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SUD

LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT

DANS LES PAYS DU

AU BÉNÉFICE DE QUI?

JANVIER 2006 

AMIS DE LA TERRE INTERNATIONAL  |  CAMPAGNA PER LA RIFORMA DELLA BANCA MONDIALE  |  CEE BANKWATCH NETWORK  |  WORLD ECONOMY, ECOLOGY & DEVELOPMENT

Young boy playing in Ghana. © Jannek

e Bruil.

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PAR

Jaroslava Colajacomo

ETUDES DE CAS PAR 

Mae Buenaventura et
Bubut D. Palattao
(Freedom from Debt
Coalition, Philippines),
Domitille Delaplace
(Equipo Pueblo, Mexique),
Korinna Horta
(Environmental Defense,
Etats-Unis), Chris Lang
(World Rainforest
Movement), Gary Lee
(TERRA, ThaĂŻlande), Peter
Sinkamba (Citizens for a
Better Environment,
Zambie), P. Raja Siregar
(WALHI/ Amis de 
la Terre IndonĂ©sie). 

L’auteur de ce rapport
remercie chaleureusement
Hannah Ellis et Janneke
Bruil (Friends of the Earth
International - Amis de la
Terre International) ainsi
que Magda Stoczkiewicz
(CEE Bankwatch Network),
pour leurs précieux con-
seils en termes de choix
stylistiques et de concep-
tualisation de ce docu-
ment. Ce document n’au-
rait pas Ă©tĂ© le mĂȘme sans
leur aide. L’auteur veut
Ă©galement remercier
Martin Koehler et Antonio
Tricarico (CRBM) ainsi que
Klaus Schilder (WEED)
pour leur aide Ă  la
recherche et la rĂ©daction
de l’étude prĂ©alable, dont
les principales conclusions
sont reprises ici.
Remerciements partic-
uliers Ă©galement Ă 
Longgena Ginting (Amis
de la Terre International),
James Barnes, Ndoumbe
Nkotto (Focarfe), Jean
Marie Ferraris (LRC/Amis
de la Terre Philippines), et
aux rédacteurs des études
de cas pour leur contribu-
tion et leur dĂ©vouement Ă 
fournir des informations
inĂ©dites et actualisĂ©es sur
les impacts des projets
financés par la BEI qui,
sinon, seraient restĂ©s
inconnus.

CONTACT DE L’AUTEUR :

Jaroslava Colajacomo 
e: jaro@playapart.it

Ce rapport est Ă©galement
disponible en anglais et
en espagnol.

©

CEE Bankwatch Network,

Campagna per la Riforma
della Banca Mondiale
(CRBM), Amis de la Terre
International – Friends of the
Earth International (FOEI), et
World Economy, Ecology &
Development (WEED).

RELECTURE DE LA VERSON
ANGLAISE :

Rowan Mackay, UK

TRADUCTION FRANÇAISE : 

Majda Bouchanine et
Gwenael Wasse

IMPRIMEUR :

PrimaveraQuint, Pays-Bas

CONCEPTION GRAPHIQUE
ET MISE EN PAGE : 

Tania Dunster, 

one

hemi-

sphere, SuĂšde

PHOTOS PAR :

Janneke Bruil,

Bubut Palattao, CEE
Bankwatch Network,
CED/Amis de la Terre
Cameroun, Elaine Gilligan,
Frédéric Castell, FIVAS,
Magda Stoczkiewicz,
MelquĂ­ades SpĂ­nola/
CEPEDES, onehemisphere,
Archives photographiques/El
Universal – Mexique :
Rodolfo Perez, Oswaldo
Ramirez et Luis Garcia Soto,
Peter Sinkamba, Proyecto
Gato, SĂ©bastien Godinot,
TERRA, WALHI/Amis de la
Terre Indonésie et
Woody Simbeye. 

PUBLIÉ PAR :

Amis de la Terre
International (FOEI)

PO Box 19199
1000 GD Amsterdam
Pays-Bas
tel: +31 20 622 1369 
fax: +31 20 639 2181
e: foei@foei.org
www.foei.org

Campagna per la riforma
della Banca Mondiale
(CRBM)

Programma di Mani Tese
Via Tommaso da Celano 15
00179 Roma, Italie
tel: +39 06 78 26 855 
fax: +39 06 78 58 100
e: info@crbm.org
www.crbm.org

CEE Bankwatch Network

Jicinska 8, Praha 3, 130 00,
RĂ©publique TchĂšque
tel: +32 2 542 01 88,
fax: +32 2 537 55 96
e: main@bankwatch.org
www.bankwatch.org

WEED e.V.
World Economy, Ecology 
& Development (WEED) 

Torstr. 154, D-10115
Berlin, Allemagne
tel: +49 30 2758 2163
fax: +49 30 2759 6928
e: weed@weed-online.org
www.weed-online.org

SUD

LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT
DANS LES PAYS DU 

AU BÉNÉFICE DE QUI?

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AU BÉNÉFICE DE QUI?

3

SOMMAIRE

4

RÉSUMÉ

1. INTRODUCTION

6

INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA BEI

7

LE CADRE JURIDIQUE

7

LE CADRE POLITIQUE

8

2. EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

10

L’EXTRACTION MINIÈRE EN ZAMBIE

14

LE PROJET D’OLÉODUC TCHAD-CAMEROUN

16

3. AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

19

LES FINANCEMENTS DE LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT AU MEXIQUE : 
QUI EN TIRE PROFIT ? 

22

LE PROJET VOLKSWAGEN AU MEXIQUE

24

LE PROJET MEXIGAZ

26

L’USINE DE PÂTE À PAPIER VERACEL AU BRÉSIL

28

4. ASIA: 

PROMOTING WATER PRIVATISATION AND LARGE DAMS

30

LA PRIVATISATION DE L’EAU À DJAKARTA

32

L’EAU AUX PHILIPPINES : LES LEÇONS TIRÉES D’UNE PRIVATISATION RATÉE

34

LE BARRAGE DE NAM THEUN 2 AU LAOS

37

5. CONCLUSION

40

6. RECOMMANDATIONS

41

7. GLOSSAIRE

42

8. ANNEXES

43

9. RESSOURCES UTILES

47

10. NOTES

49

© jannek

e bruil

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4

AU BÉNÉFICE DE QUI?

0

RÉSUMÉ

La BEI est une institution publique, crĂ©Ă©e dans le
cadre de la politique de coopĂ©ration de l’Union
européenne. Elle a pour mission de promouvoir un
dĂ©veloppement durable au bĂ©nĂ©fice des
populations des pays dans lesquels elle intervient,
en accord avec le TraitĂ© europĂ©en. En Afrique, en
AmĂ©rique latine et en Asie, elle est censĂ©e agir en
cohĂ©rence avec les politiques de l’Union
européenne en matiÚre de coopération (Accord de
Cotonou et rĂšglements du Conseil). Ces cadres de
rĂ©fĂ©rence sont intĂ©grĂ©s aux conventions et
prioritĂ©s de l’UE en matiĂšre de dĂ©veloppement,
approuvées par les pays concernés dans les
Documents Stratégiques Pays (Country Strategic
Papers). Ces prioritĂ©s sont notamment la
rĂ©duction de la pauvretĂ©, et le dĂ©veloppement
social et environnemental.

Ce rapport Ă©value les activitĂ©s de la BEI en Afrique,
en AmĂ©rique latine et en Asie, par une analyse des
donnĂ©es officielles. Il s’appuie sur une Ă©tude
rĂ©cente du Parlement europĂ©en

1

, sur plusieurs

études de cas effectuées par des groupes de la
sociĂ©tĂ© civile originaires de huit pays du Sud dans
lesquels la BEI opĂšre (Zambie, Tchad, Cameroun,
Laos, Philippines, IndonĂ©sie, Mexique et BrĂ©sil).

Ce rapport considĂšre que la BEI se comporte dans
la pratique comme une institution principalement
axĂ©e sur la demande et rĂ©pondant aux besoins de
ses clients, prĂȘte Ă  financer des projets dans
lesquels les retombées économiques sont
certaines et Ă©levĂ©es, plutĂŽt qu’à mettre la prioritĂ©
sur la lutte contre la pauvreté ou la protection
environnementale. La BEI a, par exemple, rarement
soutenu des projets environnementaux ou
d’énergies renouvelables. Qui plus est, les Ă©tudes

de cas montrent comment les projets financĂ©s par
la BEI ont souvent eu des impacts destructeurs
pour les communautĂ©s et leur environnement (par
exemple les plantations destinées à la production
de pùte à papier au Brésil).

Bien que le mandat de la BEI en AmĂ©rique latine
et en Asie s’appuie sur un prĂ©tendu « intĂ©rĂȘt
mutuel », la BEI semble avant tout interprĂ©ter ce
concept dans le sens du dĂ©veloppement d’un
marché extérieur pour les entreprises
europĂ©ennes. Les prĂȘts de la BEI dans ces rĂ©gions,
en bĂ©nĂ©ficiant Ă  des secteurs solidement Ă©tablis
et sans risque du point de vue financier, ont eu
tendance à passer à cÎté des pays les plus pauvres
(et risquĂ©s sur un plan financier) ainsi que des
petites entreprises locales.

En Amérique latine, plus de 90% des financements
de la BEI depuis 1993 ont Ă©tĂ© accordĂ©s soit Ă  des
filiales d’entreprises europĂ©ennes, soit Ă  de grandes
multinationales. Ce rapport illustre comment ces
investissements sont souvent destinĂ©s Ă  soutenir
les exportations des entreprises de l’UE, tandis que
la construction et l’amĂ©lioration des infrastructures
locales (comme les rĂ©seaux d’électricitĂ© et de
transports publics) sont nĂ©gligĂ©es.

En Afrique, la BEI gĂšre une partie importante du
budget de coopĂ©ration de la Commission
europĂ©enne (jusqu’à 13,5 milliards d’euros durant
les 10 derniĂšres annĂ©es). Cette tendance est Ă  la
hausse avec la création au sein de la BEI de la
nouvelle FacilitĂ© d’Investissement de Cotonou,
dont les dĂ©penses sur le budget europĂ©en sont
estimĂ©es Ă  2,2 milliards entre 2003 et 2008. Ce
rapport montre de quelle façon les premiers prĂȘts
dans le cadre de cette FacilitĂ©, ont principalement
bénéficié au secteur privé (des grandes entreprises
européennes ou locales). Cela concerne
notamment le rĂ©cent projet des mines de cuivre et
de titane en Zambie et au Mozambique.

En Afrique aussi bien qu’en AmĂ©rique latine, les
bénéficiaires privilégiés des financements de la
BEI appartiennent au secteur des industries
extractives. L’olĂ©oduc Tchad-Cameroun, par
exemple, est le plus grand projet jamais financĂ©
par la BEI en Afrique avec un montant de 144
millions d’euros (soit 4 % du total des prĂȘts aux
pays de la zone ACP). La BEI projette de financer
un autre projet Ă  risque dans le domaine des
ressources fossiles en 2006, Ă  savoir le gazoduc
ouest-africain entre le Nigeria et le Ghana.

En moins de 50 ans
d’existence, la Banque
européenne
d’investissement (BEI)
est devenue l’une des
institutions financiĂšres
internationales les plus
puissantes du monde.
Agissant au nom des
citoyens européens et
des gouvernements des
Etats membres de
l’Union europĂ©enne
(UE) dont elle dĂ©pend,
la BEI prĂȘte environ 45
milliards d’euros de
fonds publics par an, au
titre de projets censés
aider au
dĂ©veloppement et Ă  la
cohĂ©sion de l’Union
européenne (UE). AprÚs
avoir commencé à
financer des projets en
Afrique dans les années
1960, ce sont
aujourd’hui prùs de
10% de ses
financements qui
concernent aujourd’hui
des pays hors de
l’Union europĂ©enne,
depuis la Chine
jusqu’au BrĂ©sil. Ces
prĂȘts couvrent un large
Ă©ventail de secteurs
dont l’énergie, l’eau, les
communications,
l’industrie et les
intermédiaires
financiers. Mais Ă  qui
ces projets profitent-ils ?

Habitants du port de pĂȘche 
de Djakarta
© Janneke Bruil.

Enfants ghanéens
© Janneke Bruil.

© jannek

e bruil

background image

BrĂ©sil. 
© Melquíades Spínola/CEPEDES.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

5

Le soutien financier de la BEI aux projets
d’extraction dĂ©crits dans ce rapport illustre de
quelle façon la BEI a souvent failli Ă  assurer un
dĂ©veloppement local bĂ©nĂ©fique, en termes
d’emplois ou de services de base. Ce rapport est
arrivĂ© Ă  la mĂȘme conclusion pour d’autres secteurs,
tels que les prĂȘts Ă  Volkswagen au Mexique, ou
aux compagnies d’eau en Asie. Les investissements
significatifs de la BEI dans des projets de
partenariats public-privĂ© de privatisation de l’eau
en IndonĂ©sie et aux Philippines n’ont eu aucun
effet positif pour ceux qui n’ont pas accĂšs Ă  l’eau
potable et pour les plus pauvres.

Le rapport montre aussi que les projets financĂ©s
par la BEI dans le Sud ont souvent Ă©tĂ© mal Ă©valuĂ©s
sur le plan environnemental et social, avec comme
rĂ©sultat des impacts nĂ©gatifs pour les
communautĂ©s locales et les Ă©cosystĂšmes. En
Afrique et en Asie, les grands barrages et la
production d’énergie hydraulique ont Ă©tĂ© un
domaine prioritaire de financement par la BEI,
bien souvent aux dĂ©pens de l’environnement. Le
barrage de Nam Theun 2 au Laos, dont il est
question plus loin, a Ă©tĂ© financĂ© bien qu’il viole
des normes reconnues Ă  l’échelle internationale.

La BEI certifie qu’elle sĂ©lectionne rigoureusement
les projets qu’elle finance en dehors de l’UE, et
que tous doivent satisfaire aux politiques et aux
normes environnementales européennes (par
exemple en ce qui concerne l’évaluation
environnementale et sociale), ainsi que prendre en
compte le contexte et les lois locales. Cependant,
les Ă©tudes de cas montrent que les normes de l’UE
ne sont en fait pas respectĂ©es, et que les
meilleures pratiques ne sont pas suivies. Il n’y a
aucun mécanisme en place pour évaluer
rĂ©ellement la conformitĂ© des activitĂ©s de la BEI
avec les politiques de l’UE, aussi bien avant
qu’aprĂšs l’accord de financement. Il y a de plus des
cas oĂč les politiques de l’UE sont insuffisantes, ou
ne s’appliquent pas aux Etats non-membres. Au
contraire des autres institutions financiĂšres
internationales comme la Banque mondiale ou la
Banque asiatique de DĂ©veloppement, la BEI ne
dispose pas de politiques de sauvegarde internes
(par exemple en ce qui concerne les déplacements
forcés ou les peuples indigÚnes), ni aucun systÚme
de plainte pour les personnes affectées par des
projets hors Europe.

Malgré les appels de la communauté
internationale pour atteindre les Objectifs du
MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement (OMD) et pour
parvenir Ă  satisfaire aux besoins des plus pauvres,
le soutien de la BEI aux besoins de base (tels que
l’accĂšs Ă  l’eau et Ă  l’assainissement, la santĂ© et
l’éducation) a Ă©tĂ© minimal au regard du montant
total de ses financements dans le Sud. En Afrique,
bien que la BEI soit obligĂ©e d’adhĂ©rer aux
stratĂ©gies de l’UE en matiĂšre de rĂ©duction de la
pauvretĂ© et de dĂ©veloppement social (avec une
forte rĂ©fĂ©rence faite aux OMD), il y a pour l’instant
peu d’indications que ses financements aient
contribué à remplir ces objectifs.

Qui plus est, la BEI demeure une des institutions
les moins transparentes et rendant le moins de
comptes au sein de l’UE. Ce rapport montre de
quelle façon la BEI refuse au public l’accùs à des
informations primordiales (y compris pour
informer de son intention ou non de financer un
projet, ou concernant l’évaluation des impacts
environnementaux et sociaux). Elle conclut que
ses clients ont un droit de regard sur l’accĂšs aux
informations relatives aux projets.

La nécessité que la BEI rende des comptes à la
Commission europĂ©enne et au Parlement requiĂšre
une attention urgente. Bien que la Commission
contrĂŽle les activitĂ©s de la BEI tous les ans, et que
le Parlement soit libre de voter des rĂ©solutions la
concernant ou de mener ses propres Ă©valuations,
la BEI n’est pas tenue de respecter les
recommandations de ce dernier. Elle n’a pas par
exemple pas encore appliqué les conclusions de la
Revue des Industries Extractives (RIE) de la Banque
mondiale, malgrĂ© que le Parlement lui ait
demandĂ© de s’y conformer il y a plus d’un an.

Ce rapport demande un changement radical de la
BEI en ce qui concerne le choix des projets, ses
relations avec les populations concernées, sa
responsabilitĂ© Ă  l’égard de l’Union europĂ©enne, ses
procĂ©dures et ses mĂ©thodes, et le suivi de ses
projets et de ses politiques pour tous les
financements dans les pays du Sud. La BEI doit
prendre pleinement conscience de sa responsabilitĂ©
quant aux impacts des ses activitĂ©s, et doit
s’assurer que les projets qu’elle finance bĂ©nĂ©ficient
aux populations et Ă  l’environnement. La liste des
recommandations se trouve en page 41.

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6

AU BÉNÉFICE DE QUI?

0

INTRODUCTION

1

Bien que les activités de la BEI dans les pays du
Sud reprĂ©sentent encore une fraction relativement
faible de son budget global (par rapport aux
interventions dans les pays membres de l’UE),
elles en font nĂ©anmoins un des principaux acteurs
des politiques de l’UE en matiùre de
dĂ©veloppement et de coopĂ©ration Ă©conomique.
Lorsque la BEI agit au nom de la CommunautĂ©
europĂ©enne et dans le cadre des objectifs
politiques de l’UE, le Parlement europĂ©en et la
Commission europĂ©enne sont par consĂ©quent
appelés à exercer leur autorité

2

.

Dans sa déclaration sur la politique de
dĂ©veloppement de 2000, la Commission
européenne a tenté de ré-orienter sa coopération
avec les Etats non-membres vers la réduction de la
pauvreté. Elle a identifié comme priorités la
promotion d’un accĂšs Ă©quitable aux services
sociaux, les transports, la sécurité alimentaire, le
dĂ©veloppement rural durable et le renforcement
des capacitĂ©s institutionnelles, en particulier dans
le domaine de la bonne gouvernance et du respect
de la loi

3

. La Banque europĂ©enne d’investissement

est supposĂ©e suivre cette stratĂ©gie de
dĂ©veloppement, notamment dans les pays du Sud
oĂč elle opĂšre dans le cadre de l’Accord de
partenariat ACP-UE de Cotonou et des rĂ©solutions
du Conseil européen.

Ce rapport

4

analyse l’impact rĂ©el des financements

de la BEI en matiÚre de réduction de la pauvreté
en Afrique, aux CaraĂŻbes, dans le Pacifique, et dans
les pays d’Asie et d’AmĂ©rique latine. Il montre de
quelle façon les entreprises europĂ©ennes sont les
principales bĂ©nĂ©ficiaires des prĂȘts de la BEI,
expose les problĂšmes environnementaux et
sociaux qui caractĂ©risent les projets financĂ©s,
passe en revue les incohérences politiques
fondamentales, et met en lumiĂšre le manque
flagrant de transparence et la faiblesse
systĂ©matique de l’évaluation des impacts des
financements de la BEI dans les pays du Sud en
termes de développement.

Ce rapport prĂ©sente un aperçu de huit projets
financĂ©s par la BEI en Zambie, au Tchad, au
Cameroun, aux Philippines, en Indonésie, au Laos,
au Mexique et au BrĂ©sil. Ces projets concernent
des secteurs divers, tels que le pĂ©trole et le gaz, les
mines, l’eau, l’industrie automobile, et la pĂąte Ă 
papier. Dans la plupart des cas, les demandes par
des représentants de la société civile locale ou
internationale d’études antĂ©rieures et
postĂ©rieures Ă  l’approbation du projet, et de

rapports de suivi et d’évaluation, ont Ă©tĂ© rejetĂ©es
par la BEI, pour des motifs de confidentialité. Le
rapport montre que la sociĂ©tĂ© civile, bien qu’elle
fasse partie des principaux bénéficiaires des
projets selon la BEI, n’a pas eu la possibilitĂ© de
faire entendre sa voix durant les processus de
prise de décision.

La Revue des Industries Extractives 2003 de la
Banque mondiale

5

a conclu que les grands projets

pĂ©troliers, miniers ou gaziers ont peu de chance
de contribuer à la réduction de la pauvreté dans
des pays corrompus qui ne disposent pas de
procĂ©dures d’application de la loi et qui ne
respectent pas les droits humains. Ces
fondements de la gouvernance font dĂ©faut dans
de nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’AmĂ©rique
latine, oĂč la BEI est active. En 2000, la prestigieuse
Commission Mondiale des Barrages

6

a déjà

présenté des conclusions similaires pour les
grands barrages, tout en recommandant parmi
ses sept prioritĂ©s le principe de l’ Â« acceptation
sociale » avant qu’un nouveau barrage ne soit
construit. Les deux Ă©tudes ont recommandĂ©
l’accord des communautĂ©s indigĂšnes et locales
avant de s’engager dans des projets de grands
olĂ©oducs, d’extraction pĂ©troliĂšre et miniĂšre, ou de
grands barrages. Ce rapport dĂ©montre que la BEI
n’a pas obtenu le consentement des
communautés pour de tels projets.

Pour atteindre les Objectifs du MillĂ©naire pour le
DĂ©veloppement

7

, il est essentiel d’impliquer les

communautés locales dans les projets de
dĂ©veloppement et d’étudier leurs impacts. Cela est
particuliĂšrement vrai dans le cas de ressources
publiques limitĂ©es, qui devraient ĂȘtre utilisĂ©es de
la meilleure façon possible, et alors que les prĂȘts
aux gouvernements de pays du Sud contribuent Ă 
crĂ©er une dette. Ces projets doivent donc ĂȘtre
évalués avec précaution, au regard des objectifs de
rĂ©duction de la pauvretĂ© et de dĂ©veloppement
durable qui sous-tendent la politique de la BEI
hors de l’Europe.

La BEI a l’opportunitĂ© d’éviter les erreurs commises
par la Banque mondiale (une institution jumelle),
dont les projets et politiques controversĂ©s dans les
pays du Sud ont entraĂźnĂ© l’indignation et des
protestations Ă  l’échelle mondiale. Alors que la BEI
s’apprĂȘte Ă  rĂ©viser ses mandats en matiĂšre de
financements extra-europĂ©ens (son mandat actuel
expirant en 2007), ce rapport met en lumiĂšre les
graves erreurs qui peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©es dans le
futur, ainsi que les démarches dans lesquelles la
BEI peut s’engager pour agir plus efficacement.

Durant les derniĂšres
décennies, la Banque
européenne
d’investissement (BEI)
est devenue un acteur
important parmi les
institutions financiĂšres
internationales (IFI) qui
financent des projets
dans le Sud. La BEI est
de plus en plus
impliquée dans des
activitĂ©s de prĂȘt, en
particulier dans le
secteur privé hors
Union européenne.
Entre 1997 et 2002 en
Amérique latine, le
soutien de la BEI au
secteur privé la plaçait
en troisiĂšme position
aprĂšs la Banque
mondiale et la Banque
interaméricaine de
dĂ©veloppement), et en
cinquiĂšme position 
en Asie.

background image

Exposition de rue d’affiches pour
la réforme de la BEI
(Luxembourg, 2005)
© CEE Bankwatch Network.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

7

L’article 21 des statuts de la BEI prĂ©cise que « lorsque
les demandes de financement passent par
l’intermĂ©diaire d’un Etat membre, elles doivent ĂȘtre
soumises à la Commission européenne pour avis »

8

,

avant que le Conseil d’administration de la BEI
n’approuve un prĂȘt. Cet article limite le rĂŽle de la
Commission europĂ©enne Ă  ne faire part de son
opinion que dans le cas d’un projet individuel
(procĂ©dure Ă©galement appelĂ©e « consultation
interne »

9

). Le reste de la coopĂ©ration entre la BEI et

la Commission apparaĂźt comme trĂšs informelle,
dans le cadre de protocoles d’accord et avec une
coordination assez faible au niveau politique. Les
responsabilitĂ©s institutionnelles sont laissĂ©es Ă 
l’interprĂ©tation de la BEI et de la CommunautĂ©

10

Alors que, d’une façon gĂ©nĂ©rale, le Parlement
europĂ©en n’a aucun pouvoir institutionnel formel
pour contraindre la BEI Ă  rendre des comptes sur ses
projets et ses politiques, les membres du ComitĂ© de
gestion de la BEI sont occasionnellement invitĂ©s Ă 
assister aux réunions de divers comités
parlementaires, à savoir le Comité des Affaires
Economiques, FinanciĂšres et MonĂ©taires (CAEFM) et
le ComitĂ© pour le DĂ©veloppement. Le CAEFM a Ă©tĂ©
autorisĂ© durant les cinq derniĂšres annĂ©es Ă  faire un
rapport sur la BEI, conformĂ©ment Ă  l’article 163 du
rĂšglement du Parlement europĂ©en.

Les financements de la BEI sont rĂ©partis dans divers
secteurs dont l’énergie, l’agriculture, l’eau, les transports
et les projets industriels, et de façon croissante au
bĂ©nĂ©fice du secteur privĂ©. La BEI cofinance souvent des
projets avec d’autres institutions financiùres
internationales, telles que la Banque mondiale ou la
Banque europĂ©enne pour la reconstruction et le
dĂ©veloppement (BERD). Ces derniĂšres annĂ©es, la BEI
a financĂ© de grands projets en dehors de l’Union
européenne, avec des impacts économiques,
environnementaux, sociaux et politiques trĂšs
nĂ©gatifs. Certains sont dĂ©crits dans ce rapport.

LE CADRE JURIDIQUE

Depuis sa création en 1958 (Traité de Rome), les
opĂ©rations de la BEI se sont dĂ©veloppĂ©es et
incluent dĂ©sormais des investissements dans des
rĂ©gions situĂ©es en dehors de l’Union europĂ©enne.
C’est au dĂ©but des annĂ©es 1960 que la BEI a
commencĂ© Ă  ĂȘtre impliquĂ©e en Afrique, puis en
1993 en AmĂ©rique latine et en Asie. Bien que, du
fait de son statut

11

, elle ait toujours eu le droit

d’accorder des financements extra-europĂ©ens,
l’expansion rĂ©cente de ses activitĂ©s est le rĂ©sultat
des dĂ©cisions politiques du Conseil de l’Union
européenne, qui décide des mandats accordés à la
BEI (cf. tableau 1 en annexe).

1

LA BEI HORS DE L’EUROPE : 
CADRES POLITIQUES ET JURIDIQUES

INFORMATIONS GÉNÉRALES SUR LA BEI

FondĂ©e en 1958 et dĂ©pendant des Etats membres
de l’Union europĂ©enne, la Banque europĂ©enne
d’investissement est une des plus grandes
institutions financiĂšres internationales. Avec un
budget actuel de 45 milliards d’euros par an, elle
engage quasiment le double des investissements
financiers engagés par la (beaucoup mieux
connue) Banque mondiale. 

La BEI a Ă©tĂ© originellement crĂ©Ă©e dans le but de
financer les infrastructures nécessaires pour relier
les Ă©conomies des Etats membres de l’Union
europĂ©enne, et pour faciliter les investissements
dans ses zones les moins développées. Son
budget, sa mission et son champ d’action ont
depuis considĂ©rablement Ă©voluĂ©, avec 3,5 milliards
d’euros investis hors de l’UE en 2004 (soit 7% de
son budget total).

Les organes directeurs de la BEI comprennent :

Le Conseil des gouverneurs : composĂ© de
ministres des 25 Etats membres de l’UE, qui
dĂ©cident de l’axe de dĂ©veloppement gĂ©nĂ©ral de la
BEI et mandatent ses activitĂ©s.

Le Conseil d’administration : composĂ© de 26
directeurs (un par Etat membre et un reprĂ©sentant
de la Commission europĂ©enne), et d’un grand
nombre de directeurs adjoints et de conseillers
(supplĂ©ants). Le mandat du Conseil inclue le respect
par la BEI des traités européens, de ses statuts, et
des directives données par le Conseil des
gouverneurs. Il a donc un rĂŽle crucial en matiĂšre
d’approbation des projets. Cependant, au contraire
des organes décisionnaires équivalents dans les
autres IFI, ce Conseil est non-rĂ©sident, non-
permanent, et ne se rĂ©unit que dix fois par an.

Le ComitĂ© de direction : c’est l’organe exĂ©cutif
permanent de la BEI, qui gĂšre les affaires
courantes sous l’autoritĂ© du PrĂ©sident
(actuellement M. Philippe Maystadt). Le PrĂ©sident
et huit Vice-prĂ©sidents jouent ont un rĂŽle
extrĂȘmement important au sein de la BEI
puisqu’ils conseillent les directeurs, y compris en
ce qui concerne l’approbation et l’évaluation des
projets et des politiques.

© jannek

e bruil

background image

8

AU BÉNÉFICE DE QUI?

1

THE EIB OUTSIDE EUROPE: 
LEGAL AND POLICY FRAMEWORKS

Ces derniers sont basĂ©s sur les cadres de
coopĂ©ration Ă©tablis entre l’UE et les Etats non-
membres. En Afrique, aux CaraĂŻbes et dans la zone
Pacifique (ACP), la BEI octroie des prĂȘts dans le
cadre des accords UE-ACP (antĂ©rieurement appelĂ©s
Accord de YaoundĂ©, de LomĂ©, et dĂ©sormais de
Cotonou). En Asie et en AmĂ©rique latine (pays AAL),
elle agit grĂące Ă  des mandats du Conseil europĂ©en
qui sont intĂ©grĂ©s Ă  la politique de coopĂ©ration de
l’UE avec ces pays. En RĂ©publique Sud-Africaine
(devenue un membre associĂ© des accords UE-ACP
en 1998), elle alloue des financements dans le
cadre d’un accord bilatĂ©ral spĂ©cifique. Ces cadres
font partie des politiques de l’UE en matiĂšre de
coopĂ©ration et de dĂ©veloppement, qui sont
concrĂštement appliquĂ©es par le biais des
Documents Stratégiques Pays (Country Strategy
Papers) prĂ©parĂ©s conjointement par la Commission
et les pays emprunteurs.

Le TraitĂ© constitutionnel europĂ©en de 1958 stipule
que la BEI devra contribuer à la “mise en oeuvre de
politiques de coopération pour le développement,
par des programmes de coopération multi-
annuels avec des pays en voie de développement,
ou des programmes thématiques »

12

. Cependant,

bien que les objectifs de dĂ©veloppement soient, Ă 
des degrés divers, intégrés aux cadres de la
coopĂ©ration Ă  l’échelle rĂ©gionale, le Conseil
europĂ©en a jusqu’ici failli Ă  la mise en place d’un
mandat global de la BEI pour le dĂ©veloppement.

Depuis les années 1990, diverses décisions du
Conseil européen

13

ont donnĂ© mandat Ă  la BEI pour

investir une certaine partie de ses ressources
propres dans les régions extra-européennes, durant
une pĂ©riode dĂ©limitĂ©e. Le premier mandat a Ă©tĂ©
donnĂ© Ă  la BEI en 1997, et le mandat actuel, datĂ© de
2000, couvre les activités de la BEI en dehors de
l’Europe jusqu’en 2007. Dans les pays d’Asie et
d’AmĂ©rique latine, le Conseil a autorisĂ© la BEI a
investir jusqu’à 4,405 millions d’euros

14

sur ses

ressources propres. De plus, les projets financés sur
les ressources propres de la BEI dans ces régions ont
Ă©tĂ© garantis contre les risques commerciaux

15

par le

budget de la Commission europĂ©enne, Ă  travers un
fonds de garantie crĂ©Ă© Ă  cet effet

16

. Cela assure une

garantie financiĂšre des investissements de la BEI en
Asie et en AmĂ©rique latine.

Le Conseil europĂ©en, au nom de la Commission, a
Ă©galement autorisĂ© la BEI Ă  gĂ©rer directement des
ressources budgétaires de la Communauté
européenne. Cela a été le cas pour un certain
nombre de programmes, en particulier dans les
pays d’Afrique et de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne.

LE CADRE POLITIQUE

Bien que la BEI, en tant qu’institution publique,
assure ĂȘtre guidĂ©e par les objectifs et les directives
politiques de l’Union europĂ©enne, il n’y a aucun
mécanisme en place qui permette réellement
d’évaluer la cohĂ©rence de ses activitĂ©s avec les
politiques de l’UE, aussi bien avant qu’aprĂšs
l’approbation d’un prĂȘt. De plus, il existe de
nombreux cas oĂč les politiques europĂ©ennes sont
insuffisantes (notamment en ce qui concerne les
questions de déplacements forcés ou de peuples
indigùnes). Or, la BEI n’a pas de politique
environnementale ou sociale interne qui permette
de compenser cette lacune.

Alors que la BEI déclare se conformer aux
politiques de la Banque mondiale et d’autres
institutions financiĂšres internationales dans les
cas oĂč celles de l’UE ne sont pas adĂ©quates, aucun
mĂ©canisme ou expertise interne n’existe en son
sein pour assurer la bonne application de ces
politiques. De plus, au contraire de la Banque
mondiale et de la Banque asiatique de
dĂ©veloppement, la BEI n’a pas de mĂ©canisme
indĂ©pendant permettant aux populations
affectées de façon négative par ses projets hors
Europe de déposer une plainte.

Dans sa « Déclaration relative aux questions
sociales » de 2004, la BEI dĂ©clarait que « les
questions relatives aux pratiques discriminatoires
(y compris en matiĂšre d’égalitĂ© des sexes), aux
peuples indigÚnes, aux déplacements
involontaires et aux territoires contestĂ©s sont
prises en compte par la BEI dans le respect des
normes et des pratiques recommandĂ©es dans les
politiques de sauvegarde de la Banque mondiale,
de la Banque asiatique de dĂ©veloppement (BAD) et
de la Banque africaine de dĂ©veloppement (BafD)
»

17

. En ne disposant pas de ses propres procĂ©dures,

d’une expertise indĂ©pendante et d’une capacitĂ© Ă 
Ă©valuer minutieusement les projets en interne, la
BEI accroĂźt les risques d’impacts nĂ©gatifs causĂ©s
par ses financements.

Les projets financĂ©s par la BEI sont censĂ©s “
 ĂȘtre
conformes aux politiques et aux normes de l’UE,
prendre en compte les conditions et les lois
locales, ĂȘtre conformes Ă  la directive europĂ©enne
sur l’étude des impacts environnementaux,
adopter les « meilleures techniques disponibles »,
respecter des bonnes pratiques de gestion
environnementale durant la mise en place et le
dĂ©roulement du projet ; adhĂ©rer aux bonnes
pratiques environnementales au niveau

background image

Enfants indonésiens
© Janneke Bruil.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

9

international »

18

. De plus, la Commission

européenne vérifie chaque année la conformité
des activités extra-européennes de la BEI avec les
politiques et les rĂšgles de l’UE, dans le cadre des
mandats du Conseil

19

. Les Ă©tudes de cas dans ce

rapport montrent pourtant clairement que les
normes de l’UE ne sont en rĂ©alitĂ© pas respectĂ©es,
et que les meilleures pratiques ne sont pas suivies.

Dans sa « Déclaration relative aux questions
sociales » de 2004, la BEI nous apprend qu’elle “ne
finance pas de projets susceptibles d’avoir des
impacts négatifs importants sur les plans
environnementaux ou sociaux, et prend en
compte les questions sociales dans le
financement Â»

20

. Cependant, il n’y a aucun

mĂ©canisme d’évaluation en place pour anticiper
les impacts environnementaux et sociaux ; le
principal indicateur utilisé par la BEI pour évaluer
un projet est le taux de retour sur investissement.

Qui plus est, la documentation générale relative à
l’évaluation des impacts environnementaux et
sociaux, aux prévisions de réduction de la
pauvretĂ©, ou Ă  d’autres outils identifiĂ©s dans la «
Déclaration relative aux questions sociales » de la
BEI, n’a pas Ă©tĂ© fournie aux ONG locales ou
internationales, ni aux populations civiles
concernĂ©es. Le dĂ©partement d’évaluation des
opĂ©rations de la BEI n’analyse qu’une fraction des
projets financĂ©s, et ne permet pas l’accĂšs Ă  des
informations ponctuelles. Bien que la BEI soit
contrainte par son mandat

21

Ă  prendre en compte

les questions sociales dans ses financements, ce
n’est qu’en mars 2005 que le « Cadre d’évaluation
des impacts de la FacilitĂ© d’investissement en
termes de développement»

22

a défini les principes

importants pour les financements de la BEI en
Afrique

23

. La mise en pratique de ces nouvelles

rĂšgles est malheureusement encore attendue.

Bien que la BEI soit une institution publique de
l’Union europĂ©enne, elle reste l’une des moins
transparentes. Elle n’autorise pas le public à
accéder aux informations importantes relatives
aux projets (y compris sur son intention de
financer ou non un projet, les Ă©valuations
environnementales et sociales, et les mesures
qu’elle compte prendre pour rĂ©duire les impacts
environnementaux et sociaux nĂ©gatifs). Le fait que
les emprunteurs privés ou publics de la BEI
puissent dĂ©cider si les informations relatives Ă  un
projet peuvent ou non ĂȘtre rendues publiques

montre de quelle maniÚre la banque privilégie les
intĂ©rĂȘts de ses clients par rapport Ă  ceux des
populations affectées. Cette approche dénigre
Ă©galement le principe fondamental du « droit de
savoir » des citoyens. Sans un accÚs en temps
voulu aux informations relatives aux projets
financĂ©s, il est impossible pour les communautĂ©s
affectĂ©es et les ONG concernĂ©es d’ĂȘtre consultĂ©es
de façon adĂ©quate. Ce manque de transparence,
et le manque de participation du public qui en
rĂ©sulte, a eu pour rĂ©sultat un retard important de
la BEI par rapport aux autres institutions
financiĂšres, et une indiffĂ©rence aux populations
affectées par ses projets.

En 2005, la BEI a engagé une révision de sa
politique en matiĂšre d’information, en menant sa
premiĂšre consultation publique. Il existe
Ă©galement un dĂ©bat pour savoir si la BEI va se
conformer à la Convention d’Aarhus sur l’accùs aux
informations environnementales, la participation
citoyenne et la justice. Les rĂ©sultats de ces deux
processus sont encore attendus.

Personnes qui seront affectĂ©es par

le barrage de Nam Theun 2 .

© Sebastian Godinot.

background image

(7% du total), principalement en Zambie (voir
l’étude de cas), au Mozambique, en Mauritanie et
en Ouganda. En Afrique, c’est le Mozambique qui a
reçu le plus de financements (317 millions d’euros),
suivi par le Kenya et la Zambie (cf. tableau 4 en
annexe). La mise en place de la nouvelle Facilité
d’investissement de Cotonou (cf. encart page 11)
pourrait conduire Ă  une nouvelle augmentation des
financements dans ce secteur.

GRAPHIQUE 1:

Total des financements ACP par

secteur (1994 - 2004)*

Les secteurs traditionnellement utiles en termes de
réduction de la pauvreté en Afrique, tels que
l’agriculture et l’agroalimentaire, n’ont reçu qu’un
faible soutien financier de la BEI dans les pays ACP
durant les 10 derniĂšres annĂ©es, avec
respectivement 1,5% et 3% du total (cf. tableau 3 en
annexe). Il est alarmant que les projets dans ces
deux derniers secteurs n’aient concernĂ© que des
produits destinés à une production industrielle
d’exportation (comme le sucre, les crevettes
d’aquaculture ou les plantations bananiùres), dont
les retombĂ©es pour les populations locales sont loin
d’ĂȘtre dĂ©montrĂ©s.

10

AU BÉNÉFICE DE QUI?

2

EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX 
SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

IDans 30 des 75 pays ACP oĂč la BEI a Ă©tĂ© active
durant les 10 derniĂšres annĂ©es, elle n’a financĂ©
aucun des secteurs prioritaires définis alors que,
dans de nombreux cas, les priorités locales établies
par l’Union europĂ©enne et le pays emprunteur
Ă©taient le renforcement des capacitĂ©s
institutionnelles et la cohĂ©sion sociale. L’intĂ©rĂȘt de la
BEI pour les pays ACP a Ă©tĂ© principalement motivĂ©
par le dĂ©veloppement des industries commerciales,
telles que l’extraction de ressources fossiles. 

Les prioritĂ©s de l’Union europĂ©enne et les
financements de la BEI en Zambie

26

Le rĂŽle de la BEI en Zambie est un exemple parfait
de l’incohĂ©rence entre ses activitĂ©s et la politique
de coopĂ©ration de l’UE avec les pays ACP. En
Zambie, le dĂ©veloppement des transports et des
capacitĂ©s institutionnelles ont Ă©tĂ© identifiĂ©s
comme les prioritĂ©s de l’UE en matiĂšre de
coopĂ©ration au dĂ©veloppement pour la pĂ©riode
2001-2007

27

, formalisées dans le Document

StratĂ©gique Pays. Mais, plutĂŽt que d’orienter les
financements vers l’atteinte de ces objectifs, la
majorité des financements de la BEI depuis 2000
(environ 63 millions d’euros) a Ă©tĂ© consacrĂ©e au
secteur des industries extractives.

Les activitĂ©s locales de la BEI ont concernĂ© la
construction et la mise Ă  niveau des Ă©quipements
Ă©nergĂ©tiques (construction d’un olĂ©oduc et d’une
raffinerie de pĂ©trole, rĂ©novation d’équipements
hydroĂ©lectriques), le dĂ©veloppement des mines de
cuivre (voir l’étude de cas), et la modernisation
d’usines de transformation pour le maĂŻs et le coton.
Aucun des prĂȘts accordĂ©s n’a, jusqu’à prĂ©sent, pris
en compte le dĂ©veloppement des transports, des
infrastructures, ou des institutions.

Alors que la Commission européenne a déboursé
1,1 milliard d’euros sous la forme d’une « assistance
au dĂ©veloppement Â» Ă  la Zambie depuis 1975, et
que la BEI est censĂ©e contribuer Ă  ce financement,
le manque de cohĂ©rence est Ă©vident.

Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les industries
extractives ont figurĂ© parmi les secteurs les plus
financĂ©s par la Banque europĂ©enne d’investissement
dans les pays ACP (cf. tableau 3 en annexe), avec
16% (soit 772 millions d’euros) du montant total des
financements dans la région (4,594 milliards
d’euros). 

La plupart des projets financĂ©s dans le

domaine de l’extraction Ă©taient de grande Ă©chelle
et Ă  gros capital, notamment dans le secteur minier

La BEI opĂšre dans les
pays d’Afrique, des
CaraĂŻbes et du
Pacifique dans le cadre
de la stratégie
europĂ©enne de l’Accord
de Cotonou

24

, dont

l’objectif principal est
l’éradication de la
pauvretĂ© et la
promotion du
développement
durable. La BEI Ă©tant
lĂ©galement tenue de
respecter ces priorités
pour ses financements
Ă  ces pays, c’est dans
cet esprit qu’elle a Ă©tĂ©
mandatĂ©e par l’UE
pour gérer le Fonds
européen de
dĂ©veloppement (FED),
dont le montant
consĂ©quent s’élevait Ă 
13,5 milliards d’euros
en 2004 (cf. tableau 2
en annexe). Ce fonds
est l’outil de
coopération financiÚre
pour l’application des
accords UE-ACP. La BEI
l’administre soit de
façon directe, soit par
le biais d’opĂ©rations de
capital-risque (prĂȘts
concessionnels aux
conditions spéciales) et
de prĂȘts Ă  taux
d'intĂ©rĂȘts bonifiĂ©s

25

tourisme 1.5%

agriculture 1.5%

eau 5%

prĂȘts globaux 32%

energie 27%

autres 11%

pétrole 4%

gas naturelle 5%

l’extraction 
miniĂšre 7%

industrie 15%

transports 12%

communication 5%

*Source:

l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts de la

Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) dans le cadre du Cotonou
et ALA. (NumĂ©ro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).

© Elaine Gilligan

background image

Delta du Niger, 2004
© Elaine Gilligan.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

11

La nouvelle FacilitĂ© d’investissement de Cotonou 

La FacilitĂ© d’investissement (FI) de la BEI a dĂ©butĂ©
en juin 2003, dans le but d’accroĂźtre les
investissements europĂ©ens dans les pays ACP. Une
attention particuliĂšre a Ă©tĂ© accordĂ©e au soutien du
secteur privé, en particulier les petites et
moyennes entreprises (PME). Il est prĂ©vu que la FI
permette de mobiliser 2,2 milliards d’euros sur les
fonds budgĂ©taires europĂ©ens entre 2003 et 2008,
par le biais du Fonds européen de développement
et sous la responsabilitĂ© de la BEI. La BEI est censĂ©e
mettre simultanĂ©ment Ă  disposition 1,7 milliard
d’euros sur ses ressources propres. En 2004, la FI a
bĂ©nĂ©ficiĂ© de presque 70% du budget de 500
millions d’euros destinĂ© aux pays ACP et Ă  l’Afrique
du Sud

28

. Ses premiers financements ont Ă©tĂ©

accordés à de grandes entreprises européennes ou
locales. C’est le cas du rĂ©cent prĂȘt pour la mine de
cuivre de Kansanshi en Zambie (voir l’étude de cas
p. 14), et d’un autre prĂȘt de 40 millions d’euros
pour la mine de titane de Moma en Mozambique.

Selon la Revue des Industries Extractives de 2003

29

(RIE), les 20 annĂ©es de financement du secteur des
industries extractives par la Banque mondiale
n’ont eu aucun effet positif en termes de
rĂ©duction de la pauvretĂ© et de promotion du
dĂ©veloppement durable dans les pays du Sud
riches en combustibles fossiles et en minerais.
L’étude prĂ©conise que le soutien de la Banque
mondiale Ă  des projets pĂ©troliers et de charbon
soit progressivement arrĂȘtĂ© d’ici 2008, et que les
conditions de financement des futurs projets dans
l’industrie extractive incluent entre autres le
respect des droits humains, un consentement
libre, Ă©clairĂ© et prĂ©alable, la transparence des
revenus, et le respect des zones protĂ©gĂ©es dans les
rĂ©gions Ă  forte biodiversitĂ© ou ayant une valeur
spirituelle particuliĂšre. 

En mars 2004, le Parlement

europĂ©en a adoptĂ© une rĂ©solution appelant la BEI Ă 
se conformer aux conclusions de la Revue des
Industries Extractives

30

.

La BEI, qui n’a pas encore mis en pratique ces
recommandations, est mĂȘme aujourd’hui en cours
de rĂ©flexion pour le financement d’un projet en
Afrique de l’Ouest qui va clairement Ă  l’encontre
de la RIE. Le gazoduc ouest-africain (GAO), qui part
du Nigeria et traverse le BĂ©nin et le Togo pour
dĂ©livrer du gaz aux industries du Ghana, est dĂ©jĂ 
l’objet d’une controverse dans la rĂ©gion

31

. Les

promoteurs du projet assurent que le GAO
permettra de diminuer le dangereux torchage du

gaz au Nigeria, sans qu’aucune preuve n’en ait
encore Ă©tĂ© apportĂ©e. Les nouvelles lois nigĂ©rianes
interdisent de toute façon le torchage, et la Haute
Cour fédérale a déclaré en novembre 2005 que
toute poursuite de cette activitĂ© Ă©tait illĂ©gale. Plus
généralement, il y a des raisons de craindre que le
projet exacerbe les conflits dans le delta du Niger
liĂ©s au partage du pĂ©trole et du gaz. De plus, le
gaz dĂ©livrĂ© au Ghana grĂące au GAO sera utilisĂ©
pour soutenir des industries qui ne satisfont pas
aux besoins énergétiques de la population locale
(telle que l’extraction de l’or), et qui ne sont pas
compatibles avec les rùgles de l’UE en matiùre
d’industrie durable. Le GAO a dĂ©jĂ  contredit les
recommandations de la RIE en matiĂšre de
consultation publique, de compensations, de
procĂ©dures de plainte et de transparence, nĂ©glige
les normes de l’UE dans ces domaines, et
n’apporte clairement aucun avantage aux
communautés affectées.

Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les financements
liĂ©s l’approvisionnement en eau et Ă 
l’assainissement (un secteur potentiellement
bénéfique en termes de réduction de la pauvreté)
n’ont reprĂ©sentĂ© que 5% du total des
financements de la BEI dans les pays ACP

32

(principalement au Swaziland, au Burkina Faso et
au SĂ©nĂ©gal), les projets d’eau potable ne
reprĂ©sentant qu’1% du total (cf. tableau 3 en
annexe). Cependant, ce montant est censĂ©
augmenter en Afrique Ă  partir de 2005, dans le
cadre de la nouvelle « Facilité pour le secteur de
l’eau » entre l’UE et les pays ACP. Dans le mĂȘme
temps, cette Facilité, couplée à la Facilité
d’investissement de Cotonou, amĂšnera une
concentration quasi-exclusive des prĂȘts de la BEI
vers le secteur privĂ© dans les pays ACP. A titre
d’exemple, pratiquement 80 % des financements
de la BEI dans la zone ACP et en Afrique du Sud
ont bĂ©nĂ©ficiĂ© au secteur privĂ© ou au secteur public
commercial durant le premier trimestre 2004,
souvent pour soutenir le secteur Ă©nergĂ©tique et
promouvoir la privatisation des infrastructures d’eau.

Bien que la BEI ait partiellement reconnu que le
modĂšle des partenariats public-privĂ© avait subi
des Ă©checs

33

, elle n’a pas changĂ© ses habitudes de

financement dans ce secteur. Dans le cadre de la
nouvelle FacilitĂ© d’investissement, les projets dans
le domaine de l’eau seront principalement
orientĂ©s vers le secteur privĂ© plutĂŽt que vers les
compagnies publiques, et ne proposeront plus de
taux d'intĂ©rĂȘts bonifiĂ©s.

background image

12

AU BÉNÉFICE DE QUI?

2

EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX 
SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les prĂȘts globaux
(prĂȘts Ă  des intermĂ©diaires financiers) ont
constitué 32% du total des financements de la BEI
aux pays ACP. Aucune donnĂ©e sur les bĂ©nĂ©ficiaires
finaux de ces prĂȘts n’ayant Ă©tĂ© fournie par la BEI
ou les intermédiaires, une analyse détaillée est
donc impossible. 

L’histoire du secteur pĂ©trolier en Afrique de l’Ouest
a engendré la corruption, des conflits armés, des
violations des droits de l’homme, et des
dĂ©gradations environnementales. 

La dépendance

excessive vis-Ă -vis des capitaux Ă©trangers, liĂ©e aux
activitĂ©s dans le domaine extractif, est un
problĂšme majeur. Il doit ĂȘtre pris en compte dĂšs
qu’est envisagĂ© un soutien financier en Afrique
destiné à réduire la pauvreté ou la dette
extérieure.

Dans le cadre de l’Accord de Cotonou,

la BEI a la possibilitĂ© de prĂȘter Ă  des pays ACP, et
d’ĂȘtre remboursĂ©e en monnaie locale. Si cela peut
aider Ă  protĂ©ger les pays d’une crise financiĂšre due
à une dépendance démesurée vis-à-vis des devises
étrangÚres, les cas étudiés dans ce rapport
montrent malheureusement que ce systĂšme n’a
pas été favorisé par la BEI.

Malgré des appels internationaux à respecter les
Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement,
l’allocation d’une partie des dĂ©penses bilatĂ©rales
aux besoins de base (tels que l’accĂšs Ă  l’eau et Ă 
l’assainissement, la santĂ© et l’éducation) n’a Ă©tĂ©
approuvĂ©e ni au Tchad, ni au Cameroun, ni en
Zambie. Le cas des financements de la BEI est
similaire : entre 1994 et 2004, la banque a allouĂ©
un total de 205,7 millions d’euros à la Zambie,
dont plus de la moitiĂ© pour les secteurs de
l’énergie Ă  grande Ă©chelle et l’industrie miniĂšre 
(cf. l’étude de cas en Zambie p. 14). Les mines 
de Mkubwa, Kansanshi et Mopani sont des
exemples clairs du manque de cohérence avec les
meilleures pratiques internationales, y compris les
Principes directeurs de l’OCDE Ă  l’intention des 
entreprises multinationales

34

.

Dans les cas de l’olĂ©oduc Tchad-Cameroun et des
mines en Zambie, la BEI n’a mis en place aucun
organe indĂ©pendant de suivi. Avec un total de 144
millions d’euros, le projet Tchad-Cameroun est le
plus grand projet financĂ© par la BEI dans les pays
ACP (cf. l’étude de cas Tchad-Cameroun p. 16). Il
représente en réalité 4% du total des dépenses de la
BEI dans la zone ACP durant ces 10 derniĂšres
annĂ©es. Ce cas illustre clairement l’échec de la
banque à assurer la cohérence de ses financements
avec ses objectifs affichĂ©s de rĂ©duction de la
pauvretĂ© et de promotion du dĂ©veloppement
durable. Le manque de suivi rĂ©el et d’évaluation,
ainsi que les problĂšmes du projet en matiĂšre de
santĂ© publique, d’environnement et de droits des
peuples indigĂšnes, exigent une attention urgente
de la part de la BEI.

Si la BEI déclare que les évaluations
environnementales des projets incluent une
analyse de leurs effets attendus en termes de
réduction de la pauvreté

35

, dans le cas de l’olĂ©oduc

Tchad-Cameroun, elle n’a fourni aucune
information permettant de vĂ©rifier qu’une
Ă©valuation a bien Ă©tĂ© menĂ©e. Il est Ă©galement clair
que les activitĂ©s miniĂšres en Zambie n’ont aucun
impact bĂ©nĂ©fique localement. Ces Ă©tudes de 
cas amĂšnent Ă  la conclusion qu’aucun de ces
projets n’a jamais eu d’effets positifs en termes 
de développement.

Sans preuve concrĂšte du contraire, il ne peut ĂȘtre
soutenu que les financements de la BEI en Zambie,
au Tchad et au Cameroun ont contribuĂ© Ă  atteindre
les objectifs de l’UE en matiĂšre de rĂ©duction de la
pauvretĂ© et de dĂ©veloppement durable. Il est donc
urgent pour la Commission europĂ©enne et le
Parlement europĂ©en de contrĂŽler plus strictement
les activitĂ©s de la BEI dans ces pays, et d’en assurer
la cohĂ©rence avec les objectifs d’un dĂ©veloppement
sur le long terme.

background image

AU BÉNÉFICE DE QUI?

13

La stratégie de la BEI dans le domaine des
énergies renouvelables : la polémique concernant
la prise en compte des grands barrages

Au Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002,
la BEI a dĂ©clarĂ© que les objectifs de l’Union
européenne en matiÚre de changement
climatique seraient intĂ©grĂ©s Ă  ses politiques, et
mis en pratique. Elle a par la suite défini comme
objectif que 50 % des ses financements
Ă©nergĂ©tiques europĂ©ens seraient orientĂ©s vers les
Ă©nergies renouvelables et l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique
d’ici 2010

36

. Bien que cet engagement ne

concernait que l’Europe et les pays candidats Ă 
l’adhĂ©sion, il est intĂ©ressant de noter qu’un seul
projet d’énergies renouvelables a Ă©tĂ© financĂ© en
Afrique durant les 10 derniĂšres annĂ©es, Ă  savoir
une centrale gĂ©othermique (et les lignes et relais
électriques associés) à Nairobi. Bien que la BEI
dĂ©clare avoir financĂ© 24 projets d’énergies
renouvelables hors de l’Europe durant les 10
derniÚres années

37

, cela fait principalement

rĂ©fĂ©rence Ă  la construction , l’agrandissement et la
rénovation de grands barrages, trÚs controversés
pour leur non-conformité avec les
recommandations de la Commission Mondiale
des Barrages, qui de ce fait ne sont gĂ©nĂ©ralement
pas considĂ©rĂ©s comme produisant une Ă©nergie «
renouvelable » durable

38

. Le total des

financements de grands barrages en Afrique
reprĂ©sente 8% des prĂȘts aux pays ACP ces 10
derniÚres années (voir tableau 3 en annexe).

Fuite de pĂ©trole sur une exploitation 

Shell (Rukpoku, Nigeria)

© Elaine Gilligan.

Les grands barrages hydrauliques financés en
Afrique depuis les annĂ©es 1960 comprennent le
Lesotho Highlands Water Project (barrage de
Muela en 1994 et 1998), les usines de Kariba
North et des chutes Victoria en Zambie (1998),
ainsi que des barrages au Mali (Ă©quipements
électromécaniques pour le barrage de Manantali
en 1998), au Ghana (réhabilitation du barrage
d’Akosombo en 1990), en Tanzanie (barrage de
Kihansi en 1994) et en Afrique du Sud (barrage de
Berg en 2004).

En 1998, la BEI a octroyĂ© un prĂȘt de plus de 20
millions d’euros pour l’usine hydroĂ©lectrique des
chutes Victoria en Zambie. Le projet Ă©tait destinĂ© Ă 
remettre Ă  niveau les Ă©quipements, et Ă  amĂ©liorer la
qualitĂ© de l’usine. Cependant, une Ă©valuation menĂ©e
par l’ONG zambienne Citizens for a Better
Environment

39

dĂ©montre que ce projet prĂ©sente

maintenant des problĂšmes environnementaux
importants. Des polycarbonates (PCB), des huiles
contaminées, ainsi que des équipements remplacés
grĂące aux financements de la BEI, ont Ă©tĂ©
débarrassés sans que leur destination finale ne soit
prĂ©vue, et sans aucune mĂ©thode de suivi continu par
la BEI ou la Commission européenne. Ce
comportement viole le principe de prĂ©caution qui est
Ă©noncĂ© dans le TraitĂ© de la CommunautĂ© europĂ©enne
(article 174), ainsi que les principes selon lesquels des
actions prĂ©ventives doivent ĂȘtre prises et les
dommages environnementaux réparés à la source
aux frais du pollueur. La BEI a promis de respecter ce
principe dans sa DĂ©claration sur l’environnement de
2004, mais ne l’a pas mis en pratique.

background image

2

14

| AU BÉNÉFICE DE QUI?

EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX 
SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

ZAMBIE

A gauche : Enfants zambiens
en train de jouer dans la riviĂšre
Munkulungwe. La couleur
bleu-vert est due Ă  une forte
concentration en cuivre du fait
de la pollution par la mine de
Bwana Mkubwa, financée par
la BEI. Ci-dessus : un canal
d’évacuation de l’usine de
Mufurila, Ă  la mine de cuivre
de Mopani. Les familles du
village de Kankoyo dépendent
de cette contaminée pour leur
vie quotidienne.
© Woody Simbeye 
et Peter Sinkamba. 

ETUDE DE CAS PAR PETER SINKAMBA (CITIZENS FOR A BETTER ENVIRONMENT, ZAMBIE)

L’EXTRACTION MINIÈRE EN

background image

ACCÈS À L’INFORMATION

L’accĂšs des ONG locales (mĂȘme celles soutenues
par le Parlement europĂ©en) Ă  la documentation
sur les projets financĂ©s par la BEI a Ă©tĂ© restreint du
fait de la lourdeur de la bureaucratie zambienne,
ainsi que des restrictions imposées par la BEI pour
rĂ©pondre aux questions et rendre publiques les
informations pour les mines de cuivre de Mkubwa
et de Kansanshi. De ce fait, ces projets miniers
n’ont pu ĂȘtre correctement Ă©valuĂ©s dans le cadre
du rapport pour le Parlement europĂ©en.

CONCLUSION

Il y a peu d’élĂ©ments prouvant que les
financements de la BEI en Zambie ont contribuĂ©
positivement aux objectifs sanitaires (notamment
la lutte contre le VIH) ou au dĂ©veloppement de
l’éducation, comme mis en avant dans le
Document StratĂ©gique Pays (Country Strategic
Paper). Il n’y a pas eu de dĂ©veloppement local, et
les rares effets positifs ont Ă©tĂ© largement annulĂ©s
par les nĂ©gatifs. Les porteurs des projets ont en
particulier échoué dans la mise en place de fonds
de partage des bénéfices pour les communautés,
ou toute autre mesure qui permettrait aux
populations locales de bĂ©nĂ©ficier directement et
significativement des retombĂ©es des projets. Qui
plus est, l’accent n’a pas Ă©tĂ© mis sur la promotion
des Ă©nergies renouvelables.

Les activités de financements de la BEI dans le
secteur minier en Zambie servent l’intĂ©rĂȘt du
secteur commercial, mais nĂ©gligent les intĂ©rĂȘts de
la population dans son ensemble. Du fait de
l’absence d’objectifs environnementaux, sociaux
et Ă©conomiques clairs, d’indicateurs fiables et
transparents et de mesures de suivi et
d’évaluation des projets financĂ©s par la BEI, il est Ă 
craindre que les objectifs de réduction de la
pauvretĂ© et de dĂ©veloppement durable restent
trĂšs difficiles Ă  atteindre.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

15

La mine de Bwana
Mkubwa, située sur la «
ceinture de cuivre » de
la Zambie, est gĂ©rĂ©e par
la compagnie australo-
canadienne First
Quantum. Dans le cadre
de la Convention de
Lomé, la BEI a accordé
un prĂȘt de 14 millions
d’euros en aoĂ»t 2002 Ă 
Bwana Mkubwa Mining
Ltd, afin d’agrandir une
usine de production de
cuivre déjà existante.
Une autre somme de 34
millions d’euros a Ă©tĂ©
empruntée dans le
cadre de la Facilité
d'investissement (FI) de
l'Accord de Cotonou
pour la mine de cuivre
de Kansanshi dans la
Province du Nord-ouest,
Ă©galement gĂ©rĂ©e par
First Quantum, et oĂč il
est prĂ©vu de dĂ©marrer
une mine Ă  ciel ouvert.
Les fonds alloués à la
mine de Mopani ont
financé la
reconstruction et la
modernisation de la
fonderie, ainsi que la
rĂ©novation des mĂȘmes
infrastructures Ă  la
mine de Mufurila, sur la
ceinture de cuivre. La
mine de cuivre de
Mopani est gĂ©rĂ©e en
partenariat entre
Glencore (Suisse) et, de
nouveau, First
Quantum. La BEI l’a
financée en 2005 à
hauteur de 50 millions
d’euros.

PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX, 
SOCIAUX ET ÉCONOMIQUES

Les normes de l’Union europĂ©enne ainsi que la
lĂ©gislation zambienne exigent une Ă©tude d’impact
environnemental (EIE) pour tout projet minier.
Pourtant, dans le cas de la mine de Bwana
Mkubwa, aucune Ă©tude n’a Ă©tĂ© effectuĂ©e avant
l’accord de la BEI. Ce n’est qu’en fĂ©vrier 2004 qu’un
plan de gestion environnementale a été mis en
place et approuvĂ©, soit presque deux ans aprĂšs le
versement des fonds.

Les substances acides, les mĂ©thodes d’extraction
Ă©lectrique et les lessiveuses de minerai de la mine
de Bwana Mkubwa ont causĂ© une pollution
majeure de l’air et de l’eau au niveau local. La
contamination de la riviĂšre Munkulungwe par les
lixiviats a eu des conséquences significatives pour
les communautés agricoles de Munkulungwe et
Mutalula, alors que les activités polluantes sont
une infraction à la législation zambienne

40

. Les

rĂ©coltes ont chutĂ© et la population locale subit la
dĂ©gradation de son environnement et des
infrastructures, notamment des routes et d’un
pont. La communautĂ© concernĂ©e a intentĂ© un
procĂšs Ă  la compagnie gestionnaire de la mine de
Bwana Mkubwa ; la procĂ©dure est en cours.

En 2005, des opérations de lessivage in-situ à la
mine de Mufurila ont polluĂ© les nappes d’eau
souterraines, ce qui a entraßné la coupure du
rĂ©seau d’eau domestique. Certaines communautĂ©s
locales ont ainsi passĂ© plusieurs semaines sans
eau aux robinets.

Un canal d’évacuation de
l’usine de Mufurila, aux mines
de cuivre de Mopani. Les
familles du village de Kankoyo
dĂ©pendent de cette eau
polluée pour leur vie
quotidienne domestique. La
couleur bleu-vert est due au
sulphate de cuivre, ce qui
indique que l’eau contient de
grosses quantités de cuivre.
© Woody Simbeye 
et Peter Sinkamba. 

background image

2

EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX 
SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

TCHAD-

CAMEROUN

Enfants pygmées, Cameroun.
© Frédéric Castell.

ETUDE DE CAS 

PAR KORINNA HORTA (ENVIRONNEMENTAL DEFENSE)

LE PROJET D’OLÉODUC 

16

AU BÉNÉFICE DE QUI?

background image

Le projet d’olĂ©oduc
reliant le sud du Tchad
Ă  la cĂŽte atlantique du
Cameroun, sur une
longueur de 1070 km,
constitue le plus gros
investissement
international jamais
rĂ©alisĂ© en Afrique 
Ă  ce jour.

Bien que sa construction
ait Ă©tĂ© achevĂ©e plus d’un
an avant la date prĂ©vue,
le retard important pris
dans la mise en place
des mesures de
réduction des impacts
sociaux et
environnementaux
menace de nuire aux
objectifs du projet en
termes de réduction de
la pauvreté. Les services
de la Banque mondiale
responsables de
l’évaluation des projets

41

et le Panel d’inspection
ont signalĂ© de nombreux
problÚmes liés au projet,
ainsi que des cas sérieux
de violations des
Politiques de la Banque
(notamment en ce qui
concerne l’étude des
impacts
environnementaux et la
santé publique).

RÔLE DE LA BEI ET DES AUTRES PARTENAIRES
FINANCIERS

La participation de la Banque mondiale au projet
Ă©tait la condition sine qua non pour que le
consortium Exxon-Mobil s’engage dans ce projet,
d’un montant total de 3,7 milliards de dollars. La
BEI a Ă©galement accordĂ© des prĂȘts en 2001 Ă 
Chevron (34 millions) et Ă  Exxon (54 millions), en
plus de ceux accordés aux gouvernements du
Tchad et du Cameroun (respectivement 35,7
millions d’euros et 20,3 millions d’euros).

THE PROMISE

La Banque mondiale s’est engagĂ©e Ă  ce que le
projet Tchad-Cameroun soit basĂ© sur une politique
inédite de redistribution des bénéfices du pétrole
aux populations pauvres

42

. La BEI a Ă©galement

dĂ©clarĂ© que le projet permettrait la rĂ©duction de la
pauvretĂ© et le dĂ©veloppement Ă©conomique dans
les deux pays

43

.

PARTAGE DES BÉNÉFICES ET BONNE
GOUVERNANCE

Selon le rapport annuel-pays sur les droits
humains du DĂ©partement d’Etat amĂ©ricain et
l’indice de perception de la corruption de
Transparency International, le Tchad et le
Cameroun sont tous deux des rĂ©gimes
dictatoriaux rĂ©putĂ©s pour le non-respect des
droits de l’homme et la corruption. Il est pourtant
prĂ©vu que le projet gĂ©nĂšre entre 2 et 3 milliards de
dollars pour le Tchad durant ses 28 annĂ©es de
fonctionnement, et 550 millions pour le
Cameroun. La situation est devenue gĂȘnante en
janvier 2001, lorsque le fait que le Tchad avait
utilisé une partie des 25 millions de dollars versés
par le consortium pĂ©trolier (au titre d’un bonus)
pour acheter des armes a été rendu public.

Le Tchad aussi bien que le Cameroun ont occupĂ©
durant de nombreuses annĂ©es la tĂȘte du
classement des indices de corruption de
Transparency International

44

. Les banques n’ont

pourtant pas exigĂ© d’engagements en matiĂšre de
transparence de la gestion des revenus au
Cameroun. Dans le cas du Tchad, la Banque
mondiale a exigĂ© l’adoption d’une loi sur la
gestion des revenus, ainsi que la mise en place
d’un comitĂ© de surveillance chargĂ© d’autoriser les
dépenses

45

. Mais ce systÚme censé assurer une

gestion transparente fait dĂ©sormais partie du
passĂ©, le gouvernement tchadien ayant en effet

annoncé en octobre 2005 une modification
substantielle de la législation afin de permettre les
dĂ©penses liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ©. Le fonds d’épargne
pour les gĂ©nĂ©rations futures qui avait Ă©tĂ© mis en
place en prĂ©vision de l’épuisement des rĂ©serves de
pĂ©trole a Ă©galement Ă©tĂ© annulĂ©

46

SANTÉ PUBLIQUE

De mauvaises conditions sanitaires, des migrations
de plus en plus importantes des travailleurs, ainsi
que le dĂ©veloppement de la prostitution ont
conduit au dĂ©veloppement des Ă©pidĂ©mies, dont le
VIH et le sida. Il est particuliĂšrement dĂ©rangeant
de constater que le projet n’a pas mieux pris en
compte la dimension sanitaire, quant on connaĂźt
l’ampleur des problĂšmes posĂ©s par ces deux
derniĂšres Ă©pidĂ©mies en Afrique, et alors qu’on
connaĂźt leur corrĂ©lation avec les grands projets
d’infrastructure.

L’ENVIRONNEMENT

Les impacts actuels de l’olĂ©oduc sur la biodiversitĂ©
et la vie sauvage ont de quoi faire penser que les
aspects environnementaux n’ont pas Ă©tĂ© bien
suffisamment pris en compte. Les Ă©tudes de la
Banque mondiale montrent que le projet a facilitĂ©
l’accĂšs Ă  des zones isolĂ©es, ce qui constitue une
menace sĂ©rieuse pour les gorilles et les
chimpanzés en voie de disparition. Les partenaires
ont cherchĂ© Ă  compenser les atteintes Ă  la
biodiversitĂ© le long de l’olĂ©oduc en mettant en
place deux zones protĂ©gĂ©es, Ă  savoir les parcs
nationaux de Campo Ma’an et de Mbam-Djerem.
Mais les financements nécessaires à leur gestion
n’ont pas Ă©tĂ© versĂ©s, et leur utilitĂ© est dĂ©sormais
remise en question. Les Ă©ventuelles fuites de
pĂ©trole ainsi que le traitement des effluents au
terminal de dĂ©pĂŽt menacent la vie marine et la
pĂȘche, alors que les communautĂ©s du littoral
n’ont pas Ă©tĂ© correctement informĂ©es de la
conduite à tenir en cas d’urgence. Une pollution
importante par la poussiùre s’ajoute encore aux
problĂšmes sanitaires, tandis que la mauvaise
gestion des dĂ©chets pĂ©troliers et des liquides de
forage menacent les rĂ©serves d’eau souterraines
dans la rĂ©gion d’extraction.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

17

Enfants pygmées, Cameroun.
© Frédéric Castell.

background image

3

18

AU BÉNÉFICE DE QUI?

2

EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX 
SECTEURS DU PÉTROLE, DES MINES ET DU GAZ

PEUPLES INDIGÈNES

La BEI n’a aucune politique en matiùre de
protection des peuples indigĂšnes. Dans le cas du
Cameroun, les engagements de la Banque
mondiale en ce domaine exigent qu’un
programme participatif de prise en compte des
peuples autochtones soit mis en place. La Banque
n’a cependant pas satisfait Ă  ses propres
exigences, et le peuple semi-nomade des pygmĂ©es
Bakola, dont les domaines forestiers traditionnels
sont situĂ©s dans la partie mĂ©ridionale de
l’olĂ©oduc, n’a pas Ă©tĂ© consultĂ©. Ce plan de prise en
compte des peuples indigĂšnes ne rĂ©sout donc pas
la question primordiale de la sécurité fonciÚre,
dont dĂ©pend la survie des Bakola. En outre, rien
n’indique que la BEI a pris des mesures pour
remédier à ce problÚme.

PARTICIPATION DU PUBLIC

Le Panel d’inspection de la Banque mondiale a
conclu qu’une « consultation rĂ©elle est impossible
si ceux qui sont consultĂ©s considĂšrent qu’ils
pourraient ĂȘtre pĂ©nalisĂ©s en exprimant leur
opposition ou leurs opinions sur un projet financĂ©
par la Banque »

47

. Selon Amnesty International, les

forces de sĂ©curitĂ© tchadiennes ont commis des
massacres d’ampleur de civils dĂ©sarmĂ©s dans la
rĂ©gion d’extraction pĂ©troliĂšre Ă  la fin des annĂ©es
1990, durant la phase de prĂ©paration intensive du
projet

48

. Les intimidations et les menaces envers

les villageois sont restĂ©es frĂ©quentes depuis.
Comme expliqué ci-dessus, une consultation réelle
n’est donc pas possible dans de telles conditions.
La BEI dĂ©clare pourtant que « la mise en place de
compensations a Ă©tĂ© l’objet d’intenses discussions
au niveau local et rĂ©gional, notamment avec les
ONG nationales et internationales »

49

.

PÉTROLE ET DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

Un plan de dĂ©veloppement rĂ©gional Ă©tait censĂ©
prendre en compte les questions de la santé, de
l’énergie, du logement et de l’accĂšs Ă  l’eau dans le
sud du Tchad. Pourtant, cinq ans aprĂšs
l’approbation du projet, ce plan n’a toujours pas
abouti. Les problĂšmes causĂ©s (dont une crise
sanitaire majeure) n’ont par consĂ©quent toujours
pas été résolus.

CONCLUSION

En plus de la pression exercée par la société civile
sur les deux gouvernements pour que les revenus
du pĂ©trole (dans le cas du Tchad) ou le paiement de
droits (dans le cas du Cameroun) bénéficient
effectivement aux plus pauvres, des mesures
doivent ĂȘtre prises au plus vite pour rĂ©soudre les
problĂšmes environnementaux et sociaux gĂ©nĂ©rĂ©s
par le projet. La situation sanitaire, le plan de
dĂ©veloppement rĂ©gional au Tchad, et le
programme pour les peuples indigĂšnes au
Cameroun requiĂšrent tous une attention urgente,
ainsi que les questions des compensations et des
impacts environnementaux, qui restent toujours
en suspend. La BEI se contente de s’en remettre
aux mĂ©thodes de suivi et d’évaluation de la
Banque mondiale, qui se sont pourtant rĂ©vĂ©lĂ©es
inefficaces. Sans action rapide, le projet Tchad-
Cameroun ajoutera un chapitre au livre tragique de
l’histoire de l’exploitation des ressources naturelles
en Afrique.

Post-scriptum : la Banque mondiale a suspendu le
versement des fonds en janvier 2006 aprĂšs que le
gouvernement tchadien a fait part de son
intention d’utiliser les fonds du pĂ©trole pour des
achats d’armements, ce qui constitue une violation
majeure du contrat et de la Convention de
Cotonou. La BEI n’a pas encore rĂ©agi.

Village pygmée, Cameroun.
© Frédéric Castell.

Habitation pygmée,
Cameroun
© Frédéric Castell.

© CED/ Amis de la Terre

Cameroun.

background image

3

AU BÉNÉFICE DE QUI?

19

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

A ce jour, le seul cadre juridique des objectifs de
dĂ©veloppement de la BEI dans le cadre du mandat
de l’UE en AmĂ©rique latine et en Asie consiste Ă 
exiger que les prĂȘts soient accordĂ©s « dans
l’intĂ©rĂȘt mutuel de l’UE et du pays emprunteur, ou
du pays oĂč le projet doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© »

50

. Les cas

prĂ©sentĂ©s ci-aprĂšs, ainsi qu’un aperçu gĂ©nĂ©ral de
tous les prĂȘts de la BEI en AmĂ©rique latine ces dix
derniÚres années

51

, montrent clairement que la BEI

a interprĂ©tĂ© « l’intĂ©rĂȘt mutuel » dans le sens de la
croissance Ă©conomique et du dĂ©veloppement d’un
marchĂ© extĂ©rieur et d’une zone d’investissement
pour les entreprises de l’UE.

En l’absence d’une dĂ©finition claire par le Conseil
de ce que signifie rĂ©ellement l’« intĂ©rĂȘt mutuel »,
la BEI a dĂ©clarĂ© que l’objectif est atteint lorsque
les projets

52

:

>

Sont conduits par des filiales d’entreprises
européennes ;

>

Sont conduits dans le cadre de partenariats
entre des entreprises europĂ©ennes et locales ;

>

Sont conduits par des entreprises privĂ©es qui
ont des concessions pour l’investissement et la
gestion des services publics ;

>

Facilitent le transfert de la technologie
européenne ;

>

Facilitent la mise en valeur des objectifs de
l’accord de coopĂ©ration de l’UE.

Cette approche est incompatible avec les prioritĂ©s
officielles de l’UE dans les rĂ©gions dĂ©finies par les
rĂ©glementations du Conseil, et ne dessert pas
l’intĂ©rĂȘt des plus pauvres

53

.

GRAPHIQUE 2:

RĂ©partition des prĂȘts entre secteur

public et privĂ© en AmĂ©rique Latine (1994 - 2004)*

GRAPHIQUE 3:

Financements octroyés par la BEI en

AmĂ©rique Latine et par secteur (1994 - 2004)*

Le mandat de la BEI en
Asie et en AmĂ©rique
latine (AAL) date de
1993. Jusqu’ici, 65% du
montant total attribuĂ©
par le mandat relatif Ă 
la garantie de l’UE a
été alloué à des projets
en Amérique latine,
contre 35% pour l’Asie.
En 2004, le total des
financements de la BEI
pour des projets dans
les pays AAL s’est
monté à 232,9 millions
d’euros, dont plus de la
moitié pour trois
projets en Amérique
latine. Ces derniers
Ă©taient concentrĂ©s
dans des secteurs Ă 
haute valeur
capitalistique, Ă  savoir
une usine d’acier au
Brésil, une usine
Volkswagen au
Mexique, et un pont-
canal au Panama.

Des habitants du district
d’Izcalli dans la zone centrale
d’Ecatapec (Etat de Mexico,
Vallée de Cuautitlan-Texcoco)
se sont plaints de la
dégradation des routes causée
par le réseau de gaz naturel
construit par l’entreprise
Mexigas.
© Journal El Universal
(Mexique) – Archives
photographiques /
photographe : Luis Garcia Soto.

*Source:

l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts

de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (NumĂ©ro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).

transports 3%

agriculture 2%

eau 6%

industrie 29%

energie 25%

télécommunications 17%

prĂȘts globaux 15%

infrastructures 3%

*Source:

l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts

de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (NumĂ©ro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).

public 6%

privé 94%

© Magda Stoczkiewicz 

background image

20

AU BÉNÉFICE DE QUI?

3

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

Etant donnĂ©e l’approche adoptĂ©e, on comprend
comment le secteur privĂ© a Ă©tĂ© privilĂ©giĂ© par la BEI
en AmĂ©rique latine, tout comme en Afrique. 

Plus de

90% des prĂȘts en AmĂ©rique latine depuis 1993 ont
Ă©tĂ© accordĂ©s Ă  des filiales d’entreprises europĂ©ennes
ou de grosses entreprises multinationales. Gaz de
France, Respsol, British Gas et Shell ont ainsi reçu des
millions d’euros sous la forme de contrats dans les
secteurs du pĂ©trole et du gaz.

Les compagnies privĂ©es locales ont reçu
approximativement 2% des financements de la BEI
à des projets individuels en Amérique latine.
Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les « prĂȘts globaux
» (prĂȘts Ă  des intermĂ©diaires financiers) ont
représenté 14,5 % des financements totaux de la
BEI aux pays AAL. De mĂȘme qu’en Afrique, un
manque de données sur les bénéficiaires finaux de
ces prĂȘts rend impossible une analyse plus poussĂ©e.

Le principal bĂ©nĂ©ficiaire des prĂȘts de la BEI en
Amérique latine dans les 10 derniÚres années a
Ă©tĂ© le secteur industriel (cf. le graphique ci-
dessous). Une analyse détaillée par sous-secteur
montre que comme en Afrique, on trouve en tĂȘte
de liste le secteur de l’industrie extractive, et en
particulier le gaz comme source d’énergie et
d’électricitĂ©, avec 17% du total rĂ©gional (voir le
tableau en annexe 7). Les cas prĂ©sentĂ©s dans ce
rapport et qui concernent le pĂ©trole, le gaz ou des
projets miniers indiquent Ă  quel point ces
investissements dans le secteur énergétique sont
directement orientĂ©s vers la satisfaction des
besoins d’exportations des entreprises de l’UE, et
non vers la construction et l’amĂ©lioration des
infrastructures locales, comme les réseaux
d’électricitĂ© et de transports locaux. 

D’une façon

gĂ©nĂ©rale, les projets Ă©nergĂ©tiques n’ont reçu de
fonds que s’ils entraĂźnaient directement une
expansion de la capacitĂ© du pays Ă  fournir des
biens industriels, de l’énergie pour les marchĂ©s
extĂ©rieurs, ou s’ils favorisaient les exportations des
entreprises europĂ©ennes. 

Cela a Ă©tĂ© le cas pour le prĂȘt de 35,6 millions
d’euros accordĂ© par la BEI Ă  la SIEPAC (SystĂšme
d’interconnection Ă©lectrique des pays d’AmĂ©rique
centrale) en 2003, par l’intermĂ©diaire de la Banque
centre-amĂ©ricaine d’intĂ©gration Ă©conomique
(CABEI), en complĂ©ment d’autres financements de
banques multilatérales tels que la Banque
mondiale et la Banque interamĂ©ricaine de
dĂ©veloppement. Ce projet s’inscrit dans le cadre
du trÚs controversé plan Puebla Panama, accusé
d’exploiter une main-d’?uvre bon marchĂ©, de crĂ©er
des marchĂ©s et d’assurer la fourniture de biens Ă 
faible coĂ»t pour le continent nord-amĂ©ricain, dans
le cadre de l’ALENA (Accord de libre-Ă©change nord-
amĂ©ricain) et du CAFTA (Accord de libre-Ă©change
en Amérique centrale). Dans le secteur de
l’électricitĂ©, l’entreprise espagnole Endesa a menĂ©
plusieurs projets dans la région, alors que seule
une poignĂ©e d’entreprises locales ou nationales a
été soutenue par la BEI.

Bien que les prĂȘts de la BEI en Asie et en AmĂ©rique
latine bĂ©nĂ©ficient d’une garantie politique ou
commerciale de l’Union europĂ©enne (comme
expliquĂ© au chapitre 1), ces prĂȘts ont
principalement profitĂ© Ă  des secteurs et des
clients bien Ă©tablis et financiĂšrement sĂ»rs, tels
que des grosses entreprises. Les projets n’ont pas
concerné les pays ou les entreprises locales les
plus pauvres et/ou prĂ©sentant le plus de risques
financiers. Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, des
grands pays moyennement dĂ©veloppĂ©s tels que le
BrĂ©sil (30%) et le Mexique (6%) ont Ă©tĂ© en tĂȘte de
la liste des financements (voir tableau 5), parmi
les 35 pays éligibles pour toute la région AAL

54

. Les

pays les plus pauvres comme la RĂ©publique
Dominicaine (ou le Bangladesh et le Sri Lanka en
Asie) sont au bas de l’échelle, avec quelques
millions chacun. D’autres pays, Ă©galement
Ă©ligibles, n’ont reçu aucun financement

55

. L’objectif

de dĂ©veloppement a donc Ă©tĂ© totalement ignorĂ©. Il
doit Ă©galement ĂȘtre notĂ© que la BEI n’accorde
aucun prĂȘt en monnaie locale en Asie et en
Amérique latine, à la différence de la possibilité
existant dans les pays ACP.

background image

Plantation d’Eucalyptus 
au Brésil.
© Melquíades
SpĂ­nola/CEPEDES

AU BÉNÉFICE DE QUI?

21

Quand la BEI et la Banque interamĂ©ricaine de
dĂ©veloppement s’associent en AmĂ©rique latine

En décembre 2004, la BEI a signé un accord de
partenariat avec la Banque interamĂ©ricaine de
dĂ©veloppement (BID) pour la coopĂ©ration en
AmĂ©rique latine et aux CaraĂŻbes, et principalement
le dĂ©veloppement du secteur privĂ© par des
entreprises europĂ©ennes. La BEI prĂ©voit grĂące Ă  cet
accord d’étendre ses financements Ă  des « projets
d’intĂ©rĂȘt exceptionnel » allant au-delĂ  de son
mandat pour les pays AAL. La convention est trĂšs
claire quant aux motivations de la BEI : 

« (La BEI)

poursuit son soutien aux investissements europĂ©ens
directs Ă  l’étranger, dans le cadre de projets d’intĂ©rĂȘt
mutuel en AmĂ©rique latine et aux CaraĂŻbes, ainsi que
des projets d’infrastructure et d’intĂ©gration rĂ©gionale
»

56

. Le dĂ©veloppement durable et la rĂ©duction de la

pauvretĂ© n’apparaissent pas comme les Ă©lĂ©ments
principaux de cet accord entre les deux banques.

En 1998, le BEI a octroyĂ© un prĂȘt de 55 millions
d’euros Ă  Transportadora Brasileira Gasoduto, un
consortium formé par la compagnie brésilienne
Petrobras, Enron et Shell. Par ce prĂȘt, la BEI a
cofinancĂ© avec la BID un projet controversĂ© : le
gazoduc Bolivie-BrĂ©sil. D’une longueur de 3000 km
(le plus gros investissement privĂ© en AmĂ©rique
latine), ce dernier traverse plusieurs Ă©cosystĂšmes
importants, dont le Gran Chaco (une aire protĂ©gĂ©e
rĂ©cemment mise en place en Bolivie, constituĂ©e de
forĂȘt primaire tropicale sĂšche), le Pantanal (la plus
grande zone humide au monde), et la forĂȘt
humide Mata Atlantica au sud-est du BrĂ©sil. Au fur
et Ă  mesure, les conflits concernant les
compensations et le manque de suivi dans la mise
en place des mesures de sauvegarde
environnementales et sociales ont marquĂ©
l’évolution de ce projet. Ce gazoduc transfrontalier
présage le type de projets régionaux que la BEI et
la BID sont susceptibles de mener ensemble dans
le cadre de leur nouvel accord.

Dans les secteurs de l’eau et de l’énergie, les
entreprises europĂ©ennes apparaissent comme les
premiers bénéficiaires de la gestion des services de
l’Etat. En Argentine par exemple, tous les prĂȘts de
la BEI ont Ă©tĂ© octroyĂ©s aux groupes français Suez et
Vivendi, directement ou via leurs filiales (57
millions d’euros pour la distribution de l’eau à la
ville de Cordoba et la Province de Misiones, et 70
millions d’euros pour l’évacuation des eaux usĂ©es
de la ville de Buenos Aires). Bien que le
financement du secteur de l’eau puisse en thĂ©orie
bénéficier aux communautés locales, des

expériences de tels partenariats publics-privés
dans le cadre de la privatisation de l’eau en Asie
ont rĂ©vĂ©lĂ© une autre rĂ©alitĂ©. Elles ont en effet eu
pour rĂ©sultat l’accroissement des inĂ©galitĂ©s du fait
des augmentations tarifaires, et n’ont pas abouti Ă 
un service efficace permettant l’accĂšs des plus
pauvres Ă  une eau potable saine (voir les Ă©tudes de
cas en IndonĂ©sie et aux Philippines pages 32-36).

Les projets d’infrastructures et d’agriculture ont Ă©tĂ©
financés de façon trÚs limitée, avec un seul projet
de reconstruction aprùs l’ouragan Mitch (35
millions d’euros), et un projet trĂšs controversĂ© de
plantation d’arbres par Veracel pour la production
de pĂąte Ă  papier au BrĂ©sil. La BEI et la Commission
européenne

57

ont considĂ©rĂ© ce dernier (dont Veracel

a bénéficié en 2001) comme un exemple de «
dĂ©veloppement durable ». Si les problĂšmes sociaux
et environnementaux sont nombreux (comme
dĂ©crit plus loin), il doit aussi ĂȘtre soulignĂ© que la
capacitĂ© d’une plantation Ă  rĂ©duire les Ă©missions de
gaz Ă  effet de serre n’a pas Ă©tĂ© prouvĂ©e, quand dans
la plupart des cas « 

des plantations Ă  grande Ă©chelle

(consistant en des espĂšces Ă  croissance rapide telles
que l’eucalyptus et les pins ou d’autres espĂšces
comme les palmiers Ă  huile) ont des impacts trĂšs
nĂ©gatifs, aussi bien en termes sociaux
qu’environnementaux

»

58

. Si la BEI souhaite rester

cohĂ©rente avec ses objectifs environnementaux de
« soutien aux investissements qui protÚgent
directement l’environnement et l’amĂ©liorent Â» et
d’« encourager les investissements qui rĂ©duisent les
impacts environnementaux et maximisent les
effets positifs »

59

, elle devrait s’abstenir de financer

le secteur controversĂ© de la production de 
pĂąte Ă  papier.

La BEI a Ă©galement fortement soutenu le secteur
industriel en Amérique latine, en particulier avec
plusieurs projets du gĂ©ant allemand Volkswagen
pour l’assemblage de voitures au Mexique, en
Argentine et au BrĂ©sil. Les financements de l’usine
au Mexique ont conduit Ă  des violations des droits
des travailleurs mexicains (reconnus
internationalement), que la BEI déclare respecter
dans son document d’évaluation sociale de 2004.

Qui plus est, le projet n’a pas permis de rĂ©el
dĂ©veloppement Ă©conomique local, comme le
montre l’étude de cas (cf. page 24). Ce projet
illustre bien de quelle façon les entreprises
européennes soutenues par la BEI en Amérique
latine (et dans le reste du monde) Ă©chouent
souvent Ă  se conformer aux normes
environnementales et sociales, qu’elles auraient
certainement respectĂ©es en Europe. 

background image

22

AU BÉNÉFICE DE QUI?

3

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

Les financements de la Banque européenne
d’investissement au Mexique : qui en tire profit ?

60

MalgrĂ© le fait que les petites et moyennes
entreprises (PME) reprĂ©sentent environ 98% des
entreprises mexicaines, et qu’elles sont considĂ©rĂ©es
comme des partenaires privilégiés dans le cadre de
la stratégie de coopération entre la Commission
europĂ©enne et le Mexique

61

, la BEI n’a accordĂ©

aucun prĂȘt global (prĂȘt Ă  des intermĂ©diaires
financiers), ni mobilisé aucun autre mécanisme
d’assistance technique afin de soutenir l’activitĂ©
des PME mexicaines. Depuis 1995, quatre projets
mexicains ont bĂ©nĂ©ficiĂ© Ă  eux seuls de cinq prĂȘts
de la BEI, d’une valeur totale de 210,2 millions
d’euros : Vidrio Saint-Gobain, Mexigaz (deux prĂȘts),
Vetrotex AmĂ©rica et Volkswagen.

Tous ces bĂ©nĂ©ficiaires appartenaient au secteur
privĂ© et Ă©taient soit des entreprises europĂ©ennes,
soit des entreprises mixtes europĂ©o-mexicaines : «
Volkswagen de Mexico Â» est la filiale mexicaine du
groupe allemand, Vidrio Saint-Gobain et Vetrotex
America sont dĂ©tenus Ă  80 % par les groupe
français Saint-Gobain, et le consortium Mexigaz
est contrĂŽlĂ© par Gaz de France.

Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les activitĂ©s de
financement de la BEI au Mexique ont Ă©tĂ©
caractĂ©risĂ©es par l’absence de diversitĂ©. Les prĂȘts
ont Ă©tĂ© concentrĂ©s sur le secteur industriel, et
partagés entre la construction automobile, le
secteur de la verrerie et celui de l’énergie. Aucune
autre branche de l’industrie (y compris
l’agriculture, l’élevage ou la pĂȘche) ni aucun projet
de promotion des Ă©nergies renouvelables n’ont
jamais Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s, bien qu’ils fassent partie
des domaines d’action prioritaires de la
Communauté européenne dans le cadre de la
stratégie de coopération pour le pays.

Les financements de la BEI au Mexique ont
soutenu des projets ayant peu de consĂ©quences
socio-Ă©conomiques ou environnementales
bénéfiques pour la population mexicaine. Pour
trois de ces projets, les prĂȘts de la BEI ont soutenu
des investissements destinés à accroßtre les
exportations des entreprises européennes, aidant
ainsi ces derniÚres à pénétrer les marchés latino-
amĂ©ricains et/ou Ă  bĂ©nĂ©ficier de l’Accord de libre-
échange nord-américain (ALENA) entre le
Mexique, les Etats-Unis et le Canada, en place
depuis le 1er janvier 1994. La mise en avant des
intĂ©rĂȘts des entreprises europĂ©ennes concerne
aussi le projet Mexigaz, qui bĂ©nĂ©ficie aux activitĂ©s
d’un groupe europĂ©en dans le secteur de la
distribution du gaz naturel, dont la dĂ©rĂ©gulation
et la privatisation ont Ă©tĂ© extrĂȘmement
controversĂ©es au Mexique. Les prĂȘts de la BEI ont
été concentrés dans des secteurs consolidés,
dominĂ©s par des capitaux europĂ©ens, et qui n’ont
pas besoin de la garantie budgétaire de la
Communauté européenne, en raison de leur
capacitĂ© Ă  attirer d’autres sources
d’investissements.

La coopĂ©ration financiĂšre ne peut aller dans
l’intĂ©rĂȘt du peuple mexicain que si les banques
rĂ©orientent leurs investissements vers la
promotion des activitĂ©s des petites et moyennes
entreprises du Mexique, uniquement si elles
permettent de crĂ©er des emplois respectant le
droit du travail et, enfin, si elles ne financent que
les projets de dĂ©veloppement qui ont Ă©tĂ©
prĂ©alablement approuvĂ©s par les communautĂ©s
locales, en accord avec leurs besoins.

background image

Femme indigĂšne du

Guatemala et sa fille. 

© Janneke Bruil.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

23

Parmi les quatre projets financés au Mexique (voir
l’encart page prĂ©cĂ©dente), la BEI soutient que la
protection de l’environnement est un des objectifs
du projet gazier Mexigaz. Comme l’étude de cas le
montre, ce projet soutient fortement la
consommation de gaz, au lieu de favoriser des
mesures de rĂ©duction de la demande d’énergie. Le
gaz est une ressource naturelle limitĂ©e, qui
produit du CO

2

nocif lors de sa combustion et de

son extraction, et dont l’impact en termes de
rĂ©duction de la pauvretĂ© est limitĂ© (comme le
démontre la Revue des Industries Extractives, cf.
page 11). Le choix du gaz ne peut de ce fait ĂȘtre
considĂ©rĂ© comme viable sur le long terme. 

La BEI a

Ă©galement nĂ©gligĂ© son engagement auprĂšs de la
Commission européenne

62

de mener une Ă©valuation

des impacts environnementaux pour tous les
projets susceptibles d’avoir des consĂ©quences
significatives sur l’environnement. L’argument
selon lequel la BEI respecte toujours les
rĂ©glementations environnementales de l’Union
europĂ©enne dans le cadre de ses projets est donc
clairement infondĂ©.

background image

MEXIQUE

Le Syndicat des Travailleurs
Indépendants a amorcé une
grĂšve Ă  l’usine Volkswagen de
Puebla (Etat du Puebla,
Mexique, 18 aoĂ»t 2001).
© Journal El Universal
(Mexique) - Archives
photographiques /
photographe : Rodolfo Perez.

ETUDE DE CAS PAR DOMITILLE DELAPLACE (EQUIPO PUEBLO)

LE PROJET VOLKSWAGEN AU 

3

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

24

| AU BÉNÉFICE DE QUI?

background image

il est estimĂ© que ces derniers paient gĂ©nĂ©ralement
leurs employĂ©s, pour une grande part non
syndiqués, des salaires inférieurs de 40% à 50% à
ceux de Volkswagen

70

. Les emplois indirects sont

quant Ă  eux gĂ©nĂ©ralement prĂ©caires, violant les
droits du travail repris à l’article 123 de la
Constitution mexicaine ainsi que les conventions
et traitĂ©s internationaux (Convention
internationale sur les droits Ă©conomiques, sociaux
et culturels, convention de l’OIT, etc).

La BEI a des rĂšgles sur l’ Â« Ă©valuation sociale des
projets dans les pays en dĂ©veloppement Â», qui
concernent notamment les questions relatives au
travail

71

. Elle n’y a cependant pas fait rĂ©fĂ©rence

dans le cas du projet Volkswagen. Cela aurait
pourtant Ă©tĂ© particuliĂšrement pertinent, sachant
que depuis plusieurs années la direction de
l’entreprise a Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement confrontĂ©e au
Syndicat des Travailleurs IndĂ©pendants de
Volkswagen (SITIAVW) en raison de sa politique
anti-syndicale. En aoĂ»t 2000, face Ă  l’impossibilitĂ©
de trouver un accord Ă  l’amiable, le syndicat a
entamé une grÚve pour obtenir une hausse des
salaires. Durant les nĂ©gociations les employĂ©s ont
dĂ©clarĂ© que l’entreprise avait tentĂ© d’interfĂ©rer
dans le fonctionnement du syndicat, en pointant
du doigt leur opposition Ă  la mĂ©thode 
de consultation

72

.

Concernant les impacts environnementaux du
projet, la BEI a déclaré

73

que son promoteur

prĂ©parait une Ă©tude d’impact, comme exigĂ© par la
loi mexicaine

74

. Cependant, et comme dans le cas

d’autres projets mexicains, la BEI n’a pas rĂ©ussi Ă 
démontrer

75

que ces impacts avaient Ă©tĂ©

correctement Ă©valuĂ©s selon les principes et les
normes de l’Union europĂ©enne.

ACCÈS À L’INFORMATION

La BEI a rĂ©pondu nĂ©gativement Ă  une demande de
documentation sur le projet

76

au motif que

l’information ne pouvait pas ĂȘtre diffusĂ©e tant qu’il
n’y avait pas eu de versement des fonds

77

. Les

documents relatifs Ă  l’évaluation des impacts
environnementaux et au projet lui-mĂȘme (y
compris une Ă©valuation de ses effets en matiĂšre de
dĂ©veloppement) devraient pourtant ĂȘtre
disponibles à toutes les phases de l’accord de
financement (avant, pendant et aprĂšs le versement
des fonds), afin de garantir la consultation et
l’implication rĂ©elle des citoyens.

Volkswagen Mexique
(filiale du groupe
allemand) a construit
en 1967 une usine
dans l’Etat de Puebla,
oĂč les modĂšles «
nouvelle Coccinelle », «
Golf dĂ©capotable » et Â«
Jetta » sont aujourd’hui
produits. Son niveau de
productivitĂ© y est un
des plus élevé au
monde, Ă  travers la
sous-traitance Ă  des
fournisseurs locaux

63

.

En 2004 Volkswagen
Mexique a demandé à
la BEI un financement
de 70 millions d’euros,
destiné à moderniser
l’usine afin de produire
la Jetta A5 et un
nouveau moteur moins
polluant. Les
négociations se sont
achevées le 7 octobre
2004, mais les fonds
n’ont pas encore Ă©tĂ©
versés

64

.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX, SOCIAUX ET
ÉCONOMIQUES

Selon la BEI, l’agrandissement de l’usine de Puebla
permettra la production de la carrosserie et
l’assemblage de la Jetta A5, dont 80% des modĂšles
seraient exportĂ©s vers les Etats-Unis et le
Canada

65

. Les investissements concernent aussi la

mise en place d’une chaüne de production pour un
nouveau moteur peu polluant (le R5), ce qui
permettrait au Groupe Volkswagen de satisfaire
aux normes amĂ©ricaines en matiĂšre d’émissions
de gaz

66

. Le financement de la BEI permettrait

ainsi de consolider l’activitĂ© de production du
groupe au Mexique, et de renforcer sa position au
sein de la zone de libre-échange nord-américaine
(ALENA). Loin de favoriser les relations
commerciales entre l’Union europĂ©enne et le
Mexique, comme stipulĂ© dans l’ Â« Accord global
»

67

, ce projet bĂ©nĂ©ficie en fait aux activitĂ©s d’un

groupe europĂ©en, et Ă  ses relations commerciales
avec le continent Nord- AmĂ©ricain.

La BEI a assurĂ© que le projet de Volkswagen
permettrait la crĂ©ation de 1600 emplois directs
dans l’usine de Puebla, ainsi qu’une hausse
significative du nombre d’emplois indirects

68

. En

rĂ©alitĂ©, seuls les emplois existant dĂ©jĂ  seront
maintenus. Le projet permettra au groupe de
compenser les pertes accumulĂ©es suite Ă  l’arrĂȘt de
la production de la Coccinelle en 2003, ainsi que
les chutes des ventes des autres modĂšles qui ont
conduit Volkswagen Mexique Ă  annoncer 2000
licenciements en juillet 2003

69

. De plus, mĂȘme si le

projet a effectivement des rĂ©percussions positives
au niveau rĂ©gional en termes d’emploi du fait de
l’appel trĂšs important Ă  des sous-traitants locaux,

Le Syndicat des Travailleurs
Indépendants a amorcé une
grĂšve Ă  l’usine Volkswagen de
Puebla (Etat du Puebla, Mexique,
18 aoĂ»t 2001).
© Journal El Universal (Mexique)
- Archives photographiques /
photographe : Rodolfo Perez.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

|

25

background image

MEXIGAZ

A gauche : Des habitants du
district d’Izcalli dans la zone
centrale d’Ecatapec (Etat de
Mexico, VallĂ©e de Cuautitlan-
Texcoco) se sont plaints de la
dégradation des routes causée
par le réseau de gaz naturel
construit par l’entreprise
Mexigas. Ci-dessus : Des
habitants de la zone
résidentielle de Coacalco (Etat
de Mexico, VallĂ©e de
Cuautitlan - Texcoco) se sont
opposés à la construction du
réseau de gaz naturel. Ils ont
mis en Ă©vidence la mauvaise
qualitĂ© de l’asphalte qui le
recouvre. 
© Journal El Universal
(Mexique / Archives
photographiques /
photographe : Luis Garcia Soto).

ETUDE DE CAS PAR DOMITILLE DELAPLACE (EQUIPO PUEBLO)

LE PROJET 

LA DÉRÉGULATION D’UN SERVICE PUBLIC AU

BÉNÉFICE D’UNE ENTREPRISE EUROPÉENNE 

3

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

26

| AU BÉNÉFICE DE QUI??

background image

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX, SOCIAUX ET
ÉCONOMIQUES

Dans le respect de la loi mexicaine

80

, le porteur du

projet a rĂ©alisĂ© une Ă©tude d’impact
environnemental, qui a été approuvée par le
ministùre mexicain de l’environnement
(SEMANART). La BEI n’a cependant pas exigĂ©
d’autre Ă©tude sur les impacts environnementaux
du projet, basĂ©e sur les politiques et les critĂšres de
l’Union europĂ©enne

81

.

Selon la BEI

82

, ce projet a pour but la diversification

de l’offre Ă©nergĂ©tique et la mise en valeur du gaz
naturel en tant qu’énergie moins polluante que
d’autres Ă©nergies fossiles, afin de rĂ©duire la pollution
de l’air dans des zones trĂšs densĂ©ment peuplĂ©es.
Jusqu’à aujourd’hui le projet Mexigaz n’a cependant
eu qu’un effet limitĂ© sur le niveau de pollution dans
la vallĂ©e de CuautitlĂĄn-Texcoco, le rĂ©seau de
distribution de gaz ne couvrant que 35% de la
population totale mentionnĂ©e dans l’appel d’offres
(à savoir 130 000 personnes sur 340 700 prévues).

De plus, il est important de souligner que le gaz
naturel est une source d’énergie qui, bien que
moins polluante, n’en reste pas moins non-
renouvelable. PlutĂŽt que de promouvoir l’efficacitĂ©
Ă©nergĂ©tique et la baisse de la consommation, le
projet Mexigaz repose donc sur la promotion de la
consommation de gaz, qui est une ressource
naturelle limitĂ©e. N’étant pas viable sur le long
terme, ce projet ne peut pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme
une réelle alternative énergétique.

La BEI a dĂ©clarĂ© qu’elle « n’était pas informĂ©e d’un
quelconque problĂšme environnemental ou social qui
serait apparu durant la mise en place du projet Â»

83

.

Pourtant, durant la phase de construction, des
manifestations ont eu lieu Ă  de multiples occasions.
L’ Â« insĂ©curitĂ© » des rĂ©seaux de gaz est un thĂšme
rĂ©current dans l’enquĂȘte rĂ©alisĂ©e dans le cadre de la
prĂ©sente Ă©tude auprĂšs des usagers, ainsi que durant
la mobilisation contre la compagnie Mexigaz.

Concernant les tarifs pour l’usage domestique,
l’obligation de maintenir un prix fixe a Ă©tĂ© levĂ©e en
2003. Les tarifs n’ont pas cessĂ© d’augmenter
depuis, ce qui profite clairement Ă  l’entreprise mais
limite l’accùs au service pour les foyers les plus
modestes. Le projet Mexigaz n’a donc pas eu pour
rĂ©sultat de promouvoir l’accĂšs Ă  l’énergie pour les
plus pauvres. Ce sont au contraire les classes
moyennes des zones résidentielles, qui peuvent
payer ce service, qui ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es. L’accĂšs au
rĂ©seau nĂ©cessite pour l’usager un investissement
initial d’environ 150 dollars, une somme que
beaucoup de familles ne peuvent pas payer.

ACCÈS À L’INFORMATION

La BEI a dĂ©clarĂ© qu’il Ă©tait impossible de fournir les
documents relatifs au projet Mexigaz sans l’accord
de l’emprunteur, en raison des clauses de
confidentialitĂ© signĂ©es entre la BEI et la
compagnie

84

. Bien que ces deux acteurs aient

dĂ©clarĂ© qu’ils n’avaient pas d’objection Ă  ce que les
informations soient mises Ă  disposition

85

, elles

n’ont pas encore Ă©tĂ© fournies.

La BEI a dĂ©clarĂ© que les procĂ©dures d’accĂšs Ă 
l’information et de consultation publique du projet
Mexigaz Ă©taient en accord avec la lĂ©gislation
environnementale mexicaine

86

. Cependant, cette

derniùre n’exige pas de consultation publique
complĂšte et de grande ampleur dans le cadre des
projets, et reste moins exigeante que les normes
européennes en ce qui concerne les études
d’impact environnemental. Elle ne satisfait pas
non plus aux exigences d’autres institutions
financiĂšres comme la Banque mondiale et la
Banque europĂ©enne pour la reconstruction et le
dĂ©veloppement (BERD), qui exigent une
consultation publique dans le cadre des projets.

CONCLUSION

AprĂšs six annĂ©es d’activitĂ©, le niveau de
couverture offert par le rĂ©seau Mexigaz est
toujours trĂšs faible, en comparaison avec les
estimations stipulĂ©es dans l’appel d’offres et dans
la prĂ©sentation de la BEI. Le projet n’a pas offert
d’alternative valable aux Ă©nergies fossiles, et n’a
pas non plus permis d’amĂ©lioration de la qualitĂ©
de l’air dans la zone. Enfin, il n’a pas permis l’accùs
au gaz pour les franges les plus pauvres de la
population. En mettant le service aux mains
d’opĂ©rateurs privĂ©s, l’extension et la gestion du
rĂ©seau de distribution de gaz se retrouvent basĂ©s
sur un critÚre de profitabilité économique. Cela
profite aux usagers qui ont les moyens financiers
de payer, mais ne va pas dans le sens d’une
meilleure couverture des besoins énergétiques de
base de la population. 

LA PRIVATISATION DU
SECTEUR Ă‰NERGÉTIQUE
MEXICAIN

Le projet Mexigaz entre
dans le cadre de la
privatisation du gaz naturel
au Mexique, débutée en
1995. L’objectif principal et
controversé de ces
réformes énergétiques
Ă©tait la participation accrue
du secteur privé dans le
domaine de l’énergie, avec
pour rĂ©sultat la crĂ©ation de
groupes, principalement
composés de capitaux
Ă©trangers et attirĂ©s par les
profits qu’ils pourraient
tirer de la dérégulation.
C’est le cas du projet
Mexigaz, financé par la BEI.

La Commission de
RĂ©gulation de l’Energie
(CRE) a lancé en novembre
1997 un appel d’offre
international pour la
distribution du gaz naturel
dans la zone géographique
de la vallée de Cuautitlån-
Texcoco

78

, une zone

urbaine frontaliĂšre de
Mexico. En juillet 1998, le
consortium Mexigaz, alors
détenu à 75% par Gaz de
France International

79

, a

remportĂ© le marchĂ©. Il s’est
vu accorder pour une
période de 5 ans les droits
exclusifs pour la
construction et l’extension
du réseau de gaz naturel,
ainsi que les droits de
distribution pour 30 ans.
En 1999 et 2000, la BEI a
accordĂ© deux prĂȘts au
consortium Mexigaz pour
un montant total de 74,3
millions d’euros, afin de
couvrir une partie des
investissements.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

27

background image

Une gigantesque usine
de pĂąte Ă  papier est
entrée en activité en juin
2005 prùs d’Eunápolis,
dans l’Etat brĂ©silien de
Bahia. Financée grùce à
des fonds de la BEI, de la
Banque d’investissement
nordique et de la
Banque brésilienne pour
le développement
(BNDES), l’usine de
Veracel est la plus
grande usine de pĂąte Ă 
papier du monde, avec
une capacité de
production de 900 000
tonnes par an. Le coût
total du projet s’est Ă©levĂ©
Ă  1,25 milliard de dollars,
en comptant les
plantations et les
infrastructures

87

. La BEI a

accordĂ© deux prĂȘts Ă 
Veracel : un de 30
millions de dollars en
2001 pour des
plantations, du matériel
d’exploitation forestiùre,
et la construction et la
remise en Ă©tat de
routes

88

, et un autre de

80 millions de dollars en
2003 pour la
construction de
l’usine

89

.

Veracel est une sociĂ©tĂ©
en participation qui
rĂ©unit le plus grand
producteur de pĂąte Ă 
papier du monde, Stora
Enso (groupe suédo-
finlandais), et le plus
grand producteur de
pulpe d’eucalyptus,
Aracruz (de nationalité
brésilienne). La pùte
produite à l’usine est
principalement destinĂ©e
Ă  ĂȘtre exportĂ©e vers
l’Europe, les Etats-Unis
et l’Asie.

BRÉSIL

© onehemisphere

ETUDE DE CAS PAR CHRIS LANG, WORLD RAINFOREST MOVEMENT

L’USINE DE PÂTE Ă€ PAPIER VERACEL AU 

L’IMPACT DES PLANTATIONS FORESTIÈRES INDUSTRIELLES SUR

LES DROITS FONCIERS ET LES MOYENS DE SUBSISTANCE

3

AMÉRIQUE LATINE : OUVRIR L’INDUSTRIE ET
L’ÉNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPÉENNES

28

| AU BÉNÉFICE DE QUI?

background image

Le projet Veracel a
débouché sur une série
de contrats lucratifs pour
des compagnies
européennes ou leurs
filiales, dont Jaakko
Pöyry (Finlande), Andritz
(Autriche), Eka
Chemicals (SuĂšde),
Degussa (Allemagne),
Aker Kvaerner (NorvĂšge),
Metso Corporation
(Finlande), Partek Forest
(Finlande) et Norsul (qui
fait partie du groupe
norvégien Lorentzen,
détenteur de 28% des
parts d’Aracruz).

Les critĂšres sur lesquels
la BEI s’est basĂ©e pour
accepter le financement
de l’usine ne sont pas
clairs. Lors d’une rĂ©union
avec l’équipe de la BEI Ă 
Bruxelles en 2003,
Marcelo Calazans de
l’ONG brĂ©silienne FASE a
demandé à voir les
documents de la BEI
concernant l’évaluation
du projet Veracel.
L’équipe de la BEI a
rĂ©pondu qu’aucun de ces
documents n’était
accessible au public. Elle
a Ă©galement refusĂ© de
divulguer la date Ă 
laquelle le Conseil
d’administration de la
BEI se rĂ©unirait pour
discuter du prĂȘt

90

.

Si le projet bĂ©nĂ©ficie de
façon évidente aux
entreprises européennes
ce n’est pas le cas pour les
habitants de Bahia.

CONSÉQUENCES EN TERMES DE DROITS FONCIERS
ET DE SUBSISTANCE

Les vastes plantations de Veracel exacerbent le
problĂšme de la concentration fonciĂšre, dans un pays
oĂč une grande partie de la population rurale n’a pas,
ou trop peu, de terres pour subsister. Veracel possĂšde
147 000 hectares de terres, dont 70 000 sont couverts
de plantations. De plus, Veracel a passĂ© des contrats
avec des fermiers pour planter des eucalyptus sur une
surface totale de 23 000 hectares

91

, achetés

principalement Ă  de propriĂ©taires (principalement des
Ă©leveurs). NĂ©anmoins, plus de 800 personnes ont dĂ»
quitter leur maison pour faire place aux plantations
de Veracel

92

. Selon JosĂ© Koopmans, prĂȘtre et militant

des droits de l’homme dans le sud de Bahia, au moins
1/8Ăšme des terres achetĂ©es par Veracel Ă©taient
jusque lĂ  utilisĂ© pour l’agriculture de subsistance. En
2003, des chercheurs de SwedWatch, une ONG
suĂ©doise, ont interrogĂ© des fermiers vivant Ă 
proximitĂ© des plantations de Veracel. D’aprĂšs eux, le
niveau des ruisseaux, des Ă©tangs et des lacs a baissĂ©
de façon significative Ă  partir du moment oĂč les
plantations ont dĂ©butĂ©. Dans certains cas, les cours
d’eau ont mĂȘme complĂštement disparu, rendant
impossible la pĂȘche ou l’irrigation des cultures

93

.

AprÚs avoir donné son accord pour financer la
construction de l’usine de pĂąte Ă  papier de Veracel,
la BEI a dĂ©clarĂ© qu’elle « 

devrait permettre des

retombées économiques significatives pour la
région, en particulier par le biais des emplois

»

94

. En

rĂ©alitĂ©, l’usine n’emploiera que 400 personnes

95

.

Selon Melquiades Spinola du Centre d’études et de
recherche pour le dĂ©veloppement du Grand Sud
(CEPEDES), une ONG basée à Bahia, le chÎmage est
le principal problÚme créé par les quatre usines de
pĂąte et de papier dans le sud de Bahia. Si ces
usines et les plantations fournissent trĂšs peu
d’emplois, elles obligent en revanche de trĂšs
nombreuses personnes Ă  quitter leurs terres, les
condamnant au chĂŽmage. Alors que de grosses
sommes d’argent sont investies dans les usines de
pĂąte Ă  papier, il y a selon Spinola « 

12000 familles

de paysans (sans terre) qui vivent dans des camps en
bordure des routes

»

96

.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

La BEI affirme que le projet Veracel « permettra
d’arrĂȘter la destruction des forĂȘts tropicales humides,
de rĂ©duire la pression de l’exploitation forestiĂšre, et
de protéger la biodiversité »

97

. La BEI semble avoir

oubliĂ© le passĂ© de Veracel. En fĂ©vrier 1993 les
autoritĂ©s brĂ©siliennes ont ordonnĂ© l’arrĂȘt temporaire
de son activitĂ©, aprĂšs que des ONG locales et le
Syndicat des Travailleurs Forestiers avaient fourni des
informations selon lesquelles la compagnie Ă©tait en
train de raser la forĂȘt littorale atlantique (Mata
AtlĂąntica) pour la remplacer par des plantations

98

.

Veracel a reconnu avoir déforesté 64 hectares en
1993. Selon Vitor da Costa, de Veracel « c’est la seule
et unique fois de toute son histoire que Veracel a agi
de façon contraire aux bonnes pratiques
environnementales »

99

. Mais en 2003, des

chercheurs de SwedWatch ont photographiĂ© une
zone oĂč la forĂȘt avait Ă©tĂ© rasĂ©e pour laisser place Ă 
des plantations. En décembre 2003, des officiels du
bureau fĂ©dĂ©ral de l’environnement (IBAMA) ont
signalĂ© qu’une grande partie de la forĂȘt atlantique
avait dĂ©jĂ  subi une dĂ©forestation. La zone avait Ă©tĂ©
plantĂ©e d’eucalyptus pour Veracel, dans le cadre de
contrats entre la compagnie et des fermiers

100

.

Veracel gÚre une aire forestiÚre protégée appelée
Station de Veracruz, qui couvre une surface de
6000 hectares des terrains achetĂ©s par Veracel
pour ses plantations dans le sud de l’Etat de Bahia.
En rĂ©alitĂ©, Veracel violerait la loi brĂ©silienne si elle
initiait quelque activitĂ© qui ne consiste pas en une
protection de cette zone de forĂȘts

101

.

En avril 2004, environ 2000 familles du Mouvement
des Travailleurs Sans Terre du BrĂ©sil (MST -
Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra) ont
occupĂ© 25 hectares de terres et coupĂ© quatre
hectares de plantations d’eucalyptus de Veracel. «
Personne ne mange d’eucalyptus » ont-il criĂ©
pendant leur occupation, tout en commençant Ă 
planter du maĂŻs, du manioc et des haricots

102

.

AprĂšs cinq jours, le MST a pris le parti d’éviter ce qui
s’annonçait comme une violente confrontation avec
la police et a quittĂ© la zone, en acceptant les
promesses du gouvernement fĂ©dĂ©ral affirmant que
les rĂ©formes fonciĂšres seraient accĂ©lĂ©rĂ©es dans la
région. Six mois plus tard, une autre manifestation a
eu lieu contre Veracel. Cette fois-ci, 300 indigĂšnes
Pataxo bloquĂšrent l’autoroute BR-101 pendant 19
heures, afin de protester contre les plantations
d’eucalyptus par Veracel sur leurs terres ancestrales.

En dĂ©pit de tous ces problĂšmes, Veracel a des plans de
développement

103

. Si l’usine est agrandie, les zones de

plantations devront ĂȘtre Ă©tendues, et les problĂšmes
liĂ©s aux droits fonciers ne pourront que s’aggraver.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

29

Toutes les images ont Ă©tĂ© prises au BrĂ©sil.
© Melquíades Spínola/CEPEDES.

background image

30

AU BÉNÉFICE DE QUI?

4

ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES 
DE L’EAU ET GRANDS BARRAGES

GRAPHIQUE 4:

RĂ©partition des prĂȘts entre secteur

public et privĂ© en Asie (1994 - 2004)*

GRAPHIQUE 5:

Financements octroyés par la BEI en

Asie et par secteur (1994 - 2004)*

Bien qu’en principe les financements dans le
secteur de l’eau puissent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme
durables, les projets financés par la BEI soulÚvent
beaucoup de questions. De mĂȘme qu’en AmĂ©rique
latine

105

, tous les projets approuvés dans le

domaine de l’eau en Asie l’ont Ă©tĂ© sous la forme de
partenariats public-privé (PPP), par lesquels les
gouvernements nationaux ont transfĂ©rĂ© au
secteur privĂ© la charge de la distribution de l’eau
et de la construction des infrastructures selon un
calendrier défini

106

, la BEI prĂȘtant Ă  l’investisseur

privĂ©. En IndonĂ©sie et aux Philippines, les projets
financĂ©s par la BEI ont failli Ă  remplir leurs
objectifs. Des difficultĂ©s ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es pour
assurer leur viabilité, maßtriser leurs impacts
macro-Ă©conomiques, respecter les conditions
tarifaires contractuelles, assurer l’accùs à l’eau
(notamment pour les plus pauvres qui ne peuvent
gĂ©nĂ©ralement pas payer un prix trop Ă©levĂ© pour
les services basiques), et complĂ©ter les
investissements nécessaires pour pallier les
capacités limitées du secteur public. Dans ces
pays, 

les partenariats public-privĂ© n’ont amenĂ©

aucune amĂ©lioration en termes de distribution
d’eau potable aux populations pauvres, tout en
augmentant le poids de la dette et en impliquant
les Etats dans des procĂ©dures et litiges judiciaires.

Le Conseil de l’UE a rĂ©cemment statuĂ© par une
clause légale

107

que lorsqu’un projet n’est plus

viable sur le plan financier, la responsabilité légale
et Ă©conomique des projets incombe aux autoritĂ©s
gouvernementales locales. De ce fait, dans le cas
des partenariats public-privés financés par la BEI
dans le secteur de l’eau, les entreprises Ă©trangĂšres
n’ont plus de responsabilitĂ©s lĂ©gales en matiĂšre de
distribution d’eau.

En Indonésie, les contrats pour la privatisation de
l’eau Ă  Djakarta ont Ă©tĂ© signĂ©s sans appel d’offre
public, et avant qu’aucune rĂ©glementation relative
Ă  la privatisation ne soit en place. Aux Philippines,
tout comme en IndonĂ©sie, la lĂ©gislation mise en
place ultĂ©rieurement bĂ©nĂ©ficiait clairement aux
partenaires Ă©trangers. Qui plus est, la
transparence et l’obligation de rendre des comptes
et la participation du public (des Ă©lĂ©ments
primordiaux pour garantir l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral) ont
cruellement fait dĂ©faut dĂšs la prise d’effet des
processus de privatisation de l’eau.

Durant les 10 derniĂšres
années, la BEI a financé
neuf projets dans le
secteur de l’eau
(distribution et
assainissement,
systĂšmes d’égouts et
grands barrages) dans
le cadre des deux
premiers mandats
donnĂ©s par l’UE pour la
région AAL (Asie et
Amérique latine). Cela
représente un total de
335 millions d’euros,
dont 240 millions
d’euros sous forme de
prĂȘts pour cinq projets
en Asie (en Chine, Ă 
Madagascar, au Laos,
en IndonĂ©sie et aux
Philippines), et 95
millions d’euros pour
les projets mentionnés
plus haut en AmĂ©rique
latine (Argentine et
Paraguay).

Toutefois, si le secteur
de l’eau n’a pas Ă©tĂ©
massivement financĂ©
en Asie (seulement
14% des prĂȘts entre
1994 et 2004) en
comparaison du
secteur de l’énergie, il
est important de
souligner que l’UE y a
principalement
soutenu la
privatisation de l’eau (à
travers la garantie des
prĂȘts BEI), notamment
aux Philippines et en
Indonésie

104

*Source:

l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts

de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (NumĂ©ro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).).

télécommunications 4%

industrie 12%

energie 45%

eau 14%

prĂȘts globaux 14%

transports 11%

*Source:

l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts

de la Banque europĂ©enne d’investissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (NumĂ©ro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).

public 40%

privé 60%

© Jannek Bruil

background image

Un chef indigĂšne Wana 
en train de fumer une
cigarette dans sa maison
(Sulawesi, Indonésie).
© Janneke Bruil.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

31

L’expĂ©rience avec Maynilad aux Philippines devrait
servir de leçon à la BEI. La série de recours
judiciaires dĂ©posĂ©s par les entreprises contre le
gouvernement des Philippines dans ce cas prĂ©cis
est inquiĂ©tante, tout particuliĂšrement quand le
projet est supposĂ© contribuer Ă  atteindre les
Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement
dans le domaine de l’eau (diminuer de moitiĂ© le
nombre de personnes n’ayant pas accĂšs Ă  une eau
potable et abordable d’ici Ă  2015). Il est
dĂ©concertant d’assister Ă  cette sĂ©rie de plaintes en
justice déposées par les compagnies, quand on
voit leur propre incapacitĂ© Ă  rendre des comptes.

De mĂȘme que dans le cas de projets financĂ©s dans
le domaine de l’eau et de l’assainissement en Asie,
les grands barrages tels que Nam Theun 2 (cf.
l’étude de cas p. 37), projet rĂ©cemment financĂ© par
la BEI (et Ă  ce jour le plus grand projet hydro-
Ă©lectrique au Laos), peuvent difficilement ĂȘtre
considĂ©rĂ©s comme soutenables, bien qu’ils soient
dĂ©nommĂ©s « projets d’énergies renouvelables » par
la BEI. Pour défendre sa conception selon laquelle
les grands barrages sont viables sur le plan
environnemental et produisent une Ă©nergie
renouvelable, la BEI a dĂ©clarĂ© que « tout projet de
grand barrage pour lequel le soutien financier de la
BEI serait sollicitĂ© serait Ă©valuĂ© Ă  la lumiĂšre des
recommandations de la Commission Mondiale des
Barrages

108

et du rapport Camdessus

109

».

Cependant, comme nous le verrons plus loin, la BEI
n’a pas respectĂ© cet engagement, et s’est basĂ©e
uniquement sur les Ă©valuations du barrage de
Nam Theun 2 produites par la Banque mondiale.

Les impacts sociaux et environnementaux
nĂ©gatifs des grands barrages ont Ă©tĂ© reconnus Ă 
plusieurs reprises, et plus particuliĂšrement dans le
rapport de la Commission Mondiale des Barrages
(CMB) en 2000. Aujourd’hui, la conformitĂ© avec les
recommandations de la CMB est considĂ©rĂ©e
comme une condition indispensable pour les
projets d’énergies renouvelables qui seront inclus
dans le systĂšme d’échange de quotas d’émissions
de l’UE

110

. Cependant, comme nous l’avons dĂ©jĂ  vu

dans le cas de l’Afrique et en dĂ©pit des ces normes
internationales, la BEI tend Ă  inclure l’énergie
produite par les grands barrages dans la catégorie
des énergies renouvelables, malgré les lourds
impacts environnementaux et l’absence
d’évaluation, notamment dans le cas du barrage
de Nam Theun 2 au Laos.

Bien que la BEI déclare dans sa Déclaration sur
l’environnement de 2004 qu’elle « finance des
projets qui maximisent les avantages pour
l’environnement», et qu’elle tend Ă  « une dĂ©marche
pro-active d’identification des projets
environnementaux et le financement de secteurs-
niches Ă  forte valeur ajoutĂ©e, tels que la
décontamination des sites pollués, la protection de
la biodiversitĂ© et les nouvelles technologies
environnementales », elle n’a financĂ© aucun projet
en Asie, en Amérique latine ou en Afrique qui était
explicitement axĂ© sur l’environnement naturel et la
protection de la biodiversitĂ© durant ces 10
derniÚres années.

Le Fonds carbone et les initiatives sur le
changement climatique

En 2005, dans le cadre du systĂšme d’échange de
quotas d’émissions, le Fonds carbone de la Banque
mondiale et de la BEI pour l’Europe et le Fonds
multilĂ©ral de crĂ©dit de carbone de la Banque
europĂ©enne pour la reconstruction et le
dĂ©veloppement et la BEI ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. La BEI a de
plus approuvé des projets dans la cadre de sa
nouvelle « Facilité financiÚre liée au changement
climatique » (un fonds de 500 millions d’euros) et
de la « FacilitĂ© pour l’assistance technique liĂ©e au
changement climatique » (10 millions d’euros). De
nombreux acteurs de la société civile craignent
que les projets financés dans le cadre de ces
processus incluent des projets litigieux tels que
des plantations dans les zones tropicales, des
grands projets hydroélectriques avec de lourds
impacts environnementaux et sociaux, ou encore
des projets d’extraction et de transport de gaz
naturel. Il doit ĂȘtre soulignĂ© que le secteur du gaz
a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© lourdement financĂ© par la BEI en Asie
durant les 10 derniĂšres annĂ©es, avec plus de 400
millions d’euros pour la production de gaz et les
rĂ©seaux de transport au Pakistan, en ThaĂŻlande et
en Indonésie.

background image

DJAKARTA

Ci-dessus et Ă  gauche : un
rassemblement d’opposants Ă 
la privatisation de l’eau à
Djakarta (Indonésie). Des
militants des Amis de la Terre
IndonĂ©sie et des urbains
dĂ©shĂ©ritĂ©s ont apportĂ© 1000
pétitions à la Cour
constitutionelle, demandant
l’annulation de la nouvelle loi
sur l’eau. 
© WALHI/Amis de la 
Terre Indonésie.

ETUDE DE CAS PAR P. RAJA SIREGAR, DU FORUM INDONÉSIEN POUR L’ENVIRONNEMENT (WALHI) /
AMIS DE LA TERRE INDONÉSIE

LA PRIVATISATION DE L’EAU À 

32

| AU BÉNÉFICE DE QUI?

4

ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES 
DE L’EAU ET GRANDS BARRAGES 

background image

LE FINANCEMENT DE LA COOPÉRATION DES
ENTREPRISES FRANÇAISES ET BRITANNIQUES SOUS
LE RÉGIME SOHARTO

Le service de l’eau de Djakarta a commencĂ© Ă  ĂȘtre
privatisĂ© en 1996 par Thames et Suez-Lyonnaise.
Toutefois, la privatisation de la compagnie publique
gestionnaire de l’eau de Djakarta (PAM Jaya) avait
déjà été prévue quelques années auparavant,
lorsque Thames a formĂ© en 1993 une alliance avec
M. Sigit Harjojudanto, le fils aĂźnĂ© du PrĂ©sident
Soharto alors en poste. Thames lui avait offert 20%
de ses parts dans une entreprise qu’elle contrĂŽlait et
appelĂ©e PT Kekar Plastindo, renommĂ©e par la suite
PT Kekar Thames Airindo. En apprenant cette
alliance Suez-Lyonnaise en avait rapidement formĂ©
une autre avec M. Anthony Salim

111

, qui avait Ă©tĂ© le

partenaire de Suez dans l’entreprise de traitement
des eaux Garuda Dipta Semesta.

C’est en 1994 que le prĂ©sident Suharto et son ministre
des travaux publics ont lancĂ© la privatisation du
service de l’eau de Djakarta. La gestion de ce dernier
Ă©tait alors divisĂ©e entre deux compagnies: Thames-
Sigit et Suez-Salim, dans le cadre d’une concession de
25 ans accordĂ©e en 1997. Les contrats furent signĂ©s
en 1998, Thames et Suez prenant respectivement le
contrĂŽle de 80% et 40% des parts des nouvelles
compagnies

112

. En juin de la mĂȘme annĂ©e, la BEI a

accordĂ© un prĂȘt de 45 millions d’euros Ă  PT Kekar
Thames Airinido, puis un autre de 55 million d’euros à
PT Garuda Cipta Semesta en dĂ©cembre. Il n’existait
aucune législation sur la privatisation du secteur de
l’eau lorsque les contrats ont Ă©tĂ© signĂ©s, ces derniers
n’ayant pas non plus fait l’objet d’un appel d’offres
public. La dĂ©cision finale est revenue directement au
prĂ©sident Soharto, par l’intermĂ©diaire de son ministre
des travaux publics. Ce n’est que plus tard que la
réglementation a été mise en place, servant
fortement les intĂ©rĂȘts des investisseurs Ă©trangers.

L’OPPOSITION ENTRE LES POPULATIONS LOCALES
ET LES ENTREPRISES EUROPÉENNES

Lorsque des Ă©meutes anti-Soharto eurent lieu fin
1998, les cadres dĂ©cisionnaires de Thames et de
Suez quittĂšrent l’IndonĂ©sie, laissant les employĂ©s
dans la confusion. Une panique se déclencha parmi
les officiels indonésiens, alors que les réserves de
produits de traitement des eaux laissĂ©es aux
compagnies n’étaient suffisantes que pour
quelques jours. Le gouverneur tenta de transfĂ©rer la
gestion de la compagnie de traitement au directeur
de PAM Jaya (l’entreprise nationale en charge de
l’eau Ă  Djakarta), mais cette tentative se rĂ©vĂ©la
vaine en raison de la menace des compagnies
Ă©trangĂšres d’intenter une action en justice.

AprÚs la chute de Soharto, 2800 employés
manifestĂšrent contre Thames et la Lyonnaise. Les

contrats avec le gouvernement furent plusieurs fois
renĂ©gociĂ©s, avec pour rĂ©sultat final un contrat
fixant Ă  95% la part dĂ©tenue conjointement par les
deux compagnies. Les nouveaux objectifs (toujours
valables actuellement) furent considĂ©rablement
revus Ă  la baisse. Durant les nĂ©gociations,
l’ambassadeur de Grande-Bretagne proposa une
augmentation de 20% du prix afin de garantir le
maintien de Thames Water International Ă 
Djakarta, tout en brandissant la menace d’une
rĂ©siliation du contrat par Thames et Suez.

UNE PRIVATISATION DANS UN CONTEXTE 
DE CORRUPTION

Selon l’Observatoire indonĂ©sien pour la corruption
(Indonesian Corruption Watch), la prise de contrĂŽle
de PAM Jaya par Thames s’est effectuĂ©e de façon
non transparente et dans la corruption, et a
engendré des pertes énormes pour le
gouvernement. MalgrĂ© les critiques, ce dernier a
prĂ©tendu que la privatisation Ă©tait nĂ©cessaire afin
d’amĂ©liorer la qualitĂ© de l’eau, du fait de
l’insuffisance des Ă©quipements de traitement et du
réseau de distribution. Les compagnies privées
Ă©trangĂšres Suez Lyonnaise et Thames Water
Company prirent le contrĂŽle de la production, de la
distribution et de la facturation, sans Ă©valuation
préalable précise de la valeur des équipements, alors
que leur maintenance Ă©tait toujours de la
responsabilitĂ© de PAM Jaya. Il est trĂšs clair que cette
opĂ©ration n’était pas un contrat de construction,
d’opĂ©ration et de transfert (BOT), mais plutĂŽt une
tentative dĂ©guisĂ©e de prise de contrĂŽle d’une
entreprise publique par une entreprise privée.

RÉSULTAT : UN SERVICE DE MAUVAISE QUALITÉ

Les rĂ©sultats de Suez Lyonnaise et de Thames
Water Company sont globalement dĂ©cevants.
Certains utilisateurs ont des problĂšmes de qualitĂ©
d’eau, en particulier de turbiditĂ© et d’odeur.
Quasiment un tiers des consommateurs reliĂ©s au
rĂ©seau doivent faire appel Ă  d’autres sources
d’approvisionnement pour la boisson et les besoins
domestiques, comme l’eau en bouteille et les puits.
Dans certains cas, la qualitĂ© de l’eau du robinet ne
correspond pas aux normes légales de potabilité.

La privatisation de l’eau a Ă©galement entraĂźnĂ© une
augmentation du coĂ»t du service, favorisant ainsi
les communautĂ©s les plus aisĂ©es, dont les foyers
sont plus riches et de taille moindre.
Comparativement Ă  la situation de dĂ©part, les
rĂ©sultats de Thames sont mauvais. L’entreprise n’a
pas rĂ©ussi Ă  atteindre les objectifs fixĂ©s en ce qui
concerne les volumes d’eau produits et distribuĂ©s,
son efficacitĂ© Ă  distribuer l’eau, les tarifs de
connexion et le niveau de couverture du rĂ©seau

113

.

Avec 293 millions
d’euros et six projets
financés depuis 1993,
l’IndonĂ©sie se situe en
seconde position des
investissements de la
BEI en Asie. Le secteur
de l’eau a reprĂ©sentĂ©
presque la moitié des
investissements
nationaux de la BEI, Ă 
égalité avec celui du
gaz. Cela n’a
malheureusement pas
favorisĂ© l’accĂšs des plus
pauvres Ă  une eau de
qualitĂ©. 

AU BÉNÉFICE DE QUI?

33

Un rassemblement d’opposants
à la privatisation de l’eau à
Djakarta (Indonésie).
© WALHI / Amis de la 
Terre Indonésie.

background image

PHILIPPINES

Manifestation devant le bureau
de la Metropolitan Waterworks
and Sewerage System (MWSS),
l’agence de l’eau
gouvernementale qui a été
privatisĂ©e. Le rassemblement a
eu lieu le 22 mars 2005, afin de
protester contre les hausses
tarifaires injustes par les
concessionnaires Maynilad et
Manila Water.
© Bubut Palattao.

ETUDE DE CAS PAR BUBUT D. PALLATAO (FREEDOM FROM DEBT COALITION), PHILIPPINES

LES LEÇONS À TIRER D’UNE PRIVATISATION RATÉE

L’EAU AUX

4

ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE L’EAU ET GRANDS BARRAGES 

34

| AU BÉNÉFICE DE QUI?

background image

UNE ACTIVITÉ SANS RISQUE, DES INTÉRÊTS 
PRIVÉS SUBVENTIONNÉS 

En 1997, Maynilad Water Services Inc. et Manila
Water Company (appartenant toutes deux Ă  la
multinationale United Utilities et Ă  l’entreprise
locale Ayala Corporation) ont obtenu les marchĂ©s
des zones ouest et est de Manille. MalgrĂ© les
faiblesses des réponses soumises par les deux
entreprises suite à l’appel d’offres, elles furent
approuvĂ©es par le MWSS et son consultant, la
Société FinanciÚre Internationale de la Banque
mondiale. Les offres ne fournissaient pas
d’informations dĂ©taillĂ©es, et n’incluaient pas de
réelle évaluation de la viabilité financiÚre du plan
stratĂ©gique proposĂ©. La BEI a pourtant accordĂ© un
prĂȘt de 50 millions d’euros Ă  Maynilad pour qu’elle
puisse entamer sa privatisation.

La privatisation prit la forme d’un contrat de
concession de 25 ans : des entreprises privées (les
concessionnaires) prenant en charge la gestion et
l’utilisation des Ă©quipements existants pour
fournir l’eau et l’assainissement, en Ă©change des
charges payées par les usagers de Metro Manila.
Le MWSS gardait son rĂŽle de fournisseur d’eau
non traitĂ©e et se chargeait de la rĂ©gulation des
concessionnaires. Selon l’accord de concession, les
entreprises s’engageaient Ă  atteindre certaines
performances, dont la baisse du prix de l’eau, la
distribution d’eau en continu aux usagers
connectĂ©s dĂšs l’annĂ©e 2000, la mise en conformitĂ©
avec les normes de l’Organisation mondiale de la
santĂ© dĂšs 2000, un accĂšs universel Ă  l’eau en 2006,
et la rĂ©duction des pertes en eau de 56% Ă  32%
durant les dix premiĂšres annĂ©es. 

Bien que le prix de l’eau ait considĂ©rablement baissĂ©
suite Ă  la privatisation, Maynilad Water Services Inc.
et Manila Water Company ont commencĂ© Ă 
augmenter les tarifs aprĂšs seulement deux ans. En
2001, Maynilad Water Services Inc. annonça que ses
services seraient diminuĂ©s si le gouvernement ne
l’autorisait pas Ă  augmenter ses tarifs Ă  travers de
nouveaux mécanismes non stipulés dans le contrat.
L’entreprise dĂ©cida Ă©galement et de façon unilatĂ©rale
de cesser de payer ses droits de concession au
gouvernement. L’administration Arroyo autorisa
alors un amendement au contrat de concession afin
de satisfaire aux exigences de Maynilad Water
Services Inc., en augmentant les prix de plus de 60%.
La facturation de tarifs plus Ă©levĂ©s devait satisfaire Ă 
deux conditions : que l’entreprise ne les prĂ©lĂšve plus

aprĂšs dĂ©cembre 2003, et qu’elle recommence
ensuite à payer ses droits. Les frais supplémentaires
ne furent cependant pas temporaires pour tous ;
certains citoyens de Manille furent ainsi facturĂ©s
d’environ 178 millions de dollars durant le premier
trimestre de 2004

114

.

En 2003 Maynilad Water Services Inc. a fait une
demande de rĂ©siliation de son contrat, arguant que
le gouvernement avait rendu sa viabilitĂ© trop
difficile, et en lui demandant un compensation de
303 millions de dollars. Le gouvernement rĂ©agit en
invoquant les manquements de l’entreprise Ă  tenir
ses engagements, notamment le paiement de ses
droits. Le conflit fut rĂ©glĂ© par un jury d’arbitrage
international, qui confirma la validitĂ© du contrat et
ordonna Ă  Maynilad Water Services Inc. de
rembourser le trop perçu pour un montant de sept
milliards de pesos philippins (127 millions de
dollars en novembre 2003). Une semaine plus tard,
l’entreprise esquiva les poursuites judiciaires en
dĂ©posant un dossier de redressement judiciaire

115

,

une cour de justice locale empĂȘchant tous ses
crĂ©diteurs (y compris l’agence gouvernementale de
l’eau et le MWSS) de tenter de recouvrer leurs
dettes. Alors que le gouvernement pouvait prĂ©lever
Ă  Maynilad Water Services Inc. 120 millions de
dollars sur les provisions spĂ©cifiquement destinĂ©es
Ă  protĂ©ger les consommateurs contre des violations
du contrat ou des manquements des
concessionnaires, il ne le fit pas.

Depuis 2003, les plans de redressement Ă©conomique
de Maynilad’s Water Services Inc. ont Ă©tĂ© revus
plusieurs fois. La derniÚre révision a été approuvée par
la justice en mai 2005. Cela a entraßné une
augmentation tarifaire de 51,6 % par rapport Ă  la
moyenne actuelle, soit une augmentation de plus de
500% par rapport Ă  l’appel d’offre initial de 1997.
Cette augmentation correspond Ă  un revenu mensuel
supplémentaire de 3 milliards de pesos philippins
(soit 168 millions de dollars au taux de change
actuel), et ce malgrĂ© des objectifs de performance
revus Ă  la baisse. Ces derniers incluent
l’échelonnement du paiement des droits de
concessions dus et futurs, un dĂ©lai supplĂ©mentaire de
deux ans pour les objectifs d’approvisionnement en
eau et d’assainissement, et une baisse des objectifs
de pressurisation du rĂ©seau. Le refus de l’entreprise de
payer les droits de concession, d’un montant de plus
de 10 milliards de pesos philippins (environ 179
millions de dollars), a dĂ©jĂ  conduit le gouvernement Ă 
contracter de nouveaux emprunts (environ 430
millions de dollars entre 2001 et 2004) pour Ă©viter
que la MWSS ne manque Ă  ses engagements.

En 1998, la BEI a accordé un
prĂȘt de 50 millions d’euros Ă 
Maynilad Water Services Inc.
(un partenariat entre le
gĂ©ant international français
Suez, et la compagnie locale
Benpres Holdings). Ce
financement Ă©tait destinĂ© Ă 
mettre en oeuvre la
privatisation du systĂšme de
distribution d’eau de
l’agglomĂ©ration de Manille
(Metro Manila), et Ă 
agrandir et amĂ©liorer le
service de distribution et de
d’assainissement dans la
partie ouest.

A la mĂȘme Ă©poque, le
gouvernement des
Philippines a donné la
prioritĂ© au paiement du
service de la dette, plutĂŽt
qu’à l’accĂšs au rĂ©seau d’eau
pour la population de
Manille. L’agence d’Etat pour
l’eau, le Systùme
métropolitain pour les
services et l’évacuation des
eaux (Metropolitan
Waterworks and Sewerage
System ou MWSS), n’a pas
voulu investir dans un
systĂšme de distribution
capable de fournir une eau
potable de qualitĂ© et peu
onéreuse aux citoyens. Les
chiffres des pertes en eau
imputables aux fuites ou
aux vols Ă©taient vertigineux.
Une partie importante des
douze millions de personnes
thĂ©oriquement desservies
par ce rĂ©seau n’y Ă©tait pas
connectĂ©e Le MWSS Ă©tait
Ă©galement financiĂšrement
Ă©touffĂ© par une dette
Ă©norme envers les
institutions financiĂšres
internationales. Le secteur
privé, généralement
considéré comme plus
efficace et moins sensible
aux manipulations
politiques
gouvernementales, Ă©tait
alors considéré comme le
remĂšde Ă  la crise.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

35

background image

L

36

|

AU BÉNÉFICE DE QUI?

A la mi-2004, le gouvernement a de nouveau
concĂ©dĂ© aux concessionnaires d’autres avantages, en
dĂ©clarant que Maynilad Water Services Inc. et Manila
Water Ă©taient des agents de la MWSS, et non des
contractants indĂ©pendants. Cela va Ă  l’encontre de la
loi, qui inclue explicitement l’eau et l’assainissement
parmi la liste des services publics. Pourtant
l’administration Arroyo a choisi de passer outre, en
s’appuyant principalement sur l’avis des instigateurs
de la privatisation de l’eau de Metro Manila : un
ancien administrateur de la MWSS, un ancien
ministre des travaux publics et son chef du
personnel. En dĂ©clarant les concessionnaires agents
de la MWSS, le gouvernement Arroyo donna aux
opĂ©rateurs le droit de considĂ©rer leurs taxes
professionnelles comme des dépenses susceptibles
d’ĂȘtre rĂ©percutĂ©es sur les usagers. 

A aucun moment le gouvernement n’a rĂ©ellement
mis en doute les fausses affirmations et prĂ©visions
du concessionnaire, ni sa mauvaise gestion et
l’inefficacitĂ© de son activitĂ©. La Banque mondiale
et la BEI ont choisi d’ignorer les objectifs irrĂ©alistes
de la firme en termes de réduction des pertes
d’eau et d’augmentation des recettes. Il n’a jamais
Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  Maynilad Water Services Inc. de
surestimer ses recettes ou de sous-estimer ses
coûts, ni de ne pas prendre de précautions en cas
de chute du taux de change du peso par rapport
au dollar (envisageable Ă©tant donnĂ© le contexte
rĂ©gional de l’époque).

UN MANQUE D’EFFICACITÉ AFFECTANT LE PRIX ET
LA QUALITÉ DE L’EAU, AINSI QUE L’EXTENSION ET
L’ACCÈS AU SERVICE 

Avec des entreprises privĂ©es Ă  la tĂȘte des
infrastructures de l’eau de Metro Manila, les
mesures de rĂ©duction des coĂ»ts ont pris le pas sur
les questions sanitaires et de dĂ©sinfection. En
octobre 2003, 831 résidents de communautés
pauvres situées sur la concession de Maynilad sont
tombĂ©s malades d’infections gastro-intestinales, et
six en sont mortes. Dans le mĂȘme temps, les frais
de connexion d’un montant de plus de 4000 pesos
philippins (environ 71 dollars) restent prohibitifs
pour beaucoup de foyers pauvres. En plus de ces
questions financiĂšres, les problĂšmes de mauvaise
qualitĂ© de l’eau et des services subis par les clients
de Maynilad n’ont toujours pas Ă©tĂ© rĂ©solus.

En 2001, il Ă©tait estimĂ© que jusqu’à 30% de Metro
Manila dĂ©pendait toujours de petits fournisseurs
plus chers pour l’eau potable. La couverture du
rĂ©seau est toujours infĂ©rieure aux objectifs des
concessionnaires pour 2001. Une étude menée en
2000 par le bureau de rĂ©gulation du MWSS et la
Banque mondiale, intitulée « Evaluation publique
du projet relatif aux services d’eau », a rĂ©vĂ©lĂ© que
67% des 10 000 foyers qui avaient rĂ©pondu
n’avaient pas notĂ© d’amĂ©lioration du service depuis
la privatisation, voire mĂȘme avaient constatĂ© une
dĂ©gradation. Selon la mĂȘme Ă©tude, plus de la
moitiĂ© des communautĂ©s Ă©tudiĂ©es ont Ă©valuĂ© le
service de façon nĂ©gative. 

La privatisation du service de l’eau à Manille,
soutenue par la BEI, s’est rĂ©vĂ©lĂ©e un Ă©chec dont
plusieurs millions de consommateurs ont fait les
frais. Lorsqu’ils ont remportĂ© les contrats, Maynilad
et Manila Water avaient promis une baisse des
tarifs, une amĂ©lioration de la qualitĂ© de l’eau et un
service non-interrompu. Ils ont cependant manquĂ©
à leurs engagements, ainsi qu’à celui d’augmenter
les investissements de modernisation des
infrastructures. Au lieu de cela, les efforts ont Ă©tĂ©
injustement supportĂ©s par les consommateurs et
les contribuables qui doivent faire face Ă  une
hausse continue du prix de l’eau, une baisse de sa
qualitĂ©, et une dette publique accrue.

4

ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE L’EAU ET GRANDS BARRAGES

Manifestation devant le bureau
de la Metropolitan Waterworks
and Sewerage System (MWSS),
l’agence de l’eau
gouvernementale qui a été
privatisĂ©e. Le rassemblement a
eu lieu le 22 mars 2005, afin de
protester contre les hausses
tarifaires injustes par les
concessionnaires Maynilad et
Manila Water.
© Bubut Palattao

background image

LAOS

ETUDE DE CAS PAR GARY LEE, TERRA (THAÏLANDE)

DES POSTULATS ERRONÉS EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT

ET DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ 

LE BARRAGE DE NAM THEUN 2 AU 

AU BÉNÉFICE DE QUI?

37

Le projet Nam Theun 2,
actuellement en
construction sur le
plateau de Nakai
(province de
Khammouane), est le
projet hydroĂ©lectrique
le plus grand et le plus
controversé au Laos.
D’un montant de 1,25
milliard de dollars et
d’une capacitĂ© de 1070
mégawatts, basé sur la
dérivation trans-bassin,
il consiste en un
barrage de 48 mĂštres
de haut sur la riviĂšre
Nam Theun (un
affluent du MĂ©kong).
L’eau du rĂ©servoir sera
évacuée depuis la
centrale Ă©lectrique vers
un autre affluent, la
riviĂšre Xe Bang Fai. La
mise en service (prévue
pour dĂ©but 2009)
permettra d’exporter
90% de l’électricitĂ© vers
la ThaĂŻlande, faisant de
Nam Theun 2 le plus
grand projet
énergétique trans-
frontalier en Asie.

© sebastian godinot

Ci-dessus et Ă  gauche : Laos.
© Sebastian Godinot.

background image

4

ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE L’EAU ET GRANDS BARRAGES

38

AU BÉNÉFICE DE QUI?

Le 31 mars 2005, la Banque mondiale (qui depuis la
fin des années 1980 a fourni une aide financiÚre et
technique pour les Ă©tudes et la planification, et a
soutenu politiquement le projet) a accordĂ© un don
de 20 millions de dollars, ainsi que des garanties
pour un montant de 250 millions de dollars. Cela a
permis Ă  la compagnie Nam Theun 2 Power
Company (NTPC) de s’assurer du soutien financier
d’autres bailleurs commerciaux et d’institutions
publiques, dont la BEI

116

, et de boucler le

financement du projet avant la date du 8 mai 2005
prĂ©vue dans la convention d’achat d’énergie.

L’évaluation du projet par la BEI, qui a dĂ©bouchĂ©
sur un prĂȘt de 40 millions d’euros en avril 2005,
s’est basĂ©e sur l’évaluation faite par la Banque
mondiale. La BEI a dĂ©clarĂ© que le projet serait
l’objet d’un ensemble d’études relatives aux
impacts environnementaux, sociaux et
Ă©conomiques, en accord avec les politiques de
l’Union europĂ©enne et du Laos.

Le projet est basĂ© sur un schĂ©ma « Build-Own-
Operate-Transfer » (BOOT), selon lequel la Nam
Theun 2 Power Company (NTPC) transférera la
propriĂ©tĂ© du barrage au gouvernement aprĂšs une
concession de 25 ans. CrĂ©Ă©e en aoĂ»t 2002, la NTPC
est composĂ©e d’ElectricitĂ© de France International
(35% des parts), de l’entreprise thaĂŻlandaise Thai
Electricity Generating Public Company Limited
(25% des parts), de l’entreprise italo-thaïlandaise
Development Public Company Limited (15% des
parts); et de l’entreprise Lao Holding State
Enterprises, entiĂšrement contrĂŽlĂ©e par le
gouvernement du Laos (25%).

LES PRINCIPALES QUESTIONS
ENVIRONNEMENTALES

Les documents de sauvegarde de l’entreprise ont
servi de base à la légitimation environnementale et
sociale du projet. Le passage en revue des aspects
techniques de ces documents

117

met cependant en

lumiÚre de sérieux problÚmes en ce qui concerne
les impacts environnementaux et sociaux du
projet. Si ce dernier aboutit, Nam Theun 2
entraünera l’inondation de 40% de la surface du
plateau de Nakai, et la dĂ©gradation supplĂ©mentaire
de 40% de ce mĂȘme plateau. Ce plateau abrite une
grande diversitĂ© d’habitats, dont des savanes
herbeuses, des forĂȘts de pins, des forĂȘts semi-
caduques, des forĂȘts sempervirentes mixtes, et des
zones humides saisonniÚres. Il héberge également
un certain nombre d’espĂšces d’un grand intĂ©rĂȘt en
termes de conservation, au premier rang desquelles
l’élĂ©phant d’Asie (une espĂšce menacĂ©e) pour les

mammifĂšres. Selon le dernier rapport du comitĂ©
consultatif indĂ©pendant pour le projet, « 

les impacts

de l’inondation sur la biodiversitĂ© terrestre seront
considĂ©rables, du fait de la destruction ou de la
dégradation des habitats qui en résultera

»

118

.

La riviĂšre Xe Bang Fai est l’une des zones de pĂȘche
les plus productives du bassin du Mekong. Une
Ă©tude dans le cadre du plan d’évaluation et de
gestion de l’environnement note que Nam Theun 2
«

aura sans doute des impacts négatifs sérieux sur les

ressources aquatiques de la Xe Bang Fai, du Nam
Phit, et d’autres riviĂšres en aval du bassin

»

119

. La

migration saisonniĂšre des poissons entre le
MĂ©kong, la Xe Bang Fai et ses affluents deviendrait
impossible. Les potagers des rives seraient inondĂ©s
ou dĂ©truits par l’érosion. Cela pourrait affecter de
façon irrĂ©versible entre « 

100 000 et 120 000

personnes (qui) profitent actuellement de façon
significative des possibilitĂ©s offertes par la riviĂšre 
Xe Bang Fai

»

120

.

DES REVENUS POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ ?

La BEI certifie que NT2 « permettra un
dĂ©veloppement Ă©conomique et social durable
 (et)
est actuellement la meilleure solution pour gĂ©nĂ©rer
des revenus »

121

au Laos . Cette déclaration suppose

que les revenus du projet (estimĂ©s Ă  250 millions de
dollars en valeur actuelle pour la durée de
concession de 25 ans) seraient investis dans des
programmes sociaux au bénéfice des plus pauvres.
Cependant, les mauvaises expériences relatives à
d’autres projets de barrages au Laos, ainsi que
l’incapacitĂ© du gouvernement Ă  gĂ©rer de façon
transparente les revenus et Ă  respecter les droits du
peuple, laissent fortement supposer que les coĂ»ts
de Nam Theun 2 dĂ©passeront largement les
avantages potentiels. La Banque mondiale elle-
mĂȘme fait d’ailleurs remarquer que sans
amélioration significative de la gouvernance, les
revenus des ressources naturelles n’auront pas
d’impact positif en termes de dĂ©veloppement

122

.

Les promoteurs du projet prĂ©textent que NT2
amĂ©liorera le niveau de vie de plus de 6200
personnes du plateau de Nakai qui seront
dĂ©placĂ©es, et qui verraient leurs revenus multipliĂ©s
par trois en sept ans

123

. L’objectif est de faire passer

tous les villageois dĂ©placĂ©s du statut de petits
paysans Ă  celui d’agriculteurs productifs, intĂ©grĂ©s Ă 
l’économie de marchĂ©. Cela signifie que les fermiers
devront cultiver des espĂšces Ă©conomiquement
rentables, afin de pouvoir les Ă©changer contre du
riz. Cependant, les villageois ont exprimĂ© leurs
inquiĂ©tudes quant au manque de terres cultivables

background image

AU BÉNÉFICE DE QUI?

39

pour la riziculture, et quant Ă  leur dĂ©pendance vis-
Ă -vis de marchĂ©s encore inexistants. Le plan de
relocalisation des dĂ©placĂ©s n’est donc pas viable sur
le long terme, et pourrait conduire Ă  un sĂ©rieux
problÚme de sécurité alimentaire pour les
communautés locales.

DISCUSSIONS AUTOUR DE L’ÉNERGIE
THAÏLANDAISE

Comme expliqué plus haut, plus de 90% de
l’électricitĂ© produite Ă  NT2 sera vendue Ă  son voisin
thaĂŻlandais. Contrairement aux dĂ©clarations de la
Banque mondiale selon lesquelles Nam Theun 2
représente la solution la moins coûteuse pour la
ThaĂŻlande, des ONG thaĂŻlandaises et des
universitaires pensent au contraire qu’il y a des
sources d’électricitĂ© moins chĂšres au niveau local,
comme par exemple des centrales alimentées au
gaz, ou encore la possibilité de jouer sur la
demande Ă©nergĂ©tique. Un groupe d’experts
indĂ©pendants en Ă©conomie de l’énergie basĂ© en
Thaïlande, qui a passé en revue la version finale de
l’analyse Ă©conomique, en a conclu que beaucoup de
suppositions irrĂ©alistes avaient Ă©tĂ© faites dans le
cadre de ce projet

124

FAIBLESSE DES CONSULTATIONS ET VIOLATIONS
DES POLITIQUES DE LA BANQUE MONDIALE

Une Ă©tude

125

des documents utilisĂ©s durant les

consultations locales a permis de conclure que ces
derniĂšres n’étaient pas en accord avec les politiques
de la Banque asiatique de dĂ©veloppement (et de la
Banque mondiale) concernant les dĂ©placements
forcĂ©s de populations. Il est en effet requis que les
populations dĂ©placĂ©es du fait d’un projet de
dĂ©veloppement soient Â« consultĂ©es de façon
adĂ©quate», et ne voient pas leurs conditions de vie
se dĂ©grader par rapport Ă  leur situation initiale.
Bien que de trĂšs nombreuses discussions aient eu
lieu avec les communautĂ©s vivant sur le plateau de
Nakai, les dĂ©marches de consultation ont plutĂŽt eu
pour thĂšme l’amĂ©lioration des conditions de
relogement, plutĂŽt que de dĂ©battre de la pertinence
ou non du projet et du dĂ©placement en tant que
tel. De plus, alors que plus de 100 000 personnes
qui vivent le long de la riviĂšre Xe Bang Fai seront
affectĂ©es par l’élĂ©vation du niveau de l’eau, les
discussions n’ont dĂ©butĂ© qu’à la mi-2004, et de
nombreuses personnes n’ont toujours pas Ă©tĂ©
consultées

126

. Enfin et bien que les politiques de la

Banque mondiale stipulent que les dĂ©placements
ne peuvent avoir lieu avant l’accord du plan de
dĂ©placement involontaire (Involuntary

Resettlement Plan) par le Conseil d’administration
de la Banque, des familles avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ©
dĂ©placĂ©es dĂšs dĂ©cembre 2003, plus d’un an avant
l’accord de la Banque pour le prĂȘt et le plan en
question

127

. Il est intĂ©ressant de noter que la BEI ne

dispose pas de politique propre en la matiĂšre, et se
base donc encore une fois sur celle de la Banque
mondiale, sans Ă©valuation sur le terrain.

En 2004, plusieurs ONG internationales ont dĂ©posĂ©
une plainte contre ElectricitĂ© de France pour avoir
enfreint les normes de l’Organisation pour la
coopĂ©ration Ă©conomique et le dĂ©veloppement
(OCDE) sur les entreprises multinationales. Entre
autres choses, cette plainte a mis en relief les
manquements d’EDF à se conformer aux normes
de l’OCDE en matiĂšre de passation des marchĂ©s,
ainsi que pour identifier, prendre en compte et
rĂ©soudre les Ă©ventuels impacts nĂ©gatifs, et se
conformer aux obligations et aux engagements
internationaux du gouvernement du Laos.

LE NON–RESPECT DES ENGAGEMENTS

La BEI a dĂ©clarĂ© que « tout grand projet de barrage
pour lequel le financement de la BEI est demandĂ©
sera Ă©valuĂ© dans le respect des recommandations
de la Commission Mondiale des Barrages (CMB) et
le rapport Camdessus »

128

. Cela n’a cependant pas

Ă©tĂ© le cas dans la mesure oĂč la BEI n’a pas fait ses
propres Ă©valuations, mais s’est au contraire basĂ©e
sur celles de la Banque mondiale. De plus, la BEI ne
s’est pas conformĂ©e aux politiques de l’Union
europĂ©enne sur le changement climatique dĂ©crites
en 2004 dans la directive-cadre du Parlement
europĂ©en sur le Protocole de Kyoto, qui exige
l’évaluation de chaque grand projet de barrage
financĂ© par l’UE en dehors de son territoire selon les
recommandations de la CMB. La Banque mondiale,
la BEI et la NTPC n'ont pas Ă©valuĂ© Nam Theun 2
selon ces critĂšres. Au contraire, une Ă©tude
indĂ©pendante a rĂ©vĂ©lĂ© que le projet NT2 violait en
fait six des sept stratĂ©gies prioritaires de la CMB

129

.

CONCLUSION

Ce qui est dĂ©crit ci-dessus montre que, sous couvert
de l’ Â« intĂ©rĂȘt mutuel », la participation de la BEI
permettra en fait aux compagnies impliquĂ©es
d’accroĂźtre leurs profits. Et ce, au dĂ©triment de
milliers de personnes dont les moyens de
subsistance, la sĂ©curitĂ© et l’économie reposent sur
des ressources naturelles qui seront inĂ©vitablement
détruites par NT2.

Travaux en cours.
© FIVAS et Proyecto Gato.

Les populations et

l’environnement qui seront

affectĂ©s par le barrage de 

Nam Theun 2.

© Sebastian Godinot.

Ci-dessus: Laos.
© Sebastian Godinot.

background image

40

AU BÉNÉFICE DE QUI?

5

CONCLUSION

6

Bien que la BEI soit obligĂ©e de respecter la stratĂ©gie
de dĂ©veloppement de l’Union europĂ©enne, cela n’a
en rĂ©alitĂ© pas Ă©tĂ© le cas durant les dix derniĂšres
années en ce qui concerne les financements en
Afrique, en AmĂ©rique latine et en Asie. De nombreux
prĂȘts ont Ă©tĂ© accordĂ©s Ă  de grands projets non-
soutenables dans les domaines des Ă©nergies fossiles
(pĂ©trole et gaz), de l’extraction miniĂšre, des barrages
ou de projets industriels. Il s’agit donc de secteurs
pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme Ă©conomiquement
viables par la BEI, mais qui bĂ©nĂ©ficient surtout aux
filiales des entreprises europĂ©ennes, et non aux
populations locales ou Ă  l’environnement. Ce rapport
n’a pas identifiĂ© d’élĂ©ments prouvant que la BEI avait
respectĂ© la politique de dĂ©veloppement de l’Union
européenne en ce qui concerne les domaines
prioritaires, notamment la rĂ©duction de la pauvretĂ©.

Bien que la BEI déclare dans son rapport
environnemental 2004 qu’elle « 

finance des projets

qui ont des effets bĂ©nĂ©fiques sur l’environnement

»,

aucun projet n’a Ă©tĂ© financĂ© durant les dix
derniÚres années en Amérique latine, en Asie ou
en Afrique, qui aurait rĂ©ellement bĂ©nĂ©ficiĂ© Ă  la
conservation de l’environnement et Ă  la protection
de la biodiversité.

Si la BEI est souvent prĂ©sentĂ©e comme la « banque de
dĂ©veloppement de l’Union europĂ©enne », elle reste
dans les faits Ă©loignĂ©e des principaux objectifs de l’UE
en matiĂšre de rĂ©duction de la pauvretĂ© et de
dĂ©veloppement social, Ă©noncĂ©s dans les documents
d’orientations stratĂ©giques pays.

Ces derniers sont les

principaux outils de planification et de financement
de l’aide aux pays situĂ©s en dehors de l’Europe

Si le traité constitutionnel européen suggÚre que les
activitĂ©s de financement de la BEI soient au service
des objectifs de l’UE en matiĂšre de dĂ©veloppement et
de coopĂ©ration, un mandat institutionnel officiel
reste encore Ă  dĂ©finir quant aux activitĂ©s de la
banque en matiĂšre de dĂ©veloppement dans les
rĂ©gions extĂ©rieures Ă  l’UE (mis Ă  part les pays du
groupe ACP). La définition de critÚres clairs pour les
financements de la BEI n’en est que plus urgente.

Le manque de participation et de consultation rĂ©elle
des populations concernĂ©es et de la sociĂ©tĂ© civile sur la
conception du projet, les compensations et
l’approbation du projet est un problĂšme-clĂ©. Tous les
cas Ă©tudiĂ©s pour ce rapport montrent un manque
d’implication de la sociĂ©tĂ© civile dans les processus de
décision

. Cela va Ă  l’encontre des meilleures pratiques

internationales reprises par les directives de l’UE, et
des normes de beaucoup d’autres institutions
financiĂšres internationales. Dans les cas du barrage
de Nam Theun 2 au Laos, des projets de privatisation

de l’eau aux Philippines et en IndonĂ©sie, de l’olĂ©oduc
Tchad-Cameroun et du gazoduc Bolivie-BrĂ©sil, la BEI
n'a appliqué aucune rÚgle en matiÚre de
transparence. Les communautĂ©s locales et les
populations indigĂšnes n’ont Ă©tĂ© informĂ©es et
consultĂ©es que tardivement quant aux
consĂ©quences potentielles (lorsqu’elles l’ont Ă©tĂ©), et
n’ont eu aucune place dans les dĂ©cisions. Lorsqu’elles
ont Ă©tĂ© informĂ©es, cela a souvent Ă©tĂ© fait de maniĂšre
inappropriĂ©e ou dans un langage inadaptĂ©. 

La BEI

renvoie souvent les demandes d’information du public
vers les sites internet de ses clients, au lieu de publier
l’évaluation environnementale qui pourrait ĂȘtre
commentée par le public au niveau local, comme
l’exige la politique de l’UE en la matiĂšre. Dans les cas
oĂč la BEI Ă©tait le seul bailleur, aucune information n’a
été mise à disposition au long du cycle de projet, ni
aux populations concernées, ni aux ONG locales ou
internationales, ni au Parlement europĂ©en.

Qui plus est, Ă©tant donnĂ© que la BEI a sollicitĂ© de
façon croissante les fonds budgétaires européens
pour l’Afrique, les CaraĂŻbes et la zone Pacifique, le
transfert des financements vers le secteur privĂ© est
extrĂȘmement prĂ©occupant. Les Ă©tudes de cas en
IndonĂ©sie ou aux Philippines ont montrĂ© que les
investisseurs privĂ©s ont souvent failli Ă  satisfaire le
droit lĂ©gitime des plus pauvres Ă  un
approvisionnement en eau de qualitĂ©, et ont plutĂŽt
augmentĂ© les prix. Enfin, la BEI tend gĂ©nĂ©ralement Ă 
privilĂ©gier les entreprises europĂ©ennes plutĂŽt que les
entreprises locales.

Un des principaux constats suite Ă  l’évaluation des
activitĂ©s extra-europĂ©ennes de la BEI est la libertĂ© dont
elle jouit au niveau local, particuliĂšrement en ce qui
concerne la mise en ?uvre du mandat du Conseil
europĂ©en et le contrĂŽle de la Commission europĂ©enne.
L’absence de stratĂ©gie de dĂ©veloppement de la BEI
facilite une approche centrée sur le client, plutÎt
qu’une approche basĂ©e sur les principes du
dĂ©veloppement durable. 

Comme nous l’avons vu,

l’approbation des projets repose sur les aspects
Ă©conomiques, financiers et techniques, plutĂŽt que
sociaux ou environnementaux. Ce risque est aggravĂ©
par le fait que la BEI ne dispose pas des ses propres
politiques et stratĂ©gies en matiĂšre de garanties ou de
dĂ©veloppement sectoriel pour guider ses activitĂ©s
(contrairement Ă  la Banque mondiale et Ă  d’autres
banques de dĂ©veloppement multilatĂ©rales).

Alors que la BEI s’apprĂȘte Ă  revoir ses mandats en
matiĂšre d’investissements extra-europĂ©ens, le
Conseil europĂ©en et la Commission europĂ©enne
doivent agir rapidement et de façon coordonnĂ©e afin
de s’assurer que les populations et l’environnement
sont les principaux bĂ©nĂ©ficiaires de la BEI.

Ce rapport montre les
impacts négatifs
rĂ©sultant des pratiques
de la BEI dans le Sud.
Des analyses régionales
et huit Ă©tudes de cas
montrent une
indifférence flagrante
aux droits
environnementaux et
sociaux des
populations
concernées, ainsi que
des défaillances
systématiques en
matiùre d’approbation,
de suivi et d’évaluation
des projets.

Deux femmes du village de
Bimbagu, au nord du Ghana.
© Janneke Bruil.

© Jannek Bruil

background image

AU BÉNÉFICE DE QUI?

41

DANS LE CAS DE FINANCEMENTS EXTRA-
EUROPÉENS, LA BEI DEVRAIT :

1. 

Assumer la pleine responsabilitĂ© de l’impact des

projets financĂ©s (y compris la rĂ©paration des
dommages crĂ©Ă©s par ses projets actuels et passĂ©s),
et s’assurer que les projets futurs n’ont pas de
conséquences négatives pour les populations
locales et l’environnement ;

2. 

Obtenir l’accord des communautĂ©s locales et

des populations indigĂšnes avant de dĂ©marrer un
nouveau projet, et Ă©tablir des procĂ©dures
transparentes de consultation publique des
populations concernées, en accord avec les
meilleures pratiques internationales ;

3. 

Respecter les droits de l’homme, les principes

de la sĂ©curitĂ© alimentaire, et les droits du travail et
des peuples indigĂšnes dans le cadre des
conventions et lĂ©gislations internationales en
vigueur, tout en s’assurant que tous les projets
sont basĂ©s sur les meilleures normes et
procédures internationales en matiÚre
d’environnement. La BEI devrait Ă©galement mettre
en place des procĂ©dures de suivi et d’évaluation lui
permettant de s'assurer que les entreprises qui
reçoivent son soutien respectent les lois et
politiques en vigueur dans le pays hĂŽte, dans leur
pays d’origine et dans l’Union europĂ©enne, y
compris les droits de l’homme et la lĂ©gislation du
travail et de l’environnement ;

4. 

S’assurer que tous les futurs projets financĂ©s

contribuent Ă  atteindre les Objectifs du MillĂ©naire
pour le DĂ©veloppement des Nations-Unies

130

, et

interdire le soutien à des projets incohérents en
termes de rĂ©duction de la pauvretĂ© et de
dĂ©veloppement durable, y compris :

Les projets qui impliquent la transformation

ou la dĂ©gradation d’habitats naturels
prioritaires, une exploitation abusive des
ressources naturelles, ou encore la production
de substances interdites ou dont la production
tend Ă  ĂȘtre interdite ;

Les grands barrages qui ne remplissent pas 

les critĂšres de la Commission Mondiale

des Barrages ;

Les projets d’industrie extractive et les

centrales nucléaires ;

Les plantations d’arbres industrielles Ă  

grande Ă©chelle.

5. 

Rendre publiques, de maniĂšre pro-active et dans

les délais adéquats, toutes les informations
importantes

131

, dans les langues appropriées et

sous une forme compréhensible par les
populations concernées ;

6. 

Adopter les meilleures pratiques en matiĂšre de

politiques de sauvegarde, y compris concernant
les peuples indigĂšnes, les dĂ©placements et les
droits humains, par le biais d’un processus de
consultation de la société civile internationale et
des populations affectées;

7. 

Adopter un mĂ©canisme indĂ©pendant de plainte

et de vĂ©rification du respect des normes, qui soit
accessible aux populations de tous les pays dans
lesquels la BEI opĂšre ;

8. 

Adopter une stratĂ©gie de dĂ©veloppement par le

biais d’un processus de consultation de la sociĂ©tĂ©
civile internationale et des populations concernĂ©es,
dans toutes les rĂ©gions oĂč la BEI opĂšre;

Qui plus est, dans la mesure oĂč la BEI opĂšre dans
le cadre des accords de dĂ©veloppement et de
coopĂ©ration de l’Union europĂ©enne, la
Commission europĂ©enne devrait procĂ©der Ă  une
évaluation annuelle de la cohérence des activités
de financement extra-europĂ©ens de la BEI avec les
principes énoncés ci-dessus. La Commission
devrait exiger une suspension des activitĂ©s de la
BEI lorsque ces derniĂšres sont incompatibles avec
les mandats et politiques de l’UE en matiĂšre d’aide
au dĂ©veloppement. La BEI devrait Ă©galement
rendre compte au Parlement europĂ©en et aux
citoyens des pays concernés.

6

RECOMMANDATIONS

Un homme indigĂšne en train de descendre une riviĂšre 
sur son canöe, en Indonésie.
© Janneke Bruil.

© Jannek Bruil

background image

42

AU BÉNÉFICE DE QUI?

7

GLOSSAIRE

8

ACP

: Afrique, CaraĂŻbes et Pacifique

AAL

: Asie et AmĂ©rique latine 

ALENA

: Accord de libre-échange nord-américain

BAD

: Banque asiatique de développement

BEI

: Banque europĂ©enne d’investissement

BID

: Banque interaméricaine de développement

CAEM

: ComitĂ© pour les affaires Ă©conomiques et monĂ©taires du 

Parlement europĂ©en

CAFTA

: Central American Free Trade Agreement ou Accord de 

libre-échange en Amérique centrale

CE

: Commission européenne

CEE Bankwatch

: Central and Eastern Europe Bankwatch Network 

(RĂ©seau de surveillance des banques de l’Europe centrale et de l’Est)

CRBM

: Campagna per la Riforma della Banca Mondiale ou Campagne pour 

la réforme de la Banque mondiale

EIE

: Etude d’impact environnemental

E.U

. : Etats-Unis

FED

: Fond européen de développement

FI

: FacilitĂ© d’investissement de la BEI 

GAO

: Gazoduc d’Afrique occidentale

GIE

: Groupe international d’évaluation

MWSS

: Metropolitan Waterworks and Sewerage System ou SystĂšme 

mĂ©tropolitain pour les services et l’évacuation des eaux (Ă  Manille, Philippines)

NT2

: barrage de Nam Theun 2 au Laos 

NU

: Nations-Unies

OCDE

: Organisation pour la coopĂ©ration et le dĂ©veloppement Ă©conomique

OMD

: Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG

: Organisation non-gouvernementale

PAM Jaya

: Entreprise publique en charge de la gestion de l’eau à Djakarta

PE

: Parlement europĂ©en

PME

: Petites et moyennes entreprises

PPP

: Partenariat public-privĂ©

SIEPAC

: SystĂšme d’interconnection Ă©lectrique des pays d’AmĂ©rique centrale

WALHI

: Forum indonĂ©sien pour l’environnement (Amis de la Terre IndonĂ©sie)

WEED

: World Ecology, Economy and Development

(Ecologie, Ă©conomie et dĂ©veloppement mondial) 

Brésil.
© Melquíades
SpĂ­nola/CEPEDES

Une femme dans la zone de pĂȘche 
de Djakarta, en Indonésie.
© Janneke Bruil.

© Jannek Bruil

background image

AU BÉNÉFICE DE QUI?

43

8

ANNEXES
DOCUMENTATION STATISTIQUE 

TABLEAU 1

CONVENTIONS ET DÉCISIONS EN VIGUEUR RELATIVES 
AUX ACTIVITÉS EXTRA-EUROPÉENNES DE LA BEI

RÉGION OU PAYS

Afrique CaraĂŻbes Pacifique (ACP)
Pays et Territoires d’Outre-mer

(PTOM) 

RĂ©publique Sud-Africaine
Pays méditerranéens
Turquie
Europe Centrale et Orientale 
Russie/WNIS
Asie et AmĂ©rique latine (AAL)

Pays méditerranéens
Pays candidats Ă  l’adhĂ©sion

BASE LÉGALE

Accord de Cotonou 
Accord de Cotonou 

DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil

Facilité

euroméditerranéen

ne d'investissement

et de partenariat

FEMIP

137

Facilité de pré-

adhĂ©sion 

ANNÉE

D’EXPIRATION

2005
2005

2007
2007
2007
2007
2007
2007

2004

2007
2004

RESSOURCES

PROPRES

1700

20

825

6425

450

9280

600

2480

1000

200

12000

CAPITAL-

RISQUE

132

2200

20

No

Yes

No
No
No
No

No

20-40

No

INDEMNITÉS

DE FRAIS

D’INTÉRÊT

133

Yes

134

Yes

135

No

Yes

136

No
No
No
No

No

No
No

EN MILLIONS D’EUROS

FONDS BUDGÉTAIRES

EUROPÉENS 

RESSOURCES PROPRES DE LA BEI

FACILITÉS D’INVESTISSEMENT SUR FONDS PROPRES DE LA BEI (COMPLÉMENTAIRES DES INVESTISSEMENTS SOUS MAND)

Source: compilation par l’auteur

TABLEAU 2 

FONDS GÉRÉS ACTUELLEMENT PAR LA BEI 
DANS LE CADRE DE L’ACCORD DE PARTENARIAT 
DE COTONOU

Aide financiĂšre du FED
FacilitĂ© d’investissement

(fond renouvelable)
PrĂȘts sur ressources propres de la BEI
Total

MONTANT (M€)

11,300

2,200

1,700

15,200

%

74.3
14.5

11.2

100.0

PROTOCOLE FINANCIER DE L’ACCORD DE

PARTENARIAT DE COTONOU (5 PREMIÈRES ANNÉES)

FINANCEMENTS POUR

LES PTOM

138

Source: AConfĂ©rence de presse annuelle 2005, Briefing Note N°10 Luxembourg, 3 fĂ©vrier 2005

MONTANT (M€)

155

20

20

195

Un enfant ghanĂ©en passe en
courant devant son Ă©cole.
© Janneke Bruil.

© Jannek Bruil

background image

44

AU BÉNÉFICE DE QUI?

8

ANNEXES
DOCUMENTATION STATISTIQUE 

TABLEAU 3 

RÉPARTITION PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS
DE LA BEI AUX PAYS ACP (1994-2004)

139 

SECTEURS

Industries extractives
(Mines)
(Gaz)
(PĂ©trole)
Electricité
Hydroélectricité /barrages
Thermique
Télécommunications
AĂ©roports
Ports
Transports /routes
Rail
Industrie/alimentaire
Industrie/métallurgie
Distribution de l’eau et assainissement
Eau potable
Tourisme
Plantations
Agriculture industrielle
Agriculture 

MONTANT

(M€)

722,5
316,6
230,0
175,9
392,2
339,0

57,3

215

232,2
120,4

50,0
36%

117,1

169

130,1

39,0
56,0

8,0

43,0
20,0

Source: DonnĂ©es annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassĂ©es par

l’auteur d’aprùs la description des projets.

% DU MONTANT

TOTAL ACP 

16%

7%
5%
4%
9%
8%
1%
5%
5%
3%
1%

0,7%
3,5%
4,5%

4%
1%

1,5%
0,1%

1%

0,5%

TABLEAU 4

FINANCEMENTS AUX PRINCIPAUX
PAYS ACP (1994-2004)

PAYS

Mozambique
Kenya
Zambie
Namibie
Maurice
RĂ©publique Dominicaine
JamaĂŻque
Ouganda
Tanzanie
Sénégal
Ethiopie
Mauritanie
Cameroun

MONTANT (M€)

317,1
218,9
196,2
170,7
164,2
161,9
151,0
147,0
147,1
145,0
145,0
112,2

99,9

D’aprĂšs une analyse par l’auteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.

% DU TOTAL ACP

7%

4,8%
4,3%
3,8%
3,6%
3,6%
3,3%
3,2%
3,2%
3,2%
3,2%
2,5%
2,2%

background image

MĂšre pygmĂ©e avec son 
enfant (Cameroun).
© frédéric castell

AU BÉNÉFICE DE QUI?

45

TABLEAU 5

FINANCEMENTS AUX PAYS D’AMÉRIQUE LATINE
COMPARÉS AU TOTAL DES FINANCEMENTS AAL
(1994-2004)

PAYS

Brésil
Argentine
Mexique
Panama
RĂ©p. Dominicaine
Amérique Centrale
PĂ©rou
Chili
Zone CaraĂŻbe
Pays du Pacte andin 
Guyana
Paraguay
Uruguay
TOTAL 

MONTANT (M€) 

1039,2

468,7

210
145
115
106

77
75
42
40

20,5

17
10

2.360,2

D’aprĂšs une analyse par l’auteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.

% DU TOTAL AAL

30%
13%

6%
4%

3,2%

4%

2,1%

2%

1,1%

1%

0,5%
0,4%
0,2%

65,5%

NOMBRE DE PROJETS

22
11

5
3

14

3
2
1
4
1
2
1
1

70

TABLEAU 6

FINANCEMENTS AUX PAYS ASIATIQUES
COMPARÉS AU TOTAL DES FINANCEMENTS AAL
(1994-2004)

PAYS

Philippines
Indonésie
ThaĂŻlande
Chine
Pakistan
Vietnam
Inde
Bangladesh
Sri Lanka
Total

MONTANT (M€) 

353,6
293,6
160,4
135,8
134,6

55
50
36
30

1229,2

D’aprĂšs une analyse par l’auteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.

% DU TOTAL AAL

9,8%
8,2%
4,4%
3,7%
3,7%
1,5%
1,4%

1%

0,8%

34,5%

NOMBRE DE

PROJETS

8
6
4
3
4
1
1
1
1

29

background image

46

AU BÉNÉFICE DE QUI?

8

ANNEXES
DOCUMENTATION
STATISTIQUE 

9

TABLEAU 8

DÉTAIL PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS DE LA
BEI AUX PAYS D’ASIE

141

(1994-2004)

SECTEURS

Industries extractives / gaz
Distribution et traitement de l’eau
Industries extractives / pétrole
Industrie (autres)
Transports / aéroports
Industrie/ciment
Transports / routes
Hydroélectricité / barrages
Télécommunications

MONTANT (M€)

403 
144 

98,6

93 

76,4

59 
56
45

49,6

DonnĂ©es annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassĂ©es par l’auteur

d’aprùs la description des projets.

% DU TOTAL ASIE

33%
14%

8%
7%

6,5%

5%

4,5%

4%
4%

TABLEAU 7

RÉPARTITION PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS
DE LA BEI AUX PAYS D’AMÉRIQUE LATINE

140 

(1994-2004)

SECTEURS

Télécommunications
Industries extractives
Industrie automobile
Industrie (autres)
Electricité
Distribution et traitement de l’eau
Transports / routes
Infrastructures
Agriculture/exploitation forestiĂšre
Thermique

MONTANT (M€)

400,4 
397,7 
356,0 
321,0 
152,8 
144,2

72,0 
75,8 
42,7 
10,0

DonnĂ©es annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassĂ©es par l’auteur

d’aprùs la description des projets.

% DU TOTAL  

AMÉRIQUE LATINE 

17%
17%
15%
14%

7%
6%
3%
3%
2%

0,8%

background image

The harbour in Jakarta.
© Janneke Bruil.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

47

RESSOURCES GENERALES SUR LA BANQUE
EUROPEENNE D’INVESTISSEMENT 

Base de données sur les projets de la BEI

Ce site internet est gĂ©rĂ© par la sociĂ©tĂ© civile, et
fournit une liste des projets financĂ©s par la BEI en
Asie, dans le Pacifique, en Afrique, en Amérique
latine, aux CaraĂŻbes et dans les pays du sud-
méditerranéens.

www.eibprojects.org

Résumés factuels de la Banque européenne
d’investissement (en anglais, français et espagnol)

CEE Bankwatch Network / Amis de la Terre
International, 2003

www.bankwatch.org

Pages internet de CEE Bankwatch au sujet de la BEI

http://bankwatch.ecn.cz/project.shtml?w=147578

Etudes du Parlement europĂ©en

The Development Impact of European Investment
Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and
ALA framework, mars 2005, par CRBM pour le
Parlement europĂ©en (EP/ExPol/B/2004/09/06).

www.aa.ecn.cz/img_upload/2a47e698cb07569dfd
0ebe077b6aad99/eib_study12_05_jaro.pdf 

Rapport sur les financements de l’Union
europĂ©enne dans les pays en voie de
dĂ©veloppement (Impact of the lending activities
of the European Community in developing
countries), 

juin 2004 , Comité pour le

développement, Gabriele Zimmer

http://bankwatch.ecn.cz/newsroom/documents.sh
tml?x=330478 

Site internet de la BEI

www.eib.org

RESSOURCES SUR LES ETUDES DE CAS

Les financements de la Banque européenne
d’investissement (BEI) au Mexique – Qui en tire
profit ?

Analyse des activitĂ©s de financement de la

BEI au Mexique, en regard des prioritĂ©s de l’Union
européenne pour la coopération, DECA Equipo
Pueblo, A.C. Mimeo, Mexique, avril 2005

Information sur la situation des droits syndicaux
au Mexique (Informe sobre la situaciĂłn del
derecho a la libertad sindical en MĂ©xico) 

3 mars

2004, Centro de ReflexiĂłn y AcciĂłn Laboral
(CEREAL), prĂ©sentĂ©e Ă  l’audience thĂ©matique de la
119

Ăšme

session de la Commission interaméricaine

pour les Droits de l’homme.

RESSOURCES SUR LES ETUDES DE CAS

Promesses d’emplois et destruction du travail : le
cas d’Aracruz Cellulose au BrĂ©sil (Promises of jobs
and destruction of work: The case of Aracruz
Cellulose in Brazil) 

2005, De’Nadai, Alacir,

Winifridus Overbeek, Luiz Alberto Soares (World
Rainforest Movement, Uruguay)

www.wrm.org.uy

Nam Theun II: No Time for Another Mistake

Octobre 2004, TERRA 

www.terraper.org/watershed/pdf/vol10no1.pdf

La privatisation de l’eau en IndonĂ©sie : 

pages

internet des Amis de la Terre IndonĂ©sie

www.eng.walhi.or.id/kampanye/air/privatisasi/05
0729_waterpriv_cu/

Water in the Philippines: People’s Resistance and
Alternatives to Privatisation of Water and Power
Services

Sept 2004, Freedom from Debt Coalition

www.freedomfromdebtcoalition.org/main/pages/
000360.php

Taking Stock of Water Privatisation in the
Philippines: The Case of the Metropolitan
Waterworks and Sewerage System (MWSS)

2005, Freedom from Debt Coalition

www.freedomfromdebtcoalition.org/pubs/pages/0
00381.php

The Chad-Cameroon Oil & Pipeline Project: A Call
for Accountability

June 2002, Association

Tchadienne pour la Promotion et la Defense des
Droits de l’Homme, Centre pour L’Enviornment et
le Developpement, and Environmental Defense

www.environmentaldefense.org/documents/2134
_Chad-Cameroon.pdf 

Traversing People’s Lives ; How the World Bank is
financing community disruption in Cameroon

Report and DVD. 2002, CED/Friends of the Earth
Cameroon

www.foei.org/publications/pdfs/traversing.pdf

Pulp Mills: from Monocultures to Industrial
Pollution

World Rainforest Movement, April 2005

www.wrm.org.uy

9

RESSOURCES UTILES

© ced/f

oe camer

oon

background image

48

AU BÉNÉFICE DE QUI?

9

RESSOURCES UTILES

1

AUTRES RESSOURCES

Pourquoi les institutions financiĂšres internationales
doivent se retirer du forage, des olĂ©oducs et des mines

Amis de la Terre International, 2003

http://www.foei.org/fr/publications/link/mining/i
ndex.html ou 
http://www.foei.org/fr/publications/pdfs/handsoff.pdf

IFIwatchnet

Coordination d’organisations de

surveillance des institutions financiĂšres internationales

www.ifiwatchnet.org

Eyes on IFIs 

Centre de ressources sur les vidĂ©os et

les films relatifs aux institutions financiĂšres
internationales

www.ifiwatch.tv

Pumping Poverty Speakers Tour 

DVD, Amis de la

Terre International, 2005

www.ifiwatchnet.org/eyes/item.shtml?x=44730

Twelve Reasons to Exclude Large Hydro from
Renewables Initiatives

http://www.foei.org/publications/pdfs/12Reasons-
eng.pdf 

Commission Mondiale des Barrages

www.dams.org

Rapport sur les industries extractives

http://ifcln1.ifc.org/ifcext/eir.nsf/Content/Home

CONTACTS DES ETUDES DE CAS

Centre pour l’environnement et le dĂ©veloppement
(CED) / Amis de la Terre Cameroun

B.P. 3430 YaoundĂ©, Cameroun
Tel: +237 222 38 57 
Fax: +237 222 38 59 
E-mail: infos@cedcam.org

www.africa-environment.org/ced/

Cepedes 

Rua Paulino Mendes Lima, 53 - 2Âș andar, 
45820-440 - EunĂĄpolis - BA BrĂ©sil 
Tel: +55 73 3281-2768
Email: cepedes@cepedes.org.br

Citizens for a Better Environment

Obote Avenue, PO Box 23202, KITWE, Zambie
Tel: +260 (97) 797514
Fax +260 (2) 223221

Environmental Defense

1875 Connecticut Ave, NW, Suite 600,
Washington, DC 20009, USA
Tel: +1800-684-3322
Email: members@environmentaldefense.org

www.environmentaldefense.org

Equipo Pueblo

Francisco Field Jurado 51, 
Col. Independencia, Deleg. Benito JuĂĄrezm, 
Mexico DF, CP 03630, MMexiqueexico
Tel.: +52 (5) 5390055/5390015
Fax: +52 (5) 6727453
E-mail: pueblodip@equipopueblo.org.mx

www.equipopueblo.org.mx

FASE/EspĂ­rito Santo 

Rua Graciano Neves, 377 - 2o. Pav. â€“ Centro,
29015-330 - VitĂłria – ES, BrĂ©sil 
Tel: +55 27 33226330 or 32237436(fax) 
Email: fasees@terra.com.br

FOCARFE

3494 Yaounde Messa, Cameroun
Tel: +237 998.41.58 / +237 728 71 16 
e-mail : focarfe@yahoo.com 

www.aedev.org/focarfe/ 

Freedom from Debt Coalition

11 Matimpiin St., Central District, 
Quezon City, Philippines 1100
Telefax: +63 (2) 9246399 
Email: mail@freedomfromdebtcoaliton.org

www.freedomfromdebtcoalition.org

Towards Ecological Recovery & Regional Alliance

409 Soi Rohitsuk Praharajbampen Road, 
Huay Kwang, Bangkok 10320, ThaĂŻlande
Tel : +66-2-6910718-20
Fax : +66-2-6910714
Email: fer@terraper.org 

www.terraper.org 

WALHI
Wahana lingkungan hidup Indonesia 
(Forum indonĂ©sien pour l’environment / Amis de
la Terre IndonĂ©sie)

JI. Tegal Parang Utara No. 14, Jakarta Selatan
12790, Indonésie
Tel: +62 (21) 79193363
Fax: +62 (21) 7941673
email: walhi@walhi.or.id 

www.walhi.or.id 

World Rainforest Movement (Mouvement
Mondial pour les ForĂȘts Tropicales)

International Secretariat, Ricardo Carrere,
Maldonado 1858, Montevideo 11200, Uruguay
Tel: +598 2 413 2989
Fax: +598 2 410 0985
E-mail: wrm@wrm.org.uy

wwwwrm.org.uy

background image

ScĂšnes de rues Ă  Accra (Ghana). 
© Janneke Bruil.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

49

19. 

Comme stipulé dans la Décision du Conseil européen 200/24/EC,

la Commission doit informer tous les ans le Parlement et le Conseil
des financements accordĂ©s, ainsi que de l’avancement des opĂ©rations
dans le cadre de la garantie de l’UE, et doit Ă©galement, dans le mĂȘme
temps, soumettre une Ă©valuation des projets et de la coordination
entre les diffĂ©rentes institutions financiĂšres opĂ©rant dans la rĂ©gion.
L’article 2 de la mĂȘme dĂ©cision stipule : “Les informations soumises
par la Commission au Parlement europĂ©en et au Conseil doivent
inclure une Ă©valuation de la contribution du financement en vertu de
cette décision à atteindre les objectifs de la Communauté en termes
de politique extĂ©rieure”.

20. 

Banque europĂ©enne d’investissement, 

Environment

Statement

, 2004 (www.eib.org). Le mĂȘme principe est rĂ©pĂ©tĂ©

dans l’Accord de partenariat ACP-UE de Cotonou, 2000.

21. 

Par exemple “L’aide doit ĂȘtre orientĂ©e Ă  fin de promouvoir les

droits de l’individu
 et le dĂ©veloppement social” (Titre 1, l’Accord
de partenariat ACP-UE de Cotonou, 2000).

22. 

Les politiques opérationnelles des institutions financiÚres,

jusqu’ici confidentielles, ont Ă©tĂ© fournies par le Parlement Ă 
l’auteur le 24 fĂ©vrier 2005.

23. 

En plus d’ĂȘtre financiĂšrement viables, les projets financĂ©s par

la FacilitĂ© d’investissement doivent Ă©galement ĂȘtre compatibles
avec les trois dimensions (Ă©conomique, sociale et
environnementale) des objectifs généraux de Cotonou.

24. 

Pour une analyse du rĂŽle et du mandat de la BEI pour les pays ACP,

voir l’étude du Parlement europĂ©en rĂ©alisĂ©e par CRBM (voir note 1).

25. 

Dans certains cas et comme stipulĂ© dans l’Accord de

Cotonou, les taux d’intĂ©rĂȘts des prĂȘts sur les ressources propres
de la Banque ou de la FacilitĂ© d’investissement doivent ĂȘtre
subventionnĂ©s (en principe jusqu’à 3%) par l’Union europĂ©enne,
dans le cadre des “projets avec des bĂ©nĂ©fices sociaux et
environnementaux substantiels”.

26. 

Le contenu de cet encart est rĂ©sumĂ© d’aprĂšs l’étude du

Parlement europĂ©en rĂ©alisĂ©e par CRBM, (voir note 1).

27. 

Commission europĂ©enne, 

EU Country Strategy Paper and

Indicative Programme 2001-2007

. Lusaka, 11 juillet 2002.

28. 

Conférence de presse annuelle 2005 de la BEI, Briefing Note

N°11, Luxembourg, 3 février 2005

29. 

ibid

30. 

RĂ©solution du Parlement europĂ©en, 

Resolution on the World Bank-

commissioned Extractive Industries Review (B5 0171/2004} RC1).

31. 

Pour plus d’information sur le GAO voir Environmental Rights

Action / Friends of the Earth Nigeria (Amis de la Terre Nigeria) :
www.eraction.org.

32. 

Voir tableau 3 en annexe.

33. 

Banque europĂ©enne d’investissement, rapport d’évaluation

des projets financés par la BEI dans le cadre des mandats pour
l’Asie et l’AmĂ©rique latine (AAL), janvier 2004.

34. 

Voir note 5.

35. 

Banque europĂ©enne d’investissement,

The Social Assessment

of Projects in Developing Countries: The Approach of the European
Investment Bank,

juillet 2004.

36. 

Conférence intergouvernementale sur les énergies

renouvelables Ă  Bonn, Allemagne, 2004.

37. 

Banque europĂ©enne d’investissement, 

European Investment

Bank and Renewable Energy

, 2004.

38. 

La dĂ©finition des Ă©nergies renouvelables est controversĂ©e, mais

celle de la CURES (

Declaration on Renewable Energy

, 2004) sert de

référence (www.cures-network.org/cures_declaration.htm). Les
grands barrages en sont exclus.

39. 

Incluse dans le rapport

The Development Impact of European

Investment Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and ALA
framework

(Project no EP/ExPol/B/2004/09/06), mars 2005.

40. 

Tel que l’ Â« Acte sur la protection de l’environnement et la

pollution » en Zambie.

10

NOTES

1. 

Parlement europĂ©en, 

The Development Impact of European

Investment Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and ALA
framework (Projet n°) EP/ExPol/B/2004/09/06)

, par Jaroslava

Colajacomo, CRBM, mars 2005, téléchargeable à :
http://aa.ecn.cz/img_upload/2a47e698cb07569dfd0ebe077b6aa
d99/eib_study12_05_jaro.pdf
L’étude a Ă©tĂ© utilisĂ©e comme base pour le rapport du Parlement
europĂ©en 

Report on the impact of the lending activities of the

European Community in developing countries (2004/2213(INI))

FINAL A6-0183/2005 9.6.2005, Comité pour le développement,
rapporteur Gabriele Zimmer, tĂ©lĂ©cheargeable Ă  l’adresse:
http://bankwatch.ecn.cz/newsroom/documents.shtml?x=330478

2. 

Pour une Ă©valuation et un suivi des activitĂ©s de la BEI par le

Parlement europĂ©en et la Commission europĂ©enne, cf. chapitre 1. 

3. 

Ces prioritĂ©s (Ă  l’exception de l’accĂšs aux services sociaux) ont

été réaffirmées en novembre 2005 dans la Déclaration sur la
politique de dĂ©veloppement de l’UE “Le consensus europĂ©en”

4. 

BasĂ©e sur l’étude du Parlement europĂ©en par la CRBM (voir note 1).

5. 

Le groupe Banque mondiale a Ă©valuĂ© le rĂŽle futur de la banque

dans le secteur des industries extractives. La Revue des
Industries Extractives de dĂ©cembre 2003 “Vers un meilleur
Ă©quilibre” est accessible sur le site de la Banque mondiale :
http://ifcln1.ifc.org/ifcext/eir.nsf/Content/Home

6. 

La CMB est une organisation indĂ©pendante, soutenue par la

Banque mondiale et l’Union mondiale pour la conservation de la
nature (UICN), qui aborde les problĂšmes associĂ©s aux grands
barrages. Le rapport de la CMB “ Barrages et dĂ©veloppement : un
nouveau cadre pour la prise de dĂ©cision” (2000) a identifiĂ© les
valeurs de base et un cadre pour la prise de dĂ©cision, afin de
s’assurer que les barrages n’engendrent pas de coĂ»ts
environnementaux excessifs. Pour plus d’information sur la CMB,
voir www.dams.org.

7. 

Les huit Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement (OMD),

qui vont de la division par deux du nombre d’individus en
situation de pauvretĂ© extrĂȘme Ă  l’arrĂȘt de l’extension de l’épidĂ©mie
du VIH/sida et une offre universelle Ă  l’éducation primaire pour
l’annĂ©e 2015, font partie d’un plan d’action validĂ© par tous les pays
du monde et les principales institutions financiĂšres
internationales (cf. http://www.un.org/millenniumgoals).

8. 

www.eib.org/publications/publication.asp?publ=14

9. 

Cela consistait Ă  l’origine en une Ă©valuation annuelle de la

conformitĂ© des activitĂ©s de la BEI avec les politiques et normes de l’UE.

10. 

Pour plus d’informations, cf. 

The League of Gentlemen: An

investigative report on the legal and operational relationships tying
the European Investment Bank to the European Institutions,

par Kim

Bizzarri pour les Amis de la Terre International, CEE Bankwatch
Network, FERN, CRBM, (http://www.bankwatch.org/publications/
studies/2004/league_gentlemen_11-04.pdfm).

11. 

Le mandat institutionnel de la BEI est dĂ©fini dans la

Constitution européenne.

12. 

Partie III, Art. 317, Paragraphes 3 et 1.

13. 

Conseil europĂ©en, dĂ©cisions 97/256/EC et 2000/24/EC.

14. 

Conférence de presse annuelle 2005 de la BEI, Briefing Note

N°11, Luxembourg, 3 février 2005.

15. 

La couverture des risques est large, incluant par exemple

l’impossibilitĂ© d’achever le projet pour cause de guerre ou de
coup d’état, les risques commerciaux liĂ©s Ă  une crise financiĂšre
imprévue, ou une dépréciation monétaire.

16. 

Les garanties de l’UE peuvent couvrir jusqu’à 70% des prĂȘts de

la BEI Ă  des entreprises, des institutions financiĂšres ou des Etats
non membres, leur permettant ainsi d’accĂ©der Ă  des financements
Ă  long terme dont ils ne pourraient pas bĂ©nĂ©ficier autrement.

17. 

Banque europĂ©enne d’investissement :

The Social Assessment

of Projects in Developing Countries: The Approach of the European
Investment Bank

, juillet 2004.

18. 

Banque europĂ©enne d’investissement, 

Environmental and

Social Statements

, 2004.

© elaine gilligan

background image

50

AU BÉNÉFICE DE QUI?

10

NOTES

41. 

Le Groupe international d’évaluation (GIE) et le Groupe

externe de contrÎle de la conformité (

External Compliance

Monitoring Group - ECMG

).

42. 

42. Banque mondiale, 

“Chad-Cameroon: Petroleum

development and Pipeline Project,”

Project Appraisal Document,

Washington, D.C., 20 avril, 2000.

43

. Le Vice-prĂ©sident de la BEI, Michael Tutty, a dĂ©clarĂ© que “le

projet reprĂ©sente une opportunitĂ© de dĂ©veloppement

exceptionnelle pour le Tchad, et une chance de tirer son peuple

hors de la pauvretĂ© extrĂȘme (
)”. CommuniquĂ© de presse de la

BEI, 22 juin 2001.

http://www.eib.org/news/press/press.asp?press=116&Years=200

1&Months=6&go=Gowww.eib.org/news/press/index.asp.

44

. Voir par exemple les Indices 2005 de perception de la

corruption (Corruption Perception Index 2005), Transparency

International, Londres–Berlin, novembre 2005.

45

. Banque mondiale, 

“Chad-Cameroon: Petroleum Development

and Pipeline Project,”

Project Appraisal Document, Washington,

D.C., 20 avril, 2000.

46

. Reuters , 

Aid Groups Press World Bank on Chad Oil Profits

,

Washington, D.C., 17 novembre 2005.

47

. Groupe d’inspection de la Banque mondiale, 

Report

Cameroon: Petroleum Development and Pipeline Project (Loan

No.7020-CM) and Petroleum Environment Capacity Enhancement

(CAPECE) Project. 

http://siteresources.worldbank.org/

EXTINSPECTIONPANEL/Resources/CAMInvestigationRptEnglish.pdf

48

. Amnesty International, 

Extrajudicial Executions/ Fear for

Safety: At Least 80 People Killed in Moundou, Others Arrested

, AI

Index, novembre 1997.

49

. BEI, communiqué de presse, 27 juin 2001

(http://www.eib.org/news/News.asp?news=24&cat=10).

50

. RĂ©solution du Conseil 2000/24/EC.

51

. Voir l’étude du Parlement europĂ©en par CRBM (cf. note 1).

52

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

Financing in Asia and

Latin America

, 2003.

53

. En l’absence d’un mandat du Conseil qui dĂ©finisse les critĂšres

d’attribution de financements par la BEI pour les pays AAL, le

rĂšglement du Conseil 443/1992/EC peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme

le cadre de rĂ©fĂ©rence qui rĂ©gule les flux financiers de l’UE vers

ces pays. Cela inclue ceux du plan de garantie de l’UE qui met

l’accent sur les secteurs prioritaires pour la coopĂ©ration, dont le

dĂ©veloppement humain et la rĂ©duction de la pauvretĂ©. 

54

. Les pays Ă©ligibles au mandat AAL III sont : le Brunei,

l’IndonĂ©sie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la

ThaĂŻlande, le Vietnam, le Bangladesh, la Chine, la CorĂ©e du Sud,

l’Inde, Macao, la Mongolie, le NĂ©pal, le Pakistan, le Sri Lanka, le

YĂ©men, le Costa Rica, Le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le

Nicaragua, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le PĂ©rou, le

Venezuela, l’Argentine, le BrĂ©sil, le Paraguay, l’Uruguay, le Chili, le

Mexique, le Panama.

55

. Les pays qui n’ont reçu aucun financement sont : le Brunei, le Laos,

la Malaisie, Singapour, la Corée du Sud, Macao, la Mongolie, le Népal,

le YĂ©men, le Costa Rica, Le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le

Nicaragua, la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Venezuela.

56

. Convention entre la BEI et la Banque interamĂ©ricaine de

développement

(www.eib.eu.int/Attachments/thematic/mou_eib_idb_en.pdf).

57

. Commission européenne, COM(2003)603 final 2003/0232

(CNS), 

Report from the Commission to the European Parliament

and the Council, Mid-term review of EIB external lending mandate

pursuant to Council Decision 2000/24/EC

, 13 octobre 2003.

58

. Cf. World Rainforest Movement, 

Plantations are not forests

,

2003 (http://www.wrm.org.uy/).

59

Banque europĂ©enne d’investissement

, EIB Environmental

Statement 2004 (www.eib.org).

60

. Les informations contenues dans ce chapitre au sujet du

Mexique sont tirĂ©es du rapport de Domitille Delaplace (DECA Equipo

Pueblo, A.C.) : 

European Investment Bank (EIB) Lending in Mexico – In

whose interest ? An analysis of EIB lending activities in Mexico with

regard to European Union Cooperation Priorities

, mimeo, Mexico, avril

2005, (p. 54). Ce rapport a Ă©tĂ© Ă©crit dans le cadre d’une Ă©tude rĂ©alisĂ©e

par Equipo Pueblo pour l’étude de cas sur le Mexique incluse dans

l’étude du Parlement europĂ©en rĂ©alisĂ©e par CRBM, (cf. note 1).

61

Agreement on Economic Partnership, Political Co-ordination

and Cooperation between Mexico and the European Community

,

signé à Bruxelles le 8 décembre 1997 (en vigueur depuis le 1er

octobre 2000), titre VI “Cooperation”. Commission europĂ©enne,

Document StratĂ©gique National, Mexique (2002-2006).

62

. Convention entre la Commission europĂ©enne et la BEI,

Working procedures between the EIB and the Commission services

(DG ENV and DG ECFIN) in the consultation of the Commission

under Article 21 of the EIB Statute.

63

. Paul Hampton. 

Mexico Briefing: car workers’ union

organization

, Puebla, septembre 2003.

64

. Les fonds n’ont pas Ă©tĂ© versĂ©s, le SĂ©nat de la RĂ©publique n’ayant

pas encore ratifiĂ© l’accord-cadre de coopĂ©ration financiĂšre signĂ© en

novembre 2003 entre le gouvernement mexicain et la BEI. 

65

. RĂ©ponse de la BEI (Direction de l’AmĂ©rique latine) Ă  un

questionnaire envoyĂ© par la consultante Domitille Delaplace, dans

le cadre de l’étude de cas sur le Mexique pour l’Union europĂ©enne

rĂ©fĂ©rencĂ© en note 1 (dĂ©nommĂ© ci-aprĂšs“le questionnaire”).

66

. Banque europĂ©enne d’investissement. “Mexique: la BEI prĂȘte

70 millions d’euros Ă  Volkswagen Mexique”. CommuniquĂ© de

presse, RĂ©f. 2004-093, 8 octobre 2004.

67

. “Convention de partenariat Ă©conomique, de coordination

politique et de coopĂ©ration”; Op. cit. ibid. CF. note 57.

68

. Réponse de la BEI (Direction Amérique latine) au

“questionnaire” ibid.

69

. Paul Hampton. 

Mexico Briefing: car workers’union

organisation

, Puebla, Sept. 2003.

70

. Ibid.

71

. Banque europĂ©enne d’investissement. 

The Social Assessment

of Projects in Developing Countries: the approach of the European

Investment Bank.

EIB-Projects Directorate-Environmental Unit /

28 juillet 2004.

72

. Informations relatives au conflits du travail tirĂ©es d’un

rapport du Centre de rĂ©flexion et d’action sur le travail (

Centre for

Reflection and Action on Labour Issues

- CEREAL), présenté à une

conférence thématique de la Commission interaméricaine pour

les droits humains (Interamerican Commission on Human Rights

- CIDH), 3 mars 2004.

73

. Réponse de la BEI (Direction Amérique latine) au

“questionnaire” (cf. note 49).

74

. “RĂ©glementations de la loi gĂ©nĂ©rale pour l’équilibre

Ă©cologique et la protection de l’environnement en matiĂšre

d’études d’impacts environnementaux”, publiĂ© au Journal officiel

du 30 mai 2000.

75

. Commission europĂ©enne, W

orking procedures between the EIB

and the Commission services (DG ENV and DG ECFIN) in the

consultation of the Commission under Article 21 of the EIB Statute.

76

. Message électronique de la CRBM à la Direction Amérique

latine de la BEI, 25 janvier 2005.

77

. Message électronique de la Direction Amérique latine de la

BEI Ă  la CRBM, 25 janvier 2005.

78

. Commission pour la rĂ©gulation de l’énergie, 

ResoluciĂłn por la

que se expide la convocatoria para participar en la licitaciĂłn

PĂșblica Internacional LIC-GAS-009-1997

(RES/179/97), 14

novembre 1997. 

79

. Le consortium Mexigaz comprenait initialement Bufete

Internacional, mais seule la compagnie française est restĂ©e

lorsque Bufete a déclaré faillite.

80

. “RĂ©glementations de la loi gĂ©nĂ©rale pour l’équilibre

Ă©cologique et la protection de l’environnement en matiĂšre

d’études d’impacts environnementaux”, publiĂ© au Journal officiel

du 30 mai 2000.

81

. Conseil de l’Europe, Directive 97/11/EC du 3 mars 1997

amendant la Directive 85/337/EEC Journal Officiel n° L 073, 14

mars 1997, p 5.

background image

Station essence au Nigéria.
© Elaine Gilligan.

AU BÉNÉFICE DE QUI?

51

82

. RĂ©ponse de la BEI (Direction AmĂ©rique latine) au “question-

naire” ibid.

83

. ibid.

84

. Message électronique de la Direction Amérique latine de la

BEI à la CRBM, 11 février 2005.

85

. Interview avec Nicolas VergĂ©s, Directeur financier et adminis-

trative du consortium Mexigaz, 4 avril 2005.

86

. RĂ©ponse de la BEI (Direction AmĂ©rique latine) au “question-

naire” ibid.

87

. Andersson & Bartholdson , 

Swedish Pulp in Brazil: The case of

Veracel, Swedwatch

, 2004, page 5.

88

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

EIB loan for reforesta-

tion in Brazil

, communiqué de presse, 18 octobre 2001.

89

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

Veracel Pulp Mill

Project

, Brazil, communiqué de presse, 30 mars 2004.

90

. Chris Lang, auteur de cette section concernant Veracel, Ă©tait

prĂ©sent Ă  la rĂ©union qui s’est dĂ©roulĂ©e dans les bureaux de la BEI

Ă  Bruxelles.

91

. Plantations, site internet de Veracel

(http://www.veracel.com.br/en/perfil_hoje_plantios.htm)

92

. De’Nadai, Alacir, Winifridus Overbeek, Luiz Alberto Soares (2005),

Promises of jobs and destruction of work: The case of Aracruz

Cellulose in Brazil

, World Rainforest Movement, Uruguay, pp 37.

93

. Andersson & Bartholdson 

Swedish Pulp in Brazil: The case of

Veracel

, Swedwatch, 2004, pp 22. Andersson

94

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

Veracel Pulp Mill

Project, Brazil

, communiqué de presse du 30 mars 2004.

95

Veracel 10 years

, document de l’entreprise Veracel, 2002.

96

. Gustavo Gonzales, South America: 

Profitable Pulp Mills Also

Pollute

, Inter Press Service, 13 avril 2005.

97

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

EIB loan for reforestation

in Brazil

, communiqué de presse du 18 octobre 2001.

98

Brazil: The short memory of Veracel and the power of Aracruz

,

World Rainforest Movement, bulletin n° 39, octobre 2000.

99

. Hannu Pesonen 

Right as rain forests

, Tempus, Stora Enso

Quarterly Magazine, 1, 2004.

100

. Andersson & Bartholdson, 

Swedish Pulp in Brazil: The case of

Veracel

, Swedwatch, 2004, pp 33.

101

Brazil: The short memory of Veracel and the power of Aracruz

,

World Rainforest Movement, bulletin n° 39, octobre 2000.

102

Brazils landless in widespread protests

, Financial Times, 

7 avril 2004.

103

Stora Enso is exploring the possibility of building a new fibre

line at Veracel

, communiquĂ© de presse de Stora Enso, 28 septem-

bre 2005 (http://www.storaenso.com/CDAvgn/main/

0,,1_-6479-14271-en,00.html)

104

. L’IndonĂ©sie et les Philippines Ă©taient en tĂȘte de liste des

pays asiatiques emprunteurs de la BEI, avec respectivement 353

M? (soit 9,8% du total des financements AAL) et 293 M? (soit

8,2% du total AAL); cf. tableau 6 en annexe.

105

. En Argentine et au BrĂ©sil le groupe français Suez est liĂ© avec

Agua Argentina, Agua de Misiones et Agua Corbobesas dans le

cadre d’entreprises en partenariats.

106

. Signifie que l’entreprise s’occupera de la mise en place et de

la gestion du service en Ă©change de la collecte des charges d’eau

par les utilisateurs, avant de passer le relais Ă  l’Etat aprĂšs une

période définie au préalable.

107

. RĂ©glementation de janvier 2005, qui Ă©tend le risque poli-

tique Ă  la “rupture de contrat combinĂ©e Ă  une dĂ©nĂ©gation 

en justice”.

108

. Cf. note 6.

109

. Lettre de la BEI Ă  Petr Hlobil de CEE Bankwatch Network,

datée du 30 juin 2004.

110

. Commission europĂ©enne : directive cadre de la Commission

europĂ©enne sur le systĂšme d’échanges de quotas d’émissions, 2004.

111

. Fils de l’homme d’affaires le plus riche d’IndonĂ©sie et com-

munĂ©ment considĂ©rĂ© comme l’ami intime de Soharto en affaires,

Liem Soi Liong (Ă©galement connu sous le nom de Soedono

Salim).

112

. La privatisation du service d’eau de Djakarta est divisĂ©e entre

une partie est et une partie ouest. Thames et son partenaire local

(Pt.Kekar Airindo, dĂ©tenu par Sigit Harjojudanto) gĂšrent la zone est

sous le nom de “PT. Thames PAM Jaya (TPJ)”; Thames Water Company

dĂ©tient 40% des parts de TPJ. La Lyonnaise des Eaux et son partenaire

local (PT. Garuda Cipta Semesta, dĂ©tenue par Anthnoy Salim) gĂšrent

la zone ouest sous le nom de “Pam Lyonnaise Jaya (Palyja)” (la

Lyonnaise des Eaux dĂ©tient 80% des parts de Palyja).

113

. Thames n’a rĂ©alisĂ© que 69% en ce qui concerne le volume

d’eau facturĂ©e alors que son objectif Ă©tait de 88%; a produit 15%

d’eau en moins par rapport PAM Jaya; a diminuĂ© les pertes d’eau

de 58% à 48%, mais a échoué a atteindre son objectif de 35%; le

taux de connection au rĂ©seau a augmentĂ© de 54% par rapport au

niveau de 1997, soit 7% sous l’objectif; et le taux de couverture a

augmentĂ© de 62%, soit moins que l’objectif de 70%.

114

. Dans la zone ouest de Manilla, oĂč l’opĂ©rateur a continuĂ© Ă 

prélever les charges temporaires aprÚs la période autorisée.

115

. Pour une analyse des redressements d’entreprise aux

Philippines, cf. Insolvency Systems in Asia: An Efficiency

Perspective par Danilo L. Concepcion, 

Corporate Rehabilitation:

the Philippine Experience

, 1999.

116

. Pour la liste des agences de financement, voir : 

Update on

the Lao PDR: Nam Theun 2 (NT2) Hydroelectric Project

, 22 juin,

2005, p.8 (http://www.wds.worldbank.org/servlet/

WDSContentServer/WDSP/IB/2005/06/29/000160016_2005062

9124146/Rendered/PDF/32790a.pdf).

117

. International Rivers Network et Environmental Defense,

novembre 2004 (cf. www.irn.org).

118

. IAG, 5Ăšme rapport du Groupe international d’évaluation de

la Banque mondiale, 

(Fifth report of the International Advisory

Group to the World Bank),

février 2005, p.12.

119

. David J.H. Blake, 

A Review of the Nam Theun 2

Environmental Assessment and Management Plan (EAMP)

as it

pertains to Xe Bang Fai fisheries, janvier 2005, publiĂ© par

International Rivers Network, p.1.

120

The People and Their River: A Survey of River-Based Livelihoods in

the Xe Bang Fai River Basin in Central Lao PDR

, par Bruce Shoemaker,

Ian G. Baird, et Ms Monsiri Baird, novembre 2001.

121

. Banque europĂ©enne d’investissement, 

USD 55 million for

hydropower plant in Laos

, communiqué de presse du 26 avril 2005

122

. Banque mondiale, Lao PDR 

Country Economic

Memorandum: Realizing the Development Potential of Lao PDR

,

décembre 2004, p.72.

123

. CitĂ© dans 

Agriculture and Livestock Development Plan for the

Nam Theun 2 Hydropower Project

: An Independent Analysis, jan-

vier 2005, publié par International Rivers Network.

124

. Robert Vernstorm, 

Nam Theun 2 Hydro Power Project

Regional Economic Least-Cost Analysis: Final Report

, mars 2005

(cf. www.palangthai.org/docs/NT2EconMalfeas.xls)

125

. NGO Forum on ADB Briefing, Nam Theun 2: 

Perspectives on

Local Consultation

, novembre 2004.

126

.

Nam Theun 2 Social Development Plan

, novembre 2004, vol.

1, ch. 4, p. 26.

127

. Les Amis de la Terre, Campagna per la Riforma della Banca

Mondiale, Bank Information Center, et Environmental Defense, 

NGO

Visit to Nam Theun 2 Hydroelectric Project in Laos

, décembre 2003.

128

. Lettre de la BEI Ă  Petr Hlobil de CEE Bankwatch Network,

datée du 30 juin 2004.

129

An Analysis of Nam Theun 2 Compliance with World

Commission on Dams Strategic Priorities

par Aviva Imhof et

Shannon Lawrence, fĂ©vrier 2005, (cf. www.irn.org)

130

. En particulier l’objectif 1 : “Eradiquer la pauvretĂ© extrĂȘme et

la faim”, et l’objectif 7 : “Assurer la durabilitĂ© environnementale”.

131

. Toutes les informations et les contrats relatifs aux projets

financĂ©s, y compris les prĂȘts globaux, et tous les rapports et Ă©tudes

d’approbation, de suivi et d’évaluation tout au long des projets.

132

. De la FacilitĂ© d’investissement Ă©tablie dans le cadre de

l’Accord de partenariat de Cotonou ^pour les pays ACP et PTOM ;

du budget de l’UE pour les pays mĂ©diterranĂ©ens.

133

. ibid.

134

. Cela peut Ă©galement prendre la forme d’une assistance

technique.

135

. ibid.

136

. Pour les activités dans le secteur environnemental.

137

. FacilitĂ© euro-mĂ©diterranĂ©enne d’investissement et de parte-

nariat (FEMIP).

138

. La BEI a Ă©galement soutenu des investissements dans 20 Pays

et Territoires d’Outre-mer (PTOM) liĂ©s Ă  certains Etats membres de

l’UE, principalement dans les CaraĂŻbes et la zone Pacifique.

139

. N’inclue pas la catĂ©gorie “PrĂȘts globaux” de la BEI, ce qui

explique la diffĂ©rence par rapport Ă  100% dans le total des pour-

centages des financements. 

140

. Idem.

141

. Idem.

background image

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LA BANQUE EUROPÉENNE D’INVESTISSEMENT

DANS LES PAYS DU 

AU BÉNÉFICE DE QUI?