[Histoire] Epopée des Verts en coupe de l'UEFA, (12e épisode) saison 1982-83, ASSE-Tatabanaya
Saison 1982-83
Premier tour de la coupe de l’UEFA : Saint-Etienne - Tatabanya
L’AS Saint-Etienne entame cette nouvelle saison en plein marasme. Elle est frappée de plein fouet par une crise sans précédent qui a éclaté publiquement le 1er avril 1982. Le 17 mai, peu après la finale de la coupe de France, acculé, Roger Rocher démissionne de son poste de président et accuse Robert Herbin de tous les maux. L’ex-président aurait bien aimé le remplacer par l’entraîneur de Brest, Alain de Martigny, mais sa démission a mis fin à ses projets. Entre-temps, c’est Maître Fieloux, aidé de Maître Buffard, qui assure l’intérim et tente de sauver ce qui peut l’être. Le 20 août, devant les commissaires du SRPJ de Lyon, Rocher est obligé de confirmer l’existence d’une caisse noire. C’est le prélude à de multiples inculpations et à une véritable descente aux enfers dont les conséquences ont été terribles pour l’ASSE.
Sur le plan sportif, la situation a sensiblement évolué. Michel Platini est parti à la Juventus de Turin, remplacé par Bernard Genghini, dont on espère qu’il sera un digne successeur. Christian Lopez a également signé un contrat de quatre ans pour Toulouse et Bernard Gardon a raccroché les crampons pour devenir, à la demande de Herbin, directeur sportif du club. Pour compléter l’effectif existant et épauler Jean-François Larios, propulsé leader de l’équipe, sont arrivés le Danois Christensen pour 350000 francs, Alain Moizan (échangé avec le stéphanois Philippe Millot) et Philippe Mahut en provenance de Metz. Les Verts doivent également composer avec l’absence de Patrick Battiston, victime du triste Harald Schumacher lors de la célèbre demi-finale de la coupe du Monde en Espagne.
La reprise du championnat, sous cette ambiance, est difficile. C’est seulement après la sixième journée de championnat que les Verts remportent leur premier match face à Toulouse qui s’incline 2-1 et ils occupent une peu glorieuse 16e place. Le premier tour de la coupe de l’UEFA se profile avec le premier match à domicile contre une équipe hongroise, Tatabanya.
C’est une formation difficile à manœuvrer qui a poussé le Real Madrid dans ses retranchements à ce même tour de la compétition la saison dernière. Les Espagnols se sont qualifiés uniquement au bénéfice du but inscrit à l’extérieur (1-2 et 1-0). On s’attend donc à un match compliqué surtout que les Verts donnent d’inquiétants signes de faiblesse.
le premier but de Rep
Une assistance ridicule a pris place dans les travées de Geoffroy-Guichard. On note à peine 12000 spectateurs payants signe de la désaffection du public qui a décidé de sanctionner les mauvais résultats de son équipe.
Les supporters présents n’ont pas le temps de s’ennuyer car dès la 6e minute, Johnny Rep ouvre la marque d’un tir imparable. Malgré ce but qui aurait du les libérer, les Stéphanois retombent dans leurs travers et les Hongrois en profitent pour égaliser à la 24e minute, par leur attaquant, Weimper, un véritable poison. La mi-temps intervient sur ce score et on voit mal comment l’ASSE peut se sortir de ce mauvais pas.
En seconde période, Larios décide de prendre le jeu à son compte. En grande forme, il entraîne ses co-équipiers dans son sillage ce qui oblige Tatabanya à commettre nombreuses fautes et actes d’anti-jeu. Sur l’un d’entre eux, l’arbitre n’a d’autres choix que d’expulser Weimper, le buteur impétueux. En infériorité numérique et privé de leur meilleur élément, les Hongrois subissent la loi des locaux. Jean-François Daniel, un jeune prometteur du centre de formation entré à la 60e minute à la place de Laurent Paganelli, permet aux siens de prendre l’avantage à la 73e minute. Laurent Roussey parachève le succès des Verts en marquant le troisième but à la 87e et en donnant le quatrième à Genghini à point nommé pour enfoncer le clou (90e). Saint-Etienne peut donc envisager le match retour avec sérénité.
Roussey décisif
15 septembre 1982
Saint-Etienne – Tatabanya 4-1 (1-1)
12000 spectateurs environ
Buts : Rep (6e), Daniel (73e), Roussey (87e), Genghini (90e) pour l’ASSE, Weimper (24e) pour Tatabanya.
ASSE : Castaneda – Lestage, Mahut, Janvion, Zanon – Oleksiak, Larios, Genghini – Paganelli (puis Daniel 60e), Roussey, Rep.
Entraîneur : Robert Herbin
Saint-Etienne se rend en Hongrie avec trois buts d’avance et avec un minimum de sérieux, la qualification ne devrait pas poser de problèmes. Herbin se permet donc d’aligner pour la première fois de la saison Patrick Battiston, à peine remis de sa blessure consécutive à son choc avec Harald Schumacher, lors de la demi-finale de la coupe du Monde.
Tout le monde se souvient de l’attentat qu’il a subi de la part du gardien allemand parti le percuter à l’extérieur de sa surface de réparation. Cela a été un tournant de cette rencontre car en plus d’avoir empêché une occasion nette, il a échappé à une sanction sévère mais juste de la part de l’arbitre, M. Corver, qui a fait preuve, à cette occasion, d’une étonnante mansuétude.
Une image bouleversante
L’ancien défenseur messin est transporté sur une civière, inconscient, Platini à ses côtés lui tenant la main. Il a perdu des dents sur la pelouse de Séville et il souffre d’une fracture de la troisième cervicale. Il arrive à Saint-Etienne avec une minerve et on a craint un moment pour la suite de sa carrière. C’est le docteur Dumonteil, dépêché sur place par des gendarmes venus le récupérer dans sa maison de campagne, qui le rassure en lui promettant un rétablissement pour le 1er novembre. Sa guérison est plus rapide et c’est le 29 septembre qu’il chausse ses crampons avec grand plaisir même si sa condition physique n’est pas parfaite.
Cette agression a fait beaucoup de bruits des deux côtés du Rhin. Dans son propre club de Cologne, Schumacher est conspué et il est contraint de présenter ses excuses à Battiston au cours d’une conférence de réconciliation publique. Le défenseur stéphanois, dont la gentillesse est légendaire, accepte ces excuses et il se murmure même pour la petite histoire qu’il aurait été le témoin de mariage de l’Allemand.
La rentrée de Battiston est convaincante et c’est avec assurance qu’il repousse les assaut des Hongrois rapidement obligé de s’avouer vaincu. Saint-Etienne n’a pas de mal à contenir les velléités adverses et elle repart du stade Sagvari Endre Ut invaincue. Grâce à ce 0-0 sans saveur mais suffisant, l’ASSE se qualifie pour le second tour de la coupe de l’UEFA.
29 septembre 1982
Tatabanya – Saint-Etienne 0-0
ASSE : Castaneda – Janvion, Mahut, Battiston, Lestage – Zanon, Oleksiak, Larios, Daniel – Rep, Roussey
Entraîneur : Robert Herbin
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asse histoire uefa douzieme episode
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