Sans réalisateurs et réalisatrices, Laissons-leur la place nécessaire !
On parle souvent de la grande famille |
On parle souvent de la grande famille des artisans du cinéma et de la télévision. On adore nos comédiens et nos comédiennes ainsi que les animateurs de nos magazines préférés. Plusieurs scénaristes ont également la faveur populaire. Et, si l'on sait tous que cette formidable équipe est animée par un projet commun qui est le film ou l'émission de télévision qui sera présentée au public, rarement parle-t-on toutefois du rôle déterminant du réalisateur ou de la réalisatrice . En effet, celui-ci n'occupant pas personnellement la place publique, on connaît peu ou mal son travail. Voir RÔLE DU RÉALISATEUR. On oublie souvent que le réalisateur est un porteur de vision. Pourtant, le succès de l'émission, tout comme celui du film, repose sur l'aptitude du réalisateur à transmettre cette vision à l'équipe : ces artisans avec lesquels il collabore, au son ou à l'image, au décor, au costume ou au maquillage. Artiste de l'intangible qui manie les mots, les idées, les couleurs, les images et les musiques, la matière première du réalisateur est le talent créateur de tous ceux et celles dont il s'entoure. Son message, c'est la pensée, l'énergie, l'émotion. Voir LE CHEF D'ORCHESTRE. La création nécessite temps et espace : le temps de réfléchir, de laisser mûrir, de préciser et de rassembler tous les éléments qui façonneront l'œuvre, et l'espace pour habiter le sujet, y apporter le souffle qui lui donnera vie. Divers facteurs ont fait que les conditions de travail de ces mêmes réalisateurs se sont dégradées, et ce, depuis assez longtemps pour que leur nécessaire espace de création ait rétréci dramatiquement. Nous vous invitons à prendre connaissance d'une LETTRE PUBLIÉE DANS LES JOURNAUX en 2006, dans laquelle une réalisatrice prend la parole au nom de ses pairs, pour dénoncer le désenchantement vécu quotidiennement par un grand nombre d'entre eux. La bonne nouvelle cependant, c'est qu'enfin, après dix-sept ans de rebondissements de toutes sortes, une première convention collective entre l'ARRQ et l'APFTQ (Association des producteurs de film et de télévision du Québec) est sur le point de voir le jour. Voir survol HISTORIQUE DE LA CONVENTION COLLECTIVE l'ARRQ souhaite ici saluer ces créateurs de l'ombre. Car sans réalisateurs et réalisatrices nos écrans seraient sans vie. |
Ainsi, c'est celui qui détermine le découpage technique, les angles de prise de vues et les cadrages. Il dirige l'organisation des éléments créateurs et des éléments techniques de la production et détermine le déroulement et le plan de travail détaillés de l'émission. Il dirige la mise en scène ou la mise en situation. Il dirige les répétitions, et, en cours de tournage, il dirige les comédiens, les participants et l'équipe technique. Il définit et approuve les décors, les costumes, les maquillages et les accessoires. Il approuve la recherche visuelle et sonore. De concert avec la maison de production, il choisit les lieux de tournage, les comédiens et les participants, l'équipe technique et l'équipe de post-production. Il dirige le montage visuel et sonore, les comédiens ainsi que tous les travaux de finition jusqu'à la diffusion ou la copie de diffusion ; Il choisit le compositeur et approuve la musique. Il dirige l'orientation du contenu et la création des génériques. Avec le producteur, il effectue finalement le choix de studios d'enregistrement, des laboratoires, des salles et studios de post-production.
D i r i g e r d é f i n i r c h o i s i r a p p r o u v e r |
LE CHEF D’ORCHESTRE Unis par le désir de livrer un concert mémorable, les musiciens d’un orchestre s’efforcent de répondre aux demandes du chef de l’orchestre. À cet effet, chacun doit non seulement être assuré de la beauté de la vision qu’insuffle le chef à l’œuvre, mais également y adhérer. Le chef doit donc communiquer sa vision de l’œuvre aux musiciens afin de favoriser l’adhésion de chacun. Chacune de vos émission de télévision est « orchestrée » par un réalisateur. |
L’ENVERS DU DÉCOR Imaginez l’emploi de vos rêves. Il est créatif, bien payé, et parfois même vous avez l’impression de vous accomplir. Vous voyagez à l’occasion, et vous travaillez avec ceux que l’on désigne comme la crème de la société : les vedettes. Vous les côtoyez, les tutoyez même. Vous partagez leur milieu de travail et ça rejaillit sur vous. Dans votre famille, c’est un peu vous la star. Vous avez tant d’anecdotes captivantes à raconter. Tout le monde vous envie ! Vous avez trimé dur pour faire votre métier. Des horaires de fous, le soir, les week-ends, sans préavis. Pas de vacances. Vous ne pouviez rien refuser, il fallait faire votre nom. Il fallait prouver que vous en valiez la peine. Qu’importe, vous aviez trente ans. Le monde entier vous appartenait. Mais voilà qu’un matin, vous vous réveillez avec un mal de dos intense ou une migraine insupportable. Vous travaillez quand même parce que pour vous, les congés n’existent pas. Vous êtes un peu moins performants que d’habitude. Et déjà, l’opinion qu’on a de vous s’altère. Vous n’avez pas droit à l’erreur. Advient une séparation, ou l’état de santé d’un parent qui vous accapare. Votre rendement se détériore. On vous remplace. Vous êtes bien mieux de vous reposer. À vos frais, cela s’entend. Mieux encore. La vedette de votre émission ne vous aime pas, ou c’est le producteur qui, sans raison apparente, n’a plus confiance en vous. Vous avez beau vous échiner, rien n’y fait. On vous remercie, et vous n’avez rien vu venir. Vous passez quelques mois sans travail, ni prestation. Vous vous endettez. Vous devez gonfler à nouveau votre marge de crédit. Vous dormez mal. Vous avez l’impression que vous ne valez pas grand-chose, qu’on vous a oublié. C’est vrai que ces dernières années votre cachet avait monté. C’est un peu normal, vous avez dix, quinze, peut-être même vingt ans d’expérience. Mais tout cela ne compte pas. Il y en aura toujours un plus jeune, plus fringuant et bon marché, qui fera l’affaire. On vous offre, ad nauseam, les mêmes mandats. Vous plafonnez. Si vous êtes une femme, ce plafond est encore plus près de votre tête. Vos grands rêves créatifs, votre carrière dans le merveilleux monde de la télévision, fait du surplace. Vous ne savez plus très bien pourquoi vous faites ce métier-là. Quand vous ne travaillez pas vous êtes déprimés, irritables, vous perdez confiance, vous vous sentez mis au rancart. Quand vous travaillez, vous êtes surmenés, fatigués, brûlés. Et vous en donnez toujours plus, en quête de cette reconnaissance qui ne vient presque jamais. La job de rêve vous disiez ? Le 3 février dernier, on publiait un rapport accablant faisant état de détresse psychologique chez 44 % des employés de Radio-Canada. Il y était mention d’irritabilité, de fatigue, d’anxiété, d’isolement. Ça vous dit quelque chose ? Cette étude pourrait s’appliquer à presque tous les artisans de la télévision. Sauf que généralement, on oublie de considérer les travailleurs du secteur privé. Aucune étude n’est produite à leur sujet. Ils ne coûtent rien en absentéisme, car on les remplace dès que ça ne fait plus l’affaire. Mais dans les faits, 20 000 pigistes oeuvrent à la production de 70 % des émissions diffusées au Québec. C’est plus que ce que Radio-Canada, Télé-Québec, TVA et TQS réunis mettent en onde annuellement. Si les techniciens réussissent depuis peu à se faire entendre, les employés de production eux, n’ont aucun recours, advenant un litige, sans parler des réalisateurs qui ont amorcé la négociation de leur première convention collective, il y a de cela près de seize ans... Mais puisque les producteurs (sauf exception), et qui plus est leurs diffuseurs, ne s’intéressent jamais au sort des troupes, il leur importe peu que celles-ci carburent aux anti-dépresseurs. Plus que de détresse, c’est d’aliénation dont il est question ici. Alors comme on ne peut se passer du divertissement télévisuel, il est grand temps que nous, amuseurs publics, arrivions à vivre dignement de ce métier. À quand une remise en question de la machine pour enfin obtenir des droits, des garanties et des privilèges à l’instar des autres travailleurs de la société ? Marie-Pascale Laurencelle |
Gestation de la convention collective couvrant le secteur de la télévision L'association des réalisateurs et réalisatrices (ARRQ) s'emploie à la défense des intérêts et des droits professionnels, économiques, culturels, sociaux et moraux de ses membres, et négocie des ententes collectives pour la réalisation d'œuvres cinématographiques (au sens de la Loi sur le droit d'auteur L.R.C. 1985, ch. C-42). L'entente collective entre l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) et l'ARRQ pour les longs métrages dramatiques (salles et télévision), en vigueur depuis le 21 novembre 1989, est la première entente collective intervenue au Canada entre une association de réalisateurs et une association de maisons de production. Au début des années quatre-vingt-dix, les deux mêmes associations entreprennent des négociations en vue d'établir une convention pour la télévision. Mais c'est en 1995 (14 novembre), avec la reconnaissance de l'ARRQ par la Commission de reconnaissance des associations d'artistes et des associations de producteurs (CRAAAP) que le processus se structure et que de nouvelles avenues de négociation apparaissent. Suite à l'échec des négociations, échelonnées sur de nombreuses années et ponctuées de ruptures (1991-1999), le projet de convention se trouve dans une impasse. La médiation s'impose! Mais à son tour, et malgré les efforts fournis par chaque partie, celle-ci échoue en moins de deux mois! L'ultime outil offert par la CRAAAP est l'arbitrage . Il revient alors à l'arbitre, après avoir pris en considération l'ensemble du dossier et entendu chacune des deux parties, de rédiger la convention qui réglera les conditions minimales d'engagement. Cette mesure est assortie de la possibilité d'implanter une entente de perception à la source destinée à générer les fonds qui couvriront les coûts de l'arbitrage, entente que signent l'ARRQ et l'APFTQ en 1999. Exceptionnellement, l'arbitrage s'échelonne sur sept années marquées de péripéties de toutes les sortes, dont la plus surprenante est certes le décès l'arbitre, à quelques séances de la fin des audiences. Quelques faits marquants - Été 2003, l'arbitre se reconnaît l'autorité nécessaire pour entendre notre preuve et nos arguments sur tous les aspects pécuniaires susceptibles de faire partie du futur contrat type, y compris les licences octroyées par les réalisateurs et les sommes à payer par les producteurs pour l'obtention de ces licences. - Septembre 2005, décès de l'arbitre Me Pierre Laporte, suivi en octobre 2005 de la nomination de Me Bernard Bastien. - Janvier 2006, l'APFTQ annonce qu'elle ne demandera pas la révision judiciaire de la Décision sur une requête rendue par l'arbitre Me Bernard Bastien à l'effet de continuer le travail, dans l'état où il était au moment du décès de l'arbitre Me Laporte. - 26 janvier 2006, conférence préparatoire devant l'arbitre (représentants de l'ARRQ et de l'APFTQ). La fin du dépôt des preuves est prévue pour le 7 mars suivant. - Mars 2006, l'APFTQ et l'ARRQ déposent leurs derniers documents devant l'arbitre et déclarent la présentation de leurs preuves terminée. Les plaidoiries se tiennent en septembre et octobre 2006. Celles-ci visent à expliquer et justifier les demandes de chacune des parties. L'arbitre se retire pour rédiger la sentence arbitrale de la « convention collective » pour la réalisation en télévision. Il peut en cours de rédaction consulter ses assesseurs, messieurs François Côté et Paul Cadieux, délégués à ce titre par l'ARRQ et l'APFTQ au début du processus d'arbitrage. Depuis septembre 2000 Plus de 140 témoins ont défilé devant les arbitres; 389 « pièces » ont été déposées (dont certaines pouvant être constituées de centaines de documents); 125 séances d'arbitrage ont été tenues.
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