Examen scientifique du Suaire de Turin

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Le Suaire de Turin est l'une des reliques les plus importantes et les plus fameuses ; c'est aussi l'une de celle sur lesquelles la science s'est le plus penchée, avec de nombreux débats.

L'examen scientifique du Saint-Suaire concerne principalement l'histoire. Les documents attestant de sa vénération en divers lieux et les témoignages anciens sont essentiels, avant même l'examen matériel de l'objet. A ce sujet, voir l'article :

L'examen scientifique matériel de la relique commence durant la nuit du 28 au 29 mai 1898 où la photographie de la relique prise par Secundo Pia, révélait que le négatif de la photographie était en réalité la parfaite image positive d'un homme réel, magnifique, grand et bien proportionné, d'une beauté athlétique et d'une admirable prestance... C'était le Seigneur ! Le fils du Dieu vivant...

En 1978 à la suite de l'ostension qui eut lieu sous le pontificat de Jean-Paul Ier et qui suscita un élan de dévotion inouïe, une équipe de savants américains (le STURP) entrepris une analyse scientifique de la relique. Parmi eux de nombreux protestants et juifs pensaient découvrir sans peine la supercherie. Au terme de leurs recherches physiques, chimiques, informatiques, ils durent reconnaître qu'ils étaient devant an "ongoing mystery", un mystère persistant, n'arrivant pas à expliquer le mécanisme spécifique de formation de l'image. « Nous pouvons conclure pour l'heure que l'image du Suaire est celle de la forme humaine réelle d'un homme flagellé et crucifié. Elle n'est pas l'œuvre d'un artiste. Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et donnent aussi un résultat positif au test de l'albumine. » La conclusion de leurs recherches rend témoignage à la vérité scientifique ainsi qu'à l'honnêteté de ces savants. On ne pourra pas en dire autant de ceux qui firent la datation au carbone 14 .

Sommaire

L'AUTHENTICITÉ DU LINCEUL PROUVÉE PAR LES SCIENCES

C'est à partir de 1898, date de sa photographie, que le Saint Suaire piqua la curiosité des savants. La technique et les lois scientifiques propres à cet art permirent de comprendre, pour la première fois, que le linge ne pouvait être une peinture.

Le Saint Suaire ne pouvait avoir été fait de main d'homme puisqu'il se comportait comme un négatif qui, une fois photographié, révélait en positif le portrait authentique d'un homme flagellé, couronné d'épines, crucifié. Cette démonstration de l'authenticité de la relique fut confirmée par la médecine comme l'attestèrent brillamment les travaux du docteur Barbet dans les années 1930.

Mais c'est en 1978 que le Saint Suaire va être passé au crible des sciences exactes et de la plus haute technologie. Une équipe de 32 chercheurs américains se constitue alors pour la réalisation d'un projet bien précis : « déterminer au moyen d'expériences non destructrices, la composition chimique et le caractère de la ou des images empreintes sur le Suaire ». Rogers, l'un des chercheurs du STURP (Shroud of Turin Research Project), exprime bien le sentiment général de ses collègues lors de leur arrivée à Turin avec plusieurs tonnes d'un matériel scientifique des plus sophistiqué : « J'étais réellement sûr à près de 150 % que nous allions entrer, passer 30 minutes à le regarder et décider que c'était un canular... sans qu'il vaille la peine de faire nos expériences... » Voici le bilan de 25 ans de recherches.

LE CONSENSUS DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE

Anatomie, physiologie

Les taches de sang reproduisent exactement, chacune pour sa part, un écoulement naturellement formé à la surface d'une blessure, en parfaite conformité avec l'anatomie, la physiologie de la circulation et de la coagulation sanguine, avec la neurophysiologie et les phénomènes de conduction nerveuse. Ce qui exclue évidemment les capacités d'un faussaire du Moyen-Âge puisque les propriétés et caractéristiques de la circulation sanguine ne furent connues qu'au XVIe siècle. [...]


Expertise médico-légale

Cette pièce de pur lin a donc enveloppé un vrai mort dont l'identité ne fait aucun doute : ce que l'on voit sur le Suaire, c'est l'image de Jésus-Christ flagellé, blessé à la tête comme par un bonnet d'épines serré sur les tempes et la nuque, transpercé aux poignets, aux cous de pieds et au flanc droit, enfin couché dans l'attitude de la sépultures.

Ce linceul nous est pourtant parvenu sans la moindre trace de décomposition, ni d'arrachement : les taches de sang n'ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps.

Physique

La définition de l'image est parfaite, et tient en échec toute tentative d'imitation artistique ou de reconstitution en laboratoire.

L'observation au microscope montre que les fibres du Linceul sont colorées individuellement et uniformément. L'intensité de l'image est fonction de la densité relative des fibres colorées, et inversement proportionnelle à la distance du corps au linge

Chimie

Les examens pratiqués directement sur le Suaire en 1978, ont permis de démontrer que l'image « n'est pas l'œuvre d'un artiste ».

L'image du corps, monochrome, n'est faite d'aucun pigment, ni d'un colorant ou d'une teinture quelconque, mais seulement d'une légère dégradation de la cellulose, due à une oxydation-déshydratation des fibrilles de surface. Il en résulte un jaunissement superficiel des fibres du tissu, apparenté à certaines roussissures d'incendie dont ce Linge porte la trace : les unes et les autres présentent les mêmes caractéristiques de réflexion spectrale et de fluorescence.


Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et donnent un résultat positif au test de l'albumine, ainsi qu'à celui de la bilirubine.

Le problème fondamental de la formation de l'image, d'un point de vue scientifique, est que certaines explications, qui pourraient être retenues d'un point de vue chimique, sont exclues par la physique. Réciproquement, certaines explications physiques qui peuvent être séduisantes sont complètement exclues par la chimie. Comme le disait le professeur Gonella à frère Bruno au soir de la clôture du Congrès de Bologne en 1989 : « Cette image est techniquement inconcevable. Scientifiquement, elle ne doit pas, elle ne peut pas exister... Et pourtant le Saint Suaire existe ! »

Aussi ce fut pour toutes ces raisons que le STURP fut contraint de conclure à l'occasion du symposium de New London en 1981 : « Aucune méthode chimique ou physique connue ne peut rendre compte de la totalité de l'image, aucune combinaison de circonstances physiques, chimiques, biologiques ou médicales ne peut non plus expliquer adéquatement l'image [...]. Ainsi la réponse à la question de savoir comment fut produite l'image et pourquoi, demeure, à l'heure actuelle [et encore aujourd'hui en 2005] comme dans le passé, un mystère. »

La photographie

Le négatif photographique de l'empreinte corporelle tachée de sang fait surgir un portrait positif parfait, totalement inconnu des générations passées, et qui résiste, depuis quatre-vingt-dix ans, à toute tentative d'explication. C'est vraiment un « mystère », plutôt qu'une énigme ou qu'un simple « problème », bien que les données appartiennent au champ d'observation de la physique et de la chimie, et qu'elles soient mesurables en termes mathématiques.

Mathématiques

Non seulement l'image est négative, mais elle a enregistré le relief du corps. « Cette tridimensionnalité » de l'image, perçue par don Noël Noguier de Malijay dès 1898, étudiée par Gabriel Quidor au début du 20e siècle, fait depuis 1976 l'objet de rigoureux calculs mathématiques.

Comme Barbet l'avait pressenti, l'idée féconde à retenir des recherches de Vignon sur la genèse des empreintes était que l'intensité de la brunissure en chaque point de l'image, variait en raison inverse de la distance qui séparait de la toile chaque point du corps. C'est cette hypothèse que Jackson entreprit le premier de vérifier en utilisant la technologie que la NASA emploie dans l'étude du relief de la planète Mars.

Il fit appel à Bill Mottern, spécialiste des analyses d'images photographiques aux laboratoires Sandia. Mottern utilisa un Analyseur d'Image VP 8, appareil qui permet de rapporter les ombres d'une image brillante de sorte qu'elles occupent différents niveaux d'un relief vertical.

« Jackson lui tendit une image ordinaire en transparence du Suaire, de douze centimètres et demi sur sept centimètres et demi... Mottern l'introduisit dans sa machine et, négligemment, mit le contact.

« La seconde d'après, les deux hommes, bouche bée, contemplaient le résultat. Sur l'écran de télévision auquel était relié l'analyseur d'images, on voyait pour la première fois, de côté, l'image du Suaire, en trois dimensions, dans un relief parfait. Utilisant un mécanisme incorporé à l'appareil, Mottern fit tourner l'image pour présenter l'autre côté. L'effet était le même. Certains détails apparaissaient maintenant clairement, comme par exemple le fait que les cheveux épais et étroitement serrés étaient rassemblés sur la nuque, selon la coutume des Juifs de l'Antiquité. Une autre photographie du visage présente les mêmes effets de relief. »

Sur la silhouette faciale le genou est légèrement surélevé, dans une position qui lui est propre, à un niveau distinct de celui du visage ou de la poitrine. Les caractéristiques correspondantes se retrouvent sur la silhouette dorsale, où l'on aperçoit très distinctement la rondeur du mollet droit. « Lorsque j'ai vu cette image pour la première fois, déclare Jackson, j'ai compris ce qu'avait dû ressentir Secundo Pia en 1898 à la vue de sa première photographie. »

Le choc de la découverte était analogue en effet, à quatre-vingts ans de distance, pour ce physicien de l'ère spatiale. « La science spatiale déchiffre sur le Suaire », selon le titre de sa communication au Congrès de Turin, une caractéristique unique au monde, qui lui est tout à fait propre : la tridimensionnalité. Cette propriété est la loi même de l'image inscrite sur ce tissu puisqu'il ne se produit aucune déformation quand elle est transformée par les calculs de l'ordinateur. Au contraire cette transformation permet de manifester le modelé d'un corps humain dans ses proportions naturelles harmonieuses, de découvrir de nombreux détails nouveaux sur ce corps meurtri, et même de perfectionner l'image, de parachever son esthétique en isolant des accidents du textile et en révélant ainsi davantage « l'extraordinaire beauté du Crucifié ».

Par contre, si l'on introduit dans le VP 8 une photographie ordinaire « directionnelle », souligna à son tour Jumper clichés à l'appui, pour la transformer en image douée de relief vertical, on y constate des déformations évidentes : ce qui n'était qu'une ombre portée devient appendice proéminent... Une fois de plus « l'hypothèse selon laquelle l'image du suaire serait la création d'un artiste est exclue » par le caractère « non directionnel » de l'image.

Jumper et Jackson remarquèrent aussi un détail d'un intérêt prodigieux : un agrandissement en relief de la Face fait apparaître sur les paupières deux disques ressemblant à des monnaies. Ces monnaies devaient avoir pour rôle de maintenir les paupières fermées, selon une coutume hébraïque. Ils espérèrent parvenir un jour à identifier ces monnaies.

Datation

C'est au Père Filas, le savant Jésuite de l'université Loyola de Chicago et membre du STURP, que reviendra le mérite de confirmer l'observation de Jumper par une stupéfiante et décisive découverte en août 1979.

Un agrandissement de l'empreinte, sur la paupière droite (fig. ci-bas), a permis au Père Filas de reconnaître l'empreinte d'une pièce de monnaie frappée sous Ponce Pilate : même dimension, même découpe, même effigie (la houlette d'astrologue), même exergue reconnaissable à quatre lettres bien lisibles, qu'une certaine piécette dûment cataloguée pour les années 16, 17 et 18, de Tibère César, soit 29, 30 et 31 de notre ère.


Trois types de pièces correspondent à la découpe, au motif et à l'exergue de celle qui ferma la paupière de Jésus. Sur l'avers, toutes trois portent la houlette au centre, et l'exergue TIBEPIOY KAICAPOC sur le pourtour :

a) Au revers de la première, on lit, à l'intérieur d'une couronne de lauriers, l'inscription LIS qui signifie : l'an 16 du règne de Tibère, an 29 de notre ère.

b) Au revers de la deuxième, LIZ indique l'an 17 de Tibère, 30 de notre ère.

c) Au revers de la troisième, LIH indique l'an 18 de Tibère, 31 de notre ère.


Confirmée par l'analyse tridimensionnelle, la découverte s'est trouvée définitivement corroborée par sa fécondité même, en conduisant la science numismatique à un progrès inattendu. Quatre lettres grecques, Y CAI, suffisent en effet à reconstituer l'exergue TIBEPIO [Y KAI] CAPOC, « de Tibère César », à une anomalie près : un C latin remplace, sur le Saint Suaire, le K grec initial de KAICAPOC figurant sur toutes les monnaies de collection connues jusqu'en 1980.


Or, les recherches du Père Filas l'ont conduit à découvrir coup sur coup, en 1981, deux pièces de collection frappées, sous Ponce Pilate, de la lettre C au lieu de la lettre K en initiale de KAICAPOC (figure à droite). Dès lors, à ceux qui l'accusaient d'être le jouet de son imagination et de prendre ses désirs pour la réalité, le Père Filas répondait que n'étant pas du tout numismate, il désirait si peu voir une pièce de Pilate qu'« avant de tomber accidentellement sur celle-ci, m'écrivait-il, je n'aurais pas distingué une pièce de Pilate d'un trou dans le mur ». Il dut donc consulter les spécialistes de la numismatique et c'est alors que sa découverte s'avéra si peu être l'œuvre de son imagination qu'elle procura un progrès positif à la numismatique elle-même en révélant que l'anomalie 1° constatée sur le Saint Suaire, 2° déjà reconnue comme d'usage courant en épigraphie, mais inconnue jusqu'alors en numismatique, 3° existait identiquement sur d'autres pièces de collection frappées sous Ponce Pilate où nul n'y avait jusqu'alors prêté attention.

À deux ans près, voilà le document daté, comme par une volonté expresse de Celui qui fut l'Artisan de cette Image imprimée sur tissu. La piécette le proclame : c'est « sous Ponce Pilate » que cet Homme a souffert. Cette "estampille" scelle d'une manière éclatante, du sceau même de Ponce Pilate, l'authenticité du Suaire et l'identité de l'Homme dont il a enveloppé le Corps précieux.

CONCLUSION SCIENTIFIQUE

Parmi les membres du STURP, seuls Kenneth Stevenson, Habermas et le médecin légiste Robert Bucklin ont osé braver le tabou et conclure à cette identité après avoir fait la synthèse des travaux entrepris sur le Suaire : « L'image est l'empreinte d'un homme connu - Jésus de Nazareth - à un moment donné de l'histoire. L'image est peut-être une brûlure légère. Comment s'est-elle produite, nous ne le saurons peut-être jamais en termes scientifiques, parce que cela implique une action divine qui dépasse les lois de la nature. »

Quoique « cela semble le plus logique », le STURP refuse encore, à ce jour, d'envisager sérieusement « la possibilité » de cette « possible conclusion », sous prétexte que « la science n'est pas outillée pour traiter de telles questions » et que le « mécanisme aboutissant à une brûlure n'est pas techniquement croyable ». « Voilà qui n'est pas de bonne science », s'exclame Stevenson. En effet, « l'étude archéologique indique que l'homme était un Juif, crucifié par les Romains et enseveli selon les coutumes funéraires juives », avec cependant des particularités qui coïncident exactement avec les procédés exceptionnels qui ont marqué la crucifixion et la mise au tombeau de Jésus tels qu'ils nous ont été racontés par les quatre Évangiles : « Le cas de Jésus fut irrégulier. Il a été flagellé, couronné d'épines, cloué à sa Croix, percé au flanc (au lieu d'avoir les jambes brisées), enseveli avec honneur mais incomplètement, et son corps a quitté le linceul avant de se décomposer. »

« Le Nouveau Testament affirme que le corps de Jésus n'a pas été soumis à la corruption mais qu'il est ressuscité d'entre les morts. »

« Il n'y a aucune trace de décomposition sur le Suaire. De plus, les taches de sang sont anatomiquement parfaites et n'ont pas été marquées par la séparation du linceul et du corps. Ce parallèle est particulièrement intéressant parce que nous possédons de nombreux suaires funéraires anciens qui montrent des taches de corruption. »

De plus, Stevenson souligne que Jésus et l'Homme du Suaire ont tous deux été exécutés comme des criminels, et cependant enterrés avec honneur « dans du pur lin et individuellement ». [...]

Stevenson calcule alors la probabilité « que deux hommes aient été crucifiés et ensevelis de cette manière ». En adoptant « volontairement une approche sceptique », il parvient au chiffre de « 1 chance sur 82 944 000 que l'homme enseveli dans le Suaire ne soit pas Jésus ». Retenons la conclusion du statisticien professionnel : « Il n'existe aucune probabilité pratique que quelqu'un d'autre que Jésus-Christ fut enseveli dans le Suaire de Turin. »

Confrontée à l'ensemble de ces données convergentes, la datation médiévale du tissu par le radiocarbone est une aberration qu'il faut imputer non aux machines mais aux mauvaises gens qui s'en servirent. Elle tient donc davantage de l'enquête policière que de la rigueur scientifique.


ENQUÊTE AU SUJET DE LA DATATION AU CARBONE 14 : LA MYSTIFICATION DU BRITISH MUSEUM DÉMASQUÉE

En octobre 1981 les savants américains publiaient au symposium de New-London le résultat de leurs travaux : « Nous pouvons conclure pour l'heure que l'image du Suaire est celle de la forme humaine réelle d'un homme flagellé et crucifié. Elle n'est pas l'œuvre d'un artiste. Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et donnent aussi un résultat positif au test de l'albumine. »

Or dès le lendemain de ce symposium, les administrateurs du British Museum autorisèrent le directeur de son laboratoire de recherche, le Docteur Tite, à agir comme superviseur d'un projet de datation du Saint Suaire par la méthode du carbone 14. À l'initiative de qui et dans quel but ? Mystère !

LES INDICES D'UNE FRAUDE PRÉMÉDITÉE

PROCÉDURE ET PROTOCOLE

Une procédure fut d'abord soigneusement concertée entre les sept laboratoires désignés et l'Académie pontificale des sciences.

Il faut toutefois remarquer que les Américains du STURP (Shroud of Turin Research Project), qui avaient mis, eux aussi, au point un projet de datation au carbone 14, étaient exclus, après bien des intrigues...

Le “ Protocole de Turin ” ne comptait pas moins de huit cents pages dactylographiées. Tout, absolument tout était prévu, depuis le prélèvement des échantillons sur le Saint Suaire, confié à Mme Mechtilde Flury-Lemberg, de l'Abegg-Stiftung (Berne), la personne au monde la plus qualifiée pour cette première opération délicate dont toute la suite dépendait ; jusqu'à la mise en œuvre des deux méthodes de datation (AMS et petits compteurs à gaz).

Or, ce protocole conclu sous l'égide du cardinal Ballestrero (29 sept. - 1er oct. 1986) n'a pas été respecté.

1. Pourquoi Mechtilde Flury-Lemberg a été écartée au profit du signor Riggi, personnage sans qualification ?

2. Pourquoi trois laboratoires seulement (Oxford, Zürich et Tucson) ont finalement été retenus, employant une seule méthode, sous la coordination du seul British Museum, en la personne du seul Docteur Tite ?

3. Nul ne sait qui a évincé l'Académie pontificale des sciences, pas même le cardinal Ratzinger, à l'encontre des promesses qu'il affirme avoir reçues. Mais c'est de la main du cardinal Casaroli que l'ordre du Pape en parvint au cardinal Ballestrero, par une lettre datée du mois de mai 1987, transmise aux laboratoires le 10 octobre 1987.

Dès lors, il n'y a plus de protocole. Tite est libre de prendre toutes les initiatives, sans contrôle de qui que ce soit. Et c'est un adversaire idéologique de notre foi catholique, de ses dévotions et de ses “ reliques ”.

UNE ORCHESTRATION MÉDIATIQUE

Selon la déontologie scientifique, le résultat de la datation aurait dû faire d'abord l'objet d'un compte rendu révisé par les pairs et publié dans une revue spécialisée, avant d'être annoncé au monde. Inverser cet ordre manifeste l'intention évidente d'abuser le public et tromper le monde entier.

Dès le 27 juillet 1988, le britannique David Sox, ennemi juré de la Sainte Relique, avait programmé une émission à la BBC, qui avait pour titre Verdict on the Shroud, « Verdict sur le Suaire. » Mais il ne fut pas autorisé à divulguer ce qu'il savait déjà. Cependant, il prépara un livre au titre provocant : « Le suaire démasqué », annonçant en sous-titre la « découverte de la plus grande forgerie de tous les temps », achevé d'imprimer plus de deux semaines avant la publication officielle des résultats. La forgerie était encore à la forge !

Le vendredi 26 août, le quotidien londonien Evening Standard titre : « Le Suaire de Turin est un faux. » La nouvelle se répand aussitôt comme une traînée de poudre. Gonella, le conseiller scientifique du cardinal Ballestrero, tente en vain de démentir.

Vendredi 14 octobre 1988 : conférence de presse au British Museum. Tite trône, encadré par les physiciens du laboratoire d'Oxford, Edward Hall (directeur du Research laboratory for Archeology and History of Art de l'université d'Oxford) et Robert Hedges. Derrière eux, un tableau noir sur lequel sont écrites à la craie ces simples dates : 1260-1390, ponctuées d'un point d'exclamation, cri de victoire. Le soir de ce vendredi 14 octobre 1988, la datation « médiévale » du Saint Suaire était imposée à l'Église hors de toute justification théologique et pastorale, et au monde entier hors de tout contrôle par les « pairs » de la communauté scientifique, comme le résultat absolu et définitif de l'analyse par la méthode indiscutable et indiscutée du carbone 14.

LA RÉCOMPENSE DES FAUSSAIRES

Vendredi saint 24 mars 1989 : quarante-cinq hommes d'affaires et « riches amis » (sic) remettent au Pr Hall un million de livres pour prix de ses bons services, et notamment pour avoir « établi l'année dernière que le suaire de Turin est un faux médiéval ».

Le communiqué du Telegraph annonçait la nouvelle le lendemain, Samedi saint 25 mars, en précisant que cette somme assurerait la succession du « professeur de Turin » (sic) qui atteignait l'âge de la retraite. Ce dernier déclara que son intention était d'investir le "prix du sang" (Mt 27, 6) dans la création d'une nouvelle chaire de science archéologique à Oxford. En accord évident avec le groupe des généreux donateurs. Désintéressés, tous ! Au profit de quel savant digne d'un tel secours ? « La nouvelle chaire sera occupée par le Dr Tite, directeur du laboratoire de recherche du British Museum, qui a joué lui aussi un rôle prépondérant pour démasquer la fraude du suaire de Turin. » Tout commentaire serait superflu.


LA TRAQUE DES ENNEMIS DU SAINT-SUAIRE, LEUR CRIME DÉCOUVERT

Dimanche 27 novembre 1988, à Paris, grande salle de la Mutualité : devant deux mille cinq cents auditeurs, l'abbé de Nantes ouvre l'enquête. Il écarte résolument les imaginaires « causes d'erreur » qui permettraient d'incriminer les machines : ni contamination du linge, ni prétendue modification de la composition isotopique de la cellulose n'expliqueront jamais que les résultats « tapent » pile dans le XIIIe-XIVe siècle trop attendu en lieu et place du Ier siècle de notre ère : le hasard a bon dos !

« Et donc, ce ne sont pas les appareils qui ont dicté leur loi aux hommes, ce sont les hommes, leurs “ maffias ” scientifiques et ecclésiastiques, qui ont manipulé et commandé les résultats des appareils de telle manière que leur “ challenge ” se termine à leur gloire et à la satisfaction générale. »

Et déjà, première preuve de ce complot ténébreux : l'intrusion frauduleuse d'un quatrième échantillon. Tite avait en effet demandé au physicien français Jacques Évin un échantillon de lin absolument semblable au Saint Suaire (cf. sa lettre du 12 février 1988). Celui-ci fut découpé sur la chape de saint Louis d'Anjou (mort en 1297), et apporté à Turin par l'expert en textiles Gabriel Vial.

16 février 1989 : La revue Nature publie le seul compte rendu officel, signé des vingt et un membres de la communauté scientifique internationale ayant participé à " la datation au radiocarbone du Suaire de Turin ", cinq mois après la publication des résultats urbi et orbi. Cet article n'a pas été soumis à la révision par les “ pairs ” ; Nature est d'ailleurs la seule revue de niveau scientifique produisant des articles sans ce contrôle.

DEUX MALVERSATIONS DÉMASQUÉES

L'analyse statistique des résultats
Figure 1  du compte rendu publié par la revue Nature, le 16 février 1989, récapitulant l'ensemble des résultats obtenus par les trois laboratoires (A, Arizona ; O, Oxford ; Z, Zurich) en âge radiocarbone, c'est-à-dire en nombre d'années avant l'époque présente (1950), âge conventionnel directement mesuré par le carbone 14, avant toute calibration et conversion en âge calendaire. Chaque tiret figure la plage de résultats d'un laboratoire, identifié par son initiale. L' " escadrille " numéro 1 est l'échantillon substitué au Saint Suaire : la bande de tissu de 1 × 7 cm. Elle seule présente curieusement un écartèlement certain entre les trois laboratoires. Discordance qui contraste avec les magnifiques concordances des trois autres résultats fournis par les échantillons 2, 3 et 4 ; le 4 étant la chape de saint Louis d'Anjou. Nos traits rajoutés, à l'encre rouge, soulignent la (trop) exacte contemporanéité du prétendu suaire et de la chape de saint Louis d'Anjou, l'un et l'autre de l'âge exigé par Tite !
Figure 1 du compte rendu publié par la revue Nature, le 16 février 1989, récapitulant l'ensemble des résultats obtenus par les trois laboratoires (A, Arizona ; O, Oxford ; Z, Zurich) en âge radiocarbone, c'est-à-dire en nombre d'années avant l'époque présente (1950), âge conventionnel directement mesuré par le carbone 14, avant toute calibration et conversion en âge calendaire. Chaque tiret figure la plage de résultats d'un laboratoire, identifié par son initiale. L' " escadrille " numéro 1 est l'échantillon substitué au Saint Suaire : la bande de tissu de 1 × 7 cm. Elle seule présente curieusement un écartèlement certain entre les trois laboratoires. Discordance qui contraste avec les magnifiques concordances des trois autres résultats fournis par les échantillons 2, 3 et 4 ; le 4 étant la chape de saint Louis d'Anjou. Nos traits rajoutés, à l'encre rouge, soulignent la (trop) exacte contemporanéité du prétendu suaire et de la chape de saint Louis d'Anjou, l'un et l'autre de l'âge exigé par Tite !

Il suffit d'examiner la “ figure 1 ” du rapport de Nature , illustration des résultats accessible à tous, et d'étudier l'analyse statistique consacrée à l'interprétation de ces résultats, qui occupe à elle seule près d'un tiers de l'article, pour constater que ce développement est sans valeur réelle. Le seul fait d'avoir substitué au test du X 2, en raison de son résultat négatif, celui de Student, est une malhonnêteté. Le test du X 2 (vérification nécesaire de l'homogénéité des résultats, tissu par tissu) posait problème au statisticien, à partir des données qui lui étaient fournies. Il appartenait donc au Dr Tite, coordinateur de l'ensemble de l'analyse, de soumettre ce problème aux physiciens, et de leur demander de faire des mesures complémentaires.

Au lieu de cela, que voyons-nous ? Non seulement le Dr Tite ne pose pas de question, mais il s'entend avec les statisticiennes du British Museum, Mesdames Leese et Bowman, pour appliquer un autre test qui, lui, ne soulèvera aucune difficulté et permettra toujours de définir un intervalle de dates, si large soit-il. Pourvu qu'on en oublie leX 2 !

Car il est désormais établi que ce test duX 2, incontournable, ne permet pas, dans l'état des données actuelles, d'homologuer les résultats fournis par les trois échantillons A 1, O 1 et Z 1 comme obéissant à une même et unique loi normale m1 ± σ1 . Autrement dit, dans le cas présent, le test de Student n'a aucune signification et l'affirmation des auteurs du rapport de Nature, selon laquelle : « L'âge du suaire se situe entre 1260 et 1390 après Jésus-Christ, à 95 % de confiance au moins » est sans valeur scientifique. Ce prétendu degré de “ confiance ” est un faux... L'honnêteté scientifique eût dicté la déclaration suivante :

« Nous avons trouvé pour le Suaire un âge calendaire moyen de 1320 environ, mais les résultats obtenus ne nous permettent d'associer aucun degré de confiance à cette moyenne. »

Différents tests statistiques prouvent que les mesures des tissus 2, 3, 4 sont homogènes.

Il est non moins prouvé que les mesures du tissu 1 sont hétérogènes, comme si les trois laboratoires avaient travaillé sur deux tissus différents, avec une probabilité de 97,5 %. Plusieurs explications sont possibles :

1. Les traitements chimiques différents ont altéré les mesures, mais seulement sur le tissu 1. Inacceptable.

2. Les appareils étaient calibrés de façon différente. Mais dans le seul traitement du tissu 1. Encore lui !

3. Sous l'appellation " tissu 1 ", les trois laboratoires ont en fait reçu et analysé des tissus différents.

La taille et le poids des échantillons : preuve arithmétique d'une substitution d'échantillons

L'analyse statistique n'établit pas, à elle seule, la preuve de la fraude. Elle signale seulement une hétérogénéité des résultats que n'expliquent pas les aléas du comptage des particules ; elle invite donc à enquêter sur la provenance des échantillons. Le symposium de Paris en septembre 1989 allait mettre frère Bruno sur la piste d'une preuve arithmétique de substitution d'échantillons. La revue Nature affirmait, en effet, que chacun des trois laboratoires avait reçu un échantillon du Saint Suaire pesant environ 50 mg chacun, et qu'ils furent préparés à partir d'une bande d'environ 70 X 10 mm. Or les Italiens Testore et Riggi, qui ont effectué le prélèvement et la pesée des échantillons à Turin, affirmèrent au symposium de Paris que les trois échantillons remis aux laboratoires provenaient d'une bande de 81 x 16 mm partagée en deux !

Selon la version des 21 savants qui ont signé le rapport de Nature (fév. 1989) : environ 50 mg environ 50 mg environ 50 mg

Une bande de 70 X 10 mm, divisé en trois échantillons égaux pour chacun des laboratoires.

Pourquoi ce mensonge? Tout simplement parce que les échantillons apportés par Tite pour être substitués à ceux du Saint Suaire avaient été préparés à partir d'une bande de 7 X 1 cm ! (Cette bande de tissu " sosie " du Saint Suaire du XIVe-XVe siècle a été prélevée dans la réserve du musée Victoria and Albert, et faussement dénommée « Lin associé à une momie de Cléopâtre ».)

Selon le rapport de Franco Testore (symposium de Paris, sept. 1989) : 144,8 mg 53,7 mg 52,8 mg 52 mg

Une bande de 81 X 16 mm pesant 300 mg, partagée en deux pièces de 144,9 mg et de 154,9 mg. Cette dernière fut partagée à son tour en 3 parties de 53,7 mg, 52,8 mg et 52 mg. (Pourquoi ne pas avoir partagé en trois la bande en entier ? Parce que les échantillons apportés par Tite pesaient environ 50 mg chacun. Il fallait absolument réduire la différence de quantité de tissu entre la bande de 81 X 16 mm et celle de 70 X 10 mm !)

Or, 52 + 52,8 + 53,7 font 158,5 mg, qui ne peuvent en aucun cas provenir d'une pièce de 154,9 mg ! Il y a là une anomalie inexplicable, sinon par une vérité tout simple : les poids annoncés par Testore ne sont compatibles qu'avec les dimensions de 70 X 10 mm, d'une bande toute entière employée à la confection de trois échantillons.

À force de pousser Testore et Riggi dans leurs retranchements, nous avons fini par découvrir que l'un des trois échantillons remis aux laboratoires était en deux morceaux !

Résumons les faits :

Le 21 avril 1988, le signor Giovanni Riggi préleva sur le Saint Suaire un gros morceau de tissu de 500 mg, retrancha 200 mg sur les bords extérieurs, aboutit à une bande de tissu de 81 mm × 16 mm. En désespoir de cause, il la partagea en deux parties inégales ; l'une fournit trois échantillons qu'on dut égaliser avec un fragment d'appoint pris sur l'autre, créant ainsi un échantillon en deux morceaux (40 et 14 mg) !

Après deux ans d'enquête, l'aveu d'une mystification sans précédent

Fin octobre 1990, frère Bruno Bonnet-Eymard alla aux États-Unis pour interroger les chercheurs du laboratoire de Tucson sur la forme et le poids des échantillons du Saint-Suaire reçus par eux. L'entretien mit dans l'embarras les savants américains, car sous la pression des questions précises de frère Bruno, ils s'enferrèrent dans de si nombreuses contradictions et dénégations que finalement l'un d'entre eux, Douglas Donahue, fut contraint d'avouer au symposium international de New-York (2-3 mars 1991 à l'université de Columbia) que l'échantillon du Saint Suaire reçu par son laboratoire « était bien en deux morceaux : l'un pesait environ 14 mg, et l'autre 40 mg. Le poids total de l'échantillon du Suaire était d'environ 50 mg.

Cette fois, il dit enfin la vérité mais elle est inconciliable avec les poids que nous avons relevés sur le cahier de laboratoire à Tucson le 26 octobre. Ces poids étaient ceux de l'échantillon no 1 substitué, que l'on n'avait pas pensé à ramener à 40 mg. En effet, l'échantillon du Saint Suaire, lui, ne pèse plus que 40 mg, lorsqu'il est extrait du tube no 3, étiqueté « momie de Cléopâtre ». Et le morceau de 14 mg ? Il est en réserve.

Cette farce, sans équivalent dans l'histoire des sciences, sinon le fait de Piltdown, se trouve ainsi ramenée à son inconséquence aveuglante, si on la résume ainsi :

À Tucson, le tube du Saint Suaire présente l'échantillon sous scellés, à réception le dimanche 24 avril et de nouveau sous scellés ! le lundi 25 avril ; mais alors le morceau de 14 mg a disparu et le morceau de 40 mg, a pris du poids. Il n'y a pas besoin d'aller plus loin pour accuser les gens de Tucson d'avoir substitué un tissu médiéval au lin du Saint Suaire.

LA FRAUDE RECONSTITUÉE

A. Les étapes d'un crime parfait :


Saint Suaire

Tissu XIIe s.

Pseudo Momie


a) À Turin, lors des prélèvements, le 21 avril 1988, Tite introduisit :

dans le tube 1 : l'échantillon du Saint Suaire.

dans le tube 2 : un tissu médiéval (XIe-XIIe siècle).

dans le tube 3 : sous la fausse étiquette “lin associé à la momie de Cléopâtre”, un échantillon de tissu (XIVe siècle), “sosie” du Saint Suaire.

b) Dans chaque laboratoire, après interversion des échantillons 1 et 3 :


Pseudo Momie

Tissu XIIe s.

Saint Suaire


le tube 1, étiqueté “Suaire”, contient le sosie du Saint Suaire, pseudo-momie.

le tube 2, sans changement.

le tube 3, étiqueté “momie”, contient le Saint Suaire.

c) Résultats à obtenir :

Échantillon 1 : XIVe siècle... c'est la pseudo-momie déclarée Saint Suaire !

Échantillon 2 : XIe‑XIIe siècle... c'est le tissu médiéval.

Échantillon 3 : Ier siècle... c'est le Saint Suaire déclaré momie !

B. La réalisation, trois fois modifiée, a rendu le crime patent :


Saint Suaire

Tissu XIIe s.

Pseudo Momie

Chape St Louis


a) À Turin, le 21 avril 1988, le Dr Tite a introduit :

dans le tube 1 : le Saint Suaire

dans le tube 2 : le tissu XIIe siècle

dans le tube 3 : un tissu de collection du XIVe‑XVe siècle

dans une enveloppe 4 : les fils de la chape du XIIIe siècle

b) Dans les laboratoires, une datation trop tardive de l'échantillon 1, “ sosie ” du Saint Suaire, a nécessité la substitution de l'échantillon 4 à l'échantillon 1, à Zurich peut‑être en partie, à Oxford certainement.


Pseudo Momie

Tissu XIIe s.

Saint Suaire

Chape St Louis


c) Résultats vulnérables : techniquement parfaits, statistiquement irrecevables :

Échantillon 1 : l'analyse statistique accuse l'hétérogénéité de l'échantillonnage.

Échantillon 2 : comme prévu.

Échantillon 3 : le substitué n'est pas très cohérent avec les dates de la momie de Cléopâtre connues par l'histoire (IIe siècle), ni avec les dates obtenues en 1987 par la méthode classique du carbone 14, datation d'ailleurs non contrôlée : 110 av.‑75 ap. J.‑C. En revanche, il tombe exactement dans les années attendues pour le Saint Suaire : 11‑ 64 ap. J.‑C., soit 37 ± 27, achevant la preuve de l'ensevelissement du Saint Suaire sous l'étiquette d'une momie oubliée.

Échantillon 4 : admirablement daté par des machines performantes.


EXPLICATIONS COMPLÉMENTAIRES

Chaque laboratoire reçut une portion du “ quatrième échantillon ” (la chape de saint Louis d'Anjou) apporté par Gabriel Vial et mis par lui de force dans les mains de Tite qui, n'ayant pu l'obtenir à temps et en secret, n'en voulait plus. Il lui fallut pourtant en faire trois parts, et les remettre à chacun dans de petites enveloppes brunes.

Il était convenu que les laboratoires travailleraient sans se concerter. Mais ils avaient un " coordinateur ", unique et souverain maître du jeu, Mr Tite ! Par son intermédiaire, la concertation serait assurée et suivie...

C'est Arizona qui joua le premier. De retour à Tucson, Douglas Donahue et Paul Damon se retrouvent, sans témoins, le dimanche 24 avril au laboratoire. Ils ouvrent les tubes 1 et 3, et procèdent à la substitution convenue : ils extraient le Saint Suaire, en deux morceaux, du tube 1, prennent une photo souvenir (ci-bas), introduisent, à la place du Saint Suaire, le tissu extrait du tube 3 dénommé " momie de Cléopâtre ". La substitution est facile ; c'est un simple échange. Le gros morceau du Saint Suaire, celui de 40 mg, prend place dans le tube 3, et le petit de 14 mg est gardé en réserve.

Ils remettent les scellés. À partir de ce moment, si tout s'était déroulé normalement, la fraude serait demeurée indécelable. Mais les chiffres ont parlé. Que dis-je ? Ils ont crié la vérité.

Et d'abord, ils ont publié haut et fort la date du Saint Suaire ! En effet, Tite avait fait dater en 1987, par la méthode classique du Carbone 14, un petit tas de chiffons appartenant à la momie d'une certaine Cléopâtre, morte à l'âge de onze ans sous Adrien (117-138 ap. J.-C.), exposée aux Antiquités égyptiennes du British Museum : 110 av. - 75 ap. J.-C. Or, les résultats de 1988 donnent 11- 64 après ! Une seule explication : sous l'étiquette " momie de Cléopâtre " se cache le Saint Suaire de Jésus-Christ, acheté neuf à Jérusalem le 3 avril 30.

Et le tissu no 1 ? Du vendredi 6 mai au mercredi 8 juin 1988, le laboratoire d'Arizona fit ses analyses et envoya aussitôt les résultats à Tite. Ils aboutissaient, pour l'échantillon no 1, à deux plages calendaires, dont l'une, 1359-1378, à 68  % de confiance, était vraiment trop moderne pour le " Saint Suaire " : il y avait de quoi prévenir le monde entier que cet échantillon no 1, malgré son étiquette, n'était pas du Saint Suaire, puisque celui-ci fut exposé et vénéré à Lirey à partir de 1350 !

C'est dire dans quel embarras ces résultats plongèrent l'honorable Dr Tite.

Pour vieillir le substitué mal daté par l' " évidence historique ", Teddy Hall (et peut-être Willy Wölfli en partie) s'est servi des fils de l'échantillon 4, cette précieuse, vraiment providentielle chape de saint Louis d'Anjou, dont les mesures effectuées à Tucson concordaient avec les dates historiques du saint, mort à vingt-trois ans (1296-1297). La chape a un âge coïncidant parfaitement avec celui qui a été attribué au Saint Suaire !

TRIPLE SUBSTITUTION !

1° Le « Lin associé à une momie de Cléopâtre » est remplacé par un tissu " sosie " du Saint Suaire prélevée dans la réserve du musée Victoria and Albert.

2° Ce tissu sosie du Saint Suaire est interchangé avec l'échantillon du Saint Suaire.

Mais le tissu sosie du Saint Suaire est trop moderne, selon les premiers résultats !

3° Il sera donc remplacé par la chape de Saint Louis d'Anjou, à Zurich peut‑être en partie, à Oxford certainement. D'où les résultats hétérogènes pour l'échantillon 1, en particulier celui d'Oxford qui correspond étrangement à celui de la chape de St Louis.

Dernier attentat contre le Saint Suaire

Cette solution finale sera mise en œuvre dans la nuit du 11 au 12 avril 1997 par l'incendie de la Sainte Chapelle où reposait la Relique. Ce nouveau crime échouera providentiellement grâce au courage des pompiers italiens. Vitorio Messori historiographe du Pape, n'a aucun doute : « Croyez-moi, quelqu'un voulait brûler le Saint-Suaire. Je n'exclus pas un complot international, et mes soupçons vont aux cercles maçonniques et aux intégristes islamites. » Laissons de côté Ben Ladden et les islamistes, ils ont certainement d'autres chats à fouetter. Mais à qui profite le crime ? À ceux dont la fraude est désormais dévoilée... ces forces occultes, cette franc-maçonnerie, qui entravait à la fin du siècle dernier l'œuvre de saint Jean-Bosco, à Turin même, et qui est toujours acharnée contre tout ce qui est catholique...

L'abbé de Nantes concluait ainsi : « La relique a été sauvé par son peuple fidèle. Miracle ! Du Suaire aujourd'hui, comme de l'Église demain, ressuscitant, comme Jésus au matin de Pâques. La divine relique a été sauvée pour faire resplendir en ces lieux même l'infinie miséricorde de notre Sauveur et de sa Divine Mère. Faisons connaître cette Bonne Nouvelle aux âmes de bonne volonté : Jésus est réssuscité ! Des cendres son linceul est sauvé ! Adorons-le, c'est le Seigneur ! »