TOULOUSE (AP) — La police judiciaire a intensifié sa traque du tueur qui a abattu trois militaires et quatre personnes de confession juive, dont trois enfants, entre le 11 et 19 mars à Toulouse et Montauban. Elle s'intéresse notamment à un groupe d'anciens militaires du 17e RGP de Montauban qui avaient été exclus en 2008 pour leurs idées néo-nazies.
Dénoncés par un capitaine d'origine maghrébine qui se plaignait du racisme dont il était victime, trois parachutistes s'étaient notamment fait prendre en photo en train de faire le salut hitlérien enroulés dans un drapeau nazi. Ce cliché avait notamment été publié à l'époque dans l'hebdomadaire satirique "Le Canard enchaîné" qui avait consacré un article à cette affaire.
Interrogé mardi matin sur cette piste, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a assuré qu'elle "n'est pas une piste plus privilégiée que d'autres qui sont suivies". Selon France Info, des vérifications auraient mis hors de cause les trois anciens paras.
L'hypothèse d'un islamiste agissant en solitaire est également étudiée par les enquêteurs qui notent que des militaires appartenant à des régiments engagés en Afghanistan et des personnes de confession juive ont été prises pour cible. Mais aucune revendication n'est parvenue aux autorités et le mode opératoire diffère singulièrement des actions terroristes utilisant notamment des engins explosifs.
La piste d'un ancien militaire sujet à des troubles psychologiques et agissant pour des mobiles purement racistes et antisémites est également étudiée. Les soldats assassinés étaient d'origine maghrébine pour trois d'entre eux et antillaise pour celui qui a été grièvement blessé. Un soldat a ainsi été placé en garde à vue brièvement durant le week-end, mais a rapidement été mis hors de cause.
"Le tueur a agi avec un grand sang-froid et avec un grand professionnalisme", note-t-on de source proche de l'enquête. Il a ainsi volé récemment à Toulouse un puissant scooter noir qui lui a permis d'échapper rapidement aux dispositifs de recherche mis en place. L'homme est équipé d'au moins deux armes: un Colt 45 tirant des balles de 11.43 et un pistolet de calibre 9mm. A Montauban, les policiers ont ainsi retrouvé le chargeur de son arme de poing,mais n'ont pu y relever des empreintes digitales ou ADN.
Méthodique, le tueur prend soin de se cacher son visage sous son casque. Le témoignage d'une Montalbanaise disant avoir aperçu une sorte de tatouage sur le visage du meurtrier n'est pas apparu déterminant. "Il est en contradiction avec les autres éléments de l'enquête", a-t-on précisé de source proche du dossier.
Toute entière mobilisée, la Direction centrale de police judiciaire (DCPJ) a engagé près de 200 enquêteurs appartenant notamment à la Sous-direction antiterroriste (SDAT), à l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) et aux services régionaux des PJ de Bordeaux et Toulouse.
Ils tentent de remonter la piste des communications de la première victime toulousaine, un parachutiste qui a été abattu après avoir passé une annonce sur internet pour la vente de sa moto. Les enquêteurs pensent que le meurtrier lui a tendu un piège, un dimanche dans un endroit isolé de Toulouse.
Un "analyste comportemental" de l'OCRVP, sorte de "profiler" à la française, est également engagé. A partir des indices laissés sur les scènes de crime, des profils des victimes et du mode opératoire du tueur, il tente d'établir le profil "psychologique" de cet homme qui a déjà tué sept personnes. Un meurtrier atypique en France qui apparaît être à mi-chemin entre le tueur en série échelonnant ses crimes dans le temps et le "tueur de masse" de type Breivik en Norvège qui souhaite ainsi frapper l'opinion.
Selon un témoin présent devant le collège juif toulousain, l'homme serait équipé d'une petite caméra portative numérique, ce qui lui permettrait de revivre ses "exploits" ou même de les diffuser sur internet. Craignant une nouvelle action de sa part, une vingtaine de policiers du RAID ont été dépêchés à Toulouse et se tiennent prêts à intervenir à tout moment. AP
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