B. L’urgence psychiatrique et la Cour des Miracles

La figure de la Cour des Miracles n’est pas, à proprement parler, décrite sous ces termes dans l’Histoire de la folie. Cependant, elle correspond à une réalité historique (et mythique à la fois) contre laquelle s’est institué l’Hôpital Général au 17e siècle. Les sujets qui composaient la Cour des Miracles sont exactement ceux, décrits par Foucault, qui firent l’objet du Grand Renfermement. Mais pourquoi mobiliser cette figure spécifique alors que notre démarche consiste à suivre avec précision le texte de Foucault pour le mesurer à la réalité de l’urgence ? Il y a deux raisons à cela.

La première est que la Cour des Miracles nous semble correspondre à une « géographie intermédiaire » du fou qui s’intercale entre la Nef des fous et l’enfermement dans les hôpitaux généraux. Progressivement, entre la Renaissance et le 17e siècle, les fous et les marginaux ne sont plus totalement dans l’errance, mais ils ne sont pas non plus totalement enfermés. Ils existent et vivent dans un lieu clos et précis certes, mais ce sont eux-mêmes qui ont produit le geste de leur clôture dans un lieu spécifique de l’espace public. Ces lieux, dans plusieurs villes de France et d’Europe, s’appelaient « Cours des Miracles ». Nous allons décrire celle de Paris, repaire des fous, voleurs, miséreux qui établirent une société alternative, un ghetto dirait-on aujourd’hui, au carrefour de rues parisiennes malfamées.

L’histoire de la cour des miracles est difficile à retracer. Les travaux d’historiens sur le sujet sont peu nombreux, sans doute du fait que les habitants de la cour des miracles n’ont pas produit d’archives propres et qu’on est obligé de se fonder sur des discours extérieurs (notamment les rapports de police). De plus, la connaissance de ce fait social est colonisée par un imaginaire puissant qui a été construit par Victor Hugo dans Notre Dame de Paris et, par suite, dans les diverses adaptations au cinéma, au théâtre, à la télévision qui en ont été faites. Pour décrire la « société alternative » que constituait la cour des miracles dans le Paris des 15e, 16e et 17e siècles nous nous réfèrerons au travail de Chantal Dupille sur le sujet562. Nous allons faire un bref résumé du travail de l’historienne pour rendre compte de ce qui, de la Cour des Miracles, subsiste d’une certaine manière aux urgences. Confronter la réalité historique à la réalité du présent permet d’entrevoir des continuités dans le rapport de notre société à la folie et à l’exclusion. On verra aussi les limites de l’analogie courante entre Cour des Miracles et service d’urgence.

Il y avait plusieurs « cours des miracles » à Paris : les deux plus célèbres se situaient, pour l’une, à l’emplacement actuel de la place des Vosges (3e arrondissement) et, pour l’autre, qui disparut en 1667, la dernière, près de l’actuelle rue Damiette dans le 2e arrondissement de Paris (voir figure), soit à l’époque dans le cul-de-sac de la rue Saint-Sauveur. Chantal Dupille nous accompagne vers ce lieu sinistre :

‘« Pour accéder à la cour des miracles, il fallait s’égarer dans des ruelles détournées, enchevêtrées, tortueuses, sombres, puantes, vrais labyrinthes de coupe gorge aux noms évocateurs : rue Tire-boudin, rue Merderet, rue de la Grande Truanderie »563.’

Dupille nous précise que la cour des miracles était une association de délinquants, de criminels et de marginaux qui avaient établi leurs quartiers dans différents endroits de Paris. Il était très difficile pour la police d’y pénétrer la nuit. La cour des miracles était une association de mendiants, de sans domiciles, de délinquants, de fous et d’infirmes qui faisaient commerce de leurs larcins. Ils volaient et exploitaient la charité des parisiens en donnant en spectacle leurs infirmités et blessures, véritables parfois, mais le plus souvent simulées. L’historienne indique qu’on aurait aujourd’hui de la peine à se figurer comment une telle population ait pu être réunie en un même lieu. Elle écrit en 1971, date à laquelle les services d’urgence commencent à peine à connaître les recours d’une population en détresse psychosociale. Aux côtés de François Danet, et en relisant cursivement notre journal, nous pourrions dire que certaines caractéristiques de la population de la cour des miracles ont des airs de famille avec celles de la population que nous avons rencontrée aux urgences. Oui, il y a des délinquants, des infirmes, des SDF, des fous et des personnes en situation de précarité aux urgences. Lors de nos observations, il est arrivé à plusieurs reprises que le psychiatre soit appelé pour statuer sur la dangerosité et les troubles mentaux d’un sujet en garde à vue qui avait commis des violences dans les transports publics ou au travail. Inutile de rappeler, nous les évoquâmes à plusieurs reprises, les SDF qui ont recours aux urgences ou viennent chercher discrètement un peu de chaleur dans un coin invisible de la salle d’attente. Les urgences ont bien des allures de cour des miracles.

Mais poursuivons notre enquête historique pour éviter de faire de l’allure une analogie complète. Pourquoi la cour des miracles avait-elle ce nom ? D’abord, nous dit Dupille, parce que c’était une cour, au sens politique du terme, traversée par des rapports de pouvoir : la cour des miracles avait une organisation monarchique, avec un roi et des suivants. Il est inutile de retracer ici la hiérarchie très complexe de cette cour dont les rôles et leur importance se définissaient en fonction des larcins commis. On peut tout de même citer cette amusante remarque de Dupille : « Les quartiers de noblesse s’évaluaient en nombre d’infirmités. Pour être reine de beauté à la cour des miracles, il fallait étaler un ensemble de défigurations propres à allécher les hideux poux masculins »564. Ce que cela révèle, c’est que tout en copiant le modèle politique de leur époque, la monarchie, les habitants de la cour des miracles y introduisaient beaucoup de subversion. Ensuite, la population qui peuplait la cour des miracles s’était fait une spécialité des « miracles ». Pour profiter de la charité chrétienne, les membres de cette cour bricolée simulaient douleurs et souffrances, mais tout disparaissait « comme par miracle » à la nuit tombée. L’historienne explique ainsi que « les simulateurs jouissaient d’un immense succès. En étalant leurs plaies lamentables, ils parvenaient à émouvoir le public, d’autant que la maladie et l’infirmité étaient alors considérées comme un signe divin et que la charité faite à son prochain était censée protéger le donateur »565. Autrement dit, les habitants de la cour des miracles sont des simulateurs ou des malades imaginaires. C’est à partir de cette caractéristique que nous devons discuter plus en profondeur l’analogie possible avec les urgences. Déjà, nous venons de le voir à propos de la contention, cette conception de la fausse maladie (associée à la précarité) est présente chez un certain nombre d’acteurs du soin quand ils cherchent à qualifier la population qui a recours aux urgences. Surtout, les médias, notamment la presse régionale que nous avons étudiée de près, construit aussi toute une représentation autour de la population des urgences.

La Cour des Miracles de la rue Saint-Sauveur (entourée) apparaît encore sur cet extrait d’un plan de Paris datant du 19e siècle (reproduit dans Dupille Chantal, Histoire de la Cour des Miracles)
La Cour des Miracles de la rue Saint-Sauveur (entourée) apparaît encore sur cet extrait d’un plan de Paris datant du 19e siècle (reproduit dans Dupille Chantal, Histoire de la Cour des Miracles)
Voici une représentation d’un faux-mendiant de la Cour des Miracles, retrouvée par Chantal Dupille à la BNF, sur une estampe non datée.
Voici une représentation d’un faux-mendiant de la Cour des Miracles, retrouvée par Chantal Dupille à la BNF, sur une estampe non datée.

La deuxième raison, plus sémiotique, de travailler autour de cette image de la Cour des Miracles est qu’elle constitue, aujourd’hui, un imaginaire profond de ce que représente l’urgence, en particulier psychiatrique. On voit très bien cela dans les représentations du pavillon N issues de la presse locale lyonnaise que nous avons relevées à partir d’une étude de corpus. Nous nous contenterons ici de développer seulement quelques résultats de cette étude pour ne pas alourdir la lecture de la thèse. D’autre part, bien que notre thèse se situe en sciences de l’information et de la communication, nous ne souhaitons pas donner une importance trop grande à cette étude des représentations médiatiques pour laisser à l’approche ethnographique sa valeur centrale. Nous renvoyons donc aux annexes pour le détail de l’étude (méthodologie, corpus et résultats non évoqués ici)566. Cette étude, à partir de laquelle nous souhaitions retrouver des éléments d’histoire sur le pavillon N, donna des résultats supplémentaires très intéressants.

Mais avant de rendre compte de la manière dont la presse locale mobilise cette imaginaire de la cour des miracles, retrouvons-en les caractéristiques dans le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris 567 . L’action du roman se passe à la fin du 15e siècle. La plus belle présentation de la cour des miracles se trouve au chapitre 6, livre 2 (« la cruche cassée »). Hugo décrit l’entrée de Gringoire dans la cour des miracles. Celui-ci ne sait pas où il s’aventure. Il croise des mendiants (un aveugle et un boiteux) à qui il refuse de donner la pièce qu’ils réclament. Alors que Gringoire essaie d’échapper aux mendiants qui insistent, ils le poursuivent en « abandonnant » leur infirmité. Et Gringoire de dire « je vois bien les aveugles qui regardent et les boiteux qui courent ». S’ensuit une description du narrateur qui fait de la cour des miracles le repaire de la délinquance parisienne, du « déchet social » et de malades imaginaires usant de leurs infirmités simulées pour demander la charité. Lisons la prose grandiloquente de Hugo qui, dans sa manière de peindre le tableau de la cour des miracles en forçant le trait, trace le contour des représentations modernes de celle-ci, au-delà des descriptions des historiens :

‘« Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n’avait pénétré à pareille heure ; cercle magique où les officiers du Châtelet et les sergents de la prévôté qui s’y aventuraient disparaissaient en miettes ; cités des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit, ce ruisseau de vices, de mendicité, de vagabondage, toujours débordé dans les rues des capitales ; ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l’ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, l’écolier perdu, les vauriens de toutes les nations, espagnols, italiens, allemands, de toutes les religions, juifs, chrétiens, mahométans, idolâtres, couverts de plaies fardées, mendiant le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient à cette époque tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, le prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris »568.’

Dans cette description, on voit bien quelles caractéristiques de la cour des miracles sont mises en relief. « L’honnête homme » (auquel est censé s’identifier le lecteur) est l’opposé des habitants de la cour, porteurs de tous les défauts sociaux. Le droit n’y a pas cours puisque les représentants de l’Etat y disparaissent. Notons la manière dont le narrateur construit sa description des habitants sous la thématique du déchet (« égout », « croupir »). L’autre visage de la cour qui se dégage de cette puissante description est sans doute celle de la fausse maladie : « hôpital menteur », « plaies fardées ».

C’est avec étonnement que nous découvrîmes que la presse locale, quand elle traitait du pavillon N et de ses patients, empruntait très systématiquement la métaphore de la cour des miracles comme médiation symbolique et comme référence à l’imaginaire pour rendre compte au lecteur des difficultés du service d’urgence en situation d’engorgement. Pour le journal, la cour des miracles est une figure opérante pour décrire deux dimensions du service d’urgence. D’abord pour s’indigner des situations de violence et s’étonner des recours de patients en détresse sociale. Aussi, la presse valorisant et se fondant sur une vision hypertechnicisée de l’urgence ne comprend pas que des patients qui ne présentent pas des pathologies à hospitaliser d’urgence viennent encombrer le service et rendre le travail des médecins compliqué et moins efficace (selon une logique, quelque peu idéologique, selon laquelle la médecine, comme les autres champs techniques et scientifiques, se doit d’être performante ; cette vision élude encore une fois la dimension relationnelle de la médecine, peu évoquée dans les articles du corpus). Face à ce constat, la presse mobilise la figure de la cour des miracles pour distinguer de « vrais » et de « faux » patients, les « faux » patients étant ceux, souvent, qui relèvent d’une prise en charge psychiatrique. Cette distinction sert d’argument, pour la presse régionale, pour expliquer les situations d’engorgement des urgences : de faux patients viennent gripper la mécanique performante de l’hôpital. En adoptant cette perspective là, la presse se range du côté de l’idéologie entrepreneuriale de l’hôpital que nous avons déjà évoquée à plusieurs reprises. Ceci n’a rien d’étonnant quand on connaît les proximités traditionnelles entre la presse locale et les sources institutionnelles569. Ce qui doit cependant nous interpeller à partir de cette étude de corpus, c’est encore une fois la manière dont la presse témoigne, en suivant la logique foucaldienne, d’une conscience de la folie et de l’altérité et de sa géographie, c’est-à-dire des lieux où elles peuvent exister. Visiblement, si l’hôpital général garde une fonction d’accueil de la détresse médicale, psychique et sociale dans le lieu des urgences – la presse et notre journal en font doublement état – ce qu’exprime la presse qui parle au nom du collectif, c’est qu’aujourd’hui l’hôpital doit se rabattre sur la médecine scientifique et la clinique somatique. Autrement dit, dans la presse apparaît en filigrane, une sorte de mouvement du collectif, symbolique, qui chasse les fous et les pauvres hors de l’hôpital général. Dans le corpus, alors que cette population, manifestant des détresses psychiques et/ou sociales, est clairement identifiée comme indésirable aux urgences de l’hôpital (cette cour des miracles n’a rien à y faire), il n’est envisagé aucune solution alternative pour elle. Encore un fois, cette population se retrouve symboliquement condamnée à l’errance puisque la presse ne lui trouve aucun lieu du social alternatif où exister.

Titre, chapeau et début de l’article paru sur le pavillon N dans le Progrès, édition de Lyon, le 23 septembre 2008, où le service d’urgence est associé à la cour des miracles. Extrait de notre corpus
Titre, chapeau et début de l’article paru sur le pavillon N dans le Progrès, édition de Lyon, le 23 septembre 2008, où le service d’urgence est associé à la cour des miracles. Extrait de notre corpus

Alors que la Nef des fous nous paraît une image opératoire pour décrire et interpréter l’accueil d’urgence en psychiatrie aujourd’hui, celle de la Cour des Miracles nous renseigne plus sur les conceptions imaginaires de l’urgence aujourd’hui. Nous avons décelé cet imaginaire sur deux plans principalement. D’une part, il traverse les représentations médiatiques. D’autre part, il traverse les représentations des acteurs du soin, ainsi que nous avons pu le voir dans l’étude sur la contention puisque des distinctions sont opérées entre patients qui souffrent authentiquement et patient qui auraient « choisi » leurs difficultés. Les psychiatres quant à eux, n’adhèrent pas à l’imaginaire de la cour des miracles. Il nous semble qu’il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, il y a le fait fondamental que les psychiatres ont une conception spécifique de la vérité (qui n’est jamais la vérité de la science, mais celle du sujet qui parle) et qui fait que le clivage entre souffrance authentique et simulée, au cœur de la métaphore de la cour des miracles, n’est pas opérant. Au fond, pour les psychiatres, le sujet ne ment jamais (ou plutôt il ne peut jamais dire la vérité, jamais toute la dire tant le langage y est insuffisant). Que le sujet théâtralise sa souffrance ou qu’il raconte une histoire à dormir debout, pour le psychiatre, il est un sujet qui s’accommode du symbolique pour formuler une demande d’aide, à entendre entre les lignes. De plus, les psychiatres hospitaliers sont accoutumés au fait que la détresse psychique s’accompagne de difficultés sociales.

Nous voudrions, pour terminer sur la cour des miracles, ajouter une anecdote qui ne figure pas dans le journal ethnographique mais dont il nous semble qu’il faut la raconter ici. Un jour, alors que nous avions achevé notre étude de corpus, nous en parlâmes à la psychiatre avec qui nous travaillions. Intéressée, elle nous demanda de lui donner à lire nos résultats. Nous lui fîmes parvenir un document qu’elle lut. La fois suivante, alors que nous travaillions à nouveau avec elle, elle nous annonça que notre document avait été « salvateur ». En effet, une journaliste du Progrès s’était rendue quelques jours plus tôt au pavillon N pour faire un reportage. La psychiatre était de garde ce jour-là et fit tout pour fuir la journaliste, refusant ses interviews, prétextant beaucoup de travail. En effet, ayant lu, dans notre document, la représentation de la psychiatrie construite par la presse locale, elle ne voulait pas alimenter l’imaginaire de Cour des Miracles par quelques considérations sur les patients de la psychiatrie. Quelques jours plus tard, l’article parut en faisant peu de cas de la psychiatre, décrite ainsi : « comme tous les autres, la psychiatre de garde est débordée ». Mais rien n’y fit contre la force de l’imaginaire journalistique sur les urgences, puisque l’article du Progrès du 23 septembre 2008 titra : « Les urgences du pavillon N ou la cour des miracles »…

Chantal Dupille nous raconte que la dernière Cour des Miracles parisienne disparut en 1667. C’est l’époque où Paris se nettoie de ses fous et des ses miséreux en créant l’Hôpital Général dont Foucault nous indique qu’il est fondé par un décret en 1656570. D’après l’historienne, ce sont des querelles intestines qui affaiblirent la dernière cour des miracles. Il y eut des dissensions entre les voleurs et ceux qui demandaient la charité avec leurs fausses infirmités. Cette dernière activité était en effet plus lucrative et moins risquée que le vol. Mais le coup de grâce fut cependant porté par le lieutenant général de police de Paris, Nicolas de la Reynie. Les habitants de la cour des miracles de la rue Saint-Sauveur furent difficiles à déloger. Le lieutenant de police, après des essais infructueux en utilisant la force, dut employer une autre stratégie. Il inventa une nouvelle taxe, dite des « boues et des lanternes »571. Elle servit à financer la réfection et l’assainissement des rues de Paris ainsi que leur éclairage. Avec ces travaux, De La Reynie s’approcha peu à peu du dernier bastion de la Cour des Miracles : les rues coupe-gorge mal éclairées furent remplacées par des rues dans lesquelles il était possible de circuler le soir sans être agressé. Les ressources et les lieux où pouvaient se commettre les méfaits se sont ainsi raréfiés et la dernière cour des miracles fut démantelée, très affaiblie, par une ultime attaque de police en 1667. Dupille conclut : « Peu de temps après le démantèlement de la cour des miracles, la truanderie parisienne se trouva répartie entre la prison et l’hôpital général, ou bien repoussée vers la province »572. L’ère de l’enfermement des fous et des pauvres s’ouvre à cette époque, ce que Foucault appelle le Grand Renfermement. Existe-t-il, dans les urgences psychiatriques d’aujourd’hui des réminiscences de l’hôpital général comme il y a des rejetons de la Nef des fous et de la Cour des Miracles ? Nous continuons là notre relecture de l’Histoire de la folie.

Notes
562.

DUPILLE, Chantal. Histoire de la cour des miracles. Préface de Didier Decoin. Hachette, 1971.

563.

Dupille (1971), p.38. Nous retrouvons ici encore la figure du déchet et de l’abject.

564.

Ibid., p.77

565.

Ibid., p.49

566.

On trouvera en fait la version de cette étude qui a été publiée et dont voici la référence : THOMAS, Jérôme. « La Cour des Miracles de l'hôpital. Les urgences médicales et psychiatriques vues à travers la presse locale lyonnaise ». In ROMEYER Hélène (dir.). La santé dans l'espace public. Rennes : Presses de l'école des hautes études en santé publique (EHSP), 2010.

567.

HUGO, Victor. Notre-Dame de Paris. [1831] Texte établi, présenté et annoté par Jacques Seebacher et Yves Gohin. Paris : Gallimard, 1999. Coll. « Bibliothèque de la pléiade ».

568.

Hugo ([1831], 1999), p. 82

569.

Voir notamment sur ce point NEVEU, Erik. Sociologie du journalisme. La Découverte. Coll. « Repères ».

570.

Foucault, Histoire de la Folie, op. cit., p.71

571.

Dupille, p.187

572.

Ibid., p.192