Forum Histoire - Passion Histoire

Espace d'échanges historiques
Nous sommes le 01 Sep 2008 16:43

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 134 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5 ... 9  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: La longue errance de la reine Margot
MessagePosté: 19 Sep 2006 15:08 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
J'avais, il y'a longtemps :lol: fait ma Maîtrise d'Histoire sur la fuite de Marguerite de Valois à travers la France.
Ainsi il serait intéressant d'évoquer le long périple et le quasi-emprisonnement de cette reine occupant une très grande partie de sa vie.
Pour anecdote, la reine se réfugia une nuit dans le château de St Projet. Ils construisirent exprès pour cette occasion une chambre fortifiée qui fut murée après son départ et réouverte seulement récemment!
Voila j'espère que ce sujet vous intéressera (pas trop pseudo histoire pour vous :wink: :lol: )


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 19 Sep 2006 16:13 
Hors ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 08 Sep 2005 18:53
Messages: 993
Localisation: Pays des Valois-Angoulême
Je suis intéressée. Pouvez-vous me dire, chère Eryce, où se trouve le château de Saint-Projet? Et quelles villes furent parcourues par la Reine Margot?

_________________
"Andrei sul Ponte Vecchio, ma per buttarmi in Arno!"


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 19 Sep 2006 18:45 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Sans problème Victoire-Adélaïde, je suis ravie que le sujet vous plaise! :D

Saint Projet, se trouve dans le Tarn et Garonne. Le conservateur du château m'avais décrit l'émotion qui les a parcourue lors de l'ouverture de cette chambre secrete, et L'ODEUR!!! du temps passé!car il faut bien souligner que depuis cette fameuse nuit du 26 septembre 1585 les fenêtres et les portes avaient été condamnée! en outre ce château avait condamné beaucoup de ses meurtrières pendant la seconde guerre mondiale.

Je vais donc vous retracer le parcours de la Reine Margot durant ses années d'errances:1585-1586 d'abord, nous verrons Usson par la suite :wink: pour après évoquer ses divers parcours.

Alors que Marguerite chemine vers la Gascogne, elle ne peut ignorer que son destin ne lui appartient plus. Mari, frère et, à un moindre degré, mère jouent au plus fin; tout un jeu de pouvoir s'organise autour d'une reine de Navarre bâillonnée et ligotée.
Pour les partenaires de ce poker menteur, il s'agit de déterminer si Marguerite retrouvera sa place de reine auprès de son époux ou bien si elle sera reléguée, telle une paria.

Après avoir occupé le ville d'Agen qui lui appartenait, jusqu'au 25 septembre 1585, Marguerite chassée dû fuire:
Pour les étapes, Marguerite cédant à son accoutumé désir de protection, demande à des châtelains amis de l'héberger.
Ainsi fait-elle escale dans les robustes châteaux de Brassac, puis de Castelau-Montratier (26/09/85), St Projet, Bournazel le 27/09/85.

A Entraygues du Lot, au confluent de la Truyères et du Lot, une forteresse aux murs puissants l'abrite (de nos jours sur l'une des maisons médiévales de la petite ville, une enseigne proclame:"A l'étape de la reine Margot")
Le dimanche 29 septembre, la reine couche à l'église romane de Montsalvy où elle suit l'office du soir.
Le lundi 30 septembre, elle touche au but. A 13 kilomètres au sud-est d'Aurillac, le château de Carlat, construit sur une énorme roche basaltique, possède une origine incertaine qui se perd dans la nuit des temps. Réputé imprenable parce qu'entouré de précipices, relié au reste du monde par un étroit sentier en zigzag et, de surcroît, entouré d'épaisses murailles, il contient un palais, la maison des gouverneur, une église, un couvent de femmes et une commanderie de templiers. Il appartenait par héritage paternel à Suzanne de Bourbon, l'épouse du connétable honni par François Ier ; après le célèbre procès de Charles de Bourbon, ses biens mis sous séquestres, sont aliénés ou remis à la Couronne. Celle-ci conserve le Carlat et le bourg de Murat, prélevant les droits seigneuriaux afférents. La vicomté du Carlat est ordinairement cédée par les rois pour constituer le douaire de leurs épouses; elle appartient successivement à Catherine de Médicis, à Elizabeth d'Autriche, femme de Charles IX, puis elle est remise en 1582 à Marguerite de Navarre en compensation de sa dot jamais versée.
La reine de Navarre est donc chez elle, dans une forteresse selon son coeur, qui lui appartient en propre si ce n'est que le roi en nomme gouverneur; pour l'heure, Gilbert de Lignerac, sire de Marzé, frère de celui qui a organisé la fuite agenaise.

Ainsi après plus d'une semaine depuis Agen, la reine s'installe, et le reste de sa maison arrive le 3 décembre (en mettant 30 jours depuis Agen!).
C'est la première étape de son périple.
En effet, je pourrais après (si vous le voulez bien :wink: )faire le récit de son installation avant son départ pour Usson.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message: Re: La longue errance de la reine Margot
MessagePosté: 19 Sep 2006 19:12 
Hors ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 19 Mar 2005 18:17
Messages: 1627
Localisation: Flandres
Eryce a écrit:
J'avais, il y'a longtemps :lol: fait ma Maîtrise d'Histoire sur la fuite de Marguerite de Valois à travers la France.
Vous nous n'aviez caché cela Eryce ! :( Ô
Continuez votre récit, nous sommes impatients et plein de question ! :D


Le château de Carlat existe t-il toujours ?
Voici une maquette que j'ai trouvé sur google. Est-ce bien lui ?

Image


Haut
 Profil Envoyer un e-mail  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 19 Sep 2006 20:05 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Merci Châtillon! :D c'est vrai que depuis la fin de mes études j'ai toujours gardé cette passion pour la Renaissance et j'essaye toujours, quand j'ai le temps malheureusement :cry: de lire beaucoup sur ce sujet!

Le château de Carlat n'existe plus, il fut rasé en 1604 par ordre du roi. La forteresse de Carlat fut reconstituée au 1/25 ème.
Les habitants ont fidèlement reconstitué une maquette du château fort (je pense que c'est votre photo Châtillon :wink: )
Initié par la municipalité conduite par Bernard Caranobe, le projet de reconstituer la forteresse de Carlat vient de voir le jour.
Cette réalisation a été rendue possible grâce à la construction d'une maquette à l'échelle 1/25 ème , fruit du travail d'équipe des habitants de Carlas depuis 1989.
La forteresse a été réalisée en terre modelée sur plaques, par Daniel Georgin, la cuisson céramiquée est signée par Geneviève Delbert.

Le reconstitution s'est appuyée sur des manuscrits de 1604, retraçant l'architecture et l'ampleur du Château détruit et sur le relevé des fouilles entreprises au XIXe ainsi que sur une analyse comparative de l'architecture de Haute Auvergne.

Les carladésiens ont réalisé le village de Carlat et les fermes isolées à l'identique avec des matériaux d'origine.

On trouve également des indications sur sa maison (le transport de sa maison dans ses différentes demeures)aux Archives Nationales série KK:comptes de Marguerite de France, 1572-1615.
Cependant il y'a une lacune importante entre 1588-1593, lorsque la reine est à Usson, en effet le trésorier Charpentier ne tient pas registre des dépenses et des recettes et refuse de rendre les comptes annuels devant les gens du conseil de Marguerite selon l'usage établi. Mais cette lacune peut être compensée en partie par les registres faisant périodiquement le point sur les dettes de Marguerite (fort fort élevée!!!)


Image

J'ajoute une petite image de Carlat mais malheureusement très petite!


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 19 Sep 2006 22:26 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Ainsi je reprend mon récit:

L'installation de la reine à Carlat:

Rude installation! Le château, enjeu des factions pendant les guerres civiles, a servi de casernement et de place forte tantôt aux huguenots, tantôt aux papistes.
Il faut "raccoustrer", décorer, reconstruire même, à chers deniers. Or la reine dispose de moins en moins d'argent. Les gestionnaires de ses revenus seigneuriaux, profitant de sa déchéance, n'envoient plus les sommes dues au titre de leurs fermes. Henri III, par une sorte de malignité perverse, dispose des offices dont il lui a fait don pour les vendre à son profit, ou bien il fait en sorte que les acquéreurs de ces charges ne puissent être titularisés par son conseil, contraignant le trésorier de Marguerite à les rembourser.

Comme à l'accoutumée (cf:déjà évoqué plus haut)elle emprunte ou fait des dettes.
En France et même en Europe, la fuite d'Agen fait grand bruit. Henri III et Catherine se montrent plutôt soulagés lorsqu'ils apprennent ce départ rapide. La reine mère s'en trouve même généreuse, offrant à sa fille un autre château auvergnat qui lui appartient, celui d'Ibois. Mais Marguerite lui refuse non sans hauteur dans une lettre plus qu'explicite!
Ainsi Margot accuse clairement son frère, Navarre et peut être bien sa mère...

En outre elle tombe "mystérieusement" malade en février et mars 1586, j'emploie "mystérieusement" car il n'a jamais été prouvé le diagnostique véritable de sa maladie, si ce n'est qu'on murmura beaucoup à l'époque qu'elle fut enceinte!(dixit le fameux divorce satyrique expliqué dans un autre topic)
On sait que ses fidèles ont traversé le massif central jusqu'à Moulins pour trouver des médecins compétent (voir discrets...)et qui restèrent 40 jours auprès de la malade.
La rumeur nomme le père, l'écuyer dAubiac, le Divorce parle de leur fils, un garçon sourd-muet élevé dans une ferme gasconne à "garder les oysons". Maladie ou accouchement, en tout cas on en parle beaucoup.

C'est dans ce contexte de suspicion que Catherine de Médicis propose à sa fille le château de Chenonceaux peut être pour mieux la surveiller (à noter qu'à l'époque ou je faisais ma Maîtrise, quelqu'un travaillait sa thèse sur l'influence de la reine Catherine sur ses enfants, j'avais pu lui emprunter quelques sources)
Le 25 mars 1586 l'ambassadeur de Savoie, Lucinge, relate à son maître que, selon l'opinion de la cour, Margot est proche de mourir (ce décès arrangerait tout le monde car la reine songeait fortement à faire épouser à Navarre sa petite fille de Lorraine, "ce serait le moyen de paix"conclut le diplomate.


Que de choses étranges se déroulent dans ce château perdu, campé sur son assise volcanique!
En juillet, la reine de Navarre provoque un nouveau scandale! Lignerac, qui l'a aidée à sortir d'Agen, récompensé sûrement en prébendes sexuelles (rumeur)tue au cours d'une crise de jalousie un jeune homme, fils d'apothicaire ou épicier d'Agen.
Le drame se déroule justement dans la chambre de Margot qui s'en trouve couverte de sang.

Ainsi, dans ce contexte de rumeur et de tension s'annonce bientôt une nouvelle fuite de la reine, départ précipité le 14 octobre, menacé comme à Agen, mais cette fois ce serait à cause de ses charmes, car va s'engager une lutte à mort entre Lignerac et Aubiac!

Car Marzé, son gouverneur meurt brutalement et son frère n'est autre que Lignerac a qui elle refuse le titre de gouverneur celui-ci réagit violemment, et prend pour protecteur son écuyer et capitaine recruteur des soldats qu'elle engage Aubiac (son amant!)

Avant que je commence la fuite vers Usson, si vous avez des commentaires et des questions n'hésitez pas! :wink:


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 9:27 
Hors ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juin 2006 15:50
Messages: 693
Localisation: Lille
Merci ,chère Eryce, votre récit est passionnant, précis : impeccable; on a le sentiemnt de se trouver au milieu de ces tumultes familiaux...
Bravo!

Bien à vous.

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 12:41 
Hors ligne
Eginhard
Eginhard
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 08 Sep 2005 18:53
Messages: 993
Localisation: Pays des Valois-Angoulême
Je n'ai pas de questions, mais j'ajouterai comme commentaire que votre récit est tout simplement formidable. J'ai toujours voulu en savoir plus sur ces années qu'a vécu la Reine, et vous m'éclairez fort rapidement, je vous en remercie. J'attends donc avec impatience la suite. :wink:

_________________
"Andrei sul Ponte Vecchio, ma per buttarmi in Arno!"


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 16:19 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Merci :wink: heureusement que j'ai conservé mes notes effectuées grâce à une excellente bibliographie, que j'ajouterai à la fin de mon exposé.

Ainsi je reprend donc mon récit sur la fuite vers Usson.

Très très longue captivité, 19 ans en tout.
Elle abandonne Carlat le 14 octobre, après le "dîner".
Cette manière de céder étonne chez une femme que l'on connaît entêtée et souvent déterminée.
Plusieurs explications ne s'excluent pas et paraissent plausibles:
La reine, comprenant que le rapport de forces entre elle et Lignerac n'est pas en sa faveur, juge prudent de laisser la place, d'autant qu'il y va de la vie de Jehan d'Aubiac.

En outre, la situation au-delà des murs où se joue ce tragique huis-clos empire.

En effet, les armées royales sous le favori Joyeuse, s'avancent en Avergne, cherchant à atteindre le Languedoc, dans lequel se fortifie Montmorency, allié du Béarnais; Henri III aurait donné l'ordre de tirer sa soeur hors du Carlat; il avait sans doute peur comme pour Agen.

Le départ de Margot s'effectue donc dans la hâte, mais non dans la précipitation tant décrite dans les rapports.
Elle fut escortée dans les règles et non comme une fugitive par Lignerac après l'avoir payé (vente de bagues et d'une somme d'argent importante)
Ainsi, les routes ne sont pas sûres et Margot doit quand même s'équiper d'une escorte solide et chevauche elle même sur plusieurs haquenées de sa possession (contrairement à la légende romantique qui veut qu'elle fuit à l'arrière d'un cheval conduit par un galant!)

Elle se dirige vers Ibois, ce château que sa mère lui avait proposé il n'y a même pas un an et qu'elle avait refusé de toute sa hauteur!


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 16:55 
Hors ligne
Modérateur
Modérateur
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 13 Mar 2006 10:38
Messages: 2998
Localisation: Lorraine
Haletant et épique, ce récit, Eryce, vous êtes la Dumas du Forum (l'authenticité en plus), dans votre maîtrise de la technique du feuilleton historique :wink:

_________________
"User avec modération du pouvoir est chose difficile pour les ambitieux qui, pour y parvenir, ont dû s'efforcer de paraître honnêtes".
(Salluste, La guerre de Jugurtha, 85: discours de Marius)


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 23:21 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Je suis contente que mon exposé vous plaise :D je ne voulais pas que mes notes se perdent dans un coin, c'est vraiment bien un tel forum, car nos petits écrits ne se perdent pas et peuvent être lu par chacun!

Ainsi donc je reprend:

Son périple est loin de s'achever!
La petite troupe, il est vrai que peu la suivent, emprunte pour se rendre à Ibois la route des crêtes puisqu'en ces régions montagneuses les vallées ne se prêtent guère à la circulation.
L'automne est là, sans doute délà froid lorsqu'on chemine sur les hauteurs.
Le 14 octobre, jour de son départ (sa fuite...)Marguerite couche à Murat, sur les bords de l'Allagnon, dans la maison forte d'un noble auvergnat.
Elle y séjourne deux jours, avant de repartir le 16 octobre pour Luguet (elle y arrive en fin de matinée) où elle dîne chez Louis de La Rochefoucauld, comte de Randan, ligueur de conviction, puis elle arrive enfin à Ibois.

Méfiante ou plutôt prévoyante, elle avait pris soin lors de son départ d'écrire au capitaine de le Jonchière, qui tenait le château d'Ibois, afin qu'il garde les portes ouvertes pour l'y accueillir. Lâcheté? prudence? l'homme de la reine mère est absent lorsque, épuisée, elle arrive aux portes dans la nuit.

Double humiliation encore quand sur l'ordre d'Henri III, le marquis de Canillac, dont l'épouse est encore l'une des dames d'honneur de Marguerite, suit de loin la déambulation pour, le vendredi 17 ou le samedi 18 octobre, venir avec quelques hommes d'armes bloquer le château.
Henri III a décidé que les pérégrinations en semi-liberté s'achèvent là pour sa soeur, que désormais il la tiendra en prison à sa merci et à celle de sa mère (et au grand soulagement du béarnais)


Cette méfiance envers Margot peut s'expliquer de manière simple:
- Le roi, la reine mère et la cour craignent qu'en restant en liberté en Auvergne, Margot vaquant aux propensions ligueuses, ne suscite contre la couronne des noyaux nobiliaires d'opposition et, bien que pour l'instant Henri III soit l'allier des Guises, il ne souhaite pas voir augmenter le ses partisans ultra-catholiques.

Ainsi acculée de toute part Margot doit se résoudre à renoncer à fuir, point de salut, elle doit obéir, toutefois dans un dernier effort dû à son caractère, elle décide une dernière fois de résister:

Effort en vain! Canillac entre dans Ibois 2 ou 3 jours plus tard.
Marguerite est atteinte au plus profond d'elle même.
Sa mère, dont elle à éprouvé l'indifférence et même la cruauté, sa mère cette fois-ci l'a trahie en la livrant sans défense aux mains de son frère.
Ce château d'Ibois, que Catherine lui avait fait miroiter comme un havre, n'est qu'un piège tendu, un traquenard dans lequel elle ne peut sortir et qui va la conduire à la longue détention qui va occuper presque 20 ans de son existence!Elle , reine si libre, si indépendante, tout va changer le jour ou par fatigue (crédulité?), faiblesse?elle tombe entre les mains terribles de son frère, le roi.


Pourtant Marguerite n'est pas femme à se laisser manipuler de la sorte, et charge le maître d'hôtel de Catherine de lui faire parvenir des lettres criant son désespoir et sa colère.

Elle redoute également en ces jours terribles, le sort réservé à l'écuyer Aubiac; elle redoute la haine vengeresse de son frère, celle qui justement aurait pu se déchaîner contre Champvallon si ce dernier ne s'était enfui à temps.
Selon une anecdote, on rapporte que pour cacher Aubiac, elle lui coupe elle-même la barbe et les cheveux et l'enferme dans un recoin du château!(anecdote bien sûr jamais prouvé :wink: )
Toutefois Aubiac, une fois séparé de sa maîtresse est conduit aux geôles d'une petite ville de l'Allier, alors que la reine prisonnière attend à Saint-Amand puis à Saint-Saturnin, sévères châteaux féodaux plantés en hauteur, sur lesquels personne de la Renaissance ne les a encore habité depuis leurs anciens propriétaires du moyen-âge!

Vaincue, seule, désemparée après de maintes tentatives pour plaider sa cause auprès de la reine mère et de son époux, Margot attend 23 jours jusqu'au jeudi 13 novembre, que les puissances souveraines décident à Paris ou en l'une de leurs résidences royales de son sort.
Sur l'ordre d'Henri III, après de longues et pénibles tergiversations, Canillac reçoit l'ordre d'agir, la reine de Navarre sera conduite à Usson ce jeudi 13, où elle sera gardé à vue par une cinquantaine de Suisses.
Henri III envoie Villeroy règler sur place les diverses modalités concernant la captivité de Margot.

Elle part pour sa prison et Aubiac quant à lui est pendue par les pieds jusqu'à ce que mort s'ensuive, non devant sa maîtresse comme le voulait la reine Catherine mais dans la petite ville d'Aigueperse où il était emprisonné. Pour un gentilhomme c'est une mort ignomineuse, même s'il a été jugé coupable d'avoir empoisonné Marzé, frère de Lignerac et gouverneur de Carlat, mais aux yeux du roi il a commit un plus grand crime:celui d'avoir aimé Margot...


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 20 Sep 2006 23:30 
Hors ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juin 2006 15:50
Messages: 693
Localisation: Lille
Merci encore et toujours , chère Eryce !
Marguerite est là , je la vois en vous lisant: tout y est : les détails émotionnels, géographiques...Reste que l'on ne sait pas comme elle était vêtue...Je plaisante, biensûr, car je l'imagine sans peine...
Bravo...et s'il y a une suite, je l'attends impatiemment !

Bien à vous!

_________________
"Il n'y a de nouveau que ce qui est oublié."
Rose Bertin


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 21 Sep 2006 8:43 
Hors ligne
Philippe de Commines
Philippe de Commines
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 19 Mar 2005 18:17
Messages: 1627
Localisation: Flandres
Bravo Eryce ! :prie:

Je voît que vous aimez Marguerite au point de partager ses sentiments à l'égard de sa famille. Pouvez vous nous dire quelles étaient les défauts de Marguerite et quelles furent ses erreurs, car si Marguerite a vécu un tel périple et un tel abondon c'est bien parce qu'elle le méritait ? non ? :D


Haut
 Profil Envoyer un e-mail  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 21 Sep 2006 13:09 
Hors ligne
Hérodote
Hérodote
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 19 Aoû 2006 23:07
Messages: 28
Bravo chère Eryce....

Même si je n'éprouve pas une grande estime pour la plupart des Valois (excépté Henry III et Marguerite), je rejoins la demande de Chatillon...

A ceci prèt que je se suppose qu'elle fut, peut-être, un peu trop victime d'une vue trop moderniste de la liberté de la femme (en tout cas de sa liberté sexuelle!).
Et que fut là l'un de ses rares torts ! :wink:

_________________
Et In Arcadia Ego.


Haut
 Profil  
 
 Sujet du message:
MessagePosté: 21 Sep 2006 18:54 
Hors ligne
Tite-Live
Tite-Live
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 14 Mar 2006 15:55
Messages: 312
Merci pour vos gentils commentaires! :D effectivement Marguerite de Valois est un personnage qui m'a toujours intéressé et je dois dire que c'est la raison qui m'a motivé dans mon choix d'étude!

Pour répondre à votre question cher Châtillon, qui est fort intéressant mais aussi fort complexe, je ne pense pas qu'il faille envisager le problème sous cet angle. Car comme vous le savez l'époque ou évolue Margot est une période charnière et les relations nationales et internationales sont extremement tendues!
Mais je vais tâcher d'apporter quelques éléments d'explication au comportement de la famille royale à l'égard de Margot, ainsi que son attitude qui, peut paraître il est vrai ambiguë:


- Marguerite fut longtemps tenue à l'ecart de ses frères, de sa mère et de la politique, ce qui la détermine à étudier, on la dit consciencieuse et appliquée.
Puis sa mère l'emmène avec elle dans le fameux "tour de France", ce qui semble au yeux de la jeune princesse un moyen de se rapprocher de sa mère qu'elle craint, qu'elle admire mais qui l'ignore.
Le principale "problème" de Margot est cette ambiguité vis à vis de sa famille. Elle a conscience d'appartenir à une illustre famille dont elle honore les autres chaînons, ses soeurs, sa tante paternelle. Mais en même temps elle se sent exclue, mis à l'écart par sa mère et ses frères.
Marguerite raconte avec délices la douceur des entretiens avec sa mère:"Elle me faisait cet honneur de me parler quelquefois deux ou trois heures, et Dieu me faisait cette grâce qu'elle était si satisfaite de moi qu'elle ne s'en pouvait assez louer à ses femmes"

Marguerite, on le voit, cherche à se faire aimer de la redoutable Catherine, elle convoite cet amour, le guette, et tente de la susciter.

En outre, second problème, son frère Henri. Qu'elle trouve si beau, vif et intelligent, mais Marguerite souffre aussi de voir sa mère le considérer comme son "idole".

Troisième facteur, sa sois-disante idylle avec Guise. Sa famille s'oppose farouchement à un possible mariage. Et surtout le favori d'Henri, Du Guast dont son influence sur lui est immense, déteste cordialement Margot et fait tout pour la rapprocher des ligueur.

Quatrième raison, et non des moindres, son mariage avec Navarre.
Elle se sent définitivement "la proie", marié à un protestant évoluant dans une cour catholique! un mari qui la délaisse, un frère qui veut la faire participer à la politique, ce qu'elle accepte en étant charger de diverses missions, mais elle s'aperçoit vite du double jeu que veut lui faire jouer Henri, c'est à dire: comploter contre Navarre tout en étant marié à lui!
Jeu dangereux que Marguerite ne peut accepter ce qui provoque la colère d'Henri et la contraint à fuire Paris pour rejoindre la Navarre.

Mais encore là elle est étrangère, reine catholique en pays protestant! Délaissée, trompée honteusement (épisode pathétique avec Fosseuse)même sa mère écrit plusieurs fois à Henri pour lui exprimer toute son indignation sur la manière dont il trompe sa fille elle qui descend d'une lignée de grand souverain, ne peut souffrir d'être ainsi humiliée!

Elle part, encore, elle veut se sentir "enfin chez elle" ce qui la conduit à Agen.

J'ai extremement résumé le problème qui je crois en encore plus complexe, mais il me semble que ces éléments peuvent commencer à nous aider à apporter une explication sur son attitude et les raisons de sa fuite.

Cher Majesté, j'ai effectivement oublié les vêtements dans mon récit, et c'est vrai que ça aurait été bien :D je n'en ai malheureusement pas trouvé pour ces épisodes, en revanche, je sais qu'il y'a encore aux Archives Nationales, des comptes de garde-robe de la reine aux références que j'ai indiqué plus haut, mais j'ai trouvé certaines descriptions de ses vêtements pour des cérémonies que je me ferai un plaisirs d'exposer à la fin :wink:


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 134 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5 ... 9  Suivante

Heures au format UTC + 1 heure


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas joindre des fichiers

Rechercher:
Aller à:  





Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com & phpBB.biz