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Non à la violence faite aux femmes

Communiqué légal de son Eminence, l’Autorité religieuse, l’Ayatollah Muhammad Hussein Fadlallah, à l’occasion de la Journée Mondiale Contre la Violence faite aux femmes.

Fadlallah a appelé dans un communiqué légal à faire face à toutes les formes de violence faites aux femmes.

Fadlallah : La femme a le droit de se défendre contre la violence exercée par l’homme !

Son Eminence, l’Autorité religieuse, l’Ayatollah Muhammad Hussein Fadlallah, a publié un communiqué légal à l’occasion de la Journée Mondiale Contre la Violence faite aux femmes. Voici le texte de ce communiqué :

Malgré tous les progrès réalisés dans le domaine de la perception humaine de la femme et tous les honneurs avec lesquels elle est traitée en comparaison avec sa situation telle qu’elle se présentait dans la plupart des sociétés orientales et occidentales, et malgré la montée de la femme à l’échelle sociale et politique grâce à laquelle elle occupe maintenant les plus hauts postes dans les gouvernements et ailleurs, et elle participe aux mouvements de lutte côte à côte avec l’homme qui se voit parfois devancé par elle, malgré tout cela, la femme subit toujours la violence qu’on exerce contre elle. Il s’agit d’une violence qui prend diverses formes, qui ne se réduisent pas à un domaine à l’exclusion des autres domaines, et qui, ne prenant pas un caractère oriental, englobent la totalité du monde, même si la forme et l’envergure de cette violence diffèrent d’un endroit à l’autre.

La femme, qu’elle soit sœur, fille ou épouse, est toujours soumise à la tutelle de l’homme, qu’il soit frère, père, ou époux. Cette violence revêt des formes multiples.

Il y a la violence physique avec laquelle la femme est frappée, ce qui représente un comportement humain parmi les plus ignobles, car il témoigne de l’absence, chez l’homme, de la logique lui permettant d’échanger avec l’autre sous les signes de l’engagement et de la persuasion. Frapper la femme ne prouve pas que l’homme est fort, mais plutôt qu’il est faible, car « C’est le faible qui a besoin d’avoir recours à la violence ». La violence physique atteint ses plus hauts et durs niveaux lorsque la femme se trouve la victime du viol qui peut finir par sa mort.

Il y a la violence sociale inclue dans le cadre de ce qu’on appelle « les crimes d’honneur ». La société tribale ou familiale s’y contente de simples soupçons pour condamner la femme à l’exil ou à la mise à mort, alors que la société ne dispose du droit de faire usage de la peine de mort qu’en passant par la justice et ses mécanismes tels qu’ils sont fixés par la loi droite. Il y a aussi la violence sociale qui, par le biais de la mentalité familiale ou tribale, contraint la femme à se marier d’un homme qu’elle ne désire pas.

Il y a aussi la violence psychique avec laquelle l’homme menace la femme de la divorcer, ou lorsqu’il l’abandonne suspendue au mariage sans la traiter en tant qu’épouse, ou même lorsqu’il utilise le divorce comme moyen de pression et de chantage la privant ainsi du sentiment de stabilité dans son mariage, ce qui a un impact très destructeur de sa personnalité et de son équilibre.

Il y a la violence relative aux conditions de vie avec laquelle le mari ou le père renoncent à leurs responsabilités matérielles à l’égard de l’épouse et de la famille. Le mari frustre ainsi la femme de ses droits de vivre dans la dignité. Il peut la soumettre à des pressions afin de lui concéder sa dot qui est, au vue de l’islam, un don symbolisant l’amour humain et la compassion loin de tout esprit commercial.

Il y a aussi la violence dans le domaine de l’éducation, avec laquelle la femme se voit frustrée de son droit à la scolarisation et à la promotion dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la spécialisation scientifique nécessaires pour l’amélioration de son niveau intellectuelle et culturel et pour lui ouvrir des espace de progrès pour elle et pour les autres dans tous les domaines de la vie. Une telle situation la livre à la spirale de l’ignorance avant de se voir porter la responsabilité de ses erreurs résultant de son manque d’expérience consécutif à la violence qu’on exerce à son égard.

Il y a aussi la violence pratique dans la distribution inéquitables des salaires entre l’homme et la femme en dépit de l’égalité dans le droit au travail qui implique l’égalité de ses conséquences, sachant que la société toute entière peut utiliser ce genre de violence en adoptant des lois de travail qui ne prennent pas en considération les charges de la maternité et de l’éducation des enfants, sans parler de l’exploitation des fonctionnaires femmes par des patrons et des directeurs qui les soumettent à leurs pressions dans plus d’un domaine.

Face à tout cela, nous mettons l’accent sur les questions suivantes :

Premièrement : La douceur est une méthode centrale en Islam. Elle y est prioritaire par rapport à la violence qui ne doit être utilisée que dans des situations exceptionnelles qu’impliquent les exigences de l’éducation ou de la lutte visant à contrer l’agression. Le Prophète, Muhammad (P), a dit à ce propos : « Jamais la douceur n’a été posée sur une chose sans l’avoir rendue plus belle ; jamais la violence n’a été posée sur une chose sans l’avoir rendue plus laide ». Cette méthode englobe toutes les relations humaines sans distinction entre homme ou femme ou entre grand et petit.

Deuxièmement : La prédominance de l’homme par rapport à la femme ne signifie pas qu’il lui est supérieur ou qu’il est souverain par rapport à elle. Elle signifie que l’homme est responsable de gérer les affaires de la famille sans despotisme mais dans un esprit de partenariat où l’homme et la femme se partagent toutes les affaires communes entre eux en tant que deux époux.

Troisièmement : Le fait, pour la femme, de remplir les tâches domestiques à partir de son sentiment humain, de son affectivité et de son esprit de sacrifice, tâches que l’Islam ne lui impose pas même pour ce qui est des soins à apporter aux enfants, dans la mesure où il respecte son travail dans ce domaine au point qu’il le considère comme un travail salarié, doit inciter l’homme à apprécier les sacrifices de la femme en lui apportant ses soins à lui et à sa famille. Cela ne doit donc pas inciter l’homme à l’arbitraire et à la violence dans la gestion de sa relation avec la femme.

Quatrièmement : L’Islam a institué une règle immuable pour fonder la relation de l’homme et de la femme dans la vie conjugale et dans la famille en général. Cette règle est celle du « bon usage ». Le Noble Coran dit à ce propos : ((Comportez-vous envers elles selon le bon usage)) (Coran IV, 19). Il dit aussi au sujet du divorce : ((Ou s’est la reprise conformément au bon usage, ou un renvoi avec bonté)) (Coran II, 229). Cette règle constitue une règle légale qui peut donner lieu à des qualifications légales qui annulent le mariage dès qu’il entre en tension avec le bon usage.

Cinquièmement : L’Islam considère la femme -dans le cadre du mariage- en tant qu’être juridique indépendant par rapport à l’homme du point de vue financier. L’époux n’a pas le droit de s’emparer de ses biens personnels ni d’intervenir dans son commerce ou dans ses intérêts qui ne le concernent pas en tant qu’époux, ou qui ne concernent pas la famille dont la gestion relève de ses responsabilités.

Sixièmement : L’Islam n’autorise l’homme d’exercer aucune forme de violence contre la femme. Il n’a pas le droit d’attenter à ses droits légaux qu’il doit respecter conformément au contrat de mariage, ni de la chasser de la maison, ni de l’insulter, de l’injurier ou de lui adresser des paroles dures. Cela constitue un péché pour lequel l’homme sera châtié par Dieu et poursuivi par la loi islamique.

Septièmement : Si l’homme exerce la violence physique contre la femme et que celle-ci se voit incapable de se défendre par un moyen autre que de lui rendre la pareille, cela lui est licite en tant que juste défense. Si l’homme exerce la violence juridique contre la femme en la frustrant de certains de ses droits conjugaux comme les dépenses ou la vie sexuelle, il est en son pouvoir de renoncer à ses obligations envers lui qui sont fixées par le contrat de mariage.

Huitièmement : L’Islam affirme que nul n’a de l’autorité sur la femme du moment qu’elle est pubère, adulte et autonome pour ce qui est de la gestion de ses propres affaires. Nul n’a le droit de lui imposer un mari qu’elle ne désire pas. Tout contrat de mariage doit être consenti par la femme. Sinon il est illégal et sans effets.

Neuvièmement : Comme nous tenons à protéger la famille, les lois qui régissent le travail de la femme doivent prendre en considération la compatibilité de son travail, quant il est voulu est choisi par elle, et de ses charges en rapport avec la famille, toute extorsion pouvant conduire à la dissolution de la famille, ce qui signifie que la société exerce une violence double à l’encontre de sa structure sociale et à son système de valeur.

Dixièmement : L’Islam insiste sur la place que la femme prend à côté de l’homme pour ce qui est de l’appartenance humaine, de la raison et de la responsabilité et ses conséquences. Il a fondé la vie conjugale sur l’amour et la compassion, ce qui donne à la famille une dimension humaine où ses membres se trouvent en interaction loin des considérations juridiques figées et sèches du point de vue spirituel et affectif. Cela donne une richesse spirituelle, de l’équilibre psychique, et de la hauteur culturelle et intellectuelle à l’humanité toute entière : Ses hommes et ses femmes, ses individus et ses sociétés.

Le Bureau d’Information de son Eminence,

l’Autorité religieuse,

l’Ayatollah Muhammad Hussein Fadlallah.

Beyrouth,

Le 17-11-1428 H / 27-11-2007 Ap. J. C.