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Grand angle
renseignement environnemental
LâObservation de la terre appartient Ă ce que
lâancien PrĂ©sident amĂ©ricain Bill clinton prĂ©-
sente comme
des marchés de biens publics
qui sont dĂ©sorganisĂ©s, oĂč les connaissances
des consommateurs sont pour le moins im-
parfaites et, entre parenthĂšses, [qui] sont [âŠ]
sous-financés.
ce raisonnement fut appliqué
par la Fondation clinton en premier lieu pour
construire son programme hIV/AIDS contre le
Sida, puis pour promouvoir lâusage des vĂ©hi-
cules Ă carburant alternatif, moderniser les
bùtiments, produire des usines de désalinisation
et pour bien dâautres programmes pour lutter
contre le réchauffement climatique. clinton
explique que ce quâils ont tentĂ© de faire
Ă©tait
de les tirer de ce que jâappellerais un « modĂšle
de bijouterie » vers un « modĂšle dâĂ©picerie »
â dâune activitĂ© Ă fort profit, bas volume, et Ă
paiement incertain vers une activité à faibles
marges, grands volumes et paiement certain
(cité dans « the Atlantic », octobre 2007). Il
ajoutait : «
Je crois quâil y a un nombre illimitĂ©
dâapplications de ce principe, que vous tentiez
dâorganiser des marchĂ©s de biens et de services
publics, oĂč que vous poursuiviez lâintĂ©rĂȘt public
mĂȘme au travers dâactivitĂ©s entiĂšrement vouĂ©es
au secteur privé.
»
Le modĂšle clinton sâapplique sans nul doute,
entiĂšrement ou partiellement, Ă lâObservation
GEOSS, un effort global pour réaliser
le potentiel intégral de GMES
par le Pr José achache
par le Pr José achache
une nouVelle inFrastructure monDiale est en DĂVeloPPement. geoss, le sYstĂšme glo-
Bal Des sYstĂšmes DâoBserVation De la terre Va Permettre auX DĂciDeurs De PrenDre Des
mesures eFFicaces sur la Base DâinFormations FiaBles et PrĂcises Partout sur notre
PlanĂšte. geoss Va Permettre De renDre les DonnĂes comPatiBles les unes aVec les
autres et contriBuer Ă lâĂmergence Dâun nouVel Ălan De collaBoration scientiFique
interDisciPlinaire.
Les bénéfices sociétaux délivrés par GEOSS (Crédits : Secrétariat GEO)
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INDOW ON GMES
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Grand angle
de la terre en tant quâatout prĂ©cieux pour lâaide
à la prise de décision. Il a déjà été démontré
que lâadaptation au changement global peut
constituer pour les sociétés un investissement
rentable plutĂŽt quâun coĂ»t. entre 1990 et 2005,
DuPont, le numéro un mondial de la chimie, a
réduit ses émissions de gaz à effet de serre de
70%. ce faisant, la société a également réduit
sa facture énergétique totale de 9%, éco-
nomisant ainsi plus de 2 milliards de dollars.
Demain, des investissements dans lâagricul-
ture durable peuvent minimiser lâĂ©rosion des
sols et lâutilisation de lâeau et des pesticides,
en accroissant les rendements Ă long terme.
non seulement ce type de dépenses est posi-
tif pour la planĂšte mais il procure un excellent
retour sur investissement. Les concevoir néces-
site une capacité renforcée de Renseignement
environnemental.
Valoriser les investissements dâobservation
de la terre
ceci fut acté dÚs 2000 lorsque, durant la
PrĂ©sidence française de lâunion europĂ©enne,
GMeS devint formellement une initiative com-
mune de la commission européenne et de
lâAgence Spatiale europĂ©enne. Le but Ă©tait
alors de valoriser les investissements réalisés
en faveur de lâObservation de la terre en dĂ©ve-
loppant les infrastructures appropriées afin de
transformer ces observations en informations
et services destinés à soutenir les processus de
dĂ©cision publics et privĂ©s. câest prĂ©cisĂ©ment
ce qui est actuellement mis en Ćuvre grĂące au
développement de
Fast Track core Services
(services de base à déploiement rapide) de
GMeS et dâune kyrielle dâautres applications
spécifiques à plus petite échelle. à Washington,
en 2003, le Sommet de lâObservation de la
terre a permis dâaller plus loin. Il a notamment
Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de crĂ©er un Groupe sur lâObserva-
tion de la terre (GeO), au sein duquel plus de
100 gouvernements et organisations interna-
tionales de premier plan allaient coordonner
leurs efforts pour Ă©tablir un RĂ©seau Global de
SystĂšmes dâObservation de la terre (GeOSS).
GeOSS va relier entre eux les systĂšmes dâob-
servation existants et prévus dans le monde,
favorisant ainsi le développement de nouveaux
systĂšmes, lĂ oĂč des zones dâombre perdurent. Il
promouvra des standards techniques communs
afin que les données collectées par des milliers
dâinstruments diffĂ©rents puissent ĂȘtre combi-
nées en ensembles de données cohérents et
interopérables.
La singularitĂ© et lâimportance de GeOSS
tiennent Ă son approche globale, exhaustive
et transversale. Les besoins politiques des
gouvernements ont Ă©voluĂ©. Le temps oĂč des
systĂšmes dâobservation isolĂ©s, mono usage et
autonomes pouvaient suffire est révolu. nous
pouvons â et nous devons â collecter les dif-
férentes piÚces de la mosaïque formée par les
sondes océaniques, les ballons météo et les sa-
tellites de télédétection, et les assembler pour
former une image complĂšte de notre planĂšte
en pleine mutation.
Lâinformation environnementale va aider Ă rĂ©duire lâam-
pleur des catastrophes (Crédits : DR)
Relier entre eux les systĂšmes dâobservation est un dĂ©fi clĂ©
(Crédits : Secrétariat GEO)
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une approche nouvelle, globale et
transversale
GeOSS est global. Les nouvelles technologies
et les investissements accrus Ă la fois dans les
satellites et dans les systĂšmes dâobservation
in
situ
ont permis de réaliser des analyses de trÚs
haute qualité à partir de grandes quantités de
donnĂ©es relatives au systĂšme terrestre. LâĂ©tape
suivante consiste Ă relier ces atouts nationaux
pour former un « systÚme des systÚmes » in-
terconnecté qui permettra aux gouvernements
de partager leurs données et ressources, de
coordonner les investissements et de combler
les trous en matiĂšre dâinformations. Depuis
2005, les gouvernements collaborent au tra-
vers du Groupe sur lâObservation de la terre
(GeO) pour relier entre eux les milliers dâinstru-
ments scientifiques dâobservation qui, jusquâĂ
présent, fonctionnaient indépendamment les
uns des autres. Il sâagit par exemple des son-
des pour observer les courants océaniques, la
température et la salinité ; des stations au sol
qui enregistrent la qualitĂ© de lâair et les profils
pluviométriques ; des systÚmes sonar et radar
pour estimer les populations de poissons et
dâoiseaux ; et des plus de 60 satellites envi-
ronnementaux
High Tech
qui scrutent la terre
depuis lâespace.
GeOSS englobe neuf « domaines de bénéfices
sociétaux » aussi variés que la prévention et la
gestion des catastrophes, la santé, le climat,
lâĂ©nergie, la biodiversitĂ© et lâagriculture. Des
questions transversales requiĂšrent un systĂšme
transversal. GeOSS est aussi exhaustif en ce
sens quâil rĂ©unit les pays dĂ©veloppĂ©s et en
développement et jette un pont entre les utili-
sateurs et les fournisseurs dâinformations et de
donnĂ©es liĂ©es Ă lâObservation de la terre. De
cette façon, GeOSS assure la plus large partici-
pation possible aux bĂ©nĂ©fices de lâObservation
de la terre pour le bien public. cependant,
pour devenir lâoutil central dâaide Ă la dĂ©cision
en matiÚre de développement durable au XXI
e
siÚcle, GeOSS devra également réunir les sec-
teurs public et privé.
Lâapproche transversale empruntĂ©e pour Ă©ta-
blir GeOSS en tant quâinfrastructure partagĂ©e
est un premier pas dans le sens des trans-
formations pour lesquelles plaide clinton.
Parce quâil englobe neuf domaines de bĂ©nĂ©-
fices sociétaux, GeOSS promet de générer de
nombreuses synergies et de réduire les coûts.
Par exemple, en permettant lâagrĂ©gation des
ensembles de donnĂ©es sur lâĂ©tat des sols, les
prévisions climatiques et les radiations solaires,
GeOSS donnera la possibilité aux agriculteurs
de prévoir leurs rendements et leurs besoins en
irrigation. cette mĂȘme combinaison dâensem-
bles de données multiples pourrait alors aussi
ĂȘtre utilisĂ©e comme outil dâaide Ă la dĂ©cision
pour la gestion de lâĂ©nergie ou la protection
des papillons. GeOSS permet de mieux faire
face Ă des problĂšmes allant de lâattĂ©nuation
les mesures
in situ
sont un élément clé de GEOSS. par exemple, argo est un réseau de sondes mesurant la température
et la salinitĂ© de lâocĂ©an jusquâĂ une profondeur de 2000m (crĂ©dits : jcommops)
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Grand angle
de lâimpact des catastrophes au commerce de
produits agricoles de base. Ainsi, il bĂ©nĂ©ficie Ă
une multitude dâutilisateurs potentiels tels que,
par exemple, les organismes en charge de la
gestion des eaux ou de la santé.
connecter les systĂšmes, connecter les
peuples
Au travers de GMeS, et dâautres efforts com-
binés pour construire le SystÚme Global des
SystĂšmes dâObservation de la terre (GeOSS),
nous définissons des standards techniques
communs pour que les produits des différents
systĂšmes dâobservation puissent ĂȘtre combi-
nés en ensembles de données complets et
interopérables. nous identifions les trous dans
la couverture en matiĂšre dâObservation de la
terre et Ă©liminons les redondances. enfin, nous
aidons les individus et les institutions à acquérir
les compétences et les capacités dont ils ont
besoin pour utiliser lâObservation de la terre
plus efficacement dans le cadre de leur pro-
cessus décisionnel.
Avec ces fondamentaux en place, nous
pourrons amĂ©liorer la relation que lâhomme
entretient avec sa planĂšte. Des bases de don-
nĂ©es et des outils dâaide Ă la dĂ©cision intĂ©grant
les informations atmosphériques, océaniques,
géologiques et biologiques venant du monde
entier nous permettront de diffuser des prévi-
sions météorologiques saisonniÚres plus fiables
pour les agriculteurs, de prévenir les popula-
tions Ă lâavance de lâoccurrence de tsunamis ou
de typhons, de suivre et protéger les espÚces
en danger, dâanticiper et gĂ©rer les rĂ©serves
dâeau potable, de combattre la dĂ©forestation
et la dĂ©sertification, dâĂ©valuer la pertinence des
investissements dâinfrastructure Ă long terme
dans un contexte de changement climatique,
et bien plus encore.
Outre le fait de relier les populations Ă la pla-
nĂšte, cette infrastructure publique globale va
relier les gens entre eux. Les opportunités et
dĂ©fis qui nous font face aujourdâhui sont pour la
plupart transversaux ou interdisciplinaires. Pour
les résoudre, les analystes du climat et les tra-
vailleurs de la santĂ©, les gestionnaires de lâeau
et les forestiers, les fournisseurs dâĂ©nergie et les
décideurs doivent partager leurs informations
et leurs idées. Les prises de décision collabo-
ratives deviendront bientĂŽt plus faciles et plus
productives que jamais.
tiré par les utilisateurs plutÎt que poussé
par la technologie
LâObservation de la terre ne pourra exprimer
tout son potentiel que si son développement
est guidé par les besoins des utilisateurs plu-
tĂŽt que par la technologie elle-mĂȘme. Les
décideurs politiques et les autres utilisateurs
doivent ĂȘtre capables dâaccĂ©der aux informa-
tions rassemblées par GeOSS, de les interpréter
et des les utiliser. Il faudra par ailleurs veiller Ă
ce que les utilisateurs constituent la force mo-
trice derriĂšre GMeS et GeOSS. cela implique
dâoptimiser les capacitĂ©s des individus et des
institutions Ă sâengager pleinement dans lâOb-
servation de la terre.
collaborer sur de tels projets est attirant pour
la communauté scientifique parce que la terre
elle-mĂȘme est un systĂšme de systĂšmes. Les
modĂ©lisateurs cherchent de plus en plus Ă
« coupler » les systÚmes pour déterminer, par
exemple, les interactions entre lâatmosphĂšre et
les océans. Parce que GeOSS est par essence
interdisciplinaire, les informations sur le climat et
lâeau ou sur la biodiversitĂ© et lâagriculture peu-
vent ĂȘtre intĂ©grĂ©es pour une comprĂ©hension
plus complĂšte des changements complexes su-
bis par notre environnement dans sa globalité.
collaborer sur GeOSS est Ă©galement attirant
pour les gouvernements. Pour dire les choses
simplement, aucun gouvernement ne peut se
permettre de développer seul et de maintenir
un systĂšme dâObservation de la terre aussi com-
plet et ambitieux que GeOSS. collaborer avec
dâautres gouvernements permet de rĂ©duire les
coûts, de faire progresser la Science et facilite
ainsi la résolution des problÚmes trÚs concrets
auxquels tous les gouvernements sont confron-
tĂ©s. Il sâagit lĂ dâune proposition gagnante pour
toutes les parties. GeOSS constitue dâores et
déjà une importante contribution en traitant de
GEOSS permettra dâamĂ©liorer lâagriculture mondiale et les
systĂšmes dâirrigation.
(CrĂ©dits : Christophe Libert â www.sxc.hu)
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INDOW ON GMES
trois des problĂšmes majeurs que les gouverne-
ments ont placĂ© en tĂȘte de lâagenda mondial :
le changement climatique, les Ă©nergies renou-
velables et la disparition de la biodiversité.
Des solutions basées sur le marché pour le
changement climatique
Le changement climatique continue Ă dominer
les actualitĂ©s et lâagenda mondial. Par exemple,
lors du prochain Sommet du G8, qui se tiendra
au Japon, les dirigeants présents vont accorder
une attention toute particuliĂšre Ă ce problĂšme
majeur. Il est trĂšs probable que le Sommet va
reconnaĂźtre lâimportance de lâObservation de la
terre, tant pour la mise en Ćuvre des mesures
dâadaptation au changement climatique que
pour lâattĂ©nuation de ses effets.
une partie du traitement du problĂšme doit
impliquer la rĂ©duction des Ă©missions liĂ©es Ă
la destruction des forĂȘts mondiales Ă laquelle
nous assistons. Pour ĂȘtre efficace, lâaction in-
ternationale doit créer un systÚme permettant
de monĂ©tiser la valeur des forĂȘts pour inciter
les Ă©tats et gouvernements Ă les conserver
plutĂŽt quâĂ gĂ©nĂ©rer des revenus en les exploi-
tant de maniÚre non durable ou à les défricher
pour favoriser lâagriculture ou lâĂ©levage. Les
gouvernements discutent donc de la façon de
développer un systÚme de « Bourse de carbo-
ne » qui récompenserait les pays qui protégent
ou Ă©tendent leurs forĂȘts.
cette « Bourse » dâun nouveau genre doit repo-
ser sur un systĂšme scientifiquement rigoureux
et politiquement neutre permettant dâobserver
les cycles du carbone, de fournir des référen-
ces crédibles et de surveiller les évolutions.
De récentes avancées technologiques et des
investissements accrus dans les systĂšmes
dâObservation de la terre par tĂ©lĂ©dĂ©tection ac-
croissent la faisabilité de mesures précises du
volume de carbone emmagasinĂ© par les forĂȘts
et ce, sur de grandes étendues. La clé réside
dans lâintĂ©gration des donnĂ©es fournies par
des capteurs optiques et des radars de diffé-
rentes longueurs dâonde (qui peuvent pĂ©nĂ©trer
lâobscuritĂ© et les nuages et, en fonction de la
fréquence, une fraction de la voûte végétale)
et dans leur combinaison avec des modĂšles
dâĂ©valuation du volume de carbone contenu
dans les forĂȘts.
en combinant toutes ces données, il est pos-
sible de cartographier en trois dimensions la
vĂ©gĂ©tation des forĂȘts et donc la biomasse â et
le carbone â quâelles contiennent. cette infor-
mation doit ĂȘtre intĂ©grĂ©e dans des modĂšles du
carbone des forĂȘts, permettant de simuler le
cycle du carbone et dâestimer la quantitĂ© de
carbone emmagasinée par les diverses espÚces
dâarbres et les diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes. un tel
mĂ©canisme pourrait Ă©ventuellement ĂȘtre Ă©ten-
du pour prendre en compte la biodiversité et
les autres bĂ©nĂ©fices quâapportent les forĂȘts.
La demande croissante en faveur de la préser-
vation des forĂȘts sera accompagnĂ©e par une
pression accrue en faveur dâinvestissements
et de terrains pour répondre aux besoins en
habitat, nourriture, eau, énergie et autres né-
cessitĂ©s dâune future population de 10 milliards
de personnes. Les terres auront alors une valeur
allant au-delà de leur capacité de stockage en
carbone. Les services liés aux écosystÚmes et
aux Ă©lĂ©ments de mĂȘme nature doivent ĂȘtre
reconnus par le marchĂ© avant quâils ne devien-
nent commercialisables. Lorsquâils le seront,
les paramĂštres devront ĂȘtre observĂ©s Ă une
Ă©chelle globale au moyen dâoutils partagĂ©s et
reconnus par tous. Là encore, une capacité de
Renseignement environnemental accrue sera
nécessaire pour mettre en place ces nouveaux
mécanismes.
De multiples ensembles de donnĂ©es peuvent ĂȘtre utilisĂ©s
comme outils dâaide Ă la dĂ©cision pour la gestion de lâĂ©ner-
gie (CrĂ©dits : ADEME/JoĂ«l Fresnod â Olivier SĂ©bart)
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INDOW ON GMES
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Grand angle
Promouvoir lâĂ©nergie propre
un autre domaine de bénéfice sociétal majeur
Ă laquelle GMeS et GeOSS peuvent contribuer
rĂ©side dans le dĂ©veloppement dâĂ©nergies « pro-
pres ». Les systĂšmes dâobservation peuvent
intĂ©grer les donnĂ©es et analyses liĂ©es Ă lâĂ©ner-
gie avec des informations relatives Ă dâautres
domaines. Ils peuvent fournir des informations
et des données pertinentes pour :
- lâobservation et la prĂ©vision de sources
dâĂ©nergie hydrauliques, solaires, ocĂ©ani-
ques et Ă©oliennes ;
- lâĂ©valuation et la prĂ©vision des impacts sur
lâenvironnement de la recherche de sources
dâĂ©nergie, de son extraction, de son trans-
port et de sa consommation ;
- la réduction des risques liés au climat et des
autres risques encourus par les infrastructu-
res énergétiques ;
- faire correspondre lâoffre Ă la demande
dâĂ©nergie et fournir de lâinformation sur les
autres aspects des politiques énergétiques
à la fois dans les pays développés et dans
ceux en développement.
LâĂ©nergie gĂ©othermique est une forme dâĂ©ner-
gie durable qui mĂ©rite davantage dâattention
quâelle nâen reçoit actuellement. Sâappuyant
sur la chaleur venant de lâintĂ©rieur de la terre,
lâĂ©nergie gĂ©othermique est largement dispo-
nible et nâest pas affectĂ©e par le changement
climatique. LâObservation de la terre peut aider
à cartographier les sites dotés du plus fort po-
tentiel et Ă prĂ©voir le cycle de vie dâinstallations
dĂ©diĂ©es. Ă©largir lâutilisation de la gĂ©othermie
nécessitera aussi davantage de recherches sur
les nouveaux matériaux et sur les problÚmes
de corrosion.
GeOSS va aider les décideurs à évaluer le po-
tentiel de production dâĂ©nergies renouvelables.
Le projet dirigĂ© par GeO de donnĂ©es dâĂ©nergie
solaire pour les pays en développement a, par
exemple, interconnecté des bases de données
sur les radiations solaires du monde entier. cet
accÚs aisé aux informations sur les radiations
solaires facilite le travail des planificateurs de
politiques énergétiques, tout particuliÚrement
dans les pays en développement. La premiÚ-
re version du service « SoDa » combine des
données sur la météorologie de surface et sur
lâĂ©nergie solaire provenant de la nASA amĂ©-
ricaine et de la base de données helioclim
de lâĂ©cole des Mines de Paris en France. elle
choisit automatiquement la base de données
offrant la meilleure qualité de données pour
tout usage et localisation particuliers.
Faire face à la complexité de la biodiversité
Le manque dâinformations exhaustives sur les
ressources biologiques du monde continue
à saper les efforts des politiques et des déci-
deurs pour établir des priorités, élaborer des
stratĂ©gies et Ă©valuer lâefficacitĂ© de leurs actions.
Dans un effort destiné à améliorer cette situa-
tion, GeO a récemment lancé les travaux du
bras de GeOSS spécialisé dans la biodiversité,
connu sous lâappellation de RĂ©seau dâObserva-
tion Biodiversité GeO (GeO BOn en anglais).
Ă©tablir ce rĂ©seau est Ă la fois extrĂȘmement im-
portant et extrĂȘmement stimulant.
La biosphĂšre de la terre est un systĂšme tel-
lement complexe quâun rĂ©seau dâobservation
permettant Ă la fois de suivre les espĂšces in-
dividuelles, les populations, dâobserver les
tendances dans les forĂȘts et les autres Ă©cosystĂš-
mes nâa jamais pu ĂȘtre construit. Pour prĂ©senter
une image complĂšte des pressions que subit
la biodiversitĂ©, ce rĂ©seau dâobservation de-
vrait également agréger des informations
biologiques, des données et prévisions sur le
changement climatique, sur la pollution et sur
les autres menaces affectant la biodiversité.
La création de GeO BOn va constituer le pre-
mier pas vers une meilleure compréhension de
lâĂ©tat et des perspectives des ressources vivantes
du monde. une priorité importante consis-
tera à développer une compétence renforcée
pour identifier les Ă©cosystĂšmes uniques ou, au
contraire, hautement diversifiés, qui abritent
des espÚces migratoires, endémiques ou me-
nacĂ©es au plan mondial ; qui sont dâimportance
socio-Ă©conomique ; et qui peuvent permettre
dâatteindre lâobjectif de 2010 fixĂ© dans le cadre
de la convention sur la Bio diversité.
en rassemblant des instruments autonomes
dâobservation et les systĂšmes permettant dâores
et déjà un suivi des évolutions des ressources
génétiques, des espÚces et des écosystÚmes
mondiaux, GeO BOn va créer une plate-for-
me globale dans laquelle les données de la
biodiversité seront intégrées à celles relatives
au climat et Ă dâautres variables essentielles.
GeO BOn remplira les « trous » en matiÚre
dâinformations taxonomiques et biologiques
et accroĂźtra le rythme auquel lâinformation est
collectée et disséminée.
GeO BOn va également déterminer les be-
soins des groupes dâutilisateurs en matiĂšre de
données, examiner et établir les priorités en
matiĂšre de Recherche, faciliter lâinteropĂ©ra-
bilitĂ© entre les systĂšmes dâobservation et les
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INDOW ON GMES
bases de données, générer des évaluations
réguliÚrement mises à jour des tendances de
la biodiversité globale, concevoir des systÚmes
dâaide Ă la dĂ©cision qui intĂšgreront lâobservation
avec la modélisation et la prévision écologique,
et rendre ces données et rapports disponibles
aux utilisateurs via GeOSS.
lâinformation environnementale est la clĂ© de
lâaction efficace
De nos jours, le besoin dâinformation environne-
mentale est aigu dans de nombreux domaines.
Les écosystÚmes se fragmentent, la biodiversité
disparaĂźt, les forĂȘts, lâhalieutique, lâeau potable
et les autres ressources naturelles se dégradent.
Le climat mondial change de façon dangereuse
et altĂšre pratiquement tous les cycles et proces-
sus physiques, chimiques et biologiques de la
terre. La crise est globale et transversale. ces
changements sont tous interconnectés et repré-
sentent une menace directe pour nos systĂšmes
Ă©conomiques et sociaux ainsi que pour le bien-
ĂȘtre de lâhumanitĂ©.
Les changements ont commencé et nous avons
besoin dâinformations environnementales pour
nous adapter et :
- anticiper les futurs régimes climatiques ;
- rĂ©duire lâamplitude des catastrophes ;
- bénéficier des services de suivi des écosys-
tĂšmes et trouver des substituts Ă ceux qui
ont disparu ou se détériorent ;
- développer des défenses contre les risques
sanitaires liés à la pollution et aux maladies
Ă©mergentes, aux produits chimiques dan-
gereux et aux déchets.
cette information exige la mĂȘme trilogie que
la prĂ©vision mĂ©tĂ©orologique : systĂšmes dâob-
servation, capacités de calcul informatique et
expertise.
Dans lâĂšre nouvelle pleine de complexitĂ© et
dâurgences dans laquelle nous entrons, les dĂ©-
cisions politiques et de gestion peuvent â et
doivent â ĂȘtre basĂ©es sur lâobservation en quasi
temps rĂ©el de la planĂšte entiĂšre â du fond des
ocĂ©ans aux couches hautes de lâatmosphĂšre,
des pĂŽles Ă lâĂ©quateur â et des outils dâaide Ă la
décision tels que GeOSS et GMeS vont devenir
des atouts majeurs. LâaccĂšs gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă lâinfor-
mation environnementale globale va devenir
aussi important pour la prise de décision dans
la nouvelle Ă©conomie mondiale que le sont des
données financiÚres ou de productivité fiables.
La complexité et le dynamisme de notre civili-
sation moderne constituent des défis croissants
pour les décideurs politiques et économiques.
La tĂąche la plus ambitieuse Ă laquelle sont
confrontés les leaders des secteurs public et
privé est sans doute de savoir comment faire
face au changement environnemental global.
Lâimpact croissant de lâhumanitĂ© sur la planĂšte a
engendrĂ© une Ăšre nouvelle de risques et dâop-
portunités partagés.
tout comme les infrastructures de transport et
de communications ont été construites pour
soutenir la croissance Ă©conomique dans la
période antérieure, GeOSS sera demain une
infrastructure publique globale qui va accom-
pagner lâĂ©mergence de lâĂ©conomie verte en
aidant les gouvernements à mieux répondre
aux crises environnementales planétaires.
le Professeur josé achache
est, depuis 2005, le Directeur du Secrétariat
de GeO, le Groupe sur lâObservation de la terre (
Group on Earth
Observation
). Il est diplĂŽmĂ© de lâĂ©cole normale SupĂ©rieure de Paris et est
titulaire de deux doctorats : lâun en GĂ©ophysique et lâautre en Sciences
Physiques. Le Professeur Achache a créé un troisiÚme cycle de Sciences
de la terre Ă lâuniversitĂ© RenĂ© Descartes et Ă lâIPGP et un DeSS en GĂ©ophysique AppliquĂ©e
(Gestion des catastrophes, environnement et Occupation des sols) ainsi que le DĂ©partement des
études Spatiales de IPGP. Il a été Directeur en charge de la Recherche et du Développement du
Bureau de Recherches Géologiques et MiniÚres, puis conseiller du président, ainsi que Directeur
GĂ©nĂ©ral adjoint du centre national dâĂ©tudes Spatiales, lâAgence spatiale française, Directeur
de lâObservation de la terre Ă lâeSA et Directeur de lâeSRIn, le centre de lâeSA en Italie. Le
Professeur Achache est lâauteur dâun essai scientifique et gĂ©opolitique intitulĂ©
les Sentinelles
de la Terre
, qui traite des bĂ©nĂ©fices de lâObservation de la terre pour une meilleure gestion
des changements environnementaux de la planÚte et pour une atténuation des conséquences
des catastrophes et des épidémies.