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D O C U M E N T   D E  T R A V A I L

«LE DESCARTES I»

29, PROMENADE MICHEL SIMON
93166 NOISY-LE-GRAND CEDEX

TÉL. 01 45 92 68 00    FAX  01 49 31 02 44

MÉL. cee@cee.enpc.fr

http://www.cee-recherche.fr

CONDITIONS DE 

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’UNION EUROPÉENNE :

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DES SITUA

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TIONS CONTRASTÉES

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SELON LES FORMES D’ORGANISA

SELON LES FORMES D’ORGANISA

TION

TION

A

NTOINE

V

ALEYRE

N° 73

novembre 2006

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Conditions de travail et santĂ© au travail  

des salariĂ©s de l’Union europĂ©enne :  

des situations contrastĂ©es  

selon les formes d’organisation 

A

NTOINE 

V

ALEYRE

 

v a l e y r e @ m a i l . e n p c . f r  

Centre d’études de l’emploi 

DOCUMENT DE TRAVAIL 

N° 73 

Novembre 2006 

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Ce document de travail prĂ©sente les principaux rĂ©sultats d’une recherche rĂ©alisĂ©e 

pour la Dares (Valeyre, 2006). L’auteur remercie la Fondation europĂ©enne pour 

l’amĂ©lioration des conditions de vie et de travail pour son autorisation d’utiliser les 

donnĂ©es de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail et la 

Dares  pour son financement de la recherche. Il tient Ă©galement Ă  remercier 

Thomas Coutrot et Michel Gollac pour leurs remarques et suggestions sur des 

versions antĂ©rieures de ce texte.

 

ISSN 1629-7997 

ISBN 2-11-096193-7 

 

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CONDITIONS DE TRAVAIL ET SANTÉ AU TRAVAIL DES SALARIÉS  

DE L’UNION EUROPÉNNNE : DES SITUATIONS CONTRASTÉES  

SELON LES FORMES D’ORGANISATION DU TRAVAIL 

 

Antoine Valeyre 

 

RESUME 

Ce document de travail Ă©tudie les conditions de travail et la santĂ© au travail des salariĂ©s de 
l’Union europĂ©enne selon les formes d’organisation du travail. Il s’appuie sur les donnĂ©es de 
la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail rĂ©alisĂ©e en 2000. La premiĂšre 
partie prĂ©sente le cadre mĂ©thodologique de la recherche et la typologie des formes d’organi-
sation du travail – formes apprenantes, en 

lean production

, tayloriennes et de structure 

simple - sur laquelle elle se fonde. Les trois parties suivantes comparent les conditions de 
travail des salariĂ©s europĂ©ens selon ces quatre formes d’organisation du travail. Elles 
examinent successivement les conditions physiques de travail, les conditions horaires de 
travail et les pressions temporelles dans le travail. La cinquiĂšme partie porte sur les risques et 
les atteintes Ă  la santĂ© au travail qu’elle confronte selon les formes d’organisation du travail. 
Le rĂ©sultat majeur de cette recherche comparative est de montrer que les conditions de travail 
et la santĂ© au travail sont trĂšs diffĂ©rentes dans les nouvelles formes d’organisation du travail, 
les formes apprenantes et en 

lean production

. Elles sont bien meilleures dans les 

organisations apprenantes que dans les organisations en 

lean production

 ou tayloriennes et 

souvent moins bonnes dans les organisations en 

lean production

 que dans les organisations 

tayloriennes. Ce rĂ©sultat conduit Ă  s’interroger en conclusion sur les fortes diffĂ©rences que 
l’on observe entre les nouvelles formes

 

d’organisation du travail 

Mots-clefs : 

Conditions de travail, SantĂ© au travail, Nouvelles formes d’organisation du travail, 

Union européenne.

 

 

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Working Conditions and Health at Work of European Workers:  

Great Differences according to the Forms of Organisation 

Abstract 

This paper analyses the working conditions and the health at work of European workers 
according to the forms of work organisation. It is based on data from the third European 
Survey on Working Conditions undertaken in 2000. The first section presents the 
methodological framework of the study and a four-way typology of forms of work 
organisation labelled the leaning, lean production, Taylorist and simple structure forms, on 
which the study is based. The next three sections deal with comparisons of the working 
conditions of European workers in these four forms of work organisation. Physical working 
conditions, working hours and time pressure at work are successively examined. The fifth 
section analyses risks to and effects on health at work according to the forms of working 
organisation. The main result of this comparative study is that working conditions and health 
at work are very different in the new forms of work organisation, 

i.e

. the learning and lean 

production forms. They are much better in the learning organisations than in the lean 
production or the Taylorist ones and often worse in the lean production organisations than in 
the Taylorist ones. In conclusion, with this result in mind, we go on to explore the reasons 
behind the great differences that can be observed between the new forms of work 
organisation. 

Key words: Working conditions, Health at work, new Forms of work organisation, European 
Union. 

 

 

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INTRODUCTION 

Depuis une trentaine d’annĂ©es, de nombreuses entreprises ont dĂ©veloppĂ© des innovations 
organisationnelles importantes destinĂ©es Ă  remĂ©dier aux insuffisances, tant Ă©conomiques que 
sociales, des organisations tayloriennes/fordiennes du travail. Elles visent Ă  amĂ©liorer leurs 
performances productives et Ă©conomiques face Ă  un environnement de marchĂ© plus instable 
et plus diversifiĂ©, Ă  une concurrence exacerbĂ©e et mondialisĂ©e, et Ă  une demande plus 
exigeante en termes de variĂ©tĂ©, de qualitĂ©, de dĂ©lais, de rĂ©activitĂ© et de vitesse de renouvel-
lement des produits. Elles visent Ă©galement Ă  prendre en compte l’aspiration Ă  plus 
d’autonomie et d’initiative dans le travail qu’expriment de nombreux salariĂ©s dans un 
contexte d’élĂ©vation des niveaux de formation et, tout au moins dans les annĂ©es soixante-dix, 
Ă  rĂ©pondre Ă  un rejet croissant des conditions de travail associĂ©es aux organisations 
tayloriennes/fordiennes du travail, qui se manifeste par une montĂ©e de l’absentĂ©isme, du 

turn-over

, des rebus, des pratiques de freinage et des conflits sociaux.  

Les innovations organisationnelles qui tentent de dĂ©passer les obstacles Ă©conomiques et 
sociaux auxquels se heurte le modĂšle taylorien/fordien conduisent Ă  des transformations 
profondes des pratiques de travail. Des expĂ©riences d’élargissement et d’enrichissement des 
tĂąches et de groupes semi-autonomes de production inspirĂ©es du modĂšle sociotechnique du 

Tavistock Institute

 (Emery et Trist, 1960) ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es dĂšs les annĂ©es soixante-dix par des 

entreprises pionniĂšres, notamment dans les pays scandinaves, et de façon beaucoup plus 
limitĂ©e en France. Elles ont Ă©tĂ© relayĂ©es depuis les annĂ©es quatre-vingt par la diffusion de 
pratiques organisationnelles comme la dĂ©lĂ©gation d’une marge d’autonomie dans le travail, le 
raccourcissement des lignes hiĂ©rarchiques, la polyvalence, le travail en Ă©quipes (Ă©quipes 
autonomes

1

, Ă©quipes transversales et pluridisciplinaires comme les groupes de projets, les 

cercles de qualitĂ© ou les groupes de rĂ©solution de problĂšmes), les dĂ©marches de qualitĂ© totale 
et la production en flux tendus. Ces pratiques de travail sont frĂ©quemment dĂ©veloppĂ©es de 
façon simultanĂ©e. Elles relĂšvent des principes du modĂšle de la 

lean production

 qui est 

souvent considĂ©rĂ© comme constitutif d’un nouveau modĂšle d’organisation du travail dont 
l’efficacitĂ© en ferait un nouveau « 

one best way

 Â» qui supplanterait le modĂšle taylorien/ 

fordien (Womack, John et Roos, 1990 ; MacDuffie et Krafcik, 1992). Ces « pratiques de 
travail Ă  performance Ă©levĂ©e Â», selon l’appellation couramment retenue dans la littĂ©rature 
amĂ©ricaine, ont connu une diffusion rapide aux États-Unis depuis le milieu des annĂ©es 
quatre-vingt (Osterman, 1994 et 2000), puis en Europe Ă  partir de la fin des annĂ©es quatre-
vingt. Des enquĂȘtes statistiques comme les enquĂȘtes REPONSE ou l’enquĂȘte COI pour les 
activitĂ©s industrielles, montrent l’ampleur de cette diffusion en France dans les annĂ©es 
quatre-vingt-dix (AskĂ©nazy et Caroli, 2003 ; Coutrot, 1995 et 2000 ; Greenan et Hamon-
Cholet, 2000). 
Paradoxalement, les innovations organisationnelles des vingt derniĂšres annĂ©es ne s’accom-
pagnent pas d’une amĂ©lioration des conditions de travail et de la santĂ© au travail, alors mĂȘme 
que des tendances lourdes comme la tertiarisation de l’économie ou l’automatisation et l’in-
                                              

1

 PrĂ©cisons que la notion d’équipe autonome de travail prĂ©sente des contenus trĂšs divers. Ainsi, la conception des Ă©quipes 

autonomes de travail (

teamwork

) des organisations en 

lean production

 diffĂšre profondĂ©ment de celle des groupes semi-

autonomes de production du modĂšle sociotechnique scandinave. Dans ces derniers, une place bien plus grande est faite Ă  
l’auto-organisation. Le travail est librement organisĂ© dans le groupe, les objectifs de production sont souvent nĂ©gociĂ©s 
avec la hiĂ©rarchie et le porte parole du groupe est Ă©lu, ce qui n’est pas le cas dans les Ă©quipes de la 

lean production

 

(Durand, Stewart et Castillo, 1998 ; Fröhlich et Pekruhl, 1996). 

 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

formatisation de la production constituent des facteurs structurels favorables Ă  la rĂ©duction 
des pĂ©nibilitĂ©s et des risques professionnels. Les enquĂȘtes statistiques sur les conditions de 
travail ou sur les risques professionnels mettent plutÎt en évidence une tendance à la dégra-
dation de la situation. Ainsi, sur la base des trois premiĂšres enquĂȘtes europĂ©ennes sur les 
conditions de travail, on observe dans l’Union europĂ©enne, au cours des annĂ©es quatre-vingt-
dix, une lĂ©gĂšre dĂ©gradation de nombreuses conditions physiques de travail, comme 
l’exposition Ă  des postures douloureuses ou fatigantes, au port de charges lourdes, au bruit ou 
Ă  la chaleur, que ne compensent pas la lĂ©gĂšre amĂ©lioration concernant les expositions au 
froid ou Ă  l’inhalation des fumĂ©es et vapeurs dangereuses (MerlliĂ© et Paoli, 2001 ; Daubas-
Letourneux et ThĂ©baud-Mony, 2003). SimultanĂ©ment, et de façon liĂ©e, le travail tend Ă  
s’intensifier sous la pression de cadences Ă©levĂ©es ou de dĂ©lais serrĂ©s. Ces tendances 
s’accompagnent d’une augmentation des atteintes Ă  la santĂ© perçues comme liĂ©es au travail. 
Il s’agit notamment de troubles infrapathologiques, comme la fatigue gĂ©nĂ©rale ou les maux 
de dos

2

 ou de tĂȘte. En France, sur la pĂ©riode de 1984 Ă  1998, les enquĂȘtes Conditions de 

travail conduisent Ă  des constats analogues en matiĂšre de conditions physiques de travail et 
d’intensification du travail (AskĂ©nazy 2004 ; BuĂ©, Coutrot et Puech, 2004). Sur la pĂ©riode 
plus rĂ©cente des dix derniĂšres annĂ©es, l’enquĂȘte SUMER de 2003 montre Ă©galement une 
tendance Ă  l’accroissement de nombreux risques et pĂ©nibilitĂ©s physiques du travail (Arnaudo 

et al

., 2004). 

La question se pose donc de comprendre comment des innovations organisationnelles qui 
Ă©taient censĂ©es amĂ©liorer les conditions de travail, ont apparemment dĂ©viĂ© de cet objectif. Il 
convient tout d’abord de s’interroger sur les relations effectives entre diffusion des 
innovations organisationnelles et Ă©volution des conditions de travail. Les tendances dĂ©crites 
prĂ©cĂ©demment sont observĂ©es au niveau de l’ensemble de l’économie ou de secteurs 
d’activitĂ©s. Elles peuvent fort bien ĂȘtre concomitantes, sans ĂȘtre interdĂ©pendantes. La dĂ©gra-
dation moyenne des conditions de travail peut correspondre Ă  la combinaison d’une amĂ©lio-
ration dans les entreprises trĂšs innovantes et une dĂ©gradation dans les entreprises peu ou non 
innovantes. De fait, toutes les entreprises n’ont pas participĂ© au mouvement d’innovation 
organisationnelle, loin s’en faut. Nombre d’entre elles ont conservĂ© une prĂ©dominance 
d’organisations du travail tayloriennes ou traditionnelles ou de structure simple (Linhart, 
1994 ; Lorenz et Valeyre, 2005b). Peu de travaux sont susceptibles d’apporter des Ă©lĂ©ments 
de rĂ©ponse Ă  cette question des interdĂ©pendances entre innovations organisationnelles et 
conditions de travail, surtout si l’on fait abstraction des Ă©tudes de cas dont les rĂ©sultats trĂšs 
hĂ©tĂ©rogĂšnes ne se prĂȘtent pas Ă  la gĂ©nĂ©ralisation. Lorsqu’ils s’appuient sur des enquĂȘtes 
reprĂ©sentatives, ils conduisent plutĂŽt au rĂ©sultat selon lequel les pratiques de travail 
innovantes contribuent Ă  une dĂ©gradation des conditions de travail ou de la santĂ© au travail

3

Ainsi, aux États-Unis, Brenner, Fairris et Ruser (2004) montrent que les pratiques de juste Ă  
temps ou de rotation de postes conduisent Ă  une augmentation des risques de traumatismes 
rĂ©pĂ©tĂ©s, notamment de troubles musculo-squelettiques, et plus gĂ©nĂ©ralement, que la diffusion 
combinĂ©e de plusieurs pratiques innovantes de travail entraĂźne une Ă©lĂ©vation des risques pour 
la sĂ©curitĂ© au travail. En France, sur la base des donnĂ©es de l’enquĂȘte Conditions de travail de 
1998, AskĂ©nazy et Caroli (2003) mettent en Ă©vidence que des innovations organisationnelles 
comme la rotation des tĂąches ou la mise en place de normes de qualitĂ© sont associĂ©es Ă  un 
accroissement des risques professionnels, de la charge mentale du travail et des accidents de 
                                              

2

 Les enquĂȘtes europĂ©ennes ne permettent pas de connaĂźtre l’évolution de l’ensemble des troubles musculo-squelettiques, 

en forte progression au cours de la pĂ©riode comme le montrent les statistiques de maladies professionnelles.  

3

 Pour une revue de la littĂ©rature sur ce thĂšme, voir AskĂ©nazy et Caroli (2003). 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

travail bĂ©nins. Ainsi, la question de la relation paradoxale entre diffusion des innovations 
organisationnelles et dĂ©gradation des conditions de travail reste entiĂšre.  
Dans un ouvrage rĂ©cent, AskĂ©nazy (2004) explique ce paradoxe par les dynamiques d’inten-
sification du travail et de cumul des contraintes qui accompagnent les pratiques de travail 
innovantes et simultanĂ©ment contribuent Ă  dĂ©tĂ©riorer les conditions de travail. Ces 
dynamiques s’observent aussi bien en France (Cartron et Gollac, 2006 ; Gollac et Volkoff, 
1996 ; Valeyre, 2004) qu’au niveau europĂ©en (Boisard, Cartron, Gollac et Valeyre, 2002) et 
jusqu’au milieu des annĂ©es quatre-vingt-dix aux États-Unis (AskĂ©nazy, 2002 et 2004). De 
fait, les contraintes temporelles imposĂ©es par la tension des flux, par les exigences de la 
demande et par les urgences dans le traitement des incidents et des dysfonctionnements de la 
production, rĂ©duisent les marges de manƓuvre dont disposent les salariĂ©s pour construire de 
bons compromis entre les contraintes de la production et la prĂ©servation de leur santĂ©, alors 
mĂȘme qu’une certaine autonomie procĂ©durale leur est octroyĂ©e (Gollac et Volkoff, 2000). 
Elles rendent l’exposition aux pĂ©nibilitĂ©s et aux risques professionnels plus difficile Ă  Ă©viter, 
par exemple faute de temps pour choisir les gestes et les postures les mieux adaptĂ©es Ă  des 
contraintes physiques Ă  risque ou pour prendre les prĂ©cautions qu’impose un travail en 
contact avec des nuisances physico-chimiques (Davezies, 1999).  
Cependant, les pratiques innovantes de travail sur lesquelles se fondent cette analyse du 
paradoxe relĂšvent essentiellement du modĂšle de la 

lean production

 dans la mesure oĂč sont 

privilĂ©giĂ©s des dispositifs organisationnels comme la rotation des tĂąches, le travail en 
Ă©quipes, la production en juste Ă  temps ou la gestion de la qualitĂ© totale. La question se pose 
donc de savoir si les innovations organisationnelles ne se diffusent pas aussi dans d’autres 
formes d’organisation du travail plus respectueuses de la qualitĂ© de vie au travail et plus 
propices Ă  l’amĂ©lioration des conditions de travail, dans le prolongement des principes du 
modĂšle sociotechnique scandinave. Dans ce cas, le paradoxe ne concernerait qu’une partie 
des organisations innovantes et les voies de son dĂ©passement pourraient s’appuyer sur des 
pratiques s’inspirant d’autres modĂšles que celui de la 

lean production

. De fait, la thĂšse de 

l’unicitĂ© des nouveaux modĂšles d’organisation du travail inspirĂ©s des principes de la 

lean 

production

 ne fait pas l’unanimitĂ©. À la thĂšse du nouveau 

one best way

 organisationnel liĂ© Ă  

la 

lean production

 s’oppose celle de la pluralitĂ© des modĂšles d’organisation efficiente du 

travail. Dans le contexte amĂ©ricain, Appelbaum et Batt (1994) identifient deux modĂšles 
efficients, celui de la 

lean production

 et celui de la « production en Ă©quipes autonomes Ă  

l’amĂ©ricaine Â» qui combine les principes du modĂšle sociotechnique suĂ©dois et ceux du 
management de la qualitĂ© totale. Coutrot (1998) distingue Ă©galement deux modĂšles d’orga-
nisation innovants dans les entreprises françaises, l’un relevant du post-fordisme et l’autre du 
nĂ©o-fordisme de l’autonomie contrĂŽlĂ©e. Les travaux de Boyer et Freyssenet (2000) portant 
sur l’industrie automobile Ă  Ă©chelle mondiale contribuent aussi Ă  alimenter la thĂšse de la 
diversitĂ© des modĂšles productifs efficients. Un travail rĂ©cent fondĂ© sur les donnĂ©es de l’en-
quĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail de 2000 montre que dans l’Union europĂ©enne 
des Quinze les formes d’organisation du travail liĂ©es Ă  la diffusion des innovations organi-
sationnelles ne relĂšvent pas d’un modĂšle unique, mais de deux : le modĂšle relativement 
dĂ©centralisĂ© des formes d’organisation apprenantes oĂč les salariĂ©s disposent d’une large 
autonomie procĂ©durale et ne subissent que de faibles contraintes temporelles dans leur 
travail, auquel se rattache le modĂšle sociotechnique scandinave ; et le modĂšle plus hiĂ©rarchi-
que des formes d’organisation en 

lean production

 oĂč les salariĂ©s sont confrontĂ©s Ă  des 

situations d’autonomie restreinte et contrĂŽlĂ©e (Lorenz et Valeyre,

 

2005b). Ce rĂ©sultat conduit 

Ă  formuler l’hypothĂšse que les conditions de travail et la santĂ© au travail diffĂšrent de façon 
importante entre ces deux nouvelles formes d’organisation du travail. Plus prĂ©cisĂ©ment, les 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

salariĂ©s travaillant dans le cadre d’organisations apprenantes bĂ©nĂ©ficieraient de meilleures 
conditions de travail et de santĂ© au travail que les salariĂ©s travaillant dans le cadre 
d’organisations du travail en 

lean production

, dans la mesure oĂč ils disposent de marges plus 

importantes d’autonomie et d’initiative dans le travail et de moindres pressions temporelles, 
ce qui leur permet de rĂ©guler leur activitĂ© de travail dans de meilleures conditions de prĂ©ser-
vation de leur santĂ©. Une hypothĂšse complĂ©mentaire est que les organisations apprenantes 
offriraient de meilleures conditions de travail et de santĂ© au travail que les organisations 
tayloriennes, mais pas les organisations en 

lean production

 comme il a Ă©tĂ© constatĂ© prĂ©cĂ©-

demment. La relation attendue entre innovations organisationnelles et meilleures conditions 
de travail et de santĂ© au travail s’observerait donc dans les organisations apprenantes, mais 
non dans les organisations en 

lean production

. Le paradoxe des effets plutĂŽt nĂ©gatifs des 

innovations organisationnelles sur les conditions de travail ne vaudrait donc que pour les 
organisations en 

lean production

.  

Ce document de travail se propose d’apporter des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse Ă  ces questions en 
prĂ©sentant les principaux rĂ©sultats d’une recherche ayant pour objet la comparaison des 
conditions de travail et de la santĂ© au travail des salariĂ©s de l’Union europĂ©enne selon les 
formes d’organisation du travail (Valeyre, 2006). La premiĂšre partie prĂ©sente le cadre mĂ©tho-
dologique de la recherche et la typologie des formes d’organisation du travail – formes 
apprenantes, en 

lean production

, tayloriennes et de structure simple - sur laquelle elle se 

fonde. Les trois parties suivantes comparent les conditions de travail des salariĂ©s europĂ©ens 
selon les diffĂ©rentes formes d’organisation du travail. Elles examinent successivement les 
conditions physiques de travail, les conditions horaires de travail et les pressions temporelles 
dans le travail. La cinquiĂšme partie porte sur les risques et les atteintes Ă  la santĂ© au travail 
qu’elle confronte selon les formes d’organisation du travail. Enfin, la conclusion s’interroge 
sur les fortes diffĂ©rences de conditions de travail et de santĂ© au travail que l’on observe entre 
les deux formes innovantes d’organisation du travail, les formes apprenantes et les formes en 

lean production

I. LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 

1.1. Source de donnĂ©es et champ d’étude 

L’analyse comparative des conditions de travail et de la santĂ© au travail selon les formes 
d’organisation du travail est fondĂ©e sur une exploitation statistique secondaire de l’enquĂȘte 
europĂ©enne sur les conditions de travail rĂ©alisĂ©e en 2000 par la Fondation europĂ©enne pour 
l’amĂ©lioration des conditions de vie et de travail

4

 (cf. encadrĂ© 1). Comme l’étude s’intĂ©resse 

aux pratiques organisationnelles mises en Ɠuvre dans les entreprises, elle est focalisĂ©e sur les 
salariĂ©s des secteurs marchands, hors agriculture et services domestiques. En outre, les trĂšs 
petits Ă©tablissements ne sont pas pris en compte car l’organisation du travail y est le plus 
souvent spĂ©cifique ou rudimentaire. Le champ de l’étude est donc constituĂ© des salariĂ©s des 
Ă©tablissements d’au moins dix personnes travaillant dans les secteurs marchands et non 
agricoles ou domestiques (ensemble des secteurs de la NACE Ă  deux chiffres, Ă  l’exclusion 
de l’administration publique et la sĂ©curitĂ© sociale, l’éducation, la santĂ© et l’action sociale, 

                                              

4

 Pour une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale des rĂ©sultats de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail, voir 

MerlliĂ© et Paoli (2001).  

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

l’agriculture et la pĂȘche, et les services domestiques). L’échantillon Ă©tudiĂ© compte 
8 081 individus reprĂ©sentatifs d’une population de prĂšs de 85 millions de salariĂ©s. 

EncadrĂ© 1 

La troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail 

La Fondation europĂ©enne pour l’amĂ©lioration des conditions de vie et de travail rĂ©alise pĂ©riodiquement des 
enquĂȘtes sur les conditions de travail. La troisiĂšme enquĂȘte a Ă©tĂ© effectuĂ©e dans les quinze pays membres de 
l’Union europĂ©enne en mars 2000. Environ 1 500 personnes ayant un emploi ont Ă©tĂ© enquĂȘtĂ©es dans chaque 
pays, Ă  l’exception du Luxembourg avec environ 500 personnes. Au total, l’échantillon de l’enquĂȘte compte 
21 703 personnes. 
L’enquĂȘte est fondĂ©e sur une mĂ©thode d’échantillonnage selon le principe des itinĂ©raires alĂ©atoires. La 
stratification est effectuĂ©e par rĂ©gions, catĂ©gories urbaines, secteurs d’activitĂ© Ă©conomique, groupes 
professionnels, genres et Ăąges. Les entretiens ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en face Ă  face au domicile des personnes 
enquĂȘtĂ©es. 
Le questionnaire de l’enquĂȘte n’est pas exclusivement centrĂ© sur les conditions de travail. Il comporte en effet 
huit volets thĂ©matiques 

: les caractĂ©ristiques structurelles des emplois (activitĂ©, profession
) 

l’environnement physique du travail ; les temps et les horaires de travail ; l’organisation du travail ; les 
relations sociales dans le travail (communications, tensions
) ; la sĂ©curitĂ© et la santĂ© au travail ; les situations 
familiales et les activitĂ©s extraprofessionnelles ; les rĂ©munĂ©rations. 

 

1.2. Les formes d’organisation du travail  

Quatre formes d’organisation du travail sont distinguĂ©es dans la recherche : les formes 
apprenantes, en 

lean production,

 tayloriennes et de structure simple. Elles correspondent aux 

quatre classes d’une typologie qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e dans une recherche prĂ©cĂ©dente (Lorenz et 
Valeyre, 2005b)

5

 sur la base des donnĂ©es de l’enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de 

travail de 2000, en référence à des modÚles couramment décrits dans la littérature organisa-
tionnelle. Leurs principales caractĂ©ristiques sont prĂ©sentĂ©es dans l’encadrĂ© 2. La consistance 
de cette typologie Ă©tablie Ă  partir de dĂ©clarations de salariĂ©s

6

 est confortĂ©e par ses analogies 

avec des classifications organisationnelles fondĂ©es sur des donnĂ©es d’entreprises, comme 
celle Ă©laborĂ©e par Coutrot (1998) selon l’organisation du travail et l’environnement Ă©conomi-
que des Ă©tablissements de l’hexagone

7

 et celle des pratiques organisationnelles des moyennes 

entreprises industrielles françaises et allemandes

8

 rĂ©alisĂ©e par Moati et Pouquet (2002). Dans 

                                              

5

 Pour une prĂ©sentation synthĂ©tique, voir Lorenz et Valeyre (2005a). 

6

 Cette typologie est construite sur la base de dĂ©clarations des salariĂ©s. Elle se propose donc d’identifier les formes 

d’organisation du travail Ă  partir d’une classification des pratiques individuelles de travail. Elle comporte inĂ©vitablement 
certaines approximations taxonomiques, relativement limitĂ©es, comme le montrent les analyses structurelles par secteur, 
par profession ou par pays, rĂ©alisĂ©es sur les classes d’organisation du travail. Une analyse menĂ©e au niveau des unitĂ©s 
organisationnelles dĂ©finies par des modes spĂ©cifiques de coordination du travail entre salariĂ©s serait prĂ©fĂ©rable. Mais 
aucune donnĂ©e n’est accessible Ă  ce niveau, intermĂ©diaire entre celui des entreprises ou de leurs Ă©tablissements oĂč 
coexistent frĂ©quemment diffĂ©rentes formes d’organisation du travail et celui des postes de travail que permettent 
d’apprĂ©hender les enquĂȘtes auprĂšs des salariĂ©s. 

7

 Cette classification porte sur un Ă©chantillon de 2 600 Ă©tablissements interrogĂ©s dans l’enquĂȘte REPONSE (Relations 

professionnelles et nĂ©gociations d’entreprise) de 1993 menĂ©e par la Dares. Il s’agit d’établissements des secteurs privĂ©s et 
publics (hors administration) appartenant Ă  des entreprises d’au moins 50 salariĂ©s.  

8

 Cette classification se fonde sur l’enquĂȘte « PMI 93 Â» rĂ©alisĂ©e fin 92-dĂ©but 93 Ă  l’initiative du CGP et des ministĂšres de 

l’Industrie, de la Recherche et de l’Agriculture, auprĂšs d’un Ă©chantillon de 1 000 entreprises industrielles moyennes (de 
100 Ă  2 000 personnes) pour moitiĂ© françaises et pour moitiĂ© allemandes. 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

une recherche portant sur un objet voisin, les relations entre organisation du travail et santĂ©, 
et mobilisant la mĂȘme source de donnĂ©es, Daubas-Letourneux et ThĂ©baud-Mony (2003) 
construisent une typologie organisationnelle sensiblement diffĂ©rente de la nĂŽtre. Cela tient en 
partie au champ d’étude beaucoup plus large qui est retenu, l’ensemble des salariĂ©s 
travaillant au moins dix heures dans les secteurs d’activitĂ©s non agricoles. Cela tient surtout Ă  
la diffĂ©rence de l’approche organisationnelle adoptĂ©e qui conduit les auteurs Ă  inclure parmi 
les variables organisationnelles servant de base Ă  l’élaboration de leur typologie des variables 
de conditions horaires de travail (horaires longs, atypiques ou flexibles) et des variables de 
rapports sociaux ou marchands et, en revanche, Ă  ne pas prendre en compte des variables 
comme le travail en Ă©quipe, la rotation des tĂąches ou les contraintes hiĂ©rarchiques ou hori-
zontales de rythme de travail. Ainsi, au-delĂ  de certains traits qui les rapprochent, notamment 
Ă  travers les configurations d’autonomie, de contrĂŽle et de contraintes dans le travail, les 
deux typologies proposent deux points de vue diffĂ©rents et complĂ©mentaires sur la question 
des relations entre organisations du travail et risques et atteintes Ă  la santĂ© au travail. 

EncadrĂ© 2 

Typologie des formes d’organisation du travail 

Une typologie des formes d’organisation du travail des salariĂ©s de l’Union europĂ©enne a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e 
antĂ©rieurement sur la base des donnĂ©es de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail 
(Lorenz et Valeyre, 2005b). Elle distingue quatre classes d’organisation du travail.  
- La classe des 

organisations apprenantes

 regroupe des salariĂ©s qui disposent d’une forte autonomie dans le 

travail, autocontrĂŽlent la qualitĂ© de leur travail et rencontrent frĂ©quemment des situations d’apprentissage et de 
rĂ©solution de problĂšmes imprĂ©vus. Ils sont relativement nombreux Ă  travailler en Ă©quipe. Ils exercent le plus 
souvent des tĂąches complexes, non monotones et non rĂ©pĂ©titives et subissent peu de contraintes de rythme. 
Cette classe s’apparente au modĂšle sociotechnique suĂ©dois et se rattache Ă©galement au modĂšle de « production 
en Ă©quipes autonomes Ă  l’amĂ©ricaine Â» (Appelbaum et Batt, 1994) qui combine les principes du systĂšme 
socio-technique suédois et ceux du management de la qualité.

 

 

- La classe des 

organisations  en lean production

 prĂ©sente une forte diffusion du travail en Ă©quipe, de la 

rotation des tĂąches et de la gestion de la qualitĂ© (autocontrĂŽle de la qualitĂ© et respect de normes de qualitĂ© 
prĂ©cises). Elle correspond typiquement au modĂšle de la 

lean production

 qui combine travail en groupe, 

polyvalence, qualitĂ© totale et flux tendus (MacDuffie et Krafcik, 1992 ; Womack, Jones et Roos, 1990). Si, 
comme dans les organisations apprenantes, les salariĂ©s sont souvent confrontĂ©s Ă  des situations 
d’apprentissage et de rĂ©solution de problĂšmes imprĂ©vus, ils bĂ©nĂ©ficient en revanche de bien moindres marges 
d’autonomie dans leur travail et sont soumis Ă  de multiples contraintes de rythme. Ils rencontrent donc des 
situations de travail en « autonomie contrĂŽlĂ©e » (Appay, 1993 ; Coutrot, 1998).  

- La classe des 

organisations tayloriennes

, comme celle des organisations en 

lean production

, associe des 

salariĂ©s astreints Ă  d’importantes contraintes de rythme de travail, Ă  des tĂąches rĂ©pĂ©titives et monotones, et Ă  
des normes de qualitĂ© prĂ©cises. En revanche, leur travail prĂ©sente une faible autonomie procĂ©durale, un faible 
contenu cognitif et l’auto-contrĂŽle de la qualitĂ© est peu rĂ©pandu. Cette classe relĂšve du modĂšle taylorien 
d’organisation du travail, dans ses formes classiques, mais aussi dans ses formes assouplies en « taylorisme 
flexible Â» (Boyer et Durand, 1993), comme le suggĂšre la frĂ©quence relative des pratiques de rotation des 
tĂąches.  
- La classe des 

organisations de structure simple

 se caractĂ©rise par une faible diffusion du travail en Ă©quipe, 

de la rotation des tĂąches et de la gestion de la qualitĂ©. Le travail y est peu contraint dans ses rythmes et peu 
rĂ©pĂ©titif, mais relativement monotone et Ă  faible contenu cognitif. Cette classe s’apparente au modĂšle des 
organisations de Â« structure simple Â» (Mintzberg, 1982) dĂ©finies par une faible formalisation des procĂ©dures et 
un mode de contrĂŽle par supervision directe exercĂ©e sur les salariĂ©s, soit par leur supĂ©rieur hiĂ©rarchique, soit 
par leur patron dans les petites entreprises.  

 

10 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

1.3. Les variables de conditions de travail et de santĂ© au travail 

Les conditions de travail ne sont pas des variables qui s’imposent Ă  l’observateur, mais des 
constructions sociales qui conduisent Ă  dĂ©tacher du travail certains de ses aspects, tout 
particuliĂšrement lorsqu’ils soulĂšvent des problĂšmes de pĂ©nibilitĂ©s ou d’atteintes Ă  la santĂ© 
(Gollac et Volkoff, 2000). Cette construction s’opĂšre selon de multiples processus sociaux 
d’objectivation liĂ©s notamment aux progrĂšs des connaissances scientifiques dans le domaine 
et Ă  l’action des pouvoirs publics, des spĂ©cialistes de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© au travail, des 
organisations syndicales ou de groupes professionnels (Gollac, 1995). Les conditions de 
travail Ă©tudiĂ©es correspondent Ă  celles qui sont couramment retenues dans la littĂ©rature. Elles 
concernent bien Ă©videmment les conditions physiques de travail, dans leurs dimensions de 
pĂ©nibilitĂ©s physiques, de nuisances et de risques toxiques. Elles prennent aussi en compte le 
cadre temporel d’exercice de l’activitĂ© de travail sous deux angles, d’une part celui des 
conditions horaires du travail, dans leurs aspects de durĂ©es de travail longues, d’horaires 
atypiques et d’horaires flexibles, et d’autre part celui des pressions temporelles dans le travail 
en termes d’intensitĂ© du travail et d’interruptions imprĂ©vues dans le travail. En revanche, la 
question de la charge mentale du travail (Hamon-Cholet, 2004) n’est pas abordĂ©e, faute de 
donnĂ©es disponibles sur ce thĂšme dans la source statistique utilisĂ©e.  
L’analyse des atteintes Ă  la santĂ© liĂ©es au travail pose de dĂ©licats problĂšmes mĂ©thodologiques 
dans la mesure oĂč les relations entre travail et santĂ© ne sont ni univoques, ni instantanĂ©es 
(Gollac et Volkoff, 2000). Les affections peuvent relever de plusieurs risques professionnels 
diffĂ©rents et de facteurs non professionnels. Par ailleurs, les relations entre risques profes-
sionnels et troubles de santĂ© s’inscrivent dans le temps selon des processus souvent Ă©volutifs 
et diffĂ©rĂ©s. Pour rĂ©duire les difficultĂ©s mĂ©thodologiques liĂ©es Ă  la dimension temporelle et Ă  
la composante extraprofessionnelle des facteurs de risque, dans le cadre de l’analyse de 
statique comparative dĂ©veloppĂ©e ici l’accent est principalement mis sur des troubles infra-
pathologiques comme les troubles musculo-squelettiques ou d’ordre psychique dĂ©clarĂ©s 
causĂ©s par le travail. L’impact des risques professionnels liĂ©s aux organisations du travail sur 
ce type d’atteintes Ă  la santĂ© peut en effet s’interprĂ©ter de façon relativement satisfaisante Ă  
partir de données en coupe instantanée (Coutrot et Wolff, 2005). Outre les troubles musculo-
squelettiques et des affections d’ordre psychique, les variables d’atteinte Ă  la santĂ© au travail 
Ă©tudiĂ©es concernent quelques autres affections physiques, notamment sensorielles, les 
blessures et des troubles d’ordre Ă  la fois physique et psychique comme la fatigue gĂ©nĂ©rale, 
les maux de tĂȘte ou les maux d’estomac. L’analyse porte Ă©galement sur les risques et les 
atteintes Ă  la santĂ© au travail en gĂ©nĂ©ral, sur le stress et sur les arrĂȘts de travail dus Ă  des 
accidents ou Ă  des problĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail. 

1.4. Le traitement des donnĂ©es  

La comparaison des variables de conditions de travail et de santĂ© au travail selon les formes 
d’organisation du travail est tout d’abord rĂ©alisĂ©e avec des mĂ©thodes de statistique descrip-
tive. Cependant, afin de tenir compte de l’influence exercĂ©e par des caractĂ©ristiques Ă©cono-
miques et sociodĂ©mographiques qui diffĂšrent selon les formes d’organisation du travail, des 
rĂ©gressions logistiques sont effectuĂ©es en introduisant des variables de contrĂŽle structurel

9

                                              

9

 PrĂ©cisons que les rĂ©sultats des rĂ©gressions logistiques ne sont pas interprĂ©tĂ©s ici en termes de causalitĂ© comme pourrait 

y inviter le recours Ă  des modĂšles Ă©conomĂ©triques. Ils sont simplement utilisĂ©s comme tests statistiques des relations 
entre formes d’organisation du travail et conditions de travail.  

11 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Dans les modĂšles retenus, les variables expliquĂ©es sont les variables de conditions de travail 
ou de santĂ© au travail et les variables explicatives sont d’une part les formes d’organisation 
du travail et d’autre part toute une sĂ©rie de variables de contrĂŽle structurel : le secteur 
d’activitĂ© Ă©conomique, la taille des Ă©tablissements, le groupe socioprofessionnel, le pays, le 
type de contrat de travail, le genre, l’ñge et l’anciennetĂ©

10

2. FORMES D’ORGANISATION ET CONDITIONS PHYSIQUES  
DE TRAVAIL 

L’enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail permet d’apprĂ©hender de nombreuses 
caractĂ©ristiques de conditions physiques de travail. Elles peuvent ĂȘtre distinguĂ©es en trois 
catĂ©gories : les pĂ©nibilitĂ©s physiques liĂ©es aux conditions ergonomiques de travail ; les 
nuisances, notamment thermiques ou sonores, liĂ©es Ă  l’environnement physique de travail ; et 
les risques toxiques liĂ©es Ă  des expositions dangereuses. Dix variables de conditions physi-
ques de travail sont dĂ©finies sur la base de questions de l’enquĂȘte europĂ©enne prĂ©sentĂ©es dans 
l’encadrĂ© 3. Quatre variables portent sur l’exposition Ă  des pĂ©nibilitĂ©s physiques : postures 
douloureuses ou fatigantes ; manutentions de charges lourdes ; mouvements rĂ©pĂ©titifs des 
mains ou des bras ; et vibrations mĂ©caniques. Trois variables concernent l’exposition Ă  des 
nuisances : bruits intenses ; chaleur ; et froid. Enfin, trois variables d’exposition Ă  des risques 
toxiques sont examinĂ©es : inhalations de substances dangereuses ; contacts avec des substan-
ces dangereuses ; et irradiations. Les diffĂ©rentes variables de conditions physiques de travail 
sont dĂ©finies avec la spĂ©cification de durĂ©es d’exposition qui correspondent Ă  des seuils 
couramment retenus pour traduire des facteurs de risque d’atteinte Ă  la santĂ© au travail : au 
moins la moitiĂ© du temps de travail pour les variables de pĂ©nibilitĂ©s physiques et de 
nuisances ; au moins le quart du temps de travail pour les deux variables de risques toxiques 
relatives aux inhalations et aux contacts de substances dangereuses ; et au moins un instant 
de travail pour la variable d’irradiations. 

EncadrĂ© 3 

Questions de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail  

relatives aux conditions physiques de travail 

Les variables de conditions physiques de travail sont construites Ă  partir des questions suivantes, appelant les 
rĂ©ponses « tout le temps Â», Â« presque tout le temps Â», Â« environ Ÿ du temps Â», Â« environ la moitiĂ© du temps Â», 
« environ ÂŒ du temps Â», « presque jamais », « jamais » ou Â« ne sais pas » : 

●

 Voudriez-vous me dire dans quelle mesure votre principal travail implique : 

- des positions douloureuses ou fatigantes 
- de porter ou dĂ©placer des charges lourdes 
- des mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains ou des bras 

●

 Voudriez-vous me dire dans quelle mesure vous ĂȘtes exposĂ© dans votre travail Ă  : 

- des vibrations provoquĂ©es par des outils Ă  main, machines, etc. 

                                              

10

 La modalitĂ© de rĂ©fĂ©rence choisie pour la variable d’organisation du travail est constituĂ©e par les formes d’organisations 

tayloriennes. Les modalitĂ©s de rĂ©fĂ©rence pour les variables de contrĂŽle structurel sont : l’industrie pour les secteurs 
d’activitĂ© Ă©conomique ; la tranche de 10 Ă  49 personnes pour la taille des Ă©tablissements ; les professions intermĂ©diaires 
pour les groupes socioprofessionnels ; l’Allemagne pour les pays ; les CDI pour les types de contrats de travail ; les 
hommes pour le genre ; la tranche de 35 Ă  44 ans pour l’ñge ; et la tranche 4 Ă  9 ans pour l’anciennetĂ©. 

12 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

- des bruits si forts que vous devriez Ă©lever la voix pour parler aux gens 
- des tempĂ©ratures qui vous font transpirer mĂȘme si vous ne travaillez pas 
- des tempĂ©ratures basses, que ce soit Ă  l’intĂ©rieur de locaux ou Ă  l’extĂ©rieur 
- respirer des vapeurs, fumĂ©es, poussiĂšres ou des substances dangereuses telles que des produits chimiques, 
des matiĂšres infectieuses, etc. 
- ĂȘtre en contact avec ou manipuler des substances ou matĂ©riaux dangereux 
- des radiations telles que rayons X, radioactivitĂ©, soudure Ă  l’arc, rayons laser 

 

2.1. PĂ©nibilitĂ©s physiques 

Les pĂ©nibilitĂ©s physiques ressenties par les salariĂ©s europĂ©ens varient considĂ©rablement en 
fonction des formes d’organisation du travail, comme le montre le tableau 1.  

Tableau 1  

PĂ©nibilitĂ©s physiques selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s exposĂ©s Ă  des pĂ©nibilitĂ©s physiques au moins la moitiĂ© du temps de travail) 

Formes d’organisation  
du travail 

Postures 

douloureuses ou 

fatigantes  

Manutentions de 

charges lourdes  

Mouvements 

rĂ©pĂ©titifs des mains 

ou des bras  

Vibrations 

mĂ©caniques 

Apprenantes 

19,6 14,1 34,9 12,9 

Lean production 

42,9 34,1 63,5 37,2 

Tayloriennes 

49,4 35,2 74,0 41,1 

Structure 

simple 31,0 24,2 48,8 12,2 

Ensemble 

32,4 24,5 50,9 23,4 

Lire ainsi

 : 19,6% des salariĂ©s des organisations apprenantes sont exposĂ©s Ă  des postures douloureuses ou fatigantes au moins la moitiĂ© 

du temps de travail. 

Champ

 : SalariĂ©s des secteurs marchands, hors agriculture et services domestiques, travaillant dans des Ă©tablissements d’au moins dix 

personnes. 

Source

 : TroisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail. Fondation europĂ©enne pour l’amĂ©lioration des conditions de vie et 

de travail. 

 
Un tiers des salariĂ©s dĂ©clare ĂȘtre exposĂ© Ă  des postures douloureuses ou fatigantes pendant au 
moins la moitiĂ© du temps de travail. Cette proportion s’élĂšve Ă  prĂšs de la moitiĂ© des salariĂ©s 
dans les organisations tayloriennes et Ă  plus de 40 % dans les organisations en 

lean produc-

tion

. En revanche, moins de 20 % des salariĂ©s sont concernĂ©s dans les organisations appre-

nantes. Les manutentions de charges lourdes pendant au moins la moitiĂ© du temps de travail 
touchent le quart des salariĂ©s en moyenne. Si plus du tiers des salariĂ©s sont soumis Ă  ce type 
de pĂ©nibilitĂ©s physiques dans les organisations tayloriennes et les organisations en 

lean 

production

, ils sont moins de 15 % dans les organisations apprenantes. La moitiĂ© des salariĂ©s 

exĂ©cutent des mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains ou des bras pendant au moins la moitiĂ© de 
leur temps de travail. Ils sont prĂšs des trois quarts Ă  le faire dans les organisations 
tayloriennes, prĂšs des deux tiers dans les organisations en 

lean production

 et, Ă  l’inverse, Ă  

peine un tiers dans les organisations apprenantes. Enfin, prĂšs d’un quart des salariĂ©s sont 
exposĂ©s Ă  des vibrations mĂ©caniques provoquĂ©es par des outils ou des machines pendant au 
moins la moitiĂ© du temps de travail. LĂ  encore, les situations sont trĂšs contrastĂ©es, avec d’un 
cĂŽtĂ© des proportions de plus de 40 % dans les organisations tayloriennes et de prĂšs de 40 % 

13 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

dans les organisations en 

lean production

 et de l’autre des proportions de l’ordre de 12 % 

dans les organisations apprenantes, ainsi que dans les organisations de structure simple. 
La prise en compte de l’influence des caractĂ©ristiques structurelles des emplois et des salariĂ©s 
qui les exercent Ă  l’aide de rĂ©gressions logistiques expliquant les pĂ©nibilitĂ©s physiques par les 
formes d’organisation du travail et les variables de contrĂŽle structurel ne modifie pas fonda-
mentalement les rĂ©sultats descriptifs prĂ©cĂ©dents. On le vĂ©rifie Ă  partir du tableau 2 qui 
prĂ©sente les rĂ©sultats des rĂ©gressions logistiques relatifs aux effets des formes d’organisation 
du travail

11

. Par rapport Ă  la situation des salariĂ©s des organisations tayloriennes, choisie 

comme rĂ©fĂ©rence, la probabilitĂ© de subir des conditions physiques de travail pĂ©nibles est 
significativement beaucoup plus faible dans les organisations apprenantes ou de structure 
simple. En revanche, elle n’apparaĂźt pas significativement diffĂ©rente dans les organisations 
en 

lean production

, Ă  l’exception toutefois de la moindre exposition Ă  des mouvements rĂ©pĂ©-

titifs des mains et des bras. Ainsi, l’analyse Ă©conomĂ©trique conduit Ă  des rĂ©sultats en gĂ©nĂ©ral 
convergents avec ceux de l’analyse descriptive. Cependant, elle introduit quelques diffĂ©ren-
ces dans la comparaison des situations des organisations en 

lean production

 et des organisa-

tions tayloriennes. Dans l’analyse descriptive, les estimations des pĂ©nibilitĂ©s physiques du 
travail sont le plus souvent nettement plus basses dans les organisations en 

lean production

 

que celles des organisations tayloriennes. L’analyse Ă©conomĂ©trique tend Ă  augmenter ces 
estimations dans les organisations en 

lean production

 par rapport Ă  celles des organisations 

tayloriennes. En consĂ©quence, les diffĂ©rences ne restent significatives que pour une seule va-
riable, l’exposition Ă  des mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains et des bras. De plus, pour l’expo-
sition Ă  des manutentions de charges lourdes et l’exposition Ă  des vibrations mĂ©caniques, les 

odds ratios

 de la 

lean production

 sont supĂ©rieurs Ă  ceux des organisations tayloriennes. 

Tableau 2  

RĂ©gressions logistiques des variables de pĂ©nibilitĂ©s physiques  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation 
du travail 

Postures 

douloureuses ou 

fatigantes  

Manutentions de 

charges lourdes  

Mouvements 

rĂ©pĂ©titifs des mains 

ou des bras  

Vibrations 

mĂ©caniques 

Apprenantes 

0,40** 0,48** 0,28** 0,47** 

Lean production 

0,90  1,05 0,69** 1,12 

Tayloriennes 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

Structure 

simple 0,49** 0,69** 0,37** 0,28** 

ModalitĂ© de rĂ©fĂ©rence pour les formes d’organisation du travail

 : organisations tayloriennes

Variables de contrĂŽle structurel :

 secteur d’activitĂ© Ă©conomique, taille des Ă©tablissements, groupe socioprofessionnel, pays, type de 

contrat de travail, genre, Ăąge et anciennetĂ©. 

Significativité des odds ratios

 : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Source

 : TroisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail. Fondation europĂ©enne pour l’amĂ©lioration des conditions de vie et 

de travail. 

 
En dĂ©finitive, les salariĂ©s qui travaillent dans des organisations apprenantes sont peu nom-
breux Ă  dĂ©clarer ĂȘtre exposĂ©s Ă  des pĂ©nibilitĂ©s physiques, qu’il s’agisse de postures doulou-
reuses ou fatigantes, de manutentions de charges lourdes, de mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains 

                                              

11

 Les rĂ©sultats complets des rĂ©gressions logistiques des variables de pĂ©nibilitĂ©s physiques, incluant l’estimation des 

effets des variables de contrĂŽle structurel, figurent dans Valeyre (2006). Il en est de mĂȘme pour les rĂ©sultats complets 
concernant les autres variables de conditions de travail et de santĂ© au travail Ă©tudiĂ©es dans ce document. 

14 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

ou des bras, ou de vibrations mĂ©caniques. À l’opposĂ©, les organisations tayloriennes ou en 

lean production

 regroupent des proportions Ă©levĂ©es de salariĂ©s exposĂ©s aux diverses pĂ©ni-

bilitĂ©s physiques Ă©tudiĂ©es, la soumission Ă  des mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains ou des bras 
Ă©tant particuliĂšrement forte dans les organisations tayloriennes. Dans les organisations de 
structure simple, les pĂ©nibilitĂ©s physiques sont lĂ©gĂšrement supĂ©rieures Ă  celles que l’on 
observe dans les organisations apprenantes, sauf en ce qui concerne l’exposition Ă  des vibra-
tions mĂ©caniques qui s’y trouve particuliĂšrement faible.  

2.2. Nuisances 

Les nuisances sonores ou thermiques auxquelles les salariĂ©s dĂ©clarent ĂȘtre exposĂ©s varient 
fortement selon les formes d’organisation de leur travail, comme on peut l’observer dans le 
tableau 3. En moyenne, prĂšs de 30 % des salariĂ©s sont soumis Ă  des bruits intenses pendant 
au moins la moitiĂ© de leur temps de travail. Si cette proportion est presque moitiĂ© moindre 
dans les organisations apprenantes ou de structure simple, elle atteint prĂšs de 50 % dans les 
organisations tayloriennes ou en 

lean production

. L’exposition Ă  une forte chaleur pendant au 

moins la moitiĂ© du temps de travail est encore plus contrastĂ©e. Dans l’ensemble, cette 
situation concerne 18 % de salariĂ©s. Cette proportion s’échelonne de moins de 10 % dans les 
organisations apprenantes et Ă  peine plus dans les organisations de structure simple, Ă  plus du 
quart dans les organisations tayloriennes et Ă  prĂšs du tiers dans les organisations en 

lean 

production

. L’exposition Ă  des tempĂ©ratures basses pendant au moins la moitiĂ© du temps de 

travail, qui s’établit Ă  13 % des salariĂ©s en moyenne, prĂ©sente moins de diffĂ©rences selon les 
formes d’organisation. LĂ  encore, la proportion est la plus faible dans les organisations 
apprenantes (8 %) et la plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

 (21 %). 

Tableau 3  

Exposition Ă  des nuisances selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s exposĂ©s Ă  des nuisances au moins la moitiĂ© du temps de travail) 

Formes d’organisation  
du travail 

Bruits intenses 

Chaleur 

Froid 

Apprenantes 15,5 

8,8 

8,4 

Lean production 

46,3 30,7 21,5 

Tayloriennes 

48,0 25,8 16,0 

Structure 

simple  16,6 11,0 10,5 

Ensemble 

28,8 17,7 13,5 

Lire ainsi

 : 15,5 % des salariĂ©s des organisations apprenantes sont exposĂ©s Ă  des bruits intenses au moins la moitiĂ© du 

temps de travail. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les rĂ©gressions logistiques des variables de nuisances sonores ou thermiques confirment 
pleinement les constatations de l’analyse descriptive, comme le montrent les 

odds ratios

 du 

tableau 4 qui prĂ©sente les rĂ©sultats des rĂ©gressions logistiques concernant les effets des 
formes d’organisation du travail. Par rapport Ă  la situation rĂ©fĂ©rentielle des organisations 
tayloriennes, la probabilitĂ© d’ĂȘtre exposĂ© Ă  des nuisances sonores ou thermiques est significa-
tivement bien moindre dans les organisations apprenantes ou de structure simple et, en 
revanche, plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

, et ce, de façon statistique-

ment significative en ce qui concerne les nuisances thermiques de la chaleur et du froid.  

15 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Tableau 4  

RĂ©gressions logistiques des variables d’exposition Ă  des nuisances  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation 
du travail 

Bruits intenses 

Chaleur 

Froid 

Apprenantes 0,38** 

0,53** 

0,68** 

Lean production 

1,16 1,53** 1,36** 

Tayloriennes RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

Structure simple 

0,31** 

0,50** 

0,68** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Au final, les salariĂ©s travaillant dans des organisations apprenantes ou de structure simple 
sont les moins exposĂ©s aux nuisances sonores ou thermiques. Les nuisances sont importantes 
pour les salariĂ©s des organisations tayloriennes. Elles le sont plus encore pour ceux des orga-
nisations en 

lean production

, tout particuliĂšrement lorsqu’il s’agit de nuisances thermiques, 

tant de la chaleur que du froid. 

2.3. Risques toxiques 

Face aux expositions Ă  des risques toxiques, la situation des salariĂ©s prĂ©sente des diffĂ©rences 
importantes selon les formes d’organisation du travail, comme le montre le tableau 5.  

Tableau 5  

Exposition Ă  des risques toxiques selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s exposĂ©s Ă  des risques toxiques) 

Formes d’organisation  
du travail 

Inhalations de substances 

dangereuses au moins le 

quart du temps  

Contacts avec substances 

dangereuses au moins le 

quart du temps  

Irradiations au moins un 

instant  

Apprenantes 18,8 11,4 15,5 

Lean production 

39,6 26,2 21,5 

Tayloriennes 35,4 22,7 18,4 
Structure simple 

18,0 

9,7 

8,8 

Ensemble 26,7 

16,8 

16,3 

Lire ainsi

 : 18,8 % des salariĂ©s des organisations apprenantes sont exposĂ©s Ă  des inhalations de substances dangereuses au moins le 

quart du temps de travail. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Plus du quart des salariĂ©s dĂ©clare respirer des vapeurs, des fumĂ©es, des poussiĂšres ou des 
substances dangereuses telles que des produits chimiques ou des matiĂšres infectieuses pen-
dant au moins le quart du temps de travail. Les proportions de salariĂ©s exposĂ©s Ă  ces risques 
d’inhalations dangereuses sont infĂ©rieures Ă  20 % dans les organisations apprenantes ou de 
structure simple et, Ă  l’opposĂ©, supĂ©rieures au tiers dans les organisations tayloriennes et 
proches de 40% dans les organisations en 

lean production

. Un salariĂ© sur six affirme ĂȘtre en 

contact ou manipuler des substances ou des matĂ©riaux dangereux pendant au moins le quart 
du temps de travail. Les salariĂ©s touchĂ©s par ces risques de contacts dangereux sont 

16 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

relativement peu nombreux dans les organisations de structure simple, moins de 10 %, et 
dans les organisations apprenantes, un peu plus de 10 %, et beaucoup plus dans les organi-
sations tayloriennes, plus de 20 %, et surtout dans les organisations en 

lean production

, plus 

du quart. Enfin, les risques d’irradiations, notamment par rayons X, radioactivitĂ©, soudure Ă  
l’arc ou rayons laser, touchent globalement un salariĂ© sur six. La proportion de salariĂ©s 
exposĂ©s Ă  ces risques toxiques est la plus basse dans les organisations de structure simple, Ă  
peine infĂ©rieure Ă  la moyenne dans les organisations apprenantes, lĂ©gĂšrement supĂ©rieure dans 
les organisations tayloriennes et nettement plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean 

production

Ces constatations se trouvent le plus souvent confirmĂ©es par les analyses de rĂ©gression 
logistique des variables de risques toxiques. On le vĂ©rifie dans le tableau 6 qui prĂ©sente les 
rĂ©sultats des rĂ©gressions portant sur les effets des formes d’organisation du travail. En 
retenant comme rĂ©fĂ©rence la situation des organisations tayloriennes, il apparaĂźt que la proba-
bilitĂ© d’ĂȘtre exposĂ© Ă  des risques toxiques est significativement moindre dans les organisa-
tions apprenantes ou de structure simple. Par contre, elle s’avĂšre plus Ă©levĂ©e dans les organi-
sations en 

lean production

, cette supĂ©rioritĂ© Ă©tant significative pour les risques d’inhalations 

ou de contacts dangereux. Les rĂ©sultats de l’analyse Ă©conomĂ©trique confirment donc ceux de 
l’analyse descriptive. La seule diffĂ©rence notable porte sur les expositions aux irradiations. 
Alors que l’analyse descriptive les fait apparaĂźtre nettement plus importantes dans les organi-
sations en 

lean production

 que dans les organisations tayloriennes, l’analyse Ă©conomĂ©trique 

ne montre pas de diffĂ©rence significative. 

Tableau 6  

RĂ©gressions logistiques des variables d’exposition Ă  des risques toxiques  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation  
du travail 

Inhalations de substances 

dangereuses au moins le 

quart du temps  

Contacts avec substances 

dangereuses au moins le 

quart du temps  

Irradiations au moins un 

instant  

Apprenantes 0,80* 

0,65** 

0,80* 

Lean production 

1,42** 1,27*  1,07 

Tayloriennes RĂ©f RĂ©f RĂ©f 
Structure simple 

0,60** 

0,53** 

0,56** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Ainsi, les rĂ©sultats relatifs aux expositions Ă  des risques toxiques sont voisins de ceux qui 
concernent les autres conditions physiques de travail. Les salariĂ©s des organisations de struc-
ture simple et des organisations apprenantes sont les moins soumis aux risques toxiques, qu’il 
s’agisse d’inhalations ou de contacts avec des substances dangereuses ou d’irradiations. En 
revanche, la situation est systĂ©matiquement beaucoup plus exposĂ©e dans les organisations 
tayloriennes, et plus encore dans les organisations en 

lean production

, surtout face aux 

risques d’inhalations ou de contacts toxiques. 

17 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

2.4. Les conditions physiques de travail dans les nouvelles formes d’or-
ganisation : meilleures dans les organisations apprenantes, mais non 
dans les organisations en lean production
 

Les conditions physiques de travail telles que les salariĂ©s les dĂ©clarent, en termes 
d’exposition Ă  des pĂ©nibilitĂ©s physiques, Ă  des nuisances sonores ou thermiques ou Ă  des 
risques toxiques, sont donc trĂšs contrastĂ©es selon les formes d’organisation du travail. En 
particulier, elles se diffĂ©rencient fortement entre les deux types de nouvelles formes d’orga-
nisation du travail, les organisations apprenantes et les organisations en 

lean production. 

De 

fait, elles sont bien meilleures dans les organisations apprenantes que dans les organisations 
en 

lean production

. En outre, si elles s’avĂšrent bien plus favorables dans les organisations 

apprenantes que dans les organisations tayloriennes, tel n’est pas le cas dans les organisations 
en 

lean production

.  

 

Figure 1 :   Conditions physiques de travail dans les nouvelles formes 

d'organisation

Irradiations

Inhalations

 toxiques

Froid

Chaud

Contacts 

toxiques

Mouvements 

répétitifs

Postures 

fatigantes

Charges lourdes

Vib rations

Bruit

intense

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

Odds ratios

 formes apprenantes / 

tayloriennes

Odds ratios formes lean 

production / 

tayloriennes

Odds ratios significatif s Ă  5% :
   en italique pour les organisations apprenantes
   en gras pour les organisations en lean production

 

 
On le vĂ©rifie dans la figure 1 qui reprĂ©sente les 

odds ratios

 des rĂ©gressions logistiques 

estimant les effets sur les variables de conditions physiques de travail de l’appartenance aux 
organisations apprenantes ou en 

lean production

 par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des 

18 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

organisations tayloriennes

12

. La situation des salariĂ©s des organisations en 

lean production

 

n’apparaĂźt meilleure que celle qui prĂ©vaut dans les organisations tayloriennes que pour une 
seule des variables de conditions physiques de travail Ă©tudiĂ©es, l’exposition Ă  des mouve-
ments rĂ©pĂ©titifs des bras et des mains. En dehors de ce cas d’exception, elle est voisine en 
termes de pĂ©nibilitĂ©s physiques, de nuisances sonores et de risques d’irradiation, et mĂȘme 
nettement moins bonne en matiĂšre de nuisances thermiques et de risques toxiques par inha-
lations ou par contacts.  
L’obtention de meilleures conditions de travail attendue par la mise en Ɠuvre de formes 
innovantes d’organisation du travail ne se vĂ©rifie que partiellement. Elle se confirme trĂšs 
nettement dans le cas des formes d’organisation de type apprenant. En revanche, elle ne se 
manifeste pas dans les formes d’organisation de type 

lean production

, oĂč s’observent des 

situations plutĂŽt dĂ©favorables par rapport Ă  celles des organisations taylorien-nes, notamment 
en ce qui concerne l’exposition Ă  des nuisances thermiques ou Ă  des risques toxiques. 

3. FORMES D’ORGANISATION ET CONDITIONS HORAIRES  
DE TRAVAIL  

Les conditions horaires de travail sont Ă©tudiĂ©es selon trois dimensions : les durĂ©es de travail 
longues ; les horaires atypiques ; et la flexibilitĂ© des horaires. L’enquĂȘte europĂ©enne sur les 
conditions de travail permet de construire de nombreuses variables relatives Ă  ces trois 
dimensions. Les questions sur lesquelles reposent leurs dĂ©finitions sont prĂ©sentĂ©es dans 
l’encadrĂ© 4. Deux variables de durĂ©es de travail longues sont retenues : les durĂ©es hebdoma-
daires longues (au moins 45 heures par semaine) ; et les durĂ©es quotidiennes frĂ©quemment 
longues (plus de 10 heures plus de cinq fois par mois

13

). Cinq variables d’horaires de travail 

atypiques sont Ă©tudiĂ©es : le travail de nuit (plus de cinq fois par mois

14

) ; le travail en soirĂ©e 

(plus de 10 fois par mois) ; le travail le dimanche (au moins une fois par mois) ; le travail le 
samedi (au moins une fois par mois) ; et le travail postĂ©. Enfin la flexibilitĂ© des horaires de 
travail est analysĂ©e Ă  partir de quatre variables : la flexibilitĂ© quotidienne des durĂ©es de 
travail (nombre d’heures de travail variable chaque jour) ; la flexibilitĂ© hebdomadaire du 
nombre de journĂ©es de travail (nombre de jours de travail variable chaque semaine) ; la 
flexibilitĂ© horaire (horaires variables) ; et les changements mensuels d’horaires de travail (au 
moins une fois par mois). 

                                              

12

 Ces 

odds ratios

 sont issus des tableaux 2 (pĂ©nibilitĂ©s physiques), 4 (nuisances) et 6 (risques toxiques). 

13

 Le choix de la frĂ©quence mensuelle des journĂ©es longues, au moins cinq par mois, vise Ă  caractĂ©riser des pratiques de 

travail suffisamment rĂ©pandues pour ĂȘtre ressenties comme pĂ©nibles et Ă©ventuellement sources de problĂšmes de santĂ©. Le 
choix de frĂ©quences encore plus Ă©levĂ©es se heurte Ă  des problĂšmes de signification statistique.  

14

 Comme pour les journĂ©es de travail longues, le choix des frĂ©quences mensuelles du travail de nuit, au moins cinq par 

mois, et du travail en soirĂ©e, au moins dix par mois, vise Ă  caractĂ©riser des pratiques de travail suffisamment rĂ©pandues 
pour ĂȘtre ressenties comme pĂ©nibles et Ă©ventuellement sources de problĂšmes de santĂ©. Le choix de frĂ©quences encore 
plus Ă©levĂ©es se heurte Ă  des problĂšmes de signification statistique. Par ailleurs, la frĂ©quence retenue pour le travail le 
samedi ou le dimanche est d’au moins une fois par mois. 

19 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

EncadrĂ© 4 

Questions de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail  

relatives aux conditions horaires de travail 

Les variables de durĂ©es de travail longues, hebdomadaires et quotidiennes, sont construites Ă  partir des 
questions suivantes : 

●

 Combien d’heures travaillez vous d’habitude par semaine dans votre principal travail rĂ©munĂ©rĂ© ? 

●

 Habituellement, combien de fois par mois effectuez-vous des journĂ©es de plus de 10 heures ? 

Les variables d’horaires atypiques sont dĂ©finies Ă  partir des questions suivantes :   

●

 Habituellement, combien de fois par mois travaillez-vous durant la nuit, disons au moins 2 heures entre 10 

heures du soir et 5 heures du matin ? 

●

 Et combien de fois par mois travaillez-vous en soirĂ©e, pour au moins deux heures entre 6h et 10h du soir ? 

●

 Et combien de fois par mois travaillez-vous le dimanche ? 

●

 Et combien de fois par mois travaillez-vous le samedi ? 

●

 Travaillez-vous en travail postĂ© ?  

Les variables de flexibilitĂ© des horaires sont dĂ©finies Ă  partir des questions suivantes : 

●

 Travaillez-vous : 

- le mĂȘme nombre d’heures chaque jour ? 
- le mĂȘme nombre de jours chaque semaine ?  
- selon des horaires fixes ? 

●

 Combien de fois par mois votre horaire de travail change-t-il ?  

 

3.1. DurĂ©es de travail longues 

Les durĂ©es de travail sont relativement contrastĂ©es selon les formes d’organisation du travail. 
Si l’on considĂšre les durĂ©es de travail longues, les plus pĂ©nibles pour les salariĂ©s et les plus 
susceptibles de porter atteinte Ă  leur santĂ©, on observe sensiblement les mĂȘmes situations 
pour les durĂ©es hebdomadaires et les durĂ©es quotidiennes, comme on peut le constater dans le 
tableau 7. En ce qui concerne les durĂ©es hebdomadaires longues, 16 % des salariĂ©s dĂ©clarent 
travailler au moins 45 heures par semaine. Cette proportion est plus Ă©levĂ©e, de l’ordre de 
20 %, dans les organisations apprenantes, voisine de la moyenne dans les organisations en 

lean production

, et nettement plus basse, de l’ordre de 10 %, dans les organisations de 

structure simple et plus encore dans les organisations tayloriennes. En ce qui concerne les 
durées quotidiennes fréquemment longues

15

, 13 % des salariĂ©s dĂ©clarent travailler plus de 

10 heures par jour plus de cinq fois par mois. De mĂȘme que pour les durĂ©es hebdomadaires 
longues, cette situation touche surtout les salariĂ©s des organisations apprenantes, dans une 
proportion de 16 %, et dans une moindre mesure les salariĂ©s des organisations en 

lean 

production

, avec une proportion lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  la moyenne, et, 

a contrario

                                              

15

 En adoptant un indicateur plus large des pratiques de longues journĂ©es de travail par le choix d’une frĂ©quence d’au 

moins une journĂ©e par mois, ce qui englobe donc des pratiques trĂšs occasionnelles, on obtient une hiĂ©rarchisation des 
formes d’organisation analogue. La proportion de salariĂ©s concernĂ©s est en moyenne de 32,0 % : 40,7 % dans les 
organisations apprenantes ; 34,8 % dans les organisations en 

lean production 

; 16,7 % dans les organisations tayloriennes 

et 21,0 % dans les organisations de structure simple. 

20 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

beaucoup moins les salariĂ©s des organisations tayloriennes ou de structure simple, avec des 
proportions de moins de 10 %. 

Tableau 7 

DurĂ©es de travail longues et formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s soumis Ă  des durĂ©es de travail longues) 

Formes d’organisation du travail 

Au moins 45 heures par semaine 

JournĂ©es de plus de 10 heures 

 plus de 5 fois par mois 

Apprenantes 19,5 

16,0 

Lean production 

16,9 14,7 

Tayloriennes 9,8 

8,0 

Structure simple 

11,7 

9,3 

Ensemble 16,0 

13,3 

Lire ainsi

 : 19,5 % des salariĂ©s des organisations apprenantes travaillent au moins 45 heures par semaine.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les analyses de rĂ©gression logistique des variables de durĂ©es de travail longues en fonction 
des formes d’organisation du travail et des diffĂ©rentes variables structurelles confirment ces 
rĂ©sultats. On le vĂ©rifie dans le tableau 8 qui prĂ©sente les 

odds ratios

 des rĂ©gressions 

logistiques estimant les effets des formes d’organisation du travail. Par rapport Ă  la situation 
de rĂ©fĂ©rence des salariĂ©s des organisations tayloriennes, la probabilitĂ© d’ĂȘtre soumis Ă  des 
durĂ©es de travail longues est significativement plus Ă©levĂ©e dans les organisations apprenantes 
ou en 

lean production

. Par contre, la situation dans les organisations de structure simple ne 

diffĂšre pas significativement de celle des organisations tayloriennes. Ce rĂ©sultat vaut aussi 
bien pour les durĂ©es hebdomadaires longues que pour les durĂ©es quotidiennes frĂ©quemment 
longues.  

Tableau 8 

RĂ©gressions logistiques des variables de durĂ©es de travail longues 

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation du travail 

Au moins 45 heures par semaine 

JournĂ©es de plus de 10 heures  

plus de 5 fois par mois 

Apprenantes 1,51** 

1,56** 

Lean production 

1,36* 1,42** 

Tayloriennes RĂ©f 

RĂ©f 

Structure simple 

1,06 

0,98 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %.  

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
En dĂ©finitive, les situations de durĂ©es de travail longues se distinguent nettement selon les 
formes d’organisation du travail, mais de maniĂšre trĂšs diffĂ©rente de ce qui est observĂ© pour 
les conditions physiques de travail. En effet, qu’il s’agisse de durĂ©es hebdomadaires longues 
ou de journĂ©es frĂ©quemment longues, elles concernent principalement les salariĂ©s travaillant 
dans les nouvelles formes d’organisation, principalement les organisations apprenantes et, 
dans une moindre mesure, les organisations en 

lean production

. En revanche, elles sont 

beaucoup moins rĂ©pandues dans les organisations tayloriennes ou de structure simple. 

21 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

3.2. Horaires atypiques 

Le degrĂ© de diffusion des divers horaires atypiques Ă©tudiĂ©s varie selon les formes d’organi-
sation du travail des salariĂ©s (cf. tableau 9). Les diffĂ©rences entre formes d’organisation sont 
particuliĂšrement marquĂ©es pour le travail postĂ© et le travail de nuit. Le travail postĂ© touche le 
quart des salariĂ©s. S’il s’impose Ă  prĂšs de 40 % des salariĂ©s dans les organisations 
tayloriennes ou en 

lean production

, les proportions ne sont que 13 % dans les organisations 

apprenantes, et les organisations de structure simple se trouvent dans une situation 
intermĂ©diaire. La pratique frĂ©quente du travail de nuit, plus de cinq fois par mois, est dĂ©clarĂ©e 
par un salariĂ© sur huit. Cette proportion atteint son niveau le plus haut, 20 %, dans les 
organisations en 

lean production

 et s’élĂšve Ă  16 % dans les organisations tayloriennes. À 

l’opposĂ©, elle n’est que de 7 % dans les organisations apprenantes et lĂ©gĂšrement infĂ©rieure Ă  
la moyenne dans les organisations de structure simple. L’exercice frĂ©quent du travail en 
soirĂ©e, plus de dix fois par mois, concerne 14 % des salariĂ©s. Il est lĂ©gĂšrement plus dĂ©veloppĂ© 
dans les organisations tayloriennes ou en 

lean production

 avec un taux de 16 %, voisin de la 

moyenne dans les organisations de structure simple et le moins rĂ©pandu dans les 
organisations apprenantes avec un taux de 11 %. 21 % des salariĂ©s travaillent le dimanche au 
moins une fois par mois. Ils sont beaucoup plus nombreux, 28 %, Ă  le faire dans les 
organisations en 

lean production

 et seulement 18 % dans les organisations apprenantes, la 

situation Ă©tant proche de la moyenne dans les organisations tayloriennes ou de structure 
simple. Enfin, 45 % des salariĂ©s travaillent le samedi au moins une fois par mois. Cette 
proportion varie peu entre les formes d’organisation. Elle s’échelonne de 50 % dans les 
organisations en 

lean production

 Ă  42 % dans les organisations apprenantes, en passant par 

les positions moyennes des organisations tayloriennes ou de structure simple. Contrairement 
Ă  ce que l’on observe avec les autres formes de travail atypiques, le travail le samedi est donc 
relativement moins important dans les organisations tayloriennes. 

Tableau 9 

Horaires atypiques et formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s soumis Ă  des horaires atypiques) 

Formes 
d’organisation  
du travail 

Travail de nuit 

(plus de 5 fois 

par mois) 

Travail le soir 

(plus de 10 fois 

par mois) 

Travail le 
dimanche 

Travail le 

samedi  

Travail postĂ© 

Apprenantes  6,6  11,0 17,6 41,9 12,7 

Lean production 

20,4 16,2 28,0 50,5 37,8 

Tayloriennes  16,1 16,2 21,4 44,3 39,3 
Structure 

simple 

11,2 14,7 19,8 45,8 22,0 

Ensemble 

12,6 13,9 21,5 45,4 25,2 

Lire ainsi

 : 6,6 % des salariĂ©s des organisations apprenantes travaillent de nuit plus de 5 fois par mois.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Ces rĂ©sultats descriptifs sont en grande partie Ă©tayĂ©s par ceux des rĂ©gressions logistiques 
expliquant les variables d’horaires atypiques en fonction des formes d’organisation du travail 
avec contrĂŽle structurel, comme le montrent les 

odds ratios

 du tableau 10. Par rapport Ă  la 

situation de rĂ©fĂ©rence des salariĂ©s des organisations tayloriennes, la probabilitĂ© d’avoir un 
travail postĂ©, de nuit ou le dimanche, est significativement beaucoup plus faible pour les 
salariés des organisations apprenantes ou de structure simple et, en revanche, significati-

22 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

vement plus forte dans les organisations en 

lean production

. En outre, la probabilitĂ© de 

travailler en soirĂ©e est significativement plus basse dans les organisations apprenantes ou de 
structure simple et la probabilitĂ© de travailler le samedi est significativement plus importante 
dans les organisations en 

lean production

. Si la majeure partie des rĂ©sultats de l’analyse 

descriptive trouve ainsi confirmation, l’analyse Ă©conomĂ©trique introduit cependant quelques 
diffĂ©rences. Elle fait apparaĂźtre que le travail postĂ© est nettement, et significativement, plus 
dĂ©veloppĂ© dans les organisations en 

lean production

 que dans les organisations tayloriennes. 

De mĂȘme, elle rĂ©vĂšle de moindres diffusions du travail le dimanche ou le soir dans les 
organisations de structure simple. 

Tableau 10 

RĂ©gressions logistiques des variables d’horaires atypiques 

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes 
d’organisation  
du travail 

Travail de nuit 

(plus de 5 fois 

par mois) 

Travail le soir 

(plus de 10 fois 

par mois) 

Travail le 
dimanche 

Travail le 

samedi  

Travail postĂ© 

Apprenantes  0,51** 0,69** 0,70**  1,07  0,46** 

Lean production 

1,31* 0,93 1,25* 1,36** 1,21* 

Tayloriennes RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f 
Structure 

simple 

0,68** 0,71** 0,70**  0,89  0,53** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %.  

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
En dĂ©finitive, si l’on fait abstraction du travail en soirĂ©e ou le samedi, les divers modes de 
travail en horaires atypiques sont systématiquement les plus développés dans les organi-
sations en 

lean production

 et, dans une moindre mesure, dans les organisations tayloriennes, 

nettement plus rĂ©duits dans les organisations de structure simple et les moins rĂ©pandus dans 
les organisations apprenantes. Ces diffĂ©rences de diffusion des horaires atypiques selon les 
formes d’organisation s’avĂšrent donc proches de celles qui sont mises en Ă©vidence pour un 
certain nombre de conditions physiques de travail. Le travail en soirĂ©e connaĂźt une situation 
qui n’est pas fonciĂšrement diffĂ©rente, avec cependant une diffusion aussi forte dans les 
organisations tayloriennes que dans les organisations en 

lean production

. En revanche, la 

situation est distincte pour le travail le samedi. Si sa diffusion culmine dans les organisations 
en 

lean production

, elle ne prĂ©sente pas de diffĂ©rence significative dans les organisations 

apprenantes ou de structure simple par rapport aux organisations tayloriennes. 

3.3. FlexibilitĂ© des horaires 

La flexibilitĂ© des horaires de travail se diffĂ©rencie nettement en fonction des formes 
d’organisation du travail. On le vĂ©rifie clairement dans le tableau 11. En moyenne, 29 % des 
salariĂ©s dĂ©clarent travailler selon des horaires variables. Ils sont nettement plus nombreux, 
37 %, Ă  connaĂźtre cette forme de flexibilitĂ© dans les organisations apprenantes. En revanche, 
ils ne sont que 16 % dans les organisations tayloriennes. Les organisations en 

lean 

production

 ou de structure simple se situent en position intermĂ©diaire, avec des proportions 

de salariĂ©s de 26 % et 28 % respectivement. La flexibilitĂ© horaire quotidienne prĂ©sente 
sensiblement la mĂȘme distribution. Globalement, 35 % des salariĂ©s ne travaillent pas le 
mĂȘme nombre d’heures chaque jour. Cette proportion s’élĂšve Ă  42 % dans les organisations 

23 

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apprenantes, est voisine de la moyenne dans les organisations de structure simple, lĂ©gĂšrement 
plus faible, 31 %, dans les organisations en 

lean production

 et beaucoup plus basse, 20 %, 

dans les organisations tayloriennes. La flexibilitĂ© du nombre de jours de travail par semaine 
distingue fort peu les diverses organisations. Si, dans l’ensemble, 22 % des salariĂ©s ne 
travaillent pas le mĂȘme nombre de jours chaque semaine, ce pourcentage varie de 19 % dans 
les organisations tayloriennes Ă  23 % dans les organisations en 

lean production

. La plus forte 

diffusion de la flexibilitĂ© du nombre de jours de travail par semaine dans les organisations en 

lean production

, contrairement Ă  ce qui est observĂ© pour les autres formes de flexibilitĂ© 

horaire, tient au fait qu’elle dĂ©pend dans une large mesure des pratiques de travail le samedi 
ou le dimanche qui, comme il est montrĂ© prĂ©cĂ©demment, sont souvent associĂ©es Ă  cette forme 
d’organisation du travail. Enfin, la flexibilitĂ© horaire mesurĂ©e par le changement des horaires 
de travail au moins une fois par mois, touche le quart des salariĂ©s. C’est encore dans les 
organisations apprenantes qu’elle apparaĂźt la plus Ă©levĂ©e, avec une proportion de 28 %. Elle 
est proche de la moyenne dans les organisations en 

lean production

 et lĂ©gĂšrement moins 

rĂ©pandue dans les organisations tayloriennes ou de structure simple. 

Tableau 11 

FlexibilitĂ© des horaires et formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s soumis Ă  des horaires flexibles) 

Formes d’organisation  
du travail 

Nombre d’heures de 

travail variable 

chaque jour 

Nombre de jours de 

travail variable 

chaque semaine 

Horaires variables 

Changements 

d’horaires dans le 

mois 

Apprenantes 42,0 

21,2 

36,8 

28,5 

Lean production 

31,4 23,4 25,6 24,6 

Tayloriennes 20,0 

19,5 

16,5 

21,5 

Structure simple 

35,1 

22,1 

28,3 

22,4 

Ensemble 34,7 

21,7 

29,2 

25,3 

Lire ainsi

 : 42,0 % des salariĂ©s des organisations apprenantes ont un nombre d’heures de travail variable chaque jour.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les analyses Ă©conomĂ©triques confirment pleinement ces rĂ©sultats, comme le montre le 
tableau 12 oĂč figurent les 

odds ratios

 des modĂšles de rĂ©gression logistique expliquant les 

variables de flexibilitĂ© des horaires de travail en fonction des formes d’organisation, avec 
contrĂŽle structurel. En rĂ©fĂ©rence Ă  la situation des salariĂ©s des organisations tayloriennes, la 
probabilitĂ© de travailler selon des horaires variables ou un nombre d’heures variable chaque 
jour est significativement plus Ă©levĂ©e dans toutes les autres formes d’organisation, et tout 
particuliĂšrement dans les organisations apprenantes. La probabilitĂ© de changer d’horaires de 
travail au moins une fois par mois est significativement plus grande dans les organisations en 

lean production

 et, plus encore, dans les organisations apprenantes. Enfin, la probabilitĂ© de 

travailler un nombre de jours variable chaque semaine est beaucoup moins contrastĂ©e. Il n’y 
a que dans les organisations en 

lean production

 que la situation est significativement 

diffĂ©rente de celle des organisations tayloriennes, avec une probabilitĂ© de diffusion de cette 
forme de flexibilitĂ© nettement supĂ©rieure.  

 

24 

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Tableau 12 

RĂ©gressions logistiques des variables de flexibilitĂ© des horaires 

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes 
d’organisation  
u travail 

Nombre d’heures de 

travail variable 

chaque jour 

Nombre de jours de 

travail variable 

chaque semaine 

Horaires variables 

Changements 

d’horaires dans le 

mois 

Apprenantes 1,77** 1,05 1,69** 1,49** 

Lean production 

1,54** 1,32** 1,38**  1,25* 

Tayloriennes 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

Structure 

simple 

1,59** 0,94 1,40** 0,95 

Significativité des odds ratios

 : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Ainsi, la flexibilitĂ© des horaires de travail se diffĂ©rencie en fonction des formes d’organi-
sation du travail de façon analogue pour la plupart des modalitĂ©s envisagĂ©es, les horaires 
variables, les nombres d’heures quotidiennes variables et les changements d’horaires au 
cours du mois. Elle est la plus rĂ©pandue dans les organisations apprenantes et la moins dĂ©ve-
loppĂ©e dans les organisations tayloriennes. En cela, elle distingue les formes d’organisation 
de la mĂȘme maniĂšre que le font les durĂ©es de travail longues. En revanche, la flexibilitĂ© du 
nombre de jours de travail chaque semaine varie peu entre formes d’organisation et 
diffĂ©remment, probablement en raison des liens avec certaines formes de travail atypique, 
notamment avec le travail le samedi. 

3.4. Les conditions horaires de travail dans les nouvelles formes d’orga-
nisation : des horaires plus longs et plus flexibles et des horaires atypi-
ques contrastĂ©s  

Les nouvelles formes d’organisation du travail, apprenantes ou en 

lean production

, se 

caractĂ©risent par des conditions horaires de travail relativement comparables en matiĂšre de 
durĂ©es et de flexibilitĂ©, mais trĂšs contrastĂ©es en matiĂšre d’horaires atypiques. De fait, on 
observe des durĂ©es de travail bien plus longues et des flexibilitĂ©s horaires bien plus 
importantes dans les organisations en 

lean production

 et, plus encore, dans les organisations 

apprenantes que dans les organisations tayloriennes. On le constate trĂšs clairement dans la 
figure 2 qui reprĂ©sente les 

odds ratios

 estimant les effets sur les diffĂ©rentes variables de 

conditions horaires de travail Ă©tudiĂ©es de l’appartenance aux organisations apprenantes ou en 

lean production

 par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des organisations tayloriennes

16

. De 

ces points de vue, les nouvelles formes d’organisation du travail ne semblent pas contribuer Ă  
de meilleures conditions de travail.  
La situation est trĂšs diffĂ©rente en ce qui concerne les horaires atypiques qu’implique le travail 
postĂ© ou effectuĂ© de nuit, en soirĂ©e ou le dimanche. En effet, si l’on constate une diffusion de 
ces horaires atypiques bien moindre dans les organisations apprenantes que dans les 
organisations tayloriennes, tel n’est pas le cas dans les organisations en 

lean production

. Bien 

au contraire, le travail postĂ©, de nuit et du dimanche y sont nettement plus dĂ©veloppĂ©s. Ainsi, 
                                              

16

 Ces 

odds ratios

 sont issus des tableaux 8 (durĂ©es de travail longues), 10 (horaires atypiques) et 12 (flexibilitĂ© des 

horaires). 

25 

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en matiĂšre d’horaires atypiques, les nouvelles formes d’organisation du travail prĂ©sentent des 
situations contrastĂ©es entre formes d’organisation apprenantes et en 

lean production

, de 

mĂȘme que ce qui a Ă©tĂ© constatĂ© pour les conditions physiques de travail. 
 

Figure 2 : Conditions horaires de travail dans les nouvelles formes 

d'organisation

Au moins 45h 

hebdomadaires

Souvent

plus de 10h 

quotidiennes

FlexibilitĂ© horaire 

quotidienne

Changements 

d'horaires 

dans le mois

Horaires

 variables

FlexibilitĂ© horaire 

hebdomadaire

Samedi

Dimanche

Nuit

Posté

Soir

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

0,25

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

2,00

Odds ratios 

formes apprenantes / 

tayloriennes

Odds ratios formes

 lean production /

tayloriennes

Odds ratios significatifs Ă  5% :
   en italique pour les organisations apprenantes
   en gras pour les organisations en lean production

 

 

4. FORMES D’ORGANISATION ET PRESSIONS TEMPORELLES 
DANS LE TRAVAIL 

Les dimensions horaires du travail qui viennent d’ĂȘtre Ă©tudiĂ©es ne couvrent pas l’ensemble 
des dimensions temporelles des conditions de travail. Il convient aussi d’examiner les 
pressions temporelles que subissent les salariĂ©s dans le cadre de leurs horaires de travail. À 
cet Ă©gard, on s’intĂ©resse Ă  deux aspects des pressions temporelles dans le travail : l’intensitĂ© 
du travail et les interruptions imprĂ©vues dans le travail. Trois variables d’intensitĂ© et deux 
variables d’interruptions sont construites sur la base de l’enquĂȘte europĂ©enne sur les condi-
tions de travail, Ă  partir des questions prĂ©sentĂ©es dans l’encadrĂ© 5. Les variables d’intensitĂ© 

26 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

du travail sont dĂ©finies par la soumission quasi permanente (tout le temps ou presque) Ă  des 
cadences de travail Ă©levĂ©es ou Ă  des dĂ©lais trĂšs stricts et trĂšs serrĂ©s et par le manque de temps 
pour terminer le travail. Les variables d’interruptions imprĂ©vues dans le travail sont dĂ©finies 
par les situations d’interruptions de tĂąche en cours pour en effectuer une autre non prĂ©vue. 
Elles sont distinguĂ©es soit par la frĂ©quence Ă©levĂ©e des interruptions, plusieurs fois ou 
quelques fois par jour, soit par leur caractĂšre perturbant pour le travail. 

EncadrĂ© 5 

Questions de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail  

relatives aux pressions temporelles dans le travail 

Les variables d’intensitĂ© du travail sont construites Ă  partir des questions suivantes : 

●

 Pouvez-vous me dire si votre travail nĂ©cessite : 

- des cadences de travail Ă©levĂ©es ? 
- de travailler dans des dĂ©lais trĂšs stricts et trĂšs serrĂ©s ? 
(« tout le temps Â», « presque tout le temps Â», « environ trois quarts du temps Â», « environ la moitiĂ© du temps Â», 
« environ un quart du temps », « presque jamais Â», « jamais Â» ou Â« ne sais pas Â») 

●

 Vous avez assez de temps pour terminer votre travail  

Les variables d’interruptions imprĂ©vues dans le travail sont dĂ©finies Ă  partir des questions : 

●

 Ă€ quelle frĂ©quence devez-vous interrompre une tĂąche que vous ĂȘtes en train de faire pour en effectuer une 

autre non prĂ©vue ? (« plusieurs fois par jour Â», « quelques fois par jour Â», « plusieurs fois par semaine Â», 
« quelques fois par semaine », Â« jamais » ou « ne sais pas ») 

●

 Pour votre travail, ces interruptions sont elles perturbantes ? 

 

4.1. IntensitĂ© du travail 

Comme les variables d’intensitĂ© du travail ressentie par les salariĂ©s sont Ă©troitement liĂ©es aux 
variables de contraintes de rythme de travail qui s’exercent sur eux (Boisard P., Cartron D., 
Gollac M., Valeyre A., 2002 ; Valeyre, 2004) et que ces derniĂšres jouent un rĂŽle important 
dans la diffĂ©renciation des classes de formes d’organisation du travail, il n’est pas surprenant 
d’observer d’importantes diffĂ©rences d’intensitĂ© du travail entre organisations apprenantes ou 
de structure simple d’une part et organisations tayloriennes ou en 

lean production

 d’autre 

part. Comme on peut le constater dans le tableau 13, si prĂšs de 30 % des salariĂ©s dĂ©clarent 
ĂȘtre soumis Ă  des cadences Ă©levĂ©es tout le temps ou presque, cette proportion est nettement 
plus basse, de l’ordre de 20 %, dans les organisations apprenantes ou de structure simple, et 
beaucoup plus forte, de l’ordre de 40 % dans les organisations tayloriennes ou en 

lean 

production

. De mĂȘme, si un peu plus du tiers des salariĂ©s estime travailler sous la pression de 

dĂ©lais trĂšs stricts et trĂšs serrĂ©s tout le temps ou presque, le pourcentage est bien plus faible, Ă  
peine supĂ©rieur Ă  20 %, dans les organisations de structure simple et de l’ordre de 30 % dans 
les organisations apprenantes, alors qu’il atteint presque 40 % dans les organisations taylo-
riennes et dĂ©passe les 50 % dans les organisations en 

lean production

. Enfin, il apparaĂźt que 

la situation est beaucoup moins contrastĂ©e en ce qui concerne la troisiĂšme variable d’intensitĂ© 
du travail. En effet, les proportions de salariĂ©s qui dĂ©clarent manquer de temps pour terminer 
leur travail sont trĂšs voisines, de l’ordre du quart, dans les organisations apprenantes, en 

lean 

production

 ou tayloriennes. Les organisations de structure simple sont les seules Ă  se distin-

27 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

guer avec un pourcentage lĂ©gĂšrement plus faible de salariĂ©s concernĂ©s, un peu moins de 
20 %. 

Tableau 13 

IntensitĂ© du travail selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s soumis Ă  un travail intense) 

Formes d’organisation  
du travail 

Cadences Ă©levĂ©es tout le 

temps ou presque  

DĂ©lais serrĂ©s tout le temps 

ou presque  

Manque de temps pour 

terminer le travail 

Apprenantes 20,5 31,0 24,0 

Lean production 

39,1 50,8 25,4 

Tayloriennes 39,3 39,0 23,8 
Structure simple 

21,9 

22,5 

18,2 

Ensemble 28,6 

36,0 

23,3 

Lire ainsi

 : 20,5 % des salariĂ©s des organisations apprenantes sont soumis Ă  des cadences Ă©levĂ©es tout le temps ou presque. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Ces rĂ©sultats sont confortĂ©s par ceux des rĂ©gressions logistiques des variables d’intensitĂ© du 
travail en fonction des formes d’organisation du travail et des variables de contrĂŽle structurel, 
comme le montrent les 

odds ratios

 du tableau 14. En rĂ©fĂ©rence Ă  la situation des salariĂ©s des 

organisations tayloriennes, la probabilitĂ© d’ĂȘtre soumis Ă  une forte intensitĂ© du travail, qu’elle 
soit liĂ©e Ă  des cadences de travail Ă©levĂ©es, Ă  des dĂ©lais serrĂ©s ou au manque de temps, est 
significativement bien moindre dans les organisations apprenantes ou de structure simple. En 
revanche, elle est au moins Ă©gale dans les organisations en 

lean production

, voire significa-

tivement plus Ă©levĂ©e dans le cas de la pression des dĂ©lais serrĂ©s. L’analyse Ă©conomĂ©trique 
conduit donc Ă  des rĂ©sultats globalement analogues Ă  ceux de l’analyse descriptive. Une 
diffĂ©rence mĂ©rite cependant d’ĂȘtre mentionnĂ©e. Elle porte sur le manque de temps pour 
terminer le travail dans les organisations apprenantes. Alors que cet indicateur d’intensitĂ© du 
travail y est comparable Ă  ce qui est observĂ© dans les organisations tayloriennes selon l’ana-
lyse descriptive, il apparaĂźt significativement bien moindre selon l’analyse Ă©conomĂ©trique, du 
fait du contrĂŽle structurel. 

Tableau 14 

RĂ©gressions logistiques des variables d’intensitĂ© du travail  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation  
du travail 

Cadences Ă©levĂ©es tout le 

temps ou presque  

DĂ©lais serrĂ©s tout le temps 

ou presque  

Manque de temps pour 

terminer le travail 

Apprenantes 0,48** 

0,58** 

0,79* 

Lean production 

1,12 1,36** 1,00 

Tayloriennes RĂ©f RĂ©f RĂ©f 
Structure simple 

0,44** 

0,43** 

0,67** 

Significativité des odds ratios

 : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Dans l’ensemble, c’est dans les organisations en 

lean production

, et dans une moindre mesu-

re dans les organisations tayloriennes, que les salariĂ©s dĂ©clarent le plus souvent ĂȘtre soumis Ă  
un forte intensitĂ© du travail, que ce soit en termes de soumission quasi permanente Ă  des 
cadences de travail Ă©levĂ©es ou Ă  des dĂ©lais serrĂ©s, ou de manque de temps pour terminer le 

28 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

travail. L’intensitĂ© du travail est ressentie comme nettement plus faible dans les organisations 
apprenantes et, plus encore, dans les organisations de structure simple.  

4.2. Interruptions imprĂ©vues dans le travail 

Les interruptions imprĂ©vues dans le travail sont trĂšs contrastĂ©es selon les formes 
d’organisation du travail, comme on peut l’observer dans le tableau 15. En moyenne, 46 % 
des salariĂ©s dĂ©clarent interrompre une tĂąche en cours pour en effectuer une autre non prĂ©vue 
au moins quelques fois par jour. Cette proportion est la plus Ă©levĂ©e dans les organisations 
apprenantes (55 %) ou en 

lean production

 (52 %) et nettement plus faible dans les organi-

sations tayloriennes (28 %) ou de structure simple (32 %). Les interruptions imprĂ©vues qui 
sont perturbantes pour le travail touchent le quart des salariĂ©s. Elles s’imposent au tiers des 
salariĂ©s dans les organisations en 

lean production

, sont voisines de la moyenne dans les 

organisations apprenantes et concernent des proportions bien moindres de salariĂ©s, de l’ordre 
de un sur six, dans les organisations tayloriennes ou de structure simple. 

Tableau 15 

Interruptions imprĂ©vues dans le travail selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s interrompus de façon imprĂ©vue dans leur travail) 

Formes d’organisation  
du travail 

Interruptions de tĂąche  

au moins quelques fois par jour  

Interruptions de tĂąche 

perturbantes  

Apprenantes 55,0 25,7 

Lean production 

52,2 33,2 

Tayloriennes 28,1 17,0 
Structure simple 

32,1 

17,5 

Ensemble 46,2 

25,1 

Lire ainsi

 : 55,0 % des salariĂ©s des organisations apprenantes sont soumis Ă  des interruptions imprĂ©vues de tĂąche 

chaque jour. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les rĂ©gressions logistiques estimant les effets des formes d’organisation du travail sur les 
variables d’interruptions imprĂ©vues dans le travail avec contrĂŽle structurel confirment les 
rĂ©sultats prĂ©cĂ©dents, comme le montrent les 

odds ratios

 du tableau 16.  

Tableau 16 

RĂ©gressions logistiques des variables d’interruptions imprĂ©vues dans le travail  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation  
du travail 

Interruptions de tĂąche  

au moins quelques fois par jour 

Interruptions de tĂąche 

perturbantes  

Apprenantes 1,98** 

1,30** 

Lean production 

2,47** 2,22** 

Tayloriennes RĂ©f RĂ©f 

Structure simple 

0,95 

1,02 

Significativité des odds ratios

 : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %.  

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

29 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Par rapport à la situation de référence des salariés des organisations tayloriennes, la proba-
bilitĂ© d’ĂȘtre soumis Ă  des interruptions imprĂ©vues frĂ©quentes ou perturbantes est nettement et 
significativement plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

, et dans une moindre 

mesure dans les organisations apprenantes, et n’est pas significativement diffĂ©rente dans les 
organisations de structure simple. Les rĂ©sultats de l’analyse Ă©conomĂ©trique convergent avec 
ceux de l’analyse descriptive, tout en leur apportant quelques nuances. Ils conduisent notam-
ment Ă  des estimations lĂ©gĂšrement moins fortes de l’importance des interruptions imprĂ©vues 
dans les organisations apprenantes. 
En dĂ©finitive, les interruptions imprĂ©vues dans le travail susceptibles de nuire Ă  la qualitĂ© des 
conditions de travail, soit par leur fréquence, soit par leur caractÚre perturbant, touchent sur-
tout les salariĂ©s des organisations en 

lean production

 et, dans une moindre mesure, ceux des 

organisations apprenantes. En revanche, les salariĂ©s se trouvent nettement moins exposĂ©s 
dans les organisations tayloriennes ou de structure simple. 

4.3. Les pressions temporelles dans les nouvelles formes d’organi-
sation : des intensitĂ©s du travail contrastĂ©es et des interruptions plus 
frĂ©quentes et plus perturbantes 

Les pressions temporelles dans le travail touchent diffĂ©remment les nouvelles formes 
d’organisation du travail, selon qu’elles se manifestent sous forme d’intensitĂ© du travail ou 
d’interruptions imprĂ©vues dans le travail. Comme pour les conditions physiques de travail et 
les horaires atypiques, les nouvelles formes d’organisation du travail se distinguent nettement 
en matiĂšre d’intensitĂ© du travail ressentie par les salariĂ©s. Les situations rencontrĂ©es par les 
salariĂ©s s’avĂšrent bien meilleures dans les organisations apprenantes que dans les organi-
sations en 

lean production

. De plus, si l’intensitĂ© du travail se trouve nettement moins forte 

dans les organisations apprenantes que dans les organisations tayloriennes, elle ne s’en 
distingue pas significativement dans les organisations en 

lean production

, et apparaĂźt mĂȘme 

nettement plus Ă©levĂ©e lorsqu’elle se rĂ©fĂšre Ă  la pression des dĂ©lais. Ces rĂ©sultats apparaissent 
clairement dans la figure 3 qui reprĂ©sente les 

odds ratios

 estimant les effets sur les diffĂ©rentes 

variables de pression temporelle de l’appartenance aux organisations apprenantes ou en 

lean 

production

 par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des organisations tayloriennes

17

. Ainsi, 

parmi les nouvelles formes d’organisation du travail, seules les organisations apprenantes 
contribuent Ă  de meilleures conditions de travail en termes d’intensitĂ© du travail.  
La situation est bien distincte en matiĂšre d’interruptions imprĂ©vues dans le travail. LĂ  encore, 
la situation se trouve moins favorable dans les organisations en 

lean production

 que dans les 

organisations apprenantes. Mais, par rapport aux organisations tayloriennes, elle s’avĂšre 
beaucoup moins bonne dans les nouvelles formes d’organisation, tant apprenantes qu’en 

lean 

production

. Ce rĂ©sultat rejoint donc celui qui est observĂ© Ă  propos des durĂ©es de travail 

longues ou des horaires flexibles. 
 

                                              

17

 Ces 

odds ratios

 sont issus des tableaux 14 (intensitĂ© du travail) et 16 (interruptions imprĂ©vues dans le travail). 

30 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Figure 3 : Pressions temporelles dans les nouvelles formes d'organisation

Manque 

de tem ps

Cadences

 Ă©levĂ©es

DĂ©lais serrĂ©s

Interruptions

fréquentes

Interruptions

perturbantes

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

Odds ratios

 formes apprenantes / 

 tayloriennes

Odds ratios formes

 lean production / 

tayloriennes

Odds ratios signif icatif s Ă  5% :
   en italique pour les organisations apprenantes
   en gras pour les organisations en lean production

 

 

5. FORMES D’ORGANISATION ET SANTÉ AU TRAVAIL 

L’un des volets de l’enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail est consacrĂ© aux problĂš-
mes de sĂ©curitĂ© et de santĂ© au travail. Toute une sĂ©rie de questions portent sur les perceptions 
des salariĂ©s sur les risques pour la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail et sur les atteintes Ă  la santĂ© 
au travail. D’autres questions portent sur les arrĂȘts de travail. Trois catĂ©gories de variables 
sont construites sur la base de ces questions que prĂ©sente l’encadrĂ© 6. Une premiĂšre catĂ©gorie 
de variables concerne les perceptions globales des salariĂ©s d’une part sur les risques pour la 
santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail et d’autre part sur les atteintes Ă  la santĂ© considĂ©rĂ©es comme 
dues au travail. Une seconde catĂ©gorie de variables porte sur diffĂ©rents types d’atteintes Ă  la 
santé au travail que déclarent les salariés

18

. Elles sont classiquement distinguĂ©es selon 

qu’elles relĂšvent d’affections d’ordre physique ou psychologique. De plus, compte tenu de 
l’importance considĂ©rable de la diffusion des troubles musculo-squelettiques liĂ©s au travail, 
les affections d’ordre physique qui s’y rattachent sont traitĂ©es spĂ©cifiquement. Ainsi, trois 

                                              

18

 

Trois types d’atteintes Ă  la santĂ© au travail, les maladies de cƓur, les allergies et les traumatismes, sont insuffisamment 

rĂ©pandus pour donner lieu Ă  des analyses statistiques significatives. Ces affections ne sont respectivement dĂ©clarĂ©es que 
par 0,9 %, 3,3 % et 1,6 % des salariĂ©s.  

31 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

types d’atteintes Ă  la santĂ© sont successivement Ă©tudiĂ©s. Quatre variables concernent les 
affections physiques correspondant Ă  des troubles musculo-squelettiques : les douleurs mus-
culaires dans les Ă©paules et le cou, dans les membres supĂ©rieurs, et dans les membres 
infĂ©rieurs ; et les maux de dos. Huit autres variables portent sur d’autres affections d’ordre 
physique : les problĂšmes d’audition, de vue, ou de peau ; les difficultĂ©s respiratoires ; la 
fatigue gĂ©nĂ©rale ; les maux de tĂȘte ; les douleurs d’estomac ; et les blessures

19

. Enfin, quatre 

variables se rapportent au stress et Ă  des affections d’ordre psychologique : le stress ; 
l’anxiĂ©tĂ© ; les problĂšmes d’insomnie ; et l’irritabilitĂ©. Une troisiĂšme catĂ©gorie de variables est 
relative aux arrĂȘts de travail. Deux variables d’arrĂȘts sont distinguĂ©es, selon qu’ils sont dus 
soit Ă  des accidents de travail, soit Ă  des problĂšmes de santĂ© perçus comme causĂ©s par le 
travail. Elles sont dĂ©finies de façon dichotomique en fonction des durĂ©es d’absence : au 
moins une journĂ©e au cours des douze derniers mois ou aucune. Elles donnent un point de 
vue plus objectivĂ© sur les atteintes Ă  la santĂ© puisque les rĂ©ponses des salariĂ©s se rĂ©fĂšrent Ă  
des faits prĂ©cis. Mais elles peuvent donner lieu Ă  des sous-estimations lorsque les affections 
ne conduisent pas Ă  des arrĂȘts de travail, ce qui est le cas pour de nombreuses infrapatho-
logies dues au travail.  

EncadrĂ© 6 

Questions de la troisiĂšme enquĂȘte europĂ©enne sur les conditions de travail  

relatives aux atteintes Ă  la santĂ© et Ă  la sĂ©curitĂ© au travail 

La variable de risque pour la santĂ© ou la sĂ©curitĂ© au travail est dĂ©finie Ă  partir de la question : 

●

 Pensez-vous ou non que, Ă  cause de votre travail, votre santĂ© ou votre sĂ©curitĂ© soit menacĂ©e ? 

Les variables d’atteintes Ă  la santĂ© au travail sont construites Ă  partir des questions : 

●

 Votre travail affecte-il ou non votre santĂ© ? 

●

 Si oui, en quoi affecte-il votre santĂ© : 

-  problĂšmes d’audition ? 
-  problĂšme de vue ? 
-  problĂšmes de peau ? 
-  maux de dos ? 
-  maux de tĂȘte ? 
-  douleurs d’estomac ? 
-  douleurs musculaires dans les Ă©paules et le cou ? 
-  douleurs musculaires dans les membres supĂ©rieurs ? 
-  douleurs musculaires dans les membres infĂ©rieurs ? 
-  difficultĂ©s respiratoires ? 
-  maladies de cƓur ? 
-  blessure ? 
-  stress ? 
-  fatigue gĂ©nĂ©rale ? 
-  problĂšmes d’insomnie ? 
-  allergies ? 

                                              

19

 Certaines affections comme la fatigue gĂ©nĂ©rale, les maux de tĂȘte et les douleurs d’estomac qui sont classĂ©es ici comme 

affections d’ordre physique, ont aussi une composante psychologique.  

32 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

-  anxiĂ©tĂ© ? 
-  irritabilitĂ© ? 
-  traumatisme ? 

Les variables d’arrĂȘt de travail sont Ă©laborĂ©es sur la base des questions : 

●

 Dans votre principal travail rĂ©munĂ©rĂ©, au cours des douze derniers mois, combien de jours avez-vous Ă©tĂ© 

absent du fait : 
- d’un accident de travail ? 
- de problĂšmes de santĂ© causĂ©s par votre travail ? 

 

5.1. Risques et atteintes Ă  la santĂ© au travail 

Les atteintes à la santé perçues par les salariés comme dues à leur travail

20

 et, plus encore, les 

menaces qu’ils ressentent pour leur santĂ© et leur sĂ©curitĂ© au travail varient selon les formes 
d’organisation du travail dans lesquelles ils exercent leur activitĂ© professionnelle (cf. 
tableau 17). En moyenne, prĂšs de 60 % des salariĂ©s dĂ©clarent que le travail affecte 
nĂ©gativement leur santĂ©. Cette proportion est plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean 

production

 (66 %) ou tayloriennes (63 %) et plus faible dans les organisations apprenantes 

(53 %) ou de structure simple (51 %). Dans l’ensemble, 27 % des salariĂ©s pensent que leur 
santĂ© et leur sĂ©curitĂ© sont menacĂ©es Ă  cause de leur travail. Ils sont les plus nombreux Ă  le 
ressentir dans les organisations en 

lean production

 (37 %) et, dans une moindre mesure, dans 

les organisations tayloriennes (33 %). À l’opposĂ©, ils ne sont que 21 % Ă  le dĂ©clarer dans les 
organisations apprenantes et 23 % dans les organisations de structure simple. 

Tableau 17 

Risques et atteintes Ă  la santĂ© au travail selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s concernĂ©s) 

Formes d’organisation  
du travail 

Atteintes Ă  la santĂ©  

liĂ©es au travail 

Risques pour la santĂ© ou la 

sĂ©curitĂ© liĂ©s au travail 

Apprenantes 53,1 

20,7 

Lean production 

66,1 36,8 

Tayloriennes 63,0 

33,5 

Structure simple 

50,7 

22,9 

Ensemble 57,7 

27,4 

Lire ainsi

 : 53,1% des salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent ĂȘtre atteints dans leur santĂ© au travail. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Ces rĂ©sultats descriptifs sont amplement confirmĂ©s par les analyses de rĂ©gression logistique 
des variables de risque ou d’atteinte Ă  la santĂ© au travail en fonction des formes d’organisa-
tion du travail et des variables de contrĂŽle structurel. On le vĂ©rifie Ă  l’aide des 

odds ratios

 du 

tableau 18. En rĂ©fĂ©rence Ă  la situation des salariĂ©s travaillant dans des organisations 

                                              

20

 Les atteintes Ă  la santĂ© liĂ©es au travail sont dĂ©finies Ă  partir de la dĂ©claration par les salariĂ©s d’une santĂ© affectĂ©e par 

leur travail Ă  l’exclusion des rĂ©ponses, au demeurant trĂšs peu nombreuses, Ă©voquant une amĂ©lioration de la santĂ© (1 %) 
ou de type « ne sais pas » (1,4 %). En ce sens, les atteintes Ă  la santĂ© correspondent Ă  des affections nĂ©gatives de la santĂ©. 

33 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

tayloriennes, la probabilitĂ© de dĂ©clarer des atteintes Ă  la santĂ© dues au travail ou des menaces 
pour la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail est significativement beaucoup plus faible dans les 
organisations apprenantes ou de structure simple. Elle est en revanche significativement plus 
Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

Tableau 18 

RĂ©gressions logistiques des variables de risques et d’atteintes Ă  la santĂ© au travail  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation  
du travail 

Atteintes Ă  la santĂ©  

liĂ©es au travail 

Risques pour la santĂ© ou la 

sĂ©curitĂ© liĂ©s au travail 

Apprenantes 0,73** 

0,79** 

Lean production 

1,24** 1,23* 

Tayloriennes RĂ©f RĂ©f 
Structure simple 

0,60** 

0,65** 

SignificativitĂ© des 

odds ratio

s

 : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Ainsi, les risques pour la santĂ© et la sĂ©curitĂ© et les atteintes Ă  la santĂ© perçus comme dus au 
travail sont bien moindres dans les organisations apprenantes ou de structure simple que dans 
les organisations tayloriennes ou les organisations en 

lean production

 et c’est dans ces 

derniĂšres qu’ils s’avĂšrent les plus Ă©levĂ©s. 

5.2. Troubles musculo-squelettiques 

Les douleurs musculaires dans les Ă©paules ou le cou, les membres supĂ©rieurs, ou les membres 
infĂ©rieurs, et les maux de dos, symptomatiques de troubles musculo-squelettiques, touchent 
les salariĂ©s de façon trĂšs contrastĂ©e selon les formes d’organisation du travail, comme le 
montre le tableau 19.  

Tableau 19 

TMS selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s affectĂ©s) 

Douleurs musculaires 

Formes d’organisation  
du travail 

Epaules ou cou 

Membres 

supĂ©rieurs 

Membres infĂ©rieurs 

Maux de dos 

Apprenantes 

19,4 9,2  7,6 26,8 

Lean production 

29,2 18,7 14,6 38,7 

Tayloriennes 

29,3 19,4 13,9 41,6 

Structure 

simple 

17,9 9,2  9,4 32,4 

Ensemble 

23,2 13,3 10,8 33,2 

Lire ainsi

 : 19,4 % des salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent ĂȘtre affectĂ©s par des douleurs musculaires dans les Ă©paules ou 

le cou.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Ces affections concernent des proportions importantes de salariĂ©s. Des douleurs musculaires 
dans les Ă©paules ou le cou sont dĂ©clarĂ©es par prĂšs du quart des salariĂ©s. Cette proportion 

34 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

atteint presque 30 % dans les organisations tayloriennes ou en 

lean production

, mais moins 

de 20 % dans les organisations apprenantes ou de structure simple. Les douleurs musculaires 
dans les membres supĂ©rieurs touchent 13 % des salariĂ©s en moyenne. Si ce pourcentage 
avoisine les 20 % dans les organisations tayloriennes ou en 

lean production

, il est infĂ©rieur Ă  

10 % dans les organisations apprenantes ou de structure simple. De mĂȘme, si 11 % des 
salariĂ©s dĂ©clarent ĂȘtre affectĂ©s par des douleurs musculaires dans les membres infĂ©rieurs, ils 
sont prĂšs de 15 % dans les organisations tayloriennes ou en 

lean production

, et nettement 

moins de 10 % dans les organisations apprenantes ou de structure simple. Un tiers des 
salariĂ©s est touchĂ© par des maux de dos perçus comme liĂ©s au travail. La proportion est 
nettement plus faible dans les organisations apprenantes (27 %), voisine dans les organi-
sations de structure simple, plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

 (39 %) et la 

plus forte dans les organisations tayloriennes (42 %). 
Les analyses Ă©conomĂ©triques confirment les rĂ©sultats de l’analyse descriptive, comme le 
montre le tableau 20 oĂč figurent les 

odds ratios

 des modĂšles de rĂ©gression logistique expli-

quant les variables de troubles musculo-squelettiques en fonction des formes d’organisation, 
avec contrĂŽle structurel. Par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des salariĂ©s des organisations 
tayloriennes, la probabilitĂ© de dĂ©clarer des douleurs musculaires dans les Ă©paules ou le cou, 
les membres supĂ©rieurs, ou les membres infĂ©rieurs, ou des maux de dos, est bien plus faible, 
le plus souvent de façon significative, dans les organisations apprenantes et, plus encore, 
dans les organisations de structure simple. Par contre, aucune diffĂ©rence significative 
n’apparaĂźt entre salariĂ©s des organisations en 

lean production

 et salariĂ©s des organisations 

tayloriennes.  

Tableau 20 

RĂ©gressions logistiques des variables de TMS 

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Douleurs musculaires 

Formes d’organisation  
du travail 

Epaules ou cou 

Membres 

supĂ©rieurs 

Membres infĂ©rieurs 

Maux de dos 

Apprenantes 0,63** 

0,59** 

0,82 

0,69** 

Lean production 

1,04 1,03 1,22 1,04 

Tayloriennes 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

Structure simple 

0,49** 

0,44** 

0,64** 

0,69** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %.  

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
En dĂ©finitive, les troubles musculo-squelettiques, apprĂ©ciĂ©s par les douleurs musculaires dans 
les Ă©paules ou le cou, les membres supĂ©rieurs, ou les membres infĂ©rieurs, ainsi que par les 
maux de dos, touchent beaucoup plus souvent les salariĂ©s des organisations tayloriennes ou 
en 

lean production 

que ceux des organisations apprenantes ou de structure simple. On 

retrouve ainsi des différenciations organisationnelles voisines de celles concernant les expo-
sitions Ă  des pĂ©nibilitĂ©s physiques. Cette analogie s’explique logiquement par le fait que les 
postures douloureuse ou fatigantes, la manutention de charges lourdes et les vibrations 
mĂ©caniques contribuent beaucoup aux troubles musculo-squelettiques et les mouvements 
rĂ©pĂ©titifs des bras ou des mains aux douleurs musculaires dans les Ă©paules ou le cou et dans 
les membres supĂ©rieurs (MoliniĂ©, 2003). 

35 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

5.3. Autres affections physiques 

Les affections physiques non musculo-squelettiques imputĂ©es au travail touchent les salariĂ©s 
avec des prĂ©valences trĂšs diverses selon les formes d’organisation, comme on peut le cons-
tater dans le tableau 21.  

Tableau 21 

Affections physiques selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s affectĂ©s) 

Formes d’organisation  
du travail 

ProblĂšmes

 

d’a

udi

tion  

ProblĂšmes

 

de vue 

ProblĂšmes

 

de peau 

Diffic

ultĂ©s 

respi

rat

ion 

Fat

igue 

géné

ral

Ma

ux

 de

 

tĂȘte 

Ma

ux

 

d’est

omac 

Blessures 

Apprenantes 

7,5 11,3 4,4  3,1 17,0 13,3 4,9  7,2 

Lean production 

17,0 12,2 10,1  7,9  25,2 19,4  5,2  12,8 

Tayloriennes 

14,4 8,8  7,8  6,3 27,0 18,9 4,2  9,3 

Structure 

simple 

6,0 7,3 3,5 2,8 17,6 11,1 3,6 5,0 

Ensemble 

10,8 10,4 6,3  4,8 20,8 15,3 4,6  8,6 

Lire ainsi

 : 7,5 % des salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent ĂȘtre affectĂ©s par des problĂšmes d’audition.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Si des proportions importantes de salariĂ©s dĂ©clarent souffrir d’une fatigue gĂ©nĂ©rale (21 %) ou 
de maux de tĂȘte (15 %), ils sont beaucoup moins nombreux, de l’ordre de 5 %, Ă  ressentir des 
maux d’estomac, des difficultĂ©s respiratoires ou des problĂšmes de peau. Les problĂšmes d’au-
dition ou de vue et les blessures sont Ă©voquĂ©s avec des frĂ©quences intermĂ©diaires. Cinq des 
huit affections physiques Ă©tudiĂ©es se rĂ©partissent de façon analogue entre les diffĂ©rentes 
formes d’organisation du travail : les problĂšmes d’audition, les problĂšmes de peau, les 
difficultĂ©s respiratoires, les maux de tĂȘte et les blessures. Elles sont le plus rĂ©pandues dans 
les organisations en 

lean production

, puis dans les organisations tayloriennes, sont nettement 

moins prĂ©sentes dans les organisations apprenantes et les moins frĂ©quentes dans les 
organisations de structure simple. Cette hiĂ©rarchisation organisationnelle est donc diffĂ©rente 
de celle qui est observĂ©e pour les troubles de caractĂšre musculo-squelettique, mais analogue Ă  
celle que l’on constate pour les atteintes Ă  la santĂ© au travail telles qu’elles sont perçues par 
les salariĂ©s. Le sentiment de fatigue gĂ©nĂ©rale due au travail suit une distribution organi-
sationnelle distincte. Il s’exprime le plus frĂ©quemment dans les organisations tayloriennes 
(27 %), suivies de prĂšs par les organisations en 

lean production

 (25 %), alors qu’il est 

beaucoup moins rĂ©pandu dans les organisations apprenantes ou de structure simple (17 et 
18 %). On retrouve donc pour la sensation de fatigue gĂ©nĂ©rale une configuration organi-
sationnelle observée pour les troubles musculo-squelettiques. Enfin, les deux derniÚres affec-
tions physiques, les problĂšmes de vue et les maux d’estomac, prĂ©sentent une rĂ©partition 
organisationnelle trĂšs diffĂ©rente. Si elles sont les plus Ă©levĂ©es dans les organisations en 

lean 

production

, elles sont Ă©galement importantes dans les organisations apprenantes, un peu 

moins frĂ©quentes dans les organisations tayloriennes et les moins rĂ©pandues dans les organi-
sations de structure simple. De la sorte, elles se rapprochent de la configuration des atteintes 
de stress et d’affections d’ordre psychologique, comme on pourra le constater dans la section 
suivante qui leur est consacrĂ©e. 

36 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Les rĂ©gressions logistiques estimant les effets des formes d’organisation du travail sur les 
variables d’affections physiques avec contrĂŽle structurel confirment en grande partie les 
rĂ©sultats prĂ©cĂ©dents, comme le montrent les 

odds ratios

 du tableau 22. En prenant comme 

situation de rĂ©fĂ©rence celle des salariĂ©s des organisations tayloriennes, la probabilitĂ© de 
dĂ©clarer ĂȘtre touchĂ© par des affections physiques est plus forte, sauf dans le cas de la fatigue 
gĂ©nĂ©rale, pour les salariĂ©s des organisations en 

lean production

, et ce, de façon statistique-

ment significative, pour les problĂšmes d’audition ou de peau, les difficultĂ©s respiratoires et 
les blessures. À l’opposĂ©, cette probabilitĂ© est nettement plus faible dans les organisations de 
structure simple, de façon significative pour toutes les affections physiques Ă  l’exception des 
maux d’estomac

21

. La situation est beaucoup plus variĂ©e dans les organisations apprenantes. 

La probabilitĂ© d’ĂȘtre touchĂ© ne diffĂšre pas significativement de celle des organisations 
tayloriennes pour les problĂšmes d’audition, de vue ou de peau, les difficultĂ©s respiratoires et 
les maux d’estomac. En revanche, elle est significativement infĂ©rieure en ce qui concerne la 
fatigue gĂ©nĂ©rale et les maux de tĂȘte et significativement supĂ©rieure pour les blessures. En 
intĂ©grant les contrĂŽles structurels, l’analyse de rĂ©gression logistique tend notamment Ă  aug-
menter l’estimation des prĂ©valences de la plupart des affections physiques dans les organi-
sations apprenantes par rapport Ă  ce qui est observĂ© dans l’analyse descriptive. Il en rĂ©sulte 
quelques lĂ©gĂšres modifications de rĂ©sultats : les blessures et les problĂšmes de peau apparais-
sent ainsi plus rĂ©pandus dans les organisations apprenantes que dans les organisations 
tayloriennes, ce qui les rapproche de la configuration organisationnelle d’affections comme 
les problĂšmes de vue ou les maux d’estomac. 

Tableau 22 

RĂ©gressions logistiques de variables d’affections physiques  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes 
d’organisation  
du travail

 

ProblĂšmes

 

d’a

udi

tion  

ProblĂšmes

 

de vue 

ProblĂšmes

 

de peau 

Diffic

ultĂ©s 

respi

rat

ion 

Fat

igue 

géné

ral

Ma

ux

 de

 

tĂȘte 

Ma

ux

 

d’est

omac 

Blessures 

Apprenantes 

0,85 1,05 1,02 0,86 0,68** 0,66**  1,37  1,32* 

Lean production 

1,39** 1,26 1,59** 1,49*  0,93 1,06 1,42 1,48** 

Tayloriennes 

RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f RĂ©f 

Structure simple 

0,53** 0,73* 0,61** 0,65* 0,56** 0,53**  0,90  0,64** 

SignificativitĂ© des

 odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %.  

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Au final, il apparaßt que les affections physiques étudiées dans cette section touchent princi-
palement les salariĂ©s des organisations en 

lean production

, à l’exception toutefois des problù-

mes de fatigue gĂ©nĂ©rale qui frappent plus encore les salariĂ©s des organisations tayloriennes. 
À l’opposĂ©, les salariĂ©s des organisations de structure simple sont les moins exposĂ©s Ă  
l’ensemble de ces affections. Les organisations tayloriennes et apprenantes se trouvent le 
plus souvent dans des situations intermĂ©diaires. PrĂ©cisons toutefois que les problĂšmes de 
fatigue gĂ©nĂ©rale et de maux de tĂȘte affectent fortement les salariĂ©s des organisations taylo-
riennes et beaucoup moins ceux des organisations apprenantes. Les diffĂ©renciations organisa-

                                              

21

 La faible frĂ©quence d’ensemble de dĂ©claration des maux d’estomac nĂ©cessiterait de trĂšs fortes diffĂ©rences entre formes 

d’organisation pour qu’elles puissent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme statistiquement significatives. 

37 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

tionnelles de certaines affections physiques sont trĂšs proches de celles qui sont observĂ©es 
pour les conditions physiques de travail les plus susceptibles de les provoquer. Ainsi, trĂšs 
logiquement, la sensation de fatigue gĂ©nĂ©rale se trouve dans une configuration comparable Ă  
celle de l’exposition Ă  des postures douloureuses ou fatigantes ou Ă  la manutention de char-
ges lourdes. De mĂȘme, les difficultĂ©s respiratoires sont en Ă©troite correspondance avec 
l’exposition Ă  des inhalations dangereuses. 

5.4. Stress et affections d’ordre psychologique 

Le stress et les affections d’ordre psychologique perçus comme dus au travail par les 
salariés

22

 varient entre les diffĂ©rentes formes d’organisation du travail de façon trĂšs distincte 

de ce qui a Ă©tĂ© observĂ© pour la plupart des affections d’ordre physique, comme le montre le 
tableau 23. Le stress au travail est trĂšs rĂ©pandu. Il touche 27 % des salariĂ©s en moyenne. La 
proportion de salariĂ©s qui le subissent est nettement plus importante dans les organisations en 

lean production

, prĂšs du tiers, lĂ©gĂšrement supĂ©rieure dans les organisations apprenantes et 

bien moindre, de l’ordre de 20 %, dans les organisations tayloriennes ou de structure simple. 
Les autres affections d’ordre psychologique concernent des proportions bien moindres de 
salariĂ©s. 6 % d’entre eux dĂ©clarent une anxiĂ©tĂ© liĂ©e au travail. La proportion est la plus Ă©levĂ©e 
dans les organisations en 

lean production

 et la plus faible dans les organisations tayloriennes. 

8% des salariĂ©s rĂ©pondent avoir des problĂšmes d’insomnie dus Ă  leur travail. Ils sont le plus 
touchĂ©s dans les organisations en 

lean production

 (11 %) et le moins dans les organisations 

de structure simple (5 %). Enfin, des problĂšmes d’irritabilitĂ© liĂ©s au travail sont ressentis par 
11 % des salariĂ©s. Les proportions varient peu entre formes d’organisation du travail. Elles 
sont lĂ©gĂšrement supĂ©rieures dans les organisations en 

lean production

 et infĂ©rieures dans les 

organisations de structure simple. 

Tableau 23 

Stress et troubles psychologiques selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s affectĂ©s) 

Formes d’organisation  
du travail 

Stress AnxiĂ©tĂ© 

ProblĂšmes 

d’insomnie 

IrritabilitĂ© 

Apprenantes 28,5 

5,6 

8,3 

10,2 

Lean production 

32,6 7,6 11,2 12,5 

Tayloriennes 20,8 

4,0 

7,5 

11,6 

Structure 

simple  20,4 4,6 4,8 8,7 

Ensemble 27,0 

5,7 

8,4 

10,8 

Lire ainsi

 : 28,5 % des salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent ĂȘtre atteints de stress.  

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les rĂ©sultats de cette analyse descriptive sont pour la plupart confortĂ©s par ceux des rĂ©gres-
sions logistiques des variables de stress ou de troubles psychologiques en fonction des 
formes d’organisation du travail et des variables de contrĂŽle structurel, comme le montrent 

                                              

22

 Relevons que la variable de stress, de mĂȘme que la variable d’anxiĂ©tĂ©, doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e avec prudence, dans la 

mesure oĂč les dĂ©clarations des salariĂ©s en la matiĂšre reflĂštent souvent des diffĂ©rences sociales et culturelles importantes. 
De plus, la dimension internationale du questionnaire peut introduire des biais linguistiques. De fait, on observe de fortes 
disparitĂ©s entre les 

odds ratios

 nationaux dans les modĂšles de rĂ©gression logistique expliquant les variables de stress ou 

d’anxiĂ©tĂ© avec contrĂŽle structurel (Valeyre, 2006) 

38 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

les 

odds ratios

 du tableau 24. Par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des salariĂ©s des orga-

nisations tayloriennes, la probabilitĂ© d’ĂȘtre stressĂ© ou d’avoir des problĂšmes d’insomnie Ă  
cause du travail est significativement supĂ©rieure dans les organisations en 

lean production

 et, 

dans une moindre mesure, dans les organisations apprenantes (de façon significative pour le 
stress seulement) et significativement infĂ©rieure dans les organisations de structure simple. 
La probabilitĂ© de subir des problĂšmes d’anxiĂ©tĂ© dus au travail est Ă©galement significa-
tivement plus importante dans les organisations en 

lean production

 et, Ă  un moindre degrĂ©, 

dans les organisations apprenantes. En revanche, elle ne diffĂšre pas significativement dans 
les organisations de structure simple. Enfin, la probabilitĂ© d’avoir des problĂšmes d’irrita-
bilitĂ© occasionnĂ©s par le travail ne distingue pas significativement les diffĂ©rentes formes 
d’organisation, Ă  l’exception des organisations de structure simple oĂč les salariĂ©s apparais-
sent moins touchĂ©s. L’introduction des contrĂŽles structurels dans le cadre de l’analyse 
Ă©conomĂ©trique ne modifie donc l’analyse descriptive que sur un rĂ©sultat : alors que le stress 
au travail dans les organisations de structure simple semble comparable Ă  celui des orga-
nisations tayloriennes avec l’analyse descriptive, il se rĂ©vĂšle ĂȘtre nettement moindre avec 
l’analyse de rĂ©gression logistique.  

Tableau 24 

RĂ©gressions logistiques des variables de stress et de troubles psychologiques  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation  
du travail 

Stress AnxiĂ©tĂ© 

ProblĂšmes 

d’insomnie 

IrritabilitĂ© 

Apprenantes 1,21* 

1,48* 

1,16 

0,86 

Lean production 

1,74** 1,70** 1,47**  1,06 

Tayloriennes 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

RĂ©f 

Structure simple 

0,79* 

1,02 

0,63** 

0,70** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
Le stress et les problĂšmes d’insomnie ou d’anxiĂ©tĂ© liĂ©s au travail touchent principalement les 
salariĂ©s des organisations en 

lean production

 et, dans une moindre mesure, ceux des organi-

sations apprenantes. Ils atteignent moins les salariĂ©s des organisations tayloriennes et moins 
encore ceux des organisations de structure simple (sauf pour l’anxiĂ©tĂ© qui affecte de façon 
comparable les salariĂ©s de ces deux formes d’organisation). En revanche, la situation est 
diffĂ©rente en ce qui concerne les problĂšmes d’irritabilitĂ© dus au travail. Les atteintes sont 
voisines dans les organisations en 

lean production

, tayloriennes et apprenantes. Seules se 

distinguent nettement les organisations de structure simple avec une moindre exposition de 
leurs salariĂ©s. 

5.5. ArrĂȘts de travail 

Les arrĂȘts de travail dus Ă  des accidents du travail ou Ă  de problĂšmes de santĂ© causĂ©s par le 
travail sont moins contrastĂ©s entre formes d’organisation du travail que ne le sont les dĂ©cla-
rations de troubles physiques ou psychologiques dus au travail, comme on peut le constater 
dans le tableau 25. 11 % des salariĂ©s dĂ©clarent s’ĂȘtre absentĂ©s au moins une journĂ©e au cours 
des douze derniers mois prĂ©cĂ©dant l’enquĂȘte du fait de problĂšmes de santĂ© causĂ©s par leur 
travail. Cette proportion varie relativement peu entre formes d’organisation, de 13 % dans les 

39 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

organisations tayloriennes Ă  9 % dans les organisations de structure simple, en passant par les 
situations intermĂ©diaires des organisations en 

lean production

 (12 %) ou apprenantes (10 %). 

La situation est assez voisine en ce qui concerne les dĂ©clarations d’absence au moins une 
journĂ©e au cours des douze derniers mois du fait d’un accident du travail. Si la proportion des 
salariĂ©s touchĂ©s est de 9 % en moyenne, elle s’élĂšve Ă  11 % dans les organisations 
tayloriennes ou en 

lean production 

et se trouve lĂ©gĂšrement plus basse dans les organisations 

apprenantes (8 %) et la plus faible dans les organisations de structure simple (7 %). 

Tableau 25 

ArrĂȘts de travail selon les formes d’organisation du travail 

(% de salariĂ©s ayant eu des arrĂȘts de travail d’au moins un jour dans l’annĂ©e) 

Formes d’organisation du travail 

ProblĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail 

Accident de travail 

Apprenantes 10,1 

8,4 

Lean production 

11,7 11,3 

Tayloriennes 13,1 

10,9 

Structure simple 

9,1 

7,1 

Ensemble 10,7 

9,3 

Lire ainsi

 : 10,1 % des salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent des arrĂȘts de travail d’au moins un jour dans l’annĂ©e 

pour des problĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail. 

Champ et source

 : 

idem

 tableau 1.  

 
Les rĂ©gressions logistiques des variables d’arrĂȘts de travail en fonction des formes d’organi-
sation effectuĂ©es avec contrĂŽle structurel confirment ces rĂ©sultats, comme on peut le cons-
tater Ă  la lecture des 

odds ratios

 du tableau 26.  

Tableau 26 

RĂ©gressions logistiques des variables d’arrĂȘts de travail  

en fonction des formes d’organisation du travail, avec contrĂŽle structurel (odds ratios

Formes d’organisation du travail 

ProblĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail 

Accident de travail 

Apprenantes 0,82 

0,93 

Lean production 

0,92 1,10 

Tayloriennes RĂ©f 

RĂ©f 

Structure simple 

0,67** 

0,67** 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : ** significatif Ă  1 % ; * significatif Ă  5 %. 

Variables de contrĂŽle structurel et source

 : 

idem

 tableau 2. 

 
En rĂ©fĂ©rence Ă  la situation des salariĂ©s des organisations tayloriennes, la probabilitĂ© de s’ĂȘtre 
absentĂ© au moins une journĂ©e dans l’annĂ©e du fait de problĂšmes de santĂ© causĂ©s par le travail 
est infĂ©rieure dans les autres formes d’organisation. Mais la diffĂ©rence n’est significative que 
dans les seules organisations de structure simple. De mĂȘme, la probabilitĂ© de s’ĂȘtre absentĂ© 
au moins une journĂ©e dans l’annĂ©e en raison d’un accident du travail n’est significativement 
diffĂ©rente, en l’occurrence infĂ©rieure, que dans les seules organisations de structure simple. 
Elle est un peu plus Ă©levĂ©e dans les organisations en 

lean production

 et un peu plus faible 

dans les organisations appre-nantes, sans que les diffĂ©rences soient suffisamment marquĂ©es 
pour ĂȘtre significatives. Ainsi, la prise en compte des variables de contrĂŽle structurel par les 

40 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

analyses Ă©conomĂ©triques modifie peu les rĂ©sultats de l’analyse descriptive. La principale 
inflexion apportĂ©e consiste en une lĂ©gĂšre augmentation de l’estimation des arrĂȘts de travail 
des salariĂ©s des organisations apprenantes. 
En dĂ©finitive, les arrĂȘts de travail, qu’ils soient dus Ă  des problĂšmes de santĂ© causĂ©s par le 
travail ou Ă  des accidents du travail, sont peu diffĂ©renciĂ©s entre les organisations taylorien-
nes, en 

lean production

 et apprenantes. Tout au plus peut-on observer une prĂ©valence 

lĂ©gĂšrement moindre dans les organisations apprenantes et un peu plus forte dans les 
organisations tayloriennes, notamment pour les arrĂȘts dus Ă  des problĂšmes de santĂ© liĂ©s au 
travail, et dans les organisations en 

lean production

, notamment pour les arrĂȘts dus Ă  des 

accidents du travail. En revanche, les arrĂȘts de travail s’avĂšrent nettement moins frĂ©quents 
dans les organisations de structure simple. 

5.6. Les atteintes Ă  la santĂ© dans les nouvelles formes d’organisation : 
des situations trĂšs diverses 

Les comparaisons entre formes d’organisation des atteintes Ă  la santĂ© que les salariĂ©s 
perçoivent comme dues au travail varient beaucoup selon les types d’affections. NĂ©anmoins, 
en ce qui concerne les nouvelles formes d’organisation, les problĂšmes de santĂ© dus au travail 
s’avĂšrent systĂ©matiquement plus importants dans les organisations en 

lean production

 que 

dans les organisations apprenantes. Mais lorsque l’on compare la situation des salariĂ©s de ces 
organisations avec celle des organisations tayloriennes, les rĂ©sultats deviennent beaucoup 
plus variĂ©s, comme l’illustre la figure 4 qui reprĂ©sente les 

odds ratios

 estimant les effets sur 

les diffĂ©rentes variables de santĂ© au travail de l’appartenance aux organisations apprenantes 
ou en 

lean production

 en rĂ©fĂ©rence Ă  la situation dans les organisations tayloriennes

23

. Par 

rapport aux salariĂ©s des organisations tayloriennes, cinq cas de figures peuvent ĂȘtre 
distinguĂ©s. Le premier se caractĂ©rise par une situation meilleure dans les organisations appre-
nantes et non significativement diffĂ©rente dans les organisations en 

lean production

. Il 

s’observe pour les troubles musculo-squelettiques, les maux de tĂȘte, et de façon plus globale 
pour les sentiments de fatigue gĂ©nĂ©rale. Le second concerne les deux variables de perception 
globale relatives aux atteintes Ă  la santĂ© au travail et aux risques pour la santĂ© ou la sĂ©curitĂ© 
au travail. Il se caractĂ©rise par une situation contrastĂ©e, meilleure dans les organisations 
apprenantes et moins bonne dans les organisations en 

lean production

. Le troisiĂšme se 

caractĂ©rise par une situation moins favorable dans les organisations en 

lean production

 et non 

significativement diffĂ©rente dans les organisations apprenantes. Il vaut pour les problĂšmes 
respiratoires, d’audition, de peau et d’insomnie. Le quatriĂšme se caractĂ©rise par une situation 
moins favorable, tant dans les organisations en 

lean production

 que dans les organisations 

apprenantes. Il s’observe pour les problĂšmes de stress et d’anxiĂ©tĂ©, ainsi que pour les 
blessures. Enfin, le cinquiĂšme rĂ©unit des affections pour lesquelles on ne constate pas de 
diffĂ©rences significatives (Ă  5 %) entre nouvelles formes d’organisation et organisations 
tayloriennes. Il s’agit des douleurs musculaires des membres infĂ©rieurs, des problĂšmes de 
vue, des maux d’estomac, des problĂšmes d’irritabilitĂ© et des arrĂȘts de travail en raison d’acci-
dents de travail ou de problĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail. Il apparaĂźt donc que les nouvelles 
formes d’organisation sont peu porteuses d’une meilleure santĂ© au travail. ComparĂ©e Ă  celle 
des organisations tayloriennes, la situation n’est jamais meilleure dans les organisations en 

lean production

 et plutĂŽt moins bonne en ce qui concerne de nombreuses affections. Quant 

                                              

23

 Ces 

odds ratios

 sont issus des tableaux 18 (risques et atteintes Ă  la santĂ© au travail), 20 (TMS), 22 (autres affections 

physiques), 24 (stress et affections d’ordre psychologique) et 26 (arrĂȘts de travail). 

41 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

aux organisations apprenantes, elles connaissent des situations plus diverses, plutĂŽt meil-
leures en matiĂšre d’affections physiques, mais parfois moins bonnes en matiĂšre de stress et 
d’affections d’ordre psychologique. 
 

Figure 4 : SantĂ© au travail dans les nouvelles formes d'organisation

Fatigue 

générale

Irritabilité

Stress

Anxiété

ProblĂšme

 de peau

Insomnie

Blessure

Mal

d'estomac

ArrĂȘt

accident

ProblĂšme

 de vue

DifficultĂ© 

respiratoire

ProblĂšme
d'audition

Risque pour

 la santĂ©

TMS

jambes

Mal de dos

Mal de tĂȘte

Atteinte 

à la santé

TMS bras

et main

TMS

 Ă©paule 

0,75

1,00

1,25

1,50

1,75

0,50

0,75

1,00

1,25

1,50

Odds ratios

formes apprenantes /

tayloriennes

Odds ratios formes

lean production/

tayloriennes

ArrĂȘt 

maladie

 

 

Odds ratios 

significatifs Ă  5 % : en italique pour les organisations apprenantes ; en gras pour les organisations en 

lean

 

production

 
 

CONCLUSION 

Les rĂ©sultats de la recherche confirment dans une large mesure les hypothĂšses formulĂ©es en 
introduction. De nombreuses caractĂ©ristiques de conditions de travail ou de santĂ© au travail 
sont plus favorables dans les organisations apprenantes que dans les organisations en 

lean 

production

 ou les organisations tayloriennes et la situation est en gĂ©nĂ©ral moins bonne dans 

42 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

les organisations en 

lean production

 que dans les organisations tayloriennes. Les tableaux 27 

et 28 le montrent de façon synthétique

24

.  

Tableau 27 

Conditions de travail dans les nouvelles formes d’organisation du travail 

Odds ratios

 en rĂ©fĂ©rence aux organisations tayloriennes

 

Organisations 

apprenantes  

Organisations 

en 

lean production

  

Postures douloureuses ou fatigantes 

- - - 

(-) 

Manutentions de charges lourdes 

- - - 

(+) 

Mouvements rĂ©pĂ©titifs des mains ou des bras 

- - - 

- - - 

 
 
PĂ©nibilitĂ©s 
physiques 

Vibrations mĂ©caniques 

- - - 

(+) 

Bruits intenses 

- - - 

Chaleur 

- - - 

+ + + 

 
Nuisances 

Froid 

- - - 

+ + + 

Inhalations de substances dangereuses 

- - 

+ + + 

Contacts avec des substances dangereuses 

- - - 

+ + 

 
 
 
 
 

Conditions 
physiques 
de travail 

 
Risques 
toxiques 

Irradiations - 

(+) 

Travail de nuit (plus de 5 fois par mois) 

- - - 

+ + 

Travail le soir (plus de 10 fois par mois) 

- - - 

(-) 

Travail le dimanche 

- - - 

+ + 

Travail le samedi 

(+) 

+ + + 

 
 
Horaires 
atypiques 

Travail postĂ© 

- - - 

+ + 

Nombre d’heures variable chaque jour 

+ + + 

+ + + 

Nombre de jours variable chaque semaine 

(+) 

+ + + 

Horaires variables 

+ + + 

+ + + 

 
Horaires 
flexibles 

Changements d’horaires dans le mois 

+ + + 

+ + 

Au moins 45 heures par semaine 

+ + + 

+ + 

 
 
 
 
Conditions 
horaires de 
travail 

DurĂ©es de 
travail longues  JournĂ©es de plus de 10 heures frĂ©quentes 

+ + + 

+ + + 

Cadences Ă©levĂ©es tout le temps ou presque 

- - - 

(+) 

DĂ©lais serrĂ©s tout le temps ou presque 

- - - 

+ + + 

 
IntensitĂ© du 
travail 

Manque de temps pour terminer le travail 

- - 

(=) 

Interruptions de tĂąche frĂ©quentes  

+ + + 

+ + + 

 
Pressions 
temporelles 

Interruptions 
imprĂ©vues  

Interruptions de tĂąche perturbantes 

+ + + 

+ + + 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : + + + et - - - Ă  1% ; + + et - - Ă   5% ; + et â€“ Ă  10% ; (+),(-) et (=) non significatifs.   

                                              

24

 Les tableaux 27 et 28 rĂ©capitulent les 

odds ratios

 des rĂ©gressions logistiques avec contrĂŽle structurel des variables de 

conditions de travail ou d’atteintes Ă  la santĂ© au travail en fonction de l’appartenance des salariĂ©s Ă  des organisations 
apprenantes ou en 

lean production

 par rapport Ă  la situation de rĂ©fĂ©rence des salariĂ©s des organisations tayloriennes. 

43 

background image

Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Tableau 28 

Atteintes Ă  la santĂ© au travail dans les nouvelles formes d’organisation du travail 

Odds ratios

 en rĂ©fĂ©rence aux organisations tayloriennes

 

Organisations 

apprenantes  

Organisations 

en 

lean production

  

Risques pour la santĂ© ou la sĂ©curitĂ©  

- - - 

+ + 

Risques et atteintes Ă  la 
santĂ© au travail 

Atteintes Ă  la santĂ© en gĂ©nĂ©ral 

- - - 

+ + + 

Douleurs musculaires des Ă©paules ou du cou 

- - - 

(+) 

Douleurs musculaires des membres supĂ©rieurs 

- - - 

(+) 

Douleurs musculaires des membres infĂ©rieurs 

(-) 

 
Troubles musculo-
squelettiques 

Maux de dos 

- - - 

(+) 

ProblĂšmes d’audition 

(-) 

+ + + 

ProblĂšmes de vue 

(+) 

ProblĂšmes de peau 

(+) 

+ + + 

DifficultĂ©s respiratoires 

(-) 

+ + 

Fatigue gĂ©nĂ©rale 

- - - 

(-) 

Maux de tĂȘte 

- - - 

(+) 

Maux d’estomac 

(+) 

 
 
 
Autres affections 
physiques 

Blessures 

+ + 

+ + + 

Stress 

+ + 

+ + + 

AnxiĂ©tĂ© 

+ + 

+ + + 

ProblĂšmes d’insomnie 

(+) 

+ + + 

 
Stress et troubles 
psychologiques 

IrritabilitĂ© (-) 

(+) 

ProblĂšmes de santĂ© liĂ©s au travail 

(-) 

(-) 

ArrĂȘts de travail 

Accident de travail 

(-) 

(+) 

SignificativitĂ© des 

odds ratios : + + + et - - - Ă  1% ; + + et - - Ă   5% ; + et â€“ Ă  10% ; (+),(-) et (=) non significatifs.  

 
Plus prĂ©cisĂ©ment, pour de nombreux aspects des conditions de travail comme les pĂ©nibilitĂ©s 
physiques, les nuisances, les risques toxiques, les horaires atypiques et l’intensitĂ© du travail, 
les organisations apprenantes du travail apportent aux salariĂ©s des situations bien meilleures 
que celles rencontrĂ©es dans les organisations tayloriennes. Cependant, la situation inverse 
s’observe en ce qui concerne les durĂ©es de travail longues, les horaires flexibles et les inter-
ruptions imprĂ©vues dans le travail. En revanche, dans leur trĂšs grande majoritĂ©, les conditions 
de travail des salariĂ©s des organisations en 

lean production

 sont nettement plus dĂ©favorables 

que celles des organisations tayloriennes. Les rĂ©sultats sont analogues en matiĂšre de santĂ© au 
travail. Les salariĂ©s des organisations apprenantes dĂ©clarent beaucoup moins souvent ĂȘtre 
atteints par les diffĂ©rents troubles de santĂ© au travail Ă©tudiĂ©s que ceux des organisations taylo-
riennes, sauf en ce qui concerne le stress, les troubles d’ordre psychologique ou les blessures. 
La situation est encore une fois beaucoup moins satisfaisante pour les salariĂ©s des organi-
sations en 

lean production

. De nombreuses affections y sont nettement plus marquĂ©es que 

dans les organisations tayloriennes et seules quelques problĂšmes de santĂ© comme les troubles 
musculo-squelettiques ou la fatigue gĂ©nĂ©rale ont une prĂ©valence comparable. 
Comment interprĂ©ter de telles diffĂ©rences entre des formes d’organisation du travail qui parti-
cipent toutes deux Ă  la diffusion de multiples innovations organisationnelles ? Les compa-
raisons internationales et la mise en perspective historique de la diffusion des diffĂ©rentes 

44 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

formes d’organisation du travail innovantes en Europe permettent d’esquisser quelques pistes 
explicatives. En 2000, on constate une prĂ©pondĂ©rance des organisations apprenantes dans les 
pays nordiques, aux Pays-Bas et dans une moindre mesure dans les pays germaniques et, Ă  
l’opposĂ©, une dĂ©veloppement important des organisations en 

lean production

 au Royaume-

Uni, en Irlande, en Espagne et dans une moindre mesure en France (Lorenz et Valeyre, 
2005b). Les contextes institutionnels et juridiques nationaux jouent sur l’orientation que 
prennent les nouvelles formes d’organisation du travail. Ainsi, on observe que les pays oĂč 
prĂ©dominent les formes d’organisation du travail apprenantes sont aussi ceux oĂč les marchĂ©s 
du travail sont les plus rĂ©gulĂ©s (Lorenz et Valeyre, 2005c) et oĂč les dispositions rĂ©gle-
mentaires ou lĂ©gales relatives Ă  l’organisation du travail sont les plus avancĂ©es en matiĂšre de 
prise en compte des questions de sĂ©curitĂ© et de santĂ© au travail (Bressol, 2004). Les pays 
scandinaves ont engagĂ© dĂšs les annĂ©es soixante-dix des innovations d’organisation du travail 
inspirĂ©es du modĂšle sociotechnique pour rĂ©pondre aux deux dimensions sociale et 
Ă©conomique de la crise du modĂšle taylorien/fordien. Ces innovations organisationnelles dont 
les groupes semi-autonomes de production constituent une composante majeure, ont Ă©tĂ© 
conçues dans une double perspective : d’une part l’amĂ©lioration des conditions de travail 
d’une main-d’Ɠuvre Ă  niveau de formation Ă©levĂ© dans un contexte de marchĂ© du travail qui 
est restĂ© durablement tendu ; et d’autre part l’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© Ă©conomique et 
productive des entreprises dans le contexte des mutations des marchĂ©s de biens et services. 
Ces innovations ont connu un succĂšs beaucoup plus limitĂ© dans les autres pays europĂ©ens, 
notamment en France. Dans l’hexagone, les prĂ©occupations en matiĂšre d’amĂ©lioration des 
conditions de travail se sont pourtant traduites Ă  la fin des annĂ©es soixante et au dĂ©but des 
annĂ©es soixante-dix par de nombreuses rĂ©flexions dans les milieux syndicaux, patronaux et 
des pouvoirs publics. Elles ont conduit Ă  un certain nombre d’expĂ©riences de rĂ©organisation 
du travail inspirĂ©es par le modĂšle sociotechnique dĂ©veloppĂ© en Scandinavie. Par ailleurs, 
elles ont abouti Ă  la crĂ©ation de l’Agence nationale pour l’amĂ©lioration des conditions de 
travail (ANACT) et du Fonds pour l’amĂ©lioration des conditions de travail (FACT), ainsi 
qu’à l’institution de Commissions paritaires sur les conditions de travail au sein des comitĂ©s 
d’entreprise

 

dans le cadre d’une loi de dĂ©cembre 1973, puis Ă  la crĂ©ation des ComitĂ©s 

d’hygiĂšne, de sĂ©curitĂ© et des conditions de travail (CHSCT) fusionnant les Commissions sur 
les conditions de travail avec les anciens ComitĂ©s d’hygiĂšne et sĂ©curitĂ© (CHS) dans le cadre 
des lois Auroux

 

(Bressol, 2004 ; Gollac et Volkoff, 2000). Mais au tournant des annĂ©es 

quatre-vingt, les expĂ©riences innovantes se sont faites plus rares et les problĂšmes de 
conditions de travail sont devenus secondaires face Ă  la montĂ©e des problĂšmes d’emploi. 
Certaines entreprises ont prĂ©fĂ©rĂ© adopter des Â« stratĂ©gies d’évitement Â» des problĂšmes de 
conditions de travail, en automatisant ou en informatisant la production, en recourant Ă  une 
main-d’Ɠuvre immigrĂ©e ou prĂ©caire peu encline Ă  rejeter de mauvaises conditions de travail 
au risque de perdre son emploi, et en externalisant ou en dĂ©localisant certaines activitĂ©s (Ben 
Aissa, 2005). Les innovations organisationnelles qui se sont diffusĂ©es en France depuis la fin 
des annĂ©es quatre-vingt relĂšvent principalement des modĂšles d’organisation 

en lean 

production

. Si les enjeux de performance productive et Ă©conomique des entreprises restent 

dĂ©terminants, en revanche, les enjeux sociaux d’amĂ©lioration des conditions de travail et de 
la qualitĂ© de vie au travail passent au second rang. La voie est donc ouverte pour une 
dynamique d’innovations dans les organisations du travail qui ne s’accompagne plus nĂ©ces-
sairement d’une amĂ©lioration des conditions de travail, en raison notamment des effets 
nĂ©gatifs dont est porteuse la logique d’intensification du travail dont procĂšde la 

lean 

production

.  

45 

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Documents de travail du Centre d’études de l’emploi 

Il y a trente ans, Delamotte (1975) s’interrogeait dans une revue de prospective sur les 
facteurs favorables Ă  la diffusion de nouvelles formes d’organisation du travail propices Ă  
l’amĂ©lioration des conditions de travail. Il Ă©voquait notamment le rĂŽle majeur des pressions 
Ă©manant des salariĂ©s, des syndicats et du marchĂ© du travail. Depuis, les faits n’ont pas 
infirmĂ© son analyse et la question de l’amĂ©lioration des conditions de travail n’a rien perdu 
de son urgence et de son actualitĂ©. Pour surmonter le paradoxe d’organisations innovantes du 
travail ne contribuant pas Ă  une amĂ©lioration des conditions de travail, Philippe AskĂ©nazy 
(2004) invite Ă  prendre en exemple le « miracle Â» amĂ©ricain. En effet, depuis une dizaine 
d’annĂ©es, on observe une diminution importante des accidents du travail et des maladies 
professionnelles aux États-Unis. Cette inflexion de tendance que vient favoriser un contexte 
de plein emploi, est la rĂ©sultante de l’action des pouvoirs publics, notamment par l’inter-
mĂ©diaire de l’

Office of Safety and Health Administration 

(OSHA), des organisations syndi-

cales, des compagnies d’assurance et des entreprises confrontĂ©es Ă  des coĂ»ts devenus consi-
dĂ©rables en matiĂšre d’accidents et de maladies du travail. Elle est, de plus, renforcĂ©e par la 
transparence et la large diffusion des informations sur la sĂ©curitĂ© au travail qu’amplifie la 
gĂ©nĂ©ralisation de l’accĂšs Ă  l’internet. Il conviendrait cependant d’examiner dans quelle 
mesure les Ă©volutions constatĂ©es pour les accidents du travail et les maladies professionnelles 
s’étendent Ă  l’ensemble des conditions de travail et des problĂšmes de santĂ© au travail. 
Compte tenu des principes qui les fondent, il n’est pas certain que les formes d’organisation 
du travail en 

lean production

 soient en mesure d’intĂ©grer pleinement les prĂ©occupations 

d’amĂ©lioration des conditions de travail. Ce serait probablement les faire changer de nature. 
Sans attendre des rĂ©ponses Ă  ces interrogations, les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s dans ce document de 
travail invitent, quant Ă  eux, Ă  rechercher des solutions dans les pratiques innovantes des 
organisations du travail apprenantes qui se sont largement diffusĂ©es en Europe, tout particu-
liĂšrement dans les pays scandinaves, en prenant en compte la qualitĂ© de vie au travail dans la 
continuitĂ© des principes du modĂšle sociotechnique. 
 

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DERNIERS NUMÉROS PARUS : 

tĂ©lĂ©chargeables Ă  partir du site 

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N° 72 

Le profilage : outil statistique et/ou mode de coordination ? 

N

ATHALIE 

G

EORGES

 

novembre 2006 

 

N° 71 

La formation comme politique d’activation des chĂŽmeurs : analyse des rĂ©seaux locaux de 
mise en Ɠuvre dans le cas suisse 

O

LIVIER 

G

IRAUD

 

octobre 2006 

 

N° 70 

Combinaison d’activitĂ©s professionnelles et multifonctionnalitĂ© de l’agriculture 

: une 

rĂ©surgence de la dimension territoriale ? 

C

ATHERINE 

L

AURENT

,

 

M

ARIE

-F

RANÇOISE 

M

OURIAUX

,

 

P

ATRICK 

M

UNDLER

 

octobre 2006 

 

N° 69 

La perception subjective du travail : rĂŽle des identitĂ©s de genre et des conditions d’emploi 
(quelques Ă©lĂ©ments d’analyse statistique) 

M

ICHEL 

G

OLLAC

,

 

S

ERGE 

V

OLKOFF

 

octobre 2006 

 

N° 68 

Le chĂŽmage partiel : quelles tendances ? 

O

ANA 

C

ALAVREZO

,

 RICHARD 

D

UHAUTOIS

,

 

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MMANUELLE 

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ALKOWIAK

 

septembre 2006 

 

N° 67 

Subjective Evaluation of Performance through Individual Interview: Theory and Empirical 
Evidence from France 

M

ARC

-A

RTHUR DIAYE

,

 NATHALIE 

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REENAN

,

 

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ICHAL 

W.

 

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RDANIVIA

 

septembre 2006 

 

N° 66 

Monitoring Employment Quality in Europe: European Employment Strategy Indicators and 
Beyond 

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UCIE 

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AVOINE

,

 

C

HRISTINE 

E

RHEL

 

juillet 2006 

 

N° 65 

L’émergence des politiques de l’emploi (1945-1973) 

J

ACQUES FREYSSINET

 

juillet 2006 

 

N° 64 

Les modes de coordination des acteurs locaux autour des dispositifs du Pare et du Pap. Une 
synthĂšse de l’enquĂȘte 

A

LBANE 

E

XERTIER

,

 

A

GNES 

G

RAMAIN

,

 

A

NNE 

L

EGAL

 

juillet 2006 

 

N° 63 

Handicap et accĂšs Ă  l’emploi : efficacitĂ© et limites de la discrimination positive 

C

HRISTINE 

L

C

LAINCHE

,

 

G

EERT 

D

EMUIJNCK

 

juillet 2006 

 

 

 


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