"Trash yéyé", Benjamin Biolay sans faux-semblants

PARIS (AFP) — Disque pop brillant, inspiré et ambitieux, "Trash yéyé", le quatrième album de Benjamin Biolay, sort lundi et pourrait bien mettre à bas les malentendus qui entourent cet artiste talentueux mais dont l'image est brouillée par des étiquettes tenaces.

Ballades limpides et élégantes, ciselures pop aux arrangements raffinés, hargne cold wave: loin de nuire à sa cohérence, la variété des chansons de "Trash yéyé" (Virgin/EMI) le place un cran au-dessus de la plupart de la production hexagonale.

Son auteur le voit comme le "deuxième tome" d'"A l'origine" (2005), son précédent album, lui aussi remarquable mais qui a connu un flop commercial (50.000 ventes).

Cet échec avait plongé Benjamin Biolay dans un état "un peu dépressif". Pour autant, il assure que cela n'a pas influé sur les thèmes de "Trash yéyé", l'amour dans ses aspects les plus violents.

"C'est un peu +amour et désolation+, une approche profonde et sincère de l'amour, pas une vision mensongère ni idyllique", explique-t-il à l'AFP.

Biolay, 34 ans, est le Nicolas Anelka du paysage musical français: comme le footballeur, il a connu des débuts tonitruants, est bourré de talent mais un tas de malentendus brouillent son image et lui valent de violentes critiques.

Certains le disent prétentieux, lui assure être timide. Il a été estampillé "nouvelle chanson française" alors qu'il fait de la pop et que ses amours musicales sont anglo-saxonnes. On le qualifie souvent de poseur, d'ersatz de Serge Gainsbourg, au point qu'il a parfois lui-même l'impression d'être "un imposteur".

Son parcours fulgurant peut agacer. Il a été révélé en 2001 après avoir écrit, avec Keren Ann, une partie de l'album "Chambre avec vue" d'Henri Salvador, avec qui il s'est ensuite brouillé.

Puis il a connu le succès avec ses albums "Rose Kennedy" (une Victoire de la musique en 2002) et "Négatif" (2003), tout en mettant ses talents au service d'une ribambelle d'autres interprètes, dont Juliette Gréco ou Françoise Hardy.

"Pour rester dans la métaphore +anelkaesque+, c'est pas moi qui ai demandé à jouer au Real Madrid dès mes débuts", sourit ce fan de basket-ball.

Ce décalage entre ce qu'il dit être et une image de lui qu'il estime faussée l'a conduit à donner au magazine Technikart de juillet une interview coup-de-poing. Il y fustigeait la chanson française ("Elle me débecte"), Bénabar ("Sa vision est nauséabonde") ou certains médias dont il jugeait les critiques injustes.

"C'était une façon d'envoyer un signal fort aux gens, artistes et médias, qui se permettent des tirades violentes sur moi sans me connaître et sans m'avoir écouté", souligne-t-il. "Après 5 ans de rafales, j'ai voulu dire: +Arrêtez de me faire chier car si je veux envoyer du feu, je peux, d'autant que ma réputation est mauvaise de toute façon+".

Il est également ulcéré par la presse people, dont il a été la cible au côté de son ex-femme, l'actrice Chiara Mastroianni, avec laquelle il avait sorti l'album "Home" en 2004.

"Ces gens sont des sous-merdes, enrage-t-il. S'ils continuent, je vais photographier le rédacteur en chef de Voici à poil avec une plume dans le cul et je mets ça sur mon site internet. Il verra ce que ça fait".

Benjamin Biolay entamera le 13 septembre à La Cigale (Paris) sa première tournée depuis cinq ans. Ces prochains mois, on le verra faire ses débuts d'acteur dans trois films, "En visite" de Vincent Dietschy, "Sang froid" et "Stella", tous deux de Sylvie Verheyde.