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Tchad

Bras de fer avec la Banque mondiale

Le&nbsp;gouvernement d'Idriss Déby assure que la révision de la loi sur la gestion des revenus pétroliers&nbsp;lui permettra de résoudre ses «&nbsp;<em>problèmes de salaires, d'insécurité et de fonctionnement de l'administration&nbsp;</em>».(Photo: AFP)
Le gouvernement d'Idriss Déby assure que la révision de la loi sur la gestion des revenus pétroliers lui permettra de résoudre ses « problèmes de salaires, d'insécurité et de fonctionnement de l'administration ».
(Photo: AFP)
Vendredi, le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz a annoncé l’arrêt de tous les programmes de financement au Tchad, soit 124 millions de dollars de prêts gelés. A l’origine de cette sanction sans précédent, la révision de la loi prévoyant l’utilisation des revenus pétroliers, révision intervenue à l’assemblée nationale tchadienne, le 29 décembre dernier. La loi encadrait notamment la création d'un fonds d’épargne et une série de restrictions dans l’utilisation des revenus du pétrole pour garantir une bonne gouvernance.

« La décision de la Banque, que les concertations en cours ne laissaient nullement présager, survient dans un contexte particulièrement difficile pour le Tchad et surprend par sa brutalité ». Ces mots de Mahamat Ali Hassan, ministre tchadien de l’Economie, du Plan et de la Coopération, répondent à la décision rendue publique vendredi par la Banque mondiale de geler son programme de 124 millions de dollars, du jamais vu au Tchad.

« Nous avions un accord et cet accord a été rompu », avait déclaré vendredi le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz. Le 29 décembre dernier, l’Assemblée nationale tchadienne a en effet adopté une modification de la loi sur le pétrole, votée en 1999, qui régit la gestion des revenus pétroliers. Pour la Banque mondiale, cette loi constituait le fondement de la coopération entre les deux partenaires et surtout devait servir de modèle à travers le monde pour garantir la bonne gouvernance et la bonne gestion dans un domaine souvent opaque en Afrique, celui du pétrole.

La Banque joue sa crédibilité

Alors que l’exploitation du pétrole au Tchad a été très contestée et fait l’objet de nombreuses polémiques, la Banque mondiale, en décidant de s’engager dans ce projet, a joué sa crédibilité. L’institution bancaire internationale a fait de ce programme un projet vitrine.

Elle n’est pas d’accord avec plusieurs amendements opérés par le Tchad. Les plus contestés sont la suppression du fonds pour les générations futures, la notion de secteurs prioritaires élargie à la sécurité ou à l’administration ; et la part revenant au Trésor, qui a été doublée.

Le Tchad fait remarquer que les prêts de la Banque mondiale ne font qu’augmenter la dette extérieure du pays « dont l’encours, fin 2005, s’élève à 872 milliards francs CFA », explique le ministre tchadien de l’Economie et du Plan. « 475 milliards sont dus au seul groupe de la banque (mondiale), tous guichets confondus. Le service de cette dette pèse lourdement sur les finances publiques, privant celle ci d’atouts considérables pour financer son développement ».

La position du Tchad, attendue depuis la veille, jour de l’annonce officielle de la Banque mondiale de suspendre tous ses crédits, est celle de la surprise et de l’apparente fermeté. Alors que le président de la Banque mondiale demande au Tchad de revoir purement et simplement sa décision de modifier la loi portant sur la gestion des revenus pétroliers, le gouvernement invite l’institution financière à reconsidérer sa position. Un dialogue de sourds même si chacune des deux parties a bien tenu à préciser que les négociations n’étaient pas rompues. Paul Wolfowitz a indiqué qu’il aurait le président Idriss Deby au téléphone la semaine prochaine.

Reste à savoir quelle sortie honorable pourra être trouvée. Il n’est guère possible pour le Tchad, dans une situation financière catastrophique, de renoncer à l’appui des bailleurs de fonds et de rompre avec la Banque. Pour autant, revenir totalement sur cette décision semble également peu probable, le président Idriss Deby ayant réitéré son attachement à la souveraineté, « une notion qui place haut la barre des discussions », soulignait un observateur.


par Stéphanie  Braquehais

Article publié le 07/01/2006 Dernière mise à jour le 08/01/2006 à 11:23 TU