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Les Blancs qualifiés fuient l’Afrique du Sud
La discrimination positive et la violence expliquent cet exode

lundi 9 octobre 2006, par Falila Gbadamassi


Ils sont plusieurs milliers à déserter l’Afrique du Sud, au risque de nuire à son développement économique. Pour les Blancs natifs de la nation Arc-en-ciel, la discrimination positive et la violence sont autant de raisons de quitter un pays qui fait, selon eux, d’une partie de ses citoyens des Sud-Africains de seconde zone.

 
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Les Sud-Africains blancs quittent leurs pays. En dix ans, plus exactement depuis la fin de l’Apartheid, la population blanche s’est ainsi réduite de 16,1%, soit d’un cinquième. Ils ont pour la plupart entre 20 et 25 et sont qualifiés. Les raisons de cet émigration massive : « la violence, mais surtout les conséquences de la discrimination positive qui ne leur permet plus d’accéder à un emploi », explique Frans Cronje, l’auteur de l’étude publiée le mois dernier par l’Institut sud-africain des relations raciales (SAIRR). Cette dernière fait elle-même partie d’une vaste étude comparative sur les conditions de vie des Sud-Africains en 1995 et 2005.

Exaspérés par la violence et la discrimination positive

Leurs destinations préférées : la Grande-Bretagne, tout particulièrement la ville de Londres, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et les Etats-Unis. Et cela en général pour s’y installer définitivement. « On a constaté, explique M. Cronje, que le nombre de Sud-Africains blancs nés sur le territoire national, diminuait de façon très rapide. Ce qui laisse supposer que ceux qui partent ne reviennent pas. Ils aspirent à avoir les mêmes droits que les Noirs et ont l’impression qu’ils sont, à leur tour, les victimes d’un apartheid économique. »

Tony Leon, le leader d’Alliance Démocratique (DA), parti d’opposition, a interpellé, vendredi dernier, le gouvernement de Thabo Mbeki sur cette question. Il l’a invité à prendre des mesures pour retenir cette main d’œuvre qualifiée et productive nécessaire à son développement. La vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka a d’ailleurs admis récemment que cet exode de masse était préjudiciable à l’économie sud-africaine et qu’elle souhaitait faire revenir ces Sud-Africains qui ont opté pour un exil définitif. Poursuivant son propos, le chef du DA a également dénoncé la politique du gouvernement ANC (Congrès National Africain) à l’égard des minorités. Selon lui, il aurait, à maintes reprises, « exprimé de l’hostilité » en ce qui concerne les intérêts des Blancs.

Des mécontents dans tous les groupes raciaux

Pour Frans Cronje, les mesures réclamées par Tony Leon devraient faire en sorte que les Sud-Africains blancs se sentent comme « des citoyens à part entière et non des citoyens de seconde zone. » Une impression que leur donne l’actuelle politique de discrimination positive. Elle leur fait obligation, par exemple, de créer des sociétés en partenariat avec des Noirs ou exigent des chefs d’entreprises d’employer un certain nombre d’entre eux. Si ce quota n’est pas respecté, les entrepreneurs sont soumis à des pénalités financières. Les Sud-Africains blancs restent néanmoins les plus qualifiés dans la mesure où ils ont bénéficié d’une meilleure éducation.

Cependant dans la nouvelle Afrique du Sud, ce ne sont pas que les Blancs qui sont frustrés. Les Noirs le sont tout autant. C’est le sentiment de l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix 1984. Dans un entretien accordé à la BBC, à l’occasion de son 75e anniversaire célébré ce samedi, il a estimé que son pays était assis sur une poudrière, car le fossé entre riches et pauvres se creusait de plus en plus. Et de s’étonner que les pauvres n’aient pas réclamé plus tôt, ce qu’il a appelé, « les dividendes de la liberté ». Selon le SAIRR, en plus d’une décennie de démocratie, les conditions de vie des foyers les plus pauvres sont restés globalement inchangées. La violence est une manifestation de cette paupérisation grandissante. Elle ne fait d’ailleurs pas fuir que les Blancs, note Frans Cronje, les Noirs qui en ont les moyens partent également.



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