Pour rĂ©nover lâenseignement
supérieur parisien
Faire de Paris la plus belle métropole universitaire
du monde, câest possible !
Rapport final
FĂ©vrier 2010
Rapport Ă Madame la Ministre
de lâEnseignement supĂ©rieur et de la Recherche
remis par Bernard Larrouturou
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Faire de Paris la plus belle mĂ©tropole universitaire du monde, câest possible !
Rapport Ă Madame la Ministre
de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche
remis par Bernard Larrouturou
Rapport final
10 février 2010
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Faire de Paris la plus belle mĂ©tropole universitaire du monde, câest possible !
SOMMAIRE
PRĂAMBULE
SYNTHĂSE
VERSION RĂSUMĂE
1. UNE GRANDE AMBITION .................................................................................................................................. 1
1.1.
ĂLĂMENTS
DE
DIAGNOSTIC ....................................................................................................................... 1
1.2.
LES
PRINCIPAUX
OBJECTIFS ...................................................................................................................... 6
2. STRUCTURER LE DISPOSITIF DâENSEIGNEMENT SUPĂRIEUR FRANCILIEN AUTOUR DE
QUELQUES « UNIVERSITĂS CONFĂDĂRALES » DâENVERGURE MONDIALE ....................................... 7
2.1.
QUELQUES
EXEMPLES
ĂTRANGERS
ET
FRANĂAIS............................................................................... 7
2.2.
DES
PRES
Ă
PARIS :
POURQUOI ?
POUR
QUOI ?....................................................................................... 7
2.3.
LES
PRES
ET
CAMPUS
EN
COURS
DE
CONSTITUTION......................................................................... 10
2.4.
AUTRES
ĂVOLUTIONS
DU
DISPOSITIF ................................................................................................... 16
3. FAIRE DE LA VIE ĂTUDIANTE UNE GRANDE PRIORITĂ ...................................................................... 21
3.1.
DĂVELOPPER
LâOFFRE
DE
LOGEMENT
ĂTUDIANT ............................................................................. 21
3.2.
AMĂLIORER
LES
AUTRES
ASPECTS
DE
LA
VIE
ĂTUDIANTE ............................................................. 26
3.3.
PARIS,
UNE
VILLE
OĂ
IL
FAIT
BON
VIVRE
POUR
LES
ĂTUDIANTS................................................... 30
4. MODERNISER LES BIBLIOTHĂQUES UNIVERSITAIRES PARISIENNES............................................ 33
4.1.
ĂLĂMENTS
DE
DIAGNOSTIC ..................................................................................................................... 33
4.2.
ORIENTATIONS
ET
RECOMMANDATIONS............................................................................................. 36
5. SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER : RĂUNIR LâENGAGEMENT DES ACTEURS POUR
RĂNOVER LE PAYSAGE ET LES CAMPUS UNIVERSITAIRES PARISIENS ............................................ 43
5.1.
DES
ENJEUX
IMPORTANTS
ET
SENSIBLES ............................................................................................ 43
5.2.
OBJECTIFS
ET
VISION
DâENSEMBLE
DU
PAYSAGE
PARISIEN........................................................... 44
5.3.
ESQUISSES
DE
SCHĂMA
DIRECTEUR
IMMOBILIER ............................................................................. 46
5.4.
INVESTISSEMENTS
IMMOBILIERS
PRIORITAIRES............................................................................... 54
5.5.
PERSPECTIVE
FINANCIĂRE....................................................................................................................... 56
6. PILOTER LâĂVOLUTION DU DISPOSITIF ET ACCOMPAGNER LES ĂTABLISSEMENTS .............. 59
6.1.
DE
LâAUTONOMIE
DES
UNIVERSITĂS..................................................................................................... 59
6.2.
PILOTER
LâĂVOLUTION
DU
DISPOSITIF
FRANCILIEN......................................................................... 60
6.3.
METTRE
EN
ĆUVRE
LE
SCHĂMA
DIRECTEUR
IMMOBILIER ............................................................. 64
CONCLUSION.......................................................................................................................................................... 69
TABLE DES ANNEXES .......................................................................................................................................... 71
RĂCAPITULATION DES RECOMMANDATIONS.......................................................................................... 123
INDEX...................................................................................................................................................................... 127
TABLE DES SIGLES ............................................................................................................................................. 129
iv
Tous mes remerciements vont à Monique Ronzeau pour son aide si précieuse tout au long de
cette mission.
Merci aussi Ă tous ceux, trĂšs nombreux, qui mâont apportĂ© leur soutien, et Ă tous mes
interlocuteurs pour la qualitĂ© et lâintĂ©rĂȘt de nos Ă©changes.
v
PRĂAMBULE
La mission que mâa confiĂ©e en dĂ©cembre 2008 Madame ValĂ©rie PĂ©cresse, ministre de lâenseignement
supĂ©rieur et de la recherche, sâinscrit dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus. Cette opĂ©ration vise Ă
sélectionner sur le territoire national quelques sites universitaires sur lesquels des investissements
immobiliers dâimportance seront rĂ©alisĂ©s en appui Ă une dynamique de structuration des activitĂ©s
dâenseignement supĂ©rieur et de recherche (ES&R). Depuis lâĂ©tĂ© 2008, Paris intramuros a Ă©tĂ© choisi
comme un des sites de lâOpĂ©ration Campus, aux cĂŽtĂ©s de onze sites â sĂ©lectionnĂ©s en 2008 ou dĂ©but
2009 : Saclay et le Campus Condorcet en Ile-de-France, et neuf sites en région. De plus, une mission
dâaudit rĂ©alisĂ©e Ă lâautomne 2008 par lâInspection gĂ©nĂ©rale des finances, lâInspection gĂ©nĂ©rale de
lâadministration de lâĂ©ducation nationale et de la recherche et le Conseil gĂ©nĂ©ral de lâenvironnement et du
dĂ©veloppement durable, Ă la demande de la ministre, a mis en lumiĂšre les grandes difficultĂ©s liĂ©es Ă
lâĂ©clatement et au dĂ©labrement de lâimmobilier universitaire parisien, et insistĂ© sur le fait que les Ă©tudiants
parisiens sont les premiers touchés par ces difficultés.
Ma lettre de mission de dĂ©cembre 2008 distinguait deux volets complĂ©mentaires (voir lâAnnexe 1) :
1.
proposer, en lien Ă©troit avec lâensemble des acteurs concernĂ©s â collectivitĂ©s locales et Ă©tablissements
â un schĂ©ma directeur pour lâenseignement supĂ©rieur Ă Paris, appuyĂ© sur les projets pĂ©dagogiques
et scientifiques des Ă©tablissements, incluant des recommandations sur :
lâamĂ©lioration des conditions de vie Ă©tudiante Ă Paris ;
la structuration et, le cas échéant, le regroupement des établissements dans la logique des pÎles
de recherche et dâenseignement supĂ©rieur (PRES) et de lâOpĂ©ration Campus ;
les opérations immobiliÚres prioritaires ;
2.
proposer un dispositif permettant de piloter, dans la durĂ©e, la mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur
retenu par lâĂtat, en lien avec les collectivitĂ©s locales, et dâaccompagner et de coordonner les
établissements dans le cadre de la loi sur les libertés et responsabilités des universités.
Le premier volet fait lâobjet des chapitres 2 Ă 5 de ce rapport. Le second fait lâobjet du chapitre 6.
Jâai remis Ă la ministre le 5 octobre 2009 un rapport intermĂ©diaire dont la publication a inaugurĂ© la
deuxiĂšme phase de ma mission (voir lâAnnexe 2), au cours de laquelle jâai eu lâoccasion de prĂ©senter mes
recommandations Ă lâensemble des acteurs et de recueillir leurs remarques. Cette pĂ©riode de
concertation a aussi permis de poursuivre les travaux menĂ©s avec les Ă©tablissements dâenseignement
supĂ©rieur et dâaffiner les rĂ©flexions sur certains sujets qui demandaient un complĂ©ment dâanalyse. Elle
sâachĂšve avec la remise de ce rapport final. LâAnnexe 3 prĂ©sente les principales Ă©volutions du texte
entre le rapport intermédiaire et le rapport final.
Deux remarques liminaires doivent ĂȘtre ajoutĂ©es :
Jâai vite rĂ©alisĂ© quâil Ă©tait indispensable de ne pas limiter mes rĂ©flexions au seul territoire de Paris.
La carte pĂ©dagogique ou scientifique pertinente, câest la carte francilienne et, que ce soit pour la
politique de partenariats des Ă©tablissements dâES&R ou pour le dĂ©veloppement du logement Ă©tudiant,
circonscrire lâĂ©tude Ă lâintĂ©rieur du boulevard pĂ©riphĂ©rique nâaurait pas de sens, surtout au moment oĂč
se dĂ©veloppent les rĂ©flexions sur le « Grand Paris » ou « Paris MĂ©tropole ». Câest pourquoi jâenglobe
parfois dans mes rĂ©flexions la pĂ©riphĂ©rie, voire lâIle-de-France, sans perdre de vue que Paris est le
cĆur de cible de ma mission.
Ce rapport nâest pas lâexposĂ© dâun travail menĂ© seul. Non seulement jâai rencontrĂ© un nombre Ă©levĂ©
de personnes (prĂšs de 250), souvent Ă plusieurs reprises. Mais aussi, jâai travaillĂ© en lien rĂ©gulier avec
le recteur de lâacadĂ©mie de Paris, jâai eu de nombreux Ă©changes avec la Ville de Paris et le Conseil
RĂ©gional dâIle-de-France, et jâai mis en place des groupes de travail avec des responsables
dâĂ©tablissements ainsi quâavec les directeurs des CROUS franciliens. Les propositions qui suivent
relÚvent pour une bonne part de ces travaux collectifs : sur de nombreux sujets, ma mission a été
lâoccasion de dĂ©velopper les dynamiques portĂ©es par les acteurs du dispositif dâenseignement
supĂ©rieur eux-mĂȘmes.
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SYNTHĂSE
Lâenseignement supĂ©rieur parisien a connu dans les derniĂšres dĂ©cennies un accroissement important de
ses effectifs Ă©tudiants ainsi que des Ă©volutions profondes des contenus des formations et des recherches, et
parfois des méthodes pédagogiques. Mais le dispositif est aussi resté figé dans son organisation,
prisonnier des cloisonnements érigés aprÚs 1968, et la communauté universitaire parisienne fait face à des
difficultĂ©s trĂšs lourdes. Toutefois, lâenseignement supĂ©rieur parisien conserve des atouts exceptionnels, et
il reste incontestablement la vitrine de toute lâactivitĂ© intellectuelle, scientifique et technologique de notre
pays.
En sâappuyant sur ces atouts, ce rapport propose dâengager, 40 ans aprĂšs la derniĂšre Ă©tape
significative, un plan dâenvergure pour rĂ©nover lâenseignement supĂ©rieur parisien. Cette rĂ©novation
implique dâavancer avec lâensemble des acteurs â avec les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur, leurs
personnels et leurs Ă©tudiants, et avec les collectivitĂ©s territoriales â dans plusieurs directions :
Le premier objectif est de construire Ă Paris â via des regroupements dâĂ©tablissements, et en
sâappuyant sur les exemples de grands pĂŽles universitaires Ă©trangers â un petit nombre de belles
« universités confédérales ». Appuyées chacune sur un projet pédagogique et scientifique
pluridisciplinaire, bùti conjointement par les établissements membres du groupement, mobilisées pour
accroĂźtre leur ouverture et leur attractivitĂ©, elles auront les plus grandes chances dâĂȘtre placĂ©es parmi
les meilleures en Europe.
Améliorer la vie étudiante à Paris est une priorité majeure et un devoir pour tous les responsables
de lâenseignement supĂ©rieur parisien. Il faut sur ce sujet un vĂ©ritable « changement de prisme », un
rééquilibrage de nos priorités. Les efforts à mener portent sur les conditions matérielles de la vie
Ă©tudiante â lieux de travail, logement, restauration, installations sportives â mais aussi sur tous les
aspects qui concernent la vie Ă©tudiante dans les politiques des Ă©tablissements dâenseignement
supérieur : lieux de vie, formation culturelle, ouverture des campus sur la ville, préparation à la vie
professionnelle, etc.
Il est indispensable aussi de moderniser le dispositif documentaire de lâenseignement supĂ©rieur
parisien, en se plaçant rĂ©solument dans lâoptique du dĂ©veloppement des services dâaccĂšs Ă la
documentation numĂ©rique, et en privilĂ©giant lâaccroissement du nombre des places de travail en
bibliothĂšques et lâaugmentation des fonds documentaires en accĂšs libre.
Enfin, il est impĂ©ratif dâengager un grand plan de rĂ©novation immobiliĂšre pour surmonter les
difficultés de la situation actuelle et redonner à chaque établissement une identité territoriale reposant
sur un ensemble cohĂ©rent et resserrĂ© dâimplantations, regroupĂ©es pour lâessentiel dans les grands
« quartiers universitaires » de la capitale. Rénover le paysage et les campus universitaires parisiens
procurera des bénéfices trÚs importants pour les activités pédagogiques et scientifiques, pour la vie
Ă©tudiante, et pour la visibilitĂ© et lâidentitĂ© des Ă©tablissements.
La rĂ©alisation de ce plan de rĂ©novation implique dâaccompagner et de responsabiliser chaque
Ă©tablissement pour mettre en Ćuvre son schĂ©ma directeur immobilier et bĂ©nĂ©ficier, sâil le souhaite, de
la dévolution des biens immobiliers. Elle implique aussi de construire avec la Ville de Paris et le
Conseil RĂ©gional une vision partagĂ©e du schĂ©ma directeur global de lâenseignement supĂ©rieur
parisien et francilien. Dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus et dâun plan conjoint avec les collectivitĂ©s
territoriales, il est possible de mener en dix ans, sans augmentation budgétaire, une trÚs belle
rĂ©novation du paysage de lâenseignement supĂ©rieur parisien !
Sur tous ces registres, des recommandations concrÚtes sont présentées dans le rapport. Des projets sont en
prĂ©paration, presque toujours Ă©laborĂ©s avec les acteurs de lâenseignement supĂ©rieur parisien eux-mĂȘmes,
et certains dâentre eux sont dĂ©jĂ finalisĂ©s. Un plan de rĂ©novation immobiliĂšre prĂ©cis est proposĂ©. Ces
recommandations, ces projets et ce plan permettent dâĂ©tayer solidement la grande ambition proposĂ©e ici :
que Paris soit en 2020 et pour les décennies suivantes la plus belle métropole universitaire du monde !
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VERSION RĂSUMĂE
1. UNE GRANDE AMBITION
Notre ambition pour rĂ©nover lâenseignement supĂ©rieur parisien doit se situer Ă la hauteur des difficultĂ©s Ă
surmonter et doit ĂȘtre solidement appuyĂ©e sur ses atouts. Il faut donc poser dâabord un diagnostic lucide
sur ces handicaps et ces atouts.
Sept principaux facteurs de difficultĂ©s pĂšsent sur lâenseignement supĂ©rieur parisien :
la grande taille et la complexité du dispositif, morcelé, cloisonné intellectuellement et trÚs peu
lisible, surtout pour les Ă©tudiants ;
la coupure entre universitĂ©s et grandes Ă©coles â plus vive Ă Paris que partout ailleurs en France â
qui crĂ©e entre les universitĂ©s et les « Ă©lites » un fossĂ© sans Ă©quivalent dans dâautres pays ;
un certain manque dâĂ©mulation et dâouverture liĂ© Ă la « position dominante » des Ă©tablissements
parisiens au sein du dispositif national : le « revers de la médaille parisienne » ;
les problĂšmes spĂ©cifiques du domaine des sciences de lâhomme et de la sociĂ©tĂ© â qui occupe une
place singuliĂšre dans lâenseignement supĂ©rieur parisien : Ă©tablissements sous-dotĂ©s en locaux et en
encadrement administratif, manque de liens avec les autres domaines scientifiques, relative faiblesse
de lâouverture europĂ©enne et internationale, difficultĂ©s pour lâinsertion professionnelle des Ă©tudiants ;
lâabsence de vision rĂ©gionale et la complexitĂ© de la prise de dĂ©cision politique en Ile-de-France ;
les contraintes trĂšs lourdes de la situation immobiliĂšre avec, pour la plupart des Ă©tablissements,
des implantations trÚs dispersées et des locaux en mauvais état, voire délabrés, et souvent sur-
occupés ;
les grandes difficultés de la vie étudiante à Paris : que ce soit pour les conditions de travail ou
dâaccĂšs aux ressources documentaires, pour le logement, la restauration ou la pratique sportive, il est
beaucoup plus difficile dâĂȘtre Ă©tudiant Ă Paris quâailleurs en France.
Mais lâenseignement supĂ©rieur parisien possĂšde aussi de magnifiques atouts :
la qualité des formations, reconnue internationalement dans de nombreux domaines ;
un rayonnement scientifique et intellectuel de premier plan, avec tous les attributs dâune trĂšs
grande place scientifique : des chercheurs de renom mondial, une position de « capitale mondiale »
dans certaines disciplines, et une « masse critique » dâĂ©quipes de recherche de niveau international ;
lâaura dâune des plus belles villes du monde, atout supplĂ©mentaire essentiel pour lâenseignement
supérieur parisien, notamment pour son attractivité.
Ces atouts permettent dâengager avec confiance une rĂ©novation dâenvergure de lâenseignement supĂ©rieur
parisien. Quarante ans aprĂšs la derniĂšre Ă©tape significative, nous pouvons et nous devons avoir lâambition
de faire de Paris la plus belle métropole universitaire du monde. Cette rénovation ambitieuse
sâarticule autour de cinq objectifs principaux :
Construire des « universitĂ©s confĂ©dĂ©rales » pluridisciplinaires, qui seront bien placĂ©es pour ĂȘtre
classées parmi les premiers pÎles universitaires européens.
Repenser la vie Ă©tudiante, lâintĂ©grer davantage dans la citĂ© et en amĂ©liorer les conditions
matérielles.
RĂ©nover le paysage universitaire de Paris en redonnant aux Ă©tablissements et aux pĂŽles
universitaires une identité territoriale reposant sur des implantations immobiliÚres cohérentes.
Faire de Paris la métropole universitaire la plus attractive du monde.
Refonder les relations et les modes de travail des acteurs â Ătat, collectivitĂ©s territoriales,
Ă©tablissements â pour crĂ©er les conditions de la responsabilisation et de lâengagement
indispensables Ă la rĂ©ussite de la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien.
2. STRUCTURER LE DISPOSITIF DâENSEIGNEMENT SUPĂRIEUR FRANCILIEN AUTOUR DE
QUELQUES « UNIVERSITĂS CONFĂDĂRALES » DâENVERGURE MONDIALE
La structuration du dispositif dâenseignement supĂ©rieur parisien via la constitution de pĂŽles de recherche
et dâenseignement supĂ©rieur (PRES) Ă©tait une prioritĂ© de ma mission.
x
Quatre objectifs principaux sont identifiés pour la construction de PRES à Paris et en Ile-de-France :
bùtir un projet intellectuel, pédagogique et scientifique commun aux établissements membres du
PRES, et une ambition commune de créer pour la communauté universitaire concernée un
environnement intellectuel plus riche, plus pluridisciplinaire, plus ouvert ;
apporter des bĂ©nĂ©fices substantiels concernant la lisibilitĂ© du dispositif dâenseignement supĂ©rieur
francilien, surtout pour les étudiants, et la visibilité internationale du PRES et des établissements ;
construire des synergies fortes entre Ă©tablissements en matiĂšre de mutualisation de services et de
fonctions support,
contribuer à surmonter la coupure entre universités et écoles en favorisant un enrichissement
mutuel au sein du PRES entre établissements ayant des spécificités et des forces différentes.
En bref, il sâagit, en sâappuyant sur quelques exemples de pĂŽles universitaires Ă©trangers et de PRES
français, de construire à Paris de grandes universités confédérales qui seront trÚs bien placées au
niveau international â et non de chercher Ă rĂ©aliser des fusions dâĂ©tablissements.
Trois PRES impliquant des universités parisiennes ont pris forme au cours des 12 derniers mois :
Le projet de PRES nommé « Université Paris Cité » est porté par les universités Paris 3, Paris 5, Paris
7, SciencesPo, lâInalco, lâInstitut de physique du globe et lâĂcole des hautes Ă©tudes en santĂ© publique
(membres fondateurs) et Paris 13 (membre associé). Il est finalisé, et le décret approuvant sa création
sera publié dans les prochains jours.
Le projet de PRES nommĂ© provisoirement HESAM (pour « Hautes Ă©tudes â Sorbonne â Arts et
mĂ©tiers ») regroupe lâUniversitĂ© Paris 1, le Conservatoire national des arts et mĂ©tiers, lâĂcole
française dâextrĂȘme-orient, lâĂcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales, Arts et mĂ©tiers ParisTech,
lâĂcole pratique des hautes Ă©tudes, lâĂcole supĂ©rieure de commerce de Paris (membres fondateurs) et
lâInstitut national dâhistoire de lâart (membre associĂ©). Le travail sur le programme dâactions
communes du PRES est bien avancé.
Enfin, un troisiĂšme projet de PRES est portĂ© par les universitĂ©s Paris 2, Paris 4 et Paris 6. Le chemin Ă
parcourir pour construire ce PĂŽle est diffĂ©rent car ces universitĂ©s nâont aucun recouvrement dans leurs
domaines de compĂ©tences. Toutefois, elles ont dĂ©jĂ des coopĂ©rations, quâil est encore nĂ©cessaire
dâĂ©tendre et dâapprofondir, et un potentiel intĂ©ressant est rĂ©uni pour constituer un PRES.
La dynamique est donc engagĂ©e pour constituer Ă Paris trois beaux PRES ; lâun dâeux est dĂ©jĂ finalisĂ©, et
un au moins des deux autres devrait lâĂȘtre rapidement.
De plus, le CollĂšge de France, Chimie ParisTech, lâĂcole normale supĂ©rieure, lâESPCI ParisTech, le
MusĂ©um national dâhistoire naturelle et lâObservatoire de Paris proposent un autre projet de groupement.
Il sâagit dâun « Campus » et non dâun PRES : ces Ă©tablissements, qui appuient leur politique de formation
sur le développement de masters et doctorats cohabilités avec les universités, comptent amplifier leurs
synergies de proximité, notamment la structuration commune de leurs activités de recherche.
Finaliser la structuration de lâenseignement supĂ©rieur parisien autour de ces trois PRES sera une Ă©tape
essentielle. Mais il faut aussi mener dans les prochaines annĂ©es dâautres Ă©volutions importantes :
construire avec les établissements et les collectivités territoriales une vision globale de
lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche en Ile-de-France, et travailler avec eux sur les
principales questions qui se posent Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale : Ă©volution de la carte rĂ©gionale des
formations et de la recherche, équilibre entre Paris et périphérie, etc. ;
poursuivre le travail pour structurer lâenseignement supĂ©rieur francilien autour de quelques
pÎles universitaires « visibles de Shanghai » et placés parmi les meilleurs en Europe, avec
lâobjectif que chacun de ces pĂŽles rĂ©unisse universitĂ©s et grandes Ă©coles ;
accroĂźtre lâouverture des universitĂ©s vers le monde Ă©conomique et vers lâensemble de la sociĂ©tĂ©, et
continuer Ă augmenter leurs efforts en matiĂšre de valorisation de la recherche ;
amplifier lâengagement des PRES et des Ă©tablissements parisiens et franciliens dans la
construction de lâespace europĂ©en de la recherche ;
renforcer les actions menĂ©es pour accroĂźtre lâattractivitĂ© de chaque PRES et chaque Ă©tablissement, en
vue de faire de Paris la métropole universitaire la plus attractive pour les étudiants et
chercheurs Ă©trangers.
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3. FAIRE DE LA VIE ĂTUDIANTE UNE GRANDE PRIORITĂ
Les difficultĂ©s de la vie Ă©tudiante Ă Paris sont aigĂŒes, et lâattention qui leur est accordĂ©e est souvent trĂšs
insuffisante. Il faut ici un vĂ©ritable changement dâapproche : amĂ©liorer la vie Ă©tudiante Ă Paris est une
prioritĂ© et un devoir qui sâimpose instamment Ă tous les responsables de lâenseignement supĂ©rieur
parisien.
La premiÚre priorité concerne le développement du logement social étudiant, pour lequel on est
encore dans une situation de dĂ©ficit dâoffre considĂ©rable. Le sujet ne doit pas ĂȘtre traitĂ© sur le seul
territoire parisien mais Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale, car ce nâest pas en se limitant Ă Paris intra-muros quâon
pourra développer les solutions à la hauteur des besoins des étudiants des établissements parisiens. Les
obstacles Ă surmonter sont nombreux, et une action concertĂ©e et rĂ©solue de lâensemble des pouvoirs
publics â Ătat, Conseil RĂ©gional, Conseils GĂ©nĂ©raux dont la Ville de Paris â est indispensable. La
finalisation du « schéma directeur du logement étudiant en Ile-de-France », sous la responsabilité du
Conseil RĂ©gional, a Ă©tĂ© une Ă©tape utile, mais il faut maintenant rĂ©unir lâengagement des acteurs pour bĂątir
un plan ambitieux de construction de résidences universitaires à Paris et en périphérie. Des
propositions concrĂštes sont prĂ©sentĂ©es dans le rapport et un certain nombre dâopportunitĂ©s fonciĂšres sont
identifiées. En particulier, le rapport recommande de bùtir un plan conjoint de développement du
logement social Ă©tudiant entre lâĂtat et les collectivitĂ©s territoriales, avec lâobjectif dâouvrir 12 000
nouveaux logements sur Paris dâici Ă 2020.
Par ailleurs, la Cité internationale universitaire de Paris propose sur son site du boulevard Jourdan une
offre complĂ©mentaire au logement social Ă©tudiant, mais dont le dĂ©veloppement est bloquĂ© depuisâŠ
1968 ! Un accord avec la Ville de Paris doit ĂȘtre conclu dans les prochains mois pour dĂ©bloquer la
situation et permettre dâengager rapidement la construction de plus de 1 000 nouveaux logements sur le
site de la Cité internationale.
Les autres aspects de la vie Ă©tudiante mĂ©ritent aussi une grande attention et des plans dâactions concrĂštes.
En particulier, il faut :
amĂ©liorer la lisibilitĂ© de lâoffre de formations ;
accroĂźtre lâoffre de lieux de travail â individuel ou collectif â proposĂ©s aux Ă©tudiants ;
lancer un plan de développement de la restauration universitaire ;
réhabiliter certaines installations sportives universitaires, développer la coordination des
établissements pour favoriser la pratique sportive, et étudier la faisabilité de créer un nouveau
centre sportif interuniversitaire ;
élaborer un plan de développement des services universitaires de médecine préventive et de
promotion de la santé.
Plus largement, il est nĂ©cessaire que lâensemble des acteurs â Ătat, collectivitĂ©s territoriales,
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur et CROUS, principalement â poursuivent une politique active
pour faire de Paris une ville oĂč les Ă©tudiants seront plus et mieux intĂ©grĂ©s dans la vie de la citĂ© ; en un
mot, une ville oĂč il fait bon vivre pour les Ă©tudiants. Les pistes dâamĂ©lioration sont nombreuses :
dĂ©velopper les services auxquels donne accĂšs la « carte de lâĂ©tudiant parisien », proposer davantage de
« lieux de vie » aux Ă©tudiants et amplifier lâoffre de « formation culturelle » au sein des Ă©tablissements,
accroĂźtre lâouverture des universitĂ©s et Ă©coles vers la ville, Ă©laborer des mesures permettant aux Ă©tudiants
â ou aux boursiers â de surmonter une part des obstacles liĂ©s au coĂ»t de la vie si Ă©levĂ© Ă Paris, etc.
4. MODERNISER LES BIBLIOTHĂQUES UNIVERSITAIRES PARISIENNES
La richesse des fonds documentaires de lâenseignement supĂ©rieur parisien est considĂ©rable, et
plusieurs projets de nouvelles bibliothÚques ont été réalisés ces derniÚres années ou sont en cours.
Cependant, les bibliothÚques universitaires et interuniversitaires parisiennes rencontrent des difficultés
trĂšs aigĂŒes : manque de places de travail pour les Ă©tudiants ; ouverture insuffisante en soirĂ©e, durant le
week-end et pendant les vacances ; magasins en limite de capacité ; explosion des coûts de la
documentation numérique ; etc.
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Un ambitieux plan de modernisation des bibliothĂšques universitaires parisiennes est donc
nĂ©cessaire. Il doit sâinscrire pleinement dans la perspective du dĂ©veloppement des services dâaccĂšs Ă la
documentation numĂ©rique, et sâarticuler autour des objectifs suivants :
inciter les Ă©tablissements Ă dĂ©velopper lâoffre de livres et pĂ©riodiques en accĂšs libre et accroĂźtre le
nombre de places en bibliothĂšques, en localisant Ă distance une partie de leurs collections et en
garantissant un bon accÚs aux ressources stockées à distance ;
accroĂźtre les horaires et les pĂ©riodes dâouverture des bibliothĂšques ;
dĂ©velopper lâaccĂšs Ă la documentation numĂ©rique, sur place et Ă distance, et la formation Ă la
recherche dâinformations numĂ©riques ;
mettre en Ćuvre dans chaque Ă©tablissement un plan de regroupement des ressources documentaires
dispersées ;
et resserrer les liens entre la politique documentaire et les politiques de formation et de recherche des
Ă©tablissements et de leurs composantes.
En outre, il est nécessaire de veiller à donner les moyens de la réussite aux bibliothÚques ouvertes
rĂ©cemment ou en projet, de relancer une politique de prĂȘt interbibliothĂšques, de mettre en place une
meilleure coordination des acteurs dans le domaine documentaire, et enfin de rénover le statut des
bibliothĂšques interuniversitaires.
5. SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER : RĂUNIR LâENGAGEMENT DES ACTEURS POUR
RĂNOVER LE PAYSAGE ET LES CAMPUS UNIVERSITAIRES PARISIENS
Mettre en Ćuvre un schĂ©ma directeur immobilier pour lâenseignement parisien est indispensable pour
surmonter les difficultés de la situation immobiliÚre actuelle et pour redonner à chaque PRES ou
Ă©tablissement une identitĂ© territoriale reposant sur un ensemble cohĂ©rent et resserrĂ© dâimplantations.
Mais câest aussi trĂšs sensible et difficile : les Ă©quipes et les Ă©tablissements sont trĂšs attachĂ©s Ă leurs
locaux â surtout aux plus prestigieux â et lâhistoire des changements dâimplantations universitaires dans
Paris au cours des derniÚres années est émaillée de nombreux exemples de retards, de surcoûts et de non
respect des engagements pris. Il faut donc dâune part bĂątir un plan de rĂ©novation immobiliĂšre qui soit Ă
la fois crĂ©dible et motivant, dâautre part rĂ©unir et formaliser lâengagement de tous les acteurs pour
assurer la rĂ©ussite de la mise en Ćuvre de ce plan.
Les principaux objectifs du plan de rénovation immobiliÚre présenté dans le rapport sont les suivants :
améliorer la vie étudiante ;
mettre en Ćuvre pour chaque Ă©tablissement ou chaque PRES un « plan de regroupement de ses
implantations immobiliÚres » en vue de redonner une cohérence à ses implantations en les
regroupant sur un petit nombre de sites aussi rapprochés que possible ;
et réhabiliter un certain nombre de bùtiments en mauvais état.
Le plan de rĂ©novation sâappuie sur quelques opportunitĂ©s fonciĂšres disponibles Ă proximitĂ© des
quartiers universitaires, et sur la cession de locaux de petite taille. Il prévoit, pour les établissements
dâenseignement supĂ©rieur les plus dispersĂ©s, de parvenir en moins de dix ans Ă 45 sites environ au lieu
de 130 aujourdâhui â sans rĂ©duction de surfaces, et avec des avantages trĂšs importants pour la vie
intellectuelle et pour la vie Ă©tudiante, ainsi que pour lâentretien et les coĂ»ts des locaux. Il intĂšgre
Ă©galement un plan dâamĂ©lioration des capacitĂ©s de gestion immobiliĂšre de chaque PRES ou Ă©tablissement,
et sâinscrit dans la perspective de dĂ©volution des biens immobiliers â Ă moyen terme â aux universitĂ©s qui
en ont fait ou en feront la demande. Le rapport propose aussi dâouvrir la rĂ©flexion sur le sujet trĂšs sensible
de la Sorbonne.
Une estimation financiĂšre aussi dĂ©taillĂ©e que possible a Ă©tĂ© Ă©tablie. Elle montre que lâensemble du plan
de rĂ©novation proposĂ© peut ĂȘtre menĂ© Ă bien sans augmentation budgĂ©taire : dans le cadre de
lâOpĂ©ration Campus, en construisant un plan conjoint avec les collectivitĂ©s territoriales, il est possible de
mener en dix ans une trĂšs belle rĂ©novation du paysage de lâenseignement supĂ©rieur parisien !
xiii
6. PILOTER LâĂVOLUTION DU DISPOSITIF ET ACCOMPAGNER LES ĂTABLISSEMENTS
Comme lâĂ©nonçait ma lettre de mission de dĂ©cembre 2008, il est nĂ©cessaire de « piloter dans la durĂ©e la
mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur qui sera retenu par lâĂtat » et « dâaccompagner et de coordonner les
Ă©tablissements ». De trĂšs nombreux exemples â pas seulement liĂ©s aux sujets immobiliers â montrent
combien il est impératif, pour mener les évolutions proposées, de mettre en place un dispositif de
pilotage et de coordination bien adapté.
Le dispositif proposé repose sur les principes suivants :
renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche (MESR)
en Ile-de-France et accroßtre la coordination entre les trois académies,
amplifier la concertation avec les collectivités territoriales,
et responsabiliser lâensemble des acteurs, via des engagements contractuels et des exigences de
transparence accrue.
La nĂ©cessitĂ© de renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du MESR en Ile-de-France â largement reconnue â porte
sur quatre grandes missions :
la coordination des acteurs â Ătat, collectivitĂ©s territoriales, Ă©tablissements â concernant les
Ă©volutions de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche en Ile-de-France,
lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante,
la modernisation du dispositif documentaire,
et le pilotage de la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre.
Le principal « outil de pilotage » des Ă©volutions de lâenseignement supĂ©rieur francilien reste bien sĂ»r la
contractualisation quadriennale des Ă©tablissements. Son calendrier doit ĂȘtre amĂ©nagĂ© en vue de
synchroniser la dĂ©marche de contractualisation pour tous les Ă©tablissements franciliens â ou, au minimum,
pour tous ceux qui sont dans un mĂȘme PRES. La contractualisation doit prendre appui sur une vision
rĂ©gionale de la carte des formations et de la recherche, Ă©laborĂ©e au niveau dĂ©concentrĂ© avec lâensemble
des acteurs. Elle doit aussi accorder une importance accrue aux sujets qui sont essentiels pour réussir
la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien proposĂ©e dans ce rapport : renforcer la dynamique
des PRES, amĂ©liorer la place donnĂ©e aux jeunes scientifiques, amplifier lâouverture des Ă©tablissements au
monde Ă©conomique, accroĂźtre leur engagement dans la construction de lâespace europĂ©en de la recherche,
augmenter leur attractivité, moderniser leurs activités documentaires et, last but not least, améliorer la vie
Ă©tudiante.
Un dispositif spĂ©cifique est nĂ©cessaire pour rĂ©ussir la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre.
Le rapport recommande de mettre en place de façon transitoire un établissement public
dâamĂ©nagement universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France â Ăpaurif â qui sera chargĂ© dâune part
dâaccompagner les Ă©tablissements dans leur dĂ©marche de progrĂšs en matiĂšre de gestion immobiliĂšre et â
le cas Ă©chĂ©ant â dans la prĂ©paration de la dĂ©volution de leurs biens immobiliers, et dâautre part de piloter
la mise en Ćuvre du plan dĂ©cennal de rĂ©novation immobiliĂšre. CrĂ©Ă© par transformation de lâĂ©tablissement
qui est aujourdâhui chargĂ© de la rĂ©habilitation du campus de Jussieu, lâĂpaurif jouera aussi un rĂŽle central
dans la construction des Ă©quipements interuniversitaires de vie Ă©tudiante â logements, restaurants,
installations sportives â qui constituent la premiĂšre prioritĂ© du plan de rĂ©novation immobiliĂšre.
xiv
TROIS REMARQUES PRĂLIMINAIRES
Etrangement, une donnĂ©e importante est absente de ce rapport : il semble bien quâil nâexiste aucune
information disponible sur lâĂ©volution prĂ©visible Ă dix ans des effectifs Ă©tudiants Ă Paris et en Ile-
de-France !
Il existe une prĂ©vision des Ă©volutions des effectifs Ă©tudiants de lâensemble de lâenseignement supĂ©rieur
français pour la pĂ©riode 2007-2017, Ă©tablie par le MinistĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la
recherche (MESR). En résumé, les principales évolutions prévues durant ces dix ans sont les suivantes :
Une baisse dâenviron 7% du nombre dâĂ©tudiants dans lâensemble de lâenseignement supĂ©rieur, mais
sensiblement plus prononcĂ©e (- 13%) dans les universitĂ©s â hors IUT dont les effectifs resteraient
constants. Cette baisse est due à un effet démographique et à une baisse du taux de poursuite des
études aprÚs le baccalauréat.
Dans les universités, les prévisions à dix ans par groupes de disciplines font apparaßtre des évolutions
trÚs contrastées : une augmentation sensible des effectifs en santé (+ 24 %) et en droit (+ 15%), et des
baisses sensibles en Ă©conomie (- 20%), en sciences et STAPS (- 32 %), et en lettres et sciences
humaines (- 32%).
Les prévisions par cycle ne sont pas moins contrastées et préoccupantes : - 16% en licence, - 11% en
master, et - 32% en doctorat !
Cependant, les spécialistes interrogés mettent en garde contre toute tentative de projeter ces tendances
pour extrapoler des prĂ©visions dans une rĂ©gion donnĂ©e. Trop dâeffets spĂ©cifiques « locaux », non pris en
compte dans les modÚles de prévision « nationaux », rendraient ces projections dénuées de sens.
Notamment â ce sont toujours les spĂ©cialistes qui parlent â il est trĂšs possible que lâattractivitĂ©
spĂ©cifique des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisiens les prĂ©munisse contre toute baisse
des effectifs.
Comment nommer les universités parisiennes ? Selon leurs « noms de marque » (Panthéon-Sorbonne,
Panthéon-Assas, Sorbonne nouvelle, Paris-Sorbonne, etc.) ou selon leurs noms officiels ? Privilégiant la
lisibilitĂ©, jâutilise dans ce rapport les noms officiels : Paris 1, Paris 2, Paris 3, etc.
Dans le mĂȘme esprit â et au prix dâune lĂ©gĂšre incohĂ©rence â je dĂ©signe lâInstitut dâĂ©tudes politiques par
son nom de marque : SciencesPo. Je me permets aussi dâĂ©crire « Dauphine » au lieu du nom officiel
« Paris Dauphine ».
Enfin, je dĂ©signe par « universitĂ©s parisiennes » les huit universitĂ©s dont le siĂšge est situĂ© Ă Paris â et non
les treize universitĂ©s hĂ©ritiĂšres de lâUniversitĂ© de Paris.
Les chapitres 2 à 6 contiennent un certain nombre de Recommandations identifiées par un format
spĂ©cifique. Elles sont adressĂ©es Ă lâĂtat.
1
POUR RĂNOVER LâENSEIGNEMENT SUPĂRIEUR PARISIEN
1. UNE GRANDE AMBITION
Pour construire lâavenir de lâenseignement supĂ©rieur parisien et fixer les grands objectifs de son Ă©volution
au cours de la prochaine dĂ©cennie, il est indispensable de poser dâabord un diagnostic sans concession sur
ses difficultés actuelles, puis sur ses atouts.
1.1. ĂLĂMENTS DE DIAGNOSTIC
1.1.1. Sept facteurs de difficultĂ©s pĂšsent principalement sur lâenseignement supĂ©rieur parisien.
1.
Lâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien se caractĂ©rise dâabord par sa trĂšs grande taille.
LâIle-de-France compte environ 550 000 Ă©tudiants dans lâenseignement supĂ©rieur ; environ un quart des
Ă©tudiants et un tiers des doctorants du pays sont franciliens
1
. Paris représente à elle seule plus de la moitié
de lâIle-de-France, avec plus de 300 000 Ă©tudiants. Le dispositif est dâune grande complexitĂ©
institutionnelle : lâIle-de-France regroupe 17 universitĂ©s et plusieurs dizaines dâĂ©tablissements
dâenseignement supĂ©rieur, et Paris compte environ 25 Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur publics
dont 8 universités. Il est aussi morcelé, avec de nombreux établissements de petite taille. On peut ajouter
que, si des coopérations nombreuses et riches existent « à la base », pour la formation et pour la
recherche, il nâexiste pas de coordination des Ă©tablissements. Plus important encore, car ceci a des
conséquences sur le plan intellectuel, pédagogique et scientifique : le dispositif est trÚs cloisonné
intellectuellement. Si on rĂ©partit les activitĂ©s dâES&R dans les trois grands domaines de la connaissance
â les humanitĂ©s et sciences sociales, les sciences du vivant et les sciences exactes â les trois quarts des
établissements parisiens sont présents dans un seul de ces domaines. Une autre conséquence de cette
complexitĂ© frappe tout observateur qui regarde la globalitĂ© de lâenseignement supĂ©rieur parisien : sa
mauvaise lisibilitĂ©. En particulier, lâoffre des formations parisiennes est trĂšs peu lisible pour les
Ă©tudiants.
2.
Lâenseignement supĂ©rieur souffre Ă Paris, bien plus que partout ailleurs en France, de la coupure
entre universitĂ©s et grandes Ă©coles. Câest un grand classique français, entamĂ© il y a cinq siĂšcles avec la
création du CollÚge de France, intensifié avec celle des grandes écoles au XVIII
Ăšme
siĂšcle puis des
organismes de recherche au XX
Ăšme
siÚcle : chaque prise de conscience par la nation de la nécessité de
dĂ©velopper des activitĂ©s dâES&R pour lesquelles lâapport des universitĂ©s est jugĂ© insuffisant se traduit par
le choix de crĂ©er Ă cĂŽtĂ© dâelles â au lieu de les renforcer ou de les rĂ©former â des institutions spĂ©cifiques
qui seront vite des concurrents, souvent mieux dotĂ©s. Il ne sâagit pas ici de nier les succĂšs quâont obtenus
et quâobtiennent les Ă©coles ou les organismes, mais il faut ĂȘtre conscient des handicaps dont ont hĂ©ritĂ© les
universitĂ©s. Ces handicaps sont importants, tout dâabord, en termes dâorientation des meilleurs Ă©tudiants
et en termes de cloisonnement intellectuel : beaucoup de formations supĂ©rieures â en architecture, en
commerce, en santĂ© publique, etc. â sont extĂ©rieures aux universitĂ©s en France, alors quâelles y sont
intégrées dans la majorité des pays comparables. Mais les conséquences les plus criantes de ces systÚmes
parallÚles sont sociologiques : les universités ont des liens trÚs faibles avec les entreprises ou la haute
administration. Ce fossĂ© culturel entre les universitĂ©s et les « Ă©lites » nâa pas dâĂ©quivalent dans dâautres
pays.
3.
Paris est la fois la plus grande agglomération du pays et sa capitale économique et politique, mais
aussi sa capitale scientifique, culturelle et intellectuelle. Il faut chercher loin pour trouver un pays
comparable dans lequel une mĂȘme ville « domine » sur lâensemble de ces registres, et aussi nettement.
Les meilleures universitĂ©s britanniques ne sont pas londoniennes ; ni Washington, ni Berlin, ni mĂȘme
Tokyo ne jouent un rĂŽle aussi proĂ©minent que Paris. Cette situation sâaccompagne bien sĂ»r dâatouts
prĂ©cieux pour les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisiens, mais la mĂ©daille parisienne a son
revers, notamment pour les activités de recherche. Cette position de primauté nationale, sur le
1
La concentration de lâenseignement supĂ©rieur dans la rĂ©gion capitale nâest aussi marquĂ©e dans aucun pays voisin.
Par exemple, la région de Londres rassemble un sixiÚme des étudiants britanniques et un cinquiÚme des doctorants.
2
piĂ©destal de « lâomni-capitale » dâun pays qui se considĂšre comme un grand pays, et le poids du systĂšme
de valeurs et de notabilité du microcosme parisien se traduisent parfois par un certain manque
dâouverture et dâĂ©mulation. Certes, Paris compte dans tous les domaines des scientifiques du meilleur
niveau mondial, investis dans des coopĂ©rations internationales dâexcellence. Mais il reste que les
sentiments de « nâĂȘtre pas arrivĂ© » et de devoir se mobiliser pleinement pour accroĂźtre lâattractivitĂ© des
Ă©tablissements et construire lâespace europĂ©en de la recherche sont moins prĂ©sents Ă Paris que dans la
majoritĂ© des meilleurs centres universitaires français â sans parler de ceux des pays voisins. Autre revers
de la médaille, Paris étant le principal attracteur des ténors de la communauté scientifique française, il y
est plus difficile de placer des jeunes chercheurs ou enseignants-chercheurs prometteurs en situation
dâexercer un leadership scientifique : cette place insuffisante donnĂ©e aux jeunes scientifiques dans la
conduite et le renouvellement des activités de recherche, parfois décourageante pour les générations
concernĂ©es, reprĂ©sente une perte de dynamisme dommageable pour lâES&R parisien et un grave dĂ©ficit
pour son avenir.
4.
On ne peut Ă©voquer le dispositif dâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien sans mentionner
la place trÚs importante des humanités et sciences sociales, et les spécificités et handicaps propres de
ce domaine. Ă Paris, le domaine des sciences humaines et sociales (SHS) â au sens large, en y incluant les
lettres et les langues, ainsi que le droit, la gestion et les sciences politiques ou Ă©conomiques â compte 2,25
fois plus dâĂ©tudiants que les autres domaines scientifiques, alors que ce ratio est proche de 2 pour lâIle-de-
France et de 1,5 pour lâensemble des autres rĂ©gions. Les SHS sont trĂšs prĂ©sentes Ă Paris, et les SHS
parisiennes sont une grande part des SHS françaises.
La premiÚre spécificité des SHS, à Paris, concerne leur situation matérielle : elles sont sous-dotées en
locaux et en encadrement administratif. Cette situation a des conséquences importantes pour
lâenseignement et pour la recherche. Lâabsence de bureaux pour les enseignants limite fortement les
contacts entre enseignants et Ă©tudiants ; nombre de laboratoires ne disposent dâaucune surface qui
permette dâorganiser un lieu de travail collectif et de vie intellectuelle partagĂ©e entre les chercheurs,
enseignants-chercheurs et doctorants : parfois une bibliothĂšque, parfois un seul bureau, parfois
seulement une boßte aux lettres ! Cette situation matérielle indigente est source de gùchis intellectuel,
elle accroĂźt lâĂ©miettement et lâĂ©clatement des communautĂ©s disciplinaires, rĂ©duit lâattachement des
enseignants-chercheurs Ă leur Ă©tablissement et pousse Ă lâindividualisme
2
.
Une autre spécificité des SHS, notamment parisiennes, est leur manque de lien avec les autres
domaines scientifiques : sciences du vivant et sciences exactes. Les Universités Paris 5 et Paris 7,
qui sont prĂ©sentes chacune dans les trois domaines de la connaissance, ne comptent ensemble quâun
sixiĂšme des Ă©tudiants parisiens en SHS : plus de 80% des Ă©tudiants parisiens en SHS travaillent donc
au sein dâĂ©tablissements exclusivement â ou presque exclusivement â consacrĂ©s aux SHS. Ce
cloisonnement institutionnel, hĂ©ritĂ© de lâĂ©clatement de lâUniversitĂ© de Paris en 1971, est un handicap
trĂšs lourd aujourdâhui, oĂč les enjeux interdisciplinaires Ă lâinterface entre les SHS et les autres
domaines scientifiques sont partout identifiés comme prioritaires, pour la formation comme pour la
recherche. Tisser des liens entre les SHS et les autres domaines scientifiques est non seulement
précieux pour nombre de disciplines de SHS, mais aussi pour les sciences du vivant et les sciences
exactes â qui ont un besoin croissant des apports de lâĂ©conomie, du droit, de la sociologie et de bien
dâautres sciences humaines et sociales.
Pendant longtemps, en France comme dans dâautres pays, lâactivitĂ© intellectuelle dâune grande part
des SHS sâest inscrite essentiellement dans un cadre national. Le poids des spĂ©cificitĂ©s nationales â
Ă©videntes en droit ou en littĂ©rature, mais prĂ©sentes aussi dans dâautres disciplines des SHS â et la part
importante des publications en langues vernaculaires font que les échanges européens et
internationaux sây sont souvent dĂ©veloppĂ©s plus tardivement que dans les autres domaines.
2
Il faut ĂȘtre conscient que ce tableau, dĂ©jĂ bien gris, a toutes les chances dâĂȘtre encore noirci dans une dizaine ou
une quinzaine dâannĂ©es. Aujourdâhui, la majoritĂ© des professeurs des universitĂ©s parisiennes font partie dâune
gĂ©nĂ©ration qui a eu souvent la chance de pouvoir « accĂ©der Ă la propriĂ©tĂ© ». Une part significative dâentre eux
résident à Paris, dans des quartiers peu éloignés de leur université, et ont un bureau voire une bibliothÚque à leur
domicile : ils ont pu ainsi sâaccommoder en partie des difficultĂ©s matĂ©rielles de leur Ă©tablissement, et contribuer Ă
maintenir une activité intellectuelle à proximité de celui-ci. Les difficultés seront nettement accrues dans 10 ou 15
ans lorsque cette gĂ©nĂ©ration sera partie Ă la retraite, si la situation matĂ©rielle des Ă©tablissements nâĂ©volue pas dâici lĂ .
3
Aujourdâhui encore, en France, alors que le systĂšme dâĂ©valuation comparative internationale est trĂšs
prégnant dans les domaines des sciences exactes et des sciences du vivant, et dans quelques
disciplines des SHS comme lâĂ©conomie, la plupart des disciplines SHS vivent dans un systĂšme de
référence national. En conséquence, les SHS françaises, et notamment parisiennes, sont mal préparées
aux Ă©volutions inĂ©luctables qui sont en cours : lâessor des programmes de coopĂ©ration europĂ©ens et
internationaux et le dĂ©veloppement dâune logique dâĂ©valuation comparative internationale qui va
sâimposer progressivement dans une majoritĂ© de disciplines des SHS, malgrĂ© les difficultĂ©s
intrinsĂšques qui lâont freinĂ© jusquâici. Plusieurs observateurs français ou Ă©trangers, investis dans les
instances scientifiques des programmes europĂ©ens en SHS, mâont dit leur inquiĂ©tude devant la
faiblesse de lâouverture europĂ©enne et internationale de la communautĂ© SHS française, et leur
sentiment de lâurgence dâune rĂ©action forte pour faire face Ă ces enjeux, qui font peser une lourde
menace sur le rayonnement intellectuel des SHS françaises et parisiennes.
Enfin, la part importante des SHS dans lâenseignement supĂ©rieur parisien me conduit Ă Ă©crire
quelques mots sur les questions de formation, en lien avec les difficultĂ©s â plus grandes que dans les
autres domaines â que rencontrent les Ă©tudiants de ce domaine en matiĂšre dâinsertion professionnelle.
Mener une rĂ©flexion de fond sur les formations et les dĂ©bouchĂ©s â dans les carriĂšres dâenseignement
et de recherche mais aussi dans lâadministration et dans les entreprises â des Ă©tudiants qui sâengagent
dans un cursus universitaire en SHS est un chantier essentiel dans lequel les Ă©tablissements parisiens
se doivent dâĂȘtre en pointe.
5.
La difficulté à construire une vision régionale et la complexité de la prise de décision
politique en Ile-de-France ont constituĂ© dans les derniĂšres dĂ©cennies et constituent toujours aujourdâhui
un handicap majeur pour lâenseignement supĂ©rieur parisien. Il ne sâagit pas ici de chercher Ă dĂ©gager des
responsabilitĂ©s entre les acteurs de lâenseignement supĂ©rieur, les collectivitĂ©s territoriales et lâĂtat : elles
sont partagĂ©es. Pour ne citer que deux aspects, mentionnons que lâĂtat lui-mĂȘme rend difficile la mise en
place dâune politique de site puisque lâIle-de-France est la seule rĂ©gion oĂč la contractualisation â le
rendez-vous stratĂ©gique quadriennal â nâest pas synchronisĂ©e pour tous les Ă©tablissements franciliens, ni
mĂȘme parisiens. Et Ă©voquons aussi la faiblesse de lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© de lâĂtat : les acteurs parisiens
court-circuitent allĂšgrement le rectorat pour aller au ministĂšre â voire plus haut dans lâappareil de lâĂtat â
avec toutes les consĂ©quences que cela entraĂźne, et notamment des difficultĂ©s de relations entre lâĂtat et les
collectivitĂ©s territoriales. Alors que partout ailleurs en France â avec des rĂ©ussites inĂ©gales, certes â les
acteurs de lâES&R, les collectivitĂ©s territoriales et les Ă©chelons dĂ©concentrĂ©s de lâĂtat ont pu insuffler des
dynamiques intĂ©ressantes, lâimbroglio des dĂ©cideurs politiques franciliens est la principale explication du
fait que, pour lâessentiel, le dispositif dâES&R parisien est figĂ© depuis 40 ans (depuis lâĂ©clatement de
lâUniversitĂ© de Paris en 1971)
3
: alors que les enjeux de lâenseignement supĂ©rieur ont beaucoup Ă©voluĂ©,
on nâobserve depuis 40 ans aucune Ă©volution importante ni sur le plan institutionnel ni au niveau du
paysage des implantations universitaires â Ă lâexception de lâinstallation rĂ©cente de lâUniversitĂ© Paris 7
sur le site de Paris Rive Gauche (PRG)
4
.
6.
La situation immobiliĂšre de lâenseignement supĂ©rieur parisien est trĂšs difficile
5
. La mission
dâaudit de lâimmobilier universitaire parisien rĂ©alisĂ©e Ă lâautomne 2008 a permis de dresser un Ă©tat des
lieux détaillé et de dégager les principales caractéristiques de la situation
6
.
3
Je me place ici sur le plan des Ă©volutions globales du dispositif dâES&R. Pour ce qui est de la recherche et de la
formation, Ă©videmment, des Ă©volutions trĂšs importantes ont eu lieu au sein des Ă©tablissements.
4
Un exemple mĂ©rite dâĂȘtre citĂ©. La citĂ© internationale universitaire de Paris (CIUP), boulevard Jourdan, est dĂ©diĂ©e Ă
lâaccueil dâĂ©tudiants et de chercheurs Ă©trangers â accueil dont chacun sait lâimportance. Câest une institution unique
en France, et un des trĂšs rares sites qui ressemble aux beaux campus universitaires dâautres pays. La CIUP a connu
un dĂ©veloppement rĂ©gulier pendant 40 ans, depuis sa crĂ©ation dans les annĂ©es vingt jusquâaux annĂ©es soixanteâŠ
mais aucun nouveau bĂątiment nâa Ă©tĂ© construit sur son site depuis 1968 ! Si on voulait soutenir la thĂšse â certes
exagĂ©rĂ©e â que le dispositif dâenseignement supĂ©rieur parisien est en panne depuis 1968, on ne trouverait pas plus
bel exempleâŠ
5
Ici, je me limite aux Ă©tablissements parisiens. La plupart des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur situĂ©s en
périphérie ont la chance de connaßtre une situation immobiliÚre moins difficile.
6
Dans cette prĂ©sentation de la situation immobiliĂšre, je mâen tiens Ă une description globale : je ne dĂ©taille pas la
situation de chaque Ă©tablissement alors que des diffĂ©rences trĂšs nettes existent â on les verra plus loin.
4
En premier lieu, les implantations immobiliĂšres des Ă©tablissements ayant leur siĂšge Ă Paris sont
extrĂȘmement Ă©clatĂ©es. Les implantations sont rĂ©parties sur 272 sites â parisiens pour la plupart, mais
parfois en périphérie ou en province. Beaucoup de sites sont trÚs petits : 110 sites ont une surface
infĂ©rieure Ă 1 000 mÂČ ! Beaucoup sont peu adaptĂ©s aux activitĂ©s quâils hĂ©bergent. Beaucoup
dâĂ©tablissements ont des implantations Ă©loignĂ©es de leurs siĂšges et dispersĂ©es dans Paris, voire dans
lâagglomĂ©ration parisienne. Bien sĂ»r, cet Ă©clatement rĂ©sulte des efforts quâont menĂ©s les
établissements pour faire face, avec des moyens limités et dans le contexte contraint de la situation
fonciĂšre parisienne, au dĂ©veloppement de leur activitĂ© et Ă ce que lâon a appelĂ© la « massification de
lâenseignement supĂ©rieur ». Mais, trĂšs souvent, il est aussi le rĂ©sultat dâune politique dâajustement
« au coup par coup », sans vision globale ni schéma directeur.
Des difficultés supplémentaires découlent du fait que les locaux sont souvent en mauvais état, et
parfois dĂ©labrĂ©s. Pour certains Ă©tablissements, câest le cas dâune majoritĂ© de leurs bĂątiments.
Certaines activités sont maintenues depuis plusieurs années malgré des avis défavorables répétés de la
commission prĂ©fectorale de sĂ©curitĂ©. Les Ă©tablissements parisiens sont Ă lâĂ©troit par rapport aux
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur dâautres rĂ©gions, et de nombreux locaux sont saturĂ©s voire
sur-occupés. Plusieurs sites universitaires parisiens sont indignes de notre pays.
Environ 15% des sites des Ă©tablissements parisiens sont imbriquĂ©s, câest-Ă -dire communs Ă plusieurs
Ă©tablissements. Parfois justifiĂ©es par des coopĂ©rations Ă©troites, ces imbrications, jointes Ă
lâĂ©clatement des implantations, contribuent Ă une perte dâidentitĂ© des Ă©tablissements. Pour
presque toute universitĂ© Ă lâĂ©tranger, voire en province, la cohĂ©rence de ses implantations
immobiliÚres contribue à son identité et favorise les interactions au sein de la communauté
universitaire, mais ce facteur dâidentitĂ© territoriale est inopĂ©rant Ă Paris. Câest surtout vrai pour les
sites les plus prestigieux â comme la Sorbonne â dont le prestige et lâhistoire pourraient ĂȘtre des
atouts prĂ©cieux pour le rayonnement de lâenseignement supĂ©rieur parisien. Mais les situations
dâimbrication actuelles crĂ©ent souvent une image brouillĂ©e.
MalgrĂ© lâapport trĂšs prĂ©cieux de la mission dâaudit, la connaissance encore insuffisamment prĂ©cise de
lâĂ©tat des lieux immobilier se conjugue avec les imbrications et avec la complexitĂ© des statuts
patrimoniaux des locaux pour aboutir Ă une situation oĂč les responsabilitĂ©s en matiĂšre de gestion
immobiliÚre sont trÚs partagées et parfois floues. La plupart des établissements manquent de
compétences en matiÚre de gestion immobiliÚre. Tout ceci, venant en complément des contraintes
fonciĂšres et financiĂšres, explique pourquoi les projets de rationalisation des implantations, de
rĂ©habilitations ou de constructions nouvelles prennent souvent du retard â ou nâaboutissent jamais.
La mauvaise situation immobiliĂšre des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisien a un coĂ»t
trÚs élevé. Certains établissements supportent des coûts de location importants. Et surtout,
lâĂ©clatement des implantations immobiliĂšres se traduit par des coĂ»ts de gestion (entretien,
maintenance, gardiennage, etc.) lourdement accrus.
Toutes ces difficultĂ©s ont des consĂ©quences trĂšs lourdes sur la vie quotidienne â voire sur
lâimplication des personnels â au sein des Ă©tablissements. Sait-on quâon peut trouver des UFR
comptant plus de 1 500 Ă©tudiants et plus de 250 enseignants â en comptant les chargĂ©s de cours â
disposant en tout et pour tout dâun bureau minuscule pour le directeur dâUFR et dâune salle des
enseignants dâune dizaine de mÂČ ?
7.
Enfin, et câest un point majeur : ceux qui souffrent le plus des difficultĂ©s de lâenseignement
supérieur parisien, ce sont les étudiants ! La liste est longue des registres de la vie étudiante pour
lesquelles les spécificités parisiennes sont des handicaps. Que ce soit
pour se repérer dans une offre de formations foisonnante et trÚs peu lisible,
pour suivre des cours dans de bonnes conditions matérielles,
pour trouver des lieux de travail, seul ou en groupe,
pour accéder à des ressources documentaires,
pour se loger,
pour se nourrir,
pour veiller sur sa santé ou se soigner,
pour faire du sport,
pour assister à des spectacles culturels ou sportifs à des coûts abordables,
il est nettement plus difficile dâĂȘtre Ă©tudiant Ă Paris quâailleurs en France !
5
Ces difficultĂ©s de la vie Ă©tudiante Ă Paris sont souvent trĂšs aigĂŒes. PlutĂŽt que dâen donner ici des
exemples â on en trouvera au chapitre 3 â il est important dâinsister sur le constat global et sur son
importance. Les auteurs du rapport dâaudit sur lâimmobilier universitaire parisien y insistaient aussi avec
force, en Ă©crivant que « lâĂ©tudiant demeure le grand absent des projets universitaires » parisiens ! De
fait, lâhistoire rĂ©cente de lâenseignement supĂ©rieur parisien montre que ce constat est pertinent et que,
bien souvent, les préoccupations et projets liés à la vie étudiante sont moins prioritaires que ceux qui
concernent, par exemple, la recherche.
Il y a lĂ un message essentiel pour tous les responsables qui joueront un rĂŽle dans les Ă©volutions de
lâenseignement supĂ©rieur parisien, quâils soient Ă la tĂȘte des Ă©tablissements et de leurs composantes ou
bien en position de responsabilitĂ© au niveau de lâĂtat ou des collectivitĂ©s territoriales. Il est indispensable
de « changer de prisme » : il faut rééquilibrer les priorités. Améliorer la vie étudiante doit désormais
ĂȘtre une prioritĂ© affirmĂ©e pour les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisiens.
1.1.2. Au cours des derniers mois, jâai rencontrĂ© des observateurs de pays voisins, bons connaisseurs du
monde acadĂ©mique français. Ils confirment les analyses prĂ©sentĂ©es ci-dessus sur lâenseignement
supérieur parisien :
un cloisonnement intellectuel entre les domaines scientifiques plus fort que dans beaucoup dâautres
pays,
un morcellement institutionnel qui brouille lâimage et rĂ©duit lâattractivitĂ© des Ă©tablissements,
un attachement faible des universitaires Ă leur propre Ă©tablissement, qui rend difficile de bĂątir des
projets collectifs au sein des universités,
des difficultés spécifiques liées à la prédominance et à la taille de la région capitale,
et enfin â pour ceux qui sâintĂ©ressent Ă ce domaine â une prĂ©occupation vive concernant les SHS :
plusieurs interlocuteurs mâont dit leur crainte dâun dĂ©clin dĂ©jĂ engagĂ© dans ce domaine par rapport Ă
lâĂ©poque florissante quâont connu les SHS parisiennes il y a quelques dĂ©cennies.
Tous ces observateurs étrangers soulignent aussi les grandes difficultés matérielles des universités
parisiennes, et leur manque de moyens par rapport aux meilleures universités des pays voisins. Mais
presque tous ces interlocuteurs disent aussi leur admiration pour la qualité des résultats obtenus
malgrĂ© le manque de moyens et la situation matĂ©rielle difficile. Certains collĂšgues europĂ©ens me lâont
dit avec force en teintant leur francophilie dâune touche de cynisme : « Heureusement que les universitĂ©s
parisiennes sont mal organisées et ont des conditions matérielles et financiÚres difficiles ; sinon, avec la
qualitĂ© de la formation et des chercheurs en France, elles seraient les meilleures dâEurope ! ».
Car les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisiens possĂšdent des atouts magnifiques. Dans de
nombreux domaines, la grande qualitĂ© des formations dispensĂ©es en France, et tout particuliĂšrement Ă
Paris, est internationalement reconnue. Elle est souvent citĂ©e Ă lâĂ©tranger comme un des plus robustes
atouts français dans la compétition intellectuelle et économique : les étudiants formés en France sont trÚs
apprĂ©ciĂ©s dans le monde entier. Pour ce qui concerne la recherche, Paris jouit dâun rayonnement
scientifique et intellectuel de premier plan. Paris, en y agglomérant la périphérie, est considérée comme la
capitale mondiale de certaines disciplines â le cas des mathĂ©matiques est sans doute lâexemple le plus
net de ce leadership mondial â et il serait bien difficile de trouver des disciplines dans lesquelles Paris ne
possÚderait pas de scientifiques ou intellectuels de renommée mondiale. Mais il y a beaucoup plus, et on
trouve Ă Paris tout ce qui fait une grande place scientifique et intellectuelle du meilleur niveau : non
seulement un ensemble dâindividualitĂ©s de renom mondial, mais aussi un vaste ensemble â on pourrait
Ă©crire : une « masse critique » â dâĂ©quipes de recherche reconnues internationalement dans leur spĂ©cialitĂ©,
avec une grande richesse dâapproches et de dĂ©marches scientifiques dans tous les domaines, avec des
filiĂšres qui forment de nombreux jeunes chercheurs prometteurs, et avec des Ă©tablissements et des
laboratoires reliĂ©s Ă des centres dâexcellence du monde entier au sein de rĂ©seaux de coopĂ©rations trĂšs
actifs.
A ces atouts « internes » Ă lâenseignement supĂ©rieur parisien sâajoutent les nombreux atouts de
Paris elle-mĂȘme ! Il nâest pas utile dâanalyser ici tout ce qui fait de Paris lâune des plus belles villes du
monde, et lâune des plus attractives. Mais il faut souligner combien ces deux aspects â les atouts propres Ă
lâES&R dâune part, et lâaura exceptionnelle de Paris dâautre part â sont complĂ©mentaires. Ces deux sĂ©ries
6
dâatouts constituent ensemble une « main » de toute premiĂšre force. En effet, la capacitĂ© Ă attirer des
étudiants et des scientifiques du meilleur niveau est un élément essentiel dans la compétition
internationale de lâES&R, et toutes les Ă©tudes montrent que lâattractivitĂ© des Ă©tablissements et des
laboratoires dĂ©pend dâabord :
de la qualité des équipes de recherche,
de la qualitĂ© de lâenvironnement des Ă©quipes (Ă©quipements de recherche, qualitĂ© des Ă©tudiants, qualitĂ©
des locaux),
et de la qualitĂ© de lâenvironnement culturel et social.
Sâil est clair que le deuxiĂšme point demande des amĂ©liorations importantes, il est certain que les
établissements parisiens sont remarquablement placés pour ce qui concerne le premier et le troisiÚme
point. Si les établissements parisiens font de leur attractivité une vraie priorité, nous avons tous les atouts
pour faire de Paris, en quelques annĂ©es, la mĂ©tropole universitaire la plus attractive dâEurope et du
monde.
1.2. LES PRINCIPAUX OBJECTIFS
RĂ©sumons-nous. Les difficultĂ©s qui empĂȘchent lâenseignement supĂ©rieur parisien dâexprimer tout son
potentiel sont trÚs sérieuses, et partager la vision de ces difficultés est indispensable pour avoir une
chance de les surmonter. Mais les richesses et les atouts sont considérables et ils constituent des points
dâappui trĂšs solides pour surmonter une grande part des difficultĂ©s : si les acteurs sâengagent
collectivement dans ce sens, lâavenir de lâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien peut ĂȘtre trĂšs
beau, avec des améliorations sensibles de son rayonnement et de son attractivité, de la vie étudiante, et
des conditions matérielles dans lesquelles les personnels des établissements accomplissent leurs missions.
Nous devons engager cette rĂ©novation avec confiance et avec une grande ambition. Il ne sâagit pas
dâimaginer des ajustements. Il sâagit, 40 ans aprĂšs la derniĂšre Ă©tape significative, de concevoir une
rĂ©novation dâenvergure qui dessinera le paysage de lâenseignement supĂ©rieur parisien pour les
prochaines dĂ©cennies. Nous devons aussi nous engager dans cette rĂ©novation en sachant quâelle
demandera des efforts et de la constance.
Pour dĂ©cliner et orienter cette ambition de rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien, je propose
cinq objectifs principaux :
Construire des « universités confédérales » pluridisciplinaires, socles de nouveaux projets
scientifiques et pĂ©dagogiques interdisciplinaires, et qui seront bien placĂ©es pour ĂȘtre classĂ©es
parmi les premiers pÎles universitaires européens.
Repenser la vie Ă©tudiante, lâintĂ©grer davantage dans la citĂ© et en amĂ©liorer les conditions
matérielles.
RĂ©nover le paysage universitaire de Paris en redonnant aux Ă©tablissements et aux pĂŽles
universitaires une identité territoriale reposant sur des implantations immobiliÚres cohérentes.
Faire de Paris la métropole universitaire la plus attractive du monde.
Refonder les relations et les modes de travail des acteurs â Ătat, collectivitĂ©s territoriales,
Ă©tablissements â pour crĂ©er les conditions de la responsabilisation et de lâengagement
indispensables Ă la rĂ©ussite de la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien.
7
2. STRUCTURER LE DISPOSITIF DâENSEIGNEMENT SUPĂRIEUR FRANCILIEN AUTOUR
DE QUELQUES « UNIVERSITĂS CONFĂDĂRALES » DâENVERGURE MONDIALE
La structuration du dispositif dâenseignement supĂ©rieur parisien via la constitution de regroupements
dâĂ©tablissements â notamment de PRES : pĂŽles de recherche et dâenseignement supĂ©rieur â Ă©tait une
priorité de ma mission.
2.1. QUELQUES EXEMPLES ĂTRANGERS ET FRANĂAIS
Pour bien situer les objectifs et les conditions de réussite des PRES à Paris et en Ile-de-France, un petit
dĂ©tour par quelques pays Ă©trangers est utile afin dâexaminer lâorganisation de quelques pĂŽles
universitaires du meilleur niveau mondial. On en trouvera une brĂšve description dans lâAnnexe 4.
RĂ©sumons les enseignements de ce rapide benchmark :
Chacune des universités évoquées offre une large gamme de formations en sciences, en biologie et/ou
en mĂ©decine, et en lettres et SHS. Il serait excessif de dire quâelles sont omni-disciplinaires, mais la
quasi-totalité des grandes universités mondiales sont « omni-domaines » au sens des trois
domaines évoqués plus haut : sciences exactes, sciences du vivant, SHS.
Partout, on laisse un bon niveau dâautonomie aux composantes pour proposer les contenus des
formations et des programmes de recherche, mais lâĂ©quilibre entre compĂ©tences « centrales » et
« dĂ©centralisĂ©es » fait lâobjet de choix variĂ©s. Il nây a pas de modĂšle unique dâorganisation.
Une bonne part des grandes universités mondiales sont des « universités confédérales »
rĂ©unissant des entitĂ©s â plus ou moins â autonomes. La « banniĂšre commune » dâune confĂ©dĂ©ration
peut avoir un trĂšs grand impact en matiĂšre dâidentitĂ© commune et de visibilitĂ© internationale, et
lâutilisation dâune « marque » Ă deux niveaux comme « MIT - Sloan School of management » permet
de concilier efficacement lâidentitĂ© dâune composante avec la notoriĂ©tĂ© du groupement.
LâidentitĂ© territoriale dâun pĂŽle universitaire est un aspect essentiel de son identitĂ© et de son
attractivitĂ©, et lâunitĂ© de lieu apporte une contribution notable Ă la vie intellectuelle dâune
communautĂ© universitaire â câest une rĂ©alitĂ© que lâon a trop perdue de vue Ă Paris.
Prolongeons ce détour par la province, qui est plus en avance que Paris dans la constitution de PRES :
quelques analyses sur les PRES crĂ©Ă©s en province ou en Ile-de-France sont rĂ©sumĂ©es dans lâAnnexe 5. On
y voit que la formule du PRES est bien adaptĂ©e pour construire une forme dâuniversitĂ© confĂ©dĂ©rale
en regroupant des entités qui peuvent avoir des statuts différents et partagent au sein du PÎle des
synergies fortes et une identité commune, souvent sans aucun projet de fusion.
2.2. DES PRES Ă PARIS : POURQUOI ? POUR QUOI ?
Les exemples des grands pÎles étrangers et des PRES français sont utiles pour inspirer la réflexion mais,
la problématique parisienne rend nécessaire de développer une démarche spécifique. Les démarches de
groupement dâĂ©tablissements doivent apporter de vraies rĂ©ponses pour surmonter une bonne part des
difficultĂ©s analysĂ©es au chapitre 1, et de vrais bĂ©nĂ©fices pour lâensemble du dispositif parisien et
francilien, pour les Ă©tablissements, pour leurs personnels, et pour les Ă©tudiants.
Les deux principales « boussoles » qui doivent guider la constitution des PRES parisiens sont :
dâune part de sâattacher Ă mener des Ă©volutions qui apportent un bĂ©nĂ©fice pour les Ă©tudiants,
dâautre part de privilĂ©gier les Ă©volutions qui renforcent la visibilitĂ© internationale et puissent ĂȘtre
expliquĂ©es en termes simples et convaincants Ă nos interlocuteurs Ă©trangers â qui estiment souvent
que nous compliquons Ă loisir lâorganisation de notre dispositif dâES&R.
2.2.1. Je distingue quatre objectifs pour la construction de PRES Ă Paris et en Ile-de-France :
1.
Un PRES doit reposer sur un projet intellectuel, pédagogique et scientifique commun aux
Ă©tablissements membres, sur une ambition commune â appuyĂ©e sur des projets dâactions concrĂštes â
que lâensemble de la communautĂ© universitaire concernĂ©e, et notamment les Ă©tudiants, vivent dans un
environnement intellectuel plus riche, plus pluridisciplinaire, plus ouvert. Ce projet partagé doit
aussi concerner les actions Ă mener pour dĂ©velopper au niveau du PRES une politique dâexcellence.
8
La pluridisciplinaritĂ© et lâinterdisciplinaritĂ© sont ici des enjeux essentiels, surtout Ă Paris oĂč le
découpage post-1968 a haussé et épaissi les barriÚres entre disciplines. Créer des environnements plus
favorables Ă lâinterdisciplinaritĂ© est primordial en matiĂšre de recherche car la plupart des grands
enjeux de la science du XXI
Ăšme
siĂšcle sont interdisciplinaires. Mais câest tout aussi important en
matiÚre de formation, et pour les étudiants. Sur les campus des grandes universités étrangÚres, les
étudiants en sciences et technologies, en médecine, en humanités, en business administration se
cĂŽtoient et cĂŽtoient les enseignants dâautres disciplines. Ils peuvent suivre des cursus
pluridisciplinaires et emprunter des passerelles beaucoup plus facilement quâen France.
2.
La constitution dâun PRES doit apporter des bĂ©nĂ©fices substantiels concernant la lisibilitĂ© du
dispositif parisien et francilien, notamment pour les étudiants, et concernant la visibilité
internationale et lâidentitĂ© des Ă©tablissements et du PRES. De ce point de vue, la mise en place
dâun portail permettant de donner aux Ă©tudiants une vision unifiĂ©e des formations proposĂ©es au
sein du PĂŽle et la mise en Ćuvre dâune politique de signature commune des publications scientifiques
sont des actions essentielles. De mĂȘme, une implantation cohĂ©rente des Ă©tablissements dâun mĂȘme
PRES est un objectif important pour en accroĂźtre lâidentitĂ© territoriale.
3.
La constitution dâun PRES doit donner lieu Ă des synergies fortes entre les Ă©tablissements membres
en matiĂšre de mutualisation de services. Les domaines dans lesquels la mise en commun dâactions-
support au service de la formation, de la recherche ou de la vie Ă©tudiante peut apporter une meilleure
efficacitĂ© â voire des Ă©conomies dâĂ©chelles â sont nombreux, de la valorisation de la recherche
jusquâaux services administratifs et logistiques, en passant par les actions de relations internationales.
4.
Enfin, sur un autre registre, la construction des PRES peut et doit contribuer Ă surmonter la coupure
entre universités et écoles. Le PRES est une formule bien adaptée pour permettre un enrichissement
mutuel entre Ă©tablissements ayant des spĂ©cificitĂ©s et des forces diffĂ©rentes â et pour tirer ensemble
profit, par exemple, du fait que certains ont des relations plus Ă©troites avec le monde des entreprises et
dâautres une plus forte implication dans les rĂ©seaux internationaux de recherche.
On lâa compris : vu la complexitĂ© du dispositif dâES&R parisien et francilien et sa mauvaise lisibilitĂ© pour
les Ă©tudiants, il faut crĂ©er Ă Paris et en Ile-de-France des PRES forts, porteurs dâune identitĂ© commune
aux Ă©tablissements membres et dâune image claire pour que le dispositif francilien soit vu dans
quelques années, en premiÚre approche, comme regroupant quelques universités confédérales de
grande envergure. Lorsquâon dĂ©crit le dispositif universitaire de lâagglomĂ©ration de Boston, on parle de
MIT et Harvard, voire de Boston University, et câest seulement dans un deuxiĂšme temps, Ă un grain plus
fin, que lâon mentionne la Sloan School of management ou la Kennedy School of government.
Lâobjectif dâun PRES est de porter ensemble un projet intellectuel plus riche et ambitieux, et de crĂ©er une
identitĂ© partagĂ©e qui bĂ©nĂ©ficie Ă chaque Ă©tablissement membre : il est de faire en sorte que lâensemble
soit plus fort que la somme des parties. Les principes qui doivent régir la coopération des
Ă©tablissements membres dâun PRES sont les principes dâautonomie, de subsidiaritĂ©, de participation
active, de transparence, de collĂ©gialitĂ©, dâinformation et de solidaritĂ© mutuelles. Mais ceci peut et doit se
faire
en
admettant
et
en
respectant
des
différences
dâhistoire,
de
culture
et
de
statut
entre
Ă©tablissements.
Lâobjectif, câest de former Ă Paris de belles universitĂ©s confĂ©dĂ©rales, ce nâest en aucune façon de
prĂ©parer des fusions dâĂ©tablissements.
La crĂ©ation dâun PRES nâest pas un aboutissement, câest le dĂ©but dâune aventure prometteuse pour toute
la communautĂ© universitaire concernĂ©e â pour les Ă©tablissements, leurs personnels et leurs Ă©tudiants. Le
plus important, ce sont les fruits que le PRES produira dans la durée. Il faut compter sur la dynamique
des rapprochements, et il faut savoir que, sur certains aspects, ces rapprochements ne seront pas rapides.
Câest le cas pour les dĂ©veloppements interdisciplinaires : la rĂ©union au sein dâun PRES de communautĂ©s
disciplinaires diffĂ©rentes nâaura aucun effet magique instantané⊠mais elle les place dans une situation
plus favorable
7
. Il faut rappeler aussi quâil est du rĂŽle des dirigeants de favoriser ces dynamiquesâ car il
7
De nombreux exemples montrent notamment que les interactions entre SHS et autres sciences se développent
mieux au sein dâĂ©tablissements ou de pĂŽles oĂč les Ă©quipes des diffĂ©rents domaines vivent sous une banniĂšre
commune. Plusieurs observateurs, bons connaisseurs des SHS Ă lâĂ©chelle internationale, mâont dit leur conviction
que vivre au sein de communautĂ©s universitaires oĂč sont prĂ©sentes des Ă©quipes dâautres domaines est bĂ©nĂ©fique pour
9
est dans la nature mĂȘme de lâactivitĂ© de recherche de pousser Ă la spĂ©cialisation â et de crĂ©er les
conditions, lâanimation, voire les incitations qui permettent de favoriser les interactions
interdisciplinaires et le décloisonnement intellectuel, pour la formation et pour la recherche.
2.2.2. On ne peut pas mener Ă Paris la dĂ©marche suivie en province â oĂč la quasi-totalitĂ© des
Ă©tablissements prĂ©sents sur le territoire dâune agglomĂ©ration ou dâune rĂ©gion sont rassemblĂ©s en un seul
PRES â sauf Ă fabriquer un seul PRES parisien voire francilien qui serait une sorte de monstre sans
aucune valeur ajoutĂ©e, Ă 300 000 ou 500 000 Ă©tudiants. Choisir le pĂ©rimĂštre des PRES soulĂšve donc Ă
Paris et en Ile-de-France des difficultés particuliÚres. Je ferai à ce sujet quatre commentaires :
Le tissu trĂšs dense des coopĂ©rations de recherche entre les Ă©quipes des Ă©tablissements dâES&R
franciliens constitue une richesse. Il nâest pas question de limiter ces coopĂ©rations. Il faut donc poser
le principe que, en Ile-de-France, les PRES auront des coopérations avec les autres PRES et les
autres Ă©tablissements â laboratoires communs, Ă©coles doctorales communes, etc. Le projet
intellectuel commun qui constitue le socle dâun PRES, portĂ© par les Ă©tablissements eux-mĂȘmes,
conduira certainement à amplifier les coopérations entre les équipes de ces établissements, mais il
nâimplique pas dâabandonner les coopĂ©rations avec dâautres Ă©quipes, ni dâen diminuer le dynamisme.
On ne peut pas construire des PRES en région parisienne en « tirant les fils » des coopérations
scientifiques existantes. Dâune part, ce nâest pas parce que telle Ă©quipe de lâĂ©tablissement A et telle
Ă©quipe de lâĂ©tablissement B coopĂšrent que ces deux Ă©tablissements â et leurs dirigeants â seront
capables de partager une vision commune et de contribuer ensemble Ă la construction dâune universitĂ©
confĂ©dĂ©rale. Dâautre part, le tissu des coopĂ©rations scientifiques est si dense Ă Paris et en rĂ©gion
parisienne que, de proche en proche, on aboutirait Ă un seul PRES pour toute lâIle-de-France.
Quelle taille est-il intéressant de viser pour les PRES à Paris et en Ile-de-France ?
Certaines personnalitĂ©s de la communautĂ© universitaire parisienne â arguant que la plupart des
meilleures universitĂ©s mondiales ont entre 10 000 et 20 000 Ă©tudiants â considĂšrent que faire des
regroupements dâuniversitĂ©s Ă Paris est sans intĂ©rĂȘt et quâil est prĂ©fĂ©rable dâaccroĂźtre leur capacitĂ© Ă
mener une vĂ©ritable politique dâexcellence. Lâargument nâest pas entiĂšrement convaincant car la non-
sĂ©lection Ă lâentrĂ©e Ă lâuniversitĂ© en France rend la comparaison des nombres dâĂ©tudiants entre
universitĂ©s françaises et Ă©trangĂšres non pertinente â sans compter que certaines universitĂ©s Ă©trangĂšres
se situent uniquement au niveau graduate, ce qui fausse aussi la comparaison.
Je propose une approche diffĂ©rente. Ă lâexception de quelques universitĂ©s plus petites, chacune des
20 premiÚres universités du classement de Shanghai compte entre 3 000 et 6 000 doctorants. Ceci
constitue une rĂ©fĂ©rence Ă©clairante, surtout lorsque lâon sait que les comparaisons internationales entre
les universitĂ©s portent essentiellement sur leurs performances en matiĂšre de recherche : constituer Ă
Paris et en Ile-de-France des pĂŽles universitaires ayant entre 3 000 et 6 000 doctorants est donc
pertinent pour leur donner les meilleures chances de bien figurer dans la compétition internationale.
Le nombre de doctorants de chacun des trois projets de PRES en cours de constitution Ă Paris est
proche de cette « fourchette » ⊠mais, compte tenu de la non-sĂ©lection Ă lâentrĂ©e en licence, de tels
pĂŽles comptent entre 58 000 et 114 000 Ă©tudiants ! Câest pourquoi je recommande dâĂ©viter dâaller
au-delà de cette taille, déjà imposante. Mettre en place des systÚmes de passerelles entre les cursus
â ou des cursus mixtes avec majeure et mineure, ou une politique dâĂ©changes de crĂ©dits ECTS â et
développer une politique pour améliorer la vie étudiante sera déjà trÚs difficile avec plusieurs dizaines
de milliers dâĂ©tudiants !
Cette taille rend aussi nĂ©cessaire de garder Ă lâesprit la nĂ©cessitĂ© de mener une vĂ©ritable politique
dâexcellence au niveau des PRES et de chaque Ă©tablissement, afin dâĂ©viter des rĂ©partitions trop Ă©gales
des moyens et de vraiment faire des différences en faveur des équipes qui se placent au meilleur
niveau international.
les SHS, non seulement pour leurs interactions avec ces domaines, mais aussi pour leur dynamisme propre car elles
vivent dans un environnement plus ouvert et stimulant, permettant souvent de meilleures conditions de travail et une
meilleure reconnaissance.
10
2.3. LES PRES ET CAMPUS EN COURS DE CONSTITUTION
Trois projets de PRES et un projet de Campus sont aujourdâhui en cours de constitution Ă Paris. Ils ne
sont pas le fruit de ma propre rĂ©flexion : il ne sâagissait pas dâĂ©laborer par un travail solitaire le schĂ©ma
idĂ©al des PRES Ă crĂ©er Ă Paris. Ils sont le rĂ©sultat dâun travail menĂ© avec les Ă©tablissements
dâenseignement supĂ©rieur, et dont les collectivitĂ©s territoriales ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement informĂ©es.
Ă Paris â oĂč existe dĂ©jĂ un PRES, ParisTech, qui rĂ©unit des Ă©coles dâingĂ©nieur â les appels Ă projets de
lâOpĂ©ration Campus lancĂ©s en 2008 avaient fait Ă©merger des projets dâalliances entre Ă©tablissements dont
aucune nâĂ©tait tout Ă fait stable dâun appel Ă lâautre. Câest pourquoi jâai demandĂ© aux responsables
dâĂ©tablissements, dĂ©s le dĂ©but de ma mission, de prĂ©parer des notes dâintention stratĂ©gique remettant Ă
jour leurs propositions de groupements structurants pour Paris et les projets pédagogiques et scientifiques
qui y Ă©taient liĂ©s. Jâai ensuite constituĂ© pour chacun des projets de groupements qui mâont Ă©tĂ© proposĂ©s
un groupe de travail réunissant les responsables des établissements porteurs du projet. Cette
mĂ©thode de travail a permis dâapprofondir les projets de groupements, et permis aux responsables
dâĂ©tablissements de prendre en compte dans leurs travaux une part des orientations prĂ©sentĂ©es plus haut.
Cette mĂ©thode de travail Ă©tait aussi pleinement lĂ©gitime puisque la crĂ©ation dâun PRES doit Ă la fois ĂȘtre
approuvĂ©e par chacun des Ă©tablissements membres et par lâĂtat : ces groupes de travail Ă©taient un lieu
bien adapté pour préparer cette rencontre entre la volonté commune des établissements et la volonté
de lâĂtat.
2.3.1. Le projet de PRES « Université Paris Cité » a été proposé début 2009 par cinq établissements :
lâUniversitĂ© Paris 5 Paris-Descartes,
lâUniversitĂ© Paris 7 Paris-Diderot,
lâInstitut dâĂ©tudes politiques (« SciencesPo »),
lâInstitut national des langues et civilisation orientales (Inalco),
et lâĂcole des hautes Ă©tudes en santĂ© publique (EHESP), qui est â et restera â principalement basĂ©e Ă
Rennes mais possĂšde une antenne Ă Paris.
Ce projet de PRES a donnĂ© lieu durant lâannĂ©e 2009 Ă de nombreux travaux au sein des Ă©tablissements et
entre eux â et Ă un dialogue nourri avec le MESR â sur ses objectifs et son contenu, mais aussi sur son
périmÚtre car de nombreux établissements ont souhaité le rejoindre. Dans les derniers mois de 2009, le
projet de PRES Université Paris Cité a été finalisé sur un périmÚtre incluant sept membres
fondateurs, les cinq établissements cités ci-dessus et :
lâUniversitĂ© Paris 3 Sorbonne nouvelle,
et lâInstitut de physique du globe (IPG),
ainsi quâun membre associĂ© :
lâUniversitĂ© Paris 13 Paris-Nord.
Ce PRES a une couverture disciplinaire trÚs large, dans les domaines de la santé, des sciences exactes,
des langues et de la linguistique, et des sciences humaines et sociales. Le projet de PRES est décrit dans
la convention constitutive du PĂŽle, dont le texte est reproduit dans lâAnnexe 6. Ses principaux points forts
sont les suivants :
Une identitĂ© commune, avec un systĂšme commun dâappellations sous la forme « UniversitĂ© Paris
CitĂ© â Sorbonne nouvelle », « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Descartes », « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Diderot »,
« UniversitĂ© Paris CitĂ© â SciencesPo », « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Inalco », « UniversitĂ© Paris CitĂ© â
EHESP Rennes », « UniversitĂ© Paris CitĂ© â IPG » et « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Nord », et une politique
de signature commune des publications scientifiques.
Une coordination des Ă©coles doctorales et une politique dâexcellence menĂ©e au niveau du PĂŽle via
un appel Ă projets commun, un programme post-doctoral commun et des chaires dâexcellence.
Des synergies fortes en matiĂšre de formations, avec des projets de formations communes dans les
domaines de la santé (en incluant la santé publique), du droit et des sciences politiques, des SHS, des
langues, des formations technologiques et des sciences de la terre et de lâenvironnement, avec un
projet de classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles et un projet « dâĂ©cole polytechnique universitaire »
11
au sein du PRES. Un portail Internet donnant aux étudiants une vision harmonisée et unifiée des
formations proposées au sein du PRES sera mis en place
8
.
De nombreuses mutualisations de services : valorisation, outils de formation à distance, stratégie
concertĂ©e dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation, politiques dâachats, gestion immobiliĂšre, etc.
La crĂ©ation dâun EPCS « UniversitĂ© Paris CitĂ© », dont le dĂ©cret statutaire est en cours de publication
au moment oĂč sâachĂšve la rĂ©daction de ce rapport.
Université Paris Cité est donc un PRES qui répond bien aux objectifs énoncés dans la section 2.2,
notamment Ă lâobjectif de rapprochement entre universitĂ©s et grandes Ă©coles. La dynamique de
coopération est allée crescendo au cours des derniers mois. Il reste cependant des points de vigilance :
du fait de la grande taille du PĂŽle
9
et du nombre Ă©levĂ© dâĂ©tablissements, beaucoup de travail et dâĂ©nergie
seront nécessaires pour atteindre les objectifs ambitieux de la convention constitutive et concrétiser tous
les bĂ©nĂ©fices que peut apporter le PRES ; de plus, lâobjectif de donner une vision unifiĂ©e de lâoffre de
formations du PĂŽle
10
ne sera pas facile dans certains domaines, comme les lettres ou le droit
11
.
Recommandation 1 : Créer le PRES Université Paris Cité, et accompagner les établissements pour les
aider à développer les coopérations et synergies prévues dans la convention constitutive du PRES.
2.3.2. Le deuxiÚme projet de PRES parisien est porté par les universités Paris 2, Paris 4 et Paris 6, qui
comptent Ă elles trois 67 000 Ă©tudiants dont 7 000 doctorants. Chaque Ă©tablissement couvre un ensemble
de disciplines bien identifié : droit à Paris 2, lettres et humanités à Paris 4, sciences exactes et sciences du
vivant Ă Paris 6.
Ce projet repose notamment sur deux points forts :
une identitĂ© territoriale affirmĂ©e, avec une implantation regroupĂ©e pour lâessentiel â hors sites
hospitaliers â dans le « V
Ăšme
arrondissement Ă©largi » (jusquâaux rues dâAssas, Michelet et Serpente),
et un format trÚs lisible, proche de celui de plusieurs grandes universités confédérales américaines,
avec une « School of law », une « School of humanities » et une « School of science and medecine ».
Car â des exemples Ă©trangers le montrent â on peut avoir une vision positive de lâabsence de redondances.
Le chemin à parcourir sur le plan pédagogique et scientifique ne sera pas facile puisque, les champs
disciplinaires des trois universitĂ©s ne se recouvrant pas, elles nâont pas de « terrain naturel » pour
développer des coopérations et leurs équipes vivent dans des communautés disciplinaires différentes.
Mais ce chemin sera intéressant puisque chaque coopération inter-établissements sera aussi
interdisciplinaire ! Dâailleurs, on ne part pas dâune page blanche puisque quelques formations bi-
établissements existent déjà : « musicologie et sciences » et « philosophie et sciences ».
8
La convention constitutive du PRES inclut Ă la fois cet objectif dâharmonisation des formations du PRES et un
objectif plus fort de mise en cohérence, à terme, des offres de formation proposées à Paris par les membres
fondateurs, qui rĂ©pond Ă la nĂ©cessitĂ© dâun effort spĂ©cifique pour amĂ©liorer fortement la lisibilitĂ© de la carte des
formations proposĂ©es dans Paris (alors quâil sera logique que certaines formations restent dupliquĂ©es sur les
« campus Nord du PRES » en Seine Saint-Denis).
9
Ensemble, les huit Ă©tablissements comptent 114 000 Ă©tudiants, dont 6 800 doctorants. Outre sa trĂšs grande taille, le
PÎle a aussi une identité territoriale moins affirmée que dans son périmÚtre initial avec cinq établissements. Cela
Ă©tant, il faut ĂȘtre conscient quâil aurait Ă©tĂ© trĂšs difficile, voire impossible, de rĂ©unir lâaccord des Ă©tablissements sur
un pĂ©rimĂštre plus rĂ©duit, et que ce PRES, qui rattache lâUniversitĂ© Paris 13 â bien ancrĂ©e dans le territoire
dynamique de la Seine Saint-Denis â Ă de « grandes universitĂ©s parisiennes », prĂ©sente lâintĂ©rĂȘt « dâenjamber le
boulevard pĂ©riphĂ©rique » : au moment oĂč sâapprofondissent les rĂ©flexions sur le « Grand Paris » ou « Paris
MĂ©tropole », il est intĂ©ressant dâĂ©viter que les PRES construits en Ile-de-France soient ou strictement parisiens ou
strictement en périphérie.
10
Pour chaque PRES â hors ceux qui rĂ©alisent une restructuration commune de leur offre de formation â la question
des redondances est délicate. Les deux voies sont intéressantes : que des activités présentes dans deux établissements
coopĂšrent et se rapprochent, ou quâelles se diffĂ©rencient. Mais le statu quo de la juxtaposition sans rapprochement ni
différenciation est à éviter.
11
Il faut noter ici un beau progrĂšs Ă mettre Ă lâactif du PRES : le projet trĂšs ancien de regroupement des deux UFR
dâodontologie de Paris 5 et Paris 7 â les seules UFR dâodontologie en Ile-de-France â est en voie dâaboutir.
12
LâAnnexe 7 prĂ©sente le texte du projet de convention constitutive prĂ©parĂ© par les trois prĂ©sidents
dâuniversitĂ©s â non encore approuvĂ© par les conseils dâadministration des Ă©tablissements. Les objectifs
principaux sont les suivants :
Lâenrichissement de lâoffre de formations multi-Ă©tablissements via la crĂ©ation de double cursus
communs aux membres du PĂŽle, et la mise en place dâun portail Internet commun donnant une vision
harmonisée des formations proposées au sein du PRES.
La crĂ©ation dâun institut des formations doctorales, chargĂ© notamment de coordonner les actions
destinĂ©es Ă favoriser lâinsertion professionnelle des doctorants, et lâadoption dâune charte de qualitĂ©
commune aux formations doctorales des Ă©tablissements.
Des actions communes en matiĂšre de politique internationale : mise en commun dâinfrastructures
dâaccueil des enseignants, chercheurs et Ă©tudiants Ă©trangers, promotion internationale du PĂŽle,
mise en place dâune structure commune dâingĂ©nierie des projets internationaux.
De nombreuses mutualisations de services : learning center et portail documentaire unifié, stratégie
concertĂ©e dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation, service unifiĂ© de mĂ©decine prĂ©ventive,
mutualisation des installations sportives, coordination des politiques dâachat, et de rĂ©novation et
restructuration des bĂątiments.
Cependant, on est aussi obligĂ© de constater que les motifs dâinterrogation ou de scepticisme concernant ce
projet de PRES se sont amplifiés au cours des derniers mois :
Tout dâabord, les synergies entre Ă©tablissements â en matiĂšre de formation, de recherche, ou de
mutualisation de services â restent trĂšs peu nombreuses, et aucun progrĂšs notable nâa Ă©tĂ© portĂ© Ă ma
connaissance depuis lâĂ©tĂ© 2009.
Ensuite, un des Ă©tablissements refusant de crĂ©er le PĂŽle sous forme dâEPCS, les trois universitĂ©s ont
choisi de le crĂ©er sous forme dâAssociation sous le rĂ©gime de la loi de 1901, ce qui pose problĂšme.
Dâune part, les arguments juridiques avancĂ©s en dĂ©faveur du statut dâEPCS ne sont pas convaincants.
Dâautre part, les trois prĂ©sidents dâuniversitĂ©s savent que lâĂtat est rĂ©ticent Ă reconnaĂźtre un PRES
crĂ©Ă© sous forme dâAssociation, et exclut de le doter de moyens de lâOpĂ©ration Campus
12
.
Enfin, les trois universitĂ©s ont choisi dâappeler le PRES « La Sorbonne » et continuent de
communiquer en utilisant ce nom, alors mĂȘme que ce choix a provoquĂ© de vives protestations de
plusieurs autres universitĂ©s et que lâĂtat et la Ville de Paris (propriĂ©taire du bĂątiment Sorbonne) ont
exprimé par écrit leur désaccord avec ce choix.
Je conserve pleinement la conviction que jâavais Ă©crite dans le rapport intermĂ©diaire : ces trois universitĂ©s
rĂ©unissent un potentiel intĂ©ressant pour constituer un beau PRES. Mais il est difficile, dans lâĂ©tat actuel
du projet, de recommander Ă lâĂtat de reconnaĂźtre ce PRES, voire de crĂ©er la FCS que proposeraient
les trois universitĂ©s. Je recommande que lâĂtat demande aux trois Ă©tablissements :
dâouvrir le dialogue avec le MESR sur les objectifs, la convention constitutive et la forme juridique
du PRES, ainsi que sur le calendrier de mise en Ćuvre de projets de coopĂ©rations concrets ;
et de choisir pour le PRES un nom qui puisse ĂȘtre acceptĂ© par les autres Ă©tablissements et agrĂ©Ă© par
lâĂtat et par la Ville de Paris.
Une autre question se pose enfin, liĂ©e Ă lâabsence de grandes Ă©coles parmi les membres fondateurs de ce
PRES « 2-4-6 ». Ici aussi, le potentiel existe car plusieurs Ă©coles dâingĂ©nieur parisiennes ont des
coopérations trÚs étroites avec Paris 6. Ne faut-il pas faire de la présence de grandes écoles dans ce PRES
un prĂ©alable Ă sa reconnaissance par lâĂtat ? Jây reviens plus loin.
12
Les trois prĂ©sidents dâuniversitĂ©s ont annoncĂ© rĂ©cemment leur intention de crĂ©er une Fondation de coopĂ©ration
scientifique (FCS) pour pouvoir recevoir une dotation en capital, tout en déclarant que les coopérations
continueraient dâĂȘtre portĂ©es par lâAssociation, la FCS jouant uniquement un rĂŽle financier. Un tel montage, oĂč trois
Ă©tablissements publics dâES&R envisagent de dĂ©livrer le doctorat sous le timbre dâune Association 1901 et
proposent de créer une fondation de coopération scientifique qui ne jouerait aucun rÎle en matiÚre de coopération
scientifique, est unique en France et ne laisse pas dâinterroger.
13
Recommandation 2 : Demander aux universitĂ©s Paris 2, Paris 4 et Paris 6 dâamplifier le travail pour
lancer rapidement des projets concrets de coopĂ©ration, et dâouvrir avec le MESR un dialogue sur les
objectifs, le nom, la forme juridique et le périmÚtre du PRES.
2.3.3. Un autre projet de PRES a pris forme Ă partir de lâautomne 2009, dont le nom provisoire est
HESAM pour « Hautes Ă©tudes â Sorbonne â Arts et mĂ©tiers ». Ce projet regroupe pour lâinstant sept
membres fondateurs :
lâUniversitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne,
le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM),
lâĂcole française dâextrĂȘme-orient (EFEO),
lâĂcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales (EHESS),
lâĂcole nationale supĂ©rieure des arts et mĂ©tiers (ENSAM, Arts et MĂ©tiers ParisTech),
lâĂcole pratique des hautes Ă©tudes (EPHE),
lâĂcole supĂ©rieure de commerce de Paris (ESCP Europe),
et un membre associé :
lâInstitut national dâhistoire de lâart (INHA).
Des discussions sont en cours avec dâautres Ă©tablissements, partenaires pressentis du projet de PRES.
Ce projet de PRES présente plusieurs caractéristiques distinctives. Il a une couverture disciplinaire large
mais contrastée avec trÚs peu de forces dans le domaine des sciences du vivant (présentes toutefois au
CNAM et Ă lâEPHE), un potentiel tout Ă fait exceptionnel dans le domaine des SHS â en un sens trĂšs
large, en incluant le management et la gestion au service de lâaction publique et privĂ©e â et une bonne
prĂ©sence dans le domaine des sciences de lâingĂ©nieur. Presque tous les Ă©tablissements membres du projet
de PĂŽle exercent une mission nationale â souvent appuyĂ©e sur un ensemble dâimplantations dans
diffĂ©rentes rĂ©gions françaises â et plusieurs dâentre eux ont aussi des implantations en Europe et Ă
lâinternational, qui constituent autant dâatouts pour le rayonnement national et international du PRES.
Cette situation conduira dâailleurs plusieurs de ces Ă©tablissements Ă avoir aussi une forme de participation
Ă dâautres PRES
13
.
LâĂ©tat actuel du projet est dĂ©crit dans lâAnnexe 8. Ses principaux points forts sont les suivants :
Une identitĂ© commune, avec un systĂšme commun dâappellations des membres fondateurs sous la
forme « HESAM â UniversitĂ© Paris 1 PanthĂ©on Sorbonne », « HESAM â CNAM », « HESAM â
EFEO », « HESAM â EHESS », « HESAM â EPHE », « HESAM â ESCP Europe », « HESAM â
Arts et Métiers ParisTech », et une politique de signature commune des publications scientifiques.
Des synergies en matiĂšre de formations avec notamment la volontĂ© de renforcer en commun lâoffre
de formations situĂ©es Ă lâinterface entre les sciences de lâingĂ©nieur et les SHS, dont le projet de crĂ©er
un « diplĂŽme dâingĂ©nieur en sciences sociales » est emblĂ©matique. Projet de passerelles entre
universitĂ© et Ă©coles, et mise en place dâun portail Internet donnant aux Ă©tudiants une vision
harmonisée et unifiée des formations proposées au sein du PRES.
Une coopération importante au niveau master et doctorat, avec des échanges de crédits ECTS, un
dispositif commun de soutien aux initiatives des doctorants, et une Ă©cole dâĂ©tĂ© internationale du
PRES.
Un engagement trĂšs fort â unique au plan national et international â dans la formation tout au long
de la vie.
13
Ainsi, les membres fondateurs du projet de PRES HESAM ont parfois Ă©tĂ© approchĂ©s pour ĂȘtre membre associĂ©
dâun PRES sur tel ou tel des sites de province oĂč ils sont installĂ©s. De son cĂŽtĂ©, lâINHA â dont Paris 1, Paris 4,
lâEHESS et lâEPHE sont les principaux partenaires parisiens â a engagĂ© des discussions pour participer aussi comme
membre associé au projet de PRES « 2-4-6 ».
Par ailleurs, il faut noter quâArts et MĂ©tiers ParisTech compte participer comme membre fondateur Ă deux PRES :
ParisTech dont elle est membre depuis plusieurs annĂ©es, et HESAM. Cette situation nâest pas inĂ©dite puisque
lâĂcole des Ponts ParisTech est Ă la fois membre fondateur de ParisTech et du PRES UniversitĂ© Paris Est. Vu
lâimportance de rapprocher les universitĂ©s et les Ă©coles au sein des PRES parisiens et franciliens, la participation
dâArts et MĂ©tiers ParisTech au projet de PRES HESAM doit ĂȘtre regardĂ©e trĂšs positivement.
14
Un développement en commun des coopérations européennes et internationales, notamment en
Asie, et la mise en place dâune Ă©quipe commune de soutien au montage de projets coopĂ©ratifs
européens et internationaux.
La crĂ©ation dâune structure commune, lieu de la coordination des politiques dâĂ©tablissements et
support de leurs actions communes, dont le statut juridique (EPCS ou FCS) nâest pas encore
dĂ©finitivement choisi au moment oĂč jâĂ©cris.
Le projet de PĂŽle HESAM rĂ©pond Ă lâensemble des objectifs Ă©noncĂ©s dans la section 2.2, y compris Ă
lâobjectif de rapprochement entre universitĂ©s et grandes Ă©coles. La dynamique de crĂ©ation du PRES est
trÚs récente, mais elle est bien perceptible, et prend appui sur un riche tissu de coopérations existantes
entre les établissements. Il reste certes un travail considérable mais HESAM a tous les atouts pour
constituer un beau PRES. Il faut cependant noter quelques points de vigilance :
Le PRES devra, malgré la grande disparité des tailles des établissements membres
14
et leur nombre
élevé, trouver des modes de fonctionnement équilibrés permettant à chaque établissement de
bĂ©nĂ©ficier des synergies dĂ©veloppĂ©es au sein du PĂŽle et dây contribuer.
Il faut aussi veiller Ă lâĂ©volution de lâIAE, Ă©tablissement rattachĂ© Ă Paris 1 sous le rĂ©gime de ce que
lâon continue dâappeler (improprement) lâarticle 43, rĂ©gime qui nâest pas sans poser des questions
nouvelles Ă lâheure de la loi « LibertĂ©s et responsabilitĂ©s des universitĂ©s » (LRU) et des PRES. La
perspective de la participation du CNAM et de lâESCP Europe au PRES a conduit ces derniers jours
lâIAE Ă demander Ă ĂȘtre rattachĂ© Ă une autre universitĂ© parisienne, et ce sujet mĂ©rite toute lâattention
du MESR et de Paris 1.
Il est important aussi de bien articuler les deux dynamiques de partenariat lancĂ©es dans lâannĂ©e
Ă©coulĂ©e, celle du Campus Condorcet et celles du PRES HESAM, sachant que Paris 1, lâEHESS et
lâEPHE sont des acteurs majeurs de lâune et de lâautre. Ces deux dynamiques â la construction dâun
PRES et la crĂ©ation dâun nouveau site dâenseignement supĂ©rieur et de recherche au nord de Paris, qui
donnera au PRES HESAM un caractĂšre « trans-pĂ©riphĂ©rique » â sont complĂ©mentaires : elles doivent
se renforcer mutuellement.
Enfin, le choix du statut juridique du PRES doit ĂȘtre fait rapidement. Le statut dâEPCS est clairement le
plus adaptĂ©, dâautant plus quâil offre lâavantage de bien distinguer le PRES de la FCS qui porte le projet
du Campus Condorcet.
Recommandation 3 : Encourager les Ă©tablissements Ă finaliser rapidement le projet de PRES
HESAM pour une création au début du printemps 2010, et les accompagner pour les aider à développer
les coopérations et synergies au sein du PÎle.
2.3.4. Outre des projets de PRES, jâai reçu dĂ©but 2009 un projet de groupement portĂ© par :
le CollĂšge de France,
lâĂcole nationale supĂ©rieure de chimie de Paris (ENSCP, Chimie ParisTech),
lâĂcole normale supĂ©rieure (ENS),
lâĂcole supĂ©rieure de physique chimie industrielles (ESPCI ParisTech),
le MusĂ©um national dâhistoire naturelle (MNHN),
et lâObservatoire de Paris.
Il ne sâagit pas dâun projet de PRES, et aucun de ces Ă©tablissements nâest une universitĂ©. Ma premiĂšre
préoccupation a été de comprendre comment donner du sens à cette démarche singuliÚre, dans le contexte
de lâOpĂ©ration Campus qui vise surtout Ă favoriser le dĂ©veloppement des universitĂ©s. Jâai examinĂ© avec
les responsables dâĂ©tablissements la possibilitĂ© que certains dâentre eux rejoignent un des projets de
« PRES universitaires » parisiens⊠ce quâils nâont pas souhaitĂ© pour plusieurs raisons : les coopĂ©rations
trĂšs Ă©troites de plusieurs Ă©tablissements avec des universitĂ©s de PRES diffĂ©rents, les missions dâintĂ©rĂȘt
14
Ensemble, les huit Ă©tablissements du projet de PRES comptent 58 000 Ă©tudiants en formation initiale, dont 6 700
doctorants⊠et environ 85 000 auditeurs en formation continue (dont les deux tiers hors Ile-de-France, inscrits dans
des centres du CNAM en régions). Mais chacun de ces trois totaux cache de grandes disparités : les deux tiers des
Ă©tudiants en formation initiale et des doctorants sont inscrits Ă Paris 1, et plus de 85% des auditeurs en formation
continue sont inscrits au CNAM.
15
national de certains dâentre eux
15
⊠sans oublier les événements qui ont secoué la communauté
universitaire au premier semestre 2009.
Fruit de cette rĂ©flexion : les Ă©tablissements du groupement â nommĂ© « Paris Sciences et Lettres â Quartier
latin » (PSLQL) â ont choisi deux orientations stratĂ©giques communes pour continuer Ă accroĂźtre leur
contribution au dynamisme et Ă lâattractivitĂ© du dispositif universitaire parisien :
Les Ă©tablissements du Groupement poursuivront la politique visant Ă ce que â sauf exception qui
serait motivĂ©e dans un domaine trĂšs spĂ©cifique â leurs masters et doctorats soient cohabilitĂ©s avec
au moins une université parisienne ou francilienne.
Les Ă©tablissements veilleront Ă mettre en Ćuvre une politique de signature des publications
scientifiques permettant que lâensemble des publications de leurs nombreux laboratoires communs
avec des universités soient prises en compte dans les études bibliométriques au titre de tous les
Ă©tablissements de rattachement de ces laboratoires
16
, contribuant ainsi à améliorer le rang des
universités parisiennes dans les classements internationaux.
Ceci étant posé, le Groupement PSLQL a pour objectif de renforcer les activités et les recherches
communes, dâaccroĂźtre les synergies et mutualisations entre Ă©tablissements membres, et de contribuer Ă
amplifier leur visibilitĂ© internationale. Il sâagit dâun « Campus » et non dâun PRES : compte tenu de leurs
coopĂ©rations trĂšs Ă©troites avec les universitĂ©s, les Ă©tablissements membres ne sâorienteront pas vers la
délivrance du doctorat sous le timbre du Groupement, ni vers la signature des publications sous le timbre
« PSLQL ». Le projet de Campus est dĂ©crit dans lâAnnexe 9. En voici les points principaux :
Une implantation regroupĂ©e pour lâessentiel sur la Montagne Sainte GeneviĂšve et ses alentours.
La coordination des politiques de recherche des établissements, incluant des réflexions partagées
sur le démarrage de nouveaux thÚmes de recherche, la structuration du dispositif de recherche
commun dans les principaux domaines de coopĂ©ration, et la mutualisation dâĂ©quipements lourds.
Des synergies en matiĂšre de formations, avec des projets de formations pluridisciplinaires
(sĂ©minaires, Ă©coles dâĂ©tĂ©) communes et le dĂ©veloppement de la diffusion de documents multimĂ©dia
sur un « portail des savoirs » en ligne commun.
La mise en place de chaires dâexcellence communes et la mise en commun de moyens pour attirer
à Paris des personnalités scientifiques de tout premier plan.
Des actions communes en matiĂšre dâanimation du Campus PSLQL : livret dâaccueil commun des
étudiants, doctoriales, activités culturelles, etc.
Une structure commune sous forme de fondation de coopération scientifique (FCS), qui sera à la
fois la structure porteuse des actions communes et le lieu de la coordination des Ă©tablissements.
Il est utile de dire quelques mots sur le pĂ©rimĂštre du Groupement. Ă mes yeux, lâInstitut Curie, voisin
immédiat de quatre des six établissements, a vocation à rejoindre le Campus. à une échéance plus
lointaine, il serait intĂ©ressant dâenvisager un Ă©largissement vers des Ă©coles dâingĂ©nieur comme Mines
ParisTech ou TĂ©lĂ©com ParisTech. Surtout, il faut clairement poser le principe â pour le Campus PSLQL
comme pour le Campus Condorcet, on lâa vu plus haut â que ce renforcement de la coopĂ©ration de
15
Pour donner un seul exemple, imaginer lâENS membre fondateur dâun PRES parisien â et dâun seul â susciterait
immĂ©diatement parmi les Ă©tablissements non membres dudit PRES lâinquiĂ©tude de voir ce PĂŽle « capter » une trĂšs
grande part des normaliens, que lâENS a la mission de former au bĂ©nĂ©fice de lâensemble de lâES&R du pays. En
revanche, la participation de lâENS comme membre associĂ© Ă certains des « PRES universitaires » parisiens (voire :
Ă chacun dâeux) est envisagĂ©e favorablement par les acteurs, et je pense quâelle doit ĂȘtre encouragĂ©e. En particulier,
lâENS a toute sa place comme membre associĂ© dans le projet de PRES portĂ© par Paris 2, Paris 4 et Paris 6, et dans le
projet de PRES HESAM (qui regroupent les établissements avec lesquels elle a ses principales coopérations).
16
Si la signature des publications scientifiques est libellĂ©e clairement, rien ne sâoppose Ă ce que les publications
dâun laboratoire commun Ă plusieurs Ă©tablissements soient prises en compte pour chacun des Ă©tablissements dans les
Ă©tudes bibliomĂ©triques et dans les classements internationaux. LâidĂ©e selon laquelle les publications seraient prises
en compte seulement pour lâĂ©tablissement citĂ© en premier est fausse ; il en est de mĂȘme de lâidĂ©e selon laquelle, dans
un laboratoire commun Ă deux Ă©tablissements, chacun des deux Ă©tablissements se verrait affecter un facteur Âœ.
Ce sujet est important Ă deux titres. Dâune part, chaque Ă©tablissement doit dĂ©finir avec ses partenaires une politique
de signature claire, et les auteurs des publications doivent veiller Ă libeller avec soin les affiliations (un certain
nombre des publications françaises sont « perdues » dans les dĂ©comptes ou mal attribuĂ©es du fait dâaffiliations mal
libellĂ©es). Dâautre part, ces idĂ©es fausses sont ici ou lĂ la cause de tensions infondĂ©es, ce qui est trĂšs regrettable.
16
proximité entre ces établissements ne doit pas limiter leur éventuelle future participation à des PRES
avec des universités parisiennes.
Si on pense au dispositif universitaire parisien et à ses 300 000 étudiants, il est certain que les enjeux liés
au projet de Campus PSLQL ne sont pas du mĂȘme niveau que ceux qui sâattachent aux projets de PRES
évoqués plus haut. Cela étant, vu la trÚs grande qualité des établissements porteurs du projet de
Groupement, les enjeux liés à leur visibilité internationale, à leur politique de relations avec les
universitĂ©s et au renforcement de leurs synergies mutuelles ne sont pas minces. Jâai la conviction que la
création de ce Groupement, avec les orientations et les objectifs présentés ci-dessus, apporte une
contribution utile Ă la structuration du dispositif parisien et Ă son rayonnement international.
Recommandation 4 : Créer le Campus PSLQL en veillant à maintenir ouverte la possibilité
dâĂ©largissement ultĂ©rieur Ă de nouveaux partenaires, et poursuivre avec ces Ă©tablissements la rĂ©flexion sur
la perspective de rejoindre un PRES avec une ou des universités parisiennes.
2.4. AUTRES ĂVOLUTIONS DU DISPOSITIF
La mise en place des trois « PRES universitaires » évoqués plus haut est une étape importante pour le
dispositif francilien dâES&R. Mais elle nâapporte pas, toutefois, de rĂ©ponse Ă toutes les questions :
dâautres Ă©volutions sont nĂ©cessaires. Jâaborde ci-dessous cinq points qui me paraissent essentiels.
2.4.1. Ce chapitre traite de la structuration du dispositif parisien et francilien dâES&R autour de PRES
mais, en fait, il manque un « préalable », trÚs simple en apparence : nous devons avoir la vision globale
du dispositif francilien dâES&R. Or cette vision nâexiste pas vraiment, notamment parce que les
établissements franciliens sont répartis en deux vagues de contractualisation quadriennale et en trois
acadĂ©mies. Il nâexiste pas de carte rĂ©gionale des formations ou des recherches qui soit partagĂ©e avec
lâensemble des acteurs, et il nâexiste aucune occasion de rĂ©flexion commune sur son Ă©volution. Sait-on
que lâoffre des formations des universitĂ©s franciliennes sâest beaucoup complexifiĂ©e du fait de la rĂ©forme
LMD, passant en huit ans de 3 434 formations Ă 4 368 formations ? Il serait utile, en amont de la
contractualisation, de regrouper les Ă©lĂ©ments dâanalyse de la rĂ©partition disciplinaire et gĂ©ographique de
cette offre de formations, et de mener avec lâensemble des acteurs â Ă©tablissements et collectivitĂ©s
territoriales â une rĂ©flexion commune sur lâensemble du dispositif.
Sur de nombreux aspects, la rĂ©flexion sur lâavenir Ă moyen et long terme doit ĂȘtre approfondie. Il faut
Ă©laborer et partager avec lâensemble des acteurs une vision de lâĂ©volution du dispositif francilien dâES&R
et de ses grands Ă©quilibres â par exemple entre Paris et pĂ©riphĂ©rie. Il reste Ă prĂ©ciser comment les
impulsions donnĂ©es rĂ©cemment par lâĂtat, sur Saclay et sur le Campus Condorcet, sâintĂšgrent dans une
vision francilienne globale, et comment placer davantage ces deux sites dans une perspective dâouverture
pluridisciplinaire pour ne pas enfermer sur elles-mĂȘmes les sciences de lâingĂ©nieur dans un cas et les SHS
dans lâautre. En cohĂ©rence avec les schĂ©mas de dĂ©veloppement des transports franciliens qui sont en cours
dâĂ©laboration, il faut Ă©laborer une vision de lâĂ©volution de la carte des grands pĂŽles dâES&R franciliens et
du travail en rĂ©seau entre ces pĂŽles â Paris, Saclay, Evry, Marne-la-VallĂ©e, Condorcet et la Seine Saint-
Denis, et les pĂŽles de lâOuest : Nanterre, Cergy, Versailles. Les questions ne manquent pas !
2.4.2. Revenons aux PRES. La démarche de ma mission a été de travailler avec les établissements
parisiens, et en contact régulier avec ceux de la périphérie, à partir de leurs propres projets, et sans me
fixer lâobjectif â inatteignable â de proposer un schĂ©ma oĂč chacun serait membre dâun PRES. Au terme
de cette mission, il reste encore beaucoup Ă faire, non seulement pour accompagner les PRES en cours
de constitution afin quâils « tiennent toutes leurs promesses » et deviennent de belles universitĂ©s
confédérales, mais aussi pour poursuivre le travail de stratégie et de structuration avec les
Ă©tablissements qui ne participent aujourdâhui Ă aucun projet de groupement, et risquent dâen ĂȘtre
fragilisĂ©s. Le mot dâordre nâest pas et ne doit pas ĂȘtre « hors des PRES point de salut ». Mais il est
indispensable que, dans un paysage en Ă©volution, chacun se positionne â ou se repositionne â et trouve sa
voie, et lâĂtat a un rĂŽle Ă jouer pour accompagner chaque Ă©tablissement.
17
En particulier, les relations entre universitĂ©s et grandes Ă©coles restent difficiles Ă Paris, et câest pourquoi
les projets de PRES parisiens prĂ©sentĂ©s ci-dessus vont moins loin quâon aurait pu lâespĂ©rer sur le registre
du rapprochement entre universitĂ©s et Ă©coles. Ces difficultĂ©s â qui nâempĂȘchent pas toute coopĂ©ration,
certes â reflĂštent des situations de concurrence objectives et des diffĂ©rences de culture, dâapproches et de
moyens ; mais elles reposent aussi sur un manque de dialogue et de connaissance mutuelle. LâĂtat a une
responsabilité pour favoriser ce dialogue et pour contribuer à atténuer le clivage encore trÚs vivace entre
universitĂ©s et grandes Ă©coles. Surtout, le moment oĂč on construit Ă Paris et en Ile-de-France des
universitĂ©s confĂ©dĂ©rales est une occasion historique pour franchir un pas important, peut-ĂȘtre dĂ©cisif,
en matiÚre de rapprochement entre universités et écoles. Certaines universités ne semblent pas avoir
bien saisi lâimportance du moment prĂ©sent, oĂč la volontĂ© de lâĂtat est de construire avec elles et autour
dâelles
â
rompant
avec
cinq
siĂšcles
dâhistoire
oĂč lâon construisait si souvent Ă cĂŽtĂ© dâelles et sans
elles.
Il faut poursuivre lâeffort de façon rĂ©solue pour structurer lâES&R francilien en PRES dont chacun
rassemble des universités et des grandes écoles.
Bien sûr, ceci conduit à aborder des questions difficiles, analogues à celles auxquelles, pour Paris, les
projets de PRES Ă©voquĂ©s ci-dessus visent dâapporter des rĂ©ponses â encore partielles. Pour rĂ©sumer la
problématique en une seule interrogation : quels seront dans les prochaines décennies les
Ă©tablissements et les pĂŽles universitaires franciliens « visibles de Shanghai » â câest-Ă -dire, ayant une
signature commune de publications et bien placés dans les classements internationaux, parmi les
meilleurs dâEurope ? Il nâexiste pas aujourdâhui de vision partagĂ©e de la rĂ©ponse Ă cette interrogation et
personne nâest en charge de construire cette rĂ©ponse. Pour progresser sur ce sujet, il faut, comme cela a
été le cas depuis un an sur Paris, mener un vrai travail de terrain avec les établissements, en concertation
avec les collectivités territoriales, et il faudra avoir le courage de faire des choix
17
.
Sur un tout autre plan, je souhaite attirer lâattention du MESR sur les nombreuses questions qui
continuent de se poser au sein de la communautĂ© universitaire concernant lâavenir des PRES. Ces
incertitudes ont souvent constitué des freins pour les travaux menés depuis un an avec les établissements
parisiens. Les sections 2.1 et 2.2 ci-dessus apportent des éléments de réponse sur certains points, mais
dâautres interrogations demeurent auxquelles il ne me revient pas de rĂ©pondre, concernant notamment
lâimpact de la mise en place des PRES sur les carriĂšres des personnels, la reprĂ©sentation des personnels et
des Ă©tudiants dans les instances des PRES, et leur gouvernance ; les interrogations sur ce dernier point ont
Ă©tĂ© relancĂ©es rĂ©cemment par les annonces liĂ©es Ă la future OpĂ©ration « Campus dâexcellence »
18
.
17
à la question posée ci-dessus sur les pÎles universitaires franciliens visibles de Shanghai, on ne peut pas répondre
Ă la fois « ENS » et « PSLQL », comme je lâai parfois entendu, ni rĂ©pondre simultanĂ©ment « Saclay », « Paris 11 »,
« Universud », « ParisTech » et « Polytechnique ». Il faudra choisir. Faut-il viser que ParisTech soit une université
technologique confĂ©dĂ©rale, dĂ©livrant le doctorat sous le timbre ParisTech â ce qui paraĂźt peu rĂ©aliste si on compare
le potentiel rĂ©el de recherche de lâensemble de ParisTech Ă celui des PRES formĂ©s autour des universitĂ©s â ou faut-il
recentrer ParisTech autour de son cĆur de mĂ©tier â la formation dâingĂ©nieurs « Ă la française », qui est un atout
majeur de notre pays â et encourager les Ă©coles qui en sont membres Ă participer Ă des PRES avec des universitĂ©s,
comme le fait lâĂcole des Ponts avec UniversitĂ© Paris-Est ? Sur Saclay, peut-on envisager â Ă la diffĂ©rence de ce qui
est fait Ă Paris et sur tous les autres sites de lâOpĂ©ration Campus â de financer une opĂ©ration dâaussi grande ampleur
sans engager un travail de fond sur la structuration du dispositif ? Par exemple, va-t-on vers un schéma dans lequel
lâUniversitĂ© Paris 11 et les grandes Ă©coles du plateau de Saclay travailleront ensemble sous la « banniĂšre commune »
Université Paris-Saclay, formant une université confédérale de renom mondial tout en gardant les principaux
facteurs dâidentitĂ© de chaque composante ? Ou envisage-t-on dâautres dispositifs ?
Proposer des réponses à ces questions dépasse le cadre de ma mission. Mais il serait difficile de comprendre que,
pour difficiles quâils soient, ces sujets ne soient pas examinĂ©s en profondeur, sans tarder.
18
Il ne me revient pas de faire des recommandations sur le cahier des charges de lâOpĂ©ration « Campus
dâexcellence », qui nâest pas connu au moment oĂč jâĂ©cris. Je souhaite simplement souligner que, en Ile-de-France,
on ne pourra certainement pas insister simultanément pour que les PRES franciliens rassemblent universités et
Ă©coles et pour quâils se dotent rapidement dâune gouvernance trĂšs intĂ©grĂ©e, et quâil est essentiel de ne pas fragiliser
les PRES en cours de constitution Ă Paris.
18
2.4.3. Jâai Ă©voquĂ© au chapitre 1 la faiblesse des relations entre les universitĂ©s parisiennes et le monde
Ă©conomique â parfois profondĂ©ment ancrĂ©e dans la culture des universitĂ©s, et liĂ©e pour une bonne part Ă
lâexistence des grandes Ă©coles. Je considĂšre que câest un handicap majeur du dispositif universitaire
parisien, mais aussi un handicap substantiel pour les entreprises franciliennes, et donc pour toute
lâĂ©conomie française vu le poids quâelles y ont. Tisser des liens plus Ă©troits et plus vivants entre
universitĂ©s et entreprises est une tĂąche essentielle pour les Ă©tablissements, pour lâĂtat et les collectivitĂ©s
territoriales, et pour les entreprises. Ceci recouvre plusieurs volets :
Tout dâabord, rĂ©duire la distance culturelle et accroĂźtre les liens avec le monde des entreprises est
un devoir qui sâimpose Ă chacune des universitĂ©s parisiennes et franciliennes pour leurs Ă©tudiants. Il
nâest peut-ĂȘtre pas inutile de prĂ©ciser quâil ne sâagit pas dâouvrir la porte aux entreprises privĂ©es pour
quâelles sâimmiscent dans la gestion des universitĂ©s ou dans leurs choix pĂ©dagogiques et
scientifiques, comme certains continuent de le craindre. Il sâagit, pour chaque universitĂ©, de rĂ©aliser
quâune grande part de ses Ă©tudiants â souvent une majoritĂ© â seront employĂ©s par des entreprises ou
travailleront en Ă©troite interaction avec elles, quâune majoritĂ© de ses Ă©tudiants auront probablement Ă
changer de métier au cours de leur parcours professionnel, et que préparer leur insertion
professionnelle et les armer le mieux possible pour ces â dures â rĂ©alitĂ©s est une mission de
lâuniversitĂ© aussi importante que sa mission de produire et transmettre un savoir acadĂ©mique.
Les pistes dâactions concrĂštes sont nombreuses, je cite seulement trois aspects :
-
poursuivre les efforts menĂ©s ces derniĂšres annĂ©es en matiĂšre dâinsertion professionnelle,
amplifier lâoffre de stages au cours de la formation, aider les Ă©tudiants dans leurs recherches
dâemplois, les aider Ă mieux connaĂźtre les dĂ©bouchĂ©s possibles Ă lâissue de leur formation, et
rendre accessibles à tous les informations décrivant les débouchés effectifs de chaque filiÚre ;
-
mettre en place dans les cursus de formation â idĂ©alement, dans tous les cursus â des cours
dâinitiation Ă la crĂ©ation dâentreprises, ainsi que des confĂ©rences dâouverture sur le monde
Ă©conomique ou sur dâautres aspects politiques, sociaux et internationaux du monde actuel,
comme le font tant dâĂ©coles⊠et si peu dâuniversitĂ©s ;
-
en amont des rĂ©flexions menĂ©es tous les quatre ans sur la prĂ©paration du projet dâĂ©tablissement et
sur les évolutions de chaque formation, organiser une série de réunions ou de séminaires avec des
reprĂ©sentants du monde Ă©conomique â voire dâun ensemble plus large dâacteurs extĂ©rieurs. De
nouveau, il ne sâagit pas dâempiĂ©ter sur lâautonomie dâune universitĂ© en matiĂšre dâĂ©laboration de
sa stratĂ©gie ; il sâagit de se donner les moyens dâun dialogue avec le monde extĂ©rieur pour mieux
en percevoir les attentes, afin dâexercer ses missions avec une meilleure ouverture Ă la sociĂ©tĂ©.
Sur un autre plan, il faut continuer à amplifier les efforts menés au sein des universités en matiÚre de
valorisation de la recherche. Les pistes dâactions sont connues : mettre en place dans chaque
université ou chaque PRES un incubateur ou une pépiniÚre de jeunes entreprises, développer
des chaires industrielles ou des postes de « professeurs associés industriels », mettre en valeur ces
initiatives pour accroĂźtre leur impact concret tout comme leur impact concernant lâĂ©volution de la
culture dâĂ©tablissement sur les questions touchant Ă la valorisation de la recherche.
2.4.4. Comment la France peut-elle dans les prochaines décennies conserver une belle place dans la
compĂ©tition mondiale de la recherche scientifique, oĂč lâAmĂ©rique du Nord occupe le devant de la scĂšne et
oĂč lâAsie progresse avec une dynamique extraordinaire ? Je ne connais quâune rĂ©ponse Ă cette question :
en jouant un rĂŽle moteur dans la construction de lâespace europĂ©en de la recherche, et en se mobilisant
pleinement pour que la recherche européenne rivalise le mieux possible avec la recherche nord-
américaine
19
. LâEurope est lâespace oĂč se joue lâavenir de la recherche française.
19
On peut reformuler cette conviction dâune autre façon. Nous nous comparons souvent aux Ătats-Unis mais la
seule Californie nous devance en matiĂšre de recherche ! Pour que la France ait une chance de rattraper la Californie,
elle doit viser le double objectif suivant : que lâEurope rivalise avec les Ătats-Unis, et que la recherche française soit
autant « tirĂ©e vers le haut » par lâespace europĂ©en de la recherche et ses dispositifs dâexcellence que la recherche
californienne lâest par le systĂšme fĂ©dĂ©ral amĂ©ricain.
19
Hélas, se donner une vraie politique de coopération avec des partenaires académiques et industriels
européens, pas seulement liée aux programmes de la Commission, jouer un rÎle de leader dans des projets
europĂ©ens dâenvergure, ĂȘtre prĂ©sent Ă Bruxelles pour exposer sa vision prospective aux responsables de la
Commission : tout ceci reste difficile pour nos universités. Les responsables de Bruxelles voient moins
souvent les universités françaises que les grandes universités des pays voisins ou les organismes de
recherche français. Se donner les moyens dâun engagement plus grand dans lâespace europĂ©en de la
recherche est un enjeu essentiel pour les PRES parisiens.
Plus largement, la construction de lâespace europĂ©en de lâES&R est lâune des plus belles facettes de la
construction de lâEurope, sur le plan des Ă©changes de personnes et sur le plan du partage des idĂ©es et des
cultures. Y participer est une chance pour les Ă©tudiants et pour les universitaires. Mais il y a plus :
poursuivre la construction européenne est un des plus grands enjeux des prochaines décennies pour notre
pays ! Cette perspective est-elle assez présente dans la « vision du monde » que donnent nos universités ?
Ouvrir davantage les Ă©tudiants â tous les Ă©tudiants â Ă lâEurope (et Ă lâinternational) est une
responsabilitĂ© des Ă©tablissements dâES&R, qui doivent certainement accroĂźtre leurs actions en ce sens.
2.4.5. Enfin, il faut faire de lâaccroissement de lâattractivitĂ© des Ă©tablissements dâenseignement
supĂ©rieur parisien une prioritĂ©. Rappelons quelques Ă©lĂ©ments clĂ©s dâanalyse sur ce sujet.
MĂȘme si des progrĂšs sensibles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, jâestime que la France et lâEurope nâont pas encore
pris toute la mesure de lâimportance de ce sujet. La capacitĂ© Ă attirer des scientifiques et Ă©tudiants du
meilleur niveau est le premier facteur de succÚs dans la compétition internationale de la
recherche scientifique. Câest sur ce facteur â bien plus, par exemple, que sur la qualitĂ© de leur
systĂšme Ă©ducatif â que les Ătats-Unis ont bĂąti leur incontestable leadership scientifique. LâEurope
leur a donnĂ© dans les annĂ©es 1930 un avantage qui est restĂ© dĂ©cisif jusquâici, et elle nâa jamais
vraiment cherché à inverser la tendance.
LâattractivitĂ© dĂ©pend tout dâabord de la qualitĂ© des chercheurs, de lâenvironnement des Ă©quipes de
recherche et de lâenvironnement culturel et social. Mais elle dĂ©pend aussi de la visibilitĂ©
internationale des Ă©tablissements â câest pourquoi les PRES doivent porter cette politique
dâattractivitĂ© â et de la qualitĂ© de lâengagement des Ă©tablissements et de leur environnement dans
cette compétition. Il ne suffit pas que telle ou telle équipe, tel ou tel laboratoire, accroissent leurs
efforts pour attirer davantage de doctorants, post-doctorants ou chercheurs Ă©trangers : il faut que ce
soit un axe visible de la politique dâun Ă©tablissement ou dâun PRES. LâattractivitĂ© dâun Ă©tablissement
ou dâun PĂŽle pleinement engagĂ© dans une politique de recrutement dâĂ©tudiants et de chercheurs
étrangers est « plus grande que la somme des attractivités de ses composantes ».
Dâun point de vue plus concret, des progrĂšs sont encore nĂ©cessaires sur plusieurs plans :
Il faut encore amĂ©liorer lâaide apportĂ©e aux Ă©tudiants et scientifiques Ă©trangers pour les dĂ©marches
administratives ; ceci est un bon sujet de mutualisation pour chaque projet de groupement. Un
accroissement trĂšs important des capacitĂ©s dâaccueil de chercheurs Ă©trangers est nĂ©cessaire.
Il reste la place pour des initiatives fĂ©dĂ©ratrices visant Ă accroĂźtre lâattractivitĂ© de Paris dans tel ou tel
domaine particulier. Câest le cas par exemple du projet dâInstitut dâĂ©tudes avancĂ©es (IEA) soutenu par
la Ville de Paris. Ce projet, qui vise Ă accroĂźtre le rayonnement international des SHS parisiennes,
pourrait constituer le socle du repositionnement stratégique de la Fondation de la maison des sciences
de lâhomme (FMSH), et il est important dây associer lâensemble des universitĂ©s et Ă©tablissements
concernés.
Il est indispensable que chaque Ă©tablissement dĂ©finisse sa politique en matiĂšre dâoffre
dâenseignement donnĂ© en anglais et sa politique de recrutement de doctorants, post-doctorants
et enseignants-chercheurs non francophones. Ce sujet délicat nécessite un débat dans chaque
Ă©tablissement, afin de dĂ©finir une politique dâouverture internationale du recrutement qui puisse Ă la
fois ĂȘtre « portĂ©e » par ses composantes et bien admise des jurys.
20
Pour un Ă©tablissement, de nombreux moyens existent pour mieux faire connaĂźtre Ă lâĂ©tranger non
seulement ses formations et ses recherches, mais aussi lâouverture internationale de sa politique de
recrutement. Cela commence par un vrai site web en anglais â ce quâont peu dâuniversitĂ©s
parisiennes. On peut aussi sâappuyer sur les rĂ©seaux de relations acadĂ©miques, sur les reprĂ©sentations
françaises Ă lâĂ©tranger, et sur les nombreuses occasions de missions des personnels de lâĂ©tablissement.
Dans un contexte oĂč les grandes universitĂ©s Ă©trangĂšres considĂšrent que leur « bassin de recrutement »
est le monde entier, les Ă©tablissements parisiens doivent participer beaucoup plus activement Ă la
compétition pour attirer les meilleurs jeunes scientifiques et les meilleurs chercheurs confirmés.
Jây ai dĂ©jĂ insistĂ© : si nous savons les accroĂźtre et bien les « jouer », les Ă©tablissements et PRES parisiens
ont des atouts uniques pour renforcer trÚs nettement leur attractivité. Si nous en faisons vraiment une
prioritĂ©, Paris peut ĂȘtre dans dix ans la mĂ©tropole universitaire la plus attractive du monde.
21
3. FAIRE DE LA VIE ĂTUDIANTE UNE GRANDE PRIORITĂ
La vie Ă©tudiante est beaucoup plus difficile Ă Paris quâailleurs en France, câest incontestable. Nous avons
besoin ici dâune nouvelle approche, dâun vrai changement de nos prioritĂ©s : amĂ©liorer les conditions de
la vie Ă©tudiante Ă Paris et en Ile-de-France est un devoir qui sâimpose instamment Ă tous les
responsables concernĂ©s au niveau de lâĂtat, des collectivitĂ©s territoriales et des Ă©tablissements
dâenseignement supĂ©rieur.
Jâexamine dâabord ci-dessous les questions liĂ©es au logement Ă©tudiant, qui constitue la premiĂšre prioritĂ©,
avant dâĂ©largir progressivement lâanalyse aux autres aspects de la vie Ă©tudiante
20
.
3.1. DĂVELOPPER LâOFFRE DE LOGEMENT ĂTUDIANT
Lâinsuffisance de lâoffre de logement Ă©tudiant est, sans aucun doute, le premier sujet sur lequel une action
forte et conjointe des pouvoirs publics est indispensable.
3.1.1. Les éléments de diagnostic sont bien connus et largement partagés.
Tout dâabord, Paris souffre de la faiblesse de lâoffre de logement Ă©tudiant, et de sa dispersion. Lâoffre
parisienne de logement Ă©tudiant est si dispersĂ©e quâil nâen existe aujourdâhui aucun recensement complet.
En grandes masses, elle se répartit comme suit :
Le CROUS de Paris offre environ 4 000 chambres réparties dans une quarantaine de résidences
étudiantes. Ces logements sont occupés à 80% par des étudiants « boursiers du CROUS », à 10% par
des étudiants étrangers boursiers de leur gouvernement ou du gouvernement français, et à 10% par
des Ă©tudiants accueillis â hors critĂšres sociaux â dans le cadre des programmes dâĂ©changes
internationaux auxquels participent les universités parisiennes.
La Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) offre 5300 lits sur son campus du boulevard
Jourdan, occupĂ©s environ Ă 90% par des Ă©tudiants â dont trois quarts dâĂ©trangers â et 10% par des
chercheurs Ă©trangers.
On peut estimer que lâensemble de lâoffre des rĂ©sidences Ă©tudiantes privĂ©es, recensĂ©e par
lâassociation pour le dĂ©veloppement du logement Ă©tudiant (Adele), reprĂ©sente environ 3 000
logements Ă Paris
21
.
Plus dâune cinquantaine de foyers Ă©tudiants, confessionnels ou associatifs, offrent â tous ensemble â
environ 4 500 chambres, souvent avec des conditions dâaccĂšs restrictives.
Les foyers de jeunes travailleurs parisiens offrent environ 900 places, dont une petite partie â difficile
Ă recenser â sont occupĂ©es par des Ă©tudiants. Les initiatives pour dĂ©velopper dâautres formes de
logement Ă©tudiant â logement intergĂ©nĂ©rationnel, colocation â sont relativement marginales.
En tout, on recense donc environ 17 000 logements Ă©tudiants Ă Paris, soit moins de 6 places pour 100
Ă©tudiants. La situation est un peu meilleure dans lâensemble de lâIle-de-France, avec 8 places pour 100
Ă©tudiants â 9 places pour 100 dans lâacadĂ©mie de CrĂ©teil et 15 dans lâacadĂ©mie de Versailles â mais reste
beaucoup moins bonne que la moyenne nationale : 14 places pour 100 Ă©tudiants.
Il faut noter en particulier un grave dĂ©ficit du logement social Ă©tudiant. Pour toute lâIle-de-France,
lâoffre de logement des CROUS des trois acadĂ©mies correspond Ă moins de 3 places pour 100 Ă©tudiants, Ă
comparer à une moyenne nationale de 7 ! Les disparités entre territoires franciliens sont trÚs grandes : le
nombre de logements CROUS proposés pour 100 boursiers est inférieur à 12 à Paris, égal à 18 à Créteil et
42 Ă Versailles â et Ă 31 en moyenne nationale. Ce grave dĂ©ficit a conduit Ă faire des choix dĂ©chirants :
ainsi, les résidences du CROUS de Paris, longtemps fermées à tout étudiant inscrit en licence, sont
toujours fermées aux étudiants de premiÚre et deuxiÚme années de licence ! Il y a cependant ici une
20
Pour prĂ©parer ce chapitre, jâai rencontrĂ© les organisations Ă©tudiantes, et individuellement un certain nombre
dâĂ©tudiants parisiens, et jâai tenu plusieurs rĂ©unions avec les directeurs des CROUS franciliens. Jâai aussi rencontrĂ©
les personnes en charge du logement Ă©tudiant et de la vie Ă©tudiante au Conseil RĂ©gional et Ă la Ville de Paris.
21
Une bonne partie de ces résidences sont gérées par des sociétés HLM privées. Leurs loyers sont en moyenne 50%
plus Ă©levĂ©s que ceux des rĂ©sidences du CROUS, et du mĂȘme ordre quâĂ la CIUP.
22
bonne nouvelle : le parc des résidences du CROUS de Paris est en progression forte, il a presque doublé
entre 2000 et 2008 et devrait avoir triplé entre 2000 et 2013 grùce à la politique volontariste que mÚne
la Ville de Paris en faveur du logement social Ă©tudiant, avec la participation de lâĂtat et de la RĂ©gion.
Mais le déficit à rattraper est encore trÚs important.
Par ailleurs, il est certain que regarder le sujet uniquement sur le territoire de la Ville de Paris nâa guĂšre de
sens : ce nâest pas sur Paris intra-muros quâon trouvera les solutions pour rĂ©soudre le problĂšme du
logement des étudiants des établissements parisiens, il faut aussi développer des résidences étudiantes
en périphérie à proximité de lignes de transports desservant bien le centre de Paris. Ceci a la force des
Ă©vidences⊠mais câest beaucoup plus facile Ă dire quâĂ faire, car on se heurte ici Ă des prises de dĂ©cisions
trÚs difficiles et à une coordination insuffisante des différents acteurs franciliens :
Les décisions sont difficiles à prendre pour plusieurs raisons. Décider de construire en périphérie
une rĂ©sidence principalement destinĂ©e aux Ă©tudiants des Ă©tablissements parisiens nâest pas dans les
priorités des élus locaux et fait parfois craindre une perspective de « cité dortoir » peu motivante. De
plus, les grandes disparités entre les trois académies franciliennes alimentent la crainte que
lâouverture aux Ă©tudiants parisiens des rĂ©sidences dâune acadĂ©mie voisine ne dĂ©clenche un afflux
difficile à gérer au détriment des étudiants de ladite académie.
La coordination des acteurs est indispensable pour réussir à bùtir une politique régionale du
logement Ă©tudiant et Ă prendre, dans le cadre dâune vision partagĂ©e, ces dĂ©cisions de construction de
nouvelles résidences. Le législateur, conscient de cette nécessité, a décidé en 2004 de confier au
Conseil RĂ©gional, spĂ©cifiquement en Ile-de-France, la responsabilitĂ© dâĂ©tablir un schĂ©ma directeur
régional du logement étudiant. Le premier schéma directeur, dédié au logement social étudiant, a été
finalisĂ© Ă lâautomne 2009. Une des difficultĂ©s de la situation francilienne vient du grand nombre
dâacteurs : outre lâĂtat et les collectivitĂ©s territoriales (jusquâau niveau des agglomĂ©rations de
communes et des communes elles-mĂȘmes), les CROUS, les bailleurs sociaux privĂ©s, les
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur, les organisations reprĂ©sentatives des Ă©tudiants, etc.
Au sein mĂȘme du dispositif de lâĂtat, la coordination des acteurs concernĂ©s par le logement social
étudiant est trÚs limitée. La coopération des CROUS des trois académies franciliennes est
insuffisante : pour lâessentiel, chacun dâeux a pour mission de dĂ©velopper son parc de rĂ©sidences
étudiantes pour loger les étudiants inscrits dans les établissements de son académie. Personne ne
sâoccupe donc vraiment de bĂątir en pĂ©riphĂ©rie des rĂ©sidences bien placĂ©es pour les Ă©tudiants des
établissements parisiens. Plusieurs rapports ont déjà souligné les grandes difficultés qui découlent de
cette situation. Le rapport remis début 2008 au Premier ministre par le député Jean-Paul Anciaux
proposait que le CNOUS soit chargé de coordonner les trois CROUS franciliens tandis que le rapport
dâaudit sur lâimmobilier universitaire parisien de lâautomne 2008 prĂ©conisait de les fusionner.
Ajoutons quelques mots sur les rĂ©sidences Ă©tudiantes elles-mĂȘmes. Dâune part, il faut savoir que des
efforts importants ont été faits dans les 10 ou 15 derniÚres années pour améliorer les situations des
rĂ©sidences des CROUS, partout en France. Dâautre part, on pourrait dire quâil y a logement Ă©tudiant et
logement Ă©tudiant. Tous les spĂ©cialistes des questions de vie Ă©tudiante savent quâil nâexiste pas un seul
public Ă©tudiant : depuis les Ă©tudiants de premiĂšre ou deuxiĂšme annĂ©e de licence jusquâaux doctorants et
post-doctorants, en passant par des Ă©tudiants Ă©trangers venant Ă Paris pour un semestre dâĂ©tudes en
master, il existe plusieurs « publics étudiants » dont les besoins en matiÚre de logement et les styles de vie
sont diffĂ©rents. Il sâensuit que, pour rĂ©pondre Ă la diversitĂ© de ces attentes, lâoffre de logement Ă©tudiant
ne doit pas ĂȘtre monolithique et que les rĂ©sidences elles-mĂȘmes sont trĂšs diverses, selon quâelles sont
dĂ©diĂ©es Ă tel ou tel de ces publics, ou mixtes entre plusieurs dâentre eux. Cette diversitĂ© permet dans
beaucoup de cas de bùtir des résidences bien adaptées aux attentes des élus et des riverains.
Enfin, ces analyses seraient incomplÚtes si elles ne mentionnaient pas les difficultés liées à la rareté des
opportunitĂ©s fonciĂšres, et surtout aux coĂ»ts Ă©levĂ©s du foncier et de la construction. La raretĂ© nâest
cependant pas lâobstacle majeur : si lâeffort public en faveur du dĂ©veloppement du logement Ă©tudiant est
porté avec constance, dans la durée, on peut trouver des opportunités fonciÚres adaptées. Ma conviction
est que le développement du logement étudiant à Paris et en Ile-de-France est surtout une question
de volontĂ© politique et de meilleure coordination de lâensemble des acteurs.
23
3.1.2. La premiĂšre prioritĂ© des prochaines annĂ©es Ă Paris et en Ile-de-France, pour lâĂtat comme pour
les collectivités territoriales, est le développement du logement social étudiant.
Une concertation approfondie de lâensemble des acteurs est indispensable pour Ă©laborer et mettre en
Ćuvre dans la durĂ©e une politique ambitieuse dans ce domaine. Sur de trĂšs nombreux sujets, techniques
ou politiques, il faut dégager des éléments de consensus et améliorer les dispositifs existants pour fonder
le déploiement de cette politique ambitieuse. Citons les principaux :
Concernant les types de rĂ©sidences, un consensus se dĂ©gage sur lâimportance de rĂ©aliser des
rĂ©sidences qui soient, le mieux possible, des lieux de socialisation et de mixitĂ© sociale. MĂȘme Ă
Paris oĂč les mÂČ sont rares, il faut Ă©viter les « rĂ©sidences dortoirs » qui risquent de contribuer Ă
renforcer lâisolement des Ă©tudiants en difficultĂ© ; il faut au contraire y prĂ©voir des salles de travail et
faire en sorte quâelles soient des lieux de vie et contribuent Ă crĂ©er du lien social. Cette prĂ©occupation
conduira Ă privilĂ©gier, chaque fois que possible, des rĂ©sidences mixtes oĂč logent des Ă©tudiants des
trois niveaux â licence, master et doctorat â tout en gardant une approche pragmatique qui permette
de rĂ©pondre Ă la diversitĂ© des demandes et nâexclut pas dâouvrir ici ou lĂ des « maisons doctorales ».
LâexpĂ©rience du CROUS de Paris, dont un tiers des rĂ©sidences ont 60 places ou moins, montre
combien la multiplication de résidences trop petites est dommageable, avec des surcoûts de gestion
Ă©levĂ©s et une rĂ©duction des services offerts aux Ă©tudiants. MĂȘme sâil est possible et intĂ©ressant de
gérer un ensemble de petites résidences géographiquement proches en réseau de proximité, pour
partager des services, il faut viser â sans en faire une rĂšgle contraignante â de construire le plus
possible des résidences ayant au moins une centaine de logements.
Le schéma directeur approuvé par le Conseil Régional inclut notamment une cartographie des zones
prioritaires bien reliées aux principaux sites universitaires franciliens. Ce travail de cartographie,
auquel lâĂtat, les CROUS et les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur ont Ă©tĂ© associĂ©s, est trĂšs
utile. Il devra ĂȘtre poursuivi pour distinguer les rĂ©sidences Ă vocation locale et les rĂ©sidences Ă
vocation inter-académique, situées en périphérie mais ouvertes aux étudiants des établissements
parisiens.
Il faut aussi mener un travail de fond sur lâensemble des questions fonciĂšres, juridiques et
financiÚres liées aux projets de construction et de réhabilitation des résidences étudiantes. Les
coĂ»ts Ă©levĂ©s du foncier et de la construction en Ile-de-France dâune part, la complexitĂ© â et la durĂ©e
de mise au point â des montages juridiques dâautre part, rendent les projets de construction et de
réhabilitation de résidences lourds à monter et trÚs difficiles à équilibrer financiÚrement. Il faut
amplifier la coopĂ©ration des acteurs publics pour mieux mobiliser le foncier disponible, et rĂ©ussir Ă
desserrer certaines des contraintes qui, en Ile-de-France bien plus que dans le reste du pays,
constituent un écheveau si serré que le dispositif est proche du blocage
22
.
LâexpĂ©rience montre que lâassociation trop tardive du gestionnaire des rĂ©sidences â le plus souvent le
CROUS â au montage des projets de construction de nouvelles rĂ©sidences contribue Ă accroĂźtre les
difficultés de gestion. Il serait bon de mettre en place un processus plus clair pour le montage et la
conduite des projets de construction de rĂ©sidences, sâappuyant sur une coopĂ©ration resserrĂ©e dĂšs
lâamont du projet des collectivitĂ©s territoriales concernĂ©es, des bailleurs sociaux et du futur
gestionnaire de la résidence.
Plusieurs autres aspects mĂ©ritent aussi lâattention, comme la politique en faveur des Ă©tudiants
handicapés ou la prise en compte des problÚmes de sécurité, plus aigus en Ile-de-France que dans
beaucoup dâautres rĂ©gions. La mise en Ćuvre du projet de rĂ©habilitation de la rĂ©sidence universitaire
dâAntony, sous la responsabilitĂ© de la communautĂ© dâagglomĂ©ration des Hauts-de-BiĂšvre, est aussi un
sujet de vigilance pour lâĂtat ; dâune part, cette rĂ©sidence est et doit rester une grande rĂ©sidence Ă
vocation rĂ©gionale, inter-acadĂ©mique ; dâautre part, il faut veiller Ă mettre en Ćuvre rapidement les
mesures dâaccompagnement prĂ©vues dans la convention signĂ©e entre lâĂtat et les Hauts-de-Seine pour
développer le parc de logement étudiant dans ce département.
22
De nombreuses questions mĂ©ritent un examen approfondi, en sâappuyant notamment sur les prĂ©conisations du
rapport Anciaux : choix des modalitĂ©s dâoccupation du domaine public (AOT, bail, etc.) et des modes dâintervention
(PPP, MOP, etc.), niveau des subventions nĂ©cessaires pour assurer lâĂ©quilibre des montages financiers, montages
nouveaux Ă mettre en place en sâappuyant sur les dispositions de la loi de mobilisation pour le logement de mars
2009, etc.
24
* * *
Les questions concernant les missions des trois CROUS franciliens et leur coordination sont
principalement du ressort de lâĂtat.
En premier lieu, il serait utile de construire un consensus sur les grands Ă©quilibres des missions des
CROUS en matiĂšre de logement Ă©tudiant en Ile-de-France. Je lâai rappelĂ©, le CROUS de Paris utilise
80% de ses chambres pour loger des boursiers, tandis que 20% sont occupées par des étudiants
Ă©trangers dans le cadre des programmes dâĂ©changes internationaux â et ceci fait lâobjet de
conventions entre le CROUS et les universitĂ©s. Ces deux missions des CROUS â le logement
dâĂ©tudiants sur critĂšres sociaux et lâaccompagnement de la participation des universitĂ©s aux
programmes internationaux â sont importantes, mais il faut veiller Ă lâĂ©quilibre entre lâune et lâautre.
Ă mon sens, accompagner les universitĂ©s dans leur politique dâexcellence et dâattractivitĂ© ne doit pas
se faire, dans les prochaines années, au détriment de la mission sociale des CROUS. Dans une optique
de poursuite dĂ©terminĂ©e de lâaccroissement du nombre des logements gĂ©rĂ©s par le CROUS, il me
semble judicieux de viser de conserver cet Ă©quilibre 80-20 et de ne pas diminuer la proportion des
chambres consacrĂ©es aux boursiers sur critĂšres sociaux, en ayant lâobjectif que le CROUS de
Paris puisse progressivement mettre fin Ă lâexclusion des boursiers de premiĂšre et deuxiĂšme annĂ©es et
dĂ©velopper lâaccompagnement social des Ă©tudiants inscrits en licence
23
.
La politique menĂ©e en Ile-de-France concernant le logement Ă©tudiant doit aussi ĂȘtre clarifiĂ©e sur un
autre point. Pour lâaccueil dâĂ©tudiants venus Ă Paris dans le cadre dâun programme dâĂ©changes
internationaux, les conventions passées avec les CROUS permettent aux universités de réserver un
certain nombre de chambres ; a contrario, pour le logement des boursiers sur critĂšres sociaux, il
nâexiste pas de rĂ©sidences â ou de chambres â rĂ©servĂ©es Ă telle ou telle universitĂ© parisienne.
Certaines universitĂ©s â ou PRES â demandent Ă avoir des rĂ©sidences Ă©tudiantes qui leur soient
propres. Je pense que, dans la situation actuelle, il faut donner une réponse négative à cette demande :
tant que Paris et lâIle-de-France connaĂźtront un dĂ©ficit marquĂ© en matiĂšre de logement Ă©tudiant, il est
souhaitable de continuer Ă mutualiser les capacitĂ©s de logement Ă©tudiant pour lâensemble des
universités parisiennes, tout en améliorant la capacité à prendre en compte des critÚres
géographiques dans le placement des étudiants.
Je recommande de mettre en place une coordination Ă©troite des trois CROUS franciliens et non
de les fusionner, pour plusieurs raisons :
-
La prĂ©sence du CROUS dans chaque acadĂ©mie est utile pour ĂȘtre bien au fait de ses spĂ©cificitĂ©s,
et Ă lâĂ©coute des besoins au plus prĂšs de chacun des grands pĂŽles universitaires franciliens.
-
Fusionner les trois établissements ne répondrait que partiellement au besoin de vision globale et
de coordination nécessaire pour favoriser un meilleur développement du logement étudiant et une
amĂ©lioration de la vie Ă©tudiante en Ile-de-France : le directeur de lâunique CROUS francilien
aurait une vision limitée aux seules activités du CROUS, alors que le coordinateur dont la mise en
place est proposĂ©e au chapitre 6 aura une vision plus large et sera Ă mĂȘme de reprĂ©senter lâĂtat
sur lâensemble des questions de vie Ă©tudiante en Ile-de-France.
-
Partiellement inadaptĂ©e, la fusion des trois CROUS serait une rĂ©forme sensible, notamment Ă
lâĂ©gard des organisations reprĂ©sentatives Ă©tudiantes ; elle serait donc longue voire difficile.
Cette coordination des trois CROUS concerne notamment la mise en place maĂźtrisĂ©e dâun nouveau
modĂšle de placement des Ă©tudiants pour ouvrir aux Ă©tudiants dâĂ©tablissements parisiens lâaccĂšs Ă
certaines résidences situées en périphérie.
* * *
23
Ces questions touchant Ă lâĂ©quilibre â et aux tensions â entre les diffĂ©rentes missions des CROUS mĂ©ritent
dâautant plus de vigilance que cet Ă©quilibre va ĂȘtre impactĂ© par les mesures rĂ©centes en faveur de lâaccroissement de
la participation dâĂ©tudiants boursiers aux classes prĂ©paratoires aux grandes Ă©coles â les lycĂ©es, dont les internats sont
souvent saturés, se tournant naturellement vers les CROUS.
25
Les principales recommandations sur le logement social Ă©tudiant sont les suivantes :
Recommandation 5 : BĂątir avec la Ville de Paris â qui sâest engagĂ©e sur un rythme de 4 000 nouveaux
logements sociaux Ă©tudiants tous les six ans â un plan conjoint de dĂ©veloppement du logement social
Ă©tudiant Ă Paris :
fixer lâobjectif que la contribution de lâĂtat permette dâaccroĂźtre ce rythme de 50% en finançant 4 000
logements supplémentaires sur Paris
24
dâici Ă 2020, soit 12 000 nouveaux logements sur Paris entre
2009 et 2020 au lieu de 8 000,
et construire avec la Ville un plan concerté portant sur la période 2010-2015, avec des objectifs précis
et des tableaux de bord partagés.
Recommandation 6 : Bùtir avec le Conseil Régional et les Conseils Généraux (dont la Ville) un plan
conjoint de développement de résidences étudiantes à vocation inter-académique, situées en
périphérie mais ouvertes en partie aux étudiants des établissements parisiens. Il faut viser que la
contribution de lâĂtat permette de financer la construction de 2000 logements en pĂ©riphĂ©rie pour des
Ă©tudiants parisiens dâici Ă 2020.
Enfin, il est indispensable de mettre en place dans la durĂ©e une coordination entre lâĂtat, le Conseil
Régional, la Ville de Paris et les Conseils Généraux pour assurer un pilotage et un suivi partagés du
dĂ©veloppement du logement social Ă©tudiant, dans le cadre du schĂ©ma directeur rĂ©gional. Jây reviens au
chapitre 6.
3.1.3. Lâoffre de logements de la CIUP sâadresse Ă un public diffĂ©rent, constituĂ© surtout dâĂ©tudiants
Ă©trangers Ă partir du master â dont des primo-entrants en France, exclus par les critĂšres sociaux du
CROUS â ainsi quâĂ des chercheurs Ă©trangers. Elle sâinscrit dans un modĂšle intĂ©ressant et spĂ©cifique qui
repose sur des valeurs de comprĂ©hension et dâĂ©changes entre Ă©tudiants de pays diffĂ©rents, et sur des
partenariats avec divers pays qui ont construit chacun, via du mécénat, une « Maison » qui leur est dédiée
sur le campus de 34 hectares de la CIUP, boulevard Jourdan. La CIUP est un bel atout pour
lâenseignement supĂ©rieur parisien.
Il est utile et nĂ©cessaire de dĂ©velopper son offre de logements en parallĂšle de lâaccroissement de lâoffre
de logement social Ă©tudiant. Il est bon de distinguer ces deux offres â en Ă©vitant de dĂ©velopper des
logements sociaux sur le site de la CIUP â sans pour autant les opposer lâune Ă lâautre : elles sont
complĂ©mentaires, et cette complĂ©mentaritĂ© est une chance pour lâES&R parisien.
Aucun bĂątiment nâa Ă©tĂ© construit sur le site de la CIUP depuis 1968. Une modification du PLU a permis,
depuis quelques années, de rendre constructible une bande de terrain sur laquelle la CIUP projette de
construire entre 1 000 et 1 200 nouveaux logements. Mais ces projets sont restĂ©s bloquĂ©s jusquâici du
fait dâune situation fonciĂšre complexe. Ma mission a Ă©tĂ© lâoccasion de fixer les lignes directrices dâun
accord que lâĂtat et la Ville de Paris devraient ĂȘtre en mesure de signer dans les prochains mois. En
résolvant les difficultés liées à la complexité de la situation fonciÚre et en prévoyant la prise en charge du
financement de la viabilisation des terrains constructibles, cet accord permettra de débloquer la situation
pour engager rapidement la construction de nouvelles Maisons sur le site de la CIUP. Plusieurs
projets de Maisons existent.
Recommandation 7 : Conclure lâaccord avec la Ville de Paris sur la CIUP, et demander Ă la CIUP de
finaliser rapidement son plan de développement.
24
Bien sĂ»r, cette accĂ©lĂ©ration du dĂ©veloppement de lâoffre de logement social Ă©tudiant, au-delĂ de lâobjectif sur
lequel sâest engagĂ©e la Ville de Paris, ne doit pas compromettre la rĂ©alisation des autres objectifs du Programme
local de lâhabitat (PLH) de la Ville concernant le logement social Ă destination des familles et des jeunes
travailleurs. Câest pourquoi un travail commun entre lâĂtat et la Ville est tout Ă fait indispensable.
26
Ce plan de dĂ©veloppement devra prĂ©ciser les orientations concernant lâĂ©quilibre entre les politiques
dâaccueil dâĂ©tudiants et de chercheurs Ă©trangers dans les nouvelles « Maisons », ainsi que les partenariats
à développer avec les universités et PRES franciliens, et avec les collectivités territoriales.
Il ne faut pas sâarrĂȘter lĂ . Une vision ambitieuse de lâavenir de lâenseignement supĂ©rieur parisien, avec
une prioritĂ© trĂšs forte pour lâaccroissement de son attractivitĂ©, passe Ă mes yeux par un projet de
développement de la CIUP sur un autre site proche de Paris. Pour conserver les traits dominants du
« modÚle de la CIUP », il faut trouver un beau site, ayant une superficie significative, sur lequel on pourra
construire dans un cadre de verdure un nouvel ensemble de « Maisons »
25
.
Recommandation 8 : Etudier avec la Ville de Paris et en lien avec les collectivités territoriales
concernĂ©es la possibilitĂ© dâune extension de la CIUP sur un deuxiĂšme site en pĂ©riphĂ©rie Ă moins de 30
minutes du centre de Paris
26
.
3.1.4. En complĂ©ment du dĂ©veloppement de lâoffre de logements, il est utile dâaider les Ă©tudiants Ă trouver
les informations sur cette offre trÚs dispersée et à mener leur démarche de recherche de logement.
Un premier objectif est atteignable Ă court terme : rendre accessibles sur un portail unique du logement
Ă©tudiant en Ile-de-France les informations concernant lâensemble des logements Ă©tudiants franciliens,
quel que soit le gestionnaire â CROUS, CIUP, bailleurs sociaux privĂ©s, foyers, chambres proposĂ©es en
ville par des particuliers, etc. â avec toutes les prĂ©cisions utiles (type de logement, lieu, temps de
transports, conditions dâaccĂšs, dĂ©marches nĂ©cessaires, accĂšs pour les Ă©tudiants handicapĂ©s, etc.). Ceci doit
ĂȘtre rĂ©alisĂ© Ă lâĂ©chelle francilienne, et non parisienne, pour surmonter les frontiĂšres entre acadĂ©mies. La
rĂ©alisation de ce portail bilingue devrait ĂȘtre confiĂ©e aux trois CROUS, sous la responsabilitĂ© du directeur
du CROUS de Paris. Un partenariat avec les collectivités territoriales concernées sera indispensable. Il
serait judicieux, en particulier, que tout offreur de logements étudiants ayant bénéficié de crédits publics
soit tenu dâapporter les informations nĂ©cessaires pour ce portail. Il sâagira ainsi dâun portail impliquant les
acteurs institutionnels, et dont les CROUS seront garants de la fiabilité des informations.
Il sera intĂ©ressant dâĂ©tendre ensuite ce portail Internet pour en faire un outil dâaide aux dĂ©marches de
recherche des étudiants et de réservation en ligne. Ceci correspond à un projet plus ambitieux, qui aura
un impact sur lâorganisation de certains services dans les trois CROUS : cette extension, qui mĂ©rite une
prĂ©paration plus approfondie, devra ĂȘtre menĂ©e dans un deuxiĂšme temps.
Recommandation 9 : Demander aux trois CROUS franciliens de mettre en place rapidement un
portail unique du logement étudiant en Ile-de-France, en partenariat avec les collectivités territoriales.
3.2. AMĂLIORER LES AUTRES ASPECTS DE LA VIE ĂTUDIANTE
De nombreux autres aspects de la vie Ă©tudiante sont plus difficiles Ă Paris quâailleurs en France. JâĂ©voque
ci-dessous les sujets les plus importants : la lisibilitĂ© de lâoffre de formations, les lieux de travail, la
restauration, le sport et la santé étudiante.
3.2.1. AmĂ©liorer la lisibilitĂ© de lâoffre de formations pour les Ă©tudiants doit ĂȘtre une prĂ©occupation de
tous les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisien. Les sites web des Ă©tablissements ont, dans
lâensemble, fait lâobjet de nets progrĂšs ces derniĂšres annĂ©es ; ils restent cependant assez inĂ©gaux. Il serait
utile dâinciter les Ă©tablissements Ă auto-Ă©valuer rĂ©guliĂšrement leurs sites web, et Ă Ă©diter un site de qualitĂ©
25
Mes recherches ne mâont permis dâidentifier pour lâinstant quâune seule opportunitĂ©, qui mobiliserait une part du
terrain de lâĂtat affectĂ© Ă lâObservatoire de Paris sur la commune de Meudon â Ă 10 minutes Ă pied et 15 minutes de
train de Montparnasse. La situation fonciĂšre est la mĂȘme que celle du terrain sur lequel le CollĂšge de France vient de
construire à Meudon une petite résidence de chercheurs étrangers, ce qui démontre la faisabilité au plan technique.
26
Rappelons que le temps de trajet moyen dâun Ă©tudiant francilien est supĂ©rieur Ă 45 mn.
27
en anglais
27
. Une Ă©valuation de la qualitĂ© des informations donnĂ©es aux Ă©tudiants devrait ĂȘtre aussi incluse
dans lâĂ©valuation des Ă©tablissements par lâAERES. Ces recommandations sâappliquent aussi pour les
portails Internet des PRES et des groupements dâĂ©tablissements, qui doivent donner â en français et en
anglais â une vision unifiĂ©e de lâensemble de lâoffre de formations.
Il existe aussi quelques portails plus globaux donnant des informations sur lâensemble des formations
proposĂ©es par les Ă©tablissements parisiens ou franciliens. Câest le cas du site « Admission post-bac »,
Ă©largi rĂ©cemment Ă lâIle-de-France, qui permet lâinscription des lycĂ©ens dans les filiĂšres de
lâenseignement supĂ©rieur. Il faudra prendre soin de faire Ă©voluer ces sites pour prendre en compte les
PRES et groupements, et donner ainsi une vision plus structurée du dispositif parisien et francilien.
3.2.2. Les Ă©tudiants parisiens Ă©prouvent des difficultĂ©s beaucoup plus grandes quâen pĂ©riphĂ©rie ou en
province pour trouver des lieux de travail. La rĂ©ponse principale aux besoins de lieux de travail doit ĂȘtre
cherchée du cÎté des bibliothÚques (voir le chapitre 4), mais une part de la réponse sera trouvée aussi en
proposant aux étudiants des résidences qui soient de vrais lieux de vie, incluant des salles de travail
connectĂ©es aux « campus numĂ©riques ». LâidĂ©e de transformer en cours de journĂ©e les restaurants
universitaires en lieu de travail mĂ©rite aussi dâĂȘtre explorĂ©e sur les sites oĂč le besoin est le plus fort : le
succĂšs de cette initiative nâĂ©tant pas certain, la bonne façon de procĂ©der est celle que va mettre en Ćuvre
le CROUS de Paris, via une expérimentation de quelques mois sur un site avant généralisation éventuelle.
3.2.3. La situation est Ă©galement difficile Ă Paris pour la restauration universitaire.
Le parc des restaurants et cafĂ©tĂ©rias du CROUS est trĂšs insuffisant : Paris est de loin lâacadĂ©mie la
moins bien dotĂ©e en restaurants CROUS, avec un nombre dâĂ©tudiants par place de restaurant plus de
trois fois supérieur à la moyenne nationale. Le nombre de repas servis par place et par jour ouvré est
supĂ©rieur Ă 2,5, alors quâil est de 1,4 pour la moyenne des autres acadĂ©mies. Cette moyenne cache des
situations extrĂȘmement critiques : le restaurant universitaire de Paris Rive Gauche sert plus de 5 repas par
place pour le seul dĂ©jeuner ! Ă ce jour, la situation nâest pas en voie dâamĂ©lioration : le nombre de places
des restaurants CROUS a baissé au cours des deux derniÚres années, du fait de fermetures temporaires ou
dĂ©finitives. MĂȘme si lâoffre de restauration privĂ©e agrĂ©Ă©e par le CNOUS â offrant des repas au mĂȘme prix
â est significative, accroissant de 16% lâoffre propre du CROUS, lâensemble reste trĂšs insuffisant : les
Ă©tudiants parisiens sont beaucoup plus nombreux, en proportion, que les Ă©tudiants de province Ă manger
dans des cafés ou des fast-food, à manger « sur le pouce » ou à sauter des repas.
Il est donc indispensable de construire un plan de dĂ©veloppement de la restauration universitaire Ă
Paris, en incluant restauration sociale et restauration des personnels des établissements. La responsabilité
en incombe principalement Ă lâĂtat
28
. Un plan ambitieux peut ĂȘtre bĂąti en sâappuyant sur les Ă©lĂ©ments
suivants :
Un document prĂ©parĂ© en 2008 par lâensemble des Ă©tablissements parisiens dans le cadre de
lâOpĂ©ration Campus fait apparaĂźtre une vision commune des opĂ©rations prioritaires :
-
le développement de la restauration universitaire sur le site de Paris Rive Gauche,
-
la réhabilitation du restaurant universitaire Mabillon et la réhabilitation du complexe de
restauration du site de Jussieu,
-
et le développement de la restauration universitaire sur les sites du Campus Condorcet, porte de la
Chapelle et Ă Aubervilliers.
Jây reviens au chapitre 5. Les projets de groupements qui mâont Ă©tĂ© envoyĂ©s dĂ©but 2009
comprenaient aussi des projets de restaurants ou de cafĂ©tĂ©rias rue des Saints-PĂšres et rue dâUlm.
Dâautre part, les propositions de « plans de rationalisation des implantations universitaires »
présentées au chapitre 5 ouvrent des possibilités de locaux disponibles pour installer de nouveaux
restaurants ou de nouvelles cafétérias.
27
Le dĂ©veloppement de sites dâinformation en langue anglaise â et dans dâautres langues â ne doit pas seulement
ĂȘtre vu comme un moyen dâĂȘtre visible de lâĂ©tranger. Il faut avoir Ă lâesprit quâune part significative â et qui a
vocation Ă croĂźtre â des Ă©tudiants parisiens ne sont pas francophones.
28
Le patrimoine immobilier des restaurants et cafĂ©tĂ©rias du CROUS de Paris appartient en totalitĂ© Ă lâĂtat.
28
Le plan de développement de la restauration universitaire devra inclure un schéma directeur de la
restauration pour chaque quartier universitaire, avec une offre de restauration de proximité et diversifiée.
Il devra aussi analyser la possibilitĂ© de restructurer une partie de lâactivitĂ© de production des plats
distribuĂ©s dans les restaurants et cafĂ©tĂ©rias du CROUS de Paris autour dâun systĂšme de cuisines centrales.
En effet, une partie significative de la restauration universitaire de lâacadĂ©mie de CrĂ©teil fonctionne
autour dâune cuisine centrale â desservant plusieurs restaurants et cafĂ©tĂ©rias â et le CROUS de CrĂ©teil a le
projet dâĂ©tendre ce modĂšle dâorganisation en construisant dâautres cuisines centrales, alors que le CROUS
de Paris sâest heurtĂ© jusquâici Ă des difficultĂ©s pour construire une cuisine centrale intra-muros. Une
collaboration entre les deux CROUS est une voie prometteuse pour bĂątir un projet sâappuyant sur des
cuisines centrales situées en périphérie et travaillant pour les restaurants et cafétérias des deux académies.
Recommandation 10 : Lancer rapidement la mise en Ćuvre du plan de dĂ©veloppement de la
restauration universitaire parisienne que le CROUS de Paris doit proposer avant la fin du premier
trimestre 2010, portant Ă la fois sur les capacitĂ©s de distribution â restaurants et cafĂ©tĂ©rias â et sur les
capacités de production pouvant inclure des cuisines centrales situées en périphérie.
3.2.4. La pratique dâune activitĂ© sportive est plus difficile pour les Ă©tudiants Ă Paris quâailleurs en
France. La diffĂ©rence nâest pas trĂšs grande pour la pratique hors du dispositif universitaire : 54% des
étudiants parisiens et 60% des étudiants français font du sport en club ou en loisirs. Mais la différence est
beaucoup plus marquée pour la pratique sportive au sein des établissements : 10% des étudiants
franciliens pratiquent une activité sportive organisée dans un cadre universitaire contre 18% hors Ile-de-
France. La proportion dâĂ©tudiants participant aux compĂ©titions universitaires est, Ă Paris, infĂ©rieure de 30
points Ă ce quâelle est en province. Presque 50% des Ă©tudiants parisiens se disent insatisfaits ou trĂšs
insatisfaits des équipements sportifs disponibles, alors que ce taux est inférieur à 30% hors Ile-de-France.
La premiĂšre cause de ces difficultĂ©s est le manque dâĂ©quipements sportifs universitaires ou
interuniversitaires. Deux grands centres sportifs interuniversitaires existent Ă Paris : le centre sportif
Jean Sarrailh géré par le CROUS et le centre sportif de la CIUP. De plus, certaines universités disposent
dâinstallations sportives â essentiellement Paris 5, Paris 6 et Dauphine. En complĂ©ment, les
Ă©tablissements louent des installations sportives Ă la Ville ou Ă dâautres collectivitĂ©s franciliennes, voire Ă
des clubs sportifs civils. Tout ceci donne lieu à un écheveau complexe de créneaux horaires et
dâinstallations disponibles pour les Ă©tudiants, lâassociation sportive de chaque universitĂ© ou Ă©cole gĂ©rant
souvent plusieurs dizaines de contrats de locations de piscines, stades, gymnases ou salles de sports.
Pour améliorer cette situation difficile, il faut progresser simultanément dans deux directions :
Dâune part, il faut rĂ©habiliter ou agrandir certaines installations sportives universitaires
existantes. Le document prĂ©parĂ© par les Ă©tablissements parisiens en 2008 dans le cadre de lâOpĂ©ration
Campus proposait une vision commune des travaux prioritaires â jây reviens au chapitre 5 :
-
la rĂ©habilitation et lâagrandissement du centre sportif Jean Sarrailh et des installations de la CIUP,
-
lâagrandissement du centre sportif Jean Talbot sur le site de Jussieu,
-
le rĂ©amĂ©nagement dâune salle de sports rue des Saints-PĂšres,
-
la participation à la réhabilitation de stades mis à disposition par la Ville de Paris,
-
et lâimplantation dâinstallations sportives sur le site du Campus Condorcet Ă Aubervilliers.
Dâautre part, il est indispensable de mettre en place une meilleure mutualisation des installations et
une meilleure coordination des acteurs. Partageant la volonté de se donner un outil fédérateur pour
promouvoir une meilleure pratique sportive de leurs Ă©tudiants et de leurs personnels, les huit
universités parisiennes avaient signé en janvier 2009 avec le CROUS et la CIUP, et en lien avec la
Ville de Paris, une convention portant projet de crĂ©ation dâun GIP « PĂŽle parisien du sport
universitaire », avec lâobjectif que ce groupement dâintĂ©rĂȘt public :
-
permette de mutualiser les locations dâinstallations sportives,
-
mĂšne des actions dans le domaine de la promotion du sport auprĂšs des Ă©tudiants ou de la
facilitation de la pratique sportive des étudiants handicapés,
-
et devienne aussi un lieu oĂč sâĂ©laboreront une politique de la pratique sportive universitaire Ă
Paris, et des propositions adressĂ©es Ă la Ville ou Ă lâĂtat pour amĂ©liorer la situation.
29
Jâavais Ă©crit dans le rapport intermĂ©diaire ma conviction que cette approche commune des universitĂ©s
parisiennes devait ĂȘtre encouragĂ©e, car la situation de pĂ©nurie impose que lâon fasse le choix de la
mutualisation. Malheureusement, un changement est intervenu au cours de lâautomne â qui est une
consĂ©quence, pas trĂšs heureuse Ă mes yeux, de lâĂ©mergence des projets de PRES : les prĂ©sidents des
universités Paris 2, Paris 4 et Paris 6, faisant le choix de développer au sein de leur projet de PRES
une approche partagée de la pratique sportive étudiante, ont affirmé renoncer à participer au projet de
GIP. Cependant, les présidents des cinq autres universités parisiennes restant désireux de constituer le
GIP et la Ville de Paris restant prĂȘte Ă soutenir cette dĂ©marche, je pense quâil faut maintenant avancer
sur ces nouvelles bases.
Recommandation 11 : Créer le GIP « PÎle parisien du sport universitaire » avec Paris 1, Paris 3,
Paris 5, Paris 7, Dauphine, le CROUS et la CIUP, en lien avec la Ville de Paris, en proposant aux grandes
Ă©coles parisiennes partenaires â et aux universitĂ©s Paris 2, Paris 4, Paris 6 â dây participer, et en veillant Ă
ce que les membres du GIP sâengagent Ă mutualiser une part substantielle des moyens financiers utilisĂ©s
pour louer des installations sportives et à partager de façon plus transparente les informations sur
lâutilisation de ces installations, afin que le GIP dispose de leviers suffisants pour contribuer Ă une
réelle amélioration de la pratique sportive étudiante à Paris.
Ceci est indispensable, mais ce nâest pas Ă la hauteur des ambitions que nous devons avoir pour la vie
Ă©tudiante Ă Paris â une simple Ă©vocation de la pratique sportive dans les grandes universitĂ©s Ă©trangĂšres
suffit pour sâen convaincre. Câest pourquoi jâajoute une recommandation plus ambitieuse.
Recommandation 12 : Proposer Ă la Ville de Paris et au Conseil RĂ©gional de lancer une mission
dâĂ©tude commune avec lâĂtat sur la possibilitĂ© de crĂ©er dâici Ă 2020 un deuxiĂšme grand centre sportif
interuniversitaire analogue Ă celui de la CIUP.
3.2.5. La santĂ© des Ă©tudiants a fait lâobjet de plusieurs Ă©tudes rĂ©centes. En termes de santĂ© publique, la
situation est relativement bien connue : si lâimmense majoritĂ© des Ă©tudiants sont en bonne santĂ©, une
partie de la population étudiante souffre de difficultés psychologiques, avec des situations de stress et
dâanxiĂ©tĂ© â aggravĂ©es par les incertitudes des Ă©tudiants sur leur avenir â pouvant aller jusquâĂ des troubles
de comportements et des problÚmes de sociabilité ou de santé mentale. De plus, la population étudiante
est, plus que dâautres, exposĂ©e Ă des comportements Ă risques, alimentaires, addictifs et autres. Câest
pourquoi la santĂ© des Ă©tudiants mĂ©rite toute lâattention des Ă©tablissements et des pouvoirs publics. Sur
ces registres, il nâapparaĂźt pas, toutefois, que les Ă©tudiants parisiens et franciliens soient plus en difficultĂ©
que la moyenne des étudiants français.
Mais, pour ce qui relĂšve de la prĂ©vention et de la sensibilisation aux questions sanitaires, et pour lâaccĂšs
aux soins, la situation est plus difficile Ă Paris que dans dâautres rĂ©gions, du fait de la grande raretĂ© des
mĂ©decins pratiquant les tarifs conventionnĂ©s et des durĂ©es dâattente chez les spĂ©cialistes â dentistes ou
gynĂ©cologues par exemple. La situation parisienne a mĂȘme empirĂ© dans la pĂ©riode rĂ©cente, plusieurs
centres de santé destinés principalement aux étudiants ayant fermé leurs portes dans les derniÚres années.
Pour lâessentiel, la responsabilitĂ© de la santĂ© Ă©tudiante Ă Paris est confiĂ©e aujourdâhui Ă un Service
interuniversitaire de médecine préventive et de promotion de la santé (SIUMPPS) commun aux
Universités Paris 1, Paris 2, Paris 3, Paris 4, Paris 5 et Dauphine ; parallÚlement, Paris 6 et Paris 7 ont
chacune un service universitaire de médecine préventive qui, de fait, travaille trÚs peu avec le SIUMPPS.
Certaines Ă©coles ont contractualisĂ© avec le SIUMMPS tandis que dâautres ont leur propre service de santĂ©.
Les missions des SIUMPPS ont Ă©tĂ© Ă©largies par un dĂ©cret dâoctobre 2008. Elles incluent lâobligation de
proposer Ă chaque Ă©tudiant une visite mĂ©dicale pendant ses trois premiĂšres annĂ©es Ă lâuniversitĂ© â
obligation que le SIUMPPS nâest pas en Ă©tat dâassumer du fait de manque de locaux et de personnels
29
.
Elles incluent aussi dĂ©sormais la possibilitĂ© dâouvrir des centres de santĂ© et de mener des enquĂȘtes
Ă©pidĂ©miologiques. Mais cet Ă©largissement de ses missions commence seulement Ă ĂȘtre pris en compte par
le SIUMPPS parisien : ses projets dâouverture de centres de santĂ© sont encore peu prĂ©cis, et se heurtent Ă
29
Le SIUMPPS compte quatre infirmiĂšres, pour presque 50 000 Ă©tudiants en licence.
30
des difficultĂ©s â avec des besoins de locaux, de postes dâinfirmiĂšres, et de souplesse pour les recrutements
de médecins ou de médecins stagiaires. De plus, le SIUMPPS et ses activités sont encore trop peu connus
dâune large fraction des Ă©tudiants parisiens. Toutes les conditions ne sont donc pas rĂ©unies pour que
lâĂ©largissement des missions du SIUMPPS soit suivi dâeffets Ă la hauteur des enjeux.
Ici aussi, la construction des PRES a un impact sur une question dâorganisation. Le PRES « 2-4-6 »
souhaitant développer un service commun en matiÚre de santé étudiante, les présidents de Paris 2 et Paris
4 ont exprimé leur souhait que leurs établissements ne soient plus rattachés au SIUMPPS actuel. Le
schĂ©ma qui semble se dĂ©gager comprendrait Ă Paris deux SIUMPPS, lâun commun Ă Paris 2, Paris 4 et
Paris 6, et lâautre commun aux cinq autres universitĂ©s parisiennes â lâun et lâautre pouvant avoir des
conventions de partenariats avec des grandes Ă©coles, comme cela existe dĂ©jĂ aujourdâhui. Ces questions
dâorganisation doivent ĂȘtre tranchĂ©es rapidement, en vue de demander ensuite aux universitĂ©s dâĂ©laborer
un plan de développement du ou des SIUMPPS incluant des projets de centres de santé et
lâamplification des actions de diffusion dâinformations Ă destination des Ă©tudiants pour la sensibilisation
aux questions sanitaires.
Recommandation 13 : Demander aux universités de confirmer rapidement leurs intentions et, le cas
échéant, réorganiser rapidement les services universitaires ou interuniversitaires de médecine
prĂ©ventive, puis demander aux Ă©tablissements dâĂ©laborer un plan de dĂ©veloppement du ou des SIUMPPS.
En complément du dispositif public, la Fondation Santé des étudiants de France, qui a ouvert une
douzaine dâĂ©tablissements de santĂ© en France et en rĂ©gion parisienne, a le projet de rĂ©habiliter un
bĂątiment quâelle occupe au Quartier latin pour y ouvrir un centre de santĂ© â qui accueillerait des activitĂ©s
du ou des SIUMPPS â et un centre dâaccueil dâĂ©tudiants handicapĂ©s. Il serait intĂ©ressant que lâĂtat
apporte le complément nécessaire pour lancer ce projet de réhabilitation déjà subventionné par les
collectivitĂ©s territoriales, afin quâil voie le jour et quâil dĂ©veloppe ses activitĂ©s au service de la santĂ© des
Ă©tudiants parisiens en collaboration avec le ou les SIUMPPS.
3.3. PARIS, UNE VILLE OĂ IL FAIT BON VIVRE POUR LES ĂTUDIANTS
Améliorer la vie étudiante ne se limite pas à traiter quelques sujets juxtaposés : loger les étudiants, les
nourrir, leur proposer des lieux de travail, etc. La vie dâun Ă©tudiant forme un tout, et il y a un lien entre sa
formation, les activités culturelles qui lui sont proposées ou accessibles, sa vie sociale, son logement, ses
temps de transports, etc. Câest lâensemble de la vie des Ă©tudiants quâil est important de prendre en
compte : parmi les personnes qui vivent Ă Paris chaque jour, presque une personne sur sept est un
Ă©tudiant, et il sâagit dâamĂ©liorer les conditions qui dĂ©terminent comment les Ă©tudiants participent et
contribuent Ă la vie de la citĂ©. Pris ainsi globalement, le sujet est trĂšs complexe, dâautant plus que les
attentes et les modes de vie des Ă©tudiants sont variĂ©s. Mais cette rĂ©flexion globale est indispensable â et
jâaurais souhaitĂ© lâapprofondir davantage avec les collectivitĂ©s territoriales, avec des sociologues, des
urbanistes et des architectes, et bien sûr avec des universitaires, avec des étudiants et avec leurs
organisations reprĂ©sentatives. Cette rĂ©flexion sâest dâailleurs dĂ©veloppĂ©e ces derniĂšres annĂ©es, tout
particuliĂšrement sous lâimpulsion de la Ville de Paris, comme en tĂ©moignent lâavancement du projet de
« carte de lâĂ©tudiant parisien » et lâouverture de la « Maison des initiatives Ă©tudiantes » qui offre des
moyens pour accompagner des projets dâassociation et des associations Ă©tudiantes.
Des classements existent Ă lâĂ©chelle nationale : ils sont imparfaits, certes, mais ils sont intĂ©ressants et
donnent des idées pour progresser. Ainsi, le classement du site
www.letudiant.fr
classe les villes françaises
« oĂč il fait bon Ă©tudier » selon 36 critĂšres rĂ©partis en 9 thĂšmes : offre de formations, rayonnement
international, culture, sorties, sports, transports, environnement, logement et emploi. Bien que classée
premiÚre sur les trois premiers thÚmes, Paris est lourdement pénalisée sur plusieurs autres aspects : au
global, elle nâapparaĂźt quâen neuviĂšme position parmi les grandes villes universitaires françaises. Il reste
donc beaucoup Ă faire. Il serait utile aussi de disposer dâĂ©lĂ©ments de comparaison avec quelques grandes
villes universitaires européennes ou étrangÚres.
31
Ă titre de contribution Ă la poursuite des travaux sur lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante parisienne,
auxquels lâĂtat doit participer auprĂšs de la Ville de Paris, des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur et
du CROUS, jâaborde ci-dessous quatre sujets qui me semblent particuliĂšrement importants :
Il reste à améliorer les informations données aux étudiants sur des sujets aussi variés que les
possibilités de logement, les services touchant à la santé, des formalités administratives, les activités
culturelles, etc. Le plan dâaction pour progresser sur ce sujet pourrait se dĂ©cliner en deux points :
-
demander au CROUS, en lien avec la Ville de Paris et les organisations Ă©tudiantes, de recenser
plus prĂ©cisĂ©ment les thĂšmes sur lesquels un effort dâinformation doit ĂȘtre fait, puis mettre en
place les actions de communication nécessaires avec les établissements et services concernés ;
-
recenser les sites web quâil est utile dâĂ©diter en version bilingue, français et anglais â un effort
indispensable dans lâoptique de la politique dâattractivitĂ© Ă©voquĂ©e plus haut.
Les progrÚs accomplis ces derniÚres années par les universités parisiennes pour mieux prendre en
compte les questions de vie Ă©tudiante dans leurs politiques dâĂ©tablissement doivent ĂȘtre
poursuivis et amplifiĂ©s. Dans un contexte de limitation des moyens â financiers et mÂČ â les arbitrages
Ă prendre sont souvent difficiles mais, comme le relevait lâaudit sur lâimmobilier universitaire
parisien, lâexpĂ©rience montre que les besoins des Ă©tudiants y sont rarement prioritaires. PrĂ©voir des
lieux pour les activités associatives, culturelles et syndicales des étudiants, mettre en place des lieux
de vie oĂč Ă©tudiants et enseignants peuvent avoir rĂ©guliĂšrement des occasions dâĂ©changes ; sur un
autre plan, considérer que la formation culturelle des étudiants fait partie de leur formation
pĂ©dagogique : voici des formes dâaction qui sont encore trop rares dans le dispositif universitaire
parisien. Sur un registre encore diffĂ©rent, et en sâinspirant des expĂ©riences prometteuses menĂ©es en
province, il serait intéressant pour les universités ou les PRES de nouer des partenariats avec le
CROUS â voire dâintĂ©grer le directeur du CROUS dans leurs instances dĂ©libĂ©ratives â pour
développer ensemble des actions contribuant à la qualité de la vie étudiante.
Un autre aspect important concerne lâouverture des universitĂ©s et des Ă©coles vers la ville. Câest
dâabord vrai du point de vue urbanistique : de ce point de vue, le site de Paris 7 Ă Paris Rive Gauche
est une rĂ©ussite de campus ouvert sur la citĂ©, et la rĂ©habilitation du site de Jussieu doit ĂȘtre
lâoccasion de rĂ©ussir cette ouverture, qui doit aussi ĂȘtre un des points forts du nouveau Campus
Condorcet. Mais câest encore plus important du point de vue intellectuel et culturel : faire de
lâuniversitĂ© un lieu de confĂ©rences, de dĂ©bats publics, dâanimation culturelle, un lieu oĂč les
parisiens vont parfois au spectacle, un lieu oĂč se vit un vrai lien entre la formation pĂ©dagogique et
culturelle des étudiants et la « formation tout au long de la vie », voici un beau programme ! Il
faudrait peu dâannĂ©es avant que les confĂ©rences en plein air de la cour de la Halle aux farines Ă Paris
Rive Gauche, ou bien du campus de Jussieu ou des arĂšnes de LutĂšce, ou encore du Jardin du
Luxembourg, fassent partie des grands classiques des printemps et des étés parisiens !
Quels que soient nos efforts, nous ne pourrons rien changer sur deux plans : Paris restera une ville
chĂšre, et une ville oĂč une majoritĂ© des Ă©tudiants â et une bonne part des enseignants â habitent
loin des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur. Sur ces deux sujets, qui handicapent fortement
et durablement la vie Ă©tudiante Ă Paris, les pouvoirs publics se doivent dâavoir une attention
particuliĂšre et de mettre en place des mesures spĂ©cifiques â Ă destination des Ă©tudiants ou plus
largement des 18-25 ans, ou bien de façon plus ciblée à destination des boursiers. Il faut par exemple
continuer Ă explorer les possibilitĂ©s offertes par le projet de « carte de lâĂ©tudiant parisien », et enrichir
les services auxquels cette carte donne droit avec des tarifs adaptés ou à titre gratuit. Il est bon aussi
dâamplifier les actions facilitant les accĂšs peu onĂ©reux des Ă©tudiants aux manifestations culturelles
30
.
Le coĂ»t de la vie est si Ă©levĂ© Ă Paris et en rĂ©gion parisienne que la question dâune modulation
spĂ©cifique Ă lâIle-de-France des critĂšres dâattribution des bourses CROUS â ou une modulation de
leur montant, ou la mise en place dâun complĂ©ment de bourse analogue Ă celui quâa mis en place la
Conseil RĂ©gional dâune autre rĂ©gion â mĂ©rite dâĂȘtre analysĂ©e par lâĂtat et les collectivitĂ©s
30
De ce point de vue, la gratuitĂ© de lâentrĂ©e des musĂ©es pour les moins de 25 ans est une belle disposition pour les
Ă©tudiants parisiens. Ă plusieurs reprises au cours de ma mission jâai entendu dire que lâoffre dâactivitĂ©s culturelles
est si riche Ă Paris quâil nâest pas utile de se soucier des activitĂ©s culturelles des Ă©tudiants⊠et je ne peux
mâempĂȘcher de penser que lâoffre dâactivitĂ©s culturelles Ă Paris est loin dâĂȘtre Ă la portĂ©e de toutes les bourses !
32
territoriales
31
. On peut sâinterroger Ă©galement sur dâautres sujets concernant la situation financiĂšre des
Ă©tudiants : au moment oĂč certaines Ă©coles commencent Ă aider leurs Ă©lĂšves Ă accĂ©der Ă des prĂȘts ou Ă
des microcrédits, il me semblerait utile de mieux connaßtre la situation financiÚre des étudiants des
universitĂ©s parisiennes et dâexaminer quelles actions pourraient ou devraient ĂȘtre mises en place dans
ce domaine. Il serait utile enfin de mieux connaĂźtre la situation â et les difficultĂ©s que rencontrent les
Ă©tudiants â concernant les « jobs Ă©tudiants » â selon lâexpression consacrĂ©e : câest un aspect trĂšs
important de la vie Ă©tudiante
32
, sur lequel je nâai pas trouvĂ© de donnĂ©es spĂ©cifiques concernant Paris
et lâIle-de-France.
31
Citons juste un exemple pour illustrer la situation trĂšs singuliĂšre de Paris sur ces questions : le loyer rĂ©siduel â
câest-Ă -dire aprĂšs dĂ©duction du montant de lâAide personnalisĂ©e au logement (APL) â moyen pour un boursier logĂ©
dans une résidence CROUS est 74% plus élevé à Paris que dans toute autre académie !
32
En moyenne nationale, 42% des Ă©tudiants de lâenseignement supĂ©rieur ont un « job Ă©tudiant », et on peut penser â
sans certitude â que ce pourcentage est encore plus important Ă Paris.
33
4. MODERNISER LES BIBLIOTHĂQUES UNIVERSITAIRES PARISIENNES
La documentation universitaire nâest pas mentionnĂ©e dans ma lettre de mission de dĂ©cembre 2008, mais
jâai Ă©tĂ© frappĂ© par lâimportance des enjeux qui y sont liĂ©s. Ils touchent Ă tous les grands thĂšmes de ce
rapport : Ă la vie Ă©tudiante, Ă lâimmobilier, Ă lâattractivitĂ© des Ă©tablissements et Ă leur politique
pĂ©dagogique et scientifique. Câest pourquoi jâestime utile que ce rapport inclue les analyses et
recommandations suivantes, pour engager un vrai plan de modernisation des bibliothĂšques universitaires
parisiennes
33
.
4.1. ĂLĂMENTS DE DIAGNOSTIC
Le dispositif documentaire de lâES&R parisien possĂšde de grands atouts, mais il souffre aussi de
difficultés importantes et il doit se mobiliser davantage pour faire face à des mutations profondes.
4.1.1. La richesse des fonds documentaires de lâenseignement supĂ©rieur parisien est considĂ©rable, et
contribue substantiellement Ă son rayonnement et son attractivitĂ©. Avec 9,6 millions dâouvrages et prĂšs de
200 000 titres de périodiques, elle représente environ un tiers des ressources documentaires universitaires
du pays. Paris est une des plus grandes places de la documentation universitaire en Europe.
Le dispositif est articulé autour de quatre composantes :
les bibliothĂšques des Ă©tablissements : huit services communs de documentation (SCD) des
universités, et les bibliothÚques des grandes écoles ;
dans les Ă©tablissements, de trĂšs nombreuses bibliothĂšques de composantes (UFR, laboratoires) ;
les bibliothĂšques interuniversitaires (BIU) ;
et, hors du dispositif de lâES&R proprement dit mais frĂ©quentĂ©es par 70% Ă 80% dâĂ©tudiants, la
BibliothĂšque nationale de France et la BibliothĂšque publique dâinformation Ă Beaubourg.
On compte Ă Paris ou en petite couronne huit bibliothĂšques interuniversitaires :
la BIU Sainte GeneviÚve (généraliste, surtout lettres et SHS),
la BIU de la Sorbonne (lettres et SHS),
la BIU Cujas (droit et Ă©conomie),
la BIU de médecine,
la BIU de pharmacie,
la BIU des langues orientales (qui sera fusionnée avec la Bulac en 2010),
la BIU Sainte Barbe (lettres et SHS),
et la bibliothĂšque de documentation internationale contemporaine (BDIC, histoire contemporaine) â
située à Nanterre alors que toutes les précédentes sont au centre de Paris.
Ă lâexception de Sainte Barbe et Sainte GeneviĂšve, les BIU sont essentiellement orientĂ©es vers la
documentation de recherche. Elles comptent moins de places assises que les bibliothĂšques
universitaires et les rĂšgles dâaccĂšs y limitent souvent la frĂ©quentation des Ă©tudiants en licence.
Le dispositif documentaire parisien est longtemps restĂ© dans lâĂ©tat des annĂ©es 70, lâacadĂ©mie de Paris
nâayant pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du plan U2000. GrĂące au financement conjoint de lâĂtat, de la RĂ©gion et de la Ville
de Paris, il a fait lâobjet de trois projets dâampleur ces derniĂšres annĂ©es dans le cadre du plan U3M :
la nouvelle bibliothĂšque de lâUniversitĂ© Paris 7 a Ă©tĂ© ouverte en 2007, sur son campus de PRG ;
Sainte Barbe, dédiée aux étudiants de licence et master 1
Ăšre
année, a ouvert ses portes début 2009 ;
et la Bulac, bibliothĂšque universitaire des langues et civilisations, ouvrira ses portes fin 2011 sur le
site de Paris Rive Gauche.
Un nouveau projet dâenvergure est prĂ©vu dans le cadre du futur Campus Condorcet Ă Aubervilliers, dont
la bibliothÚque occupera une place centrale. Par ailleurs, plusieurs opérations de rénovation ou
33
Jâai rĂ©digĂ© ce chapitre aprĂšs avoir tenu avec les directeurs des bibliothĂšques des universitĂ©s et Ă©coles parisiennes
plusieurs réunions auxquelles ont aussi participé quelques chercheurs ou enseignants-chercheurs, et aprÚs avoir
visitĂ© une bonne part de ces bibliothĂšques. Jâai Ă©galement sollicitĂ© lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques qui mâa
fourni rapports et documents et mâa apportĂ© un soutien prĂ©cieux.
34
dâextension de bibliothĂšques sont prĂ©vues dans le cadre de lâactuel CPER. De plus, des initiatives
intéressantes sont lancées, parfois communes à plusieurs acteurs, comme le projet « Rue des Facs » de
soutien pĂ©dagogique en ligne pour lâaccĂšs Ă la documentation, soutenu par la Ville de Paris.
4.1.2. Malgré ces projets ambitieux et ces initiatives de bon niveau, le dispositif de documentation
universitaire parisien connaĂźt des difficultĂ©s trĂšs importantes, et nombre dâacteurs font un diagnostic de
dysfonctionnement.
Il faut dâabord mentionner les difficultĂ©s des bibliothĂšques parisiennes Ă satisfaire les attentes des
utilisateurs, et tout particuliĂšrement celles des Ă©tudiants en licence. Les Ă©tudiants parisiens
fréquentent davantage les bibliothÚques que la moyenne française : 80% des étudiants parisiens se
rendent en bibliothĂšques, Ă comparer Ă 70% des Ă©tudiants du pays. Mais les enquĂȘtes montrent aussi
que les Ă©tudiants parisiens sont moins nombreux Ă ĂȘtre satisfaits des bibliothĂšques.
-
Le premier motif dâinsatisfaction concerne lâinsuffisance du nombre de places assises
disponibles dans les bibliothÚques. Malgré les ouvertures des bibliothÚques construites ces
derniĂšres annĂ©es, cette insuffisance demeure, et elle est lâorigine de difficultĂ©s aigĂŒes pour les
étudiants. Ce sont les étudiants en lettres et SHS et en médecine qui sont le plus demandeurs de
places supplĂ©mentaires et il faut ĂȘtre conscient que la situation va probablement sâaggraver Ă
brÚve échéance du fait des conséquences de la réforme des études de santé
34
.
-
Le deuxiĂšme problĂšme concerne lâinsuffisante ouverture des bibliothĂšques en soirĂ©e et durant
les week-ends. Des progrÚs ont été faits ces derniÚres années pour accroßtre les plages horaires,
et lâIle-de-France se place sur ce plan presque au mĂȘme niveau que la moyenne nationale (58
heures dâouverture par semaine), mais encore nettement en dessous de la moyenne europĂ©enne :
12% en-dessous de la moyenne des bibliothĂšques dâuniversitĂ©s europĂ©ennes pour la durĂ©e
dâouverture hebdomadaire, et 16% en dessous pour la durĂ©e dâouverture cumulĂ©e sur lâannĂ©e.
Pour ce qui est des pĂ©riodes dâouverture, câest dâabord lâouverture durant les vacances de
printemps, au moment des révisions, que demandent les étudiants.
-
Sur un tout autre plan, une demande claire sâexprime en faveur de lâouverture dâune plus grande
part des fonds documentaire en accĂšs libre, en particulier pour la documentation de
recherche. Aujourdâhui, seulement 20% des ressources documentaires des bibliothĂšques
universitaires et interuniversitaires parisiennes sont en accĂšs libre â contre 37% en province.
Mais ce chiffre global cache deux situations trÚs différentes puisque la part des ressources
documentaires en accÚs libre est de 50% pour les SCD et inférieure à 10% pour les BIU.
-
Enfin, il faut noter la faiblesse du prĂȘt interbibliothĂšques. Tout se passe comme si on avait
dĂ©cidĂ© que, Ă Paris et en Ile-de-France, câest toujours aux lecteurs de bouger pour aller chercher
un livre, ce ne sont pas les livres qui bougent. Il est juste de prĂ©ciser que le prĂȘt est en diminution
pour lâensemble du pays, pas seulement en Ile-de-France. Mais ceci ne laisse pas dâinterroger, car
le prĂȘt est en augmentation en Allemagne et en Espagne, et se porte bien au Royaume Uni.
Au total, on se retrouve dans une situation oĂč, ces difficultĂ©s sâajoutant les unes aux autres, certaines
bibliothĂšques du centre de Paris â parmi celles qui possĂšdent les plus vastes fonds documentaires â
ont vu trÚs sensiblement décroßtre depuis dix ou quinze ans le taux de consultation de leurs
collections. Un rapport rĂ©cent de lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques Ă©voquait le risque quâelles
deviennent des « bibliothÚques-musées » !
Une part des difficultés des bibliothÚques parisiennes proviennent de leur situation immobiliÚre.
Câest le cas bien sĂ»r pour le nombre insuffisant de places assises, dĂ©jĂ Ă©voquĂ©. Mais câest aussi le cas,
de façon trĂšs aigĂŒe, pour le stockage des ouvrages : plusieurs bibliothĂšques, dont certaines grandes
BIU du Quartier latin, ont des magasins qui sont ou seront en limite de capacité dans moins de
deux ans. Dâores et dĂ©jĂ , les caves de la Sorbonne ont Ă©tĂ© utilisĂ©es et des locaux supplĂ©mentaires sont
loués en plein centre de Paris, à des coûts trÚs élevés, pour y stocker des livres. Il y a donc grande
34
Cet accroissement de la demande « sectorielle » du domaine de la santé est lié pour une part à la croissance
attendue des effectifs â du fait de la rĂ©forme du « L1 SantĂ© » â mais aussi au choix des mĂ©thodes pĂ©dagogiques
mises en Ćuvre dans ce domaine. Câest un facteur de dĂ©sĂ©quilibre pour lâensemble du dispositif documentaire
universitaire parisien, qui rend trÚs difficile de bien adapter les fonds documentaires aux différents publics. Par
exemple, 15% des étudiants qui fréquentent la bibliothÚque Sainte Barbe sont des étudiants du domaine de la santé,
alors quâelle ne propose aucun document traitant de ce domaine !
35
urgence Ă faire des choix drastiques de dĂ©localisation dâune partie des magasins pour Ă©viter un
engorgement complet. Un opĂ©rateur spĂ©cifique, le Centre technique du livre de lâenseignement
supérieur (CTLES) dispose de magasins à 30 kilomÚtres de Paris pour conserver les fonds
documentaires des universitĂ©s ; la BIU de la Sorbonne sâengage dans une dĂ©localisation partielle de
ses fonds au CTLES du fait des travaux de mise en sécurité en Sorbonne, mais la perspective de
moyen terme pour lâensemble des bibliothĂšques parisiennes reste Ă dĂ©finir
35
.
La dispersion des ressources documentaires est trÚs grande, comme en témoigne le fait que 46%
des dépenses documentaires des universités parisiennes sont réalisées hors des SCD, trop souvent
sans aucune coordination ! Bien sĂ»r, lâĂ©clatement physique est dĂ» pour une part Ă lâĂ©clatement
immobilier : une universitĂ© installĂ©e sur de nombreux sites a de bonnes raisons dâavoir plusieurs
centres de documentation. Mais la dispersion des centres documentaires est aussi et surtout le reflet
de lâĂ©clatement des composantes au sein dâune universitĂ©, mĂȘme sur un seul site : certaines
universités parisiennes ont plus de 40 bibliothÚques, et la Sorbonne compte plus de 45 centres de
documentation (dĂ©pendant de plusieurs Ă©tablissements) ! Comme je lâai dit plus haut, ces
bibliothĂšques sont parfois le seul lieu partagĂ© dâun laboratoire, ce qui explique que la communautĂ©
concernĂ©e y soit dâautant plus attachĂ©e. Cependant, cette situation est tout Ă fait dommageable : elle
renforce le cloisonnement intellectuel, rend difficile lâaccĂšs aux ressources documentaires â car
beaucoup des fonds de ces petits centres de documentation ne sont pas répertoriés dans le catalogue
national Sudoc â et induit des surcoĂ»ts importants en termes de personnels et de mÂČ.
Enfin, les bibliothÚques parisiennes souffrent de difficultés liées à des faiblesses de pilotage et de
coordination. Peu dâuniversitĂ©s parisiennes inscrivent vraiment la documentation au cĆur de leurs
missions et considĂšrent quâelle mĂ©rite une pleine reconnaissance et une grande attention des instances
de pilotage de lâĂ©tablissement. Sur un autre plan, il est frappant de constater que la coordination des
bibliothÚques parisiennes a été épisodique au cours des derniÚres années, avec plusieurs exemples de
travaux collectifs intéressants⊠trop rapidement interrompus
36
. Quant Ă la coordination entre
universitĂ©s et organismes de recherche en matiĂšre de documentation, elle existe et mĂ©riterait dâĂȘtre
amplifiée dans le domaine biomédical, et elle est souvent trÚs limitée dans les autres domaines.
4.1.3. Il faut aussi Ă©voquer le dispositif des bibliothĂšques interuniversitaires, dont de nombreux
interlocuteurs mâont dit leur conviction quâil est « en bout de course ». Le statut actuel des BIU â une
simple convention entre universitĂ©s avec un rattachement principal Ă lâune dâelles pour la gestion â est
fragile et soulĂšve un certain nombre de difficultĂ©s administratives. De plus, il nâapparaĂźt pas que ce statut
â appliquĂ© de la mĂȘme façon aux BIU qui ont une mission nationale et Ă celle qui relĂšvent dâune
coopĂ©ration locale entre Ă©tablissements â ait permis un vrai pilotage scientifique des BIU par les
universitĂ©s. Le dispositif est figĂ© : lâuniversitĂ© de rattachement de chaque BIU est la mĂȘme depuis les
annĂ©es 70 et ce rattachement nâest jamais rediscutĂ© mĂȘme lorsquâil nâa plus beaucoup de sens (par
exemple, lorsquâune BIU reçoit trĂšs peu dâĂ©tudiants de lâuniversitĂ© Ă laquelle elle est rattachĂ©e).
RĂ©cemment, la conviction que le dispositif doit Ă©voluer a Ă©tĂ© renforcĂ©e par le fait quâune BIU parisienne a
Ă©tĂ© « absorbĂ©e » au sein dâune universitĂ© â qui a choisi unilatĂ©ralement de dĂ©noncer la convention
constitutive de la BIU sans que le ministĂšre ne sây oppose â et par les difficultĂ©s liĂ©es Ă lâimpact de la loi
LRU et du nouveau systĂšme dâattribution des moyens des universitĂ©s sur le financement des BIU. Le
choix de crĂ©er la Bulac avec un statut diffĂ©rent (GIP) tĂ©moigne aussi de lâinadaptation du statut des BIU.
4.1.4. Enfin, il est impossible de ne pas évoquer la mutation du numérique.
Cette mutation est porteuse de belles promesses⊠qui ne se réaliseront pas toutes. Les documents
numériques modifient les habitudes des lecteurs mais ne se substitueront pas totalement aux livres : dans
nombre de disciplines, lâessor du numĂ©rique ne rĂ©duira pas le besoin de bibliothĂšques physiques.
35
Le CTLES dispose aujourdâhui de 72 km linĂ©aires de rayonnages Ă Marne-la-VallĂ©e â dont prĂšs de 70 km
linéaires seront déjà occupés fin 2010. Ceci est à comparer à la capacité de stockage des bibliothÚques universitaires
parisiennes qui, en 2006, dépassait 425 km linéaires.
36
Ce fut le cas du travail de la mission U3M associant des reprĂ©sentants de lâĂtat, des collectivitĂ©s territoriales et
des universitĂ©s ; puis du groupe de travail « Quartier latin » lancĂ© par le MESR mais interrompu au bout dâun an ; ou
encore du travail menĂ© au sein de lâassociation Paris Universitas abandonnĂ© il y a quelques mois.
36
Toutes les enquĂȘtes rĂ©centes montrent que, tout en Ă©tant de grands utilisateurs dâInternet, les Ă©tudiants
continuent massivement de demander Ă disposer de lieux de travail largement ouverts avec un
environnement documentaire et technologique. Il faut savoir Ă©galement que les questions dâarchivage Ă
trĂšs long terme, essentielles pour les bibliothĂšques patrimoniales, nâont pas encore reçu de « rĂ©ponse
numĂ©rique » satisfaisante. De plus, cette mutation sâaccompagne de difficultĂ©s sĂ©rieuses. Câest le cas par
exemple de la problĂ©matique de la numĂ©risation des ouvrages : on est encore loin dâune situation oĂč une
grande partie des ouvrages pédagogiques « usuels » seraient numérisés et à disposition des étudiants. Sur
un autre plan, les établissements rencontrent des difficultés considérables en matiÚre de maßtrise de
coûts de la documentation numérique pour la recherche
37
, malgré les réussites des actions menées par
le groupement Couperin et lâagence bibliographique de lâenseignement supĂ©rieur (ABES).
Quoi quâil en soit, lâimpact de cette mutation sur les activitĂ©s documentaires et sur les usages est dĂ©jĂ trĂšs
net comme le montrent le développement des TICE et de la numérisation des supports de cours, trÚs
important dans plusieurs universitĂ©s parisiennes, la baisse des prĂȘts de documents imprimĂ©s et
lâaugmentation des accĂšs aux informations numĂ©riques
38
. Et surtout, cet impact va se poursuivre et sera
trĂšs profond. Pour envisager les Ă©volutions du dispositif documentaire, il est donc indispensable de se
placer rĂ©solument dans la perspective de dĂ©veloppement du numĂ©rique : dans dix ans, lâenjeu
essentiel sera de rendre disponibles des contenus documentaires en ligne avec une bonne structuration des
informations, une bonne maĂźtrise des conditions juridiques et informatiques, ainsi quâune bonne maĂźtrise
des coĂ»ts et de lâĂ©quilibre entre les budgets de documentation pĂ©dagogique et de documentation
recherche.
4.2. ORIENTATIONS ET RECOMMANDATIONS
Pour moderniser le dispositif, il faut Ă la fois mener une politique documentaire ambitieuse dans
chaque établissement, renforcer la coordination des acteurs et rénover le modÚle des BIU.
4.2.1. Un sujet essentiel concerne lâĂ©volution de lâĂ©quilibre entre ouvrages disponibles en accĂšs libre,
stockĂ©s en magasins sur place et stockĂ©s Ă distance. Il nâest pas question ici dâindiquer ce que serait
« le » bon point dâĂ©quilibre : cet Ă©quilibre doit ĂȘtre trouvĂ© pour chaque bibliothĂšque, en fonction de ses
fonds documentaires et des demandes de son public. Mais je crois indispensable, sur ce sujet sensible,
dâapporter quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©flexions et dâaffirmer quelques orientations fortes.
Tout dâabord â insistons-y encore â il faut rĂ©solument se tourner vers le futur, un futur oĂč lâaccĂšs aux
informations et aux contenus numĂ©riques continuera de sâĂ©tendre, et oĂč les services apportĂ©s aux
étudiants et aux chercheurs seront plus importants que la localisation de la totalité des fonds
documentaires Ă proximitĂ© immĂ©diate des lieux dâenseignement et de recherche.
Il faut aussi souligner lâintĂ©rĂȘt de dĂ©velopper lâaccĂšs libre. Lâapport â on pourrait presque dire :
lâimpact â intellectuel dâune bibliothĂšque oĂč les ressources documentaires sont en accĂšs libre pour les
doctorants, post-doctorants et chercheurs est incomparablement supĂ©rieur Ă celui dâune bibliothĂšque
oĂč les livres doivent ĂȘtre demandĂ©s Ă un guichet. Bien souvent, dans des bibliothĂšques en accĂšs libre,
on lit un autre livre que celui quâon est venu chercher⊠et câest prĂ©cisĂ©ment pourquoi elles
permettent un enrichissement intellectuel dâune toute autre ampleur. Certes, on ne peut trouver au
Quartier latin les espaces pour installer des bibliothĂšques offrant un accĂšs libre Ă un million de
volumes ; mais offrir lâaccĂšs libre Ă 50 000, 100 000 ou 200 000 ouvrages permet dĂ©jĂ cet
enrichissement intellectuel, beaucoup plus que si lâaccĂšs libre se limite Ă 5 000 ou 10 000 ouvrages.
De nombreux interlocuteurs qui ont de fréquenté des bibliothÚques universitaires américaines les
citent en exemple pour la richesse des fonds documentaires en accĂšs libre, et ajoutent parfois que la
situation fonciÚre moins contrainte des campus américains permet de stocker tous les fonds
documentaires sur place, on campus. Ceci est une idée fausse, comme le montre le tableau suivant :
37
La croissance des coûts des abonnements numériques est parfois vertigineuse. Dans au moins une université
parisienne elle est supérieure à 30% par an depuis plusieurs années !
38
Citons seulement deux chiffres. Le nombre des prĂȘts ou communications de documents imprimĂ©s de lâensemble
des bibliothĂšques universitaires parisiennes a baissĂ© dâun tiers entre 1999 et 2007. Le nombre de documents
téléchargés issus de périodiques numériques a crû de 130% entre les années universitaires 2004-2005 et 2005-2006.
37
Nombre total
d'ouvrages
Ouvrages sur place
tous accessibles
Ouvrages stockés
Ă distance
% stockage
distant
Harvard
15 939 375
9 563 625
6 375 750
40%
Berkeley
10 725 334
6 282 600
4 442 734
41%
Stanford
8 857 528
7 202 344
1 655 184
19%
Columbia
8 443 212
5 378 326
3 064 886
36%
Princeton
6 514 657
4 500 000
2 000 000
environ
31%
Deux constats principaux Ă©mergent. Dâune part, tous les ouvrages prĂ©sents sur place sont en accĂšs
libre â dans la bibliothĂšque elle-mĂȘme ou dans des magasins accessibles au public, ou au moins aux
chercheurs. Dâautre part, ces bibliothĂšques ont toutes une part substantielle de leurs ressources
documentaires stockées à distance, avec un systÚme de navettes quotidiennes ou bi-quotidiennes
permettant dâapporter les ouvrages Ă la demande sur le campus. Ces exemples confortent la seconde
orientation importante, complĂ©mentaire du dĂ©veloppement de lâaccĂšs libre : il faut accroĂźtre trĂšs
fortement le stockage Ă distance des grands fonds documentaires parisiens.
Les nombreux directeurs de bibliothĂšques avec qui jâen ai parlĂ© reconnaissent le bien fondĂ© de ces
orientations
39
, tout en conservant souvent des difficultĂ©s Ă sâengager dans une dĂ©marche de
dĂ©localisation dâune partie des ressources documentaires. Il faut rappeler que les Ă©volutions doivent
ĂȘtre choisies au cas par cas, pour chaque bibliothĂšque. Et surtout, il est nĂ©cessaire de convaincre et
dâaider les Ă©tablissements et les bibliothĂšques Ă sâengager dans cette voie : cela doit passer par une
politique incitative analogue Ă celle qui est mise en place au Royaume Uni
40
.
Cette orientation implique aussi de dĂ©velopper lâoffre de service du CTLES en faisant Ă©voluer ses
missions. Il faut accroßtre sa capacité de stockage à Marne-la-Vallée et la fréquence des navettes
apportant les ouvrages Ă Paris, et dĂ©finir avec les Ă©tablissements dâES&R les services que le CTLES
devra rendre aux bibliothÚques parisiennes, ciblés en priorité sur les points les plus critiques : les BIU
du Quartier latin â Cujas, Sainte GeneviĂšve et Sorbonne â et celles de mĂ©decine et pharmacie. Il
faudra aussi préciser la politique du CTLES en matiÚre de cessions pour éviter que les bibliothÚques
parisiennes soient rĂ©ticentes Ă dĂ©localiser des fonds parce quâelles craignent dâen ĂȘtre dĂ©possĂ©dĂ©es. La
prioritĂ© nâest pas que le CTLES soit propriĂ©taire des fonds qui lui sont confiĂ©s pour pouvoir optimiser
le stockage à Marne-la-Vallée
41
. La prioritĂ©, câest dâaccorder une attention plus grande aux
usagers, en particulier aux Ă©tudiants, et de dĂ©velopper lâaccĂšs libre et les places assises en
bibliothĂšques Ă Paris.
Car ces orientations poussent aussi à réexaminer un autre équilibre : pour chaque bibliothÚque, la
rĂ©flexion doit Ă©galement porter sur lâĂ©volution de lâĂ©quilibre entre les surfaces consacrĂ©es aux places
assises, aux ouvrages en accĂšs libre et aux magasins sur place.
Sur tous ces sujets, il y a urgence. On a mĂȘme dĂ©passĂ© le moment oĂč il y avait urgence ! Les capacitĂ©s de
stockage actuelles du CTLES seront pratiquement saturées dÚs 2010, et la construction de nouveaux silos
prendra plusieurs annĂ©es â annĂ©es qui vont donc ĂȘtre trĂšs difficiles. Il faut engager cette construction sans
délai.
4.2.2. La question de lâĂ©largissement des pĂ©riodes et des horaires dâouverture des bibliothĂšques ne touche
pas seulement les horaires de travail des personnels des bibliothĂšques car il sâagit dâĂȘtre capable, en soirĂ©e
ou de nuit, ou durant le week-end, dâassurer la sĂ©curitĂ© des locaux et la maintenance de certains services
informatiques. Câest donc au niveau de la direction de chaque Ă©tablissement quâil faut Ă©tablir un plan
dâextension des horaires et des pĂ©riodes dâouverture â notamment aux vacances de PĂąques â avec,
39
Citons un seul exemple. Pour la BIU de la Sorbonne, seulement 0,1% des ouvrages stockés en magasins sur place
sont consultĂ©s plus dâune fois par an, et 6,1% une fois par an. Ceci laisse penser que, avec un bon systĂšme de
navettes, on peut délocaliser une part trÚs significative des fonds.
40
Le projet United Kingdom Research Reserve Project prévoit 12 M⏠de financements incitatifs pour délocaliser
100 km linéaires de rayonnage ; voir
http://www.rluk.ac.uk/node/85
.
41
En fait, il est judicieux de distinguer entre livres et périodiques. Céder au CTLES les périodiques stockés dans ses
magasins est utile pour lui permettre de gérer rationnellement ces collections et de reconstituer des collections
complĂštes, utiles pour la recherche, alors quâil est prĂ©fĂ©rable que les Ă©tablissements restent propriĂ©taires de leurs
ouvrages pour quâils acceptent dâen stocker une partie Ă distance.
38
pour chaque bibliothÚque, une analyse des besoins spécifiques et le choix des locaux et des services qui
restent ouverts aux horaires Ă©tendus, sans oublier lâanalyse des coĂ»ts associĂ©s. Les moyens disponibles
pour aider les Ă©tablissements Ă progresser sur ces sujets doivent ĂȘtre amplifiĂ©s : les monitorats Ă©tudiants
financĂ©s par lâĂtat et la RĂ©gion sont trĂšs utiles, mais des dispositions permettant la rĂ©munĂ©ration des
personnels en heures supplémentaires sont indispensables.
Il est aussi de la responsabilitĂ© de chaque Ă©tablissement dâĂ©tablir un plan concernant les regroupements
des ressources documentaires dispersées. Bien sûr, les projets de « rationalisation des implantations
immobiliÚres » des universités, évoqués au chapitre 5, faciliteront certains regroupements de
bibliothĂšques, mais il faut aller plus loin. Lâobjectif nâest pas de regrouper systĂ©matiquement tous les
petits centres de documentation qui sont sur un mĂȘme site, ni peut-ĂȘtre de les intĂ©grer tous au SCD si cette
perspective est un facteur de blocage : des regroupements intermédiaires sont parfois envisageables. Mais
il est indispensable de quitter la situation de « balkanisation » des ressources documentaires que
connaissent certains Ă©tablissements. Ă tout le moins, il faut engager un plan pour rĂ©pertorier lâensemble
des ressources dispersées dans le catalogue numérique Sudoc et mettre en place une coordination avec le
SCD pour avoir une vision globale des politiques dâacquisition et dâabonnements.
Toutes les orientations qui précÚdent vont dans le sens de responsabiliser chaque établissement
dâenseignement supĂ©rieur pour mettre en place un projet dâĂ©volution de ses activitĂ©s documentaires.
Câest le seul chemin possible pour mener des Ă©volutions bien adaptĂ©es Ă chaque situation, et câest aussi le
seul chemin possible et souhaitable dans le cadre de la loi LRU. Il faut souligner que cette loi implique un
changement de premiĂšre importance pour les politiques documentaires des universitĂ©s. Jusquâen
2008, le budget documentaire dâune universitĂ© faisait lâobjet dâune dotation flĂ©chĂ©e, discutĂ©e en tant que
telle avec le ministĂšre, alors que ce budget doit dĂ©sormais ĂȘtre fixĂ© par chaque Ă©tablissement au sein dâune
dotation globale â dĂšs 2009 pour les universitĂ©s passĂ©es aux « responsabilitĂ©s et compĂ©tences Ă©largies »
(RCE) et progressivement pour toutes. Ceci est une Ă©volution profonde, qui nâest pas exempte de risques
vu les hausses des coĂ»ts documentaires, et qui impose Ă chaque Ă©tablissement dâaccroĂźtre au plus vite sa
capacitĂ© Ă se doter dâune politique documentaire dĂ©clinĂ©e en objectifs prĂ©cis dans les contrats
quadriennaux et réguliÚrement évaluée.
Sur ce registre du pilotage scientifique et pédagogique des activités documentaires, des progrÚs sont
nĂ©cessaires dans beaucoup dâĂ©tablissements parisiens. Rares sont les Ă©tablissements oĂč lâĂ©quipe de
direction comprend une personne chargĂ©e de lâensemble des questions liĂ©es Ă la documentation et Ă
lâinformation scientifique et technique (IST). Rares sont les Ă©tablissements oĂč les enjeux de la politique
documentaire sont débattus réguliÚrement au sein du conseil scientifique, voire du conseil
dâadministration. Rares sont les Ă©tablissements oĂč les liens entre les services documentaires et les
activitĂ©s de formation sont aussi Ă©troits quâils le sont dans un certain nombre dâĂ©tablissements Ă©trangers :
de nombreux responsables de SCD sont demandeurs dâavoir un dialogue plus rĂ©gulier avec les UFR pour
mieux ancrer la politique de documentation pédagogique dans la politique de formation et apporter aux
Ă©tudiants des formations sur lâaccĂšs aux ressources documentaires et des informations mieux adaptĂ©es.
Tout ceci milite en faveur dâun renforcement trĂšs net du volet « politique documentaire » des
contrats quadriennaux des Ă©tablissements. Ce renforcement est indispensable au vu des enjeux et urgent
dans le contexte du passage des établissements aux RCE. Concomitamment, il est aussi nécessaire de
renforcer lâĂ©valuation des activitĂ©s documentaires par lâAERES â trĂšs insuffisante aujourdâhui.
Je regroupe ces préconisations en quatre recommandations précises :
Recommandation 14 : Pour faciliter la mise en Ćuvre dĂšs 2010 de plans dâextension des horaires et des
pĂ©riodes dâouverture des bibliothĂšques, prendre rapidement lâarrĂȘtĂ© permettant de verser des
indemnités horaires pour travaux supplémentaires à certaines catégories de personnels des
Ă©tablissements publics dâES&R.
39
Recommandation 15 : Conjuguer stockage partiel Ă distance, accroissement de lâaccĂšs libre et
numérisation des collections : accroßtre les capacités de stockage du CTLES de 100 km linéaires et
développer son offre de services aux bibliothÚques parisiennes pour leur permettre de délocaliser une
part substantielle de leurs magasins, en garantissant un bon accÚs aux ressources stockées à distance, eu
vue de dĂ©velopper lâaccĂšs libre et dâaccroĂźtre le nombre des places assises
42
.
Recommandation 16 : Introduire dans le contrat quadriennal de chaque Ă©tablissement un volet
documentaire renforcé, avec des objectifs adaptés à chaque établissement et suffisamment précis pour
que les progrĂšs soient mesurables, notamment sur les registres suivants :
dĂ©veloppement de lâoffre documentaire en accĂšs libre, dĂ©localisation dâune partie des collections et
accroissement du nombre des places en bibliothĂšques ;
accroissement des horaires et des pĂ©riodes dâouverture (en particulier aux vacances de PĂąques) ;
dĂ©veloppement de lâaccĂšs Ă la documentation numĂ©rique, sur place et Ă distance, et de la formation Ă
la recherche dâinformations numĂ©riques ;
(le cas Ă©chĂ©ant) mise en Ćuvre dâune politique de regroupement des bibliothĂšques dispersĂ©es ;
(le cas Ă©chĂ©ant) accĂ©lĂ©ration de lâeffort dâintĂ©gration des documents au catalogue Sudoc, y compris
pour les bibliothÚques dispersées ;
mise en Ćuvre dâune politique dâĂ©tablissement dans le domaine de lâIST, articulĂ©e Ă la politique de
recherche et de formation de lâĂ©tablissement et discutĂ©e chaque annĂ©e au conseil scientifique.
Recommandation 17 : Demander Ă lâAERES de renforcer, en concertation avec les acteurs et avec
lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques, le cahier des charges de lâĂ©valuation des activitĂ©s
documentaires des Ă©tablissements.
4.2.3. Les projets de nouvelles bibliothĂšques â rĂ©cents comme Sainte Barbe et la bibliothĂšque de Paris 7
Ă Paris Rive Gauche, ou en cours comme la Bulac et la bibliothĂšque de Condorcet â demandent une
grande vigilance.
Ces projets recĂšlent encore de grandes fragilitĂ©s, du fait de moyens insuffisants â en personnels ou en
crĂ©dits â ou parce quâil reste des incertitudes sur les conditions de leur fonctionnement, leur statut
définitif ou sur les fonds documentaires qui seront regroupés dans ces nouvelles bibliothÚques. Il faut
sâassurer que ces bibliothĂšques joueront leur rĂŽle structurant dans le dispositif documentaire de lâES&R
parisien et sâinscriront pleinement dans un travail en rĂ©seau avec les autres centres documentaires.
La situation la plus critique est celle de la BIU Sainte Barbe. Ouverte depuis mars 2009, proposant
des collections entiÚrement en accÚs libre, elle a connu un trÚs grand succÚs et compte déjà plus de
18 000 étudiants⊠pour seulement 22 agents titulaires
43
et 19 contractuels ! Il faut rapidement aider
Paris 3 et les Ă©tablissements partenaires Ă trouver des solutions de court terme
44
, et tracer une
perspective claire pour le moyen terme.
Le projet de la bibliothĂšque du Campus Condorcet doit rapidement ĂȘtre finalisĂ©, en y associant
étroitement la FMSH, en précisant les fonds documentaires qui y seront rassemblés et le
fonctionnement en rĂ©seau Ă mettre en place avec dâautres bibliothĂšques, notamment la Bulac, et en
bùtissant sans tarder certains aspects clés du projet, par exemple un plan de numérisation partagé
entre les partenaires du Campus.
La Bulac demande aussi une attention particuliĂšre dĂšs 2010. Il faut sans tarder lui donner un statut
pĂ©renne : un statut dâĂ©tablissement public serait le plus appropriĂ© et permettrait de traiter le
rattachement des emplois. De plus, lâouverture de son nouveau bĂątiment en 2011 â avec 900 places de
42
Il serait intéressant de progresser en faisant appel aux universités volontaires. Par exemple, on pourrait procéder
via un appel Ă projets, les universitĂ©s Ă©tant incitĂ©es Ă y participer par une triple mesure â Ă lâexemple du projet
britannique Ă©voquĂ© plus haut : gratuitĂ© ou trĂšs faible coĂ»t du stockage Ă distance sâil est consenti pour une longue
durée, financement des déménagements et aide à la réhabilitation des locaux pour créer des places nouvelles.
43
Ă Sainte Barbe, le nombre de personnels titulaires par millier dâĂ©tudiants inscrits est presque 4 fois infĂ©rieur Ă la
moyenne nationale pour lâensemble des bibliothĂšques universitaires !
44
En particulier, comme Sainte Barbe va héberger dans ses locaux à partir de 2010 une partie de la BIU Sorbonne,
beaucoup mieux dotĂ©e en emplois, il faut rapidement explorer la possibilitĂ© dâun partenariat entre les deux BIU
pendant la durée de cet hébergement.
40
lecture â fera entrer le projet dans une nouvelle phase et nĂ©cessitera des moyens supplĂ©mentaires quâil
est indispensable de mobiliser Ă temps.
La bibliothĂšque littĂ©raire Jacques Doucet, propriĂ©tĂ© de lâindivision des universitĂ©s de Paris, doit aussi
ĂȘtre Ă©voquĂ©e. MalgrĂ© les personnels et les moyens quây consacrent lâĂtat et la Chancellerie des
universitĂ©s, son fonds documentaire trĂšs remarquable est peu accessible du fait de lâexigĂŒitĂ© des locaux.
Pour progresser, je recommande de transfĂ©rer Ă la Chancellerie lâaffectation de lâimmeuble qui abrite la
bibliothĂšque, en demandant au rectorat de mettre rapidement en Ćuvre lâaccord conclu en 2007 qui
prévoit que Paris 3 fournisse des locaux pour les services administratifs de la bibliothÚque Sainte
GeneviĂšve.
Recommandation 18 : Veiller à donner les moyens de la réussite aux bibliothÚques ouvertes
rĂ©cemment ou en projet â Ă Sainte Barbe en prioritĂ©, mais aussi Ă la bibliothĂšque de Paris 7 et aux deux
projets structurants de la Bulac et de la bibliothĂšque du Campus Condorcet â dans une optique de
dĂ©veloppement de lâaccĂšs libre et de coopĂ©ration active avec le rĂ©seau des bibliothĂšques parisiennes.
4.2.4. Il faut aussi avancer rapidement sur le lancement de projets de nouveaux lieux de travail et
dâaccĂšs aux ressources documentaires. LâexcĂšs de la demande sur lâoffre de places de travail â en santĂ©,
lettres et SHS â est si grand que la politique de dĂ©port du stockage dâune partie des fonds documentaires â
nĂ©cessaire â ne sera pas suffisante. Il faut explorer la possibilitĂ© de rĂ©aliser dans le domaine de la santĂ©
une opération analogue à Sainte Barbe, tournée vers les étudiants de premier et deuxiÚme cycle.
De plus, les deux projets de PRES parisiens Ă©laborĂ©s dĂ©but 2009 â UniversitĂ© Paris CitĂ© et le projet de
PRES « 2-4-6 » â ont prĂ©vu dâinstaller chacun un « learning center ». Il sâagit dâun concept issu du
monde universitaire anglo-saxon, avec plusieurs réalisations en Europe depuis les années 90. Les learning
centers sont des espaces de travail disposant de ressources documentaires, mais dont lâintĂ©rĂȘt nâest pas
aussi fortement lié à la richesse des fonds documentaires physiquement présents que dans les
bibliothÚques classiques. Il réside aussi dans :
lâampleur de lâoffre de services et dâĂ©quipements dâaccĂšs Ă lâinformation numĂ©rique et de lâoffre
dâespaces, ouverts et flexibles, proposĂ©s pour du travail individuel ou en groupes, voire pour des
séminaires, en intégrant des lieux de vie étudiante ;
une grande amplitude des horaires dâouverture ;
des facilitĂ©s dâusage Ă distance ;
lâassociation Ă©troite entre pĂ©dagogie et documentation, avec une participation active des
enseignants ;
et surtout, une trĂšs grande attention portĂ©e aux usagers â les Ă©tudiants â pour leur faciliter lâaction
dâapprendre (learning) et favoriser leur rĂ©ussite,
en sâappuyant sur une Ă©valuation rĂ©guliĂšre centrĂ©e sur la satisfaction des attentes des usagers.
Aucun des projets de learning center proposĂ© aujourdâhui nâest assez prĂ©cis pour que lâĂtat sâengage sur
leur mise en place. Il est indispensable de bĂątir des projets plus prĂ©cis qui puissent ĂȘtre lancĂ©s sans tarder.
Je ne saurais trop recommander de prendre appui sur le trĂšs intĂ©ressant rapport que lâInspection gĂ©nĂ©rale
des bibliothĂšques vient de consacrer Ă ce sujet.
Recommandation 19 : Demander aux établissements concernés de préciser rapidement le projet de
learning center de chaque projet de PRES, en sâappuyant sur les critĂšres proposĂ©s dans le rapport
rĂ©cent de lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques.
4.2.5. Jâen viens aux questions qui relĂšvent des coopĂ©rations entre Ă©tablissements.
Il est nĂ©cessaire de relancer une politique de prĂȘts interbibliothĂšques. Il ne me revient pas de dĂ©finir
ici en détail les objectifs de cette politique et les conditions à réunir pour la développer ; ils sont à étudier
avec les professionnels des activités documentaires et avec des représentants des utilisateurs des
bibliothĂšques, Ă©tudiants, enseignants et chercheurs. Mais je veux insister sur un point important. Sait-on
quâun pays ayant une tradition de dĂ©centralisation aussi prĂ©gnante et historiquement ancrĂ©e que
lâAllemagne a fait le choix dâavoir un opĂ©rateur national pour dĂ©velopper les prĂȘts entre bibliothĂšques
41
universitaires
45
? On ne peut mieux illustrer quâil est indispensable de mettre en place un opĂ©rateur
« central » pour les prĂȘts interbibliothĂšques â auprĂšs de qui chaque bibliothĂšque aura un compte
faisant lâobjet dâun relevĂ© mensuel ou trimestriel, alors quâaujourdâhui le prĂȘt repose encore sur des
systÚmes de facturation directe « à la piÚce » entre chaque établissement emprunteur et chaque
Ă©tablissement prĂȘteur â avec tous les surcoĂ»ts administratifs que cela entraĂźne.
Recommandation 20 : Mener une Ă©tude visant Ă relancer une politique de prĂȘt interbibliothĂšques en
sâappuyant un opĂ©rateur national ou rĂ©gional
46
, et mettre en Ćuvre rapidement ses recommandations.
Concernant les coopérations entre établissements, il faut distinguer trois niveaux.
Sur lâensemble des sujets liĂ©s Ă la documentation numĂ©rique de recherche (voir lâAnnexe 10), il
faut privilĂ©gier la coopĂ©ration par groupe de disciplines ou grandes thĂ©matiques. Câest en
réussissant à mettre en place une coopération et une politique nationales dans chaque grand domaine
â sciences du vivant, sciences exactes, SHS â ou au niveau plus fin dâun groupe de disciplines ou
dâune discipline, comme cela existe en mathĂ©matiques, que nous aurons une chance dâagir de façon
cohérente et efficace, en prenant en compte les spécificités documentaires propres à chaque domaine
ou discipline. Ceci permettra aussi dây associer les organismes de recherche beaucoup plus
Ă©troitement quâaujourdâhui â il y a beaucoup Ă y gagner.
Il faut tirer le meilleur parti des mutualisations possibles au sein des PRES en matiĂšre
documentaire. Elles seront cependant dâampleur trĂšs diffĂ©rente dâun PRES Ă lâautre. Les synergies
entre Paris 3, Paris 7 et lâInalco dans le domaine des langues et de la linguistique â ou entre Paris 5,
Paris 7 et Paris 13 dans le domaine de la santĂ© â peuvent aller trĂšs loin, et il serait intĂ©ressant que
certaines activitĂ©s documentaires soient pilotĂ©es par le PRES, voire portĂ©es par lâEPCS en y affectant
des moyens et des personnels pour y mener des activités documentaires communes⊠alors que les
coopĂ©rations entre Paris 2, Paris 4 et Paris 6 dans le domaine documentaire nâauront pas la mĂȘme
ampleur vu lâabsence de recouvrement disciplinaire entre Ă©tablissements. Ă tout le moins, il sera
intéressant de partager les accÚs et mutualiser les plateformes techniques au sein de chaque PRES.
La coordination rĂ©gionale doit ĂȘtre centrĂ©e sur dâautres questions, complĂ©mentaires des prĂ©cĂ©dentes.
La coordination de lâensemble des grandes bibliothĂšques parisiennes et franciliennes est nĂ©cessaire
pour Ă©tablir une carte des ressources documentaires franciliennes, bĂątir un accord sur les conditions
dâaccĂšs dans les diffĂ©rentes bibliothĂšques, harmoniser les horaires dâouverture, dĂ©velopper le prĂȘt,
construire des plans partagĂ©s de conservation des pĂ©riodiques â comme cela existe en mĂ©decine, mais
pas en SHS â ou optimiser les plans de numĂ©risation et de stockage des documents Ă distance. Cette
coordination, essentielle pour engager la modernisation du dispositif documentaire de lâES&R
parisien et francilien, est souhaitĂ©e par les directeurs de bibliothĂšques eux-mĂȘmes, notamment dans le
domaine des SHS : elle doit ĂȘtre engagĂ©e sans tarder, en y associant dĂšs maintenant les bibliothĂšques
en projet de la Bulac et de Condorcet. La mise en réseau des bibliothÚques parisiennes et
franciliennes doit vraiment changer dâĂ©chelle.
4.2.6. Enfin, il faut ouvrir le chantier de lâĂ©volution des bibliothĂšques interuniversitaires. Non
seulement plusieurs BIU sont concernĂ©es au premier chef par le dĂ©veloppement de lâaccĂšs libre et le
dĂ©port Ă distance dâune partie de leurs collections, mais il faut rĂ©examiner leur positionnement, leur
statut et leur pilotage afin de surmonter leurs difficultés et conforter leur rÎle. Enfin, il faut réexaminer
en profondeur les questions concernant leur financement : pour le dire autrement, il est nécessaire de
revoir le modĂšle Ă©conomique des BIU
47
et dâimaginer un nouveau modĂšle Ă la fois pour leur dotation et
pour la rĂ©tribution que leur versent â ou non â les universitĂ©s dont sont issus leurs lecteurs.
45
En fait, lâAllemagne a Ă la fois un opĂ©rateur national pour les prĂȘts interbibliothĂšques (le systĂšme « Subito » gĂ©rĂ©
par la bibliothĂšque universitaire de Hanovre) et un opĂ©rateur rĂ©gional chargĂ© du prĂȘt, de lâarchivage numĂ©rique et du
stockage distant des ouvrages pour les LĂ€nder de Berlin et du Brandeburg.
46
Il faut notamment Ă©tudier lâaspect fiscal et rĂ©ussir Ă mettre en place une politique de tarification qui permette le
dĂ©veloppement rĂ©el du prĂȘt. LâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques et lâInspection gĂ©nĂ©rale de lâadministration de
lâĂ©ducation nationale et de la recherche pourraient ĂȘtre chargĂ©es de faire des propositions prĂ©cises.
47
Notamment, il est indispensable de rendre plus transparentes les structures de coĂ»ts des BIU â en coĂ»ts complets â
et notamment leurs coĂ»ts dâinfrastructures. Les difficultĂ©s rencontrĂ©es par les bibliothĂšques parisiennes dans les
42
Ce travail devra ĂȘtre menĂ© en tenant compte du fait que les BIU parisiennes sont dans des situations assez
diffĂ©rentes. Il faut commencer par rĂ©affirmer â et remettre Ă jour si besoin â les missions de chaque BIU.
Pour celles qui ont une mission nationale â voire la mission de contribuer au rayonnement international de
Paris et de la France â je suis convaincu quâil faut rapidement changer de modĂšle : le hiatus majeur entre
ces missions et leur positionnement actuel, aprĂšs la loi LRU, fait peser un grand risque sur leur avenir, et
sur la bonne gestion de leurs richesses patrimoniales. La constitution des PRES en préparation
nâapportant pas de solution adaptĂ©e
48
, il faut sâorienter vers des solutions nouvelles. En particulier, je
recommande dâexplorer le scĂ©nario visant Ă regrouper plusieurs BIU parisiennes â typiquement les
BIU de Sainte Barbe, Sainte GeneviĂšve et la Sorbonne, voire Cujas, dâune part, et celles de mĂ©decine et
pharmacie dâautre part â en un ou deux Ă©tablissements publics de documentation scientifique (un en
lettres et SHS et un en sciences du vivant). Un tel Ă©tablissement (dont chaque BIU pourrait constituer une
composante, il ne sâagit pas de les fusionner) aurait lâavantage de pouvoir mutualiser un certain nombre
de services supports communs aux grandes bibliothĂšques et pourrait jouer efficacement un rĂŽle de « tĂȘte
de pont » au niveau national dans son groupe de disciplines. Il devrait bien sĂ»r ĂȘtre dotĂ© dâinstances de
pilotage oĂč la communautĂ© universitaire â parisienne, mais aussi francilienne et nationale âaurait une
participation active pour assurer le pilotage scientifique des politiques documentaires de chaque BIU.
Dans le domaine de la santé, le projet de fusionner la BIU de médecine et la BIU de pharmacie est
proposĂ© par Paris 5, universitĂ© de rattachement de ces BIU, avec lâaccord des universitĂ©s partenaires
(Paris 6, Paris 7 et Paris 11). Cette fusion permettra de construire une des plus grandes bibliothĂšques
européennes et mondiales dans le domaine de la santé et il faut sans attendre fixer les principales
orientations pour cette future grande bibliothĂšque. Pour ce qui est du statut, plusieurs options existent,
dont celle dâun Ă©tablissement public spĂ©cifique, Ă©voquĂ©e ci-dessus, ou celle dâun renouvellement â avec
remise Ă jour en profondeur â de la convention entre les universitĂ©s partenaires. Dans tous les cas, il faut
expliciter la mission nationale de cette bibliothĂšque â et ceci pourrait conduire Ă ce que lâĂtat soit
partenaire de la convention avec les Ă©tablissements â et en tirer les consĂ©quences en matiĂšre de modĂšle
Ă©conomique, dâĂ©valuation, et de participation dâuniversitĂ©s franciliennes et non franciliennes au pilotage
de la politique documentaire. On peut aussi se demander sâil nâest pas plus efficient, pour exercer cette
mission nationale, de confier une « dĂ©lĂ©gation de service public » Ă la seule UniversitĂ© Paris 5 plutĂŽt quâĂ
plusieurs Ă©tablissements
Dâautres questions se posent : il faut doter les BIU dâune gouvernance modernisĂ©e (avec notamment
une durée de mandat pour leurs directeurs), veiller à valoriser les opérations interuniversitaires dans les
procĂ©dures dâattribution de moyens â et ne surtout pas les pĂ©naliser, comme câest le cas actuellement. Sur
tous ces sujets, un rapport rĂ©cent de lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques propose des pistes concrĂštes
et des orientations trÚs proches de celles qui sont présentées ici. La plupart des directeurs de BIU,
notamment dans le domaine des lettres et SHS, sont prĂȘts Ă engager dĂšs 2010 le travail sur ces Ă©volutions.
Recommandation 21 : Approfondir lâanalyse du scĂ©nario de crĂ©ation dâun ou deux Ă©tablissement(s)
public(s) de documentation scientifique et des scénarios alternatifs, et engager rapidement la
rénovation du positionnement, du modÚle économique, de la gouvernance et du pilotage scientifique
des BIU, en prévoyant simultanément le cahier des charges de leur évaluation.
Recommandation 22 : Demander pour chaque BIU un plan de développement, avec des objectifs
adaptés à chaque bibliothÚque et suffisamment précis pour que les progrÚs soient mesurables, notamment
sur les registres suivants :
dĂ©veloppement de lâoffre documentaire en accĂšs libre, dĂ©localisation dâune partie des collections et
accroissement du nombre des places en bibliothĂšques ;
accroissement des horaires et des pĂ©riodes dâouverture ;
dĂ©veloppement de lâaccĂšs Ă la documentation numĂ©rique, sur place et Ă distance ;
(le cas Ă©chĂ©ant) accĂ©lĂ©ration de lâeffort dâintĂ©gration des documents au catalogue numĂ©rique Sudoc.
derniĂšres dĂ©cennies, prĂ©cisĂ©ment parce que les coĂ»ts dâinfrastructures (entretien des bĂątiments, chauffage, etc.)
Ă©taient trĂšs mal maĂźtrisĂ©s et handicapaient les politiques dâacquisition, incitent Ă ĂȘtre trĂšs attentif Ă ces questions.
48
Le rattachement pur et simple Ă un des PRES en cours de constitution Ă Paris nâest appropriĂ© pour aucune BIU.
43
5. SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER : RĂUNIR LâENGAGEMENT DES ACTEURS
POUR RĂNOVER LE PAYSAGE ET LES CAMPUS UNIVERSITAIRES PARISIENS
Ce chapitre prĂ©sente une proposition de schĂ©ma directeur pour lâĂ©volution Ă dix ans des implantations
immobiliĂšres des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisien
49
.
5.1. DES ENJEUX IMPORTANTS ET SENSIBLES
Mettre en Ćuvre un schĂ©ma directeur immobilier pour lâenseignement supĂ©rieur parisien, quoi de plus
nécessaire ?
Jâai dĂ©jĂ insistĂ© sur lâimportance que chaque PRES ou Ă©tablissement ait une identitĂ© territoriale
claire, reposant sur un ensemble cohĂ©rent et resserrĂ© dâimplantations immobiliĂšres, afin de
favoriser les Ă©changes au sein de la communautĂ© universitaire, dâamĂ©liorer la vie Ă©tudiante, et de
renforcer la visibilitĂ© et lâattractivitĂ©. La loi LRU a dâailleurs intĂ©grĂ© lâintĂ©rĂȘt pour les universitĂ©s de
maĂźtriser leur ancrage territorial en prĂ©voyant quâelles peuvent devenir propriĂ©taires des locaux qui
leur sont affectĂ©s. On sait aussi que la beautĂ© des locaux est un facteur important dâattractivitĂ©.
On a vu Ă©galement que le chemin Ă parcourir est substantiel puisque la situation immobiliĂšre de
beaucoup dâĂ©tablissements est trĂšs Ă©clatĂ©e, que 40% des sites universitaires parisiens ont une surface
infĂ©rieure Ă 1 000 mÂČ et que beaucoup sont en mauvais Ă©tat.
Mais aussi : mettre en Ćuvre un schĂ©ma directeur immobilier pour lâenseignement supĂ©rieur parisien,
quoi de plus difficile ?
Pour une bonne part, ces difficultés ne sont pas spécifiques à la communauté universitaire.
Partout, dans le public comme dans le privĂ©, lâimmobilier est un Ă©lĂ©ment identitaire trĂšs fort ;
demander à des équipes de bouger soulÚve de grandes difficultés, pour une part irrationnelles car
affectives, surtout si elles sont installĂ©es depuis longtemps dans les mĂȘmes locaux et si elles y
sont liĂ©es par un attachement enracinĂ© dans lâhistoire ou le prestige des lieux. Dans toute
communautĂ© â hors celles oĂč la hiĂ©rarchie pĂšse dâun grand poids â il est indispensable pour
quâelles acceptent de bouger de proposer aux Ă©quipes une perspective motivante, et de les
convaincre que leur Ă©tablissement ou elles-mĂȘmes « y gagnent ».
Cependant, les difficultĂ©s sont dâune acuitĂ© particuliĂšre au sein de la communautĂ© de
lâenseignement supĂ©rieur parisien. Lâattachement des Ă©quipes et des Ă©tablissements aux locaux
prestigieux du Quartier latin â Ă la Sorbonne en premier lieu â est considĂ©rable, et ancrĂ© dans
une histoire de plusieurs siĂšcles. Cet attachement sâaccompagne parfois dâune vision figĂ©e de
lâhistoire : certains interlocuteurs mâont dit que la Sorbonne a toujours Ă©tĂ© consacrĂ©e aux lettres et
aux SHS⊠alors quâelle a accueilli des sciences exactes jusquâaux annĂ©es 1960 ! Un des enjeux
du schéma directeur proposé ci-dessous est donc le suivant : savons-nous continuer à écrire
lâhistoire des implantations immobiliĂšres des universitĂ©s parisiennes, ou considĂ©rons-nous
que cette histoire doit rester figĂ©e⊠ou quâelle ne peut progresser que par soubresauts Ă
lâoccasion de grandes crises ?
Les difficultĂ©s sont plus grandes encore. Il faut regarder la rĂ©alitĂ© en face : notre capacitĂ© collective Ă
mettre en Ćuvre un schĂ©ma directeur immobilier serait trĂšs incertaine si nous procĂ©dions dans les
prochaines annĂ©es comme nous lâavons fait dans la pĂ©riode rĂ©cente ! Lâhistoire parisienne des dix
derniĂšres annĂ©es est remplie dâexemples de situations oĂč des Ă©quipes qui devaient dĂ©mĂ©nager â en raison
de travaux, le plus souvent â le faisaient avec 6, 12 ou 18 mois en retard⊠lorsquâelles le faisaient.
Vraiment, on pourrait faire un livre trĂšs surprenant avec les nombreux Ă©pisodes oĂč des arbitrages sont
49
Pour prĂ©parer ce chapitre, jâai rencontrĂ© un certain nombre de spĂ©cialistes des principaux mĂ©tiers du domaine
immobilier, dans le public et le privé : des spécialistes de la gestion immobiliÚre, des spécialistes des projets de
construction et de rĂ©habilitation, ainsi que des spĂ©cialistes du marchĂ© de lâimmobilier parisien. Bien sĂ»r, câest aussi
un thÚme sur lequel les entretiens avec mes interlocuteurs de la Ville de Paris ont été trÚs nombreux et riches. Je me
suis Ă©galement rendu sur plusieurs dizaines de sites universitaires parisiens.
44
remis en cause unilatéralement
50
. Ces tergiversations et ces remises en cause, face auxquelles lâĂtat est
fréquemment mis devant le fait accompli, entraßnent à chaque fois des retards et des surcoûts dans les
opérations de construction ou de réhabilitation. Bien sûr, toutes les responsabilités ne sont pas du seul
cĂŽtĂ© des Ă©tablissements et des Ă©quipes : il est aussi des situations oĂč les difficultĂ©s sont dues aux retards
de lâĂtat Ă prendre un arbitrage, aux doutes sur le fait quâil saura sây tenir, ou aux retards des opĂ©rations
immobiliĂšres. Le rĂ©sultat â il faut en ĂȘtre conscient car câest important pour lâavenir â est un manque de
confiance entre de nombreux Ă©tablissements et lâĂtat sur les questions immobiliĂšres, et une forme
dâimpuissance de lâĂtat, avec tous les comportements dĂ©viants qui en dĂ©coulent.
Pour rĂ©ussir Ă mettre en Ćuvre un schĂ©ma directeur immobilier de lâenseignement supĂ©rieur parisien il est
donc impératif de réunir plusieurs conditions sine qua non :
Tout dâabord, il faut crĂ©er les conditions qui permettront de renouer la confiance entre les
Ă©tablissements et lâĂtat, dans les deux sens. Pour lâĂtat, ceci impose un engagement rĂ©solu dans
une politique de soutien Ă la rĂ©novation du paysage immobilier de lâenseignement supĂ©rieur parisien,
et de sâattacher Ă mener cette politique avec une grande transparence et une meilleure capacitĂ© Ă
tenir ses engagements dans la durĂ©e â et, sur un plan plus technique, une meilleure capacitĂ© Ă tenir
les coĂ»ts et les dĂ©lais des opĂ©rations immobiliĂšres quâil conduit.
Pour les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur, ceci impose une responsabilisation accrue pour
mieux tenir dans la durĂ©e leurs engagements concernant les mouvements dâĂ©quipes, et une meilleure
transparence sur lâutilisation des locaux.
Dâautre part, les efforts doivent ĂȘtre justes et Ă©quilibrĂ©s. Il est indispensable que lâĂtat lui-mĂȘme
« fasse des efforts » â sur le plan de lâinvestissement financier en premier lieu. Et il est nĂ©cessaire
aussi de poser le principe que chaque Ă©tablissement auquel un effort important est demandĂ© â
comme de quitter une affectation historique ou particuliĂšrement enviĂ©e â « y gagne » par ailleurs,
par exemple Ă travers la rĂ©alisation de lâun de ses projets immobiliers.
Jâinsiste sur lâimportance de ces aspects : si nous ne faisons pas de progrĂšs notables en matiĂšre de
responsabilisation des acteurs et en matiĂšre de pilotage, ce nâest pas la peine de faire un schĂ©ma
directeur ! Pour lâexprimer en dâautres termes, le principal message de ce chapitre se rĂ©sume comme suit :
Il est possible de mener à bien en dix ans une trÚs belle rénovation immobiliÚre du paysage
universitaire parisien.
Il revient Ă lâĂtat de sâengager dans cette direction, en projetant dâinvestir pour cette
rénovation et en proposant aux collectivités territoriales de construire un plan conjoint
dâinvestissement.
Pour mettre en Ćuvre le schĂ©ma directeur immobilier et en assurer la rĂ©ussite, il est impĂ©ratif
de rĂ©unir et de formaliser lâengagement des Ă©tablissements.
A contrario, ceci signifie que si les Ă©tablissements ne sâengageaient pas, contractuellement, sur les
objectifs qui concernent chacun dâeux â et si lâon devait de nouveau sâattendre Ă des remises en causes
rĂ©guliĂšres des projets dâĂ©volution des implantations des Ă©quipes â alors je recommanderais Ă lâĂtat de
modĂ©rer son investissement â hors opĂ©rations directement liĂ©es Ă la vie Ă©tudiante â car il serait
inévitablement gùché et détourné de ses objectifs. Seul un véritable engagement coordonné de
lâensemble des acteurs permettra de rĂ©nover le paysage universitaire parisien.
5.2. OBJECTIFS ET VISION DâENSEMBLE DU PAYSAGE PARISIEN
La proposition de schĂ©ma directeur immobilier dĂ©crite ci-dessous sâappuie sur trois types dâopĂ©rations
immobiliĂšres :
lâacquisition ou la construction de quelques locaux supplĂ©mentaires consacrĂ©s Ă des Ă©quipements
destinĂ©s Ă la vie Ă©tudiante â logement ou restauration â ou des activitĂ©s dâenseignement supĂ©rieur et
de recherche ;
50
Je garantis la force des effets de surprise, mĂȘme pour les bons connaisseurs de la communautĂ© universitaire. Je
pourrais citer lâexemple dâune Ă©quipe qui, plusieurs annĂ©es aprĂšs la date convenue, a fini par quitter les locaux oĂč
elle était installée⊠mais y est revenue le lendemain avec le camion de déménagement et a ré-emménagé dans les
locaux quâelle venait de quitter ! Elle y est toujoursâŠ
45
la cession â ou la fin de la location â de certains locaux universitaires de petite taille ;
et des opérations de réhabilitation de locaux universitaires.
En combinant ces opérations, les principaux objectifs du schéma directeur sont les suivants :
améliorer la vie étudiante à Paris ;
bùtir pour chaque établissement ou chaque PRES un « plan de rationalisation de ses
implantations immobiliÚres » en vue de redonner de la cohérence à ses implantations en les
regroupant sur un petit nombre de sites aussi proches que possible â ce qui est important pour
amplifier les échanges intellectuels, améliorer la vie étudiante et alléger les coûts de gestion ;
et réhabiliter un certain nombre de bùtiments en mauvais état.
Corollaire de ces objectifs, le schĂ©ma directeur vise aussi Ă Ă©viter le plus possible les petits locaux â
infĂ©rieurs Ă 1 000, voire 2 000 mÂČ. Il a Ă©galement pour but de rĂ©duire le nombre de locaux imbriquĂ©s
entre plusieurs Ă©tablissements, surtout sâils nâappartiennent pas au mĂȘme PRES, ce qui est favorable pour
amĂ©liorer lâidentitĂ© et la visibilitĂ© des Ă©tablissements et pour simplifier la gestion immobiliĂšre, et
indispensable pour prĂ©parer â le cas Ă©chĂ©ant â la dĂ©volution des biens immobiliers aux universitĂ©s.
Enfin, la proposition de schĂ©ma directeur sâappuie sur une vision gĂ©ographique. PlutĂŽt que de penser que
« Paris tout entiĂšre est un grand campus », comme je lâai parfois entendu, je propose de privilĂ©gier une
vision structurĂ©e autour de quelques grands « quartiers universitaires » oĂč sont regroupĂ©es
lâessentiel des implantations de lâenseignement supĂ©rieur parisien â hors sites hospitaliers, trĂšs rĂ©partis
dans lâagglomĂ©ration :
Le premier â Ă la fois le plus ancien et le plus vaste â de ces grands quartiers universitaires rĂ©unit les
V
Ăšme
et VI
Ăšme
arrondissements â Sorbonne, PanthĂ©on, CollĂšge de France, rue dâUlm, Censier,
Jussieu, Cordeliers, Ă©cole de mĂ©decine, Saints PĂšres, avenue de lâObservatoire et rue dâAssas â
élargis à leur environnement immédiat dans le VII
Ăšme
, le XIII
Ăšme
et le XIV
Ăšme
arrondissements â rue
Saint Guillaume, boulevard Raspail, Cochin, boulevard de lâHĂŽpital.
Un nouveau quartier universitaire est né récemment sur le site de Paris Rive Gauche, avec
lâinstallation du campus de Paris 7, et bientĂŽt de lâInalco et de la Bulac ; lâextension de ce quartier
vers Ivry est envisagée.
Un nouveau quartier universitaire est en gestation au nord de Paris, autour du site de la porte de
Clignancourt oĂč est installĂ©e Paris 4 et des deux sites du projet Condorcet, Ă la porte de la Chapelle et
Ă Aubervilliers. Ce quartier â que son Ă©tat actuel rend peu attractif aux yeux des universitaires â sera
dans moins de dix ans un « campus dans la ville » aussi agréable que le site de Paris Rive
Gauche. Au-delĂ du projet Condorcet, on pourra envisager dâinstaller des implantations universitaires
sur le site trans-périphérique de la Gare des Mines, qui sera emménagé autour de 2020.
On peut complĂ©ter la description en mentionnant le site de Dauphine, avec son projet dâextension
vers La DĂ©fense.
Le schéma suivant visualise ces grands quartiers universitaires.
46
Cette vision des quartiers universitaires prĂ©sents et futurs â partagĂ©e avec la Ville de Paris â ne signifie
pas que toutes les implantations des Ă©tablissements dâES&R doivent y ĂȘtre regroupĂ©es. Hors de ces
quartiers, les implantations de bonne taille et auxquelles les Ă©tablissements sont attachĂ©s â comme le
centre Saint Charles de Paris 1 ou le centre Malesherbes de Paris 4, pour en citer quelques unes â ont
vocation Ă ĂȘtre conservĂ©es. Mais le schĂ©ma directeur doit viser, autant que possible, de regrouper une
bonne part des activitĂ©s dâenseignement supĂ©rieur dans les « quartiers universitaires ».
En particulier, le schĂ©ma directeur prĂ©voit que les opĂ©rations dâacquisition ou de construction de locaux
supplĂ©mentaires consacrĂ©s aux activitĂ©s dâES&R sont principalement situĂ©es dans ces quartiers â Ă la
diffĂ©rence des opĂ©rations concernant le logement Ă©tudiant, qui peuvent ĂȘtre plus Ă©loignĂ©es. Dans la mĂȘme
optique, je recommande ci-dessous Ă lâĂtat de conserver pour des activitĂ©s dâenseignement supĂ©rieur
et de recherche tous les sites du V
Ăšme
et du VI
Ăšme
arrondissements qui y sont aujourdâhui consacrĂ©s.
5.3. ESQUISSES DE SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER
5.3.1. Il nâest pas possible dâaborder le sujet du schĂ©ma directeur immobilier sans Ă©voquer la Sorbonne.
Elle est sans conteste le monument le plus prestigieux de lâenseignement supĂ©rieur parisien, et elle en est
lâemblĂšme qui fait lâobjet dâattachements passionnĂ©s. Mais elle est aussi un bĂątiment complexe dont la
gestion immobiliĂšre est trĂšs difficile et lâoccupation malcommode. Elle est enfin une « marque » que se
disputent les universités parisiennes, parfois dans le plus grand désordre.
De nombreux interlocuteurs mâont prĂ©sentĂ© leur vision des Ă©volutions possibles concernant la Sorbonne â
si jâose dire, puisque la grande majoritĂ© estime que le seul scĂ©nario possible est le statu quo ! Certains
interlocuteurs se dĂ©marquent de cette position, et quelques uns vont jusquâĂ dire leur conviction que la
Sorbonne est un des grands problĂšmes de lâenseignement supĂ©rieur parisien ! Je regroupe quelques
commentaires et recommandations sur la Sorbonne â sur le bĂątiment et sur lâutilisation du nom
Sorbonne â dans lâAnnexe 11.
Cela Ă©tant, la proposition de schĂ©ma directeur prĂ©sentĂ©e ci-dessous sâappuie sur lâhypothĂšse â la plus
probable â de « quasi statu quo
51
» pour lâoccupation de la Sorbonne, ainsi que pour lâoccupation du
bĂątiment de lâancienne FacultĂ© de droit sur la place du PanthĂ©on.
5.3.2. Je propose ci-dessous des esquisses de schĂ©ma directeur immobilier pour onze Ă©tablissements â
ceux qui ont un nombre de sites Ă©levĂ© : les universitĂ©s Paris 1 Ă Paris 7, SciencesPo, lâInalco, lâEHESS et
lâEPHE. Ces schĂ©mas tiennent compte, ici ou lĂ , des projets de PRES en cours de constitution, mais ils
sont prĂ©sentĂ©s par Ă©tablissement car aucun des PĂŽles nâa aujourdâhui une vision globale et intĂ©grĂ©e de ses
implantations. Jâai eu plusieurs Ă©changes avec la Ville de Paris sur les recommandations qui suivent, afin
de pouvoir rapidement engager le travail Ă mener avec elle si lâĂtat dĂ©cide de les mettre en Ćuvre.
Il faut dâabord prĂ©ciser ce quâon entend par « esquisse de schĂ©ma directeur immobilier ».
Le mot « esquisse » ne signifie pas que les schĂ©mas prĂ©sentĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s dans lâĂ -peu-prĂšs. Pour
chaque Ă©tablissement, une rĂ©flexion a Ă©tĂ© menĂ©e sur les sites que lâĂ©tablissement souhaite conserver et
ceux quâil serait possible de libĂ©rer, sur les activitĂ©s quâil serait intĂ©ressant de rapprocher les unes des
autres, et sur celles qui sont les plus Ă lâĂ©troit et justifieraient un accroissement de surfaces. Chacune
de ces esquisses sâappuie sur une connaissance prĂ©cise des surfaces occupĂ©es sur chaque site, et
prévoit des surfaces au moins équivalentes pour chaque activité amenée à changer de site.
Il ne sâagit pas pour autant de vĂ©ritables schĂ©mas directeurs immobiliers, incluant tous les aspects
quâun tel schĂ©ma doit aborder pour permettre une vĂ©ritable amĂ©lioration de la gestion immobiliĂšre des
Ă©tablissements. Jây reviens au chapitre 6 : faire un vrai schĂ©ma directeur immobilier pour chaque
PRES ou chaque Ă©tablissement requiert un travail approfondi menĂ© avec lâappui de
professionnels expérimentés, et va bien au-delà de ce rapport.
51
Ce nâest pas tout Ă fait le statu quo : il faut poursuivre les efforts visant Ă rĂ©duire les surfaces occupĂ©es en
Sorbonne par les services du rectorat, et Ă rationaliser les implantations des Ă©tablissements au sein de la Sorbonne Ă
lâoccasion des travaux de mise en sĂ©curitĂ© que va effectuer la Ville de Paris.
47
5.3.3. Venons-en à la présentation de ces « esquisses de schéma directeur immobilier ». Il faut préciser
que tout ce qui suit concerne les implantations universitaires hors sites hospitaliers.
Je choisis de présenter ces esquisses de schéma directeur en regroupant les établissements par projet de
PRES, et en commençant par les partenaires du PRES Université Paris Cité : Paris 3, Paris 5, Paris 7,
SciencesPo et Inalco.
Université Paris 3
Au moment de lâaudit de lâimmobilier universitaire parisien Ă lâautomne 2008, Paris 3 comptait 10
sites : 9 Ă Paris et 1 en petite couronne
52
. Deux immeubles sont loués auprÚs de bailleurs privés, la
plupart des autres sont propriĂ©tĂ©s de lâĂtat. Surtout, Paris 3 est lâuniversitĂ© parisienne qui connaĂźt la
situation immobiliĂšre la plus critique :
-
On sait depuis de nombreuses annĂ©es que son site principal, Censier, doit ĂȘtre dĂ©samiantĂ© et
rĂ©habilitĂ©. Or cette opĂ©ration â financĂ©e dans le cadre du CPER, mais Ă un niveau insuffisant â
nâest toujours pas programmĂ©e, faute dâavoir mis en place un plan pour hĂ©berger les activitĂ©s de
Paris 3 pendant les travaux de désamiantage et démolition-reconstruction de Censier.
-
Plusieurs projets ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s concernant lâinstallation dĂ©finitive de Paris 3 dans un deuxiĂšme
site en complément de Censier⊠et ont tous été abandonnés ! Le dernier en date, sur le site de
Jussieu, avait pourtant fait lâobjet en 2006 dâun arbitrage au sommet de lâĂtat via un bleu de
Matignon. Mais ce projet, pour diverses raisons, a été abandonné depuis
53
. AprĂšs de longues
annĂ©es dâattentes et de tergiversations, il y a donc urgence Ă dĂ©cider et mettre en Ćuvre un
plan prĂ©cis qui permette de libĂ©rer Censier et sâinscrive dans une perspective motivante de
schĂ©ma dâimplantation dĂ©finitif aprĂšs retour sur le site de Censier reconstruit.
Jâai recommandĂ© dans le rapport intermĂ©diaire de bĂątir ce plan en sâappuyant sur les possibilitĂ©s
offertes par les terrains de « lâilĂŽt Poliveau ». Le MESR est propriĂ©taire des terrains de cet « ilĂŽt »,
affectĂ© aujourdâhui au MusĂ©um (MNHN) et situĂ© Ă proximitĂ© immĂ©diate de Censier ; surtout, les
« droits Ă construire » sur lâilĂŽt Poliveau sâĂ©lĂšvent Ă 30 000 mÂČ environ, une situation trĂšs rare dans le
V
Ăšme
arrondissement ! La deuxiĂšme phase de ma mission a Ă©tĂ© lâoccasion dâĂ©laborer un projet
immobilier pour lâimplantation de Paris 3 sur lâilĂŽt Poliveau. Ce projet a Ă©tĂ© bĂąti de façon dĂ©taillĂ©e
par les Ă©quipes de programmation de lâEtablissement public du campus de Jussieu (EPCJ), en lien trĂšs
étroit avec la direction du Muséum et de Paris 3 et en y associant le rectorat de Paris. Bien sûr, en
vertu du « principe dâĂ©quilibre » Ă©noncĂ© plus haut, le projet inclut des rĂ©habilitations et constructions
dâimmeubles pour le MusĂ©um.
Ă lâissue de ce travail, nous disposons aujourdâhui dâun projet immobilier prĂ©cis, qui fait lâobjet
de lâaccord du directeur gĂ©nĂ©ral du MusĂ©um et de la prĂ©sidente de Paris 3, sur lequel la Ville de
Paris a donnĂ© un accord de principe, et que lâEPCJ et moi-mĂȘme considĂ©rons comme le meilleur
projet possible pour Paris 3. De plus, ce projet est nettement moins coûteux que le scénario alternatif
qui avait Ă©tĂ© bĂąti pour Paris 3 au dĂ©but de lâannĂ©e 2009. Je recommande que sa mise en Ćuvre soit
engagĂ©e sans dĂ©lai, et soit confiĂ©e Ă lâEPCJ : câest la premiĂšre prioritĂ© de toute cette section 5.3.
Il faut noter que Paris 3 sera regroupĂ©e Ă terme sur deux sites (voir lâAnnexe 12).
Université Paris 5
Ă lâautomne 2008, Paris 5 occupait 9 sites hors sites hospitaliers : 6 sites parisiens et 3 en petite
couronne. La situation immobiliĂšre de lâĂ©tablissement est donc relativement dispersĂ©e â avec les
STAPS dans le XV
Ăšme
arrondissement, lâIUT dans le XVI
Ăšme
, lâinstitut de psychologie Ă Boulogne,
lâUFR dâodontologie Ă Montrouge et lâUFR de droit Ă Malakoff. Mais chaque site est cohĂ©rent, et la
situation globale nâest pas aussi Ă©clatĂ©e que pour dâautres universitĂ©s : aucun site de Paris 5 nâa une
52
Jâadopte ici un point de vue un peu diffĂ©rent de celui du rapport dâaudit, qui rĂ©pertoriait le nombre de sites de
chaque Ă©tablissement au sens de « nombre dâadresses distinctes ». Je considĂšre que des immeubles trĂšs proches (par
exemple : contigus, ou sĂ©parĂ©s par la traversĂ©e dâune rue) forment un seul site, et je ne compte pas les sites des BIU.
53
On voit ici une « belle » illustration â qui nâest pas unique, malheureusement â de ce que jâĂ©crivais plus haut sur
une forme dâimpuissance de lâĂtat et sur la vanitĂ© dâun schĂ©ma directeur qui ne sâappuierait pas sur des discussions
avec les Ă©tablissements, et si possible sur des engagements et une responsabilisation claire de chacun dâeux.
48
surface infĂ©rieure Ă 6 500 mÂČ et tous les autres sites sont dans le VI
Ăšme
arrondissement â Ă lâexception
de la minuscule implantation en Sorbonne (voir lâAnnexe 11).
Lâesquisse de schĂ©ma directeur prĂ©voit donc peu de changement par rapport Ă la situation actuelle
pour Paris 5. Il serait cependant souhaitable que le site des Cordeliers, à proximité immédiate du siÚge
de Paris 5, lui soit affectĂ© Ă terme : jây reviens dans lâAnnexe 13, oĂč sont aussi Ă©voquĂ©s quelques
autres sujets concernant les implantations de Paris 5.
Université Paris 7
Selon le rapport dâaudit, Paris 7 occupait 12 sites Ă lâautomne 2008 hors sites hospitaliers, dont 1 en
province. Elle a la chance de sâĂȘtre installĂ©e depuis 2007 sur le site des Grands Moulins Ă Paris Rive
Gauche, dans un nouveau « campus dans la ville » qui sâappuie sur des grands bĂątiments industriels
bien rĂ©habilitĂ©s. Surtout, la phase 2 des travaux du campus, qui fait lâobjet dâun partenariat public-
privé (PPP) signé en juillet 2009, permettra à Paris 7 de regrouper sur un site principal la presque-
totalitĂ© de ses Ă©quipes, Ă lâexception des Ă©quipes installĂ©es sur les sites hospitaliers, de lâIUT â que
lâuniversitĂ© sâest engagĂ©e Ă installer sur le site de la ZAC Pajol dans le XVIII
Ăšme
arrondissement â et
de lâUFR dâodontologie (voir lâAnnexe 13).
SciencesPo
La situation immobiliĂšre de SciencesPo est singuliĂšre. Ă lâautomne 2008, SciencesPo occupait des
locaux dans 33 immeubles Ă Paris â et 10 en province. On pourrait dire que ces 33 adresses
parisiennes représentent environ 20 sites mais⊠tout dépend de la façon de définir un site puisque la
grande majoritĂ© des adresses parisiennes sont regroupĂ©es Ă moins de 300 mĂštres du siĂšge. On a donc Ă
la fois une vraie stratégie immobiliÚre de regroupement dans le quartier de la rue Saint Guillaume
et, du fait de la difficulté de trouver des locaux de grande surface dans le quartier, un éclatement sur
de nombreux locaux de petite taille â plus de la moitiĂ© des locaux ont une surface infĂ©rieure Ă 500 mÂČ.
Quatre immeubles â de grande taille â sont propriĂ©tĂ© de la Fondation nationale des sciences politiques
(FNSP) et tous les autres locaux parisiens sont loués à des bailleurs privés.
SciencesPo loue depuis le printemps 2009 lâhĂŽtel de Fleury â lâancien siĂšge de lâĂcole des Ponts
ParisTech, rue des Saints PĂšres â ce qui va lui permettre de quitter une partie des locaux louĂ©s dans le
quartier ou ailleurs dans Paris.
Lâesquisse de schĂ©ma directeur que je propose pour SciencesPo consiste Ă lui affecter deux
immeubles libérés dans le quartier de la rue Saint Guillaume. Ce schéma permettra à SciencesPo,
avec un lĂ©ger gain de surfaces, de regrouper toutes ses activitĂ©s parisiennes sur quatre sites â et sept
immeubles â Ă moins de cinq minutes Ă pied les uns des autres.
Inalco
Le plan de regroupement de lâInalco est Ă©tabli depuis plusieurs annĂ©es. LâInalco sâinstallera en 2011 Ă
Paris Rive Gauche, dans des nouveaux locaux qui hébergeront aussi la Bulac, et ses équipes de
recherche rejoindront plus tard, sur le mĂȘme site, la « Maison de la recherche de la Bulac » (aussi
nommĂ©e « PĂŽle langues et civilisations »). LâĂ©tablissement, dispersĂ© aujourdâhui sur 6 sites dont 3 en
petite couronne, sera alors regroupé sur un seul site.
5.3.4. Je poursuis en prĂ©sentant les « esquisses de schĂ©ma directeur immobilier » pour Paris 1, lâEHESS et
lâEPHE, partenaires du projet de PRES HESAM.
Université Paris 1
Ă lâautomne 2008, Paris 1 comptait 22 sites, dont 18 Ă Paris et 4 en petite couronne. La grande
majoritĂ© des immeubles sont propriĂ©tĂ©s de lâĂtat, un petit nombre Ă©tant des biens propres de
lâĂ©tablissement ou louĂ©s auprĂšs de bailleurs privĂ©s.
Lâesquisse de schĂ©ma directeur proposĂ©e pour Paris 1, prĂ©parĂ©e avec son prĂ©sident, sâappuie pour
lâessentiel sur deux opĂ©rations :
-
Dâune part, Paris 1 est un des acteurs du projet de Campus Condorcet, et y bĂ©nĂ©ficiera de
surfaces importantes.
-
Dâautre part, je recommande que le MESR acquiĂšre le site Lourcine que le ministĂšre de la
DĂ©fense libĂšrera en 2012, et affecte une partie des locaux de ce site Ă Paris 1 â le reste Ă©tant
49
consacré à une résidence étudiante et un restaurant universitaire. Lourcine est situé boulevard de
Port-Royal, à proximité immédiate de deux implantations de Paris 1 : le centre René Cassin, rue
Saint Hyppolite, et lâIAE rattachĂ© Ă Paris 1, rue Broca.
Ceci permet de construire pour Paris 1, aprÚs achÚvement du Campus Condorcet, un schéma
dâimplantation recentrĂ© sur 8 ou 9 sites au maximum. Les six sites principaux â chacun dâune
surface supĂ©rieure Ă 5 000 mÂČ â seront Sorbonne-PanthĂ©on, Lourcine, la Maison des sciences
Ă©conomiques, le centre Pierre MendĂšs-France â chacun dâeux Ă©tant Ă une dizaine de minutes Ă pied
dâau moins un des autres â Saint Charles et Condorcet. Dans ce schĂ©ma, Paris 1 a un gain substantiel
en surfaces du fait de lâopĂ©ration Condorcet, ce qui est justifiĂ© car son ratio mÂČ/Ă©tudiant est le plus
faible de toutes les universitĂ©s parisiennes (voir lâAnnexe 13).
EHESS
LâEHESS est aujourdâhui implantĂ©e sur 8 sites parisiens
54
. Elle est aussi un des principaux partenaires
du Campus Condorcet, oĂč elle aura son installation principale vers 2016.
Pour dĂ©finir les implantations Ă terme de lâEHESS, il reste donc seulement Ă prĂ©ciser ce que sera
« lâantenne parisienne » quâelle conservera dans Paris intramuros
55
. Clarifier ce point rapidement
rassurera les Ă©quipes de lâĂ©tablissement et contribuera grandement Ă faciliter le succĂšs de lâopĂ©ration
Condorcet. Ma recommandation est que, aprĂšs son installation Ă Condorcet, lâEHESS se voie affecter
deux Ă©tages de lâimmeuble situĂ© au 54 boulevard Raspail â aprĂšs dĂ©samiantage et rĂ©habilitation de ce
bĂątiment
56
. Dans cette perspective, lâEHESS serait regroupĂ©e dans quelques annĂ©es sur deux sites
57
.
EPHE
La situation de lâEPHE est similaire. Elle aussi est implantĂ©e aujourdâhui sur 8 sites parisiens, et aura
son installation principale Ă Aubervilliers vers 2016.
Pour lâEPHE aussi, il reste seulement Ă prĂ©ciser ce que sera « lâantenne parisienne » conservĂ©e dans
Paris intramuros : je recommande au MESR de sâengager dĂšs maintenant sur le fait que lâEPHE
conservera 450 mÂČ pour des salles de sĂ©minaires en Sorbonne â une surface qui correspond Ă sa
demande, et qui est infĂ©rieure de moitiĂ© Ă celle quâelle occupe aujourdâhui. Dans cette perspective,
lâEPHE sera aussi regroupĂ©e dans quelques annĂ©es sur deux sites.
5.3.5. Enfin, je présente les « esquisses de schéma directeur immobilier » pour les partenaires du projet de
PRES « 2-4-6 » : Paris 2, Paris 4 et Paris 6.
54
Je ne compte pas le site de lâINHA, qui a vocation Ă continuer Ă accueillir des Ă©quipes de Paris 1, de Paris 4, de
lâEHESS et de lâEPHE.
55
Le MESR sâest engagĂ© par Ă©crit en 2008, au dĂ©marrage des discussions concernant le projet Condorcet, sur le fait
que lâEHESS et lâEPHE conserveront une antenne dans Paris intramuros.
56
La perspective que je propose, pour le 54 boulevard Raspail est la suivante :
pour rester cohĂ©rent, dans lâesprit, avec le CPER 2007-2013 oĂč a Ă©tĂ© prĂ©vue la « cession dâactifs occupĂ©s par
lâEHESS boulevard Raspail », vendre aprĂšs rĂ©habilitation le plus petit des deux immeubles situĂ©s au 54
boulevard Raspail ;
consacrer lâimmeuble restant Ă lâantenne parisienne de lâEHESS, la FMSH et lâIEA, et Ă une maison dâhĂŽtes
ayant la mission dâaccueillir des visiteurs de longue durĂ©e en lien avec lâensemble de la communautĂ© SHS de la
région parisienne.
Cette perspective est Ă affiner dans les prochains mois avec lâEHESS et la FMSH, qui Ă©labore actuellement son
projet de « repositionnement stratĂ©gique » autour du projet dâIEA, et avec les autres acteurs concernĂ©s (dont les
universitĂ©s et Ă©coles concernĂ©es par lâIEA, et la Ville de Paris). Dans une vision oĂč la bibliothĂšque de la FMSH
serait physiquement sur le Campus Condorcet, avec des salles de lecture au 54 boulevard Raspail, il est possible de
réaliser boulevard Raspail à la fois une cession et une trÚs belle opération au bénéfice de toutes les SHS parisiennes.
57
Je ne compte pas ici la « Maison Auguste Comte », louĂ©e par lâEHESS jusquâen⊠2051 ! Une fois lâEHESS
installĂ©e sur le Campus Condorcet, cette Maison pourrait ĂȘtre transformĂ©e en maison dâhĂŽtes, Ă©ventuellement au
bĂ©nĂ©fice dâautres acteurs que lâEHESS si lâopĂ©ration mentionnĂ©e ci-dessus est rĂ©alisĂ©e au 54 boulevard Raspail.
50
Université Paris 2
Ă lâautomne 2008, Paris 2 comptait 14 sites Ă Paris â et 4 Ă Melun, hors du champ de ma mission. La
moitié des immeubles concernés, souvent les plus petits, sont loués auprÚs de bailleurs privés, et deux
petits immeubles sont des biens propres de lâĂ©tablissement.
Jâavais proposĂ© pour Paris 2 dans le rapport intermĂ©diaire une esquisse de schĂ©ma directeur, prĂ©parĂ©e
avec son prĂ©sident, qui sâappuyait principalement sur une opĂ©ration de rĂ©habilitation-construction Ă
programmer sur le site de Saint Vincent de Paul. Ce site que lâAP-HP compte libĂ©rer prochainement
est situĂ© Ă quelques minutes Ă pied du centre principal de Paris 2 â rue dâAssas. Ceci permettait de
construire pour Paris 2 un schĂ©ma dâimplantation recentrĂ©, Ă moyen terme, sur quatre sites
principaux â PanthĂ©on, Assas, Saint-Vincent de Paul et Vaugirard â avec un lĂ©ger gain en surfaces.
Malheureusement, cette perspective est devenue trĂšs improbable car la Ville de Paris sâoriente vers
des projets différents pour le site de Saint Vincent de Paul. Je recommande au MESR de prendre
rapidement lâattache de la Ville pour vĂ©rifier si cette option est dĂ©finitivement fermĂ©e ; si câest le cas,
je prĂ©conise de sâorienter vers le schĂ©ma alternatif prĂ©sentĂ© Ă la fin de cette section 5.3.5.
Université Paris 4
Paris 4 occupait 12 sites Ă lâautomne 2008, dont 11 Ă Paris et 1 en petite couronne. Quelques
immeubles sont des biens propres de lâĂ©tablissement ou de lâindivision des universitĂ©s hĂ©ritiĂšres de
lâUniversitĂ© de Paris, un immeuble est louĂ© Ă la Ville de Paris et les autres sont propriĂ©tĂ©s de lâĂtat.
Paris 4 est concernĂ©e par une opĂ©ration immobiliĂšre majeure : lâagrandissement de son site de
Clignancourt fait lâobjet dâun PPP signĂ© en juillet 2009 et permettra dâabandonner un site « tampon ».
Une autre opération de moindre ampleur menée par la Chancellerie permettra de relier en un seul site
â via un passage interne entre deux immeubles â les locaux des rues de la Sorbonne et Champollion,
tout en ouvrant des espaces de vie Ă©tudiante mutualisĂ©s avec dâautres Ă©tablissements.
Jâavais Ă©crit dans le rapport intermĂ©diaire que, lâesquisse de schĂ©ma directeur prĂ©parĂ©e avec le
prĂ©sident de Paris 4 prĂ©voyant peu dâĂ©volutions supplĂ©mentaires, il Ă©tait nĂ©cessaire de poursuivre le
dialogue avec lâĂ©tablissement. Je continue de penser quâil est possible et souhaitable de regrouper
certains des petits sites de Paris 4 sur une localisation bien situĂ©e au sein du Quartier latin â en faisant
une opération analogue à celle que Paris 4 a réalisée il y a quelques années rue Serpente. Mais
lâĂ©tablissement nâa pas souhaitĂ© travailler sur cette perspective au cours de la deuxiĂšme phase de ma
mission.
Université Paris 6
Ă lâautomne 2008, Paris 6 occupait 18 sites hors sites hospitaliers : 8 Ă Paris, 5 en pĂ©riphĂ©rie et 5 en
province. Une partie des sites parisiens sont des « locaux tampons » loués pour héberger des équipes
dans lâattente de leur retour sur le site de Jussieu, en cours de rĂ©habilitation.
Paris 6 a depuis plusieurs annĂ©es lâobjectif que lâensemble du site de Jussieu lui revienne Ă terme.
Ce site Ă©tait originellement partagĂ© avec Paris 7, mais Paris 6 lâoccupe dĂ©sormais trĂšs
majoritairement, et sa volontĂ© dâoccuper tout le site a ruinĂ© les projets dâinstallations dâautres acteurs,
mĂȘme aprĂšs un arbitrage au sommet de lâĂtat comme je lâai Ă©crit plus haut. Il ne faut pas se cacher le
caractĂšre anormal de ce qui sâest passĂ©, du point de vue du fonctionnement de lâĂtat et du service
public. Mais il faut aussi tracer une perspective réaliste à partir de la situation actuelle, et on peut
reconnaĂźtre lâintĂ©rĂȘt de disposer en plein cĆur de Paris dâune grande universitĂ© scientifique bien
installée sur un campus de Jussieu réhabilité. Cependant, Paris 6 étant trÚs bien dotée en surfaces, lui
attribuer tout le site de Jussieu revient Ă lui accorder une situation extrĂȘmement favorable du point de
vue immobilier, et ce nâest envisageable que si elle quitte ses autres implantations parisiennes.
Par ailleurs, Paris 6 a Ă©tĂ© lâune des deux premiĂšres universitĂ©s françaises Ă demander la dĂ©volution
des biens immobiliers. Or, cette dĂ©volution nâest pas possible Ă court terme, pour deux raisons
principales. Dâune part les opĂ©rations de rĂ©habilitation trĂšs lourde du site de Jussieu sâĂ©tendront
encore sur plusieurs annĂ©es. Dâautre part je recommande vivement que la propriĂ©tĂ© des biens
immobiliers ne soit attribuĂ©e Ă une universitĂ© parisienne quâune fois mis en Ćuvre la rationalisation et
le regroupement de ses implantations.
Jâavais recommandĂ© dans le rapport intermĂ©diaire que lâĂtat propose Ă lâuniversitĂ© une convention
dans laquelle il prendrait un engagement ferme de dévolution, à terme, des biens immobiliers, en y
incluant la totalitĂ© du site de Jussieu, et dans laquelle Paris 6 sâengagerait Ă quitter toutes ses
51
implantations parisiennes hors sites hospitaliers. La ministre a choisi de suivre cette recommandation,
et on trouvera dans lâAnnexe 14 un rĂ©sumĂ© du projet de convention Ă©laborĂ© avec Paris 6. Ce projet est
trĂšs avantageux pour Paris 6 du point de vue des surfaces, et ne lui demande quâun seul effort
important : que â Ă lâexception des Ă©quipes du laboratoire nommĂ© « Centre de recherche des
Cordeliers » â ses services qui y sont installĂ©s quittent le site des Cordeliers.
Le prĂ©sident de Paris 6 a convoquĂ© une rĂ©union du conseil dâadministration de lâĂ©tablissement pour
délibérer sur cette convention, le 1
er
février. Alors que le préambule de la convention stipule que
lâengagement de lâĂtat concernant le pĂ©rimĂštre de la dĂ©volution et le choix dây inclure tout le campus
de Jussieu est indissociable des engagements de Paris 6 concernant le site des Cordeliers, et alors
mĂȘme quâil Ă©tait clairement informĂ© que, aux yeux de lâĂtat, un vote sur un texte modifiĂ© vaudrait
refus de la convention proposĂ©e, le conseil a choisi dâapprouver un texte modifiĂ©, prĂ©cisĂ©ment sur les
Cordeliers (voir lâAnnexe 14). AprĂšs cette rĂ©union, le MESR a confirmĂ© par Ă©crit au prĂ©sident de
Paris 6 que lâĂtat attend de lâuniversitĂ© quâelle prenne lâengagement ferme que, Ă lâexception des
équipes rattachées au Centre de recherche des Cordeliers, ses services installés sur le site des
Cordeliers quitteront ce site avant la dévolution.
Il me revient maintenant de proposer Ă lâĂtat des recommandations sur lâĂ©volution des implantations
de Paris 6 â et sur lâavenir du campus de Jussieu :
-
Je recommande que lâĂtat maintienne jusquâau 31 mai 2010 la proposition de convention quâil a
adressée à Paris 6, lui donnant ainsi une deuxiÚme chance de pouvoir occuper tout le campus de
Jussieu â sachant que lâapprobation de cette convention offre aussi, pour lâĂtat, lâavantage de
rĂ©aliser un progrĂšs symbolique important dans la mise en Ćuvre de la politique de
« rationalisation des implantations » des établissements parisiens.
-
Si le conseil dâadministration de Paris 6 nâapprouve pas la convention dans ce dĂ©lai, lâĂtat sera
conduit Ă prendre acte du fait que cette offre est refusĂ©e, et que lâuniversitĂ© refuse de prendre
lâengagement que ses services â Ă lâexception des Ă©quipes du laboratoire nommĂ© « Centre de
recherche des Cordeliers » â quitteront le site des Cordeliers avant dĂ©volution. Je recommande
que lâĂtat prenne aussi acte du fait que, par le vote du 1
er
février, Paris 6 a accepté que la
dĂ©volution ne pourra avoir lieu quâaprĂšs lâachĂšvement des travaux du « Gril du campus de
Jussieu
58
», en 2015 ou 2016. Dans ces conditions, je préconise que :
o
lâĂtat sâengage Ă reprendre les discussions prĂ©paratoires Ă la dĂ©volution du patrimoine
immobilier Ă Paris 6 au dĂ©but de lâannĂ©e 2014 â car il nây a plus aucun intĂ©rĂȘt de part et
dâautre Ă prĂ©parer une convention sur la dĂ©volution avant 2014-2015 ;
o
concernant les études et travaux à mener sur le campus de Jussieu dont il restera propriétaire
jusquâen 2015, lâĂtat maintienne les dispositions inscrites dans les articles 5 et 6 du projet de
convention, qui ont Ă©tĂ© approuvĂ©es par Paris 6 (voir lâAnnexe 14) ;
o
lâĂtat dĂ©cide que la dĂ©volution des biens immobiliers Ă Paris 6 inclura tout le campus de
Jussieu hors la « barre F de Cassan
59
».
-
Si le conseil dâadministration nâapprouve pas la convention proposĂ©e et si lâĂtat dĂ©cide de suivre
les recommandations qui précÚdent, il faudra choisir la destination de la « barre F ». Je préconise
dâutiliser ce bĂątiment pour construire la rĂ©sidence universitaire prĂ©vue sur le campus de Jussieu et
pour bĂątir le plan de regroupement des implantations de Paris 2 (si, comme Ă©crit plus haut, le
projet de Saint Vincent de Paul doit ĂȘtre abandonnĂ©). Installer Paris 2 sur le campus de Jussieu
peut ĂȘtre une trĂšs belle opĂ©ration, trĂšs cohĂ©rente avec la construction du PRES « 2-4-6 »
60
.
58
Câest ainsi que lâon nomme le bĂątiment principal du campus de Jussieu, en forme de grille orthogonale.
59
Câest ainsi que lâon nomme lâimmeuble (dâune surface de 21 000 mÂČ) situĂ© sur la bordure est du campus de
Jussieu, le long de la rue Cuvier. Ce bĂątiment â qui ne contient pas dâamiante â doit faire lâobjet dâune rĂ©habilitation
lourde, en site libĂ©rĂ© (et lâoption de procĂ©der par dĂ©molition et reconstruction nâest pas exclue). En consĂ©quence, il
nây aura aucune difficultĂ© au moment de ces travaux â ni aucun surcoĂ»t significatif â pour rendre ce bĂątiment
autonome par rapport au reste du campus de Jussieu pour tout ce qui concerne les Ă©quipements techniques (fluides,
chauffage, etc. ; il faudra simplement prĂ©voir une servitude pour que lâaccĂšs pompiers puisse se faire par le campus
de Jussieu). Je précise enfin que transférer à Paris 6 la propriété de tout le campus de Jussieu privé de la « barre F »
reste une opĂ©ration trĂšs avantageuse pour lâuniversitĂ© du point de vue des surfaces, surtout si lâon tient compte des
droits Ă construire sur le site (voir lâAnnexe 14).
60
Cette opĂ©ration est cohĂ©rente aussi avec les propres souhaits de Paris 2, qui occupe actuellement â pendant les
travaux du centre Assas â des locaux situĂ©s rue Guy de la Brosse, Ă proximitĂ© immĂ©diate du campus de Jussieu.
52
5.3.6. Quelques autres Ă©volutions immobiliĂšres doivent ĂȘtre Ă©voquĂ©es :
Le ministĂšre de lâAgriculture a le projet de vendre les locaux de lâĂ©cole Agro ParisTech, rue Claude
Bernard, et dâutiliser le produit de la vente pour financer lâinstallation dâAgro ParisTech sur le plateau de
Saclay en 2015. Mais on est ici sur un des sujets â peu nombreux â oĂč la logique du projet de
dĂ©veloppement du plateau de Saclay et la logique de la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien
sont difficiles Ă concilier. En lien avec ce que jâĂ©crivais plus haut sur les « quartiers universitaires », je
considĂšre quâil est important de prĂ©server la vocation « enseignement supĂ©rieur et recherche » des
locaux de lâAgro : sâils sont vendus Ă un promoteur privĂ©, ni lâĂtat ni la Ville ne retrouveront 18 000 mÂČ
si bien situĂ©s pour lâenseignement supĂ©rieur et la recherche ! Il faut noter que cette analyse est aussi celle
de la Ville de Paris, qui a inscrit la vocation ES&R de ces bĂątiments dans le PLU. Je recommande donc
que ce sujet fasse rapidement lâobjet dâune discussion entre le MESR et le ministĂšre de lâagriculture et
dâune concertation avec la Ville. Je ne serais pas choquĂ© quâune partie du milliard dâeuros annoncĂ©
rĂ©cemment pour lâopĂ©ration de Saclay soit utilisĂ©e pour cette opĂ©ration, avec le double objectif de
complĂ©ter le montage financier de lâinstallation dâAgro ParisTech Ă Saclay et de permettre au MESR de
disposer des locaux de la rue Claude Bernard
61
.
Il faut noter aussi un sujet analogue concernant les deux rĂ©sidences Ă©tudiantes de lâInstitut TĂ©lĂ©com,
situées dans le XIII
Ăšme
arrondissement. LâInstitut TĂ©lĂ©com a le projet de les vendre pour financer son
installation sur le plateau de Saclay. Un objectif sâimpose : trouver une solution qui permette Ă la fois de
rĂ©aliser lâinstallation de lâInstitut TĂ©lĂ©com Ă Saclay et de conserver ces deux rĂ©sidences pour les Ă©tudiants
parisiens. Ici encore, câest un sujet sur lequel il faut engager sans dĂ©lai une rĂ©flexion interministĂ©rielle, en
concertation avec la Ville de Paris.
En lien avec la prioritĂ© Ă©levĂ©e Ă accorder Ă lâaccroissement de lâattractivitĂ© de lâenseignement supĂ©rieur
parisien, la proposition de schĂ©ma directeur inclut aussi la construction de maisons dâhĂŽtes qui
permettront dâhĂ©berger plusieurs centaines de professeurs et chercheurs Ă©trangers sĂ©journant Ă Paris :
Je recommande quâune part significative des nouvelles « Maisons » construites sur le campus de la
CIUP, boulevard Jourdan, soient spĂ©cifiquement orientĂ©es vers cette vocation dâaccueil de chercheurs
et professeurs Ă©trangers.
La ministre mâa demandĂ© au dĂ©but de ma mission dâĂ©tudier comment les biens immobiliers indivis
appartenant aux treize universitĂ©s hĂ©ritiĂšres de lâUniversitĂ© de Paris pourraient ĂȘtre mieux mobilisĂ©s
au service du dĂ©veloppement et du rayonnement de lâenseignement supĂ©rieur parisien. Ce patrimoine
relativement important rĂ©sulte principalement de legs reçus par lâUniversitĂ© de Paris avant sa scission
en treize Ă©tablissements en 1971. Jâai prĂ©sentĂ© au recteur lâesquisse dâun projet qui vise Ă :
-
conserver les biens indivis et les biens propres de la Chancellerie qui contribuent au prestige des
universités parisiennes et franciliennes, et conserver ceux dont la cession est difficile du fait de
clauses dâinaliĂ©nabilitĂ© ;
-
cĂ©der les autres biens â des immeubles de rapport ;
-
conserver Ă la Chancellerie une partie du produit de cession, sous forme dâun capital immobilisĂ©
dont les revenus financiers permettront Ă la Chancellerie dâassumer lâensemble de ses
engagements â notamment ceux qui sont liĂ©s aux obligations contractĂ©es Ă lâoccasion des legs
acceptĂ©s par lâUniversitĂ© de Paris, incluant par exemple lâattribution de prix scientifiques ou
lâentretien des biens qui contribuent au prestige des universitĂ©s franciliennes ;
Paris 2 a dĂ©jĂ demandĂ© Ă conserver ces locaux aprĂšs la fin des travaux dâAssas, en mettant en avant lâintĂ©rĂȘt dâune
implantation trĂšs proche de Paris 6.
61
Pour ĂȘtre complet, il faut mentionner quâun projet dâoccupation des locaux qui seront libĂ©rĂ©s par Agro ParisTech
rue Claude Bernard a dĂ©jĂ Ă©tĂ© esquissĂ© par certains Ă©tablissements voisins. Il consiste pour lâessentiel Ă y installer
lâĂ©cole Chimie ParisTech â dont les locaux actuels seraient occupĂ©s par lâinstitut Curie, notamment pour faire
revenir sur Paris ses laboratoires installĂ©s Ă Orsay â ainsi que des Ă©quipements communs entre Chimie ParisTech et
ESPCI ParisTech. Ce projet paraĂźt intĂ©ressant mais jâai considĂ©rĂ© quâil Ă©tait prĂ©maturĂ© de lâexaminer en dĂ©tail
compte tenu des incertitudes qui demeurent sur la situation du bĂątiment. Jâajoute que, si le MESR dispose en 2014
ou 2015 des locaux de la rue Claude Bernard, il faudra examiner sâils doivent immĂ©diatement ĂȘtre affectĂ©s Ă de
nouveaux occupants Ă titre dĂ©finitif ou si lâon utilise dâabord une partie de ces locaux comme « locaux tampons »
pour faciliter lâachĂšvement de certains plans de regroupement en cours.
53
-
et utiliser la part restante du produit de cession pour financer la construction dâune Maison
dâhĂŽtes des universitĂ©s de Paris et dâIle-de-France sur le site de la CIUP.
Les premiers calculs montrent que lâon pourrait ainsi construire une trĂšs belle Maison dâhĂŽtes, de
plusieurs centaines de logements. Je recommande que le MESR demande Ă la Chancellerie de
finaliser ce projet avec les prĂ©sidents des treize universitĂ©s copropriĂ©taires, et de le mettre en Ćuvre si
ceux-ci donnent leur accord.
Il faut aussi signaler le projet de « Maison internationale de Dauphine » avec 150 chambres pour
des professeurs et chercheurs étrangers. Ce projet monté avec Icade a été conçu comme un projet
propre Ă Dauphine mais lâuniversitĂ© est prĂȘte Ă discuter de son ouverture aux hĂŽtes dâautres
Ă©tablissements. Je recommande que lâĂtat soutienne financiĂšrement ce projet.
Enfin, la proposition de schĂ©ma directeur inclut un projet de maison dâhĂŽtes « de prestige » dans le
V
Ăšme
arrondissement. Plus petite que celles quâil viennent dâĂȘtre mentionnĂ©es, elle permettra que
nous ayons la capacitĂ© dâaccueillir au centre de Paris les hĂŽtes de grand renom des universitĂ©s et
écoles parisiennes dans des conditions équivalentes à celles que les grandes universités étrangÚres
savent proposer Ă leurs hĂŽtes de prestige
62
.
Quelques autres sujets, concernant notamment la « Maison de la recherche de la Bulac » et lâInstitut
des AmĂ©riques, sont Ă©voquĂ©s dans lâAnnexe 13.
5.3.7. Terminons cette partie avec quelques remarques :
Les onze établissements pour lesquels des esquisses de schéma directeur immobilier ci-dessus sont
ceux dont les implantations immobiliÚres sont les plus éclatées et dispersées dans Paris. Pour chacun
dâeux, jâai esquissĂ© ci-dessus un schĂ©ma atteignable et rĂ©aliste de ce que peut ĂȘtre la carte de leurs
implantations en 2018 ou 2020, et parfois bien avant. Pour lâensemble de ces Ă©tablissements, la
réduction de la dispersion des implantations est trÚs nette : on passe de 130 sites parisiens
rĂ©pertoriĂ©s Ă lâautomne 2008 Ă un nombre de sites qui sera proche de 45 â toujours hors sites
hospitaliers.
Les schĂ©mas dâimplantations esquissĂ©s ci-dessus permettront une amĂ©lioration de la situation de
plusieurs bibliothĂšques universitaires parisiennes. En effet, ils incluent le projet de reloger Ă
proximité les équipes de Paris 1 et Paris 2 qui occupent une partie des locaux des bibliothÚques de
Cujas et Sainte Barbe, ce qui permettra dây installer quelques centaines de places de travail
supplémentaires. Il serait également intéressant que les locaux libérés sur les Cordeliers soient
consacrés à des espaces documentaires dans le domaine de la santé.
Bien sĂ»r, ceci nâest quâune esquisse et il reste beaucoup Ă faire. Notamment, je nâai Ă©voquĂ© ici que
le « point dâarrivĂ©e » Ă huit ou dix ans et il reste Ă construire un schĂ©ma dĂ©taillĂ© pour la pĂ©riode
transitoire
63
. Une proposition de dĂ©marche pour lancer la mise en Ćuvre de ces schĂ©mas directeurs
est présentée au chapitre 6.
Enfin, je termine cette description des esquisses de schémas directeurs en rappelant les grands
avantages dâune carte dâimplantations plus regroupĂ©e et cohĂ©rente pour les Ă©tablissements parisiens :
-
moins de cloisonnements intellectuels,
-
une amélioration des conditions de la vie étudiante,
-
des locaux mieux entretenus,
-
des Ă©conomies de fonctionnement substantielles.
62
Il faudra ĂȘtre attentif Ă mettre en place un dispositif de gestion appropriĂ© pour les maisons dâhĂŽtes mutualisĂ©es
entre plusieurs établissements, et veiller à la transparence de cette gestion pour assurer sa qualité dans la durée.
63
On a compris aussi que je nâai pas regardĂ© les questions de court terme, comme par exemple le sujet des « locaux
tampons » nécessaires pendant les travaux de la Sorbonne, sur lequel le rectorat travaille avec les établissements.
54
5.4. INVESTISSEMENTS IMMOBILIERS PRIORITAIRES
Je récapitule dans cette section les principaux investissements immobiliers que je recommande de réaliser
dans les dix prochaines annĂ©es, en les classant en six groupes dâopĂ©rations concernant :
la vie Ă©tudiante,
lâattractivitĂ©,
les bibliothĂšques,
lâUniversitĂ© Paris 3,
les « plans de rationalisation et regroupement des implantations » présentés ci-dessus,
et enfin les opérations de réhabilitation proposées dans le cadre des projets de PRES et groupements.
5.4.1. Je propose que les équipements liés à la vie étudiante soient la premiÚre priorité du plan
dâinvestissement immobilier. Je recommande dâengager les opĂ©rations suivantes :
Bùtir avec la Ville de Paris un plan conjoint de développement du logement social étudiant à Paris, et
bĂątir dâautre part avec le Conseil RĂ©gional et les Conseils GĂ©nĂ©raux (dont la Ville) un plan conjoint
de dĂ©veloppement de rĂ©sidences Ă©tudiantes Ă vocation inter-acadĂ©mique, avec lâobjectif que
lâengagement de lâĂtat permette dâouvrir 6 000 logements sociaux Ă©tudiants supplĂ©mentaires pour
les Ă©tudiants parisiens dâici Ă 2020 (4 000 Ă Paris et 2 000 en pĂ©riphĂ©rie ; voir les Recommandations
5 et 6 dans le chapitre 3).
Viabiliser les terrains constructibles de la CIUP, aprĂšs finalisation de lâaccord avec la Ville de
Paris sur les questions fonciĂšres, ce qui permettra de relancer la construction de nouvelles
« Maisons » â qui seront, pour une bonne part, financĂ©es dans le cadre dâaccords avec des pays
étrangers, selon le « modÚle » usuel de la CIUP.
Mettre en Ćuvre le plan de dĂ©veloppement de la restauration universitaire qui sera proposĂ©
prochainement par le CROUS en incluant les opérations prioritaires (voir la section 3.2.3) et un plan
dâinstallation de « cuisines centrales ».
RĂ©aliser les opĂ©rations prioritaires de rĂ©habilitation et agrandissement dâinstallations sportives
universitaires ou interuniversitaires (voir la section 3.2.4), avec une priorité pour les installations
mutualisées entre les universités parisiennes.
5.4.2. Les investissements immobiliers directement liĂ©s Ă la politique dâattractivitĂ© sont concentrĂ©s sur
un seul type dâopĂ©rations :
RĂ©aliser les projets de maisons dâhĂŽtes pour lâaccueil de chercheurs et professeurs Ă©trangers
séjournant à Paris (voir la section 5.3.6).
5.4.3. Il faut aussi engager le plan de modernisation des bibliothĂšques universitaires parisiennes. La
principale opération immobiliÚre, urgente, concerne le CTLES :
Accroßtre les capacités de stockage du CTLES de 100 km linéaires (voir les sections 4.2.1 et 4.2.2).
Il faudra aussi :
Lancer le plan incitatif visant Ă rĂ©nover les locaux des bibliothĂšques parisiennes qui dĂ©porteront Ă
distance une part de leurs fonds documentaires, pour dĂ©velopper lâaccĂšs libre et accroĂźtre le nombre
de places en bibliothĂšques.
Mettre en Ćuvre les projets de learning centers que proposeront les deux PRES en cours de
constitution, lorsquâils seront prĂ©cisĂ©s (voir la section 4.2.4).
5.4.4. Concernant les implantations des Ă©tablissements dâES&R, la premiĂšre prioritĂ© concerne Paris 3 :
Lancer dÚs maintenant le Projet Poliveau pour Paris 3 et le Muséum.
55
5.4.5. Ensuite, il faut mettre les « plans de regroupement des implantations » présentés dans les sections
5.3.3, 5.3.4 et 5.3.5. Ces plans reposent sur de nombreuses opérations immobiliÚres : des fins de locations
et des cessions de locaux dispersĂ©s, des rĂ©habilitations â notamment pour des immeubles qui changeront
dâaffectation â et une ou deux opĂ©rations sur de nouveaux sites :
AcquĂ©rir et rĂ©amĂ©nager le site de Lourcine â et mener une opĂ©ration analogue sur le site de Saint
Vincent de Paul si cette option est retenue pour le schéma directeur de Paris 2.
Il faut aussi rĂ©aliser les opĂ©rations mentionnĂ©es dans lâAnnexe 13 pour lâInstitut des AmĂ©riques et la
Maison de la recherche de la Bulac.
5.4.6. Enfin, il reste à prendre en compte les opérations de construction et de réhabilitation proposées
dans le cadre des projets de PRES et de Groupement, dans le contexte de lâOpĂ©ration Campus
64
.
Le projet de PRES Université Paris Cité incluait un nombre élevé de projets immobiliers. Outre des
projets dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s plus haut âĂ©quipements de vie Ă©tudiante sur le site de PRG et Ă©quipements sportifs â
les quatre projets prioritaires sont les suivants :
la rĂ©habilitation des bĂątiments de la « FacultĂ© de pharmacie », avenue de lâObservatoire, pour y
accueillir notamment lâInstitut universitaire mĂ©dicament-toxicologie-chimie-environnement commun
entre Paris 5 et Paris 7 ;
des rĂ©habilitations sur le site de lâhĂŽpital Saint Louis pour crĂ©er le « Campus de lâhĂ©matologie et de la
cancérologie » commun aussi à Paris 5 et Paris 7 ;
la construction des locaux de la future Ăcole polytechnique universitaire du PRES Ă Ivry ;
et la rĂ©habilitation dâun immeuble sur le site du siĂšge de SciencesPo.
Le projet dâun centre de santĂ© Ă©tudiante Ă lâHĂŽtel-Dieu est intĂ©ressant mais encore trĂšs imprĂ©cis.
Le projet de PRES porté par Paris 2, Paris 4 et Paris 6 incluait moins de projets immobiliers car chacun
des trois Ă©tablissements bĂ©nĂ©ficie dâopĂ©rations dâampleur dĂ©jĂ lancĂ©es par ailleurs : la rĂ©habilitation du
site dâAssas pour Paris 2, le PPP du site de Clignancourt et la mise en sĂ©curitĂ© de la Sorbonne pour Paris
4, et la rĂ©habilitation de Jussieu pour Paris 6. Outre des projets immobiliers dĂ©jĂ Ă©voquĂ©s ci-dessus â les
logements Ă©tudiants et les Ă©quipements sportifs du site de Jussieu, « lâilĂŽt Champollion » et un projet de
learning center â les Ă©tablissements prĂ©sentaient deux autres projets :
la mise en sĂ©curitĂ© du bĂątiment de lâancienne FacultĂ© de droit, place du PanthĂ©on ;
et le projet du bùtiment « Paris Parc », consacré aux partenariats entre recherche publique et recherche
privĂ©e, et destinĂ© Ă accueillir sur le site de Jussieu un incubateur dâentreprises innovantes et de jeunes
talents scientifiques.
Le projet de Campus « Paris Sciences et Lettres â Quartier latin » incluait une longue liste de projets
immobiliers. Les projets qui mâont paru Ă la fois prĂ©cis et prioritaires sont les suivants :
la réhabilitation des immeubles situés au 24 rue Lhomond (complément de financement) et au 46 rue
dâUlm ;
la crĂ©ation dâune structure commune de diffusion des savoirs multimĂ©dia ;
la réhabilitation de la bibliothÚque du CollÚge de France rue du cardinal Lemoine ;
et un espace dâaccueil pour Ă©tudiants et jeunes chercheurs Ă©trangers.
La prĂ©paration dâun schĂ©ma directeur immobilier du Campus sera lâoccasion de prĂ©ciser les autres projets
proposés.
64
Je me limite volontairement ici aux opĂ©rations prĂ©sentĂ©es dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus. Bien sĂ»r, dâautres
opĂ©rations immobiliĂšres, non citĂ©es ici, seront rĂ©alisĂ©es dans les prochaines annĂ©es pour lâES&R parisien. Certaines
sont dĂ©jĂ programmĂ©es (comme la rĂ©habilitation des locaux de Dauphine), dâautres ont Ă©tĂ© proposĂ©es hors OpĂ©ration
Campus et nâont pas encore fait lâobjet dâun arbitrage. Je recommande, pour les arbitrages Ă venir, et notamment
pour la construction du CPER 2014-2020, dâaccorder une prioritĂ© aux opĂ©rations qui incluent des projets de
rĂ©sidence Ă©tudiante (comme câest le cas, par exemple, pour lâopĂ©ration proposĂ©e par Arts et MĂ©tiers ParisTech).
56
5.4.7. Parmi toutes ces opérations, je distingue maintenant celles qui sont les plus urgentes et
prioritaires.
Hors opérations proposées dans le cadre des projets de PRES ou de Campus, je considÚre que les
opérations les plus urgentes sont les suivantes :
les opérations liées à la vie étudiante, notamment la viabilisation des terrains de la CIUP et les
opĂ©rations concernant la restauration et les installations sportives â car les opĂ©rations concernant le
logement social Ă©tudiant, nĂ©cessitant la mise en place dâun plan conjoint avec les collectivitĂ©s
territoriales, ne peuvent malheureusement pas ĂȘtre lancĂ©es Ă trĂšs court terme
65
;
le projet de Maison dâhĂŽtes sur le terrain de la CIUP ;
les travaux dâagrandissement du CTLES et le lancement du plan de modernisation des bibliothĂšques ;
le Projet Poliveau pour Paris 3 et le Muséum ;
ainsi que les dĂ©cisions concernant les acquisitions â Lourcine, voire Saint Vincent de Paul â sur
lesquelles reposent les « plans de regroupement des implantations ».
Parmi les opérations proposées dans le cadre des projets de PRES et de Campus, le choix des priorités
doit tenir compte de lâavancement des projets de PRES â selon la « rĂšgle du jeu » de lâOpĂ©ration Campus
â mais aussi de lâurgence des opĂ©rations proposĂ©es, ainsi que des opĂ©rations en cours (pour Paris 2, Paris
4, Paris 6 et Paris 7). Ma recommandation est de lancer dĂšs maintenant :
les quatre projets immobiliers du PRES Université Paris Cité évoqués ci-dessus ;
et la rĂ©habilitation de lâimmeuble situĂ© au 24 rue Lhomond, qui accueille des Ă©quipes du CollĂšge
de France et de lâENS.
Plusieurs opérations évoquées dans cette section 5.4 nécessiteront de bùtir un accord avec la Ville de
Paris, avec laquelle il faut engager le travail dÚs la fin de la période électorale en cours pour construire
une vision commune sur lâensemble du plan de rĂ©novation et finaliser lâavenant Ă la convention U3M.
5.4.8. Terminons cette section en soulignant que le schĂ©ma directeur immobilier Ă mettre en Ćuvre doit
ĂȘtre bien plus quâune liste â fĂ»t-elle longue â dâopĂ©rations de construction et de rĂ©habilitation. On lâa dit
dans les pages qui prĂ©cĂšdent â et depuis le titre mĂȘme de ce rapport : la rĂ©novation de lâimmobilier
universitaire ne doit pas rĂ©pondre seulement Ă des besoins fonctionnels, elle doit ĂȘtre belle ! La beautĂ©
des bùtiments et des campus apporte une contribution irremplaçable au « bien-vivre » des étudiants et des
personnels des Ă©tablissements, ainsi quâau rayonnement et Ă lâattractivitĂ© des Ă©tablissements. Au moment
oĂč des initiatives de lâĂtat et dâautres acteurs relancent les travaux sur les Ă©volutions architecturales et
urbanistiques de la région parisienne, il faut veiller à pleinement intégrer ces dimensions dans
lâĂ©laboration du plan de rĂ©novation immobiliĂšre de lâenseignement supĂ©rieur parisien.
5.5. PERSPECTIVE FINANCIĂRE
5.5.1. RĂ©alise-t-on que lâĂtat investit beaucoup plus de 200 M⏠par an dans la rĂ©habilitation de
lâimmobilier universitaire parisien
66
? DâoĂč vient alors que lâimmobilier universitaire parisien reste en
situation de grandes difficultĂ©s, et que lâĂtat continue de se voir parfois reprocher â injustement â son
manque dâengagement, malgrĂ© cet investissement considĂ©rable ?
65
En complĂ©ment de ce rapport, je transmets au MESR une liste dâopportunitĂ©s fonciĂšres ou bĂąties propices Ă la
rĂ©alisation de rĂ©sidences sociales Ă©tudiantes Ă Paris, et une liste de sites franciliens appropriĂ©s pour des rĂ©sidences Ă
vocation inter-académique pouvant accueillir des étudiants parisiens.
66
En fait, ce montant de 200 M⏠est trĂšs sous-estimĂ© : il nâinclut ni le financement des opĂ©rations de construction en
cours (Bulac, Inalco, Clignancourt, etc.) ni la part Ătat des dĂ©penses de rĂ©habilitation inscrites au CPER 2007-2013,
ni les opĂ©rations financĂ©es en 2009 sur le plan de relance. Ce montant correspond au seul budget de lâEPCJ â qui
sâĂ©lĂšve Ă plus de 200 M⏠de crĂ©dits de paiement en moyenne sur les annĂ©es 2008, 2009 et 2010, pour lâensemble de
ses dépenses : réhabilitation du site de Jussieu et location de locaux tampons.
57
Câest parce que cet investissement nâest pas rĂ©alisĂ© dans le cadre dâune vision globale, et quâil Ă©tait
jusquâĂ rĂ©cemment trĂšs inĂ©galitaire, car concentrĂ© sur un tout petit nombre dâĂ©tablissements. On peut
dire que les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisien se divisent en deux catĂ©gories :
dâune part, Paris 6 et Paris 7, qui Ă©taient installĂ©es sur le site amiantĂ© de Jussieu ; elles seront dans
quelques annĂ©es trĂšs bien installĂ©es, lâune sur un site de Jussieu totalement rĂ©habilitĂ© via un
investissement supĂ©rieur Ă 1 800 MâŹ, et lâautre dans un campus neuf Ă Paris Rive Gauche aprĂšs un
investissement de 430 M⏠(hors foncier, apporté par la Ville de Paris) ;
dâautre part, tous les autres Ă©tablissements ! Ils ont certes bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun certain nombre dâopĂ©rations
de mise en sĂ©curitĂ© et de rĂ©habilitation de locaux, mais ces opĂ©rations sont toutes dâampleur
extrĂȘmement limitĂ©e par rapport Ă celles de Jussieu et de PRG, et la majoritĂ© de ces Ă©tablissements
sont restĂ©s jusquâĂ aujourdâhui dans des situations immobiliĂšres trĂšs difficiles. Bien sĂ»r, certains
dâeux â lâInalco et les partenaires du projet Condorcet â ont maintenant une belle perspective
dâamĂ©lioration de leur situation, mais dâautres, comme Paris 3 â pourtant installĂ©e sur un site
amianté
67
â nâen ont toujours pas.
Prenons du recul. Lorsque nos petits-enfants Ă©criront lâhistoire des universitĂ©s parisiennes entre 1950 et
2025, il est certain que, pour la deuxiÚme moitié du XX
Ăšme
siĂšcle, ils Ă©voqueront la crise de 1968 suivie du
dĂ©coupage de lâUniversitĂ© de Paris en treize universitĂ©s et dâune pĂ©riode de trente ans oĂč la massification
de lâenseignement supĂ©rieur ne sâest accompagnĂ©e dâaucun investissement important. Mais quâĂ©criront-ils
pour le début du XXI
Ăšme
siÚcle ? Verront-ils la réhabilitation de Jussieu et la construction du campus des
Grands Moulins à Paris Rive Gauche comme deux opérations uniques en leur genre, qui resteront
Ă©tranges Ă leurs yeux? Iront-ils jusquâĂ voir la rĂ©alisation de ces deux campus « tout neufs », menĂ©e
pendant que les autres universités parisiennes continuaient de se heurter à de grandes difficultés
immobiliĂšres, comme un dĂ©sĂ©quilibre excessif et, finalement, un handicap pour lâES&R parisien ? Ou
verront-ils les opérations de Jussieu et de PRG comme le début de la rénovation de grande ampleur du
paysage de lâenseignement supĂ©rieur parisien menĂ©e dans la deuxiĂšme dĂ©cennie du XXI
Ăšme
siĂšcle ?
5.5.2. Jâai menĂ© un travail aussi prĂ©cis que possible pour Ă©tablir une estimation financiĂšre dĂ©taillĂ©e pour
le plan de rĂ©novation immobiliĂšre prĂ©sentĂ© ci-dessus. Cette estimation fait lâobjet de notes dâanalyse
financiÚre transmises au MESR en complément de ce rapport.
Cette estimation ne laisse aucune place au doute : dans le cadre dâun plan dĂ©cennal appuyĂ© sur la dotation
de Paris intramuros dans lâOpĂ©ration Campus et sur le maintien dâun effort budgĂ©taire de 200 M⏠par an
pendant les prochaines annĂ©es, et auquel lâĂtat invitera le Conseil RĂ©gional et la Ville de Paris Ă
participer, il est possible de mener Ă bien lâensemble du plan de rĂ©novation immobiliĂšre prĂ©sentĂ© ci-
dessus. Ceci signifie que, dans ce scénario, toutes les opérations et tous les projets mentionnés dans la
section 5.4 sont financĂ©s â hors le projet du centre de lâHĂŽtel Dieu, encore trĂšs imprĂ©cis â ainsi bien sĂ»r
que lâachĂšvement de la rĂ©habilitation du campus de Jussieu.
Pour le redire autrement : dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus, en consacrant dans les prochaines
annĂ©es qui viennent Ă la rĂ©novation du paysage universitaire parisien le mĂȘme effort budgĂ©taire que celui
qui est consacrĂ© aujourdâhui Ă la rĂ©habilitation de Jussieu, et en construisant un plan conjoint avec les
collectivités territoriales, il est possible de mener une trÚs belle rénovation du paysage de
lâenseignement supĂ©rieur parisien sans augmentation budgĂ©taire !
On est ici face Ă une dĂ©cision dâinvestissement essentielle pour lâavenir. Cet investissement est lourd,
mais il est Ă notre portĂ©e au plan financier. Ă lâheure oĂč notre pays a fait le choix dâune politique de
relance appuyĂ©e sur lâinvestissement public, avec une prioritĂ© forte pour lâenseignement supĂ©rieur et la
recherche, est-il possible dâhĂ©siter ?
67
Sur le site de Censier, lâamiante est confinĂ© et ne prĂ©sente donc pas les mĂȘmes risques sanitaires quâĂ Jussieu.
58
Recommandation 23 : Lancer dĂšs le mois dâavril un travail de concertation avec la Ville de Paris et
le Conseil RĂ©gional en vue de dĂ©marrer rapidement la mise en Ćuvre dâun plan dĂ©cennal de
rĂ©novation immobiliĂšre de lâenseignement supĂ©rieur parisien incluant lâensemble des opĂ©rations
énumérées dans la section 5.4, avec une priorité pour les équipements de vie étudiante.
Recommandation 24 : Lancer immédiatement les opérations immobiliÚres les plus prioritaires et
urgentes énumérées dans la section 5.4.7.
5.5.3. Avant de terminer ce chapitre, il faut dire un mot dâun autre sujet financier, et prĂ©senter mes
recommandations concernant lâutilisation et la rĂ©partition de la dotation Campus de Paris intramuros.
Cette dotation est un capital de 700 MâŹ, non consomptible dont les intĂ©rĂȘts permettent de couvrir, sur 25
ou 30 ans, les annuités de contrats de PPP passés avec des partenaires privés pour des opérations de
construction ou réhabilitation immobiliÚre et pour la maintenance des bùtiments construits ou réhabilités.
Je souhaite dâabord proposer un principe. Ă rebours de ce que mâont dit plusieurs interlocuteurs, je pense
quâil nâest pas important de veiller Ă ce que tous les PRES parisiens reçoivent des parts Ă©gales â ou Ă
peu prĂšs Ă©gales â de la dotation Campus de Paris intramuros. Ce qui est important, câest de veiller Ă
prendre en compte lâensemble des besoins immobiliers des Ă©tablissements et de rĂ©pondre de façon
Ă©quilibrĂ©e Ă ces besoins â je viens dây insister. Mais le choix de financer un investissement immobilier via
un PPP dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus ou via une dotation budgĂ©taire (comme les travaux du Gril
de Jussieu pour Paris 6, ou du PPP de la phase 2 du campus PRG pour Paris 7) est un choix technique : il
se situe au niveau des modalités, et non à un niveau politique ou stratégique
68
.
ConcrÚtement, en lien avec les propositions et les priorités exposées ci-dessus pour le plan de rénovation
immobilier, je recommande Ă lâĂtat :
dâattribuer une dotation Campus importante â 200 ou 300 M⏠â Ă lâĂ©tablissement public
dâamĂ©nagement universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France Ă©voquĂ© dans le chapitre 6, pour rĂ©aliser les
opĂ©rations interuniversitaires consacrĂ©es Ă lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante via la construction
ou la rĂ©habilitation dâĂ©quipements â logements, restauration, installations sportives â qui seront
mutualisés entre les établissements et PRES parisiens ;
dâattribuer dĂšs maintenant au PRES UniversitĂ© Paris CitĂ© une dotation Campus de 200 M⏠qui
permettra â avec les contributions des collectivitĂ©s territoriales â de rĂ©aliser les quatre projets
immobiliers évoqués dans la section 5.4.6 ;
et dâannoncer que la rĂ©partition du reste de la dotation Campus de Paris intramuros sera dĂ©cidĂ©e dâici
au 30 juin 2010, en fonction de la finalisation des projets de PRES et Campus, et dâune analyse plus
approfondie des opĂ©rations â parmi les projets prioritaires identifiĂ©s dans la section 5.4.7 â quâil est
possible et souhaitable de mener via des contrats de PPP plutĂŽt quâen maĂźtrise dâouvrage classique.
68
DĂ©bordant du cadre de ma mission, on peut remarquer que ce raisonnement ne sâappliquera pas pour lâOpĂ©ration
« Campus dâexcellence » que sâapprĂȘte Ă lancer le gouvernement. Si, dans ce cadre, deux PRES parisiens ont des
dotations en capital trĂšs diffĂ©rentes, ce qui donnera Ă lâun des capacitĂ©s dâaction trĂšs supĂ©rieures Ă lâautre pour crĂ©er
des chaires, accueillir des professeurs invités, etc., cette disparité sera beaucoup plus sensible et problématique
quâentre deux sites de province sĂ©parĂ©s de quelques centaines de kilomĂštres. Ă la diffĂ©rence des parts de dotation
Campus, la question de lâĂ©quilibre des dotations « Campus dâexcellence » sera donc trĂšs importante Ă Paris et en Ile-
de-France.
59
6. PILOTER LâĂVOLUTION DU DISPOSITIF ET ACCOMPAGNER LES ĂTABLISSEMENTS
RĂ©nover lâenseignement supĂ©rieur parisien est un chantier de longue haleine, oĂč nous nâavons aucune
chance de rĂ©ussir si nous ne nous donnons pas une organisation adaptĂ©e. Comme lâĂ©nonce ma lettre de
mission de dĂ©cembre 2008 (voir lâAnnexe 1), il est nĂ©cessaire de « piloter dans la durĂ©e la mise en
Ćuvre du schĂ©ma directeur qui sera retenu par lâĂtat, en lien avec les collectivitĂ©s locales », et
« dâaccompagner et de coordonner les Ă©tablissements ». Ă dĂ©faut, nombre de recommandations de ce
rapport auraient une chance trĂšs mince dâĂȘtre suivies dâeffet. Je ne parle pas seulement ici du schĂ©ma
directeur immobilier, mais de lâensemble des Ă©volutions proposĂ©es dans les chapitres prĂ©cĂ©dents.
6.1. DE LâAUTONOMIE DES UNIVERSITĂS
Piloter la mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur, accompagner et coordonner les Ă©tablissements : nous
sommes lĂ sur un terrain sensible, celui de la relation entre les universitĂ©s et lâĂtat. Il serait dĂ©placĂ© de
chercher Ă dĂ©finir ici ce que doit ĂȘtre cette relation, mais il nâest pas possible dâouvrir ce chapitre sans
Ă©crire quelques mots sur ce quâelle nâest pas.
6.1.1. Jâai entendu durant ma mission de nombreux contre-sens sur lâautonomie des universitĂ©s. Plusieurs
prĂ©sidents dâuniversitĂ©s franciliennes mâont dit et parfois rĂ©pĂ©tĂ© (textuellement) : « Je suis autonome, je
fais ce que je veux ». Non ! Lâautonomie dâun Ă©tablissement public, ce nâest pas « je fais ce que je
veux » !
Prenons deux exemples peu éloignés du monde universitaire : les hÎpitaux et les EPST sont depuis
longtemps des établissements publics autonomes. Ce qui est commun à ces trois catégories
dâĂ©tablissements autonomes â universitĂ©s, hĂŽpitaux et EPST â câest quâils ont tous la capacitĂ© dâĂ©laborer
leur stratĂ©gie â en vue de la proposer Ă lâapprobation de lâĂtat â et la capacitĂ© de la mettre en Ćuvre, dans
un certain cadre, en ayant la responsabilité de leur organisation interne, de leur situation financiÚre, de
leur politique de ressources humaines et parfois de leur situation immobiliĂšre. Ce qui est diffĂ©rent dâune
catĂ©gorie Ă lâautre, câest, fondamentalement, « lâĂ©quilibre des pouvoirs » â le mode de dĂ©signation des
dirigeants, la composition des instances dĂ©libĂ©ratives, etc. â et la façon dont sâorganisent lâĂ©valuation
voire le contrĂŽle de la rĂ©alisation de la mission de service public confiĂ©e par lâĂtat Ă chaque
Ă©tablissement.
On voit que dire « autonomie » ne suffit pas Ă dĂ©finir complĂštement ce quâest la relation dâun
Ă©tablissement public Ă lâĂtat. Evidemment, la relation des universitĂ©s Ă lâĂtat est diffĂ©rente et doit ĂȘtre
diffĂ©rente de celle des hĂŽpitaux ou des EPST, notamment parce quâelle doit prendre en compte le principe
dâindĂ©pendance des universitaires. Mais lâautonomie des universitĂ©s en tant quâĂ©tablissements publics ne
se rĂ©duit pas Ă la notion dâindĂ©pendance des universitaires, et on ne peut faire lâĂ©conomie de dĂ©finir et
mieux partager la vision de ce que doit ĂȘtre, dans notre pays, la relation des universitĂ©s Ă lâĂtat.
6.1.2. Les questions concernant la coordination et les partenariats entre Ă©tablissements sont plus centrales
encore dans ce rapport.
Redonnons sur ce sujet la parole aux prĂ©sidents dâuniversitĂ©s franciliennes. Voici, textuellement,
comment certains dâentre eux dĂ©crivent les relations entre universitĂ©s Ă Paris et en Ile-de-France : « un jeu
coopératif sans régulation », « un jeu non coopératif sans régulation », « un terrain de jeu sans
arbitre » ! On peut considĂ©rer que câest un peu exagĂ©rĂ©, mais ces citations disent un aspect trĂšs rĂ©el du
dispositif parisien et francilien dâES&R.
Ici encore, on est obligĂ© de le reconnaĂźtre : une forme de coordination des Ă©tablissements dâenseignement
supĂ©rieur situĂ©s sur un mĂȘme territoire est indispensable. Lâautonomie dâun Ă©tablissement public, ce nâest
pas « je fais comme si jâĂ©tais seul ». LâĂtat doit assurer â mieux quâaujourdâhui â cette coordination et
cette « rĂ©gulation du jeu coopĂ©ratif », et il doit arbitrer lorsquâun dĂ©saccord entre deux Ă©tablissements
affecte leur capacité à réaliser leur mission de service public.
60
En Ă©crivant quâune coordination des universitĂ©s parisiennes et franciliennes est indispensable, je nâai
pas prĂ©cisĂ© ce quâelle doit ĂȘtre. De nouveau, il faut trouver une rĂ©ponse spĂ©cifique pour chaque type
dâĂ©tablissements. LâĂtat met en Ćuvre une certaine coordination des EPST, et il renforce actuellement sa
capacitĂ© Ă coordonner les hĂŽpitaux situĂ©s sur un mĂȘme territoire via la mise en place des Agences
rĂ©gionales de santĂ© (ARS). La coordination nâa pas les mĂȘmes objectifs ni la mĂȘme forme pour les EPST
et les hĂŽpitaux. La coordination des universitĂ©s sera encore diffĂ©rente â avec un Ă©quilibre entre top-down
et bottom-up qui ne sera pas le mĂȘme que pour dâautres Ă©tablissements publics. Mais qui ne voit pas tous
les désordres et gùchis dont nous continuerons de pùtir si nous ne définissons pas de quelle coordination
des universitĂ©s parisiennes et franciliennes nous avons besoin et si nous ne la mettons pas en Ćuvre ?
De nouveau, on est ici sur une question plus difficile à Paris que partout ailleurs en France. Hors région
parisienne, la mise en place de PRES qui regroupent pratiquement tous les Ă©tablissements dâES&R
prĂ©sents sur le territoire dâune rĂ©gion ou dâune grande agglomĂ©ration a eu pour effet de renforcer la
coordination des Ă©tablissements, et dâaccroĂźtre leurs occasions de travailler ensemble sur des sujets
dâintĂ©rĂȘt commun. ConsĂ©quence importante, chaque Ă©tablissement Ă©labore sa stratĂ©gie â de façon
autonome â en tenant davantage compte de lâenvironnement local et rĂ©gional. Ă Paris et en Ile-de-France,
ceci manque et ne se dĂ©veloppera pas du seul fait des PRES. On peut mĂȘme craindre que, ayant pour effet
dâaccroĂźtre lâĂ©mulation, voire la concurrence, la crĂ©ation des PRES parisiens ne diminue la capacitĂ© des
dirigeants dâĂ©tablissements Ă travailler ensemble sur des enjeux dâintĂ©rĂȘt commun pour tout lâES&R
parisien ou francilien. La coordination Ă lâĂ©chelle de Paris et de lâIle-de-France nâen est que plus
nécessaire.
6.2. PILOTER LâĂVOLUTION DU DISPOSITIF FRANCILIEN
6.2.1. Venons-en Ă dĂ©crire les Ă©volutions nĂ©cessaires pour mettre en Ćuvre la rĂ©novation de lâES&R
francilien, en commençant par poser les principes essentiels qui sous-tendent ces évolutions :
Le premier principe est de renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du MESR â les rectorats. Ce nâest pas
au MESR de piloter lui-mĂȘme la mise en Ćuvre dâun schĂ©ma directeur pour Paris ou lâIle-de-France.
Il faut mĂȘme sâĂ©carter franchement de la situation actuelle et affirmer que, une fois donnĂ©es les
grandes orientations, les problĂšmes de lâimmobilier universitaire parisien doivent ĂȘtre traitĂ©s au
niveau déconcentré, et certainement pas au niveau du cabinet du (ou de la) ministre !
Il est indispensable aussi dâaccroĂźtre la concertation avec les collectivitĂ©s territoriales pour
Ă©laborer et mettre en Ćuvre, avec elles, une vision et une politique rĂ©gionales. Ceci renforce dâailleurs
le point prĂ©cĂ©dent car il est nĂ©cessaire que les collectivitĂ©s aient dans lâappareil de lâĂtat, au
niveau déconcentré, des interlocuteurs clairement désignés, en charge du dialogue avec elles. Si,
sur de nombreux sujets, le Conseil Régional et la Ville de Paris en viennent à considérer que leur
principal interlocuteur est le ministre ou lâun de ses proches collaborateurs, le dialogue entre lâĂtat et
la collectivité est faussé et se grippe rapidement.
Le pilotage et la coordination Ă mettre en place doivent concerner les Ă©volutions du dispositif
dâenseignement supĂ©rieur francilien et pas seulement parisien. De nombreuses raisons se
cumulent pour faire ce choix : ce que jâai Ă©crit Ă lâinstant sur le dialogue avec le Conseil RĂ©gional, les
rĂ©flexions sur le Grand Paris ou Paris MĂ©tropole, et surtout le fait que se restreindre Ă lâintĂ©rieur du
pĂ©riphĂ©rique nâest adĂ©quat ni pour les rĂ©flexions sur la carte des formations ou des laboratoires de
recherche, ni pour les rĂ©flexions sur la vie Ă©tudiante, ni pour la constitution des PRES. LâĂ©chelle
pertinente, câest lâĂ©chelle rĂ©gionale, ce qui impose en particulier de renforcer la coordination des trois
acadĂ©mies franciliennes concernant lâenseignement supĂ©rieur.
Câest presque une lapalissade, mais câest un autre point essentiel : pour piloter dans la durĂ©e, il faut
un pilote stable dans la durée, et qui ait du poids. Sans insister de nouveau sur les désordres qui
ont découlé si souvent de remises en cause des décisions prises, on peut rappeler que ces remises en
cause sont plus aisées lorsque les décisions sont prises par des responsables placés dans un cadre peu
stable ou trop facilement contournés.
Enfin, la mise en Ćuvre des Ă©volutions de lâES&R francilien doit sâappuyer sur un principe de
responsabilisation des Ă©tablissements, et sur de grandes exigences de transparence, pour lâĂtat,
les collectivités territoriales et les établissements.
61
6.2.2. On peut distinguer quatre grandes missions pour lesquelles la mise en Ćuvre des Ă©volutions
proposĂ©es dans ce rapport impose de renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du MESR en Ile-de-France :
la coordination des acteurs â Ătat, collectivitĂ©s, Ă©tablissements â concernant les Ă©volutions de
lâES&R francilien,
lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante,
la modernisation du dispositif documentaire,
et le pilotage de la mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur immobilier.
6.2.3. DĂ©crivons plus en dĂ©tail la premiĂšre mission relative Ă la coordination des acteurs de lâES&R
francilien. En termes trĂšs globaux, lâobjectif de cette coordination avec les collectivitĂ©s territoriales et les
Ă©tablissements est de construire une vision partagĂ©e du dispositif francilien dâES&R, de ses
Ă©volutions et de sa structuration (voir notamment les sections 2.4.1 et 2.4.2).
Les principaux aspects de cette premiĂšre mission sont les suivants :
mettre en place une coordination rĂ©guliĂšre et active entre lâĂtat et les collectivitĂ©s territoriales
concernant lâES&R ;
poursuivre le travail sur la constitution dâuniversitĂ©s confĂ©dĂ©rales dâenvergure internationale ;
renforcer les réflexions communes en amont de la préparation des contrats quadriennaux des
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur franciliens ;
favoriser le dĂ©veloppement des relations avec les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur dĂ©pendant
dâautres ministĂšres.
Bien sûr, la contractualisation quadriennale reste le principal « rendez-vous » entre un
Ă©tablissement dâenseignement supĂ©rieur et lâĂtat, et le principal outil de pilotage des Ă©volutions de
lâES&R francilien. Je propose Ă ce sujet quatre Ă©volutions :
La premiĂšre concerne le calendrier de la contractualisation. LâIle-de-France est la seule rĂ©gion dont
les Ă©tablissements sont rĂ©partis en deux vagues de contractualisation â sur deux annĂ©es consĂ©cutives.
Ce faisant, lâĂtat introduit un obstacle important pour mettre en place une vision et une politique
rĂ©gionales. Jâestime que tout doit ĂȘtre fait pour rĂ©unir tous les Ă©tablissements franciliens en une
seule vague de contractualisation. à tout le moins, si contractualiser simultanément tous les
établissements franciliens soulevait des difficultés insurmontables, il serait impératif de revoir la
rĂ©partition des Ă©tablissements entre les deux vagues afin que les Ă©tablissements membres dâun
mĂȘme PRES â ou Campus â soient contractualisĂ©s simultanĂ©ment
69
.
Ma deuxiÚme remarque concerne la place accordée à la vision régionale dans la démarche de la
contractualisation. Je recommande que la contractualisation des Ă©tablissements franciliens, mĂȘme
si elle restait rĂ©partie sur deux vagues, soit prĂ©cĂ©dĂ©e dâune prĂ©paration au niveau rĂ©gional, sur la
base dâun document â prĂ©parĂ© par les rectorats avec tous les acteurs, et transmis Ă tous les
responsables de lâES&R francilien â dressant la cartographie des formations et des recherches en Ile-
de-France et identifiant les principales questions concernant son Ă©volution, afin que chaque
Ă©tablissement puisse mener sa rĂ©flexion stratĂ©gique dans le cadre dâune connaissance partagĂ©e de
lâenvironnement rĂ©gional.
Je recommande aussi que les recteurs et le vice-chancelier soient associés plus étroitement
quâaujourdâhui Ă lâĂ©laboration des contrats quadriennaux des Ă©tablissements
70
.
Le troisiĂšme commentaire concerne les PRES : la dynamique dâun PRES doit ĂȘtre un sujet central
de la contractualisation des Ă©tablissements qui en sont membres. LâĂ©chĂ©ance quadriennale doit
ĂȘtre lâoccasion dâĂ©valuer le PRES en faisant un point prĂ©cis sur les synergies qui sây sont
développées, et de remettre à jour dans les contrats des établissements membres la vision commune
du programme dâactions du PĂŽle pour les quatre annĂ©es suivantes.
69
Pour mettre en Ćuvre ces orientations, les services du MESR ont Ă©laborĂ© fin 2009 plusieurs scĂ©narios modifiant le
calendrier de la contractualisation des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur en Ile-de-France â et parfois dans
dâautres rĂ©gions, par voie de consĂ©quence. Certains de ces scĂ©narios regroupent bien les Ă©tablissements franciliens
en une seule vague. Le choix dâun nouveau calendrier doit ĂȘtre fait dans les prochains mois.
70
Si je ne craignais pas de dépasser trop nettement les limites de ma mission, je préciserais que cette
recommandation a vocation Ă sâappliquer pour les recteurs de toutes les acadĂ©mies en France.
62
Enfin, la contractualisation est lâoccasion â lâunique occasion â de faire le point avec les
Ă©tablissements sur plusieurs grands sujets de ce rapport qui revĂȘtent une importance majeure pour
lâavenir de lâES&R supĂ©rieur parisien. Quelle politique mĂšne chaque Ă©tablissement, quelles
actions concrĂštes met-il en Ćuvre et quels rĂ©sultats obtient-il pour :
-
améliorer la place donnée aux jeunes scientifiques (voir la section 1.1.1),
-
amplifier lâouverture de lâĂ©tablissement vers le monde Ă©conomique et amplifier sa politique
de valorisation (voir la section 2.4.3),
-
accroĂźtre ses coopĂ©rations europĂ©ennes et son engagement dans la construction de lâespace
européen de la recherche (voir la section 2.4.4),
-
augmenter son attractivité (voir la section 2.4.5),
-
moderniser ses activités documentaires (voir la Recommandation 16 dans le chapitre 4),
-
améliorer la vie étudiante, sur tous les aspects évoqués plus haut (voir le chapitre 3) : logement
et restauration (lorsque les Ă©tablissements jouent un rĂŽle sur ces sujets), lisibilitĂ© de lâoffre de
formations, accÚs aux ressources documentaires et aux lieux de travail, pratique sportive, santé,
qualité des informations données aux étudiants, lieux de vie, formation culturelle, ouverture vers
la ville.
Certains de ces sujets sont déjà présents, bien sûr, dans le dialogue stratégique préparatoire à la
contractualisation. Mais renforcer la prise en compte de ces thĂšmes dans la contractualisation â
et par lâAERES â est indispensable : sinon, nombre de commentaires Ă©crits plus haut sur ces sujets
resteraient lettre morte.
6.2.4. On peut revenir plus briĂšvement sur les deux grandes missions concernant la vie Ă©tudiante et la
modernisation du dispositif documentaire, car lâessentiel a Ă©tĂ© dit plus haut :
La mission concernant lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante couvre lâensemble des aspects Ă©voquĂ©s au
chapitre 3. En particulier, il faut prĂ©voir quâexiste, auprĂšs des trois rectorats, un responsable unique
qui sera le rĂ©fĂ©rent en matiĂšre de vie Ă©tudiante en Ile-de-France dans le dispositif de lâĂtat. En
particulier, ce responsable assumera la responsabilité de la coordination des trois CROUS franciliens,
en lien avec le CNOUS
71
, il aura la vision globale sur lâensemble des questions concernant le
logement Ă©tudiant en Ile-de-France â pour lâensemble du parc : CROUS, CIUP, et autres. Il sera
lâinterlocuteur des collectivitĂ©s territoriales pour le pilotage et le suivi de la mise en Ćuvre du schĂ©ma
directeur du logement Ă©tudiant en Ile-de-France, et plus largement pour lâensemble des travaux Ă
mener en matiĂšre dâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante (voir le chapitre 3).
En matiĂšre dâactivitĂ©s documentaires et dâIST, je recommande de confier Ă lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ©
du MESR un rÎle central pour réaliser le plan de modernisation des bibliothÚques exposé au chapitre
4. Ainsi, il sera chargĂ© dâaccompagner les Ă©tablissements dans le dĂ©veloppement de leur politique
documentaire, et de mettre en place la coordination régionale mentionnée au chapitre 4 sur la carte
des ressources documentaires franciliennes, les politiques dâaccĂšs, les plans partagĂ©s de conservation,
de numĂ©risation et de stockage, etc. Il pourrait ĂȘtre chargĂ© dâĂ©laborer avec les Ă©tablissements
partenaires des BIU un ou des scĂ©narios dâĂ©volution des BIU parisiennes et franciliennes.
La quatriĂšme mission, sur la mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur immobilier, mĂ©rite une description plus
approfondie : elle fait lâobjet de la section 6.3 ci-dessous.
6.2.5. Il faut aussi examiner comment renforcer, sur certains sujets, le rÎle de régulateur dont la
nécessité a été évoquée dans la section 6.1.2.
71
Sous lâautoritĂ© des recteurs, et en lien avec le CNOUS, ce responsable proposera une lettre de mission pour
chacun des trois CROUS franciliens prĂ©cisant leurs principaux objectifs pour les prochaines annĂ©es â en incluant les
objectifs liĂ©s Ă leur coordination. Il faut prĂ©ciser Ă ce propos que les Ă©volutions proposĂ©es ici nâont aucune influence
notable sur les missions du CNOUS, dont le rĂŽle de « tĂȘte du rĂ©seau national des CROUS » nâinclut pas la
coordination opérationnelle inter-académique qui est nécessaire en Ile-de-France.
63
Tout dâabord, je recommande dâadopter les principes suivants concernant trois sujets sur lesquels cette
« régulation » est indispensable :
En Ile-de-France, les PRES sont crĂ©Ă©s par le MESR â sur proposition des membres fondateurs et
associĂ©s â aprĂšs avis conforme des trois recteurs et du vice-chancelier, dont lâaccord est aussi requis
pour lâadmission de nouveaux membres â fondateurs ou associĂ©s â au sein dâun PRES.
Les noms utilisés par les universités franciliennes dans leurs actions de communication en France ou
Ă lâĂ©tranger devront â Ă partir dâune date donnĂ©e â faire lâobjet dâun accord de lâĂtat (et de la Ville de
Paris pour ce qui concerne lâutilisation du nom « Sorbonne » ; voir lâAnnexe 11).
La signature par une universitĂ© francilienne dâun accord incluant une clause dâexclusivitĂ© intervient
aprĂšs avis du recteur.
Ma recommandation est de mettre en place ces principes via un engagement contractuel Ă inclure dans les
contrats quadriennaux des universités franciliennes.
Il existe un autre sujet sur lequel une rĂ©gulation est nĂ©cessaire, mĂȘme si elle est dĂ©licate. Lâengagement
pris par le gouvernement pour la lĂ©gislature en cours est de conserver au mĂȘme niveau le nombre des
emplois attribuĂ©s aux Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur. Je fais partie de ceux qui sont convaincus
que, vu lâimportance des enjeux liĂ©s Ă lâES&R pour lâavenir de notre pays, cet engagement doit ĂȘtre
maintenu sur une longue durĂ©e, mĂȘme dans une pĂ©riode oĂč la nation doit accroĂźtre ses efforts pour rĂ©duire
les dĂ©ficits publics. Mais maintenir le nombre dâemplois attribuĂ©s aux Ă©tablissements dâES&R ne signifie
pas quâil faut maintenir le nombre dâemplois attribuĂ©s Ă chaque Ă©tablissement ! En dâautres termes, je
considĂšre que le MESR ne peut faire lâĂ©conomie de dĂ©finir une politique de redĂ©ploiement entre
Ă©tablissements dâune â petite â partie des emplois libĂ©rĂ©s par des dĂ©parts Ă la retraite. Bien sĂ»r, cette
question doit ĂȘtre traitĂ©e Ă lâĂ©chelle nationale, et pas seulement Ă celle de Paris ou de lâIle-de-France.
Mais les inĂ©galitĂ©s entre Ă©tablissements sont parfois criantes Ă Paris â jây ai fait allusion dans le chapitre 4
sur les bibliothÚques, et ces difficultés ont déjà conduit le MESR à suggérer à certaines universités
parisiennes de procĂ©der Ă des redĂ©ploiements dâemplois en leur sein. Il ne peut Ă©viter dâaborder, lui aussi,
cette difficile question.
6.2.6. Comment mettre en Ćuvre le renforcement de lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du MESR sur les registres
évoqués ci-dessus ?
On lâa compris, je fais le choix de proposer une rĂ©ponse Ă cette question qui ne remette pas en cause les
grands principes de lâorganisation actuelle â avec notamment trois acadĂ©mies franciliennes dont les
recteurs sont aussi chanceliers des universitĂ©s. Lâapprofondissement des rĂ©flexions sur le « Grand Paris »
ou « Paris MĂ©tropole » conduira peut-ĂȘtre Ă envisager dans les prochaines annĂ©es des Ă©volutions de ce
découpage, mais ce sujet dépasse le cadre de ma mission.
Dans ce contexte, je recommande de mettre en Ćuvre les Ă©volutions suivantes :
Ă©tendre Ă tout lâIle-de-France lâorganisation mise en place pour lâacadĂ©mie de Paris â oĂč le recteur est
assistĂ© dâun « vice-chancelier des universitĂ©s de Paris » â en prĂ©voyant que chacun des trois recteurs
franciliens est assistĂ© pour les questions relatives Ă lâES&R dâun mĂȘme « vice-chancelier des
universitĂ©s dâIle-de-France » ;
créer un service inter-académique en charge des trois missions décrites ci-dessus :
-
coordination des acteurs,
-
amélioration de la vie étudiante,
-
et modernisation du dispositif documentaire ;
ce service inter-acadĂ©mique â de taille trĂšs limitĂ©e â sera placĂ© sous lâautoritĂ© des trois recteurs et
dirigĂ© par le vice-chancelier des universitĂ©s dâIle-de-France.
Ă mon sens, la premiĂšre tĂąche du vice-chancelier des universitĂ©s dâIle-de-France et du service inter-
acadĂ©mique sera de mener Ă lâĂ©chelle de lâIle-de-France un travail analogue Ă celui qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©
sur Paris depuis un an, pour proposer une vision globale â construite avec les Ă©tablissements et les
collectivitĂ©s territoriales â de lâES&R francilien, de sa structuration et des principaux enjeux de son
Ă©volution.
64
Enfin, pour renforcer la coordination des acteurs, je recommande de mettre en place deux instances, un
comitĂ© dâorientation stratĂ©gique avec les collectivitĂ©s territoriales sur les questions touchant Ă lâES&R
et notamment la vie étudiante, et un comité de coordination des PRES et des universités, ouvert dans
des conditions à déterminer aux responsables des autres établissements. Il faudra aussi renforcer la
coordination avec les autres grands acteurs du domaine, organismes de recherche ou AP-HP
72
.
Cette coordination est essentielle pour rĂ©ussir la rĂ©novation proposĂ©e dans ce rapport. Si lâĂtat ne propose
aux acteurs concernĂ©s aucune occasion de penser ensemble les Ă©volutions de lâES&R francilien, peut-il
espĂ©rer quâelles prendront forme et que chaque acteur sera disposĂ© Ă y contribuer
73
?
Recommandation 25 : Pour construire avec les acteurs une vision rĂ©gionale de lâES&R et pour rĂ©ussir
la mise en Ćuvre des orientations proposĂ©es dans ce rapport, renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du
MESR en Ile-de-France et la coordination inter-académique en mettant en place auprÚs des recteurs
franciliens :
un « vice-chancelier des universitĂ©s dâIle-de-France » ;
un service inter-acadĂ©mique chargĂ© de la coordination des acteurs de lâES&R francilien, de
lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante et de la modernisation du dispositif documentaire ;
et deux instances de coordination, avec les collectivitĂ©s locales dâune part, avec les PRES et
Ă©tablissements dâautre part.
Recommandation 26 : Adapter et renforcer la contractualisation quadriennale des Ă©tablissements
dâES&R en Ile-de-France, en sâappuyant sur une vision rĂ©gionale et en accordant une importance accrue
aux sujets qui sont essentiels pour la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien : renforcer la
dynamique des PRES, amĂ©liorer la place donnĂ©e aux jeunes scientifiques, amplifier lâouverture des
Ă©tablissements au monde Ă©conomique, accroĂźtre leur engagement dans la construction de lâespace
européen de la recherche, augmenter leur attractivité, moderniser leurs activités documentaires et
améliorer la vie étudiante.
6.3. METTRE EN ĆUVRE LE SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER
6.3.1. Le chapitre 5 a montrĂ© la nĂ©cessitĂ© dâun dispositif de pilotage spĂ©cifique pour rĂ©ussir la mise en
Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre. Ma recommandation est de mettre en place Ă cette fin un
Ă©tablissement public placĂ© sous la tutelle du MESR, qui pourrait sâappeler Ătablissement public
dâamĂ©nagement universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France (Ăpaurif).
La mission de pilotage confiĂ©e Ă lâĂpaurif se dĂ©clinera principalement sur deux aspects :
LâĂpaurif sera chargĂ© dâaccompagner les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur dans une
démarche de progrÚs en matiÚre de gestion immobiliÚre, et de préparer la dévolution des biens
immobiliers aux Ă©tablissements qui en ont fait ou en feront la demande.
LâĂpaurif sera aussi chargĂ© de piloter la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre. Ce
rĂŽle prescripteur inclut lâĂ©laboration â en lien Ă©troit avec les collectivitĂ©s territoriales â dâun schĂ©ma
directeur global pour lâES&R et les Ă©quipements de vie Ă©tudiante en Ile-de-France, et la validation de
la programmation et du plan de financement des opérations de construction et de réhabilitation
immobiliĂšre financĂ©es par lâĂtat. LâĂpaurif sera aussi consultĂ© par le MESR avant validation â par ce
dernier â du schĂ©ma directeur immobilier des Ă©tablissements ou des PRES.
72
La loi a prĂ©vu depuis 2004 lâexistence dâun « ComitĂ© de la recherche en matiĂšre biomĂ©dicale et de santĂ©
publique » pour la coordination entre universitĂ©s et partenaires hospitaliers â en incluant aussi lâInserm â mais ce
comitĂ© semble se rĂ©unir trĂšs peu. Plusieurs interlocuteurs mâont dit leur regret dâune coordination insuffisante. Il
serait intĂ©ressant que les recteurs franciliens et le directeur gĂ©nĂ©ral de lâARS dâIle-de-France examinent avec les
Ă©tablissements â AP-HP, Inserm et universitĂ©s â le meilleur moyen de renforcer le dialogue stratĂ©gique entre eux.
73
Plusieurs prĂ©sidents dâuniversitĂ©s et dâĂ©tablissements dâES&R franciliens sont trĂšs demandeurs dâune telle
coordination, pour travailler sur des sujets aussi variés que les questions liées aux évolutions de la carte francilienne
des formations, les équilibres entre Paris et périphérie, certaines questions liées aux bonnes pratiques en matiÚre de
relations entre établissements, les réflexions spécifiques à mener pour améliorer le rayonnement des SHS
parisiennes et franciliennes, les relations entre universités et grandes écoles, etc.
65
CrĂ©Ă© Ă titre transitoire, lâĂpaurif doit se placer dĂšs le dĂ©marrage dans une perspective limitĂ©e dans
le temps, car la rĂ©alisation du plan dĂ©cennal de rĂ©novation immobiliĂšre et lâaccĂšs des Ă©tablissements
volontaires à la propriété de leur patrimoine immobilier rendront nécessaire de réviser en profondeur ses
missions à la fin de la décennie. Il faut à la fois :
assumer quâil est indispensable de mettre en place au cours de la prochaine dĂ©cennie un dispositif de
pilotage spĂ©cifique, avec des capacitĂ©s dâamĂ©nagement et de maĂźtrise dâouvrage sur lesquelles
pourront sâappuyer les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur â Ă situation exceptionnelle, mesures
exceptionnelles
74
;
et prĂ©voir que ce dispositif devra ensuite ĂȘtre allĂ©gĂ© ou supprimĂ© lorsque la situation immobiliĂšre aura
Ă©tĂ© amĂ©liorĂ©e et que les Ă©tablissements auront progressĂ© dans leur capacitĂ© Ă gĂ©rer leurs locaux â et,
pour certains dâentre eux, bĂ©nĂ©ficiĂ© de la dĂ©volution des biens immobiliers.
Dans cette optique, je recommande que lâĂpaurif reçoive une lettre de mission â diffusĂ©e Ă tous les
responsables des Ă©tablissements dâES&R franciliens â avec des objectifs Ă 5 ans et Ă 10 ans, en
adéquation avec les constantes de temps du plan de rénovation immobiliÚre, et que son décret constitutif
prévoie une évaluation de son action à échéance de 5 ans et une révision de ses missions au terme de 10
ans, aprĂšs une nouvelle Ă©valuation.
* * *
Concernant la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre, apportons quelques prĂ©cisions sur les
questions liées à la réalisation des opérations de construction et de réhabilitation immobiliÚre.
Il faut tout dâabord â en cohĂ©rence avec les orientations de la loi LRU â poser le principe suivant :
lorsquâune universitĂ© demande Ă ĂȘtre dĂ©signĂ©e comme maĂźtre dâouvrage ou comme maĂźtre dâouvrage
mandaté pour mener une opération immobiliÚre qui la concerne, cette demande a vocation à recevoir
une rĂ©ponse positive, sous rĂ©serve des vĂ©rifications dâusage.
Mais il faut aussi ĂȘtre conscient que de nombreux Ă©tablissements ne disposent pas â et ne disposeront
pas au cours des prochaines annĂ©es â des compĂ©tences nĂ©cessaires pour exercer la maĂźtrise dâouvrage
dâopĂ©rations de construction ou de rĂ©habilitations de bĂątiments. Il est donc tout Ă fait pertinent que le
dispositif du MESR en Ile-de-France inclue un Ă©tablissement de maĂźtrise dâouvrage comme lâest
aujourdâhui lâEPCJ, spĂ©cialiste de la conduite de ces opĂ©rations. Je recommande dâacter rapidement
lâextension des missions de lâEPCJ â envisagĂ©e depuis quelques mois â pour lui permettre
dâintervenir comme maĂźtre dâouvrage ou maĂźtre dâouvrage mandatĂ©, au cas par cas, sur des opĂ©rations
de construction ou de rĂ©habilitation immobiliĂšre pour lâenseignement supĂ©rieur en Ile-de-France (et
pas seulement sur le site de Jussieu).
Avoir deux Ă©tablissements sĂ©parĂ©s â lâĂpaurif, tel que dĂ©fini plus haut, et « lâEPCJ Ă©tendu » â
prĂ©senterait lâavantage de bien distinguer les deux rĂŽles, prescripteur et constructeur. Mais ce
scĂ©nario ne rĂ©siste pas Ă lâanalyse : il est prĂ©fĂ©rable, pour limiter le nombre dâĂ©tablissements publics
et rĂ©duire les coĂ»ts de structure, quâexiste un seul Ă©tablissement ayant Ă la fois un « pĂŽle
prescripteur » et un « pĂŽle constructeur ». En dâautres termes, je recommande de crĂ©er lâĂpaurif
par extension de lâEPCJ, en confiant Ă cet Ă©tablissement unique lâensemble des missions Ă©voquĂ©es
dans cette section, en matiĂšre de schĂ©mas directeurs et en matiĂšre de maĂźtrise dâouvrage.
Enfin, lâĂpaurif devra assumer un rĂŽle central pour la rĂ©habilitation et la construction
dâĂ©quipements interuniversitaires destinĂ©s Ă la vie Ă©tudiante â logements, restaurants et cafĂ©tĂ©rias,
installations sportives â mutualisĂ©s entre les Ă©tablissements dâES&R parisiens, dont jâai proposĂ© au
chapitre 5 quâils constituent la premiĂšre prioritĂ© du plan de rĂ©novation immobiliĂšre.
* * *
Pour assumer ses missions, il sera indispensable de mettre en place au sein de lâĂpaurif une Ă©quipe de
professionnels de haut niveau sur les sujets immobiliers et sur la maĂźtrise dâouvrage. Cette montĂ©e en
compĂ©tences est impĂ©rative, car lâanalyse des opĂ©rations rĂ©alisĂ©es dans les dix derniĂšres annĂ©es pour
lâimmobilier universitaire parisien fait apparaĂźtre beaucoup trop dâexemples de sous-estimations des coĂ»ts
74
Un dispositif spĂ©cifique avait dâailleurs dĂ©jĂ Ă©tĂ© mis en place Ă lâĂ©chelle francilienne au dĂ©but de la dĂ©cennie : la
mission U3M. Son action avait Ă©tĂ© utile et apprĂ©ciĂ©e mais elle nâa pas Ă©tĂ© maintenue dans la durĂ©e, et ses leviers
dâaction Ă©taient certainement insuffisants.
66
â avec souvent des Ă©carts de grande ampleur â et dâappels dâoffres infructueux, qui entraĂźnent des retards
et des surcoĂ»ts. Il sera tout aussi nĂ©cessaire de clarifier â mieux quâaujourdâhui â les rĂŽles et
responsabilités des acteurs concernés par chaque opération immobiliÚre
75
.
Pour rĂ©ussir la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre, lâĂpaurif doit ĂȘtre pleinement
responsabilisĂ© sur cet objectif. On pourrait mĂȘme Ă©crire â en rĂ©fĂ©rence Ă la section 6.1 â que lâĂpaurif
doit ĂȘtre autonome sur cette mission, avec bien sĂ»r un cadrage prĂ©cis et un contrĂŽle attentif par lâĂtat. Ce
sujet mĂ©rite quelques recommandations, dont tous les spĂ©cialistes des mĂ©tiers de lâimmobilier que jâai
rencontrĂ©s soulignent lâimportance :
Comme le recommandent les spĂ©cialistes lâEpaurif devra adopter une vision Ă©conomique, assise sur
un plan pluriannuel remis Ă jour annuellement et appuyĂ© sur des projets prĂ©cis faisant lâobjet
dâengagements de la part des collectivitĂ©s et des Ă©tablissements, et non selon une stricte logique
budgétaire annuelle.
La mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre inclura un petit nombre dâacquisitions
dâimmeubles. Or, les spĂ©cialistes du marchĂ© immobilier parisien soulignent que la rĂ©activitĂ© est une
qualitĂ© essentielle pour rĂ©aliser des acquisitions dans de bonnes conditions sur Paris : « Si vous ĂȘtes
acheteur sur Paris, une fois votre besoin dĂ©fini, il est certain que â hors cas extrĂȘmement spĂ©cifique â
des opportunités vont apparaßtre ; mais il y aura presque toujours plusieurs acheteurs potentiels pour
chaque immeuble en vente, et votre capacité à prendre une décision rapide sera cruciale ». Pour cette
raison, je recommande de donner Ă lâĂpaurif la capacitĂ© de sâendetter.
Cette capacitĂ© dâendettement peut ĂȘtre assise sur une perspective budgĂ©taire pluri-annuelle â comme
celle qui est proposĂ©e dans la section 5.5 â et sur la partie de la dotation Campus du site de Paris
intramuros qui sera confiĂ©e Ă lâĂpaurif.
* * *
Je recommande de choisir entre les deux options suivantes pour la gouvernance de lâĂpaurif :
La premiĂšre option vise Ă unifier le mieux possible lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du MESR en Ile-de-France,
en assurant un lien fort entre lâĂpaurif dâune part, les trois recteurs et le vice-chancelier des
universitĂ©s dâIle-de-France dâautre part. Cette unification, utile pour limiter le nombre
dâinterlocuteurs sur lâensemble des sujets concernant lâĂ©volution de lâES&R francilien, consiste Ă
confier au recteur de Paris la prĂ©sidence du conseil dâadministration de lâĂpaurif, aux deux
recteurs de Créteil et Versailles un rÎle de vice-président de ce conseil, et au vice-chancelier des
universitĂ©s dâIle-de-France la fonction de directeur gĂ©nĂ©ral de lâĂpaurif.
Lâautre option est plus classique, et offre lâavantage dâĂ©viter les risques de la di-archie â voire de la
quadri-archie â Ă la tĂȘte de lâĂpaurif : elle consiste Ă prĂ©voir que la gouvernance de lâĂpaurif inclue
un président directeur général, les trois recteurs franciliens étant membres du conseil
dâadministration.
Dans les deux cas, le conseil dâadministration comprendra des reprĂ©sentants de lâĂtat et des collectivitĂ©s
territoriales, ainsi que des reprĂ©sentants des prĂ©sidents dâuniversitĂ©s et de PRES franciliens, et des
responsables des autres Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur. Je recommande aussi de prĂ©voir que la
gouvernance de lâĂpaurif inclue une instance consultative regroupant des reprĂ©sentants de la
direction, des personnels et des étudiants des établissements concernés par les opérations de
construction ou de rĂ©habilitation menĂ©es par lâĂpaurif, pour pouvoir prendre en compte le point de vue
de ces « utilisateurs » ou futurs utilisateurs dans la programmation et la conduite de ces opérations.
Recommandation 27 : Mettre en place rapidement lâĂ©tablissement public dâamĂ©nagement
universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France â Ăpaurif â et lui confier un rĂŽle central pour la mise en
Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre, et notamment pour rĂ©aliser les constructions dâĂ©quipements
interuniversitaires de vie Ă©tudiante.
75
Le principe de la validation par lâĂpaurif de la programmation des opĂ©rations immobiliĂšres financĂ©es par lâĂtat â
et de ses modifications â est particuliĂšrement important Ă cet Ă©gard. Dans le dĂ©roulement des opĂ©rations de ces
derniĂšres annĂ©es â notamment de la plus lourde dâentre elles, la rĂ©habilitation du site de Jussieu â la programmation
a Ă©tĂ© plusieurs fois modifiĂ©e sans validation des modifications par lâĂtat. Or, comme me lâont dit plusieurs
spĂ©cialistes de lâimmobilier : « personne ne peut ĂȘtre vertueux lorsquâil construit avec lâargent dâun autre » !
67
6.3.2. Au-delĂ de ces recommandations, il est important de revenir sur la dĂ©marche de mise en Ćuvre du
plan de rénovation immobiliÚre.
En ayant Ă lâesprit les prĂ©conisations de la section 5.1, je recommande que lâĂtat engage cette dĂ©marche
de la façon suivante :
Que lâĂtat annonce son intention dâinvestir pour rĂ©aliser dans les dix prochaines annĂ©es une
rénovation ambitieuse du paysage universitaire parisien en lien avec les collectivités territoriales si les
Ă©tablissements sâengagent dans la mise en Ćuvre de ce plan de rĂ©novation.
Que lâĂtat lance une concertation active avec le Conseil RĂ©gional et surtout avec la Ville de Paris
pour construire une vision commune du schéma directeur global, valider les principaux éléments
de programmation immobiliĂšre afin de pouvoir arrĂȘter sans tarder les dĂ©cisions structurantes les plus
urgentes, et pour bĂątir avec ces collectivitĂ©s â en sâappuyant notamment sur le CPER â un accord
sur le financement des opĂ©rations qui feront lâobjet dâinvestissements conjoints.
QuâĂ chaque Ă©tablissement concernĂ©
76
, en commençant par les Ă©tablissements volontaires, lâĂtat
demande de prĂ©parer un schĂ©ma directeur immobilier, dont la mise en Ćuvre sâappuiera sur une
dĂ©marche dâengagements finalisĂ©s dans une convention pluriannuelle avec lâĂ©tablissement â
analogue aux conventions mises en place par le MESR avec les Ă©tablissements dâautres sites de
lâOpĂ©ration Campus.
* * *
Il faut insister sur lâimportance de la prĂ©paration dâun vrai schĂ©ma directeur immobilier pour chaque
Ă©tablissement ou chaque groupement dâĂ©tablissements. Cette prĂ©paration, dans laquelle se sont dĂ©jĂ
engagĂ©s plusieurs PRES de province retenus dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus, est indispensable pour
fonder une dĂ©marche de progrĂšs de la gestion immobiliĂšre au sein de lâenseignement supĂ©rieur
parisien. Car il faut bien ĂȘtre conscient que les difficultĂ©s de la situation immobiliĂšre sont dues pour une
bonne part Ă un manque dâattention portĂ©e Ă la gestion immobiliĂšre, et Ă un manque de compĂ©tences et de
professionnalisme â de la part de tous : Ătat et Ă©tablissements. Sans une meilleure prise de conscience
par tous les acteurs des enjeux de la rénovation immobiliÚre et des compétences nécessaires pour faire
face à ces enjeux, les investissements immobiliers seraient largement gùchés.
La prĂ©paration dâun schĂ©ma directeur immobilier doit ĂȘtre lâoccasion :
de clarifier et vĂ©rifier lâĂ©tat des lieux prĂ©cis sur les locaux occupĂ©s, leurs taux dâoccupation, leur Ă©tat
au plan technique et au regard de la rĂ©glementation, et lâĂ©valuation prĂ©cise des dĂ©penses
dâexploitation ;
de clarifier aussi â le cas Ă©chĂ©ant â les situations patrimoniales des immeubles, et la rĂ©partition des
responsabilités entre le propriétaire et le (ou les) occupant(s) ;
de mettre en place des méthodes et outils de gestion immobiliÚre permettant un suivi des locaux et
une gestion prĂ©visionnelle pluriannuelle des opĂ©rations dâentretien et de maintenance ;
de planifier la montée en compétences des équipes chargées de la gestion immobiliÚre ;
dâanalyser les besoins fonctionnels, les mutualisations possibles entre diffĂ©rentes activitĂ©s, les
Ă©volutions nĂ©cessaires concernant les activitĂ©s qui sont trĂšs Ă lâĂ©troit et celles qui le sont moins ;
de bien identifier les enjeux dâamĂ©lioration des locaux (adaptation aux activitĂ©s hĂ©bergĂ©es et aux
Ă©volutions prĂ©visionnelles dâeffectifs, mise Ă niveau, accessibilitĂ©, efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, etc.) ;
de bĂątir un ou plusieurs scĂ©narios dâĂ©volution des implantations immobiliĂšres, reposant sur une vision
dĂ©taillĂ©e de lâĂ©volution des besoins, une programmation fonctionnelle de chaque site, une analyse
prĂ©cise des travaux de rĂ©habilitation ou de construction Ă mener, ainsi quâune analyse financiĂšre et un
calendrier précis.
76
Idéalement, il serait préférable de faire un schéma directeur détaillé pour chaque PRES plutÎt que pour chaque
Ă©tablissement. Choisir aujourdâhui entre lâune ou lâautre approche est difficile, vu les incertitudes qui pĂšsent encore
sur la date de démarrage effectif des PRES en cours de constitution, car il faut éviter de trop retarder le lancement
effectif du travail sur lâimmobilier.
68
Cette dĂ©marche de prĂ©paration dâun schĂ©ma directeur doit ĂȘtre un prĂ©alable aux investissements
immobiliers dâampleur, comme sur les autres sites retenus dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus. Il faut
la lancer au plus vite avec les Ă©tablissements ou les groupements volontaires â notamment avec ceux qui
sont concernĂ©s par les « plans de regroupement des implantations » de la section 5.3 â avec une incitation
via lâattribution par lâĂtat de crĂ©dits dâĂ©tudes.
* * *
La mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur de chaque Ă©tablissement â ou groupe dâĂ©tablissements â pourra
ĂȘtre formalisĂ©e dans une convention pluriannuelle avec lâĂpaurif. Cette convention, qui vaudra
approbation du schĂ©ma directeur, manifestera lâengagement conjoint de lâĂ©tablissement et de lâĂpaurif
dans cette mise en Ćuvre. Portant parfois sur une longue pĂ©riode â jusquâĂ huit ou dix ans pour certains
cas â ces conventions feront lâobjet dâavenants annuels ou bisannuels qui permettront progressivement
de préciser les échéanciers et les responsabilités et engagements mutuels. En particulier, ces conventions
permettront de responsabiliser pleinement les Ă©tablissements sur les sujets qui les concernent
directement, notamment sur les Ă©chĂ©ances des mouvements dâĂ©quipes â sous rĂ©serve que le calendrier des
opĂ©rations immobiliĂšres soit tenu, bien sĂ»r. Ă cette fin, je considĂšre quâil est indispensable de prĂ©voir que
le niveau des augmentations des dotations annuelles des établissements tiendra compte de la qualité
du respect de leurs engagements conventionnels liĂ©s Ă la mise en Ćuvre de leur schĂ©ma directeur
immobilier.
Bien sĂ»r, pour les Ă©tablissements qui lâont demandĂ© ou la demanderont, la dĂ©marche dĂ©crite ici doit
prĂ©parer la dĂ©volution des biens immobiliers qui leur sont affectĂ©s. La mise en Ćuvre du schĂ©ma directeur
doit alors sâinscrire pleinement dans cette perspective, sachant quâil est indispensable de poser le principe
que la dĂ©volution des biens immobiliers Ă une universitĂ© parisienne ne peut intervenir quâune fois
mis en Ćuvre la rationalisation et le regroupement de ses implantations. La dĂ©cision de dĂ©volution a
vocation Ă ĂȘtre prise par le MESR aprĂšs avis de lâĂpaurif.
* * *
Je recommande aussi de mettre en place un dispositif spécifique pour faciliter la cession des biens
immobiliers dont les Ă©tablissements et le MESR nâauront plus lâusage, analogue Ă celui qui est dĂ©ployĂ©
pour la cession des biens du ministĂšre de la DĂ©fense.
Il sera Ă©galement utile de bĂątir un accord avec France Domaine sur les conditions des cessions. Ă
mon sens, le MESR doit proposer que, pour les dix prochaines annĂ©es, le produit de la cession dâun bien
appartenant au MESR lui reste attribué en totalité et contribue au financement du plan de rénovation de
lâimmobilier universitaire parisien.
De mĂȘme, il faudra prĂ©ciser les conditions financiĂšres liĂ©es aux cessions par les Ă©tablissements de biens
immobiliers qui leur sont propres et aux fins de locations : ces conditions devront ĂȘtre attractives pour les
Ă©tablissements afin de les inciter Ă rĂ©aliser ces opĂ©rations, mais il serait normal que lâessentiel des
produits de cession â et des Ă©conomies liĂ©es Ă lâinterruption dâune location pour sâinstaller dans des
locaux de lâĂtat â contribuent au financement du plan de rĂ©novation.
Recommandation 28 : Lancer rapidement la dĂ©marche dâĂ©laboration et de mise en Ćuvre des
schĂ©mas directeurs des Ă©tablissements parisiens dâES&R, en leur proposant de sâappuyer sur un
partenariat avec lâĂpaurif, et en commençant par les Ă©tablissements concernĂ©s par les « plans de
regroupement des implantations » présentés dans la section 5.3.
69
CONCLUSION
Nous devons avoir lâambition dâĂ©crire une nouvelle page de lâhistoire des universitĂ©s parisiennes : il y a
eu 1968 et le dĂ©coupage de lâUniversitĂ© de Paris, il y aura la dĂ©cennie 2010-2020 avec la rĂ©novation qui
marquera la premiÚre moitié du XXI
Ăšme
siĂšcle. Paris peut et doit ĂȘtre une trĂšs belle ville universitaire dont
le rayonnement scientifique et intellectuel fait lâadmiration du monde entier. Paris peut et doit ĂȘtre la
premiÚre ville universitaire parmi les grandes métropoles urbaines.
RĂ©nover lâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien avec cette ambition Ă©levĂ©e est dâabord un
devoir de la gĂ©nĂ©ration Ă laquelle jâappartiens vis-Ă -vis des Ă©tudiants et des jeunes gĂ©nĂ©rations,
pour leur donner les meilleures chances dâĂ©panouissement et de rĂ©ussite dans un monde oĂč
lâĂ©ducation et la connaissance sont les plus prĂ©cieux atouts que peut leur donner la nation.
Câest aussi un devoir vis-Ă -vis de tout le pays. Quoi que lâon fasse â que la vitrine soit magnifique ou
quâelle soit un mĂ©lange de beautĂ©s et de dĂ©labrements â la ville universitaire Paris est et sera
toujours la vitrine du dispositif français dâenseignement supĂ©rieur et de recherche et de toute
notre activitĂ© de crĂ©ation intellectuelle et dâinnovation.
Câest enfin un devoir vis-Ă -vis des personnels des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur et de
recherche parisiens. Ce rapport est aussi pour eux : enseignants-chercheurs et chercheurs, ingénieurs,
administratifs, techniciens, personnels de bibliothÚques et ouvriers de service et de santé. Pour en
avoir rencontré un certain nombre et pour bien connaßtre la communauté académique, je sais que tant
dâeux restent, malgrĂ© les difficultĂ©s, passionnĂ©ment attachĂ©s et dĂ©vouĂ©s Ă leur mĂ©tier, quâils attendent
la rĂ©novation, quâils sont prĂȘts Ă y contribuer et espĂšrent de lâĂtat les gestes qui permettront de
lâengager !
Le plan de rénovation proposé dans ce rapport est donc ambitieux. Mais il est aussi motivé et réaliste,
articulé autour de quelques priorités fortes, et il évite toute surenchÚre. Il a été débattu avec les acteurs et
il recueille une trĂšs large adhĂ©sion. Car les acteurs de lâenseignement supĂ©rieur parisien sont en
mouvement. GrĂące au travail quâils ont menĂ© depuis un an, nous avons maintenant une vision globale
pour lâavenir, avec une structuration de la carte des Ă©tablissements et un projet pour mettre en cohĂ©rence
leurs implantations immobiliĂšres. Toutes les conditions sont donc rĂ©unies : au moment oĂč notre pays fait
de lâenseignement supĂ©rieur la premiĂšre prioritĂ© de sa politique dâinvestissement public, il ne faut pas
hĂ©siter, câest le moment de lancer ce plan de rĂ©novation !
* * *
Mais cette conclusion serait partielle si elle se bornait Ă demander Ă lâĂtat dâinvestir pour lâenseignement
supérieur parisien, car les difficultés des universités parisiennes ne viennent pas seulement de leur
manque de moyens. Elles viennent bien souvent de la complexitĂ© â pour ne pas dire plus â du jeu des
acteurs et de leurs difficultĂ©s Ă ouvrir ensemble des perspectives dâavenir. Elles viennent encore du
manque de confiance qui â jâai pu le constater â est malheureusement prĂ©sent Ă tous les niveaux dans la
communauté universitaire : manque de confiance en soi, trop souvent ; manque de confiance entre la
communautĂ© universitaire et lâĂtat mais aussi, trĂšs frĂ©quemment, manque de confiance au sein mĂȘme des
Ă©tablissements et de leurs composantes.
Lâappel essentiel et le premier espoir de ce rapport sont lĂ : renouer la confiance. Pour lâĂtat et les
collectivitĂ©s territoriales, il ne sâagit pas seulement dâinvestir, il faut aussi â Ă Paris et en Ile-de-France
bien plus quâailleurs â accompagner les acteurs, les aider Ă concrĂ©tiser leurs projets, proposer des
perspectives, trouver de nouveaux Ă©quilibres entre autonomie et coordination. Pour tous les dirigeants, au
niveau de lâĂtat et des collectivitĂ©s territoriales comme dans les Ă©tablissements, pour toute la communautĂ©
universitaire, les maßtres mots du rapport sont là : ouverture et coopération, responsabilisation et
transparence, engagement, projets collectifs Ă©laborĂ©s et mis en Ćuvre en accordant une attention
beaucoup plus grande aux Ă©tudiants.
Câest sur cette voie que nous devons nous engager, avec confiance. Pour que tout notre pays, dans dix
ans, soit trÚs fier des universités et des PRES parisiens et franciliens !
70
71
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : LETTRE DE MISSION DU 31 DĂCEMBRE 2008
ANNEXE 2 : LETTRE DE MISSION DU 7 OCTOBRE 2009
ANNEXE 3 : DU RAPPORT INTERMĂDIAIRE AU RAPPORT FINAL
ANNEXE 4 : QUELQUES GRANDS PĂLES UNIVERSITAIRES ĂTRANGERS
ANNEXE 5 : QUELQUES INFORMATIONS ET RĂFLEXIONS SUR LES PRES
ANNEXE 6 : LE PRES « UNIVERSITà PARIS CITà »
ANNEXE 7 : LE PROJET DE PRES « 2-4-6 »
ANNEXE 8 : LE PROJET DE PRES HESAM
ANNEXE 9 : LE PROJET DE CAMPUS « PARIS SCIENCES ET LETTRES â QUARTIER LATIN »
ANNEXE 10 : QUELQUES REMARQUES CONCERNANT LA DOCUMENTATION NUMĂRIQUE
ANNEXE 11 : LA SORBONNE, UN ATOUT OU UN POIDS POUR LâENSEIGNEMENT
SUPĂRIEUR PARISIEN ?
ANNEXE 12 : LE « PROJET POLIVEAU » POUR PARIS 3 ET LE MUSĂUM
ANNEXE 13 : QUELQUES COMPLĂMENTS SUR LE SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER
ANNEXE 14 : SUR LE PROJET DE CONVENTION PROPOSĂ Ă PARIS 6
RĂCAPITULATION DES RECOMMANDATIONS
INDEX
TABLE DES SIGLES
73
75
77
81
83
87
93
99
103
107
109
113
117
119
123
127
129
72
73
ANNEXE 1
LETTRE DE MISSION DU 31 DĂCEMBRE 2008
La Ministre
Paris, le 31 décembre 2008
Monsieur lâingĂ©nieur gĂ©nĂ©ral,
Les universités parisiennes représentent un potentiel extraordinaire en termes de formation et de
recherche, dans toutes les disciplines, et elles apportent une contribution unique au rayonnement
intellectuel et scientifique de notre pays. La mise en Ćuvre de la loi sur les libertĂ©s et responsabilitĂ©s des
universitĂ©s va leur permettre de continuer Ă sâaffirmer, et trois dâentre elles ont dĂ©cidĂ©, avec mon accord,
dâaccĂ©der dĂšs le 1
er
janvier 2009 aux compétences élargies.
Toutefois, ce formidable potentiel ne sâexprime pas pleinement, tant sâen faut. Le comitĂ© de lâOpĂ©ration
Campus avait souligné en juillet dernier les difficultés à mettre en place des coopérations stables et
structurantes entre les universitĂ©s parisiennes. Le rapport de la mission dâaudit de lâimmobilier
universitaire parisien que mâont remis rĂ©cemment lâInspection gĂ©nĂ©rale des Finances, le Conseil gĂ©nĂ©ral
de lâEnvironnement et du DĂ©veloppement Durable et lâInspection gĂ©nĂ©rale de lâadministration de
lâEducation nationale et de la Recherche met en lumiĂšre toutes les difficultĂ©s qui dĂ©coulent de
lâĂ©clatement du paysage immobilier universitaire. Il montre aussi combien cette situation est
particuliÚrement dommageable pour les étudiants qui, trop souvent, rencontrent de grandes difficultés
pour trouver des lieux oĂč travailler sereinement, pour se repĂ©rer dans lâoffre de formations et pour se
loger et se restaurer.
Dans ce contexte, nous nâavons pas seulement le devoir dâamĂ©liorer la situation actuelle des
Ă©tablissements et des Ă©tudiants. Avec tous les acteurs â les collectivitĂ©s locales concernĂ©es et les
Ă©tablissements universitaires â nous avons la responsabilitĂ© de dĂ©finir et dâengager un projet trĂšs
ambitieux pour que Paris soit au 21
Ăšme
siĂšcle une des plus grandes et une des plus attractives villes
universitaires du monde. Câest ce que souhaitent le PrĂ©sident de la RĂ©publique et le Premier Ministre.
TrĂšs attentifs Ă ce sujet essentiel pour lâavenir de notre pays, ils mâont confiĂ© la responsabilitĂ© de ce
projet.
Jâai dĂ©cidĂ© dans ce cadre de vous confier une mission sur lâĂ©volution des Ă©tablissements universitaires
parisiens.
Je vous demande en premier lieu de proposer, en lien Ă©troit avec lâensemble des acteurs concernĂ©s â
collectivitĂ©s locales et Ă©tablissements â un schĂ©ma directeur pour lâenseignement supĂ©rieur Ă Paris,
appuyé sur les projets pédagogiques et scientifiques des établissements. En particulier, vos
recommandations porteront sur :
-
lâamĂ©lioration des conditions de vie Ă©tudiante Ă Paris ;
-
la structuration et, le cas Ă©chĂ©ant, le regroupement des Ă©tablissements dâenseignement
supĂ©rieur et de recherche, dans la logique des pĂŽles de recherche et dâenseignement supĂ©rieur
74
et de lâOpĂ©ration Campus, afin de renforcer leur visibilitĂ© internationale et de rĂ©duire le
morcellement actuel Ă 5 et 10 ans ;
-
les opérations immobiliÚres prioritaires à engager dÚs 2009.
Je vous demande également de proposer un dispositif permettant de piloter, dans la durée, la mise en
Ćuvre du schĂ©ma directeur qui sera retenu par lâĂtat, en lien avec les collectivitĂ©s locales. Ce dispositif
devra permettre Ă©galement dâaccompagner et de coordonner les Ă©tablissements concernĂ©s, dans le cadre et
le respect de la loi sur les libertés et responsabilités des universités.
Je souhaite disposer de vos recommandations au mois de mars 2009 pour les questions de vie Ă©tudiante et
au mois de mai 2009 pour lâensemble du dossier. Les services du ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et
de la recherche vous apporteront tout leur concours pour la réussite de votre mission.
Je vous prie de croire, Monsieur lâingĂ©nieur gĂ©nĂ©ral, en lâexpression de ma meilleure considĂ©ration.
ValĂ©rie PĂCRESSE
75
ANNEXE 2
LETTRE DE MISSION DU 7 OCTOBRE 2009
La Ministre
Paris, le 7 octobre 2009
Monsieur lâingĂ©nieur gĂ©nĂ©ral,
Je vous ai confiĂ© le 31 dĂ©cembre dernier une mission sur lâĂ©volution de lâenseignement supĂ©rieur parisien,
vous demandant de proposer dâune part un schĂ©ma directeur appuyĂ© sur les projets scientifiques et
pĂ©dagogiques des Ă©tablissements, dâautre part un dispositif permettant de piloter la mise en Ćuvre du
schĂ©ma directeur retenu par lâĂtat.
Le rapport que vous mâavez remis dessine pour lâavenir de lâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien
une perspective à la fois ambitieuse et réaliste, et je vous en remercie trÚs vivement. Comme le précisait
votre lettre de mission : lâobjectif de lâĂtat, auquel le PrĂ©sident de la RĂ©publique et le Premier Ministre
sont trĂšs attachĂ©s, est dâengager un projet trĂšs ambitieux pour que Paris soit une des villes universitaires
les plus attractives du monde. La vision que vous proposez â Ă©laborĂ©e en lien Ă©troit avec tous les acteurs,
collectivitĂ©s locales et Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur â est une contribution majeure et un point
dâappui trĂšs solide pour bĂątir ce projet.
Dans cette perspective, je souhaite prolonger votre mission au cours des prochains mois.
En premier lieu, il est indispensable de prendre le temps dâune pĂ©riode de concertation sur les analyses et
les recommandations de votre rapport.
En effet, le ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche fait siennes dĂšs maintenant les
grandes lignes directrices que vous proposez :
-
sur la nécessité que les PRES parisiens et franciliens soient de réelles universités confédérales qui
aient du sens dans le contexte international,
-
sur lâimpĂ©rieuse nĂ©cessitĂ© dâamĂ©liorer la vie Ă©tudiante Ă Paris,
-
sur la nécessaire modernisation du dispositif documentaire parisien,
-
sur la dĂ©marche dâensemble que vous proposez pour rĂ©nover lâimmobilier universitaire parisien,
-
et enfin sur la mise en place dâun dispositif adaptĂ© pour accompagner et coordonner les
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur franciliens dans les prochaines annĂ©es.
Mais, au-delĂ de ces grandes lignes directrices, les dĂ©cisions du gouvernement sur lâensemble des
mesures prĂ©cises Ă mettre en Ćuvre pour lâĂ©volution de lâenseignement supĂ©rieur parisien ne seront prises
quâaprĂšs concertation. Je vous demande donc de mener cette concertation qui permettra de recueillir les
remarques des acteurs de lâenseignement supĂ©rieur parisien et francilien sur votre rapport et, le cas
Ă©chĂ©ant, dâinflĂ©chir certaines de vos propositions. Vous choisirez les modalitĂ©s et lâorganisation de cette
concertation en lien avec les responsables des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur. Cette
concertation se déroulera sur une période de deux mois afin que je puisse disposer de votre rapport final
avant la fin de cette année.
76
En second lieu, il est nécessaire de poursuivre un certain nombre des travaux que vous avez menés avec
les établissements et avec les collectivités locales. Sans chercher à faire ici une liste exhaustive, je vous
demande :
-
de poursuivre le travail dâaccompagnement des Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur sur la
constitution des PRES et Campus parisiens, pour finaliser aussi rapidement que possible ces projets
sous forme dâĂ©tablissement public de coopĂ©ration scientifique ou sous forme de fondation de
coopération scientifique, selon les cas ;
-
dâengager conjointement avec le recteur de Paris â et avec les recteurs de CrĂ©teil et de Versailles, le
cas Ă©chĂ©ant â les discussions permettant de prĂ©parer les accords Ă mettre en place entre lâĂtat et les
collectivitĂ©s locales pour finaliser une vision partagĂ©e du schĂ©ma directeur dâensemble de
lâenseignement supĂ©rieur parisien et un plan conjoint dâinvestissement ;
-
de contribuer au démarrage des opérations les plus urgentes, en vous attachant notamment à préparer
une dĂ©cision ferme concernant le scĂ©nario immobilier retenu pour lâUniversitĂ© Paris 3 ;
-
de travailler avec les dĂ©partements ministĂ©riels concernĂ©s â et avec la Ville de Paris â sur les deux
sujets immobiliers qui concernent à la fois le projet du plateau de Saclay et la rénovation de
lâenseignement supĂ©rieur parisien : les locaux dâAgro ParisTech et les rĂ©sidences Ă©tudiantes de
lâinstitut TĂ©lĂ©com ;
-
et enfin dâĂ©laborer une proposition dĂ©taillĂ©e sur les Ă©volutions de lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du ministĂšre
de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche en Ile-de-France, en tenant compte des remarques
recueillies durant la phase de concertation et en lien Ă©troit avec la direction de mon cabinet.
Les services du ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche vous apporteront tout leur
concours pour la réussite de votre mission.
Je vous prie de croire, Monsieur lâingĂ©nieur gĂ©nĂ©ral, en lâexpression de ma meilleure considĂ©ration.
ValĂ©rie PĂCRESSE
77
ANNEXE 3
DU RAPPORT INTERMĂDIAIRE AU RAPPORT FINAL
Cette Annexe résume les principaux enseignements de la concertation menée au cours des quatre
derniers mois : elle est aussi lâoccasion dâĂ©clairer les principales Ă©volutions de la rĂ©daction entre le
rapport intermédiaire et la présente version.
A.3.1. Au global, la principale critique formulĂ©e sur le rapport intermĂ©diaire â et qui sâapplique Ă
lâidentique au rapport final â concerne son Ă©tendue. Plusieurs acteurs, dont le Conseil RĂ©gional et les
prĂ©sidents des universitĂ©s de pĂ©riphĂ©rie, ont regrettĂ© que, pour lâessentiel, le rapport concerne lâES&R
parisien et non tout lâES&R francilien.
Je comprends cette remarque. Le rapport intermédiaire soulignait déjà que « la carte pédagogique ou
scientifique pertinente, câest la carte francilienne », et proposait que la mise en Ćuvre de ses
recommandations sâappuie sur un dispositif inter-acadĂ©mique francilien. Dans le rapport final, les
recommandations des sections 2.4 et 6.2 visant Ă engager sans tarder Ă lâĂ©chelle de lâIle-de-France un
travail analogue Ă celui qui a Ă©tĂ© menĂ© depuis un an sur Paris sont renforcĂ©es. Cependant, jâai aussi fait
valoir à mes interlocuteurs que la complexité et la taille du dispositif parisien justifiaient pleinement la
démarche engagée. Oui, il faut désormais construire avec les acteurs une vision globale pour
lâĂ©volution de lâES&R francilien, mais il faut aussi rĂ©aliser que commencer par Paris Ă©tait la seule
approche réaliste.
A.3.2. Le chapitre 1 du rapport, sur le diagnostic des difficultĂ©s et des atouts de lâES&R parisien, a
recueilli une trÚs large approbation. Quelques voix se sont élevées pour proposer de tempérer le
diagnostic portĂ© sur les difficultĂ©s spĂ©cifiques du domaine des SHS mais, au sein mĂȘme de ce domaine,
des voix plus nombreuses encore ont approuvĂ© ces constats et soulignĂ© lâimportance dâengager
rapidement, sur cette base, des réflexions et des évolutions de fond.
A.3.3. La vision proposée au chapitre 2 sur les « universités confédérales » a été trÚs bien accueillie et
a contribué à favoriser la construction des projets des PRES.
Outre les Ă©volutions importantes concernant les projets de PRES, la principale Ă©volution du chapitre 2
entre le rapport intermédiaire et le rapport final concerne le sujet du rapprochement entre universités et
grandes Ă©coles. Jâai pu observer au cours de la pĂ©riode de concertation que ce rapprochement est
largement souhaité « à la base », parmi les personnels des établissements, notamment les chercheurs et
enseignants-chercheurs â beaucoup plus quâau niveau des dirigeants. Et jâai repris dans le rapport final la
remarque Ă©clairante que mâont livrĂ©e quelques interlocuteurs : la construction des PRES est une occasion
unique, historique, de donner une impulsion décisive pour le rapprochement entre universités et
Ă©coles, Ă Paris et Ă Saclay. Il ne faut pas la laisser passer !
Notons aussi que les principaux organismes de recherche partenaires des universités parisiennes ont
exprimé des réactions trÚs positives sur les PRES en cours de constitution.
A.3.4. La rédaction du chapitre 3 sur la vie étudiante a peu évolué entre le rapport intermédiaire et le
rapport final. Dâune part, les principes et dĂ©marches proposĂ©es dans ce chapitre ont Ă©tĂ© trĂšs bien reçus,
avec de fortes attentes â notamment des organisations syndicales Ă©tudiantes â que les recommandations
de ce chapitre soient suivies dâeffets concrets. Dâautre part, les constantes de temps pour mener des
Ă©volutions en matiĂšre de logement Ă©tudiant sont trĂšs longues.
Cela Ă©tant, il faut noter deux Ă©volutions. Le Conseil RĂ©gional a approuvĂ© Ă lâautomne 2009 le schĂ©ma
directeur régional du logement étudiant, et le MESR a lancé des travaux concrets dÚs la remise du rapport
intermédiaire : la ministre a demandé au directeur du CROUS de Paris de mener, avec les directeurs des
CROUS de Créteil et Versailles, une étude de faisabilité et de préfiguration du « portail francilien du
logement Ă©tudiant », et dâĂ©laborer un schĂ©ma directeur Ă cinq ans pour le dĂ©veloppement de la
restauration universitaire parisienne. Les résultats de ces travaux seront remis au premier trimestre 2010.
78
Il est juste aussi de prĂ©ciser que la pĂ©riode Ă©lectorale nâa pas permis dâengager les discussions nĂ©cessaires
pour finaliser les accords indispensables entre lâĂtat et les collectivitĂ©s territoriales sur les opĂ©rations
fonciĂšres ou immobiliĂšres. Mes interlocuteurs de la Ville de Paris mâont dit quâils considĂ©raient, pour
lâessentiel, que le rapport constituait une trĂšs bonne base pour un travail entre lâĂtat et la Ville sur
lâES&R parisien, mais que la Ville ne souhaitait pas engager ce travail avant avril 2010. Le Conseil
RĂ©gional a adoptĂ© la mĂȘme position.
A.3.5. Le chapitre 4 sur les bibliothÚques universitaires mérite davantage de commentaires. Ici encore, je
peux dire, aprĂšs avoir vu la trĂšs grande majoritĂ© des directeurs de bibliothĂšques dâIle-de-France et aprĂšs
avoir discutĂ© ces sujets avec plusieurs prĂ©sidents dâuniversitĂ©s, que les orientations proposĂ©es sont trĂšs
largement acceptĂ©es, et mĂȘme validĂ©es. Les principales inflexions de la rĂ©daction du chapitre 4 entre le
rapport intermĂ©diaire et le rapport final ne correspondent donc pas Ă des changements dâorientations mais
plutĂŽt Ă une apprĂ©ciation nettement renforcĂ©e dâune grande urgence Ă agir pour moderniser les
bibliothĂšques universitaires et interuniversitaires, pour plusieurs raisons dont je nâavais pas pris toute
la mesure au moment de la rédaction du rapport intermédiaire :
Les difficultĂ©s rencontrĂ©es par les nouvelles bibliothĂšques sont beaucoup plus aigĂŒes que ce qui
apparaissait il y a quelques mois, la situation la plus critique et la plus urgente Ă©tant celle de la
bibliothĂšque Sainte Barbe.
La réforme du « L1 Santé » provoquera dÚs la prochaine année universitaire une forte augmentation
des demandes de places pour les Ă©tudiants, dans les bibliothĂšques ou dans des lieux de travail bien
adaptés.
La capacité de stockage du CTLES à Marne-la-Vallée sera quasiment saturée dÚs 2010, du fait du
dĂ©port dâune partie des collections de la bibliothĂšque interuniversitaire de la Sorbonne â dĂ©port quâil
nâest pas question de repousser car il est nĂ©cessaire pour mener les travaux de mise en sĂ©curitĂ© des
locaux de la Sorbonne. Or, les nouveaux silos ne seront disponibles quâen 2013, et les trois
prochaines annĂ©es â au cours desquelles les magasins de certaines bibliothĂšques parisiennes
atteindront aussi un Ă©tat de saturation complĂšte â vont ĂȘtre trĂšs difficiles.
Il y a donc ici, plus que dans le rapport intermĂ©diaire, un message dâalerte : la situation, dĂ©jĂ difficile,
risque fort de sâaggraver dans les prochaines annĂ©es.
A.3.6. Les principales évolutions du chapitre 6 concernent le « Projet Poliveau » pour Paris 3 et le
Muséum, et le projet de convention proposé à Paris 6. Mis à part le sujet concernant le site de Saint
Vincent de Paul, sur lequel le risque sâest accru de ne pas pouvoir concilier les propositions du rapport
avec les projets de la Ville de Paris, il nây a pas eu dâavancement significatif sur les autres projets
immobiliers : ni sur la CIUP qui nĂ©cessite un accord entre lâĂtat et la Ville, ni sur Lourcine ou les locaux
dâAgro ParisTech qui sont dâabord des sujets interministĂ©riels. Sur tous ces projets, je maintiens dans le
rapport final les mĂȘmes propositions que dans le rapport intermĂ©diaire.
A.3.7. Les recommandations du chapitre 6 ont été un des principaux sujets évoqués dans les réunions de
concertation.
De trĂšs nombreux interlocuteurs mâont dit leur accord sur les remarques et les recommandations des
sections 6.1 et 6.2 concernant la coordination et le pilotage nécessaires pour conduire les évolutions de
lâES&R francilien dans les prochaines annĂ©es. Seuls trois prĂ©sidents dâuniversitĂ©s ont exprimĂ© leur
dĂ©saccord sur le projet de crĂ©er un comitĂ© dâorientation stratĂ©gique avec les collectivitĂ©s territoriales et un
comitĂ© de coordination des PRES et des universitĂ©s dâIle-de-France.
Plusieurs personnes mâont suggĂ©rĂ© dâaller plus loin dans les recommandations de rĂ©forme de lâĂ©chelon
dĂ©concentrĂ© du MESR en Ile-de-France, en proposant la mise en place dâun « chancelier des universitĂ©s
dâIle-de-France ». Il sâagirait de conserver les trois acadĂ©mies actuelles pour lâenseignement scolaire
mais, en quelque sorte, de rĂ©unir tout lâenseignement supĂ©rieur francilien en une seule acadĂ©mie, en
dissociant les fonctions de recteur (pour le scolaire, par acadĂ©mie) et de chancelier (pour lâES&R, Ă
lâĂ©chelle de toute lâIle-de-France). Cette rĂ©flexion est intĂ©ressante mais jâai considĂ©rĂ© quâune telle rĂ©forme
soulĂšve inĂ©vitablement des questions qui dĂ©bordent de lâIle-de-France, et dĂ©passe le cadre de ma mission.
79
Je nâai entendu au sein de la communautĂ© universitaire aucune critique sur la proposition de mettre en
place auprĂšs des trois recteurs franciliens un « vice-chancelier des universitĂ©s dâIle-de-France » et sur la
recommandation de lui confier la direction dâun service inter-acadĂ©mique chargĂ© de la coordination des
Ă©tablissements, de lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante et de la modernisation des bibliothĂšques. Des
attentes positives se sont mĂȘme exprimĂ©es avec force :
les prĂ©sidents des universitĂ©s situĂ©es en pĂ©riphĂ©rie sont trĂšs demandeurs que lâĂtat se donne une
meilleure capacitĂ© de construire avec les acteurs une vision globale de lâES&R francilien ;
les organisations syndicales étudiantes souhaitent que soit engagé un travail de fond sur la carte des
formations proposĂ©es en Ile-de-France, et soulignent la nĂ©cessitĂ© dâune coordination inter-acadĂ©mique
en matiĂšre de vie Ă©tudiante ;
les directeurs de bibliothĂšques sont nombreux aussi Ă souhaiter lâaccompagnement dâun service inter-
académique pour coordonner les réflexions et concrétiser les projets concernant la modernisation du
dispositif documentaire.
La section 6.2 comprend aussi un ajout important concernant la question du redĂ©ploiement dâemplois
entre les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur.
Les recommandations de la section 6.3 concernant la mise en Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre
ont aussi Ă©tĂ© souvent commentĂ©es. La dĂ©marche de prĂ©paration par chaque Ă©tablissement dâun schĂ©ma
directeur immobilier nâa fait lâobjet dâaucune critique. Il nâen va pas de mĂȘme du projet de crĂ©ation de
lâĂpaurif, avec lequel trois prĂ©sidents dâuniversitĂ©s ont exprimĂ© leur dĂ©saccord. Leurs critiques se
résument principalement en trois points :
une demande que les universitĂ©s se voient confier la maĂźtrise dâouvrage des opĂ©rations de
construction ou de réhabilitation de leurs bùtiments ;
un refus que lâĂpaurif ait la responsabilitĂ© de valider le schĂ©ma directeur immobilier des
Ă©tablissements â au motif que cette responsabilitĂ© doit revenir au MESR ;
et un refus de voir confier aux recteurs franciliens un rĂŽle fort dans la gouvernance de lâĂpaurif.
Le rapport final tient compte de ces trois critiques. Sur les deux premiers points, la rédaction du rapport
intermĂ©diaire demandait Ă ĂȘtre prĂ©cisĂ©e ; sur le troisiĂšme point, je propose une alternative pour la
gouvernance de lâĂpaurif.
De nombreux autres interlocuteurs, au sein de la communauté universitaire, approuvent le projet de créer
cet Ă©tablissement public dâamĂ©nagement universitaire. Jâai souvent entendu le souhait que cet
Ă©tablissement inclue lâEPCJ, pour Ă©viter de crĂ©er un Ă©tablissement supplĂ©mentaire, et jâai retenu lâidĂ©e de
constituer un « conseil consultatif » avec des représentants des établissements utilisateurs des bùtiments
construits ou rĂ©habilitĂ©s par lâĂpaurif.
A.3.8. LâAnnexe du rapport concernant la Sorbonne (Annexe 11 dans cette version finale) a aussi retenu
lâattention de nombreux lecteurs.
Sur lâutilisation du nom « Sorbonne », beaucoup dâinterlocuteurs conviennent que la situation actuelle
nâest pas tenable. AprĂšs la publication dans cette Annexe de la longue liste des marques incluant le nom
« Sorbonne » et les positions fermes prises par lâĂtat et la Ville de Paris pour refuser quâun PRES prenne
le nom « La Sorbonne » et demander aux établissements de se concerter à ce sujet, je considÚre que le
moment est venu pour ouvrir, avec les Ă©tablissements et en lien avec la Ville de Paris, le travail de
« remise Ă plat » de lâutilisation du nom « Sorbonne » par les Ă©tablissements dâES&R parisiens. Ici
aussi, on ne retrouvera pas de sitÎt une nouvelle occasion si nous ne saisissons pas celle qui se présente
aujourdâhui.
Le sujet de lâoccupation du bĂątiment Sorbonne est encore plus difficile. Seules certitudes : la situation
actuelle ne satisfait personne, et elle est particuliÚrement difficile pour les étudiants. Une majorité des
acteurs continuent de se prononcer en faveur du statu quo, mais un nombre croissant dâinterlocuteurs
mâont confiĂ© leur conviction quâil faut ouvrir ce « chantier » et bĂątir une alternative.
80
81
ANNEXE 4
QUELQUES GRANDS PĂLES UNIVERSITAIRES ĂTRANGERS
A.4.1. DĂ©crivons briĂšvement quatre grands pĂŽles :
1.
LâUniversitĂ© de Cambridge au Royaume Uni est trĂšs rĂ©guliĂšrement classĂ©e comme la premiĂšre
université européenne, et elle est 4
Ăšme
au classement de Shanghai 2008. Elle compte 17 500 Ă©tudiants,
dont 4 800 doctorants. Elle se prĂ©sente elle-mĂȘme comme une universitĂ© confĂ©dĂ©rale, rĂ©unissant plus de
150 composantes dont une trentaine de Colleges qui sont des lieux de vie et dâĂ©tudes, dotĂ©s dâune grande
autonomie sur le plan pĂ©dagogique et bĂ©nĂ©ficiant dâun fort sentiment dâappartenance des Ă©tudiants au
College. La structure centrale de lâUniversitĂ© est trĂšs lĂ©gĂšre, avec toutefois une unique structure centrale
de valorisation. Certains Colleges sont mondialement connus â Kingâs College, Exeter College, etc. â
mais ils se prĂ©sentent toujours sous la « banniĂšre commune » de lâUniversitĂ© de Cambridge.
2.
Le MIT â Massachusetts Institute of Technology â aux Ătats-Unis, 5
Ăšme
au classement de
Shanghai 2008, compte 10 200 Ă©tudiants dont 4 500 doctorants. Câest une confĂ©dĂ©ration de cinq
« écoles » : School of architecture and planning, School of engineering, School of humanities, arts and
social sciences, Sloan School of management, School of science. Les cinq « écoles » ont une grande
autonomie avec toutefois, ici, une administration centrale importante, chargĂ©e dâassurer la collaboration
entre les Ă©coles et la cohĂ©rence dâensemble. Notons quâune Ă©cole comme la Sloan School of management
a une identité forte et se présente toujours en intégrant la banniÚre commune et sa propre marque,
connue mondialement, sous la forme « MIT - Sloan School of management », bénéficiant ainsi de toute la
notoriété du MIT.
3.
LâUniversitĂ© de Londres (University of London) compte 90 000 Ă©tudiants. Câest une
confédération souple de 19 « Colleges » qui sont des entités autonomes, pluridisciplinaires (comme
University College of London, ou encore Imperial College jusquâen 2007) ou spĂ©cialisĂ©s (comme London
School of economics, London business school ou School of Oriental and African Studies). Elle a aussi des
services administratifs centraux importants (1 300 personnes) et quatre entités académiques centrales,
notamment des laboratoires de recherche et toute lâactivitĂ© de formation Ă distance qui compte 41 000
étudiants. La structure centrale est chargée de veiller à la qualité des diplÎmes et des recrutements, de
valider les créations de nouveaux programmes de formation, de promouvoir la coopération entre les
Colleges, et de fournir un certain nombre de services aux Colleges et Ă leurs personnels et Ă©tudiants. Les
Colleges dĂ©finissent et mettent en Ćuvre les programmes de formation et de recherche ; ils dĂ©livrent des
diplĂŽmes de lâUniversitĂ© de Londres â et des diplĂŽmes propres sous le contrĂŽle de la structure centrale.
Certains Colleges se présentent sous « double banniÚre » (par exemple « Queen Mary - University of
London ») et dâautres sous leur seul nom (comme University College of London ou London School of
economics). Ils signent tous leurs publications scientifiques sous leur propre timbre si bien que chaque
College est classĂ© sĂ©parĂ©ment dans les classements internationaux â Ă bonne distance de Cambridge ou
Oxford â et que University of London nâest pas classĂ©e. Le bĂ©nĂ©fice en termes de lisibilitĂ©, visibilitĂ© et
attractivité est trÚs inférieur à celui de Cambridge ou du MIT.
4.
LâUniversitĂ© de Californie (University of California) est le nom du systĂšme public dâuniversitĂ©s
de recherche de lâĂtat de Californie, qui compte 220 000 Ă©tudiants dont environ 20 000 doctorants. Le
systÚme réunit 10 « Campus » (UC Berkeley, UCLA, UC San Diego, etc.), et gÚre aussi trois laboratoires
nationaux en partenariat avec le Department of Energy. Chaque « Campus » a une bonne autonomie pour
la recherche et pour la mise en Ćuvre des programmes de formation, mais la structure centrale a des
pouvoirs trĂšs importants en matiĂšre de dĂ©finition et de supervision des programmes, dâorganisation,
dâĂ©valuation et de contrĂŽle, en matiĂšre de budget, dâimmobilier, de valorisation, etc. Le systĂšme est donc,
pour lâessentiel, une fĂ©dĂ©ration dâentitĂ©s homogĂšnes avec structure centrale forte. Les diplĂŽmes
dĂ©livrĂ©s aux Ă©tudiants sont cosignĂ©s par lâentitĂ© pĂ©dagogique (School ou College), par le « Campus » local
et par la structure centrale. Chacun des dix « Campus » bénéficie de la notoriété de la banniÚre commune
« UC » intégrée dans son nom, mais apparaßt séparément dans les classements internationaux.
82
A.4.2. De ce rapide aperçu on peut tirer les enseignements suivants :
Il nây a pas de modĂšle unique dâorganisation, ni de modĂšle « prĂ©fĂ©rĂ© » qui serait utilisĂ© par une
majorité des meilleurs établissements mondiaux. Partout, les composantes sont autonomes pour
proposer les contenus des formations et des programmes de recherche, mais des choix variés sont
possibles pour fixer lâĂ©quilibre entre les compĂ©tences « centrales » et celles qui sont
« dĂ©centralisĂ©es ». ArrĂȘter ces choix est donc un des principaux sujets de la rĂ©flexion Ă mener en
matiĂšre dâorganisation dâune universitĂ© ou de constitution dâun PRES. On confie bien souvent au
niveau central des missions concernant la stratégie, le développement des coopérations entre les
composantes, la qualité voire le choix des formations et la délivrance des diplÎmes, et la mise en
commun de services au bĂ©nĂ©fice de lâensemble des composantes.
La description qui prĂ©cĂšde montre tout lâintĂ©rĂȘt du modĂšle dâuniversitĂ© confĂ©dĂ©rale comme
Cambridge ou le MIT. Elle montre notamment lâimpact de la « banniĂšre commune » dâune
confĂ©dĂ©ration en matiĂšre de visibilitĂ© et dâidentitĂ© commune, et lâintĂ©rĂȘt dâune « marque » Ă deux
niveaux associant le nom de la composante et celui du groupement : la Sloan School of management a
son identité propre, elle est mondialement connue, mais elle se présente toujours comme « MIT -
Sloan School of management » â et elle y gagne en notoriĂ©tĂ©, bien sĂ»r. Dans certains cas, si on
regarde de prĂšs un pĂŽle universitaire Ă©tranger, on peut avoir le sentiment que se juxtaposent, presque
autant que chez nous, un grand nombre de « villages gaulois »⊠qui ont cependant su, mieux que
chez nous, se donner un certain nombre de rĂšgles dâorganisation communes, respecter ces rĂšgles, et se
donner une identité commune plutÎt que de garder chacun la banniÚre de son village !
Pour la constitution des PRES français, et notamment parisiens, les exemples de Londres ou de la
Californie sont des « modÚles » beaucoup moins intéressants que Cambridge ou le MIT. La
confédération trÚs souple de University of London, qui réunit un nombre trÚs élevé de composantes
sans banniĂšre commune, nâapporte pas de gains importants en matiĂšre de lisibilitĂ© du dispositif, ni en
matiĂšre dâattractivitĂ© et de position dans les classements internationaux. Par ailleurs, le systĂšme
Ă©tatique de lâUniversitĂ© de Californie fonctionne dans un contexte trĂšs diffĂ©rent et sâĂ©carte beaucoup,
par sa taille et par sa lourde structure centrale, dâun « modĂšle » dâuniversitĂ© confĂ©dĂ©rale intĂ©ressant
pour la réflexion sur les PRES parisiens.
Last but not least, il faut aussi souligner lâimportance de lâidentitĂ© territoriale des Ă©tablissements et
des pĂŽles universitaires. Le cas de Londres est Ă part car les spĂ©cificitĂ©s liĂ©es aux contraintes dâune
grande agglomération urbaine y contribuent, comme à Paris, à des difficultés en matiÚre de
structuration territoriale. Mais Cambridge, le MIT et chacun des « Campus » du systÚme UC
bĂ©nĂ©ficient dâune unitĂ© gĂ©ographique qui est un Ă©lĂ©ment fort de leur identitĂ© et contribue Ă leur
attractivité.
Je ferais ici une restitution trÚs biaisée de ce benchmark si je ne mentionnais pas que toutes les grandes
universitĂ©s les mieux classĂ©es dans les classements internationaux â bien au-delĂ des quatre Ă©voquĂ©es ci-
dessus â disposent de moyens financiers trĂšs supĂ©rieurs Ă ceux des universitĂ©s françaises
77
. Certaines
analyses montrent mĂȘme quâil y a une trĂšs forte corrĂ©lation entre le niveau des moyens financiers des
universitĂ©s et leurs places dans les classements internationaux. On peut trouver ceci malheureux â tout
autant que pour la Ligue des champions de football â mais câest une rĂ©alitĂ©, probablement tĂȘtue.
77
Câest mĂȘme vrai pour les Ă©tablissements les plus petits en taille parmi les meilleures universitĂ©s mondiales.
Caltech, qui nâa que 2000 Ă©tudiants, a un budget de 580 M$ (et 2,3 Md$ avec le laboratoire JPL de la NASA auquel
elle est adossĂ©e), alors que le budget de lâUniversitĂ© Paris 6 est de 420 M⏠!
83
ANNEXE 5
QUELQUES INFORMATIONS ET RĂFLEXIONS SUR LES PRES
Cette Annexe regroupe plusieurs analyses concernant les PRES : une rapide analyse de la situation des
PRES de province et dâIle-de-France, puis les Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse que je souhaite apporter Ă plusieurs
questions souvent posées à propos des PRES en cours de constitution à Paris.
A.5.1. Commençons par ce qui peut ĂȘtre retenu dâun rapide tour de France des PRES :
La quasi-totalitĂ© des PRES crĂ©Ă©s depuis 2007 se sont concrĂ©tisĂ©s par la crĂ©ation dâun Ă©tablissement
public de coopération scientifique (EPCS) fondé par les établissements membres du PÎle. Mais ce
statut juridique commun ne doit pas cacher la diversité des situations : la formule est souple, et les
PRES existants offrent une grande variĂ©tĂ© pour ce qui est du nombre dâĂ©tablissements membres et
surtout pour ce qui concerne le choix des actions communes et des missions confiĂ©es Ă lâEPCS.
Un grand nombre de ces PRES regroupent des établissements de statuts différents, notamment des
universitĂ©s et des grandes Ă©coles. Un certain nombre dâexemples, dont le PRES UniversitĂ© Paris-Est
aux portes de la capitale, montrent que le PRES est bien adapté pour construire une forme
dâuniversitĂ© confĂ©dĂ©rale regroupant des entitĂ©s autonomes qui peuvent avoir des statuts, des
histoires et des cultures différents, et qui construisent ensemble une forme de « communauté de
destin ». De tels PRES ne sont en aucune façon « pré-fusionnels » : les écoles et les universités du
PRES Paris-Est ne fusionneront pas plus les unes avec les autres que les Ă©coles du MIT ou les
Colleges de Cambridge
78
.
La formule des PRES permet de donner une identité commune aux établissements membres. Dans
plusieurs PRES, les deux actions phares qui contribuent à cette identité commune sont la délivrance
du doctorat et la signature des publications scientifiques de tous les Ă©tablissements sous le timbre du
PRES : UniversitĂ© Paris-Est, UniversitĂ© de Bordeaux, etc. Câest alors lâensemble du PĂŽle qui apparaĂźt
dans les classements internationaux, et non chaque Ă©tablissement sĂ©parĂ©ment. Une autre façon â qui
peut ĂȘtre complĂ©mentaire â de crĂ©er un « affectio societatis » commun est dâutiliser le nom du PRES
comme « banniĂšre commune » en lâincluant dans les « noms de marque » des Ă©tablissements : câest ce
que font les écoles de ParisTech (« Télécom ParisTech », « Chimie ParisTech », etc.).
Outre les actions qui portent sur lâidentitĂ© commune, avec un impact potentiel fort en matiĂšre de
visibilitĂ© et dâattractivitĂ©, et sur la coordination ou la mise en commun des Ă©coles doctorales, les
actions importantes des PRES portent sur plusieurs registres :
-
la politique de site et les relations avec les partenaires institutionnels (organismes, collectivités
territoriales), voire la stratĂ©gie â certains PRES ont commencĂ© Ă fixer des prioritĂ©s partagĂ©es en
matiĂšre de politique scientifique ;
-
la formation et la recherche, en allant dans plusieurs cas jusquâĂ une restructuration en commun
de la carte des formations proposées au sein du PÎle ou une restructuration commune des
recherches du PĂŽle, et en ouvrant de nouvelles formations ou de nouvelles recherches inter-
Ă©tablissements, souvent interdisciplinaires ;
-
la valorisation de la recherche, avec plusieurs exemples de mise en commun du dispositif de
valorisation au niveau du PRES ;
-
les relations internationales, avec les activitĂ©s liĂ©es Ă la politique dâaccueil dâĂ©tudiants europĂ©ens
et Ă©trangers, les accords de relations internationales, la promotion internationale du PĂŽle, le
soutien à la participation aux contrats européens, etc. ;
-
et enfin la mutualisation de services support, dans des domaines variés : services aux étudiants et
aux personnels, soutien Ă lâinsertion professionnelle des Ă©tudiants, mutualisation dâinfrastructures
et dâĂ©quipements, moyens informatiques et systĂšmes dâinformation, gestion immobiliĂšre.
LâidentitĂ© territoriale du PRES est importante. La proximitĂ© gĂ©ographique des Ă©tablissements, la
facilitĂ© des rencontres entre Ă©tudiants et enseignants, le sentiment dâĂȘtre des acteurs dâun mĂȘme
territoire sont des ferments essentiels pour lancer et surtout pour approfondir la dynamique dâun
PRES. En Ile-de-France, les PRES Université Paris-Est et UniverSud me semblent apporter deux
illustrations convaincantes â mais opposĂ©es â de lâimportance de ce facteur.
78
La premiĂšre fusion dâuniversitĂ©s qui a eu lieu en France, Ă Strasbourg, a dâailleurs Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sans PRES. Plus
rĂ©cemment, les universitĂ©s dâAix-Marseille ont fusionnĂ© aprĂšs avoir fait un PRES.
84
A.5.2. Il est utile de clarifier quelques idées de base concernant les PRES et les évolutions récentes des
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur â et de dissiper quelques malentendus :
PĂŽles dâexcellence
Certains de mes interlocuteurs ont soulignĂ© que la recherche se nourrit dâabord des rĂ©seaux de
coopérations scientifiques auxquels participent les laboratoires, et que, de ce fait, la démarche de
constitution des PRES est inadaptĂ©e. Câest pourquoi je crois utile dâinsister sur la grande importance
de constituer des pĂŽles dâexcellence visibles Ă lâĂ©chelle europĂ©enne et mondiale. La recherche a
besoin des deux : les pĂŽles et les rĂ©seaux. Mais les masses attirent. Pourquoi lâUniversitĂ© de
Cambridge est-elle attractive ? Câest dâabord parce quâelle est un pĂŽle rĂ©unissant une masse critique
trĂšs visible de chercheurs de haut niveau, visible Ă lâĂ©chelle mondiale, et non parce que les Ă©quipes de
Cambridge sont actives dans de nombreux réseaux de coopérations scientifiques.
PRES et LRU
Jâai aussi plusieurs fois entendu dire que les PRES et la loi LRU procĂšdent de deux logiques
antinomiques. Certes, il y a bien eu une inflexion de la politique gouvernementale entre la loi qui
instituait les PRES et la loi sur lâautonomie des universitĂ©s ; mais inflexion ne signifie pas
incompatibilitĂ©. Je crois au contraire quâil ne peut y avoir dâalliances fortes et pĂ©rennes â comme
doivent lâĂȘtre les alliances au sein des PRES â quâentre Ă©tablissements autonomes, câest-Ă -dire
capables dâĂ©laborer et de mettre en Ćuvre une vĂ©ritable stratĂ©gie dâĂ©tablissement et de choisir « en
pleine autonomie » de sâunir Ă dâautres Ă©tablissements en mettant en commun des compĂ©tences et des
activités.
PRES, EPCS et LRU
Jâai souvent entendu exprimer la crainte que la crĂ©ation dâun PRES sous la forme dâun EPCS ne
vienne rĂ©duire lâautonomie des Ă©tablissements membres, qui pourraient se voir imposer des
orientations dĂ©cidĂ©es par lâEPCS et non dĂ©battues dans leurs instances dĂ©libĂ©ratives propres.
Or le montage juridique dâun PRES et la loi LRU elle-mĂȘme « protĂšgent » les Ă©tablissements : la
crĂ©ation dâun EPCS ne rĂ©duit en rien leur autonomie, inscrite dans la loi. Un EPCS est
essentiellement une « filiale » crĂ©Ă©e par les Ă©tablissements â on pourrait dire quâil sâagit dâune
« filiale de mutualisation » Ă laquelle ils confient la mission de mener un certain nombre dâactivitĂ©s
communes. Au plan juridique, un EPCS nâest pas une « holding » qui serait placĂ©e « au-dessus »
des Ă©tablissements et serait en situation de leur imposer des rĂšgles, des normes ou des choix
dâorientation dont ils ne voudraient pas. Si â pour prendre un exemple concret â les Ă©tablissements
confient Ă lâEPCS la mission dâĂ©laborer une charte commune, cette charte ne sâappliquera au sein
dâun Ă©tablissement que si elle est approuvĂ©e par ses instances dĂ©libĂ©ratives.
Il faut dâailleurs reconnaĂźtre que cette crainte prend appui sur une ambigĂŒitĂ© prĂ©sente dans le discours
que nous tenons sur les PRES. Nous utilisons le mĂȘme nom â par exemple, UniversitĂ© de Bordeaux â
pour dĂ©signer lâensemble du pĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur et pour dĂ©signer lâEPCS,
la « filiale commune » des établissements. Et les établissements confient à cette « filiale» certaines
missions qui, dans le monde des entreprises, sont plutĂŽt placĂ©es au niveau dâune « holding » â comme
la promotion internationale du PĂŽle. De fait, dans les PRES les plus dynamiques, lâEPCS est Ă la fois
la structure porteuse des activités communes qui lui sont confiées par les établissements membres et
le lieu de la coordination de leurs politiques dâĂ©tablissement.
Cela Ă©tant, les choses sont claires au plan juridique : la crĂ©ation dâun EPCS ne rĂ©duit pas lâautonomie
de ses Ă©tablissements fondateurs. La loi et les statuts des EPCS laissent dâailleurs aux Ă©tablissements
la responsabilitĂ© de lâarticulation entre leurs instances dĂ©libĂ©ratives et celles de lâEPCS. Je trouverais
normal, pour ma part, que le conseil dâadministration dâune universitĂ© prenne connaissance chaque
annĂ©e du rapport dâactivitĂ© annuel de lâEPCS et de son programme dâaction pour lâannĂ©e Ă venir, et
quâil soit consultĂ© sur toute Ă©volution significative des activitĂ©s confiĂ©es Ă lâEPCS mĂȘme si elle ne se
traduit pas par une modification de ses statuts.
PRES et Campus
Ce nâest pas une devinette, câest une question sĂ©rieuse que lâon mâa souvent posĂ©e : « quelle est la
différence entre un PRES et un Campus ? ». Il a pu y avoir en effet une certaine confusion sur ce
point pour les Ă©tablissements franciliens, puisque les sites retenus en Ile-de-France dans le cadre de
lâOpĂ©ration Campus nâobĂ©issent pas Ă la mĂȘme logique :
85
-
Condorcet sera un site scientifique, un campus au sens usuel du mot, oĂč seront prĂ©sents plusieurs
Ă©tablissements â parfois en entier, parfois en partieâ avec une animation scientifique commune,
des Ă©quipes et Ă©quipements communs, mais sans aucun projet de former tous ensemble un PRES.
-
Paris a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e comme un des dix sites de lâOpĂ©ration Campus, ce qui signifie que le
gouvernement compte financer des investissements immobiliers de grande ampleur pour les
universitĂ©s parisiennes. Mais lâĂtat a aussi annoncĂ© que ces investissements seraient choisis au vu
dâun schĂ©ma dâensemble â câest lâobjet de ma mission â et dâautre part que les moyens importants
quâil compte apporter pour lâimmobilier universitaire seront liĂ©s Ă la rĂ©alisation dâavancĂ©es trĂšs
significatives en matiĂšre de structuration du dispositif dâenseignement supĂ©rieur via la
constitution de PRES. En dâautres termes, mon travail nâĂ©tait pas de mettre en concurrence tels et
tels sites parisiens pour que lâun dâeux â et un seul â soit le troisiĂšme « Campus » francilien aprĂšs
Condorcet et Saclay. Mon rĂŽle Ă©tait dâaider les Ă©tablissements Ă construire des PRES qui soient
structurants pour le dispositif dâES&R parisien et francilien â en dâautres termes : qui soient de
« belles universitĂ©s confĂ©dĂ©rales » â puis de dĂ©gager la vision des investissements immobiliers
prioritaires qui soutiendront cette structuration et la constitution de ces groupements.
-
Le projet de Saclay, comme Condorcet, sâinscrit dâabord dans une logique territoriale. Cela Ă©tant,
plusieurs acteurs de ce projet appartiennent Ă UniverSud ou Ă ParisTech â deux PRES dont les
contours dĂ©bordent largement du plateau de Saclay â et dâautres Ă aucun PRES. JâĂ©cris dans la
section 2.4 ma conviction que lâon ne peut pas faire lâĂ©conomie dâouvrir, dĂšs maintenant, la
rĂ©flexion sur la structuration â ou la restructuration â en PRES du dispositif dâES&R du sud de
lâIle-de-France.
Les deux dimensions sont donc importantes : la structuration gĂ©ographique de lâespace francilien autour
de quelques sites â les campus â oĂč se concentrent une grande partie des activitĂ©s dâES&R, et la
structuration « stratĂ©gique » et institutionnelle en PRES â ou en « universitĂ©s confĂ©dĂ©rales », pour utiliser
des mots mieux compris dans le monde entier. Ces deux dimensions ont parfois été confondues,
notamment parce que la logique de lâOpĂ©ration Campus, sur certains sites dont Paris, a consistĂ© Ă utiliser
le levier des financements immobiliers pour pousser les Ă©tablissements Ă travailler sur la structuration en
PRES. Mais elles nâen sont pas moins distinctes. Comme le montre lâexemple de Paris 1, un
Ă©tablissement peut ĂȘtre Ă la fois partie prenante de la construction dâun nouveau site â oĂč elle ne sera
quâen partie â et pleinement engagĂ© dans la construction dâun PRES.
86
87
ANNEXE 6
LE PRES « UNIVERSITà PARIS CITà »
Voici le texte la convention constitutive du PRES Université Paris Cité, qui a été approuvée par le conseil
dâadministration de chacun des huit Ă©tablissements, et signĂ©e le 9 fĂ©vrier 2010.
Entre les signataires :
UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle â Paris 3,
représentée par sa présidente, Mme Marie-Christine LEMARDELEY
UniversitĂ© Paris Descartes â Paris 5,
représentée par son président, M. Axel KAHN
UniversitĂ© Paris Diderot â Paris 7,
représentée par son président, M. Vincent BERGER
Sciences Po,
reprĂ©sentĂ© par le directeur de lâInstitut dâEtudes Politiques de Paris, administrateur de la Fondation
Nationale des Sciences Politiques, M. Richard DESCOINGS
Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO),
représenté par son président, M. Jacques LEGRAND
Ăcole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique (EHESP)-Rennes,
représentée par son directeur, M. Antoine FLAHAULT
Institut de Physique du Globe,
représenté par son directeur, M. Vincent COURTILLOT
UniversitĂ© Paris 13 â Paris Nord,
représentée par son président, M. Jean-Loup SALZMANN
Vu :
Les dĂ©libĂ©rations de leurs conseils dâadministration respectifs.
Il est convenu ce qui suit :
La prĂ©sente convention a pour objet de formaliser lâengagement des Ă©tablissements signataires Ă
constituer, sous lâappellation UniversitĂ© Paris CitĂ©, un pĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur au
sens de la loi de programme pour la recherche du 18 avril 2006, et dâen dĂ©finir le contenu, au sens de
lâarticle L. 344-1 du code de la recherche.
Les objectifs, les principes dâactions, et le programme dâactions communes du PĂŽle, approuvĂ©s par
chacun des établissements, sont présentés ci-dessous :
1.
Les grands objectifs
2.
Une stratégie partagée
3.
Identité commune
4.
Projets pédagogiques et scientifiques communs
5.
Coordination des formations doctorales
6.
Appels dâoffre communs, recherche commune de la qualitĂ©
7.
Relations européennes et internationales
8.
Mutualisation des services et dâactivitĂ©s
9.
Gouvernance
88
A.6.1. Les grands objectifs
Construire Ă Paris un PĂŽle universitaire dâenvergure mondiale articulĂ© autour de trois universitĂ©s et
de quatre Grands Etablissements :
-
UniversitĂ© Sorbonne Nouvelle â Paris 3,
-
UniversitĂ© Paris Descartes â Paris 5,
-
UniversitĂ© Paris Diderot â Paris 7,
-
Sciences Po,
-
Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO),
-
Ăcole des Hautes Etudes en SantĂ© Publique (EHESP)-Rennes.
-
Institut de Physique du Globe de Paris,
et en association avec une université située en périphérie immédiate de la capitale :
-
UniversitĂ© Paris 13 â Paris Nord.
Concrétiser le rapprochement Universités/ Grands Etablissements et Grandes Ecoles au sein de
projets transversaux et structurants.
Mettre en Ćuvre un projet intellectuel commun adossĂ© Ă la recherche et Ă la formation dans des
champs disciplinaires multiples et complémentaires.
Mettre en évidence une identité territoriale du PÎle universitaire organisée autour de deux campus :
Luxembourg/Saint-Germain/Sorbonne/Cité/Cuvier et Paris Rive Gauche/Grands Moulins/Ivry.
Etablir un lien fort avec une universitĂ© extra muros du nord de lâagglomĂ©ration parisienne Ă laquelle
les établissements fondateurs sont reliés, en particulier par la succession Sud-Nord de leurs
implantations hospitalo-universitaires.
Intégrer la dimension « vie étudiante » dans toutes ses composantes : logement, restauration,
activités sportives, santé, vie associative, activités festives et culturelles.
Faire bĂ©nĂ©ficier les Ă©tudiants de lâattractivitĂ© dâun PRES parisien lisible et pensĂ© comme un lieu de
civilisation ouvert sur la cité.
Constituer un centre de rayonnement intellectuel et culturel Ă Paris et en Ile-de-France, promouvoir
les valeurs académiques de la connaissance, du débat pluraliste argumenté et de la promotion de
toutes les formes de diversité.
Accroßtre la visibilité internationale du PRES et des établissements membres par une promotion
commune du PRES et de ses événements.
Renforcer lâefficacitĂ© des actions de support Ă la formation et Ă la recherche par la mise en commun
dâactivitĂ©s et de services.
Doter le PRES dâune gouvernance efficace en le constituant sous la forme dâun Ă©tablissement public
de coopération scientifique (EPCS).
A.6.2. Une stratégie partagée
Actions coordonnées en matiÚre de rayonnement intellectuel et culturel, de défense et de promotion
de la diversité.
RĂ©flexion commune sur lâĂ©volution de lâenvironnement rĂ©gional, national, europĂ©en et international
et sur lâĂ©volution du dispositif de formation et de recherche des Ă©tablissements membres.
Elaboration coordonnĂ©e des projets dâĂ©tablissement et des contrats quadriennaux des
Ă©tablissements membres â et synchronisation de ces contrats
Elaboration et mise en Ćuvre dâun plan stratĂ©gique conduisant Ă lâadoption dâun projet
quadriennal de lâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ©.
Coordination des relations contractuelles avec les partenaires institutionnels : collectivités locales,
organismes de recherche, AP-HP.
A.6.3. Identité commune
Adoption par les membres fondateurs dâun systĂšme commun dâappellations (incluant logo et charte
graphique commune), dĂ©clinĂ© dans lâensemble des actions de communication des Ă©tablissements, sous
la forme : « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Sorbonne Nouvelle » ; « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Descartes » ;
« UniversitĂ© Paris CitĂ© â Diderot » ; « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Sciences Po » ; « UniversitĂ© Paris CitĂ©
â EHESP Rennes » ; « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Inalco » ; « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Institut de Physique
du Globe ». Mise au point dâune politique de signature commune des publications scientifiques
dans le cadre du systĂšme commun dâappellations du PRES UniversitĂ© Paris CitĂ©.
89
Extension de ce systĂšme commun dâappellation et de cette politique de signature commune des
publications scientifiques Ă lâUniversitĂ© Paris 13 â Paris Nord, sous la forme : « UniversitĂ© Paris CitĂ©
â Nord ».
Promotion de lâimage de lâUniversitĂ© Paris CitĂ© et gestion de son identitĂ© : Elaboration dâune
politique de communication commune destinée à promouvoir le PRES et ses établissements
fondateurs et associés, et coordination des politiques de communication des membres.
CrĂ©ation dâun portail Ă©tudiant Ă©volutif donnant une vision unifiĂ©e et harmonisĂ©e des formations
proposées au sein du PRES.
Harmonisation entre des formations voisines ayant vocation Ă conduire progressivement Ă une
coopĂ©ration ou Ă une diffĂ©renciation accrues ; lâobjectif Ă terme est la mise en cohĂ©rence des offres
de formation proposées à Paris par les membres fondateurs, dans le souci de leur
complémentarité et de leur articulation.
Carte dâĂ©tudiant multiservices commune aux Ă©tudiants franciliens des Ă©tablissements membres.
A.6.4. Projets pédagogiques et scientifiques communs
Coordination des politiques de formation et de recherche des Ă©tablissements membres, notamment
dans les domaines suivants : biologie, médecine, pharmacie et odontologie ; santé publique ;
formations technologiques ; sciences humaines et sociales, droit et sciences politiques ; cultures,
langues et civilisations ; sciences de la terre et de lâunivers, environnement.
Au moment de la fondation du PRES, en 2009, une premiĂšre sĂ©rie de projets ont dââores et dĂ©jĂ Ă©tĂ©
identifiĂ©s. Cette liste nâest quâindicative et sera enrichie selon les travaux des conseils du PRES aprĂšs
sa création, sur proposition des établissements membres et de leurs équipes.
-
Biologie, mĂ©decine et mĂ©dicament : crĂ©ation dâun Institut universitaire mĂ©dicament-toxicologie-
chimie-environnement dont le siÚge sera localisé sur le site de la Faculté de Pharmacie (avenue de
lâObservatoire), dĂ©veloppement de lâinterface chimie-biologie, et crĂ©ation dâun Campus
UniversitĂ© Paris CitĂ© dâHĂ©matologie centrĂ© sur le site Saint-Louis. Dâautres actions concertĂ©es en
cours de constitution, prenant en compte les collaborations existant déjà entre les différentes
composantes du PRES, devraient favoriser une politique commune de recherche en matiĂšre de
santĂ© sur des thĂšmes qui couvrent le squelette, lâinfectiologie (avec la crĂ©ation dâun GIS maladies
infectieuses), lâimagerie mĂ©dicale, lâinflammation, la pathologie cardio-vasculaire, les mĂ©thodes
en recherche clinique.
-
Chimie aux interfaces : un projet de fédération des chimistes de Paris Descartes et Paris Diderot
sera activement développé et étendu à des équipes de Paris 13 Nord. Seront concernés en
particulier la chimie pour le vivant et les nano-biosciences, la chimie environnementale,
lâinterface chimie-physique, etc.
-
Elaboration dâune politique coordonnĂ©e de formation des mĂ©decins, pharmaciens et
odontologistes, au niveau du L1 santé et au-delà . Aménagement des passerelles adaptées aux
étudiants du L1 santé non classés en rang utile. Développement conjoint de filiÚres
mastÚres/doctorats pour les étudiants en santé. Création de doubles cursus et mutualisation de
ceux déjà créés : études en santé/sciences ; management ; santé publique ; sciences juridiques,
humanitĂ© âŠ.
-
Recherche et enseignement intégrés en odontologie : les universités Paris Descartes et Paris
Diderot incluent les deux UFR dâodontologie â chirurgie dentaire dâIle-de-France. Ces UFR
collaborent dĂ©jĂ dans la mise en place du L1 santĂ© â spĂ©cialitĂ© odontologie â et dans
lâenseignement dâune spĂ©cialitĂ© de master. Elles approfondiront leur coopĂ©ration dans les
domaines de lâenseignement, de la coopĂ©ration europĂ©enne et internationale, et de la recherche ;
elles Ă©tudieront les perspectives dâun rapprochement physique. LâUniversitĂ© Paris 13 Nord
contribuera à cet effort par sa recherche sur les matériaux.
-
Santé et société : cursus innovant pour les étudiants en médecine grùce à un complément de
formation pluridisciplinaire apporté par les membres du PRES ; formations communes au niveau
Master axĂ©es sur les systĂšmes, lâĂ©conomie et les politiques de santĂ©, renforcement du pĂŽle « Droit
et santé ».
-
SantĂ© publique : projet original de crĂ©ation dâun centre de recherche et de formation dĂ©diĂ© Ă la
santé publique, à la médecine préventive et aux problématiques de santé intergénérationnelles.
Centre intĂ©grĂ© de santĂ© Ă©tudiante. Animation dâun rĂ©seau UniversitĂ© Paris CitĂ© de SantĂ© Publique.
90
-
Sciences de lâesprit : Les universitĂ©s Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13 nord reprĂ©sentent
collectivement un large Ă©ventail de recherches en psychologie, des approches cliniques aux
sciences cognitives. Des sĂ©minaires et enseignements communs dâorientation psychanalytique
existent dĂ©jĂ et un programme doctoral en sciences cognitives est Ă lâĂ©tude. Ces interactions
seront approfondies dans le but de proposer une offre intégrée Université Paris Cité de formation
et de recherche dans le domaine des sciences de lâesprit.
-
Sciences de lâUnivers : LâUniversitĂ© Paris Diderot et lâInstitut de Physique du Globe forment
lâun des premiers ensembles français et europĂ©en de recherches en sciences de la terre et de
lâunivers, et de lâenvironnement. Ils offrent en ces domaines une gamme exceptionnelle
dâactivitĂ©s dĂ©diĂ©es Ă lâobservation, la recherche et la formation. Le Campus spatial Paris Diderot
et le Centre UniversitĂ© Paris CitĂ© des Sciences de lâunivers seront moteurs dâune activitĂ©
pluridisciplinaire de formation, recherche et débats au sein du PRES.
-
Langues et civilisations : Projet porté par plusieurs établissements du PRES en étroite
coopération avec la BibliothÚque universitaire des langues et civilisations (BULAC) et les autres
centres documentaires dédiés. Des interfaces pluridisciplinaires, notamment avec les sciences
politiques ou la santĂ© publique, seront dĂ©veloppĂ©es en sâappuyant sur des orientations
disciplinaires structurantes, au premier chef historiques, en linguistique, littérature et sciences
sociales.
-
Sciences du langage, éducation et société : La plupart des établissements du PRES sont actifs
dans le domaine des sciences du langage. Le PRES Université Paris Cité structurera par
conséquent son offre de formation et de recherche autour de ce thÚme.
-
Arts, culture et communication : champ représenté par un ensemble de formations (pédagogie
et recherche) offertes par de nombreux Ă©tablissements du PRES. Plusieurs actions communes ont
dĂ©jĂ Ă©tĂ© engagĂ©es ; elles serviront de point dâappui Ă un projet pluridisciplinaire ambitieux autour
de la crĂ©ativitĂ© artistique, de lâĂ©motion esthĂ©tique et de la sociĂ©tĂ© de communication.
-
Lettres, philosophie, humanités : Le PRES Université Paris Cité est et sera un centre majeur de
formation et de travaux dans les domaines de la philosophie et des lettres, dans une perspective
rĂ©solument pluridisciplinaire : ouverture sur la santĂ©, le droit, lâĂ©thique, la science politique, les
langues, littĂ©ratures et civilisations, les arts et les sciences, notamment de lâunivers, des territoires
et de lâenvironnement.
-
Formation technologique : développement de la filiÚre technologique (IUT, licences
professionnelles, Ă©coles dâingĂ©nieur) avec projet de crĂ©ation dâune nouvelle Ecole Polytechnique
Universitaire Ă bac+5 « PolyTech Descartes Diderot » en cohĂ©rence avec lâĂ©cole dâingĂ©nieur
SupâGalilĂ©e de lâUniversitĂ© Paris 13 â Paris Nord.
-
Droit et sciences politiques : création de masters communs à Sciences Po et aux facultés de droit
du PRES, prĂ©paration aux concours de lâEcole nationale de la magistrature ainsi quâĂ lâexamen
dâentrĂ©e du Centre RĂ©gional de Formation et dâAptitude Ă la Profession dâAvocat (CRFPA).
-
Sociologie, sociologie dâenquĂȘte : pĂŽle scientifique coordonnĂ© et formations conjointes de niveau
master et doctorant au sein du PRES, avec exploitation de toutes les perspectives offertes par
lâinterdisciplinaritĂ© (avec la science politique, la santĂ©, etc.).
Les actions de recherche et de formation menées dans le cadre du PRES ne seront pas
exclusives de collaborations mises en place de longue date entre les partenaires du PRES et
des établissements extérieurs au PÎle par le biais, par exemple, de programmes de recherche
(projets ANR, fĂ©dĂ©rations de rechercheâŠ) ou au sein dâEcoles doctorales. Ces actions ne seront
pas non plus exclusives de projets de collaboration scientifique et pédagogique que les
Ă©tablissements membres jugeraient nĂ©cessaire de mettre en place Ă lâavenir.
-
Passerelles entre écoles et universités : mise en place de nouvelles classes préparatoires au sein
mĂȘme de lâuniversitĂ© â une innovation pĂ©dagogique majeure.
DĂ©veloppement de passerelles entre certains cursus de formations, dĂ©veloppement dâune politique
commune dâĂ©changes de crĂ©dits ECTS, et crĂ©ation de diplĂŽmes communs sous le label de lâEPCS
Université Paris Cité.
DĂ©veloppement concertĂ© de lâoffre de formation continue sâappuyant sur un catalogue commun de
lâoffre de formations et sur la mutualisation des stratĂ©gies partenariales auprĂšs des services publics et
des entreprises publiques ou privées.
91
A.6.5. Coordination des formations doctorales
Coordination des Ă©coles doctorales : crĂ©ation dâun collĂšge des Ă©coles doctorales du PĂŽle,
coopĂ©ration interdisciplinaire en matiĂšre de formation doctorale, poursuite de la politique dâĂ©coles
doctorales communes à plusieurs établissements membres du PRES, coopération en matiÚre
dâinsertion professionnelle des doctorants.
Formation conjointe des doctorants du PRES aux « missions doctorales annexes », Enseignement
Supérieur et autres.
Elaboration dâune charte de qualitĂ© commune aux formations doctorales des membres fondateurs et
de lâUniversitĂ© Paris 13 â Paris Nord, dont la mise en Ćuvre conduira Ă dĂ©livrer le titre de Docteur de
lâUniversitĂ© Paris CitĂ©.
A.6.6. Appels dâoffre communs, recherche commune de la qualitĂ©
Des projets de recherche communs sur des thématiques émergentes et transverses.
Un dispositif incitatif commun pour lancer des projets innovants et interdisciplinaires de qualité.
Un systÚme commun de recrutement de post-doctorants au meilleur niveau international, création de
chaires post-doctorales Université Paris Cité.
Création de « chaires senior Université Paris Cité ».
A.6.7. Relations européennes et internationales
Mise en commun des dispositifs dâaccueil des Ă©tudiants, enseignants et chercheurs Ă©trangers.
Promotion internationale du PRES et de ses activités de formation et de recherche, création de
filiÚres de formation européennes et internationales.
CrĂ©ation dâun centre de ressources commun aidant Ă la prĂ©paration et au suivi de contrats
europĂ©ens et dâaccords de coopĂ©ration internationale, et des actions de relations institutionnelles
auprÚs des organismes européens et internationaux.
Incitation et soutien à la mobilité internationale des étudiants, enseignants et chercheurs.
A.6.8. Actions mutualisées
CrĂ©ation dâun centre de travail et de documentation (learning center) en sciences politiques, sociales
et humaines au sens large du terme.
Coordination des dispositifs dâorientation active des lycĂ©ens et de suivi des Ă©tudiants, jusquâĂ leur
insertion professionnelle.
Actions communes pour faciliter la mobilité entrante et sortante des étudiants et des enseignants.
Mise en Ćuvre dâune politique de collaboration documentaire volontariste, programme de
numĂ©risation commun et dispositif commun de formation Ă la maĂźtrise de la recherche dâinformations
numériques.
Mise en Ćuvre dâune approche partagĂ©e en matiĂšre de valorisation de la recherche : dispositif de
valorisation et de transfert dans chaque grand domaine dâactivitĂ© et crĂ©ation dâune cellule UniversitĂ©
Paris Cité de valorisation pour regrouper les aspects communs aux grands domaines.
Constitution dâune cellule dĂ©diĂ©e Ă la formation Ă distance, destinĂ©e Ă faciliter le partage des bonnes
pratiques et la mise en commun des Ă©quipements informatiques, avec lâobjectif de fournir 100% des
documents pédagogiques numériques à 100% des étudiants.
Elaboration et mise en Ćuvre dâune stratĂ©gie concertĂ©e dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation
des Ă©tablissements avec lâobjectif, Ă terme, de convergence de ces systĂšmes.
Coordination de certaines fonctions supports : gestion des espaces mutualisĂ©s, politiques dâachat,
gestion immobiliĂšre et valorisation du patrimoine immobilier, dans le cadre dâune stratĂ©gie
immobiliÚre partagée.
Mutualisation des activités de médecine préventive et de promotion de la santé pour les étudiants
franciliens des Ă©tablissements membres, et mutualisation choisie de lâaction mĂ©dico-sociale en faveur
des personnels.
Coordination des politiques dâachats de grands Ă©quipements, crĂ©ation et gestion de plates-formes
Université Paris Cité.
Promotion concertée des activités et des événements culturels et sportifs.
92
A.6.9. Gouvernance
Les principes rĂ©gissant la coopĂ©ration des membres au sein du pĂŽle de recherche et dâenseignement
supĂ©rieur sont les principes dâautonomie, de subsidiaritĂ©, de participation active, de transparence et de
collégialité.
Le pĂŽle est constituĂ© sous la forme dâun Ă©tablissement public de coopĂ©ration scientifique (EPCS),
sous rĂ©serve de sa crĂ©ation par dĂ©cret, avec un conseil dâadministration comprenant une proportion
significative de personnalitĂ©s qualifiĂ©es. LâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ© est Ă la fois la structure
chargĂ©e de mettre en Ćuvre les activitĂ©s communes que lui confient les Ă©tablissements membres et le
lieu de coordination de leurs politiques. Il exerce les compétences qui lui sont déléguées par les
conseils dâadministration des Ă©tablissements membres dans le respect du principe dâautonomie posĂ©
par la loi du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités.
En vertu de lâautonomie des Ă©tablissements membres, les dĂ©libĂ©rations du conseil dâadministration de
lâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ© ne peuvent pas contraindre ceux-ci sur les moyens que chacun dĂ©cide
dâaffecter Ă lâEtablissement. Les Ă©tablissements membres veillent Ă ce que lâEtablissement disposent
des moyens lui permettant de mener Ă bien ses missions et celles quâils lui confient.
Le prĂ©sident du conseil dâadministration de lâEPCS, Ă©lu pour trois ans aprĂšs un appel Ă candidatures
rĂ©alisĂ© selon des modalitĂ©s fixĂ©es par le conseil, nâest pas lâun des responsables en exercice des
Ă©tablissements membres. Il dirige lâEtablissement et est assistĂ© dâun directeur dĂ©lĂ©guĂ©.
Un conseil dâorientation scientifique et pĂ©dagogique de lâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ© a pour rĂŽle
dâapporter au conseil dâadministration une rĂ©flexion prospective Ă moyen et long terme sur les
grandes orientations en matiĂšre de recherche et de formation, et de se prononcer sur les projets de
recherche et de formation de lâEtablissement. Le prĂ©sident du conseil dâorientation scientifique et
pĂ©dagogique siĂšge au conseil dâadministration de lâEtablissement, parmi les personnalitĂ©s qualifiĂ©es.
Un représentant de la région Ile-de-France et un représentant de la Ville de Paris siÚgent au conseil
dâadministration de lâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ©.
Le bureau du pĂŽle rĂ©unit autour du prĂ©sident de lâEPCS lâensemble des responsables des
établissements membres, fondateurs et associés, pour élaborer conjointement et piloter la mise en
Ćuvre de la politique du pĂŽle.
Le rĂšglement intĂ©rieur de lâEPCS UniversitĂ© Paris CitĂ© prĂ©cise les conditions (notamment de prĂ©avis)
du retrait dâun Ă©tablissement membre.
Au total, lâUniversitĂ© Paris CitĂ© sâappuiera sur la richesse des disciplines couvertes en son sein pour
accroßtre la qualité de sa formation et de sa recherche et gagner de la sorte en notoriété et
attractivitĂ©. Elle sera un lieu dâĂ©changes multidisciplinaires sur des questions de sociĂ©tĂ©, sur de
grands thĂšmes allant de lâesprit Ă lâobjet, par exemple autour de la santĂ©, du cerveau, du
mĂ©dicament, de la pollution, des risques naturels, des ressources et de lâĂ©nergie, du climat, de
lâinnovation, du droit, de la place des humanitĂ©s et des arts dans la CitĂ©.
Fait à Paris, le 9 février 2010.
[Signatures]
93
ANNEXE 7
LE PROJET DE PRES « 2-4-6 »
Le texte qui suit est celui du projet de convention constitutive du PRES « 2-4-6 », tel quâil mâa Ă©tĂ©
transmis en décembre 2009 par les présidents des universités Paris 2, Paris 4 et Paris 6.
PREAMBULE
1.
Gouvernance
2.
Les objectifs principaux
3.
La stratégie commune
4.
LâidentitĂ© commune
5.
Les thÚmes à approfondir et projets communs à réaliser
6.
Les projets pédagogiques et scientifiques communs
7.
La coordination des formations doctorales
8.
La mise en commun des moyens économiques et matériels
9.
La recherche commune de la qualité
10.
La politique internationale
SORBONNE UNIVERSITES
Entre les signataires :
Université Panthéon-Assas (Paris II),
représentée par son Président, M. Louis VOGEL
Université Paris-Sorbonne (Paris IV),
reprĂ©sentĂ©e par son PrĂ©sident, M. Georges MOLINIĂ
Université Pierre et Marie Curie (Paris VI),
représentée par son Président, M. Jean-Charles POMEROL
PREAMBULE
Vu :
Les dĂ©libĂ©rations de leurs conseils dâadministration respectifs ;
il est convenu ce qui suit :
La prĂ©sente convention a pour objet de prĂ©ciser lâengagement des membres signataires Ă constituer, sous
lâappellation « LA SORBONNE », un pĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur (PRES) au sens de
lâarticle L. 344-1 du Code de la recherche rĂ©sultant de la loi de programme du 18 avril 2006 pour la
recherche.
La gouvernance, les objectifs, les principes communs et le programme dâactions communes du PRES,
approuvés par chacun des membres, sont présentés ci-dessous.
A.7.1. Gouvernance
Les principes régissant la coopération des membres au sein du PRES sont notamment les principes
dâĂ©galitĂ©, de collĂ©gialitĂ©, dâautonomie, de subsidiaritĂ©, de participation, de transparence et
dâouverture.
Le PRES est constituĂ© sous la forme dâune Association dĂ©nommĂ©e « LA SORBONNE », qui est
régie notamment par la loi du 1
er
juillet 1901, et qui est composĂ©e dâun conseil dâadministration
(lâensemble des membres fondateurs, signataires de la prĂ©sente convention), dâune assemblĂ©e
gĂ©nĂ©rale et dâun prĂ©sident.
Le prĂ©sident de lâAssociation LA SORBONNE est lâun des responsables en exercice des
membres fondateurs. Chaque membre fondateur assume la prĂ©sidence de lâAssociation par
roulement dâune annĂ©e, Ă tour de rĂŽle. Le prĂ©sident dirige lâAssociation sous rĂ©serve des pouvoirs
confĂ©rĂ©s Ă lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale et au conseil dâadministration.
Chaque membre a lâobligation de payer une cotisation annuelle fixĂ©e chaque annĂ©e par dĂ©cision du
conseil dâadministration.
94
Les statuts de lâAssociation LA SORBONNE ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s Ă la prĂ©fecture le ⊠(Ă complĂ©ter).
LâAssociation LA SORBONNE est la structure chargĂ©e de mettre en Ćuvre les actions
communes que lui confient ses membres.
LâAssociation LA SORBONNE exerce les compĂ©tences qui lui sont dĂ©lĂ©guĂ©es par les conseils
dâadministration de ses membres dans le respect du principe dâautonomie posĂ© par la loi du 10 aoĂ»t
2007 relative aux libertés et responsabilités des universités.
Les membres de lâAssociation veillent Ă ce que cette derniĂšre dispose des moyens lui permettant de
mener Ă bien ses missions et celles quâils lui confient.
A.7.2. Les objectifs principaux
CrĂ©er un pĂŽle universitaire dâexcellence omni-disciplinaire, de niveau international, articulĂ©
autour des trois universités suivantes correspondant à une ou des écoles spécialisées :
-
Université Panthéon-Assas (Paris II),
-
Université Paris-Sorbonne (Paris IV),
-
Université Pierre et Marie Curie (Paris VI).
Concrétiser le rapprochement entre ces universités prestigieuses par leurs performances de
formation et de recherche au sein de projets transversaux et structurants.
Mettre en Ćuvre des projets intellectuels communs adossĂ©s Ă la recherche et Ă la formation dans
des champs disciplinaires complémentaires ou des projets transdisciplinaires.
Intégrer la dimension « vie étudiante » dans toutes ses composantes : logement, espace de travail,
restauration, activités sportives, santé, vie associative, activités festives et culturelles.
CrĂ©er un PRES parisien pensĂ© comme un lieu dâouverture sur la ville et sur la vie socio-
Ă©conomique.
Offrir Ă la communautĂ© dâĂ©tudiants et dâenseignants-chercheurs des conditions de travail et de
vie dignes de la qualitĂ© de lâenseignement et de la recherche qui sây dĂ©ploient.
Assurer la visibilité et le rayonnement international du PRES par une promotion commune du
PRES et de ses événements et par le renforcement des actions internationales dans le domaine des
formations et de la recherche.
A.7.3. La stratégie commune
CrĂ©ation dâun pĂŽle universitaire omni-disciplinaire.
Elaboration dâun plan stratĂ©gique commun prenant en compte les projets dâĂ©tablissements
adoptĂ©s par les conseils dâadministration de chacun des membres du PRES.
Présentation commune des politiques de formation pré-doctorale et doctorale et de recherche des
membres qui réunissent la plupart des disciplines scientifiques, humaines et sociales au meilleur
niveau mondial.
Mise en commun des moyens institutionnels permettant aux membres du PRES dâamĂ©liorer
leurs relations contractuelles et de renforcer leur capacité de négociation avec les tutelles et les
partenaires institutionnels (ministÚres, collectivités locales, entreprises, organismes de recherche,
organismes internationaux etc.).
A.7.4. LâidentitĂ© commune
Adoption par les membres fondateurs dâune dĂ©nomination commune. Chacun des membres
fondateurs fera figurer à la suite de sa dénomination les termes « LA SORBONNE » :
-
Université Panthéon-Assas / LA SORBONNE
-
Université Paris-Sorbonne (/ LA SORBONNE
-
Université Pierre et Marie Curie / LA SORBONNE.
Mise en place dâune signature commune des publications dans le cadre du systĂšme commun
dâappellation du PRES LA SORBONNE.
Promotion du label commun, gestion du « systĂšme des marques », adoption dâun logo et dâune
charte graphique communs.
CrĂ©ation dâun portail internet commun donnant une vision dâensemble harmonisĂ©e des formations
proposées au sein du PRES.
Carte dâĂ©tudiant et de personnel commune aux membres du PRES permettant dâaccĂ©der aux
différents services.
95
A.7.5. Les thÚmes à approfondir et projets communs à réaliser
Les coopérations entre les universités partenaires porteront notamment sur les domaines suivants :
-
Mathématiques : approfondissement des partenariats déjà existants et développement de
partenariats nouveaux, notamment dans le domaine de lâĂ©conomie et de lâingĂ©nierie financiĂšre
entre Panthéon Assas et UPMC afin de continuer à former, par la recherche, des étudiants de trÚs
haut niveau. Le rĂŽle des mathĂ©matiques est central en sciences et le PRES disposera dâune trĂšs
grande notoriĂ©tĂ© dans ce domaine grĂące Ă lâexcellence de la facultĂ© de mathĂ©matiques de Pierre et
Marie Curie qui est internationalement reconnue sur les aspects fondamentaux et en
mathématiques appliquées, équations aux dérivées partielles, probabilités et statistiques,
mathématiques financiÚres et modélisation, en particulier pour les disciplines biomédicales.
-
Biologie intégrative, neurosciences et études cognitives : faciliter les interactions entre étudiants,
chercheurs et enseignants, nécessaires dans ce domaine majeur de la recherche mondiale.
Plusieurs centres de recherche importants sont en développement. Les neurosciences et études
cognitives sont par nature pluridisciplinaires puisquâelles lient entre elles les sciences humaines et
sociales, lâĂ©conomie, la mĂ©decine, la physiologie, la biologie cellulaire et molĂ©culaire et les
mathématiques de la modélisation.
-
Evolution, dĂ©veloppement et gĂ©nomique : il sâagit dâun champ disciplinaire en fort
développement qui inclut tout à la fois des aspects fortement scientifiques (sciences de la vie,
traitement des handicaps) et médicaux (génétique, longévité) mais également sociétaux, éthiques
et juridiques et impliquant le domaine des sciences sociales (notamment anthropologie et
histoire).
-
Sciences de lâenvironnement et du dĂ©veloppement durable : renforcer lâenseignement
pluridisciplinaire au plus haut niveau de cette thématique afin de favoriser les synergies entre les
activités des différents laboratoires des membres du PRES et de ses partenaires. LA SORBONNE
est Ă mĂȘme de contribuer considĂ©rablement Ă la recherche et la formation (prĂ©-doctorat et
doctorat) en environnement et développement durable sous tous leurs aspects (humains, sociaux,
juridiquesâŠ). La pluridisciplinaritĂ© rassemblĂ©e par ses membres et la concentration de
laboratoires de recherche dans des domaines aussi variés que la modélisation mathématique, les
sciences physicochimiques, les sciences de la terre et de lâunivers, les sciences de la vie et les
sciences de lâhomme et de la sociĂ©tĂ© sont des conditions optimales pour le dĂ©veloppement de ces
recherches.
-
ModĂ©lisation et ingĂ©nierie : lâexistence de ces axes est de nature Ă favoriser les synergies entre les
différents secteurs disciplinaires ainsi que les actions communes aux membres du PRES, par
exemple dans le traitement des images et des langages et dans lâutilisation large des techniques de
tĂ©lĂ©dĂ©tection pour les secteurs de la gĂ©ographie et de lâenvironnement.
-
ArchĂ©ologie, philosophies et littĂ©ratures des mondes antiques : crĂ©ation dâun master mixte
dâAntiquitĂ© classique. LA SORBONNE permettra de favoriser de nouvelles synergies tout en
approfondissant les collaborations mises en place de longue date.
-
Histoire littĂ©raire, histoire de la philosophie et histoire de lâart : de nombreuses interfaces ont dĂ©jĂ
Ă©tĂ© crĂ©Ă©es dans ce domaine. Les membres du PRES proposent dâĂ©largir les coopĂ©rations en
histoire culturelle du contemporain, particuliĂšrement autour de deux axes (lâhistoire de la Shoah
et le domaine gĂ©nĂ©ral des arts) quâils couvrent ensemble totalement et sous tous ses aspects.
-
Relations internationales et droit, histoire et droit, histoire de lâart, mĂ©cĂ©nat et droit : de nouvelles
coopérations sont envisagées dans ces domaines de formation qui offrent de trÚs fortes
potentialités de développement.
-
Sciences sociales, Ă©conomie et droit : crĂ©ation dâune structure fĂ©dĂ©rative regroupant lâensemble
des laboratoires dâĂ©conomie autour dâune thĂ©matique commune fondĂ©e sur les possibilitĂ©s de
synergie existant entre juristes et Ă©conomistes et sâappuyant sur une revue spĂ©cialisĂ©e.
-
Philosophie contemporaine, épistémologie, études cognitives, théorie et pratique des arts : ces
matiÚres constituent une matrice de sujets émergents et de recherches pionniÚres favorisées par la
grande proximitĂ© entre spĂ©cialistes de philosophie, dâĂ©tudes cognitives, dâhistoire et thĂ©orie des
arts des membres du PRES et de leurs partenaires. La création de nouveaux Masters co-habilités
en Ă©tudes thĂ©Ăątrales et en Ă©tudes cinĂ©matographiques, la constitution dâune formation doctorale
dans le domaine des arts du spectacle seront autant dâatouts pour ces disciplines.
-
Sciences humaines et sociales, sciences dures et sciences médicales : organisation de parcours
96
pluridisciplinaires dans le cadre des licences de sciences du langage et de lettres pour les
Ă©tudiants envisageant le concours de lâIUFM pour les futurs professeurs des Ă©coles. Mise en place
Ă©galement de passerelles entre les Ă©tudes de sciences du langage et les Ă©tudes dâorthophonie. Mise
en place de formations pour les personnels de santé (infirmiÚres, paramédicaux, auxiliaires de
vie). CrĂ©ation dâun laboratoire dâinformatique juridique et dâenseignements mixtes dans le
domaine de la propriété intellectuelle, des biotechnologies et de la bioéthique.
A.7.6. Les projets pédagogiques et scientifiques communs
Mise en place de moyens dĂ©diĂ©s Ă lâĂ©laboration de projets pĂ©dagogiques et scientifiques
communs entre ses membres.
Mise en place de dispositifs de rĂ©orientation des Ă©tudiants dâune universitĂ© Ă lâautre en
Ă©tablissant des validations croisĂ©es de certaines unitĂ©s dâenseignement et, Ă©ventuellement vers
dâautres Ă©tablissements partenaires.
Actions communes afin de renforcer les programmes de formation continue et de formation Ă
distance et dâen proposer de nouveaux.
Développement de nouveaux programmes pluridisciplinaires fondés sur des thématiques
importantes pour la sociĂ©tĂ©, le droit, lâĂ©conomie, la gestion, les sciences, les sciences humaines et
sociales et la culture.
Développement de nouvelles formations : création de doubles cursus communs aux membres du
PRES tels que « Droit et Sciences », « Droit et Histoire », « Droit, MĂ©cĂ©nat et Histoire de lâart »,
« Droit et Informatique », « Sciences, Langue et Civilisation », « Sciences et Humanités »,
« Philosophie et sciences », « Sciences et Musicologie », « Sciences et Histoire ». Certains de ces
doubles cursus pourront sâeffectuer en partenariat avec des institutions extĂ©rieures au PRES. Les
Ă©tudiants suivront des cours alternativement dans chacun des Ă©tablissements et disposeront dâun
accompagnement en petits groupes.
CrĂ©ation dâun CollĂšge qui rĂ©unira des formations exigeantes au cĆur de certaines disciplines des
établissements du PRES et des doubles cursus. Ces formations offrent aux étudiants la possibilité de
suivre des enseignements majeurs dans les domaines des sciences, des sciences Ă©conomiques et
sociales, de la mĂ©decine, du droit et des sciences humaines en mixant deux domaines, et ce quâils
fassent ou non partie du mĂȘme Ă©tablissement.
Le CollÚge de la Sorbonne se veut un lieu de rencontre et de coopération entre les responsables des
diffĂ©rents Ă©tablissements, membres de lâAssociation, pour enrichir lâexpĂ©rience dĂ©jĂ acquise et
proposer des opérations de promotion des doubles cursus.
A.7.7. La coordination des formations doctorales
CoopĂ©ration au niveau de la recherche dans les domaines qui se situent Ă lâintersection des activitĂ©s
des trois membres fondateurs avec, notamment, la crĂ©ation de laboratoires communs et dâĂ©coles
doctorales communes.
CrĂ©ation dâun institut des formations doctorales ayant pour objet la coordination des Ă©coles
doctorales de façon Ă parvenir Ă un Ă©lĂ©ment dâidentification commun qui ne gomme pas les
spécificités, à diffuser les bonnes pratiques parmi toutes les écoles doctorales du PRES LA
SORBONNE, Ă coordonner les actions destinĂ©es Ă favoriser lâinsertion professionnelle des doctorants
et à offrir des formations et des services complémentaires hors des champs disciplinaires des écoles
doctorales des diffĂ©rents Ă©tablissements (sĂ©minaires, confĂ©rences, Ă©tude de cas, visites de sitesâŠ).
Adoption dâune charte de qualitĂ© commune aux formations doctorales des membres fondateurs.
Délivrance du diplÎme de doctorat de chaque université sous un timbre unique « LA
SORBONNE ».
A.7.8. La mise en commun des moyens économiques et matériels
Mise en commun des infrastructures et conception de nouveaux moyens au service des Ă©tudiants.
Mise en place de structures communes dâingĂ©nierie de projets pour aider Ă la coopĂ©ration entre
partenaires dans le domaine de la pédagogie et de la recherche.
Promotion du PRES au niveau national et international par une coordination des politiques de
communication de ses membres.
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Création de centres de travail et de documentation : les Learning Centers. Ces centres seront de
véritables prolongements des espaces étudiants, afin de concourir à la réussite des étudiants des
membres de LA SORBONNE. CentrĂ©s sur les besoins de lâĂ©tudiant, les Learning Centers permettront
aux Ă©tudiants, en un seul et mĂȘme lieu, dâĂ©tudier, de produire des travaux universitaires, dâacquĂ©rir
des savoirs et des compétences, de développer leur autonomie, de rencontrer leurs enseignants, de
communiquer, etc. Au sein dâun espace unique, lâĂ©tudiant aura accĂšs Ă tous les services de
lâuniversitĂ© qui lui sont destinĂ©s. Socle implicite du Learning Center, les ressources, hĂ©tĂ©rogĂšnes mais
majoritairement Ă©lectroniques, seront faciles dâaccĂšs.
Dans le cadre de ces Learning Centers, crĂ©ation dâun campus Ă©lectronique et dâun portail
documentaire unifiĂ©s permettant Ă chaque Ă©tudiant et Ă chaque chercheur dâaccĂ©der Ă la totalitĂ© des
ressources sur place et Ă distance avec pour objectif de faciliter lâaccĂšs aux ressources pĂ©dagogiques :
environnement numérique de travail, ressources documentaires sur tous supports, contenus
pédagogiques, logiciels et applications variés (bureautique, autoformation, production multimédia,
application collaboratives).
Elaboration et mise en Ćuvre dâune stratĂ©gie concertĂ©e dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation
des membres avec lâobjectif, Ă terme, de convergence de ces systĂšmes.
Mise en commun de moyens de suivi professionnel : coordination des dispositifs dâorientation
active et de suivi des Ă©tudiants jusquâĂ leur insertion professionnelle.
Politique dâamĂ©nagement commune des campus de la Sorbonne : parcours flĂ©chĂ©s, signalĂ©tique
communeâŠ
Coordination des politiques dâachats et dâapprovisionnement, de rĂ©novation et de
restructuration des bĂątiments.
Mutualisation de lâaction politique handicap.
CrĂ©ation dâun service unifiĂ© de mĂ©decine prĂ©ventive en liaison avec les spĂ©cialistes mĂ©dicaux de la
faculté de médecine Pierre et Marie Curie et rationalisation des équipements et des personnels
consacrés à cette activité. Des surfaces supplémentaires seront progressivement mises à disposition de
la médecine préventive.
Mutualisation de lâaction mĂ©dico-sociale en faveur des personnels et de la formation continue
des personnels.
MaĂźtrise et gestion communes des logements Ă©tudiants.
Création de bourses au mérite aux niveaux master et licence. Recrutement et suivi des boursiers
(crĂ©ation dâun comitĂ© de suivi du programme et dâĂ©valuation des Ă©tudiants boursiers, conclusions de
contrats pédagogiques, stratégie de partenariat).
Mutualisation des installations sportives, promotion concertée des activités et des événements
culturels sportifs et sociaux, renforcement des dispositifs « étudiants sportifs de haut niveau » en
coopĂ©ration avec lâINSEP.
A.7.9. La recherche commune de la qualité
Projets de recherche communs sur des thématiques émergentes et transversales.
Valorisation de la recherche, innovation et ouverture sur le monde de lâentreprise en favorisant le
dĂ©veloppement de relations avec les entreprises par le biais de fondations et de chaires dâexcellence et
lâentrĂ©e du PRES au sein de lâincubateur AGORANOV.
A.7.10. La politique internationale
Promotion internationale du PRES et de ses activités de formation et de recherche.
Mise en commun dâinfrastructures dâaccueil pour enseignants, chercheurs et Ă©tudiants Ă©trangers,
notamment en ce qui concerne le logement et la couverture sociale.
Mise en place dâune structure commune dâingĂ©nierie des projets internationaux (programmes
Erasmus et Erasmus mundus, programmes communautaires de recherche et de développement).
PrĂ©sence commune aux salons internationaux et dĂ©placements institutionnels Ă lâĂ©tranger sous lâĂ©gide
du PRES.
DĂ©signation dâun responsable unique des actions internationales menĂ©es au niveau du PRES
chargĂ© de lâaccueil des dĂ©lĂ©gations Ă©trangĂšres, du benchmarking international, de la communication
internationale et de la coordination des dispositifs de relations internationales des membres du PRES.
98
En accord avec les instances de chaque membre et notamment avec les conseils dâadministration
des UniversitĂ©s, lâAssociation LA SORBONNE a pour objet la conduite dâactions communes sur un
plan stratégique, général et identitaire mais aussi en matiÚre de vie étudiante, de formation, de
recherche, de mise en commun de services et de politique internationale.
LA SORBONNE sâappuiera sur la richesse des disciplines couvertes en son sein pour accroĂźtre la
qualitĂ© de sa formation et de sa recherche tout en maintenant et en renforçant un pĂŽle dâexcellence
omni-disciplinaire de niveau international.
Fait Ă Paris, le
[Signatures]
99
ANNEXE 8
LE PROJET DE PRES HESAM
Le texte qui suit prĂ©sente les Ă©lĂ©ments clĂ©s du projet de PĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur
dont le nom provisoire est « HESAM » (pour « Hautes Etudes â Sorbonne â Arts et MĂ©tiers »), tels quâils
ont été approuvés par les responsables des huit établissements porteurs du projet : Jean-Claude Colliard,
Christian Forestier, Jean-Paul Hautier, Antoinette Le Normand-Romain, Pascal Morand, Franciscus
Verellen, Jean-Claude Waquet et François Weil. Document dâĂ©tape important dans le processus de
construction du PRES, il a Ă©tĂ© diffusĂ© au sein des Ă©tablissements pour ĂȘtre enrichi de leurs contributions
et débattu par leurs instances consultatives et délibératives. Il est le socle de la future convention
constitutive du PRES, qui sera soumise Ă lâapprobation du conseil dâadministration de chaque
Ă©tablissement.
Préambule : Les établissements porteurs du projet de PRES HESAM ont développé des coopérations
nombreuses et souvent anciennes en matiĂšre de recherche et dâenseignement supĂ©rieur, qui constituent
une base solide pour la construction du PRES. Une grande partie dâentre eux exercent aussi une mission
nationale, voire une mission européenne ou internationale, souvent appuyée sur un ensemble
dâimplantations dans diffĂ©rentes rĂ©gions françaises ou hors de France. Leur engagement dans un PRES
parisien ne diminue en rien leur engagement Ă remplir ces missions en veillant Ă lâĂ©quilibre gĂ©ographique
de leur action.
A.8.1. Les grands objectifs
Construire Ă Paris un PĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur pluridisciplinaire de
visibilité mondiale constitué par les établissements suivants :
-
le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM),
-
lâĂcole française dâExtrĂȘme-Orient (EFEO),
-
lâĂcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales (EHESS),
-
lâĂcole nationale supĂ©rieure des arts et mĂ©tiers (Arts et mĂ©tiers ParisTech),
-
lâĂcole pratique des hautes Ă©tudes (EPHE),
-
lâĂcole supĂ©rieure de commerce de Paris (ESCP Europe),
-
lâUniversitĂ© Paris 1 PanthĂ©on-Sorbonne,
et en association avec
-
lâInstitut national dâhistoire de lâart (INHA).
Ces Ă©tablissements sont en cours de discussion avec dâautres partenaires susceptibles de rejoindre le
PRES.
BĂątir ensemble et mettre en Ćuvre un projet intellectuel commun adossĂ© Ă la recherche et Ă la
formation dans des champs disciplinaires multiples et complĂ©mentaires, en sâattachant Ă dĂ©velopper
la transdisciplinaritĂ© pour enrichir Ă la fois la formation et lâinnovation.
RĂ©unir les Ă©tablissements membres dans une vision oĂč les diffĂ©rences des histoires et des cultures
dâĂ©tablissements sont respectĂ©es et fondent un enrichissement mutuel, et oĂč chaque Ă©tablissement
considĂšre que lâensemble des dimensions de son action (formation, recherche, rĂŽle national,
implantations réparties sur le territoire national en métropole et outre-mer, implantations européennes
et internationales, etc.) pourra bénéficier des synergies développées au sein du PÎle et pourra y
contribuer.
Concrétiser le rapprochement entre universités, grandes écoles et grands établissements dans le
cadre de projets innovants.
Agir ensemble pour dĂ©velopper la formation tout au long de la vie et pour favoriser lâinsertion
professionnelle des Ă©tudiants et doctorants, notamment dans le domaine des sciences de lâhomme
et de la société.
Renforcer lâefficacitĂ© des actions de support Ă la formation et Ă la recherche par la mise en commun
dâactivitĂ©s et de services.
100
A.8.2. Une stratégie partagée
RĂ©flexion stratĂ©gique commune et Ă©laboration concertĂ©e des projets dâĂ©tablissement et des
contrats quadriennaux des Ă©tablissements membres â et synchronisation de ces contrats.
Concertation sur les relations contractuelles avec les partenaires institutionnels : collectivités locales
et organismes de recherche.
Elaboration et mise en Ćuvre dâun plan stratĂ©gique du PĂŽle.
A.8.3. Identité commune
Adoption dâun systĂšme commun dâappellations (incluant un logo commun qui pourra se juxtaposer
aux logos existants) dĂ©clinĂ© dans lâensemble des actions de communication des Ă©tablissements
membres fondateurs, sous la forme : « HESAM â CNAM », « HESAM â EFEO », « HESAM â
EHESS », « HESAM â EPHE », « HESAM â ESCP Europe », « HESAM â UniversitĂ© Paris 1
PanthĂ©on Sorbonne », « HESAM â Arts et MĂ©tiers ParisTech ». Ce systĂšme dâappellations commun
pourra ĂȘtre Ă©tendu aux membres associĂ©s du PRES.
Promotion de lâimage du PĂŽle, Ă©laboration dâune politique de communication commune destinĂ©e Ă
promouvoir le PRES et ses Ă©tablissements, et coordination des politiques de communication des
membres.
CrĂ©ation dâun portail commun donnant une vision unifiĂ©e et harmonisĂ©e de lâensemble des
formations proposées au sein du PÎle, en formation initiale et continue ; ce portail sera évolutif,
lâharmonisation entre des formations voisines ayant vocation Ă conduire progressivement Ă une
coopĂ©ration accrue ou Ă une diffĂ©rentiation accrue ; lâobjectif Ă terme est la mise en cohĂ©rence des
offres de formations des établissements, dans le souci de leur complémentarité et de leur articulation.
Mise en Ćuvre dâune politique de signature commune des publications scientifiques dans le cadre
du systĂšme commun dâappellations du PĂŽle.
Référence au PRES dans les diplÎmes de doctorat délivrés par chaque établissement, dans le cadre du
systĂšme commun dâappellations du PĂŽle.
Format commun des cartes dâĂ©tudiants des Ă©tablissements membres, avec le logo du PĂŽle.
A.8.4. Projets et actions communes en matiĂšre de formation
Mise en place dâun groupe de travail sur lâoffre de formation du PĂŽle en formation initiale, chargĂ©
de rĂ©aliser un inventaire de lâoffre existante et de faire des propositions pour harmoniser cette offre et
développer des formations nouvelles multi-établissements.
Lancement dâun travail en commun en vue de crĂ©er un diplĂŽme dâingĂ©nieur en sciences sociales : un
projet majeur du PRES, Ă fort impact potentiel pour contribuer au rapprochement entre les sciences
sociales et les sciences pour lâingĂ©nieur, et avec le monde des entreprises.
Coopération concernant la formation au niveau graduate, masters et doctorats :
-
dĂ©veloppement du dialogue entre les Ă©coles doctorales du PĂŽle avec lâobjectif de renforcer les
coopérations doctorales interdisciplinaires et inter-établissements,
-
mise en place au sein du PRES dâun dispositif dâappel annuel pour soutenir les initiatives
proposĂ©es par les doctorants (« sĂ©minaires juniors », Ă©coles dâĂ©tĂ©, journĂ©es thĂ©matiques,
doctoriales, etc.),
-
mise en place dâun dispositif permettant dâintĂ©grer des crĂ©dits ECTS dâautres Ă©tablissements
du PĂŽle dans les cursus de formation en master et doctorat,
-
mise en place dâun dispositif visant Ă favoriser les co-directions de thĂšses au sein du PRES,
-
mise en place dâune Ă©cole dâĂ©tĂ© internationale du PRES au niveau master ou doctorat.
DĂ©veloppement et renforcement de lâoffre de formation tout au long de la vie : un axe fort sur
lequel le PRES a déjà un positionnement unique au plan national et international, et se donne une
grande ambition, dans une vision oĂč la formation tout au long de la vie joue un rĂŽle majeur pour
favoriser la mobilité sociale et certifier les niveaux de qualification des adultes du monde
professionnel ou des Ă©tudiants quittant lâuniversitĂ© sans diplĂŽme :
-
mise en place dâun groupe de travail sur le dĂ©veloppement de lâoffre de formation tout au long de
la vie, chargĂ© de rĂ©aliser lâinventaire de lâoffre existante et de faire des propositions pour
harmoniser cette offre, développer des nouvelles formations multi-établissements, favoriser les
Ă©changes de bonnes pratiques et lâĂ©volution de « lâingĂ©nierie de la formation des adultes », et
favoriser les mutualisations de mĂ©thodes et dâoutils dans le domaine de la formation Ă distance.
101
Travail en commun sur les questions touchant Ă la promotion sociale, Ă la diversitĂ© et Ă lâĂ©galitĂ© des
chances, pour définir une approche commune et une ambition commune du PRES sur ces sujets, en
sâappuyant sur lâexpĂ©rience et lâexpertise des Ă©tablissements membres.
CrĂ©ation au sein du PRES de passerelles entre universitĂ© et Ă©coles, sâappuyant notamment sur le
développement en commun, dans certains établissements, de filiÚres préparatoires aux grandes écoles.
Mise en place avant lâĂ©laboration des prochains projets dâĂ©tablissements dâun dispositif visant Ă
favoriser lâĂ©mergence de nouvelles formations en double cursus entre Ă©tablissements membres du
PĂŽle, en formation initiale comme en formation continue. Ă cette fin, lancement Ă trĂšs court terme
dâun travail sur les thĂ©matiques susceptibles dâĂȘtre couvertes par ces nouvelles formations, avec
lâobjectif de valoriser dans ce cadre la richesse dâun PĂŽle couvrant des compĂ©tences trĂšs variĂ©es,
notamment dans le domaine des diffĂ©rences culturelles, de la crĂ©ation artistique, de lâimage et de la
reprĂ©sentation, du management et de lâaction publics et privĂ©s, ou encore de la gestion des processus
industriels.
A.8.5. Projets et actions communes en matiĂšre de recherche et valorisation
DĂ©veloppement du dialogue des conseils scientifiques des Ă©tablissements et mise en place dâun
groupe de travail chargé de réaliser une cartographie des recherches menées au sein du PRES et
dâidentifier des interfaces entre Ă©tablissements ou entre disciplines sur lesquels la constitution du PĂŽle
constitue une opportunité pour lancer de nouveaux thÚmes de recherche.
Mise en place au sein du PRES dâun dispositif dâappel Ă projets ciblĂ© sur le soutien au dĂ©marrage de
nouveaux thĂšmes de recherche interdisciplinaires et inter-Ă©tablissements.
Mise en place dâun dispositif favorisant la fluiditĂ© de lâaccĂšs des doctorants, enseignants-
chercheurs et chercheurs du PÎle aux séminaires de recherche.
Lancement dâune rĂ©flexion commune sur les nouvelles technologies au service de la recherche, sur le
dĂ©veloppement de la numĂ©risation et sur la valorisation dans le domaine des sciences de lâhomme
et de la sociĂ©tĂ©, en synergie avec le domaine des sciences pour lâingĂ©nieur, et sur les moyens de les
promouvoir au sein du PĂŽle.
Lancement dâune rĂ©flexion commune sur une vision de lâinnovation qui fasse le lien entre innovation
technologique et non technologique, entre le rĂŽle de la recherche et celui de la culture, entre
rationalité et créativité.
Mise en place dâun appel international Ă post-doctorants.
A.8.6. Relations européennes et internationales
Promotion internationale du PÎle et de ses activités de formation et de recherche.
Mise en réseau des personnes ou équipes jouant un rÎle de soutien au développement des relations
européennes et internationales dans les établissements membres du PRES.
Mise en place dâun groupe de travail chargĂ© de rĂ©aliser un inventaire permettant dâavoir une vision
partagée des accords institutionnels de coopération européenne et internationale des
Ă©tablissements membres, et mise en place dâune coordination entre Ă©tablissements pour le
développement de nouveaux accords institutionnels en Asie.
DĂ©veloppement de coopĂ©rations doctorales en Asie, en sâappuyant sur les accords institutionnels
existants et sur le rĂ©seau des implantations de lâEFEO.
Mise en place au niveau du PRES dâune Ă©quipe commune de soutien au montage de projets
coopératifs, notamment pour la préparation et le suivi de contrats européens.
Les Ă©tablissements examineront lâintĂ©rĂȘt de mutualiser les dispositifs dâaccueil des Ă©tudiants,
enseignants et chercheurs étrangers, ou de coopérer en matiÚre de soutien à la mobilité internationale
des Ă©tudiants, enseignants et chercheurs.
A.8.7. Mutualisation de services et dâactivitĂ©s
Mise en place dâun dispositif commun au sein du PRES pour le suivi de lâinsertion professionnelle
des Ă©tudiants.
Elaboration dâune politique dâaccĂšs privilĂ©giĂ© aux bibliothĂšques des Ă©tablissements membres pour
les Ă©tudiants et personnels du PĂŽle.
Actions communes en matiĂšre de vie Ă©tudiante, concernant notamment la pratique sportive Ă©tudiante
et les actions concernant la médecine préventive et la promotion de la santé étudiante.
102
Actions communes en matiÚre de médecine de prévention pour les personnels des établissements, en
matiÚre de formation permanente, et de politique en faveur des personnels et étudiants handicapés.
Les Ă©tablissements examineront comment favoriser les actions communes de leurs Centres dâaction et
dâentraide sociale.
Les Ă©tablissements membres du PRES qui ont aujourdâhui une activitĂ© de valorisation de la
recherche examineront comment mutualiser leurs dispositifs de valorisation.
Coordination de certaines fonctions supports : politiques dâachat.
Mise en place dâun dispositif partagĂ© de suivi des anciens Ă©lĂšves.
A.8.8. Gouvernance
Les principes rĂ©gissant la coopĂ©ration des membres au sein du PĂŽle sont les principes dâautonomie,
de participation active, de transparence et de collégialité.
Lâengagement des Ă©tablissements dans le PRES nâest en aucune façon exclusif des partenariats
avec dâautres institutions, en France, en Europe et Ă lâinternational : les partenariats existants ont
tous vocation Ă ĂȘtre poursuivis.
Certains Ă©tablissements porteurs du projet de PRES sont aussi partie prenante â et avec dâautres
partenaires â dans le projet de Campus Condorcet, qui vise Ă faire Ă©merger au nord de Paris et Ă
Aubervilliers un nouveau site dâenseignement supĂ©rieur et de recherche, fortement impliquĂ© dans le
domaine des sciences de lâhomme et de la sociĂ©tĂ© avec une grande ouverture vers les autres domaines
scientifiques. Ces deux démarches de partenariat ont vocation à se renforcer mutuellement.
Le PRES est une confĂ©dĂ©ration dâĂ©tablissements. En sâengageant dans ce projet, les Ă©tablissements
excluent tout projet de fusion â entre eux tous ou entre certains dâentre eux.
La constitution du PRES sera concrĂ©tisĂ©e par la crĂ©ation dâune structure commune â qui ne sera pas
une Association 1901, jugée trop légÚre pour porter les actions communes : elle sera à la fois la
structure chargĂ©e de mettre en Ćuvre les activitĂ©s communes que lui confient les Ă©tablissements
membres et le lieu de la coordination de leurs politiques. Les Ă©tablissements se donnent lâobjectif de
choisir le statut juridique de cette structure â Ă©tablissement public de coopĂ©ration scientifique (EPCS)
ou fondation de coopĂ©ration scientifique (FCS) â et de finaliser la rĂ©daction de ses statuts au premier
trimestre 2010.
La structure commune exercera les compétences qui lui sont déléguées par les établissements dans le
respect du principe dâautonomie des Ă©tablissements posĂ© par la loi du 10 aoĂ»t 2007 relative aux
libertés et responsabilités des universités. Elle ne pourra donc contraindre les établissements membres
sur les moyens que chacun dâeux dĂ©cide de lui confier. Les Ă©tablissements membres sâengagent
conjointement Ă veiller Ă ce que la structure commune dispose des moyens lui permettant de mener
les missions quâils lui confient.
Le conseil dâadministration de cette structure commune comprendra une proportion significative de
personnalitĂ©s qualifiĂ©es. Un conseil dâorientation scientifique et pĂ©dagogique apportera au conseil
dâadministration une rĂ©flexion prospective Ă moyen et long terme sur les grandes orientations du PĂŽle
en matiĂšre de recherche et de formation.
Le bureau du PĂŽle rĂ©unira autour du directeur de la structure commune lâensemble des responsables
des Ă©tablissements membres, pour Ă©laborer conjointement et piloter la mise en Ćuvre de la politique
du PĂŽle.
103
ANNEXE 9
LE PROJET DE CAMPUS
« PARIS SCIENCES ET LETTRES â QUARTIER LATIN »
Le texte qui suit prĂ©sente les Ă©lĂ©ments clĂ©s du projet de Groupement « Paris Sciences et Lettres â
Quartier latin » tels quâils ont Ă©tĂ© approuvĂ©s en juillet 2009 par les responsables des six Ă©tablissements
porteurs du projet : Monique Canto-Sperber, Pierre Corvol, Daniel Egret, Alain Fuchs, Bertrand-Pierre
Galey, Jacques Prost, au sein du groupe de travail mis en place avec eux dans le cadre de ma mission. Ce
texte a Ă©tĂ© approuvĂ© Ă lâautomne par le conseil dâadministration de certains des Ă©tablissements â mais
pas encore tous. Il a vocation Ă constituer la future convention constitutive du Campus.
A.9.1. Un groupement original
Le Groupement Paris Sciences et Lettres â Quartier Latin (PSLQL) regroupe six Ă©tablissements
dâenseignement supĂ©rieur et de recherche situĂ©s au cĆur de Paris :
le CollĂšge de France,
lâĂcole nationale supĂ©rieure de chimie de Paris (ENSCP, Chimie ParisTech),
lâĂcole normale supĂ©rieure (ENS),
lâĂcole supĂ©rieure de physique chimie industrielles (ESPCI ParisTech),
le MusĂ©um national dâhistoire naturelle,
et lâObservatoire de Paris.
Chacun de ces établissements a des missions spécifiques en matiÚre de formation et de recherche, et
plusieurs dâentre eux ont une responsabilitĂ© dâintĂ©rĂȘt national â et, de ce fait, nâont pas vocation Ă ĂȘtre
membres fondateurs de lâun des PRES en cours de constitution Ă Paris. Mais ces Ă©tablissements ont aussi
de nombreux points communs : le Groupement PSLQL est un groupement dâĂ©tablissements
dâenseignement supĂ©rieur et de recherche :
qui ont une mission de constitution et de diffusion de nouveaux savoirs scientifiques et littéraires
de haut niveau,
qui se situent principalement au niveau « graduate » (Master et Doctorat) et sont sélectifs pour le
recrutement de leurs Ă©tudiants,
qui sont de tailles comparables et sont géographiquement proches, sur la Montagne Sainte GeneviÚve
ou dans son environnement immédiat,
qui ont une forte activité de recherche et de formation à la recherche et par la recherche, appuyée
sur des coopérations trÚs étroites avec les universités.
Le Groupement PSLQL a pour objectif de renforcer les activités et les recherches communes, et
dâaccroĂźtre les synergies et mutualisations entre Ă©tablissements membres. Il a aussi pour vocation de
contribuer à amplifier leur visibilité internationale. Toutefois, compte tenu de leurs coopérations trÚs
Ă©troites avec les universitĂ©s, les Ă©tablissements membres ne sâorienteront pas vers la dĂ©livrance du
doctorat sous le timbre du Groupement.
Pour continuer Ă accroĂźtre leur contribution au dynamisme et Ă lâattractivitĂ© du dispositif
universitaire parisien et francilien, les membres du Groupement PSLQL choisissent dâadopter quelques
orientations stratégiques communes :
Les Ă©tablissements membres du Groupement PSLQL poursuivront la politique visant Ă ce que, sauf
exception, leurs Masters et Doctorats soient cohabilités avec au moins une université parisienne ou
francilienne.
Les Ă©tablissements membres du Groupement, dont une part des laboratoires de recherche sont
communs avec des universités parisiennes, développeront une politique de signature des
publications scientifiques permettant que lâensemble des publications de chaque laboratoire
commun soit prises en compte dans les classements internationaux au titre de tous les
Ă©tablissements de rattachement de ce laboratoire.
Le Groupement et les établissements membres développeront leurs coopérations avec les PRES existant
ou en cours de constitution Ă Paris.
104
Le Groupement est susceptible dâaccueillir des nouveaux membres fondateurs qui souhaiteraient le
rejoindre et partageraient ses objectifs, ainsi que des membres associés
79
.
A.9.2. Les grands objectifs
Accroßtre les coopérations entre les établissements membres du Groupement, notamment dans le
domaine de la recherche, en menant ensemble des activités communes à fort enjeu scientifique et
grande visibilitĂ© internationale (chaires dâexcellence, appel dâoffres post-doctorants, etc.).
Renforcer lâanimation scientifique et la « vie de campus » en favorisant les relations et
coopérations inter-établissements et interdisciplinaires, et en mettant à profit la proximité
géographique des établissements sur la Montagne Sainte GeneviÚve et ses alentours.
Contribuer à pérenniser le quartier de la Montagne Sainte GeneviÚve comme un lieu exceptionnel
dâenseignement supĂ©rieur et de recherche par une structuration coordonnĂ©e des investissements
immobiliers.
Intégrer la dimension « vie étudiante » dans toutes ses composantes : accueil, activités de formation
et activités culturelles, logement, restauration, activités sportives, santé.
Contribuer, par des actions communes, Ă accroĂźtre la visibilitĂ© internationale et lâattractivitĂ© des
Ă©tablissements membres et, plus largement, de lâensemble du dispositif parisien et francilien
dâenseignement supĂ©rieur.
Renforcer lâefficacitĂ© des actions de support Ă la formation et Ă la recherche par la mise en commun
dâactivitĂ©s et de services.
Constituer une structure commune, porteuse des activités communes que lui confient les
Ă©tablissements, sous la forme dâune fondation de coopĂ©ration scientifique (FCS) qui aura notamment
pour mission de gĂ©rer la dotation accordĂ©e par lâĂtat dans le cadre de lâOpĂ©ration Campus.
A.9.3. Une stratégie partagée
RĂ©flexion stratĂ©gique commune sur lâĂ©volution du dispositif de formation et de recherche des
Ă©tablissements membres, notamment sur les nouveaux thĂšmes de recherche.
Elaboration concertĂ©e des projets dâĂ©tablissement et des contrats quadriennaux des Ă©tablissements
membres â et synchronisation de ces contrats.
Coordination des discussions stratégiques et des relations contractuelles avec les partenaires
institutionnels : collectivités territoriales, organismes de recherche.
Elaboration et mise en Ćuvre dâun plan stratĂ©gique de la FCS PSLQL.
A.9.4. Identité partagée
Adoption dâun systĂšme dâappellations commun sous la forme « PSLQL â CollĂšge de France »,
« PSLQL â Chimie ParisTech », « PSLQL â ESPCI ParisTech », « PSLQL â ENS », « PSLQL â
MusĂ©um national dâhistoire naturelle », « PSLQL â Observatoire de Paris ». Ce systĂšme
dâappellations commun, facteur de visibilitĂ© et de notoriĂ©tĂ© accrues, sera utilisĂ© pour les activitĂ©s
communes portées par la FCS PSLQL.
Politique de communication du Groupement et coordination des politiques de communication des
Ă©tablissements membres.
CrĂ©ation dâun portail Internet commun donnant une prĂ©sentation harmonisĂ©e de lâensemble des
formations proposées au sein du Groupement, présentant les activités communes portées par la FCS
PSLQL, donnant accĂšs Ă lâensemble des informations concernant les sĂ©minaires de recherche des
Ă©tablissements et les activitĂ©s culturelles proposĂ©es aux Ă©tudiants, et regroupant les appels Ă
candidature pour les recrutements de professeurs, post-doctorants ou doctorants.
Livret dâaccueil des Ă©tudiants commun aux Ă©tablissements membres, et carte dâĂ©tudiant multiservices
« Campus PSLQL » commune aux étudiants des établissements membres.
79
LâInstitut Curie, lâInstitut de biologie physico-chimique (IBPC) et lâĂcole nationale supĂ©rieure des arts dĂ©coratifs
(ENSAD) Ă©taient associĂ©s Ă la « lettre dâintention » proposĂ©e en fĂ©vrier 2009 par les six membres fondateurs.
105
A.9.5. Projets pédagogiques et scientifiques communs
Coordination des politiques de recherche des établissements membres, incluant des réflexions
partagées sur le démarrage de nouveaux thÚmes de recherche et de nouveaux projets scientifiques
communs.
Structuration du dispositif commun de recherche dans les principaux domaines de coopération
entre les établissements membres. Les réflexions conduites au premier semestre 2009 ont permis
dâidentifier une premiĂšre liste de domaines dans lesquels cette structuration sera considĂ©rablement
renforcée dans les prochains mois : chimie, physique, interface physique-chimie-biologie, biologie et
neurosciences cognitives, environnement et sciences de lâunivers, philosophie et littĂ©rature, histoire et
philosophie des sciences, antiquité.
Conduite de projets scientifiques interdisciplinaires communs, en particulier avec la
programmation scientifique du campus Jourdan de lâENS.
Mutualisation dâĂ©quipements scientifiques lourds.
DĂ©veloppement de formations pluridisciplinaires (sĂ©minaires, Ă©coles dâĂ©tĂ©) communes Ă plusieurs
Ă©tablissements membres du Groupement.
Elaboration et mise en place dâune politique commune dâĂ©changes de crĂ©dits ECTS entre les cursus
proposés par les établissements membres.
DĂ©veloppement de la diffusion des connaissances au niveau national et international par la mise en
Ćuvre dâun « portail des savoirs » en ligne commun aux Ă©tablissements membres.
Participation Ă lâoffre de formation continue dĂ©jĂ proposĂ©e par certains Ă©tablissements.
A.9.6. Politique dâexcellence commune
Mise en place de chaires dâexcellence communes au niveau du Groupement.
Mise en commun de moyens en vue de faire venir Ă Paris des grands leaders scientifiques du
meilleur niveau mondial.
A.9.7. Relations européennes et internationales
Mise en commun des dispositifs dâaccueil des Ă©tudiants, enseignants et chercheurs Ă©trangers, via
un guichet unique dâaccueil pour lâensemble du Groupement.
Mutualisation et dĂ©veloppement en commun des capacitĂ©s dâhĂ©bergement dâenseignants et chercheurs
Ă©trangers accueillis dans les Ă©tablissements du Groupement.
Mise en place dâune politique dâinvitation commune.
Les Ă©tablissements membres Ă©tudieront lâintĂ©rĂȘt de mutualiser le support Ă la prĂ©paration et au suivi
de contrats europĂ©ens et dâaccords de coopĂ©ration internationale, et les actions de relations
institutionnelles auprÚs des organismes européens.
Incitation et soutien à la mobilité internationale des étudiants, enseignants et chercheurs.
A.9.8. Mutualisation de services et dâactivitĂ©s
CrĂ©ation dâun centre MultimĂ©dia commun sâappuyant sur la rĂ©novation de la salle Jules Ferry
appartenant Ă lâENS, sur des Ă©quipements partagĂ©s dâenregistrement et de diffusion et sur la mise en
place dâune Ă©quipe MultimĂ©dia commune.
CrĂ©ation dâun lieu de vie pour Ă©tudiants et chercheurs Ă©trangers commun Ă lâensemble du
Groupement.
Actions communes dâanimation du « Campus PSLQL » sur le plan scientifique (sĂ©minaires, journĂ©es
thĂ©matiques, doctoriales, Ă©coles dâĂ©tĂ© communes) et culturel.
Actions communes dans le domaine de la diffusion des connaissances vers le grand public et actions
communes en faveur de la promotion de la science et de lâouverture sociale des Ă©tablissements.
Mise en Ćuvre dâune politique de collaboration documentaire volontariste, incluant lâouverture Ă
lâensemble des personnels et Ă©tudiants des Ă©tablissements membres de lâaccĂšs Ă leurs bibliothĂšques, et
la mutualisation des abonnements Ă©lectroniques.
Mise en place dâune plateforme de veille et de dĂ©pannage informatique et bureautique commune pour
lâensemble du Groupement (hotline et prĂ©sence physique).
Mutualisation des services juridiques : veille, Ă©tude des risques, conseil, contentieux.
Les Ă©tablissements membres Ă©tudieront lâintĂ©rĂȘt de mutualiser leurs actions visant Ă favoriser
lâinsertion professionnelle de leurs Ă©tudiants.
106
Les Ă©tablissements membres Ă©tudieront la possibilitĂ© dâouvrir Ă lâensemble de leurs Ă©tudiants les
services du pĂŽle SantĂ© de lâENS.
Elaboration et mise en Ćuvre dâune stratĂ©gie concertĂ©e dâĂ©volution des systĂšmes dâinformation
des Ă©tablissements avec lâobjectif, Ă terme, de convergence de ces systĂšmes.
Coordination de certaines fonctions supports : gestion des espaces mutualisĂ©s, politiques dâachat,
accueil et gardiennage, gestion immobiliĂšre et valorisation du patrimoine immobilier dans le cadre
dâune stratĂ©gie immobiliĂšre partagĂ©e, avec prĂ©paration dâun schĂ©ma directeur immobilier et
numĂ©rique pour lâensemble du Groupement.
A.9.9 Gouvernance
Les principes régissant la coopération des membres au sein du Groupement sont les principes de
participation active, de transparence et de collégialité.
Le Groupement est constituĂ© sous la forme dâune fondation de coopĂ©ration scientifique (FCS). La
FCS PSLQL est Ă la fois la structure chargĂ©e dâexercer les compĂ©tences et de mettre en Ćuvre les
activités communes que lui confient les établissements membres, et le lieu de la coordination de leurs
politiques dâĂ©tablissement.
Le conseil dâadministration de la FCS comprend une proportion significative de personnalitĂ©s
qualifiĂ©es. Son prĂ©sident nâest pas lâun des responsables des Ă©tablissements membres.
Un conseil dâorientation scientifique et pĂ©dagogique a pour rĂŽle dâapporter au conseil
dâadministration de la FCS une rĂ©flexion prospective Ă moyen et long terme sur les grandes
orientations en matiĂšre de recherche et de formation, et des propositions de nouvelles actions
communes aux Ă©tablissements membres du Groupement.
La FCS est dirigĂ©e par un directeur dĂ©signĂ© par le conseil dâadministration pour trois ans. Il nâest pas
lâun des responsables des Ă©tablissements membres.
107
ANNEXE 10
QUELQUES REMARQUES CONCERNANT LA DOCUMENTATION NUMĂRIQUE
Le sujet de la documentation numĂ©rique nâest pas spĂ©cifiquement parisien
80
. Mais il est dâune importance
majeure pour les activités documentaires.
Les questions complexes liées au développement des ressources numériques rendent nécessaire de
renforcer les coopérations et mutualisations entre établissements. Mentionnons les principaux sujets :
Les questions touchant aux abonnements numériques pour la documentation de recherche
prennent une grande acuité du fait de la trÚs forte croissance des coûts. Il faut certainement renforcer
le groupement Couperin pour améliorer la capacité de négociation collective avec les grands
Ă©diteurs afin de rĂ©ussir, si ce nâest Ă obtenir des baisses de coĂ»ts, en tout cas Ă en limiter les hausses
81
.
Il faut aussi amĂ©liorer la coordination entre les acteurs pour rĂ©duire le nombre des situations oĂč le
multi-rattachement des laboratoires et de leurs personnels conduit Ă des duplications dâabonnement
trÚs onéreuses.
La coopĂ©ration est nĂ©cessaire aussi sur les questions touchant Ă lâaccĂšs Ă distance aux ressources
numériques, afin que les efforts engagés sur la construction de « bibliothÚques numériques » puissent
ĂȘtre vraiment mutualisĂ©s. Ce sujet rejoint celui de la nĂ©gociation avec les Ă©diteurs pour mettre en
place des licences plus globales, voire nationales : lâAllemagne a dĂ©veloppĂ© un modĂšle de
fonctionnement oĂč toute personne inscrite dans une bibliothĂšque universitaire peut avoir accĂšs depuis
son ordinateur personnel Ă lâensemble des ressources numĂ©riques couvertes par une licence
nationale.
Choisir ce que doit ĂȘtre la politique de numĂ©risation dâouvrages sur fonds publics â et donc dĂ©finir
quelles sont les ressources dont on tient Ă maĂźtriser la qualitĂ© et les droits dâaccĂšs pour lâensemble des
utilisateurs de lâES&R â est aussi un sujet qui mĂ©rite une coordination et une mutualisation poussĂ©e
des acteurs. Le « grand emprunt » doit certainement permettre de donner une impulsion nouvelle pour
la numérisation des fonds documentaires universitaires, et je recommande de veiller à privilégier la
numérisation des ressources destinées aux étudiants de licence et master, et pas seulement aux
doctorants et aux chercheurs. Il est utile Ă©galement de partager lâexpertise sur les questions
juridiques trĂšs complexes qui concernent les droits dâauteur, de reproduction et de diffusion des
documents numĂ©riques, et de sâorganiser collectivement pour faire mieux valoir le point de vue des
acteurs de lâES&R dans les dĂ©bats sur les Ă©volutions des dispositions lĂ©gislatives ou rĂ©glementaires
qui les régissent.
Il est bon de mentionner aussi la question des archives ouvertes dont lâimpact se dĂ©veloppe
fortement dans certaines disciplines, Ă la fois pour leur rĂŽle en matiĂšre de diffusion du savoir et pour
leur contribution au rayonnement des établissements. Ici aussi, la mutualisation est nécessaire sur les
aspects technologiques, pour maintenir des plateformes hétérogÚnes complexes et offrir un ensemble
de services cohérents, tout en permettant une décentralisation de gestion qui facilite la mise en place
de portails documentaires par Ă©tablissement ou par PRES.
Ce rapport nâest pas le lieu pour faire des recommandations prĂ©cises sur ces points. Je me limiterai Ă
énoncer une conviction. Il est indispensable de « nous mettre en ordre de bataille », nettement mieux
quâaujourdâhui, pour faire face Ă ces enjeux. En lien avec la CPU et les principaux organismes, il faut
choisir comment :
80
Quelques indices â comme la part des acquisitions faites par les Ă©tablissements parisiens dans tel ou tel marchĂ©
passĂ© au niveau national avec tel ou tel grand Ă©diteur de ressources documentaires numĂ©riques â laissent toutefois
penser que les universités parisiennes ne sont pas en avance par rapport aux universités françaises pour ce qui est de
« prendre le virage du numĂ©rique ». JâĂ©cris ceci comme un point de vigilance et non comme une alerte, car lâanalyse
mĂ©rite dâĂȘtre approfondie et consolidĂ©e.
81
La grande majoritĂ© des acteurs du dispositif documentaire semblent convaincus que, mĂȘme en nĂ©gociant mieux
avec les grands Ă©diteurs, on ne rĂ©alisera pas dâĂ©conomies. Je nâai pas dâavis sur ce point mais je note que certains
pays voisins, qui se sont dotés de capacités de négociation trÚs professionnelles, disent avoir réalisé des économies
sur le coĂ»t des abonnements. Ceci doit ĂȘtre analysĂ© de plus prĂšs.
108
renforcer la veille et lâexpertise nationales sur lâĂ©volution du marchĂ© et des usages liĂ©s Ă la
documentation numérique,
renforcer la coopĂ©ration des Ă©tablissements dâES&R et des organismes en matiĂšre de documentation
numérique dans chaque grand groupe de disciplines,
renforcer la capacité de négociation commune avec les grands éditeurs numériques ;
sâorganiser collectivement pour faire mieux valoir le point de vue des acteurs de lâES&R dans les
débats sur les évolutions des dispositions législatives ou réglementaires qui régissent les droits
dâauteur, de reproduction et de diffusion des documents numĂ©riques.
Il y a urgence à progresser sur ces sujets, impulser les réflexions et accroßtre notre capacité à importer les
meilleures pratiques. Vu lâampleur des mutations qui ont dĂ©marrĂ© et qui vont se poursuivre, vu leur
impact Ă©conomique, on peut craindre que le dispositif dâES&R ne rencontre de trĂšs grandes difficultĂ©s
dans les prochaines années si ces sujets ne sont pas davantage « pris à bras le corps » !
109
ANNEXE 11
LA SORBONNE, UN ATOUT OU UN POIDS
POUR LâENSEIGNEMENT SUPĂRIEUR PARISIEN ?
A.11.1. HĂ©ritiĂšre du collĂšge de Sorbon, la Sorbonne est nĂ©e en 1257 : elle a incarnĂ© lâUniversitĂ© de
Paris pendant plus de sept siĂšcles. Les bĂątiments actuels datent pour lâessentiel de la fin du XIX
Ăšme
siĂšcle â lâensemble du quadrilatĂšre ayant Ă©tĂ© rasĂ© et reconstruit, Ă lâexception de la chapelle de Richelieu.
La Sorbonne accueille en moyenne 8 000 Ă 10 000 personnes chaque jour, dont trĂšs peu dâĂ©tudiants de
premiĂšre et deuxiĂšme annĂ©es de licence. Elle est aujourdâhui partagĂ©e entre neuf occupants : les
universitĂ©s Paris 1 (environ 14 200 mÂČ), Paris 3 (2 900 mÂČ), Paris 4 (12 500 mÂČ) et Paris 5 (200 mÂČ),
lâEPHE (1 000 mÂČ), lâĂcole nationale des chartes (ENC, 1 100 mÂČ), la bibliothĂšque interuniversitaire de la
Sorbonne (13 300 mÂČ), le rectorat de Paris et la Chancellerie des universitĂ©s de Paris (10 000 mÂČ Ă eux
deux). Ă ces surfaces sâajoutent celles du « palais acadĂ©mique », incluant le grand amphithĂ©Ăątre et des
locaux de prestige qui accueillent plusieurs centaines de manifestations par an.
La situation immobiliÚre de la Sorbonne est trÚs complexe. La Ville de Paris, propriétaire, est
responsable du clos et du couvert tandis que les autres travaux et lâentretien courant sont Ă la charge du
rectorat et des affectataires. Les Ă©tats des lieux Ă©tablis par la Ville et par le rectorat font apparaĂźtre un Ă©cart
de prĂšs de 4 000 mÂČ, et les surfaces occupĂ©es par chaque Ă©tablissement sont connues, elles aussi, avec peu
de prĂ©cision. Le recteur est responsable de la sĂ©curitĂ© sur lâensemble du site. Lâoccupation des
amphithĂ©Ăątres nâest pas suivie : les crĂ©neaux sont rĂ©partis de maniĂšre artisanale entre Paris 1, Paris 3 et
Paris 4, voire directement entre leurs composantes. La Sorbonne a fait lâobjet dâun avis dĂ©favorable de la
commission de sĂ©curitĂ© de la prĂ©fecture de police â et plusieurs interlocuteurs mâont dit leur grande
préoccupation concernant la sécurité incendie. La poursuite des travaux de mise en sécurité et de
réhabilitation menée par la Ville de Paris est donc trÚs attendue, mais elle a été longtemps retardée du fait
des réticences de certaines équipes à quitter les locaux, réticences accrues par les incertitudes concernant
les locaux quâelles retrouveront aprĂšs travaux puisque chacun sait bien quâune rationalisation des
affectations au sein du bùtiment est indispensable et inévitable.
Le monument Sorbonne est extraordinaire. Mais ni son Ă©tat physique ni son utilisation ne sont Ă la
hauteur de ce que mĂ©rite ce symbole de lâenseignement supĂ©rieur parisien et français : les activitĂ©s
dâES&R qui y sont menĂ©es se dĂ©roulent dans des conditions trĂšs difficiles, notamment pour les Ă©tudiants.
Aujourdâhui, la Sorbonne nâa plus dâidentitĂ© autre quâhistorique. Nombreux sont les Ă©tudiants qui
rejoignent une universitĂ© portant le nom de Sorbonne en croyant venir Ă©tudier en Sorbonne⊠et qui nây
ont aucune activitĂ©. Leur dĂ©ception â notamment celle des Ă©tudiants Ă©trangers, voire des professeurs
invitĂ©s â nâest pas mince.
MalgrĂ© ces difficultĂ©s, lâattachement Ă la Sorbonne des universitĂ©s et des Ă©quipes quâelle accueille est
considĂ©rable. Plusieurs de ces occupants mâont dit que personne nâa jamais acceptĂ© de quitter la
Sorbonne autrement que contraint et forcé⊠ce qui est faux. Rappelons que le départ vers Jussieu de ce
que lâon appelait alors la FacultĂ© des sciences nâa pas Ă©tĂ© une consĂ©quence des Ă©vĂ©nements de 1968, il
était prévu depuis les années 50 et avait commencé avant 1968 ; de plus, Paris 5 a quitté presque tous les
locaux quâelle occupait en Sorbonne et lâENC a le projet â certes teintĂ© de nostalgie â de quitter la
Sorbonne dans les prochaines annĂ©es. Câest pourquoi â sauf Ă considĂ©rer que le sujet est tabou â je crois
nĂ©cessaire dâouvrir la rĂ©flexion sur lâĂ©volution de lâoccupation de la Sorbonne.
A.11.2. Avant de poursuivre sur ce sujet, il faut dire un mot de lâutilisation du nom « Sorbonne » dans les
actions de communication des universités parisiennes.
Beaucoup voient dans la Sorbonne le symbole de « lâUniversitĂ© française » et de son excellence. Selon un
article dâun grand quotidien Ă©conomique français paru en juin 2009, certains experts auraient Ă©valuĂ© la
« marque Sorbonne » Ă plus dâun milliard dâeuros.
110
Aujourdâhui, trois universitĂ©s parisiennes ont choisi dâutiliser ce nom dans leur logo et dans toutes leurs
actions de communication : Paris 1 utilise le nom « UniversitĂ© PanthĂ©on-Sorbonne », Paris 3 sâappelle
« UniversitĂ© Sorbonne nouvelle » (et bientĂŽt « UniversitĂ© Paris CitĂ© â Sorbonne nouvelle » ; voir
lâAnnexe 6), et Paris 4 « UniversitĂ© Paris-Sorbonne ». Mais les choses seraient trop simples si on
sâarrĂȘtait lĂ . La liste des marques dĂ©posĂ©es Ă lâINPI (Institut national de la propriĂ©tĂ© intellectuelle) par un
Ă©tablissement dâenseignement supĂ©rieur et contenant le mot « Sorbonne » est bien plus longue. Elle inclut
« Ăcole de Droit Sorbonne-Assas », « Ăcole de Droit de la Sorbonne », « Ăcole de Marketing Sorbonne-
Assas Paris », « e Sorbonne », « Entretiens de la Sorbonne », « Faculté de Droit de la Sorbonne », « IAE
de Paris-Sorbonne », « La Sorbonne », « Law School Sorbonne-Assas », « Sorbonne-Assas Ăcole de
Droit », « Sorbonne-Assas Ăcole de Droit de la Sorbonne », « Sorbonne-Assas FacultĂ© de Droit de la
Sorbonne », « Sorbonne-Assas Law School », « Sorbonne Arts », « Sorbonne Business School »,
« Sorbonne Droit », « Sorbonne Finance », « Sorbonne Gestion », « Sorbonne Law », « Sorbonne Law
School », « Sorbonne Management », « Sorbonne Marketing », « Sorbonne Science Politique »,
« Sorbonne Summer School », « Université de la Sorbonne », « Université Nouvelle Sorbonne »,
« Université Paris Sorbonne Abu Dhabi », « Université Sorbonne-Assas », « Université Sorbonne
Nouvelle », « UPMC Paris La Sorbonne ». Parmi ces marques, certaines ne sont pas employées mais
dâautres sont rĂ©guliĂšrement utilisĂ©es, notamment Ă lâĂ©tranger.
Et ce nâest pas fini, car les rĂ©flexions sur les PRES ont relancĂ© ces jeux. Avant la publication de mon
rapport intermédiaire, un des dirigeants porteurs du projet de PRES « Université Paris Cité » exprimait
rĂ©guliĂšrement son souhait que le PRES sâappelle « UniversitĂ© Paris CitĂ© Sorbonne », avant dây renoncer
par la suite. De leur cĂŽtĂ©, les universitĂ©s Paris 2, Paris 4 et Paris 6 ont dĂ©posĂ© les statuts dâune Association
régie par la loi de 1901 nommée « La Sorbonne », ce qui a provoqué un communiqué de protestation des
trois autres universités occupant des locaux en Sorbonne, et une lettre de la Ville de Paris demandant aux
universitĂ©s « au nom du Maire de Paris, dâutiliser le nom « Sorbonne » de maniĂšre concertĂ©e entre
Ă©tablissements et avec notre accord de propriĂ©taire du bĂątiment », et une lettre du recteur de lâacadĂ©mie
de Paris allant dans le mĂȘme sens.
Quelquâun pense-t-il que cette inflation des dĂ©pĂŽts de marques peut se rĂ©guler dâelle-mĂȘme, ou quâelle est
utile pour accroĂźtre le rayonnement et lâattractivitĂ© des universitĂ©s parisiennes (ou pour amĂ©liorer la vie
Ă©tudiante ?!). Ce nâest pas mon sentiment. Nous sommes dĂ©jĂ dans une situation peu satisfaisante oĂč une
grande part des citoyens de Paris â et des lycĂ©ens de France â ne « sây retrouvent pas » dans les noms des
universités parisiennes, et nous sommes en train de la rendre encore plus complexe et moins lisible.
ConnaĂźt-on une autre ville au monde oĂč les noms des universitĂ©s font lâobjet dâune situation analogue ?
A.11.3. Comment améliorer la situation ? Comment faire pour que le nom et le bùtiment de la
Sorbonne contribuent davantage au rayonnement national et international des universités qui y
sont présentes, à leur identité et à leur attractivité ? Est-il possible et souhaitable que le nom de la
Sorbonne participe davantage au rayonnement des autres universitĂ©s parisiennes â celles qui ne sont pas
présentes en Sorbonne ? Comment faire en sorte que ce monument extraordinaire soit un lieu plus
dynamique et ouvert pour la vie intellectuelle et la vie Ă©tudiante, et quâil soit, plus quâaujourdâhui, un
lieu de fiertĂ© et dâadmiration pour les parisiens et les visiteurs de la capitale ?
Je ne sais pas rĂ©pondre Ă ces questions ni proposer ici Ă lâĂtat des recommandations prĂ©cises sur le
meilleur scénario à retenir, mais je souhaite proposer des pistes de réflexion.
« Jâai fait un rĂȘve ». Jâai entendu plusieurs prĂ©sidents dâuniversitĂ©s parisiennes commencer ainsi certaines
interventions. Alors, jâose aussi : jâai fait trois rĂȘves !
Le premier rĂȘve se passe en 2025. Paris est reconnue depuis quelques annĂ©es comme la plus belle ville
universitaire dâEurope, Ă la suite dâune rĂ©novation de grande ampleur menĂ©e au cours de la dĂ©cennie
précédente. Notamment, Paris compte trois grandes universités confédérales, mondialement reconnues.
Lâune dâelles sâappelle « UniversitĂ© Paris CitĂ© » â et les amĂ©ricains ne se privent pas de lâappeler « City
University of Paris ». Une autre universitĂ© confĂ©dĂ©rale sâappelle « UniversitĂ© de la Sorbonne » et le
111
bĂątiment de la Sorbonne nâest occupĂ© que par des composantes de ce PRES, qui comprend notamment les
universitĂ©s qui, au dĂ©but du siĂšcle, sâappelaient Paris 2, Paris 4 et Paris 6.
Comment cela a-t-il Ă©tĂ© possible ? Au moins vingt personnes assurent avoir jouĂ© le rĂŽle clĂ© ! Lâune
dâelles affirme avoir posĂ© en 2010 au ministre chargĂ© de lâenseignement supĂ©rieur la question
suivante : « est-il important pour le rayonnement international de lâenseignement supĂ©rieur parisien que
le rectorat de Paris soit installé en Sorbonne et que le ministÚre soit installé au Quartier latin ? ». Le
ministre a rĂ©uni les prĂ©sidents dâuniversitĂ©s parisiennes, en prĂ©sence du Maire de Paris, et annoncĂ© que,
si lâensemble des acteurs arrivaient en trois mois Ă bĂątir un accord permettant :
de loger un seul PRES Ă la Sorbonne,
dâassurer une croissance substantielle des surfaces affectĂ©es dans Paris aux universitĂ©s qui acceptent
de quitter la Sorbonne,
et de fixer de façon concertée les noms utilisés par les PRES et par les établissements,
alors le ministĂšre quitterait le Quartier latin et le rectorat quitterait la Sorbonne â en y gardant une
prĂ©sence pour assurer la gestion du bĂątiment et la sĂ©curitĂ©. Trois mois de pourparlers intenses ont suivi â
avec, dâaprĂšs les rumeurs, plusieurs rĂ©unions dans le bureau mĂȘme du prĂ©sident de la RĂ©publique â et il
a fallu ensuite sept ans de mise en Ćuvre du schĂ©ma retenu. Lâancienne universitĂ© Paris 2, membre du
PRES « UniversitĂ© de la Sorbonne », occupe une partie de la Sorbonne en compagnie de lâancienne
universitĂ© Paris 4 et de la bibliothĂšque interuniversitaire, considĂ©rablement agrandie. Lâancienne
universitĂ© Paris 1 occupe la totalitĂ© des locaux de lâancienne « FacultĂ© de droit » et lâessentiel des locaux
quittĂ©s par le ministĂšre ; elle sâappelle dĂ©sormais « Paris-PanthĂ©on ». Lâancienne universitĂ© Paris 3 a
négocié, en contrepartie de son départ de la Sorbonne, un agrandissement important de ses nouveaux
bùtiments et a maintenant les installations les plus modernes de toutes les universités parisiennes.
Le deuxiĂšme rĂȘve se passe aussi en 2025. La rĂ©novation du paysage universitaire parisien au cours de la
décennie précédente est trÚs largement reconnue comme un succÚs, mais certains gardent la nostalgie de
la Sorbonne oĂč ils ont suivi des cours. Car lâĂtat et la Ville de Paris ont choisi de faire de la Sorbonne la
grande Maison commune des universités et des étudiants parisiens. Force est de reconnaßtre que, grùce
Ă un magnifique travail architectural, la Sorbonne rencontre un immense succĂšs dans cette nouvelle
mission. Elle hĂ©berge quatre bibliothĂšques offrant des centaines de milliers dâouvrages en accĂšs libre et
des milliers de places assises, et ouvertes sept jours sur sept : les anciennes bibliothĂšques
interuniversitaires de Cujas, de Sainte Barbe et de la Sorbonne et la bibliothĂšque Jacques Doucet. Elle
accueille aussi continuellement des colloques scientifiques internationaux, des séminaires, des
confĂ©rences grand public et des spectacles de trĂšs grande rĂ©putation. Lâinitiative la plus discutĂ©e, en
2019, a Ă©tĂ© lâouverture de cafĂ©tĂ©rias et de magasins dans la Sorbonne â les nouvelles « Presses
universitaires parisiennes » communes Ă tous les Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur parisiens et un
superbe « University store » qui vend des tee-shirts, des mugs et des ipods dernier cri Ă lâeffigie de la
Sorbonne et des universitĂ©s et PRES parisiens. Ouverte au public â gratuitement, sauf pour la chapelle â
la Sorbonne est devenue un des monuments parisiens les plus visités. Les universités qui occupaient les
lieux au dĂ©but du siĂšcle ont Ă©tĂ© relogĂ©es Ă proximitĂ© immĂ©diate, dans les locaux quâoccupaient les
bibliothĂšques Cujas et Sainte Barbe et le ministĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche.
TroisiĂšme rĂȘve. Lâaffaire Ă©clate le lundi 19 janvier 2020. PubliĂ© simultanĂ©ment dans plusieurs journaux
de la cĂŽte Est et de la cĂŽte Ouest, largement repris par la presse internationale et sur Internet, lâarticle de
George W. Smith â professeur de marketing stratĂ©gique dans une des meilleures business schools
amĂ©ricaines â a un retentissement considĂ©rable : un vĂ©ritable portrait au vitriol des universitĂ©s
parisiennes ! Analyses dĂ©taillĂ©es Ă lâappui, lâauteur dĂ©montre notamment que la marque Sorbonne nâa
plus aucune valeur (moins de 2,3 millions de dollars, selon son estimation). Lâarticle trĂšs documentĂ©
fourmille de détails cruels. Il moque notamment le fait que neuf des treize universités héritiÚres de
lâancienne UniversitĂ© de Paris et trois PRES utilisent dĂ©sormais des noms de marque incluant le nom
« Sorbonne » et il dĂ©peint une visite kafkaĂŻenne du bĂątiment Sorbonne partagĂ© entre 12 occupants â car
trois PRES y ont installé leur siÚge.
112
Le 13 mars, on apprendra quâil sâagit avant tout dâune banale histoire de vengeance personnelle, que
George W. a méthodiquement préparée pendant plusieurs mois
82
. Mais le mal est fait, profond. Ă la
rentrĂ©e 2020, le tarissement des inscriptions dâĂ©tudiants Ă©trangers Ă Paris est presque total. Les articles
de protestation publiĂ©s dans la presse française nâont pratiquement aucun Ă©cho Ă lâĂ©tranger.
Ces rĂȘves ne font quâillustrer quelques convictions :
Lâavenir du bĂątiment de la Sorbonne est ouvert, il est entre nos mains. Il serait trĂšs dommage dâen
rester Ă une vision figĂ©e sur lâĂ©tat actuel. Si les Ă©quipes et les Ă©tablissements qui occupaient des
locaux historiques en Sorbonne et au Quartier latin avaient toutes refusé de les quitter, la congestion
de lâenseignement supĂ©rieur parisien aurait Ă©tĂ© largement pire que celle que nous connaissons. De
plus, tous les Ă©tablissements dâES&R qui ont quittĂ© le centre de Paris depuis 50 ans se portent mieux
aujourdâhui que sâils y Ă©taient restĂ©s. En outre, des solutions immobiliĂšres existent pour le
relogement des équipes, y compris à proximité immédiate de la Sorbonne.
Je ne peux mâempĂȘcher de craindre que la valeur de la marque Sorbonne soit trĂšs surestimĂ©e, ou plus
prĂ©cisĂ©ment quâelle ait beaucoup plus de valeur Ă Paris quâailleurs. Nous mĂ©fions-nous assez de notre
propension à croire que le monde entier nous envie telle ou telle particularité française ? Pour
objectiver la rĂ©flexion, et Ă tout le moins prendre un peu de recul, il serait intĂ©ressant que lâĂtat et la
Ville de Paris demandent Ă un ou deux cabinets â Ă©trangers bien sĂ»r â dâexpertiser la valeur de la
marque Sorbonne et de donner des conseils sur son utilisation.
Tous les experts en marketing le savent : construire une marque de valeur est beaucoup plus long et
difficile que dâabĂźmer une marque et lui faire perdre de sa valeur. Ils sont aussi nombreux Ă souligner
quâune marque qui est le nom dâun bĂątiment ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e en omettant cette rĂ©alitĂ©. Je
crains fort que nous ne soyons en train dâabĂźmer la marque Sorbonne.
Il est nĂ©cessaire de rĂ©guler les choix des universitĂ©s parisiennes â et leur compĂ©tition â pour utiliser le
nom Sorbonne.
Sur les deux sujets abordĂ©s ici, lâutilisation du nom « Sorbonne » et lâoccupation du bĂątiment du mĂȘme
nom, je considÚre que les conditions sont réunies pour ouvrir une période de réflexion et définir avec les
Ă©tablissements et en lien avec la Ville de Paris de nouvelles voies dâavenir
83
. Câest absolument
indispensable sur le premier sujet, et câest trĂšs souhaitable sur le second. Je recommande Ă lâĂtat de
confier une mission sur ce sujet au rectorat de Paris.
82
Lors de son séjour à Paris fin 2019, la jeune et jolie épouse de George W. avait beaucoup sympathisé avec B.
Laroture, le célÚbre professeur parisien de marketing stratégique qui avait alors connu son heure de gloire sur les
plateaux de tĂ©lĂ©vision en « dĂ©montrant » que la valeur de la marque Sorbonne dĂ©passait 10 milliards dâeuros.
83
Dâautres voies existent que celles qui sont proposĂ©es ci-dessus. En rĂ©action aux deux premiers « rĂȘves », le
laboratoire Islam mĂ©diĂ©val de lâunitĂ© Orient et MĂ©diterranĂ©e commune Ă Paris 1, Paris 4, Ă lâEPHE et au CNRS a
Ă©bauchĂ© une troisiĂšme option intĂ©ressante oĂč la Sorbonne deviendrait une « CitĂ© des humanitĂ©s et sciences
sociales » accueillant des bibliothĂšques et des laboratoires et formations dâexcellence communs Ă plusieurs
Ă©tablissements en lettres et SHS â mais nâaccueillerait plus aucun siĂšge dâĂ©tablissement â et lancĂ© un appel aux
directions des Ă©tablissements concernĂ©s pour quâelles acceptent dâexplorer cette perspective, au service du
rayonnement international des SHS parisiennes.
113
ANNEXE 12
LE « PROJET POLIVEAU » POUR PARIS 3 ET LE MUSĂUM
Le « Projet Poliveau » prĂ©sentĂ© ci-dessous vise Ă la fois Ă proposer un plan prĂ©cis pour lâĂ©volution des
implantations de Paris 3, avec un triple objectif :
sâinscrire dans la logique de regroupement et de « rationalisation des implantations » proposĂ©e au
chapitre 5,
mettre en place rapidement des locaux qui permettront de quitter le site de Censier pour y mener les
travaux de démolition-reconstruction,
et fixer le choix des implantations définitives de Paris 3, aprÚs retour sur le site de Censier
reconstruit, en articulant le mieux possible le schĂ©ma dâimplantation dĂ©finitif et celui de la pĂ©riode
transitoire,
et Ă proposer aussi un projet immobilier intĂ©ressant pour le MusĂ©um national dâhistoire naturelle,
affectataire de lâilĂŽt Poliveau.
Un travail détaillé a été mené avec les deux établissements, incluant une analyse en profondeur de leurs
besoins et des « efforts » demandĂ©s Ă chacun dâeux. Ceci a permis dâarriver Ă une situation oĂč la
présidente de Paris 3 et le directeur général du Muséum ont donné leur accord sur le Projet.
A.12.1. DĂ©crivons dâabord le Projet dans ses grandes lignes. Il est Ă©talĂ© sur dix ans, jusquâen 2020 :
Il consiste Ă construire dâabord, dâici Ă 2015, sur lâilĂŽt Poliveau des bĂątiments qui permettront
dâaccueillir la majoritĂ© des activitĂ©s de Paris 3 et abriteront notamment la bibliothĂšque â de façon
dĂ©finitive â et les grands amphis â ainsi que quelques bĂątiments pour le MusĂ©um.
Pendant la pĂ©riode 2015-2020 durant laquelle le site de Censier sera dĂ©moli et reconstruit â en
site libĂ©rĂ© â Poliveau sera le centre principal de Paris 3.
En 2020, une partie des activités de Paris 3 reviendront sur Censier, libérant sur Poliveau des locaux
qui seront disponibles pour le Muséum.
Le tableau ci-dessous et le schéma de la page suivante donnent une vision plus précise du Projet et les
principales données chiffrées.
Le Projet inclut la dĂ©molition dâun certain nombre de bĂątiments existants sur lâilĂŽt Poliveau (pour une
surface de 9 800 mÂČ SHON).
Les bĂątiments Z1, Z2, Z3 et C1 seront affectĂ©s Ă Paris 3 Ă titre dĂ©finitif (pour 25 000 mÂČ en tout).
Les bĂątiments C3, PT (Plateformes) et W seront affectĂ©s au MusĂ©um (pour 7 000 mÂČ en tout).
Le bĂątiment C2 (10 800 mÂČ) sera occupĂ© par Paris 3 entre 2015 et 2020, puis occupĂ© par le MusĂ©um
(pour une surface de 10 800 mÂČ).
Enfin, le Projet inclut la rĂ©habilitation de certains bĂątiments existants du MusĂ©um sur lâilĂŽt Poliveau,
et la construction sur le site voisin du Jardin des Plantes (JDP) de trois bĂątiments (deux bĂątiments dits
« LIO » et « rĂ©serve sous rosiers » et un prĂ©fabriquĂ©, pour 5 700 mÂČ en tout).
BĂątiments
Surfaces (mÂČ SHON) Date dâachĂšvement
Occupant
DĂ©molitions sur Poliveau
- 9 820
2013
Muséum
BĂątiment C1
6 000
2015
Paris 3
BĂątiment C2
10 850
2015
de 2015 Ă 2020 : Paris 3
Muséum aprÚs 2020
BĂątiment C3
2 000
2015
Muséum
BĂątiment PT
3 190
2014
Muséum
BĂątiment W
1 720
2013
Muséum
BĂątiment Z1
11 500
2015
Paris 3
BĂątiment Z2
3 000
2015
Paris 3
BĂątiment Z3
4 400
2015
Paris 3
BĂątiment LIO (JDP)
950
2012
Muséum
Bùtiment préfabriqué (JDP)
1 700
2013
Muséum
Galerie sous rosiers (JDP)
3 000
2014
Muséum
114
A.12.2. Pour ce qui concerne plus prĂ©cisĂ©ment Paris 3, le Projet sâappuie sur une remise Ă jour dĂ©taillĂ©e
de lâĂ©valuation des besoins en surfaces de lâĂ©tablissement rĂ©alisĂ©e dĂ©but 2009 par Paris 3, lâEPCJ et le
rectorat de Paris.
Dans le scénario proposé, Paris 3 sera regroupée à partir de 2020 sur deux sites :
le site Censier-Poliveau, avec deux ensembles de bĂątiments neufs (Poliveau ouvert en 2015 et Censier
ouvert en 2020), Ă moins de cinq minutes Ă pied lâun de lâautre ;
et le site « Sorbonne », Paris 3 conservant deux implantations de prestige en Sorbonne et rue de
lâĂ©cole de mĂ©decine, Ă moins de trois minutes Ă pied lâune de lâautre.
Au final, le Projet prĂ©sente donc une solution « optimale » pour lâimplantation dĂ©finitive de Paris 3. Il
se présente aussi de façon trÚs favorable pour la période transitoire :
pendant la pĂ©riode oĂč Paris 3 devra quitter Censier (2015-2020), son site principal sera trĂšs proche,
sur Poliveau ;
la bibliothĂšque ne bougera quâune fois, pour sâinstaller en 2015 et de façon dĂ©finitive dans des locaux
neufs sur Poliveau ;
le besoin en « locaux tampons » hors-sites sera limitĂ© Ă 2 000 mÂČ de locaux banalisĂ©s (bureaux pour
des services administratifs), quâil faudra sâefforcer bien sĂ»r de trouver aussi prĂšs que possible du site
Censier-Poliveau.
115
Il est utile aussi de comparer le Projet présenté ici avec le « scénario Bastille » qui avait été élaboré début
2009 pour Paris 3, et que jâavais Ă©voquĂ© dans le rapport intermĂ©diaire. Les principaux Ă©lĂ©ments de
comparaison sont les suivants :
dans le « projet Bastille », le départ de Censier serait probablement possible un an plus tÎt (en 2014,
avec retour sur Censier en 2019)
84
;
cependant, le Projet présenté ici est beaucoup plus compact, pendant la période intermédiaire et dans
le schĂ©ma dâimplantation dĂ©finitif ; il permet de dĂ©mĂ©nager une seule fois la bibliothĂšque, et Ă©vite de
devoir trouver des locaux tampons « complexes » (typiquement : avec des amphis) ;
le Projet renforce aussi la continuité territoriale du PRES Université Paris Cité, alors que le Projet
Bastille aurait amoindri son identité territoriale ;
enfin, le Projet présenté ici est considérablement moins coûteux que le « projet Bastille ».
A.12.3. Lâexamen du Projet « vu du MusĂ©um » mĂ©rite une analyse prĂ©cise. Tout dâabord, lâĂ©valuation des
besoins du MusĂ©um en surfaces â et en rĂ©habilitation de bĂątiments existants â a fait lâobjet ces derniers
mois de nombreuses discussions avec la direction du Muséum et de plusieurs visites sur place, avec
lâEPCJ et le rectorat de Paris. Il faut souligner que le MusĂ©um a Ă©laborĂ© un projet de schĂ©ma directeur
immobilier qui a constituĂ© un point dâappui utile pour ces discussions et analyses. Les motivations des
besoins de surfaces supplĂ©mentaires et de rĂ©habilitations de locaux sont multiples : exigĂŒitĂ© et parfois
inadaptation des locaux existants, impĂ©ratifs de mise en sĂ©curitĂ©, besoins liĂ©s aux activitĂ©s musĂ©ales et Ă
lâouverture de certains bĂątiments au public, ou Ă lâamĂ©lioration des conditions de stockage et dâutilisation
des collections, ou au développement des activités de recherche.
Il faut savoir aussi que le Muséum avait élaboré et proposé début 2009 au MESR un projet immobilier
important. Dans ses grandes lignes, ce « projet du Muséum » se déclinait de la façon suivante :
Le projet devait reposer sur un partenariat de longue durée (30 ans) avec un partenaire privé, qui
aurait construit et gĂ©rĂ© sur lâilĂŽt Poliveau deux immeubles de bureaux.
Ce partenariat permettait, sans financement supplĂ©mentaire venant de lâĂtat ou du MusĂ©um, de mener
sur lâilĂŽt Poliveau des travaux (pour un montant de 50 MâŹ) permettant de :
-
dĂ©molir des bĂątiments existants, vĂ©tustes et largement inadaptĂ©s, pour une surface de 8 000 mÂČ ;
-
construire les immeubles de bureaux exploitĂ©s par le partenaire privĂ© (14 000 mÂČ) ;
-
construire pour le Muséum deux bùtiments neufs, un immeuble de « plateformes techniques » de
3 200 mÂČ et un bĂątiment dit « des collections » de 13 000 mÂČ.
Vu du MusĂ©um, lâimpact du Projet proposĂ© ici sâanalyse donc dans les termes suivants :
Ponctuellement, lâĂtat refuse dâengager un projet pour lequel le MusĂ©um ne demandait pourtant
aucun financement, et qui permettait Ă lâĂ©tablissement de disposer de 16 200 mÂČ de bĂątiments neufs
sur lâilĂŽt Poliveau en y dĂ©molissant 8 000 mÂČ de bĂątiments vĂ©tustes.
Dans la durĂ©e, le MusĂ©um peut considĂ©rer quâil va « perdre sur deux tableaux ». Dâune part, une
portion significative de la parcelle Poliveau, qui lui est affectĂ©e aujourdâhui, sera affectĂ©e Ă Paris 3 ;
dâautre part, le « reliquat de constructibilitĂ© » sur le site, qui aurait Ă©tĂ© dâenviron 10 000 mÂČ aprĂšs
réalisation du projet du Muséum, sera pratiquement réduit à zéro aprÚs la réalisation du Projet proposé
ici.
Temporairement, la situation sera inconfortable entre 2012 et 2020 pour plusieurs Ă©quipes du
MusĂ©um, avec parfois des dĂ©mĂ©nagements multiples et des pĂ©riodes dâhĂ©bergement dans des locaux
tampons, sur site ou hors-site. Cet inconfort aurait aussi existé dans le cadre du projet du Muséum,
mais il sera accru et durera plus longtemps dans le cadre du Projet proposé ici.
Enfin, autre « préjudice » non pérenne : dans le Projet présenté ici, le Muséum bénéficiera in fine
dâun gain de surfaces de 8 000 mÂČ sur lâilĂŽt Poliveau, mais seulement en 2020 alors quâil pouvait
espĂ©rer bĂ©nĂ©ficier du mĂȘme gain de surface dĂšs 2016 ou 2017 dans le projet du MusĂ©um.
84
Je suis conscient que ceci nâest pas indiffĂ©rent : passer un an de plus sur Censier â oĂč la prĂ©sence dâamiante rend
problĂ©matique, voire impossible, la moindre petite intervention de travaux â reprĂ©sente un effort sensible pour les
personnels de Paris 3.
116
Face à ces éléments de « préjudice », le Projet proposé ici fait aussi apparaßtre une « compensation » trÚs
substantielle :
Dâune part, le Projet prĂ©voit donc un « point dâarrivĂ©e » Ă©quivalent Ă celui du projet du MusĂ©um, avec
in fine le mĂȘme gain de surfaces sur lâilĂŽt Poliveau.
En outre, le Projet inclut les opérations suivantes au bénéfice du Muséum :
-
la construction sur le Jardin des Plantes de deux bĂątiments complĂ©mentaires, le LIO de 950 mÂČ et
une galerie souterraine dite « sous rosiers » de 3 000 mÂČ (et dâun prĂ©fabriquĂ© pour une surface de
1 700 mÂČ) ; ces deux bĂątiments sont non seulement justifiĂ©s du point de vue des besoins du
Muséum dans la durée, mais ils joueront aussi un rÎle essentiel pour faciliter les relogements
provisoires au cours de la période 2012-2020 et réduire le recours à des locaux tampons hors site ;
-
la rĂ©habilitation, sur lâilĂŽt Poliveau, des bĂątiments anciens dont la conservation a Ă©tĂ©
recommandĂ©e par lâĂ©tude patrimoniale rĂ©alisĂ©e par le MusĂ©um (avec un financement de 12 MâŹ,
conforme aux demandes de lâĂ©tablissement).
Enfin, il faut noter que le Projet inclut pour le Muséum un risque spécifique : le Muséum se retrouverait
dans de trĂšs grandes difficultĂ©s et pourrait sâestimer spoliĂ© si, en 2020, Ă lâachĂšvement des travaux de
Censier, lâUniversitĂ© Paris 3 refusait de libĂ©rer le bĂątiment C2 quâelle aura occupĂ© depuis 2015. Le MESR
a donc une obligation de bon achÚvement du Projet, qui porte non seulement sur la réalisation de
lâensemble des opĂ©rations immobiliĂšres mais aussi sur la libĂ©ration par Paris 3 du bĂątiment C2 pour quâil
puisse ĂȘtre occupĂ© par le MusĂ©um Ă partir de 2020. Pour rĂ©duire drastiquement ce risque, je
recommande de procĂ©der de la façon suivante, qui reçoit lâaccord du MusĂ©um et de Paris 3 :
mettre en place dĂšs 2010 une convention tripartite entre le MESR, Paris 3, le MusĂ©um et lâEPCJ pour
fixer les grands principes de lâensemble du Projet, en prĂ©voyant que cette convention sera
rĂ©guliĂšrement actualisĂ©e par avenant, notamment en 2015 avant lâinstallation de Paris 3 sur lâilĂŽt
Poliveau ;
affecter le bùtiment C2 au Muséum dÚs son achÚvement, en 2015, en mettant en place entre le
MusĂ©um et Paris 3 une convention concernant lâoccupation de ce bĂątiment ; cette convention prĂ©voira
notamment que lâoccupation du bĂątiment par Paris 3 ne sera consentie Ă titre gratuit que sur une
période limitée dans le temps, dont le terme sera lié à la mise à disposition de Paris 3 des locaux de
Censier reconstruits.
A.12.4. Le Projet a fait lâobjet dâune analyse dĂ©taillĂ©e par les Ă©quipes de lâEPCJ, en prenant en compte la
totalité des éléments :
un calendrier précis et réaliste de toutes les étapes du Projet,
les coûts et les délais des études, des travaux de démolition, de construction, de réhabilitation (et de
réaménagement des bùtiments C2 et Z1 qui changeront partiellement de destination en 2020) ;
les coĂ»ts de location de locaux tampons hors-site â 2 000 mÂČ pour le MusĂ©um entre 2012 et 2020 et
2 000 mÂČ pour Paris 3 entre 2015 et 2020 â et les coĂ»ts des dĂ©mĂ©nagements.
Il apparaßt que, tout en incluant les coûts des opérations intéressant le Muséum, le Projet Poliveau proposé
ici est beaucoup moins onéreux que le « scénario Bastille » qui concernait seulement Paris 3. On fait
dâune certaine façon « deux opĂ©rations pour le prix dâune », et avec une bien meilleure utilisation des
terrains dont le MESR est propriĂ©taire que si on en laissait lâusage pendant 30 ans Ă un promoteur privĂ©.
Les deux grands facteurs dâĂ©conomie sont liĂ©s dâune part au fait que, sur lâilĂŽt Poliveau, le foncier
appartient dĂ©jĂ Ă lâĂtat, dâautre part au fait que le Projet permet de rĂ©duire au minimum le besoin de
locaux tampons â et dâĂ©viter dâavoir recours Ă des locaux tampons complexes avec des amĂ©nagements
lourds pour des amphis ou des bibliothĂšques.
117
ANNEXE 13
QUELQUES COMPLĂMENTS SUR LE SCHĂMA DIRECTEUR IMMOBILIER
A.13.1. Voici les valeurs des ratios mÂČ/Ă©tudiant pour les universitĂ©s parisiennes
85
:
Université
Ratio mÂČ/Ă©tudiant
Paris 1
2,02
Paris 2
3,70
Paris 3
2,29
Paris 4
2,67
Paris 5
7,14
Paris 6
15,87
Paris 7
7,69
Dauphine
6,17
Il ne faut pas interprĂ©ter ces chiffres de façon trop brutale, car lâapprĂ©ciation des besoins en surfaces fait
intervenir bien dâautres facteurs que le nombre dâĂ©tudiants : elle doit notamment prendre en compte le
type dâactivitĂ©s â sciences expĂ©rimentales ou SHS, pour ne citer quâun aspect. Mais on comprend
pourquoi il est nécessaire de prévoir des augmentations de surfaces pour les universités Paris 1 à Paris 4,
et pourquoi il serait inconcevable dâaccorder tout le campus de Jussieu Ă Paris 6 si celle-ci ne prenait pas
des engagements fermes concernant la libĂ©ration des autres sites quâelle occupe dans Paris.
A.13.2. Il faut noter que les esquisses de schéma directeur immobilier présentées dans la section 5.3
permettront une réduction importante du nombre des sites imbriqués. Cependant, la réflexion sur
certains sites imbriquĂ©s â que je nâai pas eu le temps dâaborder en dĂ©tail avec les prĂ©sidents dâuniversitĂ©s
â devra ĂȘtre poursuivie : câest par exemple le cas des sites de lâINHA, de lâinstitut de gĂ©ographie ou de
lâinstitut dâart et dâarchĂ©ologie
86
.
A.13.3. Je reviens sur le sujet délicat du site des Cordeliers, en distinguant deux aspects.
Le sujet le plus sensible concerne la question de lâutilisation du site des Cordeliers â Ă une Ă©chĂ©ance
qui est plutĂŽt de moyen terme â et il est indispensable que lâĂtat et la Ville de Paris, propriĂ©taire du
site, se concertent sur ce sujet. On lâa vu au chapitre 5, je recommande de poser le principe que le
Centre de recherche des Cordeliers, laboratoire de trĂšs bon niveau commun Ă Paris 5, Paris 6, au
CNRS et Ă lâInserm, reste durablement sur le site. Paris 5 est demandeur dâutiliser les locaux restants,
qui sont aujourdâhui occupĂ©s par des services de Paris 6, des services et des enseignements de lâUFR
de médecine de Paris 5⊠et par des services administratifs de la Ville. Je considÚre que cette
demande de Paris 5 est lĂ©gitime, et je prĂ©conise que ce soit la position de lâĂtat dans la discussion
avec la Ville. Si toutefois la Ville maintenait la position quâelle a exprimĂ©e rĂ©cemment de ne pas
souhaiter affecter le site des Cordeliers à Paris 5, pour le réserver en totalité à des activités
interuniversitaires, je recommanderais Ă lâĂtat :
-
de proposer de créer sur le site des Cordeliers, à terme, un grand learning center interuniversitaire
dédié au domaine de la santé ;
-
et dâexaminer attentivement avec Paris 5 comment rĂ©pondre Ă ses besoins immobiliers pour les
formations dans le domaine de la santé.
85
En SHON (surface hors Ćuvre nette), hors bibliothĂšques.
86
Outre la question de savoir sâil faut en rester au statu quo pour lâoccupation des locaux, il faut aussi examiner,
pour les sites imbriqués, si on doit conserver la situation actuelle concernant la gestion des immeubles (situation qui,
pour beaucoup de biens imbriquĂ©s, est peu satisfaisante du fait dâun partage des responsabilitĂ©s souvent confus).
118
Un autre sujet, de plus court terme, doit ĂȘtre examinĂ© : il est indispensable que lâĂtat et la Ville se
concertent sans tarder sur les questions concernant la gestion du site des Cordeliers. Autant Ă la
Sorbonne, lâautre site prestigieux dont la Ville est propriĂ©taire, le partage des responsabilitĂ©s entre
Ville et Ătat est relativement clair (notamment, câest Ă lâĂtat quâil revient dâarbitrer entre les
demandes de locaux des occupants), autant le site des Cordeliers constitue une forme de « zone de
non droit » â selon une expression que jâai plusieurs fois entendue â oĂč les relations entre les
occupants sont parfois trĂšs difficiles, pour ne pas dire plus.
A.13.4. Jâajoute deux remarques sur des sujets immobiliers concernant les universitĂ©s parisiennes.
Dans le cadre du rapprochement des UFR dâodontologie de Paris 5 et Paris 7, lâidĂ©e de les localiser
ensemble sur le site de PRG commence à prendre forme. Cette idée est trÚs intéressante (et elle
permettrait Ă lâĂtat de tenir son engagement de cĂ©der Ă la Ville de Paris le site de GaranciĂšre) : elle
doit ĂȘtre examinĂ©e avec attention en vue de monter rapidement un vĂ©ritable projet. Si lâUFR
dâodontologie de Paris 5 quitte Montrouge, je recommande dâutiliser une grande part des locaux
libérés sur ce site pour des logements étudiants.
Il faudra mener une rĂ©flexion sur lâavenir immobilier de lâIUT de Paris 5 qui est Ă lâĂ©troit dans ses
locaux du XVI
Ăšme
arrondissement, ce qui limite le nombre dâĂ©tudiants admis Ă 1000 par an, avec un
taux de sĂ©lection drastique. LâidĂ©e a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e de relocaliser lâIUT Ă Ivry, Ă proximitĂ© de la future
« Ă©cole polytechnique universitaire » du PRES « UniversitĂ© Paris CitĂ© ». Mais ce nâest pour lâinstant
quâune idĂ©e, pas encore un projet. Une concertation sera nĂ©cessaire avec la Ville de Paris, qui serait
préoccupée de voir cet IUT quitter la capitale.
A.13.5. Enfin, deux autres sujets doivent ĂȘtre mentionnĂ©s :
LâInstitut des AmĂ©riques est un groupement dâintĂ©rĂȘt scientifique (GIS) crĂ©Ă© en 2007, auquel
participent une trentaine dâĂ©tablissements. Au plan immobilier, son projet est de regrouper diverses
Ă©quipes et activitĂ©s sur une surface dâenviron 5 000 mÂČ. Il Ă©tait prĂ©vu de rĂ©aliser cette opĂ©ration sur le
campus de Jussieu, et il faut donc construire un nouveau scénario. Entre les deux implantations
évoquées dans le rapport intermédiaire, Tolbiac ou Condorcet, le président du GIS a exprimé une
préférence claire pour le site de Tolbiac.
Par ailleurs, le projet de « Maison de la recherche de la Bulac », aussi appelé « PÎle langues et
civilisations », requiert une attention particuliÚre. La construction de cette maison était prévue au
CPER 2007-2013 mais la parcelle â propriĂ©tĂ© de RFF â sur laquelle sa construction est prĂ©vue, Ă
proximitĂ© immĂ©diate de la Bulac et de lâInalco, ne sera disponible que vers 2016. Ce projet va donc
ĂȘtre retardĂ© mais il est trĂšs important de le mener Ă bien : la Bulac est un projet structurant sur le
plan documentaire et il nâa de sens que si la bibliothĂšque et lâInalco sont adossĂ©s Ă la « Maison de la
recherche ».
Je préconise de lier les deux opérations, à la fois sur le court terme et sur le long terme :
dâune part, Ă court terme, je recommande dâutiliser des « locaux tampons » â rue du Chevaleret â
libérés en 2010 par des équipes de Paris 6 revenant sur Jussieu pour regrouper une partie des équipes
que doit rassembler lâInstitut des AmĂ©riques et de celles qui doivent rejoindre la Maison de la
recherche de la Bulac ;
dâautre part, je propose que, pour leur implantation dĂ©finitive, ces deux entitĂ©s soient regroupĂ©es
dans la mĂȘme implantation, dans le bĂątiment qui sera livrĂ© en 2018 Ă Tolbiac, sur la parcelle rĂ©servĂ©e
pour la Maison de la recherche de la Bulac.
Jâinsiste sur lâimportance dâarbitrer rapidement ces deux sujets â et de prĂ©ciser quelles seront les
Ă©quipes accueillies Ă Chevaleret Ă partir de lâĂ©tĂ© 2010. Il serait trĂšs dommage que ces deux projets soient
nĂ©gligĂ©s, du fait de la petite taille de ces entitĂ©s, ou que lâon dĂ©cide dâattendre plusieurs annĂ©es avant de
leur donner forme. Dâune part, lâInstitut des AmĂ©riques attend depuis trĂšs longtemps que lui soit proposĂ©e
une perspective ferme sur ses implantations. Dâautre part, faire attendre jusque vers 2018 la concrĂ©tisation
du projet de Maison de la recherche de la Bulac risquerait fort de ruiner ce projet, et lâinstallation Ă
Tolbiac de lâInalco et de la Bulac resteraient bancales.
119
ANNEXE 14
SUR LE PROJET DE CONVENTION PROPOSĂ Ă PARIS 6
Cette Annexe prĂ©sente de façon synthĂ©tique le projet de convention entre lâĂtat et lâUniversitĂ© Paris 6,
soumise Ă lâapprobation du conseil dâadministration de Paris 6 le 1
er
fĂ©vrier 2010. MĂȘme si elles
concernent spécifiquement Paris 6, plusieurs dispositions de ce projet sont bien représentatives des
dispositions Ă prendre pour dâautres universitĂ©s parisiennes dans le cadre dâun projet pluriannuel visant Ă
rationaliser leurs implantations. Une autre raison de résumer ici ce projet de convention est liée au
caractĂšre emblĂ©matique et sensible du campus de Jussieu, que le rapport dâaudit de 2008 identifiait
comme un des deux principaux « nĆuds » de lâimmobilier universitaire parisien, avec la Sorbonne.
A.14.1. Le prĂ©ambule du projet de convention rappelle dâabord ses motivations. Dâune part, Paris 6 a
demandĂ© trĂšs tĂŽt Ă bĂ©nĂ©ficier de la dĂ©volution des biens immobiliers. Dâautre part, outre la mise en Ćuvre
des dispositions de la loi LRU dont la dévolution des biens mobiliers et immobiliers est un volet
important, lâĂtat compte aussi engager Ă partir de lâannĂ©e 2010 la mise en Ćuvre dâun plan de
rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien qui vise notamment Ă amĂ©liorer la vie Ă©tudiante et Ă
regrouper les activités de chaque université parisienne sur un petit nombre de sites.
Il prĂ©cise ensuite lâobjet de la convention : dĂ©finir la dĂ©marche de prĂ©paration du transfert des biens
mobiliers et immobiliers Ă Paris 6, et les engagements respectifs de lâĂtat et de Paris 6. Et il stipule que
ces engagements forment un tout : notamment, lâengagement de lâĂtat concernant le pĂ©rimĂštre de la
dĂ©volution des biens immobiliers et le choix dây inclure tout le campus de Jussieu (article 2) est
indissociable des engagements de Paris 6 concernant les sites des Cordeliers, du boulevard Raspail et de
lâilĂŽt Pierre et Marie Curie (article 4) et la rĂ©sidence Ă©tudiante (article 8).
A.14.2. Le premier chapitre de la convention Ă©nonce dâabord les engagements liĂ©s Ă la date de la
dĂ©volution et Ă son pĂ©rimĂštre. Lâarticle 1 Ă©nonce lâengagement de lâĂtat Ă rĂ©aliser le transfert effectif Ă
Paris 6 de la pleine propriété des biens mobiliers et immobiliers affectés à Paris 6 ou mis à sa disposition,
et précise que ce transfert aura lieu :
au plus tard Ă la fin du douziĂšme mois plein suivant la mise Ă disposition de Paris 6 des locaux du
bĂątiment nommĂ© « Gril du campus de Jussieu », aprĂšs lâachĂšvement intĂ©gral des travaux de
désamiantage et de réhabilitation du Gril ;
et au plus tard le 30 juin 2016.
Il faut prĂ©ciser que la fin des travaux du Gril est prĂ©vue, aujourdâhui, pour fin 2014.
Lâarticle 2 fixe la liste des biens immobiliers dont la pleine propriĂ©tĂ© sera transfĂ©rĂ©e Ă Paris 6 :
Ă Paris :
-
dans le V
Ăšme
arrondissement, la totalitĂ© du campus de Jussieu, hors la parcelle et lâimmeuble de
lâInstitut du monde arabe ;
-
dans le XII
Ăšme
arrondissement, une parcelle et un immeuble rue de Chaligny (sur le site de
lâhĂŽpital Saint Antoine) ;
-
dans le XIII
Ăšme
arrondissement, les parcelles et immeubles dĂ©signĂ©s « 91 boulevard de lâhĂŽpital »
et « 105 boulevard de lâhĂŽpital », et deux immeubles situĂ©s dans lâenceinte de lâhĂŽpital PitiĂ©-
SalpĂ©triĂšre, au 47 boulevard de lâhĂŽpital ;
et des parcelles et immeubles Ă Banyuls et Villefranche-sur-mer (stations marines), ainsi quâĂ Orsay
et Francourville.
Lâarticle prĂ©cise que le transfert fera lâobjet dâun acte unique et global â ou, le cas Ă©chĂ©ant, dâun
ensemble dâactes prenant effet de façon simultanĂ©e â portant sur lâensemble de ces biens.
Lâarticle 3 stipule essentiellement que :
Paris 6 a dâores et dĂ©jĂ renoncĂ© Ă demander la propriĂ©tĂ© du site de Valensole dans les Alpes de Haute
Provence, qui lui avait été attribué à titre de dotation ;
Paris 6 donne son accord pour que les biens immobiliers appartenant Ă lâĂtat sur le territoire de la
commune de Thonon-les-Bains qui sont affectés à Paris 6 à la date de la présente convention cessent
de lui ĂȘtre affectĂ©s ;
120
A.14.3. Lâarticle 4 regroupe les engagements concernant des sites parisiens nâappartenant pas Ă lâĂtat. Le
principe gĂ©nĂ©ral est que Paris 6 sâengage Ă quitter ces sites â et Ă les cĂ©der lorsquâelle en est propriĂ©taire â
avant dévolution.
Concernant le site des Cordeliers, le projet de convention contient les dispositions suivantes :
Paris 6 prend lâengagement que, Ă lâexception des Ă©quipes rattachĂ©es au Centre de recherche des
Cordeliers, unitĂ© commune avec Paris 5, le CNRS et lâInserm, ses services et ses Ă©quipes installĂ©s sur
le site des Cordeliers quitteront ce site avant la dévolution.
Paris 6 sâengage Ă rĂ©silier avant la dĂ©volution la convention par laquelle la Ville de Paris,
propriĂ©taire, lui confie lâaffectation du site des Cordeliers.
LâĂtat sâengage Ă prendre en charge financiĂšrement lâhĂ©bergement provisoire des services de Paris 6
qui quitteront le site des Cordeliers au titre des dispositions du premier alinéa du présent article. Cet
hébergement sera mis en place dÚs le départ du site des Cordeliers, sur une surface qui sera aussi
proche que possible de la surface occupĂ©e actuellement par ces services, soit 5 300 mÂČ SHON. La
prise en charge de cet hĂ©bergement par lâĂtat prendra fin :
-
au plus tard Ă la fin du troisiĂšme mois plein suivant lâachĂšvement intĂ©gral des travaux de
réhabilitation des barres A-B-C et F de Cassan sur le campus de Jussieu ;
-
et au plus tard Ă la fin dâune durĂ©e maximale de cinq ans.
LâĂtat et la Ville de Paris se concerteront au sujet de lâĂ©volution de lâaffectation et de lâutilisation du
site des Cordeliers, qui doit rester dĂ©diĂ© Ă lâenseignement supĂ©rieur et Ă la recherche et conserver
une vocation interuniversitaire
87
.
Ce sont ces dispositions qui ont Ă©tĂ© modifiĂ©es par le conseil dâadministration de Paris 6 le 1
er
février.
Dans le texte approuvé par le conseil, les quatre alinéas précédents sont supprimés et remplacés par la
phrase suivante : LâUPMC sâengage Ă rechercher avec la Ville de Paris, propriĂ©taire, et lâĂtat les
conditions de lâĂ©largissement de la vocation interuniversitaire dâenseignement supĂ©rieur et de recherche
du Campus des Cordeliers au fur et à mesure de sa libération par tous les services administratifs.
Citons, Ă titre dâexemple, les dispositions prĂ©vues pour lâimmeuble du 105 boulevard Raspail :
Paris 6 sâengage Ă quitter les locaux quâelle occupe et Ă cĂ©der les biens dont elle est propriĂ©taire au
105 boulevard Raspail avant la dĂ©volution. Paris 6 sâengage Ă faire bĂ©nĂ©ficier lâĂtat dâun droit de
premier refus en lui proposant prioritairement lâacquisition de ces biens.
Paris 6 sâengage Ă prolonger la convention du 17 dĂ©cembre 1992 concernant lâoccupation dâune
partie de ces locaux (pour une surface de 2 900 mÂČ SHON) par lâEHESS :
-
au moins jusquâĂ la fin du sixiĂšme mois plein suivant la premiĂšre offre dâachat que Paris 6
adressera Ă lâĂtat au titre du droit de premier refus mentionnĂ© Ă lâalinĂ©a prĂ©cĂ©dent ;
-
et au moins jusquâau 31 juillet 2014.
Il nâest pas utile de dĂ©tailler les dispositions concernant les biens dont Paris 6 est propriĂ©taire au 96
boulevard Raspail et sur lâilĂŽt Pierre et Marie Curie (pour lâinstitut de physique-chimie). Elles sont
analogues à celles qui précÚdent (avec, pour le 96 boulevard Raspail, une date de libération et cession
plus tardive, afin de tenir compte des engagements pris par Paris 6 vis-Ă -vis de la Ville de Paris
concernant lâhĂ©bergement dans ces locaux dâactivitĂ©s dâincubation et de jeunes sociĂ©tĂ©s innovantes)
88
.
87
La rĂ©daction de cet alinĂ©a a fait lâobjet dâun accord entre le MESR et la Ville de Paris.
88
Pour ĂȘtre tout Ă fait prĂ©cis, on peut signaler que lâarticle 4 dresse la liste complĂšte des activitĂ©s de Paris 6 situĂ©es Ă
Paris hors du campus de Jussieu â et hors sites hospitaliers â Ă une exception prĂšs. En effet, lâInstitut Henri PoincarĂ©
(IHP), « instrument national » de la communauté française de mathématiques et de physique théorique, est rattaché
au CNRS et Ă Paris 6. Personne ne souhaite ni ne demande que lâIHP sâinstalle sur le campus de Jussieu, et câest
pourquoi cet institut et lâimmeuble quâil occupe dans lâilĂŽt Pierre et Marie Curie â propriĂ©tĂ© de lâindivision des
treize universitĂ©s hĂ©ritiĂšres de lâUniversitĂ© de Paris â ne sont pas mentionnĂ©s dans le projet de convention entre
lâĂtat et Paris 6.
121
A.14.4. Les articles suivants concernent les études et les opérations immobiliÚres à mener avant la
dĂ©volution. Lâarticle 5 stipule que Paris 6 a la responsabilitĂ© de mener lâensemble des Ă©tudes nĂ©cessaires
Ă lâĂ©laboration du schĂ©ma directeur dâamĂ©nagement pour lâachĂšvement de la rĂ©novation du campus de
Jussieu, et que ce schĂ©ma directeur sera Ă©laborĂ© en lien Ă©troit avec le rectorat de lâacadĂ©mie de Paris,
lâEPCJ et la Ville de Paris et sera soumis Ă lâapprobation de lâĂtat.
Lâarticle 6 inclut les dispositions suivantes :
Dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la dĂ©volution, et aprĂšs approbation par lâĂtat du schĂ©ma directeur
dâamĂ©nagement retenu pour lâachĂšvement du campus de Jussieu, lâĂtat sâengage Ă confier Ă Paris 6
la maĂźtrise dâouvrage des constructions des nouveaux bĂątiments sur le campus de Jussieu â
correspondant au reliquat de droits Ă construire â et la maĂźtrise dâouvrage des travaux dâurbanisme
nĂ©cessaires Ă lâachĂšvement du campus. Le lancement de ces travaux devra ĂȘtre autorisĂ© par lâĂtat. Ils
seront coordonnés avec les travaux de réhabilitation des bùtiments existants.
Pour lâensemble des travaux menĂ©s sur le campus de Jussieu sous la maĂźtrise dâouvrage de lâEPCJ,
lâĂtat veillera Ă ce que lâEPCJ :
-
associe Paris 6 Ă lâĂ©laboration du programme et sollicite lâaccord de Paris 6 lors de
lâapprobation du programme ;
-
associe Paris 6 au choix du maĂźtre dâĆuvre ;
-
sollicite lâaccord de Paris 6 lors de lâapprobation de lâavant-projet sommaire ;
-
et sollicite lâavis de Paris 6 lors de lâapprobation de lâavant-projet dĂ©taillĂ©, de lâĂ©laboration des
marchés et de la réception des ouvrages.
A.14.5. Le chapitre 2 de la convention concerne essentiellement le logement Ă©tudiant, la restauration
universitaire et les locaux Ă vocation interuniversitaire. Il commence par des engagements importants de
Paris 6 pour réaliser une résidence universitaire :
Paris 6 sâengage Ă rĂ©aliser sur le campus de Jussieu une rĂ©sidence pouvant loger 300 Ă©tudiants, et Ă
conserver cette destination des locaux abritant la résidence pendant cinquante ans au moins.
Paris 6 sâengage Ă conclure avec le CROUS de Paris une convention de partenariat confiant au
CROUS la gestion de cette résidence étudiante pendant une période de vingt ans à compter de son
ouverture, avec un réexamen des dispositions financiÚres à mi-parcours. Cette convention sera
ensuite renouvelable par période de dix ans, par reconduction explicite. Pendant la premiÚre période
de vingt ans Ă compter de lâouverture de la rĂ©sidence :
-
la résidence aura pour partie une vocation interuniversitaire ;
-
les affectations au sein de la rĂ©sidence seront dĂ©cidĂ©es par le CROUS, et la moitiĂ© dâentre elles
sur proposition de Paris 6 ;
-
deux tiers des logements feront lâobjet dâaffectations sur critĂšres sociaux.
La date-cible pour lâouverture de cette rĂ©sidence Ă©tudiante sur le campus de Jussieu est lâannĂ©e 2020.
Il Ă©nonce ensuite les engagements concernant la restauration universitaire : Paris 6 sâengage Ă Ă©laborer
conjointement avec le CROUS de Paris un schéma directeur de la restauration universitaire sur le
campus de Jussieu et Ă lui confier prioritairement la mise Ă disposition et la gestion des espaces de
restauration situés sur le campus pendant une période de dix ans à compter de la dévolution. Les
principes et les modalitĂ©s rĂ©gissant lâaccĂšs Ă la restauration universitaire sur le campus de Jussieu pour
les Ă©tudiants et les personnels dâautres Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur et de recherche installĂ©s
à proximité seront fixés par des conventions spécifiques signées entre Paris 6 et ces établissements.
Le projet de convention prévoit ensuite que, pour les équipements sportifs et le futur learning center du
campus de Jussieu, et pour les bibliothĂšques universitaires installĂ©es dans des locaux faisant lâobjet de la
dĂ©volution, les principes et les modalitĂ©s rĂ©gissant lâaccĂšs pour les Ă©tudiants et les personnels dâautres
Ă©tablissements dâenseignement supĂ©rieur et de recherche seront fixĂ©s par convention signĂ©e entre lâĂtat
et Paris 6, et pourront ĂȘtre actualisĂ©s par avenant. Pour les Ă©quipements sportifs, il pose le principe dâune
priorité pour les étudiants et personnels des établissements membres du PRES auquel participera Paris 6,
et prĂ©cise que le learning center a vocation Ă ĂȘtre dĂ©diĂ© aux Ă©tudiants de ce PRES.
122
A.14.6. Le chapitre 3 du projet de convention concerne les aspects juridiques, techniques, comptables et
financiers liĂ©s Ă la prĂ©paration de la dĂ©volution. Il nâest pas utile de les rĂ©sumer prĂ©cisĂ©ment ici. On peut
simplement noter que le seul engagement financier est pris par lâĂtat, qui sâengage Ă financer les travaux
de rĂ©habilitation du Gril du campus de Jussieu jusquâĂ leur achĂšvement, le texte prĂ©cisant que les
dispositions financiĂšres relatives Ă la dĂ©volution seront arrĂȘtĂ©es lors de sa rĂ©alisation effective, une fois
connus les principes dĂ©taillĂ©s applicables Ă lâensemble des Ă©tablissements publics dâenseignement
supérieur bénéficiaires de la dévolution, qui ne sont pas encore déterminés à ce jour.
A.14.7. Terminons cette Annexe par un bref bilan chiffré des surfaces mises en jeu dans ce projet de
convention.
Attribuer Ă Paris 6 tous les bĂątiments existants du campus de Jussieu revient Ă lui accorder 36 000 mÂČ
supplĂ©mentaires par rapport aux arbitrages inscrits dans le bleu de Matignon de 2006, et ce gain sâĂ©lĂšve Ă
environ 70 000 mÂČ supplĂ©mentaires si lâon tient compte des droits Ă construire sur le campus de Jussieu.
En contrepartie, il est demandĂ© Ă Paris 6 de quitter tous les sites parisiens oĂč elle est installĂ©e (hors sites
hospitaliers, et en conservant lâinstallation du Centre de recherche des Cordeliers dans le site de ce nom),
et ceci reprĂ©sente 10 300 mÂČ.
MĂȘme si lâon prend en compte â comme il est normal â que Paris 6 sâengage Ă consacrer quelques
milliers de mÂČ du campus de Jussieu Ă la rĂ©alisation dâune rĂ©sidence Ă©tudiante interuniversitaire, on voit
que le bilan en surfaces, dans le projet de convention proposĂ©, est trĂšs avantageux pour lâuniversitĂ©
89
.
89
Cela Ă©tant, jâai Ă©crit au chapitre 5 ma conviction que, si un Ă©tablissement accepte de « quitter une affectation
historique ou particuliĂšrement enviĂ©e », il est important quâil « y gagne par ailleurs ». Le projet de convention
proposĂ© Ă Paris 6 sâinscrit dans cette optique.
123
RĂCAPITULATION DES RECOMMANDATIONS
Recommandation 1 : Créer le PRES Université Paris Cité, et accompagner les établissements pour les
aider à développer les coopérations et synergies prévues dans la convention constitutive du PRES.
Recommandation 2 : Demander aux universitĂ©s Paris 2, Paris 4 et Paris 6 dâamplifier le travail pour
lancer rapidement des projets concrets de coopĂ©ration, et dâouvrir avec le MESR un dialogue sur les
objectifs, le nom, la forme juridique et le périmÚtre du PRES.
Recommandation 3 : Encourager les Ă©tablissements Ă finaliser rapidement le projet de PRES
HESAM pour une création au début du printemps 2010, et les accompagner pour les aider à développer
les coopérations et synergies au sein du PÎle.
Recommandation 4 : Créer le Campus PSLQL en veillant à maintenir ouverte la possibilité
dâĂ©largissement ultĂ©rieur Ă de nouveaux partenaires, et poursuivre avec ces Ă©tablissements la rĂ©flexion sur
la perspective de rejoindre un PRES avec une ou des universités parisiennes.
Recommandation 5 : BĂątir avec la Ville de Paris â qui sâest engagĂ©e sur un rythme de 4 000 nouveaux
logements sociaux Ă©tudiants tous les six ans â un plan conjoint de dĂ©veloppement du logement social
Ă©tudiant Ă Paris :
fixer lâobjectif que la contribution de lâĂtat permette dâaccroĂźtre ce rythme de 50% en finançant 4 000
logements supplĂ©mentaires sur Paris dâici Ă 2020, soit 12 000 nouveaux logements sur Paris entre
2009 et 2020 au lieu de 8 000,
et construire avec la Ville un plan concerté portant sur la période 2010-2015, avec des objectifs précis
et des tableaux de bord partagés.
Recommandation 6 : Bùtir avec le Conseil Régional et les Conseils Généraux (dont la Ville) un plan
conjoint de développement de résidences étudiantes à vocation inter-académique, situées en
périphérie mais ouvertes en partie aux étudiants des établissements parisiens. Il faut viser que la
contribution de lâĂtat permette de financer la construction de 2000 logements en pĂ©riphĂ©rie pour des
Ă©tudiants parisiens dâici Ă 2020.
Recommandation 7 : Conclure lâaccord avec la Ville de Paris sur la CIUP, et demander Ă la CIUP de
finaliser rapidement son plan de développement.
Recommandation 8 : Etudier avec la Ville de Paris et en lien avec les collectivités territoriales
concernĂ©es la possibilitĂ© dâune extension de la CIUP sur un deuxiĂšme site en pĂ©riphĂ©rie Ă moins de 30
minutes du centre de Paris.
Recommandation 9 : Demander aux trois CROUS franciliens de mettre en place rapidement un
portail unique du logement étudiant en Ile-de-France, en partenariat avec les collectivités territoriales.
Recommandation 10 : Lancer rapidement la mise en Ćuvre du plan de dĂ©veloppement de la
restauration universitaire parisienne que le CROUS de Paris doit proposer avant la fin du premier
trimestre 2010, portant Ă la fois sur les capacitĂ©s de distribution â restaurants et cafĂ©tĂ©rias â et sur les
capacités de production pouvant inclure des cuisines centrales situées en périphérie.
124
Recommandation 11 : Créer le GIP « PÎle parisien du sport universitaire » avec Paris 1, Paris 3,
Paris 5, Paris 7, Dauphine, le CROUS et la CIUP, en lien avec la Ville de Paris, en proposant aux grandes
Ă©coles parisiennes partenaires â et aux universitĂ©s Paris 2, Paris 4, Paris 6 â dây participer, et en veillant Ă
ce que les membres du GIP sâengagent Ă mutualiser une part substantielle des moyens financiers utilisĂ©s
pour louer des installations sportives et à partager de façon plus transparente les informations sur
lâutilisation de ces installations, afin que le GIP dispose de leviers suffisants pour contribuer Ă une
réelle amélioration de la pratique sportive étudiante à Paris.
Recommandation 12 : Proposer Ă la Ville de Paris et au Conseil RĂ©gional de lancer une mission
dâĂ©tude commune avec lâĂtat sur la possibilitĂ© de crĂ©er dâici Ă 2020 un deuxiĂšme grand centre sportif
interuniversitaire analogue Ă celui de la CIUP.
Recommandation 13 : Demander aux universités de confirmer rapidement leurs intentions et, le cas
échéant, réorganiser rapidement les services universitaires ou interuniversitaires de médecine
prĂ©ventive, puis demander aux Ă©tablissements dâĂ©laborer un plan de dĂ©veloppement du ou des SIUMPPS.
Recommandation 14 : Pour faciliter la mise en Ćuvre dĂšs 2010 de plans dâextension des horaires et des
pĂ©riodes dâouverture des bibliothĂšques, prendre rapidement lâarrĂȘtĂ© permettant de verser des
indemnités horaires pour travaux supplémentaires à certaines catégories de personnels des
Ă©tablissements publics dâES&R.
Recommandation 15 : Conjuguer stockage partiel Ă distance, accroissement de lâaccĂšs libre et
numérisation des collections : accroßtre les capacités de stockage du CTLES de 100 km linéaires et
développer son offre de services aux bibliothÚques parisiennes pour leur permettre de délocaliser une
part substantielle de leurs magasins, en garantissant un bon accÚs aux ressources stockées à distance, eu
vue de dĂ©velopper lâaccĂšs libre et dâaccroĂźtre le nombre des places assises.
Recommandation 16 : Introduire dans le contrat quadriennal de chaque Ă©tablissement un volet
documentaire renforcé, avec des objectifs adaptés à chaque établissement et suffisamment précis pour
que les progrĂšs soient mesurables, notamment sur les registres suivants :
dĂ©veloppement de lâoffre documentaire en accĂšs libre, dĂ©localisation dâune partie des collections et
accroissement du nombre des places en bibliothĂšques ;
accroissement des horaires et des pĂ©riodes dâouverture (en particulier aux vacances de PĂąques) ;
dĂ©veloppement de lâaccĂšs Ă la documentation numĂ©rique, sur place et Ă distance, et de la formation Ă
la recherche dâinformations numĂ©riques ;
(le cas Ă©chĂ©ant) mise en Ćuvre dâune politique de regroupement des bibliothĂšques dispersĂ©es ;
(le cas Ă©chĂ©ant) accĂ©lĂ©ration de lâeffort dâintĂ©gration des documents au catalogue Sudoc, y compris
pour les bibliothÚques dispersées ;
mise en Ćuvre dâune politique dâĂ©tablissement dans le domaine de lâIST, articulĂ©e Ă la politique de
recherche et de formation de lâĂ©tablissement et discutĂ©e chaque annĂ©e au conseil scientifique.
Recommandation 17 : Demander Ă lâAERES de renforcer, en concertation avec les acteurs et avec
lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques, le cahier des charges de lâĂ©valuation des activitĂ©s
documentaires des Ă©tablissements.
Recommandation 18 : Veiller à donner les moyens de la réussite aux bibliothÚques ouvertes
rĂ©cemment ou en projet â Ă Sainte Barbe en prioritĂ©, mais aussi Ă la bibliothĂšque de Paris 7 et aux deux
projets structurants de la Bulac et de la bibliothĂšque du Campus Condorcet â dans une optique de
dĂ©veloppement de lâaccĂšs libre et de coopĂ©ration active avec le rĂ©seau des bibliothĂšques parisiennes.
Recommandation 19 : Demander aux établissements concernés de préciser rapidement le projet de
learning center de chaque projet de PRES, en sâappuyant sur les critĂšres proposĂ©s dans le rapport
rĂ©cent de lâInspection gĂ©nĂ©rale des bibliothĂšques.
125
Recommandation 20 : Mener une Ă©tude visant Ă relancer une politique de prĂȘt interbibliothĂšques en
sâappuyant un opĂ©rateur national ou rĂ©gional, et mettre en Ćuvre rapidement ses recommandations.
Recommandation 21 : Approfondir lâanalyse du scĂ©nario de crĂ©ation dâun ou deux Ă©tablissement(s)
public(s) de documentation scientifique et des scénarios alternatifs, et engager rapidement la
rénovation du positionnement, du modÚle économique, de la gouvernance et du pilotage scientifique
des BIU, en prévoyant simultanément le cahier des charges de leur évaluation.
Recommandation 22 : Demander pour chaque BIU un plan de développement, avec des objectifs
adaptés à chaque bibliothÚque et suffisamment précis pour que les progrÚs soient mesurables, notamment
sur les registres suivants :
dĂ©veloppement de lâoffre documentaire en accĂšs libre, dĂ©localisation dâune partie des collections et
accroissement du nombre des places en bibliothĂšques ;
accroissement des horaires et des pĂ©riodes dâouverture ;
dĂ©veloppement de lâaccĂšs Ă la documentation numĂ©rique, sur place et Ă distance ;
(le cas Ă©chĂ©ant) accĂ©lĂ©ration de lâeffort dâintĂ©gration des documents au catalogue numĂ©rique Sudoc.
Recommandation 23 : Lancer dĂšs le mois dâavril un travail de concertation avec la Ville de Paris et
le Conseil RĂ©gional en vue de dĂ©marrer rapidement la mise en Ćuvre dâun plan dĂ©cennal de
rĂ©novation immobiliĂšre de lâenseignement supĂ©rieur parisien incluant lâensemble des opĂ©rations
énumérées dans la section 5.4, avec une priorité pour les équipements de vie étudiante.
Recommandation 24 : Lancer immédiatement les opérations immobiliÚres les plus prioritaires et
urgentes énumérées dans la section 5.4.7.
Recommandation 25 : Pour construire avec les acteurs une vision rĂ©gionale de lâES&R et pour rĂ©ussir
la mise en Ćuvre des orientations proposĂ©es dans ce rapport, renforcer lâĂ©chelon dĂ©concentrĂ© du
MESR en Ile-de-France et la coordination inter-académique en mettant en place auprÚs des recteurs
franciliens :
un « vice-chancelier des universitĂ©s dâIle-de-France » ;
un service inter-acadĂ©mique chargĂ© de la coordination des acteurs de lâES&R francilien, de
lâamĂ©lioration de la vie Ă©tudiante et de la modernisation du dispositif documentaire ;
et deux instances de coordination, avec les collectivitĂ©s locales dâune part, avec les PRES et
Ă©tablissements dâautre part.
Recommandation 26 : Adapter et renforcer la contractualisation quadriennale des Ă©tablissements
dâES&R en Ile-de-France, en sâappuyant sur une vision rĂ©gionale et en accordant une importance accrue
aux sujets qui sont essentiels pour la rĂ©novation de lâenseignement supĂ©rieur parisien : renforcer la
dynamique des PRES, amĂ©liorer la place donnĂ©e aux jeunes scientifiques, amplifier lâouverture des
Ă©tablissements au monde Ă©conomique, accroĂźtre leur engagement dans la construction de lâespace
européen de la recherche, augmenter leur attractivité, moderniser leurs activités documentaires et
améliorer la vie étudiante.
Recommandation 27 : Mettre en place rapidement lâĂ©tablissement public dâamĂ©nagement
universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France â Ăpaurif â et lui confier un rĂŽle central pour la mise en
Ćuvre du plan de rĂ©novation immobiliĂšre, et notamment pour rĂ©aliser les constructions dâĂ©quipements
interuniversitaires de vie Ă©tudiante.
Recommandation 28 : Lancer rapidement la dĂ©marche dâĂ©laboration et de mise en Ćuvre des
schĂ©mas directeurs des Ă©tablissements parisiens dâES&R, en leur proposant de sâappuyer sur un
partenariat avec lâĂpaurif, et en commençant par les Ă©tablissements concernĂ©s par les « plans de
regroupement des implantations » présentés dans la section 5.3.
126
127
INDEX
ABES : 36
Adele : 21
AERES : 27, 38, 39, 62, 124
Agro ParisTech : 52, 76, 78
AP-HP : 50, 64, 88
Arts et métiers ParisTech : 13, 55, 99, 100
Attractivité : 2, 5, 6, 7, 15, 19, 20, 24, 26, 31, 33,
43, 52, 54, 56, 62, 64, 68, 73, 75, 81-84, 88,
92, 103, 104, 110, 125
BibliothÚques et activités documentaires : 2, 4,
12, 33-42, 49, 53-56, 61-64, 69, 75, 78, 79, 90,
91, 97, 101, 105, 107-109, 111-118, 121, 124,
125
BIU : 33-37, 39, 41, 42, 62, 125
Bulac : 33, 35, 39, 40, 41, 45, 48, 53, 55, 56, 90,
118, 124
Campus : 3, 8, 10, 11, 14, 15, 16, 21, 25, 27, 28,
31, 33, 36, 37, 39, 40, 43, 45, 47-52, 55-58,
61, 71, 76, 81, 82, 84, 85, 88-90, 97, 102-105,
117-124
Chimie ParisTech : 14, 52, 83, 103, 104
CIUP : 3, 21, 25, 26, 28, 29, 52-54, 56, 62, 78,
123, 124
CNAM : 13, 14, 99, 100
CNOUS : 22, 27, 62
CollĂšge de France : 1, 14, 26, 45, 55, 56, 103,
104
Condorcet : 14-16, 27, 28, 31, 33, 39-41, 45, 48,
49, 57, 85, 102, 118, 124
Conseil RĂ©gional : 21-23, 25, 29, 31, 54, 57, 58,
60, 67, 77, 78, 123-125
Contractualisation quadriennale : 3, 16, 39, 61,
62, 64, 88, 124, 125
Couperin : 36, 107
CPER : 34, 47, 49, 55, 56, 67, 118
CROUS : 21-29, 31, 32, 54, 62, 77, 121, 123,
124
CTLES : 35, 37, 39, 54, 56, 78, 124, 127
Dauphine : 28, 29, 45, 53, 55, 117, 124
EFEO : 13, 99-101
EHESP : 10, 87, 88
EHESS : 13, 14, 46, 48, 49, 99, 100, 120
ENC : 109
ENS : 14, 15, 17, 56, 103-106
ENSAD : 104
Ăpaurif : 58, 64-66, 68, 79, 125
EPCJ : 47, 56, 65, 79, 114-116, 120, 121
EPCS : 11, 12, 14, 41, 83, 84, 88, 90, 92, 102
EPHE : 13, 14, 46, 48, 49, 99, 100, 109, 112
ESCP Europe : 13, 14, 99, 100
ESPCI ParisTech : 14, 52, 103, 104
Ătudiants, vie Ă©tudiante : 1-9, 11-19, 21-40,
43-46, 49, 50, 52-56, 58, 60-66, 69, 73-79,
81-83, 88, 89, 91, 94-107, 109-112, 117-
119, 121-125
Europe : 2, 3, 5, 6, 13, 14, 17-19, 30, 33, 34,
40, 42, 62, 64, 81, 83, 84, 87-91, 99-102,
105, 110, 125
FCS : 12, 14, 15, 102, 104, 106
FMSH : 19, 39, 49
HESAM : 13-15, 48, 71, 99, 100, 123
IAE : 14, 49, 110
IBPC : 104
IEA : 19, 49
IHP : 120
Inalco : 10, 41, 45-48, 56, 57, 87, 88, 118
INHA : 13, 49, 99, 117
Inspection générale des bibliothÚques : 33, 34,
39-42, 124
Institut Curie : 15, 52, 104
Institut des Amériques : 53, 55, 118
Interuniversitaire : 28-30, 33-37, 39, 41, 42,
54, 58, 62, 65, 66, 78, 109, 111, 117, 120-
122, 124, 125
IPG : 10, 87, 88, 90
Jeunes scientifiques : 2, 5, 20, 55, 62, 64, 125
Jussieu : 27, 28, 31, 45, 47, 50, 51, 55-58, 65,
66, 109, 117-122
Logement Ă©tudiant : 4, 21-26, 30-32, 44, 46,
54-56, 58, 62-65, 73, 77, 88, 94, 97, 104,
118, 121, 123
LRU : 14, 35, 38, 43, 65, 84, 119
Maison de la recherche de la Bulac : 48, 53,
55, 118
MESR : 10, 12-14, 17, 35, 47-53, 56, 57, 60-
68, 77-79, 115, 116, 120, 123, 125
MNHN, Muséum : 14, 47, 54, 56, 71, 78, 103,
104, 113-116
128
Observatoire de Paris : 14, 26, 103, 104
Opération Campus : 12, 14, 17, 27, 28, 55-
58, 66-68, 74
OpĂ©ration « Campus dâexcellence » : 17, 58
Panthéon : 13, 45, 46, 49, 50, 55, 93-95, 99, 100,
110, 111
Paris 1 : 13, 14, 29, 46, 48, 49, 53, 85, 99, 100,
109-112, 117, 124
Paris 2 : 11, 13, 15, 29, 30, 41, 49-53, 55-56,
93-95, 110, 111, 117, 123, 124
Paris 3 : 10, 29, 39-41, 47, 54, 56, 57, 71, 76,
78, 87, 88, 109-111, 113-117, 124
Paris 4 : 11, 13, 15, 29, 30, 41, 45, 46, 49, 55,
56, 93, 94, 109-112, 117, 123, 124
Paris 5 : 2, 10, 11, 28, 29, 41, 42, 47, 48, 55,
87, 88, 109, 117, 118, 120, 124
Paris 6 : 11-13, 15, 28-30, 41, 42, 49-52, 55-58,
71, 78, 82, 93-95, 110, 111, 117-124
Paris 7 : 2, 3, 10, 11, 29, 31, 33, 39-42, 45-48,
50, 55-58, 87, 88, 117, 118, 124
Paris 11 : 17, 42
Paris 13 : 10, 11, 41, 87-91
ParisTech : 10, 13, 14, 15, 17, 48, 52, 55, 76, 78, 83,
85, 99, 100, 103, 104
Poliveau : 47, 54, 56, 71, 78, 113-116
PPP : 23, 48, 50, 55, 58
PRES : 7-20, 24, 26, 27, 29-31, 40-43, 45-49, 51, 54-
56, 58, 60, 61, 63, 64, 66, 67, 69, 71, 75-79, 82-85,
87-97, 99-102, 103, 107, 110, 111, 115, 118, 121,
123-125
PRES « 2-4-6 » : 12, 13, 30, 40, 49, 51, 71, 93
PSLQL : 15-17, 55, 71, 103-106
Recteurs, rectorats : 3, 40, 46, 47, 52, 53, 60-64, 66,
76, 78, 79, 109-112, 114, 115, 120, 125
Restauration universitaire : 26-28, 44, 49, 54, 56, 58,
62, 65, 73, 77, 88, 94, 104, 111, 121, 123
Saclay : 16, 17, 52, 76, 77, 85
Santé étudiante : 4, 26, 29-31, 55, 62, 88, 89, 91, 94,
96, 101, 104, 106
Schéma directeur immobilier : 4, 43-50, 52, 53, 55,
56, 59-62, 64, 67, 68, 71, 73-77, 79, 106, 115, 117,
120, 121
Schéma directeur du logement étudiant en Ile-de-
France : 22, 23, 25, 62
SciencesPo : 10, 46-48, 55
Shanghai : 9, 17, 81
SHS : 2, 3, 5, 7-10, 13, 16, 19, 33, 34, 40-43, 49, 64,
77, 95, 99, 101, 102, 112, 117
SIUMPPS : 29, 30, 124
Sorbonne : 4, 10, 12, 13, 33-35, 37, 39, 42, 43,
45, 46, 48-50, 53, 55, 63, 71, 78, 79, 87, 88,
93-100, 109-112, 114, 118, 119
Sport universitaire : 4, 12, 26, 28-30, 54-56,
58, 62, 65, 88, 91, 94, 97, 101, 104, 121, 124
Sudoc : 35, 38, 39, 42, 124, 125
Université Paris Cité : 10, 11, 40, 47, 55, 56,
58, 71, 87-92, 110, 115, 118, 123
Valorisation : 8, 11, 18, 62, 81, 83, 91, 97,
101, 102, 106
Vice-chancelier : 61, 63, 64, 66, 79, 125
Ville de Paris : 12, 19, 21, 22, 25, 26, 28-31,
33, 34, 43, 46, 47, 49, 50, 52, 54, 56-58, 60,
63, 67, 76, 78, 79, 92, 109-112, 117, 118,
120, 123-125
129
TABLE DES SIGLES
ABES
Agence bibliographique de lâenseignement supĂ©rieur
Adele
Association pour le développement du logement étudiant
AERES
Agence dâĂ©valuation de la recherche et de lâenseignement supĂ©rieur
AOT
Autorisation dâoccupation temporaire
AP-HP
Assistance publique â HĂŽpitaux de Paris
APL
Aide personnalisée au logement
ARS
Agence régionale de santé
BDIC
BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine
BIU
BibliothĂšque interuniversitaire
Bulac
BibliothĂšque universitaire des langues et civilisations
CIUP
Cité internationale universitaire de Paris
CNAM
Conservatoire national des arts et métiers
CNOUS
Centre national des Ćuvres universitaires et scolaires
CNRS
Centre national de la recherche scientifique
CPER
Contrat de projets Ătat-RĂ©gion
CPU
ConfĂ©rence des prĂ©sidents dâuniversitĂ©s
CRFPA
Centre rĂ©gional de formation et dâaptitude Ă la profession dâavocat
CROUS
Centre rĂ©gional des Ćuvres universitaires et scolaires
CTLES
Centre technique du livre de lâenseignement supĂ©rieur
ECTS
European Credit Transfer System
EFEO
Ăcole française dâextrĂȘme-orient
EHESP
Ăcole des hautes Ă©tudes en santĂ© publique
EHESS
Ăcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales
ENC
Ăcole nationale des chartes
ENS
Ăcole normale supĂ©rieure
ENSAD
Ăcole nationale supĂ©rieure des arts dĂ©coratifs
ENSAM
Ăcole nationale supĂ©rieure des arts et mĂ©tiers (Arts et mĂ©tiers ParisTech)
ENSCP
Ăcole nationale supĂ©rieure de chimie de Paris (Chimie ParisTech)
Ăpaurif
Ătablissement public dâamĂ©nagement universitaire de la rĂ©gion Ile-de-France
EPCJ
Ătablissement public du campus de Jussieu
EPCS
Ătablissement public de coopĂ©ration scientifique
EPHE
Ăcole pratique des hautes Ă©tudes
EPST
Ătablissement public Ă caractĂšre scientifique et technologique
ES&R
Enseignement supérieur et recherche
ESCP Europe Ăcole supĂ©rieure de commerce de Paris
ESPCI
Ăcole supĂ©rieure de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris (ESPCI ParisTech)
FCS
Fondation de coopération scientifique
FMSH
Fondation de la maison des sciences de lâhomme
FNSP
Fondation nationale des sciences politiques
GIP
Groupement dâintĂ©rĂȘt public
GIS
Groupement dâintĂ©rĂȘt scientifique
HESAM
Hautes Ă©tudes â Sorbonne â Arts et mĂ©tiers
HLM
Habitation à loyer modéré
IAE
Institut dâadministration des entreprises
IBPC
Institut de biologie physico-chimique
IEA
Institut dâĂ©tudes avancĂ©es
IHP
Institut Henri Poincaré
Inalco
Institut national des langues et civilisations orientales
INHA
Institut national dâhistoire de lâart
INPI
Institut national de la priorité intellectuelle
INSEP
Institut national du sport, de lâexpertise et de la performance
130
Inserm
Institut national de la santé et de la recherche médicale
IPG
Institut de physique du globe
IST
Information scientifique et technique
IUFM
Institut universitaire de formation des maĂźtres
IUT
Institut universitaire de technologie
JDP
Jardin des plantes
JPL
Jet Propulsion Laboratory
LMD
Licence, master et doctorat
LRU
Libertés et responsabilités des universités
MESR
MinistĂšre de lâenseignement supĂ©rieur et de la recherche
MIT
Massachusetts Institute of Technology
MNHN
MusĂ©um national dâhistoire naturelle
MOP
MaĂźtrise dâouvrage publique
NASA
National Aeronautics and Space Administration
PLH
Programme local de lâhabitat
PLU
Plan local dâurbanisme
PPP
Partenariat public-privé
PRES
PĂŽle de recherche et dâenseignement supĂ©rieur
PRG
Paris Rive Gauche
PSLQL
Paris Sciences et Lettres â Quartier latin
RCE
Responsabilités et compétences élargies
RFF
Réseau ferré de France
SCD
Service commun de documentation
SHON
Surface hors Ćuvre nette
SHS
Sciences de lâhomme et de la sociĂ©tĂ©
SIUMPPS
Service interuniversitaire de médecine préventive et de promotion de la santé
STAPS
Sciences et techniques des activités physiques et sportives
Sudoc
SystĂšme universitaire de documentation
TICE
Technologies de lâinformation et de la communication pour lâĂ©ducation
U3M
Universités du 3
Ăšme
millénaire
UC
University of California
UCLA
University of California Los Angeles
UFR
Unité de formation et de recherche
UPMC
Université Pierre et Marie Curie
ZAC
Zone dâamĂ©nagement concertĂ©
M i n i s t Ăš r e d e l â E n s e i g n e m e n t s u p Ă© r i e u r e t d e l a R e c h e r c h e
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