La part du Lion


Chrysagon

Les influences howardiennes du film.
Ce que John Milius a réellement pris chez Robert E. Howard tient dans un paragraphe ? Pas si sûr...

Robert E. Howard créa le personnage de Conan dans les années 30. Résidant au fin fond du Texas, il écrivit un nombre impressionnant de nouvelles pour les pulps, ces magazines très populaires, au papier grossier. Il imagina des centaines d’histoires et fut l’un des rares auteurs de cette époque à avoir pu vivre de sa plume, grâce à ses récits de fantasy mais aussi d’horreur et d’aventures historiques. Cet écrivain prolifique au talent indéniable s’est suicidé au faîte de sa gloire à l’âge de 30 ans en 1936. Seules une vingtaine d’histoires de Conan, dont un roman, furent tirées de son imagination ; mais cela suffit à créer la légende. Les numéros du magazine "Weird Tales" dans lequel elles paraissaient, et dont Conan faisait régulièrement la couverture, remportaient un vif succès.

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Robert Ervin Howard

A la fin des années 50, un obscur auteur nommé Lyon Sprague de Camp, aux motivations pas seulement artistiques, proposa à un éditeur de réimprimer les nouvelles de Conan entrecoupées de ses propres récits pour "réviser et compléter" la saga de Conan (aidé de quelques autres). Si cette manoeuvre a probablement permis d’aider à faire connaître le personnage, elle a surtout contribué à en affadir le contenu, en assimilant Conan à un Hercule qui tord des barres de fer ! Si Sprague de Camp a même réussi à être crédité au générique du film de Milius comme conseiller technique, il est très loin d’avoir eu le talent de Howard. En 1970 sortent les premiers comics inspirés de l’oeuvre de Howard, mais contenant aussi des histoires originales. Là aussi, il y a du bon comme du mauvais.

C’est en 1982 que “Conan le Barbare” sort sur les écrans. Si le film a largement contribué à faire connaître le personnage en dehors des USA, il faut savoir que le nombre de réimpressions des livres était déjà énorme bien avant sa sortie. En France, les nouvelles de Howard étaient déjà publiées, tout comme celles d’autres célèbres auteurs de pulps, comme H. P. Lovecraft.

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Sur le tournage du "Barbare"

Si Milius n’emprunte pas de trame narrative à un récit de Howard en particulier, il pioche par contre allègrement dans nombre de situations et d’actions décrites par le texan. En outre, le script de Milius reprenait une première histoire rédigée par Oliver Stone, qui avait déjà inclus certains éléments propres à Howard. Le film est avant tout une adaptation libre de l’univers hyborien imaginé par Howard, même si Milius y a directement puisé de nombreuses idées.

Le premier emprunt, déjà présent dans le script de Stone, est le monologue d’entrée, tiré des "Chroniques Némédiennes", cet ancien texte "historique" supposé raconter l’histoire de Conan en ouverture de la première nouvelle, intitulée "Le Phénix sur l’épée" (The Phoenix on the Sword, 1932).

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John Milius

Bien qu’on ne rencontre pas ses parents dans les récits écrits, il est dit que Conan est "fils d’un forgeron" ; mais sa mère n’est jamais mentionnée par Howard. Il est également établi que Conan a quitté son pays natal très jeune pour explorer les pays du sud. Il a pour dieu Crom, qui vit en haut d’une montagne et ne répond jamais aux prières.

Le cambriolage de la Tour de Set est tiré de "La Tour de l’Eléphant" (The Tower of the Elephant, 1933), dans laquelle Conan, encore jeune voleur, décide de visiter une tour réputée imprenable et recelant un joyau inestimable : le Coeur de l’éléphant. Dans les jardins, il rencontre Taurus, un célèbre voleur némédien surnommé le « Prince des voleurs ». Tous deux décident de s’associer pour pénétrer la tour qui n’a pas de porte, hormis en son sommet. Dans le film, Conan et Subotai rencontrent Valeria dans des circonstances très similaires (elle est identifiée comme la "Reine des Voleurs" dans des dialogues coupés au montage, comme en laisse témoigner la novelization signée Sprague de Camp). Mais dans le film tous trois ressortent vivants de la tour, alors que Taurus succombe sous les attaques d’une créature située au sommet. Cette deuxième version était présente dans le script de Stone.
Ce même récit de Howard a peut-être également partiellement inspiré le personnage de Thulsa Doom. En effet, le propriétaire de la tour est un sorcier maléfique âgé de plusieurs siècles, et redouté par le roi (tout comme son lieutenant Rexor dans le film). Le joyau caché au sein de la tour possède des propriétés magiques, comme cela a vraisemblablement été le cas dans les premières versions du script (dans la novelization encore, Conan s’en sert pour révèler la vraie nature de Thulsa Doom - un homme-serpent ! cf. plus loin - à ses fidèles). Valeria affirme, à la grande hilarité du roi Osric, que le troisième compagnon a été dévoré par des lions dans les jardins : elle fait référence aux jardins de la Tour de l’Eléphant, gardés par une horde de lions dans le récit de Howard. On y apprend également que la civilisation zamorienne (pays dans lequel se situent les événements) est "ancienne et malfaisante", pratiquement les mots de Subotaï à Conan lorsqu’ils arrivent devant la première ville du film.

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Oliver Stone

Enfin, toujours dans cette nouvelle, apparaît le Lotus Noir. C’est en projetant un nuage de poudre mortelle, fabriqué à base de cette plante, que Taurus se débarrassera des fauves ; dans le film, le Lotus Noir devient une feuille aux effets euphorisants que mâchent Conan et Subotai.

Dans "La Chambre des morts" (The Hall of the Dead, 1967), écrite par Sprague de Camp à partir d’un synopsis laissé par Howard, et placée directement après "La Tour de l’Eléphant" dans la chronologie, Conan, recherché pour vol, est poursuivi par les soldats du Roi de Zamora. A la fin de l’histoire, il regagne sa taverne favorite pour y exhiber son butin, sous les yeux de sa fiancée du moment. Ceci n’est pas sans rappeler une scène très similaire du film, durant laquelle Conan et Valeria admirent les joyaux volés dans la Tour du Serpent étalés sur la table de la taverne.

Le personnage de Valeria apparaît dans la toute dernière nouvelle de Conan écrite par Howard, "Les Clous rouges" (Red Nails, 1936), qui se déroule plus tard dans la carrière de Conan. Valeria est une pirate de la Fraternité Rouge, confrérie à laquelle Conan a appartenu dans sa jeunesse. Alors qu’elle fuit les problèmes vers le désert, Conan la suit, attiré par ses charmes... Ensemble, ils vont explorer une cité oubliée, dans laquelle deux factions s’affrontent depuis des décennies... [1]

Mais c’est le personnage féminin de Bêlit (encore une pirate !) qui, dans la nouvelle "La Reine de la Côte Noire" (Queen of the Black Coast, 1934), tombera follement amoureuse de Conan. Ensemble, ils ravageront les côtes de la Stygie, jusqu’à la fin tragique de Bêlit. Elle reviendra de l’au-delà pour sauver Conan lors d’un combat, comme le fera le personnage de Valeria développé par Milius. Dans la même histoire, Conan brûle la dépouille de sa compagne avec son navire ; dans le film, il dresse un bûcher funéraire sur un tumulus pour Valeria.

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Le serpent du "Diable d’airain" par Mark Schultz

Dans les écrits de Howard, le culte de Set est circonscrit à la Stygie, un pays peuplé de magiciens maléfiques, inspiré de l’Egypte ancienne. L’emblème du serpent a été repris, mais ce culte, officiel en Stygie, a été transformé en secte à volonté expansionniste dans les royaumes situés plus au Nord, et ce dès le script de Stone.
Chez Howard, Conan a toujours entretenu de très mauvaises relations avec les serpents. Dans "La Citadelle écarlate" (The Scarlet Citadel, 1933), un serpent géant s’approche de Conan enchaîné à la paroi d’un souterrain. Une goutte de venin acide tombe sur la cuisse du guerrier, qui résiste à la douleur de peur de trahir sa position par ses mouvements. Mais le serpent est alors dérangé par un bruit et se dissimule. Il rapparaît quelques instants plus tard pour dévorer l’ennemi de Conan qui venait pour le tuer. Dans "Le Diable d’airain" (The Devil In Iron, 1934), cette fois, c’est au corps-à-corps que se règlera le différent, dans une scène tout à fait similaire à celle que Milius filmera cinquante ans après sa création par Howard. Mais c’est dans "Conan, le Conquérant" (Hour of the Dragon, 1936) que le Cimmérien abat un serpent géant associé au culte de Set. La bête rôde dans les rues d’une ville stygienne que Conan, alors roi déchu, visite incognito. L’animal est sacré pour la population qui s’agenouille en sa présence et se laisse dévorer si le serpent a faim. Conan tue la bête d’un coup de couteau et s’enfuit sous les insultes et les pierres lancées dans la nuit par les adorateurs. Dans cette même histoire, Conan utilise la robe d’un prêtre qu’il a tué pour pénétrer dans un temple. Dans le film, Valeria utilisera le même subterfuge pour visiter la Tour de Set en se déguisant en novice, et Conan pour entrer sur le site de la Montagne du Pouvoir.

L’épisode de la crucifixion, durant laquelle Conan se repaît du sang d’un vautour, est, lui, fidèlement tiré de la nouvelle "Une Sorcière viendra au monde !" (A Witch Shall be Born, 1934). Le script de Stone comprenait déja cette scène et s’appuyait d’ailleurs beaucoup plus sur cette nouvelle pour construire son intrigue [2].

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Une scène coupée

Dans une scène coupée du film, durant laquelle Conan discute avec la princesse attachée à un menhir, il lui dit qu’il est "né sur un champ de bataille", ce qui est fidèle à la description de Howard : dans "Conan, le Conquérant". Conan, attaqué dans sa tente, fait une sorte de cauchemar et déclare qu’il a revu dans ses rêves "le champ de bataille sur lequel il est né". Le nom de la princesse Yasmina est emprunté au "Peuple du Cercle Noir" (People of the Black Circle, 1934) [3].
Le nom de Thulsa Doom, qui apparaît déjà dans le récit d’Oliver Stone, est, lui, tiré d’un autre cycle d’histoires, développé par Howard avant Conan : le cycle du roi atlante Kull. Il apparaît dans deux nouvelles : "Le chat de Delcardes" (Delcardes’ Cat, 1967) et "Ceux qui allèrent au-delà du soleil levant" (Riders beyond the sunrise, 1967) [4]. Thulsa Doom s’y avère un nécromant très puissant, au faciès composé d’un crâne décharné (on notera que le concept fut repris pour le Skeletor des "Maîtres de l’Univers" inspiré par Conan). L’origine de la métamorphose de Thulsa Doom en serpent est parfois attribuée à une autre aventure de Kull, "Le Royaume des chimères" (The Shadow Kingdom, 1929), mais cette parenté est discutable. Dans cette nouvelle, le royaume de Kull est infiltré par des hommes-serpents à l’ apparence humaine. Mais il ne s’agit pas d’hommes se transformant en serpents, à l’instar du Thulsa Doom de Milius, mais d’humanoïdes avec seulement une tête de serpent, qui apparaît lorsque le roi atlante les tue. Cette action a pour effet d’annuler le camouflage magique ; le visage devient flou un instant avant de révèler sa véritable nature. Par contre, dans "Le Peuple du Cercle Noir" (People of the Black Circle, 1934) Conan affronte un sorcier qui a bel et bien le pouvoir de se transformer en serpent géant.

Le discours amer du Roi Osric ("Il arrive un temps parfois, où les joyaux cessent de briller, où l’or perd tout son éclat...") est nettement inspiré du début de la nouvelle du cycle de Kull "Les Miroirs de Tuzun Thune" ("The Mirrors of Tuzun Thune" 1929). [5]

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Bergman et Milius sur le tournage

Le complot organisé par les Enfants de Doom pour assassiner les dignitaires au moyen de lames en forme de serpent est inspiré du court roman "Shalizar la mystérieuse" (Three Bladed Doom, 1977) qui se déroule en Inde au début du XXème siècle. On y retrouve l’explorateur américain Francis Xavier Gordon, alias El-Borak, aux prises avec le culte de "Ceux-qui-se-cachent", basé dans une ville imprenable située en pleine montagne et accessible seulement par un passage secret. Manipulés par leur chef, les membres meurtriers de cette secte sont envoyés pour déstabiliser politiquement cette partie du monde, armés de kriss aux lames incurvées. [6].

Le passage de la sorcière présente des similitudes avec une histoire du cycle de Bran Mak Morn intitulée "Les Vers de la Terre" (Worms of the Earth, 1932), qui se déroule durant l’occupation romaine de l’Ecosse. Le héros picte y cède à contre-coeur aux avances d’une horrible sorcière à demi-humaine, afin d’entrer en contact avec les démons qui lui permettront de se venger. La sorcière est présente dans le script de Stone mais n’y réclame pas de paiement en échange de renseignements.

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Valerie Quennessen et John Milius

La scène de l’épée atlante découverte dans le tombeau est, elle, tirée de la nouvelle "La Chose dans la crypte" (The Thing in the Crypt, 1967), écrite par Lyon Sprague de Camp. Dans cette histoire, Conan, poursuivi par les loups, se réfugie dans une tombe oubliée décorée de bas reliefs et y découvre les restes d’un guerrier dont il récupère l’épée. Le texte évoque la possibilité d’une origine atlante du guerrier, sous-entendant que la lame aurait pu être maniée par Kull en personne [7]. Mais la momie s’avère peu généreuse et sort de son sommeil millénaire pour combattre le voleur. Stone et Milius ont emprunté d’autres éléments à ce récit, écrit par Sprague de Camp comme une introduction aux autres aventures de Conan. Ainsi, on y apprend qu’il a subi l’esclavage après que son groupe de pillards soit tombé dans une embuscade tendue par des Hyperboréens, un autre peuple nordique. Et c’est justement après s’être évadé un soir de violent orage que Conan fuit vers le Sud et se retrouve avec les loups à ses trousses.

La tentative infructueuse d’hypnotisme par Thulsa Doom sur Conan est inspirée d’une scène du "Peuple du Cercle noir". Mais cette technique par trop civilisée ne fonctionne pas sur un esprit barbare comme celui du cimmérien. Du même récit provient la transformation d’une flèche en serpent et vice versa.

Le reste des éléments marquants (le Secret de l’Acier, l’esclavage de Conan durant son adolescence, sa carrière de gladiateur dans l’Est, le personnage hyrkanien de Subotai [8] ) proviennent de l’imagination de Milius. Conan résidait toujours dans sa tribu vers l’âge de 15 ans, période à laquelle il participe au sac de l’avant-poste aquilonien de Venarium (ces évènements sont évoqués dans la saga, mais pas racontés par Howard). De plus, le personnage campé par Schwarzenegger ne porte pas cette "crinière noire" et ne se déplace avec "l’agilité d’une panthère" propre au personnage créé par Howard.

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Répétition du combat final

Malgré ces différences, le film de Milius est très fidèle à l’esprit du monde hyborien imaginé par Howard. Le script d’Oliver Stone, même s’il reprenait la trame d’"Une Sorcière viendra au monde !" (et, dans une moindre mesure, celle du "Colosse Noir" - Black Colossus, 1933), incorporait beaucoup d’éléments surnaturels, des mutants, etc..., ce qui évoque plus certains comics que les écrits d’Howard, qui restent cohérents même si l’on en supprime tout élément "magique". Les libertés prises par Milius, même si elles ont heurté de nombreux fans, servent une histoire très riche et très belle, que n’aurait probablement pas renié Howard, et cet article démontre combien le film emprunte à ses récits. On peut toutefois regretter que le personnage de Conan décrit par le film manque des nombreuses qualités qui font l’original, une complexité brutale, une méfiance envers ceux qui se prétendent civilisés, peut-être difficiles à transcrire en images. Si la saga avait pu continuer avec des scripts et une réalisation à la hauteur du premier film, peut-être aurions-nous vu cela.

Quelques mots sur “Conan le Destructeur”, le film de Richard Fleischer qui fut réalisé deux ans plus tard. L’histoire reprend, elle aussi, plusieurs éléments créés par Howard : le sorcier Thoth-Amon [9], qui apparaît dans "Le Phénix sur l’épée", mentionné dans quelques autres récits ; la créature simiesque à la cape rouge tirée du "Rendez-vous des bandits" (Rogues in the House, 1934) [10] ; le tatouage désignant la princesse comme marquée par le destin, inspiré d’"Une Sorcière viendra au monde !" ; le Livre de Skelos, puissant grimoire rebaptisé ici "tablettes de Skelos" et qui est mentionné dans plusieurs récits de Howard ; le nom du dieu Dagoth, en fait celui d’une montagne évoquée dans "La Citadelle écarlate ; et pour finir le joyau magique "le Coeur d’Ahriman", tiré de "Conan le Conquérant". Le synopsis, plus linéaire, n’est pas sans évoquer ce dernier récit d’Howard, centré sur la quête un joyau aux pouvoirs extraordinaires. Mais son traitement s’apparente à celui des plus mauvais comics consacrés au barbare. Peut-être justement parce que Roy Thomas en est l’un des auteurs, lui qui a écrit/adapté la majorité de ces fameuses bandes dessinées Marvel ? [11]Néanmoins on imagine mal le Conan de Howard acceptant la proposition de la Reine Taramis (nom emprunté à "Une Sorcière viendra au monde") de ressuciter Valéria, lui qui déteste et se méfie de toute magie. Il considérerait probablement la revenante comme un démon ! Roy Thomas explique avoir réutilisé une idée qu’il avait déjà exploitée dans un de ses scénarios de Comics. Pour finir, il est impensable que Conan s’associe avec un être aussi insignifiant que Malak !

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Répétition du Kata

Pour finir, évoquons le script "King Conan : Crown Of Iron", écrit par Milius comme une suite (et fin) aux aventures de Conan [12] Si, dans les premières versions, on retrouvait un passage s’apparentant à la nouvelle "La Fille du géant du gel" (The Frost Giant’s Daughter, 1953), il disparaît dans les dernières moutures, où plus rien n’évoque le personnage créé par le texan. On sait que Milius rêvait de faire un film de vikings et que le premier CONAN lui avait permis de satisfaire partiellement ce fantasme. Avec ce nouveau script, on sent bien qu’il a envie de faire un film de "Romains", avec l’Aquilonie pour centre de l’empire, le Zingara comme province, les Pictes comme province non encore conquise... Milius transforme le contexte hyborien pour écrire une belle histoire certes, mais n’ayant plus grand chose à voir avec Conan. Son récit n’est pas dénué d’intérêt, mais il entretient encore moins de rapport avec Howard que “Le Barbare”. Imaginer que Conan puisse se plier à la volonté d’un tiers lui demandant d’abandonner son fils est un contresens absolu ! Qu’il accepte la "citoyenneté" aquilonienne, encore plus invraisemblable. Ce personnage n’est pas Conan, mais un Gaulois ou un Celtibère, dont la province est romanisée depuis une ou deux générations. On a l’impression que Milius essaye d’utiliser sa renommée "conanesque" pour créer un projet personnel, même si celui-ci n’a rien à voir avec Conan. A mon avis, il suffirait simplement de remplacer les noms de Conan par Maximus et Fortunas par Commodus pour avoir tout de suite une meilleure vision du film.
Mais ceci est une autre histoire...

Remerciements à MightyMcT pour ses conseils
et à Cromulus pour la référence au « Kriss »

A voir : le très beau film « The Whole Wide World » (1996), de Dan Ireland, qui retrace la fin de la vie de Howard, interprété par un Vincent D’Onofrio magistral, aux côtés de Renée Zellweger. Inédit en France, mais disponible en DVD Zone 1.
A lire : « The Coming of Conan the Cimmerian », « The Bloody Crown of Conan », « The Conquering Sword of Conan », textes expurgés des modifications (chez Wandering Star) [13], ainsi que les anciennes traductions françaises parues chez J’ai Lu (On trouve encore quelques exemplaires de la collection Titres SF / J.C. Lattes d’occasion).

Cet article est également consultable sur le site :

www.conancompletist.com

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[1] Une adaptation des "Clous Rouges" en long métrage d’animation devrait sortir cet été en DVD.

[2] Dans le projet d’Oliver Stone on retrouve la trame d’« Une Sorcière viendra au monde » avec l’usurpation du trône par la soeur jumelle de la princesse qu’on supposait morte. Dans le script la princesse s’appelle Yasmina et sa terrible soeur Taramis, tandis qu’elles se nomment Taramis et Salomé dans le texte de Howard ! Tout en piochant divers éléments dans de nombreux autres récits, Stone a également utilisé la trame du « Colosse Noir » dans lequel Conan est choisi par la reine Yasmela du Khauran pour conduire la défense du pays contre un antique sorcier ramené à la vie. Stone a transformé le sorcier en Thulsa Doom et lui a adjoint une horde de mutants.

[3] A l’instar de celui de Valeria, ce nom n’est jamais prononcé dans le film (mais Subotai devait apparemment le mentionner à Conan dans la scène coupée de la procession). Notons que le "Yasmina" employé dans la version du script signée Oliver Stone devient "Yasimina" dans le scénario de Milius.

[4] ...mais seulement dans la partie finale de ce récit, qui fut complété par Lin Carter.

[5] Film VO : "There comes a time, thief, when the jewels cease to sparkle, when gold looses its luster, when the throne room becomes a prison."
Film VF : "Il arrive un temps parfois, où les joyaux cessent de briller, où l’or perd tout son éclat, où la salle du trône devient une prison."
Nouvelle VO : "Then the gold of the throne is brass, the silk of the palace becomes drab. The gems in the diadem sparkle drearily . . . ."
Nouvelle VF : "Alors l’or du trône se change en cuivre et les soiries du palais se ternissent. Les gemmes du diadème étincellent tristement..." ( Traduction : François Truchaud)

[6] Sprague de Camp a repris ce récit pour en faire une aventure de Conan intitulée "Le Kriss" (The Flame Knife, 1955).

[7] Même si cela n’est pas explicite dans le film, le décor de la tombe évoque l’Atlantide ; le morceau de Basil Poledouris s’intitule "Atlantean Sword.

[8] ...même si un lieutenant de Gengis Khan porte ce nom dans la nouvelle "Les Epées rouges de Cathay la Noire" (Red Blades of Black Cathay, 1931). De même, un viking se nomme Osric dans deux aventures du guerrier gaël Cormac Mac Art : "Les Epées des mers nordiques" (Swords of the Northern Sea, 1974) et "La Nuit du Loup" (The Night Of The Wolf, 1969).

[9] Contrairement à ce qu’on lit souvent, Thoth-Amon, personnage issu du cycle de Conan, n’a pas grand chose à voir avec Thulsa Doom. C’est un puissant magicien stygien, mais toute la Stygie vénère le dieu serpent Set. Il n’a pas d’adorateurs, pas de secte à son service, ne parcourt pas les royaumes hyboriens dans sa jeunesse pour rechercher de l’acier... Ce n’est pas non plus l’ennemi juré de Conan comme ont tenté de le faire croire De Camp et les comics, il n’apparaît que dans un récit de façon active, et est mentionné dans d’autres. A part Set, aucun rapport.

[10] ...qu’a repris Oliver Stone pour son personnage de Brak dans son script du "barbare".

[11] Pour sa défense, signalons néanmoins que son script, co-écrit en compagnie de Gerry Conway, fut par la suite considérablement remanié par Stanley Mann. Leur histoire d’origine, avant retouches, a été depuis adaptée en BD, sous le titre "Conan : The Horn of Azoth".

[12] Quelques critiques du scénario "King Conan, Crown of Iron" :
Version du 24 mai 2001 (premier traitement) :
-  www.screenwritersutopia.com
-  www.aintitcool.com
-  filmforce.ign.com
Version du 4 avril 2002 (second traitement) :
-  filmforce.ign.com
-  www.thearnoldfans.com.

[13] Ces textes devraient être traduits en français et publiés en cours d’année.