En ce moment à la Une

Un génie de 19 ans pour la rentrée?

19-07-11 à 11:27 par Le Nouvel Observateur 18 réactions

TENDANCE. On peine à le croire. Marien Defalvard n'aurait que 19 ans. Entre 2007 et 2008, il aurait écrit chez sa mère, à Orléans, les 370 pages de son premier roman. A l'âge de 16 ans, donc. J'en conclus que ce garçon est soit un génie, soit un imposteur.

Imposteur ou génie? A 19 ans, Marien Defalvard publie fin août «Du temps qu'on existait» (Grasset, 20,50 euros). Stupéfiant de maturité, d'arrogance, de désespérance, d'audace. ©Roberto Frankenberg Imposteur ou génie? A 19 ans, Marien Defalvard publie fin août «Du temps qu'on existait» (Grasset, 20,50 euros). Stupéfiant de maturité, d'arrogance, de désespérance, d'audace. ©Roberto Frankenberg

J'ai appelé son éditeur chez Grasset, l'écrivain Charles Dantzig, pour en avoir le coeur net. Il m'a confirmé avoir reçu par la poste ce volumineux manuscrit (lequel comptait alors plus de 1000 pages), avoir aidé son tout jeune auteur, qui vivrait un peu hors du temps, à le resserrer et le mettre au propre, la routine, quoi.

Il m'a dit ça tranquillement. Moi, j'étais beaucoup plus excité. Normal, je venais de dévorer «Du temps qu'on existait» (Grasset, 20,50 euros), et il me semblait avoir découvert le grand oeuvre d'un romancier chevronné et, pour tout dire, vieillissant.

Dans une prose somptueuse et maniérée, le narrateur -né en 1960- pleure son enfance grand-bourgeoise et ses étés dans une immense propriété. Plus il grandit, en promenant son oisiveté et ses regrets de ville en ville (Saclay, Paris, Strasbourg, Brest, Lyon où «la neige fume des cigares épais»), mieux il idéalise le parc de Sacierges, ce paradis perdu où il connut la sensualité, la liberté, la gourmandise, bref, le bonheur.

26 05 11 JeromeGarcin Sipa
Jérôme Garcin (c)Sipa

Depuis, il court vers sa propre disparition dans «un monde sans beauté» où l'on parle «un français atroce». Misanthrope, méprisant, périmé, il aime les garçons et déteste son époque, fuit le présent pour rejoindre, en vain, son passé.

19 ans, Defalvard? On l'imagine portant une lavallière proustienne et rédigeant à la plume, dans sa gentilhommière, des romans décadents. Celui-ci est stupéfiant de maturité, d'arrogance, de désespérance, d'audace. Même ses défauts (dont une profusion de néologismes) ajoutent à ses qualités. Ce premier livre, où les desserts occupent une place de choix, est un gâteau trop riche d'où déborde un talent fou, crémeux, irrépressible. Il paraîtra fin août. Et nous en reparlerons!

J.G.

 => Les "tendances" de Jérôme Garcin

Source: "le Nouvel Observateur" du 14 juillet 2011.

Sur le même sujet

Réactions (18)

  • Trafalgar à 13:17 le 06-08-2011

    Et allez !

    Les phrases sans verbes se succèdent et cette vaste "sucrerie" me semble bien indigeste. Pourtant, j'en suis au 2/3. Qu'elle ait été écrite par un jeunot de 16 ans ou un vieil homme que les canulars amusent, qu'importe. Ca sent le piège à cons.

    Mais qu'on vienne me parler de "génie" littéraire, d'un "nouveau Rimbaud"... Alors là, je me marre.

    Alerter Réagir

  • vrigny à 15:46 le 27-07-2011

    pourquoi tant de méfiance?

    oui je confirme :Marien DEFALVARD a bien 19 ans et écrit son livre depuis 3 ans ;il en a même arrêté ses études pour s'y consacrer.Pourquoi en douter?
    Arthur Rimbaud a écrit ses premiers poemes à quel age déjà :auriez-vous oublié?
    Je viens d'apprendre la sortie du livre alors que j'en connaissais la gestation ,j'attends sa sortie on jugera après.

    Alerter Réagir

  • Sallinginger à 13:56 le 26-07-2011

    Bien évidement que le plan médiatique est en route et Grasset aurait tord de s'en priver, à mon sens leur catalogue ne brille pas vraiment et avoir mis la main sur Defalvard est je pense, ce qu'il pouvait leur arriver de mieux! Il risque d'y avoir gros enthousiasme et débats autour de ce premier roman, je doute cependant de sa réception par le grand public, celui qui nous fait vivre et non celui qui reçoit les services de presse, vu l'érudition avec laquelle s'exprime ce jeune homme (qui pourrait d'ailleurs avoir 50 ans, sa prose est si parfaite que l'âge de celui qui l'a écrit m'importe peu). Vu l'ampleur de l'offre à chaque rentrée littéraire, "Du temps qu'on existait" devra se battre pour tenir tête à des Carrère, Darrieussecq et autre Foenkinos et Nothomb...
    Pour ma part j'éspère non secrètement que le livre aura droit à une grosse médiatisation et en tant que jeune libraire je ferais tout pour qu'il marche auprès des clients!

    Alerter Réagir

 

En ce moment à la Une

Un site de nouvelobs.com Network l'actualité économique et l'actualité internationale sont sur le NouvelObs.