Depuis Tite-Live en passant par Polybe, Sénèque et Varron, l’épopée de la traversée des Alpes par Hannibal est considérée comme l’un des plus grands exploits de l’antiquité

 

Mise à jour du 18/01/2008

 

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1          SOMMAIRE                                                                                                           

       1 SOMMAIRE

       2 INTRODUCTION

       3 PETIT RAPPEL HISTORIQUE

       4 LES PLUS VIEUX RECITS CONNUS

          4.1 Polybe (III-48)

          4.2 Tite-live (XXI-35)

          4.3 Varron

       5 LES ROUTES POSSIBLES EN S’INSPIRANT DES RECITS

          5.1 Les routes exitantes pour ce franchissement des Alpes au Nord du Mont Genèvre

              5.1.1 Col du Mont Cenis (2083 m)

              5.1.2 Col du petit Mont-Cenis (2182m)

              5.1.3 Col du Clapier (2482 m)

              5.1.4 Savine-Coche (2503m)

              5.1.5 Réflexions sur l’itinéraire des cols du Clapier et de Savine-Coche

              5.1.6 Col du petit St Bernard (2188m)

          5.2 Les routes existantes pour ce franchissement des Alpes au Mont Genèvre et plus au Sud

              5.2.1 Col du Mont-Genévre (Sources de la Durance 1854m)

              5.2.2 Le Queyras (Haute vallée du Guil affluent de la Durance)

              5.2.3 Col de Larche(2000M)

              5.2.4 Réflexions sur l’itinéraire du col de Larche

          5.3 les Alpes Cottiennes

          5.4 Les principaux passages Romains

            6 MES CONCLUSIONS

       7 LES INDICES

          7.1 La Bâtie

          7.2 Le Lauzet

       8 HISTOIRE DU PASSAGE DU COL DE LARCHE

          8.1 La fréquentation

              8.1.1 François 1er

              8.1.2 Bayard

          8.2 Le rattachement de la vallée de l’Ubaye à la France

       9 OUVRAGES CONSULTES

 

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2          INTRODUCTION                                                                                           

En 2l8 av. JC, Hannibal réalisa cette traversée avec 38000 hommes accompagnés de plusieurs milliers de cavaliers et de 37 éléphants d’Afrique.

Depuis Tite-Live en passant par Polybe, Sénèque et Varron, l’épopée de la traversée des Alpes par Hannibal est considérée comme l’un des plus grands exploits de l’antiquité.

 

En 2l8 a.n.è.[1], Hannibal réalisa cette traversée avec 38000 hommes accompagnés de plusieurs milliers de cavaliers et de 37 éléphants d’Afrique.

 

L’incertitude du passage réellement emprunté fascine les imaginations.

 

Deux points sont admis par la plupart des historiens :

 

-         Le franchissement du Rhône entre Arles et Avignon.

-         Puis son passage en Italie quelque part du coté de Turin.

 

Les essais pratiqués depuis une vingtaine d’années avec éléphants d’Asie sur les pentes du Mont Cenis et du Clapier ont fait apparaître la grande difficulté à engager des petits éléphants de cirque en terrain accidenté et en altitude.

 

L’échec des premières tentatives m’a conduit à rechercher un itinéraire plus vraisemblable.

 

Mes recherches se sont rapidement portées sur le col de Larche. Bien que ce col soit plus au sud que les passages généralement proposés, il présente plus de facilité que les autres itinéraires. Son altitude n'est que de 2000 m, il est peu accidenté et d’accès relativement facile sur ses deux versants.

 

Dans le texte qui suit, je vais également vous faire part de certaines découvertes et témoignages qui devraient  permettre de faire valoir l’itinéraire de l’Ubaye et du col de Larche.


 

3          PETIT RAPPEL HISTORIQUE                                                                     

Pour de mieux comprendre le contexte du choix de la traversée des Alpes, il faut se rappeler que les garnisons romaines et Massalliotes gardaient la route du littoral, c’est-à-dire la seule voie reconnue praticable pour des éléments lourds. Cette voie étroite et escarpée aux abords de la zone alpine était facilement défendable. C'est cette raison qui poussa Hannibal à emprunter un chemin plus contraignant.

 

On peut parler de chance pour Hannibal lorsqu'il franchit le Rhône. Cela se passa peu de temps avant la halte d’un corps expéditionnaire romain à Marseille. Ce corps expéditionnaire était en route pour l’Espagne. Leur chef, Scipion, préféra attendre qu’Hannibal ait franchi les Alpes. Si toutefois il y parvenait…

De sérieux accrochages se produisirent avec les tribus gauloises lors de la difficile traversée du fleuve avec les éléphants.

 

Ce rappel historique (Tite-Live XXI-18) Polybe (III-15) souligne la minutie de l’expédition d’Hannibal. Ses guides savaient exactement où passer avec une caravane qui n’avait pourtant rien d’habituel. Hannibal n'a jamais été contraint à effectuer des contremarches tout en sachant profiter des retards d’information de l’adversaire. Il a tenté, dans la mesure du possible, d’éviter de trop importantes confrontations avec les Gaulois avant de faire front au Tessin et à la Trébie contre les armées romaines de Scipion.

 

Huit ans après, son frère Hasdrubal franchit également les Alpes avec une armée et une vingtaine d’éléphants. Parti plutôt depuis l’Espagne Hasdrubal bénéficiera également de meilleures conditions climatiques.

 

Pour finir ce petit rappel historique et de mieux comprendre l’état des routes et des cols en 200 a.n.è., rappelons-nous que les romains entreprennent la construction de leurs voies principales vers le deuxième siècle de notre ère.

 


 

4          LES PLUS VIEUX RECITS CONNUS                                                           

Notons en préambule que pour le passage d’Hannibal dans les Alpes, la plupart des textes anciens[2] préconisent la vallée de la Durance ou la suggère; cela justifierait la difficile traversée du Rhône entre Arles et Avignon. Le nom de la rivière mentionnée dans les textes de Polybe et Tite-live n’à aucune similitude avec Isère, il s’agirait d’une confusion phonétique pour une rivière inconnue.

 

4.1         Polybe (III-48)

 

Polybe, historien grec, a été retenu comme otage à Rome. Après sa libération, il a refait à pied le parcours d’Hannibal entre 125 et 120 a.n.è. Il est le seul, à être reconnu pour ses qualités d’historien.

 

Au paragraphe 47-1 : Dés le franchissement du Rhône, Polybe suit un fleuve qui remonte vers l’orient …seule la Durance correspond a cette position géographique.

 

Le nom d’un affluent interprété comme Isèra a conduit certains adeptes de Polybe à rechercher les itinéraires du petit St Bernard ou du Mont Cenis mais ce n’est qu’une hypothèse qui contribue à assimiler deux itinéraires différents.

A noter que dans la version « Isère », le franchissement du Rhône proche de son embouchure n’est pas logique. En effet, pourquoi aurait-il encouru ce risque supplémentaire, puisqu’il suffisait de remonter le Rhône en rive droite et d’effectuer une seule traversée au-dessus de Valence?

Polybe aurait refait le parcourt d’Hannibal 50 ans plus tard. A t-il put trouver  des survivants et vérifier qu’il s’agissait bien d’Hannibal et non pas d’Hasdrubal ?

D’après Polybe, Hasdrubal retrouve pour la première fois le témoignage du passage de son frère dans la vallée du Po, ce qui implique que jusque là, il était sur une route différente.

4.2         Tite-live (XXI-35)

 

Historien latin né en 64 a.n.è. décédé en 17 après J C.

Il se contente de se référer à des textes aujourd’hui disparus. Il désigne nommément la Durance (Durantia) et la vallée du Pô dès l’apparition du versant Italien. La source du Pô est effectivement dans l’axe du Guil qui est lui-même affluent de la Durance.


 

4.3         Varron

 

Historien au 1er siècle a.n.è.

 

Il énumère les cinq cols empruntés dans l’antiquité:

- L’un le long de la mer qui deviendra Via Julia.

- Le second qui servi à Hannibal pour la traversée des Alpes entre le Mont-Genévre et la mer.

- Le troisième emprunté par Pompée et qu’il désigna comme étant le Mont-Genévre.

- Le quatrième utilisé par Hasdrubal frère d’Hannibal entre le Mont-Genévre et le Petit St Bernard.

- Le cinquième col qui est le petit St Bernard.

 

A cela s’opposent les textes de Polybe et de Tite-live citant l’épisode de deux frères se disputant le pouvoir dans une tribu des Allobroges, l’aîné aurait sollicité le concours d’Hannibal. En échange, Hannibal aurait obtenu une aide considérable en nourriture et une escorte pour traverser le pays des Allobroges.

S’agissait-t-il bien d’Hannibal ?

Question déterminante : Hannibal a-t-il suivi l’Isère pays des Allobroges ou la Durance ?


5          LES ROUTES POSSIBLES EN S’INSPIRANT DES RECITS                     

5.1         Les routes existantes pour ce franchissement des Alpes au Nord du Mont-Genévre

Ordre des passages existants du nord au sud dans la zone du Mont Cenis.

 

- Col du Mont Cenis              (2083m) Route actuelle, mais c’était aussi une ancienne voie romaine. Construite avec l’aide de Cottius, elle est postérieure au Clapier et à Savine-Coche.

 

- Col du Petit Mont Cenis    (2182m) Chemin actuel mais c’était aussi la seule voie utilisée après les romains jusqu'à Napoléon.

 

- Col de Clapier                     (2482m) Voie que j’attribue à Donnas vers 55 a.n.è..

 

-Col Savine-Coche                (2503m) Voie rebaptisée Lavis-Trafford que j’attribue également à Donnas.

 

- Col du petit St Bernard      (2188m) Route actuelle, mais c’était aussi une ancienne voie romaine.

 


 

5.1.1        Col du Mont Cenis (2083 m)

 

Le col est moyennement escarpé est bien dans l’axe de Turin. Une voie qualifiée de romaine a été construite sous le règne de Cottius mais avant cela, la pente importante sur le versant Français ne permettait pas le passage de mulets. Cette voie devait exiger de nombreux lacets dans une forte pente rocailleuse qui impliquait de gros efforts de réalisation et un travail constant d’entretien. Ce dernier point surtout a été négligé et a entraîné la quasi disparition de cette voie. Après cette période, les passages naturels nécessitant un minimum d’aménagement et d’entretient ont étés favorisés et cela jusqu’au début du XIXe siècle.

 

Ci dessous le Col du Mont-Cenis versant Français


 

C’est la première route transalpine qui sera équipée carrossable par Napoléon (1803-1813).

 

Les Romains ne privilégièrent pas ce col qui ne figure pas sur la table de Peutinger parmi les trois voies carrossables. Nos rois Charles VIII, Louis XII et François 1er lors de leurs campagnes d’Italie envisageront d’autres passages.

 

Ci dessous le Col du Mont-Cenis versant Italien


 

5.1.2        Col du petit Mont-Cenis (2182m à 6 km au sud du col actuel du Mont-Cenis)

 

Du temps d’Hannibal l’accès ne pouvait se faire que dans la zone du petit Mont-Cenis en remontant la vallée de l’Arc puis à droite par les villages de Bramans et du Planay.

Je qualifie cette voie muletière de naturelle, car elle ne nécessite qu’un minimum d’équipement sur le versant Français et au début de la descente sur le versant Italien. La seconde partie de la descente sur le versant Italien, présente un passage étroit et aérien. Ce passage désigné sous le nom d’échelles se trouve à 800m en aval du barrage du Mont-Cenis. Il était commun avec la voie romaine du Mont-Cenis.

Cette difficulté ne parait pas avoir nécessité des travaux importants ni pour la voie primitive du Petit Mont-Cenis, ni même pour la voie romaine du Mont-Cenis.

Cela conduisait à la vallée de la Cenischia et par le col de Novalésa au village du même nom.

Avec des travaux considérables Napoléon améliorera ce parcourt.

Pour ma part, dans le sens France-Italie; que l’on se dirige ou non vers le col du Clapier, le col du petit Mont-Cenis est incontournable. Il à du retenir l’attention des muletiers avant Donnas, Cottius et l’époque romaine. Avec trois cents mètres de dénivelée en moins, ce parcours ne présente pas plus de difficultés que les cols du Clapier ou de Savine-Coche.

Ce col est resté dans son état primitif et donne un excellent aperçu des chemins maîtrisant les cols d’autrefois. Il est utilisé aujourd’hui comme GR.


Ci dessous le col du petit Mont-Cenis (derrière la borne le versant Français)

 

Souvenons-nous que Varron propose le passage d’Hasdrubal entre le petit St Bernard et le Mont-Genévre.

Dans des conditions climatiques bien meilleures que celles qu’Hannibal avait du endurer dans d’autres lieux, Hasdrubal et son armée auraient-ils franchis le col du petit Mont-Cenis ?


 

5.1.3        Col de Clapier (2482 m 6 km au sud du col du petit Mont-Cenis)

 

De nombreux historiens[3] préconisent ce passage pour Hannibal. Des restants de dallage prouvent d’un essai d’équipement a.n.è., probablement sous Donnas.

L’handicap de ce col sur le versant Français paraissait être son altitude et sur le versant Italien, une très forte pente au début de la descente de la Clarèe.

 

La facilité du versant Français a donné l’idée de tenter l’aventure avec tout d’abord un petit éléphant de Ceylan qui faisait merveille dans un cirque. Le premier essai avec Jumbo ne permit pas à l’éléphant d’aller bien loin sur le sol caillouteux et l’organisation se rendit compte qu’il fallait entièrement reconsidérer le problème. Quelques jours plus tard, Jumbo a eu droit à un prix de consolation en franchissant le col du Mont Cenis par la route nationale.

En 1981, ce fut une spectaculaire démonstration avec 3 petits éléphants qui réussirent à atteindre le col Clapier par le versant Français.

Et après ?

Le journal indique seulement : C’est tout droit jusqu'à Suse…

Que trouve t on après ce col ?

La vallée de la Clarée avec un goulet rapide entrecoupé de marches et incontournable « l’escalier du Clapier » En descente, malgré un aménagement conséquent et indispensable, seul un passage de mulets est envisageable à la belle saison.

Cette description ne prouve pas la traversée et démontre surtout, que les éléphants n’ont pas la capacité d’évolution des mulets en terrain accidenté, il nous indique également que le choix d’un col avec des pentes progressives sur les deux versants est primordial.

 

En rappelant que le passage au petit Mont-Cenis est plus facile au début de la descente sur son versant Italien, je ne vois pas pourquoi Hannibal aurait gravi 300m de dénivelée supplémentaire pour trouver une descente n’offrant pas d’avantages notables.

 

Sans même parler des conditions hivernales de cette traversée, la descente facile du petit Mont-Cenis, au moins dans sa première partie, ne cadre pas avec les récits concernant Hannibal mais elle conforte la thèse d’Hasdrubal, qui est la mienne en rejoignant Varron.


 

5.1.4        Savine-Coche (2503m)

En montant plus à droite et au sud que le Clapier, il existe une autre possibilité : Savine Coche.

Ce passage a été mis en évidence par le docteur de Lavis Trafford. Il est connu également sous le nom d’ancien petit Mont-Cenis. Probablement postérieur à la voie du col de Clapier qui était trop pentue vers le sommet. Elle est actuellement inutilisable car il y a un amalgame d’éboulis sous la corniche de la Coche. Ces éboulis se situent avant d’arriver au plateau de l’Aria, à l’Ouest il y a le rocher et a l’Est, une corniche de plus de 400 mètres. Cette voie comme la plupart des voies de l’époque romaine, nécessitait beaucoup d’entretien. Des traces de cette voie seraient encore visibles sur le haut du versant Italien.

 

5.1.5        Réflexions sur l’itinéraire des cols du Clapier et de Savine-Coche

 

Plusieurs milliers d'années a.n.è. le colportage était déjà très actif. La totalité des passages des Alpes (avec ou sans mulet) avaient étés repères. Les franchissements à basse altitude et sans équipements routiers avaient la faveur.

De nombreux admirateurs d'Hannibal ont étés déroutés par deux voies:

Le Clapier et Savine-coche toutes deux équipées à 2500m en des temps anciens.

 

C’est l'explication de cette anomalie que je voudrais tenter de résoudre.

 

En exigeant un aménagement considérable, quel a put être l’intérêt de passer à si haute altitude en empruntant le col du Clapier ou de Savine-Coche ?

En n’offrant pas d’avantages notables par rapport au petit Mont-Cenis, je ne vois qu’un intérêt d’ordre militaire permettant de faire diversion.

Donnas subit l’invasion de César et la combattit dans un premier temps. Il était vital pour lui de s’assurer une liaison au-delà du col. Cette circonstance me paraît être la seule justification possible à une aussi singulière réalisation.

Ces deux voies ont étés abandonnés pour un retour au petit Mont-Cenis, la seule voie naturelle utilisée avant Napoléon.

 

5.1.6        Col du petit St Bernard (2188m)

Col moyennement escarpé.

Les légions romaines ont aménagé cet itinéraire (table de Peutinger), mais avant cela, certains passages étaient infranchissables pour des convois lourds, comme par exemple les «échelles d’Hannibal » en aval de Moutier.

Les Romains ont évités ce passage en franchissant l’Isère avec un pont remarquable qu’ils étaient seuls à savoir construire.


 

5.2         Les routes existantes pour ce franchissement des Alpes au Mont-Genévre et plus au Sud

 

5.2.1        Col du Mont-Genévre (Sources de la Durance 1854m)

A cause d’une rupture de pente sur le versant Italien, ce col n’était franchissable qu’a pied en suivant le lit du torrent qui n’était actif qu’en temps de pluie. Ce passage est entrecoupé de marches (échelles de Claviére).

Pour rendre utilisable ce passage en voie, les romains auraient réalisés un important aménagement en faisant une tranchée dans les éboulis permettant un passage en force[4].

A l’époque d’Hannibal, vu l’importance de son expédition, ce passage me semble irréalisable.

La route actuelle, s’effectue avec près d’un kilomètre de galeries, dont la première construction date de Victor-Emmanuel III (1900-1946).

 

5.2.2        Le Queyras (Haute vallée du Guil affluent de la Durance)

Cette vallée constitue l’enclave alpine la plus isolée de notre pays.

La difficulté majeure consiste à atteindre cette enclave dans le sens France-Italie. La carte la plus ancienne connue date de Jean de Beins en 1608. Elle fait apparaître un aménagement sommaire dans la combe du Guil. Il s'agit d’un sentier zigzaguant d’un bord à l’autre de cette combe et joignant 10 passerelles échelonnées en travers.

Cette carte d’intérêt militaire nous montre que les passages naturels pour joindre le Queyras à partir de la Durance sont entièrement occultés par cet aménagement.

A savoir :

-         Rive gauche col Fromage 2301 m actuellement GR 5.

-         Rive droite col Garnier 2270 m actuellement GR 541 et qui garde les traces d’une voie ancienne. Possibilité bien argumentée par la thèse de J.P Renaud

-         Du Queyras au versant italien : Seuls subsistent sur cette carte les cols de la Croix (2298 m) et d’Agnel (2744 m).

 

Cette combe du Guil est réputée accessible aux piétons et caravanes muletières en 1830 (W H-Barlet) et ne sera carrossable qu’en 1849.

En 1790, les Escartons[5] du briançonnais et du Queyras se voient abolir leurs privilèges qui leur assuraient une certaine autonomie.

 

La vallée de la Durance est certainement plus accueillante que la haute vallée de l’Isère ou de son affluent l’Arc, mais elle conduit aussi à de grosses difficultés au Mont Genèvre ou à la vallée du Guil.

Reste la vallée de l’Ubaye…


 

5.2.3        Col de Larche (2000M)

Par la vallée de l’Ubaye affluent de la Durance.

Ce passage (vallée et col) est plus facile que les cols précédents, la difficulté principale de ce passage est une forte pente sur versant italien au-dessus d’Argentera.

C’est le seul itinéraire permettant de rejoindre aisément et logiquement le Po à proximité de Saluzzo, c’est-à-dire à une cinquantaine de kilomètres en amont de Turin.

Pour finir et d’après Varron, Hannibal aurait franchi les Alpes entre le Mont Genèvre et la mer, le col de Larche est dans ce secteur.


 

5.2.4        Réflexions sur l’itinéraire du col de Larche

En remontant l’Ubayette donc en direction France-Italie on accède actuellement à Meyronnes par une route moderne à flanc de falaise en rive droite. Cet itinéraire est sans difficultés exceptionnelles. Les chemins d'autrefois, toujours existants de nos jours, côtoient le torrent en faisant de nombreux lacets.

 

Au delà de Meyronnes jusqu’au col nous avons une vallée large toute en prairie avec des pentes raisonnables.

 

 

Du col au village de Larche la distance à  « vol d’oiseau » est de 4 ,8km pour une dénivelée de 300m soit 6%.

Du col à Argentera la distance toujours à « vol d’oiseau » est de 4km pour une dénivelée de 300m soit 7,5%.

 

Le col lui-même est un palier retenant naturellement le petit lac de la « Maddalena ».Il est propice à un rassemblement.


La Pente en descente sur Argentera pourrait être facilement réduite en se tenant à droite de la route actuelle en direction de la « cabane di Gorretta ».

 

Ce passage en descente me paraît être la clé de la réussite pour une caravane lourde sans chemins biens établis.

 

 

Avant l’occupation romaine les chemins de montagne devaient se borner à l’utilisation de mulets avec bat. Des travaux conséquents auraient laissé quelques traces.


Mais si on considère ce passage délicat pour Hannibal en raison de la constitution de son armée, conditions aggravées par une récente chute de neige, ce franchissement me semblerai un grand exploit.

 

Au vu des différentes thèses avancées et compte tenu des essais tentés en été en grandeur nature avec éléphants, la plupart des autres itinéraires ne me paraissent pas réalisables. 

 

Ci dessous les lacets après d’Argentera sur la route actuelle.

 

5.2.4.1       Le col de LARCHE implique une descente jusqu'à CUNEO

Pour Hannibal, le passage du col de Larche implique une descente jusqu'à Cuneo, puis une remontée à Turin.

Cela supposerait une grande hardiesse à oser se rapprocher de la côte Ligure. Egalement, un risque sur son flanc pour la remontée vers Turin.

 

Ne serait ce pas le même type de risque qu'il avait encouru pour le franchissement du Rhône ?

Cette armée était surtout vulnérable au passage des Alpes Au-delà, les Carthaginois nous prouveront leur valeur.

 

Hannibal subira tout de même un terrible revers à la descente sur le versant Italien. En retard sur sa prévision de marche, il ne pourra pas éviter les premières neiges d’automne. Ces neiges lui coûteront une partie de son armée et la moitié de ses éléphants. Mais cela ne le découragera pas.

5.3         Les Alpes Cottiennes

Un roi Gaulois nommé Donnas (-100-44) protégé par les Alpes et leur topographie favorable, tenait un bon nombre de passages sur le versant Italien.

Confronté à la conquête de la Gaule par Jules César (-58-51), il ne parvient plus à maîtriser le passage du petit Mont Cenis qui était probablement la seule voie muletière dans ce secteur.

 

A mon avis, pour rétablir par une voie muletière la communication avec la Gaule occidentale, c’est lui qui fit équiper le col du Clapier puis Savine-Coche. Ces deux cols avoisinant 2500m étaient difficiles à équiper et à entretenir. De plus, à cette altitude, la saison où les passages sont praticables se trouve écourtée.

Le fils de Donnas, vers -44, a une histoire plus connue et les Alpes Cottiennes portent son nom.

Vers l’an 9 ap JC, ce roi dominait le versant des Alpes depuis la Tinée jusqu'à la frontière avec les Allobroges.

Cottius, chef des Sugusini dont la capitale était Suse, commandait treize autres peuplades alpines. La plus représentative était celle de Taurins.

 

- Une parenthèse pour Hannibal qui traversa le territoire des Taurins :

D’après le texte qui précède, il conviendrait peut-être de n’être pas trop exigeant sur la limite territoriale des Taurins.

 

La guerre avec les romains était terminée et Cottius accepta un accord.

Il est précisé, sur le trophée de la Turbie (5ans a.n.è.) commémorent les victoires d’Auguste sur les populations alpines:

On n’y a pas joint les douze citées Cottiennes qui ne furent pas hostiles.

 

Conséquence de cet accord :

Libre circulation sur le passage du petit Mont Cenis  et plus tard, construction de la voie romaine correspondant au col actuel du Mont Cenis.

 

Quelques siècles plus tard, le manque d’entretien de la voie romaine nous ramène au petit Mont Cenis dans les mêmes conditions semble-t-il, que du temps d’Hannibal ou plutôt d’Hasdrubal.

 

- En 44 ap JC l’empereur Claude rendit le titre de roi à Cottius. Il s’agit sûrement de Cottius II.

 

- En 64, sous le règne de Néron, le royaume fut transformé en province procuratorienne et gouvernée par un chevalier. Les habitants reçurent le droit Latin.


 

5.4         Les principaux passages Romains

Les Romains vers le deuxième siècle ont privilégié trois routes carrossables (visible sur la table de Peutinger) pour leurs légions et peut-être pour l’usage de chars à bœufs.

 

-         Le petit St Bernard

-         Le Mont Genèvre via Briançon et Grenoble

-         La route du littoral

 

En délaissant

 

-         Le Mont Cenis qui faisait double emploi avec le Petit St Bernard.

-         Le col de Larche qui faisait double emploi avec la route du littoral.


 

6          MES CONCLUSIONS                                                                                     

N'aurait t il pas, refait à pied le parcours d'Hasdrubal plutôt que celui d’Hannibal

Par manque de précisions et également en absence des textes de référence aujourd’hui disparus, les remarques observées sur le parcours par les historiens semblent difficilement exploitables. En ajoutant toutes les données recueillies sur son parcourt, Hannibal aurait franchi le Rhône entre Arles et Avignon, aurait remonté l’Isère et passé également par la vallée du Po. Le parcourt ainsi obtenu serait plutôt complexe et les passages possibles sont forcement nombreux !!!

 

Maintenant en regardant ces mêmes données et en considérant le passage d’Hannibal et celui d’Hasdrubal comme deux passages distincts, la solution se simplifie.

 

N’oublions pas, que si les différentes tentatives de reconstitutions avec des éléphants, ne sont pas parvenues à étayer une quelconque thèse sur le franchissement d’un col, elles eurent le mérite de mettre en évidence que des éléphants, n’ont pas les aptitudes des mulets…

Ceci nous démontre également que le choix d’un col avec des pentes progressives et cela sur les deux versants est primordial.

 

Reprenons la version de Polybe : N’aurait t il pas confondu le passage d’Hannibal en pays Allobroges avec celui d’Hasdrubal ?

En suivant un fleuve remontant vers l’orient dés la traversée du Rhône, il semblait pourtant désigner la Durance.

Il signale aussi, qu’Hasdrubal retrouve pour la première fois le témoignage du passage de son frère dans la vallée du Po, ce qui implique que jusque là, il était sur une route différente.

 

Ensuite reprenons la version de Tite-Live : Il désigne nommément la Durance et la vallée du Po dés l’apparition du versant Italien.

La source du Po est effectivement dans l’axe du Guil qui est lui-même affluent de la Durance.


Reprenons maintenant la version de Varron

Si on veut bien accorder du crédit à cet historien, on peut réduite notablement les possibilités des lieux de franchissement.

Il situe le parcourt d’Hannibal entre le Mont-Genévre et la mer, le col de Larche se trouve dans ce secteur, il est d’un accès facile sur ses deux versants.

Le franchissement se fit dans de mauvaises conditions climatiques, ce qui rend cette solution encore plus plausible. Cette hypothèse est confortée par la version de Tite-Live, puisque le col de Larche précède la vallée du Po.

 

Quand à Hasdrubal ,8 ans plus tard et en été, Varron situe son passage entre le Mont-Genévre et le petit St Bernard

L’hypothèse la plus probable de son passage avec son armée et une vingtaine d’éléphants, se situe dans la zone du Mont Cenis.

Dans cette zone éliminons le col actuel du Mont-Cenis infranchissable sur le versant Français ainsi que les cols Clapier et Savine-Coche ou le passage à 2500m ne se justifie pas.

Reste le col du petit Mont Cenis 2182m, la seule voie naturelle et muletière utilisée après la disparition des voies romaines et de Cottius et cela jusqu'à Napoléon.

 

En conclusion, la faible pente au début de la descente sur le versant Italien du petit Mont-Cenis ne cadre pas avec le récit concernant Hannibal mais convient pour Hasdrubal. Pour Hannibal, la vallée de la Durance et le col de Larche me semblent satisfaire aux exigences des textes et à la réalité du terrain en conditions hivernale.

 

Pour finir, nous pouvons dire que nos ancêtres Grenoblois ont peut-être vus passer des éléphants mais, appartenaient-ils à Hannibal ou à Hasdrubal ?


 

7         LES INDICES                                                                                                  

7.1         La Bâtie

Dans la vallée de la Durance et en Provence, il est d’usage d’amasser les pierres issues des champs cultivés en un vaste pierrier dont l’origine est souvent fort ancienne.

 

A la Bâtie (Hautes-Alpes) en décembre 1938, c’est un pierrier de ce genre qui est remis à un entrepreneur pour en effectuer le déblaiement. A la base de ce pierrier, un dolmen apparaît ainsi que plusieurs centaines de dents humaines. Les autorités procédèrent à des recherches en présence du journaliste Mr R L Lachat et du Dr Bernard et découvrirent des objets d’époque néolithique (voir journal l’illustration).

 

Puis, sur le même lieu en août 1939, en présence des mêmes témoins, découverte d’objets anciens :

 

-         Aiguilles en bronze

-         Bagues en bronze

-         Fragments d’épées en fer

-         Défenses d’éléphant sculptées.

 

Cette découverte a été consignée aux archives départementales des Hautes Alpes à Gap sous la référence No F3435 (Page 1 à12).

Quant aux objets, ils ont été déposés au musée de Gap en oct. 1948 sous la référence N° 2578. A cette date, les défenses n’ont pas pu être récupérées, malgré les efforts de Mr Lachat. Cette disparition n’a pas permis à deux historiens britanniques, venus spécialement à Gap en 1948, d’étayer la thèse Phénicienne.

 

Dans le journal "Les Affiches édition 1981" disponible aux archives de Grenoble, on peut lire le rapport de Mr Lachat.

 

REMARQUE : Ce site de la Bâtie en rive droite de la Durance se trouve dans l’axe de la vallée de l’Ubaye.


 

7.2         Le Lauzet

Plus loin, toujours en direction du col de Larche, un ensemble de Drachmes Phéniciennes à été découvert au Lauzet sur Ubaye.

Cette information à été diffusée au cours de l'année 1968 lors d'un journal radio de l'époque.

 

Bien sûr, on peut toujours évoquer la circulation des monnaies; dans ce cas, il s'agit d'un ensemble de pièces.

 

Le regroupement de tous ces indices et témoignages devrait permettre de constituer une forte probabilité pour faire valoir l’itinéraire de l’Ubaye et du col de Larche.


 

8          HISTOIRE DU PASSAGE DU COL DE LARCHE                                        

8.1         La fréquentation

Ce passage est connu depuis l’antiquité. La fréquentation de cette route et de ces lieux est mesurable à toute époque grâce aux nombreux objets retrouvés aux alentours.

 

-         Dolmen de la Bâtie (H A) objets d’époque Néolithique puis bronze et fer.

 

-         Dolmen du Lauzet-sur-Ubaye objets d’époque Néolithique 1er découverte en 1859.

 

-         Et également au Lauzet-sur-Ubaye une médaille de l'empereur Romain Commode et une autre de l'empereur Septime-Severe (1989).

 

La vallée de l'Ubaye et le col de Larche restent pourtant à l’écart des mouvements de troupes en direction de l’Italie : Charles VIII, Louis XII.

8.1.1        François 1er

Les cols du Mont-Cenis et du Mont Genévre étant bien défendus, François 1er utilisera le col de Larche en 1515 avec un guide Espagnol.


8.1.2        Bayard

Sur l'histoire de Bayard éditée en 1892 à partir des archives de l’Isère, je cite : « Le passage des Alpes présentait des difficultés presque insurmontables. Les Suisses occupaient le pas de Suse (Mont Cenis ?). Heureusement, le Roi de France avait à son service un capitaine que les impossibilités n’effrayaient pas. Pietro de Navaro résolut de débuter par un coup d’éclat en renouvelant les exploits d’Hannibal. A la tête de 3000 pionniers, il traverse la Durance, s’engage dans les montagnes du côté de Guillestre (Grenoble Briançon Guillestre col de Vars) avec l’intention de frayer un passage à l’armée à travers ces roches encore inexplorées. Pendant ce temps, un chasseur de chamois proposait à Bayard de le faire descendre dans le marquisat de Saluces par des chemins connus de lui seul (col de Larche) » fin de citation…

 

La description du parcours n’est guère plus instructive que le récit de Tite-Live et l’aménagement de la route du col n’avait sans doute guère évolué depuis le passage d'Hannibal.

 

Les éléments importants de ce récit succinct du passage des Alpes par Bayard sont d'une part la connaissance d’un passage relativement facile et d'autre part, l'utilisation de ce col dans un contexte qui, finalement, est relativement proche de celui rencontré par Hannibal.

 

8.2         Le rattachement de la vallée de l’Ubaye à la France

Le rattachement de la Provence à la France en 1482 ne concerne pas la vallée de l’Ubaye et il faut attendre le traité d’Utrecht en 1713 réglant la succession d’Espagne pour que cette vallée, comportant une communauté Espagnole (Barcelonnette), devienne Française.


 

9          OUVRAGES CONSULTES                                                                             

- Histoire de Bayart par A . Prud‘homme archiviste de l’Isère édité en 1892.ce livre précise : nous adoptons cette orthographe Bayart rétablie par M.de Terre basse d’après les signatures originales de Bayart-Bayartius sic enim vocandus non ut vulgo Bayardus

 

- Queyras Hautes Alpes réalisé par la direction régionale des affaires culturelles de Provence Alpes Côte d’Azur.

 

- L’hypothèse du petit St Bernard réalisé de Mr Conninck.

 

- L’itinéraire d’Hannibal (Archéologie N° 324) par J P Renaud.

 

- Les études de Serge Lancel et du Général Guillaume sur le col de la Traversette (Queyras).

 

- Hannibal en Gaule de Mr de Galbert dont l’aide précieuse m’a permit d’améliorer mon texte en préservant une conclusion différente.

 

- La résistance des peuples Alpin du royaume de Cottius http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/resistance-des-peuples-alpins-du-royaume-de-cottius-64-3838.htm

 

- Mes recherches

- Au musée de Gap.

- Au service des archives Direction des affaires culturelles d’Aix en Provence.

- Aux archives départementales de l’Isère à Grenoble.


 

 

 

 

 

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[1] a n è  =  Avant notre ère

[2] Selon : Polybe, Tite-live et Varron

[3] Camille Jullian ; Paul Azan ; Guy Barruol ; Jean Prieur Serge Lancel ; Geoffroy de Galbert.

[4] Ce passage se faisait peut-être même en démontant les chariots.

[5] L’histoire des escartons naît le 29 mai 1343 avec le rachat par les communautés du Briançonnais à Humbert II de 5 territoires qui prirent le nom d'escartons. Ces escartons à cheval sur les Alpes comprenaient, d'une part ceux de Briançon regroupant les vallées de la haute Durance de la Guisane et de la Vallouise.

D'autre part, à l'est des Alpes sur l'Italie actuelle les escartons d'Oulx de Chateau-Dauphin et Val-Cluson Frontière actuelle établie en 1713 selon le partage naturel des eaux. Les escartons resteront autonomes jusqu'a 1790. http://ollier.pierre.free.fr/mur_des_Vaudois.htm