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République tchèque Avertissement Dernières entrées Navigation Un an déjà Le blog du P. Scalese

Le clergé français en 1789

On a beaucoup parlé, en bien ou en mal, de ce Clergé français qui a joué un rôle si actif dans le déclenchement de la Révolution. Les uns ont épilogué sur le scandale de prélats incrédules et philosophes, des moines impies, des couvents ouverts à tous les courants mondains, des curés républicains et athées. Les autres ont objecté que le plus grand nombre des évêques n'a pas du tout été influencé par les Lumières et s'y est même montré hostile, que nombreux étaient les réguliers pieux et dévoués, que les curés demeuraient dans leur ensemble proches de leurs ouailles et fidèles à l'enseignement et à l'esprit de l'Évangile. Partisans de la décadence ou de la sainteté, les uns et les autres ne manquent pas d'arguments. L'Ordre du Clergé, le premier du royaume en dignité sinon en influence politique, était si nombreux qu'il présentait toutes les variétés, toutes les nuances qui empêchent de généraliser depuis des évêques scandaleux comme Rohan, Dillon ou Talleyrand, jusqu'à de saints évêques comme les frères La Rochefoucauld, évêques de Saintes et de Beauvais, futurs martyrs des Carmes ; depuis des réguliers au moins surprenants comme le capucin Chabot ou le frère des Écoles Chrétiennes Manuel, bientôt responsables des massacres, jusqu'au supérieur général des Eudistes, le bienheureux père Hébert; depuis de mauvais prêtres qui n'attendaient que l'occasion de se défroquer comme Jacques Roux et Jacques-Claude Bernard qui mèneront Louis XVI à l'échafaud, jusqu'à de braves et excellents curés qui se dépensent sans compter au service de leurs paroissiens. Même parmi les abbés de cour, à côté de parasites dorés vivant de grasses abbayes accordées par Louis XV, comme les abbés de Véri et de Vermond, on rencontre des « cas » pour parler comme de nos jours, un abbé Soldini, aumônier du Grand Commun, c'est-à-dire des domestiques de Versailles, qui passe des journées entières au confessionnal de sa chapelle, prêche des retraites à Paris, fait les catéchismes et refuse constamment les bénéfices qu'on lui offre, parce que celui qu'il a suffit à son « honnête entretien ».
De grands biens

Si l'on s'en tient aux chiffres, le Clergé de 1789 donne l'impression d'un monolithe inébranlable : 65 000 réguliers dont une majorité de femmes, et 65000 séculiers, 130000 personnes en tout. Une part considérable de la richesse de la nation : de nombreux immeubles, quand ce ne sont pas des rues entières dans les villes, 6 à 7 % des terres cultivables, dont moins de 2 % dans le Quercy qui est très pauvre, et jusqu'à 40% dans le riche Cambrésis ; un capital évalué à 3 milliards de livres auxquelles il faut ajouter 80 millions chaque année de dîmes, redevances en nature sur le produit de la terre et des troupeaux, dont le taux varie de 2 à 8 %, et qui sont payées par les propriétaires. Il s'y ajoute d'énormes avantages fiscaux : son « éminente dignité » dispense le Clergé du principal impôt foncier, la taille ; et Louis XV lui a permis de racheter à peu de frais les deux autres impôts directs, la capitation et les vingtièmes. Le Clergé ne paie donc que les impôts indirects, les aides, et un « don gratuit », en moyenne 5 millions par an dont il s'acquitte par des emprunts.
Mais une choquante inégalité subsiste dans la répartition de cette richesse, non seulement entre le haut et le bas Clergé, mais entre les évêques. Avec les droits de lods et ventes, l'archidiocèse de Paris rapporte à son titulaire 600000 livres par an, celui de Cambrai 200000, ceux d'Auch et d'Albi 160 000 auxquelles il faut ajouter les revenus d'un bénéfice supplémentaire - 100 000 livres pour Albi qui a pour titulaire le cardinal de Bernis ! -. Mais l'évêque de Digne n'a que 7 000 livres, et celui d'Apt 9 000. Cette inégalité de revenus s'explique en partie par des inégalités de responsabilités. La division en diocèses remonte à l'époque romaine, et le nombre des paroisses varie beaucoup : Grasse en compte 23, Senez 33, mais Toul en a 740, Chartres plus de 900 et Rouen 1380.
À tous ces avantages correspondent de lourdes charges : l'entretien du culte et de ses ministres, les hôpitaux, les établissements charitables (pauvres, vieillards, orphelins), l'enseignement, etc., mais des charges dont certains ecclésiastiques voudraient se débarrasser'.

P. et P. Giraul de Coursac, "Louis XVI et la question religieuse pendant la Révolution"

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