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Alpha Ousmane BARRY  
LASELDI  
UniversitĂ© de Franche-ComtĂ© 

 

MODE D’EXPRESSION POÉTIQUE ET STRATIFICATION 

SOCIALE DANS L’ÉTAT THEOCRATIQUE  

DU FOUTA DJALLON  

 

Mots-clefs : 

LittĂ©rature africaine, LittĂ©rature orale, LittĂ©rature Ă©crite, PoĂ©tique Peule, 

RhĂ©torique Peule

 

 

1. ProblĂ©matique de la littĂ©rature africaine 

 

Je me propose de montrer comment la stratification sociale dans la confĂ©dĂ©ration 

thĂ©ocratique du Fouta Djallon – ce qui correspond en partie Ă  la rĂ©gion de la Moyenne 
GuinĂ©e de nos jours - eut une incidence sur le mode d’expression de la pensĂ©e entre le 
XVIII

Ăšme

 et le XIX

Ăšme

 siĂšcles. En abordant la problĂ©matique de la parole et de 

l’écriture, dans une sociĂ©tĂ© traditionnelle, ma rĂ©flexion s’inscrit, d’une certaine 
maniĂšre, dans le dĂ©bat qui s’anime autour de la notion de 

littĂ©rature orale. 

En effet, depuis plusieurs dĂ©cennies dĂ©jĂ , un dĂ©bat thĂ©orique oppose les 

admirateurs de la valeur poĂ©tique de l’expression orale en Afrique aux dĂ©fenseurs de 
l’écriture. Les uns se laissent sĂ©duire par le verbe dont les virtuositĂ©s ne font l’objet 
d’aucun doute, surtout quand on sait que la narration des rĂ©cits Ă©piques, qu’entonne le 
griot, s’accompagne de notes de guitare.  Les autres fondent leur jugement sur la 
valeur intemporelle que l’écriture confĂšre au texte littĂ©raire. De ce dĂ©bat, qui met sur la 
scĂšne dĂ©fenseurs et opposants de l’érection de la poĂ©tique africaine au rang de mode 
d’expression littĂ©raire et vĂ©hicule de la culture du continent noir, la notion d’oralitĂ© 
reçoit toutes sortes de nuances affectives. La 

littĂ©rature orale 

est au premier plan du 

conflit idĂ©ologique que manifeste notamment le pluriel littĂ©ratures africaines  

Et si de nos jours, le lecteur se familiarise avec ce pluriel, il apparaĂźt de plus en 

plus difficile de dĂ©limiter avec prĂ©cision et certitude les contours dĂ©finitoires des [la 
notion de] littĂ©ratures africaines. S’agit-il des genres traditionnels essentiellement 
oraux tels que les contes, les rĂ©cits Ă©piques, les dictions, les proverbes, les incantations, 
que certains chercheurs subdivisent en genre profane et genre sacrĂ© ? Ou alors, 
faudrait-il considĂ©rer les productions Ă©crites en français, anglais, espagnol, portugais, 
arabe, comme seules Ć“uvres dignes de porter le titre de littĂ©rature(s) africaine(s) ?  

Ces deux tendances qui rĂ©veillent la vieille opposition civilisation Ă  Ă©criture / 

civilisation sans Ă©criture â€“ n’ayant inventĂ© ni la poudre ni le canon – prĂ©sentent  des 

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130 

Alpha O. Barry 

difficultĂ©s majeures. D’une part, ne considĂ©rer que  les genres oraux comme littĂ©rature 
authentiquement africaine, ne revient-il pas Ă  soutenir  un narcissisme africain ? Les 
Ɠuvres orales peuvent-elles suffire Ă  traduire tout le gĂ©nie de l’expression en Afrique ? 
D’autre part restreindre la littĂ©rature africaine aux productions Ă©crites, nĂ©es du contact 
de civilisations,  serait la rĂ©duire Ă  ces Ć“uvres vulgarisĂ©es dans les langues de 
domination. Les tenants de cette  option courent le risque de considĂ©rer la production 
littĂ©raire en Afrique comme une littĂ©rature de conflit idĂ©ologique. Car les Ă©tapes de son  
dĂ©veloppement correspondent dans une large mesure au dĂ©veloppement politique du 
continent africain. Au procĂšs du colonialisme succĂ©da le procĂšs des indĂ©pendances, 
connu sous le nom de littĂ©rature du dĂ©senchantement. Aujourd’hui, la production 
littĂ©raire fait le procĂšs des dĂ©mocraties africaines. Une autre rĂ©serve  est Ă  formuler. En 
tant qu’étape du dĂ©veloppement  des sociĂ©tĂ©s humaines, l’écriture est entrĂ©e dans les 
mƓurs diffĂ©remment selon les Ă©poques et les civilisations et n’est pas Ă  considĂ©rer 
comme le seul mode d’ex -pression de la pensĂ©e humaine, pas plus qu’elle n’est la 
peinture de la voix. 

On peut dĂ©duire  de ce qui prĂ©cĂšde que la (les) littĂ©rature(s) africaine(s) n’est ni la 

masse des productions vulgarisĂ©es par l’écriture - le langage fluide  et harmonieux que 
dĂ©ploient les intellectuels africains - ni la coulĂ©e verbale dans toute sa splendeur, 
laquelle est susceptible de capter et captiver l’attention de l’auditeur,  en enchantant les 
oreilles  d’assurer la conquĂȘte du cƓur. Lorsque la parole qui prend sa source au 
trĂ©fonds de l’ñme humaine anime le corps, l’ensemble mis en mouvement constitue le 
verbe. Le verbe a trois attributs fondamentaux qui forment un tout harmonieux : la 
parole, le geste qui comprend le rythme et la danse, et enfin la musique. C’est peut-ĂȘtre 
la raison pour laquelle l’actio ou le spectacle du corps parlant est une notion qui se 
situe au cƓur de la rhĂ©torique des anciens grecs. L’actio, dirait-on, c’est l’ivresse du 
verbe en transe qui favorise l’éveil des mots. 

La littĂ©rature africaine est constituĂ©e par un savoir sĂ©dimentĂ© au fil des Ăąges, des 

acquis encyclopĂ©diques transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration par la mĂ©moire collective 
dans des Ă©noncĂ©s doxiques ou les avatars des discours sociaux. C’est ce phĂ©nomĂšne de 
dialogisme gĂ©nĂ©ralisĂ© caractĂ©ristique de tout discours qu’on dĂ©signe habituellement par 
les vocables d’hĂ©tĂ©roglossie ou de plurilinguisme  de l’Ɠuvre littĂ©raire (Bakhtine 
1978). Outre sa forme orale, on peut admettre que la littĂ©rature africaine englobe la 
totalitĂ© des Ɠuvres Ă©crites par des auteurs africains. Elle est, de ce fait, la somme des 
productions Ă  la fois orales et Ă©crites, formes d’expressions qui englobent la pluralitĂ© 
des discours sociaux constitutifs du discours littĂ©raire. 

 

2. Le contexte historique de constitution de l’empire thĂ©ocratique 

 

Je vais aborder Ă  prĂ©sent le contexte socio-historique de la constitution de l’Etat 

thĂ©ocratique du Fouta Djallon pour une meilleure comprĂ©hension de l’apport poĂ©tique 
et rhĂ©torique peul Ă  la culture universelle. 

Le Fouta Djallon est une rĂ©gion entiĂšrement dominĂ©e, d’une part, par des massifs 

montagneux - dont le sommet culminant est de 1515  mĂštres - avec de hauts plateaux 
et, d’autre part, par des Ă©tendues de surfaces latĂ©ritiques. Avec son relief montagneux, 

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Mode d’expression poĂ©tique et stratification sociale  
dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

131

le Fouta est une rĂ©gion dont le couvert vĂ©gĂ©tal est formĂ© de savanes arborĂ©es sur les 
plateaux, qui alternent avec des Ăźlots forestiers sur les montagnes et des forĂȘts galeries 
le long des cours d’eau. L’effet conjuguĂ© du relief et du climat confĂšre Ă  cette rĂ©gion 
de la GuinĂ©e le statut de chĂąteau d’eau de l’Afrique Occidentale. Cette dĂ©nomination 
lui est attribuĂ©e Ă  cause de la multiplicitĂ© des cours d’eau qui prennent leur source dans 
les dĂ©pressions de ses chaĂźnes de montagnes. La multiplicitĂ© de ces cours d’eau et 
l’étendue de riches pĂąturages Ă©taient susceptibles d’attirer la population peule. Ce 
peuple d’éleveurs nomades trouva dans cette rĂ©gion du Fouta, particuliĂšrement arrosĂ©e 
par des cours d’eau, des motifs sĂ»rs pour se sĂ©dentariser. 

L’incursion des Peuls au Fouta Djallon remonte vraisemblablement entre les 

XVII

Ăšme

 et XVIII

Ăšme

 siĂšcles. ArrivĂ©s par vagues successives, les Peuls s’installĂšrent 

dans la rĂ©gion en livrant la guerre aux DiallonkĂ©. Toutefois, l’occupation des hauts 
plateaux par les Ă©leveurs Peuls s’inscrit dans la dynamique d’un vaste mouvement de 
population qui dĂ©buta au XV

Ăšme

 siĂšcle. Ces mouvements migratoires rĂ©sultent d’une 

poussĂ©e du Nord vers le Sud. Les historiens rapportent qu’à partir du XV

Ăšme

 siĂšcle la 

chute des grands empires de l’Afrique Occidentale modela la composition de la 
population guinĂ©enne. Sous la direction d’un chef migrateur, Koly Tenguela, plusieurs 
vagues de populations essaimĂšrent du nord â€“ Soudan, actuelle RĂ©publique du Mali - 
vers le sud (GuinĂ©e).C’est pourquoi les premiers occupants du Fouta Djallon furent, 
d’abord, les Baga que les DiallonkĂ© refoulĂšrent vers la cĂŽte, avant de s’établir sur les 
hauts plateaux. Selon Odile Goerg (1986 : 19)  

 

 Les mouvements des populations Peules du Moyen-Niger vers le Fouta, Ă  partir du 

XV

Ăšme

 siĂšcle au plus tard provoquĂšrent les nouvelles aux XVII

Ăšme

-XVIII

Ăšme

 siĂšcles avec la 

formation de l’Etat thĂ©ocratique du Fouta Djallon. Fuyant l’islamisation forcĂ©e, les 

Soussou essaimĂšrent vers la  CĂŽte, refoulant Ă  nouveau les Baga ; ils assimilĂšrent les 

autres peuples et leur langue devint peu Ă  peu la langue de communication de la CĂŽte . 

  

L’hĂ©gĂ©monie peule dans la rĂ©gion du Fouta Djallon fut marquĂ©e par la naissance 

et la consolidation d’un Etat qui repose sur la foi musulmane. L’épanouissement de cet 
empire favorisa Ă©galement le dĂ©veloppement de centres culturels qui propagĂšrent 
l’Islam en GuinĂ©e et dans les pays voisins. Ces grandes Ă©coles formĂšrent une Ă©lite 
intellectuelle rompue Ă  la rĂ©citation de cantiques religieux, Ă  la lecture de versets 
coraniques et Ă  l’écriture en arabe. Elles rivalisĂšrent d’ardeur dans l’Ɠuvre de crĂ©ation 
littĂ©raire. C’est dans cet environnement socioculturel que naquit et se dĂ©veloppa, 
parallĂšlement aux habitudes oratoires de la poĂ©sie incantatoire, une littĂ©rature Ă©crite en 
caractĂšres arabes : l’ajami. Certains auteurs qualifient cette poĂ©tique 

d’Islam noir, 

tandis que d’autres l’appelle tout simplement 

littĂ©rature arabo-islamique d’expression 

peule

. Quelle que soit la terminologie utilisĂ©e, l’essentiel consiste Ă  considĂ©rer qu’avec 

le contact de civilisations entre le monde arabe et l’Afrique noire une littĂ©rature Ă©crite 
a vu le jour. 

 

3. Les structures sociales et politiques 

 

Vainqueurs de la guerre de conquĂȘte musulmane qui s’est poursuivie plusieurs 

annĂ©es, les Peuls imposĂšrent une nouvelle lĂ©gislation politique et une nouvelle 

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132 

Alpha O. Barry 

administration aux populations autochtones animistes. Avec la naissance d’un Etat 
thĂ©ocratique au dessus des communautĂ©s villageoises, l’empire peul  musulman du 
Fouta Djallon compte neuf provinces ou 

diiwĂš 

(diiwal au singulier) : Timbo (la 

capitale politico-administrative), Timbi, 

ɓ

uriya, LabĂš, Fugumba (la capitale 

religieuse), Koyin,  Kollaa

ɗ

Ăš, KĂšbaali et FodĂš Hajji. Abordant cette page de l’histoire 

du Fouta Djallon, Suret-Canale (1970 : 31) note que 

 

 c’est dans la premiĂšre moitiĂ© du XVIII

Ăšme

 siĂšcle que commença la guerre sainte qui 

devait aboutir Ă  la formation d’un Etat thĂ©ocratique, fondĂ© sur l’islam, aux structures 

sociales fortement hiĂ©rarchisĂ©es : Fouta Djallon .  

  

De l’avis de cet auteur, cette guerre, prĂ©sentĂ©e de 

maniĂšre simpliste

, s’est 

poursuivie plusieurs annĂ©es de suite dans le but de pacifier les poches de rĂ©sistance. 

Chaque province, citĂ©e prĂ©cĂ©demment, est dirigĂ©e par une lignĂ©e familiale. Les 

diiwĂš 

regroupent sous leur autoritĂ© les villages et hameaux. Ainsi se forme de la base 

au sommet une aristocratie guerriĂšre et maraboutique qui se consacre aux mĂ©tiers des 
armes et se rĂ©serve exclusivement le droit exclusif d’exercer le pouvoir politique et 
spirituel. Fortement hiĂ©rarchisĂ©e, la sociĂ©tĂ© Ă©tait subdivisĂ©e en diffĂ©rentes classes. Au 
sommet de la pyramide se situe l’aristocratie composĂ©e de quatre lignĂ©es patrilinĂ©aires 
qui correspond chacune Ă  l’un des quatre patronymes peuls : Uru

ɓɓ

Ăš (Uruuro au 

singulier) ou Bah, Jalloo

ɓ

Ăš ou Diallo, DayÚÚ

ɓ

Ăš (dayÚÚjo au singulier) ou Barry, 

FĂšro

ɓɓ

Ăš (pĂšrÚÚjo au singulier) ou Sow. Cette aristocratie qui se rĂ©servait l’exclusivitĂ© 

de l’exercice du pouvoir politico-administratif et spirituel, Ă©tait structurĂ©e de la 
maniĂšre suivante. 

A la tĂȘte de l’Etat se trouve l’

Almami

 de l’arabe 

al-imam

 (le commandeur des 

croyants). Il rĂ©sidait Ă  Timbo, siĂšge du pouvoir central. Chef spirituel d’abord, chef 
militaire et politique ensuite, 

l’Almami 

Ă©tait toujours choisi dans la mĂȘme famille 

seydiyankĂ© 

- Barry. AprĂšs leur victoire militaire sur les animistes, les vainqueurs de la 

guerre sainte, fondateurs de l’Etat thĂ©ocratique, reconnurent librement dans leur loi 
fondamentale, l’autoritĂ© du clan 

seydiyanké

 â€“

 

Barry qui eut le privilĂšge de diriger le 

Fouta. Toutefois, les querelles de succession au niveau du pouvoir central modifiĂšrent 
le paysage politique du Fouta Djallon (Diallo, 1972). Cette situation donna naissance Ă  
deux grands partis : 

Alfaya  

se rĂ©clamant de la descendance de Karamoko Alfa et 

Soriya 

qui rĂ©unit ceux qui se rĂ©clament de la lignĂ©e d’Ibrahima Sori, deux frĂšres 

fondateurs de la mĂȘme dynastie. 

Viennent ensuite les 

lam

ɓ

Ăš 

qui comprenaient les chefs des provinces ou 

diiwĂš, 

leur famille et leur lignage ou 

suudu laamu.

 Celle-ci correspondait Ă  une lignĂ©e 

masculine ou 

gorol, 

au-delĂ  de laquelle se trouvait le 

musidal 

ou l’ensemble des 

parents issus de la mĂȘme cour – 

dambugal gootal.

 La rĂ©fĂ©rence Ă  ces liens de parentĂ© 

montre que la succession dans l’exercice du pouvoir Ă©tait hĂ©rĂ©ditaire, d’oĂč la 
prĂ©pondĂ©rance des lignages qui reposaient sur ces liens de sang. 

Les 

hoorĂš

ɓ

Ăš leydi

, notables et karamoko influents exerçaient des fonctions 

administratives telles que la justice, les droits coutumiers, sous l’autoritĂ© des 

lam

ɓ

Ăš 

diiwĂš 

ou chefs de provinces. La justice, l’armĂ©e Ă©taient bien organisĂ©es et constituaient 

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Mode d’expression poĂ©tique et stratification sociale  
dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

133

des dĂ©partements-clefs de cette administration. Autour du pouvoir central – 

Almami, 

du pouvoir provincial - 

lam

ɓ

Ăš diiwĂš 

et du pouvoir administratif – 

hoorÚÚ

ɓ

Ăš leydi, 

gravitaient les 

maw

ɓ

Ăš, 

qui exerçaient un pouvoir gĂ©rontocratique. Les 

maw

ɓ

Ăš 

Ă©taient 

les reprĂ©sentants des diffĂ©rentes lignĂ©es masculines ou 

gorol 

ou encore l’ensemble des 

parents, qui sont issus du mĂȘme patriarche, et qui forment le 

musidal. 

 Chaque 

maw

ɗ

musidal

 ou 

ancien de parentage

 (Vieillard 1939)

 

reprĂ©sentait sa lignĂ©e masculine dans 

le conseil des anciens : les 

maw

ɓ

Ăš. 

Le conseil des anciens ou 

maw

ɓ

Ăš 

Ă©tait composĂ© 

des reprĂ©sentants des diffĂ©rentes provinces, ambassadeurs qui siĂ©geaient dans la cour 
de l’

Almami.  

La province ou 

Diiwal 

est organisĂ©e Ă  l’image du pouvoir central de Timbo. Son 

chef – 

lan

ɗ

o diiwal, 

qui représente

 

l’

Almami

 appartient en gĂ©nĂ©ral Ă  l’une des quatre 

grandes tribus de l’aristocratie peule mentionnĂ©es prĂ©cĂ©demment. L’organisation du 
village est aussi  identique  Ă  la structure sociale et politique du pouvoir central et de la 
province. Cette hiĂ©rarchisation sociale montre que l’individu est traduit devant la loi 
par l’intermĂ©diaire du seul reprĂ©sentant de sa lignĂ©e masculine auprĂšs du pouvoir 
hiĂ©rarchique. Cette disposition juridique impose Ă  chaque communautĂ© parentale 
d’assumer les actes dĂ©lictueux de chaque membre de la lignĂ©e parentale. A l’aune de 
ce systĂšme juridique, on voit poindre Ă  l’horizon toute l’importance que revĂȘt 
l’éducation familiale, car tout fait dĂ©lictueux constitue un dĂ©shonneur pour la famille 
du prĂ©venu. 

En dehors des institutions prĂ©sentĂ©es prĂ©cĂ©demment, le reste de la sociĂ©tĂ© Ă©tait 

structurĂ© de la maniĂšre suivante. 

Les 

rim

ɓ

Ăš 

ou hommes libres viennent aprĂšs les couches privilĂ©giĂ©es. Il s’agit de 

tous les peuls qui n’appartiennent pas aux lignĂ©es exerçant directement le pouvoir par 
droit hĂ©rĂ©ditaire. Appartiennent aussi Ă  cette catĂ©gorie les Maninka et les DiakankĂ© 
islamisĂ©s, qu’on appelle aussi soninkĂ©. Ils sont venus de Diakaba, une  des rĂ©gions de 
la RĂ©publique du Mali.  

Les professionnels du bois, du mĂ©tal (forgerons, bijoutiers), de la poterie, les 

griots forment une couche particuliĂšre qu’on dĂ©signe sous le nom de 

Ƌ

ee

Ƌ

u

ɓ

Ăš

. On peut 

y ajouter les tisserands et les teinturiers. Toutefois ces deux derniĂšres catĂ©gories 
professionnelles ne sont pas toujours exercĂ©es exclusivement par des hommes de 
castes.  

Au bas de l’échelle sociale se trouvent les 

haa

ɓ

Ăš 

ou captifs sur qui reposent 

l’essentiel de la production sociale, du travail manuel et de la vie domestique. Les 
captifs se subdivisent en deux catĂ©gories. Les captifs domestiques ou de case  sont les 
descendants des premiers habitants du Fouta vaincus, qu’on dĂ©signe sous le nom de 

ndimaa

ɓ

Ăš. ; 

ils vivent dans la concession de leur maĂźtre et sont commis Ă  tous les 

travaux domestiques. Les captifs des champs, achetĂ©s ou capturĂ©s au cours de razzias 
exĂ©cutaient des travaux durs, notamment la construction des clĂŽtures, le labour des 
champs, l’entretien des cultures et la rĂ©colte des cĂ©rĂ©ales : ils pouvaient ĂȘtre Ă©changĂ©s 
ou vendus ; ils vivaient dans des hameaux de culture ou 

rundĂš 

 sous l’autoritĂ© d’un 

Manga

 ou d’un 

Satigi.  

 

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134 

Alpha O. Barry 

4.  Classes sociales, expression poĂ©tique et rhĂ©torique  

 

 

Parlant de la littĂ©rature dans l’étendue de l’aire peule, Seydou (2000) Ă©tablit deux 

constats importants. L’auteur se demande, tout d’abord, si l’importance de l’expression 
littĂ©raire, chez les Peuls, n’est pas liĂ©e Ă  l’élevage des bovins et Ă  la situation qu’il 
entraĂźne. Selon Seydou, les Peuls n’ont pas d’autre domaine artistique que celui de la 
langue et de la voix. L’investissement esthĂ©tique et culturel chez les Peuls porterait 
donc entiĂšrement sur la langue. L’acuitĂ© de leur conscience linguistique trouve ainsi sa 
justification dans les jeux verbaux pratiquĂ©s par les enfants dans le but d’acquĂ©rir une 
bonne maĂźtrise de la langue. Ces jeux, comme le montrent les exemples suivants, 
donnent l’occasion de s’entraĂźner Ă  toutes les manipulations langagiĂšres. 

 

Si kollun turikun-turtikun naati e gaykun turikun-turtikun 

Ko lekkun turiikun-turtiikun yaltinta kun kullun turiikun-turtiikun Ăš kun gaykun turiikun-

turtiikun. 

Traduction

 : lorqu’un insecte courbĂ© et recourbĂ© s’engouffre dans un trou Ă  labyrinthes, 

il faut un bĂąton tordu et retordu pour sortir cet insecte courbĂ© et recourbĂ© de ce trou Ă  

labyrinthes 

Mettant Ă  contribution les ressources expressives de leur langue caractĂ©risĂ©e par 

plusieurs classes nominales, les Peuls utilisent l’allitĂ©ration expressive pour dĂ©peindre 
un objet soit par analogie de timbres, soit par un rapport d’intensitĂ©. On peut observer 
que la fonction poĂ©tique du message prĂ©cĂ©dent repose sur la rĂ©gularitĂ© d’occurrences : 

  - du morphĂšme -

un 

et des radicaux qu’il Ă©largit : 

kull-un 

(petit animal), 

gayk-un

 

(petit trou), 

- des verbes graduels : 

turii 

(courbĂ©) / 

turtii 

(recourbĂ©), 

Les procĂ©dĂ©s stylistiques consistent Ă   
- varier  les morphĂšmes verbaux : - 

ii,/ -etee,

 

- crĂ©er une antithĂšse : 

natii, nadetee 

 (introduire) / 

yalta

 (sortir, retirer), 

- maintenir constant les nominaux : 

kullun 

(petit animal), 

gaykun

 (petit trou), 

lekkun

 (petit bĂąton) ; 

- maintenir les radicaux verbaux : 

tur

/ turt

- , 

natt- , naad-/ yalt

L’allitĂ©ration peut ĂȘtre liĂ©e Ă  l’entrave, comme le montre l’exemple suivant : 

mo 

furfurtinii,  o farfartinay

 (qui surprend et dĂ©niche, poursuit et traque). On note une 

rĂ©currence de deux entraves : 

rf  

et 

rt 

renforcĂ©e par le redoublement d’une mĂȘme 

syllabe : 

fur

-

fur- 

et 

far-far- 

plus une variation vocalique u/a. L’allitĂ©ration peut aussi 

ĂȘtre liĂ©e Ă  la gĂ©mination consonantique. L’énoncĂ© suivant en est un exemple frappant : 

suttudĂš Ăš sattudĂš ko accutudĂš ko sutti 

ɓ

uri sattandĂš suttu

ɗ

(Il est plus difficile de 

perdre une habitude que d’en acquĂ©rir). 

L’allitĂ©ration expressive, tout comme l’assonance, l’entrave et la gĂ©mination sont 

des procĂ©dĂ©s stylistiques issus du langage courant qui sont devenus les ressources 
esthĂ©tiques essentielles de la poĂ©sie peule du Fouta Djallon. 

Outre les parallĂ©lismes de construction de ces couplets Ă  valeur doxique, Seydou 

(2000) prĂ©cise aussi, qu’outre la littĂ©rature orale, on trouve chez les Peuls une 
importante littĂ©rature Ă©crite. Cette situation est liĂ©e Ă  l’introduction de l’Islam et de la 
culture arabe. L’environnement culturel, ainsi crĂ©Ă©, a gĂ©nĂ©rĂ© un Ă©largissement des 

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Mode d’expression poĂ©tique et stratification sociale  
dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

135

champs de la production littĂ©raire et une adaptation des genres et des styles Ă©trangers 
qui se sont parfaitement intĂ©grĂ©s dans la culture peule. 

  

4.1. La littĂ©rature Ă©crite

 

peule 

La constitution Ă  partir du 18

Ăšme

 siĂšcle de l’Etat thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

fondĂ© sur un esclavage de type fĂ©odal a favorisĂ©, sur le plan culturel, l’émergence 
d’une Ă©lite intellectuelle libĂ©rĂ©e de tous les autres travaux exclusivement rĂ©servĂ©s aux 
esclaves. Selon Seydou (2000 : 64)  

 

l’apparition d’une catĂ©gorie de lettrĂ©s qui, fĂ©rus de culture savante, s’en sont fait les 

vulgarisateurs et ont adoptĂ© la graphie arabe pour fournir Ă  la langue peule un alphabet dit 

ajami
 .  

 

Se consacrant uniquement aux Ă©tudes coraniques, cette couche privilĂ©giĂ©e par le 

systĂšme Ă©tatique a commencĂ© par la traduction du Coran et des Ɠuvres fondamentales 
de l’Islam. Elle a aussi crĂ©Ă© des textes d’inspiration religieuse : traitĂ©s, exposĂ©s Ă©rudits 
sur des sujets thĂ©ologiques, juridiques, politiques, commentaires trĂšs acadĂ©miques etc. 
(Sow, 1966 et 1972). On peut toutefois observer que la poĂ©tique peule Ă©crite en 
alphabet 

ajami 

est constituĂ©e, en grande partie, de poĂšmes inspirĂ©s de la mĂ©trique 

arabe. Elle est destinĂ©e Ă  ĂȘtre chantĂ©e ou dĂ©clamĂ©e, d’oĂč sa visĂ©e didactique et 
religieuse. Mohammadou (2000) fait remarquer que les Ɠuvres jusque-lĂ  recensĂ©es 
dans ce domaine, le sont principalement au Fouta Djallon (GuinĂ©e) et dans la partie 
orientale de l’aire peule qui correspond Ă  l’ancien empire de Sokoto (Nigeria). 

L’Ɠuvre classique la plus cĂ©lĂšbre au Fouta Djallon s’intitule 

oogirdĂš  malal

 (le 

filon Ă©ternel du bonheur)1, qui peut se traduire aussi par la voie du salut Ă©ternel ou tout 
simplement la voie du musulman. D’une grande valeur spirituelle, cette Ć“uvre 
emprunte au modĂšle arabe la rime et la scansion, comme le montre l’introduction 
suivante : 

 

Mi

ɗ

o jantora himmudi haala pular 

Ka no newnanĂš fahmu nanir ja

ɓ

ugol 

Sabu nĂš

ɗɗ

o ko haala mu’un nĂšwotoo  

NdĂš o faaminirĂš ko wiaa to 

ÆŽ

ial yoga 

Ful

ɓ

Ăš no tinnda ko janginira arabiyya 

O lutta Ăš sikkitagol


  

Traduction 

: j’expose en langue pular les principes de la foi qui te permettent de 

comprendre et d’ĂȘtre persuadĂ©, car l’accĂšs au savoir est plus facile dans sa propre langue. 

Nombreux sont les Peuls qui restent dans l’incertitude d’une lecture correcte en arabe). 

 

A partir de la naissance de l’Etat thĂ©ocratique du Fouta Djallon, plusieurs 

gĂ©nĂ©rations de poĂštes peuls musulmans se succĂšdent sur la scĂšne pour tĂ©moigner de 
leur maĂźtrise de la parole de Dieu, de la phonostylistique et de la grammaire aussi bien 
de l’arabe que de la langue peule. Plusieurs chercheurs, Gaden (1935), Sow (1966), 
Lacroix (1965)2, etc. font remarquer que cette poĂ©sie Ă©crite, inspirĂ©e du rythme et de la 
scansion en arabe, est d’une grande variĂ©tĂ©. Elle varie de la poĂ©sie didactique Ă  la 

                                                           

1 Sow Alfa Ibrahima, 

Le filon du bonheur Ă©ternel 

de Thierno Mouhammadou Samba MombĂ©ya, Paris, 

Armand Colin, Classiques africains 10, 1972, 202 pages. 

 

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136 

Alpha O. Barry 

poĂ©sie mystique, de l’oraison Ă  l’élĂ©gie, de l’apologie au prĂŽne et concerne mĂȘme 
l’épopĂ©e de certains personnages historiques tel que El Hadj Oumar Tall, grand 
conquĂ©rant religieux, qui domina toute l’Afrique Occidentale au XVIII

Ăšme

 siĂšcle.  

De l’avis de Seydou (2000), la poĂ©sie Ă©crite peule dĂ©passe largement le cadre 

strictement religieux pour traiter de tous les sujets. C’est ainsi qu’est nĂ©e, 
parallĂšlement Ă  la poĂ©sie d’essence religieuse, une poĂ©sie profane d’une grande variĂ©tĂ© 
d’inspiration et de ton. Cette remarque corrobore celle de Mohammadou (2000) qui 
parle de l’émergence d’une autre gĂ©nĂ©ration de poĂštes Peuls utilisant, cette fois-ci, les 
caractĂšres latins pour Ă©crire leurs poĂšmes. ManĂ© (1987) qui parle Ă©galement d’une 
nouvelle gĂ©nĂ©ration de poĂštes peuls – Ă©crivains de la pĂ©riode coloniale et post-
coloniale – mentionne que ces Ă©crivains s’intĂ©ressent de plus en plus aux activitĂ©s de la 
vie quotidienne et aux problĂšmes qui hantent le monde contemporain et non Ă  la 
religion exclusivement. 

 

4.2. La littĂ©rature orale 

S’il est un trait dĂ©finitoire qui caractĂ©rise le mieux la littĂ©rature orale peule, c’est 

la diversitĂ© des genres poĂ©tiques. Et dĂšs que j’aborde la notion de  

Littérature orale

, je 

fais rĂ©fĂ©rence Ă  la rhĂ©torique, un domaine oĂč le trĂ©sor sĂ©culaire des savoirs 
encyclopĂ©diques se transmet de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration depuis des temps 
immĂ©moriaux. Je dirais depuis 

Ilo, 

qu’une lĂ©gende communĂ©ment admise, dĂ©signe 

comme l’ancĂȘtre mythique des peuls.

 

Les Ɠuvres orales constituent donc un immense patrimoine culturel coulĂ© dans le 

langage quotidien, ce qui explique en partie son renouvellement constant. Qu’on la 
qualifie d’épique, de dramatique ou de lyrique, cette masse verbale en circulation dans 
laquelle baigne la communautĂ© peule suscite des curiositĂ©s, surtout quand on considĂšre 
que ces 

langages, 

tantĂŽt Ă©sotĂ©riques, tantĂŽt populaires sont structurĂ©s selon une 

rythmique singuliĂšre. Cette singularitĂ© repose sur la gĂ©mination consonantique, 
l’allitĂ©ration, l’assonance, l’entrave et la quantitĂ© vocalique, des caractĂ©ristiques 
phonostylistiques susceptibles d’apporter une virtuositĂ© verbale et une valeur 
esthĂ©tique Ă  l’expression orale peule, surtout quand le griot, maĂźtre de la parole 
entonne ces poĂšmes avec tous ses talents oratoires. La version peule de la loi de 
Talion, par exemple, qui s’énonce de la maniĂšre suivante, montre comment la valeur 
esthĂ©tique de l’énoncĂ© verbal repose sur la phonostylistique.  

 

Mo tawii ma ka maa,  

Tappii ma li

ɓ

al, Tappu mo la

ɓ

al 

Si o tappii ma la

ɓ

al, Tappu mo li

ɓ

al. 

Traduction

 : Qui te frappe d’un coup de sabre chez toi, terrasse-le violemment ; et s’il 

te terrasse violement, donne-lui un coup de sabre. 

 

L’examen de cette maxime montre que sa valeur esthĂ©tique repose sur 

l’assonance intĂ©rieure et finale dĂ©celable sur les segments verbaux 

taw-ii 

et 

tapp-ii

 qui 

sont flĂ©chis par le mĂȘme morphĂšme de conjugaison. Le mĂȘme procĂ©dĂ© 
phonostylistique est rĂ©itĂ©rĂ© sur 

la

ɓ

-al 

et 

li

ɓ

-al, 

deux substantifs qui appartiennent Ă  la 

mĂȘme classe nominale â€“

al et 

dont la diffĂ©rence phonique repose sur l’opposition 

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Mode d’expression poĂ©tique et stratification sociale  
dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

137

phonĂ©matique des voyelles de la premiĂšre syllabe 

li/la 

(i/a). Quant Ă  la valeur 

adversative, elle est exprimĂ©e par l’opposition morphĂ©matique entre l’énoncĂ© verbal 

mo tappii ma 

(celui qui te frappe) et son adversatif 

tappu mo 

(frappe-le). Qu’il s’agisse 

des formes nominales ou verbales, on peut facilement repĂ©rer la forme canonique de la 
langue pular,  la structure CVC- 

Un autre exemple qui mĂ©rite d’ĂȘtre citĂ©, se prĂ©sente de la maniĂšre suivante : 

 

 Mo tenii boori turbii toori mo

ɗ

i ndin toori 

ɗ

awii ndontoori  yahii ndantaari yi’ii 

mbutoori mara finkaari bu’ay ndin toori kalabanteeri Ăš ndin ndantaari junna ndin 

ndontoorii.  

 

Dans cet autre dicton qui Ă©nonce l’avarice et ses consĂ©quences rĂ©troactives sur 

l’avare, la valeur poĂ©tique repose sur des aspects phonostylistiques singuliers jouant 
sur la paronymie des substantifs. Ces nominaux forment des paires parfaites ou 
presque parfaites. Ainsi, la variation peut ĂȘtre soit :  

- consonantique :

 b-oori/t-oori, (b/t),  

soit vocalique : 

nd-o-n-t-oo-ri/nd-a-n-t-aa-ri (o, oo/a, aa).  

 

 

Mbut-oo-ri / fink-aa-ri (mbuut-/fink-)- (oo/aa) 

Outre la variation vocalique, on constate qu’en premiĂšre syllabe la voyelle est 

brĂšve. Elle s’oppose sur le plan de la quantitĂ© Ă  la deuxiĂšme syllabe - syllabe mĂ©diane 
qui est longue. Son allongement est dĂ» aussi au /

r/  

qui est une consonne allongeante. 

On peut observer aussi que tous les verbes sont flĂ©chis par le mĂȘme morphĂšme 
vocalique : la voyelle longue 

– ii.

 

Que ces Ć“uvres orales soient des contes, des lĂ©gendes, des proverbes, des 

devinettes, des chantefables ou des poĂšmes incantatoires, chaque discours reçoit son 
ornement. Car tout se passe comme si le contenu idĂ©ologique, qui tĂ©moigne d’une 
vision du monde ne trouvait sa valeur esthĂ©tique et rĂ©troactive sur les faits et 
Ă©vĂ©nements sociaux qu’aprĂšs avoir revĂȘtu des motifs ornementaux rĂ©sultant de sa 
broderie phonostylistique. 

MalgrĂ© la variĂ©tĂ© des genres et leur complexitĂ©, on peut subdiviser la littĂ©rature 

orale en : 

- genre profane ou populaire qui regroupe les dictons, les proverbes, les poĂšmes, 

l’épopĂ©e, etc. 

- genre sacrĂ© ou Ă©sotĂ©rique qui englobe la poĂ©sie incantatoire, ou les formules 

liturgiques sensĂ©es avoir une incidence rĂ©troactive sur les faits et Ă©vĂ©nements sociaux. 
Cette poĂ©sie est surtout utilisĂ©e dans le cadre de l’élevage du bĂ©tail Ă  cause de ses 
vertus thĂ©rapeutiques. 

L’un des poĂšmes les plus populaires au Fouta Djallon s’intitule 

hirdĂš jimbĂš 

(soirĂ©e dansante au rythme du tam-tam). Il comprend 22 vers qui s’organisent en 5 
quatrains et 2 refrains. La structure se prĂ©sente de la maniĂšre suivante : 

 

1. Lewru ndun no sayy

itaa

// 

5. Samba Juma e Saaten

en

  

2. wengaa// dow dow to weey

o

 

6. Nodditii fijoo

ɓ

ɓ

en

 

3. kammu ngun no 

Ƌ

enk

itaa

 

7. Siran Sitan e Kumba Kork

a

 

4. Leele no teeri amoow

o

                    8. Wontiri 

ɗ

un jinda fatw

 

9. Hande Kadi ko hirde jimb

e

 

13. Kunnakiti ko tikka sooy

i

 

10. Hirde tama e hirde sanj

e

 14. 

ɗ

un alaa ko yeddu m

aa

 

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Alpha O. Barry 

11. Gooto kala e dewro mu’

un

 

15.  Mi weddoto ngol jooni joon

i

  

12. Fottoyen ka ndantah

un

                   16. Dewro tuma nde yolli

ɗ

a

  

17. Samba Tenen tappu tii

ɗ

a

 

 21. Lewru ndun no sayy

itaa

  

18. Manga Sabu no hirsi mbeew

a

        22. Kammu ngun no 

Ƌ

enk

itaa

 

19. Hande ko fijo cuule jul

de               

20. Donkin-Dane-mawna-in

de

 

 

Traduction

 : La lune est balayĂ©e, suspendue trĂšs haut dans l’éther. Le ciel est astiquĂ©. 

La clartĂ© de la lune dĂ©fie le danseur. Samba Juma et Saatenen convient leurs invitĂ©s Ă  la 

rĂ©jouissance. Sira Sitan et Kumba Korka s’activent Ă  vĂ©rifier tous les dĂ©tails de 

l’organisation. Aujourd’hui encore c’est jour de danse au son du tam-tam, aux tambourins 

et aux crĂ©celles. Chacun avec sa copie, convergeons tous vers l’espace public. Il ne fait 

l’objet d’aucun doute que 

Tikka soyi

 est un habit Ă  la mode. Lorsque nous serons entrĂ©s 

dans la transe, je jetterai trĂšs haut mon mouchoir de tĂȘte. Samba Tenen active-toi dans la 

percussion. Manga Sabu a abattu une chĂšvre pour la circonstance. Aujourd’hui c’est jour 

de rĂ©jouissance pour l’excision de Julde. Donkin-Dane-grand personnage illustre. 

 

La structure du poĂšme repose sur une mĂ©trique syllabique de 7 pieds (V1 et V3). 

Toutefois, cette mĂ©trique n’est pas constante, les vers 15 et 18 qui dĂ©passent 7 pieds en 
sont des exemples frappants. Quant Ă  la cĂ©sure des hĂ©mistiches, elle varie d’un vers Ă  
un autre. Si elle intervient aprĂšs les trois premiĂšres mesures dans le vers 1 : 

lewru-ndun  

no sayyitaa //  

elle apparaĂźt dĂšs aprĂšs les deux premiers pieds dans le vers 2 

no wengaa 

// dow to weeyo

. L’auteur de ce poĂšme – qui est anonyme - joue sur la cadence des 

cĂ©sures et le rythme de la rĂ©pĂ©tition des assonances Ă  la fin de chaque vers. Le retour 
rĂ©gulier des sonoritĂ©s rimiques imprime au poĂšme une valeur esthĂ©tique qui se mesure 
dans sa musicalitĂ©. 

Sur le plan rimique, le poĂšme, dans son ensemble, s’organise de la maniĂšre 

suivante. La rĂ©partition rimique dans le  premier quatrain repose sur la combinaison : 

abab

. Cette combinaison contraste avec celle du second quatrain qui est plate : 

aabb

La combinaison dans les troisiĂšme, quatriĂšme et cinquiĂšme quatrains, est identique Ă  
celle du deuxiĂšme quatrain. Finalement, tout se prĂ©sente comme si le compositeur du 
poĂšme voulait adopter une autre combinaison : 

aa

 pour parfaire son Ɠuvre. Les deux 

derniers vers constituent Ă  la fois une clĂŽture du poĂšme, une nouvelle combinaison par 
rapport aux deux premiĂšres et un refrain du vers 1 et du vers 3. 

AprĂšs cette brĂšve prĂ©sentation de la structure de ce poĂšme, on peut dĂ©duire 

qu’entre la poĂ©sie populaire et la poĂ©sie savante la ligne de dĂ©marcation n’est pas 
toujours nette. Seul le contenu - thĂ©ologique ou non - ainsi que les objectifs poursuivis 
permettent de mesurer la diffĂ©rence.  Autrement dit, si la forme est la mĂȘme, le 
contenu et la fonction fondent la diffĂ©rence entre les Ć“uvres littĂ©raires Ă©crites de 
l’aristocratie et les compositions orales de simples amateurs. Cette observation trouve, 
me semble-t-il, son Ă©cho dans la conclusion que Seydou (2000 : 69) tire de son Ă©tude 
sur la littĂ©rature Ă©crite peule en ces termes : « elle est gĂ©nĂ©ralement l’Ɠuvre de lettrĂ©s 
cultivĂ©s et mĂȘme Ă©rudits mais aussi d’auteurs plus modestes qui, mus par un 
militantisme fervent, s’y essaient avec plus ou moins de bonheur Â».

 

 

La littĂ©rature orale peule englobe aussi le genre Ă©sotĂ©rique ou sacrĂ© que les 

Ă©leveurs du Fouta Djallon rĂ©citent dans le quotidien pour protĂ©ger leurs troupeaux des 
esprits malĂ©fiques. Cette poĂ©sie incantatoire propre aux seuls initiĂ©s est une vĂ©ritable 
ode aux bovins. On sait que les Peuls sont des Ă©leveurs de bĂ©tail. Leurs traditions, leur 

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dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

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mode de vie et leur existence sont Ă©troitement liĂ©s Ă  cette pratique. La croyance en la 
vertu magique du verbe, celle de la force et de l’efficacitĂ© des mots justifie l’attention 
particuliĂšre que les Ă©leveurs peuls accordent aux formules incantatoires. Certains 
chercheurs n’hĂ©sitent pas Ă  appeler ces formules magiques 

poĂ©sie pastorale peule.  

Le 

contenu de cette poĂ©sie rĂ©citĂ©e Ă  voix basse reflĂšte la vision du monde, ainsi que la 
passion des Peuls pour l’élevage du bĂ©tail. Dans leur vision du monde, les Ă©leveurs 
Peuls croient en la vertu des mots. Ainsi, pour conjurer les forces malĂ©fiques et 
Ă©loigner les mauvais esprits susceptibles de nuire Ă  la santĂ© et Ă  la procrĂ©ation des 
bovins, l’éleveur rĂ©cite des formules magiques qui ont une vertu protectrice. 

La poĂ©sie pastorale peule repose sur des thĂ©matiques qui sont centrĂ©es sur la 

vache, objet d’adoration et raison de vivre des Ă©leveurs. En dehors des berceuses qui 
font l’éloge des vaches laitiĂšres et qui vantent leurs mĂ©rites (de fournir le maximum de 
lait possible), plusieurs poĂšmes liturgiques ont un indicatif d’ouverture ou exorde. 
L’exorde s’énonce comme suit : 

 

 Diisi Alla, diisi puddi naagĂš, diisi hirnaangĂš, diisi nano, diisi naamo. mo adoraali indĂš 

Alla o sakkitoray indĂš Alla.  

Traduction

 : Au nom de Dieu Ă  qui je fais rĂ©fĂ©rence, au nom du levant et du couchant, 

au nom du nord et du sud ! Qui ne se fit Ă  Dieu Ă  l’amorce, se fiera Ă  lui en fin de 

compte). 

 

La rĂ©fĂ©rence Ă  Allah dans des poĂšmes d’essence animiste est l’indice d’un 

amalgame entre le paganisme et la croyance en un Dieu unique. 

On peut dĂ©duire de ce qui prĂ©cĂšde, que la prĂ©dominance de l’élevage chez les 

Peuls explique leur amour viscĂ©ral pour le bĂ©tail. Il est donc tout Ă  fait logique que le 
genre pastoral occupe une large place dans l’expression poĂ©tique peule du Fouta 
Djallon, Ă  tel point qu’il incarne une part vivante du patrimoine culturel de toute la 
communautĂ©. 

De tous les genres littĂ©raires oraux qu’on retrouve en milieu peul du Fouta 

Djallon, l’épopĂ©e mĂ©rite une attention particuliĂšre. En effet, la poĂ©sie gĂ©nĂ©alogique ou 

asko (

paroles entonnĂ©es) est un domaine rĂ©servĂ© Ă  l’une des catĂ©gories sociales 

dĂ©finies prĂ©cĂ©demment. Le 

Farba 

– griot Ă©mĂ©rite – est un homme Ă  qui on a reconnu 

des talents mĂ©ritoires dans l’exercice de la parole. Il appartient Ă  la caste des griots, les 
professionnels et maĂźtres de la parole. Cette caste avait charge d’égayer le peuple au 
cours des cĂ©rĂ©monies qui ponctuent la vie sociale, de galvaniser les soldats dans les 
champs de bataille, de tempĂ©rer la colĂšre et les dĂ©cisions de l’aristocratie, de narrer les 
hauts faits historiques, etc. 

En tant que rĂ©gulateur de la vie sociale, le griot exerçait des fonctions mĂ©ritoires, 

c’est pourquoi son statut social Ă©tait diffĂ©rent de celui des autres hommes de castes. 
Vivant dans la cour royale, le griot assumait les fonctions de conseiller, de 
gĂ©nĂ©alogiste et mĂȘme d’ambassadeur. Il Ă©tait investi de fonctions considĂ©rables et 
exerçait, de fait, un poids moral sur les mƓurs politiques et sociales,  et dans la vie de 
la citĂ©. 

Le genre Ă©pique occupe une place centrale dans la culture peule du Fouta Djallon. 

L’épopĂ©e narrĂ©e par la voix du griot exalte les hauts faits de courage et de bravoure. 

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140 

Alpha O. Barry 

Cette narration s’accompagne d’une musique. On peut citer, entre autres exemples, les 
exploits de chasse de 

Samba danna 

- Ă©popĂ©e Ă  la fois dramatique et lyrique d’un fils 

unique qui s’est converti Ă  la chasse pour combler de bonheur sa maman. Surpassant 
ses compĂšres et mĂȘme son pĂšre en courage, Samba est victime d’un complot de la part 
des animaux de la brousse qui lui tendent un piĂšge en lui envoyant une antilope 
dĂ©guisĂ©e en jeune fille. Sans prendre garde, comme le lui recommandait sa mĂšre, il 
livre le secret de ses exploits Ă  la jeune fille. C’est ainsi que les animaux rĂ©ussissent Ă  
mettre fin Ă  ses jours. 

Outre ce dernier exemple, l’épopĂ©e la plus courante exalte les hauts faits 

historiques. On peut citer en exemple les rĂ©cits Ă©piques qui retracent la vie d’El Hadj 
Oumar Tall, celle de Bocar Biro – le dernier des Almami du Fouta Djallon, vaincu par 
l’armĂ©e française en 1896, celle d’Alpha Yaya le roi de LabĂ©. Les exploits de Thierno 
Abdourahamane Koyin au cours de l’expĂ©dition guerriĂšre que l’Etat thĂ©ocratique du 
Fouta Djallon lança contre le chef fĂ©tichiste DjankĂš Wali. Tous ces rĂ©cits Ă©piques 
racontĂ©s soit par Faba Njala, soit par Farba TĂ©la ont pour vocation de ranimer chez 
l’auditeur le sentiment identitaire. Ainsi, comme le souligne si bien Seydou (2000 : 
68—69)  

 

 l’épopĂ©e est par excellence le genre qui a la plus grande charge identitaire : elle 

lĂ©gendifie l’histoire pour mieux exprimer l’idĂ©ologie constitutive du groupe et instiller 

dans l’auditoire une aspiration exaltĂ©e Ă  maintenir cette idĂ©ologie

 

sinon dans la rĂ©alitĂ© 

vĂ©cue, du moins au rang de signe distinctif et de reconnaissance. 

 

L’un des traits, qui caractĂ©risent ces rĂ©cits Ă©piques oraux, est que l’Ɠuvre du griot 

mĂȘle fiction et rĂ©alitĂ©. Les traits des personnages, leurs exploits sont toujours amplifiĂ©s 
de façon Ă  leur donner une allure surnaturelle, une divinitĂ© tutĂ©laire idĂ©alisĂ©e ou 
sublimĂ©e. La narration atteint son paroxysme lorsque le rĂ©cit sort du rĂ©el pour cultiver 
dans l’imaginaire de l’auditoire des vertus cardinales constitutives de l’idĂ©al peul â€“ la 

pulaagu 

(l’idĂ©al projetĂ© dans la maniĂšre d’ĂȘtre peul). 

Il est difficile de faire un inventaire exhaustif ou de dresser un rĂ©pertoire des 

genres littĂ©raires oraux dans un travail aussi succinct que celui-ci. J’ai, par exemple, 
passĂ© sous silence les contes, les devinettes, et les langages sibyllins ou verlan, qui sont 
trĂšs courants dans le milieu peul du Fouta Djallon. Leur usage quasi-quotidien montre 
que ces genres littĂ©raires occupent une place importante dans le patrimoine culturel de 
la communautĂ© peule. Ils permettent Ă  l’auditeur tout comme au narrateur de se livrer Ă  
un exercice de la pensĂ©e, Ă  un apprentissage linguistique et Ă  une dĂ©lectation 
personnelle. La leçon de morale qui s’en dĂ©gage assume une fonction rĂ©gulatrice de la 
tenue en sociĂ©tĂ©. 

 

5. Conclusion 

 

Je viens de survoler dans ses grandes lignes les modes d’expressions poĂ©tique et 

rhĂ©torique en milieu peul du Fouta Djallon. Quoique schĂ©matique, cette prĂ©sentation 
permet de comprendre que, dans les sociĂ©tĂ©s africaines, l’expression de la pensĂ©e et 
des sentiments emprunte des canaux variĂ©s. Cette variĂ©tĂ© des usages dans l’expression 
littĂ©raire bouscule, sans aucun doute, le clivage oral vs Ă©crit, derriĂšre lequel se cache la 

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Mode d’expression poĂ©tique et stratification sociale  
dans l’État thĂ©ocratique du Fouta Djallon 

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tendance rĂ©trograde Ă  accorder le statut exclusif de production littĂ©raire aux seules 
Ɠuvres Ă©crites. La production poĂ©tique, comme je viens de le montrer, en ce qui 
concerne le Fouta Djallon, est d’une grande richesse. Elle est l’Ɠuvre de poĂštes 
appartenant Ă  toutes les catĂ©gories sociales. Des lettrĂ©s d’une grande notoriĂ©tĂ© ont fait 
valoir leur talent, tout comme de modestes amateurs ont tentĂ©. 

De tout ce qui prĂ©cĂšde, on peut dĂ©duire que mĂȘme si la poĂ©sie religieuse a connu 

un dĂ©veloppement spectaculaire grĂące Ă  l’écriture, elle est avant tout d’expression 
orale parce qu’elle est destinĂ©e Ă  ĂȘtre chantĂ©e. Cantiques religieux ou poĂ©sie populaire, 
quel que soit son mode d’expression et quel que soit son genre, la poĂ©tique peule du 
Fouta Djallon - et d’ailleurs - est le signe de la vitalitĂ©, de la variĂ©tĂ© et de la richesse du 
patrimoine culturel d’un peuple. 
 
 

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