Comme prévu, il y avait foule vendredi matin sur le site du Louvre-Lens. Frédéric Mitterrand, ministre
de la Culture et de la Communication, est venu en grande pompe marquer le départ de la construction du musée
à l'entrée de la Maison du projet, vendredi 4 décembre à 9h, c'est d'abord l'odeur de peinture fraîche qui surprend.
Les murs blancs donnent le ton d'une sérénité qui domine les lieux. Mais elle va vite être dissipée par l'engouement déclenché par la pose de la première pierre sur le site du Louvre, à deux pas de là, sur le site de l'ancienne fosse 9.
Déjà sur les lieux, l'équipe du Louvre-Lens (les architectes japonais du cabinet Sanaa, Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa, Jean-Marc Legrand, responsable du projet, Stéphane Malfettes de la Maison du projet...) voit les élus locaux arriver à petits pas : Guy Delcourt à 9 h 15. Quinze minutes plus tard, à 9 h 30, Daniel Percheron et Michel Vancaille, présidents de la Région et de la CALL, lui emboîtent le pas.
Un peu après 10 heures, la vitesse supérieure est passée haut la main. Rue Bernanos, la voiture ministérielle arrive sous escorte de motards. Jack Lang ancien ministre de la Culture et Frédéric Mitterrand actuel détenteur du poste sortent comme un seul homme. Une foule de photographes, de journalistes se pressent face à eux.
Badge "I Love Louvre-Lens" au revers du manteau, Frédéric Mitterrand ne s'isole que quelques instants lorsqu'il appose sa signature après les 7 182 personnes ayant noirci les pages du livre d'or. Rapide tour dans les locaux de la Maison du projet : coup d'oeil sur la maquette du musée, oreilles grandes ouvertes pour l'explication de l'oeuvre L'archer de Darius Ier r, empereur perse du VIe siècle av. J.-C., et voilà le neveu de François Mitterrand revenu à ses amours d'animateur de télé lorsque la foule devient trop pressante : « Soyez disciplinés, posez les questions... ». Même si autour de lui, on fait en sorte que les journalistes en posent le moins possible.
Montée vers le site, montée d'adrénaline Tout le monde dehors. Le temps sec et les quelques percées d'un soleil grège voilé par les nuages réchauffent un peu la température. La montée du chemin dans le petit bois pour accéder au site est comme une traversée dans l'histoire. Historique car la pose de la première pierre est attendue depuis cinq ans presque jour pour jour, depuis l'annonce de l'implantation du musée (le 29 novembre 2004). C'est une première marche pour ce musée qui symbolise le temps de l'après-mine.
Sur ces quelques centaines de mètres, les élus croisent des visages, des histoires. On trouve Sophie et Helena, les mamies du Louvre qui, un jour de juillet 2004, ont peut-être fait pencher le coeur de Renaud Donnedieu de Vabres ministre de la Culture de l'époque. Il était là vendredi. Elles aussi, qui reçoivent un "bécot" sincère de Guy Delcourt et Jean-Pierre Kucheida.
À leurs côtés, Frédéric Mitterrand interoge sur la ville : « Comment s'appelait Lens lors de la Première Guerre mondiale ? Reste-t-il des textes sur le bassin minier ? » La ville de Lens rasée par les deux guerres mondiales s'est relevée grâce à l'exploitation minière. La ville de Lens rendue exsangue par l'agonie des houillères doit se relever grâce à l'implantation de ce musée. « C'est une réponse de l'avenir à l'histoire », expliquait lors de son allocution Frédéric Mitterrand dans les salons du stade Bollaert. Auparavant lors du dévoilement d'une stèle en verre sur le site, il avait tenu à respecter une minute de silence en mémoire de la catastrophe de la fosse Saint Amé en décembre 1974. Il a aussi salué de manière générale l'histoire du pays minier. Devant lui, des anciens mineurs et des veuves de mineurs étaient là. Des souvenirs nostalgiques ou dramatiques affluent, leur regard en témoigne. Dans leur besace : la fierté jamais démentie des corons et de leurs sempiternelles briques rouges. À leur pied s'érigera - dans trois ans si tout va bien - un musée immaculé. Le soleil noir de l'ex-bassin minier semble s'éclaircir pour de bon.
Maxime PRUVOST
Photos : Benjamin Potdevin et Jean Huret. Retrouvez-en de nombreuse autres sur lavenirdelartois.fr
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