Chronique judiciaire Assises Rwanda 2007
N°2
Le procĂšs de Bernard NTUYAHAGA devant
la Cour dâAssises de Bruxelles
Les moments forts du procĂšs semaine aprĂšs semaine
Bruxelles, semaine du 30 avril au 4 mai 2007
« Témoins de contexte »
« Le ministre Léo DELCROIX ne devait pas sentir le climat anti-belge »
(30.04.07)
La matinĂ©e de lundi a commencĂ© avec lâinterrogatoire dâun tĂ©moin citĂ© par les parties civiles, EugĂšne
NAHIMANA. En 1994, NAHIMANA Ă©tait attachĂ© de presse du MRND Ă Bruxelles oĂč il Ă©tudiait depuis
1990. Il est, par ailleurs, le mari dâune niĂšce de feu le PrĂ©sident HABYARIMANA.
Le PrĂ©sident de la Cour lâa tout dâabord interrogĂ© Ă propos dâun fax quâil avait envoyĂ© aux autoritĂ©s du
MRND en vue de préparer la visite du ministre Léo DELCROIX au Rwanda en mars 1994. Dans ce
courrier, le témoin recommande une réception chaleureuse du ministre «
afin quâil ne ressente pas le
climat anti-belge
». Le tĂ©moin a confirmĂ© quâeffectivement, certains militants du MRND Ă©taient opposĂ©s
à la présence des belges au Rwanda, les considérant comme pro-FPR, mais que, selon ses
informations, ce nâĂ©tait absolument pas le point de vue du PrĂ©sident.
*
Ensuite, le Président de la Cour a confronté le témoin aux déclarations de M. SCHEERS, ancien
avocat belge du président Habyarimana, selon lesquelles le témoin lui aurait téléphoné une semaine
avant les faits pour le prĂ©venir quâune rumeur voulait que les Belges Ă©taient en train de prĂ©parer un
attentat contre le Président, et que si cela arrivait, les Belges seraient en danger. Le 7 avril, il a repris
contact avec M. SCHEERS et lui a fait durement comprendre sa déception de ne pas avoir été pris au
sĂ©rieux quant il en Ă©tait encore temps. Selon le tĂ©moin, il lui a alors dit quâil y avait «
une rumeur »
disant que les Belges Ă©tait Ă lâorigine de lâattentat, alors que M. SCHEERS dit quâil lui a
affirmé
que les
Belges Ă©taient Ă lâorigine de lâattentat.
Enfin, le tĂ©moin a tenu Ă expliquer sa vision du gĂ©nocide : la RTLM (dont il a Ă©tĂ© lâun des actionnaires)
nâa Ă©tĂ© crĂ©Ă©e que pour rĂ©pondre Ă la propagande de la radio du FPR. Ce dernier est Ă lâorigine de
lâattentat contre lâavion. Les massacres qui ont suivi sont dĂ©plorables, mais ils ont eu lieu parce que la
communautĂ© internationale nâa rien fait pour les arrĂȘter. Il sâest aussi longuement insurgĂ© contre le fait
quâĂ ce jour aucune commission dâenquĂȘte indĂ©pendante des Nations Unies nâait pu ĂȘtre mise en place
et faire la lumiĂšre sur les responsables de lâattentat.
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Les parties civiles, qui avaient citĂ© le tĂ©moin Ă comparaĂźtre, lâont ensuite interrogĂ© pour le confronter
aux déclarations de M. Jacques COLLET, un journaliste parlant le kinyarwanda. Selon ce dernier, qui
se trouvait Ă lâambassade de Belgique le 7 avril au matin, NAHIMANA y aurait annoncĂ© Ă ses
compatriotes, entre 10 et 11 heures du matin, que lâattentat avait Ă©tĂ© commis par des Belges. EugĂšne
NAHIMANA a catégoriquement nié cela. Selon lui, il a simplement eu un major rwandais au téléphone,
et celui-ci lui aurait dit que trois ou quatre casques bleus Ă©taient en difficultĂ©, ce quâil a rĂ©pĂ©tĂ©. Il estime
dĂšs lors ne pas se trouver Ă lâorigine de la rumeur en Belgique attribuant la responsabilitĂ© de lâattentat
aux Belges.
« Le major NTUYAHAGA nâĂ©tait pas lâhomme indiquĂ© pour dĂ©sarmer les casques bleus »
(30.04.07)
La Cour a ensuite interrogé briÚvement le colonel Vénant MUSONERA. Ce dernier, témoin à décharge,
et ancien colonel de lâarmĂ©e des FAR, connaissait bien lâaccusĂ© dĂ©jĂ avant 1994. Selon lui, il sâagissait
dâun officier exemplaire entretenant dâexcellentes relations avec ses supĂ©rieurs. Toutefois, selon
plusieurs de ses sources, il ne se trouvait pas Ă la rĂ©union de lâEtat major de lâarmĂ©e durant la nuit du 6
au 7, et de toute façon, selon lui, il nâĂ©tait pas lâhomme indiquĂ© pour recevoir la mission de dĂ©sarmer
les casques bleus et de les amener au camp Kigali.
« Le gĂ©nocide nâest pas une histoire de bons et de mĂ©chants, câest une histoire de mĂ©chants »
(30.04.07)
Durant plus de 5 heures, la Cour a ensuite procĂ©dĂ© Ă lâinterrogatoire de Filip REYNTJENS, tĂ©moin Ă
charge contre Bernard NTUYAHAGA. En effet, selon le professeur, spécialiste belge de la région des
Grands Lacs, NTUYAHAGA ment : il nâa pas pu, dâinitiative, cueillir les casques bleus sur la route et a
donc forcément agi sur ordre.
M. REYNTJENS a, entre autres publications, publié un livre étudiant de maniÚre approfondie les
Ă©vĂ©nements qui se sont dĂ©roulĂ©s durant les 3 jours qui ont suivi lâattentat de lâavion prĂ©sidentiel. Selon
lui, se mettent alors en place deux structures de pouvoir : 1) une structure officielle, au vu et su de tous,
qui aboutira à la mise en place du gouvernement intérimaire, 2) une structure parallÚle, plus
« cachĂ©e », oĂč le gĂ©nĂ©ral BAGOSORA commande les opĂ©rations, en Ă©tant en contact permanent avec
des membres de la garde présidentielle et des milices. A partir de 3h00 du matin se mettent alors en
place des barrages dans tout Kigali et à partir de 5h30 sont perpétrés les assassinats ciblés de
plusieurs personnalitĂ©s politiques Hutu afin de crĂ©er un vide institutionnel, suivant les accords dâArusha
ou suivant la Constitution rwandaise.
Selon M. REYNTJENS, le gĂ©nocide nâa pas Ă©tĂ© planifiĂ© ni dĂ©cidĂ© de maniĂšre pragmatique cette nuit lĂ .
Depuis plus de quatre ans, une structure et une idéologie génocidaire se mettait progressivement en
place. Des éléments sont là pour le prouver : existence de « petits » massacres de Tutsis téléguidés
depuis le centre du pouvoir dans les annĂ©es 90â, existence des escadrons de la mort et du RĂ©seau
ZĂ©ro chargĂ©s dâassassiner quelques opposants, prĂ©sence de caches dâarmes dans les bĂątiments louĂ©s
par le MRND, etc. Ce génocide visait à éliminer tous les Tutsis en tant que tels et des Hutus en tant
quâopposants politiques.
Toutefois, il faut aussi insister sur les responsabilités du FPR durant ces années de guerre et de
gĂ©nocide. Il est Ă 99% sĂ»r que câest ce mouvement qui est responsable de lâattentat contre lâavion
prĂ©sidentiel. Le FPR est aussi responsable de plusieurs assassinats politiques durant les annĂ©es 90â et
peut-ĂȘtre responsable dâun gĂ©nocide au Congo dans les annĂ©es qui ont suivi le gĂ©nocide au Rwanda.
Câest en cela que lâhistoire des annĂ©es 90â Ă 94â au Rwanda «
nâest pas une histoire de bons et de
mĂ©chants, câest une histoire de mĂ©chants
».
En ce qui concerne les Ă©vĂ©nements liĂ©s aux casques bleus, le professeur REYNTJENS ne croit pas Ă
la version de lâaccusĂ©. Selon les tĂ©moignages et les documents quâil a recueillis, il pense que câest bien
le major NTUYAHAGA qui est venu, sur ordre, désarmer les casques bleus belges et ghanéens à la
rĂ©sidence du Premier Ministre, pour ensuite les conduire au camp Kigali oĂč lâobservateur de lâONU sur
place, le major APEDO lâa formellement reconnu. Sâil est sĂ»r que le major a agit sur ordre, M.
REYNTJENS ne sait pas qui a donnĂ© lâordre dâaller chercher les casques bleus et il ne sait pas non
plus quelle Ă©tait la nature exacte de lâordre que le NTUYAHAGA a reçu. LâaccusĂ© nâest donc pas
nĂ©cessairement coupable Ă ses yeux : peut-ĂȘtre a-t-il simplement eu pour mission de les amener au
camp Kigali. On ne sait pas quelles étaient ses intentions exactes. Toutefois, selon des témoins, il
aurait bien livrĂ© les casques bleus aux militaires en disant que câĂ©taient les Belges qui avaient abattu
lâavion prĂ©sidentiel.
Concernant lâattitude du gĂ©nĂ©ral DALLAIRE, chef de la mission de la MINUAR, Filip REYNTJENS
pense que ce dernier nâa pas agi car il ne souhaitait pas prendre le risque dâaugmenter les pertes dans
une mission de sauvetage trÚs délicate. De plus, à ce moment, DALLAIRE, comme beaucoup de
Rwandais, pensait que la situation pourrait revenir au calme, une fois la transition politique parachevée,
et câĂ©tait donc lĂ que se situait sa prioritĂ©.
« Il y avait déjà eu un massacre de 120 personnes à Kigali en février »
(02.05.07)
Monsieur Jacques COLLET, reporter photographe pour de grandes agences de presse et pratiquant le
Kinyarwanda, est venu témoigner le mercredi matin. Il a confirmé ses propos selon lesquels EugÚne
NAHIMANA savait déjà le 7 avril, vers 10h00 du matin, que 5 casques bleus étaient morts, et que 5
autres allaient ĂȘtre tuĂ©s. La raison de ce massacre Ă©tait que les Belges, et le FPR, avaient abattu
lâavion du prĂ©sident HABYARIMANA. A ce moment, il avoue quâil nâavait pas prĂȘtĂ© trop dâimportance Ă
cette information qui paraissait complĂštement farfelue.
Par la suite, il a expliquĂ© que lorsquâil sâĂ©tait rendu au Rwanda en fĂ©vrier 1994, au moment de la visite
du ministre belge des Affaires Ă©trangĂšres de lâĂ©poque, M. Willy Claes, il sâĂ©tait rendu Ă la morgue de
Kigali oĂč il avait pu voir les dĂ©pouilles dâenviron 120 personnes qui avaient Ă©tĂ© massacrĂ©es, lui a-t-on
dit, par les milices interhamwés. Les personnes avaient été tuées à coup de machettes. Les images
prises alors par lui-mĂȘme et un camĂ©raman de RTL, ont Ă©tĂ© diffusĂ©es en Belgique, mais de maniĂšre
discrĂšte car elles Ă©taient trĂšs dures Ă supporter.
« Le camp de Ngoma Ă©tait un camp dâinvalides de guerre »
(02.05.07)
Un ancien major des FAR, Emmanuel HABYARIMANA est ensuite venu témoigner à décharge de
NTUYAHAGA. La dĂ©fense prĂ©sente le tĂ©moin comme quelquâun qui est compĂ©tent pour bien expliquer
ce qui sâest passĂ© vu quâil se trouvait dans la rĂ©gion de Butare au moment oĂč NTUYAHAGA Ă©tait
commandant du camp de Ngoma. Certains parents des parties civiles ont trouvé la mort au camp
Ngoma.
Selon ce tĂ©moin, qui connaissait lâaccusĂ© auparavant en tant quâ «
officier discipliné, respectueux des
lois et vivant en harmonie avec les citoyens de son pays
», il nâa jamais entendu que le major
NTUYAHAGA ait jouĂ© un quelconque rĂŽle dans les massacres de Butare. Il ignorait mĂȘme que celui-ci
Ă©tait commandant du camp de Ngoma, car selon lui, ce camp nâavait aucune importance dâun point de
vue stratĂ©gique : il Ă©tait rempli dâinvalides de guerre et ne remplissait quâune fonction de police.
Dans leurs commentaires, les avocats des parties civiles ont fortement décrédibilisé le témoin,
expliquant quâil est recherchĂ© au Rwanda pour sa participation dans le gĂ©nocide et quâil nâest
absolument pas compĂ©tent pour nous expliquer ce qui sâest passĂ© Ă Butare, vu quâil ignorait mĂȘme
lâidentitĂ© du commandant du camp de Ngoma.
« Le FPR a tuĂ© HABYARIMANA pour invalider les accords dâArusha »
(02.05.07)
Lâaudition des tĂ©moins a continuĂ© avec Jean-Baptiste MBERABAHIZI, ancien premier secrĂ©taire du
Parti LibĂ©ral en 1994, et prĂ©sent au quartier gĂ©nĂ©ral du FPR Ă cette mĂȘme Ă©poque.
AprĂšs avoir retracĂ© longuement lâhistoire du FPR, des origines politiques du mouvement Ă lâarrivĂ©e du
gĂ©nĂ©ral Kagame Ă la tĂȘte dâune armĂ©e, le tĂ©moin est arrivĂ© au cĆur de son tĂ©moignage, car il Ă©tait
prĂ©sent au quartier gĂ©nĂ©ral du FPR (Ă Mulindi) depuis la signature des accords dâArusha. Il a expliquĂ©
que le but unique du FPR Ă©tait la prise du pouvoir, peu importe que les moyens mis en Ćuvre soient
trĂšs coĂ»teux en vie humaine ou non. Or le FPR savait quâil nâarriverait jamais au pouvoir par les urnes
car il était assimilé à un mouvement essentiellement Tutsi et ceux-ci ne représentent pas plus de 15%
maximum de la population. Il nâa donc en fait signĂ© les accords dâArusha que pour des raisons
tactiques et nâavaient jamais eu lâintention de rĂ©ellement vouloir son application. Le FPR a donc
continuĂ© Ă recruter massivement des combattants, mĂȘme bien aprĂšs la signature de cet accord de
cessez-le-feu. Toutefois, il lui fallait un prĂ©texte pour recommencer la guerre, qui devait lâamener Ă la
conquĂȘte du pays et donc Ă une prise unilatĂ©rale du pouvoir. La solution qui devait ĂȘtre trouvĂ©e se
discutait librement au quartier général du FPR selon le témoin. Le président HABYARIMANA était la
seule personnalité du MRND à avoir signé les accords de paix. Il suffisait donc de le faire disparaßtre
pour invalider les accords de paix, provoquer le chaos dans le pays et par lĂ justifier une reprise des
hostilités. De plus, selon M. MBERABAHIZI, le FPR pouvait trÚs bien acheminer les missiles qui ont
servi Ă perpĂ©trer lâattentat dans un des camions escortĂ©s par la MINUAR. En effet, les camions
transportant la nourriture et le bois de Mulindi au CND nâĂ©taient pas fouillĂ©s par les soldats de la paix et
ceux-ci empĂȘchaient les FAR dâen examiner le contenu. Le tĂ©moin a dit quâil en avait fait lâexpĂ©rience
lors dâun trajet de Mulindi Ă Kigali oĂč il devait se rendre pour un sĂ©minaire organisĂ© par lâONU.
Le témoin a ensuite été interrogé longuement par les avocats des parties civiles et de la défense. Il a
reconnu ne pas avoir vu les paras belges au campement de Mulindi durant la journée du 6 avril (la
dĂ©fense prĂ©tend quâils y ont Ă©tĂ© pour chercher les missiles sous le couvert dâune mission dâexploration
du parc naturel de lâAkagera). Il a dit quâil ne savait pas qui avait tuĂ© les paras belges, mais que
sâagissant de lâassassinat du Premier Ministre Agathe UWILINGIYIMANA, il est avĂ©rĂ© quâil sâagit des
FAR. Par la suite, Me Serge MOUREAUX, avocat de lâEtat Rwandais (dont le PrĂ©sident actuel est Paul
Kagame) sâest insurgĂ© en une phrase lapidaire contre ce tĂ©moignage : «
Le témoin ignore ce que tout
le monde sait, mais prétend savoir ce que tout le monde ignore
».
« Les dĂ©bris de lâavion de mon pĂšre se sont abattus dans notre propre jardin »
(02.05.07)
Le mercredi, en dĂ©but dâaprĂšs-midi, Jean-Luc HABYARIMANA, le fils de feu le PrĂ©sident JuvĂ©nal
HABYARIMANA est venu tĂ©moigner des Ă©vĂ©nements quâil a vĂ©cus au Rwanda Ă partir de lâattentat
contre lâavion de son pĂšre jusquâĂ son dĂ©part en France, sur invitation du PrĂ©sident Mitterrand, trois
jours plus tard.
Lorsque lâavion a Ă©tĂ© abattu, Jean-Luc HABYARIMANA se trouvait dans la piscine de la rĂ©sidence
prĂ©sidentielle de Kanombe. Il a vu lâavion de son pĂšre et ensuite trois tirs de missiles dont les deux
derniers ont touchĂ© lâavion. Les dĂ©bris se sont partiellement abattus dans la propriĂ©tĂ© mĂȘme du
PrĂ©sident. Il sâest alors rendu sur les lieux afin dâextraire les corps des dĂ©bris et de pouvoir les ramener
dans le salon de la maison oĂč une chapelle funĂ©raire avait Ă©tĂ© improvisĂ©e. Par la suite dit-il, des coups
de feu de militaires du FPR ont été tirés sur la maison, sans faire de grands dégùts.
Selon plusieurs tĂ©moins, familles des autres victimes de lâattentat contre lâavion et prĂ©sentes
rapidement sur les lieux, Madame HABYARIMANA faisait alors preuve dâune intense activitĂ© : priĂšre
pour les interhamwes, ordres dâexĂ©cution de nombreuses personnalitĂ©s politiques, nombreux contacts
téléphoniques, entre autres avec le colonel BAGOSORA, etc. Le témoin a nié tous ces propos et a
argué pour confirmer ses dires que le téléphone avait été coupé dÚs le 7 au matin. Selon lui,
lâatmosphĂšre Ă©tait plus au recueillement quâĂ lâactivitĂ©.
A la suite de ce témoignage, le magistrat fédéral, Philippe MEIRE, a lu un extrait de la décision de la
Commission des rĂ©fugiĂ©s en France, qui a dĂ©cidĂ© de ne pas accorder lâasile politique a Madame
HABYARIMANA en raison de son rĂŽle important dans lâorganisation du gĂ©nocide. Lâavocat de la
dĂ©fense sâest insurgĂ© contre cela, arguant que les dĂ©cisions de cette commission sont dictĂ©es par des
motifs dâordre purement politique, et que donc cette dĂ©cision nâa aucun fondement juridique.
Plusieurs avocats ont ensuite rappelĂ© que lâobjet de ce procĂšs est le jugement de Bernard
NTUYAHAGA pour les faits bien précis qui sont mis à sa charge et non pas la découverte des auteurs
de lâattentat contre lâavion prĂ©sidentiel. A la suite de quoi, Me DE TEMMERMAN, principal dĂ©fenseur de
lâaccusĂ©, a, une fois de plus rappelĂ© sa thĂšse : oui il sâagit bien de savoir qui a tirĂ© sur lâavion, car ce
sont ces personnes qui sont directement responsables de la mort des casques bleus (en effet sans cet
attentat, ils nâauraient jamais Ă©tĂ© tuĂ©s).
« Lâattentat contre lâavion a crĂ©Ă© le moment propice pour la mise en Ćuvre dâun plan qui nâĂ©tait
sans doute pas achevé, mais qui existait »
(02.05.07 et 03.05.07)
En fin dâaprĂšs-midi, la Cour a interrogĂ© Alison DESFORGES, grande spĂ©cialiste du Rwanda. Elle est
historienne de formation mais travaille actuellement pour lâONG amĂ©ricaine « Human Rights Watch ».
Elle est lâauteur, pour cette ONG et en collaboration avec la FIDH, dâun livrĂ© clĂ© pour comprendre le
génocide rwandais « Aucun témoin ne doit survivre ».
Pour Alison DESFORGES, le gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda en 1994 est bien le fruit dâune politique
dâEtat, et non pas de la colĂšre populaire. Elle en veut pour preuve la plus flagrante le fait quâil ait fallu
remplacer les autorités administratives à Butare pour que les massacres à grandes échelles
commencent dans cette province du sud du pays oĂč lâintĂ©gration entre les deux ethnies Ă©tait trĂšs forte.
Pour bien comprendre ce génocide, il faut évidement le replacer dans le contexte de la démocratisation
et de la guerre civile. Les deux parties en guerre, malgré les accords de paix, préparaient la reprise des
violences, ainsi quâen attestent de nombreux signes avertisseurs. Mais du cĂŽtĂ© du pouvoir en place Ă
Kigali, la volontĂ© dâimpliquer toute la population civile dans la dĂ©fense du pays, et la motivation de cette
population sur des bases ethniques sont des caractĂ©ristiques que lâon ne retrouve pas du cĂŽtĂ© du FPR.
Il fallait en effet définir le FPR en terme ethnique, afin de recréer une solidarité entre tous les Hutus,
mise Ă mal par lâouverture dĂ©mocratique du rĂ©gime. Du cĂŽtĂ© du FPR, des crimes de guerre ont Ă©tĂ©
commis au Rwanda en 1994 et au ZaĂŻre par la suite, mais jusquâĂ maintenant, Mme DESFORGES nâa
pas trouvĂ© dâĂ©lĂ©ments qui dĂ©montrent que les militaires tuaient sur base dâun critĂšre ethnique. Cela ne
serait dâailleurs pas dans leur avantage Ă©tant donnĂ© que les Hutus reprĂ©sentent au moins 85% de la
population.
Les avocats des casques bleus belges ont demandĂ© Ă Mme DESFORGES dâexpliquer le dĂ©roulement
habituel des massacres, qui se produisaient selon elle, suivant un mĂȘme schĂ©ma la plupart du temps :
rassemblement des victimes en un lieu, massacres Ă lâarme blanche, suivi dâun massacre Ă lâarme Ă
feux pour tuer les « résistants ». Les massacres sont justifiés par la suite par les autorités comme étant
le fruit dâun mouvement incontrĂŽlĂ© de colĂšre populaire. Les avocats ont ensuite fait remarquer dans
leurs commentaires que lâassassinat des casques bleus belges sâĂ©tait dĂ©roulĂ© selon un schĂ©ma en tous
points semblable.
Alison DESFORGES a également éclairé le jury sur les liens de plus en plus étroits existants entre les
autorités de la hiérarchie militaire et les milices Interhamwes. En effet, les miliciens ont
progressivement intégré les grades, les uniformes et les saluts des militaires. Ils ont aussi reçu des
armes directement livrées des QG militaires. Selon le témoin, une personne du grade de major ne
pouvait sans doute pas ignorer les liens entre ces deux groupes.
En ce qui concerne le rĂŽle de lâaccusĂ© Ă Butare plus prĂ©cisĂ©ment, elle a affirmĂ© quâen juin 94â, le
gouvernement intérimaire, qui était acculé de toute part, voulait nommer dans cette région des
personnes de confiance pour finir le génocide avec efficacité. La nomination de NTUYAHAGA comme
commandant du camp de Ngoma nâest donc sans doute pas un hasard, dâautant plus quâil sâagit dâun
officier originaire du Sud, et que le colonel BAGOSORA cherchait à impliquer des personnalités de
cette rĂ©gion dans lâaccomplissement du gĂ©nocide.
La dĂ©fense a ensuite pris le relais de lâinterrogatoire. Me DE TEMMERMAN a demandĂ© Ă Mme
DESFORGES de retracer tout son parcours professionnel, tant comme professeur que comme
militante de la dĂ©fense des droits de lâHomme. Il a insistĂ©, puisquâelle a Ă©tudiĂ© lâhistoire de ce pays en
profondeur, pour quâelle explique que ce sont les Belges qui ont imposĂ© la mention de lâethnie sur les
cartes dâidentitĂ© du Rwanda, pour quâelle mette en Ă©vidence les liens existants entre le FPR et lâarmĂ©e
Ougandaise (mais Mme DESFORGES a refusé de dire que le FPR était une force étrangÚre totalement
dĂ©pendante de lâOuganda, comme le sous-entendait Me DE TEMMERMAN). Elle a Ă©galement prĂ©cisĂ©
que selon elle, lâhistoire du gĂ©nocide nâest pas Ă refaire, quand bien mĂȘme le FPR serait responsable
de lâattentat contre lâavion prĂ©sidentiel, car il ne sâest agit lĂ que dâune Ă©tincelle qui a allumĂ© une
machine dĂ©jĂ bien construite. Le responsable de lâattentat nâest pas responsable du
gĂ©nocide. Toutefois, Mme DESFORGES a ajoutĂ© que lâon ne refait pas lâhistoire Ă lâenvers et quâil nâest
effectivement pas sûr, selon elle, que sans cet attentat, le génocide des Tutsis du Rwanda aurait eu
lieu.
Pour finir, Me DE TEMMERMAN a qualifiĂ© le livre dâAlison DESFORGES de «
foutaise
».
« Les génocides portent en eux leur propre négation »
(03.05.07)
Maxime STEINBERG a été entendu jeudi -en fin de matinée, à la demande des parties civiles, afin
dâĂ©clairer le jury sur les mĂ©canismes du nĂ©gationnisme. Ce docteur en histoire, professeur associĂ© Ă
l'Institut d'Ă©tudes du judaĂŻsme Ă l'ULB oĂč il enseigne les questions d'histoire de l'antisĂ©mitisme et du
gĂ©nocide, a tout dâabord insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de diffĂ©rencier deux concepts trop souvent confondus :
rĂ©visionnisme et nĂ©gationnisme. Tout historien est un rĂ©visionniste lorsquâil travaille sur un sujet dĂ©jĂ
traitĂ© avant lui, puisquâil souhaite approfondir les connaissances en ce domaine et parfois mĂȘme les
remettre en question. Le nĂ©gationnisme est quelque chose de trĂšs diffĂ©rent : il sâagit de nier lâexistence
dâun phĂ©nomĂšne, si pas directement, Ă tout le moins indirectement, en renversant les chaĂźnes de
responsabilité.
Selon ce spĂ©cialiste, la nĂ©gation du gĂ©nocide est au cĆur de lâĂ©vĂ©nement, mettant en place une
logique dâĂ©limination des opposants de son propre camp, sâĂ©tendant de maniĂšre progressive dans le
temps et lâespace et sâassurant du soutien de lâestablishment. Par exemple, dans le gĂ©nocide des
Tutsis, on voit de maniĂšre Ă©vidente quâil sâagit de lâaboutissement dâune certaine logique dĂ©jĂ Ă lâĆuvre
depuis 1959 : les Tutsis sont des Ă©trangers, il faut les chasser... et puis en 1994, il ne faut finalement
plus les chasser, mais les tuer !
Par la suite, Me GILLET a interrogé le témoin : est-ce que le raisonnement qui consiste à dire que le
FPR est responsable du génocide car il est le responsable du déclenchement de la guerre civile et de
lâattentat contre lâavion est un raisonnement se situant dans une logique nĂ©gationniste ? «
Ha oui, tout
a fait
» sâest exclamĂ© Maxime STEINBERG.
« Je suis en Belgique depuis 1995 et je nâai toujours pas de statut⊠»
(03.05.07)
En dĂ©but dâaprĂšs-midi la Cour a rapidement interrogĂ© un tĂ©moin citĂ© Ă la demande la dĂ©fense, Gaspard
MUSABYIMANA. Ce monsieur, titulaire dâun DESS en Administration et Gestion Publique, est lâancien
chef de Cabinet de M. Casimir BIZIMUNGU. Il a écrit un livre intitulé «
Vraie nature du FPR-APR
dâOuganda en Rwanda
», en a entretenu la Cour pendant un moment, sâinsurgeant contre la cruautĂ©
non dénoncée selon lui du Général Paul KAGAME.
La dĂ©fense tenait surtout Ă insister sur le statut de Gaspard MUSABYIMANA, demandeur dâasile
depuis 1995 en nos régions. En faisant un parallÚle avec la décision qui a frappé Madame Agathe
HABYARIMANA, veuve du prĂ©sident JuvĂ©nal HABYARIMANA face Ă sa demande dâasile, Me De
TEMMERMAN a insisté sur le caractÚre politique et non juridique de telles décisions.
« NTUYAHAGA a Ă©tĂ© vu au volant de la voiture personnelle dâAgathe UWILINGIYIMANA »
(03.05.07)
La Cour a ensuite entendu le Professeur et chercheur André GUICHAOUA. Ce dernier a une double
formation dâĂ©conomiste et de sociologue, et a Ă©crit une dizaine dâouvrages sur le Rwanda.
Actuellement, il collabore avec le TPIR en tant que témoin expert.
André GUICHAOUA, qui se trouvait au Rwanda en avril 1994, a expliqué à la Cour son vécu personnel.
Il a en effet essayĂ©, Ă la suite de lâassassinat du Premier Ministre Agathe UWILINGIYIMANA, de
sauver ses enfants et de les ramener en France. Il sâest battu contre le refus de son ambassade de les
prendre en charge, refusant de quitter le Rwanda sâil ne pouvait pas les emmener. Il aura finalement eu
gain de cause, grĂące Ă lâaide entre autre de Pierre PEAN, mais les enfants seront directement
transférés vers la Suisse par le gouvernement français.
Il a essayĂ© de discuter avec les enfants dâAgathe UWILINGIYIMANA pour obtenir un rĂ©cit dĂ©taillĂ© des
faits et gestes du Premier Ministre avant son assassinat, ainsi que les noms des personnes présentes
Ă ce moment; mais ceux-ci sont extrĂȘmement choquĂ©s par les Ă©vĂ©nements et il nâa donc pas pu obtenir
de renseignements de leur part. Il sâinterroge quant Ă la probabilitĂ© que le major ait reçu la mission de
tuer les casques bleus : il sâagissait dâune mission de grande importance, or le major nâĂ©tait pas
quelquâun faisant partie du «
sein des seins
». Toutefois, celui-ci a été vu par un de ses bons amis au
volant de la voiture personnelle du Premier Ministre. Dâautre part, le major nâa pas pu, selon lui, agir
dâinitiative, car Ă ce moment, Ă Kigali, lâordre rĂ©gnait malgrĂ© la guerre, et des centres de dĂ©cisions
étaient sûrement trÚs effectifs.
Dâautre part, en ce qui concerne le rĂŽle quâaurait jouĂ© le major NTUYAHAGA Ă Butare, AndrĂ©
GUICHAOUA, explique que sâil nâa pas trouvĂ© dâĂ©lĂ©ments directement compromettants pour lâaccusĂ©
(puisquâil ne les cherchaient pas), il sait par contre que le camp de Ngoma Ă©tait responsable du travail
des milices sur une partie du territoire de la préfecture. Ainsi le chef du camp de Ngoma était
également le chef direct des miliciens Interhamwes pour le tiers de la préfecture, et ne pouvait donc
pas ignorer le rĂŽle quâelles ont jouĂ© dans le « nettoyage ethnique ». Dâautre part, tout comme Alison
DESFORGES, il pense que la nomination de nouveaux officiers dans cette région au mois de juin,
correspond à un besoin pour les autorités de remobiliser les civils dans cette province. En effet, chaque
jour, il fallait motiver les civils aux tueries, soit par lâappĂąt du gain, soit le plus souvent par la menace
directe dâune Ă©limination physique en cas de non-participation. Le gouvernement y a donc envoyĂ© des
officiers zĂ©lĂ©s, afin de « finir le travail », selon le vocabulaire consacrĂ©, pour quâaucun tĂ©moin ne
survive.
« Le gĂ©nocide est la rĂ©sultante de la mise en place dâune mĂ©canique infernale »
(04.05.07)
Vendredi matin, le professeur Alain VERHAEGEN (ULB) a expliqué que l'assassinat des casques bleus
n'était pas dû au hasard mais à la volonté de provoquer le départ du contingent belge pour laisser le
champ libre aux massacres. Pour M. VERHAEGEN, dÚs décembre 1990, il y a eu mise en place des
« piÚces d'une mécanique infernale »
, chacune de ces piÚces étant en quelque sorte une réponse à ce
qui était ressenti comme une menace par le pouvoir en place : début de la guerre, nouvelle
constitution, ouverture au multipartisme, mise en place dâun gouvernement de coalition, signature des
accords dâArusha, arrivĂ©e du FPR au CND. La preuve de la prĂ©paration du gĂ©nocide se trouve, selon
lui, dans plusieurs indices, tel par exemple, le fait que les tueurs prenaient le temps de déchirer les
documents dâidentitĂ© de leurs victimes, les assassinats au sein de familles mixtes, etc.
« Au parti libéral belge, ils avaient choisi le camp du FPR »
(04.05.07)
La matinée du vendredi a continué avec le témoignage de Stanislas MBONAMPKA, ancien Ministre de
la Justice dans le gouvernement de coalition en tant que membre du PL (parti libéral) rwandais en
1991-1992. Par la suite il dit avoir dĂ©missionnĂ© de ses fonctions car il nâarrivait pas Ă faire son travail
correctement dans ce gouvernement, les membres étant en constant désaccord.
Selon ce dernier, le gouvernement issu des accords dâArusha Ă©tait sur le point de se mettre en place le
lendemain du 6 avril 94â. Toutefois, le FPR nây avait pas intĂ©rĂȘt, car malgrĂ© de nombreuses
nĂ©gociations avec les partis Hutu de lâopposition, aucun accord stable nâavait pu ĂȘtre trouvĂ© pour
sâopposer Ă HABYARIMANA et contrĂŽler le pouvoir, et cela principalement Ă cause de grandes
divisions internes entre les partis de lâopposition.
AprĂšs le gĂ©nocide, le tĂ©moin a expliquĂ© quâil a fui au Congo et ensuite en Belgique, oĂč il a essayĂ© de
prendre contact avec Jean Gol, alors PrĂ©sident du parti libĂ©ral. Le secrĂ©tariat lui aurait demandĂ© sâil
était pro-FPR. Le témoin ayant répondu non, on lui aurait dit : «
Nous nâavons rien Ă nous dire, ici au
parti libéral, nous avons choisi notre camp
».
« Câest le MDR qui a inventĂ© le mot âAkazuâ »
(04.05.06)
Enfin, Jean-marie Vianney NKEZABERA est venu témoigner à la barre, à la demande de la défense.
Ce membre fondateur du principal parti dâopposition (le MDR), et Ă©lectricien de son mĂ©tier, est venu
donner un cours de linguistique Ă la Cour dâassises. Il a en effet expliquĂ© les origines de deux termes
controversĂ©s : Akazu et Hutu-Power. En ce qui concerne le mot Akazu, le tĂ©moin affirme que câest son
parti qui a lancĂ© lâexpression pour dĂ©finir lâentourage politique (et non pas familial) du PrĂ©sident JuvĂ©nal
HABYARIMANA et ainsi le décrédibiliser aux yeux de leur électorat. En ce qui concerne le mot Hutu-
Power, par contre, il sâagit lĂ de distinguer deux Ă©tapes. Dans un premier temps, le mot Power avait Ă©tĂ©
rajoutĂ© Ă une aile du parti, pour dĂ©signer ceux qui sâopposaient Ă son PrĂ©sident Faustin
TWAGIRAMUNGU. Par la suite, dâautres personnes ont parlĂ© de Hutu-Power pour diaboliser cette aile
du parti et ils se sont appelés les « modérés ».
La semaine prochaineâŠ
DĂ©but de la semaine prochaine la Cour se consacre Ă lâaudition de deux tĂ©moins de contexte :
âą
M. Johan SWINNEN, ambassadeur Ă Kigali du 1990 Ă 1994.
âą
M. Nicolas VAN WINSEN, auditeur militaire au moment des faits et en charge dâune enquĂȘte sur
les responsabilitĂ©s de la hiĂ©rarchie militaire belge dans lâassassinat des casques bleus pendant
une annĂ©e (jusquâĂ sa mise Ă la retraite).
Jusquâau mercredi soir la Cour entendra :
âą
Les juges dâinstruction (Damien VANDERMEERSCH, Sylviana VERSTREKEN)
âą
Les enquĂȘteurs de la police criminelle (Philippe POURBAIX, ValĂ©rie MIGEOT, Pascal REMY,
Michel STASSIN)
Jeudi, les enquĂȘteurs de lâauditorat militaire viendront exposer les rĂ©sultats de leurs enquĂȘtes :
âą
Guy ARTIGUES (auditeur militaire, qui a repris lâenquĂȘte de M. VAN WINSEN)
âą
Marcel ROMAN (médecin légiste)
âą
LĂ©opold COLLA et Edward CELLENS (experts en balistique)
âą
Yves CROCHELET et André DELATTRE (neuropsychiatres)
âą
Les militaires de la MINUAR : JosĂ© CHARLIER Joris UYTTERHOEVEN, et, peut-ĂȘtre le gĂ©nĂ©ral
Roméo DALLAIRE.
La journĂ©e de vendredi sera consacrĂ©e Ă lâaudition des membres des familles des casques bleus
assassinés :
âą
BĂ©atrice FOCANT
âą
Christine MAES
âą
Sandrine LOIX
âą
Bruno FOUREZ
âą
Martine DEBATTY
ASF assiste au procĂšs dâavril Ă juin.
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