Nanoforum
CNAM
Paris, le 2 avril 2009
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Lâanalyse bĂ©nĂ©fices/risques appliquĂ©e aux
nanotechnologies : lâexemple du nano-argent
Introduction
Professeur William DAB
Professeur titulaire de la chaire dâHygiĂšne et sĂ©curitĂ© du CNAM,
ancien Directeur général de la santé
Je vous souhaite la bienvenue au CNAM pour cette neuviÚme séance du Nanoforum. Je suis trÚs
heureux de vous y retrouver. Le rythme de nos séances a marqué une pause depuis le mois de
décembre. Je tiens à remercier les administrations commanditaires, notamment la Direction
gĂ©nĂ©rale de la SantĂ©, pour la confiance quâelles nous ont tĂ©moignĂ©e en nous mandatant pour
lâorganisation de cette nouvelle sĂ©rie de sĂ©ances en 2009. Je remercie Ă©videmment le ComitĂ© de
pilotage, nos deux fidĂšles partenaires, VivAgora et le Journal de lâEnvironnement, ainsi que la
société Ubiqus, que nous retrouvons avec plaisir. Je remercie également Armelle George-Guiton,
qui a cessé ses fonctions de coordinatrice, mais qui nous reste fidÚle. Je vous présente Nathalie
Fabre, qui a pris sa difficile succession en tant que coordinatrice des séances du Nanoforum.
La Commission nationale du débat public (CNDP) a été saisie par
huit ministres pour organiser une
concertation nationale sur les développements des nanotechnologies. Monsieur Bergougnoux,
chargĂ© de lâorganisation de la procĂ©dure, ne pouvait pas ĂȘtre avec nous ce soir, mais au cours dâune
rĂ©union rĂ©cente, il mâa prĂ©cisĂ© que ce dĂ©bat se dĂ©roulera sur la fin de lâannĂ©e 2009 et une partie de
lâannĂ©e 2010. LâĂ©ventualitĂ© de cette saisine de la CNDP est ce qui explique la pause du Nanoforum.
Il nous fallait y voir plus clair et câest dĂ©sormais le cas. La CNDP a un mandat national, elle doit
faire lâinventaire des prĂ©occupations et des arguments et pour cela a besoin dâune certaine mise en
tension des dĂ©bats. Lâobjectif du Nanoforum est moins ambitieux et son image de marque est
lâĂ©coute et de partage, loin de toute confrontation.
Le Comité de pilotage a souhaité approfondir un cas, le choix effectué étant celui du nano-argent,
au lieu de continuer de survoler différentes nanotechnologies. La plupart des problÚmes de risques
et de bĂ©nĂ©fices, dont nous avons dĂ©jĂ discutĂ© ici au sujet des nano-produits, sâappliquent trĂšs bien
au domaine du nano-argent, en termes dâespoir, dâinterrogations sur la toxicitĂ©, ou de la place trĂšs
importante quâoccupe le nano-argent dans le monde des nanotechnologies. Le dĂ©fi posĂ© par les
nanotechnologies nous oblige Ă faire Ă©voluer nos mĂ©thodes dâĂ©valuation et nos procĂ©dures de
gestion des risques. Comment, avec quelles rÚgles, quelle organisation et quel niveau de décision ?
Nous nâapporterons pas de rĂ©ponses Ă ces questions compliquĂ©es, mais il convient de poser ici les
termes du débat, de sorte que les différents acteurs puissent partager des réflexions et des données.
Pour cette premiÚre séance consacrée au nano-argent, sur les trois prévues, nous allons faire le tour
des problĂšmes dĂ©cisionnels posĂ©s par cette technologie. Eric Gaffet (CNRS) prĂ©sentera lâĂ©tat actuel
de lâusage et des propriĂ©tĂ©s physico-chimiques du nano-argent. Puis lâINERIS, en la personne du
directeur des Risques Chroniques Philippe Hubert, fidÚle du Nanoforum, présentera les méthodes
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dâanalyse bĂ©nĂ©fices/risques telles quâil les utilise et les met en Ćuvre dans le domaine des risques
industriels, ce qui nous permettra de discuter de leur pertinence et de leur applicabilité au domaine
des nanotechnologies.
Les données fournies ce soir seront diffusées sur les trois sites qui couvrent le Nanoforum : le site
du JDLE, le site VivAgora et le site Sécurité sanitaire du CNAM.
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Propriétés et usages du nano-argent
Eric GAFFET
CNRS
Lâobjectif de ma prĂ©sentation est de vous expliquer ce que lâon nomme un nano-argent, quelles sont
les applications actuelles de ce produit, ce que lâon sait de son relargage en termes dâusure ou
dâusage, de toxicitĂ© et dâĂ©cotoxicitĂ©, et lâimpact sur lâenvironnement dâun usage de cet argent Ă
lâĂ©chelle nanomĂ©trique dans un certain nombre de produits.
I.
La production et les différents types de nano-argent
1.
La production de nano-argent
Lâargent est utilisĂ© sous forme classique Ă hauteur de 20 000 tonnes par an. La quantitĂ© dâargent
utilisée a augmenté de 30% entre 2000 et 2007. La production de nano-argent représente, elle,
environ 500 tonnes par an. Sur ces 500 tonnes de nanoparticules dâargent, une partie est utilisĂ©e
pour des actions biocides ou bactéricides. Environ un cinquiÚme des 500 tonnes, par exemple, est
utilisé comme biocide. Le domaine des biocides est en pleine expansion. En effet, la quantité
dâargent utilisĂ©e sous forme de nanoparticules pour des actions biocides a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 500
entre 2000 et 2004. Ce chiffre devrait poursuivre sa croissance et ĂȘtre multipliĂ© par un facteur deux
Ă dix dâici 2015, date Ă laquelle il se stabilisera. Il atteindra alors 1 000 Ă 5 000 tonnes, soit un tiers
de la production actuelle dâargent dans le monde. Ces quantitĂ©s ne sont quâestimĂ©es, car lâactivitĂ©
spécifique biocide en termes de tonnage est assez difficile à évaluer et ouvre à débat. Sur les sites
des producteurs, importateurs, distributeurs de produits de nano-argent, apparaĂźt la notion de
« nano-silver », qui recouvre trois grands domaines : les ions argent, les particules dâargent
protĂ©inĂ©es (silver proteins), enfin les solutions colloĂŻdales, qui font lâobjet du dĂ©bat dâaujourdâhui
portant sur leur contenu réel en nanoparticules.
Le terme « nano-argent » sert en effet de produit dâappel. Un institut amĂ©ricain du nano-argent sâest
dâailleurs penchĂ© sur la question suivante : ces produits contiennent-ils rĂ©ellement la quantitĂ© quâils
revendiquent en nano-argent ? En rĂ©alitĂ©, certains produits ne contiennent absolument pas dâargent,
mĂȘme sâils revendiquent le label « nano-argent » et les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s biocides et bactĂ©ricides
que ceux qui en contiennent. Il en résulte une incertitude quant au tonnage réel de nano-argent
utilisĂ©, puisque certains produits revendiquent un contenu en nano-argent quâils nâont pas.
Par ailleurs, parmi les nano-silver qui prĂ©tendent ĂȘtre colloĂŻdaux (câest-Ă -dire contenir des
particules dâargent) se trouvent des solutions ioniques de sels dâargent (Ag+), qui ne font pas lâobjet
du Nanoforum. Le comportement et la toxicité de ces ions argent sont connus, car ils sont utilisés
depuis trÚs longtemps pour leur activité biocide et bactéricide. Il existe également une autre famille
de particules entrant dans la catĂ©gorie nano-silver, alors quâelles ne sont pas faites de nanoparticules
dâargent, mais constituĂ©es de particules microniques voire submillimĂ©triques. Dans ce domaine des
particules dites « silver protein », enrober les particules avec des protéines, dans la plupart des cas
de la gélatine, permet de les fonctionnaliser et de les amener en suspension dans les liquides. Ces
produits considĂ©rĂ©s comme nano-silver nâen sont donc pas en rĂ©alitĂ©.
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2.
Les solutions colloĂŻdales
Lâobjet rĂ©el de la discussion porte donc sur les solutions dites colloĂŻdales. En masse, ces solutions
contiennent plus de 50% et jusquâĂ 80% de nanoparticules, les 20 Ă 50% restant Ă©tant des ions
argent. TrĂšs peu de solutions dites nano-silver ne contiennent que des nanoparticules. Ces solutions
prĂ©sentent toujours une quantitĂ© non nĂ©gligeable dâions argent, ce qui complique leur Ă©valuation.
Comment produit-on les nanoparticules dâargent ? On ajoute tout simplement une substance
organique, qui va permettre dâempĂȘcher lâagrĂ©gation et la croissance ultĂ©rieure des particules au
moment de la précipitation. On contrÎle et favorise ainsi la germination, davantage que la
croissance, de ces objets.
3.
Les particules de nano-argent
Tout comme il existe différentes solutions de nano-argent, il existe différents types de particules de
nano-argent. En effet, il est possible de jouer sur leur cinétique de croissance et leur précipitation.
Toutes les morphologies se rencontrent, y compris des structures en forme de cubes creux comme
des enveloppes. Les particules de nano-argent ne sont pas simples, sphĂ©riques, elles peuvent ĂȘtre Ă
facettes, sous forme de cube, de pyramide. Le terme « nano-argent » recouvre donc une grande
variété de morphologies, et selon cette morphologie la réactivité des particules diffÚre. La
morphologie sâavĂšre dĂ©terminante dans lâĂ©tude de la rĂ©activitĂ© des particules face Ă
lâenvironnement, ou de leur efficacitĂ© toxique (par exemple pour tuer les bactĂ©ries). Cependant, au
niveau commercial, aucun produit ne fait mention ni de la géométrie ni de la morphologie des
particules quâil contient. Pour lâĂ©laboration des nano-produits eux-mĂȘmes, la rĂ©action chimique
décrite précédemment est depuis longtemps réalisée. Ainsi les artisans fabriquant des vitraux
lâutilisaient-ils. Dans cet exemple, les couleurs des vitraux sont liĂ©es Ă la dimension et Ă la forme
des particules dâargent.
Sur les 800 nano-produits répertoriés par le Woodrow Wilson Institute, 56 % sont fabriqués à partir
de nano-argent. Ces produits ne contiennent pas forcément la plus grande quantité en nano-argent,
mais tĂ©moignent dâune grande variabilitĂ© dans son utilisation. La majoritĂ© des nano-produits de cet
inventaire est fabriquĂ©e Ă partir de nanoparticules dâargent. Ces produits reprĂ©sentent plus de la
moitiĂ© des objets rĂ©fĂ©rencĂ©s sur le marchĂ©. Dans lâinventaire suisse de lâutilisation des nano-argents,
les nano-produits appartiennent aux domaines des textiles, des cosmétiques, des sprays sous forme
liquide, des revĂȘtements de matĂ©riaux mĂ©talliques, des plastiques. Leur quantitĂ© de nanoparticules
nâest pas mesurĂ©e en grammes, mais sur une Ă©chelle de quelques parties par million (ppm), ce qui
est peu. Dans des flacons de vingt centimĂštres cube par exemple, 27 milligrammes dâargent sont
ainsi introduits par kilogramme de liquide, ce qui est relativement faible. Cependant, dans le
domaine des nanoparticules, 1 centimĂštre cube Ă une concentration dâ1 ppm reprĂ©sente 25 000
milliards de ces particules, nombre non négligeable. Dans le cas des emballages ou conteneurs
portant des nanoparticules dâargent, la surface de ces objets contient ainsi 500 000 milliards de
particules.
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II.
Les applications actuelles du nano-argent
1.
Le textile
Parmi les domaines dâapplication se trouve lâensemble du domaine textile, dont plusieurs marques
sont référencées (les données sont disponibles sur Internet et le seront sur le site du Nanoforum). Un
spĂ©cialiste du Commissariat Ă lâĂ©nergie atomique (CEA) travaille sur les Ă©missions de relargage
dans le cas des chaussettes ; et des applications sont également réalisées dans le domaine de la
literie. Une Ă©tude amĂ©ricaine, parue lâannĂ©e derniĂšre, prĂ©sente une observation par microscopie
Ă©lectronique de particules prĂ©sentes sur des textiles (la barre dâĂ©chelle de mesure est dâun
micromÚtre sur la slide n°28). Les résultats montrent la présence réelle de nanoparticules de
quelques nanomÚtres sur les produits observés.
Concernant toujours lâanalyse bĂ©nĂ©fices/risques, une simulation de voyage sur Mars est
actuellement en cours, des personnes restant enfermées pendant trois à six mois sans autorisation de
sortie. Lâusage des nanoparticules bactĂ©ricides, biocides, et donc anti-odeurs dans ce cas, sâavĂšre
intéressant. Au niveau des textiles, il existe une grande variabilité en termes de revendications et de
quantitĂ© produite. Prenons lâexemple phare des chaussettes. Le produit prĂ©sentĂ© ici indique
clairement une quantitĂ© dâargent de plusieurs centaines de fois supĂ©rieures Ă celle qui est nĂ©cessaire.
DâaprĂšs un extrait du site web du producteur lui-mĂȘme, cette quantitĂ© est si grande que 90 % des
nanoparticules tombent tout de suite au premier usage. Il est recommandé de porter les chaussettes
dans des chaussures neuves, ainsi lâintĂ©rieur des chaussures se revĂȘt Ă©galement de particules. Ces
cas sont particuliers pour lâĂ©tude de lâimpact du nano-argent sur lâenvironnement, car on ne maĂźtrise
pas rĂ©ellement le cycle de vie des produits. Certains matĂ©riaux rĂ©sistent mieux Ă lâusage.
Dans lâexemple suivant, le produit rĂ©siste vingt fois Ă un lavage Ă trente degrĂ©s, mais celui-ci doit
ĂȘtre rĂ©alisĂ© Ă la main. Dâautres produits rĂ©sistent au lavage en machine, bien que cette prĂ©cision soit
moins fréquente, plus longtemps et à température plus élevée, comme par exemple à plus de
cinquante lavages Ă soixante degrĂ©s. Cependant, mĂȘme si ces produits portent le nom de nano-
silver, ils ne contiennent pas dâargent mais des sels dâargent. Sous ce mĂȘme label se trouvent donc
des substances qui ne sont pas des particules dâargent. LâĂ©tiquetage ou la traçabilitĂ© des produits est
certes dĂ©terminant, encore faut-il que les mentions indiquĂ©es ne prĂȘtent pas Ă confusion.
2.
LâĂ©lectronique et lâĂ©lectromĂ©nager
Dans le domaine de lâĂ©lectronique, les applications concernent lâensemble des aspirateurs sans sac,
dont le rĂ©servoir, qui collecte la poussiĂšre, est revĂȘtu de nano-argent afin dâĂ©viter la contamination
bactérienne.
Des planches Ă dĂ©couper sont Ă©galement revĂȘtues de nano-argent, de mĂȘme que des claviers
dâordinateur, derniĂšre mode de chez Samsung, sur lesquels un vernis composĂ© de nanoparticules
dâargent a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©, et qui provoque lâĂ©limination des bactĂ©ries. Un autre exemple dâapplication
est la projection de particules dâargent sur la tĂȘte et le corps lors de la douche. Sâagit-il cependant
dâions ou de particules dâargent ?
Sur lâune de ses machines Ă laver, Samsung revendique Ă©galement un contenu en nanoparticules. Le
principe de fonctionnement repose sur lâĂ©lectronisation des nanoparticules dans le but dâĂ©mettre des
ions argent.
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Prenons maintenant dâautres exemples dâapplication tels que les rĂ©frigĂ©rateurs. Plusieurs de ces
produits disposant dâun revĂȘtement en nanoparticules sont commercialisĂ©s en France. Des
climatiseurs revendiquent Ă©galement la prĂ©sence de nanoparticules dâargent sans Ă©mission dâions
argent. Câest le passage direct de lâair sur les nanoparticules dâargent qui va provoquer lâĂ©limination
des bactéries.
3.
Les emballages alimentaires
Dans le secteur des emballages alimentaires, autre secteur recourant au nano-argent, des marques
revendiquent ouvertement la prĂ©sence de particules dâargent. Lâutilisation des particules dâargent
permet aux produits dâaugmenter leur efficacitĂ© bactĂ©ricide. Les particules sont dĂ©posĂ©es sur un
support nanoparticulaire de silice. Cette combinaison augmente leur efficacité et leur dispersion, et
les bactĂ©ries rencontrent diffĂ©rents types de nanoparticules pour une mĂȘme quantitĂ©. LâintĂ©rĂȘt de ce
traitement particulier rĂ©side dans lâallongement de la durĂ©e de conservation des aliments. Des
tomates conservées dans un emballage classique ne sont plus consommables au bout de quinze
jours, contrairement Ă celles dont lâemballage contient du nano-argent. Dâautres exemples sont
disponibles sur les sites Internet, comme celui de salades encore consommables aprĂšs un mois de
conservation. Le recours au nano-argent dans les emballages alimentaires permet donc dâaugmenter
la durée de vie des produits.
Parmi les nouveaux dĂ©veloppements dans le domaine des films dâemballage, outre lâapplication de
nanoparticules dâargent sur la silice, il est Ă©galement possible de combiner les nanoparticules
dâargent avec du phosphate de calcium. Ceci permet de tuer les bactĂ©ries avec une efficacitĂ© mille
fois supĂ©rieure au cas oĂč lâon aurait seulement utilisĂ© des nanoparticules dâargent. A elle seule, une
modification du support dâapplication, par exemple en faveur dâun support de phosphate de calcium
sur lequel on applique des particules de vingt Ă cinquante nanomĂštres, multiplie lâefficacitĂ©
bactéricide par mille. Entre 2000 et 2004, la quantité en nanoparticules introduite sur le marché
dans certains produits a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 500, lâefficacitĂ© de ces produits Ă©tant alors multipliĂ©e par
mille par rapport au procédé de fabrication classique.
4.
Les films et vernis pour peinture
Dans le domaine des films et vernis pour peinture, aucun secteur nâĂ©chappe Ă lâintroduction des
nanoparticules dâargent dans les produits. Une sociĂ©tĂ© française situĂ©e en Lorraine produit des
revĂȘtements sous forme de vernis ou de films, avec une revendication microbicide explicite. Les
nanoparticules sont appliquées sur des films plastiques ou acier. Cette méthode aux revendications
bactéricides est également appliquée pour la fabrication de plans de travail dans le domaine de la
mĂ©decine. Les vernis, quant Ă eux, sont des produits industriels stables, ou qui peuvent ĂȘtre
pulvérisés. Ainsi peut-on rencontrer dans le métro de Hong-Kong des opérateurs, protégés par des
scaphandres pressurisĂ©s, qui pulvĂ©risent des liquides contenant des nanoparticules dâargent et
dâoxyde de titane. Deux effets se combinent dans cet exemple, celui du nano-argent et du nano-
oxyde de titane. Cependant lâapplication manuelle de tels produits sur des supports qui ne sont pas
fixes se traduit par une dispersion dâĂ©lĂ©ments dans lâenvironnement, comme cela peut ĂȘtre observĂ©
sur la slide n°51.
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5.
Le domaine cosmétique, médical et sanitaire
Dans le domaine des cosmétiques, applications médicales et sanitaires, on recourt depuis longtemps
aux ions argent sous forme de nanoparticules dâargent, par exemple pour la fabrication de
dentifrices, contraceptifs féminins et masculins élaborés en Chine en 2005, de savons « nano-
argent », qui revendiquent des principes actifs contre les microbes, gram, bactéries et mousses, ainsi
quâun pansement actif. Une demi-douzaine de tels pansements sont prĂ©sents sur le marchĂ©. Tous
nâont pas la mĂȘme efficacitĂ© antibactĂ©rienne, car en fonction de leur composition la cinĂ©tique pour
tuer les bactĂ©ries est diffĂ©rente. Parmi tous ces pansements qui revendiquent lâutilisation du nano-
argent, on observe ainsi une grande variĂ©tĂ© dans les effets cinĂ©tiques et lâefficacitĂ©. Cependant, il
nâexiste pas dâindications permettant de les diffĂ©rencier.
III.
Le relargage du nano-argent
Compte tenu des diffĂ©rences dâutilisation, il est relativement difficile dâĂ©valuer la durĂ©e du cycle de
vie des produits ayant recours au nano-argent, car ils recouvrent plusieurs domaines différents. La
fourchette de relargage actuellement estimĂ©e est de lâordre de 0,3 Ă 15 % (dâoĂč une marge dâerreur
relativement significative) sur le volume total par rapport au volume dâargent utilisĂ©. Dâautres
Ă©tudes, centrĂ©es sur lâactivitĂ© plastique et textile, estiment que celle-ci reprĂ©sente 15% de lâargent
relarguĂ© dans les eaux de lâUnion europĂ©enne. Un article de Paul Born et al., grand nom du
domaine de la nano-toxicitĂ©, tĂ©moigne du trĂšs faible volume dâinformations concernant lâusure,
lâusage et le relargage des nano-argents. En fonction de lâinteraction et de lâapplication visĂ©e, il
existe différentes possibilités de relargage, en usage et en maintenance.
Par ailleurs, peu dâinformations permettent de savoir si les nanoparticules dâargent relarguĂ©es dans
lâenvironnement le sont sous forme de nanoparticules ou dâions argent (ces deux catĂ©gories faisant
lâobjet de quelques Ă©tudes prĂ©cises), et trĂšs peu de donnĂ©es permettent dâĂ©valuer lâeffet des ions
argent, dĂ©rivĂ©s de nanoparticules, en exposition chronique, ainsi que lâimpact des nanoparticules
dâargent.
Que savons-nous exactement ? DâaprĂšs les donnĂ©es Samsung concernant ses machines Ă laver,
chacune dâelles relargue annuellement cinq centiĂšmes de grammes de nanoparticules dâargent, mais
on ignore si celles-ci ont la forme de nanoparticules dâargent ou dâions. Une incertitude
relativement importante demeure. Pour ce qui concerne les chaussettes, matériau de base ou produit
phare, une Ă©tude indique que tout lâargent contenu disparaĂźt aprĂšs le second voire le quatriĂšme
lavage. Je vous ai dĂ©jĂ prĂ©sentĂ© un exemple dans lequel lâargent des chaussettes disparaĂźt, sans
mĂȘme que celles-ci aient Ă©tĂ© portĂ©es. Dans ce nouvel exemple, il disparaĂźt entre le deuxiĂšme et le
quatriĂšme lavage, mĂȘme sâil sâagit dâun lavage Ă la main, ce qui pose quelques problĂšmes. En
fonction des diffĂ©rents types de chaussettes, parmi les particules relarguĂ©es dans lâenvironnement
aprĂšs usage ou lavage, on trouve toujours des nanoparticules, et non pas seulement des ions argent.
Ces nanoparticules dâargent sont peu transformĂ©es par rapport aux particules initiales.
Par ailleurs, pour une mĂȘme application sur diffĂ©rents textiles, on peut observer un ratio de lâordre
de trente concernant la quantitĂ© dâargent, ce qui nous interroge sur la façon dont la quantitĂ©
introduite a Ă©tĂ© calculĂ©e. Cependant, la chaussette contenant plus dâargent nâest pas forcĂ©ment celle
qui en relargue le plus. Le relargage ne peut donc ĂȘtre estimĂ© Ă partir de la quantitĂ© initiale. On peut
tout autant trouver un facteur dix, comme un facteur trente, entre quantité introduite et quantité
relarguĂ©e, ce qui prouve quâil nây a pas de relation directe entre elles. RĂ©aliser des manipulations est
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alors obligatoire, mĂȘme si ce type de travaux sâavĂšre fastidieux. Nous comprenons mieux pourquoi
des incertitudes demeurent. DâaprĂšs un calcul personnel rĂ©alisĂ© Ă partir des donnĂ©es fournies dans
lâarticle de Paul Born, la quantitĂ© relarguĂ©e, dans le cas de cette application textile particuliĂšre, peut
ĂȘtre estimĂ©e entre une et cinquante tonnes, tandis que la part de marchĂ© du secteur sâĂ©lĂšve Ă 10 %.
En rĂ©sumĂ©, le relargage nâa pas de lien avec la quantitĂ© initiale. En outre, pour un mĂȘme type de
textile, le relargage obtenu diffĂ©rera suivant le mode de lavage et le dĂ©tergent utilisĂ©. Lâexemple
suivant présente la quantité relarguée en argent et le nombre de lavages (en fonction de deux
conditions de lavage) : on constate des comportements de relargage diffĂ©rents, pour un mĂȘme
textile, en fonction du mode dâutilisation et de nettoyage, mais Ă©galement du pays dans lequel on
utilise le produit. Dans ces cas-lĂ , ce sont des nanoparticules dâargent qui sont relarguĂ©es, et non des
ions argent, comme le démontrent plusieurs études convergentes.
Je rappelle le peu dâinformations, soulevĂ© Ă©galement par des Ă©tudes et articles de synthĂšse sur ce
sujet, portant sur les effets de lâexposition chronique Ă une prĂ©sence faible dâions argent â comme
dans lâestimation actuelle â, ainsi que lâabsence dâinformations concernant ceux dâune exposition
chronique Ă des nanoparticules dâargent. Doit-on alors prendre en considĂ©ration ce type de
relargage ? Dans lâun des rares tests disponibles, des rats sont exposĂ©s aux nanoparticules, afin
dâobserver la forme quâelles prennent dans lâorganisme vivant. Le rĂ©sultat montre que, dans le cas
de nanoparticules de quinze nanomÚtres inhalées par les voies bronchiques, ces derniÚres se
retrouvent dans tout lâorganisme, jusque dans le cerveau, avec des effets quâon ignore. Ces
conclusions ne sont pas spĂ©cifiques aux nanoparticules dâargent, mais ces derniĂšres ne font donc
pas exception.
Une publication datant de fin fĂ©vrier 2009 porte sur lâinteraction des nanoparticules dâargent. Trois
types de nanoparticules dâargent sont testĂ©s avec un autre composĂ© : cuivre, argent seul et argent
colloĂŻdal. Ces diffĂ©rentes tailles de nanoparticules vont interfĂ©rer avec la rĂ©plication de lâADN, et
selon les conclusions de lâarticle cette interfĂ©rence est nuisible pour celle-ci.
Un autre effet connu est celui nommĂ© argyria, qui consiste Ă devenir « schtroumpf », câest-Ă -dire
bleu, suite Ă lâingestion dâargent. Lâeffet constatĂ© sur lâindividu prĂ©sentĂ© dans lâexemple rĂ©sulte
dâun traitement en milieu mĂ©dical, celui-ci Ă©tait donc a priori informĂ© des effets. Lâhomme a eu de
la chance, car les effets ont Ă©tĂ© constatĂ©s trĂšs rapidement, et lâimpact traitĂ© de façon Ă ĂȘtre
rĂ©versible. Au contraire, la littĂ©rature en gĂ©nĂ©ral affirme que ce type dâeffets est irrĂ©versible. Les
quantités présentées en nano-argent dans les produits sont en général largement en dessous du
niveau suspectĂ© pour crĂ©er cette maladie, ou du moins lâapparition de la couleur.
LâĂ©cotoxicitĂ© recourt aux nano-argents pour tuer les bactĂ©ries. La quantitĂ© nĂ©cessaire est
relativement faible dans le test rĂ©alisĂ© ici, de lâordre de huit milligrammes. Lâun des arguments
utilisés pour justifier du recours aux nano-argents est la possibilité de limiter ou de contourner la
rĂ©sistance aux antibiotiques. Plusieurs publications se sont penchĂ©es sur cette question, et lâune
dâelles relĂšve que de mĂȘme quâil existe une rĂ©sistance aux antibiotiques, il en existe une au
traitement par nano-argent. Celui-ci nâest donc pas une solution universelle pour traiter ce
problĂšme. Aussi faut-il rester prudent avant toute gĂ©nĂ©ralisation concernant lâutilisation de ce type
de produit. Les publications demeurent peu nombreuses, je vous indique donc les certitudes,
incertitudes et questionnements quant Ă lâutilisation et la revendication de ces particules.
Un article Ă©galement publiĂ© au dĂ©but de lâannĂ©e 2009, portant sur lâĂ©valuation de la croissance des
bactĂ©ries, compare lâutilisation des ions argent et celle des nanoparticules dâargent. Les deux
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courbes correspondantes sur le schéma présenté (slide n° 77) ne se superposent pas, ce qui signifie
que la croissance ou la viabilitĂ© des bactĂ©ries diffĂšre, selon que lâon utilise des nanoparticules ou
des ions argent. DâaprĂšs les conclusions de lâarticle, les nanoparticules dâargent sont beaucoup plus
efficaces que les ions pour tuer les bactéries. Il importe donc de savoir si les éléments relargués par
les produits sont des ions argent ou des nanoparticules, et de connaĂźtre la nature de ces
nanoparticules. Selon une autre Ă©tude, les nanoparticules de six nanomĂštres sont neuf fois plus
efficaces que des particules de soixante-deux nanomÚtres. Une analyse précise de ce qui est relargué
sâavĂšre nĂ©cessaire : sâil faut dâabord constater la prĂ©sence de particules, il faut Ă©galement pouvoir
les analyser, afin de connaĂźtre leur niveau de toxicitĂ© ou de dangerositĂ© pour lâenvironnement.
IV.
Lâimpact sur lâenvironnement dâun usage du nano-argent
Prenant en compte les donnĂ©es fournies sur lâutilisation et lâusure de ces produits, ainsi que leur
efficacitĂ© antibactĂ©rienne, des estimations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sur lâĂ©ventuel impact sur
lâenvironnement des quantitĂ©s relarguĂ©es. Une demi-douzaine dâarticles porte sur ce sujet, dont
voici les principales conclusions :
âą
un impact négligeable ;
âą
un impact nĂ©gligeable mais qui tient compte dâun coefficient de sĂ©curitĂ©, lâefficacitĂ© du nano-
argent Ă©tant considĂ©rĂ©e telle quâil est â nĂ©anmoins, des nano-argents associĂ©s avec du phosphate
de calcium sont mille fois plus efficaces ; dans ce cas, un coefficient de sĂ©curitĂ© de cent nâest
plus pertinent ;
âą
enfin, un impact faible, mais nĂ©anmoins manifeste dans le cas dâune application dans des
sédiments, réalisée avec des quantités non négligeables
Un dernier travail rĂ©el porte sur des stations dâĂ©puration aux Etats-Unis, certaines dâentre elles
prĂ©sentant une quantitĂ© en nanoparticules dâargent trois mille fois supĂ©rieure Ă celle relevĂ©e dans
dâautres endroits. Entre une estimation concluant sur un impact nĂ©gligeable et des manipulations
rĂ©elles rĂ©alisĂ©es dans des conditions particuliĂšres, lâĂ©ventail des constatations est donc large.
Pr. William DAB
Il faut exploiter une grande quantitĂ© dâinformations et de donnĂ©es pour parvenir Ă distiller les
connaissances et nous les restituer, de sorte que nous puissions Ă©valuer lâampleur des enjeux.
Pourquoi, pour certains produits, la présence de particules de nano-argent est-elle revendiquée, alors
que ce nâest pas la rĂ©alitĂ© ? Quelle motivation se cache derriĂšre le fait de se faire ainsi
labelliser « nano-argent » ?
Eric GAFFET
Cette question amĂšne plusieurs sortes de rĂ©ponses : premiĂšrement, il existe des solutions destinĂ©es Ă
la boisson, sur le marché américain essentiellement, et qui contiennent des particules de nano-
argent. Ces derniÚres doivent rester en suspension dans le liquide pendant toute la durée de vie du
flacon, pour que leur efficacité et leur concentration soient homogÚnes. Maintenir les particules en
suspension représente une performance en surfactage et en fonctionnalisation de surface. En cas
dâinsuffisance de performance du chimiste, lâensemble des particules tombent au fond du flacon.
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Lors des tests, si lâon prĂ©lĂšve le liquide sans prĂ©caution, avec une pipette, on peut constater quâil ne
contient plus de nanoparticules. La revendication en nano-argent ici nâest donc pas fausse, câest le
procĂ©dĂ© de prĂ©lĂšvement qui nâest pas fiable.
Il est Ă©galement intĂ©ressant, dâun point de vue financier, de vendre une quantitĂ© donnĂ©e de nano-
argent, compte tenu du prix de lâargent. Dans le calcul de ce prix entre un facteur cent Ă mille, en
fonction des concentrations.
Au regard de la littĂ©rature, il nâexiste pas dâimpact dĂ©montrĂ© sur la santĂ© de lâutilisation de faibles
doses dâargent. Ainsi, ne boire aucune quantitĂ© dâargent ou nâen boire quâune ppm ne prĂ©sente a
priori pas de diffĂ©rence. Il sâagit dâune troisiĂšme forme de rĂ©ponse, proche de lâescroquerie
intellectuelle. Je prĂ©fĂšre la premiĂšre rĂ©ponse se rapportant Ă lâaspect chimiste. La rĂ©action chimiste
que je vous ai présentée est trÚs simple, et était déjà réalisée quatre siÚcles avant Jésus-Christ.
Fabriquer des nanoparticules dâargent ne nĂ©cessite pas de recourir Ă de la haute technologie.
Beaucoup de sociétés en fabriquent ainsi « dans leur garage » ; il leur suffit de créer ensuite un site
Internet et de commercialiser le produit dans des flacons.
Pr. William DAB
Une deuxiĂšme question : connaĂźt-on le mĂ©canisme dâaction biocide de lâargent ionique et des
nanoparticules dâargent ?
Eric GAFFET
On ne le connaĂźt pas de façon claire et dĂ©finitive. Pour en revenir Ă lâarticle que jâai mentionnĂ© au
sujet des bactéries, il existe un mécanisme par absorption de ligands. La combinaison de
lâabsorption des molĂ©cules de ligands par les particules dâargent avec une Ă©ventuelle ionisation
partielle de lâagrĂ©gat dâargent produirait une efficacitĂ© supĂ©rieure. Il ne sâagit encore que dâune
hypothĂšse, la prĂ©sence de ces ligands Ă la surface nâa pas Ă©tĂ© mise en Ă©vidence dans lâarticle
concerné. La concentration de ligands potentiels a été modifiée dans la solution réactive, et les
conclusions montrent quâen fonction de la nature de ces ligands, les performances diffĂšrent. Cela ne
concerne toutefois quâun seul papier. Il demeure beaucoup dâincertitudes, et la recherche porte
plutĂŽt sur lâaspect ionique des agrĂ©gats. Les rĂ©sultats probants font encore dĂ©faut.
Pr. William DAB
Savons-nous sâil sâagit dâun effet sur la membrane ou sur la machinerie cellulaire ?
Eric GAFFET
Je nâai pas rencontrĂ© dâexplications de la sorte, par rapport Ă dâautres nanoparticules pour lesquelles
lâeffet est beaucoup plus visible.
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Pr. William DAB
Ce serait intĂ©ressant pour discuter de lâĂ©ventuelle Ă©mergence de bactĂ©ries rĂ©sistantes.
Eric GAFFET
En effet, mais les articles et discussions sur le sujet de lâefficacitĂ© des nanoparticules ne fournissent
pas de conclusions claires.
Jean-Paul GODARD
Observe-t-on dĂ©jĂ des effets notables dans les stations dâĂ©puration ?
Eric GAFFET
Certains responsables de stations dâĂ©puration aux Etats-Unis sâinterrogent en effet. Ils se fondent
sur des estimations, qui visiblement concordent avec leur rĂ©gion, pour dire que lâimpact ne
concerne quâune petite quantitĂ© de nanoparticules. Dans dâautres rĂ©gions, au contraire, on a trouvĂ©
une quantité trois mille fois supérieure à la moyenne des Etats-Unis. Est-ce pour autant lié à des
nanoparticules spĂ©cifiques ? Dans tous les cas, câest la prĂ©sence de nanoparticules et non pas celle
dâions argent qui a Ă©tĂ© relevĂ©e.
Jean-Paul GODARD
On dĂ©tecte des concentrations puisque lâon concentre lâĂ©lĂ©ment polluant. Est-ce cela fait chuter les
rendements de la dépollution biologique ?
Eric GAFFET
On peut sâattendre Ă ce que cette chute se produise, mais aucune Ă©tude ne porte sur ce sujet. Il en
existe peut-ĂȘtre, mais je nâen ai pas connaissance.
Pr. William DAB
Votre interrogation est la suivante : Ă©tant donnĂ© lâexistence dâun puissant effet biocide et du rĂŽle de
dĂ©pollution jouĂ© par les bactĂ©ries dans les stations dâĂ©puration, notre filiĂšre de qualitĂ© est-elle
menacĂ©e ? Un producteur dâeau est-il prĂ©sent dans la salle ?
Paul BOULENGER, reprĂ©sentant dâune sociĂ©tĂ© de traitement pour les industries
Je formule des soupçons concernant des observations relevĂ©es au sujet dâune station dâĂ©puration qui
effectuait diffĂ©rents types de traitement successifs. Les effluents Ă©taient dâabord traitĂ©s par
anaérobiose, ce qui mettait en jeu des milliers de mÚtres cube, puis par aérobiose. Les observations
ont montrĂ© quâau dĂ©part, lâanaĂ©robiose Ă©tait rĂ©alisĂ©e par des structures bactĂ©riennes agglutinĂ©es qui
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constituaient les rĂ©acteurs. Dans ces granules, dont la taille est celle dâun Ćuf de poisson, se
trouvent des quantitĂ©s de bactĂ©ries Ă©normes, de lâordre de un milliard et demi voire deux milliards
par granule (ce qui a été vérifié par le GénoscopÚme), et presque 10 000 types de bactéries, dont
50 % sont de forme ArchĂ©e. Dans le domaine de lâanaĂ©robiose, il est normal de trouver des formes
ArchĂ©es. Au contraire, lâaĂ©robiose nâentraĂźne pas dâagglutinations trĂšs compactes, mais des flocs.
On a observé que dans les produits réputés pour traiter ou éviter le développement de bactéries dans
des circuits comme la papeterie, des produits chimiques sont ajoutés, dont il est impossible de
connaßtre la composition exacte. On ignore si le produit obtenu est identique ou différent de
lâinitial. Le processus est totalement aveugle. Les granules qui mesuraient trois Ă quatre millimĂštres
ont considérablement diminué, pour atteindre une taille inférieure à un millimÚtre.
Pr. William DAB
Ce phénomÚne se produit-il quand les granules sont exposés à des nanoparticules ?
Paul BOULENGER
Je ne sais pas. On a fait cette observation au sein des eaux usées, traitées pour le circuit papetier.
Ces eaux amĂšnent les rĂ©sidus du produit qui a fait lâobjet dâĂ©tudes. On a Ă©galement relevĂ© une chute
considĂ©rable de lâefficacitĂ© du traitement, de lâordre de 60 Ă 70 %. PhĂ©nomĂšne assez curieux, les
granules sont restĂ©s trĂšs petits. Lâensemble de lâĂ©puration, aprĂšs plusieurs mois, a finalement
retrouvĂ© son efficacitĂ©. DâaprĂšs moi, la rĂ©duction de la taille augmentant la surface, on pourrait
constater un regain, qui signifierait que les bactĂ©ries nâauraient pas Ă©tĂ© complĂštement dĂ©truites, ou
que certaines auraient rĂ©sistĂ© (mais on ignore lesquelles). Cependant, la rĂ©cupĂ©ration de lâefficacitĂ©
a été satisfaisante dans la partie anaérobie. Le phénomÚne a été complÚtement différent dans la
partie aérobie. A la suite du retour correct des boues anaérobies, on a observé que les boues
aĂ©robies, qui normalement sâagglutinent trĂšs mal, sont devenues trĂšs pesantes. Les flocs se sont
ratatinĂ©es, et dans des boues qui gĂ©nĂ©ralement dĂ©cantent trĂšs mal, de lâordre dâun demi-mĂštre par
heure, on a relevé des vitesses sensiblement augmentées, et les boues se sont tassées et concentrées
Ă des valeurs dĂ©passant 100 grammes par litre, ce que lâon nâavait encore jamais observĂ©. Il faudrait
avoir les moyens de vérifier la présence de particules, mais personnellement je ne les ai pas. Ce que
je sais, câest que les produits chimiques utilisĂ©s en production du papier contenaient de la silice qui
était annoncée comme étant sous forme de silicates.
Pr. William DAB
De telles expériences sont-elles onéreuses ?
Paul BOULENGER
Oui.
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Pr. William DAB
Quelles sont les raisons de ce coût élevé ?
Paul BOULENGER
Il faut dâabord trouver des personnes qui acceptent de mener ces expĂ©riences, et cela coĂ»te
extrĂȘmement cher. Seules les trĂšs grosses sociĂ©tĂ©s seraient susceptibles de pouvoir financer de telles
opérations.
Philippe HUBERT, INERIS
Je formule un point de complément à propos du traitement : il faut également prendre en compte
aujourdâhui la problĂ©matique des rĂ©sidus mĂ©dicamenteux dans lâeau, qui peut rendre encore plus
confus le phénomÚne.
José CAMBOU, France Nature Environnement
Les stations de traitement dâeaux usĂ©es fonctionnant sur le modĂšle courant laissent passer des
nanoparticules dâargent, ce qui signifie quâon les retrouve ensuite dans le milieu aquatique, avec
effets sur lâĂ©cosystĂšme. Les humains rencontrent Ă nouveau les particules par le biais de lâeau
potable, les stations de traitement dâeau potable nâĂ©tant pas non plus adaptĂ©es pour les retenir. Est-
ce exact ?
Eric GAFFET
Vous avez parfaitement compris. Cependant, il nây a pas non plus consensus autour de cette
analyse. Il existe différents scénarios dans lesquels cela se passe plus ou moins bien. Pour traiter les
nanoparticules dâargent, il faut dâabord dĂ©tecter leur prĂ©sence. Mettre en place un outil spĂ©cifique
pour traiter ces éléments coûte certainement cher. Au préalable, il faut donc maßtriser la métrologie.
Nous avons constaté dans les Nanoforums précédents la complexité de la métrologie dans
lâatmosphĂšre. Cette difficultĂ© est encore plus marquĂ©e dans les milieux liquides.
Isabelle ORQUEVAUX, Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA)
Je souhaiterais apporter une précision sur la présentation et les documents préalablement transmis :
lâindustrie cosmĂ©tique française et europĂ©enne nâutilise pas de nanoparticules dâargent comme
ingrédient dans ses produits.
Laure BLUTEAU
Savons-nous pourquoi les nanoparticules dâargent sont nettement plus toxiques que les ions argent ?
Des études établissant ce fait ont-elles été menées ?
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Eric GAFFET
La seule que jâai pu retrouver dans la littĂ©rature, et dans laquelle on sâattache Ă comprendre les
mĂ©canismes, est celle que je vous ai prĂ©sentĂ©e. LâhypothĂšse est quâil existe une interaction avec la
présence de molécules chimiques dans le milieu réactionnel, qui se fixent sur les particules
dâargent, et qui interagissent ensuite avec les bactĂ©ries. Le second mĂ©canisme possible pourrait ĂȘtre
une ionisation partielle des agrĂ©gats : au lieu que les ions soient isolĂ©s, câest-Ă -dire que lâatome soit
ionisĂ©, on observerait des agrĂ©gats dâatomes dâargent, avec une ionisation partielle en surface. Le
rĂŽle jouĂ© pourrait ĂȘtre identique mais lâefficacitĂ© serait renforcĂ©e par unitĂ© de surface. On
observerait aussi une instabilité des ions et donc une réaction plus importante. On peut imaginer ce
mĂ©canisme en chimie rĂ©actionnelle. Cependant, il nâa pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©, car les moyens sont difficiles Ă
mettre en Ćuvre, et on a Ă©chouĂ© jusquâĂ prĂ©sent Ă caractĂ©riser ces agrĂ©gats ioniques. Il sâagit en tout
cas dâun beau sujet de recherche. Cela permettrait de comprendre pourquoi des particules de dix
nanomĂštres sont plus efficaces que des particules de soixante nanomĂštres par exemple.
Lâaccroissement de surface a nĂ©cessairement un effet sur lâionisation.
Jean-Pierre GENESTIER
Existe-t-il un moyen dâarrĂȘter les particules de nano-argent, par exemple lâosmose inverse ?
Eric GAFFET
Le principe de fonctionnement de lâosmose inverse est une bonne mĂ©thode pour les arrĂȘter.
Lâosmose inverse est un procĂ©dĂ© onĂ©reux Ă mettre en place. Si lâon est certain de la prĂ©sence de
nanoparticules et que lâosmose inverse est le seul moyen de les Ă©viter, lâenjeu vaut certainement
lâinvestissement initial. Par ailleurs, dans le cas de lâosmose inverse, il faut, au bout dâun certain
temps, nettoyer les filtres, car ils finissent par se colmater et se boucher. On en revient toujours Ă la
question de la mĂ©trologie, qui consiste Ă savoir quelle quantitĂ© doit ĂȘtre traitĂ©e et Ă quel moment il
faut intervenir, car la quantitĂ© observĂ©e de nano-argent sous forme de particules relarguĂ©es nâest pas
forcément constante en flux. Il existe de réelles difficultés pour réaliser une telle estimation.
Cependant, lâosmose inverse est tout Ă fait envisageable pour des utilisations pratiques. Sur des
unitĂ©s de production qui produisent des nano-argents et sur lesquelles un relargage sâeffectue par
exemple dans les eaux de ruissellement dâusine, ce type dâapplication est Ă©galement envisageable.
Laurence MULON, consultante
Ma question porte sur lâactivitĂ© biocide rĂ©gie par la rĂ©glementation Biocide, considĂ©rĂ©e comme un
mini-REACH : pour une quantitĂ© de 500 tonnes, on devrait normalement disposer dâĂ©tudes en
écotoxicité et en toxicité relativement lourdes. Comment expliquer le peu de données ? Est-on en
prĂ©sence de x 500 producteurs dâune quantitĂ© dâune tonne ?
Eric GAFFET
La premiÚre réponse est effectivement la présence de x fournisseurs. En ce qui concerne les diverses
solutions, il existe autant de fournisseurs que de produits. Aux Etats-Unis, lâEnvironmental
Protection Agency (EPA) a condamné une société, qui avait oublié de réaliser des tests biocides et
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de dĂ©clarer lâaspect biocide de son produit, Ă payer une amende. La rĂ©action immĂ©diate et
quasiment instantanée des producteurs et importateurs présents sur le marché américain a été de
supprimer la mention « nano-argent » de leurs produits. Ce phĂ©nomĂšne sâest produit dans le cas
dâemballages alimentaires desquels la mention « nano-argent » a disparu, alors que les produits
nâont pas Ă©tĂ© modifiĂ©s. Dans dâautres cas, la disparition de la mention « nano-argent » correspondait
effectivement Ă la suppression du nano-argent comme biocide, en particulier sur un ours en peluche
qui a dĂ©frayĂ© la chronique pendant quelque temps. Lâimportateur amĂ©ricain ignorait que le produit
venait de Chine, mĂȘme si peu de jouets sont produits hors de Chine, et le fournisseur chinois avait
oublié de préciser que le jouet contenait du nano-argent. Le Woodrow Wilson Institute a réalisé une
analyse et averti lâimportateur amĂ©ricain de la prĂ©sence de nano-argent dans lâours en peluche, et
des consĂ©quences possibles. Lâimportateur amĂ©ricain a donc demandĂ© des explications au
producteur chinois, qui a modifié sa production en supprimant le nano-argent. Certaines
modifications dâĂ©tiquetage correspondent donc aussi Ă une rĂ©alitĂ©, soit au retrait du marchĂ© de ces
produits.
Nathalie THIERIET, Agence française de SĂ©curitĂ© sanitaire de lâenvironnement et du travail
(AFSSET)
Je souhaiterais apporter une information sur lâosmose. Lâosmose, ou osmose inverse, purifie
effectivement une partie de lâeau, si elle parvient Ă arrĂȘter toutes les nanoparticules dâargent, mais le
rendement de lâosmose nâest pas de 100 %. Ainsi, si lâon souhaite purifier un litre dâeau, on
nâobtiendra pas un litre dâeau purifiĂ©e au final, mais Ă peu prĂšs 90 % de cette quantitĂ©. Dans les
10 % restants, les nanoparticules dâargent seront reconcentrĂ©es. Le problĂšme demeure donc le
mĂȘme : que faire de ce concentrĂ© ?
Frédéric MESTRIUS, Carbio 12
Je représente la société Carbio 12, fabricant de charbon actif. Nous avons développé un charbon
actif imprĂ©gnĂ© de nanoparticules dâargent. Notre sociĂ©tĂ© a contactĂ© lâAFSSA pour tenter de faire
homologuer ce produit, et nous avons rencontré des difficultés à ce sujet. Je souhaiterais connaßtre
lâĂ©tat des lieux des propriĂ©tĂ©s de lâargent classĂ©es au niveau de lâAFSSA. Existe-t-il des
interdictions ?
Pr. William DAB
Attention, lâAFSSA ne dĂ©cide rien, elle expertise.
Philippe HUBERT
Je nâai pas de rĂ©ponse directe mais je souhaiterais commenter ce qui a Ă©tĂ© dit sur les biocides :
lâautorisation nâest pas attribuĂ©e pour une substance en tant que telle mais pour un usage et une
mise sur le marché. Pour commercialiser un produit, une autorisation de mise sur le marché est
requise. On ne doit pas accepter de mettre en magasin un produit non autorisé. Une fois le dossier
de demande dâautorisation dĂ©posĂ© pour un produit ou un emballage, on procĂšde Ă l'examen de ce
quâil contient. La comparaison avec REACH induit en erreur car sa logique est diffĂ©rente : dans le
systĂšme REACH, on examine une substance pour sâinterroger sur son utilisation potentielle.
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Concernant un emballage alimentaire ou des biocides, le contenu ne sera donc pas a priori sujet Ă
interrogations. Pour faire agréer un emballage alimentaire il suffit de le présenter avec une étude de
sĂ©curitĂ©, quel que soit le contenant. Il nâexiste donc pas dâĂ©tudes de risques de lâargent en tant que
tel dans une logique de biocide ou dâemballage alimentaire, au contraire de lâapplication REACH,
dans laquelle la substance en tant que telle est étudiée, avec une interrogation sur ce à quoi elle peut
servir.
Camille GARBELL, écologiste indépendant
Je suis époustouflé par les propos que nous avons entendus. Si nous ne sommes pas capables de
contrĂŽler lâĂ©volution de nos sociĂ©tĂ©s et le progrĂšs, nous risquons de chuter et de nous faire trĂšs mal.
Existe-t-il en Europe un comitĂ© dâĂ©thique qui rĂ©alise des Ă©tudes dâimpact avant dâattribuer des
autorisations ? Le principe de précaution est-il appliqué dans ce genre de situation ? La bactérie est
souvent considĂ©rĂ©e comme une substance nĂ©faste, mais chacun dâentre nous est porteur de milliards
de bactĂ©ries. Il ne faut donc pas gĂ©nĂ©raliser. Ces nano-argents sont-ils capables de sâattaquer aux
bactĂ©ries que nous estimons mauvaises plutĂŽt quâaux bonnes bactĂ©ries ? Jâen doute fort. Je serais
trĂšs Ă©tonnĂ© que les personnes censĂ©es se pencher sur le problĂšme de lâeau, par exemple, ne lâaient
pas fait. Nous vivons dans un pays et une Europe suffisamment évolués pour pouvoir maßtriser ce
genre de question. Existe-t-il bien un ComitĂ© dâĂ©thique ?
Eric GAFFET
Concernant le questionnement récent qui demeure sur les produits, je souhaiterais préciser que dans
lâexemple des machines Ă laver Samsung, la commercialisation a Ă©tĂ© suspendue, et lâentreprise doit
dâici la fin de lâannĂ©e 2009 fournir un dossier dâĂ©tude dâimpact sur lâenvironnement de ses
machines. Il sâagit lĂ dâun produit phare. Cette mesure nâest pas seulement symbolique et tĂ©moigne
dâune prise de conscience. Un pays du nord de lâEurope a Ă©galement interdit la commercialisation
de ces machines sur son territoire.
Bernard FONTAINE
Ma question rejoint les questions prĂ©cĂ©dentes : si lâon retrouve le nano-argent dans
lâenvironnement, on le retrouve Ă©galement dans lâalimentation. DâaprĂšs ce que vous nous avez
montrĂ©, ce nano-argent est diffusĂ© dans les diffĂ©rents organes. Sâil passe dans le lait, compte tenu de
lâeffet bactĂ©ricide, il abĂźme sa flore bifidogĂšne. Sur le plan Ă©thique, il sâagit selon moi dâun
problĂšme majeur.
Arila POCHET, MinistÚre de la Santé, Direction générale de la Santé
Je souhaiterais rebondir sur lâavant-derniĂšre question : au niveau de lâOCDE, un programme de
parrainage sur la sĂ©curitĂ© dâun Ă©chantillon reprĂ©sentatif de nanomatĂ©riaux, crĂ©Ă© en novembre 2007,
dĂ©bute actuellement. LâidĂ©e est de collecter les donnĂ©es disponibles sur le plan des caractĂ©ristiques
physico-chimiques, ainsi que les donnĂ©es de toxicitĂ© et dâĂ©cotoxicitĂ©. Parmi les nanomatĂ©riaux
manufacturĂ©s qui feront lâobjet dâĂ©tudes se trouve Ă©videmment le nano-argent. Le pays leader, car
fournisseur principal de nano-argent, est la Corée. Concernant la normalisation, la derniÚre réunion
ISO qui sâest dĂ©roulĂ©e en novembre 2008 a Ă©tĂ© lâoccasion pour les CorĂ©ens dâeffectuer une
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prĂ©sentation sur la fiche de donnĂ©es de sĂ©curitĂ© du nano-argent, Ă titre dâexemple pour les
nanomatériaux en général. La présentation démontrait que cette fiche de sécurité est inadaptée au
nano-argent, et quâil est impossible dâen remplir certaines cases. Les CorĂ©ens ont alors proposĂ©
dâĂ©laborer une fiche de donnĂ©es de sĂ©curitĂ© spĂ©cifique aux nanomatĂ©riaux. Cette proposition est
lâobjet dâun vote, en cours jusquâĂ la fin du mois.
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Principes de lâanalyse dâimpacts du nano-argent sur lâhomme
et lâenvironnement
Philippe HUBERT
INERIS
Mon exposĂ© est assez difficile Ă rĂ©aliser. Il ne va pas y ĂȘtre beaucoup question des nano-argents.
Son objet est la prĂ©sentation dâune analyse socio-Ă©conomique sur le nano-argent. Mais cette
derniÚre se fonde sur des données. Or ces données sont relativement peu nombreuses dans le cas du
nano-argent.
Mon exposĂ© visera Ă rĂ©pondre aux questions suivantes : quâest-ce que lâanalyse socio-Ă©conomique
et comment peut-on lâappliquer aujourdâhui au nano-argent ? Pourquoi ce nom dâ« analyse socio-
Ă©conomique » ? DâoĂč vient-elle et Ă quoi sert-elle dans REACH ? Comment a-t-on construit la
mĂ©thodologie actuelle, relativement formalisĂ©e ? De façon gĂ©nĂ©rale, quel est lâĂ©tat de lâart en
termes dâanalyse socio-Ă©conomique ? Quelles interrogations peut-on formuler grĂące Ă lâexemple du
nano-argent ? Eric Gaffet a prĂ©sentĂ© deux Ă©tudes dont je vais vous parler, et qui tentent dâĂ©tudier
lâimpact sur lâenvironnement du nano-argent. Il existe une troisiĂšme Ă©tude, qui porte sur les stations
dâĂ©puration, mais qui nâest pas prise en considĂ©ration, car elle ne concerne pas lâimpact des
quantités de nano-argent relarguées.
V.
PrĂ©sentation de lâanalyse socio-Ă©conomique rĂ©alisĂ©e dans le cadre de
REACH
Lâanalyse socio-Ă©conomique est un Ă©lĂ©ment de REACH. De nombreux dĂ©bats existent pour savoir
si lâĂ©valuation des risques liĂ©s aux nanoparticules et aux nano-Ă©lĂ©ments entre dans le cadre de
REACH. Les attendus de REACH partent du principe de prĂ©caution dâune façon originale. REACH
octroie en gĂ©nĂ©ral une autorisation dâutilisation quand les personnes souhaitant lâobtenir apportent
la preuve que les risques pour la santĂ© humaine ou lâenvironnement sont maĂźtrisĂ©s. Pour autant, ceci
ne signifie pas lâinnocuitĂ© de la substance en question. Lâanalyse socio-Ă©conomique intervient donc
dans un contexte spĂ©cifique, si lâabsence complĂšte de risques nâa pu ĂȘtre prouvĂ©e, pour montrer que
les avantages de lâusage lâemportent sur ses inconvĂ©nients. Dans le systĂšme REACH, on pondĂ©rera
les avantages et les inconvĂ©nients de lâintroduction dâune substance, mais Ă©galement de la
restriction de son utilisation, de sa substitution, et de tous les éléments de gestion afférents.
Le Grenelle de lâenvironnement a Ă©galement posĂ©, mais dâune façon diffĂ©rente, la question de
lâanalyse et de lâĂ©valuation des risques dans le cas des nanoparticules, que lâon retrouve aussi dans
des conclusions de tables rondes ou de comités opérationnels. La derniÚre formulation en date est
celle de lâarticle 37 du projet de loi Grenelle, dans lequel est prĂ©vue la mise au point dâune
mĂ©thodologie dâĂ©valuation des risques et des bĂ©nĂ©fices liĂ©s Ă ces substances et produits. Le projet
exige Ă©galement la rĂ©alisation dâun bilan coĂ»ts/avantages « systĂ©matique dĂšs 2008 », avant toute
mise sur le marché de produits contenant des nanoparticules et nanomatériaux.
Le terme « analyse bénéfices/risques » est par ailleurs trÚs souvent utilisé dans le domaine du
mĂ©dicament et des produits de santĂ©, afin, par exemple, dâĂ©valuer la probabilitĂ© de mourir Ă la suite
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de la prise dâun mĂ©dicament. Cette logique nâintervient pas ici et lâexpression nâa pas la mĂȘme
signification.
VI.
MĂ©thodologie de lâanalyse socio-Ă©conomique
Les reprĂ©sentants de REACH ont posĂ© le principe dâun bilan depuis longtemps dĂ©jĂ , et ont
formalisé une analyse de type socio-économique ou analyse bénéfices/risques.
Le terme « analyse bénéfices/risques » est trÚs général et recouvre diverses méthodes. Pour éviter la
confusion dans lâĂ©tude de substances chimiques, les Ă©lĂ©ments sont codifiĂ©s, des technical guidance
documents sont rĂ©alisĂ©s, et lâon sâassure ainsi que lâensemble des Ă©quipes travaillent de la mĂȘme
façon, par Ă©tapes, chaque Ă©tape donnant lieu Ă lâĂ©laboration de guides. Les reprĂ©sentants de
REACH, avec plusieurs groupes de chercheurs puis de spécialistes appliqués, ont élaboré une
méthodologie cadrée, avec des étapes et des modes de travail identiques, pour permettre un échange
au niveau international. Cette écriture sous forme de guides présente des avantages et des
inconvĂ©nients : il sâagit dâune mĂ©thode rigide mais Ă©galement dâun langage commun favorisant
lâĂ©change entre experts de diffĂ©rents pays.
Le premier guide est sorti rĂ©cemment, en mai 2008, et parmi les trois comitĂ©s dâexperts au sein de
REACH, lâun est spĂ©cialisĂ© sur le risque, et un autre sur lâanalyse socio-Ă©conomique. Ce comitĂ©
analyse et Ă©value les dossiers avec le mĂȘme professionnalisme et les mĂȘmes circuits que celui qui
examine les dossiers présentant les dangers et les risques liés à des substances. Il a commencé à se
rĂ©unir et Ă travailler sur un exercice dâĂ©cole trĂšs abstrait. Les premiĂšres Ă©valuations sont prĂ©vues
pour 2010 ou 2011 ; elles sont destinĂ©es Ă justifier de « restrictions Ă lâusage » de substances et Ă
discuter des autorisations de substitutions. Le rÚglement est similaire à celui présent dans les pays
anglo-saxons : si une substance paraĂźt dangereuse, et quâil semble souhaitable dâen restreindre ou
dâen supprimer certains usages, il faut dĂ©montrer lâintĂ©rĂȘt dâune telle dĂ©cision. Ainsi, il existe, au
moins en termes dâorganisation et concernant les nouvelles technologies, un cadre permettant
dâĂ©valuer les impacts et dâaider Ă la prise de dĂ©cision. Lâanalyse socio-Ă©conomique requiert une vue
plus large que la seule Ă©valuation des risques dâune substance. Il faut observer lâensemble des
impacts, en prenant en compte la mortalitĂ©, la morbiditĂ©, et lâensemble des impacts sur
lâenvironnement dont la bioaccumulation, lâacidification, lâeutrophisation, etc., ce qui nâest pas
nĂ©cessairement prĂ©sent dans un dossier, ainsi que lâensemble des impacts socio-Ă©conomiques, les
coĂ»ts et bĂ©nĂ©fices pour les personnes privĂ©es, coĂ»ts et bĂ©nĂ©fices sociĂ©taux et lâĂ©quitĂ© de leur
rĂ©partition, afin dâĂ©tablir un optimum qui Ă©vite que certains gagnent ou perdent beaucoup. Lâanalyse
socio-Ă©conomique est requise, dans le cadre de REACH, dans une logique de restriction, mais
Ă©galement dans une logique dâautorisation. Dans la premiĂšre logique, il sâagit de dĂ©montrer que la
suppression dâune activitĂ© prĂ©sente un intĂ©rĂȘt, dans la seconde quâil reste intĂ©ressant dâutiliser le
produit considĂ©rĂ©, mĂȘme si des dangers mal maĂźtrisĂ©s persistent. Il sâagit Ă©galement dâĂ©tudier la
proportionnalitĂ© des rĂ©ponses. Le guide prend exemple sur le cas dâune rĂ©duction dans lâutilisation
du nonylphĂ©nol : doit-on atteindre 100 % de restriction ? RĂ©duire lâutilisation de 80 % de cet
élément représente 5 % du coût total de restriction, mais poursuivre la restriction sur les 20 %
restants sâavĂšre beaucoup plus cher. On peut dĂšs lors sâinterroger sur le moment dâarrĂȘt de la
restriction. Cette analyse peut s'appliquer à plusieurs centaines de substances différentes du
nonylphĂ©nol, comme les nanoparticules dâargent par exemple.
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VII.
RĂ©sultats de lâanalyse socio-Ă©conomique
A quoi le rĂ©sultat dâune analyse socio-Ă©conomique doit-il ressembler ? Deux scĂ©narios ont Ă©tĂ©
Ă©laborĂ©s : dans le premier cas, lâobjectif de quantification complĂšte nâa pu ĂȘtre atteint et lâanalyse
demeure qualitative ; dans le second cas, le résultat atteint va trÚs loin dans la formalisation.
L'exemple qualitatif concerne une « restriction ». Lâutilisation dâune substance Ă risque potentiel
nâest pas autorisĂ©e dans tous les cas : cette substance est dĂ©clarĂ©e libre mais certains de ses usages
sont interdits. L'exemple suppose qu'il soit dĂ©montrĂ© que lâimpact sanitaire dâune telle restriction
est positif et certainement significatif Ă lâĂ©chelle de lâUnion europĂ©enne. De telles conclusions
tĂ©moignent dâune Ă©valuation avancĂ©e mĂȘme si elles paraissent prudentes. Il faut ensuite considĂ©rer
la possibilitĂ©, dans le cas dâune nuisance forte pour une substance, et compte tenu des impacts sur
les Ă©cosystĂšmes, de la remplacer par une substance alternative non dangereuse, si cela permet de
minimiser les impacts sur lâĂ©cosystĂšme. Suit lâanalyse Ă©conomique elle aussi qualitative, qui
démontre que les coûts pour les utilisateurs industriels seront inchangés si un produit de substitution
est disponible, dâautant que son utilisation ne nĂ©cessite pas de modifier lâensemble du systĂšme de
fabrication, ce qui serait trop onĂ©reux (comme par exemple dans le cas de la construction dâavions),
mĂȘme si le produit de substitution est parfait et que les bĂ©nĂ©fices sont rĂ©percutĂ©s au niveau des
consommateurs par une faible hausse des prix. Enfin, une restriction envisagĂ©e par lâanalyse socio-
Ă©conomique doit ĂȘtre conforme aux principes qualitatifs de lâOMC, car le monde est rĂ©gulĂ© au
niveau mondial. On ne peut donc sâautoriser des restrictions incompatibles avec les rĂšgles du
commerce international.
On atteint lâaboutissement de lâanalyse bĂ©nĂ©fices/risques lorsque lâon peut quantifier les donnĂ©es
selon la logique encouragĂ©e par lâUnion europĂ©enne. C'est le deuxiĂšme exemple du guide. Si lâon
constate la prĂ©sence dâune substance Ă danger potentiel et que lâon souhaite en restreindre lâusage,
lâanalyse pourrait ĂȘtre la suivante : en lâabsence de restriction, la substance considĂ©rĂ©e engendrera
en 2020, par exemple, 500 cas de cancers et 10 000 cas dâallergies, alors quâen prĂ©sence de
restrictions, le nombre de cas de cancers nâatteint que la cinquantaine. Compte tenu du coĂ»t de la
vie humaine et du traitement des symptÎmes allergiques, cette restriction représente une économie
de lâordre de 300 Ă 600 millions dâeuros par an. Un moyen de simplifier le problĂšme est de dĂ©clarer
lâabsence dâimpact environnemental, son Ă©valuation Ă©tant beaucoup plus difficile Ă rĂ©aliser que pour
la vie humaine. Dans ce cas, en lâabsence de restriction, le prix du produit final augmenterait par
exemple de 10 %, ce qui reprĂ©senterait pour la sociĂ©tĂ© un surcoĂ»t de lâordre de 100 Ă 200 millions
dâeuros. Cet exemple extrĂȘmement abouti d'analyse est fourni Ă titre pĂ©dagogique.
VIII.
LâĂ©valuation des risques nĂ©cessaire pour lâanalyse socioĂ©conomique
RĂ©aliser ce type dâanalyses requiert en premier lieu dâĂ©valuer les risques. Je souhaiterais rappeler le
caractĂšre limitĂ© de lâĂ©valuation du risque pour une substance dans les dossiers classiques. Nous
avons déjà évoqué les biocides, mais on peut également mentionner REACH, les produits
phytosanitaires, les cosmétiques.
Dans tous les cas, le mĂ©canisme est identique. On identifie dâabord les dangers de la substance : est-
elle cancĂ©rogĂšne pour lâhomme ? Est-elle toxique ? PrĂ©sente-t-elle des effets aigus ? Une fois cette
identification rĂ©alisĂ©e, on dĂ©finit une approche quantitative, par exemple sous la forme dâune
relation dose/effet, avec ou sans seuil â on dĂ©finit alors ce quâest lâeffet sans seuil et lâeffet une fois
le seuil atteint â, ainsi que des valeurs toxicologiques de rĂ©fĂ©rence par rapport aux autres effets, soit
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des valeurs en dessous desquelles on constate lâabsence de danger. La mĂȘme question se pose et le
mĂȘme type dâĂ©tude est menĂ© au sujet de lâĂ©cotoxicitĂ© : sur des algues, poissons, crustacĂ©s, plus
rarement sur des bactĂ©ries, la substance considĂ©rĂ©e est-elle toxique ? Il sâagit lĂ de lâĂ©tude classique
des dangers. On y retrouve les avantages et les dĂ©fauts dâun guide. Tout Ă©cart par rapport au guide
doit ĂȘtre justifiĂ©.
Vient ensuite lâanalyse de lâexposition. Quatre domaines se distinguent, dont lâexposition ou les
risques pour les espĂšces dans lâenvironnement, et trois catĂ©gories propres Ă lâhomme, qui sont
lâhomme dans lâenvironnement, lâhomme consommateur et lâhomme au travail (le travailleur dans
son usine par exemple). Il en résulte des scénarios discrets, qui ne se rapportent pas à la totalité de
lâunivers mais Ă quatre ou cinq aspects des domaines citĂ©s (dans le cas de lâhomme dans
lâenvironnement par exemple, on Ă©valuera la quantitĂ© de terre consommable par un enfant ; dans le
cas de lâhomme travailleur, un travailleur exposĂ© Ă la concentration admise). Il existe au final peu
de scĂ©narios. Ils visent Ă encadrer les expositions potentielles, on ne maĂźtrise pas lâensemble des
possibilités.
La façon de calculer le risque est trÚs limitée quant aux indicateurs de risque utilisés. Concernant le
risque pour lâenvironnement, le fait que lâĂ©cosystĂšme puisse ĂȘtre perturbĂ© ou que la biodiversitĂ© se
rĂ©duise nâest pas pris en considĂ©ration, seul le ratio « PNEC »/ « PEC » est analysĂ©, soit le seuil de
non-dangerosité pour cinq ou six espÚces différentes par rapport à la concentration dans le milieu. Il
sâagit de vĂ©rifier si la concentration dans le milieu est infĂ©rieure ou non Ă celles calculĂ©es dans le
cas des espÚces considérées.
Quant Ă lâespĂšce humaine, elle est considĂ©rĂ©e dans son ensemble, mĂȘme si on distingue parfois les
enfants ou les populations sensibles : on se demande si lâexposition de la personne objet de lâĂ©tude
est bien infĂ©rieure Ă lâexposition critique. Dans le cas particulier dâun cancĂ©rogĂšne sans seuil, on se
demande si le risque individuel est inférieur, à un seuil tolérable.
Il faut expliquer pourquoi il est difficile de passer dâun dossier d'Ă©valuation du risque « classique »
au dossier utilisĂ© pour une Ă©valuation de lâimpact dans la logique dâune analyse socio-Ă©conomique.
Concernant la toxicité, pour un dossier classique, le cas le plus critique sera pris en compte,
entraĂźnant une majoration - mal maitrisĂ©e - des donnĂ©es. Ainsi, concernant la prĂ©sence dâargent
dans les riviÚres, des expérimentations ont été réalisées sur des daphnies par exemple, le résultat
obtenu étant divisé par 1 000 pour garantir un facteur de sécurité. Un tel raisonnement ne
fonctionne pas pour une estimation rĂ©aliste. Si lâon souhaite comparer deux scĂ©narios alors qu'ils
ont deux facteurs de sĂ©curitĂ© diffĂ©rents, lâun de dix, lâautre de mille, les conclusions ne sont pas
valables, notamment si lâon compare les dangerositĂ©s des diffĂ©rents ions argent, des nano-argents
ou encore des sulfates dâargent sur les espĂšces. En effet, dans ces cas-lĂ les facteurs sont tantĂŽt de
10, tantĂŽt de 100, tantĂŽt de 1 000, tantĂŽt inexistants. Il faut donc ĂȘtre vigilant et examiner le
protocole de prĂšs avant de conclure.
Une autre problĂ©matique concerne lâindicateur du risque. Un ratio individuel pour lâhomme ne
permet pas dâĂ©valuer le risque collectif (le nombre de morts ou de pathologies par exemple). Il faut
sâinterroger sur lâexposition de la population dans son ensemble, dans toute sa diversitĂ©, au lieu de
vĂ©rifier si tel cas individuel suit lâun des scĂ©narios envisagĂ©s. Le fait de considĂ©rer des scĂ©narios
majorants ne fournit pas de rĂ©sultat quant Ă lâimpact global.
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Concernant les espĂšces, on dispose de ratios espĂšce par espĂšce, sur quelques espĂšces seulement,
mais il est nĂ©cessaire dâeffectuer une phase supplĂ©mentaire dâĂ©valuation et de modĂ©lisation, pour
savoir si la présence de poissons dans une riviÚre est maintenue.
Une évaluation des risques parfaite au niveau biocide, au sens du « dossier de Sécurité chimique »
de REACH, etc., est insuffisante pour réaliser une analyse bénéfices/risques. Une nouvelle phase est
nécessaire et déterminante, tout aussi passionnante que la précédente, mais ajoutant une couche de
complexité.
On peut ensuite rĂ©aliser des schĂ©mas dâanalyse au moyen de soustractions dâimpacts. AprĂšs calcul
du risque initial, on observe le rĂ©sultat obtenu aprĂšs restriction dâutilisation. Un gain est constatĂ© en
termes dâĂ©missions, dâimpacts sanitaires et environnementaux. Le gain prend mĂȘme parfois une
forme financiĂšre. Cependant, alors que selon certaines analyses socio-Ă©conomiques, le gain
engendrĂ© par une restriction concerne autant le coĂ»t que lâimpact, le choix de restreindre la
substance nâest pas toujours effectuĂ©. Cette logique est inscrite dans des guides dont la
formalisation permet dâĂ©tablir le partage dâinformations et la critique.
Les difficultĂ©s sont les suivantes : devoir Ă©tendre lâanalyse de risques, devoir monĂ©tariser des
bĂ©nĂ©fices et des impacts (ainsi, monĂ©tariser lâimpossibilitĂ© de se baigner dans une riviĂšre si celle-ci
devient insalubre sâavĂšre-t-il trĂšs difficile). Les guides de REACH ne proposent pas de mĂ©thodes
plus ouvertes, telles que les approches multicritĂšres qui permettraient, sur la base dâun dĂ©bat,
dâĂ©laborer collectivement des scĂ©narios, attribuer des valeurs dâĂ©change, des poids aux diffĂ©rents
impacts, ou obtenir une technique plus dialectique en vue dâĂ©changer et de discuter dâun optimum
collectif. Une autre difficultĂ© rĂ©side dans la conception mĂȘme de lâinformation : comment
contourner le problĂšme de lâasymĂ©trie de lâinformation, retrouver lâinformation prĂ©sente dans un
nombre limitĂ© de dossiers ? Comment mener des enquĂȘtes auprĂšs de lâindustrie, faire intervenir les
autres parties prenantes ?
IX.
Présentation de quelques exemples
Je donnerai deux exemples. Pour les nano-produits et nanoparticules, les mĂȘmes questions se
posent quant Ă lâutilitĂ© sociale. Que se passerait-il en cas de suppression ou restriction ciblĂ©e du
nano-argent ? Lâensemble des impacts environnementaux et notamment les rejets ont-ils bien Ă©tĂ©
pris en considĂ©ration ? Le cadre dâanalyse prĂ©sentĂ© aide Ă structurer la rĂ©flexion. Plusieurs enjeux
sont Ă lâĆuvre dans le cas des nano-argents.
De façon non surprenante, la toxicité du nano-argent est ignorée dans les bases de données de
lâEPA. Mais, plus surprenant, celle de lâargent est trĂšs succinctement abordĂ©e. Il existe trĂšs peu
dâinformations et dâĂ©tudes autour de lâargent « classique » ou sous forme ionique. Cinq ou six
Ă©tudes ont Ă©tĂ© publiĂ©es Ă la fin de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente concernant la toxicitĂ©, dont deux rĂ©alisĂ©es par
des CorĂ©ens et portant sur lâexposition in vivo dâanimaux aux nano-argents. La somme
dâinformations concernant les nano-argents pourrait mĂȘme dĂ©passer un jour celle de lâargent, tant
les études menées sur ce dernier sont rares.
Concernant lâĂ©cotoxicitĂ©, le sujet dâactualitĂ© porte sur la « terre brĂ»lĂ©e », qui pourrait rĂ©sulter de
lâapplication de nano-argents bactĂ©ricides. La disparition supposĂ©e des bactĂ©ries entraĂźnerait celle
des sols vivants et des pousses de végétaux. Sur ce thÚme des études datant de 2008 et 2009
existent.
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Pour lâexposition, certaines spĂ©cificitĂ©s provoquent des scĂ©narios originaux. Dans le cas des nano-
argents par exemple, lâexposition par voie cutanĂ©e est Ă©videmment considĂ©rĂ©e, bien que les Ă©tudes
menées soient souvent réalisées sur une peau saine.
On sâinterroge enfin sur lâutilitĂ© des usages. Ne changer de chaussettes quâune seule fois par mois
constitue-t-il un but ?
Je vous prĂ©sente deux autres Ă©tudes dâimpact rĂ©alisĂ©es en Suisse et dans la rĂ©gion du Rhin. On
calcule les concentrations prĂ©dites dans lâeau de surface et les sĂ©diments, Ă partir de rejets
provenant des vĂȘtements et textiles contenant du nano-argent. Pour le risque, les ratios utilisĂ©s ici
sont des niveaux de toxicitĂ© basĂ©s sur de l'argent ou des ions dâargent, mais pas sur du nano-argent.
Un facteur deux opĂšre, suivant quâon se trouve en prĂ©sence dâions argent ou de nano-argent. Il
sâagit dâun facteur peu significatif, alors quâil existe au contraire des facteurs de division de lâordre
de dix Ă mille dans plusieurs endroits. On constate que lâapparition de certaines formes chimiques,
une fois les nano-argents relargués (on suppose que les nano-argents sont relargués et se
transforment en formes chimiques dâargent), a plus ou moins de dĂ©veloppement.
Une autre étude présente des mises en perspective. Sur deux exemples sont réalisées des approches
de types « Ă©valuation de produit », les facteurs dâincertitude aggravant la difficultĂ© des
comparaisons. Dans ces Ă©tudes, lâeffet sur les bactĂ©ries (Ă©voquĂ© ci-avant Ă propos de la terre brulĂ©e)
nâest en fait pas lâeffet critique, autrement dit les seuils dâĂ©cotoxicitĂ© sur les bactĂ©ries sont beaucoup
moins contraignants que ceux appliquĂ©s aux poissons, algues, etc. Lâatteinte au milieu, selon
lâapproche traditionnelle des Ă©cotoxicologues, ne provient pas des effets dus aux bactĂ©ries, mais des
effets précédents provoqués sur le reste du milieu.
Pr. William DAB
Deux des propos tenus semblent contradictoires : lâanalyse socio-Ă©conomique est une mĂ©thode
formalisĂ©e, mais il existe un milliard de façons de la rĂ©aliser. Nâest-ce pas contradictoire en
apparence ?
Philippe HUBERT
Effectivement, REACH a permis de mettre en place un processus formalisé et standardisé, alors que
la question de dĂ©part peut ĂȘtre envisagĂ©e de multiples façons.
Claude FOULON, Consultant
Concernant le secteur végétal, existe-t-il des plantes ayant la propriété de dépolluer les ions et nano-
argents ?
Philippe HUBERT
Il en existe certainement, mais les travaux nâont pas encore portĂ© sur ce sujet.
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Camille GARBELL
Le monde est-il rĂ©gulĂ© par les droits du macro-argent ou par les droits de lâHomme ? DâaprĂšs
lâensemble des donnĂ©es fournies au sujet de REACH, il semble que le bienfait et lâintĂ©rĂȘt financier
priment avant tout. A nous de prouver quâil existe un danger.
Par ailleurs, pourquoi lâĂ©tude sur les dangers nâest-elle pas rĂ©alisĂ©e avant ? Je sais quâun
reprĂ©sentant de lâEtat est prĂ©sent ici et nous pouvons peut-ĂȘtre lui demander ce que pense Monsieur
Borloo de cette Ă©volution frĂ©nĂ©tique. Les personnes qui ont le pouvoir dâagir devraient le faire.
Enfin, lâinteractivitĂ© de tous ces Ă©lĂ©ments a-t-elle Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e ? Pour en revenir au nano-argent, on
peut prétendre attendre que sa nocivité soit prouvée, ou prendre une décision selon que son
utilisation rapporte beaucoup ou génÚre trop de dommages. Cependant, certains pesticides ont été
tolĂ©rĂ©s pendant des dizaines dâannĂ©es pour finalement ĂȘtre formellement interdits.
Pr. William DAB
Quelles structures effectuent des analyses socio-Ă©conomiques aujourdâhui ? OĂč reposent les
capacitĂ©s dâĂ©tude ?
Philippe HUBERT
Une Ă©quipe naissante de lâINERIS mĂšne une Ă©tude pour savoir oĂč se trouvent les capacitĂ©s dâĂ©tude.
Ses membres effectuaient dĂ©jĂ de lâanalyse socio-Ă©conomique dans plusieurs domaines, REACH
aide désormais à structurer les travaux. Une telle logique menée à grande échelle devrait contribuer
Ă crĂ©er une capacitĂ©, notamment dans le domaine de lâĂ©conomie de lâenvironnement, dans lequel les
spĂ©cialistes et les Ă©tudes Ă©conomiques sont rares. Lâanalyse des potentiels a montrĂ© que la logique
se met en place en France comme en Europe. La France nâest pas en retard.
Pr. William DAB
Il sâagit donc dâun secteur dâavenir.
Danielle LANQUETUIT, Association VivAgora
Existe-t-il un tableau croisé sur les formes de nano-argent et leur efficacité biocide sur les bactéries
auxiliaires et les bactĂ©ries pathogĂšnes ? Par « auxiliaires », jâentends les bactĂ©ries sympathiques
présentes sur la peau et disposant de vertus nettoyantes.
Par ailleurs, des entreprises dâun mĂȘme territoire ou bassin-versant partagent-elles leurs statistiques
de vente afin de convenir de seuils dâalerte, câest-Ă -dire de limiter leur part de marchĂ© aux flux
entrants que le milieu peut supporter ?
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Philippe HUBERT
Je rĂ©pondrai dâabord Ă la seconde question, sans parler spĂ©cifiquement du nano-argent. Il existe une
directive-cadre sur lâeau qui devrait obliger Ă cette mise en commun des donnĂ©es. Dans le cas de
plusieurs substances prioritaires (environ 200 ont été étudiées), des autorisations de rejet sont
attribuĂ©es Ă chaque installation industrielle, en espĂ©rant que seules lâindustrie et les stations
dâĂ©puration rejettent dans lâeau (ce qui nâest pas le cas), mais aucune nĂ©gociation nâa Ă©tĂ© Ă©tablie
pour sâaccorder en modulant la quantitĂ© rejetĂ©e par chacune de façon Ă optimiser l'ensemble. Quant
au tableau croisĂ©, je ne dispose pas dâinformations et suis sceptique quant Ă son existence de façon
publiée.
Nathalie THIERIET
Je souhaiterais rĂ©pondre Ă la question portant sur les acteurs Ă mĂȘme de rĂ©aliser des analyses socio-
Ă©conomiques. Au sein de lâAgence française de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâenvironnement et du travail
(AFSSET), une unitĂ© est en charge de lâĂ©valuation des dossiers REACH dĂ©posĂ©s par les entreprises.
Cette Ă©quipe sâest dotĂ©e dâune Ă©conomiste, qui Ă©tudie les analyses socio-Ă©conomiques.
Frédéric MESTRIUS
Concernant les bénéfices, Carbio 12 a mis au point un produit, le charbon actif imprégné de nano-
argent. La société, en concevant ce produit, a pensé en particulier au Tiers-Monde, à tous les
individus nâayant pas accĂšs Ă lâeau potable et aux millions de morts causĂ©s par les eaux souillĂ©es
par les bactéries. Pour cette partie du monde, le bénéfice est trÚs supérieur aux impacts.
Pr. William DAB
Disposez-vous dâune Ă©tude objectivant ces estimations ?
Frédéric MESTRIUS
Oui.
Armelle GEORGE-GUITON, médecin retraité
Ces Ă©tudes dâanalyse de risque sont dâune grande complexitĂ© intellectuelle incomprĂ©hensible pour
le commun des mortels. Or on touche tout de mĂȘme Ă des Ă©lĂ©ments inaliĂ©nables, par exemple la
stérilisation des sols, que Monsieur Hubert a évoquée avec une certaine désinvolture. La
stĂ©rilisation des sols nâest pas forcĂ©ment un objectif de long terme. Par rapport au bĂ©nĂ©fice Ă court
terme qui serait lâobtention dâeau potable, si les effluents des stations dâĂ©puration provoquent une
stérilisation des sols, la situation devient problématique.
Serait-il possible que des personnes de lâINERIS ou dâautres structures rĂ©flĂ©chissent dâune façon
beaucoup plus simple que ce qui nous a été expliqué, mettent en balance des enjeux fondamentaux
tels que lâeau potable ou la fertilisation de sols dans leurs rĂ©flexions, et se placent dans une optique
de moyen et de long terme ?
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Philippe HUBERT
Certains pensent quâen tuant les bactĂ©ries, on peut stĂ©riliser le sol. Jâignore sâil sâagit dâun scĂ©nario
plausible. Il est normal de se poser cette question en prĂ©sence dâun produit bactĂ©ricide pouvant ĂȘtre
répandu sur les sols. Imaginer tout ce qui peut arriver puis éliminer les effets improbables fait partie
de lâanalyse du risque. En revanche, il convient de ne pas sâautocensurer avant.
Claude FOULON
Le sol est un milieu vivant. Aujourdâhui, nos connaissances ne portent que sur 1 % des bactĂ©ries et
des champignons du sol. Un travail important reste Ă produire. Il conviendrait de regrouper les
compétences afin de mieux comprendre les problématiques du sol et des pollutions.
Philippe HUBERT
Actuellement la rupture entre lâĂ©cotoxicologie et lâĂ©cologie est totale. On ne sait pas franchir le pas
entre ces deux domaines.
José CAMBOU
Il arrive aussi que des évÚnements encore jamais imaginés se produisent. Comment évalue-t-on la
vie humaine, lâĂ©cosystĂšme et la biodiversitĂ© ? Personnellement, je ne pense pas que nous soyons
capables de les Ă©valuer. De fait, on ne lui attribue aucun prix, donc aucune valeur. Par ailleurs, le
prix de la vie est trĂšs diffĂ©rent dâun pays Ă lâautre. Un Ă©cart important existe par exemple dans la
valeur donnĂ©e Ă la vie entre les pays europĂ©ens et dâautres pays. Il me semble quâun vĂ©ritable
Ă©change devrait se mettre en place autour de cette question, dâautant quâelle concerne lâĂ©chelle
planétaire.
Pr. William DAB
On ne se situe plus Ă lâĂ©chelle locale.
Laurent AUDOIN
Je suis impressionnĂ© par la frĂ©quence de lâemploi du conditionnel dans vos prĂ©sentations et les
multiples prĂ©cautions oratoires. Alors que la demande sociĂ©tale en matiĂšre dâexpertise et de
comprĂ©hension des phĂ©nomĂšnes semble significative, lâexpertise scientifique ne semble pas, loin
sâen faut, encore ĂȘtre en mesure de, non pas entraĂźner mais Ă©clairer la dĂ©cision politique. Seules
quelques Ă©tudes qui semblent disparates sont Ă©voquĂ©es. Jâai entendu dire que lâĂ©cotoxicologie Ă©tait
une discipline scientifique sinistrée en France. Pourriez-vous donner des ordres de grandeur de
lâinvestissement nĂ©cessaire ? LâINERIS devrait-il doubler ou multiplier son budget ? Peut-on
identifier les besoins dont la satisfaction permettrait de réduire cet emploi du conditionnel ?
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Philippe HUBERT
« LâĂ©cotoxicologie sinistrĂ©e » et « la toxicologie sinistrĂ©e » furent effectivement des slogans il y a
quelques annĂ©es, dâautant que les objectifs de ces disciplines nâĂ©taient pas mis en valeur. Dans le
Plan national santé et environnement ont été établis il y a quelques années, pour la toxicologie et
lâĂ©cotoxicologie, des objectifs dans une logique prĂ©dictive. La vision de lâĂ©cotoxicologie que je
vous ai donnée est restreinte, elle ne concerne que ceux qui étudient, à partir de la connaissance
dâune substance dans un milieu, la survie de telle ou telle espĂšce. Dans ce domaine, les spĂ©cialistes
manquent, mais ils doivent ĂȘtre formĂ©s ; il ne suffit pas de vouloir les multiplier. Il faut certes des
chercheurs â il en existe environ cinquante Ă deux cents dans le domaine â, mais aussi des
personnes capables de rĂ©aliser des essais. Lâessai fait souvent davantage dĂ©faut que la recherche.
Lâun des dĂ©bats du domaine portait sur la connaissance des mĂ©canismes. Il est nĂ©cessaire de
combiner ces deux regards. Lâaccumulation de donnĂ©es peut sâavĂ©rer inutilisable car les mĂ©thodes
d'essai sont mal standardisĂ©es. Il faut avancer Ă la fois dans la connaissance et la rĂ©alisation dâessais
standardisĂ©s, surtout dans le cas des nanoparticules qui, souvent, nâen sont plus lorsquâelles
atteignent des poissons ou sont inspirées par des souris. Le mécanisme relatif au nano-argent repose
sur des avancées en termes de technologie brute.
Enfin, lâĂ©cotoxicologie telle que je lâai prĂ©sentĂ©e ne dĂ©bouche pas sur lâĂ©cologie. Aucun dispositif
nâexiste permettant de crĂ©er un lien entre des prĂ©dictions concernant des espĂšces et des prĂ©dictions
se rapportant Ă lâensemble du milieu.
Claire SAULOU, doctorante en troisiÚme année pour le CNRS
La recherche sur des microorganismes avec des nanoparticules dâargent coĂ»te de lâargent mais aussi
du temps. Par ailleurs, le cycle de vie des nanoparticules dâargent est selon moi assez court. La
question devrait donc porter plutĂŽt sur le relargage des ions argent que sur celui des nanoparticules
dâargent, qui se transforment trĂšs rapidement. Merci beaucoup.
Bernard FONTAINE
Lâanalyse socio-Ă©conomique prouve que les besoins en nano, macro ou micro-argent ont augmentĂ©.
Or lâargent est liĂ© au plomb, au cadmium et au zinc. Du fait de ce besoin croissant en nano-argent,
lâanalyse prend-elle en compte lâimpact nĂ©gatif du maintien en exploitation de mines de plomb, de
cadmium, etc. ?
Philippe HUBERT
Il faut effectivement prolonger lâanalyse par une analyse en cycles de vie.
Pr. William DAB
Je remercie Philippe Hubert et Eric Gaffet. Nous avons plantĂ© le dĂ©cor ce soir : lâexamen de ce
dossier amĂšne Ă se heurter Ă de nombreuses incertitudes. Il conviendrait dâapprofondir cette
question et dâaller le plus loin possible dans lâinterrogation. Le dĂ©fi auquel nous sommes confrontĂ©s
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est le suivant : que faut-il pour permettre à nos sociétés de gérer le plus prudemment possible ce
type dâenjeu ?
Le prochain Nanoforum se tiendra le 4 juin 2009 et nous y poursuivrons cette réflexion. Vos
suggestions, questions ou propositions de thĂšmes peuvent ĂȘtre dĂ©posĂ©es dâici lĂ sur notre site
Internet (nanoforum@cnam.fr). Vos apports nous aideront Ă Ă©tablir le programme de la prochaine
séance et de la séance suivante, qui aura lieu le 10 septembre 2009.