Héraldique napoléonienne et symbolisme maçonnique. 

de Jacques Declercq

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Héraldique napoléonienne et symbolisme maçonnique.

 

Sans vouloir faire un historique de l’héraldique, il est bon de rappeler que l’usage des armoiries, tel qu’on le connaît aujourd’hui, remonte, dans notre Europe occidentale, à l’époque des Croisades.

Du XIème au XIVème  siècle, c’est-à-dire de l’occlusion du casque jusqu’à l’apparition de la poudre à canon qui sonne le glas de l'armure, le combattant est rendu méconnaissable. D’où la mise sur pied d’un système de reconnaissance, d’identification, qui met en œuvre la peinture de signes distinctifs sur le bouclier et au cimier des casques.

Ces blasons qui, jusqu’à la fin du premier quart du XIIème siècle, semblent marquer surtout l’appartenance à un groupe féodal, donneront naissance aux armoiries familiales.

 

Un seigneur féodal de cette époque arbore généralement deux blasons : celui de sa famille et celui de sa terre, ce dernier étant le plus souvent figuré sur l’enseigne.

La mise en place d’une codification, de l’établissement de règles s’est faite d’abord par l’usage puis cette codification fut placée sous la sauvegarde des hérauts d’armes.

Je ne m’étendrai pas ici sur ces règles complexes qui rebutent généralement le profane en la matière mais qui sont cependant restées en vigueur jusqu’à notre époque.

L’ensemble de codifications du système héraldique du moyen-âge n’a en fait aucune influence sur le contenu profond de l’héraldique.

Sachez qu’en établissant avec précision la filiation des thèmes héraldiques, on pourrait déceler les « moments » de passage d’une civilisation à une autre et intégrer l’évolution héraldique à l’évolution historique.

 

Mais au-delà du fait historique, pesé et quantifié, existe une pensée de nature héraldique. Et cette pensée est indissociable de l’univers des symboles et de l’initiation.

Adalbert de Beaumont a écrit que « le blason, à son origine, était une sorte de langue énigmatique qui, ainsi que les devises, avait un sens mystique et secret, dont chacun connaissait le mot, en se gardant bien toutefois de le publier ».

 

Il existe donc une différence fondamentale entre l’héraldique dans toute sa pureté, à savoir une vision symbolique de l’homme et du monde, et la « science des armoiries » née au XIIème siècle et destinée à dégénérer dans le dédale des codifications artificielles.

Support de symboles, l’héraldique est née avec la conscience du sacré. L’art héraldique repose sur une transmission rituelle c’est-à-dire initiatique dont l’adoubement chevaleresque est une admirable illustration.

 

Dès 1791, la Révolution française avait interdit l’usage des armoiries comme marques de la féodalité.

Mais 1804 voit le couronnement du Premier Consul Bonaparte comme Empereur des Français. Avec l’Empire se crée une nouvelle noblesse, avec cette nouvelle noblesse apparaissent de nouvelles armoiries.

De l’Ancien Régime, il ne reste que des ruines ; il faut reconstituer un système immédiatement utilisable.

 

J’ai déjà eu l’occasion de parler du rôle de la franc-maçonnerie sous le Premier Empire français. Ici aussi, on va le voir, son influence va sans aucun doute se faire sentir.

Le rétablissement de la noblesse entraîne la mise sur pied du Conseil du sceau des titres, créé par décret du 1 mars 1808. Cet organisme, aux compétences essentiellement financières et patrimoniales, chargé de l’examen des demandes relatives aux titres et aux majorats, a aussi dans ses attributions l’établissement des lettres-patentes et les règlements d’armoiries.

Il va donc produire, en un bref laps de temps de six ans une quantité impressionnante d’écus puisque environ trois mille deux cent soixante anoblissements se comptent de 1808 à 1814.

 

Ce Conseil du sceau des titres n’est pas indépendant du  ministère de la Justice. Celui-ci est dirigé par le F :. Claude Ambroise Regnier, duc de Massa. Son fils, Nicolas-François-Sylvestre Regnier de Gronau de Massa, auditeur au Conseil d’Etat, sera nommé secrétaire général du Conseil du sceau des titres en 1810. Il épouse la même année la fille de notre F :. Macdonald, maréchal de l’Empire.

Il sera ainsi en quelque sorte le « député » d’une loge (le Conseil) auprès de son obédience (le ministère de la Justice). Ce Conseil apparaît donc comme une annexe où règne une quiétude de travaux « très couverts et très éclairés ».

 

A la présidence du Conseil, nous trouvons le Très Illustre Frère Régis de Cambacérès, naguère Deuxième Consul, ancien ministre de la Justice et Archichancelier de l’Empire. Il sortirait du cadre de cette étude d’évoquer sa biographie complète.

Au point de vue maçonnique, il fut initié à Montpellier sous Louis XVI ; fils et petit-fils de francs-maçons, dès 1772 il est membre d’abord de la loge anglaise Saint-Jean du Secret et de l’Harmonie puis de la loge L’Ancienne et la Réunion des Elus alors qu’il était Conseiller à la Cour des Aides de Montpellier. Installé en qualité de Grand Maître adjoint du Grand Orient de France (le Grand Maître étant le frère aîné de l’Empereur, Joseph Bonaparte), il était « ami des honneurs et dignitaire-né », en a dit l’historien Jacques Bainville.

 

Le valet de chambre de l’Empereur, Constant, a écrit dans ses Mémoires que Napoléon riait de bon cœur quand on lui racontait que l’Archichancelier, comme chef du Grand Orient, ne présidait pas un banquet maçonnique avec moins de gravité qu’il n’en apportait à la présidence du Sénat ou du Conseil d’Etat.

 

Dans les mois et années qui suivirent son installation à la tête effective du Grand Orient, il collectionnera toutes les autres présidences maçonniques qui pouvaient alors exister : en 1806, il succède au comte de Grasse-Tilly comme Grand Commandeur du Suprême Conseil de France du Rite Ecossais Ancien et Accepté et devient Grand Maître d’Honneur de la Grande Loge Provinciale de Hérédom ; en 1807, il est Grand Maître de la Mère-Loge du Rite Ecossais Philosophique ; l’année suivante le voit Grand Maître de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte du Rite Ecossais Rectifié dans le directoire de Bourgogne et protecteur du Rite Primitif ; enfin, en 1809, il devient Grand Maître des directoires d’Auvergne et de Septimanie du Rite Ecossais Rectifié.

 

L’Archichancelier aimait la maçonnerie par goût. Il avait même une petite loge au faubourg Saint-Honoré à son usage seul. Il y recevait les maréchaux, les généraux, les officiers supérieurs, les conseillers d’état, les sénateurs, les hauts fonctionnaires de l’administration et la magistrature.

 

Cambacérès est entouré, au sein du Conseil, par deux conseillers d’état et trois sénateurs ; il y avait aussi un secrétaire général (on l’a vu, dès 1810, c’est le fils du ministre de la Justice) et un notaire trésorier du sceau. Un commissaire chargé d’apposer le sceau et deux huissiers complètent le personnel.

Ce personnel du Conseil est entièrement absorbé par des fonctions administratives, transcrivant en actes authentiques les valeurs immobilières et foncières qui constituent les majorats et évaluant les revenus. Il ne lui reste que peu, voire pas, de temps pour concevoir les armoiries.

On peut logiquement supposer que Cambacérès, présidant le Conseil sans prendre part aux travaux de procédure, griffonnait les armoiries. Il savait que l’écu devait être non seulement un signe extérieur de reconnaissance mais aussi un signe de l’identité intérieure exprimant la personnalité de la « gens ». Les armoiries lui semblaient importantes au point de ne rien déléguer en cette matière.

 

Selon Jacques de Saulieu, il est possible que la transcription de ces épures tracées par la main de l’Archichancelier, transcrites en armoiries enluminées sur les actes authentiques, ait été peinte par les commis de la grande famille d’héraldistes de l’Ancien Régime, les d’Hozier.

 

Les armoiries napoléoniennes, comme celles abrogées par la Révolution et celles toujours en usage à notre époque, comportent des métaux (or et argent), des émaux (azur, gueules, sinople, sable, pourpre), des fourrures (vair et hermine) et des meubles (sujets ou objets divers) dont la synthèse doit permettre au lecteur d’identifier aisément le sens d’un écu.

 

Le premier meuble à apparaître dans l’héraldique du Premier Empire est l’aigle impériale. Les aigles grandioses du Sacre furent créées par Vivant Denon, dessinateur, graveur, directeur des beaux-arts, qui avait accompagné Bonaparte en Egypte et en avait ramené un ouvrage important qui avait révélé aux Français l’art égyptien.

 

Pour cette création, il s’inspira des aigles romaines de Marius et de Sylla. Exclusivement réservée aux membres de la famille impériale, l’aigle est un symbole johannique ; c’est l’oiseau supposé capable de regarder le soleil en face ; elle est ici l’héritière de l’aigle romaine et de l’aigle carolingienne.

Elle tient dans ses serres le foudre de Jupiter, intermédiaire entre le monde manifesté et le plérôme, foudre dont Guénon a démontré la parenté avec le signe polaire et les clés des grands et petits mystères dont nous reparlerons bientôt.

 

Cette aigle entend remplacer les aigles bicéphales russe et autrichienne, image l’une et l’autre des deux diocèses impériaux de Rome et de Byzance, symbole de l’autorité spirituelle et de l’autorité temporelle, aigles bicéphales que l’on retrouve aux 30ème et 33ème degrés de l’écossisme, et dont l’origine remonte à la plus haute antiquité de Sumer et de l’Asie Mineure

 

 

Dans l’armorial impérial, je n’ai pas rencontré d’acacia. Mais voyez ces armes de Deval de Guymont. Bien sûr, elles se lisent : d’or à la bande de gueules chargée du signe des chevaliers légionnaires, accompagnée en chef d’une grue de sable et en pointe d’un mont du même sommé et chargé d’un gui de sinople. Ce sont des armes qu’on dit parlantes, le mont avec le gui évoquant d’emblée le patronyme de Guymont.

Je trouve quand même que cela ressemble étrangement à une branche d’acacia poussant sur un tertre fraîchement remué. Et puis, il y a cette grue, ou ibis, oiseau égyptien de la sagesse qui nettoie la terre des émanations telluriques néfastes représentées par le serpent qu’elle tient souvent dans son bec. L’Egypte exerce une grande fascination à l’époque et la société de pensée, je veux parler des rites égyptiens de la maçonnerie, importée en Europe par Cagliostro et les frères Bédarride, rencontre un succès phénoménal. L’égyptomanie précède le Concordat signé en 1801 avec le Pape et ses mythes se construisent sur les décombres du culte de la déesse Raison.

 

 

 

Le bourdon ou bâton de pèlerin distinguait souvent au Moyen-Age ceux qui avaient effectué un pèlerinage. L’Islam a perpétué cette distinction dans une coiffure spéciale et avec le titre de El Hadj.

Celui qui a mesuré son effort à l’aune de la canne de marche revient changé du voyage. Les Compagnons du Tour de France et les autres le savent bien.

Le bâton, symbole du tuteur, du maître indispensable en initiation, est signe de défense, de soutien, de guide. Lorsqu’il devient sceptre, il est symbole de commandement, de souveraineté et de puissance.

Il rappelle aussi le bâton de Moïse qui deviendra le serpent d’airain, préfiguration de la croix rédemptrice.

Le grade de Chevalier du Serpent d’Airain, grade issu du système des Ecossais Trinitaires pratiqué au XVIIIème siècle et incorporé au 25ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, y fait clairement référence.

Ce bâton est donc aisément adopté auprès des membres du Conseil qui connaissent bien aussi la canne du maître des cérémonies.

 

Les chaînes héraldiques les plus prestigieuses sont celles de Navarre, disposées en escarboucle, ornées d’une émeraude en hommage à la Table d’Emeraude ; ces chaînes sont bien connues dans l’aire de civilisation française car les armes de Navarre ont été longtemps associées à la France royale, la même dynastie régnant sur les deux pays indépendants.

Est-ce leur parenté avec la chaîne d’union des rituels maçonniques qui fait que, curieusement, l’ostracisme dont l’héraldique napoléonienne fait preuve à l’égard des fleurs de lys ne s’applique pas aux chaînes ?

 

 

 

La chouette, emblème d’Athéna et dédiée à Minerve, est symbole de prudence, de sagesse et de la réflexion qui domine les ténèbres.

Oiseau nocturne en relation avec la lune, elle ne peut supporter la lumière directe du soleil et donc s’oppose en quelque sorte à l’aigle. Symbole de la connaissance rationnelle (perception par reflet de la lumière lunaire), elle s’oppose à la connaissance intuitive (perception directe de la lumière solaire).

Elle existait dans les rituels des sociétés de pensée du siècle des Lumières. Si ce n’est pas un symbole purement maçonnique, sa capacité à discerner la sagesse dans les ténèbres en fait l’emblème de la quête initiatique. Si l’Eglise a renoncé à quelques aspects du message de Saint Jean, elle a maintenu en héraldique la symbolique des clés d’or et d’argent qui donnent accès aux grands et petits mystères.

 

 

Elles ouvrent les portes solsticiales. La contemplation mystique peut donner accès à la clé d’argent, mais seule l’initiation donne accès à la clé d’or.

Dans l’ambiance des loges impériales, le 21ème grade de l’Ecossisme s’appelle Grand Maître de la Clef ; on le nomme aujourd’hui plus souvent Noachite ou Chevalier Prussien ; on retrouve aussi la clé au 7ème degré, Prévot et Juge, mais la plus connue est celle du Maître Secret, 4ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté.

Il faut savoir que les hauts grades connaissent un usage plus dense sous l’Empire que lors des périodes postérieures parce que l’ennui tenace des garnisons générait une fréquentation intensive des loges.

Notons l’ambivalence de la clé qui sert à la fois à fermer et à ouvrir. Ces deux fonctions conjuguées rappellent que le progrès initiatique ne peut se réaliser que dans le secret.

 

Les deux colonnes J et B qui ornent l’entrée de nos temples décorent aussi certains écus napoléoniens.

Selon l’Ancien Testament, leur chapiteau était en forme de grenade ; grenade que nous retrouverons plus loin.

 

 

 

Chacun sait que ces colonnes sont un des symboles de la dualité, de même que le pavé mosaïque qui se retrouve en héraldique sous forme d’échiqueté dans nombre d’écus.

Parmi les meubles à structure verticale, évoquant un axe, à côté du bâton et des colonnes, figurent aussi les trois piliers sur lesquels repose l’édifice maçonnique. Ils ont noms : Force, Sagesse, Beauté ; Foi, Espérance, Charité ; ou encore Connaissance, Amour, Action. Remarquez aussi dans ces armes des Duhamel la présence d’un cèdre du Liban, bien connu dans le Rite Ecossais Ancien et Accepté.

 

 

 

De tous les meubles de l’héraldique napoléonienne, le compas traduit probablement de la manière la plus évidente l’apport de la franc-maçonnerie. L’apprenti n’a pas accès au compas ; le compagnon en prend connaissance, mais seul le maître peut le manier.

Le compas pointes en haut évoque l’aventure chevaleresque. Le chevalier est, lui aussi, un maître d’œuvre, mais son action part de la terre pour atteindre le ciel. Il dévoile ainsi les plans divins pour introduire l’harmonie dans la société des hommes. La conscience du maître est ouverte vers le ciel, lieu symbolique où naissent les principes créateurs.

Pour que le système héraldique de l’Empire se soit constitué avec autant de célérité et de justesse, c’est que le Conseil du sceau des titres fonctionnait comme une loge où s’effectue un travail collectif.

La maçonnerie, que Napoléon a dirigée par personnes interposées, lui a été utile pour réaliser le plus fort brassage de la vieille terre européenne jamais effectué par un chef. Les flagorneries au pouvoir que l’on reproche à la franc-maçonnerie sous l’Empire ne sont que l’expression extérieure d’un travail en commun, écrivait l’auteur anti-maçon Marquès-Rivière en 1941.

 

 

 

Le coq, symbole solaire que nous retrouvons dans nos cabinets de réflexion, emblème de vigilance et d’éveil, annonce l’avènement de la lumière initiatique ; symbole de la lumière naissante, il est un attribut particulier d’Apollon, le héros du jour qui naît.

Socrate rappelle à Criton, avant de mourir, de sacrifier un coq à Asclépios ; sans doute faut-il voir là un rôle de psychopompe attribué au coq : il allait annoncer dans l’autre monde l’âme du défunt et l’y conduire ; elle ouvrirait alors les yeux à une autre lumière, ce qui équivalait à une nouvelle naissance.

Le coq est bien sûr en bonne place dans l’héraldique napoléonienne. On le rencontre accompagné d’un livre ouvert, d’un serpent, tourné vers le soleil ou, comme ici, une étoile.

 

Le créquier, cerisier sauvage arraché, stylisé à sept branches, évoque toute la symbolique du nombre sept : couleurs, planètes pythagoriciennes, jours de la semaine, vertus, arts libéraux etc.

Signalons que l’écossisme lui reconnaît un lien avec l’arbre des Séphiroth de la Kabbale.

 

L’échelle est un important symbole traditionnel. Les différents aspects de son symbolisme se ramènent à l’unique problème des rapports entre le ciel et la terre. On la représente souvent, comme ici, à sept échelons, le passage de la terre au ciel nécessitant la traversée de sept étages cosmiques qui sont les sept sphères planétaires auxquelles correspondent les sept arts libéraux de Dante.

Le symbolisme de l’échelle était bien connu du Frère Cambacérès, Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, et par là, titulaire du grade de Chevalier Kadosh.

 

 

 

Savoir gravir les degrés de l’échelle, savoir aussi les descendre, tel est le devoir du chevalier qui perçoit les lois célestes et les fait respecter sur terre.

Remarquons encore que, dans cet écu, l’échelle est soutenue par deux chiens. Au XVIIIème siècle, c’est un chien qui, dans un grade d’Elu, guide Stolkin vers la caverne.

Le chien est, comme l’étranger conducteur, le symbole de l’intuition, cette force qui sait ce que nous ne faisons que pressentir.

 

L’épée est un des meubles les plus répandus de l’héraldique impériale. Elle orne toujours les francs-quartiers des comtes et barons militaires.

Symbole du Verbe, elle évoque la puissance de la parole.

La référence maçonnique flagrante correspond à l’usage rituélique des épées en loge : épées de certains officiers, épées brandies vers le profane lors des initiations, épées servant à la consécration ou à l’investiture ou, comme ici, épées de la voûte d’acier.

 

J’ai rencontré l’équerre dans deux ou trois blasons de cette époque. Je ne m’étendrai pas sur son symbolisme qui est bien connu. Remarquons simplement que les dessinateurs les ont dessinées comme les équerres d’écolier, à savoir sous la forme d’un triangle rectangle évidé.

 

 

 

Mais on peut aussi considérer comme des équerres les chevrons alaisés ou non qui ornent bon nombre d’écus.

 

L’étoile, -et je parle ici de l’étoile à cinq branches, la plus courante en héraldique-, est également très présente.

Sa signification supra humaine nous est décrite par le fameux dessin de Léonard de Vinci qui y inclus un homme bras et jambes écartés.

Dans cette étoile s’inscrit l’Homme Intégral ; l’étoile exprime la puissance faite de la synthèse des forces complémentaires, l’union féconde des principes masculin et féminin (3 + 2).

 

 

L’Homme Universel n’est pas l’homme individuel mais le grand corps cosmique. Les pièces honorables de l’héraldique sont ses membres ; le blason lui-même est son symbole. Par la règle, l’Homme Universel révèle la mesure de toute chose.

Dans la symbolique militaire, les étoiles marquent le grade de général. Quoi d’étonnant quand on sait que plus de 400 généraux furent initiés de 1792 à 1814.

L’étoile héraldique napoléonienne rend sa dimension prophétique à celle des rois mages par sa position souvent centrale dans l’écu qui confirme sa vocation axiale et polaire.

On la rencontre seule ou en groupes de deux à douze, accompagnée d’autres meubles tels que croissants, serpents, balances etc.

Une de celles figurant dans les armes de la famille Delarue de la Gréardière est même remarquablement flamboyante.

 

 

La faux, instrument agricole et symbole de mort que l’on rencontre dessiné derrière le sablier dans bien des cabinets de réflexion, recoupe la parabole de la moisson et évoque le grain qui meurt pour donner la vie.

 

Le meuble, fait de deux mains jointes, ou, si vous préférez, de deux mains unies, se nomme foi en héraldique.

Les mains jouent un rôle particulier dans l’Ordre maçonnique. C’est par elles que se transmettent les attouchements. Ainsi enlacées, elles évoquent l’union qui règne entre les maçons et la foi ou la fidélité qui les unit. Elles sont également symbole de solidarité dans la quête initiatique.

 

 

La fontaine, qu’on retrouve sous forme de source au grade d’Elu des Neuf, évoque la fontaine de vie ou d’immortalité.

C’est une fontaine d’eau vive qui occupe le centre du Paradis terrestre ; elle représente l’éternel jaillissement de la connaissance pure et dispense l’eau de la purification.

Dans les mondes anciens, la fontaine est le centre indispensable de toute construction.

Combien juste, - et à double titre-, est la présence d’une fontaine dans les armes du comte Jean-Pierre-Louis Fontanes, ancien président du Corps législatif et Grand Maître de l’Université.

 

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©  J. Declercq & C.V  - Septembre 2004  - Tous droits réservés