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Jean Nicot: Le Thresor de la langue francoyse (1606)

religion

Religion, Profession de religion, Hierodulia, B.

Faire profession de religion, In manum conuenire antistitis, In mancipio antistitis esse coepisse, B.

Diverses religions, Aliae atque aliae religiones.

Estimant que c'estoit contre la religion et honneur des dieux, Irreligiosum ratus, sacerdotes, etc.

Violer la religion, Nefas contrahere.

Qui ne fait conte de religion, Irreligiosus.

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Dictionnaire de l'Académie française, 1st Edition (1694)

religion

RELIGION. s. f. Culte qu'on rend à la Divinité, suivant la creance que l'on en a. La Religion Juifve. la Religion Chrestienne. la bonne, la fausse Religion. la Religion de Mahomet. professer une Religion. faire profession d'une Religion. faire une nouvelle Religion. se faire une Religion à sa mode. Embrasser une Religion. changer de Religion. se convertir à la Religion Chrestienne, à la Religion Catholique. la Religion du pays. la Religion du Prince. la Religion de nos Peres. mourir pour la Religion. en fait de Religion il ne faut pas trop raisonner. c'est un point de Religion. c'est un homme sans Religion. il n'a point de Religion. toutes Religions luy sont bonnes. il n'a guere de Religion.

On appelle en France Religion Pretenduë Reformée, La croyance des Calvinistes. Quelquefois mesmes l'on dit absolument, Cet homme estoit de la Religion, pour dire, qu'Il estoit de la croyance des Calvinistes.

Religion, est pris aussi quelquefois pour L'estat de ceux qui sont engagez par des voeux a suivre une certaine Regle authorisée par l'Eglise. Entrer en religion. il a trente ans de religion. religion austere. religion douce. choisir une religion. habit de religion. elle s'est jettée en religion. mettre une fille en Religion.

Il signifie quelquefois, Monastere, Convent, S'enfermer en religion. il ne presche que dans des religions de filles. il a entendu la Messe à cette petite religion.

Religion, se dit aussi de l'Ordre de Malthe. La religion de Malthe. ce Chevalier a servi tant d'années la religion. les galeres de la religion.

On dit, Se faire une religion d'une chose, pour dire, S'en faire une obligation indispensable. Il se fait une religion de tenir sa parole.

On dit, Violer la religion du serment, pour dire, Manquer à son serment, se parjurer.

On dit, Surprendre la religion des Juges, la religion de la Cour, pour dire, Tromper les Juges par de faux exposez.

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Dictionnaire de l'Académie française, 4th Edition (1762)

religion

RELIGION. s.f. La croyance que l'on a de la Divinité, & le culte qu'on lui rend en conséquence. La religion Juive. La religion Chrétienne. La bonne, la fausse religion. La religion de Mahomet. Professer une religion. Faire profession d'une religion. Faire une nouvelle religion. Se faire une religion à sa mode. Embrasser une religion. Changer de religion. Se convertir à la religion Chrétienne, à la religion Catholique. La religion du pays. La religion du Prince. La religion de nos Pères. Mourir pour la religion. C'est un point de religion. Faire un acte de religion. C'est un homme sans religion. Il n'a point de religion. Toutes religions lui sont bonnes. Il n'a guère de religion.

On appelle en France, Religion prétendue réformée, La croyance des Calvinistes. Quelquefois même on dit absolument, Cet homme étoit de la religion, pour dire, qu'Il étoit de la croyance des Calvinistes.

religion

RELIGION se prend quelquefois simplement pour Foi, croyance. Il a toujours eu de la religion, même dans le temps de ses dérèglemens.

religion

RELIGION se dit aussi en parlant d'Un homme qui a des moeurs conformes à sa religion. C'est un homme qui a beaucoup de religion.

religion

RELIGION se dit encore De l'état des personnes engagées par des voeux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Ce Bénédictin a trente ans de religion. Religion austère. Religion douce. Choisir une religion. Habit de religion.

On dit, Mettre une fille en religion, pour dire, La faire Religieuse.

religion

RELIGION se dit absolument De l'Ordre de Malte. Ce Chevalier a servi tant d'années la religion. Les Galères de la religion.

religion

RELIGION se dit encore en plusieurs phrases où il a des significations différentes. Ainsi on dit, Se faire une religion d'une chose, s'en faire un point de religion, pour dire, S'en faire une obligation indispensable. Il se fait une religion de tenir sa parole. Il se fait un point de religion de ne révéler jamais un secret qui lui a été confié.

On dit, Violer la religion du serment, pour dire, Manquer à son serment, se parjurer.

On dit, Surprendre la religion du Prince, la religion des Juges, la religion de la Cour, pour dire, Surprendre la bonté, la justice du Prince, des Juges, &c.; les tromper par de faux exposés.

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Dictionnaire de l'Académie française, 5th Edition (1798)

religion
RELIGION. s. fém. Le culte qu'on rend à la Divinité. La religion Juive. La religion Chrétienne. La religion naturelle. La vraie, la fausse religion. La religion de Mahomet. Professer une religion. Faire profession d'une religion. Faire une nouvelle religion. Se faire une religion à sa mode. Embrasser une religion. Changer de religion. Se convertir à la religion Chrétienne, à la religion Catholique. La religion du Pays. La religion du Prince. La religion de nos Pères. Mourir pour la religion. C'est un point de religion. C'est un homme sans religion. Il n'a point de religion. Toute religion lui est bonne. Il n'a guère de religion.

On appelle en France, Religion prétendue réformée, ou simplement, La religion, La croyance des Calvinistes. Cet homme étoit de la religion, pour dire, qu'Il étoit de la croyance des Calvinistes.

religion
Religion, se prend quelquefois simplement pour, Foi, croyance. Il a toujours eu de la religion, même dans le temps de ses déréglemens.

religion
Religion, se dit aussi en parlant d'Un homme qui a une conduite pieuse et conforme à la religion. C'est un homme qui a beaucoup de religion, qui est plein de religion.

religion
Religion, se dit encore De l'état des personnes engagées par des voeux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Ce Bénédictin a trente ans de religion. Religion austère. Religion douce. Choisir une religion. Habit dereligion.

On dit, Mettre une fille en religion, pour dire, La faire Religieuse. On dit de même, Entrer en religion, pour, Se faire Religieux ou Religieuse.

religion
Religion, se dit absolument De l'Ordre de Malte. Ce Chevalier a servi tant d'années la Religion. Les Galères de la Religion.

religion
Religion, se dit encore en plusieurs phrases où il a des significations différentes. Ainsi on dit, Se faire une religion d'une chose, s'en faire un point de religion, pour, S'en faire une obligation indispensable. Il se fait une religion de tenir sa parole. Il se fait un point de religion de ne révéler jamais un secrct qui lui a été confié.

On dit, Violer la religion du serment, pour dire, Manquer à son serment, se parjurer.

On dit, Surprendre la religion du Prince, la religion des Juges, la religion de la Cour, pour dire, Surprendre la justice du Prince, des Juges, etc. les tromper par de faux exposes.

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Dictionnaire de l'Académie française, 6th Edition (1835)

religion

RELIGION. s. f. Le culte qu'on rend à la Divinité. La religion juive. La religion chrétienne. La religion naturelle. La religion révélée. La vraie, la fausse religion. La religion de Mahomet. Être de telle ou telle religion. Professer, pratiquer une religion. Faire profession d'une religion. Fonder une nouvelle religion. Se faire une religion à sa mode. Embrasser une religion. Changer de religion. Abandonner, abjurer sa religion. Renoncer à sa religion. Se convertir à la religion chrétienne, à la religion catholique. La religion du pays, de l'État. La religion du prince. La religion dominante. La religion de nos pères. Les préceptes, les pratiques d'une religion. Mourir pour la religion. C'est un point de religion. Il ne sait pas, il ne connaît pas sa religion. Toute religion lui est bonne.

Les guerres de religion, Les guerres occasionnées par la différence des religions, et particulièrement les guerres entre les catholiques et les protestants.

La religion prétendue réformée, la religion réformée, ou simplement, La religion, La croyance des calvinistes. Cet homme était de la religion.

religion

RELIGION signifie aussi, Foi, croyance, piété, dévotion. La religion console, élève, épure l'âme. Il a toujours eu de la religion, même dans le temps de ses déréglements. C'est un homme qui a beaucoup de religion, qui est plein de religion. C'est un homme sans religion. Il n'a guère de religion. Il n'a point de religion.

religion

RELIGION se dit encore de L'état des personnes engagées par des voeux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Ce bénédictin a trente ans de religion. Religion austère. Religion douce. Choisir une religion. Habit de religion.

Mettre une fille en religion, La faire religieuse. Entrer en religion, Se faire religieux ou religieuse.

religion

RELIGION se dit absolument de L'ordre de Malte. Ce chevalier avait servi tant d'années la religion. Les galères de la religion.

religion

RELIGION se dit encore dans plusieurs phrases, où il a des significations diverses.

Se faire une religion d'une chose, s'en faire un point de religion, S'en faire une obligation indispensable. Il se fait une religion de tenir sa parole. Il se fait un point de religion de ne révéler jamais un secret qui lui a été confié.

Violer la religion du serment, Manquer à son serment, se parjurer.

Surprendre la religion du prince, la religion des juges, la religion d'un tribunal, Surprendre la justice du prince, des juges, etc., les tromper par un faux exposé.

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Émile Littré: Dictionnaire de la langue française (1872-77)

religion
RELIGION (re-li-ji-on) s. f.

1. Ensemble de doctrines et de pratiques qui constitue le rapport de l'homme avec la puissance divine. La religion juive. La religion chrétienne. La religion païenne. La religion de Mahomet, de Bouddha.
      PELLISSON, Lett. hist. t. II, p. 194: Le chevalier d'Harcourt s'y était opposé, disant que c'était une affaire entre les couronnes de France et d'Espagne, dont la religion ne se devait point mêler
      PASC., Pens. XIV, 3, édit HAVET.: Je vois des foisons de religions en plusieurs endroits du monde et dans tous les temps.... j'aurais refusé également la religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison que, l'une n'ayant pas plus de marques de vérité que l'autre, la raison ne peut pencher plutôt vers l'une que vers l'autre
      PASC., ib. XIV, 3: Je vois la religion chrétienne fondée sur une religion précédente
      PASC., ib. XI, 10 bis.: Le déisme, presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l'athéisme, qui y est tout à fait contraire
      PASC., ib. XI, 3: La seule religion chrétienne est proportionnée à tous, étant mêlée d'extérieur et d'intérieur ; elle élève le peuple à l'intérieur, et abaisse les superbes à l'extérieur
      PASC., ib. XXIII, 4: Toute religion est fausse, qui, dans sa foi, n'adore pas un Dieu comme principe de toutes choses, et qui, dans sa morale, n'aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses
      PASC., ib. XI, 1: La vraie religion doit avoir pour marque d'obliger à aimer son Dieu
      PASC., ib. VIII, 6: Ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bienheureux et bien légitimement persuadés
      PASC., ib. XXIII, 18: Fondement de la religion : c'est les miracles
      PASC., ib. II, 8: La religion catholique n'oblige pas à découvrir ses péchés indifféremment à tout le monde ; elle souffre qu'on demeure caché à tous les autres hommes ; mais elle en excepte un seul, à qui elle commande de découvrir le fond de son coeur
      BOSSUET, Méd. sur l'Év. 2e partie, 17° jour.: Il [Jésus-Christ] leur [aux apôtres] apprend le caractère de cette haine qu'ils auront à porter, c'est que ce sera une haine de religion ; qu'on les excommuniera, et qu'on les aura tellement en exécration qu'on croira rendre service à Dieu de les exterminer
      BOSSUET, Anne de Gonz.: Par où ont-ils [les incrédules] deviné que tout ce qu'on pense de ce premier être [Dieu] soit indifférent, et que toutes les religions qu'on voit sur la terre lui soient également bonnes ?
      BOSSUET, Instr. à Louis XIV, en 1675: Il [un roi] protége la religion en toutes choses, et il connaît, en protégeant la religion, que c'est la religion qui le protége lui-même, puisqu'elle fait le plus puissant motif de la soumission que tant de peuples rendent aux princes
      BOSSUET, le Tellier.: La religion s'intéresse dans ses infortunes [du cardinal de Retz] ; la ville royale s'émeut, et Rome même menace
      BOSSUET, Louis de Bourbon.: Je n'ai jamais douté, dit-il [Condé], des mystères de la religion, quoi qu'on ait dit
      BOSSUET, Anne de Gonz.: Ce superbe croit s'élever au-dessus de tout et au-dessus de lui-même, quand il s'élève, ce lui semble, au-dessus de la religion qu'il a si longtemps révérée
      BOSSUET, Reine d'Anglet.: On énerve la religion quand on la change, et on lui ôte un certain poids qui seul est capable de tenir les peuples
      BOSSUET, ib.: Ils [les princes] ont trop fait sentir aux peuples que l'ancienne religion se pouvait changer
      BOSSUET, Mar.-Thér.: N'oublions pas ce qui faisait la joie de la reine : Louis est le rempart de la religion ; c'est à la religion qu'il fait servir ses armes redoutées par mer et par terre
      FLÉCH., Duc de Mont.: Dans un âge où l'on ne sait pas encore sa religion, M. de Montausier défendait la sienne
      LA BRUY., XVI: L'esprit docile admet la vraie religion ; et l'esprit faible, ou n'en admet aucune, ou en admet une fausse
      LA BRUY., XVI: Si c'est le grand et le sublime de la religion qui éblouit ou qui confond les esprits forts, ils ne sont plus des esprits forts, mais de faibles génies et de petits esprits ; si c'est au contraire ce qu'il y a d'humble et de simple, ils sont à la vérité des esprits forts, et des esprits plus forts que tant de grands hommes si éclairés, si élevés et néanmoins si fidèles
      FÉN., Tél. XXIII: La religion vient des dieux, elle est au-dessus des rois
      FÉN., ib. XV: Observez la religion : le reste meurt, elle ne meurt jamais
      ROLLIN, Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 194, dans POUGENS: La religion est environnée de deux écueils, également dangereux à l'homme, également injurieux à la divinité, savoir, de l'impiété et de la superstition
      MONTESQ., Espr. XXIV, 19: Ce n'est pas assez pour une religion d'établir un dogme ; il faut encore qu'elle le dirige
      MONTESQ., ib. XXIV, 1: Comme on peut juger parmi les ténèbres celles qui sont les moins épais ses, et parmi les abîmes ceux qui sont les moins profonds, ainsi l'on peut chercher entre les religions fausses celles qui sont les plus conformes au bien de la société
      MONTESQ., Lettres pers. 85: On a beau dire qu'il n'est pas de l'intérêt du prince de souffrir plusieurs religions dans son État....
      MONTESQ., ib. 60: En fait de religion les plus proches sont les plus grandes ennemies
      VOLT., Lett. Cideville, 12 avr. 1756: Genève n'est plus la Genève de Calvin.... le christianisme raisonnable de Locke est la religion de presque tous les ministres, et l'adoration d'un être suprême jointe à la morale est la religion de presque tous les magistrats
      VOLT., Moeurs, 53: Les religions durent toujours plus que les empires
      MIRABEAU, Collection, t. V, p. 267: La religion n'étant que la correspondance de la pensée et de la spiritualité de l'homme avec la pensée divine, avec l'esprit universel, il s'ensuit qu'elle ne peut prendre aucune forme étroite ou légale
    Les guerres de religion, les guerres occasionnées par la différence de religion, et, particulièrement, les guerres entre catholiques et protestants en France pendant le XVIe siècle.
    Paix de religion, traité conclu à la diète d'Augsbourg, entre l'empereur et les princes protestants d'Allemagne, en 1555.
    Religion de l'État, religion d'État, celle que l'État déclare être la sienne, exclusivement à toutes les autres qu'il ne fait que tolérer. La religion catholique, apostolique et romaine est la religion de l'État, Charte de 1814, art. 6.
    Religion naturelle, religion qu'on suppose indépendante de toute révélation et qui est une forme du déisme.
      VOLT., Poëmes, Pour et contre.: Songe que du très haut la sagesse éternelle A gravé de sa main dans le fond de ton coeur La religion naturelle
      VOLT., Phil. Newt. I, 6: J'entends par religion naturelle les principes de morale communs au genre humain

2. La religion prétendue réformée, la religion réformée, ou, absolument, la religion, la croyance des calvinistes.
      LA FAY., Mém. cour de France, Oeuv. t. III, p. 19, dans POUGENS.: Pour prévenir les désordres dont on était menacé par les gens de la religion

3. Foi, piété, croyance. Il a beaucoup de religion. Il est sans religion.
      MASS., Avent, Disp. à la comm.: Je parle de cette foi respectueuse qui est saisie d'une horreur de religion à la seule présence du sanctuaire, qui approche de l'autel comme Moïse du buisson sacré
      VOLT., Dict. phil. Religion, 1: Les épicuriens, qui n'avaient nulle religion, recommandaient l'éloignement des affaires publiques, l'étude et la concorde
      J. J. ROUSS., Ém. IV: L'oubli de toute religion conduit à l'oubli des devoirs de l'homme

4. Sentiment de respect, de scrupule, comparé au sentiment religieux.
      SÉV., 183: Vous savez que M. de Grignan n'est pas sur ses intérêts comme sur ceux du roi son maître : il a une religion et un zèle pour ceux-ci, qui ne se peut comparer qu'à la négligence qu'il a pour les siens
      SÉV., 22 mai 1682: Ce m'est une religion que la vénération que j'ai pour cette maison [de Toiras]
      BOSSUET, Sermons, Bonté et rigueur de Dieu, 2: Tous les Juifs y étaient accourus [à Jérusalem], afin de célébrer la pâque selon leur coutume ; or chacun sait la religion de ce peuple pour toutes ses cérémonies
      BOSSUET, Polit. VII, I, 3: Saint Paul observe deux choses dans la religion du serment : l'une, qu'on jure par plus grand que soi ; l'autre, qu'on jure par quelque chose d'immuable
      BOSSUET, Hist. II, 13: Ce peuple [les Juifs] est le seul.... qui devait être le dépositaire des secrets divins ; il les a aussi conservés avec une religion qui n'a pas d'exemple
      HAMILT., Gramm. 6: On lui attribuait un courage à toute épreuve, une religion inviolable pour sa parole
      ROLLIN, Hist. anc. Oeuv. t. IX, p. 552, dans POUGENS: Ils opposèrent à cette demande la religion sacrée du dépôt, qui ne leur permettait pas de livrer à qui que ce fût cette somme du vivant de celui qui la leur avait confiée
      MASS., Carême, Avenir.: Si tout meurt avec nous, ....les soins du nom et de la postérité sont frivoles, .... la religion des tombeaux, une illusion vulgaire
    Se faire une religion d'une chose, s'en faire une obligation indispensable.
      FLÉCH., Lamoignon.: Vous dirai-je qu'il se fit une religion d'écouter les raisons des parties et de lire tous leurs mémoires, quelque longs et ennuyeux qu'ils pussent être ?
      FLÉCH., Dauph.: Ne se fit-elle pas une religion de donner un frein à sa langue ?
    Violer la religion du serment, manquer à son serment.
    Surprendre la religion du prince, la religion des juges, la religion d'un tribunal, surprendre la justice du prince, des juges, d'un tribunal, les tromper par un faux exposé.
      VOLT., Jenni, 4: Il ne disait point qu'on avait surpris la religion de la cour en accusant milord Peterborough d'avoir hasardé les troupes de la reine Anne, parce que ce n'était pas une affaire de religion
    Voltaire se trompe ; il prend cette locution comme un néologisme de son temps, et il le blâme. Cette locution est beaucoup plus ancienne ; elle se trouve déjà dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie, en 1696.

5. L'état des personnes engagées par des voeux à une certaine règle autorisée par l'Église.
      PASC., Prov. VI: Un religieux avec son habit de religion
      SÉV., 400: Mlle de la Basinière est en religion, tout auprès de Mme de la Fayette ; quelques intérêts de famille et une très désagréable humeur ont causé cette retraite où elle s'ennuie fort
      BOSSUET, Réfut. cat. Ferry, préambule.: Il [le concile de Latran] appelle les nouveaux ordres monastiques de nouvelles religions.... ces nouvelles religions ne font point des Églises nouvelles ; ce n'est pas la singularité de créance, mais la profession d'une piété plus particulière.... qui leur donne le titre de religion
      MASS., Prof. relig. 1: Ne soyez pas les meurtriers barbares des enfants mêmes que vous consacrez à la religion
    Entrer en religion, se faire religieux ou religieuse.
      SÉV., 388: Toutes les langues et toutes les sciences lui sont infuses ; enfin c'est un prodige [Madame Angélique Arnauld, abbesse de Port-Royal], d'autant plus qu'elle est entrée à six ans en religion
      MAINTENON, Lett. à Mme de St-Géran, 27 août 1704: Je ne vais point dans cette maison, que je n'en sorte avec regret, et que je ne me repente de n'être point entrée en religion
    Mettre une fille en religion, la faire religieuse.
    Couvent.
      GUI PATIN, Lett. t. II, p. 183: La reine a envoyé par les religions pour faire prier Dieu, afin qu'il plût à sa sainte bonté de détourner le roi d'un dessein qu'il a [épouser une des nièces de Mazarin]
      RETZ, I, 55: Ma tante de Maignelai la mit [la nièce de l'Épinglière] dans une religion où elle mourut huit ou dix ans après en réputation de sainteté
      BOSSUET, Pensées chrét. et mor. 42: Les parents jettent leurs enfants dans les religions sans vocation, et les empêchent d'y entrer contre leur vocation
      FLÉCH., Sermons, Jour de Noël.: Un religieux qui s'est sauvé dans le fond d'une religion, de peur de goûter ni de voir même les plaisirs du monde
    Nom de religion, nom que des religieux, des religieuses prennent en entrant au couvent.
      RAC., Hist. de Port-Royal, part. 2: La soeur de M. Pascal, qui s'appelait en religion soeur Euphémie
    Fig. et par plaisanterie. Cette personne veut être de la religion de saint Joseph, avec quatre pantoufles sous le lit, elle veut se marier.

6. Absolument. La religion, l'ordre de Malte. Les galères de la religion.

HISTORIQUE

    XIe s.
     Lois de Guill. 1: Yglise de religium [monastère]
    XIIIe s.
     la Rose, 3441: Du grant ator que ele avoit, Bien puet cognoistre qui la voit, Qu'el n'est pas de religion
     ib. 11127: Puet l'en trover religion En seculiere maison ?
     Liv. de just. 138: Servise de voie à cimetire est de droit privé, et por ce le puet l'en chalongier au signor cui la teneure est ; et cest servise puet estre aquis por la religion de l'enterrement
      BEAUMANOIR, LVI, 1: Cil qui sunt en religion ne poent pas revenir au siecle
      BEAUMANOIR, XXI, 4: Quant il veut entrer en religion
      BRUN. LATINI, Trésor, p. 421: Religions est cele vertus qui nos fait curious de Dieu et faire son servise
      BRUN. LATINI, ib.: Quicunques n'est fors et fiers [ferme] en sa loi et en sa religion, à peine puet estre loiaus hom ; car qui n'est loiaus vers son Dieu, comment sera il loiaus vers les homes ?
    XVe s.
      COMM., V, 7: Et delibera s'en aller à Romme et se mettre en une religion auprès
    XVIe s.
      CALV., Instit. 66: Quant au mot de religion, combien que Ciceron le déduise tres bien du mot de relire.... j'estime que ce mot est opposé à la trop grande licence et excessive que la pluspart du monde s'est permise. - Religion donc comporte autant comme une retraite et discretion meure et bien fondée
      CALV., ib. 969: Y a-il une telle religion à fleschir le genouil, ou envelopper un corps mort, qu'on ne puisse laisser ces choses sans crime ?
      MARG., Nouv. VII: Et lui defendit que jamais elle ne parlast à ce marchand, ou qu'elle la mettroit en religion
      RONS., 662: Pour atteindre au sommet d'une telle equité, Il faut la pieté joincte à la charité, Et la religion dont reliez nous sommes
      PASQUIER, Lett. t. I, p. 272: Ceux de la religion, grande pitié que j'use maintenant de ce mot, pour dire ceux de la ligue ou faction
     l'Amant ressuscité, p. 433, dans LACURNE: Ce que ces trois filles s'estoient rendues religieuses en mesme monastere, signifioit que vostre amye et ses deux compagnes se marioient ; car, comme l'on dit, le mariage est la grande religion
      D'AUB., Tragiques, Princes.: Nos rois.... Ploians la pieté au joug de leur service, Gardent religion pour ame de police

ÉTYMOLOGIE

    Prov. religio, religion ; espagn. religion ; ital. religione ; du lat. religionem, dont l'étymologie est douteuse entre relegere, recueillir, et religare, relier. Pour relegere, on dit que religare aurait fait religatio (ce qui est inexact, car re-lig-io se conçoit, exemple opt-io), et on cite la phrase : religentem esse oportet, religiosum nefas (voy. FREUND) ; en ce sens, religio voudrait dire recueil (c'est probablement le sens primitif de lex), recueil de formules religieuses, de pratiques. Pour religare, on cite la phrase d'Aulu-Gelle (II, 28) : falsa religione alligare, alium [deum] pro alio nominando ; ce serait une formule qui liait les dieux, et l'homme à eux. En latin, religio, au sens d'état monastique, se trouve dès le Ve siècle.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

    RELIGION. Ajoutez :

PROVERBE
Religion en emporte une autre (XVIe siècle), Journ. offic. 17 juin 1876, p. 4262, 3e col.

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Dictionnaire de l'Académie française, 8th Edition (1932-5)

religion
RELIGION. n. f. Culte qu'on rend à la divinité. La religion juive. Le religion chrétienne. La religion naturelle. La religion révélée. La vraie religion. Une fausse religion. La religion de Mahomet. Être de telle ou telle religion. Professer, pratiquer une religion. Faire profession d'une religion. Fonder une nouvelle religion. Se faire une religion à sa mode. Embrasser une religion. Changer de religion. Abandonner, abjurer sa religion. Renoncer à sa religion. Se convertir à la religion chrétienne, à la religion catholique. Le religion du pays. Religion d'État. La religion dominante. La religion de nos pères. Les préceptes, les pratiques d'une religion. C'est un point de religion. Il ne sait pas, il ne connaît pas sa religion.

Les guerres de religion, Les guerres occasionnées par la différence des religions, et particulièrement les guerres entre les catholiques et les protestants au seizième siècle.

La religion prétendue réformée ou, absolument la Religion se disait de la Religion réformée, du protestantisme.

RELIGION désigne aussi la Conception personnelle que quelqu'un se fait de la religion. La religion de Pascal. Chacun se fait sa religion.

Il signifie aussi Foi, croyance, piété, dévotion. La religion console, élève, purifie l'âme. Il a toujours eu de la religion. Les secours de la religion. C'est un homme qui a beaucoup de religion. C'est un homme sans religion. Il n'a guère de religion. Il n'a pas de religion.

Il se dit encore de l'État des personnes engagées par des voeux à suivre une certaine règle autorisée par l'Église. Ce bénédictin a trente ans de religion. Habit de religion. Mademoiselle X., en religion soeur sainte Geneviève, soeur Angèle.

Mettre une fille en religion, La faire religieuse. Entrer en religion, Se faire religieux ou religieuse.

RELIGION se disait absolument de l'Ordre de Malte. Ce chevalier avait servi tant d'années la religion. Les galères de la religion.

RELIGION se dit encore d'un Sentiment très scrupuleux, d'une obligation rigoureuse qu'on se fait. Se faire une religion d'une chose, s'en faire un point de religion. Il se fait une religion de tenir sa parole.

La religion du serment, Le respect scrupuleux du serment.

Surprendre la religion de quelqu'un, Abuser quelqu'un par des subterfuges, par des sophismes.

Éclairer la religion des juges, la religion d'un tribunal, Les renseigner.


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