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  • Belle du Seigneur - Wikipédia

    Belle du Seigneur est un roman de l'écrivain suisse francophone Albert Cohen, publié en 1968. Troisième volet d'une tétralogie qui commence avec Solal (1930) et Mangeclous ...

  • Belle du seigneur

    En 1935-1936, à Genève, le séduisant Solal, qui officie à la SDN (Société des Nations), tente d'obtenir les avances de la belle Ariane, aristocrate protestante et épouse de ...

  • Belle du Seigneur de Albert Cohen

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Belle du Seigneur [Albert Cohen]

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1

Présentation

Belle du Seigneur [Albert Cohen], roman d’Albert Cohen, publié en 1968.

2

L’œuvre d’une vie

Immense roman d’amour, roman de l’amour immense, Belle du Seigneur est l’œuvre d’une vie. Il sera couronné dès sa publication par le grand prix du roman de l’Académie française. Nourri de l’expérience de Cohen à la Société des Nations, à Genève, mais aussi du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, Belle du Seigneur, longuement repris, corrigé, augmenté, entrecroise les voix, se nourrit du détail comme du sublime, et, en cent six chapitres, c’est-à-dire en plus de mille pages où se mêlent la passion et la drôlerie, le désespoir et les exaltations du cœur, raconte, avec l’amour fou d’Ariane et de Solal, le fol amour de Cohen pour la langue, pour l’écriture. Du monologue intérieur au récit traditionnel, l’œuvre exploite avec virtuosité une multiplicité de techniques sans perdre jamais son souffle, et le lecteur est entraîné dans une construction à la fois savante et inspirée, dont on ne sait s’il faut d’abord admirer la maîtrise ou le naturel.

3

Une histoire simple

Solal, « étrange et princier », mais aussi secrétaire général à la Société des Nations, aime et séduit Ariane, épouse d’Adrien Deume, « fonctionnaire international ». Ayant éloigné le mari sous prétexte d’une longue mission à l’étranger, il vit avec elle un bonheur absolu. Au retour d’Adrien, il enlève sa « belle » : leur vie sera désormais celle de deux parias, mais aussi celle de deux maudits de l’amour. Comment, en effet, conserver jour après jour l’intensité des premiers moments ? Isolé mais richissime, le couple dérive d’hôtel de luxe en hôtel de luxe. Replié sur son histoire dans une magnifique villa, il fait longuement naufrage, jusqu’au suicide des deux amants. Insoutenable tragédie, le roman est en même temps d’une incomparable fantaisie : peinture de la vie étriquée des beaux-parents de l’héroïne, arrivée des « Valeureux », Juifs de Céphalonie venus épauler Solal pour l’enlèvement d’Ariane, soliloques de Mariette, la bonne, qui commente avec gouaille et finesse les amours de ses maîtres… En contrepoint de l’intrigue sentimentale, les intrigues de carrière se déploient dans le microcosme genevois, cependant qu’Ariane, à la beauté infiniment chantée, se livre à nous dans l’impudeur de longs monologues intérieurs, et que Solal, brillant et désespéré, à la fois cynique et brisé par l’antisémitisme de l’entre-deux-guerres, se révèle peu à peu perdu pour une société du conformisme, de l’artifice et de la petitesse. L’œuvre ne saurait ainsi être réduite au récit d’un adultère : elle couvre, dans le rire et les larmes, toutes les dimensions de l’humain.

4

Un roman complexe

Dans le premier chapitre, Ariane, pour devenir une « romancière de talent », prend la plume pour conter le mal de vivre de son adolescence et sa première tentative de suicide. Tout est dit, déjà, mais il appartient à Cohen, dans le dernier chapitre, de conter son empoisonnement avec la voix d’un Solal qui vit lui-même ses derniers instants. Entre ces deux extrémités, tant de paroles se côtoient, se mélangent et se font écho d’un chapitre à l’autre, voire à l’intérieur d’un même chapitre, que le roman devient une polyphonie sans limites, où la même situation peut être successivement perçue par plusieurs personnes, ou plusieurs scènes associées dans le récit qu’en fait un seul personnage. Qu’il se fasse le chantre d’Ariane — c’est-à-dire de la jeunesse et du bonheur de vivre (chap. XXXVII) — ou s’identifie à Solal, nouveau Juif errant, dans un Paris du vide et de la haine (chap. XCIII), Cohen montre à la fois la beauté et le néant de tout amour, de tout corps : quelques dents en moins et Solal n’est plus qu’un vieillard répugnant, un bouton sur le nez d’Ariane et la passion peut devenir risible. Pour se séduire — autrement dit pour échapper, tant que dure l’émerveillement, à l’angoisse et à la mort — il faut être parfait, et le rester, aussi tous les artifices sont-ils bons pour plaire à ce « Seigneur » qu’est l’homme aimé ; mais celui-ci finit par s’ennuyer, et il ira jusqu’à feindre la folie pour échapper un court moment au miracle exaspérant du couple. En dernier recours, le salut reste la confraternité juive, drolatique et menacée, car les hommes ne sont que des « gorilles » en proie, sous les dehors de la plus exquise politesse, à la violence de l’instinct et de l’ambition. L’humour, comme l’amour, sauve un instant le monde de la bêtise et de l’horreur : c’est finalement Adrien, ce médiocre d’entre les médiocres, qui, après avoir raté son suicide dans les toilettes, deviendra un grand personnage. Le triomphe d’Ariane, c’est ce livre, ce labyrinthe de génie dont on ne peut sortir indemne.

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