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INDOW ON GMES

Grand angle

renseignement environnemental

L’Observation de la terre appartient Ă  ce que 
l’ancien PrĂ©sident amĂ©ricain Bill clinton prĂ©-
sente comme 

des marchĂ©s de biens publics 

qui sont dĂ©sorganisĂ©s, oĂč les connaissances 
des consommateurs sont pour le moins im-
parfaites et, entre parenthĂšses, [qui] sont [
] 
sous-financés.

 ce raisonnement fut appliquĂ© 

par la Fondation clinton en premier lieu pour 
construire son programme hIV/AIDS contre le 
Sida, puis pour promouvoir l’usage des vĂ©hi-
cules  Ă   carburant  alternatif,  moderniser  les 
bĂątiments, produire des usines de dĂ©salinisation 
et pour bien d’autres programmes pour lutter 
contre le rĂ©chauffement climatique. clinton 

explique que ce qu’ils ont tentĂ© de faire 

Ă©tait 

de les tirer de ce que j’appellerais un Â« modĂšle 
de bijouterie Â» vers un Â« modĂšle d’épicerie Â» 
– d’une activitĂ© Ă  fort profit, bas volume, et Ă  
paiement incertain vers une activitĂ© Ă  faibles 
marges, grands volumes et paiement certain

 

(citĂ© dans Â« the Atlantic Â», octobre 2007). Il 
ajoutait : Â« 

Je crois qu’il y a un nombre illimitĂ© 

d’applications de ce principe, que vous tentiez 
d’organiser des marchĂ©s de biens et de services 
publics, oĂč que vous poursuiviez l’intĂ©rĂȘt public 
mĂȘme au travers d’activitĂ©s entiĂšrement vouĂ©es 
au secteur privĂ©. 

»

Le modĂšle clinton s’applique sans nul doute, 
entiĂšrement ou partiellement, Ă  l’Observation 

GEOSS, un effort global pour rĂ©aliser 

le potentiel intégral de GMES

par le Pr JosĂ© achache

par le Pr JosĂ© achache

une nouVelle inFrastructure monDiale est en DÉVeloPPement. geoss, le sYstĂšme glo-
Bal Des sYstĂšmes D’oBserVation De la terre Va Permettre auX DÉciDeurs De PrenDre Des 
mesures eFFicaces sur la Base D’inFormations FiaBles et PrÉcises Partout sur notre 
PlanĂšte. geoss Va Permettre De renDre les DonnÉes comPatiBles les unes aVec les 
autres et contriBuer Ă€ l’Émergence D’un nouVel Ă‰lan De collaBoration scientiFique 
interDisciPlinaire. 

Les bĂ©nĂ©fices sociĂ©taux dĂ©livrĂ©s par GEOSS (CrĂ©dits : SecrĂ©tariat GEO)

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INDOW ON GMES

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Grand angle

de la terre en tant qu’atout prĂ©cieux pour l’aide 
Ă  la prise de dĂ©cision. Il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© 
que l’adaptation au changement global peut 
constituer pour les sociĂ©tĂ©s un investissement 
rentable plutĂŽt qu’un coĂ»t. entre 1990 et 2005, 
DuPont, le numĂ©ro un mondial de la chimie, a 
rĂ©duit ses Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de 
70%. ce faisant, la sociĂ©tĂ© a Ă©galement rĂ©duit 
sa  facture  Ă©nergĂ©tique  totale  de  9%,  Ă©co-
nomisant ainsi plus de 2 milliards de dollars. 
Demain, des investissements dans l’agricul-
ture durable peuvent minimiser l’érosion des 
sols et l’utilisation de l’eau et des pesticides, 

en accroissant les rendements Ă  long terme. 
non seulement ce type de dĂ©penses est posi-
tif pour la planĂšte mais il procure un excellent 
retour sur investissement. Les concevoir nĂ©ces-
site une capacitĂ© renforcĂ©e de Renseignement 
environnemental. 

Valoriser les investissements d’observation 

de la terre 

ceci  fut  actĂ©  dĂšs  2000  lorsque,  durant  la 
PrĂ©sidence française de l’union europĂ©enne, 
GMeS devint formellement une initiative com-
mune  de  la commission  europĂ©enne  et  de 
l’Agence  Spatiale europĂ©enne.  Le  but  Ă©tait 
alors de valoriser les investissements rĂ©alisĂ©s 
en faveur de l’Observation de la terre en dĂ©ve-
loppant les infrastructures appropriĂ©es afin de 
transformer ces observations en informations 
et services destinĂ©s Ă  soutenir les processus de 
dĂ©cision publics et privĂ©s. c’est prĂ©cisĂ©ment 
ce qui est actuellement mis en Ć“uvre grĂące au 
dĂ©veloppement de 

Fast Track core Services 

(services de base Ă  dĂ©ploiement rapide) de 
GMeS et d’une kyrielle d’autres applications 
spĂ©cifiques Ă  plus petite Ă©chelle. Ă€ Washington, 
en 2003, le Sommet de l’Observation de la 
terre a permis d’aller plus loin. Il a notamment 
Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de crĂ©er un Groupe sur l’Observa-
tion de la terre (GeO), au sein duquel plus de 
100 gouvernements et organisations interna-
tionales de premier plan allaient coordonner 
leurs efforts pour Ă©tablir un RĂ©seau Global de 
SystĂšmes d’Observation de la terre (GeOSS). 

GeOSS va relier entre eux les systĂšmes d’ob-
servation existants et prĂ©vus dans le monde, 
favorisant ainsi le dĂ©veloppement de nouveaux 
systĂšmes, lĂ  oĂč des zones d’ombre perdurent. Il 
promouvra des standards techniques communs 
afin que les donnĂ©es collectĂ©es par des milliers 
d’instruments diffĂ©rents puissent ĂȘtre combi-
nĂ©es en ensembles de donnĂ©es cohĂ©rents et 
interopĂ©rables. 
La  singularitĂ©  et  l’importance  de  GeOSS 
tiennent Ă  son approche globale, exhaustive 
et  transversale.  Les  besoins  politiques  des 
gouvernements ont Ă©voluĂ©. Le temps oĂč des 
systĂšmes d’observation isolĂ©s, mono usage et 
autonomes pouvaient suffire est rĂ©volu. nous 
pouvons â€“ et nous devons â€“ collecter les dif-
fĂ©rentes piĂšces de la mosaĂŻque formĂ©e par les 
sondes ocĂ©aniques, les ballons mĂ©tĂ©o et les sa-
tellites de tĂ©lĂ©dĂ©tection, et les assembler pour 
former une image complĂšte de notre planĂšte 
en pleine mutation. 

L’information environnementale va aider Ă  rĂ©duire l’am-
pleur des catastrophes (CrĂ©dits : DR)

Relier entre eux les systĂšmes d’observation est un dĂ©fi clĂ© 
(CrĂ©dits : SecrĂ©tariat GEO)

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INDOW ON GMES

une  approche  nouvelle,  globale  et 

transversale 

GeOSS est global. Les nouvelles technologies 
et les investissements accrus Ă  la fois dans les 
satellites et dans les systĂšmes d’observation 

in 

situ 

ont permis de rĂ©aliser des analyses de trĂšs 

haute qualitĂ© Ă  partir de grandes quantitĂ©s de 
donnĂ©es relatives au systĂšme terrestre. L’étape 
suivante consiste Ă  relier ces atouts nationaux 
pour former un Â« systĂšme des systĂšmes Â» in-
terconnectĂ© qui permettra aux gouvernements 
de partager leurs donnĂ©es et ressources, de 
coordonner les investissements et de combler 
les  trous  en  matiĂšre  d’informations.  Depuis 
2005, les gouvernements collaborent au tra-
vers du Groupe sur l’Observation de la terre 
(GeO) pour relier entre eux les milliers d’instru-
ments scientifiques d’observation qui, jusqu’à 
prĂ©sent, fonctionnaient indĂ©pendamment les 
uns des autres. Il s’agit par exemple des son-
des pour observer les courants ocĂ©aniques, la 
tempĂ©rature et la salinitĂ© ; des stations au sol 
qui enregistrent la qualitĂ© de l’air et les profils 
pluviomĂ©triques ; des systĂšmes sonar et radar 
pour estimer les populations de poissons et 
d’oiseaux ; et des plus de 60 satellites envi-
ronnementaux 

High Tech

 qui scrutent la terre 

depuis l’espace. 
GeOSS englobe neuf Â« domaines de bĂ©nĂ©fices 
sociĂ©taux Â» aussi variĂ©s que la prĂ©vention et la 
gestion des catastrophes, la santĂ©, le climat, 
l’énergie, la biodiversitĂ© et l’agriculture. Des 

questions transversales requiĂšrent un systĂšme 
transversal. GeOSS est aussi exhaustif en ce 
sens  qu’il  rĂ©unit  les  pays  dĂ©veloppĂ©s  et  en 
dĂ©veloppement et jette un pont entre les utili-
sateurs et les fournisseurs d’informations et de 
donnĂ©es liĂ©es Ă  l’Observation de la terre. De 
cette façon, GeOSS assure la plus large partici-
pation possible aux bĂ©nĂ©fices de l’Observation 
de la terre pour le bien public. cependant, 
pour devenir l’outil central d’aide Ă  la dĂ©cision 
en matiĂšre de dĂ©veloppement durable au XXI

e

 

siĂšcle, GeOSS devra Ă©galement rĂ©unir les sec-
teurs public et privé.

L’approche transversale empruntĂ©e pour Ă©ta-
blir GeOSS en tant qu’infrastructure partagĂ©e 
est  un  premier  pas  dans  le  sens  des  trans-
formations  pour  lesquelles  plaide  clinton. 
Parce qu’il englobe neuf domaines de bĂ©nĂ©-
fices sociĂ©taux, GeOSS promet de gĂ©nĂ©rer de 
nombreuses synergies et de rĂ©duire les coĂ»ts. 
Par exemple, en permettant l’agrĂ©gation des 
ensembles de donnĂ©es sur l’état des sols, les 
prĂ©visions climatiques et les radiations solaires, 
GeOSS donnera la possibilitĂ© aux agriculteurs 
de prĂ©voir leurs rendements et leurs besoins en 
irrigation. cette mĂȘme combinaison d’ensem-
bles de donnĂ©es multiples pourrait alors aussi 
ĂȘtre utilisĂ©e comme outil d’aide Ă  la dĂ©cision 
pour la gestion de l’énergie ou la protection 
des papillons. GeOSS permet de mieux faire 
face Ă  des problĂšmes allant de l’attĂ©nuation 

les mesures 

in situ

 sont un Ă©lĂ©ment clĂ© de GEOSS. par exemple, argo est un rĂ©seau de sondes mesurant la tempĂ©rature 

et la salinitĂ© de l’ocĂ©an jusqu’à une profondeur de 2000m (crĂ©dits : jcommops)

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INDOW ON GMES

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Grand angle

de l’impact des catastrophes au commerce de 
produits agricoles de base. Ainsi, il bĂ©nĂ©ficie Ă  
une multitude d’utilisateurs potentiels tels que, 
par exemple, les organismes en charge de la 
gestion des eaux ou de la santé.

connecter  les  systĂšmes,  connecter  les 

peuples 

Au travers de GMeS, et d’autres efforts com-
binĂ©s pour construire le SystĂšme Global des 
SystĂšmes d’Observation de la terre (GeOSS), 
nous  dĂ©finissons  des  standards  techniques 
communs pour que les produits des diffĂ©rents 
systĂšmes d’observation puissent ĂȘtre combi-
nĂ©s en ensembles de donnĂ©es complets et 
interopĂ©rables. nous identifions les trous dans 
la couverture en matiĂšre d’Observation de la 
terre et Ă©liminons les redondances. enfin, nous 
aidons les individus et les institutions Ă  acquĂ©rir 
les compĂ©tences et les capacitĂ©s dont ils ont 
besoin pour utiliser l’Observation de la terre 
plus efficacement dans le cadre de leur pro-
cessus dĂ©cisionnel. 

Avec  ces  fondamentaux  en  place,  nous 
pourrons amĂ©liorer la relation que l’homme 
entretient avec sa planĂšte. Des bases de don-
nĂ©es et des outils d’aide Ă  la dĂ©cision intĂ©grant 
les informations atmosphĂ©riques, ocĂ©aniques, 
gĂ©ologiques et biologiques venant du monde 
entier nous permettront de diffuser des prĂ©vi-
sions mĂ©tĂ©orologiques saisonniĂšres plus fiables 
pour les agriculteurs, de prĂ©venir les popula-
tions Ă  l’avance de l’occurrence de tsunamis ou 
de typhons, de suivre et protĂ©ger les espĂšces 
en  danger,  d’anticiper  et  gĂ©rer  les  rĂ©serves 
d’eau potable, de combattre la dĂ©forestation 
et la dĂ©sertification, d’évaluer la pertinence des 
investissements d’infrastructure Ă  long terme 
dans un contexte de changement climatique, 
et bien plus encore.

Outre le fait de relier les populations Ă  la pla-
nĂšte, cette infrastructure publique globale va 
relier les gens entre eux. Les opportunitĂ©s et 
dĂ©fis qui nous font face aujourd’hui sont pour la 
plupart transversaux ou interdisciplinaires. Pour 
les rĂ©soudre, les analystes du climat et les tra-
vailleurs de la santĂ©, les gestionnaires de l’eau 
et les forestiers, les fournisseurs d’énergie et les 
dĂ©cideurs doivent partager leurs informations 
et leurs idĂ©es. Les prises de dĂ©cision collabo-
ratives deviendront bientĂŽt plus faciles et plus 
productives que jamais.

tirĂ© par les utilisateurs plutĂŽt que poussĂ© 

par la technologie

L’Observation de la terre ne pourra exprimer 
tout son potentiel que si son dĂ©veloppement 
est guidĂ© par les besoins des utilisateurs plu-
tĂŽt  que  par  la  technologie  elle-mĂȘme.  Les 
dĂ©cideurs politiques et les autres utilisateurs 
doivent ĂȘtre capables d’accĂ©der aux informa-
tions rassemblĂ©es par GeOSS, de les interprĂ©ter 
et des les utiliser. Il faudra par ailleurs veiller Ă  
ce que les utilisateurs constituent la force mo-
trice derriĂšre GMeS et GeOSS. cela implique 
d’optimiser les capacitĂ©s des individus et des 
institutions Ă  s’engager pleinement dans l’Ob-
servation de la terre. 

collaborer sur de tels projets est attirant pour 
la communautĂ© scientifique parce que la terre 
elle-mĂȘme est un systĂšme de systĂšmes. Les 
modĂ©lisateurs  cherchent  de  plus  en  plus  Ă  
« coupler Â» les systĂšmes pour dĂ©terminer, par 
exemple, les interactions entre l’atmosphĂšre et 
les ocĂ©ans. Parce que GeOSS est par essence 
interdisciplinaire, les informations sur le climat et 
l’eau ou sur la biodiversitĂ© et l’agriculture peu-
vent ĂȘtre intĂ©grĂ©es pour une comprĂ©hension 
plus complĂšte des changements complexes su-
bis par notre environnement dans sa globalitĂ©. 

collaborer sur GeOSS est Ă©galement attirant 
pour les gouvernements. Pour dire les choses 
simplement, aucun gouvernement ne peut se 
permettre de dĂ©velopper seul et de maintenir 
un systĂšme d’Observation de la terre aussi com-
plet et ambitieux que GeOSS. collaborer avec 
d’autres gouvernements permet de rĂ©duire les 
coĂ»ts, de faire progresser la Science et facilite 
ainsi la rĂ©solution des problĂšmes trĂšs concrets 
auxquels tous les gouvernements sont confron-
tĂ©s. Il s’agit lĂ  d’une proposition gagnante pour 
toutes les parties. GeOSS constitue d’ores et 
dĂ©jĂ  une importante contribution en traitant de 

GEOSS permettra d’amĂ©liorer l’agriculture mondiale et les 
systĂšmes d’irrigation. 
(CrĂ©dits : Christophe Libert – www.sxc.hu)

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INDOW ON GMES

trois des problĂšmes majeurs que les gouverne-
ments ont placĂ© en tĂȘte de l’agenda mondial : 
le changement climatique, les Ă©nergies renou-
velables et la disparition de la biodiversité.

Des solutions basĂ©es sur le marchĂ© pour le 

changement climatique 

Le changement climatique continue Ă  dominer 
les actualitĂ©s et l’agenda mondial. Par exemple, 
lors du prochain Sommet du G8, qui se tiendra 
au Japon, les dirigeants prĂ©sents vont accorder 
une attention toute particuliĂšre Ă  ce problĂšme 
majeur. Il est trĂšs probable que le Sommet va 
reconnaĂźtre l’importance de l’Observation de la 
terre, tant pour la mise en Ć“uvre des mesures 
d’adaptation au changement climatique que 
pour l’attĂ©nuation de ses effets. 

une partie du traitement du problĂšme doit 
impliquer la rĂ©duction des Ă©missions liĂ©es Ă  
la destruction des forĂȘts mondiales Ă  laquelle 
nous assistons. Pour ĂȘtre efficace, l’action in-
ternationale doit crĂ©er un systĂšme permettant 
de monĂ©tiser la valeur des forĂȘts pour inciter 
les  Ă©tats  et  gouvernements  Ă   les  conserver 
plutĂŽt qu’à gĂ©nĂ©rer des revenus en les exploi-
tant de maniĂšre non durable ou Ă  les dĂ©fricher 
pour favoriser l’agriculture ou l’élevage. Les 
gouvernements discutent donc de la façon de 
dĂ©velopper un systĂšme de « Bourse de carbo-
ne Â» qui rĂ©compenserait les pays qui protĂ©gent 
ou Ă©tendent leurs forĂȘts.

cette Â« Bourse Â» d’un nouveau genre doit repo-
ser sur un systĂšme scientifiquement rigoureux 
et politiquement neutre permettant d’observer 
les cycles du carbone, de fournir des rĂ©fĂ©ren-
ces crĂ©dibles et de surveiller les Ă©volutions. 
De rĂ©centes avancĂ©es technologiques et des 
investissements  accrus  dans  les  systĂšmes 
d’Observation de la terre par tĂ©lĂ©dĂ©tection ac-
croissent la faisabilitĂ© de mesures prĂ©cises du 
volume de carbone emmagasinĂ© par les forĂȘts 
et ce, sur de grandes Ă©tendues. La clĂ© rĂ©side 
dans l’intĂ©gration des donnĂ©es fournies par 
des capteurs optiques et des radars de diffĂ©-
rentes longueurs d’onde (qui peuvent pĂ©nĂ©trer 
l’obscuritĂ© et les nuages et, en fonction de la 
frĂ©quence, une fraction de la voĂ»te vĂ©gĂ©tale) 
et dans leur combinaison avec des modĂšles 
d’évaluation du volume de carbone contenu 
dans les forĂȘts. 

en combinant toutes ces donnĂ©es, il est pos-
sible de cartographier en trois dimensions la 

vĂ©gĂ©tation des forĂȘts et donc la biomasse â€“ et 
le carbone â€“ qu’elles contiennent. cette infor-
mation doit ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans des modĂšles du 
carbone des forĂȘts, permettant de simuler le 
cycle du carbone et d’estimer la quantitĂ© de 
carbone emmagasinĂ©e par les diverses espĂšces 
d’arbres et les diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes. un tel 
mĂ©canisme pourrait Ă©ventuellement ĂȘtre Ă©ten-
du pour prendre en compte la biodiversitĂ© et 
les autres bĂ©nĂ©fices qu’apportent les forĂȘts. 
La demande croissante en faveur de la prĂ©ser-
vation des forĂȘts sera accompagnĂ©e par une 
pression accrue en faveur d’investissements 
et de terrains pour rĂ©pondre aux besoins en 
habitat, nourriture, eau, Ă©nergie et autres nĂ©-
cessitĂ©s d’une future population de 10 milliards 
de personnes. Les terres auront alors une valeur 
allant au-delĂ  de leur capacitĂ© de stockage en 
carbone. Les services liĂ©s aux Ă©cosystĂšmes et 
aux Ă©lĂ©ments de mĂȘme nature doivent ĂȘtre 
reconnus par le marchĂ© avant qu’ils ne devien-
nent commercialisables. Lorsqu’ils le seront, 
les paramĂštres devront ĂȘtre observĂ©s Ă  une 
Ă©chelle globale au moyen d’outils partagĂ©s et 
reconnus par tous. LĂ  encore, une capacitĂ© de 
Renseignement environnemental accrue sera 
nĂ©cessaire pour mettre en place ces nouveaux 
mĂ©canismes. 

De multiples ensembles de donnĂ©es peuvent ĂȘtre utilisĂ©s 
comme outils d’aide Ă  la dĂ©cision pour la gestion de l’éner-
gie (CrĂ©dits : ADEME/JoĂ«l Fresnod – Olivier SĂ©bart)

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Grand angle

Promouvoir l’énergie propre

un autre domaine de bĂ©nĂ©fice sociĂ©tal majeur 
Ă  laquelle GMeS et GeOSS peuvent contribuer 
rĂ©side dans le dĂ©veloppement d’énergies Â« pro-
pres Â». Les systĂšmes d’observation peuvent 
intĂ©grer les donnĂ©es et analyses liĂ©es Ă  l’éner-
gie avec des informations relatives Ă  d’autres 
domaines. Ils peuvent fournir des informations 
et des donnĂ©es pertinentes pour :

-  l’observation  et  la  prĂ©vision  de  sources 

d’énergie hydrauliques, solaires, ocĂ©ani-
ques et Ă©oliennes ;

-  l’évaluation et la prĂ©vision des impacts sur 

l’environnement de la recherche de sources 
d’énergie, de son extraction, de son trans-
port et de sa consommation ;

-  la rĂ©duction des risques liĂ©s au climat et des 

autres risques encourus par les infrastructu-
res Ă©nergĂ©tiques ; 

-  faire  correspondre  l’offre  Ă   la  demande 

d’énergie et fournir de l’information sur les 
autres aspects des politiques Ă©nergĂ©tiques 
Ă  la fois dans les pays dĂ©veloppĂ©s et dans 
ceux en développement.

L’énergie gĂ©othermique est une forme d’éner-
gie durable qui mĂ©rite davantage d’attention 
qu’elle n’en reçoit actuellement. S’appuyant 
sur la chaleur venant de l’intĂ©rieur de la terre, 
l’énergie gĂ©othermique est largement dispo-
nible et n’est pas affectĂ©e par le changement 
climatique. L’Observation de la terre peut aider 
Ă  cartographier les sites dotĂ©s du plus fort po-
tentiel et Ă  prĂ©voir le cycle de vie d’installations 
dĂ©diĂ©es. Ă©largir l’utilisation de la gĂ©othermie 
nĂ©cessitera aussi davantage de recherches sur 
les nouveaux matĂ©riaux et sur les problĂšmes 
de corrosion. 
GeOSS va aider les dĂ©cideurs Ă  Ă©valuer le po-
tentiel de production d’énergies renouvelables. 
Le projet dirigĂ© par GeO de donnĂ©es d’énergie 
solaire pour les pays en dĂ©veloppement a, par 
exemple, interconnectĂ© des bases de donnĂ©es 
sur les radiations solaires du monde entier. cet 
accĂšs aisĂ© aux informations sur les radiations 
solaires facilite le travail des planificateurs de 
politiques Ă©nergĂ©tiques, tout particuliĂšrement 
dans les pays en dĂ©veloppement. La premiĂš-
re version du service Â« SoDa Â» combine des 
donnĂ©es sur la mĂ©tĂ©orologie de surface et sur 
l’énergie solaire provenant de la nASA amĂ©-
ricaine et de la base de donnĂ©es  helioclim 
de l’école des Mines de Paris en France. elle 
choisit automatiquement la base de donnĂ©es 
offrant la meilleure qualitĂ© de donnĂ©es pour 
tout usage et localisation particuliers. 

Faire face à la complexité de la biodiversité

Le manque d’informations exhaustives sur les 
ressources  biologiques  du  monde  continue 
Ă  saper les efforts des politiques et des dĂ©ci-
deurs pour Ă©tablir des prioritĂ©s, Ă©laborer des 
stratĂ©gies et Ă©valuer l’efficacitĂ© de leurs actions. 
Dans un effort destinĂ© Ă  amĂ©liorer cette situa-
tion, GeO a rĂ©cemment lancĂ© les travaux du 
bras de GeOSS spĂ©cialisĂ© dans la biodiversitĂ©, 
connu sous l’appellation de RĂ©seau d’Observa-
tion BiodiversitĂ© GeO (GeO BOn en anglais). 
Ă©tablir ce rĂ©seau est Ă  la fois extrĂȘmement im-
portant et extrĂȘmement stimulant.
La biosphĂšre de la terre est un systĂšme tel-
lement complexe qu’un rĂ©seau d’observation 
permettant Ă  la fois de suivre les espĂšces in-
dividuelles,  les  populations,  d’observer  les 
tendances dans les forĂȘts et les autres Ă©cosystĂš-
mes n’a jamais pu ĂȘtre construit. Pour prĂ©senter 
une image complĂšte des pressions que subit 
la biodiversitĂ©, ce rĂ©seau d’observation de-
vrait  Ă©galement  agrĂ©ger  des  informations 
biologiques, des donnĂ©es et prĂ©visions sur le 
changement climatique, sur la pollution et sur 
les autres menaces affectant la biodiversitĂ©. 

La crĂ©ation de GeO BOn va constituer le pre-
mier pas vers une meilleure comprĂ©hension de 
l’état et des perspectives des ressources vivantes 
du  monde.  une  prioritĂ©  importante  consis-
tera Ă  dĂ©velopper une compĂ©tence renforcĂ©e 
pour identifier les Ă©cosystĂšmes uniques ou, au 
contraire, hautement diversifiĂ©s, qui abritent 
des espĂšces migratoires, endĂ©miques ou me-
nacĂ©es au plan mondial ; qui sont d’importance 
socio-Ă©conomique ; et qui peuvent permettre 
d’atteindre l’objectif de 2010 fixĂ© dans le cadre 
de la convention sur la Bio diversitĂ©. 
en rassemblant des instruments autonomes 
d’observation et les systĂšmes permettant d’ores 
et dĂ©jĂ  un suivi des Ă©volutions des ressources 
gĂ©nĂ©tiques, des espĂšces et des Ă©cosystĂšmes 
mondiaux, GeO BOn va crĂ©er une plate-for-
me globale dans laquelle les donnĂ©es de la 
biodiversitĂ© seront intĂ©grĂ©es Ă  celles relatives 
au climat et Ă  d’autres variables essentielles. 
GeO BOn remplira les Â« trous Â» en matiĂšre 
d’informations taxonomiques et biologiques 
et accroĂźtra le rythme auquel l’information est 
collectĂ©e et dissĂ©minĂ©e. 
GeO BOn va Ă©galement dĂ©terminer les be-
soins des groupes d’utilisateurs en matiĂšre de 
donnĂ©es, examiner et Ă©tablir les prioritĂ©s en 
matiĂšre de Recherche, faciliter l’interopĂ©ra-
bilitĂ© entre les systĂšmes d’observation et les 

background image

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INDOW ON GMES

bases de donnĂ©es, gĂ©nĂ©rer des Ă©valuations 
rĂ©guliĂšrement mises Ă  jour des tendances de 
la biodiversitĂ© globale, concevoir des systĂšmes 
d’aide Ă  la dĂ©cision qui intĂšgreront l’observation 
avec la modĂ©lisation et la prĂ©vision Ă©cologique, 
et rendre ces donnĂ©es et rapports disponibles 
aux utilisateurs via GeOSS. 

l’information environnementale est la clĂ© de 

l’action efficace 

De nos jours, le besoin d’information environne-
mentale est aigu dans de nombreux domaines. 
Les Ă©cosystĂšmes se fragmentent, la biodiversitĂ© 
disparaĂźt, les forĂȘts, l’halieutique, l’eau potable 
et les autres ressources naturelles se dĂ©gradent. 
Le climat mondial change de façon dangereuse 
et altĂšre pratiquement tous les cycles et proces-
sus physiques, chimiques et biologiques de la 
terre. La crise est globale et transversale. ces 
changements sont tous interconnectĂ©s et reprĂ©-
sentent une menace directe pour nos systĂšmes 
Ă©conomiques et sociaux ainsi que pour le bien-
ĂȘtre de l’humanitĂ©. 

Les changements ont commencĂ© et nous avons 
besoin d’informations environnementales pour 
nous adapter et : 

-  anticiper les futurs rĂ©gimes climatiques ;
-  rĂ©duire l’amplitude des catastrophes ; 
-  bĂ©nĂ©ficier des services de suivi des Ă©cosys-

tĂšmes et trouver des substituts Ă  ceux qui 
ont disparu ou se dĂ©tĂ©riorent ;

-  dĂ©velopper des dĂ©fenses contre les risques 

sanitaires liĂ©s Ă  la pollution et aux maladies 
Ă©mergentes, aux produits chimiques dan-
gereux et aux déchets.

cette information exige la mĂȘme trilogie que 
la prĂ©vision mĂ©tĂ©orologique : systĂšmes d’ob-
servation, capacitĂ©s de calcul informatique et 
expertise.
Dans l’ùre nouvelle pleine de complexitĂ© et 
d’urgences dans laquelle nous entrons, les dĂ©-
cisions politiques et de gestion peuvent â€“ et 
doivent â€“ ĂȘtre basĂ©es sur l’observation en quasi 
temps rĂ©el de la planĂšte entiĂšre â€“ du fond des 
ocĂ©ans aux couches hautes de l’atmosphĂšre, 
des pĂŽles Ă  l’équateur â€“ et des outils d’aide Ă  la 
dĂ©cision tels que GeOSS et GMeS vont devenir 
des atouts majeurs. L’accĂšs gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  l’infor-
mation environnementale globale va devenir 
aussi important pour la prise de dĂ©cision dans 
la nouvelle Ă©conomie mondiale que le sont des 
données financiÚres ou de productivité fiables.
La complexitĂ© et le dynamisme de notre civili-
sation moderne constituent des dĂ©fis croissants 
pour les dĂ©cideurs politiques et Ă©conomiques. 
La  tĂąche  la  plus  ambitieuse  Ă   laquelle  sont 
confrontĂ©s les leaders des secteurs public et 
privĂ© est sans doute de savoir comment faire 
face au changement environnemental global. 
L’impact croissant de l’humanitĂ© sur la planĂšte a 
engendrĂ© une Ăšre nouvelle de risques et d’op-
portunitĂ©s partagĂ©s. 

tout comme les infrastructures de transport et 
de communications ont Ă©tĂ© construites pour 
soutenir  la  croissance  Ă©conomique  dans  la 
pĂ©riode antĂ©rieure, GeOSS sera demain une 
infrastructure publique globale qui va accom-
pagner l’émergence de l’économie verte en 
aidant les gouvernements Ă  mieux rĂ©pondre 
aux crises environnementales planĂ©taires. 

le Professeur josĂ© achache

 est, depuis 2005, le Directeur du SecrĂ©tariat 

de  GeO,  le  Groupe  sur  l’Observation  de  la  terre  (

Group  on  Earth 

Observation

). Il est diplĂŽmĂ© de l’école normale SupĂ©rieure de Paris et est 

titulaire de deux doctorats : l’un en GĂ©ophysique et l’autre en Sciences 
Physiques. Le Professeur Achache a crĂ©Ă© un troisiĂšme cycle de Sciences 

de la terre Ă  l’universitĂ© RenĂ© Descartes et Ă  l’IPGP et un DeSS en GĂ©ophysique AppliquĂ©e 
(Gestion des catastrophes, environnement et Occupation des sols) ainsi que le DĂ©partement des 
Ă©tudes Spatiales de IPGP. Il a Ă©tĂ© Directeur en charge de la Recherche et du DĂ©veloppement du 
Bureau de Recherches GĂ©ologiques et MiniĂšres, puis conseiller du prĂ©sident, ainsi que Directeur 
GĂ©nĂ©ral adjoint du centre national d’études Spatiales, l’Agence spatiale française, Directeur 
de l’Observation de la terre Ă  l’eSA et Directeur de l’eSRIn, le centre de l’eSA en Italie. Le 
Professeur Achache est l’auteur d’un essai scientifique et gĂ©opolitique intitulĂ© 

les Sentinelles 

de la Terre

, qui traite des bĂ©nĂ©fices de l’Observation de la terre pour une meilleure gestion 

des changements environnementaux de la planĂšte et pour une attĂ©nuation des consĂ©quences 
des catastrophes et des épidémies.