Le choix d'un chef-lieu suscita de plus graves difficultés. Les agglomérations urbaines de quelque importance ou prestige - toutes d'ailleurs, sauf Carhaix, villes de mer ou de fond d'estuaire - appartenaient à la périphérie départementale et, si l'on met à part Châteaulin, la plus médiocre, s'accordait mal avec le principe d'après lequel on devait pouvoir accéder au chef-lieu en une journée de voyage. Des villes s'excluaient d'elles-mêmes du fait de leur position géographique, comme Carhaix, limitrophe du département des Côtes-du-Nord, et Quimperlé de celui du Morbihan. Saint-Pol-de-Léon, ecclésiastique et monastique, aristocratique au surplus et, par ailleurs, menacée dans son évêché, était desservie par un prélat, Mgr de La Marche, hostile au nouvel ordre des choses. Quant à Brest, la ville le plus importante du département, ses structures fondamentalement militaires, ses origines récentes et ses moeurs tumultueuses apparaissaient peu propres à lui faire abriter une importante administration civile, dont le libre exercice requérait calme et sérénité. En définitive, trois villes étaient susceptibles de formuler de solides prétentions à être chef-lieu du Finistère : Morlaix, Landerneau et Quimper. Encore que Morlaix fût la cité la mieux équilibrée du département par son ouverture sur le grand commerce maritime, l'existence d'une activité bourgeoise mercantile et une situation au contact des deux ethnies les plus dynamiques de la Basse-Bretagne - Léonards et Trégorrois - il ne paraît pas que sa cause ait été plaidée avec une chaleur de conviction susceptible de faire oublier les disgrâces d'une position excentrique. Dès lors, deux adversaires demeurèrent en lice : Quimper pour la Cornouaille et Landerneau pour la Léon, encore que cette dernière ville eût aussi une rive en Cornouaille.
Landerneau se vantait de servir « d'entrepôt et de magasin à Brest ». Sa cause, en conséquence, pouvait apparaître comme un substitut de la cause brestoise, plus difficile à plaider. Au surplus, c'était une cité fort active, ce que Quimper n'était pas. Mignot de Montigny qui, plus soucieux d'économie et de technique que de pittoresque, voyageait en Bretagne en 1752, exécute Quimper en une phrase lapidaire : « Kimper n'a de remarquable que la difficulté d'y arriver, celle d'en sortir et le peu d'envie que l'on a d'y rester ». Au contraire, Landerneau retint son attention : « Landerneau, petite ville que l'on traverse à quatre lieux de Brest, fait assez gros commerce de toileries. Cette ville, plus propre et mieux bâtie que Brest, contient 12000 habitants qui payent 6000 livres de capitation. Ce port est à l'extrémité de la rade de Brest : on y voit des barques de 50 à 60 tonneaux. On tient toutes les semaines à Landerneau un marché considérable de lin et de fil. Le plus riche commerçant est le Sr Mazurier, dont la fortune est évaluée à cinq cent mille livres. Huit ou dix autres commerçants ont cent mille écus dans le commerce ». Mais l'activité économique landernéenne ne pouvait pas faire oublier que derrière la langueur distinguée de Quimper se cachait une plus grande dignité urbaine. Pour les antiquaires, la cité du roi Gralon et de l'évêque Corentin était à la fois « Corisopitum » et « Aquilonia ». Elle avait une belle cathédrale, était siège d'évêché, d'amirauté et de présidial, cependant que magistrats, chanoines et régents d'un collège fondé par les jésuites lui donnaient le lustre d'une certaine activité intellectuelle.
Toutefois, il est curieux d'observer que l'argumentation utilisée de part et d'autre invoquait moins les mérites et disgrâces des villes adverses, que la richesse du Léon et la pauvreté de la Cornouaille, admises comme vérités d'évidence. En bref, pour les Léonards (et les Trégorrois), la logique voulait que le chef-lieu du département s'établît là où se trouvaient rassemblés les hommes, l'activité et la richesse, c'est à dire au nord de l'affreuse barrière des montagnes d'Arrée : « Personne n'ignore que pour se rendre à Quimper, il faut faire un circuit très considérable pour éviter les montagnes d'Arrée, impraticables dans le temps indiqué pour la session des assemblées du département, et qui, dans toutes les saisons, offrent les dangers les plus effrayants. La liste des personnes qui périssent tous les ans dans les neiges en traversant les montagnes ou qui, échappées aux voleurs, deviennent la proie des bêtes féroces présente une image affligeante. Faudra-t-il que trois cent mille habitants de Léon aillent en chercher deux cent mille, perdus en quelque sorte au milieu des montagnes et des bois infestés de brigants ? Faudra-t-il que le grand nombre, rassemblé dans un évêché moins étendu mais fertile, soit attiré au loin par le petit nombre ? ».
Au contraire, pour les Cornouaillais, la justice distributive exigeait qu'on apportât aux pauvres la ressource compensatoire d'une administration créatrice d'emplois et mère de prestige : « Si les habitants du Léon sont en plus grand nombre que ceux de la Cornouaille, ne sont-ils pas aussi plus riches ? Forcera-t-on ces derniers à de coûteux déplacements lorsque c'est naturellement aux cultivateurs aisés qu'il appartient d'aller au-devant des plus pauvres ? La population de Léon n'est aussi importante que parce que l'agriculture y fleurit, toujours puissante par ses capitaux, ses produits et ses ébouchés. C'est un principe économique incontestable qu'un pays est d'autant plus peuplé que ses richesses territoriales et commerciales sont plus abondantes. La population étant la première force de l'Etat et le signe le plus certain de la prospérité des peuples, il est du devoir du gouvernement de chercher à l'accroître. Le gouvernement a donc intérêt à élever la Cornouaille au rang du Léon et, pour atteindre à ce résultat, il est indispensable d'y appeler d'abord la vie, le mouvement des affaires, les secours éclairés de l'industrie. En fixant à Quimper le chef-lieu départemental, l'heureuse influence des corps administratifs s'étendra sur les campagnes, y fera pénétrer le progrès. Le Léon n'a rien à désirer de ce côté. La fécondité de leurs (sic) contrées leur paie avec usure le prix de leurs travaux et le choix de Landerneau n'ajouterait point à cette propérité. »
Finalement, devant la chaleur des convictions adverse, souvent appuyées sur des arguments d'une égale partialité voire mauvaise foi, le soin de décider si l'établissement du chef-lieu dans la capitale de Cornouaille prendrait un caractère définitif, fut confié à l'assemblée des électeurs du département. Elle se réunit à Quimper le 25 juin 1970, écouta les uns et les autres et se sépara sans conclure, si bien qu'en désespoir de cause on s'en remit alors à l'Assemblée Constituante elle-même de choisir entre Landerneau et Quimper. Les arguments en faveur de la première ville furent rassemblés dans un mémoire que rédigea le Brestois Pierre Marec (1759-1828), ancien commis de marine et futur membre de la Convention des Cinq-Cents. Quant au plaidoyer pour Quimper, il fut composé par Le Guillou de Kerincuff, maire de cette ville et plus tard président du tribunal criminel du Finistère.
C'est le 20 août que l'affaire fut débattue à la Constituante. On l'y présenta dans un sens défavorable à Quimper : « Les électeurs du département du Finistère à qui la fixation du chef-lieu avait été renvoyée n'ayant pu s'accorder entre eux, sont convenus de s'en rapporter à l'Assemblé Nationale sur cette fixation. Les trois villes de Quimper, Landerneau et Carhaix sont en concurrence. La faiblesse de cette dernière ville l'écarte sans retour; aucune des deux autres n'est centrale, mais le plus grand nombre d'administrés, le voisinage de Brest, la surveillance qui doit toujours être active sur ce premier dépôt des forces navales du royaume ont déterminé le comité en faveur de Landerneau. » La cause quimpéroise était singulièrement compromise. En fait, les esprits furent retournés par l'intervention d'un personnage qui demeure aujourd'hui plus célèbre que véritablement connu, tant certains aspects de sa biographie traditionnelle semblent relever davantage de la légende que de l'histoire, Bérardier, le « bon » Bérardier, dont le futur évêque de Strasbourg, le Pappe de Trévern, évoquait le souvenir au siècle suivant, dans une lettre de février 1817 adressée à son ami Poulpiquet de Brescanvel, bientôt évêque de Quimper : « Adieu, cher Poulpiquet, porte-toi bien , prie pour moi, qui en ai besoin. Te plais-tu à Quimper, où j'ai étudié sous le bon Bérardier, Coz et Audrein dont je ne puis dire autant ? Quels sots personnages l'un et l'autre, et quelle triste fin pour celui-ci ! » Précisons que ces deux derniers personnages, « sots » sans doute parce qu'ils adhérèrent à la Constitution Civile du clergé - ce qui ne fut pas la cas de Bérardier - achevèrent leur existence, Le Coz, paisiblement, comme archevêque de Besançon en mai 1815, et Audrein, tragiquement, puisqu'élu évêque constitutionnel du Finistère en avril 1798, il fut assassiné par les chouans à la côte Saint-Hervé, entre Quimper et Châteaulin, dans la nuit du 19 au 20 novembre 1800.
La bourgeoisie des villes de Basse-Bretagne au XVIIIe siècle était souvent de provenance provinciale. Tel était le cas de la famille Bérardier. Denis Bérardier, né à Quimper, dans la paroisse de Saint-Mathieu, en 1735, était en effet, du côté paternel, issu d'une souche forézienne, cependant que son aïeul maternel, Jean-Baptiste Bousquet, était d'origine marseillaise. Après avoir achevé ses humanités chez les Jésuites de Quimper, il accomplit à Paris le cycle des études ecclésiastiques. Docteur en Sorbonne, honoré de la précieuse amitié de son condisciple le futur cardinal de Rohan, il revint à Quimper, où il bénéficia de la faveur de l'évêque Farcy de Cuillé. En 1762, le parlement de Rennes ayant ordonné la dissolution de l'ordre des jésuites et prononcé le séquestre de ses biens, le collège de Quimper passa entre les mains des prêtres séculiers et le procureur général La Chalotais en fit nommer principal le jeune Bérardier, alors âgé seulement de vingt-sept ans.
Le nouveau principal, qui s'adjoignit comme collaborateur Le Coz, qui devait d'ailleurs lui succéder, sut, en s'entourant de régents de qualité, maintenir les études à un niveau très élevé : ses biographes évoquent la richesse de son cabinet de physique. Toutefois, l'accession au sièges épiscopal de Cornouaille en 1773 de Mgr Conen de Saint-Luc devait être pour Bérardier le début de contrariétés éprouvantes. Le nouveau prélat, en effet, attaché au parti jésuite, ne pouvait que mal s'entendre avec un ecclésiastique fort attaché aux maximes gallicanes et d'esprit indépendant. On conçoit dès lors que Bérardier, dégoûté de Quimper, ait eu recours à la protection du Cardinal de Rohan pour obtenir la plus brillante des protections parisiennes. En 1778, en effet, il était appelé au principalat du Collège Louis-le-Grand ; en 1780 il prêtait serment comme administrateur du collège et il devint le grand-maître en 1787. Bérardier était donc à Paris au moment de la Révolution, un personnage considérable. Camille Desmoulins fut de ses élèves, comme aussi Robespierre, qui bénéficia sur son rapport, en juillet 1781, d'une gratification de six cents livres pour récompense « de sa bonne conduite pendant douze année et de ses succès dans la cours de ses classes, tant aux distributions de l'Université qu'aux examens de philosophie et de droit. »
Elu député suppléant du clergé de Paris aux Etats Généraux de 1789, Bérardier fut appelé à siéger à la Constituante en 1790 - à point nommé, par conséquent, pour y défendre les intérêts de sa ville natale, où il avait encore de la famille, en tout cas un frère. Comme les défenseurs de Landerneau justifiaient le choix de leur ville par le fait qu'elle formait couple avec Brest, Bérardier crut devoir rappeler que Quimper était proche de Lorient - « cette ville (Quimper) est en effet dans le voisinage du dépôt des marchandises de l'inde » - argument symétrique mais parfaitement absurde puisque Lorient appartenait à un autre département. Par ailleurs, sa plaidoirie reprenait l'évocation , désormais traditionnelle de la pauvreté cornouaillaise : « La côte de Quimper est aussi pauvre que celle de Landerneau est opulente ; vous ne pouvez donner toutes les faveurs à une même ville et si Quimper perdait le chef-lieu vous prononceriez sa ruine totale ». Toujours est-il qu'il fit le siège des députés les plus influents et, en définitive, réussit à faire triompher la cause quimpéroise « contre toute probabilité » La décision fut rendue en ces termes : « l'Assemblée Nationale a décrété que le chef-lieu du département du Finistère resterait définitivement fixé à Quimper. »
Quimper l'emportait donc, mais l'incertitude des lendemains politiques autorisait Landerneau soutenu par les autorités brestoises, à contester la décision de la constituante. Ordonnateur civil de la marine, Payeur général, Commissaire des Guerres, Commandant de la marine s'élevaient contre un choix jugé malencontreux, qui empêchait qu'on se concertât, en cas d'urgence, avec le pouvoir départemental. Sous la Convention, les protestations se multiplièrent. On les accueillit d'abord avec impatience, mais Quimper, en se ralliant à l'insurrection fédéraliste, allait provoquer sa propre destitution administrative. Le 19 juillet 1793, en effet, La Convention décrétait la mise en accusation des administrateurs du Finistère et leur remplacement par une commission administrative siégeant à Landerneau. Le chef-lieu départemental se transportait ainsi des bords de l'Odet aux rives de l'Elorn, mais sans qu'un décrêt eût sanctionné la substitution d'une ville à l'autre. D'ailleurs, « Montagne-sur-l'Odet » conserva nombre de papiers, titres et documents.
Au surplus, Bérardier veillait toujours aux intérêts Quimpérois. Cet extraordimaire personnage continuait de porter la tête sur les épaules. Incarcéré aux Carmes comme prêtre insermenté, sauvé des massacres de septembre par l'intervention conjuguée, dit-on, de Camille Desmoulins et Rosbespierre, le grand-maître du collège de l'Egalité passa sans encombre les années sanglantes. Les 17 décembre 1793, il écrivait à son frère une lettre étonnante : « Quant à ce qui regarde la fixation définitive du chef-lieu du département, je fais aussi tout mon possible auprès des députés à la Convention que je connais, pour les déterminer en faveur de la ville de Quimper, mais il faut de la patience : les choses ne vont pas aussi vite que l'on voudrait; il paraît que cette affaire ne sera terminé qu'après celle qui concerne les administrateurs du département du Finistère. Les députés de Landerneau, présentés par les Jacobins de Paris, ont sollicité fortement le Comité de Salut public de fixer le chef-lieu dans leur ville. La réponse du Comité n'a pas été, dit-on, aussi favorable qu'ils l'espéraient. Le Comité est juste : il aura sans doute égard aux motifs qui avaient déterminé l'Assemblée Constituante. »
Le 22 mai 1794, vingt-six administrateurs du département du Finistère étaient guillotinés à Brest, mais ce fut la réaction thermidorienne qui sacrifia Landerneau à Quimper. Le 5 novembre 1794, La Convention Nationale, après avoir pris connaissance des réclamations des autorités constituées et d'une pétition de la Commune de Quimper tendant à rapporter le décret du 19 juillet 1793, ordonna que « que l'administration du département du Finistère sera(it) rétablie à Quimper ». Bérardier ne vécut pas assez pour jouir du triomphe de sa ville natale : il mourut en effet le 1er mai 1794.
Les Brestois s'accomodèrent mal de la prééminence cornouaillaise et la première moitié du siècle suivant les vit tisser des intrigues pour soustraire aux Quimpérois leur précieuse préfecture civile. Mais ceux-ci veillaient au grain : « Il n'y a rien de plus connu au ministère de l'Intérieur, écrivait Alfred de Courcy en 1839, que la députation des Quimpérois et leur éternelle doléance. »
Les querelles pour le choix du chef-lieu départemental s'accompagnèrent ou se compliquèrent de controverses plus subalternes à propos de districts puis d'arrondissements.
Le 22 janvier 1790, l'Assemblée Nationale décidait que le département serait divisé en neuf districts, ceux de Brest, Landerneau, Lesneven, Morlaix, Carhaix, Châteaulin, Quimper, Quimperlé et Pont-Croix, ce qui suscita la mauvaise humeur de Châteauneuf-du-Faou et Concarneau et la réprobation de Saint-Pol-de Léon. Au demeurant, les districts furent éphémères : les lois de l'An VIII établirent entre cantons et département un échelon administratif nouveau, rappelant le district mais aussi avec un ressort plus étendu, l'arrondissement communal, dont le chef-lieu serait sous-préfecture. Des neuf villes précitées cinq seulement furent retenues : Brest, Morlaix, Châteaulin, Quimper et Quimperlé. Parmi les quatre sacrifiées, Carhaix fut la seule à protester violemment et durablement conter le fait qu'on lui eût préféré une autre, en l'occurence Châteaulin. Ce qui se conçoit : cette cité millénaire, mère au surplus de La Tour d'Auvergne, se trouvait réduite à n'être plus qu'un chef-lieu de canton !
Dès le 25 décembre 1800, la municipalité carhaisienne mettant en question la délimitation départementale, demandait - en vain - la création d'un arrondissement nouveau qui, par récupération de Gourin, Rostrenen, Maël-Carhaix et Callac, rétablirait, aux dépens des Côtes-du-Nord et du Morbihan, l'ancien Poher. Par la suite, en 1807, un projet impérial de créer dans le centre de la Bretagne un département formé à partir de cantons démembré du Finistère, des Côtes-du-Nord et du Morbihan, et dont Pontivy aurait été le chef-lieu, donna à Carhaix l'espoir de commander au moins à un arrondissement. Le projet n'aboutit pas et, de toute façon, l'Empire s'effondra.
Les autorités carhaisiennes cependant ne désarmèrent pas. Leur opiniâtreté se manifesta en particulier dans les années 1817-1818. Le Conseil Général du Finistère prenant alors leur parti, envisagea de constituer un arrondissement de Carhaix par dislocation de celui de Châteaulin et en intégrant dans le département les pays de Gourin, Rostrenen, Maël-Carhaix et Callac, ce qui supposait l'adhésion des Côtes-du-Nord et du Morbihan. Celui-ci était alors tout prêt à lâcher le canton de Gourin, sauf les communes de Langonnet, où il avait fait installer un dépôt d'étalons, et de Plouray : il s'agissait là de contrées « barbares », très lointaines par rapport à Vannes et dont, surtout, le particularisme linguistique était source d'ennuis, en particulier sur le plan judiciaire. Aux contraire, les conseillers généraux des Côtes-du-Nord et Notamment les représentants de l'arrondissement de Guingamp s'opposèrent de manière abrupte à tout amoindrissement territorial au profit du Finistère. On laissa donc Carhaix à sa médiocrité administrative.
De leur côté, Le Faouët et Gourin, mal à l'aise dans le Morbihan, manifestaient des sentiments sécessionnistes. Le 20 décembre 1830, en effet, Le Faouët et bientôt Gourin demandaient leur annexion au Finistère par intégration dans l'arrondissement de Quimperlé, considérant que « ces deux cantons, qui, par leur position géographique n'auraient jamais dû appartenir au Morbihan, faisaient autrefois partie bien naturelle de l'ancien évêché de Quimper, dont des intérêts particuliers les ont fait détacher lors de la division de la France en départements ». Mais entre temps Vannes s'était mis à chérir d'une tendresse particulière ces cantons jadis mal aimés. Il demeurèrent donc morbihannais, pour leur plus grand dommage.
Le département du Finistère ne devait plus connaître que des modifications d'importance secondaire, et dans sa circonscription territoriale (incorporation de la commune morbihannaise de Locunolé en 1857) et dans son découpage administratif (suppression de l'arrondissement de Quimperlé en 1926).
Le Finistère participe ainsi de la permanence de l'institution départementale française. Faut-il placer cependant son unité territoriale sous le signe de l'éternité ? L'administration postale, en distinguant, naguère un Finistère-Nord et un Finistère-Sud, a peut-être, imprudemment, préfiguré un département finistérien de la Manche et un autre de l'Atlantique. Y a-t-il encore un Bérardier à Quimper ?
Yves le GALLO |