UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES – SECTION INFODOC
La Société Nouvelle et L’Humanité Nouvelle,
deux revues cosmopolites et pluralistes
Fabrice WILVERS
Mémoire de fin d’études réalisé sous la
direction de M. Jean-Pierre DEVROEY en
vue de l’obtention du titre de Licencié en
Sciences du Livre et des Bibliothèques
Année académique 2001 – 2002
Je voudrais tout d’abord remercier mes parents pour
m’avoir permis de réaliser ces études, qui trouvent leur
aboutissement logique dans la réalisation du présent
mémoire. Merci aussi à mon frère, à mes amis et à mes
condisciples.
Je sais gré à Monsieur Devroey de la confiance qu’il
m’a montrée en acceptant d’en être le directeur.
Merci aussi à Monsieur Fayt, Conservateur de la
Réserve Précieuse de l’ULB, pour m’en avoir proposé
le sujet, guidé et conseillé tout au long de mes
recherches, et dont l’œil vigilant a été le guetteur
infatigable de tout ce qui pouvait m’aider à mieux en
saisir les contours.
Merci encore à tous ceux qui m’ont aidé à trouver les
informations pertinentes, et quelquefois inédites, dont
j’avais besoin pour écrire ce travail. Je pense tout
particulièrement à messieurs Ivo Rens et Patrick
Galliou, dont les travaux m’ont été d’une grande utilité
et qui ont eu la gentillesse de prendre le temps de
répondre à mes questions, mais aussi à Marie-Rose
Prigent qui m’a expédié des copies de pièces presque
introuvables, et à Jean-Pierre Canon qui a eu la
gentillesse de me prêter d’intéressants documents.
Enfin, merci à tous ceux, ils seraient trop nombreux Ã
citer (responsables de centres de documentation et
d’archives, bibliothécaires, chercheurs), qui ont pris la
peine de répondre à mes courriers électroniques, à mes
lettres ou à mes appels téléphoniques.
2
TABLE DES MATIÈRES
1. Introduction 9
2. Objectifs du travail 10
3. Méthodologie de recherche 12
3.1 Recherches préparatoires
12
3.2 Ressources documentaires
15
4. Contexte historique 16
4.1 Le phénomène des revues en Belgique à la fin du XIX
e
siècle
16
4.2. Les tendances politiques (figurant dans la Société Nouvelle et L’Humanité
Nouvelle)
21
4.2.1 Colinsisme
21
4.2.2 Socialisme
26
4.2.3 Anarchisme
27
4.2.4 Tendances minoritaires (boulangisme, antisémitisme)
34
4.3 La littérature
37
4.3.1 Courants littéraires (présents dans La Société Nouvelle et L’Humanité
Nouvelle)
38
4.3.1.1 Symbolisme
38
4.3.1.2 Réalisme et naturalisme
43
4.3.1.3 Les auteurs nordiques et slaves
45
4.4 Les arts
47
3
5. La Société Nouvelle 48
5.1 La Société Nouvelle : Revue internationale, Sociologie, Arts, Sciences,
Lettres, première série (novembre 1884 - janvier 1897)
52
5.1.1 Le fondateur et secrétaire de rédaction : Fernand Brouez
58
5.1.2 Les autres secrétaires de rédaction : Arthur James
71
Gustave Kahn
82
5.1.3 Le bailleur de fonds : Jules Brouez
84
5.1.4 Les éditeurs : Ferdinand Larcier (Bruxelles)
89
Henry Oriol (Paris)
89
5.1.5 Les principaux diffuseurs : H. Le Soudier (Paris)
91
Albert Savine (Paris)
92
Feikema et Cie (Amsterdam)
94
H. Stapelmohr (Genève)
94
5.1.6 L’imprimeur : Veuve Monnom
94
5.1.7 Liste des collaborateurs
96
5.1.8 Le rayonnement de La Société Nouvelle
101
5.1.9 Le souvenir de La Société Nouvelle
104
5.2 L’Humanité Nouvelle
:
Revue internationale, Sciences, Lettres et Arts (mai
1897 – février 1901, octobre – novembre 1902, mai – décembre 1903, octobre
1906)
107
5.2.1 Les directeurs : Augustin Hamon
114
Charles-Albert
120
M. Heyman
121
5.2.2 Les secrétaires de rédaction pour la Belgique : Paul Deutscher
123
5.2.3 Les secrétaires de rédaction pour la France :
Victor-Émile Michelet
124
Louis Dumont-Wilden
125
5.2.4 Les secrétaire de rédaction pour l’Italie : D
r
Mario Pilo
127
5.2.5 L’administrateur : Gabriel De La Salle
128
5.2.6 L’éditeur : Schleicher Frères (Paris)
130
4
5.2.7 Les principaux diffuseurs : C. Reinwald (Paris)
130
Spineux (Bruxelles)
131
5.2.8 L’imprimeur : Imprimerie Deslis Frères (Tours)
131
5.2.9 Liste des collaborateurs
132
5.3 La Société Nouvelle : Revue internationale, seconde série (juillet 1907 -
décembre 1913)
137
5.3.1 Le directeur : Jules Noël
141
5.3.2 Le secrétaire de rédaction pour la Belgique : Léon Legavre
142
Victor Dave
143
5.3.3 Les secrétaires de rédaction pour la France : Henri Bonnet
145
Jules Heyne
145
5.3.4 L’administrateur : Louis Piérard
146
5.3.5 Les éditeurs : Albert Harvengt (Mons)
148
Schleicher Frères (Paris)
148
Marcel Rivière (Paris)
148
5.3.6 L’imprimeur : Imprimerie Générale (Mons)
150
5.3.7 Liste des collaborateurs
151
5.4 La Société Nouvelle : Revue internationale troisième série (février 1914 -
juillet 1914)
155
5.4.1 Le directeur : Jules Noël
155
5.4.2 Le rédacteur en chef : René de Marmande
156
5.4.3 L’administrateur : Henri Bonnet
156
5.5 Encarts publicitaires
157
5.6 Les éditions de La Société Nouvelle et de L’Humanité Nouvelle
158
6. Ressources documentaires 160
6.1 Ressources électroniques
160
6.1.1 CD-ROMS
160
6.1.2 Catalogues collectifs
160
Belges (LIBIS-NET, ANTILOPE, CCB, ZEBRA, BRONCO)
160
Français (CCFr, BN-OPALE, SUDoc)
162
Autres (RÉRO, Catalogo Italiano Dei Periodici – ACNP)
163
5
6.1.3 Catalogues de bibliothèques universitaires non repris dans des catalogues
collectifs
164
6.1.3.1 Bobst Library de New York
164
6.1.3.2 Biblioteca Universitaria de Bologne
164
6.1.4 Serveur JStor
164
6.1.5 Serveur FirstSearch
165
6.1.6 Serveur Dialog
166
6.1.7 Current Contents
166
6.1.8 Périodiques électroniques
166
6.1.8.1 SwetsNet Navigator
167
6.1.8.2 UncoverWeb
167
6.1.9 Internet
167
6.2 Ressources physiques
169
6.2.1 En Belgique
167
BIBLIOTHÈQUES UNIVERSITAIRES ET DE HAUTES-ÉCOLES
6.2.1.1 Université Libre de Bruxelles (ULB)
169
6.2.1.1.1 Réserve Précieuse
169
6.2.1.1.2 Bibliothèque des Sciences Humaines
169
6.2.1.1.3 Bibliothèque de la Faculté de Droit
170
6.2.1.1.4 Service des Archives
170
6.2.1.2 Facultés Universitaires Saint-Louis (FUSL) de Bruxelles
171
6.2.1.3 Rijks Universiteit de Gent (RUG)
171
6.2.1.4 Les Hautes-Écoles de la Communauté Française
171
AUTRES BIBLIOTHÈQUES
6.2.1.5 Bibliothèque Royale
171
6.2.1.5.1 Salle de lecture - Magasin général, Dépôt Légal,
Bibliographie de Belgique
172
6.2.1.5.2 Service des périodiques
172
6.2.1.5.3 Section de la Réserve Précieuse et de l’Histoire du Livre 173
6.2.1.5.4 Archives et Musées de la Littérature (AML)
173
6.2.1.6 Bibliothèque de l’Institut Émile Vandervelde (IEV)
173
6.2.1.7 Bibliothèque de l’Ordre des Avocats du Barreau de Bruxelles
174
6.2.1.8 Réseau des bibliothèques publiques de Bruxelles-ville
174
6.2.1.9 Stadbibliotheek d’Anvers (SBA)
175
6
CENTRES D’ARCHIVES
6.2.1.10 Archives de la Ville de Bruxelles
175
6.2.1.11 Archives Générales du Royaume (AGR) de Bruxelles
175
6.2.1.12 Dépôt des Archives de l’État du Hainaut de Mons
175
6.2.1.13 Archives notariales de Jules Brouez
176
6.2.1.14 Mundaneum de Mons
177
AUTRES RESSOURCES
6.2.1.15 Maison Larcier de Bruxelles
177
6.2.1.16 Maison Bruylant de Bruxelles
177
6.2.1.17 Service de la population d’Ixelles
178
6.2.1.18 Cimetière d’Ixelles
178
6.2.1.19 Jean-Pierre Canon
178
6.2.1.20 Ivan Prins
178
6.2.1.21 Évelyne Wilwerth
179
6.2.2 Prêt inter-bibliothèques
180
6.2.3 Ressources à l’étranger
180
6.2.3.1 Bibliothèque Jean Maitron du Centre d'Histoire Sociale du XXe
siècle (CHS-XXe, ex-CRHMSS) de Paris
181
6.2.3.2 Musée social du CEDIAS (Centre d’Études, Documentation,
d’Information et d’Actions Sociales) de Paris
181
6.2.3.3 Office Universitaire de Recherches Socialiste (OURS) de Paris
182
6.2.3.4 Bibliothèque de l’Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine
(IMEC) de Paris
182
6.2.3.5 Centre d’Histoire du Travail (CHT) de Nantes
183
6.2.3.6 Université de Bretagne Occidentale de Brest, Centre de Recherche
Bretonne et Celtique (CRBC)
184
6.2.3.7 Patrick Galliou (Université de Brest)
184
6.2.3.8 Société des Études Colinsiennes de Nangy (Haute-Savoie)
184
6.2.3.9 Centre International de Recherche sur l’Anarchisme (CIRA) de
Marseille
185
6.2.3.10 Forum de discussion RA (Recherches Anarchistes) de Montpellier 185
6.2.3.11 Dissidences, bulletin de liaison des études sur les mouvements
révolutionnaires, de Nancy
186
6.2.3.12 Fonds Poulaille de Cachan
187
7
6.2.3.13 Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis (IISG)
d’Amsterdam
187
6.2.3.14 Centre International de Recherche sur l’Anarchisme (CIRA) de
Lausanne
187
6.2.3.15 McLaughlin Library de l’Université de Guelph (Ontario)
188
6.2.3.16 Ivo Rens (Université de Genève)
188
7. Conclusions 189
8. Bibliographie 194
8.1 Bibliographies, tables analytiques, dictionnaires, encyclopédies,
annuaires, répertoires, inventaires, catalogues d’exposition
195
8.2 Monographies
206
8.3 Articles et parties d’ouvrages collectifs
219
8.4 Périodiques consultés
233
8.5 Archives (manuscrits et correspondances)
236
8.6 Sites Internet et listes de discussion / diffusion
241
9. Annexes textuelles 245
9.1Un lapin (1913), de Neel Doff
245
9.2 Extraits de Keetje (1921), de Neel Doff
248
9.2.1 Ce qui est avéré
248
9.2.2 Ce qui n’est pas certain
249
9.3 Débats à propos de la communication de M. Gustave Vanwelkenhuyzen 253
9.4 Récapitulatif de l’année 1890
254
9.5 Liste des bibliothèques de Worldcat possédant une collection de La Société
Nouvelle
255
9.6 Liste des rubriques de La Société Nouvelle première série
256
9.7 Liste des diffuseurs de La Société Nouvelle première mouture
257
9.8 Liste des diffuseurs de La Société Nouvelle dernière mouture
258
9.9 Liste des diffuseurs de L’Humanité Nouvelle en avril 1898
260
8
9.10 Liste des diffuseurs de L’Humanité Nouvelle en juin 1903
261
9.11 Réponse d’A. Hamon au questionnaire de Maurice Caillard et Charles Farot 262
9.12 Hamon et L’Humanité Nouvelle vus par Georges Valois
262
9.13 « Aux anciens abonnés de L’Humanité Nouvelle », par Augustin Hamon
266
9.14 Lettre de Fernand Brouez à Max Elskamp, 4 avril 1896
267
9.15 Lettre de Fernand Brouez à Georges Eekhoud, non datée
269
9.16 Lettre de Arthur James à Valère Gille, 6 janvier 1890
271
9.17 Lettre de Victorine Brouez à Hubert Krains, 26 janvier 1901
273
9.18 Lettre (dactylographiée) de A. Hamon à Max Elskamp, 22 septembre 1897 277
10. Annexes iconographiques A
10.1 Colins
A
10.2 Fernand Brouez
B
10.3 Fernand Brouez
C
10.4 Fernand Brouez, Neel Doff et madame Lemmen
E
10.5 Gustave Kahn
F
10.6 Augustin Hamon
G
10.7 Paul Deutscher
H
10.8 Victor-Émile Michelet
I
10.9 Louis Dumont-Wilden
J
10.10 Louis Piérard
K
10.11 Jules Noël
L
10.12 La Veuve Monnom
M
10.13 Vignettes « Adsit mens populis » et « L’Humanité Nouvelle »
N
Abréviations
SN
= La Société Nouvelle
HN
= L’Humanité Nouvelle
P.
= page
PP.
= pages
Col.
= colonne
Fasc. = fascicule
Vol.
= volume
T.
= tome
Facult. = facultatif
9
1. Introduction
Dans le courant du mois de septembre 2001, nous sommes allé trouver René Fayt,
Conservateur de la Réserve Précieuse de l’ULB, afin de voir s’il n’avait pas des idées de
sujets de mémoire à nous suggérer. Parmi ceux qu’il nous énuméra, celui pour lequel nous
ressentions le plus d’inclination – et que nous avons finalement retenu – portait sur une revue
littéraire et politique belge contemporaine de L’Art Moderne et de La Jeune Belgique : La
Société Nouvelle
1
(1884-1914). Objectivement, deux arguments plaidaient en faveur de ce
choix : premièrement, une collection presque complète de ce mensuel (léguée par l’écrivain
Max Elskamp) était conservée à la Réserve Précieuse ; deuxièmement, ayant fait l’objet de
nettement moins de recherches académiques que ses deux consœurs, nous disposerions d’une
marche de manœuvre d’autant plus souple pour déterminer à quels aspects nous allions nous
intéresser, sans trop devoir nous soucier de ne pas recouper des travaux antérieurs.
De manière plus personnelle, ce sont trois autres raisons qui nous ont décidé. D’abord,
notre intérêt pour la littérature en général et pour l’histoire littéraire en particulier. Or à ces
égards, La Société Nouvelle, internationaliste dès sa création, recèle comme tant d’autres des
trésors qui majoritairement restent oubliés, n’ayant le plus souvent été sollicités que lors de
l’édition des œuvres complètes de l’un ou l’autre grand écrivain, ou encore à l’occasion de
recherches bio-bibliographiques ; qu’il s’agisse d’ailleurs d’œuvres en soi ou de précieux
documents critiques.
Ensuite, R. Fayt ayant mentionné au fil de la conversation l’extrême pluralisme
idéologique de cette revue, il cita certaines de ses tendances politiques ; et notamment le nom
d’un courant socialiste dont nous ignorions jusqu’à l’existence (le colinsisme), ce qui piqua au
vif notre curiosité. Mais ce qui nous détermina réellement à entreprendre ce mémoire fut peut-
être le fait de trouver dans un premier temps si peu d’informations sur la SN, stimulant du
même coup notre envie d’en savoir plus.
1
Dans ce travail, en accord en cela avec les usages divergents constatés dans les divers écrits consultés, nous
écrirons librement tantôt La Société Nouvelle avec un L majuscule pour l’initiale de l’article, et tantôt la Société
Nouvelle avec un l minuscule. L’article ne sera donné en caractères italiques que dans le premier cas. Ces
remarques valent aussi pour la typographie du titre L’Humanité Nouvelle.
10
2. Objectifs du travail
Les objectifs de ce mémoire ont été définis en accord avec celui qui en était le
commanditaire, à savoir monsieur René Fayt. Tout d’abord, il désirait bien évidemment avoir
à sa disposition un historique substantiel de la SN. Puis, il voulait que nous effectuions des
recherches sur les fondateurs, directeurs, rédacteurs en chef et éditeurs, pour en tirer la
matière de notices biographiques ; travail qu’il jugeait intéressant, du fait que les vies de la
plupart de ceux-ci avaient très peu fait l’objet de prospections jusque alors.
Initialement, il nous avait également proposé de rendre compte des courants politiques
et artistiques présents dans cette revue, mais après vérification, il s’est avéré que ce travail-lÃ
avait déjà en grande partie été réalisé par deux étudiants de la K.U.L. Néanmoins, dans le
souci de ne pas négliger l’utilité d’un éclairage historique, nous traiterons brièvement ces
points. Nous essaierons dès lors de nous distinguer de nos deux prédécesseurs, qui ont eux
analysé ces courants de manière généralement fort approfondie, mais quelque peu dissociée
de la revue elle-même. Pour tout dire, nous avons parfois eu l’impression, à les lire, qu’ils
étaient plus intéressés par ce qui tournait autour de la SN, les groupes, les autres revues, les
théories, et qu’elle leur était surtout prétexte à étudier longuement ces éléments – c’est ainsi
qu’ils préfèrent de toute évidence parler des collaborateurs qui se révèlent importants dans le
mouvement d’idées auquel ils appartiennent que de ceux qui ont été décisifs pour l’histoire de
la revue – alors que nous, au contraire, avons voulu par la démarche inverse nous servir de
tout ce qui, situé dans la périphérie de la SN, pouvait contribuer à enrichir la connaissance que
nous en avions
2
.
S’il aurait été théoriquement instructif d’examiner d’autres points a priori moins
2
Notre susdite impression est renforcée par la consultation de leurs bibliographies : elles contiennent
principalement des dictionnaires/répertoires et des livres d’histoire, et pour ainsi dire pas de bibliographies ou de
documents sur l’histoire des revues ; de plus, ils n’avaient visiblement pas connaissance des quelques articles qui
mentionnent la SN et de la monographie que Hem Day lui a consacrée ; ce qui nous fait dire qu’ils sont plus
restés dans l’approche classique de l’historien qui traite d’une époque que de celui qui traite d’un élément de
cette époque (dans notre cas, une revue).
11
intéressants, tels que la présentation, la mise en page, les publicités
3
(leur teneur, leur objet et
leur fréquence) – tant « l’"esprit" d’une revue s’exprime (…) dans son style, son ton, qui ne
dépendent pas uniquement du choix des textes et des auteurs, mais aussi des multiples
éléments qui concourent à la fabrique de la revue : sa formule éditoriale et l’économie des
rubriques, sa typographie et les rapports entre texte et illustration, etc. »
4
; autant avouer
d'entrée de jeu qu’un mémoire est hélas d’un espace insuffisant pour correctement passer en
revue tous ces aspects.
Néanmoins, si nous n’avons pas analysé de manière systématique (par exemple par un
traitement statistique des fréquences d’apparitions) les recensions et les encarts publicitaires,
nous avons quand même effectué un relevé partiel, au petit bonheur la chance, des journaux et
revues les plus fréquemment cités dans la SN (nous n’avons pas fait de même pour
L’Humanité Nouvelle, car l’ULB n’en possède que quatre ou cinq numéros, répartis entre la
Réserve et le SILO ; cette revue n’a été consultée que plus tard, dans d’autres bibliothèques) –
ce qui nous a permis de nous faire une idée de l’étendue de ce que nous appellerions sa
« sphère d’affinités » ; car ces éléments pouvaient nous aider à clarifier nos idées sur la SN :
c’est ainsi que nous avons noté les noms de quelques revues « sympathisantes » à inclure dans
nos recherches.
Ceci nous amène à exposer notre méthodologie de recherche…
3
Non pas les publicités « purement commerciales », telle l’une que nous avons trouvée encartée dans un numéro
du T. 29 de la SN (collection de l’IEV) pour un magasin de lingerie et parfumerie, mais celles pour des revues ou
des livres, qui peuvent nous en apprendre long sur les liens et les affinités que la Société Nouvelle entretenait
avec le monde intellectuel de son temps.
4
Olivier Corpet, « Les Revues littéraires », in CD-ROM Encyclopaedia Universalis. Quand dans ce travail nous
citerons des extraits d’articles de cette encyclopédie, nous ne mentionnerons pas les volumes et les numéros de
pages de la version-papier correspondante, même s’ils sont indiqués dans le CD-ROM.
12
3. Méthodologie de recherche
3.1 Recherches préparatoires
Notre approche initiale consista à rassembler le plus d’informations possibles sur la
Société Nouvelle et l’HN, en vue d’une part de voir si ce sujet nous attirait suffisamment pour
que nous nous y intéressions pendant un an ; et d’autre part de réaliser un état des lieux de ce
qui avait été écrit sur la SN, afin de discerner dans quelle mesure notre sujet était toujours
vierge ou déjà en partie défriché et dans ce cas, de le recentrer pour l’aborder sous un angle
inédit. Nous avons amorcé ces recherches préliminaires en compulsant quelques numéros de
la revue, pour récolter des éléments de base sur son évolution, tels que les noms des
principaux responsables et collaborateurs, les tendances politiques et artistiques revendiquées,
mais aussi tout simplement afin de nous imprégner du sujet et du contenu des articles.
C’est ainsi que, finalement, nous avons pu en tracer une ébauche de « portrait-robot » :
une revue francophone belge puis belgo-française, à cheval sur le XIX
e
et le XX
e
siècles
(1884-1914), qui s’intéressait à la fois à la politique, à la philosophie, à la sociologie, à la
littérature et aux mouvements artistiques.
Si sa naissance est placée sous les auspices du colinsisme (idéologie socialiste
rationnelle), elle n’en sera pas moins par la suite marquée par l’anarchisme et ouvrira ses
pages à tous les socialistes en général, ainsi qu’aux avant-gardes artistiques jugées les plus
progressistes (symbolisme, naturalisme).
La multiplicité des tendances artistiques et idéologiques représentées dans La SN et
L’Humanité Nouvelle – tantôt qualifiées (l’une, l’autre, ou les deux) d’intellectuelles, d’avant-
gardistes, de symbolistes, d’anarchistes, de colinsistes, de bastions de l’art social (notons que
Dumont-Wilden, de L’Humanité Nouvelle, et Piérard, de la seconde Société Nouvelle, seront
plusieurs fois les orateurs invités des conférences de la Section d’Art de la Maison du
Peuple)… nous a incité à multiplier en réponse nos axes de recherche. Les voici :
13
L’art et la littérature belges Les courants politiques
et français (1880-1914) (1880-1914)
le symbolisme ;
le naturalisme ;
la poésie symboliste ;
la littérature prolétarienne ;
la littérature socialiste ;
les avant-gardes littéraires et
artistiques ;
les revues littéraires ;
les revues symbolistes ;
les rapports entre les revues
belges et françaises ;
l’art social belge (Section
d’Art de la Maison du
Peuple et POB).
le socialisme ;
l’anarchisme ;
le colinsisme ;
les socialismes utopiques en
général ;
les périodiques socialistes ;
les périodiques anarchistes ;
les périodiques colinsistes ;
La presse bruxelloise ;
La presse hennuyère.
Nous nous sommes en outre particulièrement intéressé aux thèmes issus de la
conjonction de deux ou plusieurs des sujets énoncés ci-dessus (ex. : art et socialisme,
symbolisme et anarchie). Mais en cours de recherches nous en avons délaissé certains autres.
Par exemple, les liens pouvant exister entre le POB et la Société Nouvelle, sur lesquels nous
n’avons rien trouvé
5
. Par ailleurs, nous nous sommes assez vite aperçu que non seulement sa
genèse, mais aussi son développement ultérieur, étaient pour partie liés à l’histoire de
l’Université de Bruxelles, tout comme l’aventure de La Jeune Belgique l’était à celle de
l’UCL. D’abord, parce que ses deux co-fondateurs (Fernand Brouez et Arthur James) y
avaient suivi leurs études
6
juste avant la création de la SN ; ensuite pour la raison que certains
de ses collaborateurs y ont occupé des charges de professeurs (F. Brouez, E. Picard, Eugène
de Roberty, Élie et Élisée Reclus,…), voire de doyens (Dwelshauvers, de la Faculté de
5
Celui qui s’y intéresserait devrait peut-être chercher quelque peu du côté de l’Université Nouvelle, où plusieurs
des plus importants membres de la SN ont enseigné, et dont Le Peuple annonçait hebdomadairement, dans un
encadré, les horaires et intitulés des cours, mais peut-être ne s’agissait-il que de publicités que nous n’avons pas
explicitement perçues comme telles.
6
Tout comme les futurs collaborateurs Dumont-Wilden et Piérard.
14
Philosophie et Lettres) ou de recteurs (Hector Denis, Guillaume De Greef, ce dernier ayant
présidé à la destinée de l’Université Nouvelle, issue de la scission de 1894 entre l’université
« traditionnelle » et le futur Institut des Hautes Études). En outre, un des collaborateurs de la
revue, Georges Dwelshauvers, avait déjà été l’objet d’un conflit universitaire au début des
années nonante
7
; et c’en est un autre, Élisée Reclus, qui est à l’origine de la susdite scission,
suite à la suspension de son cours par les autorités académiques
8
qui craignaient – en ces
temps de lanceurs de bombes et autres dynamiteurs anarchistes – des remous provoqués par
ses opinions libertaires. De plus, c’est Hector Denis, collaborateur de la revue et à l’époque
délégué de la Faculté des sciences au Conseil d’administration
9
, qui lui avait proposé une
place de professeur à l’ULB ! Tout cela pour expliquer aussi pourquoi un Edmond Picard est
revenu à plusieurs reprises sur la création de l’Université Nouvelle dans ses articles
10
.
Pour ce qui est des villes auxquelles la Société Nouvelle peut être directement ou
indirectement liée, citons Bruxelles, Mons et Paris, villes où elle fut éditée ; Amsterdam et
Genève (lieux de diffusion) ; ainsi que le petit village hennuyer de Wasmes, où naquit son
fondateur et Ixelles, où il a habité. Outre la France et la Belgique, il existait peu d’endroits
intéressants pour notre recherche, mais nous avons quand même examiné si rien de notable
n’était à découvrir sur le territoire suisse
11
, puisque le disciple favori de Colins était un
industriel suisse : Adolphe Hugentobler
12
.
Bien sûr, de nouvelles possibilités d’investigation non prévues ont surgi au fil de nos
fouilles ; c’est ainsi que par exemple nous avons opéré quelques incursions dans le monde
judiciaire bruxellois des années 1880 (cf. Arthur James).
7
Car son mémoire en philosophie relevait en fait de la psychologie.
8
À l’encontre de l’avis unanime des membres de la Faculté de sciences (Francine Noël, 1894 : l’Université
Libre de Bruxelles en crise, préf. de Jean Stengers, introd. par Andrée Despy-Meyer. Éd. de l’Université de
Bruxelles, Coll. du Service des Archives de l’ULB, 1988, p. 14).
Dans ce mémoire, les références se trouvant en notes de bas de pages suivront un schéma de présentation
abrégé : Auteur, Titre. Éditeur, Collection, année, page(s) (le lieu n’est indiqué que quand il s’agit d’ouvrages
que nous n’avons pas eu en main, par exemple quand nous énumérons les œuvres d’un auteur auquel nous
consacrons une notice). Les références complètes sont reprises au chapitre 7.
9
Francine Noël, ibid.
10
Une fois en mai 1894 (SN n° 113, pp. 627-645) une autre en octobre 1895 (SN n° 130, pp. 463-480) et enfin
une dernière en octobre 1897 (HN n° 5).
11
Via le catalogue collectif de Suisse romande, le RÉRO.
12
Un autre « grand disciple » est l’homme politique et philosophe espagnol Ramón de la Sagra, mais nous avons
délaissé cet axe de recherche, car il est lié à la période cubaine de Colins, où il devient agriculteur sur la plus
grande des îles antillaises, et n’est en aucune façon lié à la SN.
15
3.2 Ressources documentaires
Une fois ceci fait, nous avons dû nous informer des études et recherches qui avaient
été réalisées soit sur la Société Nouvelle, soit sur ceux qui l’ont créée, administrée et fait
évoluer. Pour ce faire, nous avons premièrement interrogé les ressources électroniques à notre
disposition. Celles-ci nous ont renvoyé différents types d’informations.
D’abord, bien entendu, des références de documents – bibliographies, monographies,
articles, mémoires et thèses – que nous devions ensuite localiser. Nous avons à chaque fois
privilégié les localisations les plus proches, à savoir celles se rapportant à des bibliothèques
bruxelloises (et plus spécialement les bibliothèques de l’ULB et les départements de la
Royale). Quand rien n’était accessible sur Bruxelles, soit nous usions du prêt inter-
bibliothèques, soit nous nous rendions sur place (car il s’agissait d’ouvrages qu’on ne peut
emprunter – p. ex., ouvrages anciens, collections de périodiques –, ou bien encore parce qu’il
y en avait trop), sauf quand il ne se trouvait pas en Belgique d’exemplaire des documents en
question. Dans ce cas, nous avons systématiquement essayé d’obtenir qu’on nous envoie une
copie ; ou sommes encore passé par le canal du prêt inter-bibliothèques international, quand le
nombre de photocopies nécessaire devenait excessif.
Ensuite, nous avons eu connaissance de fonds spécialisés pouvant intéresser notre
sujet, puis nous les avons contactés (le plus souvent par e-mail, mais aussi par courrier postal
quand nous ne disposions pas de l’adresse électronique ou qu’il n’y en avait pas).
Enfin, nous avons découvert des noms de chercheurs – professionnels ou amateurs –
ayant travaillé sur des sujets proches du nôtre par l’un ou l’autre aspect ; et par là même
susceptibles de se révéler d’utiles personnes-ressources.
Nous détaillerons les ressources utilisées et les personnes contactées au chapitre six,
afin de permettre au lecteur de rentrer plus vite dans le vif du sujet : l’étude de la revue elle-
même, précédée de quelques historiques pour en esquisser le contexte.
16
4. Contexte historique
4.1 Le phénomène des revues en Belgique à la
fin du XIX
e
siècle
Les revues sont au XIX
e
siècle le média par excellence de la vie intellectuelle et
artistique, et la Belgique n’échappe pas à cette vogue : entre 1830 et 1860, notre pays en
produira de cinq à vingt par an
13
; entre 1860 et 1880, une moyenne de vingt-cinq. Mais c’est
à la fin du siècle qu’elles connaîtront leur apogée, avec une efflorescence absolument sans
précédent : ainsi dans sa Belgique littéraire
14
, Remy de Gourmont, qui pourtant s’avoue
absolument néophyte en la matière, en connaît plus de trente pour la période qui va de 1880 Ã
1914. En fait, il s’en crée plus de trois par mois (certaines bien sûr ne comportant qu’un
unique numéro), au point que Bruxelles pouvait presque sur ce point concurrencer la capitale
française, où selon le recensement de Roméo Arbour
15
il exista quelques cent quatre-vingts
revues littéraires entre 1900 et 1914. Les seules revues d’avant-garde françaises et belges
entre 1870 et 1914 sont plus de 300
16
. « Par leur nombre, ces revues témoignent de la
croissance de l’activité intellectuelle [en Belgique] entre 1830 et 1900. Cette évolution reflète
fidèlement le développement culturel du pays, fondé sur un recrutement élargi du système
scolaire et l’accumulation du capital économique»
17 18
.
Souvent, elles ont une simple portée généraliste (et non pluraliste, comme la SN), mais
il arrive que certaines se consacrent à un domaine particulier, soit bien souvent l’art ou la
13
Réparties à peu près équitablement entre les deux langues nationales.
14
Remy de Gourmont, La Belgique littéraire. Éd. Georges Crès & Cie, 1915, pp121-125.
15
Les Revues littéraires éphémères paraissant à Paris entre 1900 et 1914, répertoire descriptif. Librairie José
Corti, 1956.
16
Olivier Corpet, Patrick Fréchet, avant-propos de Maurice Caillard, Charles Forot, Les Revues d'avant-garde :
1870-1914. Place, Coll. Ent’revues, 1990, p. 5.
17
Paul Aron, La Belgique artistique et littéraire : une anthologie de langue française, 1848-1914. Éd.
Complexe, 1997, p. 509.
18
Nous dérogerons dans notre mémoire à l’usage établi en matière de présentation de citations, qui prescrit
généralement que celles qui ont quatre lignes ou plus soient détachées du corps de texte, avec un interligne
amoindri et une plus large justification des marges, dans un but de mise en évidence typographique. Nous
n’avons pas souscrit à cette option pour ne pas briser trop fréquemment la continuité de la présentation de notre
17
littérature, ce qui est tout particulièrement le cas lors des années 70-80, deux décennies
caractérisées par la spécialisation des revues. Cette spécialisation se greffe parfois sur une
différenciation par orientation idéologique : « les familles politiques assurent la parution
d’organes périodiques qui approfondissent les analyses publiées dans leurs quotidiens. Les
catholiques fondent La Revue Générale en 1865, le libéralisme possède La Revue Belge
(1835-1843), La Revue de Belgique (1846-1850, 1869-1914) et (…) La Revue trimestrielle
(1854-1869) »
19
.
Finalement, qu’est-ce qui les différencie des quotidiens, à part la périodicité ? En
1907, Georges Sorel fait cette réponse à Berth : « "Les journaux font du journalisme ; les
revues font de la culture ; il ne faut pas se laisser aller à confondre les rôles. " (…) Une autre
fonction essentielle des revues tient à leur rôle dans la circulation des textes et des auteurs au-
delà des frontières linguistiques ou culturelles. Certaines revues furent à ce titre de
remarquables « échangeurs » de littératures, soit en publiant régulièrement des chroniques sur
les « lettres étrangères », soit plus directement encore en traduisant des textes. (…) Pour
beaucoup d’écrivains – et non des moindres –, le passage par les revues a souvent marqué un
moment essentiel de leur carrière littéraire. Nombre de premiers livres furent d’ailleurs des
recueils de textes préalablement publiés en revues »
20
.
Les grandes revues belges des années 1880-1914 sont La Jeune Belgique (fondée par
Albert Bauwens) et L'Art moderne (dirigée par Edmond Picard), qui ont toutes deux vu le jour
en 1881. Si ces deux revues sont celles qui ont le plus marqué le dernier quart du XIX
e
siècle
(constat qu’on est bien amené à poser lorsqu’on regarde le nombre moindre de travaux
académiques qui leur sont consacrés), elles sont suivies de très près par La Wallonie (qui
paraît pour la première fois en 1886, sous l’impulsion d’Albert Mockel) et surtout La Société
Nouvelle (née en 1884).
Ceux qui en sont les animateurs sont bien souvent jeunes et animés d’une volonté de
faire changer les choses : pour ne parler que d’eux, A. James et F. Brouez n’ont pas vingt-
quatre ans lorsqu’ils fondent la Société Nouvelle
21
. Et ils publient des textes dans des revues
texte (les extraits cités sont en effet relativement nombreux). Les citations n’en seront bien sûr pas pour autant
privées de guillemets ouvrants et fermants.
19
Paul Aron, ibid.
18
depuis qu’ils ont vingt ans.
Outre les quatre déjà citées, nous pourrions en énumérer bien d’autres : Le Cercle des
Vingt, La Libre Esthétique, Le Journal des Beaux-Arts, La Pléiade, L'Artiste, La Nervie, La
Revue Rouge, Le Réveil : Recueil Mensuel de Littérature et d'Art, L’Art Social, La Revue
Rouge, Stella, L’Art Jeune, La Vie Nouvelle, Durandal, La Nervie, Le Thyrse… Tant de
revues ne pouvaient que susciter les débats, qui tournent parfois au conflit de personnes ; tant
tout ce qui contribue à l’expression exaltée des idées et des théories est le bienvenu. Les
oppositions de points de vue et de conceptions artistiques font rage : La Jeune Belgique
combat L’art Moderne (« l’art social » contre « l’art pour l’art ») , Le Coq Rouge conteste La
Jeune Belgique… Des clans se forment, des dissensions voient le jour, des revirements
s’opèrent. L’exaltation est telle qu’il ne paraît pas exagéré de régler ses différends par un duel
(Edmond Picard contre Albert Giraud, en 1885, qui n’aura par bonheur pas de conséquence
malheureuse). Aux polémiques viennent se greffer les dures réalités d’une concurrence serrée,
auxquelles nulle revue n’échappe.
Les revues sont quelquefois l’organe de communication d’un parti, le support d’une
idéologie. Relevons quelques titres de la mouvance colinsiste, de toutes périodicités
(hebdomadaire, mensuelle, bimestrielle), belges – La Terre (créée en 1905), L’Idéal
Philosophique, La Tribune du Peuple, La Question Sociale
22
, La Réforme Sociale –, français
– L’Ordre Social
23
, La Régénération Sociale
24
, Le Bulletin de la Ligue pour la
Nationalisation du Sol, La Revue de l’Impôt Unique) –, ou belgo-français (La Philosophie de
l’Avenir
25
). On constate la récurrence de l’adjectif « social », et en effet ces périodiques
proposent surtout des articles politiques centrés sur la société et montrent beaucoup moins
d’intérêt pour les arts et les sciences que La Société Nouvelle.
Et pour ce qui est des revues de la militance anarchiste ou anarchisante (nous
expliquerons plus loin en quoi la Société Nouvelle diffère de ces dernières, bien qu’elle leur
20
Olivier Corpet, « Revues littéraires », in CD-ROM Encyclopaedia Universalis ou à l’URL :
http://www.arfe-
cursus.com/revues.htm
.
21
Bien sûr, pour fonder un organe qui coûte autant d’argent qu’une revue, il va sans dire qu’il vaut mieux être
issu de la bourgeoisie.
22
Fondée par Octave Berger.
23
Fondée par Adolphe Seghers.
24
Fondée par Raymond Broca.
25
Fondée par Frédéric Borde.
19
soit parfois abusivement assimilée), elles seront rarement aussi nombreuses qu’à cette époque
(rien que sur les communes bruxelloises, et toujours pour la période 1880-1914, il s’en crée
plusieurs dizaines, certes parfois éphémères
26
) : Les Droits du Peuple et Le Drapeau Rouge
en 1880, L’Insurgé, Le Peuple, Ni Dieu Ni Maître et La Guerre Sociale en 1885,
L’Anarchiste, L’Interdit et le Fer Rouge en 1886, Le Drapeau Noir en 1889, La Réforme
Sociale en 1890, L’Homme Libre en 1891, L’Armée Nationale, La Lutte pour l’Art,
L’Étincelle, La Misère et L’Antipatriote en 1892, La Débâcle en 1893, Le Pygmée en 1895,
L’An-archiste en 1898, L’Effort Éclectique en 1900, L’Émancipation en 1901, Le Flambeau
en 1902, L’Utopie en 1904, L’Affranchi, Le Feuillet Libre, Jean Misère et L’Émancipateur en
1906, La Prochaine Humanité en 1907, Le Révolté en 1908, Le Gueux en 1909, En Marge et
Le Combat Social en 1912
27
, Haro en 1913, L’Action Anarchiste en 1914
28
…). Mais toutes ne
sont pas d’égales valeur, importance ou influence. Le revuiste Flor O’Squarr note pour sa
part, dans ses Coulisses de l’anarchie
29
, qu’« en langue française, il n’est guère que quatre
journaux importants », dont un seul est publié à Bruxelles (L’Homme Libre).
*
D’un point de vue économique et financier, la « "publication collective et périodique"
permet la formation d’un "public d’habitués" »
30
. De plus, « pour une mise de fonds
relativement modeste, elle offre un profit de légitimité non négligeable. (…) La revue satisfait
également aux besoins de distinction des groupes et des écoles littéraires, et en particulier Ã
ceux des avant-gardes, par définition peu dotées et minoritaires »
31
.
Finissons cette mise en perspective sur une réflexion d’Olivier Corpet : « Le monde
des revues constitue un champ de recherches et de réflexions encore largement inexploré.
26
Sans tenir compte de celles en Néerlandais.
27
Pour avoir la liste pour toute la Belgique, voir Jan Moulaert, Le Mouvement anarchiste en Belgique (1870-
1914). Quorum, p. 387. Quelques-uns des journaux anarchistes bruxellois dont Schaner fait le relevé dans son
mémoire (Contributions à l'histoire du mouvement anarchiste en Belgique de 1880 à 1894. ULB, 1965, pp. 190-
192) ne sont pas cités par Moulaert : la Guerre sociale en 1883, l’Idée en 1894, l’Idée libre 1901. Certains ne
sont cités ni par l’un ni par l’autre : La Liberté en 1885 et La Torche en1886 (Max Nettlau, Bibliographie de
l’anarchie, préf. d'Elisée Reclus. P.-V. Stock, Bibliothèque des « Temps Nouveaux », 1897, p. 114).
Cela résulte peut-être d’une divergence dans leur façon d’apprécier si une revue est ou non anarchiste.
28
Nous n’avons pas cité les revues qui portaient le même nom, ne pouvant savoir s’il s’agissait ou non de la
résurrection d’un même périodique ou bien de coïncidences.
29
Savine, 1892.
30
Alain Viala, Naissance de l’écrivain. Éd. de Minuit, 1985, cité par Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
20
Cela tient pour une bonne part aux difficultés qui s’attachent à ce type d’investigation :
collections incomplètes, catalogues approximatifs, archives dispersées ou perdues,
témoignages partiels. Cet état souvent déplorable du patrimoine des revues ne suffit pourtant
pas à justifier l’écart patent entre l’importance du phénomène revue et la relative
méconnaissance dont il est l’objet. La raison principale de cette différence semble être que
jusqu’à présent, sauf exception, la revue n’a jamais été considérée – et donc étudiée – comme
un genre en soi, autonome, avec ses spécificités, ses rythmes, ses logiques, son économie, qui
se distingue nettement du livre et de la presse, quotidiens ou magazines »
32
.
31
Paul Aron, « Revue », in Paul Aron, Denis Saint-Jacques, Alain Viala, Le Dictionnaire du littéraire. PUF,
2002, p. 521.
32
Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
21
4.2. Les tendances politiques figurant dans
La
Société Nouvelle
Nous allons maintenant traiter ceux des dogmes politiques relayés par la SN que nous
jugeons les plus significatifs de sa diversité. À l’époque, « le paysage idéologique belge (…)
ne se réduit pas au colinsisme, loin s’en faut : les sectes [sic] radicales y pullulent ; la
Belgique, terre de grandes passions idéologiques, a engendré un grand nombre de fouriéristes,
de saint-simoniens et de proudhoniens – et plus tard, de socialistes marxistes, d’anarchistes
kropotkiniens et de disciples d’Élisée Reclus… »
33
.
Nous essaierons, comme plus loin pour les théories littéraires, de traiter en parallèle de
l’histoire de chaque mouvement et des particularités de sa représentation dans la Société
Nouvelle.
4.2.1 Colinsisme
Si nous commençons par ce mouvement plutôt que par un autre, c’est uniquement
parce que c’est celui dans lequel a grandi le fondateur de La Société Nouvelle, Fernand
Brouez.
Le colinsisme ou socialisme rationnel est une doctrine fondée par le belge Jean-
Guillaume Hippolyte Colins de Ham. Bien que se réclamant de l’athéisme, elle repose sur une
transposition des principales thèses du christianisme dans un registre rationaliste et prétend
démontrer l’immatérialité des âmes. En conséquence de quoi, elle se veut anti-matérialiste et
remplace Dieu par le Logos, autrement nommé « éternelle justice ».
Même si l’on a compté des disciples suisses et cubains
34
, elle s’est surtout développée
en France, et en Belgique où elle a même réussi à faire son entrée au Sénat, avec un discours
du sénateur Théophile Finet, le 18 mai 1892
35
.
33
Marc Angenot, Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social, préf. de Madeleine
Rebérioux. Presses Universitaires de Vincennes, 1989, p. 139.
34
Ces nationalités correspondent peu ou prou aux pérégrinations de Colins.
22
Selon certaines sources consultées, il apparaîtrait qu’elle s’apparente en fait à une
forme de libéralisme absolu, mais la complexité d’interprétation du colossal
36
corpus
théorique qui la sous-tend, souvent mêlé de métaphysique, rend malaisée la compréhension et
périlleuse toute tentative de résumer en quelques paragraphes les aspects significatifs de ce
dogme
37
.
D’ailleurs, la confusion, ou à tout le moins l’approximation semblent souvent régner
quand on cherche à cerner Colins en peu de mots, par exemple « auteur du Pacte social et père
spirituel du socialisme belge non-marxiste »
38
ne veut pas dire grand chose. C’est pourquoi
nous ne nous risquerons pas à discourir plus longuement sur ce système, pour passer à la vie
de celui qui lui donna son nom
39
.
Jean-Guillaume-César-Alexandre-Hippolyte Colins de Ham, titulaire d’un titre de
Baron et Chevalier de la Légion d’Honneur, est un philosophe et publiciste né à Bruxelles en
1783 et mort à Paris en 1859. Officier de l’armée impériale, naturalisé français, planteur de
café et médecin à Cuba (où il possédera des esclaves et fera la promotion de nouvelles
techniques de traitement du tabac
40
) ; il s’enorgueillit par ailleurs « d’avoir été ferblantier,
tourneur, menuisier, charpentier »
41
et a de réelles connaissances en médecine vétérinaire
(mais dans le même temps il croit dur comme fer à l’insensibilité des animaux).
Il fut un des premiers théoriciens d’une forme de socialisme qu’on appellera plus tard
« colinsisme », mais que de son vivant on désigne généralement par des appellations aussi
diverses que « socialisme rationnel », « logoarchie », « logocratie », ou encore « collectivisme
rationnel » et, plus rarement, « sociologie intégrale » (sous ce dernier intitulé, elle fera
d’ailleurs l’objet d’un cours donné à l’Université Nouvelle de Bruxelles par Victor Lafosse).
Méprisé par Marx, car sa théorie jugeait-il laissait « subsister le travail salarié et donc la
production capitaliste »
42
, il est un des précurseur de la socialisation agraire
43
.
35
Jules Noël, Un philosophe belge, Colins (1783-1859). Éd. de la Société Nouvelle, 1909, p. 60.
36
Une Quarantaine de volumes parus, et des milliers de pages restées inédites.
37
La seule Introduction au socialisme rationnel de Colins de Rens compte déjà près de 550 pages.
38
Didier Brissa, « Belgique, état des lieux d’une non-nation », in Archipel n°46. Forum Civique Européen
(FCE). Aussi disponible à l’URL :
http://users.skynet.be/AL/archive/98/d-avril/belgique.htm
.
39
Pour une approche synthétique, voir Guido Van Genechten, qui dans son mémoire consacre une dizaine de
pages à Colins et à ses théories, et 35 autres au mouvement colinsiste.
40
Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel de Colins. La Baconnière, Coll. Langages, p. 73.
41
Cité par Ivo Rens, op. cit., p. 65.
42
Cité par Ivo Rens, op. cit., p. 9.
23
Les penseurs qu’il étudia et qu’il fit participer à sa construction intellectuelle et Ã
l’élaboration de sa doctrine sont d’abord Condillac et Laromiguière, puis Bonald, de Maistre
et Lammenais.
Colins était absolument convaincu que son système allait constituer une révélation
capitale pour l’humanité : « Jamais homme ne fut plus sûr que Colins d’avoir non seulement
trouvé mais encore démontré la vérité, l’absolu. La métaphysique, la morale, le droit, la
politique, l’économie, voire l’histoire, s’en trouvaient révolutionnées au point d’être enfin
promues au rang de sciences réelles »
44
. Ses disciples le sont tout autant : « La révolution faite
par Galilée dans les sciences physiques ne peut donner qu’une faible idée de la révolution que
nous allons tenter au sein des philosophies actuelles »
45
. Ce qui met en évidence le caractère
religieux, presque à l’extrême, du colinsisme ; au moins pour ce qui concerne la première
génération de disciples, celle qui sera la plus sensible aux aspects spirituels du dogme
46
.
Une des caractéristiques remarquables du colinsisme est que, au contraire des
fouriéristes ou des positivistes, ses membres « ont été immuablement orthodoxes. Ils l’ont été
jusqu’à l’"inertie doctrinale", défendant bec et ongles tous les détails des découvertes
scientifiques du maître (…) sans se permettre d’y retrancher ni rajouter rien »
47
. Ceci explique
peut-être que le mouvement se soit fossilisé
48
.
Pour ce qui est du style, ses écrits ont « une tournure caustique (…), n’épargnant rien
ni personne »
49
, mais c’est son caractère abscons et touffu qui constitue sa caractéristique la
plus significative : « On peut le comparer – écrit l’historien socialiste H.P.G. Quack – (…) Ã
l’un de ces glossateurs du Moyen-Age qui, avec une patience tenace, tiraient des textes des
Pandectes et tâchaient de les éclaircir. La forme de ses livres est un enchaînement de citations
et de remarques à propos de ces citations. Ces livres ressemblent beaucoup à ces collections
43
Notons pour mémoire que Eugène Fournière lui attribue l’invention du mot « collectivisme », ce qui sera
repris comme un seul homme par la plupart des auteurs de notices biographiques sur Colins, mais Ivo Rens croit
cette assertion erronée (op. cit., p. 11).
44
Ivo Rens, op. cit., p. 104.
45
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979,
p. 47.
46
Ivo Rens, William Ossipow, op. cit., p. 40.
47
Marc Angenot, Colins et le socialisme rationnel. Presses de l’Université de Montréal, 1999, p. 136.
48
Après toutefois que certains aient tenté de le renouveler, par exemple lors de scission de 1891 qui toucha les
anciens du groupe de J. Brouez.
49
Ivo Rens, op. cit., p. 105.
24
de notes que rassemble maint auteur avant de donner à son ouvrage la forme de l’œuvre
d’art »
50
.
En 1818, il prend part à une expédition aux États-Unis d’Amérique, et 1819 il
débarque à Cuba, où il restera près de douze ans. En 1828, il devient « procureur du
Protomedicato à Guamutas et professeur de médecine et de chirurgie à La Havane »
51
.
Si sa doctrine est presque inconnue aujourd’hui, il en était déjà presque de même il y a
un siècle, à l’exception de rares disciples
52
: « Ni lue ni comprise, la Science sociale de Colins
est demeurée lettre morte pour tous, mais pour une poignée d’hommes (qui n’avaient
d’ailleurs rien de marginal par l’éducation ou par l’origine sociale) elle a figuré la vérité la
plus vivifiante et la plus salvatrice»
53
. Parmi ceux-ci, le premier d’importance en Belgique fut
le républicain Louis De Potter, chef du gouvernement provisoire après la révolution de 1830.
Son fils Agathon suivit la voie paternelle en collaborant très activement à La Philosophie de
l’Avenir, Revue du Socialisme Rationnel (1875-1914), organe de presse officiel du colinsisme
créé par le Français Frédéric Borde, très attaché au dogme colinsiste et bien sûr beaucoup
moins ouvert et pluraliste que le sera la « dissidence » constituée par La Société Nouvelle.
Néanmoins, ceux qui y collaborent « savent parfois déchiffrer l’actualité et ont reçu de Colins
le talent pervers de déconstruire toutes les pensées et les doctrines nouvelles (…), s’emparent
de toute idée qui paraît et la réduisent en morceaux »
54
.
Colins meurt le « 11 ou 12 novembre 1859 »
55
. Pour la petite histoire, il est enterré au
cimetière de Montrouge, à Paris. Retenons de lui qu’il avait au plus haut point cette qualité
propre à certaines figures romantiques, qu’il savait conjuguer l’esprit d’aventure (les périples
dans des pays exotiques et des terres lointaines) avec la rigueur propre à l’élaboration d’une
doctrine où l’hermétisme le dispute à l’intransigeance du dogme.
Si le colinsisme est de nos jours complètement ignoré, jusqu’à son nom qui est tombé
dans l’oubli, force nous est de reconnaître que sa renommée n’était guère plus étendue à la fin
50
Ivo Rens, op. cit., p. 107.
51
Ivo Rens, op. cit., p. 73.
52
Qui semblent le plus souvent être des bourgeois et des intellectuels ; le colinsisme, exigeant pour être
assimilée une étude minutieuse et prolongée des textes du maître, était peu propice à circuler dans le prolétariat.
53
Marc Angenot, op. cit., p. 143.
54
Marc Angenot, op. cit., pp. 139-140.
25
du XIX
e
, ou même du vivant de Colins
56
; même si il sut en son temps influencer des penseurs
importants (César De Paepe – qui y puise l’idée du passage de la terre à la propriété
collective
57
–, les De Potter père et fils, mais aussi É. Vandervelde qui « étudie la
collectivisation du sol en se référant tant au colinsisme qu’au marxisme »
58
, ou encore le futur
sénateur socialiste et co-créateur du Mundaneum Henri La Fontaine
59
). Eugenia Herbert nous
dit qu’il eut une influence considérable en Belgique
60
. Et peut-être est-ce là une des
caractéristiques de son peu de notoriété : le socialisme rationnel influençait plus qu’il ne
recrutait, certaines des idées qu’il promouvait se retrouvait finalement chez des personnes qui
ne se revendiquaient pas, ou pas durablement, de cette philosophie politique.
55
Ivo Rens, op. cit., p. 168.
56
Encore que son nom, à en croire Ivo Rens, ait été fort cité lors des débats de la Première Internationale
(Introduction au socialisme rationnel de Colins, p. 10).
57
César de Paepe, Entre Marx et Bakounine : César De Paepe. Correspondance prés. par Bernard Dandois.
François Maspero, Centre d’histoire du syndicalisme, 1974, p. 22.
58
Ivo Rens, op. cit., p. 11.
59
P. Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard Ã
Émile Verhaeren. Ed. Labor, Coll. « Archives du futur », 1997, p. 66.
60
Eugenia Herbert, The Artist and social reform in France and Belgium, 1885-1898. Yale University Press, Yale
historical publications, Miscellany 74, 1961, p. 10.
26
4.2.2 Socialisme
Le socialisme dont nous allons – brièvement – parler ici est celui qui vise à parvenir au
pouvoir, le socialisme organisé en parti politique ; soit dans notre pays celui qu’on associe,
pour la période qui nous concerne, à l’émergence et au développement du POB ; car bien sûr
le colinsisme et l’anarchisme se définissent eux aussi comme socialistes (rationnels pour les
uns, antiautoritaires pour les autres).
Dans les années qui précèdent la naissance du POB (1885), se créent en Flandre des
structures à visées sociales qui ont vocation à assumer toutes sortes de missions
d’« encadrement du peuple » (comme le Vooruit de Gand, qui dès 1880 est à la fois une
coopérative, une mutualité, une maison d’édition…).
Le Parti Ouvrier Belge, mis sur pieds par les socialistes flamands et les bruxellois,
rejoint en 1890 par les wallons, fait très rapidement la démonstration éclatante de sa puissante
aptitude à organiser la contestation, comme dans la grève de 1891 pour le suffrage universel.
Dès 1894, il obtint successivement vingt-six, puis vingt-huit sièges à la Chambre, ce qui
surprend d’autant plus que « le POB n’accorde que fort peu de place à la théorie politique.
Essentiellement "spontanée" (…), son organisation poursuit des objectifs économiques et
politiques immédiats, sans chercher à préparer une transformation en profondeur des rapports
sociaux »
61
. « Son originalité réside dans sa structure extrêmement décentralisée. Il regroupe
dans la même organisation syndicats, coopératives, mutuelles, associations politiques. Il
s’intéresse activement à la vie municipale et est profondément réformiste »
62
.
Dès son apparition, le Parti Ouvrier Belge « marque une nette rupture avec les
divisions traditionnelles de la société civile. En faisant du « drame social » le thème majeur
du débat politique, le P.O.B. va redistribuer durablement les rapports de force dans la pays.
Toute "opinion progressiste" sera désormais mesurée à son aune et se déterminera par rapport
aux masses qu’il organise »
63
.
61
Paul Aron, Les écrivains belges et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard Ã
Émile Verhaeren. Éd. Labor, 1997, p. 24.
62
Daniel Ligou, « Socialisme - Histoire des mouvements socialistes (1870-1914) », in CD-ROM Encyclopaedia
Universalis.
63
Paul Aron, op. cit, p. 17.
27
4.2.3 Anarchisme
Commençons par énoncer notre thèse – dont on trouvera des échos dans d’autres
parties de ce mémoire – concernant les rapports entretenus entre la SN et les libertaires, qui est
que la Société Nouvelle n’était pas une revue anarchiste, nous voulons dire pas complètement
anarchiste, c’est-à -dire au sens où elle aurait majoritairement ou uniquement publié des
anarchistes ; contrairement à ce qu’on a pu lire dans l’une ou l’autre notice.
Ses dirigeants n’avaient par exemple pas de relations (à notre connaissance) avec le
milieu anarchiste belge contemporain, ou alors de manière indirecte, par le biais des
anarchistes étrangers (principalement français) qui écrivent dans la SN et qui doivent être en
contact avec les libertaires belges quand ils sont en Belgique, où ils ne viennent que de
manière intermittente. Parmi la grosse dizaine d’organisations anarchistes actives à Bruxelles
à la fin du XIX
e
siècle
64
, et dont Alfred Schaner relève l’existence dans son mémoire
65
; nous
n’en avons pas repérées, et ce après plusieurs recherches, avec qui des gens de la Société
Nouvelle auraient entretenu des liens.
La SN d’ailleurs, en tant que « magazine de haut vol »
66
, ne pouvait guère « se
commettre » avec des militants de base. Si elle publiait des anarchistes, encore fallait-il que
ceux-ci soient dotés d’une plume non dépourvue de style, ce qui n’était probablement pas le
cas des prolétaires des susdites organisations. On accueillait plus volontiers les grands
anarchistes français que ceux du cru, qui n’ont pas encore produit à cette époque de grands
noms pour incarner leurs thèses, ni théoriciens ni jeteurs de bombes auréolés d’une gloire
sulfureuse. Les Belges ne se sont pas trouvé le Kropotkine ou le Ravachol dont ils rêvaient, et
«la venue en Belgique d’Élisée Reclus ne procura pas au mouvement anarchiste local la figure
de proue prestigieuse qui lui serait pourtant bien venue à point »
67
.
Nous croyons significatif de ce que la SN n’était pas considérée comme un « foyer de
64
La plus importante étant une Ligue collectiviste anarchiste créée en 1889.
65
Contributions à l'histoire du mouvement anarchiste en Belgique de 1880 à 1894. Mémoire de licence en
histoire dir. par G. Jacquemyns. ULB, 1965.
66
Jan Moulaert, « Belgique, un rendez-vous manqué », in Itinéraire n° 14-15 spécial Élisée Reclus. 1998, p. 96.
67
Jan Moulaert, « Élisée Reclus et l'anarchisme en Belgique », in Revue belge de géographie n°1-2, vol. 110,
Institut des hautes études de Belgique, 1986, p. 172.
28
révolutionnaires », le fait de n’avoir pratiquement pas trouvé, dans les dossiers de police des
années 1884-1895
68
gardés aux Archives de la Ville de Bruxelles, de document où l’on
mentionne la nom de ce journal
69
, ou même de ses collaborateurs
70
, alors que dans le même
temps des rapports sont rédigés sur des feuilles plus militantes (ex. : un rapport du Bureau des
Étrangers en date du 5 mars 1894, concernant Le Libertaire
71
)
72
. Autre argument allant dans
notre sens, la SN ne « monte » pas de meeting, contrairement à bien des journaux de militants
anars
73
, et ne constitue pas non plus de cercle
74
parallèle à ses activités de revue – nous
doutons que le groupe des colinsiens de Mons soit encore en activité dans les années 90
75
; la
revue – ses locaux – doit alors être à peu près le seul gros point de ralliement en Belgique des
socialistes rationnels. Et puis ce groupe n’est jamais que celui d’une des tendances du journal.
Nous imaginons assez facilement qu’aux yeux des forces de l’ordre, la SN devait
presque avoir de faux airs de journal bourgeois, avec ses articles souvent très théoriques et sa
mise en page classique. Ce n’était bien sûr pas là qu’on aurait pu lire régulièrement
d’incendiaires appels à la mobilisation (même s’il a pu y en avoir, mais dans une forme qui
restait mesurée), des brûlots ou des slogans à l’emporte-pièce. Et puis, dans ce magazine, ne
trouvait-on pas des colinsistes, ces doctrinaires brumeux, bien souvent des gens exerçant une
profession lucrative, qu’on ne pouvait assurément plus depuis longtemps qualifier de
68
Ils contiennent également des affiches, des coupures de presse et des lettres de dénonciation. On y est surtout
préoccupé de garder à l’œil les « péroreurs meetinguistes », les « dynamitards », les propagandistes, les
immigrés dits subversifs ou encore les organisateurs de meeting.
69
Si ce n’est au dos d’une brochure, L’Esclave Vindex de Louis Veuillot. Bruxelles, Sint-Josse-Ten-Noode, O.
Villevol, 1892 (Police carton 209 X). Mais jamais rien dans un rapport de police.
70
À quelques exceptions près : Domela Nieuwenhuyze [sic], qui fait l’objet d’une demande « d’enquête de
police et renseignements » (Police carton 177 I, [s.d.]), et peut-être Élie, Paul et Élisée Reclus, Kropotkine,
Malato, Pouget qui sont effectivement surveillés, mais pour une période ultérieure à la SN 1
ère
série (Police
carton 211 IV, « État nominatif des individus connus comme professant des opinions anarchistes.
Correspondance y afférente : lettres, circulaires prescrivant une surveillance particulière des étrangers
anarchistes », 1898, 1900, 1909).
71
Police carton 215 VI.
72
Alors que même des revues qui officient dans un registre voisin de La Société Nouvelle sont parfois
mentionnées, comme les Temps Nouveaux (française de surcroît !), dont on signale qu’elle accueille les
contributions d’Élisée Reclus (Police carton 211, [s.d.]).
73
Nous n’en avons en tout cas pas trouvé trace (Police carton 211 VI), bien que nous ayons prêtée attention au
contenu des annonces aux lecteurs de rédaction de la SN.
74
Rien dans Police carton 214 V.
75
Ou si c’est le cas, ses membres originels devaient avoir plus de soixante ans, et nous ne savons pas combien de
nouveaux adeptes s’y étaient adjoints depuis les « temps héroïques » des années 50. De plus, ce groupe était sans
doute fort amoindri par le schisme de « colinsistes révisionnistes » (Putsage, Heinerscheidt, Hennequin et
Seghers) qui eut lieu en 1891 (Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne.
Éd. de la Baconnière, 1979, pp. 62-64).
29
« pauvres mais travailleurs »
76
, et qui n’étaient pas sérieusement en mesure de faire peur aux
tenants de l’ordre établi.
Pour terminer, nous croyons que ce que l’on veut sans doute dire en qualifiant la SN de
journal anarchiste, est qu’on se souvient principalement de lui pour cet aspect de sa ligne
rédactionnelle, mais pas qu’il l’était « à plein temps ». C’est pourquoi nous préférons à la
dénomination « journal anarchiste » celle de « journal des diverses gauches, en ce y compris
anarchiste ». C’est d’ailleurs à peu de choses près la classification où P. Aron – dans ses
Écrivains belges et le socialisme (1880-1913)
77
– place, à côté du Coq Rouge, la SN.
Ce (long) préambule étant fini, entrons maintenant dans le vif du sujet. Y a-t-il une ou
plusieurs spécificités du mouvement anarchiste belge en cette fin des années 80 et début de la
décennie 90, et quelles sont-elles ?
Sa caractéristique la plus saillante est qu’il se construit en s’opposant au modèle
réformiste. C’est la création du POB en 1885 et ses premiers succès électoraux qui poussent
ses partisans à prôner de toutes leurs forces la révolution sociale, contre les réformistes
socialistes qui eux se battent pour le suffrage universel. Les anarchistes ont besoin de cet
ennemi pour se donner une unité, car ils « n’élaborent pas, ou presque pas, de tactique qui
permettrait de concrétiser la notion de révolution sociale. (…) Ils n’ont pas encore
redécouvert le mouvement syndical (…) ; du reste, cette tactique n’aura jamais en Belgique le
succès qu’elle connaît en France. La seule concrétisation de cette révolution sociale est, en
définitive, une critique inlassable du réformisme dans tous ses faits et gestes »
78
. Tout cela
montre assez clairement le déficit théorique du mouvement anarchiste belge à cette époque.
Ce qui rappelle ce que nous disions plus haut, que la SN ne pouvait guère se sentir d’affinités
avec lui, au contraire du socialisme et du colinsisme qui étaient eux amplement pourvus de
théoriciens autochtones (nombre d’entre eux écriront dans la SN), et n’étaient donc par
conséquent pas « dépendants » de théoriciens étrangers pour se doter d’un corpus doctrinal.
La différence majeure est bien là , qui semble confirmée par une consultation rapide des tables
des matières : les social-rationalistes et les socialistes de la Société Nouvelle sont belges, les
76
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979,
p. 36.
77
2
ème
éd. Ed. Labor, Coll. « Archives du futur », 1997, p. 164.
78
Jan Moulaert, Le Mouvement anarchiste en Belgique… Éd. Quorum, 1996, p. 39.
30
anarchistes sont étrangers (français surtout). C’est pourquoi il ne serait guère pertinent que
nous nous attardions à parler des anarchistes belges plus longtemps
79
, pour en venir à ceux
qu’on trouve dans La Société Nouvelle.
Passées les premières années de la SN, il apparaît que « nombre d’anarchistes étrangers
de premier plan viennent peu à peu [en] grossir les rangs, au point que le journal prend une
couleur de plus en plus anarchiste au cours des années 90 »
80
. P. Aron voit dans l’incident
Reclus
81
de 1894 une des raisons de cet état de fait : « la présence [à Bruxelles] et le prestige
de Reclus accentuent les sympathies libertaires du groupe d’intellectuels
82
qui éditent la très
remarquable revue La Société Nouvelle »
83
, mais on conçoit qu’à lui seul le climat des années
92-94, lors desquelles les anarchistes font beaucoup parler d’eux
84
, suffisait amplement Ã
favoriser cette montée en puissance du drapeau noir au sein d’une revue qui se voulait ouverte
aux idées dérangeantes. Ceci trouve d’ailleurs sa confirmation dans les tables des matières :
c’est bien dès 1892 que les libertaires s’imposent massivement comme collaborateurs de la
SN
85
, et Reclus lui-même figurait aux sommaires depuis 1886 !
Quoi qu’il en soit, il n’est guère contestable que c’est bien au cours de la première
moitié de la dernière décennie du siècle, que les anarchistes ont réellement conquis leur place
dans les colonnes de la SN, même si certains d’entre eux y collaboraient assidûment dès les
années 80 (Saverio Merlino, Élie et Élisée Reclus, Domela-Nieuwenhuis et Pierre Kropotkine
pour les plus célèbres ; mais aussi de moins connus tels Mircea C. Rosetti, Léon Cladel,
79
Pour ceux qui voudraient s’y reporter, les pages 35 à 185 du l’ouvrage de Moulaert relatent les vingt dernières
années du siècle.
80
Jan Moulaert, Le Mouvement anarchiste en Belgique…, p. 158.
81
En juillet 1892, les autorités de l’Université de Bruxelles invitent Reclus à venir dispenser un cours de
géographie, mais suite aux attentats anarchistes en France, la décision est prise en février 1894 de l’ajourner sine
die. Cette interdiction créera des remous chez les étudiants et quelques professeurs, et aboutira à la mise sur pied
d’une « Université Nouvelle » trois mois plus tard.
82
Il est intéressant de constater que Reclus sera, toutes proportions gardées, mieux accueilli par certaines
sommités de gauche ou proches du POB (Hector Denis, Guillaume De Greef, Edmond Picard, Paul Janson,
Émile Vandervelde, Louis De Brouckère) que par le milieu anarchiste belge, très anti-intellectuel et composé
pour beaucoup de militants issus des basses-couches de la société.
Ce qui est un argument de plus pour se convaincre de la « scission » entre les anarchistes de la SN et ceux du
mouvement social belge de l’époque.
83
Paul Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913
)…,
p. 119. Repris dans La Belgique artistique et
littéraire : une anthologie de langue française 1848-1914. Éd. Complexe, 1997, p. 515.
84
Via des attentats à la bombe – auxquels ils ont certes recours depuis le début des années 80 mais qui sont alors
à leur apogée, en termes de fréquence et de capacité à frapper les esprits – ; et d’autres types d’actions violentes
et « illégalistes ».
85
Ce qui ne signifie pas que les anarchistes ou l’anarchisme apparaissent plus souvent comme sujet d’articles.
31
Charles Malato, Multatuli, ou Léon Metschnikoff), tout comme des intellectuels plus ou
moins sympathisants (citons César De Paepe et Georges Eekhoud). Toutefois, cette
augmentation est à relativiser : entre les années 84-85 et la décennie suivante, le nombre
moyen d’articles par numéro a lui aussi cru, conséquence d’une pagination plus volumineuse.
Mais pourquoi souligne-t-on de manière récurrente que c’est dans les années 90 que
les libertaires apparaissent réellement dans La SN , comme s’ils n’y avaient pas été présents
auparavant ? Et, de manière plus vaste, pourquoi ne retient-on de La Société Nouvelle que son
inclination anarchiste ? Nous croyons pouvoir discerner au moins trois causes à cette idée qui
en deviendrait presque un cliché, et qui est de surcroît plus répandue que ne le montrent les
deux citations ci-dessus.
D’abord, c’est tout de même au cours de cette décennie qu’une kyrielle de nouvelles
signatures anarchistes font leur apparition : Nikitine, Charles-Albert, mais surtout les noms
plus connus de Jacques Mesnil (ou Jean-Jacques Dwelshauvers
86
), les frères Pelloutier, Zo
d’Axa ou encore Francis Viélé-Griffin (les plus prolifiques étant Domela Nieuwenhuis,
Reclus et Hamon) ; ce qui a pu frapper les imaginations. Et puis surtout, c’est vers la même
époque que l’attention publique se focalise fortement sur les activistes anarchistes. Enfin,
dans le même temps, pas mal d’artistes se prennent d’engouement pour les théories
libertaires.
Jan Moulaert résume à ce propos, selon nous avec pertinence, l’enjeu majeur que fut
pour La Société Nouvelle la participation d’auteurs anarchistes, quand il explique qu’elle
« devient ainsi une manifestation belge (…) de l’alliance qui s’est nouée en France entre
l’anarchisme et l’avant-garde artistique au début des années 90 »
87
, et qu’au travers de ses
pages « l’idéologie anarchiste (…) touchera un groupe non négligeable d’intellectuels
représentant diverses tendances de la gauche »
88
. Voilà donc un élément déterminant :
l’« anarchisme » de la SN lui ouvre une porte sur Paris et la France, où elle avait certes déjÃ
un pied sur le plan commercial (depuis longtemps elle y était diffusée). Ses auteurs se lient Ã
des personnalités étrangères, des amitiés se tissent qui permettront d’amener à la revue de
86
À ne pas confondre avec son frère, Georges Dwelshauvers, qui utilisa presque le même pseudonyme que lui :
Georges Mesnil.
87
Jan Moulaert, ibid.
88
Jan Moulaert, ibid.
32
nouveaux collaborateurs. Les anarchistes de l’époque, ne l’oublions pas, élaborent des
structures transnationales dont les manifestations les plus spectaculaires sont ces grands
congrès (par exemple, la Première Internationale) où se pressent des compagnons de toute
l’Europe. Ils sont à ce titre en contact avec des représentants de bon nombre de contrées, et
pas uniquement des révolutionnaires dans l’âme, mais également quantité d’artistes chez qui
leurs théories triomphent.
La Société Nouvelle permit donc, et là n’est pas le moindre de ses mérites, à la famille
de l’avant-garde artistique (et surtout littéraire) de rencontrer celle de l’anarchisme. Les
relations qu’elles noueront seront mutuellement fructueuses, les anarchistes verront dans cette
tribune une occasion de défendre leur(s) cause(s) (notamment lors des retentissants procès
« de masse », où ils seront inculpés par dizaines) et de développer leurs idées face à un
lectorat plus vaste que celui des seuls convertis ; et simultanément, certains artistes d’avant-
garde, et non des moindres, verront dans les idées libertaires une révolte sœur de la leur, qui
les confortera dans leurs pratiques artistiques iconoclastes, tout en « politisant » certains
d’entre eux.
*
On retrouve une vingtaine d’anarchistes collaborant pour la plupart de manière
régulière à la SN entre 1884 et 1897
89
.
89
Nous n’avons repris que les plus célèbres d’entre eux, en fait les seuls que nous avons pu identifier comme
ayant été ou reconnu anarchistes, au moins à une époque de leur vie.
Adam, Paul
Bakounine, Michel
Charles-Albert (pseud. Charles
Daudet)
Cladel, Léon
CÅ“urderoy (Ernest)
Cornelissen, Christiaan
D'Axa, Zo (pseud. Galland)
Eekhoud, Georges
Hamon, Augustin
Kropotkine, Pierre
Malato, Charles
Merlino, Francesco Saverio
Mesnil, Jacques
Metchnikoff, Léon
Multatuli
Nieuwenhuis, Ferdinand-Domela
Nikitine, Nicolas
Pelloutier, Fernand
Reclus, Élisée
Viélé-Griffin, Francis
33
Nous allons procéder au même relevé pour les revues qui succéderont à la première
SN. Si nous n’avons pas voulu opérer de même pour les partisans des autres théories
politiques s’étant distinguées dans La Société Nouvelle, c’est d’abord du fait que cela nous
mènerait trop loin – il vaut mieux alors pour le lecteur se reporter aux mémoire d’Els
Verlinden et de Guido Van Genechten (voir bibliog.), qui ont établi des relevés statistiques
sur la représentations des courants idéologiques dans la SN –, et ensuite surtout parce que ce
que nous entendons faire avec un tel relevé est non pas prouver au plein sens du terme (nous
n’en avons pas le temps), mais au moins établir un élément concordant avec ce que nous
avons cru constater – à savoir que le nombre relativement restreint d’anarchistes publiés par la
SN rend abusive la mention « journal anarchiste » qu’on lui accole parfois.
Entre 1897 et 1903, on en compte une vingtaine qui écrivent dans L’Humanité
Nouvelle.
Charles-Albert
Cornelissen, Christian
Dave, Victor
De La Salle, Gabriel
Delesalle, Paul
Domela Nieuwenhuis, Ferdinand
Dwelshauvers, Georges
Eekhoud, Georges
Grave, Jean
Hamon, Augustin
Kropotkine, Pierre
Nikitine, N.
Pelloutier, Fernand
Pelloutier, M.
Reclus, Èlie
Reclus, Élisée
Reclus, Maurice
Roorda Van Eysinga, H.
Ryner, Han
Entre 1907 et 1914
90
, on relève la présence d’au moins vingt-cinq anarchistes.
90
Par souci de clarté, nous avons « fusionné » les deux dernières périodes en une seule.
Armand, Émile
Berger, Octave
Chapelier, Émile
Cornelissen, Christiaan
Dagan, Henri
David, Alexandra
De Marmande, René
Grave, Jean
Laisant, Charles-Ange
Lucien, Jean
Mac Say, Stephen (pseud.Stanislas
Masset)
Malatesta, Errico
Malato, Charles
Mauclair, Camille
Mesnil, Jacques (pseud. Jean-
Jacques Dwelshauvers)
Nieuwenhuis, Ferdinand- Domela
Rictus, Jehan
Robin, Paul
Roorda Van Eysinga, Henri
Ryner, Han (pseud. Henri Ner)
Sosset, Paul
Vandervoo, B.-P.
Zisly, Henri
34
4.2.4
Tendances
minoritaires
(boulangisme,
antisémitisme)
En cette fin de XIX
e
siècle, l’antisémitisme est encore loin de susciter le sentiment
d’horreur et de répulsion qu’il imprimera définitivement dans les esprits au XX
e
siècle. Au
contraire, c’est un mouvement d’idée qui balaie tout le spectre politique, jusques et y compris
des franges de la gauche et l’extrême-gauche
91
, de celles notamment qui s’illustrent dans La
Société Nouvelle. Un exemple probant de cette promiscuité des idéologies extrêmes réside
dans l’admiration qu’Edmond Picard déclare vouer aux théories des anarchistes Reclus,
Kropotkine
92
, ou de Vallès
93
, lui qui est pourtant gagné aux idées antisémites
94
. Un autre
antisémite, Auguste Chirac, écrit lui des textes où il reprend des thèses socialistes
95
.
L’antisémitisme s’inscrit en fait dans un cadre plus large, nationaliste et opposé Ã
l’universalisme des Lumières. Et de fait, en France , la III
e
République est marquée « par
l’antagonisme du courant républicain (…) et du nouveau courant nationaliste qui, par
opposition à l’esprit rationaliste, encyclopédiste et humanitaire, sera de tendance
irrationaliste, traditionaliste et xénophobe »
96
.
Il n’est peut-être pas inutile de souligner que dans l’esprit de certains théoriciens de
l’antisémitisme, « Juif » est presque synonyme de « capitaliste »
97
, ce qui donne une idée des
vastes possibilités de confusion qui peuvent s’ensuivre chez certains « progressistes ».
D’ailleurs, c’est le concept même de race qui est d’un usage incertain et fluctuant :
« dans l’acception banale, "race" désigne un groupe humain ou une nation dans la somme de
91
Et ce depuis fort longtemps, il suffit pour s’en convaincre de s’intéresser au cas de P.-J. Proudhon.
92
P. Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913), p. 67.
93
François Vermeulen, Edmond Picard et le réveil des lettres belges 1881-1888. Palais des Académies, Vaillant-
Carmanne, 1935, p. 52.
94
Un point commun entre les anarchistes et certains antisémites (royalistes) est certainement leur
antiparlementarisme.
95
« Analyse socialiste », in La Revue socialiste n° 37, janvier 1888, T. 7, pp. 52-58.
96
Michèle Mat-Hasquin, « Le mirage français dans les revues belges de 1900 à 1914 », in Les Grands voisins :
actes du colloque belgo-canadien des 24, 25 et 26 novembre 1983. Éditions de l'Université de Bruxelles, Centre
d’Études Canadiennes, 1984, p. 30.
97
Agathon De Potter, « La fin d’un monde par M. Edouard Drumont », in SN n°48, décembre 1888, p. 540.
35
ses traits physiques et moraux constants ou, d’un point de vue complémentaire, l’ensemble
transhistorique de ses représentants actuels et de ses ancêtres »
98
.
Nous trouvons un exemple flagrant de cet état de fait dans une critique d’Agathon De
Potter sur un livre de Drumont, où il se demande pourquoi l’auteur a « spécialement choisi le
juif comme sa principale victime, au lieu de s’en prendre tout uniment au véritable coupable
qui est, comme il le sait et comme il le dit, le possesseur de la richesse foncière et
mobilière »
99
. L’explication avancée par De Potter, naïve ou polémique, est que « s’il s’était
borné à accuser le bourgeoisisme d’être la cause du mal qui mine et désorganise la société, il
est infiniment probable qu’il n’eût pas été plus écouté que beaucoup de socialistes qui
partagent et s’efforce de propager cette idée ». Il en conclut que Drumont « a voulu tirer un
coup de pistolet pour éveiller l’attention, et [qu’]il a, ma foi, fort bien réussi »
100
.
Mais même en étant au fait de ces accointances occasionnelles de la gauche avec la
doctrine antisémite, peut-on ne pas chercher d’autres raisons à l’incohérence d’une ligne
éditoriale selon toute apparence éclatée durablement entre des tendances inconciliables ?
Celle que nous serions personnellement tenté de soutenir ne repose pas sur un
argument idéologique, mais bien d’ordre privé : en effet, E. Picard, premier auteur à professer
des opinions antisémites dans la SN – et ouvrant du même coup la voie à d’autres tels Jules
Baissac ou Auguste Chirac – a été, ne l’oublions pas, le maître de stage d’Arthur James
pendant trois ans. Ce dernier ne ressentait-il pas envers Picard la dette que tout disciple garde
pour celui qui lui a tant appris ? Une telle reconnaissance n’aurait-elle pu l’inciter à tout faire
pour lui ouvrir les colonnes de la SN ? D’ailleurs, même une fois le stage terminé, un avocat
peut-il seulement se permettre de se brouiller avec le ténor du barreau qu’est alors Edmond
Picard
101
?
98
Marc Angenot, 1889, un état du discours social. Le préambule, Coll. L’univers des discours, 1989, p. 280.
99
Agathon De Potter, op. cit, pp. 542-543.
100
Agathon De Potter, op. cit, p. 543.
101
Mais ne soyons pas excessif, James n’est pas celui des stagiaires de Picard qui a le moins d’esprit
d’indépendance : par exemple il a eu soin de rester à La Société Nouvelle, où ses hautes fonctions étaient
garantes de sa liberté d’expression, là où un Eugène Robert n’avait guère eu d’autre choix, pendant ses années de
stage en 1882-1883, que de participer à L’Art Moderne sans pouvoir pour autant y défendre des idées
personnelles (P. Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913)…, p. 229)
D’ailleurs, James n’a à notre connaissance pas écrit dans L’Art Moderne, et en tout cas bien moins que dans
La Jeune Belgique. Et la première participation de Picard à la SN ne date que de septembre 1888, soit bien
longtemps après que James soit entré dans ses fonctions de secrétaire de rédaction de la revue.
36
Mais quelle est la position de Fernand Brouez sur la « question antisémite », lui dont
on salue unanimement l’humanisme ? On ne saurait guère la définir avec exactitude sans
étudier ce personnage beaucoup plus en profondeur que nous ne l’avons fait. A-t-il protesté
contre ces idées, s’est-il laissé convaincre, et au bout de combien de temps, ou bien
partageait-il les idées de Picard depuis sa prime jeunesse ? Nous ne nous risquerons pas Ã
choisir. Notons cependant – mais est-ce significatif ? – qu’il semble estimer que le mot
« juif » est en soi une insulte
102
.
Remarquons encore que les liens entre la SN et l’antisémitisme ne se résument pas
seulement aux articles qu’elle publiait, puisque l’un de ses diffuseurs (et plus tard, dans
L’Humanité Nouvelle, auteur), le parisien Albert Savine, ne faisait pas mystère de son
antisémitisme, et ce depuis 1887, soit l’année précédant celle où la SN entre en affaire avec sa
librairie. Mais peut-être simplement la SN ne pouvait-elle financièrement se passer d’un
diffuseur de renom, ayant pignon sur rue dans la capitale française, et qu’elle a tôt fait de le
débarquer quand un autre libraire a pu mieux convenir (à savoir H. Le Soudier, dès 1890).
*
L’antisémitisme continuera d’avoir porte ouverte dans L’Humanité Nouvelle, revue
qui succède à la première Société Nouvelle. Il faut dire aussi que son directeur, Augustin
Hamon, « milite pour convaincre ses lecteurs que " le mouvement antisémite (…) est un
mouvement purement social ", légitimement, partie intégrante du socialisme »
103
.
*
Le boulangisme est quant à lui encore plus minoritaire que l’antisémitisme au sein de
la SN, aussi ne ferons-nous que rappeler quelques éléments sur ce mouvement. Autour de la
personne de Boulanger, général et ministre de la guerre français au faîte de sa renommée entre
1886 et 1889, viennent se cristalliser divers courants nationalistes. Inculpé de complot, il
s’enfuit en Belgique en 1889, sans avoir tenté le coup d’état qu’il appelait de ses vœux.
102
Dans une lettre à Georges Eekhoud du 18 juin 1896, il qualifie le monde des lettres parisiennes de « bande de
juifs » (ML 2623 21, AML, 1
ère
page).
103
Marc Angenot, Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social, préf. de Madeleine
Rebérioux. Presses Universitaires de Vincennes, 1989, p. 114.
37
4.3 La Littérature
« Il était dans les habitudes de La Société Nouvelle d’emprunter des pages à ses
auteurs de prédilection »
104
. Par cette phrase, Paul Delsemme remarque que la SN n’hésitait
pas à publier des extraits choisis d’œuvres publiées en volume, et pas seulement des
nouvelles, format a priori plus adapté à une revue. Cette façon de faire était bien sûr
intéressante pour l’auteur, car elle donnait certainement plus envie de lire – et donc d’acheter
– le livre qu’une publicité ne pouvait le faire. Dans le même temps, l’intérêt que la SN y
trouvait était peut-être, surtout dans les premiers temps, avant d’avoir un large panel d’auteurs
en réserve, d’arriver plus facilement à remplir le nombre de pages prévues.
Il se peut bien sûr qu’il ait existé des accords commerciaux entre la revue et les
éditeurs, du genre : « nous vous achetons un encart publicitaire, si vous passez un extrait du
livre dont il est fait la publicité ou (pour que ce soit moins voyant) d’un autre auteur de notre
maison ». Bien sûr, ces pratiques ont plus ou moins toujours existé, mais nous n’en avons pas
trouvé trace dans les documents d’époque que nous avons consultés. Une manière de se faire
une idée serait de mettre en corrélation les extraits d’œuvre publiés et les publicités parues,
mais cela devrait presque faire l’objet d’un travail à part entière, et nous n’avions pas le temps
de compulser systématiquement notre revue pour tenter d’en tirer de quoi étayer des
hypothèses à ce sujet.
Mais comme dans ce travail, nous n’avons pas voulu examiner la gestion commerciale
de la revue et ses implications dans le développement de la SN et de l’HN ; nous avons jugé
cet aspect trop particulier pour être examiné dans un travail qui se propose, nous l’avons déjÃ
dit, de donner une vision globale de la revue et de ses changements.
104
Paul Delsemme, « Les relations littéraires franco-belges de 1890 à 1914 », in Revue de l’Université de
Bruxelles. Éd. de l’Université de Bruxelles, 1984, p. 58.
38
4.3.1 Courants littéraires présents dans
La Société
Nouvelle
La question des mouvements littéraires nous amène à remarquer que la SN joua un peu
le rôle de trait d’union entre les revues ennemies La Jeune Belgique et L’Art Moderne. En
effet, si l’on admet que, « par opposition au naturalisme, le symbolisme apparaît comme
uniquement préoccupé de l’art, c’est-à -dire de dégager la littérature de tout intérêt
documentaire, de tout rôle social, de toute responsabilité morale »
105
, ce courant est a priori
plutôt proche de La Jeune Belgique et de son « art pour l’art » (même si cette formule est
initialement d’origine parnassienne), tandis que le naturalisme conviendrait mieux aux tenants
de l’art social de L’Art Moderne.
Pour ce qui concerne les littératures étrangères, nous parlerons des auteurs slaves et
nordiques. Pour une liste détaillée des auteurs étrangers ayant publié dans La Société
Nouvelle, nous renvoyons le lecteur à l’étude de Françoise Delsemme sur Les Littératures
étrangères dans les revues littéraires belges de langue françaises publiées entre 1885 et
1899 : Contribution bibliographique à l’étude du cosmopolitisme en Belgique
106
, qui compte
quelques 380 notices d’articles (articles de fonds et chroniques compris) de la première
Société Nouvelle
107
.
4.3.1.1 Symbolisme
C’est dans la décennie 1880 qu’apparaît le symbolisme en France, principalement en
réaction contre le naturalisme et l’esthétique parnassienne, alors que « l’innovation littéraire,
depuis le milieu des années 1870, semble monopolisée par le roman naturaliste. La poésie,
d’ailleurs intégrée depuis le second Empire dans un système littéraire commun au Parnasse et
au réalisme, est rarement depuis une décennie l’enjeu public de l’évolution littéraire reconnue
et discutée »
108
Son texte fondateur est vraisemblablement le poème de Verlaine paru dans
105
Pierre Citti, « Le symbolisme (littérature) », in CD-ROM Encyclopaedia Universalis.
106
Bruxelles, Commission belge de bibliographie, 1973-1974, T. 1, pp. 510-577.
107
Notices 2866 Ã 3245.
108
Pierre Citti, ibid.
39
Paris-Moderne en novembre 1882 , Art poétique; mais c’est avec le manifeste de Jean
Moréas
109
qu’il trouve son unité sous le nom d’« école symboliste ».
Ce mouvement littéraire, qui domine la poésie française de la seconde moitié du XIX
e
siècle, est perçu par certains comme une continuation du décadisme (Moréas était lui-même
décadent avant de se revendiquer symboliste) : « c’est à travers la période "décadente", au
début des années 1880, avant qu’il soit question de symbolisme, que se précisent quelques
traits de la représentation de l’écrivain dans le symbolisme futur »
110
. Mais de quoi s’agit-il ?
« Le mot "décadent" est (…) une métonymie qui exprime, avec un pessimisme ostensiblement
nourri de Schopenhauer, le paradoxal rapport de l’écrivain avec la "modernité" : l’extrême et
le plus pur produit d’une civilisation se représente trahi et abandonné par elle, en désire
l’écroulement et, tout au sentiment irréel et dépersonnalisant d’être un individu, refuse
l’inscription résignée dans une période »
111
.
La ligne de séparation entre décadisme et symbolisme n’est bien sûr pas tracée une
fois pour toutes : le manifeste de Moréas est présenté par la rédaction du Figaro comme
définissant l’école décadente, et la même année, La Décadence
112
Artistique et Littéraire de
René Ghil prétend « publier les productions de l’école symbolique
113
et harmoniste »
114
.
Notons qu’un certain nombre des thèmes décadents étaient déjà ceux du naturalisme.
« On retrouve sans grand mal dans la littérature des "décadents" les poncifs naturalistes : la
névrose (Rollinat, Les Névroses, 1883), l’alcoolisme ou la drogue, l’obsession et la perversité
sexuelle, le macabre, la débauche d’art. (…) Mais tout ce qui apparaissait chez les
personnages naturalistes comme autant d’anomalies désigne maintenant l’irréductible
individualité. La pose de la décadence est un rôle trouvé dans un roman naturaliste »
115
.
En fait, si le « symbolisme a pu régir l’invention littéraire pendant quelques années,
c’est moins comme un corps de doctrines, d’ailleurs diverses et parfois contradictoires, que
comme un ensemble de représentations dominantes. (…) Cette représentation fait du texte une
109
Jean Moréas, « Manisfeste », in Le Figaro, 18 septembre 1886.
110
Pierre Citti, ibid.
111
Pierre Citti, ibid.
112
C’est nous qui soulignons.
113
C’est nous qui soulignons.
114
Pierre Citti, ibid.
40
entreprise de dissémination, voire de destruction du sens, et fonde une incompatibilité entre
littérature et discours »
116
. Mais comme le montre Michel Décaudin dans La Crise des valeurs
symbolistes
117
, ses « valeurs esthétiques sont mises en cause en France dès le début de la
décennie suivante par quelques-uns de leurs initiateurs mêmes »
118
.
On distingue plusieurs générations d’auteurs liés au symbolisme. « Il y a d’abord celle
des maîtres, quadragénaires au début du mouvement : Villiers, Verlaine, Mallarmé.
Contemporains des naturalistes et des parnassiens, comme Anatole France et Catulle Mendès,
ils ont participé au premier Parnasse contemporain. (…) Leur notoriété (…) commence avec
la constitution de l’ensemble symboliste. (…) Peu d’entre eux participent au mouvement,
mais ce sont les aînés immédiats, ils servent de référence à la génération symboliste
proprement dite, celle des écrivains nés entre 1855 et 1865 : Émile Verhaeren, Georges
Rodenbach, Jean Lorrain, Jean Moréas, Remy de Gourmont, Albert Samain, Péladan, Kahn,
Laforgue, Félix Fénéon, Saint-Pol-Roux, Van Lerberghe, Maeterlinck, Elskamp, Ghil, Barrès,
Paul Adam, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Fontainas... (…) Enfin, la dernière, trop
jeune pour participer à l’élaboration même du symbolisme, naît autour de 1870 et a donc
vingt ans à peu près à l’époque du mouvement : Marcel Schwob, Léon Daudet, Claudel,
Jammes, Gide, Valéry, Pierre Louys, Paul Fort »
119
.
On se souvient peut-être plus du symbolisme pour ses poètes, mais il compte
également d’importantes œuvres en prose : les premiers romans de Barrès (Sous l’œil des
barbares, Le Jardin de Bérénice), ceux d’Huysmans, certaines nouvelles de Schwob, les
pièces de Maeterlinck ; on rattache même parfois des pièces de Jarry, Ibsen et Strindberg à ce
courant
120
. Dans le registre musical, citons juste le Pelléas et Mélisande de Debussy.
Si l’on peut considérer que le symbolisme s’achève dans la dernière décennie du
siècle, il n’en reste pas moins que « l’étonnant laboratoire d’innovations qu’a été le
115
Pierre Citti, ibid.
116
Pierre Citti, ibid.
117
La crise des valeurs symbolistes : 20 ans de poésie française : 1895-1914. Privat, 1960.
118
Pierre Citti, ibid.
119
Pierre Citti, ibid.
120
Le théâtre symboliste dût beaucoup aux représentations données au Théâtre de l’Œuvre de Lugné-Poe.
41
symbolisme a fait sentir ses effets jusque dans notre siècle chez Barrès, Gide, Claudel, Valéry,
dont les œuvres seraient peu compréhensibles sans, notamment, Mallarmé »
121
.
Le symbolisme s’est aussi, et c’est tout particulièrement important quand on songe Ã
l’internationalisme de la Société Nouvelle, construit sur la connaissance des littératures
européennes, et parmi celles de Russie : « On a vu combien de références étrangères entraient
dans le mouvement symboliste. Ajoutons qu’à partir de 1883 la Revue des Deux Mondes
publie les études réunies en 1886 sous le titre Le Roman russe par Eugène Melchior de
Vogüé. Le Roman russe , quoiqu’il n’émane pas de leurs cercles, agrégera à l’imagination des
symbolistes le mystère d’une terre inconnue et d’une âme collective (…). Le plein effet des
perspectives dessinées par Vogüé ne se fera sentir que quelques années plus tard, et à travers
une réaction contre les « chapelles » des symbolistes. Du moins les a-t-il marqués, les Belges
plus que les Français»
122
.
Les Belges, tout particulièrement, ont « dans le Symbolisme, (…) trouvé l’expression
admirablement adéquate à leur sensibilité, accordée à leur identité, à un moment d’élection ;
celui de l’éveil des lettres françaises de Belgique, au point qu’on a pu croire que le
Symbolisme était d’essence belge »
123
. Et en effet, pour beaucoup de Français, l’histoire
littéraire belge commence avec les symbolistes. Et l’histoire du symbolisme dans les revues
belges commence avec l’éphémère La Basoche, qui sera liée de près à La Société Nouvelle
(comme nous le verrons plus loin).
Trois générations de revues symbolistes vont se succéder. D’abord, jusqu’en 1885, des
revues comme La Nouvelle Rive gauche, qui publie les décadents et dont le « programme est
surtout de rendre compte (…) de la "modernité" littéraire. Ainsi, avec un autre ton, des revues
belges telles que l’Art moderne d’E. Picard et La Jeune Belgique (1881) ; La Société nouvelle
(Verhaeren, Maeterlinck) à Bruxelles (1884) »
124
, mais Pierre Citti va peut-être un peu vite
en classant la SN dans la catégories des premières revues symbolistes
125
, car elle ne sera
pleinement ouverte au symbolisme que quelques années plus tard : « La Société Nouvelle (…)
121
Pierre Citti, ibid.
122
Pierre Citti, ibid.
123
Paul Gorceix, « Y a-t-il un symbolisme belge », in Cahiers Roumain d’Études Littéraires n°3, juillet-
septembre 1980, p. 52.
124
Pierre Citti, ibid.
125
Surtout qu’elle est créée le même mois que Les Taches d’encre, qu’il range dans la seconde génération.
42
crossed paths with Symbolism particularly during the years 1892-1895
126
, when contributions
by Gustave Kahn, Régnier, Saint-Pol-Roux, and Viélé-Griffin frequently marked its pages
»
127
.
Ensuite, contemporaines du manifeste de Moréas, viennent les premiers périodiques Ã
pouvoir pleinement se revendiquer d’une famille symboliste, « Les Taches d’encre de Barrès
(1884) prélude à une vague nouvelle de revues plus doctrinaires : en 1885, La Revue
wagnérienne et, en 1886, Le Décadent , La Pléiade, La Vogue, Le Symboliste (Kahn,
Laforgue...). C’est la phase d’installation du symbolisme. La troisième vague est celle du
triomphe, et comprend des revues beaucoup plus durables comme La Plume , La Revue
blanche et surtout, en 1890, le Mercure de France, véritable organe du mouvement qui, alors
qu’il décline en France, maintient les contacts avec l’étranger »
128
.
Citons quelques symbolistes renommés que La Société Nouvelle a publié : Van
Lerberghe, Kahn, Verhaeren…Mais l’on constate aussi quelques « absents » de choix, comme
Mallarmé ou Laforgue. Nous ne trouvons guère surprenant que les symbolistes soient présents
dans la SN, qui a compté dans ses rangs, assez tardivement il est vrai
129
, un secrétaire de
rédaction qui était aussi un poète symboliste de renom, nous voulons bien entendu parler
de Gustave Kahn.
En plus de cette appartenance, il faut aussi noter les relations généralement amicales
que les symbolistes entretiennent, en cette fin de XIX
e
siècle, avec les anarchistes, eux aussi
représentés dans La Société Nouvelle. C’est ainsi que « nombre d’écrivains, chroniqueurs et
mémorialistes, qui nous ont laissé leur témoignage sur la vie littéraire (…) des dix dernières
années du XIX
e
siècle, ont insisté sur les rapports étroits qui existaient alors entre les
symbolistes et les compagnons anarchistes »
130
. D’ailleurs, pour reprendre la métaphore de R.
de Gourmont, le symbolisme n’est-il pas « l’expression de l’individualisme dans l’art » ?
126
C’est nous qui soulignons.
127
URL :
www.nyu.edu/library/bobst/research/hum/french/symbolis.htm
.
128
Pierre Citti, ibid.
129
À partir de 1895.
130
Pierre Aubéry, « L’anarchisme des littérateurs au temps du symbolisme », in Le Mouvement Social n°69. Les
Éditions Ouvrières, octobre-décembre 1969, p. 21.
43
4.3.1.2 Réalisme et naturalisme
En général, on voit le réalisme et le naturalisme dans une perspective de continuité, le
second succédant au premier et le prolongeant sous une forme plus crue : « le naturalisme
correspond à une exaspération du réalisme, il s’inscrit dans l’évolution logique de la
littérature et de l’art au XIX
e
siècle »
131
. Zola, initiateur du mouvement en France, « a
emprunté les termes naturaliste et naturalisme , à la fois aux sciences biologiques, à la
philosophie, où, depuis le XVI
e
siècle, naturaliste a été le synonyme de matérialiste et
d’athée, et au vocabulaire des beaux-arts, où naturalisme désigne une représentation
authentique et expressive de la nature et des corps. (...) Son idée dominante est l’exigence de
vérité dans l’art, et en particulier dans le roman. La vérité naturaliste se veut le résultat d’une
démarche comparable à celle de la science : observation, documentation, analyse,
expérimentation, déterminisme... Elle se définit aussi par ses refus : elle rejette toutes les
formes de l’idéalisme, du dogmatisme et de la censure »
132
.
Bien qu’une telle comparaison puisse ne pas satisfaire le spécialiste, relevons tout de
même que, dans une certaine mesure, tout comme on a pu associer le symbolisme et
l’anarchisme, les naturalistes ont quelquefois eu partie liée avec les théories socialistes, voire
avec les structures sociales d’encadrement de l’électorat populaire (la Section d’art de la
Maison du peuple) mises en place par les partis socialistes. Cela se comprend aisément : par
leurs descriptions des injustices subies par le bas-peuple, nombre d’écrivains naturalistes
cherchent à conscientiser leur lectorat populaire sur la vie qu’il mène. Certains thèmes, mais
aussi certains milieux sociaux terrain, sont récurrents ; par exemple, le monde des mineurs est
souvent traité (Zola, Lemonnier, Renard ou Heusy). Pour reprendre la métaphore chirurgicale
d’Arthur James : « les écrivains se sont faits anatomistes. Ils ont retroussé leurs manches et
promené leur scalpel dans les chairs corrompues »
133
.
On s’accorde à dire que le naturalisme a émergé en Belgique au milieu des années 70,
avec les ouvrages de Paul Heusy. Il va sans dire que l’art narratif sera la forme littéraire
131
Julie Anciaux, Le Théâtre naturaliste de 1887 à 1899, étude d’une réception différenciée France-Belgique.
Mémoire de licence présenté en vue de l’obtention du grade de licenciée en Histoire Contemporaine, sous la dir.
de Paul Aron. Bruxelles, ULB, 1999, p. 10.
132
Henri Mitterand, notice sur Émile Zola, CD-ROM Encyclopaedia Universalis.
44
d’élection du naturalisme, même si on a parfois inclus dans ce mouvement (peut-on parler
d’école ?) des dramaturges (Gustave Van Zype) et même des poètes (Théodore Hannon).
Pour aller vite, on pourrait dire qu’« en Belgique à la fin du XIX
e
siècle, naturalisme et
symbolisme ne s’opposent pas aussi nettement que dans les lettres franco-françaises »
134
,
mais ces deux courants s’avèrent être parfois en confrontation ouverte, comme par exemple
quand ils trouvent leur incarnation dans la bataille de « l’art pour l’art » contre l’« art social ».
Gustave Vanwelkenhuyzen, dans la bibliographie de son Influence du naturalisme
français en Belgique de 1875 à 1900
135
, retient La Société Nouvelle dans sa liste des organes
de presse qui ont favorisé la propagation du réalisme et du naturalisme en Belgique. Ce n’est
après tout guère étonnant, la SN étant à l’écoute de tout ce qui peut chambouler quelque peu
les fondements de son époque, or « dans les années 1885 à 1898, il [le mouvement naturaliste]
connaît son triomphe à l’échelle européenne »
136
.
Au nombre de ceux, parmi les plus connus des représentants belges du naturalisme,
qui ont été publiés dans la Société Nouvelle, retenons les noms de Paul Heusy, Léon Cladel,
Georges Eekhoud, Hubert Krains et bien sûr du très respecté Camille Lemonnier. Si les
auteurs naturalistes (et réalistes) français sont assez peu présents dans la Société Nouvelle, ils
le sont par contre beaucoup plus dans les critiques littéraires : pour ne citer qu’eux, les romans
de Zola y font presque systématiquement l’objet d’un article, en général laudatif. Fernand
Brouez n’est d’ailleurs pas le dernier à exprimer un point de vue admiratif sur l’œuvre de la
figure de proue du courant naturaliste.
On trouve aussi dans la SN quelques naturalistes non francophones, et cela n’est peut-
être pas juste une marque supplémentaire de l’internationalisme de la revue, car « grâce à sa
culture hybride, la Belgique fut pénétrée par les auteurs étrangers plus facilement que la
France »
137
.
133
« Chronique littéraire », in La Société Nouvelle n°1, novembre 1884. Citée dans Gustave Vanwelkenhuyzen,
L’Influence du naturalisme français en Belgique de 1875 à 1900. La Renaissance de Livre, 1930, p. 181.
134
Julie Anciaux, op. cit., p. 14.
135
La Renaissance de Livre, 1930.
136
Julie Anciaux, op. cit., p. 10.
137
Julie Anciaux, op. cit., p. 13.
45
4.3.1.3 Les auteurs nordiques et slaves
« La russomanie des années 1885 n’est (…) qu’un aspect particulier de l’engouement
général pour les littératures étrangères »
138
, nous dit Roland Mortier ; mais comme les
littératures slaves sont celles qui de loin sont les plus présentes dans la SN
139
(en tout cas dans
sa première mouture), nous avons choisi de nous y attarder quelque peu, ce que nous ne
ferons pas pour les autres littératures étrangères.
Paul Delsemme note que les lecteurs de La Société Nouvelle « eurent la primeur de
maintes traductions : par exemple elle publia dès mars 1885 un fragment des Souvenirs de la
Maison des Morts » (qui avait encore pour titre provisoire « Mémoires de Maison-Morte »),
traduit par Léon Metchnikof
140
. Il semble que de tous les auteurs slaves traduits pour la
Société Nouvelle ou ayant faits l’objet d’un article biographique ou d’une analyse, les Russes
soient ceux qui se sont taillé la part du lion (Dostoïevski, Gogol, Herzen, Tolstoï,
Tourguéniev…
141
). Les autres auteurs nordiques sont nettement moins nombreux (citons les
Norvégiens Ibsen et Björnson).
Si tant d’auteurs russes y ont été découverts, c’est très certainement parce que la SN
pouvait compter « sur la collaboration d’un des publicistes les plus compétents en matière
russe, l’écrivain belge Eugène Hins »
142
, bien que celui-ci n’en ait pas fait son unique centre
d’intérêt : il s’intéressait aussi « à la littérature des minorités slaves et spécialement à la
littérature ukrainienne »
143
. C’est à partir de 1885 que Hins écrit pour La Société Nouvelle,
après avoir fait ses débuts à la Revue de Belgique, avec des « articles d’économie politique sur
l’abolition du servage, sur Alexandre II et le nihilisme, (…) une remarquable nécrologie de
Tourguéniev »
144
.
138
Roland Mortier, « La pénétration de la littérature russe à travers les revues belges entre 1880 et 1890 », in
Revue Belge de Philologie et d’Histoire n° 3, vol. XLV, 1967, p. 778. Notons que La Société Nouvelle est citée
une dizaine de fois sur les 18 pages de l’article, ce qui prouve l’importance qu’elle a eu en ce domaine.
139
À l’exception de la littérature française, qui n’est pas à proprement parler une littérature étrangère.
140
Paul Delsemme, « La Querelle du cosmopolitisme (1885-1905) », in Teodor de Wyzewa et le cosmopolitisme
en France à l’époque du symbolisme, vol. 1. Université Libre de Bruxelles, Travaux de la Faculté de Philosophie
et Lettres n° 34 1967, p.205.
141
À une époque où « seuls Gogol, Tourguéniev et Tolstoï ont accédé à la notoriété, mais de manière très
incomplète » (Roland Mortier, op. cit., p. 782).
142
Roland Mortier, op. cit, p. 780.
143
Roland Mortier, op. cit, p. 784.
144
Roland Mortier, op. cit, p. 782.
46
Une particularité de l’approche de la littérature russe par Hins est qu’il l’aborde « dans
un esprit tout différent de celui de Voguë. Socialiste internationaliste, il n’y cherche pas plus
un spiritualisme qu’une religion de la pitié. Il y scrute au contraire les velléités
d’émancipation du peuple, du paysannat, de la femme, de la petite bourgeoisie intellectuelle
et, d’une façon générale, tout ce qui rappelle la littérature populaire ou qui suggère l’accord
entre un artiste et une collectivité, entre une œuvre et un peuple »
145
.
Cette approche correspond parfaitement aux penchants socialisants de la rédaction de
la SN, dont les membres, par exemple, « interprètent Dostoïevski dans un contexte social et
politique »
146
, mais elle est dérangeante en cela que toute œuvre est a priori traitée selon un
prisme prédéfini, celui d’une analyse politique qui n’a pas forcément lieu d’être. C’est ainsi
que « Fernand Brouez (…) n’est pas le plus lucide ni le plus pénétrant. Pour lui, Dostoïevsky
[sic] se borne à poser la question sociale, Raskolnikov est un précurseur du nihilisme »
147
.
Néanmoins, R. Mortier parvient à la conclusion que « dans les revues belges, et
spécialement dans La Société Nouvelle, le roman russe a servi à d’autres fins que celles où le
faisaient tendre un Voguë ou un Wyzewa, et qu’il y a été à la fois mieux aimé et mieux
compris »
148
.
145
Roland Mortier, ibid.
146
Roland Mortier, op. cit, p. 793.
147
Roland Mortier, ibid.
148
Roland Mortier, op. cit, p. 794.
47
4.4 Les arts
Sachant que notre revue n’avait pas pris position dans le débat entre les tenants de
l’« art pour l’art » (La Jeune Belgique) et les partisans de « l’art social » (L’Art Moderne),
nous avons tenu pour vraisemblable que la SN, surtout en raison de sa volonté d’être
pluraliste, avait fait paraître des articles des deux tendances, ce que nous avons pu vérifier.
L’art social, « sans être une pratique aux contours clairement définis ni même
théorisés, (…) est une forme d’engagement de l’artiste qui inscrit dans la production artistique
une critique sociale solidaire des courants progressistes »
149
, ce qui en Belgique s’est tout
particulièrement traduit par une collaboration des « artistes sociaux » à la Section d’art de la
Maison du Peuple initiée par le POB. En France, l’on voit émerger un théâtre d’art social et
simultanément se constituer un Club de l’Art Social (dont l’activité essentielle est de soutenir
la revue L’Art Social). En Belgique, c’est L’art Moderne qui se fera la championne de l’art
social. Des symbolistes (Verhaeren, Maeterlinck) et des naturalistes (G. Eekhoud) se
rallieront à sa cause
150
.
Sa grande rivale, La Jeune Belgique, se réclame de l’« art pour l’art », qui est une
notion que bien sûr elle n’a pas inventée et qui était déjà présente du temps du Parnasse en
France.
Par ce chapitre, nous en avons fini avec notre présentation du contexte
151
, et pouvons
enfin passer à la revue elle-même.
149
Lucie Robert, « Art social », in Paul Aron, Denis Saint-Jacques, Alain Viala, Le Dictionnaire du littéraire.
PUF, 2002, p. 24.
150
Lucie Robert, op. cit., p. 25.
151
Il manque à ce travail un contexte sur les sciences à la fin du XIX
e
siècle, la Société Nouvelle se voulant aussi
une revue de vulgarisation scientifique. Mais nous y avons renoncé pour au moins deux raisons : nous ne
sommes pas à même d’estimer jusqu’à quel point les pages « scientifiques » de la SN étaient réellement valides
scientifiquement. Secundo, il convient de se méfier, croyons-nous, de ce que des individus qui considèrent que le
socialisme peut être rationnel (et scientifique) peuvent faire dire à la science.
48
5. La Société Nouvelle
La Société Nouvelle est d’abord le projet d’un homme : Fernand Brouez
152
, mais avant
de parler de lui, examinons ce qu’on peut dire de sa revue.
Du point de vue politique, la ligne éditoriale est la fois clairement de gauche, et parfois
d’extrême-gauche, en raison du pluralisme cher à son directeur. C’est ainsi que, même si lors
de son lancement, en novembre 1884, l’idéologie revendiquée est celle du colinsisme ou
socialisme rationnel (une phrase comme « Seuls les penseurs, les savants sont à même
d’établir le diagnostic et d’indiquer le remède moral et économique qui rendra la santé Ã
l’organisme social »
153
évoque assez bien de quoi il s’agit), toutes les tendances jugées
progressistes y sont représentées (les articles de membres ou d’intellectuels proches du POB y
côtoyant ceux d’anarchistes et d’écrivains symbolistes et naturalistes européens
154
). Charlier
et Hanse l’avaient déjà souligné dans leurs Lettres françaises de Belgique : « sans faire de
polémique, sans dissimuler ses opinions démocratiques, elle laissera la plus absolue
indépendance à ses collaborateurs et offrira le panorama le plus riche de notre production
littéraire pendant près de quinze ans »
155
.
C’est donc bien parce qu’elle donne l’occasion aux différentes tendances de gauche de
s’exprimer que l’on peut sans craindre l’exagération qualifier La Société Nouvelle de tribune
libre de la gauche européenne.
*
La spécificité de la Société Nouvelle sur le plan éditorial est sans doute qu’elle se veut
la plus internationaliste des grandes revues de son temps, et cet internationalisme est bien
évidemment dirigé en premier lieu vers la France. De manière générale, il s’avère que les
152
Pour sa biographie, veuillez vous reporter au chapitre 5.1.1, p. 58.
153
Fernand Brouez, [Sans titre], in La Société Nouvelle n°1, Novembre 1884.
154
Seuls peut-être sont moins présents les marxistes.
155
Gustave Charlier, Joseph Hanse, Histoire illustrée des Lettres française de Belgique. La Renaissance du
Livre, 1958.
49
autres revues bruxelloises de l’époque sont nettement moins enclines que la SN à avoir des
relations soutenues avec leurs équivalentes françaises. Cela ne peut guère s’expliquer, mais on
doit bien constater que, « à la différence de la majorité de leurs consœurs de la capitale qui
marquent des réserves à l’égard de Marianne, les revues wallonnes sont résolument
gallophiles »
156
.
Mais justement, la Société Nouvelle est un peu une revue wallonne, non seulement par
son principal fondateur, originaire du Borinage, mais aussi par certains des auteurs qu’elle
publie (Maurice Des Ombiaux, etc.).
Cet internationalisme d’ailleurs n’est pas à sens unique, puisque la SN fait découvrir
les auteurs français en Belgique, mais également les écrivains belges en France. Et pas que les
Belges ! Jeanne Verbij-Schillings s’en fait la remarque, au sujet des lettres néerlandaises :
« Ironisch genoeg werpt het Franstalige Belgische tijdschrift La Société Nouvelle zich in mei
1887 op als intermediair tussen de Nederlandse letteren en het Franse publiek door uitvoerig
stil te staan bij de literaire verdiensten van Multatuli. In 1893 publiceert hetzelfde tijdschrift
een vertaling van zang I van Van Eedens gedicht Ellen »
157
.
*
« Il y avait dans ce Wallon du Germain et du Gaulois ». Cette image, que Hubert
Krains applique à Fernand Brouez
158
, peut parallèlement convenir à qualifier la position de La
Société Nouvelle, à la croisée du Nord et du Sud ; tant il est vrai que si elle reste dans les
mémoires essentiellement pour les nombreux écrivains d’origine russe
159
, nordique et
germanique qu’elle révéla aux publics belge et français (Tolstoï, Ibsen, mais aussi les
premiers fragments de Nietzsche traduits en français), n’oublions pas qu’elle comptait dans
ses rangs de multiples collaborateurs de culture latine.
156
Michèle Mat-Hasquin, « Le mirage français dans les revues belges de 1900 à 1914 », in Actes du colloque Les
grands voisins (24-26 novembre 1983). Université Libre de Bruxelles, Centre d’Études Canadiennes, 1984, p.
30.
157
Jeanne Verbij-Schillings, Découverte des lettres néerlandaises – Nederlandse literatuur in Franse vertaling.
Résumé de l’exposition tenue à la Leidse Universiteitsbibliotheek du 14 janvier au 25 février 2000.
URL :
http://bc.leidenuniv.nl/tentoonstelling/Jeanne_Verbij_Schillings/inhoud.htm#
.
158
Hubert Krains, op. cit., p. 13.
159
Essentiellement par l’entremise d’Eugène Hins, qui avait passé six ans en Russie (voir Marc Mayné, Eugène
Hins, une grande figure de la Première Internationale en Belgique. Académie Royale de Belgique, Coll. Classe
des lettres, 1994, p. 32.
50
Et d’ailleurs, n’est-ce pas pour une part cette multiplicité de nationalités dans la SN
qui a concouru à ce que s’opère en elle une synthèse des littératures et des idées qui se
répandaient alors dans toute l’Europe ? Sans doute, quand l’on songe que « les revues ont
aussi été un vecteur essentiel du cosmopolitisme littéraire »
160
. Rétrospectivement, on se rend
peut-être mieux compte du « rôle d’organes comme La Société Nouvelle dans la pénétration
des littératures étrangères dans le domaine francophone »
161
. Son éclectisme en matières de
littératures européennes fait songer à la « Revue de la quinzaine » du Mercure de France.
*
Une autre particularité notable de la SN est sa position même vis-à -vis des autres
grandes revues de l’époque. Au sein de la bataille qui fait rage entre L’Art moderne et La
Jeune Belgique, elle va créer « un trait d’union entre les deux adversaires » et « entretiendra
d’excellents rapports avec La Jeune Belgique comme avec L’Art moderne »
162
. C’est en cela
qu’elle dérogera partiellement à la règle qui dit que « chaque projet de revue est en quelque
sorte le résultat d’un complot : d’une génération de jeunes contre les anciens, d’une esthétique
contre une autre, de valeurs avant-gardistes contre les valeurs instituées, académiques. (…).
Affirmation le plus souvent exprimée sous la forme d’un manifeste grâce auquel chaque
groupe désigne ses "adversaires", précise ses orientations éditoriales, choisit ses lecteurs, tout
cela suivant une échelle d’intentions qui va du dogmatisme à l’éclectisme ». En effet, la SN se
cherche moins des ennemis parmi ses consœurs qu’elle ne s’efforce de fédérer toutes les
volontés progressistes.
On peut déceler plusieurs raisons à ces bonnes relations avec L’Art moderne et La
Jeune Belgique : d’abord, la SN ne prend pas fait et cause pour l’une des deux parties dans les
controverses esthétiques qui les opposent (ce qui est sans doute une conséquence de son seul
parti pris : le pluralisme des idées, politiques et esthétiques) ; et ensuite, sur un plan
personnel, il se trouve qu’un Arthur James est en bons rapports, bien que pour des raisons
différentes, avec des représentants des deux revues : E. Picard pour L’Art moderne, M. Waller
160
Paul Aron, « Les revues littéraires en Belgique francophone, 1
ère
partie : 1880-1914 », in La Revue des revues
: Revue internationale d’histoire et de bibliographie - The Periodical : International Journal for the History and
Bibliography of Periodicals n°10. Hiver 1990-1991, p. 59 ; puis in La Belgique artistique et littéraire : une
anthologie de langue française, 1848-1914. Éd. Complexe, 1997, p. 515.
161
Paul Aron, ibid.
51
pour La Jeune Belgique
163
, revue où James avait fait ses débuts (du temps où elle s’appelait
encore La Jeune Revue Littéraire).
Si nous sommes ignorant de la qualité et de la fréquence des contacts que F. Brouez
avait avec L’Art Moderne, il semblait en tout cas être au mieux avec La Jeune Belgique. C’est
ainsi par exemple que, accompagné de Mockel, le directeur de La Wallonie, il acceptera de se
rendre à l’invitation de La Jeune Belgique, à l’occasion du banquet anniversaire qu’elle
organise pour fêter ses dix ans, le 15 janvier 1891. Ils y prendront d’ailleurs la parole, aux
côtés de Gille, Maubel et Giraud. Brouez s’exprimera tout particulièrement sur la dette des
lettres belges à l’égard de la revue de l’art pour l’art : « c’est au grand mouvement Jeune
Belgique que nous sommes redevables de cette rénovation [de la littérature belge] »
164
, puis
établira un parallèle entre celle-ci et sa revue : « La Jeune Belgique et La Société Nouvelle ont
rencontré les mêmes obstacles, se sont heurtées à la même indifférence. Leur amitié est née de
cette lutte »
165
, en insistant finalement sur son souhait de « réunir les éléments de la grande
synthèse qui se prépare et doit conduire les hommes vers un siècle de régénération et de
rédemption »
166
.
*
Pendant quelques années (1897-1903), la Société Nouvelle s’est appelée L’Humanité
Nouvelle. Pour notre étude, nous considérerons qu’il s’agit du même périodique, bien qu’avec
des changements substantiels. La validité de ce point de vue devrait se manifester à la lecture
des pages qui suivent.
162
Gustave Charlier, Joseph Hanse, Histoire illustrée des Lettres française de Belgique. La Renaissance du
Livre, 1958, p. 346.
163
Voir chapitre 5.1.2 sur A. James, p. 71.
164
Anonyme, « Banquet du X
e
anniversaire de " La Jeune Belgique" », in La Jeune Belgique n° 2, T. 10, février
1891, p. 108.
165
Ibid.
166
Ibid.
52
5.1
La Société Nouvelle
: Revue internationale,
Sociologie, Arts, Sciences, Lettres
, première
série
(novembre 1884 – janvier 1897)
Le premier numéro de la SN paraît le 20 novembre 1884
167
. Ce numéro est
remarquable en cela qu’il propose des articles d’auteurs représentatifs de la plupart des
tendances littéraires et politiques qu’on associera par la suite à la SN. Il compte à son
sommaire les signatures de Camille Lemonnier (pour le naturalisme), Georges Rodenbach
(pour le symbolisme). En politique et en économie, on retrouve Louis De Potter (colinsiste),
Élisée Reclus (anarchiste), César de Paepe (socialiste), Hector Denis (proudhonien). Et déjÃ
l’internationalisme n’est pas un vain mot : au côté des auteurs belges et français, on constate
la présence de l’Américain Henry George.
Nous ignorons si le lancement de la SN a été précédé d’un appel à souscription sous
forme d’abonnement, toujours est-il que nous n’en avons pas trouvé trace. Nous ignorons
pareillement quels étaient, dans les années qui suivirent, les pourcentage respectifs de
diffusion en librairies et par abonnement.
Les premiers numéros comptent entre 60 et 72 pages, puis 112 en 1890, 132 en janvier
1891 (et parfois un peu moins dans les mois qui suivent : de 112 Ã 124), et quelquefois des
pointes à 140 ou 150 en 1892. On voit bien avec ces variations que la SN ne cherche pas Ã
tout prix à garder une pagination immuable. Des tables des matières récapitulatives sont
publiées à chaque fin de semestre. En six mois, la SN des années 90 produit entre 700 et 900
pages. Le montant de l’abonnement annuel pour la Belgique est de 8 francs, les frais de port
en sus pour l’étranger.
167
Par la suite, le jour de parution variera entre le 15, le 20, le 25, le 30 ou le 31 du mois ; mais le plus souvent la
date de parution n’est même pas indiquée (seul le mois est alors mentionné).
53
Le tirage est de 1500 numéros
168
(celui de La Philosophie de l’Avenir n’est alors que
de 300 exemplaires, mais cela est cohérent avec son statut d’organe doctrinal, presque de
« bulletin intérieur » de la secte)
169
, ce qui semble peu à première vue, mais Francis Nautet
observait quelques années plus tard que « pour les publications littéraires, le nombre de 800
est un chiffre élevé comprenant déjà des abonnements forcés dus à la camaraderie »
170
. De
plus, « l’histoire littéraire (…) a montré que l’influence ou la réputation des revues était loin
d’avoir un rapport avec leurs tirages »
171
; ce qui s’explique car souvent, surtout les plus
petites, « elles ont beaucoup plus de lecteurs que d’abonnés, car on se les prête parmi la
jeunesse »
172
.
Tant que nous discourons sur la diffusion, relevons qu’en 1886 la SN reprendra le
fichier des abonnés
173
de La Basoche
174
– autre revue littéraire
175
, créée en 1884 par Charles-
Henry de Tombeur et André Fontainas
176
– lorsqu’elle cesse de paraître après seize numéros.
Nous ne savons pas à combien de lecteurs ce fichier correspond, mais ce ne peut être
considérable, vu la jeunesse de cette revue. R. Fayt signale l’existence d’un faire-part inséré
dans le dernier numéro de la revue où l’on déplore « la perte irréparable de Dame Basoche »,
signalant que « le service littéraire pour le repos de ses abonnés sera fait dorénavant par La
Société Nouvelle »
177
.
Quand cette décision a-t-elle été prise ? À notre avis très peu de temps après le choix
de mettre un terme à la revue créée par Tombeur, puisque l’avertissement au lecteur prend la
forme d’un faire-part plutôt que d’un encadré dans le corps de la revue, ce qui nous laisse
168
Si nous ne connaissons pas l’évolution ultérieure du volume des tirages, et ne nous hasarderons pas à avancer
un ordre de grandeur, on peut néanmoins se dire que, au cas où ses tirages seraient restés similaires, l’influence
de la SN aurait été inversement proportionnelle au nombre de ses exemplaires, vu le nombre de fois où elle est
citée dans les organes littéraires de l’époque (par ex., dans le Mercure de France).
169
Ivo Rens, notice sur Fernand Brouez, in Biographie Nationale, op. cit., col. 122.
170
Francis Nautet, L’Histoire des Lettres belges d’expression française. T. 1. Charles Rozez, Bibliothèque belge
des connaissances modernes, 1892, p. 91.
171
Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
172
Francis Nautet, ibid.
173
Marianne Pierson-Piérard dit elle que la SN a absorbé La Basoche (Neel Doff par elle-même. Éd. ESSEO,
1964, pp. 27-28), formulation qui nous semble peu appropriée.
174
De laquelle les gens de la SN devaient se trouver proches : des publicités pour le journal de Brouez et James y
sont parues (ex. : p. 2 du n° 16 d’avril 1886).
175
Peut-être la toute première revue belge à avoir établi des liens avec les symbolistes français.
176
F. Nautet, pour sa part, affirme que ce sont Tombeur et Maurice Frison qui en sont les véritables fondateurs
(Francis Nautet, op. cit, p. 90).
177
René Fayt, « Les Revues littéraires et l’ULB », in Virginie Devillers, Passages d’écrivains à l’ULB, de
Charles de Coster à Amélie Nothomb. Éd. ULB création, 2002, p. 18.
54
imaginer que l’accord avec la SN a été finalisé alors que les exemplaires du dernier numéro de
la Basoche étaient déjà imprimés
178
.
À notre connaissance, la SN ne réitérera pas d’autres opérations de ce genre. Si c’est
une bonne méthode pour se faire connaître par de nouveaux lecteurs (encore faut-il qu’ils ne
soient pas déjà abonnés à la SN !), peut-être n’est-elle pas pour autant rentable : combien doit-
on payer au responsable de la revue dont on rachète les abonnés ? Normalement, le calcul
devrait se faire sur base du nombre de numéros à livrer en moyenne par abonné ; mais dans le
cas qui nous occupe, peut-être Fontainas cherchait-il à ce que ses abonnés ne soient pas lésés
par la cessation de parution de la Basoche, et a-t-il transmis la liste des abonnés à titre
gracieux ? N’est-il pas même imaginable qu’il ait payé les dirigeants de la SN pour reprendre
ses abonnements, car après tout Brouez et James n’étaient pas certains qu’une fraction
conséquente de ce nouveau lectorat s’abonnerait définitivement, auquel cas les numéros qui
leur auraient été envoyés gratuitement l’auraient été en pure perte.
*
Fernand Brouez, qui venait juste d’arrêter des études de médecine à l’ULB, et Arthur
James – encore stagiaire au Barreau de Bruxelles – en sont les premiers « secrétaires de
rédaction » (titre que Brouez préférait à celui de rédacteurs en chef).
Voici comment les rédacteurs La Société Nouvelle présentent leur revue : elle « publie
des études sociales historiques et littéraires, ainsi que des articles de critique (…), grâce Ã
l’appui que nous prètent [sic] les chefs du mouvement social dans ces divers pays, nos
lecteurs seront tenus au courant des principaux travaux et des ouvrages paraissant à l’étranger.
Nous remercions toutes les sommités du monde scientifique et littéraire qui, tant en Belgique
178
On pourrait a priori trouver étrange qu’une telle opération n’ait pas été effectuée par une revue plus
totalement acquise au symbolisme, et donc plus proche, comme L’Élan Littéraire ; mais au contraire cela se
comprend fort bien. Cette toute jeune revue subissait elle-même une profonde mutation (deux mois après la fin
de La Basoche, elle s’est transformée en La Wallonie). De plus, les contacts étaient peut-être plus faciles et
réguliers avec la SN, basée à Bruxelles, qu’avec L’Élan Littéraire, sis à Liège. Enfin, la SN et de la Basoche,
créées presque au même moment (la naissance de la Basoche précède celle de sa consÅ“ur d’une semaine Ã
peine), avaient bien des points communs. D’abord, A. James et F. Brouez ont probablement prêté leur
collaboration à La Renaissance, journal qui avait précédé la Basoche, en tout cas leur collaboration avait été
annoncée (Francis Nautet, L’Histoire des Lettres belges d’expression française. T. 1. Charles Rozez,
Bibliothèque belge des connaissances modernes, 1892, p. 89). Ensuite, Tombeur et James se connaissaient
55
qu’en Hollande, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Russie, en
Amérique, veulent bien nous seconder »
179
.
Un public spécifique est-il visé ? Il semble plutôt, au contraire, que le pluralisme
affiché et revendiqué corresponde à une volonté de fédérer largement toutes sortes de
tendances dites progressistes. D’ailleurs, les hauts tirages (toutes proportions gardées)
mentionnés plus haut nous font penser que la revue ambitionnait de ne pas restée cloîtrée dans
une certaine marginalité et de peser peu ou prou sur la pensée de son temps. Notons toutefois
que lors de son lancement, on annoncera que La Société Nouvelle « se propose surtout de
susciter parmi les jeunes gens une noble émulation »
180
, ce qui est bien sûr lié au jeune âge
des deux fondateurs (24 ans).
Nous savons par plusieurs sources que Jules Brouez – le père de Fernand – participa
au financement de la SN, mais nous ignorons par contre combien il y investit, ni à quelle part
du financement total cela correspondait. Selon Évelyne Wilwerth, il finança la revue pendant
douze ans
181
, soit pratiquement jusqu’à la fin de la première série. Nous sommes tenté de
croire qu’il était l’unique bailleur de fonds, et que la mention de Ferdinand Larcier comme
éditeur résultait d’un arrangement qu’il avait pris avec cette maison. En effet, peut-être était-il
plus prestigieux pour une revue de haute volée d’être édité par une maison reconnue.
Cette hypothèse se renforce par le fait que, par après, et ce jusqu’à la fin de la 1
ère
série, nous ne retrouvons plus dans le colophon que des coordonnées de libraires. Nous les
avons interprétées comme étant des mentions de diffuseurs, certes arbitrairement, tant il est
vrai qu’à la fin du XIX
e
siècle, certains libraires assumaient en parallèle une fonction
d’éditeur… Ce qui n’est pas fait pour nous aider à y voir plus clair.
Toujours est-il que, n’ayant pu consulter les archives de La Société Nouvelle (registre
de comptes, correspondances administratives…) – soit qu’elles n’existent plus, soit que nous
n’ayons su les localiser – nous ne pouvons être très affirmatif sur ce point.
depuis plus longtemps encore, puisqu’ils avaient tous deux œuvré dans le journal L’Étudiant, à la fin des années
septante.
179
Quatrième de couverture du n°1 de la SN. Ferdinand Larcier, novembre1884.
180
Anonyme, « Publication socialiste », in La Philosophie de l’Avenir T. 1, 1884-1885, p. 231.
56
Examinons maintenant plus en profondeur les changements qu’on peut recenser Ã
partir des données du colophon. Voici la mention d’édition présente dans le 1
er
numéro
(novembre 1884) et qui ne changera pas jusqu’en octobre 1885 :
Bureaux à Bruxelles, rue des Minimes, 10 ;
Bruxelles : Ferdinand Larcier, éditeur ;
Amsterdam : Feikema et Cie, Librairie française, Heerengracht, 231 ;
Paris : Librairie étrangère H. Le Soudier, Boulevard Saint-Germain, 174.
En novembre 1885, le libraire H. Stapelmohr (24, Corraterie, Genève) prend la place
de l’éditeur Ferdinand Larcier dans le colophon, situé en bas de la page du sommaire. À partir
de ce moment-là , on ne trouve plus nulle part de mention d’éditeur. Serait-ce parce que
désormais la SN est imprimée sur place, ce qui pourrait donner une raison au changement
d’adresse des bureaux, qui sont déménagés au n° 15 de la rue des Chevaliers ? On peut le
penser, si l’on songe que les précédents bureaux de la rédaction étaient justement situés Ã
l’adresse de l’éditeur Larcier.
En janvier 1888, « Albert Savine, Nouvelle librairie parisienne (18, rue Drouot) »
remplace H. Le Soudier ; et dès le 31 janvier 1889, elle sera la seule présente sur la page des
sommaires, graphiquement sur un pied d’égalité avec la mention « Bruxelles, bureaux : rue de
l’Industrie, 26 ». Dans le numéro de septembre 1889, on apprend que Savine déménage au 12,
rue des Pyramides. En février 1890, apparaît de nouveau en bas de la page des titres la
mention relative à H. Le Soudier.
Le 30 septembre de la même année, le lecteur peut lire que les bureaux de Bruxelles
sont déplacés trois maisons plus loin, au n°32 de la rue de l’Industrie. Ce qui est la troisième
adresse différente en six ans. C’est alors aux bureaux parisiens d’attraper la bougeotte.
En juin 1892, ils sont au 66 de la rue de la Rochefoucauld puis, en mai 1893, au n° 15
de la rue de l’Échaudé-Saint-Germain. En janvier 1894, on les retrouve au 7, rue Choron ; et
en mars, au 45, avenue de Trudaine. En juin et juillet 1895, ils sont au 12, rue Vignon.
Ensuite, ils restent au 5, impasse de Béarn jusqu’en décembre 1896 ; puis ils trouvent enfin
refuge au 75 de la rue Buffon.
181
Évelyne Wilwerth, Neel Doff. Pré aux Sources, Éd. Bernard Gilson, 1992, p. 80.
57
Soit sept adresses différentes sur une période d’à peine quatre ans et demi, ce qui
incite le chercheur à se poser la question du pourquoi de ces déménagements incessants (ils ne
restent jamais plus de 16 mois à la même adresse, et pour le moins seulement deux mois).
Serait-ce des problèmes de loyers trop chers qui en seraient la cause ? Ou bien la volonté
d’avoir des bureaux mieux situés ? Quelques années plus tôt, on aurait pu à la rigueur voir
dans ces déménagements à répétition un signe des ultimes secousses de la refonte
haussmannienne du vieux Paris, mais ici ce n’est plus guère imaginable.
Pour en juger, on devrait en première analyse visualiser les déplacements en question
sur une carte du Paris de l’époque. Il s’agirait donc de prendre en compte la qualité des
quartiers parisiens de l’époque (quels étaient leurs niveaux de loyers respectifs, lesquels les
mieux desservis en termes de possibilités de transport, etc). Hélas, il était pour ainsi dire
impossible d’examiner le bien-fondé de telles hypothèses dans le temps imparti pour ce
mémoire...
Signalons encore qu’entre octobre 1892 et décembre 1896, le prix de la revue
n’augmente pas et reste de 1 franc 25 (si ce n’est pour un numéro spécial de 200 pages, qui
couvre les mois de novembre et décembre 1892, qui lui coûte 2 francs 50). Pour en finir avec
les aspects descriptifs, il faut encore mentionner que la SN perdra une partie de son sous-titre
en janvier 1889 (« Sociologie, Arts, Sciences, Lettres ») pour devenir La Société Nouvelle :
Revue internationale, et constater au travers des nombreux changements qu’elle connaîtra
entre 1884 et 1914 (titre, sous-titre, direction, lieu d’édition, imprimeur…), la présence de
quelques constantes : un format in-8 (26 x 16 cm), une couverture vert foncé et une
périodicité mensuelle.
La première série de la SN s’achève au début de 1897, sans doute en raison de l’état de
santé calamiteux de son directeur, alors qu’elle est « de plus en plus florissante (…) au
premier rang des périodiques »
182
, après douze ans et trois mois d’activité.
182
Georges Eekhoud, « Chronique de Bruxelles », in Le Mercure de France n°IX, juillet-septembre 1900, p.
796.
58
5.1.1 Le fondateur et secrétaire de rédaction
Fernand Brouez
Fernand Louis Maximilien Brouez, benjamin d’une famille de la bourgeoisie
hennuyère et fils du notaire Jules Brouez, naquit le 13 août 1861 à Wasmes. La même année
meurt l’aventurier de la famille, le grand-père, Prosper, né lui en 1786.
Nous savons peu de choses sur son enfance et son adolescence, si ce n’est qu’il se
montre très attaché à Paul-Léon-Alexandre, son aîné d’à peine un an (né le 2 juillet 1859), ce
qui n’est pas étonnant chez des frères pratiquement du même âge et qui, ayant été élevés par
leur père et par des précepteurs, n’ont sans doute jamais été séparés l’un de l’autre, même
pour quelques heures, comme le sont ceux qui vont à l’école. Ainsi vont-ils s’inscrire le
même jour, en 1877, à l’ULB. Lui en candidature en philosophie et lettres, et Paul en
sciences naturelles.
Détaillons les études du fondateur de La Société Nouvelle pour tenter d’en retirer
quelques informations, car ces années de formation compteront particulièrement, en raison de
leur durée et de leur diversité, dans la formation intellectuelle de F. Brouez.
Là où Paul se révèle un élève sans problème
183
(dès 1879, il entame un doctorat en
sciences, après des candidatures en médecine), Fernand donne a posteriori l’impression de
n’avoir pas pu s’accomplir pleinement dans le cadre de ses études, puisque il en change
plusieurs fois l’orientation, sans jamais dépasser le stade des candidatures ; mais tout cela
peut se justifier partiellement par un malheur familial qui va le frapper de plein fouet. Après
deux années en philosophie, survient un événement inattendu qui va le plonger dans un
profond accablement, dont il sera long à se remettre : le 30 juillet 1879, son frère, alors en sa
troisième année universitaire, meurt de la scarlatine. Évelyne Wilwerth, l’une des biographes
de sa future femme Neel Doff, prête à Fernand Brouez ces mots pour exprimer sa douleur en
183
Nous savons qu’il obtient une distinction en première session, en juin 1878.
59
cette occasion : « J’ai cru devenir fou
184
. Pendant des mois, j’ai erré dans les rues, obsédé par
cette mort. Je parlais tout seul. Mes copains ont fini par me fuir. Je me suis alors inscrit en
médecine »
185
. Ce que cette citation ne dit pas, c’est que pendant ses mois d’errance, il n’est
plus seulement inscrit en philosophie, mais aussi en candidature en droit ; comme s’il avait
délibérément cherché à augmenter sa charge de travail pour, à défaut de trouver l’oubli, ne pas
avoir trop de temps pour songer à son frère mort.
Après une année où l’on imagine que le souvenir lancinant de l’aîné n’a pas dû le
quitter, une année de souffrance, mais aussi sans doute de solitude (il ne voit plus ses amis, et
pour la première fois de sa vie, il est privé de la présence de Paul) ; il abandonne la
philosophie (où il venait pourtant de réussir en seconde session – avec distinction – sa
première candi) et le droit, mais ce changement radical ne suffit sans doute pas à l’apaiser,
puisque maintenant il « se destine à la "médecine des pauvres" »
186
, entreprenant à la fois une
candidature en sciences et une autre en médecine
187
. Or ce faisant, ne prend-il pas
symboliquement (à ses yeux et à ceux de ses parents) la place du frère mort, qui était en
sciences naturelles lui aussi ? D’autre part, peut-être cherche-t-il à « expier » la culpabilité
qu’il peut ressentir de n’avoir pu sauver son frère en apprenant comment à l’avenir sauver
d’autres vies…
Il serait certainement intéressant d’examiner, dans une optique un peu
psychanalytique, ce qu’il dit de cet événement dans ce qui nous reste de sa correspondance,.
Quelle était exactement sa relation avec son frère ? La proximité de chaque instant dans leur
enfance, puis leur adolescence, ne faisait-elle pas d’eux des presque jumeaux ? Quelle
incidence la disparition de son quasi-double a-t-elle eu sur Fernand ?
Quoi qu’il en soit, tous les espoirs politiques et humanistes du père étaient désormais
reportés sur le cadet.
*
184
Wilwerth ne donne pas la source de ces paroles, mais nous avons remarqué que « J’ai cru devenir fou» est une
phrase que F. Borde prêtait déjà à Brouez père lors du même événement (Frédéric Borde, « Jules Brouez, un
penseur inconnu », in L’Humanité Nouvelle n° 31, Mons, janvier 1900, p. 59). S’en est-elle inspirée ?
185
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 75.
186
Ivo Rens, notice sur Fernand Brouez, in Biographie Nationale…, col. 121.
187
Il arrêtera ses études de sciences en 1883, mais restera inscrit en médecine jusqu’en 1885.
60
On ne saurait dire, à la lecture des Rapports sur les années académiques de 1877 Ã
1884
188
, qui malheureusement n’incluent que les noms des étudiants qui ont réussi (avec les
villes de résidence et grades obtenus), quelles étaient ses matières de prédilection. De plus,
comme nous n’avons trouvé aucune trace de ses copies, travaux ou feuilles de notes (les
Archives de l’ULB ne semblent pas conserver de tels documents), nous ne saurons sans doute
jamais s’il a toujours pris ses études à la légère, s’il ratait la plupart de ses examens ou bien
s’il butait toujours sur les mêmes, et si oui lesquels ; ou simplement s’il ne les présentait pas.
De tels renseignements nous permettraient de nous faire une idée de son rapport aux études.
Cependant, nous savons qu’il était un « élève assidu et même enthousiaste des bons
professeurs »
189
, mais que par esprit d’indépendance intellectuelle « il disait son fait à tel ou
tel professeur auquel l’opinion reprochait de ne pas s’élever jusqu’à la médiocrité
officielle »
190
.
Nous ne pouvons donc, en raison de ce manque d’indices, qu’échafauder des
hypothèses plus ou moins gratuites sur cette incapacité à faire aboutir ses études. Peut-être
regrettait-il d’avoir modifié l’orientation de ses études ? Surtout qu’il fait cela après avoir
réussi, pour la seule et unique fois de ses études, une de ses candidatures ? Ou bien faut-il
incriminer le fait qu’avant l’université, il n’a connu que des professeurs particuliers (son père
ou un précepteur) et qu’il ait eu d’autant plus de difficultés à s’adapter au fonctionnement des
cours ex-cathedra ? Était-il de santé fragile ? Avait-il du mal à vivre loin du foyer parental
(selon sa future épouse Neel Doff, sa mère l’avait beaucoup « couvé ») ? Ou encore se peut-il
que le poids du frère mort l’ait empêché de se sentir vraiment à l’aise dans une discipline qui
était celle de Paul avant de devenir la sienne ? Ce serait compréhensible, vu l’hypersensibilité
dont on l’a souvent gratifié. Sans doute aussi était-il depuis longtemps taraudé par le projet de
créer une revue, et devait-il consacrer une partie conséquente de son emploi du temps Ã
rechercher des collaborateurs, un imprimeur, des fonds pour le lancement… La vérité est sans
doute quelque part à l’intersection de toutes ces hypothèses.
En tout cas, il est peu vraisemblable qu’il ait suivi plus de quelques cours lors de sa
dernière (et huitième !) année de candidature, et encore plus improbable qu’il se soit présenté
188
T. 1 (1873-74 Ã 1881-82) et T. 2 (1883-84 Ã 1889-90).
189
Élie Reclus, « Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n° 40, octobre 1900, p. 386 ; repris dans Fernand
Brouez, Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896. Impr. Veuve Monnom,
1901.
61
aux épreuves ; vu qu’il lance La Société Nouvelle le 20 novembre 1884 – ce nom fait
référence au titre d’un ouvrage de Colins –, qu’il dirigera pendant douze ans, jusqu’à ce que
ses successeurs changent son nom en L’Humanité Nouvelle.
Pendant ses années d’études à l’ULB, il avait vécu comme un fils de famille
bourgeoise, très à l’aise financièrement (mais tout aussi généreux vis-à -vis de son entourage),
profitant de la vie en se cultivant, fort apprécié de ses condisciples (« d’emblée des camarades
le prirent pour chef de file »
191
). Cette époque aura été pour lui une période privilégiée de sa
construction intellectuelle, celle où il pût approfondir ses connaissances en littérature,
s’intéresser à l’effervescence culturelle et artistique qui bouillonnait à Bruxelles et se
passionner pour les questions sociales qui agitaient son temps ; mais aussi acquérir une réelle
maturité au travers de la douloureuse épreuve citée plus haut.
*
Au printemps 1882, il rencontre dans un atelier d’artiste bruxellois
192
une jeune
immigrée hollandaise de trois ans son aînée, une pauvresse tombée dans la prostitution à seize
ans pour nourrir sa famille et qui pour l’instant travaille comme modèle pour des peintres
(notamment Georges Lemmen, qui sera témoin à leur mariage
193
) ou des sculpteurs (Paul De
Vigne) avec qui il lui arrive d’avoir des aventures. Il s’agit de la future romancière Neel Doff.
D’emblée, il saura la séduire par son physique à la fois frêle et charmant. Voici
comment une des dernières biographes en date de Doff décrit : « Quelle chevelure souple et
abondante ! Un collier encadre le visage ovale aux traits fins. Le profil est plus acéré. Le nez,
190
Élie Reclus, « Fernand Brouez », ibid.
191
Élie Reclus, « Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n° 40, octobre 1900, p. 386.
192
« In 1882 ontmoette ze [Neel Doff] in een Brussels atelier de sociaal bewogen Fernand Brouez » (URL :
http://home2.planetinternet.be/sbrijs1/interview_vkt.htm
). Cette version est celle qu’accrédite Wilwerth, mais il
en existe une autre, que Doff relate de manière romancée dans son conte « Un lapin » (Contes farouches. Plein
chant, Coll. Voix d’en bas, 1981 [édition originale chez Ollendorff]), que nous reproduisons en annexe, au
chapitre 8.1. Il en est encore une autre, dont Élie Reclus est chronologiquement le premier à faire état : « Ce fût
comme interne qu’il vit sur un lit d’hôpital la jeune personne qui devint la compagne de sa vie et son épouse
dévouée »
192
. (« Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n° 40, octobre 1900, p. 386).
193
Aux côtés de G. Eekhoud et H. Maubel (Roger Cardon, Jane Block, Georges Lemmen 1865-1916 :
rétrospective [exposition tenue au Musée d'Ixelles, du 24 avril au 13 juillet 1997]. Snoeck-Ducaju & Zoon,
Crédit communal de Belgique, Petraco-Pandora, Coll. Monographies de l’art moderne, 1997, p. 126). Lemmen
restera longtemps un ami de la famille, c’est d’ailleurs lui qui dessinera le monogramme de l’en-tête du papier Ã
lettre de Fernand (Roger Cardon, « À propos de Georges Lemmen, quelques précisions nouvelles », in Le Livre
62
plutôt aquilin. Et les yeux…un mélange de vert, d’ocre, de brun très clair. La silhouette est
mince, élancée ; paraît un peu fragile. Ce qui intrigue Neel, c’est ce mélange de ferveur et de
fragilité qui émane de lui ; cet alliage de concentration nerveuse et de légèreté rêveuse. Car le
jeune homme paraît planer, avec ses longues mains voltigeantes »
194
. Selon Georges Eekhoud,
il resta toute sa vie durant « d’une beauté quasi apostolique »
195
, même quand la maladie le
vaincra quelques années plus tard.
Issus de milieux on ne peut plus opposés, ce sont leurs idées sur le devenir de la
société qui les font se rejoindre et se compléter admirablement Fernand et Neel. Il a de la
misère une connaissance toute théorique, façonnée par ses lectures mais aussi – très
certainement – par ses conversations avec son père sur ses années de privations. Au contraire,
Neel (qui à cette époque se prénomme encore Cornéllie-Hubertina, ou plus simplement
Cornéllie, forme francisée de Cornelia, son prénom originel) a de l’indigence et du dénuement
une expérience on ne peut plus directe. La majeure partie de sa vie s’est déroulée dans les bas-
fonds d’Amsterdam, elle en donne d’ailleurs un aperçu frappant dans les deuxième et
troisième pans de son œuvre maîtresse, la trilogie romanesque, à caractère fortement
autobiographique, constituée par Jours de famine et de détresse (1911) – pour lequel elle
obtient trois voix au Prix Goncourt – , Keetje (1919) et Keetje trottin (1921) qui clôt la trilogie
mais relate en fait ses années de jeunesse. Dans le second volume, elle transpose sa relation
avec Fernand dans l’histoire d’amour d’une prostituée et d’un jeune homme de bonne famille
sensible aux idées socialistes (André).
Selon son biographe, Éric Defoort, l’appartenance de Doff à un milieu misérable n’est
pas pour rien dans l’attachement que Fernand lui porte : « Brouez’ liefde voor Doff
individualiseert en concretiseert mede zijn algemeen maatschappelijke en theoretische liefde
voor de lijdende klasse »
196
.
Fernand jouera vis-à -vis d’elle le rôle d’un Pygmalion, corrigeant son orthographe,
reprenant sa diction gâtée par un accent populaire, lui faisant découvrir les théoriciens
et l’Estampe : Revue Semestrielle de la Société Royale des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique, T. 39, n°
139, 1993, p. 77).
194
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 73.
195
Raphaël de Smedt, « Doff (Neel) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1. Bruylant, Académie Royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1985, col. 408-415.
196
Éric Defoort, Neel Doff, leven na Keetje Tippel. Hadewijch, 1993, p. 22.
63
importants de leur époque, affinant ses goûts en arts, lui révélant même les plaisirs de la
gastronomie. « Nul doute qu’à cette époque Neel Doff n’ait rencontré en sa compagnie les
grands écrivains du moment, Lemonnier, Verhaeren, Eekhoud, qu’on retrouvera tous,
quelques mois plus tard, au sommaire de la SN. Des artistes aussi : Georges Minne, Charles
De Groux »
197
, et des politiciens
198
.
Grammaire, géographie, histoire : tout est à faire ou à refaire. Il l’incite même Ã
s’inscrire aux cours de déclamation (que Fernand avait suivi en 1879-1880) et de maintien du
Conservatoire de Bruxelles. Elle se débrouille plus que bien et ses progrès sont remarquables.
Désormais, sa maîtrise du français est suffisante pour qu’elle ose se lancer dans la traduction
littéraire, dès 1885, avec une lettre de Multatuli qui paraîtra dans la SN.
199
On peut se demander quelle « contrepartie » Neel pouvait apporter à Fernand, outre
l’orgueilleux plaisir qu’il devait ressentir à l’idée que c’est à lui qu’elle devait d’avoir pu
développer aussi pleinement ses talents et dons.
Il est probable que, à l’un ou l’autre moment de leur relation, Neel a du représenter
pour Fernand une « porte de sortie » pour se soustraire au puissant ascendant parental (il lui
est arrivé au moins une fois de reconnaître devant Neel qu’il ne s’était jamais senti maître de
choisir sa propre voie, qu’il n’avait fait que suivre celle défrichée pour lui par son père, et ce
notamment sous l’épée de Damoclès d’un chantage financier
200
).
En outre, si on se fie à l'affirmation – certes pas très étayée – de Évelyne Wilwerth qui
dit que « Neel fut très probablement la première femme que Fernand connut »
201
, et si on
garde présente à l’esprit la vie tourmentée qu’elle connut dans ses jeunes années, on est peu Ã
peu amené à penser qu’elle a pu incarner à ses yeux ces deux continents inconnus qu’il brûlait
d’explorer : celui de la gent féminine et celui d’une réalité sociale dont il n’aurait jamais
qu’une connaissance indirecte.
197
Marianne Pierson-Piérard, op. cit., pp. 28-29.
198
Raphaël de Smedt, « Doff (Neel) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1. Bruylant, Académie Royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1985, col. 410.
199
Elle traduira aussi des contes du même auteur, toujours pour la SN (avril 1887).
200
« Je dois penser comme eux, je dois manger comme eux, et mon père dit que, si son fils ne devait pas partager
ses idées, il léguerait toute sa fortune à n’importe qui pensant comme lui… » (Neel Doff, Keetje. Éd. Labor,
Coll.
Espace Nord, 1987, p. 237).
201
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 101.
64
Car, contrairement à son père ou à Neel, qui avaient connu la misère et trouvaient dans
leurs souffrances passées de quoi motiver leur combat, qui pour son idéal social et politique,
qui pour sa reconnaissance par le monde des lettres
202
; Fernand nous semble être resté surtout
guidé par son éducation.
Cette inaptitude, cette difficulté à saisir la réalité qui l’entoure, est confirmée par ses
proches et par ceux de ses collaborateurs qui l’ont le mieux connu. Parmi ces derniers, Hubert
Krains nous dresse le portrait d’un être sensible, qui « semblait ne tenir par rien aux choses
réelles »
203
, bien que professant des idées socialisantes censées a priori le prédisposer Ã
l’écoute des réalités, des besoins et des attentes des plus miséreux.
Au nombre des qualités que tous lui reconnaissent, certaines sont citées plus souvent :
optimisme, grande érudition, puissante capacité de travail, réelle abnégation (n’hésitant pas Ã
négliger son œuvre d’essayiste – que d’aucuns jugent de qualité, quoique peu abondante –
pour passer plus de temps à promouvoir les écrits d’autrui à travers La Société Nouvelle), foi
inébranlable en l’avènement d’une société meilleure ; tous traits de caractère qui nous font
voir en lui un réel humaniste.
Entre temps, Fernand a lancé ce qui restera aux yeux de tous son principal titre de
gloire : le mensuel La Société Nouvelle, mais quand on sait le caractère ferme et dirigiste de
son père, Jules, dont nous ferons état plus loin, on peut se demander si l’initiative lui est bien
personnelle ou si elle ne lui a pas plutôt été suggérée par celui-ci. Peu importe finalement, ce
qui est certain, c’est que c’est bien le fils qui s’investit totalement dans cette revue, pour
laquelle il lui faut « se tenir au courant du mouvement scientifiques et littéraire , lire force
manuscrits, (…)[assumer] la correspondance et la direction matérielle » ; laissant son père Ã
ses obligations de notaire. Plus important, c’est sans doute en bonne partie à Fernand – et Ã
James – que l’on doit le fameux pluralisme qu’on retiendra comme la « marque de fabrique »
de la SN, pluralisme qu’il concevait comme un instrument privilégié de la propagation de son
idéal humaniste, qu’il ne pouvait accepter de voir réduit à sa seule forme colinsiste.
202
Cette commune misère de leurs jeunes années ne les rapprochera pourtant jamais, peut-être parce que Jules
Brouez s’en était extrait à la force du poignet, et qu’il voyait en Neel une « coureuse de dot » qui aurait eu des
visées sur l’argent de son fils et son futur héritage ? Et puis, il y avait la différence d’âge… et toujours la
misogynie du futur beau-père.
203
Hubert Krains, préface à Fernand Brouez, Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires :
1882-1896. Impr. Veuve Monnom, 1901, p. 13
.
65
D’ailleurs, d’après ce que nous avons retenu de la lecture de ses articles et chroniques,
Fernand Brouez n’a jamais cherché à s’octroyer le rôle d’arbitre des élégances intellectuelles
et des tendances progressistes : il est tout dévoué à l’émergence et à la confrontation des idées
nouvelles. Nous sommes donc d’avis que la SN fut incontestablement de ces revues dont on a
pu dire que leur « caractéristique première, fondamentale (…), c’est d’être l’expression d’une
passion, parfois la passion d’un seul individu »
204
.
De par son histoire personnelle, Fernand convenait particulièrement au poste de
directeur d’une revue ouverte à toutes les disciplines et tendances : ses études prolongées lui
avaient laissé beaucoup de temps pour s’intéresser à toutes sortes de choses. Incomplètes et
inachevées, elles présentaient toutefois l’avantage de lui avoir donné des rudiments dans des
domaines très divers : droit, philosophie et sciences ; ce qui était sans doute peu courant. Cet
éclectisme ne fut sans doute pas pour rien dans la sympathie que lui vouèrent nombre de
collaborateurs de la SN. Parmi eux, les écrivains Eekhoud, Verhaeren, Maeterlinck, Krains,
Demolder ou Maubel devinrent même ses amis
205
.
Mais revenons-en à sa relation sentimentale avec Neel Doff. Pendant les premières
années, il n’est pas question pour Fernand de vivre à deux ; s’ils sont tous deux domiciliés Ã
Ixelles, lui l’est au 9 rue d’Italie et elle au 87 rue Braemt. Il cache même à ses parents pendant
plusieurs années l’existence de cette liaison, et continue à habiter dans leur maison de
Wasmes
206
. Ce n’est qu’en 1891 qu’il accepte de leur présenter Neel, peut-être sur la
pressante insistance de cette dernière
207
. Lors de la première rencontre, seule la mère est
présente pour la recevoir, Jules ayant préféré s’absenter. Rapidement, l’antipathie naît de part
et d’autre, deux clans se forment, une bataille s’engage dont l’enjeu est la possession de
Fernand. La misogynie de Jules Brouez, conjuguée à son opposition de principe au mariage
(bien qu’il soit lui-même marié), lui avait fait émettre très tôt l’opinion que les affaires de
cœur de Fernand pourraient nuire à la plénitude de son engagement social
208
. Cette hostilité
204
Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
205
Jules Noël, Un philosophe belge, Colins (1783-1859). Éd. de la Société Nouvelle, 1909, p. 59.
206
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 78.
207
Bien que cette dernière lui en attribue la décision dans son autobiographie romancée Keetje (Neel Doff, op.
cit, p. 185).
208
Il est à ce propos intéressant de noter que sur les six colonnes de collaborateurs de la première Société
Nouvelle que nous présentons plus loin, on trouve moins de dix collaboratrices féminines (Judith Cladel,
Antonine De Gerando, Gaétane, Laurence Housman, Laurence Jerrold, Laura Marholm, Clémence Royer – il y
en a certes sans doute eu un peu plus, car les prénoms d’un certain nombre d’auteurs étant absents ou réduits Ã
66
sourde, ajoutée à la possessivité de la mère, transforment les parents de Fernand en ennemis
plus ou moins déclarés de son union avec Neel. Il faut croire d’ailleurs que leur influence a un
poids certain aux yeux de leur fils, car bien qu’il connaisse Neel depuis près de dix ans,
qu’elle ne fréquente plus aucun autre homme depuis 1885, il lui faudra encore cinq autres
années pour l’épouser
209
.
Mais comment vit-elle tout au long de ces années ? Sans doute est-ce Brouez qui
subvient entièrement à ses besoins, à moins qu’elle n’ait continuée ses séances de pose chez
des artistes bruxellois, après sa rencontre avec Fernand Brouez ? Ou s’est-elle lancée
professionnellement dans la traduction de textes depuis le néerlandais, une fois qu’elle a su
maîtriser le français ? Les registres de recensement décennal d’Ixelles
210
, quant à eux, la
classent dans la catégorie des rentiers, peut-être parce que « femme entretenue » n’entrait pas
dans la classification des professions de l’époque ?
Le 14 février 1893, lors d’une visite à son frère Jean Hubert qui habite Amsterdam,
Neel accepte de recueillir – sans pour autant entamer une procédure d’adoption – un de ses
nombreux enfants, Johannes Hubertus, âgé de quatre ans
211
. Il lui plaît beaucoup, et Fernand,
pas très enthousiaste au début, finit lui aussi par tomber sous le charme du petit garçon. Avec
Neel, ils se feront une joie de l’éduquer, lui apprendre le français… Ce bonheur ne durera
guère, pourtant
212
. La belle-sœur de Neel lui réclame de l’argent pour lui laisser
définitivement la garde de l’enfant, celle-ci cède dans un premier temps puis finit par refuser
tout net. Jean Hubert essaiera même de venir reprendre son fils, mais repartira bredouille. Ce
conflit trouvera sa conclusion quand, le 19 juin 1895, Johannes part rendre visite à sa famille.
Il ne reviendra pas et Neel ne le reverra jamais plus.
leurs seules initiales, le sexe de l’auteur ne peut toujours être déterminé). Hamon ouvrira considérablement plus
les colonnes de L’Humanité Nouvelle aux femmes que Brouez.
209
Mais cela peut se comprendre : ne perdons pas de vue que le financement de la Société Nouvelle avait
longtemps dépendu directement de Jules (mais était-ce encore le cas ?).
210
1890-1900, vol. 26, folio 250.
211
Information trouvée dans Je voulais en faire un homme, publié en 1921 dans Signaux de France et de
Belgique et reproduit en anastatique dans Le Disque Vert. Mais comme souvent avec Doff, on ne sait l’exacte
part de vérité des textes qu’elle tire d’épisodes de sa vie.
212
Selon Wilwerth, ces années sont les plus heureuses de la vie de N. Doff : « Cette époque – autour de 1890 –
où elle connût un bonheur qu’elle n’allait plus retrouver dans le confort proprement bourgeois que lui assura Ã
Anvers l’avocat d’excellente réputation, Georges Sérigiers » (Évelyne Wilwerth, Neel Doff, 1852-1942
[catalogue d’une exposition organisée à la Bibliothèque Royale, Chapelle de Nassau, du 9 mai au 20 juin 1992].
Bibliothèque Royale Albert 1
er
, 1992, p. XI).
67
C’est au terme d’une liaison atypique de près de quinze ans, pendant laquelle ils n’ont
pratiquement jamais vécu ensemble, si ce n’est dans la maison qu’ils loueront chaque été
entre 1890 et 1896 – année de leur mariage – sur l’île zélandaise de Walcheren
213
, Ã
Domburg, (où Fernand vient régulièrement retrouver Neel quand la gestion de la Société
Nouvelle lui en laisse le loisir, souvent rejoints par les amis du couple : Lugné-Poe, Henry
Vandevelde), qu’il l’épousera le mardi 1
er
décembre 1896
214
, Ã la maison communale
d’Ixelles.
Le mois suivant paraîtra le dernier numéro de la SN, dans lequel aucun article n’est
consacré à faire le bilan des douze années, ni à expliquer les raisons de cette cessation de
parution
215
. Cette mise à mort du journal était-elle planifiée dès avant leur union, Fernand
préférant désormais se consacrer à son foyer et, pour une dernière année, à son cours Ã
l’Université Nouvelle? Ou bien cela correspond-il à l’aggravation de son état de santé qui
survenu l’année précédente ? (voir infra)
On ne sait trop non plus qui a choisi de précipiter le mariage. « Ont-ils pris cette
décision ensemble ? De commun accord ? (…) Fernand a-t-il poussé Neel au mariage pour
qu’elle devienne héritière ? (…) dans ce cas, il aurait tourné le dos à ses parents et aurait pris
le risque de se voir déshérité… Ou Neel aurait-elle réussi à le convaincre, malgré l’hostilité de
ses parents ? Rêvait-elle d’un mariage bourgeois ? (…) Neel devait redouter de se retrouver
seule, sans sécurité financière »
216
. Ou bien auraient-ils eu le projet d’avoir un enfant, ce qui Ã
l’époque ne pouvait se concevoir hors des liens du mariage, pour en quelque sorte
« remplacer » le petit Johannes auquel ils s’étaient attachés ?
Bizarrement, le mariage n’a rien changé à leur mode de vie, ils habitent toujours
séparément : Neel, rue de Stassart ; et Fernand, rue d’Édimbourg, au 18. Ce n’est qu’à partir
du 25 mai 1897 qu’ils emménagent à Wasmes, chez les parents de Fernand. Mais déjà , le 26
juillet – à cause de l’animosité de la mère pour sa bru ? de la misogynie du père ? par besoin
d’indépendance et d’intimité du jeune couple ? – ils reviennent habiter l’ancien domicile de
213
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 93.
214
Quand on sait la vive opposition de principe au mariage de Brouez père, on se dit que son estime pour sa bru
n’a pas dû en sortir accrue.
215
Ce qui laisserait à penser que Fernand Brouez gardait l’espoir que cet arrêt ne soit que provisoire…ou bien
qu’il n’avait plus d’illusion sur son décrépitude physique.
216
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 101.
68
Fernand, rue d’Édimbourg
217
. Enfin, le 14 octobre, Fernand part s’installer – seul ? Neel
venant le rejoindre occasionnellement ? – au 282 de la chaussée de Vleurgat. Ce qui fait que
sur les trois ans et sept mois qu’a duré leur mariage, personne ne peut affirmer qu’ils aient
vécu ensemble plus de cinq mois, y compris les deux mois où ils n’étaient d’ailleurs pas
réellement chez eux mais occupaient seulement une partie de la demeure familiale des
Brouez ; ce à quoi il faut tout de même ajouter les voyages qu’ils ont faits dans le midi et Ã
Paris, mais dont on ne connaît pas avec exactitude la durée totale. Ces données peuvent inciter
à se poser des questions sur l’entente qui régnait dans le couple.
C’est durant l’année académique 1897-98 qu’il met un terme à ses fonctions de
professeur à l’Université Nouvelle de Bruxelles (35, rue Ernest Allard), où il avait pendant
quatre ans – soit depuis la scission avec l’Université Libre – dispensé un cours intitulé « La
question sociale »
218
. Cette décision, suivant d’un an celle d’arrêter la revue, est à corréler
avec une dégradation pénible de son état de santé déplorable, consécutif à une vieille
syphilis
219
dont les premiers signes perceptibles datent de 1891
220
, mais que Ivo Rens fait
remonter à l’époque où il cessa ses études, soit près de sept ans plus tôt
221
. La maladie se fait
plus virulente à partir de 1896
222
et le met au supplice
223
, ce qui est une possible raison de son
mariage précipité : Fernand sentant sa fin prochaine ne voulait pas que Neel fut démunie
lorsqu’il décéderait.
Une des biographes de Neel Doff, Évelyne Wilwerth, émet deux hypothèses sur
l’origine de cette maladie. Il s’agirait soit – et c’est la possibilité qu’elle privilégie – d’une
transmission par voie sexuelle, probablement via Neel qui comme prostituée avait été Ã
217
Cela est confirmé par le programme des cours de l’Université Nouvelle de l’année 1897-1898, dans lequel
sont données les adresses des professeurs (p. 13). En vis-à -vis de son nom, F. Brouez est qualifié d’« homme de
lettres ».
218
Qui est aussi le titre d’un mensuel colinsiste français édité à Paris entre1885 et 1898.
219
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 100.
220
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 91.
221
Ivo Rens, notice sur Fernand Brouez, in Biographie Nationale, T. 44, fasc. 1. Bruylant, Académie Royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1985, col. 121.
222
Si on se fie à ce qu’en dit sa femme : « Cela dura quatre ans, avec la gangrène pendant les six derniers mois.
(…) Son père mourut entre temps. Sa mère ne vient plus pendant les derniers six mois » (Neel Doff, Keetje. Éd.
Labor, Coll.
Espace Nord, 1987, p. 238).
223
Sur les dernières années de sa vie, Fernand Brouez connaîtra encore d’autres ennuis de santé, dont le plus
grave est peut-être d’avoir contracté la malaria (lettre à Georges Eekhoud du 18 juin 1896, ML 2623 21, AML,
1
ère
page). Brouez, homme public, a pu contracter cette maladie en côtoyant des voyageurs de retour des
colonies.
69
maintes reprises exposée au risque de contracter la syphilis
224
; soit d’une « piqûre
anatomique » (dite aussi « accident anatomique »), expression par laquelle on désignait Ã
l’époque une contamination survenant lorsque, pendant une opération, l’épiderme (d’un
patient ou d’un clinicien) était accidentellement incisé avec un instrument infecté, ce qui
aurait pu arriver à Fernand dans le cadre de ses études en médecine.
Il est à six semaines de son quarantième anniversaire quand la mort le surprend, le 3
juillet 1900
225
, à cinq heures du matin. Il sera enterré au cimetière d’Ixelles « par une matinée
ensoleillée comme il les aimait tant »
226
, sans discours (comme il l’avait demandé), à la
concession n°128 de l’Avenue n°5
227
, où étaient déjà enterrés son frère et son père.
Nous ne savons pas s’il avait rédigé un testament, et en ce cas qui en étai(en)t le(s)
bénéficiaire(s) : son épouse seule, ses parents, eux trois
228
? Il semblerait en tout cas que Doff
ne se soit pas retrouvée (totalement) dans le dénuement : «Brouez stierf in 1900, zijn vrouw
achterlatend als rijke
229
»
230
. Or, il ne pouvait guère s’agir d’argent accumulé par le travail de
Doff : à l’époque, elle n’a pas encore sorti de livre, et ne peut guère avoir amassé énormément
d’argent rien qu’avec ses éventuelles contributions à des revues ou ses traductions pour la
Société Nouvelle. Mais d’un autre côté, quand on voit comme elle est pressée de se remarier
(dix mois après la mort de Fernand, avec l’avocat anversois Georges Sérigiers), ne peut-on se
dire qu’elle n’était peut-être pas financièrement si à l’aise que ça
231
?
Un mystère subsiste. Le registre des inhumations de l’année 1900 nous apprend que
Brouez est décédé au 30 de la rue de l’Abbaye
232
, demeure bordant un parc commun Ã
plusieurs propriétés, au nombre desquelles la maison du 282 chaussée de Vleurgat où habitait
224
Évelyne Wilwerth, op. cit., pp. 100-101.
225
Et non pas le 2 juillet, comme le croît C. Willems dans sa notice nécrologique (« Nécrologie : Fernand
Brouez », in La Philosophie de l’Avenir, 1900, p. 63).
226
Anonyme, [Sans titre], in Fernand Brouez, Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires :
1882-1896. Impr. Veuve Monnom, 1901, p. 320.
227
Qui n’existe plus aujourd’hui.
228
C’est encore un point que la consultation des archives professionnelles de Jules Brouez pourrait peut-être
solutionner, mais nous l’avons dit, nous avons manqué de temps pour ce faire, et puis elles ne sont pas d’un
accès aisé, n’ayant pas encore été remises aux Archives de l’État.
229
C’est nous qui soulignons.
230
URL :
http://home2.planetinternet.be/sbrijs1/interview_vkt.htm
.
231
C’est ce type de questions qui invitent fortement le chercheur à fouiller les archives notariales de Brouez père,
qui pourrait avoir acté un testament de son fils. En effet, depuis son mariage, les parents Brouez pouvaient s’être
résignés à accepter la présence d’une belle-fille dans leur famille.
232
Registre des inhumations de l’année 1900 du cimetière d’Ixelles (non paginé).
70
Fernand ; or nulle part nous n’avons trouvé de renseignement quant à ce qu’il pouvait faire Ã
une heure aussi matinale dans cette demeure où vivait « J. Vaes de la firme Hulet, A »
233
.
Peut-être, lors d’une promenade nocturne dans le parc, a-t-il été pris d’une crise plus
aiguë que les autres qui l’a empêché de rentrer chez lui. On peut alors imaginer qu’il se soit
traîné jusqu’à la maison la plus proche et qu’il ait réussi à réveiller les occupants pour qu’ils
appellent un médecin. Au cas où cette hypothèse serait vraie, on pourrait au moins en
conclure que la syphilis n’avait pas généré de paralysie chez Fernand, ou bien uniquement de
manière intermittente. Mais cette maladie est également susceptible d’entraîner la folie, et lÃ
on ignore quel était exactement son état mental dans les jours qui précédèrent son décès.
Il est à noter que, parmi les articles nécrologiques que nous avons consultés, personne
ne mentionne la nature de la maladie qui a emporté Fernand. À titre d’exemple, Élie Reclus
est ou bien très mal informé ou alors pratique la langue de bois, quand il dit qu’« il s’est
épuisé à la tâche, il est mort de fatigue, peut-on dire, de fatigue physique, intellectuelle et
morale »
234
. Cette remarque vaut pour Hubert Krains, autre fidèle collaborateur de la revue,
quand il écrit : « Sa vie fut un modèle d’activité et il fallut la mort brutale pour l’arracher Ã
son travail et à ses espérances »
235
. On sent bien qu’un tel tabou pèse sur cette maladie qu’on
n’ose même pas la nommer.
Plusieurs biographes de Neel Doff (Wilwerth, Pierson-Piérard) considèrent que Keetje
est une œuvre fortement autobiographique. En fait, le sentiment de véridicité du roman est
soutenu par un ensemble de faits que, sous réserve de menus changements, on sait être une
simple transposition de la réalité (la maison de vacance sur l’île de Walcheren – p. 217 –, la
présence du neveu recueilli – p. 219 – qui certes dans le roman s’appelle Wimpie, etc.), mais
ces éléments suffisent-ils à conclure que ce livre est entièrement autobiographique ?
233
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 106.
234
Élie Reclus, « Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n° 40, octobre 1900 ; puis in Fernand Brouez,
Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896. Impr. Veuve Monnom, 1901, p.
386.
235
Hubert Krains, op. cit., p. 13.
71
5.1.2 Les autres secrétaires de rédaction
Arthur James
D’origine anglaise, ce fils d’un professeur d’histoire de la littérature (anglaise,
grecque, latine et comparée), de langue (latine) et d’histoire (antiquité grecque, histoire
moderne) de la Faculté de Philosophie de l’Université de Bruxelles, Edouard James, est né Ã
Bruxelles le 11 mars 1861, soit cinq mois avant Fernand Brouez. Comme pour Brouez, nous
ne savons rien de son enfance et les premières traces qui nous restent de lui remontent à ses
études universitaires qu’il inaugure en 1878, un an après Fernand, à dix-sept ans
236
. Nous
pensons néanmoins discerner une similitude dans la vie des deux complices : ils ont eu un
père à forte personnalité, socialement au faîte, très admiré par leur entourage et dont le savoir
embrassait maintes disciplines.
Edouard James, par exemple, était « écrivain, philosophe, linguiste, critique éclairé,
jurisconsulte, historien, géographe, (…) [Il] était une véritable encyclopédie ; son cerveau
avait classé les documents d’une bibliothèque et l’on pouvait à tout instant en tirer d’utiles
renseignements sur un sujet quelconque »
237
; il jouissait sans doute aux yeux de sa
progéniture
238
d’un prestige écrasant.
À la différence de Jules Brouez (voir infra), on ne sait pas si E. James était politisé (et
si oui en quel sens), alors que la question ne se pose pas pour Jules Brouez (voir infra). Une
autre dissemblance est que nous sommes sûr que l’éducation de F. Brouez fut le fait de son
père et de précepteurs, alors que nous ne savons pas si A. James a fréquenté l’école pendant
son enfance et son adolescence.
Si nous ignorons à quel moment de leurs études ils ont pu se rencontrer, on peut en
tout cas constater qu’une partie de leur cursus est commun, mais que durant cette période
236
Est-ce à dire que James a un an de retard sur Brouez ? Ou plutôt n’est-ce pas ce dernier qui est tout
simplement plus précoce, entrant à seize ans à l’université ? Quelle était la norme pour l’époque ?
237
Fernand Brouez, « Edouard James », in La Société Nouvelle n° 43, juillet 1888, Bruxelles, p. 81.
238
Nous ne savons pas s’il a eu d’autres enfants qu’Arthur, mais dans la négative, cela constituerait un point
commun supplémentaire entre Fernand et Arthur : ils seraient tous deux lors de leur rencontre « presque » dans
une situation d’enfant unique (le frère aîné de Fernand étant mort avant que ce dernier atteigne ses dix-huit ans).
72
Fernand précède chaque fois d’une année la venue d’Arthur. En effet, en 77-78, Fernand est
inscrit en candidature en philosophie, alors que c’est en 79 qu’Arthur réussit sa première
« candi philo »
239
; en 78-79 Brouez est inscrit en « candi droit », tandis que c’est en 1880 que
James passe sa deuxième année de candidature en droit.
En raison des échecs répétés de Fernand, il se peut qu’ils aient fait connaissance lors
de cours qu’ils auraient tous deux suivis (pour lesquels Fernand n’aurait pas eu de dispense et
à la condition qu’ils aient été donnés aussi bien à des étudiants de la section de philosophie
que de celle de droit); mais cela reste une hypothèse, car nous n’avons pas poussé plus loin
nos recherches en ce sens. Quoi qu’il en soit, il est peu probable qu’ils se soient connus après
le début de 1882, vu qu’Arthur oblique alors vers des études de médecine et que Arthur quitte
l’université pour devenir stagiaire au Barreau ; ne perdons toutefois pas de vue l’éventualité
d’une rencontre dans un cadre autre que celui des cours (journaux étudiants, cercles, soirées
estudiantines, vie associative…).
Il faut encore, par acquis de conscience, mentionner un point commun entre F. Brouez
et A. James : le père de celui-ci a dû avoir l’ami de son fils comme élève, puisqu’en 1878, il
dispensait des cours de « traduction, à livre ouvert, d’un texte latin » aux étudiants de
candidature en philosophie et lettres. Il faut croire qu’ils ont su charmer Fernand, vu l’éloge
en tout point dithyrambique qu’il fait de leur auteur, dans la notice nécrologique qu’il lui
consacre
240
: « Il appartenait à la race presque disparue des professeurs artistes (…). Une
érudition colossale jointe à une verve incomparable (…). Lorsque notre vieux maître entrait, il
semblait apporter avec lui de la vie et de la lumière »
241
.
Il serait au plus haut point intéressant de dater et de discerner les tenants et les
aboutissants de l’amitié qui les lie. Nul doute qu’elle éclairerait notre connaissance de ces
précieux mois de la genèse de la Société Nouvelle, étant entendu que « le principal ferment de
l’aventure revuiste, outre des choix esthétiques communs aux fondateurs, est souvent l’amitié
239
Registre trentenaire des étudiants inscrits à l’ULB, transposé dans une base de données électronique,
consultable aux Archives de l’ULB, fiche n° 7683.
240
Mais bien sûr, une notice nécrologique n’est pas le genre le plus adéquat pour estimer ce que l’auteur pense
de celui dont il parle (« on ne dit pas de mal des morts »).
241
« Edouard James », in La Société Nouvelle n° 43, juillet 1888, Bruxelles, p. 81.
73
(…), un vrai collectivisme des esprits et des cœurs »
242
(…).Dans le même esprit, comme la
« dimension collective de la vie des revues ne va évidemment pas sans conflits ni ruptures,
dans lesquels les rapports affectifs prennent parfois une part importante », il serait très utile de
savoir s’il y eut une brouille entre Fernand et James, car ce dernier n’apparaît plus du tout au
sommaire de la SN après octobre 1889.
En 1881 et 1882, James réussit successivement ses premier et deuxième examens de
doctorat, pour être reçu docteur
243
en droit le 3 août 1882 avec « la plus grande distinction »
244
(selon Léon Vanderkindere
245
). Il s’était toujours montré un élève brillant (distinction pour
sa candidature en droit en 79 et pour celle en philosophie et lettres en 80
246
).
Le 16 août, il prête serment et le 28 octobre il est accepté comme avocat stagiaire
auprès d’Edmond Picard. On ne sait trop s’ils ont fini par se lier d’amitié ou s’ils n’ont eu que
des relations professionnelles. Notons que c’est James qui présentera Eugène Demolder
247
(qui lui succédera à la direction du Palais) à Picard
248
.
À la date du 21 septembre 1885, il est fait mention de l’inscription de James comme
avocat au Barreau de Bruxelles
249
. À peu près à la même époque, nous savons qu’on peut le
contacter au 10, rue de Luxembourg, Ã Ixelles
250
, mais nous ignorons s’il s’agit de son
domicile ou éventuellement des bureaux où il officie. Nous penchons toutefois pour la
seconde hypothèse, car nous n’avons pas trouvé sa trace dans les archives de la commune
d’Ixelles, qui pourtant recense tous les habitants de l’entité.
Dès ses tous débuts, encore assistant d’Edmond Picard, la vie du Palais de Justice de
Bruxelles le marque profondément, au point qu’il en fera la relation sous forme de
242
Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
243
Titre qui correspond à notre licencié actuel.
244
Notons que sa fiche d’inscription au Barreau de Bruxelles semble erronée sur ce point, puisqu’elle signale un
grade « satisfaisant » pour sa dernière année.
245
L’Université de Bruxelles, notice historique faite à la demande du Conseil d’administration. Bruxelles. P.
Weissenbruch, 1884, annexes, p. 120.
246
Mais cette année-là en seconde session.
247
Ils ont dû se croiser dans les couloirs de la Faculté de Droit, car Demolder obtient son doctorat en droit deux
ans seulement après A. James.
248
P. Aron, « Demolder (Eugène) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1. Bruylant, Académie Royale des
Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1985, col. 396-402.
249
Fiche d’inscription d’Arthur James, ibid.
250
Le Palais n°1, 15 décembre 1885.
74
descriptions alertes dans ses Esquisses judiciaires, initialement publiées en revues, d’abord
dans le mensuel Le Palais
251
, organe des conférences du Jeune Barreau de Belgique
252
, et puis
surtout dans le bihebdomadaire Journal des Tribunaux
253
; avant d’être recueillies en volume
trois ans plus tard sous le titre Toques et robes : Esquisses judiciaires.
Le personnage qui assurément occupe les pensées de James dans ces Esquisses est
celui du jeune avocat stagiaire
254
, derrière lequel se cache bien sûr l’auteur lui-même
255
. Sa
vie n’est pas toujours des plus agréables : « Dans quelques temps, on retrouve le stagiaire
important, désillusionné, morose, pleurant ses errements passés, et voyant enfin combien la
pente du succès est lente, lente à gravir »
256
, avec parfois des remarques désabusées et peut-
être cyniques : « Perdre son procès ! (…) Pour lui, c’est l’effondrement de ses illusions !
L’infortuné ! Comme si la vie elle-même n’était pas un procès qu’il s’agit de perdre ou
gagner, qu’il vaut mieux gagner, il est vrai, mais dont le résultat doit nous laisser froids et
presque indifférents »
257
.
Il est aussi beaucoup frappé, semble-t-il, par l’assortiment chatoyant des divers
spécimens populaires qui se pressent au Palais, qui pour un litige, qui pour répondre à des
accusations, qui pour assister au spectacle judiciaire ; et dont il dresse un tableau haut en
couleurs : « Ils sont là , bien une vingtaine, presque toujours les mêmes : Gavroche des
Marolles aux souliers éculés, au brûle-gueule culotté ; héros de cabarets borgnes, ou
réfractaires de l’atelier. (…) On se pousse, on crie, on gesticule, tandis que la fumée du tabac
à deux sous s'élève en colonnes grisâtres au-dessus des casquettes multiformes »
258
. Aucun
des acteurs de la vie du palais n’échappe à son observation : le juré
259
, l’avoué
260
, le
client
261
…
251
Arthur James, « Esquisse judiciaire », in Le Palais n°6, 1
er
juillet 1883.
252
Dont James est membre effectif – par opposition à honoraire – entre 1888 et 1892-93, année où nous perdons
sa trace et où il se cesse d’être repris comme avocat dans les archives du Barreau de Bruxelles.
253
Arthur James, « Esquisse judiciaire », in Journal des Tribunaux, 14, 17, 24 février, 24 juillet, 28 août, 25
septembre, 26 octobre, 2 novembre, 4 décembre 1884. Il n’y a pas de mention d’auteur, ni dans les
sommaires, ni au bas des articles.
254
Ce « type littéraire » avait déjà été traité avant lui (Les Rêveries d’un stagiaire de Antoine Claude. Paris,
Librairie Jehan Vuillemot ; Bruxelles, Ferdinand Larcier, 1879.
255
On le retrouvera d’ailleurs plus tard, dans le Roman d’un stagiaire.
256
Arthur James, « Le Stagiaire important », in Journal des Tribunaux n°169, 28 août 1884, p. 4.
257
Arthur James, « Le Stagiaire timide », in Journal des Tribunaux n°173, 25 septembre1884, p. 4.
258
Arthur James, « Les Habitués du Palais, I. Au correctionnel », in Le Palais n°6, 1
er
juillet 1883, p. 42.
259
Arthur James, « Le Juré », 2 novembre 1884, in Journal des Tribunaux n°181, 2 novembre 1884, p. 4.
260
Arthur James, « L’Avoué », in Journal des Tribunaux n°200, 8 janvier 1885, p. 4.
261
Arthur James, « Le Client vampire » in Journal des Tribunaux n°211, 12 février 1885, p. 4.
75
De manière générale, il se montre plutôt ironique, si ce n’est à l'égard de l’institution
judiciaire elle-même, en tout cas vis-à -vis de certains de ses rouages (pour n’en citer qu’un,
qui nous a marqué plus que d’autres : ce bourgeois imbu de sa fonction de juré, qui assiste au
procès comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre et ne se sent pas plus de responsabilité
qu’un simple spectateur ; pour finalement, dans le doute, juger plus prudent de condamner
l’inculpé !) ou de ses rituels (assimilant les avocats prêtant serment à des premiers
communiants
262
).
Tout comme son beau-père Victor Arnould, avocat bruxellois, homme politique libéral
de renom, publiciste et écrivain, Arthur James a lui aussi de multiples activités extra-
juridiques : il est homme de presse, officiant à divers postes : journaliste, secrétaire de
rédaction
263
…, tout en jouant à l’écrivain (chroniqueur, dramaturge et même poète
264
).
Très tôt attiré par le monde de la presse, il a commencé à publier déjà du temps de ses
études : « les dernières réapparitions passagères de l’Étudiant
265
sont dues à MM. Charles de
Tombeur, Arthur James
266
, Luc Malpertuis et Fritz Rotiers »
267
.
Entre décembre 1880 et novembre 1881, il réservera une partie de sa production –
celle qui a des prétentions artistiques (les nouvelles, une pièce) – à la Jeune Revue Littéraire,
et (de 1882 Ã 1885) Ã sa continuatrice La Jeune Belgique
268
.
On lui doit aussi quelques articles parus dans L’Art moderne, et au moins deux dans
l’hebdomadaire liégeois du samedi, Caprice-Revue
269
(périodique fondé en 1887 par Armand
262
Arthur James, « Première communion », in Journal des Tribunaux n°179, 26 octobre 1884, p. 4.
263
Du Palais, dont il est le délégué-directeur de la partie littéraire dès 1882 (L’Histoire des Lettres belges
d’expression française. T. 1. Charles Rozez, Bibliothèque belge des connaissances modernes, 1892, p. 69).
264
Gaston Lebrun, Grandes figures de la Belgique indépendante 1830-1930. A. Bieleveld, 1930, p. 116.
265
Périodique créé en octobre 1877, et qui succéda au Journal des Étudiants.
266
Mais nous n’avons pas trouvé son nom, entre 1877 et 1881, au sommaire de cette revue. Il est donc plutôt
resté dans les coulisses du périodique.
267
Francis Nautet, L’Histoire des Lettres belges d’expression française. T. 1. Charles Rozez, Bibliothèque belge
des connaissances modernes, 1892, p. 61.
268
Raymond Trousson, La légende de la Jeune Belgique. Académie Royale de Langue et de Littérature
Française, 2000, p. 538.
269
Multiples articles en dates des 18 août (« L’Art ochlocratique », critique d’un livre de Péladan, n° 38, p. 2),
22 septembre 1888 (« Croquis suburbains », n° 43, p. 3). Contrairement à ce que dit Lucie Günther, il n’y a pas
eu d’article de James dans le n° 42 du 15 septembre 1888, bien qu’un « Croquis suburbains » ait été annoncé en
sommaire (Arthur James. Travail de fin d’année pour le cours de Méthodes Bibliographiques et Documentaires
de Jean Puissant et Sven Steffens donné en 2
ème
candidature en journalisme à l’ULB, 2000).
76
Rassenfosse, Auguste Donnay, Émile Berchmans et Maurice Siville).
Précédemment, il avait déjà manifesté sa présence dans les sommaires de l’éphémère
La Basoche, Revue Littéraire Artistique, ce dont il semblera garder un agréable souvenir
270
. Il
participa aussi, tout comme F. Brouez
271
, à la Revue Artistique : Beaux-arts, Littérature,
Musique, Arts Industriels, entre 1882 et 1884
272
; mais aussi au mensuel La Renaissance :
Revue Littéraire, Artistique & Scientifique
273
.
Il n’est pas non plus resté étranger à l’univers de la presse quotidienne : c’est ainsi
qu’il a été un temps rédacteur à La Nation, journal radical dirigé à l’époque par son beau-père,
V. Arnould, qui l’avait fondé en octobre 1885
274
.
Il assumera également la fonction de directeur de revues à caractère juridique, prônant
la «"littérature judiciaire"»
275
, fort en vogue du vivant de James, et sujette à un engouement
auquel certaines œuvres de Picard n’étaient certainement pas étrangères. Citons par exemple
Le Journal des Tribunaux, ou Le Palais, « qui traînait depuis des années une vie languissante,
reçoit, sous la direction d’avocats-littérateurs comme James, Fuchs, Demolder, Courouble,
une impulsion qui va bientôt effrayer et mécontenter des gens de robe, attachés obstinément
aux traditions »
276
.
Entre 1884 et 1889 (année de la parution de son second livre), il est secrétaire de
rédaction de La Société Nouvelle (mais le lectorat de la revue le connaît surtout pour ses
critiques musicales, et surtout théâtrales et littéraires, rubriques dont il s’occupe en alternance
avec F. Brouez ; ainsi qu’une autre intitulée « Hommes et choses » qui constitue une sorte de
270
En témoigne une dédicace faite à Henry Tombeur, fondateur de La Basoche, sur la page de garde d’un
exemplaire de Toques et robes.
271
« Gustave Doré », 1882-1883, pp. 370-372.
272
Avec la rubrique « Notes sur l’art anglais » (1882-1883, pp. 407-410, 419-422, 438-439 ; 1883-1884, pp. 5-8)
et les articles « « Une vie d’artiste », (1883-1884, pp. 77-79) et « Lettres d’Angleterre » (1884-1885, pp. 132-
137).
273
Où dès le début de l’année 1884, il tient la chronique littéraire, alors que F. Brouez s’occupe de la chronique
artistique.
274
Lionel Bertelson, La Presse d’information. Tableau chronologique des journaux belges. Maison de la presse,
1974, p. 113.
275
Paul Aron, Les écrivains belges et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard
à Émile Verhaeren. Éd. Labor, 1997, p.27.
276
François Vermeulen, Edmond Picard et le réveil des lettres belges 1881-1888. Palais des Académies,
Vaillant-Carmanne, 1935, p. 50.
77
billet d’humeurs).
Il est généralement admis qu’il est un des deux fondateurs de la SN, car dans le
premier numéro de la SN, Brouez et lui sont tous deux gratifiés du titre de secrétaire de
rédaction (nous pouvons tout de même supputer une certaine prééminence dans le chef de
Fernand, puisque c’est son père qui paie les factures de la revue). La position de co-fondateur
de James est en tout cas confirmée par un article de François de Nion, dont la section
consacrée à notre revue s’ouvre par ces mots : « La Société Nouvelle, lancée par MM. F.
Brouez et A. James »
277
, mais cela implique-t-il qu’il en ait aussi été le co-directeur ? Et Ã
partir de quand ? Raymond Trousson dit qu’il n’est devenu co-directeur qu’après avoir été
secrétaire de rédaction
278
.
Qu’apporte-t-il à la SN, en tant que rédacteur ? En cherchant bien, on se rend compte
qu’il est plus passionné de littérature que de question sociale (contrairement à Brouez, qui
écrit sur les deux matières), et le plus souvent ses articles sont des critiques de livres ou de
pièces. Son intérêt pour le domaine des lettres déborde les colonnes de la revue, puisqu’il
donne aussi des conférences sur le sujet
279
.
Quant à ses opinions politiques, nous ne savons trop quelles étaient ses convictions :
peut-être s’est-il converti au socialisme rationnel de Colins, pour peu que la compagnie de
Fernand – et peut-être de Jules ? – Brouez l’ait amené à s’intéresser à cette doctrine. Mais
nous sommes peu porté à le croire : en effet, nous n’avons rien trouvé sur lui dans les
ouvrages sur le colinsisme ; et par ailleurs, il n’y a pas de lettre de lui dans l’inventaire du
« fonds Raffin-Tholiard » (colinsisme) des AGR, qui en compte pourtant d’à peu près tous les
colinsistes qui naviguaient dans les eaux de la Société Nouvelle.
Sa fiche d’inscription au Barreau de Bruxelles indique qu’il est parti s’établir Ã
277
François de Nion, «Le Mouvement littéraire en Belgique. I. Les prosateurs », in Le Mouvement Littéraire n°
11, 8 août 1892, pp. 101-102 ; cité dans La Société Nouvelle n° 91, juillet 1892, p. 131 (il y est dit, page 130, que
cette étude est également parue dans le Figaro, mais sans indication de date) ; puis dans Paul Delsemme, Les
grands courants de la littérature européenne et les écrivains belges de langue française : Recueil d’études.
Émile Van Balberghe Libraire, Bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles, 1995, p. 64.
278
La Légende de la Jeune Belgique. Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, Coll. Histoire
Littéraire, 2000, p. 538.
279
Anonyme, « Conférences de M. A. James à l’Als ik kan », in Le Mouvement Littéraire, Revue Littéraire,
Critique & Documentaire n° 9, 8 juin 1892, p. 74.
78
l’étranger à partir du 6 septembre 1893, mais nous ne savons ni où, ni pour combien de temps,
ni quelle fut la raison de ce départ
280
(entre parenthèses, la consultation de cette fiche laisse
penser que James avait de manière générale peu attiré l’attention de sa hiérarchie au Barreau,
que ce soit en bien comme en mal, vu que les sections « Honneurs » et « Peines » sont restées
aussi vierges l’une que l’autre), et nous manquons par trop d’éléments pour émettre quelque
hypothèse que ce soit à ce sujet. Nous ignorons de même s’il était accompagné dans son exil
de son épouse, la fille de Victor Arnould
281
. Ce départ serait-il en quoi que ce soit lié aux
plaintes contre James portées sur sa fiche d’inscription au Barreau de Bruxelles ? Voici la
mention qui s’y trouve, dans la partie Relevé des affaires soumises au conseil : « Dans les
affaires du cabinet du bâtonnier, il y a deux plaintes à M. James. Voir 1893-94 (G et S)»
282
.
Comme piètre élément de compréhension de l’énigme de son départ, signalons malgré
tout qu’il avait perdu au moins une attache importante qui le liait à la Belgique, en la personne
de son père, décédé quelques années plus tôt, au milieu de l’année 1888
283
(et pour ce qui est
de la mère, nous en ignorons tout, tout comme plus généralement nous ignorons tout des
relations qu’Arthur entretenait avec ses parents). Quoi qu’il en soit, après cet exil, on
n’entendra plus parler de lui. Serait-il mort jeune, comme F. Brouez ?
Revenons plutôt à son activité d’écrivain, qui fut peut-être la plus réduite
quantitativement
284
de toutes celles qu’il entreprit, surtout si on exclut de ce registre ses
critiques et chroniques journalistiques, dont on ne peut légitimement pas affirmer qu’elles
contribuèrent à constituer une véritable œuvre littéraire.
Nous n’avons trouvé trace que de deux livres d’Arthur James. Il s’agit, en 1885, de
Toques et robes : Esquisses judiciaires
285
, une chronique désillusionnée de la vie du Palais de
Justice de Bruxelles
286
, dédiée à Edmond Picard et illustrée par Amédée Lynen (remplaçant
280
Ce point pourrait peut-être s’éclaircir à l’avenir, si seulement une étude exhaustive de la correspondance de F.
Brouez voyait le jour, ce qui serait particulièrement appréciable car elle est à l’heure d’aujourd’hui difficile
d’accès, dispersée dans plusieurs fonds (AML, AGR, IISG…).
281
Nous ignorons son prénom et leur date et lieu de mariage.
282
Fiche d’inscription d’Arthur James au Barreau de Bruxelles.
283
Fernand Brouez, « Edouard James », in La Société Nouvelle n° 43, juillet 1888, Bruxelles, p. 81.
284
Mais non pas qualitativement, comme nous le verrons plus loin.
285
Selon une annonce parue dans la Journal des Tribunaux n° 252 du 9 juillet 1885 (p. 4), il s’agit d’un « beau
volume grand in-12 carré sur papier de Hollande » de XII-119 p., vendu au prix de 3.30 BEF et tiré à « un petit
nombre d’exemplaires ».
286
Voir extraits plus haut.
79
au pied levé Fernand Khnopff, initialement prévu
287
), qui lui vaudra un papier élogieux de
Fernand Brouez dans la SN n° 8 de juin et une critique positive d’Émile Valentin dans le
Journal des Gens de Lettres Belges du 15 juin 1885. Certains estiment néanmoins que cette
œuvre doit beaucoup à un livre de Edmond Picard : « M. Arthur James n’évitera sans doute
pas le reproche d’avoir fait de ses esquisses une sorte de satellites des Scènes de la Vie
judiciaire »
288
.
Ensuite, il y aura À travers la morale. Honnête plus qu’honnête, son premier roman
sorti en volume
289
, en août 1889 (après que quatre extraits en furent parus dans la SN entre
décembre 1888 et mars 1889), qu’il dédie à son ami F. Brouez. Mais il n’en était pas à sa
première tentative dans le domaine romanesque. Près de dix ans auparavant, il s’était déjÃ
essayé à conter le Roman d’un stagiaire, dont un extrait (Le premier client) était paru en mars
1881 – le mois de son vingtième anniversaire – dans La Jeune Revue Littéraire ; et un second
morceau (Ab Ovo) un an plus tard, dans la revue qui lui succéda (La Jeune Belgique), où il en
publiera encore un troisième et dernier fragment (Homo homini lupus), en janvier 1885.
Est-ce que ce roman est resté inachevé, est-ce qu’il n’a pas pu ou voulu le faire
paraître intégralement, en était-il insatisfait ? Tout cela est bien possible, car n’oublions pas
qu’il s’agit là d’une œuvre de jeunesse.
Mais d’ailleurs, les (éventuelles) pages inédites de ce Roman n’ont peut-être pas été
perdues pour tout le monde Pour son auteur par exemple : ne se pourrait-il pas qu’il les ait
réutilisées pour ses Toques et robes : Esquisses judiciaires ? Ces dernières, nous l’avons vu,
reposent principalement sur la description des soucis et des états d’âme de l’archétype de
l’avocat stagiaire selon Arthur James… Max Waller, sans aller jusque là , perçoit les rapports
qui unissent ces deux œuvres : « Ce que je demandais à ton fameux Roman d’un stagiaire, je
le retrouve dans ces Toques et robes »
290
.
287
Note de bas de page de : Arthur James, « Les Dieux » (extrait de Toques et robes : Esquisses judiciaires), in
La Société Nouvelle n° 4, février 1885, p. 155.
288
Article de Émile Valentin, in Journal des Gens de Lettres Belges, 15 juin 1885, cité dans : François
Vermeulen, Edmond Picard et le réveil des lettres belges 1881-1888. Palais des Académies, Vaillant-Carmanne,
1935, p. 49.
289
Imprimé et édité par Ferdinand Larcier, le tout premier éditeur de La Société Nouvelle, il s’agit d’un volume
in-12 de 230 pages, vendu au prix de 3.50 FB.
290
Max Waller, « Toques et robes, par Arthur James », in La Jeune Belgique, 1889, pp. 384-385.
80
Profitons de ce que nous nous référons à lui pour exposer le point de vue très
louangeur de Waller (développé dans un article en forme de lettre ouverte à Arthur James) sur
les qualités littéraires de celui qu’il connaissait depuis La Jeune Revue Littéraire
291
, qu’il
avait pris sous son aile et avec qui il avait noué une solide amitié (ne finit-il pas son article en
l’appelant « mon vieux camarade » ?) : « Je viens de lire d’un seul trait ton livre, mon cher
James, et j’y ai trouvé cette "psychologie en profondeur" que je cherchais (…). Certains
chapitres (…) sont d’une adorable modernité (…)… tu seras toujours plus écrivain fantaisiste
que grave pandectophile (…)… ton émotion déborde en phrases tristes qui sont comme la
plainte de l’âme altérée »
292
.
Waller est persuadé que c’est son labeur d’avocat qui vole à James le temps nécessaire
pour construire une œuvre profonde et unique : « le Droit t’a mangé le sang ; sous la férule du
diable d’Edmond Picard, (…) tu as dû piocher, sarcler, ensemencer le champ de ton avenir
(…) tandis que tu défendais la veuve sans argent et l’orphelin sans gratitude, tu regardais
sournoisement ton encrier qui te faisais risette »
293
. L’Art Moderne
294
est sensiblement plus
réservé, jugeant que ces Esquisses avaient toutes leur place dans une revue, mais pas dans un
livre, ce dont il fait le reproche à l’éditeur (Larcier), mais sans en tenir nulle rigueur Ã
l’auteur ! La revue de Edmond Picard finit sa critique sur un encouragement : « À l’œuvre,
maintenant, pour écrire un vrai livre »
295
.
Un autre « Jeune Belgique » qui s’est intéressé à l’œuvre littéraire de A. James est
Henry Maubel
296
, mais cette fois-ci avec nettement moins d’enthousiasme que Waller.
Honnête plus qu’honnête, surtitré À travers la morale, raconte selon lui « la vie d’un homme
moyen d’intelligence et de caractère, sans esprit, sans passions, réfugié à la campagne par
dégoût du monde »
297
. Bien qu’il qualifie James de « lettré pur et indépendant »
298
, Maubel
juge que « la pensée abstraite le domine, l’éloignant de la matière, de la sensation de vie, de la
plastique et décolorant un peu trop son style net »
299
. De plus, il lui reproche de ne pas
291
Moule dont émergera la célébrissime Jeune Belgique.
292
Max Waller, ibid.
293
Max Waller, op. cit., p. 384.
294
Anonyme, « Toques et robes, esquisses judiciaires, par Arthur James », in L’Art Moderne, 1885, p. 217.
295
Anonyme, ibid.
296
Henry Maubel, « Honnête plus qu’honnête, par Arthur James », in La Jeune Belgique, 1889, pp. 240-241.
297
Henry Maubel, op. cit., p. 240.
298
Henry Maubel, op. cit., p. 241.
299
Henry Maubel, op. cit., p. 241.
81
clairement prendre position par rapport à son sujet : « il est difficile de se résoudre à une
affirmation quant au sens de ce livre »
300
.
James fait par ailleurs œuvre de dramaturge avec L’Éclipse, une comédie en un acte et
17 scènes parue dans le n° 5 de La Jeune Revue Littéraire, en avril 1881, ce qui nous indique
que sa rédaction a très certainement été, au moins pour une partie, contemporaine de celle du
Roman d’un stagiaire. Nos recherches n’ont pu déterminer si elle a jamais été portée à la
scène. Elle met en scène un couple de jeunes mariés en voyage de noces à Ostende et qui se
soupçonnent mutuellement d’adultère sur base d’un quiproquo, dans la plus pétulante
tradition vaudevillesque.
Quid de son œuvre de nouvelliste ? On est obligé, dans l’état actuel de nos
connaissances, de la qualifier tout bonnement de quantitativement maigre (Rebecca à la
fontaine
301
, Bête de somme
302
). Quant à son travail de poète, dont Gaston Lebrun fait pourtant
état dans ses Grandes figures de la Belgique indépendante 1830-1930
303
, nous n’avons pas
trouvé d’échantillon. On ne sait donc finalement pas avec exactitude combien de ses œuvres
sont restées inédites en volumes ou en revues.
Au final, l’œuvre de James nous laisse assez partagé : si sa pièce est légère et agréable
à lire, ce sont surtout ses œuvres en prose qui sortent du lot, remarquables par la qualité de
leurs descriptions, prenantes et hautes en couleurs. L’univers judiciaire a de toute évidence été
pour lui l’indispensable terreau de son inspiration, et il a su en explorer de manière variée
toutes les facettes, se les approprier et en faire un thème de prédilection tout personnel ; mais
c’est peut-être ça aussi qui constitue le défaut dominant de son travail d’écrivain : il n’a
jamais vraiment su s’extirper de ce « folklore de la justice », dont son œuvre est finalement
restée prisonnière.
Nous ne connaissons pas les date, lieu et circonstances du décès d’Arthur James.
300
Henry Maubel, op. cit., p. 240.
301
La Jeune Revue littéraire n°10 de septembre 1881, pp. 205-208.
302
La Jeune Belgique, T. 1 (1881-1882), pp. 138-141, pp. 155-158.
303
Gaston Lebrun, ibid.
82
Gustave Kahn (1859-1936)
Après des études de lettres et d’histoire à la Sorbonne et à l’École des Chartes, ce
critique d’art et poète, ami de Jules Laforgue et disciple de Mallarmé, effectue son service
militaire en Tunisie (l’Orient est récurrent dans son œuvre). « À partir de 1886, il dirige La
Vogue, où sont publiés des manifestes et des productions symbolistes. Lui-même, dans la
préface de ses Palais nomades (1887), prône la théorie du vers libre dont la double ambition
est de permettre des recherches musicales plus complexes et, d’autre part, d’"écrire son
rythme propre et individuel au lieu d’endosser un uniforme taillé d’avance et qui [...] réduit Ã
n’être que l’élève de tel glorieux prédécesseur" (…) Son œuvre (Chansons d’amant en 1891,
La Pluie et le Beau Temps en 1895, Limbes de lumière en 1895, Le Livre d’images en 1897)
témoigne « d’une langue originale au service d’une poésie fluide, ondoyante et coloriée ;
termes rares, néologismes, périphrases, alliances de mots, métaphores personnelles
juxtaposent concret et abstrait (état d’âme et décor) »
304
.
Dans les années 1880, il participe à la Revue indépendante. Il se marie en février 1890
et quitte aussitôt la France pour la Belgique (car sa femme voulait à tout prix conserver la
garde de sa fille Lucienne, issue d’un précédent mariage), d’où il ne reviendra qu’en 1895.
Celui qui fut avec Jean Moréas un des principaux animateurs de l’école symboliste
française dans les années 1880 n’assuma des fonctions de secrétaires de rédaction à la SN
qu’entre 1895 et 1896
305
(mais il en était collaborateur depuis 1892). Pour le temps où il
occupa ce poste, il mit à profit ses moments perdus pour livrer ses contributions à d’autres
périodiques belges, par exemple au Coq Rouge, Revue Littéraire de Demolder pendant ses
deux ans d’existence, entre 1895 et 1897.
À partir de 1893, année où il accède au titre de collaborateur du Mercure de France
306
, « il s’oriente vers le journalisme et la critique d’art : il écrit des biographies telles que
Boucher (1905), Rodin (1906), Fragonard (1907), Fantin-Latour (1926), faisant la part belle
aux hommes de sa propre école avec Symbolistes et Décadents (1902), Silhouettes littéraires
304
Anonyme, article sur G. Kahn du CD-ROM Encyclopaedia Universalis.
305
Il avait déjà une certaine expérience de la gestion d’une revue littéraire, puisqu’il en avait créé une en 1888 :
Le Symboliste.
306
J.-C. Ireson, L’œuvre poétique de Gustave Kahn (1859-1936). Publié avec le concours de l’Université de
Leeds et du Centre National de la Recherche Scientifique. A.-G. Nizet, 1962, p. 25.
83
(1925), Les Origines du symbolisme (1939). Gustave Kahn a aussi écrit des romans
résolument modernistes (L’Adultère sentimental , Les Petites Âmes pressées , etc.) et a cultivé
le genre mixte : La Pépinière du Luxembourg (poésie-théâtre), Le Conte de l’or et du silence
(poésie-roman).
Les plus originales parmi ses dernières œuvres sont des contes à sujet juif ou oriental :
Contes juifs (1926), Vieil Orient , Orient neuf (1928), Terre d’Israël (1933), ayant leur source
dans la vague de persécutions antisémites qui affectèrent très péniblement l’écrivain ». Mais
toute sa vie durant, il restera un homme de revues. Entre 1900 et 1903, on le retrouve au
Sagittaire, à La Critique Indépendante ou à La Revue Dorée. Entre 1908 et 1913, dans Isis, Le
Centaure, Le Semeur et La Vie
307
.
307
Roméo Arbour, Les Revues littéraires éphémères paraissant à Paris entre 1900 et 1914, répertoire descriptif.
Librairie José Corti, 1956, pp. 18, 29, 68, 123, 137, 140, 149, 152.
84
5.1.3 Le bailleur de fonds
Jules
Brouez
Né dans la province de Hainaut en août 1819
308
, à Mons, Jules Eugène Lucien (selon
Jean Puissant
309
) ou Julien (selon Ernest Matthieu
310
) Brouez, fils de Prosper Brouez
(directeur industriel et membre du conseil colonial de Saint-Thomas du Guatemala – pays où
fît fortune – et descendant d’une ancienne famille espagnole qui s’était tout d’abord fixée aux
Pays-Bas) « est une figure importante de la vie intellectuelle belge du siècle passé »
311
.
Enfant, Jules reçoit une bonne éducation ; mais son père s’étant ruiné
312
, il lui faut tôt
se placer comme garçon meunier. À notre connaissance, il était enfant unique. Néanmoins,
dans l’avant-propos de ses mémoires de voyages, son père écrit qu’il avait « un fils à la
Colonie »
313
. S’agit-il de Jules, qu’il aurait emmené avec lui en Amérique ? Ou d’un enfant
illégitime né sur place, qui pourrait en ce cas être à l’origine de l’unique branche de
descendants de la famille Brouez encore vivante actuellement ? Mais ce ne sont que
conjectures.
Quoi qu’il en soit, Jules a pu faire son droit
314
, bien que nous ignorions dans quelle
école (nous pensons en tout cas qu’en 1847 il a fini ses études, puisque cette année il écrit, en
collaboration avec Henri Carion, un Traité théorique et pratique de notariat, rédigé
spécialement pour la Belgique
315
). En 1849, il devient clerc de notaire à Nimy, et en 1852, il
accède au poste de premier clerc.
C’est vers 1850 qu’il fait la découverte du colinsisme, à travers un ouvrage de Louis
308
Le 21 selon la Biographie Nationale, et le 22 si on en croit le Dictionnaire biographique des militants du
mouvement ouvrier en Belgique.
309
Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier belge. Éditions Vie ouvrière, Coll. Histoire du
mouvement ouvrier en Belgique, 1995, p 225.
310
Biographie du Hainaut, 2 vol. A. Spinet, 1902-1905, p. 92. La Biographie de Belgique ne tranche pas.
311
Marc Angenot, Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social, préf. de Madeleine
Rebérioux. Presses Universitaires de Vincennes, 1989, p. 138.
312
Ceci est raconté dans : Prosper Brouez, Une colonie belge dans l'Amérique Centrale, ou Relation du voyage
et du séjour de m. P. Brouez à Santo-Thomas de Guatemala. A. Lelouchier, 1846.
313
Prosper Brouez, op. cit.
314
Évelyne Wilwerth, ibid.
315
Decq Bruxelles.
85
De Potter paru en 1848
316
(La Réalité déterminée par le raisonnement). Ce fut pour lui une
telle révélation qu’il se sentit obligé de répandre la doctrine du socialisme rationnel professée
par Colins, ce qui l’amena à constituer le premier groupe colinsiste du Hainaut
317
, Ã Mons, en
1852
318
ou 1853
319
semble-t-il. Celui-ci est vite fort d’une dizaine de jeunes gens, « jeunes
bourgeois libres penseurs, pauvres mais travailleurs »
320
, certains francs-maçons, tous de
profession libérale : les notaires Albert Mangin et Maximilien Malengreau, l’avocat (et futur
bâtonnier de l’Ordre à Mons) J. Bourlard (l’aîné du groupe, et un des derniers arrivés), les
ingénieurs Alphonse Cappelle, Maloteau
321
et A. Passelecq, le chimiste Jules Putsage, les
médecins Émile Van Hassel et Arsène Loin, le pharmacien V. Artus ; ou encore Albert-
Maximilien Toubeau, mais ce dernier se détournera de Colins sous l’emprise des sirènes
proudhoniennes et comtiennes
322
.
En 1854, J. Brouez s’installe comme notaire à Wasmes, toujours dans le pays
hennuyer. Deux ans plus tard, il part à Paris pour rencontrer Colins et lui faire l’offre
d’assumer les frais de la publication de son œuvre colossale, ce qui laisse supposer que son
étude était florissante ; mais il a été pris de vitesse par le Suisse A. Hugentobler, qui s’était
déjà proposé de faire pareil
323
. Cependant, ce n’est que partie remise, puisque Hugentobler
doit déclarer forfait devant l’ampleur de son projet de publier les œuvres complètes de Colins,
ruiné par des affaires malheureuses au Brésil. C’est ainsi que Brouez peut éditer les volumes
VI et suivants de la Science sociale, aidé par A. De Potter, puis par Mangin. Suivront les trois
premiers volumes de L’Économie politique, source des révolutions et des utopies prétendues
socialiste
324
. Ils arriveront à faire paraître en tout une vingtaine de volumes du maître
325
.
316
De Potter connaissait personnellement Colins depuis 1836 (Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel de
Colins…, p. 109).
317
C’est par de la Sagra que Colins apprend la constitution d’un groupe de ses émules dans la Hainaut (Ivo Rens,
Introduction…, p. 152).
318
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Neuchâtel, Éd. de la
Baconnière, 1979, p. 36.
319
Victor Serwy, La coopération en Belgique : Dictionnaire biographique, T. 4 La vie coopérative…, p. 106.
320
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Neuchâtel, Éd. de la
Baconnière, 1979, p. 36.
321
Serwy le nomme De Maloteau (V. Serwy, ibid.).
322
Seul un de ces membres, hormis J. Brouez lui-même, écrira dans la SN première génération : Jules Putsage.
Mais il faut dire que nous n’avons pas vérifié combien d’entre eux étaient encore vivants en 1884. D’ailleurs, il
va de soi qu’ils préféreront s’associer à La Philosophie de l’Avenir (Ivo Rens, Introduction au socialisme
rationnel de Colins, p. 152).
323
Il fait éditer les premiers volumes de La Science Sociale en 1855.
324
Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel de Colins, p. 152.
325
Évelyne Wilwerth, ibid.
86
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, dans les années qui suivent, ce n’est pas
avec Brouez – en qui on voit généralement la figure de proue du groupe
326
– que Colins
correspond le plus, mais avec Cappelle
327
et Maloteau
328
(dès 1854).
En 1856, J. Brouez épouse civilement
329
la Jemappoise Victorine-Léocadie-Thérèse
Sapin (9 juillet 1833 – 10 novembre 1909), que par la même occasion il gagne à la cause du
socialisme rationnel. De cette union naîtront deux fils : Paul en 1859 et Fernand
330
en 1860.
Voulant faire de ses enfants des humanistes, il s’assura qu’ils reçoivent une éducation
ouverte sur le monde et couvrant une grande variété de sujets, à l’instar de ce que Louis De
Potter avait réalisé avec son fils Agathon. « Il leur inculqua l’amour de la culture (littérature,
peinture, sculpture). Il n’oublia pas non plus la dimension humanitaire en leur apprenant, dès
leur enfance, le respect du pauvre »
331
et « s’attacha à éviter autant que faire se peut à ses
enfants le contact avec l’environnement matérialiste »
332
. Les disciplines étudiées sont « les
classiques, physique et mathématiques, histoire et histoire naturelle »
333
; mais il serait
étonnant, vu ses centres de préoccupation, qu’il n’ait pas également cherché à leur transmettre
très tôt des rudiments de politique, de philosophie et d’économie.
Les leçons sont assurées par Jules lui-même, quand ses capacités et son emploi du
temps le lui permettent, et sinon par des précepteurs ; mais jamais ses enfants ne fréquentèrent
une école, privée ou publique.
Socialement, s’il semble de toute évidence avoir réussi, c’est toutefois sans trop
d’ostentation. Sa demeure, par exemple, est bourgeoise mais pas luxueuse : « une terrasse Ã
laquelle on accède des deux côtés par quelques marches en pierre précède une construction
326
Louis De Potter dit de lui qu’il « leur servait à tous de guide, et pour ainsi parler, de modérateur » (Souvenirs
intimes, pp. 342-343, cité dans Rens et Ossipow, Histoire…, p. 37).
327
Ivo Rens, op. cit., p. 152.
328
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Neuchâtel, Éd. de la
Baconnière, 1979, p. 37.
329
Ce qui pour l’époque est une chose forcément scandaleuse.
330
Et non pas Frédéric, comme J. Puissant l’indique dans sa notice sur Jules Brouez du Dictionnaire
biographique des militants du mouvement ouvrier en Belgique, qui confond peut-être avec Frédéric Borde, qui
voyait un peu en J. Brouez un père spirituel, son aîné d’une vingtaine d’années (F. Borde, « Jules Brouez, un
penseur inconnu », in L’Humanité Nouvelle n° 31. Mons, janvier 1900, p. 52).
331
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 74.
332
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979,
p. 73.
87
large, à un seul étage, d’apparence modeste. On entre : à gauche les bureaux et la salle
d’étude ; à droite, le salon orné des portraits à l’huile de Colins et du maître de céans peint par
Gérard-Séguin
334
, une bibliothèque, une salle à manger, avec une serre s’ouvrant sur un petit
parc planté de quelques grands arbres où gazouillent les oiseaux »
335
.
Jules Brouez, de par les innombrables relations qu’il s’était faites au cours de sa vie,
principalement dans les milieux colinsiens, fut à l’origine de la collaboration de certains
intellectuels à la revue de son fils, comme par exemple d’Agathon De Potter
336
. C’est sans
soute aussi grâce à Brouez père que César De Paepe a participé à la SN, peut-être au début en
remerciement de l’aide (financière) que Jules Brouez lui aurait apporté dans la poursuite de
ses études à l’Université Libre de Bruxelles
337
.
Il est à noter par ailleurs que, lors de la naissance de la revue de son fils, il sera parfois
reproché à Jules Brouez de cesser sa contribution financière au périodique officiel au profit de
la SN : « M. Brouez a retiré sa subvention à La Philosophie de l’Avenir sans crier gare, et au
risque de faire tomber une publication qui durait depuis dix ans. Il a créé une revue La Société
Nouvelle et il emploie son argent à payer des écrivains qui n’ont rien de socialistes, alors que
moi, je travaille depuis quinze ans pour la cause humanitaire, j’ai à peine le nécessaire pour
vivre »
338
.
Il est, dès 1885, à l’origine des premières sociétés coopératives du Borinage
339
, par ex.
333
Élie Reclus, « Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n° 40, octobre 1900, p. 386.
334
Nous n’avons pas su localiser cette huile, ce qui est assurément fort dommage : nous n’avons ni portrait ni
photographie de Jules Brouez. Notons que Gérard-Séguin étant mort en 1875, il doit s’agir d’un portrait de J.
Brouez jeune ou, tout au plus, dans la force de l’âge.
335
Frédéric Borde, « Jules Brouez, un penseur inconnu », in L’Humanité Nouvelle n° 31, janvier 1900, p. 51.
336
Victor Serwy, ibid.
337
Victor Serwy, ibid.
338
Frédéric Borde, lettre à Henri Bonnet du 19 novembre 1889, archives de la SEC reproduite dans La
Philosophie de l’Avenir, 1884-85, pp. 231-232. Ce reproche d’un Borde apparemment aigri ne semble pas l’avoir
brouillé – en tout cas pas durablement – avec J. et F. Brouez : on le voit déjà reparaître au sommaire de la SN n°
54 d’avril 1890. Peut-être du fait que Jules aurait finalement maintenu sa « subvention » à La Philosophie de
l’Avenir ? Notons que J. Brouez n’écrira plus dans la Philosophie de l’Avenir, mais il n’y avait pratiquement
jamais collaboré durablement (quelques articles à peine, 5 en 1881-1882, et un autre en 1883, dans le n° 97, pp.
1-16 : « La Question du Paupérisme au concours Péreire »), et Fernand encore moins.
De toute façon, Borde garde toute son admiration à J. Brouez (F. Borde, « Jules Brouez, un penseur
inconnu », in L’Humanité Nouvelle n° 31, janvier 1900) ; nous n’en saurons pas davantage, car il n’évoquera
plus à notre connaissance cet événement par la suite.
339
Victor Serwy, ibid.
88
des boulangeries
340
, dont en tant que notaire il reçoit les statuts
341
. Durant la décennie qui suit,
il participe activement à La Société Nouvelle.
En 1898, il apparaît très fatigué à Frédéric Borde qui vient lui rendre une dernière
visite : « si la tête restait toujours solide, la décrépitude physique montrait visiblement une fin
prochaine »
342
. Effectivement, Jules Brouez meurt dans sa demeure de Wasmes, âgé de
quatre-vingt ans, le 17 septembre 1899
343
à cinq heures du soir. Sa veuve lui survivra pendant
une dizaine d’années, jusqu’à l’âge de septante-six ans, pour finalement décéder dans sa
maison du boulevard Sainteclette à Mons (où elle avait déménagé entre temps) le mercredi 10
novembre 1909, à deux heures trente du matin. Dans ses dernière volontés, elle affirme avoir
gardé intactes ses croyances dans la « religion rationnelle »
344
, et demande à être enterrée
« sans cérémonie d’aucun culte ». Elle sera inhumée dans la concession familiale du cimetière
d’Ixelles, le 13 novembre à l’aube
345
. Le peu que nous savons d’elle tient à son aspect
physique et nous vient de la description qu’en donne Évelyne Wilwerth
346
: « une grosse
femme aux cheveux gris et au teint rubicond. Avec un accent wallon à tomber par terre »
347
.
Elle n’a jamais écrit ni dans la SN, ni dans La Philosophie de l’Avenir, mais c’est à elle que
nous devons la publication des deux recueils d’études publiées dans la SN, l’un signé de son
mari, l’autre de Fernand.
340
Jean Puissant, notice sur Jules Brouez, in Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier en
Belgique, T. 1 (A-B). Éditions Vie ouvrière, Coll. Histoire du mouvement ouvrier en Belgique, 1995. p. 225.
341
Jean Puissant, L’Évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage. Académie Royale de Belgique,
Coll. Mémoires de la classe des lettres, 1982 p. 166.
342
Frédéric Borde, op. cit.
343
Et non pas en 1897, comme l’indique Serwy (V. Serwy, ibid.).
344
Curieusement, elle s’exprime avec des mots presque identiques à ceux que Colins avait prononcés au moment
de mourir (voir Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel de Colins, p. 168).
345
Henri Bonnet, « Mme Jules Brouez », in La Société Nouvelle n°5, novembre 1909, pp. 192-195.
346
Qui, comme bien souvent dans son livre sur Neel Doff, n’indique pas la provenance de ses sources.
347
Évelyne Wilwerth, op. cit., p. 92.
89
5.1.4 Les éditeurs
Les noms et coordonnées des éditeurs sont donnés en première page de la Société
Nouvelle, ce qui nous permet en général de dater avec précision les changements qui sont
intervenus à ce niveau.
Ferdinand Larcier (Bruxelles)
L’éditeur juridique (1852-1889) bien connu ne s’est pas toujours cantonné au domaine
du droit. C’est ainsi qu’il a été un compagnon de la première heure de La Société Nouvelle
(dès novembre 1884). On pourrait s’interroger sur le choix de la rédaction de faire appel à un
éditeur juridique : peut-être Arthur James avait-il fait la connaissance de l’un ou l’autre de ses
responsables durant ses études de droit ?
F. Larcier publiera aussi des souvenir de voyages : El Moghreb al Aksa : une mission
belge au Maroc d’Edmond Picard (1889), et des livres de « littérature judiciaire » (Les
Rêveries d'un stagiaire d’Antonin Claude, alias E. Picard, en 1879).
Après sa mort, c’est la veuve de Ferdinand Larcier qui reprendra la direction de
l’imprimerie et de la maison d’édition.
Henry Oriol (Paris)
Henry Oriol et Cie était, en 1885, un « éditeur progressiste et gendre de Maurice
Lachâtre »
348
dont les bureaux étaient situés au 11, rue Bertin-Poirée
349
. Il publiait notamment
des œuvres d’auteurs socialistes, comme le Pierre Patient de Léon Cladel (qui était d’ailleurs
de la SN), en 1883.
On lui doit la parution, la même année, de Un coin de la vie de misère (accompagnée
de deux nouvelle) de Henry Georges ; et surtout d’une des toutes premières éditions du
348
René Fayt, « Un témoin oublié : Hector France (1840-1908) », article à paraître dans Histoires Littéraires.
Paris, 2002, p. 13.
349
René Fayt, op. cit., p. 14.
90
mémorable Droit à la paresse : réfutation du Droit au Travail de 1848
350
de Paul Lafargue,
gendre de Marx.
Oriol éditera la première SN jusqu’à sa fin, en 1897.
350
L’édition originale est publiée en 1880 par l'Égalité.
91
5.1.5 Les principaux diffuseurs
Au XIX
e
siècle, la diffusion/distribution n’était pas une profession en soi, mais plutôt
une activité annexe au métier de libraire. Il n’est par conséquent pas impossible que certains
des éditeurs cités en 5.1.4 aient parfois fait aussi office de diffuseurs, mais nous ne traitons
dans cette section que de ceux qui sont explicitement désignés comme diffuseurs sur les pages
de garde de la SN.
Nous ne citons ici que les diffuseurs qui apparaissent en couverture de la Société
Nouvelle
351
, soit a priori les plus importants, aux yeux mêmes des responsable de notre
revues. Les autres ne font pas l’objet d’une notice, mais les listes complètes qu’on retrouve
parfois dans les pages intérieures de la revue sont reprises en annexe.
H. Le Soudier (Paris)
Nous ne savons presque rien de ce diffuseur, situé au 174 du Boulevard Saint-
Germain.
En tant qu’éditeur, on lui doit une Bibliographie française : recueil des catalogues des
éditeurs français, accompagné d’une table alphabétique par noms d’auteurs et d’une table
systématique ; ainsi que des ouvrages de tendance socialiste (comme par exemple : Hippolyte
Verly, Les Socialistes au pouvoir, simple histoire à la portée de tout le monde, version
nouvelle du Triomphe du socialisme), à caractère historique
352
, des plaquettes traitant de
géographie
353
ou encore des manuels scolaires
354
.
351
Nous opérerons de même pour les imprimeurs, ainsi que pour les diffuseurs des séries ultérieures de la SN et
de L’Humanité Nouvelle.
352
Charles de Larivière, Catherine le Grand d'après sa correspondance : Catherine II et la révolution française
d'après de nouveaux documents. Paris, 1895.
Jean Robinet, Danton, émigré. Paris, 1887.
353
Armentières (Seine-et-Marne), arrondissement de Meaux, canton de Lizy-sur-Ourcq, Monographies des
communes de la France n° 26 ; Cocherel (Seine-et-Marne), arrondissement de Meaux, canton de Lizy-sur-Ourcq
Monographies des communes de la France n° 27 ; Tancrou (Seine-et-Marne), arrondissement de Meaux, canton
de Lizy-sur-Ourcq, Monographies des communes de la France n° 28, tous trois de Gaston d'Hailly et Charles
Levesque.
354
Frédéric Aigre, Méthode pratique de langue anglaise, partie élémentaire, cours préparatoire, en 1891.
92
Albert Savine (Paris)
L’histoire littéraire semble n’avoir retenu d’Albert Savine que ses éditions d’ouvrages
antisémites
355
, mais sait-on qu’il a aussi publié des auteurs anarchistes (avec par exemple,
L’Italie telle qu’elle est de Francesco Saverio Merlino en 1890, Anarchie et nihilisme de
Jehan-Preval en 1892, Les coulisses de l’anarchie de Flor O’Squarr
356
en 1892 ou encore La
douleur universelle, philosophie libertaire de Sébastien Faure, en 1895) et des naturalistes
357
(Dames de volupté de Camille Lemonnier, en 1892) ?
Né à Aigues-Mortes, le 20 avril 1859, Savine est le fils d’un fondé de pouvoir du
trésorier-payeur général de Nîmes. Après des études au lycée de Montpellier, il s’inscrit à la
faculté de droit avant de monter à Paris, attiré par l’École des Chartes
358
. Mais un mariage
avec la riche Marie Coste l’éloigne des études et le propulse à la tête d’une grosse fortune, ce
qui lui permettra de jouer un rôle non négligeable dans le monde des lettres et en politique.
C’est en 1887, soit l’année qui suit la parution de La France juive de Drumont, que
Savine se lance dans la publication d’ouvrages de propagande
359
: La Russie juive, L’Algérie
juive, Les Juifs en Algérie… tant et si bien qu’en 1888, c’est Drumont lui-même qui vient lui
confier un manuscrit : La fin d'un monde. Étude psychologique et sociale
360
.
Sa librairie devient alors « le cénacle des aboyeurs de l’antisémitisme (Kalixt de
Wolski, Georges Maynié) et des spécialistes de l’antiparlementarisme comme Auguste
Chirac »
361
. On pourrait a priori être tenté de croire que si La Société Nouvelle le délaisse en
février 1890 pour recommencer à faire affaire avec le libraire H. Le Soudier, c’est pour ne
plus se voir associée à un nom aussi dérangeant, mais ce serait faire fi du fait qu’elle avait
décidé de faire appel à ses services en janvier 1888, soit plusieurs mois après que
355
Voir ce qu’en dit Marc Angenot dans Ce qu’on disait des Juifs en 1889. Presses Universitaires de Vincennes,
1989.
356
Pseudonyme de Flor Charles et Oscar Charles.
357
René-Pierre Colin, « Un éditeur naturaliste : Albert Savine (1859-1927) », in Les Cahiers Naturalistes n°74,
2000, pp. 263-270.
358
René-Pierre Colin, op. cit, p. 264.
359
Bien qu’il continue à publier des auteurs sans lien avec les doctrines antisémites (citons pour 1887, Que
faire ? de Tolstoï).
360
Qui sera critiqué dans la SN n° 48, décembre 1888 par Agathon De Potter.
361
René-Pierre Colin, op. cit., p. 268.
93
l’antisémitisme de Savine fût devenu publique (et en 1887 déjà , elle incluait les ouvrages de
Savine dans ses recensions).
La publication d’ouvrages polémiques lui coûte énormément d’argent. « En quelques
années la fortune de Savine est écornée par les dommages et intérêts qu’il doit verser Ã
l’occasion de ses multiples condamnations, mais aussi par la gestion chaotique de sa librairie,
chancelante à partir de 1893. S’ajoute à cela deux ans plus tard ; la guerre d’indépendance Ã
Cuba qui fait perdre à sa femme les biens qu’elle possédait dans l’île »
362
. En 1896 et 1897, il
se voit acculé à négocier le rachat du fonds et des droits de sa Nouvelle Librairie parisienne
avec l’éditeur Pierre-Victor Stock.
Nous avons aussi trouvé trace de ses occupations de traducteur, dans lesquelles Savine
a su faire montre d’un certain éclectisme
363
, mais c’est dans la traduction d’œuvres
espagnoles
364
que cet acharné des littératures ibériques
365
– qui était aussi fort féru de folklore
provençal et amoureux du Félibrige – s’illustrera le plus abondamment
366
. En fait, sa « maison
d’édition (…), son bel appartement situé à Passy, deviennent des lieux de ralliement pour les
écrivains espagnols et catalans de passage à Paris »
367
. Il œuvre à les faire connaître dans les
salons parisiens. Par exemple, en mars 1886, il contribue à la rencontre des Espagnols Pardo
Bazán, Oller et Yxart avec Goncourt, Maupassant, Zola et Huysmans
368
? Plus tard, dans
L’Humanité Nouvelle, il veillera à la bonne tenue de la chronique des livres et revues
espagnoles.
Avant de mourir sans le sou, en 1927, il ne survécut pendant vingt ans qu’en courant
les travaux de vulgarisation historique et les traductions.
362
René-Pierre Colin, op. cit., p. 269.
363
Il a traduit pour l’éditeur Stock aussi bien les Derniers Mystères et Aventures du créateur de Sherlock Holmes
A.C. Doyle, en 1911 que les Essais de littérature et d'esthétique, 1877-1885 d’Oscar Wilde (en 1912), en passant
par Ibsen, Robert-Louis Stevenson et Au blanc et au noir de Rudyard Kipling.
364
Et dans leur critique, car en 1897 il est le spécialiste des livres traduits de l’espagnol de L’Humanité Nouvelle.
365
Qui lui inspireront plusieurs articles (« Le Naturalisme en Espagne », in La Revue Contemporaine, 1895, pp.
235-248, pp. 374-389).
366
René-Pierre Colin, op. cit., p. 265.
367
René-Pierre Colin, op. cit., p. 268.
368
René-Pierre Colin, op. cit., p. 268.
94
Feikema et Cie (Amsterdam)
Nous ne connaissons de ce diffuseur que son adresse : le 231, Heerengracht. Il
apparaîtra comme diffuseur de la SN du 2
ème
numéro jusqu’en décembre 1888 (mais le fait
qu’il ne soit plus mentionné tel quel par la suite prouve-t-il absolument qu’il n’en est plus le
diffuseur au Pays-Bas ?).
H. Stapelmohr (Genève)
Nous ne savons rien de ce diffuseur. Nous avons bien relevé la trace d’un M.
Stapelmohr à Genève
369
, mais sont-ils apparentés ?
5.1.6 L’imprimeur
Veuve Monnom
« En 1885, l’imprimerie Delvigne-Callewaert est reprise par Sylvie Descamps (1836-
1921), veuve de Célestin Monnom, fonctionnaire aux chemins de fer. Très ouverte aux idées
nouvelles, la Veuve Monnom se trouve mêlée aussitôt au renouveau littéraire et artistique,
puisque de ses presses ne sortiront rien de moins que L’Art Moderne, La Jeune Belgique, La
Société Nouvelle
370
, des catalogues des XX et de la Libre Esthétique, des ouvrages de Jules
Destrée, Edmond Picard, Georges Eekhoud, Iwan Gilkin, Albert Giraud, Grégoire Leroy,
Émile Verhaeren, ainsi que des affiches de Van Rysselberghe et de Lemmen. La Veuve
Monnom travaillera aussi à plus d’une reprise pour l’éditeur Edmond Deman,
particulièrement exigeant en matière d’art du livre.
En 1912 Henri Cuypers, directeur dévoué autant qu’homme progressiste sur le plan
social sera nommé administrateur délégué de l’entreprise nouvellement constituée en société
anonyme. Le conseil d’administration se composera alors de la veuve Monnom, présidente,
H. Cuypers, administrateur délégué, Th. Van Rysselberghe, administrateur et E.A. Maréchal,
369
Quelques références d’ouvrages édités entre 1886 et 1895 trouvées sur le CCFr.
370
Qu’elle imprimera de 1884 à 1895 (Anonyme, Histoire du livre et de l’imprimerie en Belgique des origines Ã
nos jours, quatrième partie. Le Musée du Livre, Coll. des publications du Musée du Livre, 1925-1926, p. 144).
95
commissaire. En 1914, Théo Van Rysselberghe estimera sa belle-mère par trop diminuée
mentalement pour qu’elle puisse encore disposer librement de ses biens. Elle sera mise sous
tutelle en 1919 et décédera deux ans plus tard. Au lendemain de la Grande Guerre,
l’imprimerie aura à franchir une passe financière difficile. Maria Van Rysselberghe saura
convaincre Émile Mayrisch (1862-1928), capitaine d’industrie luxembourgeois et
collectionneur d’art moderne enthousiaste, de participer à une importante et nécessaire
augmentation de capital »
371
.
C’est chez Monnom que la veuve Brouez a fait paraître les livres de son mari (Études
de science sociale : chroniques et critiques philosophiques, 1897) et de son fils (Études
sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896, 1901).
Notons que c’est aussi chez la veuve Monnom que Arthur James publia son À travers
la morale. Honnête, plus qu’honnête, en 1889.
371
Roger Cardon, Georges Lemmen (1865-1916) : monographie générale suivie du catalogue raisonné de
l'œuvre gravé. Anvers, Petraco-Pandora, 1990, p. 122.
96
5.1.7
Liste des collaborateurs
Comme les mémoires de Els Verlinden
372
et de Guido Van Genechten
373
incluaient
tous deux un répertoire des collaborateurs (pour les périodes 1884-1897 et 1907-1914
374
),
nous avons choisi de ne pas répéter cette opération pour la période 1897-1903 et 1906. La
réalisation d’un répertoire des auteurs de L’Humanité Nouvelle aurait certes permis d’obtenir,
par le cumul des trois mémoires, un répertoire complet des auteurs entre 1884 et 1914. Mais il
nous fallait faire un choix, et il nous a paru plus intéressant de rester concentré sur un de nos
objectifs initiaux : produire une table générales des articles, avec index afférents.
À cela plusieurs raisons : en lisant le mémoire d’Els Verlinden, nous nous sommes
avisé que presque un vingtaine de collaborateurs (sur 252) de la première SN ne sont pas
repris dans son répertoire
375
. Il découle de ce fait que même en réalisant celui de l’Humanité
Nouvelle, l’ensemble n’aurait pas été complet. Par ailleurs, les notices des auteurs repris sont
parfois excessivement lacunaires (mentionnant le titre d’un ou deux articles, sans plus).De
surcroît, des erreurs apparaissaient dans son classement A/Z des auteurs, sans parler de
certaines imprécisions (par exemple, les prénoms de beaucoup d’auteurs étant réduit à leurs
initiales, alors même qu’ils étaient parfois mentionnés en entier dans les sommaires ou en tête
d’articles). Il faut encore déplorer une certaine absence de rigueur dans les entrées des noms
de famille, surtout en ce qui concerne les règles de rejet ou de maintien des particules
patronymiques qui sont d’usage dans la réalisation d’un répertoire d’auteurs. Enfin, et nous
finirons sur cet argument, le défaut le plus grave de son travail, qui par ailleurs compte bien
des aspects positifs (le traitement de données à caractère statistique, par exemple), est qu’il
n’était pas même fait allusion aux individus majeurs que sont pour l’histoire de tout
périodique ses fondateurs et rédacteurs-en-chef… ; si ce n’est quand ils apparaissent au
sommaire en tant qu’auteurs
376
(ou critiques). Ne parlons alors même pas des imprimeurs ou
372
Els Verlinden, La Société Nouvelle 1884-1897 : een doorbraakpoging van de colinsistische beweging.
Leuven, KUL, 1982.
373
Guido Van Genechten, La Société Nouvelle 1907-1914 : het linkse pluralisme van een colinsistisch tijdschrift.
Leuven, KUL, 1983.
374
Avec respectivement plus de 250 et 300 entrées.
375
Crockaert, A. ; De Potter, Louis ; Dubois, Jean ; Fleming, A. ; Ghennadieff, Nicolas ; Jean-Bernard ;
Kielland, Alex-L. ; Kovalevsky, M. ; Marlowe, Christopher ; Meunier, Dauphin ; Pelloutier, M. ; Rossetti,
William-M ; Sperber, Otto V. ; Sulzberger, Maur. ; Swinburne, A.C.
376
C’est ainsi que les notices d’Arthur James ou de Fernand et Jules Brouez sont expédiées en moins d’une
vingtaine de mots chacune.
97
des éditeurs. Nous nous employons dans ce travail à compenser au moins cette lacune-là , ce
qui en quelque sorte constitue déjà une manière de mini-répertoire.
La leçon que nous avons tirée de cet ensemble d’approximations, est que la réalisation
rigoureuse, normalisée et sans faille d’un répertoire d’auteurs (avec dates et lieux de naissance
et de décès – ce qui dans nombre de cas impliquerait des recherches dans des registres
paroissiaux, parfois difficiles d’accès pour les auteurs étrangers –, recherche des prénoms
complets, repérage systématique des pseudonymes, distinction des homonymes ou quasi-
homonymes
377
, renvoi des formes rejetées à celles retenues –, comparaison des auteurs ne
signant que de leurs initiales avec les initiales des autres collaborateurs, dans le but de les
identifier ; ou encore le traitement des noms dont l’orthographe évolue d’un numéro à l’autre
et dont on ne sait quelle est la bonne, l’étude préalable de normes de translittération reconnues
et recommandées par des organismes officiels, etc.) demanderait à lui seul autant de temps
que nous en a pris ce mémoire ; ne serait-ce que par le nombre et la diversité de documents
qui devraient être consultés : nous ne sommes pas du tout sûr en effet que la dizaine de pages
de bibliographie d’Els Verlinden ait pu lui permettre d’arriver à un tel résultat.
Nous ne ferons pas subir au mémoire de Guido Van Genechten (sur la période 1907-
1914) la même suite critique, en partie parce que Verlinden avait essuyé les plâtres et que ses
défauts sont moins présents dans le travail de son successeur, qui avait en outre l’avantage de
ne devoir traiter que sept années de la revue, contre treize pour Verlinden.
Par conséquent, nous nous sommes dit qu’il était préférable de nous contenter de
donner la liste des collaborateurs
378
de la SN et de l’HN, ce qui en soi est déjà d’un réel
intérêt. Dans un esprit d’intelligibilité, nous présentons pour chaque période de la revue la
liste des collaborateurs qui y correspondent (voir aussi fin des chapitres 5.2 et 5.3) ; plutôt que
de les fusionner dans une seule et unique liste, ce qui nous ferait perdre une information
essentielle, à savoir à quelle série ils ont participé (à moins de le préciser entre parenthèses,
mais nous croyons que cela alourdirait la présentation).
Nous nous sommes en priorité servi des tables des matières mensuelles (qui présentent
377
Ex. : Emmanuel Pignon et E. Pignoy sont-ils la même personne ?
378
Uniquement les auteurs, et pas les illustrateurs.
98
l’avantage de parfois spécifier les auteurs des chroniques et pas seulement ceux des articles de
fond), et à défaut des tables récapitulatives trimestrielles.
Nous notons les noms tels qu’ils apparaissent dans les sommaires, sans corriger (par
exemple, Des Ombiaux est devenu Desombiaux ; le nom de Guillaume De Greef apparaît
parfois sous la forme erronée « Degreef »), tout simplement parce que si nous en corrigeons
certains, il faut pour rester systématique les corriger tous, et nous n’en avons pas le temps. De
plus, il reste la possibilité que certains noms ne soient pas des erreurs mais d’improbables
exemples de quasi-homonymie.
Adam, Paul
Agresti, Antoine
Albert, H.
Antéorte, Chavarche
Arnould, Victor
Aubertin, Charles
Baissac, Jules
Bakounine, Michel
Barbusse, Henri
Barrès, Maurice
Bastos, Teixeira
Bazalgette, Léon
Bebel, Auguste
Bernard, Jean
Bertrand, Louis
Borde, Frédéric
Brandes, Georges
Bridel, L.
Brisbane, Redelia
Brissac, Henri
Brocher, G.
Brouez, Fernand
Brouez, Jules
Brunellière, Charles
Büchner, L. (D
r
)
Burns, John,
Bury, Henri -J. -A.
Cabanès, Aug. (D
r
)
Cabrun
Cammaert(s), Emile
Carpenter, Edward
Case, Jules
Cauderlier, Em.
Chassaing, A.
Charles-Albert
Chirac, Auguste
Cladel, Judith
Cladel, Léon
Claro, Canta
Colajanni, D.- Napoléon (D
r
)
Coleridge, Samuel Taylor
Colins de Ham, J.-G. de (Baron)
Combes, P.
Coolus, Romain
Cornélissen, Christ.
Cornélissen, Chrétien
Corre, A. (D
r
)
Crockaert, A.
D'Axa, Zo (pseud. Galland)
De Braisne, Henry
De Gerando, Antonine
De Greef, Guillaume
De Marès, Roland
De Nimal, H.
De Paepe, César
De Potter, Agathon
De Potter, Louis
De Régnier, H.
De Roberty, Eugène
De Souza, Robert
Degreef, Guillaume
Delattre, Louis
Delgouffre, Ch.
Delombes, Pierre
Demblon, Célestin
Demolder, Eugène
Denis, Hector
Desombiaux, M.
Destrée, Jules
Detiche, Henri
Domela - Nieuwenhuis, Ferdinand
Donsky, A.
99
Dostoïevsky, Théodore - Marie
Drachmann, Holger
Dubois, Jean
Dwelshauvers, Georges
Mesnil, Jacques
Eekhoud, Georges
Ellis, Wm. Asthon (D
r
)
Elskamp, Max
Emerson, Ralph - Waldoo
Filloti, Z.
Fleming, A.
Fleming, G.
Fontainas, André
Fort, Paul
Fournière, A.
Freeman, John
Fuchs, Félix
Gaétane
Garborg, Arne
Geffroy, Gustave
George, Henry
Ghennadieff, Nicolas
Ghislain, Jean
Gille, Valère
Girard, H.
Giraud, Albert
Goffin, Arnold
Gorter, Herman
Gosse, Edmond
Grave, Jean
Hamon, Augustin
Hannot, F.
Hauptmann, Gérard
Heath, Richard
Hennique, Léon
Henry, Charles
Herold, André (-) Ferdinand
Herzen, Alexander Ivanovitch
Heusy, Paul
Hins, Eugène
Hirsch, Charles- Henry
Hixe
Housman, Laurence
Hudry - Menos, J.
Huysmans, Joris - Karl
James, Arthur
Jean - Bernard
Jerrold, Laurence
Kahn, Gustave
Kennan, Georges
Kielland, Alex.- L.
Koerner, A.
Korolenko, Vladimir
Kostuchko, P.
Kovalevska, Sonia
Kovalevsky, M.
Krains, Hubert
Kropotkine, Pierre
Kufferath, Maurice
La Fontaine, Henri
Labarre, F.
Lagrange, E.
Lamour, C.
Lavroff, M.- P.
Lavrot, P.
Le Blanc du Vernet
Lecomte, Georges
Lemonnier, Camille
Leverdays, Emile
Limousin, Ch.- M.
Linet, Ph.
Loin, Arsène (D
r
)
Lombard, Jean
Lorand, Georges
Lorrain, Jean
Maeterlinck, Maurice
Maison, Émile
Malato, Charles
Malon, Benoît
Marholm, Laura
Marlowe, Christophe
Massart, Jean
Matchtète, Grégoire
Maubel, Henry
Mauclair, Camille
Maus, Octave
Merlino, F.- Saverio
Merlino, X.
Mesnil, Georges,
Mesnil, Jacques
Metchnikoff, Léon
Métin, Charles
Meunier, Dauphin
Meusy, Georges
Michel, Albert
Mockel, Albert
Monségur
Morel, Eugène
Morris, William
Mullem, Louis
100
Multatuli
Nautet, Francis
Nicole, D.- O.
Nietzsche, Frédéric
Nikitine, N.
Nys, Ernest
Pater, Walter
Péladan, Joséphin
Pelloutier, Fernand
Pelloutier, Maurice
Picard, Edmond
Pierron, Sander
Pignon, Emmanuel
Pignoy, E.
Pilon, Edmond
Pontoppidan, Henrik
Puck
Putsage, Jules
Rahlenbeck, Gustave
Reclus, Elie
Reclus, Elisée
Regnard, Albert (D
r
)
Remy, Léon
Rency, Georges
Rieffel, A.
Rodenbach, Georges
Rose, E.- W.
Rosetti, Mircea C.
Rossetti, William- M.
Royer, Clémence
Sacré - Lorthoir, J. (D
r
)
Saint - Pol - Roux
Salias, Eugène
Saurin, Daniel
Scheffer, Robert
Schlaf, Johannes
Schuré, Edouard
Servières, Georges
Séverin, F.
Sketchley, J.
Soury, Jules
Sperber, Otto V.
Spleen, John
Stiernet, Hubert
Stranger, James
Stromberg, Marie
Sulzberger, Max
Sulzberger, Maur.
Swinburne, Algernon Charles
Tarassof, K.
Teste, L.
Thernychevski, N.
Thomas, Gabriel
Tolstoï, Léon
Tourgueneff, Ivan
Trigant, Michel
Tufferd, F.
Tutchev
Tweedie, Alec (Mrs)
Van De Velde, Henry
Van Drunen, James
Van Eeden, Frédéric
Van Keymeulen, L.
Van Lerberghe, Charles
Van Zoolegem
Vandervelde, Em.
Vandrunen, J.
Verhaeren, Émile
Veydt, Max.
Vielé-Griffin, Francis
Vigné d'Octon, P.
Volders, Jean
Von Sperber, Otto
Wallace, A.R.
Waller, Max
Wallner, L.
Wilde, Oscar
Will, I.
Will, J.
Wille, Bruno (D
r
)
Willems, C.
Yebel, André
Zangwill, Israêl
101
5.1.8 Le rayonnement de
La Société Nouvelle
« À Fernand Brouez, au persévérant Directeur de « La Société Nouvelle », la revue qui
supplée en quelque sorte, en Belgique, à l’inconcevable inexistence de tous cours de hautes
études désintéressées, d’art, de littérature, de sciences philosophiques et de sociologie… »
379
.
« Malgré ce qu’on pourrait appeler l’anarchie de sa rédaction, le groupe étant composé
de littérateurs et de savants entièrement libres vis-à -vis les uns des autres, la Société Nouvelle
offre un ensemble de travaux harmonieux, où l’on a peine à trouver des disparates. C’est
qu’une communauté d’aspiration s’établit d’elle-même chez les générations nées avec la
volonté d’une œuvre à accomplir. La Société Nouvelle est la retraite philosophique des jeunes
sciences et des arts précurseurs d’on ne sait encore quelle haute expression prochaine et de
quel état social réformé. On estime d’autant plus la place qu’elle s’est faite, que ni L’Art
Moderne ni la Jeune Belgique ne pouvaient accomplir sa mission généreuse »
380
.
« La Société Nouvelle, lancée par MM. F. Brouez et A. James, est la plus posée, la
plus éclectique des revues. Elle a – plus qu’elle n’affecte – certaines allures de jeune Revue
des Deux Mondes. Comme son aînée et sa voisine, elle se préoccupe de science, de
philosophie, de sociologie, se plaît aux articles de fond un peu compacts, froids et bien
combinés. Elle constitue, même en dehors de la Belgique, un des périodiques les plus
renseignés et les plus sérieux au point de vue des idées nouvelles, quelles qu’elles soient »
381
.
« Il se publie en Belgique un magazine : La Société Nouvelle, de reproductions
internationales en effet, et qui est bien le plus intéressant avec Nietzsche, Kropotkine,
Emerson, Whitman, Gustave Kahn, Brouez, etc., de tous les recueils imprimés en langue
française »
382
.
« Faut-il donc leur apprendre qu'une quantité de journaux répandent les idées : La
379
Francis Nautet, L’Histoire des Lettres belges d’expression française. T. 1. Charles Rozez, Bibliothèque belge
des connaissances modernes, 1892 [dédicace à Fernand Brouez].
380
Francis Nautet, op. cit., p. 81.
381
François de Nion, «Le Mouvement littéraire en Belgique. I. Les prosateurs », in Le Mouvement Littéraire n°
11, 8 août 1892, pp. 101-102.
102
Révolte, Le Père Peinard, La Revue anarchiste, La Société Nouvelle, L’Art Social, L'Insurgé,
etc…[sic] »
383
.
« La moelle de la pensée humaine durant cette fin de siècle »
384
.
« Un foyer de pensées comme La Jeune Belgique était un foyer d’imaginations »
385
.
« Cette publication eut son heure d’éclat. Il est tel numéro dont parlèrent dix-huit
journaux français »
386
.
Ce petit florilège de citations contemporaines de la SN première mouture rend compte,
mieux que nous ne saurions le faire, de la réputation qu’elle avait de son vivant, en France et
en Belgique. Mais sa renommée ne s’arrêtait pas là , il suffit pour s’en convaincre de voir le
nombre de pays où on retrouve des collections de notre revue
387
.
Outre les pays où elle était diffusée (au moins quatre, d’après ce qui était indiqué sur
la couverture ; Ã savoir la Belgique, la France, la Suisse et les Pays-Bas) : en Italie (Ã la
Biblioteca Universitaria Alessandrina de Rome, dans les bibliothèques de l’Université de
Bologne et du Dipartimento di Scienze Giuridiche dell’Università de Modène), au Canada (Ã
la bibliothèque de l’université de Waterloo, à la Bibliothèque Morisset de l’Université
d'Ottawa), ainsi qu’aux États-Unis (des exemplaires sur microfilms à la Bobst Library de
382
Maurice Barrès, « La querelle des nationalistes et des cosmopolites », in Le Figaro n° 186, 2
ème
série. Lundi
4 juillet 1892, p. 1.
383
Anonyme, « Appel aux employés », in l’hebdomadaire La Mistoufle : organe communiste anarchiste n°2,
dimanche 12 novembre 1893, reproduit sur Internet (URL:
http://bibliolib.net/Mistoufe02.htm
).
Notons que cet extrait, où la SN est citée à côté de périodiques aussi ouvertement libertaires que La Révolte
ou Le Père Peinard, est illustratif de la tendance de certains observateurs à assimiler volontiers la Société
Nouvelle à un journal anarchiste « pur et dur », faisant fi des autres courants qui y sont représentés (voir aussi
chap. 4.2.2.3, pp. 55 et suivantes).
384
Georges Eekhoud, « Chronique de Bruxelles », in Le Mercure de France n°IX, juillet-septembre 1900, p.
795.
385
Henry Maubel, « Fernand Brouez », article nécrologique, in Le Messager de Bruxelles, 1900 ; repris dans
Fernand Brouez, Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896. Impr. Veuve
Monnom, 1901, p. 322.
386
Jules Brouez, lettre du 23 décembre 1896 à F. Borde, cité dans Frédéric Borde, « Jules Brouez, un penseur
inconnu », in L’Humanité Nouvelle n° 31, janvier 1900, p. 60.
387
Nous ne prétendons bien évidemment pas que la SN était diffusée dans chacun des pays où on relève la
présence d’un nombre plus ou moins grands de ses exemplaires (ce qui serait presque impossible vu la faiblesse
de ses tirages), étant entendu que ces derniers peuvent avoir été acheminés vers ces pays par d’autres voies que
celle d’une diffusion en librairies : émigrés belges ou français ayant fait une donation, correspondants de la SN
103
l’Université de NewYork
388
). L’énumération pourrait être longue : la seule base de données
Worldcat de FirsSearch répertorie trente-six bibliothèques qui en possèdent des
exemplaires
389
. Observons toutefois que les collections complètes, ou proches de l’être, sont
assez majoritairement situées en Belgique (ULB, RUG et surtout SBA…) et en France
390
.
et par conséquent abonnés, acquisition par une institution d’un fonds dans lequel se trouve une collection de SN,
etc.).
388
Signalons au passage l’existence de leur très précieuse collection de microfilms d’une trentaine de revues
symbolistes et d’avant-garde belges et françaises de la fin du XIX
e
siècle.
389
Voir annexe 9.5, p. 255.
390
Le catalogue SUDoc indique notamment la Bibliothèque Sainte-Geneviève, la Centrale de Paris-Sorbonne, la
Bibliothèque de lettres d’Aix-Marseille, la Bibliothèque de droit de Marseille I, les Bibliothèque de droit et
Faculté de Théologie Protestante de Montpellier, la BU de lettres de Toulouse II…
104
5.1.9 Le souvenir de La Société Nouvelle
Après avoir traité de son rayonnement sur ses contemporains, nous voudrions
maintenant jeter un coup d’œil sur ce qui a été écrit à son sujet postérieurement à sa
disparition
391
(en 1914), d’une manière que nous espérons représentative du souvenir qu’elle Ã
laissé dans les mémoires. N’ayant pas eu le temps de trouver et d’explorer les mémoires et
autres autobiographies de ceux qui en ont animé les colonnes, nous avons de préférence
examiné essentiellement quelques unes des plus connues histoires des lettres belges, des
courants littéraires et politiques.
Max Nettlau, dans son Histoire de l’anarchie, cite la SN et F. Brouez (p. 215). Si
Eugène De Seyn
392
ne dit rien de nos revues, ni d’ailleurs de James, Piérard, Legavre, Noël ou
Brouez, ce dernier et La Société Nouvelle sont mentionnés dans l’ouvrage de Kenneth
Cornell, The Symbolist movement
393
et dans celui de Herman Braet
394
. Il est fait mention de la
SN dans La Belgique fin de siècle
395
et Fin de siècle et symbolisme en Belgique, œuvres
poétiques…
396
de Paul Gorceix. F. Brouez, James, Dumont-Wilden et L. Piérard sont cités
dans L’Université Libre de Bruxelles et les écrivains français de Belgique
397
.
On reprend aussi le nom de La Société Nouvelle dans l’Histoire du livre et de
l’imprimerie en Belgique des origines à nos jours
398
, dans les Grandes figures de la Belgique
indépendante 1830-1930
399
, dans Les Écrivains belges contemporains de langue française,
1800-1946 de Camille Hanlet
400
, dans le Cours de littérature française de Belgique de
391
Qui peuvent aussi être de personnes qui ont été contemporaines de la SN ou de l’HN, mais il nous fallait bien
fixer une frontière entre les propos qui relèvent de l’actualité (chroniques de journaux, etc.) et ceux qui
s’inscrivent plus dans une démarche historique (études des lettres belges, souvenirs intimes…)
392
Dictionnaire des écrivains belges. Bio-bibliographie, 2 vol. Éditions « Excelsior », 1930-1931.
393
Yale University Press, Presses Universitaires de France, 1951, pp. 169, 204.
394
L’Accueil fait au symbolisme en Belgique 1885-1900, Contribution à l’étude du mouvement et de la critique
symboliste. Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, Palais des Académies, 1967.
395
Éd. Complexe, Bibliothèque Complexe, 1997, p. 19.
396
Éd. Complexe, Bibliothèque Complexe, 1998, p. 17.
397
Catalogue de l’exposition organisée par la bibliothèque de l’université du 19 au 30 mars 1977. Bruxelles,
ULB, 1977.
398
Le Musée du Livre, Coll. des publications du Musée du Livre, 1925-1926, p. 144 (l’auteur commet l’erreur de
croire que la 1
ère
SN s’est arrêtée en 1895, année où Hamon aurait selon elle pris la direction de la revue.
399
Franz Hellens, « Les Lettres françaises », in Gaston Lebrun, Grandes figures de la Belgique indépendante
1830-1930. A.
Bieleveld, 1930, p. 92
400
T. 2. H. Dessain, 1946, p. 93.
105
Maurice Gauchez
401
, dans l’Histoire illustrée des Lettres française de Belgique de G. Charlier
et J. Hanse
402
, dans Les Avant-gardes littéraires en Belgique : au confluent des arts et des
langues (1880-1950) de Weisgerber, Vervliet et Klinkenberg
403
, dans l’Histoire de la
littérature libertaire en France
404
de Thierry Maricourt ; ainsi que dans différents catalogues
d’exposition (sur le symbolisme, la littérature belge, les revues littéraires…).
Jacques Julliard dit d’elle qu’elle fut « (…) une revue singulièrement plus importante,
même si elle est aujourd’hui bien oubliée. Il s’agit de la Société Nouvelle, revue internationale
publiée en français à Bruxelles depuis 1884 et qui avec divers avatars, et notamment des
changements de titres, parviendra à vivre jusqu’en 1914. Elle rassemble les plus grands noms
de l’anarchisme (…), des socialistes à tendances libertaires comme William Morris, Vigné
d’Octon, des indépendants comme Colojanni. Les collaborations littéraires sont
particulièrement brillantes, avec les noms de J.K. Huysmans, Léon Hennique, Paul Fort,
Émile Verhaeren, Viélé Griffin [sic], Saint-Pol Roux, Oscar Wilde et même Nietzsche »
405
.
J. Destrée et Émile Vandervelde, s’ils reprennent La Philosophie de l’Avenir dans la
bibliographie de leur Socialisme en Belgique
406
, ne citent par contre pas une fois la SN ou
l’HN , bien qu’ils mentionnent des articles de Jules et Fernand Brouez. Mais peut-être que ces
revues n’étaient pas assez « militantes », trop peu « dans la ligne du parti », trop libres et
pluralistes pour pouvoir être cataloguées de purement socialistes ?
On se souvient de La Société Nouvelle aussi bien pour son éclectisme littéraire (elle
« publia les œuvres de nombreux écrivains belges de cette époque »
407
), pour son
indépendance politique (« cette revue fut pendant douze ans la seule en Belgique Ã
s’intéresser aux problèmes sociaux de manière absolument indépendante »
408
), mais le plus
401
T. 1. L’étoile, 1944, pp. 167, 211, 247 ; T. 2, pp. 376, 386, 482.
402
La Renaissance du Livre, 1958, p. 346.
403
Éd. Labor, 1991, p. 52.
404
Albin Michel, 1990, pp. 418-419.
405
Jacques Julliard, Fernand Pelloutier…, p. 99.
406
Le Socialisme en Belgique. Paris, V. Giard & É. Brière, 1898.
407
Robert Frickx, Michel Joiret, La poésie française de Belgique. Fernand Nathan, Éd. Labor, 1977, p. 19.
408
Éric Leunis, Jean-Marie Neyts, « La Formation de la pensée anarchiste d’Élisée Reclus », in Revue Belge de
Géographie n° 1-2, vol. CX. Institut des hautes études de Belgique, 1986, p. 148.
106
souvent c’est le nom de son fondateur qui reste dans les mémoires («Fernand Brouez,
l’animateur de ce mensuel très répandu »
409
).
Lors de nos recherches, nous nous sommes rendu compte du nombre d’erreurs qui
émaillaient beaucoup de passages sur la SN et l’HN, ce qui à notre sens est révélateur de la
méconnaissance de ces revues.
Par exemple, on dit parfois de la Société Nouvelle qu’elle est morte en 1895 ou 1896
pour sa première formule (au lieu de 97), que le frère de Fernand Brouez s’appelait Jules
410
;
quelquefois, le nom du fondateur devient « Brouwez », La Société Nouvelle est qualifiée
d’« apolitique »
411
, ce qui est mal rendre hommage à son pluralisme…
Il va de soi que la Société Nouvelle est souvent citée dans les articles et travaux
consacrés aux auteurs qu’elle mit en avant, par exemple, Nietzsche dans le «Nietzsche,
Decadence, and Regeneration in France, 1891-95 »
412
de Christopher E. Forth ; ou encore
dans les éditions de correspondances
413
.
409
Paul Delsemme, « Le Mouvement naturaliste dans le cadre des relations littéraires entre la France et la
Belgique francophone », p. 39.
410
Louis Bertrand, Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique depuis 1830, vol. 1. Dechenne & Cie,
Edouard Cornély & Cie, 1907, p. 101.
411
Notice sur la Société Nouvelle, in Patrick Lefèvre, Répertoire des journaux et périodique de l’arrondissement
de Mons (1786-1940). Interuniversitair Centrum voor Hedendaagse Geschiedenis, 1980, pp. 149-150.
412
In Journal of the History of the Ideas n° 1, vol. 54, janvier 1993, pp. 100, 105, 109 (correspondant aux pages
5, 10, 14 du document numérisé téléchargeable en format PDF sur JStor :
http://links.jstor.org/sici?sici=0022-
5037%28199301%2954%3A1%33C97%3 ANDARIF %3 E2.0CO%3B2-A
(JStor, copyright, 2002).
413
Ex. : Charles Van Lerberghe, Lettres à Fernand Séverin, éd. étab., prés. et annot. par Raymond Trousson.
Académie Royale de Langue et de Littérature Française, 2002, p. 169.
Louis Piérard, Marianne Pierson-Piérard, Trois cent trente-deux lettres à Louis Piérard, précédées de
Mémoires extérieurs par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis Forestier. Minard, Lettres modernes, Coll.
Avant-siècle n° 11, 1971, pp. 27, 30, 31-32, 37, 46, 74, 82, 195, 199, 309.
107
5.2
L’Humanité Nouvelle : Revue internationale
Sciences, Lettres et Arts
(mai 1897 – février 1901, octobre – novembre 1902,
mai – décembre 1903, octobre 1906)
En mai 1897, soit quatre mois après la fin de la 1
ère
série de la Société Nouvelle,
L’Humanité Nouvelle reprend le flambeau de la revue de Fernand Brouez
414
« avec la
collaboration de presque tous les écrivains de La Société Nouvelle, qui entendaient (…)
continuer l’œuvre collective qu’est toute revue. Ils avaient estimé qu’une revue aussi belle,
aussi importante que La Société Nouvelle ne devait pas mourir et qu’il était nécessaire qu’elle
reparût fut-ce [sic] sous un nom nouveau »
415
.
D’abord, demandons-nous qui est à l’origine de cette résurrection. Bien sûr A. Hamon,
vieux collaborateur de la Société Nouvelle, qui devient directeur du nouvel avatar. Mais
encore ? Charles-Albert, qui co-dirigeait l’HN, si l’on en croit Jacques Julliard
416
; et puis les
acolytes de toujours : Élisée Reclus et son frère Élie, Fernand Pelloutier
417
.
On peut s’interroger à juste raison sur la décision de changer le titre de la revue.
Puisque les successeurs voulaient à ce point continuer l’« œuvre collective » et marquer
clairement leur filiation avec la SN, pourquoi ne pas garder le même titre ? Le « fut-ce sous un
nom nouveau » nous autorise à penser que des contraintes ont pu être exercées à cet égard sur
les nouveaux dirigeants. Mais est-il pensable que ce soit Fernand, peut-être rendu influençable
par la maladie, qui ait interdit qu’on reprenne le titre ? Éventuellement sous l’emprise de son
père, pressentant que la revue n’allait, sous l’impulsion de Augustin Hamon
418
, que s’éloigner
encore davantage de l’idéal colinsiste originel vers un pluralisme encore plus varié et moins
414
Mais tout le monde n’est pas d’accord sur cela. « L’Idée Libre (née en 1901) fut en quelque sorte le chaînon
entre la Société Nouvelle, de F. Brouez – et celle qui eut pour directeur Jules Noël » (G. -M. Rodrigue, « La Vie
des revues artistiques et littéraires en Belgique de 1899 à 1924 », in 25 ans de littérature et d’art en Belgique,
1899-1924. Collection de la revue Le Thyrse, 1924, p. 102).
415
Augustin Hamon, « Aux lecteurs », in L’Humanité Nouvelle n° 45, octobre 1902, p. 1-7.
416
Jacques Julliard, Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d’action directe. Seuil, Coll. Point
Histoire, 1985, p. 98.
417
Jacques Julliard, op. cit, p. 99. Julliard base son assertion sur une lettre de Hamon à P. Monatte, en date du
17 mars 1944.
108
empêtré des rigueurs du dogme du baron de Colins ? D’ailleurs, nous ne savons pas
exactement à qui revenait la propriété juridique du nom « La Société Nouvelle » : à Fernand
ou à Jules ?
Ce dont nous sommes certain néanmoins est que, après leurs morts, c’est à la mère de
famille, Victorine, qu’il reviendra. Et c’est d’ailleurs avec sa bénédiction
419
que Jules Noël le
reprendra quand il voudra redonner aux colinsistes belges une grande revue belge pour
s’exprimer, en 1907.
La seule remarque qu’on puisse émettre – au demeurant sans en tirer de conclusion –
est que cette appellation reste de part en part liée au colinsisme : d’abord titre d’un ouvrage de
Colins, puis titre de revue entre 1884 et 1897, et enfin (nous le verrons plus loin) titre de la
seconde et troisième mouture de la SN, entre 1907 et 1914, période où c’est justement le
colinsien Jules Noël qui reprend les rênes de la publication.
Mais il est tout aussi imaginable que ce soit Hamon lui-même qui ait voulu prendre ses
distances. Dans un bilan qu’il fait après cinq années de L’Humanité Nouvelle, il le fait sentir Ã
mots couverts : « Déjà La Société Nouvelle, dont L’Humanité Nouvelle fut en réalité la
continuation, avait partiellement réalisé ce programme libertaire
420
. En cette revue, cette
tradition a été suivie et améliorée. Plus grande encore est la liberté dont chaque écrivain jouit
à L’Humanité Nouvelle. Elle n’est l’organe d’aucune secte, d’aucun clan, d’aucune coterie,
d’aucune école
421
… »
422
.
Il est à noter que le glissement
423
idéologique entre les deux revues, au profit de
l’anarchisme et au détriment du colinsisme, était peut-être moins évident pour les
collaborateurs eux-mêmes. Frédéric Borde par exemple, ardent partisan de Colins, ne
s’illusionne-t-il pas en pensant que « le drapeau n’est pas tombé ; il n’a fait que changer de
418
Secondé par Victor-Émile Michelet (entre mai 1899 et novembre 1902) et Louis Dumont-Wilden
(uniquement pour l’année 1903).
419
Henri Bonnet, « Mme Jules Brouez » (notice nécrologique), in La Société Nouvelle n° 5, novembre 1909, pp.
194-195.
420
C’est nous qui soulignons.
421
Et donc sûrement pas de l’école colinsiste. C’est nous qui soulignons.
422
Augustin Hamon, ibid..
423
Parler de coupure serait exagéré.
109
main et les doctrines [de Colins] qu’il représente sont les mêmes
424
: elles sont soutenues par
L’Humanité Nouvelle »
425
? Cependant, il faut reconnaître que Hamon n’a cessé de clamer sa
détermination que son journal soit le lieu d’une liberté d’expression absolue (« la plus grande
somme des vérités connues ne peut être acquise qu’en laissant exposer les idées les plus
diverses, les plus variées, les plus contradictoires »
426
), ce qui le conduira par ailleurs à laisser
paraître des articles antisémites, tout comme La Société Nouvelle auparavant ; en ayant soin
toutefois de n’engager qu’au minimum la Rédaction qui, en laissant à chacun la responsabilité
de ses propos, s’en dissocie du même coup : « Chaque auteur ayant sa pleine liberté de
pensée, n’engage que lui-même. La revue par suite est ouverte à la controverse »
427
.
Un élément qui tend à prouver la sincérité de Hamon est le très grand nombre de
personnes publiées dans L’Humanité Nouvelle : sur seulement six ans, sa revue connaîtra
beaucoup plus de signatures différentes (surtout si on compte les auteurs n’ayant officié que
dans le cadre d’une rubrique) que la première SN sur deux fois plus de temps, ou que la
seconde et la troisième SN en sept ans.
Nous ne connaissons pas la genèse du nouveau titre de la revue – qui conserve
toutefois l’adjectif « nouvelle », signe d’une prétention au progressisme – , mais peut-être y a-
t-il là une discrète allusion à une revue anarchiste française, La Nouvelle Humanité (organe
naturien), créée par Henry Zisly en 1895 et que Hamon pouvait connaître ; mais le sens de
cette possible allusion ne nous apparaît alors pas clairement. S’il fallait vraiment chercher une
filiation, ce serait plus vraisemblablement du côté de L’Humanité qu’il faudrait aller. Ce bi-
hebdomadaire, lancé en 1842 par le Républicain (et chef du gouvernement transitoire belge
après la Révolution) Louis De Potter – dont il était à peu près le seul rédacteur –, passe pour
avoir été le premier périodique socialiste belge
428
. La possible allusion en question reposerait
alors sur le caractère progressiste de cet organe, et peut-être sur le fait que les théories du
baron de Colins aient pu y être exposées à l’un ou l’autre moment de ses trois mois
d’existence (De Potter avait été fort impressionné par sa rencontre avec lui quelques années
plus tôt).
424
C’est nous qui soulignons.
425
Frédéric Borde, « Études de science sociale », in L’Humanité Nouvelle n° 9, mars 1898, p. 385.
426
Augustin Hamon, ibid..
427
Augustin Hamon, ibid..
110
Remarquons, pour en finir avec le titre, que le complément de celui-ci a également été
modifié : exit la mention « sociologie », tandis que les « Sciences » passent avant les arts et
les lettres (cette dernière mention étant parfois absente).
Dans la présentation de L’HN , peu de choses changent par rapport à La Société
Nouvelle : elle garde le même format in-8 et la pagination est de 128 pages, soit deux volumes
de 750 p. par an avec index par auteurs et par matières. Le prix de vente au numéro, pour la
France et la Belgique, est toujours de 1.25 frs., mais il sera successivement augmenté à 1.50
puis à 2 frs.
*
Il est indiqué sur la couverture du n° 1 de mai 1897, que la rédaction du journal est au
120, Rue Lafayette ; et l’administration au 5, Impasse de Béarn, aussi à Paris. Sur la page de
couverture du n° 3, la librairie bruxelloise Spineux (86, Rue Montagne de la Cour) est
mentionnée. Dès le n° 4 d’août, le 5, Impasse du Béarn porte le nom de « Librairie de l’"Art
Social" »
429
.
Au n° 7, les bureaux parisiens s’étendent, puisque la Librairie C. Reinwald vient de
faire son apparition à côté des susdites mentions. Et enfin, il y a une indication d’éditeur :
Schleicher frères, situé au 15, rue des Saints-Pères à Paris. Dès mars 1898 (n° 9), on apprend
que les bureaux de Spineux sont désormais au 62, Rue Montagne de la Cour ; et que la
rédaction et l’administration de la revue sont rassemblées au siège de la Librairie de l’Art
Social (5, Impasse de Béarn).
Ces mentions ne varieront plus jusqu’au n° 44 de février 1901. C’est le moment de la
rupture avec l’éditeur Schleicher (voir plus loin) et le numéro suivant ne paraît que presque
deux ans plus tard (octobre 1902). Un supplément de 80 pages relatif au procès qui l’oppose Ã
Hamon et rédigé par ce dernier est adjoint à ce numéro. Le procès a coûté cher et le prix de
l’exemplaire a augmenté de 25 centimes. La contrepartie est que désormais, la rédaction est
accessible par téléphone (3688), ce qui indique peut-être une volonté de modernité, de faire
comme la « grande presse » quotidienne.
428
Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel de Colins, p. 115.
111
L’adresse du journal est toujours au 62, Rue Montagne de la Cour pour la Belgique,
mais celle pour la France devient pour deux numéros le 3
bis
, Cour de Rohan, Rue du Jardinet,
dans le sixième arrondissement de Paris. À partir de mai 1903 (n° 47), les bureaux parisiens
se trouvent au 16, Rue de Condé, et ceux de Bruxelles au 92, Avenue du Solbosch ; et ce
jusqu’au terme final de L’Humanité Nouvelle, en décembre 1903 (n° 54).
*
En ce qui concerne les collaborateurs, on constate que beaucoup sont des nouveaux
venus. Cela n’est guère étonnant : Hamon, comme Brouez père avant lui, est un homme aux
multiples relations. Cette pléthore d’auteurs-maisons permettra à l’HN d’assurer à ses lecteurs
qu’elle « ne publie rien que de l’inédit »
430
(la SN elle aussi avait dans les mêmes termes
revendiqué ne jamais reproduire des articles déjà parus – sauf bien sûr des extraits de livres
venant de sortir –, mais d’après nos recherches seulement à partir de 1896). Les collaborateurs
de L’Humanité Nouvelle n’étaient pas rémunérés (c’est en tout cas ce qu’affirme J.
Julliard
431
), et en tout bien moins souvent que du temps de La Société Nouvelle.
C’est peut-être ce qui fait que l’on avait tant d’auteurs différents publiés : on imagine
mal qu’il y ait une grosse équipe d’auteur-maisons s’il n’y a pas de rétribution à la clé, alors
que des « amateurs » sont toujours heureux qu’on publie un papier d’eux, même s’ils ne sont
pas payés. Il suffit pour les gestionnaires de la revue d’appeler les lecteurs à envoyer leurs
textes au journal, il se peut même qu’ils n’aient pas eu à le faire et qu’on leur ait
spontanément expédié des articles. Mais la corollaire probable d’une telle pratique est un
abaissement de la qualité rédactionnelle. D’ailleurs, une telle pratique peut être la raison des
variations de pagination que nous avons notées, les « arrivages » ne se faisant pas toujours de
façon régulière, contrairement à ce qui arrive quand les auteurs sont rémunérés et tenus à un
délai.
Mais ça pourrait aussi expliquer que la rédaction ait parfois pu annoncer avec
précision le sommaire des prochains numéros
432
, avec parfois plusieurs mois d’avance
429
Peut-être liée au groupe et à la revue du même nom ? (voir chap. 5.2.5 sur l’administrateur, G. De La Salle).
430
Page 2 de l’Humanité Nouvelle n°3, Mons, juillet 1897.
431
Fernand Pelloutier…, p. 99.
432
Ex. : dans le n° 39 de la SN (mars 1888), où est déjà donné en détail le contenu des n° 40 et 41.
112
(lorsque donc elle avait accumulé de la copie en suffisance). Parmi les rédacteurs récurrents,
outre ceux auxquels nous consacrons une notice dans les pages suivantes, relevons les noms
de Georges Polti (rubrique « théâtres »), du peintre Jeanès et de Jean Dolent pour la
chroniques des arts.
*
Nous pouvons encore relever un autre aspect de la capacité de gestionnaire d’Hamon,
ne concernant plus cette fois l’intendance rédactionnelle, mais la gestion des abonnements. Il
n’hésite pas, tout comme F. Brouez et A. James avant lui, à sortir des sentiers battus. Là où
ces derniers avaient récupéré le fichier des abonnés d’une revue moribonde, La Basoche (voir
supra), lui a l’idée de proposer des abonnements couplés, à prix avantageux, avec L’Ouvrier
des Deux Mondes
433
. Plus tard, juste avant la fin de l’HN, il aura une idée qui fait de lui un
précurseur des publicitaires modernes : celle d’imprimer des « numéros spécimen réduits »,
qu’il envoie gratuitement à toute personne qui en fait la demande, ne contenant que la partie
bibliographique
434
.
Notons qu’il ne rate pas une occasion d’avoir de nouveaux abonnés : il semble même
être parvenu à convaincre George Bernard Shaw de faire la promotion de L’Humanité
Nouvelle
435
!
*
L’Humanité Nouvelle est-elle aussi internationaliste que l’était la SN ? Sans doute. Et
par la diversité des origines des rédacteurs, et encore bien plus par la profusion de villes, de
tous pays, où elle est diffusée
436
.
*
433
J. Julliard, Fernand Pelloutier…, p. 99.
434
Un numéro spécimen entier pouvait être envoyé contre un franc de port.
435
George Bernard Shaw, Lettre à Augustin Hamon du 1
er
février 1900, in Max Reinhardt, Collected Letters,
1898-1910, 1972, p. 145 (« Il y a longtemps que je me suis rendu chez une dame de ma connaissance pour la
prier de s’abonner à L’Humanité Nouvelle. Elle donna l’ordre à Hachette sur le Champ [sic]. J’étais si vivement
touché que je la fis ma femme. Me voici donc abonné par mariage ! »).
436
Voir annexes 9.9 et 9.10.
113
Signalons pour finir une étrangeté. Nous avons découvert dans les dossiers de police
des Archives de la Ville de Bruxelles le n° 1 (mars 1906) d’une plaquette intitulée La Société
Nouvelle : Anticléricale, Républicaine, Socialiste. L’éditeur en est Marc Floirac (49, rue de
Flandre à Bruxelles), l’administration et la rédaction sont logées au 29-31 rue de la Digue Ã
Bruxelles, et le secrétaire est un certain Émile Ehlers
437
. Alors que six mois plus tard,
reparaîtra très provisoirement L’Humanité Nouvelle (peut-être un seul numéro), après presque
trois ans d’absence, s’agirait-il de l’œuvre – sans doute éphémère – de nostalgiques de la SN ?
Ou d’une prémisse de la résurrection de la revue qu’opérera Jules Noël quelques seize mois
plus tard ? Ou alors d’une totale coïncidence ? C’est assez peu probable : la pratique de faire
suivre le titre de la revue d’une suite d’adjectifs fait fort penser à La Société Nouvelle de F.
Brouez.
Le Répertoire de la presse bruxelloise
438
nous apprend en plus que l’imprimeur est
installé à la même adresse que la rédaction, que cette revue n’a eu qu’une brève existence,
puisqu’elle s’est éteinte l’année même de sa création et que des exemplaires sont conservés
dans le Fonds Mertens de la Royale et au Musée International de la Presse (MIP) du
Mundaneum.
*
Contrairement à ce que nous avons fait pour la Société Nouvelle, nous ne consacrerons
pas un chapitre à énumérer des citations de contemporains relatives à L’Humanité Nouvelle,
car nous nous sommes rendu compte que, même si elle était distribuée dans plus de pays,
cette dernière avait peu suscité de réactions de la part de ses contemporains. En fait, le seul
écho que nous ayons récolté est une demi-colonne dans le quotidien Le Soir
439
où l’auteur
discourt sur le concept de vérité, en réaction à des idées défendues dans L’Humanité
Nouvelle
440
.
437
Police carton 216 VI, 10.
438
Arthur J. Vermeersch, Helmut Gaus, Répertoire de la presse bruxelloise - Repertorium van de Brusselse pers,
1789-1914, T. 2 (L-Z). Éd. Nauwelaerts, Éd. Béatrice-Nauwelaerts, Coll. Cahiers (Centre interuniversitaire
d'histoire contemporaine) n° 50, 1968, p. 522.
439
Intérim, « La Semaine », in Le Soir, lundi 16 avril 1900, p. 1, 3
ème
colonne.
440
Ces propos feront eux-mêmes l’objet d’une réaction dans le périodique officiel du colinsisme (Agathon De
Potter, « Extraits de journaux et revues et réflexions », in La Philosophie de l’Avenir, 1900-1901, pp. 60-62.
114
5.2.1 Les directeurs
Augustin Hamon
Fils de Henri Hamon et de Henriette Duval, né à Nantes le 20 janvier 1862, Augustin
Henri Frédéric Adolphe Hamon est issu par son père d’une lignée d’au moins trois
générations de ferblantiers, plombiers-zingueurs et couvreurs ; sa mère est quant à elle fille de
chapelier.
Augustin quittera Nantes à l’âge de six ans, moment où sa famille déménage à Paris
pour y suivre le pater familias parti un an plus tôt afin d’y créer une usine pour exploiter un
brevet de son invention (les tuyaux en plomb doublés d’étain), une affaire qui finira par
devenir rentable. Durant les troubles de la Commune, Augustin vit avec sa mère dans le
Maine-et-Loire, à Montjean-sur-Loire. Ensuite, il étudiera au lycée Condorcet où il obtient
son baccalauréat, après quoi il se spécialisera dans les questions d’hygiène (il publie dès 1881
des études dans nombre de revues spécialisées). Rapidement, il juge que cette problématique
ne peut aboutir sans une réforme en profondeur de la société. Toujours en liaison avec ses
idées d’hygiéniste, il exigera par ailleurs l’interdiction du travail des enfants, l’obligation de
déclarer les maladies infectieuses et l’amélioration des conditions de travail des femmes.
Ses travaux de sociologie
441
reposent sur des pratiques d’investigation inédites pour
l’époque. Il utilise par exemple des enquêtes par questionnaires, comme quand, en 1895, il
publie une enquête sur les anarchistes de l'époque (Psychologie de l’anarchiste-socialiste
442
),
sujet qui l’intéresse au point de le traiter plusieurs fois au cours de la décennie (« Les hommes
et les théories du l'anarchie »
443
en 1893, « Un Anarchisme, fraction du socialisme »
444
en
1896). Il fréquente les libertaires depuis les années 80, après un passage de quatre ou cinq ans
chez les « socialistes autoritaires »
445
et les boulangistes.
441
Voir Erika Apfelbaum, Ian Lubek, « Augustin Hamon, aux origines de la psychologie sociale française », in
Recherches de psychologie sociale n° 4, 1982 ; et « Les "Études de Psychologie sociale" de Augustin Hamon »,
in Hermès n° 5-6, 1989, pp. 67-82.
442
Paris, Bibliothèque sociologique, 1895.
443
Paru dans L’Art Social.
444
In La Société Nouvelle n° 134 (février 1896), pp. 207-227 et n° 135 (mars 1896), pp. 366-382.
445
Dominique Le Page, « De Paris à la Bretagne : Augustin Hamon », in Le Mouvement Social n°160. Les
Éditions Ouvrières, juillet-septembre 1992, p. 104.
115
Il s’attaquera dans le même esprit à une étude de la psychologie du militaire français,
puis désire continuer sa série de types sociaux avec des recherches sur les artistes, mais celles-
ci ne seront pas publiées.
Pourquoi l’histoire de la sociologie n’a-t-elle pas retenu son nom ? « Tout d’abord,
(…) il faut rappeler qu’A. Hamon est toujours demeuré un marginal, à l’écart des voies
officielles de diffusion du savoir, dans l’impossibilité de se créer des disciples (…). Par
ailleurs, ses méthodes de travail – malgré une volonté affichée de toujours procéder
scientifiquement – étonnent aujourd’hui par leur naïveté : comment est-il possible, en effet, de
bâtir des ouvrages « scientifiques » sur la seule base des articles de presse ? »
446
.
En 1893, c’est lui qui fait découvrir l'anarchisme à Fernand Pelloutier (futur créateur
des Bourses du Travail), avec qui Brunellière l’avait mis en relation. Il fait aussi partie, Ã
partir de la fin de cette année, du « Groupe de l’idée nouvelle », avec entre autres Barrucand
et Paul Adam. Puis il participe aux revues les Temps Nouveaux et France Politique et Sociale.
En juillet 1894, après l’assassinat du président Carnot, point culminant des attentats
anarchistes qui balaient le sol français, il décide de s’exiler en Angleterre, puis en Écosse,
jusqu’en février de l’an suivant.
Le 27 juillet 1896, il participe, en tant que délégué de la Bourse du Travail de Nantes,
au « Congrès international des travailleurs et chambres syndicales ouvrières de Londres »,
accompagné de deux représentants du groupe « L’Art social »
447
, qui s’achève six jours plus
tard sur l'exclusion des anarchistes (à savoir notamment lui-même, Malatesta, Grave, Pouget,
Tortelier, Pelloutier…) par les marxistes
448
. Il s’y était fait remarquer pour ses penchants
réformistes, car il cherchait à tout prix à maintenir des passerelles avec les socialistes de tout
bord.
C’est à peu près dans le temps même où il fréquente les anarchistes qu’il décide
d’entrer dans la franc-maçonnerie. À peine âgé de vingt ans, il est initié à la Loge
446
Dominique Le Page, « De Paris à la Bretagne : Augustin Hamon », in Le Mouvement social n°160, juillet-
septembre 1992, P. 103.
447
Hamon avait participé à leur revue quelques années plus tôt (voir chap. sur G. De La Salle).
448
Hamon relatera ces événements dans « Le socialisme et le congrès de Londres. Paris, Stock, Coll.
Bibliothèque sociologique, 1897.
116
Bienfaisance et Progrès de Boulogne, amorce d’un parcours qui le mènera à adhérer à bien
d’autres loges, dont celle de Tréguier où il sera Vénérable.
Lors de l’affaire Dreyfus, il restera sur la réserve, suspectant les partisans du procès en
révision d’être des « représentants de la Haute Banque »
449
. Les notices biographiques sur
Hamon que nous avons consultées omettent systématiquement de mentionner son
antisémitisme latent, si ce n’est celle de Jean Raymond, qui est toutefois très allusive
450
.
Ce mépris de la figure du « Juif »
451
lui causera à l’une ou l’autre occasion quelques
désagréments, puisque c’est à cause de lui, ou plus précisément en raison d’un article
antisémite de trop, signé Colleville, qu’il a laissé passer dans L’Humanité Nouvelle, que le
libertaire français Jean Grave quittera avec fracas la revue en septembre 1898. Mais Hamon
n’était déjà plus en odeur de sainteté depuis sa neutralité face à la condamnation du capitaine
Dreyfus, aussi bien chez les anarchistes que chez certains socialistes.
C’est en 1897 qu’Hamon avait fondé et pris la direction de cette revue
452
, suite et
prolongation de La Société Nouvelle, à laquelle il collaborait déjÃ
453
. Il assure la critique des
ouvrages de philosophie et de psychologie. En 1903, l’HN succombe, après une grosse
cinquantaine de livraisons.
Hamon est usé par les ennuis de toutes sortes, au nombre desquels il faut pointer la
rupture avec Grave et Élisée Reclus, qui « n’acceptent pas son trop grand éclectisme »
454
(socialisme, spiritisme, boulangisme, antisémitisme…) ; mais surtout le procès avec
Schleicher frères.
Situons brièvement ce dernier. Après plus de trois années de parution de l’HN,
l’éditeur Schleicher frères décide unilatéralement de mettre un terme au contrat du 16 juillet
449
Notice de Jean Raymond, in Jean Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, T. 13
(Gue à Mar). Les Éditions Ouvrières, 1964, p. 28.
450
Voir note précédente.
451
Par exemple dans son livre, Les Maîtres de la France (Paris, Editions sociales internationales, 1936-1938).
452
La dénomination exacte de sa fonction est « directeur-gérant » (mention présente dans plusieurs numéros de
l’HN).
453
Vers la même époque, il collabore aussi au journal de Jean Grave, Les Temps Nouveaux.
454
Dominique Le Page, « De Paris à la Bretagne : Augustin Hamon », in Le Mouvement Social n°160. Les
Éditions Ouvrières, juillet-septembre 1992, p. 106.
117
1898, portant sur une durée de cinq ans, qui le liait à A. Hamon et à L’Humanité Nouvelle. Ce
dernier intente un procès en assignation. La revue est suspendue, dans l’attente du jugement.
En octobre 1902 (n° 45), la revue reparaît. Ce numéro (avec un supplément de 80
pages consacré à l’« affaire ») et les suivants reprennent les détails circonstanciés des faits,
pièces justificatives et prononcé du jugement.
Selon Hamon, Schleicher les racines du conflit remontaient à 1899, quand il voulut
publier un numéro spécial sur la guerre, où certains interviewés prononçaient des propos par
trop antimilitaristes, ce qui avait été quelque peu effrayé les éditeurs. Par courtoisie, il accepta
d’atténuer certaines des interventions prévues, mais le ver était dans le fruit de ses relations
avec Schleicher frères.
En novembre 1900, Hamon et Schleicher créent malgré tout une maison d’édition, du
même nom que la revue. Mais rapidement surgissent des histoires d’argent, des échanges de
billets à échéance. Hamon finit par demander des comptes, mais ceux-ci ne le satisfont pas.
Aussi, tout ce petit monde se retrouve-t-il bientôt devant le tribunal de commerce. Tout se
gâte, et se complique, quand Hamon décide – toujours son obsession de tout dire, sans recul –
de publier des pièces du procès dans l’HN n° 46, de novembre 1902. Schleicher l’attaque en
diffamation. Puis survient une imputation pour un article pornographique, « Bradacier ». À ce
stade-là , plus personne ne s’y retrouve, et nous n’irons pas plus loin, de peur de nous envaser
dans cet embrouillamini judiciaire.
Constatons juste que pendant des dizaines de mois, Hamon passe presque autant de
temps dans les prétoires que dans les salles de rédaction. L’échec de ces cessations de
parution à répétition aura sur son quotidien de néfastes effets, « la disparition de la revue
L’Humanité Nouvelle l’a laissé fortement endetté et dans l’obligation de vivre plus
économiquement (et donc de quitter Paris pour la Bretagne) à un moment où, de surcroît, il
doit faire face à de lourdes obligations familiales [à savoir une épouse et trois filles]»
455
.
*
455
Dominique Le Page, op. cit., p. 113.
118
Hamon sera encore présent dans la seconde Société Nouvelle (et dans l’autre journal
belge du colinsisme, La Terre
456
, qui est créé deux ans après la disparition de son Humanité
Nouvelle par Noël et Legavre), avec des articles sur la situation politique en France et des
critiques de livres.
Le portrait ne serait pas complet si l’on omettait de signaler ses activités
professorales : il a enseigné à l’Université Nouvelle de Bruxelles, à la Faculté des lettres de
Paris, au Collège libre des sciences sociales de Paris. Parfait bilingue, il a aussi été « lecturer
at the London School of Economic and Political Sciences »
457
, pendant la Première Guerre.
Quelques années plus tard, il se fera membre de l’Association nationale des libres-
penseurs de France, dont il sera le délégué au congrès international de la libre-pensée de Paris,
en septembre 1905.
Au fil du temps, il s'était éloigné des conceptions libertaires de sa jeunesse, mais sans
jamais rompre totalement avec elles ; se reconnaissant mieux dans le socialisme, peut-être
incité en cela par les opinions de Georges Bernard Shaw
458
, dont il traduit les Å“uvres pour
l’éditeur Figuière à partir de 1904 (souvent en collaboration avec sa femme Henriette-Marie-
Hortense Rynenbroeck, qu’il avait épousée en mars 1901), et avec qui il aura de prolifiques
échanges épistolaires
459
. Peut-être aussi influencé pour une part par son environnement
maçonnique : depuis 1894, il appartient aux Chevaliers du Travail, loge justement
d’obédience socialiste.
Hamon devient en 1907 premier secrétaire fédéral des Côtes-du-Nord de la toute jeune
S.F.I.O.
460
récemment unifiée. Même alors qu’il siège à une fonction importante, il ne
délaisse pas les bonnes vieilles méthodes de prosélytisme et continue à se servir de
456
P. Aron signale qu’Hamon a été l’un des sympathisants français de Colins (Les Écrivains belges et le
socialisme (1880-1913)…, p. 240). Cette assertion, dont l’unique confirmation que nous possédions est celle de
Rens et Ossipow : « [Hamon] ne fût pas un colinsien mais tout au plus un sympathisant » (Histoire d’un autre
socialisme, p. 77) – il est vrai que n’ayant pas étudié en profondeur sa vie, cela peut nous avoir échappé – ;
tendrait en tout cas à être étayée par le fait qu’il a participé à l’hebdomadaire montois de Jules Noël.
457
Louis Guilloux, L’herbe d’oubli, Paris, Gallimard, 1984, p. 234.
458
Qui disait en substance, dans un de ses bons mots, que celui qui n’est pas anarchiste à vingt ans n’a pas de
cœur, mais que celui qui l’est encore à quarante n’a pas de cervelle.
459
L’admiration qu’il lui porte est grande. Voir Considérations sur l'art dramatique à propos de la comédie de
Bernard Shaw. Paris, Figuière, 1913.
460
Section Française de l’Internationale Ouvrière, soit le nom officiel du parti socialiste français de 1905 à 1970.
119
brochures
461
pour répandre sa propagande socialiste, tout comme il en usait quand il faisait
celle de l’anarchisme. Mais il innove aussi : « sous son instigation, la fédération de Bretagne
créa une œuvre de propagande inspirée des méthodes du Parti Ouvrier Belge»
462
, méthodes
dont il avait pu avoir connaissance lorsqu’il résidait en Belgique et dispensait ses cours de
criminologie à l’Université Nouvelle.
Sa vie durant la Première Guerre Mondiale nous est peu connue. On sait qu’il en passe
une partie à Londres
463
et l’autre, moins longue sans doute, en Bretagne. Le peu qu’on sait de
cette deuxième nous vient du témoignage qu’en donne le tout jeune et futur romancier Louis
Guilloux (qui devient son secrétaire et le précepteur de ses filles
464
à partir d’août 1917) dans
un chapitre de ses mémoires, L’Herbe d’oubli
465
. Hamon héberge son secrétaire, qui est entré
en fonction en août 1917 (il ne dit pas depuis combien de temps Hamon était revenu de
Londres, mais c’est tout au plus quelques mois), dans la maison qu’il s’était fait construire
près de la station balnéaire de Port-Blanc-en-Penvénan
466
.
Guilloux nous trace le portrait d’un homme méticuleux à l’excès, qui par exemple
garde copie de chacun de ses nombreux courriers, et qui est très absorbé par l’écriture de ses
Leçons de la guerre mondiale
467
. Il n’a rien perdu de ses réflexes d’hygiéniste : le tabac est
bien sûr prohibé, et en matière alimentaire le végétarisme règne en maître incontesté dans son
foyer (il cultive lui-même ses légumes tôt le matin). Guilloux va devoir se plier aux habitudes
de la maison, et Hamon en profite pour étudier sur lui les effets d’un passage sans transition
d’un régime carné à une alimentation sans viande. « La raison, la logique, la méthode, ces
mots-là revenaient sans cesse sur ses lèvres »
468
. Sans qu’il la cite jamais nommément,
Guilloux fait une fois référence à l’HN : « Augustin Hamon avait dirigé un temps une revue.
Pour cette revue, il avait demandé leur collaboration à de grands écrivains d’Europe. Il avait
461
Lettre à mon frère paysan, Conseil aux ouvriers.
462
Notice de Jean Raymond, ibid.
463
H. Tribout De Morembert, notice sur Hamon, in M. Prevost, Roman D’Amat, H. Tribout De Morembert,
Dictionnaire de biographie française, T. 12. Librairie Letouzey et Ané, 1970, pp. 561-562.
464
Elles ont entre treize et seize ans, et Guilloux n’a lui-même que 18 ans et doit encore préparer son bas. C’est
son jeune âge qui explique qu’il ait échappé à la conscription.
465
Louis Guilloux, op. cit., pp. 234-252.
466
Il l’avait avec humour baptisée « Ty-an-Diaoul » (en breton, la maison du diable), en réponse aux paysans de
la région qui voyaient dans ses idées une œuvre diabolique. Il y habitat de 1906 à sa mort (mais les hivers de
1932 à 1940 le voient émigrer à Paris).
467
Qui seront finalement publiées en 1917, chez Giard et Brière, à Paris.
468
Louis Guilloux, op. cit., p. 245.
120
connu beaucoup de monde »
469
.
Dans l’entre-deux-guerres, il contribuera à la propagation des idées communistes en
Bretagne, bien qu’encore membre du Parti Socialiste. En 1943 et 1944, il participera à la
Résistance, sera inquiété par la police et perquisitionné. Il meurt le 3 décembre 1945, dans sa
bourgade d’adoption de Port-Blanc, peu après avoir adhéré au Parti Communiste, juste à la
Libération. Ses ouvrages ont été traduits en espagnol, en italien, en portugais, en tchèque, en
russe et même en arabe.
Charles-Albert
Né à Carpentras (Vaucluse), le 23 novembre 1869, Charles-Albert (alias Charles
Daudet) est issu d’une famille d’universitaires. Après la fusillade de Fourmies (1
er
mai 1891),
il aurait brièvement adhéré au guesdisme, avant de rapidement se tourner vers l’anarchisme.
En 1892, il est correcteur d’imprimerie à Lyon. Ensuite, il se met à collaborer à la
presse libertaire (La Révolte, les Entretiens Politiques et Littéraires). L’année suivante, il
fonde L’Insurgé (organe communiste-anarchiste de la région du Sud-Est). En 1895, il
s’installe à Paris et œuvre au renouveau libertaire, après les années de « terreur anarchiste ».
Il se risque à fonder une imprimerie rue Lafayette, où il composera certains numéros
du Libertaire de Sébastien Faure et, selon le Maitron
470
, de la Société Nouvelle – dont il
devient une sorte de co-directeur. C’est vers la même époque qu’il collabore à L’Art Social,
journal qui n’est pas sans rapport avec L’Humanité Nouvelle, puisque Hamon, ainsi
l’administrateur de la revue, G. De La Salle, en ont aussi fait partie.
1899 sera pour Charles-Albert une année faste, puisqu’il fait paraître son Amour
libre
471
, largement diffusé en France et à l’étranger, et qu’il débute sa collaboration du
quotidien pro-dreyfusard de S. Faure : Le Journal du Peuple.
469
Louis Guilloux, op. cit, p. 247. Guilloux parle notamment d’une photo dédicacée de Tolstoï.
470
Anonyme, « Charles-Albert », in Jean Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français,
T. 11 (Bou à Del). Les Éditions Ouvrières, 1973, p. 173
471
Paris, Stock.
121
Vers 1912, il délaisse progressivement les thèses anarchistes et envisage une entente
avec les socialistes ; pour finalement en 1914 fustiger les pacifistes et se rallier à l’union
sacrée.
Dans l’entre-deux guerres, reniant sa jeunesse, il se fait le champion d’un état fort
(notamment dans son livre de 1929, L’État Moderne, ses principes et ses institutions
472
).
Pendant la Seconde Guerre, Charles-Albert collabore à La Gerbe, hebdomadaire pro-
allemand. Arrêté à la Libération, on le libère peu après.
M. Heyman
On ne sait presque rien de cette personne. Heyman
473
participa au 11
ème
congrès
national corporatif (5
ème
de la CGT) tenu à la Bourse du Travail de Paris en septembre 1900
474
et fut le directeur de la très éphémère Humanité Nouvelle, seconde série (1906)
475
, dont nous
n’avons retrouvé qu’un premier numéro (octobre 1906) – y en a-t-il eu plus, et combien ? On
peut en tout cas en dire que la « rédaction-administration » est localisée à Gand (79,
boulevard Lousbergs), et que Heyman a voulu s’entourer d’un « comité conseil »
476
pléthorique (18 membres), composé de gens d’horizons divers : « Ernest Crosby, Charles
Debierre, Guillaume De Greef, Patrick Geddes, Augustin Hamon, Georges D. Herron,
Charles A. Laisant, Enrico Leone, Robert Michels, F. Domela-Nieuwenhuis, Edmond Picard,
Georges Renard, John M. Robertson, Eugène de Roberty, Georges Sergi, A.-M. Simons,
Torrida Del Marmol, E. Van Der Velde [sic]
477
».
Cette renaissance du périodique pluraliste sera aussi l’occasion de réactiver les
Éditions de L’Humanité Nouvelle, en remettant en vente les anciennes plaquettes et brochures
de la 1
ère
série (en fait, le plus souvent de simples tirés à part de la revue), et même d’en
472
Paris, Valois, 1929.
473
Nous ignorons même si le « M. » qui précède son patronyme est l’initiale de son prénom…ou bien
l’abréviation de « Monsieur » !
474
Anonyme, « Heyman », in Jean Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, T.
13 (Gue à Mar). Les Éditions Ouvrières, 1964-1997.
475
Il dit dans l’article qui ouvre la revue ressuscitée, que A. Hamon, « d’une manière aussi bienveillante que
désintéressée », lui remit titre et documents de l’Humanité Nouvelle (« À propos de l’Humanité Nouvelle », in
L’Humanité Nouvelle n° 1. Gand, octobre 1906, p. 2).
476
Ce sans doute pour éviter que ne se reproduisent les cessations de parutions, telles celles qu’avait connu
L’Humanité Nouvelle, à trois reprises dans sa courte existence.
477
Couverture de L’Humanité Nouvelle n° 1, octobre 1906.
122
proposer de nouvelles (Deux tsars, de M. Stromberg, L’Internationalisme de Raoul de la
Grasserie, Situation politique de la France en 1906 de A. Hamon
478
).
478
Annoncées en quatrième de couverture.
123
5.2.2 Le secrétaire de rédaction pour la Belgique
Paul Deutscher
P. Deutscher est né à Bruxelles le 19 août 1872. Au tournant du siècle, aidé en cela de
Lalla Vandervelde (épouse du leader socialiste), il s’occupe de la Section d’Art de la Maison
du Peuple. Vers 1906, il est nommé secrétaire du Syndicat des Musiciens, poste qu’il occupait
encore en 1931
479
. Il est un des fondateurs de la section d’art et d’enseignement populaire
480
de la Maison du Peuple, dont il deviendra le secrétaire.
Dans l’Humanité Nouvelle, en plus d’assurer la charge de secrétaire de rédaction (pour
la Belgique), il s’occupe de la chronique des revues belges et hollandaises
481
.
S’il collabora à de nombreuses revues belges et étrangères, peu de ses écrits ont Ã
notre connaissance fait l’objet d’une publication sous forme de livre
482
.
Il veilla également aux destinées du journal corporatif L’Artiste Musicien, dans lequel
il continue à défendre les droits des artistes, et entre 1914 et 1918 son effort de guerre le
portera à s’occuper du Secours Théâtral.
479
La Belgique active, Henri Willem éditeur, Bruxelles, p. 165.
480
Il fondera plusieurs universités populaires.
481
La « revues des revues » de L’Humanité Nouvelle (et dans une moindre mesure la « revue des livres ») est un
peu le pendant culturel de ce qu’était la rubrique du « mouvement social » pour la SN première génération : une
occasion d’afficher clairement sa connaissance de ce qui se passe à l’étranger. La « revue des revues » est
d’ailleurs une précieuse source de recension des périodiques de l’époque, on y parle des plus récentes livraisons
des revues françaises, italiennes, espagnoles, hollandaises, allemandes, russes, arméniennes, scandinaves,
polonaises, bulgares, tchèques…et bien sûr belges ! À tel point qu’on ne peut qu’être soufflé par le fait que
Hamon ait su s’entourer d’une équipe (chacun s’occupant des publications d’un seul pays) à ce point polyglotte,
alors qu’en général il n’avait pas de quoi payer ses collaborateurs !
Après avoir fusionné (en mars 1899) la recension des revues avec celle des livres, de nouvelles langues seront
traitées : on instruira le lecteur de ce qui se publie de neuf en hongrois, en roumain, en occitan, en celtique, en
suédois, en néo-grec [sic], en arabe, et – comment les parutions d’un pays aussi proche ont-elles pu être
délaissées si longtemps ? – en portugais. Au total, plus de vingt pays sont ainsi couverts, mais bien sûr pas
chaque mois (en général, six ou sept pays sont repris par numéro de la SN).
482
Notons toutefois un appendice (sur la bibliographie du socialisme belge) à l’ouvrage de Destrée et
Vandervelde, Le Socialisme en Belgique
482
.
124
5.2.3 Les secrétaires de rédaction pour la France
Victor-Émile Michelet (1861-1938)
V.-É. Michelet, cet ancien de la Jeune France
483
, de la Revue de Paris et de Saint
Pétersbourg et de Psyché, est l’auteur d’un ouvrage majeur pour l’histoire de l’occultisme et
de l’hermétisme en France dans les dernières années du XIXe siècle, Les Compagnons de la
Hiérophanie, dans lequel une partie du mouvement occultiste de la Belle Époque s’est
reconnue.
On lui doit des portraits de Paul Sédir
484
et de Nicolas Flamel, et il a aussi écrit un Le
Secret de la Chevalerie. Michelet fut par ailleurs l’un des premiers martinistes
485
de renom (il
a été Grand Maître de l'Ordre Martiniste entre 1932 et 1938, année de son décès
486
), titre qu’il
partage avec Barrès, Paul Adam ou Péladan ; il est également considéré comme un disciple
d’Eliphas Levi.
Tout cela explique peut-être que des articles sur le spiritisme soient parus dans
L’Humanité Nouvelle, car il assumait dans cette revue la fonction de secrétaire de rédaction.
En fait, il était tout bonnement directeur de la partie littéraire du journal (à partir de 1899),
tout comme Hamon l’était pour les matières scientifique, sociologique et politique. On
retiendra de lui qu’il a été un des tout premiers à faire découvrir aux francophones les œuvres
de Tchekhov et de Gorki traduites en français.
483
C’est grâce à lui, si l’on en croit son témoignage, que nombre de grands écrivains vinrent à cette revue : C.
Mendès, Claudel, Villiers de l’Isle-Adam, Barrès, Péladan, Morice, Moréas, lorrain, Anatole France… (Réponse
de V.-É. Michelet publiée dans Maurice Caillard, Charles Forot, Les Revues d'avant-garde : 1870-1914. Place,
Coll. Ent’revues, 1990, p. 171).
484
Victor-Émile Michelet, « Paul Sédir », in L’Initiation n°4, 1984.
485
L’Ordre martiniste, créé par Papus (de son vrai nom Gérard Encausse) et Augustin Chaboseau en 1891, était
une société paramaçonnique préoccupée des mystères de l’occultisme et qui contribua au renouveau ésotérique
de la fin du XIX
e
siècle. Elle est aussi liée étroitement aux écrivains symbolistes, qui pour certains d’entre eux se
découvraient des thèmes d’inspiration dans l’ésotérisme.
486
Il est enterré à Saint Sulpice.
125
Louis Dumont-Wilden
Louis-Constantin-Henri
487
Dumont-Wilden, alias Jean Brézal
488
, est né le 15
septembre 1875 à Gand, d’un père avocat général de souche française et d’une mère
flamande. Peu de temps après sa naissance, son père étant nommé conseiller à la Cour de
Cassation, ils déménagent à Bruxelles.
Pendant ses études de philosophie et lettres à l’Université libre de Bruxelles (à partir
de 1893), il fréquente des condisciples acquis aux idées de gauche (Louis de Brouckère, Paul-
Émile Janson, Emile Vandervelde…) ; mais sa famille étant tenaillée par des besoins d’argent
depuis la mort du père en 1892, il se tourne vers le journalisme et entre à L’Indépendance
Belge.
Il fut directeur de l’hebdomadaire Pourquoi pas ? – qu’il avait fondé avec Georges
Garnier et Léon Souguenet – et œuvra , en compagnie de Grégoire Le Roy et de Georges
Marlow, dans la revue Le Masque, ainsi que dans au moins une dizaine d’autres périodiques.
Mais il entreprend dans le même temps une carrière dans le monde des lettres, c’est un
conteur et nouvelliste émérite (Visages de décadence
489
, Le coffre aux souvenirs : contes et
nouvelles
490
, Coins de Bruxelles
491
, L’esprit européen
492
, Les soucis des derniers soirs
493
).
Il « occupe une place à part dans la littérature contemporaine. Ses essais dénotent
infiniment de tact, de doigté et d’intelligente érudition »
494
. Ceux-ci couvrent des domaines
variés : la Belgique et les villes d’art : La Belgique illustrée
495
(préfacé par Verhaeren), Villes
d'art de la Belgique
496
, Cités d'art
497
, Bruxelles et Louvain
498
, Amsterdam et Harlem
499
; mais
487
Et non pas Henry, comme l’indique L. Martal, « Dumont-Wilden », in M. Prévost, Roman D’Amat, Henri
Tribout De Morembert, et al., Dictionnaire de biographie française, T. 12 (Dugueyt-Espigat-Sieurac), Librairie
Letouzey et Ané, 1970, col. 234. Henry était le prénom de son demi-frère.
488
Lionel Bertelson, Dictionnaire des journalistes-écrivains de Belgique. Association bruxelloise de
l’Association Générale de la Presse Belge, 1960, p. 48.
489
Bruxelles, H. Lamertin, 1901.
490
Librairie moderne, Coll. Junior, [s.d.].
491
Éd. de l'Association des écrivains belges, Bruxelles, 1905.
492
Paris, Eugène Figuière et Cie ; Bruxelles, Imprimerie des arts et métiers, 1914.
493
Bruxelles, Veuve Ferdinand Larcier, [s.d.].
494
La Belgique active, Henri Willem éditeur, p. 174.
495
Larousse, Paris, [s.d.].
496
Alpina, Paris, 1942.
497
Nilsson, Paris, 1925.
498
Van Oest, Coll. Villes meurtries de Belgique, Paris, 1916.
126
également les artistes
500
(divers articles et monographies sur Fernand Khnopff et André
Cluysenaar), la littérature
501
, les relations belgo-hollandaises (L'Entente hollando-belge
502
), la
Guerre Mondiale (L’Occupation allemande à Bruxelles racontée par les documents
allemands : avis et proclamations, affichés à Bruxelles, du 20 août 1914 au 25 janvier
1915
503
) et, sur la fin de sa vie, les grands monarques
504
.
Dans L’Humanité Nouvelle, il est chargé (en plus de ses activités de secrétaire
rédactionnel) de la critique des livres, tâche dans laquelle il est aidé par Louis Ernault.
En 1914, il vient s’installer à Paris où il continue sa carrière de journaliste. À partir de
là , il se met à collectionner les honneurs et les titres : de 1925 à 1963, il occupe le 5
ème
fauteuil (littérature) à l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, puis il sera
membre associé de la Section des Sciences Morales et Politiques de L’Institut de France Ã
Paris. Il a aussi été Officier de l’Ordre de Léopold et Commandeur
505
de la Légion
d’Honneur.
Avec Charles Plisnier et Alexandre André, il fonde en 1939 l'hebdomadaire Alerte,
afin de susciter dans l'opinion belge un mouvement anti-neutraliste.
Il meurt le 11 décembre 1963, à Rueil-Malmaison.
499
Laurens, Coll. Les villes d'art célèbres, Paris, 1913.
500
Dont il fait parfois l’objet de ses conférences, comme par exemple avec Constantin Meunier en 1905-1906, Ã
la Section d’Art de la Maison du Peuple (P. Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913), p. 258).
501
La Vie de Benjamin Constant, 9
ème
éd. Paris, Gallimard, Coll. Vies des hommes illustrés n° 61, Paris, 1930.
Anthologie des écrivains belges : poètes et prosateurs, 2 vol. Paris, Crès, 1918.
L’Évolution de l’esprit européen. Paris, Flammarion, 1937.
502
Petit Bleu, Bruxelles, 1906.
503
Bloud et Gay, coll. Pages actuelles 1914-1915 n° 37, Paris, 1915.
504
La vie de Charles-Joseph de Ligne, prince de l'Europe française. Paris, Plon, Coll. Le roman des grandes
existences n° 10, Paris, 1927.
Albert I
er
, roi des Belges, Grasset, Paris, 1934.
Le prince errant, Charles-Edouard : le dernier des Stuarts. Paris, Colin, Coll. Âmes et visages, 1934.
505
Officier selon la notice de La Belgique active, Bruxelles, 1931, p. 174.
127
5.2.4 Le secrétaire de rédaction pour l’Italie
D
r
Mario Pilo
Cette personne, dont nous ne savons presque rien, est l’auteur de Estetica
506
(réédité
en 1998
507
), de Le mie camene : Versi
508
, de Paesagi con figure
509
, de Tra i due poli della
vita
510
ou encore d’une Psicologia musicale : appunti, pensieri
511
.
Nous avons bien trouvé trace d’un D
r
Marius Pilo, docteur en sciences naturelles né en
1859, tout aussi intéressé que son quasi homonyme semble-t-il par le sujet de l’esthétique (Il
problema estetico chez Dumolard à Milan) et poète comme lui
512
. Pourrait-il s’agir d’une
seule et même personne ? Nos recherches n’ont pu le déterminer.
Notons encore que cette stratégie organisationnelle qui consiste à disposer d’un
secrétaire de rédaction (et donc surtout d’un destinataire pour le courrier) dans un pays de
diffusion est un atout internationaliste : c’est ainsi que tant de textes si divers, venant d’un peu
partout, peuvent finalement être réunis dans une même revue ; et dans le même temps, cela ne
peut que plaire aux lecteurs de ces pays, qui ont ainsi le plaisir de retrouver un compatriote
assumant une fonction au sein de leur revue.
506
Milan, U. Hoepli, Coll. Manuali Hoepli 143,1894.
507
Firenze, Alinea.
508
Bologne,Soc. Tip. Azzoguidi, 1886.
509
Naples, Ricciardi 1921.
510
Turin, Bocca, 1922.
511
Milan, U. Hoepli 1904
512
Angelo De Gubernatis, Dictionnaire international des écrivains du jour, T. 3. Louis Niccolai, 1891, p. 1612.
128
5.2.5 L’administrateur
Gabriel De La Salle
Gabriel De La Salle dédia sa vie aux arts et aux lettres. C’est ainsi qu’après s’être
égaré quelques temps dans un emploi de comptable, ce fils de gendarme devient libraire (Ã
Paris), puis homme de revues ; nous citerons pour cet aspect de sa vie sa participation à la
revue Coup de Feu d’Eugène Châtelain, car une particularité de cette dernière se retrouvera
dans celle que De La Salle fondera plus tard (voir infra) : elles sont toutes deux parallèlement
une revue et un groupe.
Augustin Hamon sut se souvenir de G. De La Salle lorsqu’il chercha à qui il pourrait
confier la place d’administrateur
513
de L’Humanité Nouvelle, mais comment se connaissaient-
ils ?
D’abord, ils étaient proches l’un de l’autre par leur commune origine nantaise.
Ensuite, ils ont appartenu à la même loge maçonnique (la Chevalerie du Travail), où ils
prendront des positions communes sur des problématiques maçonnes
514
. Enfin, Hamon s’était
impliqué à une époque dans un mensuel du nom de L'Art Social
515
, émanation d’un groupe
éponyme, que De La Salle avait fondé et dirigeait
516
.
Ce périodique aux accointances anarchistes
517
– bien qu’hétéroclite sur le plan
idéologique
518
(on y repère des références socialistes
519
) – connût 26 numéros de novembre
1991 à février 1994. Par la faute des attentats anarchistes, De La Salle est arrêté en mars, ce
513
Fonction qui n’existait pas du temps de Fernand Brouez. On imagine qu’elle consiste à s’occuper de la
gestion de la revue, plus que des aspects rédactionnels, qui concerneraient plutôt les « secrétaires ».
514
Par exemple, ils sont tous deux hostiles à la désignation d’un grand maître de l’ordre (J. Julliard, Fernand
Pelloutier…, p. 105).
515
Sept articles de lui y paraîtront.
516
Nous avons noté qu’il existaient des rapports certains, entre la Chevalerie du Travail et l’Art Social, car outre
Hamon et De La Salle, Lumet et Fernand Pelloutier firent partie des deux groupes (J. Julliard, op. cit., p. 102).
517
Cinq des plus fameux collaborateurs sont Pissaro, Grave, Pelloutier, Delesalle et Charles-Albert.
518
On y est surtout préoccupé d’implanter en France un théâtre d’art social.
519
P. Aron, Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard Ã
Émile Verhaeren, 2
ème
éd. Ed. Labor, Coll. « Archives du futur », 1997, p. 232.
129
qui cause l’arrêt de la revue, qui ressuscitera pour encore six numéros entre juillet et
décembre 1896, et assumera avec d’autant plus de vigueur son option anarchiste
520
que De La
Salle devait encore garder rancœur de son emprisonnement, même s’il fut de courte durée.
C’est d’ailleurs cette même année qu’il représente la Bourse du Travail de Rennes au comité
fédéral de la fédération, ce qui dénote une volonté d’engagement social.
Il a aussi milité, vers 1888, avec les possibilistes de la F.T.S.F. (Fédération des
Travailleurs Socialistes de France) ; puis s’est marié et a eu trois enfants. Il est mort le 23
avril 1914.
Pour approfondir et préciser les relations entre De La Salle et Hamon, il faudrait
consulter les archives Hamon déposées à l'IISG d'Amsterdam, dans lesquelles on trouve de
nombreuses missives de De La Salle à Hamon.
520
Hamon en fait encore partie, accompagné de Frappié, Diamandy, de Gourmont, Ryner, Girard, Thébault,
Zévaès, Lazare, Mink, Lumet, Charles Louis Philippe, Malato, Cladel …(cités par J. Julliard, Fernand
Pelloutier…). Au vu de cette énumération, nous constatons que très peu d’entre eux ont écrit dans la SN (seuls
les deux derniers en fait) … et qu’encore moins ont participé à l’HN.
130
5.2.6 L’éditeur
Schleicher Frères (Paris)
Il a publié certains anarchistes, par exemple trois volumes de la correspondance
d’Elisée Reclus (où il n’est pas fait mention de la Société Nouvelle) et un livre sur Fernand
Pelloutier
521
; mais aussi des œuvres de K. Marx, de la poésie (les Poèmes pernicieux de Paul
Bay, co-édité avec l’Imprimerie générale de Mons en 1911
522
). G. De Greef, collaborateur de
la SN et professeur à l’Université Nouvelle, y a fait paraître son Inconnaissance dans les
problèmes de philosophie positive, en 1900. On trouve 618 ouvrages de cet éditeur sur le
CCFr.
Signalons l’important conflit qui a surgi entre Hamon et l’éditeur de l’Humanité
Nouvelle, sans doute une raison majeure de l’arrêt anticipé de la revue, après seulement six
ans de parution. Pour une brève mise en perspective du procès qui s’ensuivit, reportez-vous au
chapitre 5.2.1 consacré à A. Hamon, p. 116.
5.2.7 Les principaux diffuseurs
C. Reinwald (Paris)
En-dehors des références de quelques ouvrages que ce libraire a édité, nous ne savons
pour ainsi dire rien de Reinwald. Citons Histoire des monstres depuis l'antiquité jusqu'à nos
jours du Dr Ernest Martin (1880), les Poems and essays d’E. A. Poe (coédité par Bernhard
Tauchnitz de Leipzig et The Galignani Library) en 1884 et, en collaboration avec l’éditeur
Schleicher, La Commune de Paris au jour le jour, 1871, 19 mars - 28 mai (1908), journal
523
qu’Élie Reclus a tenu durant les événements insurrectionnels qui affectèrent la capitale
521
Maurice Pelloutier, Fernand Pelloutier, sa vie, son Å“uvre (1867-1901). Paris, 1911.
522
Qui était l’imprimeur de la SN depuis 1907. L’existence de cet ouvrage nous incite à nous demander si
Schleicher et A. Harvengt, directeur de cette imprimerie montoise, se sont connus via la SN ; ou bien si c’est l’un
des deux qui a amené l’autre à la SN.
523
Précédemment publié de manière incomplète dans L’insurgé de Liège, à partir du 11 novembre 1905. Reclus
ne pouvait bien sûr pas le faire paraître dans L’Humanité Nouvelle, qui ne repartira pour une (éphémère) seconde
série que près d’un an plus tard.
131
française.
Spineux (Bruxelles)
Nous n’avons rien trouvé sur la librairie Spineux. Retenons que La Bibliographie de
Belgique : Journal Officiel de la Librairie
524
indique que Spineux et Cie était éditeur de la
série suivante (seconde SN), mais les couvertures de cette période ne reprennent que Albert
Harvengt, Schleicher et Marcel Rivière comme éditeurs.
5.2.8 L’imprimeur
Imprimerie Deslis Frères (Tours)
Cet imprimeur est situé au 6, rue Gambetta, à Tours, dans l’Indre-et-Loire. Nous ne
savons pas pourquoi il fut choisi pour imprimer l’HN. Peut-être Hamon le connaissait-il pour
l’une ou l’autre raison. Après tout, il n’était séparé du pays nantais cher à Augustin que par le
département du Maine-et-Loire.
Deslis Frères ont imprimé des ouvrages pour le compte d’éditeurs parisiens : le
Mercure de France (Connaissance de l'Est de Paul Claudel ; Lettres à Angèle, 1898-1899,
André Gide, 1900 ; Le Roman du lièvre de Francis Jammes, 1903), la Librairie académique
Didier Perrin et Cie (Vers et Prose : morceaux choisis et La Musique et les Lettres : Oxford,
Cambridge, 1895 ; tous deux de Mallarmé).
524
N° 10, 31 mai 1908, notice 613, p. 124 ; et notice 933, p. 183.
132
5.2.9 Liste des collaborateurs
Les * signalent les personnes ayant écrit dans le numéro unique de L’Humanité
Nouvelle de 1906. Nous avons, pour obtenir cette liste, uniquement consulté les tables
mensuelles de la revue, car les tables semestrielles (et non plus trimestrielles, comme pour la
SN) sont confuses : elles reprennent aussi bien, sans faire la distinction, les auteurs d’articles
que ceux des ouvrages critiqués ! À ce titre, elles sont néanmoins utiles, pour qui voudrait
faire une recherche « en texte intégral » sur toute la série de l’HN. Notons que ces tables sont
accompagnées de tables par sujets.
Abrami, Léon
Agresti, Antonio
Albert, Charles, voir Charles-Albert
Allen, Grant
Ameline, (D
r
)
Americus
Andrews, J. A.
Aranoff, Ch.
Armand, E. *
Austruy, Henri
Bailly, Edmond
Baissac, Jules
Bajer, Frédéric
Ballaguy, P.
Bancel, A. D.
Bang, Herman
Barbier, Ch.
Barnavol, E
Baroja, Pio
Baronian, J. -J.
Bazalgette, Léon
Beesly, E. S.
Benjamin-Constany, André
Bérenger, Henry
Bloch, J.
Block, Maurice
Boborykine, P.
Bonomeli, M.
Borchardt, Julian
Borde, Frédéric
Borghèse, Scipione (Prince)
Bourgault du Coudray, Ch.
Briat, E.
Brunellière, Charles
Bull, John
Bureau, Paul
C. de P.
Cammaerts, E
Cantone, M. -A.
Catellani, E.
Charles-Albert
Charlier, Gustave
Carpenter, R.
Charnay, Maurice
Cheliga, Marya
Chirac, Auguste
Chwatowa, S.
Cladel, Judith
Calajanni, N.
Colins de Ham, J.-G. de (Baron)
Corday, Michel
Corn, Marie
Cornelissen, Christian
Cornelissen-Rupertus, L.
Corsi, Carlo
Corvus, Mathias
Cosentini, Francesco (P
r
)
Cossa, P.
Cotar, M.
Coucke, Jules
Couraud, Valentin
Couturier
Crane, Walter
Crosby, Ernest
Cuvillier, Alb.
D’Alméras, H.
D’Annunzio, Gabriele
D’Araujo, Oscar
D’Arry, Nelly
D’Ewreinoff, Anna
133
D’Outremer, Jean
Dagan, Henri
Danish, Hussein
Dallemagne, Jules (D
r
)
Darrow, Clarence –S.
Dave, Victor
Dayot, Armand
De Beaurepaire-Froment
De Braisne, H.
De Carvalho, Xavier
De Colleville (V
te
)
De Gamond, I. Gatti
De Gérando,Antonine
De Gerlach, H.
De Gourmont, Remy
De Greef, Guillaume
De La Grasserie, Raoul
De La Salle, Gabriel
De Marès, Roland
De Mathuisieulx, H. M.
De Potter, Agathon
De Poupourville, A.
De Rampan, Adolphe
De Roberty, Eugène
De Rosny, Léon
De Royaumont, Louis
De Rudder, A.
De Seilhac, L.
De Souza, Raoul
De Valcombe, M.
De Zepelin, Fritz
Debski, A.
Delbos, Léon
Delesalle, Paul
Delsol, Pierre
Demblon, Célestin
Deniker, J.
Denis, Hector
Denis, Léon
Des Ombiaux, Maurice
Descamps, Désiré
Descaves, Lucien
Deslinières, Lucien
Destrée, Jules
Détré, Ch.
Deutscher, Paul
Diplomaticus
Dolent, Jean
Dolléans, Édouard
Domela Nieuwenhuis, Ferdinand
Dorado, P.
Dorian, Tola *
Doubinsky, Maxime
Drachmann, Holger
Dubois, Jeanne *
Dubois-Sesaulle
Dufresne, A.
Dumont, Hermann
Dumont, Louis
Dumont-Wilden, Louis
Durand de Gros, (D
r
)
Durkheim, Èmile
Dwelshauvers, Georges
Eekhoud, Georges
Eff, J. M.
Ellis, Havelock (D
r
)
Emilio
Eminescou, Mihail
Ernault, Louis
E. S.
Esse, Elehard
(Les) Ètudiants Socialistes
Internationalistes
(Les) Ètudiants Socialistes
Internationalistes Révolutionnaires
Fages, C.
Ferri, Enrico
Fèvre, Henri
Folkmar, Daniel (P
r
)
Folkmar, Elnora –C.
Fontainas, André
Fort, Paul
Fouillée, Alfred
Franck, F.
Freistein, (Mme)
Fua, A.
Fuss, G.
Gaboriau, A. (D
r
)
Gaboriau, Hélina
Garreau, L.
Geddes, P.
Geffroy, Gustave
Gener, Pompeyo
Gheude, Charles
Gilkin, Iwan
Girod, Paul (D
r
)
Glasse, John
Goaziou, Louis
Godefroy, E. *
Gorki, Maxime
134
Grandjean, Valentin *
Grave, Jean
Gressent, G.
Griffuelhes, V.
Grün, Anastasius
Guetant, Louis
Gumplowicz, Ladislas
Guyot, Yves
Haber, Vekoslav
Halm, F.
Hamon, Augustin
Hamon-Rynenbroeck, Henriette
Heiberg, Gunnar
Henckell, Karl
Hennebicq, José
Hennebicq, Léon
Henry, A.
Hérold, A.-F.
Hirsch, Paul-Armand
Horta, Victor
Hudry Menos, J.
Hugues, Clovis
Hyde, Douglas
Ingegnieros, José
Intérim
Jacobowski, Ludwig
Jacobsen, J. -P.
Jean, Lucien
Jerrold, A.
Jerrold, A. –L.
Jerrold, Laurence
J. K.
Karmor, Iann
Katayama, Sen Joseph
Katzenstein, Simon
Keir Hardie, J.
Kernic, Ivan
Khnopff, G.
K. N. G.
Kobold
Korolenko, W.
Kozlowski, W. -M.
Kropotkine, Pierre
Krysinska, Marie
Lande, Georges
Lantoine, Albert
Lasserre, P.
Lauby, B. -H.
Laupts, (D
r
)
Laurent, Camille
Lavroff, Pierre
Le Foyer, Lucien
Leakey, James
Lebesgue, Philéas
Leblond, Marius-Ary
Leconte, Sébastien-Charles
Lejeal, Gustave
Lemonnier, Camille
Lencou, Hippolyte
Lestelle, Louis
Letourneau, Charles
Letuvis, A.
Levengard, Pol
Lima, Magalhaes
Lindley, Ch.
Loëvy, Edward
Lombroso, Cesare
Loock, A. -N.
Loria, A.
Loyson, Paul-Hyacinthe
Luguet, Marcel
Lum, Dyer D.
L. W.
Macleod, Fiona
Mac Pherson, F.
Mac Pherson, M.
Magura, Ion
Maillet, G.
Maître, Léonce
Mali, Marie
Mangé, N.
Mann, Tom
Maragall, Joann
Marazzi, Fortunate (Comte)
Marculescu, Gh.
Mardrus, G. C. (D
r
)
Mariel
Mario, J.
Martel, Tancrède
Marx, Karl
Maschtet
Matthews, Washington
Mayer, Gustav (P
r
)
Mazzini, P.
M. D.
Meddor, Dina C. P.
Mella, Ricardo
Merlino, Saverio
Mertens, Bertha
Mesnil, Jacques
135
M. G.
Michelet, Victor-Émile
Michels, Robert (D
r
)*
Moeller, Tyge
Monseur
Montefore, Dora -B.
Morant, Amy -C.
Morel, Eugène
Morice, Charles
Muffang, H.
Mullem, Louis
Nadar
Nadson, S.
Naquet, Alfred
Nasadowski, Fr.
N. G.
Nikitine, N.
Novicow, J.
Nys, E.
Ohanessian, Zabel
Payen, Louis
Pelloutier, Fernand
Pelloutier, M.
Perez Jorba, J.
Petchersky, André
Petrascu, N.
Picard, Edmond
Picard, Robert
Pilo, Mario
Pinardi, A.-G.
Pinardi, G.
Pioch, Georges
Platt, William
Pletti, Alphonse
Politikos
Polti, Georges
Potier, Edmond
Pourot, Paul
Prochazska, A.
Quiñones, Ubaldo R.
Rakovsky, K. (D
r
)
Ramaekers, G.
Rambosson, Yvanhoe
Randon, Gabriel
Rapisardi, Mario
Raymond-Duval
Reclus, Élie
Reclus, Élisée
Reclus, Maurice
Régamey, Félix
Reibrach, Jean
Reinick, Rob.
Réja, Marcel
Remy, L.
Renard, Georges
Renaud, Elizabeth
Rethel, Jean
Retté, A.
Ribert, Léonce
Richard, L. -R.
Richet, Charles
Rius, M.
Riza, Ahmed
Rizal, José (D
r
)
Robin, Paul
Rodenbach, Georges
Roels, Edgard
Roinard, P. N.
Roorda Van Eysinga, H.
Royer, Clémence
Russel Wallace, A.
Ruz, Albert
Ryner, Han
Sabin, Mony
Samaja, Nino
Sand, René
Sand, Robert
Saurin, Daniel
Savine, Albert
Schalk de la Faverie, A.
Scheffer, Robert
Schmitt, E.-H.
Schmitt, Jean E.
Schreiner, Olive
Segard, E. (D
r
)
Sellen, Francisco
Sempau, Ramon
Shaw, Georges Bernard
Sibiriak
Sighele, Scipio
S. L.
Snow, G. H. U.
Sorel, Georges
Sorgue
Spectator
Stackelberg, Frédéric
Starcke, C. N.
Stein, Robert
Stromberg, Marie
Tchekhov, Anton
136
Tchelovek
Thébault, Eugène
Thompson, A.
Tolstoï, Léon
Totomiantz, V. (D
r
)
Trarieux, G.
Trève, Jacques
Treves, Angelo
Tschedrine
Ugarte, Manuel
Uhland, Ludwig
Ursin, N. R. af
U. Z.
Vailland, Edouard
VandePutte, H.
Van Den Boren, Ch.
Van Der Voo, B.
Van Eeden, Frédéric
Van Kol
Van Ornum, William-Henry
Vandervelde, Èmile
Vandervoo, G.
Vérecque, Charles
Verhaeren, Èmile
Verheyden, P.
Vernes, Maurice (D
r
)
Vierset, Aug.
Vinck, E.
Virrès, Georges
Von Der Traum, J.
Von Egidy, M.
Walczewski, Z. R.
Wallace, Russel A.
Walter-Jourde, J.
Wedar, S.
Winiarski, L.
Winter, Léon (D
r
)
Xavier de Ricard, L.
Yeats, William Butler
137
5.3
La Société Nouvelle : Revue internationale
,
seconde série
(juillet 1907 – décembre 1913)
Cette seconde
525
série est le fruit d’une collaboration franco-belge (une partie des
bureaux se trouvant à Mons
526
, au 11 rue Chisaire ; et l’autre, dont s’occupera
527
le secrétaire
de rédaction pour la France, Henri Bonnet, au 28 rue Vauquelin, à Paris). Si nous n’avons pas
eu le temps d’en examiner la genèse en détails, nous savons néanmoins que c’est à Jules Noël,
colinsiste « pur et dur » et donc très apprécié de la dernière survivante du clan Brouez
528
(Victorine
529
, la mère de Fernand), qu’on doit la résurrection de la Société Nouvelle et qui la
dirige, aidé par Léon Legavre et Louis Piérard.
Selon Rens et Ossipow, son but était de reprendre « à son compte le désenclavement
du colinsisme »
530
, ce qui chez lui passe plus par une certaine vulgarisation du dogme que,
comme ç’avait été le cas avec Fernand Brouez ou A. Hamon, par une ouverture à tout crin à la
multiplicité des tendances dites progressistes, qui pour autant ne sont pas écartées des
colonnes de la revue : il s’avère en effet que les signatures récurrentes (y compris non
colinsistes) qu’on y trouve étaient pour une bonne part déjà présentes à l’époque de
L’Humanité Nouvelle. D’ailleurs, cette nouvelle série se place sous le patronage de penseurs
ou de théologiens aussi différents que Lamennais et Bonald, Proudhon et Leroux
531
,
Aristote
532
et De Maistre
533
.
525
Ou troisième si on compte L’Humanité Nouvelle. Par commodité, quand nous parlerons de « deuxième SN »,
nous ne tiendrons pas compte de la série où elle a changé de nom.
526
Marquant ainsi peut-être un retour emblématique au lieu de naissance du colinsisme belge.
527
Mais seulement en 1912. Pour l’instant, le seul apport français à cette collaboration est la présence d’éditeurs
parisiens.
528
Voir Henri Bonnet, « Mme Jules Brouez » (notice nécrologique), in La Société Nouvelle n° 5, novembre
1909, p. 194 : « Elle trouva en Jules Noël celui qu’elle cherchait ; elle lui voua une affection véritablement
maternelle » [n’oublions pas qu’elle avait perdu ses deux fils].
529
Elle continuera à s’intéresser à la suite de la revue créée par son fils, souhaitant par exemple organiser une
fête pour sa « résurrection » (Louis Piérard, Marianne Pierson-Piérard, Trois cent trente-deux lettres à Louis
Piérard, précédées de Mémoires extérieurs par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis Forestier. Minard,
Lettres modernes, Coll. Avant-siècle n° 11, 1971, p. 32) et démarchant à l’occasion l’un ou l’autre « ancien » de
la Société Nouvelle (voir annexe 9.17).
530
Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979, p. 110.
531
Jules Noël, « La Société Nouvelle », in La Société Nouvelle n° 1, juillet 1907, p. 9.
532
Jules Noël, op. cit, p. 12.
138
Il semblerait que Jules Noël soit parvenu à récupérer un fichier de lecteurs (de l’HN
via Hamon ? de la première SN par l’entremise de Victorine Brouez ?), car nous avons trouvé,
glissé dans l’un des n° 1 de la deuxième SN (juillet 1907) que nous avons eus entre les mains,
un carton où il est écrit « Nous prions instamment les personnes qui ne désirent pas s’abonner
à La Société Nouvelle et qui reçoivent le présent numéro de bien vouloir nous le renvoyer ».
Cette mention prouve que la rédaction du nouveau journal cherchait à manifester son
existence auprès d’anciens lecteurs de l’une ou des deux revues qui l’ont précédée, sous la
forme d’un envoi promotionnel, ce qui est un moyen parmi d’autres de se constituer un
lectorat
534
.
En outre, cela pourrait laisser penser que les moyens financiers du nouveau journal
étaient plus réduits que par le passé, puisque la rédaction demande à ce qu’on lui réexpédie le
numéro offert si l’on ne s’abonne pas. C’est sans doute Victorine Brouez qui finance la revue
(en tout cas, c’est elle qui paie J. Noël), mais peut-être est-elle moins à l’aise financièrement
que du vivant de Jules Brouez ?
J. Noël et ses amis usaient-ils d’un autre moyen pour s’attirer des lecteurs ? Parfois,
les collaborateurs eux-mêmes
535
se proposent de trouver un nouveau lectorat.
*
Sur la couverture du n°1 de juillet 1907, il est écrit que la SN est dans sa « 13
ème
année
– 2
ème
série », ce qui révèle d’emblée que c’est bien à la 1
ère
SN (qui ne vécu douze années et
trois mois) qu’on veut faire suite. Sans cette mention, il aurait pu y avoir confusion : si le but
affiché de L’Humanité Nouvelle était bien de succéder à la Société Nouvelle, celui de la
seconde Société Nouvelle n’est pas de continuer L’Humanité Nouvelle, même si (outre les
collaborateurs qui restent en dépit de toutes les évolutions) certains détails montrent une
volonté de filiation. Comme par exemple, la vignette qui de juillet 1910 à octobre 1913 orne
533
Jules Noël, op. cit, p. 14.
534
Ces autres moyens se résumant évidemment à l’une ou l’autre forme de publicité, mais nous n’avons pas pris
le temps d’examiner cette possibilité.
535
Comme Henri Guilbeaux, qui dans une lettre à Piérard du 12 mai 1910, se propose de « s’occuper de la
Société Nouvelle et de lui procurer des collaborateurs, des lecteurs, des abonnés et des annonces » (Louis
Piérard, Marianne Pierson-Piérard, Trois cent trente-deux lettres à Louis Piérard, précédées de Mémoires
extérieurs par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis Forestier. Minard, Lettres modernes, Coll. Avant-siècle
n° 11, 1971, p. 195).
139
le bas de la couverture de la SN et qui, du temps de L’Humanité Nouvelle, se trouvait au
centre de la quatrième de couverture
536
. Mais incontestablement, le seul choix du titre « La
Société Nouvelle » pour la nouvelle revue ne peut tromper. D’ailleurs, l’article liminaire du
premier numéro
537
parle pendant deux pages entières de la première SN, citant les écrivains
qui ont fait son renom et jurant de se « conformer au plan qu’il [Fernand Brouez] a suivi » ; et
accorde seulement huit lignes à Hamon et à L’Humanité Nouvelle, et aucune pour la tentative
de M. Heyman de refaire paraître L’Humanité Nouvelle en 1906 !
C’est aussi à partir de juillet 1910 que les bureaux montois de la rue Chisaire adoptent
la dénomination d’« Imprimerie Générale » (est-ce à dire que la revue est imprimée sur
place ?). La Bibliographie de Belgique : Journal Officiel de la Librairie
538
nous dit que c’est Ã
cette adresse que siégeaient les services de la direction et de la rédaction.
« Marcel Rivière, 31 rue Jacob à Paris », est quant à lui désigné sur les couvertures
comme éditeur de la SN ; mais ce dernier sera remplacé un an plus tard (en juillet 1911) par
Schleicher Frères, éditeurs sis au 8 de la rue Monsieur-Le-Prince, dans le VI
e
arrondissement.
En novembre 1912, ce sont H. Bonnet (Chaussée d’Ivry par Ivry-la-Bataille, dans
l’Eure) et Jules Heyne (49 rue Bargue, Paris, XV
e
) qui viennent occuper la charge de
secrétaires de rédaction de la SN pour la France. Le directeur en est Jules Noël (133
Boulevard Saintelette, Mons), par ailleurs directeur de l’hebdomadaire montois La Terre
(apparemment distribué moins largement que la SN, peut-être uniquement dans le
Borinage ?), dont le groupe « a déjà plus de contacts avec le Parti Ouvrier »
539
(ce qui peut se
536
C’est un dessin aux lignes épurées qui représente un homme de profil (gauche), bras droit levé et main
ouverte, dont on ne voit que le haut du corps drapé d’un vêtement. Le fond de l’image est constitué par la mer
sur laquelle volent trois oiseaux. Cette vignette est signée, en bas à droite, d’un A majuscule pris dans une
boucle (signature de Armand Rassenfosse, disciple de Félicien Rops et un des fondateurs de Caprice-Revue où
Arthur James avait écrit) ; et est sous-titrée de la devise «ADSIT MENS POPVLIS ! » qui associe l’esprit et le
peuple dans une optique très humaniste. Cette devise était celle de Colins (Ivo Rens, «Colins de Ham », in
Biographie nationale, T. 37. Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique, 1971, col. 190). On pourrait la traduire par « L’esprit en présence du peuple » ou « L’esprit assiste le
peuple ».
537
La Société Nouvelle, « À nos lecteurs », in La Société Nouvelle n°1, juillet 1907, pp. 5-7.
538
N° 10, 31 mai 1908, notice 613, p. 124 et notice 933, p. 183.
539
Jean Puissant, L’Évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage. Bruxelles, Académie Royale
de Belgique, Coll. Mémoires de la classe des lettres, 1982, p. 166.
140
concrétiser par une double appartenance
540
) que la rédaction de la Société Nouvelle, journal
qui n’est même pas cité par J. Puissant
541
, ce qui laisse entendre qu’il ne considère pas que la
SN ait joué un rôle dans le mouvement ouvrier borain.
La mention d’éditeur concerne Albert Harvengt (13 rue Chisaire, Mons), qui est aussi
l’imprimeur de la SN, par l’entremise de l’Imprimerie Générale dont il assume la direction).
Cette série de La Société Nouvelle est diffusée dans les pays suivants : France, Pays-
Bas, Suisse, Angleterre, Espagne, Italie (voir annexe 9.8).
540
Comme le peintre Abel Noël (alias Hadaly), frère de Jules Noël, qui fut du POB et du socialisme rationnel
(Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979, p.
111).
541
Voir supra.
141
5.3.1 Le directeur
Jules Noël
À ne pas confondre avec le peintre français homonyme (1815-1881), cet instituteur
montois et fervent colinsiste, de son vrai nom est Jehan Maillart
542
, est l’auteur de quelques
livres théoriques (La Liberté de la pensée
543
en 1905, Pourquoi nous sommes socialistes
544
en
1906 et L’Athéisme, base rationnelle de l’ordre
545
en 1910) et surtout de maints articles, qui
traitent en général de religion, de politique, et bien sûr du socialisme rationnel (une
monographie sur Colins). Ses écrits de sociologie on un « style nerveux et mordant »
546
.
On lui doit également des Contes chimériques et des pièces de théâtre, comme Les
gardiens du feu ou Yolaine. Cette dernière, selon Gauchez, est une « œuvre étrange,
bizarrement contournée, excessivement significative des influences scandinaves et
symboliques, mais belle de cette particulière distinction de mystère et d’étrangeté qu’ont
certaines fleurs exotiques et troublantes »
547
et l’œuvre préférée de son auteur.
On ne sait trop comment il est venu au colinsisme, mais il est attesté par une lettre de
F. Borde à H. Bonnet
548
qu’à partir de 1901 il démissionne de ses fonctions à l’éducation
nationale pour se faire propagandiste à plein temps du socialisme rationnel, grâce à une
pension que lui alloue à cet effet la veuve Brouez.
Il a deux frères, à savoir le poète et peintre Abel Noël, qu’il a conquis au socialisme
rationnel et qui écrira dans la SN entre 1907 et 1914 ; et Gustave, militaire puis pharmacien.
Le fonds Hamon du Centre d’Histoire du Travail (CHT) de Nantes compte une
vingtaine de lettres de lui pour la période 1906-1913.
542
Maurice Gauchez, Le Livre des masques belges, T. 2. Éd. de la Société Nouvelle, 1910, p. 118.
543
Mons, La Terre.
544
Mons, Imprimerie générale.
545
Paris, Éd. de la Société Nouvelle, Marcel Rivière ; Mons, Imprimerie Générale.
546
Maurice Gauchez, op. cit., p. 122.
547
Maurice Gauchez, op. cit., pp. 121-122.
548
Lettre de Borde à Bonnet du 14 avril 1901, reproduite partiellement dans Ivo Rens, William Ossipow,
Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979, p. 109.
142
5.3.2 Le secrétaire de rédaction pour la Belgique
Léon Legavre
Hennuyer d’origine et aîné d’une famille de six enfants, né à Nimy en 1874 de l’union
de Jean Charles Legavre avec Andrée Adolphine Huart, il meurt en 1949.
Entré à la seconde SN pratiquement dès qu’elle se crée, il la quitte entre juin et juillet
1910
549
, semble-t-il en bons termes avec le reste de la rédaction : « Notre ami Léon Legavre
quitte La Société Nouvelle. Nous nous souvenons avec émotion des luttes soutenues en
commun à La Terre et cette revue qu’il nous a aidée à faire revivre. Nous lui témoignons ici
toute notre reconnaissance »
550
. Le moment de cette séparation est à mettre en corrélation
avec certains changements éditoriaux (Marcel Rivière en devient l’éditeur, la couverture
change légèrement). Nous ne savons pas la raison de ce départ. Quoiqu’il en soit, elle ne
semble pas être d’ordre idéologique, car il devient le porte-parole belge du mouvement, au
moins jusqu’à la Première Guerre
551
.
Plus tard, il sera à la tête des éd. de l’Églantine à Bruxelles et deviendra critique
littéraire au Peuple. Si Legavre est l’auteur d’un pamphlet relatif à la mort de l’anarchiste
espagnol F. Ferrer
552
et d’un texte offrant un point de vue colinsien sur La Femme dans la
société
553
, il est généralement évoqué pour son travail de poète (Les Deux routes en
1904
554
, Poèmes de la vie rustique en 1926
555
, Poèmes en Brabant en 1935
556
). M. Gauchez
parle d’ailleurs avec éloge de sa production lyrique (dans sa rubrique « Masques littéraires
belges » de L’Humanité Nouvelle
557
), où il perçoit des influences verhaeriennes.
549
Bien qu’on trouve, dans Jean-Marie Culot, René Fayt, Colette Prins, Bibliographie des écrivains français de
Belgique 1881-1960. T. 3 H-L (1881-1960). Palais des académies, 1968, p. 200, qu’il en reste le secrétaire de
rédaction jusqu’en 1911.
550
Articulet non titré de la rubrique Échos signé «La Société Nouvelle » (en fait, sans doute Jules Noël), in La
Société Nouvelle n° 1, juillet 1910, p. 107.
551
Ivo Rens, William Ossipow, Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979,
p. 109.
552
Un crime social : l’assassinat de Francisco Ferrer, Éd. Société Nouvelle et Marcel Rivière, Paris, Mons,
1909.
553
Paris, Mons, Éd. La Société Nouvelle, 1907.
554
Bruxelles, L’Idée libre, Larcier.
555
Bruxelles, L’Églantine.
556
Bruxelles, L’Églantine.
557
HN n° 4, novembre 1908, pp. 221-226.
143
Une seconde raison de se souvenir de lui est à trouver dans ses nombreuses
participation à des journaux et revues (plus d’une trentaine). Citons celles qu’il a fondées : La
Verveine (avec Louis Goffint), en 1898, dont il a été secrétaire de rédaction ; le mensuel
L’Idée Libre (avec Paul Germain).
Victor Dave
Né à Jambes, près de Namur, le 25 novembre 1845, V. Dave est le fils d’un président
de la Cour des Comptes. Il fit ses études à la Faculté des Lettres de Liège, puis à l’Université
Libre de Bruxelles. Très jeune, il manifeste un engouement durable pour les théories
anarchistes et les libres-penseurs. En 1865, il participe au Congrès International des Étudiants
Socialistes de Liège. Deux ans plus tard, il devient adhérent de l’AIT (Association
Internationale des Travailleurs – Première Internationale) pour rapidement être accepté dans
la conseil général de la fédération.
Il collabore à divers journaux, francophones (Le Peuple de Bruxelles) ou
néerlandophones (De Vrijheid de La Haye).
Il participera aux congrès de l’Internationales des Travailleurs en 1872 de La Haye (où
avec les partisans de Bakounine il s‘opposera aux marxistes) et 1873 de Genève. La même
année, il sera de l’insurrection cantonaliste de juin-juillet
558
. En 1978, il se fixe à Paris, avec
une demoiselle Archambault qu’il a épousée entre temps. En 1880, il est expulsé et trouve
refuge à Londres. Après quelques années d’exil, assez agitées dans l’ensemble (il purge deux
ans de travaux forcés en Allemagne après avoir été condamné pour trahison), il peut enfin
revenir en France.
C’est alors qu’il trouve à s’employer auprès de la maison Schleicher frères, où il
s’occupera de traductions de l’allemand, et par l’entremise de qui il devient secrétaire de
rédaction de L’Humanité Nouvelle, après y avoir placé un important article sur « Marx et
Bakounine ».
En 1903-1904, il s’occupera avec Alfred Costes de la publication de la Revue
144
Générale de Bibliographie Française. En 1914, il se rallie au camp des anarchistes
kropotkiniens, et sera en février 1916 un des signataires du Manifeste des Seize, par lequel
certains libertaires exprimèrent leur choix de se ranger dans la camp des Alliés, nonobstant
leur anti-étatisme de principe.
Après la mort de sa femme en 1909, il entre comme correcteur à l’imprimerie de la
Chambre des députés, puis chez l’éditeur Letouzey et Ané. En 1911, il se fait membre du
syndicat des correcteurs et teneurs de copie.
En comparaison d’autres personnes qui ont assumé des fonctions au sein de la SN ou
de l’HN, on voit qu’il a peu écrit (relevons des préfaces et une notice biographique de
Fernand Pelloutier
559
) ou traduit (notons celle de Comment s’est déclenchée la guerre
mondiale de Kautsky, en 1921, pour les éditions Costes).
Il est mort le 31 octobre 1922 à Paris et a été incinéré au Père-Lachaise.
558
Antoine Perrier, « Dave (Victor) », in Dictionnaire de biographie française, T. 10. Paris, Librairie Letouzey
et Ané, 1965, col. 327.
559
Fernand Pelloutier, Histoire des Bourses du Travail. Paris, Schleicher, 1902.
145
5.3.3 Les secrétaires de rédaction pour la France
Henri Bonnet
Le parisien H. Bonnet
560
, officier dans l’armée française, (suivant en cela la carrière
Colins, mais pas au même grade : capitaine, alors que son mentor avait été colonel dans
l’armée napoléonienne), vint au socialisme rationnel par l’entremise de son ami Frédéric
Borde. C’est pourquoi il écrivait depuis longtemps déjà dans la Philosophie de l’Avenir quand
il rentre à La Société Nouvelle, deuxième mouture, où il œuvrera dès le premier numéro, en
juillet 1907. Il s’y occupera notamment, quoi que sporadiquement, de la « Chronique
sociale ».
Au vu de ce parcours, on est tenté de se dire qu’en le recrutant Jules Noël cherchait Ã
accentuer encore la teinte colinsiste « pure et dure » qu’il voulait pour sa revue.
H. Bonnet est l’auteur de Le Progrès spirituel dans l’œuvre de Marcel Proust
561
.
Jules Heyne
Cet écrivain français, ancien collaborateur de Manuel Devaldès et de Francis Norgelet
à la Revue Rouge, entre à la SN en 1910. Il y tient la rubrique « Chronique de Paris », en
collaboration avec un certain docteur Audax, et en est un des secrétaires de rédaction.
560
Nous avons aussi trouvé trace d’un Henry Bonnet ayant fait partir du groupe des ESRI. Sauf s’il y a une faute
d’orthographe à son prénom, il ne s’agit normalement pas de la même personne, mais par précaution nous
signalons tout de même son existence.
561
T. 1. Le Monde, l’amour et l’amitié, T. 2 L’Heudémonisme esthétique de Proust. Paris, Librairie
philosophique J. Vrin, Coll. Essais d’art et de philosophie, 1946, 1949.
146
5.3.4 L’administrateur
Louis Piérard
Né à Frameries le 6 février 1886, mort à Paris le 3 novembre 1851, cet hennuyer,
comme tant d’autres responsables de La Société Nouvelle avant lui, est aussi passé par
l’Université de Bruxelles (sciences sociales en 1903-1904
562
).
Entré dès dix-neuf ans dans le monde du journalisme, il est l’auteur de maints
ouvrages consacrés à des peintres (Van Gogh, Manet, Félicien Rops), des écrivains (Max
Elskamp et Romain Rolland), des compositeurs (Verdi) ; mais plus que tout à son cher
Borinage natal. Ses contemporains voyaient en lui « l’une des personnalités les plus
agissantes du parti socialiste
563
au sein duquel il défend, notamment, les artistes et les œuvres
de relèvement. À la Chambre, ses interventions sont nombreuses. (…) Il intervient surtout
dans la politique extérieure, l’éducation populaire, les questions littéraires et artistiques, la
défense des sites et le problème linguistique »
564
.
Il cumule à plaisir les charges honorifiques : « président du Conseil supérieur de
l’éducation populaire, (…) du Club des écrivains belges, de la section d’art du P.O.B., de la
Fédération nationale des universités populaires
565
, vice-président de la Ligue pour la défense
des droits de l’homme et de la Ligue de l’enseignement »
566
. Il est aussi fondateur du Pen
Club et reçu le Prix Quinquennal du Hainaut
567
. En outre, il jouera à plusieurs reprises le rôle
d’orateur aux conférences de la Section d’Art de la Maison du Peuple
568
.
Il sera administrateur de la SN entre 1907 et 1911 (et écrira encore dans la dernière
562
Bibliothèque de l’ULB, L’Université Libre de Bruxelles et les écrivains français de Belgique. Catalogue de
l’exposition organisée par la bibliothèque de l’université du 19 au 30 mars 1977. ULB, 1977, p. 27.
563
Il est représentant socialiste pour l’arrondissement de Mons dès 1919.
564
La Belgique active, Henri Willem éditeur, p. 262.
565
Il dirigera bien sûr celle de son Frameries natal.
566
La Belgique active, ibid.
567
Lionel Bertelson, Dictionnaire des journalistes-écrivains de Belgique. Association bruxelloise de
l’Association Générale de la Presse Belge, 1960, p. 93.
568
Nous en comptons sept entre 1907 et 1914 dans le relevé des programmes d’activités de la Section d’Art
qu’opère P. Aron sept entre 1907 et 1914 ; elles portent sur des sujets sociaux ou littéraires (Les Écrivains belges
et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard à Émile Verhaeren, 2
ème
éd. Ed.
Labor, Coll. « Archives du futur », 1997, pp. 259-261.
147
version de la revue, en 1913-1914). Il œuvrera également dans bien d’autres revues, comme
L’Antée
569
(qu’il fonde), Le Passant (qu’il dirige en collaboration avec André Blandin),
L’Universitaire Socialiste ou le mensuel L’Avenir Social, mais sans laisser un grand souvenir
pour ce dernier : « dans la première période, les articles littéraires sont confiés à Louis
Piérard. Ce sont des chroniques sans originalité ni prise de parti »
570
.
Ces quelques titres ne représentent qu’une infime parcelle de son implication dans les
revues et journaux de son temps, car ce fervent homme de presse collabora à près de cent-
cinquante périodiques
571
, belges, français et même américains.
Sur le plan littéraire, il sera tour à tour poète et conteur, mais on retiendra aussi les
reportages de voyages qu’il retirera de ses pérégrinations de globe-trotter
572
: dans toute
l’Europe, en Amérique, du Sud et du Nord, en Afrique, au Moyen-Orient. Pendant la Grande
Guerre, ses écrits prendront une teinte patriotique.
Notons enfin qu’il a eu pour correspondants plusieurs sommités françaises et belges
(Guillaume Apollinaire, Maurice Barrès, Léon Bazalgette), ainsi que le montre la partie de sa
correspondance qui a fait l’objet d’une publication
573
.
Avec Noël et Legavre, il est de l’équipe qui ressuscite la SN en 1907. Sa fille juge que
c’est en s’occupant de cette revue (et de l’Antée) qu’il « est entré en relations et en amitié
avec un si grand nombre de correspondants français »
574
.
569
Berceau de la Nouvelle Revue Française.
570
Paul Aron, « Socialisme, surréalisme et avant-garde entre les deux guerres », in Toudi n° 4. 1990. URL :
http://www.toudi.org/cultur/surreal.html
.
571
On peut en trouver la liste dans : Jean-Marie Culot, René Fayt, Colette Prins, Bibliographie des écrivains
français de Belgique 1881-1960. T. 3 H-L (1881-1960). Palais des académies, 1968, p. 102.
572
Camille Hanlet, Les Écrivains belges contemporains de langue française, 1800- 1946, 2 vol. H. Dessain,
1946, p. 834.
573
Louis Piérard, Marianne Pierson-Piérard, Trois cent trente-deux lettres à Louis Piérard, précédées de
Mémoires extérieurs par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis Forestier. Minard, Lettres modernes, Coll.
Avant-siècle n° 11, 1971. Pierson-Piérard est la fille de Louis Piérard. Si elle a écrit sur Neel Doff – épouse du
fondateur de la première Société Nouvelle (F. Brouez) –, c’est donc peut-être notamment parce que son père,
malgré la différence d’âge, avait possiblement fréquenté si ce n’est Neel Doff elle-même, du moins des gens qui
l’avaient connue. Ne perdons pas de vue que certains des collaborateurs de la seconde SN avaient écrit dans la
1
ère
SN.
574
Marianne Pierson-Piérard, Trois cent trente-deux lettres à Louis Piérard, précédées de Mémoires extérieurs
par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis Forestier. Minard, Lettres modernes, Coll. Avant-siècle n° 11,
1971, p. 37.
148
5.3.5 Les éditeurs
Albert Harvengt (Mons)
Bien qu’ayant consulté plus d’un ouvrage de référence (la Biographie du Hainaut
d’Ernest Matthieu
575
, Les Imprimeurs montois de Poncelet et Matthieu
576
…), nous n’avons
rien appris sur cet éditeur. Nous savons juste qu’il a été gérant de l’Imprimerie Générale de
Mons (voir chap. 5.3.6) à partir du 18 mars 1906, succédant à Jules Noël, le précédent
gérant
577
.
L’Inventaire de la presse du Hainaut
578
nous apprend qu’il a aussi imprimé d’autres
périodiques hennuyers, que ce soit de la presse professionnelle et publicitaire – le Journal des
Artisans du Bois (à partir de 1914) – ou estudiantine – le Mercure Déchaîné et Mons Mines
(tous les deux dès 1925).
Schleicher Frères (Paris)
Des contacts relativement soutenus ont semble-t-il existé entre cet éditeur et
l‘Imprimerie Générale montoise : en sont témoins les ouvrages issus de leur collaboration (par
exemple, Vers l'éducation humaine : la Laïque contre l'enfant de Stephen Mac Say en 1911ou
Baudelaire en Belgique par Maurice Kunel en 1912) ; mais l’histoire de leur rencontre ne
nous est pas connue.
Marcel Rivière (Paris)
La Librairie et maison d'édition Marcel Rivière & Cie, créée en 1902 à Paris, jouissait
d'une réputation solide dans les disciplines scientifique et historique, en philosophie et en
575
2 vol. Enghien, A. Spinet, 1902-1903.
576
Mons, Dequesne, 1913.
577
Notice sur le périodique La Terre, in Patrick Lefèvre, Répertoire des journaux et périodique de
l’arrondissement de Mons (1786-1940). Interuniversitair Centrum voor Hedendaagse Geschiedenis, 1980, p.
349.
578
Christelle Demoustiez, Tony Mascolo, Inventaire de la presse du Hainaut, conservée dans la Musée
International de la Presse (1
ère
série). Mundaneum, Collection des inventaires n° 1, 1998.
149
psychologie, et dans les sciences économiques, politiques et sociales. Le fondateur de la
librairie, Marcel Rivière, était aussi à l’origine du Bouquiniste Français, une organisation de
défense des intérêts des libraires. Il mourut en 1948 à l'âge de 76 ans.
On peut dire de cet éditeur, au vu de son catalogue, qu’il s’inscrit dans une mouvance
progressiste, puisque non content d’avoir fait paraître La Société Nouvelle, il a par ailleurs
édité nombre d’œuvres de Proudhon, ou encore le livre de David Owen Evans, Le socialisme
romantique : Pierre Leroux et ses contemporains (1948).
Ses liens avec la SN ne se limitaient pas à en assurer l’édition, il a également publié,
en 1909, une brochure de 72 p. de Léon Legavre (secrétaire de rédaction pour la Belgique de
la SN) co-éditée avec La Société Nouvelle, écrite en réaction à l’exécution d’un anarchiste
espagnol bien connu : Un crime social : l’assassinat de Francisco Ferrer ; et en 1910, une
plaquette de 32 pages tirée à part de la revue (Henri Gustave Guyot, Flaubert : du rôle que
l'intelligence a joué dans sa vie et dans son œuvre). Nous n’avons plus trouvé trace
d’ouvrages de collaborateurs de la revue paraissant chez Rivière après 1911, année de l’ultime
métamorphose de La Société Nouvelle au cours de laquelle Schleicher Frères prendra la place
de Marcel Rivière comme éditeur de notre mensuel colinsien.
La SN n’était pas la seule revue qu’éditait Rivière, celle qui est restée la plus célèbre
est peut-être la Revue d'Histoire Économique et Sociale (RHES)
579
, dont de nombreuses
archives se trouvent aussi dans le fonds de l’IISG.
Nous n’avons pas poussé plus loin l’exploration de cette piste, mais nous savons que
les archives de la maison Rivière (8 mètres 15 courants) ont été acquises en 1995 par l’IISG
d’Amsterdam, et que leur consultation ne connaît pas de restriction spéciale.
Nous n’avons pu tirer que de maigres informations
580
de son inventaire sommaire en
ligne
581
. Bien sûr, il faut se rendre sur place si on veut en extraire un maximum de données
579
Marcel Rivière fût également le premier diffuseur de la célèbre NRF (il faisait office de comptoir de vente), et
eût pour secrétaire celui qui en deviendra l’éditeur, son homonyme Jacques Rivière (André Gide, Jacques
Rivière, Correspondance 1909-1925, 1898, p. 302), mais il n’y a pas de lien de parenté entre eux (Jacques
Rivière, Gaston Gallimard, Correspondance, 1911-1924. Gallimard, 1994, p. 7).
580
Comme la présence d’un dossier relatif au fils d’un des colinsiens amis de Jules Brouez (531. Toubeau,
Maxime. 1959 et s.d.).
150
utiles. On y trouve beaucoup de dossiers d’auteurs
582
, mais aussi d’autres qui « peuvent
contenir : de la correspondance entre auteur et éditeur, entre la maison Marcel Rivière et
d'autres maisons d'édition, de la correspondance avec les héritiers d'auteurs, avec des
traducteurs, des pièces concernant les droits de traduction et d'auteur, des contrats, des
honoraires, des manuscrits ou des textes dactylographiés, des notes, des tirages, des
commandes, des comptes-rendus, de la documentation sur les auteurs, etc. »
583
. Tous
documents potentiellement instructifs, mais pointons plus précisément ceux qui datent de la
période où Rivière éditait la SN
584
.
5.3.6 L’imprimeur
Imprimerie Générale (Mons)
Nous n’avons rien trouvé sur cet imprimeur dans Les Imprimeurs montois de Poncelet
et Matthieu
585
. L’Annuaire général de la presse belge, des principaux journaux étrangers et
des industries qui s’y rapportent
586
de Georges Gardet ne fait que nous donner son adresse :
34, rue Malplaquet.
Voir aussi chap. 5.3.5 sur Schleicher Frères.
581
Inventaire des archives des Éditions Marcel Rivière 1904-1986 réalisé par Henk Hondius, consultable sur
Internet (URL :
http://www.iisg.nl/archives/html/r/10773445.html
).
582
42-592. Dossiers des auteurs. 1904-1986 et s.d. 550 chemises et 1 carton.
583
Henk Hondius, Inventaire des archives des Éditions Marcel Rivière 1904-1986, ibid.
584
Correspondance générale. Avec des annexes. 1) 1907, 1909-1912.
585
Dequesne, 1913.
586
La Vie universelle, 1909.
151
5.3.7 Liste des collaborateurs
Nous reprendrons dans ce chapitre la liste des collaborateurs de la deuxième et de la
troisième Société Nouvelle, car cette dernière n’ayant duré que six mois, et comme sur cette
période il n’y a que très peu de nouveaux collaborateurs ; il nous semble peu approprié de
présenter ceux-ci à part.
Abel, Gustave
André, Paul
Andréief, Leonid
Ariel
Armand, Émile
Audax (dr.)
Baekelmans, Lode
Bare, Jean
Barnavol, Auguste
Barrau, Auguste
Bay, Paul
Bazalgette, Léon
Bazile, Georges
Beaubourg, Maurice
Beck, Christian
Belot, Georges
Benedictus, Willy
Beneletty, W. -J.
Berger, Octave
Bern, Paul
Bernard, Jean-Marc
Bernard, Serge
Bernstam, L. G.
Bertrand, Max
Bertrand-Mertens, Bertha
Bertrand-Mertens, Max
Besseleers, Clément
Bock, Jules
Bocq, Jules
Bocquet, Léon
Bogdanow, A.
Bogdanow, G.
Bohas, J.
Boissy, Gabriël
Bokhanowski, T.
Bonnerot, Jean
Bonnet, Henri
Boumy, Adolphe
Briand, Charles
Brieu, Jacques
Broodcoorens, Pierre
Bruneteaux, Léon
Buscher, Gustav
Buysse, Cyriel
Cantillon, Arthur
Canudo, Ricciotto
Carrere, M.
Chandler, Stéphanie
Chapelier, Émile
Chaleville, Jacques-L.
Chassé, Charles
Chenevier, Albert
Chennevière, Georges
Cheunevière, G.
Chervet, A.
Chignac, Alexandre
Chot, Joseph
Clary, Jean
Claux de Nuy
Colin, Paul
Colins de Ham, J.-G. de (Baron)
Collin, B.
Conrardy, Charles
Cornelissen, Christiaan
Cornez, Georges
Cornez, Paul
Couprive
Courouble, Léopold
Couture, J.
Dagan, Henri
David, Alexandra
De Bersaucourt, Albert
De Bouhélier, Saint-Georges
De Bray, Dominique
De Brouckère, Gertrude
De Brouckère, Louis
De Castro, Guillen
De Gaultier, Jules
152
De Geynst, Joseph
De Gourmont, Jean
De Grave, Élie
De Greef, Guillaume
De La Grasserie, Raoul
De Lamennais, Félicité
De Marmande, René
De Miomandre, Francis
De Mont-Saint-Jean, Maurice
De Roberty, Eugène
De Saegher, Gabrielle
De Souza, Robert
De Spengler, F.
De Villeneuve, René
Delattre, Louis
Delaunay, Berthe
Delaunoy, Georges
Deloyers, Henri
Del Palacio, Eduardo-L.
Delville, Jean
Deman, René
Demolder, Eugène
Denis, Frédéric
Denis, Hector
Dervaux, Adolphe
Des Ombiaux, Maurice
Desmarets, Louis
Deroxe, Myriam
Desroches, Paul
Destrée, Jules
Deuxailles
Devaldès, Manuel
Deverin, Edouard
Devaldès, Manuel
Devos, Prosper-Henri
Dietrich, Charles
Domela Nieuwenhuis, Ferdinand
Dominique, Jean
Drouot, Paul
Dufranne, Henri
Dulac, Albert
Dumas, Léon
Dumur, Louis
Dupierreux, Richard
Dupin, Louis
Duterme, Marguerite
Dutry, Jean
Duvernois, Jacques
Dwelshauvers, Georges
Eekhoud, Georges
Eggermont, Armand, voir Ulric
Elskamp, Max
Elslander, Jules-François
Espe De Metz, J.
Evans, Serge
F.E.
Federn, Karl
Fénestrier, Charles
Fernet, Jean
Ferrand-Mosany, José
F.J.
Fleischman, Hector
Fontainas, André
Fram
Franck, Louis
Frère, Hubert
Fuss-Amorré, Henri
Gadon, Henri
Gaillard, Franz
Gauchez, Maurice
Gaymard, Berthe
Gazanion, Edouard
Gensse, Adolphe
Gilbert, Eugène
Gille, Valère
Giraud, Albert
Goffin, Arnold
Golstein, René
Grave, Jean
Guérin, Georges
Guilbeaux, Henri
Guyot, H.
Haber, A.-V.
Hache, Francis
Hamon, Augustin
Haraldson, Olaf
Harry, Gérard
Hellens, Franz
Heller, Frank
Henderson, Archibald
Henri-Martin
Herbert, Marcel
Herbrandt, Paul
Herenien
Herold, André Ferdinand
Herwig, Gustave
Heyne, Jules
Hirsch, Pierre
Hubens, Arthur
Huysmans, Camille
153
Jacquemin, Albert
Jaloux, Edmond
Jauniaux
Jean, Lucien
Karmin, Otto
Kemperheyde, René
Kragins, M.
Krains, Hubert
Kunel, Maurice
L.
Lagye, Paul
Laillet, H.
Laisant, Charles-Ange
Lalli, Roger
Lambotte, Léopold
Landret, Louis
Larroussinie
Le Roy, Grégoire
Lebesgue, Philéas
Legavre, Léon
Lemonnier, Camille
Lenskiy, Vladimir
Léonard, François
Leparc, François
Lermusiaux, Georges
Leroy, Maxime
Le Senne, Camille
Letty, Junia
Levy, Jacques
Liebrecht, Henri
Littlebird, John
Llona, V.-M.
Lonay, Alexandre
Lorand, Georges
Loyson, Paul-Hyacinthe
L. P.
Lyr, René
Mac Cabe, Joseph
Mac Cready, T.-L.
Mac Say, Stephen
Magne, Émile
Malatesta, Errico
Malato, Charles
Malet, Lucas
Mandin, Louis
Maran, René
Mareuil, Gustave
Marguerite, Charles
Mari, Gassy
Marlow, Georges
Marsan, Eugène
Martinet, Marcel
Mary, Albert
Mary, Alexandre
Masay, Fernand (Dr.)
Mathy, Camille
Maubel, Henry
Mauclair, Camille
Mauroy, Ludovic
Max, Paul
Mazade, Fernand
Melchine, L.
Merle, Eugène
Merril, Stuart
Michel, A.
Michels, Robert
Milet, Claude
Monseur, Eugène
Moreau, Lambert
Mosany, Georges
N., (abbé)
Naquet, Alfred
Naud, Jean
Nicolas, Pierre
Noël, Abel
Noël, Jules
Norgelet, Francis
Outrebon Jacques
P.
Papens, Georges
Pataud, Émile
Peltier, Jacques
Pergament, Charles
Périer, Gaston-Denys
Picard, Edmond
Piérard, Louis
Pierredon, Georges
Pierron, Sander
Pilon, Edmond
Plan, Pierre-Paul
Poinsot, M. C.
Poinsot Maffés, Charles
Polderman, Fabrice
Pontet, Léon
Potron, Gustave
P.P.
Pratelle, Aristide
Prist, Paul
Przybysrewski, Stanislaw
Pulings, Gaston
154
Quénéhen, Léon
Quiñones, Ubaldo-Romero
Rachilde (pseud. Madame Alfred
Valette)
Ramaekers, Georges
Raymond-Duval, Pierre-Henri
Raynaud, Ernest
Reclus, Élie
Rémois, Abel
Rency, Georges
Rens, Georges
Rictus, Jehan
Rizzardi, Luca
Robin, Paul
Rodo-Niederhausern
Rodrigue, G.-M.
Roidot, Prosper
Rolmer, Lucien
Romains, Jules
Roorda Van Eysinga, Henri
Rosny Aîné, Joseph-Henri
Rousseau, Blanche
Ruinet
Ruty, Franz
Ryner, Han (pseud. Henri Ner)
Sakellarides, Emma
Sauvebois, Gaston
Schlosberg, D.-E.
Schmickrath, René
Sebenicow, Franz
Simon, Maurice
Smedley, Constance
Solvay, Lucien
Sonnenfeld, Nandor
Sosset, Paul
Soubeyran, Élie
Spire, André
Stackelberg, Frédéric
Stefanoff, St.
Stiernet, Hubert
Strivay, Renaud
Swictochowsky, Alexandre
Symons, Arthur
Tarrida Del Marmol, Fernando
Thomas, Louis
Torcy, Abel
Torton, Léon
Touny-Lerys
Ulric, pseud. d’Armand Eggermont
Valensi, Alfred
Valliée, Charles
Van De Woestijne, Karel
Van Den Borren, Charles
Van Offel, Horace
Van Puymbrouck, Herman
Vandeputte, Henri
Vandervelde, Émile
Vandervelde, Lalla
Vandervoo, B.-P.
Varlet, Théo
Verhaeren, Émile
Vessélovsky, M.
Veuchet, Edmond
Wauthy, Léon
Weil, Bruno
Whitman, Walt
Willy (pseud. Henry Gauthier-
Villars)
X.
Zeka
Ziegler, Georges
Zisly, Henri
5.4
La Société Nouvelle
:
Revue internationale
,
3
ème
série
(février 1914 - juillet 1914)
Le n°1 de février 1914 marque le début de la troisième et dernière formule de la Société
Nouvelle (la quatrième si on tient compte de l’Humanité Nouvelle).
Elle se démarque des précédentes par une nouvelle maquette (cela faisait trois mois
qu’étaient essayées différentes présentations), qui ne reprend plus ni la traditionnelle vignette,
ni la devise « Adsit mens populis ».
Le directeur en est toujours Jules Noël, et le rédacteur-en-chef reste René de Marmande.
Jusqu’en juillet 1914, mois où s’arrête cette aventure éditoriale et intellectuelle pour motif
d’entrée en guerre, le lieu d’édition reste le 13 rue Chisaire à Mons. Mais pour les numéros de
mai et juin, l’adresse indiquée est «3, rue des Grands-Augustins, Paris ».
Mentionnons que lors de nos recherches, nous avons parfois eu en mains des documents
où il était dit que la SN ne serait morte que en 1915
587
. Pour ce qui nous concerne, nous n’avons
trouvé aucun numéro ultérieur à juillet 1914, mais peut-être quelques-uns sont-ils encore sortis
sporadiquement pour tenter de relancer la revue ?
5.4.1 Le directeur
Jules Noël
Voir chap. 5.3.1.
587
Ivo Rens, notice sur Fernand Brouez, in Biographie Nationale, op. cit., 1985-1986, col. 123.
156
5.4.2 Le rédacteur en chef
René de Marmande
Né à Vannes, dans le Morbihan, de son vrai nom (vicomte) Constant Emmanuel Gilbert
de Rorthays de Saint-Hilaire Marie, ce journaliste anarchiste usa alternativement de deux
pseudonymes : Civis et René de Marmande. Collaborateur des Temps Nouveaux de Jean Grave
et de La Guerre Sociale (1906-1911) de Gustave Hervé, Marmande œuvra aussi, quoi que très
occasionnellement, au Mercure de France
588
.
Il fut remarquablement actif dans le mouvement libertaire français de l’avant-Première
Guerre Mondiale : en août 1906, il est (avec Benoît Broutchoux, Pierre Monatte et cinq autres
délégués) l’un des principaux Français au Congrès anarchiste international d’Amsterdam. En
1909, il tenta la création d’une Fédération révolutionnaire antiparlementaire (il fait partie de
son comité directeur), en cela aidé par Almereyda et Durupt, mais celle-ci périclita rapidement.
Vient la guerre, il est mobilisé (en 1916) au 13
ème
régiment d’artillerie, auquel il
échappera en raison de sa myopie. En mai 1917, il reprend ses activités de militants en fondant
un hebdomadaire pacifiste, Les Nations. En 1921, il adhère à une section (dans la Seine) de
Parti Communiste. En 1922, il devient secrétaire de rédaction de l’hebdo de la CGT, L’Atelier.
Il fit également partie de la Ligue des Droits de l’Homme. Il publie en 1922 L’Intrigue
florentine aux Éditions de la Sirène à Paris.
5.4.3 L’administrateur
Henri Bonnet
La seule remarque à faire au sujet de Henri Bonnet est qu’il passe du titre de secrétaire
de rédaction pour la France (dans la précédente SN) à celui d’administrateur (voir aussi chap.
5.3.3).
588
René de Marmande, « La Littérature française au pays de Jacques Cartier », in Le Mercure de France n°225,
novembre 1906.
157
5.5 Encarts publicitaires
Dans ce mince chapitre, nous désirerions toucher un mot de la publicité, qui si l’on s’y
attardait plus longuement, montrerait la diversité des structures – de toutes tendances politiques
– avec lesquelles la SN et l’HN étaient en relation ; ce qui constitue un élément de plus pour
nous convaincre de son pluralisme. Pour ne pas lasser le lecteur, nous ne citerons que quelques-
uns des journaux où on la mentionnait (via des encarts traditionnels, ou dans le cadre de
recensions), et laisserons de côté les périodiques – beaucoup trop nombreux pour les citer –
pour lesquels elle faisait de la publicité.
Nous avons remarqué que le nom de la Société Nouvelle était cité dans des organes de
presse aussi variés que les périodiques colinsistes (au premier rang desquels La Philosophie de
l’Avenir), anarchistes (La Mistoufle…), socialistes… Mais elle est aussi quelquefois
mentionnée dans les recensions du Mercure de France
589
, ce qui nous montre que l’œuvre de F.
Brouez a su attirer sur elle l’attention de la plus célèbre revue de l’époque. Peut-être est-ce dû
en partie à G. Eekhoud, qui y publiait ses « Chronique de Bruxelles » ?
Pour ce qui concerne les publicités, nous avons retrouvé des encarts pour la SN dans La
Débâcle
590
(journal anarchiste) et dans le bimensuel Lutte pour l’Art
591
(périodique artistique).
Dans le même temps, la Société Nouvelle fait paraître des publicités pour des organes de tous
acabits : quotidiens, revues, cercles, université (l’Université Nouvelle), certains livres d’auteurs
qui ont trouvé refuge dans ses colonnes…et, ce à quoi nous nous attendions moins, pour ses
propres éditeurs et imprimeurs
592
.
Ces dernières publicités occupent parfois une large surface : c’est ainsi que le catalogue
d’un éditeur peut à lui seul monopoliser une petite dizaine de pages. Du temps de F. Brouez, la
publicité n’est pas encore trop volumineuse, mais elle le deviendra avec Hamon, puis avec
Jules Noël.
589
En septembre 1897, p. 548 ; mars 1898, p. 910.
590
N° 1 (7 janvier 1893, p. 4), n° 4 (26 février, p. 4), n° 8 (7 mai, p. 4), n° 9 (28 mai, p. 4). Ces encarts adoptent Ã
peu près tous la même présentation : le nom de la revue, ses coordonnées, et le sommaire de la précédente, ou des
deux précédentes, livraison(s).
591
Dès le n° 1 du 24 décembre 1892, et ce au moins jusqu’au n° 4 du 15 février 1993.
592
Par exemple, dans la SN de juin 1914, on trouve un encart pour l’imprimerie de son éditeur, A. Harvengt
(« Typo-Litho-Reliure », qui fait spécialité de « Chromos, Calendriers & Cartes-Réclames » !).
158
5.6 Les éditions de
La Société Nouvelle
et de
L’Humanité Nouvelle
Sans être de ces revues qui sont devenues des structures éditoriales à part entière
(Nouvelle Revue française, Mercure de France), La Société Nouvelle fit occasionnellement, et
la plupart du temps pour ses seuls collaborateurs, office de maison d’édition (que ce soit pour
des livres, des plaquettes, des brochures ou des tirés à part d’articles de la revue). Les volumes
qu’elle publiait reprenaient soit des articles parus dans La Société Nouvelle, soit des inédits.
Citons pour mémoire, et sans prétention à l’exhaustivité, Les deux routes de Léon
Legavre, Socialisme libertaire et socialisme autoritaire de Ferdinand Domela Nieuwenhuis,
Pourquoi nous sommes socialistes de Jules Noël, La doctrine de Luther d’Elie Reclus, La
Matière de C. Royer, Marie Bashkirtseff de Charles Van Lerberghe (1895), Le Communisme
révolutionnaire. Projet pour une entente et pour l'action commune de socialistes
révolutionnaires et communistes anarchistes de Christian Cornelissen (1896).
Mais bien sûr, la Société Nouvelle n’était pas le seul éditeur à publier des œuvres
originellement parues dans la SN, intégralement ou sous forme d’extraits. Certaines se voyaient
faire l’objet d’un livre chez d’autres éditeurs (ce qui se comprend fort bien, pour peu que leurs
auteurs aient signé un contrat d’exclusivité ailleurs) : Une nouvelle université à Bruxelles
d’Edmond Picard (1894), édité par l’Imprimerie Veuve Monnom ; ou encore Le socialisme en
danger de Ferdinand Domela Nieuwenhuis, recueil de trois articles initialement écrits pour La
Société Nouvelle et repris par P.-V. Stock comme n°15 de sa collection Bibliothèque
sociologique. Parfois, l’auteur d’un article reprenait celui-ci pour l’étirer et aboutir à une
monographie (par exemple, Le Mouvement anarchiste
593
de Jacques Mesnil est à l’origine un
article paru en mars et avril 1895 dans la SN
594
; et Jules Noël étire un article
595
à la taille d’une
mince monographie, portant le même titre, de 80 p.
596
).
593
Bibliothèque des Temps Nouveaux n° 9, 1897.
594
« Un nouveau livre sur l’anarchie », in La Société Nouvelle n° 123 et 124, article en réaction au livre de
Sernicoli, L’Anarchie et les anarchistes.
595
« Un philosophe belge, Colins (1783-1859) », in La Société Nouvelle n° 11. Mons, Paris, mai 1909, pp. 149-
180.
596
Mons, Paris, Éd. de la Société Nouvelle, 1909.
159
Nous avons également retrouvé la trace de textes publiés aux Éditions de L’Humanité
Nouvelle
597
(Paris), mais en quantité assez minime. Relevons un supplément littéraire à un
numéro des Temps Nouveaux en 1900, Antisémitisme et sionisme, signé par des Étudiants
Socialistes Révolutionnaires Internationalistes. La mention de ce texte nous est l’occasion d’un
aparté : si plusieurs auteurs ont déjà souligné les liens existant entre la revue de l’anarchiste
Jean Grave et La Société Nouvelle (première version), nous découvrons avec ce supplément –
ce qui à notre sens n’avait pas encore été relevé – que ces relations se sont poursuivies du
temps de l’Humanité Nouvelle. Il nous fait par ailleurs imaginer que la brouille entre Grave –
qui avait quitté la revue deux ans plus tôt – et Hamon, pour cause d’antisémitisme de ce
dernier, n’a peut-être pas été totale, puisqu’on retrouve les noms de leurs revues respectives
liées pour la production de cette brochure, qui plus est relative à l’antisémitisme !
Les seconde et troisième Société Nouvelle disposant elles aussi d’une structure vouée Ã
la publication de monographies, paraîtront successivement Le Mariage tel qu'il fut et tel qu'il
est d’Élie Reclus (avec une allocution d'Élisée Reclus) en 1906, Les derniers jours de l'État du
Congo : journal de voyage, juillet-octobre 1908 d’Émile Vandervelde (1909), Le livre des
masques belges
598
de Maurice Gauchez (3 tomes, 1909, 1910, 1911)...
*
À part ça, nous n’avons guère trouvé que des tirés à part. Voici à titre d’exemple ceux
du fonds Reclus de la Réserve Précieuse de l’ULB.
ALLEN (Grant) – « L’inégalité naturelle », juillet 1898.
Anonyme – « Répartition des socialistes en France », juillet 1898.
DAVE (Victor) – « Michel Bakounine et Karl Marx », [s.d.].
DENIS (Hector) – « La philosophie du XVIII
e
et Malthus »
DÈTRÉ – (Ch.) – « Les apologistes du crime », [s.d.].
FUA (Albert) – « Paganisme juif », juillet 1898.
KEIR HARDIE (J.) – « Une guerre de capitalistes », janvier 1900.
LEJEAC (Gustave) – « Celse et Jésus », février 1898.
LEJEAC (Gustave) – « Histoire naturelle de Jésus », janvier 1899.
MERLINO (F.S.) – « Une page de l’histoire du libre-échange », novembre 1889.
NOVICOW (J.) – « La mort des sociétés », juillet 1898.
WILL (E.) – « Le trust », 1903.
597
Elles n’ont selon nous pas de rapport avec leurs homonymes Ed. de l'Humanité Nouvelle, chez qui paraîtra en
1922 Le Livre de l’humanité, d’Edouard Danson.
598
Dont les parties constitutives sont originellement parues dans la SN, sous le titre récurrent de « Masques
littéraires belges », entre octobre 1908 et mars 1911.
160
6. Ressources documentaires
6.1 Ressources électroniques
6.1.1 CD-ROMS
Pour notre information générale (courants littéraires, politique, etc.), nous avons le plus
souvent consulté l’Encyclopédie Universalis 2.0 sur CD-ROM, de 1996. Il n’y a que deux cas
où il nous a été utile pour trouver des renseignements sur une personne (V.-É. Michelet et
Gustave Kahn).
Quand nous devions obtenir des précisions, nous nous rabattions sur des outils
spécialisés (ex. : le « Maitron » ou le CD-ROM reprenant les tables des matières de la revue
Histoire).
6.1.2 Catalogues collectifs
Nous allons citer les catalogues collectifs, principalement belges et français, auxquels
nous avons eu recours ; et quand il le faut résumer leur champ d’application (le type de
documents qu’ils localisent, les années et lieux de conservations qu’ils reprennent).
CATALOGUES COLLECTIFS BELGES
LIBIS-NET
Ce réseau est le produit d’un consortium de bibliothèques universitaires et
institutionnelles belges, dont le secrétariat siège à Leuven et qui fonctionne techniquement sur
base du logiciel AMICUS depuis 1996, année où il a remplacé DOBIS-LIBIS. Nous ne
pouvions limiter nos recherches à celles opérées dans ce catalogue, du fait d’abord que
161
certaines bibliothèques participantes se sont retirées de ce projet (UCL, RUG) et qu’elles ne
communiquent plus depuis lors leurs nouveaux encodages (mais les anciennes données restent
présentent). Ensuite, parce qu’il ne donne accès à Antilope que pour les utilisateurs enregistrés
(via Telnet ou SNA), à une partie du CCB, et pas du tout à BRONCO.
Les trois catalogues suivant ont été « accédés » via l'interface WWW de l'UIA (Anet).
URL :
http://db.bib.uia.ac.be/cgi-bin/Mcgi?Entry:WWWOEX
.
ANTILOPE
Le ANTwerpen LOpende PEriodieken est le catalogue collectif des quelques 150.000
périodiques détenus par 180 bibliothèques scientifiques, à savoir la Bibliothèque Royale et les
bibliothèques universitaires, spécialisées et de recherche de Belgique. Il reprend en outre les
collections de la TU Delft, de la KNAW, du BLUW (Pays-Bas), du BLDSC (Royaume-Uni) et
de l'INIST (France).
CCB
Le Catalogue Collectif Belge (CCB) reprend une grande partie des monographies
détenues en Belgique, dans les bibliothèques universitaires, spécialisées et de recherche. Il a été
produit dans le cadre de la Conférence Nationale des Bibliothécaires en Chef et contient
approximativement 4.000.000 notices issues de 37 bibliothèques, avec une mise à jour
annuelle.
ZEBRA
Il s'agit du catalogue collectif des 10 bibliothèques universitaires ou spécialisées de la
région anversoise. Le catalogue contient environ 1.100.000 notices bibliographiques.
BRONCO (Bibliografisch Repertorium van ONline COntents)
Le BRONCO, créé en 1993, est une banque de données contenant les notices
bibliographiques d’environ 10 000 000 d’articles venant de 14 000 périodiques.
162
CATALOGUES COLLECTIFS FRANÇAIS
CCFr
Le Catalogue Collectif de France est un répertoire des ressources documentaires
françaises géré par la BNF (Bibliothèque Nationale de France). Son site permet de consulter le
Répertoire national des bibliothèques et des centres de documentation qui contient la
description détaillée de bibliothèques françaises de tous types et de toutes tailles, soit plus de 3
900 établissements, ainsi que la description de leurs fonds spécifiques. Il donne aussi accès Ã
BN-OPALE et à SUDoc, que nous détaillons après.
Permettant d’opérer des recherches par éditeur et imprimeur, cette possibilité
d’interrogation nous a cependant été moins utile que nous l’espérions : nous avons trouvé
nombre d’ouvrages publiés par Schleicher frères, mais rien sur Henry Oriol, C. Reinwald,
Marcel Rivière ou l’Imprimerie Deslis frères.
URL :
http://www.ccfr.bnf.fr/
BN-OPALE
BN-OPALE est le catalogue des imprimés de la Bibliothèque Nationale de France.
URL :
http://catalogue1.bnf.fr:80/framesWEB.jsp;jsessionid=2Z5WNZPKAR43OAE1KVWWDRY
SUDoc
Nous avons cherché le moyen de localiser les mémoires, DEA et thèses français. Pour
les thèses, cela ne posait pas de problème : elles sont depuis 1972 reprises dans TELETHESES
(sur Minitel), et sont actuellement accessibles sur Internet via le catalogue du SUDoc
599
(Système Universitaire de Documentation) et sur cédérom (DOCTHESES), mais les mémoires
, DEA DESS, sont difficiles à localiser sans passer par les OPACs des universités.
599
Ce catalogue nous a aussi été utile pour la recherche de périodiques (il reprend les collections de 2900
localisations en France).
163
Pour ce qui est de les consulter, il est toujours possible, en plus du prêt inter-
bibliothèques, de voir si elles n’ont pas été publiées ou si elles n’existent pas sous forme
électronique (par exemple, en prenant contact avec l’auteur).
URL :
http://corail.sudoc.abes.fr
AUTRES CATALOGUES COLLECTIFS
RÉRO
Nous avons interrogé ce catalogue, anciennement RÉseau des bibliothèques suisses
ROmandes, et actuellement Réseau des bibliothèques de Suisse occidentale, pour au moins
deux raisons. D’abord, un des premiers disciples de Colins était suisse (Adolphe
Hugentobler
600
), ensuite la personne qui a s’est sans doute le plus consacré de son temps Ã
étudier la vie et l’œuvre du théoricien du socialisme rationnel, vit en Suisse (Ivo Rens), et
RÉRO nous semblait un bon moyen pour obtenir une liste à peu près complète de ses écrits.
Dans le même esprit, nous aurions pu consulter le catalogue du Consortium des
bibliothèques universitaires suisses
601
, mais celui-ci n’est semble-t-il consultable que par des
ordinateurs des universités et hautes-écoles du pays
602
.
URL :
http://www.rero.ch/
Catalogo Italiano Dei Periodici (ACNP)
Nous n’avons consulté ce catalogue que pour nous faire une idée approximative de
l’étendue de la diffusion des périodiques que nous étudiions. C’est ainsi que nous avons appris
que des exemplaires de la SN étaient conservés à Modène (1889-1894) et à la Biblioteca
Universitaria Alessandrina (1896). Dans le catalogue équivalent pour les monographies, nous
avons juste trouvé quelques titres d’ouvrages de Mario Pilo, secrétaire de rédaction pour
l’Italie.
URL :
http://acnp.cib.unibo.it/cgi-ser/start/it/cnr/fp.html
600
À tel point que cet auteur des Dialogues des morts entre Proudhon et Colins (Neuchatel, Guillaume, 1867) sera
le cessionnaire des œuvres imprimées et des manuscrits de Colins.
601
URL :
http://lib.consortium.ch/index_f.html
.
602
Avec vérification des adresses IP des machines.
164
6.1.3 Catalogues de bibliothèques universitaires non repris dans
des catalogues collectifs
En plus de nos recherches systématiques dans les catalogues collectifs (p. ex., le SUDoc
français pour les périodiques), nous avons lancé quelques coups de sonde au hasard dans les
catalogues informatiques de grandes bibliothèques étrangères (n’ayant pas forcément accès aux
catalogues collectifs étrangers, c’était à peu près notre seul moyen de nous faire une vague idée
de la présence de la SN et de l’HN en-dehors de la France et de la Belgique
603
).
6.1.3.1 Bobst Library de New York
La Bobst Library possède un fonds relatif aux « Fin-de-Siècle Symbolist and Avant-
Garde Periodicals ». Il contient les collections microfilmées d’une trentaine de revues
symbolistes ou d’avant-garde de la fin du XIX
e
siècle
604
, au nombre desquelles La Société
Nouvelle, La Basoche, La Jeune Belgique.
URL :
http://www.nyu.edu/library/bobst/research/hum/french/symbolis.htm
6.1.3.2 Biblioteca Universitaria de Bologne
Ici aussi, quelques années de la Société Nouvelle sont présents, mais uniquement en
version-papier.
URL :
http://www.bub.unibo.it/
6.1.4 Serveur JStor
Sur ce serveur, dont l’accès que nous avons choisi est fourni par l’ULB, émanation du
projet Journal STORage de la Fondation Andrew-W. Mellon, organisme à but non lucratif, 250
revues académiques en sciences humaines et exactes sont numérisées. Intérêts non
603
Ceci est complémentaire – et non pas redondant – aux interrogations réalisées sur FirstSearch (voir chap.
3.2.1.5 et 3.2.1.6).
604
Accessibles au niveau A de la Bobst Library.
165
négligeables, on y trouve aussi des articles en français, et on peut accéder immédiatement aux
endroits où le terme de recherche a été repéré.
Nous avons choisi d’interroger les banques de données d’histoire, de littérature, de
philosophie et de politique
605
. Si nous n’avons rien trouvé sur la SN ou l’HN, nous avons
néanmoins parcouru des textes où elles étaient souvent citées. La consultation de ce serveur
étant gratuite, nous avons pu nous accorder autant de recherches que nous le voulions, et avons
en conséquence introduit comme requête les noms de chacun des participants à la revue
auxquels nous consacrons une notice.
URL :
http://www.jstor.org/search
6.1.5 Serveur FirstSearchMD
Nous avons pu opérer des recherches dans les bases de données Worldcat du serveur
bibliographique payant de l’OCLC (FirstSearch), lors d’une séance de travaux pratiques
organisée en complément au cours d’Automatisation des bibliothèques.
Le nombre limité d’interrogations achetées par l’ULB nous ont incité à soigneusement
préparer nos équations de recherches, pour ne pas dépasser le chiffre moyen de cinq ou six par
étudiant. Celles-ci ont porté sur les titres « La Société Nouvelle » et « L’Humanité Nouvelle »,
ainsi que sur les noms « Brouez »
606
, « Augustin Hamon » et « colinsisme », et enfin sur le
descripteur plus général « fin-de-siecle symbolist and avant-garde periodicals».
Nos recherches ont porté sur un panel de bases de données que nous avions
sélectionnées (celles spécialisées en histoire des idéologies politiques, en histoire de la
littérature ainsi qu’en sociologie
607
).
URL :
http://newfirstsearch.oclc.org/html/login_fr.html
605
On peut interroger sur l’auteur, le titre, l’abstract et le texte intégral.
606
Ce nom de famille étant peu courant, à plus forte raison dans le contexte d’un serveur de bases de données
reprenant principalement des documents présents dans des bibliothèques américaines, nous n’avons pas spécifié
les prénoms Fernand et Jules, ce qui nous a permis d’économiser une recherche.
607
Hamon étant connu pour ses écrits de sociologue, et la SN comme l’HN portant beaucoup d’attention à ce
domaine du savoir.
166
6.1.6 Serveur Dialog
L’ULB est actuellement abonnée au serveur Dialog, lequel permet d’interroger plus de
500 bases de données couvrant la plupart des domaines (information statistique, financière ou
bibliographique, et ce en sciences exactes comme en sciences humaines).
En premier lieu, nous avons choisi de nous cantonner au domaine « Social Sciences and
Humanities », puis nous avons entré une première équation, la plus générale, puis nous avons
gardé les bases qui présentaient le plus d’occurrences, dont nous avions précédemment exclu,
pour modérer les redondances d’informations, les bases déjà interrogées via FirstSearch.
Nos équations
608
recouvraient les mêmes mots-clés que chez FirstSearch, mais bien sûr
elles ont été construites différemment, en raison des spécificités d’interrogation propres Ã
chacun des deux serveurs.
URL :
http://www.dialogweb.com
6.1.7 Current Contents
Les Current Contents constituent une base de données où sont indexées les tables des
matières de plusieurs milliers de périodiques, ainsi que des centaines de milliers de références
bibliographiques accompagnées d'un résumé. Ils sont accessibles par le site des bibliothèques
de l’ULB.
URL :
http://www.bib.ulb.ac.be/BIB/mod_cc.htm
6.1.8 Périodiques électroniques
Nous avons consulté les bases de données de périodiques électroniques accessibles Ã
l’ULB.
URL :
http://www.bib.ulb.ac.be/BST/bdd_toc.htm
608
Pour lesquelles le livre Dialog database catalog 2002 et la brochure DialogWeb : One-Stop Web Access to the
DIALOG Collection nous ont été d’une utilité appréciable.
167
6.1.8.1 SwetsNet Navigator
SwetsNet propose une recherche par mots-clés parmi les sommaires de 14.800
périodiques, avec parfois accès aux résumés et textes des articles. Nous y avons trouvé des
références intéressantes, mais la plupart étaient déjà présentes dans le BRONCO (Bibliografisch
Repertorium van ONline Contents).
URL :
http://www.swetsnet.nl/direct/
6.1.8.2 UncoverWeb
Uncover est une base de données donnant accès gratuitement aux tables des matières de
18.000 périodiques.
URL :
http://uncweb.carl.org/
6.1.9 Internet
Nous avons utilisé les ressources d’Internet de deux manières. D’abord, pour la
consultation à distance de catalogues informatisés (voir plus haut) ; ensuite, pour des
recherches via le moteur de recherche Google !
Si nous avons pu, à l’occasion, tirer profit de recherches sur des éléments de contexte
(tels que par exemple les revues littéraires belges), nous avons en fait obtenu peu
d’informations à la fois réellement intéressantes et inédites pour notre travail. Cela est dû Ã
plusieurs facteurs. D’abord, notre sujet a été peu abordé par le monde académique, et cela se
ressent sur le Web. La deuxième raison est inhérente à toute recherche sur le Web : le nombre
de pages trouvées rend malaisé un pourtant nécessaire raffinement de l’information. Des
expressions de recherche comme « Société Nouvelle » ou « Humanité Nouvelle » renvoient un
très haut pourcentage de documents non désirés. On peut évidemment – et nous l’avons fait –
adjoindre à l’une ou l’autre des mots discriminants (Brouez, Hamon, colinsisme…), pour faire
chuter la quantité de résultats, mais hélas ce type d’ajout ne vaudra jamais la finesse
d’interrogation d’un serveur d’informations à haute valeur ajoutée, tel que Dialog.
168
Quoi qu’il en soit, ce que nous avons trouvé sur la SN est d’un intérêt assez mince :
souvent, elle n’est citée que dans les biographies et bibliographies des écrivains qui y
collaborèrent (Eekhoud, Kahn, Kropotkine, Maeterlinck Reclus, Verhaeren…), ou encore dans
les notes de bas de pages de l’un ou l’autre travail d’histoire littéraire
609
.
Nous nous sommes alors rabattu sur les noms de personnes. Le nombre minime de
pages trouvées relatives à Fernand Brouez
610
nous a fortifié dans notre conviction du piètre
intérêt que lui aussi, tout comme sa revue, a suscité. Malgré cela, nous avons eu la surprise de
dénicher quelquefois des fragments de documents qui, s’ils ne nous ont pas été utiles pour ce
mémoire, nous font songer qu’ils pourraient être précieux pour quelqu’un qui ferait des
recherches plus spécifiques
611
. Notons encore que les documents consacrés à Augustin Hamon
sont eux nettement plus nombreux, mais que d’une part ils ne concernent pratiquement jamais
la période où il fut directeur de l’Humanité Nouvelle, et que de l’autre ils reprennent souvent
les mêmes informations.
Google ! nous a en revanche été bien utile pour trouver des institutions possédant des
fonds d’archives susceptibles de receler des documents liés d’une manière ou d’une autre Ã
notre sujet. C’est ainsi que nous avons eu connaissance de l’existence du CHT de Nantes, de
l’IISG d’Amsterdam ou du Fonds Hamon du CRBC de l’Université de Brest. Le dépouillement
de ces archives (quand dépouillement il y a) n’étant généralement pas repris intégralement sur
les sites de ces institutions, il nous a fallu prendre directement contact avec leurs responsables
afin de savoir s’ils possédaient des documents nous intéressant, et en ce cas nous en expédier
une copie.
609
Ce qui, comme nous l’avons constaté, ne déroge pas à la règle : c’était déjà le cas de la plupart des ouvrages-
papiers que nous avons consultés.
610
La quasi totalité des pages qui font référence à Fernand Brouez sont en fait consacrées à son épouse, la
romancière Neel Doff, ou bien encore sont de simples listes d’auteurs de « webrairies » (URL :
www.alibris.com/authors/authors0105.html
) ; mais nous en avons tout de même trouvé une qui le cite en raison de
son appartenance à l’Université Nouvelle de Bruxelles (URL :
http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist
Archives/bright/reclus/ishill/ishill76-81.html
.
611
Par exemple, une lettre d’Élie Reclus à Henri Roorda Van Eysinga : « My friend, Yes, propose to our friend
Brouez your Miettes d'anarchie. I think it will yet be sufficient to nourish us» (Bruxelles, 30 janvier 1893, URL :
http://dwardmac.pitzer.edu/Anarchist_Archives/bright/reclus/ishill/ishill259-324.html
). Mais ce genre d’extrait est
difficilement exploitable en tant que tel (où est conservé le document dont il provient ? Dans quel contexte a-t-il
été écrit ? L’était-il en anglais, ou bien s’agit-il ici d’une traduction ?…), sauf si on ne s’en sert que comme d’un
point de départ.
169
6.2 Ressources physiques
Nous allons maintenant énumérer les ressources physiques (bibliothèques, centres
d’archives, personnes) auxquelles nous avons eu recours, et expliquer brièvement ce que nous
en attendions et ce que nous en avons obtenu. Nous commencerons par les ressources belges
(avec dans l’ordre les bibliothèques universitaires, puis les autres bibliothèques, les centres
d’archives, et enfin les personnes-ressources), suivront les sources étrangères (d’abord celles de
la région parisienne, ensuite les autres en France, et enfin celle en Suisse).
6.2.1 En Belgique
6.2.1.1 Université Libre de Bruxelles
6.2.1.1.1 Réserve Précieuse
Nous commencerons par ce lieu car c’est là que nous avons pour la première fois ouvert
un numéro de la Société Nouvelle. C’est aussi là que nous avons pu trouver nombre
d’informations pertinentes, notamment grâce aux indications et aux conseils attentionnés de
René Fayt. Ceux-ci étaient en général de trois ordres.
D’abord, ceux relatifs à la manière de mener à bien ce travail. Ensuite, ses suggestions
de bibliothèques et centres d’archives où nous rendre. Et enfin bien sûr, ses indications de
documents potentiellement intéressants détenus par la Réserve, à savoir : des ouvrages de
références, des articles dont il avait connaissance, d’autres revues anciennes, ou encore le fonds
Reclus qui rassemble des documents (brochures et livres principalement) relatifs Ã
l’anarchisme, et dans lequel nous avons répertorié la présence d’une douzaine d’articles extraits
de l’HN (et un de la SN).
6.2.1.1.2 Bibliothèque des Sciences Humaines
Nous avons consulté bon nombre des bibliographies, biographies, ouvrages d’histoire et
dictionnaires disponibles aux différents étages de la Bibliothèque des Sciences Humaines, et
170
dans les locaux de séminaire d’histoire moderne et contemporaine (8 MOD et 8 HCO).
Le SILO nous quant à lui a été bien utile pour consulter des mémoires, thèses, articles
(varia) et périodiques (ex. : toute l’année 1897 et une partie de 1901 de L’Humanité Nouvelle).
Nous avons aussi consulté des revues du bâtiment des périodiques (AX) et des documents de la
bibliothèque de l’Institut d’Étude des Religions et de la Laïcité
6.2.1.1.3 Bibliothèque de la Faculté de Droit
Ici, nous avons pu compulser les années 1884-1885 du Journal des Tribunaux, dans
lequel nous avons trouvé trace de la première publication des Esquisses judiciaires d’Arthur
James.
6.2.1.1.4 Service des Archives
Il nous fallait nous rendre au service des archives de l’ULB pour les raisons que voici :
tenter d’obtenir des informations sur A. James et surtout sur F. Brouez, qui ont été élèves Ã
l’Université de Bruxelles – leurs dates d’inscription, les grades obtenus, nous faire une idée de
leur potentielle participation à la vie estudiantine (baptêmes, journaux et groupements
susceptibles de les avoir compté dans leurs rangs)… – ; et éventuellement sur ceux des
collaborateurs de la SN qui y étaient professeurs ou étudiants.
De plus, nous avions l’espoir de trouver d’utiles renseignements sur l’incident Reclus et
la création de l’Université Nouvelle, événements touchant de près certains acteurs majeurs de
notre revue (Fernand Brouez et d’autres collaborateurs y enseignèrent).
Pour ce qui est des années d’études et des changements de faculté de nos deux
étudiants, nous avons trouvé ce qu’il nous fallait dans une base de données de ce service. Par
contre, en ce qui concerne les journaux étudiants, nous fûmes très déçu : il n’y en avait que
trois pour la période 1877-1884 (celle des études de F. Brouez), et sur ces trois deux
n’existaient qu’à un exemplaire, et le troisième (L’Ètudiant) était déjà trop tardif – Fernand
Brouez arrête ses études dès le début de l’année académique 1884-85) – pour nous apporter
quoi que ce soit. De surcroît, ce dernier était de tendance libérale, et un des deux premiers
catholique ! – ce qui ne correspondait pas vraiment aux idées socialisantes des deux personnes
171
sur lesquelles nous enquêtions. Enfin, pour ce qui a trait à l’histoire de l’Université Nouvelle,
ce que nous avons trouvé était déjà repris en substance dans certaines monographies consultées
précédemment
612
.
6.2.1.2 Facultés Universitaires Saint-Louis (FUSL) de Bruxelles
La bibliothèque des FUSL possède des monographies et des collections de périodiques
que nous ne pouvions consulter ailleurs.
6.2.1.3 Rijks Universiteit de Gent (RUG)
Nous avons ici consulté des numéros de La Société Nouvelle que nous n’avions trouvé
ni à l’ULB, ni à la Royale, ni à l’IEV.
6.2.1.4 Les Hautes-Écoles de la Communauté Française
Nous avons contacté les Hautes-Écoles formant des gradués bibliothécaires-
documentalistes
613
, car elles étaient susceptibles de posséder des mémoires sur des revues
belges de la fin du XIX
e
siècle, et peut-être même des dépouillements de La Société Nouvelle
ou de L’Humanité Nouvelle. Néanmoins, cette démarche ne fut pas pour autant inutile, puisque
nous avons découvert l’existence d’un Répertoire analytique des revues littéraires belges de
langue française de 1830 à 1897
614
(par Christian Hublau).
6.2.1.5 Bibliothèque Royale
Avant de nous aventurer dans les diverses sections de la Royale, nous avons bien
entendu consulté ses catalogues en ligne, en complétant les informations ainsi obtenues, quand
cela s’avérait nécessaire, par des recherches dans les catalogues-papier.
612
De surcroît, comme il est souligné dans l’article n° 3566 (non titré) du Bulletin Critique d’Histoire de Belgique
et du Grand-Duché de Luxembourg 1973-1975 n° 201 (Studia Historica Gandensia, uit de seminaries voor
geschiedenis van de Rijksuniversiteit te Gent, 1976), p. 287 : « il faut regretter la perte de la majeure partie de la
documentation antérieure à 1907-1908 ».
613
À savoir, pour les écoles de cours du jour, l’IESSID à Bruxelles, l’ISIS à Liège et S
t
Berthuin à Malone (près
de Namur) ; et pour les cours du soir, l’Institut Jean-Pierre Lallemand de Bruxelles.
172
Catalogue de la Royale : première partie (ouvrages belges depuis 1975,
acquisitions étrangères depuis 1985, ouvrages des sections spéciales,
périodiques) ;
Catalogue de la Royale : deuxième partie (résultat du rétro-catalogage : les
ouvrages belges de 1875-1974 et les ouvrages étrangers acquis de 1930-1985) ;
Correspondances (descriptions de documents d'archives personnelles des
personnalités belges du XIX
e
et XX
e
siècles, recherches par expéditeur ou par
destinataire).
Pour ce dernier catalogue, nous fait des recherches sur la totalité des personnes à qui
nous consacrons une notice dans ce travail, et nous n’avons obtenu en retour qu’une seule
réponse favorable à nos requêtes, et encore ne nous apporta-t-elle à peu près rien d’intéressant
(une lettre de P. Deutscher à René Janssens).
6.2.1.5.1 Salle de lecture, Magasin général, Dépôt Légal, Bibliographie de
Belgique
La salle de lecture de la Royale reste bien entendu un passage obligé pour une recherche
de notre type. Nous y avons notamment trouvé d’utiles ouvrages de références et répertoires
divers, et certains périodiques que nous devions consulter absolument.
Par contre, nos recherches au Dépôt Légal se sont avérées moins fructueuses qu’espéré.
Peut-être est-ce dû à l’obligation historiquement tardive du dépôt légal (1966), mais un ou deux
des périodiques anciens qu’il nous fallait consulter n’étaient pas possédés par le Dépôt Légal
(ni d’ailleurs pas d’autres services de la Royale), tandis que d’autres étaient présents, mais dans
des collections incomplètes.
6.2.1.5.2 Service des périodiques
Étant donné le nombre relativement élevé de périodiques qu’il nous a fallu consulter
pour ce travail, il nous a également été indispensable de nous rendre à plusieurs reprises dans
cette section de la Royale.
614
Travail de fin d’études. Section Bibliothécaire-documentaliste. Bruxelles, IESSE, 1988.
173
6.2.1.5.3 Section de la Réserve Précieuse et de l’Histoire du Livre
René Fayt, Conservateur de la Réserve de l’ULB, nous ayant conseillé de nous rendre Ã
la Réserve Précieuse de la BR ; nous y sommes allé, espérant trouver des bibliographies
spécialisées auxquelles nous n’aurions pas encore eu accès. La seule dans ce cas était celle de
Ernest Matthieu (voir bibliog.).
Nous avons par ailleurs consulté le catalogue topographique des imprimeurs de
Belgique (Bruxelles et Mons) et de France (Paris).
6.2.1.5.4 Archives et Musées de la Littérature (AML)
Les AML ne sont pas à proprement parler une partie de la Royale, qui ne fait qu’abriter
leurs locaux. Néanmoins, par souci de regroupement, il nous a semblé plus clair de résumer les
trouvailles que nous y avons faites dans le chapitre sur la Bibliothèque Royale.
Les Archives et Musées de la Littérature nous ont bien sûr été très utiles en raison des
nombreuses correspondances de personnages de la SN qui y sont conservées (F. Brouez, A.
James, N. Doff, G. Eekhoud…) et des ouvrages de référence qu’elle possède. Parmi ceux-ci,
nous avons consulté l’ouvrage de Renier
615
, afin de savoir si la seule et unique pièce de James
(L’Éclipse) avait été portée à la scène.
6.2.1.6 Bibliothèque de l’Institut Émile Vandervelde (IEV)
Nous espérions découvrir ici d’éventuelles archives sur certains des membres du POB
collaborateurs de la SN. Il n’en fut rien, dans la mesure où nous n’avons pas eu trace de fonds
inventoriés légués par les susdits membres, mais nous ne pouvons pas pour autant affirmer
qu’aucun document intéressant notre travail ne s’y trouve. En effet, il pourrait en exister qui
soient noyés dans d’autres fonds, par exemple dans le cas où une personnalité du POB ou du PS
aurait recueilli des archives anciennes et les aurait intégrées à un ensemble identifié à son nom,
dont il aurait fait don par la suite.
615
Lionel Renier, Histoire des théâtres de Bruxelles depuis leur origine jusqu’à ce jour. Éd. Duchartre & Van
Buggenhoudt, 1928, pp. 33-38 (période 1880-1889)..
174
Il existe encore d’autres centres possédant des fonds relatifs au socialisme belge de la
fin du XIX
e
, tant en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, mais les visiter tous eût constitué
pour nous une trop lourde charge. C’est pourquoi nous n’avons pas poussé plus avant nos
recherches en sens. Nous avons tout de même trouvé à la bibliothèque de l’IEV une collection
de La SN
616
comprenant certains numéros non présents à la Réserve Précieuse de l’ULB.
6.2.1.7 Bibliothèque de l’Ordre des Avocats du Barreau de
Bruxelles
Une bibliothécaire rencontrée ici nous a permis d’obtenir copie de la fiche d’inscription
d’Arthur James au Barreau de Bruxelles, sur laquelle nous avons trouvé mention, dans la partie
« Relevé des affaires soumises au conseil », de deux plaintes le concernant
617
.
La bibliothécaire en question nous indiqua que pour avoir accès au contenu des
archives, il était de rigueur d’en faire la demande au bâtonnier de l’Ordre Français des Avocats
du Barreau de Bruxelles, Marc Wagemans, ce que nous avons fait. Malheureusement, ce
dernier nous répondit que « En raison du nombre considérable de dossiers ouverts à l’Ordre, et
des problèmes d’archivage qui en résultent, les dossiers sont détruits cinq ans après leur
clôture »
618
.
6.2.1.8 Réseau des bibliothèques publiques de Bruxelles-ville
Pour les ouvrages que nous n’avons pu localiser par une autre approche (CCB, LIBIS-
NET, Royale…), nous avons consulté le catalogue commun
619
des bibliothèques publiques de
l’entité de Bruxelles, ce qui s’est à une ou deux reprises révélé payant. Nous n’avons dû nous
rendre que à la Centrale de Bruxelles, la bibliothèque des Riches-Claires.
616
Que le cachet identifie comme ayant été originellement propriété du secrétariat du POB.
617
« Dans les affaires du cabinet du bâtonnier, il y a deux plaintes à M. James. Voir 1893-94 (G et S) ».
618
Courrier de Marc Wagemans, 6 juin 2002.
619
URL :
http://brubib.brucity.be
.
175
6.2.1.9 Stadbibliotheek d’Anvers (SBA)
Nous avons pu consulter là des revues qui ne se trouvent même pas à la Royale, comme
par exemple les premiers numéros de L’Humanité Nouvelle. De plus, depuis la SBA, le
catalogue collectif anversois des articles dépouillés (le BRONCO) est accessible, ce qui n’est
pas possible depuis les autres bibliothèques où nous nous sommes rendu.
6.2.1.10 Archives de la Ville de Bruxelles
Nous désirions, sur le conseil de René Fayt, voir si nous ne pouvions pas dénicher
quelque document administratif relatif à la Société Nouvelle. Nous pensions plus précisément,
en raison de la présence abondante d’écrits anarchistes dans les colonnes de la SN, Ã
d’éventuels rapports de police sur certains collaborateurs, mais notre idée ne s’est pas révélée
aussi prometteuse qu’espéré. Cela peut s’expliquer par le fait que les forces de l’ordre
s’intéressaient plus, comme nous l’avons constaté, aux activistes agissant sur le sol belge
qu’aux théoriciens qui faisaient paraître des articles dans la SN.
Nous avons aussi consulté les inventaires sur le théâtre à Bruxelles au XIX
e
siècle, afin
de savoir si la pièce d’Arthur James (L‘Éclipse) – co-fondateur de la revue – avait été montée Ã
la scène.
6.2.1.11 Archives Générales du Royaume (AGR) de Bruxelles
Nous avons consulté une trentaine de boîtes à archives du Fonds Raffin-Tholiard
(regroupant des archives en rapport avec le colinsisme), qui en compte plusieurs centaines, Ã
savoir celles contenant des documents relatifs à des responsables de la SN. Bien sûr, même en
nous limitant à ces trente-là , nous n’avons pu exploiter que très superficiellement les
informations qu’elles recelaient.
6.2.1.12 Dépôt des Archives de l’État du Hainaut de Mons
La personne de ce dépôt à qui nous avons téléphoné nous a assuré, après recherches,
176
que les archives professionnelles de Jules Brouez n’y étaient pas conservées, bien qu’elles
eussent dû s’y trouver en raison de l’obligation impérative de transférer les archives notariales
d’au moins cent ans
620
aux Archives de l’État. Il nous a expliqué qu’elles devaient avoir été
transférées à un notaire de la région, mais il n’a pas su nous dire comment savoir où elles sont
actuellement. Mais nous avons tout de même pu les localiser (voir chap. suivant).
6.2.1.13 Archives notariales de Jules Brouez
Ayant appris, avec l’aide des Pages Jaunes (sur le site d’Infobel), qu’une notaire portait
le même patronyme que celui du père du fondateur de la SN, et qu’elle exerçait de surcroît dans
la localité même où il avait son étude (Wasmes), nous nous sommes dit que nous avions peut-
être à faire à une descendante de Jules Brouez. En conséquence de quoi, nous avons pris
contact avec ses bureaux pour nous en enquérir
621
. L’employé à qui nous avons eu à faire a pu
nous affirmé que ce n’était pas chez eux que les archives de J. Brouez étaient conservées ; mais
après avoir bien voulu faire pour nous une recherche dans leur base de données personnelle, il a
pu nous affirmer qu’elles étaient à l’étude Armand Dris d’Hornu. Nous avons donc contacté
cette dernière pour obtenir des renseignements sur ces archives.
Le notaire Dris nous a dit qu’il ne savait rien sur Jules Brouez, que les archives
susmentionnées ne sont constituées, comme nous nous y attendions, que des minutes d’actes
notariés, qu’elles sont bien accessibles à toute personne en faisant la demande, puisqu’elles
datent de plus d’un siècle, et qu’elles ne seront pas transférées aux Archives de l’État avant
quelques temps, puisqu’il faut pour ce faire qu’un inventaire en ait été réalisé.
Nous ne nous y sommes pas intéressé dans ce mémoire ; mais elles n’en sont pas moins
potentiellement précieuses, par exemple pour celui ou celle qui chercherait à savoir si certains
620
J. Brouez a cessé ses activités de notaire le 1
er
janvier 1898 (renseignement obtenu auprès d’un employé de
l’étude de Lucie Brouez, lors d’une conversation téléphonique en date du 12 août 2002).
621
S’il était concevable qu’elle soit une de ses descendantes – il arrive que des études notariales restent dans une
même famille pendant plusieurs générations –, nous en jugions néanmoins la probabilité excessivement limitée :
les enfants de Jules Brouez sont morts sans descendance, et nous n’avons trouvé dans aucun document
l’information qu’il ait eu un frère. Rens et Ossipow mentionnent bien qu’il avait une sœur à charge, lorsque son
père décéda (Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Éd. de la Baconnière, 1979, p. 72), mais elle ne
pouvait bien sûr pas transmettre son nom à d’hypothétiques enfants (il n’en reste pas moins que cette piste serait
intéressante à suivre, ne serait-ce que dans l’éventualité d’archives familiales inédites encore entre les mains d’un
particulier). Demeurait la possibilité qu’elle soit issue d’une branche collatérale de la famille, par exemple par un
cousin de Jules Brouez.
177
des collaborateurs de la revue ou du groupe des colinsistes du Hainaut ont fait appel aux
services de leur chef de file, le notaire J. Brouez
622
. De manière moins anecdotique, ces
documents pourraient peut-être aider à se faire une idée de la hauteur des revenus de la
maisonnée. Mais pour cela, il faudrait comparer son étude avec les autres en activité à l’époque
dans région montoise, ce qui demanderait un lourd investissement en temps, sauf bien sûr si un
tel travail a déjà été réalisé, ou s’il existe un outil documentaire approprié pour une enquête de
ce type.
6.2.1.14 Mundaneum de Mons
Nous avons envoyé un e-mail à ce centre d’archives, et il nous a été communiqué la
liste des numéros de la Société Nouvelle qui s’y trouvaient et des autres périodiques qui nous
intéressaient.
6.2.1.15 Maison Larcier de Bruxelles
Sachant d’une part que la SN avait été éditée par Ferdinand Larcier (1852-1889) et que
de l’autre, Arthur James avait été responsable de la revue Le Palais et qu’il avait écrit dans le
Journal des Tribunaux, nous avons contacté la Maison Larcier qui en fut l’éditrice, afin de
savoir si elle possédait encore des archives de cette époque et si elles étaient accessibles, sur
place ou ailleurs. L’éditeur, Olivier Cruysmans, nous a répondu que, « après enquête auprès des
collaborateurs les plus anciens de Larcier, je dois malheureusement vous informer que nous
n'avons aucune archive de cette revue et aucune connaissance des personnes qui auraient pu
éventuellement les récupérer si il y en avait. Peut-être ont-elles été effectivement détruites »
623
.
6.2.1.16 Maison Bruylant de Bruxelles
Si nous avons contacté cette maison d’édition juridique, c’est parce qu’en 1885
624
elle
publiait la revue Le Palais, dont Arthur James (co-fondateur de La Société Nouvelle) était alors
le secrétaire de rédaction.
622
Peut-être même certains contrats concernent-ils directement ou indirectement La Société Nouvelle ?
623
E-mail du 31 juillet 2002.
624
À l’époque, cet éditeur avait encore pour nom « Bruylant-Christophe et C
ie
».
178
Bruylant ne possède pas d’archives aussi anciennes à son siège de la rue de la Régence Ã
Bruxelles et la personne à laquelle nous nous sommes adressée n’a pu nous dire où les trouver,
ni même si elles existaient encore.
6.2.1.17 Service de la population d’Ixelles
Nous cherchions à obtenir des données relatives à ceux dont nous savions déjà qu’ils
avaient vécu à Ixelles, à savoir Neel Doff et Fernand Brouez (dates de déménagement, …). Une
personne du service de la population, Madame Bars, a eu la gentillesse de nous aider à faire nos
recherches dans les caves du bâtiment communal. Elles se sont faites dans les registres des
recensements décennaux (de 1880 à 1900) de la commune.
6.2.1.18 Cimetière d’Ixelles
Ici nous avons pu consulter le registre des inhumations de l’année 1900, et avons ainsi
déterminé le lieu et le moment précis du décès de Fernand Brouez.
6.2.1.19 Jean-Pierre Canon
Le libraire J.-P. Canon, spécialisé dans la littérature prolétarienne et de gauche, nous
apporté une aide précieuse du fait qu’il a par le passé effectué des recherches sur la romancière
Neel Doff, épouse de Fernand Brouez. Ainsi a-t-il bien voulu nous communiquer des
documents et des références qu’il avait pour l’occasion récoltés, ce qui nous a permis de gagner
du temps, puisque nous n’avons pas dû courir les bibliothèques pour les consulter.
6.2.1.20 Ivan Prins
Nous avons contacté Ivan Prins, car il est l’auteur (avec Colette Prins) d’un Répertoire
analytique des périodiques littéraires français de Belgique, 1880-1918
625
. Ne possédant plus
d’exemplaire de ce mémoire de fin d’études, il nous a conseillé de contacter l’Institut Jean-
625
Bruxelles, Haute-École de bibliothécaires du Brabant, 1962-1963.
179
Pierre Lallemand où il a fait ses études, mais ce dernier réservant exclusivement la consultation
des mémoires à ses étudiants, nous n’avons pu le consulter.
6.2.1.21 Évelyne Wilwerth
Nous avons contacté E. Wilwerth, car cette biographe de Neel Doff (la femme de
Fernand Brouez) a, pour une exposition sur cette dernière, retrouvé un carnet de croquis de
Georges Lemmen tout entier consacré à F. Brouez et à son entourage
626
.
Elle nous a bien volontiers donné les coordonnées et numéro de téléphone de la
collectionneuse qui en était la détentrice, madame Van Hoey-Lemmen (descendante du
peintre), mais nous n’avons pu la joindre. Il est d’ailleurs possible qu’elle soit décédée, car
Wilwerth nous a dit qu’elle était déjà très âgée quand elle avait fait sa connaissance, il y a plus
de dix ans.
Nous n’avons donc pas localisé ce carnet de croquis.
626
Évelyne Wilwerth, Neel Doff, 1852-1942 [catalogue d’une exposition organisée à la Bibliothèque Royale,
Chapelle de Nassau, du 9 mai au 20 juin 1992]. Bibliothèque Royale Albert 1
er
, 1992, p. 45.
180
6.2.2 Prêt inter-bibliothèques
Ce point n’est cité que par souci d’énumérer de manière exhaustive l’ensemble des
canaux d’informations utilisés. Nous avons emprunté des ouvrages de la BUMP namuroise, de
l’UCL, de l’Ulg et de l’UMH. Pour cette dernière, il est regrettable que nous n’ayons pu nous y
rendre en personne pour consulter son Fonds d’histoire montoise
627
, qui n’est peut-être pas
encore entièrement informatisé et qui pourrait contenir des documents sur le développement du
colinsisme à Mons.
6.2.3 À l’étranger
Nous avons pensé, sachant que nombre de centres d’archives en sciences sociales
possédaient des journaux datant de cent ans et plus, qu’il pourrait s’avérer utile d’en contacter
certains pour leur demander s’ils n’avaient pas d’information sur nos deux revues, ou sur ceux
qui en étaient les artisans.
Si nous avons en priorité sélectionné les centres situés en France, c’est parce qu’ils nous
paraissaient à l’évidence les plus prometteurs pour une investigation sur deux périodiques
francophones , dont de surcroît un avait été co-édité à Paris.
Plusieurs références ont été trouvées via le site du CODHOS (Collectif des Centres de
Documentation en Histoire Ouvrière et Sociale
628
), association dont nous avons découvert
l’existence lors d’une recherche sur Google ! – nous avons alors sélectionné ceux que nous
allions contacter en fonction de l’ancienneté et des spécificités de leurs fonds –; d’autres encore
nous ont été suggérées par certains de nos correspondants.
Nous parlerons d’abord des centres français (parisiens, puis de province), et ensuite de
ceux d’autres pays. Ces institutions étrangères étant par définition moins connues du public
belge que celles dont nous avons parlées au chapitre précédent, nous donnerons de surcroît
leurs coordonnées complètes (y compris l’adresse du site et du courrier électronique, sauf
quand il s’agit d’un individu, auquel cas nous ne donnons que son e-mail).
627
URL :
http://www.umh.ac.be/Bibli/bc_html.htm#ancre2
181
6.2.3.1 Bibliothèque Jean Maitron du Centre d'Histoire Sociale du
XX
e
siècle (CHS-XX
e
, ex-CRHMSS
629
) de Paris
Ne serait-ce que par la nom de l’institution dont elle dépend (elle-même liée Ã
l’université de Paris I), il nous a semblé que cette bibliothèque
630
, créée en 1966 et
originellement dédiée à l’histoire du syndicalisme et du monde ouvrier, était fortement
susceptible de nous apporter des informations de valeur. Nous avons donc pris contact avec sa
directrice, madame Rossana Vaccaro. Elle nous a répondu que le CHS possédait le périodique
L'Humanité Nouvelle et nous a conseillé de consulter les travaux de Christophe Prochasson
(voir bibliog.). Elle nous a également signalé la récente parution d'un ouvrage sur La Belle
époque des revues
631
.
Nous avons consulté attentivement les deux sites Internet liés à cette bibliothèque, Ã
savoir celui du CHS et le
www.maitron.org
, produit du travail de collaborateurs du centre
632
,
qui en tant que portail sur les recherches et la documentation françaises en histoire ouvrière et
sociale nous a permis d’accéder à cinq répertoires de travaux universitaires (mémoires de
maîtrise) en histoire sociale contemporaine, provenant de cinq universités parisiennes
633
: Paris
I - Sorbonne, Paris VIII - Saint-Denis, Paris X - Nanterre, Paris XII – Créteil, Paris XIII -
Villetaneuse.
Université Paris I - CNRS
9, rue Malher
75004 Paris cedex 04
URL :
http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Document/Docu.htm
E-mail :
vaccaro@univ-paris1.fr
6.2.3.2 Musée social du CEDIAS (Centre d’Études, de
Documentation, d’Information et d’Actions Sociales) de Paris
Deux raisons nous ont conduit à contacter ce centre. D’abord, Rossana Vaccaro (voir
628
URL :
http://www.u-paris10.fr/bdic/codhos.htm
.
629
Centre de Recherche d'Histoire des Mouvements Sociaux et du Syndicalisme.
630
Qui porte le nom de son fondateur.
631
Paris, IMEC, 2002.
632
Qui sont également ceux à qui l'on doit d'avoir poursuivi le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier
français après la mort de Maitron.
633
URL :
http://www.maitron.org/recherche/indtravuni.htm
.
182
chap. précédent) nous avait conseillé de prendre contact avec lui ; ensuite nous avions trouvé
dans un numéro du mensuel colinsien La Régénération Sociale
634
une communication sur cette
institution, où il est dit qu’elle était (à l’époque) une des plus riches sur le mouvement
socialiste-rationnel.
Un responsable, Anthony Lorry, nous a répondu
635
que la bibliothèque du CEDIAS
possède une collection de la SN et de l’HN. Il nous a aussi indiqué quelques références qu’il
jugeait utiles (le mémoire de Françoise Scoffham-Peufly sur l'Art social dans les années 1890-
1896, la thèse de Galliou sur Hamon…). Il a également mentionné avoir un vague souvenir
d’une « étude sur le responsable de la revue » (voulait-il parler de Fernand Brouez ? James,
Noël ?), mais n’a pu nous en donner la référence.
5, rue Las Cases
75 007 Paris.
URL :
http://www.cedias.org/cedias/fr/cedindex.htm
E-mail :
biblio.cedias@wanadoo.fr
6.2.3.3 Office Universitaire de Recherches Socialiste (OURS)
Monsieur Frédéric Cépède, la personne que nous avions contacté à l’OURS, nous a
donné quelques références que nous connaissions déjà (les ouvrages de Rens, Ossipow,
Maitron, Aron) et nous a suggéré de contacter l’IEV, ce que nous avions déjà fait (voir chap.
6.2.1.6).
86, rue de Lille
75 007 Paris
URL :
http://www.lours.org
E-mail :
info@lours.org
6.2.3.4 La bibliothèque de l'Institut Mémoires de l'Édition
Contemporaine (IMEC) de Paris
Nous avons contacté l’IMEC, car nous avions remarqué que cet institut s’intéressait
particulièrement à l’histoire des revues, contemporaines ou anciennes. C’est ainsi qu’en 1991 il
a publié un 1
er
catalogue des revues culturelles, qu’en 1999 il a consacré un numéro spécial de
634
Septembre 1898, p. 3.
183
la Revue des Revues à « la cause des revues : états généraux des revues » ou encore qu’en 2002
il a fait paraître les actes d’un colloque sur « La Belle Époque des revues, 1880-1914 »
636
. Sa
bibliothèque est constituée de trois types de lots documentaires : 1) des fonds d'archives, 2) des
bibliothèques d'études qui proposent, autour de chaque fonds d'archives, des documents qui lui
sont étroitement associés, 3) des fonds de référence relatifs à l’histoire du livre et de l’édition,
des bibliographies.
Les conditions de consultations sont strictes : il faut justifier de ses sujets de recherche,
obtenir un accès à consultation par le déposant ou ses ayants droits (et toute citation doit faire
l’objet d’une autorisation), accepter une entrevue préalable avec un des représentants du
directeur de l’IMEC, établir un programme de consultation, réserver une place de consultation.
Néanmoins, nous avons tenté d’obtenir de cette institution qu’on nous dise si elle possédait
quoi que ce soit d’intéressant pour notre sujet, mais elle fut bien la seule à ne pas répondre Ã
notre sollicitation.
9, rue bleue
75009 Paris
URL :
http://www.fnet.fr/CMF/Fonds.Foucault/imec.html
E- mail :
bibliotheque@imec-archives.com
6.2.3.5 Centre d’Histoire du Travail (CHT) de Nantes
Notre personne de contact dans cette institution nous a signalé l’existence d’une
vingtaine de lettres de Jules Noël pour la période 1906-1913. Ce centre dispose d’une
collection presque complète de L’Humanité Nouvelle : sur les 54 livraisons, seuls manquent les
n° 2, 3 et 43.
Ateliers et Chantiers de Nantes
2 Bis, Boulevard Léon-Bureau
44200 Nantes
URL :
http://palissy.humana.univ-nantes.fr/labos/cht/index.htm
E-mail :
cht.nantes@wanadoo.fr
635
E-mail du 5 septembre 2002.
636
Jacqueline Pluet-Despatin, Michel Leymarie, Jean-Yves Mollier, La Belle Époque des revues, 1880-1914
[Actes du colloque tenu à l'Abbaye d'Ardenne à Caen du 20 au 22 janvier 2000]. IMEC, Coll. In Octavo, 2002.
184
6.2.3.6 Université de Bretagne Occidentale de Brest, Centre de
recherche bretonne et celtique (CRBC), Fonds Hamon
Ce centre possède les 54 numéros de la 1
ère
série de l’Humanité Nouvelle (mai 1897-
décembre 1903) et l’unique n° de la seconde (octobre 1906)
637
. En plus, il détient 3 carnets de
comptes (un pour les recettes et dépenses, un pour les ventes et débits, et un dernier pour les
retours), un dossier d’articles divers et 2 boîtes contenant des documents relatifs à des opinions
exprimées sur la revue (entre 1897 et 1904) et au procès qui opposa la revue à l’éditeur
Schleicher frères.
UFR Lettres et Sciences Sociales
20, Rue Duquesne - BP 81
29285 BREST CEDEX
URL :
http://www.univ-brest.fr/Recherche/Laboratoire/CRBC/franc/menugene.htm
E-mail :
CRBC@univ-brest.fr
6.2.3.7 Patrick Galliou (Université de Brest)
Si nous avons jugé judicieux de joindre ce professeur de l’Université de Brest, c’est
parce que l’un de ses sujets de recherche (et celui de sa thèse) portait sur la correspondance
entre G.B. Shaw et A. Hamon, le directeur de L’Humanité Nouvelle. Or rares sont les
chercheurs, à son exception notable, qui ont travaillé sur cette personnalité peu connue. Il nous
a confirmé que maintes fois il est fait mention de F. Brouez dans la susdite correspondance,
mais nous n’avons pu hélas en profiter, n’ayant pas eu l’occasion de consulter sa thèse. P.
Galliou nous avait promis une photocopie d’un de ses articles sur Hamon, mais il ne nous est
jamais parvenu.
E-mail :
P.Galliou@wanadoo.fr
6.2.3.8 Société des Études Colinsiennes de Nangy (Haute-Savoie)
Nous avons été instruit de l’existence de cette association à la lecture ses sources des
notices sur Fernand et Jules Brouez de la Biographie Nationale de Belgique. À l’époque où ces
dernières ont été publiées, cette structure était encore située dans la ville d’Annemasse, mais
637
Rp 798 H15.
185
n’en trouvant absolument nulle trace sur Internet, nous avons contacté les Archives de Haute-
Savoie et l’administration communale d’Annemasse, qui ne nous ont été d’aucun secours.
Heureusement, celui dont nous avons appris qu’il était le fondateur de cette société, monsieur
Ivo Rens (voir plus loin, chap. 6.2.3.16), nous a dit qu’elle avait depuis lors son siège à Nangy.
Possédant quelques milliers de documents et de livres sur le colinsisme ou des sujets
afférents, il nous fallait bien sûr contacter le responsable de cette bibliothèque (M. Ivo Rens,
voir supra). Il nous a signalé ne pas posséder grand-chose pouvant nous intéresser, si ce n’est
tout de même des ouvrages de Jules Noël et Léon Legavre (respectivement directeur et
secrétaire de rédaction pour la Belgique de la seconde Société Nouvelle).
Clos des Mousquetaires
74380 Nangy
Haute-Savoie
6.2.3.9 Centre International de Recherche sur l’Anarchisme
(CIRA) de Marseille
Si nous avons contacté ce centre sur l’anarchisme, alors que ses fonds sont à notre
connaissance moins riches que ceux de son équivalent genevois que nous avions déjà approché
(voir plus loin chap. 3.2.2.2.4), c’est un peu par esprit de « systématisme » et beaucoup parce
que l’un de ses membres se trouve être René Bianco, auteur de Un siècle de presse anarchiste
d'expression française (1880-1983).
B.P. 40
13382 Marseille Cedex 13
E-mail :
cira.marseille@free.fr
6.2.3.10 Forum de discussion RA (Recherches Anarchistes) de
Montpellier
Après avoir pris connaissance de la « raison sociale » du RA (Recherches Anarchistes)
de Montpellier (« un forum international, inauguré le 1 janvier 1996 et consacré au compte-
rendu de livres, à la recherche et à la discussion des théories, histoires et cultures des
mouvements anarchistes dans le monde et de thèmes qui leur sont liés. (…) les thèmes discutés
peuvent être aussi différents que l'historiographie, la culture populaire, la philosophie, la
186
science politique, l'écologie, l'économie, l'art, la littérature, l'étude de l'utopie, la musique »),
nous ne pouvions faire autrement que de laisser sur ce forum un message reprenant nos sujets
de recherche pour ce travail.
Nous obtînmes deux réponses : l’une de Tom Goyens, et l’autre d’une personne de
l’IISG (International Institute of Social History) d’Amsterdam – Jaap Kloosterman
(
Jkl@iisg.ne
) – qui nous signalait l’existence d’un fonds Hamon dans son institution.
URL :
http://melior.univ-montp3.fr/ra_forum/francais.html
E-mail :
ra-lfr@univ-montp3.fr
6.2.3.11 Dissidences, bulletin de liaison des études sur les
mouvements révolutionnaires, de Nancy
L’intitulé de cette revue (qui se consacre à « l’étude de l’extrême-gauche, des minorités
révolutionnaires marxistes, libertaires, ou des mouvements de contestation de la société »
638
)
pouvait nous laisser espérer que l’un ou l’autre de ses collaborateurs ait connaissance
d’informations, de références ou des coordonnées d’un autre chercheur pouvant nous aider dans
notre travail. C’est pourquoi nous avons contacté le directeur de la publication, Jean-Guillaume
Lanuque.
Il nous a répondu qu’il ne voyait personne vers qui nous renvoyer, mais reconnaissant
que dans son lectorat il pouvait se trouver des gens que notre sujet de recherche intéresserait, il
nous a proposé de « publier, sur notre site et dans notre prochain numéro papier, votre demande
d'aide, ce qui est le meilleur moyen de dénicher des personnes de notre lectorat susceptibles de
vous porter assistance »
639
. Nous avons décliné sa suggestion, car nous n’avions plus beaucoup
de temps avant la remise de notre mémoire, or le prochain numéro de ce trimestriel ne sortait
qu’en septembre.
c/o Jean-Guillaume Lanuque
13, rue de Malzéville
Appt. 107, Entrée B
54000 Nancy
URL :
http://www.dissidences.net/index.html
E-mail :
jeanguillaume.lanuque@wanadoo.fr
638
Déclaration d’intentions présente sur le site et en page deux de la revue.
639
E-mail du 29 août 2002.
187
3.2.2.3.12 Fonds Poulaille de Cachan
Nous avons contacté le responsable de ces archives, Jérôme Radwan, qui nous a
répondu que le Fonds Poulaille ne possédait pratiquement rien sur la SN (à part une collection
reliée des années 1893 à 1896), car il a surtout vocation à s’intéresser au domaine français
ultérieur.
Nous en espérions plus, car si nous étions entré en contact avec lui, c’était surtout parce
que Poulaille avait personnellement connu – et apprécié – l’auteur prolétarien et épouse de
Fernand Brouez (fondateur de la Société Nouvelle), Neel Doff – et qu’il pouvait donc s’y
trouver quelque correspondance de cette dernière.
Jérôme Radwan,
6, rue François-Delage
94230 Cachan
6.2.3.13 Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis (IISG)
d’Amsterdam
Il est bien connu que l’IISG, créé en 1935, est une mine d’or pour tout qui s’intéresse de
près ou de loin à l’histoire sociale au sens large. Nous en sommes l’exemple : nous avons
trouvé sur son site qu’une partie de la correspondance Hamon y est conservée (les deux autres
plus importants blocs épistolaires de ce sociologue étant respectivement la propriété du CHT de
Nantes et de l’Université de Brest, au CRBC), à savoir notamment des lettres de Fernand
Brouez et Gabriel De La Salle, mais aussi celles qu’il a échangées avec l’éditeur de l’Humanité
Nouvelle, Schleicher Frères.
31, Cruquiusweg
1019 AT Amsterdam
URL :
http://www.iisg.nl:80/archives/gias/h/10750200.html
E-mail :
inf.gen@iisg.nl
6.2.3.15 Centre International de Recherche sur l’Anarchisme
(CIRA) de Lausanne
Notre contact au CIRA (Marianne Enckell) nous a signifié que sa bibliothèque ne
188
disposait pas de documents relatifs à la SN ou à l’HN. À cela nous voyons deux causes
possibles : d’abord ce centre n’étant pas très ancien (une bonne trentaine d’années), il n’a pu
réunir des collections de documents datant du XIX
e
et de la première partie du XX
e
siècle qu’au
coup par coup, ce qui explicite de possibles « lacunes » ; ensuite, il faut bien se rappeler que la
SN et l’HN n’étaient pas des périodiques de tendance uniquement anarchiste, et en tant que tel
ne rentrent pas dans les priorités d’acquisitions d’un tel organisme.
24, avenue de Beaumont
CH-1012 Lausanne
URL :
www.anarca-bolo.ch/cira/
E-mail :
cira@plusloin.org
6.2.3.16 McLaughlin Library de l’Université de Guelph (Ontario)
Cet organisme possède un fonds Hamon dont elle a fait l’acquisition en 1986, dans le
but de compléter son importante collection sur G.B. Shaw. La correspondance d’Augustin
Hamon est microfilmée. Ce fonds a fait l’objet d’une publication (The Dan H. Laurence-Shaw
Collection par Bernard Katz).
854, rue Gordon
Guelph (Ontario)
URL :
http://strategis.ic.gc.ca/SSGF/tf00114f.html
6.2.3.17 Ivo Rens (Université de Genève)
Ce professeur de droit à la retraite, de l’Université de Genève, est passionné par
l’histoire du colinsisme (il a été le tout premier, hormis bien sûr ceux qui – comme Jules Noël –
ont au XIX
e
siècle adhéré à ce dogme, à y consacrer des monographies
640
). Il nous a très
aimablement signalé les utiles références – parfois presque introuvables par un autre biais (ex. :
des articles parus dans des revues non dépouillées) – de travaux à ne pas manquer.
E-mail :
Ivo.Rens@droit.unige.ch
640
Signalons néanmoins que ses travaux ont parfois été contestés, par exemple par le professeur gantois Jan
Dhondt (article n°389, non titré, in Bulletin Critique d’Histoire de Belgique 1966-67. Fondation Jan Dhondt
Stichting, 1967, pp. 88-89), qui lui reproche notamment de trop admirer son sujet d’étude, de ne pas avoir consulté
certaines sources et de ne pas avoir tiré les bonnes conclusions de certaines de ses découvertes.
189
7. CONCLUSIONS
Nous attendions de ce sujet qu’il nous offre l’occasion de nous familiariser avec le
bouillonnement intellectuel, littéraire, artistique et même scientifique des années 1880-1914,
une époque dont la Société Nouvelle a su selon nous si bien se faire l’écho ; et il a pleinement
répondu à nos attentes.
Nous désirions plus particulièrement explorer le pluralisme de cette revue dont si
souvent, et de manière réductrice, on ne se souvient que soit pour son positionnement
anarchiste, soit (et c’est déjà plus rare, mais pas moins inexact) comme de l’un des fleurons du
symbolisme belge et français ; nous espérons y être arrivé en exposant les grands courants qui
ont irrigué son histoire.
On pourrait à ce propos se demander si dans une certaine mesure ce pluralisme
politique, cette volonté indépendante de mélanger les genres (philosophie, sciences, arts,
lettres…) n’ont pas nui quelque peu à sa postérité, quand on voit combien elle est finalement
peu présente dans des répertoires et des bibliographies où elle aurait pourtant toute sa place. Par
exemple, dans le Bulletin des Sommaires des Publications Périodiques de la Bibliographie de
Belgique (rédigé par l’Office International de bibliographie) de 1913, elle n’est pas citée sous
l’entrée socialisme (il n’existe pas d’entrée à « anarchisme »), alors que La Philosophie de
l’Avenir y est, elle ! On voit bien l’ennui qui se présente au bibliographe confronté à un journal
comme la Société Nouvelle : on ne peut l’assimiler à une tendance bien précise ; ce qui fait que
ceux qui par exemple réalisent une histoire du socialisme, du symbolisme, … ne prennent pas
la peine de parler d’elle, quand bien même ils la connaissent, la jugeant non représentative d’un
mouvement d’idées. En fait, on ne la mentionne que quand il n’y a pas moyen de faire
autrement : si on parle d’écrivains qu’elle a publiés – notamment ceux qu’elle a présentés avant
tout le monde – ou d’un sujet aussi particulier que l’histoire du colinsisme en Belgique…
Le colinsisme, justement, peut-être parce que nous en ignorions tout, a éveillé notre
intérêt. Nous avons été frappé du nombre et de la diversité des armes de propagande (revues,
190
livres, brochures) que ce mouvement – qui nous a-t-il semblé comportait pourtant somme toute
peu de militants – a produit rien qu’en Belgique.
Notre volonté en écrivant ce mémoire était de raconter l’histoire d’une revue sur
laquelle peu de recherches avaient été réalisées, et donc de fournir une vue globale de ses
différentes périodes et tendances, mais aussi des personnes qui ont contribué à ce qu’elle reste
dans les mémoires, tant tous ceux qui Å“uvrent dans un périodique participent peu ou prou Ã
façonner sa personnalité. « Les revues (…) offrent une image réelle de la vie littéraire d’une
époque. On y trouve mêlés les collaborateurs, leurs goûts et leurs comportements ; les lecteurs,
et leurs réactions ; les éditeurs et leurs orientations ; les imprimeurs et la variété de leurs
techniques, parfois même les mécènes et leurs subsides
641
»
642
. Voilà en somme pourquoi nous
avons voulu offrir à ceux qui nous lisent ou nous liront de copieuses tranches biographiques,
que d’aucun assurément jugeront excessives, ce dont nous nous défendons.
Si nous n’avions en effet enquêté que superficiellement sur les collaborateurs de la SN
et de l’HN, aurions-nous pu mettre en corrélation la parution d’articles antisémites avec les
liens entre James et Picard ? Aurions-nous su imaginer, sans avoir découvert les points
communs qui les unissaient, comment De La Salle et Hamon ont été amenés à travailler
ensemble sur L’Humanité Nouvelle ? Les exemples sont légion. Néanmoins, peut-être aura-t-on
trouvé futile, voire dérisoire, la relation de tel ou tel détail biographique d’apparence anodine.
Ce reproche n’est sans doute pas complètement infondé, mais nous pensons en l’occurrence
posséder un solide argument à lui opposer.
Comme nous l’exprimerons en toute fin de cette conclusion, nous tenions à ce que ce
mémoire puisse servir à des chercheurs opérant sur des sujets fort divergents. C’est ainsi que
dans l’état actuel, il peut être utile – bien sûr pas au même degré – à ceux qui s’intéressent
spécifiquement à la SN ou à l’HN, comme à ceux qui cherchent des renseignements sur l’un ou
l’autre de leurs acteurs ; à ceux qui consultent nos listes des collaborateurs juste pour savoir si
une personne sur laquelle ils travaillent a participé à nos revues, comme aux gens qui désirent
en savoir plus sur tel ou tel courant politique ou social.
641
Le seul acteur de cette liste, qui est pourtant le plus important, que nous n’avons pas traité est bien sûr le
lecteur ; mais établir son « portrait-type » n’était guère faisable de manière précise et scientifique, aussi nous
sommes-nous abstenu.
642
Jean-Michel Place, André Vasseur, Bibliographie des revues et journaux littéraires des XIX
e
et XX
e
siècles.
Éditions de la chronique des lettres françaises, 1973, p. 7.
191
On pourrait encore nous objecter, par exemple, que nous attarder à peser quelle peut être
la cause avérée de la maladie de F. Brouez n’est pas d’un grand intérêt pour l’histoire de sa
revue ; ce à quoi nous rétorquerions in petto que ce faisant nous cherchions seulement Ã
remonter aux causes premières. Il est très plausible en effet que sans cette syphilis, il n’y aurait
jamais eu qu’une seule Société Nouvelle, à laquelle aucune Humanité Nouvelle n’aurait
succédé. Son histoire s’en serait trouvée fondamentalement modifiée : sans les changements de
staff rédactionnel, le journal ne se serait-il pas sclérosé dans son fonctionnement, l’équipe des
responsables, privée de sang neuf, n’aurait-elle pas laissé retomber sa dynamique première ?
Ou au contraire, on peut se figurer que ce sont ces continuels changements (d’éditeur, d’équipe
rédactionnelle) qui ont affaibli la revue, que peut-être sans eux elle aurait été promise à une
plus grande notoriété. Personnellement, nous pencherions plutôt pour cette dernière possibilité,
car en effet, seule la première série de La Société Nouvelle a réussi à paraître aussi longtemps et
régulièrement, or il nous semble que la capacité à durer est une des composantes fortes du
prestige d’une revue.
*
Si les textes qui fondèrent nos recherches initiales mentionnaient bien les interactions
qui s’étaient instituées entre ce formidable creuset de réflexions que fut La Société Nouvelle et
d’autres formations belges et étrangères, en revanche ils ne s'appesantissaient selon nous pas
assez à les détailler, pour qu’on puisse bien en débrouiller l’écheveau.
C’est ainsi que si les quelques historiens et chercheurs qui se sont penchés, plus ou
moins longuement, sur son parcours remarquent que la SN, largement diffusée outre-quiévrain
– elle était co-éditée à Paris –, se cristallisa comme point de rencontre idéal entre les avant-
gardes artistiques parisiennes, les anarchistes français et certains intellectuels belges – en
conséquence de quoi nombre de ces derniers eurent par exemple l’occasion de placer leurs
écrits dans des revues françaises, et inversement (par exemple, dans les suppléments littéraires
de La Révolte ou des Temps Nouveaux
643
) –, le lecteur n’apprenait pas grand-chose sur
l’importante participation à la revue d’auteurs d’autres nationalités, ni sur les écoles de pensées
643
C’est ainsi que, pour n’en citer que quelques uns, les anarchistes Paul Adam, Charles-Albert, G. Eekhoud, J.
Grave, A. Hamon, Mirbeau, Élisée Reclus, Élie Reclus écriront dans cette dernière et dans La Société Nouvelle,
mais aussi Picard, Krains, Lemonnier, Heusy, Nautet, Eekhoud (P. Aron, Les Écrivains belges et le
socialisme
(1880-1913) : l'expérience de l'art social, d’Edmond Picard à Émile Verhaeren, 2
ème
éd. Ed. Labor, Coll.
« Archives du futur », 1997. P. 119).
192
et les familles politiques qu’on y rencontrait.
Cela nous a rendu curieux de savoir quelles étaient les proportions d’écrits dus à chaque
courant, école ou nationalité représentés dans la Société Nouvelle, et l’évolution de ces
pourcentages au fil des années
644
; mais surtout de connaître en quoi certains ont influencé et
marqué l’histoire du périodique qui les accueillait. Plus particulièrement, nous disions-nous, il
serait intéressant d’essayer de préciser dans quelle mesure les avant-gardes artistiques
(naturalisme, symbolisme…), politiques (socialisme, anarchisme, féminisme…), et
éventuellement scientifiques et socio-philosophiques se percevaient mutuellement ; d’examiner
si La Société Nouvelle a bien été ce bouillon de culture internationaliste auquel il est souvent
rendu hommage et où tant individualités fortes se sont connues, que ce soit physiquement ou
par l’entremise de leurs écrits ; d’estimer aussi quelles relations ces collaborateurs d’origines si
variées et que tout séparait (langues, lieux d’origine, idéologies, expériences, notoriétés, statuts
sociaux…) pouvaient entretenir ; de voir ce qu’il en résulta pour chacun ; de tenter finalement
d’en tirer des conclusions sur d’éventuelles traces d’influences réciproques ou à sens unique.
Bien entendu, il ne fallait pas nous bercer d’illusions : ces questions ne pouvaient trouver
réponse dans le seul cadre d’un mémoire. Mais nous pouvions par contre faire acte de
continuateur en défrichant certains des aspects peu exploités par nos prédécesseurs, et ainsi
contribuer peut-être à ce qu’un jour soit écrite une histoire complète de La Société Nouvelle et
de L’Humanité Nouvelle.
Nous avons essentiellement envisagé le sort des principaux individus qui ont construit
et façonné La Société Nouvelle (et L’Humanité Nouvelle), et ce sans négliger les plus ou moins
éphémères secrétaires de rédaction, les éditeurs d’un temps, les petits imprimeurs et les
diffuseurs méconnus – soit une petite quarantaine de personnes au total – auxquels on oublie
quelquefois de prêter une attention qui pourtant peut s’avérer payante pour ce qu’ils nous
apprennent sur la vie intime de la publication à laquelle ils œuvrent ; pour en dégager autant
d’enseignements que nous le pourrions, lesquels enseignements ne résultaient parfois que de
supputations, conjectures ou hypothèses émergeant d’un faisceaux de détails que nous
considérions globalement.
644
Cet aspect a été traité par Els Verlinden dans son mémoire, La société nouvelle 1884-1897: een
doorbraakpoging van de colinsistische beweging, mais nous n’avions pas alors connaissance de l’existence de ce
travail.
193
Un des intérêts majeurs de ce mémoire a été de devoir travailler sur des documents de
types et de formats très différents (répertoires, manuscrits, articles, sommaires de revue, fiches
d’inscription, registres de recensement, bibliographies, serveurs documentaires, dictionnaires,
encyclopédies, inventaires, mémoires, thèses, catalogues d’expositions, microfilms,
biographies, ouvrages d’histoire littéraire, pièce de théâtre, nouvelles, correspondances, les 282
n° de la SN et de l’HN…), et ce dans des environnement éminemment variés (bibliothèques,
centres de documentations, fonds d’archives…), tout en gérant des contacts avec plusieurs
personnes-ressources.
Après avoir passé un an en compagnie de cette revue littéraire, nous pouvons affirmer
être aujourd’hui réellement persuadé de ce dont nous aurions peut-être douté hier, à savoir que
« à partir des collections de revues, il est possible de reconstituer les opinions et le milieu
(cafés, salons, réseaux, groupes...) d’un mouvement littéraire »
645
.
C’est pourquoi nous formulons le souhait que ce travail puisse aider tout chercheur
s’intéressant à la vie intellectuelle de nos contrées à la fin du XIX
e
siècle. De manière sans
doute présomptueuse, nous rêvons de participer à l’émergence d’un nouvel intérêt pour la revue
quelque peu oubliée qu’est la SN, et ainsi d’œuvrer humblement à un regain de considération
pour l’histoire des revues littéraires et intellectuelles de notre pays, voire peut-être d’inciter l’un
ou l’autre lecteur à prendre appui sur ce corpus et sur les travaux qui l’ont précédé pour
poursuivre et approfondir nos recherches ; et ainsi un jour d’aboutir à ce que puisse être écrite
une histoire de la Société Nouvelle. Mais nous trouverions déjà une récompense plus immédiate
à nos efforts si ce travail pouvait donner envie, ne fut-ce que brièvement, de parcourir l’un ou
l’autre numéro de La Société Nouvelle.
645
Olivier Corpet, « Revues littéraires », ibid.
194
8. Bibliographie
Il n’est fait mention, dans cette bibliographie, que des documents dans lesquels nous
avons trouvé au moins une information, directe ou indirecte, qui nous a permis de progresser
dans nos recherches (et ce, que nous ayons effectivement eu le document en mains, ou bien que
l’information nous ait été transmise avec ses références par un de nos correspondants).
Ne sont donc pas repris les écrits consultés en vain.
Nous avons choisi de présenter les références en les groupant selon une typologie basée
sur la forme du document. D’abord, les documents dits « secondaires », voire « tertiaires »
(bibliographies, inventaires, répertoires…). Ensuite les monographies, puis les articles, suivis
pour la commodité du lecteur d’une liste des périodiques consultés. Viennent après les
documents manuscrits (principalement des correspondances) – qu’il s’agisse de documents
originaux ou de recueils de lettres édités. À leur suite, vous trouverez les adresses des sites
Internet et des listes de diffusion auxquels nous avons eu recours.
Nous avons décidé de ne pas opérer de sous-classement par sujet. En effet, il aurait été
nuisible à la clarté, et fastidieux pour nous comme pour le lecteur, de retrouver la même
référence à plusieurs endroits (étant entendu que nombre de documents que nous avons
exploités nous ont servi pour différentes parties de notre travail).
195
8.1 Bibliographies, tables analytiques, diction-
naires, encyclopédies, annuaires, répertoires,
inventaires, catalogues d’exposition
La présentation des notices suit le modèle :
•
AUTEUR (Prénom) – Titre, Tomaison. Lieu d’édition,
Éditeur, Collection, Année d’édition.
•
[Anonyme] – Annuaire illustré de la presse belge. Bruxelles, Charles Bulens, 1908.
•
[Anonyme] – Annuaire officiel de la presse belge. Bruxelles, Impr. des Travaux Publics
, 1899.
•
[Anonyme] – Annuaire de la section d’art et d’enseignements populaires de la Maison
du Peuple. Impr. Blondiau, Bruxelles, 1893.
•
[Anonyme] – La Belgique active : monographie des communes belges et biographie des
personnalités. Bruxelles, Henri Willem
éditeur, 1931.
•
[Anonyme] – Le mouvement symboliste : exposition organisée [au Palais des Beaux-
Arts] dans le cadre de l'accord culturel franco-belge. Bruxelles, Connaissance, 1957.
•
[Anonyme] – Rapports sur les années académiques (ULB). T. 1 (1873-74 à 1881-82),
T. 2 (1883-84 à 1889-90) [comprenant, avec quelques lacunes, les discours d’ouverture, les
rapports annuels et la liste des étudiants ayant réussi – publiés par Gustave Mayolez ; et les
programmes des cours – édités par M. Weissenbruch]. Bruxelles, 1873-1890.
196
•
[Anonyme] – Registre des inhumations du cimetière d’Ixelles, 1900.
•
[Anonyme] – Représentations théâtrales. Deux répertoires manuscrits de titres de
représentations théâtrales avec leur situation géographique et chronologique, Fonds de
l’instruction publique des Archives de la Ville de Bruxelles, IP II 2974, Théâtres de la
Monnaie, Flamand, du Parc. Généralités. 1872-1904. Document n° 17.
•
ARBOUR (Roméo) – Les Revues littéraires éphémères paraissant à Paris entre 1900 et
1914, répertoire descriptif. Paris, Librairie José Corti, 1956.
•
ARON (Paul), SAINT-JACQUES (Denis), VIALA (Alain) et al. – Le Dictionnaire du
littéraire. Paris, PUF, 2002.
•
ARON (Paul), SOUCY (Pierre-Yves), avec la collab. de Didier Hissette et Nadine
Vanleemputten – Les Revues littéraires belges de langue française de 1830 à nos jours, 2
ème
éd.
revue, corr. et augm. Bruxelles, Éd. Labor, Coll. « Archives du futur », 1998.
•
ART (Andrée), FAYT (René), avec la collab. de Denise de Pape, préf. de Paul
Delsemme – Inventaire de la bibliothèque de Max Elskamp léguée à l’Université Libre de
Bruxelles, préf. de Paul Delsemme (Bibliothécaire en chef de l’ULB). Bruxelles, Éd. de
l’Université de Bruxelles, Travaux de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de
Libre de Bruxelles n° 50, 1973.
•
BARRE (André) – Bibliographie de la poésie symboliste. Paris, Faculté de Lettres de
l‘Université de Paris, Jouve et Cie éditeurs, 1911.
•
BARRE (André) – Le Symbolisme : essai historique sur le mouvement poétique en
France de 1885 Ã 1900. Paris, Jouve, 1911.
•
BENEZIT (Emmanuel) – Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs,
dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d’écrivains
spécialistes français et étrangers, nouvelle édition, T. 12 (Rottenhamer-Solimena). Paris,
Gründ, 1999.
197
•
BERTELSON (Lionel) – Dictionnaire des journalistes-écrivains de Belgique. Bruxelles,
Section bruxelloise de l’Association Générale de la Presse Belge, [1960].
•
BERTELSON (Lionel) – La Presse d’information. Tableau chronologique des journaux
belges. Bruxelles, Maison de la presse, 1974.
•
BERTRAND (Jacques) – Catalogue inventaire du Fonds des livrets de théâtres conservé
aux Archives de la Ville de Bruxelles. Travail de fin d’études présenté pour obtenir le diplôme
de gradué en sciences bibliothéconomiques et bibliographiques, section bibliothécaires, Cours
provinciaux des sciences de la bibliothèque et de la documentation, 1976.
•
BIANCO (René) – Un siècle de presse anarchiste d'expression française (1880-1983), 7
vol. Thèse de Doctorat d'État en Histoire. Aix-en-Provence, Université de Provence, 1988.
•
BOSCH (A.M.) – Recueil alphabétique et systématique de tous les journaux, revues et
publications périodiques paraissant en Belgique. Bruxelles, J.-H. Moreau.
•
BRABANT (Stéphane) – La Presse bruxelloise de langue française de 1830 à nos jours,
catalogue d’exposition. Bruxelles, Fondation Charles Plisnier, 1989.
•
CAMPION (Léo) – Le Drapeau noir, l’équerre et le compas, 2
ème
éd. Bruxelles, Maison
de la Solidarité et de la Fraternité, Éd. Alternative Libertaire, 1996.
•
CARDON (Roger) – Georges Lemmen (1865-1916) : monographie générale suivie du
catalogue raisonné de l'œuvre gravé. Anvers, Petraco-Pandora, 1990.
•
CARDON (Roger), BLOCK (Jane) – Georges Lemmen 1865-1916 : rétrospective
[exposition tenue au Musée d'Ixelles, du 24 avril au 13 juillet 1997]. Gand, Snoeck-Ducaju &
Zoon ; Bruxelles, Crédit communal de Belgique ; Anvers, Petraco-Pandora, Coll.
Monographies de l’art moderne, 1997.
•
CARRE DE MALBERG (Nathalie) – Table quadriennale du Mouvement Social (1971-
1974), supplément au Mouvement social n° 90, janvier-mars 1975. Paris, 1975.
198
•
CD-ROM « Encyclopaedia Universalis », 1996.
•
CD-ROM « L’Histoire 1970-1991» [interrogation des tables des matières de la revue],
[s.d.].
•
CD-ROM « Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français »,
Les Èditions de l’atelier, Les Èditions ouvrières, [s.d.].
•
CHAMBELLAND (C.) – « La correspondance de Jean Grave. Inventaire », in
L’Actualité de l’Histoire n° 24, pp. 40-44, n° 25, pp. 38-43, n° 27, pp. 38-42, n° 28, pp. 45-48.
Paris, Institut Français d’Histoire Sociale, juil.-sept. 1958, janv.-mars 1959, avril-juin 1959,
juil.-sept.1959.
•
Comité international des sciences historiques – Répertoire international des sources
pour l’étude des mouvements sociaux aux XIX
e
et XX
e
siècles, 3 vol. Paris, A. Colin, 1958-
1963.
•
COPPIN (Liévin) – Répertoire général de la presse belge, 2
ème
éd. Bruxelles, Imprimerie
et librairie de l'Union professionnelle de la presse, 1904.
•
CORRÊA (Jo
ã
o), avec la collab. de Léa Hall-Leroy – Catalogue des périodiques de la
bibliothèque [de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts de Belgique].
Bruxelles, Palais des Académies, 1982.
•
CULOT (Jean-Marie), FAYT (René), PRINS (Colette), et al. – Bibliographie des
écrivains français de Belgique 1881-1960. T. 1 A-Des (1881-1950), T. 2 Det-G (1881-1960), T.
3 H-L (1881-1960), T. 4 M-N (1881-1960), T. 5 O-Q (1881-1960). Bruxelles, Palais des
Académies, 1958-1988.
•
DAY (David A.) – Les Théâtres de Bruxelles au 18
ème
et 19
ème
siècles. Archives de
Bruxelles. Instruction publique.
•
DEBRUYN (Johan) – Inventaris van de papieren Marcel Dieu alias Hem Day.
Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1986.
199
•
DE GUBERNATIS (Angelo) – Dictionnaire international des écrivains du jour, T. 3.
Florence, Louis Niccolai, 1891.
•
DELSEMME (Françoise) – Les Littératures étrangères dans les revues littéraires belges
de langue française publiées entre 1885 et 1899 : Contribution bibliographique à l’étude du
cosmopolitisme en Belgique, 3 vol. Bruxelles, Commission belge de bibliographie, 1973-1974.
•
DEMOUSTIEZ (Christelle), MASCOLO (Tony) – Inventaire de la presse du Hainaut,
conservée dans la Musée International de la Presse (1
ère
série). Mons, Mundaneum, Collection
des inventaires n° 1, 1998.
•
DE SEYN (Eugène) – Dictionnaire des écrivains belges. Bio-bibliographie, 2 vol.
Bruges, Éditions « Excelsior », 1930-1931.
•
DESPY-MEYER (Andrée) – Inventaire des archives de l’Université Nouvelle de
Bruxelles (1894-1919). Bruxelles, ULB, 1973.
•
DEVILLERS (L.), MARSIGNY (A.) – « Bibliographie montoise, 142 notices sur des
imprimeurs montois », in Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des
Lettres du Hainaut, 2
e
et 3
e
séries, entre 1852 et 1871.
•
DREYFUS (Michel) – Guides des centres de documentation en histoire ouvrière et
sociale. Paris, Éditions Ouvrières, 1983.
•
DREYFUS (Michel) – Les Sources de l’histoire ouvrière et sociale en France. Paris,
Éditions Ouvrières, 1987.
•
EENOO (Romain van), VERMEERSCH (Arthur. J) – Bibliografisch repertorium van
de Belgische pers, 1789-1914 - Bibliographic guide to the Belgian press, 1789-1914 -
Bibliographisches Repertorium der belgischen Presse, 1789-1914 - Répertoire bibliographique
de la presse belge, 1789-1914, 2 vol. Leuven, Louvain, Éd. Nauwelaerts ; Paris, Éd. Béatrice-
Nauwelaerts, Coll. Cahiers (Centre interuniversitaire d'histoire contemporaine) n° 23, 74, 1962-
1973.
200
•
Ent’revues – 1
er
catalogue des revues culturelles. Paris, IMEC, 1991.
•
Ent’revues – 143 revues d’histoire & critique littéraire, de linguistique & de
bibliographie. Paris, Ent’revues, 2000.
•
FAURE (Sébastien) – Encyclopédie anarchiste, 4 vol. Paris, La Librairie Internationale,
1934.
•
FAUVEL-ROUIF (Denise), GAILLEMIN (Janine), SOWERWINE-MARESCHAL
(Marie-Aude), et al. – L’Anarchisme : catalogue de livres et brochures des XIX
e
et XX
e
siècles
- Anarchism : a catalogue of XIX
th
and XX
th
centuries books and pamphlets from different
countries, 2 vol. Paris, Munich, New York, Londres, K.G. Saur, 1982, 1993.
•
Fondation Universitaire de Belgique – Index des publications existant dans les
bibliothèques de la Belgique et Grand-Duché de Luxembourg, dressé par le Comité Permanent
des Bibliothèques Scientifiques de la Fondation Universitaire de Belgique. Bruxelles, Office de
Publicité, 1935.
•
GARDET (Georges) – Annuaire général de la presse belge, des principaux journaux
étrangers et des industries qui s’y rapportent 1909. Bruxelles, La Vie universelle, 1909.
•
GARDET (Georges) – Annuaire général de la presse belge, des principaux journaux
étrangers et des industries qui s’y rapportent 1910. Bruxelles, La Vie universelle, 1910.
•
GAUCHEZ (Maurice) – Le Livre des masques belges, 3 vol. Paris, Mons, Éd. de la
Société Nouvelle, 1909, 1910, 1911.
•
GOURMONT (Remy de) – Les Petites revues. Essai de bibliographie, préf. Remy de
Gourmont. Paris, Mercure de France, Édition de la revue biblio-iconographique, 1900.
•
HEM DAY – Bibliographie de Hem Day. Paris, Bruxelles, Éd. Pensée et Action, 1964.
•
HONDIUS (Henk) – Inventaire des archives des Éditions Marcel Rivière 1904-1986
[conservées à l’IISG d’Amsterdam], URL :
http://www.iisg.nl/archives/html/r/10773445.html
201
•
HOUZEAU (Jean-Charles) – Annuaire populaire de Belgique pour l’année 1885. Mons,
Imp. et libr. Hector Manceaux , 1885.
•
HOUZEAU (Jean-Charles) – Annuaire populaire de Belgique pour l’année 1886. Mons,
Imp. et libr. Hector Manceaux , 1886.
•
HUBLAU (Christian) – Répertoire analytique des revues littéraires belges de langue
française de 1830 à 1897. Travail de fin d’études. Section Bibliothécaire-documentaliste.
Bruxelles, IESSE, 1988.
•
Institut Émile Vandervelde – Répertoire de la presse conservée à la Bibliothèque de
l’Institut Émile Vandervelde, 2 vol. Bruxelles, Mémoire ouvrière, 1987.
•
Institut Français d’Histoire Sociale – Tables analytiques de « L’Actualité de l’Histoire »
[1950-1960]. Paris, Institut Français d’Histoire Sociale, [s.d.].
•
JOANNAUX (François) – Revues bibliographiques internationales et revues belges :
Mémoire présenté à l’École Provinciale de Bibliothécaires du Brabant, session 1955. Bruxelles,
Commission Belge de Bibliographie, 1958.
•
JOLY (Bertrand) – Dictionnaire biographique et géographique du nationalisme français
(1880-1900). Boulangisme, Ligue des patriotes, mouvements antidreyfusards, comité
antisémites. Paris, Honoré Champion, 1998.
•
JORDELL (D.), STEIN (Henri) – Répertoire bibliographique des principales revues
françaises pour l'année 1897. Paris, Nilsson, 1898.
•
KATZ (Bernard) – The Dan H. Laurence - Shaw Collection. Collection update. N° 11.
Guelph, University of Guelph Library, 1988.
•
LEENAERTS (Remy-Joseph) – De Periodieke drukpers in België : bronnen voor de
geschiedenis van de periodike drukpers van 1605 tot op heden – La Presse périodique en
Belgique. Sources pour l’histoire de la presse périodique en Belgique depuis 1605 à nos jours,
3 vol. Torhout, Flandria Nostra, 1987.
202
•
LEFÈVRE (Patrick) – Répertoire des journaux et périodique de l’arrondissement de
Mons (1786-1940). Louvain, Paris, Interuniversitair Centrum voor Hedendaagse Geschiedenis,
1980.
•
LEQUEUX (Charles) – La Jeune Revue Littéraire (décembre 1880 à novembre 1881) et
La Jeune Belgique (décembre 1881 à décembre 1897) : tables générales des matières établies
par Charles Lequeux, introd. par Joseph Hanse. Bruxelles, Palais des Académies, 1964.
•
LIEVIJNS (Luc) – Repertorium van de pers en periodieken bewaard op het AMSAB,
1831-1940. [s.l.], Archief en Museum van de Socialistische Arbeidersbeweging (AMSAB),
1994.
•
LOUANT (Armand), ARNOULD (M.A.) – Inventaire des archives de la commune de
Wasmes (Borinage). Mons, Archives de l’État de Mons, 1943.
•
MAITRON (Jean), dir. – Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 44
vol. T. 10 (A à Bou), T. 11 (Bou à Del), T. 13 (Gue à Mar). Paris, Les Éditions Ouvrières,
1964-1997.
•
MAKWARD (Christiane P.), COTTENET-HAGE (Madeleine), BECKER (Mary-
Helen), et al. – Dictionnaire littéraire des femmes de langue française, de Marie de France Ã
Marie Ndiaye. Paris, Éd. Karthala, 1996.
•
MATTHIEU (Ernest) – Biographie du Hainaut, 2 vol. Enghien, A. Spinet, 1902-1903.
•
MATTHIEU (Ernest), PONCELET (Edouard) – Les Imprimeurs montois.
Mons, Dequesne, 1913.
•
MATTHIEU (Ernest) – Les Journaux montois. Bruxelles, Association auxiliaire du
Musée international de la Presse, 1912-1913.
•
MICHAUX (Guy) – Catalogue des journaux et périodiques conservés aux Archives de
la Ville de Bruxelles – Catalogue van de dagbladen en tijdschriften bewaard op het Stadsarchief
van Brussel, 4 vol. Bruxelles, 1965, 1971.
203
•
Ministère des Sciences et des Arts, Bibliothèque Royale de Belgique – Les Lettres
belges d’expression française 1830-1930, exposition organisée avec l’appui de l’Académie
Royale de Langue et de Littérature Française. Bruxelles, [s.n.], 1930.
•
NETTLAU (Max) – Bibliographie de l’anarchie, préf. d'Elisée Reclus. Bruxelles,
Bibliothèque des « Temps Nouveaux » ; Paris, P.-V. Stock, 1897.
•
NICODÈME (Jacques) – Répertoire des inventaires des archives conservées en
Belgique, parus avant le 1
er
janvier 1969 – Repertorium van Inventarissen van Archieven in
België bewaard, verschenen voor 1 januari 1969. Bruxelles, Archives et Bibliothèques de
Belgique : Revue périodique de l’Association des Archivistes et Bibliothécaires, 1970.
•
PLACE (Jean-Michel), VASSEUR (André) – Bibliographie des revues et journaux
littéraires des XIX
e
et XX
e
siècles. Paris, Éditions de la chronique des lettres françaises, 1973.
•
PRÉPOSIET (Jean) – Histoire de l'anarchisme : bibliographie, index. [Paris],
Tallandier, 1993.
•
PREVOST (M.), D’AMAT (Roman), TRIBOUT DE MOREMBERT (Henri), dir., et al.
– Dictionnaire de biographie française, T. 10 (Dallier-Desplagnes), T. 12 (Dugueyt–Espigat-
Sieurac), T. 17 (Guéroult-Lapalière –Humann), Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1965-1989.
•
PUISSANT (Jean), dir. – Dictionnaire biographique des militants du mouvement
ouvrier belge. Bruxelles, Éditions Vie ouvrière, Coll. Histoire du mouvement ouvrier en
Belgique, 1995.
•
RENIER (Lionel) – Histoire des théâtres de Bruxelles depuis leur origine jusqu’à ce
jour. Paris, Éd. Duchartre & Van Buggenhoudt, 1928.
•
REUNIS (Robert) – Bibliographie bruxelloise. Bruxelles, Archives et Bibliothèques de
Belgique – Archief- en Bibliotheekwezen in België, 1994.
•
Revue Belge d’Histoire Contemporaine – Thematische inhoudstafel - Table des
matières thématique - Thematic table of contents, vol. 1-9 (1969-1979). Gand, Fondation Jan
204
Dhondt Stichting, 1980.
•
ROUSSELLE (Charles) – Biographie montoise au XIX
e
siècle. Mons, L. Desguin,
1900.
•
ROUSSELLE (Hippolyte) – Bibliographie montoise : annales de l'imprimerie à Mons
depuis 1580 jusqu'Ã nos jours. Mons, Masquillier et Lanius ; Bruxelles, Librairie polytechnique
d’A. Decq, 1858.
•
SARTORIUS (Francis) – Catalogue des journaux et périodiques conservés aux archives
de l’Université Libre de Bruxelles, T. 1 (A-K), T. 2 (L-Z), préf. de John Bartier. Bruxelles,
Université Libre de Bruxelles, Service des archives, 1973.
•
Service des Archives de l’Université Libre de Bruxelles – Exposition « Reflets de la vie
estudiantine à l’Université Libre de Bruxelles (presses et activités diverses) XIX-XX
e
s. »
[organisée sous le patronage du recteur de l’université et du président de l’Union des Anciens
Étudiants à l’Institut de sociologie, du 17 au 30 novembre 1973]. Bruxelles, ULB, 1973.
•
SERWY (Victor) – La Coopération en Belgique : dictionnaire biographique, T. 4. La
Vie coopérative. Bruxelles, Les propagateurs de la coopération, 1952.
•
VANDENBERGHE-ROBERT (Christiane) – Répertoire des périodiques littéraires
français de Belgique (Bibliothèque Royale de Belgique) 1830-1880. Mémoire présenté Ã
l’École Provinciale de Bibliothécaires du Brabant, session 1961. Bruxelles, Commission Belge
de Bibliographie, 1964.
•
VANDERSTRAETEN (Dominique) – Le Fonds Élisée Reclus à l’Université Libre de
Bruxelles. Essai de catalogue. Mémoire présenté à la Haute-École Paul-Henri Spaak en vue de
l’obtention du titre de bibliothécaire-documentaliste gradué. Bruxelles, IESSID, 1984.
•
VANDEVELDE (Ernest), dir.-admin. – Bibliographie de Belgique, journal officiel de la
librairie. Publié sous les auspices du Ministère des Sciences et des Arts et du Cercle Belge de la
Librairie et de l’Imprimerie. Avec le concours de l’Office International de Bibliographie.
Bruxelles, [s.n.], 1908.
205
•
VERMEERSCH (Arthur. J), GAUS (Helmut) – Répertoire de la presse bruxelloise -
Repertorium van de Brusselse pers, 1789-1914, T. 1 (A-K), T. 2 (L-Z), T. 3 (A-Z). Leuven,
Louvain, Éd. Nauwelaerts ; Paris, Éd. Béatrice-Nauwelaerts, Coll. Cahiers (Centre
interuniversitaire d'histoire contemporaine) n° 42, 50, 1965-1968.
•
VERVAECK (Solange) – Inventaris van het Fonds Raffin-Tholiard. Archief van het
Colinsiaans Socialisme. Bruxelles, AGR, 1987.
•
WILWERTH (Évelyne) – Neel Doff, 1852-1942 [catalogue d’une exposition organisée
à la Bibliothèque Royale, Chapelle de Nassau, du 9 mai au 20 juin 1992]. Bruxelles,
Bibliothèque Royale Albert 1
er
, 1992.
206
8.2 Monographies
La présentation des notices suit le modèle :
AUTEUR (Prénom) – Titre, Tomaison. Lieu d’édition,
Éditeur, Collection, Année d’édition.
•
ANCIAUX (Julie) – Le Théâtre naturaliste de 1887 à 1899, étude d’une réception
différenciée France-Belgique. Mémoire de licence présenté en vue de l’obtention du grade de
licenciée en Histoire Contemporaine, sous la dir. de Paul Aron. Bruxelles, ULB, 1999.
•
ANGENOT (Marc) – 1889, un état du discours social. Longueuil, Québec, Le
préambule, Coll. L’univers des discours, 1989.
•
ANGENOT (Marc) – Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours
social, préf. de Madeleine Rebérioux. Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 1989.
•
ANGENOT (Marc) – Colins et le socialisme rationnel. Montréal, Presses de l’université
de Montréal, 1999.
•
[Anonyme] – Histoire du livre et de l’imprimerie en Belgique des origines à nos jours,
quatrième partie. Bruxelles, Le Musée du Livre, Coll. des publications du Musée du Livre,
1925-1926.
•
ARON (Paul) – La Belgique artistique et littéraire : une anthologie de langue française,
1848-1914. Textes réunis et prés. par Paul Aron ; avec la collab. de Jacques Aron, Isabelle
Dumont et Roland Van der Hoeven. Bruxelles, Éd. Complexe, 1997.
•
ARON (Paul) – Les Écrivains belges et le socialisme (1880-1913) : l'expérience de l'art
social, d’Edmond Picard à Émile Verhaeren, 2
ème
éd. Bruxelles, Ed. Labor, Coll. « Archives du
207
futur », 1997.
•
ARON (Paul) – Encyclopédie de la philologie romane. Partie littéraire, 6
ème
éd.
Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles (PUB), 2001.
•
ARON (Paul) – La Littérature prolétarienne en Belgique francophone depuis 1900.
Bruxelles, Éd. Labor, 1995.
•
ARON (Paul) – Littérature et socialisme : Georges Eekhoud et Émile Verhaeren dans
l'expérience belge de l'art social (1880-1914). Thèse de doctorat. Bruxelles, Université Libre de
Bruxelles, 1984.
•
BEAURENT (Olivier) – Les Congrès de la presse belge avant 1914. Bruxelles,
Université Libre de Bruxelles, 1990.
•
BERTRAND (Louis) – César De Paepe, sa vie, son œuvre. Bruxelles, Librairie de
l’Agence Dechenne, 1909.
•
BERTRAND (Louis) – Histoire de la démocratie et du socialisme en Belgique depuis
1830, 2 vol. Bruxelles, Dechenne & Cie ; Paris, Edouard Cornély & Cie, 1907.
•
Bibliothèque de l’ULB – L’Université Libre de Bruxelles et les écrivains français de
Belgique. Catalogue de l’exposition organisée par la bibliothèque de l’université du 19 au 30
mars 1977. Bruxelles, ULB, 1977.
•
BLOCK (Jane) – Belgium, the golden decades, 1880-1914. New York, Lang New York
(N.Y.), Coll. Belgian francophone library n° 3, 1997.
•
BLOCK (Jane) – Les XX and Belgian Avant-Gardism, 1868-1894. Ann Arbor
(Michigan), UMI Research Press, 1984.
•
BOISSON (Marius) – Les Attentats anarchistes sous la troisième République. Paris, Éd.
de France, Coll. Marianne, 1931.
208
•
BRAET (Herman) – L’Accueil fait au symbolisme en Belgique 1885-1900,
Contribution à l’étude du mouvement et de la critique symboliste. Bruxelles, Académie Royale
de Langue et de Littérature Françaises, Palais des Académies, 1967.
•
BROUEZ (Fernand) – Études sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires :
1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve Monnom, 1901.
•
BROUEZ (Jules) – Études de science sociale : chroniques et critiques philosophiques,
préf. de Jules Putsage. Bruxelles, Imprimerie veuve Monnom, 1897.
•
BROUEZ (Prosper) – Une colonie belge dans l'Amérique Centrale, ou Relation du
voyage et du séjour de M. P. Brouez à Santo-Thomas de Guatemala. Mons, A. Lelouchier,
1846.
•
BROUWEZ (Céline) – Le Mouvement Littéraire (1892-1894) : Revue Littéraire,
Critique et Documentaire. Mémoire présenté sous la direction de Monsieur Paul Aron en vue
de l’obtention du titre de licenciée en Philologie Romane. Bruxelles, ULB, 1999.
•
BURNIAUX (Constant) – Louis Piérard. Bruxelles, L’Églantine ; La Louvière : Impr.
coop. ouvrière, 1930.
•
CAILLARD (Maurice), FOROT (Charles) – Les Revues d’avant-garde : 1870-1914.
Enquête de MM. Maurice Caillard et Charles Forot, avant-propos, notice bibliographique et
index par Olivier Corpet et Patrick Fréchet, [rééd. de l’enquête par questionnaire parue dans
Belles-Lettres n°62-66 de décembre 1924, contient les réponses de 71 animateurs ou
collaborateurs de revues]. Paris, Place, Coll. Ent’revues, 1990.
•
CHARLIER (Gustave), HANSE (Joseph) – Histoire illustrée des Lettres française de
Belgique. Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1958.
•
CORNELL (Kenneth) – The Symbolist movement. New Haven, Yale University Press ;
Paris, Presses Universitaires de France, 1951.
•
CUVELLIEZ (N.) – Deux siècles de maçonnerie montoise, recueil d’études historiques.
209
Mons, La Parfaite Union, 1959.
•
DÉCAUDIN (Michel) – La crise des valeurs symbolistes : 20 ans de poésie française :
1895-1914. Toulouse, Privat, 1960.
•
DEFOORT (Eric) – Neel Doff, leven na Keetje Tippel. Anvers, Hadewijch, 1993.
•
DEGEE (Jean-Luc) – Le Mouvement d’éducation ouvrière : évolution de l’action
éducative et culturelle du mouvement ouvrier socialiste en Belgique (des origines à 1940).
Bruxelles, Vie Ouvrière, Coll. Histoire du mouvement ouvrier en Belgique n° 9, 1986.
•
DEGREEF (Guillaume) – L’Ère de la mondialité : Éloge d’Élie Reclus. Discours
prononcé le 31 octobre à la séance de rentrée. Bruxelles, Université Nouvelle, 1904.
•
DELSEMME (Paul) – Les Grands courants de la littérature européenne et les écrivains
belges de langue française : Recueil d’études, préf. de Charles Bertin. Bruxelles, Émile Van
Balberghe Libraire, Bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles, 1995.
•
DELSEMME (Paul), MORTIER (Roland), DETEMMERMAN (Jacques) – Regards sur
les lettres françaises de Belgique, études dédiées à la mémoire de Gustave Vanwelkenhuyzen et
publiées par Paul Delsemme, Roland Mortier et Jacques Detemmerman. Bruxelles, André De
Rache, 1976.
•
DE MEUR (Jean) – L’Anarchisme en Belgique ou la contestation permanente, préf. de
Henri Simonet. Bruxelles, Éd. Pierre De Meyère, 1970.
•
DE POTTER (Louis) – Souvenirs intimes. Retour sur ma vie intellectuelle et le peu
d’incidents qui s’y rattachent, 1786-1856. Bruxelles, Imprimerie Veuve Monnom, 1900.
•
DERUETTE (Serge) – Contestation ouvrière et encadrement socialiste dans la Belgique
du XIX
e
au milieu du XX
e
siècle. Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 1990.
•
DESPY-MEYER (Andrée), GOFFIN (Pierre) – Liber memorialis de l’Institut des
Hautes Études de Belgique fondé en 1894. Bruxelles, Institut des Hautes Études de Belgique,
210
Service des archives de l’Université Libre de Bruxelles, 1976.
•
DESTRÉE (Jules), VANDERVELDE (Émile) – Le Socialisme en Belgique. Paris, V.
Giard & É. Brière, 1898.
•
DHONDT (Jan) – Geschiedenis van de socialistische arbeidersbeweging in België.
Anvers, Ontwikkeling Antwerpen, 1960.
•
DOFF (Neel) – Contes farouches. [s.l.], Plein chant, Coll. Voix d’en bas, 1981.
•
DOFF (Neel) – Keetje, préf. de Marie Denis, lect. de Madeleine Frédéric. Bruxelles,
Labor, Coll. Espace Nord n° 42, 1987.
•
DU BLED (Victor) – Le Salon de la « Revue des Deux Mondes ». Paris, Librairie
Bloud et Gay, 1930.
•
DUMONT-WILDEN (Louis) – Souvenirs littéraires 1895-1914. Bruxelles, Palais des
Académies, Coll. Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, 1953.
•
FONTAINAS (André) – Mes souvenirs du symbolisme. Paris, La Nouvelle Revue
Critique, 1928.
•
FRICKX (Robert), JOIRET (Michel) – La Poésie française de Belgique. Paris, Fernand
Nathan. Bruxelles, Éd. Labor, 1977.
•
GAUCHEZ (Maurice) – Cours de littérature française de Belgique, 2 vol. Bruxelles,
L’étoile, 1944.
•
GOBLET D’ALVIELLA, (comte) – L’Université de Bruxelles pendant son troisième
quart de siècle, 1884-1909. Bruxelles, M. Weissenbruch, 1909.
•
GODDERIS (Valérie) – La Littérature féminine belge du dix-neuvième siècle et début
du vingtième siècle. Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 1993.
211
•
GORCEIX (Paul) – La Belgique fin de siècle : Georges Eekhoud, Camille Lemonnier,
Maurice Maeterlinck, Georges Rodenbach, Charles Van Lerberghe, Émile Verhaeren, Romans
- Nouvelles – Théâtre. Bruxelles, Éd. Complexe, Bibliothèque Complexe, 1997.
•
GORCEIX (Paul) – Fin de siècle et symbolisme en Belgique, œuvres poétiques :
Théodore Hannon, Iwan Gilkin, Émile Verhaeren, Maurice Maeterlinck, Georges Rodenbach,
Charles Van Lerberghe, Max Elskamp, Albert Mockel, 2
ème
éd. Bruxelles, Éd. Complexe,
Bibliothèque Complexe, 1998.
•
GOURMONT (Remy de) – La Belgique littéraire, 2
ème
éd. Paris, Éd. Georges Crès &
Cie, 1915.
•
GRAVE (Jean) – Le Mouvement libertaire sous la 3ème République. Paris, Œuvres
représentatives, 1930.
•
GUILLOUX (Louis) – L’Herbe d’oubli. Paris, Gallimard, 1984.
•
G
Å
NTHER (Lucie) – Arthur James. Travail de fin d’année pour le cours de Méthodes
Bibliographiques et Documentaires de Jean Puissant et Sven Steffens donné en 2
ème
candidature
en journalisme à l’ULB. Bruxelles, [copie à la Réserve Précieuse de l’ULB], 2000.
•
HANLET (Camille) – Les Écrivains belges contemporains de langue française, 1800-
1946, 2 vol. Liège, H. Dessain , 1946.
•
HANSE (Joseph) – Naissance d'une littérature. Bruxelles, Éd. Labor, 1992.
•
HASQUIN (Hervé), DECOURTY (Willy), UYTTERBROUCK (André) – ULB à la une
: la Belgique et l’Université Libre racontées par la presse. Bruxelles, Le Cri, 1988.
•
HELLEMANS (Jacques) – La Vitalité de l’édition bruxelloise au 19
ème
siècle.
Catalogue de l’exposition organisée par la Bibliothèque principale de Bruxelles 1. Avec la
collab. de la Société Royale des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique et du Centre de
l’Édition et de l’Imprimé Contemporains (CEDIC), et le soutien de la COCOF. Bruxelles,
CeMPA – Instruction publique – Ville de Bruxelles, 1996.
212
•
HEM DAY – La Société Nouvelle, L’Humanité Nouvelle. Marseille, Fédération
anarchiste, Commission d’histoire, 1969.
•
HERBERT (Eugenia) – The Artist and social reform in France and Belgium, 1885-
1898. New Haven, Yale University Press, Yale historical publications, Miscellany 74, 1961.
•
HUGENTOBLER (Adolphe) – Dialogues des morts entre Proudhon et Colins.
Neuchatel, Guillaume, 1867.
•
Humanité Nouvelle (L’) – Mémoire au sujet de L’Humanité Nouvelle (A. Hamon
contre Schleicher frères). Paris, Éd. de l’Humanité Nouvelle, 1901.
•
IRESON (J.C.) – L’Œuvre poétique de Gustave Kahn (1859-1936). Publié avec le
concours de l’Université de Leeds et du Centre National de la Recherche Scientifique. Paris,
A.-G. Nizet, 1962.
•
JAGO-ANTOINE (Véronique), QUAGHEBEUR (Marc), VERHEGGEN (Jean-Pierre)
– Un pays d'irréguliers. Bruxelles, Éd. Labor, 1990.
•
JAMES (Arthur) – À travers la morale. Honnête, plus qu’honnête. Bruxelles, Impr.
Veuve Monnom, 1889.
•
JAMES (Arthur) – Toques et robes : Esquisses judiciaires. Ill. par Amédée Lynen, sur
papier de Hollande. Bruxelles, Éd. Ferdinand Larcier, 1885.
•
JANSSEN (Dries) – Neel Doff. [s.d.], Coll. Limburgse monografieen van het « Lambert
Swerts Fonds », 1994.
•
JULLIARD (Jacques) – Fernand Pelloutier et les origines du syndicalisme d’action
directe. Paris, Seuil, Coll. Point Histoire, 1985.
•
KAHN (Armand) – Le Théâtre social en France de 1870 à nos jours. Thèse présentée Ã
l’Université de Berne, en décembre 1905, pour l’obtention du grade de Docteur ès lettres. Paris,
Fischbacher, 1907.
213
•
LALOUETTE (Jacqueline) – La Libre pensée en France, 1848-1940, préf. Maurice
Agulhon. Paris, Albin Michel, Coll. « Bibliothèque Albin Michel », 1997.
•
LANI-BAYLE (Martine) – Écrire une recherche : mémoire ou thèse, 2
ème
éd. Lyon,
Chronique sociale, 2002.
•
LEBRUN (Gaston) – Grandes figures de la Belgique indépendante 1830-1930.
Bruxelles, A. Bieleveld, 1930.
•
LEHMANN (Andrew George) – The Symbolist aesthetic in France, 1885-1895, 2
ème
éd.
Oxford, B. Blackwell, 1968.
•
LICHTENBERGER (André) – Le Socialisme utopique, études sur quelques précurseurs
inconnus du socialisme. Genève, Slatkine Reprints, 1978.
•
LIEBMAN (Marcel) – Les Socialistes belges, 1885-1914. La révolte et l’organisation.
Bruxelles, Éd. Vie Ouvrière, Coll. Histoire du mouvement ouvrier en Belgique n°3, 1979.
•
LUC (Anne-Françoise) – Le Naturalisme belge. Bruxelles, Éd. Labor, 1990.
•
MAHIEU-HOYOIS (F.) – L’Évolution du mouvement socialiste borain (1885-1895).
Louvain, Paris, Cahier C.I.H.C. n° 68, 1972.
•
MAITRON (Jean) – Histoire du mouvement anarchiste en France (1880-1914). Paris,
Société Universitaire d’Édition et de Librairie (SUDEL), 2
ème
éd., 1955.
•
MAITRON (Jean) – Le Mouvement anarchiste en France, 2 vol., 3
ème
éd. [1
ère
et 2
ème
éd. chez François Maspero], rééd. de Histoire du mouvement anarchiste en France (1880-1914),
revue et corrigée. Paris, Gallimard, Coll. Tel, 1992.
•
MARICOURT (Thierry) – Histoire de la littérature libertaire en France. Paris, Albin
Michel, 1990.
•
MATHEWS (Andrew Jackson) – La Wallonie, 1886-1892, the symbolist movement in
214
Belgium. New York, King’s Crown press New-York, 1947.
•
MAYNÉ (Marc) – Eugène Hins, une grande figure de la Première Internationale en
Belgique. Bruxelles, Académie Royale de Belgique, Coll. Classe des lettres, 1994.
•
MERCIER (Alain) – Les sources ésotériques et occultes de la poésie symboliste (1870-
1914), 2 vol. Paris, A.G. Nizet, 1969-1974.
•
MESNIL (Jacques), pseud. Jean-Jacques Dwelshauvers – Le Mouvement anarchiste.
Bruxelles, Bibliothèque des Temps nouveaux n° 9, 1897.
•
MICHAUX (Marianne) – Entre politique et littérature : les écrivains belges du réel
(1850-1880). Bruxelles, Université Libre de Bruxelles, 1997.
•
MOULAERT (Jan) – Le Mouvement anarchiste en Belgique, trad. par Sophie Haupert.
Louvain-La-Neuve, Quorum, 1996.
•
MOULAERT (Jan) – De Vervloekte staat. Anarchisme in Frankrijk, Nederland en
België, 1890-1914. Berchem, EPO, 1981.
•
NATAF (André) – La Vie quotidienne des anarchistes en France, 1880-1910.
Paris, Hachette, 1986.
•
NAUTET (Francis) – Histoire des lettres belges d’expression française, T. 1. Bruxelles,
Charles Rozez, Bibliothèque belge des connaissances modernes, 1892-1893.
•
NETTLAU (Max) – Histoire de l’anarchie, trad. par Martin-Zemliak. [Paris], Éd. du
Cercle, Éd de la Tête de Feuilles, 1971.
•
NOËL (Francine) – 1894 : l’Université Libre de Bruxelles en crise, préf. de Jean
Stengers, introd. par Andrée Despy-Meyer. Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, Coll.
du Service des Archives de l’ULB, 1988.
•
NOËL (Jules) – L’Athéisme, base rationnelle de l’ordre. Paris, Éd. de la Société
215
Nouvelle, Marcel Rivière ; Mons, Imprimerie Générale, 1910.
•
NOËL (Jules) – Un philosophe belge, Colins (1783-1859), avec un portrait. Mons,
Paris, Éd. de la Société Nouvelle, 1909.
•
O’SQUARR (Flor), pseud. Flor Charles et Oscar Charles – Coulisses de l’anarchie.
Paris, Savine, 1892.
•
PESSIN (Alain), DURAND (Gilbert) – La Rêverie anarchiste (1848-1914). Librairie
des méridiens. Lyon, ACL (Atelier de Création Libertaire), 1999.
•
PIÉRARD (Christiane), PLISNIER (René), DI RUPO (Elio) – Impressions montoises :
une histoire de l'imprimerie de 1580 à nos jours [ouvrage publié à l'occasion de l'exposition à la
Salle Saint-Georges du 5 au 27 mai 2001 Ã Mons]. Mons, Imp. de Bruxelles, 2001.
•
PIERSON-PIÉRARD (Marianne) – Neel Doff, par elle-même. Bruxelles, Éd. ESSEO,
1964.
•
PLUET-DESPATIN (Jacqueline), LEYMARIE (Michel), MOLLIER (Jean-Yves) – La
Belle Époque des revues, 1880-1914. [Actes du colloque tenu à l'Abbaye d'Ardenne à Caen du
20 au 22 janvier 2000]. Paris, IMEC, Coll. In Octavo, 2002.
•
PROCHASSON (Christophe) – Les Années électriques, 1880-1910. Paris, La
Découverte, Coll. Textes à l’appui, 1991.
•
PROCHASSON (Christophe) – Les Intellectuels, le socialisme et la guerre, 1900-1938,
préf. de Madeleine Rebérioux. Paris, Éd. du Seuil, Coll. L’univers historique, 1993.
•
PUISSANT (Jean) – L’Évolution du mouvement ouvrier socialiste dans le Borinage.
Bruxelles, Académie Royale de Belgique, Coll. Mémoires de la classe des lettres, 1982
[réimpression anastatique avec postface en 1993].
•
QUAGHEBEUR (Marc) – Lettres belges : entre absence et magie. Bruxelles, Ed.
Labor, Coll. Archives du futur, 1990.
216
•
QUAGHEBEUR (Marc), SAVY (Nicole) – France - Belgique : 1848 – 1914. Affinités,
ambiguïtés : actes du colloque des 7, 8 et 9 mai 1996. Bruxelles, Ed. Labor, Coll. «Archives du
futur », 1997.
•
RENS (Ivo) – Anthologie socialiste colinsienne. Neuchâtel, Éd. de la Baconnière, 1970.
•
RENS (Ivo) – Introduction au socialisme rationnel de Colins. Neuchâtel, Éd. de la
Baconnière, Coll. Langages, 1968.
•
RENS (Ivo) – Sismondi vu par Colins. Genève, Slatkine, 1976.
•
RENS (Ivo), OSSIPOW (William), avec la collab. de Michel Brélaz et Ivan Muller –
Histoire d’un autre socialisme : l’école colinsienne. Neuchâtel, Éd. de la Baconnière, 1979.
•
ROBERT-JONES (Philippe), dir., ARON (Paul), DIERCKENS (Françoise), et al. –
Bruxelles fin de siècle. Paris, Flammarion, 1994.
•
SCHANER (Alfred) – Contributions à l'histoire du mouvement anarchiste en Belgique
de 1880 à 1894. Mémoire de licence en histoire, dir. par G. Jacquemyns. Bruxelles, ULB, 1965.
•
Société des Études Colinsiennes – Sciences et anthropologie : actes du Colloque Colins
de Ham [organisé à l’Université de Mons-Hainaut le 9 décembre 1983, à l’occasion du
bicentenaire de sa naissance]. Toulouse, Université de Toulouse-Le Mirail, 1985.
•
STERNHELL (Zeev) – La Droite révolutionnaire, 1885-1914. Les origines françaises
du fascisme. Paris, Seuil, Coll. Points Histoire, 1978.
•
SZTEJNBERG (Maxime) – Un aspect du ralliement de la classe ouvrière à l'action
politique. La constitution du Parti Ouvrier Belge (POB) 1885-1886. Bruxelles, Université Libre
de Bruxelles, 1961.
•
STEVENS (Mary Anne), HOOZEE (Robert), dir. – De l’impressionnisme au
symbolisme : l’avant-garde belge 1880-1900. Anvers, Pandora ; Londres, Royal Academy of
Arts de Londres, 1994.
217
•
THIOULOUSE, (Jean) – Jean Grave (1854-1939), journaliste et écrivain anarchiste, 3
vol. Thèse de doctorat (nouveau doctorat) en Études littéraires, histoire et sémiologie du texte
et de l'image. Dir. Roger Dadoun. Paris, Université de Paris VII Denis Diderot, 1994.
Villeneuve d'Ascq, Presses du Septentrion, 2000.
•
TROUSSON (Raymond) – La Légende de la Jeune Belgique. Bruxelles, Académie
Royale de Langue et de Littérature Françaises, Coll. Histoire Littéraire, 2000.
•
TROUSSON (Raymond) – Les Relations littéraires franco-belges de 1890 à 1914
[colloque organisé par la Société d'étude des lettres françaises de Belgique à l'Université libre
de Bruxelles le 22 octobre 1983]. Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 1984.
•
UYTTEBROUCK (André), DESPY-MEYER (Andrée) – Les Cent-cinquante ans de
l’Université Libre de Bruxelles (1834-1984). Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 1984.
•
VALOIS (Georges) – D’un siècle à l’autre, chronique d’une génération : 1885-1920.
Paris, Nouvelle Librairie internationale, 1921.
•
VANDERKINDERE (Léon) – L’Université de Bruxelles, notice historique faite à la
demande du Conseil d’administration. Bruxelles, P. Weissenbruch, 1884.
•
VAN GENECHTEN (Guido) – La Société Nouvelle 1907-1914 : het linkse pluralisme
van een colinsistisch tijdschrift. Leuven, KUL, 1983.
•
VANWELKENHUYZEN (Gustave) – L’Influence du naturalisme français en Belgique
de 1875 à 1900 [mémoire couronné et publié par l’Académie Royale de Langue et de
Littérature Française]. Liège, Vaillant-Carmanne ; Bruxelles, La Renaissance de Livre, 1930.
•
VERHAEREN (Émile) – Écrits sur l’art (1881-1892). Édités et prés. par Paul Aron,
Bruxelles, Ed. Labor, 1997.
•
VERLINDEN (Els) – La Société Nouvelle 1884-1897 : een doorbraakpoging van de
colinsistische beweging. Leuven, KUL, 1982.
218
•
VERMEULEN (François) – Edmond Picard et le réveil des lettres belges 1881-1888.
Bruxelles, Palais des Académies ; Liège, Vaillant-Carmanne, 1935.
•
WEISGERBER (Jean), VERVLIET (Raymond), KLINKENBERG (Jean-Marie), et al.
– Les Avant-gardes littéraires en Belgique : au confluent des arts et des langues (1880-1950).
Bruxelles, Éd. Labor, 1991.
•
WILWERTH (Évelyne) – Neel Doff. Bruxelles, Pré aux Sources, Éd. Bernard Gilson,
1992.
•
WINOCK (Michel) – Le Socialisme en France, XIX
e
-XX
e
siècle. Paris, Éd. du Seuil,
Coll. Points Histoire, 1992.
•
WOUTERS (Liliane), BOSQUET (Alain) – La Poésie francophone de Belgique, 3 vol.
T. 1 (1804-1884), T. 2 (1885-1900). Bruxelles, Èd. Traces, 1985-1992.
219
8.3 Articles et parties d’ouvrages collectifs
Ici sont repris les articles issus de périodiques (même si l’« article »,
exceptionnellement, occupe tout un numéro) et d’actes de colloques ou de recueils.
Le modèle de présentation appliqué est le suivant :
•
AUTEUR (Prénom) – « Titre », in Périodique n° X,
Tomaison (facult.), fasc. X (facult.). Lieu d’édition, Éditeur
(facult.), date, pp. x-x.
•
ANGENOT (Marc) – « Colins ou le socialisme rationnel », in Tangence n° 57. Montréal,
Université du Québec, mai 1998, pp. 111-118.
•
ANGENOT (Marc) – « "Un juif trahira" : la préfiguration de l’Affaire Dreyfus, ou la fin de
l’anarchisme », in Romantisme, Revue du Dix-neuvième Siècle. Littérature – Arts – Sciences –
Histoire n° 87 (numéro spécial « Fins de siècle ») , janvier-mars 1994, pp. 87-114.
•
[Anonyme] – [article n° 3566], in Bulletin Critique d’Histoire de Belgique et du Grand-
Duché de Luxembourg 1973-1975 n° 201. Gand, Studia Historica Gandensia, uit de seminaries
voor geschiedenis van de Rijksuniversiteit te Gent, 1976, p. 287.
•
[Anonyme] – « À nos lecteurs », in La Société Nouvelle n° 1. Mons, Paris, juillet 1907,
pp. 5-7.
•
[Anonyme] – « Appel aux employés », in La Mistoufle : Organe Communiste
Anarchiste n°2, 12 novembre 1893, reproduit à l’URL :
http://bibliolib.net/Mistoufe02.htm
.
•
[Anonyme] – « Bruxelles : cours de M. Élisée Reclus », in La Revue Universitaire
1893-1894. Bruxelles, ULB, 1894.
220
•
[Anonyme] – « Charles-Albert », in MAITRON (Jean) – Dictionnaire biographique du
mouvement ouvrier français, T. 11 (Bou à Del). Paris, Les Éditions Ouvrières, 1973, pp. 172-
173.
•
[Anonyme] – « Conférences de M. A. James à l’Als ik kan », in Le Mouvement
Littéraire, Revue Littéraire, Critique & Documentaire n° 9. Bruxelles, 8 juin 1892, p. 74.
•
[Anonyme] – [Notice nécrologique de Fernand Brouez], in L’Étoile Belge, 9 juillet
1900, repris dans BROUEZ (Fernand) – Études sociales, critiques philosophiques, chroniques
littéraires : 1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve Monnom, 1901, pp. 325-326.
•
[Anonyme] – « La Paix universelle… », in La Société Nouvelle n° 1. Mons, novembre
1884, pp. 1-2.
•
[Anonyme] – « Publication socialiste », in La Philosophie de l’Avenir T. 1, 1884-1885,
pp. 231-232.
•
[Anonyme] – « La Société Nouvelle », in La Société Nouvelle n° 1. Mons, Paris, juillet
1910, pp. 105-108.
•
[Anonyme] – « Toques et robes, esquisses judiciaires, par Arthur James », in L’Art
Moderne, 1885, p. 217.
•
[Anonyme] – « Tribunal de commerce de la Seine, présidence de M. Buttner, audience du 4
juillet 1901 » [publication des attendus et du jugement du procès opposant A. Hamon à l’éditeur
Schleicher frères], in La Gazette des Tribunaux : Journal de Jurisprudence et des Débats
Judiciaires n° 23034, 76
ème
année, 1901.
•
APFELBAUM (Erika), LUBEK (Ian) – « Augustin Hamon, aux origines de la
psychologie sociale française », in Recherches de Psychologie Sociale n°4. 1982, pp. 35-48.
•
APFELBAUM (Erika), LUBEK (Ian) – « Les "Études de Psychologie sociale" de
Augustin HAMON », in Hermès : Cognition, Communication, Politique n° 5-6. Paris, Éditions
du CNRS, 1989, pp. 67-82.
221
•
ARON (Paul) – « Demolder (Eugène) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1.
Bruxelles, Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
1985, col. 396-402.
•
ARON (Paul) – « Les Revues littéraires en Belgique francophone, 1
ère
partie : 1880-
1914 », in La Revue des Revues : Revue Internationale d’Histoire et de Bibliographie - The
Periodical : International Journal for the History and Bibliography of Periodicals n°10. Paris,
hiver 1990-1991, pp. 54-60.
•
ARON (Paul) – « Les Revues littéraires, média privilégié de l'identité culturelle ? », in
L'Identité culturelle de la Belgique et de la Suisse francophones. Actes du colloque
international de Soleure. Paris, juin 1993, pp. 108-120.
•
ARON (Paul) – « Socialisme, surréalisme et avant-garde entre les deux guerres », in
Toudi n° 4. Quenast, Centre d'études wallonnes, 1990 [aussi présent à l’URL :
http://www.toudi.org/cultur/surreal.html
].
•
ARON (Paul) – « La Vie intellectuelle en Belgique à la fin du XIX
e
siècle », in Cent ans
de l’Office international de bibliographie, 1895-1995 : les prémisses du Mundaneum. Mons,
Mundaneum, 1995.
•
AUBÉRY (Pierre) – « L’Anarchisme des littérateurs au temps du symbolisme », in Le
Mouvement Social n°69, octobre-décembre 1969 [version abrégée du texte paru la même
année, in Pour une lecture ouvrière de la littérature, Les Éditions Syndicalistes]. Paris, pp. 21-
34.
•
BARONIAN (Jean-Baptiste) – « Revues d’avant-garde », in Le Magazine Littéraire n°
409, mai 2002, p. 8.
•
BARRÈS (Maurice) – « La Querelle des nationalistes et des cosmopolites », in Le
Figaro n° 186, 2
ème
série. Paris, lundi 4 juillet 1892, p. 1.
•
BEAUCOUR (Fernand) – « Un Belge au service de l’Empire : Colins de Ham : ses
souvenirs des Cents [sic] jours… », in Société Belge des Études Napoléoniennes. Bulletin. T.
222
23, n° 84. Bruxelles, 1973.
•
BERGER (Octave) – « "Le Socialisme rationnel", résumé en quelques mots du
socialisme de Colins », in La Question Sociale : Bulletin Périodique du Socialisme Rationnel
n° 4. Bruxelles, 1895.
•
BERGER (Octave) – « Un peu d’histoire du socialisme rationnel », in La Philosophie
de l’Avenir, T. 21. Paris, 1895-96, pp. 172-189, 415-427, 533-546 ;
T. 22, Paris, 1896-97, pp. 23-38, 187-201, 260-269, 297-314, 430-446 ;
T. 23. Paris, 1897-98, pp. 45-60, 97-110 ;
T. 24. Paris, 1898-99, pp. 14-28, 240-249, 549-556 ;
T. 25. Paris, 1899-00, pp. 647-670.
•
BIANCO (René) – « Où en est l’histoire de l’anarchisme ? », in Le Mouvement Social
n° 144, supplément. Paris, Les Éditions Ouvrières, octobre 1988, pp. 45-54.
•
BOGHAERT-VACHÉ (Arthur) – « La Presse belge depuis 1820 », in Annuaire illustré
de la presse belge, 1910-1911. Bruxelles, [s.n.], 1910, pp. 84-95.
•
BONNET (Henri) – « Mme Jules Brouez, notice nécrologique », in La Société Nouvelle
n° 5. Mons, Paris, novembre 1909, pp. 192-195.
•
BORDE (Frédéric) – « Jules Brouez, un penseur inconnu », in L’Humanité Nouvelle
n°31. Mons, janvier 1900, pp. 50-61.
•
BORDE (Frédéric) – « Vingt-cinq ans après », in La Philosophie de l’Avenir. Bruxelles,
1899-1900, pp. 611-637.
•
BRAET (Herman) – « Revues littéraires belges parues entre 1885 et 1900. Essai de
bibliographie », in L’Accueil fait au symbolisme en Belgique 1885-1900, Contribution à l’étude
du mouvement et de la critique symboliste. Bruxelles, Académie Royale de Langue et de
Littérature Françaises, Palais des Académies, 1967, pp. 177-184.
•
BROUEZ (Fernand) – « Le Socialisme rationnel à l’Université de Bruxelles », in La
223
Philosophie de l’Avenir, T. 7. Paris, 1881-82, pp. 94-104.
•
BROUEZ (Victorine) – « Jules Brouez » [notice nécrologique], in La Philosophie de
l’Avenir, T. 25. Paris, 1899-00, pp.207-213.
•
CAMBY (José) – « La Presse belge d’autrefois », in Bulletin officiel de l’Union de la
presse périodique belge n°4, T. 34. Juillet 1925, pp. 111-114.
•
CARDON (Roger) – « À propos de Georges Lemmen, quelques précisions nouvelles », in
Le Livre et l’Estampe : Revue Semestrielle de la Société Royale des Bibliophiles et Iconophiles de
Belgique, T. 39, n° 139, 1993, pp. 65-90.
•
COLIN (René-Pierre) – « Un éditeur naturaliste : Albert Savine (1859-1927) », in Les
Cahiers Naturalistes n°74, T. 46. Paris, Société littéraire des amis d’Émile Zola, Grasset, 2000,
pp. 263-270.
•
DELSEMME (Paul) – « Léon Cladel et les lettres françaises de Belgique », in Les
Relations littéraires franco-belges de 1890 à 1914. Bruxelles, Ed. de l’Université de Bruxelles,
publié avec le concours du Ministère de la Communauté française, 1984, pp. 41-64.
•
DELSEMME (Paul) – « Le Message doctrinal du Symbolisme français », in Revue de
l’Université de Bruxelles n°3-4 (« Le Mouvement symboliste en littérature »). Bruxelles, 1974,
pp. 264-281.
•
DELSEMME (Paul) – « Le Mouvement naturaliste dans le cadre des relations littéraires
entre la France et la Belgique francophone », in DELSEMME (Paul), TROUSSON (Raymond)
– Le Naturalisme et lettres françaises de Belgique. Bruxelles, Editions de l'Université de
Bruxelles, 1984, pp. 7-72.
•
DELSEMME (Paul) – « La Querelle du cosmopolitisme (1885-1905) », in JOST
(François) – Actes du IV
e
Congrès de l’Association Internationale de Littérature Comparée,
Fribourg 1964 – Proceedings of the IVth Congress of the International Comparative Literature
Association. La Haye, Paris, Mouton & Co, 1966, pp. 43-49.
224
•
DELSEMME (Paul) – « La Querelle du cosmopolitisme (1885-1905) », in Teodor de
Wyzewa et le cosmopolitisme en France à l’époque du symbolisme, vol. 1. Bruxelles,
Université Libre de Bruxelles, Travaux de la Faculté de Philosophie et Lettres n° 35, 1967, pp.
201-227.
•
DELSEMME (Paul), FRICKX (Robert) – « Les Relations littéraires franco-belges de
1890 a 1914 », in Revue de l’Université de Bruxelles n°4-5. Bruxelles, mois 1984.
•
DELSEMME (Paul), TROUSSON (Raymond) – « Le Naturalisme et les lettres
françaises de Belgique », in Revue de l’Université de Bruxelles n°4-5. Bruxelles, 1984.
•
DELSEMME (Paul), VANWELKENHUYZEN (Gustave), MERCIER (Alain), [et al.] –
« Débats à propos de la communication de M. Gustave Vanwelkenhuyzen » [transcription d’un
débat tenu lors du colloque international « Le mouvement symboliste en littérature »,
Bruxelles, 3-4-5 mai 1973], in Revue de l’Université de Bruxelles n°3-4 (« Le Mouvement
symboliste en littérature »). Bruxelles, 1974, pp. 386-388.
•
DE POTTER (Agathon) – « Extraits de journaux et revues et réflexions », in La
Philosophie de l’Avenir, 1900, p. 60.
•
DE POTTER (Agathon) – « M. Drumont et le socialisme rationnel », in L’Idée Libre,
janvier 1901, pp. 4-6.
•
DE SMEDT (Raphaël) – « Doff (Neel) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1.
Bruxelles, Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
1985, col. 408-419.
•
DHONDT (Jan) – [article n° 389], in Bulletin Critique d’Histoire de Belgique 1966-67.
Gand, Fondation Jan Dhondt Stichting, 1967.
•
DOFF (Neel) – « Je voulais en faire un homme », in Signaux de France et de Belgique
n° 5 et 6. Paris, Bruxelles, septembre 1921, pp. 209-238 ; octobre 1921, pp. 269-280 (réédition
anastatique dans Le Disque Vert, T. 1. Bruxelles, 1970).
225
•
EEKHOUD (Georges) – « Chronique de Bruxelles », in Le Mercure de France n° 9,
septembre 1900. Paris, juillet-septembre 1900, pp. 794-802.
•
EISENZWEIG (Uri) – « Représentations illégitimes. Dreyfus, ou la fin de l’anarchisme »,
in Romantisme, Revue du Dix-neuvième Siècle. Littérature – Arts – Sciences – Histoire n° 87,
janv.-mars 1994, pp. 75-86.
•
FAYOLLE (Roger) – « Enquête sur le théâtre socialiste en France (1880-1914) », in
Cahiers Roumains d’Études Littéraires n°1, janvier-mars 1980, pp. 65-70.
•
FAYT (René) – « Bibliographie des travaux de Paul Delsemme », in Hommages à Paul
Delsemme, édités par Gilbert Debusscher et Alain Van Crugten, publiés avec le concours du
Ministère de la Communauté française, de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Commission
française de la Culture de l’Agglomération de Bruxelles. Bruxelles, Éd. de l’Université de
Bruxelles, pp. 15-20.
•
FAYT (René) – « Les Revues littéraires et l’ULB », in DEVILLERS (Virginie) –
Passages d’écrivains à l’ULB, de Charles de Coster à Amélie Nothomb. Bruxelles, Éd. ULB
création, 2002, pp. 15-25.
•
FAYT (René) – « Un témoin oublié : Hector France (1840-1908) », article à paraître
dans Histoires Littéraires. Paris, 2002, p. 13.
•
FORTH (Christopher E.) – «Nietzsche, Decadence, and Regeneration in France, 1891-
95 », in Journal of the History of the Ideas n° 1, vol. 54, janvier 1993, pp. 97-117.
•
GALLIOU (Patrick) – « Quelques nouvelles pièces à verser au dossier Augustin
Hamon », in Les Cahiers de l’Iroise n° 189, pp. 74-78. Brest, Société d'Études de Brest et du
Léon, 2001.
•
GALLIOU (Patrick) – « Un itinéraire politique : Augustin Hamon (1862-1945), de l’en-
dehors des Batignolles au notable de Penvénan », in Kreiz n°10 (« Élites et notables en
Bretagne »). Brest, C.R.B.C. - Université de Bretagne Occidentale, 1999.
226
•
GAUCHEZ (Maurice) – « Jules Noël », in La Société Nouvelle, T. 35, 1910, pp. 169-
172.
•
GAUCHEZ (Maurice) – « Léon Legavre », in La Société Nouvelle, T. 30, 1908, pp.
221-225.
•
GAUCHEZ (Maurice) – « Louis Dumont-Wilden », in La Société Nouvelle, T. 30,
1908, pp. 101-106.
•
GAUCHEZ (Maurice) – « Louis Piérard », in La Société Nouvelle, T. 30, 1908, pp.
303-308.
•
GORCEIX (Paul) – « Y a-t-il un symbolisme belge ? », in Cahiers Roumains d’Études
Littéraires n° 3, juillet-septembre 1980, pp. 42-54.
•
HACHELLE (M. -J.) – « Petites revues littéraires belges », in Bulletin Officiel de
l’Association des Écrivains Belges, T. 9-10, n° 8/9, 10/12, 1/2, 1939-1940.
•
HAMON (Augustin) – « Aux lecteurs », in L’Humanité Nouvelle n° 45. Paris,
Bruxelles, octobre 1902, pp. 1-7.
•
HANSE (Joseph) – « Polémiques littéraires en 1890. Lettres d’Albert Mockel et de
Valère Gille », in Regards sur les lettres françaises de Belgique, études dédiées à la mémoire
de Gustave Vanwelkenhuyzen et publiées par Paul Delsemme, Roland Mortier et Jacques
Detemmerman. Bruxelles, André De Rache, 1976, pp. 157-168.
•
HERBERT (R.L.) – « Les Artistes et l’anarchisme d’après les lettres inédites de Pissaro,
Signac et autres », in Le Mouvement Social n°36. Paris, Les Éditions Ouvrières, juillet-
septembre 1961, pp. 2-19.
•
Humanité Nouvelle (L’) – « À propos de l’Humanité Nouvelle », in L’Humanité
Nouvelle n° 1. Gand, octobre 1906, pp. 1-10.
•
JAMES (Arthur) – « L’Éclipse », comédie en un acte et 17 scènes, in La Jeune Revue
227
Littéraire n° 5, avril 1881, pp. 77-90.
•
[J. M.] – [Notice nécrologique de Fernand Brouez], in BROUEZ (Fernand) – Études
sociales, critiques philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve
Monnom, 1901, pp. 327-328.
•
KRAINS (Hubert) – « Fernand Brouez », in Études sociales, critiques philosophiques,
chroniques littéraires : 1882-1896. Impr. Veuve Monnom, 1901, p. 3-16 [reprise dans L’Idée
Libre, 1901, p. 346-352].
•
LAROUSSE (Pierre) – « Colins », in Grand dictionnaire universel du XIX
e
siècle, T. 17
(2
ème
supplément). Paris, Administration du Grand dictionnaire universel, [s.d.], col. 855-856
[reproduit sous le titre «Colins, d’après le dictionnaire Larousse », in La Philosophie de
l’Avenir. Paris, 1895-96, pp. 190-194].
•
LE PAGE (Dominique) – « De Paris à la Bretagne : Augustin Hamon », in Le
Mouvement Social n°160. Paris, Les Éditions Ouvrières, juillet-septembre 1992, pp. 99-124.
•
LEUNIS (Éric), NEYTS (Jean-Marie) – « La Formation de la pensée anarchiste
d’Élisée Reclus », in Revue Belge de Géographie n° 1-2, vol. 110 [colloque Élisée Reclus
organisé à Bruxelles les 1 et 2 février 1985 par l'Institut des Hautes Études de Belgique et la
Société Royale Belge de Géographie]. Bruxelles, Institut des hautes études de Belgique, 1986,
pp. 139-154.
•
MAITRON (Jean) – « Bulletin anarchiste (1970-1972) », in Le Mouvement Social n°83.
Paris, Les Éditions Ouvrières, avril-juin 1973, pp. 73-94.
•
MAITRON (Jean) – « Le Groupe des étudiants E.S.R.I. (1892-1902). Contribution à la
connaissance des origines du syndicalisme révolutionnaire », in Le Mouvement Social n°46.
Paris, Les Éditions Ouvrières, janvier-mars 1964, pp. 3-26.
•
MAITRON (Jean) – « Le Mouvement anarchiste en France avant la Première Guerre
mondiale », in Bulletin de la Société d’Histoire de la III
e
République n° 15, 1955.
228
•
MAITRON (Jean) –, DROGUET (Alain) – « La Presse anarchiste de ses origines à nos
jours », in Le Mouvement Social n°83. Paris, Les Éditions Ouvrières, avril-juin 1973, pp. 9-22.
•
MALGAUD (W.) – « Georges Dwelshauvers », in Biographie nationale, T. 33.
Bruxelles, Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
1966, col. 274-282.
•
MAT-HASQUIN (Michèle) – « Le Mirage français dans les revues belges de 1900 Ã
1914 », in Les Grands voisins : actes du colloque belgo-canadien des 24, 25 et 26 novembre
1983. Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, 1984, pp. 29-42.
•
MAUBEL (Henry) – « Fernand Brouez » [article nécrologique], in Le Messager de
Bruxelles, 1900 ; repris dans BROUEZ (Fernand) – Études sociales, critiques philosophiques,
chroniques littéraires : 1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve Monnom, 1901, pp. 321-325.
•
MAUBEL (Henry) – « Honnête plus qu’honnête, par Arthur James », in La Jeune
Belgique, 8. Louvain, 1889, pp. 240-241.
•
MONTFÉRIER (Jacques) – « Symbolisme et anarchie », in Revue d’Histoire Littéraire
de la France n° 2, T. 65. Paris, A. Colin, avril-juin 1965, pp. 233-238.
•
MORTIER (Roland) – « La pénétration de la littérature russe à travers les revues belges
entre 1880 et 1890 », in Revue Belge de Philologie et d’Histoire n° 3, vol. 45, 1967, pp. 777-
794.
•
MOULAERT (Jan) – « Belgique, un rendez-vous manqué
»,
in Itinéraire n° 14-15
« spécial Élisée Reclus ». Chelles, 1998, pp. 91-99.
•
MOULAERT (Jan) – « Élisée Reclus et l'anarchisme en Belgique », in Revue Belge de
Géographie n° 1-2, vol. 110 [colloque Élisée Reclus organisé à Bruxelles les 1 et 2 février
1985 par l’Institut des Hautes Études de Belgique et la Société Royale Belge de Géographie].
Bruxelles, Institut des hautes études de Belgique, 1986 [réédité à Louvain la même année :
Historica Lovaniensia, Studien van leden van het departement geschiedenis van de Katholieke
Universiteit te Leuven], pp. 155-172.
229
•
NION (François de) – « Le Mouvement littéraire en Belgique. I. Les prosateurs », in Le
Mouvement Littéraire n° 11, 8 août 1892, pp. 99-102.
•
NOËL (Jules) – « Un philosophe belge, Colins (1783-1859) », in La Société Nouvelle n°
11. Mons, Paris, mai 1909, pp. 149-180.
•
NOËL (Jules) – « La Société Nouvelle », in La Société Nouvelle n°1. Mons, juillet
1907, pp. 8-19.
•
OTTEN (Michel) – « Situation du symbolisme en Belgique », in Les Lettres Romanes
n°3-4, T. 40. Louvain-La-Neuve, Université Catholique de Louvain, août-novembre 1986, pp.
203-209.
•
PERRIER (Antoine) – « Dave (Victor) », in Dictionnaire de biographie française, T.
10. Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1965, col. 327-328.
•
PLUET (Jacqueline) – « Bibliographie de l’anarchisme, 1968-1971 », in Autogestion et
Socialisme n°18-19 (spécial «Les Anarchistes et l’autogestion »). Paris, Anthropos, janvier-
avril 1972, pp. 299-314.
•
PUISSANT (Jean) – « Les Origines de la presse régionale socialiste », in Revue Belge
d’Histoire Contemporaine - Belgisch Tijdschrift voor Eeuwste Geschiedenis, vol. 5. Gand,
Fondation Jan Dhondt Stichting, 1974, pp. 493-546.
•
RÉAULT (Jacky) – « Charles Brunellière et Augustin Hamon. – Lettres nantaises.
Correspondance croisée (1891-1899), présentée par René Bourrigaud. Nantes, Archives et
Documents C.D.M.O.T., 1990, 368 pages » [note de lecture], in Le Mouvement Social n°159,
avril-juin 1992. Paris, Les Éditions Ouvrières, pp. 113-116.
•
RECLUS (Élie) – « Fernand Brouez », in L’Humanité Nouvelle n°40. Bruxelles, octobre
1900, pp. 385-386 ; repris in BROUEZ (Fernand) – Études sociales, critiques philosophiques,
chroniques littéraires : 1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve Monnom, 1901, pp. 330-331.
•
RENS (Ivo) – « Brouez (Fernand-Louis-Maximilien) », in Biographie nationale, T. 44,
230
fasc. 1. Bruxelles, Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique, 1985, col. 121-124.
•
RENS (Ivo) – « Brouez (Jules) », in Biographie nationale, T. 44, fasc. 1. Bruxelles,
Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1985, col.
124-127.
•
RENS (Ivo) – «Colins de Ham », in Biographie nationale, T. 37, fasc. 1. Bruxelles,
Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1971, col.
168-191.
•
RENS (Ivo) – « Colins et Sade », in Res Publica. Revue de l’Institut belge de science
politique n° 1, vol. 13. Bruxelles, 1971, pp. 125-140.
•
RENS (Ivo) – « Philosophie colinsienne, ou les fondements rationalistes d’un
socialisme de l’ordre moral », numéro hors-série de Res Publica. Bruxelles, 1967.
•
RENS (Ivo) – « Utopie et millénarisme chez Fourrier et Colins », in Revue Suisse
d’Histoire - Schweizerische Zeitschrift für Geschichte -Rivista storica svizzera n° 22. Zürich,
Allgemeine geschichtforschende Gesellschaft der Schweiz, 1972, pp. 573-590.
•
REYNAUD-PALIGOT (Carole) – « Les Temps Nouveaux », 1895-1914. Un
hebdomadaire anarchiste au tournant du siècle. Pantin, Acratie, 1993.
•
RODENBACH (Georges) – « Les Avocats littérateurs », in Le Progrès, 14 novembre
1886.
•
RODENBACH (Georges) – « La Littérature juridique », in Le Palais. Bruxelles,
Polleunis, Ceuterick, De Smet, 1
er
juillet 1885.
•
RODRIGUE (G. -M.) – « La Vie des revues artistiques et littéraires en Belgique de
1899 à 1924 », in 25 ans de littérature et d’art en Belgique, 1899-1924. Bruxelles, Collection
de la revue Le Thyrse, 1924, pp. 99-107.
231
•
TACK (Lieven) – « Relations interculturelles belges dans les revues littéraires (1869-
1899) », in Revue de Littérature Comparée n° 299, juillet-septembre 2001, pp. 379-398.
•
TOUBEAU (Maxime) – « Colins et sa doctrine. Essai critique », in La Revue Socialiste.
Paris, novembre 1905, pp. 534-551.
•
UYTTEBROUCK (André) – « L’"Incident Reclus" vu à travers les archives officielles
de l’Université libre de Bruxelles », in Revue Belge de Géographie n° 1-2, vol. 110 [colloque
Élisée Reclus organisé à Bruxelles les 1 et 2 février 1985 par l'Institut des Hautes Études de
Belgique et la Société Royale Belge de Géographie]. Bruxelles, Institut des hautes études de
Belgique, 1986, pp. 23-52.
•
VALENTIN (Émile) – « Toques et robes », in Journal des Gens de Lettres Belges n°
16, 15 juin 1885, pp. 122-123.
•
VANDERVELDE (Émile) – « Les Colinsiens », in Le Socialisme agraire. Paris, Giard
& Brière, 1908, pp. 447-453.
•
VAN ROOY (W.) – « L’Agitation étudiante et la fondation de l’Université de Bruxelles
en 1894 », in Revue Belge d’Histoire Contemporaine - Belgisch Tijdschrift voor Eeuwste
Geschiedenis, vol. 7. Gand, Fondation Jan Dhondt Stichting, pp. 197-238.
•
VANWELKENHUYZEN (Gustave) – « Un trio de revues », in Revue de l’Université
de Bruxelles n°3-4 (Le mouvement symboliste en littérature). Bruxelles, 1974, pp. 318-333.
•
WALLER (Max), pseud. Maurice Warlomont – « Toques et robes, par Arthur James »,
in La Jeune Belgique, 4. Louvain, 1889, pp. 383-385.
•
WARMOES (Jean) – « Dumont-Wilden (Louis) », in Biographie Nationale T. 42.
Bruxelles, Bruylant, Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique,
1981-82, col. 224-253.
•
WILLEMS (C.) – «Fernand Brouez », in Revue du Socialisme Rationnel : Philosophie
de l’Avenir. Paris, 1900, pp. 63-64, repris in BROUEZ (Fernand) – Études sociales, critiques
232
philosophiques, chroniques littéraires : 1882-1896. Bruxelles, Impr. Veuve Monnom, 1901, pp.
328-329.
233
8.4 Périodiques consultés
Pour ce travail, nous avons dû consulter une soixantaine de périodiques belges et
étrangers. Parfois, il nous fallait les examiner, sommairement, sur des périodes allant de
quelques mois à plusieurs années. C’est le cas, entre autres, des plus importantes revues
colinsiennes, plus susceptibles que d’autres de s’être intéressées à la SN ou à l’Humanité
Nouvelle, pas seulement du fait de leur convergence idéologique, mais également en raison de
liens interpersonnels étroits : au niveau éditorial (on retrouve les mêmes signatures), financier
(Jules Brouez, « banquier » de La Philosophie de l’Avenir et de La Société Nouvelle) ou
administratif (Jules Noël dirige simultanément La Terre et La Société Nouvelle).
Mais le plus souvent, nous ne devions consulter qu’un ou quelques numéros, par
exemple pour lire un article, vérifier la justesse d’une référence (date, numéro) obtenue dans un
article, une bibliographie ou un répertoire ; ou encore pour retrouver la totalité d’un passage
dont nous n’avions connaissance que partiellement, par une citation
646
.
Cette liste devrait permettre au lecteur de se faire une idée des périodiques que nous
avons consultés, sans pour cela devoir éplucher le chapitre 8.3 consacré aux articles.
Notons que certains de ces périodiques ont été consultés en version numérique (par
exemple le Journal of the History of the Ideas, sur JStor), mais nous indiquons toujours les
deux références, papier et numérique.
646
Dans ce cas, les périodiques consultés ne sont plus forcément contemporains de la SN ou de L’Humanité
Nouvelle.
•
L’Actualité de l’Histoire.
•
Autogestion et Socialisme.
•
La Basoche, Revue de Littérature
et d’Art (puis Basoche, Revue
Littéraire Artistique).
•
Belles-lettres : Revue Mensuelle
des Lettres Française.
•
Bulletin des Conférences.
•
Bulletin Critique d’Histoire de
Belgique et du Grand-Duché de
Luxembourg.
•
Bulletin Officiel de l’Union de la
Presse Périodique Belge.
•
Cahiers Naturalistes.
•
Cahiers Roumains d’Études Littéraires.
•
Caprice-Revue.
•
La Débâcle : Organe Révolutionnaire.
•
Le Drapeau Noir : Organe Communiste
Anarchiste.
•
L’Étoile Belge.
•
L’Étudiant : Organe de la Jeunesse
Libérale.
•
Le Figaro.
•
La Gazette des Tribunaux : Journal de
Jurisprudence et des Débats Judiciaires.
•
Hermès : Cognition, Communication,
Politique.
•
L’Homme Libre.
•
L’Humanité Nouvelle.
•
L’Idée Libre.
•
Itinéraire.
•
La Jeune Belgique.
•
La Jeune Revue Littéraire.
•
Le Journal des Gens de Lettres Belges.
•
Journal of the History of the Ideas.
•
Le Journal des Tribunaux.
•
Les Lettres Romanes.
•
Le Livre et l’Estampe : Revue
Semestrielle de la Société Royale des
Bibliophiles et Iconophiles de Belgique.
•
Lutte pour l’Art.
•
Le Mercure de France.
•
Le Messager de Bruxelles.
•
La Misère : Organe Anarchiste
Bimensuel.
•
La Mistoufle : Organe Communiste
Anarchiste.
•
Le Mouvement Littéraire, Revue
Littéraire, Critique & Documentaire.
•
Le Mouvement Social : Bulletin
Trimestriel de l’Institut Français
d’Histoire Sociale.
•
La Nation.
•
La Philosophie de l’Avenir : Revue du
Socialisme Rationnel (qui devient, en
septembre 1900, la Revue du
Socialisme Rationnel : Philosophie de
l’Avenir ; puis en novembre 1902, la
Revue du Socialisme Rationnel :
Organe de la Ligue pour la
Nationalisation du Sol ; et en août
1912, la Revue Internationale du
Socialisme Rationnel).
•
Le Progrès.
•
La Question Sociale : Bulletin
Périodique du Socialisme Rationnel.
235
•
Recherches de Psychologie Sociale.
•
La Réforme Sociale : Organe
Hebdomadaire.
•
La Régénération Sociale : Bulletin
des Socialistes Rationnels et des
Logocrates.
•
La Renaissance : Revue Littéraire,
Artistique et Scientifique.
•
Res Publica.
•
La Revue Belge de Géographie.
•
La Revue Belge d’Histoire
Contemporaine - Belgisch Tijdschrift
voor Eeuwste Geschiedenis.
•
Revue Belge de Philologie et
d’Histoire.
•
La Revue d’Histoire Littéraire de la
France.
•
Revue de Littérature comparée.
•
La Revue des Revues : Revue
Internationale d’Histoire et de
Bibliographie - The Periodical :
International Journal for the History
and Bibliography of Periodicals.
•
La Revue Socialiste.
•
Revue Suisse d’Histoire.
•
La Revue Universitaire.
•
Revue de l’Université de Bruxelles.
•
Romantisme, Revue du Dix-neuvième
Siècle. Littérature – Arts – Sciences –
Histoire.
•
Signaux de France et de Belgique :
Revue Mensuelle de Littérature.
•
La Société Nouvelle.
•
La Terre : Organe Hebdomadaire du
Socialisme Rationnel et de la Ligue
pour la Nationalisation du sol.
•
Le Thyrse.
•
Toudi.
236
8.5 Archives (manuscrits et correspondances)
Nous reprenons dans cette section aussi bien les correspondances inédites que celles
ayant fait l’objet d’une publication.
Le modèle de présentation appliqué est le suivant :
•
AUTEUR (Prénom) – Destinataire (facult.), Nom du
Fonds (facult.), Centre d’Archives détenteur.
•
Administration communale d’Ixelles – Registres du recensement décennal 1880-1890,
d’Ixelles, vol. 5, folio 120 ; vol. 7, folio 268.
•
Administration communale d’Ixelles – Registres du recensement décennal 1890-1900,
d’Ixelles, vol. 63, folios 1 et 55.
•
Administration communale d’Ixelles – Registres du recensement décennal 1900-1910,
d’Ixelles, vol. 26, folio 250, vol. 28, folio 221.
•
Archives de la Ville de Bruxelles – Dossiers de police : Police carton 176, Police
carton 177, Police carton 178 bis, Police carton 209, Pol 211, Police carton 214, Police carton
215, Police carton 216. Bruxelles, Archives de la Ville de Bruxelles, [s.d.].
•
BORDE (Frédéric) – 45 lettres échangées avec Henri Bonnet entre 1899 et 1911,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1458, AGR.
•
BORDE (Frédéric) – 1 lettre de Fernand Brouez en 1891, Fonds Raffin-Tholiard, boîte
à archives n° 1460, AGR.
237
•
BORDE (Frédéric) – 34 lettres échangées avec Jules Brouez entre 1879 et 1898,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1461, AGR.
•
BORDE (Frédéric) – 4 lettres échangées avec Paul Brouez entre 1878 et 1880, Fonds
Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1462, AGR.
•
BORDE (Frédéric) – 13 lettres échangées avec Jules Noël entre 1901 et 1909, Fonds
Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1509, AGR.
•
BORDE (Frédéric) – 10 lettres échangées avec Victorine Brouez entre 1904 et 1907,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1583, AGR.
•
BORDE (Frédéric) – 29 lettres échangées avec Jules Noël entre 1904 et 1926, Fonds
Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1663, AGR.
•
BOURRIGAUD (René), BRUNELLIÈRE (Charles), HAMON (Augustin Frédéric),
HESSE (Philippe-Jean) – Lettres nantaises : correspondance Brunellière-Hamon (1891-1899).
Nantes, Centre de documentation du mouvement ouvrier et du travail, 1990.
•
BROUEZ (Fernand) – Lettres à Georges Eekhoud, M.L. 2623 / J, AML.
•
BROUEZ (Fernand) – Lettres à Max Elskamp, AML.
•
BROUEZ (Fernand) – Lettres à Hubert Krains, M.L. 2555 / 1-158, AML.
•
BROUEZ (Jules), et al. – Correspondance entre quatre amis à propos de la science
réelle, préf. Jules Brouez. Mons, La Terre, 1905.
•
BROUEZ (Victorine) – Lettres à Valère Gille, M.L. 5697/1-169, AML.
•
CORNELISSEN (Christiaan) – Correspondance avec Fernand Brouez, IISG, 1993.
•
DE CORTE – Introduction à l’étude des revues symbolistes belges. Leur naissance,
238
leur vie et leur rôle dans l’histoire du Symbolisme français. Mémoire de licence prés. à la
Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Gand. Gand, Rijks Universiteit de Gent,
1947.
•
DE PAEPE (César) – 1 lettre Brouez en 1889, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives
n° 1826, AGR.
•
DE PAEPE (César) – Entre Marx et Bakounine : César De Paepe. Correspondance
prés. par Bernard Dandois. Paris, François Maspero, Centre d’histoire du syndicalisme, 1974.
•
DE POTTER (Agathon) – Correspondance avec Henri Bonnet, 178 lettres entre 1886
et 1906, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 902, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – Une lettre de Louis Bertrand à Jules Brouez du 13 mai
1884, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 922, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 24 lettres échangées avec Fernand Brouez entre 1881 et
1896, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 933, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 105 lettres échangées avec Jules Brouez entre 1858 et 1899,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 934, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 54 lettres échangées avec Victorine Brouez entre 1894 et
1906, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 935, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – Une lettre de 1898 à Jules Brouez réexpédiée à Agathon De
Potter ; Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 984, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 12 lettres échangées avec Léon Legavre entre 1900 et 1906,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1164, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 3 lettres échangées avec Wed. Monnom en 1900, Fonds
Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1217, AGR.
239
•
DE POTTER (Agathon) – 105 lettres échangées avec Jules Noël entre 1899 et 1906,
Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1230, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – 54 lettres échangées avec Maxime Toubeau [sic – vu les
dates, il doit plutôt s’agir d’Albert-Maximilien, le père] entre 1859 et 1889, dont 3 copies de
lettres à Brouez, Fonds Raffin-Tholiard, boîte à archives n° 1325, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – Une carte postale de Jules Brouez non datée, Fonds Raffin-
Tholiard, boîte à archives n° 1383, AGR.
•
DE POTTER (Agathon) – Une carte postale de Paul Brouez non datée, Fonds Raffin-
Tholiard, boîte à archives n° 1384, AGR.
•
GALLIOU (Patrick) – George Bernard Shaw et Augustin Hamon. Les premiers temps
d’une correspondance (1893-1913) [publication de la thèse, dir. par Y. Tosser, que l’auteur a
défendue à l’Université de Bretagne Occidentale de Brest, le 4 juin 1998, pour l’obtention
d’un Doctorat en Études Anglaises]. Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2000.
•
GIDE (André), RIVIÈRE (Jacques), prés. et annot. par Pierre de Gaulmyn et Alain
Rivière – Correspondance 1909-1925. Paris, Gallimard, 1994.
•
HAMON (Augustin) – Correspondance avec Fernand Brouez, IISG.
•
HAMON (Augustin) – Correspondance avec Schleicher Frères, IISG.
•
JAMES (Arthur) – Lettres à Valère Gille, M.L. 5697/ 444 -598, AML.
•
PIÉRARD (Louis), PIERSON-PIÉRARD (Marianne) – Trois cent trente-deux lettres Ã
Louis Piérard, précédées de Mémoires extérieurs par Marianne Pierson-Piérard, prés. par louis
Forestier. Paris, Minard, Lettres modernes, Coll. Avant-siècle n° 11, 1971.
•
RECLUS (Élisée) – Correspondance, 3 vol. T. 1 (1850-1870), T. 2 (1870-1889), T. 3
(1889-1905). Paris, Schleicher, 1911, 1925.
240
•
RIVIÈRE (Jacques), GALLIMARD (Gaston) – Correspondance : 1911-1924, éd.
établie, prés. et annotée par Pierre-Edmond Robert, avec la collab. d'Alain Rivière. Paris,
Gallimard, 1994.
•
SHAW (George Bernard), prés. par Dan H. Laurence – Collected letters, 1898-1910.
Londres, Sydney, Toronto, Max Reinhardt, [1972].
•
TROMONT DE THULIN (Augustin) – « Un peu de morale et de métaphysique »
[carnet de notes contenant des détails biographiques sur Jules Brouez et certains membres du
groupe des colinsiens du Hainaut : Maloteau, Mangin, Capelle], 1898, Fonds Raffin-Tholiard,
boîte à archives n° 1842, AGR.
•
VAN LERBERGHE (Charles) – Lettres à Fernand Séverin, éd. étab., prés. et annot.
par Raymond Trousson. Bruxelles, Académie Royale de Langue et de Littérature Française,
2002.
241
8.6 Sites Internet et listes de discussion /
diffusion
Dans ce chapitre sont repris les sites d’institution et ceux de particuliers. Les mises Ã
jour ne sont pas indiquées lorsqu’il s’agit d’un moteur de recherches, d’un forum de
discussions, d’un catalogue (de bibliothèque ou collectif) ou d’un serveur de bases de
données ; étant par définition continuelles dans chacun de ces cas.
Le modèle de présentation appliqué est le suivant :
•
Nom du site – Sous-titre [facult.].
URL :
http://xxx.yyy.zzz
(dernière mise à jour : jj mois aaaa)
La mesure des dernières mises a jour a été effectuée le 7 septembre 2002.
•
@narlivres – Site bibliographique des ouvrages anarchistes ou sur l’anarchisme en
français.
URL :
http://anarlivres.free.fr/
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Bruylant.
URL :
http://www.bruylant.be
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Catalogues ANTILOPE.
URL :
http://db.bib.uia.ac.be/cgi-bin/Mcgi?Entry:WWWOEX
.
•
Catalogue BN-OPALE.
URL :
http://catalogue1.bnf.fr:80/framesWEB.jsp;jsessionid=2Z5WNZPKAR43OAE1KVWWDRY
•
Catalogue de la Biblioteca Universitaria di Bologna.
242
URL :
http://www.bub.unibo.it/
•
Catalogue des bibliothèques publiques de la commune de Bruxelles.
URL :
http://brubib.brucity.be
.
•
Catalogue de la Bobst Library de l’Université de New York.
URL :
http://www.nyu.edu/library/bobst/research/hum/french/symbolis.htm
•
Catalogue CCB (accessible via l’ULB).
URL :
http://biberl1.ulb.ac.be:8590/
•
Catalogue CCFR.
URL :
http://www.ccfr.bnf.fr/
•
Catalogue LIBIS-NET.
URL :
http://www.libis.kuleuven.ac.be/
(accessible via l’ULB)
•
Catalogue RÉRO.
URL :
http://www.rero.ch/
•
Catalogue SUDoc.
URL :
http://corail.sudoc.abes.fr
•
Catalogue ZEBRA.
URL :
http://db.bib.uia.ac.be/cgi-bin/Mcgi?Entry:WWWOEX
.
•
Centre d'Histoire Sociale du XX
e
siècle de Paris.
URL :
http://histoire-sociale.univ-paris1.fr
(dernière mise à jour : 2 juillet 2002)
•
Centre d’Histoire du Travail (CHT) de Nantes.
URL :
http://palissy.humana.univ-nantes.fr/labos/cht/index.htm
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Centre Jean Maitron de Paris.
URL :
http://www.maitron.org
243
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Centre International de Recherche sur l’Anarchisme (CIRA) de Lausanne.
URL :
www.anarca-bolo.ch/cira/
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Dissidences, bulletin de liaison des études sur les mouvements révolutionnaires.
URL :
http://www.dissidences.net/index.html
(dernière mise à jour : 23 juin)
•
Forum de discussion RA (Recherches Anarchistes) de Montpellier.
URL :
http://melior.univ-montp3.fr/ra_forum/francais.html
•
Francopholiste.
URL :
http://www.francopholistes.com/
(dernière mise à jour : quotidienne)
•
Google !
URL :
http://www.google.com
•
Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine (IMEC) de Paris.
URL :
http://www.fnet.fr/CMF/Fonds.Foucault/imec.html
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis (IISG) d’Amsterdam.
URL :
http://www.iisg.nl
(dernière mise à jour : 4 septembre 2002)
•
McLaughlin Library de l’Université de Guelph (Ontario).
URL :
http://strategis.ic.gc.ca/SSGF/tf00114f.html
(dernière mise à jour : 31 mai 2001)
•
Musée social du CEDIAS (Centre d’Études, de Documentation, d’Information et
d’Actions Sociales) de Paris.
URL :
http://www.cedias.org/cedias/fr/cedindex.htm
(dernière mise à jour : non indiquée)
244
•
Office Universitaire de Recherches Socialiste (OURS).
URL :
http://www.lours.org
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
Recherches anarchistes (RA) – Thèses et mémoires en langue française sur les
anarchismes.
URL :
http://melior.univ-montp3.fr/ra_forum/theses/frtm/presentation.html#Anchor-3800
(dernière mise à jour : 11 mars 2002)
•
Serveur Dialog.
URL :
http://www.dialogweb.com
•
Serveur FirstSearchMD.
URL :
http://newfirstsearch.oclc.org/html/login_fr.html
•
Serveur JStor.
URL :
http://www.jstor.org/search
•
Université de Bretagne Occidentale de Brest, Centre de recherche bretonne et celtique
(CRBC), Fonds Hamon.
URL :
http://www.univ-brest.fr/Recherche/Laboratoire/CRBC/franc/menugene.htm
(dernière mise à jour : non indiquée)
•
VERBIJ-SCHILLINGS (Jeanne) – Découverte des lettres néerlandaises – Nederlandse
literatuur in Franse vertaling.
URL :
http://bc.leidenuniv.nl/tentoonstelling/Jeanne_Verbij_Schillings/inhoud.htm#
(dernière mise à jour : non indiquée)
245
9. Annexes textuelles
647
9.1
Un lapin
(1913), de Neel Doff
N’ayant pas trouvé d’allusion, dans quelque document que ce soit (par ex., dans la
correspondance de N. Doff conservée aux AML) – de laquelle il ressortirait sans ambiguïté
que les événements racontés dans le second tome (Keetje) de sa trilogie et dans la nouvelle Un
lapin (voir chap. suivant) reposent sur une base absolument et exactement authentique (avec
uniquement des changements mineurs visant à ménager la susceptibilités des uns et des autres
et à rendre le récit plus romanesque, tels que les noms de personnes, la chronologie ou les
professions…) –, et de surcroît n’ayant qu’une connaissance fort minime de cette romancière ;
nous avons jugé plus prudent de rendre compte à part, sous forme d’annexes, des
« informations » présentes dans ces œuvres, à notre sens intéressantes à plus d’un titre,
notamment du fait qu’elles nous donnent une autre version de la rencontre entre Fernand et
Neel (pour le premier texte), ou qu’elles nous éclairent sur les rapports qui liaient Fernand, sa
famille et son épouse (dans le second)
648
.
*
Nous étions attablé, à nous trois, l’architecte, le major et moi, chez « la vieille garde ».
Elle tenait un cabaret dans son village natal et nous permettait à cause de notre éducation,
disait-elle, de nous retirer dans une petite salle attenante au cabaret, pour être séparés des
clients ordinaires.
647
Dans ces annexes, nous avons privilégié le recours à des documents scanés. Lorsque ceux-ci étaient trop
abîmés pour être reproduits de cette manière, nous les avons dactylographiés selon une présentation qui suit au
plus près celle des documents originels.
648
Madeleine Frédéric est tout aussi prudente quand elle écrit dans sa Lecture de Keetje : « l’auteur opte
d’ailleurs pour l’emploi du je, ce qui en soi n’est bien sûr pas une preuve irréfutable de l’adéquation entre Keetje
Oldema et Neel Doff », tout en estimant par ailleurs que « bon nombre de traits rapprochent André de Fernand
Brouez » (in Neel Doff, Keetje, Éd. Labor, Coll.
Espace Nord, 1987, p. 253).
Nous reprendrons intégralement le premier texte. Pour le roman, nous sélectionnerons quelques extraits, afin
de faire contraster, sur un mode un peu impressionniste, avec les éléments biographiques présentés dans la notice
sur F. Brouez ; comme une série d’instantanés. Nous les regrouperons en deux sections, l’une pour les données
que nous jugeons avérées, l’autre pour celles qui nous paraissent plus douteuses. Ponctuellement, lorsque nous le
penserons opportun, nous ajouterons un commentaire.
246
Ce soir-là , l’architecte était en pointe, le major ne dégrisait jamais, et moi, j’étais
content de me trouver au chaud, ayant peint toute cette journée d’hiver dans les marécages.
Le major poussa un juron, et nous demanda si nous n’avions jamais posé un lapin.
- C’était mon fort dans mon jeune temps, continua-t-il. Je vais vous conter un lapin
que j’ai posé : c’est une histoire d’il y a trente ans.
*
J’avais deux amis, les frères X ; ils étudiaient la médecine, moi le droit. L’aîné mourut
de la fièvre scarlatine contractée à l’hôpital pendant son internat ; le plus jeune était
inconsolable et parlait tant de son frère que presque tous ses amis finir par le fuir. Seul je lui
étais resté, pour deux raisons : d’abord que je ne l’écoutais guère, puis qu’il avait beaucoup
d’argent, alors que mon père me tenait très court.
À cette époque, j’étais insatiable de femmes ; lui ne comprenait pas qu’on ramassât
une créature sur le trottoir, je le croyais impuissant.
Bref, un soir que nous revenions d’une réunion d’étudiants, une toute jeune fille, qui
semblait exténuée de fatigue, déambulait devant nous.
-
Prête-moi quelque argent, dis-je à mon ami, je te le rendrai demain.
Il me donna vingt francs.
Nous accostâmes la petite et lui offrîmes d’aller prendre quelque chose avec nous. Elle
regarda furtivement autour d’elle, comme si elle cherchait quelqu’un, puis nous accompagna ;
mais au lieu d’entrer dans l’estaminet, elle nous dit qu’elle était pressée.
-
C’est bien, fis-je, alors suis-moi.
Elle se tourna vers mon ami comme pour dire : « Je croyais que c’était pour vous ». Il lui
donna un coup de chapeau et alla, comme toujours, m’attendre au cabaret.
J’aurais étranglé la gaupe, pour la préférence qu’elle venait de montrer. La boîte où je
la conduisis, était hideusement misérable et froide, et bien en harmonie avec la créature que
j’avais ramassée. Elle ôta son mince paletot : elle n’avait pas de corsage, la chemise était
lamentable et sale, ses épaules effroyablement maigres et son long cou mince étaient jaspés de
piqûres de puces. Cependant il se dégageait de ce corps flexible et frêle je ne sais quoi de frais
et de grisant…
Quand je l’eus près de moi, je fus pris d’une fureur érotique. Cette tête de seize ans,
encadrée de bandeaux blonds ondulés, était si virginale, et ses grands yeux clairs me
regardaient avec tant de terreur et d’aversion, qu’une envie folle me vint de l’abîmer ; mais
elle ferma les yeux, et la tentation se dissipa.
Après, au moment de partir, comme je ne lui donnais rien, elle me demanda, en
hésitant, puis comme prise de rage, de la payer.
D’un air étonné, je lui répondis :
- Comment ? tu fais cela pour de l’argent ? mais je ne t’avais pas prise pour une fille,
je ne serais pas venu…J’ai cru que tu avais un béguin pour moi, que tu voulais t’amuser,
quoi…je ne refuse jamais cette politesse-là …Comment ! tu es une prostituée ! Ah merci, si je
l’avais soupçonné !…
J’avais touché la corde sensible : elle rougissait et pâlissait, et tremblait
convulsivement.
-
Payez-moi, répétait-elle d’un ton éperdu, payez-moi !
-
Tu blagues, une prostituée est propre, et tu es sale à dégoûter…
Et, la bousculant, je descendis en maugréant. En bas, je refusais de payer la chambre,
mais la tenancière parlait de la police. Ne voulant pas m’attirer une affaire, je réglai ; la
tenancière insultait la petite qui se sauva, en pleurant, vers les boulevards.
247
En riant, je racontai la chose à mon ami. Il se leva, reprit sans se gêner les vingt francs
dans la poche de mon gilet, et partit. Je criai après lui.
-
Elle est au boulevard.
Je le suivis à distance.
Au milieu de l’allée des cavaliers, la fille sanglotait, la figure dans ses mains ; devant
elle était une petite femme mince et brune, l’air atterré. Je me cachai derrière un arbre. Mon
ami s’approcha, ôta son chapeau, s’inclina très bas, et ayant ajouté un billet à celui qu’il
m’avait repris, il les donna à la jeune fille, en s’inclinant encore une fois, puis disparut.
- Ah, Dostoïevski ! murmurai-je, ah !Sonia !… « ce n’est pas devant toi que je
m’incline, mais devant l’humanité souffrante… » Ah ! le cabot ! ces donzelles doivent bien
rigoler.
Les deux femmes couraient, en dévalant le boulevard : cela m’intrigua.
Une fois dans le faubourg, malgré l’heure tardive, elles entrèrent dans une boutique,
achetèrent des copeaux, des fagots, des chandelles, du pain, des harengs saurs et d’autres
victuailles que la vieille prit dans son tablier, pendant que la jeune fille se chargeait d’un petit
sac de charbon.
Puis elles s’engouffrèrent dans une impasse.
Ma foi, je voulus savoir jusqu’au bout.
Par une étroite fenêtre qui s’éclaira, je vis huit enfants, tous plus jeunes que la petite,
se lever du plancher, et un homme se mettre sur son séant dans un lit. La femme découpait
hâtivement dans le pain et les harengs ; la fille alluma le feu, elle mit de l’eau bouillir et prit
une cafetière ; mais les enfants mangeaient si voracement que tout fut absorbé avant que le
café fût prêt.
L’homme, maintenant debout en caleçon, titubait, était-il ivre ou malade ?…il dévorait
tranche de pain sur tranche de pain.
La vapeur commençait à s’échapper de la bouilloire, quand le plus petit des garçons
tourna sur lui-même et s’abattit sur le plancher dans des convulsions atroces. Tous se mirent Ã
crier :
-
Klaasje ! Klaasje !
La fille souleva l’enfant, lui ouvrit la bouche, y fouilla pour enlever le morceau de
pain qui l’étouffait, mais n’y parvint pas ; elle le porta sur le lit et lui arracha ses vêtements. Il
eut encore quelques soubresauts, puis ne bougea plus. Alors, comme une démente, elle courut
autour de la chambre, en se heurtant la tête aux murs en criant :
- C’est ma faute, j’aurais dû faire plus tôt ce que j’ai fait ce soir ! il ne serait pas
mort…Je les ai laissés deux jours sans manger, avant d’agir, et maintenant il s’est
étouffé…Klaasje ! Klaasje !…
Tous hurlaient.
Les fenêtres s’éclairaient, des gens se levèrent. Je trouvai prudent de filer.
*
-
Et votre ami ?
- Oh lui ! avec ses plates idées humanitaires, il ne me regarda plus…Haha ! il parlait
toujours de justice…d’une justice immanente…elle a été jolie pour lui, la justice
immanente !…Il me disait souvent : « Tu attraperas la vérole à lever ainsi des femmes et ce
sera justice ». Eh bien, la vérole, c’est lui qui l’a eue…
-
Ah ?
- Oui, par une piqûre anatomique. Il a été quatorze ans malade, puis, pendant quatre
ans, la paralysie générale…il était fou, il est mort en décomposition.
Et moi !
248
9.2 Extraits de
Keetje
(1921), de Neel Doff
9.2.1 CE QUI EST AVÉRÉ
Sur la famille de Fernand Brouez (alias André)
« Son père, pour lui, était l’oracle.
– Mon père était jeune et beau, mais pauvre. Aucune femme ne
l’a aimé. Quand il eut de la fortune, il n’eut qu’à choisir : elles lui
couraient après.
Je sentais qu’il ne fallait pas toucher à ce que ses parents lui
enseignaient ou lui disaient, et qu’il était même très pointilleux sur ce
chapitre. Moi, j’étais prévenue contre les parents, et j’aurais pu le
froisser en lui répondant ce que je pensais.
Nous avions le même âge, mais je me sentais beaucoup plus
âgée : la vie m’avait mûrie. Lui était gavé de théories : on n’avait qu’Ã
prendre tous les enfants, les bien élever, et tous auraient été des êtres
d’élite… »
649
Sur ses rapports avec sa femme
« – Tu devrais aller au Conservatoire, mais il ne faut pas que
l’on connaisse ta position. Tu diras que tu es une étrangère, venue Ã
Bruxelles pour apprendre le français. »
650
Comment sa femme voyait Fernand Brouez
« André était un assez beau théoricien. Je commençais donc Ã
connaître ce côté factice de l’homme ; mais, chez lui, il y avait aussi
une réelle et grande bonté. »
651
Comment Fernand Brouez percevait parfois sa femme
« – Écoutez, je dois vous parler, nous ne pouvons plus reculer.
J’avais rêvé une amitié : une femme jolie et intelligente, qui m’aurait
compris, qui m’aurait aimé pour l’idée, qui m’aurait aidé dans la lutte
que j’ai entreprise contre les iniquités sociales. Vous qui avez souffert,
vous pouviez le mieux me comprendre, et voilà que nous avons tout
gâté… vous allez m’empêcher d’agir, vous serez l’entrave, car un
homme qui a une femme est un homme paralysé. Mon père me le dit
toujours : le danger, c’est la femme… elles sont toutes mesquines et
vaniteuses. »
652
649
Neel Doff, Keetje. Éd. Labor, Coll.
Espace Nord, 1987, p. 114.
650
Neel Doff, op. cit., p. 136.
651
Neel Doff, op. cit., p. 131.
652
Neel Doff, op. cit., p. 116.
249
Comment Fernand voyait sa mère
« André m’avait toujours parlé de sa mère comme d’une
femme de haute culture et d’une grande charité. »
653
L’influence du père misogyne sur Fernand
« Je sentais toujours au langage d’André quand son père était Ã
la maison : alors il tapait sur les femmes à tour de bras. »
654
La souffrance de Neel Doff quand son frère
vient lui reprendre son fils, qu’elle avait recueilli
« Tu oses venir me l’enlever pour le replonger dans cette
ignominie qu’est la misère. Vous avez osé vous servir de cet enfant
comme appât, pour m’exploiter, et, parce que je ne peux pas me
laisser faire, vous le reprenez, sans pitié. »
655
9.2.1 Ce qui n’est pas certain
Sur la Société Nouvelle
« – Mon père a travaillé cinquante ans pour gagner quelques
centaines de mille francs ; d’une modeste fortune acquise ainsi, on
peut jouir. La vie n’est pas faite que d’une croûte de pain, et ce n’est
pas parce que j’achète de temps en temps une petite étude de tableau
ou que je mange un homard, (…) – que la plus grande partie de
l’humanité n’en a pas. (…) C’est en luttant, en faisant toucher du bout
du doigt les iniquités qu’on aboutira. Avec quelques camarades et
plusieurs sociologues amis, nous allons fonder un groupe d’avant-
garde, qui s’occupera des questions sociales, de l’éducation du peuple.
Nous fonderons un journal…j’y donnerai une large place à l’art. Ma
mère dit que cela me tiendra lieu de danseuse, mais je ne l’envisage
pas ainsi ; elle n’y voit qu’un moyen de m’éloigner de la femme. »
656
L’attitude méprisante de Fernand vis-à -vis de sa femme
« – Tu te figures maintenant être une femme qui sait discuter
avec moi ; tu crois être une intelligence, mais ton cerveau est grand
comme ça…
Et il montrait un petit bout de son doigt. »
657
653
Neel Doff, op. cit., p. 183.
654
Neel Doff, op. cit., p. 185.
655
Neel Doff, op. cit., p. 208.
656
Neel Doff, op. cit., pp. 163-164.
657
Neel Doff, op. cit., p. 132.
250
Comment la femme de Fernand voit sa belle-mère
« Une grosse dame, rouge de figure et à cheveux gris. »
658
L’emprise de ses parents sur Fernand
« Les parents d’André ne tapaient ainsi sur les femmes que
pour garder leur fils pour eux ou lui donner une femme de leur choix.
Sa mère recevait des jeunes filles d’une laideur accomplie et incolores
à souhait. »
659
Ce que Neel Doff pensait des théories colinsiennes
« C’est toi qui est [sic] fatigué de t’absorber toujours dans des
livres et quels livres… de vieux philosophes rancis… Collins [sic] !…
comment peux-tu avaler cela ? »
660
La responsabilité de sa mère dans la maladie de Fernand
« [la mère : ]– Comment, vous avez fait venir un médecin ?
Mais vous êtes dangereuse… un homme livré aux médecins est un
homme perdu, nous guérissons tout avec les purgatifs et les vomitifs
Leroi…Les médecins sont des ignorants.
[l’épouse : ]– Ce docteur a demandé si la piqûre anatomique
n’était pas syphilitique…
– Oui, elle l’était… J’ai fait analyser ses urines.
– Et il ne s’est pas soigné ? et vous avez laissé cette maladie
l’empoisonner ?
– Il a pris cent doses de purgatifs et de vomitifs : aucune
maladie ne résiste à cela. Il était guéri. Quant à admettre que mon fils
puisse devenir fou, non, notre tête est trop bien faite. »
661
« Maladie honteuse… quelle stupidité ! ! il était vierge quand
il s’est fait cette piqûre anatomique… »
662
COMMENTAIRE : Selon nous cette assertion est sujette à caution, car si l’hypothèse
d’un contamination de Fernand lors d’un rapport avec Neel Doff était fondée, elle serait
probablement la dernière à le reconnaître.
658
Neel Doff, op. cit., p. 183.
659
Neel Doff, op. cit., p. 189.
660
Neel Doff, op. cit., p. 225.
661
Neel Doff, op. cit., p. 232.
662
Neel Doff, op. cit., p. 233.
251
Fernand seul face à la maladie
« Aucun de ses amis n’est jamais venu le voir ou n’a fait
demander de ses nouvelles. »
663
Fernand parle de ses relations avec ses parents
« Ils ont procréé un enfant pour eux, et, eût-il soixante ans, il
ne pourrait avoir de personnalité… Je dois penser comme eux, je dois
manger comme eux, et mon père dit que, si son fils ne devait pas
partager ses idées, il léguerait toute sa fortune à n’importe qui pensant
comme lui… Ils n’ont pas insisté quand j’ai abandonné la médecine,
pour mieux me garder sous leur dépendance… Ma mère a vécu dans
la terreur que mon père ne me déshérite, et, quand il devait revenir de
voyage, elle me chauffait d’avance : il ne fallait pas le contrarier, il
avait travaillé toute son existence pour m’acquérir l’indépendance, je
ne pouvais lui causer cette peine de montrer que je pensais autrement
que lui, ce serait détruire tout l’idéal, et le but même de sa
vie…Surtout je ne devais pas lui parler de la femme, puisqu’il ne les
supporte pas…Alors quand il rentrait, j’étais comme un petit garçon ;
au lieu de discuter mes idées, il fallait acquiescer aux siennes : au lieu
de pouvoir parler de la femme comme d’une compagne, il fallait en
parler comme d’une inférieure…Quant aux questions de l’art,
c’étaient des balivernes… Si je déviais aussi peu que ce fût des
préjugés de mon père, je voyais le regard terrifié de ma mère
m’implorer… »
664
Fernand et le livre dont il rêvait
« – Comme ce livre de sociologie, ils m’ont élevé pour
l’écrire… Si jamais j’écris un livre, ce sera un livre de vie : le reste
des phrases… Mon père s’est emparé de l’idée du
″
Surhomme
″
: c’est
homme qu’il faut être. »
665
Comment Fernand voyait sa mère
« Jadis, j’ai pu croire que la femme était un obstacle, mais
depuis longtemps je vois qu’elle peut et doit marcher avec nous. (…)
je veux que désormais tu vives et luttes avec moi. Tu es ma femme, il
n’y a que le mariage devant la loi qui soit contraire à mes
convictions… »
666
COMMENTAIRE : Notons cette façon de toujours parler des femmes au singulier,
comme d’une abstraction, peut-être le signe d’une séquelle de son éducation ?
663
Neel Doff, op. cit., p. 237.
664
Neel Doff, op. cit., p. 229.
665
Neel Doff, op. cit., p. 229.
666
Neel Doff, op. cit., p. 230.
252
L’incidence de sa maladie sur Fernand
« Il connaît alternativement des moments d’agitation et des
périodes d’abattement et d’indifférence à tout. »
667
Les regrets de Fernand
[S’adressant à Neel] « Mon Dieu, ne pleure pas, tu n’y peux
rien. Je suis une brute. »
668
« je t’ai abîmée en dénigrant toujours la femme. Il faut me
pardonner, (…) J’aurais eu besoin moi-même d’être guidé. »
669
« Mon rêve d’adolescent de produire une œuvre qui aurait
apporté une idée pour l’affranchissement de l’humanité, s’est effrité,
je me suis senti incapable de le réaliser. J’ai trente-cinq ans, et je n’ai
rien fait, et je ne ferai rien… »
670
667
Neel Doff, op. cit., p. 231.
668
Neel Doff, op. cit., p. 133.
669
Neel Doff, op. cit., p. 224.
670
Neel Doff, op. cit., p. 225.
253
9.3 Débats à propos de la communication de
M. Gustave Vanwelkenhuyzen (1974)
671
« M. MERCIER. – Il y a une revue franco-belge qui s’appelait la Société Nouvelle et
plus tard l’Humanité Nouvelle. Elle comportait une partie poétique et une partie sociale. Et
cette revue, à un certain moment du moins, avait une collaboration à la fois bruxelloise et
parisienne. Or, parmi ses collaborateurs il me semble avoir noté Gustave Kahn et Verhaeren.
Par ailleurs, je crois qu’on y a publié des textes socialisants, voire anarchisants, et des
textes d’Élisée Reclus. Existe-t-il un travail sur la revue la Société Nouvelle et sa continuation,
l’Humanité Nouvelle ? Cette dernière n’avait plus, il me semble, de rapports avec Bruxelles.
Elle était nettement centrée sur Paris.
M. VANWELKENHUYZEN. – Tout à l’heure, je vous ai lu l’acte de décès de la
Basoche et cela se terminait par le renvoi des abonnés à la Société Nouvelle, revue à laquelle
vous faites allusion. L’Humanité Nouvelle, je ne la connais pas. Mais la Société Nouvelle, en
effet, a fait le service des abonnés pour la Basoche. Il n’est donc pas étonnant que certains
collaborateurs de la Basoche soient entrés à la Société Nouvelle, s’ils n’y étaient déjà . Il peut y
avoir eu des relations entre les deux revues. Cette Société Nouvelle était une revue
internationale mensuelle, organe de la démocratie socialiste, et elle avait été fondée par les
belges Fernand Brouez et Arthur James. Elle ne s’occupait pas seulement de littérature, mais
aussi, comme son titre l’indique, de sociologie et de sciences.
M. DELSEMME. – Je voudrais dire à M. Mercier que l’étude qu’il souhaite pour la
Société Nouvelle n’existe pas, du moins à ma connaissance. Mais elle est très souhaitable. On
devrait consacrer une grosse monographie à cette revue d’un intérêt bouleversant. Fondée en
1884, ce n’est pas une revue symboliste
672
, bien qu’elle accueille les écrits de certains
écrivains symbolistes. Mais elle présente bien d’autres intérêts. C’est une revue qui était
animée, comme vous y avez fait allusion, par une équipe de socialistes et d’anarchistes.
L’esprit en était nettement progressiste; mais ces militants, ces hommes engagés, étaient
également passionnés de questions littéraires et jetaient constamment des ponts entre la
littérature et leurs préoccupations. Du point de vue de la diffusion des littératures étrangères,
je crois que la Société Nouvelle a joué un très grand rôle. Maurice Barrès, en 1886, loue la
Société Nouvelle pour son hospitalité intellectuelle. C’est d’ailleurs un compliment qu’il
adressait à la Belgique entière, car il lui semblait que les Belges donnaient l’exemple d’une
curiosité cosmopolite qu’il reprochait aux Français de ne pas avoir autant qu’il le souhaitait. Il
semble bien que la première traduction de Dostoïevsky ait paru dans la Société Nouvelle, sous
forme d’un long extrait des Souvenirs de la Maison des morts, intitulé Souvenirs de la
Maison-Morte.
Enfin, chose intéressante pour nous, Belges, voisins du monde néerlandophone, c’est
grâce à la Société Nouvelle que Multatuli a fait sa percée en France. C’est par la Société
Nouvelle que les Français ont appris son existence. ».
671
Paul Delsemme, Gustave Vanwelkenhuyzen, Alain Mercier, « Débats à propos de la communication de M.
Gustave Vanwelkenhuyzen » [transcription d’un débat tenu lors du colloque international « Le mouvement
symboliste en littérature » à Bruxelles, les 3-4-5 mai 1973], in Revue de l’Université de Bruxelles n°3-4 (Le
mouvement symboliste en littérature). Bruxelles, ULB, 1974, pp. 386-387.
672
C’est nous qui soulignons.
254
9.4 Récapitulatif de l’année 1890
673
LA SOCIETE NOUVELLE voit chaque année s’augmenter le
nombre de ses collaborateurs, ELLE est à la tête du mouvement
intellectuel contemporain.
Depuis un an seulement, voici les livres qu’ELLE a publiés : La
Princesse Madeleine, le superbe drame de Maurice MAETERLINCK,
qui a eu un si grand succès ; Maxime, le roman psychologique
d’ARNOLD GOFFIN ; la Légende du Jésus flamand, la Fille de Jaïre
(mystère en IX scènes), le Nocturne de Malbertus (conte de Noël)
d’EUGÈNE DEMOLDER, le Carnaval et la Cartoucherie, chapitres
inédits de la Nouvelle Carthage, les Fusillés de Malines de
GEORGES EEKHOUD ; Max Waller d’HENRY MAUBEL.
Plusieurs nouvelles des Contes de mon Village de LOUIS
DELATTRE ; Ce qui a été ne sera plus et Consolatrix d’HUBERT
KRAINS ; les Notes et silhouettes, Essai de critique esthétique :
Vallès et Léon Bloy (Barbey d’Aurevilly, Odilon Redon) de JULES
DESTRÉE ; Émerveillements de CÉLESTIN DEMBLON, des
fragments de A l’aventure de JAMES VANDRUNEN.
Les études historiques si complètes sur Les conspirations de la faim
sous la Révolution française (Après thermidor, Babeuf et la
Conspiration des égaux), de GEORGES MEUSY ; Le sémitisme
(l’Évolution distincte du polythéisme et du monothéisme), par le D
r
REGNARD ; Les accidents du travail, par LOUIS BERTRAND ; Les
études sociologiques et L’Italie comme elle est, de X. MERLINO ;
L’évolution des doctrines politiques, de GUILLAUME DEGREEF ;
L’Objet de la science économique, du D
r
CÉSAR DE PAEPE ; Les
études de science sociale, de philosophie, Origine de l’humanité sur
un monde, d’A. DE POTTER ; l’Individu et l’État, Le Congrès de
Berlin, La journée du 1
er
mai, etc., etc., de JULES BROUEZ ; de
PIGNON, de STRANGER, du D
r
LOIN, du D
r
C. DE PAEPE, La
question juive, par F. BORDE, etc., etc.
Toutes ces œuvres ont été écrites pour LA SOCIÉTÉ NOUVELLE
et imprimées pour la première fois dans la Revue, elles ont paru ou
paraîtront bientôt en livre.
Nos lecteurs se souviennent des articles d’ALBERT GIRAUD, de
CAMILLE LEMONNIER, d’ÉMILE VERHAEREN, de FRANCIS
NAUTET, de MAURICE SULZBERGER, d’ALBERT MOCKEL, de
DWELSHAUVERS, de Ch. VAN LERBERGHE, de WALLNER, de
VAN KEYMEULEN, des nombreux travaux d’économie sociale, de
philosophie, d’actualité de TCHERNYCHEVSKI, de F. BROUEZ, de
BORDE, de VANDEVELDE, de DE PAEPE, des chroniques de
l’étranger, des lettres de Paris que la Revue publie chaque mois.
Tel est le résumé rapide de la somme de travail réalisée par la
Société Nouvelle dans tous les domaines de la pensée pendant l’année
1890.
673
La Société Nouvelle n° 77, mai 1891.
255
9.5 Liste des bibliothèques de
Worldcat
possédant une collection de
La Société
Nouvelle
Université d’Ottawa
Auburn university
University of Arizona
Stanford University Library
University of California, L.A.
Yale University Library
University of Delaware
Northwestern University
University of Chicago
University of Illinois
University of Notre Dame
Kansas State University
University of Kentucky Library
Lousiana State University
Boston Public Library
Harvard University, Harvard College
Library Tech. Serv.
Smith College
University of Massachusetts Amherst
Johns Hopkins University
University of Maryland, College Park
Michigan State University
University of Southern Mississippi
University of North-Carolina, Chapel Hill
University of Nebraska at Omaha
Drew University Library
Princeton University
Cornell University
New York University
Suny at Albany
Suny at Buffalo
University of Cincinnati
Bloomsburg University
University of Pittsburgh
University of South Carolina
Washington State University
University of Wyoming Library
256
9.6 Liste des rubriques de
La Société Nouvelle
première série
674
674
C’est souvent F. Brouez qui rédige cette rubrique.
Bulletin du mouvement social
(suivent les noms des pays en
question, qui varient d’un mois sur
l’autre) : Algérie – Allemagne –
Angleterre – Australie – Autriche –
Cuba – Danemark –Espagne – États-
Unis d’Amérique – France –
Hollande – Hongrie – Irlande – Italie
– Japon – Norvège – Nouvelle-
Zélande – Pologne – Portugal –
Roumanie – Russie – Serbie – Suède
– Suisse – Turquie
Chronique de l’art
Chronique de l’art et du livre
Chronique de l’art : les Conférences
Concerts
Correspondance
Discussion contradictoire
Documents
Faits sociaux
Hommes et choses
Le mois
Les livres
Les livres et revues
Les procès socialistes
Les Théâtres
Mélanges
Mélanges et documents
Mouvement social
Musique
Nécrologie
Notre tribune
Nouvelles d’art
Revue des faits sociaux
Sociétés savantes
Théâtres
9.7 Liste des diffuseurs de
La Société Nouvelle
première mouture
675
675
La Société Nouvelle n° 145, janvier 1897.
Flammarion, boulevard des Italiens, 12.
Id. avenue de l’Opéra, 2.
Id. boulevard Saint-Martin, 3.
Id. rue Auber, 14.
Librairie nouvelle, boulev. Des Italiens, 15.
Arnould, avenue de l’Opéra.
Sevin, boulevard des Italiens, 8.
Savine, rue des Pyramides, 12.
Stock, galerie du Palais Royal, 8, 9, 10, 11.
Chaumont, quai Saint-Michel, 27.
Brasseur, galerie de l’Odéon.
Charles, rue Monsieur-le-Prince, 8.
Lemercier, galerie Vérot-Dodat.
Laroche, rue de Rivoli, 48 bis.
Motin, rue de Charone, 28.
Baudet, rue des Francs-Bourgeois, 1.
Bailly, chaussée d’Antin, 11.
V
e
Timotée, rue de Castiglione, 14.
Achille, rue Lafûtte, 1.
Fourny, boulevard des Capucines.
Baron, avenue de la République.
Sagot, rue de Chateaudun, 31 bis.
Vanier, quai Saint-Michel, 19.
Taride, quai Saint-Michel, 18-20.
Librairie Nilsohn, rue de Rivoli, 212.
J. Lévy, place des Vosges.
MARSEILLE : Aubertin, 34, rue du Paradis.
LYON : Monot et Blanc, 9, rue Victor Hugo.
BRUXELLES :
Lacomblez, rue des Paroissiens ;
Office de Publicité, rue de la Madeleine.
ANVERS : Nederlandsche Boekhandel,
50, marché Saint-Jacques.
GAND : Vuylsteke ; Hoste ; Mme Otte.
LIÈGE : Gnuse ; Michel Nierstrasz ; Bellen.
VERVIERS : Gillon.
Tournai : Vasseur-Delmée.
Mons : Magerman.
Londres : A. Hachette, King William street,
Strand.
Pelletier, 30, Goodge street Tottenham road.
LISBONNE : Gomez.
BERLIN : Fischer Verlag.
AMSTERDAM : Feikema et C
ie
, Librairie
française, Heerengracht, 231 ; Belinfante.
UTRECHT : Reyers.
ROTTERDAM : Kramers.
LEIDEN : Brille.
GENÈVE : H. Stapelmohr, Corraterie, 24.
9.8 Liste des diffuseurs de
La Société Nouvelle
dernière mouture
676
BELGIQUE
Dépositaire général pour la Belgique et la province : Spineux & Cie, rue du Bois-Sauvage, Bruxelles.
FRANCE
À Paris :
676
La Société Nouvelle n° 1, juillet 1914.
Librairie Michel Albin, succ. Vanier, 5, quai
Saint-Michel.
Librairie Arnaud, 26, avenue de l’Opéra.
Librairie Boulinier, boulevard Saint-Michel.
Librairie Bosse, 46, rue Lafayette.
Librairie Chaconae, 11, quai Saint-Michel.
Librairie Couard, 17, boulevard de la
Madeleine.
Librairie Duquesne, 59, rue de Rennes.
Librairie Émile-Paul, 100, faubourg Saint-
Honoré.
Librairie Flammarion & Vaillant,
boulevard des Italiens.
Librairie Flammarion, galeries de l’Odéon.
Librairie Floury, boulevard des Capucines.
Librairie Française, 4, place Saint-Michel.
Librairie Gagliani, 224, rue de Rivoli.
Librairie Gateau, 8, rue Castiglione.
Librairie Leroy, 26, boulevard des Italiens.
Librairie Martin, 3, faubourg Saint-Honoré
Librairie Messein, quai Saint-Michel.
LibrairieRey, boulevard des Italiens.
Librairie Sansot, 53, rue Saint-André-des-Arts.
Librairie Stock, place du Théâtre français.
Départements :
M. Huguet, Ã Agen.
Mme de Gallaix, Ã Amiens.
MM. Duvivier, Ã Angers.
Cauvet, Ã Arras.
Castellani, Ã Nice.
Laborie, Ã Narbonne.
Bourrageas, à Nïmes.
Poupard, Ã Avignon.
Alexandre, à Besançon.
Facquier, Ã Bordeaux.
Féret et fils, à Bordeaux.
259
Clouet, Ã Blois.
Rousseau, Ã Bourges.
Chanut, Ã Caen.
Tersaud, Ã Lille.
Balestat, Ã Limoges.
Tadieu, Ã Lyon.
Librairie H. Georg, Ã Lyon.
MM. Blancard, Ã Marseille.
Garot, Ã Nancy.
Duchesne, Ã Nantes.
Levrier, à Orléans.
Loustalet, Ã Pau.
Michaud, Ã Reims.
Bamière, à Rouen.
Crouzat, à Saint-Étienne.
Lazare-Olive, Ã Toulon.
Royer-Lebon, Ã Toulouse.
Pètre, à Tours.
Mignot, Ã Troyes.
Et dans toutes les bibliothèques des gares.
Dépositaire général : Hachette & Cie, 111, rue Réaumur, Paris.
ANGLETERRE
David Nutt et Cie, Long Acre, 57/59, Londres, W.C.
ESPAGNE
E. Piaget, 8/10, Rambla del Centro, Barcelone.
ITALIE
Fratelli Bocca, Rome.
PAYS-BAS
Nilsonn et Lamm, 62, Damrak, Amsterdam.
SUISSE
Librairie Georg, 10, Corraterie, Genève.
260
9.9 Liste des diffuseurs de
L’Humanité
Nouvelle
en avril 1898
261
9.10 Liste des diffuseurs de
L’Humanité
Nouvelle
en juin 1903
262
9.11 Réponse d’A. Hamon au questionnaire
de Maurice Caillard et Charles Forot
677
1° Quelles étaient les tendances de (la revue) dont vous fûtes l’un des animateurs ?
Quelles sont les raisons qui vous poussèrent à rallier ceux qui y collaborèrent ?
2° Estimez-vous que (la revue) ait eu une influence sur la littérature du temps ou
qu’elle ait contribué à former celle d’aujourd’hui ?
3° Quelles sont alors les idées qui vous paraissent avoir triomphé et quels furent, dans
votre groupe, les principaux initiateurs ?
4° Parmi les revues actuelles, s’en trouve-t-il qui vous semblent perpétuer la tradition
que vous avez suivie ?
1° Tendances et raisons du groupe. – L’Humanité Nouvelle qui exista de 1897 Ã
1903
678
avait pour caractéristique principale d’offrir une tribune libre à tous les penseurs
d’idées avancées. Il n’y avait aucune censure d’idées. L’idéologie représentée allait jusqu’Ã
l’anarchisme communiste. C’est ainsi que nous avions parmi nos collaborateurs les plus
illustres représentants des idées anarchiste, socialiste.
Cependant l’Humanité Nouvelle n’était pas une revue purement socialiste, il y avait
dans la nuance politique des radicaux. La revue que je dirigeais et que j’entretenais de mes
deniers accrus de ceux d’amis et de souscripteurs divers, était aussi ouverte à toutes les
nuances de la pensée libre. Des athées, des matérialistes, des théosophes y écrivirent.
La partie littéraire était spécialement sous la direction de Victor-Émile Michelet. Mais
cette partie avait dans la revue une importance moindre que la partie scientifique et
sociologique qui était sous ma direction.
Au point de vue sociologique, la tendance de la revue était principalement socialiste,
libertaire et fédéraliste. Au point de vue philosophique, elle était déterministe. Ses principaux
collaborateurs n’étaient pas des personnages officiels. Je vous citerai parmi eux : Élie et
Élysée [sic] Reclus, Pierre Kropotkine, Keir Hardie, Pierre Lavroff, Edmond Picard, Doméla
677
Maurice Caillard, pp. 149-151.
678
Hamon semble tenir pour négligeable la tentative de résurrection de L’Humanité Nouvelle par M. Heyman, en
1906.
263
[sic] Nieuwenhuis, Émile Vandervelde, Hector Denis, Alfred Naquet, Fernand Pelloutier,
Eugène de Roberty, Maxime Kovalewski, etc…[sic]
C’est l’Humanité Nouvelle qui publia la première fois en français du Bernard Shaw et
de l’Andreiev et du Tschékov [sic]. L’Humanité Nouvelle était une revue essentiellement
internationale, elle avait des collaborateurs dans tous les pays. Ainsi Sen Katayama y
collabora alors qu’il était inconnu. Vous savez qu’il est devenu le célèbre leader communiste
au Japon. De même M. Léon Winter, qui fut [sic] ministre social-démocrate en Tchéco-
Slovaquie. Tom Mann, le célèbre syndicaliste britannique, Charles Letourneau, le philosophe
Kozlowski, etc., collaborèrent aussi à l’Humanité Nouvelle. Il y avait dans notre revue une
rubrique très étendue relative à la revue des livres et des revues de toutes langues. Et là nous
avions des collaboratrices nombreuses de tous les pays. L’Humanité Nouvelle était si
représentative de la pensée internationale que la grande Revue observatrice allemande Die
Grenzboten lui consacra en 1902 ou 1903 deux études.
2° Il résulte de ce qui précède que j’estime que l’Humanité Nouvelle a eu une
influence sur la pensée du temps et qu’ainsi, elle a contribué à former celle d’aujourd’hui.
3° Les événements politiques et sociaux contemporains montrent que les idées qui y
étaient défendues par des penseurs éminents, tendent à se réaliser. Mais l’Humanité Nouvelle
était si en avant de son temps que même encore maintenant après un quart de siècle écoulé
elle est encore, si on la relit, une revue d’avant-garde. Ses collaborateurs étaient des
initiateurs, heureux de propager leurs idées sans aucune rémunération. Cette revue dut
disparaître faute de ressource pécuniaire, après avoir coûté à ses collaborateurs et amis des
sacrifices nombreux et assez importants. Mais cela était doux à tous ceux qui payaient de leur
personne et de leur argent, car ils savaient que le rôle d’initiateurs et de précurseurs est dur et
pénible. Mais il donne des joies intimes que nulle autre ne surpasse.
4° Je ne connais pas assez bien les revues actuelles pour pouvoir vous dire avec
certitude s’il en est qui perpétuent la tradition de l’Humanité Nouvelle dont je m’honore
d’avoir été le fondateur, le soutien et l’animateur principal. Je crois cependant que le Monde
Nouveau est en partie dans les mêmes traditions que l’Humanité Nouvelle. Ce serait pour moi
une grande joie de voir une revue reprendre complètement la tradition de l’Humanité
Nouvelle : aucune censure d’idées, tribune libre aux idées les plus avancées dans toutes les
branches des connaissances humaines.
264
9.12 Hamon et
L’Humanité Nouvelle
vus par
Georges Valois
679
L’Humanité Nouvelle était un autre sanctuaire de l’anarchie scientifique, plus
exactement de l’anarchisme socialiste scientifique. C’était une revue épaisse qui posait à la
grande revue, et qui avait pris, en 1897, la succession de la Société Nouvelle publiée
auparavant à Bruxelles. L’Humanité Nouvelle était loin de valoir sa devancière, qui n’avait
point tort de prétendre à la haute culture ; son excuse est qu’elle ne payait pas ses rédacteurs,
ce qui rend très difficile la bonne tenue d’une revue, même en anarchie. La revue était lourde,
indigeste, bourrée de comptes rendus de livres dont la plupart étaient assommants, y compris
ceux que j’y ai publiés. Augustin Hamon, qui la dirigeait, était une curieuse figure. Je suis un
peu gêné pour parler de lui, car j’ai été secrétaire de sa revue pendant plus d’un an, et il m’a
exclu dans des conditions peu élégantes, à une époque où la maigre rétribution qu’il me
donnait (ce n’était pas sa faute) m’était bien utile. Hamon me trouvait indocile, et c’était vrai,
car je le critiquais sans respect, étant arrivé à un moment où la faiblesse des thèses anarchistes
et socialistes m’apparaissait. Enfin, ma rancune à son égard étant tombée depuis plus de vingt
ans, je crois que je me souviendrai de lui avec une entière liberté d’esprit.
Augustin Hamon, Breton de petite taille, à tête ronde et noire, au nez busqué, à l’œil
vif, toujours en mouvement, écrivant une étude de vingt pages en une heure, se considérait
comme un chef d’école. Il était créateur, inventeur, mainteneur du seul socialisme scientifique
éprouvé, ce que Jean Grave contestait absolument. Il avait eu son heure de célébrité quand il
avait publié une Psychologie de militaire-professionnel [sic], qui avait été poursuivie ; il était
devenu, à ses propres yeux, le théoricien de l’antimilitarisme scientifique, sa thèse étant que le
militaire professionnel est une sombre brute, héritière des passions sanguinaires des premiers
âges, donc condamnée à disparaître par l’évolution. Pour définir sa fonction, il avait forgé un
vocable et se nommait lui-même scientiste. Tout ce qu’il faisait, tout ce qu’il écrivait, c’était
de la science. Sa méthode scientifique était d’une simplicité extrême : il découpait des articles
de journaux et de revues, assemblait le tout, en liant avec de vagues analyses, ou bien il
envoyait des questionnaires psycho-physiologiques à des gens d’une même catégorie
professionnelles ou intellectuelle, leur demandant s’ils étaient harmonistes ou mélodistes, et
construisait avec cela des psychologies du militaire, de l’anarchiste-socialiste, de
l’intellectuel, qui étaient tout à fait dépourvues de valeur psychologique. Ses livres
contenaient d’innombrables citations, ce qui lui avait valu, de la part de ses amis, le surnom
de Pot-à -colle. Mirbeau, ayant reçu un questionnaire d’Augustin Hamon, s’en réjoui fort et
imagina, pour les lecteurs du Journal, Hamon faisant son enquête psycho-physiologique
auprès de Fabérot, chapelier de son état, et député socialiste. – Etes-vous harmoniste ou
mélodiste ? demandait Hamon. – Je vous ai déjà dit que je suis chapelier, répondait Fabérot.
Hamon était à peu près le seul à croire à la valeur scientifique de ses travaux ; mais,
comme il se dépensait beaucoup pour la cause, et sans profit personnel, il rencontrait une
grande indulgence auprès des camarades. Le malheur est qu’il prenait cette indulgence pour
argent comptant, et entrait complètement dans la peau de son personnage : précurseur
scientifique, vivant volontairement dans la médiocrité matérielle, à qui plus tard l’humanité
reconnaissante élèvera des statues. Il regardait ainsi ses contemporains arriérés avec un mépris
679
Georges Valois, D’un siècle à l’autre, chronique d’une génération : 1885-1920. Nouvelle Librairie
internationale, 1921, pp. 122-126.
265
bienveillant, qui était pour lui la marque de sa supériorité intellectuelle et de sa modestie. Un
jour, il eut la malheureuse idée de rendre sensible cette attitude de l’esprit en portant un
monocle. Ce fut irrésistible : Hamon, la tête haute, monocle à l’œil, vêtu d’un mac-farlane Ã
carreaux qui avait été de mode vingt ans plus tôt, fendant la foule et regardant le peuple
ignorant avec une hautaine bonhomie ! J’étais encore à un âge où l’on est sans pitié, et je ris
franchement devant la statue vivante, ce que le précurseur ne me pardonna pas. Hamon est
bien oublié aujourd’hui ; ses éditeurs n’ont pas fait de brillantes affaires avec ses livres, ni
avec la collection de sciences sociales qu’il fonda en 1898 ; sa revue a disparu il y a bien
longtemps. Lui-même a changé de direction : il est devenu le seul traducteur officiel de
Bernard Shaw, ce qui couronne assez bien sa carrière, car il a toujours eu le sens de l’inactuel.
J’ai été le disciple, peut-être le seul, d’Augustin Hamon pendant une année entière.
Mais c’est chez lui que j’ai commencé à me dégager, lentement, des illusions du siècle.
Premièrement, à cause d’un certain sens du ridicule que j’acquis. Hamon, c’était en somme un
bourgeois anarchiste, victime lui aussi des préjugés scientifiques du temps. L’anarchisme, le
socialisme lui imposaient, ainsi qu’à beaucoup d’hommes que je voyais chez lui, une attitude
à laquelle on se tient très difficilement. Il est assez difficile de mettre tous les actes de sa vie
sous l’inspiration de l’amour du peuple lorsque, au fond de soi-même, on n’éprouve de plaisir
que dans les hautes régions de l’intelligence ou dans les réunions mondaines. La révolution a
obligé ainsi beaucoup de braves garçons à une hypocrisie absurde. Les politiciens, qui sont
des roués ou des cyniques, se tirent d’affaire en emportant dans leur valise de vieux vestons et
un bel habit. Les autres, ceux qui se croient prophètes et jouent à mépriser le siècle, ne savent
pas comment résoudre le problème. Quand ils vont dans le monde ou au cabaret élégant, ils
sont un peu comme des enfants qui vont fumer des cigarettes dans les lieux retirés. Et s’ils
veulent faire de l’élégance, ils sont ridicules ; s’ils font le paysan du Danube, ils sont
grotesque. Cela se voit. Je le voyais moins bien que les jeunes filles, qui voient les ficelles du
premier coup et qui démolissent ces attitudes d’un sourire, mais je le voyais et ma foi
anarchiste en souffrait.
266
9.13 « Aux anciens abonnés de
L’Humanité
Nouvelle
», par Augustin Hamon
267
9.14 Lettre de Fernand Brouez à Max
Elskamp, 4 avril 1896
680
680
FS, XII 154/34, AML.
268
269
9.15 Lettre de Fernand Brouez à Georges
Eekhoud, non datée
681
681
ML 2623, AML.
270
271
9.16 Lettre de Arthur James à Valère Gille,
6 janvier 1890
682
682
M.L. 5697/ 444-598, AML.
272
273
9.17 Lettre de Victorine Brouez à Hubert
Krains, 26 janvier 1901
683
683
ML 2255/123.
274
275
276
277
9.18 Lettre (dactylographiée) de A. Hamon Ã
Max Elskamp, 22 septembre 1897
A
10. Annexes iconographiques
10.1 Colins
684
684
Dessin, anonyme, non daté, in Ivo Rens, Introduction au socialisme rationnel.
B
10.2 Fernand Brouez
685
685
Dessin, Georges Lemmen, 1897, coll. Van Hoey-Lemmen.
C
10.3 Fernand Brouez
686
686
Dessin, Georges Lemmen, 1897, coll. Van Hoey-Lemmen.
D
10.4 Fernand Brouez, Neel Doff et madame
Lemmen
687
687
Dessin, Georges Lemmen non daté, Bibliothèque Royale, Cabinet des Estampes, inv. SIII 5502 ; repris
dans Roger Cardon, Georges Lemmen (1865-1916) : monographie générale suivie du Catalogue raisonné
de l’œuvre gravé, p. 408.
E
10.6 Gustave Kahn
688
688
Photographie, anonyme, non datée, URL :
www.gatzke.org/cjgka.htm
.
F
10.6 Augustin Hamon
689
689
Photographie, anonyme, non datée, URL :
www.perso.club-internet.fr/ytak/janvier3.html
.
G
10.7 Paul Deutscher
690
690
Photographie, anonyme, non datée, in La Belgique active, p. 165.
H
10.8 Victor-Émile Michelet
691
691
Photographie, anonyme, non datée, URL :
www.membersaol.com/eschmannm/Biographies/LCSM.htm
.
I
10.9 Louis Dumont-Wilden
692
692
Dessin, Franz Gaillard, 1908, in Le Livre des masques belges de Maurice Gauchez, T. 1, p. 30.
J
10.10 Louis Piérard
693
693
Photographie, anonyme, non datée, in Les Écrivains belges contemporains de langue française 1800-
1846 de Camille Hanlet, T. 2, p. 831.
K
10.11 Jules Noël
694
694
Dessin, Franz Gaillard, 1910, in Le Livre des masques belges de Maurice Gauchez, T. 1, p. 30.
L
10.12 La Veuve Monnom
695
695
Eau-forte, Théo Van Rysselberghe, in Histoire du livre et de l’imprimerie en Belgique, des origines Ã
nos jours, T. 4.
M
10.13 Vignettes « Adsit mens populis » et
« L’Humanité Nouvelle »
N