme, il 
est impossible de dテゥmontrer leur inexistence 窶 il faudrait pour cela avoir テゥtテゥ partout, tout le 
                                                 

80

 Martins Gomes A., Clarisse Lamy C., 

Danone Essensis, Comment devenir belle avec un yaourt

, cours de Monvoisin R., 

Analyse critique du message scientifique, Pharmacie, Grenoble 1, avril 2007. 

http://esprit.critique.free.fr/#ACMS

  

81

 Cette facette est la trame de rテゥflexion de l窶冩uvrage 窶 

enquテェte

 de Dテゥguillaume, Maillot & Rossoni (2007), disponible 

en ligne ici : 

www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=37

  

82

 Vivant N., communication intra-OZ. 

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80

 

temps, et nous nous retrouvons avec la critique classique de Popper. Le piティge cognitif du faux 
dilemme est une menace permanente テ ce stade de rテゥflexion. Ce n窶册st pas parce qu窶冩n ne peut 
montrer l窶冓mpossibilitテゥ que la chose est statistiquement possible. Broch le rテゥsume ainsi : ツォ 

la non-

impossibilitテゥ n窶册st pas un argument d窶册xistence

 ツサ (Broch, 

ouv.citテゥ

, p. 179) 

En allant plus loin, ツォ ce n窶册st pas parce qu窶冰ne chose est possible qu窶册lle est probable ツサ. Broch y 
dテゥdia テゥgalement une facette : ツォ 

possible n窶册st pas toujours possible

 ツサ, en prenant soin d窶册xpliquer en 

cours qu窶冓l est important de distinguer la possibilitテゥ logique de la possibilitテゥ physique.  

ツォ Dテゥclarer ツォ テ l窶冓nstant oテケ je vous parle, je suis テ Nice et テ Grenoble ツサ est une impossibilitテゥ 
sur le plan physique ; tandis qu窶冰ne phrase type ツォ l窶冑umain n窶册st pas un mammifティre ツサ est 
une phrase impossible sur le plan logique. ツサ 

 
Remarquons que ce glissement sテゥmantique peut jouer des tours, mテェme テ des confテゥrenciers 
avertis. Pensons テ Barrette, qui nous confiait que lors d窶冰n dテゥbat テ l窶冰niversitテゥ avec Raテォl, Raテォl lui 
posa la question suivante : ツォ 

Pensez-vous qu窶冓l soit impossible que j窶兮ie テゥtテゥ enlevテゥ par des extra-terrestres ?

 ツサ. 

Barrette, en toute rigueur, rテゥpondit ツォ 

non, je ne peux pas dire cela

 ツサ 窶 et, selon son propre aveu, 

ツォ perdit ツサ le dテゥbat aux yeux du public

83

 

2.3.2

 

Les pseudosciences 

 

2.3.2.1

 

Un peu d窶冑istoire 

Il ne s窶兮git pas de retracer l窶冑istoire complティte des pseudosciences, loin de lテ. Simplement de 
stipuler que le premier cas recensテゥ de l窶册mploi du terme pseudo-science (de la racine grecque 

pseudテェs

 signifiant faux, menteur, mensonger) est celui de Magendie, qui qualifia ainsi en 1843 la 

phrテゥnologie

84

. On retrouve テゥgalement le terme 

pseudoscience

 dans le 

Northern Journal of Medicine

, dティs 

1844, sous ces termes :  

ツォ That opposite kind of innovation which pronounces what has been recognized as a 
branch of science, to have been a pseudoscience, composed merely of so-called facts, 
connected together by misapprehensions under the disguise of principles ツサ. (p. 387) 

Lakatos a dテゥjテ exprimテゥ le fait que l窶兮ccusation de pseudoscientificitテゥ a テゥtテゥ faite テ tort et テ travers 
au cours des テ「ges. La thテゥorie de Copernic par exemple fut bannie par l窶凖ゥglise catholique en 1616 
parce qu窶册lle テゥtait prテゥtendue pseudoscientifique, puis fut retirテゥe de la mise テ l窶僮ndex en 1820, lui 
ツォ rendant ツサ de fait son statut scientifique. Le Comitテゥ Central du Parti Communiste soviテゥtique 
dテゥcrテゥta de mテェme la gテゥnテゥtique mendテゥlienne comme pseudoscientifique, entraテョnant la dテゥportation 
et le meurtre de dテゥfenseurs cテゥlティbres, comme Vavilov. Lakatos alla plus loin :  

ツォ The new liberal Establishment of the West also exercises the right to deny freedom of 
speech to what it regards as pseudoscience, as we have seen in the case of the debate 
concerning race and intelligence. All these judgments were inevitably based on some sort of 
demarcation criterion. And this is why the problem of demarcation between science and 
pseudoscience is not a pseudo-problem of armchair philosophers: it has grave ethical and 
political implications ツサ (Lakatos 1973). 

Il ne s窶兮git donc pas d窶冰n simple label sans consテゥquence. 

                                                 

83

 C窶凖ゥtait le 23 janvier 1996, テ l窶冰niversitテゥ Laval, Quテゥbec. Communication personnelle. 

84

 

A pseudo-science of the present day

in 

Magendie, p. 150. 

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81 

 

 

2.3.2.2

 

Pseudoscientifique = non-scientifique + spテゥciositテゥ 

Nous partirons de cette dテゥfinition donnテゥe par Cover & Curd (1998): 

ツォ A field, practice, or body of knowledge might reasonably be called pseudoscientific when  
(1) it is presented as consistent with the accepted norms of scientific research; but  
(2) it demonstrably fails to meet these norms, most importantly, in misuse of scientific 
method ツサ.  

La spテゥciositテゥ des prテゥtentions pseudoscientifiques est une caractテゥristique nテゥcessaire qui les 
distingue de la simple non-science ou de l窶册rreur pure et simple. ツォ Non scientifique ツサ signifie 
simplement qu'une thテゥorie, une croyance ou une connaissance ne relティve pas ou plus du domaine 
de la science, mais n'a pas la prテゥtention d'en relever. Le monde d窶僣arry Potter est non 
scientifique, et tout le monde s窶册n porte bien ; de mテェme, un individu qui effectue des tirages de 

Yi 

King

 sans prテゥtention autre que l窶冓ntrospection personnelle, ou qui prie pour la guテゥrison d窶冰n 

proche sans revendiquer une efficacitテゥ testable, ne fait pas de la pseudoscience. Que Coppens 
dテゥfende la thテゥorie dite 

East Side Story

 et qu窶册lle se rテゥvティle fausse n窶兮ppartient pas non plus aux 

pseudosciences. C窶册st de la science ツォ fausse ツサ, ou infirmテゥe. Notons qu窶冩n enseigne souvent de la 
science fausse, lorsqu窶冩n prテゥsente la physique newtonienne, dテゥpassテゥe, ou l窶兮tome de Bohr, lui 
aussi dテゥsuet. Faussetテゥ relative, certes, mais approximation suffisante. 
ツォ Pseudo-scientifique ツサ, que l'on doit traduire par ツォ prテゥtendument scientifique ツサ, implique une 
revendication fallacieuse, volontaire ou non.  
Ce qui est pseudoscientifique n窶册st pas seulement l窶兮dhテゥsion en une cure miraculeuse du cancer 
comme celle de Breuテ par exemple, mais le fait qu窶冩n prテゥtende qu窶册lle ツォ marche ツサ, c'est-テ-dire que 
sa portテゥe est universalisable et scientifique. Habituellement, la rhテゥtorique de dテゥfenseurs de 
pseudosciences botte en touche sur le fait que les critティres de scientificitテゥ doivent テェtre revus ou 
doivent changer de cadre 窶 (voir 1.3.5. 

La raison comme outil

). 

C窶册st ce point que ツォ noie ツサ l窶兮ppellation 

parascience

, que nous trouvons malheureuse (chez 

Lagrange par exemple) car elle laisse テ penser qu窶冓l y a une science parallティle, avec d窶兮utres critティres, 
une autre ツォ rationalitテゥ ツサ. Choses amusante, la spテゥciositテゥ dont nous parlons se traduit souvent par 
une forme de fascination (du statut scientifique) / rejet (des critティres) qui est un parfait exemple 
d窶册ffet bi-standard (voir Annexe 窶

 Fiche pテゥdagogique Nツー5 Les psychomテゥdecines, encart E

). 

 

2.4

 

Critティres de dテゥmarcation, quelques outils pテゥdagogiques 

 
Il y a d窶冓mmenses dテゥbats sur ces critティres, mais trティs peu de choses accessibles sur la maniティre 
pテゥdagogique de les transmettre. En langue franテァaise, il n窶凉 a guティre que Broch (

Le paranormal

1989 ; 

Au cナ砥r de l窶册xtraodrinaire

 2002), Baillargeon (Petit cours d窶兮utodテゥfense intellectuelle, 2005) 

et テ la rigueur De Pracontal (L窶冓mposture scientifique en dix leテァons, 2001) dont les ouvrages 
peuvent テェtre considテゥrテゥs comme grand public et qui abordent ces points-ci. 
Malheureusement, ces critティres ne sont qu窶冓ndicatifs, et remplissent le mテェme usage qu窶冰n sorte de 
bilan de santテゥ : si un bilan de santテゥ ne peut stipuler que tout va bien, il peut au moins faire le jour 
sur une situation critique

85

                                                 

85

 Il s窶兮git d窶冰n emprunt テ une mテゥtaphore sanitaire de la zテゥtテゥtique contre les ツォ pathologies ツサ irrationnelles. On la 

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82

 

Enfin, ces critティres seront empruntテゥes tant au champ テゥpistテゥmologique qu窶兮u champ social : la 
crテゥation d窶冰ne communautテゥ marginale ou d窶冰n jargon type, par exemple. Nous serons toutefois 
mテゥfiants vis-テ-vis d窶冰ne sociologisation テ outrance : pour prendre un exemple trivial, si l窶冩n 
considティre que la science moderne (au sens 2 & 4) dテゥpend grandement de la relecture et de la 
communication avec les pairs, il pourrait sembler suffisant de dテゥcrテゥter pseudoscientifique tout 
domaine de recherche テゥmanant d窶兮cteurs isolテゥs 窶 ce que plusieurs contre-cas infirment bien sテサr, 
bien que comme nous l窶兮vons vu, 

Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact 

(voir 1.2.10 

Hテゥrテゥtique n窶册st pas exact 

). 

Nous n窶兮borderons pas tous les critティres possibles. Nous nous cantonerons テ ceux qui ont fait 
l窶冩bjet d窶冰n enseignement de notre part. 
 

2.4.1

 

Isolement ou incommensurabilitテゥ  

Un bon indicateur de

 

pseudoscience est l窶冓nvraisemblance (ou la vテゥrisimilaritテゥ) de la thティse 

rapportテゥe aux connaissances connues. Gテゥnテゥralement, la pseudoscience ne s窶冓ntティgre pas テ la 

grille 

de mots croisテゥs

 des connaissances scientifiques sur la question (voir 1.2.11 

La grille de mots croisテゥs de 

Susan Haack

).  

Bunge テゥcrivait dテゥjテ en 1984 :  

ツォ Pseudosciences are isolated from relevant areas of science that they ought to learn from 
and contribute to. Bogus sciences have little interaction with and are often proud of their 
isolation from authentic sciences whose findings bear on their claims. Pseudosciences avoid 
contact with disciplines with which they ought to interact on a regular basis. ツサ (p. 36) 

Il prテゥcisait au passage dans un テゥcrit philosophique qu窶卍ォ 

on glisse facilement de la science テ la pseudo-

science quand on oublie la norme qui commande la vテゥrification empirique, ou quand on oublie que toute discipline 
doit テェtre compatible avec ses voisines

. ツサ (Bunge 1986, p. 349) 

Et le regrettテゥ Beyerstein le rテゥsumait ainsi :  

ツォ A major strength of science is that its various branches are interrelated and mutually 
suportive. If all the different sub-disciplines do not actively cross-fertilize one another on a 
day-to-day basis, at least they are not mutally contradictory. Not so with pseudosciences. 
Pseudosciences are typically isolated from mainstream research organizations and from 
workers in relevant academic fields. Their proponents do not value or promote close links 
with data and theory from other applicable areas of inquiry. (窶ヲ) As a result of their 
insularity, when pseudoscientists debate their critics, they seem surprisingly ignorant of 
basic concepts in academic fields that ought to inform their work. ツサ (Beyerstein 1995, pp. 
27-28)

86

 

Dans un autre travail, Beyerstein expliquait :  

ツォ Applied kinesiology, radionics, craniosacral manipulation, homeopathy, are examples of 
dubious practices that clash with scientific knowledge. Similarly, naturopaths, who pride 
themselves on being specialists in nutrition typically espouse the unfounded claims 
propagated by the "health-food" industry. Scientifically trained dietitians have documented 

                                                                                                                                                         

retrouve chez Rostand (hygiティne prテゥventive du jugement), chez Broch (prophylaxie) qui peut テェtre critiquテゥe, テ moins 

d窶凖ゥventuellement penser les objets de connaissance comme des 

mティmes

, c'est-テ-dire des テゥquivalents mentaux des gティnes. 

Sur la thテゥorie des mティmes, qui balbutie en France malgrテゥ ses trente ans, voir テゥvidement Dawkins, 

Le Gティne テゥgoテッste

,  

2003, mais aussi Jouxtel, 

Comment les systティmes pondent

, 2005. 

86

 Beyerstein 

Distinguish science from pseudoscience,

 accessible ici :  

www.sfu.ca/~beyerste/research/articles/02SciencevsPseudoscience.pdf

 Nous apprenons au moment de la rテゥdaction 

de cette thティse le dテゥcティs de Beyerstein, le 26 juin 2007.  

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83 

 

the isolation of naturopathy from mainstream science in this regard ツサ (Beyerstein & Downie 
1998, pp. 10-18 ; Beyerstein 1997, pp. 29-34). 

L窶兮uteur ajoutait que cet insularisme mティne droit vers l窶兮uto-validation des travaux, dans des 
revues propres (voir 2.4.7 

L窶冑abit du moine

). Bien entendu, la probabilitテゥ qu窶冰n groupe d窶冓ndividus 

vienne un jour bouleverser quasi 

ex nihilo

 les connaissances n窶册st pas nulle. De ce fait, le critティre 

d窶冓solement est insuffisant. Mais dans ce cas il faudra un corpus de faits solides et des preuves 
extrテェmement sテゥvティres en vertu de du principe zテゥtテゥtique : ツォ une allテゥgation extra-ordinaire nテゥcessite 
une preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ (voir 2.4.1 

Isolement ou incommensurabilitテゥ

).  

Voici quelques exemples :  

窶「

 

La 

mテゥmoire

 de l窶册au postulテゥe par l窶冑omテゥopathie ne s窶冓ntティgre pas du tout dans les 

connaissances chimiques actuelles 

窶「

 

Il n窶凉 a rien actuellement qui permette d窶兮ccrテゥditer les ツォ vibrations ツサ curatives prテェtテゥes aux 
essences florales utilisテゥes dans les テゥlixirs de E. Bach. 

窶「

 

Le ツォ don ツサ de sourcellerie, la psychokinティse de Uri Geller, le 

therapeutic touch

 ne sont reliテゥs テ 

aucun champ connu de la science. 

窶「

 

L窶冑ypothティse d窶儖smanagic (figure 13) d窶冰ne pyramide de 12000 ans enfouie sous la colline 
de Visoko, en Bosnie soulティve moyens et nationalismes sans apporter un soupテァon de 
preuve

87

.  

 

 

Figure 14 : Osmanagic, ツォ pティre ツサ de l窶冑ypothティse Pyramide Bosnienne. 

 
Cette isolement permet d窶冰tiliser des scテゥnarios revendicateurs, annonテァant sans rougir un 
chamboulement de la physique, de la gテゥnテゥtique, de la chimie, du rティgne animal, etc. (voir 4.4 

Ips 

Scテゥnaristiques)

 

Consテゥquences :  

- une mauvaise connaissance des travaux scientifiques reconnus ; 
- une validation des travaux interne au champ ; 
- un jargon empruntテゥ テ la science et dテゥtournテゥ selon des dテゥfinitions propres (voir

 

4.2.7 

Distinction effet puits-effet Barnum

) ; 

                                                 

87

 Lire テ ce sujet, Monvoisin R., Hoffmann M., 

Prendre un scテゥnario pour une thテゥorie : distorsion sur les pyramides bosniennes

Newsletter Nツー15, 2006 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=21

  

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84

 

- des trames argumentatives proches du procティs d窶冓ntention (voir 4.4.3.4 

Scテゥnario テゥmotif 窶 

appel テ l窶凖ゥmotion 

& 4.4.5.2 

Manナ砥vres dilatoires : ad hitlerum, chauvinisme, etc.) 

- la crテゥation d窶冰ne contre-culture d窶冩pposition (voir 

pseudo-contestation

in

 4.4.3.4 

Scテゥnario 

テゥmotif 窶 appel テ l窶凖ゥmotion

) par rapport テ la ツォ science/mテゥdecine officielle / occidentale ツサ, au 

matテゥrialisme, etc. C窶册st le le versant sociologique de la rhテゥtorique du repoussoir. 

 
Il est d窶兮illeurs frテゥquent que les dテゥfenseurs de la thテゥorie griment la critique scientifique en 
opposition doctrinale - l窶兮rgument classique est celui de la ツォ attaque doctrinaire ツサ, du type ツォ les 
scientifiques refusent parce que テァa les dテゥrange ツサ - ou en lecture d窶冓ntテゥrテェt vテゥnal 窶 argument ツォ テァa 
ne rapporterait pas aux industries pharmaceutiques / aux mテゥdecins / aux politiciens ツサ. Prテゥcisons 
que ces argumentaires peuvent テェtre vrais sans pour autant accrテゥditer la thテゥorie sur un plan 
scientifique.  
 

窶「

 

Le curseur Vraisemblance et la maxime de Hume 

 

Facette Z : 

Attention au curseur vraisemblance 

 

Entre une science テゥtablie et une pseudoscience, Gardner propose une テゥchelle de confirmation par 
l窶凖ゥvidence (des faits) :  

ツォ One [continuum] is a scale of the degree to which a scientific theory is confirmed by 
evidence. At one end of this scale are theories almost certainly false, such as the dianetic 
view that a one-day-old embryo can make sound recording of its mother窶冱 conversation. 
Toward the middle of the scale are theories advanced as working hypotheses, but highly 
debatable because of the lack of sufficient data 窶 for example, the theory that universe is 
expanding. Finally, at the other extreme of the scale, are theories almost certainly true, 
such as the belief that earth is round or that men and beasts are distant cousins. ツサ 
(Gardner 1957, p. 7). 

Gardner prテゥcise surtout :  

ツォ The problem of determining the degree to which a theory is confirmed is extremely 
difficult and technical, and, as a matter of fact, there are no known methods for giving 
precise 窶徘robability values窶 to hypotheses. This problem, however, need not trouble us. We 
shall be concerned, except for a few cases, only with theories so close to 窶彗lmost certainly 
false窶 that there is no reasonable doubt about their worthlessness ツサ (

ibid.

). 

 

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85 

 

 

Figure 15 : Continuum Science - pseudoscience, 

in 

Sokal, 

ouv.citテゥ

, p. 45 

Sokal poursuit sur cette idテゥe de curseur et propose une reprテゥsentation schテゥmatique et qualitative 
de ce continuum (figure 14). Cette テゥchelle et ce continuum peuvent テェtre trティs facilement 
schテゥmatisテゥs par le pratique 

Curseur Vraisemblance

 (CV) de Broch. Sommaire, certes, le CV permet 

d窶兮mener l窶凖ゥtudiant テ situer les hypothティses les unes par rapport aux autres, et rテゥaliser la tテ「che 
cognitive de soupeser la vraisemblance.  
Encore faut-il expliquer les prテゥcautions langagiティres prises sur la vraisemblance, et テゥviter les 
テゥcueils culturels ; nous parlons de vraisemblance rationnelle, テゥvaluテゥe ツォ en connaissance de cause ツサ, 
c'est-テ-dire avec toutes les connaissances attenantes nテゥcessaires pour juger. Car la vraisemblance 
non テゥclairテゥe par l窶冓nformation contradictoire se rapproche dangereusement du prテゥjugテゥ, et faseye 
au grテゥ des vents culturels. Ainsi est-il beaucoup plus vraisemblable qu窶冰n chinois pratique mieux 
la mテゥdecine テゥnergテゥtique chinoise qu窶冰n angolais, qu窶冰n enseignant japonais d窶兮rts martiaux est 
prテゥsumテゥ plus compテゥtent qu窶冰n mexicain, et qu窶冓l semble plus vraisemblable aux franテァais 
d窶冓maginer un tibテゥtain qui lテゥvite qu窶冰n auvergnat (figure 15). 
 

    

 

Figures 16& 16 : attention aux piティges culturels 

 (15) Moine tibテゥtain (Gen Lobsang Tashi) qui ne lテゥvite pas ;  

 

(16) Fonctionnaire amテゥricaine (Rachel E. Neuman, Ohio) qui ツォ lテゥvite ツサ 窶 nous n窶兮vons pas trouvテゥ 

d窶兮uvergnat.  

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86

 

Le CV devient trティs pertinent pour un premier tri rapide. Les テゥtudiants se l窶兮pproprient assez vite 
(voir figure 17). 
 

 

 
 
 
 
 

Figure 177 : curseur de vraisemblance, tel qu窶册mployテゥ par Perruchon 

& al.

, テゥtudiants de zテゥtテゥtique (mai 2007) 

 

窶「

 

Maxime de Hume et ツォ preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ  

Broch utilise depuis un certain nombre d窶兮nnテゥes la facette Z suivante : ツォ 

Une allテゥgation extra-

ordinaire nテゥcessite une preuve plus qu窶冩rdinaire

 ツサ. Son utilitテゥ est テゥvidente : si une allテゥgation ne s窶冓ntティgre 

en rien de connu 窶 dans le rテゥseau de mots croisテゥs de Haack (voir 1.2.11) 窶, il faut une preuve 
suffisamment forte pour faire pencher le 

Curseur Vraisemblance

 du cテエtテゥ vraisemblable.  

Nous recyclons sous forme de tableau une illustration que l窶冩n prテェte テ Isaac Asimov, revisitテゥe par 
nos soins (Tableau 1). 

Ordinaritテゥ Exemple  Intテゥrテェt 

Curseur 

vraisemblance 

Niveau de 

preuve requis

Assertion 

triviale 

J窶兮i vu une grenouille. 

Tout le 

monde s窶册n 

fout 

Proche de 100% (varie 
selon la qualitテゥ coutumiティre 
de mes tテゥmoignages) 

Trティs faible 

Assertion 

テゥtonnante 

J窶兮i vu une grenouille 
rouge dans une forテェt 
franテァaise. 

Fort intテゥrテェt 

Assez proche de 0% 

Normal 

Assertion 

incroyable 

J窶兮i vu galoper un 
dinosaure. 

Perle rare 

Quasiment 0% 

Extraordinaire 

Tableau 1 : Caractテゥristiques de diffテゥrentes allテゥgations en fonction de leur ordinaritテゥ.  

 

Pour dテゥterminer l'hypothティse la plus vraisemblable, on peut en premier lieu se fier テ 

notre raisonnement et se demander quelles sont les hypothティses que l'on va テゥcarter 

car elle nous coテサte trop cher cognitivement. 

窶「

 

Comme nous l窶兮vons vu dans la partie prテゥcテゥdente pendant trティs longtemps le 
feu follet テゥtait considテゥrテゥ comme une entitテゥ pensante que ce soit un esprit, une 
テ「me errante, un farfadet ou tout autre crテゥature imaginaire. 

Invraisemblable

Vraisemblable 

Cette hypothティse parait peut vraisemblable car reposant sur un acte de foi. 

窶「

 

Il existe une thテゥorie qui explique les feux follets par le dテゥgagement et 
l窶冓nflammation de gaz issu de la dテゥcomposition de matiティre. La dテゥcomposition 

des plantes crテゥe du gaz que l'on appelle le mテゥthane. La dテゥcomposition des 

animaux engendre un autre gaz : la phosphine. La phosphine a la particularitテゥ 

de s'enflammer au contact de l'air tandis que le mテゥthane est un combustible. 
Lorsque la phosphine et le mテゥthane rassemblテゥs remontent en surface, la 

phosphine s'enflamme et provoque la combustion du mテゥthane. 

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87 

 

Cette proportionnalitテゥ du poids de la preuve a テゥtテゥ rendue cテゥlティbre par Carl Sagan sous cette 
forme :  

ツォ Extraordinary claims require extraordinary evidence ツサ (des prテゥtentions extraordinaires 
nテゥcテゥssitent une preuve extraordinaire) (Sagan 1980, p. 339)

88

Toutefois, l窶冑istoire de cette phrase se rテゥvティle plus longue et plus enracinテゥe dans l窶僣istoire qu窶册lle 
ne le laisse penser.On la retrouve d窶兮bord chez Truzzi :  

ツォ Des allテゥgations extra-ordinaires nテゥcessitent une preuve extraordinaire ツサ

89

  

Et bien plus tテエt, on trouve en trace chez le marquis de Laplace, dans son 

Essai philosophique sur les 

probabilitテゥs

 de 1814 :  

ツォ Nous sommes si テゥloignテゥs de connaテョtre tous les agents de la nature et leurs divers modes 
d窶兮ction qu窶冓l ne serait pas philosophique de nier les phテゥnomティnes uniquement parce qu窶冓ls 
sont inexplicables dans l窶凖ゥtat actuel de nos connaissances. Seulement, nous devons les 
examiner avec une attention d窶兮utant plus scrupuleuse qu窶冓l paraテョt plus difficile de les 
admettre ツサ (Laplace 1814, p. 110). 

Il arrive que dans la littテゥrature, on en vienne jusqu窶凖 parler de ツォ principe de Laplace ツサ. Pourtant, 
on peut trouver trace de ce ツォ principe ツサ dテゥjテ chez le philosophe David Hume, qui dit d窶兮bord au 
lecteur qu窶 ツォ 

A wise man, therefore, proportions his belief to the evidence

 ツサ, traduite en ツォ 

Un homme sage, donc, 

proportionne sa croyance aux preuves 

ツサ. Ce conseil ouvre sur sa cテゥlティbre maxime sur les miracles, 

extraite du chapitre X d窶

Enquテェte sur l窶册ntendement humain 

:  

ツォ Pour que quelque chose soit considテゥrテゥ comme un miracle, il faut qu'il n'arrive jamais dans 
le cours habituel de la nature. Ce n'est pas un miracle qu'un homme, apparemment en 
bonne santテゥ, meure soudainement, parce que ce genre de mort, bien que plus inhabituelle 
que d'autres, a pourtant テゥtテゥ vu arriver frテゥquemment. Mais c'est un miracle qu'un homme 
mort revienne テ la vie, parce que cet テゥvテゥnement n'a jamais テゥtテゥ observテゥ, テ aucune テゥpoque, 
dans aucun pays. Il faut donc qu'il y ait une expテゥrience uniforme contre tout テゥvテゥnement 
miraculeux, autrement, l'テゥvテゥnement ne mテゥrite pas cette appellation de miracle. Et comme 
une expテゥrience uniforme テゥquivaut テ une preuve, il y a dans ce cas une 

preuve

 directe et 

entiティre, venant de la nature des faits, contre l'existence d'un quelconque miracle. Une telle 
preuve ne peut テェtre dテゥtruite et le miracle rendu croyable, sinon par une preuve contraire qui 
lui soit supテゥrieure. 
La consテゥquence テゥvidente (et c'est une maxime gテゥnテゥrale qui mテゥrite notre attention) est : 
"

Aucun tテゥmoignage n'est suffisant pour テゥtablir un miracle テ moins que le 

tテゥmoignage soit d'un genre tel que sa faussetテゥ serait plus miraculeuse que le fait 
qu'il veut テゥtablir

90

 

; et mテェme dans ce cas, il y a une destruction rテゥciproque des arguments, 

et c'est seulement l'argument supテゥrieur qui nous donne une assurance adaptテゥe テ ce degrテゥ de 
force qui demeure, dテゥduction faite de la force de l'argument infテゥrieur." Quand quelqu'un 
me dit qu'il a vu un mort revenu テ la vie, je considティre immテゥdiatement en moi-mテェme s'il est 
plus probable que cette personne me trompe ou soit trompテゥe, ou que le fait qu'elle relate ait 

                                                 

88

 Voir aussi 

Broca's Brain

, Ballantine, New York, 1980, p. 73 

89

 La premiティre mention retrouvテゥe vient de l窶凖ゥdito de The Zetetic, vol. 1, no. 1, Fall/Winter 1976. Merci テ M. 

Pigliucci, 

Do extraordinary claims really require extraordinary evidence?,

 Skept. Inq. 2005. Plus tard, Truzzi テゥcrira : ツォ 

In science, 

the burden of proof falls upon the claimant; and the more extraordinary a claim, the heavier is the burden of proof demanded

窶, テゥcrit 

Truzzi dans 

On Some Unfair Practices towards Claims of the Paranormal

, 1987 et dans 

Oxymoron: Annual Thematic Anthology 

of the Arts and Sciences, 

1998. Disponible sur 

http://www.skepticalinvestigations.org/anomalistics/practices.htm

  

90

 Le gras est de notre fait, et traduit : 

No testimony is sufficient to establish a miracle, unless the testimony be of such a kind, that 

its falsehood would be more miraculous than the fact which it endeavors to establish.

 

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88

 

rテゥellement eu lieu. Je soupティse les deux miracles, et selon la supテゥrioritテゥ que je dテゥcouvre, je 
rends ma dテゥcision et rejette toujours le plus grand miracle. Si la faussetテゥ de son tテゥmoignage 
テゥtait plus miraculeuse que l'テゥvテゥnement qu'elle relate, alors, et alors seulement, cette 
personne pourrait prテゥtendre commander ma croyance et mon opinion. ツサ (Hume 1993, pp. 
188-190)

91

 

Bricmont en prテエne une utilisation sans modテゥration. 

ツォ [...] l窶兮rgument est le suivant : si vous observez vous-mテェme un miracle, c窶册st テ vous de voir 
si vous テゥtiez sobre, sain d窶册sprit, etc. テ ce moment-lテ. Mais si la plupart des gens qui croient 
aux miracles ont cette croyance, ce n窶册st pas parce qu窶冓ls en ont observテゥ un, c窶册st parce que 
le ツォ fait ツサ leur a テゥtテゥ rapportテゥ par d窶兮utres. Or, observe Hume, un miracle (une rテゥsurrection 
par exemple) peut テェtre considテゥrテゥ comme une violation des lois naturelles ; notre confiance 
dans la validitテゥ de ces lois est entiティrement fondテゥe sur l窶册xpテゥrience et, par consテゥquent, est 
faillible. Mais le tテゥmoignage qui atteste de leur violation est テゥgalement entiティrement fondテゥ 
sur l窶册xpテゥrience. Eh bien ! Nous avons tous eu l窶册xpテゥrience du fait que des gens se 
trompent ou nous trompent (si vous n窶凖ェtes pas convaincus, achetez une voiture d窶冩ccasion). 
Nous devons donc comparer la probabilitテゥ de deux テゥvテゥnements : d窶冰ne part, la suspension 
momentanテゥe des lois naturelles, d窶兮utre part le fait que quelqu窶冰n dans la chaテョne des 
tテゥmoignages qui nous rapportent le miracle (chaテョne qui, en ce qui concerne les miracles de 
l窶凖ゥpoque biblique, est assez longue) se trompe ou nous trompe. La probabilitテゥ penche 
toujours en faveur de la seconde hypothティse, pour la simple raison que notre expテゥrience 
personnelle nous a amplement dテゥmontrテゥ l窶册xistence de ce phテゥnomティne alors qu窶册lle ne nous 
a jamais montrテゥ que les lois naturelles peuvent テェtre violテゥes. Une autre faテァon de dire la 
mテェme chose, c窶册st que le ツォ fait brut ツサ テ expliquer, celui auquel vous avez directement accティs, 
n窶册st pas le miracle lui-mテェme, mais le tテゥmoignage (souvent indirect) concernant le miracle. 
Et celui-lテ est facile テ expliquer, au moyen de la psychologie humaine et sans invoquer de 
violation des lois naturelles. 
(窶ヲ) je prテゥtends qu窶冩n peut le gテゥnテゥraliser et qu窶冓l a alors une portテゥe absolument dテゥvastatrice 
pour toutes sortes de croyances ; il faut en effet poser la question suivante aux scientifiques 
tout autant qu窶兮ux diseuses de bonne aventure, aux astrologues et aux homテゥopathes : 
quelles raisons me donnez-vous de croire que la vテゥracitテゥ de ce que vous avancez est plus 
probable que le fait que vous vous trompiez ou que vous me trompiez ? ツサ (Bricmont 
2002)

92

 

 
Nous avons tentテゥ d窶冓llustrer ce principe d窶冰ne maniティre figurative dans le dessin suivant (figure 
18).  

                                                 

91

 Hume, 

Enquテェte

 sur l窶册ntendement humain, chap X 

http://perso.orange.fr/philotra/enquet.htm#section10

 La mise 

ne gras est de notre fait. 

92

 Voir aussi Gracely, 

Why Extraordinary Claims Demand Extraordinary Proof 

December 1998, publiテゥ dans 

Phactum

newsletter de Philadelphia Association for Critical Thinking (PhACT). 

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89 

 

 

Figure 18 : Illustration figurative du principe de proportionnalitテゥ du poids de la preuve.  

 

Figure 19 :

 

contenu du plateau de gauche : R : confiance dans le rapporteur 窶 R* テゥtat d窶凖ゥbriテゥtテゥ du rapporteur 窶 

F : qualitテゥ de la transmission du fait 窶 M テゥcoute du rテゥcテゥpteur, son テゥtat.

 

Ce point de mテゥthodologie soulティve bien des dテゥbats dans les milieux sceptiques, dans la mesure oテケ 
l窶卍ォ extraordinaritテゥ ツサ d窶冰ne allテゥgation est difficile テ テゥvaluer, et oテケ l窶 ツォ extraordinaritテゥ ツサ d窶冰ne preuve 
peut テェtre discutテゥe (d窶冰ne maniティre probabiliste) : W. C Harvey (2005), rテゥpondant テ Pigliucci, 
pointe du doigt le fait que la fusion froide par exemple, ne nテゥcessite pour exister qu窶冰ne 

bonne

 

preuve thermodynamique qui n窶兮 rien d窶册xtraordinaire. La mテゥprise relティve ici de l窶册ffet 

paillasson

 : la 

preuve n窶兮 besoin d窶凖ェtre extraordinaire qu窶兮u sens de rigueur maximale.  
 

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90

 

2.4.2

 

Invocation d窶冑ypothティses 窶 thテゥiティre de Russell et rasoir 

Il s窶兮git d窶冰n critティre (le nツー5) dテゥjテ prテゥvu par Langmuir dans la description de sa cテゥlティbre 窶 et 
nテゥanmoins discutable 窶 

Pathological Science

93

.

  

  ツォ Criticisms are met by 

ad hoc

 excuses thought up on the spur of the moment ツサ (Langmuir 

1953)

94

Bunge l窶册xprime ainsi :  

ツォ Pseudosciences exhibit a general outlook that countenances immaterial entities and 
processes and untestable hypotheses that are accepted on authority (voir 4.3.2. 

Les arguments 

d窶兮utoritテゥ

) rather than on the basis of logic and empirical evidence.Radionics, polarity 

therapy, and therapeutic touch are a few of the naturopathic standbys that postulate 
immaterial "energy" fields that legitimate scientists cannot detect. Homeopathy, too, posits 
subtle "vibrations" to explain how pure water can "remember" in order to produce the 
effects of molecules it no longer contains. As we have seen, naturopathy is thoroughly 
vitalistic (voir Annexe 

窶 Fiche pテゥdagogique Nツー6 Le magnテゥtisme et les fluides

), riddled with unique 

but undetectable forces and concepts of flow and balance that cannot be empirically tested. 
Naturopathic "mission statements" we encountered typically repeatedly the "spiritual" 
nature of healing ツサ 

Il faut bien distinguer :  

- les 

hypothティses 

ad hoc 

matテゥrielles

, qui invoquent parfois des entitテゥs dont l窶册xistence est 

ou sera testable, donc potentiellement テゥventuellement rテゥfutable. Elles doivent se justifier selon le 
principe de parcimonie (voir plus bas

, Rasoir d窶儖ccam et principe de parcimonie

). Pour illustrer ce 

genre d窶冑ypothティse, imaginons une case vide du tableau de Mendテゥleiev.  

les

 hypothティses 

ad hoc

 immatテゥrielles, 

donc non expテゥrimentables. Anges, dテゥmons, テ「me, 

esprits des dテゥfunts, fantテエmes, au-delテ, voyage astral, autre rテゥalitテゥ, 6

ティme

 sens, 10% du cerveau 

seulement utilisテゥs, relティvent de l窶兮cte de foi. Nous sortons du cadre matテゥrialiste pour entrer dans la 
foi, le ressenti subjectif, la poテゥsie ou la littテゥrature, et la science ne peut donc pas se saisir de 
l窶冑ypothティse pour la tester. 

 

Voici quelques exemples

 

utilisテゥs en cours :  

窶「

 

Le Pティre Brune et la TCI 

Le pティre Brune, dans l窶凖ゥmission 

Y a pas Photo 

de Bataille et Fontaine, explique que les voix captテゥes 

par TCI sont des voies de dテゥfunts. Ces voies sont mテゥtalliques et peu comprテゥhensibles. Brune 
rテゥpond que c窶册st normal, puisque les morts n窶冩nt pas de larynx. Ces voix n窶凖ゥmanent que 
d窶兮ppareils テゥlectriques (lecteur k7, poste de tテゥlテゥvision anciens modティles). Rien de surprenant, 
rテゥpond Brune, il semble que les dテゥfunts n窶兮ient pas assez d窶凖ゥnergie (

sic

) pour interfテゥrer de maniティre 

plus notable. Tout ceci venant factieusement appuyer sa thティse ツォ 

les dテゥfunts nous parlent

 ツサ, que le pティre 

Brune prend dテゥjテ pour prテゥmisses de ses hypothティses 

ad hoc.

 Nous voici dans un merveilleux cercle 

                                                 

93

 Nous テゥmテゥttons des reserves sur la notion-mテェme de science pathologique. Le terme vテゥhicule l窶冓dテゥe implicite d窶冰ne 

sorte d窶凖ゥtat particulier de la science ツォ normale ツサ, au mテェme titre que l窶冩n distingue un テゥtat normal, ou sain, d窶冰n テゥtat 
pathologique en mテゥdecine 窶 sachant que ces notions sont trティs discutables - voir Canguilhem (2005) ainsi que 

Kremer Marietti (1996). 

94

 Ces critティres sont dテゥsormais connus comme insuffisants. Rhodes a montrテゥ par exemple que les critティres de 

Langmuir auraient tout テ fait correspondu テ la dテゥcouverte des prions par Prusiner. Voir Rhodes (1997), p. 54. 
 

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91 

 

vicieux, que personne dans l窶凖ゥmission ne rテゥlevera

95

.  

 

窶「

 

Richard C. Hoagland et le visage de Mars 

 

 

Figure 20 : Richard C. Hoagland et l窶卍ォ テゥternel ツサ visage sur Mars. Excellent outil pテゥdagogique tant pour 

dテゥnoncer le complotisme que pour illustrer les dテゥvoiements pareidoliques. 

 
La thテゥorie de Richard C. Hoagland (figure 20) concernant la vie sur Mars est la suivante : 
Hoagland prテゥtend que si aucune preuve de vie martienne n窶册st obtenu, c窶册st parce que la NASA 
s窶冩bstine テ effacer les traces qu窶册lle trouve

96

. L窶冑ypothティse 

ad hoc 

peut parfois faire le corps de 

thテゥories complotistes. 
L窶册xemple de 

ad hoc 

immatテゥriel le plus stimulant chez les zテゥtテゥticiens est ce que le 

debunker

 

ufologue Schaeffer (1998) appelle le 

phテゥnomティne jaloux

 (c'est-テ-dire le phテゥnomティne rテゥtif テ se produire 

devant n窶冓mporte qui) expliquテゥ gテゥnテゥralement par des ツォ ondes nテゥgatives ツサ sceptiques aussi 

ad hoc 

qu窶冰tiles en cas d窶兮bsence de phテゥnomティne. Si le test scientifique テゥchoue, c窶册st dテサ aux ツォ ondes 
nテゥgatives ツサ. R.T. Carroll dans son 

Skeptic窶冱 Dictionnary

 :  

ツォ Ad hoc hypotheses are common in paranormal research and in the work of 
pseudoscientists. For example, ESP researchers have been known to blame the hostile 
thoughts of onlookers for unconsciously influencing pointer readings on sensitive 
instruments. The hostile vibes, they say, made it impossible for them to duplicate a positive 
ESP experimentツサ

97

 
L窶冓dテゥe d窶册xpテゥrimentations s窶兮ffranchissant au maximum des biais subjectifs et inter-subjectifs des 
sujets et des expテゥrimentateurs trouve sa justification ici : plus la rigueur est de mise, moins de 
paramティtres non contrテエlテゥs comme des ツォ ondes nテゥgatives ツサ pourront interfテゥrer avec les mesures, 
surtout lorsque ces ツォ ondes ツサ sont invoquテゥes 

a posteriori 

non pour expliquer une action quelconque 

mesurable mais pour justifier un テゥchec lors d窶冰n test expテゥrimental zテゥtテゥtique. Broch, sur la 
question de la torsion de mテゥtal par ツォ pouvoir psi ツサ, a trouvテゥ une solution soignant la jalousie des 
                                                 

95

 Transcommunication Instrumentale, テゥmission 

Y a pas Photo

, 15 fテゥvrier 1999. Blanc-Garin J., Compte-rendu de 

l窶兮ssociation Infinitudes, Messager Nツー26. Y est dテゥcrit un superbe bi-standard dans l窶凖ゥvaluation de la prestation 
tテゥlテゥvisテゥe.  

96

 Hoagland relate tous ces points sur son site 

http://www.enterprisemission.com/

 . Pour une dテゥconstruction de ses 

arguments, voir Plait, 

Richard Hoagland's Nonsense

, sur  

http://www.badastronomy.com/bad/misc/hoagland/index.html

  

97

 Source : 

http://skepdic.com/adhoc.html

  

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92

 

phテゥnomティnes jaloux : une cuiller, placテゥe dans un tube en verre scellテゥ ensuite, est remis au 
prテゥtendant, qui peut tenter d窶冓nflテゥchir le mテゥtal par l窶册sprit aussi loin du laboratoire zテゥtテゥtique et de 
ses ondes nテゥgatives que possible. 
Nous entrons lテ dans un problティme intテゥressant en テゥpistテゥmologie : qu窶册n serait-il des mesures si 
l窶冩bjet テ テゥtudier テゥtait justement capable de dテゥformer les mesures ?  
Un bテゥmol toutefois, parfois soulevテゥ par les テゥtudiants fテゥrus de scテゥnarios complexes. Concテゥdons 
aux tenants du 

Psi

 qu窶冓l puisse (

possible n窶凖ゥtant pas toujours possible

) y avoir des moyens d窶兮ction non 

mesurables actuellement qui テゥventuellement interfテゥreraient avec les mesures. C窶册st le corps des 
hypothティses de type ツォ psi-missing ツサ :  

ツォ il est possible que le phテゥnomティne ESP, s窶冓l existe, comporte une テゥventualitテゥ paradoxale 
telle que de nombreux sujets puissent manifester une forme d窶僞SP ツォ テ rebours ツサ, consistant 
en ceci que leur choix se porterait systテゥmatiquement sur une ツォ fausse cible ツサ (un leurre, quel 
qu窶冓l soit) par refus inconscient du phテゥnomティne ツサ (Auriol, 

Cabinet.Auriol

). 

 
Il faut bien se rendre compte que thテゥoriser sur un prテゥtendu phテゥnomティne avant d窶兮voir caractテゥrisテゥ 
celui-ci revient non seulement テ vendre la peau de l窶冩urs avant de l窶兮voir tuテゥ, mais 

テ vendre la peau 

de l窶冑ypothテゥtique Yテゥti avant de l窶兮voir vu

. Nombre de parapsychologues effectuent ici un 

effet Cerceau

(voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

) prテゥsumant que la difficultテゥ テ caractテゥriser le PSI vient des 

carcatテゥristiques dudit PSI, et que les テゥchecs des tests ESP s窶册xpliquent par les sournoiseries d窶冰n 
PSI non encore prouvテゥ. Il est dテゥjテ trティs souvent arrivテゥ que l窶冩bjet d窶凖ゥtude influe sur sa propre 
テゥtude 窶 la lumiティre, les trous noirs, les ondes acoustiques des chauves souris 窶 sans que cela 
pose de problティmes autres que protocolaires. 
Il est possible (et non probable) qu窶冰ne capacitテゥ PSI influe sur un cerveau de telle maniティre qu窶册lle 
fasse テゥchouer ce cerveau aux test PSI. Certes. Mais ouvrir cette porte protocolaire revient テ 
l窶冩uvrir テ toutes les hypothティses 

ad hoc

 imaginables, ainsi qu窶凖 tous les appels テ l窶冓gnorance.  

L窶冰n des derniers exemples en date est le ツォ Collapse du Psi ツサ selon lequel la conscience de 
l窶冩bservateur agit sur la mesure quantique, en l窶冩ccurrence celle du Chat de Schrテカdinger :  

ツォ Richard Mattuck affirme que ツォ c窶册st l窶冓nteraction du systティme matテゥriel et de la conscience 
qui provoque l窶册ffondrement de la fonction d窶冩nde (Mattuck, science et conscience). Par 
ツォ systティme matテゥriel ツサ, Mattuck entend l窶册nsemble formテゥ par le chat, la boテョte, la fiole de 
poison, le parteau et le dispositif dテゥclencheur. (窶ヲ ) Mattuck et Costa de Beauregard 
rテゥpondent que l窶冓nteraction entre votre conscience et la fonction d窶冩nde remonte le temps : 
une observation faite aujourd窶冑ui テ 10heures provoque le collapse du psi deux jours plus 
tテエt ! ツサ (Pracontal 2001, Mattuck 1982). 

 
Pour fermer cette boテョte de Pandore, nous utilisons trois exemples absurdes trティs simples :  

窶「

 

Le rテゥpulsif anti-girafe : 

ツォ - Que fais-tu avec cet aテゥrosol ? 
- Eh ben, c'est un antigirafe. 
- Mais il n'y pas de girafe par ici. 
- C'est bien la preuve que テァa marche ! ツサ

  

Aussi ridicule soit cet exemple, il n窶册n reste pas moins trティs proche de la rテゥalitテゥ. Broch cite dans 
son livre 

Au cナ砥r de l窶册xtra-ordinaire 

(2001) une lettre tout テ fait illustrative :  

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93 

 

ツォ Savez-vous que mon garde-chasse repティre avec le pendule la prテゥsence de sangliers dans 
une forテェt ? J窶兮i mテェme dテゥcouvert un fait nouveau et extrテェmement intテゥressant, c窶册st que les 
sangliers sont sensibles au fluide radiesthテゥsique. Et la meilleure preuve c窶册st que, quand je 
vais テ l窶册ndroit indiquテゥ par le garde-chasse, les sangliers se sont mテゥfiテゥs et sont toujours 
partis. ツサ (Canac 1956, 

in 

Broch, ouv.citテゥ, p. 246)

 

 

窶「

 

La thテゥiティre de Russell (Russell窶冱 teapot)  

En 1952, dans un texte que la revue 

Illustrated

 commanda puis refusa, Russell dテゥveloppa la 

mテゥtaphore suivante : soit une minuscule thテゥiティre chinoise qui suit une orbite elliptique entre la 
Terre et Mars. Elle est trop petite pour テェtre observable, mテェme nos meilleurs tテゥlescopes n窶凉 
parviennent pas. Il serait logique de douter de cette affirmation, 窶 qui ne peut テェtre infirmテゥe et 
procティde d窶冰ne inversion de la charge de la preuve 窶 et de considテゥrer que ce sont des 
sottises. Comme le prテゥcise rテゥcemment Dawkins, personne ne se dirait テ ce propos ツォ 
agnosticothテゥiテゥristique ツサ et tout le monde se dira athテゥirテゥriste. Mais si l窶册xistence d窶冰ne telle thテゥiティre, 
nous dit Russell, a テゥtテゥ prテゥdite dans dans livres anciens, a テゥtテゥ enseignテゥe comme une vテゥritテゥ sacrテゥe 
tous les dimanches, et instillテゥe dans l窶册sprit des enfants テ l窶凖ゥcole, rテゥchigner テ croire en son 
existence serait une marque d窶册xcentricitテゥ et nous destinerait soit テ la psychiatrie, soit テ 
l窶僮nquisition

98

.  

Cette mテゥtaphore, peu connue en France, a テゥtテゥ reprise tout rテゥテァemment par Dawkins dans son 
livre 

The God Delusion

. (ch 2). Dawkins prテゥcise, en un 

contre effet

 

Bof

 :  

ツォ Nous devons テェtre tout aussi agnostique envers la thテゥorie selon laquelle il y a une thテゥiティre 
en orbite autour de la planティte Pluton. On ne peut pas prouver le contraire. Mais cela ne 
veut pas dire que la thテゥorie selon laquelle il y a une thテゥiティre est au mテェme niveau que la 
thテゥorie selon laquelle il n'y en a pas. ツサ (Dawkins 2005) 

 
テ titre d窶兮necdote, cela rappelle cet argument aussi puissant que difficile テ sourcer : 

ツォ 

Atheism is a religion like not collecting stamps is a hobby and bald is a hair colour

 ツサ (L'athテゥisme est 

une religion comme ne pas collectionner de timbres est un hobby et chauve est une couleur 
de cheveux) (Randi 2006, Schnitzius 1993)

99

 

 

窶「

 

La licorne invisible et rose (IPU 窶 Invisible Pink Unicorn) (figure 21) 

 

                                                 

98

 Le texte d窶冩rigine est le suivant : ツォ 

If I were to suggest that between the Earth and Mars there is a china teapot revolving about 

the sun in an elliptical orbit, nobody would be able to disprove my assertion provided I were careful to add that the teapot is too small to be 

revealed even by our most powerful telescopes. But if I were to go on to say that, since my assertion cannot be disproved, it is an intolerable 
presumption on the part of human reason to doubt it, I should rightly be thought to be talking nonsense. If, however, the existence of such 

a teapot were affirmed in ancient books, taught as the sacred truth every Sunday, and instilled into the minds of children at school, 
hesitation to believe in its existence would become a mark of eccentricity and entitle the doubter to the attentions of the psychiatrist in an 

enlightened age or of the Inquisitor in an earlier time

. ツサ B. Russell 

Is there a God ?  

http://www.cfpf.org.uk/articles/religion/br/br_god.html

  

99

 Il semble que l窶兮uteur soit anonyme ; elle est prテゥtテゥe テ Randi, car celui-ci l窶兮 relayテゥe dans sa newsletter 

Swift

 de 

janvier 2006 

http://www.randi.org/jr/2006-01/010613fool.html#i7

 

; la version ツォ 

chauve ツサ 

provient 

vraisemblablement de Mark Schnitzius, sur Usenet, en 1993 : 

http://groups.google.com.au/group/alt.atheism/msg/ef4ed06dfeb9804a?hl=en&

  

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94

 

 

Figure 21 : logo du culte de la IPU, par Tim Ahrentlテクvpar 

 
Le culte de la Licorne, nテゥ sur les forums Usenet des annテゥes 1990, est invoquテゥ pour mettre en 
lumiティre les failles dans les arguments thテゥologiques, par exemple en troquant Dieu par ツォ la Licorne 
rose invisible ツサ. L'effet recherchテゥ est que l'interlocuteur objecte que les propriテゥtテゥs de la Licorne 
sont contradictoires, ce テ quoi le sceptique rテゥpondra que bien des propriテゥtテゥs attribuテゥes aux 
divinitテゥs le sont aussi, et que son テゥnoncテゥ n'est pas plus absurde que l'original. C窶册st alors au 
croyant de dテゥmontrer que la version de sa religion est plus plausible que celle faisant rテゥfテゥrence テ 
la Licorne. On peut テゥgalement faire remarquer qu'il est impossible de dテゥmontrer son inexistence, 
et d'en dテゥduire qu'elle existe bel et bien, 窶 ce qui en fait un parfait outil de dテゥconstruction et de 
satire du 

Ad ignorantiam

100

Pour l窶冑istoire, Sagan dテゥveloppa une mテゥtaphore du mテェme type avec son ツォ dragon ツサ vivant dans 
son garage, qui souffle un feu sans chaleur, mais est invisible, ne fait aucun bruit et ne laisse 
aucune empreinte de pas

101

 

窶「

 

Parcimonie et rasoir d窶儖ccam  

Ce petit texte (figure 22) rテゥsume notre propos (il est placテゥ 

in extenso 

en annexe 窶 

fiche pテゥdagogique 

Nツー3

). Le principe de parcimonie permet de limiter la profusion d窶册ntitテゥs invoquテゥes dans une 

thテゥorie 窶 et donc les hypothティses 

ad hoc 

dテゥveloppテゥes pour combler le manque de preuves d窶冰n 

phテゥnomティne ツォ paranormal ツサ particulier, comme nous l窶兮vons dテゥjテ テゥcrit.  
Prテゥcisons tout de mテェme que toute hypothティse 

ad hoc

 ne participe pas de l窶凖ゥmoussage du rasoir 

d窶儖ccam.

  

Certaines rテゥponses 

ad hoc 

peuvent テェtre produites avec un certain succティs. Sans rentrer dans le dテゥtail 

de l窶凖ゥpistテゥmologie de Imre Lakatos, mテェme le 

ad hoc 

peut テゥventuellement participer d窶冰n 

programme de recherche sain, en particulier de ce que Lakatos (1978) appelle l窶冑euristique 
positive. En clair, le critティre 

ad hoc 

d窶冰ne hypothティse n窶册st pas la signature de la pseudoscience. 

                                                 

100

 Dawkins テゥcrit encore ceci : ツォ 

Russell's teapot, of course, stands for an infinite number of things whose existence is conceivable and 

cannot be disproved. [...] A philosophical favorite is the invisible, intangible, inaudible unicorn

 ツサ. Nous apprenons avec tristesse 

qu窶冰n certain Wes Schrader a tentテゥ un schisme d窶兮vec la Licorne, en crテゥant le Culte du Trティs Furtif Pテゥgase Marron. Ce 

fut ツォ un テゥchec quasi-total ツサ (

sic

101

 Le texte est accessible ici : 

http://www.godlessgeeks.com/LINKS/Dragon.htm

 et traduit lテ 

http://laicite-liberte-

atheisme.over-blog.com/article-11610927.html

  

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95 

 

 

 
 
 
 
 
 
 

Figure 22 : Monvoisin, 

La leテァon de ChOZ du Professeur Z - Peut-on aiguiser le rasoir d窶儖ccam 

sous une pyramide ?

 

(2007)

 

 
Thagard (1978) par exemple explique que lorsque Wegener proposa la ツォ dテゥrive des continents ツサ, 
devenue plus justement la ツォ tectonique des plaques ツサ, aucun mテゥcanisme n窶凖ゥtait connu : ce qui 
aurait pu passer pour une hypothティse 

ad hoc 

superflue テゥtait valide (Wegener, 1912, pp. 185-195 

notamment). De mテェme pour le lien entre la cigarette et le cancer, テゥtabli statistiquement bien que 
les dテゥtails de la cancテゥrogテゥnティse restaient テ dテゥcouvrir (U.S. Department of Health 1964). De ce fait, 

ツォ [Le Rasoir d窶儖ccam], qui ne coupe que les fils de raisonnements biaisテゥs, est en fait un principe de raisonnement dit ツォ 

de parcimonie ツサ, ou ツォ d窶凖ゥconomie ツサ, antテゥrieur au Franciscain Guillaume d窶儖ccam mais テゥnoncテゥ par lui au 14ティme siティcle.  
テa dit en substance : 

Pluralitas non est ponenda sine necessitate

 

En moins nテゥbuleux : 

Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem

 

En moderne : 

Les entitテゥs ne doivent pas テェtre multipliテゥes par delテ ce qui est nテゥcessaire

 

et en comprテゥhensible : 

Pourquoi faire compliquテゥ quand on peut faire simple ?

 

 

En gros, ce que dit ce rasoir, c窶册st que lorsqu窶冓l y a plusieurs hypothティses en compテゥtition, il vaut mieux prendre les 
moins ツォ coテサteuses ツサ cognitivement. Je vous donne le meilleur exemple que je connaisse, profテゥrテゥ par le sage Stanislas 

Baba Antczak : je mets un chat et une souris dans une boテョte, je ferme, je secoue, et j窶冩uvre : il ne reste plus que le chat. 
Hypothティse 1 : des extraterrestres de la planティte Mテサ ont voulu dテゥsintテゥgrer la souris, mais elle s窶册st transformテゥe en chat. 

Le chat, de frayeur, est passテゥ dans une autre dimension par effet Tunnel. 
Hypothティse 2 : le chat a mangテゥ la souris (sans dire bon appテゥtit, ce qui est mal). 

 
Vous m窶兮ccorderez que l窶冑ypothティse 2 est beaucoup moins coテサteuse intellectuellement que la Nツー1. Elle ne postule rien 

d窶兮utre que la prテゥdation de la souris par le chat, qui est au moins aussi connue que Johnny Hallyday, tandis que la 
premiティre postule une planティte Mテサ, des extraterrestres qui viennent, qui savent dテゥsintテゥgrer un chat ce qui n窶册st pas donnテゥ 

テ tout le monde, une souris qui se transforme en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller et un effet tunnel 
pour objet macroscopique. Ca fait beaucoup. Dans le doute, on choisira la 2. 

 
Ce n窶册st pas autre chose que ce que Henri Broch s窶册st テゥchinテゥ テ faire comprendre avec la facette zテゥtテゥtique : la 

parcimonie est de rティgle, qui mティne d窶兮illeurs assez rapidement テ cette autre facette non moins puissante : l窶兮ltテゥrnative est 
fテゥconde, qui consiste, devant un phテゥnomティne "hors-normes", "surnaturel", テ se poser la question : Existe-t-il une autre 

explication possible, une explication "naturelle" qui - dans les mテェmes conditions - donnerait un rテゥsultat identique, avec 
toutes les caractテゥristiques de ce phテゥnomティne "surnaturel" ? L'hypothティse naturelle, moins coテサteuse, est alors prテゥfテゥrテゥe et 

l'hypothティse surnaturelle, coテサteuse parce que trimballant en elle des entitテゥs non connues, devient superflue. 
C窶册st exactement cela qui fait dire テ H. Broch que les caractテゥristiques du linge de Turin, ou celles de la liquテゥfaction du 

liquide de St Janvier テ Naples n窶冩utrepassent pas une explication ツォ naturelle ツサ, au sens de physico-chimique.  
C窶册st exactement ce qui fait dire テ James Randi que les rテゥalisations d窶儷ri Geller n窶冩nt pas besoin de chercher leur 

explication dans un quelconque don ツォ paranormal ツサ, puisqu窶册lles ne dテゥpassent pas les capacitテゥs d窶冰n prestidigitateur. 
C窶册st exactement ce qui fait dire テ Nicolas Gaillard que rien ne permet de penser que les sphティres du Costa Rica soient 

d窶冩rigine extraterrestre, puisque Don Mundo, artisan costaricain, refait exactement les mテェmes.  
C窶册st exactement ce qui donne son piment au travail de Wally Wallington, charpentier テ la retraite et ツォ champion du 

moindre effort ツサ, qui parvient テ reproduire son propre Stonehenge par d窶冓ngテゥnieux systティmes de leviers, sans aucun 
fluide mystique pour l窶兮ider. 

J窶兮ime beaucoup la mテゥtaphore des mots croisテゥs de l窶凖ゥpistテゥmologue Susan Haack. Elle suggティre que la 

science fonctionne テ la maniティre d窶冰n mot croisテゥ, avec la connaissance disponible pour arriティre-plan et les 
observations expテゥrimentales pour indices. Surtout elle prテゥcise que ツォ la validitテゥ d窶冰ne entrテゥe dテゥpend non 

seulement de la force des indices, mais aussi de toutes les autres entrテゥes dテゥjテ テゥcrites qui font intersection 
avec elle ツサ*. En clair, si tu dテゥbarques un matin avec une hypothティse qui bouscule toute la grille de mots 

croisテゥs que les savant se cassent le coccyx テ remplir depuis des siティcles, elle a intテゥrテェt テ テェtre solidement 
テゥtayテゥe par des preuves (et on retombe sur la facette ツォ Une prテゥtention extra-ordinaire nテゥcessite une preuve 

plus qu窶冩rdinaire ツサ). Si tel n窶册st pas le cas, le rasoir d窶儖ccam, qui ne s窶凖ゥmousse jamais et qui a une triple 
lame, t窶册ncourage テ te retenir d窶凖ゥcrire ton mot dans la grille, bref, テ テェtre sceptique. Alors, comme le temps 

son vol, petit scarabテゥe, l窶册space d窶冰n instant suspends ton jugement.

 

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96

 

Thagard montre que la critique de pseudoscientificitテゥ de l窶兮strologie faite sur la seule base du 

ad 

hoc

 par Bok, Jerome et Kurtz ne sont pas recevables en tant que telle (Bok 1975, Bok, Jerome & 

Kurtz 1975). Pour se sortir de ce problティme, Broch prテゥcise, faussement naテッf, dans une de ses 
facettes : ツォ 

Une thテゥorie scientifique est testable, rテゥfutable

 ツサ. Nous ajoutons volontiers : ツォ une hyopthティse 

ad hoc 

doit l窶凖ェtre aussi ツサ. 

Consテゥquences :  

窶「

 

Sans parcimonie des hypothティses, impossible de trier rationnellement entre un 
scテゥnario saugrenu et une hypothティse recevable.  

窶「

 

Rejet des contradictions scientifiques de la thテゥorie, puisque les outils scientifiques 
ne peuvent apprテゥhender ces entitテゥs ;  

窶「

 

Extraction du champ de l窶册xpテゥrimentation ou de l窶凖ゥvaluation rationnelle des 
hypothティses 

窶「

 

Appel テ l窶冓gnorance (argumentum ad ignorantiam) : on voit naテョtre des arguments 
qui tentent d窶册xpliquer que lesdites entitテゥs existent car nous n窶兮vons aucune 
preuve qu窶册lles n窶册xistent pas. (on rejoint alors les sophismes 

Argument from personal 

incredulity

, inversion de la charge de la preuve, etc.

) ;  

窶「

 

Corroboration (souvent trティs bien) des postures philosophiques non matテゥrialistes, 
ce qui prテェte テ penser que ce pourrait テェtre la posture qui rテゥgit le choix des entitテゥs 
surajoutテゥes et non l窶冓nverse (le cas des anges, des esprits frappeurs, ou celui du 
pティre Brune, qui crテゥe les hypothティses pour conforter sa position philosophique) ;  

窶「

 

Caractティre incongru de l窶兮llテゥgation est souvent ツォ vendu ツサ dans les mテゥdias comme 
une ツォ dテゥcouverte qui dテゥrange ツサ, qui est semblable テ l窶兮ttaque doctrinaire et mティne 
invariablement vers la rhテゥtorique dite du syndrome galilテゥen, (voir 2.2.3 

Contrainte 

externe et demande sociale

) ;  

窶「

 

Contournement fallacieux de l窶凖ゥpreuve des faits par l窶冑ypothティse 

ad hoc

. Si un 

phテゥnomティne n窶兮dvient pas (plus), un petit 

ad hoc

 nivelle la dissonance cognitive テ 

peu de frais. 

 

2.4.3

 

Pouvoir explicatif dテゥmesurテゥ  

Signe rテゥcurrent de la pseudoscience : une thティse extrテェmement simple, qui s窶卍ォ universalise ツサ trティs vite 
dans les discours mテェme lorsque les preuves manquent. Le pouvoir explicatif, gテゥnテゥralement 
immense, est inversテゥment correlテゥ aux effets observables, テ la soliditテゥ des preuves. 
Nous parlons, pour faire une image pテゥdagogique, de ツォ folie des grandeurs ツサ pour dテゥcrire de 
dテゥcalage souvent immense entre le tテゥnu des effets allテゥguテゥs dans un certain nombre de 
pseudosciences et les implications majeures sur tous les plans qu窶冩n leur prテェte, tout cela, bien sテサr, 
sur une trame de fond sans preuve 窶 car s窶冓l existe bien entendu des effets tテゥnus aux 
implications majeures, ils sont テゥtayテゥs par des preuves expテゥrimentales indubitables (pensons par 
exemple aux forces de Van der Waals). 
Langmuir, dans ses fameux critティres de science pathologique, avait pris pour critティre Nツー2 ツォ effet 
tテゥnu テ faible significativitテゥ ツサ :  

ツォ The maximum effect that is observed is produced by a causative agent of barely 
detectable intensity, and the magnitude of the effect is substantially independent of the 
intensity of the cause. The effect is of a magnitude that remains close to the limit of 

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97 

 

detectability; or, many measurements are necessary because of the very low statistical 
significance of the results ツサ. (Langmuir, 

ouv.citテゥ

Nテゥanmoins certains dテゥveloppements de la physique des hautes テゥnergies par exemple montrent 
que le caractティre tテゥnu de certains phテゥnomティnes n窶册st pas forcテゥment la signature d窶冰ne science 
ツォ pathologique ツサ, bien que ceux-ci soient ツォ d窶冰ne magnitude qui reste proche des limites de 
dテゥtectabilitテゥ ツサ. Ce n窶册st donc pas le tテゥnu d窶冰n phテゥnomティne qui doit テェtre テゥvaluテゥ, mais le dテゥcalage 
entre ce tテゥnu et la largeur du champ phテゥnomテゥnologique prテゥtendument couvert. 
Voici quelques exemples :  

窶「

 

Le mythe de la simplicitテゥ  

L窶冓dテゥe centrale de pratiquement toutes les pseudomテゥdecines est d窶冰ne diabolique simplicitテゥ : tout 
est dテサ テ l窶冓nterrelation forme / fonction de l窶冩rgane (ostテゥopathie), au rapport organes-squelette 
(chiropraxie), au calque d窶冰ne partie du corps rapportテゥ au corps entier (rテゥflexologie), テ la 
mテゥmoire des cellules (kinテゥsiologie, biologie totale, etc.), aux vies antテゥrieures (karmathテゥrapie), au 
traumatisme de la naissance (

Rebirth

attachment therapy

), au conflits ancestraux (psychogテゥnテゥalogie), 

etc. alors que le faisceau de preuve テ l窶兮ppui de la thティse est incroyablement faible.  

窶「

 

PK = f(t) 

(figure 23)

 

La psychokinティse, action de l窶册sprit sur la matiティre, est le domaine typique de ce biais. Broch a 
schテゥmatisテゥ une autre corrテゥlation : celle de la chute qualitative de la prテゥtention au cours du 
temps/au cours des progrティs technologiques de mesure (des cours de psychokinティse existent 
pourtant, par exemple chez J.P. Girard)

102

.

  

 

 

Figure 23 : Broch PK = f(t) 

(tirテゥ de Broch, 1989)

 

 
Broch remarque que cette regression se produit ツォ parallティlement テ la sophistication accrue des 
moyens de contrテエle ツサ. Et de Pracontal enfonce le clou :  

ツォ Ce qui confirme la reflexion de Rhine selon laquelle les esprits frappeurs cessent leurs 
activitテゥs dティs qu窶冩n cherche テ les observer. Tt se passe comme si une mystテゥrieuse interaction 
entre l窶冩bservateur et le phテゥnomティne observテゥ provoquait un effondrement du psi. Comment 
se fier テ des phテゥnomティnes aussi susceptibles et capricieux ? ツサ (De Pracontal, 

ouv.citテゥ

, p. 247). 

                                                 

102

 Pour se faire une idテゥe, un ツォ cours de parapsychologie appliquテゥe ツサ donnテゥ par Girard est disponible en ligne : 

http://www.girard.fr/textes/videos-telecharger.htm

  

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98

 

 

窶「

 

Le gティne causal 

Pratiquement chaque dテゥcouverte de gティne entraテョne une scテゥnarisation rテゥductionniste du type ツォ le 
gティne de 

telle caractテゥristique

 a テゥtテゥ dテゥcouvert ツサ jouant sur un causalisme trティs simplificateur (voir 4.3.6 

Les causalitテゥs douteuses

) qui s窶册stompe au fil de l窶兮rticle (voir 4.4.3.13 

Technique peau de chagrin

, et 

Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique Nツー19 Technique de la peau de chagrin

). Pour ne prendre que des exemples 

les plus rテゥcents :  

 

Le gティne du gaucher a テゥtテゥ dテゥcouvert

, Nouvel Observateur, 2 aoテサt 2007 

Dティs le sous-titre, on peut lire : ツォ 

Une テゥquipe mondiale de scientifiques a dテゥcouvert un gティne qui renforcerait 

"les chances d'テェtre gaucher", le LRRTM1

 ツサ, ce qui n窶册st plus tout テ fait la mテェme chose. 

 

Un gティne du glaucome a テゥtテゥ dテゥcouvert

, Le Figaro, 11 aoテサt 2007 

 
Il vaut la peine de s窶兮ppesantir un peu sur les consテゥquences de cette ツォ simplicitテゥ ツサ :  

-

 

la simplicitテゥ de la thティse est sテゥduisante, et facilement appropriable par le public. Comme 
l窶凖ゥcrit Brissonnet, ツォ 

le mythe de la solution simple et unique

 ツサ fait florティs, aussi bien pour 

l窶冓ridologie que pour l窶冑omテゥopathie (Brissonnet 2006). 

-

 

Cette simplicitテゥ est souvent ultra exploitテゥe par les mテゥdia, qui extrapolent テ l窶册xtrテェme la 
thティse テ partir de l窶冓nsignifiance de l窶册ffet de dテゥpart (l窶兮ffaire de la mテゥmoire de l窶册au est 
un bon exemple). C窶册st l窶冰ne des raisons qui font aimer l窶冓mage du papillon de Lorentz 
qui, dans sa version vulgarisテゥe et publicitarisテゥe, colle テ l窶冓dテゥe d窶冰n monde interconnectテゥ 
oテケ la moindre action peut avoir des rテゥpercussions dテゥsastreuses (voir Annexe - Fiche 
pテゥdagogique Nツー1

Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante

). 

 

 

Mallテゥabilitテゥ de la mテゥmoire : scテゥnario thテゥrapeutique simple et archテゥothテゥrapies 

Nous n窶冰tilisons pas vテゥritablement d窶冩utils appropriテゥs テ ce critティre. Nous avons simplement 
rajoutテゥ deux facettes Z テ la liste. 

 

Facette Z : 

Attention 

aux scテゥnarios thテゥrapeutiques simples 

 
Les rhテゥtoriques pseudomテゥdicales gravitent souvent autour de la dテゥnonciation du rテゥductionnisme 
mテゥdical, cherchant la cause directe sans chercher le terrain, utilisant une ツォ allopathie ツサ honnie !

103

Il est paradoxal de constater qu窶冓nvoquer que toutes les pathologies proviennent d窶冰ne mテェme 
cause simple tombe exactement dans le travers qui est dテゥnoncテゥ. On s窶兮perテァoit d窶冰n phテゥnomティne 
social qu窶冓l serait intテゥressant de creuser : on flatte la population en lui vantant une dテゥmarche 
globale, holistique, personnalisテゥ et non rテゥductionniste, puis on lui fournit une explication 
simpliste (ツォ tout est la faute du lait et du lobby du lait ツサ) aussi facilement appropriable qu窶冰n rituel 
quelconque. Holistique et multi paramテゥtrテゥ, certes, mais quand mテェme simple テ comprendre. 
                                                 

103

 Dans l窶凖ゥmission scientifique de E. Lange ツォ 

La tテェte au carrテゥ

 ツサ sur France Inter, le 11 septembre 2007, nous 

entendテョmes dans l窶凖ゥmission Homテゥopathie l窶冑omテゥopathe J. Boulet dテゥclarer : ツォ 

On ne doit pas dire allopathie mais 

"antipathie" car on vend des anti-coagulants, des anti-machins et des anti-trucs. 

ツサ (sic). 

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99 

 

 

Facette Z : 

Gare aux archテゥothテゥrapies, aux faux souvenirs et テ la quテェte de sens 

 
C窶册st une facette qui est pragmatique. Nous l窶兮vons dit, la mテゥdecine scientifique explique et 
dテゥcrit, mais ne trouve pas de 

raisons

 autres que fonctionnelles ou comportementales aux 

pathologies.  
Cette recherche de sens prend pour prテゥmisse qu窶冓l y a forcテゥment une cause, psychologisante ou 
thテゥiste テ la maladie comme chez les premiers chrテゥtiens. Cela ne va pas de soi, mais semble 
logique aprティs quelques exemples ciblテゥs comme les pathologies liテゥes au stress ou au manque de 
sommeil, qui proviennent d窶冰n mal テェtre qui relティve du ツォ sens ツサ de l窶册xistence. Ajoutons テ cela les 
conseils relevant de l窶冑ygiティne, qui prennent une forme souvent moralisante chez le mテゥdecin. 
 
Exemple : votre tension artテゥrielle est haute, votre cナ砥r bat vite -> devriez arrテェter de fumer -> 
fumer n窶册st pas bon -> fumer n窶册st pas bien -> cela cache forcテゥment un mal-テェtre  
Il suffit ensuite qu窶冰n psychanalyste de la mouvance de la psychanalyste Klein vienne expliquer 
que la succion du pouce et la fumテゥe de cigarette est une consテゥquence des fantasmes de sucer, de 
ツォ mordre et de dテゥvorer la verge de son pティre et les seins de sa mティre, et voilテ le patient aussi 
dテゥmuni que dテゥpendant de cette interprテゥtation. Les dテゥgテ「ts sont parfois pires lorsque les 
thテゥrapeutes se revendiquent de la 

mテゥmoire retrouvテゥe

, comme l窶册xplique le magazine de l窶儷NADFI 

(Union Nationale des Associations de Dテゥfense de la Famille et de l窶僮ndividu), 

Bulles

 :  

ツォ Pour aider les patients テ retrouver leurs souvenirs, la thテゥrapeute Susan Forward explique 
dans son livre 

ツォ Betrayal of Innocence ツサ 

(trahison de l'innocence) sa mテゥthode lorsqu'elle se 

trouve face テ une patiente. Elle leur dit: 

" Vous savez, d'aprティs mon expテゥrience beaucoup de gens, qui 

ont des problティmes semblables aux vテエtres, ont eu une mauvaise expテゥrience dans leur enfance ; ils ont テゥtテゥ par 
exemple molestテゥs ou battus. Peut-テェtre quelque chose de semblable vous est-il arrivテゥ ? ".

 D'autres 

praticiens proposent d'intervenir directement en disant, par exemple, 

ツォ J'ai l'impression, テ vous 

entendre, que vous avez テゥtテゥ abusテゥ sexuellement dans votre enfance ツサ. 

Les psychothテゥrapeutes Maltz et 

Holman, auteurs de 

ツォ Incest and Sexuality ツサ

, donneraient le conseil suivant テ leurs collティgues : 

ツォ 

Lorsque des patientes ne peuvent pas se rappeler leur enfance, ou n'en ont que des souvenirs flous, il faut 

toujours considテゥrer l'inceste comme une possibilitテゥ ツサ.

 De mテェme, le psychothテゥrapeute Beverly Engel 

explique テ ses patients : 

ツォ Si vous avez le moindre doute, si vous en avez un souvenir mテェme trティs vague, 

alors cela s'est probablement passテゥ ツサ. 

Aussi, Bass et Davis confirment la thテゥorie : 

ツォ Si vous pensez 

que vous avez テゥtテゥ abusテゥe et si votre vie en montre les symptテエmes, c'est que vous l'avez テゥtテゥ ツサ

. ツサ

 

 

Suggestibilitテゥ et faux souvenirs : Petit-dテゥjeuner, Bugs Bunny, la grange et la 

cuillティre de Wiseman 

                                                 

104

 Lire sur ce grave sujet Guテゥrard 2001, disponible ici 

http://www.prevensectes.com/psycho2.htm

. Les livres 

dテゥlテゥtティres sont Forward S., Buck C., 

Betrayal of Innocence: Incest and Its Devastation

 (1988), Engel B., 

The Emotionally 

Abused Woman : Overcoming Destructive Patterns and Reclaiming Yourself

, (1992), Bass E., Davis L., 

The Courage to Heal - A 

Guide for Women Survivors of Child Sexual Abuse

, (1994) et Maltz W., Holman B., 

Incest and Sexuality: A Guide to 

Understanding and Healing

, (1991).

 

 
 

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100

 

Pour illustrer ces risques, la meilleure technique que nous ayons テゥprouvテゥe est celle qui suit, 
dテゥcoupテゥe en deux phases.  
 

Phase 1

 : les faux souvenirs  

Nous recommandons l窶冰tilisation des travaux de Loftus sur le 

syndrome des faux souvenirs

 et la 

mallテゥabilitテゥ de la mテゥmoire pour bien faire toucher du doigt la facilitテゥ de fabrication de la 
mテゥmoire, puis de les illustrer. Nous avons pour l窶冓nstant renoncテゥ テ la tentation de tester nous-
mテェmes la crテゥation d窶冰n faux souvenir chez les テゥtudiants ou chez un de leur proche, comme 
Loftus le fait elle-mテェme (Loftus, Ketcham, 1998, Loftus 1996), simplement car nous ne savons 
pas les conditions テゥthiques que doit remplir un tel exercice pテゥdagogique. Nous usons 
gテゥnテゥralement : 

-

 

du procテゥdテゥ de Broch dit ツォ du petit dテゥjeuner ツサ 

-

 

de l窶册xpテゥrience ツォ Bugs Bunny ツサ 

-

 

de la grange 

-

 

de la voiture accidentテゥe  

-

 

de l窶册xpテゥrience de Wiseman 

Le procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner :  

Le procテゥdテゥ ツォ du petit dテゥjeuner ツサ est trティs simple, rapide, et s窶冓nspire d窶冰n fait connu depuis 
Bartlett, dont les テゥtudes, datテゥes de 1932, montrティrent que la mテゥmoire est une ツォ reconstruction 
imaginative, ou une construction, bテ「tie sur notre attitude devant une masse active et organisテゥe de 
rテゥactions passテゥes et d'aventures. ツサ (Bratlett 1995). 
Broch l窶冰tilise depuis les dテゥbuts des cours de zテゥtテゥtique en France (figure 24). 

 

Figure 24 : Introduction au procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner, Broch & Charpak 

2002, p. 39

 

 
Laissant un temps de rテゥflexion aux テゥtudiants, et les encourageant テ faire cet effort, Broch 
poursuit : 

background image

 

 

   

 

101

 

 

 

 
 

Figure 25 : Illustration d窶冰ne reconstruction de souvenir par le procテゥdテゥ du petit dテゥjeuner Broch & Charpak 

2002

 pp. 41-2 

窶「

 

L窶册xpテゥrience de Bugs Bunny 

Le remaniement actif du souvenir n窶册st pas seulement visuel. Pickrell et Loftus de l窶儷niversitテゥ de 
Washington ont montrテゥ qu窶册nviron un tiers des gens テ qui on a montrテゥ une fausse publicitテゥ 
dテゥcrivant une visite テ Disneyland racontent ensuite comment ils ont rencontrテゥ et serrテゥ la main de 
Bugs Bunny, disent qu窶冓ls s窶册n souviennent ou affirment que cela leur est bien arrivテゥ. Or il est 
impossible que le scテゥnario dテゥcrit par l窶兮nnonce se soit produit puisque Bugs Bunny est un 
personnage de dessin animテゥ de la Warner Bros que l窶冩n ne risque pas de croiser dans une 
propriテゥtテゥ de Walt Disney (Pickrell & Loftus, 

Science Daily

, 2001). 

窶「

 

Le procテゥdテゥ de la grange 

Mテゥlange d窶兮utoritテゥ et de suggestibilitテゥ, cette reconstruction de la mテゥmoire rappellera les tests de 
contrat didactique de Baruk sur l窶凖「ge du capitaine (Baruk 2002).  
Loftus montra テ un テゥchantillon d窶凖ゥtudiants un film dont l窶冰ne des scティnes montrait une voiture 
traversant un paysage. Elle demanda テ la moitiテゥ des tテゥmoins d窶册stimer la vitesse du vテゥhicule ツォ au 
moment oテケ il dテゥpasse la grange ツサ. Une semaine plus tard, 17% de ces tテゥmoins rapportent avoir 
vu une grange dans le film, contre 3% pour le groupe test窶ヲ alors qu窶冓l n窶凉 avait pas de grange 
dans le film (Loftus & Pickrell 1995, pp. 720-725)

 

窶「

 

Procテゥdテゥ de la voiture accidentテゥe  

Reproduite par des テゥtudiants de Nice avec un succティs relatif, cette expテゥrience consista pour Loftus 
& Palmer テ montrer des images d窶冰n vテゥhicule accidentテゥ puis テ demander テ des sujets d窶凖ゥvaluer la 
vitesse du vテゥhicule lorsqu窶冓l a テゥtテゥ ツォ accrochテゥ ツサ. Elle constata que la vitesse estimテゥe croissait au grテゥ 
de la violence du terme employテゥ テ la place ツォ d窶兮ccrochテゥ ツサ (en l窶冩ccurrence 

smashed, collided, bumped, 

background image

 

 

   

 

102

 

contacted 

et

 hit

), montrant que la formulation d窶冰ne phrase, et le choix d窶冰n mot influent fortement 

sur une テゥvaluation pourtant peu complexe (Loftus & Palmer 1974, pp. 585-589)

105

窶「

 

La cuillティre de Wiseman & Greening 

La dテゥsormais cテゥlティbre テゥtude des sceptiques anglais Wiseman et Greening consiste en ceci : Une 
vidテゥo est montrテゥe テ des テゥtudiants. Prテゥtextant des capacitテゥs paranormales, un expテゥrimentateur y 
effectue une torsion de cuiller dans le style Geller. Devant le groupe standard, il effectue la 
torsion puis dテゥpose simplement la cuiller tordue sur la table et la laisse 60 secondes sous l窶卩妬l de 
la camテゥra, tandis que devant le groupe test, il la pose, tandis qu窶冰n commentaire du magicien est 
rajoutテゥ テ la bande son et prテゥcise que la cuiller continue テ se tordre. Dans le questionnaire qui 
s窶册nsuit, テ la question ツォ la cuiller continue-t-elle テ se tordre sur la table ツサ, si le groupe standard 
rテゥpond oui テ 2%, c窶册st テ prティs de 40% que s窶凖ゥlティve le taux de rテゥponses oui dans le groupe test. La 
diffテゥrence reposant sur le seul commentaire de suggestion rajoutテゥ テ la vidテゥo, la diffテゥrence de 
rテゥsultat est テゥdifiante (Wiseman & Greening 2005)

106

 
Remarquons que ces expテゥriences peuvent テェtre utilisテゥes テゥgalement pour discuter spテゥcifiquement 
des reconstructions de souvenirs hors champ mテゥdical 窶 par exemple les tテゥmoignages 
d窶兮bductions, d窶儖BE (Out of Body Experiences) ou de souvenirs visuels d窶儖VNI (Objet Volant 
Non Identifiテゥ) 

107

 窶 mais aussi des arguments d窶兮utoritテゥs (voir 4.3.2 

Arguments d窶兮utoritテゥ

). 

 
 

Phase 2

 : pour montrer les risques thテゥrapeutiques, nous utilisons en cours un document tirテゥ de 

l窶凖ゥmission de Canal + 

90 minutes

, ツォ les charlatans de l窶冓nconscient ツサ

108

, lors de laquelle une 

journaliste passant pour patiente chez un thテゥrapeute et munie d窶冰ne camテゥra cachテゥe, constate 
qu窶兮u bout d窶冰ne poignテゥe de minutes le thテゥrapeute tente de faire renaテョtre en elle des faux 
souvenirs d窶兮bus sexuels incestueux.  
Certes, la tentation est grande d窶兮ller chercher ainsi quel pourrait テェtre le sens de chacune des 
pathologies que nous vivons. Ce procテゥdテゥ assure une ツォ accroche ツサ du thテゥrapeute sur son patient : 
s窶冓l parvient テ faire naテョtre ce besoin de sens chez un malade 窶 ce qui n窶册st pas difficile, et qu窶冓l se 
pose en exテゥgティte, en dテゥcrypteur des signes de ce sens, la dテゥpendance est faite, et la dテゥrive sectaire 
n窶册st pas loin. Nous parlons テ ce propos d窶兮rchテゥothテゥrapies, et nous encourageons テ retenir cette 
phrase :  
 ツォ 

Tout ce qui fait sens テ la maladie raccourcit les chemins qui mティnent テ la servitude

. ツサ

 

109

 

 

 

                                                 

105

 Cette expテゥrience et bien d窶兮utres sont narrテゥes dans Loftus E., 

Leading Questions and the Eyewitness Report,

 Cognitive 

Psychology, 1975, disponible ici : 

http://www.indiana.edu/~educy520/readings/loftus75.pdf

  

106

 Le travail de Wiseman & Greening, 窶露t窶冱 still bending窶 (窶ヲ) est disponible ici :  

http://www.psy.herts.ac.uk/wiseman/papers/BJP-key.pdf

  

107

 Pour une introduction テ cette question, lire par exemple Lecomte 1991, pp. 110-111. Disponible テゥgalement dans 

Quebec Sceptique

, Nツー22, juin 1992, p. 30. Ici : 

http://www.sceptiques.qc.ca/ressources/revue/articles/qs22p30

  

108

 

Les charlatans de l窶冓nconscient

, 5 janvier 2004, Canal+. Attention, ce document souffre par ailleurs de nombreux 

aspects criticables. Nous en avons extrait cette scティne en camテゥra cachテゥe. 

109

 Hommage テ Albert Camus, qui aurait テゥcrit ツォ 

Tout ce qui dテゥgrade la culture raccourcit les chemins qui mティnent テ la servitude

 ツサ, 

vraisemblablement dans la revue 

Caliban

background image

 

 

   

 

103

 

2.4.4

 

Exclusivitテゥ de l窶冓nterprテゥtation : pas d窶兮lternative, pas de rテゥfutabilitテゥ 

L窶冓rrテゥfutabilitテゥ des pseudosciences fut le premier critティre (non suffisant) de dテゥmarcation science / 
pseudoscience : toute thテゥorie scientifique doit テェtre en mesure d窶凖ェtre potentiellement rテゥfutテゥe. Ce 
critティre de rテゥfutabilitテゥ テゥternellement associテゥ テ Popper a dテゥjテ テゥtテゥ introduit (voir 1.1.2, 

Cadre 

テゥpistテゥmologique

). Bien que soulevant un certain nombre de problティmes テゥpistテゥmologiques, (Voir 1.2.4, 

note 46), il se rテゥvティle utile dans un grand nombre de confrontations avec les pseudosciences 
(Popper 1990a, pp. 8-11). Il permet entre autres d窶凖ゥviter le Biais de Confirmation d窶僣ypothティse 
(BCH), travers psycho-cognitif qui fait que tout individu cherche activement et accorde un poids 
plus grand aux preuves qui confirment ses hypothティses, et par consテゥquent est capable d窶冩cculter 
les contre-exemples qui contredisent sa thテゥorie.. Il permet aussi d窶凖ゥtayer テゥpistテゥmologiquement 
notre refus d窶兮nalyse les actes de foi, puisque une assertion du type ツォ Dieu a crテゥe l窶冰nivers ツサ n窶册st 
pas rテゥfutable (1990b, pp. 104-110). Broch l窶册ntendait ainsi avec sa facette Z : 

une hypothティse est 

testable, rテゥfutable

 La nテゥcessitテゥ d窶冰n tel tri science rテゥfutable / scテゥnario irrテゥfutable a dテゥjテ テゥtテゥ montrテゥ 

au moyen de la thテゥiティre de Russell et du culte de la 

Licorne Invisible

. Il devient alors possible de 

distinguer assez efficacement entre les ツォ champs de croyance ツサ des ツォ champs de recherche ツサ en 
regardant lesquels peuvent se soumettre テ une scrutation scientifique sテゥrieuse. 
 

 

Un scテゥnario n窶册st pas une preuve et l窶兮lternative est fテゥconde 

 

Facette Z : 

Un scテゥnario n窶册st pas une thテゥorie 

 

Facette Z : 

L窶兮lternative est fテゥconde 

 
 

Bien que tout テ fait reprテゥsentatif, nous utilisons le dessin suivant (figure 26) seulement avec un 
public trティs averti, et non avec de jeunes テゥtudiants. Il s窶兮git simplement de ne pas faire dテゥriver le 
propos trop vite vers la religion.  

 

background image

 

 

   

 

104

 

 

Figure 26 : Reprテゥsentation des schテゥmas de raisonnement Science/Foi.  

 

2.4.5

 

Stagnation de la thテゥorie et enfermement dogmatique 

Un autre critティre, et peut テェtre le plus important, mais テ retardement est celui de la stagnation de la 
thテゥorie : une pseudoscience se distingue d窶冰ne science par le fait qu窶册lle a tendance テ rester 
immuable dans le temps, ses dテゥfenseurs ne fournissant pas d窶凖ゥvolution et se drapant dans un 
traditionalisme (voir 4.3.3 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ

 

窶 テゥloge de l窶兮nciennetテゥ

) dテゥfテゥrent vis-テ-vis du ou des 

fondateurs. Pis, elle prテゥsente une absence de correction interne (

lack of self correction

) : un signe de 

pseudoscience est la non prise en compte des contradictions ou des faits allant son encontre, テ 
l窶冓mage de la rテゥsistance intellectuelle aux idテゥes contraires chez un individu. 
Thagard (

ouv.citテゥ, 

pp. 227-8) parle de 

lack of progress

, ou Absence de progrティs. 

ツォ We can now propose the following principle of demarcation: A theory or discipline which 
purports to be scientific is pseudoscientific if and only if: it has been less progressive than 
alternative theories over a long period of time, and faces many unsolved problems; but the 
community of practitioners makes little attempt to develop the theory towards solutions of 
the problems, shows no concern for attempts to evaluate the theory in relation to others, 
and is selective in considering confirmations and disconfirmations.ツサ 

110

 

Ce critティre de stagnation est plus puissant que le 6

ティme

 critティre de Langmuir

111

,

 celui de la 

Chute du 

                                                 

110

 Voir aussi Hines, 

Pseudoscience and the Paranormal: A Critical Examination of the Evidence

 (1988). 

111

 Certaines de ces critiques justifiテゥes se retrouvent chez des auteurs proponants comme Bauer (2002). 

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105

 

taux de supporteurs

 

qui disait

 

en substance

 

:

 ツォ 

Ratio of supporters to critics rises up to somewhere near 50% 

and then falls gradually to oblivion

 ツサ (le taux supporteurs / critiques grimpe aux environs de 50 % 

pour redescendre graduellement jusqu窶凖 l窶冩ubli) (Langmuir, 

ouv.citテゥ

)

Empruntant テ la mテゥtaphore 

de l窶凖ゥpidテゥmie avec une croissance rapide puis une dテゥcroissance un peu plus lente, cette 
mテゥtaphore est limitテゥe 窶 ne serait-ce que parce que certaines テゥpidテゥmies sont rテゥsurgentes par 
intervalles. Prテゥcisons que le traitement mテゥdiatique テ outrance des thテゥories pseudoscientifiques 
orchestre en grande partie ces pics dans les taux de supporteurs, et qu窶冰ne simple テゥmission de 
tテゥlテゥvision peut crテゥer un pic d窶兮dhテゥsion populaire テ des faits relevant par exemple de la sphティre 
窶湾aranormal窶 (exemple du chテ「teau de Veauce et de l窶凖ゥmission 

Mystティre

 qui lui fut consacrテゥ, du film 

Da Vinci Code, le reportage de Fitzke 

La terre est une planティte en expansion

 sur ARTE, etc.). 

Le problティme de la 

stagnation

 comme critティre de dテゥmarcation est qu窶冓l est exploitable seulement 

pour de vieilles disciplines. Son テゥvaluation pour de nouvelles pseudosciences comme la 
psychogテゥnテゥalogie de A. A. Schテシtzenberger, par exemple, sera rテゥservテゥe au public du futur.  
Bunge insiste テゥgalement sur le caractティre cosmテゥtique des remaniements de thテゥories dans les 
pseudosciences. Les vieilles pseudosciences se remaquillent et font peau neuve souvent en 
changeant de nom ou en se ツォ mテゥtissant ツサ :  

ツォ (窶ヲ) les pseudosciences n窶凖ゥvoluent pas, ou, si elles le font, elles ne changent pas comme 
suite テ une recherche. Elles sont isolテゥes des autres disciplines, mテェme si parfois elles se 
mテゥtissent avec d窶兮utres fausses sciences, comme le montre l窶兮strologie psychanalytique. Et 
loin d窶兮ccepter la critique, elles tentent de geler les croyances (Bunge 2006 ; 2007)

 

Les exemples sont nombreux, de l窶兮strologie humaniste テ la psychanalyse tantrique, de la 
kinテゥsiologie テ la synesthテゥsie. Le recyclage de grands ツォ classiques ツサ peu connus du grand public est 
une pratique courante, comme la marche sur le feu ou l窶册ffet Kirlian, par exemple, sont repris l窶冰n 
par le 

coaching

 d窶册ntreprise, l窶兮utre par la kinテゥsiologie et la thテゥorie des enfants Indigo. 

Autre exemple de stagnation relevant de l窶册nfermement dogmatique, celui de la psychanalyse, 
dont les fondements restent rテゥsolument freudiens, sans que les rテゥsultats rテゥcents puissent y 
changer quoi que ce soit. Comme l窶凖ゥcrit Van Rillテヲr (1980):  

ツォ Si le langage a テゥvoluテゥ, les idテゥes et les thテゥories sont sagement demeurテゥes fidティles au maテョtre, 
et ce, malgrテゥ les dテゥcouvertes et les progrティs de l窶册xploration et de la comprテゥhension des 
rテゥalitテゥs psychologiques, biologiques, neurologiques ツサ. 

                                                                                                                                                         

Bauer, 窶榔athological Science窶 is not Scientific Misconduct (nor is it pathological). Voir aussi Bauer (1984), 

Beyond 

Velikovsky: The History of a Public Controversy

, pp. 145-146. 

background image

 

 

   

 

106

 

 

Figure 27 : Parfums de Bach, une nouveautテゥ 2007. On relティvera l窶册ffet Vitrine (voir 4.3.2.15). 

 

Il arrive mテェme que cette stagnation soit un argument d窶兮uthenticitテゥ. On retrouve une telle 
stratテゥgie dans les テゥlixirs floraux de Bach (EFB), par exemple (figure 27). Il y a un fort attachement 
(ainsi qu窶冰n enjeu テゥconomique manifeste) テ revendiquer la mテゥthode traditionnelle du Dr Bach 
dans la fabrication des テゥlixirs floraux テゥponymes. C窶册st d窶兮utant plus simple qu窶册lle est restテゥe figテゥe 
en l窶凖ゥtat depuis son dテゥcティs en 1938. Les seules テゥvolutions apportテゥes テ la pseudo-thテゥorie ne sont 
pas qualitatives mais quantitatives : sont dテゥsormais crテゥes des テゥlixirs de plantes qui n窶兮ppartiennent 
pas aux 38 de base

112

. Seule innovation : la crテゥation de parfums.  

L窶兮ttachement テ une tradition (peu longue dans les EFB) contient テゥgalement un autre aspect 
intテゥressant : 

trouver une justification テ l窶凖ゥchec dans le non respect de cette tradition. 

ツォ La fabrication d窶凖ゥlixir agglomティre pratiquement toutes les pratiques et le lexique des 
tenants du Nouvel テHe : d'aucuns prテゥtendent qu'il est nテゥcessaire de se recueillir et 
demander la permission de la Nature ; d'autres enjoignent テ se munir d'un pendule, ou de 
faire des danses mystiques. Certains encore proposent de partir avec un livre de photos des 
plantes, de s'imprテゥgner de leur image, puis de fermer le livre et de ramasser celles qui vous 
conviennent le mieux, qui ont la plus grande aura. Au final, les plus scrupuleux arguent du 
fait qu'il faut se laver soigneusement, mettre des vテェtements propres, et s'efforcer 
d'entretenir les pensテゥes les plus pures possibles. En bref, la litanie des choses テ faire pour 
obtenir un テゥlixir fonctionnel de la plus pure tradition comporte un tel nombre de 
possibilitテゥs d窶册rreur que rテゥussir テ en rテゥaliser dans les rティgles de l窶兮rt puis テ le prendre dans les 
conditions adテゥquates relティve du miracle, comme dirait Hume, et permet テ la pseudo-thテゥorie 
de justifier a priori de son テゥchec potentiel. ツサ (Monvoisin 2006b). 

 
 

                                                 

112

 Pour en savoir plus, lire Monvoisin

, テ瑛ixirs floraux de Bach, quintessence d窶冰ne illusion, 

Observatoire Zテゥtテゥtique, 

Laboratoire Zテゥtテゥtique, disponible sur : 

http://www.observatoire-zetetique.org/divers/Bach_ElixirsFloraux.pdf

 

 

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107

 

 

Figure 28 : Prospectus de soin, prテゥlevテゥ dans une boutique テゥsotテゥrique grenobloise le 9 nov. 2006. 

 ツォ 

La Mテゥtakinテゥbiologie : aprティs recherche, en voici la dテゥfinition : ツォ Avant tout une mテゥthode 

テゥducative qui donne accティs avec une extrテェme rapiditテゥ aux mテゥmoires conscientes, subconscientes, 

inconscientes, cellulaires et holographiques du corps grテ「ce テ un test neuromusculaire de 

prテゥcision

 ツサ. Il s窶兮git d窶冰ne des nombreuses variantes de la Kinテゥsiologie appliquテゥe, pratique pseudomテゥdicale trティs 

ramifiテゥe 

(Projet K, テゥtudiants Pharmacie, 2007, テ paraテョtre)

 ツサ 

 

Ce cramponnement aux textes originels et aux fondements (figure 28) se retourne dans la culture 
populaire en argument autoritaire fort, au sens oテケ ce qui est traditionnel, qui plus est ancien, est 
forcテゥment meilleur puisque gage d窶冰ne survie dans le temps et tテゥmoin de la sagesse ancestrale 
(voir 4.3.3 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ

 

窶 テゥloge de l窶兮nciennetテゥ

). Toute critique en devient une attaque non 

contre l窶冓nefficacitテゥ d窶冰ne thテゥrapie, mais contre toute la sagesse indienne ou chinoise, en une 
rhテゥtorique caricaturale type 

Homme de paille

 (

Straw man

)

113

 

2.4.6

 

Analyse non globale  

Il s窶兮git lテ de la pierre d窶兮choppement principale des pseudosciences : le tri des donnテゥes, des 
situations ou des informations, pour quelque raison que ce soit.  
Le meilleur conseil que l窶冩n puisse donner est de commencer, comme le disait Gauch,  
                                                 

113

 Homme de paille ou 

strawman

, technique rhテゥtorique dilatoire consistant テ prテゥsenter la position de son adversaire 

de faテァon volontairement erronテゥe, tronquテゥe, affaiblie ou caricaturale : rテゥfuter ensuite cette position (plus faible) fait 
croire que c窶册st la position elle-mテェme de l窶兮dversaire qui a テゥtテゥ rテゥfutテゥe. 
 

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108

 

ツォ par la reproductibilitテゥ des rテゥsultats et la vテゥrification intersubjective des hypothティses 
avancテゥes, moyennant un テゥvitement des biais mテゥthodologiques connus, comme le tri 
statistique des donnテゥes ou les テゥtudes sans double aveugle ツサ (2003, 3,5). 

C窶册st une nテゥcessitテゥ pour テゥtablir une connaissance ayant une portテゥe extra-subjective. Mais c窶册st un 
exercice difficile, qui peut テェtre corrompu de nombreuses maniティres :  

volontairement, comme le lissage des donnテゥes lors des TP 窶 nous donnons en classe 
l窶册xemple de la loi d窶儖hm, du programme de seconde : qui n窶兮 pas, malgrテゥ des mesures テ 
l窶冩scilloscope un peu ツォ oscillantes ツサ, lテゥgティrement jouテゥ de la gomme sur ses donnテゥes pour 
obtenir la droite que le professeur attend sur papier millimテゥtrテゥ ?

114

 

volontairement, comme lorsqu窶冰n chercheur a une idテゥe trop prテゥcise de ce qu窶冓l va/veut 
trouver (pensons テ Mendel et ses pois, ou テ Faraday et ses expテゥriences) ; 

volontairement lorsque, pour テェtre publiテゥ, il faut fournir des rテゥsultats bouleversants. Lisser 
les courbes ou escamoter les cas rテゥtifs devient alors presque forcテゥ. 

ou involontairement, comme certains biais de confirmation, certaines illusions statistiques, 
certaines validations subjectives, ou lorsque l窶冩n prテェte crテゥdit au flot de tテゥmoignages. 

Comme nous le voyons, la frontiティre est tテゥnue entre l窶兮ccomodation, l窶冓llusion et la fraude. Partant 
du principe qu窶冓l vaut mieux prテゥvenir que guテゥrir, nous introduisons la notion de faisceau de 
preuve.  
 
Nous introduirons au chapitre 4.3.4 le sophisme dit du ツォ faisceau de preuve ツサ en expliquant 
qu窶冰ne preuve ne se solde pas, et que l窶兮ccumulation de preuves de qualitテゥ mテゥdiocre n窶兮 jamais 
contribuテゥ テ la construction d窶冰ne connaissance scientifique sテゥrieuse, que ce soit un amas de faits 
non homogティnes, de tテゥmoignages hテゥtテゥroclites ou des mテゥta-analyses statistiques d窶凖ゥtudes aux 
conditions non semblables. 
 

2.4.7

 

L窶冑abit du moine  

 ツォ Une pseudoscience [le plus souvent, mais pas toujours] prテゥtend テェtre scientifique, et [...] 
prテゥtend relier ses assertions テ la science vテゥritable, en particulier aux dテゥcouvertes 
scientifiques d窶兮vant-garde. De cette faテァon, les pseudosciences tentent de revテェtir le manteau 
des sciences vテゥritables dans le but テゥvident de s窶兮ttirer une partie du respect テゥpistテゥmique que 
le grand public [...] accorde gテゥnテゥralement テ la science ツサ (Sokal, 

ouv.citテゥ

, p. 44).  

Il y a une sorte de paradoxe dans le rapport entre les pseudosciences et la science. Lorsque la 
science critique ou invalide les fondements du champ considテゥrテゥ, ses praticiens rejetteront la 
dテゥmarche scientifique, la science, les scientifiques et utiliseront des rhテゥtoriques de repoussoir. Par 
contre, si d窶兮venture la science peut offrir quoi que ce soit pouvant テェtre ツォ recyclテゥ ツサ par la 
pseudoscience, l窶兮bsorption se fait rapidement. Broch a coutume d窶兮ppeler ce faux paradoxe 
l窶册ffet bi-standard (voir 

Annexe 窶 Fiche pテゥdagogique Les psychomテゥdecines, encart E

). Faux paradoxe car il 

s窶兮git en fait d窶冰ne stratテゥgie plus ou moins consciente de tri des situations pragmatique : tout ce 
                                                 

114

 C窶册st l窶冩ccasion de montrer la signature statistique d窶冰ne fraude naテッve : les テゥcarts テ la moyenne suivant une courbe 

de Gauss, un recentrage sur une droite idテゥale laissera des marques (un resserrement) sur la gaussienne. Pis, si les 
scrupules sont trop grands, la valeur moyenne sur la droite テゥtant テゥvitテゥe, on repティre un ツォ trou ツサ dans cette gaussienne 

exactement sur la valeur moyenne. Le mimer sur la loi d窶儖hm est trティs simple et fait rire (jaune) les テゥtudiants. Il suffit 
de leur montrer ensuite que les expテゥriences de Davenas sur la ツォ mテゥmoire ツサ de l窶册au ont exactement ces mテェmes 

stigmates, et la conviction de fraude l窶册mporte. 

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109

 

qui en science peut servir le propos est utilisテゥ, tout ce qui le dessert est テゥvacuテゥ.  
Dans la longue sテゥrie des ツォ objets ツサ de la science qui sont recyclテゥs, il y a :  

-

 

les termes empruntテゥs テ divers champs disciplinaires (voir 4.2 

Ips de type 1

). 

-

 

Le vernis mathテゥmatique, comme l窶兮bus des chiffres l窶冰tilisation de graphiques 
complexes en astrologie par exemple. 

-

 

La notion de publication, fort malmenテゥe : lテ oテケ dans une science bien menテゥe, la 
nouvelle connaissance est soumise aux pairs avant d窶凖ェtre validテゥe pour publication, la 
publication pour beaucoup d窶兮cteurs des champs pseudoscientifiques se rテゥvティle n窶凖ェtre 
qu窶冰ne publication simple, allant de l窶兮rticle de presse ou la simple lettre jusqu窶凖 la 
publication dans des revues crテゥテゥes de toute piティce pour cela.  

Nous sommes pratiquement dans l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ (voir 4.3.2., 

Les arguments d窶兮utoritテゥ

). 

 

窶「

 

Outils Z 

Concernant les termes employテゥs, le meilleur moyen est d窶册ncourager les テゥtudiants テ vテゥrifier la 
dテゥfinition exacte sur le plan scientifique du lexique consacrテゥ. Nous nous appesantirons sur ce 
point dans 4 Ips de type 1). Relativement テ l窶兮bus des chiffres, nous dテゥveloppons un cours 
spテゥcifique aux tris de donnテゥes (comme le sophisme du Procureur, voir Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique 

Nツー8 Le sophisme du Procureur

). 

Quant aux prテゥtendues capacitテゥs 

para-normales

, (qu窶册lles soient la psychokinティse ou la dテゥmonstration 

d窶冰ne ツォ mテゥmoire ツサ de l窶册au), le meilleur outil sur ce sujet est la vテゥrification des informations et le 
don aux テゥtudiants du goテサt d窶兮ller voir au-delテ des prテゥtentions et des faits allテゥguテゥs.  
Ils s窶兮percevront certainement que le terme 

publication

 est un effet paillasson 窶 c窶册st-テ-dire qu窶冓l 

possティde deux sens bien diffテゥrents et allティgrement confondus : sens 1 de publication dans une 
revue scientifique テ comitテゥ de lecture, sens 2 de publication dans n窶冓mporte quel support テゥcrit. 
Nous abordons ce point en dans le paragraphe 4.2.3 ツォ argument du 

lu dans la presse 

ツサ. 

 

2.4.8

 

Motivations relevant de l窶兮cte de foi 窶 posture philosophique 

spiritualiste sous-jacente 

Nous avions tentテゥ une テゥbauche de taxinomie de toutes les postures philosophiques et 
テゥpistテゥmologiques non matテゥrialistes qui sous-tendent les discours pseudoscientifiques. Aprティs 
l窶兮voir maniテゥ et remaniテゥ, nous pensons que cette grosse partie est encore mal dテゥgrossie. Nous 
espテゥrons effectuer correctement ce travail ultテゥrieurement. 
 
 

2.5

 

Cheminement classique de la naissance d窶冰ne pseudoscience  

 
Si la naissance et l窶凖ゥvolution des pseudosciences ne suivent pas toutes exactement le mテェme 
chemin, nous avons repテゥrテゥ quelques rテゥgularitテゥs que nous retraテァons sommairement.  
 

Etape O : un 

a priori

 : Acte de foi 

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110

 

Idテゥe 

a priori

 de ce qu窶冩n veut trouver, ou acte de foi qu窶冩n veut テゥtayer. Il y a toujours une posture 

philosophique sous-jacente テ l窶凖ゥlaboration d窶冰ne pseudo-thテゥorie

115

.  

Etape 1 : une amorce qui permet la catalyse 

Une corrテゥlation prise comme causalitテゥ, une coテッncidence, une intuition forte corroborテゥe une fois, 
un artefact de nos sens montテゥ en sauce : la thテゥorie peut s窶凖ゥbaucher.  

Etape 2 : un tri des donnテゥes ou biais de confirmation 

(qui n窶册st pas toujours le fait du pseudoscientifique : cela peut テェtre l窶卩砥vre des mテゥdias) Seuls les 
faits / les tテゥmoignages corroborant l窶冓dテゥe initiale sont recensテゥs, crテゥant l窶冓llusion d窶冰n 
amoncellement de preuves.  

Etape 3 : un petit coup de Pangloss 窶 raisonnement テ rebours, effet bipティde 

On clame qu窶冰n tel arrangement de faits, qu窶冰ne telle sテゥrie de (semi-)preuves ne peuvent テェtre 
expliquテゥs actuellement autrement que par l窶冓dテゥe 

a priori

 qu窶冩n souhaitait dテゥmontrer (voir 4.3.6.10-

15 

Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour). Remarque : l窶册ffet 

Cerceau

 n窶册st pas loin 

(voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

). 

Etape 4 : un repoussoir  

Devant les critiques des scientifiques, la dissonance cognitive ne se rテゥsout qu窶册n repoussant les 
scientifiques 窶 et la dテゥmarche qui va avec. La science et ses suppテエts sont vite diabolisテゥs. 

Etape 5 : une entitテゥ 窶 on crテゥe l窶册ntitテゥ (ou l窶冑ypothティse 

ad hoc

) nテゥcessaire pour colmater 

les brティches 

Esprits, anges, テゥnergies, fluides 窶 versions plus ou moins laテッques du Dieu des trous 窶 viennent 
combler les lacunes de la pseudo-thテゥorie.  

Etape 6 : une chapelle 

Par rテゥaction テ l窶冓solement, se crテゥe de bric et de broc une chapelle spテゥcifique de recherche, avec 
ses concepts, ses figures, son histoire rebricolテゥe, et son jargon qui emprunte parfois テ l窶兮cte de foi 
de dテゥpart.  Remarque : le complot de l窶册xtテゥrieur n窶册st pas loin 
 
Ce dテゥcoupage en 6 テゥtapes +1

116

 permet de soulever 6 questions d窶册nquテェte pertinentes sur le 

domaine considテゥrテゥ. 

-

 

Question 1 : quel est le germe de dテゥpart de la (pseudo)thテゥorie ? 

-

 

Question 2 : comment les faits / les tテゥmoignages ont-ils テゥtテゥ collectテゥs ? 

-

 

Question 3 : y avait-il d窶兮utres interprテゥtations possibles de ces collections de faits ? 

-

 

Question 4 : y a-t-il un moment oテケ la rテゥfutation des critiques est devenue non rationnelle ? 

-

 

Question 5 : les nouvelles entitテゥs invoquテゥes sont-elles nテゥcessaires ? 

-

 

Question 6 : quelles sont les trames argumentatives et les signes de la communautテゥ 

d窶兮dhテゥrents テ cette (pseudo)thテゥorie ? 

-

 

Question 0 : y avait-il un acte de foi prテゥalable ?

                                                 

115

 Il y en a aussi certainement chez un bon nombre de scientifiques, mais lテ n窶册st pas notre propos. 

116

 Et non sept, pour une raison de coquetterie : ne pas tomber dans la scテゥnarisation ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ, voir 

4.4.3.10 

Le Carpaccio ツォ 7 travaux d窶僣ercule

  

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111

 

 

 

3

 

Pseudosciences et mテゥdias 

 

Mais certainement, on peut penser sans rien se reprテゥsenter. La pensテゥe n窶兮 absolument rien テ voir avec les 
reprテゥsentations. Elle ne se rテゥalise pas en images, mais en concepts et en formules. C窶册st exactement lテ oテケ 

les images prennent fin que commence la philosophie. C窶册st lテ-dessus que nous avons si souvent discutテゥ 

テゥtant jeunes gens. Pour toi, le monde consistait en images, pour moi en concepts. Je te disais toujours que 

tu n窶凖ゥtais bon テ rien comme penseur, et j窶兮joutais que ce n窶凖ゥtait pas une tare, puisque tu テゥtais par contre 

souverain dans le monde des images. Attention ! Je vais t窶册xpliquer cela. Si, au lieu de courir le monde 

comme tu le fis alors, tu テゥtais devenu un intellectuel, tu aurais pu faire du mal ; tu aurais テゥtテゥ en effet un 

mystique. Les mystiques, pour m窶册xprimer briティvement et un peu grossiティrement, sont des penseurs qui ne 

peuvent pas se libテゥrer des reprテゥsentations, en somme, qui ne sont pas des penseurs. Ce sont des artistes 

manquテゥs : des poティtes sans vers, des peintres sans pinceaux, des musiciens sans sons. Il eut pu en テェtre ainsi 

de toi. Au lieu de cela, tu es, Dieu merci, devenu un artiste et tu t窶册s soumis au monde d窶冓mages oテケ tu peux 

テェtre un crテゥateur et un maテョtre au lieu de rester comme penseur, empテェtrテゥ dans la mテゥdiocritテゥ.  

Narcisse テ Goldmund, 

Hermann Hesse

, Narcisse et Goldmund p. 225 

 
 
Nous entreprenons, dans ce chapitre et le suivant, la partie vテゥritablement technique de notre 
outillage critique. Nous avons voulu montrer qu窶冓l est possible d窶凖ゥbaucher une didactique 
zテゥtテゥtique テ partir du matテゥriau le plus commun qui soit, la revue scientifique grand public, 
l窶凖ゥmission TV, etc. Elle suit la structure que nous utilisons dans nos cours consacrテゥs aux mテゥdias, 
et テ la question des incrustations pseudoscientifiques qui les constellent. Nous avons procテゥdテゥ de 
faテァon テ ce que ce chapitre 3 puisse fournir la trame introductive テ tout enseignant souhaitant 
initier des テゥtudiants テ la sarabande mテゥdias & pseudosciences. Broch (1989, 

ouv.citテゥ

) テゥcrivait il y a 

une vingtaine d窶兮nnテゥes le constat suivant :  

ツォ Le but de l窶凖ゥducation au sens large doit [...] テェtre de former des personnes aptes テ la 
rテゥflexion, rテゥceptives aux nouvelles idテゥes et capables d窶兮voir une attitude ツォ sceptique ツサ. Nous 
ne devons pas nous borner テ la transmission nテゥcessairement finie d窶冰ne matiティre d窶冰n sujet 
ou d窶冰ne discipline. La relation ツォ informateurs-informテゥs ツサ, enseignants-enseignテゥs, ne prend 
sa pleine signification que si elle stimule un processus dynamique de recherche 
d窶冓nformations ツサ. 

Chapitre

3

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112

Vナ砥 pieux. Notre inquiテゥtude est situテゥe bien en-deテァテ : avant mテェme d窶册nvisager un processus 
dynamique de recherche d窶冓nformations, encore faut-il s窶兮ssurer que la transmission de la 
ツォ matiティre premiティre ツサ est bien assurテゥe.  
 

3.1

 

Mテゥdias reflets, mais aussi gテゥnテゥrateurs de misconceptions  

 
Lorsque nous avons entrepris ce travail, nous pensions dテゥcouvrir que les mテゥdias n窶凖ゥtaient qu窶冰n 
reflet des adhテゥsions pseudoscientifiques et paranormales : le pテゥtrissage sensationnaliste de 
l窶冓nformation scientifique nous semblait テェtre une caractテゥristique simplement publicitaire, apテゥritive, 
juste nテゥcessaire pour mettre en bouche le client potentiel et l窶册ncourager テ consommer cette 
information 窶 en vertu de cette fameuse ツォ soif ツサ d窶冓rrationnel, cette aviditテゥ prテゥsentテゥe comme 
non rテゥductible et quasi-instinctive chez l窶冑umain.  
Nous avons progressivement constatテゥ que le problティme se rテゥvティle plus complexe que cela : nous 
sommes dテゥsormais amenテゥs テ penser que les mテゥdias utilisent les misconceptions 
pseudoscientifiques et paranormales 

qu窶冓ls ont eux-mテェmes 

avivテゥes, soit en leur offrant tribune, soit 

en les crテゥant de toute piティce pour attirer le chaland. Sans aller jusqu窶凖 dire que la VS est 
responsable de toutes les misconceptions en science, la transposition mテゥdiatique de la 
connaissance scientifique est une manufacture qui appテ「te avec de la pseudoscience, et crテゥe une 
partie non nテゥgligeable de cette pseudoscience. Il ne s窶兮git pas que d窶冰n problティme de forme. 
Prenons un exemple :  
 
 

           

 

 (a) 

(b) 

Figure 29 : Mise en scティne du phテゥnomティne OVNI dans Science & Vie                        

 (a) apテゥritive (S&V Nツー873, Juin 1990) ; 

(b) crテゥation du scoop + accentuation par l窶冓mage (S&V Nツー976, janvier 1999) 

 
Lorsque 

Science &Vie

 Nツー873 (figures 29 a & b) titre ツォ 

un ツォ Ovni ツサ dテゥmasquテゥ

 ツサ en prテゥsentant un 

chasseur テ rテゥaction F-117, le lecteur est certes un peu dテゥテァu, puisque le produit de l窶兮rticle n窶册st 
pas le produit annoncテゥ (voir 4.4.3.13 

Technique de la Peau de chagrin

, et Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique 

Nツー19

). Il s窶兮git d窶冰ne simple mise en scティne apテゥritive de l窶冓nformation. Aussi dテゥsagrテゥable que ce 

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113

soit, cela ne porte pas テ consテゥquence. 
Quand, par contre, le mテェme 

Science &Vie

 Nツー976 scテゥnarise l窶冓nformation ツォ 

OVNIS, pourquoi la 

science s窶凉 intテゥresse enfin

 ツサ, avec une couverture de science-fiction, il y a trois idテゥes qui filtrent de la 

seule couverture :  

que les OVNIS sont des soucoupes volantes comme sur l窶冓mage ; 

que la ツォ science ツサ (acception non prテゥcisテゥe, voir 1.2. 

Cadre テゥpistテゥmologique

) dテゥdaignait les 

OVNIS/par consテゥquent les soucoupes volantes/par consテゥquent les Extra-
terrestres (voir 4.3.6., 

Les causalitテゥs douteuses

) ; 

que  tout  le  monde,  テ  la  traテョne  de  Science  &Vie, avait saisi l窶冓ntテゥrテェt du sujet depuis 

longtemps.  

La couverture de la revue, prテゥcisons-le, est souvent reproduite sur les prテゥsentoirs, et est bien plus 
lue ou percue que l窶兮rticle affテゥrent. Ici, en une seule maquette de prテゥsentation sera fait l窶兮malgame 
classique Phテゥnomティnes Aテゥriens Non Expliquテゥs/Soucoupes/ET, et prテゥsenter la science comme 
une institution fermテゥe et rテゥtive, en tout cas en butte テ l窶卍ォ Opinion Publique ツサ 窶拝ui elle, savait 
depuis longtemps, par intuition plus que par vテゥritable connaissance du sujet. Fabrication de 
pseudoscience, troc de la connaissance par l窶冓ntuition, 

Argumentum ad populum

 et raisonnement 

panglossien (ツォ le peuple le savait 窶 le peuple l窶兮vait bien compris ツサ 窶 on notera au passage l窶册ffet 

bi-standard

 potentiel, permettant, en cas de non dテゥcouverte, de s窶兮bstenir de dire que le peuple 

s窶册st bien trompテゥ) (voir 4.3.6.10 

Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour) 

Au passage, ce travail de sape テゥpistテゥmologique est doublテゥ d窶冰ne incompテゥtence journalistique : 
dans sa propre revue, 

S&V

, nous avons retrouvテゥ eu entre 1951 et 2004 au minimum 88 articles

117

 

portant sur la question, avec une kyrielle d窶冓nvitテゥs scientifiques pour en parler 窶 le premier en 
date datant d窶兮vril 1951

118

. Prテゥtendre que 

la science s窶凉 intテゥresse enfin

 est une caricature. En faire un 

scoop frise la dテゥsinformation. テ la dテゥcharge des journalistes eux-mテェmes, indiquons toutefois que 
maquette de couverture et article ne sont pas faits par les mテェmes individus. C窶册st un hiatus entre 
les deux professions qui crテゥe, dans le cas prテゥsent, la misconception. 
 

3.2

 

L窶兮ccティs テ l窶冓nformation scientifique : premiティres inquiテゥtudes 

 
Il n窶凉 a aucune raison pour que lors d窶冰n choix d窶册fficacitテゥ テ faire, un individu en pleine 
possession de ses moyens intellectuels ne choisisse pas les solutions scientifiques dテゥcrites comme 
les plus adaptテゥes ou les plus efficaces du moment. S窶冓l ne le fait pas, c窶册st soit parce qu窶冓l n窶兮 pas 
accティs テ l窶冓nformation ou parce que cet accティs est compromis ou dテゥvoyテゥ (1), soit parce qu窶冓l rejette 
l窶冓nformation scientifique qu窶冩n lui donne (2), soit parce que l窶冓nformation scientifique qu窶冓l reテァoit 
est biaisテゥe (3). 
Nous ne pouvons テゥvidemment pas nous consacrer au point (1) et テ toutes les raisons qui font 
qu窶冰n individu peut avoir du mal テ accテゥder テ l窶冓nformation en gテゥnテゥral, テ l窶冓nformation scientifique 
en particulier. Contentons-nous de dire qu窶冰n certain nombre de blocages ツォ de classe ツサ ont テゥtテゥ 
dテゥcrits en sociologie, qui font que des individus seront parfois complexテゥs テ la simple idテゥe d窶兮ller テ 
une confテゥrence, de rentrer sur un campus ou de visiter un musテゥe. Une fois qu窶冩n a saisi le fait 
                                                 

117

 Une liste des articles (

S&V

 et 

S&V Junior

) est disponible sur le site de l窶冰fologue P. Gross, 

http://ufologie.net

 窶

mテェme si elle sert un tout autre propos que le notre sur cette question. 

118

 Science &Vie Nツー 403, 

Les soucoupes volantes, vテゥritテゥs, possibilitテゥs, illusions

 Avril 1951 403, pp. 216-220 Puis

 Les soucoupes 

volantes - Propos autour d'un problティme et hypothティses sur une formule. 

pp. 220-226. 

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114

que la multiplicitテゥ des accティs aux sources d窶冓nformation est une richesse qui n窶兮ppartient pas テ tous 
les hテゥritages culturels, qu窶兮llumer une radio culturelle n窶册st pas un lieu commun, qu窶冩uvrir un 
journal n窶册st pas un rテゥflexe (en ouvrir deux encore moins) et que l窶兮pprentissage du recoupage 
des sources est un savoir-faire peu rテゥpandu, on ne peut qu窶凖ェtre inquiet, face テ cette ツォ demande ツサ 
peu dテゥveloppテゥe et quasi-privilティge, que l窶 ツォ offre ツサ soit elle aussi des plus discutables : le 
capitalisme journalistique a opテゥrテゥ en quelques dテゥcennies un incroyable resserrement des sources 
d窶冓nformation dans un petit nombre de mains, qui plus est des mains assez susceptibles, comme 
celles des groupes 

Bouygues

Vivendi

Hachette-Filipachi Media

Dassault-Socpresse

Le Monde PVC

 ou 

Lagardティre

. Difficile dans ce cas de garantir un accティs テ des sources contradictoires lorsque ces 

sources テゥmanent toutes d窶冰ne mテェme imprimerie, s窶冑armonisent entre elles et lissent l窶冓nformation 
en fonction des intテゥrテェts de leur propriテゥtaire d窶冰ne part, d窶兮utre part en fonction de ce qui assurera 
le plus d窶兮udience ou de lectorat. Ainsi, entre un accティs ardu aux capacitテゥs d窶兮nalyse et une offre テ 
tendance lobbyiste, il y a effectivement de quoi テェtre alarmテゥ

119

.  

Les deux autres raisons, par contre, nous concernent en premier chef. Pis, nous pensons qu窶册lles 
participent du mテェme problティme, et que (2) est la cause de (3), c'est-テ-dire que si un individu se 
dテゥtourne de l窶冓nformation scientifique, c窶册st parce qu窶凖 l窶冓nstar des gens confondant science au 
sens 1 et au sens 5, l窶冓mage 

a priori 

qu窶冓l a de cette ツォ information scientifique ツサ est dテゥvoyテゥe. 

 

3.3

 

Manufacture de l窶冓nformation et cercle vicieux de la 

Vulgarisation scientifique 

3.3.1

 

La manufacture de l窶冓nformation 

L窶冓nformation scientifique est, comme toute information, un produit fabriquテゥ. Pour utiliser le 
langage didactique, le savoir de dテゥpart, dit 

savant

 est transposテゥ en vue d窶冰ne mise テ l窶凖ゥtal : dans le 

cadre enseignemental, on parle de transposition didactique, lors de laquelle il va falloir 
tronテァonner, faire maigrir, apprテェter la connaissance en vue d窶冰ne acquisition par l窶兮pprenant. Dans 
le cadre mテゥdiatique, on parle de transposition mテゥdiatique (TM), et cette TM aura pour but dans la 
vulgarisation scientifique classique de susciter l窶冓ntテゥrテェt de l窶兮pprenant-client potentiel. Toute la 
question rテゥside dans la maniティre de manufacturer le savoir de dテゥpart afin de le rendre digeste et 
assimilable pour le ツォ profane ツサ, et donc rentable pour le producteur du produit final. 
La puce テ l窶冩reille nous a テゥtテゥ mise deux fois : par I. & G. Bogdanoff, lors d窶冰ne discussion, et par 
Y. Coppens lors de la lecture d窶冰ne de ses interviews.  
Les frティres Bogdanoff, aprティs avoir parlテゥ en des termes fort dテゥmagogiques du temps primordial テ 
un public peu averti, s窶册xcusティrent auprティs de nous que bien sテサr, les connaissances qu窶冓ls venaient 
de prテゥsenter n窶凖ゥtaient pas trティs rigoureuses, mais il n窶凉 a que sous cette forme qu窶册lles テゥtaient le 
plus comprテゥhensibles pour le public

120

. Coppens, suite aux critiques qui suivirent la sortie du 

docu-fiction 

L窶冩dyssテゥe de l窶册spティce

, rテゥtorqua au journaliste quelque chose du mテェme acabit.  

                                                 

119

 Cela n窶册mpテェche pas qu窶册sprit critique et accティs テ l窶冓nformation sont de grands poncifs dテゥmagogiques annテエnテゥs par 

les dテゥcideurs, mais fort peu suivis d窶册ffets. Le contraste est aussi flagrant entre le vナ砥 d窶冓nformation pluraliste, 

rationnelle et contradictoire et le paysage mテゥdiatique franテァais actuel qu窶册ntre les pテゥroraisons de 1986 posant TF1 

instituteur de la France

 et la qualitテゥ des programmations de cette chaテョne depuis vingt ans. Pour aller plus loin sur ce 

point, voir Halimi 2005, Rufin 2003, les analyses de l窶儖bservatoire Franテァais des Mテゥdias :  

http://www.observatoire-medias.info

 et d窶僊ction Critique Mテゥdia (ACRIMED).Pour une introduction trティs douce テ 

ce problティme, nous conseillons aux テゥtudiants la lecture du court et peu onテゥreux 

La manipulation de l窶冓nformation

, de 

Aubenas et Benasayag (ce dernier pourtant psychanalyste) - puis nous les enjoignons, s窶冓ls ne sont pas rassasiテゥs, テ 
s窶兮ttaquer テ Chomsky, 

De la propagande, 

2003. 

120

 Forum 

Sciences Frontiティres

 2004, communication personnelle. 

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115

Nous nous rendテョmes compte que la stratテゥgie de vulgarisation scientifique de ces personnages en 
vue n窶凖ゥtait pas tant de transmettre un contenu scientifique correct, mais d窶冩ffrir ツォ 

le contenu simili 

scientifique que les gens voulaient entendre

 ツサ. テ bien y regarder, il s窶兮gissait d窶冩ffrir plus exactement ツォ 

le 

contenu simili scientifique que eux, Bogdanoff, Coppens, croyaient que les gens voulaient entendre

 ツサ. En clair, il 

n窶凉 avait aucun mal テ travestir les faits si cela devait faciliter leur acquisition.  
Dans un marchテゥ autre que celui de l窶冓nformation, une telle pratique ferait テ la longue tiquer le 
public 窶 imaginons qu窶冰n restaurant テ 10 000 km de la France propose aux clients affamテゥs un 
ツォ authentique cassoulet ツサ, dont les haricots blancs auraient テゥtテゥ remplacテゥs par des frites, et les 
saucisses par un steak sur la simple base de ツォ le rendre plus sテゥduisant ツサ ou ツォ plus appropriable ツサ 
par les gens locaux. Le cuisinier viendrait alors nous expliquer que bien sテサr, ce steak frites n窶册st 
plus un cassoulet authentique, mais qu窶冓mporte : la chose importante テゥtant que les gens le croient, 
et qu窶冓ls achティtent.  
Dans le marchテゥ de l窶冓nformation, par contre, la rテゥaction tarde テ venir. Il y a longtemps que le scan 
des journaux tテゥlテゥvisテゥs ou des flashs d窶冓nformation radio mテェlant politique internationale 
prテゥmテ「chテゥe, 

people

, football et faits divers ne choque plus, et que la libテゥration des radios n窶兮 テゥtテゥ 

qu窶冰ne libテゥralisation. Toutefois une critique efficace existe, mテェme si elle est peu lue. Le 
dテゥvoiement de l窶冓nformation scientifique par contre ne gテゥnティre pas ou trティs peu de rテゥaction 
critique. テ営orner le statut 

essentialisテゥ

 du vulgarisateur est trティs semblable テ l窶凖ゥcornage du statut 

d窶冑umanitaire : on prテェte un caractティre bon 

per se 

テ ces professions. Y toucher frise l窶冓conoclastie. 

Nous n窶兮vons pu comprendre ce stoテッcisme du public face テ cette information retravaillテゥe qu窶冩n 
lui livre qu窶册n テゥmettant deux hypothティses de type sociologique : 

-

 

une grande majoritテゥ des individus 

lamnbda 

ne peut pas se plaindre de la qualitテゥ de 

l窶冓nformation, car elle n窶兮 pas, ou pense ne pas avoir le bagage scientifique suffisant 
pour le faire (ce dernier point テゥtant, nous le verrons, discutable) ;  

-

 

l窶冓mportant est d窶册ntrevoir plus que de savoir, d窶 ツォ avoir une vague idテゥe ツサ, puisque cette 
vague idテゥe est valorisテゥe socialement comme un accessit culturel, テ la maniティre d窶冰n 
abonnement テ Tテゥlテゥrama. Et quitte テ avoir une vague idテゥe, autant qu窶册lle soit simple テ 
comprendre et riche en sensations. (Mythe de la solution simple, voir 2.4.3, 

Pouvoir 

explicatif

). 

 

3.3.2

 

Le cercle vicieux de la vulgarisation  

Nous nous retrouvons donc avec une sorte de boucle de rテゥtroaction dans laquelle : 
1)

 

le journaliste/personnage public va choisir dans une large gamme les テゥvティnements qui vont, 
pense-t-il, gテゥnテゥrer l窶册ngouement public, crテゥer le scoop 窶 le scoop consistant non en une 
information exclusive mais en la crテゥation de la sensation chez le consommateur d窶凖ェtre 
dテゥpositaire de cette information exclusive : un fait prテゥsumテゥ en science cognitive, une nouvelle 
donnテゥe sur le CERN de Genティve, une tテ「che sombre sur Mars, une dent trouvテゥe テ 100 km de 
Toumaテッ, une plante bizarre, une avancテゥe sur le cancer. 

2)

 

Puis il va simplifier l窶冓nformation, la transformer un peu, la vertテゥbrer d窶冰ne trame narrative, 
ajouter des images plus ou moins en lien, mais qui ツォ flashent ツサ, et mettre un titre allテゥchant qui 
rende un peu le non acheteur coupable de refus de s窶冓nstruire : dテゥcouverte aux frontiティres de 
l窶册sprit, du nouveau sur les trous noirs, Il y avait de l窶册au sur Mars, avons-nous un nouvel 
ancテェtre ? une plante qui dテゥfie les lois de la gテゥnテゥtique, va-t-on enfin soigner le cancer ? Puis il 
achalandera le produit. 

3)

 

L窶冓ndividu 

lambda 

reconnaテョt ces thティmes, comme autant de questions prテゥ-emballテゥes, et l窶册nvie 

background image

 

 

 

 

116

honnテェte d窶凖ェtre テ la page aidant, il achティtera le produit, sans se rendre compte que la couverture 
de ses 

Science & Vie 

(

S&V

)

, Effervesciences, Sciences & Avenir 

(

S&Av

)

, Psychologies, Cerveau & 

Psycho

 n窶册st pas forcテゥment le reflet des derniers テゥvテゥnements scientifiques (voir 4.3.2.17 

Principe 

de la preuve 

sociale, 

Effet Panurge

). Il se forgera pourtant sa culture scientifique dessus. 

4)

 

La culture scientifique commune est une denrテゥe qui se transmet, comme les rhumes. 
L窶儖pinion Publique, si cela existe, comme moyenne de toutes les cultures scientifiques, 
s窶凖ゥmerveille des ressources incroyables de l窶册sprit, a peur des trous noirs, souhaite que le plus 
vieil ancテェtre soit franテァais, s窶冓nquiティte des dテゥrives de la gテゥnテゥtique et nourrit l窶册spoir de guテゥrir le 
cancer de grand papa. 

5)

 

le journaliste/personnage public va choisir dans une large gamme les テゥvテゥnements qui vont, 
pense-t-il, gテゥnテゥrer l窶册ngouement public : un fait prテゥsumテゥ en science cognitive, une nouvelle 
donnテゥe sur le CERN de Genティve, une tテ「che sombre sur Mars, une dent trouvテゥe テ cent 
kilomティtres de Toumaテッ, une plante bizarre, une avancテゥe sur le cancer. 

 
Illustrons notre propos. Le magasine 

Times

 aime attirer le chaland avec la posture du lotus en 

couverture (figure 30 a, b, c, d & e). Trois fois en moins de trois ans : avril 2001, janvier et aoテサt 
2003. En bas テ droite, couverture d'octobre 1975, montrant Maharishi, leader de la 

Mテゥditation 

Transcendantale

. Les observateurs avertis auront remarquテゥ les sous-titres :  

-

 

The science of yoga (a) 

-

 

The science of meditation (b) 

-

 

How your mind can heal your body (c) 

Et ce savant mテゥlange science/orientalisme, avec un soupテァon de 窶湾aranormal窶 en invoquant 
guテゥrison psychique et lテゥvitation, comme celle sur la page interne du numテゥro d窶兮oテサt 2003 (d) 

    

    

 

 (a) 

Avril 2001 

  (b) 

Janvier 2003 

(c) 

Aoテサt 2003 

background image

 

 

 

 

117

   

 

 (d) 

Aoテサt 2003

 

(e) octobre 1975 

Figure 30 : battage du 

Times

 autour d窶冰ne notion floue ツォ yogo-mテゥdito-transcendantalo-lテゥvito guテゥrisseuse.

  

Cette rテゥcurrence ne date pas d窶冑ier. En 1975, par un effet paillasson mテゥditation/mテゥditation 
transcendantale, 

Time

 faisait la part belle au gourou Maharishi

121

, avec un titre simpliste 

the answer 

to all your problems 

(e). Nous nous retrouvons avec le cercle vicieux prテゥdessinテゥ dans les pages 

prテゥcテゥdentes, schテゥmatisテゥ ci-dessous (figure 31) :  
 

 

Figure 31 : Le cercle vicieux de la vulgarisation scientifique 

 
L窶冩bjectif premier du mテゥdia est de gagner un client et de le garder. Pour cela, il semble que la 
dテゥmarche va テェtre de contraindre le consommateur de se tenir テ la page d窶冓ncessants scoops et de 
                                                 

121

 Sur Maharishi et l窶冓mpact de l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ dテサ テ des cテゥlテゥbritテゥs (notamment les Beatles), voir ce petit travail 

Chroniques zテゥtテゥtico-musicales nツー2

, Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー23, 13 mai 2007

 

:  

http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=29

  

[on croit que] le public 

recherche en majoritテゥ des 

テゥvenements gratifiants テ 

connaテョtre, simples テ 

comprendre, scテゥnarisテゥs. 

Le journaliste trie les 

informations en fonction 

du goテサt prテゥsumテゥ de 

l窶冩pinion publique : 

テゥvenement gratifiant テ 

connaテョtre, simple テ 

comprendre, scテゥnarisテゥ. 

Le public n窶兮yant que des 

dテゥsinences du mテェme 

produit, se voit gratifiテゥ 

pour ce produit. Il n窶兮 

aucune raison de ne pas 

prendre ce produit 

Les journalistes ayant tous 

la mテェme trame rテゥsument 

l窶冩ffre de VS テ des 

dテゥsinences du mテェme 

produit, gratifiant テ 

connaテョtre, simple テ 

comprendre, scテゥnarisテゥ. 

background image

 

 

 

 

118

vivre cet actualisation permanente comme un accessit social (l窶僣onnテェte Homme, informテゥ, テゥlite テ 
la pointe de l窶冓nformation), lequel rテゥclamera alors des ツォ consommables ツサ rapides, abstracts, 
condensテゥs, brティves, dテゥpテェches, et obligera le journaliste テ trouver le meilleur mode テゥvテゥnementiel de 
prテゥsentation de l窶冓nformation, voire テ ne garder que les informations en mesure d窶凖ェtre 

テゥvenementialisables

, ceci ne serait-ce que pour garder sa place, le travail de pigiste テゥtant prテゥcaire 

(figure 31). 
Le mythe de l窶冩bjectivitテゥ journalistique, dテゥjテ largement mis テ mal ailleurs (Accardo, 1999 ; Le 
Bohec 2000 ; Bourdieu 1996), s窶凖ゥcroule mテェme dans les mテゥdias scientifiques puisque le choix des 
テゥvテゥnements テ mettre en avant est effectuテゥ en fonction d窶冰ne grille d窶冓nterprテゥtation des envies du 
client potentiel, en bref, une 

publicitarisation

 de la science.  

 

3.4

 

La publicitarisation de la science 

 
Nous relevons trois points rテゥcurrents de cette publicitarisation :  

-

 

Le remplacement de la raison par la sensation 

-

 

La sテゥduction par la simplicitテゥ 

-

 

La crテゥation de l窶 ツォ テゥvテゥnementiel ツサ 

 

3.4.1

 

ツォ Symbole テゥcrit-analyse テゥtayテゥe ツサ contre ツォ image-visuelle-sensation 

immテゥdiate ツサ 

Nous avons fait nテエtre ce constat donnテゥ par Broch il y a dテゥjテ plus de vingt ans :  

ツォ [...] nous sommes actuellement dans une phase de modification des processus 
d窶兮cquisition des connaissances et que, de plus, l窶册xpansion de l窶冓nformation est 
essentiellement caractテゥrisテゥe par une substitution de l窶冓mage visuelle et de la sensation 
immテゥdiate au symbole テゥcrit et テ l窶兮nalyse テゥtayテゥe. ツサ 
En effet, en tant que moyen de communication, le symbole テゥcrit (le livre, par exemple) 
permet, pour une information, l窶兮nalyse dテゥtaillテゥe, construite, critique, et disponible sur un 
intervalle de temps consテゥquent, alors que les mテゥdias actuels font une place grandissante テ 
l窶冓mage instantanテゥe et aux stimuli qu窶册lle dテゥclenche (窶ヲ) Ce troc ツォ symbole テゥcrit-analyse 
テゥtayテゥe ツサ par ツォ image-visuelle-sensation immテゥdiate ツサ (indテゥpendamment du sujet traitテゥ) est 
essentiellement due au dテゥveloppement des mテゥdias テゥlectroniques. C'est-テ-dire qu窶册lle est, en 
partie, le rテゥsultat du 

support

 de l窶冓nformation et non point du 

contenu

 de cette mテェme 

information ; raison pour laquelle ce remplacement fondamental passe relativement 
inaperテァu.  
Ce problティme du progressif et sournois 

remplacement de la raison par la sensation

 mテゥriterait d窶凖ェtre 

largement pris en considテゥration et テゥtudiテゥ de maniティre globale. En ce qui nous concerne ici, 
c窶册st une de ses consテゥquences qui m窶冓ntテゥresse particuliティrement, テ savoir : ce remplacement 
conforte de maniティre テゥvidente le type de pensテゥe qui sous-tend le paranormal et donc 
augmente l窶兮udience de ce dernier. ツサ (Broch, 

ouv.citテゥ

, p. 174). 

Nous verrons dans la partie 4 un certain nombre d窶册xemples de remplacements de la raison par la 
sensation, notamment au travers des scテゥnarios de type record, aux mテゥtaphores sportives,

 

(4.4.3.11 

Autres : record 窶 gテゥnie hテゥroテッque 窶 dテゥfi 窶 dテゥboulonnage d窶冓dole

) mais テゥgalement dans ce besoin 

background image

 

 

 

 

119

attisテゥ d窶册nchanter le monde et de faire ツォ sens ツサ, que ce soit en donnant du sens mテゥtaphysique aux 
phテゥnomティnes naturels ou en fabriquant du sens pour les afflictions comme les maladies ou les 
drames personnels. 
 

3.4.2

 

ツォ Effort ツサ contre ツォ simplicitテゥ ツサ : la becquテゥe du profane 

Deuxiティme volet de la publicitarisation de l窶冓nformation scientifique : le mythe de la simplicitテゥ. La 
VS dans son ensemble tend テ faire croire que grテ「ce テ elle, la connaissance savante sera apportテゥe 
au profane, par son entremise, et cela sur un plateau. Nous ne nous appesantirons pas sur le 
caractティre assujettissant d窶冰ne telle dテゥmarche, le profane attendant la becquテゥe que le vulgarisateur, 
tel l窶凖ゥvangテゥlisateur du XIXe siティcle en Afrique sahテゥlienne, viendra aimablement lui dテゥlivrer : celui 
qui ne ツォ sait ツサ pas est campテゥ dans un rテエle de quテゥmandeur d窶兮umテエne, et il n窶凉 aura pas grand 
monde pour l窶册ncourager テ s窶兮venturer sur les chemins rocailleux de la formation scientifique et テ 
rテゥellement se former, en reprenant des テゥtudes par exemple. La VS entretient aimablement ce 
mythe de la simplicitテゥ, en persistant テ faire croire aux exclus de la connaissance scientifique que 
par son entrefaite, par quelque docufiction ou quelques pages imagテゥes dans une revue, l窶冓ndividu 
avide aura テ peu de frais la substance de la connaissance en question. Le problティme est qu窶册n guise 
de substance, il y a au mieux un aperテァu, au mテゥdian une caricature, au pire une misconception. 
Dans un ocテゥan de vulgarisation simplifiante, l窶兮ccueil rテゥservテゥ un rテゥel dテゥveloppement analytique 
est dテゥsormais perテァu comme au mieux soporifique, au pire complexe, テゥlitiste, voire snob, et des 
postures anti-intellectualistes naテョssent. 
Au vu du nombre d窶冓ndividus, テゥtudiants ou non, qui lors des cours, des confテゥrences ou sur les 
forums Internet, restituent des lieux communs sur la mテゥcanique quantique par exemple, il y a 
quelque inquiテゥtude テ nourrir sur une ツォ sciencesetavenirisation ツサ de la connaissance scientifique 
populaire. Dans l窶冓dテゥal, il faudrait rompre avec cette idテゥe reテァue que la science et l窶冓nformation 
scientifique sont simples : elles sont difficiles, exigeantes et pleines de piティges. Quiconque 
souhaitant se forger une opinion sur la relativitテゥ restreinte, l窶兮lgティbre, la thテゥorie du chaos ou le 
nテゥo-darwinisme ne pourra テゥviter de compulser les bases, le vocabulaire, les rティgles, au mテェme titre 
que celui qui voudra apprendre une langue テゥtrangティre devra passer par les fondamentaux. Il y a 
gテゥnテゥralement autant de diffテゥrence entre un champ scientifique et sa vulgarisation qu窶册ntre une 
pratique maテョtrisテゥe d窶冰ne langue et le petit lexique de voyage des Guides du Routard. Nous ne 
disons pas que ces lexiques ne sont pas utiles, ou que cette VS simplifiante ne devrait pas exister : 
nous demandons テ ce qu窶冓l soit prテゥcisテゥ テ ses consommateurs que cette connaissance est simplifiテゥe 
テ outrance, non suffisante pour avoir une opinion テゥclairテゥe, et crテゥe du ツォ sens ツサ ou du ツォ rテェve ツサ bon 
marchテゥ. Aussi sympathique soit-elle, ce n窶册st pas avec une fausse cape de Superman achetテゥe en 
supermarchテゥ qu窶冩n parviendra テ voler. 
 

3.4.3

 

La fabrication de l窶凖ゥvテゥnementiel 

Troisiティme grand volet de la publicitarisation, la fabrication de l窶凖ゥvテゥnement. Nous reprenons テ 
notre compte la description opテゥrテゥe par Brune dans sa critique de la publicitテゥ, qui se rテゥvティle 
parfaitement efficace pour la VS 窶 ce qui ne laisse pas d窶冓nquiテゥter. 
Selon Brune, la description de ce qu窶册st un ツォ テゥvテゥnement ツサ comprend cinq caractテゥristiques. 

窶「

 

le caractティre 

ex nihilo

 et la dテゥsyncrテゥtisation 

窶「

 

le 

Deus ex machina 

窶「

 

l窶冑istoricitテゥ 

background image

 

 

 

 

120

窶「

 

la sテゥlection et l窶冓mmテゥdiatetテゥ 

窶「

 

la crテゥation d窶冰n public 

 

3.4.3.1

 

Caractティre 

ex nihilo

 et dテゥsyncrテゥtisation 

テ l窶冓nstar de celui de Brune, notre regard critique se pose sur deux aspects : le fait, la rテゥalitテゥ ツォ en 
soi ツサ qu窶冩n grime en テゥvテゥnement et l窶兮cte qui la nomme ainsi.  

窶「

 

Le fait : 

Brune dテゥcrit l窶凖ゥvテゥnement ainsi : 

ツォ L窶凖ゥvテゥnement, c窶册st ce qui advient, ce qui se produit en dehors de toute prテゥvisibilitテゥ. C窶册st 
la dテゥfinition テゥtymologique. Ce qui advient (

evenit

) ne prテゥvient pas. Cela semble surgir tout テ 

coup, comme un effet sans cause. Il faut mテェme que l窶冩n soit surpris. Lorsque ツォ ce qui se 
passe est devenu habituel, on a l窶冓mpression qu窶冓l ne se passe rien窶ヲ plus est brutale 
l窶冓nformation qui ツォ テゥclate ツサ soudain dans le champ mテゥdiatique, plus elle semble mテゥriter le 
nom d窶凖ゥvテゥnement [...] ツサ (Brune 2004, p. 120) 

Le tri implicite des faits par le journaliste scientifique se fait sur le ツォ surgissement ツサ d窶冰ne 
nouvelle, qu窶册lle soit d窶兮illeurs nouvelle ou non. En voici quelques exemples (figures 32a, b, c, d 
& e).  

 

  

   

 

 

(a) Pour la Science, jan 2006 (b) S&V, mars 2006 (c) Dauphinテゥ Libテゥrテゥ, juin 2006 

        

 

background image

 

 

 

 

121

 

(d) S&V juin 2003 

(e)S&Av aoテサt 1997 

Figure 32 : diverses mテゥthodes ツォ scoopesques ツサ dans un テゥchantillon de presse de vulgarisation scientifique. 

 

窶「

 

L窶兮cte :  

Il est nテゥcessaire de regarder l窶兮cte qui la nomme 

テゥvテゥnement

, ou la dramatise comme tel, et qui 

dテゥnote d窶冰n choix de prテゥsentation de cette rテゥalitテゥ avant tout sous cet aspect phテゥnomテゥnal. 
D窶兮bord parce que c窶册st la subjectivitテゥ d窶冰ne rテゥdaction, d窶冰n journaliste qui opテゥrera l窶兮cte, ensuite 
parce que l窶卍ォ テゥvenementialisation ツサ d窶冰n fait le dテゥsyncrテゥtise, le dテゥnude de la nテゥcessitテゥ de justifier la 
multitude de causes et d窶册ffets テ l窶冩rigine du fait ou du phテゥnomティne, comme par exemple une 
routine de recherche de trente annテゥes comme prテゥalable テ la dテゥcouverte. 

ツォ [...] s窶册mpresser de nommer un fait ツォ テゥvテゥnement ツサ, c窶册st privilテゥgier une modalitテゥ de 
perception et de reprテゥsentation qui l窶册nferme dans son surgissement, par opposition テ 
d窶兮utres formes de saisie du rテゥel. On se laisse aller テ ce bon vieux prテゥsupposテゥ idテゥologique 
selon lequel toute chose n窶册st en ce monde que le fruit d窶冰ne gテゥnテゥration spontanテゥe, テ mille 
lieux de l窶兮pproche analytique qui tente de saisir l窶冓ntelligence des choses et de leurs 
interrelations. ツサ (

Ibid.

). 

Nous retrouvons des mテゥcanismes comme :  

ツォ L窶册ffet de surprise, le frisson soudain

, [qui]

 deviennent le critティre essentiel de l窶凖ゥvテゥnement, 

et conduisent le journaliste テ ne chercher dans le rテゥel que ce qui va produire ce frisson, テェtre 
spectaculaire, photogテゥnique, tテゥlテゥgテゥnique, etc. ツサ (

Ibid.

). 

qui rappellent ce que les didacticiens (Astolfi & Develay 1989) appellent eux aussi la 
dテゥsyncrテゥtisation du savoir

Sテ。nchez Gテウmez & Martテュn qui s窶册n inquiティtent aussi la dテゥcrivent ainsi :  

ツォ (窶ヲ) there is a process of didactic transposition from the 窶忤ise knowledge窶 (savoir savant) 
of the scientific practice to the 窶徼aught knowledge窶 (savoir enseignテゥ) of science education. 
This process is seen as a natural consequence of the system of formal education, which 
creates its own epistemological and cultural referents (curricula, syllabuses, textbooks, 
classroom discourse and interaction, exams, etc.) to which scientific knowledge is reduced 
by the didactic transposition. Astolfi and Develay have elaborated this line of thought, 
presenting an analysis of the changes experienced by scientific knowledge when translated 
into the educational context. According to them, the passing from a 窶忤ise knowledge窶 to a 
窶徼aught knowledge窶 is a complex process which implies the decontextualisation, 
depersonalisation, desyncretisation, programming (i.e. the adaptation into a didactic 
program), reformulation, dogmatisation, and operationalisation of the scientific discourse. 
In other words, school (or college) science is a processed product, with its own distinctive 
features, and with relations with proper science which are far from being obvious ツサ. (2003, 
pp. 131-148) 

Le savoir est :  

-

 

scientifique

, en vertu du principe qu窶冰n savoir savant est indテゥpendant du contexte de sa 

crテゥation.  

-

 

dテゥ-historicisテゥ 

c'est-テ-dire en l窶册xpurgeant de toute la dテゥmarche amenant テ son テゥlaboration 

-

 

dテゥpersonnalisテゥ

, en dテゥtachant le savoir de ses auteurs 

-

 

dテゥsyncrテゥtisテゥ

, c'est-テ-dire en le morcelant afin de le rendre enseignable, et plus digeste. 

 

background image

 

 

 

 

122

Nous ne rentrerons pas dans le dテゥbat de savoir, pour chaque savoir, quelle est la transposition 
correcte, si tant est qu窶册lle existe. Nous nous bornons テ indiquer que la science comme dテゥmarche, 
faite d窶册ssais, d窶册rreurs, de rテゥfutation d窶冑ypothティses, de protocoles 窶 ce qui distingue une thテゥorie 
d窶冰n scテゥnario par exemple 窶 n窶兮pparaテョt plus dans le savoir tel qu窶冓l est objectivテゥ et transposテゥ en 
enseignement et テ plus forte raison dans les mテゥdias. Nous pensons que l窶冰ne des sources de 
confusion entre science et pseudo-science se situe exactement lテ.  
 
Une image pテゥdagogique que nous avons construite pour l窶冩ccasion, trティs limitテゥe certes, mais utile, 
est celle de 

la grotte et ses deux stalactites

 (figure 33).  

 

 

Figure 33 : La mテゥtaphore des deux stalactites 

 
Sテ。nchez Gテウmez et Martテュn ajoutent, テ propos de la physique :  

ツォ Science education, if a mirror of science, is a distorting one. By including history into the 
scientific subjects what we get is a new didactic transposition process. The resulting subject 
is another idiosyncratic cultural artefact which does not have to be closer to the 
propersciences than a non-historical approach. It is more correct to say that they both are 
related to the proper science in different ways. Under this perspective, Bevilacqua and 
Bordoni窶冱 (1998) statement: 窶彈窶ヲ] 

teaching physics and the history of physics are fellow subjects. We 

are not interested in adding the history of physics to teaching physics, as an optional subject: the history of 
physics is 窶亙nside窶 physics窶

 (p. 451) seems to us rather unsatisfactory. The amount of history 

窶彿nside窶 any academic subject would depend on the way it has been transposed. It is very 
much under the control of the instances in charge of designing and putting into practice the 
curriculum ツサ (

ibid.

) (Bevilacqa & Bordni 1998, p. 451)

.

  

Brune souligne au passage que cette dテゥsyncrテゥtisation de l窶凖ゥvテゥnement, au mテェme titre que la 
falsification ou la mise en scティne de celui-ci, participe aussi d窶冰ne dテゥpolitisation.  

Imaginons deux stalactites dans une grotte.  
L窶冰ne d窶册ntre elles est le produit de milliers d窶兮nnテゥes de concrテゥtion calcaire, par exemple par 
prテゥcipitation de bicarbonate de calcium. L窶兮utre est le produit d窶冰ne vile contrefaテァon de ma part, 
fabriquテゥe exprティs en glaise avec mes mains juste avant votre arrivテゥe. De fait, les deux stalactites 
sont :  
- bien dans la grotte  
- de forme semblable 
Avant de vous extasier, vous demandez au gardien de la grotte l窶冑istoire de chacune, et le gardien 
me dテゥnonce : l窶冰ne est produite par une physico-chimie lente et descriptible, l窶兮utre par le scテゥnario 
d窶冰n illuminテゥ (moi). D窶冰n coup, l窶冓ntテゥrテェt que vous portiez テゥgalement sur les deux s窶凖ゥmoussera sur la 
mienne, qui n窶册st qu窶冰ne copie. 
Ces stalactites sont テ l窶冓mage de certaines constructions thテゥoriques. Certaines ont rテゥsistテゥ au temps 
et aux intempテゥries, d窶兮utres ne sont que des scテゥnarios. Connaテョtre l窶冑istoricitテゥ des テゥdifices thテゥoriques 
mテェme rテゥcents est essentiel pour en テゥvaluer leur portテゥe et pour distinguer une thテゥorie et un scテゥnario. 
Si ces テゥdifices sont dテゥsyncrテゥtisテゥs de leur histoire et prテゥsentテゥs au public, celui-ci risque de prendres 
des vessies pour des lanternes, des rテェves pour la rテゥalitテゥ, et de la glaise pour du bicarbonate 
millテゥnaire. 

background image

 

 

 

 

123

ツォ C窶册st donc la dテゥnaturer, la ツォ dテゥpolitiser ツサ, s窶冓nterdire de l窶兮pprテゥhender sur le mode de 
l窶兮nalyse rationnelle. Et priver simultanテゥment de cette approche ceux que l窶冩n ツォ informe ツサ. 
L窶兮rbitraire de l窶凖ゥvテゥnement, qui rティgne sur l窶僮nformation moderne et rテゥgit ceux qui l窶冩nt en 
charge, c窶册st cette terrible rテゥduction idテゥologique, cette imposture qui ne cesse de rテゥduire le 
Rテゥel テ l窶僊ction, de ne saisir les faits que comme des ツォ nouvelles ツサ, bref, de ツォ nommer ツサ le 
monde selon la grille テゥvテゥnementielle en faisant croire pテゥremptoirement que c窶册st-テァa-le-
monde. ツサ (

Ibid.

, p. 126-7). 

 
 

3.4.3.2

 

Deus ex machina 

De la dテゥsyncrテゥtisation dテゥcrite ci-dessus, du fait que le phテゥnomティne apparaテョt sans cause apparente, 
celui-ci est trティs facilement interprテゥtable en terme de destin, de fatalisme, de faveur ou de dテゥfaveur 
des dieux. La prテゥsentation de l窶凖ゥvテゥnement comme le fruit, dans le thテゥテ「tre du monde, d窶冰n 

Deus ex 

machina

 qui conduit tout en fonction de ses desseins secrets.  

ツォ 

Mais dans la perspective mテゥtaphysique dans laquelle les mテゥdias se placent 

majoritairement, cette recherche s窶兮pparente surtout テ une quテェte de coupables, propre テ 
nourrir l窶凖ゥcoeurement de la foule en ツォ trompant ツサ sa faim de causalitテゥ. Car ce ne sont pas de 
vraies explications qui lui sont offertes, ce sont des sacrifices expiatoires. ツサ (Brune, 

Ibid.

, p. 

121) 

Ce 

deus ex machina

 se retrouve rテゥguliティrement dans la perception des catastrophes sanitaires ou 

テゥcologiques (figure 34), mais テゥgalement dans les archテゥothテゥrapies, branche des pseudomテゥdecines 
qui fouillent le passテゥ, la naissance et les ancテェtres pour faire de la pathologie une consテゥquence 
テゥvidente d窶冰n 

fatum. 

Les ツォ mティres-rテゥfrigテゥrateurs ツサ, par exemple, mises largement en cause de 

maniティre totalement pseudoscientifiques dans les origines de l窶兮utisme, chez Kanner, chez 
 

Figure 34 : deus ex machina, dテゥbut d窶兮nimisme et question ツォ forcテゥe ツサ dans cette couverture de 

S&Av

 Nツー708, 

janvier 2006 

 
                                                 

122

 Voir le concept de 

Good-enough Mother

, dans Winnicott, 

La mティre suffisamment bonne

, 2006. 

123

 Bettelheim テゥtait convaincu, alors mテェme que les preuves s'accumulaient contre sa thテゥorie, que l'autisme n'avait pas 

de bases organiques mais テゥtait dテサ テ un environnement affectif et familial pathologique. Voir Bettelheim, 

la forteresse 

vide, l'autisme des enfants et la naissance du moi

, 1969. Pour un dテゥbut de critique, voir Hacking, 

Philosophie et histoire des 

concepts scientifiques

, sur le site du Collティge de France, p. 391. Pour aller plus loin, lire Pollack, 

Bruno Bettelheim ou la 

fabrication d'un mythe

 (2003). Un autre trop rare livre critique de Bettelheim est テゥgalement paru sous la plume de  

Peeters, 

La forteresse テゥclatテゥe

 (1998). 

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124

 

3.4.3.3

 

Historicitテゥ 

Quoique dテゥ-historicisテゥs de leur base causale, ces テゥvテゥnements deviennent des ツォ dates ツサ, puisqu窶冓ls 
ツォ font date ツサ : aprティs eux, ツォ plus rien ne sera comme avant ツサ. La scテゥnarisation du record participe 
de cela (voir 4.4.3.11 

Autres - record窶ヲ

). Brune sur ce point テゥclaire ainsi :  

ツォ [...] ce sens n窶册n reste pas moins tributaire du caractティre テゥpiphテゥnomテゥnal des prテゥcテゥdents, 
bien qu窶冓l semble le contredire. En se centrant sur telle ツォ date clef ツサ, en associant l窶冑istoricitテゥ 
du fait signalテゥ テ son dテゥroulement souvent spectaculaire, l窶冑istorien qui l窶凖ゥrige en テゥvテゥnement 
ne se dテゥpartit pas de cette vision du monde qui confond le symptテエme et la cause. Il tombe 
sous le coup de cette sentence de Montesquieu : ツォ 

Si le hasard d窶冰ne bataille, c'est-テ-dire une cause 

particuliティre, a ruinテゥ un テ液at, il y avait une cause gテゥnテゥrale qui faisait que cet テ液at devait pテゥrir par une seule 
bataille 

ツサ. (

Ibid

., p. 122)  

 

3.4.3.4

 

La sテゥlection et l窶僮mmテゥdiatetテゥ 

Devant la masse d窶凖ゥvテゥnements potentiels se dテゥroulant chaque jour, il devient nテゥcessaire pour qui 
envisage de crテゥer une vitrine d窶冰n domaine prテゥcis, science, politique, テゥconomie, etc. d窶册ffectuer 
un tri. C窶册st leur propre modティle テゥvテゥnementiel, intテゥriorisテゥ, qui les conduit dans ce tri テ ne lire que 
les ツォ テゥvテゥnements ツサ confirmant l窶冓dテゥe prテゥconテァue qu窶冓ls se font du monde. Ce tri est donc fait selon 
une subjectivitテゥ souvent ignorテゥe ou non assumテゥe, puis selon une dテゥsyncrテゥtisation des causes qui 
produisent les テゥvテゥnements triテゥs, afin de faire ressortir leur caractティre souhaitテゥ 

ex nihilo

. Sachant 

cela, il devient difficile d窶兮grテゥer le concept d窶

actualitテゥ

.  

Brune sur ce point affirme :  

ツォ Le concept mテェme d窶兮ctualitテゥ est un coup de force quotidien : d窶冰ne part parce qu窶冩n 
pourrait chaque jour faire la liste d窶冰ne multitudes d窶兮ctualitテゥs qui sont exclues de l窶僊ctualitテゥ 
avec un grand A, d窶兮utre part parce que cette derniティre est une vue de l窶册sprit, une promesse 
dテゥmiurgique et totalitaire, comme l窶冓ndique d窶兮illeurs la lettre mテェme du slogan de France-
Info : ツォ le monde en direct, 24 heures sur 24 ツサ. On pourrait en dire autant de journaux qui 
se donnent comme titre : 

l窶凖益テゥnement, Le Monde, Le Temps

窶ヲ Quelle forfanterie ! ツサ (

Ibid

., p. 

127) 

Dテゥnonciation de la vision テゥvテゥnementialiste :  

ツォ N窶册n dテゥplaise aux mテゥdias dominants, ツォ l窶冑istoire テゥvテゥnementielle ツサ n窶册st pas l窶冑istoire 
vテゥritable. Mテェme dans son acception historique, l窶卍ォ テゥvテゥnement ツサ n窶册xiste que dans la vision 
テゥvテゥnementialiste de celui qui la nomme comme tel. ツサ (

Ibid

.) 

Nous reviendrons sur cette tendance commune aux produits vaisselle capables de mousser mテェme 
en petite quantitテゥ (voir 4.4.3.15 

Technique du Liquide vaisselle

), qui a permis et permet encore de 

faire de certains sujets de science des marronniers s窶兮uto-contredisant 窶播epuis le dテゥcryptage du 
gテゥnome humain, annoncテゥ comme effectuテゥ de nombreuses fois en six ans テ l窶冓ncessante 
dテゥcouverte de l窶册au sur Mars.  
 

3.4.3.5

 

Crテゥation d窶冰n public 

ツォ L窶凖ゥvテゥnement n窶册xiste que dans le regard du public ; mais aussi, le public n窶册xiste que dans 
sa saisie de l窶凖ゥvテゥnement ツサ. (

Ibid

., p. 123)

 

En effet, la cohテゥsion d窶冰n public se fait dans cette captation de l窶凖ゥvテゥnement. C窶册st pour cela que 
l窶冩n a pu dire que la connaissance des grands titres de presse, tout comme la connaissance des 
grands thティmes de recherche scientifique passテゥes テ la moulinette des mテゥdias forme chacune une 

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125

classe ツォ cultivテゥe ツサ, qui se reconnaテョt par des rテゥfテゥrences communes, au plus prティs de la novation, et 
qui sont gratifiantes et gratifiテゥes continuellement 窶 par exemple dans les jeux tテゥlテゥvisテゥs. Classe 
cultivテゥe qui, justement gratifiテゥe par cela, rテゥpond テ l窶兮ffirmative lorsque lui est posテゥe la question de 
l窶冓mportance de ces pseudo-connaissances.  
Brune toujours :  

ツォ D窶冩テケ le besoin qu窶冩nt les professionnels des mテゥdias de l窶兮pprobation du public, comme 
pour croire eux-mテェmes テ l窶冓mportance objective de ce qu窶冓ls prテゥsentent comme 
テゥvテゥnements ; ce protocole de ratification se reproduit maintes fois : on se prテゥcipite vers les 
sondages, on recueille テ la va-vite l窶兮vis des personnalitテゥs qui adorent opiner dans les 
mテゥdias, on court les rues pour rテゥcolter quelques micro-trottoirs, on met en scティne les 
rテゥactions des gens窶ヲ et l窶冩n en dテゥduit gravement, puisque la rue rテゥagit テ l窶凖ゥvテゥnement, que 
l窶凖ゥvテゥnement テゥtait bien un テゥvテゥnement ! 
Un million de morts de faim, en Afrique, en prテゥsence d窶冰n seul tテゥmoin, c窶册st une rテゥalitテゥ 
affligeante ; un enfant qui meurt テ la tテゥlテゥvision, devant un million de spectateurs, c窶册st un 
テゥvテゥnement. ツサ (

Ibid.

, p. 124) 

La vulgarisation scientifique a effectivement son public consacrテゥ, maintenu dans sa soif 
inextinguible d窶凖ゥvテゥnements テゥdulcorテゥs et apprテェtテゥs. Elle gテゥnティre sa sphティre de gratification : on est ce 
brave homme, cette honnテェte femme qui lit 

Science&Vie

 et le laisse bien en vue sur la table en 

rotin, et achティte l窶

Encyclopedia Universalis 

en vingt volumes qui trテエnera, imposante, en prenant la 

poussiティre. 
 

3.5

 

Le succティs des pseudosciences sur fond de maffesolisme 

  

Les pseudosciences sont des テョlots d窶兮dhテゥsion qui sont autant de stigmates, de marqueurs d窶冰ne 
utilisation de mauvaise qualitテゥ de la science. En cela, la valeur pテゥdagogique de leur analyse n窶册st 
plus テ faire, et la sテゥduction qu窶册lles exercent est un 

scanning

 assez juste des distorsions dans la 

comprテゥhension de la science par la population.  
En effet, chaque champ pseudoscientifique テ succティs est un triple indicateur : d窶兮bord sur les 
piティges inhテゥrents テ la pratique scientifique (la tentation de lire des artefacts comme des 
phテゥnomティnes, par exemple) ; ensuite sur la fraction de la population qui n窶册st pas en mesure de se 
prテゥmunir vis-テ-vis de ces piティges. Enfin, sur la proportion de praticiens des sciences susceptibles 
de tomber dans ces travers, et notamment sur la fraction ツォ jaune ツサ

124

 de sociologues et 

d窶冓ntellectuels qui font le terrain de ces pseudosciences en flattant dテゥmagogiquement les zones 
テゥrogティnes de l窶 ツォ Opinion Publique ツサ. Ce point est primordial pour comprendre l窶兮cceptation tacite 
de certaines thティses par la population. Comme nous l窶兮vons dテゥjテ abordテゥ (voir 1.3.7 

La morgue du 

Post-modernisme

)

 

Sokal a rテゥcemment dテゥmontrテゥ comme les notions POMO, c'est-テ-dire le 

relativisme mテゥthodologique et les concepts nomades, faisaient l窶册au boueuse dans laquelle 
prospティre un bon nombre d窶冓mpostures intellectuelles et de pseudosciences (voir 4.2.5 

Concept 

nomade

) . Il devient urgent de dテゥnoncer la facilitテゥ de certains penseurs universitaires テ surfer sur 

un relativisme pseudo-libertaire, pseudo-permissif, hテゥritテゥ entre autres de Feyerabend, et qui 
sテゥduit les gens assoiffテゥes de concordisme et d窶冰niversalisme.  

                                                 

124

 Le terme sociologue ツォ jaune ツサ est empruntテゥ bien sテサr テ Bourdieu 窶 voir P. Carles, 

La sociologie est un sport de combat

(2001) 

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126

Pour illustrer ce travail de sape テゥpistテゥmologique, prenons par exemple ce ツォ besoin d窶冓rrationnel ツサ 
prテゥsentテゥ comme universel, et qui donne un blanc-seing テ toutes sortes d窶冓ncrustations 
pseudoscientifiques dans le tramage de la science : ce besoin n窶册st non seulement pas 
uniformテゥment rテゥparti, n窶册st pas bien nommテゥ (puisque le maillage des adhテゥsions aux 
pseudosciences est souvent simili-rationnel) et n窶册st vraisemblablement un besoin que parce 
qu窶冩n se complait テ nous le faire croire. On pourrait se demander si cette impテゥrieuse nテゥcessitテゥ 
accolテゥe テ l窶册sprit humain n窶册st pas une sorte de prテゥdiction auto-rテゥalisatrice, advenant par le simple 
fait de s窶册n テェtre convaincu. Que l窶冑umain ait un goテサt archaテッque intuitif pour les pensテゥes magiques 
et les introspections est un fait, et il n窶册st pas question de nier l窶冓ntテゥrテェt de faire une socio-
anthropologie de ces champs, dans la lignテゥe des Frazer (

ouv.citテゥ

), Mauss(

ouv.citテゥ

), Weber (1999), et 

テゥventuellement Durand (1993) : mais poser ce goテサt comme indテゥpassable, comme constitutif, 
avoir une lecture ツォ essentialiste ツサ de l窶冓rrationalisme rappelle les lectures ツォ mテゥchantes ツサ ou 
ツォ bestiales ツサ de l窶僣umain, simplistes, rテゥductrices et niant toute entreprise de dテゥpasser ces stades. 
Elles ne font d窶兮illeurs pas que flatter les intuitions, elles sabordent l窶册ntreprise scientifique 
d窶兮bord en se soumettant テ cette fatalitテゥ, puis en rテゥhabilitant au nom de cette fatalitテゥ des 
mテゥthodes d窶凖ゥlaborations pseudoscientifiques des connaissances, sur fond de relativisme cognitif.  
Le cas de la thティse de l窶兮strologue E. Teissier en est une sorte de sombre apothテゥose, et risque de 
rester dans les annales de la sociologie comme la consテゥquence poussテゥe テ l窶册xtrテェme de ce 
relativisme テ ventre mou qu窶兮ura テゥtテゥ la pensテゥe maffesolienne. Nous nous rangeons テ quelques 
dテゥtails prテェts, テ la critique faite dans 

Esprit

 par Cibois

125

 :  

ツォ Ce que disent en commun E. Teissier et le courant dans la mouvance de Michel Maffesoli, 
c窶册st que la rationalitテゥ qui se veut exhaustive dans nos sociテゥtテゥs est critiquable, que l窶冑omme 
ne se rテゥduit pas テ une approche conceptuelle mais qu窶冓l doit テェtre apprテゥhendテゥ par des rテゥalitテゥs 
autres : ses テゥmotions qui le constituent socialement dans des groupes d窶兮ffinitテゥs (Michel 
Maffesoli) ou son destin tels que les astres en disposent (E. Teissier). Le refus commun 
d窶冰ne rationalitテゥ trop stricte a fait se rencontrer deux pensテゥes : E. Teissier s窶册st incrustテゥe 
dans un courant qui lui apportait une caution intellectuelle et un vocabulaire pour penser 
son refus de la rationalitテゥ trop sure d窶册lle-mテェme. Elle a dissimulテゥ sa thティse de la vテゥritテゥ de 
l窶兮strologie sous un vernis d窶册xplications sociales de la fascination de l窶兮strologie. (窶ヲ) trop 
content de voir apporter des arguments qui vont dans le sens de la montテゥe de l窶冓rrationnel, 
le jury situテゥ dans la mouvance de Michel Maffesoli fait semblant de se satisfaire des 
explications sociales de la fascination face テ l窶兮strologie en les considテゥrant comme des 
explications sociologiques. On a peut-テェtre lテ la vテゥritテゥ de ce courant : rejet d窶冰ne modernitテゥ 
rationnelle et fascination devant l窶凖ゥmotion constitutive de social, ce qui pourrait テェtre un bon 
point de dテゥpart, mais aussi rejet d窶冰ne rationalisation de l窶冓rrationnel et arrテェt au seuil de la 
distanciation, car la mテゥthode rationnelle qui distancie ne peut, テ ses yeux, rendre compte du 
social fusionnel. ツサ (2001) 

                                                 

125

 Le texte dont est extrait cette citation est Cibois, 

La thティse d窶僞lizabeth Teissier : lecture d窶冰n sociologue

, ESPRIT, 2001, 

est disponible sur le site de l窶僊FIS. 

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article393

 Nous avons tronquテゥ ce 

passage dans l窶兮rticle de Cibois : ツォ 

On pourrait dire qu窶册lle a "trichテゥ" pour arriver テ ses fins. Ce mot de tricherie ne serait pas 

utilisable si ce n窶凖ゥtait le sien propre : en effet d窶冰ne maniティre trティs explicite, elle explique que pour faire une thティse sur l窶兮strologie, il est 
nテゥcessaire de choisir un sujet de thティse "limitrophe de la Sociologie, de la Philosophie ou de l窶僣istoire des Religions et de se placer 

officiellement sous l窶凖ゥgide de ces disciplines : on est obligテゥ de camoufler, de tricher, de contourner les institutions" (815-816). Tricherie 
assumテゥe donc, et des deux cテエtテゥs : trop content de voir apporter des arguments qui vont dans le sens de la montテゥe de l窶冓rrationnel, le jury 

situテゥ dans la mouvance de Michel Maffesoli fait semblant de se satisfaire des explications sociales de la fascination face テ l窶兮strologie en les 
considテゥrant comme des explications sociologiques.

 ツサ  

Nous pensons que ces deux ツォ triches ツサ ne sont pas du tout semblables. Teissier a l窶冓mpression (feinte ?) de creuser 

une faille d窶冰n systティme scolastique, tandis que les maffesoliens font feu de tout bois. Nous trouvons la manナ砥vre 
bien plus grave chez les sociologues de chez Maffesoli que chez la riche astrologue. 

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127

Voici un exemple caractテゥristique : la ツォ montテゥe ツサ de l窶冓rrationnel. 
Pour illustrer notre propos, voici un exemple de littテゥrature bon marchテゥ, rafraテョchie chaque 
semaine dans les kiosques, et qui fabrique cette impテゥrieuse nテゥcessitテゥ dans l窶冓rrationnel, sur un ton 
de rテゥvテゥlation. Nous avons テゥvitテゥ de prendre un cas flagrant, et choisi un auteur pourtant vantテゥ 
pour la scientificitテゥ de ses thティses : F. Lenoir, ツォ 

Philosophe, sociologue et historien des religions, [...] 

chercheur associテゥ au Centre d窶僞tudes Interdisciplinaires du Fait Religieux テ l窶僞cole des Hautes Etudes en 
Sciences Sociales (EHESS/ CNRS). Il a publiテゥ de nombreux essais et dirigテゥ plusieurs encyclopテゥdies sur les 
questions spirituelles et religieuses

 ツサ, lit-on sur la biographie de son blog personnel (

fredericlenoir.com

).  

Un article l窶冓nterviewant est paru dans 

Psychologies

 de mai 2003, texte テ portテゥe scientifique au 

milieu d窶兮rticles oscillant entre le Nouvel テHe et la psychanalyse formant le corps du dossier 
ツォ 

notre besoin d窶冓rrationnel

 ツサ. Il fait suite テ un texte introductif oテケ l窶冩n peut lire :  

ツォ L窶冩cculte, l窶凖ゥtrange, le mystテゥrieux en agacent beaucoup. Selon un sondage CSA pour 窶廰e 
Monde窶 et 窶廰a Vie窶 (17 avril 2003), une majoritテゥ d窶册ntre nous se mテゥfie de l窶冓rrationnel et 
craint que notre テゥpoque rテゥgresse dans l窶冩bscurantisme. ツサ 

Le glissement sテゥmantique est captivant : 

テゥtrange

mystテゥrieux

, jouxtent 

occulte

, puis 

irrationnel

, puis 

obscurantisme

. Consテゥquence non des moindres, on テゥlude le fait que les positions les plus 

obscurantistes (au sens d窶冩pposition テ la diffusion des connaissances et au remplacement de 
connaissances solides contre des connaissances moins ツォ vraisemblables ツサ) sont bien plus le fait 
d窶兮dhテゥsions テ des thティses simili-rationnelles 窶田omme l窶僮D, que des thティses pleinement 
irrationnelles. Il y a bien plus テ craindre du vernis rationnel que de la poテゥsie ou de la mテゥditation, 
par exemple.  

 

Figure 35 : Frテゥdテゥric Lenoir : ツォ Nous rテゥenchantons le monde ツサ.

 Psychologies Magazine. 

 

Dans cet extrait (figure 35), ceux qui ont lu les chapitres suivants de cette thティses relティveront au 
moins les biais suivants : 

Mauvaise テゥpistテゥmologie, et glissement sテゥmantique sur le terme ツォ irrationnel ツサ, qui signifie simplement 

ツォ qui n窶册st pas rationnel ツサ. ツォ ne pas テェtre compris, テゥchapper テ la raison et ne pas テェtre expliquテゥ par la science 
sont trois choses diffテゥrentes. Tout ce qui 

テゥchappe テ la raison

 n窶册st pas forcテゥment 

irrationnel

, encore moins 

Psychologies : Aujourd窶冑ui, qu窶册ntend-on par irrationnel ?

Ce que l窶冩n ne comprend pas ! En fait, ce mot revテェt encore souvent une connotation pテゥjorative. C窶册st un hテゥritage 
du rationalisme du XIXe siティcle, oテケ tout ce qui テゥchappait テ la raison テゥtait disqualifiテゥ, oテケ ce qui n窶凖ゥtait pas 

explicable par la science テゥtait considテゥrテゥ comme faux ou illusoire. Or, c窶册st cette vision scientiste qui est totalement 
illusoire ! 

D窶兮bord, parce que bien des choses qui nous apparaissent aujourd窶冑ui comme irrationnelles 窶 la transmission de 
pensテゥe, la voyance, les guテゥrisons par le magnテゥtisme, etc. 窶 trouveront peut-テェtre demain une explication logique. 

Ensuite, et surtout, parce que l窶冑omme et le monde sont テ la fois rationnels et irrationnels. La sexualitテゥ, le 
dテゥsir, l窶兮mour, l窶凖ゥmotion artistique demeurent en grande partie indテゥchiffrables. S窶兮git-il pour autant 

d窶册xpテゥriences ou de sentiments illusoires ? 
Descartes avouait sans honte avoir reテァu en rテェve sa fameuse "mテゥthode" qui a fondテゥ philosophiquement la science 

moderne ! Mテェme si c窶册st encore mal perテァu, de nombreux philosophes et anthropologues, depuis une trentaine 
d窶兮nnテゥes, ont rテゥhabilitテゥ l窶冓maginaire, la pensテゥe mythique, comme autant d窶凖ゥlテゥments constitutifs de l窶冑omme.  

 

Iriez-vous jusqu窶凖 parler d窶冰ne poussテゥe de l窶冓rrationnel dans nos sociテゥtテゥs 

europテゥennes ?

  

Certainement ! Et, en cela, nous cessons d窶凖ェtre l窶册xception d窶冰ne humanitテゥ qui a toujours laissテゥ s窶册xprimer sa 

part irrationnelle. (窶ヲ) nous assistons depuis une trentaine d窶兮nnテゥes テ une remise en cause du scientisme 窶 la 
science devient beaucoup plus modeste et s窶冩uvre テ l窶兮lテゥatoire 窶 et テ une perte d窶册mprise du magistティre religieux, 

qui libティrent des pulsions irrationnelles longtemps refoulテゥes. Une sorte de retour du balancier, donc.  

(窶ヲ) 

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128

faux

 ou

 illusoire

Discrテゥdit du rationalisme et postmodernisme : le rationalisme est fait ツォ censeur ツサ. Vision simpliste, 

historiquement fausse puisque tous les rationalistes du XIXe n窶冩nt pas disqualifiテゥ le non rationnel, qui 
plus est inexacte dans son amalgame avec le scientisme, et enfin relativiste ツォ cognitif ツサ. Briser le 

rationalisme brise le socle mテェme de la connaissance scientifique. 

Possible n窶册st pas toujours possible. 

Erreur manifeste : la transmission de pensテゥe, voyance ne sont pas irrationnelles.  

Paillasson : irrationnel 

 sans explication logique.  

Effet Impact : ツォ Poussテゥe de l窶冓rrationnel ツサ 

Affirmation grave et non テゥtayテゥe. 

Syndrome franテァais : dテゥcoupage dualiste et sophistique entre l窶儖rient, qui laisse s窶册xprimer sa part 

irrationnelle ( ?) et l窶僞urope, l窶册xception, trop rationaliste.  

Dテゥcoupage facile ツォ part irrationnelle / part rationnelle ツサ 

Effet Paillasson sur ツォ science ツサ  

Remise en cause du scientisme 

 modestie de la science  

Incomprテゥhension du scientisme 

Dテゥbut d窶冓mposture intellectuelle avec ツォ s窶冩uvre テ l窶兮lテゥatoire ツサ 

Lecture psychanalytique et ツォ pandorienne ツサ 

ツォ libティrent des pulsions irrationnelles longtemps refoulテゥes ツサ. 

Retour de quel balancier ? ツォ juste retour des choses ? Quelle est la balance, le 

logos

 sous-jacent pour 

Lenoir ? 

Effet puits : ツォ L窶冑omme et le monde sont テ la fois rationnels et irrationnels ツサ est une phrase pauvre de 
sens. Si l窶冩n peut encore comprendre pour l窶冑omme (sans la femme, bizarrement), faire une telle 

dテゥclaration sur le ツォ monde ツサ est de la philosophie bon marchテゥ. 

Effet Paillasson : Irrationnel 

 indテゥchiffrable 

 illusoire 

Technique de l窶凖ゥpouvantail : dテゥconstruction d窶冰n argument plus faible que la thティse dテゥfendue 

Recours au mythe. Gテゥnテゥralisation abusive (sur un cas, vraisemblablement hagiographique) et argument 

d窶兮utoritテゥ. 

Thテゥisme : ツォ avoir reテァu en rテェve ツサ : de qui ? 

Scテゥnario de la confession 

 
Nous aurions pu prendre un autre exemple, pris dans la branche mystique essentialiste du 
fテゥminisme (voir 4.4.5.3 

Pseudo-テゥmistテゥmologie窶ヲ

) qui fait rテゥguliティrement tribune dans les colonnes du 

magazine Nouvel テHe 

Soleil Levant

 :  

ツォ Vivre l窶册xpression de notre fテゥminin implique que nous nous tournions vers notre intテゥrioritテゥ ce qui nous 
permet de rテゥtablir le lien naturel avec notre intuition, notre Soi, notre dimension Sacrテゥe

.

 Cela nous amティne 

dans un テゥtat d窶册sprit fluide oテケ nous pouvons accテゥder テ une conception et テ une vision 
globale de la vie. Notre besoin d窶冓rrationnel s窶册n trouve nourri ツサ

126

En guise de mテゥtaphore, mais avec beaucoup de prテゥcautions

127

, nous pourrions comparer une 

                                                 

126

 Mielczareck, 

L窶僞ternel Fテゥminin, La naissance d窶冰ne nouvelle  vision  de  soi,  de  l窶兮utre  et  du  monde

, revue Soleil Levant, 

http://www.soleil-levant.org/presse/article.php3?id_article=133

  

127

 テ ceci prティs que l窶册sprit humain n窶册st pas un organisme, bien entendu, et qu窶冓l est des croyances 

background image

 

 

 

 

129

pseudoscience テ un virus : le virus exploite les failles des systティmes organiques, parvient テ 
convaincre les systティmes de dテゥfense de ne pas le combattre, et met en danger intellectuellement 
une certaine frange de population. L窶冓mmunodテゥficience se fait progressivement, par cette forme 
sociologisante relativiste 窶 que nous appelons maffesolienne non en rapport avec son ナ砥vre, 
mais avec sa caution テ la thティse de Teissier 窶 et qui, comme l窶兮 montrテゥ Sokal, rend meuble et 
rテゥceptif le cerveau du quidam moyen テ un certain nombre de pseudosciences.  
Pour s窶册n convaincre, les discours de Maffesoli sont tellement ツォ mous ツサ テゥpistテゥmologiquement 
qu窶冰ne interview vidテゥo de Maffesoli a pu utilisテゥe par le CICNS (Centre d窶僮nformation et de 
Conseils des Nouvelles Spiritualitテゥs), fer de lance de la lutte contre une discrimination des 
minoritテゥs spirituelles 窶賭ui font tribunes テ J.C. Guyard, par exemple, co-responsable de 
l窶冓ntroduction de la pseudoscience Kinテゥsiologie en France

128

, ou テ des Tテゥmoins de Jテゥhovah dont 

les aliテゥnations sont bien documentテゥes

129

.  

C窶册st en utilisant une mテゥtaphore proche que Baillargeon a テゥcrit son 

Manuel d窶僊utodテゥfense 

Intellectuelle

. Nous disons que les discours relativistes maffesoliens ne sont pas dangereux 

per se

mais tout comme certaines activitテゥs du corps, abaissent les dテゥfenses et dテゥsarment l窶冓ndividu face 
aux sollicitations pseudoscientifiques. Comment, lorsque de grands noms universitaires comme 
Maffesoli ou Lenoir incrustent l窶

irrationnel

, lorsque Prigogine vante le 

changement de paradigme

 

prochain et la 

fin des certitudes

, lorsque Stengers piテゥtine la science et lui dテゥnie toute spテゥcificitテゥ vis-テ-

vis des mテゥthodes intuitives, des transes chamaniques, comment expliquer ensuite leur erreur aux 
individus qui se commettent, commettent leur santテゥ ou celle de leur famille et corrodent leur 
compte bancaire en souscrivant テ des pseudosciences ou des pseudomテゥdecines ? On se retrouve 
dans un cas de figure trティs proche des injonctions papales テ l窶兮bstinence plutテエt qu窶凖 la 
contraception : l窶冓njonction est assez mal justifiテゥe, et les consテゥquences sur la population sont 
tragiques. 
  

3.6

 

Hypothティses de travail 

: la critique des mテゥdias comme 

prophylaxie des pseudosciences 

 
L窶冩bjectif, rappelons-le, n窶册st pas de conspuer la vulgarisation scientifique, ni d窶凖ゥdicter des rティgles 
d窶冩rthodoxie de transmission de l窶冓nformation. Il est de sortir de la critique frontale des 
pseudosciences, et de remonter テ leurs sources, dont l窶冰ne est cette transposition plus 
dテゥmagogique que didactique. Nous aimerions que tout individu souhaitant prendre de 
l窶冓nformation scientifique puisse le faire en connaissance de cause. Et pour cela, il nous semble 
essentiel qu窶冓l テゥvente de la main cette sensation trompeuse que la vitrine mテゥdiatique est le monde 
et que l窶凖ゥvテゥnementiel mテゥdiatique qu窶冓l dテゥvore est un produit fabriquテゥ pour テァa. Nous aimerions 
que le consommateur de vulgarisation scientifique puisse saisir que si l窶冩bjectivitテゥ scientifique 
n窶册st pas un mythe, l窶冩bjectivitテゥ mテゥdiatique en est un, somme de choix subjectifs quasi-
publicitaires et dテゥmagogiques dont on ne lui parle jamais. Nous aimerions qu窶冓l sache que certains 
espoirs qu窶冩n lui crテゥe, certaines peurs auxquelles on le soumet, sont apprテェtテゥs. Sous prテゥtexte de lui 
donner du bagage, de 

l窶册mpowerment 

comme dit Piette (1996), c'est-テ-dire une plus grande maテョtrise 

de l窶册nvironnement mテゥdiatique, on le rend d窶冰ne maniティre pavlovienne rテゥactif aux scテゥnarios les 
plus convenus, aux rhテゥtoriques les plus sテゥduisantes, aux appels テ la frayeur les plus basiques. 
                                                                                                                                                         

pseudoscientifiques qui parviennent, tels des saprophytes, テ nourrir, voire テ faire survivre l窶册sprit-hテエte qui cherche 
par exemple une consolation. 

128

 Voir projet K, dossier d窶凖ゥtudiants de pharmacie consacrテゥ テ la kinテゥsiologie, テ paraテョtre. 

129

 La vidテゥo est disponible ici : 

http://www.sectes-infos.net/Michel_Maffesoli.htm

  

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130

Nous aimerions partager notre effroi de voir que la culture scientifique moyenne gravite 
essentiellement autour d窶冰ne poignテゥe de sujets, souvent liテゥs テ des intテゥrテェts テゥconomiques, et que les 
mテゥdias n窶凉 sont pas pour rien. Nous aimerions sortir le client de cette テゥternelle attente de 
sensations 

scoopesques

, inextinguible par essence parce qu窶冩n テゥtanche pas une soif avec des 

boissons sucrテゥes. 
Pour テゥbaucher cela,

 

nous martelons l窶冓dテゥe que c窶册st une mauvaise comprテゥhension doublテゥe d窶冰ne 

mテゥdiocre utilisation de la dテゥmarche scientifique et des connaissances qu窶册lle procure qui fait le lit 
des choix pseudoscientifiques. Or nous constatons que l窶冓mpact des mテゥdias, de par leurs produits 
manufacturテゥs au parfum prテゥsumテゥ de l窶儖pinion Publique, constitue une part non nテゥgligeable, 
voire principale de la culture scientifique pour qui n窶兮 pas suivi d窶册nseignement spテゥcifique.

 

 

 
Nos hypothティses de travail sont les suivantes : 

窶「

 

Hypothティse nツー1 : Les processus de fabrication de l窶冓nformation scientifique 
mテゥdiatique sont poreux, piquテゥs d窶僮nterstices Pseudoscientifiques (Ips) qui 
sont autant de brティches pour des postures non scientifiques 

窶「

 

Hypothティse nツー2 : Utiliser ces Ips et leur critique permet de dテゥvelopper une 
pテゥdagogie zテゥtテゥtique et la fabrication chez l窶凖ゥtudiant d窶冰ne autodテゥfense 
intellectuelle sceptique. 

 

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131

 
 
 

4

 

Mテゥdias et esprit critique 窶 outillage zテゥtテゥtique  

 

4.1

 

Interstices pseudoscientifiques et enseignement 

 
Constatant (chapitre 1) que la qualitテゥ de la pensテゥe critique n窶凖ゥtait pas corrテゥlテゥe au niveau d窶凖ゥtude, il 
a fallu constater que l窶 ツォ esprit critique ツサ 窶 qui est finalement un ツォ esprit ツサ au sens de dテゥmarche, 
ou d窶兮rt (voir 1.1.8. 

La zテゥtテゥtique comme ツォ art ツサ du doute

) 窶 n窶册st pas directement enseignテゥ ou 

vulgarisテゥ, et que malgrテゥ un savoir scolaire ou une culture consテゥquente, des systティmes de croyances 
et d窶兮dhテゥsions filtraient dans les productions des mテゥdiateurs de la science. Nous dテゥfendons la 
thティse que ces adhテゥsions, parfois en flagrante contradiction avec la connaissance thテゥorique et 
factuelle accumulテゥe, se bテ「tissaient non pas dans la transmission des connaissances, mais テ travers 
elle. C窶册st surtout devant l窶兮ssurance d窶冰ne grande proportion des vulgarisateurs et enseignants de 
ne transmettre que des thテゥories, des faits et des technologies que nous est venue l窶冓dテゥe d窶冰tiliser la 
mテゥtaphore, aussi dテゥrangeante qu窶冰tile d窶冰ne 

porositテゥ

, d窶冰n mauvais recouvrement, d窶冰ne jointure 

laxe. En clair, rendre l窶冓dテゥe assez dテゥsagrテゥable de prime abord que la connaissance scientifique 
globale telle qu窶册lle est transmise mテゥnage des interstices de connaissance, que l窶冓ndividu aura 
tendance テ aller combler tant bien que mal dans des champs pseudoscientifiques (figure 36). 
Notre mテゥtaphore rejoint celle de Drummond du ツォ Dieu des trous ツサ (

God of the gaps

), selon 

laquelle, pour nombre de spiritualistes, les trous que notre connaissance scientifique ne remplit 
pas ne peuvent テェtre comblテゥs que par du divin (Drummond 1904, Bube 1971, pp. 203-220).  

 

Chapitre

4

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132

Figure 36 : dieu des trous, image figurative employテゥe en cours  

 
Pour テゥviter ce que Bricmont (2001b) appelle la 

rテゥification

 de notre ignorance et toute manipulation 

aliテゥnante qui pourrait s窶册n suivre, il nous a semblテゥ important de pister des Ips, d窶册n chercher les 
causes dans les messages scientifiques qui arrivent テ l窶冓ndividu, et d窶凖ゥtudier comment circonscrire 
le problティme. Car nous pensons que les adhテゥsions pseudoscientifiques ne rテゥpondent pas tant テ un 
besoin inhテゥrent de l窶册sprit humain (voir le ツォ pseudo-besoin d窶冓rrationnel ツサ, chapitre prテゥcテゥdent) 
qu窶凖 un bouchage des interstices que l窶冓nformation mテゥnage en nous en construisant notre 
carapace cognitive. 
 

4.1.1

 

Dテゥfinition des Ips 

Nous avons bテ「ti la notion d窶

Ips

 pour permettre un travail pテゥdagogique en amont des remports 

d窶兮dhテゥsion qui, une fois inscrits dans le temps et dans les actes d窶冰n individu forment des 

blocs 

cognitifs

 beaucoup plus difficiles テ dテゥconstruire, ne serait-ce que par les mテゥcanismes de maintein de 

la consonance cognitive (Festinger 

&al.,

 

ouv.citテゥ, 

Cialdini 

ouv.citテゥ

). Le ciblage des Ips sur la 

transposition mテゥdiatique des connaissances en science nous semble adaptテゥ du fait de la profusion 
des supports exploitables (magazines, revues, journaux, テゥmissions radio ou tテゥlテゥvisuelles, Internet) 
et de leur ancrage dans la vie de tous les jours (contrairement aux concepts enseignテゥs classiques : 
il est rarement discutテゥ de thermodynamique dans les lieux publics, mais la question des sourciers 
est une grande ツォ classique ツサ des repas de famille). Dans l窶兮bsolu, notre ambition, en tant 
qu窶册nseignant, serait d窶凖ェtre en mesure d窶冓mproviser un cours de lecture critique du message 
scientifique en ne se servant que de la presse du jour. Si l窶冩n parvient テ amener l窶兮pprenant テ 
pointer les failles dans la transposition de la connaissance directement sur un support motivant 

et 

populaire 窶 une テゥmission de 

Mystティres

130

, par exemple 窶, non seulement nous pourrons テゥlaborer 

une critique formelle, mais テゥgalement encourager テ l窶冰tilisation de cette critique sur tout autre 
support du mテェme type. Pour ce faire, il nous fallait nommer ces brティches. Le terme 

Interstices

, par 

l窶冓dテゥe d窶冰ne lテゥzarde sテゥparant deux bordures, nous a semblテゥ le plus adaptテゥ. Il suffit d窶冓maginer 
deux 

テョlots de rationalitテゥ

131

 

entre lesquels est maintenu, sciemment ou non, une riviティre 

pseudoscientifique tumultueuse. Il suffit ensuite d窶冰ne scテゥnarisation fantasmatique pour que, tel 
le joueur de flテサte de Hamelin, les moins attentifs au fond et les plus sensibles テ la joliesse de la 
forme suivent le dテゥratiseur jusqu窶凖 la riviティre Weser

132

 (figures 36 & 37). 

 

                                                 

130

 Mystティres, sテゥrie d窶凖ゥmissions de Philip Plaisance, diffusテゥes en France sur TF1 de 1992 テ 1995 et ayant marquテゥ un 

grand nombre  de jeunes de cette gテゥnテゥration. 

131

 La paternitテゥ de cette notion, que nous avons quelque peu dテゥtournテゥ, revient au professeur (et prテェtre jテゥsuite) 

Fourez. Voir par exemple Fourez, 

Qu窶册ntendre par ツォ テ四ot de rationalitテゥ窶 ? et par ツォ テ四ot interdisciplinaire de rationalitテゥ窶 ? 

(1997). 

Voir aussi Larochelle & Dテゥsautels 2002, et Maingain

 & al.

 2002. 

132

 Ou dans une grotte, comme le narrent les frティres Grimm, dans 

Der Rattenfテ、nger von Hameln

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133

 

Figure 37 : Illustration figurative de l窶僮ps, faille dans un テゥdifice scientifique. 

 
Nous parlons d窶僮nterstices pseudoscientifiques (Ips) pour dテゥsigner 

les biais potentiels ou avテゥrテゥs dans la 

transposition mテゥdiatique des hypothティses ou des rテゥsultats scientifique, biais pouvant amener le rテゥcipiendaire テ 
adhテゥrer, par des procテゥdテゥs autres que logico-dテゥductifs, テ une thティse insuffisamment テゥtayテゥe ou テ croire accrテゥditテゥe une 
hypothティse non prouvテゥe. 

 

4.1.2

 

Obstacles テゥpistテゥmologiques, Interstices pseudoscientifiques 

Les Ips empruntent certains caractティres テゥpistテゥmologiques aux 

obstacles 

de Bachelard.  

ツォ Quand on cherche les conditions psychologiques des progrティs de la science, on arrive 
bientテエt テ cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problティme de la 
connaissance scientifique. (窶ヲ) c'est dans l'acte mテェme de connaテョtre, intimement, 
qu'apparaissent, par une sorte de nテゥcessitテゥ fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est 
lテ que nous montrerons des causes de stagnation et mテェme de rテゥgression, c'est lテ que nous 
dテゥcティlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles テゥpistテゥmologiques. (窶ヲ) 
En fait, on connaテョt contre une connaissance antテゥrieure, en dテゥtruisant des connaissances mal 
faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit mテェme, fait obstacle テ la spiritualisation ツサ 
(Bachelard 1983, pp. 13-16). 

Nous pensons que, de la mテェme faテァon que les obstacles テゥpistテゥmologiques bachelardiens sont テ 
franchir, les Ips sont autant d窶凖ゥcueils テ テゥviter. 
Lテ oテケ l窶冩bstacle テゥpistテゥmologique reprテゥsente un mur conceptuel permettant de passer d窶冰ne 
interprテゥtation moins テゥlaborテゥe scientifiquement テ une autre plus juste, l窶僮ps est un trou ramenant 
l窶兮pprenant ou le consommateur de VS テ un stade conceptuel infテゥrieur テ scientificitテゥ moins 
grande.  
Comme nous

 

allons le prテゥsenter, les Ips sont multiformes, et s窶冓l n窶册st pas possible d窶册n faire une 

liste exhaustive, nous avons envisagテゥ d窶册n faire une sテゥmiologie pratique associテゥe テ l窶冩utillage Z 
permettant de s窶册n prテゥmunir. Cet outillage nous paraテョt devoir rテゥpondre テ 4 critティres. 
Trois critティres pテゥdagogiques :  

-

 

cet outillage doit テェtre peu complexe, en tous cas moins complexe que les objets テ analyser 

-

 

afin de permettre une appropriation rapide par l窶兮pprenant, il doit fournir des images 

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134

mentales claires et des dテゥfinitions simples. 

-

 

il est nテゥcessaire d窶兮ccrテゥditer chaque outil d窶册xemples marquants, afin que l窶兮pprenant intティgre 
non seulement le principe de l窶冩util, mais aussi ses limites. 

-

 

Un critティre philosophico-テゥpistテゥmologique :  

-

 

Ces outils doivent n窶册ncourager aucune posture philosophique spiritualiste et se contenir 
dans les cadres テゥpistテゥmologique et philosophique dテゥcrits au chapitre 1, c'est-テ-dire le 
monisme mテゥthodologique, le scepticisme et le matテゥrialisme scientifique.  

テ ce titre, nous avons refait, simplifiテゥ plusieurs fois notre sテゥmiologie, afin d窶册n faire un systティme 
d窶兮nalyse le plus simple et le plus pratique possible. 
 
Nous avons distinguテゥ trois types d窶僮ps. 

-

 

les Ips lexicaux 

-

 

les Ips logico-argumentatifs 

-

 

les Ips scテゥnaristiques. 

 

4.2

 

Ips de type 1 : Ips Lexicaux ou la gamme des 

effets paillasson 

 

Mais par l'habitude d'employer un mot dans un sens figurテゥ, l'esprit finit par s'y arrテェter uniquement, par faire abstraction du 

premier sens; et ce sens, d'abord figurテゥ, devient peu テ peu le sens ordinaire et propre du mテェme mot. Les prテェtres, qui 

conservティrent le premier langage allテゥgorique, l'employティrent avec le peuple qui ne pouvait plus en saisir le vテゥritable sens, et qui, 

accoutumテゥ テ prendre les mots dans une seule acceptation, devenue leur acception propre, entendait je ne sais quelles fables 

absurdes, lorsque les mテェmes expressions ne prテゥsentaient テ l'esprit des prテェtres qu'une vテゥritテゥ trティs simple. 

A. de Condorcet, 

Esquisse d'un tableau historique des progrティs de l'esprit humain

, 1794, p. 42. 

 

Malgrテゥ leur efficacitテゥ, les langues naturelles sont ambiguテォs et imprテゥcises. Elles produisent des テゥnoncテゥs aux sens multiples. La 

polysテゥmie d窶冰n grand nombre de mots permets les images, les mテゥtaphores, les calembours et autres jeux de langage. Nous nous 

servons du flou sテゥmantique pour faire de l窶冑umour ou pour exprimer des sentiments et des テゥmotions complexes. Mais ce qui 

est un atout dans la communication courante deviennent un obstacle lorsqu窶冩n cherche テ dテゥfinir un objet ou un concept de 

laniティre prテゥcise et sans テゥquivoque, ce qui est le cas en mathテゥmatiques, en physique, ou en philosophie ツサ.  

Michel De Pracontal, 

L窶冓mposture scientifique en 10 leテァons

, p. 279. 

 
Sans prテゥtendre avoir fait une テゥtude sテゥmantique complティte de la lexicographie des transferts de 
connaissances en sciences, nous soutenons que le choix des mots dans la vulgarisation 
scientifique est une des sources majeures d窶僮ps, et que prテゥvenir ce problティme est possible. Nous 
nous contenterons de dire que nommer une chose n窶册st pas un acte anodin : cela revient テ 
ツォ choisir ツサ le signifiテゥ, l窶冓soler, le rテゥifier pour le rendre ツォ appropriable ツサ. Toute langue qui s窶凖ゥlabore 
forme un systティme de mots qui semble reflテゥter les structures du rテゥel mais qui, en vテゥritテゥ, n窶册n 
constitue qu窶冰ne trame, une rテゥsille, une version partielle et partiale en fonction des connaissances, 
des mナ砥rs et des champs de validation du moment et du lieu.  
Brune, critique des discours idテゥologiques, テゥcrit notamment :  

ツォ tout langage est infiniment lacunaire et approximatif, si l窶冩n en juge par la complexitテゥ du 

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135

monde, mais il n窶册n forme pas moins un systティme d窶冓nterprテゥtation du Rテゥel qui, si pratique et 
si riche qu窶冓l soit [...], doit tout de mテェme テェtre considテゥrテゥ pour ce qu窶冓l est : une grille 
idテゥologique.  
L窶冓llusion des usagers d窶冰ne langue, c窶册st alors de prendre cette nomination sテゥlective pour 
un reflet objectif des choses, et de croire qu窶冓ls ツォ possティdent ツサ la rテゥalitテゥ du monde テ travers le 
rテゥseau des mots. Or, cette illusion est dominante en nous. Elle nous devient ツォ naturelle ツサ 
avec la pratique du langage. On dit couramment qu窶冓l faut ツォ appeler les choses par leur 
nom ツサ, oubliant que la nomination ne les saisit que par le petit bout de nos lorgnettes 
savantes, qu窶册lle les ordonne selon des concepts bien arbitraires, et impose テ chaque 
locuteur une perception prテゥ-construite, donc tronquテゥe, du rテゥel. ツサ (Brune, 

ouv.citテゥ

, p. 121-2) 

Plus loin :  

ツォ [...] si l窶兮cte de nomination du monde est en mテェme temps prise de pouvoir sur la 
conscience de ceux que l窶冩n conditionne テ voir le monde tel qu窶冩n le nomme, alors on 
comprend la propension du discours mテゥdiatique テ rテゥduire le monde au mode テゥvテゥnementiel 
et テ se donner sur la foule le pouvoir de ceux qui ont ツォ les clefs de l窶兮ctualitテゥ ツサ. Ce faisant, 
les maテョtres des mテゥdias se font maテョtres窶ヲ ou plutテエt ツォ prテェtres ツサ de l窶凖ゥpoque, dont ils cテゥlティbrent 
テ toute heure du jour et de la nuit les divines manifestations テゥvテゥnementielles ツサ. (

Ibid.

, p. 129) 

Dans la mesure oテケ ツォ l窶兮ccroche ツサ du rテゥcipiendaire de toute presse et de tout mテゥdia se fait en 
grande partie sur les titres et les テゥnoncテゥs, censテゥs saisir la globalitテゥ des faits prテゥsentテゥs, il est 
prテゥvisible que cette confusion entre rテゥel et transposition du rテゥel y soit maximale et que les mots 
ainsi employテゥs soient la signature de la subjectivitテゥ de l窶兮uteur, voire de l窶冓dテゥologie テ l窶卩砥vre. Or la 
science, comme accumulation progressive des connaissances, tente thテゥoriquement de rテゥduire au 
maximum la subjectivitテゥ dans la lecture des faits ou des phテゥnomティnes. En clair, le systティme 
langagier est non seulement une reprテゥsentation du rテゥel forcテゥment incomplティte car le signifiant 
n'テゥpuise jamais vraiment le signifiテゥ, mais une reprテゥsentation nテゥcessairement empreinte de 
l窶冓dテゥologie du moment. Tout discours scientifique, qui tente de s窶兮ffranchir de la subjectivitテゥ des 
テゥnonciateurs, doit faire un choix scrupuleux de son lexique. Ce vナ砥 anti-subjectiviste se heurte テ 
la technologie des mテゥdias, qui a la nテゥcessitテゥ mercatique de plaire, de parler テ la subjectivitテゥ du 
rテゥcepteur afin qu窶冓l devienne un client. テ partir de cela, le hiatus entre les faits scientifiques rテゥels 
et la faテァon de les relater induit, nous allons le voir, une cohorte de biais de perception des choses, 
de mテゥlange des genres テゥpistテゥmologique et de mise en scティne, afin d窶兮ttiser la soif du 
consommateur pour le curieux, le mystテゥrieux, le troublant, 窶 pain bテゥnit, bien sテサr, pour les thティses 
de type 窶湾aranormal窶, pour les thテゥories pseudoscientifiques, etc.  
 

4.2.1

 

Dテゥfinition 窶 types 窶 multiacception 

Lorsque ces hiatus, dans lesquels est susceptible de s窶册ngouffrer le lecteur, proviennent du choix 
des mots lui-mテェme, nous parlerons d窶

Interstice Pseudoscientifique lexical

, ou 

Ips lexical

Les 

Ips lexicaux

 dテゥsignent les occurrences d窶册mploi laxiste des terminologies scientifiques, et 

l窶冓ncertitude gテゥnテゥrテゥe dans la comprテゥhension d窶冰n concept par le chevauchement des divers sens 
que le terme qui le dテゥsigne peut prendre. 
En thテゥorie, les termes scientifiques ont une vocation monosテゥmantique. Les Ips lexicaux ne 
devraient donc idテゥalement pas exister puisque chaque terme scientifique ayant sa signification, 
celle-ci ne se discuterait que lorsque l窶兮vancテゥe des connaissances remettrait en cause le signifiテゥ 
mテェme du terme (comme dans l窶册xemple du 

phlogistique

 ou de l

窶凖ゥther 

en sciences physiques, celui de 

corps composテゥs en chimie ou la notion de 

psore 

en mテゥdecine).  

background image

 

 

 

 

 

136

Or le langage, mテェme scientifique, est un objet dynamique, et croire en une construction 
langagiティre scientifique non amphibole serait faire fi d窶冰ne part de l窶冑テゥritage historique des 
disciplines, et surtout de la genティse sociale du discours scientifique et des contraintes sociテゥtales qui 
s窶册xercent sur la diffusion de celui-ci. 
 

4.2.1.1

 

Types 

Nous allons テゥbaucher une catテゥgorisation des Ips lexicaux en fonction des misconceptions qu窶冓ls 
gテゥnティrent, et lorsque nous le pourrons, nous proposerons des solutions. Il ne s窶兮git pas d窶冰ne 
volontテゥ de crテゥer une terminologie ツォ テゥpistテゥmologiquement correcte ツサ, pour reprendre la formule 
de Lテゥvy-Leblond, mais de tendre vers une terminologie ツォ テゥpistテゥmologiquement juste ツサ. 
L窶冩bjectif est triple : reconnaテョtre la dynamique de la langue et l窶冑istoricitテゥ des termes scientifiques 
plutテエt que la nier, pointer les risques pseudoscientifiques de certains termes et s窶兮ssurer que 
l窶册mploi qui est fait de ceux-ci ne souffre pas d窶兮mbiguテッtテゥ, afin qu窶冰ne domination langagiティre ne 
s窶冓nstaure pas entre celui qui se sert d窶冰ne ou plusieurs acceptions d窶冰n terme et son 
public/lectorat. 
Nous avons distinguテゥ deux grands types d窶僮ps lexicaux : ceux portant sur le choix du terme lui-
mテェme, et ceux portant sur la place et l窶册mploi qui en est fait. 
 

4.2.1.2

 

Mutiacception 

Une acception est une nuance sテゥmantique d'un mot, suivant ses conditions d'emploi ou 
d'interprテゥtation.  
Nous parlons de 

multiacception 

lorsqu窶冰n terme prテゥsente plusieurs interprテゥtations possibles, et 

d窶

テゥquivoque

 lorsque deux ou plusieurs sens d窶冰n terme se chevauchent, et que rien dans le contexte 

ne permet d窶冓ndiquer quelle acception est utilisテゥe dans le contexte en question. En ce sens, 
l窶凖ゥquivoque, du au recouvrement des divers sens, est une consテゥquence possible de la 
multiacception. 
Nous avons discernテゥ quatre variantes d窶凖ゥquivoques possibles engendrテゥes par la multiacception 
d窶冰n terme. Elles sont classテゥes selon une テゥchelle pragmatique de ツォ gravitテゥ ツサ de l窶凖ゥquivoque, 
テゥvaluテゥe sommairement テ la distance entre les acceptions, leur impact sur l窶冓maginaire et au prorata 
de leur rテゥcurrence dans les mテゥdias ou les propos communs. 

窶「

 

Variante 1 : effet paillasson commun 窶 ツォ essuyez vos pieds ツサ, ou recouvrement 

acception 

scientifique / acception commune  

窶「

 

Variante 2 : effet vieux paillasson 窶 ツォ essuyez vos godillots ツサ, ou recouvrement 

acception 

sens historique / sens actuel  

窶「

 

Variante 3 : effet paillasson de l窶册space 窶 ツォ essuyez vos tentacules ツサ, ou recouvrement 

acception sens scientifique / sens pseudoscientifique 

窶「

 

Variante 4 : concept nomade 窶 ツォ essuyez vos pieds sur le nテゥnuphar ツサ - recouvrement 

acception

 

sens scientifique / sens mテゥtaphorique non maテョtrisテゥ 

 

4.2.2

 

Effet paillasson commun, ou ツォ essuyez vos pieds ツサ 

C窶册st le cas le plus courant. Il est gテゥnテゥralement dテゥcrit en zテゥtテゥtique sous le terme d窶册ffet paillasson. 

ツォ [L'Effet Paillasson] consiste テ dテゥsigner une chose ou un objet par un mot qui se rapporte 

background image

 

 

 

 

 

137

テ autre chose ; il permet de tirer des implications sans aucune commune mesure avec celles 
que l'on serait en droit de tirer ; cet effet est assez rテゥpandu dans la vie de tous les jours et 
c窶册st ce qui le rend si opテゥrant. ツサ (Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 191-2) 

Il recouvre en linguistique la notion de mテゥtonymie et dont la dテゥfinition est donnテゥe par le 
Dictionnaire TLFi :  

ツォ Figure de rhテゥtorique dans laquelle un concept est dテゥnommテゥ au moyen d窶冰n terme 
dテゥsignant un autre concept, lequel entretient avec le premier une relation d窶凖ゥquivalence ou 
de contiguテッtテゥ (la cause pour l窶册ffet, la partie pour le tout, le contenant pour le contenu, 
etc.) ツサ

L窶册xemple typique est celui du paillasson (figure 38) qui enjoint ツォ essuyez vos pieds ツサ :  

ツォ Un paillasson porte par exemple l窶冓nscription ツォ 

Essuyez vos pieds SVP

 ツサ.  Pourtant, 

personne ne s窶册st jamais enlevテゥ les chaussures et les chaussettes pour s窶册xテゥcuter ! ツサ 
(Broch, 

ouv.citテゥ

, p. 191) 

 

 

Figure 38 : effet paillasson (crテゥdit Franテァois-b) 

Boire un 

verre

 au lieu du vin contenu dans le verre, recevoir des 

lauriers

 pour la gloire, lire un 

Zola

 au lieu d窶冰n livre de Zola sont テゥgalement des exemples de mテゥtonymies. D窶册xpテゥrience, il est 

テゥvidemment plus facile de retenir l窶册xpression ツォ effet paillasson ツサ que mテゥtonymie. 
Comme l窶册xplique Broch, l窶册ffet paillasson commun, avec ses va
la vie quotidienne et c窶册st ce qui le rend si opテゥrant. L窶册ffet paillasson commun peut consister en :  

-

 

un glissement sテゥmantique populaire -> science, d窶冰n terme du langage courant, importテゥ 
par les scientifiques dans leur champ de recherche. S窶冓l garde dans le champ scientifique 
un sens constant, il est susceptible d窶凖ェtre mal interprテゥtテゥ par les non-scientifiques qui 
courent le risque de lui confテゥrer une charge affective liテゥe au premier sens. Les mテゥdias et 
certains confテゥrenciers apprテゥcient particuliティrement ce type de terme, qui permet des 
scテゥnarisations テ peu de frais et d窶兮ttirer le non-scientifique avec une vulgarisation 
souvent simplifiante, rテゥguliティrement pontifiante (et parfois abusive, voir 1.3.7 

La morgue 

du Post-modernisme

)

.

 

-

 

un glissement sテゥmantique science -> populaire, d窶冰n concept scientifique tellement 
vulgarisテゥ que le construit social autour du terme est テゥloignテゥ du sens premier. Il y a alors 
ce que Joshua et Dupin appellent une dテゥsyncrテゥtisation : 

le savoir est extrait de son 

environnement テゥpistテゥmologique, oテケ il s窶册st initialement ancrテゥ 

(Joshua & Dupin,

ouv.citテゥ

, p. 195). Le 

                                                 

133

  Le dictionnaire ATILF est un dictionnaire en ligne (voir netographie). 

134

 En fonction de l窶册mprunt, on pourrait distinguer un certain nombre de figures de style (l窶冑ypallage, la mテゥtalepse, 

窶ヲ), mais l窶冰tilitテゥ pテゥdagogique est somme toute assez restreinte au vu de la complexitテゥ des noms de ces figures. 
Citons par exemple 

 

la synecdoque, ou prendre le tout pour la partie (Metz a gagnテゥ la finale - pour ツォ les joueurs de 

l'テゥquipe de foot de Metz ツサ...) ; ou la partie pour le tout (Les voiles prennent le dテゥpart - pour ツォ les bateaux テ voiles ツサ). 

 

background image

 

 

 

 

 

138

terme perd en quelque sort son histoire テゥpistテゥmologique (

dテゥ-historisation

) et les jalons de 

son テゥlaboration (voir 3.4.3.1

 caractティre 

ex nihilo 

et dテゥsyncrテゥtisation

). 

(Le glissement sテゥmantique 

science-pseudoscience

 est abordテゥ dans les variantes nツー3 et 4). 

Il est assez simple de montrer aux テゥtudiants plusieurs types d窶册ffets paillasson : 

-

 

ceux qui servent テ accepter comme acquise l窶冑ypothティse que l窶冩n entend prouver (voir 
4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

-

 

ceux qui servent ou ont servi テ rテゥaliser des fraudes ou des escroqueries 

-

 

ceux qui servent テ obtenir du lecteur / spectateur / public un assentiment plus テゥlevテゥ 
que ce que la qualitテゥ du sujet prテゥsentテゥ laissait rテゥsumer : on parlera alors de manipulation 
de l窶冓nformation 

-

 

ceux qui, involontaires, entraテョnent une mauvaise comprテゥhension d窶冰n champ de 
connaissance, ou l窶册ntraテョne vers des interprテゥtations paranormales, spiritualistes ou 
mystiques (voir Variantes nツー3 et 4) 

 
Exemples d窶兮cceptation 

a priori 

de l窶冑ypothティse : 

窶「

 

Le ツォ sang ツサ de saint Janvier : Il est prテゥsentテゥ comme tel (parfois sans guillemets) alors que 
rien en vient テゥtayer l窶冑ypothティse d窶冰n sang, qui plus est humain.  

窶「

 

Le ツォ suaire ツサ de Turin : 

Idem 

pour le ツォ saint suaire ツサ de Turin, qui est plus que 

vraisemblablement une テゥtoffe de lin de la fin du 14

ティme

 siティcle et qui n窶册st un suaire (テ plus 

forte raison saint, et テ plus forte raison celui du Christ) que dans l窶册sprit de certains 
catテゥchumティnes sindonologues (Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 43-64 et Broch 2001, 

ouv.citテゥ

, pp303-329) 

窶「

 

Le ツォ monstre ツサ du Loch Ness : De nombreux titres de presse jouent sur connotation / 
dテゥnotation du terme monstre. Alors que le fameux Nessie ツォ le monstre du Loch Ness ツサ, 
n窶册st, au-delテ de tout doute raisonnable, qu窶冰ne vue de l窶册sprit doublテゥe d窶冰ne manナ砥vre 
commerciale (Moller 1994, Ellis 2000). 

窶「

 

Avant J.C. : Le meilleur exemple reste sans conteste notre mテゥthode d窶冩rdonnancement 
historique, prenant sa source テ la naissance de Jテゥsus Christ. Sachant :  

1)

 

que sa date de naissance est situテゥe communテゥment en 4 aprティs JC 

2)

 

que l窶册xistence historique de Jテゥsus est fortement discutテゥe, il y a de quoi rester dubitatif sur 
la graduation d窶冰ne テゥchelle scientifique テ partir d窶冰n pseudo-テゥvenement probable

135

Ces ツォ paillassons ツサ communs font qu窶凖 simplement les dテゥsigner, on accrテゥdite et on ancre dans les 
esprits une hypothティse non テゥtayテゥe. Or, rien ne dit par exemple pour le ツォ suaire ツサ de Turin qu窶冓l 
s窶兮gisse d窶冰n suaire (on sait d窶兮illeurs qu窶冓l s窶兮git d窶冰n linge ツォ habilement peint ツサ), encore moins 
qu窶冓l s窶兮git du suaire du Christ. Pourtant, les mテゥdias ne prennent pas de prテゥcautions :  

-

 

Saint suaire : la science aveuglテゥe par la passion

S&V

 窶 juillet 2005 

-

 

L

e saint suaire de la discorde

S&Av

, Nツー669 2002 

-

 

Shroud of Turin: Old as Jesus?,

 

New York Times

, 27 January 2005 

                                                 

135

 En tout テゥtat de cause, nous pouvons lテゥgitimement, dans le cadre d窶冰n enseignement laテッque, choisir de dater non 

plus par rapport テ J.C. mais par rapport テ E.C., テre Chrテゥtienne, datテゥe arbitrairement en 0 et qui, elle, a existテゥ et 
persiste. 

background image

 

 

 

 

 

139

(ce dernier titre ne manquant pas de piquant, vue l窶冓ncertitude sur l窶册xistence physique de Jテゥsus 
lui-mテェme). 
Exemples de fraudes et escroqueries :  

窶「

 

Eusappia Palladino, qui prテゥtendait dテゥclencher dans le noir des dテゥplacements d窶冩bjet sans 
dテゥplacer ses membres. Sachant dテゥsormais ses modes de triche, il est cocasse de constater 
que l窶冑uissier croyait contrテエler ツォ son pied ツサ alors qu窶冓l ne contrテエlait que窶ヲ la chaussure 
(Broch 2001, 

ouv.citテゥ

, p. 249). 

窶「

 

Chris : Le mテゥdium Chris, venu au laboratoire de zテゥtテゥtique tester une transmission de 
pensテゥe, utilisa テ titre promotionnel la phrase ツォ testテゥ au Laboratoire de zテゥtテゥtique ツサ sans 
spテゥcifiテゥ que le test avait テゥchouテゥ. 

 
Exemple d窶册mbellissement de la rテゥalitテゥ :  

窶「

 

L窶兮ffaire de la ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ : Le titre de la publication, 

Human basophil degranulation 

triggered by very dilute antiserum against IgE,

 est en lui-mテェme une mテゥtonymie. En effet, 

Benveniste, et son テゥquipe テゥcrivent que la dテゥgranulation des basophiles a テゥtテゥ ツォ 

テゥtablie en 

comptant les cellules ayant des propriテゥtテゥs mテゥtachromatiques

 ツサ (1988). Or, en toute rigueur faudrait-

il parler de dテゥcoloration, non de dテゥgranulation, car si la dテゥgranulation implique une 
modification des propriテゥtテゥs de coloration, cela ne veut pas du tout dire que l'inverse soit 
vrai. C窶册st donc bien la ツォ dテゥcoloration ツサ et non la ツォ dテゥgranulation ツサ qu窶冓l aurait fallu テゥcrire. 
Comme le fait remarquer Broch, ツォ 

テ益idemment, le titre de l'article eテサt テゥtテゥ moins percutant !

 ツサ 

(Broch

, ibid., 

pp. 153-172). Lテゥvy-Leblond rajoute d窶兮illeurs :  

ツォ Imagine-t-on un seul instant d窶兮illeurs que ces textes auraient eu le mテェme impact 
s窶冓ls avaient テゥtテゥ intitulテゥs ツォ effet de rテゥsonance structurelle dans l窶冑ydrure 
d窶儖xygティne ?

 

ツサ (Lテゥvy-Leblond 2003). 

 
Voici quelques exemples plus complexes utilisテゥs en travaux dirigテゥs. 

窶「

 

La Bible contre Darwin

  

テ l'issue de deux mois de procティs, le juge fテゥdテゥral de Pennsylvanie, John Jones, a dテゥclarテゥ le 20 
dテゥcembre 2005 qu'il テゥtait ツォ inconstitutionnel d'enseigner le dessein intelligent [*] comme une 
alternative テ l'テゥvolution, dans une classe des sciences d'une テゥcole publique ツサ, l窶僮D n'テゥtant selon 
Jones ツォ 

rien d'autre que la progテゥniture du crテゥationnisme

 ツサ et ツォ 

une alternative religieuse dテゥguisテゥe en thテゥorie 

scientifique

 ツサ. Le thティme est typiquement zテゥtテゥtique et la couverture (du nテゥanmoins excellent numテゥro 

du 

Nouvel Observateur HS

 de dテゥcembre 2005) nous est utile pour illustrer de multiples effets 

paillasson ainsi que la scテゥnarisation sportive et l窶兮ccentuation lapidaire (figure 39). 
 

background image

 

 

 

 

 

140

 

Figure 39 : Couverture numテゥro du 

Nouvel Observateur HS

 de dテゥcembre 2005. 

Il ne s窶兮git pas de la Bible, mais :  

-

 

de lecteurs de la Bible 

-

 

de certains lecteurs de la Bible 

-

 

du scテゥnario tテゥlテゥologique de certains lecteurs de la Bible 

-

 

de l窶册nseignement dans les テゥcoles publiques amテゥricaines du scテゥnario tテゥlテゥologique de certains 
lecteurs de la Bible 

Il ne s窶兮git pas de Darwin, mais :  

-

 

de la thテゥorie de Darwin 

-

 

de la thテゥorie darwinienne 

-

 

de la thテゥorie nテゥo-darwinienne 

-

 

de l窶册nseignement de la thテゥorie nテゥo-darwinienne dans les テゥcoles publiques amテゥricaines. 

Bien sテサr, la contrainte de place rend nテゥcessaire la brievetテゥ d窶冰n titre. Ce que nous tentons de 
mettre en テゥvidence est que c窶册st courramment le mテェme type d窶兮brテゥviation du titre qui est テ 
l窶卩砥vre, et que toute la saveur de la controverse est aplanie par un tel titrage (voir 4.4 

scテゥnarios

). 

Relevons quatre autres choses :  

-

 

Il ne s窶兮git pas d窶冰n combat politique : si les tenants du scテゥnario ID ont effectivement des 
vellテゥitテゥs politiques, ce n窶册st pas le cas des dテゥfenseurs de l窶册nseignement de la thテゥorie nテゥo-
darwinienne. 

-

 

Tous les テゥvangテゥliques ne partent pas テ l窶兮ssaut de la sociテゥtテゥ amテゥricaine ; seuls certains partent 
テ l窶兮ssaut des programmes d窶册nseignement de certains Etats des EU. 

-

 

Les dテゥrives en France sont de type Dessein Intelligent, et non crテゥationnistes, justement. 

background image

 

 

 

 

 

141

-

 

La reproduction d窶冰n singe caresse l窶册rreur classique de l窶僣umain qui descend du singe, ou 
qui est un singe en puissance, tandis qu窶册n toute prテゥcision Humain et Singes ont des ancテェtres 
communs, ce qui n窶册st pas la mテェme chose. 

Il y a des exemples bien plus tテゥnus, comme par exemple celui tirテゥ du courrier des lecteurs de 

S&V 

de Juin 2005 : 

Forum : ツォ la vaccination contre l窶冑テゥpatite B en question ツサ.

 

Il s窶兮git d窶冰n courrier des lecteurs signテゥ Odile 

Blakoe. On peut y lire ceci :  

ツォ (窶ヲ) Vous resservez aussi des clichテゥs テゥculテゥs du genre l窶册xception ツォ franco-franテァaise ツサ alors 
qu窶冓l suffit d窶兮ller sur n窶冓mporte quel moteur de recherche pour constater l窶凖ゥtendue de la 
recherche internationale sur les effets secondaires du vaccin contre l窶冑テゥpatite B. ツサ (p. 9) 

Il s窶兮git d窶冰n double effet paillasson :  

Sur un moteur, on ne constate pas 

l窶凖ゥtendue de la recherche internationale

, mais 

l窶兮mpleur mテゥdiatique 

de la recherche internationale. 

La nuance est de taille, et revient テ confondre nombre de passages 

tテゥlテゥvisテゥs et qualitテゥ des travaux. Confondre les deux, c窶册st intervertir la carte et le terrain, c窶册st 
ne contempler que la vitrine. C窶册st une sorte de pensテゥe magique de similitude. 

Qui dit 

テゥtendue de la recherche internationale 

ne confirme pas la 

validitテゥ de cette recherche internationale. 

Un exemple : il y eut un trティs grand nombre de recherches lancテゥes テ la suite des travaux de 
Fleishmann et Pons sur la 

fusion froide

, trティs grand nombre de recherches qui n窶冩nt abouti テ 

aucun rテゥsultat de type fusion froide. Autre exemple : il y a un grand テゥventails de publications 
sur les テゥlixirs floraux de Bach disponibles en ligne, et seules deux d窶册ntre elles sont valides 
expテゥrimentalement (et concluent テ leur inefficacitテゥ). 

 

窶「

 

L窶凖ゥnergie noire aux portes de notre galaxie 

Une autre illustration est donnテゥe en page 16 dans la rubrique 

Actualitテゥs Recherche

 : ツォ 

L窶凖ゥnergie noire se 

trouve aussi aux portes de notre galaxie

 ツサ (article signテゥ M. Moraguティs) (figure 40).  

 

background image

 

 

 

 

 

142

 

Figure 40 : Article ツォ L窶凖ゥnergie noire se trouve aussi aux portes de notre galaxie ! ツサ extrait de S&V

 

de Juin 

2005, page 16.  

Entre un certain nombre d窶兮utres points critiquables, on lit :  

ツォ (窶ヲ) l窶凖ゥnergie sombre vient d窶凖ェtre mise en テゥvidence (窶ヲ) cette mystテゥrieuse force (窶ヲ) ツサ 

Effet Paillasson : テゥnergie noire, テゥnergie sombre et ツォ mystテゥrieuse force ツサ sont allティgrement 
mテゥlangテゥs par l窶兮uteur, qui fait fi de la rigueur scientifique rテゥclamテゥe テ un bachelier (force et テゥnergie 
テゥtant deux concepts distincts, l窶凖ゥnergie テゥtant le travail de la force). 

ツォ Car cette mystテゥrieuse force qui accテゥlティre l窶册xpansion de l窶儷nivers ツサ 

Il n窶册st pas justifiテゥ ici de qualifier de mystテゥrieuse la force テ laquelle doit l窶冰nivers son expansion. 
IL s窶兮git d窶冰ne scテゥnarisation publicitaire de type ツォ mystテゥrieuse ツサ, qui est censテゥe faire frテゥmir d窶兮ise 
les assoiffテゥs d窶凖ゥtrange. Cette sauce ツォ mystテゥrifiante ツサ quasi-systテゥmatique en cosmologie laisserait 
presque croire qu窶册lle est nテゥcessaire pour intテゥresser le lecteur ; cela peut signifier deux choses : 
soit 

S&V

 considティre que le public ne s窶冓ntテゥressera pas au sujet de son propre chef sans cette mise 

en scティne (ce qui est dテゥsobligeant pour le lecteur), soit que cette rhテゥtorique consacrテゥe n窶册st lテ que 
pour accroitre l窶兮ccroche publicitaire (ce qui est dテゥsobligeant pour la revue). 

 

窶「

 

Remarques : l窶册nseignement classique des sciences n窶册st pas dテゥpourvu d窶册ffets paillasson :  

la confusion テゥnergie/puissance/force, par exemple, en but avec les acceptions 
populaires de ces termes. 

la phrase rテゥguliティrement employテゥe au lycテゥe ツォ 

テ衛uilibrez la rテゥaction chimique

 ツサ : ce n窶册st bien 

entendu pas la rテゥaction (toujours テゥquilibrテゥe テ tout instant) mais l窶凖ゥquation qu窶冓l faut 
テゥquilibrer. テ益iter ce glissement amテゥliorerait certainement la comprテゥhension des 
テゥquilibres chimiques chez les テゥlティves. 

background image

 

 

 

 

 

143

Cette accumulation a pour objectif de montrer qu窶冓l suffit d窶冰ne seule revue pour ツォ travailler ツサ les 
imprテゥcisions de langage de la vulgarisation scientifique.  
Nous renvoyons le lecteur テ un autre travail dirigテゥ en annexe (voir Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique Nツー1

). 

 

4.2.3

 

Effet vieux paillasson : essuyez vos arpions 

Ce glissement sテゥmantique consacre les recouvrements d窶兮cception entre le sens historique et le 

sens actuel d窶冰n mot. 
Certains mots subissent des glissements sテゥmantiques au cours de leur histoire, et occasionnent 
des テゥquivoques quant au sens テ leur prテェter. Ces glissements peuvent se faire du sens actuel vers 
un (ou des) sens plus ancien(s), ou inversement. 
L窶册ffet 

Vieux paillasson

 :  

donne une patine historique, un cachet en utilisant la charge affective du terme (nous 

sommes trティs proches de 

l窶册ffet Impact

, (voir 4.2.6 

Effets Impact

), mais aussi de l窶册ffet 

Vieux 

pot

 (voir 4.3.3 

Arguments d窶冑istoricitテゥ

). 

entraテョne テ faire une lecture テ rebours de l窶冑istoire (voir 4.3.5.10 

Raisonnement panglossien, 

effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour). 

en faisant se chevaucher des dテゥcouvertes actuelles et de vieux concepts, certains 

journalistes crテゥent une trame narrative du type ツォ Machin avait raison ツサ, ou ツォ l窶冓ntuition 
du XIIe siティcle テゥtait la bonne ツサ, permettant d窶冰tiliser la figure du gテゥnie avant-gardiste 
(voir 4.4.3.11 

Autres窶ヲ

)  

 
Exemples de ツォ patine ツサ historique donnテゥe par un choix lexical idoine  

窶「

 

テ瑛ixir

 (tirテゥ d窶冰n TD du cours Analyse critique du message scientifique, Pharmacie, Univ. 

Grenoble 1). 

Les pharmacies franテァaises et surtout les magasins ツォ bio ツサ prテゥsentent des dテゥpliants parfois 
テゥtranges. En voici un (figure 41) rテゥcoltテゥ テ Grenoble au printemps 2005, sur lesquels on peut lire :  
 

 

Figure 41 : Prospectus Biosoin, Santテゥ Guテゥrison

136

 

 
Le dテゥcoupage de ce type de texte est un exercice analytique assez simple テ effectuer en cours :  
                                                 

136

 Ce document est accessible ici

 

http://biosoin.free.fr/Spagyrie/Spagy1a.html

 

ツォ 

L'Elixir spagyrique est une quintessence vテゥgテゥtale qui a mテサri jusqu'テ テェtre rテゥellement bio-disponible. テ ce titre, 

il est bien supテゥrieur aux simples teintures ou composテゥs aromatiques car il rassemble en lui tous les principes actifs 
de la plante : 
- Les principes actifs et ciblテゥs des huiles essentielles. 
- Les vertus purifiテゥes et subtiles des teintures vテゥgテゥtales. 
- La force de cohテゥsion, de structuration et d'テゥquilibre des oligo-テゥlテゥments et minテゥraux propres au vテゥgテゥtal choisi. Le 
tout dans une bonne cohテゥsion naturelle

 ツサ 

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144

ツォ 

L'Elixir

 

 

Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique 

spagyrique

 

 

c'est-テ-dire dont les principaux constituants ont テゥtテゥ sテゥparテゥs et combinテゥs par des 
mテゥthodes alchimiques 

est une Quintessence vテゥgテゥtale  

 

 

Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique 

qui a mテサri  

 

 

Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique 

jusqu'テ テェtre rテゥellement bio-disponible.  

C'est-テ-dire en mesure d窶凖ェtre absorbテゥ et d窶兮tteindre les membranes cellulaires des 
organismes vivants. Le terme n窶册st pas pris dans son acception scientifique 

テ ce titre, il est bien supテゥrieur 

 

 

L窶凖ゥvaluation et son テゥchelle ne sont pas

 

テゥtayテゥes 

aux simples teintures ou composテゥs aromatiques car il rassemble en lui tous les principes 

actifs de la plante : 

 

 

Tous les principes actifs de la plante sont dテゥjテ prテゥsents dans la plante. 

- Les principes actifs et ciblテゥs des huiles essentielles. 

 

 

ツォ

 

Ciblテゥs ツサ mテゥriterait d窶凖ェtre prテゥcisテゥ 

- Les vertus purifiテゥes et subtiles des teintures vテゥgテゥtales. 

La notion de 

vertu

, fortement morale et totalement galvaudテゥe, n窶册st pas 

scientifique. Celle de 

subtilitテゥ

 non plus. 

- La force de cohテゥsion [des oligo-テゥlテゥments] 

Il n窶凉 a pas de force de cohテゥsion des oligo-テゥlテゥments (si on excepte la cohテゥsion de 
leur noyau atomique, triviale et inappropriable dans un cadre thテゥrapeutique).  

[la force] de structuration et d'テゥquilibre des oligo-テゥlテゥments 

Mテェme remarque. Il n窶册xiste pas de force d窶凖ゥquilibre dans la science connue 窶 ce 
concept est un concept mystique (dont l窶冰n des テゥquivalents hindouistes est appelテゥ 
Sattva) 

[des oligo-テゥlテゥments] et minテゥraux  

 

 

Les oligo-テゥlテゥments sont tous des minテゥraux 

propres au vテゥgテゥtal choisi. Le tout dans une bonne cohテゥsion naturelle

 ツサ 

La cohテゥsion naturelle n窶兮 pas de dテゥfinition claire (et elle emprunte au concept 
holistique et naturaliste essentialiste d窶凖ゥquilibre naturel). 

Nous avons テゥcrit sur ce point :  

ツォ Le terme テゥlixir rappelle populairement la pratique alchimique : irrテゥmテゥdiablement associテゥ 
aux phテゥnomティnes magiques (テゥlixirs de jouvence, philtres d'amour, テゥlixirs tempテゥrants, 
envoテサtement, sorcellerie) et テ la symbolique alchimique (le final de l'ナ砥vre alchimique テゥtant 
l'Elixir Vitae, la Pierre Philosophale), il vテゥhicule par son nom les fantasmes de l窶冓magerie 
sociale. Le mot quintessence, la cinquiティme essence des opテゥrations alchimiques, renforce 
encore sa charge magique. ツサ (Monvoisin 2006a) 

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145

 

窶「

 

Alchimie 

Le terme alchimie est trティs souvent maltraitテゥ lui aussi.  

ツォ Au coeur des テゥtoiles, les noyaux d'hydrogティne se combinent pour former des noyaux plus 
lourds, en libテゥrant une formidable テゥnergie. C'est cette alchimie que souhaitent reproduire 
les physiciens, en faisant s'assembler des noyaux de deux isotopes de l'hydrogティne, le 
deutテゥrium et le tritium, dont la fusion produit de l'hテゥlium, des neutrons et de l'テゥnergie. ツサ 

テゥcrit P. Le Hir dans 

Le Monde 

(5 septembre 2007). 

On peut lire テゥgalement des emplois trティs nテゥbuleux du terme sur Rue89 : 

ツォ Quand on voit en effet l窶冰sage qui est fait dans le dテゥbat politico-mテゥdiatique du savoir 
scientifique et mテゥdical, une conclusion s窶冓mpose: la science est la nouvelle alchimie, dont 
personne ne paraテョt douter qu窶册lle dテゥtient des secrets occultes テゥchappant au commun des 
mortels, qui permet de guテゥrir les criminels sexuels テ travers l窶冓ncantation judiciaire, afin de 
redonner テ la sociテゥtテゥ humaniste dont nous rテェvons sa puretテゥ originelle. ツサ (de Maillard, 28 
aoテサt 2007) 

テ plus ou moins grande dテゥcharge, nous constaterons qu窶冓l est des habitudes langagiティres qui 
tiennent de l窶冑istoire des sciences et restent tenaces mテェme lorsque les thテゥories qui les 
promouvaient sont tombテゥes en dテゥsuテゥtude. Pour ne prendre qu窶冰n cas simple, Klein テゥcrit par 
exemple :  

ツォ On peut croire longtemps テ des choses fausses. Depuis Euclide jusqu窶册n l窶兮n Mil, on 
expliqua la vision soit テ l窶兮ide de la notion de simulacre テゥmis par l窶冩bjet observテゥ, soit par 
l窶冓dテゥe de rayon visuel issu de l窶卩妬l窶ヲ Il fallut attendre qu窶冰n opticien arabe du Xツー, Alhazen 
remplace ces notions par celles de rayons lumineux issus des objets eux-mテェmes. Jeter un 
regard = non sens ツサ (Klein 1991, p. 21). 

 

4.2.4

 

Effet paillasson de l窶册space ツォ essuyez vos tentacules ツサ  

Il s窶兮git ici de dテゥsigner les recouvrements entre une acception de sens scientifique et une autre de 
sens pseudoscientifique 
Cette fois, le glissement de sens s窶册ffectue entre un champ lexical scientifique et un champ lexical 
pseudoscientifique. Une majoritテゥ des adhテゥsions 窶湾aranormalistes窶 et pseudoscientifiques prennent 
leur source ici. Par consテゥquent nous allons donner une bonne gamme d窶册xemples utilisables. 
Certaines dテゥrives sectaires se sont fait une spテゥcialitテゥ de ces ツォ paillassons de l窶册space ツサ, comme la 
Scientologie de L.R. Hubbard. Le collectif 

Prevensectes

 met en ligne ce texte tirテゥ de la revue 

Bulles

 :  

ツォ (窶ヲ) Le procテゥdテゥ de la redテゥfinition des mots est assimilable au modティle biologique du 
parasite. Un parasite est un "organisme vivant qui utilise un autre organisme vivant, appelテゥ 
l'hテエte, テ la fois comme habitat et comme source d'テゥnergie". Le parasite vit aux dテゥpens d'un 
autre. Les sectes, tels leurs homologues biologiques, infiltrent les mots de leurs concepts et 
notions (c'est-テ-dire leur doctrine) pour les pervertir de leur sens premier. Leur but est que 
ces mots deviennent porteurs de leur doctrine, que le mot devienne l'habitat du parasite. 
Les sectes utilisent la "notoriテゥtテゥ" de certains mots pour leurs propres fins.  
Le fait que le mot dテゥtournテゥ soit connu et reconnu par le public constitue la source d'テゥnergie 
des sectes parasites. Cela leur permet de faire l'テゥconomie de nテゥologismes, plus difficile テ 
faire (re)connaテョtre au public. Ainsi, par le parasitage des mots, les sectes parviennent テ 

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146

parasiter la pensテゥe de leurs adeptes et テ parasiter ainsi la sociテゥtテゥ. C'est pourquoi l'on dit 
souvent que les sectes avancent "masquテゥes" : le parasitage permet d'infiltrer un milieu sans 
y テェtre reconnu puisque le parasite emprunte l'apparence (le corps) de son hテエte (...) ツサ 

137

La mテゥtaphore, quoique limitテゥe, est trティs illustrative. 
 
Cette variante d窶册ffet paillasson peut テェtre :  

soit issu d窶冰ne faille テゥpistテゥmologique (voir 4.2.9 

Origines de ces dテゥvoiements de langage

).  

soit un travail de vernisseur. Souhaitant ツォ vernir ツサ un discours pseudoscientifique, on 
peut emprunter aux connaissances scientifiques des termes consacrテゥs et les transposer 
dans un champ autre. (comme nous le verrons dans la variante Nツー4, c窶册st une technique 
employテゥ autant par les vendeurs d窶儖rviテゥtan que par les chefs d窶冩rchestre des 
impostures intellectuelles dテゥcrites par Sokal & Bricmont (voir 1.3.6 

La chienlit du 

relativisme

). 

 
Nous en donnons quelques exemples ci-dessous. 

窶「

 

Magnテゥtisme  

 

Figure 42 : Couverture du ツォ guide pratique de magnテゥtisme et de sophromagnテゥtisme ツサ de C. Samson (1999)

 

Les rayons des librairies mテゥlangent inlassablement le magnテゥtisme scientifique et le magnテゥtisme 
ツォ animal ツサ, thテゥrapeutique, qui recouvre aussi bien la vision anthropo-cosmologique de Mesmer 
que le somnambulisme magnテゥtique de Puysテゥgur

138

 (voir Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique Nツー6 Le 

magnテゥtisme et les fluides

) (figure 42). 

 

窶「

 

テ穎ergie 

Le terme テゥnergie est certainement l窶冰n des plus galvaudテゥs. Il s窶兮git lテ d窶冰ne sorte de 

chewing gum

 

conceptuel, satisfaisant intellectuellement pour expliquer toute transport d窶冓nformation 

                                                 

137

 Goliath contre David, 

La scientologie en guerre contre la psychiatrie

, BULLES nツー 76, 4ティme trimestre 2002  

138

 Le contributeur de l窶僮MI Mテゥheust s窶册ssaye テ une テゥpistテゥmologie du magnテゥtisme animal dans ツォ 

Sous le magnテゥtisme des 

romanciers, le magnテゥtisme "rテゥel" 

ツサ, article publiテゥ initialement dans l窶冩uvrage 

Traces du mesmテゥrisme dans la littテゥrature europテゥenne 

du XIXツー siティcle

, ouvrage collectif dirigテゥ par Lテゥonardy (2001). Disponible ici : 

http://www.metapsychique.org/Sous-le-

magnetisme-des-romanciers.html

  

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147

immatテゥriel prテゥsumテゥ. Les revues テ teneur scientifique jouent elles-mテェmes rテゥguliティrement sur cet 
effet paillasson.  

S&V

 de Juin 2003 fait sa couverture sur la nouvelle fracassante : ツォ 

Le vide est plein d窶凖ゥnergie

 ツサ (figure 

43). Le caractティre dテゥmiurgique de cette couverture ne fait aucun doute lorsqu窶冩n lit le sous-titre 
ツォ tout devient possible テ partir de rien ツサ, qui est aussi vague que scientifiquement faux 窶 le vide 
n窶凖ゥtant pas rien, et l窶凖ゥnergie du vide ne rendant pas ツォ tout ツサ possible ツサ (nous avons lテ une 
accentuation lapidaire (voir 4.2.6.2 

Accentuation lapidaire

). 

Atlan a trティs bien dテゥcrit ce glissement :  

ツォ[Le LSD] en plus de ses effets dits psychテゥdテゥliques sur les perceptions sensorielles et autres 
テゥtats modifiテゥs de la conscience, produit toujours des effets neuro-vテゥgテゥtatifs, perテァus 
agrテゥablement ou non selon le contexte, tels que sueurs, palpitations, vasodilatation et 
vasoconstriction, fatigue, etc. Ces phテゥnomティnes sont ressentis comme des flux de chaleur se 
rテゥpandant dans le corps qu窶冰n mテゥdecin reconnaテョt aisテゥment et attribue naturellement ces 
effets neuro-vテゥgテゥtatifs. Mais pour tous les hippies, il s窶兮git lテ des flux d窶 ツォ テゥnergie 
cosmique ツサ dont le dテゥversement accompagne tout naturellement l窶凖ゥlargissement des limites 
de la perception qui caractテゥrise le ツォ trip ツサ, de la mテェme faテァon que le LSD nous rend sensible 
aux ツォ vibrations ツサ que chacun produit sur son entourage, bonnes ou mauvaises (

good and bad 

vibes

), capables de produire extases amoureuses ou crises de fureur. Dialogue de sourd, 

テゥvidemment, ou presque, avec le mテゥdecin-physicien armテゥ de sa grille d窶冓nterprテゥtation 
physiologique et physique oテケ l窶凖ゥnergie et les vibrations n窶冩nt rien テ voir avec les effets 
ツォ rテゥels ツサ du LSD. Dialogue de sourds car l窶册ffet (reproductible !) du LSD est justement de 
transformer la perception du rテゥel de telle sorte que l窶冑allucination, tout en テゥtant perテァue 
comme diffテゥrente des perceptions habituelles, s窶兮ccompagne d窶冰n sentiment de rテゥalitテゥ 
habituel rapportテゥ au rテゥel en dehors du ツォ trip ツサ [窶ヲ] il est bien difficile d窶兮dmettre pour le 
scientifique de passage qu窶冓l s窶兮git lテ d窶冰n usage correct des notions d窶凖ゥnergie et de 
vibration, alors qu窶冓l fait lui-mテェme l窶册xpテゥrience de cette perception transformテゥe de la rテゥalitテゥ. 
Et, s窶冓l est convaincu par cette expテゥrience que ces notions l窶册xpriment mieux que celles plus 
prosaテッques d窶册ffets neuro-vテゥgテゥtatifs et de sympathie-antipathie, que reste-t-il alors de sa 
science et de son esprit critique au sortir de ces aventures ? Enfin, pour couronner le tout, 
comment va-t-il rテゥagir aux dissertations savantes de ses collティgues psychanalystes sur 
l窶凖ゥnergie psychique, sa circulation, ses investissements et dテゥsinvestissements, toutes 
propriテゥtテゥs de l窶凖ゥnergie physique et de sa loi de conservation transposテゥes ici alors qu窶冓l ne 
s窶兮git d窶兮ucune des formes connues d窶凖ゥnergie physique (calorifique, mテゥcanique, テゥlectrique, 
chimique) ? Troisiティme usage ツォ scientifique ( ?) ツサ du mot ツォ テゥnergie ツサ qui n窶兮 pas grand chose 
テ voir avec les deux autres窶ヲ sans compter l窶冰sage de tous les jours (ツォ il s窶册st levテゥ plein 
d窶凖ゥnergie ツサ) ツサ (Atlan 1986, pp. 37-8). 

 

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148

       

 

Figure 43 : Couverture fracassante de S&V

 Juin 2003

 Le vide est plein d窶凖ゥnergie, tout devient possible テ 

partir de rien (ci-contre, la page introductive du dossier) 

窶「

 

Ether 

La notion d窶凖ゥther, pourtant enterrテゥe depuis l窶册xpテゥrience de Michelson-Morley, est un des grands 
classiques des notions pseudomテゥdicales. Dans 

l窶僊yurveda, science de la vie 33

, on peut lire :  

ツォ Le corps humain dテゥpend de l'テゥnergie cosmique, le PRANA qui est reliテゥ au monde par les 
5 sens grossiers [dont] l窶凖ゥther ツサ.  

Dans la couverture de 

S&V

 prテゥcテゥdente, on lit en introduction テ l窶兮rticle ツォ le vide est plein 

d窶凖ゥnergie ツサ  ceci :  ツォ 

si la physique savait que le vide n窶册st pas inerte, elle vテゥrifie aujourd'hui qu窶冓l s窶兮git d窶冰n 

テゥtrange

 ツォ テゥther ツサ 

recelant de formidables fluctuations テゥlectromagnテゥtiques ツサ. Le manque de rigueur テゥpistテゥmologique 

est manifeste

 

窶「

 

Mテゥridien 

Produit d窶冰ne analogie trompeuse entre la ligne cartographique et des soi-disant canaux de 
transmission de Chi

139

, sorte d窶凖ゥnergie vitale

140

, cette notion sert tout autant de support aux 

resucテゥes du fluide vital que de lien avec la gテゥobiologie. On prend la notion de mテゥridien 
cartographique terrestre, on la transpose sur le corps humain, puis, on ツォ renverse ツサ l窶兮nalogie sur 
la planティte, crテゥant ainsi les notions de nナ砥ds telluriques, de rテゥseaux Hartmann qui sont テ la base 
de la radiesthテゥsie, du Feng Shui, et nourrissent les cosmologies anthroposophiques propres au 
Nouvel テ「ge. 
Le comble est atteint lorsque les mテゥridiens, sans existence avテゥrテゥe, sont pris comme base pour une 
thテゥrapie, comme le Qi Gong. Ainsi dans Libテゥration rテゥcemment, un article intitulテゥ ツォ 

Le Qi Gong, 

preuve d'テゥnergie

 ツサ :  

                                                 

139

 Pour en savoir plus sur le 

Chi

, voir Hustonn (1995) pp. 38-42, et Tang, Zhan & Ernst (1999), Many 

randomised 

trials of traditional Chinese medicine exist but are of poor quality

, Review of randomised controlled trials of traditional 

Chinese medicine pp. 160-161. 

140

 Voir pour des complテゥments sur ces questions Broch, 

ouv.citテゥ

, 2001, pp. 143-151, mais aussi Brissonnet, 

ouv.citテゥ, 

 

notamment le chapitre 4 

Des mテゥridiens qui extrapolent

, Skrabanek, 

acupuncture : past, present and future

, in 

examining holistic 

medicine

, in Stalker & Glymour (1985) et Abgrall (1998). 

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149

ツォ Sur la base des mテゥridiens et points d'acuponcture (sic), le Qi gong stimule le 
fonctionnement organique et mobilise l'テゥnergie. ツサ

 

(

Le Qi Gong, preuve d'テゥnergie

, Libテゥration, 17 

juin 2006). 

Un lecteur averti notera d窶兮illeurs une tautologie : le Qi gong stimule sur la base de mテゥridiens 
dont l窶册xistence n窶册st pas avテゥrテゥe, et de fait est ツォ preuve d窶凖ゥnergie ツサ. Outre que cela galvaude la 
notion de preuve (recouvrement sens scientifique / sens commun de la notion de preuve), nous 
avons un exemple d窶册ffet cerceau (voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

). 

 

窶「

 

Dualitテゥ onde-corpuscule 

La 

dualitテゥ onde-corpuscule

 en mテゥcanique quantique, qui n窶册st qu窶冰ne dualitテゥ d窶冓nterprテゥtation, et non 

une dualitテゥ ontologique. Pourtant, cette pseudo-dualitテゥ est rテゥguliティrement invoquテゥe dans les 
tentatives de conciliation physique-spiritualitテゥ orientale, comme dans la 

Bio-cibernテゥtique quantique 

hologrammique

 (sic) de Carles Aldea Bueno

141

Une illustration classique de cette erreur est la figure suivante (figure 44) : selon un angle, l窶冩bjet 
(le cylindre) peut テェtre perテァu soit comme un cercle, soit comme un carrテゥ. Est-ce une raison 
suffisante pour parler de dualitテゥ cercle-carrテゥ du cylindre ? 

 

Figure 44 : Illustration pテゥdagogique de la dualitテゥ d窶冓nterprテゥtation dans le cas du cylindre.  

 

窶「

 

Thテゥorie des catastrophes 

L窶册mploi de la thテゥorie des catastrophes テ toute sauce rテゥsumテゥe par 

S&Av

 ツォ 

toute pensテゥe est prテゥcaire

 ツサ 

est un autre exemple manifeste de mテゥsemploi du syntagme, qui doit beaucoup テ un effet 
paillasson sur le terme catastrophes : le public fut amenテゥ テ confondre thテゥorie mathテゥmatique des 
catastrophes 窶 qui eut gagnテゥ en pertinence/perdu en audience テ s窶兮ppeler thテゥorie des 
discontinuitテゥs -

 

et sciences cyndiniques (science des dangers). On rapporte rテゥguliティrement des 

discussions oテケ ツォ jamais deux sans trois ツサ est imputテゥ テ la thテゥorie des catastrophes, donnant un 
fatalisme superstitieux テ une thテゥorie qui n窶册n demandait pas tant. 
Sokal prテゥleva le transfert politique suivant, par exemple :  

ツォ La thテゥorie des catastrophes est le type de mathテゥmatiques qui pourra mener テ une 
libテゥration sociale et テゥconomique ツサ (

Montrer que le roi est nu

, Libテゥration

,

 3 dテゥcembre 1996). 

Il est intテゥressant de noter ce petit complテゥment apportテゥ par le mathテゥmaticien Chaperon sur la 
responsabilitテゥ relative de Thom dans ce dテゥvoiement :  

ツォ (窶ヲ) sous prテゥtexte que beaucoup de gテゥnies ont テゥtテゥ incompris, des individus plus ou 
moins talentueux produisaient une ナ砥vre incomprテゥhensible qui les propulsait jusqu窶兮u 

                                                 

141

 Textes accessibles sur 

http://www.qhbiocybernetics.com/francais/index.html

  

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150

statut de gテゥnies officiels subventionnテゥs par la Rテゥpublique. [窶ヲ] Je ne suis 
malheureusement pas certain que [Ce goテサt de la ツォ transcendance ツサ et son corollaire, 
l窶兮bdication (parfois) de tout sens critique] ait テゥtテゥ テゥtrangティre au succティs mテゥdiatique fulgurant 
des idテゥes de Thom. Bien sテサr, en tant que mathテゥmaticien, il テゥtait lumineux [...]. Le 
problティme est que cette pensテゥe si concise et parfois si elliptique, dont la comprテゥhension 
demandait dテゥjテ aux mathテゥmaticiens un gros effort, n窶凖ゥtait テゥvidemment pas テ la portテゥe du 
grand public. Celui-ci ne pouvait donc certainement rien comprendre テ 

Stabilitテゥ structurelle 

et morphogenティse 

[...] et, mテェme pour ceux qui, comme moi, avaient テゥtテゥ formテゥs pour en saisir 

une bonne partie, l窶册nsemble restait trティs mystテゥrieux. Thom adhテゥrait d窶兮illeurs peut-テェtre, 
par culture littテゥraire, au point de vue de Jacques Lacan selon lequel l窶冩bscuritテゥ d窶冰n texte 
l窶册nrichit des multiples interprテゥtations qu窶冓l appelle. 
Malgrテゥ cette trティs grande part de mystティre ou テ cause d窶册lle, le succティs de l窶冩uvrage fut 
fulgurant. Il faut dire que le mathテゥmaticien britannique E. Christopher Zeeman n窶兮vait 
pas lテゥsinテゥ sur la propagande, poussant les 

mass media 

テ proclamer : ツォ Le nouveau Newton 

est franテァais ツサ (

L窶册xpress

 octobre 1974) ! (窶ヲ) La thテゥorie des catastrophes テゥtait devenue une 

mode

, rテゥfテゥrence (rテゥvテゥrence ?) dテゥsormais obligテゥe du discours de l窶兮vant-garde 

subventionnテゥe au mテェme titre que le marxisme et la psychanalyse. Mテェme le vieux Dali en 
fit un des thティmes dominants de ses derniティres ナ砥vres. On alla jusqu窶凖 commettre un livre 
sur la question portant ce sous-titre テゥdifiant : 

How to avoid personal disaster 

! ツサ  (Chaperon 

2005). 

Kervern et Rubise concluent テ notre place :  

ツォ La thテゥorie des catastrophes est une des illustrations du paradoxe de Canada Dry : elle a 
la couleur d窶冰ne thテゥorie, elle a la saveur d窶冰ne thテゥorie ; elle a le goテサt des catastrophes mais 
elle n窶册st ni une thテゥorie ni une catastrophe au sens que nous attribuons テ ce mot lorsque 
nous ouvrons nos journeaux quotidiens ツサ (Kervern & Rubise 1999, p. 49). 

 

窶「

 

Le Sens  

Exemple plus difficile que celui de la notion de sens, dテゥjテ abordテゥe. La confusion est souvent faite 
entre le sens au sens vectoriel et le sens au sens mテゥtaphysique

 

(voir 1.2.3 

Vrai 

vs

 vraisemblable

note sur Dubessy). La fraction de chercheurs dテゥfendants l窶僮ntelligent Design jouent allティgrement 
sur ce terme (les ouvrages 

Science et quティte de sens

, 2005 et 

Notre existence a-t-elle un sens ?

, 2007 de 

Staune, par exemple) et trouvent du pain bテゥnit dans certaines couvertures mテゥdiatiques, comme 
celle de 

S&V

 nツー1059 de dテゥcembre 2005 

: l窶凖ゥvolution a-t-elle un sens

 ? ouvrant un article sur les 

thティses pseudoscientifiques de D窶僊mbricourt-Malassテゥ

142

 (figure 45). Jusqu窶凖 la reprテゥsentation de la 

couverture crテゥe une illusion picturale progressiste dans l窶凖ゥvolution. 

 

                                                 

142

 Une critique de cet article tient de la plume d窶僊. Lenoire, 

L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?

, AFIS,  

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article444

 Le site athテゥisme a fait テゥgalement une veille sur cet article :  

http://atheisme.free.fr/Revue_presse/Science_et_vie_1059_evolution.htm

  

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151

 

Figure 45 : Couverture de S&V nツー1059 de dテゥcembre 2005 

: l窶凖ゥvolution a-t-elle un sens

 ? dont mテェme 

l窶冓conographie est ツォ vectorielle ツサ. 

 
L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?

 est テゥgalement le titre du volumineux ouvrage de M. Denton (1997), 

cテゥlティbre dテゥfenseur de l窶僮D et membre du 

Discovery Institute

 (et accessoirement le titre de nombreux 

articles spiritualistes, comme celui de 

Nouvelles Clテゥs

 d窶兮utomne 1997, signテゥ Lentin

143

). 

Remarquons que pour se dテゥbarrasser de tous ses effets paillasson potentiels, la thテゥorie de 
l窶凖ゥvolution mテゥriterait テ elle seule une visite chez St Maclou. Pensons au terme ツォ sテゥlection ツサ, qui 
n窶册st pas une sテゥlection au sens propre du terme (car nテゥcessiterait un sテゥlectionneur, hypothティse 
spiritualiste s窶冓l en est) mais plutテエt un tamisage

144

. Ceci テゥtant dit, bon nombre de controverses de 

type politique, sur le caractティre capitaliste du darwinisme ou sur l窶冩pposition 

Ni Dieu ni Darwin

s窶凖ゥcroulent

145

. Ce genre de transfert pseudoscientifique et pseudo-politique ne fait qu窶冩bscurcir le 

dテゥbat et permet de relativiser les hypothティses spiritualistes de la mテェme faテァon que les protestants 
テゥtats-uniens, opposant par principe Crテゥation et テ益olution, ont gテゥnテゥrテゥ un immense et populaire 
effet 

bof

. Pensons テゥgalement ツォ programme gテゥnテゥtique ツサ : du fait mテェme qu窶冓l prテゥsume un 

programmateur, ce terme stimule une lecture tテゥlテゥologique du gテゥnome humain. Comme le montre 
Abrougui :  

ツォ Les journalistes ne commencent que trティs timidement テ diffuser ces nouvelles approches 
de la complexitテゥ qui contestent l窶冓dテゥologie rテゥductionniste du tout-gテゥnテゥtique (

voir par 

exemple le hors sテゥrie de Sciences et Avenir, 136, 2003

). Mais les programmes et manuels 

scolaires sont jusqu窶冓ci restテゥs plus timides, continuant par exemple テ enseigner la notion 
pourtant trティs contestテゥe de ツォ programme gテゥnテゥtique ツサ (Abrougui, Clテゥment 1997). 

 

窶「

 

Miracle 

Le terme miracle souffre de plusieurs acceptions, qui entretiennent des incomprテゥhensions lors 
des confテゥrences zテゥtテゥtiques. Baillargeon rapporte ainsi un exemple que nous avons vテゥcu plusieurs 
fois :  

ツォ Si vous acceptez sans difficultテゥ les miracles de la science : pourquoi devenez-vous 
soudainement si critiques quand il s窶兮git de ceux de la Bible ? ツサ (Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, p. 35). 

                                                 

143

 Lentin J-P., 

L窶凖ゥvolution a-t-elle un sens ?

 Nouvelles Clテゥs, 1997 :  

http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=267

  

144

 Un trティs bon article テ ce propos, tirテゥ de la littテゥrature anti-spテゥciste, est celui de Olivier, 

La nature ne choixit pas, 

in 

Bonnardel 

& al.

(2001). 

145

 Voir notre dテゥbut de controverse avec le Gerog Henein Grup, 

Ni Dieu, Ni Darwin / Nテゥodarwinisme, capitalisme et 

billevesテゥes

, rapportテゥ ici 

http://endehors.org/news/ni-dieu-ni-darwin-neodarwinisme-capitalisme-et-billevesees

  

background image

 

 

 

 

 

152

Nous avons rテゥactualisテゥ rテゥguliティrement : au 18 septembre 2007, sur l窶兮lerte ツォ actualitテゥs ツサ du moteur 

Google

, ツォ miracle ツサ donnait :  

L窶兮テァaテッ, un fruit-

miracle

 venu du Brテゥsil - Cyberpresse - 18 sep 2007 

Le soja, aliment 

miracle

 ? - NaturaVox - 18 sep 2007 

Dテゥcret sur le ツォ 

miracle

 ツサ dテサ テ la priティre du P. Moreau - ZENIT.org - 17 sep 2007 

Un 

miracle

 signテゥ Genesis - Cyberpresse - 15 sep 2007 

Un vrai 

miracle

 ! La Grティce a rテゥussi l窶冓mpossible lors du dernier quart de finale de l窶僞uro 

Le Figaro - 14 sep 2007

 

 

Le 

miracle

 de Dawson - Armテゥ comme il テゥtait, c窶册st un 

miracle

 que Gill n窶兮it rテゥussi テ tuer 

qu窶冰ne seule personne. Cyberpresse - 12 sep 2007 
Par quel 

miracle

 ? Avec quels moyens mes テゥlティves de seconde 6 cumulant le handicap de 

vivre dans une banlieue ouvriティre 
Libテゥration - 9 sep 2007 

 
Miracle comme exploit, miracle comme fait statistiquement extraordinaire, miracle comme 
rテゥussite technologique avec un fort impact affectif ou miracle religieux. Le mot se promティne dans 
des champs par trop divers (figure 46). 

 

Figure 46 : Sciences et Avenir Nツー660, fテゥvrier 2002 : Les miraculテゥs du coma. Il y a confusion manifeste entre 

un miracle religieux et un fait statistiquement extra-ordinaire. 

Le sous-titre fait sourire, tant par l窶冓ncongruitテゥ de la question lorsqu窶冩n connaテョt les テゥtudes sur les 
EMI, que par la notion de localisation de la conscience (voir Deleporte, 1.3.3 

La pensテゥe est au 

cerveau ce que la contraction est au muscle

).  

 

窶「

 

Matテゥrialisme  

Le terme 

matテゥrialisme

 lui-mテェme entraテョne une confusion entre l窶冩ntologie que nous dテゥfendons et le 

caractティre ladre ou avare qu窶冩n dテゥnonce chez les individus qui aiment amasser des biens, appelテゥs 
ツォ matテゥrialistes ツサ. C窶册st un discours rテゥcurrent テ l窶儷IP, notamment dans les テゥcrits de Staune (2005 
2007). 
 

窶「

 

Observable 

background image

 

 

 

 

 

153

Exemple plus fin utilisテゥ dans les argumentaires mテェlant 窶湾aranormal窶 et mテゥcanique quantique : la 
notion d窶

observable

,

 qui dテゥsigne dans le langage courant un objet susceptible d窶凖ェtre observテゥ. Nous 

pourrions infテゥrer que la notion d窶

observable 

en physique quantique dテゥsignerait sensiblement la 

mテェme caractテゥristique. Or, ce n窶册st pas le cas :  

ツォ Ainsi le terme d窶 ツォ observable ツサ en vint-il テ se substituer テ celui de grandeur, ou de 
propriテゥtテゥ physique. Mais cette terminologie est fort trompeuse puisqu窶册lle s窶兮pplique 
finalement テ toutes les grandeurs formellement dテゥfinies (reprテゥsentテゥes par un opテゥrateur 
hermitien dans le formalisme hilbertien), bien que trティs peu d窶册ntre elles soient en fait 
accessibles テ l窶冩bservation窶 sans parler du fait que nous manquons, mテェme dans les cas 
les plus simples de grandeurs effectivement observables (テゥnergie, position), d窶冰ne analyse 
consテゥquente du complexe processus concret de mesure. ツサ (Lテゥvy-Leblond 1999, p. 1139) 

Lテゥvy-Leblond pointe la 

faiblesse テゥpistテゥmologique 

de ce terme en rappelant les conditions de son 

apparition, et plus prテゥcisテゥment le fait que, dテゥclarant chercher テ テゥtablir la base de la thテゥorie 
quantique sur des relations entre des quantitテゥs qui seraient en principe observables, Heisenberg 
lui-mテェme en exclut la position de l窶凖ゥlectron (Heisenberg 1925), 窶 ツォ 

autrement dit, la plus simple et la 

plus courante des ツォ observables ツサ d窶兮ujourd'hui ツサ 

(Lテゥvy-Leblond

, ouv.citテゥ

, p. 1140)

Nous mettons en garde contre la rテゥcupテゥration du couplage observable-observateur qui, mysticisテゥ 
par la vulgarisation scientifique, donne du grain テ moudre tant pour certains spiritualismes 
(ツォ 

puisqu窶冰ne part de l窶冓nterprテゥtation dテゥpend de l窶冩bservateur, tout n窶册st pas rテゥductible テ la matiティre

 ツサ) que pour 

les relativistes POMO (ツォ 

puisqu窶冰ne part de l窶冓nterprテゥtation dテゥpend de l窶冩bservateur, l窶凖ゥdiction des vテゥritテゥs 

scientifiques n窶册st qu窶冰n phテゥnomティne sociopolitique

 ツサ). Une utilisation est テゥgalement faite par Mattuck (voir

 

2.4.2 

Invocation abusive d窶冑ypothティses

). 

  

窶「

 

ツォ Principe ツサ

 

d窶冓ncertitude de Heisenberg

 

Cette fois, l窶册xemple est traitテゥ par le journaliste de Pracontal :  

ツォ Le fameux principe d窶冓ncertitude de Heisenberg en fournit un bel exemple : en physique, 
l窶冓ncertitude dテゥfinit la marge d窶册rreur, l窶冓ntervalle テ l窶冓ntテゥrieur duquel se situe la valeur d窶冰ne 
grandeur que l窶冩n ne peut mesurer exactement ; cela n窶兮 donc rien テ voir avec l窶冓dテゥe de 
doute ou d窶冓nquiテゥtude qui se rattache au sens ordinaire du mot ツォ incertitude ツサ (c窶册st 
pourquoi il vaudrait mieux parler de principe d窶冓ndテゥtermination de Heisenberg). 
L窶兮mbiguテッtテゥ du terme explique que selon une certaine conception mondaine de la physique 
quantique, le principe de Heisenberg soit censテゥ traduire un sentiment des physiciens face テ 
l窶冰nivers, au lieu d窶册xprimer l窶冓ncertitude mathテゥmatique sur les mesures. ツサ (

ouv.citテゥ, 

p. 281). 

 

窶「

 

テ英idテゥmie d窶冩bテゥsitテゥ  

Le terme ツォ テゥpidテゥmie ツサ employテゥ pour l窶冩bテゥsitテゥ est un excellent cache des racines sociales et 
comportementales du problティme, relテゥguant ainsi cette pathologie au rang des flテゥaux divins, 
frappant aveuglement les gens tel une maladie contagieuse. La Tテゥlテゥvision Suisse Romande titra 
par exemple son テゥmission du 14 septembre 2004 : ツォ テ英idテゥmie d'obテゥsitテゥ: pourquoi est-elle lテ et 
comment en rテゥchapper ? ツサ

 

 

窶「

 

Chaos 

La notion de 

Chaos

 est un exemple d窶僮ps lexical dテゥroulant une telle cohorte de ツォ concepts 

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154

complティte (voir Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique

 

Nツー1 Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait

 

sテゥduisante

.)  

Nous le retrouverons dans la variante 4 de l窶册ffet Paillasson, (voir 4.2.5 

Concept nomade

) ainsi que 

dans la catテゥgorie 

Effets Impact

 (voir 4.2.6 

Effets Impact

).

 

 

窶「

 

L窶册xpテゥrience 

D窶冰n point de vue テゥpistテゥmologique, la notion d窶

expテゥrience

 est テゥgalement problテゥmatique : elle 

combine l窶兮cception scientifique d窶 ツォ 

テゥpreuve destinテゥe テ vテゥrifier une hypothティse ou テ テゥtudier des phテゥnomティnes

 ツサ 

et celle, beaucoup moins prテゥcise, de ツォ 

fait d'acquテゥrir, volontairement ou non, ou de dテゥvelopper la 

connaissance des テェtres et des choses par leur pratique et par une confrontation plus ou moins longue de soi avec le 
monde

 ツサ (dictionnaire TLFI). Est comprise dans cette seconde dテゥfinition les parties du vテゥcu 

subjectif d'une personne, pouvant aller de l窶册xpテゥrience mystique jusqu'au traumatisme, en passant 
par des thテゥmatiques semi scientifiques comme les expテゥriences de mort imminente (EMI). 
Distinguer entre le statut テゥpistテゥmologique de l窶册xpテゥrience de Michelson-Morley, par exemple, ou 
de celle de Milgram et celle de l窶 ツォ expテゥrience ツサ mystique ou des fameuses ツォ expテゥriences ツサ de mort 
imminente est difficile pour les テゥtudiants. Il n窶册st pas vain de prendre des prテゥcautions prテゥalables 
 

窶「

 

La crテゥation 

(figure 47).

 

 

Figure 47 : S&Av, mars 2005 p. 94 : ツォ 

Au cナ砥r de la crテゥation

 ツサ sous-entend qu窶冓l y a eu un crテゥateur, 

                                                 

146

 Nous empruntons ce concept テ Stengers, 

les concepts nomades, 

bien que nous rテゥcusions totalement le relativisme 

mテゥthodologique dans lequel elle s窶冓nscrit. 

147

 Les expテゥriences de Mort Imminentes sont toutefois un sujet de recherche. Voir sur ce sujet les publications de 

Van Lommel 

& al.

Near-death experience in survivors of cardiac arrest: a prospective study in the Netherlands

 (2001), et Greyson,  

Incidence and correlates of near-death experiences in a cardiac care unit

 (2003). 

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155

comme dans le scテゥnario crテゥationniste. Notons dans le sous-titre ツォ [l]es origines mystテゥrieuses ツサ de la planティte. 

 
 

4.2.5

 

Concept nomade : essuyez vos pieds sur le nテゥnuphar 

Nous hテゥsitons, vu son origine, テ utiliser le terme 

concept nomade

, car il est peu clair, mais la 

mテゥtaphore dite ツォ du nテゥnuphar ツサ nous est bien utile. Il s窶兮git ici de dテゥcrire les recouvrements entre 
une acception de sens scientifique et une autre de sens mテゥtaphorique non maテョtrisテゥ ou non justifiテゥ. 
C窶册st une catテゥgorie d窶册ffet paillasson qui trouve ses meilleurs illustrations dans la fameuse 

affaire 

Sokal

, dテゥjテ abordテゥe, et comme l窶凖ゥcrit Bricmont,  

ツォ Le rテエle d'une mテゥtaphore est gテゥnテゥralement d'テゥclairer un concept peu familier en le reliant 
テ un concept qui l'est davantage, pas l'inverse. Si, dans un sテゥminaire de physique 
thテゥorique, nous essayions d'expliquer un concept trティs technique en thテゥorie quantique des 
champs en le comparant au concept d'aporie dans la thテゥorie littテゥraire de Jacques Derrida, 
nos auditeurs physiciens se demanderaient avec raison quel est le but de cette mテゥtaphore 
(qu'elle soit raisonnable ou non) si ce n'est tout simplement d'テゥtaler notre テゥrudition. De la 
mテェme faテァon, nous voyons mal l'utilitテゥ qu'il pourrait y avoir テ invoquer, mテェme 
mテゥtaphoriquement, des notions scientifiques qu'on maテョtrise trティs mal テ l'intention d'un 
public non spテゥcialisテゥ. Ne s'agirait-il pas plutテエt de faire passer pour profonde une 
affirmation philosophique ou sociologique banale en l'habillant d'une terminologie 
savante ? ツサ (Bricmont, 

Res Publica

, juin 2001). 

Nous faisons donc notre cette image empruntテゥe テ Pollit :  

ツォ L窶兮spect comique de l'incident Sokal est qu'il suggティre que mテェme les postmodernes ne 
comprennent pas rテゥellement ce qu'テゥcrivent leurs collティgues, et qu'ils se dテゥplacent テ travers 
les textes en passant d'un nom ou d窶冰n mot familier テ un autre, comme une grenouille qui 
traverse un テゥtang boueux en sautant sur les nテゥnuphars ツサ. (Pollit, 

in 

Bricmont, 

ibid.

). 

Nous ne reprendrons pas d窶册xemples approfondis de ces concepts nomades, puisqu窶冓ls ont dテゥjテ 
テゥtテゥ excellemment traitテゥs entre autres par Sokal, Bricmont, et Bouveresse. Nous en aborderons 
que quelques exemples illustratifs.  
 

窶「

 

La mテゥmoire de l窶册au 

Nous avons dテゥjテ vu l窶册ffet paillasson dans le titre de la publication de Benveniste 

& al

. Cette fois, 

c窶册st テ la transposition mテゥdiatique de la dテゥcouverte que nous nous intテゥressons : en un 
tournemain, le titre original de la publication de Benveniste  

 

Human Basophil Triggered by very dilute antiserum against IgE

 (Dテゥgranulation de basophiles 

humains provoquテゥe par de hautes dilutions d'antisテゥrum anti-IgE) (

In

 

Nature

, 30 juin 1988)  

devenait, avant mテェme la parution de l窶兮rticle,  
 

Une dテゥcouverte franテァaise pourrait bouleverser les fondements de la physique : la mテゥmoire de l'eau

  (

Le 

Monde

, 29 juin 1988).  

La ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ est un syntagme qui ツォ parle ツサ テ l窶冓ndividu 

lambda

 窶 ce qui n窶册st pas le cas 

de ツォ dテゥgranulation des basophiles ツサ 窶 et lui rappelle toute une gamme de concepts typiques de la 
pensテゥe Nouvel テHe, comme les font fleurir aussi bien la thテゥorie d窶僞moto (figures 48 a, b, c) que 
les notions mille fois remテ「chテゥes d窶

eau sacrテゥe chargテゥe d窶冓nformation 

telle que, par exemple, celle de D. 

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156

Melchizedek.

148

  

La charge affective est d窶兮utant plus grande que cette mテェme ツォ mテゥmoire ツサ est scテゥnarisテゥe comme 
une menace de bouleversement des fondements de la physique (voir 4.4.3.6 

carpaccio rテゥvolution

). 

 

 

      

 

 

 

Figure 48 : trois exemples de livres d窶僞moto (a) 2004, b) 2005, c) 2006), pティre d窶冰ne ツォ thテゥorie ツサ cristalline 

d窶册au テ mテゥmoire. 

Remarquons que maintenant que la notion de ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ a テゥtテゥ publicitarisテゥe, elle sert, 
dans sa version vulgaire, nombre d窶册ntreprises commerciales. Emoto, dテゥjテ citテゥ, mais テゥgalement 
les structures commerciales semi pyramidales type 

Ploscher

 ou 

Nikken

, qui vendent de l窶

eau Pi 

remagnテゥtisテゥe

reclusterisテゥe

 et 

vorticisテゥe

 ツォ comme l窶册au des cascades que buvaient nos ancテェtres ツサ (figure 

50)

149

 

Figure 49 : Pi Mag Optimizer Nikken, avec vortex et anneau magnテゥtique en cテゥramique Pi. Autant 

d窶册ffets 

Impact

 pour un produit coテサtant 250 euros sans la moindre efficacitテゥ autre que servir de l窶册au. 

 

窶「

 

La particule de Dieu (The God Particle) 窶 le casque de Dieu (The God Helmet) 

Le terme de ツォ particule de Dieu ツサ nous rappelle cette injonction テ la prudence de Bricmont :  

ツォ Imaginons qu窶冰n physicien dテゥcouvre une nouvelle particule qu窶冓l appelle, pour 
plaisanter, dieu ou l窶凖「me. Du coup, ces choses-lテ " existent ". On dira sans doute que ce 
n窶册st pas ce que ces mots-lテ veulent dire. Mais prテゥcisテゥment un des problティmes des 
doctrines religieuses est que le sens qu窶册lles donnent テ ces mots est loin d窶凖ェtre clair. ツサ 

                                                 

148

 Lire par exemple 

La Terre Mティre 窶 la nouvelle conscience & l窶册au sacrテゥe

, Intervention de Drunvalo Melchizedek, ler Mai 

1999, Mont Shasta, Californie, 

http://silus.club.fr/eau-sacree.html

  

149

 Cette phrase, rテゥelle, nous fut rテゥvテゥlテゥe par une membre du groupe Nikken lors d窶冰ne confテゥrence-recrutement, en 

2005 テ Grenoble.  

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157

(Brcimont 2001b

, ouv.citテゥ

). 

La 

particule de Dieu

 est un excellentissime exemple, que nous reverrons au chapitre des scテゥnarios 

(voir 4.4.3.8 

carpaccio Graal

, & Annexe 窶 

fiche pテゥdagogique Nツー17 Scテゥnario du Graal et recherche de Dieu

). 

Le 

casque de Dieu

, quant テ lui, n窶册xiste pour l窶冓nstant que dans sa version anglaise, le 

Helmet God

Dテゥsignant ainsi le casque lui servant テ stimuler les zones pariテゥtales de ses sujets, Persinger a 
annoncテゥ pouvoir recrテゥer des sensations enthテゥogティnes chez ses congテゥnティres. Immテゥdiatement, les 
mテゥdias s窶册mparティrent d窶冰n si charmant marronnier pour titrer :  

Wired, 7 nov. 1999 : 

This Is Your Brain on God 

Saturday Night magazine, oct. 2002 

The God Helmet 

BBC, 17 avr. 2003 : 

God on the Brain

 - programme summary ; 

Clinically Psyched, 2004 : 

Neurotheology - With God In Mind 

Nature, 9 dテゥc. 2004 : 

Electrical brainstorms busted as source of ghosts 

The Guardian, 17 juin 2006 : 

Bring me a God helmet, and bring it now 

L窶册ffet crテゥe sur le lecteur est, on le devine, sテゥducteur.  

 

Figure 50 :

 extrait de l窶兮rticle de Hercz 

the Helmet God

, Saturdaynight Magazine, October 2002, pp. 40-46.

 

 

窶「

 

La gテカdelite 

Certains concepts nomades infectent テ tel point certains discours qu窶冓ls sont qualifiテゥs de quasi-
pathologie. Ainsi en est-il de la 

gテカdelite

, c'est-テ-dire le recours non justifiテゥ au thテゥorティme de Gテカdel テ 

l窶兮ppui d窶冰ne thティse n窶兮ppartenant pas au champ de la logique formelle. Le logicien Girard テゥcrivit テ 
ce sujet que ツォ 

la gテカdelite est une maladie non reconnue par la sテゥcuritテゥ sociale, mais dont les ravages sont 

certains

 ツサ (

in S&Av

, janvier 2000)

150

                                                 

150

 Voir sur ce sujet les dテゥveloppements de Bouveresse (1999) テ partir de l窶兮ffaire Sokal, notamment le chapitre 5

 Les 

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158

En voici deux exemples, dont le premier est pris chez J-F. Lambert. Pour Lambert,  

ツォ il apparaテョt テ l窶凖ゥvidence que tant l窶凖ゥtude du langage (Wittgenstein) ou celle de la logique 
(Gテカdel) que celle de la structure de la matiティre (Heisenberg) ou de l窶冓nconscient (Lacan) 
dテゥbouchent sur le mテェme constat d窶冓ncomplテゥtude, le mテェme horizon d窶冓ndテゥcidabilitテゥ. La 
mテェme impossibilitテゥ テ limiter le vrai テ la totalitテゥ de ce qui peut テェtre dit, formellement 
dテゥmontrテゥ ou immテゥdiatement mesurテゥ. Tout ce qui prテゥcティde conduit au mテェme constat : テァa 
テゥchappe. ツサ (Lambert, 

in

 Staune 2007, p. 442). 

Le second exemple est prテゥlevテゥ chez de Pracontal, sur le cas de John Briggs et F. David Peat qui 
annoncent la fin de la raison, thティme POMO s窶冓l en est. 

 

ツォ Dans la rhテゥtorique dテゥmente de Briggs et  Peat,  le  thテゥorティme  de  Gテカdel  devient  un 

procテゥdテゥ surrテゥaliste pour テゥlever des lapins : ツォ 

Pour l窶冑omme de sciences ou le mathテゥmaticien dotテゥs 

d窶冰ne formation classique,

 [le thテゥorティme de Gテカdel] 

revenait テ dire que si on mettait un couple de 

lapins dans un enclos isolテゥ et qu窶冩n les laissait se reproduire, il pourrait y avoir plusieurs gテゥnテゥrations de 
lapereaux qui seraient frティres et sナ砥rs d窶兮utres lapins de l窶册nclos, mais n窶兮uraient aucun lien de parentテゥ 
avec le couple original. Certains de ceux qui ont mテゥditテゥ la preuve de Gテカdel sont convaincus qu窶冓l s窶兮git lテ 
d窶冰n des nombreux faits annonテァant la fin de la science rationnelle.

 ツサ 

Comment Briggs et Peat en arrivent-ils テ cette conclusion ? Dans leur mテゥtaphore, le 
couple de lapins initial reprテゥsente les axiomes d窶冰ne thテゥorie : les descendants sont les 
thテゥorティmes et propositions que l窶冩n peut dテゥduire de ces axiomes ; et les lapereaux sans lien 
de parentテゥ avec le couple initial, les propositions indテゥcidables. On voit tout de suite ce qui 
cloche : si la naissance d窶冰n lapereau est テゥquivalent テ la dテゥmonstration d窶冰n thテゥorティme, ce 
lapereau est forcテゥment issu du couple initial ou de ses descendants ; les ツォ lapereaux 
indテゥcidables ツサ ne peuvent pas avoir テゥtテゥ engendrテゥs par le mテェme processus, et il ne peuvent 
pas テェtre les frティres et sナ砥rs d窶兮utres lapins de l窶册nclos. Ils viennent forcテゥment d窶冰n autre 
enclos. Ou alors ils ne sont pas encore nテゥs. Evidemment, テ propos de ce qui n窶册xiste pas, 
on peut dire n窶冓mporte quoi. Bref, Briggs et Peat nous fournissent un nouvel exemple 
d窶兮bus de mテゥtaphore, mais ils ne nous montrent pas en quoi le thテゥorティme de Gテカdel 
montre la fin de la raison ツサ (De Pracontal, 

ouv.citテゥ

, p. 308-310). 

Par la difficultテゥ du concept lui-mテェme, il est malheureusement difficile de faire travailler des 
テゥtudiants sur cette gテカdelite (voir aussi 4.3.2 

Arguments d窶僊utoritテゥ 窶 hijack

). D窶兮utres exemples plus 

simples sont plus aisテゥs テ utiliser. 
 

窶「

 

La relativitテゥ/relativisme 

Comme nous le reverrons plus loin (voir 4.3.2 

Les arguments d窶兮utoritテゥ

) la relativitテゥ est un concept 

on ne peut plus galvaudテゥ dans le littテゥrarisme pseudo-intellectuel. 
Dティs les annテゥes 20, tandis que la relativitテゥ d窶僞instein commenテァait テ peine テ sortir des cercles 
scientifiques, on pouvait lire :  

ツォ La relativitテゥ des choses, des actes et des mesures, qu窶僞instein est venu nous enseigner 
parait テ beaucoup, nous le savons, assez incomprテゥhensible. Cependant, sans prテゥtendre 

                                                                                                                                                         

malheurs de Gテカdel ou l'art d'accommoder un thテゥorティme fameux テ la sauce prテゥfテゥrテゥe des philosophes

. Voir テゥgalement la confテゥrence de 

Bouveresse Qu'appellent-ils "penser"? Quelques remarques テ propos de "l'affaire Sokal" et de ses suites, Confテゥrence 

du 17 juin 1998 テ l'Universitテゥ de Genティve accessible ici 

http://un2sg4.unige.ch/athena/bouveresse/bou_pens.html

  

Girard, pastichant Hofstadter, a fournit cette petite piティce de thテゥatre sur le sujet : Girard J.-Y., Le thテゥorティme de Gテカdel 
ou une soirテゥe avec M. Homais, 

Sciences & Avenir

, Janvier 2000, disponible ici :  

http://iml.univ-mrs.fr/~girard/godel.pdf.gz

  

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159

escalader les hauteurs de la thテゥorie einsteinienne, inaccessible テ ce qui ne constitue pas 
l窶凖ゥlite des mathテゥmaticiens, il est facile de saisir le rapport existant entre de bonnes 
finances et l窶凖ゥconomie, d窶兮percevoir la relativitテゥ des dテゥpenses qu窶兮utorise une situation 
prospティre ou une situation prテゥcaire ツサ Journal La France, 1922 

Nous verrons que la rテゥcupテゥration de cette 

relativite aigテシe

 peut テェtre politique, mテゥlangeant 

rテゥguliティrement relativitテゥ et relativisme moral et libテゥralitテゥ dans les idテゥes opposテゥe au dogmatisme 
(voir 4.4.5 

Le mode politique

). 

Il arrive parfois que le nomadisme du concept fasse simplement sourire, comme ici lors de la 
visite en France d窶僊. Einstein en 1922 :  
 ツォ 

Tout est relatif, on le voit, mテェme l'heure d窶兮rrivテゥe du protagoniste du relativisme

 ツサ  (Journal 

L窶僮ntransigeant

in

 Kemmeter, 

S&Av

 HS, dテゥcembre 1999). 

On peut aussi hテゥlas en faire un scテゥnario politique, comme le fait Kemmeter :  

 ツォ Toute la science moderne a pour base le relativisme absolu. Il n窶凉 a pas de vテゥritテゥ 
テゥternelle : tout est relatif (窶ヲ) Darwin dテゥtruit l窶兮bsolu des espティces en fondant le 
transformisme biologique. Karl Marx accomplit une tテ「che encore plus difficile. Il fonde le 
transformisme social et テゥconomique. Il frappe au cナ砥r des privilティges sociaux qui se 
croient テゥternels. Tout se modifie. Tout テゥvolue. Rien d窶凖ゥternel. Rien d窶兮bsolu. Tout 
change. Tout est relatif (窶ヲ) Et le mテゥrite immortel d窶僞instein, qui a renouvelテゥ la figure du 
monde, c窶册st d窶兮voir cherchテゥ et trouvテゥ une base mathテゥmatique et physique テ cette 
philosophie du monde qui fut dans l窶册sprit de tous les crテゥateurs de la pensテゥe antique et 
moderne ツサ. (Kemmeter, 

ibid.

). 

 

窶「

 

Le chaos 

Nous relevons avec Ortoli & Witkowski que : 

ツォ Deux grands types de chaos sont utilisテゥs tels quels comme points de dテゥpart pour les 
supputations les plus hasardeuses, en particulier dans le domaine des sciences sociales : le 
chaos des physiciens, bien que le rapport entre systティme social et systティme physique soit mal 
テゥlucidテゥ, et celui, moins assurテゥ, mis au jour par les biologistes dans nos rythmes cardiaques, 
ou dans les neurones du bulbe olfactif du lapin. Lテ aussi, l窶兮nalogie directe est de rティgle, 
entre l窶冓ndividu et le neurone ou la sociテゥtテゥ et le systティme solaire, sans que le moindre effort 
d窶兮daptation vienne enrichir une traduction aussi platement littテゥrale ツサ (

ouv.citテゥ, 

p. 136-137). 

Le cas est trティs connu. Relevons seulement la rテゥsurgence de la 

thテゥorie du chaos 

dans 

Libテゥration

 du 11 

aoテサt 2007 sous la plume de Losson :  

ツォ Comment est-on passテゥ, en une semaine, テ une situation oテケ les plus grands banquiers 
centraux (窶ヲ), parlaient 

ツォde normalisationツサ, 

テ l窶冓njection, par les banques centrales d窶僞urope, 

d窶僊mテゥrique et d窶僊sie de 325 milliards de dollars [窶ヲ] sur le marchテゥ monテゥtaire. (窶ヲ.). C窶册st 
un peu la thテゥorie du chaos revisitテゥe par la finance planテゥtaire テ l窶冑eure de l窶冑ypercapitalisme 
globalisテゥ. ツサ 

Ou dans la ツォ 

thテゥorie du chaos de George W Bush

 ツサ, prテゥsentテゥe par M. Abdel Azim dans 

NewEuropeans 

Magazine

, quelques mois plus tテエt : 

ツォ Pour montrer ce テ quoi fait rテゥfテゥrence la thテゥorie de Bush du chaos, un petit dテゥtour 
historique dテゥcrit quels テゥtaient les signes en lien avec cette thテゥorie (窶ヲ) La thテゥorie du chaos 
nous enseigne qu'il est possible, テ travers le dテゥsordre apparent, d'extraire les signes qui nous 
permettront de redessiner un nouvel ordre mondial ou rテゥgional (窶ヲ) La thテゥorie du chaos 

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160

montre que l'excティs d'ordre conduit au dテゥsordre, donc テ un テゥtat de dテゥsテゥquilibre. Washington 
se doit donc de revoir son scテゥnario et son nouveau projet visant le point d'テゥquilibre [...] ツサ 
(22 mai 2007) 

Et enfin cette constatation de Javary dans 

Nouvelles Clテゥs 

Nツー40 :  

ツォ Gardons simplement l窶冓dテゥe que la conception chinoise du hasard, qui donne toute sa 
validitテゥ au 

Yi Jing

, trouve avec la thテゥorie du Chaos une intensitテゥ nouvelle qui, ne faisant plus 

obstacle テ la raison, encourage non seulement テ son utilisation, mais aussi ouvre テ la 
rテゥflexion des horizons insoupテァonnテゥs il y a encore quelques annテゥes et qui devraient avoir 
une influence profonde sur toute notre vie. ツサ 

Nous revenons sur la notion de Chaos en Annexe (voir Annexe 窶 

Fiche pテゥdagogique Nツー1 Chaos, 

papillon, attracteur 窶 quand la science se fait sテゥduisante)

.

 

 

窶「

 

Attracteur テゥtrange  

L窶册xemple de l窶兮ttracteur テゥtrange, comme celui du Chaos, est abordテゥ en Annexe Nツー1 窶 fiche 

Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la science se fait

 

sテゥduisante

 

 

窶「

 

L窶兮lchimie 

Nous l窶兮vons dテゥjテ vu bien maltraitテゥ. C窶册st l窶冰n des mots prテゥfテゥrテゥs de la presse politique, au vu de 
la frテゥquence de son emploi.  
 

 

ツォ 

Pas d窶兮lchimie politique sur la fusion GDF-Suez 

ツサ titre 

le Figaro

 le 3 septembre 2007 

ツォ 

Une テゥquipe, c窶册st une alchimie. Il est naturel qu窶冰n nouveau directeur de cabinet procティde テ une 

recomposition

 ツサ dテゥclare Guillaume Didier, porte-parole de R. Dati, dans 

Libテゥration

, 5 

septembre 2007. 

Rappelons-nous pour mテゥmoire le titre du livre du financier George Soros, intitulテゥ 

L'Alchimie de la 

Finance

 (1998).

 

 

窶「

 

La noosphティre 

Il s窶兮git d窶冰n concept que les didacticiens des sciences, suite テ Chevallard, ont repris du jテゥsuite P. 
Teilhard de Chardin, lui-mテェme l窶兮yant, avec Vernadsky, empruntテゥ vers 1922 aux cours du 
bergsonnien Edouard le Roy

151

Comme nous pouvons le dテゥplorer, la diffテゥrence de dテゥfinition est immense :  
Sens 1 dit 

cosmique rテゥaliste

 de Vernadsky, 1945 

ツォ In the twentieth century, man, for the first time in the history of earth, knew and 
embraced the whole biosphere, completed the geographic map of the planet earth, and 
colonized its whole surface. Mankind became a single totality in the life on earth... The 
noosphere is the last of many stages in the evolution of the biosphere in geological history 
ツサ. 

Sens 2 dit 

cosmique mystique

, Teilhard de Chardin, 1959 

                                                 

151

 L窶冩rigine du terme est sitテゥe dans les cours de mテゥtaphysique de Le Roy, puis dans Le Roy, 

L'Exigence Idテゥaliste et le 

Fait de l'テ益olution

 (1927). 

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161

ツォ Nous テゥlargissions nos vues jusqu窶凖 envisager la formation actuelle, sous nos yeux, テ la 
faveur des facteurs hominisants, d窶冰ne entitテゥ biologique spテゥciale, telle qu窶冓l n窶凉 en a jamais 
eu encore sur Terre, 窶 la formation, veux-je dire, テ partir et au-dessus de la Biosphティre, 
d窶冰ne enveloppe planテゥtaire de plus, l窶册nveloppe de substance pensante テ laquelle j窶兮i donnテゥ, 
par commoditテゥ et symテゥtrie, le nom de Noosphティre [De 

Noos,

 esprit : sphティre terrestre de la 

substance pensante]. ツサ (T. de Chardin 1959, pp. 201 テ 203) 

Sens 3 dit ツォ dactique ツサ, Chevallard, 1985 

ツォ 窶ヲテ la pテゥriphテゥrie du systティme d窶册nseignement, il faut faire sa place テ une instance 
essentielle au fonctionnement didactique, sorte de coulisses du systティme d窶册nseignement, et 
vテゥritable sas par oテケ s窶冩pティre l窶冓nteraction entre ce systティme et l窶册nvironnement sociテゥtal. Lテ se 
trouvent tous ceux qui, aux avant-postes du fonctionnement didactique, s窶兮ffrontent aux 
problティmes qui naissent de la rencontre avec la sociテゥtテゥ et ses exigences ; lテ se dテゥveloppent 
les conflits, lテ se mティnent les nテゥgociations, lテ mテサrissent les solutions. Toute une activitテゥ 
ordinaire s窶凉 dテゥploie, en-dehors mテェme des pテゥriodes de crises (oテケ elles s窶兮ccentuent), sous 
forme de doctrines proposテゥes, dテゥfendues et discutテゥes, de production et de dテゥbat d窶冓dテゥes 窶 
sur ce qui pourrait テェtre changテゥ et sur ce qu窶冓l convient de faire. Bref, on est ici dans la 
sphティre oテケ l窶冩n pense 窶 selon des modalitテゥs parfois fort diffテゥrentes 窶 le fonctionnement 
didactique. Pour cela, j窶兮i avancテゥ pour elle le nom parodique de noosphティre ツサ

152

Si l窶冩n ouvre deux dictionnaires diffテゥrents, on ne trouvera que le sens 2 du terme :  
Le 

Grand Larousse Universel

, par exemple, donne :  

ツォ テ営lairテゥs d'une vision synthテゥtique du dテゥroulement universel de l'テゥvolution, [L]es テゥcrits 
thテゥologiques et philosophiques [de Teilhard de Chardin] mettent en valeur le phテゥnomティne 
de complexification cテゥrテゥbrale du phylum humain, aboutissant au surgissement de la 
conscience de soi (ツォ pas ツサde la rテゥflexion), puis テ un rテゥseau mondial de communication des 
pensテゥes humaines, la 

noosphティre

, au cナ砥r duquel agit le ツォ Christ テ益oluteur ツサ et qui conduit 

l'humanitテゥ de faテァon immanente et transcendante tout テ la fois, vers le ツォ point Omテゥga ツサ 
(royaume de Dieu) ツサ (1988, p. 1009) 

Quant au Trテゥsor de la Langue Franテァaise TLFI :  

PHILOS. 

[Chez Teilhard de Chardin], Couche pensante (humaine) de la Terre, constituant 

un rティgne nouveau, un tout spテゥcifique et organique`` (C. 

CUテ丑OT,

 

Nouv. Lex. Teilhard de 

Chardin,

 Paris, テゥd. du Seuil, 1968). 

Malgrテゥ ses liaisons organiques, (...) la biosphティre ne formait encore 

qu'un assemblage de lignes divergentes, libres aux extrテゥmitテゥs. Sous l'effet de la Rテゥflexion (...) les chaテョnes se 
ferment; et la Noosphティre tend テ se constituer en un seul systティme clos,  oテケ chaque テゥlテゥment pour soi voit, 
sent, dテゥsire, souffre les mテェmes choses que tous les autres テ la fois. Une collectivitテゥ harmonisテゥe des consciences, 
テゥquivalente テ une sorte de super-conscience

 (T. de Chardin

 

1955, p. 279). 

Aussi surprenant que cela puisse paraテョtre, le terme 

Noosphティre

 est souvent accolテゥ テ la trティs 

New Age

 

Conscience Transhumaine

, et porte, dans la foulテゥe de Bergson, la notion nテゥo-lamarckienne 

d窶冩rthogenティse, ou de ツォ force complexifiante ツサ, qui fait le rテゥgal des tendances 

Intelligent Design

 en 

France

153

. Ainsi, fille d窶冰ne philosophie idテゥaliste (Le Roy est le successeur de Bergson au Collティge 

de France), d窶冰ne pensテゥe spiritualisante mystique et d窶冰ne pensテゥe Nouvel テHe, la 

noosphティre

 dテゥsigne 

dテゥsormais ツォ 

la sphティre oテケ l窶冩n pense le fonctionnement didactique

 ツサ, ce qui laisse perplexe, mテェme lorsque 

                                                 

152

 Chevallard revendique cette paternitテゥ dans Chevallard Y. La transposition didactique - du savoir savant au savoir 

enseignテゥ, テゥd. La Pensテゥe Sauvage, Grenoble. 1985, 2ティme テゥdition 1991.  

153

 Notamment celui de de Duve. テ notre grande joie, Tassy a produit trティs rテゥcemment un travail テゥclairant sur le 

caractティre mテゥtaphysique de la science teilhardienne, dans Tassy, 

Teilhard de Chardin, l窶兮rbre phylogテゥnテゥtique et l窶冩rthogテゥnティse

in 

Matテゥriologies Nツー2, 2007, pp.  289-310.  

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162

Chevallard prテゥcise que c窶册st parodique.  
Le mot, tout comme celui par exemple de 

paradigme

, fait pourtant une carriティre honorable de 

concept fourre-tout, bien que/ou テ cause de son air abscons. Si on ajoute qu窶冰n teilhardisme naテッf 
habite un certain nombre de nos collティgues de la facultテゥ de mテゥdecine-pharmacie de l窶儷niversitテゥ 
Grenoble 1, et que ce concept de noosphティre est un excellent palliatif テ une lecture plus politique 
du fonctionnement didactique, son succティs devient rテゥellement inquiテゥtant

154

.  

 

4.2.6

 

Effets impact 

Nous sommes partis de la notion d窶

effet Impac

t dテゥveloppテゥe par Broch. 

ツォ Aprティs l窶冓mportance du 

choix 

des mots dont l窶册ffet Paillasson est une illustration concrティte, il 

faut, lorsque les mots choisis semblent corrects, tenir compte du 

poids 

des mots, c'est-テ-dire 

de leurs possibles connotations, de leur impact rテゥel. Dans le domaine du 窶湾aranormal窶, la 
connotation des mots est trティs souvent utilisテゥe, inconsciemment ou non, pour induire une 
idテゥe quelque peu diffテゥrente de celle qu窶冓ls prテゥtendent reprテゥsenter ツサ (Broch 1989, 

ouv.citテゥ

, p. 

193). 

 

 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

Figure 51 :

 

EPP, le plus puissant antibiotique naturel

 a fait l窶冩bjet d窶冰ne analyse en mai 2007 par des 

テゥtudiants ; Publicitテゥ extraite de Soleil levant nツー129, Avril 2006, p32. 

 

L'effet Impact consiste テ utiliser la connotation, le 

poids

 des mots pour induire une idテゥe peu ou 

prou diffテゥrente de celle que les mots prテゥtendent reprテゥsenter, mテェme lorsqu窶冓l n窶凉 a pas d窶册ffet 
paillasson (exemple de l窶僞PP, figure 51). C窶册st jouer sur l窶凖ゥcart entre connotation et dテゥnotation, 
sachant que, comme le rappelle Baillargeon, deux mots peuvent dテゥnoter la mテェme chose mais 
avoir des connotations diffテゥrentes, positives ou nテゥgatives selon les cas (Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, p. 

25).Cet effet Impact se renforce encore lorsqu窶冰n registre lexical complet est dテゥveloppテゥ (pensons 

                                                 

154

 Pour une critique ne risquant pas de passer pour athテゥe militante, voir la critique de Teilhard de Chardin par le 

dominicain J. Arnould dans 

Dieu, le singe et le big bang

 (2000). Puis, pour pousser le vice / la vis, on se reportera 

テゥgalement avec beaucoup d窶冓ntテゥrテェt sur une critique d窶僊rnould par Deleporte & Pierre, 

Jacques Arnould et le recul 

テゥlastique du dogme

, in Debussy

 & al.

 (2005), 

ouv.citテゥ, 

pp. 545-554. 

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163

テ la ツォ traque ツサ du boson de Higgs, par exemple appelテゥe aussi ツォ particule de Dieu ツサ), テ tel point 
que, comme l窶凖ゥcrit Blociszewski (1993), ツォ 

le lien logique entre le produit et le message n窶兮 cessテゥ de faiblir 

ツサ. 

Nous avons trティs sommairement discernテゥ quatre maniティres d窶兮ccentuer l窶冓mpact produit par un 
mot ou un syntagme. 
 

4.2.6.1

 

L窶兮ccentuation imaginaire  

User d窶冰n terme ayant une acception テ forte charge imaginaire est un procテゥdテゥ trティs connu en 
rhテゥtorique, notamment dans le discours politique. L窶册ffet attendu est une association quasi-
pavlovienne, c'est-テ-dire le dテゥclenchement chez le lecteur ou l'auditeur de rテゥflexes conditionnテゥs 
qui prテゥcティdent toute analyse rationnelle du texte ou du discours qui lui est soumis. Il a テゥtテゥ montrテゥ 
par exemple que des mots comme 

enfant

famille

amour

, sont perテァus comme ツォ positifs ツサ, tandis que 

crime

cancer

mort

, sont perテァus nテゥgativement. Tous ont une puissance テゥmotionnelle si forte qu窶冓ls 

sont perテァus plus rapidement que des mots qui ne sont pas chargテゥs de la mテェme dテゥnotation 
positive ou nテゥgative (Rampton & Stauber 2001). Le seul fait d'associer un de ces termes テ la 
chose ou テ la personne que l'on dテゥcrit modifie de faテァon significative la faテァon dont elle est perテァue 
par le rテゥcepteur du message. Breton, qui s窶册st consacrテゥ テ cette analyse, cite l窶册xemple d窶僊lain 
Juppテゥ qui, テ la tribune de la rテゥunion des dテゥputテゥs de la majoritテゥ du 22 avril 1997, dテゥfinit le 
programme du parti socialiste en parlant de 'rテゥcidive'.  

ツォ Les socialistes, dit le Premier Ministre ont, du temps oテケ ils gouvernaient, augmentテゥ 
considテゥrablement les dテゥficits publics et ils n'aspirent qu'テ la 'rテゥcidive'. ツサ (Breton 2000, p. 
113 et sq.)

155

 

La manipulation du sens de rテゥcidive active tout notre imaginaire judiciaire par ce simple terme, 
braquage, ツォ dテゥlinquance ツサ, voyou qui recommence, etc. Breton donne des exemples dans les 
discours d窶册xtrテェme-droite fustigeant l窶 ツォ acharnement intテゥgrationniste ツサ au moyen de figures de 
style sans contenu : ツォ [Le Pen] 

oppose par exemple les ツォ Franテァais de cナ砥r ツサ aux ツォ Franテァais de ventre ツサ, qui 

ツォ ont des papiers franテァais mais n窶冩nt ni le cナ砥r ni l窶凖「me ni l窶册sprit franテァais ツサ et qu窶冓l propose de raccompagner テ la 
frontiティre

 ツサ (Breton, 

ouv.citテゥ

, p. 84, et Breton 1996, p. 93 et sq.).  

Nous avons relevテゥ pour notre archivage des registres de scテゥnarisation complets liテゥs テ un seul 
terme : un exemple flagrant fut celui de la ツォ capture ツサ de Saddam Hussein. Le seul mot ツォ capture ツサ 
donne une connotation, gibier, traque, planque, rets et filets, piティges de chasse窶ヲ Ce mot fut 
pratiquement un marqueur en tant que tel des mテゥdias alignテゥs テ la politique amテゥricaine en Irak. 
Refaisant le test 

Google

, nous obtenions au 16 septembre 2007 :  

ツォ Capture de Saddam Hussein ツサ :  

10800 rテゥsultats 

ツォ Arrestation de Saddam Hussein ツサ :  

 

987 rテゥsultats 

テ titre comparatif, nous avons refait le test sur 3 arrestations rテゥcentes :  

Cesare Battisti

, arrテェtテゥ cachテゥ au Brテゥsil le 18 mars 2007 au Brテゥsil 

ツォ Capture de Cesare Battisti ツサ :  

 

ツォ Arrestation de Cesare Battisti ツサ :  

823 

Yvan Colonna

, arrテェtテゥ cachテゥ dans une bergerie de Haute Corse le 5 juillet 2003 

                                                 

155

 Outre les travaux de Breton, nous recomandons テゥgalement, sur de telles lectures politiques Hazan, 

LQR la 

propagande du quotidien

 (2006). 

 

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164

ツォ Capture d窶兀van Colonna ツサ :  

  

43 

ツォ Arrestation d窶兀van Colonna ツサ :  

1260  

ツォ Don Diego ツサ Montoya

, cテゥlティbre narcotrafiquant arrテェtテゥ dans la vallテゥe montagneuse 

del Cauca 

le 10 

septembre 2007 

ツォ Capture de Diego Montoya ツサ :  

ツォ Arrestation de Diego Montoya ツサ :   28100

   

 
Un autre exemple, significatif, est donnテゥ par Baillargeon sur le vocabulaire employテゥ pour parler 
de l窶兮vortement.  

ツォ Les protagonistes de ce dテゥbat se dテゥsignent eux-mテェmes comme テゥtant pro-vie ou pro-choix. 
Ce n窶册st pas un hasard : qui voudrait テェtre anti-vie ou anti-choix ? Le fait que les militants 
parlerons plus volontiers, selon le cas, de fナ鍍us ou de bテゥbテゥ, n窶册st pas un hasard non plus ツサ 
(

ouv.citテゥ

, p. 28)

156

 
Prenons maintenant quelques exemples spテゥcifiques des champs fantasmagoriques de la science. 

窶「

 

Les OVNIs  

L窶册xemple est de Broch.  

ツォ Lorsqu窶冩n nous pose la question : ツォ Que pensez-vous des OVNI ? ツサ, on entend presque 
automatiquement : ツォ pensez-vous que des テェtres intelligents extra-terrestres visitent notre 
planティte ? ツサ ce qui est une question au contenu beaucoup plus large que la premiティre. Bien 
sテサr, l窶冓nterprテゥtation de la question posテゥe se fait en fonction de l窶冓mage que beaucoup de 
mテゥdia vテゥhiculent テ propos des ツォ soucoupes volantes ツサ  mais  l窶卍ォ テゥlargissement ツサ  constatテゥ 
rテゥside テゥgalement dans les termes utilisテゥs ou plutテエt dans la connotation que l窶冩n s窶兮ccorde テ 
leur donner en gテゥnテゥral ツサ

157

OVNI signifie Objet Volant Non Identifiテゥ. 
Le mot ツォ objet ツサ possティde une connotation trティs forte de quelque chose de bien ツォ rテゥel ツサ, de 
concret, de ツォ palpable ツサ et qui, de plus, possティde une frontiティre bien dテゥfinie. (窶ヲ) Qualifie-t-
on souvent d窶冩bjet un nuage ? 
L窶兮djectif ツォ volant ツサ porte lui aussi, bien que moins fortement, une connotation qui induit 
dans l窶册sprit quelque chose qui peut se soutenir, se mouvoir dans l窶兮ir par lui-mテェme. On dit 
d窶冰n oiseau qu窶冓l vole, on ne le dit point d窶冰n nuage ou du faisceau de lumiティre テゥmis par le 
phare d窶冰ne voiture 
(窶ヲ) le terme ツォ identifiテゥ ツサ porte lui aussi quelques connotations. On ツォ identifie ツサ un planeur, 
un avion テ rテゥaction ou un ballon-sonde, on ツォ identifie rarement quelque chose de moins 
ツォ palpable ツサ comme du gaz ionisテゥ par exemple. (窶ヲ) 
Aurions-nous la mテェme tendance テ テゥlargir la question initiale si elle テゥtait posテゥe par exemple 
comme suit : ツォ que pensez-vous des PANE, Phテゥnomティnes Aテゥriens Non Expliquテゥs ?ツサ. 
(

ouv.citテゥ

, pp. 193-4) 

                                                 

156

 D窶兮utres exemples sont donnテゥs dans la sphティre politique, repris テ Kahane H., 

logic and contemporary rhetoric, the use of 

reason in everyday life

, p. 137. 

157

 Rテゥfテゥrence est ici faite テ Standen, 

The semantic of UFOS, paranormal bordelands of science

 (1981) p. 464. 

background image

 

 

 

 

 

165

Notons que mテェme parmi les individus convaincus de la venue d窶儖VNI d窶冩rigine Extra-terrestre, 
le terme est dテゥcriテゥ (entre autres chez Pinker 1999, p. 28, Raimer 1999, pp. 53-57). 
Nous en profitons pour prテゥciser aux テゥtudiants que nous nous penchons sur les OVNI-et. テ la 
question qui ne manque pas de venir sur le 

窶摘T

, nous prenons soin d窶册xpliquer que ce sont les 

OVNI d窶冩rigine Extra-Terrestre qui nous intテゥressent 窶 et non une quelconque mouette prise en 
flou sur une pellicule, qui de fait est littテゥralement un objet volant non identifiテゥ. Cette mise au 
point peut テェtre faite de maniティre assez facilement amusante (figure 52). 

la question 

la question 

ツォ

ツォ

que pensez

que pensez

-

-

vous des OVNI

vous des OVNI

?

?

ツサ

ツサ

Les gens entendent

Les gens entendent

ツォ

ツォ

pensez

pensez

-

-

vous que des テェtres 

vous que des テェtres 

intelligents extra

intelligents extra

-

-

terrestres 

terrestres 

visitent notre plan

visitent notre plan

ティ

ティ

te

te

?

?

ツサ

ツサ

.

.

Effet Impact 

Effet Impact 

-

-

les 

les 

OVNI s

OVNI s

Les mots sont importants

Les mots sont importants

Bar le Duc, 11 juin 2005

 

Objet Volant Non Identifiテゥ

ツォ Objet ツサ

ツォ Volant ツサ

ツォ Non Identifiテゥ ツサ

Connotation tr

Connotation tr

ティ

ティ

s forte 

s forte 

objet = chose de bien r

objet = chose de bien r

テゥ

テゥ

el, 

el, 

concret, 

concret, 

ツォ

ツォ

palpable

palpable

ツサ

ツサ

, et 

, et 

qui poss

qui poss

ティ

ティ

de une fronti

de une front i

ティ

ティ

re

re

Ex : cuill

Ex : cuill

ティ

ティ

re 

re 

#

#

rond de  fum

rond de  fum

テゥ

テゥ

Qualifie

Qualifie

-

-

t

t

-

-

on souvent d

on souvent d

objet 

objet 

un nuage

un nuage

?

?

induit quelque chose 

induit quelque chose 

qui peut se soutenir, 

qui peut se soutenir, 

se mouvoir dans l

se mouvoir dans l

air 

air 

par lui

par lui

-

-

mテェme. 

mテェme. 

Un oiseau vole 

Un oiseau vole 

un 

un 

nuage ou un faisceau de 

nuage ou un faisceau de 

lumi

lumi

ティ

ティ

re de phare, non.

re de phare, non.

On 

On 

ツォ

ツォ

identifie

identifie

ツサ

ツサ

un 

un 

planeur, un avion 

planeur, un avion 

r

r

テゥ

テゥ

action ou un ballon

action ou un ballon

-

-

sonde, on 

sonde, on 

ツォ

ツォ

identifie

identifie

ツサ

ツサ

rarement du gaz ionis

rarement du gaz ionis

テゥ

テゥ

par exemple.

par exemple.

Forte connotation militaire

Forte connotation militaire

Les mots sont importants

Les mots sont importants

 

Les mots sont importants

Les mots sont importants

Devient

Devient

ツォ

ツォ

que pensez

que pensez

-

-

vous de s PANE ?

vous de s PANE ?

ツサ

ツサ

Ph

Ph

テゥ

テゥ

nom

nom

ティ

ティ

nes

n es

A

A

テゥ

テゥ

riens

rien s

Non Expliqu

Non Expliqu

テゥ

テゥ

s

s

Aura

Aura

-

-

t

t

-

-

on le 

on le 

mテェme

mテェme

impact 

impact 

si

si

la question 

la question 

ツォ

ツォ

que pensez

que pensez

-

-

vous des OVNI

vous des OVNI

?

?

ツサ

ツサ

Objets

Objets

Volants

Volants

Non Identifi

Non Identifi

テゥ

テゥ

s

s

 

Figure 52 : diapositives illustrant le principe ツォ Les mots sont importants ツサ (Cours Zテゥtテゥtique & approche 

scientifique du 窶湾aranormal窶, cours Nツー3) 

窶「

 

Oncologie 

Autre exemple, l窶冩ncologie, qui a euphテゥmisテゥ la sinistre cancテゥrologie. Certaines maladies portent 
une telle charge affective que des euphテゥmismes se crテゥent : 

malaria

 est plus effrayant que 

paludisme

phtisie

 plus que 

tuberculose

. Dans les cas de cancer ou de SIDA, une forme de pensテゥe magique se 

crテゥe au point de parfois ne plus vouloir prononcer le terme : on voit alors dans les annonces 
nテゥcrologiques fleurir spテゥcifiant ツォ 

dテゥcティs des suites d窶冰ne longue maladie

 ツサ. En Guinテゥe maritime, 

quelqu窶冰n dテゥcテゥdテゥ du SIDA est dテゥclarテゥ ツォ mort de maladie ツサ, tout simplement 窶 ce qui rend 
d窶兮utant plus aisテゥ la tテ「che des guテゥrisseurs auto-proclamテゥs du SIDA sur place, comme 
Mohammed Tahirou Barry

158

窶「

 

Freud, Einstein 

                                                 

158

 Sur cette affaire, lire les テゥchos de la Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー26, 13 aoテサt 2007 :  

http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=32

  

background image

 

 

 

 

 

166

L窶冓nvocation de noms trティs chargテゥs affectivement, comme Einstein ou Freud, relティve de ce registre, 
mais nous les classons dans l窶

argument d窶兮utoritテゥ

 (voir 4.3.2) et l窶

accentuation iconique

 (voir 4.2.6.3) 窶 

lorsque le simple visage du personnage suffit テ accrテゥditer le propos. Nous avons dテゥcidテゥ de ne pas 
les approfondir ici, l窶兮ccentuation imaginaire テゥtant directement corrテゥlテゥe テ l窶兮rgument d窶兮utoritテゥ 
qu窶册lle tisse. Citons simplement pour mテゥmoire que sa seule invocation est un gage de 
(pseudo)scientificitテゥ mテェme en politique, lorsqu窶冩n lit par exemple trティs rテゥcemment dans 

le 

Monde 

(24 aoテサt 2007) des analogies qui ferait rテ「ler Freud lui-mテェme dans sa tombe.  

ツォ C'est une des strates de lecture des attentats du 11 septembre 2001 qui ont animテゥ les 
pages Dテゥbats du 

Monde

. Certains auteurs ont pris des prテゥcautions infinies pour ne pas 

tomber sous le reproche d'envenimer le choc des civilisations et pour distinguer 
nettement entre les terroristes, les islamistes fondamentalistes et l'ensemble des 
musulmans, des prテゥcautions infinies qui faisaient penser parfois テ la dテゥnテゥgation chez 
Freud. ツサ (Vernet, 

Le Monde

, 24 aoテサt 2007).

 

Nous pourrions presque parler cette fois de 

freudelite

.  

 

4.2.6.2

 

L窶兮ccentuation lapidaire 

Nous entendons par accentuation lapidaire l窶冰tilisation de mots chargテゥs affectivement, comme 
dans l窶兮ccentuation imaginaire, mais dans le but de rテゥsumer une thテゥorie, un fait ou une idテゥe plus 
complexe. C窶册st l窶兮rt du titre caricatural, qui va chercher le lecteur par la main en lui donnant 
l窶冓llusion d窶冰ne connivence, en flattant une idテゥe reテァue, un proverbe, une expression. La gamme est 
immense. Nous n窶兮vons gardテゥ que quatre exemples pris dans des champs diffテゥrents.  

窶「

 

Adieu Lucy 

(figure 53)

 

 

Figure 53 : quels que soient les ツォ bouleversements ツサ de la gテゥnテゥalogie de l窶僣umain, la place du squelette de Lucy 

gardera une place dans l窶凖ゥvolution humaine. 

Adieu Lucy

 est non seulement lapidaire, mais tout simplement faux. 

On notera le visage tragique que l窶冩n prテェte テ Lucy (accentuation iconique). Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ. 

 

窶「

 

Sleep less, Live longer 

Le 15 fテゥvrier 2002, Kripke 

& al.

 publient dans 

Archives of General Psychiatry

, une テゥtude de 6 ans sur 

1,1 million d窶兮mテゥricains et la corrテゥlation entre leur sommeil et leur mortalitテゥ. La conclusion en est 
que les ツォ gros ツサ dormeurs (8 heures et plus de sommeil par nuit) ainsi que ceux qui dorment 
moins de 4 h par nuit auraient un ratio de mortalitテゥ plus テゥlevテゥ de 15 % dans les 6 annテゥes suivant 
l窶凖ゥtude. Les auteurs de cette テゥtude n窶兮vancent aucune raison explicative, mais Kripke annonce que 
"

individuals who now average 6.5 hours of sleep a night, can be reassured that this is a safe amount of sleep. From 

a health standpoint, there is no reason to sleep longer

."  

background image

 

 

 

 

 

167

Nous avons, dans une テゥtude pour le laboratoire HP2, テゥmis un certain nombre de critiques (figure 
54). 

 

Figure 54 : extrait de

 

Petite revue non exhaustive des misconceptions et idテゥes reテァues en hygiティne 

du sommeil

,

 

travail pour le laboratoire HP2, non publiテゥ.

 

窶「

 

Le temps n窶册xiste pas 

Exemple trivial mais qui dテゥtend le lecteur et ne manquera pas de faire sourire : ツォ 

Le temps n窶册xiste 

pas

 ツサ (figure 55), sur fond de tourbillon, avec une introduction : ツォ 

Une expテゥrience quantique le prouve

 ツサ.  

 

a) 

Etablir une corrテゥlation entre la mortalitテゥ et le temps de sommeil est un fait. Tirer une causalitテゥ lテ oテケ il serait 

prテゥfテゥrable d窶冓nfテゥrer une relation plus ou moins directe est un ツォ effet cigogne ツサ  

b) 

Le soupテァon d窶冰ne corrテゥlation simple vient des multiples explications possibles de la mortalitテゥ des patients. 

Quelques exemples : des ouvriers travaillant テゥnormテゥment, contraints テ dormir peu, rentrent dans la statistique, mais 
leur mortalitテゥ peut テェtre en partie expliquテゥe par des conditions de travail pテゥnibles ; de mテェme, les personnes alitテゥes et 

les comateux biaisent la statistique. Tamakoshi, Ohno 

& al.

 ont d窶兮illeurs, dans une recherche complテゥmentaire 

rテゥcente, テゥliminテゥ les malades en phase terminale ainsi que les patients テ hauts risques de mortalitテゥ (テゥpisodes 

cardiaques, problティmes psychologiques etc.)  

c) 

La causalitテゥ prテゥtendue pourrait テェtre tout aussi bien inversテゥe : en effet, cette テゥtude pourrait signifier qu窶冰n 

caractティre apnテゥique ou qu窶冰ne mauvaise santテゥ (テ laquelle incomberait plus directement la mortalitテゥ) provoque un 
besoin de sommeil plus grand. La zテゥtテゥtique prテゥvoit ce genre de biais causal inversテゥ sous le nom d窶册ffet Lotus . 

d) 

A la question du nombre d窶冑eures de sommeil, il ne serait pas surprenant que les sujets aient tendance テ 

relater les heures passテゥes au lit, ce qui fait une diffテゥrence notable. 

e) 

Kripke tombe dans le [sophisme] テゥcologique (窶ヲ) : il est risquテゥ de transposer テ l窶冓ndividu ce qui relティve d窶冰ne 

moyenne de nombreux cas.  

 

Que Kripke et ses collティgues aient orchestrテゥ eux-mテェmes le flot mテゥdiatique est tout sauf certain. Mais la consテゥquence 

fut immテゥdiate : dティs la parution de l窶凖ゥtude, les journaux s窶册mpressティrent de la relater sous la formule lapidaire ツォ 

Sleep 

less, Live longer

 ツサ, qui travestit de faテァon dramatique la portテゥe des travaux mais qui la rend appropriable par les mテゥdias. 

La formule fit donc le tour du monde, du Shangai Star au Tribune India , en passant par le Washington Post , le 
Daily News et jusqu窶兮u magazine Nature. Mテェme le site de l窶儷niversitテゥ de San Diego titre de la mテェme faテァon - 

moyennant un point d窶冓nterrogation. En France, depuis les Forums 

Doctissimo

 , mais aussi Msn, NRJ Antilles et ce 

jusqu窶凖 France 3 sous le titre sテゥduisant ツォ Dormez moins et vivez longtemps ツサ . On trouve par exemple des choses 

comme ツォ le sommeil qui tue ツサ dans Jeune Afrique le 4 mars 2002. 

Cette formule, issue de la transposition mテゥdiatique de l窶凖ゥtude de Kripke 

& al. 

perd une bonne part de l窶冓nformation 

en jeu et en devient du coup dangereuse : テ supposer que la corrテゥlation mortalitテゥ 窶 sommeil soit directe, que les 
heures de sommeil soient seules gages de sa qualitテゥ et que la conclusion soit transposable aux individus, prテゥtendre 

que dormir moins fait vivre plus est faux : c窶册st dormir moins [que 8 heures, mais pas moins que 6h30, pic de l窶凖ゥtude] 
qui est corrテゥlテゥ, et simplement corrテゥlテゥ au fait de vivre plus.

 ツサ

  

background image

 

 

 

 

 

168

Figure 55 : Le temps n窶册xiste pas ! Des physiciens sont parvenus テ l窶兮rrテェter, S&V Janvier 2003 

Un ナ妬l averti remarquera cette technique d窶兮maigrissement de la prテゥtention que nous avons 
dテゥcrite comme ツォ technique de la peau de chagrin ツサ (voir 4.4.3.13). Entre ツォ 

Le temps n窶册xiste pas

 ツサ et 

le sous-titre ツォ 

Des physiciens sont parvenus テ l窶兮rrテェter

 ツサ, non seulement la prテゥtention a fondu, mais la 

science est bien malmenテゥe (テ commencer par la question triviale : comment arrテェter le temps s窶冓l 
n窶册xiste pas ?). 
 

窶「

 

La pensテゥe (de Sciences & Avenir) est limitテゥe 

La revue 

S&Av Hors Sテゥrie

 propose un condensテゥ calamiteux des grandes idテゥes du siティcle, en 

ツォ hijackant ツサ un bon nombre d窶兮utoritテゥs (figure 56). Nous ne dテゥtaillerons pas chacune de ces 
phrases, mais il suffit de lire l窶卩砥vre de Lorenz rテゥsumテゥe par 

ツォ le futur est imprテゥvisibile

 ツサ  pour 

comprendre le succティs moderne des mancies, et de lire le ツォ 

tout est relatif

 ツサ totalement vide de sens 

qu窶僞instein n窶兮 certainement jamais dit ou encore ツォ 

la nature est inconnaissable

 ツサ d窶僣eisenberg pour 

ne plus rien comprendre du tout. 

   

 

Figure 56 : les grandes idテゥes du siティcle, telles que comprises par S&Av. 

 

4.2.6.3

 

Accentuation iconique 窶 images, caractティres, icテエnes  

Cette accentuation est un cas particulier de la prテゥcテゥdente. Il s窶兮git cette fois de miser sur 
l窶兮ccompagnement d窶冰ne image ou d窶冰n personnage pour y greffer un cachet, souvent autoritaire 
窶田omme nous l窶兮vons entraperテァu avec Freud et Einstein, plus haut) 
L窶冓mage prテゥsentテゥe prテゥcテゥdemment de la couverture ツォ 

Ovnis, pourquoi la science s窶凉 intテゥresse enfin 

ツサ 

(figure 57(b)) est un exemple flagrant d窶冰tilisation d窶冰ne accentuation par l窶冓mage, avec cette 
soucoupe collant aux reprテゥsentations courantes sur les OVNI-ET. 
 

background image

 

 

 

 

 

169

 

           

 

 

Figures 57 : deux accentuations iconiques intテゥressantes sur un plan pテゥdagogique  

 (a)

 

une figuration fausse et cosmogonique d窶冰n trou noir ;  

(b) : une figuration d窶冰ne soucoupe volante en guise d窶冩bjet volant non identifiテゥ 

 
La page 7 de 

S&V

 de janvier 2004, outre l窶兮nthropomorphisme flagrant, propose une image 

fallacieuse (celle d窶冰n trou noir, ce qui est difficile / rayonnements Infrarouges reprテゥsentテゥs ici de 
faテァon trティs fantaisiste) mais trティs sテゥduisante (figure 58). Le graphisme des revues scientifiques a des 
codes. Lorsqu窶冓l s窶兮git d窶册xprimer un ツォ espace vide tumultueux ツサ, on opte pour cette marテゥe rouge. 
Ci-contre, elle exprime l窶 ツォ テゥnergie sombre ツサ 窶 qui en tout テゥtat de cause, est aux portes de notre 
galaxie 窶 voir page suivante, et reprテゥsente une ツォ menace fantテエme ツサ ! (Voir 4.4.3.1 

scテゥnario alerte

). 

Voici encore quelques exemples, cette fois axテゥs sur le grossissement de certains mots sur les 
couvertures de revues. Il s窶兮git des 

S&V

 de Juillet 2003, de Fテゥvrier 2005, d窶兮oテサt 2002 et de 

S&Av

 de 1999. 

 

background image

 

 

 

 

 

170

 

Figure 58 : image n窶冓llustrant窶ヲrien, S&V

 

en Juillet 2003.  

 

 

 

 

 

 

 

 

(a) Cannibale 

(b) Dieu 

(c) Dieu  

(d) Ovnis    (e) Conscience 

Figures 59 : autant de mots-clテゥs テゥpaissis pour une stimulation iconique trテゥpidante (on notera au passage les types 

d窶冓llustrations les accompagnant)

 
On s窶册n rend compte qu窶册n petit format, un mot ressort pour chaque couverture (figures 59 a, b, 
c, d & e). 

-

 

Insectes

, pour l窶冰n, mot trティs chargテゥ affectivement, dont l窶册ffet de peur est accentuテゥ par le 

sous-titre ツォ pourquoi ils vont conquテゥrir le monde ツサ, et jouxtant une fourmi en gros plan 
avanテァant vers la lumiティre 窶 et potentiellement vers votre jardin. 

-

 

Cannibale

 pour le deuxiティme, avec un arriティre窶吐ond vortical apocalyptique bordテゥ d窶冰ne 

marテゥe rouge, d窶冰ne mouture trティs proche de l窶册xemple de la page prテゥcテゥdente (ou cette 
fois, c窶凖ゥtait un 

trou noir

, et non 

notre galaxie

, qui テゥtait diabolisテゥ)  

-

 

Dieu

 pour le troisiティme et le quatriティme, avec des allテゥgories de Dieu (Ciel et lumiティre pour 

l窶冰n et 

Crテゥation d窶僊dam

 revisitテゥe de Michel Angelo) trティs europテゥennes.  

-

 

Ovnis

 et 

Conscience

 pour les deux derniers. 

 

background image

 

 

 

 

 

171

Le risque rテゥside dans le fait que la proposition suggティre autre chose que ce dont il est traitテゥ : en 
vulgarisation, on retrouve ce type de pratique pour achalander le lecteur potentiel et crテゥer un 

effet 

d窶兮nnonce artificiel

, quitte テ le dテゥcevoir ou テ lui offrir une version travestie du savoir exposテゥ. Si la 

premiティre couverture, exemple d窶兮ppel テ la peur ne corrompt pas la thティse prテゥsentテゥe テ l窶冓ntテゥrieur 窶 
malgrテゥ un splendide effet peau de chagrin (voir 4.4.3.13), la deuxiティme joue, par un 
anthropomorphisme dテゥlirant, sur des notions (le cannibalisme chez les galaxies) qui n窶册xistent 
pas. La troisiティme et la quatriティme (et de nombreuses autres) mettent en avant un terme (Dieu) qui 
est テゥtranger au champ de la science en tant que tel et flatte un concordisme pourtant 
irrテゥductiblement antagoniste (voir 4.4.4.1 

Concordisme et Overlapping Magisteria

). 

Il peut テゥgalement s窶兮gir de personnages connus du grand public 窶 et l窶兮nalyse des composants 
sociologiques qui crテゥe le plテゥbiscite sur la personne est tout テ fait intテゥressant dans un cours 
d窶册sprit critique. Parmi ces nombreuses figures, citons :  

窶「

 

Einstein 

L窶冓cテエne scientifique majeure est Einstein. Son image se suffit tellement テ elle-mテェme pour incarner 
le mythe du gテゥnie et l窶兮utoritテゥ qu窶册lle permet parfois テ certains maquettistes de ne placer que sa 
photo, voir qu窶冰ne de ses mティches ! Ainsi en couverture du 

Times

, le 3 janvier 2000 (テ gauche) ou 

sur le livre de S.I. Rispens, 

Einstein Im Nederlands

 (テ droite) (figures 60 a, b, c, d, e & f). 

       

      

 

(a) Times, 3 janvier 2000           (b) Ouvrage de S. I. Rispens   (c) Ciel & Espace HS 

  

  

 

 

(d) Ciel & Espace HS  

(e) Physics World 

(f) 

S&V

 

Figures 60 : Utilisation de l窶冓cテエne d窶僞instein de sa langue ou de sa mティche) en couverture de diffテゥrents magazines 

et ouvrages scientifiques.  

background image

 

 

 

 

 

172

 
Nos enfants ont テゥgalement assistテゥ テ un extraordinaire exemple d窶冰tilisation de la multiacception 
du terme ツォ rテゥvolution ツサ dans la couverture de 

S&V

 Junior HS Nツー59 (figure 61) avec un choix 

pictural dテゥvoyant complティtement la notion 

kuhnienne

 窶 dテゥjテ discutable 窶 de 

rテゥvolution

 scientifique 

en un mauvais effet paillasson. 

 

 

Figure 61 : Couverture de S&V

 Junior

 HS Nツー59 reprenant テゥgalement la figure d窶僞instein.  

Il est relativement simple de montrer aux テゥtudiants combien le recours テ une telle icテエne permet 
les titres les plus pテゥremptoires. 

 

 

窶「

 

Autres icテエnes ツォ momifiテゥes ツサ  

Parmi les personnages dテゥsormais entrテゥs dans l窶僣istoire, il y a

 Isaac Newton 

bien sテサr, bien qu窶冓l 

ne paraisse pas trティs pratique テ simple but illustratif, sans photographie

159

. Il est trティs souvent 

invoquテゥ pour orchestrer une rテゥconciliation science 窶 alchimie, et pour incarner l窶冓dテゥe du gテゥnie 
qui frappe comme la foudre (la pomme de Newton, pourtant fait probablement lテゥgendaire, テゥtant 
l窶兮rchテゥtype des 

Baignoires d窶僊rchimティde

 au sens d窶儖rtoli et Witomski, 

ouv.citテゥ

) (figure 62). 

 

Figure 62 : variations テ l窶冓nfini sur le thティme de Newton et de sa pomme chez le dessinateur Gotlib (2003) 

Renテゥ Descartes 

est aussi rテゥguliティrement secouテゥ comme テゥpouvantail rationaliste, garant d窶冰n 

cartテゥsianisme dit 

テ la franテァaise 

(voir 4.3.2.21 

L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise

) qu窶冓l faudrait peut テェtre 

                                                 

159

 Le dessinateur Gotlib a remテゥdiテゥ au problティme en le dessinant dans ses 

Rubriques テ Brac

background image

 

 

 

 

 

173

revoir テ l窶兮une de certaines des bテェtises qu窶冓l a profテゥrテゥes

du scテゥnario ツォ dテゥboulonnage d窶冓dole ツサ (voir 4.4.3.11 

Autres scテゥnarios...

) (figure 63).  

 

 

Figure 63 : Article publiテゥ dans S&Av en janvier 2000. Faut-il brテサler Descartes, ou les choix maquettistes de 

la revue ? 

 
On retrouve aussi 

Galilテゥe

, gテゥnテゥralement sur la scテゥnarisation fausse du martyr de la science, lテ oテケ 

il ne fut ni martyr, ni de la science (ressort parfois l窶册xpテゥrience de la Tour de Pise, qu窶冓l n窶兮 pas 
menテゥe). 
Mais derriティre Einstein, la deuxiティme figure majeure est 

Freud

. Si l窶冓mportance sociale des idテゥes de 

Freud est sans conteste, la scientificitテゥ de sa doctrine, la psychanalyse, est plus que controversテゥ, et 
se calque テ un bon nombre des critティres de pseudoscientificitテゥ que nous avons dテゥnombrテゥ (figures 
64, 65 & 66). 
 

 

Figure 64 : Couverture de S&Av Juillet 2001. L窶僣ypothティse de l窶冓nconscient, prテゥcテゥdテゥ en plus petits caractティres de 

ツォ la psychanalyse est-elle une science ? ツサ 窶 cette hypothティse est pratiquement intestable, et ressemble テ une hypothティse 

ad hoc immatテゥrielle.  

                                                 

160

 On se documentera de maniティre profitable chez le trティs accessible Lentin (1979), avec certaines rテゥserves dues aux 

habitudes de l窶兮uteur (

Nouvelles Clテゥs

, notamment). 

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174

 

Figure 65 : Magazine Littテゥraire, janvier 2006 : l窶冓conographie sert fortement la psychanalyse et donne l窶冓mage 

trompeuse d窶冰ne テゥpidテゥmiologie mondiale de la psychanalyse 窶 ce qui est faux, les deux derniers bastions de ce 

champ thテゥorique dテゥliquescent テゥtant la France et l窶僊rgentine.  

 

  

  

  

 

(a) SPS (b) Sciences Humaines HS Nツー30 (c) S&V juin 1995) (d) affiche de l窶儖Z 

Figure 66 : Diffテゥrentes couvertures de magazines mettant en scティne Freud.  

 
Il est donc aussi inquiテゥtant qu窶兮musant de voir que l窶冓cテエne majeure des sciences humaines est 
l窶冓ncarnation d窶冰ne thテゥorie stagnante et essentiellement non-scientifique. Ses yeux suffisent, 
comme dans le 

Sciences Humaines

 HS Nツー30 de dテゥcembre 2000 (figure 66b). Trティs rares sont les 

articles ou les テゥmissions qui peuvent se permettre d窶凖ェtre critiques envers Freud, au risque de voir 
d窶冓nfluents テゥpistテゥmologues de la psychanalyse comme E. Roudinesco opテゥrer de violentes 

reductio 

ad hitlerum

 sur les contradicteurs (voir 4.4.5.2 

Reductio ad hitlerum

). Les rares occasions critiques 

misent aussi sur l窶冓cテエne Freud, comme ce numテゥro de 

SPS

 (figure 66a) ou l窶兮ffiche de la 

confテゥrence de Van Rillテヲr concoctテゥe par l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique 窶 dont nous fテサmes partie 
prenante (figure 66d).  
Habilement, quelques numテゥros optent le scテゥnario ツォ 

Freud avait raison

 ツサ, tranchant avec le silence 

qu窶冓l put y avoir auparavant sur les critiques (Figure 67c). Le sous-titre ajoute : ツォ 

Des expテゥriences le 

prouvent 

ツサ, ce qui donne au lecteur 

lambda

 une illusion de tradition expテゥrimentale qui n窶兮 jamais 

existテゥ que de maniティre bricolテゥe dans la discipline. La stratテゥgie est simple et digne de l窶兮utruche : ne 
parler de ce qui coince que lorsqu窶冩n pense le problティme rテゥglテゥ (

S&V

, juin 1995) L窶凖ゥpistテゥmologie 

est un peu malmenテゥe. 

background image

 

 

 

 

 

175

 
Voici quelques exemples d窶冓cテエnes vivantes de la science, en France (figures 67 a, b, c, d, e & f).  

  

  

 

 

(a) S. Hawking 

(b) H. Reeves 

(c) T. X. Thuan 

  

  

 

 

(d) Y. Coppens 

(e) N. Hulot 

(f) J.-M. Pelt 

Figures 67 : Personnages, icテエnes de la science en France.  

(Figure 67a) Stephen Hawking, que nous retrouverons dans la scテゥnarisation du gテゥnie

 

(voir 4.4 

Ips 

de type III

) ; (figure 67d) Yves Coppens, qui ツォ incarne ツサ Lucy en France alors qu窶冓l ne fut que co-

dテゥcouvreur 窶 occasion de pointer un chauvinisme quasi-sportif (figure 67b) Hubert Reeves, 
(figure 67e) Nicolas Hulot, (figure 67f) Jean-Marie Pelt, テ propos desquels nous parlerons plus 
loin de Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias, et (figure 67c) Trinh Xuan Thuan, qui reprテゥsente 
le mariage concordiste UIPien Science-religion orientale. 
Nous retrouvons par exemple Coppens ツォ mis en scティne ツサ comme l窶冰n des angles de l窶僣umanitテゥ, 
prティs de miss France et de Honrk (probablement fils de Crao), sur la couverture de 

S&Av

 nツー650 

(figure 67).  

 

background image

 

 

 

 

 

176

Figure 68 : Couverture de S&Av nツー650 mettant en scティne Yves Coppens.  

 

Derniティre technique d窶兮ccentuation iconique, 

le matraquage d窶冓mage.

 Outre Reeves et Xuan Thuan, 

champions incontestables, voici un exemple qui n窶兮 dテゥquivalent que dans les complaisances de la 
presse quotidienne rテゥgionale vis-テ-vis des テゥdiles locaux.  
Dans le numテゥro HS Ciel & Espace, Jean Seidengart, professeur de philosophie, se voit reproduit 
quatre fois en cinq pages 窶 trois fois un quart de la page 窶 dont une dans une posture 
テゥquilibriste, ainsi qu窶冰ne pleine page sur son visage les yeux vers le ciel (figure 69). Il est permis de 
se demander le sens que souhaite fabriquer la revue autour de cette icテエne quasi-messianique. 

 

Figure 69 : matraquage de Seidengart, dans Ciel & Espace, HS, octobre 2006 

 

4.2.6.4

 

Accentuation linguistique : faux dilemme, plurium interrogationum窶ヲ 

Nous avons hテゥsitテゥ テ prテゥsenter une catテゥgorie ツォ accentuation linguistique ツサ, car il nous semblait 
difficile de regrouper sous un mテェme chapeau des procテゥdテゥs divers. Nテゥanmoins, la stratテゥgie est 
souvent la mテェme, alors nous prenons le risque de dテゥsigner ainsi les cas oテケ la forme de la question, 
l窶兮jout de certains adverbes ou certaines formes passives, ou le simple ajout d窶冰n adverbe ou mot 
grossi dans le titre confティrent テ la phrase un sens plus fermテゥ, et donc manipule la comprテゥhension.  
L窶册xemple du capitaine sobre est le plus connu : ツォ 

Le capitaine テゥtait sobre 

aujourd窶冑ui

 

ツサ signifie, par 

une emphase, que le capitaine est coutumiティrement ivre.  
Dans les revues, nous avons croisテゥ des exemples de ce genre :  

-

 

l窶冑omテゥopathie est 

bien

 un placebo

 (sous entendu il ne l窶凖ゥtait peut テェtre pas), JT 

France 2

 20h, 

aoテサt 2005 

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177

-

 

Big bang

, il n窶兮 

peut テェtre

 jamais eu lieu

S&V

 1063, avril 2006. (voir 4.4.3.12 

Technique de 

la peau de chagrin

-

 

le gテゥnome 

enfin

 dテゥcryptテゥ, 

donne l窶冓llusion d窶冰ne attente fテゥbrile et populaire. 

Lorsque le titre est une question ambiguテォ, on parle de 

Plurium Interrogationum

, dont l窶冰ne des 

consテゥquences ou des sources est bien souvent le 

faux dilemme

Le faux dilemme, que l窶冩n appelle aussi fausse dichotomie est un raisonnement fallacieux 
consistant テ prテゥsenter deux conclusions テ un problティme donnテゥ, comme si elles テゥtaient les deux 
seules options テ ce problティme. L'erreur ou la manipulation se situe dans une mise en contradiction 
factice des alternatives qui n'a pas lieu d'テェtre. Lorsque le faux dilemme n'est pas repテゥrテゥ, le piティge se 
referme alors avec la maniティre de sテゥlectionner l'une des deux alternatives. 
Exemple trivial de 

plurium interrogationum

 : 

ツォ Avez-vous arrテェtテゥ de frapper votre femme ? ツサ

Si vous n'avez pas d'テゥpouse, ou que vous ne l'avez jamais frappテゥe, la rテゥponse ツォ oui ツサ est erronテゥe 
car elle implique que vous avez une femme et que vous aviez l'habitude de la frapper. La rテゥponse 
ツォ non ツサ est pire car elle sous entend que vous avez une femme et que vous continuez テ la frapper.  
 
En voici quelques formes.  

窶「

 

Les phrases interro-nテゥgatives 

Toute la gamme des phrases interro-nテゥgatives, notamment du type ツォ 

vous n窶兮llez tout de mテェme pas me 

dire que窶ヲ 

ツサ est propice テ analyse

161

.

 

La planティte est-elle 

vraiment

 

malade

 ?  demande 

S&V

 

spテゥcial Terre

 de septembre 2002 (figure 71). 

Cette question est un 

faux dilemme

, puisque non seulement elle nous fige une question dont la 

forme est ツォ fermテゥe ツサ, mais cette question n窶兮 que deux rテゥponses possibles : oui ou non. 
Seulement, il y aurait moyen d窶凖ェtre critique, d窶兮bord sur l窶兮nthropomorphisation de la planティte, 
thティme rテゥcurrent du Nouvel テHe et des scテゥnarios de vulgarisation scientifique ; mais aussi sur la 
rテゥduction de la planティte テ une entitテゥ, prテゥsument d窶冰n テゥquilibre interne qui est idテゥalisテゥ (テ raison 
pour un but テゥcologique politique 窶 un peu moins au strict sens scientifique). En bref, la question 
est mal posテゥe, et flatte une posture philosophique populiste. 

 

Figure 70 : Exemple de 

Plurium interrogationum

 dans la couverture de S&V, spテゥcial Terre, septembre 

2002. 

 

                                                 

161

 Un des champions de cette technique insidieuse est Daniel Schneidermann, l窶兮nimateur de l窶凖ゥmission simili-

critique de France 5 Arrテェt Sur Image. Voir par exemple celle portant sur 

Clearstream

, avec Denis Robert pour invitテゥ. 7 

mai 2006, France 5. 

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178

Faux dilemme encore sur ツォ 

Le hasard est-il 

vraiment

 le maテョtre du monde ?

 ツサ dans 

Science &Vie

 d窶兮vril 

2001 (figure 71). Projection de lumiティre, dテゥs reprテゥsentant le hasard, si la rテゥfテゥrence テ la cテゥlティbre 
phrase trティs souvent dテゥtournテゥe ツォ 

Dieu ne joue pas aux dテゥs

 ツサ  d窶Einstein

162

 n窶册st pas voulu, elle la 

rappelle テゥtrangement. En toute rigueur, la rテゥponse adテゥquate est la rテゥponse ツォ 

mu

 ツサ. 

 

 

Figure 71 : faux dilemme et 

plurium interrogationum

 dans S&V avril 2001 

En travaux dirigテゥs, nous utilisons prテゥfテゥrentiellement cet exemple-ci, qui recティle d窶冰n certain 
nombre d窶兮ccentuations intテゥressantes, au service d窶冰ne lecture mテゥtaphysique de l窶冰nivers. 
 

 

Figure 72 : Einstein et le 

big bang

, on connaテョt enfin le destin de l窶儷nivers, S&V de mars 1999.  

 
La couverture de 

S&V

 de mars 1999 est construite savamment (figure 72) : Einstein comme 

effet impact, 

Big bang

 comme accentuation imaginaire, le visage du savant comme accentuation 

iconique, le 

enfin 

comme stimulation de l窶兮ttente populaire et crテゥation de l窶凖ゥvテゥnement: la 

construction est suffisamment aguicheuse pour glisser un sous-titre trティs problテゥmatique 
entremテェlant destin 窶 notion non scientifique mais tテゥlテゥologique 窶 et univers.  
Nous aimerions que nos craintes ne soient pas justifiテゥes, et pourtant : nous avons repテゥrテゥ ce titre 
recommandテゥ dans la sテゥlection documentaire 

Ciel & Espace

 du Centre de Recherche 

Documentaire et Pテゥdagogique (CRDP) juste テ cテエtテゥ du livre du membre de l窶儷IP T. Xuan Thuan, 

                                                 

162

 Cette expression aurait テゥtテゥ dite par Einstein lors du congrティs Solvay, en 1927 : ツォ 

Gott wテシrfelt nicht

 ツサ. La phrase a テゥtテゥ 

consacrテゥ ensuite en livre par Laborit, 

Dieu ne joue pas aux dテゥs

, 1987. 

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179

Le Chaos et l'harmonie

163

. Nous avons de bonnes raisons de croire que nombre d窶册nseignants ne 

savent pas se prテゥmunir de ce genre d窶冓ntrusion spiritualiste, surtout si cette intrusion prend des 
formes similaires aux couvertures des revues les plus 

grand public

 

窶「

 

L窶兮mphibole 

L窶兮mphibole, rare, dテゥsigne les cas oテケ c窶册st l窶凖ゥnoncテゥ lui-mテェme qui mティne テ plusieurs interprテゥtations. 
Baillargeon (

ouv.citテゥ

, p. 36) donne des exemples tirテゥs des petites annonces :  

 

Chien テ donner. Mange de tout et adore les enfants 

 

Armoire pour dames aux pattes courbテゥes 

 

En voici quelques autres, tirテゥs de la publicitテゥ :  

Customers who think our waiters are rude should see the manager

Try our hot pies. You'll never get better! 
Don't let worry kill you off - let the Church help. 

Et M. Vos Savant donne l窶册xemple dテゥsopilant :  

The anthropologists went to a remote area and took photographs of some native women, but they weren窶冲 
developed 

(Vos Savant 1996, p. 76) 

 
Les amphibologies paraissent テゥloignテゥes de toute volontテゥ de manipulation de l窶冓nformation 
dテゥlivrテゥe. Deux exemples en montrent les risques :  

窶「

 

Exemple de Crテゥsus et La Pythie  

Baillargeon rapporte cet テゥcrit d窶僣テゥrodote dans lequel le roi Crテゥsus, consultant l窶儖racle de 
Delphes avant une guerre contre les Perses, de l窶兮utre cテエtテゥ du fleuve Halys, reテァoit cette 
prテゥdiction :  

ツォ Si Crテゥsus travers l窶僣alys, il dテゥtruira un empire ツサ 

Crテゥsus partit donc en guerre, et perdit. Fait prisonnier, il envoya des messagers se plaindre テ 
l窶儖racle, qui lui fit cette rテゥponse :  

ツォ Crテゥsus rテゥcrimine sans raison. 

Loxias

 lui prテゥdisait que, s窶冓l entrait en guerre contre les 

Perses il dテゥtruirait un grand empire. En face de cette rテゥponse il aurait dテサ envoyer demander 
au dieu de quel empire il parlait, du sien ou de celui de Cyrus. Il n窶兮 pas compris ce qu窶冩n 
lui avait dit, il n窶兮 pas interrogテゥ de nouveau : qu窶冓l s窶册n fasse grief テ lui-mテェme. ツサ

 164

 

 

窶「

 

Teissier et le 11 septembre 

Sommes-nous loin de la prテゥdiction d窶僞. Teissier le jour du 11 septembre 2001, テゥcrivant dans 

Votre Horoscope 2001

, テ la rubrique "Prテゥvisions mondiales" :  

ツォ "Voyage, transports" : le 11 septembre est un jour positif ("jour lumiティre"). ツサ 

Devant l窶冓nterrogation sur le plateau de l窶凖ゥmission 

Tout le monde en parle

 sur France 2, le 10 

                                                 

163

 Xuan Thuan, 

Le Chaos et l'harmonie, la fabrication du Rテゥel

 (2000) :  

http://www.cndp.fr/secondaire/tpe/selecdoc/thema/espace/espace5.htm

  

164

 Hテゥrodote, 

Histoires I

, 91, rapportテゥ par Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, p.37. Loxias (ツォ l窶冩blique ツサ) dテゥsigne Apollon. 

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180

novembre, l窶兮strologue rテゥpondit :  

ツォ Le 11 septembre est un jour positif pour les transports car la trティs large majoritテゥ des personnes voyageant 
sont arrivテゥes テ bon port. ツサ

 

165

 

Amphibologie, donc, mais aussi effet bi-standard (voir Annexe

 窶 Fiche pテゥdagogique Nツー5 Les 

psychomテゥdecines, encart E

). Nous retrouverons un autre aspect de ces accentuations dans 4.2.8, 

les 

mots-fouines

 

4.2.6.5

 

Outils Z : technique Mu, et 

compテゥtitif

 

Trティs succinctement, deux outils peuvent テェtre facilement utilisテゥs テ profit pour les テゥtudiants dans 
certains cas d窶兮ccentuation.  
 

窶「

 

La technique Mu 

Cette technique consiste, face テ de faux dilemmes, des questions doxiques et des 

plurium 

interrogationum

, テ refuser l窶冑ameテァonnage et テ dテゥnoncer la question. Une recommandation du 

moine unshen est de dテゥclarer ツォ 

Mu

 ツサ, en rテゥfテゥrence au maテョtre zen Zhテozh

u C

ngsh

n, qui au IXe 

siティcle rテゥtorquait cela aux questions qui lui paraissaient ne pas avoir de sens

166

 窶 

Mu

 signifiant 

pour nous ツォ 

On ne peut correctement rテゥpondre テ votre question car elle se fonde sur des prテゥdicats erronテゥs

 ツサ. 

 

窶「

 

Compテゥtitif n窶册st pas forcテゥment contradictoire 

L窶册xemple de Broch donnテゥ en enseignement est tout テ fait explicite : si deux individus se fテ「chent 
sur la question de savoir si les extraterrestres viennent de Mars ou de Vテゥnus, ce n窶册st pas parce 
que l窶冰n d窶册ux montrera par exemple qu窶冓ls ne viennent pas de Mars qu窶冓l aura forcテゥment montrテゥ 
qu窶冓ls viennent de Vテゥnus. Il se peut qu窶冓ls viennent d窶兮illeurs encore, ne soient jamais venus ou, 
pire, n窶册xistent pas (voir Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 182-182). 

 

4.2.7

 

Distinction Effet puits / effet Barnum 

Une catテゥgorie particuliティre de biais zテゥtテゥtiques se retrouve sous le terme d窶册ffet puits. 
Broch テゥcrit :  

ツォ Plus un discours est ツォ profond ツサ (dans le sens de... creux), plus les auditeurs peuvent se 
reconnaテョtre, et se reconnaテョtre majoritairement, dans ce discours ツサ (

Ibid. 

pp. 194-195). 

L'

effet Puits

, donnテゥ comme テゥquivalent du fameux 

effet Barnum

, offre ainsi une succession de 

phrases creuses qui peuvent テェtre acceptテゥe comme fonciティrement vraies par toute personne car 
cette personne y ajoutera elle-mテェme les circonstances qui, seules, en font des phrases ayant un 
sens. Il y a donc deux choses dans l窶册ffet Puits selon Broch : le caractティre creux, et le caractティre 
appropriable par tous, que nous avons souhaitテゥ sテゥparer.  

                                                 

165

 Rapportテゥ par Prevensectes - 

http://www.prevensectes.com/teissier1.htm

  

166

 テ la question 

Un chien a-t-il l'essence d'un Bouddha ?

 Zhテozh

u C

ngsh

n (en japonais Joshu Jonshin) aurait rテゥpondu 

ツォ Wテコ ツサ (mu en japonais, c窶册st-テ-dire 

rien

). Voir le koan ツォ le chien de Joshu ツサ, dans le recueil

 la barriティre sans porte

, du 

moine Wumen, XIIIe siティcle, reproduit ici : ツォ 

Un moine demanda テ Joshu : Un chien a-t-il la nature de Bouddha ? Mu ! rテゥpondit 

Joshu. 

ツサ Cette rテゥponse a テゥtテゥ reprise par les hackers du groupe canularo-sectaire ツォ discordiste ツサ, dans leur 

jargon

, afin de 

rテゥpondre aux questions trop insidieuses.  

background image

 

 

 

 

 

181

Nous entendrons par 

effet puits

 (ou 

phrase puits

) cette sensation vertigineuse que l窶冓ndividu non 

averti ressentira devant un texte constellテゥe de mots chargテゥs affectivement (Impacts) parfois pris 
dans des sens trティs diffテゥrents de leur sens scientifique (Paillassons), mais dont l窶兮ccumulation 
donne au texte ou au propos une facture soit totalement nテゥbuleuse mais sテゥduisante, soit qui a l窶兮ir 
trティs documentテゥe, trティs ツォ calテゥe ツサ (voir 4.3.2 

Les Arguments d窶兮utoritテゥ

) alors que, pris tronテァon par 

tronテァon, chaque partie n窶兮 pas forcテゥment de sens.  
L窶册ffet puits dテゥsignera la vacuitテゥ, souhaitテゥe ou non, derriティre un discours pompeux saupoudrテゥ de 
mots テ effet impact, sans regard sur l窶兮ction psychologique type 

Barnum

 
 

 

 

 

 

 

 

 

       

 5 

 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

        

 
 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

    

   

 

 

 

 

  

 

 
 
 
 
 

Figure 73 : dissociation des deux aspects de l窶册ffet Puits 

 
Tentons d窶凖ゥclaircir ce schテゥma (figure 73) :  

1.

 

effets impact et paillasson, manque de sテゥrieux et de rigueur langagiティre, nomadisme 
des concepts crテゥent une masse informe de termes non dテゥfinis (paradigme, par 
exemple.) dont le doublon vulgarisテゥ est trティs adaptable テ toute forme de discours.  

2.

 

Certains de ces discours en sont tellement parsemテゥs qu窶冓ls en deviennent profonds au 
sens de creux. On est pris de vertige dans l窶册ffet puits (texte de Lacan, par exemple). 
Ces discours gテゥnティrent plusieurs formes de rテゥactions (voir 3). 

3.

 

Naテョt un sentiment d窶冓nfテゥrioritテゥ, devant un tel テゥtalage de culture et de mots savants. 
Une pseudo-autoritテゥ se crテゥe. 

4.

 

Le dテゥploiement de jargon, s窶冓l est typテゥ Nouvel Age ou caractテゥristique d窶冰n 
mouvement idテゥologique, aggrave le sentiment d窶兮utoritテゥ de l窶凖ゥnonciateur (ex : textes 
de la scientologie, certains textes rose-croix). 

5.

 

Si un individu se crテゥe une rテゥputation au travers de ses textes et valide les critティres 
d窶冓nsertion du champ, l窶冓mposture intellectuelle n窶册st pas loin. 

Cet effet puits n窶册st semble-t-il pas toujours volontaire. Elle semble gテゥnテゥralement テェtre pure 

Effet Puits au sens 

de Broch 

Effet Puits au sens de 

Monvoisin

Effet Barnum 

Impact 

Paillassons 

Impact 

Impact 

Impostures 

intellectuelles 

Nouvel テHe 

Idテゥologies sectaires 

Pseudo-

psychologie 

Pseudo-autoritテゥ 

Prテゥdictions

mancies 

Concepts 
nomades

Dテゥpendance 

affective 

background image

 

 

 

 

 

182

dテゥmarche autoritaire, une poudre aux yeux lancテゥe aux yeux de l窶冓nterlocuteur, mais nous avons 
dテゥjテ rencontrテゥ des formes d窶兮uto-aveuglement : nous connaissons des cas ou l窶兮ccumulation de 
termes abscons prテゥlevテゥs de-ci de-lテ dans une vulgarisation mal comprise noie totalement certains 
esprits, par exemple l窶兮uteur du site 

CASAR

167

Exemples : quelques exemples de phrases puits. Il y a d窶册xcellents spテゥcimens disponibles chez les 
ツォ grands noms ツサ 

窶「

 

Chez Bachelard. 

ツォ Il conviendrait de fonder une ontologie un peu moins テ「prement dialectique que la 
mテゥtaphysique du contradictoire ツサ (Bachelard 1983)

168

.  

窶「

 

Chez Badiou 

Comme nous le dit Bouveresse, une citation tirテゥe d'un livre d'Alain Badiou ne peut que nous 
mener テ la prudence en terme d'analogie car l'usurpation et la tartuferie ne sont jamais loin :  

ツォ La vテゥritテゥ de l'hypothティse du continu ferait loi de ce que l'excティs dans le multiple n'a pas 
d'autres assignations que l'occupation de la place vide, que l'existence de l'inexistant propre 
du multiple initial. Il y aurait cette filiation maintenue de la cohテゥrence, que ce qui excティde 
intテゥrieurement le tout, ne va pas plus loin qu'テ nommer le point limite de ce tout. Mais 
l'hypothティse du continu n'est pas dテゥmontrable. Triomphe mathテゥmaticien de la politique sur 
le rテゥalisme syndical ツサ (Badiou 1982, pp. 282-283). 

窶「

 

Chez Lacan 

ツォ L窶冓nterprテゥtation doit テェtre preste pour satisfaire テ l窶册ntreprテェt. De ce qui perdure de perte pure 
テ ce qui ne parle que du pティre au pire ツサ (Lacan 1974, p. 77) (Figure 74)  

 

Figure 74 : cette phrase est un extrait de Lacan, Tテゥlテゥvision, p. 72, scannテゥ par Liliane Fainsilsber

169

 

                                                 

167

 

http://perso.orange.fr/casar/CASAR.htm

  

168

 Citテゥ de mテゥmoire, tant la phrase テゥtait effrayante. Il faut lui concテゥder un certain sens, rapportテゥ au contexte, dans la 

formation de l窶册sprit scientifique. Mais quelle complexitテゥ !  

169

 Lacan J., Tテゥlテゥvision 

http://perso.orange.fr/liliane.fainsilber/pages/television.htm

  

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183

窶「

 

Textes puits 

Certains textes sont des exercices de style en effet puits. テ tel point que d窶兮ucuns se sont amusテゥs 
テ crテゥer des Gテゥnテゥrateurs Automatiques de Textes, qui sont d窶册xcellents supports pテゥdagogiques, 
comme celui-ci-dessous (figure 75)

170

.  

 

Figure 75 : Gテゥnテゥrateur de texte : on peut fabriquer un discours tout テ fait acceptable en lisant une case de la 

colonne 1, puis n窶冓mporte laquelle de la colonne 2, etc., puis revenir テ la 1. 

 

Un exemple cher テ Broch est celui-ci, crテゥe テ partir du tableau ci-contre :  

ツォ Dティs lors, sachez que je me battrai pour faire admettre que le particularisme dテサ テ notre 
histoire unique doit prendre en compte les prテゥoccupations de la population de base dans 
l'テゥlaboration de solutions rapides correspondant aux grands axes sociaux prioritaires ツサ

171

                                                 

170

 dont une petite liste est recensテゥe ici 

http://www.charabia.net/gen/full-list.php

  

171

 Texte original, テ peine retouchテゥ de J. Poustis, 

la fテゥe l窶兮 dit

, janvier 1998, repris par Broch & Charpak (2002), p. 37. 

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184

Les gテゥnテゥrateurs automatiques d窶 ツォ onanisme littテゥraire ツサ, comme ils sont parfois appelテゥs, sont un 
bon outil de mise en garde contre l窶册ffet puits. Une fiche pテゥdagogique a テゥtテゥ mise au point テ 
destination des collテゥgiens sur ce sujet par la coordination franテァaise pour la 

Dテゥcennie internationale de 

la promotion d'une culture de non-violence et de paix

172

.  

Plus prティs du champ des mancies, le cas de Nostradamus est typique. J. Randi (1982) en a fait une 
analyse radicale, montrant que les textes des 

Centuries

 de Nostradamus permettent toutes les post-

dictions (prテゥdictions aprティs coup), mテェme celles du 11 septembre 2001 qui hテゥlas, ne sont comprises 
qu窶兮prティs coup et qui lui font テゥcrire cette moralitテゥ : ツォ 

Moralitテゥ : utilisez des mots vagues et construisez des 

phrases obscures : il se trouvera toujours quelqu窶冰n pour y lire quelque chose et s窶册xtasier de vos dons

 ツサ. 

 

窶「

 

Puits dans la vulgarisation scientifique  

Les exemples sont certes moins truculents, mais leur vacuitテゥ est du mテェme ordre. 
On lira par exemple dans l窶兮rticle attenant テ cet effet d窶兮nnonce sテゥpulcral ツォ 

Exclusif, le mテゥdicament 

qui stoppe le cance

r ツサ (figure 76) :  

ツォ Mテェme tempテゥrテゥ, l窶册spoir existe raisonnablement. Une denrテゥe

 

qui reste rare dans le 

domaine de l窶冩ncologie, oテケ malheureusement on a perdu l窶冑abitude de croire aux bonnes 
nouvelles窶ヲ ツサ (Figure79). 

       

 

Figure 76 : 

Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer

S&Av

 juillet 1995  

 

窶「

 

Titres-puits 

Nous verrons que dans certaines mises en scティne de l窶冓nformation scientifique, les scテゥnarisations 
choisies, couplテゥes テ des accentuations lapidaires, mティnent テ des titres qui sont de quasi-effets puits. 
Prenons l窶册xemple du scテゥnario dit mystティre. 
Tout rテゥsultat X, quel que soit l窶冓nformation qu窶冓l contient, qu窶冓l porte sur une dテゥcouverte 
gigantesque ou un dテゥtail insignifiant, peut テェtre scテゥnarisテゥ en ツォ mystティre ツサ sous la forme :  

-

 

le mystティre de X 

                                                 

172

 Fiche pテゥdagogique nツー 08 :

 

apprentissage de la communication - Exprimer des messages clairs et prテゥcis, 

Dテゥcennie 

internationale de la promotion d'une culture de non-violence et de paix

 : 

http://www.decennie.org/documents/educ/communicationFP08.pdf

  

 

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185

-

 

X nous livre un de ses mystティres 

-

 

X garde ses mystティres, mais pour combien de temps ? 

-

 

etc. 

Nous appelons テァa la technique du carpaccio (voir 4.4.2.1, 

La technique du 

carpaccio). Les titres et 

les effets d窶兮nnonce gテゥnテゥrテゥs sont aussi clinquants que creux, et quoi que courts,

 

ils frテエlent l窶册ffet 

puits.  
D窶兮utres effets de style type carpaccio se trouvent un peu partout. La mテゥtaphore 

Terra incognita

 

par exemple est un procテゥdテゥ trティs simple : quelle que soit la chose dont puisse parler le rテゥdacteur, il 
est possible d窶凖ゥcrire :

 

ツォ 

Les dテゥveloppements ultテゥrieurs nous permettront d窶册xplorer une nouvelle 

Terra 

incognita

.

 ツサ. 

 

4.2.8

 

Les mots -fouines 

Il est une catテゥgorie de mots pour laquelle nous ne trouvions pas de nom correct. Il s窶兮git de ces 
mots qui par leur seule prテゥsence, vident complティtement de sa substance la phrase qui l窶冑テゥberge. 
C窶册st Baillargeon qui exhume pour nous le concept de mot-fouine, ou 

weasel words 

:  

ツォ Ce charmant animal, la fouine, s窶兮ttaque aux ナ砥fs dans le nid des oiseaux selon une 
mテゥthode trティs particuliティre : elle les perce et les gobe, avant de les laisser lテ. La maman 
oiseau croit apercevoir son ナ砥f : mais ce n窶册st plus qu窶冰ne coquille vidテゥe de son prテゥcieux 
contenu.  
Les mots-fouines font la mテェme chose, mais avec des propositions ツサ (

ouv.citテゥ

, pp. 40-41). 

Et Baillargeon de donner quelques exemples, qu窶冩n retrouve aussi bien dans la publicitテゥ que da la 
vulgarisation scientifique (voir 4.4.3.12 

Technique de la peau de chagrin

, et 4.4.3.13 

Technique de la peau 

d窶冩urs

). 

Un produit 

peut 

produire te ou tel effet. 

Un produit diminue ou augmente telle chose 

jusqu窶凖 tel ou tel niveau. 

Un produit 

aide

 テ窶ヲ 

Un produit 

contribue 

テ窶ヲ 

Un produit est une composante de窶ヲ 
Un produit vous fait sentir 

comme

窶ヲ 

Un produit est 

comme

窶ヲ 

Un produit est 

en quelque sorte

窶ヲ 

Des 

chercheurs

 

affirment que窶ヲ 

Des recherches 

suggティrent

 que窶ヲ 

Des recherches 

tendent 

テ montrer窶ヲ 

On 

prテゥtend que窶ヲ 

Un produit est 

presque窶ヲ 

Comme le suggティre l窶兮uteur, le penseur critique doit savoir repテゥrer de loin ces mots, afin de ne pas 
mテゥsinterprテゥter le message.  
 

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186

4.2.9

 

Origines de ces dテゥvoiements du langage 

L窶册xactitude du vocabulaire en science et l窶冓nexactitude de ses emplois gテゥnティrent plusieurs types de 
dテゥrives. Il n窶册st pas dans notre propos de trancher sur une notion morale comme l窶冑onnテェtetテゥ ou 
la malhonnテェtetテゥ des auteurs crテゥant des Ips lexicaux, mais de permettre テ l窶凖ゥtudiant d窶兮cquテゥrir un 
regard critique sur la formulation des savoirs.  
Les effets 

paillasson

 et 

impact

, dans leur immense variテゥtテゥ, ne proviennent pas tous des mテェmes 

travers de la vulgarisation scientifique. Il nous a semblテゥ sinon nテゥcessaire, du moins intテゥressant, 
d窶册n soulever plusieurs origines, mテェme putatives, afin de susciter l窶册nvie de prendre テ bras le 
corps le problティme テ sa source. Le travail pテゥdagogique est d窶兮utant plus facile テ mener que la 
presse scientifique grand public et le paysage audiovisuel franテァais nous gratifient chaque mois 
d窶冰ne nouvelle cargaison de matテゥriel exploitable. 
 

4.2.9.1

 

L窶冑abitude et le manque d窶冓nventivitテゥ langagiティre 

Il faut admettre que le langage consacrテゥ des acteurs des champs scientifiques テゥvolue lentement ; 
les termes deviennent fort rテゥtifs テ la disparition, parce que consacrテゥs par l窶冰sage, et parce qu窶冓ls 
ont une certaine rテゥsistance テ l窶冓nventivitテゥ. 
Nous nous rangeons cette fois

173

 テ l窶兮vis de Lテゥvy-Leblond pour qui  

ツォ [...] la crテゥation de mots nouveaux est un processus constitutif de la connaissance 
scientifique, qui doit accompagner l窶凖ゥmergence de ses notions neuves. Tel a テゥtテゥ le cas 
pendant presque toute l窶冑istoire de la science, hormis au cours du siティcle finissant, oテケ 
l窶冓nventivitテゥ langagiティre a connu une rテゥgression drastique, tout au moins en physique

 

ツサ. 

(Lテゥvy-Leblond 1993, p. 1134). 

Il poursuit ainsi :  

ツォ Il y a un paradoxe double テ constater que jamais les physiciens n窶冩nt produit autant 
d窶冓dテゥes et crテゥe si peu de mots, et qu窶冓ls ont recouru テ des mots d窶兮utant plus concrets et 
communs que leurs idテゥes テゥtaient plus テゥsotテゥriques et abstraites (voir les ツォ couleurs ツサ, 
ツォ saveurs ツサ, ツォ charme ツサ et ツォ beautテゥ ツサ des ツォ quarks ツサ [...]) ツサ (

Ibid.

). 

Cette lexicologie, parfois poussiテゥreux, parfois publicitaire apparaテョt vite comme une vテゥritable 
jargon, c'est-テ-dire comme un parler de type sociolectal propre aux reprテゥsentants d'une 
profession ou d'une activitテゥ, 

non crテゥe テ des fins d窶册xclusions mais opテゥrant bien souvent en ce sens

.

174

.  

F. Gadet nous explique que  

ツォ La communautテゥ devient communautテゥ d窶兮ppartenance lorsque les usagers rテゥpartissent les 
locuteurs en 

ツォ 

nous/eux 

ツサ

, selon une emblテゥmatisation des groupes (emblティme pour les uns, 

stigmate pour les autres), qui leur permet de se reconnaテョtre en se distinguant des autres 
(diffテゥrentiation par traテァage de frontiティres et exclusion externe). Aussi peut-on dテゥfinir la 
communautテゥ comme ensemble de locuteurs qui partagent les mテェmes normes apprテゥciatives, 
positives ou nテゥgatives, quel que soit l窶冰sage particulier ツサ (Gadet 2003, p. 63). 

Il n窶册st pas テゥtonnant que ce jargon paraisse comme doublement autoritaire, d窶兮bord parce que 
rテゥservテゥ aux initiテゥs d窶冰n groupe sociテゥtal identifiテゥ, ensuite parce que rappelant un passテゥ 

                                                 

173

 Nous prテゥcisons ツォ cette fois ツサ, dans la mesure oテケ Lテゥvy-Leblond, pour limpides que soient ses divers テゥcrits, s窶册st 

rテゥcemment naufragテゥ dans l窶兮ffaire Sokal, optant pour le versant mou de la controverse en une sテゥrie d窶兮rticles ambigテシs 

et tortillants. 

174

 Pour plus de dテゥtails sur le jargon et les marchテゥs linguistiques, voir Bourdieu : 

Vous avez dit ツォ populaire ツサ ?, 

In : Actes 

de la recherche en science-sociales (1983), p. 103. 

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187

(テゥvidemment fort sage, de cette sagesse des anciens qui fait tout pardonner aux vieilles disciplines, 
voir 4.3.4.2 effet 

Vieux sage de l窶僊ntiquitテゥ

). Avec des terminologies excluantes, nous flirtons 

dangereusement avec le piティge du sens nツー4 du mot 

science

 (voir 1.2.1) et nous prテェtons un flanc 

fragilisテゥ aux attaques de type POMO.  
La mathテゥmatisation テ outrance des publications scientifiques dans les ツォ humanitテゥs ツサ participe de 
ce phテゥnomティne. Que ce soit au nom d窶冰n monisme mテゥthodologique ou d窶冰n complexe de 
sciences ツォ テ objet mou ツサ vis-テ-vis des sciences ツォ テ objets durs ツサ

175

, une mathテゥmatisation テゥlevテゥe 

donne un vernis au propos tenu, テ mi-chemin entre jargon et imposture intellectuelle

176

 (voir 4.3.

Les arguments d窶兮utoritテゥ

). 

 

4.2.9.2

 

L窶冑istoricitテゥ et les failles テゥpistテゥmologiques 

Nous avons dテゥjテ tテ「tテゥ (ツァ prテゥcテゥdent) de l窶冑istoricitテゥ propre au jargon scientifique. Nombre de 
termes crテゥant la confusion proviennent テゥgalement des balbutiements des disciplines, de leurs 
mテゥthodes caduques et du cimetiティre des thテゥories dテゥsuティtes. Ils rテゥapparaissent souvent dans 
l窶凖ゥtymologie de certains termes employテゥs. 
Nous entendons par 

failles テゥpistテゥmologiques

 ces occurrences dans l窶冑istoire des sciences lors 

desquelles des champs disciplinaires se sont scindテゥs en deux domaines distincts, un champ テ 
tendance scientifique et un champ semi-scientifique, prテゥscientifique ou carrテゥment 
pseudoscientifique. Un exemple parmi les plus テゥvidents est la scission entre le magnテゥtisme de H. 
S. テ腕stedt, qui alimentera la thテゥorie テゥlectromagnテゥtique de Maxwell, et le magnテゥtisme animal 
dit mesmテゥrien, qui quoique pseudoscientifique, drainera les taxons du magnテゥtisme jusqu窶凖 nos 
jours dans des avatars toujours plus nombreux de notions fluidiques, ectoplasmiques, en 
particulier dans les thテゥrapies fantasmagoriques (

Qi qong

therapeutic touch

, magnテゥtisme guテゥrisseur, 

acupuncture) axテゥes conceptuellement sur de l窶凖ゥchange de pseudo-fluide (

Qi

prana

mana

, etc.).  

Un autre exemple, plus datテゥ, est la faille テゥpistテゥmologique chimie-alchimie : les terminaisons 
alchimiques sont parfois accommodテゥes テ des sauces modernes, donnant une certaine patine au 
propos, mais permettant des sauts sテゥmantiques au dessus de la faille, de la partie scientifique (la 
chimie) テ la partie mystico-philosophique (l窶兮lchimie). Accessoirement, la figure sans cesse 
rテゥcupテゥrテゥe de Newton sert de pivot fort commode. Les rテゥfテゥrences aux anciennes mテゥdecines et 
pharmacologies et l窶册mploi de leur lexicographie datテゥe sont de bons arguments de vente 
pharmaceutique (voir 4.3.3 

Arguments d窶冑istoricitテゥ

).  

Un dernier exemple peut テェtre formulテゥ sur la scission ツォ mテゥcanique quantique scientifique ツサ et 
ツォ mテゥcanique quantique mystique ツサ dテゥcoulant des premiティres interprテゥtations philosophiques de 
l窶凖営ole de Copenhague. De nombreux auteurs utilisent le lexique de la mテゥcanique quantique pour 
accrテゥditer des thティses spiritualistes, en particulier sur la notion de variable cachテゥe et de non 
sテゥparabilitテゥ des espaces de phase qui accrテゥditerait l窶冓dテゥe d窶冰ne pseudo-dimension spirituelle de 
l窶冰nivers

177

. Bricmont s窶册st dテゥjテ chargテゥ de mettre au clair certains des transferts les plus 

tendancieux (Bricmont 2001c)

178

                                                 

175

 Nous nous approprions cette remarque de Broch sur les objets mous ou durs, sciences

 molles

 et 

sciences dures 

laissant penser qu窶冓l y a des critティres de scientificitテゥ plus ou moins mollissants en fonction des domaines.  

176

 Comme l窶凖ゥcrit Norbert Elias, Le ツォ 

transfert non-critique, et souvent dogmatique 

ツサ d窶冩utils conceptuels d窶冰n domaine テ 

l窶兮utre nテゥglige la nature trティs diffテゥrente des problティmes rencontrテゥs. Cet emploi d窶冰ne mテゥthodologie issue des sciences 

dures donnerait pour lui le ツォ 

vernis d窶冰n haut degrテゥ de distanciation ou d窶 "objectivitテゥ" 

ツサ qui manque aux sciences humaines. 

In Jullien, 

Traitテゥ de l窶册fficacitテゥ

 (2002), pp. 30-33. 

177

 Nous employons le syntagme ツォ mテゥcanique 

quantique

 ツサ, conscient de l窶僮ps lexical que cette terminologie stimule 窶 

cette mテゥcanique テゥtant テゥgalement ondulatoire. 

178

 Lire aussi Bricmont, 

Determinism, Chaos and Quantum Mechanics

, disponible sur Dogma 

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188

Nous assistons テ la naissance de ツォ doublons ツサ langagiers 

ツォ ... Les acquisitions de la science arrivent dテゥjテ dans la tテェte des simples mortels sous un 
aspect si bien arrangテゥ que seule une certaine ressemblance de langage avec le matテゥriau initial 
tテゥmoigne de leur origine. On les envisage autrement que dans le milieu scientifique. Leur 
rテエle devient テゥgalement diffテゥrent. On assiste, テ proprement parler, テ la naissance de sortes de 
doubles, parallティlement aux concepts et aux propositions de la science. (...) Toutes les 
sciences n'ont pas l'honneur de produire des doubles idテゥologiques ; seules les plus propices 
y ont droit. C'est ainsi qu'un thテゥorティme bien connu sur le caractティre incomplet de certains 
systティmes formels, et qui possティde un sens en logique, devient une vテゥritテゥ banale sur 
l'impossibilitテゥ de formaliser entiティrement une science, une sorte de "lapalissade", alors 
qu'une autre vテゥritテゥ sur l'existence de certains problティmes insolubles par essence fut テゥpargnテゥe 
par le sort, quoiqu'on puisse en extraire bien plus de sentences de toutes sortes. Lテ aussi, il 
y a des disgrテ「ces et des avancements, des rテゥhabilitations et des gratifications. En apparence, 
tout cela s'effectue dans le cadre de la science. En effet, dans le cas prテゥsent, l'idテゥologie 
aspire テ porter des habits scientifiques. ツサ (Zinoviev 1977,

 in 

Bouveresse 1998, 

ouv.citテゥ

Beyerstein ajoutait :  

ツォ Pseudosciences tend to sport a great number of idiosyncratic terms and definitions. 
Neologisms and non-standard techniques rarely participate in the learned societies devoted 
to subject matters of mutual interest. In fact, many of them are openly antagonistic to the 
history of previous research in areas that impinge upon their own. Rather than standing on 
the shoulders of giants as Newton claimed to have done, many pseudoscientists prefer to 
stand in their faces. ツサ (Beyerstein, 

ouv.citテゥ

L窶册xpression est belle ; nous l窶兮vons retravaillテゥe en :  

ツォ Si tu rechignes テ grimper sur les テゥpaules des prテゥdテゥcesseurs, tu es condamnテゥ テ rester par 
terre ツサ 

 

4.2.9.3

 

La pure forfanterie, le littテゥrarisme et l窶冓mposture 

Outre que l窶僮ps lexical est un テゥcueil pテゥdagogique, c窶册st aussi une stratテゥgie de vernissage 
intellectuel notamment au travers des concepts nomades (voir 3.5

 

&

 

4.2.5). 

Reprenons la notion de doublons donnテゥe prテゥcテゥdemment :  

ツォ Les littテゥraires, et en particulier les philosophes, qui font partie des intermテゥdiaires patentテゥs 
qui assurent la communication entre le monde de la science et le public profane, trouvent 
absolument normal, lorsqu'ils veulent parler de la science, de commencer par en construire 
un double littテゥraire, qui est, テ leurs yeux, beaucoup plus intテゥressant que l'original. ツサ (

Ibid.

ce qu窶冓l appelle le 

littテゥrarisme

Rebondissant sur le cas Debray, Bouveresse, lui-mテェme philosophe, conclut :  

ツォ La question cruciale est justement de savoir s'il est admissible que, dテゥjテ chez un 
philosophe, il n'y ait plus rien d'autre qu'une certaine ressemblance de langage avec le 
matテゥriau scientifique initial pour tテゥmoigner de l'origine de ce dont il parle ou si l'on est en 
droit d'attendre de lui une faテァon un peu plus sテゥrieuse de traiter un rテゥsultat scientifique qu'il 
cherche テ transposer et テ gテゥnテゥraliser. ツサ (

Ibid.

Il semble テゥvident que plus les テゥquivoques seront nombreuses dans la lexicographie d窶冰ne science, 
                                                                                                                                                         

http://dogma.free.fr/txt/JB-Determinism.pdf

  

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189

moins la comprテゥhension de celle-ci sera facile et plus les risques seront テゥlevテゥs de voir des pseudo-
concepts vampiriser les multiacceptions et les glissements sテゥmantiques, et par ce moyen non 
seulement de donner un apprテェt scientifique テ des disciplines dont les fondements ne le sont pas, 
mais de se donner un air scientifique テ peu de frais et une autoritテゥ factice.  
Nous frisons l窶冓mposture intellectuelle au sens de Sokal & Bricmont. 
 

4.2.9.4

 

La ツォ publicitarisation ツサ de la science et la pression mercatique 

Nous l窶兮vons dテゥjテ dit, nous pensons que la tendance テ l窶册mprunt de termes du langage courant 
n窶册st pas fortuite. Comme le dit Lテゥvy-Leblond,  

ツォ c窶册st sans doute la mainmise de la mテゥdiatisation publicitaire sur la communication 
scientifique proprement dite qui explique le recours simpliste テ des expressions imagテゥes 
mais trompeuses, comme ツォ big bang ツサ ou ツォ chaos ツサ.ツサ (I

bid.

, pp. 1135-1135). 

Il faut avouer que ce travail de 

publicitarisation

 de la science (et non de publicisation, voir 3.4 

La 

publicitarisation de la science

) est remarquablement effectuテゥ par les mテゥdias de vulgarisation 

scientifique et par la presse : transposer le savoir savant en un savoir accrocheur, et donc vendeur, 
est rテゥalisテゥ constamment, en particulier au niveau des sous titres de presse (

Manuel de lecture critique 

de la presse, 

ACRIMED). Simplification, テゥbarbage, テゥvenementialisation. Comme nous l窶兮vons vu 

pour la ツォ mテゥmoire de l窶册au ツサ, l窶僮ps lexical est pseudoscientifique en ce sens qu窶冓l proroge une 
pseudoconnaissance, pain bテゥnit pour toute entreprise dテゥveloppant un argument de vente sur 
cette pseudo-connaissance. Nous pourrions presque parler d窶冰tilisation frauduleuse et publicitaire 
de termes scientifiques.

  

Ce genre de glissement peut se rテゥvテゥler trティs utile : il permet, pour les scientifiques qui en sont les 
auteurs, d窶兮voir une chance de captiver les mテゥdias en jouant sur des termes fort mal compris du 
grand public. Les frティres Bogdanov en sont, nous l窶兮vons dit, un exemple truculent. En greffant 
un objet scientifique テ un nom courant, qui plus est dotテゥ d窶冰ne charge affective, on crテゥe une 
illusion de connaissance, une passerelle テ peu de frais entre la connaissance profane et la 
connaissance savante. Et ce type de passerelle, rテゥpondant テ la demande sociale, permet de gテゥnテゥrer 
de nouveaux subsides. 
User d窶冰n terme appropriable par tous, quitte テ ce que ce terme tronque ou fausse le concept 
dテゥsignテゥ, crテゥe la demande sociale et dテゥclenche la manne commerciale. Elle gテゥnティre en mテェme temps 
une culture scientifique biaisテゥe, et donc manipulable : ces semi-connaissances, comme supports 
publicitaires, sont autant d窶僮ps par lesquels s窶册ngouffre la culture gテゥnテゥrale, souvent ravie d窶兮voir 
l窶冓mpression de comprendre ce qui en thテゥorie est abscons.  
Il arrive mテェme que la charge affective d窶冰n terme soit trop テゥlevテゥe : il peut alors s窶冩pテゥrer un vrai 
ツォ retour de bテ「ton ツサ lorsque, テ cause d窶冰n terme lourdement chargテゥ 窶 comme 

big bang

窶 des 

recherches sont compromises parce que trop anxiogティnes (l窶兮ffaire du mini-trou noir en 
laboratoire, par exemple, au LHC), voire des connaissances scientifiques fausses sont induites 
chez le public 

lambda 

窶 comme ce fut le cas テ propos des OGMs et de la notion de gティne

179

Une tentative d窶册xplication tient テ la pression mercatique : puisqu窶冓l faut que le support se vende, 
la tentation est grande pour que, dans une profession journalistique, qui plus est en proie テ une 
prテゥcarisation accrue, le pigiste soit amenテゥ テ emprunter les mots les plus frappants et porteurs de 

                                                 

179

 Dans le communiquテゥ de Presse de Bruxelles du 27 avril 2000, Questions et attentes sur les Biosciences -La 

Commission favorise le dテゥbat, on apprend que l'affirmation ツォ 

les tomates ordinaires ne contiennent pas de gティnes, alors que les 

tomates modifiテゥes gテゥnテゥtiquement en contiennent 

ツサ est jugテゥe vraie par 35% des personnes sondテゥes 

http://ec.europa.eu/research/press/2000/pr2704fr-ann.html

  

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190

la charge affective maximale 窶 donc les plus vendeurs 窶 afin d窶凖ェtre publiテゥ. Tout comme dans le 
tamis de l窶凖ゥvolution, ne survivront dans cet univers impitoyable de la presse que les journalistes et 
les journaux ツォ adaptテゥs ツサ, c'est-テ-dire qui font de l窶兮udience. Et dans ce marテゥcage, ne surnageront 
que les mots-tiroirs, sur-employテゥs, et les nテゥnuphars peu stables. 
 

4.2.9.5

 

Outils Z : validation des mots, des chiffres, des mテゥtaphores, des questions 

 

Facette Z : 

Un mot n窶册st pas auto-validant 

 

Broch l窶册xprime ainsi :  

ツォ L窶冓mpact de la chose テゥcrite est beaucoup plus profond que ce qu窶冰ne analyse superficielle 
pourrait laisser supposer. Encore faudrait-il que l窶凖ゥcrit soit choisi, qu窶冓l dテゥsigne 
effectivement quelque chose et ne rテゥifie pas un concept nテゥbuleux, ne souffre pas 
d窶凖ゥquivoque et ne soit pas accentuテゥ selon des volontテゥs non prテゥcisテゥes. ツサ 

Pour resignifier l窶冓mportance des mots, il est possible de rappeler l窶册xpテゥrience de Loftus & Palmer 
(1974) sur le vテゥhicule accidentテゥ, ou d窶冰tiliser la notion de mots-tiroirs du 

manuel de lecture critique 

des mテゥdias

 d窶僊CRIMED. 

Pour percer les boursouflures POMO, il y a nテゥcessitテゥ d窶册xiger le plus souvent possible des 
dテゥnotations pour les objets signifiテゥs.  

ツォ La dテゥnotation ou la rテゥfテゥrence d窶冰n terme est ce qui est dテゥsignテゥ par le terme, en rテゥfテゥrence テ 
une entitテゥ existante. Un mot peut avoir une signification mais pas de dテゥnotation s窶冓l ne 
dテゥsigne pas une entitテゥ existante. Exemples : ツォ eau ツサ et ツォ H20 ツサ ont la mテェme dテゥnotation ; 
ツォ Pテゥgase ツサ et ツォ fantテエme ツサ n窶冩nt pas de dテゥnotation, tout en テゥtant pourvus de signification ツサ 
(Dubessy 

& al. ouv.citテゥ

, p. 14, note 13). 

Comme Dubessy 

& al

. le prテゥcisent,  

ツォ En physique, en chimie, en zoologie, ce passage des significations aux dテゥnotations est 
assez aisテゥ ; il l窶册st beaucoup moins dans les sciences humaines ツサ. Mais il ツォ permettrait de 
continuer, pour ces sciences davantage ツォ narratives ツサ que dテゥductive-nomologiques, テ utiliser 
pertinemment des termes non-dテゥnotants, mais テ la condition d窶冰ne pleine conscience d窶冰n 
tel statut pour les entitテゥs dテゥsignテゥes. Il incombe alors テ ces sciences, quand le moment 
テゥpistテゥmologique idoine sera venu, de procテゥder テ l窶凖ゥlagage de leurs entitテゥs, au profit d窶册ntitテゥs 
dテゥnotantes (窶ヲ)ツサ. (

Ibid.

Entreprise qu窶冓l serait souhaitable de voir テゥmerger dans des champs comme celui de la 
psychanalyse par exemple. 
 

Facette Z : 

Un nombre non plus (n窶册st pas auto-validant) :  

Demander des comptes sur les chiffres 

 

Le mテゥsemploi des nombres est lui aussi tragiquement rテゥpandu, et fonctionne de la mテェme 
maniティre. Parce qu窶冓l y a 

chiffre

, il y a 

sテゥrieux, 

ou en tout cas 

impression de sテゥrieux

. Le lecteur/auditeur 

background image

 

 

 

 

 

191

est pourtant en droit de demander des comptes, surtout lorsque ces chiffres servent des postures 
philosophiques ou politiques sous-jacentes. 
Comme l窶冓ntime Romeyer-Dherbey :  

ツォ L'illusion et la persuasion テゥtaient dans l'Antiquitテゥ l'ナ砥vre de la rhテゥtorique ; or la 
rhテゥtorique actuelle n'est-elle pas plutテエt テ trouver dans la statistique, rhテゥtorique un peu sティche 
peut-テェtre, mais combien ツォ ouvriティre de persuasion ツサ dans la bouche du technocrate, image 
moderne de celui qui sait. La rhテゥtorique du nombre, en envahissant les mass-media, signifie 
le triomphe de l'abstraction, qui ne se contente plus de rテゥgner dans les jargons spテゥcialisテゥs, 
qui ne se cantonne plus dans la particularitテゥ des techniques, mais gagne la conscience 
commune, langage massif devenant aussi le langage des masses. ツサ (Romeyer-Dherbey 1976) 

 

Facette Z : 

une mテゥtaphore est une lampe : elle ne sert テ rien si elle n窶凖ゥclaire pas 

 

C窶册st un principe de vigilance essentiel : rテゥclamer les limites d窶冰ne mテゥtaphore oblige テ l窶册ffort de 
rテゥfutation de la mテゥtaphore, par la recherche de contre-exemples. Il faut toutefois le tempテゥrer, 
hテゥlas, par le fait que toute notre structure langagiティre est construite mテゥtaphoriquement 窶 le livre 
de Johnson et Lakoff (1985) en est une dテゥmonstration magistrale. Dans cette phrase, par 
exemple, 

tempテゥrer

 le principe, faire l窶

effort

 de rテゥfutation, faire preuve de 

vigilance

 ou faire une 

dテゥmonstration 

claire

 sont des phrases mテゥtaphoriques, qui ne se dテゥconstruisent qu窶兮u prix d窶冰n 

effort pテゥnible.  
 

Facette Z (dite du loquet de la porte

180

) : 

Si non vis intelligi, debes negligi

  

(si tu ne veux pas テェtre compris, il n'y a pas テ tenir compte de ce que tu dis) 

 

Cette locution latine nous vient de Locke dans son 

Essai sur l窶册ntendement humain

181

. Sa pertinence 

nous sauta aux yeux lorsque Deleporte l窶册xprima dans son propre style : 

ツォ Une imposture intellectuelle se construit テ deux. Si vous ne comprenez rien テ ce qu窶冰n 
livre ou un orateur vous raconte, posez le livre ou partez ツサ

182

.  

Nous estimons que tout comme la charge de la preuve incombe テ celui qui prテゥtend, la charge de 
la clartテゥ est テ celui qui explique. On sait que le niveau de comprテゥhension des termes scientifiques 
est plutテエt bas dans le public :  

ツォ Some scholars, as Morris Shamos, declare that even well-educated citizens cannot 
understand scientific terms and constructs at a level sufficient to read a daily paper or 

                                                 

180

 Ce terme vient d窶冰n moyen mnテゥmotechnique reprenant les deux sources d窶冓nspiration de cette facette, Locke et 

Deleporte 窶 de mauvaise facture, certes, mais terriblement efficace. 

181

 Locke J., 

An Essay Concerning Human Understanding

, 3, IX, 

on the imperfection of words

, 10. Le texte est retranscrit 

entiティrement ici : 

http://www.rbjones.com/rbjpub/philos/classics/locke/ctb3c09.htm

  

182

 Nous avons un doute sur la date de la confテゥrence en question : テゥtait-ce celle du 31 mai 2006, 

les limites de la science, 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=36

 ou celle dテゥveloppテゥe la veille pour 

l窶凖ゥcole doctorale EDISCE, Grenoble, le 1

er

 juin : 

Les limites de la science : comment les reconnaテョtre, pour mieux rテゥsister aux 

intrusions confusionnistes ?

 

www.sante.ujf-grenoble.fr/edisce/documents/jed/jed2006-programme.pdf

  

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192

magazine and to understand the competing arguments on disputes or controversies ツサ 
(Losh 

& al.

 2003, p. 35, Shamos 1995) 

Il importe donc que tout consommateur d窶冓nformation dite grand public se dテゥcomplexe : il n窶凉 a 
pas de honte テ ne pas savoir. C窶册st テ l窶凖ゥmetteur de donner les jalons pour que 

lambda

 s窶冓l le 

souhaite, se hisse dans la complexitテゥ des connaissances, sans lui mentir sur l窶册ffort テ fournir (voir 
3.4.2). 
La technique 

Mu

 du moine zen Zhテozh

u est du mテェme type (voir 4.2.6.2) : rテゥpondre テ une 

question non claire ou insidieuse revient テ l窶兮ccepter. 

 

4.3

 

Ips de type II : Ips logico-argumentatifs 

 
C窶册st assurテゥment la partie la plus complexe de notre travail que de pointer quelques arguments 
sophistiques et quelques-uns seulement des biais logiques majeurs de la vulgarisation scientifique. 
Nous aurions aimテゥ un terme テゥquivalent en franテァais de ce que les anglo-saxons appellent les 

fallacies

. Fausserie テゥtait peu laid. Nous avons gardテゥ indiffテゥrement 

biais

 et 

sophisme

Nous allons tenter dans ce chapitre de dテゥcrire les formes argumentatives fallacieuses que l窶冩n 
retrouve couramment dans la transposition des connaissances en science. 
Afin de ne pas s窶凉 perdre, il aurait certainement fallu faire un petit dテゥtour sur le fondement des 
trames classiques du discours, et distinguer ce qui relティve de la rhテゥtorique sophistique proprement 
dite. C窶册st un travail auquel nous avons renoncテゥ, par manque de formation linguistique d窶兮bord, 
par modestie ensuite : il n窶册st pas question de dire quels devraient テェtre les テゥnoncテゥs scientifiques 
idテゥaux. Nous nous contenterons, dans ce qui est certainement la partie la plus faible de notre 
travail, de dテゥcrire quelques uns des biais argumentatifs dans lesquels, durant les cinq derniティres 
annテゥes テ pratiquer l窶兮scティse d窶冰ne テゥpistテゥmologie sceptique, nous sommes quasi-immanquablement 
tombテゥs, puis extraits, parfois non sans mal. 
 

4.3.1

 

Le texte argumentatif 

Quelques dテゥfinitions prテゥalables : le texte argumentatif a pour but de soutenir une thティse et 
gテゥnテゥralement d'invalider la thティse adverse. Dans l'un et l'autre cas, les thティses s'articulent autour 
d'un certain nombre d'arguments de type didactique, eux-mテェmes soutenus par des exemples, et 
colorテゥs d窶冰n registre. 
Nous pouvons distinguer les 

argumentaires expテゥrientiels

, liテゥs テ l窶册xpテゥrience, et 

les argumentaires logiques

fondテゥs sur la logique (Blacburn 1994, Warburton 2000) :  

-

 

les premiers tirent leur validitテゥ du rテゥel et persuadent le lecteur ou l窶兮uditeur par les テゥlテゥments 
rテゥfテゥrentiels qu'il peut connaテョtre et confirmer, comme c窶册st le cas de 

l'argument d'autoritテゥ

, qui 

s'appuie sur sur une opinion dont on souligne la valeur (parfois fausse) communテゥment 
admise. C'est テゥgalement le cas de 

l'exemple argumentatif

, qui donne テ l'exemple une portテゥe 

gテゥnテゥrale. 

-

 

les seconds, fondテゥs sur la logique rationnelle, tirent leur validitテゥ de leur aspect rationnel et 
convainquent le lecteur par remport d窶兮dhテゥsion. C'est le cas de 

l'argument par dテゥduction

, qui 

tente de tirer une consテゥquence logique d'une cause gテゥnテゥrale. テ l窶冓nverse, l'argument par 
induction effectue la dテゥmarche dans l窶兮utre sens, remontant de la manifestation concrティte au 
principe gテゥnテゥral. C'est encore le cas de 

l'argument par analogie

, qui, pour テゥtablir un 

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193

phテゥnomティne, le rapproche d'un autre qui lui est apparentテゥ. 

Un sophisme est un raisonnement qui apparaテョt comme rigoureux et logique, mais qui s窶兮vティre 
faux, indテゥpendamment de la vテゥracitテゥ ou la vraisemblabilitテゥ des postulats et de la conclusion.  
On parle parfois de 

logique fallacieuse

, ce qui est un oxymore : en tout テゥtat de cause, nous lui 

aurions prテゥfテゥrテゥ le syntagme ツォ pseudo-logique fallacieuse ツサ, mais il est trop compliquテゥ. Les 
sophismes peuvent gテゥnテゥralement テェtre dテゥcrits sur le mode du syllogisme et les plus courants sont 
traditionnellement affublテゥs d窶冰n nom latin que nous tenterons de fournir autant que faire se peut.  
 

4.3.2

 

Les arguments d窶兮utoritテゥ 

On appelle 

argument d'autoritテゥ 

(AA) le fait de remplacer la valeur d窶冰n raisonnement par une 

rテゥfテゥrence aux simples propos d'une personne perテァue comme autoritテゥ sur un sujet. Cet argument 
est considテゥrテゥ comme un sophisme lorsque le recours テ des noms, citations, ouvrages, en clair, des 
ツォ autoritテゥs ツサ remplace la trame argumentative, et si paraphraser une テゥminence est justifiテゥe pour 
テゥtayer une discussion d窶冰ne rテゥfテゥrence テ son nom simplement pour s窶兮ffranchir d窶冰ne explication 
ou pour contourner une objection relティve du sophisme argumentaire.

  

L窶兮ppel テ une autoritテゥ est valide en terme de prテゥsomption, 窶 si le plus grand spテゥcialiste de X 
pense que X=b, alors il est logique de prテゥsumer que X a de plus grands chances d窶凖ェtre vrai que si 
c窶册st mon crテゥmier qui le pense 窶, il n窶册st qu窶冰n indicateur ツォ inductif ツサ et, contrairement テ ce qui 
est gテゥnテゥralement ressenti, ne forme pas pour autant une preuve ; ceci au moins pour cinq raisons. 

-

 

Une autoritテゥ n窶册n est parfois pas une. 

-

 

Lorsqu窶册lle en est une, elle ne l窶册st pas forcテゥment dans le champ prテゥcis du sujet. 

-

 

Lorsqu窶册lle en est une dans le champ prテゥcis du sujet, il faut au moins s窶兮ssurer si son 
opinion est テゥmise comme quasi-certitude rテゥsultant de travaux prテゥcis, ou si elle est テゥmise 
avec humour et/ou テゥbriテゥtテゥ, テ titre personnel, テ titre d'hypothティse. 

-

 

Lorsqu窶册lle en est une dans le champ prテゥcis du sujet, et que son opinion est テゥmise 
comme quasi-certitude rテゥsultant de travaux prテゥcis, l窶兮utoritテゥ peut tout de mテェme dire des 
テ「neries (il faut en particulier テゥvaluer ce qu'en pensent ses pairs, pour situer la position 
en question) 

-

 

Lorsque les propos de l窶兮utoritテゥ en question sont transmis, il est nテゥcessaire de vテゥrifier 
que celui qui la cite la livre 

in extenso

, sans dテゥformation, et qu窶冓l ait compris ce qui テゥtait 

dit. 

Bien qu窶冓l semble 

a priori

 sain, lorsqu'on s'exprime sur un sujet,  de  savoir  ce  qu'en  pensent  les 

spテゥcialistes, la problティme de l窶僊A est ailleurs. Il consiste テ faire reposer l窶兮ccrテゥditation d窶冰ne thティse 
sur le seul prestige de l窶兮utoritテゥ invoquテゥe. Troquant alors la rテゥflexion logique contre une forme de 
motivation, ce procテゥdテゥ pティse lourdement dans les convictions, et explique une partie des remports 
d窶兮dhテゥsions traitテゥs en zテゥtテゥtique. 
Nous pouvons distinguer plusieurs variantes de l窶僊A. 

窶「

 

L窶兮rgument d窶兮utoritテゥ ツォ classique ツサ ou 

Argumentum ad Verecundiam

.

 

窶「

 

Une forme ツォ dテゥtournテゥe ツサ de l窶僊A : le hijack. 

窶「

 

Une forme ツォ diluテゥe ツサ de l窶僊A : l窶僊dUA et l窶册ffet ツォ boule de neige ツサ. 

窶「

 

L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ et ses formes multiples. 

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194

窶「

 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ. 

窶「

 

L窶兮rgument d窶兮utoritテゥ ツォ classique ツサ ou 

Argumentum ad Verecundiam

.

 

Les exemples sont innombrables et d窶冰ne grande variテゥtテゥ. Ils font l窶冩bjet d窶冰n dテゥveloppement 
assez consテゥquent dans nos sテゥquences d窶册nseignement. Nous en avons choisis dans divers 
champs, afin de coller au mieux adaptテゥs aux champs disciplinaires des テゥtudiants auxquels nous 
enseignons. 
 

4.3.2.1

 

Forme ツォ classique ツサ 

Forme classique de l窶僊A : 

 

1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet X 

 

2. La personne A fait des dテゥclarations X=b テ propos du sujet X 

 

3. Donc X=b 

Le sophisme repose sur le passage 2->3, qui est fallacieux. Si une haute autoritテゥ

 

s窶册xprime sur un 

sujet qu窶册lle maテョtrise, l窶兮ppel テ l窶兮utoritテゥ est lテゥgitime, mais pas suffisant : il permet une 
prテゥsomption mais il n窶册st pas pour autant certain que son opinion soit valide. Seule une preuve 
expテゥrimentale reproductible permet de dire dテゥfinitivement que X=b.  
Attention : il arrive que X soit effectivement dテゥmontrテゥ ultテゥrieurement comme テゥgal テ b. Le 
raisonnement n窶册n reste pas moins fallacieux.  

窶「

 

Exemple de Jean Staune et de sa quテェte de sens 

Parmi les critiques majeures qui peuvent テェtre adressテゥes テ J. Staune, secrテゥtaire de l窶儷IP, la plus 
lancinante est certainement le recours permanent テ l窶僊A, aussi bien dans ses ouvrages que dans 
ses courriers. Un exemple ressassテゥ trティs souvent est celui de la caution de Nobels. Dans la prテゥface 
de ツォ science et quテェte de sens ツサ, par exemple, l窶兮uteur invoque テ l窶兮ppui de sa thティse (l窶僮ntelligent 
Design) le fait que ツォ 

tous les auteurs en sont (

sic

) des scientifiques de haut niveau : quatre d窶册ntre eux ont reテァu 

le Prix Nobel 

(窶ヲ) ツサ (Staune 2004, 

ouv.citテゥ

). En rien cela n窶兮ccrテゥdite une position quelconque, qu窶册lle 

relティve d窶冰n goテサt culinaire ou musical ou, comme c窶册st le cas ici, d窶冰ne posture mテゥtaphysique 
thテゥiste. 
Extrait d窶冰n courrier personnel de Staune :  

ツォ Quand un scientifique du niveau de D窶册spagnat m窶凖ゥcrit que ce livre est le GPS de la science 

actuelle (!!!) c窶册st savoureux de voir un テゥtudiant en zテゥtテゥtique dire que c窶册st de la pseudo-
science. ツサ

183

  

 

4.3.2.2

 

Syndrome du poulpe, F1, Jules Verne & effet Matthieu 

Nous prテゥsentons quatre corollaires trティs courants de ce recours テ l窶兮utoritテゥ, auxquels nous avons 
choisis les noms les plus figuratifs pour un meilleur apprentissage. 
 

Le syndrome du poulpe 

Une consテゥquence dテゥrivテゥe de cet AA est cette forte inertie dans les grands changements 
thテゥoriques : les tenants d窶冰ne thテゥorie caduque, jouissant d窶冰ne haute autoritテゥ, vivent gテゥnテゥralement 

                                                 

183

 Communication personnelle, 13 juin 2007. 

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195

une forte dissonance cognitive

 

qui les amティnent テ nier les テゥlテゥments allant テ l窶册ncontre des travaux 

dont ils ont la paternitテゥ. Nous parlons en ces occasions de 

syndrome du poulpe,

 au nom d窶冰ne image 

comique de cette ツォ tendance テ s'accrocher bec, ongles et tentacules テ sa thテゥorie ツサ. 
Un exemple notoire en est donnテゥ par Marcellin Berthelot qui fut un anti-atomiste forcenテゥ, au 
grand malheur de la chimie franテァaise

184

, ou celui de Halton Arp, テゥvincテゥ de l窶冰sage de tテゥlescopes 

aux テ液ats-Unis pour avoir persistテゥ テ penser que le dテゥcalage vers le rouge (

red-shift

) テゥtait un dogme 

(Arp 1987 ; Marshall 1990 pp. 14-16).

 

 

Effet Matthieu et effet de Halo 

L窶册ffet Matthieu fut ainsi nommテゥ par Merton, par emprunt テ l窶凖ゥvangile selon Saint Matthieu oテケ il 
est テゥcrit :  

ツォ Car on donnera テ celui qui a, et il sera dans l窶兮bondance, mais テ celui qui n窶兮 pas, on テエtera 
mテェme ce qu窶冓l a ツサ.  

Il a trouvテゥ son assise par la dテゥcouverte par Cole dans les annテゥes 70 qu窶冰n nombre relativement 
petit de physiciens fournissait de faテァon disproportionnテゥe une テゥnorme part des articles les plus 
importants publiテゥs en physique (Cole 1972 pp. 368-374). Broad et Wade, dans leur ouvrage 
entiティrement onsacrテゥ テ la fraude scientifique, parlent d窶册ffet de Halo :  

ツォ Ces physiciens souvent citテゥs semblent appartenir テ l窶凖ゥlite de la physique dans la mesure oテケ 
ils tendent テ se retrouver concentrテゥs dans les neuf plus grands dテゥpartements de physique 
des Etats-Unis, et faire partie de la National Academy of Sciences. Il y a donc quelques 
membres au moins de l窶凖ゥlite au pouvoir dans la communautテゥ scientifique qui en font partie 
テ cause de leur mテゥrite (窶ヲ). Mais il peut y avoir un ツォ effet de Halo ツサ 窶 le simple fait, pour 
un scientifique, d窶兮ppartenir テ un dテゥpartement de physique de tout premier plan mettrait 
plus en vue son travail, qui serait alors plus souvent citテゥ ツサ. (Broad & Wade 1994, pp. 123-
124) 

Merton prテゥsente cet 

effet Matthieu

 comme un ツォ 

phテゥnomティne complexe de dテゥtournement de la paternitテゥ du 

travail scientifique

 ツサ par lequel des scientifiques dテゥjテ テゥminents tendent テ se voir attribuer la paternitテゥ 

d窶冰ne idテゥe aux dテゥpens de scientifiques jeunes ou inconnus. On retrouve cet effet dans les 
ツォ systティmes de copinage ツサ et le nテゥpotisme latents dans le monde de la science (au sens 3 !), ne 
serait-ce que dans la faテァon qu窶冩nt les 

referees

 de recevoir de faテァon plus clテゥmente un article d窶冰ne 

テゥminence que celui d窶冰n obscur et jeune chercheur (Merton 1968, pp. 439-459)

185

Cela rappellera certainement l窶冑istoire d窶儖hm qui, lorsqu窶冓l dテゥcrivit la loi テゥponyme, resta 

ツォ tout 

d窶兮bord ignorテゥ par les scientifiques des universitテゥs allemandes, qui pensティrent que le travail d窶冰n professeur de 
mathテゥmatique du collティge de Jテゥsuites de Cologne ne mテゥritait guティre d窶兮ttention

 ツサ (Broad & Wade

, ouv.citテゥ

, p. 

124). 
 

Syndrome Formule 1 

テ l窶冓nstar des accidents de Formule 1 (rares, les pilotes テゥtant experts) et de leurs issues 
                                                 

184

 Au 19

e

 siティcle, la polテゥmique opposa les partisans de la thテゥorie atomique et ceux de la thテゥorie, plus ancienne, des 

"テゥquivalents". L'hostilitテゥ de Berthelot テ la thテゥorie atomique est un gros impact car que le personnage テゥtait influent : 

inspecteur gテゥnテゥral de l'Enseignement supテゥrieur et membre du Conseil supテゥrieur de l'Instruction publique, il s窶冩pposa 
テ la soutenance de certains travaux, il pesa sur les programmes scolaires et fut mis en cause dans l'introduction 

tardive de la thテゥorie atomique dans les programmes d'enseignement en France alors que la notion d'atomes et de 
molテゥcules fut enseignテゥe bien plus tテエt en Allemagne et en Angleterre. 

185

 On pourra sur ce point avantageusement se reporter テ Bourdieu, 

Science de la science et reflexivitテゥ

 (2001).

 

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196

(pratiquement toujours) tragiques, si les chances qu窶冰ne autoritテゥ compテゥtente se trompe sont 
faibles, l窶册rreur lorsqu窶册lle arrive est gテゥnテゥralement de forte ampleur. Dit autrement, lorsqu窶冰n 
scientifique puissant sort de la route, il termine sa course bien loin dans le dテゥcor. La mテゥtaphore 
(que nous nous savons depuis devoir, dans une forme moins moderne, テ Francis Bacon) s窶册st 
rテゥvテゥlテゥe trティs efficace pour nuancer la non corrテゥlation entre croyances pseudoscientifiques et 
niveau d窶凖ゥtudes : 
Skrabanek & McCormick l窶册xpriment ainsi :  

ツォ Plus le niveau d窶冓ntelligence des personnes qui font autoritテゥ est テゥlevテゥ, plus leur profession 
de foi risque d窶凖ェtre dテゥnuテゥe de sens. Francis Bacon a explicitテゥ ce paradoxe : selon lui, lorsque 
cette sorte d窶冓ndividus se lancent dans la mauvaise direction, leur agilitテゥ d窶册sprit et leur 
talent les amティneront テ dテゥriver d窶兮utant plus loin. Un exemple classique d窶兮rgument 
d窶兮utoritテゥ est l窶兮ccueil favorable qu窶冩nt reテァu les preuves de Newton selon lesquelles les 
prophテゥties de l窶僊pocalypse s窶凖ゥtaient rテゥalisテゥes. Dans ses observations sur les prophテゥties de 
Daniel et l窶僊pocalypse de St Jean, publiテゥes en 1733, Isaac Newton a calculテゥ que l窶僞glise de 
Rome テゥtait devenue la onziティme corne du quatriティme monstre de la vision de Daniel. En 
テゥtablissant qu窶 ツォ une fois et une fois encore l窶冓ntervalle de temps ツサ テゥquivaut テ 1260 annテゥes 
solaires ; Newton a prテゥdit la chute de la papautテゥ entre les annテゥes 2035 et 2054 (窶ヲ en 
homme de science il a donnテゥ un intervalle de confiance). ツサ (Skrabaneck & McCormick 
1997, p. 45)

186

Les cas sont relativement nombreux dans l窶冑istoire, dans les テゥpoques oテケ les fondements de la 
science n窶凖ゥtaient pas modernes. Dans les cas les plus rテゥcents, parmi les scientifiques de la matiティre, 
nous pouvons citer Blondlot sur les rayons N (Ashmore 1993, pp. 67-106) ; Sir Arthur 
Eddington, dont la ツォ thテゥorie fondamentale ツサ cosmologique fut un 

ツォ non-sens numテゥrologique

 ツサ (Slater 

1957) ; celui de C.G. Barkla, prix Nobel 1917, sur le phテゥnomティne J (Wynne 1976, pp. 307-347; 
Wallis 1985, pp. 585-601 ; Wallis 1979, pp. 52-55) ; Parmi les sciences de la vie, celui d窶僊lexis 
Carrel et de son rapport sur le miracle de Lourdes (Carrel 1949)

187

 ;

  

Les cas de fourvoiement d窶兀. Rocard en radiesthテゥsie et de J.B. Rhine dans l窶兮ffaire de la jument 
Lady Wonder

188

 sont certainement les plus テゥclairants : ce sont ceux que nous utilisons en 

enseignement 窶 le premier sur la partie statistique absolument consternante des travaux

189

, l

second pour introduire ce que Rouzテゥ, fondateur de la revue rationaliste 

SPS

 appelait ツォ 

l窶凖ゥtrange 

inhibition de l窶册sprit critique qu窶册ntraテョne l窶兮ttitude de vouloir croire

ツサ : 

ツォ La personnalitテゥ de Rhine combine ces deux facteurs : d窶冰ne part, la mテゥticulositテゥ de 
l窶冑omme de laboratoire, rompu aux contre-テゥpreuves et aux vテゥrifications expテゥrimentales ; 
d窶兮utre part, une certitude absolue, hors du rationnel, de la rテゥalitテゥ du psi ツサ (Rouzテゥ, la vテゥritテゥ 
historique du ツォ pティre ツサ de la parapsychologie, 

S&V

 Nツー755, aoテサt 1980). 

Sur un plan pテゥdagogique, l窶册xemple de Rocard permet :  

-

 

d窶冓llustrer

 

la facette zテゥtテゥtique ツォ 

la force d窶冰ne croyance peut テェtre immense 

ツサ, ainsi que la nテゥcessitテゥ du 

double-aveugle en expテゥrimentation, le problティme des gestes idテゥomoteurs et le rテエle critique de 

                                                 

186

 Le texte d窶冩rigine est Daniel 3 :25, accessible en ligne lテ 

http://biblia.com/bible/daniel3.htm

  

187

 Carrel, 

Le voyage de Lourdes, fragments de journal et de mテゥditations

 (1949). Une critique est disponible chez Krantz, 

テ 

propos du 窶藁iracle de Lourdes dテゥcrit par Alexis Carrel

, Mテゥdecine et hygiティne, Genティve,

 in, 

Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 297-301 

188

 

Sur l窶兮ffaire Lady Wonder, voir Broch, 

ouv.citテゥ

, p. 193-4, ainsi que Randi (1995), 

An Encyclopedia of Claims, Frauds, 

and Hoaxes of the Occult and Supernatural

, p. 143, et plus gテゥnテゥralement Nickell (2002), 

Psychic pets and pet psychics - 

Investigative Files

189

 Nous nous rテゥfテゥrons aux pages 188 テ 192 de Rocard Y., 

La science et les sourciers, baguettes, pendules, biomagnテゥtisme

Dunod (1991). Voir sur cette affaire Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 238-247. 

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197

la prestidigitation

190

.  

-

 

de montrer une scテゥnarisation rテゥcurrente. Ces savants dテゥvoyテゥs sont souvent prテゥsentテゥs comme 

des ツォ martyrs de la science ツサ, des individus en butte au dogmatisme latent : autant d窶册xemples 
pour テゥtayer l窶冓dテゥe devenue fantaisiste d窶冰ne science officielle, (voir 4.4.5.3 

Pseudo-テゥpistテゥmologies 

anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-coloniale

)

 

qui vouerait aux gテゥmonies les grands savants incompris 

ayant osテゥ aller fouiller dans les recoins de la connaissance (

syndrome galilテゥen

, voir 2.2.3 

Contrainte externe et demande sociale

, 4.4.3.11

 

syndrome hテゥroテッque

 et 4.4.3.9 

Terra Incognita

).

 

 

窶「

 

Le syndrome du manteau de l窶册mpereur  

Parfois, l窶僊A s窶卍ォ emballe ツサ et par contagion de proche en proche, prend des allures de lテゥgende 
urbaine. Parce qu窶冰ne autoritテゥ dテゥclare quelque chose puis est reprise par une autre, il arrive que 
des faits qui n窶册xistent pas prennent des allures de rテゥsultats scientifiques. Les cristaux de 
magnテゥtite des articulations de sourcier chez Rocard en sont un exemple, l窶册ffet Kirlian un autre.  
En 1971, Gross publia un article dans le 

New England Journal of Medecine

 concernant une 

pathologie qu'il baptisa 

syndrome des habits de l'empereur

, en rテゥfテゥrence au conte テゥponyme d'Andersen 

(1835). Il dテゥcrit comment un diagnostic erronテゥ peut-テェtre confirmテゥ par plusieurs mテゥdecins par 
ツォ contamination ツサ du diagnostic prテゥcテゥdent. 

 ツォ Sa frテゥquence est maximale chez les テゥtudiants, テ mi-parcours de leurs テゥtudes. Son 
テゥpidテゥmiologie se concentre sans ambiguテッtテゥ dans les unitテゥs de soins intensifs coronariens, 
dans les cliniques spテゥcialisテゥes et les consultations de cardiologies qui constituent des zones 
テ haut risque. Le prestige et l窶兮utoritテゥ du responsable de ce syndrome est un facteur 
principal d窶册xtension de cette maladie. Dans un syndrome non cardiaque typique, le chef de 
service fait sa visite dans l窶冰nitテゥ clinique, accompagnテゥ de quatre assistants et de trois 
internes. Il テゥcoute et entend un souffle cardiaque. Personne d窶兮utre que lui ne l窶册ntend, mais 
aprティs lui, le principal assistant dit : ツォ je l窶册ntends ツサ. Il plante ainsi le dテゥcor de maniティre 
parfaite pour une mini-テゥpidテゥmie. Du haut en bas de la hiテゥrarchie, se succテゥdant rapidement, 
les membres du groupe se retrouvent infectテゥs. Le diagnostic est facile テ faire sur ce signe 
pathognomonique : ツォ je l窶册ntends ツサ. C窶册st lテ qu窶兮pparaissent frテゥquemment les ツォ formes 
frustes ツサ, surtout au niveau supテゥrieur de formation. Le diagnostic est portテゥ dans les termes 
suivants : ツォ il est trティs doux ツサ, ツォ il est intermittent ツサ ou ツォ on ne l窶册ntend qu窶册n dテゥcubitus 
latテゥral ou dorsal ツサ (c窶册st-テ-dire le malade couchテゥ sur le cテエtテゥ ou sur le dos)ツサ (Skrabanek & 
McCormick, 

ouv.citテゥ, 

p. 82)

191

 

.  

On apprend entre autres que certains cas de faux diagnostics, dus テ des erreurs d窶册xamen des 
prテゥlティvements et テ un jugement clinique imparfait, ont pris l窶兮mpleur d窶凖ゥpidテゥmies : une vingtaine 
de cas furent par exemple rapportテゥs par le 

Center for Disease Control

 d窶僊tlanta

192

 d窶冰ne 

non-

grippe 

porcine en 1976, qui valut la vaccination de 46 millions de personnes et quelques dテゥcティs sans que 
n窶兮pparaisse un seul vrai cas

193

.  

Skrabanek et Mccormick (

ouv.citテゥ

), qui rapportent ce phテゥnomティne, dテゥnoncent テゥgalement un lieu 

commun des pseudomテゥdecines qui est le peu de fiabilitテゥ des signes physiques utilisテゥs pour les 
                                                 

190

 L窶冑istoire narrテゥe par le dテゥtracteur de l窶兮ffaire 

Lady Wonder

, lui-mテェme prestidigitateur, est riche d窶册nseignement : 

Christopher, 

ESP, seers & psychics

 (1970). Certaines sテゥquences dites  ツォ mystification-dテゥmystification ツサ agissant sur les 

mテェmes facultテゥs critiques ont テゥtテゥ dテゥveloppテゥes par S. Antczak et reprises par R. Monvoisin.

 

191

 Skrabaneck & McCormick citent pour テゥtayer leur travail Gross & Levitt, 

Higher Superstition

 (1994). 

192

 Pour plus de dテゥtails sur ces ツォ non-テゥpidテゥmies ツサ, lire Weinstein & Stamm, 

Pseudoepidemics in hospital

, in

 Lancet

 (1977), 

II, pp. 862-864. 

193

 Sur ce cas, lire l窶凖ゥditorial du 

Lancet

Impact of swine non-flu

, (1982), II, p. 1029. 

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198

diagnostics (pouls filant, pouls pテゥdieux, degrテゥ de matitテゥ lors d窶冰ne percussion, etc.) qui mettent 
les ツォ suiveurs ツサ テ la merci d窶冰ne autoritテゥ digne du 

mテゥdecin malgrテゥ lui

Une vigilance peut alors テェtre suscitテゥe sur des disciplines pseudothテゥrapeutiques procテゥdant plutテエt 
de la vue de l窶册sprit 窶 la kinテゥsiologie et son ツォ langage du corps ツサ, la mテゥdecine テゥnergテゥtique et ses 
ツォ ajustements ツサ,

 

la microkinテゥsithテゥrapie et ses ツォ dテゥsテゥquilibres ツサ, les テゥlixirs floraux de Bach et la liste 

des ツォ テゥtats psychologiques nテゥgatifsツサ (comme tendance mティre-poule) etc. Nous sommes 
typiquement dans des termes souvent paillasson, テ fort effet Impact (voir 4.2.6 

Effets impact

). 

Sur l窶冑omテゥopathie par exemple, Aulas テゥcrivait dテゥjテ il y a vingt ans :  

ツォ Toute la symptomatologie pathogテゥnテゥtique de tous les remティdes expテゥrimentテゥs par les 
homテゥopathes depuis Hahnemann (La 

Materia Medica Pura

)

 

doit tout juste tenir dans les 20 

volumes de l窶

Encyclopaedia Universalis 

(tendance pleurnicharde, difficile テ contenter, troubles 

survenant aprティs une peur, de la jalousie, de la fureur, une vexation, une mauvaise 
nouvelle窶ヲ). Si on ne garde que les symptテエmes dont on ait une certitude scientifique, ne 
restent テ peine qu窶冰ne cinquantaine de pages, vraisemblablement double interligne, et 
encore窶ヲ ツサ (Aulas 1985). 

 
Un exemple dテゥcontractant est celui des 

femmes d窶僊ristote

. L窶冓nfluence d窶僊ristote n窶兮 pratiquement 

pas d窶凖ゥquivalence dans l窶冑istoire de la pensテゥe humaine. De larges pans de son dogme furent 
imposテゥs durant plus d窶冰n millテゥnaire, sans vテゥritable remise en question possible. Pourtant il eut テゥtテゥ 
facile de le prendre en dテゥfaut. Russell raconte cette histoire :  

 ツォ Aristote maintenait que les femmes avaient moins de dents que les hommes ; mais bien 
qu窶冓l se soit marriテゥ deux fois, il ne lui est jamais venu テ l窶册sprit de vテゥrifier ce fait en allant 
examiner lui-mテェme la bouche de ses compagnes ツサ (Russell 1985). 

Des historiettes du mテェme type portent sur les deux monuments de l窶僊ntiquitテゥ que sont 
Hippocrate et Galien. Certaines de leurs sottises furent rテゥpテゥtテゥes pendant des siティcles, faute d窶兮ller 
les vテゥrifier 窶 pensons aux humeurs hippocratiques, qui font encore fortune aujourd窶冑ui, ou aux 
lobes du foie ou au 

res mirabilis

, rテゥseau miraculeux oテケ circulaient les 

pneuma

 de Galien, qui eurent 

un succティs sテゥculaire. 
 

Syndrome Jules Verne  

Nous appelons le syndrome Jules Verne une

 

relecture テ rebours de l窶僣istoire et des faits au profit 

d窶冰ne figure que l窶冩n souhaite affubler d窶冰n regard visionnaire. C窶册st une variante du 
raisonnement paglossien (voir 4.3.6.15 

Le raisonnement panglossien version ツォ relecture de l窶僣istoire ツサ

). 

L窶册xemple classique est celui de Jules Verne ツォ grand visionnaire ツサ, pain bテゥnit pour les 
argumentaires pseudoscientifiques et archテゥofictifs comme ceux de Tarade (1969) :  

 ツォ Les auteurs sont en quelque sorte les ツォ mテゥdiums ツサ et les interprティtes de forces cachテゥes qui 
cherchent テ communiquer avec nous par des systティmes qui ne tombent pas sous nos sens 
actuels. Ces informations, Jules Verne, Jonathan Swift et Robert Garves les ont reテァues. Ils 
ont テゥcrit des messages venant d窶兮illeurs, ou tout simplement ont テゥtテゥ en contact avec des 
テェtres venus d窶冰n autre monde.  
Tout le monde s窶兮ccorde actuellement pour dire que Jules verne テゥtait un extraordinaire 
voyant. Son ナ砥vre renferme de nombreuses anticipations que le gテゥnie humain rテゥalisa 
depuis. L窶冑omme dans l窶册space, la conquテェte de la Lune, le sous-marin窶ヲ il avait tout prテゥvu, 
tout devinテゥ ツサ (

in

 Broch 1989, p. 16) 

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199

Broch テゥpingle cette relecture dithyrambique de l窶僣istoire : ツォ (窶ヲ) 

on assiste テ la prテゥsentation de Jules 

Verne comme un ツォ savant universel ツサ, un ツォ extraordinaire voyant ツサ qui a anticipテゥ de nombreuses rテゥalisations du 
gテゥnie humain 

(窶ヲ) 

or il faut tout de mテェme ramener les choses テ leur rテゥalitテゥ.

 ツサ Et rappelant les travaux du 

cryptozoologue Heuvelmans, Broch dテゥconstruit le mythe Verne, en rendant テ Cテゥsar ce qui est テ 
Cテゥsar, le premier sous-marin テ Drebbel en 1624, et l窶冓ntuition du Nautilus テ Fulton en 1797, soit 
soixante-dix ans avant 

Vingt mille lieux sous les mers 

de Verne.  

Heuvelmans テゥcrivait d窶兮illeurs :  

ツォ Se donne-t-on la peine de consulter la littテゥrature scientifique qui existait テ l窶凖ゥpoque ou 
Verne テゥcrivit ses Voyages extraordinaires, on s窶兮perテァoit que le romancier n窶兮 vraiment rien 
inventテゥ et que ses vues d窶兮venir ne sont que de naテッves extrapolations, presque toujours 
irrテゥalisables

 

ツサ (Heuvelmans 1974, 

in 

Broch, 

ibid.

). 

 
Prテゥcisons trois choses en complテゥment. 
- Le scテゥnario : ce travail de rテゥvisionnisme panテゥgyrique de l窶冑istoire participe de la scテゥnarisation 
trティs populaire du ツォ gテゥnie visionnaire ツサ (voir 4.4.3.11 

Autres scテゥnarios窶ヲ

). Ce fard de l窶冑istoire 

s窶兮pplique souvent テ l窶冓nsu de l窶冓ntテゥressテゥ, dans la mesure oテケ il est gテゥnテゥralement passテゥ de vie テ 
trテゥpas depuis un certain temps

194

.  

- Le liquide vaisselle (voir 4.4.3.14) : il est toujours possible, mテェme aprティs la mise テ jour du mythe 
Jules Verne, de faire encore mousser le sujet, d窶冰ne maniティre ou d窶冰ne autre - l窶冰n des derniers 
exemples en date est celui de Serres (Serres 2003)

195

. Jules Verne est entrテゥ dans le Panthテゥon des 

grands visionnaires, des De Vinci et des Archimティde, et tout recours テ son nom est couronnテゥ de 
dテゥfテゥrence dans les mテゥdias courants. 
- Enfn, la validation subjective : nous prテゥcisons aux テゥtudiants qu窶冓l y a une tendance テ regarder les 
prテゥdictions scientifiques s窶凖ゥtant rテゥvテゥlテゥes confirmテゥes/les carriティres s窶凖ゥtant rテゥvテゥlテゥes prestigieuses

196

 

de maniティre bien plus clテゥmente qu窶冰ne lecture 

a priori

 ne le laisserait penser. Cet embellissement, 

grand classique des obsティques populaires, fera passer une ordure pour un type correct, un type 
correct pour un bienfaiteur, un bon scientifique pour une grande テ「me et un narrateur des 
dテゥcouvertes qui lui テゥtaient contemporaines, comme Jules Verne, se voir classテゥ visionnaire ou 
avant-gardiste.  
Nous aimons illustrer cette pensテゥe sテゥlective et embテゥlissante par l窶册xtrait du sketch d窶僊. Dupontel 
ツォ 

Le bac de philo

 ツサ :  

ツォ Oui, vers 3 ans 4 ans [Sartre] a pas fait grand chose d窶冓ntテゥressant alors par contre aprティs il a 
fait l窶凖ゥcole. テ l窶凖ゥcole テァa se passe bien窶ヲ Faut dire que les profs savaient qui c窶凖ゥtait ! ツサ

 197

 

 

                                                 

194

 Il semblerait que Verne lui-mテェme ait テゥtテゥ lucide sur ce point. Poivre d窶僊rvor pティre et fils citent cette phrase qui lui 

est imputテゥe : ツォ 

Quand je les ai dテゥcrites comme des rテゥalitテゥs, ces choses テゥtaient dテゥjテ テ moitiテゥ dテゥcouvertes. J'ai simplement tirテゥ une fiction 

qui est devenue ultテゥrieurement un fait, et mon but, en le faisant, n'テゥtait pas de prophテゥtiser, mais de rテゥpandre dans la jeunesse un savoir en 

matiティre de gテゥographie sous une apparence aussi intテゥressante que je pouvais la composer

 ツサ. Tirテゥ de Poivre d'Arvor, 

Le Monde selon 

Jules Verne 

(2005). 

195

 Serres, 

Jules Verne, la science et l窶冑omme contemporain, Conversations avec Jean-Paul Dekiss

, (2003). Gohau en fait un dテゥbut 

de critique dans sa note de lecture, 

SPS

 nツー 267, mai 2005. 

196

 On fera un parallティle timide avec l窶兮nalyse de certaines luttes sociales reconnues 

a posteriori 

comme pleines de 

noblesse, ce qui expliquerait autant le nombre de fans de Verne que le nombre de supporteurs de la rテゥsistance 
franテァaise une fois la guerre terminテゥe. 

197

 Visionnage possible ici : 

www.dailymotion.com/video/xz0dq_albert-dupontel-lepreuve-de-philo

  

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200

4.3.2.3

 

Forme ツォ dテゥtournテゥe ツサ : le 

hijack

 

Forme ツォ hijacked ツサ du AA :  

 

1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet X 

 

2. La personne A fait des dテゥclarations sur le sujet X 

 

3 Une personne B transpose les dテゥclarations sur le sujet X テ d窶兮utres sujets, en citant A 

 
Volontaire ou pas, il s窶兮git de dテゥcrire ici de vテゥritables dテゥtournements intellectuels, puisqu窶冩n 
utilise des assertions hors champ en invoquant celui qui les a テゥmises dans un autre champ. Ces 

Hijacks

 (du terme anglais 

hijack 

pour ツォ dテゥtournement ツサ) sont le produit :  

soit d窶冰ne transposition mテゥdiatique naテッve ou manipulatoire : le journaliste croit avoir 
compris ce qu窶兮 dit l窶兮utoritテゥ, et le transpose hors champ. 

soit d窶冰ne imposture intellectuelle au sens de Sokal & Bricmont : le penseur transpose 
un concept mal compris d窶冰n domaine テ l窶兮utre,  sans  se  soucier  ni  de  la  valeur  du 
transfert, ni de la maniティre dont ce transfert テゥclaire le discours. 

En voici quelques exemples

198

 

窶「

 

Einstein, Dieu et les dテゥs 

Nous l窶兮vons dテゥjテ vu plus haut, Einstein a dテゥclarテゥ un jour, sur une question bien prテゥcise et 
technique de mテゥcanique quantique, que ツォ 

Dieu ne joue pas aux dテゥs

 ツサ (

Gott wテシrfelt nicht

). Il s窶兮gissait 

d窶冰ne version tronquテゥe de ce qu窶冓l disait, et qui n窶凖ゥtait d窶兮illeurs selon ses propres dires qu'une 
conviction personnelle et non le rテゥsultat de ses travaux. Il serait pour le moins abusif de s'abriter 
derriティre l窶兮utoritテゥ d窶僞instein pour dテゥcontextualiser sa phrase et affirmer que le hasard n'existe pas 
ou que Dieu existe : c窶册st pourtant un lieu commun d窶兮uteurs pro-ID, faisant fi des dテゥclarations, 
contextuelles et non tronquテゥes d窶僞instein sur son athテゥisme

199

窶「

 

La Gテカdelite (encore) 

Nous l窶兮vons dテゥjテ vu, (voir 4.2.5 

Concept nomade

), l窶冓ncomplテゥtude des systティmes formels dテゥmontrテゥe 

par K. Gテカdel a テゥtテゥ utilisテゥe abusivement dans un certain nombre de contextes. Comme le souligne 
Bouveresse, un peu cynique :  

ツォ Tout le monde peut se rendre compte au premier coup d'oeil que ce n'est certainement 
pas en parlant du thテゥorティme de Gテカdel comme on devrait le faire, c'est-テ-dire comme l'ont 
fait Gテカdel lui-mテェme, Kreisel, van Heijenoort ou Dummett (tout cela est, comme on dit, 
beaucoup trop "anglo-saxon"), mais plutテエt en en parlant comme l'ont fait Derrida, 
Lyotard, Serres, Julia Kristeva, Bernard-Henri Lテゥvy, Debray et beaucoup d'autres, que l'on 
devient cテゥlティbre en France et rテゥussit テ faire parler de soi dans les journaux. ツサ (Bouveresse, 

                                                 

198

 

Stephen Jay Gould avait テゥmis une observation sur le fait que la thテゥorie de l'テゥvolution テゥnoncテゥe par Charles Darwin 

テゥtait sans doute encore incomplティte et que quelques テゥlテゥments manquaient encore. On nous a rapportテゥ que des mテゥdias 

annoncティrent alors que ツォ 

Stephen Jay Gould met en cause la thテゥorie de Darwin

 ツサ. Toutefois, nous n窶兮vons pu retrouver la 

rテゥfテゥrence exacte, aussi ne plaテァons-nous cet exemple qu窶凖 titre indicatif.  

199

 ツォ 

It was, of course, a lie what you read about my religious convictions, a lie which is being systematically repeated. I do not believe in a 

personal God and I have never denied this but have expressed it clearly. If something is in me which can be called religious then it is the 

unbounded admiration for the structure of the world so far as our science can reveal it.

 ツサ Albert Einstein, Lettre du 24 mars 1954 

in 

Einstein, 

The Human Side, new glimpses from his archives

 (1981). 

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201

ouv.citテゥ

200

  

Et le philosophe de citer un exemple de la plume du personnage franテァais vraisemblablement le 
plus atteint de ツォ gテカdelite ツサ, Rテゥgis Debray :  

ツォ L'テゥmancipation du genre humain", on sait de science certaine, en vertu d'un axiome, 
l'incomplテゥtude, que c'est un leurre, テゥternel et nテゥcessaire, mais il vaut mieux, somme toute, 
que la rテゥsignation au cynisme sec du chacun pour soi ツサ (Debray, Le rire et les larmes, 

Libテゥration

, 14-15 septembre 1991). 

On excusera alors J. Staune, si prompt テ rechercher des AA, lorsqu窶冓l テゥcrit qu窶卍ォ 

[e]n mathテゥmatiques, 

le thテゥorティme de Gテカdel nous montre que tout systティme logique contient une faille logique 

(窶ヲ) ツサ

201

. En toute 

cohテゥrence, il tombe lui-mテェme dans une faille logique.  
On l窶册xcusera d窶兮utant plus volontiers quand on constate la qualitテゥ scientifique discutable de 
certaines couvertures de revues de vulgarisation scientifique, qui faテァonnent les opinions テ grands 
renforts de titres comme ceux-ci (figure 77) :  

 

Figure 77 : Sommaire du S&Av 

ツォ

 

Les grandes idテゥes du siティcle ツサ 

Cette couverture de 

S&Av

 HS ci-dessus a dテゥjテ テゥtテゥ rencontrテゥe lors des accentuations lapidaires, 

en cumule un certain nombre dont le trop cテゥlティbre ツォ

 la pensテゥe est limitテゥe

 ツサ.

202

 

Preuve des hiatus entre maquettistes de couverture et journalistes scientifiques, on trouve dans le 
mテェme magazine en sous-titre de l窶兮rticle consacrテゥ テ la fameuse incomplテゥtude (figure 78) :  

 

Figure 78 : sous-titre de l窶兮rticle ツォ la pensテゥe est limitテゥe ツサ, S&Av 

ツォ

 

Les grandes idテゥes du siティcle ツサ

.  

                                                 

200

 Le livre de Bouveresse 

Prodiges et vertiges de l窶兮nalogie 

traite d窶冰ne maniティre prodigieuse ces questions de mテゥtaphores 

douteuses et de recours テ l窶兮utoritarisme-littテゥrarisme (1999). 

201

 Staune, 

Qu窶册st-ce que l窶冩bscurantisme

, sur 

http://www.staune.fr/Qu-est-ce-que-l-obscurantisme.html

  

202

 La pensテゥe est limitテゥe, certes. Le journaliste le prouve mieux avec son titrage qu窶兮vec Kurt Gテカdel. 

background image

 

 

 

 

 

202

 
Soulignant une pleine page alignant des reproductions de visages de Gテカdel (

sic

), la page suivante 

indique :  

ツォ 

De l窶冓ncomplテゥtude de Gテカdel テ l窶冓mpossibilitテゥ de la rテゥflexivitテゥ

. Comment a-t-on pu 

passer de l窶冓ncomplテゥtude mathテゥmatique テゥnonテァant l窶冓mpossibilitテゥ pour un systティme formel de 
contenir sa propre justification テ l窶兮ffirmation de l窶冓nadテゥquation de la pensテゥe elle-mテェme ? ツサ 

Nous avons une hypothティse : en partie テ cause de la mテゥdiocritテゥ des titres que la revue donne aux 
propos de J.Y Girard. 
 

4.3.2.4

 

Forme ツォ diluテゥe ツサ: l窶僊dUA et l窶册ffet 

boule de neige

 

La forme ADUA

203

 ou l窶僊mi D窶儷n Ami est la suivante :  

 

1. Un ami d窶冰n ami rapporte que X 

(Variante : j窶兮i entendu dire plusieurs fois que X) 

 

2. donc X est vrai 

Cette fois, l窶兮utoritテゥ, rテゥelle ou non, est quasi-anonyme, et floute le nテゥcessaire sourテァage des 
informations dont on se fait relais.  
Une variante en est l窶册ffet boule de neige :  

1. Un ami entend X 
2. Il dit テ son ami X窶 
3. L窶兮mi entend X窶吮 et me le rテゥpティte 
4. J窶册ntends X窶吮吮 
4. donc X窶吮吮 vrai 

Le tテゥmoignage de n-iティme main offre une quantitテゥ de dテゥrives possibles regroupテゥes par Broch

 

sous 

ce terme d窶

effet Boule de neige 

:  

ツォ Untel dテゥclare que Machin a dit que Chose avait appris chez Truc que... Tテゥmoignage de n-
iティme main oテケ chaque intermテゥdiaire rajoute un テゥlテゥment de son cru テ l'histoire de dテゥpart ツサ 
(Broch, 

ouv.citテゥ, 

p. 96) 

 
Le bouche-テ-oreille, comme les mテゥdias, goテサte les nouvelles sensationnalistes et se font caisse de 
rテゥsonance, avec des distorsions parfois importants.  
Cela crテゥe deux biais importants :  

-

 

on entend beaucoup parler de choses sans fondements 

-

 

cela donne l窶冓llusion que ces choses sont de plus ou plus courantes (biais de 
confirmation) 

-

 

le bruit de fond gテゥnテゥrテゥ est donc important. J.H. Brunvand, spテゥcialiste des lテゥgendes 
urbaines, explique que le caractティre principal des bonnes histoires est moins la vテゥritテゥ que 

                                                 

203

 Nous avons empruntテゥ au folkloriste Brunvand son FOAF (friend of a friend), qu窶冓l avait vraisemblablement 

empruntテゥ lui-mテェme テ Rodney Dale dans 

The Tumour in the Whale

 (1978). 

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203

sa capacitテゥ テ coller テ un fantasme. Brunvand a ce constat semi-dテゥsabusテゥ :  

ツォ Si les bonnes histoires veulent trouver leur place dans le folklore moderne, leur vテゥracitテゥ 
est moins importante que la possibilitテゥ d'テェtre crues ; elles n'ont mテェme pas besoin d'テェtre 
forcテゥment vraisemblables, pourvu qu'elles soient ironiques, haletantes ou amusantes. Rティgle 
Nツー1 : la vテゥritテゥ n'est pas la condition d'une bonne histoire ツサ (Brunvand 1986, p. 205) 

Ainsi lorsque le fantasme s窶册mpare d窶冰ne information susceptible d窶凖ェtre relayテゥe, le fluage peut 
devenir important :  

-

 

une communication テ l窶僊cadテゥmie des Sciences, c'est-テ-dire une lettre simplement postテゥe 
lテ-bas devient une caution (exemple de De Vernejoul et Darras sur les mテゥridiens 
d窶兮cupuncture, voir 4.3.2.6 

le sophisme du sonneur

) (Broch 2001, pp. 143-152) 

-

 

une expテゥrience non reproductible devient une dテゥcouverte (exemple de la fusion froide et 
de la mテゥmoire de l窶册au). 

-

 

un dテゥpressif devient Piano Man (voir plus loin),  

autant de ツォ baudruches ツサ mテゥdiatiques difficiles, voire impossibles テ dテゥsenfler ensuite. 
 
Voici quelques exemples que nous aimons テゥtudier en cours :  

窶「

 

L窶册ffet Backster  

On lit chez Lyall Watson (1974) que la ツォ perception primaire ツサ chez les plantes a テゥtテゥ 

dテゥcouverte 

par 

Cleve Backster en 1966. Comme Broch l窶兮 montrテゥ, Backster est prテゥsentテゥ sous la plume de Serhei 
Ivanov en ツォ 

chercheur amテゥricain

 (qui) 

s窶册mploya

 

テ perfectionner l窶册nregistreur テゥlectronique de rテゥactions 

cutigalvaniques, qui servent d窶冓ndice de changements dans le domaine affectif

 ツサ (Ivanov 1977, 

in 

Broch 1989, 

p. 11).  
Charroux en France, テゥcrira :  

ツォ 窶ヲce n窶凖ゥtait pas une preuve dテゥcisive, mais dテゥjテ se dessinaient des notions de biologie 
vテゥgテゥtale qui allaient rテゥvolutionner le monde dit savant (窶ヲ) テ dater de ce jour, toute une 
テゥquipe de chercheurs se mit テ テゥtudier l窶册ffet Backster (窶ヲ) c窶凖ゥtait un fait incontestable dont 
tテゥmoignaient les appareils enregistreurs de tous les laboratoires et on l窶兮ttribua テ une facultテゥ 
extra-sensorielle analogue テ l窶冓nstinct, テ la voyance ou テ la prテゥmonition. (窶ヲ) car 
expテゥrimentalement, c窶凖ゥtait vrai : le dracテゥna, l窶冩ignon et le citronnier devinaient et 
expertisaient les pensテゥes humaines. ツサ (Charroux 1974, 

in 

Broch, 

ibid.

Mais le ツォ 

fait incontestable dont tテゥmoignaient les appareils enregistreurs de tous les laboratoires

 ツサ, que louange 

l窶兮uteur Watson, n窶兮 jamais pu テゥtテゥ observテゥ. L窶冰nique source テ laquelle puisent ces auteurs est non 
un travail scientifique, mais un reportage, qui conduisit テ une unique publication de mauvaise 
qualitテゥ dans l窶

International Journal of Parapsychology 

(Backster 1968, p. 329, 

in 

Broch, 

ibid.

). Le seul 

travail scientifique publiテゥ portant sur la reproduction du phテゥnomティne dans les conditions 
expテゥrimentales de Backster, dans la revue 

Science

 conclura sur la non mise en テゥvidence d窶冰ne 

quelconque perception primaire chez les plantes (Horowitz 

& al.

 1975, p. 478, 

in 

Broch, 

ibid.

). 

Broch conclue ainsi :  

ツォ L窶冑istoire du philodendron tテゥlテゥpathe (窶ヲ) nous fait toucher du doigt le danger de ce que 
l窶冩n peut appeler ツォ l窶册ffet ツォ boule de neige ツサ, effet dans lequel chaque ツォ rapporteur ツサ ajoute 
un embellissement entiティrement personnel au ツォ fait ツサ qui sert de point de dテゥpart. ツサ (

Ibid.

)

204

                                                 

204

 Pour une critique plus rテゥcente de ladite perception primaire des plantes et l窶册ffet Backster, voir l窶册xcellent travail 

background image

 

 

 

 

 

204

 

窶「

 

Einstein et l窶兮strologie 

Einstein fut (encore) victime d窶冰n Hijack lorsqu窶冓l fut invoquテゥ テ la rescousse de l窶兮strologie par 
Elizabeth Teissier. Citテゥ dans sa thティse de doctorat controversテゥe, Einstein aurait fait cette 
dテゥclaration aussi surprenante窶ヲ que fausse :  

ツォ L窶兮strologie est une science en soi, illuminatrice. J窶兮i beaucoup appris grテ「ce テ elle et je lui 
dois beaucoup. Les connaissances gテゥophysiques mettent en relief le pouvoir des テゥtoiles et 
des planティtes sur le destin terrestre. テ son tour, en un certain sens, l窶兮strologie le renforce. 
C窶册st pourquoi c窶册st une espティce d窶凖ゥlixir de vie pour l窶冑umanitテゥ. ツサ (Hanselmann-Teissier 
2001, p. 17)

205

.  

Phrase incongrue pour Einstein

206

, elle テゥtait dテゥjテ prテゥsente plusieurs fois dans le livre de Teissier et 

Laborit 

テ液oiles et molテゥcules

 (1992, notamment p. 13). Hamel (2005, p. 16) a dテゥsormais montrテゥ que 

cette phrase テゥtait l窶冓nvention de Carl Heinrich Huter, dans son 

Huters

 

astrologischer Kalender

 de 

1960, (1959 p. 4). Reprise ensuite par l窶兮strologue Hirsig puis par un grand nombre d窶兮utres 
auteurs, elle テゥchoua dans la thティse de Teissier malgrテゥ les mises en garde prテゥalables de Cuniot 
(1989, pp. 45-47).

 

 

窶「

 

Piano Man 

C窶册st un exemple trティs apprテゥciテゥ des テゥtudiants dans la mesure oテケ il leur est contemporain. 
L窶册ffet Boule de neige se rテゥalise テ plein dans le cas de ce jeune homme retrouvテゥ en 2005 en 
smoking, errant amnテゥsique et dテゥtrempテゥ sur une plage du Kent, prティs de Sheerness (figure 79). 

 ツォ Dans l'espoir qu'il テゥcrive son nom, le personnel hospitalier lui donne un crayon et une 
feuille. L'homme dessine alors un immense piano テ queue, trティs dテゥtaillテゥ, dテゥmontrant sa 
connaissance profonde de l'instrument. Pour le tester, le personnel l'emmティne dans la 
chapelle de l'テゥtablissement de soins, oテケ se trouve un piano. Pendant prティs de quatre heures, 
le patient se lance dans un vテゥritable rテゥcital de musique classique. Michael Camp, la 
personne qui s'occupe de son cas, racontait テ la BBC en mai : "

C'est extraordinaire. La premiティre 

fois que nous l'avons emmenテゥ au piano, il a jouテゥ pendant plusieurs heures, non-stop.

" Son talent est 

テゥvident. Quand il ne joue pas, il compose. "

Il revient テ la vie

", explique Michael Camp. La 

photo mテゥlancolique de l'homme, avec le soleil qui brille dans ses cheveux, les yeux perdus, 
les テゥpaules rentrテゥes, ajoute au romantisme qui entoure son cas. ツサ (

Le Temps

, 23 aoテサt 2005). 

                                                                                                                                                         

de Fabre, 

La perception primaire des plantes

, Observatoire Zテゥtテゥtique,

  

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=13

  

205

 Hanselmann-Teissier, 

Situation テゥpistテゥmologique de l'astrologie テ travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociテゥtテゥs 

postmodernes

, p. 17. Accessible ici : 

http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SET=3/TTL=1/SHW?FRST=1

  

206

 Dans l窶冓ntroduction qu窶冓l rテゥdigea pour le livre de Baumgardt (1951), 

La biographie et テ la correspondance de Kepler

, il 

テゥcrivit plutテエt : ツォ 

L'astrologie est un ennemi intテゥrieur neutralisテゥ mais non complティtement mort

 ツサ. p. 13. Merci テ Denis Hamel.

 

 

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205

 

Figure 79 : Le jeune homme baptisテゥ par les mテゥdias ツォ Piano Man ツサ, des partitions テ la main, テゥtテゥ 2005. 

 

Passe et repasse le sujet dans les mテゥdias, de TF1 テ ATS.  

 ツォ Il s窶凉 installe et interprティte avec virtuositテゥ (selon les tテゥmoins) une sテゥrie de piティces musicales, 
allant d窶册xtraits du 

Lac des Cygnes

 de Tchaテッkovsky テ des airs contemporains comme 

Across the 

Universe

 de Lennon et McCartney. Aprティs quatre heures de ce rテゥcital impromptu, il tombe 

d窶凖ゥpuisement ツサ. (

Times

, Piano man窶 still not identified, 17 mai 2005). 

 
Nous avons accumulテゥ un certain nombre de communiquテゥs sur la question, dont la prテゥsentation 
va crescendo au grテゥ des mois. Hテゥlas, l窶冑omme ne savait pas jouer un seul morceau, et tout ce 
battage s窶册st agglomテゥrテゥ autour d窶冰n seul tテゥmoignage de dテゥpart.En guise d窶冓llustration sur la 
maniティre des mテゥdias d窶凖ゥcraser les baudruches mテゥdiatiques sous la fesse, deux articles du mテェme 
journal, 

Libテゥration

 :  

23 mai 2005 : ツォ 

Depuis le dテゥbut de son sテゥjour, Mister X ne cessait de fixer ses interlocuteurs, comme 

pour s'en protテゥger. Au piano, il les a oubliテゥs. Michael Camp en a eu le ツォ souffle coupテゥ ツサ. Mais il n'est 
pas ツォ grand spテゥcialiste de musique classique ツサ. Ses collティgues ont d'abord reconnu le Lac des cygnes de 
Tchaテッkovski. Puis, quatre heures durant, il a jouテゥ des compositions incertaines. En boucle.

ツサ

 

(Thorval 

A., Fugue en moi majeur, 

Libテゥration

). 

22 aoテサt 2005 : ツォ 

Selon le quotidien anglais, le jeune homme, qui passait pour un gテゥnie du clavier, 

pourrait en fait difficilement tirer une note d'un piano

. ツサ (Anonyme, La mテゥmoire est revenue テ ツォ 

Piano Man ツサ, 

Libテゥration

).

 

 

 
Soulignons au travers de cet exemple de Piano Man le peu de scrupule des mテゥdias テ faire grand 
battage d窶冰ne ツォ lanterne ツサ sensationnelle, et テ enterrer l窶兮ffaire lorsqu窶册lle se rテゥvティle n窶凖ェtre qu窶冰ne 
ツォ vessie ツサ. Le manque de rテゥfutation des allテゥgations fausses, mテェme dans des revues prestigieuses et 
des テゥmissions taxテゥes de sテゥrieuses, est l窶冰ne des principales causes de la rテゥsurgence de sujets 
maintes fois pliテゥs (voir 1.2.5 

Le syndrome de l窶僮nsubmersible Canard de Bain

) (voir 4.4.3.10 & 11, 

Effets 

vitrine

). 

 

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206

4.3.2.5

 

Forme ツォ lu dans une revue ツサ - syndrome Popeye 

L窶兮rgument ツォ lu dans une revue ツサ a la forme suivante :

 

1. je l窶兮i lu plusieurs fois dans le journal / la presse / une revue 
2. donc c窶册st vrai

 

Il s窶兮git aussi d窶冰ne forme de sophisme, ne serait-ce que par l窶册ffet paillasson que permet le terme 

presse scientifique

. Nombreux sont les lecteurs qui pensent que 

S&Av

 est une revue scientifique, lテ 

oテケ les habituテゥs et les professionnels y voient une revue de vulgarisation scientifique et rテゥservent 
le terme de 

presse scientifique

 テ une presse de haut niveau (notamment テ des revues テ comitテゥ de 

lecture). 
Nous voulons montrer que le fait que si une revue テ teneur scientifique publie quelque chose, 
c窶册st qu窶冓l y a une prテゥsomption correcte, mais en aucun cas une preuve, de qualitテゥ scientifique. 
Constat dテゥsespテゥrant certes, sauf テ bien considテゥrer que c窶册st le ressac du temps qui se chargera de 
prテゥciser cette prテゥsomption ou de la faire s窶凖ゥvaporer. Dans le champ mテゥdical, acheter des pages de 
publicitテゥ dans des journaux et magazines テ grands tirages, si possible sテゥrieux et/ou mテゥdicaux, peu 
regardant sur la vテゥracitテゥ des produits vendus, permet ensuite d窶冓nclure la mention "vu sur X 
Magazine" ou "lu sur Y journal" dans d'autres publicitテゥs. Ainsi, quoiqu窶冰n mot テゥcrit ne soit pas 
censテゥ テェtre auto-validant (Broch 

ouv.citテゥ

, p. 181), une chose rapportテゥe, rテゥpテゥtテゥe, citテゥe et re-citテゥe, 

bテゥnテゥficiant d窶冰ne vitrine quelconque peut progressivement devenir vraie pour une majoritテゥ de 
gens, et parfois servir テ des fins idテゥologiques. 
En voici trois exemples qui font partie de nos essais pテゥdagogiques. 
 

窶「

 

Le Syndrome Popeye

207

 

L窶册xemple le plus connu est celui du taux テゥlevテゥ en fer des テゥpinards, dテゥmystifiテゥ par Hamblin : une 
virgule mal placテゥe avait multipliテゥ par dix l窶册stimation de la concentration en fer de la plante 
potagティre. 

ツォ The discovery that spinach was as valuable a source of iron as red meat was made in the 
1890s, and it proved a useful propaganda weapon for the meatless days of the second world 
war. A statue of Popeye in Crystal City, Texas, commemorates the fact that single-handedly 
he raised the consumption of spinach by 33%...Unfortunately the propaganda was 
fraudulent; German chemists reinvestigating the iron content of spinach had shown in the 
1930s that the original workers had put the decimal point in the wrong place and made a 
tenfold overestimate of its value

 

ツサ (1981, p. 1671) . 

Ajoutons テ cela l窶冰tilisation politique donnテゥe テ cette erreur (encouragement des mテゥnages テ la 
consommation de lテゥgumes d窶兮ppoint), tout comme dans le cas du crテ「ne de Piltdown (voir4.4.5 

Le 

mode politique

) ou de certaines テゥtudes de phrテゥnologie, et nous obtenons une idテゥe reテァue qui perdure 

pendant prティs d窶冰n siティcle. 
 

窶「

 

La saoulerie d窶僣awking  

ツォ 

D窶兮prティs les interviews des journaux et le rテゥcent documentaire par Hugh Downs sur ABC-TV, quand 

vous avez appris le diagnostic, vous avez simplement renoncテゥ et bu pendant des mois pour oublier

 ツサ, 

Hawking rテゥplique : ツォ 

C窶册st une bonne histoire, mais ce n窶册st pas vrai [...] J窶兮i テゥcoutテゥ du Wagner, mais 

                                                 

207

 Voir Monvoisin R., 

テ瑛ixirs floraux de Bach, quintessence d窶冰ne illusion

, Observatoire Zテゥtテゥtique, Laboratoire Zテゥtテゥtique. 

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207

les commentaires disant que je me suis saoulテゥ sont une exagテゥration. Le problティme c窶册st qu窶冰n article l窶兮 dit et 
les autres le copient parce que cela fait une bonne histoire. Tout ce qui est imprimテゥ de nombreuses fois ne doit 
pas テェtre obligatoirement vrai

 ツサ (Mialet, ouv.citテゥ, p. 83). 

Nous avons ici un trティs bel effet boule de neige. Hawking se rテゥappropriera lui-mテェme par la suite 
ce scテゥnario digne d窶僊rchimティde.  
 

窶「

 

Les coliques de plomb d窶僣ippocrate 

 ツォ De nombreuses autoritテゥs dans le domaine de la mテゥdecine du travail, se citant les unes les 
autres, ont continuテゥ d窶兮ffirmer qu窶僣ippocrate avait テゥtテゥ le premier テ dテゥcrire cette affection. 
Waldron a montrテゥ qu窶僣ippocrate n窶兮vait rien テゥcrit de semblable. Cependant, comme on 
peut supposer que peu de futurs auteurs d窶兮rticles sur les coliques de plomb seront au 
courant de la lettre de Waldron テ la revue mテゥdicale 

Lancet 

ou familiers des テゥcrits 

hippocratiques, ils continueront de commencer leur savant traitテゥ par la phrase suivante : 
ツォ 

c窶册st テ Hippocrate qu窶冓l faut attribuer la premiティre description de la colique de plomb

.ツサ (Waldron 1973, 

p. 626, 

in

 Skrabanek & McCormick, 

ouv.citテゥ

, pp. 42-43) 

Or on lit encore quarante ans plus tard que les coliques de plomb furent mentionnテゥes pour la 
premiティre fois par Hippocrate :  
- sur le site de la Direction du Travail de Languedoc Roussillon

208

- sur le site de l窶儷niversitテゥ de Mテゥdecine de Rennes.

209

 

 

窶「

 

Le koro, le tarentisme 

Exemple qui rappelera les non-テゥpidテゥmies dues au 

syndrome des habits de l窶册mpereur (

voir plus haut) : 

en 1975, l窶僊gence France-Presse diffusa le rapport suivant : 

ツォ Des rumeurs selon lesquelles l窶兮bsorption 

de thon est responsable d窶冰ne maladie entraテョnant une atrophie des organes sexuels ont provoquテゥ un effondrement du 
commerce du poisson dans le port de Palem Bang テ Sumatra ツサ. 

Skrabanek et son collティgue McCormick 

racontent :  

ツォ La maladie en question s窶兮ppelle koro, terme javanais dテゥsignant la tテェte de tortue. C窶册st un 
cas trティs curieux et troublant de non-maladie. Elle est trティs connue en Malaisie et en Chine du 
Sud, oテケ elle est appelテゥe Shook Yang, ツォ pテゥnis ratatinテゥ ツサ. Les experts locaux tinrent un 
sテゥminaire lors d窶冰ne テゥpidテゥmie de koro en 1967. Selon eux, cette maladie relティve de la peur, 
des ragots, des conditions climatiques et d窶冰n dテゥsテゥquilibre entre le cナ砥r et le rein

210

(

sic

) Les 

malades touchテゥs vivent dans la peur constante de mourir et tentent d窶册mpテェcher la 
disparition finale de leur pテゥnis dans l窶兮bdomen en le retenant テ l窶兮ide de ツォ clamps, baguettes, 
pinces テ linge, etc. ツサ et mテェme ツォ d窶凖ゥpingles de sテサretテゥ ツサ. Dans certains cas, les divers membres 
de la famille se relaient pour ツォ tenir ツサ le pテゥnis, et parfois on demande テ leur テゥpouse de le 
garder dans sa bouche afin d窶兮ttテゥnuer la peur du malade

211

. Un autre traitement, テ peine 

moins exotique, consiste テ brテサler les caleテァons d窶冰ne personne de sexe opposテゥ et テ utiliser 
les cendres d窶冰ne maniティre non prテゥcisテゥe. 
De nombreux cas de koro ont テゥtテゥ rapportテゥ chez les sujets non chinois, y compris des 

                                                 

208

 Consulter  

http://www.sdtefp-languedocroussillon.travail.gouv.fr/sdtefp/actualite/sante/sante-2005-diaporama-plomb.pdf

 

209

 Compulser 

www.med.univ-rennes1.fr/resped/s/medtra/plomb/plomb.htm

  

210

 La source est Gwee, 

Koro-its origin and nature as a disease entity

 (1968), pp. 3-6. 

211

 Voir 

Chung Tung Mun : epidemic koro in Singapore

 (1968), p. 640, et Gwee, 

Koro 窶 a cultural disease

 (1963). 

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208

テゥpidテゥmies qui ont ornテゥ les pages du 

Lancet

, du 

British Journal of Psychiatry

 et d窶兮utres revues 

mテゥdicales renommテゥes (窶ヲ). ツサ (Skrabanek & McCormick

, ouv.citテゥ

, pp. 88-89)  

 
Ces derniers exemples sont plus complexes et permettent d窶冓ntroduire auprティs des テゥtudiants de 
mテゥdecine-pharmacie une rテゥflexion sur le statut de la maladie et de ces syndromes qui flottent 
entre syndromes localisテゥs (

culture-bound syndromes

) et syndromes iatrogティnes, crテゥes de toute piティce 

par le thテゥrapeute. Pour le pittoresque, nous citons テゥgalement le tarentisme, dans le sud de l'Italie, 
auquel nous devons certaines tarentelles de Berlioz, ou l窶凖ゥternelle notion d窶卍ォ hystテゥrie ツサ, battue et 
rebattue, toujours prテゥsente dans l窶冓maginaire franテァais malgrテゥ son テゥtymologie hippocratique et sa 
connotation souvent sexiste

212

. Le rテエle des mテゥdias par l窶兮udience donnテゥe テ de telles notions est 

テゥgalement sujet テ travail pテゥdagogique sur les bulles mテゥdiatiques (voir Monvoisin, Acrimed, 2006). 

 

4.3.2.6

 

Source, compテゥtence et sophisme du sonneur  

Broch, d窶冰ne maniティre qui peut sembler naテッve 

a priori 

et se rテゥvティle primordiale, insiste sur les deux 

facettes Zテゥtテゥtiques : ツォ 

l窶冩rigine de l窶冓nformation est fondamentale

 ツサ  et  ツォ 

la compテゥtence de l窶冓nformateur est 

テゥgalement fondamentale

 ツサ. Non que les tテゥmoignages soient テ exclure

213

, mais ils ne sont que des 

encouragements テ l窶册nquテェte, et non des faits.  
Nous enjoignons les テゥtudiants テ vテゥrifier ces argumentaires, surtout dans la presse mテゥdicale :

 

vテゥrifier qui a financテゥ l窶凖ゥtude. Est-ce que l窶兮rticle relate bien le dテゥtail de la publication d窶冩rigine ? 
Est-ce que la publication d窶冩rigine n窶册xtrapole pas ?  
Nous les encourageons テゥgalement テ dテゥtecter le ツォ sophisme du sonneur ツサ : Skrabanek & 
McCormick utilisent ce terme en hommage テ Lewis Carroll :  

ツォ Dans 

la chasse au snarck

 de Lewis Carroll, le sonneur dit : ツォ 

Ce que je vous dis trois fois est 

vrai

 ツサ. C窶册st lテ une forme dテゥgradテゥe du sophisme du faisceau [de preuve], insistant sur le 

fait qu窶冰ne テ「nerie rテゥpテゥtテゥe plusieurs fois devient ツォ acquise ツサ. (Skrabanek & McCormick

ouv.citテゥ

, pp. 42-43) 

C窶册st tout l窶冩bjet du cours d窶

Analyse critique du message scientifique

, donnテゥ aux pharmaciens, テ l窶兮ide 

d窶册xemples de recherches menテゥes par nous ou par d窶兮utres テゥtudiants. 
Nous avons par exemple amenテゥ les テゥtudiants テ fouiller les origines de choses aussi diverses que :  

la ツォ publication ツサ dテゥjテ rencontrテゥe des docteurs De Vernejoul, Albarティde et Darras sur les 
mテゥridiens 1985 qui n窶册st qu窶冰ne simple ツォ communication ツサ テ l窶僊cadテゥmie des sciences 
(figure 80). 

                                                 

212

 Exemple rテゥcent de l窶冰tilisation du terme surannテゥ ツォ hystテゥrie ツサ, dans le 

Nouvel Observateur

 rテゥcemment :

 

ツォ 

Aux テ液ats-

Unis, les frasques des stars provoquent une hystテゥrie sans prテゥcテゥdent, allant jusqu'テ テゥclipser la guerre en Irak

 ツサ, 17 aoテサt 2006.  

213

 Pensons テ l窶冑omme qui a appelテゥ la police de Londres pour annoncer qu窶冰ne baleine テ bec nageait dans la Tamise 

le 20 janvier 2006. 

background image

 

 

 

 

 

209

 

Figure 80 : extrait de Brissonnet, 

Des aiguilles et des hommes, 

in 

Les pseudomテゥdecines, 2003

 

les recherches prテゥtendement menテゥe par le 

Governmental Radiation Protection Center

 de 

Finlande accrテゥditant la casquette Handy Fashions d窶冰ne capacitテゥ テ protテゥger la tテェte des 
micro-ondes de tテゥlテゥphones portables. En guise de publication, il n窶凉 avait qu窶冰n article 
dans un quotidien populaire 

Helsingin Sanomat

, en janvier 2003 

les recherches montrant que le 

Danone Essensis

 a effectivement une action bテゥnテゥfique 

pour la peau, que la sympathicothテゥrapie est une thテゥrapie efficace, etc. montrant que ces 
pseudo-recherches, quand elles sont rテゥellement menテゥes, sont fabriquテゥes par des 
laboratoires internes テ l窶冓ndustrie

214

 窶 occasion de parler des conflits d窶冓ntテゥrテェts. 

que les テゥtudes des Dr Harisch et Sachs faisant de l窶册xtrait de pテゥpin de pamplemousse un 
ツォ antibiotique ツサ naturel, n窶册xistent tout simplement pas, et bien d窶兮utres (voir figure 
81)

215

 

                                                 

214

 

Danone Essensis, comment devenir belle avec un yaourt,

 Aurテゥlie Martins Gomes, Clarisse Lamy, Cours Analyse critique du 

message scientifique, L2 Pharmacie, 2007 

Comment テェtre branchテゥ et protテゥgテゥ de son tテゥlテゥphone ?

 Le cas de la casquette Handy-Fashions, Sara Planes, Emilie Piallat, Cours 

Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie, 2007 

La sympathicothテゥrapie, alternative thテゥrapeutique crテゥdible ou dangereuse illusion ?

 Guillaume Chovelon, Bruno Revol, Cours 

Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie, 2007 

215

 

L窶册xtrait de pテゥpin de pamplemousse : produit miracle ou produit dopテゥ ?,

 Marion Miramond, Amテゥlie Perret, Nathalie Chu, 

Cours Analyse critique du message scientifique, L2 Pharmacie. Toutes ces テゥtudes, lus ou moins approfondies, sont 
disponibles ici : 

http://esprit.critique.free.fr/#ACMS

  

Le 5 novembre 1985, le journal de 20 h sur TF1 rテゥvティle, テ grand fracas, que trois mテゥdecins de l'hテエpital Necker les Drs 

J.C.Darras, P.Albarティde et P.de Vernejoul ont visualisテゥ un mテゥridien grテ「ce テ l'utilisation d'un isotope radioactif, le 
technテゥcium 99. 

L'opテゥration a テゥtテゥ minutieusement orchestrテゥe, puisque les auteurs ont simultanテゥment, publiテゥ un ouvrage de 
vulgarisation et prテゥsentテゥ leur travail sous forme d'une communication テ l'Acadテゥmie de mテゥdecine, sous le titre 

:"Etude des mテゥridiens d'acupuncture par des traceurs radioactifs". Evidemment, les grands mテゥdias, friands de ce 
genre d'テゥvテゥnement, se font immテゥdiatement le relais de l'annonce de la "merveilleuse dテゥcouverte". 

S&V

, l'un des 

rares journaux テ conserver, テ cette テゥpoque, le sens critique, publie dans son numテゥro 819, sur la plume du Dr 
J.M.Bader, un テゥcho intitulテゥ : "Acupuncture : des preuves qui n'en sont pas". L'auteur y met en cause la mテゥthodologie 

employテゥe et annonce que "des scientifiques d'un organisme de recherche vont refaire l'expテゥrience sur l'animal, dans 
les normes". Une polテゥmique s'en suivra(

S&V

 Nツー823) qui prendra fin lorsqu'en 1988, le Pr.Y.Lazorthes chef de 

service de neurochirurgie du CHU de Rangueil テ Toulouse, reprenant les expテゥriences incriminテゥes, montrera que la 
migration du marqueur ne dテゥpend pas du point d'injection et suit en rテゥalitテゥ un trajet veineux. 

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210

 

Figure 81 : Huiles essentielles, de nouveaux ツォ antibiotiques ? ツサ Santテゥ magazine, aoテサt 2005 

Forme interrogative et guillemets ne suffisent pas テ tempテゥrer l窶冓dテゥe maintes fois ressassテゥe d窶兮ntibiotiques naturels. 

La revue joue ici sur les peurs liテゥes aux antibiotiques, malgrテゥ leur quasi-nテゥcessitテゥ selon les affections. Il suffira que 

le lecteur lise trois fois cela (テ propos des テゥlixirs de pテゥpins de pamplemousse par exemple) pour tomber dans le 

sophisme du sonneur. 

 
Nous encourageons テ consulter les facteurs d窶冓mpact des revues lorsque la publication existe 
vraiment (au sens 1). C窶册st ainsi qu窶冩n dテゥcouvre avec consternation qu窶冰ne publication largement 
ressassテゥe trティs souvent concernant les pliures des blテゥs dans les agroglyphes est un travail bien peu 
sテゥrieux d窶冰n certain Eltjo Haselhoff (2000, pp. 124)

216

.  

 

4.3.2.7

 

Publication scientifique = sテゥrieux ? 

C窶册st un argument rテゥcurrent, mテェme chez les zテゥtテゥticiens : ツォ 

Y a-t-il une publication scientifique sur la 

question ?

 ツサ. Cette question nテゥcessaire mais non suffisante, souffre de quelques limites, テ 

commencer par la notion de 

sテゥriositテゥ

 qui est invoquテゥe.  

-

 

il y a un continuum de qualitテゥ dans les revues de science, allant de l窶册xcellent au trティs 
mテゥdiocre. 

-

 

Les revues classテゥes excellentes sont celles qui ont un comitテゥ de lecture et un Impact 

                                                 

216

 Dobremez 

& al.

Crop Circles : quand les scientifiques s窶册n mテェlent

, cours Initiation テ l窶册sprit critique, Pharmacie L3. 

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211

Factor important, ce qui est un ツォ effet vitrine ツサ malgrテゥ tout.  

-

 

Il y a un fort biais sテゥlectif des publications ツォ positives ツサ 窶 ce qui est la seule chose 
pertinente du mテゥmoire de Musseau (

ouv.citテゥ

). Les publications nテゥgatives ne se font guティre 

publier 

-

 

Il y a un lissage de donnテゥes assez important pour justement, paraテョtre plus ツォ positif ツサ afin 
d窶凖ェtre publiテゥ. 

-

 

Il arrive que les revues excellentes se fourvoient, en faisant le scoop. Il faut d窶兮utant 
plus scrupuleusement lire ce qu窶册lles diffusent que la thティse dテゥfendue est extraordinaire. 

Nous dテゥveloppons un cours complet sur l窶兮ffaire de la publication de Benvテゥniste dans Nature 
1988, inspirテゥ de celui de Broch, afin de montrer que les affres mercatiques sont aussi テ l窶卩砥vre 
dans les revues qui, rappelons-le, sont gテゥnテゥralement des entreprises privテゥes. D窶兮utres exemples 
(Targ & Puthoff, Fusion froide窶ヲ) sont dテゥveloppテゥs en cours. 
 

4.3.2.8

 

Prテゥdictions auto-rテゥalisatrices, effets Rosenthal, Baskerville窶ヲ 

Le bruit mテゥdiatique autour de certains sujets pseudoscientifiques assurent leur pテゥrennitテゥ, prenant 
parfois un tour un peu surprenant, comme les Prophテゥties Auto-Rテゥalisatrices (PAR) qui inclinent 
テ agir plus ou moins consciemment pour faire en sorte de confirmer ou d窶冓nfirmer une prテゥdiction 
ou une idテゥe reテァue et d窶冓nterprテゥter les テゥvテゥnements qui surviennent ensuite d窶冰ne maniティre sテゥlective.  
Ainsi en est-il des fameuses influences de la lune sur les grossesses, les menstruations, les crises 
d窶凖ゥpilepsie et les actes criminels, qu窶冰ne simple analyse statistique テ la portテゥe de tout テゥtudiant peut 
テゥventer

effet Baskerville 

mis en 

テゥvidence par Phillips 

& al.

 sur le nombre d窶兮ccidents cardiaques accrus chez les patients japonais 

et chinois des hテエpitaux californiens les 4 du mois, le 4 テゥtant homophone du mot

 

ツォ mort ツサ dans 

diverses langues et テゥtant rテゥputテゥ porter malheur (Phillips 

& al.

, 2001, pp. 1443-6)

Nous renvoyons le lecteur aux

 

multiples surgeons du mテェme problティme d窶冓nfluence sur les 

rテゥsultats, que sont les effets Rosenthal ou Pygmalion

dans les miliobserver-expectancy effect

, que nous avons 

abordテゥ en cours

 

pour les questions de Kinテゥsiologie et de Communication Facilitテゥe. 

Nous pensons utile au passage de rappeler cette citation de Filefield, qui peut s窶兮vテゥrer テ double 
tranchant :  

 ツォ Il peut paraテョtre aujourd窶冑ui incroyable que la prestigieuse revue scientifique 

Nature

 ait pu 

refuser, sur la foi de personnes faisant autoritテゥ, de publier le travail de Hans Krebs sur le 
cycle de l窶兮cide citrique, les travaux de H. C. Urey sur l窶冑ydrogティne lourd et la recherche 

                                                 

217

 Voir par exemple l窶册xcellent dossier rテゥalisテゥ en cours par Mlles Montet, Blanchard, Gaspar et Dutkowski ツォ les 

influences de la Lune ツサ disponible ici 

http://esprit.critique.free.fr

  

218

 Prテゥcisons toutefois que cette テゥtude a quelques biais mテゥthodologiques qui la font encore discuter actuellement.  

219

 Rosenthal, 

Covert Communication in Classrooms, Clinics, and Courtrooms

 (1998) pp. 18-22. 

220

 Sur l窶册ffet Hawthorne, se rテゥfテゥrer テ Mayo, 

The human problems of an industrial civilization

 (1933), notamment le ch. 3. 

Un bon rテゥsumテゥ est disponible ici grace テ Draper, 

The Hawthorne, Pygmalion, placebo and other effects of expectation: some notes

 

disponible ici : 

http://www.psy.gla.ac.uk/~steve/hawth.html#Finding

  

221

 Le thテゥorティme de Thomas, grand classique de la sociologie, tel que dテゥcrit par Thomas : 

if men define situations as real, 

they are real in their consequences. 

Voir

 The child in America: Behavior problems and programs

, pp. 571-572 

222

 Voir par exemple Wiseman (1997) sur l窶册ffet expテゥrimentateur, qui ressemble テゥtrangement テ une hypothティse 

ad hoc

 

non testable. 

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212

d窶僞nrico Fermi sur la dテゥsintテゥgration bテェta. Plus tard, Krebs, Urey et Fermi ont tous les trois 
reテァu le prix Nobel pour leurs dテゥcouvertes. Plus rテゥcemment encore, Rosalyn Yallow, prix 
Nobel, a rテゥvテゥlテゥ que Science avait refusテゥ une de ses communications, oテケ elle dテゥcrivait pour 
la premiティre fois les principes de dosage radio-immunologique, mテゥthode aujourd'hui utilisテゥe 
dans tous les laboratoires hospitaliers. ツサ (Filefield 1969, pp. 230-232, 

in

 Skrabaneck & 

McCormick, 

ouv.citテゥ

, p. 44). 

Nous tentons de prテゥparer les テゥtudiants テ prテゥvoir que les objections de nombre de tenants de 
pseudosciences consistent テ relire l窶冑istoire de ce genre de cas que la ツォ science ツサ a manquテゥ, 
comme autant de pseudo-Galilテゥe : lテ oテケ une lecture テ rebours discrテゥditerait la ツォ science 
officielle ツサ, il s窶兮git de bien comprendre que le mテゥcanisme de la dテゥmarche scientifique est 
justement auto-correctif avec le temps, lテ oテケ l窶冑umain, parfois se trompe. Ainsi en fut-il de 
l窶兮ffaire du crテ「ne de Piltdown, des Rayons N de Blondlot et tout rテゥcemment des cellules de 
Hwang Soo-Huk. Toutefois, faire une lecture politique poussテゥe du systティme de publication de 
l窶冓nformation en science aurait de quoi faire frテゥmir.  
 

4.3.2.9

 

L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ  

L窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ est le mテェme sophisme que l窶僊A classique, テ ceci prティs qu窶册n plus, 
l窶兮utoritテゥ en question est discutable dans le champ considテゥrテゥ.  
Argument de pseudo-autoritテゥ : 

 

1. La personne A fait autoritテゥ sur le sujet Y 

 

2. La personne A fait des dテゥclarations X=b テ propos du sujet X 

 

3. Donc X=b 

 

 

Figure 82 : Couverture du DVD Einstein. La question テ laquelle rテゥpond Einstein est volontairement gテゥnテゥrale, 

ツォ universelle ツサ 窶 et sous certains aspects bien peu scientifique. A-t-il lテゥgitimitテゥ pour qu窶冩n lui fasse (posthume) 

parler de sa vision du monde simplement parce qu窶冓l fut lテゥgitime en physique ? 

 
Il convient de remarquer qu窶凖 partir du moment oテケ un individu devient une autoritテゥ scientifique, 
les sollicitations mテゥdiatiques qu窶冓l reテァoit pour rテゥpondre テ des questions de tout ordre ne 
manquent pas (figure 82). Paradoxalement, il semble que si la probitテゥ intellectuelle l窶冩blige テ 
dテゥclarer sans honte son incompテゥtence dans un domaine qui n窶册st pas le sien, il n窶册n est pas tout テ 
fait de mテェme lorsque les questions sont de type politique ou, plus saugrenu encore, 
mテゥtaphysique.  

ツォ Un sociologue soviテゥtique raconte qu窶冰n mathテゥmaticien cテゥlティbre, interrogテゥ sur sa discipline, 
a rテゥpondu ツォ je ne sais pas ツサ テ 90 % des questions. Le mテェme savant n窶兮 pas de moindre 
doute pour rテゥpondre fermement ツォ oui ツサ ou ツォ non ツサ テ toutes les questions relevant des 

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213

sciences sociales. Combien de gens comme ce mathテゥmaticien sont venus テ la sociologie et 
se livrent テ des analyses ツォ savantes ツサ ツサ (Lagneau-Markiewicz 1986, p. 226). 

Alors que le point de vue sur Dieu de certains Nobel fait la couverture de revues et rend テゥgrillard 
J. Staune, l窶冓ndividu 

lambda

 qui le consulte ne se rend pas toujours compte qu窶冓l est victime d窶冰n 

argument de pseudo-autoritテゥ.  
Voici les quelques exemples stimulants donnテゥs en cours et dans lesquels nous mettons en lumiティre 
ce fait tragique mais quasi-indiscutable : ce n窶册st pas parce qu窶冩n est expert dans un domaine 
qu窶冩n l窶册st dans un autre.  
 

窶「

 

Michel Chasles 

Polytechnicien de la promotion de 1812, collaborateur de la Correspondance mathテゥmatique et 
physique de Bruxelles, membre de l'Acadテゥmie royale de Belgique, de l'Institut de France, 
professeur de gテゥodテゥsie テ l'Ecole polytechnique, Chasles s窶兮vテゥra piティtre amateur d窶兮rchテゥologie et se 
fit vendre par un escroc du nom de Vrain-Lucas des fausses lettres de Pascal, Boyle, des 
autographes de Cassini, de Galilテゥe, de Huyghens, de Leibniz, d'Antoine de L'Hテエpital, des lettres 
d'Alexandre le Grand テ Aristote, d窶僊rchimティde テ Nテゥron, un billet doux de Pythagore テ Sapho, de 
Clテゥopテ「tre, un placet de Lazare le Ressuscitテゥ テ saint Pierre, un fragment des Mテゥmoires de 
Vercingテゥtorix, etc. pour un montant total de 150 000 francs or

223

.  

 

窶「

 

Linus Pauling, double prix nobel 

En 1970, Pauling annonテァa dans l窶冩uvrage 

Vitamin C and the Common Cold

 que prendre 1000 mg de 

vitamine C par jour rテゥduirait l'incidence des rhumes de 45% pour la plupart des gens (sachant que 
la RDA, 

Recommended Dietary Allowance

 pour la vitamine C est 60 mg.) La nouvelle テゥdition de 1976 

de son livre, rテゥ-intitulテゥ 

Vitamin C, the Common Cold and the Flu

, suggテゥra des doses encore plus 

テゥlevテゥes, avant qu窶冰n troisiティme livre, 

Vitamin C and Cancer 

n窶兮vance que des doses テゥlevテゥes de 

vitamine C peuvent テェtre efficaces contre le cancer. En 1976 puis 1978, deux publications co-
signテゥes par Pauling prテゥsentaient les expテゥrimentations de Cameron sur l窶册ffet de l窶兮dminstration 
d窶兮cide ascorbique chez des patients cancテゥreux (Cameron & Pauling 1976). Sans compter sur un 
autre livre, 

How to Feel Better and Live Longer

, qui prテゥtendit enfin que de fortes doses de vitamins 

"

can improve your general health . . . to increase your enjoyment of life and can help in controlling heart disease, 

cancer, and other diseases and in slowing down the process of aging.

" (Pauling 1986). Pauling lui-mテェme 

prenait selon ses dires au moins 12 000 mg de vitamine C par jour et avait coutume d窶兮ugmenter 
la dose テ 40 000 mg s'il commenテァait un rhume. Malheureusement, des テゥtudes pourtant 
contemporaines de Pauling ne montrティrent aucun intテゥrテェt significatif de cette vitamine C dans le 
traitement ni du rhume, ni du cancer (entre autres Creagan 

& al.

 1979 et Moertel 

& al.

 1985).  

 

窶「

 

Sir William Whitla 

Professeur de mテゥdecine テ la 

Queen窶冱 University

 de Belfast, vice-prテゥsident de l窶冰niversitテゥ et prテゥsident 

de la 

British Medical Association

, Whitla テゥcrivit (1922) dans une introduction テ une rテゥテゥdition des 

Observations

 de Newton que parmi ceux qui rejettent les miracles de la bible, ツォ 

certains refusent encore 

                                                 

223

 

Vrain Lucas, le Balzac du faux

, Revue de la BNF Nツー 13 Autour du faux, 窶 2003. Lenotre, 

L窶兮ffaire Chasles ou l窶兮rnaque 

vrain-lucas, Comment escroquer un membre de l窶僮nstitut de France

, La Petite Histoire (voir Nテゥtographie). L窶兮ffaire a テゥtテゥ jugテゥe 

par le Tribunal correctionnel de la Seine en 1870. Pour voir une 

Lettre de Pascal テ Galilテゥe

, BNF, dテゥpartement des 

Manuscrits, NAF 709. f. 133 rツー et vツー 

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214

les dテゥcouvertes modernes comme celles de la lテゥvitation

 ツサ. 

 

窶「

 

Albert Jacquard  

Lemmenicier donne un excellent exemple contemporain avec Jacquard. Le quatriティme de 
couverture de son livre 

J窶兮ccuse l窶凖ゥconomie triomphante

, paru chez Calman Levy en 1995 fut :  

ツォ Le scientifique Jacquard dテゥmonte la pseudo science des ayatollahs de l窶凖ゥconomie ツサ. 

Il n窶册st pas question de critiquer les テゥventuelles qualitテゥs d窶兮nalyste テゥconomique de Jacquard, mais 
bien le recours テ son statut de grand gテゥnテゥticien connu comme appui テ ses テゥventuelles qualitテゥs. 
Lemmenicier ajoute trティs justement :  

ツォ Il n窶册xiste pas de label qui protティge les テゥconomistes contre ceux qui font de l窶凖ゥconomie 
sans l窶兮voir maテョtrisテゥe... contrairement aux mテゥdecins ou aux juristes qui peuvent interdire テ 
d窶兮utres l窶册xercice de leur profession s窶冓ls n窶冩nt pas obtenu les diplテエmes validant leur 
connaissance et leur compテゥtence dans ce domaine, sous le prテゥtexte que ces gens 
pourraient commettre des fautes entraテョnant de graves dommages テ ceux qu窶冓ls soignent ou 
qu窶冓ls conseillent. ツサ

224

 

 

窶「

 

Brian Josephson  

Prix nobel de physique en 1973, avec Esaki et Giaever, pour avoir dテゥcouvert l'effet qui porte 
dテゥsormais son nom (un effet tunnel dans des courants supraconducteurs), Josephson donna une 
grande audience テ son initiation avec Maharishi Mahesh, leader de la Mテゥditation Transcendantale 
(MT), sur la seule base de son statut (Champion 1998, pp. 58-61)

225

Dans le domaine du Psi, le psychologue Alcock cite テゥgalement quelques cas lors desquels c窶册st le 

pedigree

 scientifique des pratiquants qui a assis des champs テ forte consonance pseudoscientifique, 

en l窶冩ccurrence le spiritisme et la parapsychologie classique. 

ツォ For more than a century, there has been careful and deliberate investigation of psi 
phenomena by people trained in the methods of science. In the past fifty years, much of 
this research has been laboratoy-based and carried out in university settings. Currently, 
parapsychological research is being conducted at such prestigiuous academic institutions as 
the University of Edinburgh and Princeton University.  
Throughout the last century and continuing to the present, a number of

 

very prominent 

natural and social scientists have been proponents and supporters of paraspychological 
research, including Physicists Sir William Crookes, Lord Rayleigh (Nobel Prize 1904) 
Wolfgang Pauli (Nobel Prize 1945) Brian Josephson (Nobel Prize 1973) and David Bohm. 
Naturalist Alfred Wallace ;

 

Chemist Robert Hare ; physiologist Charles richet (Nobel Prize 

1913) ; psychologists William James, William McDougall, Carl Jung, Sir Cyril Burt, and 
Hans Eysenck ; anthropologist Margaret Mead ; mathematician John Taylor (who became 
convinced of the reality of psi phenomena on the basis of Uri Geller窶冱 purported feats 
(Taylor 75), only subsequently to repudiate his belief in such phenomena (Taylor and 
Balanovski 1979) ; and Robert Jahn of the engineering Department at Princeton U.

226

ツサ 

                                                 

224

 Lemmenicier, 

Sophismes

, accessible en ligne (voir nテゥtographie). 

225

 Voir aussi Champion, 

Religieux flottant, テゥclectisme et syncrテゥtismes

in

 Delumeau, 

Le Fait religieux

, 1993. Nous avons eu 

l窶冩ccasion d窶凖ゥcrire nous-mテェme sur Maharishi dans la Newsletter Nツー23, 13 mai 2007, Observatoire Zテゥtテゥtique, 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/news.php?id=29

  

226

 Prテゥcisons nテゥanmoins une chose : l窶册xistence du psi est toujours controversテゥe, et fait l窶冩bjet de dテゥbats, notamment 

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215

(Alcock 1990, pp. 10-11). 

Il y a toutefois plusieurs types de pseudo-compテゥtence. En voici d窶兮utres aspects. 
 

4.3.2.10

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des titres 

Brandir les mテゥdailles comme mesure de la pertinence de ce que dit un individu est une erreur, 
dans la mesure oテケ, comme tout champ social, le champ scientifique est soumis テ des rティgles de 
validation des pairs qui ne parviennent pas テ s窶兮ffranchir de considテゥrations plus politiques. Cela 
n窶册mpテェche pas l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris (UIP) de faire un gros recours テ cette 
ツォ mテゥdaillite ツサ :  
Comme l窶凖ゥcrit Lecointre, 

ツォ Les mテゥdailles sont souvent alテゥatoires, sinon sollicitテゥes, tout le monde scientifique le 
sait (窶ヲ) Et prテゥcisテゥment, pour la communication, les mテゥdailles fonctionnent テ plein (窶ヲ) la 
communication est plus forte que la science, que le public n'est pas formテゥ aux matiティres 
manipulテゥes, et n'a que les テゥtiquettes pour savoir テ quel saint se vouer. ツサ

227

 

Cette fois encore, poussテゥe テ l窶册xtrテェme, cette tendance テ brandir des mテゥdailles テゥmarge dans le 
champ publicitaire et crテゥer l窶兮vティnement de titres du genre ツォ numテゥro 1 des ventes ツサ. Grandemange 
l窶凖ゥcrit comme suit :  

ツォ "numテゥro 1 de ceci ou de cela" ou "premiティre sociテゥtテゥ Europテゥenne de..." ou

 

"Trophテゥe du 

meilleur ..." peut faire mouche et provoquer un rテゥflexe conditionnテゥ de confiance (et 
d'achat) chez le consommateur pourtant usurpテゥ. Pourtant, n'importe qui dans n'importe 
quel domaine peut, テ loisir, se dテゥclarer "le meilleur", "numテゥro 1, "premier spテゥcialiste de", 
etc... rien, aucune obligation lテゥgale ni aucun diplテエme, ne venant sanctionner une telle 
dテゥclaration. Si cette vantardise peut faire plaisir aux charlatans, elle ne confirme rien dans 
les faits quant テ l'expression utilisテゥe et placardテゥe, il ne s'agit que de belles paroles. 
Concテゥdons tout de mテェme que si un vendeur d'attrape-nigauds produit un chiffre d'affaire 
supテゥrieur テ ses concurrents dans le mテェme crテゥneau de l'arnaque, il puisse s'octroyer le titre 
de "numテゥro un (Franテァais, Europテゥen ou Mondial) ツサ.

228

 

Cette pseudo-compテゥtence qui feint l窶兮utoritテゥ peut se matテゥrialiser par une revendication de titres 
galvaudテゥs ou par une omniprテゥsence mテゥdiatique sans aucune commune mesure avec la 
compテゥtence du personnage. L窶册xemple zテゥtテゥtique classique porte sur le cas de Backster, que nous 
avons dテゥjテ entrevu, pティre du fameux (et inexistant) effet Backster, prテゥsentテゥ dans les mテゥdias par 
une cohorte de fonctions inexistantes.  
Tempテゥrons toutefois ces remarques : s窶冓l est vrai que le diplテエme est censテゥ valider des 
compテゥtences, et que le possテゥder est de meilleur augure que de ne pas l窶兮voir, il n窶册st en rien une 
condition suffisante pour l窶册xpertise compテゥtente. Plusieurs raisons テ cela, dont les deux 
suivantes :  

                                                                                                                                                         

entre l窶僮nstitut Mテゥtapsychique International et l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique. Constatons toutefois que les meilleurs 
papiers sur le psi,  - テ en croire l窶僮MI -, datent de moins de dix ans (notamment Honorton, Radin et テゥventuellement 

Sheldrake, malgrテゥ ses protocoles peu rigoureux). Si nous suspendons en bon sceptique notre jugement sur ces 
derniers travaux, nous nous permettons de soumettre テ critique les grands noms qui adhテゥrティrent trop rapidement テ 

l窶冑ypothティse psi, surtout lorsque l窶兮dhテゥsion se fit sur les dテゥmonstrations du prテゥstidigitateur-escroc Uri Geller, ou 
comme c窶册st le cas pour l窶冓slandais Haraldsson, sur les fraudes du guru Sathya Saテッ Baba. Sur ce dernier point, voir 

Haraldsson 窶 Premanand, Controversy : on modern miracles 窶 reply to Haraldsson 窶 Sathya sai baba is a fraud !

 Indian Skeptic, 

http://www.indian-skeptic.org/html/is_v01/1-7-3.htm

  

227

 Lecointre, 

Dテゥplacement de cible

, disponible sur : 

http://jerome-segal.de/Assomat/textes.htm

  

228

 Se rテゥfテゥrer テ la page 

http://attrape.nigauds.free.fr/lois.shtml#11

  

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216

-

 

on peut テェtre un diplテエmテゥ ignare 

-

 

on peut テェtre non diplテエmテゥ autodidacte compテゥtent (mテェme si c窶册st rare) 

Nous insistons sur ce point : un argument rテゥcurrent dans la critique des sciences par les 
dテゥfenseurs de pseudo-thテゥories est l窶册xpertise テゥcrasante assortie de morgue des scientifiques. C窶册st 
dans une dテゥmarche de rテゥappropriation de la connaissance, qui peut s窶兮rgumenter, que ces 
personnes s窶冩pposent テ l窶册xpertise (sens 3 du mot science) et rejettent テ tort la mテゥthode. Par 
consテゥquent, s窶冓l est intテゥressant de savoir que le parapsychologue Yves Lignon n窶册st pas directeur 
de laboratoire universitaire ni professeur de statistiques de l窶儷niversitテゥ de Toulouse-Le Mirail, ce 
n窶册st pas une garantie pour invalider les propos qu窶冓l tient. Cela n窶册st utile que pour accroテョtre 
l窶册xigence, mais non pour discrテゥditer 

a priori 

les faits allテゥguテゥs. Renoncer テ regarder les thティses d窶冰n 

individu qui a ツォ gonflテゥ ツサ ses titres ressemble テ l窶

argumentum ad personam

, s窶兮ttaquant テ la 

personnalitテゥ de l窶冓ndividu plutテエt qu窶凖 ce qu窶冓l a rテゥellement dit ou テゥcrit.  
 
 
 

 

 

4.3.2.11

 

L窶兮une du statut : Blouse blanche et technique de la photo de classe 

Le statut est souvent invoquテゥ comme une raison suffisante de croire l窶兮ppel テ une autoritテゥ titrテゥe.

 

Le meilleur exemple est celui du champ mテゥdical qu窶冩n appelle gテゥnテゥralement 

l窶册ffet Blouse blanche

 : 

un malade demande l'avis d'un mテゥdecin afin d'obtenir une explication plus crテゥdible que celle de 
ses amis ou de ses relations. Il arrive que le thテゥrapeute revテェte dans l窶册sprit des patients une 
posture quasi-clテゥricale. 

 
Technique de la photo de classe 

テ titre d窶冓nformation, il existe une variante, appelテゥe ツォ technique de la photo de classe ツサ, dont 
l窶儷IP, mais テゥgalement un festival comme celui de ツォ Sciences frontiティres ツサ de J-Y. Casgha se sont 
faits experts. Elle consiste テ inviter pour une confテゥrence un grand scientifique, qui reviendra peut 
テェtre dテゥpitテゥ , mais dont le nom pourra servir ensuite テ dテゥmarcher窶ヲle prochain grand savant, et 
ainsi de suite. L窶儷IP par exemple a coutume de prテゥsenter en ligne la liste des intervenants qui, lue 
d窶冰n coup, accumule un certain nombre de ツォ pointures ツサ des sciences. On relativisera quand on 
saura que certains scientifiques, alertテゥs par leurs collティgues ou par des associations sceptiques, ont 
demandテゥ le non-emploi de leur nom テ de telles fins prosテゥlytes. Nテゥanmoins, chaque annテゥe 
apporte son lot de ツォ piテゥgテゥs ツサ : par exemple 

Sciences Frontiティres

 2006 avec le rationaliste Pascal Picq.

229

 

                                                 

229

 Il peut bien entendu テェtre discutテゥ du bien fondテゥ ou non de la prテゥsence d窶冰n chercheur テ une tribune. Le cas s窶册st 

posテゥ pour nous d窶兮ller prテゥsenter des travaux テ la tテゥlテゥvision, par exemple, chose que nous avons dans un premier 
temps refusテゥ, sachant le travail de sape des テゥmissions et l窶冰tilisation de la caricature comme fer de lance argumentaire. 

Mais nous comprenons que d窶兮utres ne soient pas d窶兮ccord avec cela, et persistent テ croire qu窶冓l ne faut pas refuser le 
dテゥbat. Trois biais mテゥritent pourtant d窶凖ェtres analysテゥs :  
- comment peut-on garantir la non-coupe des propos ? (En France, c窶册st actuellement impossible, テ moins d窶凖ェtre 
proche du rテゥalisateur) 
- comment テゥviter la technique de la photo de classe ? 
- comment テゥviter les piティges de la rhテゥtorique populiste dテゥmagogique ? 
Pour un dテゥbut d窶兮nalyse des rhテゥtoriques テ l窶卩砥vre lors des dテゥbats tテゥlテゥvisテゥs, voir Doury (

ouv.citテゥ

), avec pourtant le 

bテゥmol suivant : Doury analyse les テゥmissions tels des entitテゥs non montテゥes, alors que le travail de coupe est immense 

Facette Z 

Les faits, rien que les faits, quelle que soit la personne qui les rapporte.

 

 

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217

 

4.3.2.12

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des donnテゥes truquテゥes 

C窶册st le champ de la fraude. L窶冰surpation porte gテゥnテゥralement sur des donnテゥes truquテゥes ou 
inventテゥes : l'affaire Poisson (Lapointe 1994), l'affaire Bezwoda (Armand 2000 pp. 363

-

364), 

l'affaire Darsee (L窶兮ffaire John Darsee, Project II 1983, pp. 74-75), et encore plus rテゥcemment 
l窶兮ffaire Wodonnテゥes chiffrテゥes テ l窶兮ppui d窶冰ne hypothティse. En psychologie, les cas de Cyril Burt (Fletcher 1991) 
et de Sigmund Freud (Benesteau 2002, Clテゥment 

& al

. 2006), quoique plus vieux sont テゥgalement 

exploitables テ des fins d窶册nseignement, mais la facilitテゥ d窶兮daptation テ l窶册xplication en cours revient 
trティs certainement au moine Mendel et ses petits pois (voir

 

4.3.4, 

Le faisceau de preuve

). 

De nombreux complテゥments sont disponibles chez

 

Savage (1994) ainsi que chez Broad & Wade 

(

ouv.citテゥ

). 

 

4.3.2.13

 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias : ツォ vu テ la tテゥlテゥvision ツサ  

Croire que c窶册st テ la prテゥsence dans les mテゥdias que l窶冩n mesure la valeur scientifique d窶冰n individu 
est une confusion classique, proche de la pensテゥe magique confondant carte et terrain. 
Il y a confusion entre reconnaissance sociale et reconnaissance scientifique, et il est utile de 
rappeler que les meilleures ventes d窶冰n ouvrage ne signifient pas qu窶冓l est bon, mais qu窶冓l plait.  

 

Figure 83 : Rencontre exclusive, certes, mais prテゥvisible, de ces deux ツォ crテゥatures tテゥlテゥvisテゥes ツサ. La scテゥnarisation en 

appel テ la peur (SOS) tranche un peu avec leur bonhommie souriante autour du globe terrestre, mais l窶兮nnonce est 

claire : ツサ leur appel pour sauver la Terre et les hommes ツサ. Les sauver de quoi ? la rテゥponse est implicite et crテゥe une 

connivence avec le lecteur. Reste une question en suspens : et les femmes ? 

 
Or, certains personnages plaisent. Nous l窶兮vons vu, coller テ la reprテゥsentation imaginaire sociale 
du grand savant, hirsute et dテゥgarni, dテゥbonnaire et un peu fou, est une bonne option pour le 

                                                                                                                                                         

et parfois fort dテゥlテゥtティre. Les conclusions sont donc aiguisテゥes テ la meule du travail de montage. Merci テ H. Broch pour 

avoir soulevテゥ ce problティme qui invalide en partie le travail de Doury. 

230

 Voir Bo-Mi, 

University: Hwang Lied About Stem Cells Lim

, ABC News international, 30 avril 2006, ainsi que 

Kennedy, 

Editorial retraction

Science

. DOI:10.1126. 

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218

tテゥlテゥmarketing. Cela ne signifie pas que l窶冓ndividu en question soit mテゥdiocre, loin de lテ : il s窶兮git de 
pointer le fait que sa lテゥgitimitテゥ est basテゥe sur une autoritテゥ scientifique surannテゥe ajoutテゥe テ une 
pseudo-autoritテゥ liテゥe テ son omniprテゥsence mテゥdiatique, ce qui a pour corollaire non nテゥgligeable de 
ne pas permettre l窶兮ccティs テ la tribune aux autres chercheurs du champ 窶 ce que nous pourrions 
appelテゥ la force du 

Numテゥro 1 oblige

 (figure 83). 

Plus grave est l窶冓mportation dans le dテゥbat テゥcologique d窶冰n personnage comme Nicolas Hulot, qui 
n窶兮 d窶兮utre crテゥdit que d窶凖ェtre un personnage apprテゥciテゥ des franテァais et ツォ proche de la nature ツサ. Nous 
tombons dans l窶兮rgument du ツォ vu テ la tテゥlテゥ ツサ (figures 84 & 86). 

 

         

  

 

 

 

Figure 84 : quelques slogans, gages factices de qualitテゥ. 

 
Collins & Pinch l窶凖ゥcrivaient bien avant nous :  

ツォ Dans la course テ la reconnaissance scientifique, la prテゥsentation des dテゥcouvertes est tout 
aussi importante que leur matiティre. La communautテゥ des savants a son cテゥrテゥmonial et ses 
traditions hテゥraldiques particuliティres. Les symboles diffティrent peut テェtre 窶 la chevelure en 
bataille d窶僞instein et l窶兮ccent de Brooklyn de Richard Feynman remplacent les lions 
rampants et les licornes du Sinople ツサ (2001, p. 29). 

Voici quelques exemples simples sur lesquels bテ「tir une sテゥquence pテゥdagogique.  
 

窶「

 

Hubert Reeves  

Encore une fois, aussi sympathique soit-il, H. Reeves n'est pas le ツォ grand savant ツサ que les gens de 
mテゥdia voudraient voir en lui, bien qu窶冓l soit rテゥguliティrement dテゥsignテゥ comme ツォ un grand 
astrophysicien ツサ (derniティre テゥmission de la 

Nuit des テ液oiles

). Ses contributions scientifiques sont 

vieilles et passablement dテゥpassテゥes, mais son style ツォ einsteinien ツサ dans l窶兮pparence a servi テ asseoir 
sa prテゥsence incontournable dans les mテゥdias. Qu窶冓l soit un bon vulgarisateur est un fait, qu窶冓l soit 
un VRP de la science plus qu窶冰n chercheur en est un autre. Cela lui vaut un certain nombre de 
couvertures mテゥdiatiques dont voici quelques exemplaires (figure 85). 
 
 

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219

  

  

  

  

 

  

  

 

 

Figures 85 : La science et ses meilleurs VRP en France. 

 

 

Figure 86 : Le docu-fiction 

L窶冩dyssテゥ de l窶册spティce

 et sa pastille ツォ vu sur France 3 ツサ 

 
 

4.3.2.14

 

Effet star 

Poussテゥ テ l窶册xtrテェme, cette erreur se rapproche de l窶册ffet Star

 

: il arrive frテゥquemment que non 

seulement des scientifiques non spテゥcialistes du sujet, mais テゥgalement des individus non 
scientifiques et non spテゥcialistes du sujet comme certains stars du Show-Biz ou du football, soient 
interrogテゥes sur leurs choix et que ces choix soient accrテゥditテゥs simplement sur le fait que ce sont 

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220

des personnes publiques, cテゥlティbres, par consテゥquent point trop idiotes. 
Forme dテゥgradテゥe de l窶兮rgument de pseudo-autoritテゥ, tellement hors champ que cela en devient un 
effet vitrine : l窶册ffet ツォ 

star

 ツサ.

 

Franテァois Grandemange le dテゥcrit ainsi dans ses ツォ 

diffテゥrentes lois des 

marchands d'attrape-nigauds

 ツサ :  

ツォ Faire venir une star ou une cテゥlテゥbritテゥ sur un plateau tテゥlテゥ pour une pub, lors d'un tテゥlテゥ-achat 
ou sur un flyer est toujours trティs vendeur. L'erreur logique (quand il ne s'agit pas uniquement 
d'une simple identification テ la star), et l'utilisation mercantile vient ici de ce qu'une 
personne cテゥlティbre ou un spテゥcialiste dans un domaine donnテゥ, est parfois considテゥrテゥ aussi 
comme spテゥcialiste dans d'autres domaines oテケ pourtant elle n'y connaテョt strictement rien. 
Ainsi, prendre un joueur de football professionnel, excellant dans son domaine sportif, 
pour vendre des produits contre la chute des cheveux ne rend pas ce sportif spテゥcialiste en 
chimie/physique, en dermatologie ni en biologie pour autant (surtout s'il est chauve !). 
Utiliser une actrice pour vendre une crティme minceur n'en fait pas une biologiste テゥmテゥrite. 
Dire que telle cテゥlテゥbritテゥ a recours テ une ostテゥopathe ou un acupuncteur ne valide par pour 
autant ces deux pseudo-mテゥdecines. ツサ 

 

窶「

 

Le Prince Charles 

ツォ The Prince of Wales--a longtime advocate of "alternative" medicine--caused quite a stir 
with an anecdote he told in a speech to some 200 healthcare professionals. Prince Charles is 
the president of the Foundation for Integrated Health, an outfit devoted to promoting the 
use of therapies considered quackery by many skeptics. 
"'I know of one patient who turned to Gerson Therapy

231

," 

said the Prince,

 "having been told 

she was suffering from terminal cancer and would not survive another course of 
chemotherapy. Happily, seven years later, she is alive and well. So it is vital that, rather than 
dismissing such experiences, we should further investigate the beneficial nature of these 
treatments." ツサ (Carroll 2004) 

Peuvent テェtre abordテゥs George Harrison, David Lynch et la Mテゥditation Transcendantale

232

, Tom 

Cruise, Chick Korea et l窶凖ゥglise de scientologie, Madonna et la 

cabbale

窶ヲ 

 

4.3.2.15

 

L窶册ffet ツォ vitrine ツサ 

L窶册ffet vitrine consiste テ croire que quelque chose est vrai parce que la source d'information fait 
autoritテゥ, ou parce que le lieu oテケ on le trouve est reconnu comme sテゥrieux. Cela doit テェtre vrai parce 
que je l'ai lu dans le journal, vu テ la tテゥlテゥvision, parce que la Presse Mテゥdicale l'a publiテゥ ou parce que 
le produit est vendu en pharmacie. Il y en a plusieurs variantes. 
 

4.3.2.16

 

L窶册ffet ツォ vitrine ツサ d窶冩fficine 

Il s窶兮git de dテゥsigner lテ cette tendance テ confテゥrer du sテゥrieux テ une assertion (un produit) sous le 
prテゥtexte fallacieux que le lieu d窶冩テケ est テゥmise l窶兮ssertion (le produit).

 

Cet aspect de l窶册ffet ツォ vitrine ツサ 

s窶兮pplique tout particuliティrement aux pharmacies, et au classique ツォ vendu en pharmacie ツサ. 

                                                 

231

 La thテゥrapie de Max Gerson, basテゥe sur la purge de toxines censテゥes causer le cancer et le diabティte par l窶冓ngestion 

massive de fruits est interdite au EU. La patientティle se rend テ Tijuana, テ la 

Baja Nutri Care Clinic

, pour la modique 

somme de 15000 $ les trois semaines de cure. 

232

 Pour en savoir plus, Monvoisin, 

Chroniques zテゥtテゥtico-musicales

, Publication de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique Nツー23 mai 

2007. 

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221

L窶冩fficine pharmaceutique テゥtant un puissant marqueur d窶兮utoritテゥ en テゥtant entre autres le lieu de 
vente de mテゥdicaments prescrits par le mテゥdecin (l'autoritテゥ), tout produit souhaitant prendre une 
portion du terrain thテゥrapeutique devra s窶凉 ancrer pour avoir un semblant de crテゥdibilitテゥ. En France 
tout du moins, cet effet ツォ vitrine de pharmacie ツサ fonctionne d窶兮utant mieux que le consommateur 
faisant difficilement la part entre le mテゥtier de pharmacien, de prテゥparateur en pharmacie, et celui 
de commerテァant. Or le "commerテァant pharmacien", lui, peut vendre ce que bon lui semble dティs lors 
que sa marge commerciale n'ait pas trop テ en souffrir, ou parce que les produits qu'il vend, sans 
ordonnance mais contaminテゥs par le sテゥrieux du lieu, restent en conformitテゥ avec sa profession de 
foi.  
L窶冰n des rares autres lieux oテケ un dテゥbut l窶册ffet ツォ vitrine ツサ se fait sentir est le magasin bio. La 
nテゥgation du rテエle d窶册xpert en mテゥdecine, associテゥ テ celui des experts scientifiques tant sur les risques 
sanitaires qu窶凖ゥcologiques, fait des magasins bio en France des succursales quasiment acquises 
d窶册mblテゥe テ toute forme de mテゥdecine dite alternatives 窶 et 

de facto 

d窶册xcellentes portes d窶册ntrテゥes 

pour toutes les dテゥrives de type sectaire.  
Citons quelques exemples : 

窶「

 

Isis 窶 Urania perle de thym 

(figure 87)

 

 

Figure 87 : ツォ テ base d'huiles essentielles de thym, aneth citron. 

Le thym est harmonisant douceur. Ce lait irrigue les tissus adjacents, accテゥlティre le processus naturel de cicatrisation 

Favorise la circulation sanguine, saveur naturelle 窶 trティs harmonisant. Harmonise les vibrations physique et 

psychiques par son action psychosensorielle profonde. Offre promotionnelle distributeurs ツサ 

(minimum 10 piティces a 

la commande 窶 vendu en pharmacie 29.90 CHF) 

 
 

4.3.2.17

 

Principe de la preuve sociale, 

effet Panurge

 ou 

argumentum ad populum 

Le 

principe de la preuve sociale

 dテゥsigne cette tendance テ croire que si la plupart des gens croient en 

quelque chose ou agissent d窶冰ne certaine maniティre, mieux vaut se conformer テ cela en vertu de 
l窶冓dテゥe 

qu窶兮utant de gens ne peuvent tous se tromper 

(Lee-Haley 1997)

.

 Ce n窶册st plus la cテゥlテゥbritテゥ ou 

l窶兮utoritテゥ qui fait poids, mais la masse, et une chose devient acceptable parce qu'elle est supposテゥe 
vraie/crue par un certain nombre de gens. Plus formellement, le fait qu窶冰ne masse de gens 
nourrissent un sentiment favorable テ l窶凖ゥgard d窶冰ne proposition ou d窶冰ne action se substitue テ la 
preuve テゥtayant cette proposition. 
Dans le cadre de notre didactique zテゥtテゥtique, nous employons le terme d窶册ffet 

Panurge

, en souvenir 

du personnage de Franテァois Rabelais, compagnon de Pantagruel pendant leur voyage au ツォ Pays des 

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222

Lanternes ツサ

 

(Quart Livre, ch. VIII) :  

ツォ Malfaisant, pipeur, buveur, Panurge sait et entend tout faire, notamment des farces ; par 
exemple il fait plonger les moutons de Dindonneau dans la mer en y jetant le premier, que 
les autres suivent bテェtement. ツサ 

Effet Panurge  

1. Un grand nombre de gens pensent que X=b 
2. Donc X=b

  

 

Figure 88 : ツォ 

c'est idiot mais puisque tout le monde le fait

... ツサ  

(L窶兮ssiette au beurre 316, 20 avr 1907) 

Cialdini (2004) montre l窶兮mbivalence de cet effet que les anglo-saxons 

bandwagon

, en utilisant une 

mテゥtaphore de chemin vicinal :  

ツォ 

Habituellement, quand un grand nombre de gens fait quelque chose, c窶册st que c窶册st la 

meilleure chose テ faire. Cette vテゥrification par les faits est テ la fois la force et la faiblesse du 
principe de la preuve sociale. (...) La preuve sociale reprテゥsente un raccourci commode, 
mais elle rend en mテェme temps celui qui l窶册mprunte vulnテゥrable aux assauts des profiteurs 
embusquテゥs sur le chemin. ツサ (pp. 127-180) 

Ce sophisme est trティs commun et extrテェmement puissant. Puisqu窶冰ne majoritテゥ de gens sont enclins 
テ se conformer avec les vues de la majoritテゥ, convaincre une personne en lui disant que la majoritテゥ 
approuve l窶兮ssertion en question est un excellent moyen de le lui faire accepter, soit par

 

mimテゥtisme, soit par peur de l窶冩stracisme. 
Dans la ligne directe des rires prテゥenregistrテゥs qui accompagnent les sテゥries tテゥlテゥvisテゥes afin de 
provoquer l'hilaritテゥ des tテゥlテゥspectateurs au moment voulu, le comportement individuel a une forte 
propension テ se calquer sur celui de la sociテゥtテゥ. Et de la mテェme faテァon que l'introduction des rires 
prテゥenregistrテゥs dans un programme qui plus est mテゥdiocre n'est pas laissテゥe au hasard et s'appuie sur 
une connaissance scientifique de leur influence sur la rテゥception du public (Nosanchuk & 
Lightstone 1974, pp. 153-156), les stimulations marketing sont elles aussi テゥtudiテゥes de prティs et 
jouent sur l窶凖ゥtude des mouvements de troupeau : arguments de grande vente, 100 000 
exemplaires vendus, hits des meilleurs ventes de disques, etc. sont passテゥs au peigne fin par des 
professionnels de l窶冰n des rares dテゥbouchテゥs des テゥtudes franテァaises de sociologie. On a pu montrer 
trティs rテゥcemment, comme Salganik et ses collティgues, que les gens achティtent la musique qu窶冓ls 

savent ou 

croient savoir que les autres apprテゥcient 

(Salganik 

& al.

 2006, pp. 854-856)

233

. ツォ 

Ainsi, cette tendance テ 

                                                 

233

 Salganik 

& al. 

ont montrテゥ l窶册ffet Panurge par un site internet proposant des musiques テ 14 000 adolescents テゥtats-

uniens.  

background image

 

 

 

 

 

223

l'uniformisation musicale s'opティre principalement grテ「ce aux (ou テ cause de) radios/tテゥlテゥvision qui, les unes aprティs les 
autres, reprennent souvent les mテェmes morceaux favorisant, par effet de mimテゥtisme, leurs ventes au dテゥtriment 
d'autres morceaux ignorテゥs

. ツサ, ajoute Grandemange, auteur du site 

Charlatans

.

234

  

 
De lテ テ la fabrication du consentement politique, il n窶凉 a qu窶冰n pas, qui a テゥtテゥ formalisテゥ depuis 
sous le nom de 

Bandwagon effect

 窶 en souvenir du clown Dan Rice qui contribua テ la propagande 

politique de Zachary Taylor en faisant processionner sa carriole chargテゥe de monde. La technique 
fut reprise bien des fois, avec le slogan ツォ jump on the bandwagon ツサ.  
Les テゥtudes les plus rテゥcentes montrent ce comportement de troupeau (herd behaviour) lors des 
choix politiques, notamment Nadeau 

& al.

 sur l窶兮vortement et sur la constitution quテゥbecoise 

(Nadeau 

& al.

 1993), Goidel 

& al.

 (1994), Mehrabian sur l窶冓nfluence des sondages sur les votants 

(Mehrabian 1998) 窶 amenant mテェme Morwitz 

& al

. テ se demander si les sondages reflティtent 

l窶冩pinion ou si l窶冩pinion reflティte les sondages (Morwitz 1996). 
Illustrer l窶册ffet Panurge au moyen de supports tirテゥs des mテゥdias est chose aisテゥe.  

-

 

les classements de meilleurs ventes de livres/disques/logiciels, avec parfois la mention 
ツォ 

x clients satisfaits

 ツサ 窶 occasion de montrer un effet cigogne retors que celui consistant テ 

faire croire qu窶冰n produit achetテゥ non rapportテゥ a satisfait son acheteur ; 

-

 

les classements des meilleures frテゥquentations ;  

-

 

les labels sur certains produits ; 

-

 

les ツォ avis de consommateurs ツサ et les slogans type ツォ 

テゥlu produit/voiture/saveur de l'annテゥe

 ツサ ; 

 
C窶册st テゥgalement l窶冩ccasion de glisser quelques exemples tirテゥs du vテゥcu, que les テゥtudiants ont 
certainement dテゥjテ rencontrテゥ. En voici trois que nous utilisons en cours. 

-

 

L窶册xemple des boテョtes de nuit laissant s窶册ntasser devant la porte les clients mテェme lorsque 
la boテョte est vide juste pour crテゥer l窶冓llusion d窶冰ne demande accrue mise sur l窶册ffet 
Panurge (Cialdini 

ouv.citテゥ

, p. 131). 

-

 

L窶册xemple du dilemme des restaurants, ou テ deux restaurants テゥquivalents dont l窶冰n 
contient dテゥjテ un client, l窶兮utre non, le passant sera attirテゥ par le premier (

Ibid.

). 

-

 

L窶册xemple plus dramatique : lors d窶冰n テゥvenement grave, les individus vont d窶兮bord 
chercher des signes, des indications dans l'attitude de leurs semblables afin de choisir

 

l'action appropriテゥe 窶 ce qui expliquerait cette fameuse ツォ dilution de responsabilitテゥ ツサ 
appelテゥe ツォ effet spectateur ツサ ou ツォ bystander apathy ツサ lors des agressions devant tテゥmoins : 
l窶冓mpassibilitテゥ se transmettant et se rationalisant peut amener un individu テ ne plus 
rテゥagir テ un danger lテ oテケ seul il aurait rテゥagi (Latane & Darley 1968 1969). 

 
Cet effet se situe テ la convergence de plusieurs autres outils zテゥtテゥtiques, notamment :  
- le scテゥnario 

appel テ l窶凖ゥmotion

, et la peur de cet ostracisme qu窶册ncourt qui ne se plie pas テ la ツォ peer 

pressure ツサ (voir 4.4 

Ips de type III

) ; 

                                                 

234

 

http://charlatans.info/preuve-sociale.shtml

. Pour une illustration musicale de ce matraquage musical, nous ne 

rテゥsistons pas テ indiquer le clip du groupe nテゥo-mテゥtal Korn, 

Ya窶冤l want a single,

 dテゥnonテァant de maniティre virulente cette 

industrie de l窶冰niformisation du goテサt musical : accessible ici 

http://miniurl.org/0pO

background image

 

 

 

 

 

224

- le 

faisceau de preuve

, par le fait qu窶冓l se base sur la rテゥunion de nombreuses ツォ mauvaises preuves ツサ :  

Labossiティre le dテゥcrit ainsi dans son 

Fallacy Tutorial

 :  

ツォ The fact that most people have favorable emotions associated with the claim is 
substituted in place of actual evidence for the claim. A person falls prey to this fallacy if he 
accepts a claim as being true simply because most other people approve of the claim ツサ. 

- le dテゥtournement d窶兮ttention, ou la technique dilatoire du 

hareng fテサmテゥ

, consistant テ amener 

l窶冓nterlocuteur テ traiter d窶冰n autre sujet que celui dont il est question (Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, pp. 64-

65). 
Nous allons voir que parmi les nombreuses formes que peut prendre l窶册ffet 

Panurge

, nous n窶册n 

garderons que cinq :  

窶「

 

L窶兮rgument de majoritテゥ, 

argumentum ad numerum 

窶「

 

L窶兮rgument du 

gratin

argumentum ad gratinum 

窶「

 

L窶兮rgument du bon sens du peuple, ou argument gluant 

窶「

 

L窶兮ppel au tテゥmoignage 

窶「

 

L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise 

 

4.3.2.18

 

L窶兮rgument de majoritテゥ, 

argumentum ad numerum 

Une premiティre variante de l窶册ffet Panurge est le sophisme de

 

l窶

argument de majoritテゥ 

ou 

Argumentum ad 

numerum

. La proposition est prテゥtendue vraie parce qu'elle est supposテゥe vraie/crue par une grande

 

proportion de gens, selon le principe implicite que beaucoup de gens ne peuvent avoir 
complティtement tort (figure 89). 
 

 

Figure 89 

: ツォ 窶ヲopinions contraires テ celles de la majoritテゥ, individu dangereux窶ヲ ツサ (

L窶兮ssiette au 

beurre, ouv.citテゥ) 

Sophisme de l窶兮rgument de majoritテゥ :  

1. Une majoritテゥ de gens pensent que X=b, contre une minoritテゥ qui pensent autre chose 
2. Donc X=b 

background image

 

 

 

 

 

225

Ce sophisme est ambigu, et permet un effet bi-standard : si la thティse est majoritaire, on demande 
sa reconnaissance au nom de la libertテゥ et de la reprテゥsentativitテゥ. Si la thティse est minoritaire 窶 mais 
consテゥquente tout de mテェme 窶, on rテゥclamera テゥgalement une reconnaissance, pour les mテェmes 
raisons. Il y a migration de la migration scientifique vers une sorte de dテゥmocratie reprテゥsentative : 
on entre dans alors dans une rhテゥtorique pseudo-politique,

 

laissant penser qu窶冰ne opinion ou une 

thテゥorie a une certaine validitテゥ parce qu窶册lle recueil un certain suffrage, et que donner pignon sur 
rue テ cette opinion ou thテゥorie respecte la libertテゥ d窶册xpression (voir Annexe

 窶 Fiche pテゥdagogique Nツー5 

Les psychomテゥdecines, encart E

). 

Cette variante est d窶兮utant plus retorse que les mテゥdias de vulgarisation scientifique prテゥsentent 
couramment les controverses scientifiques comme des dテゥbats ou des scrutins, テ savoir qui 
remportera l窶兮dhテゥsion. De ce fait, ce sont les thティses les plus ツォ populistes ツサ (au sens de collant le 
mieux テ la reprテゥsentation sociale des gens), et

 

cela entretient une vision politisテゥe de la discipline, 

dテゥpendant du suffrage, ce qui sape les fondements de la dテゥmarche scientifique, qui se borne テ 
dテゥcrire les faits tels qu窶冓ls sont 窶 et non tels qu窶冓l nous plairait qu窶冓ls soient. 
 
En voici quelques exemples.  

窶「

 

Le crテゥationnisme 

La presse crテゥationniste est friande de cet argument, tout comme les mouvements テ forte 
consonance sectaire comme Raテォl qui misent sur une version amテゥricaine de la laテッcitテゥ pour 
revendiquer droit au chapitre 

au mテェme titre que les autres minoritテゥs spirituelles

.  

 

窶「

 

Le Falun gong 

Ce mouvement revendique en Chine demande droit au chapitre. Mais la rテゥpression sur les 
pratiquants a renforcテゥ le sentiment de sympathie que les franテァais テゥprouvent vis-テ-vis des victimes, 
et par consテゥquent, de leur pratique 窶 d窶冰ne maniティre trティs similaire テ celle du bouddhisme tibテゥtain 
窶賭ui doit beaucoup テ la politique extテゥrieure de la Chine.  
Dans le mテェme genre d窶兮ppel テ la pitiテゥ, le journaliste Liu Xiaoren mテェle Falun Gong et Feng shui et 
テゥcrit par exemple que  

ツォ Depuis la fondation de la Chine nouvelle en 1949, le 

Fengshui

 a toujours テゥtテゥ condamnテゥ, et 

ses adeptes ont subi le mテェme sort, allant jusqu窶凖 テェtre supprimテゥs. ツサ (Yangtse Evening Post, 
dテゥc. 2005). 

 

窶「

 

Barrette versus Raテォl 

Nous utilisons des ressources vidテゥo pour montrer cela, notamment des formes de dテゥbat du type 
de celui dont nous avons dテゥjテ parlテゥ opposant C. Barrette, collティgue sceptique canadien テ

 

Raテォl : ces 

formes tendent テ lテゥgitimer la thティse raテォlienne en lui offrant une tribune et un pavois テゥquivalent テ 
celui du scientifique, et ce quelle que soit l窶冓ssue du dテゥbat. 
Dans le genre, une ressource presque inテゥpuisable fut l窶凖ゥmission 

l窶僊rティne de France

  de  S.  Berne, 

proposant des thティmes dテゥbattus par deux parties ツォ pour/contre ツサ caricaturales et permettant a 
public de voter ensuite qui a remportテゥ son adhテゥsion. L窶冰ne de ces テゥmissions portant sur les 
phテゥnomティnes ツォ paranormaux ツサ a テゥtテゥ l窶冩bjet d窶冰n travail テゥtudiant dans notre cours ツォ Zテゥtテゥtique & 

background image

 

 

 

 

 

226

approche scientifique du 

paranormal

 ツサ

235

.  

Nous renvoyons テゥgalement au scテゥnario ツォ combat ツサ, (voir 4.4 

Ips de type III

) qui dテゥcrit de type de 

dテゥbat immobile et sclテゥrosant. Voici une remarque que nous adressions lors du rendu de justice de 
Jones sur l窶僮D en dテゥcembre 2005 テ propos duquel 

Le Monde

 avait titrテゥ sous la plume d'Alain 

Sallティs : ツォ 

Darwin bat les nテゥocrテゥationnistes au tribunal

 ツサ (Le Monde, 22 dテゥcembre 2005 p. 7). 

ツォ On nous dit que le lecteur moyen, considテゥrテゥ par les journalistes comme un crテゥtin, n'est 
pas intテゥressテゥ si les controverses scientifiques n'opposent pas des adversaires identifiables, 
faciles テ cerner, si possible avec des gentils, des mテゥchants et beaucoup d'images. Alors la 
scテゥnarisation du combat ou du match (Darwin 1 : Dieu 0 par exemple) qu'on retrouve aussi 
lors des scrutins politiques, se rテゥvティle pratique pour crテゥer une soif partisane. Le problティme, 
c'est que la 

victoire

 d'une thテゥorie ne se fait pas au prorata du nombre de coups portテゥs, ou du 

nombre d'adhテゥrents de chaque camp. Et quand bien mテェme combat il y aurait, encore 
faudrait-il deux adversaires de mテェme catテゥgorie. (窶ヲ) Si l'テゥvolution est une thテゥorie, l'ID (tout 
comme le crテゥationnisme) est un scテゥnario. Pas la mテェme cour, donc. L'un passe son temps テ 
collecter des faits et des preuves, tandis que l'autre pテゥrore du haut de son perchoir, assis 
entre le conte et le fabliau. Les opposer, c'est saper les fondements de l'un et lテゥgitimer 
l'autre. [Et quand bien mテェme les deux parties eurent テゥtテゥ de la mテェme catテゥgorie] il en va de la 
biensテゥance de dテゥcrire correctement chaque adversaire. Le journal Le Monde oppose les 
nテゥocrテゥationnistes, assez nombreux aux テ液ats-Unis et lourdement financテゥs, テ... Darwin, 
vraisemblablement un reste de squelette テ l'heure qu'il est (et peu financテゥ). D'abord, il ne 
s'agit pas du procティs des nテゥocrテゥationnistes, ou du nテゥocrテゥationnisme mais de l'ID, contre non 
pas Darwin, ni le darwinisme ni mテェme la thテゥorie de l'テゥvolution... simplement de l'ID 
comme alternative テ l'テゥvolution en classe de science. [Il s窶兮git pour l窶冩ccasion d窶冰n] 
Quadruple effet paillasson dans un seul titre (窶ヲ). ツサ 

236

 

 
Pour illustrer le caractティre non-dテゥmocratique de la validitテゥ d窶冰ne thテゥorie, nous utilisons en cours la 
facette suivante. 

Facette Z : 

La vテゥracitテゥ d窶冰ne proposition ne dテゥpend pas du nombre de gens qui la 

soutient 

 

David Mesher cloue le problティme :  

ツォ 

Your mother has probably said it to you more times than you can remember: "If 

everyone else jumped off a bridge, would you jump off the bridge, too?" Well, mothers 
can be great critical thinkers, and this is one of the best replies to a fallacious appeal to 
common practice, in which an action is justified because "everyone is doing it.窶敖サ (Mesher 
1999). 

 

4.3.2.19

 

Argument du gratin, argumentum ad gratinum 

 

                                                 

235

 Bellet 

& al.

, Critique de l窶凖ゥmission ツォ L窶僊rティne de France : faut-il croire aux phテゥnomティnes inexpliquテゥs ? ツサ, 

http://esprit.critique.free.fr/

 

La question a テゥtテゥ d窶兮illeurs posテゥe par les テゥtudiants et par nous-mテェme : pourquoi Broch 

continue-t-il テ se rendre dans ce genre d窶凖ゥmission ? 

236

 Monvoisin, 

ID : Mテゥfiance quand la science devient un combat

, Observatoire Zテゥtテゥtique, Newsletter Nツー12, 2 janvier 2006. 

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227

Argument du gratin 

1. La catテゥgorie de gens テ laquelle je m窶冓dentifie ou que je prends pour modティle pensent que 
X=b  
2. Donc X=b 

Si le gratin en question est la sphティre des hautes autoritテゥs en science, nous retrouvons l窶册ffet 
Panurge doublテゥ de l窶僊A classique. 
Quelques exemples :  

窶「

 

L窶儷IP 

Nous l窶兮vons vu, une bonne part des argumentaires de l窶儷IP fonctionnent sur ce mode, arguant 
du fait que l窶僮ntelligent Design mテゥritent audience car des Nobel comme De Duve s窶凉 intテゥressent 

窶「

 

Rテゥmy Chauvin 

Chantre de la parapsychologie, Chauvin dテゥclare テ propos de l窶冑ypothティse 

psi

 :  

 ツォ Des hommes de sciences ne peuvent pas tous se tromper pendant des dテゥcennies ツサ 
(1997a, p. 37) 

窶「

 

Adriana Karembeu 

Un exemple mテゥdiatique trティs significatif, 窶 quoiqu窶冰n peu dテゥcalテゥ 窶, nous sert d窶冩util 
pテゥdagogique efficace : celui d窶僊driana Karembeu et de sa campagne Croix Rouge

237

. La publicitテゥ 

utilisテゥe montre le mimテゥtisme flattテゥ entre le mannequin et les nombreux anonymes qui se prテェtent 
テ l窶兮ction, coiffテゥs d窶冰ne chevelure blonde. Intテゥressant テ plus d窶冰n titre, puisqu窶冩n retrouve 
l窶

argument de pseudo-autoritテゥ 

doublテゥ de l窶

effet Star

 et l窶册ffet Panurge version 

gratin

. La question qui est 

alors posテゥe de faテァon ouverte aux テゥtudiants est : ツォ si une thテゥorie pseudoscientifique ou une 
thテゥrapie dite alternative テゥtait vantテゥe de cette faテァon, cela influerait-il sur votre choix ? ツサ. 

 

4.3.2.20

 

L窶兮rgument du bon sens du peuple ou argument gluant 

Ici, la proposition est prテゥtendue vraie parce qu'elle est supposテゥe pleine de bon sens, la preuve en 
テゥtant l窶兮dhテゥsion d窶冰n certain nombre de braves gens qui, semble-t-il par essence, ツォ ne peuvent pas 
se tromper ツサ. 
 
Sophisme de l窶兮rgument du bon sens du peuple : 

1. X=b est plein de bon sens 
2. Donc X=b 

ou 

1. Je suis テゥtonnテゥ que quelqu窶冰n comme vous puisse douter que X=b 
2. donc X=b 

Mettons-nous bien en garde : cette variante n窶册st gテゥnテゥralement pas directe mais cachテゥe dans la 
rhテゥtorique : ツォ 

il va de soi que..

 ツサ, ツォ vous savez bien que窶ヲ ツサ, ツォ 

quelqu窶冰n comme vous ne peut tout de mテェme 

pas penser que..

 ツサ, ツォ 

tout le monde sait..

 ツサ sont des stratテゥgies englobantes テ bien peu de frais, dont il est 

tellement difficile de se dテゥfaire que nous les appellons en classe les rhテゥtoriques 

gluantes

                                                 

237

 Dont le spot publicitaire est ici : 

http://minilien.com/?jxD6mlMpLH

   

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228

Une stratテゥgie plus fourbe consiste テ dire : ツォ 

Une personne comme vous ne peut pas adhテゥrer テ...

 ツサ 

Les exemples pleuvent chaque jour dans les mテゥdias. 

窶「

 

Salva et l窶冑omテゥopathie 

JT de 20h sur France 2 25 aoテサt 2005. Rテゥaction de J-J. Salva, prテゥsident de la Fテゥdテゥration des 
mテゥdecins homテゥopathes テ l窶兮nnoncede la mテゥta-analyse nテゥgative du 

Lancet

 sur l窶冑omテゥopathie :  

ツォ テa fait 30 ans (窶ヲ), 12 000 patients, un nombre incalculable de consultations. (窶ヲ) テァa 
veut dire qu窶冓l y a au moins 12 000 personnes qui sont complティtement stupides ツサ 

 

窶「

 

Lettre ouverte de Raymond Solano, ostテゥopathe crテ「nien 

 ツォ Mais pensez-vous que cet art [l窶冩stテゥopahtie] qui soulage l窶冑umanitテゥ de certains maux 
rテゥversibles pourrait perdurer autant de temps s窶冓l n窶凖ゥtait universellement reconnu et 
apprテゥciテゥ ? On peut tromper une personne, on ne trompe pas constamment 20 millions de 
Franテァais et plusieurs millions de patients en Europe et dans le monde qui font confiance テ 
notre mテゥdecine manuelle, mテェme si le MRP [

NdR : mテゥcanisme respiratoire primaire, mouvement 

dテゥcrit comme expansion/rテゥtroaction au niveau crテ「nien d窶冰ne dizaine de cycles par minute

238

] n窶兮 pu テェtre 

objectivement et scientifiquement prouvテゥ ! Ou alors, en dehors des scientifiques, tous nos 
patients sont stupides au point de se laisser leurrer par nos pratiques ! Non, cette thテゥorie ne 
tient pas la rhテゥtorique ! Dans l窶冑istoire de chacun de nos pays et de nos continents 
beaucoup trop d窶兮vant-gardistes, ont テゥtテゥ brテサlテゥs, torturテゥs, condamnテゥs, emprisonnテゥs pour 
テェtre des prテゥcurseurs d窶冓dテゥes nouvelles ou inventeurs de gテゥnie. Quel gテ「chis ! ツサ (Solano 2007) 

 
On peut y greffer un argument de type ツォ traditionaliste ツサ (voir 4.3.3 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ

) : 

argument classique des utilisateurs de mテゥdecine chinoise :  

ツォ Si des milliers de chinois durant des millテゥnaires se sont soignテゥs comme テァa, c窶册st bien parce 
qu窶冓l y a une raison ツサ. 

Nous avons bテ「ti avec nos テゥtudiants ce petit exercice simple. 
 

Si des milliers de chinois durant des millテゥnaires se sont soignテゥs comme テァa, c窶册st bien 
parce qu窶冓l y a une raison.  

1) Des gens peuvent se tromper.  

Ne serait-ce que parce que nos sens ou nos raisonnement causaux peuvent se tromper. 
Facette Z : nos sens peuvent nous tromper.  
Facette Z : la bonne foi n窶册st pas un argument. 

2) Des chinois (qui sont des gens) peuvent se tromper. 
 

Simple dテゥduction de 1) - dテゥconstruire l窶兮rgument ツォ exotique ツサ. 

3) Des milliers de gens peuvent se tromper. 

                                                 

238

 Aucune preuve ne vient テゥtayer le MRP, pourtant susceptible d窶凖ェtre expテゥrimentテゥ. Certains ostテゥopathes eux-mテェmes 

contestent ce qui ressemble fort テ un culte du fondateur Sutherland, lire par exemple Herniou, 

Le Mテゥcanisme 

Respiratoire Primaire n'existe pas

 (1998). Sur une critique plus gテゥnテゥrale de l窶冩stテゥopathie, de reporter テ l窶冰n des rares 

travaux critiques sur la question : Brissonnet, 

L'ostテゥopathie,, mテゥdecine holistique ou outil thテゥrapeutique

, 2000. 

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229

Effet Panurge 窶 si besoin, utiliser les exemples d窶冑allucinations collectives comme la danse du soleil lors 
des ツォ miracles ツサ de Fatima de 1917, rapportテゥs par des milliers de gens. 

4) Des milliers de chinois peuvent se tromper. 
 

Dテゥduction de 2) et 3). 

5) Des milliers de gens peuvent se tromper longtemps. 

テ plus forte raison si le ツォ longtemps ツサ est tellement long que les gens ne sont pas les mテェmes au fil des 
gテゥnテゥrations. Exemples des humeurs d窶僣ippocrate, des 

Pneuma

 de Galien, et de certaines conceptions 

d窶僊ristote qui sont parmi les erreurs les plus durables dans l窶僣istoire. 

6) Des gens peuvent se soigner avec des pseudomテゥdecines et en テェtre contents. 
 

Post hoc ergo propter hoc 窶 sophisme du pragmatisme. 

7) Des gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines et en テェtre contents. 
 

Le succティs des saignテゥes, des clystティres et des sangsues en tテゥmoigne. 

8) Des milliers de gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines et en テェtre 
contents 
9) テ moins d窶冓nfテゥrer une sagesse intrinsティque aux chinois (que leur politique extテゥrieure semble 
dテゥmentir), des milliers de chinois gens peuvent se soigner longtemps avec des pseudomテゥdecines 
et en テェtre contents

239

 
Baillargeon donne cet exemple similaire, qui s窶兮pparente テ un sophisme du pragmatisme :  

ツォ L窶兮strologie est pratiquテゥe depuis toujours, dans toutes les sociテゥtテゥs et des gens de toutes les 
classes sociales y ont recours ツサ (Baillargeon, 

ouv.citテゥ

, p. 73). 

L窶兮ppel au bon sens est parfois inversテゥ, sous forme de conseil. 
Yu Xixian par exemple dテゥclare fin 2005 :  

ツォ Certes, dans le 

Fengshui

, il y a aussi des choses qui ne correspondent ni テ la loi du ciel ni テ 

la nature humaine. C窶册st テ nous de sテゥparer le bon grain de l窶冓vraie. ツサ 

Le problティme rテゥside dans ce que Xixian mise sur un ツォ bon sens ツサ dont on ne connaテョt pas la teneur, 
rテゥparti テゥquitablement entre tous. C窶册st une forme pernicieuse trティs utilisテゥe pour clore le dテゥbat avec 
un semblant de prテゥvention, et beaucoup d窶兮utoritテゥ, comme lorsque quelqu窶冰n vous laisse テ 
l窶册ntrテゥe d窶冰ne immense jungle et vous disant : ツォ 

et mテゥfiez vous des bテェtes malfaisantes 

! ツサ. Il s窶兮git plus 

d窶冰n soulagement de conscience qu窶冰n vrai souci de l窶冓ndividu.  
 

4.3.2.21

 

L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise 

C窶册st une variante de l窶

ad populum

 puisqu窶冓l y a appel au nombre de ツォ 

tous-les-autres-pays-qui-le-font-

sauf-nous 

ツサ. Cette variante est dilatoire et sert テ transformer le dテゥbat sur la scientificitテゥ d窶冰ne 

discipline en un argumentaire lテゥgaliste, montrant que ce n窶册st qu窶冰ne question d窶冓nstance officielle 
et de frontiティres si la discipline n窶册st pas reconnue. テ ce titre, nous aurions pu la placer dans les 
techniques de dテゥviation du sujet. 
Nous l窶冓llustrons en cours avec une petite image du village d窶僊stテゥrix. 

                                                 

239

 De mauvaises langues font circuler un aphorisme expテゥditif : 

Des milliards de mouches ne peuvent pas se tromper, mangez 

de la m窶ヲ ! 

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230

 
Argument de l窶册xception franテァaise 

1. Partout, on reconnait que X=b, sauf en France 
2. Donc X=b 
(modulable : remplacer France par n窶冓mporte quel pays) 

L窶兮rgument de l窶册xception franテァaise est un levier, souvent employテゥ de faテァon nテゥgative, pour 
brocarder un manque d窶冩uverture sur les idテゥes novatrices. Souvent corrテゥlテゥ テ une dテゥnonciation 
trティs subjective de la mainmise du cartテゥsianisme et du rationalisme en France, il est invoquテゥ en 
particulier par les tenants de la parapsychologie et certaines pseudomテゥdecines, souhaitant de ce 
fait crテゥer un contraste factice entre une France rテゥtrograde et ツォ la majoritテゥ des autres pays du 
monde ツサ, prテゥtendument dotテゥs de laboratoires de parapsychologie, de chaires consacrテゥes テ des 
disciplines reniテゥes en France, voire consacrant d窶冓mportants moyens テ des domaines que ツォ l窶册sprit 
franテァais obtus ツサ considティre comme pseudoscientifique. Cela permet de renvoyer テ une notion de 
ツォ science nationale ツサ ou de ツォ science officielle ツサ pourtant dテゥsuティte depuis le lyssenkisme, et fermテゥe 
テ toute innovation, ou encore de stigmatiser le cartテゥsianisme mortifティre de notre pays 窶 ce qui ne 
manque pas de piment lorsqu窶冩n テゥtudie de prティs les erreurs commises par Descartes par simple 
refus d窶冓nvestigation. 
Une variante trティs semblable est celle de la dテゥnonciation faite des scientifiques ツォ officiels ツサ franテァais 
qui refusent de se pencher sur des questions qui, toujours, pourraient faire ツォ vaciller leurs 
fondements ツサ.  
C窶册st un argument autoritaire du fait que c窶册st en vertu du nombre de pays reconnaissant un 
domaine, la France, l窶凖液at franテァais, l窶儷niversitテゥ devrait ツォ se rendre compte qu窶冓l s窶兮git d窶冰n champ 
de recherche d窶冰ne grande richesse ツサ. L窶册ffet Panurge ツォ international ツサ n窶册st pas loin : si tous les 
pays le font (comme reconnaテョtre une thテゥrapie), la France se doit de le faire aussi.  
C窶册st un argument de 

victimisation

, au sens oテケ le dテゥfenseur de la thテゥorie 窶 et par lui la France 窶 

et pa serait victime d窶冰n ツォ obscurantisme dテゥcadent ツサ, d窶冰ne cabale de dテゥsinformation. Cela permet 
テ peu de frais de faire passer pour sympathique parce que victime une thティse non scientifique (voir 
syndrome galilテゥen, 2.2.3 

Contraintes externes

). 

C窶册st enfin un argument souvent 

lテゥgaliste

 : est frテゥquemment invoquテゥe la reconnaissance lテゥgale 

d窶冰ne discipline dans d窶兮utres pays comme gage du sテゥrieux de celle-ci.  
 
Les experts de cet argument en France sont sans conteste le biologiste parapsyphile R. Chauvin et 
l窶凖ゥpistテゥmologue mテゥtapsychique B. Mテゥheust. 
Chauvin dans le 

Figaro Magazine

 spテゥcial Voyance, le 12 mars 2006 :  

ツォ Je ne connais aucun autre pays au monde oテケ ceux qui se prテゥtendent ツォ rationalistes ツサ 
s'opposent avec autant de hargne テ ce que les scientifiques テゥtudient ce qu'ils ne 
comprennent pas (窶ヲ) Et c'est aussi テ ces inquisiteurs des temps modernes que la France 
doit d'テェtre le seul pays industrialisテゥ テ n'abriter aucun laboratoire universitaire ni aucune 
chaire consacrテゥs テ l'テゥtude des capacitテゥs extrasensorielles [...] ツサ 

En plus d窶凖ェtre un exemple pour l窶兮rgument de l窶册xception franテァaise, cette derniティre phrase de 
Chauvin est une erreur. D窶兮prティs le site de l窶僮MI, les laboratoires et chaires en parapsychologie 
sont au nombre de six en Europe : deux aux Pays-Bas, un en テ営osse, deux en Angleterre et un en 

background image

 

 

 

 

 

231

Allemagne... ce qui reprテゥsente trois pays (sauf テ considテゥrer que l'テ営osse est un pays)

240

.  

Mテゥheust de l窶僮MI, テゥcrit par exemple en avertissement aux lecteurs de son livre :  

ツォ En France, en ce dテゥbut du XXIツー siティcle, ce n窶册st pas seulement la rテゥalitテゥ des phテゥnomティnes 
dits paranormaux qui est niテゥe, c窶册st la possibilitテゥ de dテゥbattre テ leur propos qui est refusテゥe, 
c窶册st la lテゥgitimitテゥ mテェme de ce dテゥbat qui est rテゥcusテゥe. Pour justifier cette fermeture, qui 
s窶兮ccorde assez mal, テ premiティre vue, avec les principes dont se rテゥclame la dテゥmocratie, on 
invoque une situation d窶册xception, on met en avant les dangers que la mテゥtapsychique 
ferait planer sur notre sociテゥtテゥ ツサ (Mテゥheust 2004). 

Un  tour  de  passe  passe  qui  permet  de  transformer la scientificitテゥ en affaire de dテゥni de la 
dテゥmocratie. Cet argument est purement rhテゥtorique et n窶兮 pratiquement aucune portテゥe. Cinq 
points peuvent テェtre dテゥveloppテゥs. 
 
 
 
 
 
C窶册st une dテゥsinence de l窶兮rgument de la majoritテゥ. La reconnaissance dans de nombreux pays 
n窶兮ugure en rien de la validitテゥ d窶冰n champ de recherche. C窶册st lorsque le monde scientifique ne s窶凉 
plonge pas de faテァon homogティne qu窶冓l est des craintes テ nourrir.  
L窶冑istoire de la phrテゥnologie peut テェtre adテゥquatement utilisテゥe テ titre pテゥdagogique : initiテゥe par Franz 
Joseph Gall, cette pseudothテゥorie consistait テ postuler de faテァon assez novatrice des 

organes

 du 

cerveau, c'est-テ-dire des siティges de spテゥcialisation des fonctions mentales les plus dテゥveloppテゥs. Gall 
prテゥtendit alors, dans ce qu窶冓l appela d窶兮bord 

organologie 

que ces organes

 

augmentent de volume 

quand ils se dテゥveloppent et font pression sur la boテョte crテ「nienne, crテゥant ainsi proテゥminences et 
affaissements au prorata du dテゥveloppement des facultテゥs qui formeraient une vテゥritable signature 
en relief. Crテゥant une collection de crテ「nes de gテゥnies et de malades mentaux ou de criminels, il 
pensa discerner 27 facultテゥs allant de l窶兮mour pour les enfants au penchant au meurtre. Son 
disciple Gaspard Spurzheim rompit avec lui et crテゥa le nom de phrテゥnologie : en peu de temps, 29 
sociテゥtテゥs phrテゥnologiques テゥclorent en Grand Bretagne, oテケ il s窶凖ゥtait installテゥ. Puis, sous l窶冓mpulsion 
des frティres Fowler, la phrテゥnologie devint un phテゥnomティne de masse en Amテゥrique du Nord : 
consultation par correspondance, almanachs, manuels, brochures traitティrent de cartes 
craniologiques et de diverses bosses, dont celle des maths. Pendant prティs d窶冰n siティcle, une 
discipline sans fondements expテゥrimental valable a occupテゥ la devanture scientifique de tout un 
continent. 

 
 
 
 

Le cas de la phrテゥnologie est encore intテゥressant sur ce point. Croire テ l窶冰tilitテゥ morale et sociale 
d窶冰ne discipline, aussi peu テゥtayテゥe soit-elle, permet son ancrage populaire. On peut lire dans le 

                                                 

240

 Il y a d窶兮illeurs une rテゥponse du zテゥtテゥticien N. Vivant sur ce point ici :  

http://www.zetetique.info/archives/00000016.html

  

Facette Z 

La reconnaissance dans de nombreux pays n窶兮ugure en rien de la validitテゥ d窶冰n 

champ de recherche 

Facette Z 

Ce n窶册st pas parce qu窶冰ne pratique est reconnue quelque part que sa validation 

scientifique est faite. 

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232

Grand Dictionnaire Universel 

de 1876 que cette pseudoscience doit permettre de repテゥrer dテァs 

l窶册nfance les qualitテゥs et les dテゥfauts innテゥs, ツォ 

de sorte qu窶冩n pourrait assigner テ chacun la place et le genre de 

vie qui lui conviendraient, en supprimant par lテ l窶冰ne des plus grandes causes de troubles qui subsistent dans 
l窶冩rdre social

 ツサ. En clair, comme l窶凖ゥcrit Lentin : ツォ 

une berlue scientifique peut dテゥsormais devenir un phテゥnomティne 

de mode et de masse, si elle fait rテゥsonner les fantasmes qu窶冓l faut

 ツサ (Lentin, 

ouv.citテゥ

, p. 102). 

Prテゥtendre la science ツォ en retard ツサ sur certaines questions (la plupart du temps des questions 
ツォ paranormales ツサ) flatte une lecture ツォ progressiste ツサ de l窶冑istoire dont nous avons dテゥjテ vu quelques 
dテゥgテ「ts. Dans la majoritテゥ des cas, ce genre de victimisation est factice : soit parce que ツォ la majoritテゥ 
des autres pays du monde ツサ n窶册st窶ヲ pas a majoritテゥ des pays du monde. Soit parce qu窶冓l y a 
effectivement des recherches sur les sujets soi-disant  テゥtiquetテゥs  ツォ interdits ツサ,  ツォ dangereux ツサ, 
ツォ rテゥvolutionnaires ツサ  (voir  4.4 

Ips scテゥnaristiques

). Soit parce qu窶冓l n窶凉 a tout simplement pas de 

recherches ツォ interdites ツサ. 
La premiティre hypothティse peut テェtre illustrテゥ par l窶兮rgument ツォ 

tous les pays ont des laboratoires de 

parapsychologie, sauf, la France 

ツサ. Or, il n窶册xiste que quatre laboratoires officiels de parapsychologie. 

En clair, tous les pays sauf quatre n窶册n ont pas.  
La deuxiティme est facilement infirmable : les pouvoirs psi firent l窶冩bjet de recherches aux USA 
(projet Alpha), et se poursuivent en Europe, notamment en Grande-Bretagne. Quant aux 
pseudomテゥdecines, il suffit de voir le nombre de publications qui paraissent sur l窶冑omテゥopathie 
pour se rendre compte テ quel point il ne s窶兮git pas d窶冰n champ interdit. Le fait de prテゥtendre, ou 
de croire qu窶冓l y ait des sujets dangereux comme l窶冑omテゥopathie revient テ dテゥtourner l窶兮ttention sur 
le flot de publications nテゥgatives parues sur le sujet. L窶僮nsubmersible Canard de Bain n窶册st pas 
loin. 
La troisiティme hypothティse est la plus probable, car il semble que cette notion de science interdite ne 
soit qu窶冰ne pure crテゥation scテゥnaristique (voir 4.4.3.9 

Carpaccio ツォ bravade de l窶冓nterdit ツサ

). S窶凉 greffe un 

bi-standard classique : si l窶册xception franテァaise est dテゥnoncテゥe activement lorsqu窶冓l s窶兮git du 
dテゥlaissement d窶冰n champ pseudoscientifique, elle n窶册st pas discutテゥe lorsqu窶冰ne pratique est 
presqu窶册xclusivement franテァaise. Le cas de la psychanalyse comme thテゥrapeutique, largement limitテゥ 
テ la France et テ l窶僊rgentine, ou de l窶冑omテゥopathie, テゥgalement centrテゥ sur l窶兮xe France-Suisse-
Allemagne, ne semble jamais invoquテゥ de la sorte 窶 hormis pour signifier l窶凖ゥtat avancテゥ des 
recherches en France dans ce domaine (voir 

Annexe 窶 Fiche pテゥdagogique Les psychomテゥdecines, encart E

). 

Le meilleur prテゥcepte テ donner aux テゥtudiants souhaitant se confronter テ ce genre de 

clichテゥ 

est d窶兮ller 

tout simplement vテゥrifier. Nous sommes dans un cas semblable aux lテゥgendes urbaines. Tout le 
monde le rテゥpティte, personne ne le vテゥrifie, mais de toute faテァon, l窶冑istoire est trop belle. 
 

4.3.2.22

 

L窶兮ppel au tテゥmoignage 

Ce biais est trティs rテゥpandu dans la littテゥrature, les mテゥdias et les discussions. Nous le classons dans les 
effets de type ツォ preuve sociale ツサ non parce qu窶冓l repose sur un grand nombre d窶冓mpacts de 
tテゥmoignages, mais parce qu窶冰n cas suffit テ emporter l窶兮dhテゥsion テ l窶冓mage du premier mouton de 
Panurge, et que la rumeur et le fantasme amplifient suffisamment le ou les tテゥmoignages pour en 
faire un objet argumentaire qu窶冩n se transmet de proche en proche, crテゥant autant de demi-
preuves ou de quart de preuves qui, rテゥunies, font un faisceau de preuve illusoire. 

 

L窶兮ppel au tテゥmoignage : 

1. On m窶兮 rapportテゥ le cas de Mme L qui a dit que X=b  
2. Donc X=b 

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233

Le nombre d窶册xemples est incommensurable. 

窶「

 

L窶兮cupuncture US 

Le succティs de l窶兮cupuncture en Occident, notamment aux Etats-Unis, est en grande partie dテサ テ un 
seul tテゥmoignage de rテゥduction de douleur post-opテゥration par acupuncture en Chine par un 
journaliste du New York Times, James B. Reston. テ tel point que W. Prensky president du 
National Academy of Acupuncture and Oriental Medicine de New York, テゥcrivit lors de la 
nテゥcrologie de Reston :  

ツォ The role of the New York Times columnist James B. Reston in introducing acupuncture 
to this country must not be underestimated ツサ (

New York Times

, 14 december 1995).  

 

窶「

 

Madame L., Monsieur B 

Le moindre prospectus vantant un type de guテゥrison hors norme prテゥsente les テゥternels ツォ Monsieur 
B. ou Mme L. ツサ servant d窶册xemple pour ne pas dire d窶兮ppテ「t テ l窶兮dhテゥsion (figures 90 et 91). 
 
 
 
 
 
 

Figure 90 : Extrait de 

Alternative L窶冓mpatient

, mars 2003, テゥdito. 

 

 

Figure 91 : ツォ 

Tテゥmoignages. Maladies graves : l'approche complテゥmentaire

 ツサ titre le Hors Sテゥrie 

Alternatives, novembre 2002. 

 

窶「

 

La Cure Breuテ aux victoires de la musique 

L窶册xemple le plus riche sur un plan pテゥdagogique que nous ayons trouvテゥ est assez rテゥcent et offre 
un support vidテゥo court. 
Lors des Victoires de la musique 2007, le 10 mars, un individu a forcテゥ le tour de chant d窶冰ne 
artiste et est intervenu pour dテゥclarer qu窶 ツォ 

on nous ment sur les chiffres du cancer

 ツサ, et tテゥmoigner de 

faテァon impromptue, mais touchante, de sa propre guテゥrison du cancer par des mテゥthodes naturelles, 

Hypnose thテゥrapeutique - Une thテゥrapie mal connue 

Il y a quelques annテゥes, Manon a entrepris des dテゥmarches pour combler les vides dans son 
histoire personnelle. C'est テ la tテゥlテゥvision qu'elle a pour la premiティre fois entendu parler 
d'hypnothテゥrapie. テ demi convaincue, elle a tout de mテェme dテゥcidテゥ de prendre un rendez-vous, 
pour voir. ツォMais je demeurais sur mes gardes. Je n'allais pas lテ pour qu'il me fasse faire la 
poule!ツサ Mテェme chose pour Nicole, qui a dテゥcidテゥ de consulter un thテゥrapeute テ la suite d'une 
rupture. ツォPlus terre テ terre que moi, tu meurs! J'テゥtais prテェte テ essayer, mais la premiティre chose 
que j'ai dite テ l'hypnologue en entrant dans son bureau, c'est que je n'allais pas le nourrir 
pendant 6 mois!ツサ 

ツォ La mテゥdecine alternative prテゥsentテゥe dans le dossier de ce mois pourrait bien テェtre pour 
beaucoup une dテゥcouverte. La chiropratique, fraテョchement reconnue (mars 2002), peut, en 
dテゥbloquant les articulations vertテゥbrales et en agissant sur le systティme nerveux, amテゥliorer, 
sinon rテゥsoudre, des problティmes d'ordre psychologique (dテゥprime, dテゥpression, anxiテゥtテゥ, etc.). En 
un mot quand テァa "dテゥbloque" cテエtテゥ psy, on peut parfois dテゥcoincer la situation en passant par 
le physique. Plusieurs patients en tテゥmoignent. 

background image

 

 

 

 

 

234

窶 en l窶冩ccurrence la mテゥthode Breuテ (Figure 92).  

 

Figure 92 : trublion ventant sincティrement la cure Breuテ lors des victoires de la musique, le 10 mars 2007. 

Ce document tテゥlテゥvisuel

241

 est trティs efficace pour montrer divers outils Z :  

Le Post hoc ergo propter hoc. 
La prudence dans l窶冓nterprテゥtation du rテゥsultat

, テ plus forte raison si le rテゥsultat est sa propre santテゥ. 

La gテゥnテゥralisation hテ「tive, 

sur la base d窶冰n seul cas, tirer des conclusions gテゥnテゥrales. 

La complotite, 

invoquant que l窶卍ォ on nous ment ツサ. 

La pensテゥe magique

 (Breuテ disait que ツォ 

comme le cancer ne vit que d'aliments solide et que l'homme 

peut vivre exclusivement de jus de lテゥgumes, on peut affamer le cancer en suivant ce rテゥgime 

ツサ). 

Et surtout : 

L窶兮ppel au tテゥmoignage

 : non seulement le monsieur vient tテゥmoigner de son seul cas, mais 

Breuテ prテゥtendait, sur la base d'"innombrables lettres de remerciements", que sa cure 
guテゥrissait 96 cancテゥreux sur 100.  

Nous avions テゥcrit テ ce sujet ce qui fait le paradoxe de beaucoup de pratiques de ce genre :  

ツォ (窶ヲ) Voici l窶冓llustration de ce qui peut s窶兮pparenter テ un drame moderne. Quelqu窶冰n, en 
toute bonne foi, tテゥmoigne d窶冰n テゥvテゥnement trティs positif pour lui : mais en l窶凖ゥlargissant au 
reste de la population par son appel populaire, et en criant テ l窶冩ccultation des preuves, il 
fait courir テ d窶兮utres malades le risque atroce de substituer leurs traitements validテゥs par 
des traitements non fondテゥs par une thテゥrapie douteuse. Bien sテサr, il s窶兮git d窶冰ne piste 
intテゥressante : peut テェtre qu窶册ffectivement le cテゥleri, ou le radis noir ont un intテゥrテェt dans le 
soin de la leucテゥmie. Peut テェtre... C窶册st lテ que la dテゥmarche scientifique a son intテゥrテェt : si テァa ツォ 
marche ツサ, on peut le montrer. Or pour l窶冓nstant, en guise de travail expテゥrimental, il n窶凉 a 
que cette affirmation sans source de 45 000 personnes guテゥries, et ce type qui vient 
tテゥmoigner au micro. 
J窶册ncourage les gens ayant entendu cet appel テ attendre qu窶冰n protocole expテゥrimental de 
la mテゥthode Breuss montre son efficacitテゥ avant de se mettre テ faire la cure, et テ se rappeler 
que non seulement ツォ un tテゥmoignage, mテェme touchant, ne fait pas office de preuve ツサ, mais 
surtout que ツォ la bonne foi n窶册st malheureusement pas un argument ツサ

242

                                                 

241

 Accessible ici : 

http://miniurl.org/vRX

  

242

 

Monvoisin, 

La mテゥthode Breuss s窶冓nvite aux victoires de la musique

, Journal de l窶儖bservatoire Zテゥtテゥtique (2007).

 

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235

 

Facette Z : 

L窶册nfer est pavテゥ de bonnes intentions, et tapissテゥ de bonne foi 

 

 

4.3.2.23

 

Disgression : la soumission テ l窶兮utoritテゥ  

Bien que ce ne soit pas directement notre sujet, nous prenons soin en classe d窶冓nsister sur les 
mテゥthodes de manipulation mentale classiques qui, couplテゥes テ un contenu テ caractティre scientifique 
ou pseudoscientifique, font le lit des dテゥviances sectaires. Elles fonctionnent pratiquement toutes 
sur le registre d窶冰ne soumission テ l窶兮utoritテゥ.  
Nous utilisons pour cela des outils spテゥcifiques, dテゥveloppテゥs dans deux cours intitulテゥs ツォ

 De  la 

manipulation des テ「mes en milieu alpin

 ツサ comprenant :  

-

 

des descriptions de renforcement de position par escalade d窶册ngagement (comme le jeu 
des enchティres de Shubik que nous dテゥveloppons en situation dans l窶兮mhithテゥテ「tre, voir 
Merテカ 2000). 

-

 

les descriptions de dilemmes type ツォ prisonnier ツサ (Merテカ 

ibid.

, Eber 2006) テゥlargies aux 

considテゥrations テゥcologique (introduction テ Dawkins et le gティne テゥgoテッste, 2003) et politique 
(lois anti-trust, stratテゥgies ツォ ナ妬l pour ナ妬l ツサ lors des guerres (Axelrod 2006). 

-

 

les descriptions de dテゥcisions absurdes (Morel 2004) et de piティges abscons. 

-

 

les techniques de dテゥfense face aux procテゥdテゥs de pieds-dans-la-porte, porte-au-nez, 
crainte-puis-soulagement ((Joule 

in 

Beauvois et al. 2001, pp. 273-310 ; Joule & Bernard 

in 

Sasportes & Carvais 2000, pp. 487-497 ; Joule et Beauvois (2002 ; Lewin 

in 

Swanson 

& al.

 1947 ; Wicker 1969) avec des liens sur les stratテゥgies publicitaires type dテゥmarcheur 

pharmaceutique auprティs des mテゥdecins (Baluch 

& al.

 2001 ; Carducci & Deuser 1984, pp. 

75-81). 

-

 

la notion de soumission librement consentie (Joule & Beauvois 1998) assortis de 
documents sur l窶册ngagement sectaire (comme le documentaire 

Sectes tueuses, le miroir aux 

alouettes

, Arte, et des extraits des livres d窶僊bgrall 1998 ; 2003). 

-

 

les critティres d窶冓nfluences : raretテゥ, persistance, rテゥcence du message, etc. (Cialdini 2004), 
Abgrall 2003, Beauvois & Joule 1998). 

-

 

nous utilisons des extraits de techniques connues de vente au porte テ porte (comme des 
extraits du film ツォ Les portes de la gloire ツサ de Merret-Palmair). 

Puis, lorsque ces bases sont posテゥes, nous forcissons un peu le trait avec :  

-

 

la thテゥorie de la dissonance cognitive de Festinger 

& al.

 (1993) et de la fabrication du 

consentement (documents de Chomsky, extraits de presse sur l窶兮ffaire des Armes de 
Destruction Massive irakiennes) 

-

 

La soumission テ l窶兮utoritテゥ (expテゥrience de Milgram 1963, puis l窶册xpテゥrience de Stanford 
1971) : nous utilisons pour cela des extraits du film ツォ I comme Icare ツサ de Verneuil et de 
ツォ Das Experiment ツサ de Hisrchbiegel (2001).  

                                                                                                                                                         

 

background image

 

 

 

 

 

236

-

 

Enfin nous utilisons en une sテゥquence ツォ non prテゥvenue ツサ le 

mockumentary

  de  W.  Karel 

Opテゥration lune

, dont les thティses pseudoscientifiques, trティs ツォ autoritaires ツサ, sont montrテゥes 

aux テゥtudiants sans les prテゥvenir du caractティre canular du document. 

 

Nous rappelons テゥgalement au passage l窶册xpテゥrience de Wiseman & Greening (2005) que nous 
avons dテゥjテ prテゥsentテゥe pour introduire les notions de ツォ manque de fiabilitテゥ de nos sens ツサ (voir 
2.4.3), mais aussi la notion de suggestibilitテゥ, qui est fortement corrテゥlテゥe テ l窶兮utoritテゥ dテゥgagテゥe par 
celui qui ツォ manipule ツサ. C窶册st l窶冩ccasion d窶冓ntroduire la notion d窶凖ゥtat ツォ agentique ツサ dテゥveloppテゥ par 
Milgram, qualifiant l'individu qui se considティre comme l'agent exテゥcutif d'une volontテゥ テゥtrangティre par 
opposition テ l'テゥtat autonome dans lequel il estime テェtre l'auteur de ses actes. Le pont peut テェtre 
tentテゥ avec la soumission テ l窶凖ゥcole et テ l窶册nseignement, et certains pテゥdagogues s窶凉 sont tentテゥs. 
Trabal par exemple, explique volontiers que la premiティre autoritテゥ rencontrテゥe est l窶册nseignant :  

ツォ L'enseignant n'hテゥsitant pas テ utiliser l'argument d'autoritテゥ. Il affirmera qu'en 
mathテゥmatique, il faut dテゥmontrer, dテゥvalorisera le sens commun qui est cependant un mode 
de connaissance trティs utile et trティs efficace テ l'テゥlティve (comme tout un chacun) dans la vie 
quotidienne. En ne transigeant pas sur ce que sont les mathテゥmatiques et les sciences, il est 
fidティle テ sa mission mais gテゥnティre des tensions que l'on retrouve toutes les fois qu'un rapport 
autoritaire est テゥtabli. Il ne faudra alors pas s'テゥtonner que les テゥlティves considティrent qu'en 
mathテゥmatiques, "il n'y a rien a comprendre, il suffit d'appliquer" ou qu'encore テ l'instar de 
Stendhal qui nous raconte sa relation aux mathテゥmatiques, n'hテゥsite pas テ affirmer : "

j'en fus 

rテゥduit テ ce que je me dis encore : il faut bien que 窶 par 窶 donne + soit vrai, puisque テゥvidemment, en 
employant, テ chaque instant cette rティgle dans le calcul on arrive テ des rテゥsultats vrais et indubitables

[

243

] ツサ. 

244

 

 
Les rapports autoritaires テ l窶册nseignement peuvent テゥgalement テェtre analysテゥes de faテァon plus 
poussテゥe encore, selon un angle libertaire, avec Catherine Baker par exemple (2006). 
Nous avons placテゥ en annexe une fiche d窶冰ne redoutable efficacitテゥ en cours et entiティrement 
consacrテゥe テ ce point

 

(fiche pテゥdagogique Nツー9 

Le jeu des 20 piティges - Comment テゥviter les arguments 

d窶兮utoritテゥ ?

 

4.3.3

 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ - テゥloge de l窶兮nciennetテゥ  

Le seul charme du passテゥ, c'est qu'il est le passテゥ.  

Oscar Wilde 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ joue sur l窶冓dテゥe que l窶凖「ge d窶冰ne thテゥorie ou d窶冰ne assertion テゥtaye sa vテゥracitテゥ. 
Cet argument est fallacieux au sens oテケ de nombreuses thテゥories anciennes se sont rテゥvテゥlテゥes fausses, 
au mテェme titre que de nombreuses annonces de nouveautテゥs sont restテゥes lettre morte.  
 
L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ, 

ou argumentum ad antiquitatem

 :  

1. X=b est une idテゥe ancienne, dont les traces remontent テ loin dans le temps. 
2. Donc X=b 

                                                 

243

 Stendhal. (1890), 

Vie de Henry Brulard,

 Edition Gallimard (1973), Paris 

244

 Trabal renvoit テ l窶冓nstructive lecture de Jodelet, 

Les reprテゥsentations sociales

 (1989). 

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237

 
Il est possible de distinguer deux types d窶兮rguments d窶冑istoricitテゥ : le premier recoupe une sorte 
d窶凖ゥloge de l窶兮nciennetテゥ, couplテゥe dans la plupart des reprテゥsentations sociales テ une certaine sagesse 
ancestrale, et entraテョne des formes de tradition. De cette maniティre, il peut テェtre perテァu comme un AA 
テ part entiティre, l窶兮utoritテゥ テゥmanant d窶冰n concept diffus mテゥlangeant vieux sages et savants anciens 
antテゥ-scientifiques. Le second se noue sur une vision progressiste des sciences, sur l窶兮ttrait de la 
nouveautテゥ et sur l窶册nvie scテゥnaristique d窶冰n dテゥboulonnage d窶冓doles. 
Cet argument consiste テ prテゥtendre que quelque chose est bon, juste ou vrai simplement parce que 
c窶册st ancien, ou parce que ツォ c窶册st ainsi que テァa a toujours テゥtテゥ ツサ (

appeal to the Old

, ou 

Old Ways are 

Best

Nous distinguerons plusieurs variantes. 

 
4.3.3.1

 

L窶册ffet ツォ Cave テ vin ツサ, ou argument du vieux pot 

Nous dテゥsignons par Effet 

Cave テ vin

 l窶兮rgument consistant テ dire qu窶冰ne idテゥe ancienne, dテゥjテ 

prテゥsente dans divers vieux テゥcrits faisant ou ayant fait autoritテゥ ne peut テェtre fausse, puisque des 
anciens l窶冩nt テゥcrit. Il s窶兮git d窶冰n savant mテゥlange entre un 

argumentum ad gratinum 

et un 

ad 

antiquitatem.

  

L窶冓mage vient de ce que l窶冩n prテゥsumera plus volontiers de la qualitテゥ d窶冰n vin que la cave qui 
l窶兮ccueille est empoussiテゥrテゥe, que son テゥtiquette est effacテゥe par le temps et que le bon vin se bonifie 
avec l窶凖「ge. Quant au vieux pot, le diction proverbial dテゥclame que c窶册st dans les vieux pots que l窶冩n 
fait les meilleures soupes, ce qui est doublement faux : on peut faire d窶册xcellentes soupes dans des 
pots neufs, ainsi que d窶冓mmondes soupes dans des vieux. 
L窶兮rgument du vieux pot : 

1. On peut lire sur un vieux Papyrus テゥgyptien que X=b 
2. Donc X=b 

 

窶「

 

La rテゥflexologie plantaire テゥgyptienne 

C窶册st intテゥressant de constater que lorsqu窶冰ne thテゥrapie テゥtrange cherche un substrat historico-
traditionnel, elle est capable de remonter loin et de prendre tout ce qui se prテゥsente pour テゥtayer 
son ancestralitテゥ. 

 

Figure 93 : parchemin de Saqqarah ツォ signant ツサ l窶兮ncestralitテゥ de la reflexologie palmaire. 

 
Les diverses rテゥflexologies par exemple sont toujours prテゥsentテゥes comme un art traditionnel ancien 
sont trティs peu anciennes (plantaire : Fitzgerald 1913 ; palmaire : Ingam, 1930 ; auriculaire, Nogier 
1951 ; iridologie : von Peczely, 1881, dentaire, Voll, 1950 ; symathicothテゥrapie Gilet 1930). Les 

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238

rテゥflexologues plantaires invoquent pourtant pour paternitテゥ la Haute テ曳ypte, notamment un 
parchemin de la tombe d窶僊nkhmahor テ Saqqarah ツォ 

analysテゥs par Ed et Ellen Case en 1979

 ツサ (Kunz & 

kunz 2005) (figure 93). ツォ 

En テ曳ypte des peintures dテゥcouvertes テ Saqqara 

(sic

) datant de 2300 avant J-C 

montrent une sテゥance de rテゥflexologie

 ツサ enseigne-t-on aux テゥtudiants, par exemple au Ontario College of 

Reflexology. 
 

窶「

 

Le Feng Shui 

Yu Xixian, dテゥjテ rencontrテゥ, professeur de sciences urbaines et environnementales テ l窶儷niversitテゥ de 
Beijing, テゥcrit : ツォ 

Les vestiges de la culture de Yangshao, dans la province du Henan, nous montrent qu窶冓l y a 6 

000 ans, nos ancテェtres avaient dテゥjテ l窶冓dテゥe de l窶冩rientation et des rapports entre le ciel, l窶冑omme et la terre.

 ツサ (Yu 

Xixian, 

ouv.citテゥ

Il y a bien sテサr des contre-exemples テ ce sophisme. Il est des cas oテケ l窶兮nciennetテゥ d窶冰ne chose est 
corrテゥlテゥe テ son intテゥrテェt scientifique. Quelques exemples :  
- donner plus d窶冓mportance テ un corps momifiテゥ de plusieurs milliers d窶兮nnテゥes qu窶凖 une dテゥpouille 
d窶冓l y a un siティcle n窶册st pas un argument du vieux pot.  
- Si un individu prテゥtend que tel vin se bonnifie avec le temps (en prテゥcisant qu窶冓l ne s窶兮git pas 
forcテゥment d窶冰ne relation linテゥaire, et certainement pas aux grandes テゥchelles de temps), il ne s窶兮git 
bien sテサr pas d窶冰n argument du vieux pot. 
- Enfin, l窶兮nciennetテゥ d窶冰ne thテゥorie (l窶凖ゥlテゥctromagnテゥtisme de Maxwell, ou la thテゥorie de la matiティre 
composテゥe de particules subatomiques) fait son intテゥrテェt non parce que son テゥlaboration est vieille, 
mais parce qu窶册lle a accumulテゥ un nombre consテゥquent de prテゥdictions valides et dテゥsarmテゥ un 
nombre non moins consテゥquent de remises en question, et qu窶冓l est raisonnable de la croire テゥtayテゥe, 
non pas son テ「ge, donc, mais par son ツォ poids d窶凖ゥvidence ツサ. 
 

4.3.3.2

 

L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ, 

argumentum ad veterum 

Nous nommons ツォ effet vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ l窶冓dテゥe qu窶冰ne assertion ancienne est forcテゥment 
vraie puisqu窶冓l est (faussement) notoire que les anciens ont souvent eu raison. C窶册st non 
seulement faire fi de tous les anciens qui ont profテゥrテゥ des bテェtises (bien plus nombreux que les 
ツォ sages ツサ), mais encore oublier que les idテゥes ayant fait leur chemin jusqu窶凖 aujourd窶冑ui テゥtaient 
parfois fortement rejetテゥes de leurs temps 窶 ce qui laisse accroire que l窶冩n choisit le vieux sage 
qui nous arrange en fonction de la thティse テ dテゥfendre. 
Cette idテゥe est le produit de ce que Broch appelle une ツォ exposition sテゥlective ツサ, ou un tri statistique 
des faits qui vont dans le sens de ce que l窶冩n veut テゥtayer. Suffit alors de citer quelques-uns de ces 
anciens et d窶兮vancer qu窶冓l est peu vraisemblable que l窶冩n se soit trompテゥ si longtemps sans s窶册n 
apercevoir, et l窶兮rgument est posテゥ. Il s窶兮git d窶冰n pur AA. 
 
L窶册ffet ツォ vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ : 

1. Hippocrate disait dテゥjテ que X=b 
2. Donc X=b 
* fonctionne aussi avec Aristote, Galien, Descartes窶ヲ 

 

Nous avons dテゥjテ rencontrテゥ des exemples dans les AA. Signalons que la presse Nouvel テHe tient 

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239

lテ un de ses meilleurs thティmes d窶冩uvrage : la redテゥcouverte d窶冰ne sagesse ancienne de l窶兮ntiquitテゥ 
(tibテゥtaine, gauloise, druidique, celte, aborigティne, maya, indienne, chinoise, japonaise, indonテゥsienne, 
etc.) 
 

4.3.3.3

 

Argument de ツォ la nuit des temps ツサ ou sophisme de la tradition 

Le sophisme de la tradition est sensiblement le mテェme que l窶册ffet Cave テ vin, テ la nuance prティs que 
la source est souvent imprテゥcise, et qu窶冓l n窶凉 a pas de nom d窶兮nciens pour en faire un effet ツォ vieux 
sage de l窶兮ntiquitテゥ ツサ. C窶册st la seule tradition qui importe, au nom de ce que le mot ツォ tradition ツサ 
aurait quelque chose de consubstantiel avec une certaine 

authenticitテゥ

 : par opposition aux choses 

nouvelles qui n'ont pas la patine que donne le temps aux traditions, et ce d窶兮utant plus que 
l'origine de la tradition est gテゥnテゥralement projetテゥe hors du temps (cet argument est appelテゥ chez les 
anglo-saxons 

Sacred Cows 窶

 vaches sacrテゥes). 

En tant que tel, nous le rangeons dans les arguments d窶冑istoricitテゥ, quoique sa forme rappelle 
plテサtot l窶册ffet Panurge.  
 
Sophisme de la tradition : 

1. X=b est traditionnel et/ou remonte テ la nuit des temps 
2. Donc X=b 

 
La principale critique テ opposer テ cet argument est qu窶冓l n窶凉 a que de fausses traditions, ou des 
traditions en vision externe. Les traditions ツォ vraies ツサ et vテゥcues comme telles ne sont pas des 
traditions, mais des techniques. Cette critique est remarquablement illustrテゥe par Olivier : 

(窶ヲ) il existe aussi des ツォ fausses traditions ツサ. De quoi s'agit-il, en quoi diffティrent-elles des 
vraies ? En voici un exemple テ peine imaginaire. Les Indiens Dakatins pratiquent depuis la 
nuit des temps la danse pour faire venir la pluie. Jusqu'テ ces derniティres dテゥcennies, ils la 
pratiquaient sincティrement, dans le but effectif de faire venir la pluie. C'テゥtait alors une vraie 
tradition. Aujourd'hui, ils la pratiquent plutテエt pour faire pleuvoir les billets de dix dollars, 
sans plus croire テ son efficacitテゥ mテゥtテゥorologique, dont ils ne voudraient de toute faテァon pas 
vu l'influence nテゥgative de l'humiditテゥ sur le tourisme. Leur pratique de la danse pour la pluie 
n'est plus 

authentique

. Elle est devenue une 

fausse

 danse pour la pluie, bien que tous les 

mouvements soient les mテェmes ; (窶ヲ) Cependant, 

toute tradition est, par dテゥfinition, une copie

. Une 

tradition est la 

reproduction

 d'une activitテゥ ancestrale. Elle est tradition dans la mesure mテェme 

oテケ elle est copie ; dans la mesure oテケ elle est ツォ vraie ツサ, c'est-テ-dire est motivテゥe par autre 
chose que la simple volontテゥ de copier, elle n'est en fait pas une tradition, mais une 

technique

.  

[vis-テ-vis des gestes techniques auxquels nous sommes habituテゥs] je n'attache aucun 
impテゥratif テ l'imitation du geste qu'on m'a montrテゥ. Si on me montre plus tard une autre 
technique, plus efficace encore, pour faire la mテェme chose, je l'adopterai sans sentiment de 
dテゥroger テ une tradition. 

De l'extテゥrieur

 on dira peut-テェtre que j'agis selon une tradition. (窶ヲ) 

Une tradition n'est jamais une ツォ vraie ツサ tradition que perテァue de l'extテゥrieur, tant que les 
personnes qui la pratiquent ne la ressentent pas elles-mテェmes comme une tradition. ツサ 
(Olivier 2000). 

Olivier argumente ainsi テ l窶册ncontre des dテゥclarations traditionalistes qui テゥmaillent le dテゥbat sur 
l窶兮ntispテゥcisme et sur la cohorte d窶兮rguments fallacieux prテゥsentテゥs pour une pseudo-dテゥfense de la 
consommation d窶兮utres animaux. Aussi rテゥsistantes que soient nos consonances cognitives, la 
dテゥconstruction est efficace. Il conclut ainsi :  

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240

ツォ Il me semble logiquement contradictoire de dire ツォ je le fais par tradition ツサ, tout comme ツォ je 
crois テ ce mythe ツサ. Ce sont lテ des phrases cohテゥrentes テ la seconde ou troisiティme personne, 
mais pas テ la premiティre. Cependant, dans les faits, on l'a vu, les traditions sont invoquテゥes en 
dテゥfense de certaines pratiques, et en particulier des pratiques spテゥcistes

245

. Je pense que cela 

implique d'emblテゥe chez les personnes qui disent ainsi ツォ je le fais par tradition ツサ une 
conscience divisテゥe, une mauvaise foi. Elles veulent continuer leurs pratiques, mais se savent 
dテゥpourvues d'arguments, autres que celui des traditions. (窶ヲ) ツサ (Olivier, 

ibid.

 

Nous disions que la tradition est gテゥnテゥralement projetテゥe hors du temps. C窶册st pour pointer ceci 
que nous parlons d窶兮rgument de ツォ la nuit des temps ツサ : la nuit des temps, souvent, ne remonte pas 
si loin que cela (voir exemple du Qi gong). En outre, parler de ツォ nuit des temps ツサ signifie qu窶冓l 
existe un jour lumineux des temps, analogie factice du mテェme type que celle de l窶冩bscuritテゥ du 
Moyen-テHe qui faisait dire テ Luciano de Crescenzo, ツォ 

mais qui a donc テゥteint la lumiティre ?

 ツサ  (De 

Crescenzo 2000). Parler de nuit des temps est comme parler des Anciens : cela s窶兮pparente テ un 
procテゥdテゥ rhテゥtorique simpliste permettant de faire une cテゥsure de dテゥmarquage faussement claire 
avec les Modernes, en oubliant que les Modernes d窶兮ujourd'hui seront les Anciens de demain. 
Il arrive que soit critiquテゥe la tradition scientifique, au sens d窶 ツォ us et coutumes ツサ non-rationnel テ 
des notations, concepts, thテゥories telles qu窶册lles leur furent enseignテゥes. Certains cas comme les 
changements de nomenclature ou les remaniements de programme scolaire montre que cet 
attachement テ des usages consacrテゥs s窶兮pparente simplement テ une escalade d窶册ngagement dont il 
sera d窶兮utant plus difficile de se dテゥfaire que la personne a adoptテゥ les notations (pensons aux 
soubressauts qu窶冓mprime Lecointre テ la classification phylogテゥnテゥtique en remettant par exemple en 
cause la notion de ツォ poisson ツサ, Lecointre 2006). 
Comme l窶冓ndique Coker, la pseudoscience reste indiffテゥrente aux faits : ツォ 

L窶凖ゥdition d窶冰n livre 

pseudoscientifique est toujours la derniティre, mテェme quand celle-ci date de plusieurs dテゥcennies ou siティcles ツサ

. Cela 

rejoint l窶冓dテゥe d窶冓mpossibilitテゥ d窶册xistence de la ツォ science privテゥe ツサ de Gingras :  

ツォ Dans cette perspective fondamentalement sociologique, il n'y a aucune place pour une 
science "privテゥe". Cesser d'テゥchanger des arguments ou de produire de nouvelles donnテゥes 
(expテゥrimentales ou thテゥoriques) dans le champ scientifique テゥquivaut テ cesser de faire de la 
science. Un scientifique peut demeurer convaincu pour le restant de ses jours qu'il a 
raison, mais ses opinions n'auront aucune existence sociale テ l'intテゥrieur du champ 
scientifique si elles ne sont pas reprises par d'autres agents, critiquテゥes, reformulテゥes.

 

ツサ 

(Gingras 1995, p. 15) 

L窶兮rgument de ツォ l窶凖ゥpreuve du temps ツサ n窶册st pas suffisant. L窶冓dテゥe que si une thテゥorie a perdurテゥ 
longtemps, c窶册st qu窶册lle a forcテゥment quelque chose de vrai est incomplティte. Hテゥlテs, l窶冑istoire des 
sciences et des idテゥes regorge d窶册xemples tous peu ou prou dramatiques d窶冓dテゥes fausses perdurant 
窶 souvent par AA. Les cas les plus frappants sont l窶僊ristotテゥlicisme, les mテゥdecines hippocratique 
et galテゥnique et la cosmologie ptolテゥmテゥenne.  

                                                 

245

 Nous indiquons au passage que au-delテ de la pertinence de chacun des combats, aucun champ de discussion n窶兮 

vu autant de dテゥploiement d窶兮rgument d窶兮utoritテゥ de tout type que le fテゥminisme, les mテゥdecines dites alternatives et 
l窶兮nti-spテゥcisme, avec un nombre de similitudes surprenant dans les rhテゥtoriques. 

Facette Z 

Il ne faut pas confondre ツォ l窶凖ゥpreuve du temps ツサ et ツォ l窶凖ゥpreuve des faits (qui dure 

longtemps)

 

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241

 
 
On relティvera テ titre de remarque que l窶兮rgument de tradition a l窶冑eur de sテゥduire jusque dans les 
tribunaux, et engendrent parfois des ordres moraux assez particuliers. Un exemple rテゥcent en est 
donnテゥ par la tradition tauromachique. 

ツォ Le fait, sans nテゥcessitテゥ, publiquement ou non, d'exercer des sテゥvices 

graves ou de commettre un acte de cruautテゥ envers un animal domestique, ou apprivoisテゥ, ou tenu en captivitテゥ, est 
puni de six mois d'emprisonnement et de 50 000F d'amende.

 ツサ Mais les dispositions de cet article du Code 

pテゥnal

246

 ツォ 

ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition ininterrompue peut テェtre invoquテゥe

247

ツサ Ainsi, la loi autorise les corridas au nom des traditions dans le mテェme mouvement oテケ elle les 

dテゥsigne implicitement comme constituant, selon ses propres termes, des sテゥvices graves et/ou des 
actes de cruautテゥ commis sans nテゥcessitテゥ. 
 

4.3.3.4

 

Appel テ l窶冰sage (It-Ought Fallacy) 

Il s窶兮git d窶冰ne variante du sophisme de la tradition, qui se rapproche du principe de la preuve 
sociale (et donc du Ad populum) 
Sophisme de l窶兮ppel テ l窶冰sage : 

1. X est une action commune 
2. Donc X est correcte/juste/justifiテゥe/raisonnable/morale 

La contraposテゥe est aussi utilisテゥe. 

1. Y est une action qui n窶册st pas commune 
2. Donc Y n窶册st pas correcte/juste/justifiテゥe/raisonnable/morale 

 
Trティs courant, ce sophisme continue d窶凖ゥtayer les pratiques les plus discutables, de la sテゥgrテゥgation 
ethnique テ l窶册xcision, en passant par les condamnations religieuses ou sectaires de certaines 
pratiques qualifiテゥes de dテゥviantes. 
Les mテゥdecines dites alternatives familiales sont souvent ancrテゥes sur cet argumentaire, au principe 
que puisqu窶冩n l窶兮 toujours fait, ce ne peut pas テェtre fonciティrement mauvais. Des remティdes de bonne 
fame aux mutilations rituelles, chaque pratique peut trouver un semblant de lテゥgitimitテゥ.  
 

4.3.3.5

 

L窶兮ppel テ la nouveautテゥ, ou 

argumentum ad novitatem

 

L窶兮ppel テ la nouveautテゥ est un sophisme qui arrive lorsqu窶冓l est prテゥtendu que quelque chose est 
correct ou meilleur simplement parce que ce quelque chose est nouveau. 
Appel テ la nouveautテゥ : 

1. X=b est nouveau 
2. Donc X=b est mieux, ou plus juste 

 
Les raisons du succティs d窶冰n argument aussi pauvre repose sur une tendance テ croire que les 
nouveautテゥs vont toujours plus loin, plus fort, plus efficace. Tendance progressiste bien ancrテゥe 
                                                 

246

 Art. 521-1, paragraphe 1 (chapitre ツォ Des sテゥvices graves ou actes de cruautテゥ envers les animaux ツサ). 

247

 

Ibid. 

paragraphe 3. 

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242

dans notre pays, mais テゥgalement ultra-flattテゥe par les mテゥcanismes publicitaires, pour qui le 
nouveau produit/concept/idテゥe, etc. est vendu comme forcテゥment meilleur que le prテゥcテゥdent 窶 
sinon, pourquoi l窶兮cquテゥrir ? 
Il va de soi que l窶凖「ge de certaines choses importent dans certains cas : vanter le fait qu窶冓l vaut 
mieux manger un sandwich d窶兮ujourd窶冑ui qu窶冰n d窶冓l y a deux mois ne relティve pas de l窶兮ppel テ la 
nouveautテゥ, tout simplement parce la rテゥcence de la chose est un paramティtre pertinent, 窶琶ci 
directement corrテゥlテゥe テ sa qualitテゥ. 
Il y a tellement d窶册xemples qu窶冰ne simple traversテゥe de grande surface suffira テ テゥquiper n窶冓mporte 
quel didacticien des sciences pour traiter ce sophisme. Prテゥcisons テ toute fin utile que cet appel テ la 
nouveautテゥ s窶兮ssortit souvent d窶冰ne scテゥnarisation de type 

Scoop

 et parfois du ツォ

 dテゥboulonnage d窶冓dole

 ツサ 

visant テ prテゥsenter une avancテゥe de la science ou une nouveautテゥ comme un dテゥpassement, dテゥfi, 
camouflet, dテゥboulonnage d窶兮nciens renommテゥs. Ainsi voit-on rテゥguliティrement dテゥboulonnテゥ Einstein, 
Newton, Maxwell, Darwin窶ヲ (voir 4.4.3.11 

Scテゥnarios record 窶 gテゥnie hテゥroテッque 窶 dテゥfi 窶 dテゥboulonnage 

d窶冓dテエle

). 

 

 

4.3.3.6

 

L窶兮rgument exotique, ou argument ツォ du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique ツサ 

L窶兮rgument exotique consiste テ asseoir une thティse dans la mesure oテケ elle est dテゥfendue par un 
reprテゥsentant d窶冰n peuple ancien auquel l窶冓maginaire franテァais confティre des caractテゥristiques, 
gテゥnテゥralement celle d窶凖ェtre proche de la nature et de la forテェt ou d窶兮voir une tradition chamanique. 
 
Argument du moine tibテゥtain aborigティne du Mexique : 

1. Les moines tibテゥtains aborigティnes du Mexique pensent que X=b  
2. Donc X=b  

 
Il s窶兮git d窶冰ne combinaison de l窶册ffet 

Cave テ vin

  et  de  l窶册ffet 

vieux sages de l窶兮ntiquitテゥ, 

mテ「tinテゥ 

d窶兮nthropo-fiction primitiviste. 
Tout comme l窶兮rchテゥo-fiction, l窶兮nthropo-fiction a recours テ l窶冓maginaire collectif sur la primitivitテゥ, 
imaginaire dans lequel, au moyen d窶冰n euphテゥmisme, le prテゥsident franテァais J. Chirac est rテゥcemment 
tombテゥ (Musテゥe des arts premiers). Sans aborder la lecture archテゥtypale d窶冰ne ツォ bonne histoire ツサ, en 
France le thティme des aborigティnes, des indiens, des chamanes, d窶冩テケ qu窶冓ls soient, Inuits et moins 
tibテゥtains, sont d窶冓nテゥpuisables sources de phantasme. Pour rテゥsumer de faテァon sommaire, disons 
que :  
- leur anciennetテゥ passe pour un gage de connaissances importantes, ツォ 

sinon ils n窶兮uraient pu survivre 

ツサ 

(voir 4.3.6.3 

sophisme du pragmatisme

). Il s窶兮git lテ d窶冰n Effet cave テ vin, doublテゥ d窶冰ne conclusion 

sans rapport. On peut par ce moyen テゥtayer テ l窶册nvie toute thテゥorie mテゥdicinale ancestrale, toute 
pharmacopテゥe empirique tribale. 
- Leur primitivitテゥ / proximitテゥ (ツォ symbiose ツサ, lit-on parfois) avec la Nature les rend plus aptes テ 
dテゥvelopper des dons oubliテゥs chez les occidentaux / des capacitテゥs intuitives ツォ animales ツサ, puisque 
leur proximitテゥ avec la Nature laisse non troublテゥs certains sens, comme テェtre loin des villes assure 
un ciel limpide la nuit.. Passons sur le naturalisme tendance Nouvel テHe et sur le primitivisme 
digne des plus grands anthropologues primitivistes du 19

ティme

                                                 

248

 Hテゥlas, un tel primitivisme n窶兮 jamais disparu, et a par exemple resurgi au moins deux fois ces cinq derniティres 

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243

privilテゥgie leurs rapports avec les animaux / les esprits / les puissances extraterrestres. 
L窶兮nthropo-fiction est un excellent exutoire : plutテエt que de vivre dehors ou d窶凖ゥteindre la 
tテゥlテゥvision, on fera pousser des plantes indiennes, on achティtera un attrape-rテェves et des masques 
africains ou mieux, on fera un stage de danse mystique et on s窶冓nitiera aux sagesses de 
Krishnamurti rテゥsumテゥes par les テゥditions de Lagardティre aprティs une journテゥe au labeur. On fera entrer 
un peu d窶 ツォ Afrique ツサ, d窶僊mazonie ou d窶儖rient dans son salon, pour reprendre des slogans 
classiques, sans pour autant renoncer au confort, pusiqu窶凖 quoi bon, au nom d窶冰n essentialisme 
un peu raciste, on sait qu窶冩n ne sera jamais tibテゥtain, trop ancrテゥs que nous sommes dans une 
vision occidentale cartテゥsienne.  
La littテゥrature abonde en succティs littテゥraires de ce qui s窶兮pparente テ des mascarades 
anthropologiques. Pour ne citer que ceux qui nous sテゥduisirent テ une テゥpoque :  

-

 

Le 3

ティme

 ナ妬l

, de Lobsang Rampa. 

-

 

Le message des hommes vrais au monde mutant

, de Marlo Morgan. 

-

 

La prophテゥtie des Andes,

 de James Redfield. 

-

 

L窶冑erbe du diable et la petite fumテゥe

, de Carlos Castaneda. 

-

 

Sans parler des テゥmerveillements sur les Incas, les テゥgyptiens, les aztティques, dont se sont 
fait une spテゥcialitテゥ les Tarade, Charroux, Von Dテ、niken (sur ce dernier, voir Omohundro 
1976). 

 
Pour dテゥmontrer en cours l窶冓mportance des reprテゥsentations, nous nous rapporterons aux 
remarques liテゥes au Curseur Vraisemblance.  
L窶兮rgument exotique est d窶兮utant plus dangereux qu窶冓l permet de plusieurs faテァons de botter en 
touche les contradictions,  

-

 

soit au nom d窶冰n autre cadre de rationalitテゥ / d窶冰ne vision ツォ orientale ツサ / d窶冰ne vision 
holistique moins rテゥductionniste, (argumentaire qui deviendra recevable le jour oテケ on 
pourra rテゥaliser un clafoutis aux cerises et faire un ordinateur de faテァon ツォ orientale ツサ non 
rテゥductionniste) 

-

 

soit par un argumentaire, valide jusqu窶凖 un certain point, de 

regard anthropologique sur un 

milieu

, mテェme si dテゥviant, sur l窶冩bjet. Cet argumentaire nテゥcessite de multiples pincettes : si 

toute analyse socio-anthropologique d窶冰n groupe social implique une distorsion 
culturelle de celui qui regarde (argument souvent transposテゥ aux sciences physiques au 
nom d窶冰ne connaissance mテゥdiocre de la mテゥcanique quantique et d窶冰ne version limitテゥe 
du Chat de Schrテカdinger), il y a toutefois des テゥnoncテゥs socio-anthropologiques qui sont 
plus ツォ justes ツサ que d窶兮utres, et il arrive テゥgalement des impostures. 

-

 

soit par un argumentaire de type ツォ テゥpistテゥmologie anti-coloniale ツサ selon lequel par une 
sorte de dテゥni colonialiste, la science rテゥcuserait les connaissances empiriques locales (voir 
4.4.4.3 

Pseudo-テゥpistテゥmologies 

& Annexe 窶 fiche pテゥdagogique Nツー13 

TP brティches dans 

l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-colonialiste

). 

 

                                                                                                                                                         

annテゥes dans le paysage mテゥdiatique franテァais : dans les argumentaires tenus par Smith dans son livre 

Nテゥgrologie

pourtant encensテゥ par la critique, et dans ceux de certains opposants politiques テ l窶兮dhテゥsion de la Turquie テ l窶儷nion 
Europテゥenne. Pour une dテゥconstruction des premiers, voir Diop, Tobner & Verschave, 

Nテゥgrophobie

 (2005). 

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244

4.3.4

 

La notion de faisceau de preuve 

Utiliser un tテゥmoignage comme argument relティve de la pseudo-preuve. Penser que la notoriテゥtテゥ de 
l窶兮uteur du tテゥmoignage accrテゥdite celui-ci est s窶册xposer テ de gros risques de dテゥvoiement. Croire 
que l窶兮nciennetテゥ d窶冰n tテゥmoignage ou d窶冰ne thティse lui confティre une force argumentative est un 
leurre. La caractテゥristique principale qui relie les Ips logico-argumentatifs que nous avons 
rencontrテゥs est que chacun d窶册ux forme un semblant de morceau de preuve. Assemblテゥs, ils 
donnent l窶冓llusion d窶冰ne preuve complティte et franche appellテゥ le sophisme du ツォ faisceau de 
preuves ツサ. Rテゥunir un grand nombre de tテゥmoignages ou d窶僊A participe de ce : 

ツォ sophisme consistant テ croire que la rテゥunion de plusieurs arguments, dont chacun pris テ 
part est faible, constitue une preuve solide. En fait, un faisceau de preuves incertaines 
demeure incertain. ツサ (Skrabanek & McCormick, 

ouv.citテゥ

, p. 40). 

 

Nous avons dテゥjテ croisテゥ ce sophisme dans l窶

analyse non globale des faits 

(introduite au 2.4.6.). 

Faisceau de preuves : 

1. on a rapportテゥ mille fois qu窶冓l semblerait que X=b 
2. Donc X = b 

 

Broch rappelle volontiers dans ses cours la facette zテゥtテゥtique suivante : un tテゥmoignage n窶册st pas 
une preuve, et Shermer ajoute, non moins allティgrement : mille non plus. Ce sophisme ne se 
cantonne pas aux arguments argumentatifs. Il arrive par exemple que dans le champ mテゥdical 
soient accumulテゥes un certain nombre d窶凖ゥtudes, dont aucune n窶兮 mis en テゥvidence de rテゥsultats 
significatifs mais qui, une fois associテゥes, apportent la ツォ preuve ツサ d窶冰ne diffテゥrence significative.  

 ツォ Ce genre de pratique doit テェtre considテゥrテゥ avec mテゥfiance pour deux raisons. Premiティrement, 
elle ne saurait テェtre valide que si chacune des テゥtudes considテゥrテゥes est valide par elle-mテェme. 
Deuxiティmement, il est certain que si dans テゥtudes effectuテゥes sur un trティs large テゥchelle sont 
nテゥcessaires pour mettre en テゥvidence, celle-ci a de fortes chances d窶凖ェtre nテゥgligeable dans la 
rテゥalitテゥ. ツサ (

ibid.

)

 

ツォ Juger de la validitテゥ d窶冰ne proposition au poids d窶冰ne preuve complテゥmentaire rappelle ce 
slogan de tailleur : ツォ Qu窶冓mporte la qualitテゥ, voyez l窶兮mpleur ツサ.  
Peser de la sorte les arguments consiste テ accumuler toutes les preuves en faveur de 
l窶冩pinion choisi sur l窶冰n des plateaux de la balance et テ montrer que leur nombre et leur 
masse l窶册mportent sur les preuves inverses, placテゥes sur l窶兮utre plateau. Non seulement cette 
maniティre d窶凖ゥtablir la vテゥritテゥ n窶册st pas scientifique, mais elle est テゥgalement dangereuse, car cette 
forme de raisonnement peut conduire テ des actions prテゥjudiciables pour la vie de nombreux 
individus (surtout dans le domaine de la mテゥdecine prテゥventive). Il n窶册st d窶兮ucune utilitテゥ pour 
la recherche de la vテゥritテゥ d窶兮ccumuler des arguments concordants, en collectionnant les 
cygnes blancs. ツサ (

ibid.

Nous profテゥrons テゥgalement aux テゥtudiants cette facette Z disant : ツォ 

Deux demi preuves n窶册n font pas une

 

ツサ, que nous complテゥtons avec la facette Z de Broch : ツォ 

Quantitテゥ n窶册st pas qualitテゥ

 ツサ.  

 
 
 

Facettes Z : 

Quantitテゥ n窶册st pas qualitテゥ  

 
 

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245

 
 

4.3.5

 

Les causalitテゥs douteuses - non causa pro causa 

Il s窶兮git de la catテゥgorie de sophismes rhテゥtoriques la plus complexe テ nos yeux, car la plus difficile 
テ dテゥceler. Elle est de la forme suivante :  
 
Causalitテゥ douteuse : 

1. X et Y sont associテゥs d窶冰ne faテァon paraissant rテゥguliティre 
2. donc X est cause de Y (ou inversement) 

 
L窶册rreur rテゥside dans le fait de conclure qu窶冰ne causalitテゥ existe forcテゥment lテ oテケ il y a une variation 
commune de deux choses ensemble. D窶冰n point de vue strictement logique, on ne peut conclure 
テ une causalitテゥ テ partir d窶冰ne simple corrテゥlation. Disons qu窶冰ne corrテゥlation peut suggテゥrer un lien 
causal, mais il appartient テ la preuve expテゥrimentale d窶兮sseoir ce lien. 
Protテゥiforme, la classe des 

questionable causes 

sテゥvit dans une gamme immense de raisonnement, et 

une description formelle ne permet malheureusement pas, mテェme chez l窶冓ndividu averti, de 
dテゥjouer ces causalitテゥs biaisテゥes, ne serait-ce que dans la majoritテゥ des comportements sociaux, bテ「tir 
un protocole expテゥrimental complet avant de conclure est socialement trop coテサteux, et que 
certaines des causalitテゥs douteuses prテゥsumテゥes sont finalement salutaires dans bien des cas. Un 
exemple trivial pourrait テェtre celui de la relation de causalitテゥ entre le coテッt et la grossesse, qui 
quoique fort plaisante, est impossible テ tester en tant que tel ; ou celui de l窶兮ssociation chute du 
30

ティme

 テゥtage d窶冰n immeuble-dテゥcティs, 窶廃rivant l窶冓nvestigateur de la joie de sa conclusion. 

 
Si entre X et Y existe une relation, cette relation peut テェtre de ordres :  

1.

 

X est la cause de Y. On parlera de causalitテゥ 

2.

 

Y est la cause de X. On parlera de causalitテゥ inverse 

3.

 

X et Y peuvent avoir une cause commune Z. On parlera de causalitテゥ indirecte. 

4.

 

X cause en partie Y. On parlera de causalitテゥ complexe 

5.

 

X cause, mais pas seul, Y. On parlera de causalitテゥ nテゥcessaire non suffisante 

6.

 

X et Y sont associテゥ par hasard. On parlera de coテッncidence 

Nous donnerons ensuite quelques pistes psychologiques qui tendent テ faire valider des causalitテゥs 
lテ oテケ il n窶凉 en a pas 
 

4.3.5.1

 

Forme classique : le 

Post hoc ergo propter hoc

, ou 

effet atchoum 

La locution latine 

Post hoc ergo propter hoc

 signifie littテゥralement 

aprティs ceci, donc consテゥquence de ceci. 

Skrabanek & McCormick la dテゥcrivent ainsi :  

ツォ Depuis des temps immテゥmoriaux, mテゥdecins et autres guテゥrisseurs ont prospテゥrテゥ car ni leurs 

Proverbe Z : 

Les preuves sont comme les poires : deux poires mテゥdiocres ne font pas une 

bonne poire (テ la rigueur une compote)

 

 

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246

malades ni eux-mテェmes n窶凖ゥtaient capables de distinguer clairement entre association et 
relation de cause テ effet. La saignテゥe, la purge, l窶册xtraction de dents afin d窶凖ゥliminer les 
ツォ 

foyers toxiques 

ツサ, la polymテゥdicamentation non raisonnテゥe ont des テゥquivalents 

contemporains, テゥtant donnテゥ que les mテゥdecins et les malades ne sont toujours pas [pas 
toujours, du moins, NdA] capables de distinguer association et cause. Consテゥquence de cette 
incapacitテゥ : l窶册xpテゥrience risque de n窶兮pprendre qu窶凖 commettre les mテェmes erreurs avec de 
plus en plus d窶兮ssurance. Les logiciens appellent ce sophisme Post hoc ergo propter hoc : 
j窶兮i テゥtテゥ malade, je suis maintenant guテゥri, donc le traitement que j窶兮i reテァu a テゥtテゥ la cause de ma 
guテゥrison ツサ (

ouv.citテゥ

, p. 30) 

Post hoc ergo propter hoc, dit effet 

Atchoum

 : 

1. Y arrive juste aprティs X 
2. donc X est la cause de Y 

 
Il s窶兮git d窶冰ne version de la gテゥnテゥralisation hテ「tive. L窶冓mportance de schティmes de pensテゥe prテゥalables, 
de type magique, revテェt toute son importance : il faut, pour rテゥaliser un vテゥritable 

Post hoc

, que 

l窶兮ssociation causale crテゥe un sens pour l窶冓ndividu concernテゥ. Prenons l窶册xemple des rテェves 
ツォ prテゥmonitoires ツサ : vous rテェvez d窶冰ne personne, qui dテゥcティde la mテェme nuit. L窶冓ncongruitテゥ (fausse) de 
la corrテゥlation incite テ croire en un don. Paradoxalement, si vous テゥternuez テ Nice et que dans 
l窶冑eure, un tremblement de terre dテゥvaste l窶僮ran, il est peu probable, テ moins d窶凖ェtre vraiment trティs 
enrhumテゥ, que vous bテ「tissiez une relation de type causale. 
Dans le cas du rテェve prテゥmonitoire, une vaste littテゥrature vante ces questions, aux frontiティres de la 
mテゥtapsychique et de la parapsychologie. Dans le cas de l窶凖ゥternuement, テ moins d窶冓nvoquer en 
toute mauvaise foi un effet papillon (voir Annexe 窶 

Fiche pテゥdagogique Nツー1Chaos, papillon, attracteur 窶 

quand la science se fait sテゥduisante

), l窶兮ssociation causale ne rテゥpond テ aucun schティme.  

C窶册st la raison pour laquelle nous avons optテゥ pour le nom d窶册ffet Atchoum, afin de remplacer la 
locution latine trop lourde. 
Nous テゥcrivions テ ce sujet :  

ツォ Lorsqu窶冰n individu souffrant d窶冰ne pathologie prend ses gouttes d窶凖ゥlixirs et se voit guテゥri, 
se pose la double question :  
- a-t-il guテゥri directement grテ「ce テ l窶凖ゥlixir, ou y a-t-il d窶兮utres paramティtres pouvant expliquer 
cette guテゥrison 窶 notamment un traitement en parallティle pouvant テェtre responsable de la 
guテゥrison ?  
et  
- la pathologie du patient テゥtait-elle une pathologie avテゥrテゥe, et si oui, la guテゥrison est-elle 
テゥgalement avテゥrテゥe ?  
Ces questions ont l窶兮ir stupide, et pourtant. L窶冑umain a une forte tendance テ voir des liens 
causaux directs entre les choses qu窶冓l aime voir liテゥes. Les linguistes parlent テ ce propos de 
Post Hoc ergo propter hoc 窶 ツォ juste aprティs, donc consテゥquence de ツサ. En zテゥtテゥtique, nous 
prテゥfテゥrons parler du plus mテゥmorable effet atchoum : imaginons la tテェte de l窶冓ndividu qui 
habitant Toulouse le 21 septembre 2001, テゥternue テ 10h17, relティve son nez humide et voit 
l窶冰sine AZF et ses alentours soufflテゥs par l窶册xplosion. Conclure テ un lien de cause テ effet 
entre l窶凖ゥternuement et l窶册xplosion est un post hoc ergo propter hoc. Si ridicule que cela 
paraisse, nous faisons un certain nombre d窶册ffets Atchoum dans nos actes thテゥrapeutiques. 
Le leurre consiste en ce que huit テ neuf pathologies sur dix affectant l窶冑umain disparaissent 
spontanテゥment, quoi que nous fassions, au bout d窶冰n certain temps. Faire une danse de la 

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247

pluie, recevoir des passes magnテゥtiques ou se faire faire un lavement, et guテゥrir tout de suite 
aprティs est extrテェmement convaincant テ premiティre vue. Comprenons ainsi qu窶冰n rhume, par 
exemple, non traitテゥ dure sept jours, et qu窶冰n rhume traitテゥ par les テゥlixirs de Bach dure窶ヲ une 
semaine. Dans le premier cas, on attribuera la guテゥrison テ sa propre capacitテゥ curative. Dans 
le second, テ Edward Bach. テ tort. Si vous ne guテゥrissez pas, par contre, c窶册st que vous avez 
dテサ prendre le mauvais テゥlixir ツサ. (Monvoisin 2006b, 

ouv.citテゥ

)

 

 

Prテゥcisons toutefois que la causalitテゥ est peut テェtre bel et bien prテゥsente : c窶册st le fait de la dテゥduire 
d窶冰ne coテッncidence qui engendre le sophisme du 

post hoc

Voici quelques exemples utiles :  

窶「

 

Superstitions 

la perpテゥtuation des comportements superstitieux est basテゥe sur ce principe : passer sous une 
テゥchelle enclint la personne superstitieuse テ voir une causalitテゥ dans tout incident advenant ensuite. 

窶「

 

Coupeurs de feu et autres 

les exemples mテゥdicaux et, malheureusement, pseudo-mテゥdicaux sont テゥgalement propices au 

Post 

Hoc

, et son aggravテゥs par le biais de la validation subjective. Dans notre cours, des テゥtudiantes de 

pharmacie ont montrテゥ que dans le cas des 

coupeurs de feu

, il s窶兮git d窶冰n raisonnement de type Post 

hoc

249

窶「

 

Le cyclone Katrina 

des exemples plus (im)moraux ont trouvテゥ leur illustration chez certains tテゥlテゥ-テゥvangテゥlistes 
テゥtatsuniens comme Pat Robertson, dテゥcrivant le cyclone dテゥvastant le Sud des EU en 2005 comme 
la consテゥquence de l窶冓nsalubritテゥ morale de certaines personnes 窶 notamment la tenue d窶冰ne 

rave-

party

窶「

 

Kinテゥsiologie 

Prenons un individu qui ツォ croit ツサ en la kinテゥsiologie, et qui vient pour une pathologie quelconque 
bテゥnigne. Puisque 8 テ 9 pathologies sur 10 disparaテョssent spontanテゥment chez l窶冓ndividu, et si l窶冩n 
ajoute テ cela que, dans la majoritテゥ des cas, c窶册st le kinテゥsiologue qui ツォ invente ツサ la pathologie, 窶 il 
n窶册st pas rare que l窶冓ndividu, juste aprティs le traitement, se sente mieux, et vienne ainsi confirmer 
son goテサt pour cette pseudo-thテゥrapie. Prenons cette fois un individu qui n窶凉 croit pas 窶 mais qui 
sait que d窶兮utres y croit, sinon il y a peu de chances qu窶冓l vienne consulter un kinテゥsiologue : selon 
les mテェmes principes, une corrテゥlation traitement-guテゥrison peut テェtre perテァue, qui fera non seulement 
un patient de plus, mais un ardent dテゥfenseur (selon le principe de la dissonance cognitive).  

 

4.3.5.2

 

Variante : le culte du Cargo, de Feynman 

Nous citons le culte du cargo テ titre anecdotique, ne serait-ce parce qu窶冓l est un des outils 
classiques dans le scepticisme. 

ツォ In the South Seas there is a cargo cult of people. During the war they saw airplanes with 
lots of good materials, and they want the same thing to happen now. So they've arranged to 
make things like runways, to put fires along the sides of the runways, to make a wooden hut 
for a man to sit in, with two wooden pieces on his head to headphones and bars of bamboo 

                                                 

249

 Voir le travail (incomplet) de Bousquet & Charaix 

les coupeurs de feu 窶 faiseurs de miracles

, mai 2007, cours Monvoisin 

Zテゥtテゥtique & approche scientifique du 窶湾aranormal窶. 

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248

sticking out like antennas 窶 he's the controller 窶 and they wait for the airplanes to land. 
They're doing everything right. The form is perfect. It looks exactly the way it looked 
before. But it doesn't work. No airplanes land. So I call these things cargo cult science, 
because they follow all the apparent precepts and forms of scientific investigation, but 
they're missing something essential, because the planes don't land.ツサ. (Feynman 1997)

250

 

 

4.3.5.3

 

Sophisme du pragmatisme et paradoxe d窶僊sher 

 

On tombe dans le sophisme du pragmatisme lorsqu'on prテゥtend que quelque chose est vrai ou est 
efficace parce que 

テァa marche

. Par exemple, l'astrologie 

marche

, la kinテゥsiologie

 marche

.  

Le dictionnaire sceptique nous explique que  

ツォ Ce que ツォ marcher ツサ signifie ici n'est pas clair. Au minimum, cela signifie qu'on perテァoit un 
bテゥnテゥfice concret テ croire que cela est vrai, malgrテゥ le fait que l'utilitテゥ d'une croyance soit 
indテゥpendant de sa vテゥracitテゥ. テ ce niveau, ツォ marcher ツサ paraテョt signifier ツォ J'en suis satisfait, ツサ 
ce qui veut peut-テェtre dire ツォ Je me sens mieux ツサ ou ツォ テa m'explique des choses. ツサ Au 
mieux, ツォ marcher ツサ signifie ツォ a des effets bテゥnテゥfiques ツサ mテェme si les preuves sont trティs 
minces pour テゥtablir la causalitテゥ. ツサ  

La sur-representation de ce sophisme, basテゥ sur un raisonnement de type 

Post Hoc ergo propter hoc

dans les prテゥtentions des pseudothテゥrapies est un des テゥcueils majeurs テ la construction d窶冰ne 
critique.  
Plus retors encore, et introduisant la notion de suggestibilitテゥ mテゥdicale, le paradoxe dit d窶僊sher, du 
nom du mテゥdecin londonien Richard Asher, qui souligna que le succティs d窶冰n traitement dテゥpend 
autant de l窶冩ptimisme du thテゥrapeute que de la confiance du malade.  

ツォ Si vous pouvez croire avec ferveur テ votre traitement, mテェme si des テゥtudes contrテエlテゥes 
ont dテゥmontrテゥ qu窶冓l est pratiquement sans effet, alors vous obtiendrez de bien meilleurs 
rテゥsultats, vos malades iront beaucoup mieux, et vos revenus aussi. Cela explique le succティs 
remarquable de certains de nos confrティres les moins douテゥs mais les plus crテゥdules, ainsi que 
le rejet violent des statistiques et des テゥtudes contrテエlテゥes par les mテゥdecins テ la mode. ツサ 
(Asher 1972, p. 47, 

in 

Skrabanek & McCormick, 

ouv.citテゥ

, p. 14). 

 

4.3.5.4

 

Forme extrapolテゥe : l窶册ffet ツォ cigogne ツサ 

Parce que deux テゥvテゥnements suivent une テゥvolution comparable dans le temps, l'un est supposテゥ 
テェtre la cause de l'autre 
L'effet Cigogne consiste テ confondre corrテゥlation et causalitテゥ dans l窶凖ゥvolution linテゥaire de deux 
variables. 
L窶册ffet ツォ cigogne ツサ : 
                                                 

250

 ツォ 

Dans les Mers du Sud il y a des gens qui pratiquent un culte de l'avion cargo. Pendant la guerre, ils ont vu des avions atterrir avec 

beaucoup de bonnes choses, et ils veulent que la mテェme chose arrive maintenant. Donc, ils ont fait des choses qui ressemblent テ des pistes 
d'envol, mis des feux le long des cテエtテゥs des pistes, fait une hutte en bois oテケ un homme s'assoit, avec deux morceaux de bois sur sa tテェte en 

guise de casque et des bテ「tons de bambou dressテゥs pour faire des antennes 窶 c'est le contrテエleur 窶 et ils attendent que les avions 
atterrissent. Ils font tout comme il faut. La maniティre est parfaite. Cela ressemble prテゥcisテゥment テ ce que c'テゥtait. Mais テァa ne marche pas. 

Aucun avion n'atterrit. J'appelle donc ces choses ツォ science culte de l'avion cargo ツサ, parce qu'elles suivent tous les prテゥceptes apparents et les 
formes de la recherche scientifique, mais il leur manque quelque chose d'essentiel, parce que les avions n'atterrissent pas

. ツサ Discours de 

fin d'テゥtudes de Caltech en 1974; extrait du livre "

Vous voulez rire, M. Feynman

" (InterEditions, 1997) traduit par 

Klingbeil. 

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249

1. X et Y varient ensemble en fonction du temps 
2. donc X cause Y 

 
N窶冓mporte quel couple de variables indテゥpendantes qui se modifient de faテァon linテゥaire avec le 
temps montre une corrテゥlation parfaite, ツォ

 par exemple le prix de la biティre et le salaire des prテェtres テ Chicago

 ツサ. 

(Gibbons & Davis 1984, pp1183-1194, 

in 

Skrabanek & McCormick, 

ouv.

citテゥ, p. 35) 

Sont prテゥsentテゥs ici une sテゥrie d窶册xemples profitables テ fin pテゥdagogique :  

窶「

 

Mテゥdecine 

ツォ Rテゥcemment, on a comparテゥ le nombre de malades psychiatriques hospitalisテゥs テ celui des 
prisonniers en Angleterre et au pays de Galles, entre 1950 et 1985. Cette comparaison a mis 
en テゥvidence une forte corrテゥlation nテゥgative : tandis que le nombre de malades psychiatriques 
hospitalisテゥs diminuaient, celui des prisonniers augmentait proportionnellement. Les auteurs 
ont admis que cette association ne signifiait pas nテゥcessairement l窶册xistence d窶冰ne relation de 
cause テ effet selon laquelle les sujets auparavant internテゥs auraient ensuite テゥtテゥ incarcテゥrテゥs. 
Mais ils n窶冩nt pu s窶册mpテェcher de conclure qu窶冓l existait ツォ 

de bonnes raisons de mettre en doute le 

succティs des politiques municipales et, chez les psychiatres, un certain refus d窶兮dmettre les sujets dangereux 
mentalement anormaux

 ツサ ツサ. (Weller & Weller 1986, pp. 55-56 

in 

Skrabanek & McCormick, 

ibid

.). 

 

窶「

 

Idテゥologies 

Il arrive que, lorsqu窶冰n moteur idテゥologique est テ l窶卩砥vre ou lorsque un individu cherche テ valider 
une hypothティse テ tout prix, les donnテゥes disponibles soient ツォ torturテゥes ツサ, au point de crテゥer l窶冓llusion 
d窶冰ne corrテゥlation. Le cas de l窶冰tilisation raciste de la notion pseudo-scientifique de Quotient 
Intellectuel est テ ce titre テゥclairant : les recherches sur le QI et les ツォ races ツサ d窶僊rthur Jensen, 
William Shockley, Herrnstein & Murray et d窶兮utres n窶冩nt pas montrテゥ de corrテゥlation significatives 
entre ツォ race ツサ et intelligence. Utilisant le QI (marqueur variable d窶冰n pays テ l窶兮utre, d窶冰ne テゥpoque テ 
l窶兮utre, et variant d窶冰n individu habituテゥ/scolarisテゥ ou non) ils parvinrent de faテァon factice テ テゥtayer 
leur thティse raciste selon laquelle certaines ツォ races ツサ sont intellectuellement infテゥrieures テ d窶兮utres 窶 
et qu窶冰n individu de telle race est vraisemblablement moins intelligent que tel autre : ce dernier 
biais s窶兮ppelle le 

sophisme テゥcologique

, voir 4.3.6.9 

Sophisme テゥcologique

). 

 

窶「

 

Religion et espテゥrance de vie 

L窶册ffet cigogne est des plus rテゥussis sur cette couverture de 

S&V

 d窶兮oテサt 2005 (figure 94). 

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250

 

Figure 94 : Couverture de S&V nツー1055 aoテサt 2005 : Pourquoi Dieu ne disparaitra jamais. 

 

4.3.5.5

 

Forme inversテゥe : effet Lotus ou inversion de causalitテゥ 

Aussi appelテゥ 

sophisme unidirectionnel

ou 

Wrong Direction fallacy

, l'effet Lotus consiste テ supposer une 

corrテゥlation directe et テ en tirer une fausse causalitテゥ, alors que l'on est en prテゥsence d'une 
corrテゥlation inverse. Nous le devons テ Broch (

ouv.citテゥ

L窶册ffet Lotus : 

1. X et Y varient ensemble en fonction du temps 
2. donc X cause Y 

 
Un exemple sous-tend toute cette thティse : les mテゥdias prテゥtendent que la prテゥsence d窶凖ゥmissions/de 
magazines spテゥcial ツォ paranormal ツサ (et l窶兮bsence d窶凖ゥmissions critiques) rテゥpond au goテサt des 
lecteurs/tテゥlテゥspectateurs, alors que nous pensons que la corrテゥlation est au moins en partie 
inversテゥe : c窶册st l窶冩mniprテゥsence de telles テゥmissions/magazines qui entretient le goテサt des 
lecteurs/tテゥlテゥspectateurs. Le mテェme type de raisonnement biaisテゥ est invoquテゥ vis-テ-vis de la violence 
dans les mテゥdias, ou dans la musique : rテゥpond-t-elle au besoin/テ la demande des consommateurs, 
ou crテゥe-t-elle ce goテサt ?  
Voici trois exemples pris dans le champ mテゥdical citテゥs par Skrabanek & McCormick :  

-

 

la sensation d窶兮voir froid 

prテゥcティde gテゥnテゥralement une affection fテゥbrile, mais 

contrairement テ une opinion rテゥpandue, le fait d窶凖ェtre assis sur des bancs de pierre froide, 
de marcher avec des chaussettes mouillテゥes ou de sortir aprティs s窶凖ェtre lavテゥ les cheveux 
n窶册ntraテョne pas la sensation de froid ou la fiティvre. La sensation de froid constitue le 
premier symptテエme de la fiティvre. 

-

 

une association a テゥtテゥ dテゥcrite entre le paracテゥtamol, antalgique courant, et les ulcティres de 
l窶册stomac. De nombreux mテゥdicaments couramment employテゥs pour soulager la douleur, 
comme l窶兮spirine, sont connus pour aggraver les symptテエmes d窶冰n ulcティre. テ premiティre 
vue, il pourrait sembler lテゥgitime de conclure que le paracテゥtamol a le mテェme type d窶册ffet. 
Il existe cependant une autre possibilitテゥ : on conseille テ ceux qui souffrent d窶冰lcティre 
d窶凖ゥviter l窶兮spirine ou des mテゥdicaments apparentテゥs et de prendre plutテエt du paracテゥtamol. 

Couverture trティs riche de 

S&V

  

- Question doxique, crテゥation de la 
question 
- Raisonnement panglossien 
- Accentuation fantasmagorique + 
rテゥductionnisme molテゥculaire 
- Multiple effet cigogne : ツォ la religion 
augmente l窶册spテゥrance de vie ツサ 

background image

 

 

 

 

 

251

Il est donc possible que l窶册xistence d窶冰n ulcティre gastrique soit ツォ cause ツサ de la prise de 
paracテゥtamol, et non l窶冓nverse. 

-

 

si des symptテエmes de sevrage apparaissent aprティs un certain temps de prise de 
mテゥdicaments, ce n窶册st pas le mテゥdicament, mais son absence qui en est responsable. Cet 
exemple ne semble trivial que parce que nous en connaissons aujourd窶冑ui la cause. 
Prenons le cas d窶冰n malade diabテゥtique sous insuline et inconscient : ce serait une erreur 
fatale de prテゥsumer que, puisque le manque d窶冓nsuline est responsable d窶冰n coma, le 
traitement correct est l窶冓nsuline. Un coma chez un diabテゥtique peut テェtre dテサ aussi bien テ 
un manque qu窶凖 un excティs d窶冓nsuline. Comme il est parfois difficile de distinguer au 
premier abord ces deux situations, le premier geste appropriテゥ d窶冰rgence consiste テ 
administrer du sucre, parce que l窶册xcティs d窶冓nsuline est plus immテゥdiatement dangereux et 
plus difficilement rテゥversible. (

ouv.citテゥ

, p. 33) 

 
Des exemples graves d窶冓nversion de causalitテゥ ont trouvテゥ racine dans les conceptions religieuses 
conservatrices : plusieurs テゥglises protestantes amテゥricaines ont par exemple dテゥclarテゥ que 
l窶兮ugmentation des cas de SIDA テゥtant causテゥs par le dテゥveloppement de l窶凖ゥducation sexuelle, celle-
ci テゥtait proprement condamnable.  
 

4.3.5.6

 

Forme conjointe, indirecte ou collatテゥrale : le 

Cum hoc ergo propter hoc 

Ce biais consiste テ supposer une chose テェtre la cause d窶冰ne autre, alors qu窶冓l s窶兮git de deux 
consテゥquences d窶冰ne cause sous-jacente. 
 
Forme classique du Cum hoc ergo propter hoc : 

1. X varie en mテェme temps que Y (parce que Z est cause de X et Y) 
2. donc X est cause de Y 

 
Sont fournis ici quelques exemples exploitテゥs en enseignement :  

- le niveau en mathテゥmatiques des テゥlティves de collティge en France est corrテゥlテゥ テ la taille de leurs 
pieds. Est-ce テゥtonnant puisque les テゥlティves, au grテゥ des diverses classes, vieillissent ? 
- Le cancer du col de l窶冰tテゥrus est plus frテゥquent chez les gens pauvres. ツォ 

Il n窶册st donc pas 

テゥtonnant qu窶冰n テゥpidテゥmiologiste a mis en テゥvidence une association significative entre ce cancer et la pratique 
d窶冰n premier rapport sexuel テ mテェme le sol plutテエt que dans un lit

. (Rotkin 1967, pp. 815-829). 

- ツォ 

En Irlande, lors d窶冰n dテゥbat sur un dテゥcret de planning familial, un certain nombre de mテゥdecins 

テゥminents ont soutenu que la vente libre de prテゥservatifs accroテョtrait la promiscuitテゥ et les maladies 
sexuellement transmissibles. Leur conviction sur la relation de cause テ effet entre ces phテゥnomティnes テゥtait 
fondテゥe sur une association indirecte. Dans certains pays, la vente libre des contraceptifs est associテゥe テ une 
attitude libテゥrale vis-テ-vis des relations sexuelles. Mais le fait que le public demande テ avoir libre accティs aux 
contraceptifs et la modification du comportement sexuel peuvent tous deux rテゥsulter d窶冰ne テゥvolution des 
mナ砥rs

. ツサ (Skrabanek & McCormick, 

ouv.citテゥ

, p. 33).

 

 

- Les ツォ boutons de fiティvre ツサ sont prテゥsentテゥs comme la consテゥquence d窶冰ne fiティvre. Dans le 
cas d窶冰ne varicelle, c窶册st manifestement faux, les deux phテゥnomティnes テゥtant dテサ テ une 
pathologie bien prテゥcise. 

Les exemples sociテゥtaux ne manquent pas, comme en テゥconomie : entendre que nous vivons 

background image

 

 

 

 

 

252

actuellement une pテゥriode de grand chテエmage 

forcテゥment dテサ

 テ une baisse de la consommation par 

exemple. Il est recevable de se pencher sur l窶冓dテゥe que les deux phテゥnomティnes peuvent テェtre causテゥs 
par des taux d窶冓ntテゥrテェt exorbitants. 
 

窶「

 

Politique 

L窶冰n des ceux portant le plus テ consテゥquence est certainement celui-ci. Ce n窶册st pas l窶兮ppartenance 
テ un groupe ethnique qui fait le taux de prテゥsence dans les prisons, mais la misティre sociale rテゥservテゥe 
au groupe ethnique dans le pays considテゥrテゥ. F. J. Davis, en 1952, a publiテゥ une テゥtude sur les infos 
concernant les dテゥlits publiテゥs par les journaux du Colorado : ツォ 

Il n窶兮 trouvテゥ qu窶冰ne relation trティs lテ「che 

entre le nombre de dテゥlits dont rendent compte ces journaux et les variations du nombre effectif de dテゥlits commis dans 
le Colorado ; de plus, l窶凖ゥvaluation par l窶冩pinion publique des progrティs de la dテゥlinquance dans cet Etat テゥtait liテゥe non 
aux variations effectives, 

mais テ l窶兮ugmentation du nombre d窶冓nformations sur les dテゥlits

 

ツサ.(soulignテゥ 

par nous) (Davis 1952 pp. 325-330, 

in 

Becker 1951, pp. 36-37) 

 
Quelques mises en garde toutefois :  

-

 

le Cum hoc peut テェtre longuement discutテゥ dans certains cas. Prenons l窶册xemple d窶冰n mテゥdecin 

dテゥcelant chez un patient faible un taux de bactテゥries supテゥrieur テ la normale, et concluant que 
ce taux est responsable de la faiblesse en question. Or il pourrait s窶兮vテゥrer que les bactテゥries en 
question soient quasi- inoffensives, et que ce soit un virus qui soit responsable de la faiblesse 
du patient. Par consテゥquent, ce serait le virus qui serait l窶兮gent causal de la pathologie et du 
dテゥveloppement bactテゥrien 窶 les bactテゥries profitant de la faiblesse du corps du patient pour 
croテョtre.  

-

 

il arrive parfois que la consテゥquence Y soit elle-mテェme cause de Y, par une boucle de rテゥtroaction 

窶 les exemples de catalyse, par exemple, ou les phテゥnomティnes sociaux de rumeur (Froissart 
2002). 

 

4.3.5.7

 

Nテゥcessitテゥ mais insuffisance de la cause : le tour de force de Pettenkaufer 

Mテェme si la corrテゥlation entre X et Y est de type causal, il ne s窶册nsuit pas automatiquement que 
tout X entraテョne Y. En d窶兮utres termes, une cause nテゥcessaire n窶册st pas toujours suffisante.  
Insuffisance de la cause : 

1. X est l窶une de(s) cause(s) de Y  
2. donc X est la cause de Y 

 

Il y a des exemples extrテェmement parlants テ notre disposition :  

窶「

 

Le platane 

Pour poser le biais, nous utilisons en cours l窶册xemple suivant : un automobiliste fin ivre, au volant 
d窶冰n vテゥhicule avec des pneus lisses, tous phares テゥteints, sort de la route et percute un platane. Si 
la prテゥsence du platane テゥtait nテゥcessaire, peut-on raisonnablement penser qu窶冓l en est pleinement la 
cause ? 

窶「

 

Grippe 

ツォ 

Tous les sujets exposテゥs au virus de la grippe ne dテゥveloppent pas cette maladie. Donc l窶册xposition au virus n窶册st 

pas en elle-mテェme une cause suffisante, bien qu窶册lle soit nテゥcessaire.

 ツサ (Skrabanek & McCormick, 

ibid.

). On 

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253

ajoutera que la corrテゥlation avec le froid est l窶冰ne des idテゥes reテァues les mieux ancrテゥes de notre 
temps. 

窶「

 

Tabac 

ツォ 

Tous les fumeurs ne meurent pas de cancer du poumon et tous ceux qui meurent de cancer du poumon ne sont pas 

des fumeurs. Donc le tabac n窶册st une cause ni nテゥcessaire ni suffisante.

 ツサ

 

(Skrabanek & McCormick, 

ouv.citテゥ

pp. 33-34) 

窶「

 

Pettenkaufer 

 Le cas le plus テゥclairant テ notre avis est celui du ツォ tour de force ツサ de Pettenkaufer :  

ツォ l窶冰n des postulats de Koch, qui doit テェtre vテゥrifiテゥ pour dテゥterminer la cause d窶冰ne maladie 
infectieuse, veut qu窶冰ne culture pure de l窶冩rganisme infectant, administrテゥ テ l窶兌H]omme ou 
l窶兮nimal, provoque toujours la maladie. Cette nテゥcessitテゥ thテゥorique et apparemment sensテゥe 
ignore en fait la distinction entre cause nテゥcessaire et cause suffisante. Le savant allemand 
Max von Pettenkaufer, pionnier dans le domaine de l窶冑ygiティne et de l窶凖ゥpidテゥmiologie, a 
dテゥmontrテゥ de maniティre テゥclatante que Vibrio cholerae n窶册st pas une cause suffisante du 
cholテゥra. En 1892, devant un public fascinテゥ, il avala 1 ml d窶冰ne culture sティche provenant des 
selles d窶冰n malade en train de mourir du cholテゥra. Il resta indemne, au grand dテゥsespoir des 
disciples de Koch. Pettenkaufer ne mettait pas en doute que le vibrion テゥtait la cause 
nテゥcessaire du cholテゥra, il voulait dテゥmontrer qu窶冓l n窶凖ゥtait pas une cause suffisante.(窶ヲ) Pour 
pouvoir surmonter la difficultテゥ introduite par Pettenkaufer, les postulats de Koch ont テゥtテゥ 
corrigテゥs par l窶兮dditif suivant : ツォ chez les hテエtes rテゥceptifs ツサ. Il en est rテゥsultテゥ une tautologie 
puisque la ツォ rテゥceptivitテゥ ツサ dテゥpend de la prテゥsence de la maladie et la ツォ non-rテゥceptivitテゥ ツサ de son 
absence : un organisme entraテョne une maladie, sauf quand il ne le fait pas ツサ (

ibid.)

 (voir 

4.3.6.16 

Tautologie & effet cerceau

).

 

 
Encore une mise en garde :

 

ce type de causalitテゥ nテゥcessaire non suffisante s窶凖ゥtaye sur un unique 

tour de force, bien entendu. Encore faut-il que ce soit un tour de force sans trucage ou sans 
テゥlision de l窶冓nformation. L窶兮ffaire Willner est un exemple nテゥgatif : les

 

ツォ nテゥgationnistes ツサ du SIDA, 

du moins dans leur version douce (la sテゥropositivitテゥ existe, mais n窶册st pas responsable du SIDA) 
ont invoquテゥ rテゥcemment sur divers forums, dont celui de l窶儖Z, le cas d窶冰n professeur ayant lors 
d窶冰ne テゥmission TV grand public prテゥlevテゥ dans une seringue le sang d窶冰n de ses amis diagnostiquテゥ 
comme contaminテゥ par le VIH, puis se l窶凖ゥtant ensuite injectテゥ sans dommage. La vテゥritテゥ est assez 
diffテゥrente, comme nous l窶apprend N. Vivant

251

 

4.3.5.8

 

Cause rテゥelle mais nテゥgligeable 

Ce biais consiste テ supposer une chose cause d窶冰ne autre, et c'est effectivement le cas, mais son 
importance, additive (テ l窶冓nverse de cas prテゥcテゥdent) est nテゥgligeable comparテゥe テ d'autres facteurs 
Argument de la cause rテゥelle mais nテゥgligeable : 

1. X, Y et Z causent A 
2. donc X cause A 

Bien entendu, ce sophisme est allテゥgテゥ si tous les concours de la cause sont テゥgalement responsables 
du phテゥnomティne. Mais ce qui est dテゥnoncテゥ ici est l窶兮ssociation, abusive, entre une variable parmi 
                                                 

251

Vivant N., Le Dr Willner s'est-il inoculテゥ du sang contaminテゥ ?, Journal de l窶儖Z :  

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=15

  

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254

d窶兮utres, et le corollaire. 
Trois exemples classiques sont utilisテゥs テ profit : 

窶「

 

La calテゥfaction 

Le phテゥnomティne de calテゥfaction est souvent invoquテゥ dans les milieux sceptiques comme la cause de 
non brテサlure dans les marches sur tisons ardents, ce qui est nテゥgligeable devant les faibles capacitテゥ 
calorifique et conductivitテゥ thermique du charbon (Broch 2001). 

窶「

 

Les vitraux  

Un exemple dans lequel nous sommes nous mテェme tombテゥ

252

 : l窶兮rgument de la structure semi-

liquide du verre, expliquant le renflement テ la base des vitraux, est incomparablement faible 
devant le procテゥdテゥ de coulure par centrifugation, qui explique quasi-totalement le phテゥnomティne. 

窶「

 

La fumテゥe 

Un autre exemple est donnテゥ en cours : la fumテゥe de cigarette contribue effectivement テ la 
pollution de l窶兮ir de Grenoble. 
Attention : dans la catテゥgorie du dernier cas, on pourrait voir un appel テ argument qui 
dテゥresponsabiliserait l窶冓ndividu de certains actes. S窶冓l est un fait que la fumテゥe de cigarette contribue 
effectivement bien peu テ la pollution de l窶兮ir, la causalitテゥ biaisテゥe n窶册st pas une excuse morale 
valable : certains actes, dans le champ moral ou politique, ont un effet テゥmargeant du cadre 
scientifique pour atteindre le champ symbolique et ainsi テゥventuellement gテゥnテゥrer des phテゥnomティnes 
sociaux テ plus grande テゥchelle (le fait de renoncer テ sa voiture, par exemple). 
 
Remarquons que, dans la recherche des phテゥnomティnes テゥtranges, nous nous retrouvons テ tester les 
hypothティses une par une. Il est parfois rageant de se rendre compte que les hypothティses テゥtaient plus 
dテゥlicates que le problティme lui-mテェme. Prenons l窶册xemple de la ツォ rumeur des vipティres lテ「chテゥes par 
hテゥlicoptティre ツサ pour le bテゥnefice de l窶僮nstitut Pasteur. Les rumorologues se sont acharnテゥs rテゥcuser les 
arguments les uns aprティs les autres, sur une base scientifique tout テ fait correcte : dテゥcテゥlテゥration, 
thermorテゥgulation, nombre de vipティres au mティtre carrテゥ. Au final, les points composants la rumeur 
furent cassテゥs un par un. Notons au passage que lorsque une vipティre est recensテゥe par un 
herpテゥtologue (souvent amateur), on noircit une carte de rテゥpartition des reptiles de 5 fois 3,5 km, 
ce qui est dテゥmesurテゥment grand mais fournit, comme rテゥcimine Rテゥmy, des bases statistiques 
ツォ solides ツサ (Rテゥmy 1992 ; 1993). 
 

4.3.5.9

 

Sophisme テゥcologique, ou corrテゥlation テゥcologique 

Ce sophisme consiste テ transposer テ des individus des relations テゥtablies pour des populations 
entiティres. 
Sophisme テゥcologique :  

1. Une population donne en moyenne X=b 
2. Donc pour chaque individu X = b 

 
Quelques exemples : 

                                                 

252

 Sur le groupe de discussion 

Zテゥtテゥticiens

. Merci テ D. Biette, du laboratoire zテゥtテゥtique. 

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255

-

 

Soient trois populations diffテゥrentes, chacune se caractテゥrisant par une frテゥquence diffテゥrente 
de cancer du poumon et diffテゥrentes habitudes en matiティre de port de chapeau. Il est 
テゥvident que l窶册xistence d窶冰ne corrテゥlation parfaite entre le port du chapeau et le cancer du 
poumon n窶兮 aucune influence sur la probabilitテゥ qu窶冰n individu portant un chapeau 
contracte un cancer du poumon (Rosen, Nystrom & Wall 1985 pp. 293-299). 

-

 

Les Africains ont tendance テ manger plus de fibres que les Europテゥens, ils ont des selles 
plus consistantes ; ils semblent テゥgalement moins exposテゥs テ certaines maladies frテゥquentes 
dans les pays riches. Cette constatation a amenテゥ Burkitt et d窶兮utres テ recommander une 
modification de notre rテゥgime alimentaire (Burkitt 

& al.

Lancet

, 1972 pp. 1408-11). 

-

 

Les テゥpidテゥmiologistes ont mis en テゥvidence une corrテゥlation trティs forte entre l窶兮bsorption de 
graisses saturテゥes et la frテゥquence de cancer du sein. Ce type d窶兮rguments ne justifie pas 
qu窶冩n donne テ un individu dテゥterminテゥ des conseils diテゥtテゥtiques censテゥs diminuer la mortalitテゥ 
par cancer du sein du groupe tout entier. 

Skrabanek et McCormick, auxquels nous devons ces exemples (

ouv.citテゥ

, pp. 38-40), insistent 

sur l窶冓mportance que prend ce sophisme dans des domaines comme la prテゥvention des 
cardiopathies ischテゥmiques. La mortalitテゥ due テ cette affection a テゥtテゥ corrテゥlテゥe テ de trティs 
nombreuses variables, parfois diffテゥrentes d窶冰n pays テ l窶兮utre. De nombreux mテゥdecins ont 
ainsi テゥtテゥ conditionnテゥs テ recommander des modifications de rテゥgime et de style de vie sans 
l窶兮ppui dテゥmonstratif de donnテゥes expテゥrimentales. ツォ 

Fait テゥtonnant

, ajoutent-ils, 

le taux de mortalitテゥ 

infantile et le nombre de mテゥdecins sont parallティles dans dix-huit pays dテゥveloppテゥs 

(

Lancet

, 1978, p. 978). 

Ce 

serait cependant pousser le bouchon un peu loin que de recommander, sur la foi de cette observation, de limiter 
le nombre de mテゥdecins.

 ツサ 

On retrouve ce sophisme agrテゥmentテゥ de l窶兮rgument exotique dans des thテゥrapies Nouvel-テHe : 
parce que nos anciens/les bushmen du Kalahari/les aborigティnes ont telle aptitude, il est conseillテゥ 
d窶册mprunter un テゥlテゥment de leur rテゥgime qui corrobore la pseudo-thテゥorie mテゥdicale. De tels 
argumentaires sont vantテゥs dans les thテゥrapies ayurvテゥdiques et dans le mouvement, テ tendance 
sectaire, du crudivorisme en France. 
 

4.3.5.10

 

Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour 

Appelテゥ aussi 

Argument from Desgin

ce raisonnement fallacieux doit son nom テ l窶凖ゥtrange prテゥcepteur 

de Candide, Pangloss, personnage de Voltaire qui enseignait la mテゥtaphysico-thテゥologo-
cosmolonigologie. Il arguait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce 
meilleur des mondes possibles, le chテ「teau de monseigneur le baron テゥtait le plus beau des chテ「teaux 
et madame la meilleure des baronnes possibles. ツォ 

Il est dテゥmontrテゥ, disait-il, que les choses ne peuvent テェtre 

autrement : car, tout テゥtant fait pour une fin, tout est nテゥcessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les 
nez ont テゥtテゥ faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes.

 ツサ.  

 
Nous parlons de raisonnement panglossien lorsqu窶冰n individu raisonne テ rebours, vers une cause 
possible parmi d窶兮utres, vers un scテゥnario prテゥ-conテァu ou vers une hypothティse  
Broch parle テ ce titre d窶册ffet 

bipティde, 

partant de l窶冓dテゥe que

 

"l'existence 

des pantalons prouve que Dieu a 

voulu que nous soyons des bipティdes

" (Broch 1989, p. 202). Toutefois, nous avons expテゥrimentテゥ que cet 

effet, l窶冰n des plus difficiles テ relever, n窶册st pas mテゥmorisテゥ par les テゥtudiants. Pangloss rテゥsiste 
mieux, peut テェtre par sa prテゥsence incontournable dans les programmes scolaires de franテァais au 
lycテゥe. En voici un exemple tirテゥ de la presse de vulgarisation scientifique (figures 95 et 96). 

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256

 

 

Figure 95 : rテゥvテゥlations sur l窶僣omme, promet S&V de mai 2005, moyennant un certain nombre de 

tremaniements de l窶冓nformation. 

 

Figure 96 : S&Av Nツー712 de juin 2006 utilise le mテェme schティme, pourtant anti-darwinien. 

 
Il existe des variantes de ce raisonnement. Elles sont explicitテゥes dans les sous-parties suivantes.  
 

4.3.5.11

 

Pangloss version gnostique ou theilardiste 

Le raisonnement panglossien gnostique vante l窶凖ゥtat actuel comme produit d窶冰ne sorte de 

volontテゥ 

ツォ Nous sommes nテゥs pour courir ツサ 
ツォ Programmテゥs pour VIVRE 
LONGTEMPS  
Raisonnement panglossien. Est-ce le 
programmateur que le bテゥbテゥ regarde, 

tournテゥ vers la lumiティre ? 

Phrase-puits : ツォ la mort est ressentie 

comme l窶凖ゥchec de la mテゥdecine ツサ 

Argument d窶兮utoritテゥ : Axel Kahn 

テ英idテゥmie d窶冩bテゥsitテゥ : 

deus ex machina 

effet paillasson sur テゥpidテゥmie 

ツォ 

Un mutant dテゥfie les lois de la 

gテゥnテゥtique ツサ 
Scテゥnario juridique 

ツォ Exclusif :  rテゥvテゥlations ツサ  crテゥation  du 

scoop 

Scテゥnario alerte + anthropomorphisme 
ツォ 

Monstres de l窶册space, les magnテゥtars 

sortent de l窶冩mbre 

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257

immanente programmante

, quelle qu窶册lle soit 

Dans la plupart des ouvrages de vulgarisation sur la cosmologie テゥtalテゥs en librairie, est mis en 
avant de faテァon plus ou moins discrティte le caractティre abouti de l窶僣umain, fruit de la Crテゥation, du 
Dessein Divin, d窶冰ne Volontテゥ Cosmique, du Plan de Dieu, du Principe Anthropique etc窶ヲ. Ce 
finalisme panglossien, assez poテゥtique et bigrement satisfaisant intellectuellement, 窶 quoiqu窶凖 
charge spテゥculative trティs grande 窶 se retrouve テ diverses doses dans l窶卩砥vre de T. Xuan Thuan, C. 
de Duve, A. Dambricourt, Jean-Marie Pelt, Rテゥmy Chauvin et mテェme Hubert Reeves テ qui il arrive 
de saupoudrer son propos de petits fragments panglossiens

253

Actuellement, la frange la plus dテゥcidテゥe sur le plan des thティses de type Dessein Intelligent est nテゥo-
theilardiste et, nous l窶兮vons dテゥjテ dit, prテゥsentテゥe par l窶儷IP. Pour une illustration humoristique et 
dテゥconstructive de l窶僮ntelligent Design, il existe dテゥsormais un rテゥseau de Cultes de Desseins 
recouvrant les mテェmes aspects que les assertions ID : citons le culte du 

Flying Spaghetti Monster

celui de la 

Invisible Pink Unicorn 

et la version franテァaise, toute rテゥcente, du 

BBLLOOBB

 

窶「

 

Exemple du nombre d窶儖r 

Le fait de retrouver le nombre d窶冩r dans la nature et de lui prテェter des propriテゥtテゥs magiques ou 
harmonieuses procティde de plusieurs biais. 

-

 

Un 

raisonnement panglossien

 : on ne trouve pas le nombre d窶冩r dans la nature, on cherche un 

rapport rテゥcurrent qu窶冩n appelle nombre d窶冩r. 

-

 

Un manque de prテゥcision : contre toute attente, le rapport des rayons du Nautile, par 
exemple, ne fait pas 1,618 mais plutテエt 1,3

254

 

-

 

Une mystique pythagoricienne, trティs proche de la numテゥrologie, et flattant les ツォ codes 
secrets ツサ de la Nature. 

-

 

Il faut rappeler que le dテゥbut de la carriティre mythique du nombre d窶冩r, qu窶冩n appelait 
ツォ partage en moyenne et estrテェme raison ツサ, date seulement des annテゥes 1930, et est le fait 
d窶冰n diplomate roumain, Ghyka qui la propagea (accompagnテゥ de phrases inquiテゥtantes du 
type ツォ c窶册st la gテゥomatrie qui a donnテゥ テ la race blanche sa suprテゥmatie technique et 
politique ツサ)

255

 

 
 

4.3.5.12

 

Pangloss version ツォ anti-hasard ツサ et sa sous-division ツォ anti-テゥvolution ツサ  

Impossible que ceci (l窶冑umain, la femme, l窶卩妬l, la beautテゥ des choses, la complexitテゥ d窶冰ne abeille, le 
ツォ suaire ツサ de Turin) soit simplement le produit du hasard / de l窶凖ゥvolution. Il y a forcテゥment une 
volontテゥ transcendante. 
                                                 

253

 La plupart de ces personnes participent ou participティrent テ l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris. 

254

 Voir Falbo C. The Golden Ratio 窶 A Contrary Viewpoint College mathematics Journal, 36, 13, 2005, 

www.sonoma.edu/Math/faculty/falbo/cmj123-134

  

255

 Ghyka M., e nombre d'or - Rites et rythmes pythagoriciens dans le dテゥveloppement de la civilisation occidentale., 

Fallimard, 1931. Le mythe fut テゥventテゥ trティs tテエt mais sans テゥcho par S. Reinach (le mテェme que pour l窶兮ffaire Glozel). Voir 

Le mythe du nombre d窶冩r, la Recherche Nツー278, juillet 1995, pp. 810-816. 
Et Rittaud B, ツォ Marguerite Neveux : ツォ le nombre d窶冩r est une affabulation ツサ, La Recherche Nツー387, juin 2005, pp. 26-

27. Ainsi qu窶冰n petit travail pテゥdagogique intテゥressant pour テゥlティves sur le nombre d窶冩r, par Bonnard  

http://www.ac-orleans-tours.fr/maths-
lp/Professeur/Spirale/Spirale_Menu/recherche_spirale/Spiral_Htm/Articles_Math_Sciences/Sp5_16/SP5_16.html

  

 

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258

 

窶「

 

Exemples

 

version

 faible

 

L窶卩妬l est 

fait

 pour voir, pour ne prendre que le plus simple. Certains argumentaires pro-

OGM s窶册n rapprochent : ツォ 

Lorsqu窶冩n affirme que les espティces actuelles, parce qu窶册lles sont l窶兮boutissement 

d窶冰ne longue テゥvolution naturelle, sont parfaitement adaptテゥes et en parfait テゥquilibre avec leur environnement, on veut 
signifier qu窶册n consテゥquent il ne faudrait en aucun cas y toucher, sauf テ risquer de perturber un ordre naturel, voire 
transcendantal

 ツサ テゥcrit trティs simplement Lafon (2004, p. 24). 

Dans son article sur le principe anthropique テゥcrit pour le Dictionnaire culturel des sciences Lテゥvy-
Leblond, bien que fort critique de ce principe, reprend sans rテゥserve ce postulat sur le caractティre 
extraordinaire de notre Univers en expliquant :  

ツォ Les sciences physiques contemporaines ont montrテゥ que si l窶兮pparition de la vie dans un 
univers テゥvolutif est plausible dans certaines conditions, ces conditions mテェmes sont assez 
particuliティres ツサ (

in 

Witkowski 2001).  

Il ajoute que les experts se sont aperテァus que ツォ 

seuls de trティs fins ajustements des paramティtres

 ツサ dテゥfinissant 

l窶冰nivers et son contenu de matiティre-テゥnergie ont permis le fonctionnement des mテゥcanismes ayant 
conduit テ la formation des テゥtoiles et des planティtes et テ la crテゥation des atomes dont notre chair est 
composテゥe.

256

 

 

窶「

 

Exemple

 

version

 forte 

R. Chauvin

 :  

ツォ Les forces en action dans l窶冰nivers sont trティs prテゥcisテゥment calculテゥes pour permettre 
l窶兮pparition de l窶冑omme (entre autres, ajouterais-je) puisqu窶冰ne infime diffテゥrence dans les 
テゥquilibres en jeu aboutirait fatalement テ rendre la vie impossible [...] la possibilitテゥ ou 
mテェme la nテゥcessitテゥ de la conscience テゥtait inscrite dans les premiers signes de vie (窶ヲ) 
Qu窶冩n me dise oテケ j窶兮i fait moi-mテェme une faute de logique ? ツサ. (Chauvin 1997, p. 35). 

En toute malice, Deleporte rテゥpondra :  

ツォ Eh bien c窶册st facile monsieur Chauvin : vous confondez la probabilitテゥ des テゥvテゥnements テ 
venir avec la ツォ probabilitテゥ ツサ des テゥvテゥnements ayant dテゥjテ eu lieu. ツサ (Deleporte 2001, p. 313).  

 

窶「

 

Exemple 

version discrティte 

: le programme gテゥnテゥtique 

Lafon : ツォ l窶冰sage de la mテゥtaphore du programme gテゥnテゥtique n窶册st pas neutre. Elle est 
dangereuse pour deux raisons : elle suggティre un concepteur et souffre donc du pテゥchテゥ 
capital de finalisme ; elle テゥvoque un ordinatuer et implique テ tort un dテゥterminisme absolu. 
En fait, pour un テェtre vivant donnテゥ, l窶冓nformation est le rテゥsultat d窶冰ne longue テゥvolution de 
ses ancテェtres, transmise de gテゥnテゥrations テ gテゥnテゥrations. Le programme n窶兮 rien テ voir avec 
celui d窶冰n ordinateur car ici, il n窶吮册st pas apportテゥ de l窶册xtテゥrieur et aucune intention ne l窶兮 
conテァu. De plus, pour テェtre lu et executテゥ 窶ヲ il a besoin des produits de sa propre lecture, les 
protテゥines ! D窶冩テケ le cテゥlティbre cercle vicieux : qui est premier, de l窶僊DN ou des protテゥines ? ツサ 
(

ouv.citテゥ

, p. 58) 

Pour reprendre l窶册xemple de Chauvin, Deleporte explique que la possibilitテゥ de l窶册xistence de 
ツォ 

phテゥnomティnes internes

 ツサ au gテゥnome par exemple, provoquant des ツォ 

tendances テゥvolutives

 ツサ  n窶册st  pas 

                                                 

256

 

C窶册st Magnan qui pointe cette incongruテッtテゥ : Magnan, 

La comsologie est-elle une science ?

 (voir nテゥtographie).

 

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259

exclue, mais elle doit テェtre テゥtayテゥe, prouvテゥe, et quand bien mテェme, ツォ 

ne constituerait en rien une preuve de 

l窶兮ction de forces occultes

 [...] ツサ  

 
Pour テゥviter ces dテゥvoiements, Deleporte fait quelques recommandations trティs proches de nos 
remarques sur les Ips lexicaux :  

ツォ Je voudrais quand mテェme adresser un petit message aux collティgues : si on est biologiste et 
qu窶冩n ne pense pas un instant que l窶凖ゥvolution se dテゥroule selon un programme prテゥテゥtabli 
pour le dテゥmiurge, alors mieux vaut peut-テェtre テゥviter d窶册mployer le terme de ツォ causes 
finales ツサ qui prテゥcisテゥment dテゥsigne la tテゥlテゥologie, surtout quand on s窶兮dresse au grand public 
qui n窶册st pas forcテゥment au fait de ces subtilitテゥs du jargon scientifique. 
テ益idemment, il est plus rapide de dire, par exemple, de maniティre approximative, que 
l窶 ツォ ナ妬l est fait pour voir ツサ que de dire ツォ tel individu possティde un ナ妬l qui lui permet de voir 
parce qu窶冓l l窶兮 hテゥritテゥ de ses ancテェtres, via le code gテゥnテゥtique, et les performances de cet ナ妬l, 
elles-mテェmes codテゥes gテゥnテゥtiquement, sont prテゥsentes parce que les mutations 
correspondantes sont apparues dans le gテゥnome de certains de ses ancテェtres et qu窶册lles ont 
rテゥsistテゥ aux filtres de la dテゥrive gテゥnテゥtique et de la sテゥlテゥction naturelle dans les populations 
qui contenaient ces mテェmes ancテェtres ツサ (

ouv.citテゥ

, pp. 314-316)

257

.  

 
Lafon et bien d窶兮utres font lemテェme genre de mise en garde, en pointant dans les raisonnements 
finalistes un effet cigogne avec inversion de causalitテゥ :  

ツォ Oui, il faut combattre le finalisme ! Indテゥracinable, et pour cause, est la vision du monde 
au travers du prisme dテゥformant de notre consciene テゥgocentrique ! Nous avons des 
projets, nous prテゥvoyons ce que sera demain, notre futur souhaitテゥ oriente notre action 
prテゥsente, nous imaginons des divinitテゥs窶ヲ et nous projetons tout cela sur la Nature. 

L窶卩妬l 

est fait pour voir, l窶兮ile a pour but de voler, les animaux inventent des ruses pour survivre ; la nature ne 
fait rien en vain ; la sexualitテゥ a テゥtテゥ sテゥlテゥctionnテゥe dans le but de crテゥer de la diversitテゥ ; l窶冑omme est 
l窶兮boutissement de l窶凖ゥvolution ; il y a dans l窶僊DN le plan et le projet du futur organisme

. Toutes ces 

expressions prテェtent une intention テ la Nature et considティrent que l窶凖ゥtat final (les causes 
finales d窶僊ristote) dテゥtermine le processus biologique. [...] en prテェtant une intention テ la 
nature, [le finalisme] la dテゥifie [...]. テ cette finalitテゥ de fait, apparente, non intentionnelle, 
inconsciente et aveugle, Jacques Monod prテゥfテゥrait le terme de ツォ tテゥlテゥonomie ツサ. L窶卩妬l permet 
bien la vision (mテェme si bien d窶兮utres テゥlテゥments sont tout aussi indispensables) ; l窶兮ile 
permet bien le vol, mais en rテゥalitテゥ 

la fonction n窶册st pas le but

 ! Seule la persistance テ notre insu 

de la vieille conception dualiste opposant l窶册sprit au cerveau, l窶凖「me au corps, la vie テ la 
matiティre, nous fait commettre l窶册rreur de sテゥparer structure et fonction, qui ne sont en fait 
que deux faテァons diffテゥrentes d窶兮border une mテェme rテゥalitテゥ (窶ヲ) se poser la question de 
savoir si les oiseaux volent parce qu窶冓ls ont des ailes ou s窶冓ls ont des ailes parce qu窶冓ls 
volent, est sans fondement. De mテェme pour l窶卩妬l et la vision (..) Il faut aussi en finir avec 
la vieille notion de 

prテゥadaptation

 selon laquelle l窶兮cquisition des structures prテゥcティde leur 

utilisation. La patte porteuse des animaux terrestres serait apparue dans l窶册au, 

prテゥparant la 

rテゥussite ultテゥrieure sur la terre ferme

. Si un caractティre est sテゥlectionnテゥ, c窶册st uniquement pour des 

raisons immテゥdiates, jamais pour les avantages qu窶冓l peut avoir dans le futur. ツサ (Lafon, 

ouv.citテゥ

, pp. 113-115) 

 
                                                 

257

 Comme le sait trティs bien Deleporte, cette version devrait テェtre encore plus ツォ dテゥconstruite ツサ, le terme 

sテゥlテゥction

 et le 

terme 

code

 contenant eux aussi une dimension tテゥlテゥologique. Voir Olivier 

in 

Bonnardel 

& al.

, (2001). 

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260

4.3.5.13

 

Pangloss version ツォ archテゥofiction ツサ et ses sous-divisions versions ツォ E.T. ツサ et 
miracles  

La forme argumentative est la suivante : impossible que ceci (pyramide bosnienne / pyramide de 
khテゥops / Statues de Pテ「ques窶ヲ) ne soit pas le produit de mon scテゥnario.  
Sous-division テゥgalement, le raisonnement panglossien 

version ツォ E.T. ツサ

 : impossible que ceci (crop 

circles / gテゥoglyphes de Nazca / sol de plage indurテゥ de Bimini / Stone circles) soit le fait de la 
nature ou des humains ; ou encore la version 

dテゥmiurge

 : impossible que ce ne soit pas un miracle 

de Dieu : 

Le 28 mai 1898, ツォ Secundo Pia rテゥussit dans sa deuxiティme tentative pour photographier le 
ツォ suaire ツサ, suspendu sous verre au-dessus du grand autel de la cathテゥdrale de Turin. Le 
rテゥsultat est saisissant. Alors que l窶冓mage que porte le ツォ suaire ツサ paraテョt floue et peu contrastテゥe, 
que sa teinte sテゥpia se distingue テ peine de celle de l窶凖ゥtoffe elle-mテェme, le nテゥgatif 
photographique rテゥvティle tout autre chose : la reprテゥsnetation nette, vue de face et de dos, d窶冰n 
homme aux traits longilignes, テゥvoquant fortement le personnage du Christ tel que l窶冩nt 
figurテゥ les artistes, et portant sur son corps les traces de la Passion selon l窶凖益angile de saint 
Jean. 
C窶册st de cette date que se rテゥpand dans les mテゥdias la nouvelle extraordinaire : le ツォ saint-
suaire ツサ est un nテゥgatif, ce qui semble テゥliminer sans contestation possible toute mystification, 
puisque son existence est attestテゥe bien avant l窶冓nvention de la photographie ツサ. 
En octobre 1981, un symposium rテゥunit テ New London (Connecticut) les chercheurs [du 
STURP - Shroud of Turin Research Project] (窶ヲ) leurs opinions divergent sur plus d窶冰n 
point, mais semblent marquer un accord sur le ツォ fait ツサ que l窶冓mage du ツォ suaire ツサ n窶兮 pas pu 
テェtre fabriquテゥe artificiellement ツサ (Broch 1989, pp. 48-50).

258

 

 

4.3.5.14

 

Pangloss version ツォ flティche dans l窶册au ツサ 

Lors d窶冰ne confテゥrence sur la parapsychologie en Suisse en 2005, un confテゥrencier (3) nous montre 
une rテゥpartition statistique classique et nous explique contre toute attente, obtenir une telle 
rテゥpartition est forcテゥment la consテゥquence d窶冰n phテゥnomティne inexpliquテゥ, tant est infime la chance de 
voir cette statistique sortir toute seule, par hasard. Un peu comme si je tire テ l窶兮rc une flティche, les 
yeux fermテゥs, que celle-ci se plante quelque part, et qu窶兮u vu de l窶册ndroit je m窶凖ゥcrie : ツォ 

bon sang, c窶册st 

exactement ce que je visais

 ツサ. Disons que le chemin qui remonte vers une cause possible n窶册st pas trティs 

escarpテゥ, et qu窶册ntre Effet bipティde et mauvaise foi, la frontiティre est parfois ourlテゥe. 
 

4.3.5.15

 

Pangloss version ツォ relecture de l窶冑istoire ツサ  

Voici le raisonnement panglossien version

 

ツォ 

relecture de l窶冑istoire

 ツサ et ses trois techniques :  

窶「

 

le syndrome Jules Verne (dテゥjテ aperテァu au chapitre 4.3.2.2 

Syndrome du poulpe, F1, Jules Verne 

& effet Matthieu

). 

窶「

 

la technique du rebrousse-poil 

ツォ テ la mテェme テゥpoque, le philosophe grec Dテゥmocrite considテゥrait dテゥjテ que la matiティre 
テゥtait constituテゥe d'atomes qui se dテゥplaテァaient dans le vide de faテァon mテゥcaniste. Son 
intuition ne sera reconnue que 2200 ans plus tard par Lavoisier... Cette similitude 
entre les thテゥories grecques et contemporaines est テゥtonnante et l'on retrouve dans le 

                                                 

258

 Voir aussi Schafersman, 

Science, the public and the shroud of Turin

 (1982), p. 15. 

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261

ツォ 

Timテゥe

 ツサ de Platon plusieurs expressions qui supportent la comparaison avec nos 

thテゥories actu窶「

 

la transmutation de la vocation en destin  

テ propos de Edward Bach, nous テゥcrivions :  

ツォ

 

C'est un exercice trティs gratifiant de raisonner テ rebours : sauter de faテァon cavaliティre de la 

vocation au destin est un raisonnement panglossien. Souffrons un petit apartテゥ : s'il s'agit 
vraiment d'un destin tracテゥ, Bach n'a plus aucun mテゥrite.) ツサ 

窶「

 

la fabrication de mythes 

Nous offrons ici quelques grands classiques zテゥtテゥtiques sur ce point :  

-

 

Frayeur et suicides de l窶兮n Mil. 

-

 

La papesse Jehanne. 

-

 

Les ceintures de chastetテゥ : le British Musテゥum a retirテゥ la ceinture de chastetテゥ qui テゥtait 
exposテゥe depuis 1846, car elles n窶冩nt jamais existテゥ テ l窶凖ゥpoque mテゥdiテゥvale. Elles sont des 
inventions du 19

e

 siティcle, contrairement au mythe crテゥe par sociテゥtテゥ victorienne. (Nouvel 

Observateur, 27 juin 96). 

-

 

Le droit de cuissage (Bourreau 1995). 

 
Ceci est un exemple que nous utilisons en TD :  

ツォ Voici un extrait de l窶卩砥vre du maテョtre incontestテゥ de la mテゥdecine romaine du dテゥbut du 1

er

 millテゥnaire, Galien. 

Retrouvez dans ce texte le plus grand nombre possible de raisonnements panglossiens. ツサ 

Les poils qui poussent au menton non seulement protティgent les joues et le menton, mais 
encore contribuent テ l窶册sthテゥtique. En effet le mテ「le paraテョt plus majestueux, surtout en avanテァant 
en テ「ge, si de toutes parts les poils en question encadrent son visage. Et c窶册st pour cette raison 
que la nature a laissテゥ glabres et sans poils ce qu窶冩n appelle les pommettes et le nez. En effet, 
le visage ainsi serait dans son ensemble sauvage et bestial, ne convenant nullement テ un テェtre 
policテゥ et vivant en sociテゥtテゥ. [窶ヲ] Et chez la femme qui a un corps mou, qui garde toujours 
quelque chose d窶册nfantin, qui n窶兮 pas de poils, mテェme la pilositテゥ du visage ne devait pas テェtre 
inesthテゥtique, et d窶兮illeurs cet テェtre n窶兮 pas un caractティre aussi respectable que le mテェle, de sorte 
qu窶冓l n窶兮vait pas besoin non plus d窶冰ne apparence respectable. [窶ヲ] Mais la gent fテゥminine 
n窶兮vait pas besoin d窶冰ne espティce de protection comme dテゥfense contre le froid, elle qui vit la 
plus grande partie de son temps テ la maison ツサ

Conclusion de Galien : ツォ 

Rien de ce qui sert テ la vie, qui contribue テ une meilleure qualitテゥ de vie, ne 

pourrait テェtre mieux agencテゥ en テゥtant autrement qu窶冓l n窶册st actuellement

 ツサ

 

Exemples 

in situ

 (figures 97, 98 & 99):  

                                                 

259

 

http://www.astrosurf.com/lombry/quantique-champ.htm

  

260

 Galien de Pergame

, De l窶冰tilitテゥ des parties du corps humain -

 

De usu partium corporis humani

, p. 899, citテゥ par D 

Gourevitch, 

la mテゥdecine dans le monde romain

in 

Grmek 

& al

., 

Histoire de la pensテゥe mテゥdicale en Occident

 (1995), p. 114. 

Relevons que ce raisonnement se retrouve aussi dans les considテゥrations sociales de type naturaliste : il serait de la 

nature de la femme d窶凖ェtre au foyer, de la petite fille d窶凖ェtre docile, du noir d窶凖ェtre infテゥrieur, etc. Pour plus de dテゥtails, on 
lira avec profit A. Accardo, 

introduction テ une sociologie critique, lire Bourdieu

 (1997). 

261

 Galien de Pergame

, ibid.

 IV p. 142, citテゥ par Gourevitch, 

ibid. p. 

113.  

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262

 

Figure 97 : Science et Vie, Juin 2005 p. 16 テ英istテゥmologie : ツォ Trois siティcles avant Galilテゥe, Dante contait la 

relativitテゥ ツサ. 

 

Voici un exemple d窶兮rticle pseudo-テゥpistテゥmologique. Regardons d窶冰n peu plus prティs.  
Dante Alighieri (1265-1321), dans la cテゥlティbre 

Divine 

Comテゥdie, dテゥcrit sa chute aux Enfers et dテゥcrit 

le fait qu窶冓l ne s窶兮perテァoit pas qu窶冓l descend : ツォ 

Elle (la bテェte) s窶册n va en nageant lentement, lentement ; elle 

tourne et descend, mais je ne m窶册n aperテァoit point si ce n窶册st au souffle qui d窶册n bas me frappe le visage ツサ. 

On peut 

lire ensuite l窶兮nalyse de Leonardo Ricci :  
 

ツォ Dante souligne ici que, hormis l窶册ffet du vent, la sensation de voler ne diffティre pas de celle de 

rester immobile

 ツサ,  

puis 

ツォ Ce que Galilテゥe a dテゥmontrテゥ par l窶冩bservation et l窶册xpテゥrimentation, Dante l窶兮 exprimテゥ テ 
partir de simples sensations ツサ.  

Cette thテゥmatique a テゥtテゥ l窶冩bjet d窶冰ne publication dans la revue 

Nature

 (7 avril 2005), puis d窶冰n 

article du 

Washington Post

 le 10 avril 2005. 

Oテケ est l窶冓nformation ? S窶兮git-il de laisser croire que Dante avait l窶冓ntuition de la chose ? Outre la 

scテゥnarisation du ツォ gテゥnie intuitif ツサ, on sent poindre le 

raisonnement panglossien

, (voir 4.3.6.10 

Raisonnement panglossien, effet Bipティde ou 

c窶册st テゥtudiテゥ pour) 

テ rebours vers la cause 窶 possible 窶 qui fera le scoop. La suite confirme nos craintes :  
 

 On parle dテゥsormais non plus de 

sensations

 mais de 

vision

, avec un effet paillasson

 

potentiel 

(

action de voir 

ou 

chose surnaturelle perテァue

), et

 

qui plus est une 

vision

 

qui 

illustre

 (sic) le principe de 

relativitテゥ. Le clou est enfoncテゥ テ la toute fin :  

ツォ la divine comテゥdie (窶ヲ) ne serait pas qu窶冰n poティme テゥpique mais aussi l窶冓llustration窶ヲ d窶冰ne loi 
fondamentale de la cinテゥmatique ツサ.  

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263

Rappelons le titre de l窶兮rticle : ツォ 

Trois siティcles avant Galilテゥe, Dante contait la relativitテゥ

 ツサ. 

 
Ce genre de prose est trティs dテゥlicat テ manier car テ vrai dire, rien n窶凉 est rigoureusement faux. C窶册st 
insidieusement qu窶冩n nous amティne comme une テゥvidence le fait que Dante aurait dans son gテゥnie 

prテゥ-vu

 avec trois siティcles d窶兮vance la relativitテゥ. Cette pseudo-テゥvidence soulティve trois problティmes :  

-

 

il y aurait des visionnaires de la science qui lui feraient faire des 

bonds

 (mythe du gテゥnie 

prテゥcurseur) 

-

 

l窶冑istoire aurait une rythmique intrinsティque, puisque ces rares cas en seraient des 
arythmies. Perception historiciste de marche naturelle du temps, chティre aux philosophes 
hテゥgテゥliens, mais qui est source de nombreuses dテゥrives (lecture arythmique de l窶冑istoire) 

-

 

la poテゥsie et la littテゥrature pourraient devancer la science pour テゥdicter des connaissances 
窶 ce qui est un non-sens, la poテゥsie et la littテゥrature ne procテゥdant pas des mテェmes 
mテゥthodes (voir 1.2) (concordisme entre science et d窶兮utres modes de description). 

Notons que c窶册st exactement le mテェme genre de procテゥdテゥ (la technique du rebrousse-poil) 
qu窶冓nvoquent les dテゥfenseurs des 

Codes secrets de la Bible

 ou les pratiquants du dテゥchiffrage 

numテゥrologique des livres saints. Il s窶兮git d窶冰ne variante de raisonnemennt panglossien. 
Enfin, mテゥfions-nous des analogies littテゥraires : elles peuvent テェtre des supports pテゥdagogiques 
efficaces. Emprunter des concepts scientifiques pour en faire une sauce sociologico-politique 
absconse relティve de l窶冓mposture intellectuelle (voir 1.3.7 

la morgue du Post-modernisme

). Prendre une 

image littテゥraire pour une dテゥmonstration est au fond aussi dangereux que de vouloir s窶兮sseoir sur 
un nuage.  
 

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264

 

Figure 98 : Exemple : l窶兮rt des mosquテゥes a devancテゥ la science, titre Science &Vie dans cet encart de la page 22 

du nツー de mai 2007

262

.

  

                                                 

262

 L窶兮rticle fait rテゥfテゥrence テ Lu & Steinhardt

,

 

Decagonal and Quasi-Crystalline Tilings in Medieval Islamic Architecture

Science, 2007. 

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265

 
On y lit :  

ツォ Les figures gテゥomテゥtriques ornementales de certaines mosquテゥes mテゥdiテゥvales reposeraient 
sur des mathテゥmatiques dテゥcouvertes en Occident窶ヲ il y a seulement une trentaine 
d窶兮nnテゥes ! ツサ  

et la photo est sous-titrテゥe  

 

ツォ Les figures des mosquテゥes mテゥdiテゥvales sont basテゥes sur des mathテゥmatiques rテゥcentes ! ツサ.  

Le point d窶册xclamation est テ l窶冓mage de cette mise en scティne de l窶冓nformation assez retorse. En 
plus d窶凖ゥnormitテゥs europテゥanocentrテゥes comme l窶冩pposition Islam / Occident, qui ferait sourire plus 
d窶冰n gテゥographe ; nous retrouvons les trois ingrテゥdients de cette relecture manufacturテゥe de 
l窶冑istoire. 

- le mythe du gテゥnie prテゥcurseur : les dessinateurs musulmans de ツォ girih ツサ auraient anticipテゥ les 
mathテゥmatiques de Penrose de 1973. 
- La lecture arythmique de l窶冑istoire : on s窶册xtasie sur des crテゥations du 12

e

 dont la description 

mathテゥmatique ne fut faite que fin 20

e

- Le concordisme entre science et d窶兮utres modes de description, ici l窶兮rt mテゥdiテゥval musulman. 

Ce dernier point est le plus inquiテゥtant. Il n窶凉 a qu窶冰n pas pour que dans cet exemple, le 
concordisme science-art devienne science-religion. 
Pas テ moitiテゥ franchi sur le thティme science-culture par le journal 

El Watan

, qui テゥcrit : ツォ 

Cet exemple 

signifie en tout cas qu窶冰ne culture, テ qui on ne donnait que peu de crテゥdit, テゥtait bien plus avancテゥe qu窶冩n ne le 
pensait.

 ツサ. De quelle culture parle-t-on ? La 

culture

 des dessinateurs de mosquテゥes n窶册xiste pas, tant 

le paysage des mosquテゥes est vaste au XIIe. Le journal scテゥnarise une information dテゥjテ scテゥnarisテゥe 
en jouant sur le pivot 

culture musulmane

 (dテゥjテ par trop simpliste), avec un ton larmoyant et 

historiquement faux : mテェme テ rテゥduire la culture musulmane テ la culture arabe, les connaissances 
mテゥdiテゥvales arabes ont toujours reテァu du crテゥdit. Et ce n窶册st pas le fait que les 

girih

 soient dテゥcrites 

par des mathテゥmatiques complexes qui fait l窶兮vance de cette culture qui, テ proprement parler, en 
recoupe plusieurs.  
Un ナ妬l avisテゥ remarquera que la photo qui accompagne l窶兮rticle d窶

El Watan

 est celle d窶冰n homme 

qui prie.  
 
On remarquera trティs vite l窶册ssoufflement de ce genre de relecture de l窶冑istoire. Qu窶册st ce qui nous 
empテェche de dire que parce qu窶冰n logiciel du 21

e

 a dテゥcrit la marche bipティde, ツォ 

Les usages 

d窶僊ustralopithecus ont devancテゥ la science

 ツサ ? 

Parvenir テ reproduir un bruit de tortue par synthテゥtiseur engendrerait vraisemblablement un des 
deux titres suivants : 

窶「

 

(Relecture de l窶冑istoire) ツォ 

La tortue a devancテゥ la science de 200 millions d窶兮nnテゥes

 ツサ  

窶「

 

(Scテゥnario mystティre percテゥ) ツォ 

Un synthテゥtiseur perce le secret multimillテゥnaire d窶冰n fossile vivant ツサ 

Nous touchons ici du doigt ce qui fait l窶册ssence de la 

technique du carpaccio 

(voir 4.4.2.1 

Technique du 

carpaccio

). 

 
 

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266

 

Figure 99 : S&V Juin 1995 : Freud avait raison (des expテゥriences le prouvent) 

Le sous-titre a dテサ faire grincer quelques-uns des auteurs du Livre noir de la psychanalyse. 

 

4.3.5.16

 

Tautologie 窶 effet cerceau 

Broch appelle 

effet Cerceau

 l窶册rreur logique qui consiste テ ツォ admettre au dテゥpart ce que l'on entend 

prouver par la dテゥmonstration que l'on va faire ツサ. Le point de dテゥpart est quelquefois sous-entendu 
et l'Effet devient ainsi un type de raisonnement circulaire difficile テ dテゥtecter. 
Sont prテゥsentテゥs ici quelques exemples :  

窶「

 

La reconstitution tridimensionnelle du Saint suaire 

Broch dテゥconstruit ici l窶冰n des plus beaux effets Cerceau qu窶冓l ait テゥtテゥ donnテゥ de voir dans le champ 
zテゥtテゥtique. Il est dテサ テ Jackson et Jumper sur le ツォ suaire ツサ dit de Turin :  

ツォ Jackson & Jumper ont recouvert d窶冰n drap un volontaire choisi pour sa ressemblance 
avec l窶冓mage du ツォ linceul ツサ), puis ils ont mesurテゥ les distances corps-tissu en de nombreux 
points ; ces donnテゥes ont ensuite テゥtテゥ mises en relation avec les diffテゥrences de densitテゥ 
relevテゥes sur l窶冓mage du ツォ saint-suaire ツサ. Les premiers essais pour reconstituer une 
reprテゥsentation en volume de l窶 ツサhomme du suaire ツサ montraient une figure humaine assez 
distordue. Pour en amテゥliorer l窶兮spect, la disposition de drap sur le volontaire a テゥtテゥ 
changテゥe de maniティre テ affiner le rテゥsultat (l窶兮rgument テゥtait sans doute : aprティs tout, personne 
ne sait comment ce suaire a テゥtテゥ drapテゥ sur un coprps dans une tombe en Palestine, il y a 
presque 2000 ans !). On modifia テゥgalement, de faテァon 

ad hoc

, d窶兮utres paramティtres de cette 

fameuse analyse, jusqu窶凖 obtenir une figure offrant un aspect humain, exceptテゥ pour une 
chose : si le visage est ajustテゥ pour un relief normal, le corps apparaテョt en bas-relief. ツォ 

Ce que 

Jackson et Jumper ont dテゥmontrテゥ, c窶册st qu窶冓ls peuvent obtenir une bonne corrテゥlation entre la densitテゥ de 
l窶冓mage sur le suaire et la distance linge-corps correspondante qu窶冓ls obtiennent quand un modティle humain 
de la taille appropriテゥe est recouvert d窶冰n linge drapテゥ de maniティre テ optimiser le rテゥsultat. 

ツサ (Mueller MM., 

1982, 

The shroud of turin : a critical appraisal

, Skept Inq. 6 (3) p. 92). (窶ヲ) la ツォ demonstration ツサ 

de J & J pティche par un cテエtテゥ : 

elle exige que l窶冩n admette au dテゥpart ce qu窶册lle entend prouver

 ツサ (Broch 

1989, pp. 57-58). 
 

窶「

 

La torsion de barres 

Blanrue raconte :  

ツォ Les sempternelles dテゥclarations, dans toute expテゥrience sur un ツォ sujet psi ツサ, visant テ faire 
prendre en compte le fait que le sujet ait テゥchouテゥ lors de tests destinテゥs テ dテゥterminer si 
l窶冑abiletテゥ ou la force nテゥcessaire au trucage テゥtaient prテゥsentes chez lui. Pour tout bon 

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267

tordeur (de petites cuilllティres ou autres ustensiles) dont on veut dテゥmontrer l窶冑onnテェtetテゥ, on 
trouve des tests de ce type :  
a. on admet que M. Tordant ne triche pas (cette ツォ hypothティse ツサ est trティs souvent sous-
entendue !) 
b. le pauvre ツォ sujet psi ツサ n窶兮 pas rテゥussi テ tordre par sa seule force physique les barres de 
mテゥtal qu窶冩n lui prテゥsentait テ cet effet, 
c. ces barres, par contre, ツォ se ツサ sont tordues lorsqu窶冓l s窶册st simplement concentrテゥ dessus,  
d. conclusion : ces barres n窶冩nt 

donc

 pu テェtre tordues 

que 

par son pouvoir ツォ psi ツサ. 

e. re-conclusion : M. Tordant n窶册st pas un tricheur. ツサ (Blanrue, 

in 

Broch 2001, 

ouv.citテゥ, 

pp. 

196-197).

263

 

 

窶「

 

Mテゥta-analyse psi 

La dテゥmonstration de Broch mテゥrite d窶凖ェtre exposテゥe en son ensemble. 

ツォ La 

"mテゥta-analyse"

, voilテ le nouveau credo. En analysant, avec un peu de recul, avec un 

peu de "hauteur", les donnテゥes de plusieurs expテゥriences sur les pouvoirs-psi (et, notez-le 
bien, aussi ahurissant que cela paraisse mテゥthodologiquement parlant : pas forcテゥment sur 
le 

mテェme

 type d'expテゥriences !) des parapsychologues clament qu'ils ont fait la preuve de 

l'existence desdits pouvoirs. 
Leur argumentation est la suivante : il est impossible que, par pur hasard, l'on obtienne 
autant d'expテゥriences positives en faveur du psi et l'argument des sceptiques disant que "de 
nombreuses expテゥriences ayant donnテゥ des rテゥsultats nテゥgatifs n'ont, elles, pas テゥtテゥ publiテゥes" 
n'est pas recevable car la mテゥta-analyse permet de dテゥmontrer 窶 

dixerunt

 toujours les 

parapsychologues 窶 que ces expテゥriences nテゥgatives devraient テェtre en nombre trティs trティs 
important, ce qui ne peut objectivement テェtre le cas. 
Avant de se lancer dans de savants 窶 et forts longs ! 窶 calculs de statistiques pour 
vテゥrifier une affirmation ou une autre, il est bon de rテゥflテゥchir quelques instants et de faire 
travailler nos neurones. 
Les parapsychologues se livrant テ la mテゥta-analyse posent la question ainsi : "

Quel est le 

nombre N d'expテゥriences non publiテゥes, donnant une valeur moyenne m, qui devraient exister pour que les 
n expテゥriences rテゥussies publiテゥes et reprテゥsentant un テゥcart significatif テ cette moyenne m (et prises comme 
preuves de la validitテゥ de pouvoirs-psi) soient dues uniquement au hasard avec une bonne probabilitテゥ ?"

Aprティs de savants calculs qui en jettent plein la vue au public テゥbahi et aux 
parapsychologues provinciaux, ils en arrivent テ la conclusion suivante : ce nombre N 
serait littテゥralement immense et donc cela dテゥmontre qu'un tel nombre d'expテゥriences non 
publiテゥes n'est pas rテゥaliste et n'existe donc pas. 
Re-conclusion : les pouvoirs-psi sont テゥgalement dテゥmontrテゥs par la mテゥta-analyse des 
donnテゥes disponibles, mテゥta-analyse qui montre que ces rテゥsultats ne peuvent pas テェtre dus 
au hasard. (窶ヲ)  
Pour que le raisonnement soit correct, il faut procテゥder diffテゥremment. Il ne faut 

pas

 

chercher le "nombre N d'expテゥriences non publiテゥes, de moyenne 

m

, qui devraient exister" 

                                                 

263

. Les intテゥressテゥs feront le lien entre M. Tordant et le mテゥdium Jean-Pierre Girard. Se rテゥfテゥrer テ Broch (2002) 

ouv.citテゥ, 

 

pp. 215-233. 

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268

car 

cela reviendrait ipso facto テ dire

, avant tout calcul et toute interprテゥtation du rテゥsultat de ce 

calcul, que les 

n rテゥsultats positifs publiテゥs que l'on veut tester sont dテゥjテ hors de la population que l'on 

テゥtudie et donc dテゥjテ "hors-normes", dテゥjテ "extraordinaires" !

 ツサ.  

En effet, cela signifierait que 

sans

 les prendre en compte le rテゥsultat moyen est 

m

. C'est une 

grave erreur de raisonnement, un vテゥritable Effet cerceau (voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet 

cerceau

) dans lequel on impose ainsi tout simplement au dテゥpart ce que l'on entend 

dテゥmontrer. En effet, si l'on veut tester si les 

n

 rテゥsultats positifs publiテゥs sont des rテゥsultats 

obtenus par hasard au sein d'une population donnテゥe, il faut bien テゥvidemment (je dis bien 
"il faut" ; cela est une obligation et non un simple souhait ou une simple possibilitテゥ) que 
ce soit la moyenne de cette population totale qui soit テゥgale テ 

m

 et non le seul sous-

ensemble des rテゥsultats non publiテゥs. 
Il faut que, lorsque l'on regroupe toutes les expテゥriences (c'est-テ-dire N expテゥriences non 
publiテゥes + 

n

 expテゥriences rテゥussies publiテゥes), l'on obtienne alors 窶 et alors seulement 窶 

une moyenne de valeur 

m

En d'autres termes, le nombre N d'expテゥriences que l'on cherche ne doit concerner que 
des expテゥriences dont le rテゥsultat est une valeur 

infテゥrieure 

テ la moyenne 

(Du "psi-missing" 窶 pour reprendre la ridicule position de repli de parapsychologues en 
dテゥroute 窶 en quelque sorte !) 
Et dans ce cas-lテ, le nombre N recherchテゥ est テゥvidemment beaucoup plus restreint et 
l'existence d'un tel nombre d'expテゥriences nテゥgatives deviendra ainsi beaucoup plus 
probable ! 
Il semblerait que les grands mテゥta-analystes parapsychologues de service aient oubliテゥ ce 
trティs lテゥger dテゥtail. 
Et tant qu'ils n'auront pas menテゥ leurs chティres テゥtudes mテゥta-analytiques de cette 

seule correcte

 

faテァon 窶 ce qui n'est, pour l'instant, pas le cas 窶 il est tout テ fait inutile de discuter ne 
serait-ce que d'un iota de leurs rテゥsultats. ツサ

 264

 

 

窶「

 

Statut de l窶兮strologie, dans la thティse d窶僞lizabeth Teissier 

Comme le souligne encore Broch, une prテゥsupposition est constante dans tout le discours de 
l窶兮strologue : ツォ 

Vous n'テェtes pas astrologue donc vous ne pouvez pas parler avec compテゥtence d'astrologie 

ツサ. Broch 

poursuit en prテゥcisant qu窶 ツォ 

avant de dテゥfinir la compテゥtence d'une personne en un domaine scientifique, encore 

faut-il que ce domaine en soit un, ce qui n'est pas le cas de l'astrologie !

 ツサ.  

Ses tournures de phrases prテゥsupposent nテゥcessairement la validitテゥ de l'astrologie. Nous sommes 
ainsi face テ un magnifique "effet cerceau" global dans lequel on suppose au dテゥpart ce que l'on 
entend dテゥmontrer ensuite (voir 4.3.5.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

). 

 

4.4

 

Ips de type III : Ips scテゥnaristiques 

 
Dernier type d窶僮ps que nous souhaitons aborder : les scテゥnarisations de la connaissance. 
Nous entendons par 

scテゥnario

 la mise en scティne de la connaissance selon une trame narrative 

                                                 

264

 Broch, 

la mテゥta-analyse en parapsychologie ?

http://www.unice.fr/zetetique/articles/HB_meta_analyse.html

  

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269

particuliティre, et 

Ips scテゥnaristique

 la mise en scティne promouvant une reprテゥsentation de type 

pseudoscientifique, non-scientifique ou philosophique non matテゥrialiste d窶冰ne connaissance 
prテゥsentテゥe au public. 
Si scテゥnariser la science, par le caractティre affectivement stimulant, facilite beaucoup l窶兮ppropriation 
des faits prテゥsentテゥs, cela contribue aussi テ ancrer les misconceptions, voire テ dテゥvoyer l窶册ntreprise 
d窶凖ゥducation scientifique (figure 100). Les scテゥnarios dテゥveloppテゥs sont, contre toute attente, trティs 
souvent les mテェmes pour un champ de connaissance donnテゥ, et ツォ figent ツサ les objets (trou noir = 
ogre tapi dans l窶冩mbre, par exemple). Outre le problティme des dテゥviations pseudoscientifiques que 
nous allons aborder ci-dessous, la rテゥgularitテゥ scテゥnaristique que nous avons dテゥcouverte pose le 
problティme du stテゥrテゥotypage et de la fabrication des prテゥjugテゥs sur la science et son テゥpistテゥmologie. 
Prテゥcisons qu窶冓l ne s窶兮git pas ici de stigmatiser une profession ou une classe professionnelle en 
particulier, mais de pointer que dans la longue chaテョne d窶兮cteurs allant de la production du savoir テ 
l窶兮ppropriation de celui-ci par la population, existe une grande dilution de la responsabilitテゥ. 
 

 

 

 

 

 

 
 

Figure 100 : Transposition du savoir savant テ sa rテゥcテゥption. 

 
Nous allons tout d窶兮bord brosser briティvement quelques-uns des registres majeurs de scテゥnarisation 
mテゥdiatique de la connaissance. Puis nous aborderons la notion de 

carpaccio

 et une partie des 

diverses scテゥnarisations qu窶冩ffre le paysage mテゥdiatique des sciences. 
 

4.4.1

 

Registres 

L'intention de communication et l'action exercテゥe sur le rテゥcepteur permettent de classer les 
registres (ou tons) du texte argumentatif, qui, contrairement au texte lui-mテェme, dテゥsigne la nature 
particuliティre de l'テゥmotion que le texte vise テ communiquer indテゥpendamment du ツォ genre ツサ dans 
lequel il s'inscrit. Nous souhaitons pointer du doigt le fait qu窶冰tiliser un registre permet d窶冓ncliner 
affectivement plutテエt que de convaincre par l窶兮rgumentaire, de la mテェme maniティre que les 
accentuations des Ips lexicaux pouvaient le faire. 
Cette volontテゥ de persuader s'accompagne d'une action plus ou moins explicite sur la sensibilitテゥ du 
lecteur qu'elle s'efforce de gagner par le pouvoir de suggestion des images, quelles soient mentales 
ou photographiques (ce que Broch appelle, plagiant Paris-Match, 

le poids des mots, le choc des photos

). 

Voici quelques variantes de registres que nous avons croisテゥes dans les mテゥdias de type scientifique, 
et pouvant distordre le message par un appel テ la sensibilitテゥ plutテエt qu窶兮u fait. 

 

4.4.1.1

 

Le registre laudatif 

Appartenant au genre テゥpidictique, le registre laudatif se caractテゥrise par l'abondance des 
qualificatifs mテゥlioratifs et des exclamations admiratives. C'est le ton de l'テゥloge, du panテゥgyrique, de 
l'oraison funティbre, et l窶冩n y retrouve ainsi les procテゥdテゥs rhテゥtoriques capables de provoquer 
l'adhテゥsion morale du public aux vertus qu'on entreprend de prテエner : modalisateurs de la certitude, 
exclamations admiratives, テゥnumテゥrations de qualitテゥs et avantages. Pratiquement toutes les 

Production du 

savoir savant 

Lissage et 
apprテェt de la 
connaissance 
pour la 

publication 

Choix 
mテゥdiatique et 
mise en scティne 

de ce savoir 

Rテゥception du 

savoir 

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270

publicitテゥs テ consonance scientifique 窶田'est-テ-dire qui vantent un produit selon un argumentaire de 
preuve ou d窶册fficacitテゥ 窶 fonctionnent sur ce registre.  
Nous retrouvons le registre laudatif employテゥ テ des fins de distorsion volontaire du message :  

dans la prテゥsentation de personnages ツォ experts ツサ テ la tテゥlテゥvision : exemple utilisテゥ en cours, 
celui du pティre Brune, spテゥcialiste de la TCI avec les dテゥfunts, dans l窶凖ゥmission 

Y a pas photo

dans l窶兮chalandage d'un produit : prテゥsenter la crティme hydratante Yves Rocher テ l窶僊DN 
vテゥgテゥtal sous des dehors non seulement complexes (ADN vテゥgテゥtal), mais proches de la 
nature (images vertes, palmeraie, jungle) comme une avancテゥe importante du cosmテゥtique 
est un exemple de mise en scティne laudative sans fondement

265

Dans la prテゥsentation d窶冓dテゥologies pseudo-thテゥrapeutiques ou pseudo-psychologiques : 
les articles de 

Psychologies

, par exemple, vantent toute pseudo-thテゥrapie corroborant un 

quelconque cachet non-scientifique, en employant naturellement un lexique mテゥlioratif 
et des images valorisantes (voir 4.4.3.11 

Autres scテゥnarios

). 

dans la prテゥsentation テゥlテゥgiaque des mテゥrites d'un personnage lors d窶冰n テゥloge funティbre. La 
tendance est, lorsqu窶冰ne personne est dテゥcテゥdテゥe, テ trouver toutes les excuses, les 
pretextes et les qualificatifs laudatifs pour bテ「tir une image embellie. (voir 4.3.3 

L窶兮rgument d窶冑istoricitテゥ

). Ce procテゥdテゥ est aussi テ l窶卩砥vre dans la prテゥsentation des fameux 

ツォ martyrs de la science ツサ, ou ツォ gテゥnies incompris ツサ, qui sont parfois on ne peut plus 
vivant au moment de l窶凖ゥloge. 

 

4.4.1.2

 

Le registre polテゥmique / ironique 

Celui-ci (du grec 

polemos

 guerre) se caractテゥrise par une modalisation trティs nette de la certitude et 

des テゥvaluatifs pテゥjoratifs. C'est le ton du pamphlet, de la satire, dont l'arme essentielle est l'ironie, 
que l窶冩n trouve assez peu dans la presse scientifique. On le retrouve par contre assez souvent テ la 
tテゥlテゥvision, dans les dテゥbats, en des stratテゥgies ツォ gluantes ツサ, car elle place le rテゥcepteur dans une 
relation de complicitテゥ et qu'elle le contraint テ faire la moitiテゥ du chemin dans l'adhテゥsion テ la thティse. 
Celle-ci se dissimule en effet derriティre une formulation strictement inverse et le lecteur doit テェtre 
sensible aux indices qui le lui signalent. 
Phrase-type : ツォ 

Vous allez me dire que tous ceux qui prennent de l窶冑omテゥopathie sont des imbテゥciles !

 ツサ. 

Les magazines 

Psychologies 

et 

Alternatives Santテゥ

, entre autres, sont friands de ce genre d窶册xclamations 

lorsqu窶冓l est question de la science ou de la contestation de la psychanalyse. 
 

4.4.1.3

 

Le registre injonctif 

Il se caractテゥrise par une volontテゥ de mobilisation du rテゥcepteur : impテゥratifs, apostrophes, 
interrogations oratoires qui suggティrent les rテゥponses. C'est le ton du discours publicitaire ou 
propagandiste. Nombre de publicitテゥs fonctionnent sur ce registre aussi. Les tテゥlテゥ-テゥvangテゥlistes 
amテゥricains misent beaucoup sur ce registre pour galvaniser les foules. 
 

                                                 

265

 Puisque ADN vテゥgテゥtal et animal sont indissociables, l窶僊DN テゥtant une macromolテゥcule qui, dans un cosmテゥtique, ne 

peut passer lテゥgalement l窶凖ゥpiderme ; des テゥtudiants de pharmacie ont montrテゥ que le prix du produit est 

faramineusement plus テゥlevテゥ que son vテゥritable contenu ne le laisserait accroire. Voir 

Le Miracle de l窶僊DN vテゥgテゥtal

, de

 

Aude Le Roy, Hテゥloテッse Debeaux, Anne-Laure Betegnie, Cours Monvoisin, Pharmacie L2, 2006. 
 

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271

4.4.1.4

 

Le registre lyrique 

On trouvera dans ce registre tout le vocabulaire de l'テゥmotion en relation avec les grands thティmes 
lyriques : amour, mテゥlancolie, nostalgie, bonheur, extase, communion avec la nature... La fonction 
expressive est テゥvidemment dominante et alterne avec la fonction impressive qui mobilise le 
rテゥcepteur et l'invite テ partager la ferveur.  
La littテゥrature Nouvel テHe comme celle de Jacques Salomテゥ, spirito-introspectionnelle, comme 

Nouvelles Clテゥs

, affectionnent ce registre. 

 

4.4.1.5

 

Le registre テゥpique 

Il consiste en la cテゥlテゥbration des prouesses et des exploits. Le lexique y est guerrier, hテゥroテッque, 
militaire. L'exaltation des vertus hテゥroテッques s'inscrira aussi dans le vocabulaire mテゥlioratif des 
qualitテゥs morales (sacrifice, テゥnergie, honneur, hauteur stoテッque) que l窶冩n attend de l窶兮rchテゥtype du 
hテゥros civilisateur. Parce qu'il est confrontテゥ テ des obstacles surhumains ou des dテゥchaテョnements 
cosmiques, le hテゥros テゥpique est souvent accompagnテゥ d'un vocabulaire mythologique et panthテゥiste. 
La forme vise テ susciter l'admiration et concoure donc, par les ressources de la description, テ 
amplifier les forces en prテゥsence. Dressテゥes l'une contre l'autre de maniティre manichテゥenne, elles sont 
violemment mises en valeur par l'ampleur des phrases, les verbes de mouvement en cascade, les 
rythmes (anaphores). Les images sont choisies parmi celles de l'amplification (hyperboles, 
gradations) et de l'analogie (personnifications, allテゥgories mythologiques). 
La description des fondateurs mythiques de disciplines pseudoscientifiques passent par ce 
registre, tout comme les descriptions de courants pseudo-thテゥrapeutiques se revendiquant テ 
contre-courant de la science : Hahnemann, Peczely, Burger, Bach, etc. 
En gテゥnテゥral, s窶凉 greffent un fort passテゥisme et un テゥloge de l窶兮nciennetテゥ. 
 

4.4.1.6

 

Le registre fantastique 

L'atmosphティre fantastique est destinテゥe テ susciter l'inquiテゥtude, et le vocabulaire saura pour cela 
maintenir l'ambiguテッtテゥ (termes テ double sens, lexique de l'incertitude) et caractテゥriser constamment 
le trouble du personnage, confrontテゥ テ des phテゥnomティnes inexplicables, par le lexique de l'テゥtrange et 
le champ lexical de l窶兮ppel テ la peur. 
 
D窶兮utres registres existent, mais nous ont semblテゥ moins reprテゥsentテゥs. Dテゥceler le registre 
prテゥdominant d窶冰n article de presse est un exercice intテゥressant sur un plan pテゥdagogique, et trティs 
facile テ mener. Nous ne mettrons pas d窶册xemple. 
 

4.4.2

 

Scテゥnarios, carpaccios et fabrication factice d窶冓ntテゥrテェt 

Nous entendons par scテゥnario la mise en scティne de la connaissance selon une trame narrative 
particuliティre. Si scテゥnariser la science facilite beaucoup l窶兮ppropriation des faits prテゥsentテゥs, les 
scテゥnarii dテゥveloppテゥs sont, contre toute attente, trティs souvent les mテェmes pour un champ de 
connaissance donnテゥ, et supportent rテゥguliティrement des postures philosophiques implicites : 
anthropomorphisme et animisme pour les phテゥnomティnes テゥcologiques et pour l窶兮strophysique, 
tテゥlテゥologie pour la cosmologie et l窶凖ゥvolution, etc. 
 

background image

 

 

 

 

 

272

4.4.2.1

 

La technique du Carpaccio  

Nous empruntons la notion de 

carpaccio

 employテゥe par Burnier et Rambaud pour illustrer la 

fabrication de l窶冓nformation journalistique.  
 

Le carpaccio sert テ embellir les menus : une salade de tomates en rondelles est un 
carpaccio de tomates.  
ツォ A l'origine, au Harry's bar de Venise, le carpaccio remplaテァait テ l'italienne le steak tartare 
que rテゥclamaient les clients : il s'agit d'un filet de bナ砥f cru tranchテゥ en lamelles trティs fines 
qui, de rouge, devient brun sous l'effet oxydant du citron. Il prend alors cette teinte 
distinctive du peintre Victor Carpaccio (1450-1525) d'oテケ son nom. Par suite, les 
restaurateurs qui voulaient faire "joli" dテゥtournティrent le terme pour l'appliquer au saumon 
cru, puis テ tout ce qui se coupe se tranche. Champignons, courgettes, tomates, foie gras, 
etc. ツサ (Brunier & Rambaud 1999) 

 
Aussi bien en sテゥquence d窶册nseignement que par la suite, nous parlerons de 

carpaccio

 pour dテゥsigner 

les processus d窶册xposition de connaissance dont le seul intテゥrテェt rテゥside dans leur scテゥnarisation, bien souvent 
stテゥrテゥotypale

. Un carpaccio est テ la connaissance scientifique ce que le lieu commun est テ 

l窶冓nformation classique, ce que la romance est au film hollywoodien : un apparat sテゥduisant, mais 
vide, qui faテァonne テ la longue le goテサt des consommateurs de vulgarisation scientifique. Le 
carpaccio a semble-t-il des vertus apテゥritives, pour ne pas dire publicitaires. 
Bien qu窶冓ls ne soient pas forcテゥment spテゥcifiques de chaque mode, les carpaccios s窶冓nscrivent dans 
les trois grands modes de scテゥnarisation que nous avons distinguテゥs :  

窶「

 

Le mode テゥvテゥnementiel, que l窶冩n pourrait qualifier de dテゥmagogique 

窶「

 

Le mode mテゥtaphysique 

窶「

 

Le mode politique 

 

Nous n窶兮borderons les modes mテゥtaphysiques et politiques que de maniティre succincte, par souci de 
place : en effet leur traitement exhaustif nテゥcessiterait une thティse テ part entiティre, et c窶册st テ regret que 
nous nous contenterons ici de survoler ces aspects certainement parmi les plus dテゥlテゥtティres de la 
communication des sciences. 
 

4.4.3

 

Le mode テゥvテゥnementiel : l窶兮rt de crテゥer le scoop 

Nous avons dテゥjテ abordテゥ la fabrication de l窶凖ゥvenementiel au chapitre 3. Nous allons dans cette 
partie survoler quelques-uns seulement des scテゥnarios qui prテゥsident テ cette fabrication. Nous ne 
les abordons pas tous ici, faute de place, mais nous テゥnumテゥrerons les plus importants テ prテゥsenter 
dans un cadre enseignemental. 

 

4.4.3.1

 

Scテゥnario sテゥcuritaire 窶 appel テ la peur 

L窶兮ppel テ la peur est l窶冰n des stratagティmes les plus faciles テ exploiter pour attirer l窶兮ttention. Il 
suffit de jouer sur une peur communテゥment rテゥpandue (peur alimentaire, peur des catastrophes 
naturelles, peur des insectes, peur des maladies) pour gテゥnテゥrer l窶冓ntテゥrテェt. La trame est gテゥnテゥralement 
sテゥcuritaire, de la forme  
 

ツォ X catastrophe / menace annoncテゥe ->la solution pour la prテゥvenir ツサ 

background image

 

 

 

 

 

273

solution liテゥe bien entendu テ l窶兮chat du mテゥdia. Annoncテゥe sous forme de scoop, ce genre de 
montage narratif donne le sentiment au consommateur d窶凖ェtre non seulement alertテゥ, mais d窶兮voir 
une chance d窶凖ェtre prテゥmuni puisque faisant partie des ツォ initiテゥs ツサ avertis テ temps. Qui veut savoir de 
quoi il en retourne doit ensuite consommer le mテゥdia. 
 
Prenons quelques exemples brossテゥs rapidement : 

窶「

 

Hormones et antibiotiques dans votre assiette 

 

 

 

Figure 101 : scテゥnario sテゥcuritaire alimentaire dans S&Av, septembre 1997 

 
Cet extrait de la couverture de 

S&Av

 de Septembre 1997 utilise un scテゥnario sテゥcuritaire (figure 

101). Celui-ci se dテゥcompose en un certain nombre d窶凖ゥlテゥments. 

Les stテゥrテゥotypes culturels

 :  

 

le rejet des hormones et des antibiotiques (qu窶冓l soit justifiテゥ ou non) 

La simplification et la diabolisation 

:  

hormones et antibiotiques jouissent d窶冰ne mauvaise rテゥputation univoque, extrテェmement 
simplifiante. Les gens qui ont choisi cet article sテゥcrティtent (nous l窶册spテゥrons) des hormones, 
et テァa leur est gテゥnテゥralement bien utile. De mテェme pour le traitements antibiotiques dans une 
certaine classe de pathologies bactテゥriennes. 

La double pensテゥe magique essentialiste 

:  

l窶兮nimal mange des hormones -> viande contaminテゥe -> consommation de cette viande -> 
individu contaminテゥ  
On rテゥsume l窶凖ェtre qui a produit la viande (le bナ砥f par exemple) au produit consommテゥ par 
cet テェtre qui a produit cette viande, puis on laisse accroire que la consommation de cette 
viande transmet le produit et donc contaminerait le consommateur (nous, puisque il est 
volontairement prテゥcisテゥ que c窶册st notre assiette). Fort heureusement, si c窶册st parfois le cas 
(certaines radioactivitテゥs, certaines substances comme le mercure, certaines hormones) 
consommer la viande d窶冰n animal ayant absorbテゥ un produit ne se rテゥsume pas 
systテゥmatiquement テ consommer soi-mテェme ce produit. Manger du bナ砥f qui broute parfois 
malencontreusement des insectes ne revient pas テ manger des insectes. 

Un effet impact visuel

 :  

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274

la

 

pensテゥe magique

 

est renforcテゥ par l窶凖ゥcriture dans l窶兮ssiette du terme danger, classique de 

la pensテゥe magique de 

similitude

266

.  

Un complotisme 

:  

la trame sous-jacente de ce slogan de couverture est qu窶冩n ツォ vous ツサ place ces produits 
dans ツォ votre ツサ assiette テ ツォ votre ツサ insu. 

 

窶「

 

Alerte テ l'astテゥroテッde 

 
 

 
 
 

 

 
 
 
 

Figure 102 : Alerte テ l窶兮stテゥroテッde, AFP, 25 juillet 2002 

La 

menace テ l窶兮stテゥroテッde

 (figure 102) est un marronnier : si l窶冩n cherche sur un moteur Internet avec 

les mots clテゥs 

menace 

et 

astテゥroテッde

, on trouve immテゥdiatement des alertes pour 2009, 2014, 2023 et 

2036, suffisamment pour faire encore quelques bonnes dテゥpテェches AFP. 
 

         

 

Figure 103 : Deux exemples misant sur le complot et le ツォ on nous cache tout ツサ. 

                                                 

266

 Nous consacrons une sテゥquence d窶册nseignement la pensテゥe magique. Frazer, 

the golden Bough

, et Mauss, bien 

entendu, 

Esquisse d'une thテゥorie gテゥnテゥrale de la magie

 (1902), mais surtout les rテゥcents dテゥveloppements de Paul Rozin, dont 

sa fameuse exテゥprience de la mouche. Voir par exemple Rozin, P., & Nemeroff, C.J. (1990). 

The laws of sympathetic 

magic: A psychological analysis of similarity and contagion

. In J. Stigler, G. Herdt & R.A. Shweder (Eds.), 

Cultural Psychology: 

Essays on comparative human development

 (pp. 205-232). 

Alerte テ l'astテゥroテッde le 1er fテゥvrier 2019 

LONDRES (AFP)

 - Un astテゥroテッde susceptible de 

provoquer des dテゥgテ「ts sans prテゥcテゥdent a une chance sur 60.000 de frapper la Terre le 1er 
fテゥvrier 2019, selon des テゥtudes de scientifiques amテゥricains et britanniques.  

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275

 

      

 

 

Figures 104 a & b : impossible de trouver une Vulgarisation sur les trous noirs sans un anthropomorphisme 

naテッf et recourant テ l窶兮ppel テ la peur ; テ croire que les trous noirs n窶冓ntテゥressent le public que lorsqu窶冓ls se font croque-

mitaines ou ogres. 

 

  

Figure 105 : notre galaxie est une cannibale, S&Av d窶冩ctobre 2001. 

 
La scテゥnarisation sur les trous noirs (figures 104 & 105) n窶册st pas anodine puisqu窶册lle est窶ヲ 
toujours la mテェme. L窶兮nthropomorphisme est immanquablement prテゥsent, et mテェme lorsqu窶冓l est 
ツォ gテ「teux ツサ (figure 104 b), le trou noir est ツォ excentrique et cruel ツサ, comme dans ce 

S&Av

 d窶冩ctobre 

2001. Quant aux magnテゥtars, ils sont les vテゥritables croquemitaines de l窶冰nivers : 

Monstres de l窶册space 

窶 les magnテゥtars sortent de l窶冩mbre

 est un titre classique. 

L窶兮strophysique et la cosmologie sont un parfait creuset pour ces scテゥnarios inquiテゥtants. En 
suscitant la peur, elles gテゥnティrent des rテゥactions affectives parfois surprenantes (comme l窶冑istoire du 
LHC et de son trou noir laborantin, ayant terrifiテゥ l窶儖pinion Publique).  
Relevons cette construction intテゥressante que cette couverture (figure 106 a), qui pose une 
question de type 

Plurium interrogationum 

(voir 4.2.6.4). Le glissement entre mテゥdicaments et 

industries est aussi frappant que facile, et permet une dテゥpolitisation flagrante du problティme : rien 
d窶凖ゥtonnant テ ce que les opposants aux comportements inadmissibles de certaines industries 
optent pour la non-prise de mテゥdicaments, en un 

faux dilemme

 (voir 4.2.6.4) entretenu 

rテゥguliティrement par la presse sur fond d窶兮ppel テ la peur. 

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276

 

       

 

a)  

 

 

b) 

 

    

 

c)  

 

 

d) 

Figures 106 : テ en croire S&V, nous devrions fuir. Mais oテケ ? 

 
Quelle que soit la discipline, la transformation en un scテゥnario alertant le lecteur est monnaie 
courante et trティs simple テ rテゥaliser, par une extrapolation テ l窶册xtrテェme (figures 106 a, b, c & d). Que 
la validitテゥ de l窶兮lerte soit faite ou non, c窶册st une prise en tenaille morale pour l窶冓ndividu, la stratテゥgie 
テゥtant de jouer sur la peur et テゥventuellement la culpabilitテゥ d ne pas se prテゥmunir. Chaque substance 
comsommable テゥtant trティs simplement diabolisable, il est trティs simple de crテゥer un scテゥnario alerte sur 
un produit controversテゥ. La liste est longue, depuis le lait, les tテゥlテゥphones portables, le wi-fi, le 
cholテゥsterol, les colorants alimentaires, les OGM, etc.  
Une excellente mテゥthode pour se ツォ prテゥmunir ツサ de ces scテゥnarisations est de relire de vieux numテゥros 
d窶冓l y a dix, quinze ou vingt ans. Non seulement on se rend compte de la rテゥcurrence des thティmes, 
mais en outre on ツォ dテゥgonfle ツサ les baudruches lorsqu窶冩n voit le nombre d窶兮lertes qui ne se sont 
jamais rテゥalisテゥes. 

 

4.4.3.2

 

Carpaccio ツォ alerte ツサ 

Le carpaccio est de la forme ツォ 

Alerte : catastrophe / menace annoncテゥe

 ツサ.  

Sous-entendu : ツォ 

La solution, lisez vite !

 ツサ 

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277

C窶册st un carpaccio puisqu窶冓l suffit gテゥnテゥralement d窶册xtrapoler l窶冓nformation dans ses consテゥquences 
les plus graves, ou de rattacher l窶冓nformation テ un risque potentiel pour quelque chose ou 
quelqu窶冰n d窶冓ntime pour avoir matiティre テ scテゥnarisation. 
 
Donnons-en quelques illustrations :  

 

 

 

Figure 107 : climat fou et テゥquilibre rompu, les deux grands marronniers テゥcologiques. 

 

Science&Vie

 fait sa couverture sur une alerte : Climat, l窶凖ゥquilibre est rompu (figure 107). 

S&Av

du mテェme mois, fait テゥgalement son alerte en un 

deus ex machina 

et un anthropomorphisme 

simpliste (ツォ Climat fou ツサ). La question qui est posテゥe est un 

faux dilemme

 (voir 4.2.6.4). 

 

 

Figure 108 : ツォ Dieu contre Darwin, la thテゥorie de l窶凖ゥvolution est-elle menacテゥe ? ツサ.  

 

La Recherche

 titre en mars 2006 : ツォ 

Dieu contre Darwin, la thテゥorie de l窶凖ゥvolution est-elle menacテゥe ?

 ツサ (figure 

108).  
Relevons au passage :  
- une question doxique ;  

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278

- un faux dilemme ; 
- un carpaccio alerte ; 
- un scテゥnario ツォ combat ツサ, plaテァant le scテゥnario thテゥiste sur un mテェme plan que la thテゥorie de 
l窶凖ゥvolution ; 
- une accentuation lapidaire (Dieu, Darwin) ; 
- un transformation d窶冰n enjeu politique (l窶册nseignement de la Crテゥation) en controverse 
scientifique. 
Remarquons qu窶冓l est trティs simple d窶冓llustrer ce carpaccio tant chaque jour se renouvelle le lot. 
Dans la presse francophone, en ne se contentant que des alertes ツォ scientifiques ツサ, nous 
recensons テ l窶冑eure d窶冓mprimer :  

Tanzanie : une 

alerte

 au virus Ebola pour les zones frontaliティres 

(Xinhua, 19 sept 2007) 

L窶

alerte

 vient du Grand Nord

 (テ propos d窶冰n glacier qui fond) (Riskassur, Quotidien des 

Risques et des Assurances, 20 sept 2007) 

L'Afrique en テゥtat d'

alerte

 テ cause d'inondations

 (AFP, 18 sept 2007) 

CSA International diffuse une 

alerte

 de sテゥcuritテゥ

 (CNW, 20 sept 2007) 

Les cテエtes pacifiques sud-amテゥricaines seront frappテゥes par un tsunami

 (Le Monde, 20 sept 2007) 

Indonテゥsie: le systティme d'

alerte

 aux tsunamis reste incomplet 

(AFP, 20 sept 2007) 

Outil pratique テ utiliser, nous renvoyons テ la fiche ツォ DHMO, alerte, jargon ツサ (voir Annexe 窶 fiche 
pテゥdagogique Nツー7). 
 

4.4.3.3

 

Variante : scテゥnario sテゥcuritaire 

ad baculum

 ou 

repoussoir 

Nous retrouvons dans cette variante une trame narrative calquテゥe sur 

l窶兮rgumentum ad baculum

  

Scテゥnario sテゥcuritaire :  
 

ツォ X catastrophe / menace annoncテゥe->la solution pour la prテゥvenir est Y ツサ 

La thティse que l窶冩n veut dテゥfendre (ici Y) n窶册st pas prテゥalablement prテゥsentテゥe. C窶册st la thティse connue 
comme opposテゥe テ la premiティre qui va テェtre mise テ mal, en n窶册n prテゥsentant que les aspects 
choquants ou en la poussant dans ses consテゥquences extrテェmes.  
Jouant sur des oppositions traditionnelles pas toujours justifiテゥe entre les deux 
(homテゥopathie/allopathie, antibiotiques/remティdes naturels, occident/orient窶ヲ), les consテゥquences 
de la thティse mise テ mal sont prテゥsentテゥes dans un scテゥnario catastrophe dont on apporte 
implicitement ou explicitement la solution ou l窶兮lternative. Il arrive mテェme que cette mテゥta-solution 
soit la ligne テゥditoriale du mテゥdia : courants テゥcologisants, Nouvel テHe, pro-mテゥdecines dites 
ツォ alternatives ツサ et mouvements politiques sテゥcuritaires sont assez consommateurs de cette 
scテゥnarisation. 
Voici un exemple de la construction de ce scテゥnario :  

1. Je veux dテゥfendre les ツォ mテゥdecines douces ツサ 
2. Je sais que la population oppose traditionnellement ツォ mテゥdecines douces ツサ et ツォ mテゥdecine 
scientifique ツサ 
3. Alerte : 

catastrophe / menace annoncテゥe, les mテゥdicaments font mourir 

4/ La solution ? Lisez vite, la solution est dans le magasine (Bio contact, 

Alternatives Santテゥ

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279

 

Figure 109 : publicitテゥ Pfizer effrayante, encartテゥe dans S&V en 2004 

 
Cette publicitテゥ Pfizer (figure 109) qui se grime en alerte santテゥ fabrique un chantage moral sur le 
lecteur, テ la maniティre des alicaments ou, テ une autre テゥchelle, des prテゥdictiosn millテゥnaristes (figure 
110). 
 

 

Figure 110 : Pour savoir ce que sera la fin du monde, achetez ce numテゥro. 

 

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280

 

Figures 111a & b : Alternative Santテゥ, Nツー319, fテゥvrier 2005. 

 

L窶册xemple ci-dessus (figure 111) est celui que nous employons le plus volontiers en cours :  

テ cause du glissement entre ツォ mテゥdicaments ツサ et ツォ industries pharmaceutiques ツサ 

テ cause du gonflement du chiffre (rare cas d窶册ffet peau de chagrin テ l窶册nvers) 

テ cause de l窶兮rgumentaire 

ad baculum 

avec la technique du repoussoir et le faux dilemme 

(soit pour les alternatives, soit pour les industries pharmaceutiques criminelles) 

Relevons que le mテゥdicament tenu par la femme de la 2

nde

 image est, moyennant grossissement, du 

Prozac (voir 4.2.6.3 

Accentuation iconique

). 

 

Figure 112 : les champs magnテゥtiques perturbent notre santテゥ (avec une liste de pathologies disparates en 

introduction) dans S&Av de mai 2000. 

Dans la figure 112, 

S&Av

, crテゥe dans la foulテゥe la peur et l窶兮ntidote : ツォ 

les seuils de risques, les 

solutions

 ツサ. C窶册st une forme de chantage moral, テ plus forte raison lorsque la corrテゥlation entre 

problティmes de santテゥ et ces champs magnテゥtiques n窶册st pas causale 窶 pour l窶冓nstant du moins). 
Dans ce scテゥnario, la solution X=a n窶册st pas forcテゥment fausse. Ce qui est dテゥnoncテゥ est l窶凖ゥchange 
entre une raison rationnelle de croire (une テゥvidence) et une raison prudente de croire, qui relティve 
de facteurs extテゥrieurs (menaces, peur, culture du risque) et crテゥe au lieu d窶冰ne vテゥritable raison une 
motivation affective. C窶册st en s窶兮ppuyant sur un repoussoir de ce genre que l窶冩n テゥtaye 

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281

fallacieusement une thティse faussement alternative du genre ツォ ce n窶册st pas parce que je prouve que 
tu es moche que テァa me rend beau ツサ, qui se traite, rappelons-le, en usant de la facette Zテゥtテゥtique 
ツォ 

compテゥtitif ne veut pas dire contradictoire

 ツサ. 

Dans ce scテゥnario, trティs difficile テ dテゥceler, on joue ainsi sur trois registres : le scoop, la peur, et 
l窶册spoir, ce qui en fait un grand classique de l窶兮rgumentaire politique populiste. 
 

4.4.3.4

 

Scテゥnario テゥmotif 窶 appel テ l窶凖ゥmotion 

Cette mise en scティne, extrテェmement frテゥquente, consiste テ orienter la prテゥsentation de propos de telle 
faテァon que ce soit l窶凖ゥmotion, et non la raison, qui induise le remport d窶兮dhテゥsion. Nous l窶兮vons vu, 
un certain nombre d窶兮utres Ips, notamment lexicaux, fonctionnent sur ce mode. Les attaques (

Ad 

Hominem

 en particulier) aussi, de mテェme que par exemple ツォ l窶册ffet mouton de Panurge ツサ, qui suscite 

une forte テゥmotion. Puisque la gamme des テゥmotions est vaste, cette catテゥgorie scテゥnaristique n窶册n 
est pas vraiment une : il s窶兮git plutテエt d窶冰n terme gテゥnテゥrique. 
Recours テ l窶凖ゥmotion :  

1. des テゥmotions stimulantes sont associテゥes テ X=b 
2. donc X=b 

Variante 

1.

 

seuls les fous et les imbテゥciles peuvent adhテゥrer テ X=a 

2.

 

donc X=b 

 
Prテゥcisons que, comme l窶冩nt bien compris les professionnels de la communication, il s窶兮git moins 
de vendre un produit que de proposer un mode de vie et des sentiments テ travers ce produit. Or 
laisser associer sa gratification personnelle et ses remports d窶兮dhテゥsion crテゥe chez l窶冓ndividu un 
テゥdifice intellectuel extrテェmement difficile テ dテゥconstruire. 
Ce scテゥnario prend de trティs nombreuses formes, aussi bien dans le champ publicitaire que dans le 
champ politique, dont certains professionnels sont devenus experts. 
 

 

Figure 113 : les gymnastiques du bien テェtre, dans le Nouvel Observateur 

 

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282

Dans le champ mテゥdical, nous pouvons illustrer le recours テ l窶凖ゥmotion par l窶兮ppel au ツォ naturel ツサ 
rテゥcurrent dans les mテゥdecines dites alternatives (figure 113). Ce ツォ naturalisme ツサ est fortement liテゥ テ 
un discours semi-politique テゥcologisant, mテェlant trティs souvent un mysticisme lテゥger, un animisme 
discret (ツォ la volontテゥ des arbres ツサ, ツォ les plantes qui vous veulent du bien ツサ), un discours trティs 
souvent relativiste et une culture pseudo-contestataire voulue comme socialement progressiste 
alors qu窶册lle contient un certain nombre d窶凖ゥlテゥments rテゥactionnaires, depuis l窶兮ppel テ la tradition, un 
certain ordre moral jusqu窶凖 des discours de type 

dessein intelligent

, qui 

redonne du sens

267

. En voulant 

adopter la panoplie du parfait petit テゥcologiste naテッf, l窶兮dhテゥrent absorbe toute la sphティre des 
mテゥdecines plus ou moins magiques, plus ou moins alternatives, mais toujours opposテゥe テ la 
ツォ mテゥdecine officielle ツサ, et offre ainsi une cible de choix aux dテゥrives de type sectaire. Des 
magazines, mais aussi des magasins flattent ce genre de mixte, et en ce dテゥbut de 21

e

 siティcle, nous 

avons assistテゥ en France テ l窶兮bsorption d窶冰ne part importante du mouvement テゥcolo-alter-
mondialiste et d窶冰ne partie du mouvement libertaire dans la sphティre Nouvel テHe. 
Ce recours テ l窶凖ゥmotion est parfois grossier : les テゥtudiants du cours d窶僮nitiation テ l窶册sprit critique 
2006 ont ainsi travaillテゥ sur le concept fumeux d窶僊DN vテゥgテゥtal, dテゥveloppテゥ par Yves Rocher テ 
grand renfort d窶冓mages mercatiques naturalistes. 
On peut aller jusqu窶凖 prendre des exemples dans les meilleurs lectures sceptiques : Henri Broch 
lui-mテェme est tombテゥ au moins deux fois dans ce type de recours テ l窶凖ゥmotion dans son livre 

Au 

cナ砥r de l窶册xtra-ordinaire 

(ouv.citテゥ). 

1) テ propos du mテゥdecin qui photographie l窶兮ura des doigts pour diagnostiquer un cancer du sein, 
il テゥcrit par exemple :  

窶弉ui souhaiterait rテゥellement テェtre ツォ soignテゥ ツサ par ce mテゥdecin ? (窶ヲ) On pourrait donner 
quantitテゥ d窶兮utres exemples de telles pratiques avec quelque fois mテェme un haut-le-cナ砥r 
justifiテゥ (窶ヲ) ツサ 

268

 

Il n窶册st malheureusement pas difficile de trouver des clients potentiels テ ce monsieur. Cet 
argument est donc un recours simple テ l窶凖ゥmotion, auquel s窶兮djoint un 

argumentum ad populum 

(voir 

4.3.2.17 

Principe de la preuve sociale, effet Panurge ou argumentum ad populum

). Nous sommes convaincus 

par les テゥtudes sur la dissonance cognitive, que devant une attaque aussi dure des fondements 
factice d窶冰ne adhテゥsion, les individus prテゥfテゥreront avoir tort contre des arguments valables lancテゥs 
vertement que de les adopter et donner raison テ un recours テ l窶凖ゥmotion. De fait, ce genre de 
propos ne fait semble-t-il qu窶册nferrer les gens dans leur persテゥvテゥrance 窶 qui est, selon Morel, le 
signe principal des dテゥcisions absurdes (Morel, 

ouv.citテゥ

). Comme le dit plus loin Broch, si les 

ツォ rテゥactions [sur les chapitres sur l窶兮cupuncture et l窶冑omテゥopathie] seront trティs certainement 
originaires des 

viscティres

 que de 

l窶册ncテゥphale

 ツサ, la question se pose de savoir si le haut-le cナ砥r est une 

rテゥaction encテゥphalique. 
 
2) Il s窶兮git cette fois-ci d窶冰n subtil chantage, certainement imputable テ un effet de plume :  

ツォ L窶册xpテゥrience テ rテゥaliser [sur la mテゥmoire de l窶册au, avec J. Dry] est trティs trティs simple et 
pourtant les 1,5 millions de francs (窶ヲ) sont toujours lテ. Ce qui est rテゥellement dommage et 
attristant car, si le Dr. Benveniste ne veut pas faire sa dテゥmonstration pour de l窶兮rgent, il a 
pourtant toujours l窶冩pportunitテゥ de se rendre encore plus sympathique en offrant la 

                                                 

267

 Pour une critique des leaders charismatiques de cette mouvance, voir les travaux de Mazenq sur entre autres 

Pierre Rhabi 

in

 Mazenq 2001. 

268

 テ la dテゥcharge de Broch, certaines pratiques sont effectivement peu ragoutantes. Nous renvoyons aux ツォ Dテゥlires 

excrテゥmentiels ツサ dテゥnoncテゥs par le regrettテゥ Jallut O. 

mテゥdecines parallティles et cancers, modes d窶册mploi et de non-emploi

, (1992) p. 

136. 

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283

somme par exemple テ un laboratoire de pointe travaillant sur le cancer ou le sida, 
laboratoire, je peux l窶册n assurer, ne refusera pas cette vitale aumテエne ツサ. (Broch, 

ouv.citテゥ

, pp. 

183-184) 

Il s窶兮git d窶冰n pseudo-argument rテゥtorsif qui, quoique moralement recevable, entre dans le champ 
des appels テ l窶凖ゥmotion. Ce n窶册st pas rテゥprテゥhensible d窶兮ssortir son argumentation d窶凖ゥmotion, bien 
entendu, tant qu窶兮ux yeux du rテゥcipiendaire la distinction entre ce qui inspire l窶凖ゥmotion et ce qui 
justifie une adhテゥsion est claire et bien tracテゥe. Pour le coup, beaucoup de docu-fictions 
transgressent ces limites, et joue sur un mテゥlange science et fiction inattaquable : ツォ 

ce n窶册st pas trティs 

scientifique ? C窶册st pour la trame narrative

 ツサ.  

 

4.4.3.5

 

Carpaccio ツォ espoir ツサ 

L窶兮ppel テ l窶册spoir est le scテゥnario le plus dテゥveloppテゥ dans le champ de la mテゥdecine. Trティs peu de 
nouvelles de type mテゥdical s窶凖ゥpargnent le lien avec une guテゥrison potentielle d窶冰ne pathologie 
grave, et en cela, mテゥdecine scientifique comme pseudomテゥdecines autoproclamテゥes y ont recours. 

 

窶「

 

Exemples

 (figures 76, 114 & 115) 

 

 

 

Figure 76 (reproduite) :

 

Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer

S&Av

 juillet 1995  

 

Carpaccio espoir + fabrication du scoop 
(ツォ Exclusif ツサ) 

Relevテゥ au passage : effet cigogne 

Relevテゥ au passage : 

Appel テ la peur + scテゥnario conquテェte. 

Accentuation iconique, avec cette 
fourmi disproportionnテゥe englobant le 

monde

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284

 

Figure 114 : Effervesciences, 2007 

 
Des allテゥgations comme ツォ 

Les cancテゥrologues les plus scrupuleux l窶兮dmettent* : la thテゥorie purement gテゥnique ne 

tient pas

 ツサ (figure 114) accrテゥditent toutes le lectures du cancer type ツォ mテゥdecine nouvelle du Dr 

Hamer ou ツォ biologie totale ツサ de Claude Sabbah. Un ナ妬l averti relティvera que 

les cancテゥrologues les plus 

scrupuleux

 implique 

pas les autres cancテゥrologues 

窶 technique de repoussoir assez flagrante (voir 4.4.3.3 

Scテゥnario sテゥcuritaire ad baculum ou repoussoir

). 

Un dernier ツォ espoir ツサ vendu テ l窶凖ゥtal comme certaines peaux d窶冩urs, est proposテゥ par 

S&V

 (figure 

115). 
 

 

Figure 115 : Vision 窶 vous pouvez dire adieu テ vos lunettes. Espテゥrons que depuis cette couverture de S&V de 

2002, les lecteurs ne l窶冩nt pas fait. 

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285

 

4.4.3.6

 

Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ 

La technique carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ consiste テ vanter le rテゥsultat prテゥsentテゥ comme augurant d窶冰ne 
rテゥvolution conceptuelle ou technologique sans prテゥcテゥdent (figures 116 & 117). Elle emprunte テ 
l窶冓dテゥe vaguement empruntテゥe テ Kuhn de grands mouvements rテゥvolutionnaires en sciences qui 
secoueraient テゥpisodiquement le champ scientifique. Dans le registre テゥpique, elle permet d窶冰tiliser 
aussi le syndrテエme hテゥroテッque (voir plus loin). 
Ci-dessous, en voici quelques illustrations :  

  

Figure 116 : Couverture de Klein, 

Il テゥtait sept fois la rテゥvolution, 2007. 

 

Figure 117 : Science &Vie junior HS nツー59: Nous avons dテゥjテ rencontrテゥ ce mテゥlange d窶册ffet paillasson 

(Rテゥvolution), et d窶兮ccentuation iconique. 

 

Accentuation imaginaire テゥpique 窶 le titre rappelant le 
film de Sergio Leone 

Carpaccio ツォ rテゥvolution ツサ avec mise sur un mテェme 
plan de sept contributions scientifiques  

Effet 7 travaux

Scテゥnario du gテゥnie hテゥroテッque

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286

Tout comme nous, Michel de Pracontal se rit du  

ツォ 

mythe de la rテゥvolution scientifique

, accomplie sans coup fテゥrir par un gテゥnie qui se lティve un beau 

matin en se disant : "aujourd'hui, je vais bouleverser les fondements de la physique!". Il serait 
agrテゥable que la science progresse de cette maniティre, mais la rテゥalitテゥ est plus complexe. 
Seulement l'histoire des science est mal connue du public et, lテ encore, les mテゥdias rectifient 
rarement le tir ツサ (

ouv.citテゥ

, p. 96). 

 

4.4.3.7

 

Carpaccio ツォ odyssテゥe ツサ  

 

 

Figure 118 : la grande odyssテゥe, thティme rテゥcurrent chez Coppens et Reeves. 

 
Ce type de scテゥnario met en scティne la dテゥcouverte d窶冰n champ, d窶冰n domaine, ou d窶冰ne partie du 
rテゥel considテゥrテゥ comme une 

Terra Incognita

 sous la forme d窶冰ne odyssテゥe, d窶冰ne conquテェte.  

Cette scテゥnarisation permet non seulement de rendre mystテゥrieux le domaine considテゥrテゥ (テ grand 
recours d窶兮djectifs intriguants) mテェme quand il ne l窶册st pas, mais aussi confティre par retour un 
hテゥroテッsme aux ツォ explorateurs ツサ, mテェme s窶冓ls ne le sont pas. On fabrique du Vasco de Gama, du 
Christophe Colomb (souvent en revisitant l窶冑istoire de ces individus) (figures 118 & 119). 
Le registre est bien souvent maritime (toutes voiles dehors, cap sur, etc). Pourtant, faire de la 
recherche une テゥpopテゥe idテゥalise, mais aussi dテゥsyncrテゥtise le fonctionnement de cette activitテゥ, qui 
fonctionne malheureusement plus bien sテサr par la recherche appliquテゥe (surtout industrialo-
militaire) et par le glanage de crテゥdits sur des projets en adテゥquation avec les visテゥes politiques des 
pays que par la quテェte d窶冰n quelconque Graal (voir ci-dessous 4.4.3.8 

Carpaccio Gral

). 

Dans 

Science&Vie

 d窶兮oテサt 2001, Cuvellier テゥcrit par exemple :  

ツォ Tout comme Christophe Colomb, parti テ la recherche des Indes et qui dテゥcouvre 
l'Amテゥrique, les chercheurs ne sauraient dテゥcrテゥter テ l'avance la nature du monde qu'ils sont 
en train d'explorer. Et, tout comme Christophe Colomb, ils ne peuvent partir テ sa 
dテゥcouverte que s'ils sont animテゥs de grandioses idテゥes prテゥconテァues ツサ (Cuvellier, 

Les jeunes 

loups de la physique

S&V

 nツー1007, aoテサt 2001).  

 

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287

 

Figure 119 : 2001 l窶冩dyssテゥe de l窶册sprit, de Ganascia. 

 
Le gテゥnie hテゥroテッque n窶册st pas loin. La comparaison avec Colomb est un grand classique, qui peut 
servir de carpaccio. Il suffit de prendre n窶冓mporte quel chercheur X qui explore (terme fortement 
connotテゥ sur le plan imaginaire) un domaine D pour en faire un sujet : ツォ 

X, Colomb du domaine D

 ツサ. 

Quel que soit le domaine considテゥrテゥ, la mテゥtaphore fonctionne. Elle permet de recouvrir toute 
entreprise scientifique, mテェme la plus sordide, de l窶凖ゥtoffe dont on fait les grandes explorations, 
tout en cachant les motivations politiques, テゥconomiques et sociales des recherches occasionnテゥes.  
La pauvretテゥ de cette mテゥtaphore rテゥside d窶兮bord dans le fait que tout rテゥsultat scientifique, mテェme 
minime, peut par ce moyen テェtre dテゥcrit comme une conquテェte de la science, et テゥblouir ainsi le 
lecteur. 
Reste que dans leur quotidien une bonne partie des chercheurs doit consacrer une part de son 
temps テ la recherche d窶兮rgent, テ la rテゥdaction de publication. Loin de nous l窶冓dテゥe de dテゥbattre ici de 
ce qui est bien ou moins bien : nous voulons juste attirer le regard sur le fait que la recherche ne 
participe pas souvent d窶冰n hテゥroテッsme de chanson de geste.  
 
Exemples exploitテゥs en cours :  

窶「

 

La conquテェte spatiale  

C窶册st le champ de l窶儖dyssテゥe par excellence. Le registre テゥpique est omniprテゥsent, passant des 
caravelles de l窶册space テ la dテゥcouverte de Terres Inconnues, et a テゥtテゥ immortalisテゥ dans ツォ 

2001, 

l窶冩dyssテゥe de l窶册space

 ツサ de Kubrick. Il y a de quoi テェtre suspicieux lorsqu窶冩n sait que cette scテゥnarisation, 

trティs puissante car faisant appel テ des soifs de puissance et des rテゥfテゥrences culturelles trティs marquテゥes, 
a テゥtテゥ le cache-sexe idテゥologique de la guerre froide (figure 120). 
 

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288

 

Figure 120 : S&Av, Septembre 97, p. 84. 

Figure 120, lテ encore une fois, le registre est marin, de type ツォ Magellan ツサ (Cap, voguera, odyssテゥe). 
Notons la fabrication du ツォ mystティre ツサ des lunes et des anneaux  
 

窶「

 

Les neurosciences 

Sonder l窶凖「me humaine est une odyssテゥe. Aussi bien les neuroscientifiques que les psychiatres 
s窶兮rrachent ce scテゥnario. C窶册st toutefois la psychanalyse qui est le plus friand, ayant un 
ツォ Christophe Colomb ツサ bien テ elle. 
 

 

Figure 121 : Freud, Christophe Colomb des neurosciences, titre de l窶冩uvrage de Naccache 

Cette fois, (figure 121) le scテゥnario est contenu dans le sous-titre. ツォ 

Freud, Christophe Colomb des 

neurosciences 

ツサ 窶 toutefois l窶兮nalogie Freud-Colomb, citテゥ テゥgalement par Mテゥheust (1998) n窶册st pas 

de Naccache. Il faut aller chercher chez Van Rillテヲr le correctif :  

 ツォ Contrairement テ ce que croit le grand public, Freud n窶册st pas le Christophe Colomb 
d窶冰n nouveau continent, l窶僮nconscient, qu窶兮vaient ツォ refoulテゥ ツサ tous les hommes qui avaient 
vテゥcu avant lui. Comme l窶冩nt bien montrテゥ Ellenberger et Sulloway, il s窶兮git d窶冰ne lテゥgende 
destinテゥe テ faire que Freud est ツォ le ツサ gテゥnie de l窶冑istoire de la psychologie ツサ (Van Rillaer 
1994, p. 154)  

Quand bien mテェme le mythe de Freud s窶册ffondrerait, il est probable que la psychanalyse garderait 
volontiers ce scテゥnario pratique, quitte テ chager de mテ「itre penseur. Ainsi le titre de 

Hテゥtテゥritテゥ

 nツー2 

Revue de psychanalyse

 : 

L窶儖dyssテゥe lacanienne

.  

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289

 

窶「

 

L窶凖ゥvolution humaine 

Contentons-nous d窶冰n exemple, celui de ツォ 

L窶冩dyssテゥe de l窶册spティce

 ツサ, docufiction au style hybride et 

truffテゥ de mauvaise science ツォ au nom de la beautテゥ du scテゥnario ツサ.

  

Dテゥjテ abordテゥ, la pastille ツォ Vu sur France 3 ツサ en bas テ droite, (figure 122), argument sophistique que 
nous avons dテゥjテ vu (voir 4.3.2.13 

La pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias : ツォ vu テ la tテゥlテゥvision ツサ

). 

 

Figure 122 : L窶儖dyssテゥe de l窶册spティce, dirigテゥe par Coppens. Petite pastille ツォ vu sur France 3 ツサ, devant certainement 

incarner un label de qualitテゥ que la maltraitance de la biologie de l窶凖ゥvolution dans ce docufiction infirme largement. 

 

窶「

 

La lecture du gテゥnome humain 

ツォ Le dテゥcryptage de l窶冓nformation gテゥnテゥtique humaine a テゥtテゥ une rude テゥpopテゥe窶ヲPourtant 
l窶兮venture de fait que commencer ツサ. 

nous dit 

Pour la science 

de septembre 2000 Nツー275 (pp. 40-47). Est-ce exagテゥrテゥ de dテゥnoncer le terme 

dテゥcryptage, qui テ l窶冓nstar de programme ou de sテゥlテゥction, implique un cryptage, donc un crypteur, 
dans une lecture digne des philosophe de la Nature ? De mテェme, cette phrase, qui n窶册st 
qu窶兮pテゥritive et qui frテエle l窶册ffet puits ツォ 

Pourtant l窶兮venture de fait que commencer

 ツサ :  a-t-on  vraiment 

besoin de cela pour s窶冓ntテゥresser au gテゥnome humain ? 
Variante : il arrive parfois que ce ne soit pas l窶僣umain qui anime cette テゥpopテゥe, mais certaines 
espティces, en un anthropomorphisme parfois trティs discutable (figure 124). L窶

appel テ la peur 

est 

souvent dテゥclenchテゥ. 
 

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290

 

       

 

Figure 123 : Pas besoin d窶冑umain pour fabriquer une 

odyssテゥe

 dans les revues. 

 

4.4.3.8

 

Le carpaccio ツォ Graal ツサ 

Le registre テゥpique

 

est テゥgalement un poncif de la vulgarisation. Il suffit de convaincre le lecteur 

que la recherche dont il est question s窶兮pparente テ la quテェte d窶冰n ツォ Graal ツサ (registre de la Toison 
d窶儖r).  
Nous renvoyons le lecteur テ une fiche entiティrement consacrテゥe テ ce carpaccio 窶 

Fiche pテゥdagogique 

Nツー17 Scテゥnario du Graal et de la recherche de Dieu

 (voir 

Annexes

). 

 

4.4.3.9

 

Le carpaccio ツォ bravade de l窶冓nterdit ツサ ou 

terra incognita 

Carpacio lテ encore, on utilise le fantasme d窶冰ne limite, d窶冰ne frontiティre indテゥpassable, que d窶兮ucuns 
(des hテゥros, des gテゥnies) franchiraient. Le registre sテゥmantique est gテゥnテゥralement sportif ou テゥpique. 
Forger l窶冓dテゥe de pans de connaissance totalement occultテゥs par la recherche, qu窶

enfin

 des 

chercheurs dテゥvoilent comme l窶冩n dテゥcouvrirait un continent perdu crテゥent deux interstices, l窶冰n 
exogティne, l窶兮utre endogティne.  

Primo

, (exogティne) que ces champs prテゥexistent テ leur ツォ dテゥcouverte ツサ (puisqu窶冩n dテゥcouvre quelque 

chose de couvert). On retrouve alors la posture idテゥaliste, qui revient, テ l窶冓mage des Idテゥes de 
Platon, que les axiomes de la Nature, cachテゥs, sont テ dテゥcouvrir. 

Secundo 

(endogティne) qu窶兮border une vraie

 terra incognita 

revient テ entrer dans l窶冓nconnu, テ plonger 

sur une vaste テゥtendue immaculテゥe, une ツォ face cachテゥe ツサ (figure 124). 
 

 

Figure 124 : La face cachテゥe de l窶冑omテゥopathie nous est proposテゥe par S&Av Nツー693, novembre 2004. 

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291

En clair, prospecter un terrain vierge, ce qui revient d窶冰n seul coup テ nier tous les travaux 
antテゥrieurs sur la question et テ vendre le programme de recherche comme une exploration de 
contrテゥe vierge. Tout rテゥsultat peut テェtre agrテゥmentテゥ d窶冰ne phrase type : ツォ 

les dテゥveloppements ultテゥrieurs 

nous permettront d窶册xplorer une nouvelle

 terra incognita. ツサ (Figure 125). 

            

 

Figure 125 : Quand VSD voyage au cナ砥r des sciences qu窶册lle a dテゥcidテゥ interdites, juillet 2003. 

 
On pourrait penser que cette mテゥtaphore 

Terra Incognita

 n窶册st qu窶冰n piment pour la connaissance, 

qui rテゥhausse le goテサt. Le problティme est que cette faテァon de prテゥsenter les choses rend poreuses les 
frontiティres, incertaines les connaissances en physique quantique et de ce fait, laisse la porte ouverte 
au champ des possibles, mテェme quand ils sont peu probables. 
Ces possibles peuvent テェtre :  
- des lectures spiritualistes (J. Staune) ; 
- des phテゥnomティnes paranormaux. 
 
Quelques exemples listテゥs :  

S&V

 nツー993 de Juin 2000 titre ツォ 

La dテゥcouverte du continent quantique

 ツサ ; 

- l窶兮rticle du CNRS de fテゥvrier 2005 ツォ 

Les frontiティres incertaines du monde quantique

 ツサ (figure 126) lui, 

commence ainsi :  

ツォ Personne ne comprend vraiment la physique quantique ツサ (窶ヲ) cette phrase de Richard 
Feynman poursuit encore les physiciens. La thテゥorie quantique a beau se targuer d窶冰ne 
description prテゥdictive des phテゥnomティnes qui se passent テ l窶凖ゥchelle atomique (窶ヲ), personne 
ne peut prテゥtendre aujourd窶冑ui la comprendre (

sic

)

                                                 

269

 Merci au passage pour les physiciens. 

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292

 

Figure 126 : Journal du CNRS mars 2005 p. 22 

 
Si tant est qu窶冓l faille absolument comprendre la physique quantique, ce qui lui est demandテゥ est 
une description correcte du rテゥel. En cela, elle remplit son office. La question 

marronniティre 

parmi les 

questions quantiques est celle-ci : pourquoi le monde dans lequel nous vivons n窶册st-il pas 
quantique ? En d窶兮utres termes, pourquoi les objets que nous utilisons, et mテェme les テェtres vivants, 
ne se comportent-ils pas comme les atomes, テゥlectrons ou autres particules テゥlテゥmentaires dont ils 
sont constituテゥs ? Lテ encore, les rテゥponses sont mystテゥrieuses :  

ツォ Pour le chercheur, c窶册st une observation directe de la dテゥcohテゥrence, qui semble テェtre en 
accord avec la thテゥorie. ツォ 

La dテゥcohテゥrence n窶册st donc pas un phテゥnomティne fondamental

, affirme 

Philippe Grangier, du laboratoire Charles Fabry de l窶僮nstitut d窶冩ptique. 

Rien n窶冓nterdirait au 

chat, ou plutテエt テ un systティme physique convenablement conテァu, d窶凖ェtre vivant et mort テ la fois s窶冓l n窶凉 avait 
pas d窶册nvironnement

 ツサ (note : certanes thテゥories affirment que la dテゥcohテゥrence existerait mテェme 

en l窶兮bsence d窶册nvironnement. D窶兮utres font encore appel テ l窶册xistence de mondes 
multiples (ce qu窶冩n ne peut ni infirmer ni confirmer) ! Mテェme si on trouve le chat mort en 
ouvrant la boテョte, il continuerait d窶凖ェtre vivant dans un autre monde ツサ 

 
Dans le mテェme numテゥro, pp. 24-25, on peut lire l窶冓nterview de notre collティgue grenoblois A. Barrau 
(figure 127) :  

ツォ On ne peut exclure qu窶冓l s窶兮gisse d窶兮ntimondes テゥloignテゥs qui abritent des antiテゥtoiles et des 
antiplanティtes. Sur certaines d窶册ntre elles 窶 pourquoi pas ? 窶 des antiscientifiques 
s窶兮ntinterrogent sur ce qu窶冓ls observent ツサ. 

Imaginer l窶册ffet de ce genre de phrases prテゥlevテゥes par des individus ne connaissant que la partie 
vulgarisテゥe de ces questions n窶册st pas trティs difficile. Impossible de s窶凖ゥtonner ensuite de la naissance 
dans une quelconque cave d窶冰n ツォ 

thテゥorティme de dテゥcohテゥrence macroquantique

 ツサ expliquant les phテゥnomティnes 

paranormaux, comme le fait F. Gatti, sur le site 

CASAR

270

                                                 

270

 Constater par soi-mテェme sur 

http://perso.orange.fr/casar/CASAR.htm

 

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293

Ce site tテゥmoigne d窶兮illeurs que la construction des opinions de son auteur s窶册st faite sur des 
vulgarisations scientifiques non correctes scientifiquement mais relayテゥes par les journaux. 
 

 

Figure 127 : テ la recherche des anti-mondes, un programme allティchant pour A. Barrau. 

 
La mテゥtaphore de la frontiティre se retrouve :  
- chez de bons didacticiens, comme Trabal :  

ツォ on doit admettre que la ツォ ligne de front ツサ sテゥparant le scientifique du non-scientifique 
テゥvolue sans cesse, et que l窶凖ゥtude de cette dynamique des ツォ lieux mixtes ツサ garantis une 
valeur heuristique alors que les approches que les scientifiques proposent habituellement 
nient cette dynamique en posant comme indiscutable la frontiティre ツサ (

ouv.citテゥ

, p. 98).  

Le problティme est que les scientifiques n窶冩nt pas d窶兮pproche 

a priori 

niant cette dynamique. Cette 

idテゥe est un repoussoir cognitif. 
- chez un sociologue ツォ relativisteツサ comme P. Lagrange :  

ツォ 窶ヲ. Bien au contraire, plus on s窶冓ntテゥresse テ la science, plus on croit au paranormal et テ 
l窶兮strologie. On s窶冓ntテゥresse tellement テ la science qu窶冩n voudrait en voir les limites 
repoussテゥes. Pour ces ツォ croyants ツサ, les parasciences reprテゥsentent alors ce qui se situe au-
delテ de la ツォ science officielle ツサ, et ce qui est considテゥrテゥ actuellement comme parascience 
deviendra certainement science de demain. Ainsi, prティs de la moitiテゥ des Franテァais estiment 
que la science admettra un jour la rテゥalitテゥ de la transmission de pensテゥe, de l窶冓nfluence des 
astres sur le caractティre et des OVNI窶ヲ ツサ (Lagrange 1993, pp. 311-315 ; voir aussi Lagrange, 

ouv.citテゥ 

pp. 428-458). 

- chez des scientifiques thテゥistes 
Pour illustrer son ツォprincipe Nomaツサ (Non-Overlapping Magisteria), Stephen Jay Gould utilise la 
mテゥtaphore de l窶册au et de l窶冑uile: les deux テゥlテゥments ne se mテゥlangent pas, mais leur contact est 
intime. Les contours de leur sテゥparation ont une forme complexe et mouvante, puisque l窶冑uile 
peut ツォse dテゥplacerツサ dans un espace momentanテゥment occupテゥ par l窶册au, et inversement.(Gould 
2000). Cette lecture ツォ de phase ツサ est utilisテゥe テ des fins de concordisme entre science et religion, 
comme l窶兮 trティs bien montrテゥ Deleporte (

ouv.citテゥ

, p. 319).  

 

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294

4.4.3.10

 

Le Carpaccio ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ 

Nous l窶兮ppelons aussi ツォ 12 merveilles du monde ツサ. Cet effet met en avant la tendance qu窶冩nt 
certains scテゥnaristes de la connaissance テ user et abuser des nombres 7 et 12, en hommage plus ou 
moins avouテゥ aux 7 pテゥchテゥs, aux 7 archanges, aux 7 vertus, aux 7 sages de la Grティce Antique, aux 7 
patriarches, aux 7 piliers, aux 7 mテゥtaux, aux 7 chakras, aux 7 nains窶ヲ aux 12 apテエtres, aux 12 
prophティtes mineurs de l窶僊ncien Testament, aux 12 fils d窶僮smaテォl, aux 12 flテゥaux, aux 12 travaux, 12 
signes du zodiaque, etc. (figure 128 & 129). 
En sous-jacence, nous y lisons cette volontテゥ de rテゥductionnisme essentialiste de ramener tout テ 
peu de lois, de principes, de mystティres. 

Primo

, parce que c窶册st facilement appropriable par le lecteur 

en lui donnant l窶冓llusion d窶兮voir une lecture globale des choses. 

Secundo

, parce que cela colle テ une 

posture philosophique axiomatique de la nature, qu窶冩n rテェve rテゥsumテゥe テ quelques axiomes qu窶冓l faut 
trouver (

Natテシrphilosophie

). 

 

      

 

Figures 128 & 129: les nombres mystiques font florティs dans la presse, mテェme la plus pointue. Doit-on y voir un 

avatar de la Thテゥorie du Tout, rテゥduit テ ces axiomes fondamentaux, comme dans la Natテシrphilosophie allemande et 

anglaise du 19

e

 et dテゥbut 20

e

 ? 

Mテェme des sceptiques avertis utilisent, volontairement ou non, ce mini-scテゥnario : notons par 
exemple Robert L. Park qui distingue 

The Seven Warning Signs of Bogus Science

. Le risque est grand, 

mテェme pour Park, d窶册n oublier.  
Autres exemples trouvテゥs en ligne en juin 2007 :  

窶「

 

Les 7 principes fondateurs de la Croix Rouge 

窶「

 

Sept exテゥpriences qui pourraient changer le monde 

窶「

 

Les 7 dテゥcouvertes qui dテゥfient la mテゥdecine 

窶「

 

Les 7 dテゥfis scientifiques et technologiques de l窶僮NRIA 

窶「

 

Les sept dテゥfis retenus par Perspectives STS 

窶「

 

Management stratテゥgique : les sept dテゥfis テ relever d'ici テ 2016 

窶「

 

La radio du futur: Les sept dテゥfis de la radio commerciale en France 

窶「

 

Pティlerin.info : Les 7 dテゥfis du nouveau pape 

窶「

 

Les sept dテゥfis d窶冰n projet catテゥchテゥtique 

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295

窶「

 

Les sept dテゥfis de la Rテゥpublique dテゥmocratique du Congo face aux enjeux gテゥostratテゥgiques 
internationaux 

窶「

 

Les sept dテゥfios de l窶僮fremer 

窶「

 

les sept dテゥfis identifiテゥs lors du 2e Forum mondial de l'eau 

窶「

 

les sept dテゥfis clテゥs de la Stratテゥgie europテゥenne de dテゥveloppement durable 

窶「

 

Les sept dテゥfis pour que le comitテゥ A21 soit mieux adaptテゥ aux objectifs de l窶僊21L 

窶「

 

les sept dテゥfis du programme des TIC 

窶「

 

Les sept dテゥfis de l''Europe 

窶「

 

Les sept dテゥfis capitaux de Hu Jintao par Wang Jiann-Yuh 

 

4.4.3.11

 

Scテゥnarios rテゥcurrents : record, gテゥnie hテゥroテッque, dテゥfi, dテゥboulonnage d窶冓dテエle 

Il n窶册st pas possible, dans un espace acceptable, de traiter tous les scテゥnarios qui existent. Pourtant, 
leur nombre n窶册st manifestement pas si テゥlevテゥ.  
Citons accessoirement :  

窶「

 

Le carpaccio ツォ record ツサ 

L窶冓nformation est souvent prテゥsentテゥe comme une mテゥtaphore sportive. Il est tellement テゥvident que 
les progrティs de la science faisant, on en est plus loin aujourd窶冑ui qu窶冑ier. De fait, battre des records 
est le lieu commun de la recherche scientifique, qui dテゥcouvre de nouveaux objets ou amテゥliore sa 
prテゥdictibilitテゥ. Cela en fait l窶冰n des carpaccios les plus simples テ rテゥaliser, puisqu窶冓l suffit de vendre 
ツォ une grande premiティre ツサ ou d窶凖ゥcrire cette phrase puits : ツォ 

Rien ne sera plus comme avant

 ツサ. 

 

窶「

 

Le scテゥnario テゥpique ツォ gテゥnie hテゥroテッque ツサ  

Il s窶兮git de l窶冰tilisation du mythe du hテゥros mテゥdiテゥval, que l窶冩n retrouve souvent dans les scテゥnarios 
ツォ rテゥvolution ツサ et ツォ odyssテゥe ツサ (voir prテゥcテゥdemment). L窶冑agiographie fonctionne trティs bien avec tout 
individu pティre d窶冰ne thテゥorie fumeuse ou non. Il ne manque gテゥnテゥralement que la musique (figure 
130). 
Nous テゥcrivions テ propos de la vie d窶僞dward Bach que fabriquティrent ses descendants.  

ツォ Le hテゥros est trティs souvent un enfant humble, abandonnテゥ par sa famille dティs sa naissance, 
incompris ou rejetテゥ par son clan. Il est dotテゥ d'un certain pouvoir, d'un certain talent, qui 
dans un premier temps en fait la risテゥe de son entourage. Un jour, il sent en lui un appel, 
transcendant ou pas, qui le pousse テ quitter son environnement habituel pour aller 
accomplir un exploit, une quテェte, un destin. Destin qui, bien entendu, est semテゥ 
d'embテサches. Il devra utiliser son pouvoir, son talent, moquテゥ jusque lテ, pour triompher 
d'un ennemi. Cet ennemi est rarement un ennemi personnel, c'est souvent une force 
hostile au groupe. Le hテゥros se sent chargテゥ d'une mission : celle de dテゥbarrasser la 
collectivitテゥ de cette force hostile. La valeur de cette mission se mesure pratiquement テ 
l'intテゥrテェt collectif dans l'テゥradication de cette force hostile. Bien entendu, cela transforme 
l'exploit individuel qu'il tentera de rテゥaliser en une gageure quasiment perdue d'avance. 
C'est lテ que l'abnテゥgation du hテゥros fait テゥtoffe : il est prテェt au sacrifice de lui-mテェme. Les 
Dieux sont souvent avec lui et l'aident テ accomplir son exploit, ce qui confirme bien qu'il 
est l'テゥlu de cette destinテゥe. Le triomphe du hテゥros, qui plonge dans les entrailles de l'enfer, 

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296

doit toujours avoir quelque chose de magique, c'est lテ que se loge la preuve de 
l'immanence de la quテェte. Une fois l'ennemi anテゥanti, le hテゥros revient dans son clan oテケ il est 
reconnu et acclamテゥ. Une variante triste existe, sur le mode tragique grec : le hテゥros 
succombe テ ses blessures aprティs avoir vaincu la force hostile. Bref, un bon hテゥros 
romantique vient de la boue, a un destin et sent la sueur. ツサ 

 
Nous avons montrテゥ que l窶冑agiographie de Bach avait beaucoup empruntテゥ テ ce scテゥnario 
(Monvoisin 2004). 

 

Figure 130 : 

Galilテゥe, un gテゥnie redテゥcouvert

. Avait-il テゥtテゥ oubliテゥ ? 

Dernier exemple, radiophonique celui-ci, provient des ondes de 

France Inter

 : dans l窶凖ゥmission 

scientifique ツォ 

La tテェte au carrテゥ

 ツサ du 11 septembre 2007, l窶冑istoire de Benvテゥniste pris un tour 

hテゥroテッque-fantasy sous la description de l窶冑omテゥopathe Boulet.  
 
S窶凉 greffe gテゥnテゥralement une soif du gテゥnie avant-gardiste, que nous avons dテゥjテ aperテァue dans les 
relectures de l窶僣istoire et le 

syndrome Jules Verne

. Il est dティs lors peu テゥtonnant qu窶冩n lise par 

exemple sans 

S&Av

 de Juin 2007 ce type d窶兮ffirmation, ツォ rテゥsumant ツサ la pensテゥe nostradamienne 

de Lee Smolin : ツォ 

La physique thテゥorique a besoin de visionnaires 

ツサ (figure 131). Si visionnaire est celui ou 

celle qui a des visions, il y a encore du souci テ se faire. 

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297

 

Figure 131 : 

La physique thテゥorique a besoin de visionnaires

, dテゥclare Lee Smolin dans S&Av en juin 

2007.  

 
Montrons テ la volテゥe cette variante intテゥressante : le ツォ savant maudit ツサ, qui a beaucoup de succティs 
dans les publications alternatives (figure 132). L窶冓dテゥe de malテゥdiction, bien peu scientifique, est 
sous-tendue par ツォ la solitude et l窶册xclusion ツサ, et dテゥsyncrテゥtise les problティmes de non-rテゥception des 
thテゥories des savants en question. 

 

Figure 132 : ne peut-on テェtre exclus sans malテゥdiction ? Savants maudits, dans les Cahiers de S&V Nツー62, avril 

2001. 

 

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298

窶「

 

Le carpaccio ツォ dテゥfi ツサ 

Lorsque la science achoppe sur quelque chose qu窶册lle ne connaテョt pas encore trティs bien, les 
magazines de science scテゥnarisent la chose en un ツォ 

nouveau dテゥfi pour la science

 ツサ. Il s窶兮git d窶冰ne part 

d窶冰ne scテゥnarisation hテゥroテッque, puisqu窶冓l faudra bien quelqu窶冰n 窶 un hテゥros 窶 capable de relever 
ce dテゥfi. On se demande d窶兮utre part, s窶冓l y a dテゥfi, qui a bien pu le lancer (figure 133 & 134). 
Court exemple, dans 

S&V

 d窶兮oテサt 2003 :  

ツォ [...] l窶凖ゥnergie du vide serait cette ツォ force sombre ツサ qui accテゥlティre actuellement l窶册xpnsion de 
l窶儷nivers. Et mテェme (sic) la thテゥorie pourrait テェtre unifiテゥe par le vide, ce nouveau dテゥfi de la 
science ツサ. 

 

    

 

Figures 133 & 134: quel que soit l窶兮spect de la recherche, il y aura toujours un dテゥfi テ relever, comme dans 

La 

Recherche

 nツー 397de mai 2006 et dans l窶冩uvrage 

Le Dテゥfi de l'Univers ou l'infiniment petit et le Big-

Bang expliquテゥs par 13 des plus grands scientifiques de notre temps

La dテゥtection du boson de Higgs, par exemple, est LE dテゥfi actuel de la physique des particules et 
fait l'objet d'une compテゥtition acharnテゥe (on parlera d窶兮illeurs de Graal, voir plus haut). 
 

窶「

 

Le carpaccio ツォ dテゥboulonnage d窶冓dテエle ツサ  

Ce carpaccio est intテゥressant car il est une consテゥquence directe de la crテゥation d窶冓dテエles que les 
mテゥdias affectionnent. Crテゥer des hテゥros franc-tireurs, テゥriger le gテゥnie ou relire テ rebours l窶冑istoire 
d窶冰n ツォ prテゥcurseur ツサ fournit la trame suffisante pour ensuite hasarder des titres raccoleurs du genre 
ツォ 

une expテゥrience qui contredit Darwin ?

 ツサ, ou ツォ 

un fait qui dテゥboulonne Einstein ?

 ツサ 窶 le point 

d窶冓nterrogation permettant de se couvrir si l窶兮nnonce est une 

peau d窶冩urs

 (voir 4.4.3.14 

Technique de 

la peau d窶冩urs

).  

テ titre d窶册xemple, 

Einstein, Galilテゥe, Newton dテゥpassテゥs

, titrait 

S&Av

, octobre 2001 (figure 135). C窶册st 

certes vrai, et fort heureusement, テ moins de prテゥsumer que les scientifiques ont chテエmテゥ ces 
derniers siティcles.  
Ci-dessous, 

S&Av

 nous explique dans le sous-titre que 

Galilテゥe n窶册st plus intouchable

. (窶ヲ) 

pas plus que 

Newton ou Einstein.

 Remarquons que cette ツォ touchabilitテゥ ツサ fallacieusement nouvelle est due テ une 

expテゥrience qui n窶兮 pas テゥtテゥ encore faite (voir 4.4.3.14). 
 

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299

 

Figure 135 : 

Einstein, Galilテゥe, Newton dテゥpassテゥs

,

 couverture de cet article de

 S&Av octobre 2001. 

 
Prティs de la tour, l窶册ncart : ツォ 

En 1632, Galilテゥe observe que du bois et un boulet de canon arrivent en mテェme 

temps au pied de la tour de Pise

 ツサ. Malgrテゥ l窶兮ppui pictural de la Tour de Pise, ce passage tテゥmoigne de 

l窶冓nculture du journaliste car cette expテゥrience, comme la montrテゥ Koyrテゥ, n窶兮 jamais テゥtテゥ rテゥalisテゥe par 
Galilテゥe (Koyrテゥ 1939). 
 

4.4.3.12

 

Autres scテゥnarios 

Bien d窶兮utres scテゥnarios fantastiques sont dテゥveloppテゥs dans les transmissions mテゥdiatiques de 
science. Pensons :  

窶「

 

au carpaccio ツォ テゥnigme テ rテゥsoudre ツサ (figures 136) :  

 

  

 

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300

 

Figures 136 : les テゥnigmes de l窶冰nivers, enquテェtes sur des mondes inconnus

S&V

 HS Nツー221, dテゥcembre 2002 

 

窶「

 

Au carpaccio ツォ mystティre ツサ et ツォ secret ツサ (figures 137):  

 

   

    

 

Figures 137 : ultime secret, dossiers confidentiels et vraie nature rテゥvテゥlテゥe, le carpaccio mystティre est facile テ crテゥer de 

toute piティce. 

 

窶「

 

Au ツォ titillement par l窶凖ゥtrange ツサ (figure 138) :  

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301

    

   

 

Figures 138 : テゥtranges effets, dテゥmons de la science, mystティres. Le titillement par l窶凖ゥtrange fait recette. 

 
L窶册xplication de la prolifテゥration de ces scテゥnarisations ツォ mystテゥrieuses ツサ tient テ une hypothティse 
donnテゥe par le philosophe Kurtz : ツォ redonner le droit de croire ツサ. Nous aurions un pied dans le 
mode mテゥtaphysique. Kurtz explique que les enjeux mystテゥrieux ont une plus large portテゥe que les 
simples phnomティnes dits paranormaux :

  

ツォ Une partie de cet intテゥrテェt scientifique テゥtait motivテゥ par un authentique dテゥsir de prouver 
l窶册xistence des phテゥnomティnes paranormaux. L窶

Origine des espティces

, publiテゥ en 1859, avait dテゥlogテゥ 

l窶册spティce humaine du centre de l窶冰nivers et cela テゥtait considテゥrテゥ avec inquiテゥtude comme un 
coup portテゥ テ la spiritualitテゥ. S窶冓l pouvait テェtre dテゥmontrテゥ que la nature humaine avait d窶兮utres 
dimensions psychiques et spirituelles et que celles-ci transcendent les limites imposテゥes par 
la s cience matiテゥrialiste, quelle aubaine pour la foi religieuse. On pourrait avoir de 
nouveau ツォ le droit de croire ツサ, et sur des fondements prouvテゥs, scientifiques ツサ. (Kurtz, 

in

 de 

Pracontal, 

ouv.citテゥ

, p. 241). 

 
Citons テゥgalement le scテゥnario 

combat

, dテゥjテ abordテゥ. Nous montrons dans la fiche 

Annexe

 

Nツー11 

que 

ce carpaccio est trティs utile pour flatter un concordisme science-religion (voir Annexe 窶 fiche 
pテゥdagogique Nツー12 

ID : mテゥfiance quand la science devient un combat

). 

 

4.4.3.13

 

Technique de la peau de chagrin  

Cette technique dテゥsigne la propension des mテゥdia テ ツォ gonfler la marchandise ツサ, quitte テ ce que la 
conclusion de l窶兮rticle n窶兮it plus aucune commune mesure avec le titre d窶兮ccroche de dテゥpart. 
Cet effet utilise diverses techniques comme l窶册xtrapolation, la gテゥnテゥralisation hテ「tive, l窶兮ttaque, les 
scテゥnarios テゥpiques, etc. Le lecteur de l窶冓nformation constate ensuite qu窶兮u grテゥ de la lecture, les 
prテゥtentions dテゥcroissent sensiblement, テ tel point qu窶冓l n窶凉 a presque plus commune mesure avec le 
titre. Ce nom a テゥtテゥ bien sテサr empruntテゥ au roman de H. de Balzac, 

la peau de chagrin

, 1831. 

 

窶「

 

Hypnose  

on lit au sommaire que l窶冑ypnose ツォ guテゥrit ツサ. 

p 52, on lit que ツォ l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies ツサ 

p 55, on lit que ツォ l窶冑ypnose rテゥduit le recours aux anesthテゥsies gテゥnテゥrales ツサ 

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302

p 56, on lit que ツォ l窶冑ypnose limite le recours テ l窶兮nesthテゥsie gテゥnテゥrale ツサ 

puis on apprend que ツォ l窶册ffet de l窶冑ypnose est renforcテゥ par une lテゥgティre sテゥdation et une 
anesthテゥsie locale de la plaie ツサ. 

Que l窶冑ypnose dテゥcrite ici, qui, malgrテゥ ce qui est dit, ressemble plus テ du dテゥtournement d窶兮ttention 
et de la suggestion qu窶凖 un ツォ テゥtat de conscience intermテゥdiaire ツサ (p 56, l. 46) soit utile lors 
d窶冩pテゥrations n窶册st guティre surprenant, et ne forme un scoop que parce que le mot 

hypnose

, qui porte 

foison de fantasmes, est utilisテゥ. Mais le procテゥdテゥ journalistique qui consiste テ appテ「ter la proie est 
flagrant ici. On part voir une montagne, on se retrouve avec une souris. 
 

窶「

 

Le singe bientテエt humain  

Nous renvoyons en annexe ce petit traitement d窶冰n article de 

S&Av

 mettant en scティne Cyrulnik 

(voir Annexe 

Fiche pテゥdagogique Nツー19 Technique de la Peau de chagrin 窶 le singe bientテエt humain

). 

 

窶「

 

Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer 

Dernier exemple, assorti d窶冰n appel テ l窶凖ゥmotion ! Dans 

S&Av

 de juillet 1995, une annonce 

fracassante est faite. 

Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer

. Selon Judah Folkman, l窶僊GM-1470 

1.

 

ツォ stoppe le cancer ツサ 

2.

 

ツォ stoppe l窶凖ゥvolution des cancers ツサ 

3.

 

ツォ est au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers ツサ 

4.

 

ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du 
poumon et des fibrosarcomes ツサ 

5.

 

ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du 
poumon et des fibrosarcomes ツサ 

6.

 

ツォ paraテョt efficace, couplテゥ aux thテゥrapies normales au stade expテゥrimental pour stopper 
l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du poumon et des fibrosarcomes ツサ 

 
L窶兮nnonce du 

New York Times

 du dimanche 3 mai 1998 est effectivement excitante :  

ツォ D'ici un an, si tout va bien, le premier patient se verra injecter deux nouvelles molテゥcules 
qui peuvent テゥradiquer n'importe quel type de cancer, sans effet secondaire テゥvident, ni 
rテゥsistances mテゥdicamenteuses chez la souris ツサ. 

En 2007, nous attendons encore. 
 

4.4.3.14

 

Technique de la peau d窶冩urs 

La technique de la 

peau d窶冩urs

 consiste テ vendre l窶冓nformation avant de l窶兮voir vテゥrifiテゥe ou faite 

valider par les pairs :  

ツォ Selon une conception idテゥale de la science, [l]e travail [de vテゥrification] devrait se faire 
avant la divulgation des rテゥsultats, surtout lorsqu'ils sont inhabituels ツサ (de Pracontal, 

ouv.

citテゥツクp. 110).  

Le terme s窶冓nspire bien sテサr de la fable de La Fontaine 

l窶儖urs et les deux compagnons

, moralisant ainsi :  

 

[...] il ne faut jamais. Vendre la peau de l'Ours qu'on ne l'ait mis par terre. ツサ 

 

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303

Les exemples sont innombrables, et devraient pourtant, comme la technique de la peau de 
chagrin, relever de l窶册scroquerie : 
 

窶「

 

Le Boson de Higgs  

ツォ 

La particule qui va rテゥvolutionner la physique

 ツサ titrait 

La Recherche

 en mai 2003. Ne devrions-nous pas 

attendre qu窶册lle la rテゥvolutionne effectivement ? (En arriティre-plan, une lutte politique entre deux 
grands laboratoires, occultテゥes par cette quテェte totalement construite pour l窶儖pinion Publique.  
 

窶「

 

Max Frei et le ツォ suaire ツサ 

Ce criminologiste retraitテゥ prテゥleva les テゥchantillons de pollen de la surface du ツォ Suaire ツサ de Turin 
qu窶卍ォ 

aucun autre scientifique, avec deux ensembles additionnels d窶凖ゥchantillons sur ruban adhテゥsif, n窶兮 vu

 ツサ (Broch 

1989, 

ouv.citテゥ

, p. 57) : il fit connaテョtre aux mテゥdias ses rテゥsultats d窶兮nalyse, corroborant l窶冓tinテゥraire 

thテゥorique du suaire テゥdictテゥ par Wilson (Jテゥrusalem, Edesse, Constantinople et Lirey, en France) 
immテゥdiatement, sans avis ni contre-expertise, et mourrut en 1983. ツォ (窶ヲ) ses rテゥsultats n窶冩nt 

jamais 

テゥtテゥ publiテゥs

 dans une revue scientifique aprティs ツォ 9 ans d窶册nquテェtes ツサ (窶ヲ)ツサ (

Ibid. 

p. 56). 

 

窶「

 

Le gティne Gay 

Maissons la parole テ de Pracontal :  

ツォ (窶ヲ) " le "gティne gay" de Dean Hamer a fait la une des journaux en mテェme temps que 
l'article de 

Science

 テゥtait publiテゥ. Dテゥrive supplテゥmentaire : la revue scientifique elle-mテェme 

incitait la grande presse テ l'extrapolation hテ「tive. 

Science 

comporte, テ cテエtテゥ des articles 

scientifiques proprement dits, des pages qui dテゥcrivent les dテゥcouvertes rテゥcentes en termes 
accessibles. Dans le nツー de juillet 93 oテケ figurait l'article de Hamer, ces pages trティs publiques 
contenaient une interview- commentaire du chercheur intitulテゥ "

テゥvidence en faveur d'un gティne de 

l'homosexualitテゥ

". On y lisait, entre autres affirmations hasardeuses : "

d'aprティs Dean Hamer, il 

semble vraisemblable que l'homosexualitテゥ dテゥcoule de causes diverses, gテゥnテゥtiques et peut テェtre 
environnementales

". Le titre original de l'article テゥtait moins affriolant : "

une liaison gテゥnテゥtique 

entre des marqueurs d'ADN sur le chromosome X et l'orientation sexuelle masculine

". On est frappテゥ, 

comme le souligne Bertrand Jordan, par "

l'incroyable glissement effectuテゥ depuis un article 

scientifique qui suggティre, avec maintes prテゥcaution, la localisation d'une contribution gテゥnテゥtique テ ce 
comportement, jusqu'テ un テゥcho paru dans le mテェme nツー qui affirme l'existence d'un "gティne de 
l'homosexualitテゥ

". (

ouv.citテゥ, 

pp. 113-114). 

 

窶「

 

D窶兮utres Terres 

(figure 139).

 

 

 

  

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304

Figure 139 : テ la recherche d窶兮utres terre, avec effets d窶兮nnonce テ la clテゥ et vraisemblablement des enjeux 

technologiques dテゥpolitisテゥs par ce scテゥnario. 

 
Outre le carpaccio ツォ odyssテゥe ツサ, le plus frappant dans cette image est l窶兮rt de vendre une 
information hypothテゥtique. Par une technique de la peau de l窶冩urs, on ツォ appテ「te ツサ le lecteur en lui 
offrant non seulement d窶兮utres planティtes (des milliards qui plus est) mais surtout d窶兮utres 
ツォ Terres ツサ. Un seul conditionnel dans les slogans laisse songeur, surtout lorsque nous nous 
rappelons qu窶冩n pouvait lire la mテェme chose trois ans avant (voir chapitre suivant). 
 

4.4.3.15

 

Technique du liquide vaisselle 

Notre dテゥnonciation de cette technique est nテゥe de la fatigue consテゥcutive テ voir ressassテゥs les 
mテェmes scoops ツォ classiques ツサ d窶冰ne annテゥe sur l窶兮utre, d窶冰n mテゥdia テ l窶兮utre. Nous l窶兮vons appelテゥ 
technique du liquide vaisselle en hommage au slogan du liquide vaiselle 

Paic Citron

 : ツォ 

quand il n窶凉 

en a plus, il y en a encore

 ツサ. Car il est des thティmes qui ont テゥtテゥ annoncテゥs plusieurs fois テ grands fracas, 

et qui semblent inテゥpuisables. 

窶「

 

Le dテゥcryptage du gテゥnome humain

, par exemple, a テゥtテゥ annoncテゥ de nombreuses fois (voir 

Annexe 窶 fiche pテゥdagogique Nツー 20 

Technique de la peau de chagrin

). 

窶「

 

Les exoplanティtes

 (voirplus haut), notamment les exoplanティtes semblables テ la Terre, ont テゥtテゥ 

annoncテゥes un grand nombre de fois 

窶「

 

L窶册au sur mars

 remporte la palme du meilleur liquide vaisselle, au prorata du nombre de 

couvertures mテゥdiatiques qu窶册lle a suscitテゥ. 

 L窶冓mage donnテゥe テ cette technique est suffisamment claire pour ne pas nテゥcessiter beaucoup de 
dテゥveloppements. 

 

4.4.4

 

Le mode mテゥtaphysique 

 
Dans le mode scテゥnaristique mテゥtaphysique, l窶冩bjectif est de faire ツォ flirter ツサ la connaissance avec des 
postures philosophiques non matテゥrialistes, et des mテゥtaphysiques souvent thテゥistes. En jouant sur 
la soif du public sur les questions de Dieu, on vent sous couvert d窶冓nformation scientifique de la 
non-science et parfois de la pseudoscience, comme avec l窶僮D. Nous avons abordテゥ ce point dans 
le dテゥbut de la thティse, lors du dessin des cadres de travail. 
Nous ne ferons que survoler, par quelques exemples, les themes rテゥcurrents de scテゥnarisation 
prテェtant le flanc テ des mテゥtaphysiques injustifiables, avec l窶册spoir de pouvoir ultテゥrieurement les 
dテゥvelopper plus longement. 
 

4.4.4.1

 

Concordisme et 

Overlapping Magisteria

 

Reproche rテゥguliティrement opposテゥ テ la science, la science serait dテゥsincarnテゥe et n窶冩ffrirait qu窶冰n 
aspect rテゥductionniste de l窶冓ndividu, occultant toute transcendance, rejettant le sacrテゥ, le 

sensible

, le 

spirituel

 et par la mテェme occasion tout ce qui est ツォ non mesurable ツサ. Entre les deux sナ砥rs terribles, 

le scテゥnario de reconciliation fait fortune, au nom d窶冰n libテゥralisme souriant : pourquoi ne rテゥserver 
qu窶凖 la science le droit d窶凖ゥdicter des vテゥritテゥs ? s窶册xclame le lecteur ou l窶冓nternaute. Pourquoi ne pas 
rテゥconcilier ces deux maniティres de lire le monde ? L窶冓dテゥe est de vendre une science et une 

background image

 

 

 

 

 

305

spiritualitテゥ qui s窶册n vont bras dessus, bras dessous, enfin bons amis. Nous parlons テ ce propos de 
concordisme, non plus seulement pour les cas oテケ les religieux tentent de faire concorder les 
nouvelles dテゥcouvertes aux textes sacrテゥs, mais aussi pour les cas oテケ chaque bテゥance d窶冰ne thテゥorie 
est interprテゥtテゥe comme un 

non mesurable

, une force immanente : en clair, une version plus large du 

Dieu des trous

 (voir 4.1 

Ips et enseignement

). 

Cet appel au concordisme recouvre une vテゥritable stratテゥgie politique. L窶冩bjectif est de :  

ツォ fテゥdテゥrer crテゥationnistes durs et テゥvolutionnistes dテゥistes sur une plate forme commune qui 
consiste テ (1) faire passer la biologie contemporaine pour victime d窶冰n prテゥjugテゥ 
mテゥtaphysique matテゥrialiste 

; (2) opposer テ celle-ci un programme de recherche 

symテゥtriquement fondテゥ sur [un] prテゥsupposテゥ mテゥtaphysique spiritualiste (3) puisque ces deux 
sciences qui s窶冩pposent dテゥcoulent de prテゥsupposテゥs mテゥtaphysiques diffテゥrents, faire jouer la 
libertテゥ de croyance pour imposer que le programme de recherches de l窶

Intelligent Design 

soit 

enseignテゥ テ part テゥgale avec l窶册nseignement de la biologie darwinienne dans les テゥcoles 
amテゥricaines ; (4) lutter contre l窶兮vortement et l窶冑omosexualitテゥ qui sont vues comme des 
pratiques contraires au dessein de la transcendance ; et donc doter les thティses conservatrices 
d窶冰n socle prテゥtendument scientifique. On voit comment le mテゥlange entre spiritualisme et 
science sert de cheval de bataille d窶冰ne droite amテゥricaine prosテゥlyte et soucieuse de faire 
voter des lois conservatrices ツサ (Dubessy 

& al

., 2005, 

ouv.citテゥ

, p. 33).  

C窶册st l窶凖曳lise qui a besoin de ce dialogue entre science et religions pour lテゥgitimer la place de la 
religion et donc de l窶僞glise 

sur le plan politique

, c'est-テ-dire dans la sphティre publique, lit-on. Ce 

besoin de dialogue n窶兮 pas de ressorts テゥpistテゥmologiques, mais bien des ressorts politiques. La 
science, dont la mテゥthodologie relevant du matテゥrialisme a fait ses preuves sur le terrain de la 
connaissance objective, sappe sa dテゥfinition mテェme lors d窶冰n tel dialogue : un peu comme si on 
proposait une rテゥconciliation Football - Basketball pour justifier un but de football marquテゥ de la 
main. 
Voici quelques exemples :  

窶「

 

Et si la Bible disait vrai窶ヲ  

C窶册st effectivement la couverture de 

S&V

 de mai 2002. On mテゥlange ici de maniティre trティs 

sommaire un scテゥnario et une thテゥorie, sans souci ni de l窶兮ntagonisme d窶册ssence entre science et 
textes scripturaires, ni sur ce que signifie ici le mot ツォ vrai ツサ. Le conditionnel permet de se couvrir 
de tous cテエtテゥs (que l窶兮rticle prouve que la Bible disait vrai ou pas) et le sous-titre aggrave encore le 
mテゥlange des genres : 

Les 10 plaies d窶凖ゥgypte expliquテゥes par la science 

(figure 140)

 

 

Figure 140 : 

Les 10 plaies d窶凖ゥgypte expliquテゥes par la science, 

mai 2002. Difficile de faire faire aux 

テゥtudiants la distinction entre acte de foi et remport d窶兮dhテゥsion. 

窶「

 

Question spiritualiste 

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306

Un an plus tard, 

S&V

 pose une question totalement non scientifique et purement tテゥlテゥologique : 

Qui a inventテゥ l窶冑omme ?

 (figure 141)(sans majuscule テ ツォ homme ツサ, テ se demander si les origines de la 

femme sont une question intテゥressante). En posant une question de ce genre, on ツォ force ツサ le 
lecteur テ adhテゥrer テ l窶冓dテゥe qu窶冓l y a forcテゥment quelque窶冰n ou quelque chose qui a inventテゥ l窶冑umain, 
et テ rejeter toute autre analyse scientifique. Nous sommes dans une variante de 

Plurium 

Interogationum

. Sous-titre : 

pourquoi la science ne parvient pas テ percer le mystティre de nos origines ? 

Serait-ce 

parce que ce que l窶兮uteur sous-entend n窶册st pas scientifique, ou simplement parce que nos 
origines n窶冩nt pas vテゥritablement de mystティre ? 
 

 

Figure 141 : S&V de mai 2003. Pourquoi la science ne parvient pas テ percer le mystティre de nos origines ? 

Certainement parce que ce mystティre n窶册st pas d窶冩rdre scientifique. 

 

窶「

 

Quand nテゥcessitテゥ fait loi 

      

 

Figure 142 : ツォ cosmos & destiny ツサ la nテゥcessitテゥ dans Scientific American d窶兮vril 2002 

 
La nテゥcessitテゥ se cache parfois dans les dテゥtails. Le terme Cosmos contient (par rapport テ chaos) 
l窶冓dテゥe d窶冰n ordre sous-jacent, d窶冰ne main invisible. Sur le cテエtテゥ de la 2

ティme

 page du 

Scientific American

un ナ妬l averti lira : ツォ destiny ツサ, tout ceci sur une accentuation iconique digne des meilleures 

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307

reprテゥsentations de la Crテゥation divine. 

 

4.4.4.2

 

Le problティme du clou, ou mテゥta-attaque sur l窶冓ntelligibilitテゥ / la rationalitテゥ du 
monde 

La mテゥta-attaque prend cette forme :  
- l窶冰nivers est dテゥcrit par la rationalitテゥ 

ou 

l窶冰nivers est rationnel ; 

ou 

l窶冰nivers est comprテゥhensible ; 

 donc l窶冰nivers est rationnel ; 

 donc connaテョtre l窶冰nivers revient テ dテゥcouvrir la rationalitテゥ qui prテゥテゥxiste テ la dテゥcouverte ;  

 donc une rationalitテゥ prテゥテゥxiste, qui a forcテゥment un but. 

On retrouve cette ligne argumentaire chez Gould, mais aussi chez des porte-parole de l窶凖ゥglise 
catholique comme Artigas qui テゥcrit par exemple :  

ツォ La nature n窶册st pas chaotique (窶ヲ) cette rationalitテゥ de la nature constitue un pont entre la 
science et les questions ultimes concernant le sens ツサ (

in 

Poupard 1994). 

Dubessy donne l窶冩util nテゥcessaire pour s窶册xtraire de cette impasse, en pointant chez Gould :  

ツォ La confusion テゥpistテゥmologique majeure mais hテゥlas courante, et qui consiste テ confondre 
les propriテゥtテゥs de nos outils d窶冓nvestigation (ici la rationalitテゥ de l窶冩bservateur) avec celles des 
objets テゥtudiテゥs. Pour prendre un autre exemple, il est courant de voir les non-scientifiques 
(et mテェme parfois les scientifiques) se mテゥprendre sur le sens de l窶冰tilisation du principe 
d窶凖ゥconomie d窶冑ypothティse (ou parcimonie) (voir 2.4.2 

Rasoir d窶儖ccam

). La parcimonie (comme 

la rationalitテゥ d窶兮illeurs) est un opテゥrateur qui maximise la cohテゥrence des thテゥories ; elle ne dit 
rien des propriテゥtテゥs du monde. Par exemple, le fait d窶兮ccepter le scテゥnario le plus 
parcimonieux de dテゥrive des continents n窶冓mplique aucunement que la tectonique des 
plaques s窶册fforce de minimiser le mouvement des continents. Le fait qu窶冰n phylogテゥnテゥticien 
accepte l窶兮rbre phylogテゥnテゥtique le plus parcimonieux ne signifie pas que l窶凖ゥvolution des 
espティces a テゥtテゥ parcimonieuse. Le fait que l窶僣omme utilise la rationalitテゥ n窶冓mplique 
aucunement que la nature soit agencテゥe rationnellement ツサ (Dubessy 

& al., ouv.citテゥ, 

p. 565)  

Il テゥcrit ailleurs (Dubessy & Lecointre, 

ouv.citテゥ

, p. 89) que le postulat de la rationalitテゥ de la nature 

posテゥ par l窶凖曳lise lui permet d窶兮ffirmer (pseudo)logiquement qu窶册lle conduit aux ツォ 

questions ultimes 

concernant le sens

 ツサ, moyennant un glissement intテゥressant. Si l窶凖曳lise qualifiait la nature de mystique, 

elle ne permettrait pas de crテゥer les conditions nテゥcessaires selon elle テ l窶凖ゥtablissement d窶冰n dialogue 
avec les scientifiques. En revanche, le qualificatif ツォ rationnel ツサ appliquテゥ non pas aux Hommes qui 
produisent la connaissance scientifique ou テ la connaissance objective elle-mテェme mais テ l窶冩bjet de 
la connaissance conduit en fait テ justifier l窶册xistence d窶冰ne entitテゥ transcendante, dont on ne voit 
pas qui cela pourrait テェtre, sinon Dieu.  
Un tour de passe passe permet ainsi de rendre Dieu rationnel. Nous nous sommes inspirテゥs de 
cette citation prテェtテゥe テ Abraham Maslow (pourtant figure incontournable du Nouvel テHe) qui est 
digne d窶凖ェtre une facette Z : 

n窶兮voir テ disposition qu窶冰n marteau ne fait pas de tous les problティmes des clous

271

 

Il convient de ne pas confondre les propriテゥtテゥs de nos outils d窶冓nvestigation avec celles des objets 
テゥtudiテゥs 

                                                 

271

 La citation est exactement : ツォ 

If the only tool you have is a hammer, you tend to see every problem as a nail

. ツサ 

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308

 
 
 
 

Soulignons au passage que certains raccourcis langagiers utilisテゥs dans l窶册nseignement comme celui 
de Spinoza ツォ 

La Nature a horreur du vide

 ツサ, par exemple, en plus d窶凖ェtre inexact, flatte la lecture 

anthropomorphique ツォ gaテッesque ツサ de la Nature en la personnifiant. Il est bon de rappeler de temps 
テ autres que la Nature non seulement se fiche du vide, mais se fiche de tout, car elle n窶

est

 pas テ 

proprement parler. Cela n窶册mpテェche pas la rテゥcupテゥration du concept en politique, comme on peut 
le voir ici :  

ツォ 

Nouvel organigramme de l'テゥducation: La Nature a horreur du Vide !

 ツサ (C. Ould Nenni, 

Nouakchott Info

, 13 janvier 2003) 

 

4.4.4.3

 

L窶册ffet Cerceau 窶湾aranormal窶 窶 parapsychologie et anti-matテゥrialisme 

La trame argumentative de l窶册ffet Cerceau 窶湾aranormal窶 est la suivante :  

1. un phテゥnomティne (poltergeist, visions, pouvoir psi, guテゥrison vue comme miraculeuse, etc.) 
sort du champ de la science. 
2. C窶册st parce que ce phテゥnomティne n窶册st pas matテゥriel. 
3. Donc le matテゥrialisme est faux 

En voici quelques briティves illustrations :  

窶「

 

P. Janin, dans la revue 

Parapsychologie

 

ツォ En apparence comme en profondeur, le psi contredit la vision matテゥrialiste 窶 
couramment dite "scientifique" en Occident 窶 essentiellement parce qu'il rテゥintroduit le 
psychisme comme dimension テ part entiティre dans l'univers ツサ (

in 

Michel 

& al.

 1986). 

窶「

 

F. Dessart 

ツォ On pourrait aborder bien d窶兮utres テゥvティnements paranormaux tels que bilocations et 
dテゥcorporations, inテゥdie ou absence totale de nourriture, guテゥrisons et chirurgie 
paranormale, qui attestent la toute puissance de l窶僞sprit et l窶冩mniprテゥsence de l窶僞nergie-
Conscience. (窶ヲ) Par ce cheminement on accティde テ sa nature rテゥelle et on rテゥalise que le 
matテゥrialisme qui corrompt tout corrompt tout et テゥloigne l窶冑omme du Rテゥel n窶册st qu窶冰ne 
fatale illusion. ツサ

272

 

Deux non-sens se cachent dans ce raisonnement et en font une tautologie. 

Primo

, pour テェtre classテゥ 

phテゥnomティne, un fait doit テェtre dテゥcrit. 

Secundo

, pour dire qu窶冓l sort du champ de la science, c窶册st qu窶冓l 

n窶兮 pas テゥtテゥ observテゥ. Par consテゥquent il ne peut テェtre classテゥ phテゥnomティne. 
Le seul moyen que ce raisonnement soit un tantinet acceptable serait de mettre en テゥvidence 
qu窶冰ne entitテゥ a une action sur le rテゥel sans テェtre matテゥrielle : un ange, par exemple, un fantテエme, une 
テ「me ou une projection astrale qui agiraient sur un objet ou iraient chercher une information. 
Mテェme lテ, si la science le prテゥvoit, il ne sort pas du champ scientifique  

                                                 

272

 Dossier complet sur les recherches en parapsychologie, Bibliothティque Alpha, F. Dessart, disponible ici, 

http://www.sciences-occultes.org/Dossier/Dossier%20complet%20sur%20parapsychologie.pdf

.

 

Prテゥcision : Dessart 

テゥtait membre de la secte 

Ecovie

, d窶冩テケ trティs certainement le ton lテゥgerement messianique. 

Facette Z (de Maslow) 

N窶兮voir テ disposition qu窶冰n marteau ne fait pas de tous les problティmes des 

clous 

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309

Nous sommes dans le cas prテゥsent trティs proches du sophisme de la 

pテゥtition de principe

 

4.4.4.4

 

Mテゥta-attaques de l窶冑orloger 

Nous renvoyons le lecteur テ la fiche pテゥdagogique dテゥtaillテゥe sur cette question 窶 Annexe 

fiche 

pテゥdagogique Nツー16 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger.

  

 

4.4.4.5

 

La TdT ou thテゥorie du tout 

ツォ 

Tout l窶儷nivers dans une テゥquation

 ツサ ou ツォ 

la thテゥorie de tout

 ツサ est une scテゥnarisation donnant l窶冓mpression 

d窶兮ller regarder le crテゥateur dans les yeux. La posture philosophique holitisque qui la sous-tend 
mテゥrite une analyse poussテゥe, que nous avons seulement テゥbauchテゥe. Contentons-nous de dire que la 
TdT (en anglais TOE, theory of everything) est un grand ツォ classique ツサ de la vulgarisation 
scientifique (figure 143). 
 

 

Figure 143 : ツォ tout l窶冰nivers dans une テゥquation ツサ annonce S&Av HS nツー145, mai-juin 1999, avec テ l窶兮ppui 

la figure ツォ gテゥniale ツサ de S. Hawking. 

Figure 144 (ci-dessous) : rテゥductionnisme hasardeux (la molテゥcule de la foi identifiテゥe ?), 
interrogation insinuant que cette molテゥcule existe, raisonnement panglossien (notre Cerveau est 
programmテゥ pour croire) et effet cigogne classique (la religion augmente l窶册spテゥrance de vie) 
expliquent 

Pourquoi Dieu ne disparaテョtra jamais

.  

Trois argumentaires pseudo-scientifiques au moins se nourrissent de cette catテゥgorie d窶兮llテゥgation :  

-

 

l窶冰n naturaliste (nous n窶凉 pouvons rien, c窶册st gテゥnテゥtique/molテゥculaire) ; 

-

 

le second tテゥlテゥologique (nous n窶凉 pouvons rien, nous sommes faits pour テァa) ; 

-

 

le troisiティme utilitariste (cela augmente notre epテゥrance de vie). 

 

ツォ 

Tout l窶冰nivers dans une 

テゥquation ツサ. 

Rテゥductionnisme 

fort. 
 
Accentuation iconique entre le 
corps perclus et malade 
d窶僣awking et son gテゥnie, en 
mesure d窶凖ゥcrire une TdT (au 
moins dans l窶冓maginaire de 

S&Av

). 

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310

 

Figure 144 : Science &Vie aoテサt 2005 

 

Le Point

 

de dテゥcembre 

2005

 

(figure 145) appuie le registre mテゥtaphysique sur les questions de 

cosmologie : faux dilemme, mise sur le mテェme rang du scテゥnario divin et de la thテゥorie des 
multivers, scテゥnario du combat (entre religieux et scientifiques qui s窶兮ffrontent), carpaccio 
ツォ rテゥvolution ツサ et question ouverte usant de la technique de la peau d窶冩urs (le 

big bang

 n窶凖ゥtant pas 

encore dテゥpassテゥ). 
 

 

 

Figure 145 : ツォ Dieu, la science et l窶冩rigine du monde ツサ, tout un programme avec Le Point 

 

4.4.5

 

Le mode politique 

La mise en scティne politique de la science est un stratagティme pratique pour permettre テ la 
contestation des divers sens du mot 

science

 de s窶册n prendre テ la dテゥmarche 窶 et de lテゥgitimer ainsi 

tant certaines contestations anti-matテゥrialistes que des pseudosciences de facture simple. La 
dテゥmonstration de l窶册ssence commune de ce front commun a テゥtテゥ brillamment effectuテゥe par Sokal 
(2005). Nous ne donnerons que quelques angles de lecture de ce mode de scテゥnarisation politique, 
car nous lui rテゥservons un travail ultテゥrieur, plus fouillテゥ mais certainement moins estudiantin, tant 
la question est dテゥlicate テ traiter et テ aborder dans un cours de science. 
 

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311

4.4.5.1

 

La mテゥtaphore juridique 

La mテゥtaphore juridique

 

est un grand classique du relativisme cognitif, car elle laisse accroire que 

la science fonctionne selon des juges et des parties qui remportent l窶兮dhテゥsion par une sorte de 
consensus dテゥmocratique, au nom d窶冰n libテゥralisme un peu galvaudテゥ. Une テゥviction de 
pseudoscience y est vテゥcue comme un dテゥni du pluralisme ツォ politique ツサ que devrait reprテゥsenter la 
science. Nous sommes directement projetテゥs dans le relativisme de Feyerabend qui dテゥclarait en 
des phrases aussi cテゥlティbres que fausses :  

ツォ L窶冰nanimitテゥ dans l'opinion peut convenir テ une テ曳lise, aux victimes terrorisテゥes ou 
ambitieuses de quelque mythe (ancien ou nouveau) ou aux adeptes faibles et soumis de 
quelque tyran. Mais la variテゥtテゥ des opinions est indispensable テ une connaissance objective. 
Et une mテゥthode qui encourage la variテゥtテゥ est aussi la seule mテゥthode compatible avec des 
idテゥes humanistes ツサ (Feyerabend, 

ouv.citテゥ

, p. 46 et p. 348). 

C窶册st une mテゥtaphore frテゥquemment utilisテゥe, notamment dans les cas de pseudo-mテゥdecines. Elle 
dテゥnature totalement la dテゥmarche scientifique, qui valide une thテゥorie non sur la majoritテゥ des avis, 
mais sur l窶兮dテゥquation des rテゥsultats avec la prテゥdiction. 

ツォ Le terme ツォ loi ツサ est la jauge de cette mテゥtaphore, puisqu窶冓l entremテェle dans la culture 
franテァaise l窶兮cception ツォ loi physique ツサ, immuable, axiomatiquede la Nature et ツォ loi ツサ humaine, 
construite dans le cadre d窶冰n groupe social, et renテゥgociable. La mテゥtaphore est extrテェmement 
dangereuse. Des auteurs cテゥlティbres du POMO comme Stengers jouent sur ce registre en 
encourageant テ ツォ enfreindre la loi ツサ, テ passer les ツォ infractions ツサ et テ se dテゥpartir des 
ツォ jugements ツサ quasi-pテゥnaux des physiciens (Stengers, 

ouv.citテゥ

, p. 105), ceci non pour flatter 

une sympathique dテゥsobテゥissance civile mais pour montrer que les savoirs scientifiques ne 
sont que des conventions humaines, ツォ relevant quasi exclusivement de luttes de pouvoir, 
dans lesquelles la pertinence des thテゥories scientifiques dテゥbattues n窶兮urait que peu 
d窶冓mportance (窶ヲ)Une science qui se targue de possテゥder la seule mテゥthode correcte et les 
seuls rテゥsultats acceptables est une idテゥologie, et doit テェtre sテゥparテゥe de l'テ液at et particuliティrement 
de l'テゥducation. On peut l'enseigner, mais uniquement テ ceux qui ont dテゥcidテゥ d'adopter cette 
superstition particuliティre. ツサ (Mulet Marquis, 

ouv.citテゥ

, p. 318).  

 
Nous sommes dans l窶兮nti-rationalisme et le relativisme cognitif le plus granuleux. 
Malheureusement, ces menaces テゥchappent gテゥnテゥralement aux concepteurs de mテゥdias. Un simple 
exemple peut テェtre pris par l窶冰ne des ces annonces jouant sur les deux registres : 

la rテゥsistance 

テゥlectrique abolie

, lit-on (figures 147). La vraie question est : par quelle cour de justice ? 

 

 

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312

 

Figures 146 : la rテゥsistance abolie, (gros plan) dans 

La Recherche

. Par quelle cour de justice ? 

 

4.4.5.2

 

Manナ砥vres dilatoires : 

ad hitlerum

, chauvinisme, etc. 

Certaines manナ砥vres dilatoires sont permises par cette mテゥtaphore juridique, en particulier les 
attaques 

ad hominem

 et 

ad personam

. Lutter contre ce relativisme cognitif et テゥpingler les imposteurs 

intellectuels souvent classテゥs ツォ de gauche ツサ leur a valu des caractテゥrisations politiques surprenantes 
dans les mテゥdias.  
La contestation de la science en gテゥnテゥral, du recours テ la raison en particulier, a donnテゥ lieu テ un 
immense dテゥbat rテゥsumテゥ sous le nom de 

Science wars

. Selon Gross & Levitt (1994) et テ notre grande 

surprise, cette contestation テゥtait 窶 est 窶 portテゥe par la gauche acadテゥmique amテゥricaine comme 
une ツォ superstition haut de gamme ツサ.  
Le cas le plus extrテェme est la 

reductio ab hitlerum

 qui consiste, comme l窶凖ゥcrit De Benoist, テ la 

ツォ mテゥthode du chef de gare ツサ :  

ツォ On rattache le wagon ツォ droite ツサ au wagon ツォ extrテェme droite ツサ, le wagon ツォ extrテェme droite ツサ 
au wagon ツォ fascisme ツサ, on y adjoint le wagon ツォ nazisme ツサ tirテゥ par la locomotive ツォ Auschwitz 
ツサ. Aprティs quoi, il ne reste plus qu'テ faire circuler le train en rase campagne sous le feu des 
tireurs embusquテゥs. ツサ (De Benoist 1994).

273

 

 
Voici quelques exemples (rテゥcents) : 

窶「

 

Roudinesco et sa ツォ haine ツサ 

テ en croire l窶凖ゥpistテゥmologue de la psychanalyse E. Roudinesco, il est difficile de comprendre la 
vindicte sur Freud autrement que par une volontテゥ antisテゥmite. Il ne semble pas l窶册ffleurer qu窶册lle 
puisse transfrormer en 

haine

 ce qui n窶册st que contestation scientifique

274

.  

 

窶「

 

Maud Kristen et le KKK  

Dans l窶凖ゥmission de S. Bern l窶

Arティne de France

 ツォ Faut-il croire aux phテゥnomティnes inexpliquテゥs ? ツサ du 4 

octobre 2006, la voyante Maud Kristen s窶册n prend テ Broch テ partir d窶冰ne caricature d窶冰n 
personnage goudronnテゥ et plumテゥ dans le livre ツォ Au cナ砥r de l窶册xtraordinaire ツサ, qualifiant ces 
mテゥthodes de dignes du Ku Klux Klan

275

                                                 

273

 Nous devons l窶册xpression 

reductio ad hitlerum

 au philosophe Lテゥo Strauss. 

274

 Voir sur ce point l窶册xcellente introduction de Racca J.L., 

Peut-on critiquer la psychanalyse ?

 

テ液ude de l'argumentation du 

livre ツォ Pourquoi tant de haine ? ツサ d'Elisabeth Roudinesco, rテゥaction au ツォ Livre Noir de la psychanalyse ツサ

 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=2&ecritId=26

  

275

 Bellet A., Joannin L. 

& al

ouv.citテゥ

 Cours Zテゥtテゥtique & Approche scientifique du paranormal, dテゥc. 2006 

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313

Si l窶冓nvocation des opinions politiques d窶冰n interlocuteur dans une discussion ne se justifie pas 
quand la question est de type purement scientifique, elle se pose lorsqu窶冓l s窶兮git justement de la 
transmission de cette connaissance. On assiste alors テ d窶冓ntテゥressantes distorsions de contenus, 
chauvines ou revanchistes :  

-

 

テ grande テゥchelle, comme sur l窶兮ffaire de Piltdown, grandement motivテゥ par une jalousie 
vis-テ-vis de Cro-Magnon et Nテゥande-

 

テ petite テゥchelle, comme lors des prテゥsentations de dテゥcouvertes archテゥologiques : soit on ne 
prテゥsente que les co-dテゥcouvreurs franテァais en occultant les autres (cas Lucy, avec Yves 
Coppens) soit on transforme en record la dテゥcouverte : ツォ le plus vieux ceci ツサ, ツォ la plus 
ancienne cela ツサ, si tant est que la dテゥcouverte flatte un sentiment rテゥgionaliste ou 
nationaliste 窶 avec les dテゥrives que l窶冩n prテゥsume (l窶兮ffaire Osmanagi

 et les pyramides 

bosniennes, que nous avons dテゥjテ abordテゥ). La faテァon de prテゥsenter ce genre d窶冓nformation 
ressemble alors de prティs aux prテゥsentations sportives : les tテゥlテゥvisions franテァaises 
retransmettent prテゥfテゥrentiellement les disciplines dans lesquelles un-e franテァais-e a une 
chance de mテゥdaille, et lorsqu窶冓ls annonent les rテゥsultats, cite le 33

ティme

 franテァais sans mテェme 

parfois parler du vainqueur. (voir 4.4.3.11 

Autres scテゥnarios 窶 record窶ヲ

). 

 

4.4.5.3

 

Pseudo-テゥpistテゥmologies anti-impテゥrialiste, fテゥministe, anti-colonial 

Critiques courantes adressテゥes テ la science, celle de son ツォ impテゥrialisme ツサ テゥcrasant, de son 
ツォ machisme ツサ inhテゥrent et de sa morgue face テ des connaissances empiriques non-ツォ occidentales ツサ 
au sens de non-eurpテゥennes/Amテゥricaines du Nord. Dans une confusion pourtant vite テゥvaporテゥe 
avec les prテゥcautions du chapitre 1, le mテゥlange des genres malmティne fortement l窶凖ゥpistテゥmologie, au 
point de crテゥer le terreau propice テ l窶兮cceptation de pseudosciences au simple titre qu窶册lles seraient 
un pied-de-nez テ la barbe de la raison 

occidentale blanche masculine

. Ce discours est trティs rテゥpandu en 

France dans les milieux テゥcologisants et alternatifs politiques qui tendent テ dテゥnoncer la science et 
ses applications. Des analyses discutables de Thuiller sur ツォ l窶冓mpテゥrialisme ツサ de la pensテゥe 
occidentale et de la science par exemple sont reprises sur des sites politiques de dテゥcroissance 
窶「

 

Chez Settle :  

ツォ Le programme explicatif du matテゥrialisme commenテァa par faire de belles promesses, 
comme lors d窶冰ne campagne テゥlテゥctorale : la science parviendrait テ faire bien mieux que la 
religion, religion qui explique tout de maniティre 

ad hoc

 par l窶冓ntervention crテゥatrice de Dieu ; la 

science allait dテゥcouvrir les lois de la nature et expliquer toutes choses au moyen de ces lois. 
L窶冓mmense succティs de la physique newtonnienne gagna bon nombre d窶凖ゥlテゥcteurs テ la cause de 
la science, conテァue comme un programme pleinement rationel. Mais ce programme recティle le 
monstre de l窶冓mpテゥrialisme ; or la biologie, prテゥcisテゥment, exige maintenant de la communautテゥ 
scientifique qu窶册lle l窶兮nテゥantisse. Le matテゥrialisme, crテゥateur en tant que programme de 
recheche ; est mortellement impテゥrialiste en tant qu窶冩ntologie ツサ (Settle 1989, pp. 317-318, in 
Debussy 

& al

, 2004, 

ouv.citテゥ

, p. 7). 

窶「

 

Sous la plume du prテゥsident de l窶

Association Franテァaise de Transpersonnel

, Marc-Alain 

Descamps :  

ツォ Les deux premiers tiers de ce siティcle ont テゥtテゥ, テ la suite des prテゥcテゥdents, marquテゥs par le 
matテゥrialisme scientifique et ses consテゥquences : l'impテゥrialisme テゥconomique, les violences et 

                                                 

276

 Voir la chronologie de l窶兮ffaire dans Turritti, 

The piltdown man forgery 1953-2005

 :  

http://www-tc.pbs.org/wgbh/nova/teachers/activities/pdf/3202_hoax.pdf

  

277

 Thuiller, 

Gentille science et vilaines applications

http://decroissance.apinc.org/Gentille-science-et-vilaines

  

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314

les guerres destructrices. La science s'est lentement construite avec les dogmes de la seule 
quantification par Galilテゥe, du mテゥcanisme de Descartes et de la physique close de 
Newton ツサ.

278

 

Bourdieu a bien tentテゥ de clarifier, malgrテゥ un texte un peu tortueux, cette critique anti-coloniale de 
l窶冓mpテゥrialisme occidental :  

[...] Il vient du fond des pays islamiques une question trティs profonde テ l'テゥgard du faux 
universalisme occidental, de ce que j'appelle l'impテゥrialisme de l'universel

279

.(窶ヲ) Le 

rationalisme scientiste, celui des modティles mathテゥmatiques qui inspirent la politique du FMI 
ou de la Banque Mondiale, celui des 

laws firms

, grandes multinationales juridiques qui 

imposent les traditions du droit amテゥricain テ la planティte entiティre, celui des thテゥories de l'action 
rationnelle, ect..., ce rationalisme est テ la fois l'expression et la caution d'une arrogance 
occidentale, qui conduit テ agir comme si certains hommes 

(sic)

 avaient le monopole de la 

raison, et pouvaient s'instituer, comme on le dit communテゥment, en gendarmes du monde, 
c'est テ dire en dテゥtenteurs autoproclamテゥs du monopole de la violence lテゥgitime, capable de 
mettre la force des armes au service de la justice universelle. La violence terroriste, テ travers 
l'irrationalisme du dテゥsespoir dans lequel elle s'enracine presque toujours, renvoie テ la 
violence inerte des pouvoirs qui invoquent la raison. La coercition テゥconomique s'habille 
souvent de raisons juridiques.  
L'impテゥrialisme se couvre de la lテゥgitimitテゥ d'instances internationales. Et, par hypocrisie 
mテェme des rationalisations destinテゥes テ masquer ses 

doubles standards

, il tend テ susciter ou テ 

justifier au sein des peuples arabes, sud-amテゥricains, africains, une rテゥvolte trテゥs profonde 
contre la raison qui ne peut pas テェtre sテゥparテゥe des abus de pouvoir qui s'arment ou 
s'autorisent de la raison (テゥconomique, scientifique ou autre). Ces "irrationnalismes" sont en 
partie le produit de notre rationalisme, impテゥrialiste, envahissant, conquテゥrant ou mテゥdiocre, 
テゥtriquテゥ, dテゥfensif, rテゥgressif, selon les lieux et les moments.  
C'est encore dテゥfendre la raison que de combattre ceux qui masquent sous les dehors de la 
raison leur abus de pouvoir ou qui se servent des armes de la raison pour asseoir ou justifier 
un empire arbitraire. ツサ 

280

 

Sur la question du fテゥminisme scientifique, Gross & Levitt tテゥmoignent :  

ツォ feminist science-critics... are governed by the impulse to take language very seriously, even 
when it is clearly metaphorical or simply whimsical... The tendency to construe 
colloquialisms as tokens of deep epistemological error has been a ceaseless element of 
feminist criticism, and one of the most fatuous." (窶ヲ) Objecting to the statement that 
"metaphor plays a central role in the construction of mathematics", they write: 
 "No! It does not. . . One of us [Levitt], speaking as a mathematician who has seen an awful 
lot of mathematics 'constructed' and has constructed some himself, can testify to the 
uselessness of metaphor in mathematical invention, although analogy 窶 a rather different 
notion 窶 can be of some help. Mathematical intuition is something much more mysterious 
than metaphor. ツサ (Gross & Levitt, 

ouv.citテゥ

, pp.116 et 123)  

                                                 

278

 

In 

Descamps, 

La Renaissance des valeurs

 : 

http://www.europsy.org/aft/pg136.html

  

L窶僊FT, テゥmulation de la psychhologie transpersonnelle de Maslow et Grof, est directement liテゥe au New Age, et aux 
pratiques pseudomテゥdicales de type respiration holotropique et 

rebirth

279

 Bourdieu, 

Deux impテゥrialismes de l'universel

 

in

 Faurテゥ & Bishop (テゥds) 

l'Amテゥrique des franテァais

 (1992) pp. 149-155. 

280

 Intervention lors de la discussion publique organisテゥe par le Parlement international des テゥcrivains - foire 

internationale de Francfort 15 oct. 1995 - Publiテゥe dans 

Contre-Feux

 (1998). 

 

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315

Rien d窶凖ゥtonnant テ ce qu窶册nsuite des pseudo-fテゥministes sapent le combat fテゥministe en 
l窶册ssentialisant, par des voies fortes comme celle de Starhawk et des reprテゥsentants des cultes nテゥo-
sorciers. Ces voix rテゥsonent aussi bien dans les cultures politiques contestataires que dans les 
revues 

Bien-テォtre, Bio

, et ツォ fテゥminines ツサ, テ l窶冓mage de ce genre d窶凖ゥcrit commis par Mielczareck dans la 

Revue 

Soleil Levant

, gratuit テ grand tirage dans les magasins bio :  

ツォ En l窶冰nissant テ sa polaritテゥ masculine, d窶凖ゥnergie plus conquテゥrante, chaque personne peut 
retrouver sa capacitテゥ d窶兮ction et son aptitude テ concrテゥtiser ses aspirations. Pour que nous 
puissions davantage manifester le fテゥminin, il nous faudra dompter l窶凖ゥtat d窶册sprit de notre 
pensテゥe rationnelle influencテゥ par une culture patriarcale

.

 Ainsi, nous pourrons accueillir et 

incarner en toute confiance notre intelligence intuitive Sacrテゥe pour lui donner sa juste 
place dans notre rテゥflexion et dans nos prises de dテゥcisions au quotidien ツサ. 
 

La pseudo-テゥpistテゥmologie ant-coloniale テ quant テ elle trティs bien テゥtテゥ abordテゥe par Sokal (

ouv.citテゥ

2005), au point qu窶冰ne fiche de lecture sur son livre mテゥrite, par sa clartテゥ, d窶凖ェtre transcrite ici, ne 
serait-ce, comme dit Kindo, ツォ 

interpeller des milieux de gauche et テゥcologistes sensibles aux pseudo-sciences et テ 

la rhテゥtorique antiscientifique du postmodernisme 

ツサ.  

ツォ Cet exemple nous vient d窶僮nde, et Sokal le dテゥveloppe en s窶兮ppuyant sur les travaux d窶冰ne 
philosophe et sociologue des sciences nommテゥe Meera Nanda. 
L窶兮ffaire dテゥmarre en 1981 lorsqu窶冰n groupe d窶冓ntellectuels et de scientifiques indiens publie 
une Dテゥclaration sur la mentalitテゥ scientifique directement puisテゥe aux sources des Lumiティres, 
puisqu窶册lle critiquait la persistance en Inde de l窶冓llettrisme, des superstitions et des 
hiテゥrarchies sociales fondテゥes sur la religion. Ce texte dテゥclenche alors les foudres 
d窶冓ntellectuels nテゥo-gandhiens, qui, selon une optique typique du postmodernisme, voient au 
contraire dans la science un instrument d窶冩ppression au service des puissances coloniales. 
Ainsi, Ashis Nandy pouvait テゥcrire : 

ツォ dans un monde oテケ des autoritテゥs arbitraires dテゥpossティdent 

constamment l窶冓ndividu de son droit テ contrテエler sa propre destinテゥe, une situation dont la science et la 
technologie modernes sont partiellement responsables, l窶兮strologie tient lieu pour les pauvres de dテゥfense 
psychologique. C窶册st une tentative de trouver le sens d窶冰n prテゥsent qui n窶册st qu窶冩ppression dans un avenir 
maテョtrisable (...). En somme, l窶兮strologie est le mythe des faibles, la science moderne est celui des forts ツサ

Vandana Shiva, dテゥjテ テゥvoquテゥe, est elle aussi reprテゥsentative de cet obscurantisme 
antiscientifique drapテゥ dans les habits de la rテゥsistance テ l窶冩ppression : 

ツォ Les "faits" de la science 

rテゥductionniste sont des catテゥgories socialement construites et qui portent les marques culturelles du systティme 
occidental, bourgeois et patriarcal, lequel constitue le contexte de leur dテゥcouverte et de leur justification. ツサ

L窶冓ntテゥrテェt de cet exemple indien est que cette polテゥmique a dテゥbordテゥ le champ de la querelle 
philosophique pour s窶冓ncarner concrティtement sur le plan politique. En voulant 
ツォ dテゥcoloniser ツサ les consciences et en expliquant qu窶冓l n窶凉 a pas de ツォ science ツサ mais des 
ツォ ethnosciences ツサ qui ne se comprennent que dans un systティme culturel donnテゥ, ces 
intellectuels de gauche ont radicalement dテゥblayテゥ le terrain philosophique pour un parti 
nationaliste hindou, le BJP, qui a accテゥdテゥ au pouvoir entre 1998 et 2004, et qui, autour de la 
notion d窶卍ォ hindouitテゥ ツサ, a appliquテゥ son programme de restauration des croyances 
traditionnelles en expurgeant les manuels d窶冑istoire des contributions des musulmans et en 
instaurant テ l窶冰niversitテゥ l窶册nseignement de toutes une sテゥrie de pseudosciences, dont 
l窶兮strologie vテゥdique. Le jugement de Nanda est implacable : 

ツォ Les humanistes de gauche ayant 

adoptテゥ un programme nativiste et antirationaliste fondテゥ sur des thテゥories postmodernes prテゥtentieuses, il ne 
reste quasiment plus aucune rテゥsistance organisテゥe aux nationalistes hindous. (...) Il nous manque une 
conception du monde laテッque convaincante capable de mobiliser l窶冩pinion populaire et qui ne craigne pas de 
contredire la prテゥtendue ツォ sagesse ツサ des traditions populaires. ツサ

  

Et Sokal de renchテゥrir : 

ツォ Les attaques du postmodernisme contre l窶冰niversalisme et l窶冩bjectivitテゥ, tout 

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316

comme sa dテゥfense des "savoirs locaux", s窶兮daptent particuliティrement bien aux idテゥologies nationalistes de tout 
genre. La plupart des postmodernes contemporains sont des intellectuels progressistes qui se soucient 
sincティrement du sort des pauvres et des opprimテゥs. Malheureusement, les idテゥes ont la fテ「cheuse manie 
d窶凖ゥchapper aux intentions initiales de leurs crテゥateurs ツサ

. テ ceux qui, aprティs cet exemple テゥdifiant, se 

posent encore la question que pose Sokal lui-mテェme : 

ツォ Quelle importance ? ツサ

, les deux auteurs 

prテゥsentテゥs ici donnent, par delテ leurs diffテゥrences, des rテゥponses qui vont dans le mテェme sens. 
Selon Taverne, 

ツォ La Raison est l窶冰n des fondements de la dテゥmocratie. Si l窶冓rrationalitテゥ prテゥvaut et si le 

respect de la preuve est rejetテゥ, comment pouvons-nous rテゥsister au fondamentalisme religieux, au chauvinisme, 
au racisme et テ toutes les autres menaces qui pティsent sur une sociテゥtテゥ civilisテゥe ? ツサ

. Selon Sokal, 

ツォ Si  la 

croyance du grand public テ la voyance et テ d窶兮utres phテゥnomティnes du mテェme type me prテゥoccupe, c窶册st parce que 
je soupテァonne la crテゥdulitテゥ dans les domaines mineurs de prテゥparer la crテゥdulitテゥ dans des domaines plus graves. 
テ l窶冓nverse, je me demande si le type d窶册sprit critique qui aide テ distinguer la science de la pseudoscience 
pourrait aussi s窶兮vテゥrer utile lorsqu窶冓l s窶兮git de distinguer la vテゥritテゥ du mensonge dans les affaires publiques 窶 
je ne dis pas qu窶冓l s窶兮git d窶冰ne panacテゥe, absolument pas, mais que cela pourrait テェtre utile

 ツサ (Kindo 2005). 

 
Gross & Levitt pointaient dテゥjテ le fait que ツォ

 Serious and difficult issues concern attempts by Afro-centrists to 

re-write the history of science 

ツサ. Discutant la ツォ dテゥcouverte ツサ dogon de Sirius B, ils テゥcrivent :  

ツォ Somehow, the condescending belief has taken hold that black children can persuaded to 
take an interest in science only if they are fed an educational diet of fairy tales. ツサ (

ibid.

 p. 

208) 
 

Chomsky aura ces mots trティs clairs :  

ツォ On pourrait ranger dans une premiティre catテゥgorie les arguments suivants : X est dominテゥ par 
ツォ les mテ「les de race blanche ツサ (

white male gender

). Par consテゥquent, X est ツォ limitテゥ par des biais 

culturels, raciaux et sexistes ツサ qui ツォ reproduisent et perpテゥtuent l窶冩rdre social, en ses divisions 
et ses modes de domination ツサ. ツォ Dans les pays du Sud, la majoritテゥ des gens attendent depuis 
cinq cent ans que les bienfaits de X leur soient dispensテゥs et ceci indテゥpendamment du 
processus dテゥmocratique ツサ. C窶册st que X ツォ est intimement liテゥ au capitalisme et au 
colonialisme, et qu窶冓l n窶册st pas exclusif du racisme et du totalitarisme ツサ. X a テゥtテゥ invoquテゥ par 
les commissaires politiques de l窶儷nion Soviテゥtique pour ツォ amener des millions de personnes 
テ embrasser la cause d窶冰n rテゥgime impitoyable et criminel ツサ (soit dit en passant, personne ne 
mentionne le fait que les nazis ont fait de mテェme). La suprテゥmatie de X ツォ est demeurテゥe 
incontestテゥe ツサ. Pire, ツォ elle a permis de crテゥer de nouvelles formes de contrテエle politique et 
テゥconomique テ l窶凖ゥchelle des テ液ats et du monde ツサ. 
En conclusion, il y a quelque chose d窶卍ォ intrinsティquement mauvais ツサ en X. Nous devons le 
rejeter, le dテゥpasser ou le remplacer par autre chose. Et nous devons テゥgalement inciter les 
pauvres et les opprimテゥs de la Terre テ en faire autant. Il s窶册n suit que nous devons 
abandonner la littテゥrature et les arts, qui, comme les sciences, satisfont テゥgalement aux 
critティres de X. Finalement, nous devrions faire voeu de silence, puisque ツォ le langage possティde 
les mテェmes propriテゥtテゥs que X ツサ. Ce sont lテ des faits trop connus pour テェtre discutテゥs. 
Si l窶冩n suit ce raisonnement, la technologie ainsi que la plupart des mテゥtiers devraient テェtre 
abolis. Or, fait surprenant, nombre des critiques formulテゥes テ l窶册ncontre de X semblent louer 
la ツォ pensテゥe pratique ツサ des ツォ technologues ツサ (

technologists

) qui abordent ツォ la mテゥcanique des 

choses ツサ au moyen d窶冰ne ツォ 

T-Knowledge

 ツサ enchテ「ssテゥe dans la pratique et enracinテゥe dans 

l窶册xpテゥrience ツサ. Les dテゥtracteurs de X ignorent-ils que ce qu窶冓ls nomment ツォ 

T-Knowledge 

ツサ est, 

depuis toujours, ce qui sert テ l窶卍ォ homme blanc ツサ テ fabriquer les outils de destruction et 
d窶冩ppression qui lui ont permis de dominer d窶兮utres hommes ? Une telle incohテゥrence est 

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317

pour le moins surprenante (テ moins que l窶冩n admette que la cohテゥrence est un de ces 
principes dテゥsuets qu窶冓l nous faut abandonner). ツサ (Chomsky, 

ouv.citテゥ

., pp. 51-52). 

 

Chomsky enfonce ensuite le clou :  

ツォ [...] il m窶册st pテゥnible de constater que nombres d窶兮mis et de collティgues qui ne sont pas issus 
du ツォ monde des blancs ツサ suivent le conseil qui leur est fait ici de ne pas emboテョter le pas テ la 
science ツォ occidentale ツサ et de lui prテゥfテゥrer d窶兮utres ツォ histoires ツサ, d窶兮utres ツォ mythes ツサ. C窶册st テ 
croire qu窶冓ls trouvent, dans un tel conseil, une aide prテゥcieuse pour rテゥsoudre leurs problティmes 
et ceux du monde ツォ non-blanc ツサ en gテゥnテゥral. Pour ma part, ma sympathie va aux volontaires 
de Tecnica [Organisation composテゥe de volontaires de l窶兮ide technique et scientifique, 
d窶兮bord basテゥe au Nicaragua (d窶冩テケ son nom tec-Nica), puis installテゥe dans divers pays 
d窶僊frique]. En fait, l窶冓dテゥe de ツォ science de l窶冑omme blanc ツサ (

white male science

), me fait penser, 

je m窶册n excuse, テ l窶册xpression ツォ physique juive ツサ, de triste mテゥmoire. Peut-テェtre est-ce lテ 
encore le fait de mon incompテゥtence, mais lorsque je lis un article scientifique, je ne me pose 
pas la question de savoir si son auteur est blanc et si c窶册st un mテ「le. C窶册st la mテェme chose 
dans le cadre de mes relations de travail, et partout ailleurs en gテゥnテゥral. Enfin, je doute que 
les collティgues et テゥtudiants non-blancs et non-mテ「les avec lesquels je travaille soient trティs 
impressionnテゥs par la doctrine selon laquelle leur pensテゥe et leur entendement diffテゥreraient de 
ceux des ツォ scientifiques blancs et mテ「les ツサ, pour des raisons de ツォ culture, de genre ou de race 
ツサ. Je pense que le terme de ツォ surprise ツサ ne serait pas tout テ fait propre テ dテゥfinir leur 
rテゥaction. ツサ (

Ibid. 

pp. 57-58). 

 

La science est une demarche a morale, rappelons-le. Elle est la mテゥthode la plus efficace pour 
jauger la rテゥalitテゥ qui est prテゥsentテゥe テ notre existence. Cette efficacitテゥ et sa rutilance lui ont valu 
d窶凖ェtre convoitテゥe par un certain nombre d窶冩bテゥdiences politiques : rテゥcupテゥration raciste (QI, 
phrテゥnologie, etc.), sexiste, homophobe (corrテゥlation maladie-jugement de Dieu). Si nous 
souhaitons テゥviter ce genre de dテゥvoiement, il est nテゥcessaire de combler les interstices crテゥes par les 
vulgarisations imprudentes, surtout si ces vulgarisations sont effectuテゥes dans des conetxetes 
pseudo-dテゥmocratisants. Il est d窶冰n autre テ「ge, nous l窶册spテゥrons, de rテゥclamer l窶册nseignement de la 
distinction des races humaines sous prテゥtexte qu窶冓l y des gens qui y adhティrent et que ツォ tout se 
vaut ツサ. La distinction des races est pseudoscientifique, de mテェme que le crテゥationnisme. Ne 
bradons pas le terme dテゥmocratisation des dテゥbats lテ oテケ il ne s窶兮git bien souvent que de dテゥmagogie.  
Nous pensons テゥgalement qu窶冓l est important de ne pas laisser le fテゥminisme se construire sur des 
bases scabreuses : en corrテゥlant une construction fortement masculine de la science avec une 
volontテゥ de pouvoir technopolitique, le fテゥminisme stigmatise un phテゥnomティne social rテゥel. Qu窶冓l 
revendique en reprテゥsailles une fテゥminisation des pratiques, avec invocation d窶冰ne ツォ intuitivitテゥ ツサ 
toute ツォ fテゥminine ツサ, genrテゥe et naturalisant la femme, ramティne la lutte テ son point de dテゥpart : 
l窶冓nstrumentalisation du phテゥnomティne social. Car comment, en acceptant cette revendication de 
l窶冓ntuitivitテゥ, faire taire les voix sexistes effectuant la mテェme corrテゥlation femme-soumission ? Nous 
pensons que le fテゥminisme trouvera son avティnement dans les テゥtudes de la construction de genre, 
problティme de sociologie, purement scientifique et テエ combien utile. 
D窶冰ne faテァon similaire, il n窶册st pas besoin d窶凖ゥcrire quelque-chose du type : ツォ 

Regardez comme ces 

indigティnes ont une pharmacopテゥe dテゥveloppテゥe 窶 quoique bien sテサr pas autant que la nテエtre, mais tout de mテェme digne 
d窶冓ntテゥrテェt et largement au-delテ de ce qu窶冩n pourrait escompter par pure chance. Reconnaissons-leur une science 
indigティne, et ce sera enfin un pas vers la fin d窶冰n ordre moral prテゥsent de puis toujours

 ツサ

281

. Il faut bien prendre 

                                                 

281

 Voir Annexe - 

Fiche pテゥdagogique Nツー13 Brティches dans l窶兮rgumentaire テゥpistテゥmologique anti-colonial

.

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318

conscience que ce regard attendri et plein de mansuテゥtude, non seulement n窶册st pas nテゥcessaire, 
mais en outre doit absolument s窶凖ゥloigner de ce genre de bricolage hテ「tif type ツォ 

regardez comme ils sont 

malins, ils ont rテゥussi テ trouver des choses justes avec des concepts faux, ou tout du moins discutables, sans le 
savoir

窶ヲ ツサ et en conclure qu窶冩n peut parler de science テ ce propos. Cela permet enfin de noyer le 

problティme du colonialisme dans une revendication factice de scientificitテゥ de leurs pratiques, alors 
que le rテゥel problティme est que la science ne se dテゥveloppe pas dans les pays les plus dテゥfavorisテゥs 
justement parce qu窶冓ls sont dテゥfavorisテゥs. Par les autres. 

                                                                                                                                                         

 

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319

Conclusion 

 

(La coutume voulant qu窶冰n 

nous 

pudique soit de rigueur dans ce genre de travail, je me suis pliテゥ テ l窶册mployer durant 

tout ce travail : coquetterie faussement modeste que l窶冩n donne テ son テゥcrit, ce 

nous 

est finalement apparu comme trティs 

pratique puisqu窶冓l a ツォ mouillテゥ ツサ mes directeurs dans chacune de mes phrases, diluant d窶兮utant ma propre 

responsabilitテゥ. Pour cette conclusion, qu窶冓l me soit permis de ne pas les impliquer. J窶册n profite pour relativiser cette 
pratique de grammaire qui, coutumiティre et traditionnelle, mテゥrite d窶凖ェtre passテゥe au tamis des arguments d窶冑istoricitテゥ, 

voir 4.3.3). 

Ce travail est le produit direct de quatre annテゥes d窶册nseignement de l窶册sprit critique テ l窶儷niversitテゥ 
Joseph Fourier, テ Grenoble. Chacune de ses parties a テゥtテゥ le fruit de tests, d窶册ssais et d窶册rreurs 
pour trouver les meilleurs moyens de rendre une discipline aussi martiale que la zテゥtテゥtique 
appropriable et stimulante, et pour incruster un peu d窶册sprit critique aux テゥtudiants. Six modules 
d窶册nseignement, nテゥs parfois de haute lutte, ont servi de cadre opテゥratoire pour cette entreprise 
didactique. Il s窶兮git de :  

L窶冩ption Tutorat 

analyse critique du message scientifique

, pour les Licences 2 de pharmacie.

 

L窶儷E 

Initiation テ l窶册sprit critique

, pour les Licences 3 et Maテョtrises 1 de pharmacie. 

L窶儷E 

Zテゥtテゥtique & approche scientifique du 

paranormal窶

, pour les Licences toutes disciplines. 

Les deux stages d窶

Initiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur

, pour les doctorants toutes disciplines, 

intitulテゥs :  

Zテゥtテゥtique & esprit critique 
Mテゥdias & pseudosciences, quand la science se met en scティne 

et proposテゥs par le Centre d窶僮nitiation テ l窶僞nseignement Supテゥrieur (CIES) de Grenoble. 
Les cours ponctuels de 

didactique de l窶册sprit critique

, テ l窶僮nstitut Universitaire de Formation 

des Maテョtres de Grenoble. 
Accessoirement, le stage 

Zテゥtテゥtique 

du CIES de l窶冰niversitテゥ Lyon 1, auquel je ne suis 

intervienu que ponctuellement. 

Premiティre constatation importante, l窶册fficacitテゥ de la pテゥdagogie zテゥtテゥtique est d窶兮utant accrue qu窶册lle 
utilise : des images simples et marquantes pour les esprits, une terminologie mnテゥmotechnique 
permettant de repテゥrer puis de nommer un sophisme ou un biais de raisonnement lorsqu窶冓l est 
rencontrテゥ, et surtout des objets d窶凖ゥtudes qui captivent tant par leur caractティre fantasmatique que 
par le fait que les connaissances mises en jeu peuvent aisテゥment sortir du cadre enseignemental. Il 
est utile pour le rテゥinvestissement des connaissances des テゥtudiants que de leur offrir du matテゥriau 
quotidien テ discuter hors-classe, des thティmes ツォ extra-ordinaires ツサ テ se mettre sous la dent en 
famille, ce que tous les objets d窶册nseignement ne permettent pas facilement. L窶冓dテゥe sous-jacente 
caressテゥe par l窶册nseignant de zテゥtテゥtique est d窶兮mener l窶兮pprenant テ pratiquer la dテゥmarche 
scientifique dans sa vie ツォ citoyenne ツサ presque comme un reflexe intellectuel. Cela m窶兮mティne テ la 
deuxiティme constatation qui me semble importante : la presse et le paysage audio-visuel en France 
fournissent chaque mois, voire chaque semaine largement assez d窶 ツォ objets ツサ テ analyser pour 
illustrer les principales misconceptions. Un enseignant motivテゥ peut ainsi chaque mois faire ses 
emplettes, enregistrer suffisamment d窶凖ゥmissions pour bテ「tir un nouveau ツォ set ツサ critique. C窶册st un 
constat qui peut テェtre perテァu comme un tantinet dテゥprimant, mais qui se rテゥvティle trティs intテゥressant d窶冰n 
point de vue pテゥdagogique, tout d窶兮bord dans l窶凖ゥlaboration de nouvelles sテゥquences, puis dans le 
fait que les テゥtudiants auront automatiquement de quoi rテゥinvestir leur esprit critique dans les jours 
suivants.  
 

background image

 

 

 

 

 

320

Toutefois, sur un plan purement mテゥdiatique, la conclusion テ laquelle je parviens est inquiテゥtante. 
D窶兮bord, la conjonction entre la crテゥation artificielle de scoops et la mテゥconnaissance importante 
de la mテゥthode scientifique dans le public fait du matテゥriau scientifique un matテゥriau trティs malmenテゥ. 
Je pensais que l窶冓nformation scientifique reprテゥsentait un ilテエt de stabilitテゥ objective au milieu d窶冰ne 
mer d窶冓nterprテゥtations. Je suis arrivテゥ au constat que le matテゥriau scientifique est finalement aussi 
faテァonnable, aussi mallテゥable que le matテゥriau plus ツォ politique ツサ. On peut dテゥsubstancier, 
dテゥcontextualiser, scテゥnariser un contenu scientifique et le faire coller テ un (prテゥtendu) goテサt du 
public, avec deux arguments massues テ l窶兮ppui : si le public n窶兮imait pas, il ne consommerait pas 
(effet cigogne), et de toute faテァon, si ce n窶册st pas mon mテゥdia qui scテゥnarise de cette maniティre, 
d窶兮utres le feront (ce qui ressemble テ une rテゥsolution hテ「tive de dissonance cognitive). Au grテゥ d窶冰ne 
culture technologique croissante dans la population, l窶冓nformation scientifique est devenue un 
enjeu commercial, mais aussi un outil idテゥologique trティs puissant. Il est indテゥniable que son 
traitement s窶册st alors pliテゥ aux rティgles commerciales, prテゥsentant son ventre mou テ tous les テゥtals ; sa 
diffusion s窶册st mise テ rテゥpondre soit テ des enjeux mテゥtaphysiques, 窶 ce qui conduit テ un non-sens 
テゥpistテゥmologique 窶, soit テ des enjeux politiques, ce qui est une faute de goテサt ; car c窶册st le fait 
scientifique et non sa diffusion dテゥformテゥe qui doit nourrir les choix sociテゥtaux.  
Le deuxiティme aspect de ma conclusion sur les mテゥdias porte sur le mythe entretenu de la simplicitテゥ 
de la connaissance. テ en lire les journaux, on saura tout sur la mテゥcanique quantique en lisant le 
hors-sテゥrie 

Science & Vie

, on saura tous les aspects reclos de la vie des grands singes en un laテッus 

lapidaire dans la rubrique Sciences du 

Monde

 ou dans une rubrique de quelques minutes de M-O. 

Monchicourt sur 

France Info

. Cette simplicitテゥ est un leurre, qui non seulement maltraite l窶冑istoire 

de la construction d窶冰n savoir scientifique en le dテゥsyncrテゥtisant, mais en outre sert テ flatter l窶册nvie 
latente chez l窶冑onnテェte individu de devenir un テェtre cultivテゥ/un expert/un thテゥrapeute テ peu de frais. 
Je ne suis guティre テゥtonnテゥ d窶兮pprendre que certains de mes proches ツォ deviennent ツサ thテゥrapeutes テ 
l窶冓ssu d窶冰n ou deux stages de formation en psycho-affectologie basse-gamme si, dans les revues 
prテゥsentテゥes comme scientifiques (

Psychologies

 par exemple), chaque dossier flatte l窶冓dテゥe que 

qui 

veut窶ヲ peut, vite et sans effort

. Il suffit d窶冰n concept central expliquant tout (chakra, tension 

msuculaire, dテゥblocage d窶凖ゥnergie, image du corps dans l窶冩reille窶ヲ), de quelques jours de formation, 
et voilテ un quidam qui, pensant faire le bien de l窶冑umanitテゥ, se substituera テ un mテゥdecin dont les 
sept テ dix ans d窶凖ゥtudes lui suffisent テ peine pour rテゥpondre テ une minoritテゥ des souffrances 
humaines. 
 
Autre point que je considティre comme extrテェmement dテゥletティre : le pseudo-besoin d窶冓rrationnel. 
Passons sur le fait que la plupart des pseudosciences, qui sont le corps de notre critique, ne sont 
pas irrationnelles 窶 leur prテゥmisse est gテゥnテゥralement fausse, mais le dテゥveloppement est 
gテゥnテゥralement rationnel. Ce qui est alarmant, c窶册st qu窶凖 l窶冓nstar des ツォ besoins de violence ツサ ou des 
ツォ besoins de Loft-story ツサ, invoquer un besoin revient テ naturaliser, テ essentialiser un phテゥnomティne 
social comme inhテゥrent テ la condition humaine alors qu窶冓l s窶兮git peut テェtre du simple produit d窶冰n 
matraquage mテゥdiatique. Plusieurs journalistes m窶冩nt dテゥjテ dit テェtre en paix avec eux-mテェmes en 
distribuant de la boue intellectuelle dans la mesure oテケ c窶册st le public qui la rテゥclame : et s窶冓l la 
rテゥclame, c窶册st qu窶冓l l窶兮ime ; et s窶冓l l窶兮ime, c窶册st qu窶册lle correspond テ sa nature. La dテゥpolitisation du 
problティme est totale. Il n窶册st pas souvent envisagテゥ que la raison de la consommation de cette lie 
est peut テェtre tout simplement liテゥe au fait que les consommateurs de ces テゥmissions, de ces mテゥdias, 
habituテゥs テ leur mise en scティne doucテゥreuse, bテ「tissent une reprテゥsentation sociale de la science et des 
sujets scientifiques trティs テゥloignテゥe de la rテゥalitテゥ des pratiques. Cela inflテゥchit non seulement leur 
consommation, mais aussi leur maniティre d窶兮gir citoyennement sur les axes de recherche, 窶 par 
exemple en privilテゥgiant des thテゥmatiques sテゥcuritaires au prorata du nombre d窶冓nformations 
scテゥnarisテゥes de faテァon alarmiste テ chaque fait divers. Comme je l窶兮i テゥcrit au chapitre 2.2.4 

Contraintes 

externes et demande 

sociale,  

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321

ツォ C窶册st un effet ツォ Loft story ツサ : on donne du sucrテゥ aux gens, de la guimauve, du sexe, on 
lui donne du gテゥnie hテゥroテッque scientifique et de la peur par intermittence. Aprティs un rテゥgime 
de ce genre de plusieurs annテゥes テ cela, le goテサt est modelテゥ. ツサ 

Je ne peux m窶册mpテェcher de considテゥrer qu窶冓l s窶兮git lテ d窶冰ne facette assez carctテゥristique de la 
fabrication du consentement et de la soumission テ l窶册xpertise journalistique. Or, et ce sera le 
dernier point de ma conclusion ツォ mテゥdiatique ツサ, la vulgarisation scientifique jouit d窶冰ne aura dont 
peu de champs professionnels bテゥnテゥficient : il y a peu de critique de contenu sur la vulgarisation 
scientifique, tant le vulgarisateur est une personne bonne 

per se

, dans la lignテゥe de cette image de 

facilitateur, de ツォ 3

ティme

 homme ツサ qui vient distribuer la becquテゥe au profane. Cela me rappelle 

immanquablement l窶冰nanimitテゥ populaire dont jouissent les ツォ humanitaires ツサ, テ croire que tout ce 
qui est humanitaire est dans sa substance bon, gテゥnテゥreux. Si dans le cas de l窶冑umanitariat, les faits 
rattrapent doucement le fantasme 窶 sur l窶冰tilitテゥ de ces programmes en terme de nテゥ-colonialisme 
et de blanc-seing aux pires entreprises de spoliation des pays concernテゥs 窶, ce n窶册st pas du tout le 
cas de la vulgarisation scientifique. Il semble impossible de critiquer les figures de Hulot, Reeves テ 
moins de paraテョtre aigri ou jaloux. Il n窶册st pas simple de montrer que si la Lune et la vulgarisation 
de la course テ la Lune a servi d窶兮libi テ plusieurs programmes d窶兮rmements, d窶兮utres alibis sont 
encore dテゥveloppテゥs actuellement. Il est mal vu de pointer que les revues qui ツォ テゥduquent le peuple ツサ 
font de la retape, ou de la publicitテゥ dテゥguisテゥe (pour des viaducs, pour des autoroutes, pour des 
programmes nuclテゥaires, pour des avions, etc.). Il est scabreux de dire qu窶冰ne page sur cinq de 

Science & Vie

 est une publicitテゥ, et qu窶冓l est difficile de croire en l窶冓ndテゥpendance et au non conflit 

d窶冓ntテゥrテェt de la revue face aux annonceurs. En France, le vulgarisateur est ツォ bon ツサ, quelle que soit 
la qualitテゥ de sa production, du moins tant qu窶册lle semble coller aux aspirations prテゥsumテゥes du 
lectorat ou de l窶兮udimat. Je pense qu窶冓l est temps que l窶冑onnテェte peuple devienne exigeant avec ses 
vulgarisateurs, tout comme il convient d窶凖ェtre exigeant avec les intercesseurs de Dieu et les 
exテゥgティtes.  
 
Sur le plan technique, cette thティse souffre de plusieurs insuffisances majeures qu窶冓l ne faut pas 
minorer et qui sont autant de pistes de dテゥveloppement du sujet. D窶兮bord, il aurait certainement 
fallu approfondir les raisons sociテゥtales qui font l窶兮bsence d窶册nseignement critique spテゥcifique テ 
l窶凖ゥcole et テ l窶冰niversitテゥ franテァaise. Est-ce mテサrement souhaitテゥ ? Les autres systティmes scolaires テ 
l窶凖ゥtranger ont-ils la mテェme configuration ? En quoi consistent les rテゥsistances peu ou prou 
politiques que rencontre chacune des crテゥations de cours de zテゥtテゥtique ? Peut-on rapprocher 
certaines de ces obstructions avec celles que rencontrent parfois les revendications laテッques ? Dans 
cette volontテゥ de rテゥpandre les outils critiques dans notre systティme, on ne pourra faire abstraction 
d窶冰ne analyse des rテゥsistances テ l窶卩砥vre.  
De mテェme, l窶冓nflexion des contenus dans les mテゥdias scientifiques prend sa source dans la 
prテゥcarisation lente du mテゥtier de journaliste/pigiste. Si elle est hors-cadre, l窶凖ゥtude sociopolitique de 
ce fait et son degrテゥ d窶冓nfluence sur les contenus mテゥriteraient une susbtancielle enquティte. 
Ensuite, comme l窶兮 en partie montrテゥ Sokal, pseudosciences et pseudomテゥdecines naissent d窶冰n 
terreau double-couche : une couche mテゥtaphysique, une autre politique. Chacune de ces couches 
crテゥe des postures intellectuelles plus ou moins saillantes, mais qui mettent l窶冓ndividu concernテゥ テ 
son insu テ la merci des sollicitations correspondant テ sa ou ses postures. Je crois qu窶冩n ne peut 
pas envisager par exemple de remettre en cause la contestation de la mテゥdecine classique par 
certains milieux libertaires sans tenter une analyse de cette contestation : de ses racines anti-
autoritaires, de ses influences plus ou moins anti-psychiatriques, de la lutte contre la libテゥralisation 
des services publiques, notamment de santテゥ, etc. Il me semble improbable de sortir du dialogue 
de sourds si, en voulant critiquer les postures Nouvel テHe テゥcologisantes, nous faisions l窶凖ゥconomie 
de l窶兮nalyse des pensテゥes politiques テゥcologiques, du combat (peut テェtre discutable) menテゥ par ces 

background image

 

 

 

 

 

322

gens, et des formes mythologiques qui les nourrissent. Mテェme dans les cas de dテゥrive grave, comme 
dans le cas de l窶儖rdre du Temple Solaire ou dans l窶兮ffaire Kerywann en kinテゥsiologie, je pense qu窶冓l 
faut dテゥpasser le stade primaire qu窶册st la rテゥvolte pour aller fouiller les moteurs internes de ces 
bulles intellectuelles empoisonnテゥes (extrテェme-droite et templiテゥrisme dans le premier cas, 
contestation du systティme de santテゥ et causalitテゥ prテゥtendue directe et rテゥversible entre les souffrances 
affectives et les pathologies

282

. En bref, il faudrait ne plus rester au seuil des biais et des Ips, mais 

descendre vers leurs fondements, travailler le ツォ terrain ツサ. Cette tテ「che est difficile et recquiティre des 
lectures analytiques pluridisciplinaires. Elle est survolテゥe par touches dans ce travail, et 
nテゥcessiterait de bien plus amples dテゥveloppements, notamment pour saisir les raisons des succティs 
de certaines dテゥrives de type sectaire. 
 
Plus prosaテッquement, je pointe encore trois insuffisances techniques.  

Primo, 

si l窶冩utillage prテゥsentテゥ a テゥtテゥ utilisテゥ, testテゥ et amテゥliorテゥ en cours, il n窶册n reste pas moins que la 

validation des rテゥussites pテゥdagogiques et l窶兮nalyse de ce qui a テゥchouテゥ dans mes enseignements sont 
en partie subjectives puisque le seul moyen d窶凖ゥvaluation テ ma disposition reste l窶兮ide テ 
l窶凖ゥlaboration, puis la lecture et la soutenance orale des rapports de travaux d窶凖ゥtudiants, eux-
mテェmes mis en ligne rテゥguliティrement sur le site 

http://esprit.critique.free.fr

. Leur qualitテゥ croissante 

indique que la voie suivie est bonne, mテェme si chaque erreur, chaque sophisme non dテゥcelテゥs dans 
un dossier forcent テ une sテゥvティre remise en question. Je pense que l窶凖ゥtape suivante de ce travail 
consistera テ テゥvaluer leur impact sur l窶兮pprentissage des compテゥtences critiques des テゥtudiants et leur 
persistance dans le temps. C窶册st un domaine oテケ la didactique des sciences a dテゥjテ fourbi des outils 
qu窶冓l reste テ adapter. 

Secundo

, une ampleur plus grande aurait pu テェtre donnテゥe テ cette analyse des Ips en faisant des 

comparaisons avec d窶兮utres paysages mテゥdiatiques dans d窶兮utres pays. Le paysage mテゥdiatique et 
audiovisuel franテァais est-il reprテゥsentatif, ou spテゥcifique 

? Une telle analyse n窶凖ゥtait pas 

raisonnablement rテゥalisable dans le cadre de cette thティse dテゥjテ chargテゥe. Qui plus est, je me rends 
compte qu窶冓l faut une bonne maテョtrise des finesses d窶冰ne langue pour saisir la composition des Ips 
lexicaux, des effets paillasson et la mouture de certains scテゥnarios. 

Tertio

, beaucoup de nos exemples sont pris sur des couvertures de magazines, alors que ces 

couvertures ne sont pas le produit des journalistes, mais des maquettistes. Bien sテサr, il aurait テゥtテゥ 
instructif de multiplier les comparaisons entre la tenue du traitement d窶冰ne information sur la 
couverture puis dans l窶兮rticle, mais ce n窶册st pas exactement ce que nous cherchions : plutテエt que 
de dテゥsigner d窶凖ゥventuels coupables, nous avons voulu nous situer exactement テ l窶冓nterface entre 
l窶冓ndividu consommateur et la ツォ surface ツサ de l窶冓nformation telle qu窶册lle est proposテゥe. En cela, la 
couverture est le phテゥnomティne principal, puisque c窶册st elle qui sテゥduit, encourage ou rebute. Elle est 
construite pour coller au goテサt, pour servir de publicitテゥ. Cette insuffisance n窶册n est finalement pas 
une. Prテゥcisons encore une chose : d窶兮ucuns nous ont dit テェtre parfois dubitatifs sur notre maniティre 
de mettre sur un mテェme plan des articles de 

Nature

 et des tracts pour des produits-miracles ou des 

marabouts. Si la diffテゥrence de degrテゥ de scientificitテゥ est claire, la diffテゥrence d窶冓mpact n窶册st peut テェtre 
pas si テゥvidente : un article de haute volテゥe accrテゥditant Uri Geller touchera profondテゥment un petit 
public influent. Une couverture de 

Psychologies Mag

 touchera doucement un trティs large public peu 

                                                 

282

 Je pense par exemple inutiles et contre-productives les dテゥclarations du type 

Non au moratoire sur les OGM

 lancテゥ par 

la fine fleur de l窶僊FIS en 2007. Que la question des OGM gテゥnティre des fantasmes sur toutes ses coutures est un fait. 
Nier la possibilitテゥ d窶冰n moratoire revient テ nier le fait qu窶冰ne fraction de la population a peur des implications desdits 

OGM, et que ce sont ces peurs qu窶冓l faut dテゥcortiquer et analyser avant de dテゥbattre des choix politiques. La position 
de ces membres de l窶僊FIS peut テェtre juste ou fausse, elle ne fait qu窶册nterriner l窶冓mage d窶冰ne ツォ science ツサ froide, 

autoritaire et mettant en coupe reglテゥe tous les aspects de la vie, les uns aprティs les autres. 

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323

influent mais sans dテゥfense spテゥcifique. Trティs sincティrement, je ne sais pas des deux quel est celui qui 
a le plus d窶冓mpact mortifティre, mais qualitativement, le travail de sappe est du mテェme acabit. C窶册st la 
raison pour laquelle j窶兮i tentテゥ de choisir des exemples grand public, d窶冩テケ la reprテゥsentation 
appuyテゥe des deux magazines de vulgarisation scientifique franテァais les plus vendus, 

Science & Vie

 

et 

Sciences & Avenir.  

 
Enfin, je ne peux pas faire silence sur la rテゥussite d窶兮utres programmes d窶册nseignement, dispensテゥs 
aux Etats-Unis, au Canada, au Sテゥnテゥgal. Un comparatif des outils dテゥveloppテゥs de par le monde ne 
pourrait qu窶凖ェtre une ナ砥vre salutaire, un brテゥviaire des skeptical skills et des moyens de les 
transmettre. Ne serait-ce qu窶册n France, j窶兮i par exemple une pensテゥe テゥmue pour certaines sテゥances 
pテゥdagogiques non dテゥcrites ici hテゥlas, car leur lien avec les problテゥmatiques mテゥdiatiques est plus 
lointain : je pense en particulier テ la sテゥance pテゥdagogique de 

Mystification 窶 dテゥmystification

 qui m窶兮 テゥtテゥ 

enseignテゥe par Stanislas Antczak et qui est une crテゥation didactique extrテェmement pertinente.  
S窶冓l m窶册st loisible de poursuivre ce travail de recherche, je me consacrerai テ la crテゥation d窶冰n petit 
kit de ツォ premiers secours テゥpistテゥmologiques ツサ qui, テ l窶冓nstar des Premiers Secours sanitaires, 
pourrait s窶兮pprendre et s窶册nseigner テ tous les niveaux et sans bagage spテゥcifique : une sorte de 
mallette d窶凖ゥducation populaire visant テ hisser autant que faire se peut l窶册xigence du peuple face 
aux nourritures intellectuelles qu窶冩n tente parfois de lui faire avaler de force. 
 

**** 

 
Il n窶册st pas exclu qu窶凖 l窶冓ssue de cette thティse, lors de laquelle nous avons critiquテゥ le modelage de 
l窶冓nformation, il nous soit reprochテゥ un certain nombre de choses, テ commencer par cette critique 
des mテゥdias テ laquelle mes collティgues et moi-mテェme encourageons. Cette critique est parfois 
considテゥrテゥe comme ascテゥtique. On nous reprochera d窶凖ェtre rテゥtifs テ la fantaisie, fermテゥs テ 
l窶冓magination, et d窶凖ェtre responsables, par cette vigilance accrue sur les transpositions mテゥdiatiques 
des sciences, d窶冰n ツォ dテゥsenchantement des sciences ツサ. Certes, le sophisme du pragmatisme est un 
piティge, et l窶册ngouement public n窶册st pas une preuve de valeur, mais le succティs de ces enseignements 
et la crテゥativitテゥ des travaux rendus montrent au moins que la mテゥticulositテゥ demandテゥe dans les 
enquティtes zテゥtテゥtiques ne rebute pas, vraiment, et que la soif de recherche est bien prテゥsente. 

 

La deuxiティme objection que j窶兮i reテァue est un grand classique : la revendication d窶冰n 

droit au rテェve

Chaque rationaliste, chaque matテゥrialiste, chaque zテゥtテゥticien-ne a entendu au moins une fois cette 
rテゥflexion mi-courroucテゥe, mi-paniquテゥe : 

mais tout de mテェme, ne cassez pas tout. Il faut laisser aux gens le 

droit de rテェver.

  

Le comique de la situation est テ plusieurs niveaux : tout d窶兮bord, les individus qui font cette 
remarque sont gテゥnテゥralement des gens avertis, dテゥjテ assez critiques. Profテゥrer ce genre de phrase 
revient テ faire un petit entrechat de cテエtテゥ, se distancier un peu de la masse bテェlante des gens qui 
ツォ croient ツサ, et de se poser en protecteur un brin condescendant du petit peuple qui rテェve. Nous 
n窶兮vons jamais entendu quelqu窶冰n dire cette phrase pour lui-mテェme ; le droit au rテェve, oui, mais 
pour les autres, un peu comme le pティre Noテォl auquel on fait croire aux enfants, sachant 
pertinemment que l窶冩n n窶兮imerait pas qu窶冩n nous fasse la mテェme chose. Il y a un テ「ge テ tout. 
Le second niveau nテゥcessite une mテゥtaphore. Imaginons qu窶冩n vante テ l窶冰n de vos proches les 
mテゥrites d窶冰ne montre, sa prテゥcision, sa rテゥsistance テ l窶册au, la durテゥe de la pile, etc. Votre ami, qui 
ツォ rテェvait ツサ d窶冰ne montre pareille, sort sa bourse et s窶兮pprテェte テ payer. Seulement, vous-mテェme avez 
dテゥjテ achetテゥ trois montres semblables, mテェme modティle, au mテェme vendeur, et chaque fois, votre 

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324

montre s窶册st mise テ retarder de dix minutes par jour avant d窶兮goniser テ la premiティre pluie. Vous 
vous テェtes renseignテゥ sur ces montres, et avez dテゥcouvert que les labels de qualitテゥ n窶凖ゥtaient pas 
respectテゥs par l窶册ntreprise qui les fabrique.  
Normalement, en tout テゥtat de cause, vous vous pencherez sur l窶凖ゥpaule de votre affidテゥ et lui 
glisserez テ l窶冩reille qu窶冓l vaut mieux s窶册n aller, car l窶册fficacitテゥ de ces montres est plutテエt discutable. 
Et votre ami, c窶册st prテゥvisible, rangera alors sa bourse et vous emboテョtera le pas. Il se dira que 
plusieurs テゥchantillons valent mieux qu窶冰n, que la prテゥcision de ces montres doit テェtre testテゥe テ 
grande テゥchelle en laboratoire, et que finalement, c窶册st bien de possテゥder l窶冓nformation 
contradictoire. Il ne se fera pas avoir par l窶冑ypothテゥtique individu qui viendra lui dire : ツォ 

Mais si, 

regardez, avec cette montre, le mois dernier, j窶兮i テゥtテゥ テ mon rendez-vous テ l窶冑eure, cela prouve bien que テァa 
marche

 ツサ car s窶冓l fait le calcul, il saura qu窶冰ne montre qui retarde de dix minutes par jour donne 

l窶冑eure exacte窶ヲ tous les cent quarante quatre jours

283

. Mテェme une montre arrテェtテゥe donne deux fois 

par jour l窶冑eure exacte. C窶册st dire. 
Je pense que jamais votre ami ne vous fera la rテゥflexion ツォ 

bon sang, tu as piテゥtinテゥ mon rテェve

 ツサ et nous ne 

pensons pas qu窶冓l revendiquera un quelconque 

droit au rテェve

 pour acheter tout de mテェme la misテゥrable 

tocante dont il rテェvait pourtant. Au contraire.  
Or, rien n窶册st plus important que la santテゥ, annテエnent les anciens. Mテェme pas une montre. 
Paradoxalement, si lorsqu窶冰n ami vous annonce qu窶冓l va consulter un kinテゥsiologue vous suivez la 
mテェme dテゥmarche en le mettant en garde contre l窶兮bsence de rテゥsultat et les critティres d窶凖ゥvaluation 
non fiables, cette fois, la rテゥaction risque fort d窶凖ェtre violente. Alors que l窶册njeu est infiniment plus 
grand, la rテゥaction est infiniment moins agrテゥable, et vous passerez窶ヲ pour un tueur de rテェves. 
Sauver la vie de quelqu窶冰n en le prテゥvenant des mauvais freins lors de l窶兮chat d窶冰ne voiture fait le 
hテゥros. Sauver la vie de quelqu窶冰n en le prテゥvenant que la thテゥrapie anti-cancテゥreuse qu窶冓l a choisie ne 
fonctionne pas fait l窶册mmerdeur. 
Le droit au rテェve est bien souvent une tenaille morale, une sorte de fausse causalitテゥ. Nous ne 
pensons pas que dテゥnoncer des contrats d窶兮ssurance illテゥgaux, des garagistes escrocs et des 
commerテァants de produits frelatテゥs revienne テ 

dテゥsenchanter le monde

, au contraire. Nous ne voyons 

pas la part de 

rテェve

 テ sauver face テ un vendeur de mテゥdicaments inefficaces. Il s窶兮git plutテエt d窶冰n 

droit 

au cauchemar. 

 
Ce travail m窶兮 donc amenテゥ テ critiquer un aspect de la vulgarisation scientifique ; テ faire toucher du 
doigt cette manufacture afin que dans son accティs au 

rテェve

, on ne soit pas obligテゥ d窶兮valer des 

couleuvres. M窶兮gace surtout le fait que sous couvert d窶冓nstruire, on abテェtit ; sous couvert de faire 
rテェver, on instille des schティmes de pensテゥe archaテッques ; sous couvert d窶冩ffrir de la connaissance, on 
vent une marchandise. De la mテェme faテァon que de servir de l窶冑omテゥopathie en pharmacie est un 
sacrテゥ dテゥni du mテゥtier de pharmacien, une n-iティme scテゥnarisation d窶冰n ツォ 

mテゥchant trou noir tapi dans 

l窶册space prティs テ manger tout ce qui passe テ sa portテゥe 

ツサ est un dテゥni du travail de vulgarisateur scientifique. 

Les revues gonflent et apprテェtent le scoop, 窶 comme les ingテゥnieurs agroalimentaires gonflent 
d窶册au ou d窶兮ir leurs mousses pour utiliser moins de matiティre puis l窶册nrobent de sucre glace pour les 
rendre mangeables. Je ne pense pas qu窶兮pprendre テ un テゥtudiant テ reconnaテョtre une mousse au 
chocolat maison d窶冰ne mousse industrielle gorgテゥe d窶册au revienne テ avoir une dent contre la 
mousse au chocolat.  
Il y a aussi un appel テ la modestie qui me semble nテゥcessaire. Je me dis souvent qu窶冓l ne viendrait テ 
l窶冓dテゥe de personne de vulgariser une langue, le mandarin par exemple. Soit on prend un petit 
lexique, et on se contente d窶兮rticuler quelques maigres phrases. Soit on apprend vraiment, et c窶册st 
                                                 

283

 Tous les soixante-douze jours s窶冓l s窶兮git d窶冰ne montre テ aiguilles. 

background image

 

 

 

 

 

325

coテサteux. Celui qui lit le lexique n窶兮 bien sテサr pas la prテゥtention de connaテョtre le mandarin. En 
science, le problティme est le mテェme, mais les comportements sont trティs diffテゥrents : rares sont ceux 
qui entreprennent d窶兮pprendre la biologie テゥvolutive, ou la chimie, par simple intテゥrテェt. Par contre, 
trティs nombreux sont ceux qui, テ la moindre lecture d窶冰n vague article de 

Sciences & Avenir 

sur le 

sujet, croient avoir tout saisi de la mテゥcanique quantique. La vulgarisation scientifique flatte ses 
consommateurs comme les mテゥdecines ツォ alternatives ツサ flattent leurs patients : leur est vantテゥ un 
accティs rapide, au prix d窶冰ne formation simple, テ un statut reconnu, que ce soit thテゥrapeute ou 
honnテェte gent cultivテゥ en science. Il y a quelques deuils テ faire : je serai テゥternellement abruti en 
biochimie, mauvais en algティbre et ignare en gテゥologie. J窶兮pprendrai donc テ faire mon deuil, et 
surtout テ me taire avant de bテ「tir des chテ「teaux en Espagne. 

 

Derniティre objection : on m窶兮 souvent rテゥpテゥtテゥ d窶冰n air sentencieux, que les croyances 
pseudoscientifiques sont un mal nテゥcessaire qui ne pourra jamais テェtre guテゥri. On m窶兮ssティne que, de 
toutes les faテァons, テ toutes テゥpoques, 

Mundus vult decipi

, comme disait Pテゥtrone 窶 

le monde aime テェtre 

trompテゥ

 et il en sera toujours ainsi. Cette seule phrase cumule en elle un tel nombre de sophismes 

qu窶册lle prテェte テ sourire. Ce qui intテゥresse les zテゥtテゥticiens, c窶册st de donner des outils suffisants pour 
que les individus, le 

monde

, puisse faire des choix テゥclairテゥs, en toute connaissance de cause. Si par la 

suite le 

monde

 ne le fait pas, c窶册st son problティme. Mais comment savoir si par essence le monde 

aime テェtre trompテゥ lorsque si peu d窶册fforts ont テゥtテゥ effectuテゥs pour lui donner des outils 
d窶兮utodテゥfense intellectuelle ?  
テ chaque fois que mes collティgues enseignants et moi avons expliquテゥ aux inspecteurs pテゥdagogiques 
l窶冓ntテゥrテェt de la dテゥmarche zテゥtテゥtique aussi bien comme prophylaxie des pseudosciences que comme 
bagage intellectuel civique, une moue apparut, surtout chez les plus anciens. ツォ 

Nos enseignants sont 

dテゥjテ suffisamment formテゥs et critiques 

ツサ, nous dit-on. Quant aux テゥlティves, ツォ 

Il ne faut pas trop [leur] donner 

d窶册sprit critique tout de mテェme

 ツサ. Enfin, le rテゥcurrent ツォ 

Avec quels crテゥdits ?

 ツサ 窶 nerf de guerre, je vous le 

concティde, bien テゥloignテゥ des idテゥaux encyclopテゥdistes des Lumiティres.  
 
L窶册nseignement est un champ social avec ses usages, ses habitudes, et ses politiques 
dinosauriennes. La moindre initiative non orthodoxe y est perテァue comme une menace, mテェme 
quand il s窶兮git de simplement prendre en compte les rapports dテゥsarmants qui fleurissent sur 
l窶凖ゥcole publique. Lorsque fin 2005 le mathテゥmaticien Lafforgue a demandテゥ au Haut Conseil de 
l窶僞nseignement (HCE) d窶兮rrテェter les ツォ expertises d窶册xperts ツサ totalement dテゥconnectテゥs du rテゥel et de 
prテェter l窶冩reille テ des gens de ツォ terrain ツサ comme M. Le Bris ou L. Lurテァat, le HCE a procテゥdテゥ テ une 
spectaculaire テゥviction窶ヲ de Lafforgue

284

. Cela ressemble テ s窶凉 mテゥprendre au syndrome du poulpe 

(voir 4.3.2.2). Je ne sais pas s窶冓l sera un jour possible de faire de l窶册sprit critique et de la zテゥtテゥtique 
des enjeux sociテゥtaux et une prテゥoccupation vraiment scolaire. M窶册st avis, devant les drames 
occasionnテゥs par les diverses croyances pseudoscientifiques, que le 

monde 

y aurait pourtant un 

certain intテゥrテェt. 

 

 

**** 

 

                                                 

284

 L窶凖ゥviction de Lafforgue le 21 novembre 2005 a suscitテゥ un tollテゥ lテゥgitime. Voir par exemple le communiquテゥ de 

presse du collectif GRIP, 

Sauver les Lettres, & Reconstruire l'テ営ole

, ici : 

http://michel.delord.free.fr/llaff.html

  

Les deux professeurs citテゥs sont テゥgalement auteurs : Lurテァat L., 

La destruction de l'enseignement テゥlテゥmentaire et ses penseurs : la 

premiティre cause de l'テゥchec テ l'テゥcole

 (2004) ; Le Bris M., 

Et vos enfants ne sauront pas lire...ni compter

 (2004). 

background image

 

 

 

 

 

326

**** 

J窶兮i eu en quelque sorte de la chance. Je suis nテゥ trop tard pour テェtre dテゥmoralisテゥ par les prテゥtentions 
des radios libres, par les revendications contestataires aujourd窶冑ui disparues du journal 

Libテゥration

 

et par la privatisation de TF1 qui devait devenir ツォ 

l窶冓nstituteur de la France

 ツサ (

sic)

. Je n窶兮i donc pas 

connu la fin des idテゥaux des annテゥes 70, la construction des empires mテゥdiatiques Berlusconi, des 
monticules Tapie : j窶兮i grandi dans les annテゥes 80, dans les dテゥbuts de l窶凖ゥlテゥctronique ludique et du 
libテゥralisme テゥconomique galopant, et je me contre-fichais des informations qu窶冩n me dテゥlivrait. 
Puis j窶兮i, comme tous mes camarades d窶凖ゥcole, abondamment bu au mythe de l窶冩bjectivitテゥ 
journalistique, テ la sテゥparation du journalisme et des enjeux テゥtatiques, テ la cテゥsure entre 
l窶冓nformation et les contraintes du marchテゥ. C窶册st alors qu窶册st venue la chute du Mur de Berlin, que 
je n窶兮vais pas eu le temps d窶兮ttendre ; la rテゥvolte estudiantine chinoise ; la fin du rテゥgime Ceausescu. 
J窶兮vais  treize  ans,  et  je  me  suis  retrouvテゥ  brutalement confrontテゥ au mensonge des charniers de 
Timi

oar

. La brティche se fit テ ce moment-lテ : on venait de me mentir en direct, avec l窶兮ssentiment 

gテゥnテゥral, sans voix discordante. Ce n窶凖ゥtait que la premiティre d窶冰ne longue sテゥrie de manipulations de 
l窶冓nformation. La chance que j窶兮i eue est d窶兮voir d窶兮bord totalement cru en cette pensテゥe magique 
qui nous fait accepter que le petit テゥcran est le terrain et que la voix dans le poste est la voix des 
nations. Il a fallu que je dテゥconstruise テァa, petit テ petit, gifle mテゥdiatique aprティs gifle mテゥdiatique. C窶册st 
テ cette dテゥconstruction lente que je dois toute ma dテゥmarche.  
Lorsque j窶兮i entrepris cette thティse, treize ans plus tard, j窶凖ゥtais dテゥjテ en mesure de dテゥcortiquer avec 
un peu d窶兮ide une bonne partie des mテゥdiamensonges du quotidien : pour le moins la mise en 
scティne des informations sur la chaテョne franテァaise TF1, la bonhommie calculテゥe de Jean-Pierre 
Pernod, l窶冩rdonnancement des titres sur la radio 

France Info

, le relais des informations 

gテゥopolitiques sur CNN et la complicitテゥ retorse du journal 

Le Monde

 avec le pouvoir. J窶兮vais 

commencテゥ テ dテゥcouvrir ツォ les lois ツサ du marchテゥ de l窶冓nformation, et je commenテァais テ toucher du 
doigt comment on peut instiller des positions idテゥologiques au grand public par simple voie de 
presse, de radio et de tテゥlテゥvision. 
J窶兮i compris des rティgles qui m窶凖ゥtaient restテゥes cachテゥes longtemps. J窶兮i テゥtudiテゥ ce qu窶凖ゥcrivaient 
Aubenas et Benasayag :  

ツォLa plus cテゥlティbre [rティgle テゥdictable] reste sans doute cette antique loi de la proximitテゥ, vieille 
comme la presse et dont l'テゥquation s'applique dans toutes les rテゥdactions du monde : il faut 
diviser le nombre de morts par la distance en kilomティtre entre le lieu de l'テゥvテゥnement et le 
siティge du journal pour trouver la taille de l'article finalement publiテゥ (窶ヲ)  
Un journaliste qui proposerait une enquテェte sur le Costa Rica, court en effet de hauts 
risques de se faire envoyer son ordre de mission au travers du bureau. ツォ Tout le monde se 
fout du Costa Rica ツサ (窶ヲ) l窶兮utre possibilitテゥ pour un reporter vraiment obstinテゥ serait de 
convaincre sa rテゥdaction qu窶冓l est l窶冑eure de prendre position sur le Costa Rica. 
Il lui faut alors transformer ce pays en quelque chose qui puisse s'emboテョter dans un des 
modティles du monde de la presse. Il peut ainsi テェtre transformテゥ en "fait" : 

une rテゥcolte record a eu 

lieu au Costa Rica.

 Ou alors en menace : "

les cartels de la drogue arrivent au Costa Rica

". Un 

dテゥbat reste テゥgalement un bon moyen : "

faut-il supprimer le Costa Rica ?

 " ツサ 

(窶ヲ) la seule faテァon d'aborder l'Algテゥrie resterait les massacres, comme penser le Honduras 
aujourd'hui ce serait penser le cyclone. ツサ (Aunbenas & Benasayag, 

ouv.citテゥ

,

 

pp. 34, 40 et 

52). 

Le cheminement que je suivis dans le monde dit 

窶湾aranormal窶

 fut sensiblement le mテェme. Mon 

adolescence se passa テ adhテゥrer テ toutes les gnoses et les spiritualismes chamaniques qui passaient, 
テ explorer les capacitテゥs extra-sensorielles et les dons d窶兮uto-guテゥrison. Je voyais bien que quelque-
chose ツォ clochait ツサ dans toute cette nテゥbuleuse 

New Age

, mais comme beaucoup d窶兮lternatifs 

background image

 

 

 

 

 

327

politiques, je me disais qu窶冰ne autre rテゥalitテゥ valait le coup d窶凖ェtre cherchテゥe devant l窶冓nnommable 
rテゥalitテゥ du quotidien. Devant la guerre en Yougoslavie. Je me revois en train de dテゥchiffrer en vain 

La gnose de Princeton, 

de Ruyer en 1993, encore lycテゥen, sans ne rien savoir du gテゥnocide rwandais 

qui se prテゥparait.  
Il a fallu un sテゥjour de deux ans en Guinテゥe Conakry pour sortir de l窶冓mpasse. Alors que j窶兮llais, 
selon un schティme trティs post-colonial, tenter d窶凖ゥtudier l窶兮nimisme latent dans la transmission des 
sciences, il a bien fallu que j窶兮dmette que les croyances en France sont au moins aussi fortes que 
dans les mangroves guinテゥennes, et qu窶兮vant d窶兮ller dテゥcrotter les pauvres noirs de leurs systティmes 
de pensテゥe archaテッques, encore fallait-il que je me retire moi-mテェme mes propres boues 
pseudoscientifiques hテゥritテゥes de mes lectures castanediennes, coelhiennes, koestleriennes. Avant 
de retirer la paille dans l窶卩妬l du 

karamokho

 sousou ou peulh, il valait peut テェtre mieux que je retire la 

poutre de mon troisティme ナ妬l テ moi.  
Je rentrai donc en France et contactai H. Broch avec une hypothティse de travail : de la mテェme faテァon 
qu窶冓ls en ont une dans les misconceptions politiques, les mテゥdias n窶兮uraient-ils pas une 
responsabilitテゥ majeure dans la construction des pseudosciences ? テ quoi rテゥpondent ces mises en 
scティnes rテゥcurrentes et faussement テゥvテゥnementielles ? 
J窶兮i finalement eu cette seconde chance : une dテゥconstruction lente et pテゥdagogique des 
mテゥcanismes de croyances pseudoscientifiques, comme je l窶兮vais eu sur l窶冓nformation politique. Je 
suis grテゥ テ cette lenteur de me rappeler des obstacles cognitifs que j窶兮i moi-mテェme rencontrテゥs, et de 
les prendre en compte テ l窶兮vance chez la plupart de mes interlocuteurs. 
Je dois テ cette dテゥconstruction douce de m窶兮voir fait comprendre que les croyances 
pseudoscientifiques ou spiritualistes sont voulues, instillテゥes, et nourries, soit par des franges 
politiques conservatrices et traditionalistes, soit par les sacro-saintes logiques de marchテゥ. Elles 
sont la partie rテゥactionnaire de l窶冓maginaire humain, et les mテゥdias nous prテゥparent le goテサt pour 
elles, en accomodant l窶冓nformation scientifique comme ils accomodent les autres informations : 
en tamisant, en modelant, en mettant en scティne et en recouvrant de paillettes.  
Il est erronテゥ de penser que les テゥnoncテゥs scientifiques テゥtant objectifs, ils ne peuvent laisser aucune 
prise テ la moulinette mテゥdiatique. Par contre, les mテゥcanismes テ l窶卩砥vre sont finalement assez 
simples, et j窶册spティre avoir rテゥussi テ en テゥventer quelques-uns.  
N窶冩ublions pas que la phrase de Pテゥtrone complティte est 

Mundus vult decipi, ergo decipiatur

. ツォ Le monde 

aime テェtre trompテゥ, qu窶冓l le soit donc ツサ. C窶册st un constat d窶凖ゥchec 

a priori

. On accepte. On se soumet. 

Deus ex machina

. Pour moi, peu importe la validitテゥ de ce constat : je trouve du sens テ tenter de 

mettre en dテゥfaut cette prテゥdiction, en partant du principe de l窶冓nformaticien Kay, que la meilleure 
maniティre de prテゥdire l'avenir reste de l'inventer.  
Si cet outillage, une fois synthテゥtisテゥ dans les tissus intellectuels des テゥtudiants, s窶凖ゥchappe du champ 
de la science pour dテゥborder sur le champ politique, grand bien nous fasse テ tous. Chaque fois 
qu窶冰ne distorsion de l窶冓nformation est mise テ nu, c窶册st l窶兮sservissement intellectuel qui recule. 
Puisse cette contribution et les publications techniques テ paraテョtre donner l窶册nvie aux enseignants 
de tenter des sテゥquences spテゥcifiques zテゥtテゥtiques, de les tester, de les remanier. Il est possible de 
faire de l窶册sprit critique une denrテゥe comme le secourisme : une vigilance qui ne se dテゥclenche que 
dans les cas graves, et qui donne de bons reflexes pour pointer les manufactures du 
consentement auxquelles notre sociテゥtテゥ tend lentement テ nous habituer. Le reste du temps, il nous 
restera le 

rテェve

, le vrai, ce sentiment d窶凖ゥternitテゥ lorsque avec Rimbaud et trente ou quarante chopes 

l窶冩n

 ツォ pisse vers les cieux bruns, trティs haut et trティs loin, avec l'assentiment des grands hテゥliotropes ツサ.

 Ce sentiment 

ne nテゥcessite aucune analyse, aucune recherche de faits ni de preuves, mais se dテゥguste loin des 
servitudes. En cela, il est politique.

background image

 

 

328

 

 
 

 
 

 
 

 

Annexes 

 

22 fiches pテゥdagogiques. 

 
 

Mise en garde : bon nombre de dテゥfinitions donnテゥes dans le corps de la thティse ne 

sont pas reproduites dans les fiches.

background image

 

 

329

Fiche pテゥdagogique Nツー1 : Chaos, papillon, attracteur 窶 quand la 

science se fait sテゥduisante 

 
Fiche d窶册nseignant 

Prテゥalables 

En italique, sont indiquテゥs les objectifs pテゥdagogiques & les indications pour le discours oral.  

En bleu sont notテゥs les liens vers les Ips correspondants (qui n窶兮pparaissent pas sur le document テゥtudiant). 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

窶「

 

Le chaos 

Dans la mythologie grecque, le Chaos (en grec ancien 

ホァホアホソマ

, Khaos, littテゥralement ツォ faille, bテゥance 

ツサ) est le tout テゥnorme et indiffテゥrenciテゥ contenant toutes choses prテゥsentes ou テ venir. Dans la 
tradition judテゥo-chrテゥtienne, le chaos est un テゥtat vague et vide de la terre avant l'intervention 
crテゥatrice de Dieu. Par un amalgame avec le concept grec, il reprテゥsente la confusion initiale, 
indiffテゥrenciテゥe et informelle de la matiティre et des テゥlテゥments, antテゥrieure テ l'organisation du monde 
par l'intervention de Dieu. On retrouve dans le taoテッsme une notion trティs similaire, en opposition テ 
la notion rテゥcurrente d窶冑armonie dont le Tao est テゥtymologiquement la 

voie

 
 
 
 
 
 
Le sens scientifique, lui, est bien diffテゥrent : la thテゥorie du chaos traite des systティmes dynamiques 
rigoureusement dテゥterministes, mais qui prテゥsentent un phテゥnomティne fondamental d'instabilitテゥ 

Chaos mythologique 

ツセ

 

Tout indiffテゥrenciテゥ -------------------------------> 

holisme 

ツセ

 

Etat prテゥcテゥdent la Crテゥation divine ------------->

 tテゥlテゥologie implicite 

ツセ

 

Opposition avec l窶僣armonie ------------------> 

dualisme, harmonisme 

1) Chaos, dテゥfinition 
2)

 

Ips lexicaux 

ツセ

 

Le Chaos comme concept ツォ fourre-tout ツサ  

ツセ

 

Genティse d窶冰ne image. 

 

A Effet Papillon 
B Attracteur テゥtrange

 

3) Ips rhテゥtoriques

  

ツセ

 

Nouvelle science, scテゥnarisation du changement de paradigme  

ツセ

 

Impostures intellectuelles  

4)

 

Postures non-matテゥrialistes 

ツセ

 

Holisme 窶 tout est reliテゥ, tout a une influence sur tout  

ツセ

 

Dテゥterministe imprテゥvisible 

vs 

Indテゥterminisme spiritualiste  

background image

 

 

330

appelテゥ ツォ sensibilitテゥ aux conditions initiales ツサ qui, 

modulo

 une propriテゥtテゥ supplテゥmentaire de 

rテゥcurrence, les rend non prテゥdictibles en pratique sur le ツォ long ツサ terme.  
 
 
 
 
Enfin, l窶兮cception commune recouvre une lecture assez catastrophiste du mot : テ travers le terme 
chaos, on retrouve une sort de mythe scientifique nテゥbuleux de la notion scientifique, mテゥlangeant 
la mテゥtaphore de 

l窶册ffet papillon

, et la notion rテゥutilisテゥe テ de nombreuses sauces parfois proches de 

l窶冓mposture intellectuelle

 

d窶

 

sous couvert de holisme et d窶冓ndテゥterminisme parfois 

spiritualiste en contradiction avec le caractティre dテゥterministe des systティmes chaotiques : holistique 
par la sensation factieuse que cette sensibilitテゥ est la preuve que ツォ tout est en corrテゥlation organique 
dans l窶冰nivers ツサ ; spiritualiste par l窶冓dテゥe que la sensibilitテゥ aux conditions initiales amティne 
invariablement テ un Dessein Intelligent.  
Il n窶凉 a plus grand-chose テ voir, donc, entre 

chaos

 au sens commun et 

chaos

 au sens scientifique, 

mais la confusion entretenue n窶册st pas sans consテゥquences. Witkowski l窶凖ゥcrit ainsi :  

ツォ

 L'ampleur de ce phテゥnomティne mテゥdiatique, qui dテゥborde largement le cadre scientifique, montre テ l'テゥvidence 

que le concept de chaos fait vibrer quelque fibre mythique ou テ tout le moins qu'il entre en rテゥsonance avec 
des prテゥoccupations essentielles

 

窶「

 

Ips lexicaux  

 

ツセ

 

Le Chaos comme concept ツォ fourre-tout ツサ  

Voici la couverture de l窶冰n des best-sellers sur la question du chaos au sens scientifique, signテゥ par 
J. Gleick

                                                 

285

 ツォ 

Certains chercheurs en sciences sociales comme ailleurs et de nombreux adeptes du New Age brandissent ainsi la banniティre chaotique 

en テゥvoquant, pour les plus sages, un changement de paradigme, et pour les plus hardis, une rテゥvolution qui marque la fin de l'utopie 

matテゥrialiste. Bien que les テゥquations non linテゥaires qui rテゥgissent la sociテゥtテゥ n'aient pas encore テゥtテゥ trouvテゥes, anthropologues et sociologues la 
considティrent comme un systティme "loin de l'テゥquilibre", qu'ils prテゥconisent de maintenir "au bord du chaos" entre la sclテゥrose autoritariste et le 

dテゥsordre anarchiste

 ツサ (

In 

Witomski & Ortoli 1995). Et Witomski de donner un exemple de ツォ rテゥcupテゥration ツサ dans 

H. Sabelli et L. Carlson-Sabelli, 

Sociodynamics : the application of process methods to the social sciences

, communication au 

colloque 

Chaos et sociテゥtテゥ

, Universitテゥ du Quテゥbec テ Hull, juin 1994. 

286

 Witomski N., 

La chasse テ l'effet papillon

, Alliage, numテゥro 22, 1995 

287

 Gleick J., 

Chaos, making a new science

, Viking, New York, 1988.  

 

Chaos scientifique 

ツセ

 

Dテゥterminisme non prテゥdictible 

ツセ

 

Sensibilitテゥ aux conditions initiales 

background image

 

 

331

 et son avatar franテァais

288

 

 

 
Nous avons trouvテゥ en janvier 2006 dans les rayons 

science

s des 

grandes librairies grenobloises le livre de Gleick sur le mテェme 
rayonnage que celui de Xuan Thuan, 

le chaos et l窶冑armonie

289

 

dont voici la couverture.  
Or, Xuan Thuan, l窶冰n des scientifiques les plus connus 
mテゥdiatiquement en France, est un des membres de 
l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris, association spiritualiste 
dont l窶冩bjectif, 窶 la rテゥconciliation science窶途eligion 窶, est 
l窶兮rchテゥtype

290

 d窶冰n irrテゥductible antagonisme menant テ un 

spiritualisme totalement antinomique de la dテゥmarche 
scientifique. 
On peut lire dans son ouvrage des passages comme celui-ci :  

Chapitre 3 : 

du chaos dans la machinerie cosmique, de l窶冓ncertitude dans le dテゥterminisme 

ツォ 

(窶ヲ) La relativitテゥ avait pour domaine le monde de l窶冓nfiniment grand (窶ヲ) la mテゥcanique quantique 

opテゥrait テ l窶兮utre extrテェme, dans le monde de l窶冓nfiniment petit (窶ヲ). Le chaos, lui, a un air de familiaritテゥ 
qui nous rassure.

 (窶ヲ)

 Qui ne s窶册st pas plaint du ツォ chaos ツサ une fois dans sa vie ? ツサ

291

  

 

Et T. Xuan Thuan de relier le chaos テ une conception holistique du monde, en usant d窶冰ne 
rhテゥtorique rテゥsolument messianique amenant le lecteur テ adhテゥrer au principe anthropique et テ ses 
thティses de thテゥologico-tテゥlテゥologiques de ツォ rテゥenchantement du monde ツサ profondテゥment intrusives en 
science

292

Pour le profane en science, il n窶册xiste aucun moyen concret de faire une distinction entre ces 
deux ouvrages, de facture et de pavois philosophiques complティtement diffテゥrents (dont l窶冰n est un 
exemple typique d窶冓ntrusion spiritualiste ツォ douce ツサ

293

) mais usant pourtant du terme de 

chaos 

comme argument publicitaire. テ ce titre, ce ne sont pas les seuls exemples.  
Si l窶冩n ajoute dans le mテェme rayonnage des livres テ succティs comme 

Tao of Chaos, DNA & the I 

                                                 

288

 Gleick J, 

La Thテゥorie du Chaos

, Champs Flammarion, Paris, 1991 

289

 Xuan Thuan T., 

Le chaos et l窶冑armonie, la fabrication du rテゥel

, Folio Essai, 2000 

290

 Bien sテサr au sens non jungien. 

291

 Xuan Thuan, 

ouv.citテゥ, 

p. 97.   

292

 Pour plus de dテゥtails, se rapporter テ Silberstein M., Tテゥlテゥologie, thテゥologie, harmonie : le silence des angelots, 

in 

Dubessy 

& al

ouv.citテゥ, 

en particulier pp. 175-176. 

293

 Dubessy, Lecointre 

& al

. 2001

 

background image

 

 

332

ching

294

, de Katia Walter, mテェlant mancie pseudoscientifique et considテゥrations holistiques,  

ou 

The tao of chaos

Essence and the Enneagram

, de 

Stephen Wolinsky, lequel prテゥcise volontiers qu窶冓l 
est phD (AA), il devient difficile de comprendre 
ce qui est scientifique de ce qui ne l窶册st pas. 

 
 
 
 

 
Objectifs : effets paillassons, glissements sテゥmantiques ; publicitarisation de la science 

Effet papillon & attracteur テゥtrange : baignoires d窶僊rchimティde de la science

  

 

ツセ

 

Genティse d窶冰ne image. 

 

A Effet Papillon 

Partant du principe que la description de la genティse du mythe participe de sa dテゥconstruction, 
penchons-nous sur la genティse et l窶凖ゥvolution de la mテゥtaphore.  

 
1

ティre

 テゥtape : le cyclone 

L窶兮ffaire commence en 1908 avec Poincarテゥ

 

:

  

ツォ 

Une cause trティs petite qui nous テゥchappe dテゥtermine un effet considテゥrable que nous ne pouvons pas ne pas voir, et alors nous 

disons que cet effet est dテサ au hasard. Si nous connaissions exactement les lois de la nature et la situation de l'Univers テ 
l'instant initial, nous pourrions prテゥdire exactement la situation de ce mテェme univers テ un instant ultテゥrieur. Mais, lors mテェme que 

les lois naturelles n'auraient plus de secret pour nous, nous ne pourrions connaテョtre la situation initiale qu'approximativement. 
Si cela nous permet de prテゥvoir la situation ultテゥrieure avec la mテェme approximation, c'est tout ce qu'il nous faut, nous disons que 

le phテゥnomティne a テゥtテゥ prテゥvu, qu'il est rテゥgi par des lois; mais il n窶册n est pas toujours ainsi, il peut arriver que de petites diffテゥrences 
dans les conditions initiales en engendrent de trティs grandes dans les phテゥnomティnes finaux : une petite erreur sur les premiティres 

produirait une erreur テゥnorme sur les derniers. La prテゥdiction devient impossible et nous avons le phテゥnomティne fortuit.

 (窶ヲ)  

Pourquoi les mテゥtテゥorologistes ont-ils tant de peine テ prテゥvoir le temps avec quelque certitude ? Pourquoi les chutes de pluie, les 

tempテェtes elles-mテェmes nous semblent-elles arriver au hasard, de sorte que bien des gens trouvent tout naturel de prier pour avoir 
la pluie ou le beau temps, alors qu窶冓ls trouveraient ridicule de demander une テゥclipse par une priティre ? Nous voyons que les 

grandes perturbations se produisent gテゥnテゥralement dans les rテゥgions oテケ l窶兮tmosphティre est en テゥquilibre instable. Les mテゥtテゥorologues 
voient bien que cet テゥquilibre est instable, qu窶冰n cyclone va naテョtre quelque part ; mais oテケ ? Ils sont hors d窶凖ゥtat de le dire ; 

un 

dixiティme de degrテゥ en plus ou en moins en un point quelconque, le cyclone テゥclate ici et non pas lテ, il 

テゥtend ses ravages sur des contrテゥes qu窶冓l aurait テゥpargnテゥes

. Si l窶冩n avait connu ce dixiティme de degrテゥ, on aurait pu 

le savoir d窶兮vance, mais les observations n窶凖ゥtaient ni assez serrテゥes ni assez prテゥcises, et c窶册st pour cela que tout semble dテサ テ 
l窶冓ntervention du hasard.

 ツサ 

(Poincarテゥ 1908)

295

 

Objectifs pテゥdagogiques : un peu d窶凖ゥpistテゥmologie ; matテゥrialisme & dテゥterminisme 

 
 

                                                 

294

 Walter K., 

Tao of Chaos

DNA & the I ching

, Element 1994 

295

 Poincarテゥ H., 

Science et mテゥthod

e 1908 

background image

 

 

333

2ティme テゥtape : la mouette 

La littテゥrature sur le chaos attribue l'effet papillon テ Edward Lorenz, le mテゥtテゥorologue du MIT. On 
parle mテェme du ツォ papillon de Lorenz ツサ. Or Edward Lorenz n'est en aucune faテァon テ l'origine du 
papillon. Il affirme avoir jusqu窶册n 1972 utilisテゥ l'image窶ヲ d'une mouette. 
 

3

ティme

 テゥtape : le papillon 

1972 Lorenz donne une confテゥrence intitulテゥe, bien malgrテゥ lui : ツォ 

Le battement des ailes d'un papillon au 

Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?

296

 ツサ.

 

ツォ 

L'auteur de cette surprenante accroche est un autre mテゥtテゥorologue, Philip Merilees, l'organisateur de la session, qui n'a pas eu 

le temps de la soumettre テ Lorenz avant sa communication. Il se peut aussi que l'attracteur "atmosphテゥrique" souvent baptisテゥ 
"papillon de Lorenz" pour des raisons テゥvidentes soit intervenu dans la genティse de la mテゥtaphore, comme d'ailleurs le best-seller du 

journaliste James Gleick, 

La thテゥorie du chaos

, dont un des chapitres s'intitule L'effet papillon

 ツサ (窶ヲ) 

Sous ses multiples 

avatars, l'effet papillon fait fureur dans la littテゥrature de vulgarisation. On y trouve une grande variテゥtテゥ de papillons, voire de 
lテゥpidoptティres, de libellules ou de colテゥoptティres, battant des ailes窶ヲ

 ツサ

 (Witomski 1995). 

Effectivement

, le dixiティme de degrテゥ [de Poincarテゥ], il faut bien le reconnaテョtre, est moins テゥvocateur qu'un fragile 

papillon. 

 

4

ティme

 テゥtape : la tornade 

窶ヲ.

 dans les rテゥgions les plus exotiques.

 ツサ. En fait, pour que l窶冓mage soit forte, il faut qu窶册lle heurte un 

lieu familier. D窶兮prティs Witomski

forテェt amazonienne et Chine sont les rテゥgions les plus citテゥes,  

ツォ Mais on remarque deux autres lieux attirant テゥtrangement les papillons chaotiques : la baie de Sidney et la muraille de 
Chine. On trouve mテェme un papillon parisien modifiant le climat テ Paris, ce qui est doublement atypique, puisque le schテゥma 

habituel veut qu'un papillon trティs exotique, batifolant aux antipodes, gテゥnティre une catastrophe climatique dans un lieu aussi 
familier que possible. ツサ 

Mais si l'on excepte ce papillon franco-franテァais, on observe que ce schテゥma idテゥal est trティs rarement respectテゥ, sauf chez les 
Amテゥricains. L'examen d'une quarantaine d'effets papillons attrapテゥs au vol dans la littテゥrature scientifique franテァaise et anglo-

saxonne montre que tous les auteurs amテゥricains citent les Etats-Unis, et que seul un auteur franテァais sur six cite la France. 
L'effet papillon est donc perテァu comme typiquement amテゥricain, de mテェme d'ailleurs que la thテゥorie du chaos (窶ヲ) 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

                                                 

296

 

Does the flap of a butterfly窶冱 wings in Brazil set off a tornado in Texas?, 

139th meeting of the AAAS, 1972 

Oテケ un battement d窶兮ile de papillon crテゥe-t-il une 

tornade ? 

Brテゥsil - Texas (tornade)  

E. Lorenz, AAAS, 29.12.72 

Brテゥsil - Floride (tornade)  

Le Figaro 3.94 

Notre Dame de Paris Paris  

C. Allティgre, Le Point 18.6.94 

Amazonie - Chicago (tempテェte)  

R. Lewin, La Complexitテゥ, 94 

Sumatra - Angleterre (ouragan)   J. Schwartz, The Creative Moment, 92 
Le jardin de ma tante - Manille (cyclone) S&V Junior 
Baie de Sidney - Jamaテッque (cyclone)  Les Echos, 18.4.90 

Californie - Normandie (tornade)  Ca m'intテゥresse, 87 
Pテゥkin - Cテエte ouest des Etats-Unis  La Recherche, 10.90 
Rio - Australie (tempテェte)  

Explora, 12.88 

Pテゥkin - New York (tempテェte)  

J. Gleick, La Thテゥorie du Chaos, 87 

Pテゥkin - New York    

M. Crichton, Le parc jurassique, 92 

Mer de Chine  

 

Caraテッbes (ouragan) 

Havana - Sidney (libellule) 

 Pollack 

Brテゥsil - ??   

 

E. Brテゥzin, Pour la Science, avril 92 

Rio 

San 

Francisco 

 

H. Reeves, Derniティres nouvelles du 
cosmos, 94 

Amazonie - Bangladesh (cyclone) R. Chaboud, France-Inter, 6.93 
Rio - Japon (tornade)    

Explora 89 

Muraille de Chine 

  

Paris Actuel, 90  

Amazonie - Mexique (raz-de-marテゥe) J. E. Hallier, Le Nouvel Ob, 6.94 

Philippines - Californie  

J. F. Kahn, 94 

Tokyo Brテゥsil  

 

I. Stewart, The Collapse of Chaos, 93 

Brテゥsil - ??   

 

Pour la science, 93 

Tokyo 窶 Chicago 

 B. Appleyard, Understanding the Present, 94 

Australie - Limousin (ouragan)   S&Av, 9.94 
Brテゥsil - Alaska (tempテェte de neige)  J. L. Casti, Complexification, 94 
Citテゥ impテゥriale de Pテゥkin - Jamaテッque La Recherche 10.90 
Antilles 窶 Ocテゥanie 

 

 S. Deligeorges, France- Culture, 6.92 

Chine - Floride (cyclone)  

Libテゥration 3.3.94 

Pテゥkin - New York    

Le Nouvel Observateur, 4.4.91 

Baie de Sidney - Jamaテッque (cyclone) Le Quotidien du mテゥdecin, 6.6.91 
Rio - Paris  

 

Pour la science, 10.91 

Shangaテッ - New York (orage) 

 Libテゥration, 23.3.92 

Brテゥsil - Londres (orage)  

Sunday Times, 31.1.93 

Pテゥkin - New York    

Libテゥration, 7.7.93 

Brテゥsil - Texas  

 

A. Boutot, L'invention des formes, 94 

Rio - Chicago  

 

S. Kaufmann, Scientific American, 8.91 

Martinique - Chine   

L'Evテゥnement du Jeudi,24.2.94 

Pテゥkin - New York 

 

 G. Mテゥlenchon 

Afrique - Jamaテッque   

P. Tambourin, France-Culture, 9.11.94 

Australie - Brテゥsil 

 

S&Av, 12.94 

Australie 窶 Bermudes   

Ben, Lettre aux peuples inquiets nツー6, 2.95 

background image

 

 

334

Derniティres trouvailles en ligne au 27 juin 2006 

窶「

 

ツォ Il suffit, disaient les Chinois

 (sic),

 d窶冰n battement d窶兮ile de papillon dans les mers du Sud pour 

dテゥclencher un typhon en mer de Chine

 ツサ. InfoSud

297

 

窶「

 

ツォ 

C窶册st d窶兮illeurs sans compter sur les ondes du battement d窶兮ile du papillon qui d窶冰n bout テ l窶兮utre de la 

planティte donnent テ l窶僣istoire de fluctuantes et d窶冓nconstantes テゥvolutions.

 ツサ Bellaciao 

298

 

ツォ Voilテ sans doute pourquoi, aprティs avoir soigneusement oubliテゥ de citer tous les travaux europテゥens ou russes 
sur la question du chaos, 

(dテゥsyncrテゥtisation)

 les chercheurs et journalistes amテゥricains il fallait s'y attendre se 

sont concoctテゥ un papillon gテゥnテゥrant des catastrophes exclusivement amテゥricaines. テ y regarder de plus prティs, la 
dissテゥmination du chaos partage un autre point commun avec celle de l'effet papillon : l'absence d'adaptation. 
On note en effet deux grands types trティs majoritaires d'effets papillons. Ceux qui, suivant la mテゥtaphore 
originale de Lorenz-Merilees, partent du Brテゥsil et arrivent aux Etats-Unis, et ceux qui, suivant James 
Gleick, partent de Chine et arrivent aux Etats-Unis. Plutテエt que d'adapter la mテゥtaphore テ leur propos, les 
auteurs prテゥfティrent utiliser telle quelle la version made in USA, sacrifiant ainsi la pertinence テ ce qu'ils croient 
テェtre une lテゥgitimation scientifique 

(argument d窶兮utoritテゥ). Witomski & Ortoli 1995. 

 
5

ティme

 テゥtape : retour aux sources 

Cette image existait-elle dテゥjテ ? 

ツォ Comme on trouve toujours, テ condition de chercher, des antテゥcテゥdents テ tout,

 

(voir chapitre 

Pangloss, syndrome Jules Verne

certains amateurs de science fiction ont trティs justement fait remarquer que le papillon de Lorenz-Merilees-Gleick avait un 
ancテェtre littテゥraire dans une nouvelle de Ray Bradbury 

A sound of Thunder

, parue en 1948. Elle met en scティne un safari un 

peu particulier : une chasse au tyrannosaure organisテゥe en 2055 par une sociテゥtテゥ exploitant une machine テ remonter le temps. 
Afin de ne pas perturber le passテゥ ce qui pourrait avoir des consテゥquences redoutables dans le futur , les chasseurs doivent 

impテゥrativement rester sur une passerelle mテゥtallique... mais le hテゥros, Eckels, en tombe et fait quelques pas dans la boue. De 
retour en 2055, il constate que son pays est gouvernテゥ par un abominable dictateur. Terriblement anxieux, Eckels observe ses 

semelles : 

...enchテ「ssテゥ dans la boue, jetant des テゥclairs verts, or et noirs, il y avait un papillon admirable et, bel et bien, 

mort.  

Pas une petite bテェte pareille, pas un papillon ! s'テゥcria Eckels ツサ (Witomski 1995 ; Bradbury 1992) 

 

6

ティme

 テゥtape : limites 

Effet papillon renversテゥ 

Pour テゥviter les テゥchauffements d窶册sprit au sujet de l窶册ffet papillon, Zwirn (pourtant trティs proche de 
l窶儷niversitテゥ Interdisciplinaire de Paris) suggティre ceci :  

ツォ 

Le danger est de l窶冓nterprテゥter comme le fait que c窶册st le courant d窶兮ir causテゥ par le battement des ailes du papillon qui est 

amplifiテゥ au point de se transformer en tempテェte ! Une prテゥsentation テ l窶册nvers serait peut-テェtre meilleure : elle consiste テ dire que le 

battement des ailes du papillon a engendrテゥ une modification des conditions initiales telle que, lテ oテケ devait se produire une 
tempテェte, il a rテゥgnテゥ un temps clテゥment. L窶冓mage perd une partie de sa force suggestive, mais elle ne risque plus d窶凖ェtre interprテゥtテゥe テ 

contresens

 ツサ

299

Effet papillon non causal 

                                                 

297

Jean-Paul Marthoz

,  Ca  c窶册st  passテゥ  loin  de  chez  vous  et  テァa  vous  concerne窶ヲ

, Infosud 23 juin 2006 

http://www.infosud.org/showArticle.php?article=914 

298

 Regis Duffour, Des cナ砥rs noirs, Bellaciao, 31 mai 2006, 

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=28716

  

299

 Zwirn, 

in 

D窶僞spagnat B., Implications philosophiques de la science contemporaine, Complexitテゥ, vie, conscience 

Le chaos, le temps, le principe anthropique, dテゥbat, Collection 

Cahiers Academie sc. morales et politiq.

 Numテゥro 17, p. 

2 - 2003 

http://www.asmp.fr/travaux/gpw/philosc/rapport1/chaos-debat.pdf

  

background image

 

 

335

L窶册ffet papillon est souvent interprテゥtテゥe de faテァon causale, ce qui est erronテゥ : ce serait le battement 
d'aile du papillon qui dテゥclencherait la tempテェte. Lorenz mis les choses au point lui-mテェme :  
ツォ 

De crainte que le seul fait de demander, suivant le titre de cet article,

 "un battement d'aile de papillon au 

Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?", 

fasse douter de mon sテゥrieux, sans mテェme parler d'une 

rテゥponse affirmative, je mettrai cette question en perspective en avanテァant les deux propositions suivantes : 

窶「

 

Si un seul battement d'ailes d'un papillon peut avoir pour effet le dテゥclenchement d'une tornade, alors, il en 
va ainsi テゥgalement de tous les battements prテゥcテゥdents et subsテゥquents de ses ailes, comme de ceux de millions 
d'autres papillons, pour ne pas mentionner les activitテゥs d'innombrables crテゥatures plus puissantes, en 
particulier de notre propre espティce. 

窶「

 

Si le battement d'ailes d'un papillon peut dテゥclencher une tornade, il peut aussi l'empテェcher.

 ツサ

300

 

Effet anti-papillon 

 ツォ 

On observe mテェme parfois des ツォ effets antipapillon ツサ puisqu窶冓l n窶册st pas rare de trouve, en Angleterre surtout, des colonies 

テゥgarテゥes de Monarques (Danaus plexippus), trティs communs au Mexique. Les mテゥtテゥorologues expliquent que ces papillons arrivent 
par la voie des airs, transportテゥs par des vents d窶兮ltitude d窶冰ne queue de cyclone. D窶冩テケ il ressort qu窶冰n cyclone au Mexique peut 

provoquer un battement d窶兮iles de papillon en Angleterre !

 

301

ツサ 

 
 

B Attracteur テゥtrange

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous ne dテゥcrirons pas cette fois la fabrication de l窶冓mage d窶兮ttracteur テゥtrange : donnons juste une 
dテゥfinition de cet objet : 

(modulable si public non physicien ou mathテゥmaticien) 

Un sous-ensemble bornテゥ 

A

 de l'espace est un attracteur テゥtrange et chaotique pour une 

transformation 

de l'espace s'il existe un voisinage 

R

 de 

A

 (c'est テ dire que pour  

                                                 

300

 Edward N. Lorenz ; 

Un battement d'aile de papillon au Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ?

, Alliage 22 (1993), 

42-45. Traduction franテァaise du texte de la confテゥrence de 1972, publiテゥ (en anglais) dans : 

The essence of chaos

The Jessie 

and John Danz Lecture Series

, University of Washington Press, 1993.  

301

 Ortoli & Witkowski, 

ouv.citテゥ 

p. 137 note 17 

Attracteur テゥtrange de Lorenz, 1963 - Crテゥdit wikipテゥdia

background image

 

 

336

tout point de 

A

 il existe une boule contenant ce point et contenue dans 

R

) vテゥrifiant les propriテゥtテゥs 

suivantes :  

1) Attraction : 

R

 est une zone de capture, ce qui signifie que toute orbite par 

T

 dont le 

point initial est dans 

R

, est entiティrement contenue dans 

R

. De plus, toute orbite de ce type devient 

et reste aussi proche de 

A

 que l'on veut.  

2) Sensibilitテゥ aux Conditions Initiales : les orbites dont le point initial est dans 

sont 

extrテェmement sensibles aux conditions initiales ; ceci traduit un comportement chaotique.  

3) Fractal : 

est un objet fractal, ce qui justifie l'adjectif テゥtrange.  

4) Mテゥlange : pour tout point de 

A

, il existe des orbites dテゥmarrテゥes dans 

R

, et qui passent 

aussi prティs que l'on veut de ce point.  

Un attracteur est la 

reprテゥsentation du comportement chaotique de ces systティmes dissipatifs

 : il reprテゥsente 

une partie de l'espace des phases. La notion d'attracteur implique une convergence de la 
trajectoire obtenue vers un ou plusieurs points de l'espace. Aussi, quelles que soient les 
conditions initiales appliquテゥes au systティme et aprティs un temps suffisamment long, la trajectoire se 
concentre dans une partie de l'espace de volume nul. 
Il n窶凖ゥchappe テ pas grand monde que l窶兮ttracteur テゥtrange de Lorenz ressemble fort テ deux ailes de 
papillon, ce qui donne l窶冓llusion テ peu de frais d窶兮voir saisi une vision d窶册nsemble de la thテゥorie du 
chaos. 
Or les dテゥvoiements pseudoscientifiques peuvent テェtre graves. Voici テ titre indicatif l窶冰n des 
exemples les plus rテゥcents : l窶兮ttracteur harmonique de Dambricourt-Malassテゥ. 
L窶兮uteur (qui fut membre de l窶儷IP) a notテゥ des tendances dans l窶凖ゥvolution de certains os du crテ「ne, 
notamment la ツォ contraction crテ「nialo-faciale ツサ, qu窶册lle pose comme une tendance imprimテゥe par 
une nテゥcessitテゥ, par un dessein : l窶僣umain serait en route vers une harmonie tテゥlテゥologique car, dit-
elle, un seuil est atteint, au-delテ duquel 

l窶凖ゥquilibre correspond テ une forme [...]inテゥdite autour de laquelle les 

individus vont se mettre テ fluctuer, pour certains de faテァon alテゥatoire et chaotique , pour d窶兮utres et d窶冰ne faテァon plus 
subtile, d窶冰ne faテァon harmonique

 ツサ

302

Kerszberg : ツォ Attracteur harmonique ツサ 

窶 ce terme nouveau n窶册st pas introduit innocemment : il semble issu 

de la physique mathテゥmatique. Notre auteur 

[NdR : A. D窶兮mbricourt]

 pourtant, ne le dテゥfinit nulle part. 

(voir 

TP ci-aprティs) 

Ceux qui croient naテッvement que l窶冰sage d窶冰n mot suppose sa dテゥfinition 窶 et qu窶凖 plus forte raison 

un terme mathテゥmatiquerテゥclame une dテゥfinition mathテゥmatique 窶兎n seront ici pour leurs frais. Le seul contenu de 
l窶 ツォ attracteur harmonique ツサ est donc テゥmotionnel

303

.  

De crテ「ne fractal en cellules de convection, il s窶兮vティre que la thテゥorie de Dambricourt est un 
scテゥnario fumeux qui lui permet, par un raisonnement de type panglossien, d窶凖ゥtayer sa thテゥorie 
religieuse (en l窶冩ccurrence une adhテゥsion sans rテゥserve au teilhardisme). Cette thテゥorie aura pourtant 
eu les honneurs d窶僊rte (dans un reportage trティs discutable : 

Homo sapiens - une nouvelle histoire de 

l'homme

 de Thomas Johnson). 

 
2) Ips scテゥnaristiques 

窶「

 

Nouvelle science, scテゥnarisation du changement de paradigme  

Le sous-titre du best-seller de Gleick est ツォ vers une nouvelle science ツサ (

making a new science

).  

                                                 

302

 Pour une analyse plus dテゥtaillテゥe, Kerszberg M., Anne Dambricourt, ou le jargon scientifique comme outil de 

propagande, 

in Intrusions spiritualistes en sciences

, p. 300. 

303

 

Ibid. 

background image

 

 

337

Sokal & Bricmont : ツォ 

Dans le discours postmoderne, on rencontre frテゥquemment l窶冓dテゥe que des dテゥveloppement, 

tous scientifiques plus ou moins rテゥcents ont non seulement modifiテゥ notre vision du monde, mais テゥgalement apportテゥ 
des changements philosophiques et テゥpistテゥmologiques profonds et que, d窶冰ne certaine faテァon, la science a changテゥ de 
nature

 ツサ (Sokal & Bricmont, 1997, p. 123). 

Il s窶兮git d窶冰ne scテゥnarisation bien particuliティre, qui fait florティs dans tous les champs de 
connaissance : le scテゥnario du 

changement de paradigme

.  

Il permet de :  

-

 

flatter les idテゥes Nouvel テHe, dont la rhテゥtorique est entiティrement axテゥe sur l窶冓dテゥe d窶冰ne ティre 
nouvelle (en l窶冩ccurrence celle du Verseau), faisant table rase des anciennes conceptions 
(surtout matテゥrialistes) et porteuse d窶册spoir. Pour cela, elle procティde d窶冰ne dテゥsyncrテゥtisation 
de la connaissance en question : 

Un objet ne peut devenir mythique que s'il est neuf, dテゥbarrassテゥ de 

son encombrante charge historique : le chaos comme l'effet papillon doivent impテゥrativement se faire une 
virginitテゥ en oubliant leur lointaine origine. Poincarテゥ, Kolmogorov, Krylov

304

 et les autres ne peuvent テェtre 

inclus dans la genティse du chaos. Comment la "nouvelle science" de Gleick pourrait-elle avoir des 
antテゥcテゥdents aussi lointains ? 

-

 

 faire de la pseudo-iconoclastie : iconoclastie parce qu窶冩n annonce la chute d窶冰ne idole, ou 
d窶冰ne idテゥologie (rhテゥtorique messianique) ; pseudo-iconoclastie car il arrive qu窶册n guise 
d窶冓cテエne, ce soit une vulgaire image de plテ「tre qui soit foulテゥe aux pieds. Ainsi, テ en croire 
Prigogine & Stengers, dans 

La Nouvelle Alliance

, on peut lire ce genre de phrase bon 

marchテゥ : ツォ 

la notion de chaos nous amティne テ repenser la notion de 

loi de la Nature ツサ

305

-

 

jouer sur un certain scテゥnario ツォ limitiste ツサ 

ツォ 

On affirme parfois que le chaos signale les limites de la science. Mais on ne se trouve pas dans un cul-de-

sac ou devant un テゥcriteau portant la mention ツォ interdit d窶兮ller plus loin ツサ. La thテゥorie du chaos ouvre une 
foule de possibilitテゥ et dテゥcouvre un tas d窶冩bjets nouveaux. Par ailleurs tout le monde a toujours su, ou 
admis, que la science ne pouvait pas ツォ tout ツサ prテゥdire ou ツォ tout ツサ calculer. Apprendre qu窶冰n objet 
spテゥcifique (le temps dans quelques semaines) テゥchappe inテゥvitablement テ nos prテゥdictions est peut-テェtre 
dテゥplaisant, mais n窶兮rrテェte nullement le dテゥveloppement de la science. Par exemple, au dix-neuviティme siティcle, on 
savait parfaitement qu窶冓l テゥtait impossible de connaテョtre les positions de toutes les molテゥcules d窶冰n gaz. On est 
nテゥanmoins parvenu テ dテゥvelopper les mテゥthodes de la physique statistique qui permettent d窶凖ゥtudier beaucoup 
de propriテゥtテゥs des systティmes composテゥs d窶冰n grand nombre de constituants, tels que les gaz

 ツサ (Sokal & 

Bricmont 1997, p. 128) 

-

 

proroger un concordisme science-tテゥlテゥologie :  

ツォ (窶ヲ) 

parfois la thテゥorie du chaos, nous offre[nt] une image rテゥenchantテゥe du monde, indique[nt] les 

"limites" de la science et suggティrent un au-delテ. Un exemple typique de ce genre de raisonnement est basテゥ 
sur le "principe anthropique" : des physiciens ont calculテゥ que, si certaines constantes physiques avaient テゥtテゥ 
trティs lテゥgティrement diffテゥrentes de ce qu'elles sont, l'univers aurait テゥtテゥ radicalement diffテゥrent de ce qu'il est et, en 
particulier, que la vie et l'homme auraient テゥtテゥ impossibles. Il y a donc lテ quelque chose que nous ne 
comprenons pas ; l'Univers semble avoir テゥtテゥ fait de faテァon trティs prテゥcise afin que nous puissions en faire 
partie. En fait, il s'agit d'une nouvelle version de ce que les anglo-saxons appellent "the argument from 
design", テ savoir que l'univers semble avoir テゥtテゥ fait en fonction d'une certaine finalitテゥ et que cette finalitテゥ 

                                                 

304

 Witkowski 

ouv.citテゥ

. Il renvoit vers les articles de Simon Diner et de Giorgio Israテォl dans 

Chaos et dテゥterminisme

, Seuil, 

Points Sciences, 1992. 

305

 

Several of those claims, especially the most recent ones, are rather radical: ツォ the notion of chaos leads us to rethink the notion of 窶詫aw of 

nature窶

. Prigogine I., Stengers I., (1986) 

La Nouvelle Alliance

, Folio, Gallimard, p. 15. 

 

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338

elle-mテェme tテゥmoigne de l'existence d'un Grand Architecte

 ツサ. (Bricmont 2000) 

 

Impostures intellectuelles 
 
 

 
 

 
 
 
 
 
 

 
La thテゥorie du chaos se prテェte merveilleusement テ cet art de l窶冓mposture 
Ortoli & Witkowski illustrent trティs bien ce glissement mテゥdiatique :  
ツォ [le chaos] 

a aussi envahi la littテゥrature et le cinテゥma 窶 non par le biais de la dynamique non linテゥaire, mais 

grテ「ce テ une mテゥtaphore テ succティs qui en est devenue l窶册mblティme. Pour illustrer le fait qu窶冓l suffit d窶冰ne toute petite 
perturbation pour rendre un systティme chaotique (窶ヲ) Lorenz donna une confテゥrence intitulテゥe (bien malgrテゥ lui) : ツォ le 
battement des ailes d窶冰n papillon au Brテゥsil peut-il dテゥclencher une tornade au Texas ? ツサ. En fait de tornade, ce 
papillon brテゥsilien a dテゥclenchテゥ une tempテェte mテゥdiatique, tant il est vrai qu窶冰ne bonne image vaut mieux qu窶冰n long 
calcul. L窶 ツォ effet papillon ツサ est devenu l窶冓ngrテゥdient obligテゥ de toute tentative de vulgarisation, que ce soit au sein d窶冰n 
article scientifique ou dans le scテゥnario d窶冰n film テ succティs.ツサ 
Witkowski prテゥcise qu窶 ツォ elle tend テ supplanter, voire テ effacer, la thテゥorie qu'elle est censテゥe illustrer. Nombre de 
journalistes, mais aussi de sociologues et de politiciens, s'en tiennent ainsi テ cette notion de la petite cause qui a de 
grands effets, ou du petit ruisseau qui fait la grande riviティre 

ツサ. 

(窶ヲ) 

l'analogie directe est de rティgle, entre l'individu et le neurone ou la sociテゥtテゥ et le systティme solaire, sans que le 

moindre effort d'adaptation vienne enrichir une traduction aussi platement littテゥrale.

(Witomski 1995) 

 

Exemples  

Voici un exemple d窶兮bus parmi de nombreux possibles dans chacun des champs traditionnels de 
l窶冓mposture ツォ chaotique ツサ

306

 : la mテゥtaphysique, la politique, la sociテゥtテゥ, l窶冑istoire, la linguistique, la 

psychanalyse et la pensテゥe Nouvel テHe. Nous nous cantonnerons au concept (nomade) 
d窶 ツォ attracteur テゥtrange ツサ, sachant que Effet papillon, non-linテゥaritテゥ etc. ne sont souvent pas loin. 

L窶冰tilisation mテゥtaphysique spiritualiste 

窶「

 

Jean Staune (UIP) : ツォ 

Pourquoi, テ la disparition des grands reptiles, a-t-on vu les mammifティres 

s窶冓mposer, et pas les grenouilles

 (窶ヲ). 

L窶凖ゥvolution a un sens. Ce que Teilhard de Chardin appelait la

 

                                                 

306

 Pour テゥviter toute accusation de partisanisme, nous avons tentテゥ de prendre des exemples dans notre propre frange, 

en l窶冩ccurrence libertaire ou vantant un libertarisme discutable (comme nombre de thティses relativistes). 

Nous dテゥsignons par 

imposture intellectuelle

 l窶兮bus rテゥitテゥrテゥ de concepts et de termes provenant des 

sciences physico-mathテゥmatiques, abus ayant les trois caractテゥristiques suivantes テゥdictテゥes par Sokal & 
Bricmont :  

1)

 

parler abondamment de thテゥories scientifiques dont on n窶兮, au mieux, qu窶冰ne trティs vague idテゥe. 
Dans la plupart des cas, ces auteurs ne font qu窶冰tiliser une terminologie scientifique (ou 
apparemment scientifique) sans trop se soucier de ce qu窶册lle signifie. 

2)

 

Importer des notions des sciences exactes dans les sciences humaines sans doner la moindre 
justification empirique ou conceptuelle テ cette dテゥmarche. (窶ヲ) 

3)

 

Exhiber une テゥrudition superficielle en jetant sans vergogne des mots savants テ la tテェte du 
lecteur, dans un contexte oテケ ils n窶冩nt aucune pertinence. Le but est sans doute 
d窶冓mpressionner et surtout d窶冓ntimider le lecteur non scientifique. (窶ヲ) 

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339

"tension vers omテゥga". (窶ヲ) 

En appliquant les thテゥories du chaos, Anne Dambricourt aboutit テ l窶冓dテゥe 

qu窶凖 l窶冓ntテゥrieur de chaque grande sテゥquence du vivant, il y a fluctuation chaotique : l窶凖ゥvolution peut 
テゥventuellement partir dans tous les sens (

imposture

). Mais il y aurait toujours un "attracteur 

テゥtrange"(

imposture

), pour finalement ramener le flux vivant vers une certaine destination.

 ツサ

307

 

L窶冰tilisation politique 

窶「

 

 Bibette :  ツォ 

Dans le domaine des systティmes dynamiques non linテゥaires, trティs sensibles aux conditions 

initiales, un battement d'ailes de papillon テ Hong-Kong peut crテゥer une tempテェte au-dessus de New York. 
Philosophiquement, la thテゥorie du chaos signifie que l'action d'un individu donnテゥ peut avoir des 
consテゥquences fortes au niveau d'un univers social complexe qui n'est pas linテゥaire

 (sic). 

C'est tout テ fait 

rテゥconfortant pour ceux qui investissent sur chaque personne humaine espテゥrant qu'un individu soit capable, 
テ lui seul, de faire "bouger" son propre milieu. 

(窶ヲ.) ツサ. 

Et l窶兮uteur, Rテゥgis Bibette, de poursuivre immanquablement sur l窶

attracteur テゥtrange

 :  

(Voir le tome 2 de l'Encyclopテゥdie des Ressources Humaines, Tテゥrence, 

L'Homme, ressource 

stratテゥgique

, Les Editions d'Organisation 1993). On ne peut prテゥvoir le tracテゥ prテゥcis de la "trajectoire" 

figurant le mouvement du systティme テゥtudiテゥ, on sait seulement que le point final va se trouver "quelle que 
part" sur un attracteur テゥtrange ! Ainsi, dans nos modティles de reprテゥsentation du monde, le dテゥterminisme 
chaotique non linテゥaire est venu complテゥter rテゥcemment le dテゥterminisme causal linテゥaire de la science 
traditionnelle

308

.  

Tout derniティrement :  

窶「

 

Jean-Paul de Belmont : [...] ツォ 

C窶册st sans compter avec un facteur incontrテエlable : le hasard. Celui qui 

fait qu窶冰n battement d窶兮ile de papillon dテゥclenche un cyclone テ l窶兮utre bout de la planティte窶ヲ ou un conflit 
majeur.Certains appellent cela, justement, l窶册ffet papillon. Mais on pourrait tout aussi bien parler de la 
65e case de l窶凖ゥchiquier

 ツサ (sic !)

309

  

窶「

 

Le Brテゥsil, attracteur テゥtrange

, Alain Nicolas, L窶僣umanitテゥ, 7 juillet 2005. 

[N窶冓mporte quel moteur de recherche vous aidera テ renouveler les exemples.] 

 

L窶冰tilisation sociテゥtale 

窶「

 

Bensayag : 

ツォ Chaos ツサ, ツォ indiscernable ツサ, ツォ incapacitテゥ de prテゥvoir ツサ, ツォ fin du dテゥterminisme ツサ..., autant de 

mots, concepts, idテゥes et parfois rテゥcits, qui hantent le discours courant de notre テゥpoque. Des gens en 
provenance des horizons les plus divers se mettent テ parler en termes de ツォ pari ツサ, ツォ hasard ツサ, ツォ 
probabilitテゥs ツサ, et plus personne ne prテゥtend dテゥsormais que la raison puisse, depuis sa tour d'ivoire, 
programmer le dテゥroulement des diffテゥrentes situations du monde et encore moins imaginer ou crテゥer des 
mondes nouveaux.  

L'irruption dans le discours et dans la rテゥalitテゥ, des テゥlテゥments incertains (qui テゥchappaient aux champs du 
dテゥterminisme) a テゥtテゥ vテゥcue par nos contemporains comme la douloureuse rupture d'un bel appareil de 
connaissance et de transformation du monde sur lequel les gテゥnテゥrations des quelques siティcles passテゥs avaient mis 
tous leurs espoirs. Une telle rupture, malgrテゥ ce que certains peuvent prテゥtendre ou souhaiter, est loin de se 

                                                 

307

 

Nouvelle science, nouvelle spiritualitテゥ - Entretien avec Jean Staune de Patrice Van Eersel 

http://www.nouvellescles.com/dossier/Science_Spi/Staune.htm

  

308

 Ribette, R., 

L'entreprise se construit en marchant sur les chemins de la complexitテゥ

,  

http://www.globenet.org/archives/web/2006/www.globenet.org/horizon-local/articleff50.html?id_article=14

 

Exposテゥ fait lors d'un "petit-dテゥjeuner" de GAGNER le 8 mars 2001, revue Dirigeants du CJD 

309

 Jean-Paul de Belmont, Alexandre Adler, 

La 65e case

, Primo-Europe, 19 juin 2006 

http://www.primo-europe.org/impression.php?numdoc=Tr-15761594

  

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340

cantonner au territoire toujours un peu lointain des sciences et de la philosophie oテケ l'incertitude existe comme 
vテゥritable catastrophe (mais non pas dテゥsastre) depuis la fin du siティcle dernier quand des critiques rigoureuses sont 
venues assombrir l'horizon jusqu'alors incontestテゥ des mathテゥmatiques et de la philosophie. ツサ  

Et le psychanalyste Benasayag de parfaire la bi-acception sens scientifique/sens commun, en 
utilisant la scテゥnarisation du ツォ changement de paradigme ツサ :  

ツォ Il s'agit en effet aujourd'hui de constater que l'irruption de l'incertitude en tant que rupture des modティles, 
paradigmes et principes jusque-lテ dominants, est devenue un vテゥritable vテゥcu quotidien pour l'homme et la 
femme de la rue ツサ. 

310

 

L窶冰tilisation historique 

窶「

 

Jean Baudrillard : ツォ 

c窶册st tout le problティme du discours sur la fin (celle de l窶冑istoire en particulier)que 

d窶兮voir テ parler en mテェme temps de l窶兮u-delテ de la finet de l窶冓mpossibilitテゥ d窶册n finir. Ce paradoxe rテゥsulte 
du fait que dans un espace non linテゥaire 

(imposture

), dans un espace non euclidien de l窶冑istoire 

(

imposture

), la fin est irrepテゥrable. La fin n窶册st en effet concevable que dans un ordre logique de la 

causalitテゥ et de la continuitテゥ. Or ce sont les テゥvテゥnements eux-mテェmes qui, par leur production artificielle, leur 
テゥchテゥance programmテゥe ou l窶兮nticipation de leurs effets, sans compter leur transfiguration mテゥdiatique, 
annulent la relation de cause テ effet et donc toute continuitテゥ historique. Cette distorsion des effets et des 
causes, cette mystテゥrieuse autonomie des effets, cette reversibilitテゥ de l窶册ffet sur la cause engendrant un 
dテゥsordre, ou un ordre chaotique (

imposture

), (窶ヲ) n窶册st pas sans テゥvoquer la thテゥorie du Chaos 

(

imposture

), et la disproportion entre le battement d窶兮ile d窶冰n papillon et l窶冩uragan qu窶冓l dテゥchaテョne テ 

l窶兮utre bout du monde (

imposture

),. Elle n窶册st pas sans テゥvoquer non plus l窶冑ypothティse paradoxale de 

Jacques Benvテゥniste sur la mテゥmoire de l窶册au (

imposture

). [...] 

311

 

L窶冰tilisation linguistique 

窶「

 

Hakim Bey : ツォ 

Les grammaires pourraient テェtre les ツォ attracteurs テゥtranges ツサ, comme le motif cachテゥ qui est 

la ツォ cause ツサ de l窶兮nagramme 窶 des motifs qui sont rテゥels mais n窶兮yant d窶卍ォ existence ツサ que par la 
manifestation des sous-motifs. Si le sens est insaisissable, c窶册st peut-テェtre parce que la conscience elle-mテェme, 
et donc le langage, est 

fractale

.

 ツサ

312

 

L窶冰tilisation psychanalytique 

窶「

 

Jacques Dufour : ツォ

 

Quel analyste n窶兮-t-il pas テゥprouvテゥ, テ un moment ou テ un autre de son travail, une 

impression de chaos テ la mesure de son incapacitテゥ テ contenir un envahissement d窶兮ngoisses sans nom dans 
le transfert, dテゥbordant ses facultテゥs reprテゥsentatives au point de lui faire craindre l窶册xpression d窶冰n noyau 
psychotique ? Le caractティre expansif de cette destructivitテゥ, qui altティre en un cercle vicieux les liens de pensテゥe 
et les liens relationnels, m窶兮 conduit テ une analogie de pensテゥe avec la thテゥorie du chaos telle qu窶册lle fut 
introduite comme mテゥtaphore dans la rテゥflexion psychanalytique par Sylvie et Georges Pragier

313

. L

phrase-clテゥ qui la condense, ツォ Pテゥriode trois テゥgale Chaos ツサ, signifie que tout dテゥsordre chaotique observテゥ dans 
l窶冰nivers reprテゥsente une テゥvolution temporelle sous dテゥpendance d窶冰ne ツォ hypersensitivitテゥ テ un テゥtat initial

314

ツサ 

qui dテゥclenche un dテゥsordre provoquテゥ par un ツォ attracteur テゥtrange ツサ, oテケ se mテェlent, se fragmentent et 
s窶兮mplifient les flux ondulatoires affテゥrents dテゥs qu窶兮u nombre de trois. Dans une perspective analytique 

                                                 

310

 Benasayag M., Akdag H. & Secroun C., TITI est-il X-tolテゥrant ?, Nouveau millテゥnaire, Dテゥfis libertaires", actes Sujet, 

Thテゥorie et Praxis, adaptation de Benasayag M., Akdag H. & Secroun C., "Peut-on penser le monde ? Hasard et 
Incertitude", Les テゥditions du Fテゥlin, Paris 1997. 

http://www.lutecium.org/stp/akdag.html

  

311

 Baudrillard J., 

L窶冓llusion de la fin

, Paris, Galilテゥe, 1992, pp. 155-156. 

312

 

La linguistique du Chaos

T.A.Z. Zone Autonome Temporaire,

 annexe I, テ嬰itions de l窶凖営lat,1997, pp. 75-77. 

313

 Pragier G. et S. Un siティcle aprティs l窶僞squisse : Nouvelles mテゥtaphores ? Mテゥtaphores du nouveau. 

Rev. Franテァ. 

Psychanal

.. T.L.I.V 6/1990, pp.1395-1500. 

314

 Ruelle D. 

Hasard et chaos

. Odile Jacob 1991, pp.75-105. 

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341

l窶兮ttracteur テゥtrange se prテゥsente donc comme un complexe d窶僊nti-ナ壇ipe qui engendrerait une destructivitテゥ 
psychique en croissance exponentielle

315

Sokal & Bricmont rテゥsument la chose ainsi : ツォ 

Une

 

[autre] confusion majeure est crテゥテゥe lorsqu窶冩n mテゥlange la 

thテゥorie mathテゥmatique du chaos avec la sagesse populaire sur les petites causes qui peuvent avoir de grands effets : 
ツォ si le nez de Clテゥopテ「tre avait テゥtテゥ plus court窶ヲ ツサ. On n窶兮rrテェte pas d窶册ntendre des discours sur le chaos ツォ appliquテゥ ツサ 
テ l窶冑istoire ou テ la sociテゥtテゥ. Mais, lorsqu窶冩n parle de la sociテゥtテゥ ou de l窶冑istoire, on se trouve (probablement) en face de 
systティmes comportant un grand nombre de variables et, surtout, pour lesquels on est incapable d窶凖ゥcrire des テゥquations. 
Parler de chaos pour ces systティmes ne nous mティne pas beaucoup plus loin que l窶冓ntuition dテゥjテ contenue dans la sagesse 
populaire

. ツサ

316

 

 

Autres impostures 

窶「

 

L窶冰tilisation Nouvel テHe  

Roger Bautier :  

ツォ 

Lawrence Hagerty, par exemple, considティre que l'internet se comporte comme un attracteur テゥtrange au 

sens de la thテゥorie du chaos (Hagerty 2000)

317

: par cette propriテゥtテゥ, l'internet entraテョnerait les esprits les plus 

crテゥatifs dans une synergie capable d'engendrer une nouvelle forme de conscience humaine, processus qui 
correspond, selon lui, テ la rテゥalisation de la noosphティre teilhardienne.

 ツサ 

318

 

 
Il y a テゥgalement des impostures nouテゥes autour de la triple acception du terme ツォ linテゥaire ツサ, 
mテゥlangeant  

-

 

la notion mathテゥmatique de fonction linテゥaire, 

-

 

la notion mathテゥmatique d窶冩rdre linテゥaire 

-

 

la notion 

postmoderne 

de pensテゥe linテゥaire, stigmatisant la pensテゥe logique et rationnelle 

hテゥritテゥe des Lumiティres et de la science dite ツォ classique ツサ et s窶册n servant de tremplin pour 
vanter une pensテゥe non-linテゥaire, souvent intuitive et subjective, toujours relativiste, 
テゥmargeant des sphティres postmodernes et prテゥtendument rテゥvolutionnaire contre la 
mテゥcanique newtonienne. La mテゥcanique quantique est par exemple souvent invoquテゥe 
comme thテゥorie non linテゥaire. Il ne reste qu窶凖 exploser de rire quand on sait qu窶册lle utilise 
des テゥquations linテゥaires comme celle de Schrテカdinger, tandis que la mテゥcanique newtonienne 
offre, quant テ elle, des テゥquations non linテゥaires

319

Exemple empruntテゥ テ la revendication dite ツォ fテゥministe ツサ donnテゥ par Sokal & Bricmont :  

ツォ

 Ces pratiques [scientifiques] テゥtaient enracinテゥes dans une logique binaire de sujets et d窶冩bjets hermテゥtiques 

et dans une rationalitテゥ linテゥaire et tテゥlテゥologique [窶ヲ]la linテゥaritテゥ et la tテゥlテゥologie sont en train d窶凖ェtre 
supplantテゥs par des modティles de non-linテゥaritテゥ en thテゥorie du chaos et par une emphase sur la contingence 

                                                 

315

 Dufour Jacques, 

L窶册xpansion destructrice des identifications de dテゥni

, Sociテゥtテゥ Psychanalytique de Paris,  

 Revue franテァaise de psychanalyse 2004 - Tome 68 - Nツー Spテゥcial Congrティs, pp. 1709-1718  

http://www.spp.asso.fr/Main/PropositionsTheoriques/Items/Identifications/index.htm

  

316

 Sokal, Bricmont, 

ouv.citテゥ

, p. 133. 

317

 Hagerty, Lawrence. The spirit of the Internet, 2000, consultテゥ sur Internet, http://www.matrixmasters.com. 

318

 Roger Bautier, L'internet comme cerveau mondial, Esprit Critique ( !), Automne 2003 - Vol.05, No.04, dossier 

Thテゥmatique, p. 11. 

http://tuxcafe.org/~renee/textes/esprit_critique1.pdf

  

319

 Pour plus de dテゥtails, voir Sokal & Bricmont, 

ouv.citテゥ

, p. 130-132 et notes. 

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342

historique

 ツサ (Lather 1991)

320

 

 

 

3)

 

Posture spiritualiste non-matテゥrialiste 

ツセ

 

Dテゥterministe imprテゥvisible 

vs 

Indテゥterminisme spiritualiste 

Nombre d窶冓ncomprテゥhensions gテゥnテゥrテゥes par la thテゥorie du chaos reposent sur l窶冓dテゥe de la fin du 
dテゥterminisme, par le fait que l窶冓mprテゥdictibilitテゥ serait la preuve de l窶冓ndテゥterminisme (

glissement 

sテゥmantique

). 

Comme le suggティrent Sokal & Bricmont, il est essentiel de distinguer dテゥterminisme, qui dテゥpend de 
ce que la nature fait indテゥpendamment de nous, et prテゥdictibilitテゥ, qui dテゥpend elle en partie de nous. 

Pour s窶册n convaincre, imaginons un phテゥnomティne parfaitement prテゥdictible 窶 le mouvement d窶冰ne horloge, par 
exemple 窶 qui est cependant situテゥ dans un endroit qui nous est inaccessible (par exemple au sommet d窶冰ne 
montagne). Le mouvement devient imprテゥvisible 

pour nous

, car nous n窶兮vons aucune possibilitテゥ de connaテョtre les 

conditions initiales. Mais il serait ridicule de dire qu窶冓l cesse d窶凖ェtre dテゥterministe 

De fait, la thテゥorie du chaos n窶册st pas indテゥterministe. Mais le prテゥtendre permet d窶冓ntroduire le 
fameux ツォ Dieu des trous ツサ et toute une gamme de tテゥlテゥologies spiritualistes. Comme le remarquait 
Laszlo :   

ツォ 

Les formalismes unificateurs, transdisciplinaires, deviennent ainsi pandテゥmiques. Leur emprise s窶册st faite 

totalitaire, au dテゥtriment d窶冰ne influence durable et profonde. Ces vingt derniティres annテゥes ont vu se succテゥder ainsi 
percolation, thテゥorie des catastrophes, bifurcations et fractales. Nous sommes assujettis テ la mode oxymoronique 

du chaos organisateur ツサ

321

.  

Travaux Pratiques 

Voici deux extraits d窶冓nterviews d窶僊nne Dambricourt-Malassテゥ, chercheur au CNRS, ancien membre de l窶儷IP, 
mティre d窶冰ne pseudo-thテゥorie scientifique archテゥoanthropologique. 
Pointez les Ips lexicaux, rhテゥtoriques, argumentatifs et les postures philosophiques sous jacentes. 

Extrait Nツー1 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

                                                 

320

 Lather P., 

Getting smart : feminist research and pedagogy with/in the postmodern, 

New York-London : Routlege, 1991, pp. 

104-105. 

321

 Pierre Laszlo, 

Cristallisation et recristallisation

Littテゥrature

, nツー 82, 1991, p.72. 

 

(窶ヲ) C'est trティs prテゥcisテゥment ce que nous apprennent les thテゥories actuelles du chaos. Ce sont la multiplicitテゥ et la diversitテゥ 

mテェmes qui maintiennent la cohテゥrence. Il y a une infinitテゥ de chemins possibles diffテゥrents, mais chacun d'eux s'inscrit 
dans les limites trティs strictes de ce que l'on appelle un "attracteur". (窶ヲ) 

J'ai donc テゥtテゥ amenテゥe テ dテゥpasser la notion d'attracteur chaotique, et テ en proposer une autre, celle d'attracteur 
harmonique. J'ai cherchテゥ ce nom sans succティs pendant assez longtemps, et comme je ne le trouvais pas, j'ai fini par 

laisser tomber en me disant que cela viendrait tout seul. Ce faisant, j'allume la radio; il y avait de la musique, et alors tac 
! J'ai comme entendu ce mot: "harmonique". Or cela me convient parfaitement, attracteur harmonique... Car cela 

exprime l'idテゥe qu'il ne dissipe pas la mテゥmoire, et qu'il maintient corrテゥlテゥes des parties qui l'ont toujours テゥtテゥ.  

 

Andante Grazioso, Dambricourt-Malassテゥ A., entretien avec, Les Humains associテゥs, Revue Intemporelle, No8, Des 

idテゥes et des テ「mes 

http://www.humains-associes.org/No8/HA.No8.Malasse.html

  

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343

Extrait Nツー2 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bibliographie 

窶「

 

Sokal A., Bricmont J., (1997) 

Impostures intellectuelles

, Odile Jacob. 

窶「

 

Sokal A., (2005) 

Pseudosciences et postmodernisme : adversaires ou compagnons de route ?,

 Sciences, Odile Jacob. 

窶「

 

Dubessy J., Lecointre G., (Dirs) (2001) 

Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en science, 

Syllepse. 

窶「

 

Witkowski N., Ortoli S., (1998) 

La Baignoire d'Archimティde, petite mythologie de la science

,

 

Points Science, Seuil. 

窶「

 

Weinberg S., (1997) 

Le rテェve d'une thテゥorie ultime

, Paris, Odile Jacob. 

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Bradbury R., (1992) 

Un coup de tonnerre

, Folio Junior. 

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Ruelle D. ,(1991) 

Hasard et chaos

, Science, Odile Jacob. 

窶「

 

Bricmont J., (1995) Science of Chaos or Chaos in Science? 

Physicalia Magazine

, 17, 3-4, pp.159-208.  

窶「

 

Bricmont J. (2000) Science et religion : l'irrテゥductible antagonisme, 

DOGMA

 

 

窶「

 

http://atheisme.free.fr/Contributions/Science_religion_1.htm 

N.C : Que pensez-vous de la Thテゥorie de la Rテゥsonnance Morphique de Rupert Sheldrake ? 

A.D : Il ne faut pas la rejeter a priori. Le problティme est de savoir si l窶冩n se trouve toujours dans la science, ou 

dans une extrapolation. Mais je prテゥfティre certainement la notion de champ morphogテゥnテゥtique テ celle de chaos 
dテゥterministe comme concept intelligible pour l窶凖ゥmergence du sens ! Il faut oser pour avancer. 

N.C : Pourtant, on ne peut nier que ce 窶彡haos crテゥateur窶 qui enchante Ilya Prigogine et tous les tenants 

de l窶兮uto-organisation, soit porteur de tendances fortes et explique beaucoup de phテゥnomティnes. 

Pourquoi notre cナ砥r bat-il de maniティre chaotique, pourquoi la lune tourne-t-elle chaotiquement autour 

de la terre, pourquoi la mテゥtテゥo est-elle chaotique et les cours de Wall Street ? 

A.D : Je ne nie pas la rテゥalitテゥ du chaos. Je dテゥnonce sa gテゥnテゥralisation abusive. Car qu窶册st-ce qui fait que vos 
cellules cardiaques, qui pulsent chaotiquement, se trouvent tout de mテェme corrテゥlテゥes dans un tout qui s窶兮ppelle un 

cナ砥r et remplit une fonction vitale ? Ce qui est important, c窶册st la reproductibilitテゥ de la fonction, au delテ du 
hasard. En matiティre d窶凖ゥvolution, on voit trティs bien quand le chaos dテゥterministe, qui est trティs frテゥquent, intervient. 

C窶册st par exemple quand apparaテョt le Nテゥanderthalien (窶ヲ) Le chaos s窶册st introduit dans le jeu. Le Neanderthalien 
disparaテョtra sans descendance et sans sortir du plan d窶冩rganisation des hommes archaテッques. 

N.C : Une fluctuation chaotique. 

A.D : Oui, mais remarquez bien : chaotique par rapport テ une logique qui, elle, est prテゥdictible. En effet, on 

pouvait prテゥvoir que si une ontogenティse nouvelle (un nouveau plan) devait テゥmerger, elle aurait une contraction 
cranio-faciale intensifiテゥe, un front haut au stade adulte, des lobes frontaux plus dテゥveloppテゥs, des mテゥninges mieux 

oxygテゥnテゥes, un appareil phonatoir favorisテゥ par la verticalisation de l窶册nsemble, une meilleure capacitテゥ テ 
prononcer des phrases (ce qui consomme beaucoup d窶冩xygティne), une conscience symbolique plus テゥlevテゥe, une 

meilleure maテョtrise de son milieu... Voilテ ce qu窶冩n aurait prテゥdit. Et c窶册st ce qui est arrivテゥ - notre ancテェtre Cro-
Magnon テゥtait donc attendu. Chaque fois que l窶冩n franchit une テゥtape au cours de l窶凖ゥvolution, c窶册st que l窶册mbryon 

a su intテゥgrer un flot d窶冓nstabilitテゥ de faテァon harmonieuse et non chaotique, en conservant la logique de la refonte 
embryonnaire. (窶ヲ) 

N.C : Teilhard parlait de point Omテゥga. Voyez-vous cela comme une sorte d窶兮ttracteur テゥtrange 

(Prigogine se sert beaucoup de ce concept inventテゥ par Lorenz dans sa thテゥorie de l窶兮uto-organisation) ? 

A.D : Il y a plusieurs sortes d窶兮ttracteurs. Vous avez le pendule isolテゥ qui s窶凖ゥpuise. Ou bien l窶冩scillateur cyclique, 
qui reテァoit de l窶凖ゥnergie extテゥrieure et revient proche de sa position de dテゥpart, テ l窶冓ntテゥrieur d窶冰n mテェme bassin 

d窶兮ttraction. L窶兮ttracteur テゥtrange, lui, amティne irrテゥversiblement un systティme aux limites de son bassin d窶兮ttraction, 
sans que l窶冩n puisse prテゥvoir dans quel autre bassin il risque de basculer. De bassin en bassin, on se retrouve 

alors dans le chaos dテゥterministe. Mes recherches montrent l窶册xistence d窶兮ttracteurs harmoniques. Pourquoi 
窶徂armoniques窶 ? Parce qu窶兮u-delテ du seuil de bifurcation, si la forme change, la dynamique et sa logique, elles, 

ne changent pas. Les systティmes qu窶册lles influencent mテゥmorisent les nouvelles corrテゥlations, acquises quand on 
passe d窶冰n plan d窶冩rganisation テ un autre. Le point Omテゥga, c窶册st LE grand attracteur harmonique de cette 

テゥvolution. (窶ヲ) 

N.C : Et que pensez-vous du fait que Teilhard de Chardin soit devenu une star du New Age ? 

A.D : On critique beaucoup ce mouvement, mais s窶冓l n窶册xistait pas, on le regretterait. Dans ce monde oテケ tout est 
brisテゥ, oテケ les traditions disparaissent, oテケ l窶冓nterdisciplinaritテゥ continue テ テェtre difficile, le Nouvel テHe constitue 

visiblement une quテェte lテゥgitime de spiritualitテゥ. C窶册st comme un enfant coupテゥ de sa mティre et qui cherche partout 
une rテゥponse... (窶ヲ) 

van Eersel P., 

La logique de l窶凖ゥvolution

, Entretien avec Anne Dambricourt , 

http://www.nouvellescles.com/Entretien/Dambricourt/Dambricourt.htm

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344

Fiche pテゥdagogique Nツー2 : Scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ + 

technique Peau de chagrin  

 

Nous allons テゥtudier en qqs points un exemple de scテゥnario 

dテゥboulonnement d窶冓dテエle

  

S&Av oct. 2001, couverture & article de D. Larousserie. 

Accentuation iconographique, avec scテゥnario ツォ dテゥboulonnement d窶冓dテエle ツサ, qui permet la crテゥation 
du scoop. Notons les figures autoritaires d窶僞instein sur la couverture, de Galilテゥe reprテゥsentテゥ plus 
loin, sur fond de maelstrom cosmique figuratif. 
Enfin, l窶冓ntroduction du texte, qui est comme suit : 

 

p. 17 

  

 

Pseudo-scoop : ツォ 

la nouvelle est tombテゥe fin aoテサt

 (窶ヲ) ツサ 

Scテゥnario ツォ rテゥvolution ツサ, bouleversement des fondements de la science. On mise sur une 
rhテゥtorique messianique. 
Technique de la peau d窶冩urs : ツォ 

les constantes de la physique

 (窶ヲ) 

ne sont plus constantes !

 ツサ 

ツォ 

Ces valeurs

 (窶ヲ) 

que l窶冩n croyait gravテゥes dans le marbre varient avec le temps. La vitesse de la lumiティre ? 

Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ? Inconstantes. Et celles de la mテゥcanique 
quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron ne valent pas hier ce qu窶册lles valent 
aujourd'hui.

 ツサ (窶ヲ) 

Le dossier, qui fait 9 pages, rテゥpティte sur chaque page le signet : ツォ 

les 4 

forces de la nature chamboulテゥes

 ツサ, en haut テ gauche.  

 

Ce ツォ 

chamboulement 

ツサ est la 

trame narrative de l窶兮rticle 

p 16 

Encore une fois 

 

Vulgaire variable 

 

prテゥstigieuse constante 

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345

Mテゥtaphore juridique : ツォ 

Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour 

expliquer comment ces paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus 
probablement, de nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.

 ツサ 

Devant une telle annonce, il est normal que le lecteur frテゥmisse. Poursuivant la lecture p. 77, on lit 
ceci :  
 
 
 
 
 

 

 

 

  

 

  
 
*

 Coluche : ツォ quand on n窶册n sait pas plus que cela, on n窶兮 qu窶凖 fermer sa g窶ヲ ツサ 

Mais qui a dテゥclenchテゥ une telle 
pagaille ? 

Scテゥnario bouleversement 
de fondement 

Leur conclusion est presque sans appel : les 
constantes bougent. Pas テゥnormテゥment certes, 
seulement de quelque 0,0007% entre 3,5 et 
13 milliards d窶兮nnテゥes aprティs le Big Bang mais 
suffisamment pour s窶冓nterroger sテゥrieusement. 

Sans appel 

est une mテゥtaphore 

juridique inadテゥquate. Mais 
ツォ presque ツサ sans appel ? 
Suffisamment pour s窶冓nterroger 
ツォ sテゥrieusement ツサ ? Ce sont des 
phrases-puits 

Si nous avons raison, c窶册st potentiellement 
rテゥvolutionnaire, s窶册nflamme Michaテォl Murphy 

Scテゥnario rテゥvolutionnaire 

Technique peau d窶冩urs. Attendons 
d窶兮voir raison avant de crier 

ツォ rテゥvolution ツサ 

L窶兮ffaire est donc loin d窶凖ェtre 
close (窶ヲ) Voilテ prティs de 70 
ans en fait que l窶冓nconstance des 
constantes est dans l窶兮ir du 
temps.  

Air du temps ? 
Nテゥcessitarisme ? 

(窶ヲ) Mais les efforts les plus 
sテゥrieux sont beaucoup plus 
rテゥcents et font partie de cette 
longue marche de la physique 
vers l窶冰nification des forces. 

Fantasme Thテゥorie du 
Tout, extrapolation, 
vente du fantasme. 
Scテゥnario hテゥroテッque 
ツォ longue marche ツサ 

Personnalisation de l窶册njeu

 : 

stratテゥgie 

rhテゥtorique utile pour une identification au dテゥbat. 
Ce sont thテゥoriquement les faits qui viennent 
semer le trouble, non les individus. Cette stratテゥgie 
se retrouve par exemple chez 

New Scientist

* : 

ツォEinstein would have absolutely hated this," 

said 

Paul Davies

.  

*Hazel Muir, 

Black hole theory suggests light is slowing

08 August 2002

Nous sommes un peu comme Newton et sa 
pomme : nous avons l窶冓ndice qu窶冓l y a quelque 
chose de plus fondamental que nous ne 
connaissons pas. 

Baignoire d窶僊rchimティde utilisテゥe テ 
mauvais escient 

Analogie flatteuse mais douteuse 

Pseudo-scoop テ + effet puits : ce 
n窶册st pas une information de dire 
qu窶冓l y a quelque chose de plus 
fondamental qu窶冩n ne connaテョt pas. 
Par contre, c窶册st une scテゥnarisation 

mystティre 

Tout est dans le ツォ 

si 

ツサ et le 

 potentiellement ツサ, car la prudence est encore 
de rigueur. D窶兮utres rテゥsultats devront venir 
d窶兮utres テゥquipes et surtout d窶兮utres tテゥlテゥscopes, 
voire d窶册xpテゥriences tout テ fait diffテゥrentes. ツォ Je 
suis encore un peu sceptique. Ces mesures 
sont dテゥlicates et les sources d窶册rreurs sont 
nombreuses ツサ tempティre Franテァoise Combes. 

Technique Peau de Chagrin : 
Conditionnel テゥtrange, lorsqu窶冩n a lu 
les titres. ツォ Potentiellement ツサ ne 
signifie rien*.

Paul Dirac, avait dテゥjテ osテゥ 
toucher テ certaines de ces 
constantes  

Scテゥnario hテゥroテッque  

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346

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Reprenons les annonces de dテゥpart :  

ツォ 

Les 4 forces de la nature chamboulテゥes

 ツサ 

ツォ 

Galilテゥe, Newton, Einstein dテゥpassテゥs

 ツサ 

 ツォ 

Les constantes de la physique

 (窶ヲ) 

ne sont plus constantes !

 ツサ 

ツォ 

Ces valeurs

 (窶ヲ) 

que l窶冩n croyait gravテゥes dans le marbre varient avec le temps. La vitesse de la lumiティre ? 

Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ? Inconstantes. Et celles de la 
mテゥcanique quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron ne valent pas hier ce 
qu窶册lles valent aujourd'hui.

 ツサ (窶ヲ) 

ツォ 

Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour expliquer comment ces 

paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus probablement, de 
nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.

 ツサ 

Quelques remarques : 
1)

 

ツォ 

Galilテゥe, Newton et Einstein, dテゥpassテゥes

 ツサ : les travaux de Galilテゥe et de Newton, aussi intテゥressants 

et importants soient-ils, sont fort heureusement dテゥpassテゥs thテゥoriquement depuis un bon 
moment dテゥjテ (テ moins que les physiciens aient roupillテゥ pendant les derniers siティcles)窶 et si le 

Leur conclusion est presque sans appel

Si nous avons raison, (...) rテゥvolutionnaire

Nous n窶兮vons pas trouvテゥ une nouvelle loi (窶ヲ) mais l窶冓ndice 

qu窶冓l y a quelque chose de plus fondamental 

Tout est dans le ツォ si ツサ et le ツォ potentiellement ツサ, 

car la prudence est encore de rigueur. D窶兮utres 

rテゥsultats devront venir (窶ヲ) 

ツォ Je suis encore un peu 

sceptique ツサ. 

Ces mesures sont 

dテゥlicates et les sources d窶册rreurs sont 

nombreuses

 ツサ tempティre Franテァoise 

Combes (窶ヲ)

Effet Peau de Chagrin

Il nous reste donc encore 

beaucoup テ apprendre 

ツォ potentiellement ツサ, car 

la prudence est encore de 

rigueur. D窶兮utres 

rテゥsultats devront venir 

(窶ヲ) 

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347

principe de relativitテゥ et la mテゥcanique newtonienne sont encore enseignテゥes, c窶册st parce que 
l窶兮pproximation qu窶册lles fournissent sur les mouvements des corps solides est suffisamment 
justes pour les objets macrophysiques. Il en est de mテェme d窶僞instein : dテゥcテゥdテゥ il y a plus de 50 
ans, la physique ne s窶册n est pas arrテェtテゥe pour autant, et si le corps de la thテゥorie reste 
globalement inchangテゥ, de nombreux remaniements et テゥlargissements ont テゥtテゥ apportテゥs. La 
grande nouvelle ツォ 

Galilテゥe, Newton, Einstein dテゥpassテゥs

 ツサ n窶册n est donc pas une. Le scoop est 

manifestement injustifiテゥ. 

2)

 

ツォ 

Les 4 forces de la nature chamboulテゥes

 ツサ : le lien direct entre les trois figures de la science 

prテゥsentテゥes et les quatre forces est bien fripon. Ces quatre grandes forces (force テゥlectro-
magnテゥtique, force gravitationnelle, interaction forte et interaction faible) sont dues 
respectivement テ Maxwell, Newton, Murray Gell-Mann, et Glashow, Salam, Weinberg. 
Galilテゥe et Einstein n窶凉 apparaissent pas directement.  

3)

 

ツォ 

les constantes de la physique

 (窶ヲ) 

ne sont plus constantes !

 ツサ : cette fois, nous passons allティgrement 

des quatre forces aux constantes, ce qui n窶册st pas un saut direct. 

4)

 

ツォ 

les constantes de la physique

 (窶ヲ) 

ne sont plus constantes !

 

Ces valeurs

 (窶ヲ) 

que l窶冩n croyait gravテゥes dans le 

marbre varient avec le temps.

ツサ : Or on lit plus loin : 

les constantes bougent. Pas テゥnormテゥment certes, 

seulement de quelque 0,0007% entre 3,5 et 13 milliards d窶兮nnテゥes aprティs le 

Big Bang.  

Valeurs gravテゥes dans le marbre, comme les lois dans la table. La mテゥtaphore juridique est sous-
jacente. 
5)

 

La vitesse de la lumiティre ? Variable. La constante de gravitation ou celle de la thermodynamique ? 
Inconstantes. Et celles de la mテゥcanique quantique ? Idem. Mテェme la charge テゥlectrique et la masse de l窶凖ゥlectron 
ne valent pas hier ce qu窶册lles valent aujourd'hui.

 ツサ (窶ヲ) A notre grande surprise, nous lisons : 

L窶册xpテゥrience de John Webb prend lテ tout son sens. En fait, elle n窶兮 pas directement mesurテゥ les constantes les 
plus connues comme la vitesse de la lumiティre, la charge de l窶凖ゥlectron ou la constante de gravitation. C窶册st テ un 
mテゥlange de toutes ces forces familiティres que les dテゥtecteurs ont テゥtテゥ sensibles. Plus prテゥcisテゥment テ la constante dite de 
structure fine, qui est attachテゥe テ la force テゥlectromagnテゥtique.

 ツサ  

 

Cette constante intervient dans la dテゥfinition des niveaux d'テゥnergie des テゥlectrons dans les atomes, 
en particulier dans leurs structures fines et hyperfines dues テ des effets relativistes de couplages 
magnテゥtiques. Si 

ホア

 varie dans le temps, e,

 

h et c varient テゥgalement. Ainsi, l'テゥnergie de liaison des 

テゥlectrons varie en fonction du temps, par consテゥquent la masse テゥgalement. 
Mais nulle trace de la constante de gravitation, de celle de la thermodynamique (que nous 
prテゥsumons テェtre celle de Boltzmann), encore moins la masse de l窶凖ゥlectron.  
6)

 

De toute faテァon, ce n窶册st pas sテサr : ツォ 

Si nous avons raison, c窶册st potentiellement rテゥvolutionnaire (窶ヲ) Tout 

est dans le ツォ si ツサ et le ツォ potentiellement ツサ, car la prudence est encore de rigueur.

 ツサ Rigueur qui ne semble 

pas テェtre le fort de 

S&Av

, au vu de son titre et de sa couverture. 

Ainsi, c窶册st 

ホア

, une des constantes qui serait variable : elle 

s'テゥcrit 

ホア

 

=

 qツイ / h c et vaut 

1/137.03599976...

avec : qツイ = 

eツイ/4pe 

0

, e = charge de l'テゥlectron, e 

= permittivitテゥ du vide, 

h = constante rテゥduite de Planck, c = vitesse de la lumiティre. 
Elle est sans dimension, indテゥpendante du systティme d'unitテゥs. 

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348

La question qui se pose est donc : テ part le bon sens, qu窶册st ce qui a テゥtテゥ chamboulテゥ ? 
7)

 

ツォ 

Mais, au fond, ce sont les lois de la nature qu窶冓l faut retoucher et reprendre pour expliquer comment ces 

paramティtres perdent leur statut de constantes pour devenir de vulgaires variables. Plus probablement, de 
nouvelles lois devront テェtre テゥcrites.

 ツサ 

ツォ 

Nous n窶兮vons pas trouvテゥ une nouvelle loi de la physique

 ツサ, prテゥcise Michaテォl Murphy. 

Nous assistons donc テ un peu savant et quadruple glissement entre les 3 figures, les 4 forces, les 
constantes et les lois de la physique (dテゥcrites テ tort comme 

lois de la nature

, comme dans la 

philosophie naturelle), autour du thティme du chamboulement de ces 4 mテェmes forces qui finalement 
ne sont pas chamboulテゥes, mais qui le seraient テゥventuellement si les travaux de Webb sur l窶冰ne des 
constantes テゥtaient corroborテゥs. Ce qui est loin d窶凖ェtre sテサr, puisque les sources d窶册rreurs sont 
nombreuses, et les テゥtudes ultテゥrieures sont contradictoires (voir plus loin). 
8)

 

Mise en perspective : resituons historiquement cet article de 

S&Av

 :  

1937: P. Dirac

 avait dテゥjテ envisagテゥ une variation des constantes fondamentales 

1996 : Mine d'Oklo au Gabon

 (T. Damour et 

al

) : il s'agit des restes d'un rテゥacteur naturel 

d'uranium, qui a テゥtテゥ actif pendant 200000 ans il y a 2 Ga*, alors que le taux d' 

235

U テゥtait supテゥrieur 

au seuil critique. L'テゥtude des divers isotopes trouvテゥs montre que : 

D a / a < 10

-7

 depuis 2 Ga*. 

2001 : Lumiティre des quasars

 (J. Webb et al

322

,) : la lumiティre des quasars lointains est absorbテゥe par 

le milieu intergalactique, テ des distances variables de l'observateur et donc テ des dates diverses du 
passテゥ. On peut alors テゥvaluer la variation dans le temps de la structure fine des raies d'absorption, 
en particulier pour des mテゥtaux comme Mg, Al, Si, Cr, Fe, Ni, Zn. L'analyse de spectres en 
provenance de 13 quasars au Keck de 10 m テ Hawaテッ (0.5 < z < 3.5) a montrテゥ que : 

D a / a = (- 

0.72 ツア 0.18) 10

-5

 entre 6 et 11 Ga* dans le 

passテゥ. 

Mais ces observations ont テゥtテゥ 

effectuテゥes テ la limite des instruments, avec 
beaucoup de perturbations possibles des 
mesures. 

15 aoテサt : 

Un article d窶

USA today 

s窶册nsuivit, 

relayテゥ par AP : 

Speed of light may not have been 

constant after all

 窶 le titre テゥtant encore un 

effet paillasson puisqu窶冓l ne s窶兮git pas de la 
vitesse c directement, mais d窶 

ホア

, constante 

de structure fine. Effet paillasson non faux, 
bien sテサr, mais significatif qu窶冓l est plus 
spectaculaire de prテゥsenter 

c

 comme variable 

que l窶冩bscur 

ホア

.  

19 aoテサt :

 article du New York Times du 19 

aoテサt.  
 

2002 : Mテゥtテゥorites 

l'analyse de la 

dテゥsintテゥgration de certains isotopes dans les 
mテゥtテゥorites amティne テ penser que : 

                                                 

322

 J.K. Webb 

& al.

Journal-ref, Phys.Rev.Lett

. 87 (2001). 

background image

 

 

349

D a / a < 10

-7

 depuis la formation du systティme solaire, il y a 4.6 

Ga

New Scientist

 titre : 

Black hole theory suggests light is slowing

.

323

 Mais dテゥjテ, les premiers doutes surgirent : 

voici les arguments prテゥsentテゥs テ l窶凖ゥpoque par John Bahcall, de l窶僮nstitute for Advanced Studies, 
partagテゥs par Ned Wright sur sa page de recherche

324

 :  

窶「

 

ツォ 

The measurement requires 1 part per million accuracy in measuring the wavelength of absorption lines in 

faint quasars.  

窶「

 

Averaging over 49 quasar absorption line systems gives only a 4 standard deviation result, which is barely 
statistically significant.  

窶「

 

Previous work by the same team

325

 also gave a 4 standard deviation result but with larger errors. Thus 

improved accuracy did not give improved statistical significance, but rather a smaller effect.  

窶「

 

A similar measurement that compares the redshifted wavelength of the 21 cm line of atomic hydrogen to 
redshifted wavelengths of optical lines does not show this effect. Here

326

 is a larger version of the graph showing 

the claimed detection of a variable alpha versus 

redshift

 as the red points while the blue points show the 21 

cm results with no apparent variation in the physical constants.  

 

Cela n窶册mpテェche pas 

Pour la Science 

de titrer au mois de juillet : 

Les constantes varient-elles ?

327

2003 : Fontaines atomiques : 

La comparaison pendant 5 ans des frテゥquences hyperfines des 

atomes de 

133

Cs et de 

87

Rb a permis テ une テゥquipe de l'Observatoire de Paris de trouver 

D a / a < 

7 10

-16

 par an, soit D a / a < 0.7 10

-5

 en 10 Ga*

  

2004 : Lumiティre des quasars

 (Srianand, Petitjean et al) L'utilisation du VLT et de son 

spectrographe UVES, sur 18 quasars lointains (0.4 <z < 2.3) a permis de trouver : 

D a / a = ( -

0.06 ツア 0.06) 10

-5 

La variation des constantes en 10 Ga* n'est pas テゥvidente avec ces derniers rテゥsultats, plus prテゥcis 
que les prテゥcテゥdents. Sur la figure ci-contre, les 2 mesures noires sont celles d'Oklo et les lignes 
pointillテゥes celles de J. Webb. Par contre, suite テ une autre analyse des spectres de 6 quasars, on 
annonce テゥgalement une possible variabilitテゥ du rapport 

ツオ= masse du proton/masse de 

l'テゥlectron

 (= 1836) 

qui pourrait atteindre : 

D ツオ / ツオ = (2.97 ツア 0.74) 10

-5

 sur 12 Ga* 

Ce rテゥsultat prテゥliminaire reste テ 

confirmer. 
 
                                                 

323

 Hazel Muir, 

Black hole theory suggests light is slowing

New Scientist

 08 August 2002 

324

 

http://www.astro.ucla.edu/~wright/old_new_cosmo.html#15Aug01

  

325

 

En l窶冩ccurrence, John K. Webb

 

&

 

al.

A Search for Time Variation of the Fine Structure Constant, Phys.Rev.Lett

. 82 

(1999) pp. 884-887. 

326

 

http://www.astro.ucla.edu/~wright/Dalpha.gif

  

327

 JP. Uzan, 

Pour la Science

, juillet 2002 

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350

New Scientist

 rapporta alors les travaux de l窶冓nstitut de Paris

328

: ツサ 

ツォ One of the fundamental constants that underpins physics has not changed as the 
Universe has evolved, according to a new analysis. The result is in sharp contrast to 
similar recent research suggesting the constant was growing窶. 

"We really disagree," says Patrick Petitjean, an astronomer at the Astrophysical Institute of Paris and a 
member of the team that did the new research. (窶ヲ) 

Et Murphy lui-mテェme de s窶册xprimer : "

The 

VLT

 [Very Large Telescope]

 data is of higher quality," he says. The Keck result was based on more 

clouds - 143 - but individual observations were done more quickly, and the quasars were on average 
fainter, making the spectral lines in the newer VLT measurements nearly twice as clear.

 ツサ

 329

 

Un autre article du 

New Scientist

 va dans le mテェme sens :  

ツォ 

How Theodor Hテ、nsch at the Max Planck Institute for Quantum Optics in Garching, Germany, and 

his colleagues have ruled out any such change to within 1 part in 10

15

ツサ

330

 

Cela n窶册mpテェchera pas le mテェme journal de titrer deux mois plus tard un article sur le thティme des 
fameuses constants devenues variables : (

Speed of light may have changed recently

New Scientist

, 30 juin 

2004). 

Conclusion 

L窶冰ne des conclusions donnテゥes par 

Cosmo-Information

 dans son article

 Quelles variations pour les 

constantes fondamentales ?

 

est la suivante : ツォ 

La variabilitテゥ de la constante de structure fine sur trティs longue 

pテゥriode n'est pas テゥvidente et on s'orienterait plutテエt vers sa fixitテゥ

 ツサ 

On assiste donc テ un pseudoscoop. La raison principale en est que la prテゥsentation des constantes 
en physique est toujours faite sous un angle ツォ sacro-saint ツサ

331

 : on ne touche pas aux constantes窶ヲ 

Il est テゥvident qu窶册n terme de notoriテゥtテゥ, il est plus gratifiant de dテゥboulonner une chose sacro-
sainte que de la conforter. 
De toute maniティre, on pourra toujours mimer de menacer la vitesse de la lumiティre pour publier un 
papier.

                                                 

328

 

R. Srianand 

& al.

Limits on the time variation of the electromagnetic fine-structure constant in the low energy limit from absorption 

lines in the spectra of distant quasars, Phys.Rev.Lett.

 92 (2004) 121302. 

329

 M. McKee, 

Disputed 'building block' of physics is constant

New Scientist

 02 April 2004. 

330

 J. Mullins, 

Fundamental physics constants stay put

, 25 June 2004  

331

 

New Scientist

 par exemple テゥcrit dans sa premiティre phrase : 

The speed of light, one of the most sacrosanct of the universal 

physical constants

ツク Speed of light may have changed recently, 30 June 2004. Le terme sacrosaint montre l窶册ffet 

paillasson sur le mot 

loi. 

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351

Fiche pテゥdagogique Nツー3 窶 Rasoir d窶儖ccam, l窶兮lternative est 

fテゥconde 

Si on vous dit ツォ 

Je vais te trancher la gorge avec le Rasoir d窶儖ccam

 ツサ, n窶兮yez crainte, ce rasoir ne coupe que les fils de 

raisonnement biaisテゥs. C窶册st en fait un principe de raisonnement dit ツォ de parcimonie ツサ, ou ツォ d窶凖ゥconomie ツサ, antテゥrieur au 
Franciscain Guillaume d窶儖ccam mais テゥnoncテゥ par lui au 14

ティme

 siティcle.  

テa dit en substance : 

Pluralitas non est ponenda sine necessitate 

En moins nテゥbuleux, 

Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem 

En moderne 

Les entitテゥs ne doivent pas テェtre multipliテゥes par delテ ce qui est nテゥcessaire

  

Et en comprテゥhensible 

Pourquoi faire compliquテゥ quand on peut faire simple ? 

En gros, ce que dit ce rasoir, c窶册st que lorsqu窶冓l y a plusieurs hypothティses en compテゥtition, il vaut mieux prendre les 
moins ツォ coテサteuses ツサ cognitivement. Je vous donne le meilleur exemple que je connaisse (窶ヲ) : je mets un chat et une 

souris dans une boテョte, je ferme, je secoue, et j窶冩uvre : il ne reste plus que le chat (voir 

diapos cours Nツー1

Hypothティse 1

 : des extraterrestres de la planティte Mテサ ont voulu dテゥsintテゥgrer la souris, mais elle s窶册st transformテゥe 

en chat. Le chat, de frayeur, est passテゥ dans une autre dimension par effet Tunnel. 

Hypothティse 2

 : le chat a mangテゥ la souris (sans dire bon appテゥtit, ce qui est mal). 

 

Vous m窶兮ccorderez que l窶冑ypothティse 2 est beaucoup moins coテサteuse intellectuellement que la Nツー1. Elle ne postule 

rien d窶兮utre que la prテゥdation de la souris par le chat, qui est au moins aussi connue que Johnny Hallyday, tandis que la 
premiティre postule une planティte Mテサ, des extraterrestres qui viennent, qui savent dテゥsintテゥgrer un chat ce qui n窶册st pas 

donnテゥ テ tout le monde, une souris qui se transforme en chat, une autre dimension, un chat qui sait y aller et un effet 
tunnel pour objet macroscopique. Ca fait beaucoup. Dans le doute, on choisira la 2. 

 

Ce n窶册st pas autre chose que ce que Henri Broch s窶册st テゥchinテゥ テ faire comprendre avec la facette zテゥtテゥtique : 

la 

parcimonie est de rティgle

,

 

qui mティne d窶兮illeurs assez rapidement テ cette autre facette non moins puissante :

 

l窶兮lternative est fテゥconde

, qui consiste, devant un phテゥnomティne "hors norme", "surnaturel", テ se poser la question : 

Existe-t-il une autre explication possible, une explication "naturelle" qui 窶 dans les mテェmes conditions 窶 donnerait un rテゥsultat 
identique, avec toutes les caractテゥristiques de ce phテゥnomティne "surnaturel" ? 

L'hypothティse naturelle, moins coテサteuse, est alors 

prテゥfテゥrテゥe et l'hypothティse 

sur

naturelle, coテサteuse parce que trimballant en elle des entitテゥs non connues, devient 

superflue

.  

C窶册st exactement cela qui fait dire テ H. Broch que les caractテゥristiques du linge de Turin, ou celles de la liquテゥfaction du 

liquide de St Janvier テ Naples n窶冩utrepassent pas une explication ツォ naturelle ツサ, au sens de physico-chimique.  

C窶册st exactement ce qui fait dire テ James Randi que les rテゥalisations d窶儷ri Geller n窶冩nt pas besoin de chercher leur 

explication dans un quelconque don 窶湾aranormal窶, puisqu窶册lles ne dテゥpassent pas les capacitテゥs d窶冰n prestidigitateur 
moyen. 

C窶册st exactement ce qui fait dire テ Nicolas Gaillard que rien ne permet de penser que les sphティres du Costa Rica soient 
d窶冩rigine extraterrestre, puisque Don Mundo, artisan Costaricain, refait exactement les mテェmes

332

.  

C窶册st exactement ce qui donne son piment au travail de Wally Wallington, charpentier テ la retraite et ツォ champion du 
moindre effort ツサ, qui parvient テ reproduire son propre Stonehenge par d窶冓ngテゥnieux systティmes de leviers, sans aucun 

fluide mystique pour l窶兮ider. 

Building Stonehenge 窶 This Man can Move Anything

333

.  

J窶兮ime beaucoup la mテゥtaphore des mots croisテゥs de l窶凖ゥpistテゥmologue Susan Haack. Elle suggティre que la science 

fonctionne テ la maniティre d窶冰n mot croisテゥ, avec la connaissance disponible pour arriティre-plan et les observations 
expテゥrimentales pour indices. Surtout elle prテゥcise que 

ツォ la validitテゥ d窶冰ne entrテゥe dテゥpend non seulement de la force des indices, mais 

aussi de toutes les autres entrテゥes dテゥjテ テゥcrites qui font intersection avec elle

 ツサ

334

En clair, si tu dテゥbarques un matin avec une 

                                                 

332

 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?enquete=3&enqueteId=5

  

333

 

http://www.youtube.com/watch?v=lRRDzFROMx0

  

334

 Haack S., 

Manifesto of a Passionate Moderate

, p. 95. Une belle introduction テ cette mテゥtaphore se trouve ici : 

Le bras 

long du sens commun en guise de thテゥorie de la mテゥthode scientifique

, Philosophiques, Volume 30, numテゥro 2, Automne 2003 

http://www.erudit.org/revue/philoso/2003/v30/n2/008668ar.html

  

 

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352

hypothティse qui bouscule toute la grille de mots croisテゥs que les savant se cassent le coccyx テ remplir depuis des siティcles, 

elle a intテゥrテェt テ テェtre solidement テゥtayテゥe par des preuves (et on retombe sur la facette ツォ Une prテゥtention extra-ordinaire 
nテゥcessite une preuve plus qu窶冩rdinaire ツサ). Si tel n窶册st pas le cas, le rasoir d窶儖ccam, qui ne s窶凖ゥmousse jamais et qui a 

une triple lame, t窶册ncourage テ te retenir d窶凖ゥcrire ton mot dans la grille, bref, テ テェtre sceptique. Alors, comme le temps 
son vol, petit scarabテゥe, l窶册space d窶冰n instant suspends ton jugement. 

 

RM, 2007 

 

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353

Fiche pテゥdagogique Nツー4 窶 Le raisonnement panglossien 

 

Autre nom : effet bipティde. C窶册st un des biais les plus complexes テ cerner. 

Dテゥfinition : 

Consiste テ raisonner テ rebours vers une cause possible.  

Ce biais de raisonnement revient テ 

considテゥrer le rテゥsultat d窶冰ne somme de faits comme テゥtant le produit d窶冰n processus cachテゥ ou d窶冰ne 

variable invisible, improuvables en tant que tels ou choisis de faテァon arbitraire parmi d窶兮utres processus possibles, mais prテゥtendant 
expliquer causalement le rテゥsultat en question.  

 

Origine du terme  

Pangloss est l窶凖ゥtrange percepteur de Candide, dans le conte de Voltaire du mテェme nom. Il enseignait la mテゥtaphysico-

thテゥologo-cosmolonigologie, et arguait 

admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce monde qui est le meilleur 

des mondes possibles, le chテ「teau de monseigneur le baron テゥtait le plus beau des chテ「teaux et madame la meilleure des baronnes possibles.  

ツォ 

Il est dテゥmontrテゥ, disait-il, que les choses ne peuvent テェtre autrement : car, tout テゥtant fait pour une fin, tout est nテゥcessairement 

pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont テゥtテゥ faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les 

jambes sont visiblement instituテゥes pour テェtre chaussテゥes, et nous avons des chausses. Les pierres ont テゥtテゥ formテゥes pour テェtre taillテゥes, 
et pour en faire des chテ「teaux, aussi monseigneur a un trティs beau chテ「teau ; le plus grand baron de la province doit テェtre le mieux 

logテゥ ; et, les cochons テゥtant faits pour テェtre mangテゥs, nous mangeons du porc toute l'annテゥe : par consテゥquent, ceux qui ont avancテゥ 
que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux.

 ツサ窶ヲ.

335

 
Henri Broch, dans son livre 

Le paranormal

, rテゥsume ce raisonnement ainsi : l'existence des pantalons ne prouve 

テゥvidemment pas que Dieu ait voulu que nous soyons bipティdes

336

. La seconde dテゥnomination, effet 

bipティde

, vient de lテ. 

 

Variantes 

Il existe quatre variantes de raisonnements panglossiens, fonctions du processus invoquテゥ :  

 

A. 

La main invisible, le dessein 

Le processus ou la variable

 

cachテゥe prend la forme d窶冰ne 

main invisible

 ou d窶冰ne 

intention

, 窶 テ l窶冓mage d窶冰n テェtre 

plテゥnipotentiaire qui tirerait les ficelles. On greffe une 

raison transcendante

, un 

dessein 

ツォ voulu ツサ par une sorte d窶册sprit 

immanent qui non seulement donne le sens, mais en outre oriente vers le but du processus, comme si celui-ci テゥtait 

dテゥjテ prテゥvu テ l窶兮vance. On parle alors de posture 

finaliste

, une finalitテゥ テゥtant postulテゥe aux phテゥnomティnes physiques.  

De nos jours, la manifestation la plus grave se retrouve dans le courant dit du Dessein Intelligent (

Intelligent Design

 ou 

ID

) dont l窶兮rgument est le suivant : le modティle scientifique traditionnel de l'テゥvolution des espティces ne suffisant pas テ 

rendre compte de la beautテゥ/diversitテゥ/complexitテゥ de la vie sur Terre, celle-ci, et 

a fortiori 

l窶僣umanitテゥ et sa conscience 

ont テゥtテゥ crテゥテゥs dテゥlibテゥrテゥment par un ou plusieurs agents causaux intelligents, soit divins窶 bien souvent l窶冰n des dieux 
des religions monothテゥistes 窶 soit extraterrestres. 

 

Illustration : 

La mテゥtaphore de la flティche. 

Imaginons que, muni d窶冰n arc, je dテゥcoche une flティche les yeux bandテゥs. Elle va se planter forcテゥment 
quelque part. C窶册st alors que j窶册nlティve mon bandeau, considティre gravement la flティche, et d窶冰n air dテゥtachテゥ 

dテゥclare : ツォ 

Sacrebleu,

 

c窶册st exactement ce que je visais !

 ツサ. 

 

Risques : 

Cette variante est la porte d窶册ntrテゥe de ce que Dubessy, Lecointre 

& al.

 dテゥfinissent comme une 

intrusion 

spiritualiste 

:  

 - 

spiritualiste

 dans le sens ou un esprit supテゥrieur immanent est postulテゥ ; 

                                                 

335

 Voltaire, Candide et autres contes, Livre de poche 1998 ch. 5 

336

 Broch H., 

le paranormal

, coll. Points Sciences 1989 rテゥテゥd. 2001, pp. 202-203 

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354

 - 

intrusion

 au sens oテケ un ツォ sens ツサ, une raison transcendante est postulテゥe qui ne souffre aucune analyse 

descriptive de type scientifique mais procティde d窶冰n acte de foi. Si tant est que la question d窶冰n sens cachテゥ aux 
processus scientifiques ne manque pas d窶冓ntテゥrテェt, elle sort 

de facto 

du champ de la science puisqu窶册lle ne puise 

pas ses fondements dans le corps de la dテゥmarche expテゥrimentale, et parce que le choix dudit 

sens

 est 

indテゥpendant du niveau de preuve qui l窶凖ゥtaye

337

 

B. La providence ou la prテゥvision 

La probabilitテゥ qu窶冰n tirage du loto tombe sur une combinaison prテゥcise est extrテェmement faible. Par contre, la 

probabilitテゥ qu窶冓l y ait une combinaison gagnante, elle, est sテサre (テ la fin de la soirテゥe, il y aura forcテゥment une 
combinaison gagnante). Rapportテゥ au nombre de gens qui jouent un soir donnテゥ, la probabilitテゥ qu窶冰n individu 

quelconque gagne est テゥlevテゥe. Par contre, la proibabilitテゥ qu窶冰n individu prテゥcis gagne est trティs faible. L窶冓ndividu qui a 
gagnテゥ a souvent tendance テ raisonner ainsi : j窶兮i dテゥcouvert les bons numテゥros par intuition / par chance. Or il s窶兮git 

d窶冰n raisonnement panglossien : l窶冓ndividu va considテゥrer que l窶凖ゥtat des choses actuels (son gain) est le rテゥsultat de 
quelque chose (providence, chance, prテゥdiction, etc.) alors qu窶冓l s窶兮git d窶冰n ツォ tri implicite des donnテゥes ツサ (voir 

Cours 

Nツー3, Z & app pN

). S窶冓l ne considティre que sa victoire sans la rapporter au grand nombre de perdants autour, il pourra 

la percevoir comme dテゥcoulant d窶冰n destin, d窶冰ne chance ou d窶冰ne capacitテゥ de prテゥdiction. 

 

C. La Nature 

Le processus ou la variable

 

cachテゥe revテェt l窶兮spect d窶冰ne force de la Nature, ordonnテゥe, テゥquilibrテゥe, progressiste et dans 

la plupart des cas fondamentalement bonne puisque ツォ naturelle ツサ. La planティte テゥtant d窶兮illeurs rテゥguliティrement 
anthropomorphisテゥe dans les mテゥdias, il devient facile de greffer テ une planティte  ツォ vivante ツサ  l窶冓dテゥe  d窶冰ne  puissance 

naturelle, originelle, テゥquilibrテゥe et vivifiante, que l窶兮ctivitテゥ humaine aurait dテゥsaxテゥe et qu窶冓l s窶兮girait, par diverses ascティses, 
de rテゥtablir. L窶冑ypothティse, puis la thテゥorie Gaテッa font exactement cela, en souhaitant par homテゥostasie ou homテゥorhテゥsie, 
maintenir un テゥventuel テゥquilibre

338

La diffテゥrence notable avec la variante prテゥcテゥdente est dans le fait que si l窶凖ゥlan est toujours lテ, le dessein intelligent ne 

l窶册st pas forcテゥment : la force de la Nature, mテェme anthropomorphisテゥe, imprime moins une direction qu窶冰n prテゥtendu 
テゥquilibre. 

Risque 

La 

Nature

 cティde gテゥnテゥralement bien vite le pas aux notions d窶

テゥquilibre naturel

, ou d窶

ordre des choses

, qu窶冩n retrouve dans 

nombre d窶兮phorismes creux et souvent rテゥactionnaires : 

c窶册st dans l窶冩rdre des choses

c窶册st ainsi

un chat est un chat

, etc. 

Il arrive aussi que de 

Nature

 (avec un grand 

N

, nature 

animisテゥe

), on glisse vers la 

nature

 (avec un petit 

n

, l窶册ssence) des 

choses. Ainsi entendra-t-on rテゥguliティrement les pseudo-raisonnements du type suivant, panglossiens テ part entiティre, 
puisque raisonnant テ rebours sans preuve suffisante vers une cause possible :  

-

 

les femmes sont plus intuitives car c窶册st dans leur nature : elles sentent mieux les choses. 

-

 

les africains sont fainテゥants car c窶册st dans leur nature : regardez l窶凖ゥtat de l窶僊frique. 

-

 

les arabes sont plus 

dテゥviants

 que les autres car c窶册st dans leur nature : regardez leur reprテゥsentativitテゥ en 

prison. 

Comme on le constate, il s窶兮git de raisonnements simplifiテゥs (faisant souvent l窶冓mpasse sur des dテゥterminismes sociaux 
peu plaisants テ reconnaテョtre), mais テゥgalement de tautologies : les femmes sont-elles plus intuitives parce que c窶册st dans 
leur nature, ou l窶冓nverse ? La sociologie critique s窶兮ttache テ dテゥconstruire ce 

naturalisme

339

Notons que la tentative de 

justification expテゥrimentale de ces pseudo-raisonnements arrive toujours dans une seconde phase et, tentant de faire 

coller les faits scientifiques aux prテゥsupposテゥs parfois purement moraux, fait le lit d窶冰n bon champ de pseudosciences 
(phrテゥnologie de F. A. Gall

340

, sテゥgrテゥgation des tテ「ches sociales selon le sexe de D. Kimura

341

, courbes d窶冓ntelligence 

                                                 

337

 

Lecointre 

in 

Dubessy & Lecointre 2001, pp. 24-6

 

338

 Pour une description de l窶冑ypthティse Gaテッa, James Lovelock 

& al

., 

La Terre est un テェtre vivant. L'hypothティse Gaテッa

, Ed. du 

Rocher, 1990. La thテゥorie Gaテッa, que ne cautionne pas J. Lovelock, est le fait notamment de Lynn Margulis. Lire par 

exemple 

L'Univers bactテゥriel : Les Nouveaux Rapports de l'homme et de la nature

, Albin Michel, 1989. 

339

 Voir en particulier Alain Accardo, 

Introduction テ une soclologie critique : lire Bourdieu

, Le Mascaret, 1997. 

340

 Frantz Joseph Gall, 

Sur les fonctions du cerveau, Sur l'origine des qualitテゥs morales

, L窶僣armattan, 2004 

341

 Doreen Kimura, 

Cerveau d'homme, cerveau de femme ? ,

 Odile Jacob, 2001 

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355

de Murray & Hernstein

342

, etc.). 

343

 

 

D. Les sociテゥtテゥs secrティtes et les complots 

La variable cachテゥe est le fait cette fois de groupes de pression occultes, voire extraterrestres. Il est assez frテゥquent que 

les raisonnements テ rebours teintテゥs de paranoテッa mettent en cause des sociテゥtテゥs secrティtes qui, en ricanant, tireraient dans 
l窶冩mbre les ficelles. Bien que rares en science, テ l窶册xception notable des champs de l窶兮rchテゥologie et de l窶冰fologie, cette 

complotite

 aigue se retrouve dans pratiquement toutes les visions politiques simplistes. 

Le schテゥma est sensiblement le suivant :  

1- Les テゥvテゥnements (sociopolitiques souvent) cachent leur cause. 

2- Pour dテゥcouvrir ces causes, il faut apprendre テ dテゥcrypter.  

3- Le dテゥcryptage se fait par une initiation de type テゥsotテゥrique, c'est-テ-dire rテゥservテゥe テ une テゥlite. 

4 - Le fait de ne connaテョtre aucun moyen de pテゥnテゥtrer ces coulisses (qui parfois n窶册xistent pas) entraテョne un 

agacement variable. 

5-cet agacement aboutit souvent テ un exutoire : il faut dテゥsigner un groupe social, rテゥel ou non, comme bouc 

テゥmissaire. 

Ainsi en est-il des Ummites, de la CIA, de la maffia russe, du lobby gay et lesbien, de la mondialisation, d窶

Al Qaテッda

des Sages de Sion窶ヲ 

 

Que faire ? 

窶「

 

La reconnaissance d窶冰n raisonnement panglossien 

Deux outils sont utilisables :  

1)

 

Vテゥrifier que l窶冑ypothティse proposテゥe repose sur le corpus de preuve le plus solide. 

2)

 

S窶兮ssurer qu窶册lle ne contient pas en son sein une composante basテゥe sur un acte de foi, donc improuvable, 

ou sur un scテゥnario plaisant 

3)

 

S窶兮ssurer que cette hypothティse ツォ dテゥcrit ツサ le phテゥnomティne considテゥrテゥ, et non ツォ explique ツサ, au sens de ツォ lui donne 

un sens ツサ. Il n窶册st pas du ressort de la science de donner du sens aux phテゥnomティnes : elle a pour seul objet de 
faire des descriptions les plus prテゥcises possible, et de rendre ces descriptions prテゥdictives. 

 

En cela, il convient de garder toujours テ l窶册sprit la facette Z : 

un scテゥnario (mテェme plaisant) n窶册st pas une thテゥorie. 

窶「

 

Le tri  

L窶册rreur provient de la confusion entre une hypothティse et une cause efficiente.  

Il faut garder peut y avoir plusieurs hypothティses pour dテゥcrire le processus rテゥgissant un phテゥnomティne. Pour choisir, deux 
outils sont utilisテゥs :  

-

 

le recouvrement

 : la science procティde par choix de l窶冑ypothティse qui recouvre le plus de phテゥnomティnes du mテェme 

type. 

-

 

l窶凖ゥconomie

 : テ recouvrement テゥgal, il convient d窶冩pter rationnellement pour l窶冑ypothティse la moins coテサteuse 

cognitivement, c'est-テ-dire celle qui met en jeu le moins d窶凖ゥlテゥments de construction dans la description d窶冰n 
phテゥnomティne. 

Cette fois, il peut se rテゥvテゥler utile de garder en tテェte la facette Z : 

l窶兮lternative est fテゥconde 

(voir fiche 

Rasoir d窶儖ccam 窶 

l窶兮lternative est fテゥconde

).  

                                                 

342

 Review of Steven Fraser (ed), 

The Bell Curve Wars: Race, Intelligence and the Future of America

. Basic Books, 1995. 

343

 Pour une critique de certaines thティses physio-anthropologiques テ tendance raciste, lire Stephen Jay Gould, 

la Mal-

Mesure de l窶冑omme : l'intelligence sous la toise des savants

, Le livre de poche, collection biblio essais, 1983. 

 

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356

Fiche pテゥdagogique Nツー5 窶 Les psychomテゥdecines 

 

 

Rien de tel que du scepticisme pratique et de la zテゥtテゥtique appliquテゥe. 

Voici la dissection d窶冰n article paru il y a quelques temps, et qui soulティve des points captivants. 

Je vais tenter de mettre テ jour, dans l窶冓ntroduction du dossier, quelques interstices qui sont certainement mテゥnagテゥs 

involontairement, mais qui font, selon moi, le terrain de croyances ou d窶兮ctes de foi forts. Chacun des exemples tirテゥs 
du dossier ne permet pas テ lui seul d窶凖ゥtablir une relation nette avec telle ou telle conception, telle ou telle posture, 

mais a pour vocation d窶兮ttirer notre regard sur le fait que la science s窶凖ゥcrit comme elle se pense, qu窶册lle gテゥnティre ses 
chimティres et ses mテゥtaphores, et que la vulgarisation est un mテゥdia astreint aux mテェmes rティgles que les autres, notamment 

mercatiques. 

Crテゥer l窶凖ゥvテゥnement 窶 et le besoin, en bテ「tissant de toute piティce la question que doit se poser le lecteur pour recevoir la 

rテゥponse vendue par la revue est une technique de 

marketing

 que le monde de la mode connaテョt depuis bien longtemps. 

Contre toute attente, je ne critiquerai pas en profondeur le contenu scientifique lui-mテェme : il faudrait pour cela 

approfondir les publications d窶冩rigine, ce dont je n窶兮i ni le temps, ni la compテゥtence. Mais nous verrons que pour 
notre propos, il n窶册st pas nテゥcessaire d窶凖ェtre expert pour テェtre critique. 

Les 

scans

 sont de facture moyenne, mais cela ne devrait pas gテェner la progression de l窶凖ゥtude.  

 

La couverture

  

Le gros titre est 

Psycho-mテゥdecine, les 7 expテゥriences qui dテゥfient la science

 (et en plus petit) 

Quand le mental sauve 

le corps. 

Fig. 1 

On voit sur la page de garde (Fig. 1) des vignettes photo de maladies qui traversent la tテェte d窶冰n homme type 

ツォ homme nouveau ツサ, chauve et de type eurasien, laissant prテゥsumer que le mental du monsieur ツォ sauve son corps ツサ des 
trois maladies 窶 vignettes en question : en l窶冩ccurrence le Cancer, l窶僊sthme et l窶僣ypertension. 

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357

Cette assertion implicite engage 窶 ou devrait engager 窶 l窶冩rgane de presse.  

Car si c窶册st vrai, c窶册st un quasi-scoop.  

Mais si c窶册st faux, la revue est (ou devrait テェtre) rテゥprテゥhensible d窶冰n point de vue moral, pour marketing de fausses 

nouvelles et vente d窶册spoir bon marchテゥ. Il semble donc trティs dテゥlicat de jouer avec ces questions. Mais poursuivons. 

 

L窶兮vant-propos 

Si on tourne la page, on arrive テ l窶兮vant-propos, page 3, qui nテゥcessite un bon nombre de commentaires. 

Fig. 2

  

Mais avant de dissテゥquer le texte en rティgle, il convient de relever 2 vテゥritables prouesses qui mテゥritent notre intテゥrテェt :  

1. Une ツォ baignoire d窶僊rchimティde ツサ 

La premiティre est une superbe idテゥe reテァue.  

ツォ 

Quand, en 1610, Galilテゥe invente sa cテゥlティbre 

 lunette, il dテゥcouvre, en un an

 (窶ヲ) ツサ 

Le hic rテゥside dans le fait que, contrairement  

テ ce qu窶冩n entend souvent, Galilテゥe n窶兮 pas 

inventテゥ sa lunette. L窶冓nvention venait de voir 

le jour l窶兮nnテゥe prテゥcテゥdente, en Hollande, et  

Encart A 

Baignoire d窶僊rchimティde : 

mythe dont l窶冓maginaire collectif se 

nourrit, entre les meubles de Palissy, le cerveau d窶僞instein, le 

serpent de Kekulテゥ, la pomme de Newton, le nombre d'or, l'effet 
papillon ou la thテゥorie du chaos. On ne sait plus si c'est la presse 

de vulgarisation qui a donnテゥ ce grain テ moudre au public 
"profane " en science, ou si c'est le public qui l'a rテゥclamテゥ, mais 

ces テゥternels Loch Ness de la culture ont toujours un franc succティs 
dans les discussions. Ils ont des caractテゥristiques proches de la 

lテゥgende, notamment celles de coller テ l窶冓ntuition et de corroborer 
les mythes du hテゥros scientifique et du gテゥnie. 

background image

 

 

358

Galilテゥe en fut informテゥ en mai 1609 par le franテァais Jacques Baudouティre. Dティs le 21 aoテサt, il en rapporta une de Venise, 

puis la perfectionna grandement, grテ「ce テ ses relations avec les verriers de Murano, mais ne l窶冓nventa pas - bien qu窶冩n 
dise qu窶冓l s窶册n soit vraisemblablement vantテゥ. 

Passons vite sur cette erreur triviale, qui est ce que j窶兮ppelle, テ la suite d窶儖rtoli et Witkovski

344

 une ツォ baignoire 

d窶僊rchimティde ツサ (voir 

encart A

) et convenons que si rencontrer des lieux communs au grテゥ des discussions n窶册st pas 

choquant, les lire dans la revue ツォ phare ツサ de la vulgarisation scientifique franテァaise ne laisse pas d窶冓nquiテゥter.  

 

2. Une analogie capricante 

La seconde prouesse concerne non plus la lunette, mais Galilテゥe lui-mテェme. Voici le contenu schテゥmatisテゥ de l窶兮vant-

propos :  

 

 

 

 

 

 

 

 

    

analogue テ  

Il s窶兮git d窶冰ne analogie (et annoncテゥe comme telle dans le texte) extrテェmement maigre. Mais Galilテゥe est une valeur sテサre 
dans les analogies : un syndrome porte d窶兮illeurs son nom

345

 (voir 

Encart B

).  

 

 

 

 

 

 

Passons maintenant au texte proprement dit. Voici l窶兮vant-propos annotテゥ par mes soins (en vert). 

ツォ 

C窶册st souvent en observant le monde avec un regard neuf que la science fait avancer le savoir. 

[

Lieu 

commun, information nulle. Broch

346

 appelle cela un effet 

puits

 (voir 

encart C

)]. 

 

 

 

 

 

 
Quand, en 1610, Galilテゥe invente sa cテゥlティbre lunette, 

[faux, il la bricole !] 

il dテゥcouvre, en un an, plus que n窶冩nt 

jamais dテゥcouvert des gテゥnテゥrations d窶兮stronomes depuis les Assyriens. 

[

Vrai, mais comparaison pauvre et 

spテゥcieuse. Chaque jour, je brosse mes dents mieux que des gテゥnテゥrations d窶僊ssyriens et d窶僊llobroges rテゥunis, mais je ne 

vois  pas  quel  argument  je  peux  en  tirer

]. 

Au passage, c窶册st par ses observations que resurgissent des idテゥes 

datant de prティs de 3 siティcles av JC : l窶冑テゥliocentrisme dテゥfendu par de rares penseurs grecs comme l窶兮stronome 

alexandrin Aristarque de Samos. 

[

Vrai,

 

mais lテゥgティrement hors champ : c窶册st un tremplin pour introduire la suite窶ヲ

Bien que l窶册sprit humain soit capable d窶凖ゥtablir des thテゥories qui rendent compte de l窶凖ゥtat du monde par le 

seul jeu de sa pensテゥe, ce n窶册st qu窶册n fournissant la preuve expテゥrimentale de ses dires qu窶冓l peut prテゥtendre 

dテゥtenir une bribe de vテゥritテゥ 

[

Vrai, quoique la notion de vテゥritテゥ devrait テェtre bannie des sciences, puisque toute vテゥritテゥ 

                                                 

344

 Ortoli S., Witkowski N., La baignoire d'Archimティde - petite mythologie de la science, Seuil 1998. 

345

 Puech L., 

Treize arguments non valables pour dテゥfendre les parasciences

, in Revue AFIS Science & pseudo-sciences Nツー240. 

Accessible sur 

http://www.pseudo-sciences.org/13arguments.htm

 

346

 Broch H., 

le paranormal

, coll. Points Sciences 1989 rテゥテゥd. 2001. 

 

Encart C 

Effet 

puits : 

Plus un discours est "profond" (dans le sens de... creux), plus les 

auditeurs peuvent se reconnaテョtre, et se reconnaテョtre majoritairement, dans ce 
discours. L'effet Puits offre ainsi une succession de phrases creuses qui peuvent テェtre 

acceptテゥe comme fonciティrement vraies par toute personne car cette personne y 
ajoutera elle-mテェme les circonstances qui, seules, en font des phrases ayant un sens.  

A) Dans le monde de l窶兮stronomie, 
Galilテゥe dテゥcouvre plein de choses, 
rapidement, que n窶兮vaient vu des 
gテゥnテゥrations de savants. 

B) Dans le monde des relations 
psychosomatiques, on dテゥcouvre plein de 
choses troublantes (qui, nous le verrons, 
sont dテゥjテ connues ou sont embellies). 

Encart B 
Syndrome Galilテゥe 

: toute personne prテゥtendant テ une pseudo-thテゥorie la considティre 

presque toujours comme rテゥvolutionnaire, et en outre s'estime persテゥcutテゥe. Elle revテェt 
alors la froque de Galilテゥe, se dテゥclare martyre de l'Inquisition Scientifique et 

condamne l'Humanitテゥ テ ne reconnaテョtre son gテゥnie que de maniティre posthume. 

background image

 

 

359

scientifique est momentanテゥe : le nier ou l窶冩cculter revient テ masquer le travail correctif permanent de la science et sa 

contextualisation sociale

]

. Nous voulons voir, avant de croire

[

Assertion douteuse : une grande proportion de gens croit 

sans voir : il suffit pour s窶册n assurer de constater la prテゥgnance des actes de foi religieux

].

 Or, voilテ qu窶冓l se produit 

en matiティre de corps et d窶册sprit un phテゥnomティne analogue. 

[

L窶兮nalogie est clairement annoncテゥe

Car les 

mテゥdecins ont toujours utilisテゥ la persuasion pour accテゥlテゥrer la guテゥrison des malades 

[

affirmation pテゥremptoire : 

comment vテゥrifier ? C窶册st une sorte d窶册ffet 

Puits

]

, et, bien avant

ツケ

 eux les sages

ツイ

 de toutes les civilisations

ツウ  

[ツケ

bien avant 

signifie 

trティs longtemps avant 

: or l窶册xistence de ツォ sages ツサ, au sens de clerc ou de vieil expテゥrimentテゥ, est 

certainement aussi vieille que l窶册xistence de mテゥdecins, au sens de prodigueurs de soins.  

[ツイ

Le concept de

 sage

 est un concept-paillasson, trティs propice aux utilisations opportunistes Voir 

Encart D

[ツウ

On peut en outre faire dire ce qu窶冩n veut テ tous les sages connus ou inconnus de toutes les civilisations de tous 

temps. Affirmation-puits, recherchant un agrテゥment intuitif du lecteur sur un point difficilement contestable sans 

risquer de heurter un pseudo-bon sens, et qui plus est doublテゥe d窶冰ne affirmation invテゥrifiable

.] 

ont perテァu que la santテゥ pouvait gagner テ se recueillir, 

[

Construire la santテゥ comme un objet scientifique ツォ un ツサ,  

 

 

 

 

 

 

comme un tout, est une conception hippocratique un peu usテゥe. Elle laisse percer en sous-jacence, volontairement 
ou non, la vision holiste de l窶凖ェtre, typique de la tendance philosophique Nouvel Age. En outre, il semble difficile 

pour un objet de se 

recueillir

, action humaine par excellence. Il s窶兮git lテ d窶冰ne anthropomorphisation

テ calmer la 

tempテェte de nos テゥmotions nテゥgatives 

[

Vision fluidique des テゥmotions, remontant テ la thテゥorie humorale de 

Hippocrate et Galien, テ laquelle nombre de mテゥdecines dites complテゥmentaires ou alternatives font de nos jours 
rテゥfテゥrence. Notons que ces テゥmotions sont implicitement moralisテゥes : il y a des テゥmotions ツォ nテゥgatives ツサ, par 

consテゥquent des テゥmotions positives. Pourtant aucune テゥmotion n窶册st positive ou nテゥgative en soi, de nature. Il s窶兮git 
d窶冰ne illusion naturaliste, trティs bien dテゥcrite par Bourdieu, et trティs rテゥpandue puisqu窶册lle permet l窶冓njonction morale]

 

du stress, dit-on de nos jours. 

[

Cela signifie donc : tempテェte des テゥmotions nテゥgatives = stress, ce qui est une sorte 

de saute-mouton, de glissement sテゥmantique, qui cautionne un effet 

Puits

 : tout le monde se retrouve dans une 

description tempestive de ses テゥmotions pas agrテゥables, et dans un appel テ l窶兮cception populaire de stress qui, 
contrairement テ l窶兮cception scientifique du terme, est pテゥjorative

Seulement, nul n窶凖ゥtait capable d窶兮pporter les 

preuves que la pensテゥe peut effectivement transformer le corps et orienter ses rテゥactions. 

[

Termes peu 

appropriテゥs : la pensテゥe peut transformer le corps. Par exemple, je peux dテゥcrテゥter de me couper un bras 

immテゥdiatement. De mテェme, l窶冓dテゥe que la pensテゥe peut orienter ses rテゥactions date de la premiティre fois qu窶冰n animal du 
genre 

homo 

a dテゥcidテゥ d窶凖ゥviter le rocher devant lui, et qu窶冓l y a pensテゥ par la suite. En clair, il s窶兮git lテ encore d窶冰n effet 

paillasson

 : remplaテァons le mot 

pensテゥe

 par le mot 

mental

 : une phrase telle que

 nul n窶凖ゥtait capable d窶兮pporter les 

preuves que le mental peut effectivement transformer le corps et orienter ses rテゥactions sous des aspects 

surprenantes 

devient de fait comprテゥhensible.

Rien n窶冓ndiquait qu窶冓l y eut un lien tangible 

[

tangible

 

?

]

 entre ce 

principe テゥvanescent 

[

principe ?

 

テゥvanescent

 

? effet 

puits

 !

et la palpitante 

[

palpitante ?

matiティre de nos organes.

 

[

Opposition テゥvanescence 窶 palpitante, qui emprunte au dualisme philosophique cher aux Grecs de l窶僊ntiquitテゥ : un 

monde plus ou moins テゥthテゥrテゥ en toise un autre matテゥriel. Cette conception, somme toute intテゥressante, participe d窶冰n 

acte de foi sous-jacent qui devrait テェtre テゥvitテゥ dans une revue de Vulgarisation Scientifique

D窶兮utant moins que 

lesdits sages 

[

mテェme remarque sur le mot sage ; notons que cette fois, il y a une sorte de remise en cause 

dテゥprテゥciative de ce statut. On pourrait facilement y lire une sorte d窶册ffet bi-standard, voir 

Encart E

]

 soutenaient la 

nature divine de l窶册sprit 

[

Dテゥnonciation maladroite du dualisme, d窶兮utant plus tragique que tout le dossier, nous le 

verrons, est bテ「ti sur cette opposition duale : esprit-matiティre

]

. Jusqu窶凖 ce que la science commence テ observer les 

effets des manipulations de l窶册sprit sur le corps 

[

manipulation : action faite avec la main. La mテゥtaphore ici est 

fumeuse, mais comprテゥhensible. Gardons tout de mテェme テ l窶册sprit la leテァon de Sokal & Bricmont

347

 : utiliser des 

mテゥtaphores qui obscurcissent plutテエt qu窶凖ゥclairer le propos relティvent d窶冰ne forme d窶冓mposture intellectuelle.

en 

chaussant les lunettes de l窶册xpテゥrimentation clinique, 

[

mテゥtaphore hasardeuse

des outils de l窶冓magerie 

cテゥrテゥbrale et des techniques ultrasophistiquテゥes 

[

sophistiquテゥes, OK. Pourquoi ツォ ultra ツサsophistiquテゥes ?  Effet 

puits 

?

de la biochimie. Elle assiste alors テ l窶兮ccomplissement de l窶卩砥vre de l窶册sprit sur la matiティre. 

[

Anthropomorphisation de l窶册sprit : laisse accroire l窶冓dテゥe d窶冰ne intentionnalitテゥ

Le spectacle, comme en tテゥmoigne 

notre dossier, est troublant.

 [

Mテゥtaphore artistique pouvant テェtre inquiテゥtante : nous cherchons de l窶冓nfo, on aura du 

spectacle. Mais que signifie ツォ troublant ツサ ?

                                                 

347

 Sokal A., Bricmont J., 

Impostures intellectuelles

, Odile Jacob, 1997. 

Encart D 

Effet 

paillasson : 

effet qui consiste テ prendre un mot pour un autre ou superposer deux 

acceptions diffテゥrentes du mテェme terme. L窶册xemple typique est celui du paillasson, qui 
enjoint ツォ essuyez vos pieds ツサ alors qu窶冓l viendra テ l窶册sprit de tout le monde d窶册ssuyer non ses 

pieds, mais ses chaussures. Si le cas est ici anecdotique, il peut se rテゥvテゥler dramatique en 
science, oテケ les termes ont des dテゥfinitions souvent uniques.

background image

 

 

360

  

 

 

 

 

 

 

Fatiguant, hein ? Pour la suite, nous irons plus vite. Glissons quand mテェme l窶冰ltime non-sens de cet avant-propos : le 
titre, en trティs gros, lacテゥ en bas de page : 

ツォ l窶册sprit de la science

 ツサ. Qu窶册st-ce テ dire ? Ca n窶兮 rien テ voir avec le contenu 

du texte, sauf si on invoque un effet paillasson entre esprit (opposテゥ テ corps) et esprit (inhテゥrent テ la science, c'est-テ-
dire l窶册nsemble des postures scientifiques nテゥcessaires テ la crテゥation de connaissance). 

Sommaire  

 

 

L窶兮nnonce est faite : ツォ 

hypnose, mテゥditation窶ヲ

 ツサ ce sont les deux seuls 

domaines nommテゥs (choix spectaculaire). Ensuite on lit : 

ツォ d窶凖ゥtonnantes expテゥriences scientifiques prouvent de 

maniティre irrテゥfutable que l窶册sprit agit sur le corps, au point de le soigner ! Des rテゥsultats qui laissent enfin 

entrevoir ce qui lie psychisme et organisme ツサ

.  

L窶冓ncomprテゥhension est lテ : soit 

S&V

 veut nous prouver que l窶册sprit agit sur le corps, ce qui, pris テ la lettre, est une 

chose aisテゥe, auquel cas, on referme la revue et on rentre chez soi 窶 non sans avoir souri sur le plテゥonasme des 

preuves 

irrテゥfutables

 (une preuve テゥtant par dテゥfinition non rテゥfutable) ; 

Soit 

S&V

 apporte テ notre lecture des preuves que le ツォ mental ツサ agit sur le corps, au point

 

de le soigner. Encore faut-il 

dテゥfinir ce que la revue entend par ツォ le soigner ツサ ? Y apporter un soin, ou le guテゥrir ? Les deux sens sont couverts par le 
mテェme mot. Et si d窶兮venture c窶册st au sens de guテゥrir qu窶冓l est employテゥ, nous avons lテ un dossier qui nous prテゥpare le 

scoop, surtout quand au programme se trouvent l窶冑ypnose et la mテゥditation.  

En passant : que penser de 

ツォ Loin des idテゥes reテァues ツサ 

? Habituellement, une ナ砥vre intellectuelle ne vante pas son 

propre intテゥrテェt. D窶冰ne part il est malsテゥant d窶凖ェtre juge et partie, et d窶兮utre part, la lecture suffit seule. C窶册st au lecteur 
d窶兮pprテゥcier ou non. Le fait de vendre les qualitテゥs d窶冰n produit ou d窶冰ne ナ砥vre s窶兮ppelle une ツォ rテゥclame ツサ. 

Grosso modo

la revue

 

nous rassure : nous en aurons pour nos 3 euros 90.  

 

Encart E 

Effet 

bi-standard : 

consiste テ modifier les rティgles du jeu ou du contrat implicite en 

fonction des rテゥponses (et/ou des joueurs) pendant le cours du jeu ou du contrat. Si 
la science prouve ma thティse, alors j'ai raison (implicite: la science est efficace, 

puisqu'elle corrobore mon point de vue). Si la science infirme ma thティse, alors la 
science, dテゥcidテゥment, ne comprend rien et n'est qu'un ramassis de scientifiques 

chenus et rassis (implicite : la science n'est pas efficace, puisqu'elle ne corrobore pas 
mon point de vue).  

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361

Ouvrons vite la p. 50. 

 

 

 

P 50-51

 encore un sommaire, avec de l窶冓conographie tape-テ-l窶卩妬l sur les ツセ de la surface. 

  

 

 

Le procテゥdテゥ de mテゥtaphore employテゥ dans l窶册ncart est l窶冰n des plus courants en vulgarisation de la science : la 

terra 

incognita. 

La mテゥtaphore champ-de-recherche /continent inconnu

. Appelons-le pour notre propos 

l窶册ffet Mテサ

 : il 

consiste テ forger l窶冓dテゥe de pans de connaissance totalement occultテゥs par la recherche, qu窶

enfin

 des chercheurs 

dテゥvoilent comme l窶冩n dテゥcouvrirait un continent perdu crテゥent deux interstices, l窶冰n exogティne, l窶兮utre endogティne : 

primo

(exogティne) que ces champs prテゥexistent テ leur ツォ dテゥcouverte ツサ (puisqu窶冩n dテゥcouvre quelque chose de couvert). On 

retrouve alors la posture idテゥaliste, qui revient, テ l窶冓mage des Idテゥes de Platon, que les axiomes de la Nature, cachテゥs, 
sont テ dテゥcouvrir. 

Secundo 

(endogティne) qu窶兮border une 

vraie (sic) terra incognita 

revient テ entrer dans l窶冓nconnu, テ plonger sur une vaste 

テゥtendue immaculテゥe. En clair, prospecter un terrain vierge. Ce qui revient d窶冰n seul coup テ nier tous les travaux 

antテゥrieurs sur la question et テ vendre le programme de recherche comme une exploration テ la Crocodile Dundee. Il 
s窶兮git en quelque sorte d窶冰n effet puits spテゥcial rテゥsultats : tout rテゥsultat peut テェtre agrテゥmentテゥ d窶冰ne phrase puits du 

type : ツォ les dテゥveloppements ultテゥrieurs nous permettront d窶册xplorer une nouvelle 

terra incognita

. ツサ. C窶册st trティs pratique.  

 

Pour un autre exemple, p. 62 : cette fois la 

terra incognita 

est la greffe des cellules fナ鍍ales.

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362 

 

p. 52-53 Dossier

 : Ne nous appesantissons pas sur l窶冓conographie, qui reste la mテェme que sur la couverture. 

Je me consacrerai seulement au contenu du programme. 

Tout d窶兮bord, on retrouve souvent en vulgarisation 

la technique de la peau de chagrin

 : les prテゥtentions diminuent. 

Nous rapprochant du contenu, les auteurs sont plus prudents. On ne parle d窶兮illeurs plus de l窶册sprit, mais du mental. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tiens tiens, 

l窶册ffet ツォ 7 travaux d窶僣ercule ツサ 

Appelテゥ parfois ツォ 12 merveilles du monde ツサ, cet 
effet met en avant la fテ「cheuse tendance qu窶冩nt 

eu certains personnages テ user et abuser des 
nombres 7 et 12, en hommage plus ou moins 

franc aux 7 pテゥchテゥs, aux 7 archanges, aux 7 
vertus, aux 7 sages de la Grティce Antique, aux 7 

patriarches, aux 7 piliers, aux 7 mテゥtaux,  
aux 7 chakras, aux 7 nains窶ヲ aux 12 apテエtres,  

aux 12 prophティtes mineurs de l窶僊ncien  
Testament, aux 12 fils d窶僮smaテォl, aux 12 flテゥaux, 

aux 12 travaux, 12 signes du zodiaque, etc. On 
notera au passage la prテゥsentation 窶湾aranormal窶冓ste  

(

les pouvoirs de l窶册sprit, les テゥtonnants effets

) ainsi  

que le mテゥlange des genres : le cancer  

(maladie protテゥiforme), l窶兮sthme (maladie テ 
fort paramティtre psychosomatique) et la  

douleur notion subjective). 

 

Emprunter une piste, d窶兮ccord. Mais une piste qui ツォ lティve le voile ツサ sur des rテゥsultats ?  
A trop vouloir en faire窶ヲRelevons la 

technique du dテゥfi

 : les chercheurs peuvent potentiellement  

Relever un dテゥfi sur n窶冓mporte quoi. Mais la question est : puisqu窶冰n dテゥfi se relティve, qui donc l窶兮 posテゥ ? 

Splendide effet Mテサ. 

Paradoxe entre les 7 expテゥriences annoncテゥes et les

 multiples 

テゥvoquテゥes ici. Mais surtout bouffテゥe dテゥlirante : 

(窶ヲ) au point que l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies 

( ?) 

la mテゥditation fait chuter

 l窶冑ypertension, etc.

 

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363 

Le dossier proprement dit  

Je n窶册ntrerai dans le dテゥtail que pour cette page. 

 

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Quelques effets 

9

 

Le titre ツォ 

Les 7 expテゥriences qui dテゥfient la science

 ツサ contient 

l窶册ffet ツォ 12 merveilles

 ツサ, doublテゥ de la 

technique du 

dテゥfi

 (voir ci-dessus). On retrouve le dテゥfi lignes 73-74 : ツォ 

des expテゥriences (窶ヲ) mais toutes posent un vrai dテゥfi テ la 

science

 ツサ. 

9

 

Effet paillasson sur le terme ツォ guテゥrir ツサ 

(voir plus haut) : 

[le mental] parvient テ guテゥrir [l窶冩rganisme]

 (Intro, ligne 

4) 

9

 

Effet paillasson

 

sur ツォ esprit ツサ

 (lignes 5-6) : ツォ 

ツォ l窶册sprit ツォ a la capacitテゥ de transformer le corps et exerce un vテゥritable 

pouvoir sur le mテゥtabolisme

 ツサ. Le flou est d窶兮illeurs entretenu par les guillemets.

 

Le mot esprit est trティs pratique : 

des gens dit ツォ d窶册sprit ツサ テ l窶册sprit d窶冓nitiative, en passant par l窶册sprit des Lois, le nouvel esprit scientifique et 
le saint-esprit, on peut ratisser large. On fera d窶兮illeurs de dテゥlicieux sauts entre la pensテゥe, le mental et 

l窶册sprit, voire le psychisme (voir ci-dessous). 

9

 

Effet paillasson sur ツォ psychisme ツサ : 

lテ oテケ on devrait utiliser psychologie, on trouve rテゥguliティrement 

ツォ psychisme ツサ, ce qui n窶册st pas du meilleur effet. Superbe exemple plus loin, p. 66, dans le sous-titre. 

 

Quelques mテゥtaphores et scテゥnarisations 

9

 

ツォ une vテゥritable conquテェte de la science ツサ

 : la mテゥtaphore テゥpique 

est テゥgalement un poncif de la vulgarisation, 

comme s窶冓l fallait convaincre le lecteur que la recherche est une quテェte d窶冰n quelconque Graal. La pauvretテゥ 

de cette mテゥtaphore rテゥside dans le fait que tout rテゥsultat scientifique, mテェme minime, peut par ce moyen テェtre 
dテゥcrit comme une conquテェte de la science, et テゥblouir ainsi le profane. On retrouve ce que Broch appelle 

l窶册ffet Impact. En outre, la recherche scientifique fonctionne malheureusement plus bien sテサr par la 
recherche appliquテゥe (surtout industrialo-militaire) et par le glanage de crテゥdits sur des projets en adテゥquation 

avec les visテゥes politiques des pays que par la quテェte d窶冰n quelconque Graal. Reste que certains chercheurs, 
effectivement, trouvent stimulante cette テゥpopテゥe. Mais une bonne proportion se consacre plus volontiers テ 

la recherche d窶兮rgent, de gloire ou de publications. Loin de moi l窶冓dテゥe de dテゥbattre ici de ce qui est bien ou 
moins bien : je veux juste attirer le regard sur le fait que la recherche ne participe pas souvent d窶冰n hテゥroテッsme 

de chanson de geste.  

L窶册ffet Mテサ participe aussi d窶兮illeurs de cette mテゥtaphore テゥpique. Exemple : ツォ 

dテゥfrichant des territoires mテゥconnus

 ツサ 

(l.68-69). On trouvera テゥgalement le terme ツォ pionnier ツサ p. 56 

9

 

Dans le sous-titre, on parle de ツォ verdict ツサ des surprenantes expテゥriences. Cette 

mテゥtaphore juridique

 

est 

assez dテゥlicate, car elle laisse accroire que la science fonctionne selon des juges et des parties qui remportent 
l窶兮dhテゥsion par une sorte de consensus dテゥmocratique. Ce n窶册st pas flagrant ici, mais c窶册st une mテゥtaphore 

frテゥquemment utilisテゥe, notamment dans les cas de pseudo-mテゥdecines. Elle dテゥnature quelque peu la 
dテゥmarche scientifique, qui valide une thテゥorie non sur la majoritテゥ des avis, mais sur l窶兮dテゥquation des rテゥsultats 

avec la prテゥdiction. 

9

 

Scテゥnarisation ツォ mテゥtapsychique ツサ :

 

ツォ 

Les preuves s窶兮ccumulent en effet sous leurs yeux quand le seul jeu de la pensテゥe 

dテゥplace des millions de molテゥcules, sculpte de nouvelles formes dans le cerveau, structure des interactions cellulaires et molテゥculaires 

inテゥdites, renforce des liens tテゥnus et insoupテァonnテゥs entre nos pensテゥes et les rテゥactions de notre organisme 

ツサ (lignes 9-18) ou 

encore ツォ Autant 

de phテゥnomティnes scientifiquement dテゥmontrテゥs qui tテゥmoignent de maniティre troublante que l窶册sprit a bel et bien 

une action sur la matiティre

 ツサ (17-21) 

Cette scテゥnarisation est agrテゥmentテゥe de tout un champ sテゥmantique, qui la renforce : 

Etrange, Surprenantes 

expテゥriences

 (Intro l.2), 

tテゥmoignent de maniティre troublante 

(l.19), 

fascinante emprise

 (l.65), 

phテゥnomティnes テゥtranges

 (l.77), 

jeter 

quelque lumiティre sur ce lien mystテゥrieux, longtemps restテゥ dans l窶冩mbre 

(Encart l.8-10) 

9

 

(titre de paragraphe) ツォ le cerveau sテゥcrティte la pensテゥe ツサ. (l.27, empruntテゥ テ Cabanis)

. Le cerveau perテァu comme 

une glande

 est une vision rテゥductionniste qui a ses limites, puisqu窶册lle rテゥsume le phテゥnomティne テ un seul lien 

causal. Tristement, la critique la plus fテゥroce de cette vision, et de cette phrase en particulier, vient du monde 
de la psychanalyse, Roudinesco en particulier. 

 

Quelques postures philosophiques  

9

 

Les arcanes :

 ツォ 

A force de fouiller les arcanes du vivant ツサ 

(ligne 8), puis

 ツォ La science n窶册n finit pas d窶兮vancer dans sa 

connaissance des arcanes du vivant

 ツサ

 

(encart 7).  

La posture 

philosophique romantique (Natテシrphilosophie)

 promeut l'idテゥe que l'テ「me humaine est en 

mesure d'aller chercher les 

clテゥs de la Nature

, au prix d'une certaine ascティse. Il s'agit d'un double courant aux 

sources lointaines, mais aux effets encore prテゥgnants, notamment chez les scientifiques spiritualistes comme 

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365 

Xuan Thuan, Nicolescu ou Charon. Double parce que de deux origines :  

- Aristote, prテゥvoyant une analogie profonde entre les opテゥrations de la Nature et celles de l窶册sprit, nourrit le 
courant philosophique romantique allemand, dont le plus テゥminent reprテゥsentant fut J. W. Von Goethe. Ce 

dernier, par exemple, dテゥfendait l'idテゥe d窶冰ne ツォ physique spテゥculative ツサ qui, d窶冰n mテェme mouvement grandiose, 
constituerait une philosophie de la Nature et de l窶册sprit, car il テゥtait convaincu "que l窶册sprit porte en lui les 

clテゥs des opテゥrations de la Nature et peut aller jusqu窶兮u seuil de ses 

ateliers secrets

"

348

. C窶est une forme de 

thテゥologie scientifique 

- Platon, un peu plus modeste que son テゥlティve, pensait qu'on ne pouvait remonter que jusqu'aux axiomes de la 
Nature, aux "lois" fondamentales. Cela inspira le courant anglais appelテゥ 

Natural Philosophy

, portテゥ entre autres 

par John F. W. Herschel, lテゥgティrement plus tard qu'en Allemagne, mais prolongテゥ jusqu窶册n pleines 30's avec 
Whitehead.  

9

 

ツォ L

窶册sprit a bel et bien une action sur la matiティre. Et que rien ne les sテゥpare, quoiqu窶冩n en pense

 ツサ (l.20-21) forme de

 

Holisme, 

chティre テ la tendance Nouvel テHe

 

: il convient de s'intテゥresser テ l'individu comme un "tout", faisant 

foin du dualisme platonicien vantテゥ ailleurs, englobテゥ dans l'entitテゥ "monde". Ce qui est pratique avec le 

holisme, c窶册st qu窶冩n peut facilement dire tout et son contraire. Exemple un peu plus loin, avec ツォ

 (窶ヲ) les voies 

qu窶册mprunte l窶册sprit pour parler au corps. Voies qui ont ainsi cessテゥ d窶凖ェtre impテゥnテゥtrables. テ tel point que le dialogue 

esprit/corps

 窶ヲツサ

 

(l.46-48) ou encore ツォ 

3 siティcles plus tard, les neurosciences ont dテゥfinitivement aboli 

(mテゥtaphore 

juridique) 

la trop vertueuse 

(moralisme)

 frontiティre entre corps et

 L窶册sprit et la matiティre sont distincts, mais 

dialoguent, ou sont une seule et mテェme chose, qui se rescinde parfois. Le Yin et le Yang en quelque sorte.  

On lira avec appテゥtit l窶册ncart p. 66, qui commence ainsi : ツォ 

parvenir テ テゥlucider les mテゥcanismes et les chemins qui relient 

l窶册sprit et le corps est l窶冩ccasion d窶兮ccテゥder enfin テ une comprテゥhension globale de la machine humaine.

 ツサ 

9

 

Historicisme

 

hテゥgテゥlien

 :

 

ツォ 

Ce dont le siティcle des Lumiティres eut d窶兮illeurs l窶冓ntuition

 ツサ (l.22-23). Relire テ rebours 

l窶冑istoire comme possテゥdant un sens, un but cachテゥ, et des テゥlテゥments qui permettent aux esprits テゥclairテゥs de 
prテゥdire le futur, est un procテゥdテゥ douteux, tant sur le plan logique (effet Bipティde, voir 

Encart F

) que sur le 

plan philosophique (ce type d窶冑istoricisme a drainテゥ les visions rテゥactionnaires, de la nテゥcessitテゥ de la naissance 
des sciences テ l窶兮vティnement du surhomme). Le mythe テ la ツォ Moテッse ツサ, qui ouvre le chemin, ou テ la Jules Verne, 

Vinci et autres visionnaires est sous-jacent. Une autre occurrence se trouve dans 

sacrilティges en leur temps (

Kant ? 

Fut-il sacrilティge ?

) ces prテゥcurseurs ont pourtant montrテゥ le chemin 

(l.39-41) 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques sophismes 

9

 

La notion de preuve est assez malmenテゥe :  

Pouvoirs (窶ヲ) irrテゥfutables

 (Intro 1), 

Expテゥriences rigoureuses テ l窶兮ppui

 (7-8), 

Les preuves s窶兮ccumulent en effet sous leurs yeux

 (9-

10), 

Autant de phテゥnomティnes scientifiquement dテゥmontrテゥs

 (17-18), 

qui tテゥmoignent de maniティre troublante

 (17-20) (ridicule : si les 

phテゥnomティnes sont dテゥmontrテゥs, alors le tテゥmoignage n窶册st pas troublant. Il est. Point.) Ce sera la mテェme chose pour 

tous les articles du dossier (ex : p. 57 est invoquテゥe une ツォ preuve flagrante de l窶册fficacitテゥ de l窶冑ypnose ツサ. 

3 siティcles plus tard, les neurosciences ont dテゥfinitivement aboli la trop vertueuse frontiティre entre corps et

 esprit (41-43) 

elles livrent des 

rテゥsultats rigoureusement constatテゥs et テゥvaluテゥs

 (74-75). 

Il reste テ expliquer les phテゥnomティnes テゥtranges dont elles tテゥmoignent

 (74-78) 

(notons pour cette derniティre que des phテゥnomティnes ne tテゥmoignent pas, et quand bien mテェme, un corpus de 

tテゥmoignages ne remplacera jamais une preuve ; mテェme remarque pour ツォ

Autant de phテゥnomティnes scientifiquement 

dテゥmontrテゥs qui tテゥmoignent de maniティre troublante

 (17-20) 

9

 

de quoi faire テゥvoluer les mentalitテゥs puisque mテゥdecine et psychologie pourraient enfin cesse de se regarder de travers

 (86-89) 

Mテゥthode cavalerie

 : on crテゥe un problティme qui n窶册xiste pas (mテゥdecine et psychologie ne se sont jamais regardテゥ 

de travers) pour le rテゥsoudre ensuite (voir point suivant) 

                                                 

348

Johann Wolfgang Von Goethe, 

Dichtung und Wahrheit

, 1812, trad. Poテゥsie et vテゥritテゥ - souvenirs de ma vie, Ed. Aubier 

1991. 

Encart F 

Effet bipティde, ou raisonnement panglossien

 : 

L'effet Bipティde consiste テ raisonner 

テ rebours vers une cause possible. Exemple dont cet effet tire son nom : "l'existence 

des pantalons prouve que Dieu a voulu que nous soyons des bipティdes". Pour plus de 
clartテゥ, je lui prテゥfティre le terme de "raisonnement Panglossien", du nom de ce 

prテゥcepteur de Candide crテゥe par Voltaire qui affirmait que si nous avons un nez, c'est 
bien テゥvidemment pour porter des lunettes. 

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366

9

 

(窶ヲ) 

mais les sナ砥rs ennemies, 

(voir point prテゥcテゥdent)

 confrontテゥes aux limites de leur art 

(la psychologie serait donc un 

art ?)

, sont maintenant contraintes

 (par qui ?) 

d窶兮llier leurs forces et leur raison 

( ?) 

pour mieux prendre en charge les souffrances 

humaines

 (posture clテゥricale et moralisante 窶 un prテェtre pourrait dire テァa). (87-97) 

9

 

Au-delテ des prテゥjugテゥs et des idテゥes reテァues. 

(Voir ツォ rテゥclame ツサ, sommaire). 

9

 

Rejet en 2 camps : ツォ 

sans doute certains crieront-ils テ l窶凖ゥvidence sauf que cette fois, ce sont les scientifiques qui le constatent

 ツサ (l. 5-

6). Resterait テ dテゥfinir les 2 camps dans ce genre de dialectique.  

9

 

Derniティre touche : ツォ 

les pratiques les plus anciennes comme la mテゥditation transcendantale

 ツサ. C窶册st 

l窶册ffet Momie : 

plus c窶册st 

vieux, mieux c窶册st. 

L窶兮rgument traditionaliste

 est caduc en soi, テ moins d窶兮imer les cavernes. Pour le coup, il 

s窶兮git ici d窶冰ne phrase abusive : si je suis d窶兮ccord pour la mテゥditation, la mテゥditation transcendantale, elle est 

rテゥcente. Elle fut fondテゥe par Manesh Prada Warna, dit Maharishi Mahesh Yogi en 1958, afin de ツォ 

faire connaテョtre テ 

l窶冩ccident malade les forces salvatrices de l窶兮uto-rテゥalisation de soi par la mテゥditation

 ツサ (Circulaire aux professeurs de M.T. 

1971).  

 

Conclusion : et les allテゥgations ? 

Je ne vais pas dテゥcouper tout l窶兮rticle, qui fait encore 20 pages. Nテゥanmoins je voudrais illustrer encore 3 choses. 

1) la peau de chagrin :    

 

- au sommaire, on lit que l窶冑ypnose ツォ guテゥrit ツサ. 

- p. 52, on lit que ツォ l窶冑ypnose remplace les anesthテゥsies ツサ 

- p. 55, on lit que ツォ l窶冑ypnose rテゥduit le recours aux anesthテゥsies gテゥnテゥrales ツサ 

- p. 56, on lit que ツォ l窶冑ypnose limite le recours テ l窶兮nesthテゥsie gテゥnテゥrale ツサ 

- puis on apprend que ツォ l窶册ffet de l窶冑ypnose est renforcテゥ par une lテゥgティre sテゥdation et une anesthテゥsie locale de la plaie ツサ. 

Que l窶冑ypnose dテゥcrite ici, qui ressemble plus テ du dテゥtournement d窶兮ttention et de la suggestion qu窶凖 un ツォ テゥtat de 
conscience intermテゥdiaire ツサ (p 56, l. 46) soit utile lors d窶冩pテゥrations n窶册st guティre surprenant, et ne forme un scoop que 

parce que le mot hypnose, qui porte foison de fantasmes, est utilisテゥ. Mais le procテゥdテゥ journalistique qui consiste テ 
appテ「ter la proie est flagrant ici. On part voir une montagne, on se retrouve avec une souris. 

 

2) Paillasson sur les biorythmes :  

Il est des effets paillassons plus graves que d窶兮utres. Ainsi pp. 55 et 64, l窶兮uteur titre sur les biorythmes, censテゥs 
soigner l窶兮sthme.  

 

Il faut savoir que les biorythmes, lテゥgティrement passテゥs de mode en France, firent la trame d窶冰ne pseudo-science, basテゥe 

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367 

sur l窶凖ゥtude de simili rythmes de la personnalitテゥ, pseudo-science テ mi-chemin entre le rテェve Nouvel テHe des pulsations 

cosmiques auxquels nous serions soumis et la mancie type numテゥrologie. Or, quelle ne fut pas ma surprise lorsque je 
lus dティs la 3

ティme

 ligne p. 64 qu窶册n guise de biorythmes, il s窶兮git des窶ヲ rythmes cardiaques, qui n窶冩nt strictement rien テ 

voir avec les biorythmes. Erreur assez difficilement pardonnable lorsqu窶冩n sait le nombre de gens qui se sont 
fourvoyテゥs dans le domaine des biorythmes : confondre rythmes biologiques et biorythmes est soi involontaire 窶 

dans ce cas, la compテゥtence du journaliste est discutable. Soit elle est volontaire. Je n窶冩se conclure.  

 

  

Note : on pourrait objecter la mテェme chose sur la notion de biofeedback, introduite テ plusieurs reprises dans l窶兮rticle ; 

ou sur la question des Etats Modifiテゥs de Conscience : sommeil paradoxal, coma, somnambulisme pour les uns, crise 
chamanique, transe et transmission de pensテゥe pour d窶兮utres. Attention aux mots que l窶冩n emploie. Voir p. 68). 

 

3) prodiges et vertiges de l窶兮nalogie

349

 :  

Plus bas, on trouve la page 67 : 3 dessins, juste annotテゥs. 

 

 

Quand le cerveau modifie ses テゥtats de conscience. 

 

Le cerveau se reconfigure tout au long de la vie. 

 

Le cerveau discute en permanence avec le systティme immunitaire. 

 

Lorgnons les deux derniers : une analogie classique avec l窶冩rdinateur, puis une analogie faite entre cerveau/ systティme 

immunitaire et deux personnes qui discutent comme de bons amis. L窶冰ne et l窶兮utre ont leur champ de validitテゥ, mais 

                                                 

349

 Allusion au titre de l窶册xcellent livre de Jacques Bouveresse, Editions Raisons d窶兮gir, 2002. 

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368

aussi leur limite, voire leurs contradictions. Ces contradictions doivent テェtre pointテゥes, surtout lorsqu窶册lles ciblent des 

sujets fortement affectifs comme la guテゥrison. Pour les cas prテゥsents, si le cerveau discute avec le systティme immunitaire, 
pourquoi suis-je malade ? Le dialogue ne se fait-il pas bien ? Pour quelle raison ? Et lテ, aucune rテゥponse. Alors le 

client-patient va chercher un sens, et il peut se retrouver テ la merci des marchands d窶冓llusion qui, sur un fond de 
culpabilitテゥ latent qui fit l窶冑eur des prテェtres-mテゥdecins des premiers siティcles de l窶僞re Chrテゥtienne, lui vendront les clテゥs 

tordues de ce dialogue cerveau/systティme immunitaire. ツォ 

Un scientifique qui exploite une analogie caractテゥristique entre deux 

domaines テ premiティre vue trティs diffテゥrents se sent normalement obligテゥ d窶冓ndiquer les limites de son application, les aspects sous lesquels les 

deux catテゥgories de phテゥnomティnes concernテゥes peuvent テェtre assimilテゥes l窶冰ne テ l窶兮utre et ceux sous lesquels elles ne le peuvent pas

 ツサ,  テゥcrit 

Bouveresse (2002, p. 35).  

Pour corroborer ceci, je dirai qu窶冓l devient de plus en plus nテゥcessaire de crテゥer la ツォ pratique illテゥgitime de l窶兮nalogie ツサ, 
ainsi qu窶冰ne certaine forme ツォ mise en danger de la connaissance d窶兮utrui ツサ. 

****

 

 

Les pages prテゥsentテゥes sont extraites du dossier 

S&V

, co-signテゥ Bensaテッd, Beuzard, Chambon, Mayo, Revoy, Tourbe, 

sous la direction d窶僊. Sari. 

S&V

 Novembre 2004. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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369 

Fiche pテゥdagogique Nツー6 窶 Le magnテゥtisme et les fluides 

 

Nous n窶冓ndiquerons dans cette fiche que la trame narrative employテゥe. Les rテゥfテゥrences employテゥes 
sont indiquテゥes.  
 

1

ティre

 partie : construction conceptuelle & historique 

L窶冑istoire des sciences a son importance, テゥcrit Broch. Voici donc une trame possible d窶册xplication 
des fondements de la pensテゥe fluidique et magnテゥtique au fil des テ「ges. Nous ne dテゥtaillons que les 
premiティres analogies de base. 

1)

 

Analogies de base 

Analogie 1 : santテゥ & fluides  

ツォ 

Hippocrate fit de ses humeurs des fluides : le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. Il dテゥcrivit alors la santテゥ comme un cocktail 

bien dosテゥ : les 4 humeurs doivent テェtre harmonieusement mテェlテゥes dans l'organisme et se trouvent sous forme cuite par mテゥlange et par chaleur 
vitale ! Voilテ. Pour rテゥsumer, en cas de fatigue ou d'excティs de bouffe, une humeur serait produite en excティs, ce qui entraテョnerait une guerre 

entre humeurs, qui, une fois sテゥparテゥes, redeviendraient "crues", c'est-テ-dire acides et irritantes. Passe le stade de l'effervescence, et elles 
finissent viciテゥes.

 ツサ. Or, ツォ 

Si le sang et la bile jaune existent bien, le phlegme par contre, qu'il appelait aussi "pituite" et qui dテゥsignait tout 

liquide transparent ou blanchテ「tre (salive, morve, larmes, lymphe, plasma sanguin, sperme et mテェme matiティre grise du cerveau) est une 
catテゥgorie plus douteuse. Quant テ la bile noire, l'"atrabile", porteuse de mテゥlancolie d'instabilitテゥ, et soi-disant responsable du cancer, elle 

relティve purement du fantasme.

 (窶ヲ) 

Galien ajouta aux 4 humeurs d'Hippocrate les pneumas, ou esprits animaux : dans le 

res mirabilis

merveilleux rテゥseau enchevテェtrテゥ de notre cou, circuleraient ces pneumas, sortes de fluides gazeux qui "animeraient" notre carcasse. Le thティme 

des pneumas sera dテゥclinテゥ ensuite jusqu'テ plus soif, en de nombreux avatars, depuis l'テゥther jusqu'テ l'テ「me, mテェme si, confrontテゥ テ 
l'expテゥrimentation, force est de constater que le pneuma tique

 ツサ.(窶ヲ) 

Petit テ petit, la notion de magnテゥtisme recouvrant tous les aspects d'action テ distance, les vieux savants postulティrent logiquement l'existence 
d'un intermテゥdiaire, quel qu'il soit, dans les chaテョnes d'actions. Et lorsqu'une action s'exerce dans un "champ d'action", justement, il n'est 

pas surprenant de voir naテョtre l'analogie avec le comportement d'un "effluve", fluide, qui suinte, qui corrode, qui s'immisce. Et ce fut la 
naissance d'une vraie collection de ce genre de fluide, entre autres le phlogistique pour justifier le combustions, le calorique, pour expliquer 

les transferts de chaleur, l'テゥther pour trimbaler les ondes

,

 et surtout le lテゥgendaire fluide vital. Certains de ces fluides furent des contes テ 

dormir debout (alors qu'on recherchait des causes alitテゥes...)

350

 

Analogie 2 : humain & aimant 

ツォ 

Chaque corps organisテゥ serait un aimant, qui aurait ses pテエles ; il y circule un fluide magnテゥtique, en sorte qu'en prテゥsentant l'un テ l'autre 

les pテエles opposテゥs un テェtre vivant peut agir sur un autre テェtre vivant. On assimile le magnテゥtisme テ la force qui テゥmane d'un personnage, force 

qui fait naテョtre des sensations ou des sentiments comme la haine, la bontテゥ ou l'amour

 ツサ.

351

 

2)

 

Origines : Hippocrate & Galien 

3)

 

Lecture fluidique de la santテゥ 

4)

 

Conceptions qui perdurent presque 1600 ans 

5)

 

De l窶兮mbre テ Galvani  

6)

 

Le vitalisme 

7)

 

Magnテゥtisme animal, somnambulisme 

-

 

la thテゥorie de Mesmer, rテゥguliティrement invoquテゥe par les magnテゥtiseurs modernes. 

-

 

Le somnambulisme 

8)

 

Version moderne : rhabilleux, rebouteux, toucher thテゥrapeutique de Krieger, magnテゥtisme 

                                                 

350

 Monvoisin R., Magnテゥtisme (I) disponible sur  

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=11

  

351

 voir Jagot P-C, 

comment dテゥvelopper votre magnテゥtisme personnel

, Dangles Editions, 1962 

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370

de Crテゥola

352

 

9)

 

Postmodernisme : anti-rationalitテゥ, holisme. ツォ il se peut fort bien que le toucher 
thテゥrapeutique, comme les techniques de guテゥrisons chamanique, テゥchappe テ nos 
ツォ paradigmes ツサ de pensテゥe ツサ (Thompson 2000, pp. 60-61) 

(Pour la suite, voir Monvoisin, 

Monvoisin R., Magnテゥtisme (I) - Histoire de l'テゥlectromagnテゥtisme, Origines d'un fantasme, 

document disponible sur 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=11

  

 

 
Rテゥfテゥrences:  
Glazer, S., ツォ therapeutic touch and postmodernism in nurering ツサ, 

Nursing philosophy 

2, 2001, pp. 

196-212  
Thomspon J.L., ツォ Which postmodernism ? a critical response to ツォ therapeutic touch and 
postmodernism in nurering ツサ, 

Nursing philosophy 

3, 2002, pp. 58-62 

Glazer, S., ツォ response to critique of 窶徼herapeutic touch and postmodernism in nursering窶 ツサ, 

Nursing philosophy 

3, 2002, pp. 63-65 

Schmitz O., 

Soigner par l'invisible. Enquテェte sur les guテゥrisseurs aujourd'hui

, Paris: Imago. 2006 

 
 

2

ティme

 partie : dテゥmarche critique  

 
1)

 

Le rapport Bailly de l窶僊cadテゥmie des sciences 窶 ses limites 

Rテゥfテゥrences :  
Bailly J.S., Rapport des commissaires chargテゥs par le Roi de l'examen du magnテゥtisme animal, Paris, 
1784. 

http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/?cote=86663&p=1&do=page

 

Bailly J.S. - Exposテゥ des expテゥriences qui ont テゥtテゥ faites pour l'examen du magnテゥtisme animal. 

http://194.254.96.21/livanc/?p=3&cote=40742x01&do=page

  

Riguet E., Magnテゥtisme (II) - Le magnテゥtisme animal, document disponible sur 

http://www.observatoire-zetetique.org/page/dossier.php?ecrit=3&ecritId=12

  

Figuier L., 

Histoire du Merveilleux dans les temps modernes

, Tome 3, 

1860 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k226951

 ,notamment pp. 195-228 

 

2)

 

Sokal : critique テゥpistテゥmologique 

Sokal A., 

Pseudosciences & postmodernisme

, Odile Jacob, 2005, pp. 56 窶 87 

 

3)

 

critique mテゥdiatique : Faille テゥpistテゥmologique : magnテゥtisme / magnテゥtisme animal, et partage 
du mテェme lexique - Recherche du lexique ambigテシ dans les mテゥdia 

                                                 

352

 Crテゥola G., 

Le magnテゥtisme テ portテゥe de tous, guテゥrir par les mains

, Le Hameau 1985 

http://www.creola-gilbert.fr/Le%20Magne1.htm

  

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371 

 
4)

 

introduction aux protocoles expテゥrimentaux modernes :  

o

 

Rosa L, Rosa E., Sarner L, Barrett S., 

A close look at therapeutic touch

JAMA

, 279 

(13), p. 1005-1010, 1998 

o

 

Protocole de Mr Z, Observatoire Zテゥtテゥtique 2004 

http://www.observatoire-

zetetique.org/divers/oz-
magnetisme.pdf?PHPSESSID=435f0c3a6555002708179936947fae28

  

 

5) Risques : rテエle social des guテゥrisseurs magnテゥtiseurs / danger des reprテゥsentations sanitaires 
fluidiques (exemples de sectes : scientologie, purges, テゥliminations de toxines) 

 

Primo

, l'Histoire des Sciences permet de comprendre pourquoi les explications par les "fluides" 

sont si satisfaisantes intellectuellement. Notre prテゥhension du monde porte le lourd poids des 
scientifiques ventrus qui firent au cours de l'Histoire notre systティme interprテゥtatif : il n'est donc pas 
テゥtonnant de voir que le magnテゥtisme 

enseignテゥ

 et le magnテゥtisme 

animal, personnel, etc.

窶ヲ co-existent 

encore, mテェme chez certains scientifiques. L'un est prテゥdictif mais complexe, l'autre est archaテッque et 
jusqu'テ prテゥsent faux, mais intuitif : rien d'テゥtonnant que, lorsque la vie nous confronte テ un 
phテゥnomティne テゥtrange, l'interprテゥtation fantasmatique et intuitive prenne le pas. 
L'テゥpisode Mesmer est テゥdifiant テ cet テゥgard, et s'il y aurait テ redire des protocoles de l'テゥpoque, les 
conclusions auxquelles parviennent les commissions chargテゥes d'investiguer sont transposables 
actuellement. 

Secundo

, l'hypothティse du fluide vital ou du magnテゥtisme fait florティs dans toutes les interprテゥtations de 

guテゥrisons pseudo-naturelles. Elle se dテゥcline en diverses explications plus ou moins 
"テゥnergテゥtiques", mテゥlangeant au grand dam des physiciens les notions de 

force

, de 

champ

, de 

puissance

d'

テゥnergie

 en un vrac Nouvel テHe incomprテゥhensible, mais fort propice テ dire tout et n'importe quoi. 

Pourtant aucun phテゥnomティne magnテゥtique n'a encore jamais テゥtテゥ mis en テゥvidence dans les procテゥdテゥs 
de soin des guテゥrisseurs et des rebouteux.  
Les ouvrages d'Yves Rocard, grand physicien mais piティtre expテゥrimentateur en sourcellerie, ont 
ravivテゥ la croyance de phテゥnomティnes magnテゥtiques en ce domaine (notamment par le truchement 
des fameux cristaux de magnテゥtite dont tout pテゥquin moyen serait dotテゥ aux articulations). Les 
expテゥriences ayant tentテゥ d'habiliter ces thティses ont fait chou blanc, et les protocoles de tests 
rigoureux en 

double aveugle

 infirment les hypothティses magnテゥtiques dans les mains des magnテゥtiseurs. 

 
Sont abordテゥs les outils critiques suivants :  

-

 

l窶兮nalogie n窶册st pas une preuve 

-

 

une analogie donnテゥe sans limite est comme un rテゥsultat sans incertitude de mesure 

-

 

une notion intuitive peut s窶兮vテゥrer fausse, et crテゥer des reprテゥsentations fausses (vision 
fluidique de la santテゥ) 

-

 

l窶册ffet ツォ canard de bain en plastique ツサ et le manque de mテゥmoire de l窶冑istoire 

-

 

l窶冰tilisation de termes テゥquivoques permet toute une gamme d窶册ffets paillasson. 

-

 

La notion de protocole 

 

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372

Fiche pテゥdagogique Nツー7 窶 Argument d窶兮utoritテゥ, DHMO, alerte, 

jargon, un tsunami dans un verre d窶册au 

 

Qu'est-ce que le monoxyde de dihydrogティne? 

Le monoxyde de dihydrogティne (en anglais ツォDihydrogen Monoxideツサ - DHMO) 
(1) est un composテゥ chimique incolore et inodore, テゥgalement dテゥnommテゥ par 
certains oxyde de dihydrogティne, hydroxyde d'hydrogティne, hydroxyde 
d'hydronium, ou simplement acide hydrique. Son constituant de base est le 
radical instable hydroxyl, qu'on retrouve dans de nombreux composテゥs 
caustiques, explosifs et toxiques tels que l'acide sulfurique, la nitroglycテゥrine et 

l'alcool テゥthylique. 
Pour une information plus dテゥtaillテゥe, comprenant des indications sur les prテゥcautions テ prendre, les 
rティgles d'emploi et de stockage, veuillez vous reporter テ la 

Material Safety Data Sheet

 (MSDS) (en 

anglais) sur le monoxyde de dihydrogティne

353

 
Dois-je me sentir concernテゥ par le monoxyde de dihydrogティne? 

Oui, vous devez l'テェtre! Bien que le gouvernement des テ液ats-Unis et les ツォCenters for Disease 
Controlツサ (CDC) n'imposent pas de restrictions sur le monoxyde de dihydrogティne (alors qu'ils en 
ont imposテゥes テ des substances plus familiティres telles que l'acide chlorhydrique et la saccharine), le 
monoxyde de dihydrogティne est un constituant de substances toxiques, d'agents provoquant ou 
favorisant des maladies et de menaces pour l'environnement aussi nombreux que connus, et peut 
mテェme テェtre lテゥthal 

(sic

) テ un テェtre humain テ des doses aussi faibles que quelques gouttes.  

 

 

Des recherches entreprises par un scientifique amテゥricain renommテゥ, Nathan Zohner, (2) 

ont conclu qu'environ 86 pour cent de la population des テ液ats-Unis est favorable テ une 
interdiction du monoxyde de dihydrogティne. Bien que ses rテゥsultats soient prテゥliminaires, Zohner 
pense que la population doit accorder plus d'attention aux informations qui lui sont donnテゥes 
concernant le monoxyde de dihydrogティne. Il ajoute que si davantage de personnes connaissait la 
vテゥritテゥ sur le monoxyde de dihydrogティne, des テゥtudes telles que celle qu'il a menテゥe ne seraient pas 
nテゥcessaires. 

                                                 

353

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Dihydrogen_monoxide_hoax

  

 

 

* la substance est un テゥlテゥment principal des pluies acides ;

* elle contribue テ l窶凖ゥrosion des sols ; 

* elle provoque la corrosion et la destruction des mテゥtaux et des appareils テゥlectriques ; 

* une ingestion excessive peut causer de nombreux effets secondaires dテゥplaisants, pouvant aller jusqu'テ entraテョner la mort ; 

* le contact prolongテゥ avec sa forme solide provoque des lテゥsions des tissus ; 

* sa prテゥsence dans les poumons, mテェme en faible quantitテゥ, peut causer la mort par asphyxie ; 

* sa forme gazeuse peut causer de graves brテサlures ; 

* il a テゥtテゥ retrouvテゥ dans les tumeurs de malades du cancer en phase terminale ; 

* mテェme aprティs rinテァage prolongテゥ, il en reste toujours des traces ; 

* en dテゥpit de tout cela, les gouvernements et les sociテゥtテゥs continuent de l窶冰tiliser テ grande テゥchelle, nテゥgligeant dテゥlibテゥrテゥment ses dangers.

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373 

Une enquテェte similaire dirigテゥe par les chercheurs amテゥricains Patrick K. McCluskey et Matthew 
Kulick ont テゥgalement dテゥcouvert que prティs de 90 pour cent des sujets interrogテゥs テゥtaient prテェts テ 
signer une pテゥtition en faveur d'une interdiction complティte de l'usage du monoxyde de dihydrogティne 
aux テ液ats-Unis. 

Monoxyde de dihydrogティne 窶 FAQ

354

 

  

 

Liquide pur troublテゥ par du monoxyde de dihydrogティne liquide  

 
Soulignons que  
(1) le DHMO s'テゥcrit H

2

(2) que Nathan Zohner テゥtait en 1997 un adolescent de 14 ans d窶僮daho 
Falls, dans l窶僮daho, qui parvint pour son travail de recherche en science 
intitulテゥ ツォ "How Gullible Are We? ツサ テ glaner 43 votes pour bannir le 
DHMO, sur 50 personnes interrogテゥes parmi ses camarades

355

Le canular a vraisemblablement テゥtテゥ crテゥe par Eric Lechner en 1990, puis revu par Craig Jackson 
en 1994, avant d窶兮tteindre la notoriテゥtテゥ par le travail de Zohner

356

 
Cet exemple est moins anodin qu窶冓l n窶凉 paraテョt. Outre les Ips lexicaux qui le constellent, il est 
suffisamment bien apprテェtテゥ pour avoir suscitテゥ des rテゥactions pour le moins intテゥressantes. L窶冰ne 
d窶册lles remonte テ 2005, oテケ une dテゥpテェche AP annonce :  

ツォ City officials were so concerned about the potentially dangerous properties of 
dihydrogen monoxide that they considered banning foam cups after they learned the 
chemical was used in their production窶.

357

 

 
Le Magazine de la Recherche Europテゥenne テゥcrivit テゥgalement fin 2005 :  

ツォ La plaisanterie ne fut pas toujours apprテゥciテゥe テ sa juste valeur, lorsqu'elle engendra dans 
une province テゥtasunienne un mini mouvement de panique qui irrita les pouvoirs publics. 
Dans le contexte du Terrorist-Act, un superintendant parla d'une condamnable 
subversion テ l'ordre public

358

 ツサ.

                                                 

354

 

http://www.dhmo.org/translations/french/facts.html

 

355

 Publication originale en ligne,  

http://www.lhup.edu/~dsimanek/dhmo.htm

   

356

 La primeur de ce canular revient tout de mテェme テ Alfred Jarry : ツォ 

Quand ne sera-t-il plus besoin de rappeler que les 

antialcooliques sont des malades en proie テ ce poison, l窶册au, si dissolvant et corrosif qu窶冩n l窶兮 choisi entre toutes substances pour les 

ablutions et lessives, et qu窶冰ne goutte versテゥe dans un liquide pur, l窶兮bsinthe par exemple, le trouble? ツサ 
(窶ヲ) ツォ Des chercheurs, anonymes mais dignes de foi, nous communiquent, テ propos du rテゥcent article sur le poison eau, leurs observations 
touchant le pouvoir destructeur de cet agent appliquテゥ テ diverses substances alimentaires. Le sucre, paraテョt-il, serait rongテゥ et anテゥanti en peu 

d窶冓nstants. Les loisirs nous ont manquテゥ pour contrテエler cette expテゥrience

. ツサ 

357

 

Local officials nearly fall for H2O hoax, Web pranksters warn of dangers of 'dihydrogen monoxide'

, AP March 15, 2004 

358

 

Magazine de la Recherche Europテゥenne

, Nツー Spテゥcial, Novembre 2005  

http://ec.europa.eu/research/rtdinfo/special_comm/05/article_3237_fr.html

  

 

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374

Fiche pテゥdagogique Nツー8 窶 Le sophisme du procureur 

 
Appelテゥ aussi 

erreur des probabilitテゥs 

conditionnelles, c窶册st un paradoxe trティs dテゥlicat et assez complexe, 

que nous nous contenterons de rテゥsumer, et qui consiste テ confondre ツォ 

la probabilitテゥ qu窶冰n テゥvティnement 

survienne

 ツサ avec ツォ 

la probabilitテゥ qu窶冰n テゥvティnement soit survenu dans un cas テゥtudiテゥ 

ツサ. 

359

 

Forme standard :  
Il s窶兮git de penser que 

P

(

A

|

B

) est テ peu prティs テゥgal 

P

(

B

|

A

). Or le thテゥorティme de Bayes nous donne  

 

Qui ne donne sensiblement pas le mテェme rテゥsultat.

360

 

Impossible d窶册xpliquer ce sophisme テ un public non statisticien sans exemple. 

 

Le crime et l窶僊DN 

Imaginons qu窶冰n dテゥcティs soit constatテゥ et que le crime soit suspectテゥ. Pour テゥvaluer la probabilitテゥ 
d窶冓nnocence d窶冰n accusテゥ, il faut chercher le nombre de fois qu窶冰n tel テゥvティnement rarissime (un 
dテゥcティs naturel dans les mテェmes conditions de ce crime) se produise dans une population trティs 
restreinte (celle de ceux qui ont subi un dテゥcティs) et surtout pas le nombre de fois qu窶冓l se produit au 
sein de la population totale. 
Imaginons que soit procテゥdテゥ sur le suspect Nツー1 un test ADN, sur la base d窶冰ne chance de deux 
profils ADN identiques d窶册nviron de 1/10 000.  
Si le profil ADN du suspect est exactement celui trouvテゥ sur la victime, l窶冓ntuition nous intime que 
nous n窶兮vons qu窶冰ne chance sur 10 000 de se tromper en l窶兮ccusant, ce qui est .. faux !  
Facette Z : 

le contexte est important 

En effet il faut connaテョtre le contexte pour pouvoir dire quelque chose. En fait cette donnテゥe 
permet de restreindre les suspects, mais non de pouvoir accuser avec certitude.  
Faisons le calcul 窶ヲ Supposons que pour parvenir テ trouver le suspect, on ait dテサ comparer le 
profil ADN trouvテゥ sur la victime avec 20 000 profils (issus d窶冰n fichier de la police scientifique). 
Avec la probabilitテゥ donnテゥe, il y a en fait 

86% 

de chances de trouver au moins un profil identique  

 

et il y a 

27% 

de chances de trouver exactement un profil identique  

20 000x (1-1/10 000)19 999 x 1/10 000

0.27. 

ce qui est bien plus grand que 1/10000. 
Il ne faut pas en dテゥduire que les tests ADN ne servent テ rien, ni qu窶冩n ne peut rien dire テ partir 
d窶册ux. Si par exemple la victime reconnaテョt son agresseur et qu窶

ensuite 

on effectue un test ADN 

qui est positif, alors les calculs prテゥcテゥdents ne s窶兮ppliquent pas : il faudrait pouvoir remplacer 1/10 
000 par la probabilitテゥ pour que 

simultanテゥment 

une victime ait cru reconnaテョtre son agresseur et 

                                                 

359

 Defense attorney's fallacy" a テゥtテゥ dテゥcrit par William C. Thompson & Edward Schumann dans l窶兮rticle 

Interpretation 

of Statistical Evidence in Criminal Trials: The Prosecutor's Fallacy and the Defense Attorney's Fallacy,

 

Law and Human Behavior

Vol. 11, No. 3 (Sep., 1987), pp. 167-187. Autre exmple historique, celui du procティs 

The People of the State of California v. 

Collins

, en 1968 en Californie 

People v. Collins

, 438 P. 2d 33 (68 Cal. 2d 319 1968). 

360

 Pour plus de dテゥtails, se reporter au livre de John Allen Paulos, 

Innumeracy

background image

 

 

375 

que le profil des deux, agresseur et faux agresseur, coテッncident. Une telle statistique est difficile テ 
テゥtablir car le nombre de cas d窶凖ゥtude est trティs faible. 

Le miracle de l窶僊DN n窶册n est pas un  

Un biologiste, Frank Salisbury, テゥcrivait ceci :  

ツォ Une protテゥine moyenne pourrait contenir environ 300 acides aminテゥs. Le gティne d'ADN 
contrテエlant ceci aurait une chaテョne d'environ 1.000 nuclテゥotides. Puisqu'il y a quatre genres 
de nuclテゥotides dans une chaテョne d'ADN, une chaテョne ayant 1.000 liens pourrait exister sous 
4

1000

 formes diffテゥrentes. En utilisant un peu d'algティbre (logarithmes), nous pouvons voir 

que 4

1000

=10

600

. Dix multipliテゥ par soi-mテェme 600 fois テゥquivaut テ 1 suivi de 600 zテゥros! Ce 

nombre est complティtement au-delテ de notre comprテゥPain bテゥnit pour un crテゥationniste comme le dテゥsormApplication pテゥdagogique : le problティme des anniversaires. 

Lancer dans la classe le pari : 

quelle est la probabilitテゥ pour que, dans une salle de 50 individus, au moins deux soient nテゥs le 
mテェme jour ? 

Le bizarre (statistique) est probable

Calcul de probabilitテゥ

Quelle est la probabilitテゥ pour que, dans 
un groupe de 50 personnes, deux soient 
nテゥes le mテェme jour ?

Le plus simple pour obtenir le r

Le plus simple pour obtenir le r

テゥ

テゥ

sultat annonc

sultat annonc

テゥ

テゥ

est de calculer la probabilit

est de calculer la probabilit

テゥ

テゥ

que chaque 

que chaque 

personne ait un jour anniv ersaire diff

personne ait un jour anniv ersaire diff

テゥ

テゥ

rent de celui des autres. On v a proc

rent de celui des autres. On v a proc

テゥ

テゥ

der par 

der par 

d

d

テゥ

テゥ

nombrement, c'est

nombrement, c'est

-

-

-

-

dire, que nous allons compter le nombre de cas o

dire, que nous allons compter le nombre de cas o

テケ

テケ

n

n

personnes 

personnes 

ont des jours d'anniv ersaires diff

ont des jours d'anniv ersaires diff

テゥ

テゥ

rents et nous div iserons par le nombre de possibilit

rents et nous div iserons par le nombre de possibilit

テゥ

テゥ

s.

s.

Il y a 

Il y a 

n

n

personnes, pour chacune il  y a 365 jours possibles, 

personnes, pour chacune il  y a 365 jours possibles, 

donc au t otal si on ne se fixe aucune contrainte, il a 365

donc au total si  on  ne se fixe aucune contrainte,  il a 365

n

n

possibilit

possibilit

テゥ

テゥ

s. Si maintenant  on veut des jours diff

s. Si maintenant on veut des jours diff

テゥ

テゥ

rents, nous 

rents, nous 

obtenons un 

obtenons un 

arrangement

arrangement

de 

de 

n

n

parmi 365, soit

parmi 365, soit

Or l'

Or l'

テゥ

テゥ

v

v

テゥ

テゥ

nement 

nement 

ツォ

ツォ

un jour anniversaire 

un jour anniversaire 

different

different

par personne

par personne

ツサ

ツサ

est le compl

est le compl

テゥ

テゥ

mentaire 

mentaire 

de 

de 

ツォ

ツォ

au m oins deux identiques

au m oins deux identiques

ツサ

ツサ

. Donc la probabilit

. Donc la probabilit

テゥ

テゥ

recherch

recherch

テゥ

テゥ

e est :

e est :

On a donc

On a donc

 

Cours Nツー3 Zテゥtテゥtique & approche scientifique du 

窶湾aranormal窶 - 

Outils zテゥtテゥtique 

 

                                                 

361

 Frank B. Salisbury, 

Doubts about the Modern Synthetic Theory of Evolution

,

 American Biology Teacher

, Septembre 1971, p. 

336 

362

 La Molテゥcule Miraculeuse : L'ADN 窶 Harun Yahya 

http://www.harunyahya.com/fr/article08_adn.php

  

 

nb probabilitテゥ 

10 12 

20 41% 

30 70% 

50 97% 

100 99.99996% 

200 99, 

9999999999999999999999999998% 

 

300 

 

 

background image

 

 

376

Fiche pテゥdagogique Nツー9 窶 Le jeu des 20 piティges, ou comment 

テゥviter les arguments d窶兮utoritテゥ ? 

 

"Quand un テェtre humain obtient un Ph. D., il se produit dans son cerveau une mutation qui l'empテェche de prononcer les deux phrases : "je ne sais 

pas" et "je me suis trompテゥ". 

J. Randi 

Voici le texte de base de notre fiche :  

Copain

 vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit avoir lu dans 

Moisi 

que le cテゥlティbre 

Duschmoll

, professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe, 

mテゥdaille 

Michel Fields

, auteur prolifique de centaines de publications scientifiques, rテゥputテゥ pour ses apparitions 

rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ oOn a tout distordu ツサ et auteur du livre ツォ Du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de 
300.000 exemplaires en vente chez tous les bons marchands, a dテゥclarテゥ rテゥcemment : ツォ je dis que 

blablaabla

 ! ツサ ; ce qui  

Version 1 : confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne visionnaire 

Oum l窶僊ncien

, -qui le 

subodorait

 dテゥjテ sur un 

vieux 

parchemin

-

,

et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris il y a des 

siティcles. 

Version 2 : vient bouleverser les lois de la physique et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe 

テ Einstein, un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic. Espテゥrons que les scientifiques, refusant 
traditionnellement la thティse du 

blablabla

, ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur 

arrogance. 

 

Reprenons l窶兮ssertion en la tronテァonnant :  

(1) 

Copain

  

(2) vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit  

(3) avoir lu dans 

Moisi  

(4) que le cテゥlティbre 

Duschmoll

,  

(5) professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe, mテゥdaille Michel Fields,  

(6) auteur prolifique de centaines de publications scientifiques,  

(7) rテゥputテゥ pour ses apparitions rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ on a tout distordu ツサ  

(8) auteur du livre ツォ du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de 300.000 exemplaires  

(9) en vente chez tous les bons marchands,  

(10) a dテゥclarテゥ rテゥcemment ツォ je dis que 

blablaabla

 ツサ 

Version 1 :  

(11) Ce qui confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne 

(12) visionnaire 

Oum l窶僊ncien

,  

(13) -qui le 

subodorait

 dテゥjテ sur un 

vieux parchemin

-

(14) et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris 

(15) il y a des siティcles. 

Version 2 :  

(16) Ce qui vient bouleverser les lois de la physique  

(17) et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe テ Einstein,  

(18) un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic.  

(19) Espテゥrons que les scientifiques, refusant traditionnellement la thティse du 

blablabla

,  

(20) ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur arrogance. 

 

 

background image

 

 

377 

 (1) 

Copain

  

Qui est-il ? Est-il compテゥtent sur le sujet ?  

Tient-il テ vous plaire / テ vous dテゥplaire ? Y a-t-il une relation de supテゥrioritテゥ/infテゥrioritテゥ entre vous ? 

 

Facette Z : 

la compテゥtence de l'informateur est fondamentale ; prendre en compte l窶兮ffect interpersonnel. 

(2) 

vous raconte qu窶冰n Ami lui a dit

  

L窶僊mi est-il une source gテゥnテゥralement fiable ? (Attention : c窶册st insuffisant) 

Facette Z : 

un, mille tテゥmoignages ne sont pas une preuve - Faisceau de preuve.* 

Effet boule de neige possible 窶 syndrome de l窶僊DUA

.  

Facette Z : 

l窶冩rigine de l'information est fondamentale 

Utiliser l窶兮rgument de Hume. 

(3) 

avoir lu dans 

Moisi

  

 

Vテゥrifiez ce qu窶册st Moisi.  

 

Effet vitrine version ツォ lu dans le journal ツサ 

 

Ultra-mテゥfiance sur les journaux et les magazines : la science est gテゥnテゥralement publicitarisテゥe 

 

Super - mテゥfiance sur les revues scientifiques sans comitテゥ de lecture 

 

Grande mテゥfiance sur les revues au facteur d窶冓mpact faible. 

Mテゥfiance encore mテェme dans les grandes revues scientifiques. Affaire Targ & Puthoff, Affaire mテゥmoire de l窶册au, 

affaires Pande, shukla, Sekariah (voir Broad & Wade, 

La souris truquテゥe

). 

  Masquarade 

des 

Zuckerman, 

et biais de confirmation (Mahoney) 

 

 

Facette Z : 

l窶冩rigine de l'information est fondamentale 

(4) 

que le cテゥlティbre 

Duschmoll,

  

Effet 

vitrine mテゥdiatique. Effet star 

Affaire John Long, affaire Nogushi 

(5) 

professeur テ l窶僮nstitut Bテゥtombe, mテゥdaille Michel Fields,

  

 

 

Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une du titre 

  Pseudo-compテゥtence 

テ l窶兮une des mテゥdailles 

  Vテゥrifier 

si 

l窶僮nstitut 

Bテゥtombe 

 

- existe et fonctionne (comme l窶僮nstitut Ecologique Europテゥen, ou le laboratoire de Marcello Bacci 
テ Grossetto, sur les Transcommunications 窶 voir Cours Nツー2) 

- est universitaire (Institut Stanford, Universitテゥ Interdisciplinaire de Paris, Laboratoire de 
parapychologie de Toulouse-Le Mirail) 

(6) 

auteur prolifique de centaines de publications scientifiques,

  

 

 

Attention : on peut テゥcrire des centaines de mauvais articles 

On peut aussi plagier des centaines de mauvais articles sur d窶兮utres (affaire Alsabti) ou sur des テゥtudiants 
(effet Matthieu), voire sur son fils (Bernoulli) 

(7) 

rテゥputテゥ pour ses apparitions rテゥguliティres dans l窶凖ゥmission ツォ on a tout distordu ツサ

  

 

 

Pseudo-compテゥtence テ l窶兮une des mテゥdias (Hubert Reeves, Yves Coppens, Nicolas Hulot) 

  Sensationnalisme 

(les 

mテゥdias prテゥfティrent l窶冓conoclastie) 

 

(8) 

auteur du livre ツォ du pain, du vin, Duschmoll ツサ vendu テ plus de 300.000 exemplaires

  

  Effet 

vitrine 

  Effet 

Panurge 

background image

 

 

378

 

 

Double cigogne (qu窶冓l ait テゥtテゥ vendu ne signifie pas qu窶冓l ait plu ; qu窶冓l ait plu ne veut  pas dire qu窶冓l soit bon) 

(9) 

en vente chez tous les bons marchands,

  

 

 

Effet vitrine de librairie, tテェte de gondole  

(10) 

a dテゥclarテゥ rテゥcemment ツォ je dis que 

blablabla ツサ 

A-t-il effectivement dit cela ? Vテゥrifier que le journaliste a bien retranscrit. Attention aux coupes et aux 

テゥductions : il est arrivテゥ que la vraie dテゥclaration ツォ 

je dis que blablabla est une foutaise

 ツサ se transforme en ツォ 

je dis que 

blablabla

 ツサ. 

Version 1 :  

(11) 

Ce qui confirme l窶冓ntuition du sage aborigティne 

 

 

Effet vieux sage de l窶兮ntiquitテゥ 

  Lecture 

テ 

rebours 

  Argument 

exotique 

(12) 

visionnaire 

Oum l窶僊ncien,  

  Syndrome 

Jules 

Verne 

(13) 

-qui le 

subodorait dテゥjテ sur un vieux parchemin-, 

  Effet 

vieux 

pot 

(14) 

et qui vient appuyer ce que nos ancテェtres avaient, dans leur bon sens populaire, fort bien compris 

 

 

Argument 

ad populum 

  Passテゥisme, 

argument d窶冑istoricitテゥ 

(15) 

il y a des siティcles. 

 

 

Argument de la nuit des temps 

Version 2 :  

(16) 

Ce qui vient bouleverser les lois de la physique

  

Argument 

ad novitatem 

Scテゥnarisations Scoop / rテゥvolution 

Prudence dans l窶冓nterprテゥtation : blablabla est-il confirmテゥ par d窶兮utres chercheurs ? 

(17) 

et offrir, テ travers cette gifle rテゥvolutionnaire administrテゥe テ Einstein,  

  Accentuation 

lapidaire 

(18) 

un des plus grands dテゥfis テ la science depuis Copernic.

  

Scテゥnario du dテゥfi 

Baignoire d窶僊rchimティde 

Analogie  

(19) 

Espテゥrons que les scientifiques, refusant traditionnellement la thティse du 

blablabla,

  

Description paranoテッaque : scテゥnario de la thティse qui dテゥrange les scientifiques. 

Distorsion テゥpistテゥmologique : hormis dans le contexte de Berthelot (syndrome du poulpe) ou dans celui de 

Lyssenko (ツォ science officielle ツサ), la science n窶兮 pas de tradition de ce type. Garder テ l窶册sprit que :  

ツォ Quand les experts sont unanimes, l'avis opposテゥ ne peut テェtre considテゥrテゥ comme certain ; quand les experts 

ne sont pas d'accord, aucun avis ne peut テェtre considテゥrテゥ comme certain ; quand les experts se disent 
perplexes, le non-spテゥcialiste sera sans doute bien avisテゥ de suspendre son jugement ツサ.  (Bertrand Russell) 

(20) 

ne brテサleront pas Duschmoll tel un Galilテゥe moderne, sur l窶兮utel de leur arrogance. 

 

 

Syndrome galilテゥen

. Galilテゥe n窶兮 pas テゥtテゥ brテサlテゥ, et n窶兮 pas テゥtテゥ un martyr de la science 窶 ni martyr, ni de 

la science, mais du clergテゥ. 

 

background image

 

 

379 

Fiche pテゥdagogique Nツー10 窶 La dent en or de Fontenelle 

 

Facette Z

 : avant de bテ「tir des chテ「teaux de sable en Espagne, assurons-nous qu窶冓l y a bien du 

sable. 

Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiテゥter de la cause. Il est vrai que cette mテゥthode est bien lente 
pour la plupart des gens qui courent naturellement テ la cause, et passent par-dessus la vテゥritテゥ du fait ; mais enfin 
nous テゥviterons le ridicule d窶兮voir trouvテゥ la cause de ce qui n窶册st point. 
Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siティcle passテゥ テ quelques savants d窶僊llemagne, que je ne puis 
m窶册mpテェcher d窶册n parler ici. 
ツォ 

En 1593, le bruit courut que, les dents テゥtant tombテゥes テ un enfant de Silテゥsie テ「gテゥ de sept ans, il lui 

en テゥtait venu une d窶冩r テ la place d窶冰ne de ses grosses dents. Horstius, professeur en mテゥdecine 
dans l窶冰niversitテゥ de Helmstad, テゥcrivit, en 1595, l窶冑istoire de cette dent, et prテゥtendit qu窶册lle テゥtait en 
partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu窶册lle avait テゥtテゥ envoyテゥe de Dieu テ cet enfant pour 
consoler les chrテゥtiens affligテゥs par les Turcs ! Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de 
cette dent aux chrテゥtiens ni aux Turcs ! En la mテェme annテゥe, afin que cette dent d窶冩r ne manquテ「t 
pas d窶冑istoriens, Rullandus en テゥcrit l窶冑istoire. Deux ans aprティs, Ingolsteterus, autre savant, テゥcrit 
contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d窶冩r, et Rullandus fait aussitテエt une belle et 
docte rテゥplique. Un autre grand homme, nommテゥ Libavius, ramasse tout ce qui avait テゥtテゥ dit de la 
dent, et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose テ tant de beaux ouvrages, 
sinon qu窶冓l fテサt vrai que la dent テゥtait d窶冩r. Quand un orfティvre l窶册ut examinテゥe, il se trouva que c窶凖ゥtait 
une feuille d窶冩r appliquテゥe テ la dent, avec beaucoup d窶兮dresse : mais on commenテァa par faire des 
livres, et puis on consulta l窶冩rfティvre

. ツサ 

Rien n窶册st plus naturel que d窶册n faire autant sur toutes sortes de matiティres. Je ne suis pas si convaincu de notre 
ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous 
trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n窶兮vons pas les principes qui mティnent au vrai, mais que 
nous en avons d窶兮utres qui s窶兮ccommodent trティs bien avec le faux. 
 

Fontenelle Bernard le Boyer, de, Histoire des oracles, chapitre IV.

background image

 

 

380

Fiche pテゥdagogique Nツー11 窶 ID : mテゥfiance quand la science 

devient un combat 

 
テ l'issue de deux mois de procティs, le juge fテゥdテゥral de Pennsylvanie, John Jones III, a dテゥclarテゥ mardi 
20 dテゥcembre 2005 qu'il テゥtait ツォ 

inconstitutionnel d'enseigner le Dessein Intelligent

[*] 

comme une alternative テ 

l'テゥvolution, dans une classe des sciences d'une テゥcole publique

 ツサ. Une bonne chose, l'ID n'テゥtant selon Jones ツォ 

rien d'autre que la progテゥniture du crテゥationnisme ツサ et ツォ 

une alternative religieuse dテゥguisテゥe en thテゥorie 

scientifique

 ツサ. C'est toutefois sur le travail dテゥsinformatif des mテゥdias dans les questions de science 

que je plonge mon regard noyテゥ d'un scepticisme mテゥlancolique. 

Le Monde

 titre le 22 dテゥcembre 2005 p. 7 sous la plume d'Alain Sallティs ツォ 

Darwin bat les nテゥocrテゥationnistes 

au tribunal

 ツサ. 

Ce combat-ci est le plus prisテゥ depuis fin 2005.  

ツォ 

Dieu contre Darwin

 ツサ est テゥgalement le titre d窶冰n reportage de Claude Sauve et Jean-Louis 

Boudou (Radio-Canada), production : Laure Speziali.  
ツォ 

Affaire Dieu contre Darwin : une cour du Kansas tranchera ツサ,

 

La Tribune de Genティve 

, paru le 

week-end du 7-8 mai 2005 
ツォ 

Dieu contre Darwin

 ツサ Le Monde 2 Nツー86 

ツォ 

Darwin contre Dieu, match nul aux Etats-Unis

 ツサ Libテゥration 29 aoテサt 2005 Libテゥration :, Pascal 

Riche 
ツォ Glaubenskrieg um die Evolution ツサ (la guerre des croyances 窶 notons au passage l窶册ffet 

paillasson

 sur les deux sens du mot ツォ croyance ツサ) Der Spiegel Nツー52  

 

Quatre remarques. 

1.

 

Les questions de sciences ne sont pas des combats, des joutes dont on sort victorieux. Ce 
ne sont mテェme pas des opinions : on ne peut pas テェtre 

pour

 la gravitation, par exemple, ou 

contre

 l'テゥvolution : ce sont simplement les meilleures descriptions du rテゥel du moment. 

Par consテゥquent, si dテゥbattre sur la base de preuves, de faits, d'expテゥrimentations fait 
テゥmerger la thテゥorie la plus exacte, dテゥbattre sur un plan rhテゥtorique, en vue de remporter 
l'adhテゥsion fait gagner la thテゥorie non la plus exacte mais la plus dテゥmagogique/populiste. 

background image

 

 

381 

Qui plus est, attendre le verdict de Justicia et de son glaive fテゥroce porte aux nues la 
thテゥorie qui colle le mieux aux principes de justice du lieu du combat. De fait, une thテゥorie 
scientifique ne gagne pas au tribunal. Le seul trテゥbuchet auquel elle peut se soupeser est 
celui des fait, des faits et encore des faits. 

2.

 

On nous dit que le lecteur moyen, considテゥrテゥ par les journalistes comme un crテゥtin, n'est 
pas intテゥressテゥ si les controverses scientifiques n'opposent pas des adversaires identifiables, 
faciles テ cerner, si possible avec des gentils, des mテゥchants et beaucoup d'images. Alors la 
scテゥnarisation du combat ou du match (Darwin 1 : Dieu 0 par exemple) qu'on retrouve 
aussi lors des scrutins politiques, se rテゥvティle pratique pour crテゥer une soif partisane. Le 
problティme, c'est que la 

victoire

 d'une thテゥorie ne se fait pas au prorata du nombre de coups 

portテゥs, ou du nombre d'adhテゥrents de chaque camp. 

3.

 

Quand bien mテェme combat il y aurait, encore faudrait-il deux adversaires de mテェme 
catテゥgorie. Pas besoin d'aimer les rongeurs pour trouver inique un catch entre Hulk Hogan 
et un hamster. Si l'テゥvolution est une thテゥorie, l'ID (tout comme le crテゥationnisme) est un 
scテゥnario. Pas la mテェme cour, donc. L'un passe son temps テ collecter des faits et des 
preuves, tandis que l'autre pテゥrore du haut de son perchoir, assis entre le conte et le 
fabliau. Les opposer, c'est saper les fondements de l'un et lテゥgitimer l'autre. 

4.

 

Allez, jouons le jeu, admettons que les deux parties soient de la mテェme catテゥgorie, que Hulk 
Hogan ait de grosses incisives et que le Hamster fasse 120 kg. Auquel cas il en va de la 
biensテゥance de dテゥcrire correctement chaque adversaire. Le journal 

Le Monde

 oppose les 

nテゥocrテゥationnistes, assez nombreux aux テ液ats-Unis et lourdement financテゥs, テ... Darwin, 
vraisemblablement un reste de squelette テ l'heure qu'il est (et peu financテゥ). D'abord, il ne 
s'agit pas du procティs des nテゥocrテゥationnistes, ou du nテゥocrテゥationnisme mais de l'ID, contre 
non pas Darwin, ni le darwinisme ni mテェme la thテゥorie de l'テゥvolution... simplement de l'ID 
comme alternative テ l'テゥvolution en classe de science. Quadruple effet paillasson dans un 
seul titre, c'est remarquable, Darwin applaudirait des cubitus. 

 
Le Nouvel Obs du 21 dテゥcembre : 

Le ツォ dessein intelligent ツサ jugテゥ contraire テ la Constitution 

Il y a pas mal de choses contraires テ certaines constitutions, amテゥricaine, qatari, iranienne mais 
aussi franテァaise que je trouve valides. Il s'agit d'un jugement moral, テゥmargeant de considテゥrations 
morales personnelles. Si la science comme processus technopolitique peut s'テゥvaluer moralement, 
et donc en termes de justice dans l'endroit oテケ je me trouve, la science comme テゥdiction de la 
meilleure description possible du monde au moment oテケ l'on parle ne le peut pas. De la mテェme 
faテァon que ce n'est pas テ la loi d'テゥcrire l'Histoire, ce n'est pas テ la loi de faire la science et de dテゥfinir 
les thテゥories valides ou non. C窶册st par contre テ la loi de trancher ce qui est enseignable, sachant 
qu窶冩n a les lois qu窶冩n mテゥrite. 
Je rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, il テゥtait moralement inacceptable de laisser vivantes des 
femmes soupテァonnテゥes de sorcellerie, et la justice dテゥpテェchait des Bernardo Gui pour alimenter les 
brasiers. Ce n'テゥtait pourtant dテゥjテ plus le Moyen-テHe. Dans certains lieux, certaines femmes n'ont 
pas ou peu de droits. Dans certaines villes du Nigテゥria, par exemple, ou encore テ Roissy ou 
rテゥguliティrement des gens meurent dans les locaux de la Police Aテゥrienne des Frontiティres, sinon en 
accord avec la constitution, du moins avec la bテゥnテゥdiction des cours de justice. 
Que l'ID soit jugテゥ en accord ou contraire テ la Consitution namibienne, nous nous en fichons. Car 
les constitutions se forgent avec des テゥlテゥments de morale et je crois que le problティme avec la 
morale, c'est comme avec les yaourts : テァa se pテゥrime trティs vite. L窶僮D comme thテゥorie scientifique est 
pテゥrimテゥ par contre depuis bien longtemps. 
 
 
[*]rテゥsumテゥ : ID, le monde est si beau/complexe/merveilleux, ou inspirテゥ d'avoir crテゥテゥ l'ADN/l'oeil 
humain/le prテゥsident de l'Observatoire zテゥtテゥtique qu'il ne peut avoir テゥtテゥ conテァu que par une 

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382

intelligence supテゥrieure, animテゥe d'un dessein, d'une volontテゥ. Raisonnement panglossien typique, 
non que l'ADN ou le prテゥsident de l'Observatoire zテゥtテゥtique ne soient pas des rテゥussites, mais parce 
que rien n'indique que le cosmos ait oeuvrテゥ des millテゥnaires pour crテゥer ces deux merveilles. 
 
Pour aller plus loin :  

Le carpaccio du combat comme faux dilemme pour accrテゥditer des pseudothテゥories 

Ce scテゥnario trティs adaptable prend la forme suivante :  
X contre Y 
Cela a pour corrolaire :  
- de sテゥduire les consommateurs des deux camps ; 
- de niveller les positions, mテェme quand il y a une diffテゥrence irrテゥductible ;  
- de crテゥer un 

faux dilemme

 et de resserrer le champ du dテゥbat ; 

- de faire de scテゥnarios intellectuels parfois fantasmagoriques des alternatives aux thテゥories 
scientifiques les mieux テゥtayテゥes ; 
- de ce fait c窶册st une excellente porte d窶册ntrテゥe pour lテゥgitimation de pseudo-thテゥorie. 

Exemples テ utiliser 

 

  

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383 

 

Le Point, Dieu face テ la science, des scientifiques amテゥricains en guerre contre Darwin, 15 

dテゥcembre 2005, p. 63

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384

Fiche pテゥdagogique Nツー12 窶 Fabrication du hテゥros et/ou du gテゥnie 

hテゥroテッque 

 
La fabrication du hテゥros est un procテゥdテゥ ツォ carpaccique ツサ souvent テ l窶卩砥vre dans les pseudosciences. 
Quel que soit la vie ou la carriティre de l窶冓ndividu Duschmoll, il existe plusieurs maniティres d窶册n faire 
un hテゥros. 
S窶冓l est ancien, il suffit de faire de Duschmoll un prテゥcurseur, en fabriquant de toutes piティces un lien 
entre ses travaux avec une dテゥcouverte actuelle. Dテゥmocrite en est l窶册xemple, avec ses atomes. Cela 
permet ensuite d窶册xpliquer en quoi celui, Y, qui corrobore la thティse de Dテゥmocrite est lui aussi 
brillant, par apposition des deux noms. Les erreurs commises par Duschmoll sont excusテゥes par 
l窶凖ゥpoque. 
S窶冓l est contemporain (qu窶冓l soit reconnu ou rejetテゥ) faire de X un visionnaire 
Exemple : Pour la Science Nツー326, dテゥc 2004, spテゥcial Einstein. 
ツォ 

il n窶册mpテェche, un fois par siティcle environ,un scientifique visionnaire bouleverse notre savoir, un Galilテゥe, un Newton, 

un Darwin. Einstein appartient テ ce Panthテゥon des panthテゥons

 ツサ  

Sachant que Le Panthテゥon (

マホアホス

, pテ」n, signifie ツォ tout ツサ et 

ホクホオマ狐

, theos, ツォ dieu ツサ) est un temple que les 

Grecs et les Romains consacraient テ certains de leurs dieux, il ne serait guティre surprennent que, 
empruntant テ la mテゥtaphore テゥpique, cette rhテゥtorique flatte la posture contestataire, par rテゥaction. 
Que dire, en outre, s窶冓l s窶兮git du Panthテゥon des panthテゥons

363

 ? 

S窶冓l est contemporain et reconnu, faire une projection sur ツォ comment on le percevra plus tard ツサ. 
S窶冓l est contemporain et rejetテゥ, en faire un Galilテゥe ou un gテゥnie incompris. 

 

                                                 

363

 D窶冩テケ la chanson ツォ 

Mon panthテゥon est dテゥcousu, si テァa continue faudra qu窶冕窶决emonte mon panthテゥon

 ツサ. Juste pour voir si certains 

lisent les notes de bas de page que je m窶凖ゥchine テ faire. 

ツォ Fabriquer ツサ le gテゥnie 

Duschmoll 

Ancien ? 

Contemporain ?

En faire un prテゥcurseur 

(1) 

En faire un ツォ avancテゥ sur 

son temps ツサ (2) 

Contemporain 

reconnu ?  

En faire un futur 

ツォ visionnaire ツサ 

Contemporain 

controversテゥ ? 

En faire un gテゥnie 

incompris car en avance 

Revendiquer une vision 

non-occidentale 

En faire un Galilテゥe 

En faire une victime des 

lobbies 

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385 

 

 
 

Autre technique : 

incarner le pur cerveau

, テ l窶冓nstar d窶僣awking qui ツォ incarne aux yeux du public, le 

pur sujet cテゥrテゥbral, coupテゥ du monde extテゥrieur, rテゥsolvant les テゥnigmes de l窶儷nivers ツサ

364

. テ se 

demander, comme le fit Rio dans un de ses romans, si ce ne serait pas grテ「ce et non malgrテゥ, son 
corps qu窶僣awking est devenu cテゥlティbre ? 
Une vision trティs romantique se greffe alors au handicap, qui est perテァu comme la cause de son 
ツォ gテゥnie ツサ :  ツォ 

A cause de sa condition physique, le savant, nous dit-on, n窶册st plus distrait par les occupations 

quotidiennes et mondaines que partage la commune humanitテゥ, c窶册ts la raison pour laquelle il peut s窶兮donner 
pleinement テ la pensテゥe. Il devient un テェtre purement cテゥrテゥbral communiquant avec le ツォ grand tout ツサ

 ツサ

365

. Avec 

toutes les bテェtises possibles et imaginables :  
- Le charabia : ツォ 

La quテェte de Hawking d窶冰n univers intellegible est aussi la quテェte de la raison contre les 

illusions, de diversitテゥ et de devenir, contre tout ce qui enracine le corps dans un monde opaque テ l窶冓ntelligibilitテゥ 
mathテゥmatique

 ツサ, clame Stengers

366

- L窶冓ntrusion spiritualiste : ツォ 

Hawking est mieux placテゥ que personne pour juger de la prテゥcaritテゥ de la condition 

humaine face テ l窶冓mmensitテゥ cosmique. La force intellectuelle qui l窶兮nime illustre puissamment qu窶冓l y a dans la 
connaissance le signe d窶冰ne transcendance

 ツサ, テゥcrit Luminet

367

- Pire, l窶冓ntrusion spiritualiste et l窶兮nalogie fumeuse : ツォ

 Le triomphe de Hawking sur son propre corps rテゥtif 

est le modティle du triompohe de la physique qu窶冓l annonce, celle d窶冰ne thテゥorie unifiテゥe complティte qui nous dirait ce qu窶册st 
l窶冰nivers et nous mティnerait enfin テ connaテョtre la pensテゥe de Dieu 

ツサ, テゥcrit encore Stengers

368

 

Son historiographie s窶册n ressent : impossible de parler de lui sans relater qu窶冓l est nテゥ exactement 
300 ans aprティs la mort de Galilテゥe, qu窶冓l a ツォ la chaire de Newton ツサ, ce qui n窶册st pas tout テ fait 
exact

369

. Il n窶凉 est lui-mテェme pas pour rien, jouant テゥnormテゥment テ faire des liens entre son handicap 

et ses dテゥcouvertes. Mialet remarque que dans l窶冓ntroduction d窶 ツサune brティve histoire du temps ツサ il 
souligne que bien qu窶兮yant eu la malchance d窶兮voir cette maladie, il a eu de la chance partout 
ailleurs, et notamment dans son choix de la physique thテゥorique ツォ 

parce que tout est dans la tテェte

 ツサ. テ la 

question d窶冰n journaliste : ツォ 

est-ce que cette maladie a jouテゥ dans le choix de votre travail ?

 ツサ il rテゥpond ツォ 

pas 

vraiment, j窶兮vais dテゥcidテゥ de travailler dans ce champ avant que je ne le sache

 ツサ. Tandis que deux ans plus tard, 

テ une question similaire : ツォ 

pourquoi avez-vous choisi la physique thテゥrique comme champ de recherche ?

 ツサ il 

rテゥtorque :  ツォ 

A cause de ma maladie. J窶兮i choisi mon champ parce que je savais que j窶兮vais une sclテゥrose 

amyotrophique latテゥrale

 ツサ. 

Alors qu窶兮uparavant, personne ne racontait cela, pas mテェme ses biographes (comme Boslough

370

en 1987 il raconte lors d窶冰ne confテゥrence :  

 ツォ Peu de temps aprティs la naissance de ma fille Lucy, le soir j窶兮i commencテゥ テ penser au trou 
noir avantd窶兮ller me coucher. Mon handicap en faisait un processus assez lent de sorte 
que j窶兮vais tout mon temps. Soudain j窶兮i rテゥalisテゥ que la rテゥgion de l窶冑orizon d窶凖ゥvenements 

                                                 

364

 Mialet H., 

Le ツォ phテゥnomティne Hawking窶, le mythe de pur esprit

, HS S&av juil 1997 p. 80 

365

 Mialet, ibid. 

366

 Stengers, 

ibid. p. 82 

367

 

Ibid

, p. 81 

368

 

Ibid p. 82 

369

 Il s窶兮git de la chaire de professeur lucasien, qui tient son nom du Rテゥvテゥrend Henry Lucas, membre du Parlement de 

l'Universitテゥ qui octroya un don en 1663 afin de financer un poste de mathテゥmatiques appliquテゥes. Hawking est le 17

ティme

 

sur cette chaire, Newton fut le deuxiティme. 

370

 Boslough J., 

Beyond the black hole

, S. Hawking窶冱 universe, Collins, 1985. 

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386

s窶兮ccroテョt toujours avec le temps. J窶凖ゥtais tellement excitテゥ par ma dテゥcouverte que je n窶兮i pas 
beaucoup dormi cette nuit-lテ. ツサ 

Et hop : cela deviendra la version officielle des faits, dティs la sortie du livre 

Une brティve histoire du temps

On voit l窶冑agiographie en marche, par exemple chez Mc Evoy et Zarate, qui rテゥ-テゥcrivent les 
paroles d窶僣awking en 1995 :  

ツォ Un soir, peu de temps aprティs la naissancede ma fille Lucy, j窶兮i commencテゥ テ penser au 
trou noir avant d窶兮ller me coucher.Mon handicap en faisait un processus assez lent de 
sorte que j窶兮vais tout mon temps ツサ. Et le journaliste d窶兮jouter : ツォ il vit en un テゥclair que la 
surfacede la rテゥgion d窶冰n trou noir ne peu jamais dテゥcroテョtre. Il n窶册ut besoin ni de papier ni 

de stylo, ni d窶冰n ordinateur 窶 les images テゥtaient dans sa 
tテェte ツサ

371

Professeur Simon Wright, l窶冰n des rares ツォ purs cerveaux ツサ ; sテゥrie 

Capitaine Flam. 

 

Hawking n窶册st pas dupe : テ la question d窶冰n テゥtudiant 
ツォ qu窶册st ce que cela vous fait d窶凖ェtre considテゥrテゥ comme par la 
personne la plus intelligente du monde ? Hawking テゥpelle 
ツォ 

Battage mテゥdiatique 

ツサ puis rテゥpond ツォ 

c窶册st trティs 

embarassant. C窶册st de la foutaise, juste du battage 

publicitaire. Ils veulent un hテゥros, et je joue le rテエle du modティle du gテゥnie handicapテゥ. Au mieux, je 
suis un infirme mais je ne suis pas un gテゥnie ツサ. ツォ Dテゥclaration prononcテゥe devant un public de 
handicapテゥs qui se trouvent テゥlevテゥs au rang de ツォ gテゥnies potentiels ツサ, tandis que, dans un mテェme 
mouvement,  le  savant  est  grandi  (..)  si  Hawking ne contrテエle plus son corps, nous voyons 
comment il contrテエle son image [...] ツサ, prテゥcise Mialet. N窶冩ublions pas que 窶彜cientists

 

are either 

described as heroic figures, that bring "God窶冱 formula" down to earth ツサ

372

.  

 

                                                 

371

 McEvoy J-P., Zarate O., 

Stephen Hawking for beginners

, Icon Books, 1995, Cambridge. 

372

 

God窶冱 Formula and Devil窶冱 Contribution

 : Science in the Press Schnabel Public Understanding of Science, 2003 ; 12:  

pp. 255-259. 

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387 

Fiche pテゥdagogique Nツー13 窶 TP : brティches dans l窶兮rgumentaire 

テゥpistテゥmologique anti-colonialiste 

 (attention, TP complexe テ mener) 

Voici un texte tirテゥ d窶冰n des plus importantes revues sceptiques mondiales. Cela ne l窶册xempte pas 
de certains travers. 

[ツォ (窶ヲ) 

Across cultures ; traditional healers wittingly or unwittingly classify medicinal plants on the basis 

of smell and taste, but without knowing that the odours and tastes of various plants often correspond to 
families of chemical compounds. Thus, what may appear as fortuitous trial-and-error success in instance 
where healers correctly identify efficacious medicinal plants may actually represent a legitimate form of 
indigenous science

] (1)

[

The healer窶冱 ability to correctly select from a broad variety of botanical candidates 

an efficacious herb or root or bark is derived from his or her cumulative cultural knowledge, built upon 
years of empirical observations, inductive reasoning, and systematic and relational ordering of information. 

](2)[

While the traditional healer窶冱 set of symbols may be different from those of Western bioscience, and 

his or her interpretation of the meanings may vary, the healer窶冱 codification of empirical data generally 
reflects a consistent logical method.

](3) 

Although indigenous knowledge and Western Bioscience represent divergent systems of thought, 

all medical systems share the goal of alleviating physical and psychological pain, distress and suffering.. 
Western and non-Western systems do not share beliefs about the cause of disease, or systems of 
classification, as much as they share a common recognition of patient窶冱 clinical signs and symptoms. (窶ヲ) 

 

Inductive reasoning, the set of thought processes associated with formal operations, including 

the logico-mathematical methods used in scientific discovery is normally thought to represent the cognitive 
pinnacle of Western science. But even mainstream Western scientists concede that intuition often plays an 
indispensable role in the process of scientific discovery. All sc that attempts to order and explain the 
natural world, including ethnomedical science (both Western and non-Western), is founded on the use of 
induction and on what Stephen Jay Gould (1980, Darwin窶冱 middle road, the panda窶冱 thumb) has termed 
窶廢ureka ツサ 窶 the flash insights that lead to scientific breakthroughs and on occasion to paradigm shifts. 
Although traditional healers, as a distinct genre of indigenous scientists, recognize, identify, categorize, and 
ultimately interrelate general and discrete criteria, their successes and discoveries have historically not been 
accepted as evidence of their intellectual abilities

 ツサ. 

Oubrテゥ Alondra, Plants, property, and people, should indigenous peoples be compensated for 
their medicinal plant knowledge?, 

Skeptic

, Vol4. No.2, 1996 p. 75-76. 

 

Trame d窶兮nalyse 
 

Across cultures; traditional healers wittingly or unwittingly classify medicinal plants on the basis of smell and taste, 
but without knowing that the odours and tastes of various plants often correspond to families of chemical 
compounds. Thus, what may appear as fortuitous trial-and-error success in instance where healers correctly identify 
efficacious medicinal plants may actually represent a legitimate form of indigenous science. 

Cela n窶册st vrai que si l窶冩n considティre la science comme la simple adテゥquation entre un presupposテゥ 
et une assertion scientifique. Prenons par exemple l窶兮ssertion scientifique : ツォ tout corps lourd 
tombera ツサ, sous-tendue par le presupposテゥ ツォ car les corps lourds ont テゥtテゥ crテゥe par Dieu, et Dieu 
veut qu窶冓ls tombent ツサ. Je lテ「che un objet lourd, et effectivement, il choit sur le sol. L窶兮llテゥgation est 
vテゥrifiテゥe et pourtant, peut-on parler de science ? De la mテェme faテァon, si des 

indigティnes

 (mot テ effet 

impact) trouvent des plantes mテゥdicinales テ l窶冩deur, peut-on s窶册xtasier ? Le paramティtre commun 
(odeur) peut テェtre ou non un テゥlテゥment de la substance recherchテゥe. Il s窶兮git d窶冰ne version d窶

effet 

cigogne 

particuliティrement retorse, enrubanテゥ d窶冰n 

syndrome Jules verne

. Quel exploit d窶兮voir trouvテゥ ces 

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388

corrテゥlations sans le savoir !  
(窶ヲ)

窶弋he healer窶冱 ability to correctly select from a broad variety of botanical candidates an efficacious herb or root 

or bark is derived from his or her cumulative cultural knowledge, built upon years of empirical observations, 
inductive reasoning, and systematic and relational ordering of information. ツサ 

Typiquement, l窶兮uteur a raison. Et pourtant. Parler de ツォ 

connaissance culturelle, construite sur des annテゥes 

d窶冩bservations empiriques, de raisonnement inductif et d窶冰n ordonnancement relationnel et systテゥmatique de 
l窶冓nformation

 ツサ est aller vite en besogne :  

(窶ヲ) Cela crテゥe d窶兮illeurs l窶冩ccasion de vanter la connaissance culturelle (en quoi est-elle culturelle 
si elle est empirique ?) テ plus forte raison non-occidentale :  

窶弩hile the traditional healer窶冱 set of symbols may be different from those of Western bioscience, (窶ヲ) ツサ

  

Cette opposition classique Occident/Orient (窶ヲ)  

Although indigenous knowledge and Western Bioscience represent divergent systems of thought 

Est un poncif de l窶兮rgumentation窶ヲ 
Personne ne remet en cause que le

 窶 the healer窶冱 codification of empirical data generally reflects a consistent 

logical method. ツサ

 Mais que cette logique s窶兮pplique sur des prテゥmisses fausses. 

. But even mainstream Western scientists concede that intuition often plays an indispensable role in the process of 
scientific discovery. 

Eloge de l窶冓ntuition. Il ne s窶兮git toutefois pas d窶册ssai-erreur, il s窶兮git d窶册ssai-

post hoc ergo

... puisque 

l窶凖ゥvaluation de l窶册rreur ne peut se faire

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389 

Fiche pテゥdagogique Nツー14 窶 Reeves, Sciences, stテゥrテゥotypes et 

Nouvel テHe 

 

 

 

 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Personnification stテゥrテゥotypale de la connaissance 
(vieux, barbe, chauve, bonhomme, bienveillant) 
Crテゥation de la familiaritテゥ sur un registre 
(grand)paternel (tutoiement per ex.)  
Culte de la personnalitテゥ :  
En 6 pages 

-

 

Hubert Reeves テゥcrit 8 fois 

-

 

Hubert 2 fois 

-

 

8 photos de lui, 7 vignettes et une demi 
page, + la pleine couverture, de plain-pied 

ツォ pourquoi ツサ est une question テ forte consonance 
mテゥtaphysique, et trティs infantilisante. 

Sur les questions en tant que telles :  

- ツォ l窶冓nfini est infini ? ツサ. Que rテゥpondre sans sourire ? 
Comme dans les questions de type Plurium 
interrogationum, la rテゥponse adテゥquate est ツォ Mu ツサ 
- ツォ l窶册ffet de serre est-il indispensable テ la vie ? ツサ Question 
hors- champ d窶册xpertise de vieil astrophysicien. Pseudo-
autoritテゥ 
- ツォ les テゥtoiles chantent ? ツサ  

Mise sur le mテェme plan de questions disparates, accentuant le caractティre 
universaliste du savant. 
- question simili-ontologique : ツォ dis pourquoi l窶冓nfini est infini ? ツサ. 
- question biologique : ツォ dis pourquoi l窶册ffet de serre est indispensable テ la 
vie ? ツサ  
- question mysticoテッde : ツォ dis, pourquoi les テゥtoiles chantent ? ツサ mテゥtaphore 
animiste  trティs apprテゥciテゥe des adhテゥrents au New Age. Y a-t-il besoin d窶冰ne 
question aussi bテェtifiante et appauvrissante sur le plan scientifique, sinon pour 
accentuer la figure paternelle 窶 et son corollaire, l窶冓nfantilisation du lecteur ?

Il  ne  s窶兮git  pas  d窶冰n  chant.  Il n窶凉 a donc pas de mテゥlodie, 
encore moins de mテゥlode secrティte. Difficile de ne pas faire un 
lien entre les propos de Reeves et ceux de l窶兮utre habituテゥ de 

Sciences & Avenir

  qu窶册st  l窶儷IPien  T.  X.  Thuan,  dont  un  des 

livres s窶兮ppelle justement ツォ la mテゥlodie secrティte ツサ. Il y a flatterie 
du lectorat New Age et pro-ID. 

Relevons au passage l窶冓mage de Stanford Univ. (la boule jaune) 
qui sert que d窶兮ccentuation picturale et ne fait que donner une 
patine scientifique au propos (pas de lテゥgende, pas de lien clair 
avec le propos pour le non-averti) 

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390

Fiche pテゥdagogique Nツー15 窶 Effet paillasson sur la notion de ツォ sens 

ツサ et de ツォ direction ツサ 

Cet argument prend la forme suivante :  

1. L窶凖ゥvolution a un sens (directionalitテゥ) 
2. La question du sens est une question spirituelle 
3. Donc il faut regarder l窶凖ゥvolution sous un angle spiritualiste 

Il s窶兮git d窶冰n effet paillasson plus ou moins volontaire sur le mot 

sens.

 

C窶册st ce raisonnement qui est テ l窶卩砥vre par exemple :  
- chez le pape Benoテョt XVI quand il dテゥclare lors de la premiティre messe de son pontificat, en avril 
2005 que les humains ne sont pas 

ツォ le produit accidentel et dテゥpourvu de sens de l'テゥvolution ツサ, 

en prテゥcisant 

que 

ツォ chacun de nous est le fruit d'une pensテゥe de Dieu ツサ

.

373

 

- Dans le titre 

Le sens de l'テゥvolution chez Jaurティs et Teilhard

, de De La Garanderie

374

- Dans le livre de J. Staune ツォ 

Science et quティte de sens 

ツサ. 

 

 

Variante : la directionnalitテゥ des processus naturels 

- le dynamisme naturel est caractテゥrisテゥ par une directionnalitテゥ (Artigas par exemple) ; 
- cette directionnalitテゥ renvoit テ une intelligence consciente ; 
- donc la tテゥlテゥologie de la nature oriente vers l窶兮ction d窶冰n Dieu (qui fournit la rationalitテゥ 
de la nature, voir 4.4.2 

Le problティme du clou, ou mテゥta-attaque sur l窶冓ntelligibilitテゥ) ; 

La critique de ces raisonnements est la mテェme. Il y a une confusion manifeste, voulue ou non, 
entre la 

directionnalitテゥ

 thermodynamique ou テゥvolutive des phテゥnomティnes naturels et la 

directionnalitテゥ

 

tテゥlテゥologique, entre le sens de l窶凖ゥvolution des espティces qui va des unicellulaires aux marsouins et le 
ツォ sens ツサ mテゥtaphysique qui y est donnテゥ (voir principe anthropique). 
Il est probable que le public perテァoive cet encard de couverture de 

S&V

 Juin 1997 comme une 

question mテゥtaphysique. 

                                                 

373

 Yannou H., 

Benoテョt XVI plonge dans le dテゥbat sur la crテゥation et l'テゥvolution

, Figaro 1 sept 2006. 

374

 

Le sens de l'テゥvolution chez Jaurティs et Teilhard, de De La Garanderie

, Antoine de Aubin , Saint-Etienne collection Science et 

spiritualitテゥ 2007. 

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391 

 

Or, si on ouvre pp. 60-61, on lit : 

 

Effet paillasson.  
Facette Z : 

le sens est aux processus physiques ce que la pente est au cours d窶册au : une contingence.

  

Facette Z plus humoristique : ツォ 

Tout comme les ronds-points, les processus scientifiques ont un sens, mais pas 

de design

 ツサ 

 

Fracassante dテゥcouverte de deux astrophysiciens amテゥricains : 
l窶儷nivers aurait un haut et un bas, ou une gauche et une droite. 
Du coup il faudrait corriger la thテゥorie du Big Bang.. En rテゥalitテゥ, 
ces conclusions iconoclastes sont largement contestテゥes. 

-

 

pseudo-scoop 

-

 

effet peau de chagrin 

-

 

extrapolation hasardeuse 

-

 

iconoclastie 

-

 

effet paillasson sur ツォ sens ツサ 

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392

Fiche pテゥdagogique Nツー16 窶 Mテゥta-attaques de l窶冑orloger  

 

Cette mテゥta-attaque fonctionne sur l窶兮rgumentaire analogique suivant :  
1) si l窶冩n regarde une montre, on comprend trティs vite que la finesse de cette fabrication a nテゥcessitテゥ 
quelqu窶冰n pour la penser, 窶 en l窶冩ccurrence un horloger ;  
2) Si l窶冩n regarde un phテゥnomティne naturel : 

a) la finesse des constantes cosmologiques (

fine-tuning universe

b) l窶兮pparition de la vie 
c) l窶兮pparition de l窶僣umain 
d) l窶兮pparition du Pr. Patrick Lテゥvy 
d) l窶兮pparition d窶冰ne fonction organique 
e) l窶兮pparition de la conscience 
f) la synthティse des protテゥines 
g) l窶冓rrテゥductible complexitテゥ 

on est contraint de penser que la finesse / complexitテゥ / beautテゥ de ce phテゥnomティne a nテゥcessitテゥ 
quelqu窶冰n pour la penser, un crテゥateur intelligent ou un dessein cosmique. 
3) donc un crテゥateur ou un dessein existe 
 
L窶冓dテゥe que le monde naturel est trop complexe pour avoir テゥtテゥ forgテゥ par des processus aveugles de 
variation-sテゥlテゥction, et que cette complexitテゥ ne peut テェtre que l窶卩砥vre d窶冰n (du) grand architecte est 
ancienne : on la trouve chez Cicテゥron

375

, chez Descartes, Boyle, Hooke

376

, et mテェme chez Voltaire 

(quoique de maniティre plus nuancテゥ)

377

, mais surtout chez William Paley テ qui nous devons la 

mテゥtaphore de l窶冑orloger

378

.  

Toute cette gamme d窶兮rguments, qui fait le corps des thティses dテゥfendues par l窶儷IP par exemple, 
n窶册st qu窶冰n テゥventail des variantes ツォ 

mises テ jour et renflouテゥ(e)s

 ツサ

379

 de la mテゥtaphore de Paley, qui 

compose un argument probabiliste : connaissant un nombre d窶冰nivers observables テゥgal テ 1 (No = 
1) et connaissant un univers contenant la vie / l窶僣umain / l窶卩妬l / Patrick Lテゥvy 窶ヲ テゥgal テ 1 
(NPLテゥvy = 1) alors la probabilitテゥ qu窶冰n univers renferme la vie est de 100%. N窶册n dテゥplaise テ 
Patrick Lテゥvy, on relevera la pauvretテゥ de l窶凖ゥchantillon et l窶凖ゥcart-type, et nous expliquerons aux 
テゥtudiants que la probabilitテゥ pour qu窶冰n tirage donne le rテゥsultat qu窶冓l a donnテゥ est de 1. 
Facette Z (dite 

du Loto

) : 

100% des gagnants auront tentテゥ leur chance

  

Il s窶兮git d窶冰ne utilisation panglossienne (voir 

pangloss

) des rテゥsultats scientifiques. 

                                                 

375

 

De natura deorum

 ii 34 

376

 

Micrographia(1664) 

377

 Version 2 de Traitテゥ de mテゥtaphysique, Ch 2 

378

 

Natural Theology, 1802

379

 "Here is the cosmological proof of the existence of God--the design argument of Paley--updated and refurbished. 

The fine tuning of the universe provides prima facie evidence of deistic design. Take your choice: blind chance that 

requires multitudes of universes or design that requires only one." 
Edward Harrison, 

Masks of the Universe, 

(New York: Collier Books, Macmillan, 1985), p. 252, citテゥ par Stenger V.J. 

Natural explanations for the anthropic coincidences, 2000 disponible ici : 

www.colorado.edu/philosophy/vstenger/Cosmo/anthro_philo.pdf

  

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393 

 
Dテゥtaillons un peu la variante ツォ fine-tuning ツサ :  
L窶兮rgument du rテゥglage des constantes cosmologiques est rテゥsumテゥ ainsi par le sceptique amテゥricain 
V.J. Stenger :  

ツォ As the argument goes, the chance that any initially random set of constants would 
correspond to the set of values that we find in our universe is very small and the universe 
is exceedingly unlikely to be the result of mindless chance. Rather, an intelligent, 
purposeful Creator must have arranged the constants to support life ツサ. 

380

 

On en trouve un exemple dans la littテゥrature thテゥologique de W. L. Craig : 
ツォ The universe appears, in fact, to have been incredibly fine-tuned from the moment of its 
inception for the production of intelligent life on Earth at this point in cosmic history. ツサ 

381

 

 
Exemples :  
- La revue 

Science

 d窶兮oテサt 1997 titre sous l窶凖ゥternelle forme interrogative 窶

Science and God: A Warming 

Trend?

". On peut y lire ceci :  

ツォ The fact that the universe exhibits many features that foster organic life 窶 such as 
precisely those physical constants that result in planets and long-lived stars 窶 also has led 
some scientists to speculate that some divine influence may be present. ツサ  

- Ajoutons テ cela des occurrences chez les noms les plus connus du grand public, par exemple 
chez Stephen Hawking, qui テゥcrit dans ツォ 

Une brティve histoire du temps

 ツサ :  

ツォ The remarkable fact is that the values of these numbers (

i.e.

 the constants of physics) 

seem to have been very finely adjusted to make possible the development of life ツサ.  

 
Tel quel ce n窶册st pas bien grave. Mais plus loin, on lit qu窶冓l considティre comme possible  

ツォ a divine purpose in Creation and the choice of the laws of science" (

ibid

. p. 125).  

 
- Jusqu窶兮ux positions du cテゥlティbre vulgarisateur franテァais H.Reeves, qui sont discutables. Lorsqu窶冩n 
lit que ツォ 

L'Univers a les propriテゥtテゥs requises pour amener la matiティre テ gravir les テゥchelons de la complexitテゥ

 ツサ

382

, on 

ne s窶冓nquiティte pas. Dティs lors qu窶冩n le retrouve aux cテエtテゥs de Staune, de Duve, Magnin etc. au 
colloque ツォ 

Science et quテェte de sens

 ツサ organisテゥ par l窶儷IP en avril 2002, il y a de quoi テェtre circonspect.  

Remarquons que dans la conclusion du cours du Diplテエme d'テ液udes Approfondies de l'Universitテゥ 
de Nantes intitulテゥ 

Physique Subatomique et Applications

, on peut lire sous la plume malencontreuse 

de Schutz :  

ツォ Et qui a dテゥcidテゥ que les constantes fondamentales (vitesse de la lumiティre, couplage des 
interactions,...) ont les valeurs qu'elles ont... aujourd'hui

 

? ツサ

383

 

Dans un contexte de forte offensive du spiritualisme tendance ID en France, poser une question 
de ce genre crテゥe une brティche spiritualiste chez les テゥtudiants. 
                                                 

380

 

Is The Universe Fine-Tuned For Us?

 Victor J. Stenger, University of Colorado 

381

 

The teleological argument and the anthropic principle

, Dr. William Lane Craig, 2005  

http://www.leaderu.com/offices/billcraig/docs/teleo.html

 

382

 H. Reeves, 

L'heure de s'enivrer

, Le Seuil, 1986. 

383

 Schutz Y., 

http://www-subatech.in2p3.fr/~photons/subatech/physics/collisionneurs/node69.html

  

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394

Fort heureusement, des scientifiques restent rigoureux sur ces questions, et s窶凖ゥlティvent comme 
Magnan ツォ 

contre la vacuitテゥ et le caractティre arbitraire et irrationnel de l窶兮rgument

 ツサ. Le hic, c窶册st que ces 

prテゥcisions techniques sont cachテゥs au fond d窶冰n article dont le titre, dans la revue grand public 
Ciel & Espace, est : ツォ 

Notre Univers a-t-il テゥtテゥ rテゥglテゥ de faテァon incroyablement prテゥcise ?

 ツサ

384

, lui-mテェme cachテゥ 

derriティre une couverture prテゥsentテゥe ci-contre. 

 

Il y a fort テ parier que l窶册ffet vitrine donnテゥ par la revue テ de telles questions qui sont autant d窶僮ps 
ne saura テェtre balancテゥ par une conclusion certes claire, mais enfouie au milieu d窶冰n article du 
numテゥro. 
 
Les argumentaires tenus sur l窶兮pparition de la vie, des protテゥテッnes, de l窶卩妬l humain, du panda ou du 
ver de terre de chez Moulinot sont du mテェme acabit.  
 
Quelques exemples :  

- Sur la vie

 : Strobel 

Strobel テゥcrit par exemple  
ツォ (窶ヲ) the origin of life from non-life is so improbable, it would take a miracle for it to occur ツサ 

385

.  

Les propos de Fred Hoyle sont テゥgalement souvent repris :  

ツォ Si rテゥellement un principe fondamental poussant les systティmes organiques テ la vie existait 
テ l'intテゥrieur de la matiティre, il aurait pu テェtre facilement dテゥmontrテゥ dans des laboratoires. Par 
exemple, un chercheur aurait pu utiliser une piscine pour simuler la soupe primitive. 
Remplissez une telle piscine avec toutes sortes de matiティres chimiques inertes. Envoyez 
toutes sortes de gaz ou soumettez-la テ toutes sortes de radiations. Menez cette expテゥrience 
pendant un an et contrテエlez combien des 2000 enzymes (nテゥcessaires テ la vie) se sont 
synthテゥtisテゥes. Je vais vous donner dティs maintenant la rテゥponse pour vous テゥviter de perdre 
votre temps avec cette expテゥrience: avec certitude vous ne trouverez rien du tout, exceptテゥs, 
peut-テェtre, quelques acides aminテゥs et des structures chimiques テゥlテゥmentaires ツサ

386

 

                                                 

384

 Magnan C., Notre Univers a-t-il テゥtテゥ rテゥglテゥ de faテァon incroyablement prテゥcise ? 

in 

HS Ciel & espace Nツー16 Novembre 

2006 Disponible ici : 

http://www.lacosmo.com/reglage_fin.html

  

385

 Strobel, Lee (2004), 

The Case for a Creator

, Grand Rapids: Zondervan, 37-42 

386

 Hoyle, The Intelligent Universe, Michael Joseph, Londres, 1983, pp. 20-21 

-

 

5 questions doxiques 

-

 

Anthropomorphisation de l窶冰nivers (qui n窶兮 pas de besoin) 

-

 

Tテゥmoignages en guise de preuve (13 scientifiques tテゥmoignent) 

-

 

Effet 7 travaux d窶僣ercule (pourquoi 13 ?) 

-

 

Mテゥlange acte de foi / adhテゥsion (Croire en Dieu ? est une question qui n窶兮 
absolument rien テ faire lテ) 

-

 

Lieu commun avec l窶兮ffaire Galilテゥe, qui n窶兮 pas grand-chose テ faire lテ. 

-

 

Principe anthropique fort (

L窶僣omme est-il le but ultime de l窶冰nivers ?

-

 

Confusion thテゥorie 窶 dogme (

le 

big bang

 est-il une nouvelle religion ?

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395 

Ne prend-on pas de risque en posant dans 

S&V

 Junior la question ツォ la vie viole-t窶册lle les lois de 

la physique ? ツサ 

Titre de page de 

S&V

 Junior HS octobre 2001, p. 83 

 

- Sur la vie multicellulaire complexe

 :  

Ward et Browlee ont publiテゥ le livre 

Rare Earth: Why Complex Life Is Uncommon in the Universe 

 
A titre d窶冓llustration, nous donnons l窶兮rgument rテゥguliティrement rapportテゥ par les テゥtudiants  

ツォ 

L窶凖ゥvolution viole la deuxiティme loi de la thermodynamique

 ツサ 

Qui est parfois transformテゥ en :  

ツォ 

L窶凖ゥvolution viole la loi de conservation de l窶冓nformation, ou de conservation de l窶凖ゥnergie 

ツサ 

 
Les arguments peuvent テェtre zテゥtテゥtiquement contrテゥs :  
Mauvaise science : la deuxiティme loi de la thermodynamique ne s窶兮pplique que sur des systティmes 
fermテゥs, ce qui n窶册st pas le cas pour tout テェtre hors des boテョtes de conserve (et encore)  
Glissement : il n窶凉 a pas de loi de conservation de l窶冓nformation en biologie. Il s窶兮git d窶冰ne 
confusion information / entropie crテゥテゥe de toute piティce avec la 窶徑oi de l窶冓nfodynamique ツサqui 
n窶册xiste que chez Dembski

387

 

- Sur Johann Sebastian Bach

 :  

"The laws of physics provide a selective filter..." that has been fine-tuned to the extremely 
tight tolerance of 1 in 10^123 to produce Johann Sebastian Bach ツサ.  
Scientific American january 1999 

 

- Sur le panda et sa pseudo-non adaptation 

                                                 

387

 ツォ No Free Lunch, Why ツサ. Pour une critique, voir 

Not a Free Lunch But a Box of Chocolates, A critique of William 

Dembski's book No Free Lunch

, de Richard Wein, 2002 en ligne ici 

http://www.talkorigins.org/design/faqs/nfl

  

Par ailleurs, une revue critique du livre par Shallit 

http://www.cs.uwaterloo.ca/~shallit/nflr3.pdf

  

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396

 

- Sur l窶卩妬l 

:  

ツォ L窶卩妬l humain, structure complexe par excellence, est souvent citテゥ par les adeptes du 
design intelligent comme exemple d窶冰n organe irrテゥductiblement complexe. Or, les 
biologistes connaissent aujourd窶冑ui plusieurs exemples de formes intermテゥdiaires de l窶卩妬l, 
en plus d窶兮voir de nombreuses テゥvidences que cette structure particuliティre a テゥvoluテゥ 
plusieurs fois indテゥpendamment durant l窶冑istoire du vivant. Ainsi, l窶卩妬l de la pieuvre 
montre beaucoup de similaritテゥ avec celui de l窶凖ェtre humain bien que la pieuvre soit d窶冰ne 
lignテゥe complティtement diffテゥrente. テ la boutade crテゥationniste classique ツォ テ quoi bon la 
moitiテゥ d窶冰n ナ妬l ? ツサ, on peut donc rテゥpondre : ツォ parce que c窶册st mieux que pas d窶卩妬l du tout 
ツサ窶ヲ ツサ

388

 

- Sur la synthティse de l窶僊DN et son irrテゥductible complexitテゥ 

Behe 1996 we wouldn窶冲 expect such systems to arise via evolutionary means, since 
random chance would have to bring all the parts together at once for the system to be 
functional; the existence of the system can窶冲 be accounted for via a step-wise evolutionary 
process

389

 

Prof. Ali Demirsoy, un テゥvolutionniste, fut obligテゥ d'admettre, テ ce sujet:  

En fait, la probabilitテゥ de la formation alテゥatoire d'une protテゥine et d'un acide nuclテゥique 
(ADN-ARN) est inconcevablement petite. Les chances contre l'apparition d'une seule 
chaテョne particuliティre de protテゥine sont astronomiques. 

 
 
                                                 

388

 

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_05/a_05_s/a_05_s_her/a_05_s_her.html

  

389

 Citテゥ par Morton B., Is Intelligent Design science ? Dissecting the Dover decision  

http://philsci-archive.pitt.edu/archive/00002592/01/Methodological_Naturalism_Dover_3.doc

  

 

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397 

Le champion pour voir des miracles dans la nature est sans conteste Harun Yahya 
 

 

 

 
Outillage 
Notre objectif est de remplir la mallette d窶冩utils critiques pour l窶兮pprenant. Voici les principales 
dテゥconstructions zテゥtテゥtiques des allテゥgations de type ツォ horlogティre ツサ 
 

Le raisonnement panglossien 

L窶兮rgument de l窶冑orloger et ses variantes reテァoivent la critique propre aux raisonnements 
panglossiens.  
Facette de Stenger : 

L窶冰nivers n窶册st pas bien ajustテゥ pour l窶僣umanitテゥ. C窶册st l窶僣umanitテゥ qui est bien ajustテゥe 

pour l窶冰nivers. 

 
Attention : une rテゥaction d窶凖ゥtudiant fut celle-ci  
ツォ Tout de mテェme, c窶册st incroyable que la montre donne l窶冑eure ツサ 
- ツォ mais elle a テゥtテゥ faite pour cela ツサ 
- ツォ donc il y a bien tテゥlテゥologie ツサ 
Le raisonnement de l窶凖ゥtudiant est faussテゥ par deux choses :  
- par l窶冰tilisation d窶冰ne montre qui est un objet fabriquテゥ  
- par la rテゥpartition des rテエles dans l窶兮nalogie. Rappelons que  

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398

Mテゥtaphore du promeneur 

Horloger Dieu 

ou 

Dessein 

Cosmique 

Montre Univers 
Heure Humain 

Dans cette mテゥtaphore, ce n窶册st pas l窶冑umain qui s窶册xtasie devant l窶冑eure que la montre donne, 
mais l窶冑eure elle-mテェme.  
Enfin, on se retrouve avec un effet cerceau : on veut montrer que la montre est un objet fabriquテゥ 
parce qu窶册lle est窶ヲun objet fabriquテゥ (voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

). 

 

L窶册scamotage des situations 

Par un tri des situations idoine, on se retrouve テ raisonner sur un univers parmi plein d窶兮utres 
possibles avec autant de constantes cosmologiques diffテゥrentes (thテゥorie des multivers, infalsifiable 
scientifiquement

390

), en prenant soin de ne considテゥrer que celui auquel nous appartenons, 

construisant derechef une probabilitテゥ illusoire trティs faible de hasard. Nous nous retrouvons 
victimes de la technique classique d窶 ツォ escamotage des situations ツサ : on crテゥe un score trティs faible 
par rapport au hasard en cachant le tri des situations prテゥalables. Comme le dit Weinberg, 

Even a 

universe that is completely chaotic, without any laws or regularities at all, could be supposed to have been designed 
by an idiot. 

391

 

 

 

L窶册rreur du procureur

 (prosecutor窶冱 fallacy) 

392

 qui est un テゥlargissement de l窶冩util 

prテゥcテゥdent (voir sophisme du procureur) 

 

Le principe de mテゥdiocritテゥ

 

(ou principe de Copernic) : il semblerait que la Terre et les 

Humains qu窶册lle porte n窶冩nt rien d窶册xceptionnel 窶 dans la continuitテゥ du travail d窶册xcentration de 
la Terre qu窶册ntreprit Copernic, puis des gens comme Gamow. C窶册st une forme de modestie, 
comparテゥe テ l窶兮rrogance cosmique de l窶僮D par exemple, ou de la Rare Earth Hypothesis . Replacテゥe 
dans un univers encore plus grand que prテゥvu, encore plus peuplテゥ que prテゥvu (voir le vertigineux 

Hubble Ultra Deep Field

 de 2004, par exemple), la Terre n窶册st qu窶冰n pale point bleu (voir 

Pale blue 

Dot

 1990) anecdotique, portant parmi des millions d窶兮utres une espティce dont le gテゥnome ne 

contient que 240 000 gティnes et dont la fonction du cerveau est la conscience

393

.  

Attention : cet argument est parfois retournテゥ contre celui qui l窶凖ゥmet, avec le paradoxe de Fermi-
Hart : si l窶冰nivers est si grand, et la terre si anecdotique, oテケ sont les si probables autres 
extraterrestres ? L窶兮bsence de preuve permet au contradicteur de rテゥsoudre dle paradoxe et 
                                                 

390

 Pour plus de dテゥtails, des tentatives d窶册xpications matテゥrialistes sont tenテゥes par Smolin, et la Cosmological Natural 

Selection (CNS), mais aussi par Khoury, Ovrut, Steinhardt & Turok, 2001. 

391

 

A Designer Universe?

 par Steven Weinberg, Avril 1999, Conference on Cosmic Design of the American Association 

for the Advancement of Science テ Washington. 

392

 Pour pousser plus loin l窶兮pproche probabiliste, nous vous renvoyons テ Ikeda M et Jeffreys B, The Anthropic 

Principle Does Not Support Supernaturalism

, http://quasar.as.utexas.edu/anthropic.html  

393

 Ce principe de mテゥdiocritテゥ a テゥtテゥ dテゥfendu entre autres par Drake et Sagan. Anecdotique mais intテゥressant : テ l窶兮ppui 

de ce principe, Drake formula la cテゥlティbre テゥquation portant son nom donnant une probabilitテゥ de prテゥsence de vie extra-

terrestre テゥlevテゥe. Le manque de donnテゥes ET est parfois utilisテゥ fallacieusement テ l窶兮ppui de l窶冑ypothティse de la Terre 
Rare comme prテゥtendant rテゥsoudre le paradoxe de Fermi. 

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399 

d窶兮puyer la Rare Earth Hypothesis. 

La vテゥrification de sources (technique du puisatier) 

Auquel on peut ajouter le commentaire de A. Rousset ツォ le rテゥglage des constantes fondamentales 
de la physique n窶册st pas aussi prテゥcis que ce que proclament les partisans du principe 
anthropique ツサ. 

394

 

Suboptimalitテゥ du vivant 

ツォ Est 窶徭uboptimal ツサ ce qui n窶册st pas tout テ fait optimal, ou dont certaines parties seulement sont 
optimales, sans tenir compte du portrait d窶册nsemble. 
A bien regarder, l窶冑umain est incapable de synthテゥtiser de l窶兮cide ascorbique, alors que les primates 
le peuvent.  
Les dauphins et les cテゥtacテゥs sont obligテゥs de remonter テ la surface par manque de branchies. 
Le lobe de l窶冩reille ne sert テ rien 
Les pandas tirent leur alimentation テ 99% du bambou. Or, cette plante est peu nutritive, si bien 
qu窶冓ls passent la majoritテゥ de leur temps テ manger. De plus, elle est complexe テ digテゥrer, ce qui 
fatigue les pandas

395

En clair, ツォ 

Les systティmes organisテゥs relティvent souvent plus du bric-テ-brac et raboutage que de l窶冓ngテゥnierie cテゥleste

. ツサ, 

comme l窶凖ゥcrit le 

think tank

 athテゥiste Libresansdieu.org.

                                                 

394

 Rousset A., 

テ la recherche de Dieu. L窶兮pproche d窶冰n physicien

, Paris, Payot 1997. 

395

 Sur ces questions, nous renvoyons aux excellents ouvrages de C. Barrette (2002, 2006) 

 

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400

Fiche pテゥdagogique Nツー17 窶 Scテゥnario du Graal et de la recherche 

scientifique de Dieu 

ツォ Recherche ツサ de dieu 
- dans le fantasme de la Thテゥorie du Tout (TdT) (en anglais Theory of Everything, TOE), qui 
expliquerait l窶儷nivers 窶 donc Dieu 
C窶册st un fantasme syncrテゥtiste 
- dans le fantasme d窶冰n テゥlテゥment-principe, primordial, qui expliquerait tout  
C窶册st un fantasme rテゥductionniste fort 
 

Exemples :  

"Science Finds the Light"

 The New Republic

, 12 oct 1998.

396

  

Has science killed God ?,

 

Aish Australia 6 Sept 2005  

 

Has Science Killed God? ツサ, Podhoretz. Wall Street Journal, Fテゥvrier 2000 
"Science Finds God," 

Newsweek

, 20 juillet 1998

397

  

  

Source Surinder Jain, 

www.mosman.com/DefiningGod/index.htm

 
Bon scテゥnario + effet peau d窶冩urs = Argent + compテゥtition  
- prenez un objet qui colle テ l窶冓mage d窶冰n テゥlテゥment primordial dans un scテゥnario テゥpique ou 
odyssテゥen ; 
- donnez lui un pouvoir explicatif immense (TdT) avec une portテゥe spirituelle, mテゥtaphysique ou 
morale 窶 faテョtes-en un Graal ; 
                                                 

396

 

Science Finds the Light

,

 The New Republic

, Greg Easterbrook.

October 12, 1998, pp. 24-29. 

397

 

Science finds god, Newsweek

, Sharon Begley, July 20, 1998, pp. 46-51. 

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401 

- laissez les mテゥdias en faire un marronnier (surtout s窶冓l y a une compテゥtition pour la trouver) ; 
= Jackpot 
Illustrations 
Le boson de Higgs 

le boson de Higgs est posテゥ comme la clテゥ de voテサte de la comprテゥhension de l窶儷nivers, mais il reste introuvable. Il faut 
le traquer.  
Grテ「ce au boson de Higgs, Graal des physiciens, on comprendrait tout et on ferait la thテゥorie unificatrice. On va 
l窶兮ppeler la Particule de Dieu

398

 

Le boson de Higgs, bientテエt sur vos テゥcrans, et si possible par le CERN et non le Fermilab :  

La particule qui va rテゥvolutionner la physique, 

La Recherche, mai 2003 

Le Graal de la Physique des particules est テ portテゥe de main,

 Science presse Quテゥbec 10 janvier 2007 

Higgs boson: Glimpses of the God particle, 

New Scientist 2 mars 2007 

God particle' may have been seen, 

BBC, 10 mars 2004 

La particule de Dieu, 

Libテゥration, 17 octobre 2000

  

Le CERN traque son Graal

, TCR 

Quatre cathテゥdrales de fer pour la ツォparticule de Dieu ツサ.(窶ヲ) Objectif : traquer le boson de Higgs, particule qui 
expliquerait tout. (窶ヲ) C'est lテ que les physiciens vont traquer leur Graal, la particule de Dieu.

 Le Temps, 8 

mai 2007 

Le CERN traque le boson de Higgs, qui pourrait expliquer le monde

, RSR 

Traquer le chaテョnon manquant de la matiティre

, Libテゥration 5 mai 2007 (nous relevons l窶兮nalogie) 

Un accテゥlテゥrateur pour テゥclairer le big bang, 

Le Figaro 窶 10 fテゥv 2007 

ツォ Alors que le tout nouvel accテゥlテゥrateur du Cern, le LHC, n'a pas encore fait tourner ses premiers 
protons, les physiciens des particules se sont dテゥjテ mis d'accord sur la conception de la machine 
qui lui succテゥdera, au plus tテエt en 2016... ツサ 

 

 

 

  

 

Leon Lederman, prix Nobel. L窶册ffet Vitrine est テゥnorme. Mテェme chez Stenger qui est pourtant opposテゥ テ cette 

lecture tテゥlテゥonomique 

 

                                                 

398

 Lederman justifie l窶冰ne des raisons du pourquoi de ce terme : 

the publisher wouldn't let us call it the Goddamn Particle, 

though that might be a more appropriate title, given its villainous nature and the expense it is causing.

 Leon Lederman, 

The God 

Particle

. Ch 2 

 

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402

 
 

 
Effet peau d窶冩urs 

Le CERN veut inventer le supercalculateur virtuel, 

Les テ営hos 窶 05 avril 2007 

Une sテゥrie d'expテゥriences pour valider la thテゥorie des cordes, Interstars 窶 

3 fテゥvrier 2007 

ツォ 

Des chercheurs amテゥricains ont dテゥclarテゥ avoir mis au point une sテゥrie d'expテゥriences destinテゥes テ 

estimer la validitテゥ de la thテゥorie des cordes.Des expテゥriences qui pourront テェtre mises en route dティs 
l'inauguration de l'accテゥlテゥrateur de particules LHC.

 ツサ 

Alors que le tout nouvel accテゥlテゥrateur du Cern, le LHC, n'a pas encore fait tourner ses premiers protons, les 
physiciens des particules se sont dテゥjテ mis d'accord sur la conception de la machine qui lui succテゥdera, au plus tテエt en 
2016... 

Le Figaro 窶 10 fテゥv 2007  

Le Cern se prテゥpare テ une avalanche de donnテゥes Le 

Figaro 窶

 

23 avril 2007  

CERN: les premiティres collisions dans le LHC auront lieu en

 novembre Edicom.ch 窶 17 fev 2007 

ツォ Cette machine va nous permettre une vテゥritable exploration d'un nouveau monde, pour l'instant 
inaccessible. Nous en espテゥrons des pistes pour rテゥsoudre les mystティres soulevテゥs par l'observation 
de l'Univers et les incohテゥrences de nos thテゥories physiques (窶ヲ)  
L

e LHC pourrait-il dテゥclencher une rテゥvolution scientifique ?  

C'est presque une nテゥcessitテゥ au vu de la situation trティs テゥtrange de la physique en ce dテゥbut de 
siティcle (窶ヲ) ツサ Libテゥration, 5 mai 2007  

 
Les raisons 

Il suffit d窶冰n grain de sable dans le scテゥnario idテゥal pour qu窶冩n lティve le voile sur les motivations 
d窶冰ne telle fabrique de propagande. 
Pour le coup, en juin 2007, nous vivons la lutte acharnテゥe entre le Fermilab et le Cern sur ce 
fameux boson de Higgs, qui viendrait テ point nommテゥ pour justifier ce projet de LHC qui a 
dテゥmarrテゥ en 1985 et テゥtait prテゥvu pour 2005, qui engloutit 2,4 milliards d窶册uros de l窶僞urope ainsi 
qu窶凖ゥnormテゥment de fonds privテゥs 

Boson de Higgs. Les Amテゥricains pourraient brテサler la prioritテゥ aux Europテゥens

 ! Onversity, Maquinテゥ 19 

janvier 2007 

La tension monte au CERN dans la course au boson de Higgs

, Le Monde, 24 Mars 2007 

Le futur accテゥlテゥrateur de particules du CERN n'entrera en service qu'en 2008 - 

Le Monde, 5 Juin 2007 : 

 ツォ C'est notamment pour s'assurer de cette dテゥcouverte que le CERN ne tenait pas テ laisser dテゥriver 
le calendrier, mテェme si la date de dテゥbut des activitテゥs avait plusieurs fois reculテゥ au sein de l'annテゥe 
2007. En effet, il existe encore un collisionneur en activitテゥ qui pourrait profiter des retards du 
LHC pour dテゥnicher le boson de Higgs, et  

Cochons d'amテゥricains

, dimanche, avril 01, 2007 (Blog Matthieu, dans la Revue de Presse du LHC) 

                                                 

399

 Fenoglio J., 

Le Monde

, 5 Juin 2007 : 

Le futur accテゥlテゥrateur de particules du CERN n'entrera en service qu'en 2008

.  

 

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403 

ツォ Via Physicsweb, j'apprends que le Large Hadron Collider, le fameux LHC en 
construction テ Genティve, fait face テ un nouveau problティme. Aprティs les retards, les surcoテサts, 
les hypothテゥtiques blips du Boson de Higgs (le graal de la physique moderne, objectif 
principal du LHC) chez ses concurrents du FermiLab amテゥricain, voilテ maintenant que les 
tests prテゥliminaires テ sa mise en route ont テゥchouテゥs. Les tests en question consistaient テ 
tester les conditions extrテェmes (mais pas si rares) auxquelles les aimants qui guident la 
course des particules pourraient テェtre confrontテゥs. Il peut s'agir, par exemple, de la perte de 
contrテエle du faisceau, qui frappe alors un des aimants : ce dernier est soudainement soumis 
テ des efforts mテゥcaniques et thermiques importants. Lorsque ces tests ont テゥtテゥ rテゥalisテゥs 
"grandeur nature", les aimants se sont fracturテゥs ! Plus テゥtonnant encore, ces tests n'avait 
pas テゥtテゥ conduits durant le cycle de dテゥveloppement de ces piティces, qui a tout de mテェme 
commencテゥ en 1998. Et, テゥvidement, qui テゥtait chargテゥ de crテゥer ces piティces ? Le FermiLab ! 
Ach, Sabotach ! ツサ 

Les blogs font partie de cette bibliographie et pour cause. Pour la premiティre fois, des fuites 
scientifiques sont nテゥes de blogs de participants au projet. Une rumeur est nテゥe qui a ainsi bluffテゥ le 

New Scientist

 en mars 2007. 

 

The tale of the blogs' boson 

Mai 2007 

Articles claiming that the Higgs may have been seen were almost certainly wide of the mark. 
Martin Griffiths explains how the story came about 
Popularly known as the God particle, the Higgs boson is the most sought-after particle in 
physics. (窶ヲ) It is not hard then to see why 

New Scientist

 magazine should have devoted a long 

news story and a leader article in its issue of 2 March to a possible sighting of the particle. And 
why other publications, including 

The Economist

, should then have carried enthusiastic articles of 

their own on the subject. 
The story was given extra spice because the supposed discovery took place at the aging Tevatron 
accelerator at Fermilab near Chicago, which is pulling out all the stops to find the Higgs before 
the much more powerful Large Hadron Collider (LHC) switches on at CERN in Geneva either 
this year or next  
But many at Fermilab are unhappy. (窶ヲ) it only became known to the media when it was 
discussed in Web logs, or blogs, by individual members of the group. Judged against the generally 
accepted standards within particle physics, the events seen at the Tevatron constituted very poor 
evidence for the Higgs, but that doubt was not made clear in the newspaper and magazine 
articles. So should physicists be more cautious about discussing science in blogs? (窶ヲ)  

 

Richard Cox, vendant 窶廨od Particle ツサ 

 

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404

Carpaccio de la quティte du Graal 

 
La recherche du Graal aboutit テ la rテゥvテゥlation personnelle de la lumiティre du Christ en lieu et place 
du Chaos initial, le tohu-bohu. 
Au sens moderne, elle dテゥcrit un objectif difficilement rテゥalisable, mais qui apportera au monde un 
principe gテゥnテゥral faisant ツォ sens ツサ.  
Les exemples sont plテゥthoriques :  
Graal des physiciens  

窶「

 

la thテゥorie de grande unification (Thテゥorie du tout)  

窶「

 

ツォ L'unification de la mテゥcanique quantique et de la thテゥorie de la relativitテゥ gテゥnテゥrale est 
devenue le vテゥritable Saint Graal des physiciens ツサ TDT Info

400

 

窶「

 

le boson de Higgs (Science presse, Janvier 2007

401

窶「

 

l窶冰nification des 4 grandes forces 

Graal des astrophysiciens 

窶「

 

ツォ La matiティre noire ツサ  

窶「

 

ツォ L窶凖ゥnergie noire ツサ 

窶「

 

L窶册au (sur Mars) L'Express, Objectif Mars, 07/01/1999 

Graal des cosmologistes  

窶「

 

ツォ la gravitation quantique ツサ 

402

 

Graal des mathテゥmaticiens  

窶「

 

L窶冑ypothティse de Riemmann, qui ツォ serait le Graal des mathテゥmaticiens ツサ, la recherche, HS 20 
2005  

Graal des chimistes 

窶「

 

ツォ une drogue analgテゥsique non addictive ツサ, Andrew Preston, Histoire de la mテゥthadone, 
JUICE Nツー1

403

 

Graal des biologistes  

-

 

ツォ la Recherche de marqueurs microsatellites chez les champignons ツサ C. Dutech 

& al

404

  

-

 

ツォ L窶凖ゥtude du " protテゥome humain ツサ Le Monde 25 janvier 2002, CCSTI Grenoble  

-

 

Le clonage, 

S&V

 Nツー956, Mai 97, page 88 

Graal des mテゥdecins 

窶「

 

le Diagnostic prテゥ-implantatoire, Futuribles International, Table Ronde 7 dテゥc 2006 

                                                 

400

 

http://ec.europa.eu/research/rtdinfo/special_eiroforum/01/print_article_3308_fr.html

  

401

 

http://www.sciencepresse.qc.ca/node/15657

  

402

 

http://www.astrofiles.net/astronomie-10-questions-a-daniel-kunth-sur-la-theorie-du-big-bang-62.html

  

403

 

http://www.asud.org/produits/methadone.php

  

404

 

http://jjchevaugeon.cirad.fr/jjc2006/resumescommunications/poptaxo/poptaxo_com_dutech.htm

  

 

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405 

窶「

 

le sテゥquenテァage du gテゥnome, Futuribles International, Table Ronde 7 dテゥc 2006

405

 

Graal des astronomes 

窶「

 

la Vie dans l'Univers (Ciel et Espace, mars 2000) 

窶「

 

une autre terre (Science Actualitテゥ, 27 avril 2007

406

)  

Graal des scientifiques  

-

 

l窶 ツォ Approche biogテゥologique de la Planテゥte Rouge ツサ Association Gテゥologique Auboise

407

 

-

 

ツォ [selon Jung] un savoir absolu ou une prテゥsence inexplicable qui テゥchappe aux lois de la 
causalitテゥ et qui est indテゥpendant du temps et de l窶册space ツサ qui ツォ serait comme le Saint-
Graal des scientifiques ツサ Giuseppe Melillo A la recherche du savoir absolu, Polyrama 
Nツー120

408

 

-

 

la fusion nuclテゥaire

409

 

Graal de la Rテゥpublique  

窶「

 

la ツォ science, promue nouveau Graal de la raison bureaucratique ツサ (exemple de ツォ concept 
nomade ツサ chez Ihl, Sciences politiques Grenoble

410

)  

Graal des gテゥnテゥticiens  

窶「

 

le gテゥnome humain  

窶「

 

le sテゥquencage du gテゥnome humain  

窶「

 

ツォ Le ciblage de la recombinaison ツサ, juin 2003, Bulletin des BioTechnologies nツー207

411

 

窶「

 

le rテエle du gテゥnテエme dans la forme des organes, wikipテゥdia 

窶「

 

ツォ le gティne lui-mテェme ツサ comme explicatif de la dysharmonie humaine ツサ, Libテゥration 

窶「

 

ツォ LE GRAAL, pour les gテゥnテゥticiens des plantes, consisterait テ crテゥer des vテゥgテゥtaux capables 
de se passer d'engrais, テ partir de gティnes empruntテゥs テ d'autres vテゥgテゥtaux, et non テ des 
micro-organismes ou テ des animaux - chimティres contre-nature ! ツサ Le Monde, 21 mai 2004, 
H. Morin 

 

Analyse pテゥdagogique du Graal gテゥnテゥtique qu窶册st l窶僊DN des gティnes. 

 
Regard philosophique  
Nous pensons avec Atlan que c窶册st la fabrication de la notion tテゥlテゥolonomique de ツォ programme 
gテゥnテゥtique ツサ qui a stimulテゥ la reprテゥsentation ツォ vitaliste ツサ de l窶僊DN et du gティne (voir Tテゥlテゥonomie 
dans les mots ex : sテゥlテゥction naturelle) 

                                                 

405

 

http://www.futuribles.com/TablesRondes/CR20061207_Salomon.pdf

 

406

http://www.cite-

ciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/question_actu.php?langue=fr&id_article=7923

  

407

 Association Gテゥologique Auboise, nツー 63 1997 4ティme trimestre 

http://perso.orange.fr/asso.geol.aube/association/pagesass/publicat/feuillet.htm

  

408

 

http://polyrama.epfl.ch/art_P120_Savoir_absolu.html

  

409

 

http://www.hydrogenium.nl/hydrogenium_missie_fr.htm

  

410

 Pilote scientifique du cluster 12 Dynamiques sociales et territoriales, 

http://tinyurl.com/22u6ao

  

411

 

http://www.igmors.u-psud.fr/BBT/BBT03/BBT-6-03.pdf

  

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406

La mテゥtaphore du programme gテゥnテゥtique conduit, comme le dit Testart

412

, テ attribuer au gテゥnome 

les propriテゥtテゥs qu'on attribuait autrefois au germe et qu'on appelait la Vie. Et citant Atlan :  

ツォ Derriティre la mテゥtaphore du programme apparaテョt alors ツォl'essence de la vieツサ et celle-ci est 
bien vite transformテゥe en sanctuaire et en patrimoine ツサ

413

Pourtant, les donnテゥes sont nombreuses pour affirmer que les ツォ rティgles gouvernant la rテゥgulation 
physiologique et les niveaux d'organisation cellulaire et supracellulaire ne sont pas localisテゥes dans 
le gテゥnome mais dans des rテゥseaux テゥpigテゥnテゥtiques interactifs qui organisent eux-mテェmes la rテゥponse 
du gテゥnome aux signaux de l'environnement ツサ

414

.  

Analyse zテゥtテゥtique 
- Ips lexical : effet paillasson sur le terme Graal, gテゥnテゥrant une teneur mテゥtaphysique ou morale テ 
l窶冩bjet de recherche 
- Ips concordiste : utilisation d窶冰ne mテゥtaphore mystico-religieuse. 
- Ips tテゥlテゥonomique : utilisation d窶冰ne mテゥtaphore ID 
- posture テゥpistテゥmologique ツォ rテゥductionniste forte ツサ et ツォ vitaliste ツサ 

 
 

 

Exemple de rテゥductionnisme fort sur le gテゥnテエme, dans Science&Vie Junior HS oct 2001 

 

Discussion politique  
Testart テゥcrit : 

ツォ Ces rテゥactions critiques contre ツォ la lテゥgende du Graal biologique ツサ sont amplifiテゥes par le 

                                                 

412

 Testart J., 

Gテゥnテゥtique : puissance et illusions

, Transversales Nツー44 

http://www.globenet.org/transversales/generique/44/science.html

  

413

 Henri Atlan, 

ADN : programme ou donnテゥes

 ?, Transversales Science Culture nツー33, Mai-juin 1995. 

414

 Bio/Technology nツー12, fテゥvrier 1994, citテゥ par Testard J., ouv.citテゥ. 

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407 

gテゥnテゥticien Richard Lewontin qui ironise sur ツォ 

l'inanitテゥ de la lテゥgende : l'ADN est donc devenu 

l'objet d'un vテゥritable fテゥtichisme, imputable au prosテゥlytisme ardent et テゥvangテゥlique des Templiers modernes, 
et テ l'innocence naテッve de leurs acolytes, les journalistes, qui ont avalテゥ sans discrimination le catテゥchisme 
dispensテゥ. On peut テゥgalement soupテァonner le rテエle d'une prテゥdisposition idテゥologique certaine...

ツサ

415

. Il importe 

d'insister sur la portテゥe d'une telle usurpation du phテゥnomティne vital, que les fテゥtichistes de 
l'ADN assignent テ cette molテゥcule inerte. En rテゥalitテゥ, les dテゥterminations du vivant 
impliquent un rテゥseau complexe d'interactions entre les gティnes et les protテゥines, et entre les 
gティnes, les protテゥines et l'environnement. Ramener cette complexitテゥ interactive テ l'exテゥcution 
d'un programme (mテゥtaphores usuelles de la ツォpartition d'orchestreツサ ou de la ツォlecture d'un 
livreツサ) c'est faire croire que l'ADN recティle les secrets de la vie, de l'identitテゥ, des dテゥviances 
ou des pathologies. ツサ  

Des pathologies. Au moment oテケ nous rテゥdigeons, une polテゥmique a secouテゥ la France, suite テ la 
dテゥclaration de N. Sarkozy qui ツォ incline テ penser qu'on naテョt pテゥdophile ツサ.  

ツォ L'idテゥe d'une pテゥdophilie prテゥdictible et gテゥnテゥtique, c'est purement renouer avec le 
chromosome du crime de Cesare Lambroso", dテゥclare テ l窶僊FP le Pr Golse

416

C窶册st un dテゥbat complexe qui s窶冩uvre alors, qu窶冓l est pourtant facile d窶凖ゥclaircir :  

ツォ Jamais un gティne de commande テ lui tout seul quoi que ce soit, il modifie la rテゥactivitテゥ au 
milieu au sens large du terme (窶ヲ) Il n窶凉 a pas de gティne de comportement ツサ

417

, dテゥclarait A. 

Kahn au Magazine de la santテゥ, sur France 5, 10/4/07 

Cette forme d窶册ssentialisation, de naturalisation, au sens de ツォ greffe d窶冰n naturel propre テ une 
classe, un sexe, une espティce ツサ a toujours fait le jeu des structures sociales de domination, qu窶册lles 
soient de l窶僣omme sur la Femme, du Blanc sur le Noir, de l窶僣umain sur l窶僊nimal. Elle permet de 
faire de la femme une mテゥnagティre ツォ par essence ツサ, le noir un corvテゥable par essence, et l窶兮nimal un 
consommable ツォ par essence ツサ

418

.  

Pour essentialiser une catテゥgorie, rien de tel qu窶冰n テゥlテゥment, un principe 

per se

, que l窶冩n pourrait 

classer. Taille du cerveau, tests de QI rテゥpondent テ ce fantasme assez sordide de la classification et 
permet d窶兮illeurs d窶凖ゥloigner la responsabilitテゥ des genティses sociales 窶 ce qui hテゥlas correspond テ une 
lecture politique bien particuliティre. 
 
L'Observatoire de la gテゥnテゥtique s窶册xprime ainsi :  

ツォ L窶僊DN est-il vraiment le Saint-Graal de la lutte contre le crime, comme on tente de 
nous en convaincre? Le pouvoir de la police de prテゥlever des テゥchantillons d窶僊DN auprティs 
de citoyens et de conserver le profil gテゥnテゥtique de ces derniers soulティve des problティmes 
テゥthiques et peut avoir des consテゥquences nテゥgatives ツサ.

419

 

Ce fichage est devenu obligatoire depuis peu en France.  
De la mテェme faテァon que pour le CERN et le boson de Higgs, les projets de dテゥcryptage du gテゥnome 
humain ne sont-ils pas comme l窶凖ゥcrit Lewontin ツォ des projets scientifiques mais plutテエt des 

                                                 

415

 Lewontin R., 

Le rテェve du gテゥnテエme humain

, テ営ologie politique nツー5, hiver 1993 

416

 

Gティnes: les propos de Sarkozy "pas scientifiquement fondテゥs", pour les experts

, Hautefeuille A., AFP, 9 avril 2007 

417

 Kahn A., 

Le Magazine de la santテゥ

, France 5, 10/4/07 visible ici  

http://www.dailymotion.com/rated/raph66/video/x1oe07_axel-kahn-les-genes-et-sarkozy

  

418

 Pour ces stimulants parallティles, nous vous renvoyons テ Bonnardel窶ヲ 

419

 McCartney C., 

Gテゥnテゥtique mテゥdicolテゥgale: la face cachテゥe du St-Graal

, L'Observatoire de la gテゥnテゥtique, nツー 28 - juin-aoテサt 2006 

http://www.ircm.qc.ca/bioethique/obsgenetique/zoom/zoom_06/z_no28_06/z_no28_06_01.html

  

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408

Prテゥcision : il est arrivテゥ que la recherche d窶冰n gティne ツォ de comportement ツサ fut mテサ par une volontテゥ 
politique non conservatrice. Aussi pardoxal que cela puisse paraテョtre, la quテェte du gティne Gay de 
Dean Hamer fut une tentative de ツォ pathologisation ツサ, non pour stigmatiser la population gay et 
lesbienne, mais pour voir classテゥes ツォ pathologie ツサ l窶冑omosexualitテゥ afin d窶凖ゥviter les menaces 
juridiques majeures pesant dans certains テゥtats des EU : invoquer la pathologie aurait adouci les 
peines.  

ツォ (窶ヲ) Le "gティne gay" de Dean Hamer a fait la une des journaux en mテェme temps que 
l'article de 

Science

 テゥtait publiテゥ. Dテゥrive supplテゥmentaire : la revue scientifique elle-mテェme 

incitait la grande presse テ l'extrapolation hテ「tive. 

Science 

comporte, テ cテエtテゥ des articles 

scientifiques proprement dits, des pages qui dテゥcrivent les dテゥcouvertes rテゥcentes en termes 
accessibles. Dans le nツー de juillet 93 oテケ figurait l'article de Hamer, ces pages trティs publiques 
contenaient une interview - commentaire du chercheur intitulテゥ "

テゥvidence en faveur d'un gティne de 

l'homosexualitテゥ

". On y lisait, entre autres affirmations hasardeuses : "

d'aprティs Dean Hamer, il 

semble vraisemblable que l'homosexualitテゥ dテゥcoule de causes diverses, gテゥnテゥtiques et peut テェtre 
environnementales

". Le titre original de l'article テゥtait moins affriolant : "

une liaison gテゥnテゥtique 

entre des marqueurs d'ADN sur le chromosome X et l'orientation sexuelle masculine

". On est frappテゥ, 

comme le souligne Bertrand Jordan, par "

l'incroyable glissement effectuテゥ depuis un article 

scientifique qui suggティre, avec maintes prテゥcaution, la localisation d'une contribution gテゥnテゥtique テ ce 
comportement, jusqu'テ un テゥcho paru dans le mテェme nツー qui affirme l'existence d'un "gティne de 
l'homosexualitテゥ

". (BJ. 

Les imposteurs de la science

) ツサ 

Et que dire du Tテゥlテゥthon, qui draine chaque annテゥe des sommes importantes sur la base d'une 
reprテゥsentation mテゥdiatique naテッve de la gテゥnテゥtique prテゥsentテゥe comme la panacテゥe ? Rappelons que, au 
dテゥpart, l'objectif du Tテゥlテゥthon テゥtait de guテゥrir la myopathie. Dire qu'on en est loin est un 
euphテゥmisme. Qui plus est, il est surprenant d'observer que la popularitテゥ du Tテゥlテゥthon contraste 
avec la mテゥfiance vis-テ-vis des OGM : pourtant les recherches que finance le Tテゥlテゥthon visent テ 
manipuler les gティnes humains, alors que les manipulations qui produisent les OGM ne touchent 
que des plantes ou des animaux窶ヲ 

"La conception selon laquelle il s'agirait de simples dテゥrapages, d'exceptions テ la "bonne 
rティgle" est illusoire. La concurrence entre les テゥquipes scientifiques, la nテゥcessitテゥ de "publier 
ou pテゥrir" , incite les chercheurs テ utiliser tous les moyens dont ils peuvent disposer pour 
accroテョtre leur influence. En outre, l'activitテゥ scientifique est de + en + en prise directe avec 
la sociテゥtテゥ. Si l'on soutient les recherches sur le vaccin contre le Sida ou sur l'effet de serre, 
c'est qu'elles sont supposテゥes rテゥpondre テ une demande sociale. Le savant peut, de moins 
en moins, se prテゥvaloir d'une attitude de recherche dテゥsintテゥressテゥe de la connaissance : il doit 
rendre des comptes. Assez logiquement, les chercheurs les plus entreprenants, ou les 
moins scrupuleux, prennent les devants. Pour qui sait s'en servir, les mテゥdias sont un 
fantastique outil de pouvoir. 
La consテゥquence directe de cet テゥtat de fait est que le systティme d'autorテゥgulation de la science 
moderne, qui s'est mis progressivement en place au cours des 2 derniers siティcles, est de + 
en + frテゥquemment mis en テゥchec. La tradition qui voulait qu'un rテゥsultat scientifique ne soit 
pas divulguテゥ sans prテゥcautions est malmenテゥe. Non seulement on ne prend plus le temps de 
la vテゥrification, mais une fois qu'un rテゥsultat sensationnel ou atypique est donnテゥ en pテ「ture 
aux grands mテゥdias, il devient impossible de maテョtriser le contenu des messages. Morrison 
aurait pu ajouter une 4ツー phase aux 3 qu'il dテゥcrit dans la progression d'un rテゥsultat faux. 
Cette phase 4 serait celle oテケ, lancテゥ dans l'espace mテゥdiatique, le message テゥchappe 
dテゥsormais テ toute テゥvaluation critique. Dix ans aprティs, la fusion froide fait toujours recette. 

                                                 

420

 Lewontin, 

ouv.citテゥ  

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409 

Peut テェtre pas dans les labos de physique ou d'テゥlectrochimie, mais dans la littテゥrature 
fantastique ou sur les sites Internet consacrテゥs テ la physique atypique. (窶ヲ) On peut aussi 
se fテゥliciter de voir la science "sortir de sa tour d'Ivoire" 窶 comme dirait John Sladek 窶 
et se mettre テ la portテゥe du grand public, fut-ce en diffusant des idテゥes fausses. Une chose 
est sテサre : la nouvelle donne de l'information offre テ l'imposture de formidables 
perspectiveS. Les mテゥdias sont l'Eldorado de l'imposteur, parce que le tri de l'information 
et le jugement critique y sont dテゥfavorisテゥs. L'annonce d'une dテゥcouverte sensationnelle aura 
toujours plus d'impact que sa rテゥfutation mテゥthodique. Il suffit de deux mots pour faire 
vivre la fusion froide, alors que de longs dテゥveloppements sont nテゥcessaires pour expliquer 
pourquoi elle ne marche pas. 
La capacitテゥ dテゥs mテゥdias テ produire du mensonge qui passe pour vrai n'est pas nouvelle. Le 
30 octobre 1938, Orson Welles sティme la panique テ travers les EU. Sa version 
radiophonique de 

la guerre des mondes

 est si convaincante que les auditeurs croient 

rテゥellement テ l'invasion des Martiens. Depuis cette dテゥmonstration, le principal changement 
a テゥtテゥ la montテゥe en puissance de mテゥdias plus rapides, touchant un public plus nombreux et 
dotテゥs d'un redoutable pouvoir de rテゥinvention de la rテゥalitテゥ." (De pracontal M. L窶冓mposture 
scientifique en 10 leテァons, La dテゥcouverte 1997 p. 113- 114).

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410

Fiche pテゥdagogique Nツー18 窶 TP : technique du liquide vaisselle 

Le dテゥcryptage du gテゥnome humain 

Le terme 

dテゥcryptage

 est un Ips lexical テ consonace tテゥlテゥologique, puisqu窶冓l sous-tend un cryptage 

prテゥalable, et pose la question indirecte ツォ qui a donc cryptテゥ ? ツサ. 
Objectif : annoncer que le dテゥcryptage du gテゥnome humain donnerait les 

clテゥs de l窶僣umain

 (pour 

quelle serrure, et surtout テ qui ?) et serait Le ツォ 

grand livre de la vie

 

enfin rテゥvテゥlテゥ

 ツサ (Radio Canada). Nous 

sommes en plein dans la philosophie naturelle. 
L窶册njeu, construit de toute piティce, est de taille : on a fabriquテゥ l窶冩pinion pour attendre ce 
dテゥcryptage. Pour le coup, on a pu faire non pas un ou deux mais des scoops, dans la mesure oテケ 
ツォ mテェme quand y en a plus, y en a encore ツサ.  
Nous ne dテゥtaillerons pas les effets d窶兮nnonce qui suivirent de la lutte entre le consortium public 
international et Celera Genomics, privテゥe, gテゥrテゥe par Craig Venter et qui promettait de trouver le 
gテゥnome en trois ans, et comptait volontiers le vendre テ des sociテゥtテゥs pharmaceutiques (les 

clテゥs de 

l窶僣umain 

ont donc un prix). 

26 juin 2000 : fin du sテゥquenテァage brute du gテゥnome annoncテゥ par Bill Clinton 

Fテゥvrier 2001 : le Consortium International et Celera publient officiellement leurs deux sテゥquences "brutes ツサ (Celera 
ayant recopiテゥ une partie de celles du consortium rendues publiques. 

9 novembre 2006 : Le gテゥnome humain plus imprテゥvisible que prテゥvu 

ツォ 

On le croyait enfin codテゥ et l窶兮ffaire dテゥfinitivement classsテゥe. Mais voilテ que le gテゥnome humain est plus fantaisiste qu窶冩n ne l窶兮vait imaginテゥ 

et varie d窶冰n individu テ un autre...

 ツサ SCIENCE Presse, 

http://www.sciencepresse.qc.ca/node/15228

  

Ce calendrier a amenテゥ de Pracontal テ テゥcrire :  

"

Au dテゥbut d'avril 2000, la sociテゥtテゥ de biotechnologies Celera Genomics, crテゥテゥe par l'amテゥricain Craig Venter, faisait savoir 

qu'elle avait テゥtabli une 1ツー sテゥquence complティte des gティnes d'un テェtre humain (prテゥcisテゥment il s'agissait d'un draft, une sorte de 

"brouillon") ; trois mois plus tard, fin juin, on apprenait une 2ツー fois que le sテゥquenテァage テゥtait achevテゥ, cette fois par les chercheurs 
d'un consortium public テ dominante amテゥricano-britannique, dirigテゥ par Francis Collins. Confテゥrence tテゥlテゥvisテゥe テ la Maison-

Blanche, avec roulements de tambour et poignテゥe de main de Bill Clinton aux chercheurs ; la nouvelle fit le tour du monde et l'on 
put lire partout dans la gde presse que le gテゥnome humain テゥtait "dテゥcryptテゥ".Moyennant quoi il fallut ensuite expliquer que le 

gテゥnome テゥtait si bien dテゥcryptテゥ que le dテゥcryptage effectif demanderait encore bien des annテゥes de travail窶ヲ  

Quant テ la sテゥquence de Venter, la 1ツー annoncテゥe, elle n'テゥtait toujours pas publiテゥe テ la fin de l'テゥtテゥ, du fait des impテゥratifs du secret 

industriel

" (de Pracontal 1997, p. 112 窶 113) 

Ce genre de technique permet :  
- d窶册ntretenir le lecteur dans une attente constante ; 
- de se mテゥnager la possibilitテゥ de faire d窶兮utres ツォ papiers ツサ ; 
- de justifier que les impテエts du lecteur soient investis dans ce projet ; 
- de justifier l窶兮rgent investi ensuite ; 
Autres exemples :  
Le gティne du cancer - La thテゥorie ultime - Une autre Terre - Le clonage humain. 
 
Notons qu窶冓l est difficile de ne pas faire le parallティle avec certaines stratテゥgies politiques cherchant テ 
justifier l窶冓nvestissement financier aux yeux du contribuable en y mテェlant des questions morales. 
Les Armes de destruction massive en Irak est de ce point de vue un des cas les plus manifestes de 
la notion chomskienne de ツォ fabrication de l窶冩pinion ツサ. Pensons テゥgalement テ la conquテェte de 
l窶册space, qui servit de paravent acceptables aux armements massifs de la guerre froide.

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411 

Fiche pテゥdagogique Nツー19 窶 Technique de la peau de chagrin  

 
le singe bientテエt Humain ? 

Sciences & avenir

 dテゥcembre 2003 

 

 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

      

 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

                                                 

421

 Expression tirテゥe d窶冰n des rares articles critiques sur cette star des mテゥdias. Le bouledogue rouge, 

Faux-Amis, Boris 

Cyrulnik

in CQFD

 Nツー22, 15 avril 2005. 

ツォ 

la plus grande crise d窶冓dentitテゥ de son 

histoire

 ツサ  

Crテゥation de scoop 

Autoritテゥ + rテゥcupテゥration 
ツォ psychanalytique ツサ. Cyrulnik est un 
habituテゥ de la presse Nouvel テHe 
(Nouvelles Clテゥs) et psychanalysto-
populaires (Psychologies). 
ツォ Normopathe ツサ  de  l窶 ツォ obligation 

au bonheur ツサ 

ツォ 

L窶凖ゥthologie a opテゥrテゥ une rテゥvolution 

majeure dont on n窶兮 pas pris toute la 
mesure

 ツサ  

Scテゥnario rテゥvolution 

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412

 
Scoop + effet peau de chagrin  
 
 
 

 

 

 

 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

  

Il est assez dテゥsespテゥrant de constater que non seulement le magazine nous vend un titre qui est 
totalement ツォ gonflテゥ ツサ par rapport テ la problテゥmatique finale, qui est la distinction Humain Animal, 
mais qu窶册n outre cette problティmatique n窶兮vait mテェme pas besoin de ce fait (la cale du chimpanzテゥ) 
pour テェtre discutable sous un angle sociopolitique 窶 ce que s窶凖ゥchinent テ faire un certain nombre 
de penseurs antispテゥcistes depuis des annテゥes

422

On enfonce une porte ouverte. Notons que le titre laisse s窶凖ゥvaporer toute la teneur de l窶册njeu : il 
s窶兮git de discuter de la distinction Humain-Animal, non fondテゥe, pas de la distinction Humain-
Singe, ni du ravalement de l窶僣umain au singe et encore moins de savoir si certains singes 
deviendront humains 窶 si oui, ce serait en droit, et nous nous retrouvons avec une discussion 
morale. 

 
Autre exemple : Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer 

 

Dernier exemple, assorti d窶冰n appel テ l窶凖ゥmotion ! Dans 

S&Av

 de juillet 1995, une annonce 

fracassante estfaite. 

Exclusif, le mテゥdicament qui stoppe le cancer

. Selon Judah Folkman, 

l窶僊GM-1470 

1.

 

ツォ stoppe le cancer ツサ 

2.

 

ツォ stoppe l窶凖ゥvolution des cancers ツサ 

3.

 

ツォ est au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers ツサ 

4.

 

ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du 
poumon et des fibrosarcomes ツサ 

5.

 

ツォ paraテョt efficace au stade expテゥrimental pour stopper l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du 
poumon et des fibrosarcomes ツサ 

6.

 

ツォ paraテョt efficace, couplテゥ aux thテゥrapies normales au stade expテゥrimental pour stopper 
l窶凖ゥvolution des cancers du sein, du poumon et des fibrosarcomes ツサ

                                                 

422

 Voir Bonnardel 

& al.

, 2001. 

ツォ 

Dテゥcouverte en Cテエte d窶僮voire 

Singes bientテエt humains ?

 ツサ 

On croit qu窶冰ne espティce de singe est 

en train de devenir humaine 

Le Singe bientテエt 

humain ? 

On croit que ツォ le singe ツサ va 
devenir humain 

Un chimpanzテゥ 
ivoirien a utilisテゥ une 
cale, un mテゥta-outil 

Or le mテゥta-outil 
テゥtait l窶兮pange de 
l窶僣umain 

Donc il faut 
repenser la 
distinction 
Humain-animal 

 

Dテゥcouverte en Cテエte 

d窶僮voire Singes bientテエt 

humains ? 

Repenser la distinction 

Homme Animal  

Un chimpanzテゥ un 

utilisテゥ une cale 

Peau de 

chagrin 

Enfonceme
nt de porte 

ouverte 

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413 

Fiche pテゥdagogique Nツー20 窶 Quelques notes sur le principe 

anthropique 

 

En 1974, Carter a introduit la notion de principe anthropique

423

, que Barrow et Tipler ont ensuite 

dテゥsinテゥ en 3 versions

424

- Le principe anthropique faible (ou WAP pour Weak Anthropic Principle) dit simplement que si 
l窶冰nivers n窶凖ゥtait pas ainsi fait, nous ne serions pas lテ pour en parler. Les consテゥquences 
philosophiques sont proches de 0. 
- Le principe anthropique fort (ou SAP pour Strong Anthropic Principle) 
Argument thテゥiste : il existe un univers possible effectuテゥ avec le but de gテゥnテゥrer des observateurs 
Argument solipsiste Nouvel テHe : les Observateurs sont nテゥcessaires テ l窶儷nivers pour テェtre (pour 
que quelqu窶冰n puisse le 窶徘enser ツサ) 
un ensemble d窶兮utres univers est nテゥcessaire pour l窶册xistence du nテエtre 
Poussテゥes テ l窶册xtrテェme, ce pcp mティne directement テ la tテゥlテゥonomie, テ Dieu et テ une ribambelle de 
considerations 窶湾aranormalistes窶 テ success : par exemple,  
Tipler reprendra dans son livre 

The Physics of Immortality: Modern Cosmology, God and the Resurrection of 

the Dead

 un thティme cher テ Teilhard de Chardin que nous renaテョtrons un jour comme des テゥmulations 

du Dieu 窶 Point Omテゥga qui テゥmergera du rテゥseau d窶冩rdinateurs actuel

425

 
- Le principe anthropique final (PAF ou FAP pour 

Final Anthropic Principle

)

426

 

Notons au passage que J. Staune a crテゥテゥ le concept du ツォ Principe Anthropique super fort ツサ qui 
s窶凖ゥnoncerait ainsi ツォ L窶冰nivers n窶册st pas seulement rテゥglテゥ pour notre apparition mais pour 
l窶兮pparition de civilisations bien plus テゥvoluテゥes que nous. Et il contient des ツォ gardes fous ツォ pour 
empテェcher de telles civilisations de dテゥtruire sa cohテゥrence ツサ ツサ 
La version forte a テゥtテゥ largement dテゥconstruite par Gould, qui la considティre comme un 

effet Cerceau

 

(voir 4.3.6.16 

Tautologie 窶 effet cerceau

) :  

 

ツォ Selon [le Principe anthropique fort], puisque la vie humaine ne pourrait exister si 

les lois de la nature テゥtaient un tant soit peu diffテゥrentes, ces lois seraient ce qu窶册lles sont 
parce qu窶冰n dioeu crテゥateur souhaitait notre prテゥsence. Ce raisonnement n窶册st qu窶冰ne pure 
absurditテゥ, fondテゥe sur le postulat (窶ヲ) que l窶冑omme est apparu pour de bonnes et 
nテゥcessaires raisons (窶ヲ). Sans ce postulat (que je considティre comme stupide, arrogant et 
dテゥpourvu du moindre dテゥbut de preuve), le principe anthropique fortvient s窶凖ゥchouer sur 
l窶凖ゥgale plausibilitテゥ de l窶冓nterprテゥtation inverse : ツォ si les lois de la Nature テゥtaient un tant soit 
peu diffテゥrentes, nous ne serions pas ici. D窶兮ccord, il y aurait une autre configuration de la 
matiティre et de l窶凖ゥnergie, et la structure de l窶儷nivers n窶册n serait pas moins intテゥressante, 
toutes ses parties obテゥissant aux lois qui rテゥgiraient cette Nature diffテゥrente. Certes, nous ne 
serions pas lテ pour tenir des raisonnements ineptes sur cet univers alternatif. Non, nous 
ne serions pas lテ. Et alors ? (Au fait, je suis heureux que nous soyons lテ 窶 mais je ne vois 
pas en quoi mon contentement pourrait servir d窶兮rgument en faveur de l窶册xistence de 

                                                 

423

 Brandon Carter, 

Large Number Coincidences and the Anthropic Principle in Cosmology, in

 M. S. Longair, ed., 

Confrontation 

of Cosmological Theory with Astronomical Data,

 1974 pp. 291-298.  

424

 John D. Barrow & Frank J. Tipler, 

The Anthropic Cosmological Principle

, 1986, p. 21. 

425

 Frank J. Tipler, 

The Physics of Immortality: Modern Cosmology and the Resurrection of the Dead, 

1994. 

426

 Barrow 

& al.

ibid. 

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414

Dieu).

427

 

 

Outil : la double vanne de Russell 

ツォ Pourquoi les テゥtoiles se sont-elles formテゥes ? Pourquoi le soleil a-t窶冓l donnテゥ naissance aux 
planティtes ? Pourquoi la terre s窶册st-elle refroidie et a-t窶册lle finalement donnテゥ naissance テ la 
vie ? Parce qu窶册n fin de compte, quelque chose d窶兮dmirable allait en rテゥsulter. Quoi ? Je 
n窶册n suis pas tout テ fait sテサr, mais je pense qu窶冓l s窶兮git des thテゥologiens scientifiques et des 
savants テ tendance religieuse ツサ

428

 

ツォ N窶凉 a t-il pas quelque chose d窶冰n peu grotesque dans le spectacle d窶凖ェtres humains 
tendant un miroir devant eux, et trouvant ce qu窶冓ls y voient assez parfait pour dテゥmontrer 
qu窶冰n Dessein Cosmique y tendait dティs l窶冩rigine ? (..) que dire des lions et des tigres ? Ils 
dテゥtruisent moins de vies animales que nous, et sont beaucoup plus beaux que nous (..) les 
adeptes du Dessein Cosmique font grand cas de notre soi-disant intelligence, mais leurs 
テゥcrits en font douter. Si je recevais la toute-puissance, avec des millions d窶兮nnテゥes pour 
expテゥrimenter, je ne penserais pas me vanter de l窶僣omme comme rテゥsultat de mes 
efforts ツサ.

429

 

Silberstein :  

ツォ Quant テ la pテゥrennitテゥ, テ vrai dire absconse, de cette ツォ spiritualisation ツサ du monde, peut-
テェtre faut-il en dテゥceler le ferment et le moteur intense dans cette propension de l窶册sprit, 
admirablement dテゥcrite par Renan : 

Il ne faut pas demander de logique aux solutions que l窶冑omme 

imagine pour se rendre quelque raison du sort テゥtrange qui lui est テゥchu. Invinciblement portテゥ テ croire テ la 
justice et jetテゥ dans un monde qui est et sera toujours l窶冓njustice mテェme, ayant besoin de l窶凖ゥternitテゥ pour ses 
revendications et brusquement arrテェtテゥ par le fossテゥ de la mort, que voulez-vous qu窶冓l fasse ? Il se rテゥvolte 
contre le cercueil, il rend la chair テ l窶冩s dテゥcharnテゥ, la vie au cerveau plein de pourriture, la lumiティre テ l窶卩妬l 
テゥteint ; il imagine des sophismes dont il rirait chez un enfant, pour ne pas avouer que la nature a pu 
pousser l窶冓ronie jusqu窶凖 lui imposer le fardeau du devoir sans compensation. 

Certes, mais l窶僮D ne se donne pas comme un crテゥationnisme naテッf, dont on rirait chez un 
enfant, mais se veut une authentique ascension vers la ツォ vraie science ツサ. La naテッvetテゥ n窶册st 
plus ici de mise quand il s窶兮git d窶冰ne telle entreprise d窶册scroquerie intellectuelle ツサ

430

.

                                                 

427

 Gould S. J., 

Et Dieu dit ツォ que Darwin soit ツサ

, 2000. 

428

 Russell B., 

Science et religion

, 2000. 

429

 Russell, 

ibid

, p. 164. 

430

 

Le(s) crテゥationnisme(s) : avatars ツォ savants ツサ d窶冰ne idテゥe benoテョte

, M. Silberstein, Hors-sテゥrie du 

Nouvel Observateur

 Nツー 61 de 

dテゥcembre 2005 / janvier 2006, intitulテゥ ツォ 

La Bible contre Darwin

 ツサ 

http://www.assomat.info/Le-s-creationisme-s-avatars

 

 
 

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415 

Fiche pテゥdagogique Nツー21 窶 TP : テゥpluchage de tテェtes de gondole  

 
Voici cinq mois de rubriques de 

Science & Vie

, avec leurs titres et leurs accroches sommaires. 

1) Pouvez-vous analyser les diffテゥrentes techniques de fabrication de l窶凖ゥvテゥnement ? 
2) Quels sont les scテゥnarios et les registres les plus reprテゥsentテゥs ? Sont-ils propres テ certains 
domaines ? 
3) Comment les expliquez-vous ? Rテゥpondent-ils テ d窶兮utres attentes que la transmission de 
connaissance ? 

Juin 2004 

Recherche 

Les plus vieux bijoux du monde sont des coquillages 

Un mammifティre a テゥtテゥ autofテゥcondテゥ ! 

On a peut 

テェtre datテゥ la conquテェte du feu 

L'intuition cartographiテゥe 

Santテゥ & Mテゥdecine 

L'Alzheimer peut テェtre dテゥpistテゥ jusqu'テ 

cinq ans plus tテエt 

Une テゥtude lティve le voile sur le sort des prテゥmaturテゥs 

Cadre de vie & Environnement 

L'Atlantique 

Nord est bel et bien en perte de vitesse 

200 テゥpaves du Dテゥbarquement sortent de l'oubli 

A la une 

Cancer 

En vingt 

ans, le nombre de cancers a augmentテゥ de 63% ! Comment expliquer un chiffre aussi alarmant ? Ce "mal du siティcle" est 

en fait une vテゥritable テゥpidテゥmie dont les multiples facteurs ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Enquテェte. 

En 

progrティs 

Ils repoussent les limites du monde quantique 

Pour comprendre le comportement ondulatoire des 

corpuscules, des physiciens ont rテゥussi l'exploit de maintenir et d'observer une molテゥcule massive dans un テゥtat 
quantique. 

Serpents : on sait enfin oテケ ils sont nテゥs !

 En comparant les gティnes de 64 espティces de reptiles, deux 

biologistes ont rテゥussi テ mettre un terme dテゥfinitif テ l'hypothティse plus que centenaire de l'origine marine des serpents. 

En pratique 

Crise de recherche : ce qu'ils en pensent hors de France 

Loin de critiquer la fronde des chercheurs 

franテァais, la presse internationale la soutient. Morceaux choisis. 

Terrorisme : les avions de ligne vont s'テゥquiper 

contre les missiles ! 

Casse-tテェte 

Mort des テゥtoiles : テァa se complique......

Contrairement テ la thテゥorie, elles adoptent 

une incroyable diversitテゥ des formes : les nテゥbuleuses planテゥtaires n'en finissent pas de plonger les astrophysiciens dans 
la perplexitテゥ. Les compagnies envisagent d'embarquer テ bord des avions des systティmes capables de neutraliser un 

missile tirテゥ depuis le sol. 

Le point sur... 

Le parfum 

Contexte : La fin d'une テゥpoque - Faits & chiffres : 172000 flacons 

vendus chaque jour ! - Classification : Un orgue de 4000 molテゥcules de synthティse - Fabrication : Un art ancestral que la 

chimie a rテゥvolutionnテゥ

 - 

Histoire : Une pratique qui remonte テ l'Antiquitテゥ - Perception : Il n'existe pas de nez absolu 

Questions-Rテゥponses 

Comment un galet peut-il ricocher テ la surface de l'eau ? 

Et aussi : Pourquoi le rouge rend-

il le taureau agressif ?

 - 

Qu'est-ce qui provoque le hoquet ? - Le ciel du mois, spテゥcial transit de Vテゥnus 

Comment テァa 

marche 

Le CD-RW

 

Ils l'ont fait 

Le tテゥlテゥphone holographique 

Et aussi : La combinaison qui parvient テ imiter la 

peau de requin 

La webcam qui suit chacun de vos mouvements Le panneau de pub odorant.... 

Voyage au coeur 

des palimpsestes 

Effacテゥs puis recouverts par d'autres textes, les palimpsestes suscitent un incroyable engouement. 

Grテ「ce テ de nouvelles techniques d'imagerie numテゥrique, ce sont des pans entiers de notre mテゥmoire antique qui 
surgissent des vieux manuscrits. 

 

Mai 2004 

Recherche 

Le gテゥnome du rat vient d'テェtre dテゥchiffrテゥ 

Le mystティre des spirales martiennes enfin テゥclairci 

Paris expose 

la prテゥhistoire chinoise 

Une lentille liquide pour la photo 

Santテゥ & Mテゥdecine 

La France ne vaccinera pas tout le 

monde contre la varicelle 

On va traiter les allergies テ la carte 

Cadre de vie & Environnement 

3000 km de fibres 

vont surveiller le Pacifique Nord 

Voici peut-テェtre l'arme fatale contre les lテゥgionelles 

A la une 

Alchimie 

Transmuter 

le plomb en or, l'hydrogティne en hテゥlium... 15 ans aprティs une tentative trティs controversテゥe de fusion froide, les physiciens 

commencent テ croire en l'"alchimie nuclテゥaire" pour obtenir une rテゥaction テ tempテゥrature ambiante. Une rテゥvolution.  

En progrティs 

Premiティres galaxies : la plongテゥe historique 

Scrutant le cosmos テ 13 milliards d'annテゥes-lumiティre, des 

tテゥlescopes ont dテゥvoilテゥ des galaxies des premiers テ「ges de l'Univers !

Le miracle du "ver du pテェcheur"

 

L'hテゥmoglobine d'un simple ver de sable pourrait bien devenir la solution pour transfuser sans risque du sang 

artificiel. 

Il a franchi Mach 7 ! 

Propulsテゥ par un moteur atmosphテゥrique, le X-43A de la Nasa a battu le record de 

vitesse en vol pendant... 10 secondes. 

Le pont au-dessus des sテゥismes 

Reposant sur d'テゥnormes embases qui 

glissent, le pont grec Antirion-Rion peut rテゥsister テ des sテゥismes de magnitude 7. 

En pratique 

Toutes les mテゥthodes 

pour arrテェter de fumer ne se valent pas 

Patch, mテゥdicaments, hypnose, acupuncture, volontテゥ : quelle est la bonne 

technique ? Un dossier complet sur les diverses mテゥthodes existantes, qui viennent d'テェtre テゥvaluテゥes. 

Casse-tテェte 

Et si 

l'homme テゥtait devenu intelligent par gourmandise ? 

C'est en cuisant ses aliments que l'homme aurait dテゥveloppテゥ 

son cerveau. Un anthropologue ouvre un dテゥbat passionnテゥ. 

Extinction des dinosaures : la polテゥmique 

On 

pensait qu'une mテゥtテゥorite avait causテゥ leur fin. Mais l'impact aurait eu lieu bien plus tテエt que leur disparition ! 

Le point 

sur... 

Les volcans 

>Contexte : Un dテゥfi toujours crucial >Faits & chiffres : 1 500 sites sont aujourd'hui actifs 

>Mテゥcanismes : Ainsi s'テゥvacue la chaleur de la Terre >Impact climatique : Quand les テゥruptions jettent le froid 

 

>Prテゥvisions : Tout commence par des signes avant-coureurs >Prテゥvention : Un seul objectif, sauver les gens 

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416

Questions-Rテゥponses 

Comment la clテゥ fait-elle tenir la voテサte ? 

Et aussi : Peut-on cloner l'homme de Neandertal ? 

Le ciel du mois 

Comment テァa marche

 

La voiture hybride 

Ils l'ont fait 

Le couteau suisse avec clテゥ USB 

>Et aussi : 

Le rテゥtroviseur qui テゥlimine les angles morts >L'urinoir sans chasse d'eau ; Un テゥcran LCD recto verso >Le stylo 

grossissant... 

La citテゥ oubliテゥe aux sテゥpultures gテゥantes 

Dans le Sud de l'Arabie, une mission archテゥologique a enfin 

pu explorer Hテゥgra, la mystテゥrieuse citテゥ du royaume nabatテゥen. Abandonnテゥe depuis 2000 ans, elle abrite de 

gigantesques sテゥpultures taillテゥes テ mテェme le flan de falaises. Exclusif.  

 
Avril 2004 

Recherche 

L'intelligence collective des plantes pour respirer 

D'immenses perspectives mテゥdicales pour le premier 

embryon clonテゥ 

On a peut-テェtre retrouvテゥ le vaisseau de Darwin 

Santテゥ & Mテゥdecine 

Toutes les psy ne se valent pas 

La greffe du visage attend le feu vert

 > 

L'effet placebo diminue bien la douleur

 

Cadre de vie & Environnement 

Canicules et inondations vont devenir le lot de l'Europe 

Une peinture miracle contre les oxydes d'azote 

DOSSIER SPテ韻IAL 

MICROBILLES 

Elles ne traiteront que les cellules malades - 

BIOPLASTIQUE 

Le vivant prend la relティve 

RFID 

Le code テ barres ultime ! - 

CONDENSATS 

La rテゥvolution du laser atomique - 

SMA 

Vers une nouvelle intelligence 

artificielle - 

LIAISONS RADIO 

L'avティnement du trティs haut dテゥbit - 

NANOTUBES 

Ils font rテェver les ingテゥnieurs - 

SIMULATION MENTALE 

Elle soigne dテゥjテ les douleurs fantテエmes - 

PANNEAUX SOLAIRES 

Ils 

s'affranchissent enfin du silicium - 

OPTIQUE ADAPTATIVE 

Objectif planティtes extrasolaires ! - 

Le point sur... 

La 

forテェt franテァaise 窶 

Contexte : En pleine mutation ! - Faits & chiffres : L'テ液at ne dテゥtient que 10 % des surfaces boisテゥes 

- Histoire : Six mille ans sous la coupe de l'homme - Ressources : Un milieu aux multiples atouts et... gratuit - 
Menaces : Un patrimoine qui reste fragile - Recherche : L'arbre de demain se prテゥpare dテゥjテ - Guide : Tour de France 

de sept forテェts incontournables 

Questions-Rテゥponses 

Comment perテァoit-on les saveurs ? 

Et aussi : Comment peut-

on affirmer qu'une mテゥtテゥorite vient de Mars ? A quoi est due l'ivresse des profondeurs ? Le ciel du mois

 

Comment テァa 

marche 

Le four テ micro-ondes 

Ils l'ont fait 

L'innovation fait salon 

A l'occasion du deuxiティme salon "Mondial 

Image Photo Son", qui se tient テ Paris du 25 au 29 mars, panorama des tendances et principales innovations. 

Il y a... 

50 ans

 

Ukagir, le mammouth de tous les espoirs 

Pris depuis 20 000 ans dans le sol gelテゥ de Sibテゥrie, un 

mammouth vient d'テェtre exhumテゥ par une expテゥdition, テ laquelle participait 

S&V

. Son テゥtat de conservation 

exceptionnel va permettre d'テゥlucider bien des mystティres sur sa vie.  

 
Mars 04 

Recherche 

Le calcium aiderait les cellules テ s'orienter 

L'enseignement supテゥrieur en France est trop cloisonnテゥ" 

Un gティne serait テ l'origine de la taille de notre cerveau... 

Santテゥ & Mテゥdecine 

Contre la surditテゥ, des テゥlectrodes cテゥrテゥbrales 

"Affaires des saumons" : la France rテゥcuse les テ液ats-Unis...

 

Cadre de vie & Environnement 

Le tour du monde en 

avion en 80 heures et sans escale 

Dテゥsormais, les Franテァais seront recensテゥs par sondages... テ 

la une 

La matiティre 

noire 

Les astrophysiciens le savent aujourd'hui : 90 % de l'Univers est constituテゥ d'une matiティre invisible... dont la 

nature nous est inconnue ! Son secret rテゥside-t-il dans une "particule fantテエme" ou dans une modification des lois de 
Newton ? Le dテゥfi est lancテゥ... 

En progrティs 

Les cellules souches embryonnaires vont tenir leurs promesses 

Leur 

fantastique potentiel pour rテゥgテゥnテゥrer n'importe quel type d'organes ne cesse de se confirmer. Explications. 

Cube 

magique : la perfection mathテゥmatique a テゥtテゥ atteinte !

 

En crテゥant un cube magique parfait d'ordre 5, deux 

chercheurs sont venus テ bout d'un dテゥfi qui remonte テ 1640 ! 

En pratique 

Nuclテゥaire : quand EDF prend ses dテゥsirs 

pour des rテゥalitテゥs 

EDF veut rallonger de dix ans la durテゥe d'exploitation de ses centrales de dix ans. Sans savoir si 

c'est possible. Dossier. 

Essence versus diesel : le plus polluant n'est pas celui qu'on croit 

A force 

d'innovations technologiques, le diesel s'est mテゥtamorphosテゥ. Pot catalytique ou "Fap" en font mテェme aujourd'hui un 

acteur pour relancer la course テ la dテゥpollution. 

Casse-tテェte 

Langues indo-europテゥennes : mais quelle est donc leur 

origine ? 

La langue mティre vient-elle de guerriers steppes orientales il y a 6 000 ans ou d'agriculteurs anatoliens 2 000 

ans plus tテエt ? Dテゥbat. 

L'テ液range disparition des vautours en Inde 

>

Alors qu'ils pullulaient en Inde, personne ne 

sait pourquoi 96 % d'entre eux ont disparu en quelques annテゥes ! 

Le point sur... 

La mesure du temps 

Contexte : 

Jusqu'テ quelle prテゥcision aujourd'hui ? Histoire : Une quテェte aussi vieille que l'humanitテゥ - Outil : Le dテゥfi du temps 
universel - Applications : Une source de progrティs tous azimuts - Recherche : Repousser les limites de la prテゥcision - 

Thテゥorie : Une notion de plus en plus difficile テ cerner 

Questions-Rテゥponses 

Qu'est-ce qui distingue un virus 

d'une bactテゥrie ? 

Et aussi : Pourquoi les animaux hibernent-ils 

Le ciel du mois

 

Comment テァa marche 

La lampe 

halogティne 

Ils l'ont fait 

Le mini-robot espion des mers 

Et aussi : le microscope qui peut filmer 

Le pneu de vテゥlo 

indテゥgonflable ; Une montre テ mテゥmoire flash... 

Il y a... 

30 ans Mars : objectif atteint ! 

Les sondes amテゥricaines 

Spirit 

et 

Opportunity

 et l'europテゥenne 

Mars Express 

ont commencテゥ テ percer les secrets de la planティte rouge. Le dテゥbut 

d'une formidable moisson de donnテゥes qui aideront テ mieux comprendre son histoire... 

 

Fテゥv 04 

Recherche 

Les vents solaires agressent la Terre plus qu'on le croyait 

C'est テ cause de Neptune si Pluton est lテ oテケ 

elle est 

Le "son Stradivarius" viendrait du froid... 

Santテゥ & Mテゥdecine 

L'air viciテゥ des bureaux ne rテゥsiste pas aux 

ultraviolets 

Les hテエpitaux sont de plus en plus la proie des bactテゥries...

 

Cadre de vie & Environnement 

La neige 

dテゥserte peu テ peu les stations de basse altitude 

La perruche aime le climat de Marseille... テ 

la une 

La planティte 

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417 

bleue 

Au fond des mers, non seulement une vie totalement inテゥdite prolifティre autour de sources chauffテゥes par le 

magma, mais des volcans ouvrent un passage vers l'intimitテゥ de la Terre. Plongテゥe dans les mystティres que n'en finit pas 
de livrer la Planティte bleue. 

En progrティs 

Il existait une Pompテゥi avant Pompテゥi ! 

Des fouilles ont rテゥvテゥlテゥ un 

insoupテァonnテゥ テ「ge d'or de la citテゥ. 

Les fractales prテゥdisent les fractures

 Dテゥpister les risques de l'ostテゥoporose est 

possible... 

via

 les maths. 

Lemmings : on sait de quoi ils meurent 

Quinze annテゥes d'enquテェte et une modテゥlisation 

sont venues テ bout du systティme : ces rongeurs ne se suicident pas en masse ! 

En pratique 

Du passテゥ, EDF veut faire 

table rase 

La dテゥcision est prise : les vieilles centrales seront dテゥmantelテゥes. 

L'テゥcologie franテァaise mise sur l'テゥcotron 

Pour percer les secrets de la nature, la France veut voir grand. 

Casse-tテェte 

Combien テゥtaient nos ancテェtres ? 

Pour le 

savoir, les mテゥthodes sont multiples... mais rivalisent. 

La matiティre est plus que jamais complexe 

La dテゥcouverte de 

deux particules met la thテゥorie au dテゥfi. 

Le prion テゥchappe toujours au dテゥpistage 

Alors que la maladie de la vache 

folle semble progresser, aucun test de dテゥpistage sanguin n'a encore vu le jour... 

Le point sur... 

Le diabティte 

Contexte : 

Une テゥpidテゥmie silencieuse - Faits & chiffres : Il y aura 370 millions de diabテゥtiques en 2030 - Mテゥcanisme : Tout vient 
d'une mauvaise gestion des sucres - Histoire : La dテゥcouverte de l'insuline fut dテゥcisive -Traitements : Des remティdes 

efficaces... mais contraignants - Recherche : Vers de toutes nouvelles armes thテゥrapeutiques 

Questions-Rテゥponses 

Comment meurent les テゥtoiles ? 

Et aussi : Que se passe-t-il lorsqu'on s'テゥvanouit - Dans quel but les animaux 

muent-ils ? Le ciel du mois

 

Comment テァa marche 

Le pot catalytique 

Ils l'ont fait 

La moto version 4x4 

Il y a... 

65 

ans Au palais des merveilles anatomiques 

Au cナ砥r de la Facultテゥ de mテゥdecine de Paris, le musテゥe Orfila recティle des 

milliers de piティces anatomiques en cire. Fascinant. 

Les mouettes tridactyles de Bretagne 

Depuis 25 ans, un 

biologiste collecte des donnテゥes sur les mouettes de la pointe du Raz. Un travail unique au monde.  

 

Jan 04 

Recherche 

Le trou noir de notre galaxie surpris en "plein repas" 

Arles retrouve sa premiティre cathテゥdrale 

Le paon 

lティve le voile sur son secret... 

Santテゥ & Mテゥdecine 

Un remティde efficace contre l'athテゥrosclテゥrose 

"La toxicitテゥ du prion est 

rテゥversible

 > 

La pollution favorise l'infarctus.. 

Cadre de vie & Environnement 

Les vieux sous-marins russes vont 

enfin テェtre dテゥmantelテゥs 

2002 a vu naテョtre 2 milliards de Gigaoctets d'informations... テ 

la une 

L'avenir de l'homme 

Quel visage aura 

Homo futuris

 ? Vers quel destin s'achemine l'humanitテゥ qui, affranchie de la Nature, dテゥtient dテゥsormais 

les clテゥs de son テゥvolution ? Toutes les rテゥponses de la palテゥo-anthropologie, des neurosciences, de la biologie 
molテゥculaire...

En progrティs 

Le secret des hallucinations a テゥtテゥ テゥlucidテゥ 

Une enquテェte qui a durテゥ 25 ans vient de 

conclure qu'elles n'テゥtaient finalement que le reflet de notre cortex primaire ! 

On sait pourquoi le fナ鍍us n'est pas 

rejetテゥ 

Contrairement テ ce que l'on croyait, la mティre ne "tolティre" pas l'embryon, c'est lui qui assure sa survie. Une 

rテゥvテゥlation. 

Les palmes sont une sorte d'idテゥal 

Effort minimal et efficacitテゥ maximale : on ignorait jusque-lテ 

combien les pattes palmテゥes テゥtaient un modティle de propulsion. 

En pratique 

Cancer : le dテゥpistage prテゥcoce est-il si 

utile ? 

Nombre d'examens peuvent traquer le cancer. Pourtant, rien ne dit que le dテゥpistage prテゥcoce amテゥliore le 

pronostic... 

Le Mont-Saint-Michel enfin dテゥsensablテゥ 

Les travaux d'un grand barrage ont dテゥmarrテゥ. Il テゥtait temps 

Voile : le pari de la coque テ redan

 

>

Inspirテゥ de la technologie des hydravions, le nouveau multicoque d'Yves 

Parlier ambitionne de "planer" sur les eaux. 

Casse-tテェte 

Pourquoi crテゥer du hasard reste...alテゥatoire 

Indispensable 

aux calculs complexes, le hasard reste difficile テ apprivoiser. Le lancer de dテゥs dテゥfie toujours la science...

Oテケ est passテゥ 

Voyager 1 pendant 6 mois ? 

Fin 2002, la sonde enregistrait un flux anormal de particules. Le signe qu'elle s'est 

aventurテゥe hors du systティme solaire ?... 

Le point sur... 

La prise de dテゥcision 

Contexte : L'heure est テ sa redテゥfinition 

Mテゥcanismes : Il s'agit d'une propriテゥtテゥ de notre systティme nerveux テ液hologie : Une facultテゥ propre テ l'homme ? - Thテゥorie 

: En fait, nos テゥmotions guident nos choix 

Questions-Rテゥponses 

D'oテケ vient le vent 

Et aussi : Pour quelle raison l'or 

ne s'oxyde-t-il pas ? -Pourquoi les enfants ont-ils des dents de lait ? Le ciel du mois

 

Comment テァa marche 

L'テゥchographie - 

Ils l'ont fait 

La console de poche "on-line" - 

Et aussi : Un テゥcran plasma テ 1 milliard de couleurs 

- Un gyroscope pour se faire les muscles - Des enceintes futuristes plus plates que plates... 

Il y a... 

35 ans Hubble : 

la dテゥcennie prodigieuse 

Depuis dix ans, le tテゥlescope spatial ne cesse de rテゥaliser des exploits... astronomiques. La 

preuve en images. 

Millau : l'art du gigantisme discret 

Miracle de grテ「ce et de lテゥgティretテゥ, le viaduc de Millau enjambe 

le Tarn sur plus de 2 km. Un dテゥfi technologique. 

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418

Fiche pテゥdagogique Nツー22 窶 Exemple de protocole Z : test du 

magnテゥtiseur  

 
 
Le protocole distribuテゥ aux テゥtudiants est disponible en ligne en format 

pdf

 テ cette adresse :  

http://www.observatoire-zetetique.org/divers/oz-magnetisme.pdf

 

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419 

Bibliographie 

Ouvrages  
 

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