OAS, le terrorisme du désespoir (2004)

Qu’est-ce que l’OAS ?
vendredi 23 novembre 2007.
 
Cet article, initialement intitulé "Qu’est-ce que l’OAS ?", a été d’abord publié dans le numéro hors série de la revue Science et vie intitulé "Algérie 1954-1962, la dernière guerre des Français", paru peu avant le cinquantième anniversaire du début de la guerre d’Algérie le 1er novembre 2004 (pp. 94-100). Il était accompagné d’une interview de l’auteur par le rédacteur en chef de la revue Jean Lopez, intitulée "Pieds-noirs, la valise ou le cercueil" (pp. 139-140 et 14"), reproduite dans la rubrique Interviews de ce site. Je remercie Jean Lopez de m’avoir autorisé à reproduire ces deux textes.

L’OAS (Organisation armée secrète) a mauvaise réputation. Elle est généralement considérée comme une organisation fasciste (voire nazie) qui a tenté d’empêcher par la terreur le rétablissement de la paix entre la France et l’Algérie en 1961-1962, et d’assassiner le général de Gaulle, président légitime de la Ve République. Deux actes de violence, entre beaucoup d’autres, ont particulièrement marqué les mémoires : l’explosion d’une bombe, destinée au ministre André Malraux, qui éborgna et défigura la petite Delphine Renard, le 7 février 1962 à Paris, et l’assassinat de six inspecteurs des Centres sociaux éducatifs (trois Français et trois Algériens, parmi lesquels l’écrivain Mouloud Feraoun, ami d’Albert Camus) à Alger le 15 mars 1962. Et pourtant, la grande majorité des Français d’Algérie l’avaient considérée, au moins momentanément, comme leur seul espoir de rester français dans une Algérie française. Comme l’a écrit Francine Dessaigne dans son Journal d’une mère de famille pied-noir, “nul historien honnête qui fixera cette période ne pourra passer sous silence l’emprise de l’Armée secrète sur nos esprits et notre vie. Emprise délibérément admise par une population qui a été bien surprise des sentiments que certains lui prêtaient. Elle ne voulait ni conquérir la métropole, ni la gouverner, mais simplement rester française sur le sol où elle est née” [1]. Que fut donc, vraiment, l’OAS ?

Ce nom a été porté par trois organisations successives. La première fut créée à Madrid, en février 1961, par Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, deux anciens leaders du soulèvement algérois du 24 janvier 1960 contre la politique d’autodétermination du général de Gaulle, afin de rassembler tous les “activistes” français d’Algérie pour s’opposer par la force aux négociations imminentes entre le gouvernement français et le FLN algérien. Le nouveau sigle apparut sur les murs d’Alger le 27 février 1961, et le 1er mars y fut diffusé un tract appelant les “Français de toutes origines” à se dresser “tous ensemble, les armes à la main, contre l’abandon de l’Algérie”. L’OAS ne fut pourtant pour rien dans le soulèvement militaire d’Alger, organisé à Paris, par lequel quatre généraux en retraite (Challe, Zeller, Jouhaud et Salan) essayèrent de reprendre le commandement de l’armée d’Algérie du 22 au 25 avril 1961.

Après l’échec du “putsch” d’Alger, une deuxième OAS fut refondée à Alger au début de mai 1961, par un amalgame entre les activistes civils et les militaires dissidents ayant refusé de se rendre aux autorités légales. Cette organisation était dirigée par un comité supérieur de l’OAS (présidé par le général Salan, secondé par le général Jouhaud [2]) qui était censé coiffer les organisations d’Algérie, de métropole et de l’extérieur, et subdivisée en trois branches : l’OM (organisation des masses), l’APP (action psychologique et propagande), et l’ORO (organisation renseignements-opérations), disposant de commandos armés. En réalité, les organisations régionales d’Oranie et du Constantinois étaient autonomes par rapport à celle d’Alger, l’OAS-métropole rattachée à celle d’Algérie ne réussit jamais à imposer son autorité à tous les réseaux activistes métropolitains, et le groupe de Madrid, se considérant comme la direction originelle de l’OAS, refusa longtemps de se soumettre à celle d’Alger.

Cette deuxième OAS, après avoir tenté de mettre en échec les accords signés le 18 mars 1962 à Evian et le cessez-le-feu du 19 mars par une insurrection armée, fut gravement affaiblie par la répression (arrestations du général Jouhaud à Oran le 25 mars, puis du général Salan à Alger le 20 avril) et se disloqua en juin, puis elle abandonna la lutte en Algérie avant le référendum du 1er juillet. La relève fut prise par le CNR, fondé à Rome au printemps 1962 par l’ancien président du Conseil national de la Résistance Georges Bidault, désigné comme successeur par le général Salan. Cette nouvelle organisation reprit le nom d’OAS-CNR, et rassembla épisodiquement en divers lieux d’exil une direction composée de rescapés civils et militaires de l’OAS d’Algérie, d’Espagne et de métropole. Elle se donna comme principal objectif l’assassinat du général de Gaulle [3] (que le général Salan avait toujours refusé d’ordonner) et le renversement de son régime. Pourtant, sur une vingtaine de tentatives qui furent entreprises de 1961 à 1965, deux seulement échouèrent au stade de l’exécution (le 8 septembre 1961 à Pont-sur-Seine, et le 22 août 1962 au Petit Clamart) grâce à la “baraka” du président de la République ; et leur organisateur, l’ingénieur de l’armement Bastien-Thiry, était indépendant de l’OAS et du CNR. Cette troisième organisation se disloqua peu à peu, après l’enlèvement du colonel Argoud par les services secrets français à Munich et le départ de Georges Bidault pour le Brésil en 1963.

Ainsi, contrairement aux espoirs du groupe de Madrid (qui fut arrêté et envoyé aux îles Canaries en novembre 1961), puis à ceux du CNR, aucun Etat voisin de la France et de l’Algérie n’a offert à l’OAS les facilités d’action que la Tunisie, le Maroc, l’Egypte et les autres Etats arabes avaient fournies au FLN, pour ne pas perturber leurs relations avec la France.

En France, l’OAS ne pouvait espérer de soutien que d’une minorité de la population, parce que la grande majorité des Français désirait depuis longtemps la fin de la guerre d’Algérie par une négociation avec le FLN, comme les sondages le montraient même avant le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958. Celui-ci avait obtenu un “oui franc et massif” au référendum du 8 janvier 1961, qui l’avait autorisé à préparer l’autodétermination de l’Algérie en créant des institutions algériennes provisoires ; mais le nombre et le pourcentage des “non” en métropole ne reflétaient pas ceux des partisans de l’Algérie française, parce que le parti communiste l’avait aussi préconisé pour exprimer sa crainte de voir de Gaulle prolonger la guerre en l’algérianisant au lieu de négocier avec le GPRA. C’est donc le référendum du 8 avril 1962, organisé en métropole pour ratifier les accords d’Evian avant l’autodétermination de l’Algérie, qui donna la mesure de l’opinion favorable à la cause que voulait défendre l’OAS : 1.795.061 “non”, soit 9,30% des suffrages exprimés et 6,65% des inscrits. En novembre 1961, à l’apogée de son influence, seulement 5% des personnes sondées voulaient poursuivre la guerre pour l’Algérie française jusqu’à la défaite du FLN. Le potentiel de recrutement de l’organisation n’était pourtant pas négligeable, parce que les catégories socio-culturelles les plus favorisées étaient beaucoup plus divisées sur la solution du problème algérien que la masse de la population.

Mais c’est en Algérie que l’OAS trouvait son plus grand potentiel, et un soutien massif dans les quartiers européens des grandes villes. Le référendum du 8 janvier 1961 avait manifesté l’importance des “non”, exprimant tous la volonté de garder l’Algérie française : 781.989 « non », soit 18% des inscrits. C’était un pourcentage voisin de celui des Européens dans le corps électoral, mais la majorité absolue des suffrages exprimés dans les départements et les arrondissements où ceux-ci étaient le plus concentrés (départements d’Alger et d’Oran, arrondissements de Bône et de Philippeville). L’OAS pouvait donc se prévaloir d’une certaine légitimité démocratique en Algérie, contrairement à sa situation en métropole. On constate néanmoins un décalage frappant entre le potentiel de recrutement de l’OAS et ses effectifs réels : guère plus d’un millier d’hommes armés et 3.000 militants à son apogée selon son fondateur Jean-Jacques Susini. L’OAS n’avait aucune difficulté à diffuser sa propagande et à faire suivre ses mots d’ordre pour manifester sa popularité par des concerts de casseroles ou de klaxon scandant “Al-gé-rie fran-çaise”, mais trouvait plus difficilement des contributions financières proportionnées aux moyens de chacun, et surtout des volontaires prêts à tuer et à mourir. Francine Dessaigne a exprimé l’opinion générale dans son Journal (10 octobre 1961) : « Il s’agit pour nous d’avoir le droit de vivre dans notre pays sans être brimés ou massacrés et d’y veiller nos morts sans que leurs tombeaux soient violés. N’ayant pas l’étoffe de héros, nous vouons une admiration éperdue et fervente à ceux qui assument la charge dangereuse de combattre pour notre cause. Ils matérialisent tous nos espoirs, toutes nos raisons de croire que rien n’est perdu et toutes les actions que nous sommes incapables d’accomplir nous-mêmes. Nous tremblons pour eux et vibrons avec eux » [4]. Selon une autre Algéroise plus critique, Anne Loesch, « tout le monde est « OAS », mais rares et discrets sont les gens « de l’OAS ». Subtile distinction proprement pied-noir » [5]. L’OAS exprimait un consensus largement majoritaire dans ce milieu, d’une manière intolérante et violente envers ceux qui ne le partageaient pas.

Le recrutement de l’OAS était hétérogène. Une distinction majeure, à l’origine de l’organisation, séparait les militaires, peu nombreux, mais occupant en fonction de leur ancien grade les échelons les plus élevés de l’organigramme (généraux Salan, Jouhaud et Gardy, colonels Godard, Gardes, Broizat, Argoud, Vaudrey, Château-Jobert, Dufour, capitaines Ferrandi, Sergent, Montagnon, Le Pivain, lieutenants Degueldre, etc...), et les civils, dont les plus influents étaient les anciens chefs de mouvements activistes tels que l’ancien président de l’association générale des étudiants d’Alger, Jean-Jacques Susini, et le docteur en médecine Jean-Claude Perez. Distinction correspondant imparfaitement à celle entre les métropolitains et les « pieds-noirs », puisque certains de ces derniers, comme le général Jouhaud, étaient des militaires de carrière. L’OAS recrutait - tout au moins en Algérie - dans des milieux sociaux très divers, la rue Michelet (représentant les quartiers bourgeois du centre d’Alger) et le faubourg populaire de Bab-el-Oued (réputé voter communiste avant la guerre) ; mais la répartition des tâches n’était pas indifférente. La direction de l’organisation était hébergée dans les beaux quartiers algérois. Au niveau des exécutants, suivant l’historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, « les spécialistes de l’action violente, en Algérie, sont des militaires déserteurs, comme le lieutenant Degueldre, ou des civils pieds-noirs, de niveau social généralement modeste - petits commerçants, artisans, employés - ayant, le plus souvent, appartenu à des formations ultras dans le passé ; certains ont fait partie de la police et nombre d’entre eux se présentent comme des vétérans de l’armée. Se joignent à eux des étudiants liés à des formations politiques droitières. » Elle ajoute qu’en métropole, « outre des militaires déserteurs, des étudiants ou lycéens, les fauteurs de violence sont le plus souvent soit d’anciens poujadistes radicalisés, soit des ultras d’origine pied-noir ou assimilés » [6]. En Algérie et en métropole, une proportion non négligeable des exécutants était composée de jeunes sans passé militaire ni politique. Les femmes, très minoritaires, servaient surtout à des tâches d’hébergement ou de liaisons.

Les motivations déclarées des membres de l’OAS étaient patriotiques plus que politiques : la volonté de rester français sur une terre française, et le refus d’abandonner une province « française depuis plus longtemps que Nice et la Savoie » sans même l’excuse d’une défaite militaire (contrairement à la cession de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne en 1871). Pour les militaires, il fallait tenir les serments faits aux populations européenne et musulmane de ne jamais les abandonner, empêcher que leurs camarades tués soient morts pour rien, ou éviter d’avoir méfait pour rien (déclaration du capitaine Estoup au procès du lieutenant Godot, faisant allusion à la torture). Pour les civils d’Algérie, exposés depuis des années au terrorisme du FLN, il s’agissait de défendre leur droit de vivre et de mourir en paix dans le pays créé par le travail de leurs aïeux et abritant leurs tombes. Pour les métropolitains, c’était une question d’honneur et de solidarité nationale.

Et pourtant, même si l’appartenance à un parti politique était rare (8% des 3.680 condamnés), l’existence de motivations idéologiques chez une bonne partie des membres de l’OAS est indéniable. En Algérie, les mouvements « ultras » étaient le plus souvent marqués par un antigaullisme et une nostalgie du vichysme remontant à la Deuxième guerre mondiale, et l’OAS avait intégré sous le nom de Front nationaliste plusieurs groupements d’extrême droite bien implantés à l’Université d’Alger. En métropole, où l’Algérie française avait conservé des sympathisants dans toutes les familles politiques à l’exception des communistes et de l’extrême gauche, seule l’extrême-droite n’avait aucun scrupule à défier la volonté presque générale du peuple français, et trouvait dans la lutte violente de l’OAS l’occasion de prendre sa revanche sur de Gaulle, les communistes, la gauche et la République en les accusant de trahison. On ne peut pourtant pas qualifier l’OAS tout entière de mouvement fasciste ou d’extrême droite. Il vaut mieux y distinguer une minorité fascisante, issue notamment du mouvement Jeune Nation, un plus grand nombre de catholiques traditionalistes, hostiles à la Révolution (celle de 1789), nostalgiques de Vichy, admirateurs de Franco ou de Salazar, mais aussi des nationalistes français, catégorie ouverte à des patriotes issus de toutes les tendances, y compris la gauche. Contrairement au groupe de Madrid, qui diffusa au début de septembre 1961 un Appel aux Français rédigé par le colonel Argoud, prônant un ordre nouveau chrétien et corporatiste, l’OAS d’Alger dirigée par le général Salan et par des officiers ayant participé à la Libération de la France, invoquait l’exemple de la Résistance et prétendait défendre la légalité constitutionnelle républicaine bafouée par le « dictateur » de Gaulle. Et le CNR, avec à sa tête le résistant de l’intérieur Georges Bidault et le gaulliste Jacques Soustelle, condamnait de Gaulle au nom des valeurs que celui-ci avait jadis incarnées.

Unis par un même refus de l’inacceptable, les chefs de l’OAS étaient divisés par de nombreuses divergences. Sur ses objectifs, ils ne pouvait aller au-delà d’un programme minimum : renverser de Gaulle et son régime pour sauver l’Algérie française. Sa remise en question par des militants du Front nationaliste d’Alger (Michel Leroy, René Villars et Jean Sarradet), qui prirent contact avec un fonctionnaire de la délégation générale du gouvernement à Alger pour discuter d’un partage de l’Algérie, aboutit à l’exécution des deux premiers pour trahison le 20 janvier 1962. Et pourtant dix jours plus tard le capitaine Ferrandi, aide de camp du général Salan, nota dans son Journal que « l’idée d’une « République française indépendante d’Algérie » commence à faire son chemin dans l’esprit des principaux responsables de l’organisation » [7], au moins comme expédient provisoire.

Les divergences portaient également sur la stratégie et sur la tactique. Au début, les plus modérés des militaires et des civils espéraient refaire le 13 mai 1958 en ralliant l’armée à un mouvement populaire franco-musulman spontané, alors que les plus radicaux comptaient sur une mobilisation générale imposée par la force, en terrorisant les ennemis, les « traîtres », et les réfractaires à l’autorité de l’OAS. Le général Salan s’est radicalisé, en approuvant les « actions payantes et spectaculaires » (vols d’armes, hold-ups, attaques contre les policiers, les ‘barbouzes’ [8] et les gendarmes mobiles) commises par des « hommes de main courageux et dépouillés des considérations mondaines » ; mais il a toujours refusé le racisme, l’affrontement des communautés, « l’exécution criminelle de l’innocent anonyme ». Sa directive générale du 23 février 1962 ordonnait de mettre en échec le prochain cessez-le-feu par une insurrection urbaine et rurale appuyée sur la mobilisation des Français d’Algérie et d’une partie de la population musulmane, devant entraîner le ralliement de l’armée [9]. Mais il vit son plan immédiatement dénaturé par des « ratonnades systématiques » et par des meurtres en série visant à chasser les musulmans des quartiers européens, et à provoquer des représailles du FLN pour obliger l’armée à intervenir [10]. Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, ce plan tourna au désastre en dix jours : l’ouverture du feu sur des soldats du contingent le 23 mars provoqua la bataille, le blocus et le ratissage de Bab-el-Oued, puis le mitraillage d’une manifestation de soutien à ses habitants par des tirailleurs algériens de l’armée française le 26 mars rue d’Isly [11] ; enfin la tentative de créer un maquis dans l’Ouarsenis avorta faute de soutien musulman. Privée de stratégie, l’OAS redoubla de violence et pratiqua la « terre brûlée », puis tenta de négocier avec le président de l’Exécutif provisoire, Abderrahmane Farès, un accord entre Algériens donnant aux Français d’Algérie des garanties supérieures à celles d’Evian. Cette tentative, menée par Jean-Jacques Susini, fut désavouée par les organisations d’Oranie et du Constantinois, et par les commandos dépendant de Jean-Claude Perez (qui préféra s’exiler après avoir envisagé de reprendre le pouvoir par une « nuit des longs couteaux »). L’OAS d’Alger cessa le feu le 17 juin, celles du Constantinois et d’Oranie quelques jours avant le référendum du 1er juillet qui ratifia massivement les accords d’Evian et l’indépendance de l’Algérie.

Le bilan de l’OAS est donc celui d’une action terroriste de plus en plus violente et de moins en moins sélective, qui aurait tué 2.200 personnes [12] (dont environ 85% de musulmans), sans réaliser aucun de ses objectifs. Elle souffrit d’une contradiction majeure entre le refus moral d’accepter la victoire du terrorisme du FLN et la tentation d’imiter ses méthodes pour leur efficacité. Contrairement à ce que ses anciens membres veulent croire, elle n’a pas bien protégé les Français d’Algérie, puisque ses attentats provocateurs ont provoqué en représailles plus de 3.000 enlèvements du 19 mars au 31 décembre 1962 [13]. Elle est apparue comme le dernier obstacle au rétablissement de la paix, mais il ne faut pas oublier que son terrorisme était resté moins meurtrier que celui du FLN jusqu’en janvier ou février 1962 (suivant les statistiques officielles des préfectures de police d’Alger et d’Oran). On ne peut pas prétendre que la guerre d’Algérie se serait bien terminée si l’OAS n’avait pas existé, parce que son existence même était un résultat inévitable de cette guerre.

Guy Pervillé

Guy Pervillé a publié sur le même sujet :

-  la notice « OAS » dans le Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle, s. dir ; J.-F. Sirinelli, Paris, PUF, 1995, pp. 733-735 (réédition 2002) ;

-  l’article « Combien de divisions ... internes ? », dans OAS, les secrets d’une organisation clandestine, Historia thématique n° 76, mars-avril 2002, pp. 25-29.

[1] Francine Dessaigne, Journal d’une mère de famille pied-noir, Paris, L’esprit nouveau, 1962, pp. 237 238.

[2] PS : Ces grades étaient évidemment abolis du point de vue du gouvernement légal, mais les officiers qui sortirent de la discipline s’estimaient liés par leurs serments de fidélité à l’Algérie française, et contestaient la légalité ou la légitimité de la politique gaullienne.

[3] Décision prise le 20 mai 1962 à Rome à l’unanimité des présents, selon André Rossfelder, Le onzième commandement, Paris, Gallimard, 2000, p. 561-563. Celui-ci, Français d’Algérie ayant participé à la Résistance et à la Libération, géologue et prospecteur de pétrole au Sahara, écrivain et ami d’Albert Camus, partisan de l’intégration, fut l’un des plus tenaces organisateurs d’attentats contre de Gaulle.

[4] Dessaigne, op. cit., p. 109.

[5] Anne Loesch, La valise et le cercueil, Paris, Plon, 1963, p. 20.

[6] Anne-Marie Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, Bruxelles, Complexe, 1995, p. 129.

[7] Jean Ferrandi, 600 jours avec Salan et l’OAS, Paris, Fayard, 1969, p. 254.

[8] Militants ou aventuriers recrutés par des gaullistes pour combattre l’OAS en Algérie.

[9] Instruction n° 29, in OAS parle, Paris, Julliard, 1964, pp. 169-178 (documents communiqués anonymement par Raoul Girardet et présentés par Pierre Nora).

[10] Ferrandi, op. cit., pp. 265-273, et OAS parle, op. cit., pp. 263-265.

[11] Il y eut à Bab-el-Oued 15 morts et 77 blessés militaires, 20 morts et 60 blessés dans l’OAS et la population, et au moins 61 morts et 101 blessés parmi les manifestants rue d’Isly.

[12] Duranton-Crabol, op. cit., p. 144. Le bilan est de 71 morts et 394 blessés en métropole.

[13] Guy Pervillé, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 242-243.



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