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50 ANS DE BALLON D'OR

2004 - ANDREÏ CHEVTCHENKO - ENFIN EN HAUT DE L'AFFICHE


© Presse Sports

La victoire d’Andreï Chevtchenko bouclait la première décennie du Ballon d’Or « mondialisé », inaugurée en 1995. Durant cette période, un Ballon d’Or africain (Weah), trois sud-américains (Rivaldo et deux fois Ronaldo) se glissèrent dans le palmarès aux côtés de six européens (Sammer, Zidane, Figo, Owen, Nedved et Chevtchenko), preuve de transformations profondes dans le monde du football international. Huitième lauréat originaire de l’Europe de l’Est après Masopust (1962), Yachine (1963), Albert (1967), Blokhine (1975), Belanov (1986), Stoitchkov (1994) et Nedved (2003), Chevtchenko prit le pas sur une très vive concurrence, prête à en découdre. Il se singularisa en… ne sortant pas du Championnat d’Europe de l’année en cours, contrairement à Rummenigge (1980), à Platini (1984), à Van Basten (1988 et 1992), à Sammer (1996) et à Figo (2000). Il est à croire que les présents à l’Euro 2004 eurent tort de bout en bout, notamment celui de laisser la Grèce créer la surprise et l’embarras général. Deco et Henry, pour ne citer qu’eux, semblèrent autant s’être inclinés devant les Grecs, respectivement en finale et en quarts de finale de la compétition, que devant Chevtchenko dans la dernière ligne droite de la course pour le Ballon d’Or. Quant à Ronaldinho, s’il ne souffrit pas d’un excès de présence au Championnat d’Europe, son excès d’absence au palmarès de l’année causa sa perte. Restait donc le superbe prince des plaines d’Ukraine qui, avec son double titre de champion et de buteur numéro un d’Italie – toujours le meilleur passeport pour obtenir la reconnaissance d’un jury –, avec encore, en bandoulière, l’excellent parcours de l’Ukraine en éliminatoires du Mondial 2006, s’imposa sans coup férir. Une récompense qui devait tôt ou tard lui revenir : quatrième en 2003, troisième en 1999 et en 2000, on voyait « gros comme ça » Chevtchenko, un jour, en haut de l’affiche.

LE BLOKHINE DES TEMPS MODERNES


A vingt-huit ans, Andreï Chevtchenko est un footballeur accompli, un attaquant abouti et un talent reconnu à sa juste mesure. Si, à l’image de quelques autres Ballons d’Or comme George Best ou George Weah, il n’a jamais eu la chance d’exprimer son savoir-faire en équipe nationale à l’occasion d’un tournoi majeur, nul doute cependant qu’il possède l’étoffe d’un joueur d’exception et d’un leader, qu’il réunisse suffisamment d’atouts pour mériter pareille consécration et qu’il laisse, plus tard, sa propre trace dans l’histoire.


© Presse Sports

Elevé dans la légende d’Oleg Blokhine, l’idole de sa jeunesse, dont il revendique le style, la virtuosité et l’héritage, façonné, comme lui, à l’école du Dynamo Kiev par Valeri Lobanovski, l’un des grands maîtres de ce jeu, éduqué, donc, dans certains principes, Chevtchenko a toujours eu, semble-t-il, l’envergure de ses aspirations et la force de caractère nécessaire pour atteindre les sommets. Mais, puisqu’un attaquant, aussi grand soit-il, n’est rien sans ses partenaires, encore lui aura-t-il fallu attendre de venir au Milan AC et de se frotter au football italien pour affirmer sa personnalité et son ambition, exprimer pleinement son potentiel et acquérir sa vraie dimension.

Comme Blokhine jadis, Chevtchenko tire avant tout sa force de sa vitesse de course, de sa capacité d’accélération, de son explosivité, de sa puissance, de sa qualité de déplacement, de son jeu en rupture, mais aussi de son endurance, de sa valeur athlétique et de sa culture de l’effort qui lui permettent à la fois de donner de la profondeur, de créer des espaces, de multiplier les courses, de varier les appels, de donner du mouvement, d’offrir des solutions collectives et, ainsi, de tailler des brèches dans les défenses et de faire d’énormes différences. Comme Blokhine, il possède une adresse redoutable devant le but, une rapidité d’exécution dans le dernier geste, une habileté technique (prise de balle, contrôle, enchaînement vers l’avant) et une souplesse de pied étonnantes, une qualité et une puissance de frappe exceptionnelles, mais aussi un coup d’œil dans la surface, un sang-froid, une maîtrise de soi et une aisance dans les un contre un qui en font aussi un finisseur hors pair. Et, si son aîné était plus dribbleur que lui, plus félin sans doute aussi, et plus déroutant encore par ses feintes et ses crochets, il s’appuie, pour sa part, sur un jeu de tête, un sens du placement et un volume d’expression encore supérieurs.

Autre point commun entre les deux attaquants ukrainiens ? Même s’il demeure attiré par le but adverse, par essence et par formation, Chevtchenko reste un joueur profondément collectif. Son intelligence lui permet d’interpréter toutes les situations et de bien gérer les temps forts comme les temps faibles, il est capable de s’adapter à toutes sortes de configurations tactiques, seul en pointe ou bien avec un deuxième attaquant, dans une équipe qui aime avoir la maîtrise du ballon, comme Milan, ou qui joue le contre, comme l’Ukraine.


Patrick Urbini
(France Football numéro 3 062, 14 décembre 2004)




FICHE JOUEUR CLASSEMENT 2004

ANDREÏ CHEVTCHENKO
Nationalité : ukrainienne.
Né le : 29 septembre 1976, à Yahotine (UKR).
1,83m ; 73 kg.

Poste : attaquant.

Clubs : Dynamo Kiev (1986-1999) et Milan AC (depuis 1999).

Palmarès : Supercoupe d’Europe 2003 ; Ligue des champions 2003 ; Championnat d'Ukraine 1995, 1996, 1997, 1998 et 1999 ; Championnat d’Italie 2004 ; Coupe d'Ukraine 1996, 1998 et 1999 ; Coupe d’Italie 2003 ; Supercoupe d'Italie 2004 ; meilleur buteur du Championnat d’Ukraine 1999 (18 buts) ; meilleur buteur du Championnat d’Italie 2000 (24) et 2004 (24).

Bilan en équipe d’Ukraine : 58 sélections A, 26 buts (1995-2005).

Bilan en phase finale de Coupe du monde : néant.

Palmarès Ballon d’Or : vainqueur en 2004 (3e en 1999 et 2000).


1. Chevtchenko (Ukraine, Milan AC), 175 points.
2. Deco (Portugal, FC Barcelone), 139 pts.
3. Ronaldinho (Brésil, FC Barcelone), 133 pts.
4. Henry (France, Arsenal), 80 pts.
5. Zagorakis (Grèce, Bologne), 44 pts.
6. Adriano (Brésil, Inter Milan), 27 pts.
7. Nedved (République tchèque, Juventus Turin), 23 pts.
8. Rooney (Angleterre, Manchester United), 22 pts.
9. Ricardo Carvalho (Portugal, Chelsea), Van Nistelrooy (Pays-Bas, Manchester United), 18 pts.
11.
Charisteas (Grèce, Werder Brême), 15 pts.
12. Baros (République tchèque, Liverpool), Cristiano Ronaldo (Portugal, Manchester United), 11 pts.
14. Ibrahimovic (Suède, Juventus Turin), 8 pts.
15. Eto’o (Cameroun, FC Barcelone), Kakà (Brésil, Milan AC), 7 pts.
17. Dellas (Grèce, AS Roma), Buffon (Italie, Juventus Turin), Drogba (Côte d’Ivoire, Chelsea), Lampard (Angleterre, Chelsea), Morientes (Espagne, Real Madrid), 5 pts.
22. Figo (Portugal, Real Madrid), 4 pts.
23. Zidane (France, Real Madrid), 3 pts.
24. Baraja (Espagne, Valence CF), Giuly (France, FC Barcelone), Maniche (Portugal, FC Porto), Nikopolidis (Grèce, Olympiakos), 2 pts.
28. P. Maldini (Italie, Milan AC), Vicente (Espagne, Valence CF), 1 pt.


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