Ouvriers juifs 芦 r茅quisitionn茅s 禄 qui vont au travail
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Les camps oubli茅s de la Tunisie
1942-1943
Introduction
La seconde guerre mondiale (1939-1945) opposa les pays d鈥 Europe hostiles au nazisme
(France, Angleterre, Pologne, Danemark, Norv猫ge, Belgique, Pays Bas,Yougoslavie, Gr猫ce,
rejoints par d鈥檃utres pays, dont l鈥橴.R.S.S, les Etats Unis, le Canada et la Chine) aux
puissances li茅es 脿 l鈥橝llemagne (dont l鈥橧talie et le Japon) qui formaient l鈥橝xe. Lorsque, en
septembre 1939 , l鈥橝llemagne attaqua la Pologne, la France et la Grande-Bretagne lui
d茅clar猫rent la guerre .
En mai 1940, l鈥橝llemagne envahit les Pays Bas, la Belgique, puis la France. P茅tain
demanda alors l鈥檃rmistice et 茅tablit 脿 Vichy un gouvernement de collaboration avec l鈥檈nnemi,
tandis que le G茅n茅ral De Gaulle s鈥檌nstallait 脿 Londres et appelait 脿 la r茅sistance.
A partir de 1942 , dans toute l鈥橢urope domin茅e par les nazis, Hitler appliquait la
芦 solution finale 禄 : les Juifs , les Tsiganes et les Slaves furent d茅port茅s et extermin茅s dans
les camps de concentration , l鈥檈xtermination devint massive 脿 partir de 1944 ; en outre les
massacres de civils par les nazis se multipli猫rent . Lors du proc猫s des chefs nazis 脿
Nuremberg en 1945, le tribunal 茅tablit la notion de 芦 crime contre l鈥檋umanit茅 禄 gr芒ce aux
t茅moignages des survivants.
Dans cette brochure, nous avons travaill茅 sur les camps 茅tablis par les Allemands pour
interner les Juifs ainsi que sur les exactions subies par la communaut茅 juive. Nous avons
tent茅 de savoir dans quels buts les nazis ont cr茅茅 ces camps, de conna卯tre leur localisation
sur le territoire tunisien, les conditions de vie et de travail en leur sein ainsi que la mani猫re
dont ils ont 茅t茅 lib茅r茅s. Enfin, nous avons essay茅 de comprendre pourquoi les nazis
n鈥檃vaient pas mis en 艙uvre la 芦 solution finale 禄 sur le sol tunisien.
Nous avons r茅alis茅 ce travail afin nous informer sur ce sujet mal connu et de conserver la
m茅moire de ceux qui ont 茅t茅 victimes de ces actes de barbarie.
芦 On meurt plus quand on est oubli茅,
On meurt plus quand on oublie les gens . 禄
Gilbert NACCACHE *
La Tunisie a connu une situation particuli猫re pendant la guerre, car elle a 茅t茅 occup茅e 脿
la fois par l鈥檃rm茅e allemande et par l鈥檃rm茅e italienne. De plus, elle a 茅t茅 un terrain de
combats entre les forces alli茅es et celles de l鈥橝xe.
* Gilbert NACCACHE est un juif tunisien qui a 茅crit une auto-fiction sur la condition des juifs
tunisiens, Cristal.
Il restera de toi
ce que tu as donn茅,
au lieu de le garder dans des coffres rouill茅s.
Il restera de toi de ton jardin secret,
Une fleur oubli茅e qui ne s'est pas fan茅e.
Ce que tu as donn茅
En d'autres fleurira.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.
Il restera de toi ce que tu as offert
Entre tes bras ouverts un matin au soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que les r茅veils,
Ce que tu as souffert
En d'autres revivra.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.
Il restera de toi une larme tomb茅e,
Un sourire germ茅 sur les yeux de ton coeur.
Il restera de toi ce que tu as sem茅
Que tu as partag茅 aux mendiants du bonheur.
Ce que tu as sem茅
En d'autres germera.
Celui qui perd sa vie
Un jour la trouvera.
Simone Veil
I.
La Tunisie, un protectorat fran莽ais dans la seconde guerre mondiale
La Tunisie a connu une situation particuli猫re pendant la guerre car elle a 茅t茅 occup茅e 脿 la
fois par l鈥檃rm茅e allemande et par l鈥檃rm茅e italienne. De plus, elle a 茅t茅 un terrain de combat
entre les forces alli茅es et celles de l鈥橝xe.
1. Historique de la guerre en Tunisie
Troupes nazies dans les environs de Tunis
Chronologie de la 2nde guerre mondiale en Tunisie
5/06/1940 : Marcel PEYROUTON est nomm茅 R茅sident g茅n茅ral par le gouvernement de
Reynaud
12/06/1940 : l鈥檃viation italienne bombarde des objectifs militaires 脿 Bizerte et Tunis
25/07/1940: l鈥橝miral Est茅va est nomm茅 R茅sident g茅n茅ral par P茅tain
19/06/1942 : d茅c猫s de Ahmed Pacha Bey, arriv茅e au tr么ne de Moncef Bey
9/11/1942 : les allemands et italiens envahissent la Tunisie
renforts 脿 Tunis et Bizerte : 70 000 hommes en quelques jours
les Fran莽ais Libres combattent
19/11/1942 : bataille de Medjez-el-Bab
1/12/1942 : d茅but de la campagne de Tunisie
18/01/1943 : offensive allemande pour forcer le passage entre les 2 dorsales
4/02/1943 : Rommel arrive sur la ligne Mareth tenue par les italiens
14/02/1943 : offensive allemande vers Kasserine
16/03/1943 : attaque de la VIII掳 de Montgomery sur Gab猫s
// les fran莽ais se lancent 脿 l鈥檃ssaut de la dorsale orientale
Von Arnim se replie vers le Nord : Bizerte, Tunis et Cap-Bon
22/04/1943 : 茅chec de la 1
猫re
offensive alli茅e sur Tunis et Bizerte
6/05/1943 : 2
猫me
offensive
7/05/1943 : Bizerte et Tunis sont lib茅r茅es
13/05/1943 : reddition de l鈥橝frikakorps et des troupes italiennes
15/05/1943 : Moncef Bey exil茅
Lamine Bey monte sur le tr么ne
G茅n茅ral Juin est nomm茅 R茅sident g茅n茅ral par int茅rim
20/05/1943 : les Alli茅s d茅filent 脿 Tunis, en pr茅sence du G茅n茅rall Eisenhower
et du Mar茅chal Giraud
25/06/1943 : g茅n茅ral Charles Mast nomm茅 R茅sident g茅n茅ral arrive 脿 Tunis
L鈥橢urope et le Maghreb fin 1941
L鈥橢urope et le Maghreb en 1942
L鈥橢urope et le Maghreb fin 1944
2. Les lois antis茅mites en France et en Tunisie et la construction des premiers
camps en France
Le statut des Juifs est 茅dict茅 par le r茅gime de Vichy le 3 octobre 1940 .
Ainsi qu鈥檌l est pr茅cis茅 dans l鈥檃rticle 9 de ce d茅cret, les lois antis茅mites vont 锚tre appliqu茅es
en Tunisie .
En effet, le premier d茅cret beylical appliquant les lois antijuives en Tunisie est sign茅 le 30
novembre 1940 : il impose un numerus clausus dans la fonction publique et les professions
lib茅rales, des administrateurs provisoires contr么lant les entreprises juives, interdiction aux
m茅decins d鈥檈xercer aupr猫s des non-Juifs, dissolution des organisations juives. Ce d茅cret
s鈥檃pplique 芦 脿 tout isra茅lite tunisien comme 脿 toute personne non tunisienne issue de trois
grands-parents de race juive ou 脿 deux grands-parents de m锚me race si le conjoint est lui-
m锚me juif 禄 (article 2)
De nouvelles lois m茅tropolitaines sont 茅tendues 脿 la Tunisie par les d茅crets des 2 et 26 juin,
17 et 21 novembre 1941 et du 12 mars 1942. Les mesures destin茅es 芦 脿 茅liminer l鈥檌nfluence
juive sur l鈥櫭ヽonomie 禄 sont appliqu茅es 脿 tous les secteurs d鈥檃ctivit茅, y compris le petit
commerce et l鈥檃rtisanat. Le recensement des Juifs et de leurs biens est d茅cr茅t茅 le 26 juin
1941 ; les biens seront saisis, tout comme les entreprises.
Apr猫s les humiliations, les vexations, le plus dur restait 脿 venir : les perquisitions qui
pr茅paraient les s茅questrations de biens, les exactions, les viols de femmes dans la hara, les
ran莽ons, les rafles qui devaient fournir une main d鈥櫯搖vre abondante, les camps. D猫s que les
troupes nazies et fascistes occup猫rent la Tunisie, elles instaur猫rent un climat de terreur
comme le montre cette page de Paul Ghez.
II.
Les camps nazis et fascistes en Tunisie
1. Pour qui ?
Les camps ont 茅t茅 utilis茅s pour les Juifs d猫s l鈥檕ccupation de la Tunisie par les Allemands
en d茅cembre 1942. Ces camps servent 脿 regrouper les 芦 travailleurs volontaires 禄, en fait les
travailleurs juifs pour le 芦 S.T.O. 禄. Certains n鈥檃cceptent pas l鈥檕ccupation, ils organisent la
r茅sistance 脿 l鈥檈nnemi, en faisant des sabotages par exemple.
Actes de sabotage 脿 L鈥橝riana contre les nazis
Les historiens avancent le nombre de 16 000 juifs intern茅s par le gouvernement de Vichy en
Afrique du Nord, en particulier en Alg茅rie. En Tunisie, environ 5 000 Juifs ont 茅t茅 intern茅s. Il
s鈥檃gissait d鈥檋ommes 芒g茅s entre 15 et 45 ans, capables de travailler. Toutefois, quelques
femmes ont 茅t茅 芦 recrut茅es 禄 par les Allemands pour cuisiner et laver le linge des soldats
allemands, comme le montre l鈥檃ttestation du chapitre 7 : 芦 Apr猫s la guerre 禄, 茅tablie par le
secr茅tariat de la Communaut茅 isra茅lite de Tunisie.
Mais certains d鈥檈ntre eux seront d茅port茅s en Europe et p茅riront dans les
camps de concentration en Allemagne, en Autriche ou en Pologne.
D鈥檃utres groupes de personnes seront 茅galement d茅port茅es :
-des R茅sistants, comme les membres du r茅seau P茅russel ;
-des socialistes et des francs-ma莽ons : comme le groupe de Serge MOATI, p猫re de l鈥檃uteur
de Villa Jasmin.
Morts en d茅portation
D茅port茅s
M. COHEN-HADRIA Victor
M. SAMAMA Raymond
D. LEVY Benjamain
ASSOUS Isaac
COHEN VICTOR HAI Emmanuel
DANA Edouard Benjamain
MSIKA Edmond Habmon
SCEMLA Joseph
SCEMLA Gilbert
SCEMLA Jean
SMADJA Emile
TIBI Ha茂m
YOUNG Perez +20/01/1945 , mort en
captivit茅 au camp d鈥橝uschwitz 脿 35 ans
SLAMA Victor
Dr Lieutenants
BONAN Victor
NATAF Gaston
SLAMA AARON HAI Victor 掳22/11/1913
mort en d茅cembre 1943 au camp de Varsovie
Cette liste a 茅t茅 relev茅e sur le Monument aux Morts en d茅portation, 茅rig茅 au cimeti猫re du
Borgel 脿 Tunis. Nous y avons ajout茅 les annotations.
Sp茅cificit茅 des juifs italiens
Toutefois, les juifs italiens sont 茅pargn茅s pour la plupart 脿 la demande des autorit茅s
italiennes. En effet, 芦 les autorit茅s italiennes insistent pour que le principe fondamental de la
non-applicabilit茅 aux Italiens de race juive de la l茅gislation raciste tunisienne soit admis 禄
note des Affaires 茅trang猫res italiennes par le biais du consulat de Suisse au r茅sident g茅n茅ral
de Tunisie du 22 octobre 1942 ; car les Italiens craignent que ces mesures ne renforcent la
pr茅sence fran莽aise en Tunisie aux d茅pens de la communaut茅 italienne, le nombre de juifs
italiens en Tunisie 脿 cette 茅poque 茅tant 茅valu茅 脿 5 000 personnes, dont une grande partie de
familles ais茅es, appel茅s les 芦 Livournais 禄 ou 芦 Grana 禄.
2. Les conditions d鈥檃rrestation
A la lecture des diff茅rents t茅moignages et r茅cits qui nous sont parvenus, nous observons
que les juifs fran莽ais et tunisiens (appel茅s aussi 芦 touansa 禄) ont 茅t茅 soit convoqu茅s par le
Grand Conseil soit pris lors de rafles. Les rafles allemandes 茅taient fr茅quentes au d茅but de
l鈥檕ccupation, comme en t茅moigne Albert MEMMI dans son livre La statue de sel . Les
Allemands se pla莽aient avec des camions devant les immeubles o霉 habitaient surtout des
familles juives, puis ils donnaient un tr猫s court d茅lai pour que tous les habitants de
l鈥檌mmeuble sortent. Ils embarquaient alors hommes, femmes et enfants ; ceux qui restaient
pleuraient.
Puis, les rafles sont devenues plus rares 脿 partir du moment o霉 les exigences des
allemands 茅taient combl茅es en partie par le Grand Conseil de la communaut茅 isra茅lite qui
effectuait des n茅gociations quotidiennes avec les responsables nazis, dans l鈥檌ntention
d鈥櫭﹑argner au maximum les otages que les allemands gardaient en prison. Les allemands
les utilisaient pour faire pression sur la communaut茅, mena莽ant de les ex茅cuter si leurs
demandes en hommes et en biens n鈥櫭﹖aient pas satisfaites.
Ces n茅gociations, men茅es essentiellement par son Pr茅sident Mo茂se BORGEL et un membre
du Grand Conseil, Paul GHEZ, avaient pour but de calmer les allemands, de tenter
d鈥檃m茅liorer au maximum les conditions de vie des travailleurs intern茅s ; les n茅gociations
devaient limiter, dans la mesure du possible, les rafles, en fournissant sans cesse aux
occupants des hommes charg茅s de remplacer les intern茅s les plus fatigu茅s et les plus us茅s.
Mais, lorsque la communaut茅 n鈥檃rriva plus 脿 fournir ni hommes ni biens aux allemands, les
rafles aveugles eurent lieu 脿 nouveau, tant que la situation militaire ne se d茅grada pas.
Sur cette photo datant de 1941, on reconna卯t au centre Mo茂se Borgel
et, 脿 ses c么t茅s, le Grand rabbin Ha茂m Bella茂che
Ces rafles avaient aussi pour but de provoquer un traumatisme, une psychose dans la
population. Albert MEMMI l鈥櫭﹙oque notamment en 茅crivant que 芦 les femmes se rendaient
parfois aux bureaux de la communaut茅 o霉 elles exigeaient qu鈥檕n leur rende leurs maris et
leurs fils 禄 ; elles n鈥檃llaient donc pas se plaindre aupr猫s des nazis, tant elles avaient peur.
Rue de la Loire 脿 Tunis , un jour de b茅n茅diction des Cohanim apr猫s la pri猫re de cl么ture du jour du
Grand Pardon.
En d茅cembre 1942, un service de distribution de lettres et de colis destin茅s aux travailleurs juifs
intern茅s est install茅 dans la synagogue qui se trouve 脿 droite au fond de la rue de la Loire.
Les rapports entre le Grand Conseil de la communaut茅 isra茅lite et les
occupants nazis
Comme vous avez pu le voir pr茅c茅demment, des n茅gociations avaient lieu entre deux
membres du Grand Conseil de la communaut茅 isra茅lite et les occupants nazis. On peut se
demander pourquoi, 茅tant donn茅 que les nazis, consid茅rant la supr茅matie raciale des
aryens, tenaient les juifs pour des 芦 sous-hommes 禄.
En r茅alit茅, les nazis avaient int茅r锚t 脿 ce que les isra茅lites s鈥檕ccupent de leurs travailleurs
forc茅s. En effet, les allemands voulaient que ceux-ci fassent un travail satisfaisant sans
qu鈥檌ls aient 脿 d茅penser le moindre sou, ce qui faisait des travailleurs forc茅s de v茅ritables
esclaves.
De son c么t茅, la communaut茅 isra茅lite devait pourvoir au financement des camps dans
leur totalit茅 pour satisfaire aux exigences des allemands et pour subvenir aux besoins les
plus 茅l茅mentaires des travailleurs forc茅s, particuli猫rement pour ceux qui 茅taient intern茅s, loin
de leur maison et de leur famille. Pour cela, les autorit茅s religieuses et l鈥橝lliance isra茅lite
pouvaient compter sur la solidarit茅 de l鈥檈nsemble de la communaut茅.
Lors des n茅gociations, les points discut茅s sont :
le retour des vieillards, des femmes et des enfants pris lors des premi猫res rafles,
ainsi que le retour des camps des personnes inaptes 脿 travailler
le remplacement des hommes 芦 us茅s 禄, 茅puis茅s, par d鈥檃utres recrut茅s
g茅n茅ralement sur la base du volontariat (tout au moins au d茅but), parmi les
membres de la communaut茅
l鈥檃m茅lioration des conditions sanitaires, se traduisant par des ravitaillements en
m茅dicaments totalement financ茅s par la communaut茅
la suspension des rafles
un approvisionnement accru de nourriture par rapport aux maigres rations
quotidiennes.
La communaut茅 est 茅galement charg茅e de fournir des v锚tements. A ce sujet, nous avons
retrouv茅 un t茅moignage int茅ressant : tous les travailleurs devaient porter le m锚me uniforme,
芦 ceux qui venaient cravat茅s et les autres avec des espadrilles en hiver 禄. Une couleur a 茅t茅
propos茅e par Mr Sebag de la Briquetterie de El Omrane; brique ! pour l鈥檜niforme, les
chemises, la casquette, les chaussettes, les chaussures montantes et les gants en flanelle .
Le dessin a 茅t茅 fait par Mr Henri Farion qui 茅tait dessinateur rue de Bordeaux. Les tissus,
offerts par certains grossistes du Souk el Grana, 茅taient de provenances diverses et
n'avaient pas tous le m锚me ton. Toutes les femmes qui avaient une machine 脿 coudre ont
particip茅 脿 cette vaste op茅ration de couture.
Un homme d鈥檈xception : le Docteur Mohamed TLATLI
Nous avons eu l鈥檕ccasion de constater que nombreux avaient 茅t茅 ceux qui s鈥櫭﹖aient tus,
qui n鈥檃vaient pas os茅 parler, s鈥檈ngager, par peur des repr茅sailles.
Toutefois, il y a eu des hommes courageux , des 芦 dissidents 禄 comme Ren茅
SOULMAGNON ou Serge MOATI, ou de simples citoyens que l鈥檋istoire n鈥檃 pas retenus.
Parmi ceux-ci, Mohamed TLATLI, m茅decin, s鈥檈ngagea au service du peuple tunisien , au
service des plus faibles : les enfants et les femmes qui souffraient de nombreux maux. Et,
fid猫le 脿 lui-m锚me, il n鈥檋茅sita pas 脿 d茅fendre les juifs menac茅s par les soldats nazis dans sa
ville de Nabeul.
3. Localisation des camps en Tunisie
Tunis et banlieue :
Tous les camps de la capitale 茅taient sous la coupe des Allemands :
El Aouina : 500 travailleurs juifs 茅taient affect茅s 脿 l鈥檃茅rodrome de El Aouina ; ils devaient
r茅parer les d茅g芒ts occasionn茅s par les bombardements incessants de l鈥檃viation alli茅e. Au
d茅but, les allemands les firent travailler de jour. Mais comme la situation devenait critique, ils
durent travailler de nuit. Ces civils affect茅s 脿 des travaux de terrassement sur un terrain
militaire furent nombreux 脿 锚tre bless茅s ou 脿 p茅rir.
Port de Tunis : 150 travailleurs juifs y travaill猫rent au d茅chargement ou aux r茅parations,
suite aux bombardements alli茅s.
Les conditions de vie y 茅taient moins p茅nibles dans la mesure o霉 les travailleurs rentraient
chez eux le soir 芦 pour retrouver l鈥檃mbiance r茅chauffante du foyer 禄.
Belv茅d猫re : les travailleurs y 茅taient employ茅s au chargement et d茅chargement au d茅p么t de
munitions.
Tunis et banlieue
El Aouina
Port de Tunis
Belv茅d猫re
Secteur allemand dans
le pays
Massicault
Bizerte
Mateur
Secteur italien dans le
pays
Zaghouan
Saouaf
Enfidaville
Sainte Marie du Zit
Cheylus
Mohammedia
Enfidaville
Kondar
Secteur allemand dans le pays :
Massicault (aujourd鈥檋ui Borj el Amri ) :
300 hommes y 茅taient intern茅s, r茅partis en 3 groupes : Fredj, Kassar Tyr et Bridja.
L'une des principales rues du village de Massicault
Bizerte :
D猫s le d茅but, la ville de Bizerte fut pilonn茅e et bombard茅e, c鈥檈st pourquoi elle fut 茅vacu茅e
par les civils. Bizerte 茅tait devenue une 芦 ville morte 禄.
Apr猫s un long voyage dans des wagons 脿 bestiaux, les travailleurs juifs arriv猫rent 脿 la gare
Sidi Ahmed pr猫s de Ferryville. Ils pass猫rent la nuit dans la cave d鈥檜n domaine viticole ; le
lendemain, ils firent la route 脿 pied, jusqu鈥櫭 Bizerte, ville fant么me.
Borgel 茅crit que c鈥櫭﹖ait 芦 un endroit maudit o霉 ceux qui partaient 茅taient vou茅s 脿 une fin
atroce, la descente aux Enfers , d鈥檕霉 l鈥檕n ne remonte jamais 禄.
600 hommes 茅taient intern茅s 脿 Bizerte, principalement 脿 la caserne Philibert. Les conditions
de vie et de travail y 茅taient particuli猫rement pr茅caires . Les travailleurs couchaient sur une
paille jamais renouvel茅e. Ils 茅taient employ茅s, soit aux travaux de d茅blaiement dans la ville,
apr猫s les bombardements alli茅s, soit en dehors de la ville, 脿 transporter des munitions et 脿
les enfouir sous les arbres. S鈥檌ls travaillaient trop lentement, ils subissaient des ch芒timents
corporels terribles. En cons茅quence, beaucoup d鈥檌ntern茅s tent猫rent de s鈥檈nfuir. Certains
furent retrouv茅s et ramen茅s dans les camps ; leur travail et leur peine furent doubl茅s, et
d茅sormais ils furent sous une haute surveillance militaire. Il y eut aussi des ex茅cutions
sommaires de ceux qui tentaient de s鈥檈nfuir, 脿 titre d鈥檈xemple, pour effrayer les autres
travailleurs intern茅s.
Mateur :
Il y avait 1050 intern茅s dans ce camp, r茅partis sur plusieurs chantiers dans un rayon d鈥檜ne
vingtaine de kilom猫tres :
-Saf-Saf : 200 travailleurs intern茅s
-Jefna : 120 travailleurs
Ils subissaient des ch芒timents corporels 茅pouvantables, particuli猫rement dans le camp
de Jefna surnomm茅 芦 le bagne 禄. Les travailleurs intern茅s s鈥櫭﹑uisaient et s鈥檃ffaiblissaient . Il
fallut 茅vacuer de nombreux malades.
Par contre, 脿 Saf-Saf, la vie 茅tait moins dure, un syst猫me de permissions y fut m锚me
organis茅.
-Rossignol : 50 travailleurs
-Katachbaya : 70
-Michaud (Ghazala aujourd鈥檋ui) : 40
-La ferme Dumergue : 40
-Maa-Abiod : 40
-A茂n-Zammit : 60
Secteur italien dans le pays :
Zaghouan , Saouaf et Enfidaville :
1000 hommes 茅taient intern茅s dans le secteur italien dont 345 脿 Zaghouan. A une p茅riode,
les travailleurs intern茅s devinrent plus nombreux, puis ils rayonn猫rent dans diverses
directions, se r茅duisant peu 脿 peu au cours de cette dispersion. Seul un groupe r茅duit
continua jusqu鈥櫭 Enfidaville.
Les conditions de vie 茅taient tr猫s dures 芦 entass茅s dans des hangars exigus 脿 ciel ouvert 禄.
Le 30 d茅cembre, on transf茅ra le camp de Zaghouan 脿 Djebibina.
Sainte Marie du Zit :
250 hommes 茅taient intern茅s dans cette r茅gion.
Les conditions de vie y 茅taient dures, si bien que plusieurs essay猫rent de s鈥檈nfuir. Ceux qui
furent rattrap茅s virent leurs peines augment茅es ; d鈥 autres rest猫rent introuvables.
Cheylus (aujourd鈥檋ui Djebel Oust) :
435 hommes y 茅taient intern茅s. Les conditions de travail 茅taient dures, mais
芦 supportables 禄.
une ferme avec grange comme tant d鈥檃utres, entre Grombalia et Zaghouan,
o霉 v茅curent des travailleurs juifs 芦 forc茅s 禄
Mohammedia :
26 hommes y 茅taient intern茅s.
Plusieurs tent猫rent de regagner Tunis, mais la communaut茅, alert茅e, finit par les rattraper.
Cependant, plusieurs y parvinrent.
Les conditions de vie y 茅taient moins p茅nibles qu鈥 脿 Zaghouan.
Enfidaville et Kondar :
256 hommes furent intern茅s d鈥檃bord 脿 Enfidaville. Les conditions de vie y 茅taient difficiles,
ils souffraient du froid et de la pluie. Puis on les transf茅ra 脿 Kondar. Plusieurs malades furent
茅vacu茅s.
D鈥檃utres camps ont exist茅, comme Borj Fredj, Ksar Tyr, Goubellat,
Karsouline, Nassen, Bir M鈥檆herga et Sidi Ahmed.
Tous ont 茅t茅 茅galement 茅pouvantables. Les conditions de travail relevaient de
l鈥檈sclavagisme, les droits de l鈥檋omme les plus 茅l茅mentaires y furent bafou茅s, sous la
responsabilit茅 des troupes d鈥檕ccupation nazies et fascistes et des autorit茅s du protectorat
fran莽ais .
Nous avons retrouv茅 un article paru dans 芦 Tunis Journal 禄 le 4 mai 1943, qui illustre le
m茅pris dans lequel les juifs furent tenus
4. Les conditions de vie dans les camps
芦 Les travaux forc茅s furent la r茅compense de milliers d鈥檋ommes qui ont voulu prouver
leur d茅vouement et leur reconnaissance 脿 la France. Dans tous les camps, les
travaux auxquels sont astreints les (travailleurs) sont 脿 la t芒che et tr猫s p茅nibles : 10
heures par jour, nourriture bien mauvaise, tr猫s souvent insuffisante pour des
travailleurs de force. Quelques travailleurs couchent sur le sol鈥 La vermine abonde,
les travailleurs r茅clament constamment des produits contre les poux et les
punaises鈥 禄
Comme on peut le constater dans le livre de Robert BORGEL , le manque de nourriture 茅tait
flagrant : les intern茅s partaient le matin et n鈥檈mportaient avec eux qu鈥檜n pain et une bo卯te de
conserve dont ils devaient se contenter.
Ils souffraient aussi du manque total d鈥檋ygi猫ne, de la salet茅, de la vermine. Les malades
devaient attendre des jours avant d鈥櫭猼re soign茅s.
En outre, ils 茅taient 芦 h茅berg茅s 禄 dans des conditions 茅pouvantables. Tous les t茅moignages
concordent : les abris 茅taient pr茅caires pour la plupart, ils dormaient sur la paille ou 脿 m锚me
le sol.
A un travail harassant s鈥檃joutaient donc des conditions de vie particuli猫rement mis茅rables.
Ces travailleurs 茅taient r茅duits en esclavage, les nazis voulaient d茅truire leur humanit茅.
Nous avons retrouv茅 le t茅moignage d鈥檜n ex travailleur juif 芦 r茅quisitionn茅 禄, qui nous
semble particuli猫rement int茅ressant, car il retrace enti猫rement son itin茅raire, ses
souffrances, les humiliations subies dans sa chair et dans son 芒me :
Noms relev茅s au cimeti猫re du Borgel 脿 Tunis sur le Monument aux Morts 茅rig茅 en l鈥檋onneur
des travailleurs juifs morts dans les camps (avec nos annotations).
ATTAL Robert
ATTAL Kiki
ALLALI Simon
AZRIA Edmond 掳1922 脿 Mateur
ASSOUS Sauveur
AMRAM Robert
BOKOBSA Gaston
COHEN Robert
COHEN Jacques
COHEN Simon
CHELLY Joseph
DARMONI Henri, ex茅cut茅 脿 Bizerte
FITOUSSI Albert
GUEZ Simon Chalom, +24/02/1943 脿 El
Aouina
GOZLAN Isaac
GUETTA Kamous
HABABOU Emile
HADDAD Andr茅 掳1924 脿 Tunis
HACCOUN Mardoch茅e
HOURI Salomon
JAOUI Emile
KALFON Maurice
KTORZA Jacques
KAROUBI Maurice
LELLOUCHE : mentionn茅 par Paul Ghez, ne
figure pas sur le monument
MAZOUZ Gilbert, 掳1923 脿 Tunis, ex茅cut茅 le
12/12/1942
MEIMOUN Jacques
NACCACHE Ha茂m
NIZARD Maurice
NATAF Victor
SITBON Abraham
SAADA Simon
SAADOUN Elie
SMADJA David
SLAMA Albert
SUIED Andr茅
TIBI Albert
YOUNES Mardoch茅e, ex茅cut茅 en f茅vrier
1943
ZEITOUN Edouard
5. La lib茅ration des camps
En Afrique du Nord, la riposte germano-italienne au d茅barquement alli茅 en Alg茅rie se
manifeste, le 14 Novembre, par l鈥檈nvoi en Tunisie de forces blind茅es. L鈥檃rm茅e fran莽aise
soutient d鈥檃bord seule le choc et arr锚te l鈥檈nnemi 脿 Medjez-el-Bab ; cependant, T茅bourba est
occup茅e par les Allemands le 3 D茅cembre. Le 20, une tentative fran莽aise de lib茅rer Tunis en
op茅rant en direction de Pont-du-Fahs 茅choue. Mais les alli茅s ne tardent pas 脿 renforcer
l鈥檃ction des forces fran莽aises 茅tablies sur la grande dorsale est-ouest. Ainsi assiste t-on, du
1er Janvier au 1er Mars 1943, date d鈥檃rriv茅e de la VIIIe arm茅e britannique devant la ligne
Mareth, d鈥檜ne part aux offensives allemandes de d茅gagement en vue de permettre la
jonction des forces Von Arnim et de Rommel maintenant accul茅es 脿 la fronti猫re tunisienne,
et d鈥檃utre part aux contre-attaques alli茅s pour emp锚cher cette jonction et faciliter l鈥檃rriv茅e de
l鈥檃rm茅e anglaise. Le 21 Mars, une offensive combin茅e des forces am茅ricaines 脿 l鈥檕uest et
des forces anglo-fran莽aise au sud permet d鈥檈nfoncer en une semaine la ligne Mareth, et
l鈥橝frikakorps de Rommel bat en retraite.
Le 7 Avril, les arm茅es britannique et am茅ricaine font leur jonction. L鈥檃rm茅e britannique se
lance 脿 la poursuite de l鈥橝frikakorps et occupe Gab猫s, Sfax et Sousse, tandis que les
communications de l鈥檈nnemi sont coup茅es par mer et dans les airs. L鈥檃ttaque finale 脿 lieu fin
avril, elle est men茅e par les arm茅es anglaise, am茅ricaine et fran莽aise. Le 3 Mai, les
Am茅ricains sont dans la plaine de Mateur, 脿 30km de Bizerte. Les Allemands et les Italiens,
enferm茅s dans la p茅ninsule du Cap bon, sont oblig茅s de se rendre, faute de moyens
d鈥檈mbarquement. La guerre en Afrique du Nord prend fin le 12 Mai. Le nombre total des
prisonniers 脿 la campagne de Tunisie s鈥櫭﹍猫ve 脿 245000.
A partir du t茅moignage de Paul Ghez, nous avons essay茅 de reconstituer la
chronologie de la lib茅ration des camps en Tunisie :
9 avril :
芦 Les nouvelles militaires sont de plus en plus favorables 禄
芦 Je suis tr猫s inquiet sur le sort de mes travailleurs. Au moment de la d茅b芒cle, ils seront
probablement abandonn茅s 脿 leur sort et je me demande s鈥檌l sera possible d鈥檃ller les
chercher. 禄
mi-avril :
Pour les f锚tes de P芒ques, des travailleurs sont rentr茅s chez eux volontairement, en
s鈥櫭ヽhappant ; Paul Ghez 茅crit 脿 ce sujet : 芦 Il est 茅vident que ces coups d鈥檃udace n鈥檕nt 茅t茅
possibles qu鈥檈n raison du d茅sarroi qui commen莽ait 脿 r茅gner chez les Boches. 禄
21 avril :
芦 脿 la fin de la journ茅e, nous apprenons que le camp de Sbikha a 茅t茅 r茅uni 脿 celui de
Djouggar et qu鈥檜ne centaine d鈥檋ommes ont 茅t茅 lib茅r茅s. Il reste 65 hommes en tout chez les
Italiens 禄.
芦 Il n鈥檡 a plus hors de Tunis que quatre cents hommes 脿 Bizerte, 65 dans le secteur sud et
quelques isol茅s autour de Bir M鈥機herga. Nous sommes loin des cinq mille partis en
d茅cembre 禄
25 avril :
芦 Le camp de Djouggar est s茅rieusement menac茅. Les Italiens d茅campent 禄.
Alors, Paul Ghez envoye des moyens de transports ; trente hommes reviennent en camion,
des travailleurs rentrent par leurs propres moyens. Le dernier groupe sera r茅cup茅r茅 plus
tard.
5 mai :
芦 La fin approche de toute 茅vidence 禄
芦 Les Boches sont inquiets et se pr茅parent 脿 op茅rer des destructions.
6 mai :
芦 La ville (de Bizerte) doit 锚tre 茅vacu茅e demain matin. Le bac qui traverse le chenal va
sauter. Personne ne pourra plus passer ensuite. 禄
Alors Paul Ghez prend des dispositions : il se rend 脿 Bizerte avec des camions pour ramener
les travailleurs juifs, mais le lieutenant allemand qui commande le camp refuse de les lib茅rer.
Apr猫s de longs pourparlers, il accepte lib茅rer quarante cinq hommes, mais en garde deux
cents.
7 mai :
芦 L鈥檕rdre d鈥櫭﹙acuation est arriv茅. Les Allemands se replient sur Menzel-Djemil. Ils
conservent avec eux cependant quarante travailleurs . B茅doucha, ancien sergent des
zouaves, s鈥檈st propos茅 comme volontaire pour rester 脿 la t锚te de ce dernier groupe.
Le bac sautera 脿 dix heures et demie. Le pont de Protville est min茅. Il faut ramener cent
soixante hommes dans la matin茅e 禄.
Plus tard 脿 Tunis :
芦 On entend dans la rue une immense clameur. Les chars anglais font leur entr茅e dans la
ville sans rencontrer aucune r茅sistance.
Le spectacle est inattendu.
De v茅ritables grappes de jeunes gens et d鈥檈nfants recouvrent les machines de guerre. On
acclame, on chante, on agite des drapeaux.
Partout, c鈥檈st le d茅lire. Les travailleurs juifs, reconnaissables 脿 leur combinaison, dominent le
vacarme et battent tous les records.
Ils l鈥檕nt bien m茅rit茅, ces braves petits 禄.
Quant au dernier groupe de quarante travailleurs ayant B茅doucha 脿 sa t锚te, il a 茅t茅 lib茅r茅 par
les Allemands eux-m锚mes, dans leur h芒te de fuir vers le Cap Bon d鈥檕霉 ils pensaient
s鈥檈mbarquer pour la Sicile.
En arrivant en Tunisie, les Alli茅s n鈥檃vaient pas connaissance de l鈥檈xistence des camps , c鈥檈st
pourquoi ils ne les lib茅r猫rent pas, contrairement 脿 ce qui se passa en Europe o霉 les camps
de Pologne, d鈥 Autriche et d鈥橝llemagne furent lib茅r茅s respectivement par les arm茅es de
l鈥橴RSS et des Alli茅s.
Les camps en Tunisie furent lib茅r茅s 芦 par hasard 禄, car abandonn茅s pendant les combats
lors de la d茅b芒cle allemande ; parfois aussi, les travailleurs juifs intern茅s dans les camps
furent lib茅r茅s par les nazis qui les consid茅raient comme un fardeau qui allait les g锚ner dans
leur retraite forc茅e vers les c么tes tunisiennes, d鈥檕霉 ils esp茅raient gagner la Sicile et l鈥橢urope
alors que les Alli茅s gagnaient rapidement du terrain.
Aujourd鈥檋ui encore les historiens, bien qu鈥檃yant connaissance des exactions commises sur
les Juifs en Tunisie par les troupes de l鈥橝xe, n鈥檈n parlent pas, comme s鈥檌ls 茅taient retenus
par on ne sait quelle crainte ou par une sorte de tabou . Ainsi , nous pouvons prendre
l鈥檈xemple du Colloque 芦 Histoire communautaire, histoire plurielle : la communaut茅 juive de
Tunisie 禄 qui s鈥檈st tenu 脿 Tunis en 1998, dont les actes ont 茅t茅 regroup茅s dans une
publication. Nous observons que l鈥檋istoire de la communaut茅 juive de Tunisie y est abord茅e
de l鈥橝ntiquit茅 脿 nos jours, d鈥檜n point de vue chronologique, sociologique, linguistique,
culturel, bref dans tous ses aspects. Mais la p茅riode de l鈥檕ccupation n鈥檡 est pas trait茅e, elle
est pass茅e sous silence.
Cependant, le travail de m茅moire important de la communaut茅 isra茅lite, apr猫s l鈥檕ccupation
de la Tunisie par les forces de l鈥橝xe, nous a apport茅 une aide pr茅cieuse, en particulier les
t茅moignages 芦 脿 chaud 禄 de Robert BORGEL et Paul GHEZ, le roman d鈥橝lbert MEMMI 芦 La
statue de sel 禄, ainsi que les travaux de quelques historiens ; nous avons aussi lu avec
int茅r锚t les r茅cits de Jean PUPIER et de Ren茅 SOULMAGNON qui apportaient un autre
茅clairage sur cette p茅riode terrible de l鈥檋istoire de notre pays.
6. Apr猫s la guerre
Apr猫s la guerre, des associations sont cr茅茅es pour apporter aide et soutien aux victimes de
l鈥檕ccupation de la Tunisie par les forces de l鈥橝xe :
Amicale des Ex-Travailleurs Juifs
F茅d茅ration des D茅port茅s et Intern茅s R茅sistants
Association des D茅port茅s Politiques de Tunisie
Association des Anciens Combattants
Union des anciens otages juifs de Tunisie
En outre, un Monument aux Morts est 茅rig茅 au cimeti猫re isra茅lite du Borgel en m茅moire aux
Juifs d茅port茅s et morts pour la France, il est inaugur茅 tr猫s officiellement le 16 avril 1948, en
pr茅sence des Autorit茅s, des pr茅sidents d鈥橝ssociations de Tunisie et aussi de France.
Enfin,, un organisme, le 芦 CLAIM 禄 devait 锚tre cr茅茅 脿 Francfort-sur-le Main, en Allemagne,
pour 芦 r茅parer 禄, pour d茅dommager, pour payer des indemnisations 脿 ceux qui avaient
travaill茅, exploit茅s comme des esclaves, au m茅pris de toutes les lois.
Aujourd鈥檋ui encore, le secr茅tariat de la Communaut茅 juive de Tunisie fournit des attestations
脿 ceux qui ont 茅t茅 des 芦 travailleurs forc茅s 禄 en Tunisie.
Conclusion
Il faut savoir que nos recherches ont 茅t茅 rendues difficiles par le manque de documents et
d鈥檌nformations existant sur le sujet des camps d鈥檌nternement en Tunisie. Nous avons pu
v茅rifier l鈥檌gnorance qui en d茅coule, ignorance qui existait d茅j脿 脿 l鈥櫭﹑oque o霉 l鈥檃ctivit茅 dans
les camps d鈥檌nternement 茅tait effective, lors de l鈥檕ccupation de la Tunisie par les troupes
allemandes et italiennes.
Ainsi, la population locale n鈥檃vait pas connaissance de l鈥檈xploitation cruelle, barbare, de la
communaut茅 isra茅lite par leurs bourreaux nazis et fascistes. Cela peut s鈥檈xpliquer par de
nombreux 茅l茅ments :
Tout d鈥檃bord, depuis la promulgation des lois antis茅mites, la population isra茅lite 茅tait
relativement isol茅e du reste de la population ; les 茅l茅ments les plus pauvres vivaient dans
des quartiers sp茅cifiques, comme 芦 la hara 禄 de Tunis, alors que les personnes ais茅es
habitaient les nouveaux immeubles de Lafayette ou les jolies villas du quartier du Belv茅d猫re ,
pr猫s de la place Pasteur. Toutefois, aux heures sombres de l鈥檕ccupation, les Juifs de Tunisie
firent preuve d鈥檜ne solidarit茅 et d鈥檜ne entraide mutuelle remarquables .
Par ailleurs, les Allemands et les Italiens plac猫rent les camps dans des endroits isol茅s, loin
des regards indiscrets ou curieux des habitants de la Tunisie .
D鈥檃utre part, l鈥檃ntis茅mitisme 芦 dormant 禄 de certains Tunisiens musulmans fut r茅veill茅 et
vivifi茅 par les nazis qui, dans leur dessein de pers茅cution de la communaut茅 isra茅lite, utilisait
une propagande nationaliste envers les musulmans, leur faisant miroiter l鈥檌nd茅pendance du
pays apr猫s la guerre, selon le vieil adage 芦 Diviser pour r茅gner 禄 .
Un autre 茅l茅ment important ayant contribu茅 脿 cette ignorance fut le contr么le de la presse par
le gouvernement de Vichy ( qui 鈥 il est important de le rappeler 鈥 fut 脿 l鈥檕rigine des lois et
mesures antis茅mites dont le gouvernement nazi ne fut pas le responsable, ou du moins pas
le responsable direct). Ainsi ce contr么le de la presse et donc de l鈥檈sprit des lecteurs avides
de nouvelles se manifesta de mani猫re radicale. En effet, d猫s son arriv茅e 脿 Tunis le 11
novembre 1942, Guilbaud, le repr茅sentant du mar茅chal P茅tain, interdit tous les journaux,
pour ne publier qu鈥檜n seul journal en fran莽ais 芦 Tunis Journal 禄 qui parut jusqu鈥檃u 9 mai
1943. Certaines des nouvelles diffus茅es par ce m锚me journal 芦 ne manquaient pas de sel 禄
(s鈥檌l est permis d鈥檈mprunter cette expression) : ainsi, en p茅riode d鈥檃ffrontements durs et
intensifs entre Alli茅s et forces de l鈥橝xe , alors que les Alli茅s gagnaient du terrain, des articles
茅crivaient que les allemands remportaient la guerre sur tous les fronts鈥
Le but de ce journal 茅tait d鈥檃ncrer la pr茅sence des forces de l鈥橝xe et de justifier leur combat
dans l鈥檈sprit des habitants de la Tunisie.
Il y avait cependant des personnes qui avaient connaissance des 茅v茅nements, mais qui
n鈥檃gissaient pas, par crainte des cons茅quences, de la confrontation avec les Allemands, par
d茅sint茅r锚t. Par exemple, on peut citer Jean PUPIER, journaliste reconnu dans le Protectorat
fran莽ais de l鈥櫭﹑oque : dans son r茅cit 芦 Six mois de guerre 脿 Tunis 禄, il fit preuve d鈥檜ne
芦 objectivit茅 禄 digne d鈥檜n observateur, mais qui peut interpeller et d茅ranger.
Apr猫s la lib茅ration de la Tunisie, la communaut茅 juive tunisienne re莽ut les premi猫res
informations sur le g茅nocide des Juifs d鈥橢urope. En comparaison avec les horreurs de la
芦 solution finale 禄, les pers茅cutions endur茅es pendant les six mois d鈥檕ccupation pouvaient
sembler seulement un bref cauchemar.
Mais il ne faut pas r茅duire le g茅nocide juif 脿 un simple comptage des victimes de la
barbarie nazie. Il concerne aussi bien l鈥檃mpleur du d茅sastre et les techniques
d鈥檈xtermination utilis茅es que l鈥檈nsemble des 茅tapes pr茅liminaires : d鈥檃bord les nazis firent
des lois pour bannir les Juifs de la soci茅t茅, puis ils les parqu猫rent, utilis猫rent, affam猫rent,
avant de les pousser 脿 la mort ou de les exterminer. En cela, les nazis furent second茅s par
des gouvernements, comme celui de Vichy ou de Rome par exemple.
Nous constatons que, en Tunisie, la phase ultime n鈥檃 pas 茅t茅 appliqu茅e, car les
conditions n鈥櫭﹖aient pas favorables : zone de combats militaires, pays isol茅 en Afrique du
Nord loin de l鈥橢urope (ce qui posait des probl猫mes de transport ), luttes d鈥檌nfluence politique.
Cependant, le sort fait aux Juifs de part et d鈥檃utre de la M茅diterran茅e s鈥檌nspirait des
m锚mes principes, des m锚mes m茅thodes.
Aujourd鈥檋ui, il est triste d鈥檕bserver l鈥檌gnorance g茅n茅rale du sort qui fut r茅serv茅 aux
Juifs de Tunisie . Notre travail nous a permis de secouer la poussi猫re de ce vieux dossier si
riche d鈥檈nseignements. Les survivants ne sont plus ici pour t茅moigner, mais nous ne devons
pas les oublier. Nous sommes devenus les d茅positaires de leur m茅moire.
Monument en hommage aux travailleurs juifs tu茅s sous l鈥檕ccupation nazie
au cimeti猫re du Borgel, 脿 Tunis
DOCUMENTS ANNEXES
1. Le proc猫s de l鈥檃miral Esteva, R茅sident g茅n茅ral de France en Tunisie durant
l鈥檕ccupation par les forces de l鈥橝xe
Notes de lecture d鈥檃pr猫s :LONDON Geo L鈥檃miral ESTEVA et le g茅n茅ral DENTZ devant la Haute Cour
de justice , Lyon-1945
Les d茅bats des proc猫s se sont d茅roul茅s au Palais de Justice dans la salle de la 1
猫re
Chambre de la
Cour d鈥橝ppel de Paris. L鈥檃miral Est茅va a 茅t茅 jug茅 pour des faits survenus pendant la guerre en
Tunisie o霉 il 茅tait R茅sident g茅n茅ral de la France. Quant au g茅n茅ral Dentz, il a 茅t茅 jug茅 pour des faits
survenus pendant la guerre en Syrie.
Le proc猫s de l鈥檃miral ESTEVA a eu lieu 脿 Paris du 12 au 15 mars 1945.
Le Procureur G茅n茅ral a rappel茅 les faits :
8 novembre 1942 : d茅barquement alli茅 en Afrique du Nord
P茅tain donne l鈥檕rdre de se battre contre les alli茅s
9 novembre : 100 avions allemands atterrissent 脿 El Aouina, transportant un millier d鈥檋ommes
le g茅n茅ral BARR茅 est alors Commandant des forces en Tunisie
11 novembre : t茅l茅gramme du g茅n茅ral BRIDOUX, Ministre de la guerre, avisant le g茅n茅ral
BARR茅 qu鈥檜n d茅barquement allemand en Tunisie est autoris茅
17 h : BARR茅 donne la consigne de se battre : 芦 Cet ennemi, c鈥檈st
l鈥橝llemand et l鈥橧talien 禄
19 h : ESTEVA annule l鈥檕rdre, soutenu ensuite par Vichy
Le Procureur reproche 脿 l鈥檃miral ESTEVA sa collaboration avec les Allemands, sous diff茅rentes
formes :
avant novembre 1942 : ESTEVA a ravitaill茅 les troupes de l鈥橝xe en Libye ;
politique de vexations envers ceux qu鈥檌l juge hostiles 脿 la politique de l鈥檈ntente avec
l鈥橝llemagne ;
脿 partir de novembre 1942 : collaboration polici猫re avec les agents de l鈥橝llemagne
exemple de GUILBAUD envoy茅 par Vichy 脿 Tunis o霉 il cr茅e le CUAR ( Comit茅 d鈥橴nit茅
d鈥橝ction R茅volutionnaire ) ;
f茅vrier 1943 : cr茅ation d鈥檜ne brigade sp茅ciale charg茅e, sous la direction de FIRPI (condamn茅
脿 mort par contumace apr猫s la guerre), de rechercher les agents des pays Alli茅s ; cette
brigade travaillait en liaison avec les SS et le CUAR ;
recrutement de la main-d鈥櫯搖vre n茅cessaire aux besoins du Reich. Cette main-d鈥櫯搖vre se
trouve m锚l茅e aux op茅rations militaires puisqu鈥檈lle est principalement affect茅e 脿 des travaux de
campagne ex茅cut茅s imm茅diatement 脿 l鈥檃rri猫re de la ligne de feu.
10 avril 1943 : instaure le S.T.O.
26 f茅vrier 1943 : adresse du R茅sident g茅n茅ral ESTEVA appelant les Fran莽ais 脿 s鈥檈ngager
sous le commandement du colonel du JONCHAY. Le but est de cr茅er une brigade de 240
hommes, mais 120 seulement r茅pondent 脿 l鈥檃ppel.
18 mars 1943 : les 120 hommes pr锚tent serment au F眉hrer
cf. article paru dans 芦 Tunis-Journal 禄 le 26/03/1945
appel 脿 la d茅sertion pour ceux qui se sont engag茅s dans les Forces Fran莽aises Libres
MAIS il est dit 茅galement que le R茅sident g茅n茅ral ESTEVA a fait lib茅rer des patriotes et qu鈥檌l a facilit茅
le d茅part de personnalit茅s Alli茅es.
Apr猫s le passage de t茅moins, le r茅quisitoire du Procureur g茅n茅ral et la plaidoirie de son avocat, la
condamnation est prononc茅e :
peine de d茅tention perp茅tuelle
d茅gradation militaire
reconnu coupable d鈥檌ndignit茅 nationale , d鈥檕霉 d茅gradation nationale
confiscation de ses biens au profit de l鈥橢tat
condamn茅 aux d茅pens (doit payer les frais du proc猫s)
2. Bref historique des camps en Tunisie de 1939 脿 1946
1. Meknassi et Kasserine
Camps d鈥檌nternement cr茅茅s en 1939, destin茅s aux r茅fugi茅s espagnols
2. Camp de Kr茅der en Alg茅rie
Septembre 1939 : les juifs allemands et autrichiens r茅sidents en Tunisie sont rafl茅s et
regroup茅s dans ce camp alg茅rien, dans des conditions particuli猫rement dures.
T茅moignage de M. Tockus, qui avait fui Vienne lors de l鈥橝nschluss pour se r茅fugier en Tunisie
(ami de la famille Passalacqua)
3. Kasserine
Juin 1940 : Transform茅 en camp d鈥檌nternement pour tous les citoyens italiens de 17 脿 48 ans,
pour un mois seulement, suite 脿 l鈥檃ttaque de la France par l鈥橧talie le 6 juin 1940
4. Gafsa et Souaf, Mareth, Le Kef
Juin 1943 1946 :
Des milliers de personnes, dont une bonne partie a ensuite 茅t茅 expuls茅e de Tunisie
Tout d鈥檃bord, les Italiens ont 茅t茅 intern茅s 脿 Gafsa et 脿 Souaf. Puis ils ont 茅t茅 regroup茅s dans
un ancien camp militaire 脿 Mareth en juin 1944.
Ce camp 茅tait dirig茅 par le Commandant Dandine qui s鈥檈st heurt茅 脿 d鈥檌nsolubles probl猫mes
d鈥檃pprovisionnement, ce qui l鈥檃 amen茅 脿 autoriser la collecte de colis alimentaires, transport茅s
par camions qui partaient de la rue du Maroc 脿 Tunis.
5. Gammarth
Install茅 dans le 芦 Camp de redressement 禄
Centre qui regroupait les enseignants des 茅coles italiennes, dont une forte minorit茅 d鈥橧taliens
natifs de Tunisie, qui ont ensuite 茅t茅 transf茅r茅s 脿 Salammb么.
Rappelons qu鈥櫭 cette 茅poque, le R茅sident g茅n茅ral confisque les biens de la communaut茅,
dont les 茅coles, les h么pitaux et le si猫ge de la 芦 Dante Alighieri 禄, et met sous s茅questre les
biens personnels appartenant 脿 des Italiens.
Salammb么
Centre qui regroupait les enseignants des 茅coles italiennes, expuls茅s par la suite
En m锚me temps, il y avait :
des 芦 otages 禄 : assign茅s 脿 r茅sidence, ils signaient chaque jour au commissariat
T.I. : Travailleurs Italiens ( professions lib茅rales), qui portaient brassard les identifiant ; ils
茅taient affect茅s 脿 des t芒ches p茅nibles, voire humiliantes
Les ann茅es 1943-1946 ont marqu茅 profond茅ment toute la communaut茅 italienne de Tunisie.
Aujourd鈥檋ui encore, les t茅moignages sont douloureux . Les avis divergent sur les mesures
prises alors. A titre d鈥檈xemple, citons :
Monsieur D. Passalacqua, dont le p猫re et les oncles furent intern茅s : 芦 茅taient emprisonn茅s
tous ceux qui constituaient l鈥檕ssature de la collectivit茅 italienne sans tenir compte de leurs
opinions politiques, mais essentiellement de leur surface 茅conomique, leurs biens 茅tant mis
sous s茅questre, puis liquid茅s par le 芦 Service de liquidation des biens italiens 禄, pour
respecter la volont茅 clairement exprim茅e par le G茅n茅ral de Gaulle de 芦 lever l鈥檋ypoth猫que
italienne sur la Tunisie 禄. Beaucoup de militants fascistes qui n鈥檃vaient d鈥檃utre bien que leurs
convictions politiques sont rest茅s libres, car il n鈥檡 avait rien 脿 s茅questrer. 禄
Juliette Bessis, auteur de La M茅diterran茅e fasciste : elle fait 茅tat d鈥檈mprisonnement
et d鈥檈xpulsion de 芦 fascistes 禄
6. lieux d鈥檌nternement
de novembre 1942 脿 mai 1943
pour les juifs tunisiens ou fran莽ais
7. camps d鈥檌nternement ou camps de concentration en Alg茅rie
pour les politiques Tunisiens ou Italiens de 1939 脿 1943
8. camps pour les nationalistes tunisiens
ferm茅s d茅finitivement en 1953
3. Bibliographie sur les camps en Tunisie
- ABITBOL Michel
Les Juifs d鈥橝frique du Nord sous Vichy
Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, 220 p
- AGERON Charles-Robert
Contribution 脿 l鈥櫭﹖ude de la propagande allemande
In : Revue d鈥檋istoire maghr茅bine
1977, n掳7-8, pp. 16-32
- ALLALI Jean-Pierre
Juifs de Tunisie
Coll. 芦 Diaporama d鈥檜ne diaspora 禄, Editions Soline, 2003
- ATTAL Robert-SITBON Claude
De Carthage 脿 J茅rusalem, La Communaut茅 juive de Tunis
Mus茅e de la Diaspora Juive Nahoum Goldmann, Tel-Aviv, Printemps 1986
- BESSIS Juliette
La M茅diterran茅e fasciste
Paris, 1980
- BORETZ E.
Tunis sous la croix gamm茅e
Alger, 1944
- BORGEL Robert
Etoile jaune et croix gamm茅e, r茅cit d鈥檜ne servitude
Tunis, 1944, 203 p
- CHERIF Fay莽al
La Tunisie de la 2
nde
guerre mondiale (1938-1943)
In : Revue tunisienne de sciences sociales ; vol 37 ; n掳121 ; pp 155-157
- Comit茅 d鈥檋istoire de la 2
猫me
guerre
Colloque international, Paris, 1969
Paris, CNRS, 1971, 792 p
- DE FELICE Renzo
Storia degli ebrei italiani sotto il fascismo
Turin, Einaudi, 1972
- GHEZ Paul
Six mois sous la botte
Tunis, 茅d. SAPI, 1943, 163 p
- GHEZ Gaston
Nos martyrs sous la botte allemande. Les ex-travailleurs juifs racontent leurs souffrances
Tunis, 1943
- LONDON Geo
L鈥橝miral Est茅va et le g茅n茅ral Dentz devant la Haute Cour de justice
Lyon, 1945
- MOINE A.
D茅portation et r茅sistance en Afrique du Nord (1939-1944)
Paris, Editions sociales, 1972
- PESCHANSKI Denis
La France des camps, 1938-1946
Gallimard, 2002
- PUPIER Jean
Six mois de guerre 脿 Tunis
Tunis, La Rapide, 1943, 128 p
- RAINERO R.
La politique fasciste 脿 l鈥櫭ゞard de l鈥橝frique du Nord
In : Revue fran莽aise d鈥檋istoire d鈥檕utre-mer
LXIV, n掳237, 1977, pp. 498-515
- SABILLE J.
Les Juifs de Tunisie sous Vichy et l鈥檕ccupation
Paris, CDJC, 1954
- SEBAG Paul
Les juifs en Tunisie
- SILVERA Victor
La politique sociale suivie dans la R茅gence
Tunis, 1951
- SOULMAGNON Ren茅
Le Chemin de la dissidence
Tunis, 1944, 110 p
- VALABREGA Guido
Quelques aspects de la politique italienne en Afrique du Nord
In : Cahiers de Tunisie, 1981, n掳117-118, pp. 649-655
- WEILL
Contribution 脿 l鈥檋istoire des camps d鈥檌nternement dans l鈥檃nti-France
Paris, CDJC, 1946
DIVERS
- ARROUAS Albert
Le livre d鈥檕r
Tunis, 1932
- BEN HAMMED Hammadi
Bizerte (1900-1950) 脿 travers les cartes postales
- Collection GREHG
Histoire de 1890 脿 1945
Classes de Premi猫res
Hachette Lyc茅es, 1988
- LAMBERT Paul
Choses et gens de Tunisie. Dictionnaire illustr茅 de la Tunisie
Tunis, C. Saliba, 1912
- MEMMI Albert
La statue de sel
Paris, Gallimard, 1980, 377 p
- Journaux consult茅s :
La D茅p锚che tunisienne (janvier 鈥 avril 1942)
Tunis Journal (14/11/1942 鈥 9/05/1943)
L鈥橝venir social (ao没t 1943 鈥 f茅vrier 1944)
L鈥櫭ヽho de Tunis (novembre 1943 鈥 f茅vrier 1944 )
- Revue Prad猫s :
Num茅ro sp茅cial 1990 芦 Juifs de France pendant la guerre 禄, avec suppl茅ment sur les
Juifs de Tunisie
Num茅ro 16, 1992, pp. 202-230 : Les Juifs de Tunisie
- Article :
Jacques KRIEF : 鈥淟e camp de Bizerte鈥, 1997
- sites internet :
site de Patrick CHEYLAN : Mon devoir de m茅moire
http://www.mortsendeportation.sont-la.com/
http://names.yadvashem.org
http://harissa.com
site de Peter GAIDA (historien allemand qui a fait sa th猫se sur la construction du Mur
de l鈥橝tlantique , ses aspects militaires et 茅conomiques )
Tous les 锚tres humains naissent libres et 茅gaux en dignit茅 et en
droits. Ils sont dou茅s de raison et de conscience et doivent agir les
uns envers les autres dans un esprit de fraternit茅.
! ""
Remerciements
Nous remercions chaleureusement tous ceux qui nous ont aid茅s, et en particulier :
M. Daniel PASSALACQUA
Docteur Jean-Pierre LISCIA
M. Philippe PAGES, Directeur du Service des Anciens Combattants aupr猫s de l鈥橝mbassade
de France 脿 Tunis
Madame TEMIMI
Madame Anny MAAREK
Patrick CHEYLAN
Habib KAZDAGHLI, Ma卯tre de conf茅rence 脿 l鈥橴niversit茅 de Tunis
Mme FLEURY, Pr茅sidente de l鈥橝ssociation des Anciennes D茅port茅es de Ravensbr眉ck
La Communaut茅 juive de Tunisie
Les membres du groupe de g茅n茅alogie 芦 Anciens de Tunisie 禄
I.R.M.C.
Archives nationales de Tunisie
Abdou HARRAZI , ancien du Club Histoire, qui nous a apport茅 une aide pr茅cieuse pour faire
le CD sur 芦 Les camps oubli茅s de la Tunisie (1942-1943), pr茅sent茅 en 2005 dans le cadre
du Concours national de la R茅sistance et de la D茅portation
Dossier pr茅par茅 par :
Fahr猫s BEN ARFA, Samir KHABTHANI et Akram ZAOUI