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Remontant vraisemblablement Ă  l’époque romaine, la prĂ©sence de la communautĂ©
juive est attestĂ©e Ă  Carpentras et dans les  villages du Comtat Venaissin Ă  partir du
13

Ăšme

siĂšcle. 

La premiĂšre expulsion des Juifs hors du royaume de France date du rĂšgne de
Philippe le Bel (1306). Quelques temps plus tard ClĂ©ment VI dĂ©nonce cette attitude
d’accabler les Juifs de la Peste (1348), des famines, etc... et dĂ©cide de les accueil-
lir sur ses terres pontificales dont fait partie le Comtat Venaissin.
La notion des «Juifs du Pape» est née.

DĂšs lors, les Juifs reviennent Ă  Carpentras et louent une maison prĂšs de la synagogue
actuelle pour exercer leur culte. En 1367 ils obtiennent l’autorisation de construire
une nouvelle synagogue. Aux alentours de 1460, la communautĂ© commence Ă  se
regrouper autour de la rue de la Muse (aujourd’hui Place Maurice Charretier), qui
sera surveillĂ©e et fermĂ©e par deux portes Ă  partir de 1486. 
Cette volonté de cloisonnement de la population juive se confirme au 16

Ăšme

siĂšcle

par l’expulsion des Juifs des Ă©tats pontificaux. Le nombre des localitĂ©s hĂ©bergeant des
Juifs diminue au siĂšcle suivant. Le premier texte Ă©manant de l’AssemblĂ©e du Comtat,

imposant clairement le regroupement dans
quatre villes, Avignon, Carpentras,
Cavaillon, et Isle-sur-la-Sorgue, date de 1646.

Dans le Comtat Venaissin, ces 

carriĂšres

désignent la rue juive. Cette rÚgle constitue
une grosse difficulté dans la vie professionnelle
et économique de la communauté. En effet,
une réglementation du 15

Ăšme

siĂšcle vise Ă 

leur refuser tout autre métier que la friperie,
la brocante et le prĂȘt d’argent. De plus,
l’enfermement dans les 4 carriùres au 17

Ăšme

siÚcle rend les commerces encore autorisés
presque impossibles et la population
s’appauvrit gravement. Cependant au dĂ©but
du 18

Ăšme

siÚcle, les Juifs détourneront ces

interdits et Ă©largiront leurs horizons
commerciaux jusqu’à la France.

Un peu d’histoire
 les Juifs du Pape

Porte Tricadou (aquarelle, A. Rousseau, XIX

Ăšme

siĂšcle)

qui séparait la rue de la Muse du quartier chrétien.

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La carriÚre est aussi une communauté administrative et juridique, gérée par un
rÚglement appelé «

l’escamot

». L’autoritĂ© suprĂȘme appartient au conseil formĂ© par

12 membres ou bailons. Le rabbin, les chantres, le boucher et le portier sont
employés par la carriÚre.

La population de ce quartier 

(actuellement rue Bidault et rue de la Vieille Juiverie)

,

le plus important du Comtat, Ă©tait trĂšs fluctuante : 496 personnes y vivaient en
1555, et elles Ă©taient 914 en 1788. Avec la RĂ©volution Française, beaucoup quittent

la carriĂšre et la ville ; et la population juive diminue trĂšs 
réguliÚrement aux 19

Ăšme

et 20

Ăšme

siĂšcles. Ce n’est qu’avec l’arrivĂ©e

des Juifs d’Afrique du Nord que s’amorce un renouvellement
de la communauté.

Le second Temple de JĂ©rusalem, dĂ©moli en l’an 70 par Titus et son armĂ©e romaine,
abritait l’arche sainte et le chandelier Ă  7 branches ; il Ă©tait le centre du culte de
tout le peuple hébreu. Puis les sacrifices ont été remplacés par des priÚres ; à la salle
de priĂšre sont adjoints l’école, le 

Mikvé

(bain rituel), la

salle des fĂȘtes, la boucherie, la boulangerie
 

On commence alors Ă  parler de synagogue

.

Le mot signifie : en grec «assemblĂ©e», en hĂ©breu
«Beth Tefila» maison de priĂšre, «Beth ha knesset» mai-
son du conseil, «Beth ha midrach» maison
d’étude. Il s’agit Ă  la fois d’une assemblĂ©e de
fidÚles, une maison du conseil de la communauté, un
lieu d’étude pour adultes et d’enseignement pour enfants.

A Carpentras, la construction de la synagogue
débute en 1367

Au 18

Ăšme

siĂšcle elle sera  agrandie en deux Ă©tapes ; un

premier chantier menĂ© par l’architecte Antoine
d’Allemand entre 1741-1746, une seconde
extension de 1774 à 1776 donnant l’aspect actuel
Ă  la salle de priĂšre du 1

er

Ă©tage.

La notion de «synagogue»

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La façade

actuelle date de 1909 et est volontairement discrĂšte.

A gauche dans le 

vestibule

se trouve, comme autrefois devant le Temple, une

fontaine pour les ablutions, aujourd’hui symboliques.

Au rez-de-chaussée

se trouve la partie la plus ancienne de la synagogue ; des

fouilles de 1992 ont mis à jour des éléments des périodes romaine et médiévale.

La

grande salle dite de JĂ©rusalem 

: les fidĂšles s’y rĂ©unissent en conseil ou pour

l’étude ; il semblerait que les offices religieux s’y dĂ©roulaient avant la construction
de la nouvelle salle de priĂšre Ă  l’étage.

Depuis cette salle part un couloir qui mĂšne au 

mikvé

.

Ce bain rituel rĂ©pond Ă  l’exigence de puretĂ© faite aux femmes en rapport avec la
liturgie du temple : l’impuretĂ© liĂ©e aux diffĂ©rents actes de la vie impose la 
re-naissance, la rĂ©gĂ©nĂ©ration grĂące au
mikvĂ©. Il doit ĂȘtre creusĂ© Ă  mĂȘme le sol et
alimentĂ© par une source d’eau naturelle.

Le premier

(1)

est un petit bassin rectangulaire

de 1,30 m. de profondeur avec un escalier
de sept marches, muni d’un systùme
de pompe à main pour amener l’eau
préalablement chauffée dans une cuve
attenante.

Le second

(2)

est creusé dans le roc, profond

de 10 m. et alimenté en eau par une source ;
la salle presque carrĂ©e est couverte d’un
berceau en plein cintre au dessus de murs
en moellons ; un impressionnant escalier
de 6 volĂ©es s’enfonce dans le bassin. 

A cet ensemble de bains s’ajoute un 

pédiluve

accolé à la salle de Jérusalem.

Pas Ă  pas dans le monument

(classé Monument Historique en 1924)

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Les 

boulangeries

Parmi les nombreuses prescriptions, la bible impose aux Juifs des rĂšgles rituelles
concernant l’alimentation qui doit ĂȘtre cachĂšre, conforme aux prĂ©ceptes.
La synagogue possĂšde 2 boulangeries pour satisfaire Ă  ces exigences.

L’une est destinĂ©e Ă  cuire le pain du 

chabbat

(1)

et des jours ordinaires de l’annĂ©e ;

on voit encore le 

four Ă  coupole

et la 

table de pétrissage

.

L’autre se compose d’une salle de pĂ©trissage et d’un four indĂ©pendant et est
rĂ©serve Ă  la fabrication des 

pains azymes

(non levĂ©s) appelĂ©s 

coudoles

en

Provence et matzoths dans le reste du pays. Ce sont les seuls pains autorisés
pendants les 8 jours de la pĂąque juive.

La 

table de pétrissage

(2)

porte encore le nom en 

hébreu de son donateur : Gad de Digne 1152.

Une 

courette

répond à une autre exigence des rÚgles

alimentaires en servant de lieu d’abattage rituel des
volailles et du menu bĂ©tail ainsi que l’indique le
dispositif des eaux usées.

1

2

Table de pétrissage et fabrication des matzoths

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La salle de priĂšre

est le lieu oĂč les fidĂšles se rassemblent lors des

offices sabbatiques ou des fĂȘtes. L’esprit de son dĂ©cor date
principalement de la campagne de 1774-1776.
Dépouillée lors de la Révolution, la communauté put racheter une
partie des lambris et de son mobilier Ă  partir de 1800. Depuis les
années 50, différentes campagnes de restauration se sont succédées.

Mezouza

(1)

: sur le montant de la porte, petit parchemin écrit à la main, placé dans un étui

de bois ou de mĂ©tal, contenant plusieurs passages de la Torah. Elle possĂšde un rĂŽle
symbolique de protection.

Plusieurs exemplaires de la 

Torah

sont conservĂ©s dans l’

arche sainte

(2)

du mur oriental.

La Torah est composĂ©e des cinq livres de MoĂŻse, Ă©crits Ă  la main sur des rouleaux de
parchemin. Chacune est habillée par un manteau (petite housse) richement décoré et

d’une belle plaque en mĂ©tal prĂ©cieux, rappelant le pectoral
ornĂ© des grands prĂȘtres du Temple de JĂ©rusalem. 

Les 

lampes

: lors du séjour des Hébreus dans le désert,

l’Eternel ordonna la fabrication de la 

Menorah

, le candĂ©labre Ă 

7 branches. Elle disparut du Temple lors de sa destruction en 70.
La lampe de 

Hanouka

(3)

, Ă  gauche de l’arche, est utilisĂ©e pour

la fĂȘte des lumiĂšres commĂ©morant la libĂ©ration du Temple de
Jérusalem par Judas Maccabée en 165 avant notre Úre, souvenir
du miracle de la fiole d’huile qui brĂ»la huit jours durant. 

L’

estrade

: au 18

Ăšme

siĂšcle l’officiant se tenait Ă  l’étage,

comme en tĂ©moigne la 

Teba

placĂ©e au-dessus de l’entrĂ©e.

Aujourd’hui le pupitre est placĂ© devant le tabernacle.

Le 

fauteuil d’Elie

(4)

: petit fauteuil à droite de l’arche sainte.

Dans la tradition, le prophÚte Elie est invité à toutes les
circoncisions, d’oĂč la prĂ©sence de son siĂšge sur lequel le petit
garçon entre dans l’Alliance d’Abraham.

Des travaux de restauration récents ont permis de découvrir
dans l’espace de la tribune, derriĂšre la Teba, une sĂ©rie de
peintures murales datant probablement de la seconde moitié
du 18

Ăšme

siĂšcle.

Au premier Ă©tage

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La Synagogue de Carpentras est toujours un lieu de culte
célébrant les Offices de la religion hébraïque ; elle accueille le
Festival de Musiques Juives au dĂ©but du mois d’aoĂ»t qui naĂźt
en 1999 de l’initiative de Joseph AMAR, PrĂ©sident de
l’Association Cultuelle IsraĂ©lite de Carpentras.
Le festival présente chaque année les diverses sensibilités et
expressions artistiques de la musique juive, influencée par les
rythmes et sonorités des pays dont les compositeurs sont

issus. On retrouve Ă©galement l’influence de la musique traditionnelle juive dans des
compositions classiques, lyriques et mĂȘme, chorales. Conteurs, musiciens, chanteurs et
danseurs se succùdent pour nous faire partager une histoire
 l’Histoire des
Communautés juives à travers le monde.

Nb : le rez-de-chaussĂ©e de la synagogue, en rĂ©amĂ©nagement, pourra ĂȘtre visitĂ© ultĂ©rieurement.

Remerciements Ă  : M. AMAR, M. BUSIDAN, M. FRUCTUS, Mme DOLLEKAMP-DAVID et 
Mme MAGNY du service Tourisme et Culture de la Cove

Aide bibliographique : “les Juifs du Pape : Avignon et le Comtat Venaissin” de R. Moulinas
(Paris, Albin Michel 1992)
Document édité par la Ville de Carpentras (Service Tourisme et Patrimoine Culturel et service
Communication / ÉvĂ©nementiel).
Crédit Photos : Ville de Carpentras.

Le Festival de Musiques Juives de Carpentras

Fresque rĂ©alisĂ©e par l’artiste Raya SORKINE

 

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Visites commentĂ©es par un guide confĂ©rencier, 

d’avril Ă  octobre pour les individuels et toute l’annĂ©e pour les groupes (sur rĂ©servation).

Renseignements Ă  l’Office de Tourisme

HOTEL DIEU

Place Aristide Briand

84200 CARPENTRAS

Tel : 04 90 63 00 78 - Fax : 04 90 60 41 02

E-mail : office@carpentras.fr

Comment venir

 la Synagogue...

Place Maurice Charretier

84200 CARPENTRAS

De septembre Ă  juin

Lundi au samedi

de 9h30 Ă  12h30 et de 14h Ă  18h

Jours fériés (à partir de Pùques)

de 9h30 Ă  13h

Juillet /Août

Lundi au samedi

de 9h Ă  13h et de 14h Ă  19h

Dimanches et jours fériés

de 9h30 Ă  13h

Horaires d’ouverture de l’Office de Tourisme