En tant que Président du village,
je me sens responsable du
développement, et une priorité
câest la bonne santĂ© des membres
de la communauté. La planification
familiale nâest pas un problĂšme de santĂ©
seulement. Câest un problĂšme social
dans le dĂ©veloppement dâun village.
VOIX en PROVENANCE du VILLAGE:
Amélioration des Vies à Travers les
Programmes de CARE en MatiĂšre de
Santé Sexuelle et Reproductive
Parcourir un Extra Mile pour Fournir et Assurer la
Pérennité des Services de Planification Familiale
dans des Milieux Enclavés de Madagascar
Numéro 3 | Février 2008
MECH - French:Madagascar Case Study 4/25/08 9:19 AM Page 1
Case Study:
MADAGASCAR
1
Introduction
Madagascar que lâon appelle souvent âhuitiĂšme continent â Ă
cause de sa biodiversité éblouissante et de son unique mélange
de peuples, de langues et de traditions, est en train de lutter
pour Ă©quilibrer la croissance Ă©conomique et la conservation de
ses inestimables ressources naturelles. En effet, câest le fait
dâavoir reconnu la tension sans cesse croissante existant entre la
dĂ©gradation de lâenvironnement, la stagnation Ă©conomique et la
surpopulation qui a poussĂ© le Gouvernement de Madagascar Ă
revenir sur sa position jadis ouvertement pro nataliste, pour
faire de la planification familiale et de la santĂ©, lâun des huit
piliers de son plan dâaction de dĂ©veloppement: âNous nous
efforcerons dâassurer que tout notre peuple soit en bonne santĂ©
et capable de contribuer de maniÚre productive au développement
national et vivre une longue vie et prospĂšre. Les problĂšmes de
la malnutrition et de la malaria seront résolus. Le VIH et le
SIDA ne progresseront pas; lâeau potable sera disponible Ă tous;
et grĂące Ă lâĂ©ducation et Ă la prestation des services de santĂ©,
la taille moyenne de la famille malgache sera rĂ©duite.â
i
A lâEst de Madagascar, lâinitiative de CARE âExtra Mile Initiativeâ
(EMI) sâest attelĂ© Ă pourvoir exactement cela: lâĂ©ducation
et les services de planification familiale dans six communes
ii
enclavĂ©es faisant frontiĂšre avec dâimportantes zones de
conservation, oĂč les ressources Ă©cologiques subissent la pression
dâune population croissante. Lorsque EMI a commencĂ©, le taux
de prĂ©valence de contraception y Ă©tait dâenviron 11 pourcent,
mĂ©thodes traditionnelles et modernes confondues â ce qui Ă©tait
bien en dessous de la moyenne nationale de 27 pourcent.
iii
Douze
mois seulement plus tard, 24 pourcent des femmes en Ăąge de procrĂ©er vivant dans la zone dâintervention du projet
utilisaient une méthode quelconque pour planifier leurs familles.
Comment EMI a-t-il pu récolter un tel succÚs en si peu de temps? Les habitants de ces six communes avaient
certainement exprimĂ© dâĂ©normes besoins non satisfaits en matiĂšre de planification familiale, sur base de prĂ©fĂ©rences
quâils ont dĂ©clarĂ©es concernant le nombre dâenfants dĂ©sirĂ©s et quand ils les voulaient Ă lâavenir. (En fait, le niveau
des besoins non satisfaits parmi les non utilisateurs des services est resté élevé une année aprÚs le début des
activitĂ©s du projet, malgrĂ© le bond enregistrĂ© en matiĂšre dâutilisation des contraceptifs. Se rĂ©fĂ©rer Ă la section
âProchaines Etapes et OpportunitĂ©s dâAvenirâ, page 4). Ajouter Ă cela le fait que lâarrivĂ©e de CARE Ă©tait considĂ©rĂ©e
par ces communes enclavĂ©es comme une opportunitĂ© â souvent parmi les toutes premiĂšres du genre â Ă participer
Ă un projet de dĂ©veloppement. Pourtant CARE a Ă©galement cherchĂ© Ă adapter lâapproche EMI pour rĂ©pondre aux
besoins des communautĂ©s fort enclavĂ©es, et de laisser en place un rĂ©seau de personnes et dâinstitutions outillĂ©es
et capables dâassurer la pĂ©rennitĂ© des gains obtenus.
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LâInitiative âExtra Mileâ de CARE
En 2005, lâUSAID a invitĂ© CARE Ă travers le projet ACQUIRE
iv
Ă mettre en Ćuvre EMI. Le nom mĂȘme du projet
indiquait lâeffort supplĂ©mentaire que CARE devait fournir pour juste atteindre les six communes: par moto, par
pirogue, et surtout Ă pieds.
EMI dont la durée de vie est de deux ans, est au fond un projet de planification familiale à base communautaire
assez ordinaire. Comme câest typiquement le cas, CARE a liĂ© son intervention aux centres de santĂ© des communes
(lâĂ©chelon le plus bas du systĂšme de service du MinistĂšre de la SantĂ©) et aux communautĂ©s elles mĂȘmes, oĂč EMI a
formĂ© un groupe considĂ©rable de citoyens volontaires pour quâils fournissent des informations dans leurs propres
villages, ainsi que des contraceptifs aux Agents de Santé à base Communautaire (ASBC).
Mais ce qui Ă©tait unique - comme si lâextra mile
constituait une rĂ©alitĂ© opĂ©rationnelle â câĂ©tait le fait
dâavoir incorporĂ© EMI non seulement dans le systĂšme
sanitaire local et les communautĂ©s quâil dessert,
mais aussi dans le gouvernement local, donnant
ainsi lieu Ă une solide triade (du point de vue de la
mise en oeuvre et de la supervision des activités).
A Madagascar, le gouvernement central mandate
la structure du gouvernement de la commune.
Parmi les entités administratives clés, figure la
Commission de DĂ©veloppement Social (CDS) qui a
la charge dâappuyer les services essentiels tels que
la santĂ© et lâĂ©ducation. Cependant, nâayant presque
pas de formation, de guidance, ou de fonds, et
sans autoritĂ© claire pouvant intervenir dans la hiĂ©rarchie des services techniques gĂ©rĂ©s par lâEtat, plusieurs CDS
nâexistent que de nom. Tel Ă©tait le cas dans les six communes avant que CARE ait commencĂ© EMI.
Afin dâincorporer la planification familiale dans les responsabilitĂ©s des CDS avec succĂšs, CARE devait dâabord aider
chaque comité à devenir fonctionnel.
Quelle formation CARE a-t-il offerte Ă chaque CDS?
Formation Générale
âą
Information de base sur la planification familiale et la santé maternelle/infantile
Management et Supervision
âą
Formulation dâune stratĂ©gie de santĂ© et dâun plan dâaction
âą
Participation et transparence en matiÚres de supervision, suivi et rédaction
des rapports
âą
Protocole des réunions ; résolution des problÚmes
âą
Promotion de lâutilisation des fonds nationaux dâĂ©quitĂ© pour les soins de santĂ©
Bonne Gouvernance
âą
Participation (plus de gens peuvent exprimer leurs voix dans le processus de
prise de décision)
âą
Gestion transparente et comptable des ressources
âą
Genre, droits humains et responsabilités
Quâest-ce quâun CDS?
Le CDS est un microcosme de
la commune. Ses membres
sont des Ă©lus locaux (tel
que le maire), des chefs
traditionnels (chefs de
village), des leaders religieux
et sociaux, des représentants
locaux des services de lâEtat
(des médecins ou des infir-
miers des centres de santé).
Et dans le cas des communes
appuyées par EMI, on compte
aussi des ASBC sélectionnés.
Triade EMI
RĂŽle de CARE: Guider, former, assurer certains paiements
Centre
de Santé
ASBC
Autres
volontaires
Communauté
CDS
Gouvernement
Local
Services
Techniques
Représentants des
Communautés
Supervision,
Appui social
et Logistique
Formation
et Appui
Techniques
MECH - French:Madagascar Case Study 4/25/08 9:19 AM Page 1
Case Study:
MADAGASCAR
3
Le rĂŽle de CARE dans le projet EMI Ă©tait de former et
de faire du coaching afin de développer des aptitudes
et des capacités chez les trois parties de la triade, et
de favoriser la collaboration, alors que cela nâexistait
pas auparavant. En plus de la formation des membres
des CDS, CARE et les agents des centres de santé
ont donné une formation de grande envergure au
réseau des bénévoles, qui à leur tour ont offert
des informations et des services aux communautés.
CARE a aussi formé les agents de santé sur la façon
dâutiliser le Collier du Cycle (un outil servant Ă
aider ceux qui utilisent la méthode calendrier ou la
méthode des jours fixes). Ils avaient déjà été formés
sur lâutilisation des autres mĂ©thodes de contraception.
Sous la guidance de CARE, les six triades locales ont
assumĂ© la responsabilitĂ© dâorganiser et dâexĂ©cuter des
formations en planification familiale et de prester des
services dans les communes.
Les RĂ©sultats
AprĂšs seulement une annĂ©e dâactivitĂ©s de EMI,
le taux de prévalence de 11% enregistré lors de
lâenquĂȘte de base avait plus que doublĂ©, atteignant
24%. LâĂ©valuation finale dĂ©terminera un nouveau
taux. En attendant, les données mensuelles
concernant les utilisateurs indiquent un nombre
sans cesse croissant de femmes qui choisissent
dâutiliser une mĂ©thode de contraception.
Le niveau de connaissances que les gens ont concernant les mĂ©thodes a Ă©galement augmentĂ©. LâenquĂȘte de base
avait montrĂ© quâenviron 74 pourcent de femmes et 61 pourcent dâhommes avaient entendu parler au moins dâune
mĂ©thode moderne ou traditionnelle pour prĂ©venir la grossesse. Lors de lâĂ©valuation Ă mi-parcours, la connaissance
dâau moins une mĂ©thode avait augmentĂ© Ă 83% pourcent chez les femmes et Ă 74 pourcent chez les hommes
v
.
Cette augmentation est due en partie au rĂ©seau de grande envergure dâASBC formĂ©s par EMI et dâautres volontaires
qui sont actifs dans les communautĂ©s. Jean Line, un ASBC Ă Ambahoabe dĂ©clare: âAvant EMI, mĂȘme moi, je ne
connaissais pas la planification familiale; câest seulement le mĂ©decin qui la connaissait. Et les membres des
communautĂ©s lâapprenaient seulement par hasard, comme par exemple, lorsquâune femme tombait malade et que le
mĂ©decin prescrivait une contraception afin dâĂ©viter quâelle tombe enceinte pendant la pĂ©riode de convalescence.â
EMI a fort augmenté le nombre de canaux de vulgarisation des informations concernant la planification familiale.
Fifi AurĂ©lie est membre de Miaradia, lâune des douzaines de groupes civiques qui participent au projet. Elle dĂ©clare ce
qui suit: âNos messages et chansons
parlent clairement de différentes
mĂ©thodes et dâendroits oĂč on peut
les obtenir. Si un homme ou une
femme le demande, nous lâenvoyons
chez lâASBC le plus proche, ou au
centre de santĂ© le plus proche sâils
dĂ©sirent des injectables.â
Lorsque EMI a commencĂ©, lâopinion
répandue était que le domaine de la
santé (et partant celui de planification
familiale) âappartenaitâ au centre de santĂ©, et nâĂ©tait quâĂ peine lâaffaire du gouvernement local. Cependant,
au fil du temps, cette conception a changĂ© radicalement. Selon Emmanuel Justin, Maire de Fotsialana, âNous
pouvons réellement définir la planification familiale comme planification de la vie. Cela relÚve alors de la
responsabilitĂ© de tous les acteurs du dĂ©veloppement, y compris nous dans les CDS, et en fait, cela va jusquâau
niveau de la nation.â
Case Study:
MADAGASCAR
4
âJe crois que la pauvretĂ© sera Ă©radiquĂ©e
lorsque nous pourrons planifier nos vies,
lorsque nous nâaurons pas Ă subir ce qui
se passe, mais quand nous pourrons
réellement réfléchir à ce que nous
voulons de notre avenir. Je ne veux
pas voir les gens souffrir, ni voir les
enfants dans le besoin. Câest pour cela
que jâĂ©tais parmi les premiers Ă admettre
que tous les acteurs doivent sâimpliquer:
le Maire, le centre de santé et tout le
reste. Câest la collaboration entre tous
ceux-lĂ qui peut assurer le succĂšs de la
planification familiale, c'est-Ă -dire une
planification de la vie.â
RĂ©mi Sonina
Membre du CDS Fotsialonana
2000
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
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Source:
Rapports mensuels des
centres de santé et des ASBC, tels
que compilés par les CDS. Tous les
centres ne faisaient pas de rapports
mensuels. Les données ci-dessus
concernant les utilisateurs montrent
de maniĂšre fiable des tendances Ă
la hausse . Mais elles ne peuvent pas
ĂȘtre considĂ©rĂ©es fiables en nombres
absolus, étant donné que certains
utilisateurs ne sont pas représentés.
NOUVEAUX UTILISATEURS ET UTILISATEURS REGULIERS DES METHODES DE CONTRACEPTION
EnquĂȘte de base de EMI
trouve 11% de CPR
Premier lot de contraceptifs
délivré à la zone EMI
LâEvaluation Ă mi parcours
de EMI trouve 24% de CPR
Une sixiĂšme commune
sâajoute Ă EMI
PREVALENCE DE LA CONTRACEPTION, FEMMES EN AGE DE REPRODUCTION (%)
0
5
10
15
20
25
30
EnquĂȘte de base De EMI Nov. 2005
Evaluation Ă mi-parcours de EMI Nov. 2006
Moyenne Nationale (DHS 2003/04)
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MADAGASCAR
5
Les DĂ©fis
Le fait que les six communes soient si enclavĂ©es â raison
mĂȘme pour laquelle EMI a Ă©tĂ© lancĂ© â constituait aussi
le plus grand défi que le projet devait affronter.
Personnel et Logistique du Projet:
CARE a
embauché un agent de terrain pour travailler dans
chaque commune oĂč la formation et la guidance de
tous les membres de la triade du projet â volontaires
communautaires, agents des centres de santé, et
membres de CDS â exigeaient un constant et formidable
investissement en temps, en Ă©nergie et en aptitudes
de facilitation. Les agents de terrain â cinq hommes et
une femme â respectaient profondĂ©ment la culture et
les traditions malgaches. Ils avaient aussi un profond
sentiment de lien avec les populations rurales, et ils
sâĂ©taient adaptĂ©s Ă des conditions de vie et de travail
difficiles. Heureusement, ils gardaient aussi un sens
dâhumour. Par exemple, lors des rĂ©unions mensuelles,
ils se plaisaient à se taquiner à propos des déboires
logistiques des uns et des autres.
Produits et Services:
Pour les centres de santé,
fournir constamment les contraceptifs constituait
aussi un dĂ©fi. Le mĂ©decin ou lâinfirmier en charge de
chaque centre était obligé de se rendre réguliÚrement
au chef-lieu du district pour participer à des réunions.
Pour certains, cela pouvait durer jusquâĂ une
semaine dâabsence. Au cours de cette deuxiĂšme
année, le projet a formé des volontaires sélectionnés
en tant que ASBC seniors pour gérer le stock pendant
que le personnel de santé était absent. Cela a résolu
le problĂšme dâinterruption de fourniture des produits
aux clients.
Exclusion des sources dâinformation
et dâappui:
EMI Ă©tait parmi les premiers projets
de dĂ©veloppement Ă atteindre la plupart des communes participantes. Pour rĂ©ussir, le projet devait affronter dâautres
dĂ©fis auxquels les populations locales faisaient face Ă cause de leur isolement. Dâun, les membres des communautĂ©s
avaient de loin moins dâinformations concernant la planification familiale que leurs collĂšgues plus urbanisĂ©s. Et
cela signifiait un foisonnement de mauvaise information et de fausses rumeurs. Et sans guidance, formation
ou appui, les structures locales Ă©taient pratiquement non fonctionnelles. En plus, alors que les agents sanitaires
envoyaient des rapports aux échelons supérieurs du MinistÚre de la Santé, ils avaient peu de moyens nécessaires
pour atteindre les communautés et les leaders locaux.
Pourtant lâenclavement de la zone du projet constituait un facteur utile dâune maniĂšre
fondamentale pour EMI:
les communes cherchaient ardemment à participer à un projet de développement,
Ă apprendre de nouvelles choses et Ă engager des actions visant Ă amĂ©liorer leur bien-ĂȘtre. Par exemple, dans la
commune dĂ©pourvue de routes dâAmbahoabe, le CDS a mobilisĂ© les populations du siĂšge de la commune Ă dĂ©fricher
prĂšs de 8 kilomĂštres de piste pour permettre Ă lâagent de terrain SĂ©bastien BoutobĂ© de les atteindre en moto plutĂŽt
quâĂ pieds. Aujourdâhui, SĂ©bastien rit quand il se rappelle comment sa moto Ă©tait la toute premiĂšre que lâon voyait
dans la ville. âElle avait fait une telle impressionâ dit-il, âau point que certaines personnes avaient donnĂ© le nom
SĂ©bastien Ă leurs bĂ©bĂ©s pour honorer lâĂ©vĂšnement.â
Ce que CARE a Appris
La triade de responsabilitĂ© du projet Ă©tait un facteur crucial de succĂšs. Peut ĂȘtre quâil en Ă©tait ainsi spĂ©cialement
dans des milieux enclavĂ©s: Le fait dâincorporer EMI dans trois entitĂ©s â le systĂšme sanitaire, les communautĂ©s (Ă
travers des volontaires) et le CDS â a permis dâĂ©tablir une fondation robuste et intĂ©grĂ©e. Alors que EMI dirigeait
les activités et déployait des efforts substantiels pour renforcer des capacités au sein de chaque partie de la triade,
CARE lui-mĂȘme nâavait pas la responsabilitĂ© de prendre des dĂ©cisions, de mener des nĂ©gociations ou de clarifier
les responsabilités. Ces activités vitales étaient essentiellement menées par les membres des CDS. Maintenant que
les membres de la triade de chaque commune comprennent bien les rÎles et les responsabilités des uns et des
autres, et avec lâexpĂ©rience quâils ont Ă acquise pendant deux ans, Ă planifier et Ă exĂ©cuter conjointement toutes
sortes dâactivitĂ©s de planification familiale et de santĂ©, ils sont Ă mĂȘme de continuer ce travail aprĂšs que EMI aura
officiellement pris fin. RĂ©mi Sonina, membre du CDS de Fotsialanana parle de lâesprit dâunitĂ© et de dĂ©termination
de son comitĂ© en ces termes: âje pense vraiment que nous avons trouvĂ© une façon de nous assurer que la planification
familiale continue ce que nous avons commencĂ© avec tous les acteurs. A partir des chefs de village, jusquâĂ tous les
volontaires, les agents de santé, et les leaders de la commune, nous avons la volonté et les aptitudes nécessaires pour
faire continuer cette affaire.â
Les principes de la bonne gouvernance
vi
ont permis de crĂ©er de lâespace pour le dialogue et
la collaboration, lĂ oĂč cela nâexistait pas auparavant:
Au fur et Ă mesure que la confiance et la
communication augmentaient au sein de chaque triade, elles augmentaient au sein des communautĂ©s quâelles
desservent. RĂ©mi Sonina fait remarquer quâau dĂ©but âles communautĂ©s avaient peur du mĂ©decin. Ils croyaient
quâil avait un meilleur statut quâeux et quâil ne les respecterait pas.â
âMaintenant le problĂšme est rĂ©solu,â dit-il. âLes gens considĂšrent le mĂ©decin comme un fonctionnaire qui
sâintĂ©resse Ă leur bien-ĂȘtre.â
A Ambahoabe, la Dr. Florentine Baozoma sâimagine ce quâaurait Ă©tĂ© son travail de vulgarisation des services de santĂ©
sans la collaboration des CDS. âDans tout ce que je fais, pour chaque activitĂ©, je demande leur avis et leur appui,â
dit-elle. âIls contribuent matĂ©riellement⊠Mais ils jouent aussi un grand rĂŽle en matiĂšre de sensibilisation. Ils
â⊠A la quatriĂšme riviĂšre nous nous
sommes arrĂȘtĂ©s, horrifiĂ©s. Un petit
enfant montra le passage du doigt tout
en expliquant que personne nâavait osĂ©
lâessayer depuis que les pluies avaient
commencé. Nous nous sommes engagés,
mais le courant Ă©tait trop fort. Nous en
avions jusquâau cou. Que faire? Si nous
rebroussions chemin, nous aurions Ă
traverser ces trois autres riviĂšres de
nouveau. Mais aller de lâavant Ă©tait
terrifiant. Enfin de compte, Christophe
dĂ©cida de traverser seul. âMacâ, dit-il,
âsi je me fais emporter par les eaux,
retourne au dernier village pour chercher
du secours.â
Mac Samuel
Agent de Terrain dans
la Commune dâAntsiatsiaka
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MADAGASCAR
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MADAGASCAR
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peuvent changer les mentalités des gens. Ils détiennent
la clĂ© dâaccĂšs aux membres des communautĂ©s. Le
Maire Adjoint Robert Bezafy est du mĂȘme avis: âAvant
EMI, nous nous communiquions, mais maintenant
la collaboration est bien meilleureâ dit-il. âNous ne
pouvons pas laisser le travail seulement aux médecins
et aux ASBC. Nous devons les appuyer. Nous nous
rĂ©unissons avant de commencer chaque sĂ©rie dâactivitĂ©s
pour définir les rÎles et les responsabilités. Et cela
vaut pour toutes les activités de santé, pas seulement
pour la planification familiale.â
Dans la mĂȘme commune, lâASBC Eliette Razafy
exprime la réflexion suivante concernant
lâinterdĂ©pendance parmi les diffĂ©rents acteurs:
ânous ne pouvons rien faire sans lâappui de Dr.
Florentine. Mais sans les ASBC, il nây aurait pas eu
augmentation du nombre des femmes qui utilisent
la planification familiale. La doctoresse nâa tout
simplement pas le temps de circuler partout et de
faire lâĂ©ducation que nous faisons. Tout ce quâelle
aurait fait serait dâattendre dans le centre de santĂ©
avec ses contraceptifs.â
Les ASBC seniors Dirigeaient un RĂ©seau
Fort et Diversifié de Volontaires:
Au début
de la deuxiÚme année de EMI, le poste de ASBC Senior
a été créé afin de pallier aux interruptions dans la
fourniture des produits causées par les fréquentes
absences des agents des centres de santé. Les ASBC
les plus capables ont reçu une formation en matiÚres
de logistique de fourniture des produits et dâaptitudes
de leadership. Maintenant les ASBC seniors peuvent
calculer les besoins, commander des contraceptifs, organiser la distribution des produits Ă dâautres ASBC et fournir
certains types de contraceptifs
vii
directement aux clients qui cherchent Ă se re-approvisionner au niveau des centres
de santé. Jouissant déjà de la confiance que leur accorde les femmes et les hommes, ainsi que les agents sanitaires
et dâautres volontaires, les ASBC seniors sont des vĂ©ritables leaders dont la dĂ©termination Ă rendre les contraceptifs
disponibles est claire en paroles comme dans les faits.
âJâai sept enfantsâ dĂ©clare Augustine Rasoazamamay, ASBC senior Ă Fotsialanana, âet câĂ©tait si difficile dâĂ©lever tant
dâenfants. CâĂ©tait vraiment un facteur de motivation pour moiâ. A Ambahoabe, Eliette Razafy dĂ©crit sa passion pour
le travail en ces termes: âVous pouvez constater le changement chez les femmes qui pratiquent la planification
familiale. Elles remettent de la chair sur le os, elles peuvent se permettre des habits décents. Vous les voyez se
rajeunir juste devant vos yeux.â
EMI a contribué à améliorer des facteurs de santé (non seulement la connaissance et
lâutilisation de la planification familiale):
EMI sâest concentrĂ© sur la planification familiale, mais ce
projet a Ă©galement appelĂ© chaque CDS Ă considĂ©rer aussi dâautres prioritĂ©s de santĂ© lors de la formulation des
stratĂ©gies et des plans dâaction de santĂ© des communes. Dans la plupart des cas, les CDS choisissaient de prioriser
et dâassurer le suivi de la promotion des soins antĂ©nataux, la vaccination des enfants, la provision de la vitamine A
et lâĂ©ducation pour la prĂ©vention du SIDA. En plus de cela, les trois composantes de la triade ont joint les forces
pour planifier et mettre en oeuvre toutes sortes dâactivitĂ©s de vulgarisation de santĂ©. Et, mĂȘme lorsque les
connaissances et les comportements dans divers domaines de la santé changent, CARE constate que le sens
mĂȘme de la santĂ© est en train de prendre une nouvelle dimension dans les communes. âAuparavant, les gens
supposaient que la bonne santĂ© Ă©tait le rĂ©sultat du dĂ©veloppement Ă©conomiqueâ dĂ©clare lâAgent de Terrain
SĂ©bastien BoutobĂ©. âMaintenant il leur est clair que la bonne santĂ© peut constituer le moteur du dĂ©veloppement.â
Prochaines Etapes et OpportunitĂ©s dâAvenir
Le bond enregistrĂ© dans le taux de prĂ©valence des contraceptifs en mi-parcours du projet reflĂ©tait lâĂ©normitĂ© des
besoins en planification familiale dans la zone du projet. Et alors que CARE sâattend Ă enregistrer une autre
augmentation du taux de prĂ©valence lors de lâĂ©valuation finale, il apparaĂźt clairement que les besoins non satisfaits
restent un problĂšme important dans les zones EMI. Parmi les femmes qui, lors de lâĂ©valuation mi-parcours nâutilisaient
pas de contraceptifs, pas moins de 74 pourcent voulaient attendre deux années ou plus, avant de tomber enceintes;
et 12 pourcent avaient le nombre dâenfants quâelles dĂ©siraient. Quels facteurs, autres que le manque de connaissance
ou de services (Ă supposer que EMI les ait rendu disponibles Ă la plupart des hommes et des femmes dans la zone
du projet) pourraient empĂȘcher les femmes qui aimeraient utiliser la planification familiale de le faire? Jaime
Stewart de lâEquipe SantĂ© Sexuelle et de Reproduction de CARE Ă Atlanta pose la question dâune autre façon: âSi le
projet EMI devait continuer avec les mĂȘmes activitĂ©s, Ă quel point le taux de prĂ©valence attendrait-il un plateau?â
En dâautres termes, quand EMI cesserait-il dâĂȘtre le moteur du changement de comportements en matiĂšre de planification
familiale malgrĂ© les besoins non satisfaits, sans que lâon affronte les problĂšmes plus complexes qui entourent la
non utilisation des contraceptifs? Ci-dessous on trouvera trois domaines offrant des possibilitĂ©s dâinterventions en
planification familiale dans les milieux enclavés de Madagascar.
Remettre en question les normes relatives au genre et au pouvoir:
Lâagent de terrain de CARE
Evance Raoelinoro fait remarquer que la bĂ©nĂ©diction traditionnelle malgache que lâon donne Ă un couple nouvellement
mariĂ© câest: âPuissiez-vous avoir sept fils et sept filles.â Et si un homme dĂ©sire avoir 10 enfants, la femme doit sây
faire. Les femmes nâont pas de droit dans la prise des dĂ©cisions,â explique Raoelinoro. Entre temps, au centre de
santĂ© Ă Ambahoabe, Dr. Florentine Baozoma fait observer: ânous devons plus impliquer les hommes, autrement
âLe changement de comportement en
matiĂšre de planification familiale est
vraiment palpable ici. Les gens en
comprennent réellement le besoin et
les avantages. En tant que président
du village, je me sens responsable du
développement ici. Et une priorité de
dĂ©veloppement câest la bonne santĂ©
des membres de la communauté. La
planification familiale nâest pas
seulement un problÚme de santé,
mais aussi un problĂšme social dans
le dĂ©veloppement dâun village.â
Clavis Raphandra
Président du Village, Befotaka
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MADAGASCAR
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nous nâatteindrons pas nos objectifs. En fait, nous devons les impliquer dans les problĂšmes de santĂ© en gĂ©nĂ©ral, et
ne pas les laisser abandonner ces problÚmes entre les mains de leurs femmes. Leur santé, celle de leurs enfants et
de leurs familles, câest aussi la responsabilitĂ© des hommes.â
Cela dit, elle ajoute: âJe pense que la peur de perdre le pouvoir, de changer lâĂ©quilibre du pouvoir entre les hommes
et les femmes joue un grand rĂŽle dans la rĂ©sistance que les hommes affichent face Ă la planification familiale.â A
lâavenir, une intervention fructueuse en matiĂšre de
planification familiale consistera Ă affronter les normes
de genre et Ă remettre en question le statu quo social.
Atteindre les couches plus jeunes de la
population:
LâĂ©valuation finale fournira des
informations numériques sur la répartition par ùge
des utilisateurs de la planification familiale. En
attendant, on observe que les femmes plus ĂągĂ©es â
spĂ©cialement celles qui nâaimeraient plus avoir des
enfants â pourraient constituer disproportionnellement
le plus grand groupe dâutilisateurs. Pourtant, comme
lâĂ©valuation Ă mi-parcours lâa clairement montrĂ©,
une proportion substantielle de non utilisateurs
aimerait retarder leur prochaine grossesse. On a
besoin de plus dâinvestissements Ă long terme pour
aider les femmes et les hommes de tout Ăąge, et plus
particuliĂšrement les jeunes couples, Ă satisfaire leurs
désirs en matiÚre de fertilité, et notamment en ce
qui concerne le moment désiré pour les naissances
et leurs espacements, ainsi que la taille de la famille.
Répondre aux besoins en méthodes de
longue durée:
De mĂȘme, les femmes et les couples
qui nâaimeraient plus de grossesses mĂ©ritent dâavoir
accÚs aux méthodes contraceptives long terme, spécialement le stérilet, la ligature des trompes, et la vasectomie;
mais ces méthodes ne sont pas disponibles dans les centres de santé des communes enclavées à ressources limitées.
Le projet EMI a aidĂ© le CDS de Fotsialanana â la plus accessible parmi les six communes participantes â Ă former un
partenariat avec Marie Stopes International qui sâest une fois rendue au siĂšge de la commune avec son Ă©quipement
chirurgical et des groupes électrogÚnes pour offrir des stérilets et la stérilisation chirurgicale. Un plus grand accÚs
aux mĂ©thodes de longue durĂ©e constitue une troisiĂšme piste dâinterventions futures pour CARE et pour dâautres
acteurs, pouvant marquer une différence significative et durable dans la vie des femmes et des hommes dans
les milieux ruraux.
i
Plan dâAction Madagascar 2012 (2007). Italique ajoutĂ©. www.Madagascar-presidency.gov.mg/index.php/item/445
ii
Une entité gouvernementale en dessous de la région et du district. Madagascar compte quelques 1500 communes.
iii
Parmi les femmes actuellement en union. Madagascar : DHS 2003/2005
iv
Voir www.acquireproject.org pour plus dâinformations
v
Lors de lâenquĂȘte de base tout comme lâĂ©valuation Ă mi-parcours, des interviews avaient Ă©tĂ© menĂ©es auprĂšs de 416 mĂ©nages. En 2005,
638 hommes et femmes en Ăąge de procrĂ©er avaient Ă©tĂ© enquĂȘtĂ©s ; et en 2006, le nombre total de personnes enquĂȘtĂ©es Ă©tait de 817.
vi
Pour CARE Madagascar, ceux-ci comprennent la participation, lâimpĂ©ratif de rĂ©pondre de ses actes, la communication et les actions
transparentes. En plus, la bonne gouvernance requiert que des structures telles que les CDS permettent, voire quâelles exigent lâapplication
de ces principes tout en travaillant sur une base commune de droits et de responsabilités.
vii
Pour le moment, aucun ASBC ne peut administrer des injectables; mĂȘme si les responsables du systĂšme de santĂ© au niveau du district et
des communes sont entrain de discuter la possibilité de former quelques ASBC seniors en cette matiÚre.
BESOINS EN PLANIFICATION FAMILIALE NON SATISFAITS:
DESIR DâUNE PROCHAINE GROSSESSE CHEZ LES FEMMES
NâUTILISANT PAS DE METHODE DE CONTRACEPTION
(Source : Evaluation Ă mi-parcours de EMI ; n = 277)
Jamais
2 Années ou Plus
Moins de Deux Ans
Autre
5%
74%
12%
9%
MECH - French:Madagascar Case Study 4/25/08 9:20 AM Page 9
Rédigé par Catherine Toth
Edité par Anthony Jaffe
Photos par Catherine Toth, Agent de CARE
Conception par Jason Abbott
Traduit de lâAnglais par Jeannette Ibino
Pour plus dâinformations:
Jaimie Stewart, MPH
Organizational Learning Advisor
Sexual & Reproductive Health
Tel: 404 979 9173
Fax: 404 589 2624
stewart@care.org
CARE
151 Ellis Street
Atlanta, GA 30303
1-800-681-2552
info@care.org
www.care.org
Copyright © 2007 Cooperative for Assistance and Relief Everywhere, Inc. (CARE). Tous droits réservés
CARE permet Ă toute organisation sans but lucratif travaillant dans le domaine humanitaire de copier
ce document en partie ou dans son entiÚreté. La mention suivante devra apparaßtre visiblement sur
toute copie du document: âParcourir un Extra Mile pour Fournir et Assurer la PĂ©rennitĂ© des Services
de Planification Familiale dans des Milieux EnclavĂ©s de Madagascarâ de la sĂ©rie Voix en provenance
du village: Amélioration des Vies à travers les Programmes de CARE en MatiÚre de Santé Sexuelle et
Reproductive.
Copyright © 2008 Cooperative for Assistance and Relief Everywhere, Inc. (CARE).
Permission obtenue.â
Cette publication a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e grĂące Ă un financement de âlâ Office of Population and Reproductive Health,
Bureau of Global Healthâ, Agence AmĂ©ricaine pour le DĂ©veloppement International et de CARE, suivant les
stipulations de la Reproductive Health Trust Fund (Cooperative Agreement No. HRN: A-00-99-00009-00).
Les avis exprimés dans ce document sont ceux des auteurs et ne reflÚtent pas nécessairement les points
de vue de lâAgence AmĂ©ricaine pour le DĂ©veloppement International.
MECH - French:Madagascar Case Study 4/25/08 9:20 AM Page 11