1689 - 1702 : la reconstruction du fort par Garangeau et Vauban / sommaire




Légende : Plan du rez-de-chaussée, fait à Brest le 1er décembre 1692 par Garangeau
(Sources : Service Historique de l´Armée de Terre, Château de Vincennes). Les ouvrages existants sont matérialisés en rouge rosé tandis que les ajouts souhaités sont traités en jaune. L’analyse des plans permet de voir, sur une quarantaine d’années, les projets de l’ingénieur Garangeau pour le fort.


Les travaux du nouveau fort du Taureau approuvé par Vauban commencent au printemps 1689. Vauban disait de Garangeau préposé à la conduite des ouvrages de Saint-Malo : « c’est un ingénieur entendu et pleinement informé de tout ce qu’il faut y faire ». En effet, Garangeau vient d’être nommé au poste de directeur des Fortifications de Haute-Bretagne, ses activités couvrent la région comprise entre le Couësnon et Morlaix. Il est assisté pour la reconstruction du château du Taureau par plusieurs ingénieurs, Picot et Parrocel notamment. Dans son mémoire historique sur le fort, Garangeau écrit, en 1738, « on commença à y travailler par l’enceinte une partie après l’autre ». En effet, la construction de l’enceinte est prioritaire pour mettre l’ouvrage le plus vite possible en état de défense. Les travaux sont financés par les fonds du Trésorier général des Fortifications de France par l’intermédiaire du directeur des Fortifications de Bretagne.

1690-1692 : reconstruction du front Sud (pont-levis et môle ; porte d’entrée, corps de garde et chapelle), construction du front Nord (les 3 casemates à canon orientées vers le nord-ouest et magasin à poudre au pemier étage) et fondations de la partie Ouest (du front Nord à la tour Française).



Légende : Coupe du fort par la ligne A B, fait à Brest le 1er décembre 1692 par Garangeau
(Sources : Service Historique de l´Armée de Terre, Château de Vincennes).


Le chantier progresse assez vite ; il est vrai que les carrières sont nombreuses dans la baie de Morlaix et que le transport de la matière première est facilité par la voie maritime. Paradoxalement, il est plus facile de construire un château en pleine mer que sur la terre ferme où les matériaux sont très difficilement acheminés, compte tenu de l’état des routes et des chemins. Le fort du Taureau est ce qu’on appelle un ouvrage polylithique [Louis Chauris]. De nombreux îles et îlots de la baie de Morlaix tout proches du chantier comme l’île Callot (granite rose-rougeâtre), l’île de Batz (granite gris), le Jardin du Roi (granite ocre) (aujourd’hui, île Louët) ou encore Roc’h Gored… ont fourni la matière première à la reconstruction. Ce sont les pierres situées au niveau de la mer, les « boules de granite », qui sont extraites en premier et acheminées par des chalands.

1692-1699 : travaux sur la partie Ouest, l’enceinte s’élève jusqu’au niveau des deux tiers de la hauteur du premier étage (8 casemates à canon orientées vers l'Ouest). La plate-forme couvrant le front Nord est achevée. Une coursive permet d’accéder aux casernes du premier étage.



Légende : Plan du fort du Taureau, fait à Saint-Malo le 30 novembre 1699 par Garangeau
(Sources : Service Historique de l´Armée de Terre, Château de Vincennes).


1702 : achèvement de la jonction Ouest (les casernes au premier étage et la plate-forme sont achevées ainsi que le parapet percé de neuf embrasures). Le fort est extérieurement assez proche de son aspect actuel, exception faite de l’enceinte à l’est, plus basse, qui est celle du fort primitif. Suivant les conseils de Vauban, Garangeau veut élargir l’enceinte...

Garangeau meurt en 1741 à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans, avant d’avoir pu terminer le château du Taureau – la dernière phase des travaux commence en 1741 et s’achève en 1745. La réalisation des plans d’achèvement du fort est donc confiée à Frézier, ingénieur architecte du Roi qui collabore déjà, depuis 1717, au chantier.