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Chronique judiciaire Assises Rwanda 2007   

N°2 

 

Le procĂšs de Bernard NTUYAHAGA devant  

la Cour d’Assises de Bruxelles 

Les moments forts du procĂšs semaine aprĂšs semaine 

 

Bruxelles, semaine du 30 avril au 4 mai  2007 

 

« TĂ©moins de contexte Â» 

 

 

« Le ministre LĂ©o DELCROIX ne devait pas sentir le climat anti-belge Â»     

(30.04.07)

 

 

La matinĂ©e de lundi a commencĂ© avec l’interrogatoire d’un tĂ©moin citĂ© par les parties civiles, EugĂšne 

NAHIMANA. En 1994, NAHIMANA Ă©tait attachĂ© de presse du MRND Ă  Bruxelles oĂč il Ă©tudiait depuis 
1990. Il est, par ailleurs, le mari d’une niĂšce de feu le PrĂ©sident HABYARIMANA.  

 

Le PrĂ©sident de la Cour l’a tout d’abord interrogĂ© Ă  propos d’un fax qu’il avait envoyĂ© aux autoritĂ©s du 
MRND en vue de prĂ©parer la visite du ministre LĂ©o DELCROIX au Rwanda en mars 1994. Dans ce 

courrier, le tĂ©moin recommande une rĂ©ception chaleureuse du ministre « 

afin qu’il ne ressente pas le 

climat anti-belge

 Â». Le tĂ©moin a confirmĂ© qu’effectivement, certains militants du MRND Ă©taient opposĂ©s 

Ă  la prĂ©sence des belges au Rwanda, les considĂ©rant comme pro-FPR, mais que, selon ses 

informations, ce n’était absolument pas le point de vue du PrĂ©sident.  

Ensuite, le PrĂ©sident de la Cour a confrontĂ© le tĂ©moin aux dĂ©clarations de M. SCHEERS, ancien 

avocat belge du prĂ©sident Habyarimana, selon lesquelles le tĂ©moin lui aurait tĂ©lĂ©phonĂ© une semaine 
avant les faits pour le prĂ©venir qu’une rumeur voulait que les Belges Ă©taient en train de prĂ©parer un 

attentat contre le PrĂ©sident, et que si cela arrivait, les Belges seraient en danger. Le 7 avril, il a repris 

contact avec M. SCHEERS et lui a fait durement comprendre sa dĂ©ception de ne pas avoir Ă©tĂ© pris au 
sĂ©rieux quant il en Ă©tait encore temps. Selon le tĂ©moin, il lui a alors dit qu’il y avait « 

une rumeur Â»

 

disant que les Belges Ă©tait Ă  l’origine de l’attentat, alors que M. SCHEERS dit qu’il lui a 

affirmé

 que les 

Belges Ă©taient Ă  l’origine de l’attentat.   
 

Enfin, le tĂ©moin a tenu Ă  expliquer sa vision du gĂ©nocide : la RTLM (dont il a Ă©tĂ© l’un des actionnaires) 
n’a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e que pour rĂ©pondre Ă  la propagande de la radio du FPR. Ce dernier est Ă  l’origine de 

l’attentat contre l’avion. Les massacres qui ont suivi sont dĂ©plorables, mais ils ont eu lieu parce que la 

communautĂ© internationale n’a rien fait pour les arrĂȘter. Il s’est aussi longuement insurgĂ© contre le fait 
qu’à ce jour aucune commission d’enquĂȘte indĂ©pendante des Nations Unies n’ait pu ĂȘtre mise en place 

et faire la lumiĂšre sur les responsables de l’attentat.  

 
 

 

Avocats Sans FrontiĂšres asbl  

 

 

 

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Les parties civiles, qui avaient citĂ© le tĂ©moin Ă  comparaĂźtre, l’ont ensuite interrogĂ© pour le confronter 
aux dĂ©clarations de M. Jacques COLLET, un journaliste parlant le kinyarwanda. Selon ce dernier, qui 

se trouvait Ă  l’ambassade de Belgique le 7 avril au matin, NAHIMANA y aurait annoncĂ© Ă  ses 
compatriotes, entre 10 et 11 heures du matin, que l’attentat avait Ă©tĂ© commis par des Belges. EugĂšne 

NAHIMANA a catĂ©goriquement niĂ© cela. Selon lui, il a simplement eu un major rwandais au tĂ©lĂ©phone, 

et celui-ci lui aurait dit que trois ou quatre casques bleus Ă©taient en difficultĂ©, ce qu’il a rĂ©pĂ©tĂ©. Il estime 
dĂšs lors ne pas se trouver Ă  l’origine de la rumeur en Belgique attribuant la responsabilitĂ© de l’attentat 

aux Belges.     

 
« Le major NTUYAHAGA n’était pas l’homme indiquĂ© pour dĂ©sarmer les casques bleus Â»

 

(30.04.07)

 

 
La Cour a ensuite interrogĂ© briĂšvement le colonel VĂ©nant MUSONERA. Ce dernier, tĂ©moin Ă  dĂ©charge, 

et ancien colonel de l’armĂ©e des FAR, connaissait bien l’accusĂ© dĂ©jĂ  avant 1994. Selon lui, il s’agissait 

d’un officier exemplaire entretenant d’excellentes relations avec ses supĂ©rieurs. Toutefois, selon 
plusieurs de ses sources, il ne se trouvait pas Ă  la rĂ©union de l’Etat major de l’armĂ©e durant la nuit du 6 

au 7, et de toute façon, selon lui, il n’était pas l’homme indiquĂ© pour recevoir la mission de dĂ©sarmer 
les casques bleus et de les amener au camp Kigali. 

 

« Le gĂ©nocide n’est pas une histoire de bons et de mĂ©chants, c’est une histoire de mĂ©chants Â»

 

(30.04.07) 

 

Durant plus de 5 heures, la Cour a ensuite procĂ©dĂ© Ă  l’interrogatoire de Filip REYNTJENS, tĂ©moin Ă  
charge contre Bernard NTUYAHAGA. En effet, selon le professeur, spĂ©cialiste belge de la rĂ©gion des 

Grands Lacs, NTUYAHAGA ment : il n’a pas pu, d’initiative, cueillir les casques bleus sur la route et a 

donc forcĂ©ment agi sur ordre. 
 

M. REYNTJENS a, entre autres publications, publiĂ© un livre Ă©tudiant de maniĂšre approfondie les 
Ă©vĂ©nements qui se sont dĂ©roulĂ©s durant les 3 jours qui ont suivi l’attentat de l’avion prĂ©sidentiel. Selon 

lui, se mettent alors en place deux structures de pouvoir : 1) une structure officielle, au vu et su de tous, 

qui aboutira Ă  la mise en place du gouvernement intĂ©rimaire,  2) une structure parallĂšle, plus 
« cachĂ©e Â», oĂč le gĂ©nĂ©ral BAGOSORA commande les opĂ©rations, en Ă©tant en contact permanent avec 

des membres de la garde prĂ©sidentielle et des milices. A partir de 3h00 du matin se mettent alors en 

place des barrages dans tout Kigali et Ă  partir de 5h30 sont perpĂ©trĂ©s les assassinats ciblĂ©s de 
plusieurs personnalitĂ©s politiques Hutu afin de crĂ©er un vide institutionnel, suivant les accords d’Arusha 

ou suivant la Constitution rwandaise.  

 
Selon M. REYNTJENS, le gĂ©nocide n’a pas Ă©tĂ© planifiĂ© ni dĂ©cidĂ© de maniĂšre pragmatique cette nuit lĂ . 

Depuis plus de quatre ans, une structure et une idĂ©ologie gĂ©nocidaire se mettait progressivement en 

place. Des Ă©lĂ©ments sont lĂ  pour le prouver : existence de « petits Â» massacres de Tutsis tĂ©lĂ©guidĂ©s 
depuis le centre du pouvoir dans les annĂ©es 90’, existence des escadrons de la mort et du RĂ©seau 

ZĂ©ro chargĂ©s d’assassiner quelques opposants, prĂ©sence de caches d’armes dans les bĂątiments louĂ©s 
par le MRND, etc.  Ce gĂ©nocide visait Ă  Ă©liminer tous les Tutsis en tant que tels et des Hutus en tant 

qu’opposants politiques.  

 
Toutefois, il faut aussi insister sur les responsabilitĂ©s du FPR durant ces annĂ©es de guerre et de 

gĂ©nocide. Il est Ă  99% sĂ»r que c’est ce mouvement qui est responsable de l’attentat contre l’avion 

prĂ©sidentiel. Le FPR est aussi responsable de plusieurs assassinats politiques durant les annĂ©es 90’ et 
peut-ĂȘtre responsable d’un gĂ©nocide au Congo dans les annĂ©es qui ont suivi le gĂ©nocide au Rwanda. 

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C’est en cela que l’histoire des annĂ©es 90’ Ă  94’ au Rwanda « 

n’est pas une histoire de bons et de 

mĂ©chants, c’est une histoire de mĂ©chants

 Â».  

 
En ce qui concerne les Ă©vĂ©nements liĂ©s aux casques bleus, le professeur REYNTJENS ne croit pas Ă  

la version de l’accusĂ©. Selon les tĂ©moignages et les documents qu’il a recueillis, il pense que c’est bien 

le major NTUYAHAGA qui est venu, sur ordre, dĂ©sarmer les casques bleus belges et ghanĂ©ens Ă  la 
rĂ©sidence du Premier Ministre, pour ensuite les conduire au camp Kigali oĂč l’observateur de l’ONU sur 

place, le major APEDO l’a formellement reconnu. S’il est sĂ»r que le major a agit sur ordre, M. 

REYNTJENS ne sait pas qui a donnĂ© l’ordre d’aller chercher les casques bleus et il ne sait pas non 
plus quelle Ă©tait la nature exacte de l’ordre que le NTUYAHAGA a reçu. L’accusĂ© n’est donc pas 

nĂ©cessairement coupable Ă  ses yeux : peut-ĂȘtre a-t-il simplement eu pour mission de les amener au 

camp Kigali. On ne sait pas quelles Ă©taient ses intentions exactes. Toutefois, selon des tĂ©moins, il 
aurait bien livrĂ© les casques bleus aux militaires en disant que c’étaient les Belges qui avaient abattu 

l’avion prĂ©sidentiel. 

 
Concernant l’attitude du gĂ©nĂ©ral DALLAIRE, chef de la mission de la MINUAR, Filip REYNTJENS 

pense que ce dernier n’a pas agi car il ne souhaitait pas prendre le risque d’augmenter les pertes dans 
une mission de sauvetage trĂšs dĂ©licate. De plus, Ă  ce moment, DALLAIRE, comme beaucoup de 

Rwandais, pensait que la situation pourrait revenir au calme, une fois la transition politique parachevĂ©e, 

et c’était donc lĂ  que se situait sa prioritĂ©.  
 

«  Il y avait dĂ©jĂ  eu un massacre de 120 personnes Ă  Kigali en fĂ©vrier Â»

  (02.05.07)

 

 
Monsieur Jacques COLLET, reporter photographe pour de grandes agences de presse et pratiquant le 

Kinyarwanda, est venu tĂ©moigner le mercredi matin. Il a confirmĂ© ses propos selon lesquels EugĂšne 

NAHIMANA savait dĂ©jĂ  le 7 avril, vers 10h00 du matin, que 5 casques bleus Ă©taient morts, et que 5 
autres allaient ĂȘtre tuĂ©s. La raison de ce massacre Ă©tait que les Belges, et le FPR, avaient abattu 

l’avion du prĂ©sident HABYARIMANA. A ce moment, il avoue qu’il n’avait pas prĂȘtĂ© trop d’importance Ă  
cette information qui paraissait complĂštement farfelue. 

 

Par la suite, il a expliquĂ© que lorsqu’il s’était rendu au Rwanda en fĂ©vrier 1994, au moment de la visite 
du ministre belge des Affaires Ă©trangĂšres de l’époque, M. Willy Claes, il s’était rendu Ă  la morgue de 

Kigali oĂč il avait pu voir les dĂ©pouilles d’environ 120 personnes qui avaient Ă©tĂ© massacrĂ©es, lui a-t-on 

dit, par les milices interhamwĂ©s. Les personnes avaient Ă©tĂ© tuĂ©es Ă  coup de machettes. Les images 
prises alors par lui-mĂȘme et un camĂ©raman de RTL, ont Ă©tĂ© diffusĂ©es en Belgique, mais de maniĂšre 

discrĂšte car elles Ă©taient trĂšs dures Ă  supporter.  

 

« Le camp de Ngoma Ă©tait un camp d’invalides de guerre Â» 

(02.05.07)

 

 
Un ancien major des FAR, Emmanuel HABYARIMANA est ensuite venu tĂ©moigner Ă  dĂ©charge de 

NTUYAHAGA. La dĂ©fense  prĂ©sente le tĂ©moin comme quelqu’un qui est compĂ©tent pour bien expliquer 

ce qui s’est passĂ© vu qu’il se trouvait dans la rĂ©gion de Butare au moment oĂč NTUYAHAGA Ă©tait 
commandant du camp de Ngoma. Certains parents des parties civiles ont trouvĂ© la mort au camp 

Ngoma.  

 
Selon ce tĂ©moin, qui connaissait l’accusĂ© auparavant en tant qu’ « 

officier disciplinĂ©, respectueux des 

lois et vivant en harmonie avec les citoyens de son pays

 Â», il n’a jamais entendu que le major 

NTUYAHAGA ait jouĂ© un quelconque rĂŽle dans les massacres de Butare. Il ignorait mĂȘme que celui-ci 
Ă©tait commandant du camp de Ngoma, car selon lui, ce camp n’avait aucune importance d’un point de 

vue stratĂ©gique : il Ă©tait rempli d’invalides de guerre et ne remplissait qu’une fonction de police.  

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Dans leurs commentaires, les avocats des parties civiles ont fortement dĂ©crĂ©dibilisĂ© le tĂ©moin, 

expliquant qu’il est recherchĂ© au Rwanda pour sa participation dans le gĂ©nocide et qu’il n’est 
absolument pas compĂ©tent pour nous expliquer ce qui s’est passĂ© Ă  Butare, vu qu’il ignorait mĂȘme 

l’identitĂ© du commandant du camp de Ngoma.  

  

« Le FPR a tuĂ© HABYARIMANA pour invalider les accords d’Arusha Â»

  

(02.05.07) 

 

L’audition des tĂ©moins a continuĂ© avec Jean-Baptiste MBERABAHIZI, ancien premier secrĂ©taire du 
Parti LibĂ©ral en 1994, et prĂ©sent au quartier gĂ©nĂ©ral du FPR Ă  cette mĂȘme Ă©poque.  

 

AprĂšs avoir retracĂ© longuement l’histoire du FPR, des origines politiques du mouvement Ă  l’arrivĂ©e du 
gĂ©nĂ©ral Kagame Ă  la tĂȘte d’une armĂ©e, le tĂ©moin est arrivĂ© au cƓur de son tĂ©moignage, car il Ă©tait 

prĂ©sent au quartier gĂ©nĂ©ral du FPR (Ă  Mulindi) depuis la signature des accords d’Arusha. Il a expliquĂ© 
que le but unique du FPR Ă©tait la prise du pouvoir, peu importe que les moyens mis en Ɠuvre soient 

trĂšs coĂ»teux en vie humaine ou non. Or le FPR savait qu’il n’arriverait jamais au pouvoir par les urnes 

car il Ă©tait assimilĂ© Ă  un mouvement essentiellement Tutsi et ceux-ci ne reprĂ©sentent pas plus de 15% 
maximum de la population. Il n’a donc en fait signĂ© les accords d’Arusha que pour des raisons 

tactiques et n’avaient jamais eu l’intention de rĂ©ellement vouloir son application. Le FPR a donc 

continuĂ© Ă  recruter massivement des combattants, mĂȘme bien aprĂšs la signature de cet accord de 
cessez-le-feu. Toutefois, il lui fallait un prĂ©texte pour recommencer la guerre, qui devait l’amener Ă  la 

conquĂȘte du pays et donc Ă  une prise unilatĂ©rale du pouvoir. La solution qui devait ĂȘtre trouvĂ©e se 

discutait librement au quartier gĂ©nĂ©ral du FPR selon le tĂ©moin. Le prĂ©sident HABYARIMANA Ă©tait la 
seule personnalitĂ© du MRND Ă  avoir signĂ© les accords de paix.  Il suffisait donc de le faire disparaĂźtre 

pour invalider les accords de paix, provoquer le chaos dans le pays et par lĂ  justifier une reprise des 

hostilitĂ©s. De plus, selon M. MBERABAHIZI, le FPR pouvait trĂšs bien acheminer les missiles qui ont 
servi Ă  perpĂ©trer l’attentat dans un des camions escortĂ©s par la MINUAR. En effet, les camions 

transportant la nourriture et le bois de Mulindi au CND n’étaient pas fouillĂ©s par les soldats de la paix et 
ceux-ci empĂȘchaient les FAR d’en examiner le contenu. Le tĂ©moin a dit qu’il en avait fait l’expĂ©rience 

lors d’un trajet de Mulindi Ă  Kigali oĂč il devait se rendre pour un sĂ©minaire organisĂ© par l’ONU.  

 
Le tĂ©moin a ensuite Ă©tĂ© interrogĂ© longuement par les avocats des parties civiles et de la dĂ©fense. Il a 

reconnu ne pas avoir vu les paras belges au campement de Mulindi durant la journĂ©e du 6 avril (la 

dĂ©fense prĂ©tend qu’ils y ont Ă©tĂ© pour chercher les missiles sous le couvert d’une mission d’exploration 
du parc naturel de l’Akagera). Il a dit qu’il ne savait pas qui avait tuĂ© les paras belges, mais que 

s’agissant de l’assassinat du  Premier Ministre Agathe UWILINGIYIMANA, il est avĂ©rĂ© qu’il s’agit des 

FAR. Par la suite, Me Serge MOUREAUX, avocat de l’Etat Rwandais (dont le PrĂ©sident actuel est Paul 
Kagame) s’est insurgĂ© en une phrase lapidaire contre ce tĂ©moignage : « 

Le tĂ©moin ignore ce que tout 

le monde sait, mais prétend savoir ce que tout le monde ignore

 Â». 

 

« Les dĂ©bris de l’avion de mon pĂšre se sont abattus dans notre propre jardin Â»

   

(02.05.07) 

 
Le mercredi, en dĂ©but d’aprĂšs-midi, Jean-Luc HABYARIMANA, le fils de feu le PrĂ©sident JuvĂ©nal 

HABYARIMANA est venu tĂ©moigner des Ă©vĂ©nements qu’il a vĂ©cus au Rwanda Ă  partir de l’attentat 

contre l’avion de son pĂšre jusqu’à son dĂ©part en France, sur invitation du PrĂ©sident Mitterrand, trois 
jours plus tard.  

 

Lorsque l’avion a Ă©tĂ© abattu,  Jean-Luc HABYARIMANA se trouvait dans la piscine de la rĂ©sidence 
prĂ©sidentielle de Kanombe. Il a vu l’avion de son pĂšre et ensuite trois tirs de missiles dont les deux 

derniers ont touchĂ© l’avion. Les dĂ©bris se sont partiellement abattus dans la propriĂ©tĂ©  mĂȘme du 

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PrĂ©sident. Il s’est alors rendu sur les lieux afin d’extraire les corps des dĂ©bris et de pouvoir les ramener 
dans le salon de la maison oĂč une chapelle funĂ©raire avait Ă©tĂ© improvisĂ©e. Par la suite dit-il, des coups 

de feu de militaires du FPR ont Ă©tĂ© tirĂ©s sur la maison, sans faire de grands dĂ©gĂąts. 
  

Selon plusieurs tĂ©moins, familles des autres victimes de l’attentat contre l’avion et prĂ©sentes 

rapidement sur les lieux, Madame HABYARIMANA faisait alors preuve d’une intense activitĂ© : priĂšre 
pour les interhamwes, ordres d’exĂ©cution de nombreuses personnalitĂ©s politiques, nombreux contacts 

tĂ©lĂ©phoniques, entre autres avec le colonel BAGOSORA, etc.  Le tĂ©moin a niĂ© tous ces propos et a 

arguĂ© pour confirmer ses dires que le tĂ©lĂ©phone avait Ă©tĂ© coupĂ© dĂšs le 7 au matin. Selon lui, 
l’atmosphĂšre Ă©tait plus au recueillement qu’à l’activitĂ©.  

 

A la suite de ce tĂ©moignage, le magistrat fĂ©dĂ©ral, Philippe MEIRE, a lu un extrait de la dĂ©cision de la 
Commission des rĂ©fugiĂ©s en France, qui a dĂ©cidĂ© de ne pas accorder l’asile politique a Madame 

HABYARIMANA en raison de son rĂŽle important dans l’organisation du gĂ©nocide. L’avocat de la 

dĂ©fense s’est insurgĂ© contre cela, arguant que les dĂ©cisions de cette commission sont dictĂ©es par des 
motifs d’ordre purement politique, et que donc cette dĂ©cision n’a aucun fondement juridique.  

 
Plusieurs avocats ont ensuite rappelĂ© que l’objet de ce procĂšs est le jugement de Bernard 

NTUYAHAGA pour les faits bien prĂ©cis qui sont mis Ă  sa charge et non pas la dĂ©couverte des auteurs 

de l’attentat contre l’avion prĂ©sidentiel. A la suite de quoi, Me DE TEMMERMAN, principal dĂ©fenseur de 
l’accusĂ©, a, une fois de plus rappelĂ© sa thĂšse : oui il s’agit bien de savoir qui a tirĂ© sur l’avion, car ce 

sont ces personnes qui sont directement responsables de la mort des casques bleus (en effet sans cet 

attentat, ils n’auraient jamais Ă©tĂ© tuĂ©s).  
 

« L’attentat contre l’avion a crĂ©Ă© le moment propice pour la mise en Ɠuvre d’un plan qui n’était 

sans doute pas achevé, mais qui existait »

  

(02.05.07 et 03.05.07)

 

 

En fin d’aprĂšs-midi, la Cour a interrogĂ© Alison DESFORGES, grande spĂ©cialiste du Rwanda. Elle est 
historienne de formation mais travaille actuellement pour l’ONG amĂ©ricaine « Human Rights Watch Â». 

Elle est l’auteur, pour cette ONG et en collaboration avec la FIDH, d’un livrĂ© clĂ© pour comprendre le 

gĂ©nocide rwandais « Aucun tĂ©moin ne doit survivre Â».  
 

Pour Alison DESFORGES, le gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda en 1994 est bien le fruit d’une politique 

d’Etat, et non pas de la colĂšre populaire. Elle en veut pour preuve la plus flagrante le fait qu’il ait fallu 
remplacer les autoritĂ©s administratives Ă  Butare pour que les massacres Ă  grandes Ă©chelles 

commencent dans cette province du sud du pays oĂč l’intĂ©gration entre les deux ethnies Ă©tait trĂšs forte. 

 
Pour bien comprendre ce gĂ©nocide, il faut Ă©videment le replacer dans le contexte de la dĂ©mocratisation 

et de la guerre civile. Les deux parties en guerre, malgrĂ© les accords de paix, prĂ©paraient la reprise des 
violences, ainsi qu’en attestent de nombreux signes avertisseurs. Mais du cĂŽtĂ© du pouvoir en place Ă  

Kigali, la volontĂ© d’impliquer toute la population civile dans la dĂ©fense du pays, et la motivation de cette 

population sur des bases ethniques sont des caractĂ©ristiques que l’on ne retrouve pas du cĂŽtĂ© du FPR. 
Il fallait en effet dĂ©finir le FPR en terme ethnique, afin de recrĂ©er une solidaritĂ© entre tous les Hutus, 

mise Ă  mal par l’ouverture dĂ©mocratique du rĂ©gime. Du cĂŽtĂ© du FPR, des crimes de guerre ont Ă©tĂ© 

commis au Rwanda en 1994 et au ZaĂŻre par la suite, mais jusqu’à maintenant, Mme DESFORGES n’a 
pas trouvĂ© d’élĂ©ments qui dĂ©montrent que les militaires tuaient sur base d’un critĂšre ethnique. Cela ne 

serait d’ailleurs pas dans leur avantage Ă©tant donnĂ© que les Hutus reprĂ©sentent au moins 85% de la 

population.  
 

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Les avocats des casques bleus belges ont demandĂ© Ă  Mme DESFORGES d’expliquer le dĂ©roulement 
habituel des massacres, qui se produisaient selon elle, suivant un mĂȘme schĂ©ma la plupart du temps : 

rassemblement des victimes en un lieu, massacres Ă  l’arme blanche, suivi d’un massacre Ă  l’arme Ă  
feux pour tuer les « rĂ©sistants Â». Les massacres sont justifiĂ©s par la suite par les autoritĂ©s comme Ă©tant 

le fruit d’un mouvement incontrĂŽlĂ© de colĂšre populaire. Les avocats ont ensuite fait remarquer dans 

leurs commentaires que l’assassinat des casques bleus belges s’était dĂ©roulĂ© selon un schĂ©ma en tous 
points semblable.       

 

Alison DESFORGES a Ă©galement Ă©clairĂ© le jury sur les liens de plus en plus Ă©troits existants entre les 
autoritĂ©s de la hiĂ©rarchie militaire et les milices Interhamwes. En effet, les miliciens ont 

progressivement intĂ©grĂ© les grades, les uniformes et les saluts des militaires. Ils ont aussi reçu des 

armes directement livrĂ©es des QG militaires. Selon le tĂ©moin, une personne du grade de major ne 
pouvait sans doute pas ignorer les liens entre ces deux groupes. 

 

En ce qui concerne le rĂŽle de l’accusĂ© Ă  Butare plus prĂ©cisĂ©ment, elle a affirmĂ© qu’en juin 94’, le 
gouvernement intĂ©rimaire, qui Ă©tait acculĂ© de toute part, voulait nommer dans cette rĂ©gion des 

personnes de confiance pour finir le gĂ©nocide avec efficacitĂ©. La nomination de NTUYAHAGA comme 
commandant du camp de Ngoma n’est donc sans doute pas un hasard, d’autant plus qu’il s’agit d’un 

officier originaire du Sud, et que le colonel BAGOSORA cherchait Ă  impliquer des personnalitĂ©s de 

cette rĂ©gion dans l’accomplissement du gĂ©nocide. 
 

La dĂ©fense a ensuite pris le relais de l’interrogatoire. Me DE TEMMERMAN a demandĂ© Ă  Mme 

DESFORGES de retracer tout son parcours professionnel, tant comme professeur que comme 
militante de la dĂ©fense des droits de l’Homme. Il a insistĂ©, puisqu’elle a Ă©tudiĂ© l’histoire de ce pays en 

profondeur, pour qu’elle explique que ce sont les Belges qui ont imposĂ© la mention de l’ethnie sur les 

cartes d’identitĂ© du Rwanda, pour qu’elle mette en Ă©vidence les liens existants entre le FPR et l’armĂ©e 
Ougandaise (mais Mme DESFORGES a refusĂ© de dire que le FPR Ă©tait une force Ă©trangĂšre totalement 

dĂ©pendante de l’Ouganda, comme le sous-entendait Me DE TEMMERMAN).  Elle a Ă©galement prĂ©cisĂ© 
que selon elle, l’histoire du gĂ©nocide n’est pas Ă  refaire, quand bien mĂȘme le FPR serait responsable 

de l’attentat contre l’avion prĂ©sidentiel, car il ne s’est agit lĂ  que d’une Ă©tincelle qui a allumĂ© une 

machine dĂ©jĂ  bien construite. Le responsable de l’attentat n’est pas responsable du 
gĂ©nocide. Toutefois, Mme DESFORGES a ajoutĂ© que l’on ne refait pas l’histoire Ă  l’envers et qu’il n’est 

effectivement pas sĂ»r, selon elle, que sans cet attentat, le gĂ©nocide des Tutsis du Rwanda aurait eu 

lieu.  
 

Pour finir, Me DE TEMMERMAN a qualifiĂ© le livre d’Alison DESFORGES de « 

foutaise

 Â». 

 

« Les gĂ©nocides portent en eux leur propre nĂ©gation Â»

 (03.05.07)

 

 
Maxime STEINBERG a Ă©tĂ© entendu jeudi -en fin de matinĂ©e, Ă  la demande des parties civiles, afin 

d’éclairer le jury sur les mĂ©canismes du nĂ©gationnisme. Ce docteur en histoire, professeur associĂ© Ă  

l'Institut d'Ă©tudes du judaĂŻsme Ă  l'ULB oĂč il enseigne les questions d'histoire de l'antisĂ©mitisme et du 
gĂ©nocide, a tout d’abord insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de diffĂ©rencier deux concepts trop souvent confondus : 

rĂ©visionnisme et nĂ©gationnisme. Tout historien est un rĂ©visionniste lorsqu’il travaille sur un sujet dĂ©jĂ  

traitĂ© avant lui, puisqu’il souhaite approfondir les connaissances en ce domaine et parfois mĂȘme les 
remettre en question. Le nĂ©gationnisme est quelque chose de trĂšs diffĂ©rent : il s’agit de nier l’existence 

d’un phĂ©nomĂšne, si pas directement, Ă  tout le moins indirectement, en renversant les chaĂźnes de 

responsabilitĂ©. 
  

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Selon ce spĂ©cialiste, la nĂ©gation du gĂ©nocide est au cƓur de l’évĂ©nement, mettant en place une 
logique d’élimination des opposants de son propre camp, s’étendant de maniĂšre progressive dans le 

temps et l’espace et s’assurant du soutien de l’establishment. Par exemple, dans le gĂ©nocide des 
Tutsis, on voit de maniĂšre Ă©vidente qu’il s’agit de l’aboutissement d’une certaine logique dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre 

depuis 1959 : les Tutsis sont des Ă©trangers, il faut les chasser... et puis en 1994, il ne faut finalement 

plus les chasser, mais les tuer !  
 

Par la suite, Me GILLET a interrogĂ© le tĂ©moin : est-ce que le raisonnement qui consiste Ă  dire que le 

FPR est responsable du gĂ©nocide car il est le responsable du dĂ©clenchement de la guerre civile et de 
l’attentat contre l’avion est un raisonnement se situant dans une logique nĂ©gationniste ? « 

Ha oui, tout 

a fait

 Â» s’est exclamĂ© Maxime STEINBERG. 

 

«  Je suis en Belgique depuis 1995 et je n’ai toujours pas de statut
 Â»        

(03.05.07)

 

 
En dĂ©but d’aprĂšs-midi la Cour a rapidement interrogĂ© un tĂ©moin citĂ© Ă  la demande la dĂ©fense, Gaspard 

MUSABYIMANA. Ce monsieur, titulaire d’un DESS en Administration et Gestion Publique, est l’ancien 

chef de Cabinet de M. Casimir BIZIMUNGU. Il a Ă©crit un livre intitulĂ© « 

Vraie nature du FPR-APR 

d’Ouganda en Rwanda

 Â», en a entretenu la Cour pendant un moment, s’insurgeant contre la cruautĂ© 

non dĂ©noncĂ©e selon lui du GĂ©nĂ©ral Paul KAGAME. 

 
La dĂ©fense tenait surtout Ă  insister sur le statut de Gaspard MUSABYIMANA, demandeur d’asile 

depuis 1995 en nos rĂ©gions. En faisant un parallĂšle avec la dĂ©cision qui a frappĂ© Madame Agathe 

HABYARIMANA, veuve du prĂ©sident JuvĂ©nal HABYARIMANA face Ă  sa demande d’asile, Me De 
TEMMERMAN a insistĂ© sur le caractĂšre politique et non juridique de telles dĂ©cisions.   

 

« NTUYAHAGA  a Ă©tĂ© vu au volant de la voiture personnelle d’Agathe UWILINGIYIMANA Â» 

(03.05.07) 

 
La Cour a ensuite entendu le Professeur et chercheur AndrĂ© GUICHAOUA. Ce dernier a une double 

formation d’économiste et de sociologue, et a Ă©crit une dizaine d’ouvrages sur le Rwanda. 

Actuellement, il collabore avec le TPIR en tant que tĂ©moin expert. 
 

AndrĂ© GUICHAOUA, qui se trouvait au Rwanda en avril 1994, a expliquĂ© Ă  la Cour son vĂ©cu personnel. 

Il a en effet essayĂ©, Ă  la suite de l’assassinat du  Premier Ministre Agathe UWILINGIYIMANA, de 
sauver ses enfants et de les ramener en France. Il s’est battu contre le refus de son ambassade de les 

prendre en charge, refusant de quitter le Rwanda s’il ne pouvait pas les emmener. Il aura finalement eu 

gain de cause, grĂące Ă  l’aide entre autre de Pierre PEAN, mais les enfants seront directement 
transfĂ©rĂ©s vers la Suisse par le gouvernement français.   

 
Il a essayĂ© de discuter avec les enfants d’Agathe UWILINGIYIMANA pour obtenir un rĂ©cit dĂ©taillĂ© des 

faits et gestes du Premier Ministre avant son assassinat, ainsi que les noms des personnes prĂ©sentes 

Ă  ce moment; mais ceux-ci sont extrĂȘmement choquĂ©s par les Ă©vĂ©nements et il n’a donc pas pu obtenir 
de renseignements de leur part. Il s’interroge quant Ă  la probabilitĂ© que le major ait reçu la mission de 

tuer les casques bleus : il s’agissait d’une mission de grande importance, or le major n’était pas 

quelqu’un faisant partie du « 

sein des seins

 Â». Toutefois, celui-ci a Ă©tĂ© vu par un de ses bons amis au 

volant de la voiture personnelle du Premier Ministre. D’autre part, le major n’a pas pu, selon lui, agir 

d’initiative, car Ă  ce moment, Ă  Kigali, l’ordre rĂ©gnait malgrĂ© la guerre, et des centres de dĂ©cisions 

Ă©taient sĂ»rement trĂšs effectifs. 
 

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D’autre part, en ce qui concerne le rĂŽle qu’aurait jouĂ© le major NTUYAHAGA Ă  Butare, AndrĂ© 
GUICHAOUA, explique que s’il n’a pas trouvĂ© d’élĂ©ments directement compromettants pour l’accusĂ© 

(puisqu’il ne les cherchaient pas), il sait par contre que le camp de Ngoma Ă©tait responsable du travail 
des milices sur une partie du territoire de la prĂ©fecture. Ainsi le chef du camp de Ngoma Ă©tait 

Ă©galement le chef direct des miliciens Interhamwes pour le tiers de la prĂ©fecture, et ne pouvait donc 

pas ignorer le rĂŽle qu’elles ont jouĂ© dans le « nettoyage ethnique Â». D’autre part, tout comme Alison 
DESFORGES,  il pense que la nomination de nouveaux officiers dans cette rĂ©gion au mois de juin, 

correspond Ă  un besoin pour les autoritĂ©s de remobiliser les civils dans cette province. En effet, chaque 

jour, il fallait motiver les civils aux tueries, soit par l’appĂąt du gain, soit le plus souvent par la menace 
directe d’une Ă©limination physique en cas de non-participation. Le gouvernement y a donc envoyĂ© des 

officiers zĂ©lĂ©s, afin de « finir le travail Â», selon le vocabulaire consacrĂ©, pour qu’aucun tĂ©moin ne 

survive.  
 

« Le gĂ©nocide est la rĂ©sultante de la mise en place d’une mĂ©canique infernale Â»  

(04.05.07)

 

 

Vendredi matin, le professeur Alain VERHAEGEN (ULB) a expliquĂ© que l'assassinat des casques bleus 

n'Ă©tait pas dĂ» au hasard mais Ă  la volontĂ© de provoquer le dĂ©part du contingent belge pour laisser le 
champ libre aux massacres. Pour M. VERHAEGEN, dĂšs dĂ©cembre 1990, il y a eu mise en place des 

« piĂšces d'une mĂ©canique infernale Â»

, chacune de ces piĂšces Ă©tant en quelque sorte une rĂ©ponse Ă  ce 

qui Ă©tait ressenti comme  une menace par le pouvoir en place : dĂ©but de la guerre, nouvelle 
constitution, ouverture au multipartisme, mise en place d’un gouvernement de coalition, signature des 

accords d’Arusha, arrivĂ©e du FPR au CND.  La preuve de la prĂ©paration du gĂ©nocide se trouve, selon 

lui, dans plusieurs indices, tel par exemple, le fait que les tueurs prenaient le temps de dĂ©chirer les 
documents d’identitĂ© de leurs victimes, les assassinats au sein de familles mixtes, etc. 

 

« Au parti libĂ©ral belge, ils avaient choisi le camp du FPR Â»    

(04.05.07) 

   

La matinĂ©e du vendredi a continuĂ© avec le tĂ©moignage de Stanislas MBONAMPKA, ancien Ministre de 
la Justice dans le gouvernement de coalition en tant que membre du PL (parti libĂ©ral) rwandais en 

1991-1992. Par la suite il dit avoir dĂ©missionnĂ© de ses fonctions car il n’arrivait pas Ă  faire son travail 

correctement dans ce gouvernement, les membres Ă©tant en constant dĂ©saccord.  
 

Selon ce dernier, le gouvernement issu des accords d’Arusha Ă©tait sur le point de se mettre en place le 

lendemain du 6 avril 94’. Toutefois, le FPR n’y avait pas intĂ©rĂȘt, car malgrĂ© de nombreuses 
nĂ©gociations avec les partis Hutu de l’opposition, aucun accord stable n’avait pu ĂȘtre trouvĂ© pour 

s’opposer Ă  HABYARIMANA et contrĂŽler le pouvoir, et cela principalement Ă  cause de grandes 

divisions internes entre les partis de l’opposition. 
AprĂšs le gĂ©nocide, le tĂ©moin a expliquĂ© qu’il a fui au Congo et ensuite en Belgique, oĂč il a essayĂ© de 

prendre contact avec Jean Gol, alors PrĂ©sident du parti libĂ©ral. Le secrĂ©tariat lui aurait demandĂ© s’il 
Ă©tait pro-FPR. Le tĂ©moin ayant rĂ©pondu non, on lui aurait dit : «  

Nous n’avons rien Ă  nous dire, ici au 

parti libĂ©ral, nous avons choisi notre camp 

». 

 

« C’est le MDR qui a inventĂ© le mot â€œAkazu” Â» 

(04.05.06)

 

 

Enfin, Jean-marie Vianney NKEZABERA est venu tĂ©moigner Ă  la barre, Ă  la demande de la dĂ©fense. 
Ce membre fondateur du principal parti d’opposition (le MDR), et Ă©lectricien de son mĂ©tier, est venu 

donner un cours de linguistique Ă  la Cour d’assises. Il a en effet expliquĂ© les origines de deux termes 

controversĂ©s : Akazu et Hutu-Power. En ce qui concerne le mot Akazu, le tĂ©moin affirme que c’est son 
parti qui a lancĂ© l’expression pour dĂ©finir l’entourage politique (et non pas familial) du PrĂ©sident JuvĂ©nal 

HABYARIMANA et ainsi le décrédibiliser aux yeux de leur électorat. En ce qui concerne le mot Hutu-

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Power, par contre, il s’agit lĂ  de distinguer deux Ă©tapes. Dans un premier temps, le mot Power avait Ă©tĂ© 
rajoutĂ© Ă  une aile du parti, pour dĂ©signer ceux qui s’opposaient Ă  son PrĂ©sident Faustin 

TWAGIRAMUNGU. Par la suite, d’autres personnes ont parlĂ© de Hutu-Power pour diaboliser cette aile 
du parti et ils se sont appelĂ©s les « modĂ©rĂ©s Â».  

 

La semaine prochaine


 

 

 

DĂ©but de la semaine prochaine la Cour se consacre Ă  l’audition de deux tĂ©moins de contexte :  

‱ 

M. Johan SWINNEN, ambassadeur Ă  Kigali du 1990 Ă  1994. 

‱ 

M. Nicolas VAN WINSEN, auditeur militaire au moment des faits et en charge d’une enquĂȘte sur 

les responsabilitĂ©s de la hiĂ©rarchie militaire belge dans l’assassinat des casques bleus pendant 
une annĂ©e (jusqu’à sa mise Ă  la retraite). 

 

Jusqu’au mercredi soir la Cour entendra :  

‱ 

Les juges d’instruction (Damien VANDERMEERSCH, Sylviana VERSTREKEN) 

‱ 

Les enquĂȘteurs de la police criminelle (Philippe POURBAIX, ValĂ©rie MIGEOT, Pascal  REMY, 
Michel STASSIN) 

 

Jeudi, les enquĂȘteurs de l’auditorat militaire viendront exposer les rĂ©sultats de leurs enquĂȘtes :  

‱ 

Guy ARTIGUES (auditeur militaire, qui a repris l’enquĂȘte de M. VAN WINSEN) 

‱ 

Marcel ROMAN (mĂ©decin lĂ©giste) 

‱ 

LĂ©opold COLLA et Edward CELLENS (experts en balistique) 

‱ 

Yves CROCHELET et AndrĂ© DELATTRE (neuropsychiatres) 

‱ 

Les militaires de la MINUAR : JosĂ© CHARLIER Joris UYTTERHOEVEN, et, peut-ĂȘtre le gĂ©nĂ©ral 

RomĂ©o DALLAIRE. 

 
La journĂ©e de vendredi sera consacrĂ©e Ă  l’audition des membres des familles des casques bleus 

assassinĂ©s :  

‱ 

BĂ©atrice FOCANT 

‱ 

Christine MAES 

‱ 

Sandrine LOIX 

‱ 

Bruno FOUREZ  

‱ 

Martine DEBATTY 

 

 

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