EpideĀ“miologie de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne,
Niamey (Niger), 1981-1996
G. Campagne,
1
A. Schuchat,
2
S. Djibo,
3
A. OusseĀ“ini,
4
L. CisseĀ“
4
et J. P. Chippaux
5
Dans la ceinture de la meĀ“ningite en Afrique, lāimportance de la meĀ“ningite endeĀ“mique nāest pas aussi bien eĀ“tablie que
celle des eĀ“pideĀ“mies sporadiques de meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque. Une surveillance reĀ“trospective a permis dāidentifier a`
Niamey (Niger), de 1981 a` 1996, un total de 7078 cas de meĀ“ningite bacteĀ“rienne diagnostiqueĀ“s au laboratoire. La
plupart (57,7%) eĀ“taient imputables a`
Neisseria meningitidis
, suivi de
Streptococcus pneumoniae
(13,2%) et
dā
Haemophilus influenzae
b (Hib) (9,5%). Lāincidence annuelle moyenne de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne eĀ“tait de 101
pour 100 000 habitants (70 pour 100 000 au cours de 11 anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques) et la mortaliteĀ“ annuelle
moyenne sāeĀ“levait a` 17 deĀ“ce`s pour 100 000. Au cours dāune peĀ“riode de 7 ans (dont une anneĀ“e eĀ“pideĀ“mique majeure)
pour laquelle on dispose de donneĀ“es,
S. pneumoniae
et Hib reĀ“unis ont provoqueĀ“ plus de deĀ“ce`s par meĀ“ningite que
N. meningitidis
. Les cas de meĀ“ningite eĀ“taient plus freĀ“quents chez les hommes et sont apparus essentiellement en
saison se`che. Le seĀ“rogroupe A est a` lāorigine de 85,6% des cas de meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque pendant la peĀ“riode
eĀ“tudieĀ“e. Les trois quarts de ces cas sont survenus chez des enfants de moins de 15 ans, dont plus de 40% chez des
moins de 5 ans. Cāest chez les nourrissons de moins de 1 an que sont observeĀ“es lāincidence et la mortaliteĀ“ maximales.
Dans cette classe dāaĖge, le Hib est la principale cause de meĀ“ningite bacteĀ“rienne, suivi de
S. pneumoniae
. La premie`re
cause de meĀ“ningite chez les 1-40 ans eĀ“tait
N. meningitidis
. Lāutilisation des vaccins existants contre les meĀ“ningites a`
N. meningitidis
,
S. pneumoniae
et Hib permettrait de reĀ“duire consideĀ“rablement la meĀ“ningite endeĀ“mique et le nombre
de deĀ“ce`s en Afrique subsaharienne, et peut-eĖtre dāeĀ“viter le retour des eĀ“pideĀ“mies meĀ“ningococciques reĀ“currentes.
Article publieĀ“ en anglais dans
Bulletin of the World Health Organization,
1999,
77
(6) : 499-508.
Introduction
Niamey, la capitale du Niger, est situeĀ“e au centre de la
ceinture africaine de la meĀ“ningite (
1
), zone ou` non
seulement les eĀ“pideĀ“mies de meĀ“ningite a` meĀ“ningo-
coque se reĀ“pe`tent, mais ou` sāobserve eĀ“galement un
nombre important de cas de meĀ“ningite endeĀ“mique.
Une telle situation est une menace grave pour la santeĀ“
publique de la reĀ“gion, compareĀ“e a` dāautres parties du
monde. La dernie`re vague de meĀ“ningite a` meĀ“ningo-
coque eĀ“pideĀ“mique au Niger, qui a commenceĀ“ en
1995, a toucheĀ“ plusieurs pays dans les deux anneĀ“es
qui ont suivi (
2, 3
). Un total de 41 930 cas de
meĀ“ningite et 3639 deĀ“ce`s ont eĀ“teĀ“ signaleĀ“s au Niger en
1995 (
4
).
Les eĀ“pideĀ“mies de meĀ“ningite meĀ“ningococcique
dans la ceinture meĀ“ningitique sont relativement bien
connues, suite aux investigations reĀ“aliseĀ“es dans le
cadre des actions de lutte (
5-10
). En revanche, peu
dāeĀ“tudes reĀ“aliseĀ“es en Afrique subsaharienne se sont
inteĀ“resseĀ“es a` la freĀ“quence de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne
en dehors des peĀ“riodes eĀ“pideĀ“miques et ont caracteĀ“riseĀ“
les agents eĀ“tiologiques speĀ“cifiques de la meĀ“ningite
endeĀ“mique (
11-13
). Lāanalyse du liquide ceĀ“phalo-
rachidien (LCR) est reĀ“aliseĀ“e au Centre de Recherche
sur les MeĀ“ningites et les Schistosomiases (CERMES)
depuis 1981, et offre une source de donneĀ“es reĀ“-
trospectives sur lāeĀ“pideĀ“miologie de la meĀ“ningite
bacteĀ“rienne endeĀ“mique et eĀ“pideĀ“mique a` Niamey sur
une peĀ“riode de 15 ans. Ces estimations de la charge de
morbiditeĀ“ et de la mortaliteĀ“ dues a` la meĀ“ningite
bacteĀ“rienne pourraient aider a` la deĀ“finition des
prioriteĀ“s pour lāutilisation des vaccins existants et a`
lāeĀ“valuation de nouveaux vaccins contre les trois
agents eĀ“tiologiques principaux ā
Neisseria meningitidis
,
Streptococcus pneumoniae
et
Haemophilus influenzae
b (Hib).
MateĀ“riel et meĀ“thodes
Population dāeĀ“tude et situation
geĀ“ographique
La plupart des 9 millions dāhabitants du Niger, lāun
des pays les plus pauvres du monde, vivent dans la
reĀ“gion meĀ“ridionale agricole. Le climat est typique de
la ceinture meĀ“ningitique, avec une saison se`che
marqueĀ“e (novembre a` avril) au cours de laquelle
souffle lāHarmattan, amenant des tempeĖtes de
poussie`re et de sable. La saison des pluies commence
en mai ou en juin et dure jusquāen octobre. Niamey
1
EpideĀ“miologiste, CoopeĀ“ration francĀøaise/Centre de Recherche sur
les MeĀ“ningites et les Schistosomiases (CERMES), Niamey (Niger).
2
Responsable, Respiratory Diseases Branch, Division of Bacterial
and Mycotic Diseases, National Center for Infectious Diseases,
Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, GA (Etats-Unis
dāAmeĀ“rique).
3
BacteĀ“riologiste, CERMES, Niamey (Niger).
4
FaculteĀ“ des Sciences de la SanteĀ“, UniversiteĀ“ Abdou Moumouni,
Niamey (Niger).
5
Directeur de recherche, Institut francĀøais de recherche scientifique
pour le deĀ“veloppement en coopeĀ“ration (ORSTOM)/ CERMES, Niamey
(Niger).
85
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
#
Organisation mondiale de la SanteĀ“, 1999
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
est une ville a` forte densiteĀ“ de population (total :
547 743 habitants en 1995), en particulier a` la saison
se`che lorsque migrent les habitants des zones rurales
avant de retourner dans leur village quand la pluie
arrive. Les ressources consacreĀ“es aux soins de santeĀ“
sont limiteĀ“es.
Recueil des donneĀ“es
Le laboratoire de bacteĀ“riologie du CERMES analyse
tous les preĀ“le`vements de LCR qui lui sont soumis par
le service des maladies infectieuses de lāHoĖpital
national de Niamey, ou` tous les cas preĀ“sumeĀ“s de
meĀ“ningite de Niamey sont traiteĀ“s. Il est rare que les
preĀ“le`vements de LCR proviennent dāautres services
de lāHoĖpital ou dāautres centres de santeĀ“ de Niamey.
Les registres de laboratoire contenant les
reĀ“sultats des analyses du LCR sont la source des
donneĀ“es de cette eĀ“tude, qui concerne tous les
preĀ“le`vements recueillis du 1
er
septembre 1981 au
30 juin 1996. On dispose pour chacun des cas de
donneĀ“es sur les caracteĀ“ristiques deĀ“mographiques et
lāanalyse du LCR (cellulorachie, coloration de Gram,
culture et seĀ“rologie); les preĀ“le`vements de LCR
recueillis dans le but de surveiller la reĀ“ponse du
patient a` lāantibiotheĀ“rapie ont eĀ“teĀ“ exclus. Nous avons
eĀ“galement consulteĀ“ le registre hospitalier pour
connaıĖtre lāissue de lāinfection et retrouver les
donneĀ“es deĀ“mographiques manquantes. Les dossiers
hospitaliers nāeĀ“taient disponibles que de 1989 a` 1996.
Laboratoire
Lāanalyse du LCR et le seĀ“rogroupage des meĀ“ningo-
coques ont fait appel aux meĀ“thodes classiques (
14
).
Jusquāen 1994, les preĀ“le`vements ont eĀ“teĀ“ testeĀ“s en
routine par agglutination de particules de latex au
moyen du Slidex Meningitis Kit-5 (BioMeĀ“rieux,
Marcy-Etoile, France, reĀ“feĀ“rence N
o
58803), qui
identifie
H. influenzae
type b,
N. meningitidis
A, B ou
C, ou
S. pneumoniae
. LāeĀ“lectrosyneĀ“re`se a rarement eĀ“teĀ“
utiliseĀ“e. Un seĀ“rogroupage compleĀ“mentaire de cer-
tains isolements de
N. meningitidis
a eĀ“teĀ“ reĀ“aliseĀ“ au
laboratoire du Service de SanteĀ“ des ArmeĀ“es-Le pharo
de Marseille ou a` lāInstitut Pasteur de Paris.
Lāantibiogramme a eĀ“teĀ“ fait au CERMES pour
certains preĀ“le`vements recueillis entre 1985 et 1996
par la meĀ“thode des disques, en utilisant les Bio-discs
(BioMeĀ“rieux, reĀ“feĀ“rences N
o
5400 et 5466), pour
lāampicilline et le chlorampheĀ“nicol. Le nombre
dāisolements correspondant a` chacun des germes
pathoge`nes dont la sensibiliteĀ“ aux antimicrobiens a
eĀ“teĀ“ testeĀ“e a varieĀ“ de manie`re importante au cours de
lāeĀ“tude, ce qui ne nous a gue`re permis dāappreĀ“cier les
tendances de lāantibioreĀ“sistance parmi les preĀ“le`ve-
ments de LCR examineĀ“s.
DeĀ“finition du cas
Un cas de meĀ“ningite bacteĀ“rienne est deĀ“fini par la
preĀ“sence dāau moins un des crite`res suivants :
ā isolement a` partir du LCR de
N. meningitidis
,
S. pneumoniae
,
H. influenzae
, dāenteĀ“robacteĀ“ries ou
dāautres germes pathoge`nes;
ā mise en eĀ“vidence dans le LCR dāantige`nes de
N. meningitidis
,
S. pneumoniae
ou
H. influenzae
b, par
agglutination de particules de latex et/ou eĀ“lectro-
syneĀ“re`se;
ā preĀ“sence a` lāexamen direct de baĖtonnets ou de
cocci Gram-neĀ“gatifs ou de cocci Gram-positifs
dans le LCR; ou
ā mise en eĀ“vidence dans le LCR dāun nombre de
leucocytes >100/ml.
Analyse des donneĀ“es
Pour pouvoir regrouper tous les cas de la meĖme
saison se`che, nous avons consideĀ“reĀ“ les anneĀ“es du
1
er
juillet au 30 juin de lāanneĀ“e suivante; les donneĀ“es
de la premie`re anneĀ“e (1981-1982) nāeĀ“taient cependant
disponibles que pour 10 mois, a` partir du 1
er
sep-
tembre. Lāincidence a eĀ“teĀ“ calculeĀ“e pour 100 000 ha-
bitants. Les proportions ont eĀ“teĀ“ compareĀ“es par le test
du chi
2
(
w
2
).
Le nombre dāhabitants a` Niamey a eĀ“teĀ“ calculeĀ“
pour chaque anneĀ“e de 1981 a` 1996 a` partir des
chiffres du recensement de 1977 (242 973 habitants)
et du recensement de 1988 (391 876 habitants), en
appliquant un taux de croissance annuel de 4,5% en
1977-1988 et de 4,9% (taux de croissance officiel
pour Niamey) pour les anneĀ“es suivantes. Lāeffectif de
la population par classe dāaĖge a eĀ“teĀ“ deĀ“termineĀ“ au
moyen de la structure dāaĖge du recensement de 1988,
appliqueĀ“e a` la population totale estimeĀ“e chaque
anneĀ“e. Les non-reĀ“sidents ont eĀ“teĀ“ exclus des calculs
dāincidence et de mortaliteĀ“. Les donneĀ“es ont eĀ“teĀ“
analyseĀ“es au moyen du logiciel Statview II pour
Macintosh.
Syste`me national de notification
La surveillance des maladies a` deĀ“claration obligatoire
au Niger est reĀ“aliseĀ“e par le Syste`me national
dāInformation sanitaire (SNIS) auquel les centres de
santeĀ“ signalent les cas cliniquement identifieĀ“s de
meĀ“ningite. Nous avons compareĀ“ les donneĀ“es du
laboratoire du CERMES et celles qui ont eĀ“teĀ“ notifieĀ“es
au SNIS de 1992 (date a` laquelle le SNIS a eĀ“teĀ“
renforceĀ“) a` 1996.
AnneĀ“es eĀ“pideĀ“miques et anneĀ“es
non eĀ“pideĀ“miques
LāanneĀ“e eĀ“pideĀ“mique eĀ“tant deĀ“finie comme une anneĀ“e
ou` lāincidence totale de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne
deĀ“passe 140 cas pour 100 000 habitants, nous avons
identifieĀ“ trois anneĀ“es eĀ“pideĀ“miques (1984-1985, 1985-
1986 et 1994-1995) au cours des 15 anneĀ“es dāeĀ“tude.
Les donneĀ“es dont nous disposons sur les cas de
meĀ“ningite meĀ“ningococcique intereĀ“pideĀ“miques ainsi
que sur lāincidence des autres germes pathoge`nes ne
couvrent que 11 anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques entre
1981-1982, dāune part, et 1993-1994, dāautre part;
la disponibiliteĀ“ des reĀ“actifs dāidentification de
H. influenzae
et de
S. pneumoniae
ainsi que du mateĀ“riel
de preĀ“le`vement du LCR a eĀ“teĀ“ moins bonne pendant
lāeĀ“pideĀ“mie de 1994-1995 et 1995-1996. Notre
description des caracteĀ“ristiques deĀ“mographiques
Recherche
86
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
des meĀ“ningites dues a`
S. pneumoniae
,
H. influenzae
ou
dāautres agents couvre la totaliteĀ“ des 15 anneĀ“es
eĀ“tudieĀ“es.
ReĀ“sultats
DonneĀ“es globales
Agents eĀ“tiologiques.
Pendant la peĀ“riode dāeĀ“tude,
13 802 preĀ“le`vements de LCR ont eĀ“teĀ“ analyseĀ“s, parmi
lesquels 7078 (soit 54,1%) reĀ“pondaient a` la deĀ“finition
du cas. Un germe pathoge`ne a eĀ“teĀ“ identifieĀ“, par
culture et/ou seĀ“rologie, dans 5846 cas (soit 82,6%);
la culture eĀ“tait positive pour 3154 preĀ“le`vements
(
N. meningitidis
: 1983;
S. pneumoniae
: 613;
H. influenzae
:
397; autres agents : 161). Les tests au latex ont permis
dāidentifier 2692 autres cas (
N. meningitidis
: 2098;
S. pneumoniae
: 321;
H. influenzae
: 273). Un total de
1232 cas ont eĀ“teĀ“ identifieĀ“s par dāautres crite`res
uniquement et, dans la suite des analyses, ont eĀ“teĀ“
deĀ“signeĀ“s par Ā« eĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e Ā». Parmi les
preĀ“le`vements meĀ“ningitiques positifs pour
H. influenzae
,
95,2% eĀ“taient de type b, comme lāa montreĀ“
lāagglutination au latex.
Lieu de reĀ“sidence, incidence, taux de leĀ“taliteĀ“ et
taux de mortaliteĀ“.
Le lieu de reĀ“sidence de
5839 patients sur 7078 atteints de meĀ“ningite bacteĀ“-
rienne eĀ“tait connu (soit 82,5%); 87,3% venaient de
Niamey et 12,7% ont deĀ“clareĀ“ eĖtre non reĀ“sidents. La
reĀ“partition des agents eĀ“tiologiques de la meĀ“ningite
chez les non-reĀ“sidents eĀ“tait comparable a` la reĀ“parti-
tion chez les reĀ“sidents. Le taux dāincidence annuel
moyen, le nombre de deĀ“ce`s et le taux de leĀ“taliteĀ“
imputables a` la meĀ“ningite bacteĀ“rienne sont indiqueĀ“s
pour chacun des agents au Tableau 1. Lāincidence
annuelle des trois principaux agents est indiqueĀ“e a` la
Figure 1. Lāincidence totale a` Niamey deĀ“passe
140 cas pour 100 000 en 1984-1985, 1985-1986 et
1994-1995, anneĀ“es deĀ“finies comme anneĀ“es eĀ“pideĀ“-
miques. LāeĀ“pideĀ“mie meĀ“ningococcique de 1994-1995
due au seĀ“rogroupe A a eĀ“teĀ“ la plus grave, avec un taux
dāincidence a` Niamey de 327 pour 100 000.
A Niamey, de juillet 1991 a` juin 1996, 3418 cas
de meĀ“ningite au total ont eĀ“teĀ“ diagnostiqueĀ“s au
laboratoire du CERMES, compareĀ“ a` 3563 cas de
meĀ“ningite deĀ“clareĀ“s au syste`me de deĀ“claration obliga-
toire du SNIS (sensibiliteĀ“ globale : 96%, en supposant
que les donneĀ“es du SNIS traduisent fide`lement la
situation). Le nombre annuel de cas deĀ“clareĀ“s
respectivement par le CERMES et le SNIS pour
cette peĀ“riode est le suivant : 1991-1992 : 469/555;
1992-1993 : 394/339; 1994-1995 : 169/169; 1994-
1995 : 1919/1943; 1995-1996 : 467/557. La plupart
des cas de meĀ“ningite sont survenus en saison se`che
(65,3% de feĀ“vrier a` avril).
Age et sexe des cas.
LāaĖge eĀ“tait connu pour
6330 cas (soit 89,4%). Parmi ces cas, 76,2% avaient
moins de 15 ans et 42,2% moins de 5 ans. Les moins
de 1 an repreĀ“sentaient 22,8% des cas et 12,2%
avaient plus de 20 ans. La meĀ“ningite eĀ“tait plus
freĀ“quente chez les hommes que chez les femmes
(Tableau 2). Il nāy avait dans lāensemble chez les
hommes pas de diffeĀ“rence significative entre la
proportion de cas de meĀ“ningite dus aux diffeĀ“rents
agents (
w
2
= 4,8; p = 0,2). Chez les plus de 15 ans,
cependant, la preĀ“dominance des hommes eĀ“tait
nettement supeĀ“rieure (jusquāa` 70% des cas) lorsque
N. meningitidis
et
S. pneumoniae
eĀ“taient en cause.
SeĀ“rogroupes de
N. meningitidis.
La majoriteĀ“
des cas de meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque (85,6%)
survenus pendant les 15 anneĀ“es eĀ“tudieĀ“es eĀ“taient
dus a`
N. meningitidis
seĀ“rogroupe A, seĀ“rogroupe preĀ“-
dominant pendant 14 des anneĀ“es eĀ“tudieĀ“es. Le
seĀ“rogroupe C est responsable de cas sporadiques
pendant presque toute la peĀ“riode dāeĀ“tude, mais a`
lāorigine dāune morbiditeĀ“ beaucoup plus importante
en 1990-1993, la freĀ“quence de la meĀ“ningite a`
seĀ“rogroupe C en 1991-1992 (23 cas pour 100 000)
deĀ“passant celle des meĀ“ningites a` seĀ“rogroupe A. Une
Tableau 1.
Nombre de cas et incidence annuelle moyenne de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne de 1981 a` 1996,
et taux de leĀ“taliteĀ“ et de mortaliteĀ“, en fonction du germe, de 1989 a` 1996, Niamey (Niger)
Germe
1981-1996
1989-1996
Nombre
Incidence
Nombre
Nombre
Taux de
Taux de
de cas
annuelle
de cas
de deĀ“ce`s
leĀ“taliteĀ“
b
mortaliteĀ“
moyenne
a
annuel moyen
a
(pour 100 000)
(pour 100 000)
N. meningitidis
4 081 (57,7)
c
55,3 (3,6 ā 330,4)
d
2 843
239
11,7
6,0
S. pneumoniae
934 (13,2)
14,2 (2 ā 25,6)
e
405
179
52,7
4,8
H. influenzae
670
(9,5)
10,5 (0,5 ā 15,9)
e
306
110
43,3
2,9
Autres
161
(2,3)
2,3 (0,7 ā 4,6)
103
40
54,1
1,2
IndeĀ“termineĀ“
1 232 (17,4)
18,5 (4,4 ā 57,6)
520
73
17,3
1,9
Total
7 078 (100)
100,8 (27,3 ā 347,6)
4 177
641
20,5
16,8
a
Les non-reĀ“sidents a` Niamey ont eĀ“teĀ“ exclus du calcul des taux dāincidence et de mortaliteĀ“.
b
Taux de leĀ“taliteĀ“ lorsque lāissue de la maladie est connue; lāissue eĀ“tait inconnue dans 25% des cas.
c
Pourcentages entre parenthe`ses.
d
Fourchettes entre parenthe`ses.
e
Manque de reĀ“actifs pour lāisolement du germe en 1994-1996.
MeĀ“ningite bacteĀ“rienne, Niamey (Niger)
87
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
petite flambeĀ“e eĀ“pideĀ“mique de meĀ“ningococcie a`
seĀ“rogroupe X a eu lieu en 1990 (incidence : 6,6 pour
100 000). Les autres seĀ“rogroupes (B, W-135, 29-E)
sont uniquement a` lāorigine de cas sporadiques.
Des isolements non groupables de
N. meningitidis
sont responsables de 5,1% des cas, avec une
polyagglutination observable chez 0,7% des souches.
LāInstitut Pasteur de Paris a confirmeĀ“ que les souches
de lāeĀ“pideĀ“mie de 1994-1995 appartenaient au
sous-type A :4 :1.9 de
N. meningitidis
et au groupe
clonal III-1 (
15
).
MeĀ“ningites dāeĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e.
LāeĀ“tio-
logie de 1232 cas de meĀ“ningite sur 7078 (soit 17,4%)
nāa pas pu eĖtre identifieĀ“e, ni par culture ni par la
seĀ“rologie. Chez la plupart dāentre eux (941, soit
76,4%), le diagnostic a eĀ“teĀ“ porteĀ“ uniquement sur la
cellulorachie. En reĀ“examinant les caracteĀ“ristiques
eĀ“pideĀ“miologiques des cas sans diagnostic eĀ“tiologique,
nous avons tenteĀ“ de deĀ“terminer si le diagnostic de
certains agents eĀ“tait entacheĀ“ dāun biais systeĀ“matique.
La proportion dāisolements dont lāeĀ“tiologie est
indeĀ“termineĀ“e est relativement stable pendant les
anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques, de 15,4% en 1993-1994 a`
28,6% en 1982-1983. En revanche, la proportion de
cas indeĀ“termineĀ“s pendant les deux anneĀ“es eĀ“pideĀ“-
miques (1985-1986 et 1994-1995) passe de 33,8%
(1985-1986) a` 2% (1994-1995). La plupart des cas
dāeĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e sont survenus pendant la
saison se`che de deĀ“cembre a` mai, comme les cas ayant
une eĀ“tiologie speĀ“cifique.
Nous avons compareĀ“ les caracteĀ“ristiques des
cas de meĀ“ningite identifieĀ“s a` celles des cas de
meĀ“ningite indeĀ“termineĀ“s pour les anneĀ“es non eĀ“pideĀ“-
miques. Le rapport hommes:femmes est identique
pour les deux groupes (1,37:1,66;
w
2
= 2; p = 0,1). Le
taux de leĀ“taliteĀ“ est plus eĀ“leveĀ“ pour les cas de meĀ“ningite
identifieĀ“s (31,3%) que pour les cas indeĀ“termineĀ“s
(18,7%) (
w
2
= 17,5; p <0,01) pour les anneĀ“es ou`
lāeĀ“volution est connue. La reĀ“partition des cas par aĖge
eĀ“tait diffeĀ“rente dans les deux groupes (
w
2
= 36;
p <0,01), la proportion des moins de 1 an eĀ“tant plus
eĀ“leveĀ“e parmi les cas identifieĀ“s (34,7% contre 25,2%),
le contraire sāobservant pour les 5-9 ans (17,1%
contre 21,2%) et les 15-19 ans (8,4% contre 13,1%).
AnneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques
Incidence, taux de leĀ“taliteĀ“ et eĀ“tiologie par classe
dāaĖge.
Le taux dāincidence moyen des meĀ“ningites
bacteĀ“riennes et le taux de leĀ“taliteĀ“ en fonction du
germe et de lāaĖge pour les 11 anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques
sont indiqueĀ“s au Tableau 3. Les donneĀ“es concernant
lāensemble des meĀ“ningites bacteĀ“riennes pendant
lāanneĀ“e eĀ“pideĀ“mique 1994-1995 sont indiqueĀ“es a` titre
de comparaison. Pendant les anneĀ“es intereĀ“pideĀ“-
miques, cāest le meĀ“ningocoque qui est responsable
de la plus grande part des cas de meĀ“ningite (37,9%),
suivi du pneumocoque (20,7%) et de
H. influenzae
(16,4%). Pendant 5 ans, cependant, le meĀ“ningo-
coque a eĀ“teĀ“ remplaceĀ“ par
S. pneumoniae
et/ou
H. influenzae
qui sont devenus lāeĀ“tiologie preĀ“domi-
nante des meĀ“ningites bacteĀ“riennes. Pendant les
anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques, le pneumocoque a eĀ“teĀ“
responsable de 38,7% des deĀ“ce`s par meĀ“ningite,
H. influenzae
de 24,1%, le meĀ“ningocoque de 16,1% et
les autres agents bacteĀ“riens de 9,1%. La Figure 2
indique, par classe dāaĖge, la proportion de cas de
meĀ“ningite bacteĀ“rienne intereĀ“pideĀ“miques imputables
a` chacun des agents.
SaisonnaliteĀ“.
La saisonnaliteĀ“ des meĀ“ningites
bacteĀ“riennes dues aux trois agents principaux
pendant les 11 anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques est indiqueĀ“e
a` la Figure 3. La meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque preĀ“sente
un pic en avril, celle a` pneumocoque en mars, tandis
que celle a`
H. influenzae
reste relativement stable tout
au long de lāanneĀ“e.
MeĀ“ningite intereĀ“pideĀ“mique a`
N. meningiti-
dis.
LāaĖge eĀ“tait connu pour 95% des 1331 cas de
meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque survenus pendant les
11 anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques. Trois quarts des cas de
meĀ“ningococcie (soit 74,3%) sont survenus chez des
moins de 15 ans et 25,8% chez des moins de 5 ans.
Lāincidence de la meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque pendant
les anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques est comparable dans
Fig. 1.
Incidence annuelle (pour 100 000 habitants) des meĀ“ningites
bacteĀ“riennes a`
N. meningitidis, S. pneumoniae
et
H. influenzae
,
de 1981 a` 1996, Niamey (Niger)
Le nombre de cas indiqueĀ“ par anneĀ“e correspond aux cas survenus du 1
er
juillet au 30 juin
de lāanneĀ“e suivante, a` lāexception de 1981-1982 ou` les cas nāont eĀ“teĀ“ enregistreĀ“s que
du 1
er
septembre 1981 au 30 juin 1982.
Tableau 2.
Nombre de cas de meĀ“ningite bacteĀ“rienne, en fonction
du sexe et du germe, Niamey (Niger), 1981-1996
Germe
Hommes
Femmes
Rapport
hommes :
femmes
Nombre
a
Nombre
a
N. meningitidis
2 441 (60,2)
b
1 616 (39,8)
1,51
S. pneumoniae
534 (57,5)
395 (42,5)
1,35
H. influenzae
377 (56,5)
290 (43,5)
1,30
Autres
93 (58,1)
67 (41,8)
1,38
IndeĀ“termineĀ“
743 (60,8)
478 (39,2)
1,55
Total
4 188 (59,5)
2 846 (40,5)
1,47
a
Lorsque le sexe est connu.
b
Pourcentages entre parenthe`ses.
Recherche
88
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
toutes les classes dāaĖge de moins de 20 ans
(Tableau 3). La comparaison de la reĀ“partition par
aĖge des meĀ“ningites a` meĀ“ningocoque seĀ“rogroupe A
pendant les 11 anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques et les
3 anneĀ“es eĀ“pideĀ“miques montre que la proportion de
cas qui touchent les moins de 5 ans pendant les
anneĀ“es eĀ“pideĀ“miques est supeĀ“rieure a` ce quāelle est au
cours des anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques (31,3% sur
2060 cas, contre 27,3% sur 875 cas respectivement;
w
2
= 4,6; p = 0,03). ConsideĀ“rant ces deux peĀ“riodes,
on nāobserve aucune diffeĀ“rence chez les moins de
15 ans (73,4% contre 74,5% des cas respectivement;
w
2
= 0,4; p = 0,5).
Nous avons compareĀ“ la reĀ“partition par aĖge et
les taux de leĀ“taliteĀ“ des cas de meĀ“ningite a` meĀ“ningo-
coque seĀ“rogroupes A et C pendant les anneĀ“es
intereĀ“pideĀ“miques pour lesquelles nous disposions
des donneĀ“es (1990-1993). La proportion de cas dus
au seĀ“rogroupe A et seĀ“rogroupe C est comparable
chez les moins de 15 ans (72,9% contre 71,6%
respectivement;
w
2
= 0,04; p = 0,8); les formes a`
seĀ“rogroupe C sont cependant plus freĀ“quentes chez
lāenfant aĖgeĀ“ de 5 ans ou plus (79% de seĀ“rogroupes C,
contre 65% de seĀ“rogroupes A;
w
2
= 4,9; p = 0,04).
La diffeĀ“rence entre les taux de leĀ“taliteĀ“ des meĀ“ningites
dues aux seĀ“rogroupes A et C de
N. meningitidis
nāest
pas significative. Lorsque lāissue de lāinfection est
connue, on constate que 14,7% des cas contamineĀ“s
par le seĀ“rogroupe A et 9,9% des cas contamineĀ“s par le
seĀ“rogroupe C sont deĀ“ceĀ“deĀ“s (
w
2
= 2,2; p = 0,2).
La reĀ“sistance a` lāampicilline (6/811, soit 0,7%)
et au chlorampheĀ“nicol (27/713, soit 3,8%) eĀ“tait rare
parmi les isolements de meĀ“ningocoque entre 1985 et
Tableau 3.
Incidence annuelle moyenne
a
(pour 100 000) et taux de leĀ“taliteĀ“ (pour les cas dont lāeĀ“volution
est connue), en fonction du germe et de lāaĖge, pour les 11 anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques situeĀ“es entre
1981 et 1994, Niamey (Niger). Les donneĀ“es de lāanneĀ“e eĀ“pideĀ“mique 1994-1995 sont indiqueĀ“es a`
titre de comparaison.
Germe
Age (anneĀ“es)
<1
1-4
5-9
10-14
15-19
20-29
30-39
5
40
Total
b
N. meningitidis
Incidence
37,4
32,2
43,3
37,2
30,9
10,9
5,5
3,4
25,8
LeĀ“taliteĀ“ (%)
19,3
12
9
7,6
5,2
22,9
22,2
41,7
11,6
S. pneumoniae
Incidence
149.6
10,4
6,4
6,9
9,0
4,7
3,2
7,9
14,9
LeĀ“taliteĀ“ (%)
57,7
56,8
15,8
34,8
62,1
58,3
20,0
60,0
52,8
H. influenzae
Incidence
210,6
10,6
1,3
0,6
0,3
0
0
0
12,3
LeĀ“taliteĀ“ (%)
43,6
45,5
44,4
0
0
0
0
0
43,8
Autres
Incidence
31,8
3,2
0,7
1,7
1,4
0,2
0,3
0,2
2,6
LeĀ“taliteĀ“ (%)
36,0
16,0
4,0
5,0
3,0
2,0
1,0
0
67,0
MeĀ“ningites bacteĀ“riennes, toutes eĀ“tiologies confondues :
anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques
c
Incidence
514,8
69,4
68,3
58,2
57,8
20,9
11,7
15,3
70,5
LeĀ“taliteĀ“ (%)
47,9
29,7
9,7
13,0
19,2
31,9
22,9
44,7
28,8
MeĀ“ningites bacteĀ“riennes, toutes eĀ“tiologies confondues :
anneĀ“e eĀ“pideĀ“mique 1994-1995
Incidence
638,4
489,8
468,8
476,3
475,8
126,0
66,6
31,4
347,6
LeĀ“taliteĀ“ (%)
29,1
12,8
8,4
10,6
8,1
11,8
19,2
29,4
12,3
a
Les non-reĀ“sidents a` Niamey ont eĀ“teĀ“ exclus du calcul de lāincidence.
b
Le total de ligne inclut les donneĀ“es concernant les cas dāaĖge connu et inconnu.
c
MeĀ“ningites dāeĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e incluses.
Fig. 2.
Proportion de cas de meĀ“ningite en fonction du germe
et de la classe dāaĖge, pendant les 11 anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques
situeĀ“es entre 1981 et 1994, Niamey (Niger)
MeĀ“ningite bacteĀ“rienne, Niamey (Niger)
89
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
1996, et lāantibioreĀ“sistance ne montre pas de
tendance apparente au cours du temps.
DonneĀ“es descriptives par germe infectieux
MeĀ“ningite a`
S. pneumoniae.
LāaĖge eĀ“tait connu pour
850 cas de meĀ“ningite a` pneumocoque survenus
pendant la peĀ“riode dāeĀ“tude (soit 91%). Le taux
dāatteinte maximal sāobserve chez les moins de 1 an
(Tableau 3). Les moins de 2 ans repreĀ“sentent 53,1%
et les moins de 1 an 43,9% de lāensemble des
meĀ“ningites a` pneumocoque, tandis que 25,6% des cas
sont survenus avant 6 mois et 12,5% pendant les
3 premiers mois. La Figure 4 indique la reĀ“partition
par aĖge des meĀ“ningites a` pneumocoque chez les
moins de 5 ans.
La reĀ“sistance a` lāampicilline des isolements de
pneumocoque eĀ“tait modeĀ“reĀ“e (7/207, soit 3,4%), sans
tendance seĀ“culaire dans lāeĀ“chantillon disponible. On a
cependant repeĀ“reĀ“ une reĀ“sistance au chlorampheĀ“nicol
chez 15,6% des pneumocoques (42/269), avec une
augmentation manifeste de reĀ“sistance apre`s 1990.
MeĀ“ningite a`
H. influenzae.
LāaĖge eĀ“tait connu
pour 631 cas de meĀ“ningite a`
H. influenzae
survenus
pendant la peĀ“riode dāeĀ“tude (soit 94,2%). Presque tous
ces cas (96,8%) sont survenus chez des moins de
5 ans, 92,9% chez des moins de 2 ans et 84%
pendant la premie`re anneĀ“e. La Figure 4 donne la
reĀ“partition des cas de
H. influenzae
chez les moins de
5 ans. Le pic dāincidence sāobserve chez les enfants
de 5-6 mois. Lāincidence de la meĀ“ningite a`
H.
influenzae
deĀ“passe 200 pour 100 000 chez les moins
de 1 an et est neĀ“gligeable chez les plus de 5 ans
(Tableau 3).
Parmi les 169 isolements de
H. influenzae
dont la
sensibiliteĀ“ a` lāampicilline a eĀ“teĀ“ examineĀ“e, 37 eĀ“taient
reĀ“sistants (soit 21,9%), la proportion dāisolements
reĀ“sistants au chlorampheĀ“nicol eĀ“tant comparable
(25,2% sur 147 souches testeĀ“es). Sur les 131 souches
testeĀ“es vis-a`-vis des deux antibiotiques, 11 eĀ“taient
doublement reĀ“sistantes (soit 8,4%). La freĀ“quence de la
reĀ“sistance a` lāampicilline et au chlorampheĀ“nicol semble
augmenter avec le temps. Parmi les 109 cas de
meĀ“ningite a`
H. influenzae
pour lesquels on disposait a` la
fois dāinformations sur lāissue clinique de la maladie et
sur lāantibiosensibiliteĀ“, on nāa pas observeĀ“ dāassocia-
tion significative entre la leĀ“taliteĀ“ et la reĀ“sistance a`
lāampicilline ou au chlorampheĀ“nicol (
w
2
= 1,9;
p = 0,2 et
w
2
= 0,1; p = 0,8 respectivement).
Autres agents eĀ“tiologiques des meĀ“ningites
bacteĀ“riennes.
Sur les 7078 cas de meĀ“ningite bacteĀ“-
rienne, 161 (soit 2,4%) eĀ“taient dus a` dāautres agents
que
N. meningitidis
,
S. pneumoniae
ou
H. influenzae
. Plus
de la moitieĀ“ de ces cas (soit 60,2%) eĀ“taient dus a` des
Enterobacteriaceae
, dont 56 a` des salmonelles; 32 cas
(soit 19,8%) ont eĀ“teĀ“ provoqueĀ“s par des staphylo-
coques, tandis que divers streptocoques,
Pseudo-
monas
sp. et
Acinetobacter
sp. ont eĀ“teĀ“ chacun a` lāorigine
de 12 autres cas. La plupart des cas de meĀ“ningite dus
aux
Enterobacteriaceae
sont survenus chez des moins
de 5 ans (soit 78,3%). Le taux de leĀ“taliteĀ“ eĀ“tait de
54% pour les 74 cas dus a` dāautres agents et pour
lesquels lāissue eĀ“tait connue.
MeĀ“ningite neĀ“onatale
Dans les 15 anneĀ“es eĀ“tudieĀ“es, 101 cas de meĀ“ningite ont
eĀ“teĀ“ identifieĀ“s chez des nouveau-neĀ“s (<1 mois).
S. pneumoniae
est responsable dāun tiers de ces cas
(soit 33,7%); dāautres streptocoques ont eĀ“teĀ“ identifieĀ“s
dans 3 cas. Les
Enterobacteriaceae
, salmonelles compri-
ses, repreĀ“sentent 15% des meĀ“ningites neĀ“onatales,
N. meningitidis
11% et
H. influenzae
10%. Sur 10 cas
de meĀ“ningite a`
H. influenzae
, 9 au total eĀ“taient dus
au seĀ“rotype b. Lāissue a eĀ“teĀ“ fatale pour la majoriteĀ“
des meĀ“ningites neĀ“onatales (58%) dont le devenir
eĀ“tait connu.
Discussion
La surveillance reĀ“trospective des donneĀ“es du diag-
nostic sur 15 anneĀ“es nous a permis dāobtenir une
information comple`te sur les causes preĀ“cises et
lāampleur de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne dans une ville
typique (Niamey) de la ceinture meĀ“ningitique de
lāAfrique. Les eĀ“pideĀ“mies de meĀ“ningite a` meĀ“ningo-
Nombr
e de cas
Mois
N. meningitidis
S. pneumoniae
H. influenzae
500
400
250
200
150
100
50
0
450
350
300
juil
aoƻt
sept
oct
nov
dƩc
janv
fƩvr
mars
avril
mai
juin
WHO 99183
Fig. 3.
Mois de deĀ“but des cas de meĀ“ningite bacteĀ“rienne,
pendant les 11 anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques situeĀ“es entre 1981
et 1994, Niamey (Niger)
Fig. 4.
Pourcentage cumulatif de cas de meĀ“ningite a`
S. pneumoniae
et
H. influenzae
chez les moins de 5 ans, par classe dāaĖge, de 1981
a` 1994, Niamey (Niger)
Recherche
90
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
coque, qui surviennent a` intervalles reĀ“guliers au Niger
et dans les pays voisins, ne repreĀ“sentent quāune partie
des proble`mes de santeĀ“ publique dus a` la meĀ“ningite
dans la reĀ“gion saheĀ“lienne. En peĀ“riode intereĀ“pideĀ“-
mique, lāincidence de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne
endeĀ“mique dans cette zone est notablement plus
eĀ“leveĀ“e quāailleurs, et cāest une cause freĀ“quente de
maladie et de deĀ“ce`s du jeune enfant. Le meĀ“ningo-
coque est la cause majeure des meĀ“ningites bacteĀ“rien-
nes, meĖme en peĀ“riode intereĀ“pideĀ“mique a` Niamey;
dāautres agents preĀ“dominent cependant certaines
anneĀ“es. Au cours de la peĀ“riode 1989-1996, qui a
comporteĀ“ une eĀ“pideĀ“mie importante de meĀ“ningococ-
cie a` seĀ“rogroupe A, le meĀ“ningocoque a eĀ“teĀ“ respon-
sable de 68,1% des cas de meĀ“ningite bacteĀ“rienne,
mais de seulement 37,3% des deĀ“ce`s. Par contre,
au cours de cette peĀ“riode, le pneumocoque et
H. influenzae
reĀ“unis ont provoqueĀ“ 17% des cas et
45,1% des deĀ“ce`s.
Nos donneĀ“es sous-estiment peut-eĖtre lāimpor-
tance reĀ“elle de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne a` Niamey,
dans la mesure ou` elles reposent sur une deĀ“tection
passive des cas, seules les personnes qui consultent a`
lāhoĖpital et qui ont une ponction lombaire eĀ“tant
identifieĀ“es. Il peut y avoir des patients atteints de
meĀ“ningite bacteĀ“rienne foudroyante qui nāont pas le
temps dāarriver jusquāa` lāhoĖpital et dāautres qui nāy
sont peut-eĖtre pas adresseĀ“s ou qui refusent dāeĖtre
hospitaliseĀ“s pour des questions financie`res ou
culturelles. Certains patients nāont pas eu de ponction
lombaire et les mauvaises conditions de conservation
et de transport risquent dāavoir modifieĀ“ les reĀ“sultats
de la culture de plusieurs preĀ“le`vements de LCR. Nous
avons calculeĀ“ lāincidence a` partir dāestimations de
lāeĀ“volution de la population appliqueĀ“es au recense-
ment de 1988, lequel pourrait eĖtre impreĀ“cis; en outre,
les variations saisonnie`res de population sont
difficiles a` eĀ“valuer. Une exposition anteĀ“rieure aux
antibiotiques, freĀ“quente en Afrique, pourrait parfois
avoir empeĖcheĀ“ la culture du germe. La sensibiliteĀ“ des
tests de recherche de lāantige`ne des meĀ“ningites
bacteĀ“riennes est variable. Le manque de reĀ“actifs pour
la recherche du Hib et de
S. pneumoniae
pendant les
deux dernie`res anneĀ“es de lāeĀ“tude pourrait expliquer la
diminution de lāincidence de la meĀ“ningite a` pneumo-
coque et a` Hib (apre`s 13 anneĀ“es dāune remarquable
stabiliteĀ“) pendant lāanneĀ“e eĀ“pideĀ“mique 1994-1995 et
lāanneĀ“e suivante. Selon nous, un grand nombre de cas
de meĀ“ningite a` pneumocoque et a` Hib survenus ces
deux anneĀ“es-la` auraient eĀ“teĀ“ classeĀ“s avec lāeĀ“tiquette
Ā« eĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e Ā». Nāayant pu identifier
dāautre cause propre a` expliquer cette chute des cas
a` Hib et a` pneumocoque, nous avons deĀ“cideĀ“ dāexclure
les donneĀ“es correspondantes dans le calcul de
lāincidence.
Nos donneĀ“es par agent causal repreĀ“sentent des
estimations minimales dans la mesure ou` lāeĀ“tiologie
de 17% des meĀ“ningites bacteĀ“riennes nāa pu eĖtre
preĀ“ciseĀ“e. La comparaison des cas ayant une eĀ“tiologie
connue et de ceux ayant une eĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e
donne a` penser que ces derniers sont probablement
dus a` une mosaıĀØque de causes parmi les causes
majeures identifieĀ“es de meĀ“ningite bacteĀ“rienne, avec
preĀ“dominance du meĀ“ningocoque. Lāobservation
dāun taux de leĀ“taliteĀ“ minimal et dāune proportion
maximale de cas chez les moins de 1 an, qui ont eĀ“teĀ“
placeĀ“s dans la cateĀ“gorie indeĀ“termineĀ“e, conforte cette
hypothe`se. Concernant les cas dont lāeĀ“tiologie est
connue, il nāest gue`re probable que les reĀ“sultats
obtenus reĀ“sultent dāune incapaciteĀ“ de notre part a`
deĀ“celer un eĀ“ventuel agent tout au long de la peĀ“riode
dāeĀ“tude ou dāun biais systeĀ“matique quelconque. Le
nombre de cas deĀ“clareĀ“s ces dernie`res anneĀ“es par le
Syste`me national dāInformation sanitaire renforceĀ“,
qui identifie les cas dāapre`s le diagnostic clinique,
correspond aux donneĀ“es du laboratoire de bacteĀ“rio-
logie du CERMES, indiquant que nos donneĀ“es sont
comple`tes, au moins pour les cas de meĀ“ningite ayant
donneĀ“ lieu a` un recours aux soins meĀ“dicaux.
Lāincidence annuelle de lāensemble des meĀ“nin-
gites bacteĀ“riennes a` Niamey est en moyenne de 101
pour 100 000 habitants, a` savoir plus de 15 fois le
taux deĀ“celeĀ“ dans les pays deĀ“veloppeĀ“s (
16-18
) et
2-3 fois le taux observeĀ“ a` Dakar (SeĀ“neĀ“gal), ville situeĀ“e
hors de la ceinture africaine de la meĀ“ningite (
11
). Les
taux signaleĀ“s a` Niamey sont comparables a` ceux
observeĀ“s dans dāautres zones de la ceinture meĀ“ningi-
tique (
19
). Il est particulie`rement frappant que la
freĀ“quence de la meĀ“ningite bacteĀ“rienne (exclusion
faite des fortes anneĀ“es eĀ“pideĀ“miques) est en moyenne
de 70 pour 100 000, et quāelle deĀ“passe 100 pour
100 000 lors de 4 anneĀ“es sur les 15 concerneĀ“es.
Trois agents (
N. meningitidis, S. pneumoniae
et
Hib) ont provoqueĀ“ plus de 80% des cas de meĀ“ningite
bacteĀ“rienne; la majoriteĀ“ des cas restants ont une
eĀ“tiologie indeĀ“termineĀ“e. La contribution de ces agents
a` la meĀ“ningite bacteĀ“rienne telle que nous lāavons
estimeĀ“e est voisine de celle observeĀ“e dans les eĀ“tudes
reĀ“aliseĀ“es dans 12 pays pendant les 20 dernie`res
anneĀ“es (
5
). La proportion de cas de meĀ“ningite
imputables a` chacun de ces agents diffe`re cependant
dāun pays en deĀ“veloppement a` lāautre. Un bilan sur les
cas de meĀ“ningite au Mali (
12
) ā soit a` lāinteĀ“rieur de la
ceinture meĀ“ningitique ā a eĀ“galement reĀ“veĀ“leĀ“ que
lāagent preĀ“dominant eĀ“tait le meĀ“ningocoque. Cette
preĀ“dominance du meĀ“ningocoque est probablement
une caracteĀ“ristique qui distingue toute la ceinture
meĀ“ningitique du reste de lāAfrique. Dans les secteurs
plus humides, la meĀ“ningite a` pneumocoque est plus
freĀ“quente que celle a`
H. influenzae
et a` meĀ“ningocoque
(
11, 13, 20
). Dans les pays industrialiseĀ“s,
H. influenzae
eĀ“tait classiquement la premie`re cause de meĀ“ningite
bacteĀ“rienne (
16
) avant lāutilisation systeĀ“matique du
vaccin conjugueĀ“.
La meĀ“ningite bacteĀ“rienne pose un proble`me
particulier chez lāenfant, avec plus de 40% des cas
chez les moins de 5 ans.
H. influenzae
et
S. pneumoniae
eĀ“taient les causes principales de meĀ“ningite chez
lāenfant de moins de 1 an dans les anneĀ“es eĀ“pideĀ“mi-
ques comme dans les anneĀ“es intereĀ“pideĀ“miques. Sans
eĖtre lāobjet de notre eĀ“tude, les seĀ“quelles a` long terme,
surditeĀ“ et troubles du deĀ“veloppement par exemple,
sont connues pour eĖtre particulie`rement freĀ“quentes
MeĀ“ningite bacteĀ“rienne, Niamey (Niger)
91
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
apre`s les meĀ“ningites a` pneumocoque et a` Hib dans les
secteurs ou` lāacce`s au traitement adeĀ“quat est limiteĀ“.
La freĀ“quence plus importante de la meĀ“ningite
bacteĀ“rienne chez les hommes a deĀ“ja` eĀ“teĀ“ remarqueĀ“e
dans les pays deĀ“veloppeĀ“s et en deĀ“veloppement
(
11, 12, 16, 20
). De telles observations pourraient
reĀ“sulter dāun biais de seĀ“lection duĖ au comportement
de recours aux soins diffeĀ“rent pour lāhomme et pour
la femme, nos donneĀ“es nāincluant que les patients
adresseĀ“s a` lāhoĖpital. Lāaugmentation du risque pour-
rait toutefois eĖtre reĀ“elle chez les hommes, en
particulier chez les plus de 15 ans, pour
N. meningitidis
et
S. pneumoniae
.
La plupart des eĀ“pideĀ“mies de meĀ“ningococcie
survenues en Afrique ces 20 dernie`res anneĀ“es sont
dues aux souches de seĀ“rogroupe A (
5
).
N. meningitidis
seĀ“rogroupe C est eĀ“galement une cause de maladie
dans cette reĀ“gion, et notamment dāeĀ“pideĀ“mies au
Burkina Faso, au Mali et dans le nord du NigeĀ“ria en
1979 (
5
). Notre eĀ“tude a mis en eĀ“vidence lāeĀ“mergence
de la meĀ“ningococcie a` seĀ“rogroupe C au Niger en
1990-1993. Apre`s la reĀ“gression du nombre de cas a`
seĀ“rogroupe C, les pathologies a` seĀ“rogroupe A ont de
nouveau repreĀ“senteĀ“ une eĀ“pideĀ“mie majeure en 1994-
1995. Le meĖme pheĀ“nome`ne avait deĀ“ja` eĀ“teĀ“ observeĀ“ a`
Bamako (Mali) (
12
). LāeĀ“mergence peĀ“riodique du
seĀ“rogroupe C semble eĖtre typique de la ceinture
meĀ“ningitique, sāopposant a` la preĀ“sence quasi per-
manente des souches de seĀ“rogroupe A dans ce
secteur.
Il ne nous a pas eĀ“teĀ“ possible dāestimer
lāimportance reĀ“elle des autres seĀ“rogroupes de
meĀ“ningocoque parmi les cas de meĀ“ningite bacteĀ“-
rienne a` Niamey, les seĀ“rogroupes A et C eĀ“tant seuls
systeĀ“matiquement identifieĀ“s. Une flambeĀ“e de plus de
60 cas de meĀ“ningite a`
N. meningitidis
seĀ“rogroupe X a
eu lieu a` Niamey entre novembre 1996 et mars 1997
(Djibo, S., 1997, non publieĀ“), comparable a` celle qui a
eĀ“teĀ“ signaleĀ“e en 1990 (
21
). La preĀ“sence de cette
souche est assez inhabituelle et une nouvelle
eĀ“valuation des souches de seĀ“rogroupe X est preĀ“vue.
On remarquera certains de nos reĀ“sultats sur les
meĀ“ningites a` meĀ“ningocoque intereĀ“pideĀ“miques. A
Niamey, la reĀ“partition par aĖge de ces cas de
meĀ“ningite deĀ“passe largement lāenfance et les taux
dāatteinte chez les moins de 20 ans sont relativement
stables. La modification de la reĀ“partition par aĖge
pendant les eĀ“pideĀ“mies signaleĀ“es par Peltola et al. (
22
),
qui montre une plus grande proportion de cas de
meĀ“ningite chez les sujets plus aĖgeĀ“s par rapport aux
anneĀ“es non eĀ“pideĀ“miques, ne sāobserve pas ici. On
constate au contraire une plus grande proportion de
cas chez les moins de 5 ans pendant les anneĀ“es
eĀ“pideĀ“miques. Dāapre`s certaines observations, le
meĀ“ningocoque seĀ“rogroupe C serait a` lāorigine de
formes plus graves que le seĀ“rogroupe A (
23
); les taux
de mortaliteĀ“ des meĀ“ningites a` seĀ“rogroupe A et a`
seĀ“rogroupe C observeĀ“s a` Niamey sont voisins.
CompareĀ“ au seĀ“rogroupe A, on constate une ten-
dance leĀ“ge`rement supeĀ“rieure des formes a` seĀ“ro-
groupe C chez lāenfant plus aĖgeĀ“. Aux Etats-Unis
dāAmeĀ“rique, le risque est plus grand chez lāenfant
plus aĖgeĀ“ de faire une pathologie a` seĀ“rogroupe
C plutoĖt quāa` seĀ“rogroupe B (
24
).
Par sa freĀ“quence,
S. pneumoniae
est la deuxie`me
cause de meĀ“ningite bacteĀ“rienne. Lāincidence de la
meĀ“ningite a` pneumocoque a` Niamey est leĀ“ge`rement
plus forte que celle qui sāobserve dans les autres pays
de la reĀ“gion (moyenne : 14,2 pour 100 000) (
11
), mais
environ 10 fois supeĀ“rieure a` lāincidence de la
meĀ“ningite a` pneumocoque dans les pays industria-
liseĀ“s (
16, 18
). Les variations saisonnie`res observeĀ“es a`
Niamey sont comparables a` celles qui ont eĀ“teĀ“ deĀ“crites
dans dāautres parties de lāAfrique de lāOuest (
11, 12
).
Le deĀ“but preĀ“coce de cette infection a` Niamey est
caracteĀ“ristique de lāeĀ“pideĀ“miologie des infections a`
pneumocoque dans les pays en deĀ“veloppement (
17
).
ConformeĀ“ment aux observations anteĀ“rieures, la
meĀ“ningite a` pneumocoque eĀ“tait associeĀ“e a` Niamey
a` un taux de leĀ“taliteĀ“ important (
11, 12, 20, 25
).
Les formes a`
H. influenzae
sont importantes
chez les moins de 1 an (incidence : 211 pour
100 000 habitants ā taux comparable a` celui
observeĀ“ en Gambie (
25
) et au Burkina Faso (
26
),
mais bien supeĀ“rieur a` celui qui est signaleĀ“ a` Dakar, au
SeĀ“neĀ“gal (
11
)). Les caracteĀ“ristiques de la meĀ“ningite a`
H. influenzae
a` Niamey ressemblent aux descriptions
eĀ“tablies dans dāautres pays en deĀ“veloppement (
27
),
avec un deĀ“but de la maladie dans le jeune aĖge et un
taux de leĀ“taliteĀ“ eĀ“leveĀ“. Le seĀ“rotype b est responsable
de plus de 95% des meĀ“ningites a`
H. influenzae
a`
Niamey. Les variations saisonnie`res sont de faible
amplitude, un reĀ“sultat comparable a` ceux qui ont eĀ“teĀ“
observeĀ“s ailleurs dans la reĀ“gion (
11, 25, 26
).
La reĀ“sistance des isolements de
H. influenzae
a`
lāampicilline et au chlorampheĀ“nicol est freĀ“quente;
nous nāavons toutefois observeĀ“ aucune association
entre la reĀ“sistance et le taux de leĀ“taliteĀ“, ce qui pourrait
sāexpliquer par un taux de mortaliteĀ“ extreĖmement
eĀ“leveĀ“, meĖme chez les patients ayant une maladie a`
germes sensibles. LāeĀ“mergence dāune ampicillino-
reĀ“sistance des souches de
H. influenzae
a deĀ“ja` eĀ“teĀ“
signaleĀ“e en Afrique de lāOuest (
12
) et semble
augmenter : 50% des isolements eĀ“taient reĀ“sistants a`
cet antibiotique dans une eĀ“tude meneĀ“e reĀ“cemment au
Malawi (
20
) et lāampicillinoreĀ“sistance a eĀ“teĀ“ observeĀ“e
chez un tiers des cas a`
H. influenzae
aux Etats-Unis
dāAmeĀ“rique en 1986 (
16
).
La freĀ“quence de la reĀ“sistance au chlorampheĀ“-
nicol parmi les isolements de
H. influenzae
au Niger
est comparable a` celle quāon observe au Malawi (20-
25%) (
20
). LāantibioreĀ“sistance des cas a`
H. influenzae
(et, dans une moindre mesure, a` pneumocoque) fait
obstacle a` la prise en charge clinique des cas de
meĀ“ningite dans les peĀ“riodes intereĀ“pideĀ“miques a`
Niamey. Si notre eĀ“tude sāest uniquement limiteĀ“e
aux cas de meĀ“ningite, lāimportance des infections a`
Hib a` Niamey pourrait eĖtre bien plus grande quāelle
nāapparaıĖt ici. En Gambie, ou` la freĀ“quence de la
meĀ“ningite a` Hib est proche de celle de Niamey, plus
de 20% des pneumopathies graves sont imputables
au Hib (
28
).
Dāautres agents, essentiellement des
Enterobac-
teriaceae
, provoquent des meĀ“ningites bacteĀ“riennes, en
Recherche
92
Bulletin de lāOrganisation mondiale de la SanteĀ“
Recueil dāarticles N
o
1, 1999
particulier chez le nouveau-neĀ“, ainsi que lāa eĀ“galement
rapporteĀ“ Cadoz (
11
). Ces germes sont rarement la
cause de meĀ“ningites dans notre eĀ“tude, mais ils ont eĀ“teĀ“
observeĀ“s plus souvent dans certains milieux peĀ“dia-
triques (
20, 29
). Si notre eĀ“tude comportait de
nombreux cas de meĀ“ningite neĀ“onatale, elle ne met
pas en eĀ“vidence un roĖle important des streptocoques
de groupe B, lesquels sont la premie`re cause de
meĀ“ningite neĀ“onatale dans nombre de pays indus-
trialiseĀ“s (
30
). Dans une eĀ“tude multicentrique reĀ“cente
financeĀ“e par lāOMS dans quatre pays en deĀ“veloppe-
ment sur les infections graves du nourrisson de moins
de 90 jours,
S. pneumoniae
est apparu responsable de
17 cas de meĀ“ningite sur 43 cas culture-positifs, alors
que le streptocoque B nāeĀ“tait impliqueĀ“ que dans un
seul cas (K. Mulholland, communication person-
nelle, 1998).
Notre eĀ“tude apporte les eĀ“leĀ“ments clefs indis-
pensables pour eĀ“valuer les dimensions du proble`me
de la meĀ“ningite en Afrique subsaharienne et peut
contribuer a` lāidentification des actions prioritaires de
lutte contre les maladies eĀ“vitables par la vaccination a`
mener dans la reĀ“gion. Les meĀ“ningites a` pneumocoque
et a`
H. influenzae
, qui suscitent moins dāattention que
la meĀ“ningite a` meĀ“ningocoque, ont manifestement un
impact majeur sur la santeĀ“ publique. Dans la mesure
ou` la meĀ“ningite est plus facile a` diagnostiquer avec
preĀ“cision que les infections respiratoires, le proble`me
est plus facile a` quantifier, et on peut penser que le
beĀ“neĀ“fice de la vaccination contre les principales
causes de meĀ“ningite devrait largement deĀ“passer le
beĀ“neĀ“fice de la preĀ“vention de la charge de morbiditeĀ“
due aux meĀ“ningites estimeĀ“e ici.
Lāimportance de la morbiditeĀ“ et de la mortaliteĀ“
dues aux meĀ“ningites deĀ“crite pendant une dureĀ“e de
15 ans a` Niamey donne a` penser que la vaccination
par lāun ou lāautre des vaccins actuellement disponi-
bles pourrait eĖtre utile (vaccins antimeĀ“ningo-
cocciques polyosidiques (
5
) et vaccins anti-Hib
conjugueĀ“s (
31
)) ou encore par lāun des vaccins en
cours dāeĀ“tude (vaccins antimeĀ“ningococciques conju-
gueĀ“s A/C (
32
) et vaccins antipneumococciques
conjugueĀ“s (
33
)). La mise en eĀ“vidence de la charge
de morbiditeĀ“ et lāexistence dāun vaccin suĖr et efficace
ne sont malheureusement pas les seuls facteurs qui
pe`sent dans la deĀ“cision dāintroduire un vaccin. Les
facteurs eĀ“conomiques ont eĀ“galement une importance
capitale et les deĀ“cideurs ne disposant que de
ressources faibles, voire nulles, ont a` choisir parmi
des prioriteĀ“s sanitaires en compeĀ“tition. Les estima-
tions de la morbiditeĀ“ et de la mortaliteĀ“ de la preĀ“sente
eĀ“tude pourraient servir dans les analyses couĖt/
efficaciteĀ“ a` modeĀ“liser lāinteĀ“reĖt eĀ“conomique de la
preĀ“vention de la maladie.
n
Remerciements
Ce travail a beĀ“neĀ“ficieĀ“ dāun soutien financier partiel du
ComiteĀ“ dāorientation OMS sur la vaccination contre
la meĀ“ningite et la pneumonie, Recherche et deĀ“ve-
loppement en matie`re de vaccins, Programme
mondial des Vaccins et Vaccinations, Organisation
mondiale de la SanteĀ“, Gene`ve (Suisse).
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