BHASKARA (Bhaskaracharya), indien, 1114-1185 |
On ne confondra pas ce mathématicien indien avec un autre Bhaskara ayant vécu à la charnière entre 6è et 7è siècle, astronome ayant établi des formules d'approximation pour le sinus d'un angle et dont Brahmagupta se serait inspiré. On parle parfois de Bhaskara I pour évoquer ce mathématicien homonyme, Bhaskara II désignant celui qui nous intéresse ici.
De père astronome, astronome lui-même, il dirigea l'observatoire d'Ujjayani (Ujjain, une des sept villes sacrées de l'Inde), là même où vécut Brahamagupta. Son œuvre, essentiellement algébrique marque l'apogée des mathématiques indiennes et inspirera nombre de mathématiciens arabes et occidentaux.
Trois œuvres principales de Bhaskara nous sont parvenues : |
Le Siddhanta-çiromani (couronnement du système), traité d'astronomie
Le Lilavati, traité d'arithmétique (portant le nom de sa fille), d'extractions de racines, de problèmes du 1er degré, fausse position en particulier, où il reprend et complète des résultats de Brahamagupta.
Le Bija Ganita (calcul des inconnues) important traité d'algèbre traitant des polynômes, du second degré et des racines carrées. On y trouve aussi une "preuve" du théorème de Pythagore.
Dans son Lilavati, Bhaskara cherche à résoudre des équations diophantiennes ardues de la forme :
où n est un entier naturel non carré, aujourd'hui appelées équations de Pell, utilisant une méthode de résolution raffinée digne des grands arithméticiens du 17è siècle.
Bhaskara résolut aussi des équations trinômes du second degré ax2 + bx = c en cherchant à les ramener à la forme (Ax ± B)2 = C, méthode utilisée encore aujourd'hui si l'on veut éviter la trop fameuse expression-élève "je fais le discriminant"... :
Exemple : soit à résoudre l'équation :
x2 - 8x est le "début" du carré de x - 4. Ajoutons donc 16 aux deux membres :
x2 - 8x + 16 = 9 + 16
(x - 4)2 = 25
x - 4 = ± 5
Les solutions sont donc :
Des problèmes posés par Bhaskara :
Quel
est le plus petit entier qui dans la division par 6 donne un reste égal
à 5, dans la division par 5 donne un reste égal à 4,
dans la division par 4 donne un reste égal à 3, et dans la division
par 3 donne un reste égal à 2 ?
Rép :
59 (le plus simple est de
constater que le nombre cherché est congru à - 1
pour chaque cas donné).
Un
roseau qui a pris racine au fond d'un bassin, émerge à 40 cm
de la surface. Lorsqu'il est poussé par grand vent, il s'incline et
finit par affleurer tout juste à la surface à 1 mètre
de sa position initiale, en restant bien droit jusqu'à sa racine. Quelle
est la profondeur du bassin ?
Rép :
1,05 m
(appliquer le
théorème de Pythagore).
Dis-moi, jeune fille au regard vif, quel est le nombre qui :
en multipliant par trois
en ajoutant les trois quarts (du résultat)
en divisant par 7
en enlevant le tiers (du résultat)
en prenant le carré du nombre obtenu
en soustrayant ensuite 52
en prenant la racine carré (du résultat)
en ajoutant 8 à cette racine
en divisant enfin (ce dernier résultat) par 10, fournit 2.
Rép : 28
(procéder par
inversion
de la chaîne de
calcul plutôt que de résoudre une équation.
on
retrouvera ce petit problème dans le livre de Raymond Smullyan, Les
énigmes de Shéhérazade,
Ed. Flammarion, Paris - 1997