CHANTIERS

Une quatrième édition en temps de crise

Quelles alternatives pour la création et la diffusion ?

Des chantiers de réflexion rassembleront des invités porteurs de démarches collectives. Ils seront ouverts aux réalisateurs intéressés, mercredi, jeudi, vendredi, 14 à 17 heures, à la Mutualité

A travers ces groupes de travail, nous nous demanderons s’il est devenu nécessaire aujourd’hui d’imaginer des circuits de production et de diffusion « autres » que ceux en place, et pour quelles raisons.. Nous ferons un retour sur des expériences passées comme la création des coopératives dans les années 70, et nous tenterons de situer notre analyse dans un contexte économique global.

Dans un deuxième temps, nous réfléchirons au « comment faire ? »  Nous nous questionnerons sur un statut et une économie possible pour ces structures alternatives. Pourquoi défendre le statut de producteur associatif ? Quelle est la pertinence du modèle économique du tiers secteur dans le champ de l’audiovisuel ? Nous nous tournerons aussi vers l’exemple belge des ateliers d’accueil et de production.

Une synthèse publique vendredi 21 heures à la Mutualité

Les Inattendus existent parce que depuis 1997, la rencontre a lieu, entre des films libres, et un public habité d’un même état d’esprit. Aujourd’hui, si quelque chose de neuf peut s’inventer, si de nouveaux réseaux de circulation des films peuvent se mettre en place, ce sera en prolongeant cette rencontre, à travers un désir et une volonté commune des spectateurs et des cinéastes.

Ainsi nous convions le public et les journalistes, vendredi soir, à partager la réflexion du groupe de travail lors d’une séance de synthèse publique. Dans ce Palais de la Mutualité, qui est cette année notre lieu d'escale dans nos pérégrinations urbaines nous voudrions inscrire un instant d’utopie, celle de créer d’autres relations entre cette société qu’on dit “civile”, et ceux qui s’autorisent ou s’essayent à traduire la vie en images et en sons. 

Avec les invités :

Etna (Laboratoire de cinéma expérimental, Paris)
Brasseurs de Cage (Producteur associatif, Soyans)
SCF (Sans Canal Fixe, Collectif de cinéastes documentaristes, Tours)
Co-Errances (Coopérative de distribution, Paris)
CJC (Coopérative de distribution de films expérimentaux, Paris)
Les Pieds Dans Le Paf (Association de téléspectateurs, Nantes)
Zaléa TV (Télévision associative, Paris)
Colas Ricard (cinéaste, programmateur, et fondateur du site wwww.cineastes.net, Nantes)
Nicolas Rey
(L’Abominable, Paris)
Christophe Bichon (Lightcone, Coopérative de distribution de films expérimentaux, Paris)
Vincent Blanchet (Membre fondateur des Ateliers Varan, Paris)
Perle Møhl (Réalisatrice, membre des Ateliers Varan)
Serge Meurant (Centre du Cinéma de la Communauté Française de Belgique)

Synthèse publique avec des invités de dernière minute ...

 

 

Chantier n°1 : Collectifs artistiques, ateliers de fabrication de films

Aujourd’hui, l’évolution technique en vidéo donne une nouvelle marge d’indépendance aux cinéastes notamment dans le documentaire. Un film peut être tourné, monté, conformé et mixé, avec des outils légers.. Les « aides en industrie » apportées par les chaînes de télévision sont de moins en moins indispensables à la finalisation des films. Les cinéastes peuvent s’engager dans leur projet, portés par une pure nécessité personnelle et peuvent ainsi s’affranchir de la demande des télévisions et se dégager de cette situation de commande sous–jacente qui a miné la création.

Accompagnant ces évolutions techniques, on assiste, semble-t-il, à un renouveau des collectifs artistiques. Si pour faire un film, il n’est pas forcément indispensable de passer par une élaboration préalable écrite, la conduite d’un projet cinématographique jusqu’à son terme semble bien rester une expérience collective, complexe et de longue haleine qui nécessite des savoir-faire, un rassemblement d’énergie et des complémentarités.

L'atelier rassemblera des documentaristes et des cinéastes expérimentaux qui confronteront leurs manières de faire, en se demandant si, aujourd'hui, leurs problématiques respectives ne viennent pas se recouper. La question a été ouverte, d’une certaine manière, l’an passé, par le manifeste « c’est pas mon genre ! ». C’est maintenant à nous, dans ce cadre plus hybride des Inattendus, de la prolonger, soucieux comme nos amis de l’expérimental, de pas laisser instrumentaliser cette notion « de genre » cinématographique.

Ainsi nous nous demanderons si les documentaristes qui se dégagent du système télévisuel pour écrire leurs films plus librement peuvent aujourd’hui s’inspirer de cette culture du cinéma expérimental qui a su se doter, au fil des années, de son propre système de production, de distribution, et de diffusion indépendants.

Au cours de cet atelier, nous nous tournerons aussi vers la Belgique.. La diversité, la liberté de ton des réalisations issues des ateliers belges, qui nous étonne depuis 1999, est pour nous un véritable antidote au formatage télévisuel. Cette production est aussi révélatrice, en creux, du manque de souplesse de nos fonctionnements institutionnels, et de nos modes de pensée. En France, on ne trouve pas d’équivalent à ce type de structures que l’on peut qualifier « d’intermédiaires », qui sont des espaces d’apprentissage et d‘expérimentation. Nous avons donc eu envie de nous inspirer aussi de cette « manière belge » pour conduire la réflexion dans cet atelier.

L’objectif sera d’imaginer des alternatives pour produire autrement, et d’élaborer des propositions d’autres formes de soutien pour ces pratiques du cinéma qui donnent une place centrale à l’expression artistique, et qui viennent bousculer les frontières entre les genres cinématographiques.

Chantier n°2 : vers une nouvelle coopérative de distribution?

Dans le cinéma expérimental, le modèle de la New York Film-Makers’ Cooperative, première coopérative de distribution de films expérimentaux, crée dans les années 60, a fait son chemin. En France, les distributeurs Light Cone ou CJC (Collectif Jeune Cinéma) effectuent un travail depuis de longues années et possèdent à l’heure d’aujourd’hui un catalogue impressionnant de films qu’ils cherchent à promouvoir.

Ces distributeurs sont le lien incontournable pour les diffuseurs qui viennent louer les films chez eux, 70% de la recette est alors redistribué au cinéaste. Ces structures fonctionnent de manière précaire car elles sont sous financées et ainsi menacées jour après jour de disparition (notamment avec la suppression des emplois jeunes). Avec les années, elles sont malgré tout devenus un maillon incontournable de la création alternative concernant le cinéma expérimental.

Du côté du « documentaire alternatif » très peu de structures ont pris le risque de faire ce travail, la coopérative Co-Errances en est un exemple. Attachée à distribuer et à montrer des films engagés ou dénonçant l’hégémonie médiatique, cette structure tente de faire sortir ces documentaires hors du circuit TV et tente des expériences publiques.

Il reste, malgré tout, tout un pan de la création alternative qui reste en suspens, dans un no man’s land invisible. Tout un pan que s’attache à montrer notamment les Inattendus dans le cadre de son festival. Ainsi, dans le cadre de ce groupe de travail nous chercherons à savoir s’il est aujourd’hui nécessaire ou possible de créer une nouvelle coopérative de distribution. Nous imaginerons comment elle pourrait fonctionner, et à l’utilisation possible des nouveaux supports et outils, DVD et internet notamment.

Chantier n°3 : diffusion

On assiste aujourd’hui à une multiplication des initiatives de projections publiques de films réalisés en dehors des circuits commerciaux : films expérimentaux, films documentaires engagés, ou autres démarches alternatives.

Ce mouvement a été initié par tout un ensemble de petites structures associatives implantées à Paris et en province et souvent animées par des cinéastes : Braquage, Ecrans Citoyens (Paris), Polly Magoo, XHX, Vidéodrome (Marseille), Contre-feux (Tours), Projections alternatives (Nantes),  le 102 (Grenoble),  etc… À travers ce mouvement, s’exprime souvent une volonté des cinéastes de reprendre en main la diffusion de leurs propres travaux et ceux proches de leur démarche. Un besoin de faire un retour aux origines, à ces temps premiers, avant que le cinéma ne soit rattrapé par le monde industriel, de faire revivre un mythe fondateur, celui du cinéma forain ou du cinéaste artisan et saltimbanque. Il s'exprime aussi semble-t-il, du côté des spectateurs, une recherche d'un autre rapport aux oeuvres cinématographiques et à ceux qui les font.

Ces associations travaillent parallèlement au circuit des salles Art et Essais, à cause notamment des problèmes de formats,  le 35 mm adapté au marché, restant encore dans la grande majorité des cas le seul format  projeté dans ces salles. Comment alors financer une copie 35 mm ou un kinescopage (Vidéo vers cinéma), lorsque vous pratiquez le super-8 , le 16 mm ou la vidéo de manière indépendante? Les problèmes de formats posent ici une vraie question économique (car ce sont des démarches très coûteuses) concernant la post-production de ces films ou l’adaptation des salles au double format cinéma et vidéo ; pourquoi la plupart des salles restent-elles à l’unique format cinéma alors qu’il y a une explosion de la création via l’outil vidéo, aujourd’hui notamment dans le documentaire ?…

Ainsi, nous prolongerons cet état des lieux en nous questionnant sur ces lieux de diffusion alternatifs, en se demandant comment ils peuvent se situer par rapport aux réseaux existants, s'il est nécessaire ou souhaitable de les fédérer, et comment.

 

>>>>>>>>>>>>>COMMUNIQUE DES CHANTIERS