Je suis contente que mon exposé vous plaise
je ne voulais pas que mes notes se perdent dans un coin, c'est vraiment bien un tel forum, car nos petits écrits ne se perdent pas et peuvent être lu par chacun!
Ainsi donc je reprend:
Son périple est loin de s'achever!
La petite troupe, il est vrai que peu la suivent, emprunte pour se rendre à Ibois la route des crêtes puisqu'en ces régions montagneuses les vallées ne se prêtent guère à la circulation.
L'automne est là, sans doute délà froid lorsqu'on chemine sur les hauteurs.
Le 14 octobre, jour de son départ (sa fuite...)Marguerite couche à Murat, sur les bords de l'Allagnon, dans la maison forte d'un noble auvergnat.
Elle y séjourne deux jours, avant de repartir le 16 octobre pour Luguet (elle y arrive en fin de matinée) où elle dîne chez Louis de La Rochefoucauld, comte de Randan, ligueur de conviction, puis elle arrive enfin à Ibois.
Méfiante ou plutôt prévoyante, elle avait pris soin lors de son départ d'écrire au capitaine de le Jonchière, qui tenait le château d'Ibois, afin qu'il garde les portes ouvertes pour l'y accueillir. Lâcheté? prudence? l'homme de la reine mère est absent lorsque, épuisée, elle arrive aux portes dans la nuit.
Double humiliation encore quand sur l'ordre d'Henri III, le marquis de Canillac, dont l'épouse est encore l'une des dames d'honneur de Marguerite, suit de loin la déambulation pour, le vendredi 17 ou le samedi 18 octobre, venir avec quelques hommes d'armes bloquer le château.
Henri III a décidé que les pérégrinations en semi-liberté s'achèvent là pour sa soeur, que désormais il la tiendra en prison à sa merci et à celle de sa mère (et au grand soulagement du béarnais)
Cette méfiance envers Margot peut s'expliquer de manière simple:
- Le roi, la reine mère et la cour craignent qu'en restant en liberté en Auvergne, Margot vaquant aux propensions ligueuses, ne suscite contre la couronne des noyaux nobiliaires d'opposition et, bien que pour l'instant Henri III soit l'allier des Guises, il ne souhaite pas voir augmenter le ses partisans ultra-catholiques.
Ainsi acculée de toute part Margot doit se résoudre à renoncer à fuir, point de salut, elle doit obéir, toutefois dans un dernier effort dû à son caractère, elle décide une dernière fois de résister:
Effort en vain! Canillac entre dans Ibois 2 ou 3 jours plus tard.
Marguerite est atteinte au plus profond d'elle même.
Sa mère, dont elle à éprouvé l'indifférence et même la cruauté, sa mère cette fois-ci l'a trahie en la livrant sans défense aux mains de son frère.
Ce château d'Ibois, que Catherine lui avait fait miroiter comme un havre, n'est qu'un piège tendu, un traquenard dans lequel elle ne peut sortir et qui va la conduire à la longue détention qui va occuper presque 20 ans de son existence!Elle , reine si libre, si indépendante, tout va changer le jour ou par fatigue (crédulité?), faiblesse?elle tombe entre les mains terribles de son frère, le roi.
Pourtant Marguerite n'est pas femme à se laisser manipuler de la sorte, et charge le maître d'hôtel de Catherine de lui faire parvenir des lettres criant son désespoir et sa colère.
Elle redoute également en ces jours terribles, le sort réservé à l'écuyer Aubiac; elle redoute la haine vengeresse de son frère, celle qui justement aurait pu se déchaîner contre Champvallon si ce dernier ne s'était enfui à temps.
Selon une anecdote, on rapporte que pour cacher Aubiac, elle lui coupe elle-même la barbe et les cheveux et l'enferme dans un recoin du château!(anecdote bien sûr jamais prouvé
)
Toutefois Aubiac, une fois séparé de sa maîtresse est conduit aux geôles d'une petite ville de l'Allier, alors que la reine prisonnière attend à Saint-Amand puis à Saint-Saturnin, sévères châteaux féodaux plantés en hauteur, sur lesquels personne de la Renaissance ne les a encore habité depuis leurs anciens propriétaires du moyen-âge!
Vaincue, seule, désemparée après de maintes tentatives pour plaider sa cause auprès de la reine mère et de son époux, Margot attend 23 jours jusqu'au jeudi 13 novembre, que les puissances souveraines décident à Paris ou en l'une de leurs résidences royales de son sort.
Sur l'ordre d'Henri III, après de longues et pénibles tergiversations, Canillac reçoit l'ordre d'agir, la reine de Navarre sera conduite à Usson ce jeudi 13, où elle sera gardé à vue par une cinquantaine de Suisses.
Henri III envoie Villeroy règler sur place les diverses modalités concernant la captivité de Margot.
Elle part pour sa prison et Aubiac quant à lui est pendue par les pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive, non devant sa maîtresse comme le voulait la reine Catherine mais dans la petite ville d'Aigueperse où il était emprisonné. Pour un gentilhomme c'est une mort ignomineuse, même s'il a été jugé coupable d'avoir empoisonné Marzé, frère de Lignerac et gouverneur de Carlat, mais aux yeux du roi il a commit un plus grand crime:celui d'avoir aimé Margot...