"Le goût des sciences et des lettres, en adoucissant les moeurs,
rend les hommes
meilleurs
et plus heureux " (Jean-Sylvain Bailly, Histoire de l'astronomie ancienne, 1781).
Origines
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Rare reliure ornée
de la devise
de l'Académie française
À l'Immortalité.
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Dès la création de l'Institut national, en 1795, il fut prévu de le doter d'une bibliothèque de travail, qui devait constituer un « abrégé du monde savant » et « raccorder toutes les branches de l'instruction ».
Après l'annulation, en avril 1797, de l'arrêté de juin 1796 qui lui rattachait la bibliothèque de l'Arsenal, l'Institut reçut à la place, comme noyau d'origine, la bibliothèque de la Commune de Paris, riche de 24 000 volumes et de 2 000 manuscrits.
L'Institut
s'efforça, avec un inégal succès,
de reconstituer les bibliothèques des anciennes
académies royales, démantelées
en 1793. En 1796, il fut autorisé à prélever
des livres de son choix dans les dépôts
littéraires de Versailles et de Paris où étaient
rassemblés les livres confisqués. Il
entra ainsi en possession de livres et de manuscrits
de provenances variées. Parmi ces derniers, on remarque
le texte et les costumes de deux ballets dansés à la cour de Louis XIV, le ballet de la Nuit et les Noces de Thétis et Pelée, qui proviennent de la bibliothèque des Menus-Plaisirs du roi.
Peu après, l'Institut garda la propriété de volumes provenant de l'ancienne Académie royale d'architecture qui avaient été donnés à l'École d'architecture, logée en 1801 dans le collège des Quatre-Nations devenu « Palais des Beaux-Arts », futur Palais de l'Institut. Ces ouvrages en effet ne suivirent pas les écoles d'art lorsqu'elles quittèrent l'Institut pour l'École des beaux-arts en 1840.
C'est
de l'époque du Directoire que date l'attribution à l'Institut,
pour étude, de
douze carnets de notes et de dessins, en majorité scientifiques,
de LEONARD DE VINCI. Ces carnets avaient été saisis
en 1796 à la Bibliothèque ambrosienne de Milan par
le Général Bonaparte, qui fut élu membre de la Classe des sciences de l'Institut peu de temps après.
La renommée de l'Institut
lui valut aussi, en 1803 et 1809, de se voir confier par Napoléon,
qui les avait reçus du roi de Naples, des rouleaux de papyrus
antiques carbonisés trouvés dans une villa d'Herculanum.
En savoir plus
Voir le site de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (cliquer sur Antiquité)
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Enrichissements
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Parmi
les nombreux dons et legs qui vinrent enrichir la Bibliothèque de l'Institut et compléter ses acquisitions, il convient de citer ceux de :
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Traité complet de
l'anatomie de l'homme,
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Marie Jean Antoine Nicolas
Caritat, marquis de Condorcet (1743-1794),
secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences, membre de l'Académie
française.
Le riche fonds de ses papiers contient aussi ceux de Jean
Le Rond D'Alembert (1717-1783) dont il était
le légataire universel. Le tout fut donné
par sa fille, Elisa O'Connor, en 1853.
Pierre-Michel Hennin
(1728-1807),
diplomate en Pologne, puis résident de France à Genève,
63 volumes de papiers et de correspondance donnés par son fils.
Jean-Antoine Gauvain (ou Gauvin) dit Gallois (1761-1828),
membre et président du Tribunat,
8 000 livres traitant principalement de littérature
et de philosophie.
Jean-Baptiste Huzard (1755-1838),
directeur de l'École vétérinaire
d'Alfort, membre de l'Académie des sciences, qui
conserva soigneusement année par année, tous
les documents qu'il recevait de l'Institut.
La bibliothèque botanique Delessert
fondée par Benjamin Delessert (1773-1847) et léguée par son frère François en 1869
Marie-Armand d'Avezac
(1800-1875),
historien de la géographie et des voyages, membre
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres,
anciens atlas de géographie.
Régis de Chantelauze (1821-1888)
1 767 volumes d'imprimés et de manuscrits rassemblés
pour la publication des Œuvres du Cardinal
de Retz.
La bibliothèque Bolivar,
fondée à Paris en 1882 pour honorer la mémoire
de Simon Bolivar, donnée en 1890 et 1930 : 3 000
ouvrages sur l'Amérique du Sud.
Maxime Du Camp (1822-1894),
legs à l'Académie française de sa bibliothèque
et de ses papiers personnels.
Baron Félix Hippolyte Larrey (1808-1895),
membre libre de l'Académie des sciences,
membre de l'Académie de médecine et de la
Société de chirurgie, 238 volumes.
Auguste Daubrée (1814-1896),
géologue, membre de l'Académie des sciences,
sa bibliothèque et sa correspondance.
Etienne Barth (mort en 1898)
un millier d'alsatica (XVIIe - XIXe siècles).
Georges Duplessis (1834-1899),
membre libre de l'Académie des beaux-arts et conservateur
en chef du cabinet des estampes de la Bibliothèque
nationale,
5 000 ouvrages sur la gravure et l'histoire de l'art,
dont 577 livres à figures des XVe et XVIe siècles et près de 900 catalogues de ventes des XVIIe
et XVIIIe siècles.
Louis Bernier (1847-1919),
architecte, membre de l'Académie des beaux-arts,
1 500 ouvrages.
Dix cahiers manuscrits autographes d'œuvres musicales
de Wolfgang Amadeus Mozart, donnés
en 1921.
Eugène Pierre (1848-1925),
5 700 livres sur l'histoire de France et la littérature.
Gustave Schlumberger
(1844-1929),
byzantiniste, membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres,
6 000 ouvrages et des photographies anciennes.
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Images bons points
illustrant
les Fables
de La Fontaine.
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Auguste Erhard (1847-1931),
homme de lettres,
plus de 4 000 volumes, avec un intérêt
particulier pour Jean de La Fontaine.
Auguste Terrier (1873-1932),
secrétaire général du Comité
de l'Afrique française, directeur de l'Office Chérifien
du Maroc,
fonds sur l'histoire de la colonisation française
en Afrique, composé de correspondances, pièces
originales et copies, coupures de presse.
Emmanuel Rodocanachi (1859-1934),
membre de l'Académie des sciences morales et politiques,
1 400 ouvrages sur l'Italie ancienne et moderne.
Ernest Carette, fils d'Auguste Carette
(1803-1885), avocat au Conseil
d'État ; sa bibliothèque, comprenant de nombreux
pamphlets du XIXe siècle et des ouvrages
politiques, fut reçue en 1947.
2 000 volumes de littérature et d'histoire de
l'art de la bibliothèque de Nélie Jacquemart André
(1841-1912), artiste, collectionneur et mécène,
furent ajoutés au fonds général en
1952.
En 1954, le septième duc de Wellington offrit près
d'un millier de lettres provenant de Joseph Bonaparte
et saisies par le premier duc de Wellington à la
bataille de Victoria (21 juin 1813).
Fonds Heredia-Régnier
Ce fonds, légué à l'Académie française selon le voeu d'Henri de Régnier (1864-1936), se compose de documents biographiques (papiers de famille, correspondances familiales, journal), de manuscrits littéraires et de correspondance générale.
En 1937, après la mort de son mari, Marie de Régnier, fille de José-Maria de Heredia, effectua un premier versement, composé de correspondances et d'un important ensemble de papiers provenant de la famille Heredia.
En 1963, à la mort de Marie de Régnier, conformément au testament de celle-ci, tous les manuscrits non reliés ainsi que les correspondances qui étaient restés à son domicile entrèrent à la bibliothèque de l’Institut, à l'exception du Journal d'Henri de Régnier dont les volumes sont partagés avec la Bibliothèque nationale.
Pour les autres enrichissements, voir les parties "Fonds" et "Actualités".
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Statuts
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La
Bibliothèque de l'Institut est placée sous
l'autorité du chancelier de l'Institut de France,
M. Gabriel de Broglie, membre de l'Académie
française et de l'Académie des sciences morales
et politiques. Le chancelier est le supérieur hiérarchique direct du directeur de la bibliothèque.
En conséquence du nouveau statut de l’Institut de France et des Académies défini par les articles 35 à 38 du Titre IV de la loi de programme n° 2006-450 du 18 avril 2006 pour la recherche, un nouveau règlement comptable fut établi en décembre 2006 et un nouveau règlement général fut approuvé par le décret numéro 2007-810 du 11 mai 2007.
"La Commission des bibliothèques et archives de l'Institut est composée de dix membres, à raison de deux membres élus par chaque académie, auxquels s'adjoignent les secrétaires perpétuels et le chancelier de l'Institut. Son contrôle technique s'étend aux bibliothèques, collections et dépôts d'archives appartenant à l'Institut, à l'exclusion des bibliothèques et des archives propres à chaque académie.
Elle veille à leur classement et à leur conservation.
Elle arrête, dans la limite des crédits qui sont mis à sa disposition par la commission administrative centrale sur les fonds de l'Etat ou sur les fonds propres de l'Institut, les achats de collections, de toutes autres ressources documentaires telles que des livres, des abonnements aux périodiques ou des abonnements à tout service fourni par internet ou par tout autre moyen. Toute demande de communication de document manuscrit ou authentique à des personnes autres que les membres de l'Institut est soumise à son autorisation. De même, elle autorise les travaux de numérisation, de mise en ligne sur internet ou de communication de documents de toute nature par tous moyens que ce soit.
Elle donne son avis sur l'acceptation ou le refus par l'Institut des dons et legs d'ouvrages et des collections ainsi que sur les dépôts d'archives.
Elle donne son avis au chancelier pour saisine de la commission administrative centrale sur le choix du directeur de la bibliothèque de l'Institut ".
La Commission des bibliothèques et archives a pour président Mme Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'Académie française.
Académiciens
dans la salle
de lecture
© Brigitte Eymann
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Le personnel et le budget pour la documentation sont affectés à la bibliothèque par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (direction de l'Enseignement supérieur, sous-direction des Bibliothèques et de l'information scientifique). L'ensemble du personnel appartient à la fonction publique d'Etat (15 emplois des corps des bibliothèques et 3 emplois administratifs).
Par son testament en date du 2 mai 1905, le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul légua à l'Institut de France ses collections de manuscrits, livres et périodiques, particulièrement importants pour l'étude de la littérature française du XIXe siècle. La Bibliothèque Spoelberch de Lovenjoul, qui eut longtemps pour adresse la rue du Connétable à Chantilly, est aujourd'hui conservée dans les locaux de la Bibliothèque de l'Institut à Paris.
La Bibliothèque Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris, spécialisée
dans
l'histoire du
XIXe siècle, est une annexe de la Bibliothèque de l'Institut de France. |
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Locaux
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La salle de lecture, installée en 1806 dans une galerie aménagée sous la Révolution par l'abbé Leblond pour servir de réserve à la Bibliothèque Mazarine, offre 40 places. Certaines parties du mobilier sont des saisies révolutionnaires, telles les boiseries du XVIIIe siècle qui proviennent de l'abbaye de Saint-Denis.
C'était aussi le cas de la grande table en acajou (photo ci-dessous) restituée en mars 2012 au château de Versailles afin de rejoindre la bibliothèque sous combles de Louis XVI pour laquelle elle avait été réalisée.
En revanche, les tables de travail, aux pieds de papier mâché imitant le bronze et en forme de griffons, ainsi que le régulateur de Henry Lepaute, horloger de l'Institut (1803), furent réalisés sur commande de l'Institut National, lorsqu'il se trouvait encore logé au Louvre. Le meuble du régulateur fut réalisé par les frères Jacob ; sa base et la corniche sont ornées de bronze ciselé d’après les ornements du piédestal de la Colonne Trajane à Rome.
Pieds de tables
de la salle de lecture
en forme de griffons
© Christian Piche |
Régulateur d’Henry Lepaute (1803)
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Détail du régulateur d’Henry Lepaute : cadran du bas indiquant les quantièmes
selon un double calendrier,
grégorien et révolutionnaire |
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Dans
des cabinets latéraux, destinés aux
membres de l'Institut, sont exposés les périodiques et, sur la table centrale, les livres nouvellement entrés. La rénovation
effectuée dans les années 1980 a mis
au jour un fragment de la peinture d'origine, qui
demeure visible derrière le médaillier Georges et Edouard Bonnefous.
Une partie des magasins de la bibliothèque a été rendue plus fonctionnelle dans les années 1960 grâce à un réaménagement de l'aile le Vau. D'autres réserves occupent le pourtour de la coupole et les étages au-dessus de la salle de lecture. En raison du manque de place, certains fonds sont conservés au Centre technique du livre de l'Enseignement supérieur à Bussy-Saint-Georges (collections de périodiques essentiellement) et apportés sur demande à la bibliothèque. Une partie des livres scientifiques anciens est déposée et consultable à la médiathèque de la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette.
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OBJETS D'ART
Dans la salle de lecture sont présentés :
des bustes en marbre, tel celui d'Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), de l'Académie française, par David d'ANGERS, 1830. Don de Louis Barthou.
et des portraits :
- Charles de SPOELBERCH de LOVENJOUL, portrait photographique (agrandissement) avec ses armoiries peintes en couleur. 80 x 53 cm. Don d'Eugène Gilbert. Objet Lovenjoul 149.
- Bernard-François BALZAC (1746-1829), père de Balzac, par Marie Éléonore GODEFROID, élève du baron GÉRARD. Huile sur toile, collection Spoelberch de Lovenjoul. Objet Lovenjoul 148.
- Laure de BERNY (1777-1836), amie d'Honoré de Balzac, par Henri-Nicolas VAN GORP, vers 1810. Huile sur toile. 65 x 54 cm. Collection Spoelberch de Lovenjoul, don de Mme Charles Tuleu, née Jeanne Peignot, 1937. Objet Lovenjoul 151.
- George SAND, portrait gravé en 1850 par A. MANCEAU d'après un dessin de Thomas COUTURE. Dédicace autographe de G. Sand "Au Vicomte de Lovenjoul. Souvenir bien affectueux, 5 juin 1875 ». Objet Lovenjoul T-91 bis.
- Napoléon BONAPARTE en habit de consul, par Marie Guilhelmine BENOIST, vers 1800. Médaillon en grisaille grandeur nature, don du baron Larrey, membre del'Académie des sciences, fils du chirurgien de Napoléon.
- Jacques-Alexandre CHARLES (1746-1823), physicien, membre de l'Académie des sciences, par Adélaïde LABILLE-GUIARD, an VI [1798]. Vêtu d'une blouse grise, Charles effectue une démonstration d'optique à l'aide d'un mégascope, objet de son invention permettant de projeter sur un écran l'image d'un objet en l'amplifiant. Huile sur toile.
- Leonhard EULER (1707-1783), mathématicien suisse. Portrait dédié à l'Académie des Sciences par A .M. LORGNA, 1787. Peinture à la cire sur panneau de bois.
- Ernest RENAN (1823-1892), par Charles-Auguste MENGIN, exposé au Salon de 1878.
Huile sur toile. 70 x 56 cm. Objet 135 (Legs de Mme Raffalovich).
- Réception à l'Académie françaised'Ernest RENAN (1823-1892), le 6 février 1879. Esquisse d'une composition par Henri BRISPOT.
Huile sur toile.
La statue de Voltaire nu par Pigalle (1776), donnée à l'Institut en 1807 par un petit-neveu du grand homme, fut longtemps conservée à la bibliothèque, d'abord au fond de la salle de lecture, puis dans une niche, face à l'entrée (photo ci-contre). Depuis 1962, elle est placée en dépôt au Musée du Louvre.
Cliquer ici pour visionner le film documentaire consacré à cette statue par M. Sam Caro, avec des commentaires de M. Guilhem Scherf, conservateur en chef au Département des sculptures du Musée du Louvre. Ce film a été diffusé le 27 mars 2008 sur France 5, dans l'émission "Un soir au musée. Le Louvre" (26 minutes).
Nous remercions M. Sam Caro, réalisateur, et Mme Caroline Omond, directrice de production de la Société de production Eclectic, pour leur aimable autorisation de mise en ligne.
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Le Voltaire nu tel qu'il était présenté
à l'entrée de la bibliothèque |
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