MODE DE VIE AU PALEOLITHIQUE SUPERIEUR

HOMME DE CRO-MAGNON

     Sur la commune des Eyzies, au pied de la falaise calcaire, un petit muret surmonté d'une grille protège un abri-sous-roche au lieudit Cro-Magnon. L'étymologie de ces mots varie ; ils signifieraient soit Grand Trou, soit Trou de Magnou, du nom déformé d'un ermite local ayant vécu là. C'est à cet endroit qu'en 1868 des terrassements furent entrepris pendant la construction de la ligne de chemin de fer Périgueux-Agen. En déblayant le pied de la falaise, les terrassiers dégagèrent cet abri qui contenait des outils de pierre, des traces de foyer et des squelettes humains.

     Ce nom de Cro-Magnon allait connaître une fortune inattendue puisqu'il fut donné non seulement aux hommes préhistoriques qui avaient vécu dans la région plusieurs millénaires auparavant, mais encore, par extension, à tous ceux de la même époque qui ont développé des techniques semblables et dont on retrouve les témoignages dans le monde entier.

     Les spécialistes attestèrent l'ancienneté de ce site, cependant postérieur à la période moustérienne, et dont l'étude des ossements fut confiée au célèbre médecin et anthropologiste Paul Broca. C'étaient les restes de cinq personnes : trois hommes, une femme et un fœtus. Le squelette le mieux conservé -dont on peut voir le crâne dans une vitrine du Musée de l'Homme à Paris- était celui d'un homme baptisé le vieillard de Cro-Magnon, quoique son âge n'ait été que d'environ 50 ans à sa mort. Ce sont ses restes qui ont servi et servent de référence pour la description des hommes fossiles de la même période préhistorique. Les squelettes ont, dans l'ensemble, les traits de l'homme moderne mais ils présentent des particularités spécifiques. Haute taille (supérieure à 1,75m), crâne de forte capacité, allongé d'avant en arrière et doté d'arcades sourcilières assez marquées. Le nez est étroit et le menton saillant, mais la face reste de faible hauteur, ce qui contraste avec le crâne très allongé. Un autre caractère frappant est la forme des orbites, larges mais peu hautes, en forme de rectangles. Tous les os des membres, aux empreintes musculaires fortes, indiquent une grande robustesse.

     Sur le territoire européen, les quelques 30 000 ans de durée du paléolithique supérieur engendrent des cultures matérielles originales que nous pouvons nommer -aurignacien, gravettien, solutréen, magdalénien pour l'ouest et kostienkien, pavlovien, épigravettien au sud, au centre et à l'est.

 

     Les aurignaciens sont les premiers à démontrer leur besoin de communiquer leurs croyances par les créations artistiques et d'extérioriser leur organisation sociale par la parure corporelle. Du moins, par rapport à leurs prédécesseurs; ces comportements sont nécessaires et nous en trouvons régulièrement les témoignages. Ils sont aussi les premiers à mettre au point des techniques d'obtention de lames de silex en série, lames qu'ils transforment au gré de leurs besoins immédiats en burin, grattoirs.

      Ils inventent la technologie des matières dures animales (os, bois de cervidé, ivoire) dont ils font des pointes de sagaies, des baguettes, des bâtons perforés et des objets de parure. Les lieux de leurs installations sont parfois placés dans des points stratégiques qui favorisent une chasse collective. Si on ignore les détails de leurs habitations, on peut apprécier la présence de foyers bien construits et le reste de nombreuses activités exécutées à proximité. Quant à la créativité, les aurignaciens sont nos Pères! Devant une telle richesse, de nombreux préhistoriens invoquent le changement d'espèce humaine : les aurignaciens seraient les premiers hommes modernes européens. Scientifiquement nos documents ne sont pas suffisants pour en voir la certitude, mais rien ne s'y oppose dans l'état actuel de nos connaissances. La créativité permanente des aurignaciens brouille rapidement les repères qui nous permettaient de les identifier solidement. Ils continuent à pratiquer leurs techniques dans tous les domaines, lithiques et matières animales, mais les objets produits changent de formes, certains disparaissent, d'autres sont épisodiques. La production artistique est inégale. Des courants sont perceptibles, ils montrent l'importance qu'acquièrent certaines régions où le peuplement, sans doute plus stable et plus dense, engendre le renouvellement culturel que les préhistoriens ont du mal à suivre !

     Ce qui est dit à propos des aurignaciens peut s'appliquer aux autres cultures. Certaines ont des caractéristiques élargies à d'autres domaines comme les habitations kostienkiens d'Europe orientale. Structure lourde et savamment élaborée en ossements de mammouths, l'habitation de ce groupe est destinée à durer plusieurs générations, ce qui suggère une implantation assez stable dans une vaste région. (Voir habitat).

     Ce qui est dit à propos des aurignaciens peut s'appliquer aux autres cultures. Certaines ont des caractéristiques élargies à d'autres domaines comme les habitations kostienkiens d'Europe orientale. Structure lourde et savamment élaborée en ossements de mammouths, l'habitation de ce groupe est destinée à durer plusieurs générations, ce qui suggère une implantation assez stable dans une vaste région. (Voir habitat).

     Les groupes européens sont unis par leurs idées religieuses et par les moyens d'exprimer leur organisation sociale grâce à des objets de parure comparables. Ceci pendant des millénaires que nous découpons en fonction de leurs habitudes matérielles. On ne verra la présence de groupes indépendants des champs intellectuels qu'à la fin du paléolithique supérieur. Le contraste est alors saisissant entre les magdaléniens installés dans leur art des grottes, des objets ornés et des parures, et les groupes nord-européens étrangers à ces habitudes.

Des magdaléniens portant des parures