LE DUC CHARLES DE CROY.

 

 


Plan cadastral de la ville de Beaumont en 1606. Pour la taxation des habitations par Charles de CROY.


Le Château Renaissance de Beaumont.


- Les Besognés. - Les Albums. - Un grand Beaumontois

Charles de Croÿ - Né à Beaumont en 1560 et y décédé en 1612.

« Formé à l'Université de Louvain par Valerius, philologue et humaniste distingué, ami de Juste Lipse, sa doctrine au point de vue catholique manquait de fermeté. Les doctrines de Luther et de Calvin qui se glissaient dans l'enseignement d'Erasme, y avaient laissé, avec l'éclat de son talent, ses « dangereuses » complaisances (!). Son père Philippe l'avait placé dans le milieu le plus dangereux, le collège des Trois langues, le plus imprégné de ce demi-catholicisme que lui insufflait Erasme » . Élève sérieux, appliqué et d'une intelligence au-dessus de la moyenne, dit-on. Cette formation nous explique partiellement ses erreurs, ses faiblesses, ses hésitations, ses variations. Il fut d'abord un catholique romain convaincu, puis, sous l'influence de sa première femme, devint calviniste militant, enfin, abjura le protestantisme pour rentrer dans le giron de l'église romaine. Il commanda les armées protestantes, puis celles des Gouverneurs espagnols envoyés par Philippe Il. Les rivalités entre Guillaume le Taciturne, son entourage et les de Croÿ sont connues. Ne jugeons pas son rôle politique, ni sa carrière militaire. En ces temps troublés, il n'était pas facile de rester fidèle à l'Église romaine autoritaire et sectaire, au Roi espagnol, le sinistre Philippe II, et à sa propre patrie. C'est Beaumont qui nous intéresse... Il embellit encore, transforma, agrandit le château Renaissance reconstruit par son grand-père et embelli déjà par son père. « Il restaure et embellit en même temps ceux de Chimay et d'Héverlé, son hôtel de Bruxelles, ses maisons de plaisance, le couvent d'Héverlé où il érige des monuments fastueux qu'il peuple de statues sur les sépultures de ses ancêtres. Il fait au parc de Chimay un mur qui existe encore aujourd'hui, afin d'y avoir une réserve de gibier, etc.... Mais toutes ses faveurs étaient pour Beaumont dont il fit une demeure vraiment magnifique. Il y avait entassé les œuvres d'art, les plus beaux meubles, les tapisseries les plus riches ». « Charles de Croÿ est poète, poète tout à fait rabelaisien. Il aime tourner un sonnet ou une chansonnette, rimer des petites pièces drôles. Les recueils que l'on possède encore ne laissent pas de surprendre par la liberté presque licencieuse avec laquelle il manie les images les plus osées et les sujets les plus malodorants. On vit à l'époque des grasses gauloiseries et Henri IV donne l'exemple. Les poésies de notre Duc sont ornées de dessins et de peintures de sa femme Dorothée. La bibliothèque de la Ville de Valenciennes possède plusieurs recueils de vers écrits par Charles et décorés par sa femme ». Dorothée aimait aussi orner les poésies de feu son beau-père; on en trouve à Valenciennes. Elle-même d'ailleurs taquinait facilement la muse. Charles s'occupe de ses charges officielles : gouverneur et grand sénéchal du Hainaut, « Grand Chamberlan » et sénéchal du Brabant, il oblige les États du Hainaut, de l'Artois, du Brabant, de Lille, à payer les subsides imposés comme aux autres provinces. A partir de 1608, il ne quitte plus guère Beaumont. « Il s'y complaisait au milieu de ses beaux livres, de ses riches collections artistiques », « de sa bibliothèque à laquelle il annexa des collections de médailles, de tableaux, d'antiquités ». « Il fit rédiger par François Liesnard, son secrétaire, la description de la Ville de Beaumont et des autres villages dépendant du Comté de ce nom (Besogné - 1610) ». « Notre Beaumontois fit dessiner et réunir en grands albums in folio villes, villages, châteaux, abbayes du Comté de Hainaut, Namur, etc... La plupart de ces volumes furent réalisés par un peintre hennuyer de Valenciennes Adrien de Montigny. L'ensemble de ses quarante albums se trouve actuellement à la bibliothèque de Vienne ». « On lui doit aussi des dessins à la plume d'une rare fidélité », relatifs aux pays de Beaumont, de Chimay et d'Avesnes. Entouré d'une cour nombreuse, Charles de Croÿ mène une existence fastueuse. Une armée de secrétaires rédigent les « cadastres » et les descriptions ou « besognés » de ses biens. L'inventaire de ceux-ci révèle l'existence de 354 tableaux (Rubens, Jordaens, Mauclere, Véronèse, Maubeuge, Floris, etc ... ). Il avait commandé lui-même des tableaux à Rubens. Il avait aussi commencé une superbe collection de médailles et déjà fait reproduire en gravure une grande partie de cette collection. Ses responsabilités, sont multiples: Lieutenant - gouverneur, Capitaine - général et Grand Bailli du Comté de Hainaut et de la Ville de Valenciennes ». Le Hainaut fut assurément la terre de prédilection de Charles de Croÿ. Bien qu'il eût des terres et des demeures dans d'autres provinces, c'est dans son château de Beaumont - occasionnellement dans celui de Chimay - qu'il aimait résider. Son grand-père, Philippe, son père Philippe de Croÿ, avaient été, comme plusieurs de leurs ancêtres, Grand Bailli de Hainaut et lui-même occupe cette charge. On comprend qu'il ait tenu à ce que son Hainaut natal, « tenu bénie de Dieu et du soleil », soit représenté de façon somptueuse dans sa magnifique collection d'albums de gouaches. Du reste, une fois les volumes de ses propriétés exécutés par Adrien de Montigny, c'est au même artiste qu'il confie la description du Hainaut: ces albums seront les premiers de sa prestigieuse série.

Marcel TRICOT.()

« Vivre à Beaumont »

 

 

 

 

Dernière modification : 09/11/2004, 10:50:16