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10/03/2000
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le Gymnote vers 1900 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le sous-marin GUSTAVE ZÉDÉ vers 1900 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
GYMNOTE - EX Q.1
 _________________________
Premier sous-marin moderne du monde
1886/1911
 
 
 
I.- CARACTÉRISTIQUES : 
- Construit à Toulon à l'arsenal du Mourillon 
- Ordonné le 22 novembre 1886 
- Mis en chantier le 20 avril 1887 
- Baptisé le 31 janvier 1888 
- Lancement le 24 septembre 1888 à 10h00 par l'Amiral Bergasse du Petit-Thouars 
- Premier essai à la mer : 17 novembre 1888 (rade de Toulon) 
- Remis sur cale pour transformations le 6 janvier 1897 
- Achèvement des transformations le 4 janvier 1900 
- Premier armement définitif le 1er mai 1900. 
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- Coque en minces tôles d'acier, de section circulaire (allongée de 0m60 par l'adjonction d'une virole au milieu) 
- Épaisseur de la coque : 6mm et 4mm aux extrémités 
- Déplacement : 30/31 T (30T9 en position de plongée) 
- Dimensions : . Longueur hors tout 17m60 
                      . Longueur de la carène entre perpendi-  
                        culaires de pointe en pointe 17m20 
                      . Largeur 1m80 
                      . Tirant d'eau 1m68 (tirant d'eau milieu en 
                        1899), en position de plongée 2m80 
- Diamètre du maître couple : 1m80 
- Propulsion : Appareil moteur, primitivement un moteur  
  électrique multipolaire (16) de type Krebs 51 CV (Société des Forges et Chantiers du Hâvre). Remplacé ensuite par un moteur électrique Sautter-Harlé à courant continu, d'une puissance maximum de 90 CV développée à 200 V (moteur électrique calé sur l'arbre de l'hélice) et des accumulateurs électriques. 
- Accumulateurs : primitivement 564 accumulateurs d'une capacité de 93 millions de kilogrammètres à liquide alcalin système Commelin et Desmazures, auquel fut substitué en 1894, 200 accumulateurs système Laurent-Coly. Finalement en 1897/1899 on installa 100 accus de type nouveau de la Société pour le Travail des Métaux. 
- Hélice : Une hélice à 2 ailes orientables indépendantes et 4 branches en bronze de 0,900 de diamètre (système ingénieur Maugas). 
- Vitesse : 7 noeuds 31 et 4 noeuds 27 en surface (1900). En 1899 sous l'eau avec 0m50 d'eau au dessus du kiosque et un voltage de 200 V, vitesse de 3 noeuds 56. 
- Rayon d'action : 31 nautiques à 7 noeuds 3 et 25 nautiques à 4 noeuds 27. 
- Appareil de vision : D'abord un appareil à 2 miroirs lunette de vision coudée, puis en décembre 1889 un périscope, ensuite un appareil système Mangin. En 1898 un appareil Daveluy et Violette avec tube coulissant de 3m50. 
- Gouvernails : Direction horizontale fournie par un gouvernail horizontal et un gouvernail vertical, placés sur l'avant de l'hélice exactement comme une torpille automobile. 
- Appareil de direction : Un compas ordinaire compensé, remplacé par un gyroscope électrique en 1889 
- Ailerons : ailerons centraux système Darrieux 1893 et ailerons à l'arrière système Leflaive en 1895. 
- Appareils de sûreté : Des pombs de sûreté, placés dans des puits, de chaque bord. 
- Casque-kiosque dit "à télescope". 
- Éclairage : Intérieur éclairé par des lampes à incandescence. 
- Armement : Aucun équipement militaire à l'origine. En 1899 installation de deux appareils extérieurs à griffes à verrou glissant porte-torpilles, système Terrien, situés à babord et à tribord par le travers du casque. Deux torpilles de 356 mm (modèle 1887) normalement lancées à une distance de 400 mètres à la vitesse de 27 noeuds (appareil de lancement de type Drezwiecki). 

- À la partie supérieure régnait une étroite plateforme sur laquelle était pratiqué un trou d'homme de 0m45 pour l'introduction de l'équipage. Au centre une petite coupole munie de miroirs et de réflecteurs. Un servo-moteur électrique permettait de gouverner tous les postes de vision ; un plomb de sonde spécial servait à mesurer les profondeurs. 

- Équipage : Un officier et deux seconds-maîtres, deux quartiers-maîtres, deux matelots brevetés (spécialités mécanicien et torpilleur) 
 
- Plans du Directeur des Constructions Navales Gustave Zédé sur des projets de l'ingénieur Dupuy de Lôme et de l'Amiral Bourgeois. Construction dirigée et suivie par l'ingénieur du Génie Maritime Gaston Romazotti. Partie électrique du Capitaine Krebs, ingénieur des Sapeurs-Pompiers de Paris. Les plans furent approuvés par l'Amiral Aube. 

NOTA : Le GYMNOTE est le véritable ancêtre de tous les sous-marins modernes ; il est en effet le premier qui ait pu naviguer sous l'eau à une immersion constante et se rendre exactement d'un point quelconque à un autre point indiqué à l'avance. 
Ses caractéristiques furent profondément modifiées entre 1888 et 1898, après des séries d'expériences tant sur le plan militaire que technique. 
Il fut avant tout un sous-marin expérimental. Il permit de bien poser et d'élucider les multiples problèmes théoriques et pratiques que soulève la navigation en plongée ; problèmes qui n'avaient jamais reçu de solutions appropriées avant. 
De médiocre valeur militaire en raison de son exiguïté, de son faible armement et de son incapacité à s'éloigner de plus de 10 milles de la côte, il avait en revanche des qualités nautiques remarquables quant à sa facilité d'immersion et de manoeuvre. 
Excellent bâtiment d'études et d'entraînement pour le personnel sous-marinier. 
 
 

II.- ACTIVITÉS : 
De 1888 à 1893 : Essais et expériences dont : 

- 1888/1896 : Expériences sur le plan technique sur le mode de propulsion, les accumulations de l'énergie électrique, l'équilibre en plongée, la visibilité pour les manoeuvres. 
- 1890/1891 : Essais de forcement d'une ligne de blocus, attaques sur des bâtiments au mouillage (succès) 
- 1891/1897 : Exercices d'explosions de torpilles et de tirs sur cible sous l'eau. 

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- 1891 : Le 13 juillet lors d'une plongée autour du DESAIX en présence du Président de la République, la toile du "casque mobile de visée" fut sur le point de céder sous la pression de l'eau. On frisa la catastrophe. 
- 1894 : Le 2 août il reçoit la visite du Ministre de la Marine M. Félix Faure. 
- 1895 : Plusieurs mois sur cale (transport du gouvernail à l'arrière et changement du type d'accumulateurs). 
- 1897 : Le 20 septembre des avaries se produisent dans les Water-ballast au cours d'une plongée sur place, lors des travaux de transformation du bâtiment. 
- 1897/1900 : En transformation. 
- 1898 : En mai 1898 pour la première fois une Dépêche ministérielle fixe la composition de l'équipage des sous-marins. Les sous-marins cessent d'être des bâtiments expérimentaux pour faire partie de la flotte active. 
- 1900 : Sort du bassin le 4 janvier 1900. Le 4 août 1900 le Préfet Maritime est à bord et plonge au large après avoir franchi la passe en restant immergé. 
- 1901 : Participation à de nombreux exercices en escadre. Le 27 avril plongée dans le bassin de Missiessy en présence du Président de la République M. Émile Loubet, avec le submersible Gustave Zédé. Le 18 octobre, avec le Zédé il attaqua, sans succès en raison de la grosse mer, le BRENNUS croisant en rade de Toulon, mais les deux sous-marins lançèrent avec succès les torpilles en rade des Sablettes. 
- 1902 : Lors d'exercices, le GYMNOTE se dirigeant vers la grande passe que bloquaient plusieurs cuirassés, s'approcha à 300 m du JAUREQUIBERRY sans être vu, et lui lança dans le flanc une torpille. Il refit la même opération, avec succès, contre L'AMIRAL-CHARNIER. 

- 1905 : Le 15 septembre 1905, au moment où il se trouvait à sec pour une révision, une explosion se produisit dans la coque, provoquée par une concentration d'hydrogène dégagée par les accumulateurs en mauvais état, brûlant grièvement les quartiers-maîtres Dirano Louis et Madoas Jean-Marie. 

Le bâtiment sert ensuite à l'instruction des équipages et beaucoup d'officiers débutent par lui avant de prendre des commandements de sous-marins plus importants. 

- 1907 : Le 5 mars 1907, ayant quitté Toulon le matin et naviguant en plongée, il heurta une roche près de Cap Sépet : le gouvernail de direction avant et la fausse quille furent tordus. 
Le 19 juin, les vannes du bassin de radoub de Castigneau où il devait être remis à flot ayant été ouvertes par accident, le GYMNOTE fut coulé sur place sans accident de personnel. L'eau de mer introduite par les panneaux ouverts causa des avaries irréparables. Les travaux de réfection ne furent pas entrepris, car ils auraient dépassé la valeur du bâtiment à l'époque. Les travaus représentaient la somme de 105.000 francs/1907. 
Le 10 septembre il est condamné. Le 3 octobre il est désarmé. 
- 1908 : Rayé de la liste le 22 mai 1908, le GYMNOTE fut conservé pour des expériences de sauvetage et de relevage. 
- 1911 : Il est vendu le 2 août 1911 à Toulon (Var) pour démolition à la société de M Benedix. 

 
III.- COMMANDANTS SUCCESSIFS : 
Les lieutenants de Vaisseau : 
BAUDRY-LACANTINERIE        09/1888 - 12/1889 
DARRIEUX                                08/1890 - 10/1891 
JAURRES                                   02/1892 - 02/1893 
PROVENÇAL                             02/1893 - 10/1893 
CHERON                                    10/1893 - 04/1896 
DELAGE                                     04/1896 - 04/1897 
DAVELUY                                  04/1897 - 09/1898 
TERRIN                                     09/1898 - 04/1899 
MELEART                                 04/1899 - 12/1900 
VOISIN                                      12/1900 - 12/1901 
COLIN                                       12/1901 - 06/1902 
JOLIVET                                    06/1902 - 02/1903 
MORILLON                               02/1903 - 12/1903 
ROUSSEL                                  12/1903 - 04/1904 
LOCAMUS                                 04/1904 - 12/1904 
DECOSTER                               12/1904 - 06/1906 
CHAREZIEUX                           06/1906 - 09/1907 
 
 
IV.- FAITS PARTICULIERS : 
- Le 22 novembre 1886 une Décision ministérielle ordonnait la mise en chantier d'un "torpilleur sous-marin à hélice". Point d'aboutissement de nombreuses tentatives antérieures, mais premier sous-marin moderne du monde capable d'évoluer et de présenter une certaine valeur militaire. 
- Dans une lettre du 5 décembre 1888, l'amiral Charles Duperré, Commandant en Chef et Préfet Maritime de Toulon signale au ministre de la Marine que : 
a) On constate que le GYMNOTE plonge et remonte avec assez de facilité ; 
b) que cinq hommes peuvent y respirer à l'aise ; 
c) qu'il est invisible et qu'aucun remous ne vient le déceler lorsqu'il est à une profondeur suffisante ; 
d) que trois points sont encore à élucider : l'appareil de vision, le compas et sa compensation, le manomètre et la connaissance exacte de la profondeur ; 
e) que les résultats obtenus sont tels qu'on doit continuer les essais. 

- La première plongée fut effectuée par M. Zédé, le capitaine Krebs, l'ingénieur du Génie maritime Romazotti, le Chef-contremaître Picou et le lieutenant de Vaisseau Baudry-Lacantinerie. 

- Un nouveau système de plongée, proposé dès 1891, exécuté en 1893, ne fut expérimenté en fait qu'en fin 1894. Il reposait sur l'emploi d'ailerons horizontaux placés de chaque côté et à la hauteur du centre de poussée, conjointement avec le gouvernail arrière. Les essais donnèrent de bons résultats et il fut démontré que la plongée était devenue beaucoup plus facile et surtout plus stable. 

- Le nom de GYMNOTE a été donné en référence au poisson osseux du même nom, voisin des characinidés, caractérisé surtout par la possession d'organes électriques analogues à ceux des torpilles et des malaptérures. La plus importante espèce est "l'électrophorus électricus" bien connu pour ses décharges électriques. 

- En mémoire de ce premier submersible du nom de GYMNOTE, ce nom fut donné : 
a) en 1963 au sous-marin expérimental lance-missiles Q.251, lancé le 15 mars 1964 à l'Arsenal de Cherbourg ; 
b) le 8 octobre 1964, au stade de la Hune à Toulon, à la promotion de l'École Navale de Toulon. 
 

Notice établie le 9 janvier 1979
par le Maître Principal Dominique LEMAIRE.
 
 
SOURCES 

A) Archives Centrales de la Marine : 

Sous-série BB4 1424 (Lettre Amiral Duperré) 
Sous-série BB4 2735/1 (Dossier) 
Sous-série 7 DD1 579 (Dossier condamnation) 
Sous-série 8 DD1 101 (Atlas de la Machine électrique) 
Sous-série 8 DD1 179 
Registres du Conseil des Travaux : 
        - volume 98/1892 (séance du 25 février 1892) 
        - volume 99/1892 (séance du 18 octobre 1892)
B) Ouvrages : 
- LAUBEUF (Maxime dit Max), Sous-marins et submersibles, Librairie Delagrave, 1915, Paris. 
- PESCE (G.L.) La navigation sous-marine, Librairie des Sciences Générales, Paris 1897. 
- DARRIEUS (Lieutenant de Vaisseau), Études sur les bateaux sous-marins, sans mention d'éditeur, mars 1895, 379 pages et planches. 
- DARRIEUS (Amiral), Les sous-marins, Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, Paris 184 Bd St Germain, 1927, 144 pages. 
 
C) Revues : 
- Revue "LE YACHT" :  
1888 pages 58, 313, 326, 333, 394, 395 
1889 pages 1, 123, 326, 413 
1890 pages 1, 9, 142, 145, 198, 309 
1891 pages 1 
1893 pages 202, 210, 213, 353, 375, 385, 421 
1894 pages 285 
1895 pages 189, 220 
1896 pages 269 
1897 pages 463 
1898 pages 220, 261 
1899 pages 25, 79, 271, 272, 469, 509, 545, 585 
1900 pages 40, 45, 205, 384, 476, 617 
1901 pages 114, 130, 177, 178, 217, 387,492,509 
1902 pages 2 et 374 
1903 pages 802 
1904 pages 90 et 689 
1905 pages 596 
1907 pages 41, 167, 406, 622 
1909 pages 421 
1910 pages 19 
 
- Revue "L'ILLUSTRATION" : 
08/12/1888 page 411 (2 dessins) 
04/02/1899 pages 74 à 76 
04/03/1899 pages 136 (2 photos) 
27/04/1901 page 263
- Revue "LE MONDE ILLUSTRÉ" : 19/01/1889 page 38 
- "REVUE MARITIME" : juillet 1958 page 914 
- Revue "MARINE NATIONALE" : 
        15/02/1949 n°52 page 3 (2 photos) 
- Revue "LE GÉNIE CIVIL" : n°5, décembre 1888 
- Revue "LA NATURE" : n°801, 6 octobre 1888 
- "LA REVUE SCIENTIFIQUE" : n°24, 15 décembre 1888 
 
(Archives Musée de la Marine à Paris)