Crèmes, plastiques, couches...
Allô maman bobo !
Les produits chimiques menacent-ils nos bébés ? La polémique s'étend aujourd'hui aux biberons et aux cosmétiques
La semaine dernière, le C2DS (Comité pour le Développement durable en Santé), un collectif de scientifiques, s'est penché sur le contenu des mallettes naissance distribuées après l'accouchement, remplies d'échantillons gratuits. Leur conclusion ? A éviter d'urgence ! Toutes ces crèmes sont bourrées de substances chimiques. «Les parabens, par exemple, sont des
perturbateurs endocriniens, c'est-à -dire qu'ils modifient le système
hormonal, explique André Cicolella, toxicologue. Plusieurs études scientifiques l'ont prouvé, mais ce n'est
jamais suffisant pour les autorités sanitaires. Et le principe de précaution
?» Le professeur Dominique Belpomme s'alarme de l'impact de l'environnement sur la santé : «Les cancers pour les enfants ont
augmenté de 1% par an les trente dernières années, on ne peut plus nier le rôle
de la pollution chimique au sens large.» C'est ce qu'ont déjà décidé 20 maternités, qui ont banni les mallettes cet été et appellent toutes les maternités de France à faire de même. Le C2DS interpelle d'ailleurs le gouvernement afin que les cosmétiques pour bébés soient soumis à une autorité de mise sur le marché, comme les médicaments.
Une autre polémique embrase les scientifiques au sujet de la nocivité du BPA, une substance chimique présente dans les plastiques alimentaires et soupçonnée d'être aussi un perturbateur endocrinien. Pas de veine, le BPA est présent dans... 90% des biberons ! Au printemps, tous les biberons contenant du BPA ont ainsi été retirés par précaution du marché au Canada. En Europe, l'EFSA, l'European Food Security Agency, a réaffirmé qu'au vu des quantités de BPA autorisées les biberons ne présentaient aucun risque. «De toute façon, les infimes doses absorbées sont rejetées
dans l'urine», rassure-t-on chez Avent (groupe Philips), une marque phare de biberons. Une étude publiée la semaine dernière sur le site du journal de l'association médicale américaine a conclu qu'une hausse de la concentration des BPA dans l'urine provoquait une hausse de 39% du risque de diabète et de maladies cardio vasculaires... A Béziers, dans la clinique d'Olivier Toma, le président du C2DS, on a déjà tranché : «On est revenu
aux biberons en verre.» Et les fabricants ? Après son concurrent Dodie, Avent va lui aussi commercialiser une gamme de biberons en plastique sans BPA. Plus chère... Plus chers aussi, les nouveaux soins sans paraben de Mustela. «Nous continuerons à utiliser les parabens car ils sont
parfaitement inoffensifs, dit Philippe Msika, directeur scientifique de Mustela. Mais nous voulons répondre à toute notre
clientèle.» Les parents inquiets, c'est un sacré bon marché.
Doan Bui
Le Nouvel Observateur
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