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QUI POUR SAUVER DIOGUE - NIKINE - CARABANE?
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Écrit par Jacques DIATTA   
27-01-2007
QUI POUR SAUVER DIOGUE - NIKINE - CARABANE? ImageSi vous avez visité le littorale de la CASAMANCE, connu l'embouchure du fleuve qui a donné son nom à cette région Sud du Sénégal, si vous empruntiez le bateau pour rallier DAKAR-ZIGUINCHOR ou ZIGUINCHOR-DAKAR (Nous avons en mémoire les douloureux événement de ce 26 septembre 2002, naufrage du bateau « le Joola » au large des côtes sénégalaises avec à son bord plus de 1500 passagers disparus à jamais), alors vous avez certainement observé ces groupements d'habitations situés sur les deux rives, découvert et admiré cet autre village insulaire CARABANE qui a toujours servi d'escale au ferry, point de rencontres et d'éclatement des voyageurs à l'arrivée comme au départ selon la provenance du bateau. QUI POUR SAUVER DIOGUE - NIKINE - CARABANE?
A CARABANE, le jour du ferry, de partout on voyait arriver des pirogues motorisées lourdement chargées. Les intrépides « capitaines » de ces embarcations rivalisaient d'adresse et d'ingéniosité, soit pour défier ces méchantes vagues que poussait le vent d'ouest, soit pour s'accrocher aux premières pirogues déjà amarrées au bateau. Comme des objets enchevêtrés ou entrelacés dans tous les sens, on les prendrait pour des sauterelles sur un bus. Ce spectacle tantôt amusant, tantôt effrayant, offrait à certains passagers l'occasion rêvée de prendre quelques clichés. Ce temps d'escale ou de transit était aussi une opportunité de faire le commerce « Bana-bana », vente-achat ou échanges de produits locaux contre articles manufacturés. D'autres se ravitaillaient en fruits locaux (mangues, oranges) ou produits de la mer (crevettes, huîtres fraîches ou séchées). A l'entrée du fleuve, sur sa rive droite, nous avons DIOGUE. Comme, tous les villages de la zone, il a eu son histoire si petite fusse t-elle. Jadis centre de repos de l'administrateur de CARABANE, on y avait installé un phare sur sa pointe la plus avancée. Visible à des dizaines de kilomètres il indiquait « ENTREE de FLEUVE », même si on sait qu'il n'est pas navigable de nuit. Paradoxe ou errement d'un découpage voulu par l'administration coloniale et maintenu encore à ce jour, Diogué relève du commandement territorial de Diouloulou (Bignona). C'est à croire que le fleuve a imposé son tracé naturel, puisque jusqu'à Ziguinchor, c'est ce cours d'eau qui sépare cette région en deux entités distinctes : Bignona et Oussouye : deux départements, des arrondissements. En dépit des points relevés ci-dessus, nous pouvons souligner que les bases socio-culturelles, les patronymes, les variantes de la langue (le joola) observées de part et d'autre du fleuve, n'ont pas souffert de cette géographie. Demeurées fidèles à la tradition, les populations ont réussi à se préserver des influences extérieures. Ce dépôt précieux des valeurs a certainement permis la protection, la conservation puis la transmission à travers les générations des cycles et des rites d'initiations selon les zones et les saisons. Cependant, sur un autre plan, celui précisément du vécu quotidien, le problème très récurent de gestion de proximité s'est toujours posé et se pose encore. Dans le cas particulier de la santé et de I éducation nationale, la situation est des plus fragiles. Cette zone très enclavée devrait d'avantage appeler la bienveillante attention des décideurs. On sait que pour traiter un dossier à Diouloulou (sous-préfecture), les administrés des villages de Diogué, Niomoune, Hitou, doivent emprunter soit la pirogue motorisée (une journée entière sur la marigot dit de Diouloulou), soit faire le détour par Oussouye - Ziguinchor puis Bignona. Dans cette hypothèse, en plus de la traversée pour joindre le continent à partir de Saint Georges ou Elikine, il y a à prévoir les charges et autres exigences liées aux transports terrestres. On estime qu'il faut une moyenne de 6 à 8 jours pour être certain de revenir à la maison. C'est vraiment un gâchis, un frein au développement humain, selon des avis et des convictions exprimées. A tort ou à raison, les causes et conséquences sont à saisir. On dit que certains gens n'ont jamais fait un déplacement à DIOULOULOU, que d'autres n'ont jamais vu leur sous-préfet en chair et os. Sur l'autre rive, côté gauche, nous avons NIKINE ou NIKING (la digue) du nom de l'ouvrage construit par les premiers habitants pour maintenir les eaux de pluie et protéger les rizières attenantes des effets de la salinité .Contrairement à Diogué, le village de Nikine relève de l'arrondissement de CABROUSSE (OUSSOUYE) et ses habitants n'ont pas les mêmes contraintes de déplacements pour joindre leur sous préfecture via le grand village de DIEMBERING. Pour la petite histoire, Nikine, aujourd'hui une vingtaine d'habitations, a été créé par quatre (04) grandes familles, « des dissidents » d'un quartier du grand village Diembéring. Vu les nécessités d'occuper les vastes terres en friche, ces familles se détachèrent de leur quartier d'origine et vinrent s'approprier cette zone essentiellement agricole, chacun selon ses dispositions et, par la suite , s'y installèrent définitivement. Leur détachement du grand village n'a jamais perturbé encore moins remis en cause les liens d'ordre social et de sang avec la communauté d'origine. Tout est partagé, tout est en commun. C'est un vouloir fraternel de vivre en commun Les Nikinois appartiennent au groupe dit du « KUWATAI » un sous-dialecte uniquement parlé dans ces villages : Diembéring - Bouyouye - Nikine - Etam -Boudiol. Par sa position privilégiée, ce petit village est par essence le modèle et la synthèse des valeurs communautaires des deux rives. En effet, il est par ses habitants le partenaire naturel des autres communautés du fait d'un cousinage longtemps favorisé ou quelquefois même imposé par la position géographique et économique de Carabane : comptoir commercial, centre de santé, carrefour spirituel (il y avait la seule et unique église de la zone, un séminaire. Le clergé catholique est passé par là), escales réguliers du ferry comme indiqué plus haut. Cette singulière parenté, ce cousinage, de fait a toujours nourri cette fraternelle compréhension d'une part et d'autre part cette assistance mutuelle à l'occasion de tous les grands événements entre des communautés que tout paraissait éloigner sinon diviser. Le fleuve, ligne naturelle de séparation, aurait pu constituer un handicap à cette riche et combien important patrimoine commun. Les chroniqueurs et autres nostalgiques du passé vous diront qu'il y a quelques décennies Diogué - Carabane - Nikine étaient les plus remarqués de la zone, chacun occupait une place de choix dans sa zone du fait de sa position géographique. Aujourd'hui (regardons les cartes des années 1960) on voit que la mer avance à grandes marées. Chaque année, selon les estimations des spécialistes, c'est au moins sept (07) mètres de nos terres qui sont avalés par la mer. De Nikine à Diembéring de vastes étendues de rizières ont disparues à jamais, du fait de l'érosion littorale. Que dire de Diogué et de Carabane? Le spectacle catastrophe ne trouve pas ici ses mots. Si rien n'est fait dans les toutes prochaines années, les villages de Diogué et de Nikine disparaîtront engloutis qu'ils seront. Ils emporteront les autres Carabane en premier et plus tard les villages de la zone Cachiouane côté Nikine puis Niomoune - Hitou côté Diogué. Jacques DIATTA
Dernière mise à jour : ( 27-01-2007 )
 

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