SUD
LA BANQUE EUROPĂENNE DâINVESTISSEMENT
DANS LES PAYS DU
AU BĂNĂFICE DE QUI?
JANVIER 2006
AMIS DE LA TERRE INTERNATIONAL | CAMPAGNA PER LA RIFORMA DELLA BANCA MONDIALE | CEE BANKWATCH NETWORK | WORLD ECONOMY, ECOLOGY & DEVELOPMENT
Young boy playing in Ghana. © Jannek
e Bruil.
PAR
Jaroslava Colajacomo
ETUDES DE CAS PAR
Mae Buenaventura et
Bubut D. Palattao
(Freedom from Debt
Coalition, Philippines),
Domitille Delaplace
(Equipo Pueblo, Mexique),
Korinna Horta
(Environmental Defense,
Etats-Unis), Chris Lang
(World Rainforest
Movement), Gary Lee
(TERRA, ThaĂŻlande), Peter
Sinkamba (Citizens for a
Better Environment,
Zambie), P. Raja Siregar
(WALHI/ Amis de
la Terre Indonésie).
Lâauteur de ce rapport
remercie chaleureusement
Hannah Ellis et Janneke
Bruil (Friends of the Earth
International - Amis de la
Terre International) ainsi
que Magda Stoczkiewicz
(CEE Bankwatch Network),
pour leurs précieux con-
seils en termes de choix
stylistiques et de concep-
tualisation de ce docu-
ment. Ce document nâau-
rait pas Ă©tĂ© le mĂȘme sans
leur aide. Lâauteur veut
Ă©galement remercier
Martin Koehler et Antonio
Tricarico (CRBM) ainsi que
Klaus Schilder (WEED)
pour leur aide Ă la
recherche et la rédaction
de lâĂ©tude prĂ©alable, dont
les principales conclusions
sont reprises ici.
Remerciements partic-
uliers Ă©galement Ă
Longgena Ginting (Amis
de la Terre International),
James Barnes, Ndoumbe
Nkotto (Focarfe), Jean
Marie Ferraris (LRC/Amis
de la Terre Philippines), et
aux rédacteurs des études
de cas pour leur contribu-
tion et leur dĂ©vouement Ă
fournir des informations
inédites et actualisées sur
les impacts des projets
financés par la BEI qui,
sinon, seraient restés
inconnus.
CONTACT DE LâAUTEUR :
Jaroslava Colajacomo
e: jaro@playapart.it
Ce rapport est Ă©galement
disponible en anglais et
en espagnol.
©
CEE Bankwatch Network,
Campagna per la Riforma
della Banca Mondiale
(CRBM), Amis de la Terre
International â Friends of the
Earth International (FOEI), et
World Economy, Ecology &
Development (WEED).
RELECTURE DE LA VERSON
ANGLAISE :
Rowan Mackay, UK
TRADUCTION FRANĂAISE :
Majda Bouchanine et
Gwenael Wasse
IMPRIMEUR :
PrimaveraQuint, Pays-Bas
CONCEPTION GRAPHIQUE
ET MISE EN PAGE :
Tania Dunster,
one
hemi-
sphere, SuĂšde
PHOTOS PAR :
Janneke Bruil,
Bubut Palattao, CEE
Bankwatch Network,
CED/Amis de la Terre
Cameroun, Elaine Gilligan,
Frédéric Castell, FIVAS,
Magda Stoczkiewicz,
MelquĂades SpĂnola/
CEPEDES, onehemisphere,
Archives photographiques/El
Universal â Mexique :
Rodolfo Perez, Oswaldo
Ramirez et Luis Garcia Soto,
Peter Sinkamba, Proyecto
Gato, SĂ©bastien Godinot,
TERRA, WALHI/Amis de la
Terre Indonésie et
Woody Simbeye.
PUBLIĂ PAR :
Amis de la Terre
International (FOEI)
PO Box 19199
1000 GD Amsterdam
Pays-Bas
tel: +31 20 622 1369
fax: +31 20 639 2181
e: foei@foei.org
www.foei.org
Campagna per la riforma
della Banca Mondiale
(CRBM)
Programma di Mani Tese
Via Tommaso da Celano 15
00179 Roma, Italie
tel: +39 06 78 26 855
fax: +39 06 78 58 100
e: info@crbm.org
www.crbm.org
CEE Bankwatch Network
Jicinska 8, Praha 3, 130 00,
RĂ©publique TchĂšque
tel: +32 2 542 01 88,
fax: +32 2 537 55 96
e: main@bankwatch.org
www.bankwatch.org
WEED e.V.
World Economy, Ecology
& Development (WEED)
Torstr. 154, D-10115
Berlin, Allemagne
tel: +49 30 2758 2163
fax: +49 30 2759 6928
e: weed@weed-online.org
www.weed-online.org
SUD
LA BANQUE EUROPĂENNE DâINVESTISSEMENT
DANS LES PAYS DU
AU BĂNĂFICE DE QUI?
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
3
SOMMAIRE
4
RĂSUMĂ
1. INTRODUCTION
6
INFORMATIONS GĂNĂRALES SUR LA BEI
7
LE CADRE JURIDIQUE
7
LE CADRE POLITIQUE
8
2. EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
10
LâEXTRACTION MINIĂRE EN ZAMBIE
14
LE PROJET DâOLĂODUC TCHAD-CAMEROUN
16
3. AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
19
LES FINANCEMENTS DE LA BANQUE EUROPĂENNE DâINVESTISSEMENT AU MEXIQUE :
QUI EN TIRE PROFIT ?
22
LE PROJET VOLKSWAGEN AU MEXIQUE
24
LE PROJET MEXIGAZ
26
LâUSINE DE PĂTE Ă PAPIER VERACEL AU BRĂSIL
28
4. ASIA:
PROMOTING WATER PRIVATISATION AND LARGE DAMS
30
LA PRIVATISATION DE LâEAU Ă DJAKARTA
32
LâEAU AUX PHILIPPINES : LES LEĂONS TIRĂES DâUNE PRIVATISATION RATĂE
34
LE BARRAGE DE NAM THEUN 2 AU LAOS
37
5. CONCLUSION
40
6. RECOMMANDATIONS
41
7. GLOSSAIRE
42
8. ANNEXES
43
9. RESSOURCES UTILES
47
10. NOTES
49
© jannek
e bruil
4
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
0
RĂSUMĂ
La BEI est une institution publique, créée dans le
cadre de la politique de coopĂ©ration de lâUnion
européenne. Elle a pour mission de promouvoir un
développement durable au bénéfice des
populations des pays dans lesquels elle intervient,
en accord avec le Traité européen. En Afrique, en
Amérique latine et en Asie, elle est censée agir en
cohĂ©rence avec les politiques de lâUnion
européenne en matiÚre de coopération (Accord de
Cotonou et rĂšglements du Conseil). Ces cadres de
référence sont intégrés aux conventions et
prioritĂ©s de lâUE en matiĂšre de dĂ©veloppement,
approuvées par les pays concernés dans les
Documents Stratégiques Pays (Country Strategic
Papers). Ces priorités sont notamment la
réduction de la pauvreté, et le développement
social et environnemental.
Ce rapport évalue les activités de la BEI en Afrique,
en Amérique latine et en Asie, par une analyse des
donnĂ©es officielles. Il sâappuie sur une Ă©tude
récente du Parlement européen
1
, sur plusieurs
études de cas effectuées par des groupes de la
société civile originaires de huit pays du Sud dans
lesquels la BEI opĂšre (Zambie, Tchad, Cameroun,
Laos, Philippines, Indonésie, Mexique et Brésil).
Ce rapport considĂšre que la BEI se comporte dans
la pratique comme une institution principalement
axée sur la demande et répondant aux besoins de
ses clients, prĂȘte Ă financer des projets dans
lesquels les retombées économiques sont
certaines et Ă©levĂ©es, plutĂŽt quâĂ mettre la prioritĂ©
sur la lutte contre la pauvreté ou la protection
environnementale. La BEI a, par exemple, rarement
soutenu des projets environnementaux ou
dâĂ©nergies renouvelables. Qui plus est, les Ă©tudes
de cas montrent comment les projets financés par
la BEI ont souvent eu des impacts destructeurs
pour les communautés et leur environnement (par
exemple les plantations destinées à la production
de pùte à papier au Brésil).
Bien que le mandat de la BEI en Amérique latine
et en Asie sâappuie sur un prĂ©tendu « intĂ©rĂȘt
mutuel », la BEI semble avant tout interpréter ce
concept dans le sens du dĂ©veloppement dâun
marché extérieur pour les entreprises
europĂ©ennes. Les prĂȘts de la BEI dans ces rĂ©gions,
en bénéficiant à des secteurs solidement établis
et sans risque du point de vue financier, ont eu
tendance à passer à cÎté des pays les plus pauvres
(et risqués sur un plan financier) ainsi que des
petites entreprises locales.
En Amérique latine, plus de 90% des financements
de la BEI depuis 1993 ont été accordés soit à des
filiales dâentreprises europĂ©ennes, soit Ă de grandes
multinationales. Ce rapport illustre comment ces
investissements sont souvent destinés à soutenir
les exportations des entreprises de lâUE, tandis que
la construction et lâamĂ©lioration des infrastructures
locales (comme les rĂ©seaux dâĂ©lectricitĂ© et de
transports publics) sont négligées.
En Afrique, la BEI gĂšre une partie importante du
budget de coopération de la Commission
europĂ©enne (jusquâĂ 13,5 milliards dâeuros durant
les 10 derniÚres années). Cette tendance est à la
hausse avec la création au sein de la BEI de la
nouvelle FacilitĂ© dâInvestissement de Cotonou,
dont les dépenses sur le budget européen sont
estimées à 2,2 milliards entre 2003 et 2008. Ce
rapport montre de quelle façon les premiers prĂȘts
dans le cadre de cette Facilité, ont principalement
bénéficié au secteur privé (des grandes entreprises
européennes ou locales). Cela concerne
notamment le récent projet des mines de cuivre et
de titane en Zambie et au Mozambique.
En Afrique aussi bien quâen AmĂ©rique latine, les
bénéficiaires privilégiés des financements de la
BEI appartiennent au secteur des industries
extractives. LâolĂ©oduc Tchad-Cameroun, par
exemple, est le plus grand projet jamais financé
par la BEI en Afrique avec un montant de 144
millions dâeuros (soit 4 % du total des prĂȘts aux
pays de la zone ACP). La BEI projette de financer
un autre projet Ă risque dans le domaine des
ressources fossiles en 2006, Ă savoir le gazoduc
ouest-africain entre le Nigeria et le Ghana.
En moins de 50 ans
dâexistence, la Banque
européenne
dâinvestissement (BEI)
est devenue lâune des
institutions financiĂšres
internationales les plus
puissantes du monde.
Agissant au nom des
citoyens européens et
des gouvernements des
Etats membres de
lâUnion europĂ©enne
(UE) dont elle dépend,
la BEI prĂȘte environ 45
milliards dâeuros de
fonds publics par an, au
titre de projets censés
aider au
développement et à la
cohĂ©sion de lâUnion
européenne (UE). AprÚs
avoir commencĂ© Ă
financer des projets en
Afrique dans les années
1960, ce sont
aujourdâhui prĂšs de
10% de ses
financements qui
concernent aujourdâhui
des pays hors de
lâUnion europĂ©enne,
depuis la Chine
jusquâau BrĂ©sil. Ces
prĂȘts couvrent un large
Ă©ventail de secteurs
dont lâĂ©nergie, lâeau, les
communications,
lâindustrie et les
intermédiaires
financiers. Mais Ă qui
ces projets profitent-ils ?
Habitants du port de pĂȘche
de Djakarta
© Janneke Bruil.
Enfants ghanéens
© Janneke Bruil.
© jannek
e bruil
Brésil.
© MelquĂades SpĂnola/CEPEDES.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
5
Le soutien financier de la BEI aux projets
dâextraction dĂ©crits dans ce rapport illustre de
quelle façon la BEI a souvent failli à assurer un
développement local bénéfique, en termes
dâemplois ou de services de base. Ce rapport est
arrivĂ© Ă la mĂȘme conclusion pour dâautres secteurs,
tels que les prĂȘts Ă Volkswagen au Mexique, ou
aux compagnies dâeau en Asie. Les investissements
significatifs de la BEI dans des projets de
partenariats public-privĂ© de privatisation de lâeau
en IndonĂ©sie et aux Philippines nâont eu aucun
effet positif pour ceux qui nâont pas accĂšs Ă lâeau
potable et pour les plus pauvres.
Le rapport montre aussi que les projets financés
par la BEI dans le Sud ont souvent été mal évalués
sur le plan environnemental et social, avec comme
résultat des impacts négatifs pour les
communautés locales et les écosystÚmes. En
Afrique et en Asie, les grands barrages et la
production dâĂ©nergie hydraulique ont Ă©tĂ© un
domaine prioritaire de financement par la BEI,
bien souvent aux dĂ©pens de lâenvironnement. Le
barrage de Nam Theun 2 au Laos, dont il est
question plus loin, a Ă©tĂ© financĂ© bien quâil viole
des normes reconnues Ă lâĂ©chelle internationale.
La BEI certifie quâelle sĂ©lectionne rigoureusement
les projets quâelle finance en dehors de lâUE, et
que tous doivent satisfaire aux politiques et aux
normes environnementales européennes (par
exemple en ce qui concerne lâĂ©valuation
environnementale et sociale), ainsi que prendre en
compte le contexte et les lois locales. Cependant,
les Ă©tudes de cas montrent que les normes de lâUE
ne sont en fait pas respectées, et que les
meilleures pratiques ne sont pas suivies. Il nây a
aucun mécanisme en place pour évaluer
réellement la conformité des activités de la BEI
avec les politiques de lâUE, aussi bien avant
quâaprĂšs lâaccord de financement. Il y a de plus des
cas oĂč les politiques de lâUE sont insuffisantes, ou
ne sâappliquent pas aux Etats non-membres. Au
contraire des autres institutions financiĂšres
internationales comme la Banque mondiale ou la
Banque asiatique de DĂ©veloppement, la BEI ne
dispose pas de politiques de sauvegarde internes
(par exemple en ce qui concerne les déplacements
forcés ou les peuples indigÚnes), ni aucun systÚme
de plainte pour les personnes affectées par des
projets hors Europe.
Malgré les appels de la communauté
internationale pour atteindre les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) et pour
parvenir Ă satisfaire aux besoins des plus pauvres,
le soutien de la BEI aux besoins de base (tels que
lâaccĂšs Ă lâeau et Ă lâassainissement, la santĂ© et
lâĂ©ducation) a Ă©tĂ© minimal au regard du montant
total de ses financements dans le Sud. En Afrique,
bien que la BEI soit obligĂ©e dâadhĂ©rer aux
stratĂ©gies de lâUE en matiĂšre de rĂ©duction de la
pauvreté et de développement social (avec une
forte rĂ©fĂ©rence faite aux OMD), il y a pour lâinstant
peu dâindications que ses financements aient
contribué à remplir ces objectifs.
Qui plus est, la BEI demeure une des institutions
les moins transparentes et rendant le moins de
comptes au sein de lâUE. Ce rapport montre de
quelle façon la BEI refuse au public lâaccĂšs Ă des
informations primordiales (y compris pour
informer de son intention ou non de financer un
projet, ou concernant lâĂ©valuation des impacts
environnementaux et sociaux). Elle conclut que
ses clients ont un droit de regard sur lâaccĂšs aux
informations relatives aux projets.
La nécessité que la BEI rende des comptes à la
Commission européenne et au Parlement requiÚre
une attention urgente. Bien que la Commission
contrÎle les activités de la BEI tous les ans, et que
le Parlement soit libre de voter des résolutions la
concernant ou de mener ses propres Ă©valuations,
la BEI nâest pas tenue de respecter les
recommandations de ce dernier. Elle nâa pas par
exemple pas encore appliqué les conclusions de la
Revue des Industries Extractives (RIE) de la Banque
mondiale, malgré que le Parlement lui ait
demandĂ© de sây conformer il y a plus dâun an.
Ce rapport demande un changement radical de la
BEI en ce qui concerne le choix des projets, ses
relations avec les populations concernées, sa
responsabilitĂ© Ă lâĂ©gard de lâUnion europĂ©enne, ses
procédures et ses méthodes, et le suivi de ses
projets et de ses politiques pour tous les
financements dans les pays du Sud. La BEI doit
prendre pleinement conscience de sa responsabilité
quant aux impacts des ses activités, et doit
sâassurer que les projets quâelle finance bĂ©nĂ©ficient
aux populations et Ă lâenvironnement. La liste des
recommandations se trouve en page 41.
6
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
0
INTRODUCTION
1
Bien que les activités de la BEI dans les pays du
Sud représentent encore une fraction relativement
faible de son budget global (par rapport aux
interventions dans les pays membres de lâUE),
elles en font néanmoins un des principaux acteurs
des politiques de lâUE en matiĂšre de
développement et de coopération économique.
Lorsque la BEI agit au nom de la Communauté
européenne et dans le cadre des objectifs
politiques de lâUE, le Parlement europĂ©en et la
Commission européenne sont par conséquent
appelés à exercer leur autorité
2
.
Dans sa déclaration sur la politique de
développement de 2000, la Commission
européenne a tenté de ré-orienter sa coopération
avec les Etats non-membres vers la réduction de la
pauvreté. Elle a identifié comme priorités la
promotion dâun accĂšs Ă©quitable aux services
sociaux, les transports, la sécurité alimentaire, le
développement rural durable et le renforcement
des capacités institutionnelles, en particulier dans
le domaine de la bonne gouvernance et du respect
de la loi
3
. La Banque europĂ©enne dâinvestissement
est supposée suivre cette stratégie de
développement, notamment dans les pays du Sud
oĂč elle opĂšre dans le cadre de lâAccord de
partenariat ACP-UE de Cotonou et des résolutions
du Conseil européen.
Ce rapport
4
analyse lâimpact rĂ©el des financements
de la BEI en matiÚre de réduction de la pauvreté
en Afrique, aux CaraĂŻbes, dans le Pacifique, et dans
les pays dâAsie et dâAmĂ©rique latine. Il montre de
quelle façon les entreprises européennes sont les
principales bĂ©nĂ©ficiaires des prĂȘts de la BEI,
expose les problĂšmes environnementaux et
sociaux qui caractérisent les projets financés,
passe en revue les incohérences politiques
fondamentales, et met en lumiĂšre le manque
flagrant de transparence et la faiblesse
systĂ©matique de lâĂ©valuation des impacts des
financements de la BEI dans les pays du Sud en
termes de développement.
Ce rapport présente un aperçu de huit projets
financés par la BEI en Zambie, au Tchad, au
Cameroun, aux Philippines, en Indonésie, au Laos,
au Mexique et au Brésil. Ces projets concernent
des secteurs divers, tels que le pétrole et le gaz, les
mines, lâeau, lâindustrie automobile, et la pĂąte Ă
papier. Dans la plupart des cas, les demandes par
des représentants de la société civile locale ou
internationale dâĂ©tudes antĂ©rieures et
postĂ©rieures Ă lâapprobation du projet, et de
rapports de suivi et dâĂ©valuation, ont Ă©tĂ© rejetĂ©es
par la BEI, pour des motifs de confidentialité. Le
rapport montre que la sociĂ©tĂ© civile, bien quâelle
fasse partie des principaux bénéficiaires des
projets selon la BEI, nâa pas eu la possibilitĂ© de
faire entendre sa voix durant les processus de
prise de décision.
La Revue des Industries Extractives 2003 de la
Banque mondiale
5
a conclu que les grands projets
pétroliers, miniers ou gaziers ont peu de chance
de contribuer à la réduction de la pauvreté dans
des pays corrompus qui ne disposent pas de
procĂ©dures dâapplication de la loi et qui ne
respectent pas les droits humains. Ces
fondements de la gouvernance font défaut dans
de nombreux pays dâAfrique, dâAsie et dâAmĂ©rique
latine, oĂč la BEI est active. En 2000, la prestigieuse
Commission Mondiale des Barrages
6
a dĂ©jĂ
présenté des conclusions similaires pour les
grands barrages, tout en recommandant parmi
ses sept priorités le principe de l⠫ acceptation
sociale » avant quâun nouveau barrage ne soit
construit. Les deux études ont recommandé
lâaccord des communautĂ©s indigĂšnes et locales
avant de sâengager dans des projets de grands
olĂ©oducs, dâextraction pĂ©troliĂšre et miniĂšre, ou de
grands barrages. Ce rapport démontre que la BEI
nâa pas obtenu le consentement des
communautés pour de tels projets.
Pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
DĂ©veloppement
7
, il est essentiel dâimpliquer les
communautés locales dans les projets de
dĂ©veloppement et dâĂ©tudier leurs impacts. Cela est
particuliĂšrement vrai dans le cas de ressources
publiques limitĂ©es, qui devraient ĂȘtre utilisĂ©es de
la meilleure façon possible, et alors que les prĂȘts
aux gouvernements de pays du Sud contribuent Ă
crĂ©er une dette. Ces projets doivent donc ĂȘtre
évalués avec précaution, au regard des objectifs de
réduction de la pauvreté et de développement
durable qui sous-tendent la politique de la BEI
hors de lâEurope.
La BEI a lâopportunitĂ© dâĂ©viter les erreurs commises
par la Banque mondiale (une institution jumelle),
dont les projets et politiques controversés dans les
pays du Sud ont entraĂźnĂ© lâindignation et des
protestations Ă lâĂ©chelle mondiale. Alors que la BEI
sâapprĂȘte Ă rĂ©viser ses mandats en matiĂšre de
financements extra-européens (son mandat actuel
expirant en 2007), ce rapport met en lumiĂšre les
graves erreurs qui peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©es dans le
futur, ainsi que les démarches dans lesquelles la
BEI peut sâengager pour agir plus efficacement.
Durant les derniĂšres
décennies, la Banque
européenne
dâinvestissement (BEI)
est devenue un acteur
important parmi les
institutions financiĂšres
internationales (IFI) qui
financent des projets
dans le Sud. La BEI est
de plus en plus
impliquée dans des
activitĂ©s de prĂȘt, en
particulier dans le
secteur privé hors
Union européenne.
Entre 1997 et 2002 en
Amérique latine, le
soutien de la BEI au
secteur privé la plaçait
en troisiĂšme position
aprĂšs la Banque
mondiale et la Banque
interaméricaine de
développement), et en
cinquiĂšme position
en Asie.
Exposition de rue dâaffiches pour
la réforme de la BEI
(Luxembourg, 2005)
© CEE Bankwatch Network.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
7
Lâarticle 21 des statuts de la BEI prĂ©cise que « lorsque
les demandes de financement passent par
lâintermĂ©diaire dâun Etat membre, elles doivent ĂȘtre
soumises à la Commission européenne pour avis »
8
,
avant que le Conseil dâadministration de la BEI
nâapprouve un prĂȘt. Cet article limite le rĂŽle de la
Commission européenne à ne faire part de son
opinion que dans le cas dâun projet individuel
(procédure également appelée « consultation
interne »
9
). Le reste de la coopération entre la BEI et
la Commission apparaĂźt comme trĂšs informelle,
dans le cadre de protocoles dâaccord et avec une
coordination assez faible au niveau politique. Les
responsabilitĂ©s institutionnelles sont laissĂ©es Ă
lâinterprĂ©tation de la BEI et de la CommunautĂ©
10
.
Alors que, dâune façon gĂ©nĂ©rale, le Parlement
europĂ©en nâa aucun pouvoir institutionnel formel
pour contraindre la BEI Ă rendre des comptes sur ses
projets et ses politiques, les membres du Comité de
gestion de la BEI sont occasionnellement invitĂ©s Ă
assister aux réunions de divers comités
parlementaires, à savoir le Comité des Affaires
Economiques, FinanciÚres et Monétaires (CAEFM) et
le Comité pour le Développement. Le CAEFM a été
autorisé durant les cinq derniÚres années à faire un
rapport sur la BEI, conformĂ©ment Ă lâarticle 163 du
rÚglement du Parlement européen.
Les financements de la BEI sont répartis dans divers
secteurs dont lâĂ©nergie, lâagriculture, lâeau, les transports
et les projets industriels, et de façon croissante au
bénéfice du secteur privé. La BEI cofinance souvent des
projets avec dâautres institutions financiĂšres
internationales, telles que la Banque mondiale ou la
Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD). Ces derniÚres années, la BEI
a financĂ© de grands projets en dehors de lâUnion
européenne, avec des impacts économiques,
environnementaux, sociaux et politiques trĂšs
négatifs. Certains sont décrits dans ce rapport.
LE CADRE JURIDIQUE
Depuis sa création en 1958 (Traité de Rome), les
opérations de la BEI se sont développées et
incluent désormais des investissements dans des
rĂ©gions situĂ©es en dehors de lâUnion europĂ©enne.
Câest au dĂ©but des annĂ©es 1960 que la BEI a
commencĂ© Ă ĂȘtre impliquĂ©e en Afrique, puis en
1993 en Amérique latine et en Asie. Bien que, du
fait de son statut
11
, elle ait toujours eu le droit
dâaccorder des financements extra-europĂ©ens,
lâexpansion rĂ©cente de ses activitĂ©s est le rĂ©sultat
des dĂ©cisions politiques du Conseil de lâUnion
européenne, qui décide des mandats accordés à la
BEI (cf. tableau 1 en annexe).
1
LA BEI HORS DE LâEUROPE :
CADRES POLITIQUES ET JURIDIQUES
INFORMATIONS GĂNĂRALES SUR LA BEI
Fondée en 1958 et dépendant des Etats membres
de lâUnion europĂ©enne, la Banque europĂ©enne
dâinvestissement est une des plus grandes
institutions financiĂšres internationales. Avec un
budget actuel de 45 milliards dâeuros par an, elle
engage quasiment le double des investissements
financiers engagés par la (beaucoup mieux
connue) Banque mondiale.
La BEI a été originellement créée dans le but de
financer les infrastructures nécessaires pour relier
les Ă©conomies des Etats membres de lâUnion
européenne, et pour faciliter les investissements
dans ses zones les moins développées. Son
budget, sa mission et son champ dâaction ont
depuis considérablement évolué, avec 3,5 milliards
dâeuros investis hors de lâUE en 2004 (soit 7% de
son budget total).
Les organes directeurs de la BEI comprennent :
Le Conseil des gouverneurs : composé de
ministres des 25 Etats membres de lâUE, qui
dĂ©cident de lâaxe de dĂ©veloppement gĂ©nĂ©ral de la
BEI et mandatent ses activités.
Le Conseil dâadministration : composĂ© de 26
directeurs (un par Etat membre et un représentant
de la Commission europĂ©enne), et dâun grand
nombre de directeurs adjoints et de conseillers
(suppléants). Le mandat du Conseil inclue le respect
par la BEI des traités européens, de ses statuts, et
des directives données par le Conseil des
gouverneurs. Il a donc un rĂŽle crucial en matiĂšre
dâapprobation des projets. Cependant, au contraire
des organes décisionnaires équivalents dans les
autres IFI, ce Conseil est non-résident, non-
permanent, et ne se réunit que dix fois par an.
Le ComitĂ© de direction : câest lâorgane exĂ©cutif
permanent de la BEI, qui gĂšre les affaires
courantes sous lâautoritĂ© du PrĂ©sident
(actuellement M. Philippe Maystadt). Le Président
et huit Vice-présidents jouent ont un rÎle
extrĂȘmement important au sein de la BEI
puisquâils conseillent les directeurs, y compris en
ce qui concerne lâapprobation et lâĂ©valuation des
projets et des politiques.
© jannek
e bruil
8
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
1
THE EIB OUTSIDE EUROPE:
LEGAL AND POLICY FRAMEWORKS
Ces derniers sont basés sur les cadres de
coopĂ©ration Ă©tablis entre lâUE et les Etats non-
membres. En Afrique, aux CaraĂŻbes et dans la zone
Pacifique (ACP), la BEI octroie des prĂȘts dans le
cadre des accords UE-ACP (antérieurement appelés
Accord de Yaoundé, de Lomé, et désormais de
Cotonou). En Asie et en Amérique latine (pays AAL),
elle agit grùce à des mandats du Conseil européen
qui sont intégrés à la politique de coopération de
lâUE avec ces pays. En RĂ©publique Sud-Africaine
(devenue un membre associé des accords UE-ACP
en 1998), elle alloue des financements dans le
cadre dâun accord bilatĂ©ral spĂ©cifique. Ces cadres
font partie des politiques de lâUE en matiĂšre de
coopération et de développement, qui sont
concrÚtement appliquées par le biais des
Documents Stratégiques Pays (Country Strategy
Papers) préparés conjointement par la Commission
et les pays emprunteurs.
Le Traité constitutionnel européen de 1958 stipule
que la BEI devra contribuer Ă la âmise en oeuvre de
politiques de coopération pour le développement,
par des programmes de coopération multi-
annuels avec des pays en voie de développement,
ou des programmes thématiques »
12
. Cependant,
bien que les objectifs de dĂ©veloppement soient, Ă
des degrés divers, intégrés aux cadres de la
coopĂ©ration Ă lâĂ©chelle rĂ©gionale, le Conseil
europĂ©en a jusquâici failli Ă la mise en place dâun
mandat global de la BEI pour le développement.
Depuis les années 1990, diverses décisions du
Conseil européen
13
ont donné mandat à la BEI pour
investir une certaine partie de ses ressources
propres dans les régions extra-européennes, durant
une période délimitée. Le premier mandat a été
donné à la BEI en 1997, et le mandat actuel, daté de
2000, couvre les activités de la BEI en dehors de
lâEurope jusquâen 2007. Dans les pays dâAsie et
dâAmĂ©rique latine, le Conseil a autorisĂ© la BEI a
investir jusquâĂ 4,405 millions dâeuros
14
sur ses
ressources propres. De plus, les projets financés sur
les ressources propres de la BEI dans ces régions ont
été garantis contre les risques commerciaux
15
par le
budget de la Commission européenne, à travers un
fonds de garantie créé à cet effet
16
. Cela assure une
garantie financiĂšre des investissements de la BEI en
Asie et en Amérique latine.
Le Conseil européen, au nom de la Commission, a
également autorisé la BEI à gérer directement des
ressources budgétaires de la Communauté
européenne. Cela a été le cas pour un certain
nombre de programmes, en particulier dans les
pays dâAfrique et de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne.
LE CADRE POLITIQUE
Bien que la BEI, en tant quâinstitution publique,
assure ĂȘtre guidĂ©e par les objectifs et les directives
politiques de lâUnion europĂ©enne, il nây a aucun
mécanisme en place qui permette réellement
dâĂ©valuer la cohĂ©rence de ses activitĂ©s avec les
politiques de lâUE, aussi bien avant quâaprĂšs
lâapprobation dâun prĂȘt. De plus, il existe de
nombreux cas oĂč les politiques europĂ©ennes sont
insuffisantes (notamment en ce qui concerne les
questions de déplacements forcés ou de peuples
indigĂšnes). Or, la BEI nâa pas de politique
environnementale ou sociale interne qui permette
de compenser cette lacune.
Alors que la BEI déclare se conformer aux
politiques de la Banque mondiale et dâautres
institutions financiĂšres internationales dans les
cas oĂč celles de lâUE ne sont pas adĂ©quates, aucun
mĂ©canisme ou expertise interne nâexiste en son
sein pour assurer la bonne application de ces
politiques. De plus, au contraire de la Banque
mondiale et de la Banque asiatique de
dĂ©veloppement, la BEI nâa pas de mĂ©canisme
indépendant permettant aux populations
affectées de façon négative par ses projets hors
Europe de déposer une plainte.
Dans sa « Déclaration relative aux questions
sociales » de 2004, la BEI déclarait que « les
questions relatives aux pratiques discriminatoires
(y compris en matiĂšre dâĂ©galitĂ© des sexes), aux
peuples indigÚnes, aux déplacements
involontaires et aux territoires contestés sont
prises en compte par la BEI dans le respect des
normes et des pratiques recommandées dans les
politiques de sauvegarde de la Banque mondiale,
de la Banque asiatique de développement (BAD) et
de la Banque africaine de développement (BafD)
»
17
. En ne disposant pas de ses propres procédures,
dâune expertise indĂ©pendante et dâune capacitĂ© Ă
Ă©valuer minutieusement les projets en interne, la
BEI accroĂźt les risques dâimpacts nĂ©gatifs causĂ©s
par ses financements.
Les projets financĂ©s par la BEI sont censĂ©s â⊠ĂȘtre
conformes aux politiques et aux normes de lâUE,
prendre en compte les conditions et les lois
locales, ĂȘtre conformes Ă la directive europĂ©enne
sur lâĂ©tude des impacts environnementaux,
adopter les « meilleures techniques disponibles »,
respecter des bonnes pratiques de gestion
environnementale durant la mise en place et le
déroulement du projet ; adhérer aux bonnes
pratiques environnementales au niveau
Enfants indonésiens
© Janneke Bruil.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
9
international »
18
. De plus, la Commission
européenne vérifie chaque année la conformité
des activités extra-européennes de la BEI avec les
politiques et les rĂšgles de lâUE, dans le cadre des
mandats du Conseil
19
. Les Ă©tudes de cas dans ce
rapport montrent pourtant clairement que les
normes de lâUE ne sont en rĂ©alitĂ© pas respectĂ©es,
et que les meilleures pratiques ne sont pas suivies.
Dans sa « Déclaration relative aux questions
sociales » de 2004, la BEI nous apprend quâelle âne
finance pas de projets susceptibles dâavoir des
impacts négatifs importants sur les plans
environnementaux ou sociaux, et prend en
compte les questions sociales dans le
financement »
20
. Cependant, il nây a aucun
mĂ©canisme dâĂ©valuation en place pour anticiper
les impacts environnementaux et sociaux ; le
principal indicateur utilisé par la BEI pour évaluer
un projet est le taux de retour sur investissement.
Qui plus est, la documentation gĂ©nĂ©rale relative Ă
lâĂ©valuation des impacts environnementaux et
sociaux, aux prévisions de réduction de la
pauvretĂ©, ou Ă dâautres outils identifiĂ©s dans la «
Déclaration relative aux questions sociales » de la
BEI, nâa pas Ă©tĂ© fournie aux ONG locales ou
internationales, ni aux populations civiles
concernĂ©es. Le dĂ©partement dâĂ©valuation des
opĂ©rations de la BEI nâanalyse quâune fraction des
projets financĂ©s, et ne permet pas lâaccĂšs Ă des
informations ponctuelles. Bien que la BEI soit
contrainte par son mandat
21
Ă prendre en compte
les questions sociales dans ses financements, ce
nâest quâen mars 2005 que le « Cadre dâĂ©valuation
des impacts de la FacilitĂ© dâinvestissement en
termes de développement»
22
a défini les principes
importants pour les financements de la BEI en
Afrique
23
. La mise en pratique de ces nouvelles
rĂšgles est malheureusement encore attendue.
Bien que la BEI soit une institution publique de
lâUnion europĂ©enne, elle reste lâune des moins
transparentes. Elle nâautorise pas le public Ă
accéder aux informations importantes relatives
aux projets (y compris sur son intention de
financer ou non un projet, les Ă©valuations
environnementales et sociales, et les mesures
quâelle compte prendre pour rĂ©duire les impacts
environnementaux et sociaux négatifs). Le fait que
les emprunteurs privés ou publics de la BEI
puissent décider si les informations relatives à un
projet peuvent ou non ĂȘtre rendues publiques
montre de quelle maniÚre la banque privilégie les
intĂ©rĂȘts de ses clients par rapport Ă ceux des
populations affectées. Cette approche dénigre
également le principe fondamental du « droit de
savoir » des citoyens. Sans un accÚs en temps
voulu aux informations relatives aux projets
financés, il est impossible pour les communautés
affectĂ©es et les ONG concernĂ©es dâĂȘtre consultĂ©es
de façon adéquate. Ce manque de transparence,
et le manque de participation du public qui en
résulte, a eu pour résultat un retard important de
la BEI par rapport aux autres institutions
financiÚres, et une indifférence aux populations
affectées par ses projets.
En 2005, la BEI a engagé une révision de sa
politique en matiĂšre dâinformation, en menant sa
premiĂšre consultation publique. Il existe
également un débat pour savoir si la BEI va se
conformer Ă la Convention dâAarhus sur lâaccĂšs aux
informations environnementales, la participation
citoyenne et la justice. Les résultats de ces deux
processus sont encore attendus.
Personnes qui seront affectées par
le barrage de Nam Theun 2 .
© Sebastian Godinot.
(7% du total), principalement en Zambie (voir
lâĂ©tude de cas), au Mozambique, en Mauritanie et
en Ouganda. En Afrique, câest le Mozambique qui a
reçu le plus de financements (317 millions dâeuros),
suivi par le Kenya et la Zambie (cf. tableau 4 en
annexe). La mise en place de la nouvelle Facilité
dâinvestissement de Cotonou (cf. encart page 11)
pourrait conduire Ă une nouvelle augmentation des
financements dans ce secteur.
GRAPHIQUE 1:
Total des financements ACP par
secteur (1994 - 2004)*
Les secteurs traditionnellement utiles en termes de
réduction de la pauvreté en Afrique, tels que
lâagriculture et lâagroalimentaire, nâont reçu quâun
faible soutien financier de la BEI dans les pays ACP
durant les 10 derniÚres années, avec
respectivement 1,5% et 3% du total (cf. tableau 3 en
annexe). Il est alarmant que les projets dans ces
deux derniers secteurs nâaient concernĂ© que des
produits destinés à une production industrielle
dâexportation (comme le sucre, les crevettes
dâaquaculture ou les plantations bananiĂšres), dont
les retombées pour les populations locales sont loin
dâĂȘtre dĂ©montrĂ©s.
10
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
2
EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX
SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
IDans 30 des 75 pays ACP oĂč la BEI a Ă©tĂ© active
durant les 10 derniĂšres annĂ©es, elle nâa financĂ©
aucun des secteurs prioritaires définis alors que,
dans de nombreux cas, les priorités locales établies
par lâUnion europĂ©enne et le pays emprunteur
étaient le renforcement des capacités
institutionnelles et la cohĂ©sion sociale. LâintĂ©rĂȘt de la
BEI pour les pays ACP a été principalement motivé
par le développement des industries commerciales,
telles que lâextraction de ressources fossiles.
Les prioritĂ©s de lâUnion europĂ©enne et les
financements de la BEI en Zambie
26
Le rĂŽle de la BEI en Zambie est un exemple parfait
de lâincohĂ©rence entre ses activitĂ©s et la politique
de coopĂ©ration de lâUE avec les pays ACP. En
Zambie, le développement des transports et des
capacités institutionnelles ont été identifiés
comme les prioritĂ©s de lâUE en matiĂšre de
coopération au développement pour la période
2001-2007
27
, formalisées dans le Document
StratĂ©gique Pays. Mais, plutĂŽt que dâorienter les
financements vers lâatteinte de ces objectifs, la
majorité des financements de la BEI depuis 2000
(environ 63 millions dâeuros) a Ă©tĂ© consacrĂ©e au
secteur des industries extractives.
Les activités locales de la BEI ont concerné la
construction et la mise Ă niveau des Ă©quipements
Ă©nergĂ©tiques (construction dâun olĂ©oduc et dâune
raffinerie de pĂ©trole, rĂ©novation dâĂ©quipements
hydroélectriques), le développement des mines de
cuivre (voir lâĂ©tude de cas), et la modernisation
dâusines de transformation pour le maĂŻs et le coton.
Aucun des prĂȘts accordĂ©s nâa, jusquâĂ prĂ©sent, pris
en compte le développement des transports, des
infrastructures, ou des institutions.
Alors que la Commission européenne a déboursé
1,1 milliard dâeuros sous la forme dâune « assistance
au développement » à la Zambie depuis 1975, et
que la BEI est censée contribuer à ce financement,
le manque de cohérence est évident.
Durant les 10 derniÚres années, les industries
extractives ont figuré parmi les secteurs les plus
financĂ©s par la Banque europĂ©enne dâinvestissement
dans les pays ACP (cf. tableau 3 en annexe), avec
16% (soit 772 millions dâeuros) du montant total des
financements dans la région (4,594 milliards
dâeuros).
La plupart des projets financés dans le
domaine de lâextraction Ă©taient de grande Ă©chelle
et Ă gros capital, notamment dans le secteur minier
La BEI opĂšre dans les
pays dâAfrique, des
CaraĂŻbes et du
Pacifique dans le cadre
de la stratégie
europĂ©enne de lâAccord
de Cotonou
24
, dont
lâobjectif principal est
lâĂ©radication de la
pauvreté et la
promotion du
développement
durable. La BEI Ă©tant
légalement tenue de
respecter ces priorités
pour ses financements
Ă ces pays, câest dans
cet esprit quâelle a Ă©tĂ©
mandatĂ©e par lâUE
pour gérer le Fonds
européen de
développement (FED),
dont le montant
consĂ©quent sâĂ©levait Ă
13,5 milliards dâeuros
en 2004 (cf. tableau 2
en annexe). Ce fonds
est lâoutil de
coopération financiÚre
pour lâapplication des
accords UE-ACP. La BEI
lâadministre soit de
façon directe, soit par
le biais dâopĂ©rations de
capital-risque (prĂȘts
concessionnels aux
conditions spéciales) et
de prĂȘts Ă taux
d'intĂ©rĂȘts bonifiĂ©s
25
.
tourisme 1.5%
agriculture 1.5%
eau 5%
prĂȘts globaux 32%
energie 27%
autres 11%
pétrole 4%
gas naturelle 5%
lâextraction
miniĂšre 7%
industrie 15%
transports 12%
communication 5%
*Source:
l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts de la
Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) dans le cadre du Cotonou
et ALA. (Numéro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).
© Elaine Gilligan
Delta du Niger, 2004
© Elaine Gilligan.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
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11
La nouvelle FacilitĂ© dâinvestissement de Cotonou
La FacilitĂ© dâinvestissement (FI) de la BEI a dĂ©butĂ©
en juin 2003, dans le but dâaccroĂźtre les
investissements européens dans les pays ACP. Une
attention particuliÚre a été accordée au soutien du
secteur privé, en particulier les petites et
moyennes entreprises (PME). Il est prévu que la FI
permette de mobiliser 2,2 milliards dâeuros sur les
fonds budgétaires européens entre 2003 et 2008,
par le biais du Fonds européen de développement
et sous la responsabilité de la BEI. La BEI est censée
mettre simultanément à disposition 1,7 milliard
dâeuros sur ses ressources propres. En 2004, la FI a
bénéficié de presque 70% du budget de 500
millions dâeuros destinĂ© aux pays ACP et Ă lâAfrique
du Sud
28
. Ses premiers financements ont été
accordés à de grandes entreprises européennes ou
locales. Câest le cas du rĂ©cent prĂȘt pour la mine de
cuivre de Kansanshi en Zambie (voir lâĂ©tude de cas
p. 14), et dâun autre prĂȘt de 40 millions dâeuros
pour la mine de titane de Moma en Mozambique.
Selon la Revue des Industries Extractives de 2003
29
(RIE), les 20 années de financement du secteur des
industries extractives par la Banque mondiale
nâont eu aucun effet positif en termes de
réduction de la pauvreté et de promotion du
développement durable dans les pays du Sud
riches en combustibles fossiles et en minerais.
LâĂ©tude prĂ©conise que le soutien de la Banque
mondiale à des projets pétroliers et de charbon
soit progressivement arrĂȘtĂ© dâici 2008, et que les
conditions de financement des futurs projets dans
lâindustrie extractive incluent entre autres le
respect des droits humains, un consentement
libre, éclairé et préalable, la transparence des
revenus, et le respect des zones protégées dans les
régions à forte biodiversité ou ayant une valeur
spirituelle particuliĂšre.
En mars 2004, le Parlement
europĂ©en a adoptĂ© une rĂ©solution appelant la BEI Ă
se conformer aux conclusions de la Revue des
Industries Extractives
30
.
La BEI, qui nâa pas encore mis en pratique ces
recommandations, est mĂȘme aujourdâhui en cours
de rĂ©flexion pour le financement dâun projet en
Afrique de lâOuest qui va clairement Ă lâencontre
de la RIE. Le gazoduc ouest-africain (GAO), qui part
du Nigeria et traverse le BĂ©nin et le Togo pour
dĂ©livrer du gaz aux industries du Ghana, est dĂ©jĂ
lâobjet dâune controverse dans la rĂ©gion
31
. Les
promoteurs du projet assurent que le GAO
permettra de diminuer le dangereux torchage du
gaz au Nigeria, sans quâaucune preuve nâen ait
encore été apportée. Les nouvelles lois nigérianes
interdisent de toute façon le torchage, et la Haute
Cour fédérale a déclaré en novembre 2005 que
toute poursuite de cette activité était illégale. Plus
généralement, il y a des raisons de craindre que le
projet exacerbe les conflits dans le delta du Niger
liés au partage du pétrole et du gaz. De plus, le
gaz délivré au Ghana grùce au GAO sera utilisé
pour soutenir des industries qui ne satisfont pas
aux besoins énergétiques de la population locale
(telle que lâextraction de lâor), et qui ne sont pas
compatibles avec les rĂšgles de lâUE en matiĂšre
dâindustrie durable. Le GAO a dĂ©jĂ contredit les
recommandations de la RIE en matiĂšre de
consultation publique, de compensations, de
procédures de plainte et de transparence, néglige
les normes de lâUE dans ces domaines, et
nâapporte clairement aucun avantage aux
communautés affectées.
Durant les 10 derniÚres années, les financements
liĂ©s lâapprovisionnement en eau et Ă
lâassainissement (un secteur potentiellement
bénéfique en termes de réduction de la pauvreté)
nâont reprĂ©sentĂ© que 5% du total des
financements de la BEI dans les pays ACP
32
(principalement au Swaziland, au Burkina Faso et
au SĂ©nĂ©gal), les projets dâeau potable ne
reprĂ©sentant quâ1% du total (cf. tableau 3 en
annexe). Cependant, ce montant est censé
augmenter en Afrique Ă partir de 2005, dans le
cadre de la nouvelle « Facilité pour le secteur de
lâeau » entre lâUE et les pays ACP. Dans le mĂȘme
temps, cette Facilité, couplée à la Facilité
dâinvestissement de Cotonou, amĂšnera une
concentration quasi-exclusive des prĂȘts de la BEI
vers le secteur privé dans les pays ACP. A titre
dâexemple, pratiquement 80 % des financements
de la BEI dans la zone ACP et en Afrique du Sud
ont bénéficié au secteur privé ou au secteur public
commercial durant le premier trimestre 2004,
souvent pour soutenir le secteur énergétique et
promouvoir la privatisation des infrastructures dâeau.
Bien que la BEI ait partiellement reconnu que le
modÚle des partenariats public-privé avait subi
des Ă©checs
33
, elle nâa pas changĂ© ses habitudes de
financement dans ce secteur. Dans le cadre de la
nouvelle FacilitĂ© dâinvestissement, les projets dans
le domaine de lâeau seront principalement
orientés vers le secteur privé plutÎt que vers les
compagnies publiques, et ne proposeront plus de
taux d'intĂ©rĂȘts bonifiĂ©s.
12
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
2
EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX
SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les prĂȘts globaux
(prĂȘts Ă des intermĂ©diaires financiers) ont
constitué 32% du total des financements de la BEI
aux pays ACP. Aucune donnée sur les bénéficiaires
finaux de ces prĂȘts nâayant Ă©tĂ© fournie par la BEI
ou les intermédiaires, une analyse détaillée est
donc impossible.
Lâhistoire du secteur pĂ©trolier en Afrique de lâOuest
a engendré la corruption, des conflits armés, des
violations des droits de lâhomme, et des
dégradations environnementales.
La dépendance
excessive vis-à -vis des capitaux étrangers, liée aux
activités dans le domaine extractif, est un
problĂšme majeur. Il doit ĂȘtre pris en compte dĂšs
quâest envisagĂ© un soutien financier en Afrique
destiné à réduire la pauvreté ou la dette
extérieure.
Dans le cadre de lâAccord de Cotonou,
la BEI a la possibilitĂ© de prĂȘter Ă des pays ACP, et
dâĂȘtre remboursĂ©e en monnaie locale. Si cela peut
aider Ă protĂ©ger les pays dâune crise financiĂšre due
à une dépendance démesurée vis-à -vis des devises
étrangÚres, les cas étudiés dans ce rapport
montrent malheureusement que ce systĂšme nâa
pas été favorisé par la BEI.
Malgré des appels internationaux à respecter les
Objectifs du Millénaire pour le Développement,
lâallocation dâune partie des dĂ©penses bilatĂ©rales
aux besoins de base (tels que lâaccĂšs Ă lâeau et Ă
lâassainissement, la santĂ© et lâĂ©ducation) nâa Ă©tĂ©
approuvée ni au Tchad, ni au Cameroun, ni en
Zambie. Le cas des financements de la BEI est
similaire : entre 1994 et 2004, la banque a alloué
un total de 205,7 millions dâeuros Ă la Zambie,
dont plus de la moitié pour les secteurs de
lâĂ©nergie Ă grande Ă©chelle et lâindustrie miniĂšre
(cf. lâĂ©tude de cas en Zambie p. 14). Les mines
de Mkubwa, Kansanshi et Mopani sont des
exemples clairs du manque de cohérence avec les
meilleures pratiques internationales, y compris les
Principes directeurs de lâOCDE Ă lâintention des
entreprises multinationales
34
.
Dans les cas de lâolĂ©oduc Tchad-Cameroun et des
mines en Zambie, la BEI nâa mis en place aucun
organe indépendant de suivi. Avec un total de 144
millions dâeuros, le projet Tchad-Cameroun est le
plus grand projet financé par la BEI dans les pays
ACP (cf. lâĂ©tude de cas Tchad-Cameroun p. 16). Il
représente en réalité 4% du total des dépenses de la
BEI dans la zone ACP durant ces 10 derniĂšres
annĂ©es. Ce cas illustre clairement lâĂ©chec de la
banque à assurer la cohérence de ses financements
avec ses objectifs affichés de réduction de la
pauvreté et de promotion du développement
durable. Le manque de suivi rĂ©el et dâĂ©valuation,
ainsi que les problĂšmes du projet en matiĂšre de
santĂ© publique, dâenvironnement et de droits des
peuples indigĂšnes, exigent une attention urgente
de la part de la BEI.
Si la BEI déclare que les évaluations
environnementales des projets incluent une
analyse de leurs effets attendus en termes de
réduction de la pauvreté
35
, dans le cas de lâolĂ©oduc
Tchad-Cameroun, elle nâa fourni aucune
information permettant de vĂ©rifier quâune
évaluation a bien été menée. Il est également clair
que les activitĂ©s miniĂšres en Zambie nâont aucun
impact bénéfique localement. Ces études de
cas amĂšnent Ă la conclusion quâaucun de ces
projets nâa jamais eu dâeffets positifs en termes
de développement.
Sans preuve concrĂšte du contraire, il ne peut ĂȘtre
soutenu que les financements de la BEI en Zambie,
au Tchad et au Cameroun ont contribué à atteindre
les objectifs de lâUE en matiĂšre de rĂ©duction de la
pauvreté et de développement durable. Il est donc
urgent pour la Commission européenne et le
Parlement européen de contrÎler plus strictement
les activitĂ©s de la BEI dans ces pays, et dâen assurer
la cohĂ©rence avec les objectifs dâun dĂ©veloppement
sur le long terme.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
13
La stratégie de la BEI dans le domaine des
énergies renouvelables : la polémique concernant
la prise en compte des grands barrages
Au Sommet de la Terre de Johannesburg en 2002,
la BEI a dĂ©clarĂ© que les objectifs de lâUnion
européenne en matiÚre de changement
climatique seraient intégrés à ses politiques, et
mis en pratique. Elle a par la suite défini comme
objectif que 50 % des ses financements
énergétiques européens seraient orientés vers les
Ă©nergies renouvelables et lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique
dâici 2010
36
. Bien que cet engagement ne
concernait que lâEurope et les pays candidats Ă
lâadhĂ©sion, il est intĂ©ressant de noter quâun seul
projet dâĂ©nergies renouvelables a Ă©tĂ© financĂ© en
Afrique durant les 10 derniÚres années, à savoir
une centrale géothermique (et les lignes et relais
électriques associés) à Nairobi. Bien que la BEI
dĂ©clare avoir financĂ© 24 projets dâĂ©nergies
renouvelables hors de lâEurope durant les 10
derniÚres années
37
, cela fait principalement
rĂ©fĂ©rence Ă la construction , lâagrandissement et la
rénovation de grands barrages, trÚs controversés
pour leur non-conformité avec les
recommandations de la Commission Mondiale
des Barrages, qui de ce fait ne sont généralement
pas considérés comme produisant une énergie «
renouvelable » durable
38
. Le total des
financements de grands barrages en Afrique
reprĂ©sente 8% des prĂȘts aux pays ACP ces 10
derniÚres années (voir tableau 3 en annexe).
Fuite de pétrole sur une exploitation
Shell (Rukpoku, Nigeria)
© Elaine Gilligan.
Les grands barrages hydrauliques financés en
Afrique depuis les années 1960 comprennent le
Lesotho Highlands Water Project (barrage de
Muela en 1994 et 1998), les usines de Kariba
North et des chutes Victoria en Zambie (1998),
ainsi que des barrages au Mali (Ă©quipements
électromécaniques pour le barrage de Manantali
en 1998), au Ghana (réhabilitation du barrage
dâAkosombo en 1990), en Tanzanie (barrage de
Kihansi en 1994) et en Afrique du Sud (barrage de
Berg en 2004).
En 1998, la BEI a octroyĂ© un prĂȘt de plus de 20
millions dâeuros pour lâusine hydroĂ©lectrique des
chutes Victoria en Zambie. Le projet Ă©tait destinĂ© Ă
remettre à niveau les équipements, et à améliorer la
qualitĂ© de lâusine. Cependant, une Ă©valuation menĂ©e
par lâONG zambienne Citizens for a Better
Environment
39
démontre que ce projet présente
maintenant des problĂšmes environnementaux
importants. Des polycarbonates (PCB), des huiles
contaminées, ainsi que des équipements remplacés
grùce aux financements de la BEI, ont été
débarrassés sans que leur destination finale ne soit
prévue, et sans aucune méthode de suivi continu par
la BEI ou la Commission européenne. Ce
comportement viole le principe de précaution qui est
énoncé dans le Traité de la Communauté européenne
(article 174), ainsi que les principes selon lesquels des
actions prĂ©ventives doivent ĂȘtre prises et les
dommages environnementaux réparés à la source
aux frais du pollueur. La BEI a promis de respecter ce
principe dans sa DĂ©claration sur lâenvironnement de
2004, mais ne lâa pas mis en pratique.
2
14
| AU BĂNĂFICE DE QUI?
EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX
SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
ZAMBIE
A gauche : Enfants zambiens
en train de jouer dans la riviĂšre
Munkulungwe. La couleur
bleu-vert est due Ă une forte
concentration en cuivre du fait
de la pollution par la mine de
Bwana Mkubwa, financée par
la BEI. Ci-dessus : un canal
dâĂ©vacuation de lâusine de
Mufurila, Ă la mine de cuivre
de Mopani. Les familles du
village de Kankoyo dépendent
de cette contaminée pour leur
vie quotidienne.
© Woody Simbeye
et Peter Sinkamba.
ETUDE DE CAS PAR PETER SINKAMBA (CITIZENS FOR A BETTER ENVIRONMENT, ZAMBIE)
LâEXTRACTION MINIĂRE EN
ACCĂS Ă LâINFORMATION
LâaccĂšs des ONG locales (mĂȘme celles soutenues
par le Parlement européen) à la documentation
sur les projets financés par la BEI a été restreint du
fait de la lourdeur de la bureaucratie zambienne,
ainsi que des restrictions imposées par la BEI pour
répondre aux questions et rendre publiques les
informations pour les mines de cuivre de Mkubwa
et de Kansanshi. De ce fait, ces projets miniers
nâont pu ĂȘtre correctement Ă©valuĂ©s dans le cadre
du rapport pour le Parlement européen.
CONCLUSION
Il y a peu dâĂ©lĂ©ments prouvant que les
financements de la BEI en Zambie ont contribué
positivement aux objectifs sanitaires (notamment
la lutte contre le VIH) ou au développement de
lâĂ©ducation, comme mis en avant dans le
Document Stratégique Pays (Country Strategic
Paper). Il nây a pas eu de dĂ©veloppement local, et
les rares effets positifs ont été largement annulés
par les négatifs. Les porteurs des projets ont en
particulier échoué dans la mise en place de fonds
de partage des bénéfices pour les communautés,
ou toute autre mesure qui permettrait aux
populations locales de bénéficier directement et
significativement des retombées des projets. Qui
plus est, lâaccent nâa pas Ă©tĂ© mis sur la promotion
des Ă©nergies renouvelables.
Les activités de financements de la BEI dans le
secteur minier en Zambie servent lâintĂ©rĂȘt du
secteur commercial, mais nĂ©gligent les intĂ©rĂȘts de
la population dans son ensemble. Du fait de
lâabsence dâobjectifs environnementaux, sociaux
et Ă©conomiques clairs, dâindicateurs fiables et
transparents et de mesures de suivi et
dâĂ©valuation des projets financĂ©s par la BEI, il est Ă
craindre que les objectifs de réduction de la
pauvreté et de développement durable restent
trĂšs difficiles Ă atteindre.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
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15
La mine de Bwana
Mkubwa, située sur la «
ceinture de cuivre » de
la Zambie, est gérée par
la compagnie australo-
canadienne First
Quantum. Dans le cadre
de la Convention de
Lomé, la BEI a accordé
un prĂȘt de 14 millions
dâeuros en aoĂ»t 2002 Ă
Bwana Mkubwa Mining
Ltd, afin dâagrandir une
usine de production de
cuivre déjà existante.
Une autre somme de 34
millions dâeuros a Ă©tĂ©
empruntée dans le
cadre de la Facilité
d'investissement (FI) de
l'Accord de Cotonou
pour la mine de cuivre
de Kansanshi dans la
Province du Nord-ouest,
également gérée par
First Quantum, et oĂč il
est prévu de démarrer
une mine Ă ciel ouvert.
Les fonds alloués à la
mine de Mopani ont
financé la
reconstruction et la
modernisation de la
fonderie, ainsi que la
rĂ©novation des mĂȘmes
infrastructures Ă la
mine de Mufurila, sur la
ceinture de cuivre. La
mine de cuivre de
Mopani est gérée en
partenariat entre
Glencore (Suisse) et, de
nouveau, First
Quantum. La BEI lâa
financĂ©e en 2005 Ă
hauteur de 50 millions
dâeuros.
PROBLĂMES ENVIRONNEMENTAUX,
SOCIAUX ET ĂCONOMIQUES
Les normes de lâUnion europĂ©enne ainsi que la
lĂ©gislation zambienne exigent une Ă©tude dâimpact
environnemental (EIE) pour tout projet minier.
Pourtant, dans le cas de la mine de Bwana
Mkubwa, aucune Ă©tude nâa Ă©tĂ© effectuĂ©e avant
lâaccord de la BEI. Ce nâest quâen fĂ©vrier 2004 quâun
plan de gestion environnementale a été mis en
place et approuvé, soit presque deux ans aprÚs le
versement des fonds.
Les substances acides, les mĂ©thodes dâextraction
Ă©lectrique et les lessiveuses de minerai de la mine
de Bwana Mkubwa ont causé une pollution
majeure de lâair et de lâeau au niveau local. La
contamination de la riviĂšre Munkulungwe par les
lixiviats a eu des conséquences significatives pour
les communautés agricoles de Munkulungwe et
Mutalula, alors que les activités polluantes sont
une infraction à la législation zambienne
40
. Les
récoltes ont chuté et la population locale subit la
dégradation de son environnement et des
infrastructures, notamment des routes et dâun
pont. La communauté concernée a intenté un
procĂšs Ă la compagnie gestionnaire de la mine de
Bwana Mkubwa ; la procédure est en cours.
En 2005, des opérations de lessivage in-situ à la
mine de Mufurila ont polluĂ© les nappes dâeau
souterraines, ce qui a entraßné la coupure du
rĂ©seau dâeau domestique. Certaines communautĂ©s
locales ont ainsi passé plusieurs semaines sans
eau aux robinets.
Un canal dâĂ©vacuation de
lâusine de Mufurila, aux mines
de cuivre de Mopani. Les
familles du village de Kankoyo
dépendent de cette eau
polluée pour leur vie
quotidienne domestique. La
couleur bleu-vert est due au
sulphate de cuivre, ce qui
indique que lâeau contient de
grosses quantités de cuivre.
© Woody Simbeye
et Peter Sinkamba.
2
EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX
SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
TCHAD-
CAMEROUN
Enfants pygmées, Cameroun.
© Frédéric Castell.
ETUDE DE CAS
PAR KORINNA HORTA (ENVIRONNEMENTAL DEFENSE)
LE PROJET DâOLĂODUC
16
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AU BĂNĂFICE DE QUI?
Le projet dâolĂ©oduc
reliant le sud du Tchad
Ă la cĂŽte atlantique du
Cameroun, sur une
longueur de 1070 km,
constitue le plus gros
investissement
international jamais
réalisé en Afrique
Ă ce jour.
Bien que sa construction
ait Ă©tĂ© achevĂ©e plus dâun
an avant la date prévue,
le retard important pris
dans la mise en place
des mesures de
réduction des impacts
sociaux et
environnementaux
menace de nuire aux
objectifs du projet en
termes de réduction de
la pauvreté. Les services
de la Banque mondiale
responsables de
lâĂ©valuation des projets
41
et le Panel dâinspection
ont signalé de nombreux
problÚmes liés au projet,
ainsi que des cas sérieux
de violations des
Politiques de la Banque
(notamment en ce qui
concerne lâĂ©tude des
impacts
environnementaux et la
santé publique).
RĂLE DE LA BEI ET DES AUTRES PARTENAIRES
FINANCIERS
La participation de la Banque mondiale au projet
Ă©tait la condition sine qua non pour que le
consortium Exxon-Mobil sâengage dans ce projet,
dâun montant total de 3,7 milliards de dollars. La
BEI a Ă©galement accordĂ© des prĂȘts en 2001 Ă
Chevron (34 millions) et Ă Exxon (54 millions), en
plus de ceux accordés aux gouvernements du
Tchad et du Cameroun (respectivement 35,7
millions dâeuros et 20,3 millions dâeuros).
THE PROMISE
La Banque mondiale sâest engagĂ©e Ă ce que le
projet Tchad-Cameroun soit basé sur une politique
inédite de redistribution des bénéfices du pétrole
aux populations pauvres
42
. La BEI a Ă©galement
déclaré que le projet permettrait la réduction de la
pauvreté et le développement économique dans
les deux pays
43
.
PARTAGE DES BĂNĂFICES ET BONNE
GOUVERNANCE
Selon le rapport annuel-pays sur les droits
humains du DĂ©partement dâEtat amĂ©ricain et
lâindice de perception de la corruption de
Transparency International, le Tchad et le
Cameroun sont tous deux des régimes
dictatoriaux réputés pour le non-respect des
droits de lâhomme et la corruption. Il est pourtant
prévu que le projet génÚre entre 2 et 3 milliards de
dollars pour le Tchad durant ses 28 années de
fonctionnement, et 550 millions pour le
Cameroun. La situation est devenue gĂȘnante en
janvier 2001, lorsque le fait que le Tchad avait
utilisé une partie des 25 millions de dollars versés
par le consortium pĂ©trolier (au titre dâun bonus)
pour acheter des armes a été rendu public.
Le Tchad aussi bien que le Cameroun ont occupé
durant de nombreuses annĂ©es la tĂȘte du
classement des indices de corruption de
Transparency International
44
. Les banques nâont
pourtant pas exigĂ© dâengagements en matiĂšre de
transparence de la gestion des revenus au
Cameroun. Dans le cas du Tchad, la Banque
mondiale a exigĂ© lâadoption dâune loi sur la
gestion des revenus, ainsi que la mise en place
dâun comitĂ© de surveillance chargĂ© dâautoriser les
dépenses
45
. Mais ce systÚme censé assurer une
gestion transparente fait désormais partie du
passé, le gouvernement tchadien ayant en effet
annoncé en octobre 2005 une modification
substantielle de la législation afin de permettre les
dĂ©penses liĂ©es Ă la sĂ©curitĂ©. Le fonds dâĂ©pargne
pour les générations futures qui avait été mis en
place en prĂ©vision de lâĂ©puisement des rĂ©serves de
pétrole a également été annulé
46
.
SANTĂ PUBLIQUE
De mauvaises conditions sanitaires, des migrations
de plus en plus importantes des travailleurs, ainsi
que le développement de la prostitution ont
conduit au développement des épidémies, dont le
VIH et le sida. Il est particuliÚrement dérangeant
de constater que le projet nâa pas mieux pris en
compte la dimension sanitaire, quant on connaĂźt
lâampleur des problĂšmes posĂ©s par ces deux
derniĂšres Ă©pidĂ©mies en Afrique, et alors quâon
connaßt leur corrélation avec les grands projets
dâinfrastructure.
LâENVIRONNEMENT
Les impacts actuels de lâolĂ©oduc sur la biodiversitĂ©
et la vie sauvage ont de quoi faire penser que les
aspects environnementaux nâont pas Ă©tĂ© bien
suffisamment pris en compte. Les Ă©tudes de la
Banque mondiale montrent que le projet a facilité
lâaccĂšs Ă des zones isolĂ©es, ce qui constitue une
menace sérieuse pour les gorilles et les
chimpanzés en voie de disparition. Les partenaires
ont cherché à compenser les atteintes à la
biodiversitĂ© le long de lâolĂ©oduc en mettant en
place deux zones protégées, à savoir les parcs
nationaux de Campo Maâan et de Mbam-Djerem.
Mais les financements nécessaires à leur gestion
nâont pas Ă©tĂ© versĂ©s, et leur utilitĂ© est dĂ©sormais
remise en question. Les Ă©ventuelles fuites de
pétrole ainsi que le traitement des effluents au
terminal de dépÎt menacent la vie marine et la
pĂȘche, alors que les communautĂ©s du littoral
nâont pas Ă©tĂ© correctement informĂ©es de la
conduite Ă tenir en cas dâurgence. Une pollution
importante par la poussiĂšre sâajoute encore aux
problĂšmes sanitaires, tandis que la mauvaise
gestion des déchets pétroliers et des liquides de
forage menacent les rĂ©serves dâeau souterraines
dans la rĂ©gion dâextraction.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
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Enfants pygmées, Cameroun.
© Frédéric Castell.
3
18
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AU BĂNĂFICE DE QUI?
2
EN AFRIQUE, UN SOUTIEN PRIORITAIRE AUX
SECTEURS DU PĂTROLE, DES MINES ET DU GAZ
PEUPLES INDIGĂNES
La BEI nâa aucune politique en matiĂšre de
protection des peuples indigĂšnes. Dans le cas du
Cameroun, les engagements de la Banque
mondiale en ce domaine exigent quâun
programme participatif de prise en compte des
peuples autochtones soit mis en place. La Banque
nâa cependant pas satisfait Ă ses propres
exigences, et le peuple semi-nomade des pygmées
Bakola, dont les domaines forestiers traditionnels
sont situés dans la partie méridionale de
lâolĂ©oduc, nâa pas Ă©tĂ© consultĂ©. Ce plan de prise en
compte des peuples indigÚnes ne résout donc pas
la question primordiale de la sécurité fonciÚre,
dont dépend la survie des Bakola. En outre, rien
nâindique que la BEI a pris des mesures pour
remédier à ce problÚme.
PARTICIPATION DU PUBLIC
Le Panel dâinspection de la Banque mondiale a
conclu quâune « consultation rĂ©elle est impossible
si ceux qui sont consultĂ©s considĂšrent quâils
pourraient ĂȘtre pĂ©nalisĂ©s en exprimant leur
opposition ou leurs opinions sur un projet financé
par la Banque »
47
. Selon Amnesty International, les
forces de sécurité tchadiennes ont commis des
massacres dâampleur de civils dĂ©sarmĂ©s dans la
rĂ©gion dâextraction pĂ©troliĂšre Ă la fin des annĂ©es
1990, durant la phase de préparation intensive du
projet
48
. Les intimidations et les menaces envers
les villageois sont restées fréquentes depuis.
Comme expliqué ci-dessus, une consultation réelle
nâest donc pas possible dans de telles conditions.
La BEI déclare pourtant que « la mise en place de
compensations a Ă©tĂ© lâobjet dâintenses discussions
au niveau local et régional, notamment avec les
ONG nationales et internationales »
49
.
PĂTROLE ET DĂVELOPPEMENT RĂGIONAL
Un plan de développement régional était censé
prendre en compte les questions de la santé, de
lâĂ©nergie, du logement et de lâaccĂšs Ă lâeau dans le
sud du Tchad. Pourtant, cinq ans aprĂšs
lâapprobation du projet, ce plan nâa toujours pas
abouti. Les problÚmes causés (dont une crise
sanitaire majeure) nâont par consĂ©quent toujours
pas été résolus.
CONCLUSION
En plus de la pression exercée par la société civile
sur les deux gouvernements pour que les revenus
du pétrole (dans le cas du Tchad) ou le paiement de
droits (dans le cas du Cameroun) bénéficient
effectivement aux plus pauvres, des mesures
doivent ĂȘtre prises au plus vite pour rĂ©soudre les
problÚmes environnementaux et sociaux générés
par le projet. La situation sanitaire, le plan de
développement régional au Tchad, et le
programme pour les peuples indigĂšnes au
Cameroun requiĂšrent tous une attention urgente,
ainsi que les questions des compensations et des
impacts environnementaux, qui restent toujours
en suspend. La BEI se contente de sâen remettre
aux mĂ©thodes de suivi et dâĂ©valuation de la
Banque mondiale, qui se sont pourtant révélées
inefficaces. Sans action rapide, le projet Tchad-
Cameroun ajoutera un chapitre au livre tragique de
lâhistoire de lâexploitation des ressources naturelles
en Afrique.
Post-scriptum : la Banque mondiale a suspendu le
versement des fonds en janvier 2006 aprĂšs que le
gouvernement tchadien a fait part de son
intention dâutiliser les fonds du pĂ©trole pour des
achats dâarmements, ce qui constitue une violation
majeure du contrat et de la Convention de
Cotonou. La BEI nâa pas encore rĂ©agi.
Village pygmée, Cameroun.
© Frédéric Castell.
Habitation pygmée,
Cameroun
© Frédéric Castell.
© CED/ Amis de la Terre
Cameroun.
3
AU BĂNĂFICE DE QUI?
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19
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
A ce jour, le seul cadre juridique des objectifs de
développement de la BEI dans le cadre du mandat
de lâUE en AmĂ©rique latine et en Asie consiste Ă
exiger que les prĂȘts soient accordĂ©s « dans
lâintĂ©rĂȘt mutuel de lâUE et du pays emprunteur, ou
du pays oĂč le projet doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© »
50
. Les cas
prĂ©sentĂ©s ci-aprĂšs, ainsi quâun aperçu gĂ©nĂ©ral de
tous les prĂȘts de la BEI en AmĂ©rique latine ces dix
derniÚres années
51
, montrent clairement que la BEI
a interprĂ©tĂ© « lâintĂ©rĂȘt mutuel » dans le sens de la
croissance Ă©conomique et du dĂ©veloppement dâun
marchĂ© extĂ©rieur et dâune zone dâinvestissement
pour les entreprises de lâUE.
En lâabsence dâune dĂ©finition claire par le Conseil
de ce que signifie rĂ©ellement lâ« intĂ©rĂȘt mutuel »,
la BEI a dĂ©clarĂ© que lâobjectif est atteint lorsque
les projets
52
:
>
Sont conduits par des filiales dâentreprises
européennes ;
>
Sont conduits dans le cadre de partenariats
entre des entreprises européennes et locales ;
>
Sont conduits par des entreprises privées qui
ont des concessions pour lâinvestissement et la
gestion des services publics ;
>
Facilitent le transfert de la technologie
européenne ;
>
Facilitent la mise en valeur des objectifs de
lâaccord de coopĂ©ration de lâUE.
Cette approche est incompatible avec les priorités
officielles de lâUE dans les rĂ©gions dĂ©finies par les
réglementations du Conseil, et ne dessert pas
lâintĂ©rĂȘt des plus pauvres
53
.
GRAPHIQUE 2:
RĂ©partition des prĂȘts entre secteur
public et privé en Amérique Latine (1994 - 2004)*
GRAPHIQUE 3:
Financements octroyés par la BEI en
Amérique Latine et par secteur (1994 - 2004)*
Le mandat de la BEI en
Asie et en Amérique
latine (AAL) date de
1993. Jusquâici, 65% du
montant total attribué
par le mandat relatif Ă
la garantie de lâUE a
été alloué à des projets
en Amérique latine,
contre 35% pour lâAsie.
En 2004, le total des
financements de la BEI
pour des projets dans
les pays AAL sâest
monté à 232,9 millions
dâeuros, dont plus de la
moitié pour trois
projets en Amérique
latine. Ces derniers
étaient concentrés
dans des secteurs Ă
haute valeur
capitalistique, Ă savoir
une usine dâacier au
Brésil, une usine
Volkswagen au
Mexique, et un pont-
canal au Panama.
Des habitants du district
dâIzcalli dans la zone centrale
dâEcatapec (Etat de Mexico,
Vallée de Cuautitlan-Texcoco)
se sont plaints de la
dégradation des routes causée
par le réseau de gaz naturel
construit par lâentreprise
Mexigas.
© Journal El Universal
(Mexique) â Archives
photographiques /
photographe : Luis Garcia Soto.
*Source:
l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts
de la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (Numéro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).
transports 3%
agriculture 2%
eau 6%
industrie 29%
energie 25%
télécommunications 17%
prĂȘts globaux 15%
infrastructures 3%
*Source:
l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts
de la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (Numéro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).
public 6%
privé 94%
© Magda Stoczkiewicz
20
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AU BĂNĂFICE DE QUI?
3
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
Etant donnĂ©e lâapproche adoptĂ©e, on comprend
comment le secteur privé a été privilégié par la BEI
en Amérique latine, tout comme en Afrique.
Plus de
90% des prĂȘts en AmĂ©rique latine depuis 1993 ont
Ă©tĂ© accordĂ©s Ă des filiales dâentreprises europĂ©ennes
ou de grosses entreprises multinationales. Gaz de
France, Respsol, British Gas et Shell ont ainsi reçu des
millions dâeuros sous la forme de contrats dans les
secteurs du pétrole et du gaz.
Les compagnies privées locales ont reçu
approximativement 2% des financements de la BEI
à des projets individuels en Amérique latine.
Durant les 10 derniĂšres annĂ©es, les « prĂȘts globaux
» (prĂȘts Ă des intermĂ©diaires financiers) ont
représenté 14,5 % des financements totaux de la
BEI aux pays AAL. De mĂȘme quâen Afrique, un
manque de données sur les bénéficiaires finaux de
ces prĂȘts rend impossible une analyse plus poussĂ©e.
Le principal bĂ©nĂ©ficiaire des prĂȘts de la BEI en
Amérique latine dans les 10 derniÚres années a
été le secteur industriel (cf. le graphique ci-
dessous). Une analyse détaillée par sous-secteur
montre que comme en Afrique, on trouve en tĂȘte
de liste le secteur de lâindustrie extractive, et en
particulier le gaz comme source dâĂ©nergie et
dâĂ©lectricitĂ©, avec 17% du total rĂ©gional (voir le
tableau en annexe 7). Les cas présentés dans ce
rapport et qui concernent le pétrole, le gaz ou des
projets miniers indiquent Ă quel point ces
investissements dans le secteur énergétique sont
directement orientés vers la satisfaction des
besoins dâexportations des entreprises de lâUE, et
non vers la construction et lâamĂ©lioration des
infrastructures locales, comme les réseaux
dâĂ©lectricitĂ© et de transports locaux.
Dâune façon
gĂ©nĂ©rale, les projets Ă©nergĂ©tiques nâont reçu de
fonds que sâils entraĂźnaient directement une
expansion de la capacité du pays à fournir des
biens industriels, de lâĂ©nergie pour les marchĂ©s
extĂ©rieurs, ou sâils favorisaient les exportations des
entreprises européennes.
Cela a Ă©tĂ© le cas pour le prĂȘt de 35,6 millions
dâeuros accordĂ© par la BEI Ă la SIEPAC (SystĂšme
dâinterconnection Ă©lectrique des pays dâAmĂ©rique
centrale) en 2003, par lâintermĂ©diaire de la Banque
centre-amĂ©ricaine dâintĂ©gration Ă©conomique
(CABEI), en complĂ©ment dâautres financements de
banques multilatérales tels que la Banque
mondiale et la Banque interaméricaine de
dĂ©veloppement. Ce projet sâinscrit dans le cadre
du trÚs controversé plan Puebla Panama, accusé
dâexploiter une main-dâ?uvre bon marchĂ©, de crĂ©er
des marchĂ©s et dâassurer la fourniture de biens Ă
faible coût pour le continent nord-américain, dans
le cadre de lâALENA (Accord de libre-Ă©change nord-
américain) et du CAFTA (Accord de libre-échange
en Amérique centrale). Dans le secteur de
lâĂ©lectricitĂ©, lâentreprise espagnole Endesa a menĂ©
plusieurs projets dans la région, alors que seule
une poignĂ©e dâentreprises locales ou nationales a
été soutenue par la BEI.
Bien que les prĂȘts de la BEI en Asie et en AmĂ©rique
latine bĂ©nĂ©ficient dâune garantie politique ou
commerciale de lâUnion europĂ©enne (comme
expliquĂ© au chapitre 1), ces prĂȘts ont
principalement profité à des secteurs et des
clients bien établis et financiÚrement sûrs, tels
que des grosses entreprises. Les projets nâont pas
concerné les pays ou les entreprises locales les
plus pauvres et/ou présentant le plus de risques
financiers. Durant les 10 derniÚres années, des
grands pays moyennement développés tels que le
BrĂ©sil (30%) et le Mexique (6%) ont Ă©tĂ© en tĂȘte de
la liste des financements (voir tableau 5), parmi
les 35 pays éligibles pour toute la région AAL
54
. Les
pays les plus pauvres comme la RĂ©publique
Dominicaine (ou le Bangladesh et le Sri Lanka en
Asie) sont au bas de lâĂ©chelle, avec quelques
millions chacun. Dâautres pays, Ă©galement
Ă©ligibles, nâont reçu aucun financement
55
. Lâobjectif
de développement a donc été totalement ignoré. Il
doit Ă©galement ĂȘtre notĂ© que la BEI nâaccorde
aucun prĂȘt en monnaie locale en Asie et en
Amérique latine, à la différence de la possibilité
existant dans les pays ACP.
Plantation dâEucalyptus
au Brésil.
© MelquĂades
SpĂnola/CEPEDES
AU BĂNĂFICE DE QUI?
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21
Quand la BEI et la Banque interaméricaine de
dĂ©veloppement sâassocient en AmĂ©rique latine
En décembre 2004, la BEI a signé un accord de
partenariat avec la Banque interaméricaine de
développement (BID) pour la coopération en
Amérique latine et aux Caraïbes, et principalement
le développement du secteur privé par des
entreprises européennes. La BEI prévoit grùce à cet
accord dâĂ©tendre ses financements Ă des « projets
dâintĂ©rĂȘt exceptionnel » allant au-delĂ de son
mandat pour les pays AAL. La convention est trĂšs
claire quant aux motivations de la BEI :
« (La BEI)
poursuit son soutien aux investissements européens
directs Ă lâĂ©tranger, dans le cadre de projets dâintĂ©rĂȘt
mutuel en Amérique latine et aux Caraïbes, ainsi que
des projets dâinfrastructure et dâintĂ©gration rĂ©gionale
»
56
. Le développement durable et la réduction de la
pauvretĂ© nâapparaissent pas comme les Ă©lĂ©ments
principaux de cet accord entre les deux banques.
En 1998, le BEI a octroyĂ© un prĂȘt de 55 millions
dâeuros Ă Transportadora Brasileira Gasoduto, un
consortium formé par la compagnie brésilienne
Petrobras, Enron et Shell. Par ce prĂȘt, la BEI a
cofinancé avec la BID un projet controversé : le
gazoduc Bolivie-BrĂ©sil. Dâune longueur de 3000 km
(le plus gros investissement privé en Amérique
latine), ce dernier traverse plusieurs Ă©cosystĂšmes
importants, dont le Gran Chaco (une aire protégée
récemment mise en place en Bolivie, constituée de
forĂȘt primaire tropicale sĂšche), le Pantanal (la plus
grande zone humide au monde), et la forĂȘt
humide Mata Atlantica au sud-est du Brésil. Au fur
et Ă mesure, les conflits concernant les
compensations et le manque de suivi dans la mise
en place des mesures de sauvegarde
environnementales et sociales ont marqué
lâĂ©volution de ce projet. Ce gazoduc transfrontalier
présage le type de projets régionaux que la BEI et
la BID sont susceptibles de mener ensemble dans
le cadre de leur nouvel accord.
Dans les secteurs de lâeau et de lâĂ©nergie, les
entreprises européennes apparaissent comme les
premiers bénéficiaires de la gestion des services de
lâEtat. En Argentine par exemple, tous les prĂȘts de
la BEI ont été octroyés aux groupes français Suez et
Vivendi, directement ou via leurs filiales (57
millions dâeuros pour la distribution de lâeau Ă la
ville de Cordoba et la Province de Misiones, et 70
millions dâeuros pour lâĂ©vacuation des eaux usĂ©es
de la ville de Buenos Aires). Bien que le
financement du secteur de lâeau puisse en thĂ©orie
bénéficier aux communautés locales, des
expériences de tels partenariats publics-privés
dans le cadre de la privatisation de lâeau en Asie
ont révélé une autre réalité. Elles ont en effet eu
pour rĂ©sultat lâaccroissement des inĂ©galitĂ©s du fait
des augmentations tarifaires, et nâont pas abouti Ă
un service efficace permettant lâaccĂšs des plus
pauvres Ă une eau potable saine (voir les Ă©tudes de
cas en Indonésie et aux Philippines pages 32-36).
Les projets dâinfrastructures et dâagriculture ont Ă©tĂ©
financés de façon trÚs limitée, avec un seul projet
de reconstruction aprĂšs lâouragan Mitch (35
millions dâeuros), et un projet trĂšs controversĂ© de
plantation dâarbres par Veracel pour la production
de pùte à papier au Brésil. La BEI et la Commission
européenne
57
ont considéré ce dernier (dont Veracel
a bénéficié en 2001) comme un exemple de «
développement durable ». Si les problÚmes sociaux
et environnementaux sont nombreux (comme
dĂ©crit plus loin), il doit aussi ĂȘtre soulignĂ© que la
capacitĂ© dâune plantation Ă rĂ©duire les Ă©missions de
gaz Ă effet de serre nâa pas Ă©tĂ© prouvĂ©e, quand dans
la plupart des cas «
des plantations Ă grande Ă©chelle
(consistant en des espĂšces Ă croissance rapide telles
que lâeucalyptus et les pins ou dâautres espĂšces
comme les palmiers Ă huile) ont des impacts trĂšs
négatifs, aussi bien en termes sociaux
quâenvironnementaux
»
58
. Si la BEI souhaite rester
cohérente avec ses objectifs environnementaux de
« soutien aux investissements qui protÚgent
directement lâenvironnement et lâamĂ©liorent » et
d⫠encourager les investissements qui réduisent les
impacts environnementaux et maximisent les
effets positifs »
59
, elle devrait sâabstenir de financer
le secteur controversé de la production de
pĂąte Ă papier.
La BEI a Ă©galement fortement soutenu le secteur
industriel en Amérique latine, en particulier avec
plusieurs projets du géant allemand Volkswagen
pour lâassemblage de voitures au Mexique, en
Argentine et au BrĂ©sil. Les financements de lâusine
au Mexique ont conduit Ă des violations des droits
des travailleurs mexicains (reconnus
internationalement), que la BEI déclare respecter
dans son document dâĂ©valuation sociale de 2004.
Qui plus est, le projet nâa pas permis de rĂ©el
développement économique local, comme le
montre lâĂ©tude de cas (cf. page 24). Ce projet
illustre bien de quelle façon les entreprises
européennes soutenues par la BEI en Amérique
latine (et dans le reste du monde) Ă©chouent
souvent Ă se conformer aux normes
environnementales et sociales, quâelles auraient
certainement respectées en Europe.
22
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AU BĂNĂFICE DE QUI?
3
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
Les financements de la Banque européenne
dâinvestissement au Mexique : qui en tire profit ?
60
Malgré le fait que les petites et moyennes
entreprises (PME) représentent environ 98% des
entreprises mexicaines, et quâelles sont considĂ©rĂ©es
comme des partenaires privilégiés dans le cadre de
la stratégie de coopération entre la Commission
européenne et le Mexique
61
, la BEI nâa accordĂ©
aucun prĂȘt global (prĂȘt Ă des intermĂ©diaires
financiers), ni mobilisé aucun autre mécanisme
dâassistance technique afin de soutenir lâactivitĂ©
des PME mexicaines. Depuis 1995, quatre projets
mexicains ont bĂ©nĂ©ficiĂ© Ă eux seuls de cinq prĂȘts
de la BEI, dâune valeur totale de 210,2 millions
dâeuros : Vidrio Saint-Gobain, Mexigaz (deux prĂȘts),
Vetrotex América et Volkswagen.
Tous ces bénéficiaires appartenaient au secteur
privé et étaient soit des entreprises européennes,
soit des entreprises mixtes européo-mexicaines : «
Volkswagen de Mexico » est la filiale mexicaine du
groupe allemand, Vidrio Saint-Gobain et Vetrotex
America sont détenus à 80 % par les groupe
français Saint-Gobain, et le consortium Mexigaz
est contrÎlé par Gaz de France.
Durant les 10 derniÚres années, les activités de
financement de la BEI au Mexique ont été
caractĂ©risĂ©es par lâabsence de diversitĂ©. Les prĂȘts
ont été concentrés sur le secteur industriel, et
partagés entre la construction automobile, le
secteur de la verrerie et celui de lâĂ©nergie. Aucune
autre branche de lâindustrie (y compris
lâagriculture, lâĂ©levage ou la pĂȘche) ni aucun projet
de promotion des Ă©nergies renouvelables nâont
jamais Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s, bien quâils fassent partie
des domaines dâaction prioritaires de la
Communauté européenne dans le cadre de la
stratégie de coopération pour le pays.
Les financements de la BEI au Mexique ont
soutenu des projets ayant peu de conséquences
socio-Ă©conomiques ou environnementales
bénéfiques pour la population mexicaine. Pour
trois de ces projets, les prĂȘts de la BEI ont soutenu
des investissements destinés à accroßtre les
exportations des entreprises européennes, aidant
ainsi ces derniÚres à pénétrer les marchés latino-
amĂ©ricains et/ou Ă bĂ©nĂ©ficier de lâAccord de libre-
échange nord-américain (ALENA) entre le
Mexique, les Etats-Unis et le Canada, en place
depuis le 1er janvier 1994. La mise en avant des
intĂ©rĂȘts des entreprises europĂ©ennes concerne
aussi le projet Mexigaz, qui bénéficie aux activités
dâun groupe europĂ©en dans le secteur de la
distribution du gaz naturel, dont la dérégulation
et la privatisation ont Ă©tĂ© extrĂȘmement
controversĂ©es au Mexique. Les prĂȘts de la BEI ont
été concentrés dans des secteurs consolidés,
dominĂ©s par des capitaux europĂ©ens, et qui nâont
pas besoin de la garantie budgétaire de la
Communauté européenne, en raison de leur
capacitĂ© Ă attirer dâautres sources
dâinvestissements.
La coopération financiÚre ne peut aller dans
lâintĂ©rĂȘt du peuple mexicain que si les banques
réorientent leurs investissements vers la
promotion des activités des petites et moyennes
entreprises du Mexique, uniquement si elles
permettent de créer des emplois respectant le
droit du travail et, enfin, si elles ne financent que
les projets de développement qui ont été
préalablement approuvés par les communautés
locales, en accord avec leurs besoins.
Femme indigĂšne du
Guatemala et sa fille.
© Janneke Bruil.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
23
Parmi les quatre projets financés au Mexique (voir
lâencart page prĂ©cĂ©dente), la BEI soutient que la
protection de lâenvironnement est un des objectifs
du projet gazier Mexigaz. Comme lâĂ©tude de cas le
montre, ce projet soutient fortement la
consommation de gaz, au lieu de favoriser des
mesures de rĂ©duction de la demande dâĂ©nergie. Le
gaz est une ressource naturelle limitée, qui
produit du CO
2
nocif lors de sa combustion et de
son extraction, et dont lâimpact en termes de
réduction de la pauvreté est limité (comme le
démontre la Revue des Industries Extractives, cf.
page 11). Le choix du gaz ne peut de ce fait ĂȘtre
considéré comme viable sur le long terme.
La BEI a
également négligé son engagement auprÚs de la
Commission européenne
62
de mener une Ă©valuation
des impacts environnementaux pour tous les
projets susceptibles dâavoir des consĂ©quences
significatives sur lâenvironnement. Lâargument
selon lequel la BEI respecte toujours les
rĂ©glementations environnementales de lâUnion
européenne dans le cadre de ses projets est donc
clairement infondé.
MEXIQUE
Le Syndicat des Travailleurs
Indépendants a amorcé une
grĂšve Ă lâusine Volkswagen de
Puebla (Etat du Puebla,
Mexique, 18 août 2001).
© Journal El Universal
(Mexique) - Archives
photographiques /
photographe : Rodolfo Perez.
ETUDE DE CAS PAR DOMITILLE DELAPLACE (EQUIPO PUEBLO)
LE PROJET VOLKSWAGEN AU
3
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
24
| AU BĂNĂFICE DE QUI?
il est estimé que ces derniers paient généralement
leurs employés, pour une grande part non
syndiquĂ©s, des salaires infĂ©rieurs de 40% Ă 50% Ă
ceux de Volkswagen
70
. Les emplois indirects sont
quant à eux généralement précaires, violant les
droits du travail repris Ă lâarticle 123 de la
Constitution mexicaine ainsi que les conventions
et traités internationaux (Convention
internationale sur les droits Ă©conomiques, sociaux
et culturels, convention de lâOIT, etc).
La BEI a des rĂšgles sur lâ « Ă©valuation sociale des
projets dans les pays en développement », qui
concernent notamment les questions relatives au
travail
71
. Elle nây a cependant pas fait rĂ©fĂ©rence
dans le cas du projet Volkswagen. Cela aurait
pourtant été particuliÚrement pertinent, sachant
que depuis plusieurs années la direction de
lâentreprise a Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement confrontĂ©e au
Syndicat des Travailleurs Indépendants de
Volkswagen (SITIAVW) en raison de sa politique
anti-syndicale. En aoĂ»t 2000, face Ă lâimpossibilitĂ©
de trouver un accord Ă lâamiable, le syndicat a
entamé une grÚve pour obtenir une hausse des
salaires. Durant les négociations les employés ont
dĂ©clarĂ© que lâentreprise avait tentĂ© dâinterfĂ©rer
dans le fonctionnement du syndicat, en pointant
du doigt leur opposition à la méthode
de consultation
72
.
Concernant les impacts environnementaux du
projet, la BEI a déclaré
73
que son promoteur
prĂ©parait une Ă©tude dâimpact, comme exigĂ© par la
loi mexicaine
74
. Cependant, et comme dans le cas
dâautres projets mexicains, la BEI nâa pas rĂ©ussi Ă
démontrer
75
que ces impacts avaient été
correctement évalués selon les principes et les
normes de lâUnion europĂ©enne.
ACCĂS Ă LâINFORMATION
La BEI a répondu négativement à une demande de
documentation sur le projet
76
au motif que
lâinformation ne pouvait pas ĂȘtre diffusĂ©e tant quâil
nây avait pas eu de versement des fonds
77
. Les
documents relatifs Ă lâĂ©valuation des impacts
environnementaux et au projet lui-mĂȘme (y
compris une Ă©valuation de ses effets en matiĂšre de
dĂ©veloppement) devraient pourtant ĂȘtre
disponibles Ă toutes les phases de lâaccord de
financement (avant, pendant et aprĂšs le versement
des fonds), afin de garantir la consultation et
lâimplication rĂ©elle des citoyens.
Volkswagen Mexique
(filiale du groupe
allemand) a construit
en 1967 une usine
dans lâEtat de Puebla,
oĂč les modĂšles «
nouvelle Coccinelle », «
Golf décapotable » et «
Jetta » sont aujourdâhui
produits. Son niveau de
productivité y est un
des plus élevé au
monde, Ă travers la
sous-traitance Ă des
fournisseurs locaux
63
.
En 2004 Volkswagen
Mexique a demandĂ© Ă
la BEI un financement
de 70 millions dâeuros,
destiné à moderniser
lâusine afin de produire
la Jetta A5 et un
nouveau moteur moins
polluant. Les
négociations se sont
achevées le 7 octobre
2004, mais les fonds
nâont pas encore Ă©tĂ©
versés
64
.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX, SOCIAUX ET
ĂCONOMIQUES
Selon la BEI, lâagrandissement de lâusine de Puebla
permettra la production de la carrosserie et
lâassemblage de la Jetta A5, dont 80% des modĂšles
seraient exportés vers les Etats-Unis et le
Canada
65
. Les investissements concernent aussi la
mise en place dâune chaĂźne de production pour un
nouveau moteur peu polluant (le R5), ce qui
permettrait au Groupe Volkswagen de satisfaire
aux normes amĂ©ricaines en matiĂšre dâĂ©missions
de gaz
66
. Le financement de la BEI permettrait
ainsi de consolider lâactivitĂ© de production du
groupe au Mexique, et de renforcer sa position au
sein de la zone de libre-échange nord-américaine
(ALENA). Loin de favoriser les relations
commerciales entre lâUnion europĂ©enne et le
Mexique, comme stipulé dans l⠫ Accord global
»
67
, ce projet bĂ©nĂ©ficie en fait aux activitĂ©s dâun
groupe européen, et à ses relations commerciales
avec le continent Nord- Américain.
La BEI a assuré que le projet de Volkswagen
permettrait la création de 1600 emplois directs
dans lâusine de Puebla, ainsi quâune hausse
significative du nombre dâemplois indirects
68
. En
réalité, seuls les emplois existant déjà seront
maintenus. Le projet permettra au groupe de
compenser les pertes accumulĂ©es suite Ă lâarrĂȘt de
la production de la Coccinelle en 2003, ainsi que
les chutes des ventes des autres modĂšles qui ont
conduit Volkswagen Mexique Ă annoncer 2000
licenciements en juillet 2003
69
. De plus, mĂȘme si le
projet a effectivement des répercussions positives
au niveau rĂ©gional en termes dâemploi du fait de
lâappel trĂšs important Ă des sous-traitants locaux,
Le Syndicat des Travailleurs
Indépendants a amorcé une
grĂšve Ă lâusine Volkswagen de
Puebla (Etat du Puebla, Mexique,
18 août 2001).
© Journal El Universal (Mexique)
- Archives photographiques /
photographe : Rodolfo Perez.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
25
MEXIGAZ
A gauche : Des habitants du
district dâIzcalli dans la zone
centrale dâEcatapec (Etat de
Mexico, Vallée de Cuautitlan-
Texcoco) se sont plaints de la
dégradation des routes causée
par le réseau de gaz naturel
construit par lâentreprise
Mexigas. Ci-dessus : Des
habitants de la zone
résidentielle de Coacalco (Etat
de Mexico, Vallée de
Cuautitlan - Texcoco) se sont
opposés à la construction du
réseau de gaz naturel. Ils ont
mis en Ă©vidence la mauvaise
qualitĂ© de lâasphalte qui le
recouvre.
© Journal El Universal
(Mexique / Archives
photographiques /
photographe : Luis Garcia Soto).
ETUDE DE CAS PAR DOMITILLE DELAPLACE (EQUIPO PUEBLO)
LE PROJET
LA DĂRĂGULATION DâUN SERVICE PUBLIC AU
BĂNĂFICE DâUNE ENTREPRISE EUROPĂENNE
3
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
26
| AU BĂNĂFICE DE QUI??
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX, SOCIAUX ET
ĂCONOMIQUES
Dans le respect de la loi mexicaine
80
, le porteur du
projet a rĂ©alisĂ© une Ă©tude dâimpact
environnemental, qui a été approuvée par le
ministĂšre mexicain de lâenvironnement
(SEMANART). La BEI nâa cependant pas exigĂ©
dâautre Ă©tude sur les impacts environnementaux
du projet, basée sur les politiques et les critÚres de
lâUnion europĂ©enne
81
.
Selon la BEI
82
, ce projet a pour but la diversification
de lâoffre Ă©nergĂ©tique et la mise en valeur du gaz
naturel en tant quâĂ©nergie moins polluante que
dâautres Ă©nergies fossiles, afin de rĂ©duire la pollution
de lâair dans des zones trĂšs densĂ©ment peuplĂ©es.
JusquâĂ aujourdâhui le projet Mexigaz nâa cependant
eu quâun effet limitĂ© sur le niveau de pollution dans
la vallée de Cuautitlån-Texcoco, le réseau de
distribution de gaz ne couvrant que 35% de la
population totale mentionnĂ©e dans lâappel dâoffres
(à savoir 130 000 personnes sur 340 700 prévues).
De plus, il est important de souligner que le gaz
naturel est une source dâĂ©nergie qui, bien que
moins polluante, nâen reste pas moins non-
renouvelable. PlutĂŽt que de promouvoir lâefficacitĂ©
énergétique et la baisse de la consommation, le
projet Mexigaz repose donc sur la promotion de la
consommation de gaz, qui est une ressource
naturelle limitĂ©e. NâĂ©tant pas viable sur le long
terme, ce projet ne peut pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme
une réelle alternative énergétique.
La BEI a dĂ©clarĂ© quâelle « nâĂ©tait pas informĂ©e dâun
quelconque problĂšme environnemental ou social qui
serait apparu durant la mise en place du projet »
83
.
Pourtant, durant la phase de construction, des
manifestations ont eu lieu Ă de multiples occasions.
Lâ « insĂ©curitĂ© » des rĂ©seaux de gaz est un thĂšme
rĂ©current dans lâenquĂȘte rĂ©alisĂ©e dans le cadre de la
présente étude auprÚs des usagers, ainsi que durant
la mobilisation contre la compagnie Mexigaz.
Concernant les tarifs pour lâusage domestique,
lâobligation de maintenir un prix fixe a Ă©tĂ© levĂ©e en
2003. Les tarifs nâont pas cessĂ© dâaugmenter
depuis, ce qui profite clairement Ă lâentreprise mais
limite lâaccĂšs au service pour les foyers les plus
modestes. Le projet Mexigaz nâa donc pas eu pour
rĂ©sultat de promouvoir lâaccĂšs Ă lâĂ©nergie pour les
plus pauvres. Ce sont au contraire les classes
moyennes des zones résidentielles, qui peuvent
payer ce service, qui ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es. LâaccĂšs au
rĂ©seau nĂ©cessite pour lâusager un investissement
initial dâenviron 150 dollars, une somme que
beaucoup de familles ne peuvent pas payer.
ACCĂS Ă LâINFORMATION
La BEI a dĂ©clarĂ© quâil Ă©tait impossible de fournir les
documents relatifs au projet Mexigaz sans lâaccord
de lâemprunteur, en raison des clauses de
confidentialité signées entre la BEI et la
compagnie
84
. Bien que ces deux acteurs aient
dĂ©clarĂ© quâils nâavaient pas dâobjection Ă ce que les
informations soient mises Ă disposition
85
, elles
nâont pas encore Ă©tĂ© fournies.
La BEI a dĂ©clarĂ© que les procĂ©dures dâaccĂšs Ă
lâinformation et de consultation publique du projet
Mexigaz étaient en accord avec la législation
environnementale mexicaine
86
. Cependant, cette
derniĂšre nâexige pas de consultation publique
complĂšte et de grande ampleur dans le cadre des
projets, et reste moins exigeante que les normes
européennes en ce qui concerne les études
dâimpact environnemental. Elle ne satisfait pas
non plus aux exigences dâautres institutions
financiĂšres comme la Banque mondiale et la
Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD), qui exigent une
consultation publique dans le cadre des projets.
CONCLUSION
AprĂšs six annĂ©es dâactivitĂ©, le niveau de
couverture offert par le réseau Mexigaz est
toujours trĂšs faible, en comparaison avec les
estimations stipulĂ©es dans lâappel dâoffres et dans
la prĂ©sentation de la BEI. Le projet nâa pas offert
dâalternative valable aux Ă©nergies fossiles, et nâa
pas non plus permis dâamĂ©lioration de la qualitĂ©
de lâair dans la zone. Enfin, il nâa pas permis lâaccĂšs
au gaz pour les franges les plus pauvres de la
population. En mettant le service aux mains
dâopĂ©rateurs privĂ©s, lâextension et la gestion du
réseau de distribution de gaz se retrouvent basés
sur un critÚre de profitabilité économique. Cela
profite aux usagers qui ont les moyens financiers
de payer, mais ne va pas dans le sens dâune
meilleure couverture des besoins énergétiques de
base de la population.
LA PRIVATISATION DU
SECTEUR ĂNERGĂTIQUE
MEXICAIN
Le projet Mexigaz entre
dans le cadre de la
privatisation du gaz naturel
au Mexique, débutée en
1995. Lâobjectif principal et
controversé de ces
réformes énergétiques
Ă©tait la participation accrue
du secteur privé dans le
domaine de lâĂ©nergie, avec
pour résultat la création de
groupes, principalement
composés de capitaux
étrangers et attirés par les
profits quâils pourraient
tirer de la dérégulation.
Câest le cas du projet
Mexigaz, financé par la BEI.
La Commission de
RĂ©gulation de lâEnergie
(CRE) a lancé en novembre
1997 un appel dâoffre
international pour la
distribution du gaz naturel
dans la zone géographique
de la vallée de Cuautitlån-
Texcoco
78
, une zone
urbaine frontaliĂšre de
Mexico. En juillet 1998, le
consortium Mexigaz, alors
détenu à 75% par Gaz de
France International
79
, a
remportĂ© le marchĂ©. Il sâest
vu accorder pour une
période de 5 ans les droits
exclusifs pour la
construction et lâextension
du réseau de gaz naturel,
ainsi que les droits de
distribution pour 30 ans.
En 1999 et 2000, la BEI a
accordĂ© deux prĂȘts au
consortium Mexigaz pour
un montant total de 74,3
millions dâeuros, afin de
couvrir une partie des
investissements.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
27
Une gigantesque usine
de pĂąte Ă papier est
entrée en activité en juin
2005 prĂšs dâEunĂĄpolis,
dans lâEtat brĂ©silien de
Bahia. FinancĂ©e grĂące Ă
des fonds de la BEI, de la
Banque dâinvestissement
nordique et de la
Banque brésilienne pour
le développement
(BNDES), lâusine de
Veracel est la plus
grande usine de pĂąte Ă
papier du monde, avec
une capacité de
production de 900 000
tonnes par an. Le coût
total du projet sâest Ă©levĂ©
Ă 1,25 milliard de dollars,
en comptant les
plantations et les
infrastructures
87
. La BEI a
accordĂ© deux prĂȘts Ă
Veracel : un de 30
millions de dollars en
2001 pour des
plantations, du matériel
dâexploitation forestiĂšre,
et la construction et la
remise en Ă©tat de
routes
88
, et un autre de
80 millions de dollars en
2003 pour la
construction de
lâusine
89
.
Veracel est une société
en participation qui
réunit le plus grand
producteur de pĂąte Ă
papier du monde, Stora
Enso (groupe suédo-
finlandais), et le plus
grand producteur de
pulpe dâeucalyptus,
Aracruz (de nationalité
brésilienne). La pùte
produite Ă lâusine est
principalement destinée
Ă ĂȘtre exportĂ©e vers
lâEurope, les Etats-Unis
et lâAsie.
BRĂSIL
© onehemisphere
ETUDE DE CAS PAR CHRIS LANG, WORLD RAINFOREST MOVEMENT
LâUSINE DE PĂTE Ă PAPIER VERACEL AU
LâIMPACT DES PLANTATIONS FORESTIĂRES INDUSTRIELLES SUR
LES DROITS FONCIERS ET LES MOYENS DE SUBSISTANCE
3
AMĂRIQUE LATINE : OUVRIR LâINDUSTRIE ET
LâĂNERGIE AUX ENTREPRISES EUROPĂENNES
28
| AU BĂNĂFICE DE QUI?
Le projet Veracel a
débouché sur une série
de contrats lucratifs pour
des compagnies
européennes ou leurs
filiales, dont Jaakko
Pöyry (Finlande), Andritz
(Autriche), Eka
Chemicals (SuĂšde),
Degussa (Allemagne),
Aker Kvaerner (NorvĂšge),
Metso Corporation
(Finlande), Partek Forest
(Finlande) et Norsul (qui
fait partie du groupe
norvégien Lorentzen,
détenteur de 28% des
parts dâAracruz).
Les critĂšres sur lesquels
la BEI sâest basĂ©e pour
accepter le financement
de lâusine ne sont pas
clairs. Lors dâune rĂ©union
avec lâĂ©quipe de la BEI Ă
Bruxelles en 2003,
Marcelo Calazans de
lâONG brĂ©silienne FASE a
demandé à voir les
documents de la BEI
concernant lâĂ©valuation
du projet Veracel.
LâĂ©quipe de la BEI a
rĂ©pondu quâaucun de ces
documents nâĂ©tait
accessible au public. Elle
a également refusé de
divulguer la date Ă
laquelle le Conseil
dâadministration de la
BEI se réunirait pour
discuter du prĂȘt
90
.
Si le projet bénéficie de
façon évidente aux
entreprises européennes
ce nâest pas le cas pour les
habitants de Bahia.
CONSĂQUENCES EN TERMES DE DROITS FONCIERS
ET DE SUBSISTANCE
Les vastes plantations de Veracel exacerbent le
problĂšme de la concentration fonciĂšre, dans un pays
oĂč une grande partie de la population rurale nâa pas,
ou trop peu, de terres pour subsister. Veracel possĂšde
147 000 hectares de terres, dont 70 000 sont couverts
de plantations. De plus, Veracel a passé des contrats
avec des fermiers pour planter des eucalyptus sur une
surface totale de 23 000 hectares
91
, achetés
principalement à de propriétaires (principalement des
Ă©leveurs). NĂ©anmoins, plus de 800 personnes ont dĂ»
quitter leur maison pour faire place aux plantations
de Veracel
92
. Selon JosĂ© Koopmans, prĂȘtre et militant
des droits de lâhomme dans le sud de Bahia, au moins
1/8Úme des terres achetées par Veracel étaient
jusque lĂ utilisĂ© pour lâagriculture de subsistance. En
2003, des chercheurs de SwedWatch, une ONG
suĂ©doise, ont interrogĂ© des fermiers vivant Ă
proximitĂ© des plantations de Veracel. DâaprĂšs eux, le
niveau des ruisseaux, des étangs et des lacs a baissé
de façon significative Ă partir du moment oĂč les
plantations ont débuté. Dans certains cas, les cours
dâeau ont mĂȘme complĂštement disparu, rendant
impossible la pĂȘche ou lâirrigation des cultures
93
.
AprÚs avoir donné son accord pour financer la
construction de lâusine de pĂąte Ă papier de Veracel,
la BEI a dĂ©clarĂ© quâelle «
devrait permettre des
retombées économiques significatives pour la
région, en particulier par le biais des emplois
»
94
. En
rĂ©alitĂ©, lâusine nâemploiera que 400 personnes
95
.
Selon Melquiades Spinola du Centre dâĂ©tudes et de
recherche pour le développement du Grand Sud
(CEPEDES), une ONG basée à Bahia, le chÎmage est
le principal problÚme créé par les quatre usines de
pĂąte et de papier dans le sud de Bahia. Si ces
usines et les plantations fournissent trĂšs peu
dâemplois, elles obligent en revanche de trĂšs
nombreuses personnes Ă quitter leurs terres, les
condamnant au chĂŽmage. Alors que de grosses
sommes dâargent sont investies dans les usines de
pùte à papier, il y a selon Spinola «
12000 familles
de paysans (sans terre) qui vivent dans des camps en
bordure des routes
»
96
.
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX
La BEI affirme que le projet Veracel « permettra
dâarrĂȘter la destruction des forĂȘts tropicales humides,
de rĂ©duire la pression de lâexploitation forestiĂšre, et
de protéger la biodiversité »
97
. La BEI semble avoir
oublié le passé de Veracel. En février 1993 les
autoritĂ©s brĂ©siliennes ont ordonnĂ© lâarrĂȘt temporaire
de son activité, aprÚs que des ONG locales et le
Syndicat des Travailleurs Forestiers avaient fourni des
informations selon lesquelles la compagnie Ă©tait en
train de raser la forĂȘt littorale atlantique (Mata
AtlĂąntica) pour la remplacer par des plantations
98
.
Veracel a reconnu avoir déforesté 64 hectares en
1993. Selon Vitor da Costa, de Veracel « câest la seule
et unique fois de toute son histoire que Veracel a agi
de façon contraire aux bonnes pratiques
environnementales »
99
. Mais en 2003, des
chercheurs de SwedWatch ont photographié une
zone oĂč la forĂȘt avait Ă©tĂ© rasĂ©e pour laisser place Ă
des plantations. En décembre 2003, des officiels du
bureau fĂ©dĂ©ral de lâenvironnement (IBAMA) ont
signalĂ© quâune grande partie de la forĂȘt atlantique
avait déjà subi une déforestation. La zone avait été
plantĂ©e dâeucalyptus pour Veracel, dans le cadre de
contrats entre la compagnie et des fermiers
100
.
Veracel gÚre une aire forestiÚre protégée appelée
Station de Veracruz, qui couvre une surface de
6000 hectares des terrains achetés par Veracel
pour ses plantations dans le sud de lâEtat de Bahia.
En réalité, Veracel violerait la loi brésilienne si elle
initiait quelque activité qui ne consiste pas en une
protection de cette zone de forĂȘts
101
.
En avril 2004, environ 2000 familles du Mouvement
des Travailleurs Sans Terre du Brésil (MST -
Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra) ont
occupé 25 hectares de terres et coupé quatre
hectares de plantations dâeucalyptus de Veracel. «
Personne ne mange dâeucalyptus » ont-il criĂ©
pendant leur occupation, tout en commençant Ă
planter du maĂŻs, du manioc et des haricots
102
.
AprĂšs cinq jours, le MST a pris le parti dâĂ©viter ce qui
sâannonçait comme une violente confrontation avec
la police et a quitté la zone, en acceptant les
promesses du gouvernement fédéral affirmant que
les réformes fonciÚres seraient accélérées dans la
région. Six mois plus tard, une autre manifestation a
eu lieu contre Veracel. Cette fois-ci, 300 indigĂšnes
Pataxo bloquĂšrent lâautoroute BR-101 pendant 19
heures, afin de protester contre les plantations
dâeucalyptus par Veracel sur leurs terres ancestrales.
En dépit de tous ces problÚmes, Veracel a des plans de
développement
103
. Si lâusine est agrandie, les zones de
plantations devront ĂȘtre Ă©tendues, et les problĂšmes
liĂ©s aux droits fonciers ne pourront que sâaggraver.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
29
Toutes les images ont été prises au Brésil.
© MelquĂades SpĂnola/CEPEDES.
30
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
4
ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE LâEAU ET GRANDS BARRAGES
GRAPHIQUE 4:
RĂ©partition des prĂȘts entre secteur
public et privé en Asie (1994 - 2004)*
GRAPHIQUE 5:
Financements octroyés par la BEI en
Asie et par secteur (1994 - 2004)*
Bien quâen principe les financements dans le
secteur de lâeau puissent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme
durables, les projets financés par la BEI soulÚvent
beaucoup de questions. De mĂȘme quâen AmĂ©rique
latine
105
, tous les projets approuvés dans le
domaine de lâeau en Asie lâont Ă©tĂ© sous la forme de
partenariats public-privé (PPP), par lesquels les
gouvernements nationaux ont transféré au
secteur privĂ© la charge de la distribution de lâeau
et de la construction des infrastructures selon un
calendrier défini
106
, la BEI prĂȘtant Ă lâinvestisseur
privé. En Indonésie et aux Philippines, les projets
financés par la BEI ont failli à remplir leurs
objectifs. Des difficultés ont été rencontrées pour
assurer leur viabilité, maßtriser leurs impacts
macro-Ă©conomiques, respecter les conditions
tarifaires contractuelles, assurer lâaccĂšs Ă lâeau
(notamment pour les plus pauvres qui ne peuvent
généralement pas payer un prix trop élevé pour
les services basiques), et compléter les
investissements nécessaires pour pallier les
capacités limitées du secteur public. Dans ces
pays,
les partenariats public-privĂ© nâont amenĂ©
aucune amélioration en termes de distribution
dâeau potable aux populations pauvres, tout en
augmentant le poids de la dette et en impliquant
les Etats dans des procédures et litiges judiciaires.
Le Conseil de lâUE a rĂ©cemment statuĂ© par une
clause légale
107
que lorsquâun projet nâest plus
viable sur le plan financier, la responsabilité légale
et économique des projets incombe aux autorités
gouvernementales locales. De ce fait, dans le cas
des partenariats public-privés financés par la BEI
dans le secteur de lâeau, les entreprises Ă©trangĂšres
nâont plus de responsabilitĂ©s lĂ©gales en matiĂšre de
distribution dâeau.
En Indonésie, les contrats pour la privatisation de
lâeau Ă Djakarta ont Ă©tĂ© signĂ©s sans appel dâoffre
public, et avant quâaucune rĂ©glementation relative
Ă la privatisation ne soit en place. Aux Philippines,
tout comme en Indonésie, la législation mise en
place ultérieurement bénéficiait clairement aux
partenaires Ă©trangers. Qui plus est, la
transparence et lâobligation de rendre des comptes
et la participation du public (des éléments
primordiaux pour garantir lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral) ont
cruellement fait dĂ©faut dĂšs la prise dâeffet des
processus de privatisation de lâeau.
Durant les 10 derniĂšres
années, la BEI a financé
neuf projets dans le
secteur de lâeau
(distribution et
assainissement,
systĂšmes dâĂ©gouts et
grands barrages) dans
le cadre des deux
premiers mandats
donnĂ©s par lâUE pour la
région AAL (Asie et
Amérique latine). Cela
représente un total de
335 millions dâeuros,
dont 240 millions
dâeuros sous forme de
prĂȘts pour cinq projets
en Asie (en Chine, Ă
Madagascar, au Laos,
en Indonésie et aux
Philippines), et 95
millions dâeuros pour
les projets mentionnés
plus haut en Amérique
latine (Argentine et
Paraguay).
Toutefois, si le secteur
de lâeau nâa pas Ă©tĂ©
massivement financé
en Asie (seulement
14% des prĂȘts entre
1994 et 2004) en
comparaison du
secteur de lâĂ©nergie, il
est important de
souligner que lâUE y a
principalement
soutenu la
privatisation de lâeau (Ă
travers la garantie des
prĂȘts BEI), notamment
aux Philippines et en
Indonésie
104
.
*Source:
l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts
de la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (Numéro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).).
télécommunications 4%
industrie 12%
energie 45%
eau 14%
prĂȘts globaux 14%
transports 11%
*Source:
l'impact sur le dĂ©veloppement des opĂ©rations de prĂȘts
de la Banque europĂ©enne dâinvestissement (BEI) dans le cadre du
Cotonou et ALA. (Numéro de projet EP/ExPol/B/2004/09/06).
public 40%
privé 60%
© Jannek Bruil
Un chef indigĂšne Wana
en train de fumer une
cigarette dans sa maison
(Sulawesi, Indonésie).
© Janneke Bruil.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
31
LâexpĂ©rience avec Maynilad aux Philippines devrait
servir de leçon à la BEI. La série de recours
judiciaires déposés par les entreprises contre le
gouvernement des Philippines dans ce cas précis
est inquiétante, tout particuliÚrement quand le
projet est supposé contribuer à atteindre les
Objectifs du Millénaire pour le Développement
dans le domaine de lâeau (diminuer de moitiĂ© le
nombre de personnes nâayant pas accĂšs Ă une eau
potable et abordable dâici Ă 2015). Il est
dĂ©concertant dâassister Ă cette sĂ©rie de plaintes en
justice déposées par les compagnies, quand on
voit leur propre incapacité à rendre des comptes.
De mĂȘme que dans le cas de projets financĂ©s dans
le domaine de lâeau et de lâassainissement en Asie,
les grands barrages tels que Nam Theun 2 (cf.
lâĂ©tude de cas p. 37), projet rĂ©cemment financĂ© par
la BEI (et Ă ce jour le plus grand projet hydro-
Ă©lectrique au Laos), peuvent difficilement ĂȘtre
considĂ©rĂ©s comme soutenables, bien quâils soient
dĂ©nommĂ©s « projets dâĂ©nergies renouvelables » par
la BEI. Pour défendre sa conception selon laquelle
les grands barrages sont viables sur le plan
environnemental et produisent une Ă©nergie
renouvelable, la BEI a déclaré que « tout projet de
grand barrage pour lequel le soutien financier de la
BEI serait sollicité serait évalué à la lumiÚre des
recommandations de la Commission Mondiale des
Barrages
108
et du rapport Camdessus
109
».
Cependant, comme nous le verrons plus loin, la BEI
nâa pas respectĂ© cet engagement, et sâest basĂ©e
uniquement sur les Ă©valuations du barrage de
Nam Theun 2 produites par la Banque mondiale.
Les impacts sociaux et environnementaux
nĂ©gatifs des grands barrages ont Ă©tĂ© reconnus Ă
plusieurs reprises, et plus particuliĂšrement dans le
rapport de la Commission Mondiale des Barrages
(CMB) en 2000. Aujourdâhui, la conformitĂ© avec les
recommandations de la CMB est considérée
comme une condition indispensable pour les
projets dâĂ©nergies renouvelables qui seront inclus
dans le systĂšme dâĂ©change de quotas dâĂ©missions
de lâUE
110
. Cependant, comme nous lâavons dĂ©jĂ vu
dans le cas de lâAfrique et en dĂ©pit des ces normes
internationales, la BEI tend Ă inclure lâĂ©nergie
produite par les grands barrages dans la catégorie
des énergies renouvelables, malgré les lourds
impacts environnementaux et lâabsence
dâĂ©valuation, notamment dans le cas du barrage
de Nam Theun 2 au Laos.
Bien que la BEI déclare dans sa Déclaration sur
lâenvironnement de 2004 quâelle « finance des
projets qui maximisent les avantages pour
lâenvironnement», et quâelle tend à « une dĂ©marche
pro-active dâidentification des projets
environnementaux et le financement de secteurs-
niches à forte valeur ajoutée, tels que la
décontamination des sites pollués, la protection de
la biodiversité et les nouvelles technologies
environnementales », elle nâa financĂ© aucun projet
en Asie, en Amérique latine ou en Afrique qui était
explicitement axĂ© sur lâenvironnement naturel et la
protection de la biodiversité durant ces 10
derniÚres années.
Le Fonds carbone et les initiatives sur le
changement climatique
En 2005, dans le cadre du systĂšme dâĂ©change de
quotas dâĂ©missions, le Fonds carbone de la Banque
mondiale et de la BEI pour lâEurope et le Fonds
multiléral de crédit de carbone de la Banque
européenne pour la reconstruction et le
développement et la BEI ont été créés. La BEI a de
plus approuvé des projets dans la cadre de sa
nouvelle « Facilité financiÚre liée au changement
climatique » (un fonds de 500 millions dâeuros) et
de la « FacilitĂ© pour lâassistance technique liĂ©e au
changement climatique » (10 millions dâeuros). De
nombreux acteurs de la société civile craignent
que les projets financés dans le cadre de ces
processus incluent des projets litigieux tels que
des plantations dans les zones tropicales, des
grands projets hydroélectriques avec de lourds
impacts environnementaux et sociaux, ou encore
des projets dâextraction et de transport de gaz
naturel. Il doit ĂȘtre soulignĂ© que le secteur du gaz
a déjà été lourdement financé par la BEI en Asie
durant les 10 derniÚres années, avec plus de 400
millions dâeuros pour la production de gaz et les
réseaux de transport au Pakistan, en Thaïlande et
en Indonésie.
DJAKARTA
Ci-dessus et Ă gauche : un
rassemblement dâopposants Ă
la privatisation de lâeau Ă
Djakarta (Indonésie). Des
militants des Amis de la Terre
Indonésie et des urbains
déshérités ont apporté 1000
pétitions à la Cour
constitutionelle, demandant
lâannulation de la nouvelle loi
sur lâeau.
© WALHI/Amis de la
Terre Indonésie.
ETUDE DE CAS PAR P. RAJA SIREGAR, DU FORUM INDONĂSIEN POUR LâENVIRONNEMENT (WALHI) /
AMIS DE LA TERRE INDONĂSIE
LA PRIVATISATION DE LâEAU Ă
32
| AU BĂNĂFICE DE QUI?
4
ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE LâEAU ET GRANDS BARRAGES
LE FINANCEMENT DE LA COOPĂRATION DES
ENTREPRISES FRANĂAISES ET BRITANNIQUES SOUS
LE RĂGIME SOHARTO
Le service de lâeau de Djakarta a commencĂ© Ă ĂȘtre
privatisé en 1996 par Thames et Suez-Lyonnaise.
Toutefois, la privatisation de la compagnie publique
gestionnaire de lâeau de Djakarta (PAM Jaya) avait
déjà été prévue quelques années auparavant,
lorsque Thames a formé en 1993 une alliance avec
M. Sigit Harjojudanto, le fils aßné du Président
Soharto alors en poste. Thames lui avait offert 20%
de ses parts dans une entreprise quâelle contrĂŽlait et
appelée PT Kekar Plastindo, renommée par la suite
PT Kekar Thames Airindo. En apprenant cette
alliance Suez-Lyonnaise en avait rapidement formé
une autre avec M. Anthony Salim
111
, qui avait été le
partenaire de Suez dans lâentreprise de traitement
des eaux Garuda Dipta Semesta.
Câest en 1994 que le prĂ©sident Suharto et son ministre
des travaux publics ont lancé la privatisation du
service de lâeau de Djakarta. La gestion de ce dernier
était alors divisée entre deux compagnies: Thames-
Sigit et Suez-Salim, dans le cadre dâune concession de
25 ans accordée en 1997. Les contrats furent signés
en 1998, Thames et Suez prenant respectivement le
contrĂŽle de 80% et 40% des parts des nouvelles
compagnies
112
. En juin de la mĂȘme annĂ©e, la BEI a
accordĂ© un prĂȘt de 45 millions dâeuros Ă PT Kekar
Thames Airinido, puis un autre de 55 million dâeuros Ă
PT Garuda Cipta Semesta en dĂ©cembre. Il nâexistait
aucune législation sur la privatisation du secteur de
lâeau lorsque les contrats ont Ă©tĂ© signĂ©s, ces derniers
nâayant pas non plus fait lâobjet dâun appel dâoffres
public. La décision finale est revenue directement au
prĂ©sident Soharto, par lâintermĂ©diaire de son ministre
des travaux publics. Ce nâest que plus tard que la
réglementation a été mise en place, servant
fortement les intĂ©rĂȘts des investisseurs Ă©trangers.
LâOPPOSITION ENTRE LES POPULATIONS LOCALES
ET LES ENTREPRISES EUROPĂENNES
Lorsque des Ă©meutes anti-Soharto eurent lieu fin
1998, les cadres décisionnaires de Thames et de
Suez quittĂšrent lâIndonĂ©sie, laissant les employĂ©s
dans la confusion. Une panique se déclencha parmi
les officiels indonésiens, alors que les réserves de
produits de traitement des eaux laissées aux
compagnies nâĂ©taient suffisantes que pour
quelques jours. Le gouverneur tenta de transférer la
gestion de la compagnie de traitement au directeur
de PAM Jaya (lâentreprise nationale en charge de
lâeau Ă Djakarta), mais cette tentative se rĂ©vĂ©la
vaine en raison de la menace des compagnies
Ă©trangĂšres dâintenter une action en justice.
AprÚs la chute de Soharto, 2800 employés
manifestĂšrent contre Thames et la Lyonnaise. Les
contrats avec le gouvernement furent plusieurs fois
renégociés, avec pour résultat final un contrat
fixant à 95% la part détenue conjointement par les
deux compagnies. Les nouveaux objectifs (toujours
valables actuellement) furent considérablement
revus à la baisse. Durant les négociations,
lâambassadeur de Grande-Bretagne proposa une
augmentation de 20% du prix afin de garantir le
maintien de Thames Water International Ă
Djakarta, tout en brandissant la menace dâune
résiliation du contrat par Thames et Suez.
UNE PRIVATISATION DANS UN CONTEXTE
DE CORRUPTION
Selon lâObservatoire indonĂ©sien pour la corruption
(Indonesian Corruption Watch), la prise de contrĂŽle
de PAM Jaya par Thames sâest effectuĂ©e de façon
non transparente et dans la corruption, et a
engendré des pertes énormes pour le
gouvernement. Malgré les critiques, ce dernier a
prétendu que la privatisation était nécessaire afin
dâamĂ©liorer la qualitĂ© de lâeau, du fait de
lâinsuffisance des Ă©quipements de traitement et du
réseau de distribution. Les compagnies privées
Ă©trangĂšres Suez Lyonnaise et Thames Water
Company prirent le contrĂŽle de la production, de la
distribution et de la facturation, sans Ă©valuation
préalable précise de la valeur des équipements, alors
que leur maintenance Ă©tait toujours de la
responsabilité de PAM Jaya. Il est trÚs clair que cette
opĂ©ration nâĂ©tait pas un contrat de construction,
dâopĂ©ration et de transfert (BOT), mais plutĂŽt une
tentative dĂ©guisĂ©e de prise de contrĂŽle dâune
entreprise publique par une entreprise privée.
RĂSULTAT : UN SERVICE DE MAUVAISE QUALITĂ
Les résultats de Suez Lyonnaise et de Thames
Water Company sont globalement décevants.
Certains utilisateurs ont des problÚmes de qualité
dâeau, en particulier de turbiditĂ© et dâodeur.
Quasiment un tiers des consommateurs reliés au
rĂ©seau doivent faire appel Ă dâautres sources
dâapprovisionnement pour la boisson et les besoins
domestiques, comme lâeau en bouteille et les puits.
Dans certains cas, la qualitĂ© de lâeau du robinet ne
correspond pas aux normes légales de potabilité.
La privatisation de lâeau a Ă©galement entraĂźnĂ© une
augmentation du coût du service, favorisant ainsi
les communautés les plus aisées, dont les foyers
sont plus riches et de taille moindre.
Comparativement à la situation de départ, les
rĂ©sultats de Thames sont mauvais. Lâentreprise nâa
pas réussi à atteindre les objectifs fixés en ce qui
concerne les volumes dâeau produits et distribuĂ©s,
son efficacitĂ© Ă distribuer lâeau, les tarifs de
connexion et le niveau de couverture du réseau
113
.
Avec 293 millions
dâeuros et six projets
financés depuis 1993,
lâIndonĂ©sie se situe en
seconde position des
investissements de la
BEI en Asie. Le secteur
de lâeau a reprĂ©sentĂ©
presque la moitié des
investissements
nationaux de la BEI, Ă
égalité avec celui du
gaz. Cela nâa
malheureusement pas
favorisĂ© lâaccĂšs des plus
pauvres Ă une eau de
qualité.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
33
Un rassemblement dâopposants
Ă la privatisation de lâeau Ă
Djakarta (Indonésie).
© WALHI / Amis de la
Terre Indonésie.
PHILIPPINES
Manifestation devant le bureau
de la Metropolitan Waterworks
and Sewerage System (MWSS),
lâagence de lâeau
gouvernementale qui a été
privatisée. Le rassemblement a
eu lieu le 22 mars 2005, afin de
protester contre les hausses
tarifaires injustes par les
concessionnaires Maynilad et
Manila Water.
© Bubut Palattao.
ETUDE DE CAS PAR BUBUT D. PALLATAO (FREEDOM FROM DEBT COALITION), PHILIPPINES
LES LEĂONS Ă TIRER DâUNE PRIVATISATION RATĂE
LâEAU AUX
4
ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE LâEAU ET GRANDS BARRAGES
34
| AU BĂNĂFICE DE QUI?
UNE ACTIVITĂ SANS RISQUE, DES INTĂRĂTS
PRIVĂS SUBVENTIONNĂS
En 1997, Maynilad Water Services Inc. et Manila
Water Company (appartenant toutes deux Ă la
multinationale United Utilities et Ă lâentreprise
locale Ayala Corporation) ont obtenu les marchés
des zones ouest et est de Manille. Malgré les
faiblesses des réponses soumises par les deux
entreprises suite Ă lâappel dâoffres, elles furent
approuvées par le MWSS et son consultant, la
Société FinanciÚre Internationale de la Banque
mondiale. Les offres ne fournissaient pas
dâinformations dĂ©taillĂ©es, et nâincluaient pas de
réelle évaluation de la viabilité financiÚre du plan
stratégique proposé. La BEI a pourtant accordé un
prĂȘt de 50 millions dâeuros Ă Maynilad pour quâelle
puisse entamer sa privatisation.
La privatisation prit la forme dâun contrat de
concession de 25 ans : des entreprises privées (les
concessionnaires) prenant en charge la gestion et
lâutilisation des Ă©quipements existants pour
fournir lâeau et lâassainissement, en Ă©change des
charges payées par les usagers de Metro Manila.
Le MWSS gardait son rĂŽle de fournisseur dâeau
non traitée et se chargeait de la régulation des
concessionnaires. Selon lâaccord de concession, les
entreprises sâengageaient Ă atteindre certaines
performances, dont la baisse du prix de lâeau, la
distribution dâeau en continu aux usagers
connectĂ©s dĂšs lâannĂ©e 2000, la mise en conformitĂ©
avec les normes de lâOrganisation mondiale de la
santĂ© dĂšs 2000, un accĂšs universel Ă lâeau en 2006,
et la réduction des pertes en eau de 56% à 32%
durant les dix premiÚres années.
Bien que le prix de lâeau ait considĂ©rablement baissĂ©
suite Ă la privatisation, Maynilad Water Services Inc.
et Manila Water Company ont commencĂ© Ă
augmenter les tarifs aprĂšs seulement deux ans. En
2001, Maynilad Water Services Inc. annonça que ses
services seraient diminués si le gouvernement ne
lâautorisait pas Ă augmenter ses tarifs Ă travers de
nouveaux mécanismes non stipulés dans le contrat.
Lâentreprise dĂ©cida Ă©galement et de façon unilatĂ©rale
de cesser de payer ses droits de concession au
gouvernement. Lâadministration Arroyo autorisa
alors un amendement au contrat de concession afin
de satisfaire aux exigences de Maynilad Water
Services Inc., en augmentant les prix de plus de 60%.
La facturation de tarifs plus Ă©levĂ©s devait satisfaire Ă
deux conditions : que lâentreprise ne les prĂ©lĂšve plus
aprĂšs dĂ©cembre 2003, et quâelle recommence
ensuite à payer ses droits. Les frais supplémentaires
ne furent cependant pas temporaires pour tous ;
certains citoyens de Manille furent ainsi facturés
dâenviron 178 millions de dollars durant le premier
trimestre de 2004
114
.
En 2003 Maynilad Water Services Inc. a fait une
demande de résiliation de son contrat, arguant que
le gouvernement avait rendu sa viabilité trop
difficile, et en lui demandant un compensation de
303 millions de dollars. Le gouvernement réagit en
invoquant les manquements de lâentreprise Ă tenir
ses engagements, notamment le paiement de ses
droits. Le conflit fut rĂ©glĂ© par un jury dâarbitrage
international, qui confirma la validité du contrat et
ordonna Ă Maynilad Water Services Inc. de
rembourser le trop perçu pour un montant de sept
milliards de pesos philippins (127 millions de
dollars en novembre 2003). Une semaine plus tard,
lâentreprise esquiva les poursuites judiciaires en
déposant un dossier de redressement judiciaire
115
,
une cour de justice locale empĂȘchant tous ses
crĂ©diteurs (y compris lâagence gouvernementale de
lâeau et le MWSS) de tenter de recouvrer leurs
dettes. Alors que le gouvernement pouvait prélever
Ă Maynilad Water Services Inc. 120 millions de
dollars sur les provisions spécifiquement destinées
à protéger les consommateurs contre des violations
du contrat ou des manquements des
concessionnaires, il ne le fit pas.
Depuis 2003, les plans de redressement Ă©conomique
de Mayniladâs Water Services Inc. ont Ă©tĂ© revus
plusieurs fois. La derniÚre révision a été approuvée par
la justice en mai 2005. Cela a entraßné une
augmentation tarifaire de 51,6 % par rapport Ă la
moyenne actuelle, soit une augmentation de plus de
500% par rapport Ă lâappel dâoffre initial de 1997.
Cette augmentation correspond Ă un revenu mensuel
supplémentaire de 3 milliards de pesos philippins
(soit 168 millions de dollars au taux de change
actuel), et ce malgré des objectifs de performance
revus Ă la baisse. Ces derniers incluent
lâĂ©chelonnement du paiement des droits de
concessions dus et futurs, un délai supplémentaire de
deux ans pour les objectifs dâapprovisionnement en
eau et dâassainissement, et une baisse des objectifs
de pressurisation du rĂ©seau. Le refus de lâentreprise de
payer les droits de concession, dâun montant de plus
de 10 milliards de pesos philippins (environ 179
millions de dollars), a dĂ©jĂ conduit le gouvernement Ă
contracter de nouveaux emprunts (environ 430
millions de dollars entre 2001 et 2004) pour Ă©viter
que la MWSS ne manque Ă ses engagements.
En 1998, la BEI a accordé un
prĂȘt de 50 millions dâeuros Ă
Maynilad Water Services Inc.
(un partenariat entre le
géant international français
Suez, et la compagnie locale
Benpres Holdings). Ce
financement Ă©tait destinĂ© Ă
mettre en oeuvre la
privatisation du systĂšme de
distribution dâeau de
lâagglomĂ©ration de Manille
(Metro Manila), et Ă
agrandir et améliorer le
service de distribution et de
dâassainissement dans la
partie ouest.
A la mĂȘme Ă©poque, le
gouvernement des
Philippines a donné la
priorité au paiement du
service de la dette, plutĂŽt
quâĂ lâaccĂšs au rĂ©seau dâeau
pour la population de
Manille. Lâagence dâEtat pour
lâeau, le SystĂšme
métropolitain pour les
services et lâĂ©vacuation des
eaux (Metropolitan
Waterworks and Sewerage
System ou MWSS), nâa pas
voulu investir dans un
systĂšme de distribution
capable de fournir une eau
potable de qualité et peu
onéreuse aux citoyens. Les
chiffres des pertes en eau
imputables aux fuites ou
aux vols Ă©taient vertigineux.
Une partie importante des
douze millions de personnes
théoriquement desservies
par ce rĂ©seau nây Ă©tait pas
connectée Le MWSS était
Ă©galement financiĂšrement
étouffé par une dette
Ă©norme envers les
institutions financiĂšres
internationales. Le secteur
privé, généralement
considéré comme plus
efficace et moins sensible
aux manipulations
politiques
gouvernementales, Ă©tait
alors considéré comme le
remĂšde Ă la crise.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
35
L
36
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
A la mi-2004, le gouvernement a de nouveau
concĂ©dĂ© aux concessionnaires dâautres avantages, en
déclarant que Maynilad Water Services Inc. et Manila
Water Ă©taient des agents de la MWSS, et non des
contractants indĂ©pendants. Cela va Ă lâencontre de la
loi, qui inclue explicitement lâeau et lâassainissement
parmi la liste des services publics. Pourtant
lâadministration Arroyo a choisi de passer outre, en
sâappuyant principalement sur lâavis des instigateurs
de la privatisation de lâeau de Metro Manila : un
ancien administrateur de la MWSS, un ancien
ministre des travaux publics et son chef du
personnel. En déclarant les concessionnaires agents
de la MWSS, le gouvernement Arroyo donna aux
opérateurs le droit de considérer leurs taxes
professionnelles comme des dépenses susceptibles
dâĂȘtre rĂ©percutĂ©es sur les usagers.
A aucun moment le gouvernement nâa rĂ©ellement
mis en doute les fausses affirmations et prévisions
du concessionnaire, ni sa mauvaise gestion et
lâinefficacitĂ© de son activitĂ©. La Banque mondiale
et la BEI ont choisi dâignorer les objectifs irrĂ©alistes
de la firme en termes de réduction des pertes
dâeau et dâaugmentation des recettes. Il nâa jamais
été reproché à Maynilad Water Services Inc. de
surestimer ses recettes ou de sous-estimer ses
coûts, ni de ne pas prendre de précautions en cas
de chute du taux de change du peso par rapport
au dollar (envisageable étant donné le contexte
rĂ©gional de lâĂ©poque).
UN MANQUE DâEFFICACITĂ AFFECTANT LE PRIX ET
LA QUALITĂ DE LâEAU, AINSI QUE LâEXTENSION ET
LâACCĂS AU SERVICE
Avec des entreprises privĂ©es Ă la tĂȘte des
infrastructures de lâeau de Metro Manila, les
mesures de réduction des coûts ont pris le pas sur
les questions sanitaires et de désinfection. En
octobre 2003, 831 résidents de communautés
pauvres situées sur la concession de Maynilad sont
tombĂ©s malades dâinfections gastro-intestinales, et
six en sont mortes. Dans le mĂȘme temps, les frais
de connexion dâun montant de plus de 4000 pesos
philippins (environ 71 dollars) restent prohibitifs
pour beaucoup de foyers pauvres. En plus de ces
questions financiĂšres, les problĂšmes de mauvaise
qualitĂ© de lâeau et des services subis par les clients
de Maynilad nâont toujours pas Ă©tĂ© rĂ©solus.
En 2001, il Ă©tait estimĂ© que jusquâĂ 30% de Metro
Manila dépendait toujours de petits fournisseurs
plus chers pour lâeau potable. La couverture du
réseau est toujours inférieure aux objectifs des
concessionnaires pour 2001. Une étude menée en
2000 par le bureau de régulation du MWSS et la
Banque mondiale, intitulée « Evaluation publique
du projet relatif aux services dâeau », a rĂ©vĂ©lĂ© que
67% des 10 000 foyers qui avaient répondu
nâavaient pas notĂ© dâamĂ©lioration du service depuis
la privatisation, voire mĂȘme avaient constatĂ© une
dĂ©gradation. Selon la mĂȘme Ă©tude, plus de la
moitié des communautés étudiées ont évalué le
service de façon négative.
La privatisation du service de lâeau Ă Manille,
soutenue par la BEI, sâest rĂ©vĂ©lĂ©e un Ă©chec dont
plusieurs millions de consommateurs ont fait les
frais. Lorsquâils ont remportĂ© les contrats, Maynilad
et Manila Water avaient promis une baisse des
tarifs, une amĂ©lioration de la qualitĂ© de lâeau et un
service non-interrompu. Ils ont cependant manqué
Ă leurs engagements, ainsi quâĂ celui dâaugmenter
les investissements de modernisation des
infrastructures. Au lieu de cela, les efforts ont été
injustement supportés par les consommateurs et
les contribuables qui doivent faire face Ă une
hausse continue du prix de lâeau, une baisse de sa
qualité, et une dette publique accrue.
4
ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE LâEAU ET GRANDS BARRAGES
Manifestation devant le bureau
de la Metropolitan Waterworks
and Sewerage System (MWSS),
lâagence de lâeau
gouvernementale qui a été
privatisée. Le rassemblement a
eu lieu le 22 mars 2005, afin de
protester contre les hausses
tarifaires injustes par les
concessionnaires Maynilad et
Manila Water.
© Bubut Palattao
LAOS
ETUDE DE CAS PAR GARY LEE, TERRA (THAĂLANDE)
DES POSTULATS ERRONĂS EN MATIĂRE DâENVIRONNEMENT
ET DE RĂDUCTION DE LA PAUVRETĂ
LE BARRAGE DE NAM THEUN 2 AU
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
37
Le projet Nam Theun 2,
actuellement en
construction sur le
plateau de Nakai
(province de
Khammouane), est le
projet hydroélectrique
le plus grand et le plus
controversé au Laos.
Dâun montant de 1,25
milliard de dollars et
dâune capacitĂ© de 1070
mégawatts, basé sur la
dérivation trans-bassin,
il consiste en un
barrage de 48 mĂštres
de haut sur la riviĂšre
Nam Theun (un
affluent du MĂ©kong).
Lâeau du rĂ©servoir sera
évacuée depuis la
centrale Ă©lectrique vers
un autre affluent, la
riviĂšre Xe Bang Fai. La
mise en service (prévue
pour début 2009)
permettra dâexporter
90% de lâĂ©lectricitĂ© vers
la ThaĂŻlande, faisant de
Nam Theun 2 le plus
grand projet
énergétique trans-
frontalier en Asie.
© sebastian godinot
Ci-dessus et Ă gauche : Laos.
© Sebastian Godinot.
4
ASIE : PRIVATISATION DES SERVICES
DE LâEAU ET GRANDS BARRAGES
38
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
Le 31 mars 2005, la Banque mondiale (qui depuis la
fin des années 1980 a fourni une aide financiÚre et
technique pour les Ă©tudes et la planification, et a
soutenu politiquement le projet) a accordé un don
de 20 millions de dollars, ainsi que des garanties
pour un montant de 250 millions de dollars. Cela a
permis Ă la compagnie Nam Theun 2 Power
Company (NTPC) de sâassurer du soutien financier
dâautres bailleurs commerciaux et dâinstitutions
publiques, dont la BEI
116
, et de boucler le
financement du projet avant la date du 8 mai 2005
prĂ©vue dans la convention dâachat dâĂ©nergie.
LâĂ©valuation du projet par la BEI, qui a dĂ©bouchĂ©
sur un prĂȘt de 40 millions dâeuros en avril 2005,
sâest basĂ©e sur lâĂ©valuation faite par la Banque
mondiale. La BEI a déclaré que le projet serait
lâobjet dâun ensemble dâĂ©tudes relatives aux
impacts environnementaux, sociaux et
Ă©conomiques, en accord avec les politiques de
lâUnion europĂ©enne et du Laos.
Le projet est basé sur un schéma « Build-Own-
Operate-Transfer » (BOOT), selon lequel la Nam
Theun 2 Power Company (NTPC) transférera la
propriété du barrage au gouvernement aprÚs une
concession de 25 ans. Créée en août 2002, la NTPC
est composĂ©e dâElectricitĂ© de France International
(35% des parts), de lâentreprise thaĂŻlandaise Thai
Electricity Generating Public Company Limited
(25% des parts), de lâentreprise italo-thaĂŻlandaise
Development Public Company Limited (15% des
parts); et de lâentreprise Lao Holding State
Enterprises, entiÚrement contrÎlée par le
gouvernement du Laos (25%).
LES PRINCIPALES QUESTIONS
ENVIRONNEMENTALES
Les documents de sauvegarde de lâentreprise ont
servi de base à la légitimation environnementale et
sociale du projet. Le passage en revue des aspects
techniques de ces documents
117
met cependant en
lumiÚre de sérieux problÚmes en ce qui concerne
les impacts environnementaux et sociaux du
projet. Si ce dernier aboutit, Nam Theun 2
entraĂźnera lâinondation de 40% de la surface du
plateau de Nakai, et la dégradation supplémentaire
de 40% de ce mĂȘme plateau. Ce plateau abrite une
grande diversitĂ© dâhabitats, dont des savanes
herbeuses, des forĂȘts de pins, des forĂȘts semi-
caduques, des forĂȘts sempervirentes mixtes, et des
zones humides saisonniÚres. Il héberge également
un certain nombre dâespĂšces dâun grand intĂ©rĂȘt en
termes de conservation, au premier rang desquelles
lâĂ©lĂ©phant dâAsie (une espĂšce menacĂ©e) pour les
mammifÚres. Selon le dernier rapport du comité
consultatif indépendant pour le projet, «
les impacts
de lâinondation sur la biodiversitĂ© terrestre seront
considérables, du fait de la destruction ou de la
dégradation des habitats qui en résultera
»
118
.
La riviĂšre Xe Bang Fai est lâune des zones de pĂȘche
les plus productives du bassin du Mekong. Une
Ă©tude dans le cadre du plan dâĂ©valuation et de
gestion de lâenvironnement note que Nam Theun 2
«
aura sans doute des impacts négatifs sérieux sur les
ressources aquatiques de la Xe Bang Fai, du Nam
Phit, et dâautres riviĂšres en aval du bassin
»
119
. La
migration saisonniĂšre des poissons entre le
MĂ©kong, la Xe Bang Fai et ses affluents deviendrait
impossible. Les potagers des rives seraient inondés
ou dĂ©truits par lâĂ©rosion. Cela pourrait affecter de
façon irréversible entre «
100 000 et 120 000
personnes (qui) profitent actuellement de façon
significative des possibilités offertes par la riviÚre
Xe Bang Fai
»
120
.
DES REVENUS POUR RĂDUIRE LA PAUVRETĂ ?
La BEI certifie que NT2 « permettra un
développement économique et social durable⊠(et)
est actuellement la meilleure solution pour générer
des revenus »
121
au Laos . Cette déclaration suppose
que les revenus du projet (estimés à 250 millions de
dollars en valeur actuelle pour la durée de
concession de 25 ans) seraient investis dans des
programmes sociaux au bénéfice des plus pauvres.
Cependant, les mauvaises expĂ©riences relatives Ă
dâautres projets de barrages au Laos, ainsi que
lâincapacitĂ© du gouvernement Ă gĂ©rer de façon
transparente les revenus et Ă respecter les droits du
peuple, laissent fortement supposer que les coûts
de Nam Theun 2 dépasseront largement les
avantages potentiels. La Banque mondiale elle-
mĂȘme fait dâailleurs remarquer que sans
amélioration significative de la gouvernance, les
revenus des ressources naturelles nâauront pas
dâimpact positif en termes de dĂ©veloppement
122
.
Les promoteurs du projet prétextent que NT2
améliorera le niveau de vie de plus de 6200
personnes du plateau de Nakai qui seront
déplacées, et qui verraient leurs revenus multipliés
par trois en sept ans
123
. Lâobjectif est de faire passer
tous les villageois déplacés du statut de petits
paysans Ă celui dâagriculteurs productifs, intĂ©grĂ©s Ă
lâĂ©conomie de marchĂ©. Cela signifie que les fermiers
devront cultiver des espĂšces Ă©conomiquement
rentables, afin de pouvoir les Ă©changer contre du
riz. Cependant, les villageois ont exprimé leurs
inquiétudes quant au manque de terres cultivables
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
39
pour la riziculture, et quant à leur dépendance vis-
à -vis de marchés encore inexistants. Le plan de
relocalisation des dĂ©placĂ©s nâest donc pas viable sur
le long terme, et pourrait conduire à un sérieux
problÚme de sécurité alimentaire pour les
communautés locales.
DISCUSSIONS AUTOUR DE LâĂNERGIE
THAĂLANDAISE
Comme expliqué plus haut, plus de 90% de
lâĂ©lectricitĂ© produite Ă NT2 sera vendue Ă son voisin
thaïlandais. Contrairement aux déclarations de la
Banque mondiale selon lesquelles Nam Theun 2
représente la solution la moins coûteuse pour la
ThaĂŻlande, des ONG thaĂŻlandaises et des
universitaires pensent au contraire quâil y a des
sources dâĂ©lectricitĂ© moins chĂšres au niveau local,
comme par exemple des centrales alimentées au
gaz, ou encore la possibilité de jouer sur la
demande Ă©nergĂ©tique. Un groupe dâexperts
indĂ©pendants en Ă©conomie de lâĂ©nergie basĂ© en
Thaïlande, qui a passé en revue la version finale de
lâanalyse Ă©conomique, en a conclu que beaucoup de
suppositions irréalistes avaient été faites dans le
cadre de ce projet
124
.
FAIBLESSE DES CONSULTATIONS ET VIOLATIONS
DES POLITIQUES DE LA BANQUE MONDIALE
Une Ă©tude
125
des documents utilisés durant les
consultations locales a permis de conclure que ces
derniĂšres nâĂ©taient pas en accord avec les politiques
de la Banque asiatique de développement (et de la
Banque mondiale) concernant les déplacements
forcés de populations. Il est en effet requis que les
populations dĂ©placĂ©es du fait dâun projet de
développement soient « consultées de façon
adéquate», et ne voient pas leurs conditions de vie
se dégrader par rapport à leur situation initiale.
Bien que de trĂšs nombreuses discussions aient eu
lieu avec les communautés vivant sur le plateau de
Nakai, les démarches de consultation ont plutÎt eu
pour thĂšme lâamĂ©lioration des conditions de
relogement, plutÎt que de débattre de la pertinence
ou non du projet et du déplacement en tant que
tel. De plus, alors que plus de 100 000 personnes
qui vivent le long de la riviĂšre Xe Bang Fai seront
affectĂ©es par lâĂ©lĂ©vation du niveau de lâeau, les
discussions nâont dĂ©butĂ© quâĂ la mi-2004, et de
nombreuses personnes nâont toujours pas Ă©tĂ©
consultées
126
. Enfin et bien que les politiques de la
Banque mondiale stipulent que les déplacements
ne peuvent avoir lieu avant lâaccord du plan de
déplacement involontaire (Involuntary
Resettlement Plan) par le Conseil dâadministration
de la Banque, des familles avaient déjà été
dĂ©placĂ©es dĂšs dĂ©cembre 2003, plus dâun an avant
lâaccord de la Banque pour le prĂȘt et le plan en
question
127
. Il est intéressant de noter que la BEI ne
dispose pas de politique propre en la matiĂšre, et se
base donc encore une fois sur celle de la Banque
mondiale, sans Ă©valuation sur le terrain.
En 2004, plusieurs ONG internationales ont déposé
une plainte contre Electricité de France pour avoir
enfreint les normes de lâOrganisation pour la
coopération économique et le développement
(OCDE) sur les entreprises multinationales. Entre
autres choses, cette plainte a mis en relief les
manquements dâEDF Ă se conformer aux normes
de lâOCDE en matiĂšre de passation des marchĂ©s,
ainsi que pour identifier, prendre en compte et
résoudre les éventuels impacts négatifs, et se
conformer aux obligations et aux engagements
internationaux du gouvernement du Laos.
LE NONâRESPECT DES ENGAGEMENTS
La BEI a déclaré que « tout grand projet de barrage
pour lequel le financement de la BEI est demandé
sera évalué dans le respect des recommandations
de la Commission Mondiale des Barrages (CMB) et
le rapport Camdessus »
128
. Cela nâa cependant pas
Ă©tĂ© le cas dans la mesure oĂč la BEI nâa pas fait ses
propres Ă©valuations, mais sâest au contraire basĂ©e
sur celles de la Banque mondiale. De plus, la BEI ne
sâest pas conformĂ©e aux politiques de lâUnion
européenne sur le changement climatique décrites
en 2004 dans la directive-cadre du Parlement
européen sur le Protocole de Kyoto, qui exige
lâĂ©valuation de chaque grand projet de barrage
financĂ© par lâUE en dehors de son territoire selon les
recommandations de la CMB. La Banque mondiale,
la BEI et la NTPC n'ont pas évalué Nam Theun 2
selon ces critĂšres. Au contraire, une Ă©tude
indépendante a révélé que le projet NT2 violait en
fait six des sept stratégies prioritaires de la CMB
129
.
CONCLUSION
Ce qui est décrit ci-dessus montre que, sous couvert
de lâ « intĂ©rĂȘt mutuel », la participation de la BEI
permettra en fait aux compagnies impliquées
dâaccroĂźtre leurs profits. Et ce, au dĂ©triment de
milliers de personnes dont les moyens de
subsistance, la sĂ©curitĂ© et lâĂ©conomie reposent sur
des ressources naturelles qui seront inévitablement
détruites par NT2.
Travaux en cours.
© FIVAS et Proyecto Gato.
Les populations et
lâenvironnement qui seront
affectés par le barrage de
Nam Theun 2.
© Sebastian Godinot.
Ci-dessus: Laos.
© Sebastian Godinot.
40
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
5
CONCLUSION
6
Bien que la BEI soit obligée de respecter la stratégie
de dĂ©veloppement de lâUnion europĂ©enne, cela nâa
en réalité pas été le cas durant les dix derniÚres
années en ce qui concerne les financements en
Afrique, en Amérique latine et en Asie. De nombreux
prĂȘts ont Ă©tĂ© accordĂ©s Ă de grands projets non-
soutenables dans les domaines des Ă©nergies fossiles
(pĂ©trole et gaz), de lâextraction miniĂšre, des barrages
ou de projets industriels. Il sâagit donc de secteurs
pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme Ă©conomiquement
viables par la BEI, mais qui bénéficient surtout aux
filiales des entreprises européennes, et non aux
populations locales ou Ă lâenvironnement. Ce rapport
nâa pas identifiĂ© dâĂ©lĂ©ments prouvant que la BEI avait
respectĂ© la politique de dĂ©veloppement de lâUnion
européenne en ce qui concerne les domaines
prioritaires, notamment la réduction de la pauvreté.
Bien que la BEI déclare dans son rapport
environnemental 2004 quâelle «
finance des projets
qui ont des effets bĂ©nĂ©fiques sur lâenvironnement
»,
aucun projet nâa Ă©tĂ© financĂ© durant les dix
derniÚres années en Amérique latine, en Asie ou
en Afrique, qui aurait réellement bénéficié à la
conservation de lâenvironnement et Ă la protection
de la biodiversité.
Si la BEI est souvent présentée comme la « banque de
dĂ©veloppement de lâUnion europĂ©enne », elle reste
dans les faits Ă©loignĂ©e des principaux objectifs de lâUE
en matiÚre de réduction de la pauvreté et de
développement social, énoncés dans les documents
dâorientations stratĂ©giques pays.
Ces derniers sont les
principaux outils de planification et de financement
de lâaide aux pays situĂ©s en dehors de lâEurope
Si le traité constitutionnel européen suggÚre que les
activités de financement de la BEI soient au service
des objectifs de lâUE en matiĂšre de dĂ©veloppement et
de coopération, un mandat institutionnel officiel
reste encore à définir quant aux activités de la
banque en matiÚre de développement dans les
rĂ©gions extĂ©rieures Ă lâUE (mis Ă part les pays du
groupe ACP). La définition de critÚres clairs pour les
financements de la BEI nâen est que plus urgente.
Le manque de participation et de consultation réelle
des populations concernées et de la société civile sur la
conception du projet, les compensations et
lâapprobation du projet est un problĂšme-clĂ©. Tous les
cas étudiés pour ce rapport montrent un manque
dâimplication de la sociĂ©tĂ© civile dans les processus de
décision
. Cela va Ă lâencontre des meilleures pratiques
internationales reprises par les directives de lâUE, et
des normes de beaucoup dâautres institutions
financiĂšres internationales. Dans les cas du barrage
de Nam Theun 2 au Laos, des projets de privatisation
de lâeau aux Philippines et en IndonĂ©sie, de lâolĂ©oduc
Tchad-Cameroun et du gazoduc Bolivie-Brésil, la BEI
n'a appliqué aucune rÚgle en matiÚre de
transparence. Les communautés locales et les
populations indigĂšnes nâont Ă©tĂ© informĂ©es et
consultées que tardivement quant aux
consĂ©quences potentielles (lorsquâelles lâont Ă©tĂ©), et
nâont eu aucune place dans les dĂ©cisions. Lorsquâelles
ont été informées, cela a souvent été fait de maniÚre
inappropriée ou dans un langage inadapté.
La BEI
renvoie souvent les demandes dâinformation du public
vers les sites internet de ses clients, au lieu de publier
lâĂ©valuation environnementale qui pourrait ĂȘtre
commentée par le public au niveau local, comme
lâexige la politique de lâUE en la matiĂšre. Dans les cas
oĂč la BEI Ă©tait le seul bailleur, aucune information nâa
été mise à disposition au long du cycle de projet, ni
aux populations concernées, ni aux ONG locales ou
internationales, ni au Parlement européen.
Qui plus est, étant donné que la BEI a sollicité de
façon croissante les fonds budgétaires européens
pour lâAfrique, les CaraĂŻbes et la zone Pacifique, le
transfert des financements vers le secteur privé est
extrĂȘmement prĂ©occupant. Les Ă©tudes de cas en
Indonésie ou aux Philippines ont montré que les
investisseurs privés ont souvent failli à satisfaire le
droit légitime des plus pauvres à un
approvisionnement en eau de qualité, et ont plutÎt
augmentĂ© les prix. Enfin, la BEI tend gĂ©nĂ©ralement Ă
privilégier les entreprises européennes plutÎt que les
entreprises locales.
Un des principaux constats suite Ă lâĂ©valuation des
activités extra-européennes de la BEI est la liberté dont
elle jouit au niveau local, particuliĂšrement en ce qui
concerne la mise en ?uvre du mandat du Conseil
européen et le contrÎle de la Commission européenne.
Lâabsence de stratĂ©gie de dĂ©veloppement de la BEI
facilite une approche centrée sur le client, plutÎt
quâune approche basĂ©e sur les principes du
développement durable.
Comme nous lâavons vu,
lâapprobation des projets repose sur les aspects
Ă©conomiques, financiers et techniques, plutĂŽt que
sociaux ou environnementaux. Ce risque est aggravé
par le fait que la BEI ne dispose pas des ses propres
politiques et stratégies en matiÚre de garanties ou de
développement sectoriel pour guider ses activités
(contrairement Ă la Banque mondiale et Ă dâautres
banques de développement multilatérales).
Alors que la BEI sâapprĂȘte Ă revoir ses mandats en
matiĂšre dâinvestissements extra-europĂ©ens, le
Conseil européen et la Commission européenne
doivent agir rapidement et de façon coordonnée afin
de sâassurer que les populations et lâenvironnement
sont les principaux bénéficiaires de la BEI.
Ce rapport montre les
impacts négatifs
résultant des pratiques
de la BEI dans le Sud.
Des analyses régionales
et huit Ă©tudes de cas
montrent une
indifférence flagrante
aux droits
environnementaux et
sociaux des
populations
concernées, ainsi que
des défaillances
systématiques en
matiĂšre dâapprobation,
de suivi et dâĂ©valuation
des projets.
Deux femmes du village de
Bimbagu, au nord du Ghana.
© Janneke Bruil.
© Jannek Bruil
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
41
DANS LE CAS DE FINANCEMENTS EXTRA-
EUROPĂENS, LA BEI DEVRAIT :
1.
Assumer la pleine responsabilitĂ© de lâimpact des
projets financés (y compris la réparation des
dommages créés par ses projets actuels et passés),
et sâassurer que les projets futurs nâont pas de
conséquences négatives pour les populations
locales et lâenvironnement ;
2.
Obtenir lâaccord des communautĂ©s locales et
des populations indigÚnes avant de démarrer un
nouveau projet, et établir des procédures
transparentes de consultation publique des
populations concernées, en accord avec les
meilleures pratiques internationales ;
3.
Respecter les droits de lâhomme, les principes
de la sécurité alimentaire, et les droits du travail et
des peuples indigĂšnes dans le cadre des
conventions et législations internationales en
vigueur, tout en sâassurant que tous les projets
sont basés sur les meilleures normes et
procédures internationales en matiÚre
dâenvironnement. La BEI devrait Ă©galement mettre
en place des procĂ©dures de suivi et dâĂ©valuation lui
permettant de s'assurer que les entreprises qui
reçoivent son soutien respectent les lois et
politiques en vigueur dans le pays hĂŽte, dans leur
pays dâorigine et dans lâUnion europĂ©enne, y
compris les droits de lâhomme et la lĂ©gislation du
travail et de lâenvironnement ;
4.
Sâassurer que tous les futurs projets financĂ©s
contribuent à atteindre les Objectifs du Millénaire
pour le DĂ©veloppement des Nations-Unies
130
, et
interdire le soutien à des projets incohérents en
termes de réduction de la pauvreté et de
développement durable, y compris :
>
Les projets qui impliquent la transformation
ou la dĂ©gradation dâhabitats naturels
prioritaires, une exploitation abusive des
ressources naturelles, ou encore la production
de substances interdites ou dont la production
tend Ă ĂȘtre interdite ;
>
Les grands barrages qui ne remplissent pas
les critĂšres de la Commission Mondiale
des Barrages ;
>
Les projets dâindustrie extractive et les
centrales nucléaires ;
>
Les plantations dâarbres industrielles Ă
grande Ă©chelle.
5.
Rendre publiques, de maniĂšre pro-active et dans
les délais adéquats, toutes les informations
importantes
131
, dans les langues appropriées et
sous une forme compréhensible par les
populations concernées ;
6.
Adopter les meilleures pratiques en matiĂšre de
politiques de sauvegarde, y compris concernant
les peuples indigÚnes, les déplacements et les
droits humains, par le biais dâun processus de
consultation de la société civile internationale et
des populations affectées;
7.
Adopter un mécanisme indépendant de plainte
et de vérification du respect des normes, qui soit
accessible aux populations de tous les pays dans
lesquels la BEI opĂšre ;
8.
Adopter une stratégie de développement par le
biais dâun processus de consultation de la sociĂ©tĂ©
civile internationale et des populations concernées,
dans toutes les rĂ©gions oĂč la BEI opĂšre;
Qui plus est, dans la mesure oĂč la BEI opĂšre dans
le cadre des accords de développement et de
coopĂ©ration de lâUnion europĂ©enne, la
Commission européenne devrait procéder à une
évaluation annuelle de la cohérence des activités
de financement extra-européens de la BEI avec les
principes énoncés ci-dessus. La Commission
devrait exiger une suspension des activités de la
BEI lorsque ces derniĂšres sont incompatibles avec
les mandats et politiques de lâUE en matiĂšre dâaide
au développement. La BEI devrait également
rendre compte au Parlement européen et aux
citoyens des pays concernés.
6
RECOMMANDATIONS
Un homme indigĂšne en train de descendre une riviĂšre
sur son canöe, en Indonésie.
© Janneke Bruil.
© Jannek Bruil
42
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
7
GLOSSAIRE
8
ACP
: Afrique, CaraĂŻbes et Pacifique
AAL
: Asie et Amérique latine
ALENA
: Accord de libre-échange nord-américain
BAD
: Banque asiatique de développement
BEI
: Banque europĂ©enne dâinvestissement
BID
: Banque interaméricaine de développement
CAEM
: Comité pour les affaires économiques et monétaires du
Parlement européen
CAFTA
: Central American Free Trade Agreement ou Accord de
libre-échange en Amérique centrale
CE
: Commission européenne
CEE Bankwatch
: Central and Eastern Europe Bankwatch Network
(RĂ©seau de surveillance des banques de lâEurope centrale et de lâEst)
CRBM
: Campagna per la Riforma della Banca Mondiale ou Campagne pour
la réforme de la Banque mondiale
EIE
: Etude dâimpact environnemental
E.U
. : Etats-Unis
FED
: Fond européen de développement
FI
: FacilitĂ© dâinvestissement de la BEI
GAO
: Gazoduc dâAfrique occidentale
GIE
: Groupe international dâĂ©valuation
MWSS
: Metropolitan Waterworks and Sewerage System ou SystĂšme
mĂ©tropolitain pour les services et lâĂ©vacuation des eaux (Ă Manille, Philippines)
NT2
: barrage de Nam Theun 2 au Laos
NU
: Nations-Unies
OCDE
: Organisation pour la coopération et le développement économique
OMD
: Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG
: Organisation non-gouvernementale
PAM Jaya
: Entreprise publique en charge de la gestion de lâeau Ă Djakarta
PE
: Parlement européen
PME
: Petites et moyennes entreprises
PPP
: Partenariat public-privé
SIEPAC
: SystĂšme dâinterconnection Ă©lectrique des pays dâAmĂ©rique centrale
WALHI
: Forum indonĂ©sien pour lâenvironnement (Amis de la Terre IndonĂ©sie)
WEED
: World Ecology, Economy and Development
(Ecologie, économie et développement mondial)
Brésil.
© MelquĂades
SpĂnola/CEPEDES
Une femme dans la zone de pĂȘche
de Djakarta, en Indonésie.
© Janneke Bruil.
© Jannek Bruil
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
43
8
ANNEXES
DOCUMENTATION STATISTIQUE
TABLEAU 1
CONVENTIONS ET DĂCISIONS EN VIGUEUR RELATIVES
AUX ACTIVITĂS EXTRA-EUROPĂENNES DE LA BEI
RĂGION OU PAYS
Afrique CaraĂŻbes Pacifique (ACP)
Pays et Territoires dâOutre-mer
(PTOM)
RĂ©publique Sud-Africaine
Pays méditerranéens
Turquie
Europe Centrale et Orientale
Russie/WNIS
Asie et Amérique latine (AAL)
Pays méditerranéens
Pays candidats Ă lâadhĂ©sion
BASE LĂGALE
Accord de Cotonou
Accord de Cotonou
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
DĂ©cision du Conseil
Facilité
euroméditerranéen
ne d'investissement
et de partenariat
FEMIP
137
Facilité de pré-
adhésion
ANNĂE
DâEXPIRATION
2005
2005
2007
2007
2007
2007
2007
2007
2004
2007
2004
RESSOURCES
PROPRES
1700
20
825
6425
450
9280
600
2480
1000
200
12000
CAPITAL-
RISQUE
132
2200
20
No
Yes
No
No
No
No
No
20-40
No
INDEMNITĂS
DE FRAIS
DâINTĂRĂT
133
Yes
134
Yes
135
No
Yes
136
No
No
No
No
No
No
No
EN MILLIONS DâEUROS
FONDS BUDGĂTAIRES
EUROPĂENS
RESSOURCES PROPRES DE LA BEI
FACILITĂS DâINVESTISSEMENT SUR FONDS PROPRES DE LA BEI (COMPLĂMENTAIRES DES INVESTISSEMENTS SOUS MAND)
Source: compilation par lâauteur
TABLEAU 2
FONDS GĂRĂS ACTUELLEMENT PAR LA BEI
DANS LE CADRE DE LâACCORD DE PARTENARIAT
DE COTONOU
Aide financiĂšre du FED
FacilitĂ© dâinvestissement
(fond renouvelable)
PrĂȘts sur ressources propres de la BEI
Total
MONTANT (MâŹ)
11,300
2,200
1,700
15,200
%
74.3
14.5
11.2
100.0
PROTOCOLE FINANCIER DE LâACCORD DE
PARTENARIAT DE COTONOU (5 PREMIĂRES ANNĂES)
FINANCEMENTS POUR
LES PTOM
138
Source: AConférence de presse annuelle 2005, Briefing Note N°10 Luxembourg, 3 février 2005
MONTANT (MâŹ)
155
20
20
195
Un enfant ghanéen passe en
courant devant son Ă©cole.
© Janneke Bruil.
© Jannek Bruil
44
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
8
ANNEXES
DOCUMENTATION STATISTIQUE
TABLEAU 3
RĂPARTITION PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS
DE LA BEI AUX PAYS ACP (1994-2004)
139
SECTEURS
Industries extractives
(Mines)
(Gaz)
(PĂ©trole)
Electricité
Hydroélectricité /barrages
Thermique
Télécommunications
AĂ©roports
Ports
Transports /routes
Rail
Industrie/alimentaire
Industrie/métallurgie
Distribution de lâeau et assainissement
Eau potable
Tourisme
Plantations
Agriculture industrielle
Agriculture
MONTANT
(MâŹ)
722,5
316,6
230,0
175,9
392,2
339,0
57,3
215
232,2
120,4
50,0
36%
117,1
169
130,1
39,0
56,0
8,0
43,0
20,0
Source: Données annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassées par
lâauteur dâaprĂšs la description des projets.
% DU MONTANT
TOTAL ACP
16%
7%
5%
4%
9%
8%
1%
5%
5%
3%
1%
0,7%
3,5%
4,5%
4%
1%
1,5%
0,1%
1%
0,5%
TABLEAU 4
FINANCEMENTS AUX PRINCIPAUX
PAYS ACP (1994-2004)
PAYS
Mozambique
Kenya
Zambie
Namibie
Maurice
RĂ©publique Dominicaine
JamaĂŻque
Ouganda
Tanzanie
Sénégal
Ethiopie
Mauritanie
Cameroun
MONTANT (MâŹ)
317,1
218,9
196,2
170,7
164,2
161,9
151,0
147,0
147,1
145,0
145,0
112,2
99,9
DâaprĂšs une analyse par lâauteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.
% DU TOTAL ACP
7%
4,8%
4,3%
3,8%
3,6%
3,6%
3,3%
3,2%
3,2%
3,2%
3,2%
2,5%
2,2%
MÚre pygmée avec son
enfant (Cameroun).
© frédéric castell
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
45
TABLEAU 5
FINANCEMENTS AUX PAYS DâAMĂRIQUE LATINE
COMPARĂS AU TOTAL DES FINANCEMENTS AAL
(1994-2004)
PAYS
Brésil
Argentine
Mexique
Panama
RĂ©p. Dominicaine
Amérique Centrale
PĂ©rou
Chili
Zone CaraĂŻbe
Pays du Pacte andin
Guyana
Paraguay
Uruguay
TOTAL
MONTANT (MâŹ)
1039,2
468,7
210
145
115
106
77
75
42
40
20,5
17
10
2.360,2
DâaprĂšs une analyse par lâauteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.
% DU TOTAL AAL
30%
13%
6%
4%
3,2%
4%
2,1%
2%
1,1%
1%
0,5%
0,4%
0,2%
65,5%
NOMBRE DE PROJETS
22
11
5
3
14
3
2
1
4
1
2
1
1
70
TABLEAU 6
FINANCEMENTS AUX PAYS ASIATIQUES
COMPARĂS AU TOTAL DES FINANCEMENTS AAL
(1994-2004)
PAYS
Philippines
Indonésie
ThaĂŻlande
Chine
Pakistan
Vietnam
Inde
Bangladesh
Sri Lanka
Total
MONTANT (MâŹ)
353,6
293,6
160,4
135,8
134,6
55
50
36
30
1229,2
DâaprĂšs une analyse par lâauteur des donnĂ©es annuelles 1994-2004 sur les financements de projets.
% DU TOTAL AAL
9,8%
8,2%
4,4%
3,7%
3,7%
1,5%
1,4%
1%
0,8%
34,5%
NOMBRE DE
PROJETS
8
6
4
3
4
1
1
1
1
29
46
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
8
ANNEXES
DOCUMENTATION
STATISTIQUE
9
TABLEAU 8
DĂTAIL PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS DE LA
BEI AUX PAYS DâASIE
141
(1994-2004)
SECTEURS
Industries extractives / gaz
Distribution et traitement de lâeau
Industries extractives / pétrole
Industrie (autres)
Transports / aéroports
Industrie/ciment
Transports / routes
Hydroélectricité / barrages
Télécommunications
MONTANT (MâŹ)
403
144
98,6
93
76,4
59
56
45
49,6
DonnĂ©es annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassĂ©es par lâauteur
dâaprĂšs la description des projets.
% DU TOTAL ASIE
33%
14%
8%
7%
6,5%
5%
4,5%
4%
4%
TABLEAU 7
RĂPARTITION PAR SECTEUR DES FINANCEMENTS
DE LA BEI AUX PAYS DâAMĂRIQUE LATINE
140
(1994-2004)
SECTEURS
Télécommunications
Industries extractives
Industrie automobile
Industrie (autres)
Electricité
Distribution et traitement de lâeau
Transports / routes
Infrastructures
Agriculture/exploitation forestiĂšre
Thermique
MONTANT (MâŹ)
400,4
397,7
356,0
321,0
152,8
144,2
72,0
75,8
42,7
10,0
DonnĂ©es annuelles sur les projets, extraites des rapports annuels de la BEI et reclassĂ©es par lâauteur
dâaprĂšs la description des projets.
% DU TOTAL
AMĂRIQUE LATINE
17%
17%
15%
14%
7%
6%
3%
3%
2%
0,8%
The harbour in Jakarta.
© Janneke Bruil.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
47
RESSOURCES GENERALES SUR LA BANQUE
EUROPEENNE DâINVESTISSEMENT
Base de données sur les projets de la BEI
Ce site internet est géré par la société civile, et
fournit une liste des projets financés par la BEI en
Asie, dans le Pacifique, en Afrique, en Amérique
latine, aux CaraĂŻbes et dans les pays du sud-
méditerranéens.
www.eibprojects.org
Résumés factuels de la Banque européenne
dâinvestissement (en anglais, français et espagnol)
CEE Bankwatch Network / Amis de la Terre
International, 2003
www.bankwatch.org
Pages internet de CEE Bankwatch au sujet de la BEI
http://bankwatch.ecn.cz/project.shtml?w=147578
Etudes du Parlement européen
The Development Impact of European Investment
Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and
ALA framework, mars 2005, par CRBM pour le
Parlement européen (EP/ExPol/B/2004/09/06).
www.aa.ecn.cz/img_upload/2a47e698cb07569dfd
0ebe077b6aad99/eib_study12_05_jaro.pdf
Rapport sur les financements de lâUnion
européenne dans les pays en voie de
développement (Impact of the lending activities
of the European Community in developing
countries),
juin 2004 , Comité pour le
développement, Gabriele Zimmer
http://bankwatch.ecn.cz/newsroom/documents.sh
tml?x=330478
Site internet de la BEI
www.eib.org
RESSOURCES SUR LES ETUDES DE CAS
Les financements de la Banque européenne
dâinvestissement (BEI) au Mexique â Qui en tire
profit ?
Analyse des activités de financement de la
BEI au Mexique, en regard des prioritĂ©s de lâUnion
européenne pour la coopération, DECA Equipo
Pueblo, A.C. Mimeo, Mexique, avril 2005
Information sur la situation des droits syndicaux
au Mexique (Informe sobre la situaciĂłn del
derecho a la libertad sindical en MĂ©xico)
3 mars
2004, Centro de ReflexiĂłn y AcciĂłn Laboral
(CEREAL), prĂ©sentĂ©e Ă lâaudience thĂ©matique de la
119
Ăšme
session de la Commission interaméricaine
pour les Droits de lâhomme.
RESSOURCES SUR LES ETUDES DE CAS
Promesses dâemplois et destruction du travail : le
cas dâAracruz Cellulose au BrĂ©sil (Promises of jobs
and destruction of work: The case of Aracruz
Cellulose in Brazil)
2005, DeâNadai, Alacir,
Winifridus Overbeek, Luiz Alberto Soares (World
Rainforest Movement, Uruguay)
www.wrm.org.uy
Nam Theun II: No Time for Another Mistake
Octobre 2004, TERRA
www.terraper.org/watershed/pdf/vol10no1.pdf
La privatisation de lâeau en IndonĂ©sie :
pages
internet des Amis de la Terre Indonésie
www.eng.walhi.or.id/kampanye/air/privatisasi/05
0729_waterpriv_cu/
Water in the Philippines: Peopleâs Resistance and
Alternatives to Privatisation of Water and Power
Services
Sept 2004, Freedom from Debt Coalition
www.freedomfromdebtcoalition.org/main/pages/
000360.php
Taking Stock of Water Privatisation in the
Philippines: The Case of the Metropolitan
Waterworks and Sewerage System (MWSS)
2005, Freedom from Debt Coalition
www.freedomfromdebtcoalition.org/pubs/pages/0
00381.php
The Chad-Cameroon Oil & Pipeline Project: A Call
for Accountability
June 2002, Association
Tchadienne pour la Promotion et la Defense des
Droits de lâHomme, Centre pour LâEnviornment et
le Developpement, and Environmental Defense
www.environmentaldefense.org/documents/2134
_Chad-Cameroon.pdf
Traversing Peopleâs Lives ; How the World Bank is
financing community disruption in Cameroon
Report and DVD. 2002, CED/Friends of the Earth
Cameroon
www.foei.org/publications/pdfs/traversing.pdf
Pulp Mills: from Monocultures to Industrial
Pollution
World Rainforest Movement, April 2005
www.wrm.org.uy
9
RESSOURCES UTILES
© ced/f
oe camer
oon
48
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
9
RESSOURCES UTILES
1
AUTRES RESSOURCES
Pourquoi les institutions financiĂšres internationales
doivent se retirer du forage, des oléoducs et des mines
Amis de la Terre International, 2003
http://www.foei.org/fr/publications/link/mining/i
ndex.html ou
http://www.foei.org/fr/publications/pdfs/handsoff.pdf
IFIwatchnet
Coordination dâorganisations de
surveillance des institutions financiĂšres internationales
www.ifiwatchnet.org
Eyes on IFIs
Centre de ressources sur les vidéos et
les films relatifs aux institutions financiĂšres
internationales
www.ifiwatch.tv
Pumping Poverty Speakers Tour
DVD, Amis de la
Terre International, 2005
www.ifiwatchnet.org/eyes/item.shtml?x=44730
Twelve Reasons to Exclude Large Hydro from
Renewables Initiatives
http://www.foei.org/publications/pdfs/12Reasons-
eng.pdf
Commission Mondiale des Barrages
www.dams.org
Rapport sur les industries extractives
http://ifcln1.ifc.org/ifcext/eir.nsf/Content/Home
CONTACTS DES ETUDES DE CAS
Centre pour lâenvironnement et le dĂ©veloppement
(CED) / Amis de la Terre Cameroun
B.P. 3430 Yaoundé, Cameroun
Tel: +237 222 38 57
Fax: +237 222 38 59
E-mail: infos@cedcam.org
www.africa-environment.org/ced/
Cepedes
Rua Paulino Mendes Lima, 53 - 2Âș andar,
45820-440 - Eunåpolis - BA Brésil
Tel: +55 73 3281-2768
Email: cepedes@cepedes.org.br
Citizens for a Better Environment
Obote Avenue, PO Box 23202, KITWE, Zambie
Tel: +260 (97) 797514
Fax +260 (2) 223221
Environmental Defense
1875 Connecticut Ave, NW, Suite 600,
Washington, DC 20009, USA
Tel: +1800-684-3322
Email: members@environmentaldefense.org
www.environmentaldefense.org
Equipo Pueblo
Francisco Field Jurado 51,
Col. Independencia, Deleg. Benito JuĂĄrezm,
Mexico DF, CP 03630, MMexiqueexico
Tel.: +52 (5) 5390055/5390015
Fax: +52 (5) 6727453
E-mail: pueblodip@equipopueblo.org.mx
www.equipopueblo.org.mx
FASE/EspĂrito Santo
Rua Graciano Neves, 377 - 2o. Pav. â Centro,
29015-330 - VitĂłria â ES, BrĂ©sil
Tel: +55 27 33226330 or 32237436(fax)
Email: fasees@terra.com.br
FOCARFE
3494 Yaounde Messa, Cameroun
Tel: +237 998.41.58 / +237 728 71 16
e-mail : focarfe@yahoo.com
www.aedev.org/focarfe/
Freedom from Debt Coalition
11 Matimpiin St., Central District,
Quezon City, Philippines 1100
Telefax: +63 (2) 9246399
Email: mail@freedomfromdebtcoaliton.org
www.freedomfromdebtcoalition.org
Towards Ecological Recovery & Regional Alliance
409 Soi Rohitsuk Praharajbampen Road,
Huay Kwang, Bangkok 10320, ThaĂŻlande
Tel : +66-2-6910718-20
Fax : +66-2-6910714
Email: fer@terraper.org
www.terraper.org
WALHI
Wahana lingkungan hidup Indonesia
(Forum indonĂ©sien pour lâenvironment / Amis de
la Terre Indonésie)
JI. Tegal Parang Utara No. 14, Jakarta Selatan
12790, Indonésie
Tel: +62 (21) 79193363
Fax: +62 (21) 7941673
email: walhi@walhi.or.id
www.walhi.or.id
World Rainforest Movement (Mouvement
Mondial pour les ForĂȘts Tropicales)
International Secretariat, Ricardo Carrere,
Maldonado 1858, Montevideo 11200, Uruguay
Tel: +598 2 413 2989
Fax: +598 2 410 0985
E-mail: wrm@wrm.org.uy
wwwwrm.org.uy
ScĂšnes de rues Ă Accra (Ghana).
© Janneke Bruil.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
49
19.
Comme stipulé dans la Décision du Conseil européen 200/24/EC,
la Commission doit informer tous les ans le Parlement et le Conseil
des financements accordĂ©s, ainsi que de lâavancement des opĂ©rations
dans le cadre de la garantie de lâUE, et doit Ă©galement, dans le mĂȘme
temps, soumettre une Ă©valuation des projets et de la coordination
entre les différentes institutions financiÚres opérant dans la région.
Lâarticle 2 de la mĂȘme dĂ©cision stipule : âLes informations soumises
par la Commission au Parlement européen et au Conseil doivent
inclure une Ă©valuation de la contribution du financement en vertu de
cette décision à atteindre les objectifs de la Communauté en termes
de politique extĂ©rieureâ.
20.
Banque europĂ©enne dâinvestissement,
Environment
Statement
, 2004 (www.eib.org). Le mĂȘme principe est rĂ©pĂ©tĂ©
dans lâAccord de partenariat ACP-UE de Cotonou, 2000.
21.
Par exemple âLâaide doit ĂȘtre orientĂ©e Ă fin de promouvoir les
droits de lâindividu⊠et le dĂ©veloppement socialâ (Titre 1, lâAccord
de partenariat ACP-UE de Cotonou, 2000).
22.
Les politiques opérationnelles des institutions financiÚres,
jusquâici confidentielles, ont Ă©tĂ© fournies par le Parlement Ă
lâauteur le 24 fĂ©vrier 2005.
23.
En plus dâĂȘtre financiĂšrement viables, les projets financĂ©s par
la FacilitĂ© dâinvestissement doivent Ă©galement ĂȘtre compatibles
avec les trois dimensions (Ă©conomique, sociale et
environnementale) des objectifs généraux de Cotonou.
24.
Pour une analyse du rĂŽle et du mandat de la BEI pour les pays ACP,
voir lâĂ©tude du Parlement europĂ©en rĂ©alisĂ©e par CRBM (voir note 1).
25.
Dans certains cas et comme stipulĂ© dans lâAccord de
Cotonou, les taux dâintĂ©rĂȘts des prĂȘts sur les ressources propres
de la Banque ou de la FacilitĂ© dâinvestissement doivent ĂȘtre
subventionnĂ©s (en principe jusquâĂ 3%) par lâUnion europĂ©enne,
dans le cadre des âprojets avec des bĂ©nĂ©fices sociaux et
environnementaux substantielsâ.
26.
Le contenu de cet encart est rĂ©sumĂ© dâaprĂšs lâĂ©tude du
Parlement européen réalisée par CRBM, (voir note 1).
27.
Commission européenne,
EU Country Strategy Paper and
Indicative Programme 2001-2007
. Lusaka, 11 juillet 2002.
28.
Conférence de presse annuelle 2005 de la BEI, Briefing Note
N°11, Luxembourg, 3 février 2005
29.
ibid
30.
Résolution du Parlement européen,
Resolution on the World Bank-
commissioned Extractive Industries Review (B5 0171/2004} RC1).
31.
Pour plus dâinformation sur le GAO voir Environmental Rights
Action / Friends of the Earth Nigeria (Amis de la Terre Nigeria) :
www.eraction.org.
32.
Voir tableau 3 en annexe.
33.
Banque europĂ©enne dâinvestissement, rapport dâĂ©valuation
des projets financés par la BEI dans le cadre des mandats pour
lâAsie et lâAmĂ©rique latine (AAL), janvier 2004.
34.
Voir note 5.
35.
Banque europĂ©enne dâinvestissement,
The Social Assessment
of Projects in Developing Countries: The Approach of the European
Investment Bank,
juillet 2004.
36.
Conférence intergouvernementale sur les énergies
renouvelables Ă Bonn, Allemagne, 2004.
37.
Banque europĂ©enne dâinvestissement,
European Investment
Bank and Renewable Energy
, 2004.
38.
La définition des énergies renouvelables est controversée, mais
celle de la CURES (
Declaration on Renewable Energy
, 2004) sert de
référence (www.cures-network.org/cures_declaration.htm). Les
grands barrages en sont exclus.
39.
Incluse dans le rapport
The Development Impact of European
Investment Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and ALA
framework
(Project no EP/ExPol/B/2004/09/06), mars 2005.
40.
Tel que lâ « Acte sur la protection de lâenvironnement et la
pollution » en Zambie.
10
NOTES
1.
Parlement européen,
The Development Impact of European
Investment Bank (EIB) lending operations in the Cotonou and ALA
framework (Projet n°) EP/ExPol/B/2004/09/06)
, par Jaroslava
Colajacomo, CRBM, mars 2005, téléchargeable à :
http://aa.ecn.cz/img_upload/2a47e698cb07569dfd0ebe077b6aa
d99/eib_study12_05_jaro.pdf
LâĂ©tude a Ă©tĂ© utilisĂ©e comme base pour le rapport du Parlement
européen
Report on the impact of the lending activities of the
European Community in developing countries (2004/2213(INI))
FINAL A6-0183/2005 9.6.2005, Comité pour le développement,
rapporteur Gabriele Zimmer, tĂ©lĂ©cheargeable Ă lâadresse:
http://bankwatch.ecn.cz/newsroom/documents.shtml?x=330478
2.
Pour une évaluation et un suivi des activités de la BEI par le
Parlement européen et la Commission européenne, cf. chapitre 1.
3.
Ces prioritĂ©s (Ă lâexception de lâaccĂšs aux services sociaux) ont
été réaffirmées en novembre 2005 dans la Déclaration sur la
politique de dĂ©veloppement de lâUE âLe consensus europĂ©enâ
4.
BasĂ©e sur lâĂ©tude du Parlement europĂ©en par la CRBM (voir note 1).
5.
Le groupe Banque mondiale a évalué le rÎle futur de la banque
dans le secteur des industries extractives. La Revue des
Industries Extractives de dĂ©cembre 2003 âVers un meilleur
Ă©quilibreâ est accessible sur le site de la Banque mondiale :
http://ifcln1.ifc.org/ifcext/eir.nsf/Content/Home
6.
La CMB est une organisation indépendante, soutenue par la
Banque mondiale et lâUnion mondiale pour la conservation de la
nature (UICN), qui aborde les problÚmes associés aux grands
barrages. Le rapport de la CMB â Barrages et dĂ©veloppement : un
nouveau cadre pour la prise de dĂ©cisionâ (2000) a identifiĂ© les
valeurs de base et un cadre pour la prise de décision, afin de
sâassurer que les barrages nâengendrent pas de coĂ»ts
environnementaux excessifs. Pour plus dâinformation sur la CMB,
voir www.dams.org.
7.
Les huit Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD),
qui vont de la division par deux du nombre dâindividus en
situation de pauvretĂ© extrĂȘme Ă lâarrĂȘt de lâextension de lâĂ©pidĂ©mie
du VIH/sida et une offre universelle Ă lâĂ©ducation primaire pour
lâannĂ©e 2015, font partie dâun plan dâaction validĂ© par tous les pays
du monde et les principales institutions financiĂšres
internationales (cf. http://www.un.org/millenniumgoals).
8.
www.eib.org/publications/publication.asp?publ=14
9.
Cela consistait Ă lâorigine en une Ă©valuation annuelle de la
conformitĂ© des activitĂ©s de la BEI avec les politiques et normes de lâUE.
10.
Pour plus dâinformations, cf.
The League of Gentlemen: An
investigative report on the legal and operational relationships tying
the European Investment Bank to the European Institutions,
par Kim
Bizzarri pour les Amis de la Terre International, CEE Bankwatch
Network, FERN, CRBM, (http://www.bankwatch.org/publications/
studies/2004/league_gentlemen_11-04.pdfm).
11.
Le mandat institutionnel de la BEI est défini dans la
Constitution européenne.
12.
Partie III, Art. 317, Paragraphes 3 et 1.
13.
Conseil européen, décisions 97/256/EC et 2000/24/EC.
14.
Conférence de presse annuelle 2005 de la BEI, Briefing Note
N°11, Luxembourg, 3 février 2005.
15.
La couverture des risques est large, incluant par exemple
lâimpossibilitĂ© dâachever le projet pour cause de guerre ou de
coup dâĂ©tat, les risques commerciaux liĂ©s Ă une crise financiĂšre
imprévue, ou une dépréciation monétaire.
16.
Les garanties de lâUE peuvent couvrir jusquâĂ 70% des prĂȘts de
la BEI Ă des entreprises, des institutions financiĂšres ou des Etats
non membres, leur permettant ainsi dâaccĂ©der Ă des financements
à long terme dont ils ne pourraient pas bénéficier autrement.
17.
Banque europĂ©enne dâinvestissement :
The Social Assessment
of Projects in Developing Countries: The Approach of the European
Investment Bank
, juillet 2004.
18.
Banque europĂ©enne dâinvestissement,
Environmental and
Social Statements
, 2004.
© elaine gilligan
50
|
AU BĂNĂFICE DE QUI?
10
NOTES
41.
Le Groupe international dâĂ©valuation (GIE) et le Groupe
externe de contrÎle de la conformité (
External Compliance
Monitoring Group - ECMG
).
42.
42. Banque mondiale,
âChad-Cameroon: Petroleum
development and Pipeline Project,â
Project Appraisal Document,
Washington, D.C., 20 avril, 2000.
43
. Le Vice-prĂ©sident de la BEI, Michael Tutty, a dĂ©clarĂ© que âle
projet représente une opportunité de développement
exceptionnelle pour le Tchad, et une chance de tirer son peuple
hors de la pauvretĂ© extrĂȘme (âŠ)â. CommuniquĂ© de presse de la
BEI, 22 juin 2001.
http://www.eib.org/news/press/press.asp?press=116&Years=200
1&Months=6&go=Gowww.eib.org/news/press/index.asp.
44
. Voir par exemple les Indices 2005 de perception de la
corruption (Corruption Perception Index 2005), Transparency
International, LondresâBerlin, novembre 2005.
45
. Banque mondiale,
âChad-Cameroon: Petroleum Development
and Pipeline Project,â
Project Appraisal Document, Washington,
D.C., 20 avril, 2000.
46
. Reuters ,
Aid Groups Press World Bank on Chad Oil Profits
,
Washington, D.C., 17 novembre 2005.
47
. Groupe dâinspection de la Banque mondiale,
Report
Cameroon: Petroleum Development and Pipeline Project (Loan
No.7020-CM) and Petroleum Environment Capacity Enhancement
(CAPECE) Project.
http://siteresources.worldbank.org/
EXTINSPECTIONPANEL/Resources/CAMInvestigationRptEnglish.pdf
48
. Amnesty International,
Extrajudicial Executions/ Fear for
Safety: At Least 80 People Killed in Moundou, Others Arrested
, AI
Index, novembre 1997.
49
. BEI, communiqué de presse, 27 juin 2001
(http://www.eib.org/news/News.asp?news=24&cat=10).
50
. RĂ©solution du Conseil 2000/24/EC.
51
. Voir lâĂ©tude du Parlement europĂ©en par CRBM (cf. note 1).
52
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
Financing in Asia and
Latin America
, 2003.
53
. En lâabsence dâun mandat du Conseil qui dĂ©finisse les critĂšres
dâattribution de financements par la BEI pour les pays AAL, le
rĂšglement du Conseil 443/1992/EC peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme
le cadre de rĂ©fĂ©rence qui rĂ©gule les flux financiers de lâUE vers
ces pays. Cela inclue ceux du plan de garantie de lâUE qui met
lâaccent sur les secteurs prioritaires pour la coopĂ©ration, dont le
développement humain et la réduction de la pauvreté.
54
. Les pays Ă©ligibles au mandat AAL III sont : le Brunei,
lâIndonĂ©sie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la
Thaïlande, le Vietnam, le Bangladesh, la Chine, la Corée du Sud,
lâInde, Macao, la Mongolie, le NĂ©pal, le Pakistan, le Sri Lanka, le
YĂ©men, le Costa Rica, Le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le
Nicaragua, la Bolivie, la Colombie, lâEquateur, le PĂ©rou, le
Venezuela, lâArgentine, le BrĂ©sil, le Paraguay, lâUruguay, le Chili, le
Mexique, le Panama.
55
. Les pays qui nâont reçu aucun financement sont : le Brunei, le Laos,
la Malaisie, Singapour, la Corée du Sud, Macao, la Mongolie, le Népal,
le YĂ©men, le Costa Rica, Le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le
Nicaragua, la Bolivie, la Colombie, lâEquateur, le Venezuela.
56
. Convention entre la BEI et la Banque interaméricaine de
développement
(www.eib.eu.int/Attachments/thematic/mou_eib_idb_en.pdf).
57
. Commission européenne, COM(2003)603 final 2003/0232
(CNS),
Report from the Commission to the European Parliament
and the Council, Mid-term review of EIB external lending mandate
pursuant to Council Decision 2000/24/EC
, 13 octobre 2003.
58
. Cf. World Rainforest Movement,
Plantations are not forests
,
2003 (http://www.wrm.org.uy/).
59
.
Banque europĂ©enne dâinvestissement
, EIB Environmental
Statement 2004 (www.eib.org).
60
. Les informations contenues dans ce chapitre au sujet du
Mexique sont tirées du rapport de Domitille Delaplace (DECA Equipo
Pueblo, A.C.) :
European Investment Bank (EIB) Lending in Mexico â In
whose interest ? An analysis of EIB lending activities in Mexico with
regard to European Union Cooperation Priorities
, mimeo, Mexico, avril
2005, (p. 54). Ce rapport a Ă©tĂ© Ă©crit dans le cadre dâune Ă©tude rĂ©alisĂ©e
par Equipo Pueblo pour lâĂ©tude de cas sur le Mexique incluse dans
lâĂ©tude du Parlement europĂ©en rĂ©alisĂ©e par CRBM, (cf. note 1).
61
.
Agreement on Economic Partnership, Political Co-ordination
and Cooperation between Mexico and the European Community
,
signé à Bruxelles le 8 décembre 1997 (en vigueur depuis le 1er
octobre 2000), titre VI âCooperationâ. Commission europĂ©enne,
Document Stratégique National, Mexique (2002-2006).
62
. Convention entre la Commission européenne et la BEI,
Working procedures between the EIB and the Commission services
(DG ENV and DG ECFIN) in the consultation of the Commission
under Article 21 of the EIB Statute.
63
. Paul Hampton.
Mexico Briefing: car workersâ union
organization
, Puebla, septembre 2003.
64
. Les fonds nâont pas Ă©tĂ© versĂ©s, le SĂ©nat de la RĂ©publique nâayant
pas encore ratifiĂ© lâaccord-cadre de coopĂ©ration financiĂšre signĂ© en
novembre 2003 entre le gouvernement mexicain et la BEI.
65
. RĂ©ponse de la BEI (Direction de lâAmĂ©rique latine) Ă un
questionnaire envoyé par la consultante Domitille Delaplace, dans
le cadre de lâĂ©tude de cas sur le Mexique pour lâUnion europĂ©enne
rĂ©fĂ©rencĂ© en note 1 (dĂ©nommĂ© ci-aprĂšsâle questionnaireâ).
66
. Banque europĂ©enne dâinvestissement. âMexique: la BEI prĂȘte
70 millions dâeuros Ă Volkswagen Mexiqueâ. CommuniquĂ© de
presse, RĂ©f. 2004-093, 8 octobre 2004.
67
. âConvention de partenariat Ă©conomique, de coordination
politique et de coopĂ©rationâ; Op. cit. ibid. CF. note 57.
68
. Réponse de la BEI (Direction Amérique latine) au
âquestionnaireâ ibid.
69
. Paul Hampton.
Mexico Briefing: car workersâunion
organisation
, Puebla, Sept. 2003.
70
. Ibid.
71
. Banque europĂ©enne dâinvestissement.
The Social Assessment
of Projects in Developing Countries: the approach of the European
Investment Bank.
EIB-Projects Directorate-Environmental Unit /
28 juillet 2004.
72
. Informations relatives au conflits du travail tirĂ©es dâun
rapport du Centre de rĂ©flexion et dâaction sur le travail (
Centre for
Reflection and Action on Labour Issues
- CEREAL), présenté à une
conférence thématique de la Commission interaméricaine pour
les droits humains (Interamerican Commission on Human Rights
- CIDH), 3 mars 2004.
73
. Réponse de la BEI (Direction Amérique latine) au
âquestionnaireâ (cf. note 49).
74
. âRĂ©glementations de la loi gĂ©nĂ©rale pour lâĂ©quilibre
Ă©cologique et la protection de lâenvironnement en matiĂšre
dâĂ©tudes dâimpacts environnementauxâ, publiĂ© au Journal officiel
du 30 mai 2000.
75
. Commission européenne, W
orking procedures between the EIB
and the Commission services (DG ENV and DG ECFIN) in the
consultation of the Commission under Article 21 of the EIB Statute.
76
. Message électronique de la CRBM à la Direction Amérique
latine de la BEI, 25 janvier 2005.
77
. Message électronique de la Direction Amérique latine de la
BEI Ă la CRBM, 25 janvier 2005.
78
. Commission pour la rĂ©gulation de lâĂ©nergie,
ResoluciĂłn por la
que se expide la convocatoria para participar en la licitaciĂłn
PĂșblica Internacional LIC-GAS-009-1997
(RES/179/97), 14
novembre 1997.
79
. Le consortium Mexigaz comprenait initialement Bufete
Internacional, mais seule la compagnie française est restée
lorsque Bufete a déclaré faillite.
80
. âRĂ©glementations de la loi gĂ©nĂ©rale pour lâĂ©quilibre
Ă©cologique et la protection de lâenvironnement en matiĂšre
dâĂ©tudes dâimpacts environnementauxâ, publiĂ© au Journal officiel
du 30 mai 2000.
81
. Conseil de lâEurope, Directive 97/11/EC du 3 mars 1997
amendant la Directive 85/337/EEC Journal Officiel n° L 073, 14
mars 1997, p 5.
Station essence au Nigéria.
© Elaine Gilligan.
AU BĂNĂFICE DE QUI?
|
51
82
. RĂ©ponse de la BEI (Direction AmĂ©rique latine) au âquestion-
naireâ ibid.
83
. ibid.
84
. Message électronique de la Direction Amérique latine de la
BEI à la CRBM, 11 février 2005.
85
. Interview avec Nicolas Vergés, Directeur financier et adminis-
trative du consortium Mexigaz, 4 avril 2005.
86
. RĂ©ponse de la BEI (Direction AmĂ©rique latine) au âquestion-
naireâ ibid.
87
. Andersson & Bartholdson ,
Swedish Pulp in Brazil: The case of
Veracel, Swedwatch
, 2004, page 5.
88
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
EIB loan for reforesta-
tion in Brazil
, communiqué de presse, 18 octobre 2001.
89
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
Veracel Pulp Mill
Project
, Brazil, communiqué de presse, 30 mars 2004.
90
. Chris Lang, auteur de cette section concernant Veracel, Ă©tait
prĂ©sent Ă la rĂ©union qui sâest dĂ©roulĂ©e dans les bureaux de la BEI
Ă Bruxelles.
91
. Plantations, site internet de Veracel
(http://www.veracel.com.br/en/perfil_hoje_plantios.htm)
92
. DeâNadai, Alacir, Winifridus Overbeek, Luiz Alberto Soares (2005),
Promises of jobs and destruction of work: The case of Aracruz
Cellulose in Brazil
, World Rainforest Movement, Uruguay, pp 37.
93
. Andersson & Bartholdson
Swedish Pulp in Brazil: The case of
Veracel
, Swedwatch, 2004, pp 22. Andersson
94
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
Veracel Pulp Mill
Project, Brazil
, communiqué de presse du 30 mars 2004.
95
.
Veracel 10 years
, document de lâentreprise Veracel, 2002.
96
. Gustavo Gonzales, South America:
Profitable Pulp Mills Also
Pollute
, Inter Press Service, 13 avril 2005.
97
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
EIB loan for reforestation
in Brazil
, communiqué de presse du 18 octobre 2001.
98
.
Brazil: The short memory of Veracel and the power of Aracruz
,
World Rainforest Movement, bulletin n° 39, octobre 2000.
99
. Hannu Pesonen
Right as rain forests
, Tempus, Stora Enso
Quarterly Magazine, 1, 2004.
100
. Andersson & Bartholdson,
Swedish Pulp in Brazil: The case of
Veracel
, Swedwatch, 2004, pp 33.
101
.
Brazil: The short memory of Veracel and the power of Aracruz
,
World Rainforest Movement, bulletin n° 39, octobre 2000.
102
.
Brazils landless in widespread protests
, Financial Times,
7 avril 2004.
103
.
Stora Enso is exploring the possibility of building a new fibre
line at Veracel
, communiqué de presse de Stora Enso, 28 septem-
bre 2005 (http://www.storaenso.com/CDAvgn/main/
0,,1_-6479-14271-en,00.html)
104
. LâIndonĂ©sie et les Philippines Ă©taient en tĂȘte de liste des
pays asiatiques emprunteurs de la BEI, avec respectivement 353
M? (soit 9,8% du total des financements AAL) et 293 M? (soit
8,2% du total AAL); cf. tableau 6 en annexe.
105
. En Argentine et au Brésil le groupe français Suez est lié avec
Agua Argentina, Agua de Misiones et Agua Corbobesas dans le
cadre dâentreprises en partenariats.
106
. Signifie que lâentreprise sâoccupera de la mise en place et de
la gestion du service en Ă©change de la collecte des charges dâeau
par les utilisateurs, avant de passer le relais Ă lâEtat aprĂšs une
période définie au préalable.
107
. RĂ©glementation de janvier 2005, qui Ă©tend le risque poli-
tique Ă la ârupture de contrat combinĂ©e Ă une dĂ©nĂ©gation
en justiceâ.
108
. Cf. note 6.
109
. Lettre de la BEI Ă Petr Hlobil de CEE Bankwatch Network,
datée du 30 juin 2004.
110
. Commission européenne : directive cadre de la Commission
europĂ©enne sur le systĂšme dâĂ©changes de quotas dâĂ©missions, 2004.
111
. Fils de lâhomme dâaffaires le plus riche dâIndonĂ©sie et com-
munĂ©ment considĂ©rĂ© comme lâami intime de Soharto en affaires,
Liem Soi Liong (Ă©galement connu sous le nom de Soedono
Salim).
112
. La privatisation du service dâeau de Djakarta est divisĂ©e entre
une partie est et une partie ouest. Thames et son partenaire local
(Pt.Kekar Airindo, détenu par Sigit Harjojudanto) gÚrent la zone est
sous le nom de âPT. Thames PAM Jaya (TPJ)â; Thames Water Company
détient 40% des parts de TPJ. La Lyonnaise des Eaux et son partenaire
local (PT. Garuda Cipta Semesta, détenue par Anthnoy Salim) gÚrent
la zone ouest sous le nom de âPam Lyonnaise Jaya (Palyja)â (la
Lyonnaise des Eaux détient 80% des parts de Palyja).
113
. Thames nâa rĂ©alisĂ© que 69% en ce qui concerne le volume
dâeau facturĂ©e alors que son objectif Ă©tait de 88%; a produit 15%
dâeau en moins par rapport PAM Jaya; a diminuĂ© les pertes dâeau
de 58% à 48%, mais a échoué a atteindre son objectif de 35%; le
taux de connection au réseau a augmenté de 54% par rapport au
niveau de 1997, soit 7% sous lâobjectif; et le taux de couverture a
augmentĂ© de 62%, soit moins que lâobjectif de 70%.
114
. Dans la zone ouest de Manilla, oĂč lâopĂ©rateur a continuĂ© Ă
prélever les charges temporaires aprÚs la période autorisée.
115
. Pour une analyse des redressements dâentreprise aux
Philippines, cf. Insolvency Systems in Asia: An Efficiency
Perspective par Danilo L. Concepcion,
Corporate Rehabilitation:
the Philippine Experience
, 1999.
116
. Pour la liste des agences de financement, voir :
Update on
the Lao PDR: Nam Theun 2 (NT2) Hydroelectric Project
, 22 juin,
2005, p.8 (http://www.wds.worldbank.org/servlet/
WDSContentServer/WDSP/IB/2005/06/29/000160016_2005062
9124146/Rendered/PDF/32790a.pdf).
117
. International Rivers Network et Environmental Defense,
novembre 2004 (cf. www.irn.org).
118
. IAG, 5Ăšme rapport du Groupe international dâĂ©valuation de
la Banque mondiale,
(Fifth report of the International Advisory
Group to the World Bank),
février 2005, p.12.
119
. David J.H. Blake,
A Review of the Nam Theun 2
Environmental Assessment and Management Plan (EAMP)
as it
pertains to Xe Bang Fai fisheries, janvier 2005, publié par
International Rivers Network, p.1.
120
.
The People and Their River: A Survey of River-Based Livelihoods in
the Xe Bang Fai River Basin in Central Lao PDR
, par Bruce Shoemaker,
Ian G. Baird, et Ms Monsiri Baird, novembre 2001.
121
. Banque europĂ©enne dâinvestissement,
USD 55 million for
hydropower plant in Laos
, communiqué de presse du 26 avril 2005
122
. Banque mondiale, Lao PDR
Country Economic
Memorandum: Realizing the Development Potential of Lao PDR
,
décembre 2004, p.72.
123
. Cité dans
Agriculture and Livestock Development Plan for the
Nam Theun 2 Hydropower Project
: An Independent Analysis, jan-
vier 2005, publié par International Rivers Network.
124
. Robert Vernstorm,
Nam Theun 2 Hydro Power Project
Regional Economic Least-Cost Analysis: Final Report
, mars 2005
(cf. www.palangthai.org/docs/NT2EconMalfeas.xls)
125
. NGO Forum on ADB Briefing, Nam Theun 2:
Perspectives on
Local Consultation
, novembre 2004.
126
.
Nam Theun 2 Social Development Plan
, novembre 2004, vol.
1, ch. 4, p. 26.
127
. Les Amis de la Terre, Campagna per la Riforma della Banca
Mondiale, Bank Information Center, et Environmental Defense,
NGO
Visit to Nam Theun 2 Hydroelectric Project in Laos
, décembre 2003.
128
. Lettre de la BEI Ă Petr Hlobil de CEE Bankwatch Network,
datée du 30 juin 2004.
129
.
An Analysis of Nam Theun 2 Compliance with World
Commission on Dams Strategic Priorities
par Aviva Imhof et
Shannon Lawrence, février 2005, (cf. www.irn.org)
130
. En particulier lâobjectif 1 : âEradiquer la pauvretĂ© extrĂȘme et
la faimâ, et lâobjectif 7 : âAssurer la durabilitĂ© environnementaleâ.
131
. Toutes les informations et les contrats relatifs aux projets
financĂ©s, y compris les prĂȘts globaux, et tous les rapports et Ă©tudes
dâapprobation, de suivi et dâĂ©valuation tout au long des projets.
132
. De la FacilitĂ© dâinvestissement Ă©tablie dans le cadre de
lâAccord de partenariat de Cotonou ^pour les pays ACP et PTOM ;
du budget de lâUE pour les pays mĂ©diterranĂ©ens.
133
. ibid.
134
. Cela peut Ă©galement prendre la forme dâune assistance
technique.
135
. ibid.
136
. Pour les activités dans le secteur environnemental.
137
. FacilitĂ© euro-mĂ©diterranĂ©enne dâinvestissement et de parte-
nariat (FEMIP).
138
. La BEI a Ă©galement soutenu des investissements dans 20 Pays
et Territoires dâOutre-mer (PTOM) liĂ©s Ă certains Etats membres de
lâUE, principalement dans les CaraĂŻbes et la zone Pacifique.
139
. Nâinclue pas la catĂ©gorie âPrĂȘts globauxâ de la BEI, ce qui
explique la différence par rapport à 100% dans le total des pour-
centages des financements.
140
. Idem.
141
. Idem.
PUBLIĂ PAR :
Amis de la Terre
International (FOEI)
PO Box 19199
1000 GD Amsterdam
Pays-Bas
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e: foei@foei.org
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Campagna per la riforma
della Banca Mondiale
(CRBM)
Programma di Mani Tese
Via Tommaso da Celano 15
00179 Roma, Italie
tel: +39 06 78 26 855
fax: +39 06 78 58 100
e: info@crbm.org
www.crbm.org
CEE Bankwatch Network
Jicinska 8, Praha 3, 130 00,
RĂ©publique TchĂšque
tel: +32 2 542 01 88,
fax: +32 2 537 55 96
e: main@bankwatch.org
www.bankwatch.org
WEED e.V.
World Economy, Ecology
& Development (WEED)
Torstr. 154, D-10115
Berlin, Allemagne
tel: +49 30 2758 2163
fax: +49 30 2759 6928
e: weed@weed-online.org
www.weed-online.org
International
SUD
LA BANQUE EUROPĂENNE DâINVESTISSEMENT
DANS LES PAYS DU
AU BĂNĂFICE DE QUI?