vote électronique | 11 mai 2007 | Nicolas Barcet ( 5 commentaires )
Voir en ligne : Bilan technique du second tour et décision de proclamation du Conseil Constitutionnel
« Certes, l’acharnement déployé dans certains milieux pour jeter le doute sur la crédibilité du vote électronique, suggérer l’existence d’une fraude concertée et inciter au contentieux (des modèles de recours en référé et de réclamations étant diffusés sur Internet) laisse perplexe quant aux mobiles de leurs instigateurs. »
Etant l’un des instigateurs, ayant activement participé à la publication des modèles de référés, je me demande bien quand aurais-je insinué l’existence d’une fraude concertée ? Tous les articles que j’ai publié à ce sujet sont disponible ici. Suggérer ce que nous n’avons jamais dit n’est pas une insinuation, c’est du dénigrement. Tout ce que nous insinuons est que, grâce aux machines actuelles, une fraude massive serait possible ET indécelable, c’est bien cela qui est intolérable.
« Il n’en reste pas moins que beaucoup d’électeurs de bonne foi éprouvent eux aussi un malaise.
Celui-ci semble avoir une cause beaucoup plus psychologique que technique.
L’usage de l’urne et des bulletins, le dépouillement manuel rendent palpables et familières les opérations électorales. Un contrôle mutuel, visuel, est rendu possible par la présence physique des scrutateurs.
Allons plus loin : la participation aux opérations qui se déroulent dans un bureau de vote, que l’on soit assesseur, scrutateur ou simple électeur, associe les citoyens à une sorte de liturgie républicaine.
L’intrusion des machines à voter dépossède les citoyens de tout cela. Elle rend opaque ce qui était visible. Elle leur confisque un sacerdoce partagé. Elle met fin à une « communion citoyenne ». Elle prive le corps électoral de la surveillance collective des opérations dans lesquelles s’incarne le suffrage universel. Elle rompt le lien sensoriel et symbolique que la pratique « manuelle » du vote et du dépouillement avait tissé.
N’est-ce pas cela, au fond d’eux-mêmes, que reprochent leurs détracteurs aux machines à voter ? Et si tel est le cas, les apaisements techniques sont vains. »
Il me parait clair que les appaisement techniques sont vains quand la plupart des techniciens et informaticiens sont unanimes pour dénoncer un procédé faillible et anti-démocratique. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas tout à fait convaincu des compétences de nos sages constitutionnels à traiter du sujet. Pourtant, sur le fond, le Conseil approche enfin du fond du problème, tout en l’évitant : la dépossession du contrôle citoyen sur le traitement infligé à nos voix est bien ce que nous dénonçons.
« Il ne s’agit pas, bien sûr, de condamner l’usage des machines à voter, mais de tenter de comprendre les ressorts profonds et dignes de considération de la résistance qu’elles rencontrent. Dans ce domaine, comme dans tant d’autres, la société contemporaine doit apprendre à mettre en œuvre le progrès sans sacrifier la tradition. »
Encore une fois, il est sous-entendu ici, en opposant progrès et tradition, que les opposants que nous sommes sont des traditionalistes, luddites et bornés. Je vous laisse juger de la pertinence de tels propos, quand on sait que la plupart d’entre nous sont plus qu’engagés dans la promotion de l’usage des nouvelles techonologies, à titre personnel et professionel.
Pour reprendre ce que j’écrivais il y a quelques jours, la maîtrise des risques que nous dénonçons n’est vraisemblablement pas insurmontable, mais elle mériterait que l’on y réfléchisse sérieusement, publiquement et de façon contradictoire, afin d’arriver à une évolution du vote qui apporte de réels bénéfices, sans contrevenir aux principes fondamentaux du suffrage.